Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon

Périodique trimestriel

Comité d'histoire religieuse du Brabant wallon ~-. . ------· . - Centre d'histoire religieuse des Facultés universitaires Saint-Louis 2007 Tome 21 fascicule 2 Deuxième trimestre En couverture :

La place Dubois au centre de Grez-Doiceau (Archives de !'École Saint-Joseph de Grez-Doiceau, dessin anonyme) LIMINAIRE

Archives et patrimoine religieux sont au cœur des missions du CHIREL BW. Plusieurs actions concrètes de sensibilisation et de découverte sont menées dans ce domaine, activités auxquelles les membres et les sympathisants de notre association sont conviés. Ainsi, une balade « patrimoine le long de la frontière linguistique » et une soirée « archives », entre autres, ont jalonné l'année 2006. Le succès rencontré par ces activités, d'une part, et les regrets de certains de n 'avoir pu y participer, d'autre part, nous ont incités à livrer la teneur de ces événements dans le présent numéro de la revue. Gerrit Vanden Bosch, archiviste aux Archives de l' Archevêché de Malines-Bruxelles, nous présente, comme il l'a fait lors de la soirée « archives » du 3 mai 2006, les mesures à prendre pour la conservation des archives des églises locales. Il précise, dans la foulée, la situation en Flandre. Il est toujours extrêmement enrichissant de comparer les expériences. Les propos de Monsieur Vanden Bosch, relatif au nord du pays, concernent tout directement le travail mené au CHIREL BW, les dispositions légales civiles et canoniques en matière de conservation d'archives étant valables tant pour la Flandre que pour la Wallonie. Autour de la balade du 14 octobre, deux textes : celui de Madame Pirard Schoutteten, présidente du CHIREL de ­ , sur l'église Saint-Nicolas de La Hulpe, est une visite guidée architecturale du bâtiment et de son évolution ; le texte de Monsieur Vande Putte, germaniste de formation, est un instructif parcours historico-linguistique sur et autour de la ferme de

Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon, 21, 2, 2007, p. 61-62. 62

Rosierbois à Rixensart, lieu de rencontre du français et du thiois (flamand). Le dernier article que nous vous proposons est un épisode supplémentaire de cette guerre scolaire qu'a exploré minutieusement Paul Wynants et dont il nous livre une nouvelle facette, celle de Grez où, fin XIXe -début XXe siècle, la tempête a succédé au calme relatif qui s'était instauré en matière d'enseignement catholique. Enfin, signalons que le CHIREL BW a un nouveau président, Monsieur Éric Bousmar, ottintois et professeur d'histoire aux Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles. D'avance nous lui faisons part de notre gratitude pour la charge qu'il a acceptée et nous lui adressons toutes nos félicitations ! Nos pensées vont également vers l'abbé Chambille, qui nous a quittés le 21 mars, et qui fut un fervent soutien de notre association. De tout cœur nous l'en remercions.

Isabelle Parmentier Secrétaire de rédaction ARCHIVES D'ÉGLISES LOCALES: À SOIGNER! Le cas de la Flandre

Gerrit V AND EN BOSCH

Au cours de ces dernières années s'est développé en Flandre un intérêt croissant pour tout ce qui a trait au patrimoine. Le patrimoine a la cote et est même « dans le vent ». En témoigne le succès de la journée annuelle du patrimoine, qui a eu lieu cette année le dimanche 22 avril. Les archives des égli ses locales font également partie de notre patrimoine collectif et méritent une attention renouvelée. Pas pour participer au surfing sur les vagues de la « patrimoine-mania », mais bien pour reconnaître leur valeur intrinsèque et les opportunités de recherche qu'elles présentent.

Pourquoi conserver les archives des églises locales ?

Bien conserver des documents d'archives n'est pas évident. Pourtant il y a de bonnes raisons pour les paroisses et les fabriques d'église d'apporter un minimum de soins à leurs archives. L'importance des archives est triple. Pour les fabriques d'église, il existe une obligation légale de conserver certaines pièces, comme par exemple les budgets annuels et les procès-verbaux des réunions. Par ailleurs, les archives ont une fonction juridique et administrative importante. Elles sont utiles pour « l'exercice de l'activité» et peuvent en tant que telles servir de preuve en droit civil ou en droit ecclésiastique. C'est notamment le cas pour les

Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon, 21, 2007, 2, p. 63-70. 64 registres de baptême et de mariage qui sont conservés par le curé, ou pour des actes notariés qui sont établis à la demande de la fabrique d'église. Et quand leur fonction administrative est révolue, les archives entament une deuxième vie comme source de recherche historique. Elles acquièrent alors une valeur historique et culturelle en tant que témoins de la vie de la communauté d'église locale.

Archives des fabriques d'église

Les archives des fabriques d'église doivent être distinguées juridiquement des archives pastorales de la paroisse. Les fabriques d'église sont des institutions publiques, ce qui signifie qu'en ce qui concerne leurs archives, elles sont soumises au contrôle des pouvoirs publics. Bien que les régions de notre pays soient compétentes depuis 2002 pour la législation sur les fabriques d'église, la surveillance des archives de ces institutions est encore une matière fédérale. Cette surveillance est effectuée en pratique par les Archives Générales du Royaume et ses modalités sont définies dans la Loi sur les archives de 1955. Celle-ci stipule entre autres que les documents d'administrations publiques - donc aussi des fabriques d'église - ne peuvent être détruits sans l'autorisation préalable de l' Archiviste Général du Royaume. Les destructions arbitraires de dossiers d'archives de fabriques d'église (p. ex. pour faire de la place dans la cure ou parce qu 'on ne voit pas l'utilité de les conserver) sont donc interdites. D'autre part, la Loi sur les archives donne aussi aux fabriques d'église la possibilité de mettre en dépôt leurs archives de plus de 100 ans aux Archives Générales du Royaume ou auprès d'un autre établissement d'archivage. Cette réglementation offre une solution aux fabriques d'église qui, pour quelque raison que ce soit, ne sont pas en état d'assurer elles­ mêmes la gestion de leurs archives historiques. La responsabilité pour la bonne gestion des archives réside auprès du secrétaire, 65

évidemment en concertation avec les autres membres de la fabrique d'église. Les comptes et les budgets, les procès-verbaux des réunions, les actes notariés, les dossiers relatifs aux travaux de construction et de restauration, des contrats de location et de baux à fenne, les échanges de correspondance avec les autorités ecclé­ siastiques et civiles sont les types de documents les plus usuels qu'une fabrique d'église est censée conserver en bon père de famille.

Archives pastorales

Les archives pastorales de la paroisse n'ont pas de caractère public et ne tombent pas en tant que telles sous la Loi sur les archives. Vu sous l'angle du droit civil, les archives pastorales ont le statut d'archives privées. Cependant, le droit canon de 1983 donne, en son canon 535, des directives contraignantes en ce qui concerne la conservation des documents issus de la pastorale paroissiale. La responsabilité en cette matière réside auprès du curé ou de l'administrateur paroissial. Il doit conserver les registres de baptême, de mariage, et d'enterrement ainsi que les autres documents qui reflètent le fonctionnement de la paroisse (rapports de réunions du conseil paroissial, échanges de correspon­ dance, affiches, photos, pièces relatives à la catéchèse de la confirmation etc.). Le droit canon prévoit explicitement la conservation des archives historiques qui témoignent de la manière dont la foi fut vécue par les générations précédentes. Des pièces relatives aux processions et pèlerinages, indulgences et reliques, confréries et congrégations, ligues du Sacré-Cœur, Croisade Eucharistique ou Action Catholique ne sont peut-être plus tellement d'actualité, elles nous racontent pourtant quelque chose sur la manière dont la foi fut « vécue » et transmise dans le passé. Le canon précité du droit canonique demande aux doyens de veiller avec les évêques à ce que les archives pastorales, 66

parfois d'une richesse insoupçonnée, soient conservées pour les générations futures. Par ailleurs, on retrouve dans certaines paroisses des archives d'anciens curés ou vicaires, comme la correspondance personnelle, les manuscrits ou les journaux particuliers. Il va de soi que ce genre de documents ne peut pas disparaître. Par exemple, un journal particulier d'un curé peut fournir des informations absolument passionnantes sur la vie quotidienne des communautés locales qui dépasse le périmètre de la paroisse.

Messieurs G. Vanden Bosch (archiviste aux Archives de !'Archevêché de Malines) et Cl. de Moreau (archiviste responsable de secti on aux Archives Générales du Royaume), lors de la soirée consacrée aux archives des paroisses, le 3 mai 2006, au Centre pastoral de . (Photo de M.-A. Coll et, 2006) 67

Des partenaires pour la sauvegarde des archives d'église

Sauvegarder les archives d'églises locales est une responsabilité partagée. En première ligne, on trouve évidemment la communauté paroissiale locale. Celle-ci peut cependant faire appel à l'aide et au soutien logistique de respectivement le service d'archivage de !'archidiocèse, les Archives Générales du Royaume 1 et le « Forum Flamand pour les Archives

1. www.crk.be/fokav/ 68

de donner en dépôt leurs archives historiques et de les rendre accessibles de manière professionnelle. Avec comme partenaires le FoKAV et les Archives Générales du Royaume, le service diocésain d'archivage a organisé pendant le premier semestre de 2006 une série de six journées de consultation décanales au vicariat du Brabant Flamand et Malines, et deux au vicariat de Bruxelles. Cette initiative sera étendue aux autres évêchés de Flandre. Elle a pour but de sensibiliser l'ensemble des communautés d'église de Flandre et de Bruxelles et d'attirer leur attention sur les archives d'églises locales. À cette occasion le FoKAV a distribué auprès des paroisses un formulaire d'enquête, destiné à récolter des informations de base sur les archives paroissiales de Flandre et de Bruxelles. Elle s'intègre dans le projet DiBIKA V - projet d'inventaire digital des archives d'église en Flandre - qui veut à terme couvrir l'ensemble des archjves d'église de droit privé en Flandre. Grâce à cette information, on pourra dans un deuxième temps mieux répondre aux besoins locaux. Un certain nombre de paroisses a déjà renvoyé ce formulaire d'enquête. Une demande pressante a été faite aux autres pour faire de même. À partir de cette initiative, on pourra travailler à la construction d'un réseau de responsables d'archives locaux. Ceux-ci joueront un rôle de coordination au niveau des fédérations ou des doyennés dans la conservation des archives des paroisses et des fabriques d'église. Manifestement, l'intention est de continuer à conserver les archives au niveau des paroisses, et non pas de commencer à créer de (nouveaux) dépôts d'archives au niveau des fédérations ou des doyennés.

Quelques conseils pratiques

La bonne conservation des archives ne doit pas néces­ sairement coûter des fortunes. Quelques mesures simples peuvent 69 faire en sorte que la durée de vie de documents anciens soit considérablement allongée. Quelques conseils :

nommez quelqu'un au sein de la paroisse/fabrique d'église à qui le soin de ! 'archivage tient à cœur, et qui pourra devenir l'interlocuteur des personnes intéressées tant à l' intérieur qu'à l'extérieur la paroisse/fabrique d'église en la matière. conservez les archives en un seul endroit centralisé dans la paroisse, p. ex. la cure ou le secrétariat paroissial, mais de préférence pas dans une cave humide ou dans un grenier sans chauffage. Ne choisissez pas non plus un endroit inondé par la lumière du soleil par beau temps, car cela provoque une augmentation de la température, et expose les documents d'archives à un «bombardement» permanent de photons. Ce qui provoque un affadissement de l'encre et rendra à terme les documents illisibles. évitez que les archives soient stockées dans un endroit soumis à de fortes variations de température. Les documents d'archives sont confortables à une température variant entre 15°C et 18°C. Ce qu'il faut absolument éviter, c'est la combinaison de températures relativement élevées (plus de 20°C) et d'humidité, car ceci peut provoquer Je développement de moisissures. prévoyez quelques rayonnages métalliques et des emballages sans acides (boîtes et fardes); ce type d'emballage adapté ralentit le procédé naturel d'acidification du papier et l'on peut notamment s'en procurer auprès des Archives Générales du Royaume à Bruxelles. Mieux vaut éviter les fardes en plastique, les trombones et les attaches papier, car à la longue, elles finissent par attaquer le papier. faites un inventaire, ou au moins un état des lieux des documents d'archives dont on dispose. C'est une garantie supplémentaire pour s'assurer qu'aucune pièce ne se perde, et cela facilite la consultation des archives par des chercheurs 70

éventuels. Lors de l'archivage, faites une distinction claire entre les archives de la fabrique d'église et les archives pastorales de la paroisse. Un schéma élaboré d'archivage pour l'inventoriage des archives paroissiales peut être obtenu en consultant : W. de Keyzer, A. Minke, M. Van der Eycken, R. Van Laere, Directives et recommandations pour la gestion des archives de la fabrique d'église et des autres institutions paroissiales - Archives Générales du Royaume, Bruxelles, 1997. Cette publication peut être obtenue pour le prix de € 5 auprès des Archives Générales du Royaume, rue de Ruysbroek 2-6, 1000 Bruxelles (www.arch.be) en mentionnant le n° de publication 2616, le n° 2611 étant le même livre en néerlandais.

Gerrit VAND EN BOSCH archiviste aux Archives de !'Archevêché de Malines-Bruxelles adresse de contact : [email protected]

N.D.L.R. : nous remercions l'auteur de nous avoir permis cette publication conjointe avec le mensuel diocésain flamand Pas/aralia. L'ÉGLISE SAINT-NICOLAS DE LA HULPE 1

Josette PIRARD-SCHOUTTETEN

Situation actuelle

L'édifice a l'aspect d'une église de village, en grès calca­ reux (dit pien-e de Gobertange), se dressant sur une colline. Elle se compose d'une tour romano-gothique, haute de trois étages, ouverte par un arc brisé sur un vaisseau de cinq travées ; celles-ci sont portées L'église Saint-Nicolas de La Hulpe par quatre piles cylindriques (Photo de M.-A. Coll et, 2005) maçonnées, à bases (partiel­ lement enfoncées dans le sol) et impostes simplement moulurées. Y prennent appui les arcs brisés en rouleau qui forment l'intrados des murs gouttereaux pourvus de fenêtres hautes et couronnés d'un simple larmier à l'extérieur, d'un plafond plat de bois porté sur consoles à l'intérieur.

1. Ce texte a servi de base pour les visites guidées des Journées du Patrimoine 2005 et pour la balade du CHIREL BW du 14 octobre 2006. Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon, 21 , 2007, 2, p. 71-80. 72

Plan de l'église Saint-Nicolas complété par J. Pirard, sur base d'un pl an appartenant à la fabrique d'église, à l'occasion des recherches menées en 1995 par le CHIREL BW sur les saints et le culte des saints en Brabant wallon.

Dimensions de l'édifice :

largeur tota le : à hauteur des sacristies et du chœur : 30,50 m à hauteur des nefs : 28,50 m

longueur totale : 4 1,5 m largeur entre supports : chœur: 12 m nef centrale : 6 m nef: 2 1,30 m l" bas-côté: 4,20 m tour: 8,20 m 2' bas-côté : 4, 10 m 73

Cette nef centrale est flanquée de part et d'autre de doubles bas-côtés séparés par des colonnes à chapiteaux carrés au feuillage stylisé. Ils sont couronnés de toits à charpente apparente reposant sur des consoles, un toit en bâtière parallèle à celui de la nef centrale pour le premier tandis que le deuxième, le plus éloigné, est pourvu de toit transversal à croupe sur chacune des cinq travées. Les murs latéraux sont percés de dix fenêtres disposées deux par deux. De chaque côté, ces collatéraux s'achèvent sur une abside à chevet plat pour un Nef centrale de l'égli se Saint- icolas autel secondaire (celui du côté (Photo de M.-A. Coll et, 2005) droit est remplacé par les orgues). Par un arc triomphal en pierre régulière, on accède au chœur gothique composé d'une travée et d'une abside à cinq pans éclairés de hautes baies et couronné de voûtes en briques sur ogives de pierre. Il est pourvu de deux sacristies tandis qu'un baptistère a trouvé place au côté nord de la tour. Cette église est le résultat de restaurations nombreuses et de reconstructions d'importances diverses qui se sont succédé au cours des siècles. 74

Origine

Le village de La Hulpe fut propriété exclusive et directe des comtes puis ducs de Brabant jusqu'à l' invasion française du pays. La tradition des messes fondées, perpétuée jusqu'au x_xe siècle, reconnaît le duc Henri rr de Brabant (1190-123 5) comme fondateur de l'église Saint-Nicolas. En 1226, il offre la propriété de l'église de La Hulpe - donc une église terminée - au second chapitre de chanoines de la collégiale des SS Michel et Gudule à Bruxelles, avec les deux tiers de la dîme sur les terres déjà cultivées et celles à mettre en culture ainsi que quatre manses de terres au hameau de Bakenbosch. Sise sur le chemin ancien reliant Louvain à et son abbaye, située aux confins des deux diocèses ecclésiastiques de Cambrai et Liège qui se partageaient les terres de Brabant, bien qu'appartenant à celui de Cambrai, l'église de La Hulpe présente les caractéristiques des églises médiévales mosanes : clocher-tour isolé sur trois faces, nefs sans transept et abside arrondie, l'ensemble en pierre locale.

Plantée sur une colline au milieu d'un cimetière clos, l'église Saint-Nicolas est à l'origine une simple petite église de campagne en mœllons irréguliers.

- La tour occidentale massive et carrée est accolée au sud d'une tourelle d'escalier contemporaine permettant l'accès à l'étage. Le rez-de-chaussée est surmonté d'une voûte d'ogive aux lourdes nervures carrées sur culots ; cette voûte est percée de trous pour laisser passer les cordes des cloches. Le premier étage est constitué d'une unique pièce, pavée en 1532, et autrefois probablement pourvue d'un plafond de bois supporté par des 75

vestiges de corbeaux ; un deuxième étage semblable devait exister, comportant une ou deux ouïes sur chaque côté, juste sous le toit où sont logées les cloches.

Tour de l'église Sai nt-Nicolas de La Hulpc (Photo de M.-A. Coll et, 2005)

Cette tour porte pour seul décor extérieur un simple cordon à hauteur d'homme et des ancres métalliques indiquent la disposition des étages; elle est percée d'ouvertures variées d'époques diverses, meurtrières, baies en plein cintre tandis que d'autres forment de grands rectangles étroits. Elle fut partiellement reconstruite dans la première moitié du xvr siècle pour atteindre le niveau actuel. 76

- La nef centrale pourvue dès l'origine de bas-côtés (aucune trace de travail en sous-œuvre) avait l'aspect qu'elle présente encore actuellement. La porte principale s'ouvrait cependant dans le bas-côté nord. - Le choeur primitif non-connu est remplacé en 1551 par un chœur gothique de dimensions égales, composé d'une travée s'achevant par une abside à cinq pans et éclairé par de hautes verrières lancéolées à deux lumières. Contreforts saillants rehaussés de cordons entre les baies. Ce chœur sera consacré le 4 juillet 1555 par l'évêque Martinus Cupérus, envoyé de l'évêque de Cambrai. Il comporte une niche-lavabo surmontée d'un tympan trilobé. Il est voûté d'ogives prenant appui sur des consoles feuillagées. La charpente fut réalisée en 1548-1549 par Antoine Zeghers (84 ans). Elle semble toujours en bon état.

Évolution

La contrée fut parcourue par les troupes de Maximilien rr d'Autriche (XVe s.) , par les troupes iconoclastes du prince d'Orange (XVIe s.), par les armées françaises de Louis XIV (XVII° s.), de Louis XV (XVIIIe s.) puis par celles de la Révolution. L'église ne fut guère épargnée et, suite aux dégâts considérables répétés et à son état déplorable (par deux fois au moins, les fenêtres seront bouchées avec de la paille !), elle connut des reconstructions menant à des transformations tant intérieures qu' extérieures. Des conflits ont surgi au sujet des restaurations et travaux avec les décimateurs qui, en 1719, finirent par céder leurs dîmes au curé qui, dès lors, endossa plus de responsabilités dans ce domaine. Les habitants sont eux aussi sollicités pour des réparations. 77

La date de 172 1 visible sur la charpente de la nef rappelle l'installation d'une nouvelle charpente suite aux suppliques adressées par le mayeur puis par le mambour pour la restauration de l'église. Ils obtiendront l'un quatre arbres de la forêt de Soignes, l'autre seize ; certaines parties ont été remplacées lors de la restauration du xxesiècle. Le déplacement de la porte principale sise au milieu du bas­ côté nord fait l'obj et de demandes répétées à partir de 1711 au moins. Cette porte était d'ailleurs en si mauvais état qu'elle laissait passer le vent et la neige. Définitivement fermée en 1751, l'ancienne porte sera remplacée par un portail monumental, percé en sous-œuvre dans le mur occidental de la tour, dans l'axe de l'autel principal. L'armature de cette porte est originale ; les parements de chêne ont été remplacés en 1821 et une seconde fois en 1955. En 1776-1778, L. Fisco et P.J. Everaert sont mandatés pour inspecter l'égli se. Dès 1789, la tour sera pourvue d'une nouvelle charpente et d'un nouveau toit, une forme plus simple et pyramidale remplaçant l'ancienne toiture avec trémie, le tout sur base de plans de L. Fisco. Trente marches d'escalier sont également remplacées (avec marques d'artisans) et une arcade est construite à l'entrée du chœur. La république française vend le contenu de l'église le 12 Nivôse An VIII (2 janvier 1800) et les paroissiens se cotisent pour racheter les biens mis en vente. Les périodes française puis hollandaise connaissent d'autres passages de troupes et pillages. De 1836 à 1840, suivant l'avis de L. Fisco et P.J. Everaert, repris par l'architecte Moreau, une restauration importante est exécutée : démolition des nefs latérales avec reconstruction en brique rouge de bas-côtés plus larges et placement d'un toit unique sur les trois nefs, remplacement du plafond plat de la nef centrale par une voûte masquant l'éclairage des fenêtres hautes et venant 78 prendre appui contre l'arcade du chœur, construction de nouvelles sacristies derrière les absides latérales et agrandissement de bâtiments secondaires adossés au pied de la tour. Des vitraux de Jean-Baptiste Capronnier viennent embellir les baies du chœur et les fenêtres des collatéraux ( 1867-1869). À la demande de la fabrique d'église, un nouvelle baie est percée dans le pan central du chœur illustrée du « Repas chez Emmaüs » (1869). En 1895, la commune décide de fermer le cimetière paroissial, de le désaffecter et d'ouvrir un nouveau cimetière communal au lieu-dit « champ du Ravet ». Au début du XXe siècle, une restauration importante est précédée du classement des parties anciennes de l'édifice : le chœur, la nef et la tour. Cette restauration plus « archéologique » de J. J. Caluwaers supprimera la voûte avec restitution d'un plafond plat initial réinstaurant l'éclairage. Il remplacera l'arcade entre la nef et le chœur par un imposant arc triomphal en pierre. Les murs seront décapés amenant la découverte des meneaux originaux de la partie basse des baies du chœur et permettant le rétablissement des fenêtres; l'amplification des vitraux de J. B. Capronnier par intégration de la partie inférieure, (figures des Évangélistes ou grisailles), sera réalisé par Arthur Wybo. La population ayant doublé, la seule possibilité d'agrandissement de l'église réside dans la largeur - en empiétant sur l'espace de l'ancien cimetière dont le mur devenu inutile est supprimé - ; il consiste en un doublement des bas-côtés couverts de charpentes de bois, dont les murs sont enduits et peints. Durant les travaux, pour optimaliser les moyens de l'exercice du culte, des modifications mineures mais pratiques seront exécutées permettant le passage derrière les autels latéraux, du chœur vers la sacristie d'un côté et vers une pièce secondaire de l' autre. 79

Les vitraux de J. B. Capronnier qui ornaient les bas-côtés sont regroupés deux à deux dans les fenêtres du côté nord, tandis que de nouveaux orneront progressivement le bas côté sud. Ils sont réalisés par Ladon de Gand (1908), Henri Jacobs, Lucie Jacques ... La fin de cette restauration sera honorée d'un don des autorités communales qui font placer en 1912 dans la tour, au­ dessus du portail central, un grand vitrail figurant le pape Grégoire animant une chorale, œuvre d'Arthur Wybo.

Inaugurati on du nouvel autel remplaçant l'autel de bois, en service depuis le Concile Vatican Il (Photo de Philippe Staudt, 2004)

Du maître-autel offert à l'église après la restauration du début du XXe siècle, il ne reste dans le fond du chœur que la partie centrale avec le tabernacle. Il fut remplacé par un autel de bois avancé dans le chœur pour permettre la messe face aux fidèles. Le 24 octobre 2004, le cardinal Danneels a consacré un nouvel autel en pierre de Lens réalisé par Stéphane Renard de Rochefort. 80

Bibliographie : R. WAUTRECHT et P. PANDOR, La Hulpe de la préhistoire à nos jours, La Hulpe, 1970. J. MARTIN, La Hulpe 1230-1980. Catalogue de l 'exposition historique pour le 75(/ anniversaire de l 'octroi d'une charte de franchise en 1230, s.l., 1980. J. VERBESSELT, Het parochiewezen in Brabant tot het einde van de 13• eeuw, partie XVll : Tussen Zenne en Dijle, Bruxelles, 1980. J. STASSER, «L'église », dans La Hulpe Moissons d'Histoire, La Hulpe, 2001.

Josette PIRARD-SCHOUTTETEN licenciée en archéologie et histoire de l'art présidente du CHlREL de Rixensart-La Hulpe. adresse de contact : j [email protected] NOTICE SUR ROSIERBOIS En zone de contact linguistique

Guy V ANDE PUTTE

Lors de la balade du CHIREL BW du 14 octobre 2006, dont le thème était la découverte d'un patrimoine situé sur ou aux abords de la frontière linguistique en suivant la route de La Hulpe à Louvain, les très nombreux participants firent halte dans la cour de la ferme de Rosierbois, à Rosières (Rixensart). Non pas pour y entendre commenter les caractéristiques architecturales de cette belle et massive ferme brabançonne (avec tour fortifiée), ni pour entendre défiler les noms des nobles propriétaires successifs. Rien à voir non plus avec l'histoire religieuse du Brabant wallon, quoique certaines sources évoquent une chapelle castrale, dont nous n'avons cependant jamais trouvé trace en dépouillant les archives.

Toute l'originalité et l'intérêt du lieu résident dès lors dans le fait qu'il se situe sur un emplacement de choix, point culminant entre les vallées de la , de l'Argentine et de l'Yssche, sur un plateau bien dégagé, en bordure d'une antique route venant d'Hoeilaart et passant par Malaise, aboutissant à un embranchement important devant la ferme de Rosierbois, autrement dénommée de Woo et erronément interprétée comme signifiant « de Haut».

Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon, 21, 2007, 2, p. 81-90. 82

Cette vieille route, sinueuse et pentue à souhait, cheminant d'agglomération en agglomération, pourrait être qualifiée de « dorsale néolithique », car elle relie manifestement de très anciens sites entre eux. En effet, au-delà d'Hoeilaart (autel votif romain) et Notre-Dame-de-Bonne-Odeur (du latin Vileriacum, Willerieken en thiois, c'est-à-dire, l'ancienne appellation du néerlandais bra­ bançon), il passe par Boitsfort (site néolithique, forteresse de la civilisation du Michelsberg) et rejoint par Boendael le Dieweg 1 d'Uccle, dont la réputation de voie antique n'est plus à faire •

La belle et massive ferme brabançonne de Rosierbois (ou de Woo) avec sa tour carrée, en pierres blanches, du 14' sièc le (Rosières-Rixensart) (Photo de M.-A. Collet, octobre 2006)

1. Voir à ce sujet la publicati on récente de J.M. PIERRARD. Le Dieweg, un tronçon de la route romaine de Cassel à Tongres, da ns Ucclensia, n°' 18- 19-20, 2006. 83

À l'embranchement de Rosierbois/Woo, elle se dirige vers Genval (station néolithique de Maubroux), l'autre route se dirigeant - en passant par le village de Rosières (artéfacts néolithiques au Pré Maillard) - vers Wavre (site romain de toute première importance de la villa de Basse-Wavre) et Ottembourg (De Tomme) / Grez-Doiceau (site néolithique et nécropole mérovin­ gienne), sans oublier notamment les tombelles protohistoriques de la Haute-Dy le. Bref, tous sites anciennement ou récemment révélés comme étant d'un intérêt archéologique majeur pour toute la région. C'est dire toute l'importance, et ce depuis des siècles, voire des millénaires, non seulement de ce tracé ancien mais aussi - ultérieurement - de l'importance du contrôle, dans l'hinterland sud-est bruxellois, du trafic intense le long de cette voie. Celle-ci est d'ailleurs aussi plus ou moins parallèle à la route - médiévale celle-là - de Bruxelles à Wavre qui passe par Tombeek (autre toponyme attestant une présence romaine) et et contrôlée quant à elle par le manoir/castel de Terdeckt, tout proche car situé en face de Rosierbois, à mi-chemin entre Tombeek et Rosières, aujourd'hui sur le territoire d'Overijse. Ces « voies de grande communication » virent ainsi passer grand nombre d'étrangers facilement qualifiés de « juifs », car différents d'apparence de la population locale. Serait-ce la raison pour laquell e pareil chemin fut - parmi une quantité d'autres appellations toponymiques - notamment qualifié de « Rue des Juifs »?2 Quant au doublet Woo/Rosierbois lui-même, nous sommes confrontés ici à des toponymes bilingues, voire trilingues, extrêmement intéressants, reflétant à la fois l'évolution topographique et linguistique de cet endroit particulier. En effet, nous trouvant ici, à l'origine, en plein cœur de la forêt de Soignes,

2. Voir à ce sujet G. VANDE PUTTE, La rue des Juifs à Rosières, dans Chroniques ancestrales, n° 8, janv-févr-mars 2007, p. 4-6, avec bibliographie circonstanciée. 84 héritière de la grande forêt charbonnière, nous nous situons plus particulièrement dans le forestum du souverain ( vorst en néerlandais), le domaine de chasse privé des Mérovingiens. Le toponyme in't foreest étant attesté à Rosières à partir du XIVe siècle, il est aujourd'hui encore reconnaissable dans le nom de rue Vorststraat à Tombeek, où il a toujours l'allure d'un «Thalweg» typique, reliant Tombeek à Rosières par la vallée de la Lasne. Ultérieurement (?), une portion de bois spécifique de cette forêt domaniale et située sur les hauteurs de Rosières, appelée Woo (dérivant du germanique Wout, forêt) et, plus tard encore - c'est-à• dire à l'époque où les défrichements à grande échelle sont en cours - il est remplacé par le terme médiéval romano-thiois commun bois/bas (dérivé du germanique bosk) Rosierbois, le « bois de Rosières ». Ainsi spécifiquement identifié, il se réduira plus tard encore en un « bosquet », aujourd'hui toujours reconnais­ sable dans la Rue du Bois du Bosquet à Rosières. Aux XIie-xrne siècles, les activités d'essartage sont intenses dans ces parages. C'est l'époque en effet de l'expansion du domaine mérovingien primitif d'Isca/Overijse (cité en 832) vers la périphérie, et spécialement du côté de La Hulpe/Rosières et Hoeilaart. Si à La Hulpe le village se profile le long de la route de Nivelles à Louvain (charte de franchise en 1230, de même qu'à Hoeilaart), nous n'hésitons pas à affirmer que Woo/Rosierbois a dû constituer le centre, le long de la route que l'on vient de décrire d'une vaste entreprise de déboisement ( et d'un vaste domaine), initiée par le duc de Brabant Henri Ier en y attirant des colons romans (attestés par leur nom d'origine), en provenance du Brabant méridional, jusque dans cette zone de convergence avec la langue 3 thioise •

3. ID., Entre La Hulpe et Overijse : le Bakenbosch, un territoire de confluence, dans La Hu/p e, Moissons d'Histoire, La Hulpe, 2001 , p. 175-221. Pour ne citer que quelques noms probants : vander Hulpen, van Champ/es 85

C'est ainsi que des communautés mixtes vont voir le jour, telles Rosières et Malaise (et partiellement aussi La Hulpe) où, des siècles durant, la toponymie attestera du brassage non seulement sociolinguistique mais culturel, les ménages mixtes étant monnaie courante, les noms de personnes (anthroponymes) se romanisant ou se flamandisant à l'envi4. Nous nous situons donc ici dans une zone de contact des langues, perméable à souhait durant tout l'Ancien Régime et bien au-delà. Rien à voir donc avec un quelconque « clichage de frontière linguistique » arbitraire tel que décidé par la seule volonté politique en 1962, instaurant de ce fait la séparation administrative de la population et l'homogénéisation territoriale de la culture. Ce qui explique que Rosières a pu fonctionner, et ce jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, comme « paroisse wallonne en terre thioise »5 et comme faisant partie intégrante de la Principauté d'Isque (Overijse) et de Rosières, jouissant à l'intérieur de cette entité d'une certaine autonomie (nous parlerions aujourd'hui de « facilités»). Une situation qui n'a pas empêché par ailleurs certains hameaux overysschois, tout au long de leur histoire, de montrer des velléités d'autonomie ou de rattachement à La Hulpe, dont l'épisode du quartier de la Corniche dans les années soixante du siècle dernier, sera un dernier soubresaut. Il revient à la toponymie de pouvoir nous dévoiler l'activité intense de déboisement des XIr et xnr siècles, à et autour du domaine et du castel de Rosierbois, car dans ce vaste ensemble boisé apparaissent à présent de plus petits domaines gérés et contrôlés depuis les châteaux-fermes éparpillés aux alentours. Il est à remarquer dans ce contexte que de nombreuses « mottes » ou

(Bierges), vander Alleerne / del Chaustre / van Daem (-Dame-Allerne), van Ohayn, van Enghien, van Fleurus, van Obaix, van Pont à Celles ... 4. ID. , Les noms de personnes sur la frontière linguistique au Pays de l'Yssche et de la Lasne, dans Actes du 6' Congrès de l'Association des Cercles francophones d'Histoire et d'Archéologie de Belgique, Mons, 24-27 août 2000, t. IV, p. 1227-1237, Mons, 2003. 5. ID. , Rosieres-Saint-André, paroisse wallonne en terre thioise, dans Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon, t. 17, 2003, fasc. 1, p. 2-24. 86 tours de guet, attestées par les archives, parsèment le paysage et notamment le long de notre route préhistorique dans les parages immédiats de Rosierbois. Quant à ces nouveaux domaines, ils font, dans leurs dénominations, explicitement référence au déboisement dont ils sont issus, les premiers propriétaires s'affublent également du nom du lieu. Tel est le cas de Terholst (à la Houssaie, aux vander Hulst), Terdeckt (à la Chênaie, aux van der Deect/de Deckt), Tenbroek (littéralement au Marais, plus précisément à Maubroux, à peu près à l'emplacement du lac de Genval actuel, ayant appartenu aux vanden Broeck (Debroux), Termotte, plus près du centre de Rosières, aux vander Motten, sans oublier Ter/asse, à deux pas de Rosierbois, aux vander Fossen (Delfosse), le toponyme le plus significatif étant encore Tenrode (au Sart) - on ne peut plus explicite ! - aux vanden Rode (de Rode), ancêtres de Juste Lipse. Quant au nom de Rosierbois/Rozierbos lui-même, l'importance du lieu fut telle (Woo dans le forestum devient le Bois de Rosières) que le premier propriétaire Henri vriesele/de Vruissel, provenant d'Overijse même, changea son nom en Van Rosierbossche/de Rosierbois. Tandis que se structurent les activités agricoles sur les terres nouvellement défrichées de la rive gauche de la Lasne, le village de Rosières-Saint-André (Rozieren en thiois) se développe près du pont de Rosières et de l'église Saint-André ; les habitants y pourront jouir désormais des « libe1tés » leur accordées par le même souverain, qui donna une impulsion non négligeable à l'essor économique de toute la région. En effet, en 1222, Henri Ier confirme, et ce sur la rive droite de la Lasne, la possession de 9 à l O bonniers de bruyères et de prés communs ainsi que l'aulnaie qui s'y trouve et qui doit être à l'origine du nom de Rosières (du germanique raus, roseau). Une situation identique, pensons-nous, à celle de la Bruyère de Tombeek sous Overijse et à l'origine d'une 87

6 belle légende • Le duc de Brabant accorda par la même occasion à la communauté rosièroise une certaine autonomie par rapport à la paroisse-mère d'Overijse, cédant la dîme de Rosières à l'abbaye d'Afflighem (1244), alors que celle d'Overijse revenait à l'abbaye de Valduc, depuis que le duc de Brabant avait accordé aux Overysschois sa charte de franchise en 1234, en même temps qu'il fonda Valduc.

Le porche d'entrée à l'arri ère de la ferme de Rosierbois (Rosières-Rixensart) (Photo de M.-A. Coll et, octobre 2006)

6. ID., Overijse. La Bruyère de Tombeek, dans Wa vriensia, t. 20, 1971, 1, p. 1-24. 88

On l'aura compris, nous nous trouvons ici sur une véritable terre de confluence et d'hybridation onomastique, dans un essartement à grande échelle le long d'un axe qui fut de tout temps de pénétration et de peuplement et qui, à une certaine époque, le fut par des colons romans (aux noms flamandisés). Il s'avère en outre que Rosières / La Hulpe / Rosierbois / Malaise / Bakenbosch présentent bel et bien les caractéristiques de villages ou de hameaux de défrichement collectif avec leur parcellaire en lanières perpendiculaires aux chemins. Si aujourd'hui la frontière linguistique paraît de plus en plus infranchissable, tant dans les esprits que dans les études scientifiques - et notamment en histoire locale - et que par ailleurs les chercheurs semblent vouloir se confiner volontiers derrière la nouvelle « ligne de démarcation », il est pourtant des « zones de contact » et lieux de convergence emblématiques entre Romania et Germania - et Rosières/Rosierbois sont de celles-là - qui ne manquent pas d'intérêt à plus d'un titre. En attente d'études pluridisciplinaires, bicommunautaires et - pourquoi pas ? - bilingues?7 En quittant ce lieu-phare de la frontière linguistique d'aujourd'hui qu'est Rosierbois à nos yeux, les participants à la balade automnale du CHIREL BW sont repassés, tout comme à l'aller d'ailleurs, par le carrefour formé par la route néolithique qu'ils venaient de longer, et la route, également fort ancienne mais plutôt rectiligne celle-là, à travers champ, en véritable « Kammweg » ou chemin de crête, et reliant Nivelles à Louvain. Ils auront aperçu l'égli se de Malaise/Maleizen, construite en 1864, quelque peu en retrait par rapport à la chapelle originale qui se trouvait sur le carrefour même. Dédiée à saint Josse, patron des

7. Voir notre plaidoyer au 7° Congrès de l'Association des Cercles francophones d'Histoire et d'Archéologie de Belgique, 2004. Article à paraître dans les Actes de ce Congrès sous le titre La frontière linguistique avant la frontière linguistique. 89 voyageurs, à l'instar de Saint Josse-ten-Noode sur la grand-route Bruges-Cologne après la traversée de Bruxelles, c'est là une preuve supplémentaire de l'importance du trafic sur ces deux routes et du carrefour de Malaise précédant celui de Rosierbois. La chapelle Saint-Josse fut fondée par Arnould, surnommé Lombard (donc «banquier» et une preuve de plus, si besoin en était, d'une certaine activité économique à cet endroit) d'Y ssche, seigneur de Terholst, contribuant ainsi à la formation d'une agglomération autour de ce croisement de routes, dans la foulée des grands essartements tout alentour. N'est-il pas intéressant de remarquer que, lorsqu'au milieu du XIXe siècle, il fut question d'abattre la vétuste chapelle, c'est encore le propriétaire de Terholst qui financera l'achat du terrain, pour la construction de l'église, du presbytère et du caveau familial ? Il s'agissait de Guillaume Nélis, docteur en médecine, originaire de et époux de 8 Thérèse Kumps, descendante des propriétaires

8. Voir Sint-Joost-Parochie Maleizen-Overijse, 1864-1989 dans Zonïen. Spéciaal nummer (1989), p 157-256 et G. VANDE PUTTE, Honderd jaar geleden overleed de stichter van de parochie Ma leizen (1 864) : de forse persoonlijkheid van Guillaume Nélis (1803- 1896), dans Beiersblad, XVIII, 1996, n° 6, p. 124-130. 90

Bibliographie sommaire

C. PINSON, Rixensart, Genval, Rosières avant l'histoire, dans Chroniques du Cercle d'Histoire de Rixensart, 1993, n° 15 , p. 4 et sv. G. VANDE PUTTE, Flâneries onomastiques au pays de l'Yssche et de la Lasne, dans Bulletin de la Commission Royale de Toponymie et de Dialectologie, LXI, 1988, p. 109-131. ID., Overijse-lez-Bruxelles. Microcosme d'histoire linguistique belge, dans Onomastique et langues en contact. Actes du Colloque de Strasbourg. Septembre 1991 (textes recueillis par J. CHAURAND & G. TAVERDET), Fontaine-lez-Dijon, 1992. Voir particulièrement le chapitre Overijse-la­ thioise et Rosières-la-romane, p. 10 1- 103 . ID., Belgica Creola. Le contact des langues en Périphérie bruxelloise. L'exemple d'Overijse. Anvers, 1999 (édition bilingue). Le lecteur y trouvera une abondante bibliographie. ID., Hel toponymisch landschap te Huldenberg, dans Huldenbergs Heemblad, XXV, 2006, n° 3, p. 204-224 et n° 4, p. 225-254.

Guy V ANDE PUTTE licencié en philologie germanique adresse de contact : [email protected] CHRONIQUE D'HISTOIRE SCOLAIRE 8. GREZ OU LA RÉCURRENCE DES TENSIONS AVEC LES LIBÉRAUX (1863-1914)

Paul WYNANTS

À travers le passé de l'école de Grez, nous retrouvons la lutte scolaire et ses rebondissements, pendant un demi-siècle. C'est à ces péripéties que nous nous attacherons prin cipalement dans cette contribution.

1. Un village au milieu du XIXe siècle

La commune de Grez-Doiceau 1 est issue de la réunion de ses deux composantes, décidée par décret impérial du 14 août 18 11 . Elle est limitrophe d'Archennes, Bossut-Gottechain, Biez, Roux­ Miroir, Longueville, Bonlez, Dion-le-Mont, Dion-le-Val, Wavre et Ottenburg. Elle se situe juste en deçà de la frontière linguistique, à

1. Sur l' hi stoire de Grez, cf. G. de HOSTÉ, Grez, notre village. Glanes d 'histoire et de folklore, Grez, 1988 ; R. DELOOZ, Grez-Doiceau et In court, Lonzée, 1997; Ch. LOUIS, Grez et son passé, Grez-Doiceau, s. d. ; J. TARLIER et A. WAUTERS, la Belgique ancienne et moderne. Géographie et histoire des communes belges. Province de Brabant. Canton de Wavre, Bruxelles, 1864, p. 220-243 ; N. ZETTE, Grez-Doiceau à travers les âges, Louvain, 1933 .

Revue d' histoire religieuse du Brabant wallon, 21 , 2007, 2, p. 91-107. 92 la pointe septentrionale du Brabant wallon. Elle compte 2190 habitants en 1830, 2601 en 1856, 2750 en 1890, 2814 en 1910. En 1856, les 560 maisons que l'on y dénombre se répartissent comme suit entre les sections et écarts : 215 à Grez, 116 à Hèze, 67 à Centri, 58 à Doiceau, 54 à Gastuche, 47 à Morsain et 3 à Fontenelle. Au plan économique, l'agriculture y est prépondérante: les champs (froment, seigle, avoine, pommes de terre) coexistent avec les pâtures et les bois. L'industrie locale repose initialement sur l'exploitation de gisements de craie pour chaux et d'une carrière de grès pour pavés. Elle se diversifie peu à peu : la filature de lin, établie en 1855 par les frères Du Monceau, emploie 65 personnes; la papeterie de Gastuche, lancée en 1834, occupe 190 travailleurs vers 1860 ; une tannerie-corroierie est installée en 1872. Il n'empêche: la liaison ferroviaire avec Charleroi, puis avec Bruxelles, incite une partie de la main-d'œuvre du cru à chercher de l'embauche dans des régions où les salaires sont plus élevés. Des ouvriers passent ainsi la semaine au Pays Noir, dans des mines et des verreries, où des petits cultivateurs se font également engager durant l'hiver.

2. Les premières années de l'établissement

En milieu scolaire, les affaires de mœurs, en particulier les cas de pédophilie, ne sont nullement l'apanage du XXe siècle finissant : on en relève un nombre non négligeable, et parfois de très graves, au cours des décennies qui suivent l'accession de la 2 Belgique à l'indépendance • C'est un scandale de ce type qui est à

2. Voir notamment, E. MUYS et K. VELLE, Seksuele delinquenlie in het onderwijsmilieu: pedofiele onderwijzers in de 19de eeuw (casus: Oost- en West­ V/aanderen) , dans Revue Belge d'Histoire Contemporaine, t. 28, 1998, p. 293- 337; G. LE CLERCQ, Violences sexuelles, scandale el ordre public. Le regard du législaleur, de la justice et des autres acteurs sociaux au 19' siècle, ibid., t. 29, 1999, p. 5-53. 93

3 l'origine de la création de l'école des filles de Grez : dans l'unique établissement mixte que comptait jusqu'alors la localité, un sous­ instituteur communal s'en est pris à une élève. Pour éviter la réédition d'un tel incident, la séparation des sexes, qui fait alors l'objet d'une campagne intense de la part des milieux catholiques4, est décidée en 1847. Elle est effectivement mise en œuvre deux ans plus tard. Le bourgmestre de Grez-Doiceau, E. Rayée5, père d'une sœur de la Providence, et l'abbé Nihoul6, curé, sont sur la même longueur d'onde: si école de filles il y a, elle doit être congréganiste et desservie par des religieuses relevant de la maison-mère de Champion. Par personne interposée, le second nommé demande deux institutrices aux supérieurs namurois : outre le logement et l'ameublement, un traitement annuel de 350 francs serait payé à chacune d'elles; l'établissement serait adopté par la 7 commune • Ces propositions sont acceptées. Les sœurs Pulchérie Gonze et Anna sont envoyées à Grez en octobre 1849. Une maison particulière a été appropriée pour les

3. Signalons l'existence de deux hi storiques la concernant, dont les textes sont quasi identiques pour la période antérieure à 1914 : le premier, sous forme manuscrite, est conservé aux ARCHIVES DE LA MAISON-MÈRE DE CHAMPION (=AMM), Annales de l'Institut (AI), t. I-2 , p. 241-244; le second, Historique de /'École Saint-Joseph à Grez par M. le curé Jean Crémers, a été publié dans la brochure École Saint-Joseph, Grez-Doiceau, 1849-1949. Compte­ rendu des Fêtes jubilaires, Bruxelles, 1949, p. 7-16. 4. P. WYNANTS, Séparation des sexes ou mixité ? Les échos d'un débat scolaire à Argenteuil (1851 - /861), dans Revue d 'histoire religieuse du Brabant wallon, t. 5, fasc. 2-3, 199 1, p. 105-132. 5. Le docteur Emmanuel Rayée est le premier magistrat de la commune de 1830 à 185 1. Cf. N. ZETTE, op.cil., p. 238. 6. L'abbé Jean-Joseph Nihoul (Ezemaal, 14-6-1774 - Grez, 1-5- 1858) est le curé de Grez pendant quatre décennies, de 1812 à 1852. Cf. ibid. , p. 239 et A. TIHON, Nécrologe du clergé du diocèse de Malines (/813- 1961), Bruxelles, 2004, p. 159. 7. AMM, lettre de A. Halletir, pour le compte de l'abbé Nihoul, à J.-8.-V. Kinet, directeur de la congrégation, 20-7-1849. 94 recevoir. Dès l'ouverture des classes, les religieuses y reçoivent toutes les filles de Grez. Il en vient même du voisinage : 8 Archennes, Bossut, Chapelle-Saint-Laurent, Longueville ... Le bâtiment devient rapidement insuffisant. Il faut en construire un nouveau : les Annales de l'Institut le qualifient de « très beau et 9 très spacieux » ; Tarlier et Wauters estiment même qu'il est« bâti 10 avec beaucoup de goût » • Les sœurs se félicitent de leurs conditions de travail ; elles s'estiment « très bien traitées par la population locale » qui, spontanément, leur procure « des tas de 11 denrées alimentaires » • Il n'empêche: le 19 avril 1855, la maladie emporte sœur Pulchérie, supérieure de la petite communauté, à l'âge de trente­ 2 3 quatre ans 1 • L'abbé Dubois 1 , successeur de M. Nihoul, fait part à Champion de l'émotion de la collectivité locale : « Quelle douceur envers ses pauvres petites filles ! Quelle tête d'élite pour mener un établissement! ( . .. ). Cette sœur faisait plus de bien dans ma paroisse que moi, curé, et mon vicaire et j'oserais dire que dix 14 missionnaires ( ••• ). Ce n'est pas moi seul, du reste, qui le dis, 15 mais toute la paroisse et tout le canton » • L'intéressée est rem­ placée, comme supérieure du couvent, par sœur Marie-Anselme Plaisant, placée à Grez depuis cinq ans, qui conquiert à son tour 16 l'estime de la population • L'établi ssement prend de l'extension :

8. AMM, Al, t. I-2, p. 241 . 9. lbid. 10. J. TARLIER et A. WAUTERS, op. cil., p. 243. 11. AMM, lettre de sœur Pulchérie à sa supérieure générale, 23-10-1849. 12. AMM, AI, t. I-2, p. 242. 13. Nestor Dubois (, 2-2-1817 - Grez, 10-11-1891) est curé à Grez de 1852 à 1891. Cf. N. ZETTE, op. cil., p. 239 et A. TIHON, op. cil., p. 87. 14. Le curé fait allusion aux missions paroissiales, alors très en vogue pour « ranimer la foi ». 15 . AMM, lettre de l'abbé Dubois à J.-B.-V. Ki net, directeur de 1' in stitut, 23-4- 1855. 16. AMM,Al , t. I-2, p. 242. 95

17 depuis 1853, une troisième religieuse y est attachée , puis une 18 quatrième y est souhaitée • Cinq ans plus tard surviennent les premières escarmouches de la question scolaire.

3. La « correction administrative » de la loi de 1842

Telle qu'elle est infléchie dans la pratique, la loi organique de l'instruction primaire du 23 septembre 1842 est confessionnelle et cléricale: d'une part, « elle approprie l'enseignement aux croyances de la seule religion catholique»; d'autre part, cette imprégnation de catholicisme correspond à « une influence directe, 19 constante et privilégiée du clergé » dans le système scolaire . Formé en 1857, le gouvernement libéral doctrinaire, qui dirige le pays jusqu'en 1870, ne peut s'accommoder de pareille situation : en« corrigeant» la loi de 1842 par la voie administrative, il entend assurer à l'État une véritable prépondérance dans l'organisation de l'enseignement primaire, puis réduire les congrégations au régime 20 prévu par le droit commun . Les instituts religieux redoutent tout particulièrement deux mesures que le pouvoir civil prétend imposer : la conversion

17. Selon toute vraisemblance, il s'agit d'une sœur infirmière affectée à la desserte de l'hospice de Péry pour dames âgées. Cf. N. ZETTE, op. cil., p. 231- 232. Les sœurs de la Providence assurent les soins dans cet établissement de 1853 à 1898, date de leur remplacement par des Franciscaines de Wavre. Voir P. WYNANTS, Religieuses 1801-1975, t. l, Belgique-Luxembourg-Maastricht/ Vaals, Namur, 198 1, p. 178 et A. TIHON, Les religieuses en Brabant wallon , dans Revue d 'histoire religieuse du Brabant wallon, t. 18, fasc. l , 2004, p. 21. La tenue d'hospices et d'orphelinats est, pour la congrégation, une activité annexe qui se perpétue pendant quelques décennies seulement. Cf. P. WYNA TS, Les sœurs de la Providence de Champion et leurs écoles (1833-19 14), Namur, 1994, p. 36. 18. AMM, lettre de sœur Marie-Anselme à sa supérieure générale, 6- 12- 1853 . 19. J. LORY, Libéralisme et instruction primaire 1842-1879. Introduction à l'étude de la lutle scolaire en Belgique, t. l, Louvain, 1979, p. 16. 20. Ibid., p. 205-256. 96 d'établissements adoptés en écoles communales, qui pourrait placer leur personnel en position de dépendance à l'égard d'un pouvoir local malveillant ou hostile; la préférence à donner aux candidates diplômées, lors de la nomination d'enseignantes dans les classes publiques, qui risque d'en écarter nombre de congréga­ 1 nistes, formées sur le tas pendant leur noviciat2 • Le gouvernement libéral entend appliquer une telle politique à Grez. L'école adoptée des sœurs doit, dit-il, passer entièrement à charge de la commune. L' institutrice en chef, qui n'est pas diplô• mée, est obligée de présenter un examen devant l'inspection pour faire la preuve de ses capacités. C'est surtout cette dernière 22 opération qui inquiète l'intéressée • Toutefois, l'inspecteur canto­ nal, M. Meuleman, s'efforce de la rassmer: en raison de l'expérience pédagogique acquise par la religieuse, il se contente­ 23 rait d'une petite épreuve pratique, tout à fait à sa portée • La situation se complique lorsque Je gouvernement informe les édiles de Grez qu'outre la « communalisation » des classes adoptées, il veut leur imposer la construction de nouveaux 24 bâtiments scolaires pour les garçons • Établis au rez-de-chaussée de la maison communale, les locaux préexistants sont, il est vrai, 25 vétustes et insuffisants . Or le conseil communal n'entend pas engager de dépenses lourdes. C'est pourquoi il fait traîner en longueur les deux volets du dossier: il n'entreprend aucune démarche pour la nomination de sœur Marie-Anselme comme institutrice communale, craignant de se voir obligé, dans la foulée, de supporter le coût de constructions onéreuses. Le gouverneur de la province de Brabant constate que Je statut de l'école des filles n'est pas modifié, malgré les injonctions de l'autorité supérieure.

21. P. WYNANTS, Les sœurs de la Providence ... , op. cit., p. 132-133. 22. AMM, lettre de sœur Marie-Anselme à sa supérieure générale, 3-1 1-1862. 23. lbid. , 14-2-1 863. 24. Ibid., 24-5-1 863. 25. G. de HOSTÉ, op. cit. , p. 142. 97

Il s'impatiente. Il pourrait procéder d'office à la nomination d'institutrices laïques, qui se substitueraient aux religieuses, ainsi 26 que cela s'est produit dans d'autres localités du pays • 27 Sur place, les relations entre Ghislain Hanset, bourgmestre , et l'abbé Dubois, curé, se tendent. Le second reproche au premier de faire preuve de mauvaise volonté. Il se fâche, estimant que l'inertie des édiles compromet la situation des sœurs. Finalement, le premier magistrat se déclare disposé à entreprendre les démarches requises pour la « communalisation » de l'école des filles, mais il les subordonne à une condition : les sœurs devraient évacuer les bâtiments mis à leur disposition par la commune, qui y établirait les classes des garçons, évitant ainsi la construction de nouveaux locaux scolaires ; les institutrices se fixeraient dans « une maison à elles », que leur procurerait leur congrégation. Or, celle-ci est incapable de le faire. Indigné, le desservant envisage de rompre les ponts et de créer une école libre pour les 28 religieuses • Un mouvement d'opinion s'organise dans la population locale, qui prend fait et cause pour les sœurs de la Providence. Le bourgmestre finit par mener à bien les démarches exigées par la tutelle, sans poser la moindre condition. Mais il s'exécute avec six mois de retard par rapport au dernier délai qui lui a été laissé. Jusqu'alors, l'autorité supérieure était en position de force : elle 29 aurait pu recourir d'office à la nomination d'institutrices laïques • Pour des raisons qui nous échappent, au grand soulagement des religieuses de Grez, elle ne l'a pas fait. La commune est

26. AMM, lettre de sœur Marie-Anselme à sa supérieure générale, 24-5-1863. 27. G. Hanset est bourgmestre de Grez-Doiceau de 1857 à 1872. Cf. N. ZETTE, op. cil., p. 238. 28. AMM , lettre de l'abbé Dubois au chanoine Jacques, directeur des sœurs de la Provi dence, 28-8- 1863. 29. AMM, lettre de sœur Marie-Anselme à sa supérieure générale, 29-10- 1863. 98 finalement astreinte à construire une école de garçons, dont 30 l'édification coûte 31.590 francs . Le 14 septembre 1863, l'établissement des sœurs de la Providence est transformé en école communale. La demoiselle Amélie Plaisant, en religion sœur Marie-Anselme, est placée à sa 31 tête • En 1864, elle touche 435 francs de traitement fixe, 150 francs d'écolages versés par les familles d'élèves solvables, 575 francs de rétribution pour l'instruction des enfants pauvres, ainsi qu'une petite somme pour le chauffage et les fournitures 32 classiques • Une autre sœur de la Providence, née Pauline 33 Marchand, est nommée sous-institutrice communale en 1868 • On a frôlé la guerre scolaire en 1863. Ce n'est cependant que partie remise.

4. Bloc contre bloc

L'adoption de la« loi de malheur» (1er juillet 1879) par le gouvernement Frère-Orban ouvre les hostilités. Conformément aux directives de l'épiscopat et aux instructions de leurs supérieurs, les deux sœurs enseignantes de Grez démissionnent de l'établissement communal pour prendre la tête d'une école paroissiale. Dans les classes municipales, elles sont remplacées par deux institutrices laïques : la concurrence entre les réseaux fait son 34 apparition . La fondation d'une école paroissiale de filles n'est pas une sinécure. Dès mars 1879, le leader catholique local, le comte Jean

30. G. de HOSTÉ, op. cil. , p. 142. 31. N. ZETTE, op. cil., p. 244. 32. AMM, lettre de sœur Marie-Anselme à sa supérieure générale, 9- 12-1864. 33. N. ZETTE, op. cil. , p. 244. 34. Ibid. Les institutrices laïques sont Hortense Leclercq et Marie Lacourt, à laquelle Marie Englebert succède, le 4 novembre 1879. 99

35 Du Monceau de Bergendal , est persuadé que « la mauvaise loi va passer ». Il prépare la création d'un établissement scolaire catho­ lique, à confier aux sœurs de la Providence, de concert avec le curé. Comme ses ressources ne lui permettent pas de supporter la dépense à lui seul, il cherche à obtenir le concours de notables de 36 la région . En avril, l'abbé Dubois fait savoir à Mgr Dechamps, cardinal-archevêque de Malines : « Sur place, il n'y a pas de famille puissante susceptible de nous venir en aide. Il sera cependant possible de réunir les sommes nécessaires par des 37 cotisations levées à domicile » . Dès la fin juin, une petite maison est louée « pour ne pas être pris au dépourvu au moment où les sœurs devront abandonner l'école communale». Il est cependant convenu qu 'ultérieurement, un immeuble plus approprié serait 38 acquis et doté de classes . Situé en face de l'église, ce bâtiment est acheté et agrandi aux frais d'un comité formé de cinq bienfaiteurs. Trois d'entre eux vivent dans la paroisse : le curé, le vicaire et Grégoire Van 9 Dormael3 • Deux autres habitent des localités voisines : le comte

35. J ean-Baptiste Du Monceau de Bergendal, comte depuis 187 1, est né à Ixelles, le 11 juillet 1836. Il entre dans l'armée en 1853, comme élève à l'école militaire. Il est nommé sous-lieutenant en 1855, lieutenant en 1859. Il démissionne de son poste en 1865, un an après son mariage avec Eugénie­ Henriette-Pauline-Sophie Le Boulangé. N'étant pas éli gible au Sénat, il ne semble pas très fo rtuné. Il sera bourgmestre de Grez-Doiceau pendant vingt-six ans, de 189 1 à 1917. Cf. Annuaire de la noblesse belge, 1895, p. 1587, et 1912, p. 169; G. de HOSTÉ, op. cit. p. 241 ; N. ZETTE, op. cit., p. 238. 36. AMM, lettre de sœur Marie-Anselme à sa supérieure générale, 1-3-1879. 37. ARCHIVES DE L'ARCHEVÊCHÉ DE MALINES (=AAM), Fonds de l'enseignement primaire, n° 13 , rapport de l'abbé Dubois au cardinal Dechamps, fin avril 1879. 38. AMM, lettre de sœur Marie-Anselme à sa supérieure générale, 22-6- 1879. 39. La fam ille Van Dormael figure régulièrement parmi les donateurs sollicités en faveur des œuvres paroissiales et des hospices de Grez. Cf. N . ZETTE, op. cit. , p. 22 1 et 233 . 100

40 41 Félix Du Monceau-de Pardieu est propriétaire à Piétrebais , tandis que Jules Roberti42 est le châtelain de Beausart, sous Bossut­ Gottechain. Les deux religieuses perçoivent chacune un traitement annuel de 600 francs. Ce dernier est versé par le comte J. Du 43 44 Monceau de Bergendal , aidé à cet effet par le curé et par des

40. Guillaume-Joseph-Antoine-Félix Du Monceau, comte depuis 1875, est né à Bruxelles, le 15 juin 1831 , et y décédé, le 5 janvier 1891 . Propriétaire à Piétrebais, il est éligible au Sénat de 1878 à 191 O. Le patronyme de sa deuxième épouse, Jeanne-Hélène-Marie de Pardieu, est habituellement accolé au sien pour éviter toute confusion avec d'autres membres de la famille, en particulier avec Jean Du Monceau de Bergendal, son cousin. Cf. Annuaire de la noblesse belge, 1895, p. 1583; Index des Éligibles au Sénat (1831-1893), s. dir. J. STENGERS, Bruxelles, 1975, p. 243. 41. Dans AMM, Al, t. I-2, p. 243, F. Du Monceau-de Pardieu est qualifié " de la Chise ". Il s'agit du domaine de la Vieille Chise, avec ferme de plus de 60 hectares et château bâti entre 1856 et 1860, selon les plans de 1'architecte bruxellois Govaert, à la demande de l' influente famille Delebecque-Marischal. F. Du Monceau en fait l'acquisition à la fin du XIXe siècle et en garde la propriété jusqu'à sa mort, en 1921. Cf. J. SCHA YES, Les sentiers de l 'histoire à Beauvechain et environs, 2e éd., Beauvechain, 1990, p. 169-173; G. GRÊDE, Historique de Piétrebais. Un village de Rèves, , 1997, p. 13. 42. Jules-Joseph-Marie-Guillaume Roberti est né à Louvain, le 24 mai 1829, et y décédé, le 24 avril 1911. Docteur en droit et notaire, il préside l'Association catholique de Louvain depuis 1869. Conseiller communal de cette vi ll e (1869- 1872), il est conseill er provincial de Brabant, de I 872 à I 888. À partir de cette date et jusqu'à sa mort, il représente l'arrondissement de Louvain au Sénat. Propriétaire de biens immobiliers importants dans sa vi ll e natale, à Bossut­ Gottechain, Mélin et Winghe-Saint-Georges, il est é li gible au Sénat de 1870 à 191 O. En 1879, il soutient les écoles des sœurs de la Providence de Bossut­ Gottechain et Winghe-Saint-Georges. À son propos, cf. Chronique d'histoire scolaire: 5. Bossut-Gottechain ou la « sainte alliance» des catholiques (1876- 1913), dans Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon, t. 20, fasc. 1, 2006, p. 5 1. 43. AMM, convention signée par J. Du Monceau de Bergendal, au nom du comité scolaire, avec Mère Luce, supérieure générale, 15-1 1-1879. 44. L'abbé Dubois verse 100 francs par an. 101 catholiques aises, dont M. Van Dormael45 et la baronne de 46 47 Woelmont , châtelaine de Laurensart . La lutte scolaire est vive, ainsi qu'en témoignent les dépositions recueillies à la fin décembre 1880 et en avril 1881 , lors de l'enquête scolaire parlementaire. Édouard Beauthier, notaire, 48 bourgmestre et châtelain de Grez , déclare ainsi :

Le clergé a employé les moyens habituels de pression pour dépeupler les écoles communales : refus des sacrements, menaces d 'excommunication. Je ne puis rien dire de précis en ce qui concerne des actes de pression qui auraient été 49 exercés par des propriétaires sur leurs locataires .

45. M. Van Dormael verse 200 francs par an. 46. La baronne de Woelmont, par ailleurs bienfaitrice des écoles de Doiceau, verse I 00 francs par an. Née Henriette-Jeanne-Cornélie-Joséphine de Bai llet, le 13 mai 1818, et décédée à Bruxelles, le 19 juillet I 895, elle est la fille du comte Joseph de Baillet (1787-1864), membre du Congrès National, sénateur de Bruxelles ( 1832-1839), puis d'Anvers (1839-1 85 1) , diplomate, ministre plénipotentiaire à Berlin ( 1835-1840). Elle est la veuve de Louis-Joseph-Auguste de Woelmont, né à Lives-sur-Meuse, le 24 août I 806, et décédé à Bruxell es, le 7 janvier 1878, propriétaire à Braibant, Bruxelles et Grez-Doiceau, éligible au Sénat de 1860 à 1877. N. ZETTE, op. cil., p. 205, qualifie cette dame d'« une des plus belles incarnations de la charité ». Sur cette personne, son père et son époux, cf.Annuaire de la noblesse belge, 1855, p. 179, 1899, p. 2635 et 1913, p. 393; Index des Éligibles ... , op. cit., p. 67 et 218; Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, s. dir. J.-L. DE PAEPE et Ch. RATNDORF-GÉRARD, Bruxelles, 1996, p. 95 . 47. Situé à 3,6 kilomètres à l'ouest de l'église de Grez, ce domaine comprend un château entouré d'une vaste pièce d'eau, modernisé en 1860, ainsi qu'une ferme de 90 hectares, la plus étendue de Grez-Doiceau, louée par le châtelain. À sa mort, la baronne de Woelmont, qui avait hérité du bien de son père, le lègue à son neveu, le vicomte Louis de Spoelberch. Entre 1907 et 1910, ce dernier y fait édifier un nouveau manoir. Cf. les études citées dans la note 1. 48. En 1864, son père a acheté le domaine du château de Grez et ses 11 hectares aux Looz-Corswarem, puis a fait restaurer l'édifice. Cf. R. DELOOZ, op. cit. , p. 14. 49. Chambre des Représentants. Enquête scolaire, t. 2, Procès-verbaux d'enquête (octobre 1880-avril 1881), Bruxelles, 1881, p. 303. 102

Quelques mois plus tard, Marie Englebert, sous-institutrice, dépose en ces termes :

Le clergé a cherché par tous les moyens, dans ses sermons, à dénigrer l'enseignement officiel, d 'après ce que m 'a rapporté l 'institutrice. Â l 'église, pour le catéchisme, les élèves des écoles communales sont placées au dernier rang (. . .). Elles ne prennent plus part à la procession, le curé leur ayant refusé les emblèmes religieux. Le curé a dit aussi à nos élèves, au catéchisme, que l 'école communale était une école condamnée et que les parents, ainsi que les élèves, étaient damnés (. ..). Nous sommes excommuniés, 50 l 'instituteur et moi • L'instituteur communal, Joseph Lacourt, affirme que « les habitants subissent l' influence de Mme la baronne de Woelmont ». Il laisse entendre que certains parents sont contraints par la châtelaine de Laurensart de placer leurs enfants dans les écoles 51 confessionnelles • Aussitôt, Jules Hallaux, professeur de l'Institut Saint-Bonifa ce à Ixelles et témoin volontaire, dément vigoureuse­ ment :

J 'ai voulu être entendu parce que je connais les sentiments de charité de Mm e la baronne de Wo elmont et que je sais qu'il n y a eu aucun fait de pression dans son chef Je puis dire, au contraire, qu 'il y a eu pression de la part du bureau 52 de bienfaisance de Grez-Doiceau • À l'en croire, les pauvres de la localité seraient contraints, dans leurs choix scolaires, par ceux que les catholiques appellent ironiquement, à l'époque,« les bourreaux de bienfaisance».

50. lbid., p. 1041-1042. 5 1. Ibid., p. 1041. 52. lbid., p. 1042. 103

Quoi qu'il en soit, les sœurs de la Providence perdent près d'un tiers de leurs élèves, qui passent à la concurrence : leurs deux classes primaires, qui réunissaient 153 filles en 1879, en comptent 53 54 108 en 1880 et 1881 , puis 97 seulement en 1890 .

La maison achetée pour l'école, en 1879 Habitation de la 2' moitié du 18' siècle au n° 2 du Parvis Saint-Georges. (Photo M.-A. Collet, 2007)

53 . AMM, registre Établissements confiés aux soins des sœurs 1870-1929, folio Grez. 54. AAM, rapport d' in spection de M. T. Rayée, inspecteur des écoles catholiques de la partie francophone de !'archidiocèse de Malines, sur l'école de Grez, 7-11-1 890. 104

5. Le face-à-face contin ue

Le retour des catholiques à la direction du pays, en JUm 1884, demeure sans effet à Grez-Doiceau, où les libéraux conservent la majorité. L'école des sœurs reste soutenue par l'initiative privée. Comme certains bienfaiteurs réduisent leur contribution financière, les religieuses connaissent parfois « la 55 pauvreté, pour ne pas dire la misère » • Leur situation s'améliore après le décès de l'abbé Dubois, qui survient en 1891 ; le desservant leur lègue un capital de 4 à 5000 francs, ainsi que 56 « trois cents bouteilles de vin pour soigner leur santé délicate » • C'est avec vénération que les institutrices évoquent la mémoire de « ce saint prêtre, d'une bonté toute paternelle, qui aimait beaucoup 57 les sœurs de Champion et a lutté avec elles pour leur école » . Le 58 nouveau curé, Michel Aerens , bénéficie de leur confiance : « il fait preuve de bonté, de dévouement et de gentillesse » ; il partage leurs joies et leurs peines, « en faisant tout ce qu'il peut pour les 59 aider » • La situation n'en reste pas moins difficile: la lutte scolaire persiste dans une paroisse réputée peu fervente, au point 60 qu'une sœur la qualifie de« ce Congo de Grez » • Considérée comme «adoptable», l'école est subsidiée par ! 'État, conformément à la loi organique del 'instruction primaire du

55. AMM, lettre de sœur Marie-Anselme à sa supérieure générale, 18-10- 1885. 56. Ibid. , l l-11-1891. 57. AMM, lettre de sœur Marie-Eugénia à sa supérieure générale, 22-11- 1891. 58. L'intéressé (Molenbeek-Saint-Jean, 16-11-1852 - Braine-l'Alleud, 13-1- 1897) dessert Grez de 1891 à 1895. Cf. N. ZETTE, op. cit., p. 239 et A. TTHON, Nécrologe ... , op. cil., p. 10. 59. AMM, lettre de sœur Marie-Anselme à sa supérieure générale, 4-12- 1892. 60. AMM, lettre de sœur Marie-Georges à sa supérieure générale, 14-10- 1894. 105

61 15 septembre 1895 • La même année, aux élections communales de novembre, la majorité politique change de camp à Grez : les 62 catholiques sont désormais prépondérants . En 1896, la sous-institutrice communale, Marie Gérard­ Englebert, présente sa démission. Vu le petit nombre d'élèves qui fréquentent l'établissement officiel, le poste de l'intéressée et la seconde classe primaire qu'elle tenait sont supprimés. L'école publique de Grez-centre ne compte plus, dès lors, qu'une seule 63 enseignante . La même année, l'établissement des sœurs de la 64 Providence est adopté pour dix ans par la commune • L'abbé

Le presbytère de Grez-Doiceau, sur la place Dubois Habitation de la 2' moitié du 18' siècle en briques et grès. (Photo de M.-A. Collet, 2007)

61. Sur cette loi, cf. P. WYNANTS, Les sœurs de la Providence ... , op. cil. , p.211-217. 62. AMM, Al, t. 1-2, p. 243. 63. N. ZETTE, op. cil., p. 244. 64. AMM, AI, t. I-2, p. 243. 106

65 66 Pourvoyeur , curé, et Alfred Decordes en acceptent le patronage • Cependant, la concurrence sévit toujours entre les deux réseaux 67 scolaires . En 1897, une classe gardienne est annexée à l'école des sœurs. À propos de celle-ci, les Annales de l 'Institut relèvent : « malgré la lutte acharnée des ennemis de l'école libre, le bon Dieu 68 l'a maintenue et l'a fait prospérer » . La supérieure, sœur Marie­ Anselme, y finit sa carrière le 11 août 1897, après quarante-sept ans de bons et loyaux services. À sa mort, elle est « pleurée par la paroisse comme une mère : par sa dignité, son tact, son amour du 69 devoir( ... ), elle avait su gagner les cœurs » . Un retour de balancier se produit lors des élections 70 communales de 1905 : les libéraux reconquièrent la majorité . Aussitôt, le curé de Grez se prépare au pire : il réunit des moyens 71 financiers pour assurer l'avenir de l'établissement des soeurs • Effectivement, le nouveau conseil communal retire l'adoption à l'école congréganiste, par cinq voix contre trois. Il propose une solution boiteuse, à laquelle les supérieurs de Champion ne peuvent se rallier : la création à l'école communale, où l'institutrice laïque demeurerait en activité, soit d'une seconde classe primaire, soit d'une école gardienne, à confier à une religieuse diplômée. La sœur directrice informe les édiles qu'elle 72 ne peut accepter pareille proposition • Dès lors, l'établissement congréganiste redevient libre, mais subsidié par l'État. C'est

65. Alphonse Pourvoyeur (Bruxelles, 4-4-1860 - Grez, 15-7-1942) est curé de Grez depuis 1895, pour une très longue période. Cf. . ZETTE, op. cil., p. 239 et A. TIHON, Nécrologe ... , op. cil., p. 171. 66. N. ZETTE, op. cil., p. 244. 67. AMM, lettre de l'inspecteur cantonnai Hamsoul à la supérieure générale, 23-4-1901. 68. AMM, AI, t. I-2, p. 244. 69. Ibid. 70. Ibid. 71 . AMM, lettre des sœurs de Grez à leur supérieure générale, 29-12-1905. 72. N. ZETTE, op. cit., p. 245. 107 l'abbé Pourvoyeur qui, avec des concours extérieurs, puis seul, en 73 assure l'entretien . À la veille de la Première Guerre mondiale, on en est au 74 même point : « la lutte se poursuit » . Devenu seul propriétaire des bâtiments d'école, le comte Félix Du Monceau continue à 75 soutenir l'œuvre • Quant à son cousin Jean, bourgmestre mis en minorité en son conseil, il ne cesse de témoigner beaucoup de 6 bienveillance aux religieuses institutrices 7 . Quoi qu'il en soit, ce sont cinquante années de tensions scolaires, sans guère de trêve, que les sœurs de la Providence ont connues à Grez.

Paul WYNANTS professeur ordinaire aux FU DP Namur adresse de contact : paul. [email protected]

N.D.L.R. : nous remercions tout particulièrement sœur Anselme, de la Congrégation des Sœurs de la Providence de Champion, arrivée à l'école de Grez en 1939 où elle fut institutrice jusqu'en 1980, et M. P. Vandeleene, directeur de l'école Saint-Joseph aux Champs, pour l'aide précieuse qu'ils nous ont apportée dans la recherche d'illustrations.

73. AMM, Al, t. 1-2, p. 244. 74. AMM, lettre de sœur Marie-Anatolie à sa supérieure générale, 18-8- 191 O. 75. AAM, Enquête de MM Helleputte et Verhaegen sur les biens des Ordres religieux 1903-1904, farde Sœurs de Champion. 76. AMM, Al, t. I-2, p. 244. TABLE DES MATIÈRES

Liminaire, par Isabelle Parmentier p. 61-62

Archives d'églises locales : à soigner ! Le cas de la Flandre, par Gerrit Vanden Bosch p. 63-70

L'église Saint-Nicolas de La Hulpe, par Josette Pirard-Schoutteten p. 71-80

Notice sur Rosierbois. En zone de contact linguistique, par Guy Vande Putte p. 81-90

Chronique d'histoire scolaire, par Paul Wynants 8. Grez ou la récurrence des tensions avec les libéraux (1863-1914), par Paul Wynants p. 91-107

Table des matières p. 108

Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon, 21, 2007, 2, p.108. Éditeur responsable : André Tihon place Quetelet 1/24 - 1210 Bruxell es

Secrétaire de rédaction : Isabelle Parmentier

Comité de rédaction : Marie-Astrid Collet, Martine Gil mont, Bernadette Jordens, Isabelle Parmentier, André Tihon, Gaston Yanderwilt, Paul Wynants

R ev u e d ' his t oir e r e lig i e u se d u Braban t wallon

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Toute reproduction du présent ouvrage est bienvenue, pourvu qu'elle nous soit signalée, que la source en soit mentionnée et qu'elle ne soit pas faite dans un but lucratif. Les articles sont publiés sous la responsabilité de leur auteur. Sommaire

Liminaire

Archives d'églises locales : à soigner ! Le cas de la Flandre

L'église Saint-Nicolas de La Hulpe

Notice sur Rosierbois. En zone de contact linguistique

Chronique d 'histoire scolaire 8. Grez ou la récurrence des tensions avec les libéraux (1 863- 1914)

Avec la collaboration du CENTRE D'HISTOIRE RELIGIEUSE • la jeune Province C des fACULTÉS UN IVERS ITA IRES SAINT-LOUIS, du MINISTÈRE de la RÉG ION WALLONNE, de la COMMUNAUTÉ fRANÇA ISE, (Mini stère de la Culture et des A!Taircs Socia les), de la PROV INCE du BRABANT WALLON du COMM ISSARIAT GÉNÉRAL AU TOURJSME i(r