UNIVERSITE DE TOAMASINA ************************ FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES ************ DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE *********

MEMOIRE DE MAITRISE

LE MARCHE DE SABOTSIBE ET SES

IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DANS LE DISTRICT DE BEFANDRIANA -NORD REGION SOFIA

Présenté par : Henriette Jephine NIVOARISOA

Sous la direction de : Jacques RANDRIANATOANDRO Maître de Conférences

Année Universitaire 2009-2010

SOMMAIRE

LISTE DES ABREVIATIONS GLOSSAIRE REMERCIEMENTS RESUME INTRODUCTION ...... 7 PREMIERE PARTIE : LE MARCHE DE SABOTSIBE : STRUCTURE ET ORGANISATION ...... 11 Chapitre I : PRESENTATION DU MARCHE DE SABOTSIBE ...... 13 I. Définition du concept ...... 13 II. Mise en place du marché de Sabotsibe ...... 14 Chapitre II : UNE STRUCTURE FACILITANT LA DISTRIBUTION DES PRODUITS ...... 23 I. Plan actuel du marché ...... 23 II. Aménagement du marché ...... 27 III. Accessibilité au marché de Sabotsibe ...... 29 Chapitre III : ORGANISATION GENERALE DU MARCHE DE SABOTSIBE ...... 34 I. Du point de vue administratif ...... 35 II. Sabotsibe comme marché bi-mensuel de bovidés ...... 37 III. Le marché : étape transitoire de la production à la consommation...... 39 DEUXIEME PARTIE : LA COMMERCIALISATION DES ZEBUS ET LE SYSTEME COMMERCIAL DES PRODUITS DANS LE MARCHE DE SABOTSIBE ...... 45 Chapitre IV : LE MARCHE DE SABOTSIBE :UN CENTRE DE COMMERCE DE ZEBUS...... 46 I. La place du bœuf dans la Région Sofia ...... 46 II. La commercialisation des zébus ...... 47 Chapitre V: LE MARCHE DE SABOTSIBE : UN CENTRE D’ECOULEMENT DE PRODUITS VARIEE ...... 62 I. Sabotsibe, foison de produits agricoles...... 62 II. Le commerce de produits manufacturés et des produits de premières nécessités ...... 68 Chapitre VI : L’AIRE D’INFLUENCE DU MARCHE DE SABOTSIBE ...... 74 I. Etude des comportements des intervenants ...... 74 II. Typologie des consommateurs ...... 77 III. La zone d’influence du marché de sabotsibe ...... 77 IV. Le marché de Sabotsibe comme centre de convergence des produits locaux et régionaux ………………………………………………………………………………………………………………………………………79

1I TROISIEME PARTIE : LES IMPACTS DE LA MISE EN PLACE DU MARCHE ET LES PERCEPECTIVES D’AVENIR...... 84 Chapitre VII : LE MARCHE DE SABOTSIBE COMME SOURCE DE DEVELOPPEMENT LOCAL ...... 85 I. Les avantages des paysans producteurs ...... 85 II. Les intérêts de la ville de Befandriana...... 86 III. Création d’emploi ...... 88 Chapitre VIII : BEFANDRIANA-NORD : LA VALEUR D’UN MARCHE DANS LE DISTRICT...... 91 I. Le rôle social du marche...... 92 II. Le marché de Sabotsibe comme centre d’animation de la ville ...... 92 Chapitre IX : IMPACTS NEGATIFS DU MARCHE ET SUGGESTIONS ...... 105 I. Impacts négatifs ...... 105 II. Les suggestions ...... 109 CONCLUSION ...... 115 BIBLIOGRAPHIE ...... 117 ANNEXE I ...... 121 ANNEXE II ...... 122 ANNEXE III ...... 122 ANNEXE IV ...... 123 TABLE DES MATIERES ...... 125

II2 LISTE DES ABREVIATIONS

ONG : Organisation Non Gouvernementale

FERT : Formation pour l’Epanouissement et Renouveau de la Taxe

RN : Route Nationale

P P N : Produits de Premières Nécessités

WC : Water Clause

CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuelle

M S T : Maladie Sexuellement Transmissible

BIANCO : Bureau Indépendant Anti- Corruption

III3 GLOSSAIRE

Antalaotra : ethnie de la partie ouest de Antandroy : ethnie de la partie sud de Madagascar Bazaribe : grand marché Betsimisaraka : ethnie de la partie est de Madagascar Dinik’omby : vache ou veaux de petite taille Fady : interdit d’origine ou religieux Fañokaraña : cérémonie rituelle Gony : sac en « paka » (urena lobata) pour stocker ou transporter les produits Hirakely : ce sont des mandataires qui achètent directement aux ruraux Joro : cérémonie rituelle pour demander la bénédiction des ancêtres Kahie telo : trois cahiers où l’on registre les bestiaux familiaux (couleur, marque) Kapoaka boîte de lait concentré vide, devenue une unité de mesure très courante Kijany : un parc familial protège les troupeaux Omby madio : un bœuf qui est bien contrôlé (papier, origine, marque) Makalioka : une variété de riz blanc Moletry : zébu ou somme d’argent qu’une femme gagne en se mariant Mololo : foin (herbe fauchée et séchée) Mofo gasy : une sorte de pain fait avec de la farine de riz Patsa hely : petite crevette Ranonampango : de l’eau bouillie dans le reste du riz collé au fond de la marmite Ramanonaka : sorte de pain salé fait avec de la farine de riz Savaly : zébu qui est spécial au travail et plus fort que les autres Siramamy gasy: un sucre traditionnel Solovotana : c’est le fait de vendre des zébus plus âgés pour acheter des zébus plus jeunes Toaka gasy : boisson alcoolique traditionnelle malgache faite par le jus de canne à sucre Trokoboe : c’est le moyen qui remplace la balance en répartissant par tas la viande Tsenan’omby : marché contrôlé de bovidé Tsikafara : cérémonie familial Tsimihety : ethnie de la partie nord-ouest de Madagascar Tsipala : une variété de riz à Madagascar Tsihy vontsona : nattes tissées à partir de jeune feuilles de raphia

I4V

REMERCIEMENTS

Le présent mémoire n’aurait pas pu être réalisé sans l’aide de plusieurs personnes et services .Qu’ils trouvent ici l’expression de nos vifs remerciements.

Tout d’abord, nous tenons à remercier Monsieur le Président, qui a bien voulu présider ce jury.

Ensuite, notre profonde gratitude va à Monsieur Jacques RANDRIANATOANDRO , Maitre de Conférences à l’Université de Toamasina qui, malgré ses nombreuses occupations pédagogiques, a accepté de nous diriger. Sa compréhension et ses critiques constructives nous ont été d’une aide inestimable.

Notre respectueuse reconnaissance à Monsieur l’Examinateur , Maitre de Conférences à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université de Toamasina, qui nous a enseigné depuis la première année et qui a bien voulu examiner notre travail.

Nous exprimons également nos remerciements au corps enseignant , au personnel administratif du Département de Géographie qui nous ont formé et éduqué durant notre cursus.

Enfin, nos remerciements vont à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce travail, plus particulièrement à :

- nos parents, nos sœurs et nos tuteurs qui nous ont beaucoup soutenues moralement et financièrement ;

-toutes les autorités locales de la zone d’étude ; l’agent responsable du marché de Sabotsibe; tous les services public et privé qui ont collaboré avec nous ;

-tous les Présidents de fokontany , les paysans , les commerçants, les clients, les chauffeurs, et l’association paysanne des zones étudiées, pour leur franche collaboration ;et tous ceux qui ne sont pas cités ici, mais qui nous ont soutenu et aidé.

5 V RESUME

La commune urbaine de Befandriana-Nord est située à 470 kilomètres de en direction du nord de Madagascar. Elle est traversée par la Route Nationale 32 (RN 32). Elle est le chef-lieu du district et chef-lieu de commune. Elle a été intégrée à la région Sofia à partir de 2004.

D’ailleurs, elle est considérée comme la porte ouverte du nord vers le sud et vice-versa. Les principales activités de sa population sont l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, le transport et le commerce. C’est la raison pour laquelle, le marché de Sabotsibe a été mis en place pour faciliter les transactions, l’écoulement et la distribution des produits.

Bien que l’agriculture soit l’activité principale de la commune, cette dernière est également un endroit privilégié des affaires commerciales. Elle est dotée des infrastructures nécessaires à cet effet, notamment le marché qui est le premier lieu de transactions de la ville. C’est un marché de quartier, pour les jours ouvrables mais qui devient celui du district entier toutes les deux semaines. Il joue un rôle important tant dans son lieu d’implantation que dans la région Sofia. C’est un centre de commerce de zébu car les bœufs ont une place importante dans la vie des Tsimihety. Le marché de Sabotsibe contribue à la promotion des revenus de la population, à la création d’emploi. Il contribue à l’augmentation des recettes fiscales non seulement de la commune urbaine mais aussi celle de la région Sofia.

Malgré, l’importance du marché de Sabotsibe qui est un moteur de développement, son existence pose des problèmes dans la ville. Pour lutter contre ces problèmes, quelques suggestions d’amélioration sont proposées en matière de sensibilisation, et de responsabilisation.

Mots-clés : commerce, marché de quartier, transactions, niveau spatiaux, développement

VI 6 INTRODUCTION

Le concept de marché est assez vaste, il comprend aussi bien le lieu où se déroule la commercialisation de produits, et est l’ensemble des échanges ou des flux de personnes et de marchandises. Pour réfléchir sur l’état d’un marché en question, ceci suppose son étude sur les plans organisationnel et fonctionnel et son rôle dans le développement de la circonscription administrative où il se trouve. Et cet extrait de l’ouvrage de J. BEAUJEU GARNIER nous éclaircit sur cette « entité » économique : « …..ensemble de rouages fondamental des relations production-consommation. Si l’enchainement production- commerce- consommation se fait harmonieusement quand le commerce peut devenir le stimulant de la production et inciter de ce fait la consommation, son rôle dans le développement est certes fragile, mais certain. Le commerce, élément bien caractéristique des relations économiques, joue en vérité sur les deux extrémités de la chaîne dont il constitue le maillon central. D’ailleurs, le marché est une des grandes forces en jeu dans toutes les sortes de société et de civilisation….. »1

Le marché, qu’il soit journalier ou périodique, devait toujours répondre à ce besoin d’harmonie entre ces trois principales fonctions, la production, le commerce, et la consommation. C’est le cas du marché de Sabotsibe qui est permanent et hebdomadaire.

En effet, le présent mémoire s’intitule « Le marché de Sabotsibe et ses impacts socio-économiques dans le district de Befandriana-Nord ». Notre problématique est alors de savoir si le marché est un véritable moteur de développement pour la commune urbaine de Befandriana et dans quelles mesures il y contribue. Il est clair qu’en tant que géographe, notre intervention portera sur l’observation et l’analyse des réalités spatiales du marché et de la commune urbaine de Befandriana-Nord.

Le choix du cadre d’étude n’est pas fortuit. Plusieurs raisons nous y ont conduites. D’abord, Befandriana-Nord possède des caractères économiques originaux encore peu étudiés et l’analyse de son marché peut illustrer le système de l’organisation de l’espace de la ville. Ceci permettra de déterminer jusqu’où le marché peut-il assurer la survivance de la population et des autres activités dans la commune urbaine.

1 J. BEAUJEU GARNIER (1977) « Géographie du commerce »,Masson-Imprimé-en Belgique,282p

7 Il y a également le fait que chaque marché de chaque localité (quartier, commune, district) possède sa spécificité et nous allons essayer de la dégager pour Befandriana-Nord.

Concernant la zone d’investigation, la commune urbaine de Befandriana-Nord est l’un des sept districts de la région Sofia. Il est aussi dans le nord de l’ancienne province autonome de Mahajanga à une distance de 470 kilomètres. Il se trouve à 98 kilomètres à l’est de la ville d’ et à 108 kilomètres au nord-est de la ville de . Plus exactement, il occupe la partie nord de la région Sofia. Il est influencé par le climat tropical avec deux saisons contrastées : la saison humide et la saison sèche. La saison pluvieuse est chaude tandis que la saison sèche est fraîche. La saison chaude va du mois d’octobre à mars et la saison sèche d’avril à septembre.

Le district de Befandriana-Nord a une superficie d’environ 9121 kilomètres carrés. Le territoire de la commune urbaine de Befandriana-Nord se départage entre sept fokontany (depuis la restructuration des fokontany en 2004), que l’on peut classer suivant leur fonction :

 l’ensemble des quartiers résidentiels et administratifs : Fiadanana, Ambatolahy, et Tsaramandroso ;  les fokontany commerciaux et en partie administratifs :Tsararivotra, Ambalanomby, Manongarivo, et celui qui nous intéresse surtout, Antanambola considéré comme le « cœur économique » de la commune urbaine et où se trouve le marché de Sabotsibe .

Ce mémoire ne prétend pas faire l’étude complète des potentialités économiques de la commune urbaine de Befandriana-Nord. Il s’agit d’une contribution à l’étude de l’un des principaux facteurs qui organisent l’espace urbain et rural de cette zone.

Les étapes de recherche se sont étalées du mois de janvier 2008 à novembre 2009.

La recherche bibliographique a été faite à partir de divers documents : des ouvrages de fin d’étude, des articles de revues ou journaux, des sites web concernant l’aménagement du territoire, les échanges commerciaux, la zone d’étude. Cette première phase nous a permis de préparer notre travail de terrain par la formulation de différentes hypothèses à vérifier sur terrain, dans l’élaboration de questionnaires, base de notre enquête. Cette dernière s’est surtout tournée vers la situation économique et sociale des marchands, des clients et des autres

8 services, la vie en général sur le marché de Sabotsibe et la part de responsabilité des autorités administratives dans cet environnement commercial.

L’étape des travaux sur le terrain a commencé au début de janvier 2008 pour les préliminaires auprès des responsables locaux : prise de contact et questionnaire sur le fonctionnement et la gestion du marché. Puis, cela s’est poursuivi, à différents niveaux :

- au niveau des marchands : nous avons considéré 300 personnes exerçant dans divers secteurs soit un taux d’échantillonnage de 30% sur le total des marchands. Ils ont été sélectionnés en fonction du type de produit vendu et de leur emplacement ; - auprès de 50 consommateurs et 30 responsables pour les autres services, choisis au hasard, à l’intérieur et à l’extérieur du marché.

Les travaux de recherches ont été effectués sur plusieurs périodes dont la première a eu lieu en février 2008 pour avoir un aperçu de la situation du marché en période de soudure. La deuxième phase de cette investigation s’est tenue durant la saison sèche, de mai à juin pour saisir l’importance des échanges en cette période. Ensuite, nous sommes revenues sur place au mois de décembre, à la veille de la fête de Noël, pendant lequel nous avons pu observer l’activité dans la ville de Befandriana-Nord en période de pointe ponctuelle. A part ses principaux opérateurs, marchands et consommateurs, d’autres agents économiques ont été également pris en compte : les transporteurs, les collecteurs, les artisans, les producteurs non marchands et le régisseur des marchés.

Le dépouillement et le traitement des données ont démarré à partir du mois de septembre 2008, avant la dernière descente sur terrain, complétées par des renseignements obtenus de celle-ci. Cette analyse a abouti sur l’établissement de tableaux, de figures, de graphiques, de planches photographiques, de croquis et cartes et sur la rédaction finale. Malgré tout, nous avons rencontré quelques difficultés relatives à l’insuffisance d’ouvrages sur la zone d’étude, l’imprécision des limites administratives des fokontany de la commune urbaine de Befandriana-Nord qui a rendu difficile la représentation cartographique.

La présente étude sera axée sur trois points principaux, notamment :

 la situation générale du marché et de son quartier d’appartenance : pour mieux comprendre comment se présente le « monde » du marché, il est nécessaire de diagnostiquer le paysage urbain dans lequel il se trouve intégré, son évolution dans le

9 temps, sa structure et son aménagement, son organisation générale (administrative, son accessibilité…).  les flux économiques qui participent à la dynamisation du marché, en ne perdant pas de vue le fait que les marchés de ce genre sont un enchevêtrement de systèmes susceptibles de favoriser le développement local et régional. Dans cette partie, on donne la priorité au commerce de bovidés, à l’analyse des flux de marchandises (situation sur le marché, approvisionnement), les capitaux mis en jeu dans le commerce et les autres fonctions actives sur le marché, les nombreux acteurs qui y interviennent.  l’orientation du marché de Sabotsibe vers le développement de la ville et de la zone, en passant par l’étude de son impact positif dans le domaine socio-économique. Il a paru intéressant de soulever la situation avantageuse de la ville de Befandriana-Nord. Enfin les suggestions y afférentes seront évoquées dans cette dernière partie faces à différents handicaps existants sur la mise en place du marché de Sabotsibe .

10

PREMIERE PARTIE :

LE MARCHE DE SABOTSIBE : STRUCTURE ET ORGANISATION

11 Carte n° 1: Localisation du district de Befandriana-Nord

LEGENDE

CANAL DE MOZAMBIQUE Région Sofia

Zone d’études

Régions limitrophes

Limite des régions administratives Fleuve Sofia

12 Les facteurs humains déterminent en générale les activités commerciales d’un lieu. Le marché fait partie de notre univers quotidien. Comme tous les marchés, le marché de Sabotsibe a été présenté par les histoires.

Chapitre I : PRESENTATION DU MARCHE DE SABOTSIBE

Dans la commune urbaine de Befandriana Nord, le marché a sa propre structure et son histoire. Il y a aussi les caractéristiques humaines liées au marché de Sabotsibe.

I. Définition du concept

Si à l’origine, le marché (du latin Mercator : marchand) désignait le lieu où s’effectuaient des échanges, actuellement sa définition est étudiée sous différents angles : temporel, humain et économique.

A. Le marché : un fait spatio-temporel

L’idée de lieu n’a pas été totalement dissoute. En effet, le marché reste cette place où des agents économiques procèdent à des échanges presque entièrement commerciaux. Donc, c’est le terrain d’une activité particulière, le commerce, que l’on peut résumer comme étant la fonction économique entre la production et la consommation.

Le marché est un espace particulier où se rassemblent des groupements d’hommes qui mettent en œuvre des techniques économiques.

Du point de vue temporel, on pourrait classer les marchés en trois catégories : les marchés journaliers, hebdomadaires, et occasionnels (foires, braderies, salons…).Nous ne nous intéresserons cependant qu’aux deux premiers qui illustrent pleinement ce côté de la définition du marché. En générale, les marchés journaliers sont des marchés de quartiers intégrés dans la ville ou les campagnes. Par ailleurs, l’autre type, le marché hebdomadaire a lieu un jour choisi dans la semaine. Il est de plus grande envergure par le nombre de personnes qui le côtoient, pouvant atteindre 10 000 à 20 000 agents économiques1.

1 Source : DONQUE G : Le zoma d’ : étude géographique d’un marché urbain –Thèse de 3ème cycle-Antananarivo, 392p

13 B. Caractère humain et économique du marché

Le marché peut être considéré comme un phénomène humain de par l’existence d’une multitude d’acteurs économiques réunis en un même endroit pour créer un environnement favorable à des échanges.

Du point de vue économique, l’étude porte précisément sur ces échanges. Le marché sera alors l’ensemble des flux de population avec tous les impacts sociaux qui s’ensuivront, de marchandises et de capitaux et dont l’importance varie selon le jour. Il s’avère être un véritable stimulant de la vie citadine ou rurale.

En effet, il fait vivre directement ou indirectement un nombre considérable de personnes : marchands, consommateurs, producteurs agricoles, artisans, industriels, tous les intermédiaires (transporteurs, collecteurs…), différents prestataires de services… Cela est dû au fait que le marché est la voie qu’empruntent d’une part les paysans agriculteurs ou éleveurs, les artisans et les industriels pour écouler leurs produits et d’autre part, les consommateurs pour lesquels il constitue le meilleur mécanisme pour trouver le produit susceptible de les satisfaire.

II. Mise en place du marché de Sabotsibe

Selon le dialecte local, Sabotsibe veut dire « grand samedi »

Les Sabotsibe sont des tsena ou marchés contrôlés de bovidés.

En matière d’économie de marché, Sabotsibe permet aux consommateurs de trouver des milliers de produits différents qui reflètent leur préférence et, aux producteurs, des milliers d’intrants productifs, en assurant, à partir des instants disponibles, la production maximale2.

Ce marché fait souvent preuve d’une plus grande souplesse et d’une meilleure capacité d’adaptation à de nouvelles conditions, en générant automatiquement des incitations à la croissance, à l’innovation et à l’évolution structurelle que les pouvoirs publics sont impuissants à gérer ou lents à susciter.

2 Les principes de l’économie de marché un cours de Raimond KASAVE « Microéconomie » 1er Année économie, année 2006 à l’Université de Toamasina

14 Le recours à ce marché encourage l’activité économique privée élargissant le champ de diffusion du pouvoir économique.

Croquis n° 1 : Le marché de Sabotsibe dans la ville de Befandriana N Vers Ankaraongana Vers

Vers Marantety

P Vers Antsohihy P P M

Antampotanana

G GG

Vers Ankazoambo H H H Bâtiment admin Vers Ambahivahy

Vers Morafeno Vers Mandritsara

LEGENDE

Route H Hôpital Marché P Poste RizièreH Hôpital G Gare

M Mairie routière ECHELLE : 0 500 1000m

Source : auteur, 2009

15 Nous allons voir ci-dessus le croquis qui montre le marché de Sabotsibe dans la ville de Befandriana-Nord suivant la structure du paysage urbain.

A. Historique de la mise en place du marché de Sabotsibe

Dès le Xème siècle, des groupes de populations islamisées pratiquaient un commerce entre le nord de l’île et la côte orientale africaine. Au XVIIème siècle, les Antalaotra , encore des islamisés, semblaient avoir exercé le monopole du commerce entre la côte nord-ouest et l’intérieur de l’île. Ces Antalaotra seraient à l’origine des bazars, appellation usuelle des tsena sur les côtes. A l’époque, on avait pratiqué le troc. Le troc c’est l’échange direct d’un objet contre un autre : par exemple un sac de maïs contre un sac de riz.

Selon l’évolution de la société, les hommes se rencontraient et on a une formation du marché. C’est au marché que les gens avaient appris à utiliser la monnaie. On utilise souvent le mot tsena quand on désigne un marché. En réalité, le tsena est un marché, mais un marché malgache qui présente des caractères originaux. Le tsena est aux malgaches comme le souk ou le bazar le sont aux arabes. Les tsena ont été institués par le roi Andrianampoinimerina. Toutefois, ses origines remontent beaucoup plus loin. Enfin le royaume de Madagascar s’est appliqué à les répandre dans toute l’île au XIXème siècle.

La création des tsena est d’abord une réponse au désir de la population de commercer, vendre ce qu’elle produit et acheter ce dont elle a besoin. Le tsena est conçu comme un lieu de rencontre. Il fait partie de notre univers quotidien : il nous faut tous les jours y aller pour acheter à manger, pour acquérir quelques objets ou quelques produits nécessaires à la maison. C’est là où les gens vendent le produit de leur travail.

Le jour du tsena , en ville comme à la campagne, est toujours un évènement, presque une fête et il est de tradition de mettre ses plus beaux habits ce jour-là. La création des marchés est donc une mesure incitative à la production. Les jours de grands marchés se tiennent quelques fois tous les jours (marché journalier), quelques fois toutes les semaines (marchés périodiques). Et c’est le cas du marché de Sabotsibe , un des grands marchés dans la région Sofia, un marché permanent avec le samedi comme jour de pointe. On a choisi le samedi parce que pour les malgaches le samedi est jour favorable pour faire le tsena , parce que le samedi, est jour de repos et beaucoup de personnes sont presque libres. Tout le monde est « invité » à utiliser la monnaie, c'est-à-dire qu’il est libre de dépenser, de vendre et d’acheter en utilisant la monnaie. C’est le marché de Sabotsibe l’endroit où les riches ou les

16 pauvres, les travailleurs, les éleveurs et les fonctionnaires sont unis par le commerce. Enfin, c’est le samedi qu’il y a plus d’affluence. Le Sabotsibe n’est pas seulement un point de transaction de bovidés mais aussi un endroit où les paysans peuvent se procurer différents produits qu’ils jugent intéressants, et où les jeunes, comprimés pendant des mois sous le joug des travaux agricoles trouvent un délassement.

Auparavant, le marché de bovidés n’existait pas. Les gens circulent dans les campagnes pour chercher et acheter les bœufs ; on les appelle les Hirakely .La majorité des Tsimihety vit du secteur primaire, qu’ils habitent en chef-lieu ou dans la campagne. Ces urbains comme les ruraux élèvent des bœufs et plusieurs services améliorent cet élevage. En malgache, samedi veut dire sabotsy et marché veut dire tsena . L’association de ces deux termes donne en malgache l’appellation tsena sabotsy . La création du marché de Sabotsibe a commencé avec celle du samedi de Mandritsara. Ce marché a lieu toutes les deux semaines à Befandriana-Nord. Pour Befandriana-Nord, le marché de Sabotsibe est marqué par l’implantation des pavillons, du hangar, suivi de l’aménagement des espaces où on vend des zébus.

Au niveau de l’organisation administrative, le marché de Sabotsibe et tous les marchés ruraux, communaux, régionaux, ou de quartier, sont soumis à un suivi de l’autorité locale. Pour Befandriana-Nord, elle est représentée par la mairie. Les principaux objectifs de ce suivi sont de bien encadrer les espaces réservés au marché pour un meilleur aménagement, de les rendre fonctionnels pour permettre les échanges et assurer des ressources aux municipalités.

Actuellement, l’état des marchés à Madagascar est à déplorer. Les dégradations sont considérables tant au niveau structurel que sur le plan de la salubrité .Toutefois, certains ont pu bénéficier d’une réhabilitation : rénovation totale ou réaménagement partiel.

B. Sa situation dans la commune

Il s’agit ici de délimiter le marché dans le temps et dans l’espace de Befandriana-Nord, en précisant qu’il peut s’élargir ou se rétrécir, suivant le jour .Le marché se présente comme une pièce maîtresse dans l’organisation de l’espace de son quartier d’appartenance qui est Antanambola. Le choix de ce fokontany peut être expliqué notamment par sa position dans la commune urbaine, (croquis n°3, page19).

17 1. Position stratégique du quartier d’Antanambola

Celui-ci est le plus vaste quartier après Antampotanana où la Haute ville (dans le quartier Fiadanana, qui tient lieu pour sa part de pôle administratif et culturel (croquis n°2 page 19). Il y a cinq ans, les hommes d’affaires construisent des bâtiments en dur dans ce fokontany. Des bureaux y sont installés : ONG (FERT, CECAM …) et c’est justement la présence du marché qui a encouragé le choix d’emplacement de ces institutions et de nombreuses boutiques, restaurants, ainsi que des ateliers, parce que ces institutions sont nécessaires pour la fonction économique et les activités des paysans.

De plus, il est situé au carrefour des voies de circulation urbaine : la route nationale 32 qui traverse la ville d’ouest au sud et qui draine la plus grande part du trafic automobile depuis le nord(Antsiranana) vers l’ouest, (Mahajanga).

18

Croquis n°2 : Localisation du quartier d’Antanambola N N dans la commune urbaine Befandriana-Nord N

Tsaramandroso Ambalanomby

Fiadanana

Vers Antsohihy

ANTANAMBOLA Ambatolahy A

Manongarivo Tsararivotra

Vers Mandritsara

0 100 200m 0 100 200m

Source : Commune urbaine de Befandriana-Nord, croquis personnel

LEGENDES :

Limite quartiers

Limite commune urbaine Route inter quartier

Route bitumée

Aire du marché

19 2. Le marché de Sabotsibe et le marché de Bazaribe

Bazaribe c’est le marché qui se tient tous les jours et qui regroupe toutes sortes d’épicerie, d’étals où sont entreposés légumes, fruits, viande, brède… Les photos de la planche n°1(page 22) nous montrent quelques pavillons servant d’épicerie, de boucherie, et des étalages près des pavillons.

Le choix de l’implantation est relatif à la forte densité démographique de ce quartier, où siège les bureaux de la Mairie. Le tableau n°I ci-après, montre la répartition de la population dans la commune urbaine de Befandriana-Nord.

Tableau n° I: Répartition de la population par fokontany(année 2009) Fokontany 0 à 5ans 6 à 10 ans 11 à17 ans 18 à 60 ans 60 ans + Total Ambatolahy 378 336 360 1218 80 2372 Ambalanomby 683 704 958 2539 249 5133 Antanambola 465 655 750 1705 185 3760 Fiadanana 289 348 504 1467 152 2760 Manongarivo 697 713 875 1583 122 3990 Tsararivotra 250 350 400 775 75 1850 Tsaramandroso 155 190 215 355 45 950 Total 2917 3296 4062 9642 908 20815 Source : Monographie de la commune urbaine de Befandriana-Nord D’après ce tableau, la population de Befandriana a de caractère de la population jeune. Ce sont des populations actives, moins de soixante ans qui dominent. Ce marché de Bazaribe détient le monopole des ventes. Il a son importance dans la distribution journalière des produits.

Il est le plus important à cause :

-des infrastructures à la disposition des commerçants comme les pavillons dont la rénovation par la municipalité date de 2007,

-c’est surtout l’animation qui règne le jeudi qui est irremplaçable car elle donne à la ville un air de grande foire, parce que le jeudi pour les Tsimihety est un jour fady , les gens ne travaillent pas, ils sont libres,

20 -de la nature de la clientèle et des marchands liée à leur origine, à la quantité et la qualité des produits présentés ; surtout le jour de grand marché, c'est-à-dire que, le marché est très animé en fonction des marchands permanents et des paysans des villages qui y participent.

-de la convivialité qui règne sur le marché : la majorité des commerçants et des consommateurs sont des autochtones ; le marché est un terrain d’échanges de nouvelles et d’informations.

-le lundi, le mardi, le mercredi, et le jeudi, le marché de Bazaribe est un marché de détail où les ménagères de la ville font leurs emplettes quotidiennes à base de légumes, de fruits, de brèdes, de produits de première nécessité, de viande. Il montre à peu près la même envergure que le marché de Sabotsibe .

Mais notre étude se focalisera surtout sur le marché de Sabotsibe où la circulation de marchandises, d’hommes, et de monnaies est la plus notable. La population commerçante (marchands, consommateurs, collecteurs,…) des environs immédiats de Befandriana-Nord y converge. Il faut noter que l’intensité de l’activité commerciale du marché est saisonnière car elle suit le calendrier agricole régional. L’organisation commerciale et administrative repose sur cette situation. Pour toutes ces activités, la valeur des transactions varie suivant les saisons, de même pour le nombre de participants. Pendant les mois de février, mars et avril, période durant laquelle toutes les activités agricoles ont lieu, le marché est peu fréquenté. Mais dès le début de la récolte c'est-à-dire, le mois de mai, le marché devient de plus en plus animé et la valeur des transactions est aussi en croissance continue, parce que les gens sont libres d’aller jusqu’au marché pour vendre ce qu’ils produisent. Il y a aussi des évènements exceptionnels, plus attractifs comme les fêtes de noël, le nouvel an, pâques...En moyenne, 60 à 80 zébus sont vendus chaque Sabotsibe , mais ceci comme nous l’avons déjà évoqué, connaît une très grande inégalité suivant les saisons. Le marché de Sabotsibe est donc avantagé par sa localisation dans un quartier vital pour la ville sur le plan économique, son accessibilité et ses rapports avec l’autre marché de quartiers et sa fonction (journalière et périodique). A ceci s’ajoute sa structure, précisément le jour de marché, par son dynamisme le distinguant dans son district et sa région administrative d’appartenance.

21 PLANCHE- I Photo n° 1 : Les épiceries, et les boucheries de bazaribe

Source : Auteur, 2009

Photo n° 2 : Les pavillons et les étalages de bazaribe

Source : Auteur, 2009

22 Chapitre II : UNE STRUCTURE FACILITANT LA DISTRIBUTION DES PRODUITS

D’après les enquêtes, l’impression générale qu’offre le marché de Sabotsibe est que son aménagement a été planifié selon les goûts des agents économiques qui s’y rencontrent.

I. Plan actuel du marché

Un aspect tentaculaire marque le rôle fondamental que joue le marché dans la vie de la population de Befandriana-Nord.

A l’intérieur du marché, on trouve différents types d’installations telles que les pavillons précaires, les pavillons en dur, les hangars ainsi que les étalages.

On enregistre également plusieurs catégories de produits mais les plus dominants sont les produits alimentaires, les bovidés et les produits manufacturés.

23 Croquis n° 3 : Le plan du marché N

ZONE E

RN 32 Vers Antsohihy

COIFFEUR HABITATION

EPICERIE GARGOTTE EPICERIE GARGOTTE GROSSISTE GROSSISTE RN 32 Vers

Mandritsara H T T F F T T R A E B Z Z S I T O O T S R N A A M M N V V U E T R R E R I E O A B N N T

Zone D R BAR E S Z P T O A N U BAR R E P E N C K K O O T BAR R R R R

P P Echelle : 1/5000 P Source : Conception personnelle

24 LEGENDES

TYPES D’INSTALLATION

* Etage

Hangar

Pavillon précaire

Pavillon en dur

LES PRODUITS 1/DENREES ALIMENTAIRES Produits vivriers Légumes variés Fruits varies Poisson séché Viande Volaille

PPN 2/ EMPLACEMENT POUR LES ZEBUS

3/ PRODUITS MANUFACTURES T - Textile (Tissu, pagne, couverture)

F - Friperie

K - Quincaillerie

O - Matériel agricole

4/PRODUIT ARTISANAUX

V – Vannerie : chapeaux, paniers, sacs

S - Soubiques et nattes

M - Meubles

R - Cordes, balais

5/AUTRES PRODUITS

P - Semences

25

Il s’explique en partie par l’activité qui domine dans le fokontany d’Antanambola le jeudi, vendredi, et samedi et qui gagne toute la ville. Le marché voit l’arrivée massive des producteurs, des vendeurs des communes rurales environnantes, et de personnes isolées de toute la région Sofia. Le jeudi avant le Sabotsibe , environ 100 à 500 marchands y sont déjà présents.. Par conséquent, la surface habituelle réservée au marché n’est plus suffisante pour accueillir cette foule marchande rejointe par celle des consommateurs. A l’évidence, un plan d’ensemble a servi de guide à l’occupation de l’espace sur le site d’Antanambola. Mais par nécessité et par égard pour les commerçants, la mairie de Befandriana-Nord a laissé le marché prendre possession de tout le quartier .Aussi l’occupation anarchique des rues adjacentes à la place principale par les installations des vendeurs ambulants devient inévitable : de véritables « tentacules » se forment et constituent l’extension du marché. Le nombre d’occupant peut être aussi important que celui du marché central. Les marchands sont à l’affût du moindre espace vacant : ni les chaussés, ni les entrées principales ou secondaires du marché, ni les devantures de restaurants ou de magasins ne sont épargnés.

En se référant au croquis n°5 (page 30) sur la situation du marché de tous les samedis, nous pouvons dire que le marché de Sabotsibe connaît une extension au - delà de ses limites .Dans la ruelle reliant la RN32 au marché de Sabotsibe et dans celle menant à la mairie et au bureau de la poste (cf. croquis n°5page 30) et à l’emplacement quotidien de la gare routière de Befandriana-Nord, des dizaines de commerçants provenant des alentours et des autres communes rurales se sont installés. Toutes les ruelles d’Antanambola qui sont assez larges pour recevoir les vendeurs et leurs marchandises sont occupées .De cette façon, on peut diviser le marché de Sabotsibe en deux grandes parties :

-la partie ouest qui est la plus vaste et qui est réservée au marché des zébus,

-la partie est où sont vendus les autres produits, l’ensemble des PPN et où se trouvent aussi les restaurants…

La grande majorité des consommateurs qui visitent le marché fait un trajet de dix à vingt kilomètre et cela se fait à pied ou à bicyclette.

26 II. Aménagement du marché

Les subdivisions du marché constituent un seul et vaste ensemble commercial où la place principale est un marché spécial de bovidés. Les autres éléments de cet ensemble regroupent surtout des produits agricoles à savoir du riz, du maïs et des produits manufacturés tels que la quincaillerie, du textile et des objets divers, produits artisanaux, puis des animaux au détail (porcs, volailles).Donc on peut y trouver tous les produits et a priori, il peut faire face à la concurrence d’Antsohihy ou de Mandritsara.

On retrouve toujours les mêmes grandes catégories d’installations dont le niveau d’équipement est directement fonction du revenu et des produits à vendre.

Cette typologie classée par niveau d’équipement distingue : l’installation délimitée par six à huit poteaux et couverte de toit en tôle comme les pavillons, le hangar ensuite il y a les tables, les étalages au sol, les étalages réservés aux poissons séchés.

L’aménagement des constructions en dur et en brique, c’est à dire les pavillons, les hangars et les étals a été réalisé par les autorités responsables du marché. Au début, elles ont été dressées pour les produits manufacturés, la viande et les poissons séchés. Mais dans de nombreux cas, des vendeurs de produits agricoles s’y sont installés et les ont progressivement étendus par ajout de tables et de présentoirs.

Les autres types d’installation plus provisoires sont à la libre initiative des commerçants. Ce sont des installations ambulantes c'est-à-dire, des installations qui ne sont pas fixes. Ces installations envahissent tous les espaces interstitiels non-bâtis du marché comme les allées intérieures entre les pavillons et dans les ruelles. Leur prolifération sur les voies de circulation soulève tout de même des problèmes d’organisation, d’entretien, de nettoyage et de communication.

De cette classification, il ressort que ces équipements sont devenus des repères stratégiques. En général, le client se situe sur le marché en s’informant de l’emplacement de chaque catégorie de marchand, suivant le produit qu’il vend ; par exemple, les pavillons sont dominés par la restauration. Les hangars sont réservés aux bouchers, les étals au centre aux poissons séchés et une esplanade en terre pour la vente de tabac,...

27 Voici comment s’organise l’espace du marché :

Zone A

1-Points de vente d’arachide entre le hangar et l’étal

2-Pavillons et hangar près de l’entrée nord-ouest réservés à la viande, produits manufacturés

Zone B

3-Etal de poisson séché

4-Pavillons réservés aux produits artisanaux et manufacturés situés entre le nord et le nord-est

5-Point de vente de canne à sucre entre l’étal et la première série de pavillons se trouvant à l’est

Zone C

6- Pavillons réservés aux P P N se situant au sud du marché

7-Etals et points de vente de tabac par terre au sud- est du marché

Zone D

8-A l’extrême ouest et nord-ouest : marché de bœufs.

9-Point de vente des autres produits comme des semences dans la sortie de la ruelle à l’ouest.

Zone E

10- Pavillons réservés aux épiceries, gargote, grossiste dans la partie nord près de la RN 32

De cette classification, il ressort que ces équipements sont devenus des repères stratégiques. Mais de toute façon, on peut retrouver toutes les catégories de produits dans chaque zone. Nous pouvons relever que certains produits ne se rencontrent que sur le marché central et que toutes les infrastructures y sont rassemblées. C’est le cas de la viande qui ne se vend que sur la place principale du marché.

Donc, on est face à un marché organisé, bien structuré avec un type d’équipement pour chaque marchand sur la place principale. Mais de toute évidence, il existe toujours des « squatteurs » qui empiètent sur le territoire des autres comme c’est le cas de quelques

28 vendeurs de légumes qui viennent se réfugier sous le hangar de la boucherie ou de certains marchands de fruits saisonniers qui choisissent les pavillons inoccupés par les produits textiles.

Dans l’aire d’influence immédiate du marché, la situation est différente car l’envahissement des ruelles et des carrefours par les marchands est la preuve qu’ils n’ont trouvé ni espace, ni équipement adaptés à leurs activités. L’occupation est devenue anarchique : toutes sortes de produits et de services sont mélangés, les vendeurs et les divers réparateurs ne peuvent avoir d’emplacement fixe.

III. Accessibilité au marché de Sabotsibe

A. Une desserte routière favorable aux échanges

Il est vrai que les routes nationales, les routes d’intérêt provincial, les voies inter- fokontany, représentent un élément fondamental pour le développement économique dans la zone d’étude surtout au niveau des échanges commerciaux inter-régionaux. Elles servent aux déplacements humains, à l’acheminement des produits agricoles, artisanaux, et industriels, .Elles se prêtent à tous les modes de transport.

-La route nationale 32 relie la commune urbaine de Befandriana-Nord à la région Diana au nord et à tout l’ouest de l’île. Elle traverse d’importantes zones de production de la région Sofia, particulièrement pour les produits vivriers et fruitiers. Parmi elles, les communes rurales de , d’Ambararata .

-Les routes inter-communales permettent à la ville de joindre les autres communes rurales du district de Befandriana-Nord qui ravitaillent en premier le marché de Sabotsibe mais également les consommateurs. Les plus importantes sont : les routes vers à l’ouest de la commune urbaine de Befandriana-Nord, la route vers la commune rurale de Tsiamalao et d’Ambararata au nord.

29

Croquis n° 4 : Accessibilité du marché de Sabotsibe N Tsaramandroso Ambalanomby

Vers Antsohihy

Fiadanana

M P

G Ambatolahy

Tsararivotra

Antanambola

Vers Mandritsara

Manongarivo Echelle : 0 300 600m

LEGENDE Route Nationale Route d’intérêt communale Route intercommunale

Limite Fokontany

Marché

M Mairie P Poste

G Gare routière

Source : Commune urbaine, croquis personnelle

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B. Les moyens de transports

L’organisation du transport des hommes et des produits vers le marché de Sabotsibe est assurée par l’association des moyens non motorisés d’une part, représentés ici par les charrettes à bœuf, les bicyclettes, le portage à pied, les brouettes, les calèches et d’autre part, du service dispensé par le réseau de taxi-brousse, assurant la liaison entre Befandriana-Nord et Antsohihy, Befandriana-Nord et Mandritsara et celles desservant toutes les communes. Pour la ville, ce sont les taxi-ville qui y travaillent.

1. Le transport charroi

Les charretiers assurent le transport de la grande majorité des denrées alimentaires de grande consommation comme le riz, les fruits locaux, le maïs… des communes rurales environnantes vers le marché. Elles permettent de ce fait l’approvisionnement du Sabotsibe en produits venant d’, de Morafeno, d’Ambahivaha. Le transport charroi est un moyen sûr en toute saison car il est adapté à l’état des routes dans les campagnes éloignées. Ce transport laisse parfois à désirer mais son prix est plus abordable parce qu’il s’agit ici de l’utilisation des forces des bœufs de type savaly .

Il existe une trentaine de charrettes qui font le va et vient transportant de charges plus ou moins lourdes tant à l’allée, en véhiculant les produits des campagnes aux alentours de Befandriana-Nord, qu’au retour où c’est le tour de ceux achetés sur le marché de Sabotsibe : des produits divers notamment des PPN, des sacs de légume de toutes sortes, des sacs de riz ou d’intrants agricoles.

Les charrettes sont parquées au nord du marché sur le chemin vers Ambalatany .Les charretiers font une seule livraison par semaine, pendant ou la veille du samedi. Ils transportent une vingtaine de sacs par voyage à raison de 1000 à 2000 Ar le trajet- aller, il peut atteindre jusqu’à 5000 Ar si la distance dépasse cinq kilomètres.

La plupart des charretiers sont les fils des propriétaires ou propriétaires, ou des locataires travaillant pour le compte de propriétaires possédant plusieurs dizaines d’unités.

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2. Le transport par calèches, traineaux, bicyclettes

Le véhicule de transport non motorisé par excellence assurant la liaison entre les fokontany et le marché sont les calèches, les traineaux, et les bicyclettes. Le jour de grand marché il est de coutume de voir aux heures de pointe de 10h30 à 13h30 environ, où le maximum de gens vont au marché, un va et vient incessant de calèches mais aussi et surtout de bicyclettes acheminant clients, sacs de légumes, ballots de friperie des lieux de stock et des domiciles jusqu’au marché. De toute façon, c’est le moyen de transport caractéristique des villes de la région Sofia et le plus efficace aussi.

Des calèches et des traineaux complètent des brouettes vu qu’ils servent surtout aux déplacements à l’intérieur de la ville. Ils aident au transport de marchandises conditionnées dans des sacs dans la plupart des cas. Ils sont conduits par un ou deux dockers, de jeunes gens de 15 à 20 ans, parfois plus âgés, et dont le service est vivement sollicité. Ce sont à ces mêmes personnes que les vendeurs s’adressent pour porter leurs produits de leur domicile ou de leur magasin de stockage vers le marché, à des heures plus matinales de la journée (aux environs de cinq ou six heures).

Les commerçants préfèrent le transport par calèches à cause de la modicité des frais de déplacement même si elles ne peuvent transporter au maximum que 300 kg à chaque fois. Les concentrations de ces moyens de transports les plus notables sont naturellement aux abords du marché de Sabotsibe . Ils stationnent dans la ruelle communiquant avec la RN32 à l’entrée ouest et à l’est vers le fokontany de Manongarivo où les charretiers garent leurs charrettes.

Le tarif de transport varie de 1000 Ar à 2000 Ar selon le poids et la distance. Le transport d’un chargement de 150kg par exemple, du quartier de Manongarivo au marché de Sabotsibe distant d’un kilomètre s’élève à 1000 Ar. Les traineaux formés de quatre roues et un plateau fait de planches, tirés à l’aide d’une corde, sont utilisés soit pour le transport de bois provenant des menuiseries du fokontany de Tsaramandroso, soit pour celui de produits agricoles des zones maraichères de Befandriana-Nord ou à l’acheminement des balles de friperie prises à la gare routière venant d’Antananarivo vers le marché.

32 3. Autres modes de transports non motorisés

Ces modes de transport font partie des transports non motorisés. Ce sont des bicyclettes et le portage. Le mode de transport omniprésent sur tout le marché est le portage des marchandises à dos ou sur la tête d’homme. Les consommateurs venant des zones d’un rayon de 15 km arrivent au marché à pieds ou à bicyclette. Chaque semaine ils arpentent les pistes qui les mènent à Befandriana-Nord et leur va- et –vient ininterrompu nous a empêché d’évaluer précisément leur nombre. Pour la plupart, leur choix s’est porté sur la marche à pieds conséquemment aux frais de transport et de l’inéxistence de ligne de taxi brousse reliant leur lieu d’habitation à la commune urbaine.

4. Les moyens motorisés

La ville de Befandriana-Nord est un relais et un arrêt pour les lignes de taxi-brousse qui la relient aux différentes communes de la région Sofia et à d’autres zones. Ces lignes jouent un rôle capital dans les échanges commerciaux, surtout au niveau des flux humains. Ils sont organisés en deux points stratégiques de la commune : dans le quartier Manongarivo se trouve la gare routière pour les taxi-brousse allant vers ou arrivant d’Antsohihy, et reliant le centre, le nord, l’ouest et le sud de l’île, alors que dans le quartier de Tsararivotra sont stationnés ceux reliant la commune urbaine de Befandriana-Nord à Mandritsara.

Les taxi-villes servent surtout aux déplacements au sein de la ville. Ils aident au transport de marchandises, des produits vers le marché et leur service est vivement sollicité.

Ce sont à ces taxis même que les vendeurs s’adressent pour porter leurs produits de leur domicile ou de leur magasin de stockage, vers le marché, à des heures matinales de la journée (aux environs de cinq ou six heures).Leur tarif tourne autour de 1000 Ar à 5000 Ar, quelque soit les bagages, mais ils dépendent surtout de la distance, et c’est pour cette raison qu’ il y a une différence. Pour les clients provenant des quartiers plus éloignés, les tarifs peuvent atteindre jusqu’à 6000 Ar pour une distance de cinq kilomètres.

D’après ce que nous avons pu observer pour le transport des produits tels que les fruits locaux (agrumes, banane,…), les vendeurs louent des camions qui ne peuvent cependant pas stationner près du marché. Ils doivent rester dans les ruelles pour permettre aux grossistes et aux détaillants de se procurer à bas prix les produits dont ils ont besoin, et pour éviter la création d’embouteillages dans la circulation des consommateurs. Il faut noter que seulement

33 quelques camions déchargent les marchandises à Befandriana-Nord et leur nombre varie suivant les saisons. En période d’abondance, sept ou huit camions de dix tonnes, remplis à 75 ou 80% de leur capacité de charge, font l’aller et retour hebdomadaire en assurant le ravitaillement du marché. Chaque jeudi, seulement quatre camions viennent à Befandriana en saison humide. Le marché possède donc une assez grande capacité d’accueil au niveau de son district. Il peut recevoir annuellement environ 85 000 tonnes de produits agricoles dont 20 000 tonnes de fruits extra-locaux et locaux, 13 000 à 15 000 tonnes de produits maraichers, 10 000 tonnes de produits vivriers et produits secs provenant des communes comme Tsiamalao, Pont Sofia, et Ambararata.

La commune urbaine de Befandriana-Nord est le cœur du réseau de transport collectif régional, ce qui est un facteur de polarisation des activités et des flux sur la commune urbaine elle-même.

Les voies de communication et les moyens de transport des hommes et des biens sont inséparables pour permettre un meilleur service de transport essentiel aux échanges entre les fonctions de production et de consommation. Leur diversité confère au marché de Sabotsibe une grande capacité d’attraction commerciale au niveau du district de la région Sofia et des autres régions.

Concernant les tarifs, les enquêtes auprès des chauffeurs montrent qu’évidemment leur chiffre d’affaire atteint le maximum le jour de grand marché. Il est environ de 400 000 Ar. Ils subissent des variations au cours de l’année, surtout pour les moyens motorisés : pendant la saison sèche, ils sont plus ou moins élevés, souvent doublés, entre 300 000 à 600 000 Ar et la période de soudure entraine une diminution à cause de la réduction du nombre des voyageurs qui vaquent aux occupations agricoles, environ 50 000 Ar à 100 000 Ar. C’est une situation catastrophique pour les transporteurs vu la conjoncture actuelle relative à l’augmentation incessante du coût de l’essence et du gasoil.

Chapitre III : ORGANISATION GENERALE DU MARCHE DE SABOTSIBE

Le marché de Sabotsibe n’échappe pas à la législation sur les marchés publics, instaurée déjà sous Andrianampoinimerina. Elle revêt plusieurs aspects démontrant que le marché est également le terrain de transactions de divers types et présente un caractère qui le différencie des autres marchés.

34 I. Du point de vue administratif

Comme la plupart des marchés, celui de Befandriana-Nord relève de la compétence municipale, aussi bien pour l’aménagement et l’entretien que pour le recouvrement des taxes ainsi que l’administration du marché de bétail.

La municipalité est représentée par :

-le chef d’arrondissement qui s’occupe de faire respecter les ordonnances et les arrêtés relatifs au marché, d’assister à l’établissement des contrats de vente de bœufs, de suivre le paiement des différents droits et taxes par les marchands,

-le contrôleur du marché a sous ses ordres des distributeurs et collecteurs de tickets (de 1 à 8 selon le jour). Il veille à ce que tous les marchands paient les taxes fixes ou les tickets de droits de place, pour tous les marchés, hebdomadaires ou journaliers de Befandriana-Nord.

Il y a eu dernièrement un effort pour une meilleure gestion du marché de Sabotsibe et les marchés de quartier : rénovation des infrastructures (pavillon,..), meilleur contrôle tant au niveau des marchands que des distributeurs de tickets qui profitaient de leur situation pour dépouiller la municipalité.

L’intervention de la commune en matière d’organisation du marché concerne donc principalement quatre fonctions :

-l’attribution des places sur le marché proprement dit et le recouvrement des taxes,

-le règlement du marché (concernant les heures d’ouverture et de fermeture.)

-les aménagements complémentaires (innovation ou remise en état)

-les services d’hygiènes : nettoyage et entretien.

La municipalité a établi une classification des vendeurs suivant les types de produits proposés.

On a des marchands :

-de bovidés,

35 -de produits rares : confections, quincaillerie et outillage,

- de cultures commerciales,

-de poissons séchés, de friperie, de produits artisanaux,

-de fruits, de légumes et de PPN.

Mais dans cette classification, on peut encore distinguer les commerçants qui résident sur le marché et ceux qui s’y installent seulement le samedi. Plusieurs modes de fixation du montant des droits de place de ces commerçants sur le marché ont été instaurés. La quasi- totalité des vendeurs sous les pavillons, le hangar et à l’étalage est soumise à la patente, allant de 21 000 Ar à 30 000 Ar/ an selon leur emplacement.

Certains commerçants de bovidés et des vendeurs de poissons séchés qui sont en même temps collecteurs, doivent verser un droit de ristourne. Pour les bovidés : 360 000 Ar/an, pour les poissons séchés : 100 000 Ar/an. Ils doivent avoir un permis de collecte et un visa de conformité à retirer auprès du responsable avant de pouvoir procéder à la collecte.

. Pour les commerçants journaliers, le paiement du droit de place s’effectue au m² suivant la décision des conseillers municipaux. Dernièrement, le prix du m² a été fixé à 100Ar par jour. Le paiement se fait selon l’emplacement : pavillon, hangar, étage et de la surface choisi par le marchand et de ce fait, cet endroit est fixe vu que ces infrastructures ont été érigées par la commune. Il sera réglé par un abonnement mensuel de 1000 Ar par mètre carré par mois et évitera au vendeur d’acheter un ticket tous les jours.

Les bouchers et les vendeurs de poissons séchés paient 200Ar par mois par un mètre carré et demi car ce sont des produits dits « à forte valeur ».

Notons qu’il est rare qu’un vendeur se contente d’un espace de 1,50m² pour exposer ses produits. Normalement, ils occupent le double ou le triple.

-Les tickets journaliers sont distribués aux détaillants qui ne sont pas abrités sous les infrastructures communaux mais qui se trouvent sur la plateforme ou en dehors de la place du marché ou au marché de bétail.

. Les commerçants hebdomadaires c'est-à-dire les grossistes de produits vivriers et les collecteurs s’acquittent de leurs droits selon la quantité de marchandises qu’ils détiennent

36 vers le marché. Généralement, ils les conditionnent dans des sacs ou gony de 50 kg, et valant 100 Ar par kilogramme et ils doivent payer les tickets.

Suites aux questions posées au contrôleur du marché, nous avons constaté que le service de contrôle est devenu plus sévère quant au paiement de ces tickets par les commerçants hebdomadaires ou journaliers et un suivi plus sérieux des distributeurs engagés par la municipalité. Cela est vérifié par le fait que jusqu’à mi-2007, on a enregistré seulement 80 000Ar à 100 000Ar dans les caisses de la commune. Actuellement, le montant peut s’élever à 300 000Ar en un jour de grand marché pendant la bonne saison. Le nombre de tickets à payer est fonction de la valeur des marchandises, de la qualité des produits et de la surface occupée.

. Pour les transporteurs de produits par camions ou par charrettes, s’ils restent à l’extérieur du marché pour vendre à bord de leur véhicule en ravitaillant les grossistes, les détaillants ou directement les consommateurs, ils doivent payer une ristourne de 3500Ar et 2000Ar pour les propriétaires de 404 bâché. C'est-à-dire que chaque transporteur par camion doit payer 3500 Ar/ mois, et 2000 Ar/ mois pour chaque propriétaire de 404 bâché. Les charretiers doivent à la municipalité 100 Ar/sac mais très peu s’arrêtent sur le marché pour effectuer eux-mêmes la vente. Ils préfèrent juste véhiculer les produits et laisser le soin aux véritables marchands de liquider la marchandise.

Le marché de Sabotsibe connaît une règlementation des échanges plutôt stricte et l’on peut le constater également au niveau des différentes manières d’acheminer le produit du producteur au consommateur qui est la première activité visible sur le marché. Pour la vente de zébus par exemple, les éleveurs doivent fournir les différents documents nécessaires comme kahier telo , acte de vente, passeport et certificat d’origine, ticket de versement de ristourne. Les acheteurs quant à eux doivent réunir les différents dossiers exigés tels que la carte de collecteur et le récépissé de paiement de droit fiscal pour pouvoir acheter des bovidés. Lorsque les produits achetés sont acheminés vers d’autres zones, les collecteurs doivent également avoir un passeport, un certificat d’origine, un ticket de paiement de ristourne, et une autorisation de transport.

II. Sabotsibe comme marché bi-mensuel de bovidés

Sabotsibe a été créé dans le but de faciliter l’achat et la vente des zébus qui durant des années et avant on se rencontre dans les campagnes, sans contrôle. C’est le deuxième

37 marché de bovidés de la région Sofia aussi bien de par son ancienneté que de l’importance des transactions, après celui de Mandritsara.

La création des différents marchés nous explique que le commerce de bovidés est une activité en plein essor en pays tsimihety . Le marché se tient à Befandriana-Nord toutes les deux semaines, c’est le Sabotsibe . Depuis une vingtaine d’années, les éleveurs et les commerçants professionnels rejoignent la place du marché dès le jeudi. Dès lors, on peut déjà entreprendre les tractations et ces dernières restent verbales mais renforcées par la pratique du vodiondry : qui est une somme versée par l’acheteur au vendeur pour que ce dernier ne vende plus la bête à d’autres clients. Cette somme est de l’ordre de 15 à 30 000 Ar. C’est le précontrat .Après le paiement du « vodiondry », on attend le samedi pour régler toutes les formalités administratives parce que ces responsables ne viennent que le samedi.

Jusqu’à moins de dix kilomètres, même dans la zone desservie par la route, le déplacement se fait à pied avec les bovidés et avec les marchandises sur la tête ou sur les épaules, car les frais, toujours élevés font diminuer les bénéfices. Les bœufs prédominent, aussi bien en quantité qu’en variété des bêtes exposées. Les vendeurs pour la plupart sont des collecteurs qui rassemblent les bêtes auprès d’éleveurs. Ces collecteurs prennent jusqu’à des centaines de têtes. Mais parmi eux il existe des marchands qui vendent leurs propres biens en emmenant sur le marché deux à cinq bœufs.

Il n’existe pratiquement pas de marché équipé permettant de peser les animaux et de faire des transactions au poids. Toutefois, les commerçants par lesquels passent la quasi- totalité des animaux commercialisés ont une très bonne connaissance des bêtes.

Sous un aspect purement administratif, c’est la vente de zébus uniquement qui est soumise à des règles précises s’appliquant de la même manière au vendeur propriétaire ou non et à l’acheteur. En effet, le propriétaire qui désire expédier ses bêtes au marché de Sabotsibe doit remplir des formalités auprès de la municipalité et dans le jargon rural, on dit que seuls les bœufs réguliers légalement peuvent être mis en vente. Les bœufs doivent être pourvus d’une carte de vaccination, d’un passeport, d’un formulaire lui permettant de changer de localité, provenant de sa commune d’origine, d’une étiquette et d’un livret de propriété.

Le tableau n° II ci-après nous donne une idée sur la représentation de la catégorie par classe d’âge et la composition du cheptel sur le Sabotsibe .

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Tableau n° II: La représentation et la composition du cheptel par classe d’âge sur le Sabotsibe

Catégorie par classe d’âge Composition du cheptel sur le marché en %

Mahôta 2 à 3 ans 9 Tomboay feno 3 à 4 ans 15 Sakany 5 ans et plus 19 Jaolahy 7 ans et plus 11 Vositra (castré) 23 Tamanana 6 Kantaina 17 Source : Enquête personnelle - Mahota : veau ou vêle qui vient de sortir de l’allaitement. - Tomboay : plus grands que mahota ; et ayant déjà des cornes. - Sakany : ni grand, ni petit, donc moyenne et plus grand que le tomboay. - Jaolahy : taureau ou bœuf mâle qui n’est pas castré et de grande taille. - Vositra : bœuf castré pour qu’’il soit bien gras ou robuste - Tamanana : vache stérile. - Kantaina : vache qui a déjà eu des veaux

Le Sabotsibe est à la fois un point de vente et un point d’achat pour les paysans. Les éleveurs vendent des animaux âgés de huit ans et plus afin d’acheter de jeunes bêtes de deux à quatre ans pour les remplacer, c’est le solovatana. On peut trouver toutes les catégories de zébus (de toutes les qualités et de toutes les couleurs) au marché, car tous ces éléments jouent un rôle important pour les éleveurs. Les animaux ont ainsi une double destination : la boucherie et l’élevage.

III. Le marché : étape transitoire de la production à la consommation.

Le marché est le siège de tout un engrenage commercial visant à la valorisation des produits mis en vente. Ce système se manifeste par la transmission de la marchandise du producteur au consommateur par l’intermédiaire des circuits commerciaux. Il s’agit du

39 chemin suivi par un produit depuis sa production (agricole, manufacturé) jusqu’à sa livraison, à la consommation finale3.

Cela suppose que la marchandise peut passer ou non entre les mains d’un ou de plusieurs intermédiaires qui, au sens large, englobent tous ceux qui mettent en rapport le producteur et l’acheteur, sans pour autant en devenir acquéreurs. Le marché devient alors le passage obligé des produits peu ou pas consommés par les producteurs (notamment pour les produits agricoles).

Dans le cas de Befandriana, plusieurs types d’intermédiaires aident à faire du marché de Sabotsibe une étape de transition de la production à la consommation :

-les mandataires grossistes et détaillants, qui sont des agriculteurs, des éleveurs ou des artisans acceptant d’amener sur le marché ce que le producteur a décidé de consacrer à la vente.

-les revendeurs : grossistes, semi-grossistes, détaillants ;

-les petits et grands collecteurs transportant les marchandises amassent auprès des producteurs par charrettes ou par voitures, et qui peuvent aussi vendre ;

- les courtiers et racoleurs sont spécifiques aux jours de grand marché. Ils attirent les clients par la démonstration de l’utilisation du produit ou en les ameutant par mégaphone pour le compte du vendeur. La plupart font partie de la famille de ce dernier.

Ces intermédiaires aident les producteurs et en contrepartie, ceux-ci facilitent l’écoulement de leurs produits. En ce sens ils participent à dynamiser la vie paysanne de Befandriana-Nord.

Concernant les circuits commerciaux sur le marché de Sabotsibe et le marché de Bazaribe, les chaînes de commercialisation permettant de classer les commerçants, les plus fréquentés sur le marché de Befandriana-Nord sont :

-le circuit court à un niveau est choisi pour le cas où le producteur est grossiste. Sa préférence pour ce circuit est guidée par sa situation de grand propriétaire (de terres ou d’atelier de fabrication) ou de grand collecteur, qui ramassent les produits des petits producteurs à certains points de la route établis en concertation avec ces derniers

3 Source ; DONQUE G ; Le zoma d’Antananarivo ; étude géographique d’un marché urbain-Thèse de 3ème cycle-Antananarivo,392p

40 (ex : Manongarivo).Il approvisionne les revendeurs grossistes, semi-grossistes et détaillants et peut les ravitailler en grande quantité, directement sur le marché de Sabotsibe ou ceux d’autres quartiers ou même des communes, car la plupart de leurs clients ne peuvent pas se déplacer vers les lieux de production. Pendant le Samedi, les producteurs ou les collecteurs écoulent leurs marchandises au prix de gros et il est rare que la quantité amenée sur le marché ne soit pas vendue en totalité. On estime que leur chiffre d’affaire hebdomadaire peut atteindre quelques millions d’Ariary.

-le circuit long caractérise la voie d’acheminement qui transite forcement par le revendeur grossiste ou semi-grossiste. Ils ravitaillent les revendeurs détaillants du marché de Sabotsibe et d’autres marchés des quartiers.

On remarque que les prix fixés par les revendeurs grossistes sont supérieurs à ceux des producteurs et leur bénéfice résulte surtout de la vente à sous-traitance avec les détaillants.

La taille de leur commerce est assez importante. Par exemple un grossiste spécialisé dans les intrants agricoles et les produits vivriers utilise un local en dur en dehors de la place du marché de 4mx3m. Dans ce type de circuit, la vente pour les détaillants devient un commerce de subsistance. Le bénéfice perçu par une revente plus chère que les prix des grossistes, permet de faire face pour une grande part, à leurs dépenses quotidiennes telles que les effets vestimentaires de la famille, le loyer, l’alimentation…Cependant, leur prix est moins élevé que celui des marchands d’autres marché de quartiers ce qui incite la population à fréquenter plus le marché de Sabotsibe . Il existe une autre catégorie de producteurs. Ce sont les détaillants qui se rendent à Sabotsibe les jours de grand marché. Ils apportent et vendent au détail une partie de leur récolte, en sobika ou dans des sacs de 30 à50 kg. Le profit qu’ils obtiennent est également destiné aux dépenses de tous les jours et comme ils sont à la fois éleveurs à l’alimentation des animaux et aux intrants agricoles.

41 Figure n° 1: Les circuits commerciaux trouvés sur le marché, du producteur au consommateur

MARCHAND AMBULANT

GRAND COLLECTEUR PRODUCTEUR

PETIT COLLECTEUR

MANDATAIRE

REVENDEUR

CONSOMMATEUR

On remarque que les grands collecteurs présentent plus de cinquante pourcent sur le marché.

Au niveau des prix, ils sont abordables par rapport à ceux des revendeurs détaillants car les producteurs détaillants ne sont pas approvisionnés par des grossistes. Donc, ils attirent plus les consommateurs par leur prix et la qualité de leurs produits qui sont frais.

Selon les producteurs détaillants, contrairement aux paysans des campagnes périphériques d’Antsohihy qui ont tendance à rester près de leurs terres au lieu de fréquenter le marché eux-mêmes, ceux de Befandriana-Nord préfèrent vendre leurs produits sur le marché de Sabotsibe , même en petite quantité et malgré les frais relatifs à cette démarche. Ils estiment que le marché est le meilleur moyen par lequel ils peuvent liquider leurs produits dans les plus brefs délais.

Donc l’implication des producteurs détaillants dans la vente est frappante à Befandriana-Nord puisqu’ils représentent près de 60 % des détaillants, particulièrement les producteurs agricoles.

42 Plusieurs possibilités de l’organisation des circuits commerciaux s’offrent aux producteurs ce qui reflète le dynamisme socio-économique engendré par le marché de Sabotsibe au sein de la ville de Befandriana-Nord et des autres localités voisines.

Le choix du producteur dans l’adoption de tel ou tel circuit pour la commercialisation de son ou de ses produits est dicté par l’observation de certains critères comme:

-le choix sur le volume à produire et à envoyer sur le marché, les coûts à supporter et évidement la rentabilité,

-les prix qu’il doit adapter à la qualité et la quantité des produits,

-la possibilité de contrôle et de souplesse du circuit pour éviter d’éventuels conflits entre lui et les intermédiaires,

-la compétence des intermédiaires qui sont chargés de mettre les produits à la disposition du consommateur.

Ainsi, le marché de Sabotsibe se tient tous les jours sur la limite d’Antanambola, un quartier situé à l’ouest de la commune urbaine, à environ trois kilomètres de l’entrée de la ville. Le Samedi, un plus grand nombre d’hommes et une plus grande quantité de produits convergent vers ce marché pour lui donner une apparence d’étoile avec des ramifications dans les ruelles des fokontany alentours. La place principale du marché est organisée du fait qu’elle est délimitée par des frontières nettes et que les infrastructures de vente construites par les autorités s’y trouvent rassemblées. Par contre, l’anarchie dans les ruelles autour du marché de Sabotsibe est visible et expliquée par cette affluence des marchands, des consommateurs, et des marchandises provenant des localités autres que la commune urbaine. Cette euphorie nécessite une organisation administrative conséquente, qui est devenue plus sévère depuis déjà une année surtout vis-à-vis des marchands et des responsables du marché.

43 PLANCHE-II Photo n° 3: L’approvisionnement du marché de Sabotsibe par charrette est garanti pour toute l’année

Source : Auteur, 2009

Photo n° 4: La calèche :moyen de transport non motorisé

Source : Auteur, 2009

Photo n° 5 :Un bœuf de type Vositra au marché:

Source : Auteur, 2009

44

DEUXIEME PARTIE :

LA COMMERCIALISATION DES ZEBUS ET LE SYSTEME COMMERCIAL DES PRODUITS DANS LE MARCHE DE SABOTSIBE

45 Nous avons dit que le marché de Sabotsibe est un marché permanent et hebdomadaire. En ce moment, on trouve beaucoup de types de produits à vendre suivant les techniques commerciales. Le commerce des zébus est le plus remarquable.

Chapitre IV : LE MARCHE DE SABOTSIBE :UN CENTRE DE COMMERCE DE ZEBUS.

Parmi les activités commerciales que les paysans des zones étudiées pratiquent sur ce marché de Sabotsibe , le commerce de zébus est le plus apprécié.

C’est lui qui occupe la plus grande surface du marché. Il est la meilleure source de revenu des paysans.

I. La place du bœuf dans la Région Sofia

Le bœuf joue plusieurs rôles fondamentaux dans cette Région Sofia. Ces rôles sont constatés non seulement au niveau social et religieux mais aussi et surtout au niveau économique . Cela signifie que dans le système traditionnel tsimihety le bœuf trouve une place prépondérante dans la vie sociale et économique.

A. La place du bœuf au niveau social

Ainsi, le bœuf reste un élément de la classification sociale. C’est un signe de richesse. Autrement dit toute personne dépourvue de bœuf n’est pas estimée. Après l’enfant, le bœuf occupe la deuxième position dans l’échelle des valeurs.

Au niveau social, le bœuf fait naître une division sociale ou classe sociale : classe de pauvre et classe de riche.

Au niveau des cérémonies religieuses, le caractère sacré du bœuf reste encore une tradition très importante dans la région Sofia et en particulier dans la vie du Tsimihety .

Pour les Tsimihety , la demande de bénédiction par l’intermédiaire de sacrifice de bœuf est très efficace selon leur conception. Cela se voie lors des tsikafara par exemple pour les couples qui veulent avoir des enfants. Dans la cérémonie mortuaire (funérailles, partage des biens, exhumation) l’abattage des bœufs est une nécessité. C'est-à-dire pour le fanokaragna , le bœuf est toujours l’élément primordial.

46 De même au niveau du mariage, le bœuf reste encore fondamental. C’est ainsi que lorsque une femme Tsimihety, au moment du mariage, n’a pas obtenu de bœufs, elle est considérée comme une femme quelconque. Lors d’un mariage par exemple, le bœuf constitue le cadeau essentiel offert à la femme, parfois majoré de quelques sommes d’argent. Ce cadeau, appelé moletry dépend de la convention faite par les parents du jeune homme avec ceux de la jeune fille. Le moletry constitue la garantie de l’union. Le joro du fanambadiagna , doit être fait par le sacrifice d’une vache reformée ( tamanagna ) ou d’un taureau.

B. Place du bœuf au niveau économique

D’abord, dans la société tsimihety le bœuf est un moyen de production et un moyen de transport. C’est par le bœuf que le Tsimihety tire la charrue et la charrette. Autrement dit le bœuf est très exigé pour le labour et pour le transport. La charrette est très pratique surtout dans les zones très enclavées. Ensuite le bœuf, en tant que richesse fondamentale de la zone tsimihety a une valeur économique dans le cadre du développement régional. Le bœuf est là pour résoudre les problèmes de revenu rural dans cette région. Actuellement le tsena Sabotsibe , le lieu où se rencontrent les vendeurs et les acheteurs de bœufs a entrainé le développement économique et social de la région Sofia. Selon la statistique de la population, en moyenne, chaque foyer tsimihety a un zébu.

II. La commercialisation des zébus

Dans le district de Befandriana –Nord, la commercialisation des bovidés s’effectue de deux façons :

-d’abord, il y a le commerce en milieu rural où les éleveurs et les commissionnaires se rencontrent à la campagne pour faire les transactions ;

-puis il y a un marché bimensuel de bovidés à Befandriana-Nord. C’est dans cette localité que se fait la majorité des transactions.

Le commerce en milieu rural se fait surtout sous forme de troc. Par exemple, un castré contre deux taurillons ou deux génisses, ou un bœuf contre du paddy. Cette forme de vente persiste encore tout en offrant la place à la monnaie. En dehors des abattages effectués lors des cérémonies traditionnelles, d’autres abattages volontaires ou involontaires peuvent avoir

47 lieu. A propos de l’abattage volontaire, l’éleveur prévient la population du village et celle des villages voisins qu’il va abattre une de ses bêtes à une date bien déterminée. Quant à l’abattage involontaire, il est dû aux accidents ou aux maladies qui frappent les animaux.

La balance est ici totalement ignorée et la vente se fait par estimation. Les morceaux de viande sont mis en tas et le poids d’un tas est fonction de la qualité de la viande et de l’origine de l’abattage. Le prix d’un tas est toujours l’équivalent d’un bidon de paddy de 25 kilogrammes, c'est-à-dire on remplace l’argent par un bidon de paddy donc, on paye par le paddy de même prix d’un tas de la viande. Le mode de paiement peut se faire en numéraire ou en nature, suivant la saison. En général pendant la période de soudure, la vente se fait à crédit en attendant la prochaine récolte.

A ces abattages en milieu rural s’ajoutent les collectes effectuées par les commissionnaires et les commerçants accrédités. Les commissionnaires sont des gens engagés par des commerçants professionnels pour acheter des bœufs en milieu rural pour leur compte. Il se peut que l’acheminement des bœufs collectés jusqu’à leur destination est à la charge du collecteur. Ces commissionnaires passent de village en village munis d’une procuration concernant les commerçants accrédités. Ils font des achats à leur compte en payant une somme d’argent à l’accréditeur, c'est-à-dire, au titulaire d’une patente.

Après avoir rassemblé quelques têtes de zébus, ces intermédiaires rejoignent le Sabotsibe et cela nous amène à la deuxième façon de commercialiser les bovidés, c'est-à-dire au marché bimensuel de bovidés de Befandriana-Nord.

A. Organisation et différentes difficultés rencontrées

Concernant l’organisation du marché, des mesures techniques et administratives ont été prises en vue de bien organiser le marché. Créé après celui de Mandritsara, le Sabotsibe de Befandriana- Nord fonctionne corrélativement avec ce premier. Dans cette perspective, pour qu’il n’y ait pas superposition de programmes en parlant des commerçants professionnels, ces deux marchés se déroulent de façon alternative.

A propos du Sabotsibe de Befandriana-Nord, ce dernier est géré par la commune centrale avec les sept fokontany qui la constituent. Les membres du bureau de ces quartiers travaillent à tour de rôle avec ceux de la commune urbaine pour régler toutes les formalités administratives mis à part le contrat de vente.

48 La gendarmerie y participe aussi vivement pour la sécurité de la vente car tous les zébus présentés au marché doivent être soumis à des vérifications sévères des gendarmes pour s’assurer de leur origine exacte.

Au cours de ces contrôles, on observe des fois que la physionomie du bœuf présenté n’est pas conforme à celle qui est transcrite dans le kahie telo. Cet état de choses peut empêcher la vente et conduit parfois à une poursuite judiciaire car il n’est pas rare de trouver des éleveurs qui tentent volontairement d’exposer des bœufs qui ne lui appartiennent pas mais dont la physionomie est semblable aux siens. C’est pourquoi les marques des oreilles sont nécessaires. De plus, certains voleurs n’hésitent pas à acheminer les bêtes volées sur le marché.

A cette organisation administrative s’ajoute une organisation financière sur le droit qui doit être versée par le vendeur dans la caisse du marché et par tête de bovin vendue. Elle se répartit de la façon suivante :

- 75% pour la commune - 25% pour la région

Sur le marché de Sabotsibe , malgré la prospérité de l’élevage dans le domaine économique, celui-ci se trouve en présence de différents problèmes d’ordre géographique, technique et humain. En premier lieu, la position géographique du district de Befandrian-Nord est caractérisée par son isolement par rapport aux différents centres de consommation.

L’état des pistes que les convois empruntent aussi bien vers Andapa que vers Toamasina est caractérisé par une forte humidité du climat. L’état humide et boueux, la futaie inextricable de l’Est rendent la piste à peine praticable pour les piétons.

Dans ces conditions, la durée de parcours devient très longue. Cette lenteur due à l’état des pistes et du système d’acheminement à pied entraîne des pertes. Ainsi, vers l’ex-faritany de Toamasina, 2 à 3% des animaux n’atteignent pas la côte orientale. Depuis Antsiatsiaka situé à quatre-vingt kilomètres au sud de Mandritsara, où le climat de l’est annonce déjà sa présence, la vitesse journalière du convoi varie de six à dix kilomètres. A cause de toutes ces difficultés, les animaux souffrant de la fatigue et du changement de climat, perdent en moyenne dix à quinze kilogrammes de leur poids initial. En effet, arrivés à Toamasina, ces animaux amaigris vont approvisionner le marché, qui heureusement est capable de liquider à

49 un prix égal les viandes de catégories différentes ; c'est-à-dire grasses ou maigres.Cette situation fait hésiter les acheteurs de l’Est à venir acheter des animaux à Befandriana-Nord.

Les convoyeurs sont payés trop chers et l’acheminement par automobile n’est point une solution adéquate car le coût devient plus élevé à cause de la longueur du trajet ( à peu près 1 100 km). Cependant du point de vue temps et de la qualité de la viande, l’acheminement par automobile est plus avantageux. Par ailleurs, pour éviter tout risque de perte, les commerçants professionnels jouent sur les prix aux producteurs. Ces derniers n’ont pas de choix et sont obligés de vendre même à un prix qui ne correspond pas à la valeur de l’animal, d’autant plus qu’ ils ne vendent que sous la pression des besoins urgents : maladies, amendes et autres affaires administratives. Le plus souvent ces éleveurs vendent à perte. Quant aux convois qui empruntent la direction du nord, vers Andapa, le problème d’acheminement va être résolu par l’ouverture de la route -Andapa qui passe par Belalono, un village situé au nord de Matsondakana. On pourrait alors penser à un accroissement du flux vers le nord- est qui a déjà connu une progression spectaculaire depuis 1985.La carte n°2 ( page 51) nous montre la route des zébus.

A ces problèmes de distance et de l’état des pistes s’ajoutent ceux de la saison d’achat car cette dernière s’effectue surtout pendant la saison sèche : le Sabotsibe est très animé à partir du mois de juin et ce jusqu’au mois de décembre. C’est la période durant laquelle les paysans sont disponibles et c’est aussi le moment ou les grandes crues d’été sont absentes. Or nous savons qu’au fur et à mesure que la saison sèche s’avance, la qualité des pâturages et d’eau disponibles pour les animaux est en déclin. Cet état de chose entraine l’amaigrissement des animaux, d’où une vente à un prix dérisoire.

50

Carte n°2 : Route des zébus

Antsiranana N

Andapa

Bealanana Mahajanga

Befandriana

Toamasina Antananarivo

Fianarantsoa

Légende

Toliara Commune urbaine

Route des zébus

Echelle : 0 150 300 km

Source : Auteur 2009

51

B. Les prix et leur variation

Comme dans tout commerce, les prix du bétail sur le marché s’établissent selon le libre jeu de l’offre et de la demande. Les transactions se font suivant la qualité du bétail. Suite à l’instabilité des prix, voici à titre d’exemple une analyse des prix des animaux, présentés au Sabotsibe de Befandriana-Nord en 2009.

Tableau n° III : Représentation des prix des bœufs sur le Sabotsibe à la saison sèche Catégorie par classe d’âge Prix sur le marché en Ar Mahota 2 à 3 ans 180 000 à 200 000 Tomboay feno 3 à 4 ans 200 000 à 240 000 Sakany 4 ans plus 300 000 à 320 000 Jaolahy 5 ans et plus 300 000 à 400 000 Vositra (castré) 500 000 à 600 000 Tamanana 380 000 à 400 000 Kantaina 240 000 à 300 000 Source : Enquête personnelle(2009) Tableau n° IV: Représentation des prix des bœufs sur le marché de sabotsibe à la période de soudure Catégorie par classe d’âge Prix sur le marché en Ar Mahota 2 à 3 ans 100 000 à 150 000 Tomboay feno 3 à 4 ans 150 000 à 200 000 Sakany 4 ans plus 200 000 à 250 000 Jaolahy 5 ans et plus 250 000 à 300 000 Vositra (castré) 310 000 à 400 000 Tamanana 150 000 à 200 000 Kantaina 120 000 à 180 000 Source : Enquête personnelle En général, les prix des bœufs ne sont pas les mêmes au marché de Sabotsibe . Lorsqu’on trouve beaucoup de bœufs sur le marché, les prix baissent automatiquement car les vendeurs craignent de ne pouvoir vendre leurs bêtes. Ils font tous les moyens pour liquider leurs animaux. C’est un peu la concurrence à bas prix. On remarque même deux prix différents pour deux bêtes de même grandeurs, et de même qualité.

On peut dire aussi que les prix sont instables suivant des cas. A l’approche des fêtes, comme le nouvel an, l’indépendance, pâques.., le prix augmente car il y a une forte demande. C’est une occasion exceptionnelle pour manger de la viande. Les habitants, chaque famille partagent la viande par trokoboe . La demande augmente avec l’arrivée des grands patrons que sont les Antandroy , les Betsimisaraka qui passent avant la fête de l’indépendance du 26

52 juin. Ceci pousse les vendeurs à augmenter le prix. Par contre, pendant la période de soudure, le prix des bovidés baissent énormément.

Au moment de la bonne récolte, le prix des bœufs est très élevé, car la plupart des gens, achètent des bœufs. A titre d’exemple les Vositra sont plus chers par rapport au Jao . En plus, la forme et la couleur peuvent avoir une influence sur le prix. Puisque durant cette période, la plupart des acheteurs sont des éleveurs, ils achètent des dinik’omby (de petite taille) pour faire le solovotana c'est-à-dire on remplace le dinik’omby par les « Vositra » ou le Jao . Donc le prix de petite, moyenne, et grande taille sont les même, car les éleveurs thésaurisent.

53

Selon la carte n° 3, nous voyons qu’à Madagascar, il existe plusieurs zones de production de bovidés. Elles sont dispersées dans le pays. Dans la partie nord-ouest c'est-à- dire dans la région Sofia :comme à Befandriana-Nord ; région Melaky : à Maintirano, ; région Atsimo andrefana ; région de l’Androy.

La moitié de ces zones ravitaille Madagascar en bovidés.

Le district de Befandriana-Nord est parmi une zone importante dans le ravitaillement de la population malgache en bovidés grâce à sa production. Cette production est complétée par les productions en provenance des autres zones. Le tableau n°V à la page 56 présente le nombre des bestiaux par commune dans le district de Befandriana-Nord.

55 Tableau N°V : Nombre des bestiaux par commune dans le district de Befandriana-Nord

COMMUNE Code BOVINS RECENSES PAR ANNEE géographique 2005 2006 2007 2008 2009 Befandriana-Nord 412/01 3 620 3 314 3 102 2 842 2 805 Morafeno 412/03 11 224 10 720 10 314 9 111 8 989 Ambahivaha 412/05 10 802 10 512 10 003 9 503 9 493 Antsakanala 412/07 6 302 6 018 5 718 5 589 5 567 412/09 13302 13 204 12 615 12 304 12 248 5 409 5 036 4 847 4 618 4 588 412/11 Matsondakana 2 905 2 458 2 214 2 065 2 024 Fanimana 412/13 9 148 8 897 8 612 8 398 8 312 Ambararata 412/15 5 903 5 714 5 511 5 401 5 322 Tsiamalao 3 999 3 700 3 515 3 397 3 334 412/17 Ambodimotso-sud 2 875 2 609 2 403 2 202 2 133 4 818 4 504 4 302 4 110 4 096 412/19 3 745 3 410 3 280 2 914 2 878 Ambalakirajy 13 204 12 987 12 412 12 099 11 951 412/21 Zafindravoay 6 904 6 417 6 218 6 085 5 999 Antsatrana 6 802 6 524 6 220 5 980 5 925 412/23 Ankiakabe 4 120 3 740 3 619 3 586 3 490 Mazava 412/25 13 504 12 824 12 322 12 062 11 955 Ankobakobaka 412/27 5 703 5 508 5 304 4 983 4 904 Marofototra 412/29 12 304 11 924 11 400 10 918 10 821 412/31 7 780 7 335 7 002 6 801 6 735 Marolampy 412/33 7 630 7 198 6 814 6 518 6 448 Antananambo I 412/35 4 202 3 914 3 602 3 484 3 431

Ankiabe Salohy 12 024 11 620 11 306 10 911 10 817 412/37 Pont Sofia 4 952 4 614 4 406 4 203 3 979 Ambodiadabo 412/39 8 510 8 019 7 812 7 210 7 183

Antanambao 412/41 4 714 4 422 4 206 3 814 3 702

Marerano 412/43 4 444 4 118 3 897 3 410 3 247 TOTAL 202853 193265 184982 176525 172 376 Source : Rapport du vétérinaire du district de Befandriana-Nord (Année 2009)

56

Graphique n° 1 : Représentation annuelle de nombre de zébus

Source : Auteur 2009

Le district de Befandriana- Nord et les autres zones de production ont la même saison de production. Donc, l’existence de ces zones de production de bovidés, avec leurs différentes potentialités économiques constitue un atout sûr pour Madagascar pour la production de bovidés destinés à la consommation interne. Le choix du terrain qui remplit les conditions nécessaires pour le bon fonctionnement de la production de bovidés semble très important, c’est pourquoi on ne fait pas l’élevage de bovin n’importe où. Mais il y a une baisse progressive de 2005 à 2009. Les commerçants achetaient des jeunes vaches destinées aux autres zones, et elles sont donc éliminées petit à petit dans la composition du cheptel, ce qui fait que le reste est composé presque uniquement de vaches tamanana et kantaina qui sont stériles et plus âgées . En plus, le bœuf savaly qui est en majorité castré est incapable de reproduire. En plus, face à la pression de paiement des impôts, la majorité des paysans producteurs dans les communes les plus enclavées ne déclare pas leur zébu. Donc on a des faux recensements. Il y a aussi des maladies qui causent des pertes. Enfin, l’insécurité comme le vol de bœufs posent beaucoup de problèmes dans l’élevage de bovins. Face à tout cela, les grands éleveurs doivent reproduire à nouveau pour garder les prestiges de l’élevage bovin dans le district de Befandriana-Nord.

57 Figure n° 2 : Les circuits commerciaux des bovidés

Paysans producteurs

Collecteurs

Marché local

Clients venus des autres régions

Antsiranana

Antananarivo

Mahajanga

Toamasina

Toliara

Source : Auteur (2009)

LEGENDE : Circuit direct de la vente

Circuit indirect de la vente

Le marché de Sabotsibe a une vente directe et indirecte de bovidés. Les paysans producteurs vendent directement leurs bêtes aux collecteurs et aux commerçants venant de Toamasina et Mahajanga. Après, les collecteurs livrent les produits aux clients venus des autres régions qui vont vendre dans les autres zones comme Antsiranana, Antananarivo, Toliara.

58

Tableau n° V: Mouvements sur les marchés des bestiaux ANNEE Bovins Destination des bovins vendus 1 2 3 4 2004 10 610 466 800 7344 2000 2005 9810 480 500 7030 1800 2006 8764 491 270 7300 703 2007 8676 500 230 7400 546 2008 8406 510 250 7146 500 Source : Rapport du vétérinaire du district de Befandriana(2009)

1 : A l’intérieur du district

2 : Vers les nord-ouest de Madagascar

3-Vers l’est de Madagascar

4-Vers le nord de l’île

D’après ce tableau, on peut dire que le marché a quatre principales destinations des bêtes. Ce sont : la partie Est, les Nord-Ouest, le Nord de l’île et à l’intérieur du district. On trouve que plus de 80% des bêtes sont destinées vers l’est. Ensuite la partie Nord de l’île aussi reste parmi les clients du marché de Sabotsibe sans oublier les clients à l’intérieur du district. Les restes sont destinées vers les Nord-Ouest de l’île.

La carte n°4 (page 60) nous montre la destination des bovidés à Madagascar. Selon les mouvements des bestiaux, la majorité des bêtes est destinée vers l’Est de Madagascar. En conséquence, la partie Est de l’île tient une grande place dans la vie commerciale des bovidés.

59

N Carte n°4 : Destination des bovidés

Andapa Mahajanga 2 4

Befandriana 1

Toamasina 3

LEGENDE

1: A l’intérieur du district

2: Vers les nord-ouest de Madagascar

3: Vers l’est de Madagascar

4: Vers le nord de l’île Echelle des flèches : 0,1cm : 250 zébus

Echelle : 0 150 300 km

Source : Enquête sur terrain, 2009, composition personnelle

60

D. Les bœufs dans le revenu du ménage

Tout en connaissant ces problèmes, le bœuf demeure encore aujourd’hui une ressource importante chez les paysans. Pourtant, la commercialisation des zébus est loin d’être généralisée. Si l’on tient compte des chiffres donnés dans l’Image Régional de l’Economie Malgache année 2008, le taux d’exploitation peut être estimé à :

(61 555 + 4500 + 9750) X 100 = 12,4% 607590 61 555 : vendu au Sabotsibe

4500 : consommation urbaine de Befandriana

9750 : consommation et commerce en milieu rural

Cependant, ce taux d’exploitation totale de 12,4 % nous explique que la commercialisation de bœufs est une affaire en pleine expansion dans le district de Befandriana. Mais cela n’explique pas que la commercialisation de bœufs est une affaire courante pour tous les paysans. Il n’est pas rare de trouver un éleveur qui ne vend une de ses bêtes que tous les cinq ans par exemple. En général, la commercialisation des bovidés n’est qu’une activité d’appoint. On vend des bœufs que pour des besoins d’une certaine importance, pour un but bien précis. A cet effet, connaître la place du bœuf dans le revenu du ménage s’avère difficile. De plus la cause de la vente et la finalité de celle-ci sont diverses. Les ménages enquêtés lors du Sabotsibe du 7 et 21 novembre 2008, nous ont donné les idées suivantes à propos des causes et des buts de la vente :

1-Remplacement solovotana 37%

2-Achat de matériel agricole 28%

3-Achat de bien divers 8%

4-Achat des terres 5%

5-Scolarisation 3%

6-Autres dépenses 19%

61 D’après ces données, 37% des éleveurs vendent leurs bœufs dans le but de remplacer les animaux âgés de plus de huit ans. Ils sont remplacés par des génisses ou des taurillons. L’achat de matériels agricoles vient en seconde position (28%). Il est surtout constitué par l’achat des charrues, des charrettes, des chaînes, etc... Quant à l’achat des terres et de la scolarisation, la proportion est de l’ordre de 3 à 5 %.Cependant avant 1990, les paysans vendent des bœufs pour payer les frais de scolarisation de leurs enfants ou pour payer leurs impôts. Ce taux de 3% nous explique que les paysans n’investissent aujourd’hui que très peu d’argent pour la scolarisation de leurs enfants parce qu’ils préfèrent dépenser en équipements agricoles. Pour les dépenses de faibles ou moyennes importances, les paysans préfèrent vendre les autres produits de l’élevage, ceux des basse-cours ou de la porcherie.

En dépit de toute son importance, l’élevage bovin est une activité en crise à cause des catastrophes naturelles comme l’inondation, et le cyclone sans oublier la dégradation des pâturages et la concurrence entre l’agriculture et l’élevage qui provoquent des disparitions de zébus.

Chapitre V: LE MARCHE DE SABOTSIBE : UN CENTRE D’ECOULEMENT DE PRODUITS VARIEE

Le marché de Sabotsibe est aussi le marché des produits agricoles qui se tient toutes les deux semaines dans le quartier d’Antanambola, avec plus ou moins d’intensité. Il y a toute une liste d’autres produits auxquels il consacre une place essentielle tels que les denrées alimentaires, les produits manufacturés, les produits de première nécessité.

I. Sabotsibe, foison de produits agricoles.

La complémentarité de l’espace des zones de productions urbaine, périurbaine et extra locale contribue à offrir un large éventail de produits vivriers, maraîchers et fruitiers extrêmement variés aux consommateurs du marché communal. Elle se double d’une complémentarité au niveau du temps, ce qui permet un étalement de la commercialisation de ce produit et une certaine égalité de leur prix. Plus clairement l’activité commerciale est régie par le calendrier des récoltes des zones de production.

62 A. Les produits vivriers

Le marché réunit les produits vivriers traditionnels à savoir le riz, le maïs, le manioc, la patate douce.

Suivant le plan du marché, au sud-ouest de la plate-forme, juste après les petits pavillons ou étalage lorsqu’on s’avance vers la sortie ouest, se tient le premier rayon des produits vivriers : manioc sec et patate douce sont disposés en tas, à même le sol ou dans des sobika et vendus par des marchands dont la majorité occupe une position latérale du marché. Ces produits sont vendus, avec d’autres produits de grande consommation. Ici, on peut dire que leur prix n’est pas très élevé car c’est une zone productrice et il est difficile pour les marchands d’affecter des prix très élevés qui ne seront pas compétitifs sur le marché. Pour la bonne période de la vente du riz (saison humide), on a des prix qui varient de 200 Ar à 300Ar le kapoaka à Befandriana-Nord. Pendant la saison sèche, on trouve aussi les semences sur le marché. Le prix du riz ne dépasse pas 150 Ar le kapoaka . Concernant les semences, un produit très demandé par les paysans agriculteurs de la région, les commerçants les exposent dans la ruelle menant à la sortie sud-est et ils sont une trentaine de personnes à profiter de l’ombre de la muraille du marché et des maisons à proximité pour vendre.

Une autre zone, celle réservée au riz, se situe en dessous de l’étalage destiné aux poissons séchés, toujours sur la plateforme. Il existe quatre principaux points de vente de riz tous les jeudis :

- les autres étant éparpillés sur la place principale où le riz est classé avec les produits de premières nécessités, de l’ordre d’un sac, tout au plus. En générale, les consommateurs du marché de Sabotsibe optent pour le vary gasy ou riz à péricarpe rouge, en raison de son prix moins cher. Mais, d’autres variétés peuvent être également appréciées : le tsipala , le makalioka , le riz de montagne, le riz importé ; - l’apparition des produits vivriers, leur quantité et leur prix sur le marché sont conditionnés par la rotation des cultures. Pendant la récolte, ces produits sont en grande quantité sur le marché et leur prix diminue conformément à celui de la région Sofia et à cause d’autres paramètres tels que les coûts de production, la proximité des centres de production.

63 La ville de Befandriana-Nord se trouve dans une zone de production qui participe de façon très active à son approvisionnement pour ce qui est des produits agricoles. Elle possède également une large vallée consacrée à la riziculture.

B. La place privilégiée de la viande et des ressources halieutiques

1. La viande

On pourrait penser que la viande est un produit de luxe et peu consommée. Mais, les ménages à Befandriana-Nord, du moins ceux qui ont été représentés par les clients que nous avons enquêtés sur place, ne lésinent pas sur l’achat de cette denrée ; malgré son prix quelque peu élevé et quelle que soit la catégorie sociale de la clientèle. Le prix de la viande varie entre 4000 Ar et 3500Ar le kilogramme et le prix de la viande de porc peut atteindre plus de 4000 Ar le kilogramme. L’offre de viande sur le marché est composée exclusivement de viande de bœuf et de porc.

La distribution se fait à travers plusieurs points de vente, rassemblée sous le hangar, à l’ouest du marché d’après le plan du marché de la page 11. Ils sont départagés entre quatre familles de bouchers, qui sont originaires d’Ambalakirajy mais qui se sont installées à Tsaramandroso (Befandriana), pour pratiquer leurs activités : élevage, abattage, et commercialisation.

La viande bovine et porcine sont prélevées à partir :

- des bœufs de fosse qui ont été engraissés dans un enclos ; - des bœufs de tanety qui rencontrent quelques problèmes de nourriture en saison sèche. - des porcs élevés dans des porcheries ; - ceux qui sont en semi-liberté, en quête de leur propre nourriture. La viande de bœuf est la plus consommée en situation ordinaire. Par rapport aux autres viandes, elle est moins chère, plus facile à partager, plus sûre sur le plan sanitaire, moins susceptible de perte à la cuisson, mieux adaptée aux nombreux convives. La viande de porc est achetée pour les grandes occasions. Cependant, on a pu observer que pendant les jours de grand marché, les consommateurs sont plutôt tentés d’en acheter. Elle est également achetée en permanence par les restaurateurs du coin.

64 D’après un boucher que nous avons eu l’occasion de questionner, il amène environ 100 kg de viande dès le jeudi. Il arrive à en vendre 40 à50 kg à raison de 4000 Ar/kg pour la viande mélangée et 4400Ar la chaire. En moyenne, il fait à la fin de la journée un chiffre d’affaire de 200 000 Ar. En tenant compte que l’écoulement total se fait au bout de trois jours, c'est-à-dire jusqu’à samedi le jour du marché, ce marchand gagne jusqu’à 600 000 Ar. Il gagne environ 100 000Ar minimum de bénéfice.

2. Les ressources halieutiques

A Madagascar, les produits halieutiques jouent un grand rôle dans l’apport des protéines dans l’alimentation de la population. A l’instar de la viande porcine ou bovine, ils peuvent se conserver plus longtemps, surtout les poissons séchés, en prévision d’une consommation échelonnée et pour sa qualité nutritive. En effet, le poisson jouit d’une image positive comme favorisant la croissance physique de l’homme et de l’intelligence et est également d’un goût plus relevé que la viande.

Il convient avant d’entrer dans les détails sur leur situation sur le marché de Sabotsibe , de faire la distinction entre produits frais et produits séchés ou fumés, salés ou non, provenant pour la plus grande part des zones côtières malgaches(Ex : Morondava, Antsohihy, ,..) mais aussi des zones centrales comme Port -Bergé . Sur le marché, pendant la bonne saison, une quarantaine de vendeurs de poissons séchés sont présents. On partage deux à quatre tables pour chaque vendeur, séparé par des piliers soutenant une toiture en bâche. Cinq d’entre eux s’installent par terre pour vendre dans le but de réduire au maximum les coûts relatifs à la mise en place de leur commerce par la réduction notamment des droits mensuels ou annuels fixés par la municipalité.

Le mode de vente des poissons séchés ou fumés le plus fréquent est la vente par tas, ensuite au poids et enfin à la pièce ou par morceau pour les poissons fumés de grande taille. La vente de poisson par kapoaka se pratique essentiellement par les marchands de produits séchés comme le patsa hely par exemple.

Si on compare la quantité de poisson séché avec celle des ressources fraîches, la première constitue jusqu’à 75% de ce qui est proposé au marché. Les 25% qui sont des produits frais sont vendus dans la zone entre le hangar et l’étalage, à l’est sur des étals assez

65 bas, ou sur un tabouret où les poissons sont entreposés dans des glacières, notamment pour les poissons de mer. Ils se commercialisent le plus souvent entier mais de temps en temps, on en trouve en morceaux pour les poissons de grande taille. Il va de soi que conservés ou seulement exposés et arrosés de temps en temps, les poissons doivent être écoulés rapidement, dans un délai ne dépassant pas deux jours. Au total, la quantité moyenne de produit halieutiques, frais et séchés ou fumés, mis sur le marché de Sabotsibe chaque jeudi au samedi est d’environ deux tonnes, vente au détail et en gros confondue. D’après les vendeurs de poissons, les prix sont dictés par la disponibilité des produits, suivant la fréquence d’approvisionnement, l’espèce commercialisée, la quantité, la taille, la saison, le moment de vente (matin, après- midi), la provenance (eau douce, eau de mer) et également les prix des autres produits comme ceux de la viande.

Tableau n° VI : Prix moyens des poissons sur le marché de Sabotsibe (en Ar /kg) Type de produits Prix d’achat au Prix de vente (détaillant producteur Ar/kg ou grossiste) Poissons frais 2000 à 3000 3500 à 4000 Poissons séchés 1500 à 2000 2000 à 4000 Poissons fumés 2000 à 3000 4000 Source : Enquêtes personnelles auprès des vendeurs (2009) D’après ce tableau, les prix de poissons sont différents : prix de vente détaillant est plus cher que le prix d’achat au producteur. Suite aux enquêtes auprès des clients, il existe trois grandes catégories de consommateurs des produits halieutiques frais et séchés sur le marché de Sabotsibe . Primo, les paysans qui ne viennent que le jeudi pour acheter seulement un ou deux kilos de poissons pour changer leur menu habituel. Les poissons séchés sont les plus achetés. Ils représentent 60% de la consommation totale. Secundo, les restaurants qui préparent parfois leur menu à base de poisson achètent 26,67% de la totalité de poisson sur le marché. Tertio, les ménages de la commune urbaine de Befandriana-Nord consomment 13,33% de ces produits.

Plusieurs facteurs les ont conduits à acheter du poisson : la facilité de la préparation à la cuisson, le pouvoir d’achat quelque peu restreint pour certains, son prix par rapport à celui de la viande, qui peut cependant devenir un critère limitatif selon qu’il soit plus élevé ou plus bas.

66 Effectivement, selon le tableau n° VII (page 67) comparant les prix du poisson à ceux de la viande, on constate que les poissons sont plus accessibles que la viande, surtout le porc, si l’on considère que ces produits sont difficiles à conserver, dans le cas des poissons frais.

Tableau n° VII: Comparaison de prix de détail de la viande et du poisson sur le marché (Ar/kg) Produits Prix Viande de bœuf Avec os 4000 Sans os 4400 Viande de porc 5000 à 6000 Poissons de mer Fumé 4000 Sec 2000 à 4000 Poissons d’eau douce Frais 4000 à 4500 Sec 2000 à 4000 Source : Enquête personnelles (année 2009)

C. Les cultures commerciales

Les plus connues sur le marché de Sabotsibe sont : le tabac, l’arachide, la canne à sucre et le café.

Parmi ces différentes cultures commerciales, le tabac occupe une place importante dans les milieux ruraux, dans tous les districts de la région Sofia, surtout dans le district de . En effet, qu’il soit à chiquer ou attaché en paquets de soixante à soixante-dix feuilles, le tabac est très apprécié dans le monde rural et d’ailleurs sur le marché de bazaribe , cela peut se ressentir à travers le nombre de vendeurs, environ quarante-cinq personnes de septembre à février, et auprès de 60 marchands à partir du mois d’avril- mai. Le nombre de marchand diffère durant la période de soudure parce que la production diminue à cause de l’abondance de la pluie.

La plupart d’entre eux ont choisi de s’implanter sur la place du marché, mais l’on peut également remarquer leur présence systématique dans les ruelles, surtout celles allant vers le sud .Ils vendent leurs produits dans des sacs dont ils rabaissent les bords et posent sur la poudre les timbales qui serviront à mesurer. Les feuilles de tabac sont soit tenues par les vendeurs ou déposés simplement sur un gony qu’ils étendent sur le sol. Leur prix est accessible à tous : de 50 à 300 Ar la timbale, 100 Ar des petits sachets de trois à cinq cuillerées de tabac en poudre, 1500 Ar pour les paquets de feuilles séchées en encore vertes.

67 On trouve l’arachide sur le marché de Sabotsibe pendant la saison sèche à partir du mois de mars, début avril. Les marchands d’arachide ne constituent que 1,18% du total des vendeurs du marché. Mais on a pu remarquer qu’ils ne viennent que toutes les deux semaines parce qu’entre temps, ils vont chercher ces produits dans les campagnes productrices comme Tsiamalao,Morafeno.

On a pu dégager de nos travaux sur le terrain que 50% des marchands proviennent des communes environnantes notamment de Morafeno, de Tsiamalao, 30% habitent dans les fokontany de la commune urbaine de Befandriana-Nord et sont presque tous des petits collecteurs ou des producteurs qui commercialisent ce produit après la récolte. Les 20% restants sont originaires des localités plus éloignées que Befandriana-Nord et qui ont choisi ce marché car il se trouve sur leur trajet. Ils peuvent continuer leur route pour atteindre d’autres marchés les jours suivants jusqu’à épuisement total de leur stock d’arachide. Les marchands vendent l’arachide grain de 120Ar à 200Ar la timbale, qu’il soit cuit ou non. Quand à la canne à sucre, c’est un produit très occasionnel car elle ne se vend que durant un mois et demi tout au plus, pendant la période sèche. D’ailleurs, très peu de marchands s’adonnent à vendre ce type de produit car elle revient assez chère, surtout si elle nécessite un long déplacement. Pour Befandriana-Nord, la canne à sucre que l’on trouve sur son marché provient essentiellement des alentours, des petites plantations individuelles des paysans. Les marchands la transportent eux- même en emmenant deux ou trois pieds de canne à sucre qu’ils vont dépecer en petites rondelles à l’aide de machettes et de grands couteaux et les vendent en petits tas à 100 Ar le tas. Il existe également des consommateurs qui préfèrent acheter immédiatement la canne à sucre par pied à 500 Ar ou 600 Ar. Enfin la canne à sucre aussi est cultivée pour la fabrication de rhum toaka gasy et des briques de siramamy gasy ou sucre local.

II. Le commerce de produits manufacturés et des produits de premières nécessités

Le commerce des denrées alimentaires est un élément important de l’activité du marché après le commerce de bovidés. Mais ce commerce doit son dynamisme et son rayonnement à l’existence des produits manufacturés. Dès le jeudi, ce sont surtout ces produits qui envahissent les pavillons à l’intérieur du marché et les étals au sol et ensuite à l’extérieur des limites de la place principale qui attirent les consommateurs. Tous les types de

68 clients se présentent devant les vendeurs de ces articles : les consommateurs urbains, les producteurs des villages voisins, les commerçants et les colporteurs .Ils sont venus pour chercher des lots de pagnes, de tissus, de friperie, de marmites, des pièces de recharge pour leur bicyclette…L’accessibilité à ces produits est assez difficile dans leurs villages d’origine notamment pour les paysans des communes éloignées donc ils viennent à Befandriana-Nord où ils sont sûrs de trouver de quoi satisfaire leurs besoins.

A. Le secteur du textile et de l’habillement

1. Le textile

Le textile et les effets vestimentaires sont des produits utiles pour la vie quotidienne de toute la population et de ce fait, ingèrent une grande part de son revenu. A Befandriana-Nord, l’enregistrement du plus grand nombre d’acheteurs de vêtement et accessoires, de tissus se fait en période sèche. Plusieurs raisons l’expliquent. Leur revenu est plus élevé durant cette période d’abondance grâce à la récolte des différentes cultures, comme le riz, le café. Aussi ils peuvent se permettre ce genre d’achat. Une enquête faite auprès des clients et des vendeurs nous informe sur une autre raison à cette situation. Dès le mois d’avril, les habitants préparent la fête de l’indépendance, un évènement qui incite les gens à acquérir de nouveaux vêtements et des chaussures neuves ou la friperie pour être présentables. On peut trouver les marchands de ces types de produits dans toutes les parties nord du marché. Si l’on se reporte au dénombrement ponctuel effectué sur terrain, pendant la saison sèche (avril-octobre), les vendeurs de tissus, des vêtements, des chaussures, ou des friperies importées à l’intérieur ou à l’extérieur du marché constituent 20,40 % de tous les marchands comptés sur le marché en 2009.

2. Autres produits manufacturés et artisanaux

Pour les ustensiles de cuisine en aluminium, Befandriana-Nord en a toujours bénéficié. Les fourchettes, les cuillères, les louches et les moules à mofo gasy (une sorte de pain fait avec la farine du riz) ou ramanonaka (une sorte de pain salé fait avec la farine de riz) proviennent d’Ambatolampy(région ). On pourrait croire que cette localité renferme le plus grand nombre d’artisans œuvrant dans la fabrication des produits en

69 aluminium, puisque la plupart des vendeurs de ces produits au niveau du district de Befandriana-Nord en sont originaires. En faite, la vente est restreinte jusqu’au marché de Sabotsibe . Le nombre de marchands ne s’élevant qu’à huit sur la plateforme du marché de Sabotsibe ,et quelques pavillons.

La vannerie profite d’un bon emplacement sous les pavillons. Pour les sobika , les nattes, elles sont vendues à l’intérieur du marché. Leurs plus fidèles acquéreurs sont les paysans qui ont besoin de nouveaux chapeaux, de sobika . Ces articles viennent de Mananara-Nord et de Maroantsetra. Il y a quand même des produits locaux comme le tsihy vontsona (la natte faite avec le raphia (Hyphaene thebaica) ). La période propice pour les acheteurs est toujours la saison sèche où leurs prix est au plus bas parce que pendant cette saison les marchés sont saturés. Ces produits sont éparpillés sur le marché. Les commerçants représentent 7,32% du total. La quantité totale approximative apportée sur le marché tous les samedis avoisine 150 paniers et sobika , 250 nattes, 100 chapeaux, 475 balais .Des cordes vendues en mètre pour attacher les zébus et pour d’autres usages sont aussi proposées aux acheteurs. La fréquence de vente de ces dernières est irrégulière. A titre d’exemple, pour les cordes, en moyenne, 90% sont vendues pendant la bonne saison et 50% en période de soudure. Pour les chapeaux, en moyenne, seulement 50 unités (à raison de 2000 Ar l’un) sont écoulés pendant la bonne saison et environ vingt chapeaux en période de soudure. Donc, leur chiffre d’affaire hebdomadaire tourne autour de 150 000 Ar et 60 000 Ar en mauvaise période pour les chapeaux. Quand à la quincaillerie, elle propose différents matériels et accessoires comme les pièces de rechange pour les bicyclettes, les voitures et les charrettes, du cambouis, des clous, de matériel agricole (pelle, hache, herse,…) et la brocante (vis, boulons, ressort,…qui ont déjà servis). Elle vend également tous au micro-détail pour pouvoir écouler le plus rapidement possible en ayant pris soin de n’acquérir que très peu de marchandise pour faire quelques pièces de chaque ou même une pièce pour les articles les plus chers. Les pièces de rechanges détiennent 17,91% de la filière quincaillerie en incluant les vendeurs en magasin dans la ruelle nord venant de la RN32. Le pourcentage plus élevé de la vente de matériel agricole qui est de 44,79% démontre que les marchands sont bien conscients de l’importance de l’activité agricole dans la vie de la population de Befandriana-

70 Nord, mais surtout dans celle des paysans venant des communes rurales et des autres localités.

B. Les produits de première nécessité

Malgré le nom donné à ces produits, on a remarqué qu’il y a peu de marchand de produits de première nécessité sur le marché de Sabotsibe . Seulement seize marchands à l’intérieur du marché et quatorze à l’extérieur, non inclus des grossistes en magasin dans la partie nord de la RN32. Mais ce sont les produits pour lesquels les paysans qui viennent hebdomadairement consacrent beaucoup d’argent. Cet homme de 45 ans, père de famille, habitant à Ankazoambo que nous avons pu enquêté, nous a fait connaître ses achats, en insistant sur le fait qu’il fait à peu près les mêmes emplettes à Befandriana-Nord, tous les samedi de grand marché et que s’il ne peut pas y venir, il y envoie un de ses enfants ou sa femme . Il achète un kilogramme de sucre, quatre sachets de sels fin, un litre d’huile de table acheté en vrac, un sachet et demi de bougies et des allumettes, dix cubes de savon, sans oublier bien sûr un kilogramme de café, produit très apprécié. Les commerçants acquièrent 70% de ces marchandises auprès des grossistes de Befandriana-Nord. Sinon Habibo, un indo-pakistanais, fournit les autres 30%. Un parmi eux y prend par exemple un demi sac de chaque denrée (sucre, gros sel, café, farine, riz) dix cartons de savon et quinze sachets de bougies, quinze paquets d’allumettes, vingt-cinq litres d’huile en vrac, trois kilogrammes de bonbons, vingt-cinq paquets de biscuits,…en déboursant environ 413 500 Ar. A la fin de la journée de grand marché, ce commerçant peut faire un bénéfice de 130 000Ar.

71 PLANCHE -III Photo n° 6: Les gendarmes et les polices contrôlent

Source : Auteur, 2009

Photo n° 7: Les cordes

Source : Auteur, 2009

Photo n° 8: molôlo ,la nourriture des bœufs

Source : Auteur, 2009

72 PLANCHE-IV

Photo n° 9: Hangar réservé à la boucherie

Source : Auteur, 2009

Photo n° 10: Invasion des effets vestimentaires en friperie

Source : Auteur, 2009

Photo n° 11: Produits utiles à la vie quotidienne de la population.

Source : Auteur, 2009

73 Chapitre VI : L’AIRE D’INFLUENCE DU MARCHE DE SABOTSIBE

Le commerçant habituel local du marché ne suffit pas pour écouler totalement la production et pour cette raison, le débouché hors du district est nécessaire pour l’écoulement des produits. Le marché s’ouvre donc sur des clients différents.

I. Etude des comportements des intervenants

L’aire d’influence du marché de Sabotsibe est la superposition de plusieurs zones. La première est l’ensemble de ses excroissances ou les parties rattachées à la place du marché dès le jeudi. La seconde résulte de l’étude concernant la provenance des commerçants et celle qui correspond à l’origine des clients. Il ne faut pas oublier que la zone d’approvisionnement est aussi à considérer. Toutes les études géographiques sur les marchés considèrent que la véritable zone d’influence est celle occasionnée par l’analyse de la provenance des consommateurs. Nous allons donc nous référer à cette perspective commune.

A. Les commerçants

Dans une première constatation, on aurait tendance à croire que tous les commerçants de Befandriana-Nord sont des autochtones. En effet, si l’on se rapporte à leurs aspects physiques et du fait que la plupart d’entre eux habitent la commune urbaine, on ne peut discerner leur véritable origine. Mais suite aux enquêtes faites auprès des commerçants eux- mêmes, la situation est toute autre. Ils vivent certes à Befandriana-Nord sans toutefois être tous originaires de la ville, surtout pour le cas des marchands ambulants. Il apparaît clairement qu’ils proviennent de Befandriana-Nord et de ses environs immédiats. Mais, on peut les classer suivant leur véritable village de départ.

-Tout d’abord, la grande majorité de ces acteurs sont des habitants de la commune urbaine de Befandriana-Nord et presque tous les fokontany ont des représentants sur le marché. Ils représentent 55% des marchands. Au moins un de leurs enfants perpétue la tradition de la famille. Ainsi, certains sont commerçants depuis leur plus jeune âge. On peut voir des personnes âgées de plus de soixante-dix ans ; mais celles qui occupent le plus l’aire du marché ont entre trente et cinquante ans. On peut dire que les commerçants ont de l’expérience grâce à l’âge. Donc le marché de Sabotsibe est professionnalisé car le pourcentage des commerçants les moins âgés représente 25,67% seulement. Les plus jeunes

74 s’intéressent uniquement à la vente du tabac à chiquer, des friperies, des divers produits manufacturés (petites radios cassettes, piles, calculatrices). Une des raisons qui pousse la grande masse de la population de Befandriana-Nord à exercer le métier de commerçant est la nécessité de survivre.

- Dans un rayon de trente à cinquante kilomètres, les paysans des zones d’Ambahivaha, de Tsiamalao, d’Ambodimotso,… représentent 30% des marchands tout en étant des producteurs et dans la plupart des cas, des marchands ambulants. Ils ne viennent sur les marchés que pour la période où les travaux agricoles sont en suspens. En effet, ils parcourent les marchés hebdomadaires du district et des autres districts de la région Sofia. Leur choix de s’investir dans le commerce et de se faire connaître sur le marché de Sabotsibe a été orienté par la recherche de meilleurs moyens d’avoir d’autres sources de revenus, car l’agriculture ne leur suffit plus pour nourrir leur grande famille. De plus, ils n’ ont pas un niveau d’instruction assez élevé pour faire un autre travail, alors que sur le marché, ils ont juste à savoir les règles élémentaires de calculs et de mesures pour pouvoir s’en sortir. Ces marchands y apprennent plus de chose qu’on ne veuille le croire en rencontrant toutes sortes de situations relatives aux marchandises et à leur mode d’acquisition, à leur prix, à leur périssabilité, à leur transport. Ils ont préféré habiter dans les environs ou dans la commune urbaine, en pratiquant à la fois l’agriculture et un peu d’élevage si leur état financier le permet. Ce rapprochement c’est pour réduire les coûts de transport des marchandises vers leur lieu de travail qui est très élevé s’ils partent de leurs communes d’origines pour rejoindre le marché. D’autres sont restés dans leur commune mais rejoignent le marché seulement le samedi. Dans des cas très isolés, il existe des marchands qui viennent d’autres régions : SAVA, Atsinanana, Melaky et même du sud de l’île. Ils ont trouvé que cette commune se présentait comme une opportunité pour faire des affaires. Les possibilités d’amélioration du niveau de vie par l’exercice de diverses activités rémunératrices, dont le commerce, les ont attiré à s’y implanter. Leur part en nombre et fonds de commerce sur le marché est seulement de 15 %, car malgré les opportunités de la ville de Befandriana, ces localités ont également des marchés et certains sont de plus grande envergure, ce qui réduit leur volonté à se déplacer.

75

Croquis n°5 : Origine des marchands et des clients du marché N Région Boeny et Région Melaky N

Région DIANA et SAVA Antsohihy Bealanana

Haute ville Région Port Berger Atsinanana/Région Analanjirofo

Des quartiers de

Mampikony la ville y

Region Analamanga/Region Itasy/Region Menabe/Region Androy

Morafeno

LEGENDE

Flux des marchands et 0 100 200m des clients

Marché

Source : réalisation, auteur 2009

76 B. La provenance des clients définit aussi l’aire d’influence du marché

Le marché de Sabotsibe étant le marché du district suscite la curiosité et l’intérêt de toutes sortes de consommateurs. Les enquêtes menées quant à l’origine des clients nous ont permis de tracer l’aire d’influence du marché et de la commune urbaine. Ces consommateurs proviennent : -du district : d’Antsohihy, d’Analalava, de Bealanana -de la région : SAVA, Boeny, Diana,… -et même dans une plus large mesure, des autres régions de Madagascar (des clients très occasionnels, de passage à Befandriana-Nord.

II. Typologie des consommateurs

Parmi les clients enquêtés, 20% sont issus des ménages urbains, 30% sont des ruraux et les 50% restant sont des visiteurs. Un état d’esprit devenu une habitude est le fait que sur le marché de Sabotsibe, surtout le samedi, tout est moins cher. Alors, beaucoup de personnes affluent vers le marché pour profiter de cette rencontre hebdomadaire, attirées par la qualité et le large choix des bêtes, des produits manufacturés et des produits de première nécessité. Pour les habitants des communes rurales du district, le marché de Sabotsibe n’est plus un simple marché. Quelle que soit la distance qui le sépare de leur commune d’origine, ils s’y rendent en masse, drainés par taxi-brousse ou à pied et font du marché une grande foire.

III. La zone d’influence du marché de sabotsibe

Les jours ordinaires, l’aire d’influence n’excède guère un rayon de 0 à 5 km, en prenant comme point « 0 » le marché de Sabotsibe . La limite de cette première zone du marché varie en fonction de la situation socio-économique des consommateurs. Le facteur distance joue ici un rôle déterminant bien qu’elle ne dé- passe pas les frontières du quartier d’habitation. Le client peut être découragé par l’éloignement de son domicile par rapport au marché et par les frais de transport qui y sont relatifs. Ainsi, il préfère acheter ce dont il a besoin auprès d’épiceries ou des petits marchés de quartier. Pour d’autres, ils ne s’inquiètent pas de la distance ou du coût de déplacement, ils viennent y faire leurs courses toutes les deux semaines. Dans les deux cas, ce sont surtout les produits

77 alimentaires, les produits de première nécessité qui dominent dans les achats de ces consommateurs. Donc, les principaux clients au niveau de cette première zone sont les ménages urbains de la commune, les restaurateurs, les commerçants au niveau des quartiers de la commune urbaine. L’isochrone de trente minutes à deux heures (trajet à pied) sont les zones rurales du district de Befandriana situées à vingt kilomètres. Ces mêmes secteurs l’approvisionnent en légumes, en fruits et en produits vivriers. Les paysans dominent cette aire d’influence du marché Sabotsibe . Le matin ils quittent leur domicile pour animer du matin jusqu’à l’après- midi le marché avec leurs amis et voisins. Ils y achètent quelquefois leurs propres produits, mais surtout, des bovidés, des produits manufacturés tels que les vêtements, les ustensiles des cuisines, les intrants agricoles. Ils viennent au marché à pieds. Ils quittent très tôt leur lieu d’habitation, vers quatre heures du matin. S’il existe des lignes reliant directement ou indirectement leur village à Befandriana , ils viennent par taxi-brousse, sinon ils se déplacement à bicyclette. Parmi eux, on trouve les petits épiciers des villages venant se ravitailler au marché pour renouveler leur stock, des paysans pour se ravitailler et rendre service à des voisins qui ne peuvent pas quitter leur commune, des mères de famille venant faire leurs provisions hebdomadaires ou mensuelles. L’aire d’influence maximum du marché peut être délimitée selon la longueur du trajet et des moyens de transports empruntés par les clients pour atteindre Befandriana-Nord dans une marge d’une à une heure trente minutes en voiture pour une distance de plus de trente kilomètres. Ils sont déversés notamment par taxi-brousse dans la commune urbaine, vers dix heures du matin, ce qui leur donne tout le reste de la matinée et de l’après- midi pour visiter le marché. La plupart d’entre eux reprennent le même mode de transport pour retourner dans leur lieu d’habitation, vers seize heures ou dix-sept heures. Cette clientèle est surtout intéressée par les produits manufacturés sinon des animaux au détail (bœufs, porcs, volaille,…) Finalement, on peut introduire dans la zone d’attraction du marché de Sabotsibe les zones où la commune urbaine étend son influence. Effectivement, celle-ci se fait ressentir jusqu’à plus de cent kilomètres au nord et à cent cinquante voir deux cent kilomètres vers le centre et à l’ouest.

En somme, plusieurs facteurs entrent en jeu dans la détermination de l’influence du marché :  sa superficie qui renforce sa capacité d’accueillir un nombre plus ou moins élevé de marchands et de clients ;

78  sur la quantité élevée et la bonne qualité des produits agricoles et d’autres produits ; Mais il convient de tenir compte aussi de la saison pour la détermination de l’aire d’influence du marché, car elle peut restreindre la zone d’attraction surtout pendant la période des pluies. Les consommateurs peuvent trouver que le temps n’est pas favorable au déplacement notamment pour les cas où ils doivent faire le trajet à pieds ou à bicyclette. Ils préfèrent rester dans leur commune ou fréquenter un marché pas trop loin d’eux.

IV. Le marché de Sabotsibe comme centre de convergence des produits locaux et régionaux

A. Les producteurs agricoles et les éleveurs.

Dans le marché, le mode dominant de vente des produits, des bovidés est le détail, même pour les ménages les plus démunis. En reconstituant les flux d’approvisionnement du marché, on note que : - l’importance de l’agriculture urbaine et périurbaine apparaît par son taux dans l’étude de la provenance des produits qui est assez élevé : 58,33%. Dans le cas des bovidés de la commune et des zones à moins de cinquante kilomètres, le nombre est assez important ; - 30% de l’approvisionnement en produits agricoles arrivent par taxi-brousse ou par charrette et transportés en gony ou en sobika à partir des zones plus éloignées dans un rayon de plus de cinquante kilomètres. Les cultures vivrières qui représentent 56,67% des produits agricoles proviennent des autres communes rurales du district de Befandriana-Nord. Le riz arrivent principalement des zones que l’on pourrait qualifier de spécialisées, notamment d’Ambararata, de Maroamalona, de Tsiamalao, de Tsarahonenana,…où les conditions naturelles sont réunies pour favoriser la culture du riz. La riziculture de la commune urbaine connaît un bon rendement, à hauteur de trois à six tonnes par hectare. Donc il contribue dans une grande mesure à ravitailler le marché et également ceux des autres régions (Diana, Betsiboka), jusqu’à ceux de la région Analamanga, Itasy.

79 B. Les ressources halieutiques locales

Les produits frais sont fournis par la pêche traditionnelle des rivières et les grands lacs du petit village de Mazava et Pont Sofia.

Le circuit plutôt court des produits fraichement pêchés est lié à la faiblesse ou à l’inexistence de chaîne de froid et on est alors obligé d’utiliser la glace pour les conserver. Pour ces derniers, 30% des vendeurs s’en procurent auprès de la poissonnerie régionale REFRIGE PECHE d’Antsohihy. Les poissons séchés non- salés locaux arrivent essentiellement des villages de commune rurale comme Pont Sofia. Les pêcheurs traitent eux-mêmes leur capture. Ils procèdent à l’éviscérage des poissons c’est à dire leurs ouvertures en deux et l’incision de la chair, au lavage ou séchage direct au soleil après les avoir tranchés et filetés. On trouve aussi de poissons séchés qui viennent de et d’Andrevorevo (Port-Bergé) - L’approvisionnement en viande se fait sur pieds pour aboutir à l’abattage des animaux et enfin à la mise en vente sur le marché. Le ravitaillement en viande est exclusivement local. Un bœuf ou un porc est tué le samedi et doit être mis en vente le jour même pour éviter le long stockage et pour que la viande ne soit pas abimée.

80

Croquis n°6 : L’aire d’influence du marché N

Vers Antsohihy

Vers Mandritsara

Echelle : 0 5 10km

Source : Arrangement, Auteur, 2009

LEGENDE Chef –lieu de district Isochrone de 0 à 30mn Isochrone de 30mn à 2 heures Isochrone de 12 heures Route nationale 32

81

Croquis n°7 : L’approvisionnement du marché Sabotsibe N Antsohihy/Port-Berger Mananara-Nord /Mampikony /Maroantsetra

Tsiamalao

Magasin d`Habibo

Ambahivaha Mazava/Pont Sofia

Mandritsara/Farara

Ambalakirajy Antananarivo/

Ambatolampy 0 100 200m

LEGENDES

LEGENDES Produits halieutiques Produits agricoles

ProduitsProduits manufacturés halieutiques Produits alimentaires Produits agricoles Produits artisanaux Produits manufactures Marché 0 100 200m Produits alimentaires

Produits artisanaux

Source : réalisation, auteur 2009

82 Le marché de Sabotsibe est un système commercial complexe dans le sens qu’il se distingue dans le district par l’arrivée sur son aire de marchands agricoles diversifiés, de produits manufacturés provenant de différentes zones et plus particulièrement les bovidés. Cette diversification indique clairement l’intégration du marché de Sabotsibe à la ville elle- même, dans les flux économiques inter et intra-régionaux. Le marché est, comme nous le disons, un point de rencontre de plusieurs acteurs économiques qui garantissent la continuité des échanges de marchandises et de capitaux. De ce fait, le marché communal est un facteur contribuant au développement économique de Befandriana en lui créant une aire d’influence par rapport à la provenance des commerçants et des clients. De plus, il confère à Befandriana les caractères d’un marché urbain.

83

TROISIEME PARTIE :

LES IMPACTS DE LA MISE EN PLACE DU MARCHE ET LES PERCEPECTIVES D’AVENIR

84 Parmi les activités que les paysans de zone étudiée pratique, l’activité commerciale du marché est la plus appréciée. La mise en place du marché est la meilleure source de revenu des paysans de la commune urbaine et même des zones environnantes.

Chapitre VII : LE MARCHE DE SABOTSIBE COMME SOURCE DE DEVELOPPEMENT LOCAL

Le marché de Sabotsibe touche particulièrement les familles paysannes, les communes des zones de production de bovidés, la ville de Befandriana et Madagascar tout entier.

I. Les avantages des paysans producteurs

Malgré les difficultés rencontrées par la production agricole), il y a quelques avantages obtenus par les paysans producteurs. Dans ce district, le commerce est l’activité la plus génératrice de ressources monétaires. Grâce à celui-ci, les paysans producteurs peuvent satisfaire des besoins élémentaires en nourritures, vêtements et loyers. Quelques familles ont connu un changement surtout au niveau de l’état des maisons. Il y a la fameuse construction des maisons en briques introduite par les migrants des Hautes Terres Centrales. Cette construction touche 1/3 de la population paysanne dans les zones de production de bovidés. Ce chiffre est encore faible, mais il y a une amélioration chaque année.

Cependant, 2/3 de la population paysanne des zones de production s’attachent encore à la construction de maison traditionnelle. A chaque récolte, sur le marché, un paysan producteur peut acheter quatre à huit jeunes bœufs. Dans l’ensemble, les familles paysannes dans les zones de production ont connu une amélioration de leur niveau de vie, mais ce n’est pas encore suffisant. On doit les aider a bien gérer leurs gains.

Dans ces communes, la quasi-totalité de la population s’engage dans l’élevage, la culture. Chacun se préoccupe de faire le mieux possible pour avoir un meilleur rendement. Ce qui fait que durant la saison sèche, la participation des paysans pour l’approvisionnement du marché est très intense. La proximité et l’accessibilité du marché jouent ici un rôle important pour les producteurs.

85 -Exemple des avantages des trois communes

Sur le plan économique, le commerce des bœufs fait entrer le plus de recettes fiscales. Environ 60% contre 40% provenant des autres produits (riz, patates douces, manioc,…)

Le tableau numéro VIII ci-dessous nous montre les recettes de ces communes.

Tableau n° VIII : Les recettes annuelles obtenues

Commun Recettes en Ar Années Befandrian-Nord Morafeno Ambodimotso-sud 2005 1 725 788 157 070 18 000 2006 1 250 224 444 886 20 000 2007 1 377 800 256 870 23 000 2008 1 188 280 26 000 Total 5 541 382 858 826 87 000 Source : Les bureaux municipaux, 2009 Les recettes ci-dessus sont prélevées de façon différente dans ces communes. Dans la commune urbaine de Befandriana, l’agent responsable prélève 200 Ar par bœuf. On pense que ces clients venus hors du district reçoivent de gros bénéfices, et économiquement parlant, ils doivent payer des taxes en contrepartie. Le prélèvement élevé provient de la décision des autorités municipales de la commune urbaine.

Pour les deux autres communes rurales : Morafeno et Ambodimotso les prélèvements de taxe sont les mêmes : 100 Ar par bête. Seulement, nous n’avons pas obtenu les recettes de la commune rurale de Morafeno en 2009 à cause du remplacement de l’agent responsable. Ces recettes sont énormes, elles peuvent aider les communes à résoudre leurs problèmes financiers, pourtant le contrôle laisse encore à désirer.

II. Les intérêts de la ville de Befandriana.

A partir des huit dernières années, la ville de Befandriana a connu une extension galopante. Certains paysans éleveurs de bœufs des zones de production suburbaine et quelques paysans éleveurs des autres zones de production y ont construit des maisons en brique. Ces derniers ont compris que c’est rentable d’investir de l’argent dans la construction des maisons car celles-ci rapportent de l’argent à chaque fin du mois par la location surtout pendant la saison sèche à cause de l’abondance des clients. Pendant cette saison, il y a beaucoup de clients car c’est la période durant laquelle les paysans sont disponibles et c’est

86 aussi le moment où les grandes crues d’été sont absentes. Les paysans peuvent acheter des marchandises dans les magasins. Selon deux commerçants indiens, leur commerce est florissant, surtout le jour du grand marché. La quantité d’articles écoulés par jour en saison sèche est dix fois plus importante que pendant la saison de pluie. Et chaque tsena de la saison sèche, leurs chiffres d’affaires sont largement dépassés : plus de 2 000 000Ar, tandis que pendant la saison de pluie, les paysans producteurs considèrent comme une saison morte, ces chiffres d’affaires peuvent atteindre environ 1 000 000 Ar maximum. Ainsi, ce sont tous les acteurs de ce marché qui favorisent le développement. Etant donné ses impacts très positifs sur les zones de production.

A. Sur le plan de l’urbanisme

Les résidents de la ville ont cependant des devoirs c’est de rendre la ville accueillante, d’où la nécessité du plan d’urbanisme. L’existence du marché de Sabotsibe a entrainé la nécessité d’un plan d’urbanisme attrayant. Ce plan incombe d’abord aux gestionnaires de la ville, c'est-à-dire au maire et ses proches collaborateurs, aux dirigeants administratifs, aux techniciens et responsables, en l’occurrence aux services des domaines et de la topographie.

Dans ce plan, les maisons sont alignées et non construites n’importe où, ni les routes n’importe comment ; elles doivent respecter le plan. En cas de violation de ce plan, un contrôle rigoureux doit être effectué par les responsables. Ce plan est respecté par les acteurs du marché de Sabotsibe qui aiment venir à Befandriana et feront de la publicité. A cet alignement des bâtiments s’ajoutent la propreté de la ville, l’existence des bacs à ordures, des douches et WC publics répartis dans toute la ville : en un mot, une ville propre et saine, des routes bien entretenues.

B. Les chambres d’hôtel

Ce marché est fréquenté par divers étrangers toutes les deux semaines. Les chambres d’hôtel sont plus que nécessaires. Pour assurer la sécurité des caisses et le repos des commerçants de bestiaux et leurs propres collaborateurs, les chambres d’hôtel doivent être sécurisées et bien installés. Dès lors, les chambres se sont multipliées mais elles doivent être modernisées et suivre les normes. Les commerçants doivent disposer de maisons accueillantes, de chambres d’hôtel confortables, en ville et autour du lieu de vente des bœufs, même si ce n’est pas tout proche du Sabotsibe .

87 III. Création d’emploi

Chaque jour le marché de Sabotsibe , se métamorphose en une grande foire attirant une foule de personnes principalement constituée de marchands, de clients et de tous ceux qui profitent de l’action qui règne dans la ville pour survivre grâce à de multiples services qu’ils peuvent rendre.

A. Les marchands

Globalement, le jeudi jusqu’à samedi, le marché de Sabotsibe et toutes ses extensions comptent en moyenne trois cent cinquante marchands, soit 17,04% de l’ensemble des commerçants de la commune urbaine (chiffres 2008 : 5100 personnes). Nous rappelons que leur nombre est variable, suivant le jour et les saisons, ce qui rend extrêmement difficile leur décompte, d’autant plus qu’une situation peut être tenue par une ou plusieurs personnes. Cependant, nous pouvons donner des estimations ponctuelles suivant les descentes sur terrain. Pendant la bonne saison, du mois de mai à août, le nombre des marchands peut atteindre six cent, tandis que l’effectif baisse pendant la période de soudure, leur effectif ne s’élevant plus qu’à cent cinquante personnes. C’est sur la place du marché où les marchands sont plus ou moins permanents que le dénombrement peut se faire le mieux.

B. Les services générés par le marché

Le marché est source de nombreux emplois et services.

1. La restauration

Elle connait un véritable succès, surtout le jour de grand marché, que ce soit par les gargotiers ou par les petits et grands restaurateurs en dehors de la place du marché. Elle domine, et de loin, la part des services existants sur le marché : 45% des activités.

Les clients défilent devant les bâtiment alignées au sud de la plateforme, et les petits kiosques sous l’étalage des poissons séchés, qui servent soupes, riz et mets à base de viande ou de poissons avec des légumes, baignant dans beaucoup d’huile et rouge de tomates, sans oublier les célèbres mofo gasy , servis avec du thé, du lait ou du café, donc des plats typiquement malagasy.

88 Il y a d’autres installations précaires certes, mais qui accueillent les amateurs de ces plats à l’entrée ouest, puis en face de la RN 32 au nord. Leur part dans ce service est de 70% tandis que les restaurants gardent 30%. Les restaurants sont éparpillés un peu partout dans la ville mais se sont implantés, pour la majorité dans le fokontany d’Antanambola, pour mieux se rapprocher de sa clientèle potentielle, celle du marché communal.

Dans les gargotes, les prix sont abordables car pour 300 à 500 Ar, on obtient un déjeuner complet, riz et bouillon, agrémenté d’un peu d’achards de tomate ou de concombre et de ranonampango . Les restaurants affichent des tarifs plus élevés en proposant des plats entre 1000et 2500 Ar, le riz avec une bonne ration de poisson, de poulet (en sauce ou non), de porc ou de bœuf mélangé ou non à des bredes, des haricots,…ou encore sous forme de saucisse, à tous les goûts.

Leurs clients sont essentiellement composés :

 des fonctionnaires qui travaillent en journée continue de sept heures trente minutes à seize heures, avec une pause déjeunée de midi à treize heures, donc ; ils ne peuvent pas tous rentrer chez eux pour manger et préfèrent le faire à proximité de leur lieu de travail, leur cantine.  des citadins qui viennent faire leurs courses sur le marché et considérant comme un rituel hebdomadaire et même journalier de prendre un en cas sur le marché, dans les gargotes ou les restaurants.  des ruraux qui sont une clientèle particulière pour ces endroits. Ils sont obligés de s’y restaurer car ils ne peuvent retourner chez eux que tard dans l’après-midi. Ils font au maximum les recettes des restaurateurs tous les samedis.  des commerçants locaux ou ambulants sollicitent le service de la restauration pour ne pas s’éloigner de leur activité.

2. Les coiffeurs

Une des caractéristiques du marché dans l’espace rural est la présence de ce service de coiffure et bien qu’étant un marché dans une commune urbaine, celui de Befandriana renferme toute une horde de coiffeurs placés dans une halle, à l’extrême nord de la place du marché. La coiffure retient 25% de l’ensemble des services trouvés sur le marché. Les coiffeurs donnent satisfaction aux commerçants et aux clients, surtout les paysans des

89 lointaines campagnes, qui profitent de leur passage pour se faire une nouvelle coiffure, moyennant un prix de 500Ar seulement.

3. Les autres services trouvés sur le marché.

Ils se partagent 30% des services annexes du marché :

-La forge (5%) : ce service se résume aux petits travaux de forge sur des pelles, des faucilles qu’il faut aiguiser, ou des instruments qu’il faut souder. Les outils de travail se composent d’un foyer monté à même le sol, d’un souffleur, de plusieurs marteaux de tailles différentes, de petits fers à forger. Les forgerons dispensent leur service à tous les paysans et citadins désireux de réparer leurs outils de travail, à un prix variant de 500Ar à 1500Ar ; -Les réparateurs de bicyclette (15%) trouvent leur bonheur sur le marché de Befandriana car beaucoup de clients et même des commerçants sont propriétaires de bicyclettes. Tous les jeudi jusqu’à samedi de la semaine du marché de Sabotsibe , ils prennent place aux alentours du marché et attendent leurs clients qui leur amènent forcément des rayons à remettre à l’endroit, des mécanismes à réparer, des guidons à refixer. De petites quincailleries se situent à proximité et facilitent l’acquisition rapide des diverses pièces de rechange. Ils proposent leur service de 1000 à 2000Ar ; -Les couturiers (10%) sont en général des femmes, mais les hommes ne sont pas en marge de ce métier. Au fait, seul un de ses couturiers est un homme, et est-en même temps vendeurs de tissus et de produits de confection. Sinon, les autres sont des expertes en la matière et se sont incrustées dans les pavillons pour mieux satisfaire la demande de leurs clients. Ils cousent des vêtements, des draps, des rideaux à un prix allant de 1500 à 5000Ar par article.

Tableau n° IX: Répartition des services annexes du marché

Service Restauration Coiffure Couture Forge Réparations diverses Pourcentage 45% 25% 10% 5% 15%

Source : Enquêtes personnelles, année 2009

90 Schéma n° 1: La répartition des services trouvés sur le marché de Sabotsibe

1 : Restauration 2 : Coiffure 3 : Couture 4 : Forge 5 : Diverses réparations

Source : Auteur (2009)

-On trouve aussi les grands patrons du Sabotsibe .Ils recrutent des aides tels que les gardiens des bœufs, les mandataires, les accompagnateurs ou guide des bovidés. -En ce qui concerne les gardiens de bœuf, cela n’exige pas de diplômes de haut niveau ; c’est qu’on leur demande c’est d’être courageux, patients, vigilants, persévérants ; du courage, si les bêtes sortent ou s’enfuient, et le gardien, au moyen de la course, doit faire revenir les bêtes dans les rangs. Ils vont acheter les mololo pour nourrir les animaux. Il leur faut de la patience et de la persévérance car tous les jours, pendant trois jours, ils s’efforcent de ne pas égarer aucun bœuf. Ils travaillent même la nuit. Ce type de travail est payé de 1000 à 2000 Ar par bœuf.

Pendant le tsena , il y a des parcs à bœufs qu’on loue aussi à 2000Ar par tête de bœuf, par nuit. Cet endroit est proche du marché et bien sécurisé.

Chapitre VIII : BEFANDRIANA-NORD : LA VALEUR D’UN MARCHE DANS LE DISTRICT.

La contribution à l’étude du marché de Sabotsibe s’adresse à son impact sur la vie des différents agents économiques en collaboration pour le rendre fonctionnel et sur la gestion de la ville.

91 I. Le rôle social du marche

La vie sur le marché crée des liens autres qu’économiques. Elle fait ressortir sa vocation sociale. En effet, dans l’idée d’origine de sa création, c’est particulièrement sa fonction sociale qu’Andrianampoinimerina a voulu mettre en exergue. Le commerce prend sa place dans les échanges produits- capitaux courants mais le marché est un des premiers lieux où les dernières nouvelles se font connaître, sur la politique le plus souvent, sur différentes cérémonies telles que l’exhumation ou famadihana , mariage,… Ce phénomène est d’autant plus accru par la présence des gargotes, des bars, épiceries qui se transforment en véritables salles de conférence le jour de grand marché. En conséquence, les occasions de contact entre citadins et ruraux sont omniprésentes. Le marché est propice à recevoir les paysans, surtout le samedi, puisque l’activité de gros ou demi-gros et de détail se retrouvent sur un même site. Il encourage alors le rapprochement de toutes les catégories sociales.

A part cela, il renforce le sens de la solidarité des acteurs commerciaux. Malgré des concurrences entre les commerçants (sur le prix, l’occupation des places…), ils s’entendent pour essayer de créer un meilleur environnement commercial. De même, cette solidarité se manifeste par des échanges de menus services : prêt et emprunts de petite monnaie, surveillance de l’étalage d’un collègue, emprunts de matériel de vente (balance, sachet,…)

La création d’emplois pour les habitants de Befandriana Nord et des communes environnantes dans le secteur du commerce, dans la fabrication ou la transformation des produits, pour la restauration, peut être considérée comme un apport social du marché, dans le sens qu’il améliore le mode de vie de ces personnes. La commune urbaine de Befandriana- Nord présente les aspects du marché authentique, de plus elle connaît une grande animation par son marché communal tant au niveau de la vie de la population que de la commune elle- même.

II. Le marché de Sabotsibe comme centre d’animation de la ville

Dans cette partie de notre étude, nous allons démontrer l’importance du marché dans la vie de la population car il est la principale destination de ses revenus. Cependant, nous avons rencontré des difficultés lors des enquêtes menées dans ce cadre. Nous avons été confrontées

92 à la méfiance des agents économiques quant à la révélation d’information sur leur ressource monétaire. Ceci a rendu difficile les calculs de ce qu’ils dépensent réellement sur le marché.

Tableau n° X: Répartition de la population par activité

Paysans Commerçants Fonctionnaire Salariés Transporteur Artisans Chômeurs Total privés Nombre 7 393 5 807 793 4 223 1 320 4 481 2 371 26 388 Pourcentage 28% 22% 3% 16% 5% 17% 9% 100% Source : Commune Urbaine de Befandriana Nord, année 2009

A. Le commerce comme source principale de revenus pour les marchands L’animation du marché de Sabotsibe est saisonnière. Elle suit le calendrier agricole. L’activité commerciale est dûment réglée sur cette horloge des cultures. En général, la production agricole ou manufacturière est destinée à la vente ; pour le premier cas ; c’est le surplus que les producteurs envoient au marché.

D’après les réponses fournies par les marchands, on a pu mettre en évidence que leur grande majorité exerce une ou plusieurs activités extra-commerciales. Les principales occupations auxquelles ils peuvent s’adonner sont l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, le transport, comme l’atteste le tableau n° XI.

Tableau n° XI : Répartition des marchands suivant les activités commerciales et extra- commerciales

Produit Activité Seulement Agriculture, Artisanat, Total commerce élevage transport, et autre Denrées alimentaires 36 32,73% 63 57,27% 11 10% 110 100% Cultures 2 10% 11 55% 7 35% 20 100% industrielles Produits 61 58,65% 20 19,23% 23 22,12% 104 100% manufacturés Produits artisanaux 18 50% 8 22,22% 10 27,78% 36 100% Atres produits 7 23,33% 15 50% 8 26,67% 30 100% TOTAL 124 41,53% 117 39% 59 19,67% 300 100% Source : Enquêtes auprès des commerçants 2009

93 Il faut noter que pour les commerçants, le commerce est une source principale de revenu, et ils ont pu prouver que ni le revenu agricole, ni le revenu artisanal ne peut couvrir toutes les dépenses qui leur sont nécessaires. Certains sont uniquement commerçants, (41,53%) tandis que 58,67% d’entre eux complètent leurs activités par le commerce et estiment que c’est le seul moyen de se sortir d’une menace de rupture totale de revenu.

Le tableau n°XII (page 94), montre les cas de deux états de dépenses de commerçants que l’on a pu interroger, exerçant ou non une autre activité extra-commerciale. Ensuite on pourra en déduire les bilans budgétaires qui y correspondent, pour pouvoir faire une comparaison des deux situations et voir comment ces deux types de marchands peuvent faire face à des risques de bilan négatif. Ces deux situations sont à confronter à celle de l’ensemble des commerçants sur le marché de Sabotsibe . Le marchand n° 1 vend en demi-gros et au détail des poissons séchés. Le marchand n° 2, quant à lui, est un détaillant de PPN (Produit de Première Nécessité).

Tableau n° XII: Les dépenses obligatoires par an selon l’exemple de deux types de commerçants (en Ar)

Marchands n°1 Marchands n°2 Dépenses Cout d’installation sur le marché 84000 36000 Droit de place (patente mensuel, 42000 72000 ticket) Acquisition de produits à vendre 1620000 1200000 Transport jusqu’à marché 72000 48000 Alimentation sur le marché 96000 75000 Alimentation générale 1176000 504000 Autres dépenses domestiques 600000 160000 Autres dépenses d’exploitation 370000 340000

TOTAL 4334000 2405000 Revenu 5760000 2160000 Bilan budgétaire +1426000 -245000 Source : Enquête personnelle auprès des commerçants 2009 Dans le cas du marchands numéro 2, par exemple, il a un bilan négatif parce que les clients parfois n’arrivent pas à payer leurs dettes, or ce marchand gagne peu de bénéfice. La vente de produits de première nécessité l’aide malgré un bilan négatif. Cela lui rapporte encore 2160000 Ar. Il sera quand même obligé de procéder à un emprunt pour combler les

94 245000 Ar de perte annuelle, et c’est ici que l’autre activité entre en jeu. Il peut vendre maintenant les produits de l’artisanat (vannerie), à Befandriana ou dans d’autres zones et bien que ce ne soit pas lui qui le fera directement, mais sa femme.

On a pu relever que près de 25% des commerçants enquêtés connaissent une situation similaire aux marchands numéro 1 avec un bilan budgétaire positif, donc, ils peuvent subvenir à leurs besoins tant sur le plan de la vie quotidienne que dans le cadre de ses apports pour le commerce : assurance d’une régularité dans l’approvisionnement, dans le financement d’une autre activité…

Le tableau numéro 12 de la page 47, nous mène à constater qu’il existe une inégalité de richesse entre les commerçants sur le marché. En effet, on a pu constater que certains marchands, avec le commerce comme seule source de revenu, ont pu construire de grandes maisons en dur où ils ont implanté leur lieu de stockage.

Pour l’autre catégorie, c'est-à-dire les commerçants qui sont des petits détaillants, ils n’arrivent pas à mettre de l’argent de côté pour une quelconque épargne.

Donc, le commerce est une source de revenu non négligeable pour la population qui l’exerce. Pour certains, il est la principale manière d’acquérir et d’augmenter leur revenus ; pour d’autres, c’est une activité complémentaire de l’agriculture, de l’artisanat, du transport,…Le marché de Sabotsibe qui se présente comme un espace d’échanges est alors un lieu de survie pour ces marchands, autant pour les aisés que pour les plus démunis. Mais l’animation du marché de Sabotsibe concerne également les consommateurs qui y viennent pour justement dépenser leur argent selon les opportunités et leur possibilité.

B. Le marché pour les consommateurs

Malgré la réticence des agents à nous dévoiler leur revenu, nous avons réussi à obtenir des renseignements sur leurs dépenses, ce qui a permis de déduire leurs revenus approximatifs. Cette étude est nécessaire pour déterminer le niveau de vie des consommateurs et des flux monétaires que l’on peut retrouver au niveau du marché. On constate que leurs revenus sont destinés pour une grande partie aux dépenses domestiques qu’ils peuvent faire sur le marché. Pour l’ensemble des clients, le revenu monétaire mensuel moyen par ménage en 2008, est estimé à 150 000Ar avec un taux de dépense mensuel moyen sur le marché de Befandriana de 76,67%. D’après les enquêtes

95 effectuées on a pu relever qu’il existe au moins trois catégories de consommateur sur le marché de Sabotsibe en fonction de leurs dépenses. Effectivement, près de 25% de ces clients consacrent une grande partie de leur revenu mensuel aux achats sur le marché de Sabotsibe , vu que ce dernier regroupe tous les produits nécessaires à la satisfaction de leurs besoins. 48% utilisent environ le 1/3 de leurs revenus pour répondre à l’offre du marché et 27% utilisent le peu qu’ils peuvent consacrer aux dépenses quotidiennes et qui leur permettent de vivre du moins pour le minimum.

Ces moyennes cachent des inégalités entre les localités et les catégories de population. En effet, nous avons pris en considération trois familles types pour une meilleure illustration de ce contraste social de l’impact du marché sur leur vie. La famille numéro 1 habite dans la commune urbaine de Befandriana, dans le quartier d’Ambalanomby. Le chef de famille est instituteur et la femme travaille à la CECAM de Befandriana-Nord ; se situant tout près du marché et d’ailleurs, elle y passe à la sortie de son bureau pour ses emplettes. Elle y fait ses provisions hebdomadaires. Cette famille a deux enfants, une fille de dix ans, et un garçon de cinq ans. La famille numéro 2 vit à Ambalakirajy, à dix kilomètres de Befandriana-Nord vers le sud. Les parents sont agriculteurs et éleveurs. Ils envoient leurs récoltes dans les marchés du district, par l’intermédiaire du frère de la femme, sans être commerçant eux-mêmes. Ils ont un garçon de quinze ans qui étudie au CEG de Befandriana- Nord. La famille numéro 3 réside dans la ville, dans le fokontany de Fiadanana. Elle combine l’agriculture et le petit commerce de produit de première nécessité (PPN) acquis auprès des grossistes du marché de Sabotsibe. Elle n’a pas encore d’enfant. Le tableau n°XIII (page 97) rend compte de la situation des dépenses de consommation et d’exploitation des trois types de familles clientes du marché. On remarque que les dépenses des familles sont réparties en plusieurs postes et les dépenses de consommation se retrouvent au premier rang de leurs préoccupations. En effet, la famille numéro 1 réserve 174 400 Ar pour l’alimentation, soit 100% de dépenses du mois. Pour la famille numéro 2, elle débourse 91 000Ar pour la consommation en général, c'est-à- dire 74,04% de la dépense familiale en un mois. Quant à la troisième famille cette dépense s’élève à 39 400Ar ou 75,19% de ses dépenses totales. Les valeurs plus ou moins élevées de ces dépenses, pour les trois types de famille, sont liées essentiellement à la consommation de riz et de produits de première nécessités (sucre, sel, huile, pétrole,…) base de leur vie quotidienne. C’est le montant qui y est allouée pour

96 chaque famille, qui est différent, chacune peut en ajouter ou en déduire suivant la possibilité de leur revenu. Ce sont ces dépenses qui expriment le niveau de vie des familles. Pour la famille numéro 1, on constate qu’elle arrive à couvrir ses besoins en produit de première nécessité et qu’elle peut se permettre d’acheter d’autres produits comme plus d’effets vestimentaires. Elle peut envoyer les enfants à l’école, consacrer un budget assez important à la préparation des cérémonies familiales (exhumation, circoncision). L’état des finances de la famille numéro 2 fait ressortir qu’elle peut encore satisfaire ses besoins les plus importants en denrées alimentaires, en produits de première nécessité les plus utiles (sucre, bougies, allumettes, huile) en fournitures scolaires et effets vestimentaires. Elle doit faire des concessions pour pouvoir s’occuper de leurs autres activités : l’agriculture et l’élevage. Sa dépense d’exploitation atteint 32 100 Ar par mois. La famille numéro 3 est contrainte de se tenir au strict minimum pour pouvoir survivre pendant une année. En effet, elle ne peut dépenser que pour les vivres essentiels tels que le riz, le sucre, le sel et autres produits nécessaires comme le pétrole, le savon.

Tableau n° XIII : La dépense mensuelle des trois types de famille clientes du marché, de Sabotsibe (en Ar) Catégories de dépenses Famille n°1 Famille n°2 Famille n°3 Dépenses de consommation Riz 55 000 27 500 22 000 Autre denrée alimentaires 38 500 15 000 2300 Sucre, sel 7 600 6800 3600 Café 4000 Tabac 1200 1000 Bougie 2500 5000 Pétrole 1500 Savon 4000 2000 2000 Huile 11200 3000 3000 Effets vestimentaires 11600 6000 Effets scolaires 25000 15000 Participation aux cérémonies familiales 15 000 10 000 4000 Total 1 174 400 91 500 39 400 Dépenses d’exploitation Matériel agricole 9000 4500 Semences (riz, culture 5600 2500 maraîchers) 1000 1000 Engrais 16 500 5000 Autres dépenses d’exploitation Total 2 32 100 13 000 TOTAL 174 400 123 600 52 400 Source : Enquête personnelle-année 2009

97 Elle consomme très rarement de la viande. La participation aux cérémonies familiales est problématique. Il compense ces besoins avec ce qu’elle peut tirer de l’agriculture auquel elle attribue une part de son revenu.

Après l’étude sur les différentes dépenses des consommateurs sur le marché, nous pouvons donner le bilan en fonction de ces dépenses et des revenus. Le bilan nous permet de connaître si le consommateur peut épargner ou au contraire s’endetter. Le tableau n° XIV ci- après résume la situation.

Tableau n° XIV: Bilan budgétaire mensuel des trois types de famille(en Ar)

Famille Revenu Dépense Bilan budgétaire Numéro 1 300 000 174 000 +125 600 Numéro 2 120 000 123 600 -3600 Numéro 3 40 000 52 400 -12 400 Source : Auteur 2009

Si l’on revient à l’étude sur les clients en général, on peut remarquer que le cas de la première famille s’impose à une minorité de consommateurs. En effet, le bilan budgétaire positif s’applique seulement à 15% des clients du marché de Sabotsibe . Dans le cas précis de la famille numéro 1, elle peut avoir un bénéfice mensuel moyen de 125 600Ar qu’elle peut intégrer dans ses comptes du mois suivant ou épargner. Elle dispose de la possibilité de satisfaire ses besoins quotidiens et investir dans d’autres activités. Mais pour l’autre catégorie, deux cas peuvent se présenter : d’abord, on ne peut satisfaire les besoins nécessaires qu’en se sacrifiant, et on ne peut dépenser que pour les besoins fondamentaux. D’ailleurs, pour 27% des consommateurs qui ont plus ou moins une situation financière se rapprochant de celle de la troisième famille, ils ont un bilan qui est assez difficile car ils n’ont pas de rentrée d’argent sûre. Par exemple, la famille numéro 3 voit ses affaires commerciales de produit de première nécessité très aléatoires, l’agriculture ne réussit pas à couvrir les besoins en nourriture. Pour elle et la deuxième famille, il leur est primordial de trouver un moyen et d’autres activités rapidement rémunératrices pour pallier à cet état de manque perpétuel, et malgré que cela va créer une certaine dépendance envers ceux qui pourront les aider. Le marché de Sabotsibe monopolise donc les revenus des consommateurs, quelle que soit leur catégorie. Il les incite à dépenser de l’argent en échange des produits proposés et qui sont

98 essentiels à leur vie quotidienne. Mais il anime également la ville en renflouant la caisse de la commune.

C. Contribution du marché aux finances locales

Le marché constitue, a priori, une source importante de ressources financières par la collecte des patentes, des droits de places journalières, hebdomadaires et mensuelles, les parts à verser pour les contrats de vente de bœufs. Jusqu’alors, dans la réalité, le marché ne fournissait pas les recettes escomptées à la municipalité. Les raisons de cette ancienne défaillance concernent d’abord de la faiblesse générale des droits de place qui est de 100 à 300 Ar /marchands. Ensuite, la faiblesse de la rémunération et les primes allouées aux collecteurs des divers taxes incite ces derniers à la fraude et la corruption comme la mise en circulation de faux tickets, de faire des ententes avec les commerçants qui ne s’acquittent que partiellement des droits à payer. Ce qui fait qu’il y a un manque à gagner pour la commune. Après, on a remarqué aussi le manque de moyens et les difficultés pratiques de recouvrement. Les collecteurs, le plus souvent, ne disposent ni du plan du marché, ni de cahiers de charge à jour, d’autant plus que les marchands ne peuvent pas être confinés dans l’enceinte du marché donc leur suivi est plus difficile. Ils ne connaissent pas la liste des commerçants ou leur réel emplacement. Enfin, on trouve que les mauvais résultats de la collecte se répètent indéfiniment, dûs à l’absence de motivation des agents et à la fraude, au manque de suivi régulier des recettes réalisées et aussi parce que les contrôles semblent relever d’actions très ponctuelles. Au total, selon le responsable c'est-à-dire le contrôleur du marché que nous avons pu questionner à ce sujet, les taux de recouvrement des droits de place dépassaient rarement 30% sur l’ensemble du marché et l’impact sur les finances locales était palpable. On a pu noter cependant que depuis le milieu de l’année 2005 il y a eu une réelle volonté politique des autorités d’améliorer la gestion du marché et d’instaurer un contrôle plus sérieux au niveau des employés, du moins sur la place principale. Mais cet effort doit faire face aux difficultés relatives au nombre très variable des commerçants et une lente progression de la mentalité de la population. Le récapitulatif des coûts que doivent payer les vendeurs selon leur emplacement sur le marché et des recettes de la municipalité qui s’y rapportent est établi dans le tableau numéro XV (page 101). Le nombre des commerçants varient saisonnièrement. Donc pour faciliter l’étude des secteurs et faire une comparaison, nous avons considéré deux périodes

99 différentes, représentées par les mois de mai (période d’abondance) et novembre (période de soudure) Pour un bref rappel, on observe trois modes de paiement pour l’occupation d’un emplacement sur le marché :  la patente annuelle pour les marchands dans les principales infrastructures du marché est payée à chaque début d’année,  la location mensuelle s’applique à cette même catégorie de commerçants. Ils sont soumis à un recensement plus ou moins régulier,  les droits de place journaliers permettent de mieux suivre l’évolution de la situation du marché notamment par l’existence d’une journée exceptionnelle ;le samedi, attirant un grand nombre de commerçants.

100 Tableau n° XV: La recette obtenu par la municipalité en une journée de grand marché(en Ar)

Désignation Nombre de Patente Droit mensuel Ticket vendeurs Novembre Mai Novembr Mai Novembr Mai e e Produits 35 52 10 500 15600 vivriers Légumes 111 138 33300 41400 Fruits 87 104 26100 31200 Poissons frais 10 13 3000 3900 P P N 30 42 9000 12 600 Riz 18 15 5400 4500 Viande 22 22 1100 110 000 110 000 000 Poisson séché 35 48 3300 4800 Culture 61 76 12 200 28800 industrielle Textile, tissus 25 32 420 000 18 000 21000 3900 5400 Confections 66 68 780 000 33000 39000 13200 12600 Friperie 82 95 690000 34500 33000 17700 21900 Quincaillerie 42 46 10700 21900 Brocante 25 42 7500 12600 Meuble 4 1600 Divers 41 50 13100 15000 Aluminium 8 6 2400 1800 Vannerie 59 72 16500 19500 14400 17700 Balais, corde 16 25 3200 7500 Volailles 52 54 15600 16200 Semences 32 10 9600 3000 Marché au 64 70 32000 35000 bétail TOTAL 914 1080 2990000 248000 270500 247700 305300 Source : Enquête personnelle 2009

Ainsi, on peut se rendre compte qu’en saison humide, c'est-à-dire au moment où l’activité économique sur le marché est dense, tous les mois, l’autorité communale peut obtenir 248 000Ar à partir des droits mensuels versés par les bouchers ; les vendeurs de poissons séchés, les marchands d’effets vestimentaires et de la vannerie sous les pavillons. La patente, quant à elle, rapporte une somme de 2 990 000Ar pour les 79 marchands pratiquants

101 leur commerce sous le hangar, dans les pavillons (viande : 22 ; textile et effets vestimentaires sous pavillon :57). Concernant le samedi uniquement, il faut voir la situation de la vente des tickets. Le choix de ces deux mois a été guidé par le fait qu’ils sont les plus représentatifs de la variation saisonnière du budget de la commune. Il faut préciser que la valeur d’un ticket est la même pour toute l’année, ne dépassant pas 400Ar. Le maximum de recette est obtenu au mois de juin. Il s’élève à un peu plus de 305. 300Ar correspondant à une augmentation du nombre des marchands relativement à la période de préparation des différentes cérémonies familiales et à la période des récoltes.

D. Augmentation des impôts et taxes sur les bovidés

L’impôt, c’est un prélèvement pécuniaire effectué par les autorités sur les ressources des citoyens, à titre définitif et sans contre partie, afin de couvrir les charges publiques et pour intervenir dans la vie économique et sociale. L’impôt est une des sources des dépenses publiques4.

1. Recettes sur le ticket du marché de Sabotsibe

Des recettes diverses comme les taxes, les ristournes, les impôts, constituent aussi les objectifs de création de ce marché contrôlé de bovidés, c’est-à-dire l’alimentation de la caisse de l’Etat. Tout acte économique, et plus particulièrement toutes opérations commerciales exigent le paiement de droit qu’on appelle taxes, ristournes. Faisant partie de ces actes économiques, on a les marchands ambulants, la décortiquerie, le transport en commun. Quant au marché de Sabotsibe , les recettes sont multiples et diversifiées. Commençons d’abord par parler des tickets les jours du marché. Des employés de la commune urbaine y circulent et perçoivent ces droits, en contre partie des reçus. Ces derniers sont déjà préparés, imprimés et reliés par le délégué de la commune. Le versement se fait auprès du délégué. Le montant est 2 000Ariary par acteur à savoir les hôteliers, les bars, les marchands de cordes, les fabricants de mofo (gâteaux), les vendeurs de poulets grillés, de brochettes, de canne à sucre, de paille.

4ZO .RANDRIANTSIMIOVA cour de« Fiscalité» 4ère Année économie, Année Universitaire2008-2009, Université de Toamasina

102 2. Droits que doivent payer les vendeurs de bovidés

Les vendeurs participent également au paiement des droits. Cela commence au niveau du fokontany , puis du délégué de la commune d’origine et du vétérinaire. Exemple : pour pouvoir vendre un bovidé, le propriétaire devrait adresser une demande de passeport au président du fokontany . Le coût dépend de ce dernier. Elle est visée par le délégué de la commune qui donne le certificat d’origine. Le droit payé à cet effet s’appelle le prélèvement, dont le montant s’élève à 2 000Ariary par bovidé à vendre5.

Ces vendeurs s’acquittent d’une somme d’un montant de 300Ariarypour un certificat d’origine, de 200Ariary de droit fixe et 100Ariary de droit supplémentaire. Sans ces droits, le propriétaire du bovidé n’a pas le droit de vendre l’animal. En effet, des contrôles sont effectués à plusieurs niveaux sur le marché et même aux alentours sur les chemins y menant.

Il est à remarquer que le passeport, le certificat d’origine et le certificat de vaccination sont valables pour trois mois.

3. Droits que doivent payer les acheteurs de bovidés Les acheteurs ne sont pas exempts, ni épargnés de ces taxes. Il y a deux sortes de taxes à régulariser par ces acheteurs de bovidés. Si ceux-ci vont élever des bœufs qu’ils achètent, ces éleveurs paient 2 000Ariary par bovidés. Si les acheteurs sont des patentés, ils doivent payer 2 000Ariary par jour. Tout cela s’appelle également prélèvement et on les oblige aussi à payer 200Ariary par bœuf. C’est un droit fixe.

4. Droit de sortie des bovidés Il existe d’autres taxes qu’on exige des acheteurs de bovidés au marché de Sabotsibe pour le droit de sortie du district. Un droit supplémentaire s’élève à 100Ariary par tête de bœuf, carnet de passeport 200Ariary et au vétérinaire une somme de 100Ariary par bovidé, pour les commerçants de bestiaux. Et ces derniers doivent aussi payer la somme de 3000Ariary, dont 1 000Ariary pour le certificat de vaccination et les boucles d’oreilles des bovidés6 .

5 Ces documents sont donnés par le CAA (Chef d’Arrondissement d’Administratif) 6 document fournis par le Chef District ou et son Adjoint

103

PLANCHE-V Photo n° 12: Valan’omby dans le marché de Sabotsibe

Source : Auteur ; 2009

Photo n° 13; Marché de Sabotsibe et composition du cheptel

Source : Auteur ; 2009

104 D’autres taxes pour les menus comestibles (menus qui convient à la nourriture de l’homme) sont fixées à 2 000Ariary durant les quelques jours du marché, qu’on appelle le droit de terrain ; cela par acteur du Sabotsibe 7.

Chapitre IX : IMPACTS NEGATIFS DU MARCHE ET SUGGESTIONS

Le marché de Sabotsibe constitue donc l’un des piliers du développement de ces zones. Cependant, ces zones subirent quelques conséquences de la présence du marché qui peuvent être regroupés en plusieurs domaines comme social et éducation.

I. Impacts négatifs

A. Au niveau social

1. Insécurité dans la ville

Le marché de Sabotsibe est un facteur de développement économique, il influence positivement la vie de la population à Befandriana. Néanmoins, il fait face à des problèmes qui freinent son essor. La présence de ce marché est une autre source de problèmes. Plusieurs domaines sont à considérer. Au niveau de son origine administrative, les responsables concernés rencontrent des difficultés quant à l’administration générale : ils n’arrivent pas à instaurer un suivi régulier de la situation des marchands par un recensement sérieux de leur nombre, des produits qu’ils vendent, du paiement des différents droits…Cette situation devient plus grave le jour de grand marché. Dès le jeudi, les attroupements sont permis sur le lieu du marché. Toutes les personnes d’âges différents y viennent pour trouver de l’argent. Mais de quelle manière ?

Les unes y sont présentes, pour s’enrichir sainement, pour avoir de quoi se nourrir comme d’habitude. Ils y mènent leur vie, ils y gagnent leur vie. Tandis que d’autres ont de mauvaises intentions, c’est-à-dire venir au Sabotsibe pour pouvoir s’enrichir illicitement, au moyen de vols de bœufs, de cambriolages bien organisés. Par conséquent, durant le marché, certains participants perdent parfois de l’argent, ou d’autres sont attaqués par des bandes, d’autres encore blessés et parfois même tuées.

7 Fixé par la Commune

105 Ceux qui ont de mauvaises intentions comme les voleurs profitent de l’absence des habitants dans les maisons aux alentours ou dans les quartiers. Ils ont pu accaparer des objets de valeur, des bagages, des provisions, des volailles. D’autres encore ont pu incendier des maisons et profiter de cet évènement catastrophique pour faire leurs mauvais actes. Les actes de banditisme se multiplient d’un marché à l’autre, en d’autres termes d’un Sabotsibe à l’autre. Malgré l’augmentation du nombre des agents des polices communaux pour surveiller le marché, ces différents actes se multiplient toujours.

2. Multiplication des avortements

Le marché de Sabotsibe est également un lieu fréquenté par des prostituées, une occasion favorable pour elles, à cause des étrangers qui arrivent au marché pour avoir un peu d’argent. Ces prostituées sont des jeunes filles encore en âge de procréation. Lorsqu’elles sont enceintes, elles cherchent tous les moyens possibles pour réussir un avortement. Les unes utilisent des médicaments pharmaceutiques (Misoprostol et Cythotèc), d’autres des plantes médicinales Sakoandy . Elles connaissent beaucoup de moyens pratiques, des médicaments pour réussir un avortement. C’est une des raisons pour lesquelles les avortements augmentent à Befandriana. Ces jeunes prostituées deviennent de plus en plus nombreuses à accomplir et à pratiquer cet acte délictueux. Acte délictueux, parce qu’elles tuent leurs enfants et parfois se tuent elles-mêmes. En fait, nous sommes inquiète de voir que cet acte délictueux, qui est la délinquance juvénile n’offre aucun signe de régression. Donc, des mesures de redressement devraient être prises.

3. Les maladies sexuellement transmissibles

L’habitude de butiner à droite et à gauche en quête du nectar sentimental sera source de fortes tentations et une cause de graves infidélités. A ces graves dommages causés par les unions occasionnelles viennent s’ajouter les maladies sexuelles. Ce genre de maladies atteint à la fois les hommes et les femmes. En effet, elles se contractent dans les rapports avec les filles faciles , accessibles au premier venu. Il s’agit ici des MST (Maladies Sexuellement Transmissibles) telles qu’IST. Pour les trois dernières années (2009-2008-2007), le pourcentage de la population touchée par les MST sont respectivement de 6,3%, 4,5% et 5%. La masse populaire la plus touchée concerne les tranches d’âge de 15 à 60 ans.

106 B. Dans le domaine de l’éducation

1. Les enfants délinquants

On appelle enfant délinquant, un enfant qui trouve des difficultés dans la vie de tous les jours : il a du mal à se vêtir. Cet enfant peut être un orphelin, un enfant de parents séparés, de parents qui, eux-mêmes, ont des problèmes, ou des enfants bien entretenus, mais ayant de mauvaises conduites. Ces enfants vagabondent, volent, errent la nuit, dévalisent, profitent du marché de Sabotsibe pour commettre de mauvais actes. Ils renforcent le nombre des pickpockets, volent de l’argent et autres choses. Ce fléau s’appelle la délinquance juvénile. En 2009 entre le début du mois de mai jusqu’à la fin du mois d’octobre, la commune et la police de Befandriana ont enregistré une trentaine d’enfants délinquants. En commençant ces actes ils vont au marché pour faire quelques courses, comme par exemple ils achètent quelques choses à l’épicerie. Il est d’ailleurs inutile de vouloir nier ce mal. Dans notre société malagasy, il y a toujours des enfants délinquants. Actuellement, on tend à négliger de plus en plus ce mal. Si l’on accorde encore de l’importance aux vols ou aux cambriolages, on n’attache pas assez d’importance aux viols ou à la prostitution. En effet, il est très fréquent, à l’heure actuelle, de voir des jeunes filles se livrer à la prostitution, sans qu’elles soient réprimandées. On les laisse faire, on ferme les yeux sur tous ces actes délictueux qui sont la délinquance juvénile

2. La déperdition scolaire

Quant à la déperdition scolaire, c’est également un fléau qui menace le domaine de l’éducation. Beaucoup d’enfants entrent à l’école, en classe de CP1 (Cours Préparatoire 1ère année ou T1), mais peu arrivent en classe de seconde et / ou à l’université. La plupart des élèves quittent l’école au Primaire, et / ou au secondaire : 1èr et 2nde cycle. Pourquoi ? La délinquance juvénile, les pratiques et les pauvretés de certains parents qui ne sont pas de nature à favoriser l’enseignement l’instruction de leurs enfants. L’administration scolaire, la mauvaise qualité de l’enseignement et l’existence de marché sabotsibe qui suscite aux élèves l’idée de travailler pour avoir de l’’argent comme la prostitution,… contribuent également à la déperdition scolaire. On constate quelquefois, que dans une classe, même les meilleurs élèves négligent leurs études, et plus précisément, même le 1er élève de la classe n’obtient pas la moyenne de 10 sur 20. En contre partie, les faibles quittent l’école ou sont renvoyés à cause

107 de la faiblesse de la moyenne. Et beaucoup de ces jeunes vont rejoindre les voyous du marché.

C. Les vols de bœufs

Le vol de bœufs est aussi un handicap pour l’élevage. Même s’il ne concerne qu’un nombre réduit des bœufs, si on le compare à l’effectif actuel des troupeaux mais cette conjoncture décourage les éleveurs. Parfois, les malfaiteurs arrivent jusqu’à vider le Kijany .Cette mauvaise activité se développe surtout dans les cinq communes parce que ces communes sont les plus enclavées, et en plus il n’y a que deux parmi elles qui ont un poste de gendarmerie : Ambararata et Antsakanala. Les cinq communes sont :  Ambararata ;  Antsakanala  Ankarongana;  Ambolidibe ;  Maroamalona Des efforts ont été menés par les gendarmes et les fokonolona pour récupérer les bœufs volés.

Tableau n° XVI : Evolution des bœufs récupérés

Année Nombre bœufs volé Nombre de bœufs Nombre de bœufs récupérés non récupérés 2004 1247 725 522 2005 1305 781 524 2006 954 598 356 2007 891 506 385 2008 872 608 264 Source : Brigade de gendarmerie Befandriana, année 2009.

Le problème majeure de l’élevage bovin demeure et reste encore le vol des bœufs. La création du marché contrôlé des bovidés de Sabotsibe n’a pas résolu ce problème. Le marché bimensuel du Sabotsibe enrichit les uns, mais hélas, appauvrit d’autres. De quelles manières ?

Des bœufs volés venant d’autres districts, du district de Befandriana même y sont vendus. Les voleurs sont en accord avec les bouchers locaux ; ils se rencontrent dans un lieu

108 de rendez-vous non loin du Sabotsibe et effectuent clandestinement leur acte de vente. D’autres bœufs volés sont également vendus aux commerçants de bestiaux au Sabotsibe . Les passeports sont habilement falsifiés. Les vétérinaires, les délégués administratifs et autre responsables acceptent volontairement la corruption. D’autres bovidés volés font aussi rendez-vous sur l’itinéraire des commerçants. En un mot, les bœufs volés entrent au marché de Sabotsibe et y sortent avec toutes les formalités y afférentes, pour être conduits dans les lieux de destination. Ces actes délictueux sont aggravés également par d’autres fléaux comme les maladies. La recrudescence des épidémies infectant le bétail, l’insécurité qui règne dans certaines localités du distinct de Befandriana sont des raisons défavorisant la pratique de l’élevage, que ce soit l’élevage bovin ou d’autres élevages.

II. Les suggestions

Pour améliorer le marché en question, l’Etat, ainsi que la commune doivent prendre leur responsabilité. A cet égard, la théorie keynésienne évoque l’intervention de l’Etat, pour contrebalancer les imperfections du marché. Il doit mettre en place des dispositifs stimulants l’investissement, par la relance de la demande. Selon Keynes et ses disciples, l’Etat doit mettre le plein emploi8. L’Etat joue un rôle économique essentiel à travers les règles de droits. Il impose à tous sa politique monétaire et budgétaire, la redistribution des revenus, la protection sociale et la défense de l’intérêt général, impliquant l’avenir des nations. Sans oublier la prise en compte du long terme dans les grandes décisions économiques qui domine aussi à cette implication. Sur ce point, l’Etat doit jouer dans le domaine de la fiscalité pour rendre formelles certaines activités du marché. C’est au niveau du contrôle qu’on doit insister. Sur ce point, il faut augmenter le nombre des agents de recouvrement. Les mesures suivantes doivent être prises par l’Etat.

8 e Cour dispensé par Mme Blanche Nirina Richard sur « Théorie économie »de 3 Année Economie, Année Universitaire 2007-2008, Université de Toamasina

109 A. La participation de l’Etat

1. La surveillance de la ville

Comment lutter contre les agissements au moment du marché de Sabotsibe ? Les solutions sont multiples : la ville doit être surveillée nuit et jour par les agents de sécurité tels que les agents de police et de la gendarmerie, durant le déroulement du marché. Grâce à cela, les malfaiteurs auront peur et ne circuleront même pas. L’Etat doit augmenter le nombre de policiers et de gendarmes. Normalement, on doit implanter des postes avancés de gendarmerie dans les communes les plus éloignées mais productives des bœufs. Ainsi les bêtes seront en sécurité dans les campagnes et sur les kijany. Ensuite, l’éclairage de la ville aussi est un moyen efficace pour dissuader les malfaiteurs. Les voleurs aiment l’obscurité, car lorsqu’ils s’enfuient, on ne les voit pas. Les combats dans les ténèbres ne sont pas favorables au fokonolona . Tout le monde a peur. La lumière est donc un moyen pour poursuivre les voleurs ou les malfaiteurs. L’Etat doit intervenir pour résoudre le problème de délestage.

2. Multiplication de postes vétérinaires Parallèlement à l’implantation des postes de gendarmerie, les postes vétérinaires doivent être crées et multipliés, afin de faciliter la lutte contre les maladies qui infectent le cheptel bovin et les animaux domestiques. Dans ce cas on peut éviter les épidémies animales qui menacent inexorablement Madagascar. A Befandriana, les postes vétérinaires publics sont financièrement à la portée des paysans.

B. Le domaine de l’éducation

L’éducation des hommes apparaît comme l’un des ressorts essentiels du dynamisme économique. Adam Smith, dans ses recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, effectue, dès la fin du XVII siècle, une comparaison entre la formation du capital technique et l’instruction des hommes : « Un homme qui a dépensé beaucoup de temps pour se rendre propre à une profession qui demande habilité et expérience peut être comparé à une de ces dispendieuses machines ». Aussi, le fondateur de l’école classique anglaise recommandait-il la création d’une école dans chaque paroisse britannique.

L’éducation obéit aussi à un calcul économique. L’économiste américain Gary Backer, développe la théorie du capital humain. L’éducation devient alors la base d’investissement

110 immatériel, ou investissement intellectuel. La finalité est donc de produire et de reproduire le stock de capital humain. L’investissement en capital humain peut se définir comme l’ensemble des stratégies destinées à l’amélioration des performances des individus dans le cadre de l’exercice productif. Pour le cas de marché de sabotsibe , il faut mettre l’accent sur deux grands points : la surveillance des enfants et la sensibilisation des parents.

1. Surveillance des enfants

On est inquiet de voir que la délinquance juvénile n’offre aucun signe de régression. On ferme les yeux surtout sur les actes délictueux perpétués par les enfants. Celle-ci peut être solutionnée par une discipline à l’égard des enfants, au niveau des parents, de l’enseignement, au niveau de la société en général, de la police des mœurs, bref par l’action éducative positive de tous les responsables des enfants et des jeunes. En plus, les enseignants doivent être de vrais éducateurs. C'est-à-dire qu’ ils doivent être à la fois des vrais spécialistes en éducation et en enseignement. L’étude sociologique leur permet de connaître si l’enfant soufre dans sa vie. Cela permet de résoudre beaucoup de problèmes. La psychologie leur permet de connaître les comportements des enfants afin de mieux les orienter. Et la pédagogie permet à l’enseignant de bien transmettre les connaissances qu’il faut à l’enfant, pour avoir des bagages intellectuels lui permettant de mener à bien une vie meilleure, pour le progrès et la prospérité, car « l’école, dit- on, est une préparation de la vie ». Seules la formation initiale et surtout la formation permanente appliquée, ou encore la formation continue, permettent à l’enseignant d’acquérir des connaissances pédagogiques, parce que la pédagogie évolue dans le temps.

2. Sensibilisation des parents

Il est donc nécessaire de sensibiliser les parents et les habitants de bien gérer leur temps pour produire dans le secteur primaire et dans le secteur dit tertiaire. En effet, si le secteur primaire leur offre de quoi se nourrir : riz, manioc, banane, patate, pistache, des fruits ; les recettes de Sabotsibe améliorent leur niveau de vie. Ils peuvent y vendre leur surplus de production. Et les recettes de Sabotsibe peuvent être

111 utilisées pour l’achat des kits scolaires, pour payer les frais de scolarité et de la santé. Actuellement beaucoup d’écoles, de collèges, et de lycées sont installés dans les vingt-deux régions de Madagascar. Donc il faut que les parents sachent que leurs enfants ont le droit d’étudier. Les paysans doivent donc travailler à la fois la terre et chercher de l’argent au Sabotsibe pendant la saison sèche surtout. L’agriculture est actuellement modernisée à l’aide des outils nouvellement utilisés : charrue, herse, sarcleuse. Avec les recettes du marché de Sabotsibe les paysans doivent profiter pour améliorer leur rendement. Cela doit s’appliquer aussi aux cultures vivrières, maraîchères, fruitières : emploi d’engrais, de semences modernes, la pratique du repiquage en ligne, du repiquage de « huit jours » (c'est-à-dire une nouvelle technique de culture du riz). Les semences doivent être celles à cycle rapide. Emploi du bouturage pour les fruits. Tout ceci est fait pour améliorer la quantité et la qualité des produits. Le riz à cycle rapide permet d’éviter la sécheresse dans la culture du riz. On l’appelle aussi cycle hâtif.

C. Le contrôle strict du marché de Sabotsibe et la participation de la commune

Ce type de participation doit être effectué par les autorités locales, les particuliers et les fokonolona.

1. Mobilisation des jeunes

La communauté citadine doit aussi agir. Les adultes doivent participer volontairement ou par désignation au gardiennage de nuit et à tour de rôle. Les jeunes doivent également prendre part aux actions pour la lutte contre la multiplication du banditisme lors du marché de Sabotsibe. Ils sont forts physiquement, et sont surtout nombreux. Ils doivent s’organiser pour être efficaces.

2. Les contrôles et le couvre-feu

Concernant les contrôles, les papiers divers sur la vente et l’achat d’un bœuf doivent être complets et en règle en vue de faciliter le contrôle. Face à la corruption des responsables,

112 les éleveurs ou les collecteurs doivent être strictes en vérifiant le déroulement du contrôle pour réduire les tentatives de fraude. Trois cahiers réglementaires pour chaque propriétaire sont nécessaires, dont un cahier déposé à la commune, un cahier au chef de fokontany et un cahier pour le propriétaire. Ces cahiers sont des cahiers de recensement des bovidés appelés Kahie Telo9 . Et il faut les vérifier sérieusement et surtout les exiger.

Le recensement des bœufs pour chaque éleveurs de la même année se déroule du mois d’octobre jusqu’au 31 décembre.

Ces trois cahiers contiennent la liste nominative, par ordre chronologique, des bœufs. Ils sont, chaque année, vérifiés et visés par le président du fokontany et le délégué d’Arrondissement Administratif. Tous les bovidés, sans exception, doivent figurer dans ces cahiers réglementaires. Ils doivent être vaccinés par an. Chaque bovidé à vendre doit avoir un certificat d’origine, sans lequel on ne peut pas le vendre. Cette réglementation et ce contrôle doivent se faire dès le départ du bœuf, de son lieu d’élevage, jusque à son lieu d’abattage, en passant par le marché de Sabotsibe . Tous les agents administratifs, techniques, les agents de sécurité, le fokonolona doivent endosser loyalement leur responsabilité respective, d’une manière saine, sans corruption. Le BIANCO (Bureau Indépendant Anti-corruption) doit agir pour réduire la corruption. Quant aux couvre-feux dans la ville, ils doivent être instaurés et il en est de même dans les villages d’itinéraire des bovidés entrant et sortant du Sabotsibe de Befandriana. Les fokonolona de ces lieux de passage des bœufs doivent s’organiser en veilleurs de nuit à tour de rôle. Ils doivent être armés d’outils divers : sagaies, couteaux, haches, des lanternes ou torches, des sifflets ou autres.

3. Demande de création ou développement de structure de micro-finance

Le problème financier est l’un des obstacles des paysans pour effectuer une activité agricole de grande dimension. Pour résoudre ce problème épineux, et pour qu’un paysan producteur puisse cultiver et élever beaucoup plus par exemple, nous proposons aux paysans de contracter des emprunts monétaires, pour pouvoir s’engager à une grande opération agricole. Donc, on doit créer une structure micro-financière pour le développement rural sur place et pour faciliter l’accès des paysans producteurs aux services financiers.

9 Voir annexe pour ce modèle

113 Le remboursement des prêts se fera à échéance, avec un taux d’intérêt différé, suivant les périodes. Dans ce cas, le marché de Sabotsibe connaît beaucoup d’intérêts. D’abord, les paysans s’orienteront vers la culture intensive. Ils trouvent toujours différents types de produits face au financement qui facilite le travail agricole. Enfin, on a sans cesse le moyen d’approvisionner le marché de toutes sortes de produits. Au-delà d’une simple place commerciale, le marché de Sabotsibe joue le rôle de rassembleur de valeur dans la communauté de Befandriana. Il est une source monétaire importante pour les marchands et la municipalité. Il favorise la satisfaction des consommateurs par la présentation d’une multitude de produits et services. Le marché de Sabotsibe est perçu alors comme un moteur de revitalisation et de développement rapide pour le quartier d’Antanambola et de Befandriana-Nord.

114 CONCLUSION

L’étude géographique de la commune urbaine de Befandriana-Nord et les communes rurales environnantes permet de mettre en exergue les interrelations de la zone de Befandriana et le secteur commercial. Elle évoque particulièrement dans ces zones la place de la vente des bœufs au marché de Sabotsibe et ses impacts sur la communauté. Le marché de Sabotsibe est un phénomène spatial, économique et social d’une importance primordiale pour la ville. Dans ce contexte, il est devenu un inducteur et un moteur du dynamisme de la commune urbaine. Il engendre des impacts visibles dans le paysage de cette dernière et répond de manière optimale aux besoins de la population urbaine mais aussi et surtout rurale, en exerçant une forte attraction de produits et de l’opération économique. L’analyse de l’élevage bovin dans les communes rurales fait connaître que la valorisation de cette filière peut constituer un moteur de développement économique de ces zones. L’étude de la provenance des produits, des marchands et des consommateurs nous a permis de définir que la zone couverte par l’influence de Befandriana-Nord et de son marché est assez étendue, avec les communes rurales du district de Befandriana, comme principale cible. Bref, le marché de Sabotsibe correspond à ce que l’on attend réellement d’un marché. Il est situé dans un quartier accessible aux produits et aux agents économiques grâce aux moyens de transport et voies de communication diversifiés. Il arrive à répondre à la demande de plus en plus exigeante des clients par la diversité et la qualité des produits vendus. C’est un marché urbain mais qui garde toujours une empreinte rurale. Nous estimons que la spécificité de cette contribution dans l’analyse du mécanisme économique qui est le marché de Sabotsibe réside dans plusieurs points. Malgré quelques problèmes qui empêchent la promotion des activités, comme l’absence d’une banque et la défectuosité de l’état des routes dans le district, la majorité des grands clients viennent toujours vue l’insuffisance des bovidés dans les autres marchés de la région Sofia. La grande partie des bœufs est acheminée vers la partie Est de Madagascar, ce qui rapporte une somme importante pour le district en termes de ristournes ; sans parler des différents taxes sur le marché. La spécificité de cette contribution dans l’analyse du mécanisme socio-économique, sur le marché de Sabotsibe réside dans plusieurs points :

115 -L’apport d’une plus ample connaissance de la commune urbaine de Befandriana et une meilleure compréhension des systèmes économiques en jeu dans le commerce de bovidés surtout. -l’analyse multi scalaire pour la détermination de la zone d’approvisionnement et l’aire d’influence de marché de Sabotsibe au niveau, d’une part des fournisseurs assez étendus autour de la ville démontrant une étroite interdépendance entre eux , qui offrent la quasi- totalité des produits et d’autre part des fournisseurs qui viennent d’autres régions. -l’apport quant à l’étude de cas précis illustrant la situation financière générale de marchands et des consommateurs sur le marché. Comme toutes activités économiques, le marché de Sabotsibe rencontre beaucoup de problèmes qui peuvent être regroupés sur le plan social, et sur le plan économique. Il rencontre aussi certaines difficultés d’ordre organisationnel et fonctionnel, ce qui ne réduit pas pour autant son intensité et son dynamisme, notamment les jours de grand marché. Le vrai problème est la baisse progressive du nombre des zébus élevés par communes dans le district de Befandriana-Nord depuis 2005. Face à ces divers problèmes, qui peuvent bloquer le développement de la filière bovidé tsenan’omby il faut sensibiliser tous les responsables concernés y compris les paysans producteurs. Mais malgré tout, le marché de Sabotsibe reste toujours le pilier de l’économie de la ville permettant d’approfondir les différentes logiques économiques de l’administration, des agents économiques, de la circulation des produits et des capitaux. Sa présence est un préalable indispensable aux activités rurales. Dans cette perspective, l’avenir de cette filière serait remis en question. L’avenir du marché et sa pérennité dans sa participation au développement du district de Befandriana dépendront de la capacité des agents économiques à intégrer ce système économique dans un cadre plus organisé et étendu.

116 BIBLIOGRAPHIE 1- Ouvrages généraux 1 BAILLY (A), FERRAS(F), PUMAIN(D), Septembre (1992) : Encyclopédie de géographie-Edition Economica, 1132p. 2 BASTIAN(G). (1967) : Madagascar, Etude géographique et économique- Fernand Nathan- Paris, 189 p. 3 BATTISTINI R, HOERNER J. M. (1986) : Géographie de Madagascar- SEDES- EDICEF. 4 BETHEMONT (J), (1970) : Géographie économique- Bordas- Paris, 211p. 5 BEAUJEU GARNIER J. et DELOBEZ A. (1977) : Géographie du commerce-Ed MASSON-Imprimé en Belgique, 282p. 6 CLOZIER R. (1969) : Géographie de la circulation-Ed GENIN, 404p. 7 COMTE J.(1967) : Les communes à Madagascar-ENPS, 104p. 8 DESCHAMPS. H. (1959) : Les migrations intérieures à Madagascar-Ed- Berger Levrault- Paris, 384p 9 DIAGNE Daouda. (2001) : L’évaluation de l’appui aux organisations paysannes -la nature de l’évaluation- Paris- Inter-Réseaux Développement Rural, 5p. 10 GEORGES P. (1970) : Dictionnaire de la Géographie- PUF , 510p. 11 GEORGES P. (1967) : Précis de la géographie rurale- 2e édition PUF, 510p. 12 HOERNER JM. (1986) : Géographie régionale du Sud-ouest de Madagascar- Tuléar Collection- Tsiokantimo , CUR, 137p. 13 PHILIPE d’ARVISENET et PETIT J.P. (1996) : Echanges et finances internationales - les enjeux- Collection ITB Banque, 575p. 14 RAMAMONJISOA J. (1978) : Antananarivo, étude géographique d’une espace Urbain- thèse du 3e cycle, 514p. 2- Ouvrages spécifiques 1- ANDRIAMIHAMINA R. (1985) : Talata Volonondry - la dynamique d’un marché périodique rural au Nord de Tananarive-Mémoire de maîtrise. 2- DONQUE G. Le Zoma d’Antananarivo - étude géographique d’un marché urbain- Thèse de 3e cycle-Antananarivo, 392p. 3- HANNICOTE G, (1973)- Les options de développement rural et leurs traductions dans les organismes mis en place pendant la première décennie de l’indépendance. Terre malgache n°15- pp 16-40.

117 4- HOERNER JM, (1981) : Agriculture et économie du marché dans le sud-ouest de Madagascar- Tana-in Omaly sy anio n° 13-14,pp 337-348. 5- LYLIA René de Roland.(1994) : Les problèmes d’organisation et de développement du Fivondronana de Befandriana-Nord- Mémoire de maîtrise-Toamasina, 207p. 6- ONG VITSIKY. (2003) : Plan du développement Communal à Antsakabary (Befandriana)-Mahajanga, 102p. 7- PEBARTHE J,(1972) : Ambatolampy et son environnement rural, Mémoire de maîtrise.

3 - Sources :

- Sources orales :

Enquête orales auprès :

-des paysans producteurs dans les différentes zones de production proches et lointaines.

-des collecteurs, des clients, des vendeuses, des marchands, des consommateurs.

-des divers services publics :-Bureau du service agricole

-Mairie

-Circonscription de la protection des bovidés de Mahajanga

-des chauffeurs, des maisons des paysans.

-Sources écrites :

-Statistiques de recettes encaissées par le service municipal de la commune urbaine de Befandriana-Nord, des communes rurales

Documentation de PCD (Plan Communal de Développement) sur la filière bovidé année 2008.

118 Liste des tableaux

Tableau n° I: Répartition de la population par fokontany(année 2009) ...... 20 Tableau n° II: La représentation et la composition du cheptel par classe d’âge sur le Sabotsibe ...... 39 Tableau n° III : Représentation des prix des bœufs sur le Sabotsibe à la saison sèche ...... 52 Tableau n° IV: Représentation des prix des bœufs sur le marché de sabotsibe à la période de soudure ...... 52 Tableau n° V: Mouvements sur les marchés des bestiaux ...... 59 Tableau n° VI : Prix moyens des poissons sur le marché de Sabotsibe ...... 66 Tableau n° VII: Comparaison de prix de détail de la viande et du poisson sur le marché (Ar/kg) ...... 67 Tableau n° VIII : Les recettes annuelles obtenues ...... 86 Tableau n° IX: Répartition des services annexes du marché ...... 90 Tableau n° X: Répartition de la population par activité ...... 93 Tableau n° XI : Répartition des marchands suivant les activités commerciales et extra-commerciales ...... 93 Tableau n° XII: La dépense obligatoire par an selon l’exemple de deux types de commerçants (en Ar) ...... 94 Tableau n° XIII: La dépense mensuelle des trois types de famille clientes du marché, de Sabotsibe (en Ar) ...... 97 Tableau n° XIV: Bilan budgétaire mensuel des trois types de famille(en Ar) ...... 98 Tableau n° XV: La recette obtenu par la municipalité en une journée de grand marché(en Ar) ...... 101 Tableau n° XVI : Evolution des bœufs récupérés ...... 108

Liste des photos

Photo n° 1 : Les épiceries, et les boucheries de bazaribe ...... 22 Photo n° 2 : Les pavillons et les étalages de bazaribe ...... 22 Photo n° 3: L’approvisionnement du marché de Sabotsibe par charrette est garanti pour toute l’année ...... 44 Photo n° 4: La calèche :moyen de transport non motorisé ...... 44 Photo n° 5 :Un bœuf de type Vositra au marché: ...... 44 Photo n° 6: Les gendarmes et les polices contrôlent ...... 72 Photo n° 7: Les cordes ...... 72 Photo n° 8: molôlo ,la nourriture des bœufs ...... 72 Photo n° 9: Hangar réservé à la boucherie...... 73 Photo n° 10: Invasion des effets vestimentaires en friperie ...... 73 Photo n° 11: Produits utiles à la vie quotidienne de la population...... 73 Photo n° 12: Valan’omby dans le marché de Sabotsibe ...... 104 Photo n° 13; Marché de Sabotsibe et composition du cheptel ...... 104

119

Liste des croquis

Croquis n° 1 : Le marché de Sabotsibe dans la ville de Befandriana ...... 15 Croquis n° 2: Localisation du quartier d’Antanambola dans la commune urbaine Befandriana-Nord 19 Croquis n° 3: Le plan du marché...... 24 Croquis n° 4: Accessibilité du marché de Sabotsibe ...... 30 Croquis n° 5: Origine des marchands et des clients du marché…………………………………………………………76 Croquis n° 6 : L’aire d’influence du marché communal …………………………………………………………………..81 Croquis n° 7: L’approvisionnement du marché Sabotsibe ...... 82 Liste des cartes Carte n° 1: Localisation du district de Befandriana-Nord ...... 12 Carte n° 2 : Route des zébus ...... 51 Carte n° 3: les principales zones de production et de collecte à Madagascar ...... 54 Carte n° 4 : Destination des bovidés………………………………………………………………………………………………… 60 Liste des figures

Figure n° 1: Les circuits commerciaux trouvés sur le marché, du producteur au consommateur ...... 42 Figure n° 2 : Les circuits commerciaux des bovidés ...... 58 Liste des graphes

Graphique n° 1 : Représentation annuelle de nombre de zébus ...... 57 Liste des schémas

Schéma n° 1: La répartition des services trouvés sur le marché de Sabotsibe ...... 91

120 ANNEXE I

Exemple d’un acte de vente de bovidé

ANNEXE II

121 ANNEXE II

Exemple d’un passeport de bovidé

ANNEXE III

122 ANNEXE III

Modèle d’un certificat d’origine des bestiaux

123 ANNEXE IV Exemple de Kahier Telo

124 TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE LISTE DES ABREVIATIONS GLOSSAIRE REMERCIEMENTS RESUME INTRODUCTION ...... 7 PREMIERE PARTIE : LE MARCHE DE SABOTSIBE : STRUCTURE ET ORGANISATION ...... 11 Chapitre I : PRESENTATION DU MARCHE DE SABOTSIBE ...... 13 I. Définition du concept ...... 13 A. Le marché : un fait spatio-temporel ...... 13 B. Caractère humain et économique du marché ...... 14 II. Mise en place du marché de Sabotsibe ...... 14 Nous allons voir ci-dessus le croquis qui montre le marché de Sabotsibe dans la ville de Befandriana-Nord suivant la structure du paysage urbain...... 16 A. Historique de la mise en place du marché de Sabotsibe ...... 16 B. Sa situation dans la commune ...... 17 1. Position stratégique du quartier d’Antanambola ...... 18 2. Le marché de Sabotsibe et le marché de Bazaribe ...... 20 Chapitre II : UNE STRUCTURE FACILITANT LA DISTRIBUTION DES PRODUITS ...... 23 I. Plan actuel du marché ...... 23 II. Aménagement du marché ...... 27 III. Accessibilité au marché de Sabotsibe ...... 29 A. Une desserte routière favorable aux échanges ...... 29 B. Les moyens de transports ...... 31 1. Le transport charroi ...... 31 2. Le transport par calèches, traineaux, bicyclettes ...... 32 3. Autres modes de transports non motorisés ...... 33 4. Les moyens motorisés ...... 33 Chapitre III : ORGANISATION GENERALE DU MARCHE DE SABOTSIBE ...... 34 I. Du point de vue administratif ...... 35 II. Sabotsibe comme marché bi-mensuel de bovidés ...... 37

125 III. Le marché : étape transitoire de la production à la consommation...... 39 DEUXIEME PARTIE : LA COMMERCIALISATION DES ZEBUS ET LE SYSTEME COMMERCIAL DES PRODUITS DANS LE MARCHE DE SABOTSIBE ...... 45 Chapitre IV : LE MARCHE DE SABOTSIBE :UN CENTRE DE COMMERCE DE ZEBUS...... 46 I. La place du bœuf dans la Région Sofia ...... 46 A. La place du bœuf au niveau social ...... 46 B. Place du bœuf au niveau économique ...... 47 II. La commercialisation des zébus ...... 47 A. Organisation et différentes difficultés rencontrées ...... 48 B. Les prix et leur variation ...... 52 C. Les principales zones de production et de collecte ...... 54 D. Les bœufs dans le revenu du ménage ...... 61 Chapitre V: LE MARCHE DE SABOTSIBE : UN CENTRE D’ECOULEMENT DE PRODUITS VARIEE ...... 62 I. Sabotsibe, foison de produits agricoles...... 62 A. Les produits vivriers ...... 63 B. La place privilégiée de la viande et des ressources halieutiques ...... 64 1. La viande ...... 64 2. Les ressources halieutiques ...... 65 C. Les cultures commerciales ...... 67 II. Le commerce de produits manufacturés et des produits de premières nécessités ...... 68 A. Le secteur du textile et de l’habillement ...... 69 1. Le textile ...... 69 2. Autres produits manufacturés et artisanaux ...... 69 B. Les produits de première nécessité ...... 71 Chapitre VI : L’AIRE D’INFLUENCE DU MARCHE DE SABOTSIBE ...... 74 I. Etude des comportements des intervenants ...... 74 A. Les commerçants ...... 74 B. La provenance des clients définit aussi l’aire d’influence du marché ...... 77 II. Typologie des consommateurs ...... 77 III. La zone d’influence du marché de sabotsibe ...... 77 IV. Le marché de Sabotsibe comme centre de convergence des produits locaux et régionaux . ………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 79 A. Les producteurs agricoles et les éleveurs...... 79 B. Les ressources halieutiques locales ...... 80

126 TROISIEME PARTIE : LES IMPACTS DE LA MISE EN PLACE DU MARCHE ET LES PERCEPECTIVES D’AVENIR...... 84 Chapitre VII : LE MARCHE DE SABOTSIBE COMME SOURCE DE DEVELOPPEMENT LOCAL ...... 85 I. Les avantages des paysans producteurs ...... 85 II. Les intérêts de la ville de Befandriana...... 86 A. Sur le plan de l’urbanisme ...... 87 B. Les chambres d’hôtel ...... 87 III. Création d’emploi ...... 88 A. Les marchands ...... 88 B. Les services générés par le marché...... 88 1. La restauration ...... 88 2. Les coiffeurs ...... 89 3. Les autres services trouvés sur le marché...... 90 Chapitre VIII : BEFANDRIANA-NORD : LA VALEUR D’UN MARCHE DANS LE DISTRICT...... 91 I. Le rôle social du marche...... 92 II. Le marché de Sabotsibe comme centre d’animation de la ville ...... 92 A. Le commerce comme source principale de revenus pour les marchands ...... 93 B. Le marché pour les consommateurs ...... 95 C. Contribution du marché aux finances locales ...... 99 D. Augmentation des impôts et taxes sur les bovidés ...... 102 1. Recettes sur le ticket du marché de Sabotsibe ...... 102 2. Droits que doivent payer les vendeurs de bovidés ...... 103 3. Droits que doivent payer les acheteurs de bovidés ...... 103 4. Droit de sortie des bovidés ...... 103 Chapitre IX : IMPACTS NEGATIFS DU MARCHE ET SUGGESTIONS ...... 105 I. Impacts négatifs ...... 105 A. Au niveau social ...... 105 1. Insécurité dans la ville ...... 105 2. Multiplication des avortements ...... 106 3. Les maladies sexuellement transmissibles ...... 106 B. Dans le domaine de l’éducation ...... 107 1. Les enfants délinquants ...... 107 2. La déperdition scolaire ...... 107

127 C. Les vols de bœufs ...... 108 II. Les suggestions ...... 109 A. La participation de l’Etat ...... 110 1. La surveillance de la ville ...... 110 2. Multiplication de postes vétérinaires ...... 110 B. Le domaine de l’éducation ...... 110 1. Surveillance des enfants ...... 111 2. Sensibilisation des parents ...... 111 C. Le contrôle strict du marché de Sabotsibe et la participation de la commune...... 112 1. Mobilisation des jeunes ...... 112 2. Les contrôles et le couvre-feu ...... 112 3. Demande de création ou développement de structure de micro-finance ...... 113 CONCLUSION ...... 115 BIBLIOGRAPHIE ...... 117 ANNEXE I ...... 121 ANNEXE II ...... 122 ANNEXE III ...... 122 ANNEXE IV ...... 123

128