UNIVERSITÉ MOHAMMED V – AGDAL FACULTÉ DES SCIENCES Rabat N° d’ordre : 2346 THESE DE DOCTORAT D’ETAT

Présentée par

SAIDA NIAZI

Discipline : Géosciences de l’Environnement Spécialité : Changements Climatiques et Zones Côtières

Evaluation des impacts des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer sur le littoral de Tétouan (Méditerranée occidentale du Maroc): Vulnérabilité et Adaptation.

Soutenue le 06/07/2007 devant la commission d’examen :

Président :

Pr. EB. JAAIDI …………. .Professeur à la Faculté des Sciences, Rabat

Examinateurs : Pr. M. SNOUSSI ………. Professeur à la Faculté des Sciences, Rabat ………………… ..

Dr. K. HILMI ……………Chef de l’Unité de R.D.O. à l’INRH, Casablanca ……………….. Pr. A. SADOK ………...Doyen de la Faculté des Sciences Ain Chok, Casablanca….....

Pr. M. SINAN …………. Chef du Département Hydraulique de l’EHTP, Casablanca …… Pr. A. CHALOUAN ….. Professeur à la Faculté des Sciences, Rabat……………………

Invité :

Dr. A. MOKSSIT …….. Directeur Adjoint de la DMN et Chef du CRNM, Casablanca…...

------Faculté des Sciences, 4 Avenue Ibn Battouta B.P. 1014 RP, Rabat – Maroc Tel +212 (0) 37 77 18 34/35/38, Fax : +212 (0) 37 77 42 61, http://www.fsr.ac.ma

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Avant propos

Les travaux présentés dans cette thèse ont été effectués dans le cadre du Groupe de Recherche en Environnements Côtiers (GREC), du Laboratoire d’Océanologie, Géodynamique et Génie Géologique (LOG3) du département de Géologie de la Faculté des Sciences de Rabat.

Au terme de ce travail, je tiens tout d’abord à remercier Monsieur, le Professeur Wail Benjalloun, Doyen de la Faculté des Sciences de Rabat, qui m’a permis de poursuivre mes études doctorales dans son établissement.

Je dois une vive reconnaissance au Professeur Maria SNOUSSI, Directrice de Recherche, pour l’intérêt incessant qu’elle a porté au suivi de ce travail, en dépit de ses occupations et malgré la difficulté rencontrée tout le long de cette étude. Elle a toujours su m’encourager; ses conseils et ses critiques m’ont été toujours constructifs. Je la remercie vivement de son aide morale et scientifique durant les moments critiques de cette thèse, et surtout pour m’avoir transmis sa passion de la recherche et la motivation nécessaire pour mener à bien ce travail. Qu’elle trouve dans ces mots l’assurance de ma loyale amitié et l’expression indéniable de mon estime et mon respect. Merci donc à Maria, pour ton soutien, ta disponibilité, ton exigence et tout l’intérêt que tu as accordé à mes travaux. Merci encore pour m'avoir fait confiance tout au long de cette thèse et pour m’avoir motivé à vaincre mes propres limites. J’ai une pensé particulière aux bons moments passés en Turquie lors du congrès de la CIESM.

Je tiens à remercier Monsieur El Bachir JAAIDI Professeur en Océanologie et Chef de Département de Géologie à la Faculté des Sciences de Rabat, pour m'avoir fait l'honneur d'être président du jury et rapporteur de mon travail. Qu’il soit aussi très sincèrement remercié pour les encouragements qu’il m’a souvent prodigués et pour tous ses conseils toujours pertinents et attentifs.

J’adresse mes vifs remerciements à Monsieur Ahmed CHALOUAN, Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat pour ses encouragements et pour m’avoir fait l’honneur d’être membre de jury de cette thèse ; qu’il trouve ici l’expression de ma gratitude.

Je témoigne ma gratitude au professeur Abdelaziz SADOK, Doyen de la Faculté des Sciences Ain Chok, à Casablanca, pour le grand Honneur qu’il me fait en acceptant de siéger à mon jury, qu’il trouve ici ma profonde reconnaissance.

Mes remerciements vont tout particulièrement à Monsieur Karim HILMI, Docteur en Océanographie et Chef de l'Unité de Recherche et Développement en Océanographie à l'Institut National de la Recherche Halieutique à Casablanca qui a eu l’amabilité d’avoir accepté la charge d’être rapporteur de ma thèse, d’accepter de juger ce travail et de participer à ce jury.

Au Professeur Mohamed SINAN, Chef du Département Hydraulique à l’Ecole Hassania des Travaux Publics de Casablanca, j’adresse mes vifs remerciements pour les remarques et suggestions lors de nos fructueuses discussions ; ses conseils m'ont permis d’améliorer le contenu de ma thèse. C’est pour moi un honneur de le voir siéger dans mon jury de thèse.

Je tiens à remercier vivement le Docteur Abdallah MOKSSIT, Directeur Adjoint de la Direction de la Météorologie Nationale et Chef du Centre de Recherche National de la Météorologie, pour l’intérêt qu’il accorde à ce travail et pour avoir bien voulu m’honorer par sa présence.

Je suis gré à Madame Isabelle Niang DIOP, Professeur au Département de Géologie de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Cheikh Anta au Sénégal, pour les conseils et les suggestions durant les fructueuses discussions que nous avons eu.

Si ce mémoire a pu voir le jour, c’est grâce au soutien de nombreuses personnes que je tiens à remercier vivement. S’il se trouve que j’oublie de citer certaines d’entre elles, je souhaite qu’elles ne m’en tiennent pas rigueur, les remerciements qui s’en suivent leurs sont également adressés.

Tous mes remerciements à ceux dont les contacts et les discussions m’ont éclairé, ceux qui n’ont pas hésité à m’apporter une aide précieuse dans mes travaux. Mes remerciements s’adressent à : Mme Ennahnahi Ahmamou de la Direction de l’Urbanisme, Mme Kafife de l’énérgie et les Mines, Mr Hanafi de la Direction des eaux et Forêts, Mrs El Moutchou B., Stitou El Messari, et Nachite D., professeurs à la Faculté des Sciences de Tétouan, Mr Zourara K., professeur à la Faculté des Sciences d’El Jadida, Mr Merzouk et Mme Ahizoune de la Direction des ports, Mr Youssfi de la Faculté des Sciences de Rabat, et Mr Imassi S. du Ministère de l’Intérieur.

Mes remerciements vont également à tous mes Collègues du département de géologie, pour leur soutien moral, leur aide et collaboration qu’ils m’ont toujours témoignés, et je ne pourrais oublier bien sûr ma très chère amie Rachida, la secrétaire du Département de Géologie. Merci à vous aussi mes compagnons de travaux pratiques, Mme Daghmoumi et Mr Ahmamou. Un grand merci aussi à celles et ceux rencontrés lors des colloques ou réunions et avec qui j’ai eu des discussions enrichissantes, à Oujda, à Rabat, à El Jadida, à Safi et en Turquie.

Je ne pourrai remercier assez mes sœurs qui chacune à leur manière ont contribué à la réalisation de ce travail. Pour leur aide et leur soutien à tous les instants, qu’elles trouvent ici l’expression de mes sincères remerciements et mon affection pour leur soutien au fil des années. Merci à toi Ghizlane pour avoir eu la tache de lire et relire mon manuscrit. Et je ne saurais oublier toute ma famille et belle famille qu’elles trouvent ici l’expression de mon affectueuse reconnaissance pour le soutien et les encouragements.

Pour couronner ces remerciements, je rends un hommage à ma Mère pour la confiance qu'elle a su garder en ma capacité à rendre à terme tous mes projets, pour son irremplaçable et inconditionnel soutien. « Ton amour maternelle, ton soutien, et tes encouragements m’ont été d’une aide précieuse. Aucune dédicace ne saurait exprimer à sa juste valeur l’estime que j’ai pour toi. Avec tout mon amour MERCI et que Dieu puisse te prêter longue vie »

Il reste enfin ma petite Douha, qui a supporté pendant cette période de mémoire les éloignements et les moments souvent difficiles, je dirai à celle qui a toujours souri devant mes manques chroniques de disponibilité lors de ces années de thèse, que j’ai fini ce travail et je serai plus souvent à ton écoute.

Le plus fort de mes remerciements est pour mon époux Youssef, à qui je tiens un hommage particulier pour le soutien inlassable aux moments opportuns, outre le mérite de m'avoir supporté, Merci pour avoir été patient, pour avoir été attentif à mes pannes d’ordinateur, pour ton aide sur le terrain, et d'être toujours à mes côtés durant les colloques et sur le terrain. Merci de m'avoir tenu la main jusqu'aux dernières lignes de ce mémoire. Je n'en serais pas arrivé à ce point sans ton soutien constant, tes encouragements et aides tout au long de vie que j'ai investis dans cette recherche et dans la rédaction de cette thèse. Ces quelques mots ne peuvent guère traduire ma gratitude, ce travail n’aurait pu voir le jour sans ton aide. Merci à toi et à DOUHA pour votre support moral qui a été indispensable pour maintenir ce projet à flot au travers des aléas de la vie, et pour la part certaine que vous avez joué dans ma compréhension de l'articulation vie professionnelle/vie familiale.

A tout ceux qui me sont chers et qui m’ont apporté leur affection et leur confiance, vous qui étiez toujours présents pour écarter les doutes, soigner les blessures et partager les joies, à toi Maman, Douha, Youssef, Hasna, Ghizlane et Najia, je dédie ce mémoire, sans vous, ce travail n’aurait pu exister, il est le vôtre.

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Résumé ------Evaluation des impacts des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer sur le littoral de Tétouan (Méditerranée occidentale du Maroc): Vulnérabilité et Adaptation. ------ Partantdupostulatqueleréchauffementdusystèmeclimatique,et l’élévation conséquente du niveau de la mer sont maintenant pour la communauté scientifi que sans équivoques, cette étude a tenté de contribuer aux efforts menés pour l’évaluation de la vulnérabilité et de l’adaptationdeszonescôtièresmarocainesfaceàceschangements. Le choix du littoral de Tétouan se justifie par le fait que c’est un lit toralfortementsollicitédepuisplusieursdécennies,parlesactivitésde développement,notammenturbainettouristiquequiontinterféréavecla dynamique hydrosédimentaire du système côtier et causé une forte érosiondesplages.L’étatenvironnemental actuel,fortementdégradéde celittoral, présagededifficultésmajeures às’adapterencasd’élévation duniveaudelamer,siaucunemesuren’estentreprisepourleprotéger decephénomènepourtantinéluctable. L’analyse des impacts biogéophysiques et socioéconomiques, selon différents scénarios et en considérant les horizons temporels 2050 et 2100,amontré quetroistypesprincipauxd’effetspotentielsaffecteraient cetespacecôtier: Une accélération de l’érosion côtière. Certaines plages vont for tement reculer et d’autres disparaître complètement (plages de Riffiene et Azla) aucoursdesprochainesdécennies. 20%delatotalitédulittoralprésenteraientunrisquedesubmersionavec un niveau d'inondation minimum (5m); et 27% pour un niveau de submersionmaximum(10m). Une intrusion saline affecterait jusqu’à la moitié de la superficie des aquifèresdeSmiretAlilaen2100. Touscesimpactsaurontdesincidencessurlabiodiversitéetlesnombreux écosystèmes de ce littoral, ainsi que sur les activités socioéconomiques delarégion. Les cartes de vulnérabilité élaborées révèlent une vulnérabilité à l’élévationduniveaudelamerforte(entreFnideket M’diq)àtrèsforte (entre Cabo Négro et Azla). Par conséquent, des mesures d’adapta tion s’imposent dés à présent. Les options proposées combinent des techniques dures et douces, ainsi que des mesures d’accompagnement pourlemoyenetlongterme. Mots clés : Réchauffement climatique – Elévation du niveau de la mer Littoral de Tétouan Impacts biogéophysiques Incidences socio économiquesVulnérabilitéetadaptation.

TABLE DES MATIERES Listedesfigures Listedestableaux Listedesannexes Acronymes INTRODUCTION GENERALE …………………………………………………………………….……..1

Partie 1 : GENERALITES 6

Chapitre 1 : Changements climatiques et élévation du niveau de ...... 7 la mer IINTRODUCTION………………………………………………………………………………………………………….8 IICAUSESNATURELLESDESVARIATIONSDUCLIMATDELATERRE...... 8 II1.L’activitésolaireetlesparamètresastronomiques……………………………………. 9 II2.Lesactivitésvolcaniques……………………………………………………….…………………….10 II3.Lacirculationthermohaline……………………………………………………….…………………10 II4.L’OscillationNordAtlantique(NAO)…………………………………………………………….10 II5.L’effetdeserre………………………………………………………………………………………………11 IIIQU’ESTCEQUELECHANGEMENTCLIMATIQUE?...... 11 . III1.Lescausesnaturellesetanthropiquesduréchauffementclimatique……….12 … III2.Lesscénariosd’émissionsdegazàeffetdeserreduGIEC……………… 17 III3.Lesrapportsd’évaluationduGIEC……………………………………………………………..18 IVIMPACTSDURÉCHAUFFEMENTCLIMATIQUE…………………………………………………………….20 VÉLÉVATIONDUNIVEAUDELAMER:CAUSESETCONSEQUENCES………………………..22 V1.Lesfluctuationsduniveaudelameraucoursdestempsgéologiques………22 V2.Lesvariationsduniveaudelameraucoursdu20 ème siècle……………………..23 V21.Moyensdemesuresetd’observationduniveaumarin………………….23 V22.Modèlesclimatiques……………………………………………………………………....26 V3.Lesprincipauxfacteursdesvariationsduniveaudelamer………………………..28 V31.Dilatationthermique……………………………………………………………………….28 V32.Fontedesglacescontinentales……………………………………………………….28 V4.Lesconséquencesprévisiblesdelaremontéeduniveaumarin…………….……30 VILEMAROCETLESCHANGEMENTSCLIMATIQUES………………………………………………….…32 VIILELITTORALMAROCAINETL’ELEVATIONDUNIVEAUDELAMER………………………..34 VIIICONCLUSION…………………………………………………………………………………………………………..34 Chapitre 2 : Paramètres naturels et potentialités de la zone d’étude : le littoral de Tétouan …………………………………… 36

IINTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………………..37 IICARACTERISTIQUESNATURELLESDULITTORALDETETOUAN……………………………….37 II1.Lasituationetladescriptionmorphologique……………………………………………37 II11.Lalocalisationgéographique………………………………………………………….37 II12.Lamorphologiedulittoral………………………………………………………………39 II121.Lescôtesrocheuses…………………………………………………………41 . II122.Lescôtesmeubles………………………………………………………41

a-Les dunes ………………………………………………………………… ………41.. b-Les plages ………………………………….………………………………… 41 II123.Lesplainesalluviales………………………………………… ………..44 a-La plaine de Restinga ……………………………………………………..44 b-La plaine de Smir …………………………………………………………44 c- La plaine de Martil-Alila ……………………………………………….44 II13.Lamorphologieetlasédimentologieduplateaucontinental 45 II2.Lanatureetl’évolutiondusubstratdulittoral…………………………………. 45 II21.Lecontextegéologique………………………………………………………….. 46 II211.Domainesmorphostructuraux………………………………… 46 a- Le domaine interne ………………………………………………… …47 b- Le domaine des flyschs ………………………………………………47 c- Le domaine externe …………………………………………………. 48 II212.Lesformationsplioquaternaires…………………………… 48 a- Le Pliocène ……………………………………………………………… 48 b- Les formations quaternaires …………………………………..48 II22.Latectonique(fracturation,néotectonique)………………………………49 II3.Lesfacteursdel’évolutiondelafrangelittoraledeTétouan…………… 51 II31.Lacirculationocéanique…………………………………………………………51 II32.Lacirculationatmosphérique………………………………………………… 53 II33.Lescaractéristiquesclimatiques…………………………………………… 54 II331.Humidité……………………………………………………………………. 54 II332.Température……………………………………………………………… 54 II333.Précipitations…………………………………………………………… 54 II334.Vent……………………………………………………………………………55 II335.Evaporation…………………………………………………………………56 II34.Lesprocessushydrodynamiques……………………………………………… 56 II341.Dynamiquefluviale………………………………………………… 56 II342.Dynamiquemarine………………………………………………………59 aLeshoules…………………………………………………………………….59 bLamaréeetlescourtscôtiers…………………………………….60 cLeniveaudelamer………………………………………………… 62 II4.Lecontextesédimentologique………………………………………………………….. 63 II41.Lessourcesd’approvisionnementensédiments………………… 64 II411.Lesapportsterrigènes………………………………………………64 II412.Lesapportséoliens………………………………………………… 65 II413.Lessédimentsbiogéniques…………………………………… 65 II414.Lesapportsmarinsetcôtiers………………………………… 65 II42.Lescaractéristiquesgranulométriques………………………………… 66 II421.Surlacôtenord……………………………………………………… 66 II422.Surlacôtesud…………………………………………………………… 67 II43.Larelationentrelapentedelaplageetlagranulométrie desSédiments……………………………………………………………………… 68 II44.Lesmouvementssédimentaires……………………………………………… 69 II441.Mouvementdansleprofil………………………………………… 69 II442.Transitlittoral……………………………………………………………69 IIIRESSOURCESNATURELLESETPOTENTIALITESDULITTORALDETETOUAN…….70 III1.Lesressourceseneau………………………………………………………………… 70 III11.Leseauxdesurface……………………………………………………………… 71 III12.Leseauxsouterraines………………………………………………………….. 71 III2.Lesressourcesensol……………………………………………………………………….. 72 III3.Lesressourcesminières…………………………………………………………………72 III4.Labiodiversitéetlesécosystèmesnaturels………………………………… 73

III41.Ladiversitévégétale…………………………………………………………… 73 III42.Lesressourcesanimales………………………………………………………74 III43.Lesécosystèmesnaturels……………………………………………………… 74 III5.Lesactivitéssocioéconomiques………………………………………………………75 III51.Lapopulation……………………………………………………………………… 75 III52.Leszonesurbainesenextension………………………………………… 75 III53.Lessecteurséconomiques…………………………………………………… 76 III531.L’agricultureetl’élevage……………………………………… 77 III532.Lapêche……………………………………………………………… 77 III533.Letourisme…………………………………………………………… 78 III534.L’industrieetl’artisanat……………………………………… 79 III535.Lecommerce……………………………………………………… 79 III54.Leséquipementseninfrastructuresdebase…………….………… 80 III541.Lesinfrastructuresdecommunication……………………80 III542.L’approvisionnementeneaupotableet l’assainissement… ………………………………………………………………………… 80 III543.Lesouvragesdeprotection………………………………… 81 IVCONCLUSION………………………………………………………………………………………………….. 82 Conclusion de la partie1………………………………………………………………….………………… 84

PARTIE II EVOLUTION MORPHOLOGIQUE DU LITTORAL DE TETOUAN AU COURS DU DERNIER DEMI SIECLE 85 ..

Chapitre 1 : Etude rétrospective de l’évolution morphologique du littoral de Tétouan ……………………………………………………………………………………. 86 IINTRODUCTION………………………………………………………………………………………………….. 87 IIMETHODOLOGIEADOPTEE………………………………………………………………………………. 87 IIICINEMATIQUEDUTRAITDECOTE:ANALYSEDIACHRONIQUE………………….. 89 Entre19581986……………………………………………………………………………….……… ………. 89 Entre1986–1997…………………………………………………………………………………………….. 92 Entre1997–2003………………………………………………………………………………...... 92 IVTENDANCEEVOLUTIVEDURIVAGEETVARIATIONSSPATIOTEMPORELLES………96 IV1.L’évolutioncôtièreparzone………………………………………………………………96 IV2.L’évolutioncôtièreparpériode………………………………………………………….. 96 VCONCLUSION…………………………………………………………………………………………………….. 97

Chapitre 2 : FACTEURS RESPONSABLES DE L’EROSION DU LITTORAL DE …100 TETOUAN. IINTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………. 100 IIMETHODOLOGIE…………………………………………………………………………………………………. 100 IIIPHENOMENESNATURELSMAJEURS………………………………………………………………. 102 III1.Lafaiblealimentationdesplages……………………………………………………… 102 III2.Lalargeurduplateaucontinentaletlamorphologiedesplages………… 103 III3.Lesfacteurshydrodynamiquesmarins……………………………………………… 104 III31.Lescourantsdemarée…………………………………………………………104

III32.Lescourantsdedérivelittorale……………………………………………104 III33.Leshoulesdetempêtes………………………………………………………. 105 III34.L’élévationduniveaumarin……………………………………………… 106 III4.Lesprocessusmorphodynamiques………………………………………………… 107 IVACTIONSANTHROPIQUESETLEURSIMPACTSSURLELITTORALDE TETOUAN………… ………………………………………………………………………………………………………………… 108 IV1.Lesbarragesetlesinfrastructuresportuaires………………………………….. 109 IV2.Lesextractionssédimentaires……………………………………………………………… 110 IV3.L’urbanisationlittoraleetlasurfréquentationdesplages…………….. 111 IV4.Lesouvragesdeprotectionparallèlesàlacôte……………………………….. 112 VANALYSEDESCAUSESDERECULDURIVAGEPARPERIODED’ETUDE………… 113 VICONCLUSION…………………………………………………………………………………………………… 117 Conclusion de la partie 2 ……………………………………………………………………….. 117 PARTIE III IMPACTS BIOGEOPHYSIQUES ET SOCIO ECONOMIQUES DE L’ELEVATION 119 DU NIVEAU DE LA MER SUR LE LITTORAL DE TETOUAN : APPROCHE PREVISIONNELLE.

Chapitre 1 : Estimation des terres à risque d’érosion côtière du littoral de Tétouan. Etude prospective relative à une remontée accélérée du niveau marin 120

IINTRODUCTION…………………………………………………………………………………………..……….121 IIMÉTHODOLOGIE…………………………………………………………………………………………………… 121 II1.Lesscénarioschoisis………………………………………………………………………..………122 II11.Lavitessed’élévationlocaleduniveaudelamer…………………… 122 II12.LeTauxdelaremontéeeustatiquedurantle21 ème siècle…………122 II13.Leshorizonstemporels…………………………………………………………… 123 II2.Laformuleadoptée: La loi de Bruun…………………………………………………… 124 II3.Lessecteurssélectionnés…………………………………………………………………………126 IIIPRÉVISIONSRELATIVESAL’ÉVOLUTIONFUTUREDUTRAITDECOTE DETÉTOUAN……………………………………………………………………………………………………127 III1Scénariosd’érosioncôtièreauxhorizons2050et2100delacôte nord:deFnidekàM’diq……………………………………………………………… 129 III2.Scénariosd’érosioncôtièreauxhorizons2050et2100delacôte sud:deCaboNégroàAzla………………………………………………………. 131 IVCONCLUSION……………………………………………………………………………………………………… 132

Chapitre 2 : Evaluation des terres à risque d’inondation dû à

une remontée accélérée du niveau marin du littoral de Tétouan. 133

IINTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………… 134 IIMETHODOLOGIE…………………………………………………………………………………………………… 134 II1.Lesscénariosutilisés………………………………………………………………………………135 II2.Lesniveauxdesubmersion……………………………………………………………………135 II3.Facteurderisqued’inondation(R)………………………………………………………..136 II4.Lesestimationsdessuperficiesdesterresinondables…………………………136 IIIRESULTATS………………………………………………………………………………………………………… 136

III1.Lesscénariosd’inondation……………………………………………………………………… 138 III2.Leszonesàrisqued’inondation…………………………………………………………… 139 III3.Lesfacteursderisqued’inondation…………………………………………………………141 VINFRASTRUCTURESDANSLESZONESARISQUED’INONDATION…………………… 141 V1.Lavulnérabilitédeshabitats:zonesurbaines,périurbainesetrurales… 141 V2.Lesincidencessurlesréseauxd’approvisionnementeneauet d’assainissement…………………………………………………………………………………………..144 V3.Lavulnérabilitédelavoirieetduréseaudecommunication…………………………145 V31.Lacommunicationterrestre…………………………………………………. 145 V32.Lacommunicationaérienneetmaritime……………………………….. 146 V4.Lavulnérabilitédesouvragesdeprotection…………………………………………… 148 V5.Lavulnérabilitésociale……………………………………………………………………………..148 VICONCLUSION………………………………………………………………………………………………………… 148

Chapitre 3 : Vulnérabilité des aquifères côtiers de Tétouan à l’intrusion saline, conséquence d’une remontée accélérée du niveau de la mer 150

IINTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………… 151 IIMETHODOLOGIE………………………………………………………………………………………………… 151 IIIBISEAUSALEOURISQUED’INTRUSIONDESEAUXDEMERDANSLES NAPPESD’EAUDOUCE………………………………………………………………………………….. 154 III1.L’interfaceeaudouce/eausalée…………………………………………………………… 154 III2.Lavulnérabilitédeseauxsouterrainesàuneintrusiond’eausalée…… 156 IVÉVALUATIONDELAVULNERABILITEAL’INTRUSIONMARINEDESAQUIFERES CÖTIERSDETETOUAN………………………………………………………………………………………156 IV1.L’étatactueldesdeuxprincipauxaquifèrescôtiersdeTétouan: SmiretMartilAlila……………………………………………………………………………… 157 IV11.LanappephréatiquedeSmir………………………………………………… 157 IV12.L’aquifèredeMartil–Alila……………………………………………………… 160 IV2.L’applicationdelaméthodedeGALDITauxaquifèresdeSmiret MartilAlila……………………………………………………………………………………………………… 162 IV21.LareprésentationgraphiquedessixparamètresdeGALDIT 162 IV22.L’indicedeGALDITsouslesconditionsactuellesetfutures duniveaudelamer………………………………………………………………………. 171 V–CONSEQUENCESDEL’AVANCEEDEL’INTRUSIONSALINE……………………………… 175 VICONCLUSION………………………………………………………………………………………………………… 176

Chapitre 4 : Impacts de l’élévation du niveau de la mer sur les écosystèmes du littoral de Tétouan : Risque écosystèmique………………178 IINTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………… 179 IIREMONTEEDUNIVEAUDELAMERETECOSYSTEMESCOTIERS……………………… 179 IIIIMPACTSDESCHANGEMENTSCLIMATIQUESETDEL’ELEVATIONDUNIVEAU180 DELAMERSURLESPRINCIPAUXSYSTEMESECOLOGIQUESDULITTORAL… 180 III1.L’écosystèmeforestier………………………………………………………………………… 180 III2.Leszoneshumides………………………………………………………………………………… 181 III3.Lescordonsdunairesetlesplages……………………………………………………… 183 III4.Lafloreetlafaune…………………………………………………………………………… 184 IVCONCLUSION………………………………………………………………………………………………… 185

Chapitre 5 : Impacts socio-économiques de l’élévation du niveau de la mer sur le littoral de Tétouan……………………… 187 IINTRODUCTION………………………………………………………………………………………… 188 IIVULNERABILITEDUSECTEURDUTOURISME…………………………………………………… 188 IIIVULNERABILITEDEL’INDUSTRIE…………………………………………………………………… 189 IVVULNERABILITEDEL’AGRICULTURE…………………………………………………………………… 189 VVULNERAILITEDELAPECHE……………………………………………………………………………… 189 VIVULNERABILITEDUCOMMERCE……………………………………………………………………… 190 VII–CONCLUSION………………………………………………………………………………………… 190 PARTIE IV VULNERABILITE A L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER ET STRATEGIES D’ADAPTATION 192

Chapitre 1 : Zones du littoral de Tétouan les plus vulnérables à la remontée du niveau de la mer………………………………………… 193

IINTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………… 194 IIMETHODOLOGIE………………………………………………………………………………………………… 195 II1.L’indicecôtierdevulnérabilitéphysique(ICV)……………………………………… 195 II2.L’indicedevulnérabilitésocioéconomique…………………………………………… 197 II21.Lesvariablesdel’indicesocioéconomique…………………………… 197 II22.LeCalculdel’indicesocioéconomique…………………………… 199 IIIVULNERABILITEPHYSIQUEDULITTORALDETETOUAN…………………………… 200 IVEVALUATIONDELAVULNERABILITESOCIOECONOMIQUEDULITTORAL DETETOUAN……………………………………………………………………………………………………… 204 VCONCLUSION………………………………………………………………………………………………………… 206

Chapitre 2 : Stratégies d’adaptation ……………………………………………………… 207 IINTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………… 208 IITYPESDESTRATEGIED’ADAPTATION………………………………………………………………… 208 IIIMESURESD’ADAPTATIONETDEPROTECTIONPOURLELITTORALDE TETOUAN…………………………………………………………………………………………………………………….210 III1.Lesmesuresdeprotectionpourlecourtetmoyentermes…………… 210 III2.Lesmesuresd’accompagnementetrecommandationpourlelongterme 215 III21.L’élaborationd’unplanGIZCdeTétouan…………………………… 215 III22.Lerenforcementjuridique………………………………………………… 216 III23Lerenforcementinstitutionnel…………………………………………… 216 IV.CONCLUSION……………………………………………………………………………………………………… 217 Conclusion de la partie…………………………………………………………………. 218

SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE 219

ISYNTHESEDESRESULTATS…………………………………………………………………………………… 220 I1L’évolutionmorphologiquepassée………………………………………………………… 220

I2LesImpactsbiophysiquesetsocioéconomiques………………………………… 221 alerisquedespertesenterreparérosioncôtière……………………… 221 bLesterresàrisqued’inondation……………………………………………………… 222 cLesinfrastructureslittoralesdeszonesàrisque……………………… 222 dlerisqueaccrud’uneintrusionsaline…………………………………………… 223 eL’impactsurlesécosystèmescôtiers……………………………………………… 224 fLesincidencessocioéconomiques……………………………………………… 225 I3Ledegrédelavulnérabilitéphysiqueetsocioéconomique……………… 226 I4Lesstratégiesd’adaptation………………………………………………………………… 226 IICONCLUSIONGENERALE……………………………………………………………………………………… 228 IIIPERSPECTIVESD’AVENIR………………………………………………………………………………… 229 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ………………………………………………………………. 231 SITESWEBS …………………………………………………………………………………………………………….232 ANNEXES ………………………………………………………………………………………………………………. 233

LISTE DES FIGURES

PARTIE I : GENERALITES Figure I.1 :Variationdelatempératureàl’échelleplanétaireaucoursdes 10000dernièresannées.D’aprèsFollandetal.,1990etMannetal.1999………………12 1 Figure I.2 :EffetdeSerre ……………………………………………………………………………………………...13

Figure I.3 :Partdesdifférentsgazàeffetdeserredansl’atmosphère……………….…13 Figure I.4 :Simulationdeschangementsdelatempératureàlasurface terrestre(GIEC,2001)…………………………………………………………………………………………… 15 Figure I.5 :Relationdirecteentrefluctuationsdesteneursengazàeffetde Serreetlesvariationsdestempératures(D’aprèsJouzeletal.,1993).………….. 16 Figure I.6 :Evolutiondestempératuresmoyennesmondialessurmeretsur Terrede1880à2004.Enordonnée,setrouventlesécartsdetempératures en°Cparrapportauxnormalescalculées.……………………………………………………… 16 Figure I.7 :Prévisionduréchauffementclimatiqueau20èmesiècleselonles Scénariosd'évolutionplanétairedurapportduGIEC(2001)……………………………………19 Figure I. 8 Évolutionduniveaudelamerdepuis1993d’aprèslesobservations dessatellitesaltimétriques( Source LEGOS )(d’aprèsLombard,2005)……………………25 Figure I.9 :Cartedeladistributiongéographiquedesvitessesdevariationdu niveaudelamer(19932005)d'aprèsTopex/Poseidon.………………………………………...25 Figure I. 10 :Prédictionsdel'élévationduniveaudelamerentre1990et2100 selonlesscénariosetlesmodèles.Lescourbescorrespondentauxdivers scénariosSRES.(GIEC/IPCC,2001)……………………………………………………………………….……26 Figure I.11 :Comparaisonentrelesobservationsetlesprojectionsdel’élévation duniveaulamerentre1990et2006.(D’aprèsRafmstorfetal.,2006)………….……..30 Figure I.12:Impactsbiophysiquesetsocioéconomiquespotentielsdu changementclimatiquedansleszonescôtières(extraitmodifié………………………………31 Figure I.13 :Situationdelazoned’étude:lelittoraldeTétouan………………………………….38 Figure I.14 :CartegéomorphologiqueetbathymétriquedulittoraldeTétouan………….40 Figure I.15 :SituationdesprincipalesplagesdulittoraldeTétouan……………………………42

Figure I.16 : Cartedesunitésmorphostructuralesdedomainerifain…………………. 46 Figure I.17 :EvénementstectoniquesdanslarégiondeTétouandepuis l'Oligocènejusqu'àl'actuel(BenMakhlouf,1990)……………… …………………………….. 51 Figure I.18 : AltimétrieettourbillonsenmerméditerranéeEté1997 (http//:www.cls.fr)………………………………………………………………………………………………….. 52 Figure I.19 :Différencesmoyennesparcycle(cercles)deshauteursdemer issuesdesprofilsinstantanésdeTOPEX/Poseidonparrapportàlasurface moyenneannuelle(136)……………………………………………………………………………………. 53 Figure I. 20 :Relationentredébitdel’ouedMartiletpluiesàlastationde Torreta(Hilali,2002).……………………………………………………………………………………………………58 Figure I.21 :RosedeshoulessignificativesaulargedulittoraldeTétouan pourlapériodede1996à2006……………………………………………………………………………………60 Figure I.22 :Extraitdel’ImageERS1(ESA)montrantleseffetsdescourants etdesmaréessurlacirculationdeseaux……………………………………………………..…………………61 Figure I.23 :Cartedeladistributiongéographiquedesvitessesdevariationdu niveaudelamer(19932006)enMéditerranéed'aprèsTopex/Poseidon etJason1.……………………………………………………………………………………………………………. 62 Figure I.24 :Budgetsédimentaired’unlittoral(Tabet,2002)………………………………..…….63 Figure I.25 :Carted’occupationdusoldulittoraldeTétouan………………………………...83 PARTIE II EVOLUTION MORPHOLOGIQUE DU LITTORAL DE TETOUAN AU COURS DU DERNIER DEMI SIECLE

Figure II.26 :FigureI.26:DynamiquedutraitdecôtedeTétouanentre: (a)19581986,(b)19861997,et(c)19972003………………………………………………..90 Figure II.27 :Représentationdeszonesd’érosion,d’accrétionetleszones stablesdulittoraldeTétouandesdifférentespériodesd’étude: (a)19581986,(b)19861997,(c)19972003…………………………………………………..91 Figure II.28a :Evolutionmorphologiquedel’ensembledulittoraldeTétouan Pourlapériode19582003……………………………………………………………………………… 93 Figure II.28b :Zonesd’érosion,d’accrétionetzonestablesdulittoralde Tétouanpourlapérioded’analysediachronique19582003…………………………… 94 Figure II.29 :PourcentagesdessecteurscôtiersdeTétouan,d’érosion, d’accrétionetstablesentre1958et2003………………………………………………… 95 Figure II.30 :Budgetsédimentaire,entre1958et2003,surlessecteurs côtiersnordetsud,etpourl’ensembledulittoraldeTétouan…………………………….96 Figure II.31 :BudgetsédimentairelelongdulittoraldeTétouanpourchaque périodedetempsanalysée……………………………………………………………………………………………...97 Figure II.32 :Formesd’érosionetd’accrétionutiliséespourlecalculdes Paramètresmorphométriques.(SuanezetProvansal,1998)……………………………………….101 Figure II.33 :Paramètresmorphométriques(dete)dulittoraldeTétouan parsecteurs(Nord–s1etSuds 2)etparPériodes(1958/1986, 1985/1997et1997/2003)………………………………………………………………………………………107 Figure II.34:VariabilitédesprécipitationsàTétouanentre1962et2003. (P:précipitationsannuellesetPmLamoyenneinterannuelle desprécipitations)…………………………………………………………………………………………………114 Figure II.35 : L’amplitudedeshoulessignificatives(Hs)enm,aulargede Tétouande1996à2003.( Point réseau WANA, 2006007) . (Les tirets -----: La hauteur moyenne des Hs………………………………… 116

PARTIE III IMPACTS BIOGEOPHYSIQUES ET SOCIO ECONOMIQUES DE L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER SUR LE LITTORAL DE TETOUAN :

APPROCHE PREVISIONNELLE.

Figure III.36 :LarègledeBruun………………………………………………………………………...... 124 Figure III.37 :ProfildureculdutraitdecôteselonlarègledeBruun………………………125 Figure III.38 .Situationdesplagesétudiéespourlesimpactsd’uneérosion côtièreaucoursdesprochainesdécennies………………………………………………………… Figure III.39 :Carted’occupationdessolsprésentantl’étatactuel,etles 127 projetsencoursetfutursprévussurlelittoraldeTétouan………………………… Figure III.40 :Superficiesinondablesavecdesniveauxdesubmersionde5 137

et10mdulittoraldeTétouan,enréponseàlafutureélévationduniveau

delamer………………………………………………………………………………………………………………..140 Figure III.41: Cartedefacteurderisqued’inondationdeszonescôtières deTétouanen2100. Pour un niveau d’inondation maximum et une forte houle de tempête de période de retour r p de 100 ans ……………………………… 142

Figure III.42 :Espacesaménagées(actuel,enprojet)dulittoraldeTétouan………….144 Figure III.43 :RéseauroutieractueletenprojetdulittoraldeTétouan……………………147 Figure III.44 :Superpositiondescouchesd’informationsparparamètre………………… 153 155 Figure III.45 :Schémadel’intrusiondubiseausaléàl’équilibredansune nappecôtièrephréatique……………………………………………………………………………………155 Figure III.46 :SituationdesaquifèresdulittoraldeTétouan……………………………………157 Figure III.47 :AquifèreetmerjadeSmir…………………………………………………………………… 159 Figure III.48 :AquifèredeMartilAlila………………………………………………………………………… 160 Figure II. 49 :ReprésentationduparamètreGdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)……………………………………………………………………………………………………163 Figure III.50 :ReprésentationduparamètreAdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)…………………………………………………………………………………………………… 164 Figure III.51 :Cartespiézomètriquesrelativesàlapérioded’étiage,Stitou Cartes de Mai 1997 pour Smir et celle de Septembre 1998 pour Martil-Alila……165 Figure III.52 :ReprésentationduparamètreLdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)Premierscénariodel’étatactuelduniveaumarin……………….166 Figure III.53 :ReprésentationduparamètreLdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)Secondscénariod’ici2050,sansaccélération d’élévationduniveaudelamer………………………………………………………………….. 166 Figure III.54 :ReprésentationduparamètreLdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)TroisièmeScénariod’uneélévationaccéléréeduniveaude lamer(+0,47m),d’ici2050……………………………………………………………………….. 167 Figure III.55 :ReprésentationduparamètreLdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)Quatrièmescénariod’ici2100,sansaccélérationduniveau delamer(+0,27m)………………………………………………………………………………………………167 Figure III.56 :ReprésentationduparamètreLdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)Cinquièmescénarioavecaccélérationduniveaudela merd’ici2100(1,15m)…………………………………………………………………………….. 168 Figure III.57 :ReprésentationduparamètreDdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)…………………………………………………………………………………………………… 168 Figure III.58 :ReprésentationduparamètreIdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)…………………………………………………………………………………………………… 169 Figure III.59 :ReprésentationduparamètreTdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)………………………………………………………………………………………………… 170 Figure III.60 :IndicedeGALDITdesaquifèresdeSmiretMartilAlilaselon lescénarioduniveaumarinactuel.……………………………………………………………………170 Figure III.61 :IndicedeGALDITdesaquifèresdeSmiretMartilAlilaselon lescénariodebase:sansaccélérationd’élévationduniveaudelamer d’ici2050……………………………………………………………………………………………………………… 173 Figure III.62 :IndicedeGALDITdesaquifèresdeSmiretMartilAlilaselon lescénariodebase:sansaccélérationd’élévationduniveaudelamer d’ici2100…………………………………………………………………………………………………………………173 Figure III.63 :IndicedeGALDITdesaquifèresdeSmiretMartil–Alilaselon lescénariod’élévationniveaumarinen2050(hypothèsehaute)………………………174 Figure III .64 :IndicedeGALDITdesaquifèresdeSmiretMartil–Alila selonlescénariod’élévationniveaumarinen2100(hypothèsehaute)………………174 Figure III. 65 :Localisationdudomaineforestierdanslazoned’étude: LittoraldeTétouan………………………………………………………………………………………… 182 PARTIE IV VULNERABILITE A L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER ET STRATEGIES D’ADAPTATION 202 Figure IV.66: Facteursderisquerelatifsauxdifférentesvariablesphysiques……………. Figure IV.67 :Cartedel’indicecôtierdevulnérabilité(ICV)pourlelittoralde TétouanentreFnideketAzla…………………………………………………………………………………203 Figure IV.68 :PourcentagedulittoraldeTétouanpourchaquedegréde vulnérabilitéphysiqueàl’élévationduniveaudelamer…………………………………….203 Figure IV.69 :Cartedel’indicecôtierdevulnérabilitésocioéconomique 205 (ICV éco. )dulittoraldeTétouan……………………………………………………………………………… . Figure .IV 70 : Stratégiesd’adaptationàl’élévationduniveaudelamer (IPCC,1990)………………………………………………………………………………………………………208….. Figure IV. 71 :Systèmed’ECOPLAGEdeCarlLinderothetlamiseenplace duprocédéd’ECOPLAGEdanslabaied'Agay(b)………………………………………………..213 Figure IV.72 :Coupedustabiplageavecancrageetposéperpendiculairement autraitdecôte……………………………………………………………………………………………………...214 SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE

LISTE DES TABLEAUX PA RTIE I : GENERALITES Tableau I.1 :Estimationsdeshaussesdestempératuresmoyennes,duniveau desocéansetdesconcentrationsenCO 2entre1990et2100,d’aprèsles rapportsduGIEC.(1996,2001et2007)…………………………………………………………...27 Tableau I.2 : Vitesseobservéed’élévationduniveaudelameretestimation descontributionsdesdifférentsfacteurs(GIEC,2007)……………………………………….29 Tableau I.3 :Distanceàlacôtedequelquesisobathes(m)entreet Azla(Boughaba,1992)………………………………………………………………………………45 … Tableau I.4 :Caractéristiquesdelamaréedeviveseauxmoyennes(VEM)et deviveseauxexceptionnelles(VEE)auniveaudulittoraldeTétouan. (LPEE1997)………………………………………………………………………………………………………61…. Tableau I.5: ApportssolidesdesouedsSmiretMartil(DPTPT,1994)…………………….… 64 Tableau I.6 :Recensementdelapopulationen1994et2004dulittoral

deTétouan(d’aprèsRGPH,2004)……………………………………………………………………...75 Tableau I.7 : DébarquementdesproduitsdelazonecôtièreauportdeM’diq (ONP,2005)…………………………………………………………………………………………………….77… Tableau I.8: PrincipalescaractéristiquesdelapêcheartisanalesàTétouan (INRH,1998)…………………………………………………………………………………………….………78…. 1 PARTIE II EVOLUTION MORPHOLOGIQUE DU LITTORAL DE TETOUAN AU COURS DU DERNIER DEMI SIECLE Tableau II.9: Tauxd’érosioncôtièredelazoned’étudeetdequelques exemplesdecôtesméditerranéennes……………………………………………………………….…95 1 Tableau II.10: Fréquencesdesforteshoulesdetempêted’amplitudes

supérieuresetégalesà5maulargedulittoraldeTétouan…………………………………………115 PARTIE III IMPACTS BIOGEOPHYSIQUES ET SOCIO ECONOMIQUES DE L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER SUR LE LITTORAL DE TETOUAN : APPROCHE PREVISIONNELLE.

Tableau III.11 :Leschangementsclimatiquesglobauxprojetéspourle Prochainsiècle(IPCC,2001)……………………………………………………………………… 168 Tableau III. 12 :Vitessesd’élévationduniveaudelamerauxhorizons2050 et2100…………………………………………………………………………………………………………………1281 3 Tableau III. 13 a et b :Recul(enm),Superficies(m²)etvolumes(m ) desédimentsdesplagessusceptiblesd’êtreperdusparérosioncôtièred’ici 2050et2100dulittoraldeTétouan……………………………………………………………………….130 Tableau III.14 :Amplitudeetpériodedeshoulessignificatives(enm)pour despériodesderetourde1,10et100ansaulargedulittoralde Tétouan(LPEE,1997)……………………………………………………………………………………138 Tableau III. 15 :Niveauxd’inondationauxhorizons2050et2100pourle littoraldeTétouan.Hyp.:Hypothèse,basse,moyenneethaute ……………138

Tableau III.16 : Superficiesetpourcentagesdeszonesinondablesavec desniveauxd’eaude5met10mdanslescôtesnordetsudde 136 Tétouan…………… …………………………………………………………...... Tableau III.17: Superficies(enKm²eten%)desunitésurbaines, Périurbainesetruralessituéesdansleszonesàrisqued’inondation……… 143 Tableau III.18 :Longueuretpourcentagedestronçonsduréseaude transportsusceptibled’êtreaffectéparlesinondationsencas d’événementsmarinsparoxysmiques………………………………………………………. 146 Tableau III.19 :Poids(importance)des6paramètresimpliquésdansle calculel’indiceGALDITd’aprèsChachadietLoboFerreira(2001)………… 152 Tableau III.20: Vulnérabilitéàl’intrusionmarine(Chachadietal.,2002)…………………154 TableauIII.21 :Superficies(enKm²)desécosystèmesforestiersdulittoral deTétouan–deFnidekàAzlaactuelles,projetéesetcellessusceptibles d’êtretouchéessuiteàunrisqued’inondation……………………………………………………182 Tableau III.22: Superficies(enKm²et%)dessecteurséconomiques susceptibled’êtreperduesparl’inondation……………………………………………………………188 PARTIE IV VULNERABILITE A L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER ET STRATEGIES D’ADAPTATION

Tableau IV.23: lessixvariablesphysiquesutiliséespourladétermination del’indexcôtierdevulnérabilité(d’aprèsGornitzetal,1994)……………………………196 Tableau IV. 24 :Classedel’occupationdusolutilisédansl’évaluationdela vulnérabilitésocioéconomique…………………………………………………………………………………199 Tableau IV.25 :Classepourlesdésignationsdelaconservationutiliséesdans l’indicedevulnérabilitésocioéconomique……………………………………………………………200 Tableau IV.26 :Classedescaractéristiquessocioéconomiquesutiliséespour Lecalculdel’indicedevulnérabilité……………………………………………………………………200 :

LISTE DES ANNEXES ANNEXE A ...... 233 A1

- Fréquences(en%),lamoyennedesamplitudesdeshoulessignificatives (enm)aulargedulittoraldeTétouan………………………………………………………………….233 A2 Pourcentagedesdirectionsdesdifférenteshoulesaulargedulittoralde Tétouan…………………………………………………………………………………………………………………… 233 A2 Lesmoyennesdesamplitudesmensuellesetannuellesdeshoulesaulargedu

littoraldeTétouan……………………………………………………………………………………….……… 233 A3 - Moyenneannuelledesamplitudesmaximalesannuellesethauteurmaximale, PériodeetdirectiondelahoulesignificativeaulargedulittoraldeTétouan. Moyennedesamplitudes………………………………………………………………………………………….233 A3

ANNEXE B ………………………………………………………….………………………………………………… 233 A4 Cartereprésentantlessitescorrespondantauxphotos.………………………………… 233 A5 PhotoII.1:EtatactueldelafalaisevivedeSidiAbdessalam………………………… 233 A5 PhotoII.2:Bourreletsédimentairefermantl’embouchuredel’ouedNégro……… 233 A6 PhotoII.3:OuedsMellah(a)etMartil(b)………………………………………………………… 233 A6

PhotoII.4:Flècheavecpointd’ancrage,lapointed’AlMina……………………………… 233 A6 PhotoII.5.AccumulationdesableenamontdeladiguesudduportdeSmir Marina(a)etdel’épideCaboNégro(b)…………………………………………………………………233 A7 PhotoII.6:Vestigedel’ancienmurdeprotectiondelaroutedeFnidek

présuneforteérosion……………………………………………………………………………………………. 233 A7 PhotoII.7.Destructiondumurdeprotectiondelarouted’Azla………………………. 233 A8 PhotoII.8:Habitationsmenacéesaprèslepassaged’unefortehoulede tempête(littoralnord)…………………………………………………………………………………………161233 A8 PhotoII.9:Déchaussementdesparasolsetforteérosiondelaplagede Kabilaaprèslepassagedelahouledetempêtede1990………………………………. 233 A9 PhotoII.10:LittoraldeTétouanérodéetapparitiondesplatiersrocheux (entreFnideketM’diq)……………………………………………….…………………...162233 A9 PhotoII.11:Renforcementdelaprotectiondelarouted’Azla………………………....163233 A10 PhotoII.12:ForteérosionàproximitédumaraboutdeSidiAbdessalam (entreCaboNégroetAzla)…………………………………………………………………………………...163233 A10

ANNEXE C TableauA:Caractéristiquesmorphologiquesetsédimentologiquesdes différentesplagesdulittoraldeTétouan……………………………………………………………… 233 A12 TableauB1:Recul(enm)dutraitdecôtedulittoraldeTétouandûà l’élévationduniveaudelamerauxhorizons2050et2100………………………………… 233 A13 TableauB2:Superficies(m²et%)desplagessusceptiblesd’être perduesparérosioncôtièred’ici2050et2100lelongdulittoraldeTétouan,

pourlesdiversscénariosdechangementclimatique.………………………………………… 233 A14 TableauB3:Volumesdessédiments(enm 3)susceptiblesd’êtreperduspar érosioncôtièred’ici2050et2100lelongdulittoraldeTétouan,pourles diversscénariosdechangementclimatique……………………………………………………………233 A15 PhotoIII.13:ForteérosiondusecteurcôtierdeSidiAbdessalamMarabout (a)ethabitationenpéril(b)………………………………………………………………………… 233 A16

ANNEXE D………………………………………………………………………………..…… 233 A17

Localisationdespointsdeprélèvementsrelatifsàl’analysedeCl etCHO 3 danslesaquifèresdeSmir(a)etMartilAlila(b);(D’aprèslesdonnées 233 A18 deStitou,2002)………………………………………………………

ACRONYMES

ABHL AgenceduBassinHydrauliqueduSebou. AIACC AssessmentofImpactandAdaptationtoClimateChange. CC ChangementsClimatiques. CCCC ConventionCadredesChangementsClimatiques. CCNUCC ConventionCadredesNationsUniessurleschangementsclimatiques. CNI CommunicationNationaleInitiale. CNUED ConférencedesNationsUniessurl’EnvironnementetleDéveloppement. CORINE CoordinationdesInformationssurl’Environnement. DAT Ministèredestravauxpublics DMN DirectiondelaMétéorologieNationale. DPTPT DirectionProvincialdesTravauxPublicsdeTétouan. DPA DirectionProvincialedeL'Agriculture. DRPE DirectiondelaRechercheetdelaPlanificationdel’Eau. EANM Elévationaccéléréeduniveaudelamer. EHTP EcoleHassaniadesTravauxPublics. ERDPA Servicedel’EquipementRuraldelaDélégationProvincialedel’Agriculture. FEMFondsMondialpourl’Environnement. GES Gazàeffetdeserres. GCMs GeneralCirculationModels. GIEC Grouped’expertIntergouvernementalsurl’EvolutionduClimat. GIZC GestionintégréedecetteZoneCôtière. IIASA InternationalInstituteforAppliedSystemsAnalysis. INDH InitiativeNationalpourleDéveloppementHumain. INRH InstitutNationaldelaRechercheHalieutique. IPCC InternationalPanelonClimateChange. - LCHF Laboratoirecentrald'hydrauliquedeFrance. LPEE LaboratoirePublicdesEtudesetd’Essai. MATEE Ministèredel'AménagementduTerritoire,del'Eauetdel’Environnement. - MATHEMinistèredel’Aménagementduterritoiredel’habitatetdel’environnement. MT Ministèredutourisme MTAES MinistèreduTourisme,del’Artisanatetdel’Economiesociale. - MTP Ministèredestravauxpublics. - NAO NorthAtlanticOscillation. ONP OfficeNationaldespêches. ONEP OfficeNationaldel’EauPotable. OMM OrganisationMétéorologiqueMondiale. PNUE ProgrammedesNationsUniespourl’Environnement. RGA RecensementGénéraldel’Agriculture. - RGPH RecensementGénéraldelaPopulationetdel’Habitat. SAT SociétéAfricainedeTourisme. SDAULT SchémaDirecteurdel’AménagementUrbainduLittoraldeTétouan. SDAR SchémaDirecteurdel’AménagementRégional. SIBE Sited'IntérêtBiologiqueetEcologique. -SIG Systèmed’InformationGéographique. SRES SpecialReportonEmissionScénarios. UNFCCC ConventionCadredesNationsUniessurlesChangementsClimatiques. UNDRO UnitedNationDisasterReliefOffice. WANA WestAsiaandNorthAfrica.

INTRODUCTION GENERALE

1 Il y a quelques dizaines d’années, la communauté scientifique internationaletiraitlasonnetted’alarmeausujetdesimpactsdesactivités humaines sur l’équilibre du climat. Aujourd’hui, les preuves scientifiques sontaccablantes;lesobservationsetmesuresrécentesprésentéesdans les derniers rapports du Groupe d’Expert Intergouvernemental sur l’EvolutionduClimat(GIEC)nepermettentplusdedouterqueleclimatde la planète est en train de changer et que la plupart des changements observés au cours de ces cinquante dernières années sont imputables à l'activitéhumaine.Ceconstataétéclairementformulédanslequatrième rapport du GIEC (GIEC, 2007), qui stipule que le réchauffement du systèmeclimatiqueestsanséquivoque,et«l’essentiel de l’accroissement observé sur la température moyenne globale depuis le milieu du 20 e siècle est très vraisemblablement dû à l’augmentation observée des gaz à effet de serre anthropiques ». Une des conséquences les plus certaines du réchauffement global estl’élévationaccéléréeduniveaudelamer(EANM),induitenotamment parl’expansionthermiquedesocéansetlafontedesglaciers.Depuisun siècle, le niveau de la mer a augmenté de 10 à 25 cm. Les modèles prévoient une élévation supplémentaire de ce niveau de 9 à 88 cm d'ici l'an 2100 (GIEC, 2001). L'élévation prévue serait ainsi 2 à 5 fois plus rapide que celle qui s'est produite au cours des 100 dernières années (GIEC,2001et2007). CetteEANMtendraàintensifierlapressionsurdenombreuseszones côtières, particulièrement celles où les activités humaines ont diminué leurscapacitésd’adaptationnaturelleetsocioéconomique. Face à une telle menace, le Maroc, à l’instar des pays côtiers en développement, serait confronté à des difficultés socioéconomiques et environnementalesmajeures,siaucuneévaluationdelavulnérabilitédes zonescôtièresetdesmesuresd’adaptationn’estentreprise. La volonté du Maroc de contribuer à l’effort mondial de lutte contre le réchauffementglobaldelaplanèteestattestéparsaratificationen1995 de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques(CCNUCC),ainsiqueparleseffortsdéployéspourhonorerses engagements tels qu’ils sont décrits dans la Communication Nationale Initiale (CNI, 2001). Parmi ces engagements figure l’évaluation de la vulnérabilité du pays aux changements climatiques (CC) et leurs répercussionssurlesdifférentssecteurséconomiques,lesécosystèmeset la population. Les secteurs de l’agriculture, des ressources en eau et de l’environnement global ont été traités dans le cadre de la Première Communication Nationale en 2001. L’évaluation de la vulnérabilité/Adaptation des zones côtières marocaines afait l’objet d’un projet financé par le PNUE en 2005, comme contribution au projet régionalAIACC(AssessmentofImpactandAdaptationtoClimateChange) pourlarégionSudMéditerranée;cedernier,coordonnéparleProfesseur Snoussi,aportésurdeuxétudesdecas:lelittoraldeTangeretceluide Saïdia (MATEE, 2007). C’est jusqu’à présent, à notre connaissance, la

2 seuleétudequiatraitédecetteproblématiquedesimpactsdel’EANMsur leszonescôtièresmarocaines. Jusqu'à une date récente, la hausse du niveau de la mer ne constituait pas une véritable préoccupation; aujourd’hui, force est de constater que les pertes en terre par inondation et érosion, l’exode des populations côtières, etc., sont le tribut que de nombreux états côtiers, notammentlesplusvulnérables,sontentraindepayer. Lamodificationduclimatattenduedevraitenoutreêtreàl'origined'une accélération de la circulation atmosphérique, avec probablement pour résultat une augmentation de la fréquence et de l’amplitude des phénomènesclimatiquesextrêmes(ClusAuby, Paskoffet Verger,2004). Cesdernierssontleplusàcraindrecarilsprovoqueraientuneaccélération de l’érosion des côtes, une extension des submersions marines sur les espaces côtiers bas, et une accentuation de la salinisation des eaux souterraineslittorales. Le Maroc, avec un linéaire côtier d’environ 3500 Km de long sur deux façades maritimes, est fortement dépendant des biens et services de la zone côtière, il ne reste pas moins menacé par les impacts de cet événement climatique inéluctable. L’étude préliminaire sur la sensibilité deszonescôtièresmarocaines,baséesurdescritèresenvironnementaux et socioéconomiques (Mhammdi, 2004), a montré que le littoral de Tétouanfaitpartiedeszoneslesplussensiblesàl’élévationduniveaude lamer.Cequijustifielechoixdenotrezoned’étude. Surleplanécologique,lelittoraldeTétouan,de45kmdelong,est très riche en écosystèmes naturels diversifiés (plages, dunes, zones humides,forêts,plainesalluviales,etc.);parailleurs,ilconstituepourle Nord du pays un enjeu socioéconomique actuel et futur de première importance; c’est l’une des zones les plus urbanisées et les plus convoitéesparl’expansiontouristiquedulittoralméditerranéenmarocain. Cette côte, où sont implantés des ports de plaisance et des marinas, connaît une forte activité, d’une part économique (tourisme, industrie, agriculture, pêche et commerce), et d’autre part démographique, par l’importancedeladensitédelapopulation. Cesactivités,quigénèrentunesurexploitationdesressourcesetdes conflits d’usage, exercent de fortes pressions sur l’environnement et pourraientaggraverleseffetsd’uneélévationduniveaumarin.Ilestdonc nécessaired’identifierleszonesàrisqueafindeproposerdesoptionsde protection et d’adaptation appropriées, pour faire face à ce phénomène inéluctable. Cettethèses’inscritdanscecontexteparuneanalyseprévisionnelle des impacts biophysiques et socioéconomiques du littoral de Tétouan à une remontée du niveau de la mer. La méthode utilisée est celle préconisée par « le Coastal Zone Management» de l’Intergovernmental PanelonClimateChange(IPCC.,1991),etquiaétéappliquéeàtoutesles étudesdevulnérabilitéauxchangementsclimatiques(Carteretal;1994). 3 L’évaluationdesimpactss’estbaséesurunscénariodebasereprésentant la remontée actuelle du niveau marin (sans accélération), et 3 scénarii climatiquesd’aprèsletroisièmerapportduGIECde2001,etcepourdeux horizonstemporels,2050et2100. Lesaxesderecherchesquiontétéconsidéréssontlessuivants: L’identification des zones à risque d’érosion côtière selon les différentsscénariietpourlesdeuxhorizonstemps; *L’identificationetlacartographiedeszonesàrisquesd’inondation encasd’événementsmarinsparoxysmiques; * L’évaluation de la salinisation des eaux souterraines causée par l'intrusiond'eaudemerauxplushautsniveauxdanslesnappesaquifères; *L’analysedesimpactssurlesprincipauxécosystèmescôtiers; * L’évaluation qualitative des impacts sur les principaux secteurs économiquesetsurlesinfrastructureslittorales. L’analyse des différents impacts a pour butd’évaluer la vulnérabilité physique et socio économique du littoral de Tétouan, afin d’identifierleszonesàrisque,etjustifierainsilanécessitédeprendreen compte les impacts de la remontée du niveau de la mer dans tout nouveauprojetdedéveloppementetdegestiondulittoral. Cemanuscrits’articuleenquatreparties: 1La première partie comprenddesgénéralitésconcernant: leschangementsclimatiquesetlesvariationsduniveaumarin lescaractéristiquesetlespotentialitésdulittoraldeTétouan. 2La deuxième partie estconsacréeàl’évolutionpasséedulittoral: Une étude rétrospective a été effectuée à partir de l’analyse des changementsmorphologiquesdutraitdecôtedurantàpeuprésundemi siècleetdel’identificationdescausesdecettemobilité,afindedégagerla tendanceévolutivedurivage. 3 La troisième partie se compose de 5 chapitres décrivant les impacts biophysiques et socioéconomiques pour différents scénarii projetés d’une élévationfutureduniveaumarinsurlelittoraldeTétouan: *Le premier chapitre examinera les pertes en terre par érosion côtière. Dans ce cadre, une étude des effets physiques de l'élévation du niveaudelameretduchangementclimatiquesurlastabilitédesplagesa été réalisée par l’estimation du taux d'érosion futur compte tenu de l'élévationduniveaudelamer. *Le deuxième chapitre présentera la cartographie des zones susceptiblesd’êtreinondéesencasd’élévationaccéléréeduniveaudela mercombinéeàdesévénementsmarinsextrêmes.L’estimationdeszones inondables a été effectuée en se basant sur deux scénarios: le premier pour un niveau d’inondationminimum représentant un niveau d’eau bas mêmeencasdeconditionsextrêmes,etlesecondcaractériseunscénario catastrophique d’un niveau d’eau maximum. Celui ci est d'une faible 4 probabilité d'occurrence, mais dont les conséquences sont importantes aussibiensurleplangéomorphologiquequesocioéconomique. * Le troisième chapitre estconsacréauxchangementsquipeuvent affecterleseauxsouterrainesetquisontcausésparl'intrusionsalinedans lesprincipalesnappesphréatiquesdulittoraldeTétouan.Uneestimation delavulnérabilitédesaquifèresdeSmiretMartilàl’intrusionsalineaété effectuéeensebasantsurlaméthodedeGALDITélaboréeparChachadi etLoboFerreira(2001). * Le quatrième chapitre traitera succinctement l’identification des différentsimpacts potentielsd’uneélévationduniveaudelamersurles écosystèmes très variés de cette côte: la forêt, les zones humides, les cordonsdunairesetlesplagesainsiquelafloreetlafaune. * Le cinquième chapitre analysera les incidences socio économiquesdues aux modifications qui affecteraient ce littoral. L’évaluationéconomiquedesdommagesquepourraientcauserlahausse duniveaudelameretlestempêtessortducadredenotreétude,nous tenterons néanmoins d’évaluer qualitativement les impacts sur les établissementshumains,etsurlesprincipauxsecteurséconomiques. 4 La quatrième partie : Vue la diversité des caractéristiques physique, écologique et socio économique du littoral de Tétouan, l’ampleur des risques encourus en cas d’une hausse du niveau marin ne serait pas la même dans les différents secteurs côtiers. Une évaluation du degré de vulnérabilité physique et socioéconomique, par secteur, nous a semblé nécessaireet a fait l’objet du premier chapitre de cette partie; elle permettrait de mieux faire ressortir les zones à forte vulnérabilité, requérantainsiuneattentionparticulièrepourfairefaceàcettemenace. Dans un second chapitre, nous proposons quelques stratégies et options possiblesd'actionpourlecourt,moyenetlongterme. Une conclusion générale tentera de synthétiser les principaux résultats acquis,etdefaireressortirlesprincipauxenseignementsdecetteétude. Des perspectives futures de recherche, dans le but d’améliorer ces connaissances et de lever certaines incertitudes, sont également proposées.

5 « Dans bien des cas, la satisfaction des besoins humains est à l'origine d'une détérioration de l'environnement, laquelle à son tour risque de diminuer la capacité à répondre aux besoins actuels et futurs » (I.P.C.C., 2001).

PARTIE I : GENERALITES

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CHAPITRE 1 : CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER

7 Chapitre 1 : Changements climatiques et élévation du niveau de la mer.

I-INTRODUCTION

C’estaucoursdelapremièreconférencemondialesurleclimaten 1979 que les scientifiques ont pris conscience de la «transition» climatique.Cequin’étaitqu’unehypothèsedanslesannées80estdevenu unecertitudeàla findu20 ème siècle.Sousl’égidedel’OMMetle PNUE, uneConventionCadredesNationsUniessurleschangementsclimatiques (CCNUCC) a été rédigée. Elle a permis d’établir les structures pour une étudeinternationaleetsérieuseduclimatainsiquedesconséquencesde sonévolution. Ainsi, depuis une dizaine d'années, l'effet de serre est au premier plandelapolitiqueinternationaledel'environnement.Plusieursquestions se posent sur les rapports entre les activités humaines et les bouleversementsdelabiosphèresurTerre.Généralement,l’effetdeserre est un phénomène physique naturel qui est lié à la présence dans l'atmosphèredecertainsgazquipiègentlerayonnementémisparlaTerre (infrarouge). Une partie de ce rayonnement est réémise en direction du sol, contribuant ainsi au réchauffement des basses couches de l'atmosphère. L'azote et l'oxygène sont quasiment transparents au rayonnementinfrarouge.Ilsnesontpasimpliquésdansl'effetdeserre. La vapeur d'eau, le gaz carbonique (CO 2), le méthane (CH 4), les chlorofluorocarbures (CFC), l'ozone(O 3), y contribuent directement. L'influence de ces gaz est variable selon leur concentration dans l'atmosphèreetleurstructuremoléculaire. Cependant, les activités humaines ont fortement modifié la compositiondel’atmosphèreengazàeffetdeserre.Ainsidepuisledébut del’èreindustrielle,laquantitéd’énergiedisponiblepour«chauffer»les bassescouchesdel’atmosphèreaaugmentéde2,5Watts/m 2 dontprésde 60%pourleCO 2 etenviron20%pourleCH 4avecunelongueduréede viepourleCO 2 (JouzeletLorius,1999).Enconséquenceleclimatchange et le rythme de ces changements prévu par plusieurs modèles climatiques, est plus rapide que celui connu au cours des 100 dernières années(GIEC,1996;2001,2007). II- CAUSES NATURELLES DES VARIATIONS DU CLIMAT DE LA TERRE

Le climat se définit comme étant l’ensemble des conditions dominantesdumilieuphysiquedelaTerre.Lesystèmeclimatiqueglobal est régit par le soleil (une grande source d’énergie thermique) et se trouvefaçonneraussiparlesinteractionscomplexesdediverséléments: l’atmosphère, les océans, la cryosphère, la lithosphère, et la biosphère. C’estparlejeudecesinterférencesquelesystèmeclimatiqueétablitun

8 équilibreentrelerayonnementsolaireincidentetlerayonnementréfléchi versl’espace,etqueleclimatdelaTerreaétéremarquablementstable. Plusieursfacteursnaturelscontrôlentlesvariationsclimatiques: II-1. L’activité solaire et les paramètres astronomiques

L'énergie qui vient du soleil fluctue légèrement en fonction du nombre de taches solaires présentes sur le soleil. Ces taches sont des régionsplussombresetmoinschaudesdusoleil.Ellessontsouventlelieu d’explosions gigantesques appelées «éruptions solaires». Le nombre de tachessolairesvarieavecunepériodicitéde11ans.Lorsquelenombrede taches solaires est important, le Soleil émet plus d'énergie (la Terre en reçoitplus),parconséquentunchangementdetempératureetduclimata lieu(Lean,1995;Hoyt,1998;Fröhlich,2000,Bondetal;2001).

Vers 1924, le mathématicien serbe, Milutin MILANKOVITCH a développélathéoriesurl'évolutiondumouvementdelaTerreautourdu Soleil etdel'orientationdesonaxederotation,quimodifientlarépartition del'ensoleillementaveclalatitudeetlessaisons.Ilaprisencompteles paramètresastronomiquesdelaTerre: l'obliquité qui est l'inclinaison de l'axe des pôles par rapport à la perpendiculaire au plan de l'écliptique (plan de l’orbite terrestre). L’oscillation de l'obliquité agit sur la répartition de l'énergie reçue aux différenteslatitudessuivantlessaisons,enparticulierladuréedelanuit polaire aux latitudes les plus élevées . Ces fluctuations engendrent les saisonsastronomiques; - La variation de l'orbite terrestre ( excentricité) : La masse du Soleil commandelemouvementdelaTerredansl'espace,maislaprésencedes autres planètes du Système Solaire perturbe ce mouvement et entraîne desvariationsàlongtermedesparamètresdel'orbitedelaTerre.Leflux globaldurayonnementqu'ellereçoitduSoleil,variesuivantsarépartition dansl'espaceetletemps.Lescyclesclimatiquesliésàl'excentricitésont lesplusvisibles. -la précession :LaTerreneprésentepastoujourslemêmehémisphère vers le soleil. La Précession des équinoxes et du Périhélie s ont deux paramètresorbitauxquiinterviennentenmêmetempspourexpliquerles variationsdessaisons.

la rotondité de la Terre(saformeserapproched'ungéoïde)faitqueles rayons du soleil doivent traverser à la fois une plus grande distance et surtoutuneépaisseurplusimportantedel'atmosphèreenallantversles pôles.Cecidéfinitlesgrandeszonesclimatiques: 9 *zonetoujourschaudedepartetd'autredel'équateurjusqu'audelà destropiques * deux zones tempérées aux latitudes moyennes (c'est à dire à égaledistanceentrel'équateuretlepôle) *deuxzonesfroidesentrelescerclespolairesetlespôles. Departcespositions,laTerrevarecevoirplusoùmoinsd'énergiesolaire etvadoncsubirdeschangementsclimatiques. II-2. Les activités volcaniques Plusieurs études ont montré que l'activité volcanique est un autre moteur de la variabilité climatique (Budyko, 1984; Touchard, 2002; Baroni, 2006). Les grandes quantités de particules et de gaz émis dans l'atmosphère suite aux éruptions empêchent le rayonnement solaire de passer.Toutefluctuationdecerayonnementauneincidencesurleclimat, enparticuliersurlatempérature. Le volcanisme implique une chute des températures à court terme maiss'avèreêtreunpuissantfacteurderéchauffementsurlelongterme. Les éruptions volcaniques sont parfois si violentes que de grandes quantités de poussière et de gaz sont projetées à haute altitude dans l'atmosphère. Les particules qui atteignent la stratosphère peuvent persister pendant plusieurs années. Elles provoquent une baisse des températuresenréfléchissantlerayonnementsolaire. II-3. La Circulation thermohaline

C’estlacirculationpermanenteàgrandeéchelledel'eaudesocéans engendréepardesécartsdetempératureetdesalinitédesmassesd'eau. Ces deux paramètres ont un impact sur la densité de l'eau de mer. Les eaux, refroidies et salées plongent en profondeur et circulent lentement vers les autres bassins océaniques. Dans le même temps, les eaux tropicales chaudes de surface remontent vers le pôle Nord. Cette circulation lente atténue les différences de températures entre les latitudes,etinfluencefortementleclimat. II-4. L’Oscillation Nord-Atlantique (NAO)

Découvertvers1920pardeuxmétéorologues,l'autrichienFriedrich et l'anglais Gilbert Walker, la NAO ( North Atlantic Oscillation) est un phénomène atmosphérique et océanique, qui concerne principalement l'AtlantiqueNord.Elleadesimpactsimportantssurleclimatdel'Europe del'ouest,desenvironsdunorddel'Afriqueetdel'estdel'Amériquedu Nord.LaNAOadeseffetsbienplusimportantsenhiverqu'enété.Cette oscillationcontrôlelaformationdesnouvelleseauxprofondes,etinfluence la circulation thermohaline. La variation de ce phénomène dépend de la pression atmosphérique et influence par conséquent le climat (températures, précipitations) tout autour du bassin atlantique (Hurrel, 1995et1996,Osbornetal.,1999,Mannetal.,1999et2003). 10 II-5. L’effet de serre C’estunphénomènenaturelrésultantdelaréémission,sousforme d'un rayonnement thermique infrarouge, d'une partie du rayonnement solaire incident, par la surface terrestre. L’autre partie est absorbée par l’atmosphèreouparlasurfacedelaTerreetdonctransformésenchaleur. Lesgazàeffetdeserre,quesontlavapeurd'eau,ledioxydedecarbone, le méthane et l'oxyde nitrique, piègent ce rayonnement thermique dans l'atmosphèreterrestreetaugmententainsilatempératureausol. Si l’un des éléments régissant le système climatique subit des modifications considérables, l’équilibre peut être rompu, ce qui entraîneraitunchangementclimatiqueplanétairequ’ilsoittemporaireou permanent.

III. QU’EST-CE QUE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ?

Lechangementclimatiquecorrespondàunchangementdu«temps moyen»observédansunerégiondonnée . Letempsmoyencomprendtous les éléments associés au temps, à savoir la température, les caractéristiquesdesventsetlesprécipitations.Letermedechangement climatique,telqu’utiliséparleGIEC,désignetoutchangementduclimat dansletemps,qu’ilsoitdûàlavariabiliténaturelleouprovoquéparles activités humaines. Pour la CCCC, il désigne un changement attribué directement ou indirectement aux activités humaines, qui modifient la composition de l’atmosphère mondiale, ajouté à la variabilité climatique naturelleobservéesurdespériodesdetempscomparables. Les tendances au réchauffement et au refroidissement font partie des cycles normaux du climat, et les conditions climatiques varient au cours d'une même année, d'une année à une autre et au cours des décennies,dessièclesetdesmillénaires.Lesdonnéesdupassérévèlent queleclimataconnudenombreusesvariations,fluctuantrégulièrement entre des périodes chaudes et froides (Fig. 1). De nombreuses études (Folland et al, 1990; Jouzel et Lorius, 1999; Mann et al, 1999) démontrent que le climat mondial s'est réchauffé au cours des 150 dernières années. La hausse de température n'a pas été constante; des cycles de réchauffement et de refroidissement se sont succédés à des intervalles de plusieurs décennies. Néanmoins, la tendance à long terme estauréchauffementplanétaire(GIEC,2001;2007).

11 FigureI.1:Variationdelatempératureàl’échelleplanétaireaucoursdes 10000dernièresannées.D’aprèsFollandetal.,1990etMannetal.1999.

III-1. Les causes naturelles et anthropiques du réchauffement climatique.

Le climat et la température moyenne à la surface de la terre dépendent du bilan qui s’opère entre l’énergie issue du rayonnement solaireincident(ondescourtes)etl’énergiesolairerenvoyéeparlasurface delaterre(rayonnementinfrarouge).Lesgazàeffetdeserre«piègent» unepartiedecerayonnementinfrarouge,cequiapoureffetdemaintenir une température supérieure à celle que l’on aurait sans ce phénomène (Fig. 2). La température moyenne à la surface de la terre, qui est d’environ +15°C, serait très largement négative sans cet effet de serre naturel(18°C)(VellingaetVerseveld,2000).

12 Figure I.2: Effet de Serre. L'émission suivant l'absorption des radiations telluriques par les molécules des gaz à effet de serre se fait dans toutes les directions. Une partie du flux lumineux émis est donc dirigé vers la Terre au lieu de s'échapper vers l'espace. Ce flux descendant s'ajoute au flux solaire incident et permet à la température terrestre d'atteindre 15°C contre -18°C en absence d'atmosphère absorbante. http://www.ens- lyon.fr/Planet-Terre

Laconcentrationdesgazàeffetdeserredansl’atmosphère(Fig.3) tels que le CO 2, le CH 4, le N 2O, le HCFC, le PFC et le SF 6, a augmenté depuisl’èrepréindustrielle,etsurtoutdepuis1960(GIEC,2001).Etdans l'effet de serre additionnel ou d'origine anthropique, le CO 2 contribue majoritairementàl'effetdeserre,suividesCFCquisontdéjàconnuspour détruirelacouched’ozone.

Figure I.3: Part des différents gaz à effet de serre dans l’atmosphère (IPCC,2001).

13 Les changements de la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre et en aérosols (principalement sulfates, carbone organique, suie, nitrates et poussières), du rayonnement solaire et des propriétés de la surface du sol altèrent le bilan énergétique du système climatique. Ces changementssontexprimésentermesdeforçageradiatif 1quiestutilisé pour comparer la façon dont une série de facteurs humains et naturels provoquentunréchauffementouunrefroidissementduclimatmondial. Tous ces accroissements de gaz sont clairement expliqués par la contribution dans une large mesure des activités humaines liées aux combustibles fossiles, au changement d’utilisation des terres et aux processus industriels. Ces gaz amplifient l’effet de serre naturel et provoquent alors le réchauffement climatique. De nombreuses études indiquent qu’une combinaison de causes naturelles, en particulier le forçagesolaireetlesémissionsvolcaniques,pourraitavoircontribuéaux variations de température relevées au début du siècle. Mais le réchauffementobservédepuisledébutdesannées1980toutcommeles recordsdespremièresannéesdu21 ème siècle(Fig.4)doitnécessairement êtreattribuéenpartieàdesfacteursanthropiques,cequipeutexpliquer la hausse générale des températures au cours de cette période (Tett et al.,1999;Houghtonetal.,2001). D’ailleurs, une relation directe a été établie entre fluctuations des teneursengazàeffetdeserreetlesvariationsdestempératures(GIEC, 2001). La figure 5 montre un parallélisme entre fluctuations des températuresetcellesdesteneursenCO 2etenCH 4. L’analyse de l’évolution des températures moyennes mondiales sur la mer et sur la terre de 1880, a montré aussi que les terres se réchauffentplusvitequelesocéansvulaplusgrandecapacitéthermique del’eau(Fig.6).Decefait,lesécartsdetempératureentrelesocéanset lesterressecreusent,cequia,trèsprobablementaussi,deseffetssurla circulation atmosphérique. Ainsi la forte combinaison des forçages naturels (volcans, rayonnement solaire) et anthropiques (effet de serre, aérosols) expliquerait les observations et les évaluations notées par le GIEC.

1 Le forçage radiatif est une mesure de l’influence d’unfacteurdanslamodificationde l’équilibre entre l’énergie qui entre dans l’atmosphère terrestre et celle qui en sort, et constitue un indice de l’importance de ce facteur en tant que mécanisme potentiel du changement climatique. Un forçage positif tend à réchauffer la surface et un forçage négatif à la refroidir. Dans le présent Rapport, les valeurs du forçage radiatif sont données pour l’année 2005 par rapport aux conditions préindustrielles définies comme cellesde1750etsontexpriméesenwattparmètrecarré(Wm2).Voirleglossaireetla section2.2pourplusdedétails.

14 Figure I.4 : Simulation des changements de la température à la surface terrestre (GIEC, 2001). la ligne rouge correspond aux températures mesurées et le profil en gris au modèle. Le profil en A ne tient compte que de causes naturelles (variations solaires, activité volcanique); celui en B, que des causes anthropiques (émissions de gaz à effet de serre, aérosols sulfatés); celui en C, de la somme des causes naturelles et anthropiques.

15 FigureI.5:Relationdirecteentrefluctuationsdesteneursengazàeffet deserre(CO 2etCH 4)etlesvariationsdestempératures.(D’aprèsJouzel etal.,1993).

Figure I.6: Evolution des températures moyennes mondiales sur mer et sur terre de 1880 à 2004. En ordonnée, se trouvent les écarts de températures en °C par rapport aux normales calculées. Source: www.notreplanéte.info Danslesensd’évaluerl’incidencedeschangementsclimatiques,de prévoirdesmesuresd’adaptationenplusdecellesdelavulnérabilité,et 16 d’avoir aussi des visions différentes des conditions susceptibles d’influer surunsystèmeousuruneactivité,plusieursscénariosdeschangements climatiques futurs ont été énoncés dans les différents rapports du GIEC. Ils dépendent des hypothèses faites sur la croissance de la population mondialeetdespolitiquesénergétiquesmisesenœuvre,cequiexplique leurgrandevariété. III-2. Les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre du GIEC

Un scénario est une description vraisemblable, cohérente et homogèned’unétatfuturduglobe(GIEC,2001). Ilpermet dedéterminer lasensibilitédessystèmes,leurvulnérabilitéetleurcapacitéd’adaptation. Ilyalescénarioclimatique ,quidécritlefacteurdeforçage,etlescénario non climatique , qui défini le contexte socioéconomique et environnemental dans lequel ce forçage survient. La plupart des évaluations des incidences des changements climatiques se base sur les résultats de modèles d’impact, qui reçoivent en entrée les données de scénariosclimatiquesetnonclimatiques.Cesmodèles ontétéproposésen fonction de scénarios variés des rejets de gaz à effet de serres. Ils proposent,tous,àdesdegrésdivers,unréchauffementdelaplanètepour le21 ème siècle. LeGIECaétablidifférentsscénariosd'émissionsdesgazàeffetde serre, qui reposent sur certaines hypothèses concernant la croissance démographique et économique, l’exploitation des sols, les progrès technologiquesetl’approvisionnementénergétique,ainsiquesurlafaçon dont les différentes sources d’énergie contribueront à cet approvisionnement entre 1990 et 2100. Ces scénarios décrivent chacun comment pourraient évoluer les émissions de gaz à effet de serre entre 2000et2100selondeshypothèsesdiverses.Lesscénariosserépartissent en quatregrandes«familles»(A1,A2,B1,B2): Les scénarios de type « A » supposent un monde où la croissance s’opère selon un modèle d’activité, de consommation et de technologies trèsprochedumodèleactuel:danslescénarioA1,lapriseencomptedes ressources et des technologies énergétiques permet de construire trois variantes:A1FIintensifenénergiesfossiles,A1Béquilibré,etA1Tintensif en technologies énergétiques sans carbone. Le scénario A2 décrit un mondeencroissanceassezfaible,maisoùlesémissionsrestentélevées. les scénarios « B » les structures d’activité changent, laissant émerger uneéconomiedesservices,àfaiblecontenuenmatièrespremièreseten énergie, marquée par la diffusion de nouvelles technologies et la recherche de la viabilité des modes de développement. le scénario B1, bien que présentant un niveau de croissance plus élevé, conduit à des émissions cumulées en 2100 deux fois plus faibles, en raison d’une convergenceversdestechnologiesetactivitéspeuintensivesenénergie et matières premières. Pour le scénario B2 La population mondiale s'accroîtdemanièrecontinuemaisàunrythmeplusfaiblequedansA2,il 17 ydesniveauxintermédiairesdedéveloppementéconomique,etl'évolution technologiqueestmoinsrapideetplusdiverse. Commeilyauneinfinitédepossibilités a priori pourdécrireceque seront les émissions à l'avenir, les scénarios sont nécessairement conventionnels.Celanesignifiepasqu'ilssonttotalementarbitrairespour autant, bien sur chacun d'entre eux reflète un état plausible du monde futur. L’intensité du réchauffement climatique dépendra pour une large partdesémissionsdesgazàeffetdeserreliéesàl’activitéhumaine. LeGIECaéditédifférentsrapportsdécrivantlesscénariosutilisés.

III-3. Les rapports d’évaluation du GIEC. Le GIEC a présenté 4 rapports entre 1990 et 2007. Depuis le premier rapport d’évaluation, les prévisions des scientifiques se sont affinéesetprédisentdésormaisaveccertitudeleréchauffementclimatique d'icilafindu21émesiècle: -Première évaluation de 1990 . Le rapport dresse le premier bilan des connaissancesdisponiblessurlessystèmesclimatiques,leschangements climatiques et leurs répercussions sur l'environnement, l'économie et la société.IlsertdebasescientifiqueàlaCCCCadoptéeàRioen1992.Les expertsontsurtoututilisédesmodèlesduclimatàl'équilibrequiprévoient une température moyenne en surface de 1,5 à 4,5°C supérieure à la valeur actuelle.Bien qu'ils aient présenté des résultats préliminaires de modèlesclimatiquesjumelésavecforçageparscénarios,lesrésultatsne reflètent pas toute la gamme des incertitudes liées aux futurs taux d'émissions. - Deuxième rapport de 1996 .Celuiciconclutàl'existenced'une influence perceptibledel'hommesurleclimatmondial.Unesériedesixscénarios (scénario IS92) a été utilisée pour se rapprocher de la gamme des émissions résultant des activités humaines jusqu'en l'an 2100. Il a été tenu compte des effets de refroidissement de concentrations accrues d'aérosols sulfatés dans les simulations. Les résultats obtenus indiquent unegammepossiblederéchauffementen2100de1,0à3,5°C. Troisième évaluation de 2001. Ce rapport se base sur les acquis des 6scénarios IS92 réalisés en 1992 et sur les projections de l'IIASA de 1996.Sixmodèlesontétéutiliséspouranalyserlesconséquencesde40 scénarios rassemblés en 4 grandes familles intitulées A1, A2, B1 et B2. Les facteurs choisis comme déterminants sont la démographie, le développementéconomiqueetsocial,lerythmeetl'orientationduprogrès technique.Cesscénariossupposentquelapollutionatmosphériquelocale forceraitlespaysàprendredesmesurespourluttercontrelesémissions d'aérosols. Ils reflètent ainsi une plus grande incertitude quant aux comportementsdeshumains,etnondesmodèlesclimatiques. Ce rapport prévoit que quelque soit le scénario considéré, et les hypothèsesadoptéespourlescroissancesdémographiqueetéconomique,

18 et l'intensité énergétique, la consommation mondiale d'énergie primaire devraitêtremultipliéed'ici2050,auminimumpar2,3etaumaximumpar 3. Quant aux températures moyennes à la surface du globe première conséquence attendue des émissions massives de gaz à effet de serre elles pourraient connaître une augmentation variant entre 1,4 et 5,8°C verslafindecesiècle(Fig.7);uneprévisionàlahausseparrapportàla modélisationprécédente(2 ème rapport).

FigureI.7:Prévisionduréchauffementclimatiqueau21èmesiècleselon les scénarios d'évolution planétaire du rapport du GIEC (2001) Scénarios d’émissions IS92e à sensibilité climatique élevée, IS92a à sensibilité climatiquemoyenneetIS92càsensibilitéclimatiquefaible -Quatrième rapport du GIEC 2007 :Ildécritlesprogrèsaccomplisdansla compréhension scientifique des causes humaines et naturelles des changements climatiques. Il est construit sur la base des évaluations précédentesduGIECetincorporelesnouveauxrésultatsdessixdernières annéesderecherche.Lesprogrèsscientifiquesdepuisletroisièmerapport reposent sur de nombreuses données nouvelles et plus exhaustives, sur des analyses plus élaborées des données, sur des améliorations dans la compréhensiondesprocessusetdansleursimulationpardesmodèleset suruneexplorationpluscomplètedesfourchettesd’incertitude. De nombreuses simulations fournies par un ensemble plus large de modèles ont été utilisées pour estimer la vraisemblance de nombreux aspects du changement climatique futur. Dans ce rapport, il est indiqué quelatempératuremoyenneàlasurfaceduglobeaaugmentéde0,76°C depuis1860,dont0,74°Cdepuis1900et0,2°Cdepuis1990.Ilestaussi précisé que d'ici 2100, pour la série de scénarios envisagés dans le rapport spécial sur les scénarios d'émissions du GIEC et selon les projectionsdemodèles,latempératuremoyennedel'airàlasurfacedu globedevraitaugmenterde1,1°Cà6,4°Cparrapportà1990,etquela

19 valeur obtenue de ce réchauffement en faisant la moyenne des modèles variede1,8à4°C.Enoutre,deschangementsdevraientseproduirepour ce qui est de la variabilité du climat ainsi que de la fréquence et de l'intensité de certains phénomènes climatiques extrêmes. Ces caractéristiques générales du changement climatique ont des répercussionssurlessystèmesnaturelsethumains. Dansledomainedel’émission degazàeffetdeserre,iln’estpas évident que l’Homme puisse défaire un jour ce qu’il a fait au cours des deux derniers siècles. En effet, réduire les émissions de gaz à effet de serre, signifie renoncer à continuer le développement des sociétés industriellesselonlemodèlequiafaitleurprospéritéet,enoutre,refuser cetypededéveloppementauxpaysquiyaspirent.Lesmodèlesindiquent quel'objectifd'unestabilisationdel'effetdeserrenepeutêtreatteintque si les émissions redescendent, à un moment donné, en dessous de leur niveau actuel. De plus, en supposant cette volonté établie, même si l’homme cesserait d’émettre immédiatement tout gaz à effet de serre dans l’atmosphère, selon le rapport de 2001, il devrait tout de même subir,durantdetrèsnombreusesannéesencore,leseffetsdesgazémis depuis 150 années, sachant qu’une molécule de CO 2 réside dans l’atmosphère120ansenvironaprèssonémission etcertainsCFContdes duréesdeviedeplusieurs milliersd’années. Le réchauffement climatique est alors inéluctable et les conséquencessurl’environnementserontnombreuses. IV- IMPACTS DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Les changements climatiques sont bien plus qu'une tendance au réchauffement. Une augmentation des températures mènera à de nombreux changements météorologiques sur le plan des configurations des vents et des précipitations ainsi que celle des phénomènes météorologiques extrêmes. Ce qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles et une portée considérable sur le plan environnemental, social et économique. Selon le dernier rapport du GIEC (2007, une évaluation globale des données depuis 1970 a montré que le réchauffement d’origine anthropique a probablement eu une influence perceptiblesurbeaucoupdesystèmesphysiquesetbiologiques. L’augmentation des températures ou toute modification des paramètresclimatiquesnepeutfaireautrementqu’engendrerdesimpacts surl’environnementetl’activitésocioéconomique. Même si les impacts directs et indirects du climat et de ses changementssontgénéralementmultisectoriels,cettefaçondeprésenter laproblématiquedemeurelaplussimple: Ressource en eau : L'impact du changement climatique sur la ressource en eau ne peut pas être facilement isolé, de celui des autres changements affectant le milieu continental, en particulier ceux liés aux 20 activités humaines. A l'échelle locale et sur des durées courtes (de la journéeaumois),lesaugmentations,mêmesmodestes,attenduessurla fréquence et l'intensité de certains événements climatiques (précipitations,températures)peuventvoirleursimpactssurlaressource en eau significativement amplifiés lorsqu'elles sont combinées à des situations locales particulières: crue rapide, inondation, sécheresse, pollution,etc. Au cours du siècle, les projections du GIEC montrent un déclin des ressourceseneaustockéesdanslesglaciersainsiquedanslacouverture neigeuse, réduisant la disponibilité en eau dans certaines régions alimentées par l’eau de fonte provenant des grandes chaînes de montagne. Biodiversité et écosystèmes : La résilience de beaucoup d'écosystèmes sera probablement dépassée durant ce siècle par la combinaisonsansprécédentduchangementclimatique,desperturbations associées (par exemple, les inondations, les sécheresses, les incendies, lesinsectes,acidificationdesocéans)etd’autresfacteursdechangement mondial(telsquel’utilisationdessols,lapollutionetlasurexploitationdes ressources). Le réchauffement climatique contribuera à la perturbation d'écosystèmesnaturelsdelaTerre,cequipourraitcauserl'extinctionde nombreusesespècesanimalesetvégétales. - Circulation océanique :L’acidificationprogressivedesocéansdueà l’accroissementdugazcarboniqueatmosphériquedevraitavoirdeseffets négatifssurdenombreuxorganismesmarins.Enoutre,l'affaiblissement de la circulation thermohaline de l'Atlantique Nord pourrait causer des changements majeurs au climat. D’ailleurs tous les modèles montrent dans le cas d’un réchauffement climatique, un ralentissement de la circulation océanique dans l’Atlantique Nord. L’océan est alors attiré par un autre état d’équilibre que celui dans lequel il se trouve actuellement (Manabe et Stouffer, 1994). Ceci pose un problème nouveau. Pour certains modèles, le système climatique pourrait être caractérisé par certainsseuils(situésenl’occurrenceversletriplementouquadruplement du CO2), seuils mal connu, difficiles à évaluer dans l’état actuel de la science,maisaudelàduquellesévolutionsclimatiquespourraientdevenir brutalesetirréversibles. Systèmes côtiers et zones de faible altitude : Les projections montrent que les côtes seront exposées à des risques croissants, y compris l’érosion, suite aux changements climatiques et à la hausse du niveaudelamer.L'effetseraaggravéparl’accroissementdelapression humainesurlesrégionscôtières. La santé :elleestdansunelargemesuresousladépendancedu climat, il faut s'attendre à ce que tout changement climatique ait des impacts(favorablesoudéfavorables)surlasanté.

21 L’économie, l’habitat et la société :Onparlededommagesetnon plusd'impactsduréchauffementclimatiquequandons'interrogesurses effets sur le bienêtre des populations. L'ampleur et la chronologie des impacts varieront avec l’importance et le moment d’apparition des changements climatiques et, dans certains cas, de la capacité d’adaptation. Les coûts et les bénéfices du changement climatique pour l'industrie,l’habitatetlasociétévarierontconsidérablementenfonctionde la localisation et de l’échelle spatiale. Les effets vont tendre à être d’autant plus négatifs que les changements du climat seront plus importants. La température moyenne à la surface du globe a déjà connu une augmentationde0,6±0,2°CaucoursduXXesiècle(GIEC,2001).Mais ce qui change par rapport aux variations climatiques naturelles que l'Hommeapuconnaître,c'estquelavitessemoyenneduréchauffement serasupérieureàtoutcequiapuseproduire.Cequiprovoqueraitune importante fonte de glaciers polaires et alpins ainsi qu’une élévation du niveau de la mer. Cette hausse rendrait particulièrement vulnérable aux inondations les basses terres côtières où plus de 50% des habitants de cetteplanètevivent.Deplus,sionyajoutelesprévisionsdecroissance démographiquepourcesrégionscôtièrestrèsconvoitéesparunemajorité degens,ilestbienpossiblequelahausseduniveaudelamersoitl’un desplusgranddangerinduitpardeschangementsclimatiques.Demême l’augmentationpotentielledel’intensitédesévénementsmétéorologiques extrêmes produira des impacts dont l’ampleur peut être aussi catastrophiquequespectaculaire. V- ÉLÉVATION DU NIVEAU DE LA MER : CAUSES ET CONSEQUENCES

V-1. Les fluctuations du niveau de la mer au cours des temps géologiques.

Aucoursdel’HistoiredelaTerre,leniveaudelamern'acesséde fluctuersurdeséchellesdetempsplusoumoinslongues.Denombreux indicesgéologiquesetarchéologiquesindiquentdesvariationspasséesdu niveau marin. La dernière fois que les régions polaires ont été significativementpluschaudesqu’actuellementpendantunelonguedurée (ilyaenviron125000ans),laréductionduvolumedesglacespolairesa conduitàuneélévationduniveaudesmersde4à6mètres(GIEC,2007). Lors de la dernière glaciation, il y a environ 20000 ans, le niveau de la mer était en moyenne 120 m plus bas qu’aujourd’hui. Avec la fonte des calottes glaciaires qui recouvraient alors le Nord de l’Amérique et de l’Europe,l’élévationlaplusrapideduniveaudelameràl’échelleduglobe a eu lieu au rythme moyen de 10 mm environ par an entre 15 000 et 6000ansavantnotreère(GIEC,2001).D’aprèslesdonnéesgéologiques, la montée eustatique du niveau de la mer s’est produite ensuite à un rythmemoyende0,5mmparandurantles6000dernièresannées,etde 0,1à0,2mmparandurantles3000dernièresannées.Cerythmeestà 22 peu près 10 fois inférieur à celui observé au 20 èmè siècle. Au cours des 3000 à 5000 dernières années, des oscillations à plus court terme (de l’ordredequelquescentainesd’annéesà1000ans)auraientprésentédes amplitudes maximales de 0,3 à 0,5 m (Chappell, 1982; Wooddrofe and McLean,1990). Au cours des derniers 1000 ans et avant le 20 ème siècle, le taux de variationduniveaudelamerauraitétéinférieurà0,2mm/an(Lambeck etBard,2000;Lambecketal.,2002). Les fluctuations du niveau marin ont touché à divers degrés, l’ensembledeslittorauxdanslemonde.EnEurope(côtesdel’Atlantique etdelamerduNord)etenAfriqueduNord(Méditerranée)parexemple, d’abondants vestiges archéologiques témoignent d’une occupation de zones côtières aujourd’hui submergées (Paskof, 2001). Ces événements sontsurvenusbienavantl’effetdeserre. V-2. Les variations du niveau de la mer au cours du 20 ème siècle Au20 ème siècle,touteslesmesuresindiquentunehausseduniveau global de la mer largement supérieur à 0.2 mm/an (Douglas, 2001 ; Peltier, 2001 ; Church et al., 2004; Holgate and Woodwoth, 2004). Des systèmes d’observations précis et complémentaires du niveau de la mer sontalorsutilisés. V-2-1. Moyens de mesures et d’observation du niveau marin .

Durantledébutdu20siècle,deuxprincipauxmoyensd’observation duniveaudelamersontutilisés: - Les marégraphes : ils sont employés depuis environ un siècle, et permettent de reconstituer les variations à long terme du niveau de la mer. Fixés à la côte, ils fournissent une mesure du niveau de la mer. Depuisledébut20 ème siècle,ilsindiquentqueleniveaumoyenglobalde lamers’estélevéd’environ1,5à2mmparan(Douglas,2001;Peltier, 2001;Churchetal,2004;HolgateetWoodwoth,2004)soitunevaleur 10foissupérieureàcelledesderniersmillénaires.Cependantlatendance des marégraphes est très hétérogène à travers le monde. En effet, les longuessériesderelevésmarégraphiquessontconcentréesdanslesports despaysindustrialisésdel’hémisphèrenord,d’oùunehétérogénéitédela répartitionspatialedesrésultats.Lahausseséculaireduniveaudelamer telleenregistréeparlesmarégraphespourraitnepasêtrereprésentative entermedemoyenneglobale(HolgateetWoodworth,2004). Néanmoinscesmarégrapheshistoriquesprésententunintérêtscientifique évidentcarilsconstituentl’uniquetémoindesvariationsduniveaumarin dusièclepassé.Laconnaissancedesvariationsabsoluesduniveaudela mer à l’aide des données marégraphiques reste encore aujourd’hui un défi. Mais grâce à l’altimétrie spatiale, il y a accès à un moyen

23 d’observation du niveau de la mer complémentaire aux mesures marégraphiques. - Les radars embarqués sur les satellites altimètres : ils fournissent des observationsglobalesduniveaudelamer.Al’opposédesmarégraphes, l’altimétriespatialepermetdemesurerdirectementlesvariationsactuelles duniveaumoyenglobaldelamerabsoluparrapportaucentredelaTerre avec une précision supérieure à un millimètre par an . Opérationnels depuisunedouzained’années,lessatellitesaltimétriquesTopex/Poseidon etJason1mesurentdefaçonglobaleetpréciselesvariationsduniveau de la mer. Les observations réalisées depuis 1993 indiquent une hausse moyenne globale de 2.75 +/ 0.10 mm/an (Lombard, 2005) (Fig.8). D’aprèsPeltier(1998),l’ajustementisostatiquedelaTerreàlafontedes calottes glaciaires lors de la dernière déglaciation, engendre une augmentation séculaire du volume des bassins océaniques. Par conséquent,l’effetdurebondpostglaciairesurleniveaudelamerabsolu correspond à une baisse apparente du niveau moyen global de 0,3 mm/an (Douglas et Peltier, 2002; Tamisiea et al. 2004; Cazenave et Nerem, 2004). Ces auteurs prédisent que l’impact du rebond post glaciaire sur le taux de variation du niveau moyen absolu de la mer, mesuréparlessatellites,estcomprisentre0,2mm/anet0,5mm/an. Ainsilavitessed’élévationduniveaumoyenglobaldelamercorrigéeest doncde3,15mm/an(Lombard,2005).Cetteremontéeduniveaumarin estdeuxfoisplusrapidequecelleenregistréede1961à2003,etquiétait de1,8mmparan(GIEC,2007). Une des principales informations que nous apportent les mesures des satellites d’observation, en comparaison de celles des marégraphes, est que la hausse est très hétérogène d’un point de vue géographique (Fig. 9). Dans certaines régions, le niveau de la mer est monté (jusqu’à 3 cm/an), dans d’autres, il a baissé. Grâce aux observations spatiales, les variations du niveau de la mer sont mesurées sur dans l’ensemble du domaineocéaniqueetpasseulementlelongdescôtescommelefontles marégraphes. Les spécialistes de la modélisation du climat s’emploient à évaluer l’élévationeustatiqueduniveaudelamer.Pourcela,plusieursscénarios etmodèlesontétéétablislorsdesdifférentsrapportsduGIEC.

24 Figure I. 8 Évolution du niveau de la mer depuis 1993 d’après les observations des satellites altimétriques ( Source LEGOS ) (d’après Lombard,2005) http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim/biblio/pigb19/00_grandes/03/01.

FigureI.9:Cartedeladistributiongéographiquedesvitessesdevariation du niveau de la mer (19932005) d'après Topex/Poseidon. (http://www.legos.obsmip.fr ). 25 V22. Modèles climatiques Pourl’ensembledesscénarios,ilestprévuuneélévationduniveau de la mer de 0,09 à 0,88 m entre 1990 et 2100 (Fig. 10). La valeur médiane s’établit à 0,48 m, ce qui correspond à un taux d’élévation moyen environ deux à quatre fois supérieur au taux observé au 20 ème siècle. L’intervalle présenté dans le deuxième rapport d’évaluation pour l’élévation du niveau de la mer était de 0,13 à 0,94 m sur la base des scénariosIS92.

FigureI.10:Prédictionsdel'élévationduniveaudelamerentre1990et 2100 selon les scénarios et les modèles. Les courbes correspondent aux divers scénarios SRES. (GIEC/IPCC, 2001). (Chaque scénario d'émission de gaz à effet de serre (désigné par un sigle) a une couleur différente. Pour une couleur donnée, donc un scénario donné, la barre à droite de cette couleur donne la fourchette de l'élévation possible du niveau de la mer en 2100, selon les modèles. Par exemple le scénario A1B, en rouge plein, engendre une élévation du niveau de la mer de 13 à 70 cm selon les modèles. Le scénario B2, en vert, conduit à 10 à 57 cm en plus selon les modèles, etc. La courbe de la couleur correspondante matérialise l'évolution médiane (c'est à dire "au milieu") pour l'ensemble des modèles. La zone gris foncé représente l'enveloppe des évolutions médianes tous scénarios confondus, et la zone gris clair montre le surcroît de différence (on parle de "dispersion" des résultats) ajouté par le fait que pour un même scénario les différents modèles donnent des résultats différents). LesdernièresévaluationsduGIECconcernantl’élévationduniveau marinsontlégèrementinférieures(Tab.1);ceciaétéexpliquédedeux façons: (i) les effets compensateurs des aérosols sur le réchauffement climatique et, par conséquent, sur l'accroissement du niveau de la mer, qui n'avaient pas été pris en compte dans le rapport de la première évaluation,maisl'ontétépourlessecondettroisième(GIEC/IPCC,2001); 26 (ii) de meilleures connaissances de la réaction des océans et des glaciersàunclimatpluschaudportentàcroirequeletauxd'absorption de la chaleur par ces systèmes à partir de l'atmosphère puisse être inférieur à celui qui avait été antérieurement prévu. Ces nouvelles donnéesontréviséàlabaissel'augmentationprévueduniveaudelamer au cours du prochain siècle, mais ne modifient pas de façon appréciable l'évolutiontotaleàlongtermeduniveaudelamerdécoulantdel'influence humainesurleclimataucoursdessièclessuivants. Rapports 1996 2001 2007 Haussedestempératuresmoyennesen2100parrapportà1990 +1°Cà+3,5°C +1,4°Cà+5,8°C +1,8et+4°C* 1,1à6,4°C** Elévationduniveaudelamerjusqu'en2100parrapportà1990 +0,15à+0,95m +0,09à+0, 88m 18et59*cm 5à7m** NiveaudelaconcentrationdeCO 2dansl'atmosphèrejusqu'en 2100 500ppm 540à970ppm Passagede380à800ppm* 490à1260ppm** Tableau I.1 : Estimations des hausses des températures moyennes, du niveau des océans et des concentrations en CO 2 entre 1990 et 2100, d’aprèslesrapportsduGIEC.(1996,2001et2007). * : selon les meilleures estimations ; ** : scénario le plus pessimiste ppm : partie par million

Ainsi les différents modèles climatiques ont permis d'établir des prévisionspourlesprochainesdécennies.LesévaluationsduGIEC(2001), choisies pour la présente étude, prévoient une augmentation de la température comprise entre 1,4 et 5,8°C et une élévation du niveau eustatiquecompriseentre9et88cmd’ici2100.Lesmodèlesd’évolution duclimatprédisentquelahaussedu niveaudelamersepoursuivraau cours des prochains siècles (GIEC, 2001), même si les concentrations atmosphériques de gaz à effets de serre se stabilisent à la fin du XXI e siècle.Celas'expliqueparlalenteréactiondesocéansetdesglaciersaux variationsdelatempératuredel'atmosphère(GIEC,2001).Lesprévisions indiquentenoutrequel’élévationneserapasuniforme.Lamermontera plusvitedanscertainesrégionsquedansd’autres. 27 V-3. Les principaux facteurs des variations du niveau de la mer

Le niveau de la mer est déterminé par de nombreux facteurs de l’environnement global qui entrent en jeu à des échelles de temps très diverses,allantdequelquesheures(lesmarées)àdesmillionsd’années (la modification des bassins océaniques sous l’effet des mouvements tectoniquesetdelasédimentation).Al’échelledeladécennieetdusiècle, certains des principaux forçages influant sur le niveau moyen des mers sont liés au climat et aux changements climatiques (GIEC, 2001). En effet, l’élévation eustatique du niveau de la mer, observée depuis quelques décennies, est l’une des plus importantes conséquences du réchauffementclimatique(GIEC,1996;2001).Cettevariationduniveau moyenglobaldelamerestoccasionnéeparunemodificationduvolume des océans dont deux principaux facteurs semblent être la cause: la dilatationthermiqueetlafontedesglacescontinentales. V-3-1. Dilatation thermique

Ladensitédel’eau diminuelorsqu'elleseréchauffeetlevolumede l'eauaugmente.Eneffet,l’eauchangedevolumeselonlatempérature: ellesedilateaveclachaleuretsecontracteaveclefroid(effetstérique). Les observations depuis 1961 montrent que la température moyenne de l’océanmondialacrûjusqu’àdesprofondeursd’aumoins3000metque l’océan a absorbé plus de 80 % de la chaleur ajoutée au système climatique (GIEC, 2007). Un tel réchauffement provoque une expansion de l’eau de mer, contribuant à l’augmentation du niveau de la mer. Les températures des océans ont augmenté, et le niveau des eaux a globalement augmenté de 1520 cm au cours du 20 ème siècle, avec un rythme accéléré durant la dernière décennie (3 cm) (Cazenave and Nerem, 2004; Lombard et al., 2005). Selon les données globales de températures de subsurface de l’océan, la contribution de l’expansion thermique a été estimée à 0.4mm/an pour la période de 19502000 (Levitusetal.,2005etIshiietal.,2005),etde1.5mm/anentre1993et 2003(Lombardetal.,2005),soitenviron50%delahausseduniveaude lamermesuréeparaltimétrie(environ3mm/an). V-3-2.Fonte des glaces continentales

Lafontedelabanquiseetdesicebergsn'apasd'effetsurleniveau de la mer. En effet, grâce à la poussée d'Archimède, comme les glaces flottent,ellesdéplacentunvolumed'eaudemerdontlepoidsestégalau poids de la glace. Si cette glace océanique fond, l'eau de fonte occupe exactementlevolumed'eaudemerquelaglaceoccupait,sansmodifierle niveaumarin. Parcontre,lafontedes calottespolaires(AntarctiqueetGroenland)etdes glaciers de montagne (réservoirs continentauxd’eau) constitue la deuxièmecausedel'élévationduniveaudelamer.Lacontributiondeces eaux est de l'ordre de 1,4 mm/an (Lombard, 2005, Cazenave, 2006). Durant la dernière décennie, la fonte des glaciers de montagne a 28 contribué pour environ ~ 0,8 mm/an à la hausse du niveau de la mer (DyugerovetMeier,2005).LessurfacesglaciairestropicalesenAmérique duSud,enAfriqueetauTibetontdéclinédefaçonremarquableaucours desdernièresdécennies(Thomsonetal,2002;Kaseretal.,2004). A l’échelle globale, les effets combinés de l'évolution des calottes glaciairessemblentcependantavoiruneincidencesecondairesurletaux d'élévationduniveaudelamercomparativementàl’expansionthermique desocéans. L’élévation du niveau de la mer est sans équivoque, car il est maintenant évident dans les observations que plusieurs facteurs y contribuent (Tabl. 2): la dilatation thermique, la fonte généralisée de la neige et de la glace ainsi que d’autres contributions climatiques dont l’estimationdelasommeaétécohérenteavecl’augmentationduniveau moyendelamer,observéedirectementde1993et2003(GIEC,2007).

Vitessed’élévationduniveaudela mer(mmparan) Facteurd’élévationduniveaudelamer 19612003 19932003 Dilatationthermique 0,42±0,12 1,6±0,5 Glaciersetcalottesglaciaires 0,50±0,18 0,77±0,22 FonteduGroenland 0,50±1,2 2,1±0,7 Fontedel’Antarctique 1,4±4,1 2,1±3,5 Sommedescontributionsliéesauclimat 1,1±0,5 2,8±0,7 Elévationtotaleobservéeduniveaumarin 1,8±0,5 3,1±0,7 Différence (Observation moins la somme 0,7±0,7 0,3±1 descontributionsduclimat) Tableau I.2 : Vitesse observée d’élévation du niveau de la mer et estimationdescontributionsdesdifférentsfacteurs(GIEC,2007). Une étude récente (Rahmstorf et al., 2006) a comparé la hausse observéeduniveaudelamerauxmodèlesdeprojectionsduGIEC(3ème rapport, 2001) (Fig.11) depuis 1990. Elle suggère que les prévisions actuelles concernant l’augmentation du niveau de la mer ont été sous estimées. Basée sur une approche semiempirique, et sur les scénarios climatiques du GIEC, elle prévoit que, d’ici 2100, le niveau de la mer pourraaugmenterde0,5à1,4mètresaudessusdesniveauxde1990.

29

Figure I.11: Comparaison entre les observations et les projections de l’élévationduniveaulamerentre1990et2006.(D’aprèsRafmstorfetal., 2006)http://www.legos.obsmip.fr

V-4. Les conséquences prévisibles de la remontée du niveau marin

Leconsensusscientifiquequantaurôledesactivitéshumainesdans le réchauffement climatique est maintenant solidement établi. L’ampleur et la rapidité de l’évolution du climat influeraient fortement sur les écosystèmes naturels, les systèmes socioéconomiques et la santé humaine. Les conséquences de ce réchauffement global en terme de hausse du niveau de la mer sont potentiellement inquiétantes pour les nombreuses populations vivant sur les côtes, particulièrement celles qui ontétémodifiéesetaménagéesdefaçonintensiveaucoursdesdernières décennies.Surleplanphysiographique,uneélévationrapideduniveaude la mer aurait principalement pour effet d'accélérer les changements littoraux qui se produisent actuellement. Les plus prévisibles sont une accélération de l’érosion des plages et des falaises, une extension des submersions temporaires ou permanentes sur les espaces côtiers bas, ainsi qu’uneaccentuationdelasalinisationdesaquifèresetdeseauxde surface(NichollsetLeatherman,1994;ClusAubyetal.2004). Il en résulterait alors toute une série d'impacts biophysiques et socio économiques le long des zones côtières (Fig. 12) qui, à terme, auraient uneincidencesurdiverssecteurs,notammentlespêches,lestransports, letourismeetlesloisirs.

30 Changement climatique et élévation de la mer Impacts biophysiques - Inondationscôtièresplusétendues - Accroissementdel'érosioncôtière - Intrusiond’eausaléedanslesaquifèresd’eaudouce - Haussedesinondationscauséespardesondesde tempêtes - Augmentationdestempératuresàlasurfacedelamer - Pertesd’habitatscôtiers

Impacts socio -économiques

- Dommagesauxinfrastructurescôtièresdontcellesutiliséespour letransportetloisirs - Pertesdespropriétésaccrues - Augmentationsdesrisquesdemaladies - Accroissementdesrisquesd’inondationsetdepertedevie - Changementderessourcesrenouvelablesetdesubsis tances(Cas despêches) - Pertederessourcesetdisparitiondevaleurscultu relles

Figure I.12 : Impacts biophysiques et socioéconomiques potentiels du changementclimatiquedansleszonescôtières(extraitmodifiédeMcLean etal.,2001)

31 Un large consensus se dégage actuellement sur l’ampleur des impacts prévisionnelsduchangementclimatiqueetdel‘élévationduniveaudela mer dans le temps et dans l’espace. Le réchauffement climatique est un problème environnemental et économique et une sérieuse préoccupation mondiale. Et le Maroc, à l’instar des pays du bassins méditerranéens, se trouveêtreparticulièrementvulnérableàceschangementsclimatiques. VI- LE MAROC ET LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Les perturbations du système climatique mondial, initialement prévues par les scientifiques pour la fin du 21 ème siècle sévissent déjà dans plusieurs régions du monde : ouragans et tempêtes dévastateurs, sécheressespersistantesetmontéeduniveaudelamer,frappenttourà tour de nombreuses populations de par le monde. Les pays les plus démunisontdumalàyfaireface.Inondations,famines,maladies,exode etpertesdemilliersdevieshumainessont letribut que paient lespays vulnérables à ces aléas climatiques. Le Maroc n’échappe pas à ces phénomènes.Eneffet,lessécheressesrécurrentesquiysévissentdepuis plusieurs années, sont ponctuées de temps à autre par des orages brusquesetdestructeurs.SelonMokssitdelaDirectiondelamétéorologie nationale (DMN), le réchauffement enregistré durant les 50 dernières années est pratiquement le double de celui enregistré sur les 100 ans. L'étude de la température moyenne annuelle sur le Maroc a montré une augmentation significative de celleci de l'ordre de 0,16°C par décennie, elleaugmenterad'ici2100entre2°et5°C(Mokssit,2007). Ceci devrait faire prendre conscience du danger que représentent les perturbationsduclimat. Danslecontextemaghrébin,unprojetrégionalderenforcementdes capacités est mis en oeuvre depuis 1995 (projet RAB/G31/94), avec l’appuiduprogrammedesnationsuniespourledéveloppement(PNUD)et lefondsmondialpourl’environnement(FEM).Ceprojetatrèstôtadopté une démarche dynamique marquée par l’échange d’informations, l’implication des principaux acteurs gouvernementaux et non gouvernementauxetlapluridisciplinarité.Cettestratégiecoopérativevise l’émergence d’une véritable synergie maghrébine dans le domaine des changementsclimatiques. En juin 1992, le Maroc a signé la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) lors de la CNUED de RiodeJaneiro,etill’aratifiéeen1995.Etdanslecadredesengagements du Maroc en tant que partie de la Convention cadre UNFCCC, de nombreuxeffortssontconsentispourseconformerauxdispositions,tels qu’ilssontdécrits,pourmenerdesétudesdeVulnérabilité/Adaptationdu pays aux Changements Climatiques. Il y a eu plusieurs réalisations au niveauinstitutionnel:

32 1- Création du Centre d'Information sur les Energies Durables et l'EnvironnementCIEDE 2- Mise en place du Comité National pour les Changements Climatiques(Comitéinterministériel) 3- Mise en place de la cellule Changements Climatiques au siège du départementdel'Environnement.

Plusieursprojetsaxentleurétudesurleschangementsclimatiques auMaroc: Impactsdeschangementsclimatiquessurl’Environnement,réalisé par le Ministère chargé de l’Environnement et l’Ecole Hassania des TravauxPublics(EHTP)(Alibouetal.,2001); Etudedespossibilitésd’atténuationdesémissionsdegazàeffets de serre, élaborée au Département de l’Environnement, Unités changementclimatique; Impactsdeschangementsclimatiquessurlebilandesressources eneau(Sinan,2001) CommunicationNationaleInitialesurleschangementsclimatiques (CNI)(MATEE,2001)montrel’intérêtparticulierpourcetteproblématique Projet sur l’Evaluation de l’Impact et de l’Adaptation des Zones Côtières face aux Changements Climatiques au Maroc, dans lequel deux zoneslittoralesontétéchoisiespourcetteétude:TangeretRasElMa– Saïdia(Snoussi, 2006); ce projet réalisée par le MATEE (2007), est une contribution au projet régional AIACC ( Assessment of Impact and Adaptation to Climate Change )pourlarégionSudMéditerranée. Autres études sont projetées pour répondre à ce qui est requis dans le cadre de la seconde CommunicationNationale. Quatre thèmes prioritaires sont retenus (i) l’eau, l’agriculture et les zones côtières pour lesprojetsVulnérabilité&Adaptation,et(ii)lesénergiesrenouvelableset l’efficacité énergétique pour les projets d’atténuation des émissions de GES. Atelier de lancement de «L’étude sur mesures et programmes d’atténuations des émissions des gaz à effet de serre»organisé à Rabat enjuin2007parleMATEE Al'horizonde2020,selonlaCNI,ilestprévuquelepaysconnaitra un réchauffement de l'ordre de 0.7 à 1%, une diminution des précipitations de l'ordre de 7 à 0% et une baisse des apports et rétrécissement du manteau neigeux vers des altitudes plus élevées. Les secteurs identifiés et reconnus comme prioritaires par l'étude sont en particulier l'eau et l'agriculture, alors que les zones les plus vulnérables sontprécisément,leszoneshumides,lesforêtsetleszonescôtières.

Enoutre,l’avantagequetireleMarocdesapositionprivilégiéeetde sesdeuxfaçades maritimes,peut devenirungravehandicap dufaitdes risques d’une remontée du niveau marin, impact inhérent au réchauffementclimatique.

33 VII- LE LITTORAL MAROCAIN ET L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER

Le Maroc est doté d'une frange littorale atlantique et méditerranéennequis'étendsurprèsde3500km.Celittoraljouelerôle de pôle structurant de l'économie nationale compte tenu de son poids démographique, économique et de sa fonction dans l'organisation de l'espace national. Il constitue de plus en plus un pôle d'attraction et un enjeu économique de première importance. En effet, il concentre les principalesagglomérationsdupays,lesdensitésdémographiqueslesplus élevées,lesréseauxd'infrastructureetdecommunicationlesplusdenses, les plaines agricoles les plus importantes, les principales activités économiquesainsiquediversécosystèmescôtiers.L’affluxverslescôtes a engendré non seulement un important déséquilibre démographique et économiqueentrelelittoraletleszonesintérieures,maisaussiuneforte dégradationdel'environnement.

Le littoral marocain est déjà fortement fragilisé; une élévation accéléréeduniveaudelameraggraveraitlamenacesurlastabilitédes côtes tout en compromettant les potentialités économiques et les équilibresécologiquesdeszonescôtières.Cesconséquencesinquiétantes justifient la nécessité d’un suivi précis de la situation sur les côtes marocaines.Ilneseraitsurtoutpaspossibled'êtreexhaustifsurleseffets d'uneélévationduniveaumarin;ilsseronteneffetextrêmementvariés selon le type de côte, le peuplement et l'amplitude du phénomène. Néanmoins, toutes les zones côtières subiraient les conséquences de stresssupplémentaires,particulièrementleslittorauxfortementpeuplés,à caractéristiques morphologiques et à potentialités socioéconomiques variées. Tel le cas du littoral de Tétouan, site de la Méditerranée occidentalemarocainechoisipourcetteétude. VIII- CONCLUSION

Dans son dernier rapport (GIEC, 2007), le GIEC tire la sonnette d’alarme.D’abord,parcequelesconcentrationsatmosphériquesenCO 2et enCH 4deuxpuissantsgazàeffetdeserre dépassentdelointoutce que la Terre a connu depuis 650 000 ans. Ensuite, car les taux de CO 2 continuent d’augmenter, à un rythme qui s’est même accéléré ces dix dernièresannées.Enfin,parcequecesgazsemblentpourlapremièrefois jouer un rôle moteur dans le réchauffement du climat qui sort de la gamme des variations "naturelles" au cours des derniers siècles. Le réchauffement du système climatique est sans équivoque, comme en attestentl'augmentationobservéedestempératuresmoyennesdel'airet des océans au niveau mondial, la fonte généralisée de la neige et des glacesetl'élévationduniveaudelamer. Bien que la réponse unanime des scénarii soit toujours que le système climatique est inévitablement appelé à se réchauffer, une incertitude large sur l’amplitude et la localisation des changements 34 climatiquesesttoujoursprésente.Elleestliée(1)auxdonnéesgénérées; (2) à l’évolution réelle de l’atmosphère dans un contexte où le comportementdespopulations,deséconomiesetdesgouvernementsest difficile à prévoir; (3) à l’impact des politiques adoptées; (4) la nature mêmedelavariabilitéclimatique;et(6)oumêmelapriseencomptede facteurs ou composantes nonclimatiques importantes. Cependant cette incertitude traduit à la fois le caractère inachevé des modèles, qui ne résolvent qu’une partie des processus du monde réel, mais aussi le fait que le système climatique n’est pas non plus entièrement prévisible. Il fauttoutefoissegarderd’uneinterprétationerronéedecetteincertitude, qui amènerait à nier la réalité des risques encourus. Le dérèglement du climatestinéluctable,etlescontoursprécisrestentdifficilesàprévoir.Le changement se traduira inévitablement par une modification de la variabilitéclimatique,l’élévationduniveaudelameretlesévénements extrêmesinhérents. Le Maroc de par ses caractéristiques atmosphériques et géographiques,n’estguèreépargnéparleréchauffementclimatiqueetles phénomènes extrêmes qui en résultent; cette problématique environnementale revêt une importance essentielle, et la politique à mener pour y faire face devra avoir une portée stratégique majeure. En effet, étant donnée les incertitudes admises, il est important qu'une approchedetype“gestiondurisque”soitappliquée,demanièreàréduire auminimumlaprobabilitéd'occurrencesdesimpactsclimatiques.

35

Chapitre 2 : PARAMETRES NATURELS ET POTENTIALITES DU LITTORAL

36 Chapitre 2 : PARAMETRES NATURELS ET POTENTIALITES DU LITTORAL DE TETOUAN

I- INTRODUCTION Lelittoralestunsystèmeàinteractionscomplexescontrôlépardeux types de processus: ceux à dynamique rapide (crues, tempêtes, etc.) saisonnière (marées, étiage, rayonnement solaire) et d’autres à action pluslente(sédimentation,surexploitationdesressources,modificationdes niveaux et réchauffement, etc.). A cette complexité naturelle s’ajoutent lesaménagementshumainsimplantéssurlazonecôtièrequi,s’ilssontde grande valeur socioéconomique, provoquent des effets négatifs divers. Cetécosystèmefragileestainsisoumisàunefortepressionanthropique (urbaine, économique et touristique). De plus, la diversité des activités socioéconomiques pratiquées y entraîne d’importants conflits d’usage souventantagonistes. Ces activités humaines sont elles aussi soumises à desévolutions lentes et rapides à des échelles de temps analogues à celles des variations naturelles.Ainsil’occurrenced’unréchauffementglobaletd’uneélévation accéléréeduniveaudelameraccentueraitlafragilitédelazonecôtièreet remettraitvraisemblablementencausel’efficacitédesaménagements,et lapérennitédecertainsécosystèmescôtiersetdeleursressources. L’espace littoral de Tétouan, choisi pour cette étude, est en plein développement,ilsusciteungrandintérêtpourlesupportqu’iloffreaux activitéséconomiquesetaudéveloppementurbainainsiquepourcequ’il représentecommerichessebiologiqueetpotentialitéstouristiques. II- CARACTERISTIQUES NATURELLES DU LITTORAL DE TETOUAN

II-1. La situation et la description morphologique II-1-1. La localisation géographique

LelittoraldelavilledeTétouanestsituéauNordduMaroc(Fig.13),Surla façadedelaMéditerranéeoccidentale.D’altitudepeuélevée,ilestorientée du NNW au SSE : de 10° Sud au dessus de Fnidek, elle passe progressivementà350°Nordaufuretàmesurequel’onserapprochede M’diq,et345°NordàCaboNégroetCapMazari. L’airedel’étude,s’étenddeFnideqauNordàCapMazariauSudsur unedistancede44kilomètres,entrelesparallèles35°33’et35°52’Nord et les méridiens 5°14’ et 5°24’ Ouest. Elle est limitée à l’Est par la mer Méditerranée,àl’Ouestparlachaînedu,auNordparlecapdeSebta etauSudparceluideMazari.

Selon le découpage administratif, cette zone comprend trois municipalitésurbaines,enl’occurrence,cellesdeFnideq,M’diqetMartil.Le

37

490 495 500 505 510 515

Cap Sebta N FNIDEK 585

Oued Fnidek Côte Nord

Plaine de Restinga 580 M er M éditerranée Oued Négro Marina Smir 575

Plaine de Smir Kabila 570

Oued Smir Cap Koudiat Taifor Espagne N M'DIQ 565 Cabo Négro Oued Mellah

Maroc Côte Sud Plaine de 560 Martil-Alila : Port MARTIL : Centre urbain Oued Martil : Centre rural 555 : Route Lac S.Abdessalam Cap ; Lac et marais AZLA Mazari : Plaine alluviale 550 Oued Azla : limite de la zone d'étude 0 2km FigureI.13:Situationdelazoned’étude:lelittoraldeTétouan.

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centre d’Azla, situé à l’extrême Sud de la zone d’étude, dépend administrativement d’une commune rurale. La ville de Tétouan est constituéede2municipalités(SidiMandrietTétouanAzhar)etsonlittoral (zone d’étude), ils forment tous, ce qu’on peut appeler l’aire urbaine du grand Tétouan.

II-1-2. La morphologie du littoral La côte de Tétouan se caractérise par des croupes paléozoïques et des plaines littorales de faible altitude, développées sur d'anciens golfs pliocènes (El Gharbaoui, 1981). De Fnideq à Cap Mazari, la côte se présente comme une suite de falaises vives et de grandes baies développées à l’embouchure des oueds (Fig.14). Elle présente deux secteursdeplainesalluviales(côtenordetcôtesud),scindésparl’avancée rocheusedeKoudiatTaifor .Celleciestunpromontoireaccentuéetdentelé quis’élèvejusqu'à332metretombepresqueàlaverticaleauvoisinagede lacôte;lapentedececaposcilleentre22et36%(Boughaba,1992). a-Côte nord

De Fnideq à M’diq, la côte est d’une vingtaine de kilomètres; modérémentélevée,ellecorrespondàd’unplateaudontl’altitudeculmine à plus de 100 m. La pente est généralement faible, et La morphométrie montre une ligne droite de Fnidek jusqu’aux rochers de Jbel ZemZem (435m).Entièrementsableuse,lacôten’estinterrompuequeparlapetite avancée rocheuse de Riffiene. Deux zones marécageuses se trouvent en avaldesouedsNégroetSmir,àunniveauvoisindeceluidelamer. b- Côte sud : Entre Cabo Négro et cap Mazari, la côte se trouve entre deux capsrocheux et montagneux résistants à l’érosion marine qui protégent une côte basse de 17Km de long, hormis quelques collines (Dar Skirej, 37m). C’est un littoral sableux qui se présente sous forme de cuvette ouverte seulement sur la mer. Les terrains y sont souvent inondables et parfoismarécageuxdufaitdelaprésencedesmaraisetdayasdepartet d’autredel’ouedMellahetdel’embouchuredel’ouedMartil.PlusauSud se trouve le lac Sidi Abdessalam au nord duquel s’étalent de belles et largesplagesjusqu’àCaboNégro.

En résumé, la frange littorale de Tétouan présente différentes catégories morphologiquesetdessitesdiversifiésdontchacuns’individualisepardes particularitésnaturelles,dictéesparsesconditionsécologiquesspécifiques: les côtes rocheuses, les côtes sableuses, les plaines alluviales et les zones humides côtières (Fig.14): 39 490 495 500 505 510 515 Cap Sebta N JJJ .Haouz.Haouz.Haouz 585 383383383 Fnidek  Od. Fnidek RiffieneRiffieneRiffiene

  580580   

m

m

5

-

0 2 Od. Négro - Al Mina Centre urbain JbelJbelJbel ZemZemZem ZemZemZem Mer 575 156156156 mmm Méditerranée Plages sableuses 156156156 mmm

Dunes

570 m

m Plaines alluviales 0

ir m 0

S 0

100

Od 1

1

quaternaires - - Barrage Marais Smir M'diqM'diqM'diq KoudiatKoudiatKoudiat TaiforTaiforTaifor Lac ou lagune 565 332332332 CaboCaboCabo NégroNégroNégro Croupes Croupes paléozoiques DarDarDar SkirejSkirejSkirej paléozoïques DarDarDar SkirejSkirejSkirej Zone à forte pente 373737 mmm (Reliefàfortepente > 30%) (>30%) Od. Mellah 560 Falaise vive

SommetSommetSommet ((( Jbel)Jbel)Jbel)

m

m 0

TétouanTétouanTétouan

TétouanTétouanTétouan l 5

ti 5 ar - Oued ( Od.) Od. M -

m 555

0

Isobathes Sidi Abdessalam 2 - limite de la zone Cap d'étude Mazari 550 0 2 4Km0 2 km Od. Azla Figure I.14: Carte géomorphologique et bathymétrique du littoral de Tétouan. (Extraite du SDAULT (1993) et de la carte topographique 1/50000). 40 II-1-2-1. Les côtes rocheuses

Elles sont essentiellement représentées par la falaise abrupte de KoudiatTaifor(Fig.14);celleciesttailléedansdesrochesdures(Gneiss), très résistantes à l’érosion marine. D’autres formations rocheuses apparaissentlocalementtelleslesfalaisesgréseusesdeRiffieneetducap Mazari. A proximité d’Azla, les grés de Sidi Abdessalam sont écaillés par unefalaisevivedequelquesmètresdehauteur. II-1-2-2. Les côtes meubles

Les zones sableuses sont plus importantes; elles se distinguent des précédentes par un aspect moins découpé et moins élevé. Elles se caractérisentpardesdunesbordièresetdesplagessableuses: a- Les dunes : Elles s’étendent en général en aval des plaines alluviales.Néanmoins,leurextensionestdeplusenplusréduiteenraison des aménagements touristiques. Sur la côte nord, les dunes de hauteurs variables(5à7m)correspondentgénéralementàdesmassifsfixésparla végétationalorsquelesdunesplusvivesn’existentqu’àl’embouchurede l’ouedSmir.Maisengénérald’importantscordonsdunairesontétéarasés auprofitdeslotissementsàouedNégro,etdeRestingaàOuedSmir. PlusauSud,entreCaboNégroetMartil,ellesn’étaientinterrompuesque par l’oued Mellah (appelé aussi Alila), mais actuellement elles sont remplacéesparlacornichedeMartil. bLes plages : Nombreuses, elles ont permis le développement du tourime balnéaire. D’après les travaux antérieurs la plupart des plages avaient une largeur qui varient entre 150 et 200 m(SDAULT, 1993; El Moutchou, 1995; Malek, 1995; LPEE,1997), mais celleci est passée actuellement à une largeur variant entre 12 et 150 m (Reddad, 2004; Anfuso et al., 2004; Nachite et al. 2004): Sur la côte nord, la bande sableuse est de 12 à 80 m de largeur, elle est souvent prolongée d’une zonededunesfixéesparunemaigrevégétation.Surlesecteurcôtiersud, ces accumulations sableuses s’étalent entre la retombée sud de Koudiat Taifor(CaboNégro)etlecaprocheuxdeMazari,etatteignentunelargeur maximale de 150 m environ. Cette côte a une déclivité faible et présentedebellesplages. OndistingueduNordversleSud(Fig.15):

b1- La plage Riffiene , appeléeaussi la plage de Fnideq, elleestsituéeau Sud de la ville de Fnideq et s’étend sur une longueur d’1 Km et d’une largeurde40m;elleestforméedesablebioclastiqueàgrainsmoyenset depetitsgalets .

b2- La plage d’El Allalyine estunebandesableusequiregroupelesplages deTrèsPiédras,SaniaTorresetd’AlMina;elle sesitueauSud deFnideket s’étendentrelesformationsaréniquesdelaklippeduRiffieneauNordet cellesgréseusesduFlyschNumidienauSud. Salongueurestd’environ6 Kmetsalargeurvarieentre50et80m;elleestconstituéedesables 41 495 500 505 510 515

Fnidek Cap Sebta 585

N Plage de Riffiene  580  Plage de Trés Piedras  Plage d' Al Mina       Al Mina Mer Méditerranée 575 Marina Smir  Plage de Restinga Smir Plage du Club Med.  570 Kabila  Plage de Kabila Golden Beach M'diq  565

Centre urbain ou rural  Plage de Cabo Négro Port Plage de Martil nord 560 Martil Limite de la zone Plage de Martil sud d'étude  Plage de sidi Tétouan  Abdessalam 555

Plage d'Azla Azla  0 2 4 550 Km FigureI.15:SituationdesprincipalesplagesdulittoraldeTétouan. 42 grossiers coquilliers et présente un site qui abrite de nombreuses résidencesbalnéaires.

b3- La plage de Restinga-Smir s’étend de l’éperon rocheux d’Al Mina au Nordjusqu’auSuddelajetéeduportdeplaisancedeMarinaSmirsurune longueurde6Km Cette plage sableuse riche en dépôts coquilliers présente une largeur variant entre 35 et 70 m; elle est bordée par desdunes de 1 à 5 m de hauteur(Reddad,2004)etdesremblaiementssurlesquelssontimplantés deséquipementstouristiques.AuSudduport,elleestprolongéeauSud, par la plage du Club Méditerranée qui s’étend jusqu’à l’embouchure de l’ouedSmiroùexistentdenombreusesconstructionsbalnéaires.Laplage deRestingaSmirreprésenteunsitetouristiquenationaletinternational. b4- La plage de Kabila setrouveà6KmauNordduportdeM’diqetà4 KmauSuddeRestingaSmir,ets’étendsuràpeuprés2KmauNorddu portdeplaisancedeKabila.Cetteplageàsablemoyenàgrossier,présente une largeur de 40 à 50 m. En Mars 1990, une forte tempête l’avait fortement érodé, et elle est passée à 15 m de largeur. Suite à cette tempête,lesplatiersrocheuxsousjacentsontététotalementdécouverts, lesableaétédisperséverslelargeetlesparasolsainsiquelesfondations decertainesconstructionsenfrontdemerontétédéchausséessurenviron 1.5m.Lerechargementdelaplageaveclesproduitsdedragageduport combinéauretourdesconditionsmodéréesdelahouleapermisàlaplage deretrouversalargeurinitiale(Merzouk,1996). b5- La plage de M’diq , ellesesitueauNordduportdeM’diqets’étendde l’embouchuredel’ouedSmirjusqu’aumassifdeKoudiatTaiforsur4Kmde longueur.LaplagedeM’diqestbordéeparunefalaiselimoneusede2m de hauteur à laquelle succèdent des implantations touristiques (Hôtel GoldenBeachetlarésidencedelaBanquePopulaire);elleestconstituée de sable mélangé à des graviers. Plus au Sud, la plage «La Playa» a connul'aménagementd’unecornichesurunelongueurde1600m,dansle cadre du Projet de l’Initiative National pour le Développement Humain (INDH). b6- La plage de Cabo Négro est situéeentreM’diqetMartil.Elles’étend sur3KmetsetrouveencadréeparlecapNégroauNordetl’embouchure de l’oued Mellah au Sud. C’est une plage à pente douce, d’une largeur d’environ140m;elleestforméeessentiellementdesablefin.Cetteplage aconnuundéveloppementd’infrastructurestouristiquesconsidérable,avec particulièrement le complexe touristique de la Société Africaine de Tourisme(SAT). b7- la plage de Martil sesitueàmidistanceenvironentreCaboNégroet capMazari.Elles’étaleentrel’embouchuredesouedsMellahetMartil,sur unelongueurde4Kmetunelargeurquivaried’untronçonàl’autre.Dans sa partie nord, la largeur varie entre 80 m et 100 m,alors que dans sa partiesud,entrel’ancienneetlanouvelleembouchuredel’ouedMartil,la plageestd’environ150m.C’estune vasteétenduedesablefinsituéeà unecôtebasse. VersleNord,laplageestbordéeparunedunevivederrièrelaquelleune petite forêt fixe les accumulations sableuses alors qu’au Sud, la plage se trouvebordéeparunerouteconstruiteencornicheetparunesuccession 43 de constructions à vocation touristique qui s’étendent jusqu’au bras mort de l’oued Martil. A l’extrémité sud, elle est limitée par l’embouchure de l’oued Martil dont la rive gauche est régularisée par une digue d’environ 11mdelarge. b8- La plage de Sidi Abdessalam. C’estunebandesableusequis’étend auSuddelarivedroitedel’ouedMartiljusqu’aulacdeSidiAbdessalam. Moinsfréquentéeenraisondeladifficultéd’accès,cetteplages'étalesur2 Kmetprésenteunelargeurde100m.Elleestforméeessentiellementde sablesgrismoyensàfins. b9- La plage d’Azla est située à proximité du cap Mazari et s’étend sur une longueur de 1500 m. Elle est étroite ne dépassant guère 15 m de largeur.Elleestconstituéedesablesgrisetgrossiersaveclaprésencede graviers voire des galets fournis par les falaises. Encadrée par le cap Mazari au Sud et la falaise gréseuse de Sidi Abdessalam au Nord, elle formeunebaiedanslaquellesejettel’ouedAzla.

II-1-2-3. Les plaines alluviales

Troisplainesbassess’étalenttoutlelongdulittoraldeTétouansous formedepetitesbandesallongéesperpendiculairementàlacôte.Ellesont une altitude proche de celle du niveau de la mer, et connaissent des inondations pendant la saison des pluies et restent parsemées de merjas jusqu’àlafinduprintemps.Ellesrenfermentdesaquifèresdétritiques,qui contribuent à l’alimentation de la ville de Tétouan et des centres touristiqueslimitrophes.OndistingueduNordversleSud a La plaine de Restinga , située entre Fnideq et M'diq, c’est la plus étroitedesplaineslittoralesdeTétouancouvrantunesuperficiede10Km². Cette petite plaine, en forme d'entonnoir, est limitée au Sud par le jbel ZemZem, à l'Ouest et au Nord par les croupes paléozoïques auxquelles elle est liée par des cônes d’éboulis. Elle est parcouruepar l’oued Négro, présente des marécages et des schorres et son rivage est formé d’une plagesableusedumêmenom.

b- La plaine de Smir setrouveimmédiatementauNorddeM'diq.Elle estlimitéeàl'OuestparlescrêtespaléozoïquesetlechaînonduHaouz,au Nord par le jbel ZemZem et au Sud par Koudiat Taifor. Elle est d’une superficie de 12 Km 2 (Stitou, 2002) et sa pente est généralement inférieure à 1,5% (SDAULTT, 1993). Caractérisée elle aussi par des terrasses caillouteuses du Quaternaire, cette plaine est parcourue par l’ouedSmiretsetermineparunpland’eaulibredit merja de Smir quijoue unrôleécologiqueprimordialdanslecontexteméditerranéen(BayedetEl Agbani,2002;ElAgbanietDakki,2005,BayedetScapani,2005).

c- La plaine de Martil-Alila estlaplusimportantedelarégionparsa superficie de 86 km² (Stitou, 2002). Sa topographie se présente comme une cuvette dont le fond ne dépasse pas 2 m d’altitude. Les bords se relèventàl’OuestetauNordvers lepiémontde lachaînerifaine,àl’Est verslecordondunaireenborduredelamer,etauSud,verslebourrelet 44 delabergedel’ouedMartilsurélevéde1menvironparrapportaufondde lacuvette(LPEE.,1997;Hilali,2002).Cetteplaines’estédifiéedansl’une desbaiesquiontétéaménagéesparlamerpliocène;elleestlimitéeaussi bien au Nord qu’au Sud et à l’Ouest par des terrasses caillouteuses du Quaternaireancienetmoyen.Elleestparcourueparl’ouedMellahauNord et l’oued Martil au Sud. Caractérisée par une faible dénivellation, le drainage y est difficile d’où des inondations qui envahissent une partie importante de sa superficie, et les merjas subsistent alors pendant plusieursmoisdel’année. II-1-3. La morphologie et la sédimentologie du plateau continental

Le plateau continental au large du littoral de Tétouan est extrêmementétroit,nedépassantpas3KmdelargeurenfacedeCabo Négro,et4Kmet 7,5KmrespectivementauNordetauSuddececap (LPEE,1997;Ibrahimi,2003).Lesisobathessontengénéralparallèlesà la côte mais parfois ils dessinent quelques sinuosités (Fig. 14) qui témoignentd’uneavantcôteassezaccidentéeparticulièrementsurlacôte nord.Lesdistancesdesisobathessontrésuméessurletableau3. Isobathes(enm) Plage 5 10 20 Riffiene 250 600 1750 Allalyine 100 750 1450 Restinga 50 700 1350 Kabila 50 850 1450 M’diq 50 850 1600 CaboNegro 450 900 1650 Martil 450 950 1750 Emb.O.Martil 500 850 1700 SidiAbdessalam 400 1000 1750 Azla 200 800 1500 TableauI.3:Distanceàlacôtedequelquesisobathes(m)entreFnideqet Azla(Boughaba,1992). Les sédiments qui prédominent sur l’ensemble du plateau continental sont des arénites et des sables vaseux (fonds inférieurs à 100m),desvasescôtièresàtendancesableuse(fondsàplusde100m), des vases riches en mollusques (entre –200 et –300 m), et des vases sableuses(audelàde–300mjusqu’à–600m)(Morin,1962). II-2. La nature et l’évolution du substrat du littoral

Les caractéristiques morphologiques de la zone côtière sont déterminées en grande partie par la nature des matériaux côtiers – produits d’une histoire géologique plus ou moins longue et les agents,

45 climatiques(notammentlesvents)etocéanographiques(houles,marées, courants)quilafaçonnent. II-2-1.Le contexte géologique

La frange littorale de Tétouan est située dans une région dont les traits généraux stratigraphiques et tectoniques sont relativementcomplexes; il s’agit de la zone du Rif interne. Pour mieux comprendre la morphologie côtière et identifier les sources sédimentaires possibles pour ce littoral, nous examinerons les caractéristiques structurales et stratigraphiques de l’arrière pays, l’histoire géodynamique de la période plioquaternaire qui a laissé une forte empreinte dans la géologie de la zone côtière et les différentes phases néotectoniques qui l’ontaffecté. II-2-1-1. Domaines morphostructurales LastructurationduRifrésultedelasuperpositiondeplusieursphases tectoniquesquisesontsuccédéesduCrétacéàl’actueldonnantdesséries géologiques qui se sont accumulées dans un sillon très complexe avant d’être plissées en nappe de charriage. Trois unités morphostructurales se distinguentenallantduNordversleSud(Fig.16):LeDomaineInterne, Les nappes de Flyschs et le Domaine Externe. Elles se présentent sous forme de bandes longitudinales charriées les unes sur les autres suite au serragenéogène(DurandDelga,1980):

FigureI.16.Cartedesunitésmorphostructuralesdedomainerifain (D’aprèsPiquéetal.2007).

46 a- Le domaine interne

BiendéveloppédansleRifseptentrional,ilestessentiellementformé d’élémentsdérivantdeladésintégrationdelaplaqued’Alboranàpartirdu Miocène inférieur (Andrieux et al, 1971; Olivier, 1984; Guerrera et al, 1993; Chalouan et al., 2001). On y distingue trois grands ensembles structuraux(DurandDelgaet al. ,1960et1962;Kornprobst,1974):

*LesSebtides:Cesformationsreprésententlesocledudomaineinterne rifain; elles sont constituées de terrains métamorphiques d’origine mantelliqueetcrustale.EllesaffleurentdansleRifseptentrionalsousforme defenêtresàsuperficieinégalesetsesubdivisentenSebtidesinférieures et supérieures (Millard, 1959; Durand Delga et Kornprobst, 1963, Kornprobst,1974;Saddiqui,1988). * Les Ghomarides : Cesnappesformentstructuralementlesunitéslesplus hautesauSuddelavilledeTétouan(DurandDelgaet al. ,1960et1962; DurandDelgaetKornprobst,1963).Ellessontconstituéesd'unensemble de nappes paléozoïques faiblement métamorphiques montrant des structures pénétratives hercyniennes (Michard et Chalouan, 1990; Chalouan, 1986; Saji, 1993). Elles montrent également les résidus d’une couverturesecondaireettertiaire(DurandDelga,1963).

* La dorsale calcaire : Allongée sur 150 Km de Jbel Moussa à Jebha Cherafate, la chaîne calcaire occupe l’essentiel du Rif septentrional, elle disparaîtsouslamerpourréapparaîtreplusàl’Estetformerleschaînons des Bokkoyas. Elle se présente sous forme de petites nappes ou écailles superposéesàvergenceopposées:internedanslechaînonduHaouzentre Sebta et Tétouan (Kornprobst, 1966; Leikine, 1969; Ben Yaich, 1981 1991;ElHatimi,1991)etexternedansladorsalecalcaireausensstrict, quis’étendentreTétouanetJebha.L’armaturedecettedorsalecalcaireest essentiellement constituée de carbonates de plateforme d’âge triasico liasique suivie d’une sédimentation terrigène carbonatée et silicoclastique allantjusqu’auMiocèneinférieure(Noldet al., 1981 ). b-Le domaine des flyschs

IlsetrouvedansleszonesexternesentreleDétroitdeGibraltaretle Rif central au Sud. Il regroupe un ensemble de nappes entièrement allochtones et superposées, qui reposent en contact anormal sur le Domaineexterne.Leplussouvent,ilestséparédeladorsalecalcairepar une unité discontinue, de transition dite « le Prédorsalien» (Durand Delga,1972;Didonet al., 1973 etOlivier,1978)oubien«formationéo oligoaquitanienneàblocs»(BenYaich,1981;ElHatimi,1982;Elkadiri, 1985). Selon le type de l’obédience des sédiments formant les nappes qui dérivent de la destruction de ce domaine paléogéographique, il y a trois typesdeflyschs, le Mauritanien, le Massylien etle Numidien. Unexemple decedernierflysch,formédegrésquartzeux,estenpositioninternesur 47 lesGhomarides,c’estlelambeaudeJbelZemZem(Feinberget al .,1990; Belhadad,1983) . c Le domaine externe ,

Ilestsituéentreledomainedesflyschetl’avantpaysafricain.Dans leRifseptentrionalildisparaîtsousl’océanAtlantiqueetilestsurtoutplus développésurlatransversaleAzilaTaza.Cedomaineappartient àla margeafricaineetsembleêtreplusvastequeledomaineinterne.Il estconstituéd’unitésréputéesautochtonesàparaautochtonesetd’unités de décollement et de glissement issues des unités précédentes. Structuralement, ce domaine est subdivisé en trois zones juxtaposées: l’Intrarif, le Mésorif et le Prérif. Cependant, une subdivision plus récente établieparAitBrahim(1991),lesubdiviseendeuxunitésprincipales:le SubrifetlePrérif.

II-2-1-2 .Les formations plio- quaternaires a- Le Pliocène

Dans la région de Tétouan, le Pliocène correspond à un cycle sédimentairetransgressifetrégressifcomplet,avecsesdeuxétages:Le Plaisancien et l’Astien (Gentil et Boistel, 1905; Lecointre, 1963; Griffon, 1966;Raoult,1966;Nachite1993;BenMoussa,1994). DéslePliocèneinférieur,aprèsl’effondrementdelaMéditerranéelié àunephasededistensionNS(Rampouxet al. ,1977),lameraenvahiles zones déprimées qui se trouvaient à l’emplacement des grands accidents découpantleRifinterne(BenMoussa,1994).Cependant,plusieursbassins s’individualisent sur les rivages occidentaux de la mer d’Alboran. Le Pliocènemarinapparaîtdanslesriasfossiles,encastréesdanslebâtirifain, qu’empreintentlesbassesvalléesactuellesdesouedsSmiretMartil(Wildi etWernli,1977).Ilestprésentaussisurlaplaged‘Azla(BeniSaid),au Mallalyine et au Nord de la région de Dar Skirej (Nachite, 1993; Ben Moussa,1994). La surface d'abrasion finipliocène a subi une finition continentale villafranchienneetquaternaire( s.s )(ElGharbaoui,1981). b- Les formations quaternaires continentales et marines

Lesdépôtsquaternairesontétéobservésdansplusieurssecteursdela côteetsedéveloppentsousl’aspectdeplateformesetdereplats.Ilsont été étudiés par de nombreux auteurs (Choubert et al., 1965; Maurer, 1968; André et El Gharbaoui, 1973; El Gharbaoui, 1974; Saaidi, 1988; Boughaba,1992): *Lesformationsquaternairescontinentales:Ellesserencontrentdansla plupart des grandes vallées du Rif occidental; et sont bordées de six systèmesdeterrassesallantduGharbienauRégreguien(Choubertetal., 48 1965;Saaidi,1988).Ellessontforméesd'unfacièsdétritiquefluviatile,de conglomératchenalisé,surmontépardusablefluviatileàintercalationsde galets(BenMakhlouf,1990). Les terrasses et cônes–terrasses du littoral méditerranéen ont été fortementaffectéesparlanéotectonique(Benmakhlouf,1990).Ainsi,lelit actuel de l’oued Martil est établi sur la terrasse tensiftienne consolidée, affaisséeetfossiliséeparlaterrassegharbienne(ElMoutchou,1995). * Les formations quaternaires marines: Elles sont marquées par des dépôtsallantduSicilien(Anfatien)auVersilien(Mellahien),etrestentsur cettecôte,particulièrementrares.Ellesnesontreprésentéesquepardes facièsformésdetravertinsettufscalcaires,surlesquelsestbâtielaville deTétouan(Benmakhlouf,1990). LesdépôtsmarinsduFlandrien(ElGharbaoui,1974),seprésentent,sous forme de cordons de galets (versant nord de Koudiat Taifor) ou sous forme de plateforme d’abrasion (versant sud). Les dépôts du Tyrrhénien (Ouljien)sontlocaliséssurlelittoraldeRestingaSmiraupieddejbelZem Zem, à l'entrée de M'diq, sous forme de petite plateformes (Tyrrhénien III),undépôt surlequelestbâtilevillageRiffiene(TyrrhénienII)(Andréet ElGharbaoui,1974)etd’étroitscordonsdegaletsetdecailloutisentreAzla et Riffiene (Tyrrhénien III). Ces niveaux marins sont beaucoup plus nombreux vers le cap Mazari (Boughaba, 1992), à proximité d’Azla, les grés à faluns de Sidi Abdessalam sont écaillés par une falaise vive de quelquesmètresdehauteur. Durant cette période, la mer a transgressé profondément dans le continent,édifiantdesgolfsdanslesouedsdeMartil,SmiretNégro.Ces ouedsontédifié,àleurtour,desplainescôtièresquiseterminentpardes shorres. Lesformationsquaternairesaffleurentàlalimitedesplagesmaisellessont interrompues par celles d’âge plus ancien du fait de l'importance des déformationstectoniquesquiontaffectélesrivagesdurantleQuaternaire.

II-2-2. La tectonique (fracturation, néotectonique)

LaMéditerranéeaétéaffectéeparunetectonique«alpine»donnant l’allure générale aux grands ensembles morphostructuraux; elle a alors contribué, selon la nature lithologique, à une succession de baies et de caps. Deux principaux cycles tectoniques sont connus dans le Rif septentrional et le Rif interne en particulier: Le cycle hercynien , connu dans les formations paléozoïques des nappes Ghomarides (Chalouan, 1986) et le cycle alpin caractérisé par une série d'épisodes tectoniques majeurs de déformations extensives et compressives d’âge triasique, paléonéogène et pontoplioquaternaire (Néotectonique) (El Moutchou, 1995). Al’Oligoaquitanien,aprèsl’écaillagedesnappesduRifinterne,une phasededistensionprécoceNESW,estresponsabledel’effondrementde lameretparconséquentdel’ouverturedelaclusedeTétouanquireçoit 49 les dépôts aquitanoburdigaliens du Rif interne (Ben Makhlouf, 1990). Ainsi,cettecluseforme,pendantcettepériode,ungrabenaucentreduRif interne, limité par deux horsts au Sud et au Nord (Ben Makhlouf, 1990; Stitou,2002).Seloncesauteurs,unephasedistensivepostburdigalienne antépliocène a ensuite, donné naissance à des failles normales qui affectenttoutleRifinterne.Cettephaseestresponsabledel’effondrement delamerd’Alboranetdesgolfsdéjàouverts,quivontrecevoirdesdépôts duPliocèneensuiteceuxduQuaternaire:lecasdelaclusedeTétouanet lesplainescôtièresdecettezoneméditerranéenne. LarégiondeTétouanaensuiteconnudesphasesnéotectoniquesqui ontaffectélesdépôtsduPliocèneetceuxduQuaternaireancienetrécent; le Pliocène a connu des épisodes d’élévation, d’affaissement et de déformation. Les événements tectoniques résumés dans la figure 17 montrent la présenced’unepériodecompressiveàlabaseduQuaternairedonnantdes plisplurikilométriques,ainsiqu’unepériodedistensivecaractériséepardes rejeux de failles antérieures, et des déformations à grand rayon de courbure(BenMakhlouf,1990,etChalouanet al. ,1995).Aucoursdecette ère, des mouvements verticaux ont été responsables des déformations danslaclusedeTétouanainsiquedanslesplainesdeSmiretNégro.Ces mouvements ont abouti à l‘exhaussement des formations quaternaires à des altitudes dépassant les centaines de mètres (Glangeaud, 1971; El Gharbaoui, 1977). Les plaines auraient ensuite tendance à s’affaisser suivant une orientation NS (Stitou, 2002). D’importantes quantités de marnespliocèneset,dansunemoindremesure,deformationsdétritiques quaternaires s’y sont déposées. Ainsi, selon Stitou (1995a)et Stitou (1995b),lesubstratumprofond(formationsprimaires)formeunecuvette de –200 m dans la plaine de MartilAlila et de –100 m dans la plaine de Smir.Cesplainescôtièressesontdoncinstalléessurunsystèmedefailles complexes qui seraient encore actives (Fig. 17) (Ben Makhlouf, 1990). Leursactivitéstectoniquesseraientresponsablesdel’affaissementcontinu delaplainedeMartiletsesabordsimmédiatsselonElMoutchou(1995). Une récente étude de Fadil et al. (2006) indique une déformation néotectonique dans la Méditerranée occidentale. Les actuels mouvements indiqués par l’utilisation: de GPS au Nord du Maroc et au Sud de la péninsule Ibérique, et des indicateurs géologiques de déformation néotectonique active, révèlent l’extension de la Mer d’Alboran et le raccourcissement des chaînes de montagnes environnantes. Les mesures indiquent un mouvement des montagnes du Rif vers le Sud d’environ 3 mm/an (Fadil et al.,2006). Ceci semble être le résultat de processus dynamiquesliésàlaconvergencedesdeuxplaquesd'Afriqueetd'Eurasie. Lazoneméditerranéenne,àlaquelleappartientlelittoraldeTétouan, est caractérisée par une intensité sismique de degré V et VI (Cherkaoui, 2002),dueprobablementàl’activiténéotectoniquequis’effectuelelong desfailles.D’ailleursen1999,larégiondeTétouanaétéfrappéeparun séismeimportantde4degréssurl’échelledeRichter(Bensari,2004).Les 50 plusimportantessecoussesontétéenregistréesdanslazonedeTétouan les 21 et 22 janvier 1909, provoquant la destruction totale du Douar Ghomara,situéà5KmdeTétouan(SDAR,1996). Radiale Quaternaire E-W

NW-SE Pliocène N-S Miocène Radiale M Moyen et I supérieur E-W O C N-S E Burdig.Inf N-S N E Aquitanien NE-SW

Oligocène NE-SW

Beni Pré Dorsale Ghomaride Sebtides Direction Ider dorsalien calcaire FigureI.17:EvénementstectoniquesdanslarégiondeTétouandepuis l'Oligocènejusqu'àl'actuel(BenMakhlouf,1990). II-3. Les facteurs de l’évolution de la frange littorale de Tétouan Le climat de la région de Tétouan a un rôle moteur dans la morphogenèse du littoral. Les conditions climatiques permettent en effet d’évaluer le rôle des principaux agents responsables des effets morpho dynamiquesdulittoral(vent,houle,etc).Lahoulejoueunrôleprimordial dansl’évolutiondynamiqueetsédimentairedurivage.Touscesforçages naturels intervenants dans la zone côtière sont sous le contrôle des circulationsocéaniqueetatmosphérique.

II-3-1. La circulation océanique

La circulation générale à l'échelle d'un domaine comme la Méditerranéeest,danslaplupartdescas,leprincipalfacteurrégissantla circulationsurleplateaucontinentaletenzonescôtières. Dans la partie occidentale de ce bassin, la circulation générale des eauxestguidéeparunfluxentrantparledétroitdeGibraltar,ensurface, depuis l'océan Atlantique. Elle est représentée par la superposition de deuxmassesd'eau,l'uneatlantiquesuperficielledesalinité36.15g/letde températurede15à22°C,entrantd'OuestenEst,àdesvitessesde40à 51 60cm/s(LacombeetRichez,1982),l'autreméditerranéenneprofondede salinité 38.4 g/l, de température de 13°C et d’une densité plus élevée, sortantd'EstenOuestàunevitessede30cm/s(Lacombeetal.,1964; Frassetto, 1964). La circulation thermohaline y est gouvernée par la différence de densité existant entre les eaux atlantique et celles méditerranéenne; elle influe fortement le climat environnant en modifiantlatempératuredesurfacedelamer(Somotetal.,2006).Une partiedeseauxfaitensuiteletourdubassinMédoc,enlongeantlescôtes parleSud,lelongdel'AfriqueduNord,puisversleNord,engendrantune circulation générale cyclonique (Landes et Crosnier, 2005). Lors de son parcoursdanslamerMéditerranée,lejetd'eauAtlantiqueprovoquedeux tourbillonsanticycloniques(Fig.18)dontlesvariationsetl'intensité,assez importantes,sontsuiviesenpermanenceparlessatellites.

FigureI.18 : AltimétrieettourbillonsenmerméditerranéeEté1997 (http//:www.cls.fr) Cette quantité d'eau qui entre et qui sort par le détroit de Gibraltar ainsi que les phénomènes d’évaporation et de précipitations, influencent nettementleniveaumoyendelaMéditerranée.Eneffet,lesobservations réalisées par Topex /Poséidon, depuis 1993, montrent des variations interannuellesetsaisonnièresdeceniveau(Fig.19),avecunmaximumen octobre/novembreetunniveauminimumenmars,etindiquentaussile décalageparrapportauxsaisonsatmosphériquesdûàl'inertiethermique delamer.

52

Figure I.19: Différences moyennes par cycle (cercles) des hauteurs de mer issues des profils instantanés de TOPEX/Poseidon par rapport à la surfacemoyenneannuelle(136).Lescroixreprésententlamoyennedes différences de hauteur de mer aux points de croisement des profils moyens issus des surfaces saisonnières par rapport à ceux issus de la surfaceannuelle(136).( http://www.obsazur.fr )

Cettecirculationgénéralesoumiseàl’influenceatlantique,contrôle aussilacirculationatmosphérique.

II-3-2. La circulation atmosphérique

La circulation atmosphérique au niveau de la péninsule de Tanger dépendducentred’actionforméparl’anticyclonedesAçores,quijoueun rôle déterminant dans la genèse des courants (El Gharbaoui, 1981). L’influencedecetanticycloneengendredespressionsrelativementfaibles quivontcontribueràl’établissementd’unrégimedeventsanticycloniques soufflant surtout de l’Est (Ibrahimi, 2003) et qui auront un impact sur notre zone d’étude, puisque ce sont eux qui, avec un fetch important, vontinduireleshoulesdegrandeamplitude.

En hiver, la circulation des vents due aux dépressions météorologiques issues de l’Atlantique, tend à être cyclonique et à entraîner des pluies particulièrement fortes sur les côtes exposées à l’Ouest (Lacombe et Tchernia, 1972), elles seront alors couplées à des vents dominants forts de secteur ouest. Ceux ci vont atteindre les deux côtes marocaines. Simultanément, quand ces masses d’air froid, venant des latitudes tempérées, arrivent à l’intérieur du continent nord africain, elles soulèvent un flux de poussières éoliennes qui est alors entraîné jusqu’enEurope,pardesventsdeSudOuest(Bucheret al .,1983;Loye Pilotet al .,1986).

L’équilibredynamiqueentreladépressiond'Islandeetl'Anticyclone des Açores est affecté par une oscillation intrinsèque à l'atmosphère qui gouvernelerégimedeventsd'Ouestaudessusdel'Europeetdel'Estde l'océan Atlantique; elle est connue sous le nom d’Oscillation Nord Atlantique (NOA). Elle affecte la distribution du champ de pression à 53 l'échellemensuellesurtoutlebassinAtlantiqueNordetsurlescontinents adjacents principalement en hiver, en termes de températures, de précipitationsetde«routes»destempêtes. II-3-3. Les caractéristiques climatiques

Lacôteméditerranéenneestcaractériséeparunclimattempéréet chaud de type méditerranéen. Ayant un caractère subtropical, il se distingue par deux saisons, un hiver frais et humide à précipitations souventbrutales,quis’étendd'octobreàavril,etunétéchaudetsecqui débuteenmaietseprolongejusqu'àlafindeseptembre(Stitou,2002). Ceclimatestétroitementliéauxmouvementsdel’anticyclonedesAçores etdeladépressionsaharienne.

L’appartenancedulittoraldeTétouanavecsonarrièrepaysàl’étage bioclimatiqueméditerranéenfait qu’ilsoitsoumisauxinfluencesmarines avecdesparticularitésmicroclimatiques.Parconséquent,l’humiditéetles ventsdominantssontdeuxfacteursimportantsquicaractérisentleclimat decetterégion. II-3-3-1.Humidité

L’humidité relative de la zone de Tétouan résulte de l’influence marine;lesvaleursmoyennesannuellessontde79%avecdesvariations allantde74%pendantlejourà84%pendantlanuit(Boughaba,1992; SDAULT,1993).Cesvaleurs,relativementplusélevéesquecellesd’autres zones du Maroc, s’expliquent par la proximité de la Méditerranée et par l’influencedesvents.L’humiditérelativeprésenteeneffetdesoscillations majeuresdominéessoitparleventdel’Est(Chergui),trèssec,ouceluide l’Ouest, très humide. Les valeurs élevées de l’humidité dans la région se manifestentpardenombreusesjournéesdebrumeetdebrouillard. II-3-3-2. Température Dans La zone d’étude, les températures sont toujours modérées par rapport à l'intérieur, en raison de l'influence maritime. Ainsi, sur une période de28 ans(1969/70 à1997/98), la température moyenne est de l’ordrede17,1°C(Stitou,2002).Lestempératuresrévèlentd’importantes variationssaisonnières:latempératuremoyennemensuellelaplusélevée est enregistrée en Août (23,7°C) et la plus basse est celle du mois de janvier (11,17°C). A l’échelle annuelle, les variations sont peu importantes:ellessontdel’ordrede1,8°C,avecunminimumde16,2°C noté durant l’année 1990/91 et un maximum de 18,6°C enregistré en 1981/82(Stitou,2002,Hilali,2002). II-3-3-3. Précipitations TétouanestparmilesrégionslesmieuxarroséesduMaroc,les

54 précipitations sont abondantes réparties entre novembre et mars avec seulement5moissecs.Lasécheressemaximaleestnotéedurantlesmois dejuilletetaoût(Stitou,2002;Hilali,2002). Les données climatiques sont enregistrées dans deux stations (Fig.14) , Asmir localisée dans la partie ouest de la plaine de Smir (côte nord) et Torreta situéedanslapartiecentraledelaplainedeMartil(côtesud).La pluviométrie moyenne interannuelle notée sur une période de 30 ans (1970/71 à 1999/00) est de 629 mm à Asmir et 489 mm à Torreta (Stitou,2002). LapartienorddulittoraldeTétouanreçoitplusdepluiequelapartie sud. Ceci s’explique par la position de cette zone dans l’extrême nord du littoral, elle est en effet plus exposée aux vents pluvieux de l’Ouest transitant par le détroit de Gibraltar. Cette région côtière reçoit une quantiténonnégligeablesousformedeprécipitationsoccultes,dictéespar son exposition à l’Est (brouillard, rosée, brises marines). Bien que les précipitations montrent une certaine irrégularité et une disparité dans l’espace, elles présentent un caractère fortementtorrentiel (Hilali, 2002) par conséquent le ruissellement est rapide et parfois dévastateur entraînant de graves inondations dans les plaines avoisinantes, comme c’étaitlecasdeFnideketM’diqen1995(Dahhou,1999). II-3-3-4. Vent Lesdifférentstypesduvent,régnantauMarocseptentrional,sont liésauxdifférentesperturbationsquitraversentledétroitdeGibraltaret plusprécisément,cellesquisontliésauxmouvementsdel'anticyclonedes AçoresetdeladépressiondugolfedeGascogne.Ellesfavorisentlesvents de l’W ou NW en hiver. Les vents de l’E sont créés par la dépression saharienne Letraitcommunàcesrégimes,quelquesoitleursdirections,résidedans laviolenceduvent.Eneffet,lelittoraldeTétouansecaractériseparde nombreuses périodes ventées durant l’année. Il connaît des vents assez violents provenant du secteur E (Chergui) de mai à octobre (été), avec une dominance NE à ENE, et ceux qui arrivent du secteur W (Gharbi) d'octobre à février (hiver) dont les plus fréquents sont d’W à SW. Entre marsetavril(printemps)s'installeunrégimeéquilibréentrelesventsde secteurENEetWSW(LPEE,1994;1997).Lesvitessessontgénéralement comprisentre6et29Km/h( L’importance du vent, dans les zones côtières, réside dans le conditionnement du rythme d’évolution des accumulations sableuses au niveau du littoral. Son action de déflation sur les zones exondées, en déplaçantlesabledesplagesverslesduneslittorales,luiconfèreunrôle dynamique capital pour chaque littoral. En outre, il a une influence primordialeenengendrantlahouleetlescourantscôtiersassociés. 55 II-3-3-5. Evaporation L’évaporationdépendessentiellementdelatempérature,delapluie et du vent, et influence par conséquent, l’état hydrique du sol. D’après desdonnéesenregistréesdanslastationdeTétouan,durantunepériode de 30 ans (19601990), l’évaporation varie entre 1000 et 3000 mm/an (Stitou,1995). Lesindicesd’ariditéetd’humiditécalculéspourlarégiondeTétouan parStitou(2002)etHilali(2002)sont,respectivement,de28et0,84.Par conséquent, la région est située à la limite entre la zone humide à sub humide. Ce climat va fortement influencer l’hydrologie fluviatile et par conséquentl’apportensédimentàlazonecôtière. II-3-4. Les processus hydrodynamiques

II-3-4-1. Dynamique fluviale

Le domaine rifain septentrional est caractérisé par son réseau hydrographique particulier, avec des cours d'eau à régime torrentiel. Ce régime est dû essentiellement aux fortes pentes, aux précipitations violentesconcentréesdansletempsmaisaussiàlanatureimperméable desterrainsdrainéesquifavorisentleruissellement.Lesdébitsspécifiques sont soutenus en hiver avec des crues passagères et brutales et les étiages extrêmement bas en été. Les cours d'eaux permanents ou temporaires,dessinentunréseaudense.Ilssontlarges,peuencaisséset àgrandsméandres,avecdesbassinsversantsdequelquescentainesde km²etdescoursdemoinsde100Kmdelong.Lalignedepartagedes eaux étant généralement située à 30 ou 40 Km de leurs embouchures, ainsiilsn'ontleplussouventquepeud'affluents(ElGharbaoui,1981;El Moutchou,1995). Dans la région de Tétouan, les eaux de surface constituent l’essentiel des ressources hydriques et ce, en raison des précipitations abondantes et de la dominance de faciès argileux qui s’oppose aux filtrationssouterraines.Lesprincipauxouedssont(Fig.13): a Oued Fnideq : Avec un bassin versant réduit (10 Km²) et un faible débit, l’oued Fnideq (Kendissa) est considéré comme un petit torrent saisonnier(Boughaba,1992).IlsesituejusteauSuddelavilleancienne deFnideq.Longde10Km,ilprendnaissanceaumassifEnNchimetjbel Tarzif. b- Oued Négro: Cours d’eau temporaire, l’oued Négro (El Assouad) est long de 9 Km et son bassin versant est d'une superficie de 16 Km² (Boughaba, 1992). Il draine la plaine de RestingaSmir, dans laquelle il présenteunaspectméandriforme. c- Oued Smir : Le bassin versant de l’oued Smir a une superficie de 74 Km² (Stitou, 2002). Il est long de 13 Km, et se termine par des 56 marécages et des schorres. Son aménagement a été initié en 1990 par l’installationdubarrageSmiràl’amontdelaplaineetlaconstructiondu portdeplaisancedeKabilaàl’exutoiredelamerjadeSmir. En général, l’oued Smir est permanent; ses apports sont mesurés à la stationhydrologiqueSmir.5%del’écoulementalimentelanappedeSmir (Stitou,2002)alorsquelatotalitédudébitnoninfiltrétransiteetarriveà la merja. Avant la construction du barrage, celle ci était alimentée continuellement par les eaux de surface et souterraines. Selon Stitou (2002), les apports les plus faibles se produisaient durant le mois de septembre avec des débits qui varient entre 5 et 100 l/s. L’oued Smir représentaitlaprincipalesourceeneaudoucedelamerja.Aprèslamise enmarchedubarrageSmiren1991,lesapportsdel’ouedverslamerja sesontréduitsà1hm 3 /an(Stitou,2002),etsasuperficieadiminuéd’où laréductiondel’espacevitaldenombreusesespècesd’oiseaux(Bayedet Scapini,2005).Enplus,enconséquenceàcetteréductiondesapportsde cruesdubassinamont,lesniveauxaussibiendelamerjaquedelanappe phréatique ont baissé et la rupture de l’équilibre eau douce eau salée s’est produit d’où l’intrusion des eaux salées dans l’aquifère (Stitou, 2002). d- Oued Mellah : Il se jette en mer à la limite sud des aménagements touristiquesdeCaboNégro;sonbassinversantestde40km².Iln’yapas demesuresdirectessurl’ouedMellah,cependantsondébitmoyenannuel a été estimé à 0,5 m 3/s (LPEE, 1994), et ses apports sableux sont pratiquementnuls(LPEE,1997). e- Oued Martil :Lebassinversantestd’unesuperficiede1220Km²;ilest drainéparl’ouedMartiletsesaffluentsdontlesprincipauxsontlesoueds Mhajrate,Khemis,etChekour.Salongueurtotaleestdel’ordrede22Km, alorsqu’àtraverslaplaineuniquement,elleestde9Km(Stitou,2002). C’estungrandoued,typiquementméditerranéenavecdescruesviolentes enpériodedeshauteseauxetuntarissementpresquetotalenétiage.La stationdupontTorreta,situéeplusàl’avaldel’ouedMartil,contrôled’une manièrerégulièrelesdébits del’ouedMartil.Commele montrelafigure 20, sur une période de 26 ans (1970/71 à 1995/96) les apports varient directementaveclesprécipitations(Hilali,2002). Le débit moyen annuel est estimé à 19,2 m 3 /s et les maximaux peuventatteindre1480m 3 /s(Stitou,2002);l’essentieldesapportssefait entre Décembre et Avril. En période d’étiage, les débits de l’oued Martil sont soutenus par les sources de la Dorsale calcaire dont les plus importantes se trouvent à des altitudes entre 140 et 1090 m (Amraoui, 1988).

57 1200 35

1000 Pluie ( mm) 30 25 800 Débit (m3 /s) 20 600 15

400 ( m3/s) Débit Pluie ( mm) Pluie 10 200 5

0 0 1970-71 1972-73 1974-75 1976-77 1978-79 1980-81 1982-83 1984-85 1986-87 1988-89 1990-91 1992-93 1994-95

Années FigureI.20:Relationentredébitdel’ouedMartiletpluiesàlastationde Torreta(Hilali,2002). L’aménagementdecebassinaétéentreprisdepuisplusieursannées suiteàlaconstructiondubarrageNakhladontlacapacitéestde9.10 6 m3, et qui est destiné à l’alimentation en eau potable de Tétouan et l’amélioration de la production de l’énergie électrique. En raison de son envasementdûàuneforteérosionetparconséquentàunefortecharge solide,lacapacitéderétentiondubarrages’estdégradéeetpasséeà4,92 hm 3 (Stitou,2002).Demême,ledébouchéenmeraétédéplacéversle Sud à la fin des années 1970, avec la réalisation d’un épi sur la rive gauche pour le fixer. Cette digue a transformé l’ancien débouché en un brasmort. En janvier 2006, un autre grand barrage Moulay Hassan Ben El MehdiaétéinaugurédanslarégiondeTétouan,ilapprovisionneraeneau potable la ville de Tétouan et la région côtière, et contribuera à la protectiondelavillecontrelesinondations. fOued Azla : AppeléaussiouedBailème,l’ouedAzlaprésenteunbassin versant réduit et un régime irrégulier caractérisé par un écoulement torrentiel en périodes de crues. Long de 8 Km, il prend naissance au massif Thora et Jbel Tilaouine, il traverse le centre rural d’Azla pour déboucherauniveaudelaplage.

A tous ces oueds viennent s’ajouter d’autres petits cours d’eau (Chejra, Boussafa, etc…) qui n’arrivent parfois à leurs embouchures que pendantlescrues.

58 II-3-4-2. Dynamique marine

Elleestinfluencéeparl’actionéolienne.Cettedernièrefaitvarierle niveaudelamerprèsdurivageetgénèrelahoule,quiestàl’originedela dérivelittoralecontrôlantletransportsédimentairelelongdelacôte.La bathymétrie intervient sur la direction et l’énergie des houles, et sur le transfertlongitudinaldessédiments.Lesvariationsaltimétriquesduplan d’eaudépendentdelamaréeastronomiqueetdesphénomènesdesurcôte etdécôtetributairesdesconditionsmétéorologiques. Plusieurs études ont intéressées particulièrement la baie de M’diq (Orbi et al., 1998; Orbi et al; 1997; Hilmi et al., 2007); les données hydrodynamiques utilisées dans le cadre de cette étude, proviennent d’une compilation des données et informations figurant dans divers rapports inédits. Les caractéristiques de la houle ont été synthétisées à partirdesparamètresocéanographiquesdonnéesdanslecadreduréseau West Asia and North Africa (WANA ).Lesmesuressonteffectuées,àpartir de 1996, au large du littoral de Tétouan au niveau de la station Point WANA 2006007 dont les coordonnéessontlessuivantes:latitude35.875, etlongitude–5.250( http:/ www.puertos.es ). a- Les houles :Lasynthèsedesdonnéessurleshauteurs,directionsetles périodesdeshoules( Tableaux annexe A ),réaliséesàpartirde1996au largedulittoraldeTétouanmontreque: - Les houles calmes (Hs< 0,5 m) représentent en moyenne 50% des houlesetpeuventatteindrejusqu’à60%; - leshoulessupérieuresouégalesà3mpeuventavoirunefréquence de6%, - c’estlesecteurEstquiprédomineenfréquenced’apparition(Fig.21); -leshouleslesplusfortessontcellesdepériodecompriseentre7,7set 11,2s; -leshoulesdelonguespériodes(supérieuresà10s)dépassent les5 m. -lahoulepeutdépasser7mmaislesplusfréquentessontde0.5,1et 1.5m lespériodeslespluscourantessontinférieuresà7s. l’amplitudemoyennedeshoulessignificativesestde1,4malorsquela moyennedeshauteursmaximalesdeshoulessignificativesestde2,6m. Ces données de houles significatives sont proches de celles synthétisées par LPEE (1994) à partir de l’analyse des observations de navires effectuées entre 1960 et 1980. Vue la situation géographique et la morphologiedusite,ilapparaîtquelesforteshoulesneproviennentque du secteur ENE à E pour lequel, selon LPEE (1997), le fetch disponible avoisineles1000Km;celan’exclutpaslaprésencede«merdevent»et les clapots (Bayed and Beauburn, 1987), pouvant provenir de n’importe quelledirection.Leshoulesd'Estpeuventdépasserdesamplitudesde6m avecdespériodesde10à11s.Parailleurs,cettecôteestaussisoumiseà deshoulesduWNWquisontmoinsfréquentesetmoinsfortes. 59 N NE NW I W E E SE SW Amplitude (m) S < 1 m 1 - 2 m 2 - 3 m > 3 m FigureI.21:RosedeshoulessignificativesaulargedulittoraldeTétouan pour la période de 1996 à 2006. b- La marée et les courants côtiers :L’ondedemarée,généralementfaible, provient de l’Atlantique et se propage vers la Méditerranée à travers le détroit de Gibraltar (figure 22). Sous l’effet du vent et/ou des courants de marée,desondesinternesapparaissent,ellessontduesselonAridetKabbaj (1993): (i) à la géométrie de l’interface formée par les deux courants opposés(atlantiqueensurfaceetméditerranéenenprofondeur); (ii )aupassagedelamaréesemidiurneocéanique; (iii )àlaconfigurationparticulièredureliefsousmarin.

60

Ondes internes

Figure I.22 : Extrait de l’Image ERS1 (ESA) montrant les effets des courantsetdesmaréessurlacirculationdeseaux.

Lapropagationdecesondessefaitdel’Ouestàl’Est,del’Atlantiqueen Méditerranée,etlesplusspectaculairessemanifestentdurantlesmarées hautes.Cesondespeuventsepropagerjusqu’aulittoraldeTétouan,mais subissent des modifications en abordant des profondeurs variables. Ces ondes entraînent alors des effets non négligeables sur le littoral étudié (Ibrahimi,2003) La marée est de type semidiurne ( période 12H30) , et le marnage moyen est de l’ordre de 0.8 à 1 m. Les caractéristiques de la marée de viveseauxmoyennes(VEM)etdeviveseauxexceptionnelles(VEE)sont donnéesdansletableau4(LPEE;1997).

Côtedebassemer(m) Côtedepleinemer(m) VEM +0.28mZHou–0,6NGM +1.35mZHou+0,47 NGM VEE +0.00mZHou–0,88 +1.58mZHou+0,70 NGM NGM Tableau I.4 : Caractéristiques de la marée de vives eaux moyennes (VEM) et de vives eaux exceptionnelles (VEE) au niveau du littoral deTétouan.(LPEE1997)zérohydrographique(ZH)=0,88NGM.

Bienquel’amplitudesoitfaible,lescourantscôtiersalternatifssont forts,etilssontparallèlesàlacôte.IlsportentauSEauflotetauNWau jusant.LecourantdeflotestdirigéversleNord,etceluidejusantversle Sud(LPEE;1993). Au courant très fort, qui porte au S et au SE en raison de la forte réfraction sur le cap de Sebta (Sogreah, 1976), s’ajoutent d’autres courantscôtiersquiprovoquentdestourbillons,particulièrementauNord deM’diq(Ibrahimi,2003).Cescourantspeuvententraînerlessédiments au large (Boughaba, 1992). Combinés aux fortes houles du secteur E à

61 ENE et aux courants de retour sur le fond, ils favorisent notamment en période de tempêtes, l’agitation en déplaçant les limites d’action des vagues(LPEE1987;1990). C- Le niveau de la mer :L’évaluationdelatendanced’évolutionduniveau delamernécessitedelonguessériesdemesuresdépassantlesiècleafin de s’affranchir de la variabilité climatique et de permettre de mieux prévoirl'élévationfutureduniveaudelamer.AuMarocdetellesséries n’existent pas, il serait nécessaire de mettre en place des marégraphes danslesprincipauxports.Cecipermettraitdemieuxsuivrelesvariations duniveaumarinàuneéchellerégionaleetparconséquentappréhender les conséquences de l’élévation accélérée du niveau de la mer due aux changementsclimatiques. D’après les annuaires des marées des ports, établis par la Marine Royale,leniveaumoyendelamerauportdeSebtaestde0,57m.Vue sa proximité de la zone d’étude et faute de mesures in situ, nous utiliseronscettemêmevaleurpourlelittoraldeTétouan. Comptetenudessurcôtesmétéorologiquesexceptionnellesduesàl’effet defortsventset/oudedépressionsbarométriques,leniveaudelamerde celittoralpeutatteindre+2.08mZH,c’estàdire+1,20NGM(0.50mde surcôte) (LPEE, 1997). Les données sur les fluctuations à long terme du niveau marin local sont absentes, néanmoins l’altimétrie satellitaire (Topex/Poseidon et Jason) considère que la vitesse des variations du niveau marin de la Méditerranée occidentale est de 2.5 mm/an depuis 1993(Fig.23).Cettevaleurrégionaledel’élévationactuelleestimée,ne tientcomptequedel’effetduforçageanthropiqueduclimat.Elleneprend pas compte les mouvements tectoniques ni la subsidence qui peuvent contribuer,àcertainsendroitsdulittoraldeTétouan,autauxdelahausse duniveaudelamer.

Figure I.23: Carte de la distribution géographique des vitesses de variation du niveau de la mer (19932006) en Méditerranée d'après Topex/Poseidon et Jason1.( http://www.legos.obsmip.fr ). 62 II-4. Le contexte sédimentologique

L’évolution du littoral est avant toute chose conditionnée par la quantitédesédimentsapportésaurivage.Ilesteneffetnécessairequela merpuissedisposerd’unstockdematériauxsuffisantpourcompenserles facteurs d’érosion, sinon le rivage recule. Ainsi, l’équilibre du littoral est souslecontrôledesprocessussédimentairesquipeuventêtred’unepart de type sources tels les cas des apports sédimentaires fluviatiles et éoliens, l’érosion des plages et falaises adjacentes ainsi que le transport des sédiments dans le profil, du large au rivage. Et d’autre part, des processus de type drains qui se caractérisent par le piégeage des sédiments dans les estuaires et les lagunes, la déflation éolienne des sables de plages avec la formation de dunes littorales, le drainage des sédiments littoraux dans les canyons sousmarins, les glissements de pentes sousmarines et les transferts de sédiments de la plage vers le large. A ces processus vient s’ajouter le transit sédimentaire littoral qui n’intervient dans le budget sédimentaire du littoral (Fig. 24) que si son intensitévarieentrelesdeuxlimitestransversalesdelazoneconsidérée. TERRE OCÉAN *Erosion *rechargement *Dragage *Rivières Littoral *Canyonsousmarin *Rupturedutransport *Matériauxdeconstruction *Productionouperte Chimique Vents *Large(sourceoupuits)

Transit littoral FigureI.24:Budgetsédimentaired’unlittoral(Tabet,2002). Decefait,leprismelittoralconstituédesables,comprendlaplage, lescordonsdunairesquilabordentetledomained’avantcôtejusqu’àla profondeur de fermeture de plage (limite d’action des vagues vers le large). Le maintien de cette unité morphodynamique ou sa réduction dépenddubilanentrelaquantitédematérielquientredanslesystèmeet celle qui le quitte. L’apport sédimentaire admet alors trois sources principales: 63 * les apports continentaux, issusdesbassinsversantstributaires; * les apports côtiers quirésultentdel’érosiondesfalaises. *les apports marins, qui correspondent essentiellement aux sédimentsreliquesetàlacontributionbiogène. Au total, l’importance des sources ponctuelles (apports continentaux) apparaît aujourd’hui essentielle car les falaises (apports côtiers)délivrentleurmatérielàtropfaiblevitesseetlesapportsmarins restent plutôt hypothétiques ou demeurent faibles, mise à part la composante bioclastique. De ce fait, tout facteur qui amoindrit l’approvisionnement en sédiments du littoral compromet donc, à terme plusaumoinsbref,l’équilibrenatureldelazonecôtière. II-4-1. Les sources d’approvisionnement en sédiments II-4-1-1. Les apports terrigènes

Les rivières et les cours d’eau sont les principaux fournisseurs de matériaux au rivage, car ce sont les agents de transport privilégiés des sédiments arrachés aux continents par les phénomènes d’érosion, particulièrement vigoureux dans l’arrière pays de ce littoral. Ils sont essentiellementcontrôlésparlesfacteursclimatiquesetlasuperficiedes bassinsversants. Compte tenu du manque de données précises sur tous les apports des oueds à la zone côtière de Tétouan, il nous est impossible de tenter d’établir un bilan du flux solide, particulièrement celui de la fraction sableuse, la plus importante pour l’alimentation des plages. Des informationséparsespermettentdeconsidérerquel’essentieldesapports solidesestconstituédesédimentsfinsquisontaisémentévacuésenmer etdispersésparlahouleetlescourantsmarinssurleplateaucontinental; ils participent généralement très peu à l’alimentation «directe» du littoral. En effet, les oueds de Fnidek, Négro, Mellah et Azla sont temporairesetn’aboutissentaurivagequ’enhiveretauprintemps;leurs contributionsensablesrestentparconséquent,trèsfaibles(LPEE,1997, Ibrahimi, 2003). Quant aux oueds Smir et Martil qui sont les plus importants,leursapportsensablenesontquede10%(Tableau5)bien que leurs débits soient élevés (DPTPT, 1994). Cette fraction sableuse forméeessentiellementdegrainsmoyens(Reddad,2004)etcontribuent faiblementàl’approvisionnementdesplages. Oueds Apportannuel Quantitéannueldesables solideTotal(m 3 ) (m3) Smir 170000 17000 Martil 389000 39000 Tableau I.5: Apports annuels solides des oueds Smir et Martil (DPTPT, 1994).

64 Il faut également souligner la présence de deux barrages sur les oueds Smir et Martil qui affectent de façon spectaculaire les bilans sédimentairescôtiers.Cesapportsrisquesdebaisserd’avantageavecla construction de nouveaux barrages dans la région de Tétouan: Moulay HassanBenElMehdi,OuedR’MeletMartilsurl’ouedMhajrate. II-4-1-2. Les apports éoliens

Letransportdesédimentsparlesventsestunfacteursédimentaire qui joue un rôle notable dans les zones côtières. Il remobilise les sédimentsqu’ilsdéposentensuite,toutenédifiantdeschampsdunaires. Aproximitédurivage,cesderniersformentunstocksédimentairetampon qui peut être remanié par les houles de tempêtes et conditionner l’équilibredesplages. Nous ne disposons pas de données quantifiées sur le transport éolien du littoral de Tétouan. D’après Merzouk (1993), l’influence des apportséoliensenprovenanceducontinentsurlemaintiendesplagesen équilibre, sur l’érosion et l’alimentation de cette zone côtière reste secondaireenraisondelaprésencedelachaîneduRifquibloquel’arrivée des vents du Sud. Par contre, les vents d’Est ont une action plus importantedanslaparticipationàlaformationd’accumulationssableuses le long des plages, d’autant plus que les fortes houles leurs sont associées. En effet, ces apports éoliens sont concrétisés par la présence d’importantes dunes à l’intérieur des terres (zones boisées de la ville de Martil), les dépôts de sable fin sur les chaussées piétonnes, et des accumulations de sables contre la défense en enrochements de l’aménagement touristique de la S.A.T. situé au Sud immédiat de Cabo Négro. II-4-1-3. Les sédiments biogéniques

Ce sont des sédiments bioclastiques qui proviennent de matériaux construitsparlesorganismessousmarinsetfragmentéspardesfacteurs hydrodynamiquesoubiologiques.Cesontdesélémentsissusàl’originede zonesoùlesapportsdétritiquessontpeuabondants,notammentdansles affleurementsrocheux(PNUE,1985). SurlafrangelittoraledeTétouan,lafractionbioclastiqueestabondante, etestd’originemarineenprovenanceduprocheplateaucontinental.Elle est constituée d’un mélange de coquilles intactes, d’autres brisées et uséesenraisond’unbrassagevigoureuxdanslemilieuintertidal. II-4-1-4. Les apports marins et côtiers

Lessédimentsmarinsnesontplusenéquilibreaveclesconditions dedépôtactueletcorrespondentàunesédimentationanciennequandle niveau de la mer était plus bas. Ils ne semblent pas faire partie des principalessourcesd’alimentationdulittoral. 65 Unapportdesédimentspeutproveniraussidel’érosiondurivage, tels le cas de la désagrégation des falaises qui sont progressivement érodéesparlahoule.Leursmatériauxsontensuitetransportéssousforme de galets, graviers et sables sur les platiers rocheux qui les bordent. En effetsurlesabordsduportdeM’diq,denombreuxgaletsetgraviersse trouvent situés au Sud immédiat de la jetée principale, de même, à proximité de cap Mazari; ils sont fournis par les micro falaises et les falaisesadjacentes. Toutefois, l’érosion de ces côtes rocheuses et des falaises est généralement considérée comme étant d’une importance mineure dans l’apportdesédimentssurlesplages,enraisondeladuretédumatérielet parconséquentleursensibilitéàl’érosion. Par contre, l’érosion des côtes sableuses reste plus importante puisque,selonl’étatd’équilibredelaplage,quiestl’unitéélémentairedu littoral sableux, elle peut présenter un déficit (érosion) ou un surplus (engraissement) si le principe de conservation de masse ou de volume n’est plus respecté, ceci suite à une inégalité des entrées et des sorties desapportsdesédiments. II-4-1. Les caractéristiques granulométriques

De nombreuses études sédimentologiques ont été réalisées sur le littoral de Tétouan (LPEE, 1977; 1987; 1990 et 1994; Boughaba, 1992; Jaaidi et al.1993; Malek, 1991 et 1995; El Moutchou, 1991 et 1995; Ibrahimi,2003;ElOuahabi,2002;Anfusoetal.,2004;Nachite,2004et Reddad,2004).Ellesdistinguentd’unepart,troisfacièsgranulométriques selon leur mode (Mo) à savoir, dessables grossiers et graviers (Mo > 500m), des sables moyens (200m < Mo < 500m) et des sables fins (0.63m < Mo < 200m), et d’autre part, des caractéristiques sédimentologiques différentes entre les secteurs côtiers nord et sud du littoraldeTétouan. II-4-2-1. Sur lac côte nord

Ladistributiongranulométriquemontrentunedominancedessables coquilliersgrossiersrencontrésparticulièrementsurlazonedesbrisants, etdessablescoquilliersàgrainsmoyensprésentsurl’estranetlehautde plage (Boughaba, 1992; Malek, 1995; Reddad, 2004; Anfuso et al., 2004).Généralementilssontbienàmodérémentclassés.Ilstémoignent ainsi d’un hydrodynamisme relativement fort qui élimine la fraction fine ramenée par les oueds (Malek, 1995; Ibrahimi, 2003). Un gradient granulométrique croissant est noté du haut de plage vers le bas de l’estran.DeuxcellulessédimentairesapparaissentdanscesecteurNord:

a- De Fnidek au port de Marina-Smir (Restinga) :DanslapartieNord,les sablessontcoquilliersàgrainsgrossiersaveclaprésencedegraviers,ils sont très biens classés à asymétrie négative vers les grossiers (Malek, 66 1995,ELOuahabi,2002;Anfusoetal.2004;Reddad,2004).Ilsattestent d’unhydrodynamismetrèsfortfavorisantl'éliminationdesélémentsfins. Ensuite, la distribution granulométrique passe à des sables à grains moyens modérément classés qui s’observent sur les plages allant de RiffieneauNordjusqu’àlapointerocheused’AlMina.Après,jusqu’auport deMarinaSmirauSud,lessablessontàgrainsmoyensbienàtrèsbien classés à asymétrie positive vers les plus fins; ils constituent presque la totalité des unités morphologiques bas plage, estran, haute plage (EL Ouahabi, 2002; Reddad, 2004). Les sables fins sont absents, ils se rencontrentseulementsurlesdeuxrivesdescoursd'eautemporaires. b- Du port de Marina-Smir à M’diq : Entre les ports de Restinga et de Kabila,lessablesàgrainsmoyensàgrossiersprédominent,avecàuntri sédimentairetransversalentrelesunitésmorphologiquesdelaplage(EL Ouahabi,2002;Reddad,2004;Anfusoetal.,2004);lessablesfinssont presque inexistants et se localisent essentiellement à l'embouchure du coursd'eauentrelesportsdeKabilaetdeMarinaSmir.Cessablessont modérèment classés à bien classés, et ils sont riches en débris bioclastiques. Ils témoignent ainsi d’une dynamique forte (Boughaba, 1992;Malek,1995,Merzouk,1996;Reddad,2004).

Al’extrémitésuddecettecôtenord,laplagedeM'diqprésenteune prépondérance de sables grossiers, de galets et de graviers avec une faiblequantitédesablefin(Boughaba,1992;Malek,1995;LPEE,1993 et 1997; El Ouhabi, 2002; Reddad, 2004). Cette caractéristique granulométriquerévèleuneforteactionhydrodynamiquequifaitéliminer lesautrespopulationsdesables.Eneffet,cettedynamiquesemanifeste encoreparunindiced'asymétrienégativequimontrelaprédominancedes matériaux grossiers, ceci permet d'apprécier l'importance des agents dynamiques responsables du transport (triage) au niveau de cette plage (El Ouhabi, 2002; Reddad, 2004). L’hétérogénéité du matériel marquée parunmélangedesabletrèsbienclassésàmalclassésaffirmel’intensité de l’érosion des affleurements rocheux de Koudiat Taifor au Sud de la plage et une mobilisation permanente des sédiments sous l'effet de l'actionhydrodynamiquerelativementforteàtrèsforte. II-4-2-2. Sur la côte sud

La répartition granulométrique révèle une dominance de sables moyensàfinsbienclassés;ilsrésultentd’unhydrodynamismeplusfaible (Ibrahimi, 2003, Bougahba, 1992; El Moutchou, 1995; Reddad, 2004). Ondistinguedeuxcellulessédimentaires: a- de Cabo Négro à Sidi Abdessalam : Au niveau de la plage de Cabo Négro,lessablessontàgrainsfinstrèsbienclassésensuiteilsdeviennent moyensbienclassésdanslesplagesdeMartiletdeSidiAbdessalam(El Moutchou, 1995; Reddad, 2004). Ces accumulations sont le résultat d’unedynamiquedefaibleàmoyenneénergie.Lessableslesplusfinsse

67 trouvent abrités derrière des digues artificielles comme celle de Cabo Négroetcelleconstruitesurleborddel’ouedMartil(ElMoutchou,1995; LPEE.,1997;Reddad,2004). Il s’agit en fait d’une bande sableuse à faible pente qui se prolonge en meravecunefaiblequantitédesablesgrossiersauniveaudel’estrandes plages de Martil Sud et Sidi Abdessalam, et des sables à grains moyens uniformémentdanslesplagesdeCaboNégroàMartilNord(ElMoutchou, 1995; Reddad, 2004). Un affinement des sables est donc noté du Nord versleSud. L’uniformité de la répartition granulométrique laisse suggérer une régularité et constance dans l’intensité de l’action hydrodynamique régnantesurtoutelazone.Letrimécaniquedessablesestassuréparla dérivelittoraleetlescourantscôtiersjusqu’àatteindreunbonclassement (Ibrahimi,2003;Reddad,2004). b- De sidi Abdessalam à Azla :AproximitédecapMazari,lelittorald’Azla possède peu de plages, elles sont étroites et formées de sables gris à grainsgrossiers,mêlésàdesgraviersainsiquedesgaletsfournisparles microfalaisesetfalaisesadjacentes.Lessablessontmodérémentclassés à très mal classés. Ils attestent de la confluence entre les apports de l’oued Azla en période de crue et l’action hydrodynamique marine relativement forte et variable en intensité. Cette dernière favorise le vannagedelafractionfineramenéeparl’ouedAzla(ElMoutchou,1995). Quant aux sables moyens, ils sont plus localisés dans la partie nord de cetteplage.

II-4-3. La relation entre la pente de la plage et la granulométrie des sédiments

Il existe des relations entre la pente d’une plage et sa granulométrie; la pente a tendance à devenir plus forte quand les sédiments sont grossiers; et ceci pour les mêmes conditions de houle (Mignot,1977;1992).Cetterelationestessentiellementliée: (i)àlaperméabilitédessédiments;ainsi,lessablesgrossiersfavorisent l’infiltration des eaux, et donc réduisent l’intensité de la lame de retrait «backwash», (ii)àsacapacitéàaplanirleprofil,parconséquentlapentedelaplage devientplusimportante.Parcontrelessédimentsfins,moinsperméables, augmententlaforcedu«backwash»etcecidiminuelapentedelaplage. En effet, les plages du secteur nord du littoral de Tétouan, entre Fnidek et M’diq, caractérisées par des sables grossiers présentent en général, une pente raide dont les valeurs varient entre 6 et 12 degré (Anfusoetal.,2004)alorsqu’entreCaboNégroetSidiAbdessalam,elle est plus douce, et varie de 2 à 7 degré (Boughaba, 1992). Les fortes valeursdepentesonttypiquesdesplagesréflectives(WrightandCourt, 68 1984). Le rivage nord présente des particularités comparables à celles décritespardenombreuxauteurs(Wrightetal.,1979et1985;Shortet Hesp, 1982). En outre, la détermination du nombre de Dean (Dean, 1977) qui incorpore les caractéristiques de la houle et des sédiments a confirmél’étatréflectifdesplagesdusecteurNord(Anfusoetal.2004). L’état plus dissipatif a été noté dans un secteur à sédiments plus finsauSuddelapointerocheusedeRestinga(Anfusoetal.;2004).Ce typedeplagepourraitcorrespondreaussiauxaccumulationssableusesdu secteur Sud entre Cabo Négro et Sidi Abdessalam, qui montre un affinementdesgrainsdesableetunepenteplusdouce. Les caractéristiques sédimentologiques des plages de Tétouan montrent que le démaigrissement et le recul des plages risquent de s’aggraver avec L’élévation du niveau de la mer durant les prochaines décennies, particulièrement entre Fnidek et M’diq où les phénomènes de réflexion de la houle sont importants sur les plage à forte pente (dite plage"réflective"). II-4-4. Les mouvements sédimentaires Letransportdessédiments alieuessentiellemententrelalignede rivage et la limite extérieure des «brisants». Il intéresse, pour la plus grandepart,lafractionsableuse.Ilpeutsefairededeuxmanières,soit perpendiculairementàlalignederivageoubienparallèlementàcelleci, surtoutsousl’effetducourantdedérivelittorale. I-4-4-1. Mouvement dans le profil

En général il est la cause des évolutions à court terme; c’est un mouvementdesparticulessédimentairesquisefaitperpendiculairementà lalignederivage.Cesparticulessonttransportéssoitverslelargedansle casoùlesvaguessonthautes,abruptesetdefréquencecourtes,oubien verslehautdeplage,lorsquecellescisontbasses,moinspentèesetde fréquencelongue(PNUE,1985).Parconséquentlesprofilsdeplagesont en perpétuel remaniement, et des quantités importantes de sable sont déplacées. En effet, des volumes allant de 100 000 à 200 000 m 3 sont remaniés dans le profil dans le littoral de Tétouan particulièrement pour deshoulesdusecteurEst(Merzouk,1993).Untriagegranulométriqueest noté dans les plages des deux secteurs du littoral de Tétouan, et les mouvementssédimentairesdansleprofilsontestiméstrèsfaibleàpartir desfondsde–5mZH(LPEE,1993,1997). II-4-4-2. Transit littoral

Le transit littoral, et en particulier son gradient longitudinal est la causeprincipaledel’évolutionàlongtermedulittoral.Ilestinduitparles courantsdedérivelittoraleparallèleàlalignedecôtelorsquelescrêtesde la houle arrivent obliquement à la côte. La plus grande partie du transit 69 s’effectue entre le rivage et la zone de déferlement. Certains auteurs parlent de «fleuve littoral», d’autres de «courant littoralde houle » ou bienplussimplementde«dérivelittorale». Dans la zone côtière de Tétouan, ce transit est attesté par la formation d’une flèche sédimentaire au débouché des oueds Négro et Mellah. C’est unebarresableusequis’édifielorsquelestransportsmarinsetl’énergiede lahoulel’emportentsurcelledescrues;demême,desaccumulationsde sableapparaissentsurladiguedestabilisationdel’ouedMartiletauSud delapointedeRestinga. Ainsi, dans le secteur nord du littoral de Tétouan, la dynamique sédimentaire est essentiellement guidée par la dérive littorale SN (Boughaba, 1992 et Malek, 1995) qui peut parfois être NS selon les caractéristiques des houles de tempêtes exceptionnelles (LCHF, 1987 Malek, 1995; Emran et Hakdaoui, 2003). Toutefois, cette dérive littorale est perturbée par les aménagements portuaires. Le transit littoral provenant du sud reste faible, et a été estimé entre 15 000 et 20 000 m3/an (Boughaba, 1992, Merzouk, 1996, LPEE, 1997). Il favorise un important engraissement au sud immédiat de la traverse du port de Restinga(LCHF,1987;LPEE,1990;Malek,1995;Merzouk,1996). DanslazonecôtièreSud deTétouan,letransitsédimentaireétablià partirdesplansdevagues(Ibrahimi,2003)estdedirectionNSpourdes houles NE et ENE. Par contre pour celles du secteur E qui sont les plus fréquentes, le transport littoral SN (LPEE., 1990, Boughaba, 1992;Merzouk, 1993. El Moutchou, 1995. Ibrahimi, 2003). Le transit résultantestpréférentiellementSNavecdesvaleursquivariententre20 000et30000m 3/anLPEE(1994;1997). III- RESSOURCES NATURELLES ET POTENTIALITES DU LITTORAL DE TETOUAN

La région de Tétouan bénéficie d’une grande diversité des ressources naturelles, qui lui confère des potentialités de grande valeur écologiqueetsocioéconomique. III1.Lesressourceseneau L’accroissement rapide de la demande en eau, lié à l’évolution démographique et aux nécessités d’un développement économique et social de toute la région de Tétouan, a conduit à une mobilisation croissantedeseauxaussibiensouterrainesquesuperficielles.Etroitement liées, ces ressources sont généralement multiusages (eau potable, agriculture,industrie,etc…).Leurpréservationestunenjeuessentielcar lesactivitéshumainesetlavienaturelleensontdépendantes.

70 III-1-1. Les eaux de surface

Les eaux de surface comprennent les eaux aussi bien courantes (rivières,canaux)questagnantes(lacs,retenuesdebarrage,étangs,…). Dans le littoral de Tétouan, les principales eaux de surface accessibles sontcellesdesouedsFnidek,Négro,Smir,Mellah,Martil,Azla,lelacSidi AbdessalametleseauxdesprincipauxbarragesàsavoirNakhla,Smiret Moulay Hassan Ben El Mehdi. Le régime hydrologique des oueds est caractérisé par une forte variabilité, étroitement liée à l’importance des précipitations. L’essentiel des apports d’eau provient alors des crues d’ouedsquisontsouventviolentesavecunrégimed’écoulementtorrentiel etquisontàl’originedesinondationsdanscertaineszonesdecelittoral. Les eaux de surface de l'ensemble du réseau hydrographique sont de bonne qualité sauf celles de l'oued Martil qui reçoit les effluents domestiquesetindustrielsdeTétouan,etdontlaqualitédeseauxesttrès critique, en particulier pendant l'étiage, lorsque sa capacité de dilution et d'autoépurationdevienttrèsfaible(SDAULTT,1998;Dahhou,1999). Pour répondre aux sécheresses récurrentes et à la demande accrue eneau,plusieursbarragesontétéconstruitsdanscettezone: BarragedeNakhlamisenserviceen1961surl’ouedNakhla(affluent del’ouedMartil) BarragedeSmir,misenserviceen1991,surl’ouedSmir BarragedeMoulayHassanBen elMehdi(Raouz),inauguréen2006 BarragedeMartilprogramméen2008

III-1-2. Les eaux souterraines

LesdifférentesaquifèresdanslarégiondeTétouansetrouventdans des terrains détritiques; elles représentent deux types de nappes phréatiques: (i)Celled'unintérêthydrogéologiquelimité:lesnappesdeFnidek,Négro, SmiretAzla; (ii) Celle plus importante et facilement exploitable: c’est la nappe de MartilAlila. Leseauxsouterrainesjouentunrôlecapitaldanslarégularisationet la sécurisation de l’approvisionnement en eau, en particulier lors des périodes de faible hydraulicité. Dans la zone d’étude, les principaux aquifères sont étroitement liés aux cours d’eau. Leur alimentation est régie principalement par les précipitations et les infiltrations des eaux. L’aquifère Karstique de la dorsale calcaire constitue le réservoir le plus importantdelarégiondeTétouan.

LeseauxsouterrainesdeFnidek,duNégroetd’Azlasontdebonne qualitéetaptesàtouslesusages.Ellessontcaractériséesparderéserves totales et des pouvoirs de recharge naturelle limités; leurs ressources mobilisablesrestentparconséquentréduites(ABHL2006). 71 Quant aux eaux des nappes de Smir et de Martil, elles sont assez dégradées; elles présentent une salinité élevée due à l’intrusion saline (Hilali, 2002 et Stitou, 2002) et une contamination induite par une infiltrationdeseauxusées,respectivement,delavilleM’diqetdel’oued Martil(Stitou,2002) A l’inverse de ces nappes souterraines, il y en a d’autres qui ne permettent pas de mobiliser facilement de nouvelles ressources en eau supplémentaires. Elles sont contenues dans les différentes unités hydrogéologiquesconstituantlachaînecalcaireduRif;danslarégionde TétouanellescorrespondentauHaouzdeTétouanetàladorsalecalcaire. Ces ressources alimentent plusieurs dizaines de sources plus ou moins importantes. Elles sont exploitées pour l’alimentation en eau potable particulièrementlessourcesdeYarghistetTorreta(ABHL,2006). III2.Lesressourcesensol Lesolestuneressourcenaturelleetunsupportdel’ensembledes activités économiques. Lentement renouvelable, il est très sensible aux actions humaines: il se dégrade rapidement en raison d’une surexploitationetd’uneréductiondelacouvertureforestière. Dans la zone d’étude, la variété des sols varie en fonction de la roche mère. On trouve des sols rouges de type méditerranéen sur les rochescalcairesetlesdolomites,ainsiquedessolsbrunssurlesschistes dans la forêt. La végétation se répartit selon le type de substrat et/ou selon l’altimétrie. A l’exception des plaines alluviales à sols argileux à argilolimoneux, le sol reste en général fragile et peu fertile. Ce capital naturelconstitueuneressourcetrèsconvoitéedulittoralaussibienpour l’agriculturequepourl’urbanisationetlestransports. Néanmoins le développement des zones urbaines (bétonisation) au détrimentdesterresagricolesetdesforêtsestunegrandemenacepour lesressourcesensol. III3.Lesressourcesminières DanslaprovincedeTétouan,leseulmineraiquiexisteestdeBeni N’zala.C’estl’antimoine.Bienquesonextractionsoitdefaçonirrégulière, ce minerai assure la quasi totalité de la production nationale et une grandepartieestdestinéeàl’exportation.Acecis’ajoutel'exploitationdes gisementsd'argilepourlapoterieetceuxdessablespourlesecteurdu bâtimentetdestravauxpublics. En effet, depuis quelques années, cette région connaît une croissance urbainedesplusimportantesdupays.Aussi,abritetelleactuellementune panoplie de projets structurants d’une importance nationale et internationale(PortTangerMed,liaisonautoroutièreetferréeTangerPort, TangerMed, la rocade TangerSebta, l’autoroute FnideqTétouan…) qui nécessitent des quantités colossales de matériaux. Devant cette forte demande,lesplagesetlesdunessetrouventexcessivementmenacéespar

72 l’exploitation(liciteetillicite)dessablescôtiersetmarins,mettantainsien causel’équilibredel’écosystème.

III4.Labiodiversitéetlesécosystèmesnaturels III-4-1. La diversité végétale

Le littoral étudié et son arrière pays se caractérisent par une couverturevégétaletrèsdiversifiée.Celleciprenddesformesdifférentes, globalement réparties, en forêts, matorrals, jachères et cultures. La diversification de la végétation est contrôlée par les conditions litho pédologique d’une part et le climat d’autre part. Ainsi cinq unités floristiquessontdistinguées(SDAULTT,1993): • Surlesdunesbordières,localiséesdanslesbassesaltitudes,oùles milieuxsontsalinsetsableux,lesespacesquisedéveloppentsont le Genièvre rouge, le Tamaris, l’Acacia, le Lentisque et l’Eucalyptus; • Au niveau des embouchures des oueds et des lagunes où l’hydromorphieetlasalinitésontélevées,lesespèceshalophytes ethydrophytestelsleTamarisetleJoncsontabondants; • Les plaines argileuses et sableuses sont colonisées par le chêne liège,lePinpignon,lePind’Alep,l’EucalyptusetleLentisque; • SurKoudiatTaiforàmoyennealtitude,lechêneliège,l’Oléastre,le Pin d’Alep, le Pin Pignon, l’Eucalyptus, le Lentisque, l’Acacia et le Ciste sont développés sur le substrat paléozoïque des micaschistes; • L’unitégréseusedejbelZemZemcomprendlesespèces,telles,le chêne liège, l’Oléastre, le Pin maritime, le Pin pignon et le Pin d’Alep.

En terme de végétation, le site de la lagune de Smir renferme 88 espècesvégétalesparmilesquellesleshygrophytesrecensésreprésentent environ 50% de l’ensemble des hygrophytes des zones humides méditerranéennesmarocaines(EnnabilietAter,2005). DanslarégiondeTétouan,laforêtestabondante,elleoccupeune superficie de l’ordre de 134 000 ha (DAT, 1999). Cette biomasse forestière a une fonction énergétique et pastorale indéniable pour les populations rurales, et joue un rôle écologique pour la biodiversité floristique et faunistique. Elle joue également un rôle dans la protection des sols et la régulation du cycle et du bilan hydrique des bassins versants. Les dunes boisées, situées entre le port de Kabila et M'diq, occupent une place particulière et de première importance dans le fonctionnementdel’écosystèmedelazonehumidedeSmir. Néanmoins, en raison de l’accroissement démographique, l’extension des culturesetdel’urbanisation,ledéboisement,lesincendies,lesurpâturage et la surexploitation du bois de feu, entraîne la régression rapide du

73 couvert forestier; les terrains de culture ont remplacé une partie du domaineforestier(Chamsi,1989). III-4-2. Les ressources animales Plusieurs espèces faunistiques, dont certaines sont rares, utilisent le littoral de Tétouan et son arrière pays comme milieux de refuge. Elles constituentalorsuneréservenaturelledelarégiontels: • Lecerf,espècerareetprotégée,setrouvedanslaforêtdejbelzem Zem; • LesanglieresttrèsrépandudanslesforêtsdeHaouzetjbelZem Zem; • Lelièvreesttrèsabondantsurlesreliefsaccidentés; • Laperdrixserencontredanslaforêtclaireetlemattoral.

Dans les milieux lacustres, l’embouchure de l’oued Négro et au niveau de la lagune de Smir, la faune aquatique et migrante y est très répandue, essentiellement au niveau de lagune de Smir qui est très fréquentée par plusieurs oiseaux migrateurs, ce qui lui confère une importante valeur écologique. En effet elle recèle des espèces et des habitats particuliers. Le site abrite l’unique colonie reproductrice de la Spatuleblancheàl’échellenationale(ElAgbani et al., 2002).Ilreprésente également l’un des rares sites de reproduction d’un certain nombre d’espècesraresoumenacéesd’oiseauxd’eauauMaroctelsqueleHéron pourpré, le Héron Bihoreau, le Héron crabier, ...) (Bayed et El Agbani, 2002;ElAgabnietDakki,2005). LemilieucôtierdeTétouanest,parailleurs,unezoneimportantede lapêcheriedesbivalves;lesplussollicitéessontlescoques,lesverniset les haricots de mer. Les différentes espèces de bivalves pêchées et commercialisées au niveau de Fnidek, M’diq, Martil et Azla sont alors: Callista Chione, acanthocardia tuberculata, acanthocardia echinata, acanthocardia aculeata, Pecten maximus , et Donax tranculus ( SHAFEE, 1999). Acecis’ajoutelesressourceshalieutiquesimportantesquerecèlelemilieu marin et qui font l’objet d’une pêche artisanale; celle ci présente des potentialités considérables tant sur le plan social qu’économique et biologiquedelarégion.Plusieursespècesciblessontalorscapturées:les sparidés(essentiellementlabogueetlabesugue),lesserranidés(mérou, loup, abadèche), les petits thonidés (le melva et la bonite), les céphalopodes(lepoulpe,lecalmar, laseiche), la langoustine,etlethon rougeparticulièrementdurantsamigrationversl’atlantique(INRH,1998). III-4-3. Les écosystèmes naturels LelittoraldeTétouansecomposedessitesdiversifiésdontchacun s’individualise par des particularités naturelles dictées par ses conditions écologiques. Autres les plages et les dunes bordières qui constituent un 74 milieuécologiquedetransitionentrelalignederivageetl’arrièrepays,la forêt, particulièrement, d’Al Haouz, et les zones humides constituent d’importants écosystèmes naturels de grande valeur bioécologique. Certains ont été retenus au niveau des sites d'intérêt biologique et écologique(SIBE):c’estlecasdelalagunedeSmirquiestunimportant siteornithologique. III5.Lesactivitéssocioéconomiques La région dispose de potentialités économiques très diversifiées (Fig.25). Elles sont perceptibles à travers des zones urbaines en extension,untourismediversifié,uneagriculturedeplusenplusmoderne etuneindustrieenconstanteévolution.L’occupationdecelittoraldépend des modalités foncières qui réglementent aussi bien l’installation des populationsquelestypesdesactivitéséconomiquesexercées. III-5-1. La population

Selon le recensement général de la population de 2004, la zone d’étude compte environ 500 000 habitants dont 94% résidant en milieu urbain et 6% en milieu rural (Tableau, 6). A cette population résidente s’ajouteuneautrenonrésidentependantlasaisontouristique.

Sur le plan ethnique, la province de Tétouan est peuplée par les Rhomara et Jebalas. Le taux d’accroissement est particulièrement élevé pour la population urbaine des municipalités côtièresde M’diq (5.7%), Martil (5.4%) et Fnidek (4.5%) alors qu’il est plus faible à Tétouan (1.5%), et représente moins de 2.7% pour la population rurale (RGPH, 2004).LelittoraldeTétouanconnaîtunefortedensitédepopulationqui estenmoyennede213HabitantsparKm²;ellereprésenteenviron6fois lamoyennenationalequiestde37habitants/km². Populationen Populationen Tauxd’accroissement 1994 2004 Annuelmoyen Population 356238 449705 4,3% urbaine Population 23358 28707 1,9% rurale Populationdela 379596 478412 3,4% zoned’étude TableauI.6:Recensementdelapopulationen1994et2004dulittoral deTétouan(d’aprèsRGPH,2004). III-5-2. Les zones urbaines en extension

La croissance de l’habitat dans l’espace littoral de Tétouan se fait à la fois par densification des quartiers existants et par extension du tissu urbain dans les zones périphériques. Ce phénomène se rattache à la

75 croissancedémographiqueetàl’exoderural.Ainsilestroiscentresurbains de la zone d’étude Fnidek, M’diq et Martil connaissent une dynamique exceptionnelle en matière d’habitat. Ces villes sont en nette expansion puisqu’elles connaissent une réhabilitation de l’espace urbain en relation aveclaconstructiondel’autorouteetlaproximitéducomplexeportTanger Med zone franche, en plus de l’installation d'une zone «duty free» commerciale à Fnidek. L'importance du secteur touristique dans la région apparaît dans la relation spatiale de Tétouan avec la zone côtière qui connaît une importante stratégie de développementet une rénovation urbaine des villes: Elles consistent en un élargissement de la bande littorale en orientant le développement au delà de la route nationale, le renforcement de la trame viaire, la libération des centres par un contournement routier, l’aménagement des corniches et la construction d’autres infrastructures d'eau, d'électricité et du téléphone. Ainsi de meilleuresperspectivess’ouvrentpourl’embellissementdufrontdemerde larégiondeTétouan,néanmoinsunepriseencomptedesrisquescôtiers danslagestiondulittoralestdevenueunenécessitédanslecontextedu changement climatique et de l’élévation du niveau de la mer, prévue durantlesprochainesdécennies. Endehorsdel’évolutionurbainedecescentres,lazonecôtièreaconnu unevalorisationparundéveloppementlinéairedel’urbanisationlelongdu littoral qui avait été amorcé durant la période 19651972 par la construction des premiers complexes touristiques (Club Med, Yasmina à Cabonégro,Smirprésdel’ouedNégro,MaroctouristedeKabilaetHoliday Club de M’diq). Ce développement s’est estompé durant la période de 19731980enraisondelacrisedusecteurtouristiquepourreprendredès le début des années 80 avec d’autres réalisations touristiques qui continuentàsedévelopperàcejour. Ainsilazoned’étudeestsubdiviséeentroisensemblesdistincts: *les centres urbains (Martil, M’diq et Fnidek) avec une importante concentrationdémographique; *lescomplexestouristiquesdéveloppéstoutlelongdu littoralTétouanais entreFnideqetM’diqainsiquedanslecentredeCaboNégro; *l’arrière–pays qui caractérise le monde rural avec une topographie diversifiée (montagne, plaine, lagune), il est parsemé de maisons dispersées. III-5-3. Les secteurs économiques Bien qu’il s’agit d’un territoire à vocation essentiellement rurale, abstraction faite des centres urbains de Martil, de M’diq et de Fnidek, la zonecôtièredeTétouanestlieud’activitéséconomiquestrèsdiversifiées. Néanmoins, 20% de la population active sont des chômeurs; ce fort de chômagetoucheprincipalementlemilieuurbain(SDAULTT,1998;Rharbi, 2004). 76 III-5-3-1. L’agriculture et l’élevage

L’agricultureesttraditionnelleetrestelaprincipaleactivitéd’une majeure partie des paysans locaux, tant en matière de culture que d’élevage.Situéeauniveaud’unezoneagroclimatiquefavorablepourla culture en bour 127 353 ha d’après la Direction Provinciale de L'Agriculture(D.P.A)larégiondeTétouann’estcependantpasparvenue à un développement important de son secteur agricole. Celui ci y est limité par la faiblesse des ressources en sol. Le relief difficile laisse recourirdavantageauxpratiquestraditionnellesdelaboursavecunefaible utilisationd’engraisetdesemencessélectionnésd’oùunrendementfaible etinsatisfaisant . Lesterresagricolesreprésentent36Km²,soit16%dela superficie de la zone d’étude. Les périmètres irrigués à Martil et Smir correspondent aux cultures des céréales, les cultures maraîchères et fourragères, les légumineuses, et les cultures industrielles en particulier lesoléagineuses. En ce qui concerne l’élevage , la région présente les conditions adéquates pour le cheptel (caprins, ovins et bovins) qui utilise principalementlesparcours.L’effectifducheptelrecensésdanslarégion selonlesstatistiquesdelaproductionanimalede2004aatteint98.6OO têtesdeBovins,194.8OOtêtesd’ovinset238.2têtesdecaprins(RGA, 2004).

III-5-3-2. La pêche

Elleoccupeunemaind’œuvreimportantegrâceauportdeM’diqet dequelquesquartiersmaritimeslelongdelacôte:Fnidek,MartiletAzla. Cesecteuremploi22.5%delapopulationactive(SDAULTT,1998). Malgré sa pratique de pêche essentiellement traditionnelle et côtière, la région dispose de potentialités importantes dans ce domaine (INRH, 1998),principalementdansleportdeM’diq(Tabl.7),ainsiquedansdes sites de débarquements, capables d’activer ce secteur et d’assurer l’autosuffisancedesapopulationenprotéinesanimales. PortdeM’diq Poisson Poisson Céphalopodes Crustacés pélagique blanc Poidsentonne 4987 1516 113 1 TableauI.7:Débarquementdesproduitsdelazonecôtièreauportde M’diq(ONP,2005). Néanmoins, la médiocrité des infrastructures existantes ne permet pas l’exploitation, de façon optimale, des ressources halieutiques que recèlelemilieumarin.Vuladiversité desespècespêchées(Tabl.8),La pêcheestuneactivitéd’appointnonnégligeablepuisqu’ellecontribuedans ledomainedel’emploietelleestparfoiscomplétéepard’autresactivités

77 comme le commerce et l’agriculture. C’est une activité qui opère en général,surleplateaucontinentaletdansdeszonestrèscôtières. Provincede Nombre Nombre Nombre Principaux Principales Tétouan desite de de engins espèces depêche barques marins Tétouan 17 641 1880 Turlutte Calmar, seiche etpoulpe Palangre Sparidé, mérou, congre Ligneà Sparidés main FMD* Melva,Bonite Ligne de Loup,Mérou, traîne Abadèche Trémail Sparidés * FMD : Filet Maillant Dérivant TableauI.8:PrincipalescaractéristiquesdelapêcheartisanalesàTétouan (INRH,1998). III-5-3-3. Le tourisme

De par sa situation privilégiée, à proximité de l’Europe et compte tenu de ses potentialités naturelles variées (mer, montagne et plaine), cette côte est un pôle très attractif tant pour l’immigration rurale et urbainequepourlesinvestissementséconomiques,etletourismenational et international. Cette attraction se traduit par une forte densité de la populationnotammentenété,uneémergenceduphénomèneurbainetun développement accru du créneau touristique. Ce dernier est doté d'une infrastructure importante et variée, dont la plupart des unités sont concentrées sur la corniche de Fnidek à Martil. Ce littoral connaît un tourisme de haute gamme (partie Smir, Kabila et Cabo Négro), et un second,pluspopulaireàM'diqetMartil.Ainsi,l’importanteconcentration d’équipementshôteliersetderésidencessecondairesimplantéessurcette zonecôtièremontrequeletourismeconstitueuneactivitéomniprésente dans la structure de l’économie de cette région frontalière. En moyenne les nuitées réalisées dans les hôtels classés à Tétouan sont de 300000 (MT, 2005), et la saisonnalité est concentrée sur 4 mois (75% de l'activité),avecunengorgementfortauxmoisdejuilletetaoût. Avec les futurs projets programmés sur le littoral, ce secteur va connaître un développement de grande envergure: Parmi d’autre, la réalisationd’unestationbalnéairesousformed’îlots(huithôtels,ungolf, une cité lacustre, un parc aquatique, des commerces et des restaurants etc…)estprévuesurl’ensemblede lacôtedeTétouan. «Tamuda Bay » constituerait la nouvelle enseigne du littoral M’diqFnideq, La région de 78 Tétouan,quicompteaujourd'hui3.944lits,offriraunecapacitédeprèsde 14.000 lits en 2010 et de 15.000 lits en 2014 (toutes catégories confondues), selon le Ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Economie sociale (MTAES). De tel projet devrait servir de locomotive pour le secteur du tourisme qui semble présenter un effet positif, et l’incitatif à la création d’autres activités qui lui sont plus au moins liées tellel’artisanat. III-5-3-4. L’industrie et l’artisanat.

Le secteur d’activité le plus pourvoyeur d’emplois dans la zone d’étudeestl’industrieetlesbâtiments.Eneffetilemploiprésde25%de la population active (SDAULTT, 1998). Ce secteur est appelé à se développer davantage avec l’aménagement de la nouvelle zone industrielledeTétouan. Larégionpossèdeenviron4%desunitésindustriellesdupays.D’aprèsles donnéesexistantes(Ministèredel’Environnement,1998),46%desunités industrielles appartiennent au secteur des industries chimiques et parachimiques,28%ausecteurdesindustriesmécanique,métallurgique, électrique et électronique, 21% au secteur des industries agro alimentaires et enfin 5% au secteur des industries textiles et du cuir (Dahhou,1999).

Quantàl’artisanat,ilestcaractériséparsarichesseetsadiversité; il joue au niveau régional un rôle primordial tant au niveau social qu’au niveauéconomique.Tétouanconstitueainsileprincipalcentred’artisanat au Nord du Royaume où le nombre d’artisans travaillant au sein des coopératives dépasse les 500 adhérents (DAT, 1999). La ville dispose également d’un grand complexe artisanal pour la commercialisation de diversproduitsartisanaux. III-5-3-5. Le commerce C’estletroisièmesecteuremployeurdecettezone;iloccupeprés de 17% de la population active, et constitue ainsi une des principales activités de l’économie de la région, en effet, il présente une source de revenus non négligeable pour une grande partie de la population, en raisondesaproximitédelazonefranchedeSebta.Ceciapermisdecréer une intense activité commerciale: l’afflux de commerçants attirés par cette situation semble être accentué par le phénomène de contrebande quiinduitdanslarégionuneimportantecomposanted’emploiinformel.

LafonctioncommercialedeFnidekserenforceraparl’aménagement prévu d'une zone commerciale offshore de 200 ha. Ce mégaprojet comporteradescentrescommerciauxavecunelargegammedeproduits (dutyfreepourlesvoyageursenpartancepourl’étranger).

79 III-5-4. Les équipements en infrastructures de base III-5-4-1. Les infrastructures de communication

Le réseau routier constitue un véritable levier de désenclavement et de développementsocioéconomiquedelaprovince.Ilestconstituédequatre routes secondaires et d’une route principale reliant la ville de Tétouan à celledeSebta;CellecilongelacôtedeTétouanenpassantparlescentres urbains de M’diq et Fnideq et dessert les plus importants ensembles touristiquesdelarégion. D’autresvoiessontprévuespourlerenforcementduréseau,entrelaroute nationaleetlacornichedeMartil,ledédoublementdelaroutenationaleet laréalisationdel’autorouteentreFnideketTétouansur28km. Quantauréseauferroviaire,totalementabsentdanslarégion,ilseradoté d’une future voie ferrée suivant le même chemin de l’autoroute, selon le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme du Littoral Touristique Tétouanais(SDAULTT,1998), Cetteaireconcentreactuellementlesdeuxtiersdeshôtelsdelarégionet disposeaussid'uneinfrastructuredecommunicationaérienneetmaritime. - Le réseau aéroportuaire et portuaire : La zone d’étude dispose d’un aéroport de Tétouan–Saniat R’mell, réservé principalement aux vols intérieurs. Il a été aménagé pour acquérir une capacité pour les vols internationaux. Pour les communications portuaires maritimes, le littoral de Tétouan disposedetroisportsopérationnelssurlacôtenord: Le port de M’diq qui est situé à 25 Km de Sebta et à 13 Km de Tétouan, il est protégé par l’avancée de Koudiat Taifor. C’est un port à usage économique et commercial. Il connaît des aménagements pour l’extension du port de pêcheetunenouvelleinfrastructuredeplaisance. Deux ports à vocation touristique: MarinaSmir et Kabila qui sont exclusivement destinés à la plaisance. Deux autres ports, programmés, sontencoursderéalisation,l’unàMartil(portdeplaisance)etlesecond àFnidek(depêche);cesontdesprojetsd’appuiauxsecteursdelapêche artisanaleetdutourisme. III-5-4-2. L’approvisionnement en eau potable et l’assainissement L’approvisionnement en eau dans la province de Tétouan est réalisé essentiellement à partir des eaux superficielles. La production d’eaudelavilledeTétouanetdesazonecôtièreestassuréeenmajorité (environ95%)parl’OfficeNationaldel’EauPotable(ONEP)quigèreàla foislesstationsdetraitementd’eaupotableetlesréseauxd’amenésaux différentspointsdelivraison.lacapacitétotaledeproductiondelavillede Tétouanetsazonecôtières’élèveà125000m 3 /j(Stitou,2002).Ilya différents sites: la station de traitement de Smir, celle de Torreta alimentée par la retenue du barrage Nakhla, les forages de Tamouda situés sur la rive droite de l’oued Martil et la nouvelle station d’alimentation du barrage Moulay Hassan Ben El Mehdi inauguré en 80 janvier2006,etsituéeauNWdelavilledeTétouan;cetouvrageestle deuxième principal barrage après le barrage Smir, réalisé en 1991. Un autrebarrage(Raouz)estprogramméàl'horizonde2008,dateàlaquelle ildevraentrerenfonction.

La zone est ainsi desservie de façon satisfaisante, néanmoins le problème se pose encore pour l’assainissement. La plupart des centres urbains de la région sont dotés de réseaux d’assainissement, mais ils restentinsuffisantsparrapportàlacroissancedelapopulation.Enoutre, lescomplexestouristiquespossèdentdesréseauxindépendantslesuns desautresmaislesstationsnesontpasbienexploitéesetsontsouventà l’arrêt(SDAULTT,1998). Le déversement d’eaux usées, domestiques et industrielles, non traitées dans les oueds et dans la mer crée une importante pollution de ces écosystèmes.

III-5-4-3. Les ouvrages de protection

Ils représentent des petites jetées ou digues placées au niveau des embouchures,danslebutderéduirelaformationdebarresetdeflèches d’ouedssurtoutl’ouedMartil;oubienréaliséesaupiedd’unecôterocheuse oud’unpetitcappourprotégerlesplagesdesactionsmarinesetenmême temps servir à des fins de plaisance: les plages de RestingaSmir et de CaboNégro: La digue de l’oued Martil :Danslebutderégulariserlelitdel’oued,une digueaétéconstruitesurlarivegauchedel’embouchure.Elleestd’une largeurcompriseentre11et22metd’unelongueurde850mdepuisla côtejusqu’aubrasmortqu’ellerecoupe.Ellesepoursuitsousformed’une pistequibordelenouveaulitcreuséjusqu’àrejoindrelavalléeprincipale de l’oued. Le but était d’une part d’écarter le lit de l’oued de l’agglomérationdeMartil,etd’autrepartderéduirelaformationdesbarres etdesflèchesd’embouchureetdestabiliserleurposition.Maisl’ancienne vallée abandonnée actuellement entre le centre urbain et le nouveau lit, estdevenueunsitemarécageuxoùs’accumulentleseauxpolluéesetqui estsujetàdesinondationstrèsfréquenteslorsdestempêtes. Les jetées de Restinga et Cabo Négro :SurlecapdeRestinga,unepetite jetéede50menvironaétéconstruiteparallèlementàlacôtepourabriter lapartienorddelaplageRestingacontreleshoulesduNE. Vers le Sud une autre jetée, appuyée sur la côte rocheuse du massif de KoudiatTaiforetd’unelongueurd’environ70metd’unelargeur10m,elle estdestinéeàabriterlaplagedeCaboNégroetlaprotégercontrel’érosion côtière. Cesdeuxjetéesontpourobjectif,d’élargirlesdeuxplagesetderéduirela pertedessédimentstransportésparladérivelittorale. Ladiversitédescaractéristiquesphysiquesetécologique,lesactivités économiquesvariéesetlafortepressiondémographiqueontfavoriséune 81 forte consommation d’espace (Fig.25) qui risque de se généralisée l’ensemble du littoral avec les nombreux projets prévus sur cette zone côtière,aujourd’huifortementinvestie. VI-CONCLUSION Le littoral de Tétouan est caractérisé par une diversification des paysages naturels et des conditions écologiques, ainsi que d’importantes ressources naturelles fortement sollicitées. Il connaît alors une forte pression foncière qui s’exerce sur ses espaces naturels (plaines, zones périphériques des écosystèmes humides, cordon littoral) et une importantemaîtrisedel’urbanisation. Cette zone côtière est considérée comme l’une des meilleures stations balnéairesàl’échellenationale.Ellefaitl’objetdel’installationdeplusieurs projets qui deviennent de plus en plus denses et dangereuses pour l’équilibre de ce rivage. Ceci mérite de réelles réflexions sur l’aménagement, la protection et la gestion de ce littoral surtout que la perspective des changements climatiques et particulièrement de l’élévation du niveau de la mer est susceptible d’affecter fortement les zonescôtières. Tous les littoraux ne répondront pas de la même manière à la remontée du niveau marin puisque les perturbations dépendront aussi bien des caractéristiques géomorphologiques et de la mobilité morphodynamique de chaque zone côtière que des contraintes qui s’y exercent. 82 490 500 510 N Fnidek  Légende Zone urbaine Côte Nord 580 Centre urbain

Centre rural M

e Unités publiques et priv ées r

M Unités touristiques Marina Smir é d

i t Unités industrielles e

r r Port a

n Aéroport é Kabila e 570 Voiries Route principale M'diq Route secondaire Végétation Cabo Forêt Négro Terres cultivés Côte Sud Terrain vacant 560 Ecosystèmes Martil Plans d'eau Marais TETOUAN Oued

Plages Azla Limite de la 0 2 4 550 zone d'étude Km

FigureI.25:Carted’occupationdusoldulittoraldeTétouan

83 CONCLUSION DE LA PARTIE

LeréchauffementdelaTerren’estplusunemenacemaisbienune réalité, il aura, à court terme, des incidences majeures sur les environnements côtiers. Selon le GIEC, l'élévation prévue serait deux à cinq fois plus rapide que celle qui s'est produite au cours des 100 dernières années. L'ampleur des impacts varierait en fonction des particularitésdechaquelittoral. La côte de Tétouan a été modifiée et aménagée de façon intensive au cours des décennies, et elle est de ce fait encore plus vulnérable à une hausseduniveaudelamer.Pourcettezonecôtière,oùlespotentialités se multiplient: touristiques, résidentielles, et socioéconomiques, quels serontlesimpactsd’uneremontéeduniveaudelamer,aujourd’huidéjà amorcée?

84

PARTIE II EVOLUTION MORPHOLOGIQUE DU LITTORAL DE TETOUAN AU COURS DU DERNIER DEMI SIÈCLE

85

CHAPITRE 1 : ETUDE RETROSPECTIVE DE L’EVOLUTION MORPHOLOGIQUE DU LITTORAL DE TETOUAN

86 Chapitre 1 : Etude rétrospective de l’évolution morphologique du littoral de Tétouan.

I- INTRODUCTION

L'intérêtcroissantdanslesprocessuscôtiersetleschangementsde rivage reflètent la forte occupation des zones côtières et l’utilisation des plages,vul'importanceéconomiquecroissantedutourismebalnéaire.Ainsi dansuncontexterégionalmarquéparl’exodedepopulationsendirection descôtes,lelittoraldeTétouansetrouveêtreaucœurdecontradictions entre sa dynamique naturelle et les objectifs de développement. Ces contestations sont sources de nombreux risques environnementaux pour cettezonecôtière. L’espacelittoraldeTétouansusciteungrandintérêtpourlesupport qu’iloffreauxactivitéséconomiquesetaudéveloppementurbainainsique pour ce qu’il représente comme richesses biologiques et potentialités touristiques. Le renforcement des contraintes anthropiques au cours des dernières décennies a conduit à une artificialisation de l’ensemble du linéaire côtier. Il est intéressant de se demander dans quelle mesure l’évolution historique du rivage a été influencée par ces contraintes, en termedevariationdutraitdecôteetdubudgetsédimentaire? L’analysediachroniquedel’évolutionpasséedutraitdecôtepermet de mesurer de quelle façon la zone côtière de Tétouan a évolué, et d’évaluerlecomportementfuturprobabledecelittoral,àcourtetàlong terme,afindepouvoirdiagnostiquerledegrédevulnérabilitéàl’élévation prévisible du niveau de la mer de la façon la plus probable. L'objectif de cetteétudeestderetracerl'évolutionmorphologique,entre1958et2003, durivagedeTétouantouten:(i)identifiantlatendancedeschangements du rivage et (ii) en évaluant les taux d'érosion ou d’accroissement par secteur et par période. Ceci va alors contribuer à améliorer les connaissances antérieures et actuelles sur la mobilité du trait de côte et permettraitdeprévoirl’évolutionfuturedecelittoral. II- METHODOLOGIE ADOPTEE

Laméthodologies’inspiredenombreuxtravauxexistantenmatière d’analyse diachronique de l’évolution des littoraux à l’échelle historique (Crowelletal.1991;Dolanetal.1980et1991;MooreL.J.,2000). Depuis longtemps,laméthodedelaphotointerprétationaétéappliquéeàl'étude du littoral car elle apporte une vision globale et synoptique du trait de côte.Ladynamiquedeslittorauxmeublesestcomplexeets’organisetrès souvent sur des secteurs longs de plusieurs kilomètres. Cette technique d’analysemultidatedesphotographiesaériennesestlaplusutiliséepoury observerlesprocessuscôtiers.Lafiabilitédesrésultatsobtenus[Crowelet al,1991;Dolanetal,1991]amènentungrandnombredechercheursà utiliser ces clichés aériens, dont l’examen permet une vision globale et 87 rétrospectivedesphénomènesaveclamiseenévidencedelamobilitédu rivageetdestransfertssédimentaires[GuillemotetThomas,1985;Wang etVerger,1985;ElMoutchou,1995,Malek,1995,Shoshanyetal,1996; McBride et Byrnes, 1997; Suanez et Simon 1997; Suanez et Provansal, 1998;;Courtaud,2000]. Danscetteétude,l’approchehistoriqueconsisteenuneanalysepar photointerprétationclassiquequireposesurtroisprincipes: (1) Assemblage des photographies aériennes disponibles (19581986 1997 et 2003) dans une mosaïque qui couvre la totalité de la région étudiée. (2) Corrections géométriques qui utilisent des référents invariants, et géoréférencementdesphotographies.Lesrepèresontétélocaliséssurla cartetopographiqued’uneéchelleà1:50000 ème . La définition d’une ligne de référence du trait de côte est un problème essentiel (Robin, 2002). La ligne de rivage instantanée est très souvent utiliséelorsquel’ontravailledansuncontextemicrotidalcommeceluide la Méditerranée (Jimenez et al; 1995; Suanez et Simon, 1997; Durand, 2000). L’effet de la faible amplitude de la marée sur les variations morphologiques des plages de Tétouan peut être considéré comme négligeable.Ainsi,l’interfacesablehumide/sableseccorrespondraautrait decôtedanscetteétude. (3) Superposition des différentes couches en utilisant un logiciel du SIG(MapInfo). Cetteméthodepermet: L’analyse de la cinématique du trait de côte pour chaque intervalle de temps (19581986, 19861997 et 19972003), et l’estimation de la tendanceévolutive. Et comme les données sont peu nombreuses, nous avons utilisé la méthode dite des points extrêmes qui consiste simplement à calculer un tauxmoyendereculoud'avancée,lelongdechaquerivageétudiéetde manièreponctuelle.Malgréleserreursinhérentesàtouteméthodedece type(Croweletal.1991;Durand,2000),lamarged’erreurestdel’ordre de +/ 9 m entres les différentes photographies. Des méthodes plus précisesexistent[Durand,1999;Courtaud,2000],maisellesnécessitent l’utilisationdelogicielsspécifiquesetlamarged’erreurdenosrésultatsest acceptablecomptetenudeladuréedusuividutraitdecôte(45années)et des taux de recul/avancée du rivage de Tétouan, supérieurs à la marge d’erreur. la mesure des vitesses d’évolution de la ligne du rivage et la cartographiedeszonesd’érosionetd’accrétion; l’estimation des surfaces perdues et gagnées pour chaque période et chaque secteur côtier, afin de définir le bilan global du budget sédimentaire durant les 45 années. Les littoraux sableux possèdent la

88 potentialité d’évoluer extrêmement vite et brutalement en raison de la mobilitédusablesousl’actiondeshoulesetdescourantsdemarée . Dans laperspectived’évaluerlaquantitédesablemiseenjeuduranttoutela période d’étude, les déplacements de rivage ont été transformés en des changementsdevolumes.Uneprofondeurdefermeturedeplagede5m aétéalorsadoptéepourl’ensembledulittoralselondesmesuresréalisées parleLPEE(1994et1997). III- CINEMATIQUE DU TRAIT DE COTE : ANALYSE DIACHRONIQUE

Lesvariationshistoriquesdelalignederivagedulittoral deTétouan sont représentées sur les figures 26 et 27. Elles illustrent l’évolution du traitdecôtedeFnidekauNordàAzlaausud, pourlespériodeschoisies (1958/1986, 1986/1997, et 1997/2003). Selon l’évolution morphologique de la ligne de rivage, on distingue trois types de tendance: Accrétion, érosion ou stabilité, etdifférentesclassesontétédéfinies: Erosion :forte(>4m/an),modérée(1à4m/an)etfaible(<1m/a). Accrétion :modérée(entre+1et+2m/an)etfaible(<+1m/an). Vuletauxderecultrèsfaibledesfalaises(Gneiss)quiestlargement inférieur à la marge d’erreur calculée, les côtes rocheuses sont considérées stables danscetteétude. Lesrésultatsmontrentqu’entre: - 1958 et 1986: Lesfigures26aet27amontrentquedurantces28ansla ligne du rivage a connu un net recul. Les traits de côte nord et sud ont reculérespectivementde48met34mavecunevitessemoyenned’érosion de1.7m/anentreFnideketM’diqet1.2m/andeCaboNégroàAzla: L’érosionde la côte nord estbeaucoupplusmarquée.Lessecteurscôtiers les plus fortement érodés, avec un retrait supérieur à 4 m/an (Fig.27a), représentent 10% du littoral étudié; ils correspondent à l’emplacement du port de M’diq (construit en 1961) et celui de Marina Smir dont les constructionsavaientdébutéen1986. Sur la côte sud ,letauxd’érosionleplusfortaétéenregistréenamontde ladiguedeCaboNégro,miseenplaceen1960;lereculdutraitdecôteest lié au lancement des aménagements touristiques réalisées dans cette zone parlaSociétéAfricainedeTourisme(SAT).Quantauxzonesàtauxderecul faibleàmodéré,ellesreprésentent80%.

89

Fnidek  510 500 510

500 Fnidek 500 510        Fnidek 

N  Riffiene  Côte Nord

Côte Nord Riffiene Côte Nord  Riffiene 580

             

 

Pointe Al Mina  Pointe Al Mina 





 Pointe Al Mina      

Mer

 Trait côte de : 

 Méditerranée 570

1986 Trait côte de :   

1997 

1958 

 

 Koudiat  Digue 1986 

M'diq Taifor M'diq Trait côte de : M'diq

Port 

Erosion forte 

 Erosionforte 2003 Côte Sud 

 > - 4 m/an 

Lac ou marais Cabo Négro  1997

 Cabo Négro    Erosion Cabo Négro

Erosion forte Erosion modérée  Côte Sud  Erosionforte -1modérée à - 4 m/an   > - 4 m/an ErosionErosion modérée     Erosion faible modérée -1 à - 4 m/an 

 Erosion  Côte Sud 560

Erosion modérée Erosionfaible 

< -1 m /an 

modérée Martil Martil Erosion faible Martil -1 à - 4 m/an    Accrétion

 Erosionfaible   Erosion faible modérée 

 Accrétion faible

 > +1,5 m/an Accrétion





< -1 m /an < +1m/an 

 Accrétion faible 

Accrétionfaible 

Accrétion faible Sidi  Zonestable Accrétion < +1m/an  Zone stable    < +1m/an Abdessalam

 ZoneZonestable stable

ZoneZonestable stable    Azla    0 2 4 Azla 0 2 4 Azla  0 2 Cap Km 4 Km Km 550 Oued Azla Mazari

abc FigureI.26:DynamiquedutraitdecôtedeTétouanentre:(a)19581986,(b)19861997,et(c)19972003. 90 500 500 510 500 510 510 Fnidek Cap Sebta Fnidek Cap Sebta Fnidek N  Oued Fnidek  

            Côte Nord Côte Nord Riffiene Côte Nord Riffiene Riffiene 580 Oued Négro Pointe Al Mina Pointe Al Mina Pointe Al Mina

De 1958 à 1986 De 1986 à 1997 Marina Smir De 1997 à 2003 Mer : Port Méditerranée : Centre urbain 570 : Centre rural Oued Smir Kabila : Digue M'diq Lac ou marais M'diq Cap Koudiat ErosionforteErosion forte Taifor > - 4 m/an Cabo Négro Erosion forte Cabo Négro Cabo Négro a Erosionforte ErosionErosion modérée Côte Sud > - 4 m/an modérée Côte Sud Oued -1 à - 4 m/an Erosion ErosionErosion modérée Erosion modérée Erosion faible 560 modérée Mellah Côte Sud Erosionfaible -1modérée à - 4 m/an -1 à - 4 m/an < -1 m /an Martil Martil Erosion faible Martil Erosion faible Erosionfaible AccrétionAccrétion modérée Erosionfaible < -1 m /an < -1 m /an modérée > +1,5 m/an Accrétion faible Accrétion faible Accrétion Accrétion Oued Accrétion faible < +1m/an Accrétion < +1m/an Martil < +1m/an Zonestable faible ZoneZonestable stable Zone stable Sidi Zone stable Abdessalam Cap Zonestable 0 0 2 2 4 Azla 0 2 4 Azla Mazari 4 Azla Km Km Km 550 Oued Azla

abc FigureI.27:Représentationdeszonesd’érosion,d’accrétionetleszonesstablesdulittoraldeTétouandes différentespériodesd’étude:(a)19581986,(b)19861997,et(c)19972003. Bienquel’érosionfûtlargement dominantesurlesdeuxcôtes,quelques ébauchesd’avancéesontlocalisées(Fig.27a):(1)auSuddelapointed’Al Minaoùl’accrétionannuellenedépassaitpasuntauxde+0.5m,(2)au niveau des plages attenantes aux rives des oueds Mellah et Martil qui engraissaient avec un taux annuel de +0.8 m, et (3) une autre zone progradanteplusréduitenotéeauSuddel’épideCaboNégro.Ceszones d’accrétionneformentque7%durivagedeTétouan. - 1986 et 1997 : L’érosion côtière était toujours dominante (Fig.26b et 27b),lereculdutraitdecôteestd’environ14mauNordet8mauSud (respectivement1.3m/anet0.7m/an),cetterégressioncôtièreatouché environ55% decelittoraletonnoteuneextensionplusimportantedes zonesprogradantes(Fig.27b):EntreFnideketM’diq,l’accrétiondel’ordre de+1.2m/ans’observedansleszonessituéesau Sud delapointed’Al Mina et de la digue secondaire du port Marina Smir. De Cabo Négro à Azla, l’engraissement était plus significatif avec un taux annuel moyen estiméà+1.5m.IlaintéressélesplagessituéesauSuddel’épideCabo NégroetcelleslocaliséessurlesrivesdesouedsMellahetAzla,avecune nette accrétion pour celles de l’oued Martil. La progradation du littoral tétouanaisaatteintenmoyenne13met16m,respectivementauniveau des côtes nord et sud. Ces zones d’accrétion représentent environ 30% del’ensembledulittoral. - 1997 et 2003 : Pendantces6années,lelittoraldeTétouanaprésenté globalement un schéma érosif plus agressif que durant les périodes précédentes(Fig.26cet27c);leretraitannuelestdel’ordrede2m/an pourlacôtenordet1.3m/anpourlelittoralsud.Lereculdutraitdecôte aatteint,encelapsdetemps,12mauNordet8mauSud;àpeuprés 70% des plages de ce littoral ont continué à s’éroder (Fig. 27c). Quant aux zones d’accrétion, elles ne représentent que 13% avec +0.6 m/an pourlesdeuxcôtes.Leszonesenaccrétionn’ontpasdépasséesles4m; elles sont situées en amont aussi bien de la pointe d’Al Mina que de la digue secondaire du port de Marina Smir, pour le rivage nord, et sont limitées uniquement aux plages attenantes les rives droites des oueds MellahetMartildanslesecteurcôtiersud(Fig.27c). Lescartesd’évolutionmorphologiquerésultantesmontrentqu’entre 1958et2003,latendancegénéraledel’ensembledulittoraldeTétouan révèle que durant les 45 années, le rivage a connu une érosion quasi généralisée (fig. 28a et 28b); elle a touché environ 70 % du littoral étudiéalorsqueleszonesengraisséesneconstituentque14%(Fig.29). 92

500 Fnidek Cap Sebta 510 

N  Riffiene  Côte Nord 580

             Pointe Al Mina

Trait côte de :  2003 1997 

 Marina Smir 1986  Mer 1958 Méditerranée

 570 Kabila

: Centre rural : Centre urbain   Koudiat

M'diq Taifor

: Lac ou marais 

 : Digue Cabo Négro  : Port Côte Sud   560

 ErosionErosion modéréemodérée Martil  -1 à - 4 m/an Erosion faible   Erosion faible

< -1 m /an   AccrétionAccrétion faible Sidi < +1m/an Abdessalam

Zone stable  Zone stable   Azla Cap 0 2 4 Km Mazari 550  FigureII.28a:Evolutionmorphologiquedel’ensembledulittoraldeTétouan pourlapériode19582003

93

500 Fnidek Cap Sebta 510 N  Riffiene Côte Nord 580

           

Pointe Al Mina De 1958 à 2003

Marina Smir Mer Méditerranée

570 Kabila : Centre rural : Centre urbain Koudiat M'diq Taifor : Lac ou marais

: Digue Cabo Négro : Port Côte Sud

ErosionErosion modérée modérée 560 -1 à - 4 m/an Martil Erosion faiblefaible < -1 m /an

Accrétion faible Accrétion < +1m/an Sidi Abdessalam ZoneZone stable stable Azla Cap 0 2 4 Km Mazari 550

FigureII.28b:Zonesd’érosion,d’accrétionetstabledulittoralde Tétouan. 94 Littoral de Tétouan Stable 16% Accrétion 14%

Erosion 70%

FigureII.29:PourcentagesdessecteurscôtiersdeTétouan,d’érosion, d’accrétionetstablesentre1958et2003. Leretraitglobaldutraitdecôteestenmoyennede80mètresdans lesecteurnord,etde45mètresdanslacôtesud.Lesvitessesmoyennes dureculsontde1,8m/anentreFnideketM’diq,etde1,0m/andansle secteursud,deCaboNégroàAzla.Cestauxd’érosionestiméslelongdu littoral de Tétouan sont comparables à ceux notés dans les données bibliographiquesdequelqueszonescôtièresméditerranéennes(Tabl.9). Sitesdelazonecôtière Tauxmoyen Source d’érosion(m/an) Europe 0,5à2 Eurosion(2004)

Espagne(Castellone) 1à1,6 Eurosion(2004) Côtealgérienne 2,25 MATEA(2005)

Maroc:Tanger 2à3 SnoussietLong(2002) Tétouan 1à1,8 NiazietSnoussi,(2006) Tableau II.9: Taux d’érosion côtière de la zone d’étude et de quelques exemplesdecôtesméditerranéennes. Les rivages qui ont nettement reculé depuis 1958 correspondent à environ 42% de tout le rivage étudié (Fig. 28b): Ce sont les plages de Riffiene au Sud de Fnidek, celles situées au Nord des ports de Marina Smir,deKabilaetdeM’diq.Auniveaudelacôtesud,uneforteérosiona touchélesplagesdeCaboNégro,etlerivagesituéentreSidiAbdessalam etAzla. Tétouanentre1958et2003,déterminéesparanalysediachronique. L’accrétion est limitée à quelques zones (Fig. 28b), localisées au Sud immédiat de la pointe d’Al Mina et du port de Marina Smir pour la côte nord.Surlesecteurcôtiersud,cesairesd’engraissementsontadjacentes aux rives des oueds Mellah et Martil. Les taux d’accrétion sont estimés

95 pourlapériode19582003à+0.5m/ansurlacôtenord,et+0.8m/an auSud. IV- TENDANCE EVOLUTIVE DU RIVAGE ET VARITIONS SPATIO- TEMPORELLES

Pour quantifier les pertes et les gains en sédiment le long des littoraux étudiés, les déplacements du trait de côte ont été exprimés en termedesurfaces,calculéesàpartirdesphotosaériennes,etdevolumes. Lesrésultats montrentunevariabilitéspatiotemporellelelongdulittoral deTétouan. IV-1. L’évolution côtière par zone

Lessurfacesdeplagesperduesdominentlargementcellesgagnées par accrétion, et le budget sédimentaire global sur les 45 années est négatif (Fig. 30). Il est de 2838500 m² (ou 63000 m²/an) pour les plages nord et 936600 m² (ou 20 800 m²/an) pour celles situées au SuddeKoudiatTaifor.Larégressiondutraitdecôte,etparconséquent, lespertesensableontététroisfoisplusimportantesauNordqu’auSud. Les volumes de sédiments perdus par érosion sont estimés à 315400 m3/anauNordetà104000m 3/andanslecôtesud.Pourlesvolumesen sablegagnéslelongdulittoraldeTétouan,quatrezonessontidentifiées: deux entre Fnidek et M’diq, où environ 6800 m 3/an de sable se sont déposés, et deux autres, entre Cabo Négro et Azla, situées particulièrementprésdesembouchuresdesoueds,avecàpeuprés12000 m3 desableaccumulésannuellement. Côte nord Côte sud Littoral entier 3000000 2000000 1000000 0 -1000000 -2000000

Surface ( m²) -3000000 -4000000 -5000000 Erosion -6000000 Accrétion Budget global FigureII.30:Budgetsédimentaire,entre1958et2003,surlessecteurs côtiersnordetsud,etpourl’ensembledulittoraldeTétouan. 96 IV-2. L’évolution côtière par période. Durant les deux périodes (1958/1986 et 1997/2003) où l’érosion l’emportait largement sur l’accrétion, les surfaces de plages perdues étaient très importantes le long de tout le littoral (Fig. 31). Pour la première durée d’étude (19581986), les surfaces érodées pour l’ensemble du littoral étaient de 2050000 m² alors que les zones d’accrétionselimitaientà60500m².Cellesciontatteintles500000m² entre1986et1997,etlebilansédimentaireglobalétaittoujoursnégatif, mais largement inférieur à ceux des deux autres périodes. Durant la période 19972003, les surfaces de plages perdues étaient plus importantesqueprécédemment(1415000m²). 1958-1986 1986-1997 1997-2003 1000000 500000 0 -500000 -1000000 -1500000

Surface( m²) -2000000 Erosion -2500000 -3000000 Accrétion -3500000 Budget global FigureII.31:BudgetsédimentairelelongdulittoraldeTétouanpour chaquepériodedetempsanalysée.

Le recul de côte est un phénomène significatif à l'échelle mondiale. D'aprèsleprojetdel’UnionEuropéenne«CORINEErosioncôtière»plusde 40%deplagesenFrance,enItalieetenEspagne,connaissentuneforte érosion côtière (Özhan, 2002). Au Maroc, plusieurs secteurs côtiers sont aussitouchésparl’érosion.Uneétudemenéeen1994parleMinistèrede l’Equipementamontréqueparmi47plages,16ontétéfortementérodées et7ontcomplètementdisparu.Leproblèmedel'érosionreprésente,non seulementunemenacepourledéveloppementtouristique,maisaussiune forte atteinte à la pérennité aussi bien des infrastructures que des écosystèmesnaturels.Ceciimposeunegestionintégréedutoutlittoralqui nesauraitfaireabstractiondelaconnaissanceapprofondiedescausesdu phénomèneérosif. PourlelittoraldeTétouan,enundemisièclecelittorals’estcomplètement transformé aussi bien sur le plan physique qu’organisation sociale; cette transformation de la frange littorale n’a certainement pas été sans répercussionsurl’équilibrecôtier. 97 V- CONCLUSION

L’étude de la cinématique du trait de côte du littoral de Tétouan a montréuneévolutionrégressivedelalignedurivage.Lesplagesérodées sont les plus étendues; elles constituent 70 % de côtes, alors que les zones d’accrétion ne représentent que 14%. Les différents taux d’érosion observésexpliquentengrandepartielavariabilitéaussibienspatialeque temporelle du recul du rivage: Les changements spatiaux se traduisent par la présence de deux secteurs géographiques séparés par le promontoiredeKoudiatTaiforavecuneérosionplusmarquéesurlacôte norddurantles45années.Lavariabilitétemporelle apparaît,quantàelle, dans l’importance des phases érosives marquées par un taux élevé des pertes en sédiments, particulièrement durant la période allant de 1958 à 1986. Ensuite, elles se sont affaiblies entre 1986 et 1997, pour une recrudescence d’érosion à partir de 1997. Le recul du trait de côte s’est alorsaccompagnéd’unediminutiondelalargeurdesplagesdecelittoralà vocationparticulièrementbalnéaire.Qu’ellessontlesfacteursresponsables detelschangementsmorphosédimentairessurcelittoral?

98

CHAPITRE 2 : FACTEURS RESPONSABLES DE L’EROSION DU LITTORAL DE TETOUAN.

99 Chapitre 2 : Facteurs responsables de l’érosion du littoral de Tétouan

I-INTRODUCTION

L’intérêt d'étudier la morphologie côtière a augmenté pendant ces dernières décennies, en raison des problèmes liés aux pertes des terres dansleszonescôtières.Présentsdanslaplupartdeslittorauxmondiaux, ilssontdusauxagentsnaturelset/ouanthropiques(Pilkeyetal,1989). L’érosionlittoralepréoccupanteendenombreusesrégions,prenddeplus enplusd’ampleur.C’estunphénomènesignificatifàl'échellemondialeet lescôtesmarocainesn’ensontpasépargnées. L’analyse de la mobilité du trait de côte de Tétouan (de Fnidek à Azla),arévéléunetendancerégressivesuràpeuprésundemisiècle.La plupartdesplagesétudiéesconnaissentuneréductiondelalargeur.D’une manière générale, comme unité élémentaire de tout littoral sableux, la plage est considérée comme étant schématiquement en équilibre quand les apports des sédiments égalent, en moyenne, les sorties. Lorsque ce principe n’est pas respecté, il y a soit un déficit, soit un surplus d’alimentation conduisant respectivement à des phases d’érosion ou d’engraissement (sédimentation). Plusieurs facteurs peuvent influencer l’évolutionmorphologiquedelalignederivageenfavorisantsoit un retrait de la ligne de côte, et par conséquent des pertes en terre importantes, soit une accrétion, marquée par une progradation et des gains de surfaces. La variabilité spatiotemporelle du taux de recul de côte, noté sur le littoral de Tétouan, s’expliquerait par la diversité des facteurs responsables des changements morpho sédimentaires de cette zone côtière. II- MÉTHODOLOGIE

L’explicationdureculqueconnaîtle littoraldeTétouandurantune périoded’environundemisiècle(19582003),anécessitéderépertorier et d’analyser, à partir des observations sur le terrain et des études antérieures, toutes les données requises pour dégager les principales causesdel’érosioncôtièreàTétouan. Trèsdiverses,ellesfontgénéralementappelàlaconjonctiondefacteurs naturelsethumains: - Les forçages naturels : Ladynamiquedesplagesresteprincipalement sousl'influencedeparamètresnaturelstelsquelahoule,lescourantsde ladérive,lamarée,levent,l’augmentationduniveaudelamer(estimée à 30 cm pour le siècle passé et qui pourrait atteindre 1 mètre pour le siècleàvenir),l’érosiondessolsetl’alimentationensédiment.

100 Dans le but de mieux cerner le rôle des principaux agents hydrodynamiques dans l’évolution de ce littoral, une analyse des formes d'érosion et d’accrétion a été effectuée pour déterminer les paramètres morphodynamiques suivant la méthode de Suanez et Provansal (1998)(Fig.32);cesont: Le coefficient de l'allongement ( e) = D/d, où (D) est la longueur de la formed'érosionoud’accrétion,et(d)lalongueur du petitdiamètre.( d) estgénéralementperpendiculaireàlacôte,ilpermetlaquantificationde changements de la côte en terme de recul ou d’avancée. Une valeur élevée de ( d) indiquerait l’intervention rapide des processus morphodynamiques (inondation et tempêtes) qui ont pu jouer un rôle important. (e) permet d’évaluer les changements parallèles au littoral. Une forte valeur de ( e) peut être expliquée par la dominance des courants de la dérive littorale qui facilitent la redistribution ou le transfert latéral des sédiments. d D FigureII.32:Formesd’érosionet d’accrétion utilisées pour le calcul des paramètres morphométriques. ( e) = D/d, le coefficient d’allongement avec d d, la longueur du petit diamètre et D, la longueur des formes d’érosion ou D d’accrétion,suivantlaméthodeutilisée parSuanezetProvansal(1998). : Traitdecôtede1997 : Traitdecôtede2003 :Formed’accrétion :Formed’érosion

Impacts anthropiques : À la complexité naturelle s’ajoutent les activités humaines implantées sur le littoral. Diversifiées et nombreuses, ellesmodifientfortementladynamiquedesrivagescôtiersettendentà supplanterlescausesnaturelles. Aucoursdesdernièresdécennies,lelittoraldeTétouanaétél’objetdela plus vaste opération d’aménagement touristique au Maroc. Ce développement a permis la mise en valeur économique de cette zone côtière, mais il a également provoqué de profondes perturbations du rivage et des écosystèmes. Ces changements agissent conjointement et placentlaplupartdesesplagesdansunesituationprécaire. 101 III- PHENOMENES NATURELS MAJEURS Lesprincipauxparamètresnaturelsquiinfluentsurladynamiquedu trait de côte du littoral de Tétouan sont la contribution fluviatile en sédiments,lalargeurduplateaucontinental,lamorphologiedesplageset lesfacteurshydrodynamiquesmarins. III-1. La faible alimentation des plages

L’alimentation d'une plage en sédiment provient principalement de l'apport du matériel détritique transporté par les cours d'eau, ou produit par l'érosion marine des côtes rocheuses. L'équilibre entre le dépôt de sédiments, et leur redistribution par les courants côtiers, détermine la stabilitédelaplage;tandisqueledéséquilibreenfaveurdel'undeces deuxfacteurs,entraînesonérosion. SurlelittoraldeTétouan,lesapportsfluviatilessontceuxdesoueds Fnidek,Négro,etSmirpourlesecteurcôtiernord,etMellah,MartiletAzla au Sud de Cabo Négro. Cependant, tous ces cours d’eau ne constituent pas une source importante qui fournirait régulièrement un volume sédimentairesuffisantàlacôte,exceptél’ouedMartil.Leursapportssont sous le contrôle des facteurs climatiques et de la superficie des bassins versants. La côte nord, situéeentrelespromontoiresdeSebtaetdeKoudiatTaifor, correspond à une entité sédimentaire indépendante. Son réseau hydrographique est constitué uniquement de cours d’eau temporaires (Fnidek,NégroetSmir).L’ouedSmirquicontribuaitàl’approvisionnement ensédimentsàla côte,avusesapportsdiminueraprèsl’installationdu barrage Smir en 1991. Celui ci retient une quantité importante de matériaux (Bayed et El Agbani, 2002; Stitou, 2002) et l’oued n’apporte annuellementque17000m 3desables(DPTPT.,1994).Cettezonecôtière est donc très peu alimentée en apports fluviatiles. L’importance volumétriquedesréservessableusesdel’avantcôtesetrouvefaiblement approvisionnées,d’oùundisponiblesédimentaireinsuffisant. Plus au Sud, entre les caps Négro et Mazari, la baie forme une autre province sédimentaire autonome, dont la source d’alimentation la plus significative serait celle de l’oued Martil. La majorité du capital sédimentairedecelittoralluiestdue.Lesdeuxautrescoursd’eau(Mellah et Azla) ne constituent que des sources ponctuelles, et participent faiblementàl’approvisionnementensables. Vulanaturepétrographiquedesfalaises(Gneiss)lelongdulittoral deTétouan,lesapportscôtiersrestentfaibles.Cessubstratsrocheux,plus résistantsàl’érosionmarine,délivrentleurmatérielàtropfaiblevitesse. Les débris arrachés (blocs et cailloux) sont ensuite érodés, remodelés sous forme de galets, graviers et sables, et ensuite transportés pour alimenter le bilan sédimentaire côtier. Leur contribution est d’une

102 importance mineure dans l’apport de sédiments à ce littoral, excepté la participation de quelques falaises vives notamment celle de Sidi Abdessalam(Photo1),localiséeausuddel’ouedMartil. De même, la contribution du transport éolien est devenue plus faible en raison de l’extension progressive de l’urbanisation et la dégradation des dunes en arrière des plages. Les accumulations de sables observées le long de ce littoral témoignent de la présence d’un transport éolien d’Est vers l’Ouest qui est estimé selon Merzouk (1996) entre 1 et 2 m 3 par mètredulittoral.

Compte tenu du manque de données précises, il est impossible, à l’heureactuelle,detenterdefaireunbilanglobaldesapportsensableà cette zone littorale. Des informations éparses permettent cependant de considérer que l’essentiel des apports est constitué de sable d’origine fluviatile,desédimentsmarinsremaniésparlahoule,desablesdunaires enprovenanceducontinentenparticulieràMartilainsiquedesgraviers et galets arrachés aux falaises ou des carrières en cours d’exploitation. Ainsi, le littoral de Tétouan, dans son ensemble, présenterait un stock sédimentaire faible, pour l'essentiel hérité. Et les changements de ce littoralsont,avanttoutechose,conditionnésparlaquantitédesédiments apportésaurivagequiresteglobalementinsuffisante.Enraisondudéficit sédimentaire que connaît ce littoral, la mer ne dispose pas alors d’un stockdematériauxsuffisantpourcompenserlesfacteursd’érosion,etle rivagerecule. III-2. La largeur du plateau continental et la morphologie des plages .

Le plateau continental est réduit et peu uniforme avec des fonds accidentés par des affleurements rocheux (Bayed, 1987). Ces platiers rocheuxaugmententlaforteturbulencedesvagues,etparconséquentle processus de l’érosion; ce qui expliquerait l’intensité élevée d’érosion notéesurlacôtenordetàl’extrémitésuddel’ensembledulittoralétudié. SelonAbdoulhaliketHamidou Ali (1998),unplateaucontinentalétroita pour conséquences l’augmentation de la capacité de transport sédimentaire (transit littoral) par la houle, et le transfert plus facile des sédiments arrachés au rivage, par les courants dans les eaux plus profondes. L’orientation de la plage, sa morphologie et sa bathymétrie sont aussi importantes, puisqu’elles interviennent dans le changement de la directiondelahouleetlerenforcementoul’exagérationdesonénergie. En effet, le mode de déferlement à la côte diffère en fonction de la bathymétrieetdel’énergiedéployéeparlesagentsdelamorphogenèse. Wright et Short (1984) furent les premiers à adopter une nouvelle approche dans l'étude des plages, en prenant en compte les relations entrelesmesuresphysiquesetlesvariationsmorphologiquesdesplages.

103 Ilsproposentdeuxtypologiesextrêmes,lesplagesréflectivesetlesplages dissipatives: Les plages réflectives sontaffectéesd'undéferlementdetypeplongeant, despentesfortes,dusédimentmoyenàgrossier,untransportdominant longshorequiestimportantets'effectueprincipalementparcharriage; les plages dissipatives sont caractérisées, par un déferlement glissant avecunezonedeswash(jetderive)trèsdéveloppée,despentesfaibles, dusablefinetuntransportdominantcrossshoreensuspension. Lesplagesdu littoralauNorddeM’diq,présententune dominance de sédiments coquilliers plus grossiers qui témoignent des conditions hydrodynamiques très énergétiques, responsables du transport de la phase plus fine vers le large. Selon Anfuso et al. (2004), ces plages présentent un état réflectif alors que celles du secteur côtier sud, elles sont plutôt dissipatives. La répartition granulométrique y révèle une dominancedesablesfinsàmoyensbienclassés,évoquantunedynamique généralefaibleàmoyenne,maisrelativementforteàsonextrémitésud.

III-3. Les facteurs hydrodynamiques marins

Lesprincipauxfacteurshydrodynamiquesquifontvarierlestermes dubudgetsédimentaireàl’échelled’uneunitélittoralesont:lescourants demarée,ladérivelittorale,leshoules,etl’élévationduniveaudelamer. Cesparamètressontinterdépendants. III-3-1. Les courants de marée

Lamarée,généralementfaible,semanifestedefaçonsynchronesur l’ensemble du littoral de Tétouan. Les courants de marée faibles (LPEE, 1993), n’ont qu’un rôle mineur dans l’évolution morphologique de ce rivage. III-3-2. Les courants de dérive littorale

A proximité des côtes, les vagues se déforment et induisent la formationdecourants:Lorsquelefrontd'ondedesvaguesestobliquepar rapportàlalignedecôte,ilapparaîtparréflexionuncourantparallèleàla côte,appeléladérivelittorale. Cecourantcrééenbordureimmédiatedu traitdecôte,joueunrôled’autantplusimportantenMéditerranéequeles courants de marée sont faibles. Il met en mouvement les sédiments côtiers;ceciserépercutesurlevolumesédimentairepotentielentransit etsurletravaildemodelédeplage. SurlelittoraldeTétouanladérivelittorale(de15000à20000m 3/an) esttantôtSudNord,tantôtNordSudentreFnideketM’diq(Malek,1995, EmranetHakdaoui,2003),alorsqu’entreCaboNégroetAzla,elleserait préférentiellement SudNord avec un transit de 20 000 à 30 000 m 3/an (L.P.E.E ,1994; 1997). Elle se présente donc sous deux cellules qui se

104 partagentcettecôtedepartetd’autredeKoudiatTaifor.L’importancedu transitlittoralapparaîtdans: laprésencedubourreletsédimentairequifermelesembouchures des oueds (cas du Négro) (Photo 2) ou bien l’apparition d’une barre sableused’estuaireauniveaudesouedsMellahetMartil(Photo3aetb). Ilestparfoisbarréparuneflèchequisedéveloppeàlafaveurdeladérive littorale et comme la côte sud est à dérive littorale SudNord assez constante(flèchesurlecroquis),ilseformeuneseuleflèche(unpoulier) qui repousse l'exutoire principal du cours d'eau vers la rive opposée érodée,quidevientalorsunmusoir; la flèche littorale avec un point d'ancrage au niveau de la pointe d’AlMina(Photo4); l’accumulationdesableauSuddelajetéesecondaireduportde MarinaSmiretdel’épideCaboNégro.Cesstructuresbloquentetpiégent unegrandepartdutransitlittoral(Jaaidietal.1993;Malek,1995;Emran etHakdaoui,2003)(Photo5). Enfonctiondelaconfigurationdurivage,etselonl’angled’incidence delahoule,lessédimentsvontsoitsedéposant(accrétion),soits’éroder. Lescourantsdedérivelittoralesontaussicompenséspardescourantsde retour(ripcurrents),chargésd’évacuerl’eauvenueàlacôtedanslejet derive.Ilssontcapables,lorsqu’ilssesuperposentauxcourantsdehoule d’entraîner les sédiments vers le large. Cette régularisation du trait de côte par la dérive littorale contrôle fortement la mobilité du littorale de Tétouan. III-3-3. Les houles de tempêtes Lestempêtes,aussisoudainesqu'imprévisibles,sontunévénement climatique provoqué par le passage d'une dépression qui provoque une élévationduniveaudelameretledéclenchementdeventstrèsviolents. Ces derniers lèvent alors une houle de forte amplitude, qui attaque les hauts de plages, emportant le cordon littoral et submergeant alors l'arrièreplage.Cesontlàdesévénementsmétéomarinsd’apparitionplus rare et plus aléatoire mais néanmoins fortement agressifs. Tous ces événements montrent bien que les tempêtes (vents forts, énergie des hautesvagueset mouvementspuissantsdestempêtes) restentnuisibles etdestructricespourunrivagecôtier,particulièrementdanslecasoùla plage est en déséquilibre, il s’ensuit alors un important recul du rivage. C’estcequis’estpasséeàplusieursreprisessurlelittoraldeTétouandont lesplusimportantsimpactsontéténotésd’aprèsleLPEE,(1994et1997) etMerzouk(1996): (1) au nord immédiat du port de M’diq où la tempête de 1963 a causé l’effondrement du talus de route; et le mur de protection de la route à Fnidek(Photo,6)

105 (2) à Azla où de fortes houles (tempêtes de 1989 et 1990) ont été à l’originedeladestructiondumurdeprotectiondelaroute,avecuneforte érosiondesplagesetl’apparitiondesplatiersrocheuxsousjacents;(Photo 7); (3)àKabilaetàM’diq,oùlesplagesontététotalementérodéespardes houlesdetempêtesenmars1990.Leplusspectaculaireévénementétaitle reculdutraitdecôtede20à30mdurivagedeKabila. L’énergiedelahouleétaitdécupléeetlesparasolsainsiquelesfondations decertainesconstructionsontétédéchausséessur1à2m(Photo8et9), les platiers rocheux sousjacents totalement découverts dans certaines régionsdecelittoral(Photo10),etlesableaétédisperséverslelarge.Le rechargement de la plage avec les produits de dragage du port, combiné au retour des conditions modérées de la houle, a permis à la plage de retrouver une largeur de 40 à 50 m. l’impact de cette houle forte a été notélelongdetoutlelittoralétudié. (4),plusauNord,lemurdeprotectiondelaroutelittoraledeFnidekaété plusieurs fois endommagé par les houles de tempêtes essentiellement frontales.Eneffet,decourantsmarinsdelaMéditerranéedeviennenttrès forts et rapides à proximité de cette côte, et les houles arrivent en plein fouetsansaucunobstaclepourlesfreiner. Iln’yaaucunedonnéenideladurée,nidel’intensiténidel’origine decesévénementsparoxysmiques.LelongdulittoraldeTétouan,detelles houles feraient vraisemblablement partie des régimes de tempête provenantdessecteurssituésentreN78°etN88°(cfChapitre2partie1). Elles se caractérisent par des amplitudes dépassant 6 mètres pour des périodesde10secondesà11secondes. Toutefois, les relations entre la morphosédimentologie des plages du littoral de Tétouan et les conditions hydrodynamiquesrestent en effet difficilepuisquelesdonnéesdehoulecorrespondentàcelledularge,etne renseignentpasréellementsurlesconditionsdelahouleàlacôtequisont pourtant les plus déterminantes dans l’évolution morphodynamique des plages, comme cela a été noté par de nombreux auteurs (Sonu et Van Beek,1971;PinoetJaramillo,1992).Unemiseenévidencedesrelations surlamorphosédimentologieetlesconditionshydrodynamiquesnepourra être le résultat que d’une combinaison de mesures des houles et des courantsinsitudanscettezonecôtière,etd’unsuividescaractéristiques sédimentairesrégulierdesplages. III-3-4. L’élévation du niveau marin Leprocessusd’élévationduniveaudelamersembleencours.En raisondecetteaugmentation,lesvaguesdéferlentplusprèsdelalignede rivage,libèrentleurénergieplushautsurl'estranetmodifientleprofildes plages; ces dernières démaigrissent et disparaissent totalement si de

106 nouveaux apports ne viennent compenser les pertes (Paskoff, 1994). Et sachantqueleniveaudesmerss'estrelevéenmoyenne1.8mm/anentre 1961et2003(GIEC,2007),ets’estaccéléréeentre1993et2004avecun tauxde3.1mm/an(Lombard,2005),toutporteàcroirequeladynamique érosive des régions côtières ait été renforcée. «L'élévation actuelle du niveau de la mer est une des causes non négligeables de la crise érosive que connaissent les plages un peu partout dans le monde » (Paskoff, 2001). Le littoral de Tétouan ne semble pas échappé à ce phénomène surtout que les données altimétriques de Topex /Poseidon estiment une vitesse d’élévation du niveau marin de la région étudiée à 2.5 mm/an, depuis 1990. La remontée du niveau de la mer, accélérée durant la dernièredécennie,estunagentdéterminantdureculdelalignederivage. Ce lent grignotage des terres, émergées, par la mer pourrait expliquer l’ampleur de l’érosion notée de façon synchrone le long des deux côtes (nord et sud) de Tétouan, durant la période 19972003. Ce phénomène seraitcompenséparunstockdesédimentinsuffisant.

III- 4. Les processus morphodynamiques

Pour mieux cerner le rôle des agents hydrodynamiques sur les processusmorphodynamiquesetletransportsédimentairedanslafrange littoraledeTétouan,uneanalysedesparamètresmorphométriquesaété effectuéesuivantlaméthodedeSuanezetProvansal(1998).Lafigure33 montreladistributiondansletempsetdansl’espacedelarelationentre lesparamètres(e)et(d). 300 Processus Morphodynamic morphodynamiques 250 Faibleimportance Processus processescaractérisésparles caracterised Little importance forcing Morphodynamic processes

desagents. morphodynamiques agentshydrodynamiques by forcing agents agentsSecteursévoluant processes caracterisedcaractérisésparun by important 200 (Inondations,tempêtes) ( floods, storms) Sectors evolvingversunprofil tow ards importanttransfertdiffusion

)enm d’équilibre latéral(dérivelittorale) an equilibrium profile ( drift current, w aves) d 150 ( A B 100 C

Lengthening -d- ( m ) 50 Allongement 0 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Coefficientdel'allongement(Lengthening Coefficient (e)e) 58/86s1 58/86s2 86/97s1 86/97s2 97/2003s1 97/2003s2 FigureII.33:Paramètresmorphométriques(dete)dulittoraldeTétouan par secteurs (Nord –s1et Sud s 2) et par Périodes (1958/1986, 1985/1997et1997/2003).

107 Trois groupes sont identifiés et les observations suivantes peuvent êtrefaites: Un premier groupe A caractérisé par une faible valeur du coefficient d’allongement(e<8)etdesvaleursde(d)quivariententre60 et130m. Ceci inclut principalement les données qui correspondent aux secteurs côtiers:deRiffieneàlapointeAlMina(pourlestroispériodesd’études),de Restinga(1986/97),auNorddeOuedMellah(1958/86),delarivedroite del’ouedMartil(donnéesdestroisintervallesdetemps)etlaplaged’Azla (1986/97). Ce groupe montre que les processus morphosédimentaires répondent à une dynamique rapide d’accrétion ou d’érosion. Les périodes d’importante progradation correspondraient à des périodes répétées de crue et d’apports fluviatiles importants, alors que les périodes d’érosion pourraient être le résultat d’une fréquence accrue de tempêtes et/ou des faiblesapportsfluviatiles.L’actionanthropiquetellel’extractionabusivede sables a joué un rôle important dans les variations du budget morphosédimentairedecessecteurscôtiers. -Un second groupe B; ilestdéfinipardescoefficientsd’allongementélevés allant de 20 à 46 et où les valeurs de (d) sont inférieures à 90 m. Il regroupetoutesleszoneslittoralesoùlesvaguesetladérivelittoralesont les principaux agents de transport et contrôlent alors les processus morphodynamiques.CegroupeinclutessentiellementlesplagesdeFnidek etM’diq,lessecteurssituésentrelesportsdeMarinaSmiretKabila,ceux quis’étalentauNorddeCaboNégro,entrelesouedsMellahetMartil,etde lazonecôtièredeSidiAbdessalamjusqu’àAzla. -Un troisième groupe C ; il présente des valeurs du coefficient d’allongement entre 6 et 16 et des distances (d) allant de 20 à 80 m. il s’agitdessecteursd’AlMina,leSuddeCaboNégroetlerivagesituéentre l’ancienneetl’actuelleembouchuredel’ouedMartil.Cegroupecorrespond àunefaibleinfluencedesagentshydrodynamiqueset/ouanthropiques,et révèlequecessecteurscôtiersévoluentplusrégulièrementversunprofil d’équilibre.

La mobilité des côtes représente un enjeu important. Le remaniement des plages de sable est une manifestation naturelle des impactscroisésdelamarée,duvent,delahouleetdescourantsmarins. Cependant,lesactionsdel’hommebienplusnombreusesetbeaucoupplus nocives,peuventvenircontrarierl’équilibresédimentairedelacôte. IV- ACTIONS ANTHROPIQUES ET LEURS IMPACTS SUR LE LITTORAL DE TETOUAN

Les différents points de tout littoral sont " solidaires " les uns des autres : toucher à un point donné (en creusant, en bétonnant, en construisant) a des répercussions inévitables ailleurs, toujours négatives, trèsdifficilesàprévoircequiintensifieleschangementsdurivage.Certes

108 lesévénementsnaturelssont imprévisibleset peuventchangerfortement lamorphologiedurivagedeTétouanmaiscelanedoitpasminimiservoire occulterlesresponsabilitéshumainesbienréelles,liéesenparticulieràune appropriation de la bordure littorale par un développement qui pour le moins,sembleignorerlesbasesdeladynamiquesédimentairedesplages maissurtout,quiapparaîtpeusoucieuxdu"principedeprécaution"etdela notionde"durabilité"danslerespectdeséquilibresnaturels.

De nombreuses interventions humaines ont été faites sur ce littoral provoquantladégradationdelafrangecôtièreetl’accélérationdel’érosion côtière. IV-1. Les barrages et les infrastructures portuaires. Danslebutd’assurerl’approvisionnementdespopulationsurbaines, l’irrigation des surfaces cultivées, l’alimentation des industries et la productiond’électricité,deuxbarragesontétéconstruitssurlesouedsde MartiletSmir,réduisantl’alimentationdeslittorauxen sédiments (sables etgalets).Privéedesédiments,lacôtes’érodeetlalignederivagerecule. Les ouvrages portuaires, perpendiculaires au trait de côte, bloquent aussiletransitsédimentairerésultantdeladérivelittorale;c’estlecasdu portdeMarinaSmir.Implantéeà7mdeprofondeur,lajetéesecondaire piègeunegrandepartiedutransitlittoralSudNord,privantlasectionaval d’unimportantstocksédimentaireetaccumulantlesableàl’amonttransit del’obstacle(Jaaidietal.,1993;Malek,1995).Parconséquentlerivage immédiat au Nord du port recule. De même un net retrait de la ligne de côte au nord du port de kabila a été constaté (LPEE., 1997) et mêmes observationsontétéfaitesparLPEE.(1990)etBerrianeetLaouina(1993) auniveaudelaplagedeM’diq.Aprèslaconstructionduport,uneérosiona été notée sur une longueur de quelques centaines de mètres au Nord (LPEE. 1990). Actuellement, cette plage semble être condamnée à disparaître complètement après la construction d’une corniche dans le cadredesprojetspourl’InitiativeNationalepourleDéveloppementHumain (INDH). Empiétantsurlabandeprélittoraleetlespetitsfonds,cesportsforment ainsi par leurs bassins cernés de digues de protection, de nombreux obstaclesautransitsédimentaire,perturbantl’équilibreinstabledesplages quisetrouventàproximité.

EntreCaboNégroetAzla,onnotel’absencetotaledeportmaisdont l’installationrestetrèsprobableauNorddelarivegauchedel’ouedMartil, oùilestquestiond’unprojetdecréationdeportdanslazonedel’ancienne embouchure. Néanmoins, ce sont surtout les aménagements côtiers parallèles à la côte qui seraient, entre autre, la cause du recul du rivage adjacent.Deuxépisconstruitsdansnotrezoned’étudenerestentpassans conséquencesurladynamiquecôtière,etleurefficacitéesttrèslimitée.Ils protègentcerteslesplagesdeshoulesduNordEstpartempscalme,mais ils n’amortissent pas les vagues durant les périodes de tempêtes. Par

109 conséquentleurdéfensenepeutempêcherledépartdessédimentsversle largeetpeutmêmeaccélérerleprocessusd’érosionàl’intérieurdelazone abritée.Eneffet,l’épidecapoNégro(photo5b)réaliséaudébutde1960, auNorddusecteurcôtiersud,aentraînéuneavancéedulittoralauSudde l’épi (LPEE., 1990), et l’analyse diachronique révèle une érosion progressivesurunsecteurimmédiatenavaldeladigueavecladisparition totaledelaplage. La digue située à l’embouchure de l’oued Martil a crée une nouvelle morphologie. Elle a provoqué au Nord un engraissement localisé lié au transit littoral vers le Sud. Par contre, au Sud, une modification du débouché de l’oued, suivi d’une érosion localisée dans l’espace a été notée. La présence de ces ouvrages en mer occasionne une perturbation destransitssédimentairesquirégulentl'équilibredesplagesdeTétouan. D’après G.Rossi(1989):«Interrompre le transit littoral sur une côte où il est le plus fort du monde, oblige, une génération plus tard, à investir en protection l’équivalent du coût des infrastructures réalisées ».

IV-2. Les extractions sédimentaires

Lesextractionsabusivesdesables,sedéroulentnonseulementdans les lits des oueds, mais aussi au niveau des plages et des dunes. Les exploitationsdesableetdegravierssurlesplagessourcesdematériaux deconstructionsontunepratiquecourantesurdenombreusescôtes. Les extractions sédimentaires participent, elles aussi, à l’érosion côtière. A Tétouancesont,chaqueannée,plusieursmilliersdetonnesdesablesqui sont extraits des plages. Cela altère sensiblement l'équilibre du système littoral, car l'approvisionnement et la recharge des plages n’étant plus assurésrégulièrement,lerivagesereplie. Plusieurs études locales (LPEE, 1994; 1997; Jaaidi et al., 1993; Malek, 1995, El Moutchou, 1995, Merzouk, 1996), ont étudié l’influence que peut avoir de telles exploitations de sables. Les seules données que nous avons, sont celles du débouché de l’oued Mellah qui a connu un prélèvement important de sable pour la construction d’un complexe résidentiel sur une dizaine d’années entre 1981 et 1993 (LPEE, 1994 et Merzouk, 1996). Le retrait était alors généralisé au Sud de Cabo Négro jusqu’à l’épi de la rive gauche de l’oued Martil. Mais bien que les extractionsdesablenefurentplusautoriséesdepuis1992auniveaudu débouchédel’ouedMellah,desprélèvementsclandestinsontcontinuéet leretraitestrestépermanent.Lereculdanscesecteurcôtierétaitalors imputableauxprélèvementsdesablequis’effectuaientdefaçoncontinue dans cette zone. Ils ont atteint environ 120000 m 3 en moyenne par an, selonMerzouk(1996)et1350000tonnesentre1986et1992,d’aprèsEl Moutchou(1995). D’autres sites ont connu d’importants prélèvements de sables en particulier Le long du littoral sud, trois zones avaient fait l’objet d’extractionsdesablesautoriséesàsavoirSidiAbdessalam,larivedroite 110 ouedMartiletlerivagedel’ouedMellah.Enoutre,enfacedeMartil,selon le Ministère des Travaux Publics (1997) s’effectuent des dragages de sables marins, encore plus nocifs, dont il ne maîtrise ni les cadences d’intervention, ni la position des points de prélèvements, ni les profondeursàlaquelleilssontréalisés. LesprélèvementsdesableeffectuésdanslabaiedeMartil,ontservipour la construction à Tétouan et à Martil, alors qu’entre Fnidek et M’diq, les infrastructurestouristiquesontétéaménagéesmoyennantdesextractions de sable effectuées devant leur propre site, particulièrement au niveau des rivages de l’Allalyine, Fnidek. Des prélèvements plus importants ont été effectués de part et d’autre du port de MarinaSmir. Ces extractions étaient inévitablement à l’origine du déficit sédimentaire soit pour le transit SudNord vers Marina Smir, soit pour le transit NordSud vers Kabila(LPEE.,1990;1994). Par ailleurs, des expertises sédimentologiques réalisées par le LPEE (1988), le LCHF (1987) et la DPTP (1994) ont montré que les taux de sables prélevés suite aux autorisations délivrées par la Direction Provinciale des Travaux Publics (DPTP) de Tétouan, depuis 1985 étaient inférieur,parrapportauvolumedesableextraitenraisondesextractions clandestines qui se font de nuit sur toute la côte. Le volume des extractionsautoriséessurunedizained’années(de1981à1993)dansla côtesudaatteintplusde2.10 6 m3(LPEE,1994)etlesvolumesextraits clandestinementnesontdoncpasprisencompte.

Quelque soit la nature des extractions des matériaux effectuées (légaleounon)àl'embouchuredesoueds,auniveaudesdunesetsurtout sur des plages, les prélèvements excessifs réalisés, constituent un principalfacteurdedéséquilibrepourcelittoraldontlestocksédimentaire est déjà affaiblit. Ces prélèvements accentuent la pénurie de sédiments. Par conséquent le recul du trait de côte, déjà activé par des facteurs naturels, serait quasiment généralisé sur tout le rivage. Cependant, des solutionsdesubstitution,commeleconcassage,ontétéproposées,mais les opérateurs préfèrent se servir à proximité, et à des prix qui défient touteconcurrence. IV-3. L’urbanisation littorale et la sur-fréquentation des plages

Avec l’émergence du tourisme de masse, il y a une trentaine d’années,lacôtedeTétouanafaitl'objetdeprofondestransformations. Les stations touristiques en bordure immédiate de la mer, le réseau de dessertes routières, mais également les ports, en sont le résultat visible aujourd’hui.Cesaménagementsonteudesconséquencesimportantessur ladynamiquedurivage. Avecsesbellesplages,lazonecôtièredeTétouanestdevenuetrès prisée des touristes et des promoteurs. Cette zone balnéaire est alors occupée par une lisière d'infrastructures touristiques de Martil à Fnidek (hôtels,bangalows,villas,portsdeplaisance,piscines,terrainsdegolfet

111 detennis…)dontl'activitéestsurtoutestivale.Lelongdelacôtenord,les implantationstouristiques,sesontfaitessurlamincebandecôtièreentre larouteprincipaleetlerivage.Parconséquent,lesvolumessédimentaires deshautesplagesnepeuventpluscompenserlespertesdesbasestrans par régime de tempête; les apports aussi bien fluviatiles que ceux du transit littoral sont aussi insuffisants d’où un amaigrissement et rétrécissementdesplages. AuSuddeKoudiatTaifor,l’essorurbaindeMartilaconduitrapidementà une occupation des espaces littoraux situés entre Martil et Cabo Négro: Dans cette zone, c’est surtout l’arasement des dunes bordières, qui a le plus déstabilisé les plages au détriment d’une urbanisation très littorale. Celleci a été concentrée particulièrement au Nord de la rive gauche de Martil, et a fait que des stocks sédimentaires (généralement dunaires), piégésparlesconstructionsbalnéaires,n’entrentplusdansleséchanges sédimentaires nécessaires au maintien de l’équilibre des estrans. Par ailleurs, la construction de la route de la corniche de Martil vers Cabo Négroamarquéledébutdeladéstabilisationducordondunairequiaété coupé de manière perpendiculaire en construisant une route double très large. D’autres routes ont été ouvertes ensuite dans ce milieu, et l’urbanisations’estétendueàl’ensembledesterrainsjusqu’àCapNégro. Ainsi, les constructions sur la haute plage et les dunes ont empêché la mer de prélever dans ces réservoirs. Par conséquent, la puissance des vagues et des courants n’est plus atténuée, et l’action de la houle s’est alorsconcentréesurlaplageavecdeseffetsérosifsintenses;ilspeuvent êtreatténuésparfoisparlesapportsdesoueds. SurlarivegauchedeMartil,l’urbanisationestmoinsdensenéanmoinsla construction de la route d’Azla a été à l’origine de la dégradation du rivage. Le piétinement répété des populations, les prélèvements sableux réalisésàdesfinsludiques(constructionsdechâteauxdesable,etc.)etla surfréquentation des plages en période estivale accentuent aussi la dégradationdecesécosystèmes.

IV-4. Les ouvrages de protection parallèles à la côte LesmursdeprotectionsontnombreuxsurlelittoraldeTétouan.Ces structures ont été utilisées dans le but de maintenir la ligne de côte en positionavancéeparrapportàcelledesrivagesadjacentsmais,commeil a été montré partout dans le monde, ces ouvrages protégent la côte immédiatemaispasnécessairementlerivagevoisin.Eneffet,danslebut de protéger la route littorale et le centre urbain de Fnidek, un talus en enrochements de protection de haut de plage, a été réalisé sur une longueur d’environ 200 m efficace localement mais néfaste pour la stabilitéàchaqueextrémité.Cemuraétédétruitàplusieursreprisespar les houles frontales. D’ailleurs, une étude réalisée par le LPEE (1990, 1997) a montré que la présence de cette défense entraîne une érosion

112 importante et évolutive au niveau des rivages adjacents, par suite de la diffractionetdelaconcentrationdel’énergiedelahouleàl’extrémitédu talus. Ceci a accentué l’érosion dans la zone aval en raison d’une interruptiondel’approvisionnementensédiments.Lemêmephénomènea été noté au niveau de la zone immédiate du port de M’diq, où l’effondrement du talus de la route a été noté après une tempête de 1963,d’oùl’installationd’untalusenenrochementpourprotégerlaroute. A l’extrémité sud du littoral étudié, la route littorale d‘Azla a été implantéeprésdurivage,etaeuaussiuneffetnéfastesurl’écosystème côtierrégional.Saprésence,enlimitehautedesplages,aréduitleprofil nécessaire à la dissipation de l’énergie des vagues en créant ainsi un obstacleaujetderive.Lemurverticalutilisépoursaprotection,fûtune solution simple à réaliser, mais attaqué par les houles de tempêtes, il a renforcé la turbulence et a provoqué l'enlèvement de sable (Photos 7 et 11).D’ailleurs,cemuraétéendommagéaucoursdestempêtesde1989 et1990.Leprofildeplages’estabaissécequiaprovoquéuneavancéede la mer. Les données indiquent des zones de très forte érosion (LPEE, 1990), car le pouvoir de réflexion du mur renforce la turbulence des déferlements,etamplifieaufuretàmesureledépartdessédimentsàses pieds. Par ablations successives, le niveau sableux s’est abaissé et la plagetendactuellementàdisparaître. Certes,cesouvragesdedéfenseprotègentlesaménagementssitués surlesfrontsdemer,permettentdeluttercontreuneérosionlocale,mais ils ne favorisent pas la protection des zones voisines. Au contraire ils engendrent une érosion importante de la plage non protégée, en provoquant un déficit d’alimentation. A terme, ces aménagements deviendraientinefficaces. V- ANALYSE DES CAUSES DE RECUL DU RIVAGE PAR PERIODE D’ETUDE Touslesfacteursaussibiennaturelsqu’anthropiquesont participé, avec des intensités variables, dans l’évolution régressive du littoral de Tétouan durant les trois intervalles de temps étudiées. Ils ont provoqué desperturbationsquiplacentlaplupartdesplagesdecettecôtedansune situationprécaire. De19581986:Malgrél’accrétiontrèslimitéeàquelqueszones(60500 m²), en général le littoral recule (2 050 000 m²). Les taux moyens de l'érosioncalculéspourcettepériode,sontde1.7m/anetde1.2m/an, respectivement, sur les côtes nord et sud. La progradation est moins importante,elleestd'environ+0.8m/an. Deuxprincipalesraisonspeuventexpliquerleretraitdutraitdecôte: (i)Une activité d’extraction de sables côtiers. Elleestpratiquéepourles besoinsdesconstructionssouslapressiond’uneforteurbanisationetd’un développement touristique, principalement sur la côte nord (ports de

113 M'diq et Marina Smir, complexes balnéaires, essor urbain et infrastructures, etc). En effet, cette région a connu un développement accrudel'industriedutourismeaudébutdesannées70.Plusieurshôtels ont été construits juste à quelques mètres du littoral, généralement sur les dunes. Celles ci ne peuvent plus ni jouer leur rôle de réservoirs sédimentaires des plages, ni tamponner l’action érosive de la mer. Le processus de roll-over n’était plus suffisant pour conserver le volume sableux, par conséquent le recul du trait de côte s’accentue et s’accompagned’unediminutiondelalargeurdesplages. (ii) Une réduction des apports fluviatiles. Aprèsunepérioderelativement humide, la région a connu une baisse des précipitations due à la sécheresse qui s’est installée durant les années 70 et 80 (Fig. 34); la contribution fluviatile en sédiments était faible ou quasiabsente, accentuantainsilasensibilitédesplagesàl’érosion: + 700 + 600 + 500 + 400 Avant1986Before 19861986 1986-19971997 1997-2003 + 300 + 200 + 100

0 -100 -200 (mm)

m m -300 P-Pa (mm )

P Moyenne mobile

- -400 Moving average P -500 2000-01 2002-03 1986-87 1966-67 1970-71 1980-81 1984-85 1988-89 1990-91 1994-95 1998-99 1962-63 1964-65 1972-73 1978-79 1982-83 1992-93 1996-97 1976-77 1968-69 1974-75 Years Années FigureII.34:VariabilitédesprécipitationsàTétouanentre1962et2003. (P:précipitations annuelles et Pm La moyenne interannuelle des précipitations ) -De1986à1997: Pendantcettepériode,letauxdereculdelalignedu rivage était moins important avec une moyenne de 1.3 m/an et 0.7 m/anrespectivementauNordetauSuddeKoudiatTaifor. L’accrétionprenaitdel’ampleuravecdestauxd’environ+1.2m/andans la côte nord et +1.5 m/an dans le rivage sud. Néanmoins l’érosion dominaittoujoursetlebilandubudgetsédimentaireglobalétaitenviron de446,000m².Ceschangementsdetendanceseraientliésà: (i) Une augmentation possible des apports des oueds .Lafigure34 montre qu'après de nombreuses années de sécheresse (depuis 1973 jusqu'à la moitie de l’année 1995), la période humide était de retour favorisant,une pluviométrieaccrueatteignantparfoisles1200mm,une forte érosion continentale et des inondations de tous les oueds. Par

114 conséquent la contribution en sédiment avait probablement atténué le déficitsédimentairecôtier. (ii) Un contrôle des prélèvements excessifs de sable. Cettepériode estmarquéeparlafindelaconstructiondesdeuxports(fin1989)etles complexesrésidentielslesplusimportantsprogrammésdanslacôtenord et à Cabo Négro. Par conséquent, l'exploitation de sable a diminué. Le volumedel'extractionautoriséedesablelelongde tout lelittoralaété estiméapproximativementà313000m 3/anentre1981et1993,(LPEE, 1994).Depuis1993,uncontrôlen’autoriséplusdéjàlesextractionsdans plusieurssecteurs. Toutefoisilfautnoterqu’entre1986et1993,lelittoralauraitconnu unimportantreculdelalignedurivageenraisondelaconjonctiond’une faibleactivitéhydrologique(continuitédelasécheresse)etdetrèsfortes tempêtes (de 1989 et 1990) qui, survenant dans un contexte sédimentaire défavorable (stock sédimentaire disponible insuffisant), se sont avérées particulièrement destructrices pour les plages. Ensuite, la contribution accrue des oueds et l'arrêt progressif de l'activité d'extraction, pourraient expliquer le ralentissement de cette tendance érosiveetl’extensiondeszonesd’accrétion. De 19972003 : Pendant ces 6 ans, les plages perdues étaient plus importantesqueprécédemment(1415000m²).Letauxdel'érosiondu rivageaétéestiméà2m/anauNordet1.3m/anauSud,etlavitesse d’engraissementdesplagesabaissé(+0.6m/an)surlesdeuxcôtes.La questionestdecomprendrepourquoienunlapsdetempspluscourtque lesautrespériodesd’étude,lestauxd’érosionsontplusélevés. En supposant que les charges fluviatiles soient toujours les mêmes, une autre raison pourrait être la fréquence des fortes houles de tempêtes. Danslebutdedégagerlespossibleschangementsduclimatdeshoulesde la région, nous avons comparé des données présentes durant cette période ( cf. Annexe A ) avec celles d’un précédent intervalle de temps (données de LPEE., 1994). Le tableau 10 montre une augmentation des fréquencesdesforteshoules(Hs>5m)de0.17%entre1960et1980,à 0.33%entre1996et2003.Ellessontpresquedeuxfoisplusfréquentes. Fréquence(%) Hs=5m Hs>5m 19601980 0,21% 0,17% 19972003 0,31% 0,33% Tableau II.10: Fréquences des fortes houles de tempête d’amplitudes supérieuresetégalesà5maulargedulittoraldeTétouan D'après des données de houle au niveau du port de Sebta (www.puertos.es ) situé au Nord immédiat de la région d’étude la

115 période de retour des houles de 5.4 m d’amplitude est estimée à 20 années. Au large de Tétouan, les fortes houles de tempête de hauteur dépassant5monteulieu6foisen6ans(entre1997et2003)(Fig.35). En outre, ces vagues viennent de l’EstNordEst, et seraient alors plus érosives. L'augmentation dans la fréquence des mouvements puissants deshoulesdetempêteadéjàétérapportéedanslalittératureetsemble être liée au changement du climat et à la montée du niveau de la mer (Warrick,1993;Costa,1997;HequetteetVasseur,1998),bienqu’ily a encore des controverses à propos du lien direct entre ces phénomènes climatiques. 7.5 7 6.5 6 5.5 5 4.5 4 3.5 3 Hs (m ) 2.5 2 1.5 1 0.5 0 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Années FigureII.35:L’amplitudedeshoulessignificatives(Hs)enm,aulargede Tétouande1996à2003.( Point réseau WANA, 2006007) . (Les tirets -----: La hauteur moyenne des Hs.

Aucoursdecettepériode,laquasitotalitédeshautsdeplagesaété cimentée pour faciliter l’accueil et le déplacement des populations. De nombreuses stations balnéaires se sont installées et des boulevards de front de mer ont été aménagés, limitant les transferts sédimentaires s’effectuant traditionnellement entre le haut et le bas de plage. Ces secteurs faiblement alimentés en sédiments, ils se replient inéluctablement. Ce repli est d’autant plus important que la surface de dissipation de l’énergie des houles plus fortes est amputée. De même, bienquecerivageconnaîtunepénuriedesédiments,ilestprobableque cettezones'entretienneàpartird'unstockpeurenouvelédontlevolume, engrandepartierenfermévraisemblablementdansunsystèmedesbarres d'avantcôte. 116 VI- CONCLUSION

L'évolution morphologique de la zone côtière de Tétouan peut être considérée comme le résultat global de différents processus, aussi bien naturels qu’anthropiques, qui ont agi et agissent à des échelles temporellesdifférentes. Latendanceérosivedecettefrangelittoralepeutêtrecorréléeà: (1) l’explosion de l’urbanisation dans ces deux secteurs, qui, en fixant artificiellement les cordons littoraux, a soustrait des quantités importantesdematériauxausystèmesableux; (2)l’activitéd’extractionexcessivedesablescôtiers,souventillicite, enréponseàlademandeaccruedesconstructions; (3) la réduction des apports fluviatiles en raison d’une part, des périodes de sécheresse prolongée et d’autre part, à la construction des barragessurlesplusimportantsouedsdelarégion. Tous ces facteurs ont été à l’origine d’un déficit du stock sédimentairemobilisablequi,renforcéparlarecrudescencedestempêtes, ont accentué l’érosion côtière sur ce littoral. Comme l’indique Paskoff (1993) «Ce sont les événements de faible récurrence et de forte magnitude qui font évoluer une côte et non le déferlement des vagues ». L’influence de ces phénomènes paroxysmiques serait cependant majorée par les mutations climatiques à l’origine de l’élévation du niveau de la mer. CONCLUSION DE LA PARTIE 2 L’évolutionhistoriquedulittoraldeTétouanserésumeàunreculde la ligne de rivage et une perte de la mobilité naturelle de la côte. Sa morphologiecaractéristiqueetoriginellen’estplusetbiendesplagessont parconséquentmenacéesdedisparition.Ceciapparaîtdansl’ampleurdes dégâts notés sur des zones où certaines constructions ont déjà été atteintesparlameretd’autressemblentêtrefortementmenacées.Telle casdelazonecôtièredeSidiAbdessalamoùleMaraboutetlecimetière sont fortement menacés par une disparition (Photo 12). D’ailleurs d’anciens postes militaires espagnols ont été fortement dégradés et témoignentd’unerégressionimportante. Le recul du trait de côte du littoral de Tétouan n'est pas un phénomènerécentmaissonampleurs'estaccrueaucoursdesdernières décennies. Ce retrait est notamment dû à l'érosion marine qui peut prendre plusieurs formes et qui se généralise actuellement à l’ensemble du rivage: les causes sont diverses et font généralement appel à la conjonction de facteurs naturels et humains. Ses conséquences sont souvent difficiles à observer dans les conditions dynamiques les plus habituelles, mais les tempêtes, en accélérant les processus érosifs de manière spectaculaire et en mettant en péril des espaces urbanisés ou

117 naturels, viennent régulièrement nous rappeler la fragilité de cet espace littoral. La dynamique future ne serait probablement que la continuation de l’évolution actuelle voire même une accélération du phénomène d’érosion,surtoutquelesprévisionsfuturesdeschangementsclimatiques révèlent que la remontée du niveau de la mer serait déterminante dans l’intensificationdureculdesrivages. Une analyse prospective des conséquences d’un tel phénomène permettrait une approche globale de l’évolution future de cette frange littorale,aujourd’huifortementdégradée.

118

PARTIE 3 IMPACTS BIOGEOPHYSIQUES ET SOCIO- ECONOMIQUES DE L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER SUR LE LITTORAL DE TETOUAN : APPROCHE PREVISIONNELLE.

119

CHAPITRE 1 : ESTIMATION DES TERRES A RISQUE D’EROSION COTIERE DU LITTORAL DE TETOUAN. ETUDE PROSPECTIVE RELATIVE A UNE REMONTEE ACCELEREE DU NIVEAU MARIN

120 Chapitre 1 : Estimation des terres à risque d’érosion côtière du littoral de Tétouan. Etude prospective relative à une remontée accélérée du niveau marin

I- INTRODUCTION Parmilesimpactsduniveaumarin,lesrisquesd’érosioncôtièresont à envisager. Partout où les côtes sont déjà en recul, les phénomènes d’érosion pourraient être exacerbés (Paskoff, 2001). Le relèvement de l’altitudedesplansd’eaufavoriseral’arrivéedehoulesmoinsfreinéesau rivage. Cellesci arriveront donc à la côte avec une puissance plus forte qu’aujourd’hui. Les vagues agiront plus haut sur le rivage et avec une hauteurdedéferlementplusgrande. Les conséquences sur les zones côtières marocaines de cette remontée du niveau marin impliquerait un recul du trait de côte qui tenteraderétablirl'équilibredesplagesvisàvisdesnouvellesconditions hydrodynamiques (Bruun et Schwartz, 1985). Ceci va certainement accentuerl’érosiondulittoraldeTétouanquiconnaîtdéjàunerégression continue depuis un demi siècle. Celleci est due principalement à une pénurie en sédiment fortement aggravée par les actions humaines (cf Partie2).Ilconvienticid’identifieretd’évaluerlessitesàrisqueactuelet ceuxquiledeviendrontdanslaperspectived’uneremontéeduniveaude lamer. Ce premier volet de l’analyse prospective s’intéresse à la mobilité dutraitdecôtedontl’objectifest:(i)dequantifierlereculoul’avancée du trait de côte, (ii) d’évaluer les surfaces et les volumes de sables susceptibles d’être perdus durant les prochaines décennies, et (iii) de localiser les plages qui pourraient rétrécir fortement voire même disparaître.Desreprésentationsgraphiquesdelapositionpasséeetfuture delalignederivageseraientproposées. II- METHODOLOGIE Leprocédéutilisé,pourl’estimationdespertesenterreparérosion côtière en réponse à une éventuelle élévation du niveau marin, est la méthode commune préconisée par « le Coastal Zone Management» de l’IntergovernmentalPanelonClimateChange(IPCC/CZMS,1991).Elleest appliquéeparplusieurspays,ainsiquesurlemanuelduProgrammedes NationsUniespourl’Environnement(PNUE)(Feenstra et al. ,1998). Bienquecetteméthodecomportedesincertitudes,néanmoins,elle permetd’approcherlatendanceévolutivedelarégionétudiée. 121 II-1. Les scénarios choisis II-1-1. La vitesse d’élévation locale du niveau de la mer

En absence de valeurs sur les variations du niveau marin local (absence de marégraphique), nous avons utilisé les données globales, estiméesparl’altimétriesatellitaireTopex/PoseidonetJason1entre1993 et2006.Ellesconsidèrentuneélévationrelativeactuelleduniveaumarin dans la zone côtière de la Méditerranée occidentale de 2.5 mm/an (Fig.II.23). Ce taux ne tient compte, dans ce cas là, que de l’effet du forçageanthropiqueduclimat. La zone de Tétouan est tectoniquement active, néanmoins, en raison de manques de données sur l’ampleur de la subsidence dans la région, la vitesse de la remontée du niveau de la mer dans cette partie de la Méditerranée,donnéeparlessatellites,seraconsidéréedanscetteétude commelescénariodebase. II-1-2. Le Taux de la remontée eustatique durant le 21 ème siècle.

Le comportement de chacune des deux côtes (nord et sud) de la zoned’étude,estanalyséenfonctiondestroishypothèsesdesscénarios d’émissionsdegazàeffetdeserreduGIEC: Hypothèse basse (HB) :Ellecorrespondaucasleplusoptimiste avecunscénariod’émissionbas,unefaiblesensibilitéduclimatetdela fonte des glaces, une variation globale des températures entre 1990 et 2100de+1,4°Cetunniveaumoyendesmersde+9cmen2100. Hypothèse moyenne (HM) :Lesvaleurssontmédianespourla sensibilité moyenne du climat à une perturbation donnée de la concentration en gaz à effet de serre, le niveau moyen des mers s’élèveraitde+48cmpourunréchauffementmoyende2.8°Cd’icilafin du21 ème siècle. Hypothèse haute (HH ): Elle représente le cas le plus pessimiste;lesémissionsdegazàeffetdeserrenesontplusmaîtrisées, etlemodèleclimatiqueutiliséréagitfortementàuneperturbationélevée delaconcentrationengazàeffetdeserre.Avecunréchauffementélevé de+5,8°C,leniveaudelameraugmenteraitde+88cmen2100. Les évaluations récentes de la future montée du niveau de la mer sont basées sur les scénarios climatiques projetés dans le troisième rapport du GIEC de 2001 (Table.11). Dans le cadre de cette étude, le scénario choisi prend en compte la totalité de l’enveloppe des émissions du Rapport Spécial Sur les Scénarios d’émissions (RSSE) y compris l’incertitudesurlaglaceterrestre. Toutescesvaleurs sontentachéesd’énormesincertitudesquiinterdisent l’utilisationd’unevaleurexactedel’élévationduniveaumaringlobal.Mais ilyalieuderappelericiquel’élévationduniveaumarinpeutêtredueà d’autres causes que climatiques, les modèles n’expliquant que la contributionduclimat.

122 Scénario Sensib ilité Variationsdes Variationdu Hypothèse d’émission duclimat températures niveaumoyende globales1990 lamer 2100 2050 2100 Basse Bas Faible +1,4°C +4cm +9cm Moyenne Médian Moyenne +2,8°C +2O +48cm cm haute Elevé Elevée +5,8°C + 32 +88cm cm TableauIII.11:Leschangementsclimatiquesglobauxprojetéspour2050 et2100(IPCC,2001). II-1-3. Les horizons temporels

Deux échéances de temps 2050 et 2100 ont été fixées dans cette étude,pourexaminerlesimpactsd’uneélévationduniveaumarinsurle littoral de Tétouan. Pourquoi ces horizons, Selon l’OPECST. (2002), ils témoignent surtout du fait que les changements climatiques, s’ils interviennent, auront des effets variables dans le temps et ne sauraient recevoirderemèdesimmédiatsdufait,parexemple,delaprésencedans l’atmosphère de certains gaz à effet de serre durant plusieurs dizaines, centainesoumilliersd’années. L’horizon temporel 2050 estconsidérécommeétantle carrefour des choix. Ilseraitpeutêtreaucœurdelapériodeoùcommencerontàêtre enregistréslespremierseffetsbénéfiquesdesactionsengagéesaudébut des années 2000 pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Certes, un décalage d’une cinquantaine d’années, entre une décision et seseffets,peutsemblerbienlong,cependant,celaestrelativementbref quant à la prise de grandes décisions politiques relatives aux infrastructures, et surtout à la durée de réalisation de certaines d’entre ellesouencorefaceàlaréorientationdeschoixénergétiques. - L’échéance de la fin du siècle, 2100, difficilement imaginable, correspondraità l’irrémédiable .Letempsderésidencedansl’atmosphère dudioxydedecarboneestestiméàenviron120ans;cecisignifiequ’une molécule de carbone émise dans l’atmosphère aujourd’hui s’y trouvera encore en 2100, tandis que d’autres molécules de gaz à effet de serre, encoreplustenaces,neferontalorsqu’yentamerunséjourdeplusieurs millions d’années. Bien qu’il soit permis de souhaiter que les fruits des actionsàlongtermelancéesaudébutdu21 ème siècle,soientperceptibles, ilfautnoterquebiend’autresdifficultésn’aurontsansdoutepasmanqué d’apparaître.

123 II-2. La formule adoptée: La loi de Bruun Deux catégories de modèles mathématiques décrivent les changements du trait de côte: ceux pour qui les vagues sont l’agent dynamique du transport des sédiments (Krauss et Harikai, 1983; Le Mehaute et Soldate et, 1980) et d’autres pour qui le changement du niveau de la mer est l’impact essentiel (Bruun, 1962; Dean, 1977). La présente étude est plus liée au second type de modèle. En effet, nous avons eu recours à une formule simple qui fait intervenir l'élévation du niveau de la mer et à laquelle de nombreux auteurs font souvent appel pourenévaluerleseffetssurl'évolutiondutraitdecôte.C'estlaformule deBruun (1962)quipermetthéoriquement,dans lecasd'uneplage,de calculer la valeur du recul du rivage lorsque l'on connaît la vitesse de l'élévation du niveau de la mer. Elle a été validée par Schwartz (1967), Rosen(1978). Leprincipedecetterègleestrésumésurlafigure36(Titus,1986)

Ancienniveaumarin

A B C FigureIII.36:LarègledeBruun. Notes:( A) conditions initiales. (B) inondation immédiate quand le niveau de la mer monte. (C) érosion subséquente due à la montée du niveau de la mer. Une élévation du niveau de la mer entraîne immédiatement un retrait de rivage. D’après cette loi, une montée de 1 m du niveau de la mer implique que le fond côtier doit augmenter aussi de 1 m. Le sable, pour élever le fond (X’) serait alimenté par la plage. Autrement les vagues éroderont le sable nécessaire (X) de la partie supérieure de la plage comme montré dans (C). (D’après Titus, 1986) LaloideBruunacertaineslimitations.Elleestbaséesurl’hypothèse queleprofiltransversalcôtierchercheàmaintenirunétatd’équilibreavec leclimatlocaldeshoules.Cetterègles’applique: àunprofilàdeuxdimensionsperpendiculaireàlalignederivageoùseul letransport«onshoreoffshore»estconsidéré;letransportparallèleau rivagen’estpasprisencompte, le profil est supposé être un profil d’équilibre, reflétant le climat des houlesetlagranulométriedessédiments; lematérielducôtéterreestsableuxetilestfacilementérodable;

124 Ilyaassezd’énergiedehoulepouréroder,transporteretredistribuer lessédimentsdansleprofil. Etafinqueceprofilpuissesetranslatersuiteàl’élévationduniveau marin(Fig.37): *l’actiondeshoulesérodelapartiesupérieuredelaplage; *lematérielérodéestdéposésurleprofilsousmarin,etlevolume desableérodéétantéquivalentauvolumedéposé; *l’épaisseurdudépôtsédimentaireéquivautàl’élévationduniveau marin,cequimaintientainsiuneprofondeurd’eauconstantedansla plagesousmarine(Dubois,1977). R L

B s

d

Translation du Profil FigureIII.37:ProfildureculdutraitdecôteselonlarègledeBruun. Selonlafigure37,lereculhorizontaldutraitdecôte( R) dûàune élévation du niveau marin ( S) est donné ainsi par l’équation suivante (Bruun,1962): R=G.S.L /(B+d) R: Recul horizontal du trait de côte (en m) G: Facteur de remplissage du matériel devant être érodé (G= 1, quand le sédiment est du sable) S: Elévation verticale du niveau marin (en m) B: Hauteur du cordon littoral (en m) d: La profondeur de fermeture de plage (en m) L: Largeur du profil actif compris entre la base du cordon littoral et la profondeur de fermeture du profil (en m). Latranslationdutraitdecôtedueàl’élévationduniveaumarinest calculéeàpartirdecetterèglequisupposequelereculhorizontalsefait parallèlement à lui même entre la berme de haut de plage et la profondeur de fermeture de plage (Fig.37). Elle est ensuite convertie en un changement volumétrique en utilisant la longueur du littoral et la

125 hauteur du profil de plage. Cette dernière correspond à la hauteur, en mètre,entrelacrêtedelabermeetlaprofondeurdefermeturedeplage. Selondeslevésbathymétriquesetdesétudessédimentologiquesréalisées sur ce littoral par le LPEE (1994). Il est apparu qu’il y avait peu de mouvements sédimentaires au delà des fonds de 5 m (LPEE, 1994 et 1997). Cette valeur sera considérée ici comme profondeur de fermeture duprofil. L’estimation des volumes de sables perdus est évaluée pour chaque horizontemporeletpourchaquesecteurcôtier II-3. Les secteurs sélectionnés Les limites géographiques continentales et marines de la zone d’étudecorrespondent: (i)côtéterre,àunelargeurde3Kmdanslacôtenordet5Kmdans la côte sud; d’où une superficie d’environ 200 km²; Ces distances sont données à titre indicatif, elles varient en fonction des terrains et des contraintesdesdeuxzonescôtièresdeTétouan; (ii) côté mer de la limite supposée des échanges sédimentaires entreleprocheplateaucontinentaletlelittoral(5m). A fin d’appliquer la loi de Bruun, le littoral a été subdivisé en 8 segments côtiers auxquels correspondent 13 plages ( Fig.38) dont les caractéristiques morphodynamiques et sédimentologiques ont fait l’objet de nombreuses études (Boughaba, 1992; LPEE, 1990; 1993; 1994 et 1997 Jaaidi et al., 1993; LPEE, 1994; Arid et al.,1995; El Moutchou , 1995;Malek,1995;AridetIbrahimi,1996;Ibrahimi,2003;Merzouk, 1996; MTP, 1997; Emran et Hakdaoui, 2002; Anfuso et al , 2004; Nachiteetal.2004;Reddad,2004).L’analyseprospectivedespertesen terreparérosioncôtièreaétéappliquéesurlessecteurssuivants,dontles caractéristiquesutiliséesfigurentdansletableauA en annexe C : Pour le secteur nord, 8 plages s’étalent de Fnidek à M’diq: Riffiene,TrèsPiedrasetAlMina(pourlazoned’Allalyine),laplagesituée auNordduportdeRestinga,RestingaSmir,ClubMéditerranée,Kabila,et GoldenBeach. La «Playa» localisée au Nord immédiat du port de M’diq ne sera pas traitée dans cette étude prévisionnelle car elle a connu récemment, la constructiond’unecornichede1600m. Dans le secteur sud ,5plagesontfaitl’objetdecetteétude:Cabo Négro au Nord, Martil (plages nord et sud), Sidi Abdessalam et Azla à l’extrémitésuddulittoralétudié. Les superficies des terrains susceptibles d’être perdus par érosion côtière ont été définies en multipliant, pour chaque plage considérée, le reculhorizontaldéfiniparl’applicationdelaloideBruunparlalongueur

126 du segment côtier, et ceci pour les différentes hypothèses de chaque scénariod’élévationduniveaumarin. 495 500 505 510 515

Fnidek Cap Sebta 585  N Plage de Riffiene  580  Plage de Trés Piedras  Plage d' Al Mina       Al Mina 575 Marina Smir  Plage de Restinga Smir Plage du Club Med.  570 Kabila  Plage de Kabila Golden Beach M'diq  565

Centre urbain ou rural  Plage de Cabo Négro Port Plage de Martil nord 560 Martil Limite de la zone Plage de Martil sud d'étude  Plage de sidi Tétouan  Abdessalam 555

Plage d'Azla Azla  0 2 4 550 Km Figure III. 38. Situation des plages étudiées pour les impacts d’une érosioncôtièreaucoursdesprochainesdécennies III- PRÉVISIONS RELATIVES A L’ÉVOLUTION FUTURE DU TRAIT DE COTE DE TÉTOUAN.

L’érosionlittoraledurantles45années(de1958à2003)(cf.Partie 2)afortementrétrécitlesplagesquisont,parconséquent,devenuesplus vulnérables à une élévation accélérée du niveau de la mer. La thèse du réchauffement global et de l’élévation du niveau marin est à présent admise par une majorité des scientifiques. Le phénomène semble même s’êtreamplifiédepuisledébutdesannées1990.Modesteenapparence,la remontéeduniveaumarinva bouleverserl’équilibredurivage,elleaura desimpactsconsidérablessurlastabilitécôtière.Eneffet,l’augmentation

127 de la profondeur de l'eau (près de la côte), va créer de plus grosses vaguesetamplifierl'érosion. Dans cette étude, quatre scénarios d’élévation future du niveau marin ont été utilisés pour les deux horizons temporels 2050 et 2100 (Tabl. 12),avec comme année de référence: 1990, utilisée aussi par le GIEC. Prévision sans accélération de l’élévation du niveau marin (scénario de base): Avec un taux de 2.5 mm/an, l’élévation relative actuelleatteindraitalors15cmd’ici2050et27.5cmen2100. Avec une élévation rapide du niveau marin, les trois hypothèses, basse(HB),moyenne(HM)ethaute(HH)ontétéadoptées.Lesvariations eustatiquesseraient: *Pourl’échéance2050,21cmsoit3,5mm/an(HB),37cmsoitenviron 6,2mm/an(HM)et47cmsoit7,8mm/an(HH). * Pour l’horizon 2100, les estimations sont de 36,5 cm soit 3,3 mm/an (HB),75,5cmsoit6,9mm/an(HM)et115,5cmsoit10,5mm/an(HH). Horizons Sansaccélérationde Avecaccélérationdel’élévationdu temporels l’élévationduniveau niveaudelamer(mm/an) delamer(mm/an) HB HM HH (Scénariodebase) 2050 2.5 3,1 6,2 7,8 2100 2.5 3,3 6,9 10.5 Tableau III. 12: Vitesses d’élévation du niveau de la mer aux horizons 2050et2100. Toutefois, il faut noter que quelque soit l’hypothèse choisie, l’élévation du niveau marin est inévitable et serait supérieure à celle observée actuellement. Ainsi, il est prévu que pour une estimation moyenne,l’élévationduniveaumarinseraitenviron2foisplusforteque la récente remontée eustatique marine, alors que pour une hypothèse haute,l’élévationserait3à4foisplusimportantequelamontéeactuelle. Lesprojectionsdel’élévationduniveaudelamerauMaroc,prévoientune hausse de 2,6 à 15,6 cm par rapport au niveau moyen de 1990 (CNI, 2001). L’estimation haute de 15,6 cm (5,2 mm/an) d’ici 2020, est supérieure à celle projetée par le GIEC (2001), à savoir, 10 cm (3,3 mm/an)en2020.

128 Les détails des estimations des reculs, des superficies et des volumes de sédiments des différentes plages susceptibles d’être perdues pourleshorizonstemporels2050et2100sontdonnéesdanslestableaux B1,B2etB3 en annexe C .

III-1 Scénarios d’érosion côtière aux horizons 2050 et 2100 de la côte nord: de Fnidek à M’diq A l’horizon 2050, Lespertesduesàl’accélérationdel’élévationdu niveaumarinsontimportantes(Tabl.13a).Ellesseraientcomprisesentre 6 et 13% de la superficie actuelle des plages de ce segment côtier. Les volumes de sédiments érodés pourraient atteindre plus de 5000.10 2 m3 pour une hypothèse faible et plus de 1100.10 2 m 3 pour une prévision haute. LaplagedeRiffieneestcellequiconnaîtraitlaplusimportanteréduction de sa surface sableuse ( Tableau B2 annexe C ); les pertes varieraient entre22%et49%d’ici2050.Pourlerestedesplageslelongdurivage nord,laréductiondeleurssuperficiesnedépasseraitpasles20%. A l’horizon 2100, lessuperficiesérodéesseraientenviron2foisplus importantes:entre10%(HB)et32%(HH)de lasuperficieactuelledes plages (Tabl. 13a). Le volume de sable érodé pourrait dépasser les 8000.10 2m 3 pourunehypothèsefaibleetplusde27000.10²m3 pourune estimationplusforte,d’ici2050. Mêmesansaccélérationd’uneremontéeduniveaudelamer,laplagede Riffiene verrait sa superficie se réduire de plus du 25% ( Tableau B2, annexe c ), alors qu’avec une accélération d’une élévation eustatique, sa surface perdrait entre 37% et 77%, et serait même condamnée à disparaître pour l’estimation la plus haute de l’élévation du niveau de la mer.Ensuite,c’estlaplagedeGoldenBeach(situéeauSud)quisemble être la plus exposée avec une diminution de sa superficie variant entre 13% pour l’horizon 2050 et 43% en 2100. Ce recul pourrait être plus importantenraisondelaconstructiondelacornicheauniveaudelaplaya de M’diq qui ne pourrait plus l‘alimenter en sédiments par la dérive littoraleSudNord. Par contre le tronçon sableux qui s’étale entre ces deux plages, devrait connaîtreunreculplusfaible.L’érosioncôtièreferaitperdreenviron15% en2050et40%en2100delasuperficiedecesplages,mêmepourune hypothèsehauted’uneaccélérationdelaremontéeduniveaumarin Les résultats montrent que les deux extrémités de ce secteur vont connaître des changements morphologiques importants. L’évolution du restedecerivagedépendraitdeladisponibilitéensédiment.Danslecas oùlestockdesablenepourraitplusassurerlemaintienenéquilibredeces plages,etsicellescinetrouventplusd’espacepourassurerleprocessus de translation pour s’adapter aux nouvelles conditions hydrodynamiques marines,ellesseraientcondamnéesàfortementreculer.

129 2050 2100 SAduniveau Avecaccélérationdel’élévationduniveau SAdu Avecaccélérationdel’élévationdu Côte marin marin niveau niveaumarin nord (Scénariode marin base) HB HM HH (Scénario HB HM HH debase) Recul(m) 2,6 3,6 6,4 8 4,7 6,2 13 20 Superficie 421 594 1043 1328 762 1013 2118 3247 (10²m²) 4 6 10 13 7 10 21 32 (%) Volume 3555 5017 8810 11323 6498 8561 17892 27430 (10²m 3 ) Tableau III. 13a : Recul (en m), Superficies (m²) et volumes (m 3) de sédiments des plages susceptibles d’être perdus par érosion côtière d’ici 2050 et 2100 de la côte nord de Tétouan. SA: Sans accélération de l’élévationduniveaumarin. 2050 2100 Scénariode Avecaccélérationdel’élévationduniveau Scénario Avecaccélérationdel’élévationdu Côte sud Base marin debase niveaumarin (S.A.) Hypothèse Hypothèse Hypothèse Hypothèse Hypothèse Hypothèse basse moyenne haute basse moyenne haute Recul(m) 10 14 25 31,5 18 24 50 77 Superficie 1083 1490 2680 3410 1964 2598 5439 8350 (10²m²) 10 13 24 30 18 23 49 75 (%) Volume 6701 11055,5 19922,5 21157,5 14600,5 19318,25 40433,5 62062,5 (10²m 3 ) TableauIII.13b:Recul(enm),Superficies(m²)etvolumes(m 3)desédimentsdesplagessusceptiblesd’être perdusparérosioncôtièred’ici2050et2100delacôtesuddeTétouan.(En%delasuperficietotaledesplagesde chaquesecteurcôtier). III-2. Scénarios d’érosion côtière aux horizons 2050 et 2100 de la côte sud: de Cabo Négro à Azla

A l’horizon 2050 , les pertes dépasseraient le double que celles notéesdanslacôtenord,etdevraientvarierentre13et30%(Tab.13b). Lereculserait4foisplusimportantqu’auNordavecenviron1105.10 3m3 (hypothèse basse) et 2116.10 3 m3 (hypothèse haute) de sédiments qui seraientsoustraitsàcerivage.Maisenraisondelamorphologiedecette côte, les plages qui s’étalent de Cabo Négro à Sidi Abdessalam, connaîtraient des pertes plus modérées, qui varieraient entre 15% et 30%. Par contre le segment le plus menacé par l’érosion côtière reste celuid’Azla.Avecuneétroitessedesalargeurdéjàbienentamée,laplage d’Azla verrait, en 2050, sa superficie se réduire de plus de 50% (estimationfaible)pourprobablementdisparaîtretotalementencasd’une hypothèsemoyenneethaute( Tableau B2, Annexe C ). A l’horizon 2100, le littoral sud pourrait connaître le recul le plus important de l’ensemble des plages (Tabl. 13b) puisque l’érosion côtière ferait perdre à peu prés 25% de la superficie des plages pour une estimation basse, 50% pour une hypothèse moyenne et 75% pour la prévisionlaplus hautedel’élévationduniveaudela mer.Lesquantités de sables susceptibles d’être perdues atteindraient les 2000.10 3 m3 de sableet,(6000.10 3m 3)soitletriple decevolumepouruneestimation haute( Tableau B2 Annexe C ). LesplagesdeCaboNégroàSidiAbdessalamperdraiententre20et77% de leurs superficies, et les pertes seraient plus accentuées si l’approvisionnementensabledeplagesdevenaitfaible.Quantàlaplage d’Azlaellen’existeraitplusquelquesoitl’hypothèsed’élévationduniveau marinen2100.D’ailleursleconstatdeterrainapermisdeconfirmerles conséquences de l’érosion littorale de ce segment côtier durant un demi siècle(Photos12,13aet13bAnnexeC). La position du trait de côte durant le 21 ème subirait une mobilité plusaccentuéeavecdesmodificationsquidépendraientdelamorphologie des zones côtières. Certaines plages vont rétrécir et d’autres vont complètementdisparaîtresurtoutquelestockensédimentdisponibleest actuellement en déficit. La construction de nouveaux barrages sur les cours d’eau les plus importants, la demande accrue en sable pour les constructions de nouveaux projets, ne feraient qu’aggraver la pénurie sédimentairelelongdecelittoral.Demême,celinéairedecôte,équipée d’infrastructures balnéaires, risque de devenir sans plages naturelles, principalesressourceséconomiquesdutourismedelarégion.Lamajorité des plages serait, en effet, menacée de disparition à cause de l'impossibilitédemigrerversl'intérieurdesterresetderouler(processus de roll-over) suffisammentpourconserverlevolumesableux. 131 IV- CONCLUSION L’érosion constitue un problème sérieux le long du littoral de Tétouan;ilressortdecetteanalysequ'uneintensificationdel’érosiondes plages serait très vraisemblable au cours des prochaines décennies, puisquelessecteursquiétaientsujetsàl'érosionleserontd'autantplus que le niveau de la mer va augmenter (Niazi et al., 2005; Niazi et Snoussi,2006)surtoutquelapénurieensédimentsrisquedes’accentuer. L’analyseprospectivedureculdesplages,baséesurlaloideBruun,aété effectuéesurlacôtenord(deFnidekàM’diq)etsurlerivagesud(entre Capo Négro et Azla); un certain nombre de sites sensibles ont pu être identifiés, pour lesquels des mesures urgentes doivent être entreprises. Lespertesenterreparérosioncôtièredanslafrangelittoralesudseraient deux fois plus importantes que dans le secteur nord. C’est ainsi que, la plage de Riffiene située au sud immédiat de Fnidek subirait un recul importantetrisquededisparaîtred’ici2100encasd’uneprévisionhaute de la remontée du niveau de la mer. Il en est de même pour la plage d’Azlaquirestelaplusmenacéeparl’érosioncôtièrepuisquequelquesoit l’hypothèseémisepourlesdifférentsscénariosd’élévationduniveaudela mer, elle serait condamnée à disparaître. Quant au reste des plages du littoral de Tétouan, leur régression reste plus modérée et leur pérennité seraitfortementdépendantedeladisponibilitéd’unstocksédimentaireet de la capacité de la plage à migrer vers les terres pour s’adapter aux nouvellesconditionshydrodynamiques. Les plages du littoral de Tétouan subiront donc des modifications bienplusimportantesquedanslepassérécent.Laplupartdeseffetsde l’érosion côtière sont «lents», et peuvent être contrés par une intervention humaine raisonnée. Mais le plus inquiétant seraient l’intensification et la fréquence accrue des événements extrêmes qui entraîneraientdesinondationsexceptionnelles. 132

CHAPITRE II : EVALUATION DES TERRES A RISQUE D’INONDATION DU A UNE REMONTEE ACCELEREE DU NIVEAU MARIN DU LITTORAL DE TETOUAN

133 Chapitre 2 : Evaluation des terres à risque d’inondation dû à une remontée accélérée du niveau marin du littoral de Tétouan I- INTRODUCTION Dansunclimatquiseréchauffe,ilyaplusd'énergiepourgénérer des événements climatiques et les rendre extrêmes. Ils pourront donc augmenter en fréquence et intensité (Beniston, 2003), tel le cas de la submersionparleseauxmarines.Elleconstituelapremièremenaceque fait peser une élévation du niveau marin sur la frange littorale. Cette inondation peut être de deux types (Gornitz, 1991) : (i) une inondation permanente qui se manifesterait par une extension des submersions temporaire ou permanente sur les espaces côtiers bas, et (ii) une inondationépisodiquequirésulteraitdemouvementspuissantsdeshoules de tempête; elle deviendrait plus fréquente dans les zones littorales à topographiebasse. Selon les estimations du GIEC (1998), les dommages de tels risques augmenteraientde36à58%pouruneélévationduniveaudelamerde 30 centimètres et s’élèveraient de 102 à 200% pour une remontée du niveaumarinsupérieureà90centimètres.Leszonescôtièresmarocaines modifiées et aménagées de façon intensive au cours des dernières décenniessontaussiexposéesàdetelsphénomènes.D’ailleurs,lebassin méditerranéen est cité parmi les régions particulièrement vulnérables à l’élévationduniveaudelamer(Jefticetal.;1996,NichollsetHoozemans, 1996;KleinetNicholls.1999). Enraisondelaconcentrationdesactivitésetdespopulationssurla frange côtière de Tétouan, la prévision et la prévention du risque constituentunenjeuéconomiquefondamental.Deparsonexpositionaux agents hydrodynamiques marins, ainsi que ses caractéristiques morphologiquesetaltimétriques,lescôtesdulittoraldeTétouanrevêtent un intérêt tout particulier pour l’analyse du risque d’inondation, prévu suite à une éventuelle évolution de la fréquence et/ou de l’intensité des événementsmétéomarinsparoxysmaux. L’objectifdecettecomposanteestuneévaluationprospectivedeszonesà risque potentiel d’inondations du littoral de Tétouan, l’un des plus urbanisés de la Méditerranée occidentale marocaine. Elle consiste à localiser les zones soumises à un risque des événements épisodiques d'inondationsuperposésàunemontéeplusgraduelleduniveaumoyende lamerdurantlesprochainesdécennies. II- Méthodologie

L’étude prévisionnelle de la submersion est essentiellement fondée danstouslescassurdesconsidérationsdeniveau.Ilconvientàcetégard de regretter que les cotes d’altitude des sites étudiés ne soient pas toujours connues avec la précision nécessaire pour une recherche qui tente d’établir les conséquences possibles d’une élévation accélérée du

134 niveau marin. L’utilisation des cartes topographiques anciennes nous a permis de localiser l’altitude des terrains concernés et déterminer leur possibilitédesubmersion.Laméthodologieconsisteàévaluerlesniveaux d’inondation possibles, et à rechercher des altitudes significatives des terrainspourlesconfronterensuiteauxcotesdeshautesmersprévisibles. II-1. Les scénarios utilisés

Pour l’évaluation des terres à risque d’inondation nous nous sommes basés sur les mêmes hypothèses des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre du GIEC, utilisées pour le risque d’érosion. Les vitesses d’élévation du niveau de la mer sont : PourunScénariosdebasede2,5mm/an 3,1 mm/an d’ici 2050 et 3,3 mm/an en 2100, pour une hypothèse basse; 6,2mm/an(en2050)et6,9(en2100),pourl’hypothèsemoyenne; 7,8mm/an (en 2050) et 10,5 à la fin du siècle, pour une estimation haute. II-2. Les niveaux de submersion

Laméthodeutiliséepourestimerlesniveauxd’inondation(Dft)est baséesurlaformuledeHoozemansetal.(1993):

Dft : MHW + S t + Wf + P f Avec: MHW:Niveaumoyendeshauteseaux;

St :Elévationrelativeduniveaumarin; Wf :Hauteurdeshoulesdetempêtesresponsablesdesinondations; Pf: Elévationduniveaumarinsousl’effetd’unebaissedepression. Deux niveaux ont été déterminés pour les quatre scénarios d’élévation du niveau marin: le scénario de base (sans accélération) et les hypothèses, basse, moyenne et haute, de la remontée accélérée du niveaumarin,correspondantsauxhorizonstemporelles2050et2100: -Un niveau d’inondation minimum: calculé à partir de la valeur moyenne du niveau moyen des hautes eaux, de la moyenne des amplitudes maximales de la houle, et de la plus faible estimation d’une élévationduniveaudelamer. -Un niveau d’inondation maximum: déterminé à partir des valeurs de hautes eaux, des hauteurs de houle de tempêtes exceptionnelles et de la plus forte estimation d’une remontée du niveau marin. Ce niveau correspondrait aux phénomènes extrêmes d’où un niveaud’eaumaximum. 135 II-3. Facteur de risque d’inondation : R

Selonl’UnitedNationDisasterReliefOffice(UNDRO,1995),lefacteur desrisquesd’inondation Restdéfinicommesuit:

R= H t. E. V Avec t Ht = 1 – (1 – 1/r p ) Ht = possibilité d’une inondation égale à la probabilité qu’un évènement d’uneondedetempête,avecunepériodederetour rp, arriveaumoinsune foispendantl'intervalledutemps t(ensembleà100annéesdansl'analyse quisuit). E=valeuréconomiquedelazoneinondée *E=100,régionsurbainesdensesetclairsemées *E=63,zonesindustriellesetàinfrastructures *E=19,zonesagricolesetavecpeudemaisons *E=9,zonesincultescouvertesenpermanenceparunevégétation naturelle *E=0,eauinterne(rivière,lacs,lagunes) V = le dégât relatif souffert par la région sujette à l’inondation. Il est dit aussi«vulnérabilité»delazone,pourunepremièreapproximation,peut êtreconsidéréeégaleàl'élévationdel'eausurlarégioninondée. II-4. Les estimations des superficies des terres inondables

Le procédé consiste à interpoler et à digitaliser les courbes de niveauxàpartirdescartestopographiquesdisponiblesd’échelle1/50000, etàlesconfronterauxcotesdesdeuxniveauxd’inondationestimés.Ceux ciontétéensuitesuperposésàlacarted’occupationdessolsprésentant, nonseulementl’étatactuelmaisaussilesprojetsencoursetfutursprévus sur ce littoral (Fig. 39). Ceci nous a permis: (i) d’évaluer les superficies susceptiblesd’êtrepotentiellementperduesparsubmersionetappréhender les zones les plus exposées, et (ii) représenter les facteurs de risque d’inondationdesdifférentesunitéscartographiquesidentifiées. III- RESULTATS

Quelquesoitsontaux,l’élévationduniveaudelamerferaitmonter leniveaud'attaquedesvagues,carunniveaumarinplushautfournirait uneplushautebasepourlesmouvementspuissantsdestempêtes(Wasa Group.1998). Ceci se traduirait par l'inondation des terres basses et des changements dans la morphologie côtière. Les répercussions potentielles d’un tel phénomène dépendent non seulement du taux de cette hausse, de la fréquence et de l’intensité des houles de tempêtes, mais aussi de la

136 sensibilité de la côte à la submersion, qui à son tour dépend de la morphologieetdelatopographiedelazonecôtière. 490 495 500 505 510 585 Fnidek N  580

Légende M

é Voiries d i 575 t Route principale e r r a Route secondaire n é Future autoroute e Future voie ferrée 570 Zone urbaine Centre urbain M'diq Centre rural 565 Cabo Unités publiques et privées Négro Unités touristiques Unités industrielles 560 Port , Aéroport Martil Végétation Forêt TETOUAN Terres cultivés 555 Ecosystèmes Plages Azla Plans d'eau 0 2 4 550 Km Marais FigureIII.39:carted’occupationdessolsprésentantl’étatactuel,etles projetsencoursetfutursprévussurlelittoraldeTétouan. (D’aprèsdeSDAULT,1998). 137 III-1. Les scénarios d’inondation L’estimation de deux niveaux d’inondation pour le littoral de Tétouan, est basée sur des données bibliographiques, qui sont selon le LPEE,(1997): *de+0,47mpourunniveaumoyendeshauteseaux, *de+0,70mpourunniveaudeshauteseauxexceptionnelles, *une surcôte de +0,50 m due à l’effet de forts vents et/ou de dépression barométrique. Quant aux hauteurs des houles de tempêtes, nous nous sommes basés sur le climat des houles au large de la zone d’étude ( cf Annexe A ) en considérant qu’une houle d’amplitude de 3 m (moyennedeshauteursmaximales=3,03m)estdéjàunehouleforte,et cellede7,4mestexceptionnellementforte.D’ailleurscettemêmevaleur a été définie par LPEE (1997) comme la hauteur des ondes de tempête d’unepériodederetourde1/100ans(Tabl.14). Périodederetourenannée 1 10 100 Hs(m)dépasséependant24 4,4 5,7 7,4 heures enduréecumulée Périodes(s) 8,5 10 11,5 TableauIII.14:Amplitudeetpériodedeshoulessignificatives(enm) pourdespériodesderetourde1,10et100ansaulargedulittoralde Tétouan(LPEE,1997). Lesniveauxd’inondationontétéévaluéspourlesdifférentsscénarii d’élévation du niveau marin, à savoir, le scénario de base pour une remontée sans accélération, et les hypothèses basse, moyenne et haute en cas d’élévation accélérée du niveau de la mer. Les résultats obtenus (Tabl. 15) montrent que les niveaux d’inondation varient entre 4 m et 9,75m.

Horizon Niveaud’inondationminimum Niveaud’inondationmaximum temporel (enm) (enm) Scénario Hyp. Hyp. Hyp. Scénario Hyp. Hyp. Hyp. debase basse. moy. haute. debase basse. moy. haute. 2050 4.12 4.18 4,34 4.44 8,75 8,81 9,00 9,07

2100 4,24 4,33 4,72 5,12 8,87 9,00 9,35 9,75 TableauIII.15:Niveauxd’inondationauxhorizons2050et2100pourle littoraldeTétouan.Hyp.:Hypothèse,basse,moyenneethaute

138 Etantdonnéquenousnedisposonsquedecartestopographiquesau 1/50000 dont le degré de précision ne permet pas de matérialiser les différents niveaux d’inondation calculés, nous avons retenu deux valeurs d’inondation: minimale de 5 m et maximale de 10 m . Cette cote correspondraitàlalimitemaximale,ducôtécontinent,delazoneàrisque d’inondation. Ilfauttoutefoisnoterquelescotesdeshautesmersprévisiblespourraient êtremajoréesencasdemagnitudeplusfortedessurcôtes. III-2. Les zones à risque d’inondation L’étendue maximum des zones à risque montre qu’au niveau des côtes nord et sud du littoral de Tétouan, l’invasion marine se ferait particulièrement par les plaines littorales (de Restinga, de Smir et de Martil)avecuneextensionplusimportantedezonessubmergéesversle sud (Fig.40). L’essentiel des surfaces des terres qui seraient potentiellementsubmergéesencasd’événementsextrêmesseferaitavec unniveaud’inondationminimum(Tabl.16).

Niveaud’inondationde5m Niveaud’inondationde10m Superficie %delasuperficie Superficie %delasuperficie enKm² totale enKm² totale Côtenord 10,4 11% 19,8 21% Côtesud 42,9 25% 51,2 30% TableauIII.16:Superficiesetpourcentagesdeszonesinondablesavecdes niveauxd’eaude5met10mdanslescôtesnordetsuddeTétouan. Pourcettezonecôtière,où70%desplagesconnaissent depuis le début des années 60 une importante érosion, les facteurs des risques d’inondation (une topographie basse, un climat de vagues de forte énergie,unehaussedesniveauxmoyensdelameretuneaugmentation de la fréquence de tempêtes violentes) favoriseraient l’extension des zones submergées. Approximativement, 53 km² se trouveraient au dessous de la ligne du contour de 5 m (Tabl.16), et donc 20 % de la totalitédulittoralétudiéprésenteraientunrisquedesubmersionavecun niveaud'inondationminimum. Encasd’unniveaud’eaumaximum,71km²delasurfacedesterres,qui représentent 27% de la superficie totale de la zone d’étude, seraient susceptibles d’être inondées de façon épisodique en réponse aux futurs changementsclimatiques. Au Nord, les superficies perdues par un niveau d’inondation maximum seraient deux fois supérieures à celles inondables pour un niveau d’eau minimum. L’extension des zones à risques de submersion serait plus

139 importante entre Cabo Négro et Azla; 25% de la superficie seraient inondésavecunniveauminimum. Fnidek Cap Ceuta N Plaine de Côte nord Restinga 

M Marina é d

i Smir t e

r r Plaine de a

n

Smir Kabila é  e

M'diq

Cabo Négro : Port Plaine de Côte sud Martil-Alila : Centre rural  : Centre urbain Martil : Limite de la zone d'étude Tétouan Niv eau d'inondation 5 m Cap Niv eau d'inondation 10 m Azla Mazari 0 2 4 Km FigureIII.40:Superficiesinondablesavecdesniveauxdesubmersion de5met10mdulittoraldeTétouan,enréponseàlafutureélévationdu niveaudelamer.

140 III-3. Les facteurs de risque d’inondation

Lefacteurderisqued’inondationdesrégionscôtièresdulittoralde Tétouanestreprésentésurlafigure41.Ilestestimépourunehoulede tempête de période de retour de 100 ans, une hypothèse haute d’élévationduniveaumarinetlavaleuréconomiquedesterres(E). Pour un niveau d’eau élevé, les zones ayant un facteur élevé de risque d’inondation s’étendent, sur les linières côtières nord et sud, avec une extension plus importante au Sud de Cabo Négro. Les sites les plus à risque sont les zones topographiquement basses. Le constat a été fait dans la zone SaïdiaRas El Ma, où le littoral est relativement bas, notamment au niveau de la plaine alluviale de la Moulouya et des dépressionsinterdunaires(Snoussi,2006;Snoussietal.,souspresse). Parconséquent,lesrisquesdesubmersionsurlelittoraldeTétouan présenteraientdesdégâtsconsidérables.

V- INFRASTRUCTURES DANS LES ZONES A RISQUE D’INONDATION

De nos jours, l’érosion des rivages a un impact important sur l’aménagementduterritoire.Celatoucheleshabitations,leréseauroutier, lesplagesetlesécosystèmes.Cesespacesvitauxrisquentd’êtreaffectés encoreplusparlereculdutraitdecôteetpardessubmersionsaucours du prochain siècle. Celles ci seraient les plus à craindre en cas d’une conjonctiond’événementsextrêmes;ellescauseraientd’énormesdégâts dansleszonesàrisque. Comme cela a déjà été signalé auparavant, la côte de Tétouan a connuunelittoralisationmarquéeparuneextensiondeszonesurbanisées et une concentration excessive des activités économiques, notamment touristiques.Enoutre, lesperspectivespourlavalorisationcontinuedece littorals’inscriventdansundéveloppementmultisectorielquisetraduirait par une occupation quasi totale de cet espace (Fig.39). Par conséquent l’élévation du niveau de la mer risque d’y endommager de nombreuses infrastructurescôtières. Dans cette étude, nous allons évaluer les superficies des zones urbanisées,etdesinfrastructuressituéesdansleszonesàrisque. V-1. La vulnérabilité des habitats : zones urbaines, périurbaines et rurales

L’évaluation des risques d’inondation sur ce littoral montre que 57%de la superficie des zones urbaines et périurbaines du littoral de Tétouan risquent d’être endommagées avec un niveau d’inondation minimumet63%avecunniveaud’eaumaximum(Tab.17). 141 500 510 Fnidek N Côte Nord 580 Mer             Méditerranée

570

M'diq Facteur de risque d'inondation R Cabo Négro 60-80 Côte Sud 20-60 560 10-20 Martil 5-10 0-5 TETOUAN

0 2 4 Azla 550 FigureIII.41:Cartedefacteur derisqued’inondationdeszonescôtières deTétouanen2100. Pour un niveau d’inondation maximum et une forte houle de tempête de période de retour rp de 100 ans

142

Superficiessusceptiblesd’être Zones Centres Superficies perduesparinondation (Km²) N.I.Min. N.I.Max. (5m) (10m) Zonesurbaines Fnidek 35Km² 20km² 22km² etpériurbaines M’diq superficie 57% 63% Martil Tétouan* Zonesrurales Azla 15Km² 1,5km² 2,5km² Mellaliyne 10% 17% Alleyine TableauIII.17 : Superficies (en Km² et en%) des unité urbaines, périurbainesetruralessituéesdansleszonesàrisqued’inondation. *:CommuneTétouanSidiMandrifaitpartiedelazoned’étude. Leszonesurbaniséeslesplusmenacéesseraient(Fig.42): A Fnidek, ce sont les habitations situées particulièrement au bord de l’ouedFnidek,etlelongdelacôte,auSuddumurd’enrochement. AM’diq,cesontessentiellementlesaménagementssituéslelongdela côtequisont lesplusmenacés.Larecrudescencedel’érosioncôtièrede cesecteurpourraitaugmenterlefacteurderisquedessubmersions.Par conséquent le déferlement des vagues près des installations menacerait leshabitationsdufrontdemer. Pour la commune urbaine de Tétouan Sidi Mandri, qui appartient à la zone d’étude, ce sont surtout les habitats qui longent l’oued Martil qui seraient le plus exposés aux risques d’inondations en cas de houles exceptionnelles. Plus en aval, le centre urbain de Martil serait le plus menacé par une élévation accélérée du niveau de la mer et particulièrement par des submersionsduesauxphénomènesmarinsparoxysmiques.Situéesurune côtemorphologiquementbasse,cettevillecôtière,vouéeautourismeen été,etauxactivitésuniversitairespendantlesautressaisons,présenteun tissu urbain qui longe l’oued Martil et son bras mort qui pourrait être complètementsubmergéeencasdeforteshoulesdetempêtes.Cerisque tient à la fois, à la topographie basse de la plaine de MartilAllila, à la présence des deux oueds de part et d’autre de la ville, Mellah (Alila) au Nord et Martil au Sud, ainsi que la présence de la nappe phréatique. Dans des conditions exceptionnelles, les oueds risquent de déborder en sortantdeleurslits,etleseauxdelanapperemonteraprèssursaturation desniveauxd’absorptiondessols. Pour les centres ruraux (Alliyine, Mellaliyne et Azla) les inondations affecteraient 10% de leurs superficies, en cas d’un niveau d’inondation minimumet17%avecunniveaud’eaumaximum(Tab.17).Lecentre 143 côtierd’Azla,traverséparl’ouedAzla,resteleplusmenacéaussibienpar l’érosioncôtièrequeparlesrisquesdesubmersion. 490 495 500 505 510 585 Fnidek N 580

Alleyine M e r

M 575

é Légende d i t e Zone urbaine et r r a périurbaine n 570 é Zone rurale e Unités touristiques M'diq Unités industrielles 565 Cabo Port Négro Mellaliyne Aéroport 560 Limite de la zone Martil d'étude TETOUAN (Sidi Mandri ) 555 NI minimum Azla NI maximum 0 2 4 550 Km

FigureIII.42:Espacesaménagées(actuel,enprojet)dulittoralde Tétouan. V-2. Les incidences sur les réseaux d’approvisionnement en eau et d’assainissement Les submersions, peuvent également affecter les systèmes d’approvisionnement en eau potable, d'assainissement, de drainage des eaux de pluie et d'évacuation des eaux usées. L’impact d’une éventuelle pénétrationd’eaumarinedueàuneélévationduniveaudelamerpeut engendrer, en plus de l’inondation du site, une perturbation totale de

144 l’alimentation en eau potable et du réseau d’assainissement dont les pentesneseraientplusadaptéesencasderemontéeduniveaudelamer. Dans le littoral de Tétouan, le réseau d’assainissement est insuffisant en égard aux opérations réalisées; sa perturbation en cas d’élévation du niveau de la mer intensifierait les problèmes de pollution que connaît la région. Ces infrastructures nécessitent une réhabilitation d’ampleur puisque les rejets sont déchargés soit à l’embouchure des oueds,soitdirectementverslamerpardescanauxparfoisàcielouvert, et quelques fois refoulés vers une station d’épuration. Le bras mort de l’oued Martil est un autre récepteur des eaux usées domestiques et industrielles de Tétouan qui risque fortement d’entraîner des dégâts considérablespardébordement. Parconséquent,l’impactdel’élévationduniveaudelamersurleréseau d’assainissement,estplusinquiétantpourdeuxraisons: 1) la hausse suffisante du niveau d'eau pourrait causer une surcharge des canalisations d'égouts depuis les déversoirs et les stations de relèvement, causant le refoulement des eaux usées dans les zones aménagéesetaltérantlesconduitesparleursalinitéélevée. 2) l'inondation et l'immersion des systèmes de traitement d'eaux usées etdesdéchetspourraientlesrendreinopérables.

Cependantsilesinstallationsduréseaud’assainissementsontbien entretenues et si les conduits sont tous branchés vers des pôles d’épuration,lerisquederefoulementdeseauxseraitmoindre.

V-3. La vulnérabilité de la voirie et du réseau de communication

DanslabandecôtièredeTétouan,letransportestunélément essentiel du bienêtre économique et social de la population. Avec la recrudescence de l’érosion côtière et les risques d’inondation probable prévus pour les prochaines décennies, les infrastructures du réseau de transportpourraientêtreautantmenacéesqueleshabitationsetautres équipementslittoraux. V-3-1. La communication terrestre L’élévation du niveau de la mer influera sur les infrastructures de transport et l'efficacité du réseau de communication. L'évaluation de la vulnérabilitédecesréseauxdetransportauchangementclimatiquepeut aider les décideurs à en tenir compte dans les plans d’aménagements futurs. Si l'intensité et la fréquence des fortes houles et par suite, les risques d’inondations s’accroissent, l’impact sur le réseau de transport (routes, autoroutes, ponts et voie ferrée…) serait inévitable,

145 particulièrement dans les régions urbanisées où les routes occupent une grandepartiedelasuperficie(Tab.18). Avecunniveauminimumdesubmersion(5m),26%duréseauroutier seraitinondé,ilpourraitatteindre35%encasd’unehaussemaximumdes eaux(Fig.43). Pourl’autoroute,sasituationéloignéedeszonesàrisquefaitquelapartie affectéenedépasseraitpas11%delatotalitédecetteinfrastructure.Les tronçons touchés correspondront aux zones des plaines alluviales où la pénétration des eaux marines serait plus importante. Alors que pour la voieferréesielleestconstruiteparallèlementàlaroutenationalecomme mentionnéesurleplandirecteurd’aménagement,elleseraittouchéedela mêmemanièrequelaroutenationale. Longueur Longueurdestronçonssusceptible Voiries (Km) d’êtreaffectéeparlesinondations 5m 10m Routesexistantes 80km

Réseauroutieren 230km 80km 110km projet 26% 35% Autoroute 28km 1km 3km 4% 11% Voieferréeen 32km 14km 25km projet 44% 78%

Tableau III.18: Longueur et pourcentage des tronçons du réseau de transport susceptible d’être affecté par les inondations en cas d’événementsmarinsparoxysmiques V-3-2. La communicationaérienneetmaritime La région d’étude dispose d’un aéroport, celui de Tétouan Saniat R'Mel, qui est situé sur la route de Martil. Son trafic est relativement faible; il est réservé exclusivement aux vols intérieurs. Mais avec le développementdelarégionduNord,etdanslebutdelereclasserparmi lesaéroportsinternationaux,destravauxderénovationontétéentrepris pour l’aménagement et l’extension de la piste d'envol et des aires de stationnement. Cet aéroport ne pourrait être menacé qu’en cas d’inondation extrême. Situé sur la route de Martil, en amont de l’embouchure,ilnesubiraitdesdommagesquesilapénétrationdeseaux marinesseraitmaximale,phénomènequipourraitavoirlieuavecleniveau d’inondationmaximum. Avec l’élévation du niveau de la mer prévue, les impacts sur les digues des ports pourraient être importantes en cas d’intensité et fréquence accrues des houles de tempêtes qui coïncideraient avec la période des vives eaux. Ceci pourrait entraîner de nombreux dégâts matérielssurlesdifférentsdecelittoral. 146 500 505 510 515 N 585  Fnidek

580 M

e r

M

é d i t 575 e r r a n é e 570

M'Diq Légende: Voiries 565

Routes existantes Futur réseau routier 560 Future autoroute Martil Future v oie f errée

TETOUAN 555 Centre urbain

NI minimum 1 Km NI maximum FigureIII.43:Réseauroutieractueletenprojetdulittoralde Tétouan. 147 V-4. La vulnérabilité des ouvrages de protection Parallèlement aux précédents équipements techniques, d’autres systèmes peuvent être endommagés par les risques de submersion et l’élévation du niveau de la mertels : les ouvrages de protection contre l’érosionutiliséspourlaprotectiondescôtes,tellemurenenrochementà FnideketM’diqainsiquelesdiguesàMartiletàCaboNégro.L’élévation potentielleduniveaudelamerpeutdanscertainscasatténuerl’effetde protectiondecesouvragesetparsuitel’accélérationdel’érosion. V-5. La vulnérabilité sociale

Suiteauximpactssurl’infrastructureetl’environnement,l’élévation duniveaudelameretlesinondationspotentiellesaurontdesincidences directes sur la population. Sur ce littoral, la population de Martil semble être la plus menacée vu l’extension de l’agglomération, le nombre d’habitants et des ménages qui devraient dépasser les statistiques actuelles:40000personnespour10000ménages,pourunepopulation autochtone(RGPH,2004). Les risques d’inondations pourraient engendrer des dégâts considérablesetdeseffetssocioéconomiquesnéfastessurlasantéetle bienêtre communautaire qu’elles peuvent entraîner. Parmi ces conséquencesonpeutciter: Lespertesd’habitas,derevenuetdeproductivité; Laperturbationsociale; L’atteinteàlaqualitédevie; L’augmentationdescoûtsdessoinsdesanté; La faim et la pauvreté seront largement dévoilées, car de nombreusesactivitéséconomiquestellesquel’agricultureetla pêcheserontgravementaffectées… A ceci s’ajouterait la raréfaction de l’eau douce qui sera la contrainte majeure pour les populations qui utilisent encore l’eau de la nappe phréatique.Lesintrusionsd’eausalineserontinévitablesetl’eausera impropreàtouslesusagesetaubienêtrehumain.Unegrandepartiede la population de ce littoral risque de subir les fortes agressions des phénomènes. Elleestoccupéeparunepopulationnombreusequidépasseraitdurantles prochainesdécennieslargementles40000habitantsactuels(R.G.P.H., 2004).

VI- CONCLUSION

L’évaluation des risques de submersion sur le littoral de Tétouan a montréquel’élévationduniveaumarinconjuguéeàunefréquenceaccrue des houles de tempêtes provoquerait des inondations considérables. La

148 cartographie des zones inondables révèle que les plaines alluviales de Restinga,SmiretMartilseraientlessitesprivilégiésdessubmersions.Sur la totalité du littoral, 20 % de sa superficie présenteraient un risque de submersion avec un niveau d'inondation minimum; et 27% pour un niveau de submersion maximum.La côte la plus vulnérable aux inondations, est celle de Cabo Négro Azla, qui est topographiquement basse; elle perdrait entre 25 et 30 % de sa superficie en cas de submersiondueauxévénementsmarinsparoxysmiques. Quelque soit le niveau d’inondation, les conséquences seraient lourdes pour les aménagements et les infrastructures en front de mer: 57% de la superficie des zones urbaines et périurbaines (Fnidek, M’diq, CaboNégro,MartiletTétoua n) risquent d’être endommagés lors des submersions marines avec un niveau d’eau minimum, et 63% en cas d’un niveau d’inondation maximum.Lerisquepourleszonesrurales(Azla,MellalyineetAllalyne), estmoindre,entre1O%à17%delasuperficietotaleseraienttouchées, respectivement,pourdesniveauxd’inondationminimumetmaximum. Cesontessentiellementlesaménagementssituéslelongdelacôteet ceux qui longent les oueds qui seraient les plus menacés. En outre, les réseauxd’approvisionnementeneaupotableetd'assainissementrisquent d’êtrefortementaffectésparlamontéeduniveaudelamer.Lamenace est grande pour les canaux d’assainissement, insuffisants en égard aux opérations. Le risque de refoulement des eaux usées serait important particulièrementpourceuxquidébouchentdirectementenmer Dans ces régions à risque de submersion, les infrastructures du réseau de communication et du transport pourraient connaître de fortes perturbations: Avecunniveauminimumdesubmersion,26%duréseau routier serait inondé, 35% le seront en cas d’une hausse maximum des eaux.Quantàl’aéroportdeTétouan,ilnepourraitêtremenacéqu’encas d’inondation extrême. Situé sur la route de Martil, en amont de l’embouchure,ilnesubiraitdesdommagesquesilapénétrationdeseaux marines serait optimale à l’intérieur des terres, et ceci en cas de conditionsextrêmes. En outre la conjonction de l’élévation du niveau de la mer et les fortes houles entraînerait de nombreux dégâts matériels des divers ouvrages portuairesetceuxutiliséspourlaprotectiondescôtes.Tellecasdesmurs en enrochement à Fnidek, à M’diq et à Azla, ainsi que les digues construitesàMartiletàCaboNégro. 149 CHAPITRE 3 : VULNERABILITE DES AQUIFERES COTIERS DE TETOUAN A L’INTRUSION SALINE, CONSEQUENCE D’UNE REMONTEE ACCELEREE DU NIVEAU DE LA MER

150 Chapitre 3 : Vulnérabilité des aquifères côtiers de Tétouan à l’intrusion saline, conséquence d’une remontée accélérée du niveau de la mer.

I- INTRODUCTION

Les aquifères côtiers constituent souvent une importante source d’eaudouce.Leurstockprésenteunetrèsgrandeinertieenraisondela lenteur des écoulements qui les affectent. Leur surexploitation affecte la qualité et la quantité de l’eau. Ceci induit la baisse des niveaux piézométriques et l'intrusion d'eaux marines. Celle ci pourrait s’amplifier suite au changement prévu du niveau de la mer. Sa hausse accélérée durantlesprochainesdécenniesdoitêtrepriseenconsidérationdanstout modèled’estimationdel'intrusionsaline. Quelques travaux de recherche sont effectues sur les effets potentiels du changement climatique sur les nappes littorales, particulièrementcellesquisontplussujettesauxmodificationsduclimat qui ont été réalisés par Sinan (2001). Elles évoluent en étroite relation aveclaquantitéd’eaudoucequileurarrivedespluiesetdesrivières.Les plusprochesdelamer,seraientplusmenacéesparlahausseduniveau marin.Enplusdel’érosioncôtièreaccrueetlesrisquesd’inondation,les scénarios envisagés prévoient une salinisation des eaux souterraines qui estaussi,unautreimpactdel’élévationeustatiquemarine(GIEC,1998). L'objectifdecetteétudeestl'estimationdelavulnérabilitédesdeux principalesnappesdulittoraldeTétouan(SmirauNordetMartilauSud) à l’intrusion de l'eau de mer pouvant subvenir suite à une probable remontéeduniveaumarin. II- METHODOLOGIE

Chaque état hydrogéologique d’un aquifère côtier est inhérent aux caractéristiquesphysiquesquiaffectentlapossibilitédel’intrusionsaline. SelonChachadiet LoboFerreira(2001),lesplusimportantsfacteursqui contrôlentl’intrusiondel’eaudemersont: Letyped’aquifère:confinéounonconfiné( GroundwaterOccurrence); Laconductivitéhydrauliquedel’aquifère( AquiferHydraulicConductivity); La profondeur de la nappe en dessous du niveau de la mer, (Height of Groundwater LevelbelowSeaLevel); Ladistanceparrapportaurivage( DistancefromtheShore); L’impact de l'intrusion saline présente dans la zone d’étude ( Impact of existingstatusofseawaterintrusioninthearea); L’épaisseurdelanappephréatique( Thicknessoftheaquifer).

151 Cessixvariables(Lettresengras)formentl’acronyme«GALDIT». La méthode GALDIT, utilisée dans cette étude, a été développée par ChachadietLoboFerreira(2001),elleestimelavulnérabilitéd’unenappe phréatique à l’intrusion saline. Les facteurs GALDIT représentent des paramètres mesurables pour lesquels les données sont généralement disponibles.L'hypothèsedebaseconsidèrequelesubstratumdelanappe phréatiquesesitueendessousduniveaumoyendelamer. LeprincipedelaméthodeGALDITprévoittroispartiessignificatives : le poids (ou importance), la rangée, et la classe .ChaquefacteurGALDIT est évalué en respectant l'autre; ceci dans le but de déterminer le rôle relatifdechaquefacteur: Le poids relatif (ou l’importance) varie de 1 à 4. Les facteurs les plus importants ont une valeur de 4, et le moins significatif correspond à 1. Ceci indique que le paramètre a peu d’influence sur le processus d'intrusion saline. Le tableau 19 précise le poids de chacun des paramètresimpliquésdanslecalculdel’indiceGALDIT. Facteurs Poids(Importance) Typed’aquifère 1 Conductivitéhydraulique 3 Profondeurdelanappe 4 Distancedurivage 2 Impactd’unétatd’intrusionsaline 1 Epaisseurdelanappe 2

Tableau III.19: Poids (importance) des 6 paramètres impliqués dans le calcul de l’indice GALDIT d’après Chachadi et Lobo Ferreira (2001). A chaque paramètre est attribuée une rangée variant entre 1 et 10, selonlesconditionslocales(exceptépourleparamètreGdontlarangée varie de 8 à 10). Les valeurs élevées correspondent à une forte vulnérabilité.

-Les classes attribuéessontgénéralementobtenuesàpartirdutableauA (en annexe) qui montrent le lien entre les caractéristiques hydrogéologiqueslocalesetlavaleurduparamètre. L'indice de vulnérabilité (IG) de la nappe phréatique à l’intrusion salineestdéfiniparlasommedetouslesproduitscalculésàpartirdela multiplicationdelavaleurattribuéeàchaqueparamètre(rangée)parson importancerelative(poids),selonl’expressionsuivante: 152 IG = (1 × G) + (3 × A) + (4 × L) + (2 × D) + (1 × I) + (2 × T) Une fois que l'indice GALDIT est calculé, il est alors possible d'identifier des régions qui sont susceptibles d’être affectées par une intrusionsalinepotentielle. La valeur minimum de l'indice GALDIT est égale à 13 et la valeur maximale est de 130. L’indice le plus élevé indique une plus grande vulnérabilité à l'intrusion saline (Tabl.20). Les estimations des différents paramètresdeGALDITontétécartographiésàl’aidedulogicielduSIG/ Map Info, ensuite la superposition des différentes couches (Fig.44) et le calculdel’indicedeGALDITontpermisd’estimerl’ampleurprobabledela contamination des aquifères côtiers par une intrusion saline selon cinq scénariosd’élévationduniveaudelamer: Pourunétatactuelduniveaumarin; Encasd’absenced’accélérationd’unehausseduniveaudelamer d’ici 2050, le niveau potentiel atteindrait 0,15 m et 0,27 m d’ici 2100;cesontlesscénariosdebases; pourunehypothèsehautedel’élévationduniveaumarin,leseaux s’élèveraientde0,47md’ici2050etde1,15men2100. Paramètre G

Paramètre A Carte de Paramètre L SIG +CalculIndicede vulnérabilité à GALDIT l’intrusion saline Paramètre D

Paramètre I

Paramètre T FigureIII.44:Superpositiondescouchesd’informationsparparamètre NéanmoinslaméthodeGALDITresteunoutilrelatif,ellen'estpas conçupourfournirdesréponsesabsoluessurtoutquecesenvironnements hydrogéologiques font partie de ces milieux aux paramètres variables. Incertitudesliéesàlavaleurdesparamètreshydrogéologiquesetd’autres liéesàlagéométriedusystème(Freeze et al .,1990).Lesrésultatsvarient enfonctiondutemps.

153 Série Scoredel’indice Classesdevulnérabilité deGALDIT 1 >90 Trèsvulnérable 2 50–90 Vulnérable 3 30–50 Modérémentvulnérable 4 <30 Pasvulnérable TableauIII.20:Vulnérabilitéàl’intrusionmarine(Chachadietal.,2002) Dans les cas où le substratum de la nappe aquifère est situé au dessus du niveau de la mer, tous les paramètres GALDIT devraient être estimés à la valeur zéro puisque cette situation hydrogéologique ne permetpasl’intrusiondel'eaudemer(LoboFerreiraetal.2005). III- BISEAU SALE OU RISQUE D’INTRUSION DES EAUX DE MER DANS LES NAPPES D’EAU DOUCE.

III-1. L’interface eau douce/eau salée

Les eaux souterraines représentent généralement une excellente sourced’approvisionnementeneaupotable.Lefiltrenaturelconstituépar les matériaux géologiques produit le plus souvent une eau de grande qualité, avec notamment de très faibles teneurs en microorganismes et autressubstancesensuspension.Ilenrésultequel’exploitationdeseaux souterraines présente des avantages économiques appréciables, du fait qu’elles ne nécessitent que peu de traitement – parfois même aucun traitement–avantleurdistributiondansunréseaud’eaupotable. L’eausouterrainedoucecontenuedansunaquifères’écouleversle rivageetsaprogressionestlimitéeparlaprésencedel’eaumarinesalée. Le contact entre les eaux est marqué par une interface eau douce/eau salée.L'eaudemerpénètreparlesoussol,etpareffetdecontrastede densitéentrel'eaudoucecontinentaleetl'eausalée(l'eaudemercontient enmoyenne30grammesdeselparlitre,etelleestdoncplus denseet plus lourde que l'eau douce). Ce phénomène est connu sous le nom d'intrusion du biseau salé .Sapositionàl’intérieurdesterresestimposée par la différence entre la cote piezomètrique de la nappe et le niveau moyendelamer(0mètre):plusceniveaupiézométriquedansl’aquifère estbas,pluslebiseausaléprogresseàl’intérieurdesterres.Lazonede transition entre l’eau douce et l’eau salée est d’une épaisseur ne dépassantpasquelquesmètres(Ledoux,1986).Al’échelledel’aquifère, elleestsouventassimiléeàuneinterfaceabruptesansmélangeséparant l’eaudouceetl’eausalée(Bear,1979etMarsily,1986).Schématiséepar une surface courbe (Fig. 45), elle est plus complexe dans la réalité. En effet, le réservoir hétérogène présente des vitesses d’écoulement différentes provoquant des langues d’eau salée, pouvant atteindre plusieurskilomètres(Castany,1982).

154 Z Q h X Mer Eau H douce Eau salée X= L L X= FigureIII.45 : Schéma de l’intrusion du biseau salé dans une nappe côtière phréatique: sans recharge (ni infiltration, ni évaporation) ni pompages, en symétrie plane - coupe transversal au trait de côte- Q : Débit de la nappe d’eau douce- H+h : Epaisseur d’eau douce ; L : Distance des points de rencontre (triple) eau de mer, eau douce et plancher imperméable. C’est la longueur de la pénétration du biseau salé).

Dans les secteurs non sollicités, l’interface eau douce / eau salée régulière présente un fort pendage vers l’intérieur des terres. Cette interface, qui respecte presque partout la relation de GhybenHerzberg (1901),impliqueuneprofondeurdel’interfaceégaleà40foislahauteur piézométrique. Néanmoins cette relation, qui est habituellement utilisée pour estimer la profondeur de cette interface, peut fortement sous estimer ou surestimer l'épaisseur de l'eau douce, parce qu'elle suppose l'absencedegradientverticaldechargeetd'écoulementvertical. la relation de GHYBEN – HERZBERG : ds - d h=t ______ ds h = différence d´altitude entre le niveau moyen des mers et l´interface eau douce/eau salée t = différence d´altitude entre le niveau piézomètrique et le niveau moyen des mers ds = densité de l´eau de mer d = densité de l´eau douce

Dans les régions à prélèvements massifs concentrés sur une courte période de l'année, les aquifères côtiers sont fragilisés surtout avec le cumul des prélèvements destinés à l'eau potable pendant la saison touristique et les forages affectés à l'irrigation. Des pompages excessifs d'eau douce peuvent entraîner alors des dépressions, comblées par les eauxdemervoisines.Cesbaissesduniveaupiézométriquepeuventavoir un impact négatif sur la qualité des ressources en eau souterraine à

155 proximité du littoral du fait de l’augmentation de la salinité. En effet, les eauxsouterrainesdoucessontmenacéesparl'intrusiond'eausalée. La salinisation des aquifères côtiers est un risque hydrogéologique majeur touchant les régions littorales, souvent densément peuplées et fortementtributairesdeseauxsouterraines(Cheng,2003).Lavulnérabilité de ces systèmes risque fort bien d’augmenter avec les prévisions d’une élévationaccéléréeduniveaudelamerdurantlesprochainesdécennies; III-2. La vulnérabilité des eaux souterraines à une intrusion d’eau salée. Le terme «vulnérabilité» est défini dans un contexte d'évaluation des performances du système. Hashimoto et al. (1982) présentent une analyse sur la performance du système aquifère. Ils définissent trois conceptsquifournissentdesmesuresutilesdelaperformancedusystème: (i)lerefusdusystèmeestmesuréparsa fiabilité, (ii)lesystèmerevient rapidement à un état satisfaisant une fois qu'un échec aeu lieu, ceci est exprimé par sa résilience , et (iii) des conséquences sévères d’un échec possiblepeuventêtremesuréesparsa vulnérabilité . Suivant les concepts de base présenté par LOBOFERREIRA et CABRAL (1991), la vulnérabilité des eaux souterraines à une intrusion salineestdéfinicomme: “La sensibilité de la qualité des eaux souterraines à un pompage imposé des eaux souterraines, ou à la montée du niveau de la mer, ou bien aux deux dans la zone côtière, est déterminée par les caractéristiques intrinsèques de la nappe aquifère.”

L’estimation de la vulnérabilité de l’aquifère à l’intrusion saline fait doncréférenceauxcaractéristiquesintrinsèquesdesnappesaquifèresqui sontrelativementstatiquesetprincipalementaudelàducontrôlehumain. L’impact sur l’utilité de cette eau ne dépendra pas uniquement de la vulnérabilitédesnappesphréatiquesàuneintrusionsalinemaisaussidela magnitudedesépisodesdecettepénétrationd’eaudemer,etlavaleurde laressourcedeseauxsouterraines. IV- ÉVALUATION DE LA VULNERABILITE A L’INTRUSION MARINE DES AQUIFERES CÖTIERS DE TETOUAN.

La zone d’étude est caractérisée par cinq aquifères côtiers, Fnidek, NégroetSmirdanslacôteNord,etMartilAlilaetAzlaauSud(Fig.46).De pointdevuehydrogéologique,leurremplissageplioquaternaireformedes systèmes aquifères complexes. Ils sont bordés par des formations constituées de schistes, calcaire, dolomie, pélites, grés, conglomérats et argilesduRifinterne.Leseauxsouterrainessontemmagasinéesdansun

156 ensembledenappesphréatiquessituéesdansles plainesalluvionnairesà dépôtsplioquaternaires. TouslesaquifèrescôtiersdeTétouanjouentunrôletrèsimportant dans l’approvisionnement en eau douce et risquent tous d’être affectés paruneintrusionsalinesiellessubissentunesurexploitation.Maisvula non disponibilité de données en nombre suffisant, sur les nappes de Fnidek, Négro et Azla, nous traiterons que celles de Smir au Nord et MartilAlilaauSud. 500 510 Aquifére de  Fnidek N Aquifère de 580 Négro  M e r

M

é d i t e r r a n é Formations géologiques e 570 Aquifère de Plio-quaternaires Smir - Détritique- Paléozoiques -Schisto-gréseuses-

Flyschs numidiens Aquifère de -Grés quartzeux- Martil-Alila 560 Sebtides- Schistes- 

Dorsale calcaire

Centre Tétouan urbain Aquifère d'Azla 0 2 4 Km  550

FigureIII.46:SituationdesaquifèresdulittoraldeTétouan. Extraitedelacartegéologiqued’olivier(1984)etduSDAULT(1998). IV-1. L’état actuel des deux principaux aquifères côtiers de Tétouan : Smir et Martil-Alila IV-1-1. La nappe phréatique de Smir

Lebassindel’ouedSmiràl’embouchureprésenteunesuperficiede 74Km².Salithologiecorrespondauxschistesgréseuxd’âgePaléozoïque, de la chaîne calcaire du Haouz (karstique par excellence) et des dépôts plioquaternaire(Fig.47).Lesubstratumdesonaquifèreestforméd’argile

157 et de marne pliocène (Stitou, 2002), surmonté de sédiments détritiques d’âge quaternaire (sables, graviers et galets). Ces terrains, caractérisent unesédimentationdeltaïqueetontuncomportementaquifèreàsystème monocouche.Sapuissanceatteint25mètres(Stitou,2002).

Selon les données relatives à 6 pompages d’essai effectués par la DRHL(1988),lesvaleursdelatransmissivitésontcomprisesentre3,5.10 4 (formationargileuse)et4,5.10 3m²/s(sable,galetetgraviers).Unevaleur de1,610 2m²/saéténotéeauniveaudelamerja;ils’agitd’unaquifère semicaptifdanslespartiesamontetcentraleenraisondelaprésencede quelqueslentillesargileusesetargilosableusesalorsqueplusenaval,oùil affleureenmerja,l’aquifèreestlibre(Stitou,2002). L’écoulementdelanappesefaitengénéraldel’amontversl’aval; où elle affleure en un plan d’eau libre, c’est la merja appelée aussi lagunedeSmir.L’alimentationdel’aquifère(input)etlesdébitssortants (output) sont assurés par plusieurs types d’infiltrations ou de décharges (Stitou,2002): Lesprécipitationsdontl’apportannuelàlanappeestestiméà0,2l/s.Il correspondàlarechargenaturelledel’aquifère.Lapluviométrieannuelle enregistreenviron600mmsurlacôteet1000mmenaltitude(ElFellah, 2005). lesrestitutionsdeseauxd’irrigationquis’appuientessentiellementsurle volumeannuelprélevé.L’excédentd’eaud’irrigationinfiltréàlanappeest estiméà728mmselonleServicedel’EquipementRuraldelaDélégation Provinciale de l’Agriculture (ERDPA) de Tétouan avec des apports de l’ordrede2.7l/s; lesapportslatérauxissusdespartiesNordEst(avec0,5l/s)etSudEst (0,7l/s); l‘alimentationnaturelleparl’ouedSmiraétéestiméeà39,6l/s(DRHL, 1988).Maiscettecontributionabaissédepuislaconstructiondubarrage Smirenamontdelaplaine,en1991. Quantauxdébitssortant,ilsapparaissentdans: Lacontributiondelanappedansl’alimentationdel’ouedSmirenamont d’environ13,8l/s; l’écoulementdelanappeverslamerjaavecundébitde0.2l/s; lesprélèvementsauniveaudedeuxforagesdel’OfficeNationaldel’Eau Potable (ONEP) étaient de 0,17 l/s pour un approvisionnement en eau potable. Selon l’inventaire des prélèvements effectués dans le cadre du Plan Directeur des Eau du Bassin du Loukkous et des bassins côtiers méditerranéensde2004,lesprélèvementsontaugmentéetatteint57l/s. Pourl’irrigationdesterresagricoles,lesprélèvementssontsituésdansla partiecentraledelaplaine.

158 La merja s’étend sur une superficie d’environ 2 à 3 Km²; elle est forméed’unezonepresquestagnante,unesecondeàécoulementcontinu au niveau de l’embouchure et une troisième submergée pendant les hautes eaux (Fig.47). Elle est alimentée par l’oued Smir, les eaux de ruissellement des bassins limitrophes, les eaux souterraines de la nappe phréatique,leseauxuséesissuesdeM’diqauxquelless’ajoutentcellesdes complexes touristiques de Kabila, et faiblement par les eaux marines (hautes eaux). Quant aux pertes, elles se font par l’évaporation directe des eaux et les fuites vers la mer. L’actuelle communication de cette laguneaveclamerpermetunéchangecontinuentredeuxsystèmestout àfaitopposés. 503 504 505 506

f N Port de Côte nord u Kabila

M 568 Smir e ir r m S M d ue é O d i t e r r a 567 n é e

0 500 m

u 566 Barrage de smir M'diq

Zone à écoulement permanent Centre urbain Zone quasi stagnante 565 Retenue du barrage Zone asséchée Limite de la zone d'étude FigureIII.47:AquifèreetmerjadeSmir. LaréalisationdubarragedeSmirafortementcontribuéàlaréductionde lasuperficiedelamerjaetparconséquentàlabaissedesniveauxaussi biendelamerjaquecelledelanappephréatique.Larupturedel’équilibre eaudouceeausalées’estproduiteentraînantl’intrusiondeseauxsalées dans l’aquifère (Stitou, 2002). A l’aval, le port de Kabila édifié à l'embouchure a complètement modifié le milieu aquatique puisqu'il a favorisé l'entrée massive des eaux marines bien à l'intérieur des marais (Chaouti2003). Lesétudesrégionalesayantfaitréférenceàlaqualitédeseauxde Smir ont montré qu’elles sont dégradées le long du littoral et aux alentours de la merja (Stitou et PulidoBosch, 1995; Stitou, 2002; Chaouti2003;BayedetChaouti;2005).Lasalinisationdeseauxdecet aquifère est attribuée à l’intrusion marine, à l’évaporation et à la 159 contamination par les rejets des aménagements urbains et activités agricoles. La conductivité électrique croit de l’amont vers l‘aval où des valeursmaximalesontéténotéesparticulièrementdanslesecteurcentral et nord (Stitou et al, 2003). Selon l’étude hydrogéochimique effectuée parStitou(2002),deuxtypesd’eauenfonctiondelasalinitéontétémis en évidence dans cet aquifère, celui de la zone littorale et le reste de l’aquifère. IV-1-2. L’aquifère de Martil –Alila

LaplainedeMartilAlilaesttraverséerespectivementparlesoueds MartiletAlila(ouMellah)(Fig.48).Elles’étendentrecesdeuxprincipaux cours d’eau pérenne suivant une direction NordSud, et de la chaîne du Haouzàl’estjusqu’àlamerMéditerranée,dansladirectionOuestEst.Elle présenteuneformeirrégulièred’unesuperficiede78Km². L’aquifèredeMartilAlilaestlimitéauNordpardesmicaschistesetgneiss (peu perméables), à l’Est par la Mer Méditerranée, au Sud par l’oued Martil qui draine l’aquifère et les formations paléozoïques (peu perméables),etàl’OuestparlachaînecalcaireduHaouz.Leremplissage estforméparundépôtPlioQuaternaire(Stitou,2002;Hilali,2002): Le Pliocène est représenté par des formations hydrogéologiques essentiellementimperméables(argileetmarne)quiontuncomportement d’aquiclude;ellesconstituentlesubstratum(limiteinférieure). Le Quaternaire est à matériel essentiellement détritique (sable, graviers, limons et cailloutis) avec un niveau à sable argileux dans la partie centrale de la plaine, et argiles et marnes dans le reste à comportementhydrogéologiqued’aquitardouaquiclude. 496 502 508

M

e r

N M é 562 Oued Alila ( Mellah) d i t e r r a Côte sud n é Martil e 558 Martil -Alila

til ar d M 554 Tétouan Oue 0 2 Km Torreta Coelma

Centre urbain 550 Limite de l'aquifère

FigureIII.48:AquifèredeMartilAlila. 160 Lacomplexitédecetaquifèreapparaîtdansl’extrêmehétérogénéité de la série sédimentaire le constituant: Trois niveaux se distinguent (Stitou,2002;Hilali,2002): Un niveau inférieur représenté par du sable, graviers et conglomérats, (aquifèrephréatiqueàépaisseurvariantentre8et25m); Un niveau intermédiaire caractérisé par des sables argileux et parfois d’argileetdevase (aquitardet/ouaquicludeépaisseur maximalede30 m); Un niveau supérieur représenté par des sables, graviers, galets et limons,(aquifèrecaptifépaisseurmaximale25m). Vuladiscontinuitéetlecomportementhydrauliquedelaformation intermédiaire, dans son ensemble, l’aquifère de MartilAlila se comporte généralement comme monocouche, bien que parfois il peut être bi ou multicouches, fonctionnant comme semi captif (Stitou, 2002). Sa puissanceestd’environ80m.Lesplusgrandesépaisseursducomblement plioquaternaire sont localisées à proximité de la ville de Martil et au centredelaplaine(Hilali,2002).Lescotespiézomètriquesdelanappe atteignent12mdanssapartieorientale(Stitou,2002etHilali,2002).

L‘écoulement se fait vers la mer suivant les directions NWSE au NordetSWNEauSud,lelongdel’ouedMartil(Stitou,2002).Lesvaleurs de la transmissivité sont comprises entre 5.10 4 m²/s et 8,6.10 2 m²/s (Hilali, 2002), et le coefficient d’emmagasinement présente une valeur moyennede0,6%(DRH,1988). Le bilan hydraulique de l’aquifère aété quantifié par El Morabiti et Pulido Bosch (1993). L’alimentation principale provient des infiltrations pluviales (425 l/s), celles des eaux d’irrigation (9,5 l/s), la contribution desouedsAlilaetMartil(Plusde500l/s),desapportslatérauxoccultesà partir des paléoreliefs paléozoïques et de la Dorsale calcaire limitant la plaine (6,3 l/s). En effet, Les formations carbonatées qui entrent en contactaveccetteplaine,danssapartieouest,présdelavilledeTétouan etdanslavalléedel’ouedMartil,constituentuneformationaquifère.Elles renferment une réserve hydrique de grande importance. La présence de faillesestàl’originedessourcesdeTorretaetSamsadontledébitmoyen estde30l/s(Stitou,2002). La décharge s’effectue par le captage de l’ONEP (212 l/s) approvisionnementeneaupotablelesprélèvementsindustriels(70l/s), l’écoulementsouterrainverslamer(estiméà3l/s),l’évaporationdirecte (111l/s),etl’alimentationdel’aquifèreMartilAlila(plusde600l/s). La plaine de Martil se caractérise par un faible dénivelé et un drainage difficile, elle est ainsi soumise à des inondations hivernales qui envahissent une partie importante de sa superficie. Les sols y sont atteintsparunesalinitéliéeàl’hydromorphieetauxinfluencesdeseaux

161 marines affectant la nappe phréatique. Celle ci occupe une bonne partie delazoneurbainedelavilledeMartil. Plusieurs études ont révélé la dégradation de la qualité des eaux superficielles et souterraines de MartilAlila (DRH, 1988; El Morabiti, 1991;ElMorabitiandPulidoBosch,1993;Stitou,1995;Dahhou,1999; Stitou, 2002; Stitou et al, 2003) particulièrement en aval de Tétouan. L’étude hydrogéochimique de cet aquifère (Stitou, 2002) a montré une minéralisationcroissantedel’amontàl’aval,danslesensdel’écoulement des eaux vers la mer, avec un maximum noté dans les secteurs de Coelma et Martil. Trois types d’eaux y ont été différenciés: les eaux minéraliséesdeCoelma,cellesdulittoraldeMartil,etleseauxdoucesdu restedel’aquifère,enamontdelaviledeTétouan,lapartienordetles borduresdusystèmeaquifère.Lefacièsdeseauxdelanappeestdetype chlorurésodiquerarementbicarbonatécalcique(Hilali,2002). DanslephénomènedesalinisationdeseauxsouterrainesdeMartil Alila, la géométrie joue un rôle important. L’épaisseur maximale de l’aquifèresetrouvedanslapartiecentraleavale,cecifavoriselecontact étendueaudouceeausalée.Acetendroitéloignédelacôtel’intrusion marine prend sa grande envergure (Sitou, 2002; Hilali, 2002). Celle ci restelaprincipaleoriginedelasalinitédanslesecteurdeMartil;ailleurs ladissolutionde larochedel’aquifère,la présenced’uneéventuelleeau fossile, l’infiltration des eaux usées, de l’oued Martil (secteur Coelma), l’évaporation et un léger hydrothermalisme sont d’autres causes de la salinisationdeseauxsouterrainesdeMartilAlila(Stitou,2002).Danscet aquifère,uneétudehydrogéochimiqueréaliséeparStitou(2002)amisen évidencetroistypesd’eauenfonctiondelasalinité:secteurdeCoelma, régiondeMartiletlerestedel’aquifère IV-2. L’application de la méthode de GALDIT aux aquifères de Smir et Martil-Alila IV-2 -1. La représentation graphique des six paramètres de GALDIT

L'impactdechacundessixparamètresprécitésdel'intrusiondel'eau demeraétédécritparChachadietLoboFerreira(2001): Paramètre 1 : le type d’aquifère (G). Dans la nature, les eaux souterraines se produisent généralement dans des couches géologiques, et celles ci peuvent être confinées (captives), non confinées (libres), ou semi confinées (semi captives). Le paramètre (type d’aquifère) a une influence sur l'ampleur de l’intrusion saline. Par exemple, une nappe phréatiquelibre(nonconfinée),sousdesconditionsnaturelles,seraplus affectéeparl'intrusiondel'eaudemerqu’unaquifèreconfiné.Celuicise trouve sous un aquitard (couche de confinement très imperméable) et présenteunepressionplushautequelapressionatmosphérique.

162 Par conséquent, pour attribuer le poids (importance) à G, il faut connaître la disposition et le type de nappe de la zone d’étude. Les estimations sont généralement comme suit: un aquifère libre (non confiné)(9),confiné(10),etsemiconfiné(8). Pour la nappe de Smir, l'écoulement de l'eau souterraine est de typenonconfiné(libre)àl’aval,alorsqu’ilestsemiconfiné(semicaptif) en amont. Le paramètre G de GALDIT, représenté surla figure 49a, est estimé,respectivement,à9et8. L’aquifère de MartilAlila fonctionne comme un systèmesemi captif;Gcorrespondàlaclasse8(Fig.49b). 503 504 505 506 496 502 508

569 M N Paramètre G e Paramètre G Smir r f Paramètre G M N Paramètre G 562 é d i t e M r r a e 568 r n é M e é d i t e 558 r Martil -Alila r a n é e 567

Tétouan 0 500 m 554 0 2 Km 566

Rangée Classe Rangée Classe 550 9 Aquifère non confiné 9 Aquifère libre 108 AquifèreAquifère semi confiné confiné 10 Aquifère confiné 565 8 Aquifère semi confiné

a b FigureIII.49:ReprésentationduparamètreGdanslesaquifèresdeSmir (a)etMartilAlila(b). - Paramètre 2: la conductivité hydraulique de l’aquifère (A) exprime la facilité du matériel aquifère à laisser s’écouler l’eau. Ce paramètre est utilisépourmesurerletauxdecourantd'eaudanslanappeaquifère.C’est le résultat de la communication des pores (porosité efficace) dans les sédiments et les fractures dans les rocs consolidés. Le mouvement de l’eau de mer vers la terre est influencé par la conductivité hydraulique: pouruneconductivitéplusélevée,l’intrusiondel’eau demerseraitplus significative.Descouchesd’argileoudesdiguesprésentesparallèlementà lacôteagiraientcommeunmuràl’intrusiondel'eaudemer. Laconductivitéhydraulique(enm/j)aétédéterminéeàpartirdela formulesuivante: Transmissivité (m²/s)= Conductivité hydraulique (m/s) X épaisseur saturée (m) Une couche de confinement est une unité géologique de faible ou trèsfaibleconductivitéhydraulique(<à107 m/s)alorsquelesformations

163 considéréescommeaquifèressontcellesconstituéesdematériauxdontla conductivitéhydrauliqueexcède10 4m/s (Lefebvre,2006). La conductivité hydraulique a été estimée à partir des mesures de transmissivitérelativesauxpompagesréaliséesparlaDRHetl’épaisseur correspondante. Basé sur les données utilisées par Stitou (2002),Le paramètreAestcalculéàpartirdelatransmissivitéetl’épaisseursaturée del’aquifère: Lesvaleursdansl’aquifèredeSmirvarieraientde2à4m/j(2,3 10 5 à4,610 5 m/s)danslapartieorientaledecesystème,entre10et 20m/j(1210 5 à2310 5 m/s)danslesecteurcentral,etsupérieurà100 m/j(11610 5 m/s)danslapartieaval,auniveaudelamerja. PourMartilAlila,l’évaluationdelaconductivitéhydrauliqueestfaite àpartirdesdonnéesutiliséesparHilali(2002),laconductivitéhydraulique adesvaleurs:del’ordrede2m/j(2,310 5 m/s),danslapartiecentrale; 4,30m/j(510 5 m/s)auNordOuestdecesystème;100m/j(11610 5 m/s)danslarégiondeMartilet180m/j(20811610 5 m/s)enamont deTétouan. Les estimations du paramètre (A) de GALDIT pour Smir et Martil Alila sont représentées sur les figures50aet 50b. Larangée de2 aété attribuéeàuneconductivitéhydrauliqueallantde2à5m/j,5auxvaleurs comprisesentre10et20,etcellede10pourtouteconductivitédépassant 81m/j.

503 504 505 506 496 502 508 Smir 569 M N ParamètreParamètre A A Paramètre A e r f Paramètre A M

N é 562 d i t e

M r r a e 568 n r é M e é d Martil -Alila i t e 558 r r a n é e 567

0 500 m Tétouan 554 0 2 Km 566 Rangée Classe Rangée Classe 550 2 2 (2 (2 - 4– m/j)5 m/j) 22 (2 –(2-4 5 m/j)m/j) 5 (10 - 20 m/j) 565 10 ( > 81 m/j) 10 ( > 81 m/j)

a b

FigureIII.50:ReprésentationduparamètreAdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b).

Paramètre 3 :La cote de la nappe en dessous du niveau de la mer (L). Le niveaudeseauxsouterrainesparrapportauniveaumoyendelamerest 164 unfacteurtrèsimportantdansl'évaluationdel'intrusionsalinedansune région parce qu'il détermine la possibilité de la pression hydraulique à pousser le front de cette pénétration d’eau salée en arrière vers la mer. Dans les estimations de (L), l’examen de la variation temporelle à long termedesniveauxdelanappedanslarégionestimportant. Généralement les valeurs qui concernent les cotes minimales d'eau en dessous du niveau de la mer restent les plus significatives, car elles fourniraient la plus forte vulnérabilité possible à cette intrusion d’eau marine. Dans cette étude seront prises en considération les cartes piézomètriquesétabliesparStitou(2002);ellessontrelativesàlapériode d’étiage:celledemai1997pourl’aquifèredeSmir(Fig51a)etcellede septembre1998pourlanappedeMartilAlila(Fig51b). La hauteur projetée du niveau de la mer est calculée en faisant la soustraction de la hauteur d’élévation du niveau de la mer et les différentes cotes piézométriques de l’aquifére, ceci permet ensuite de représenter les niveaux piézométriques relatifs à chaque scénario d’élévationpotentielleduniveaudelamer. 503 504 505 506 496 502 508

N 569 M f Smir 10 e 6 11 r

M 562 N 5

8 é M d e i t r e 8 M r 7 r é 568 a 6 2 0 d n 5 i é t Martil -Alila -1 e e r 4 1 r 8 0 556 a 4 n é 1 3 e 2 3 567 2

554 6 5 7 3 0 500 m 4 Tétouan 7 566 5 9 6 5 6 7 8 9 0 2km 550

565 ab FigureIII.51:Cartespiézomètriquesrelativesàlapérioded’étiage,(Stitou (2002). - Cartes de Mai 1997 pour Smir et celle de Septembre 1998 pour Martil-Alila.

Un premier scénario de l’état actuel de la hauteur du niveau des eauxsouterrainesparrapportauniveaumoyendelamerestreprésenté sur les figures 52a et 52b. Ensuite quatre autres scénarios supplémentairesontétéproposés;ilscorrespondent:(i)àuneélévation du niveau de la mer sans accélération (scénario de base) d’ici 2050 et 2100 (Fig. 53 et 55), et (ii) à une remontée accélérée du niveau marin pourlesmêmeshorizons(Fig.54et56). Leparamètre(L)estreprésentésurlesfigures52,53,54,55et56.

165 Lesrangéesde(L)ontpourvaleurs:10pourlesniveauxinférieursà1m, 6pourlesclassesde1à2m,et2pourdescotessupérieuresà2m. 404 506 496 502 508 N Paramètre L N Scénario 1: état actuel du f Paramètre L M 562 niveau moyen de la mer e Scénrio 1: état actuel r

M M du niveau de la mer é e d i r 568 t e M r r é a d Rangée Classe n i é t 8 1 e e 556 r r a > 2 m 1 n 2 é e 567 2 6 1 - 2 m Smir 10 <1 m 3 554 4 Rangée Classe Tétouan 5 566 2 > 2 m 0 2km

6 1 - 2 m 550 500 m 10 < 1 m 0 Martil -Alila FigureIII.52:ReprésentationduparamètreLdanslesaquifèresdeSmir (a)etMartilAlila(b)Premierscénariodel’étatactuelduniveaumarin. 404 506 496 508 Paramètre L N N Scénario 2: remontée du niveau Smir Paramètre L f 562 de la mer ( sans accélération) Scénario 2: Remontée du niveau en 2050. M M de la mer ( sans accélération) e e r

r en 2050 M 568 M é é d 2 d i t i e t e r r Rangée Classe r 556 r a a n n 1 é é e e 2 > 2 m 3 567 6 1 - 2 m

554 Rangée Classe 10 < 1 m Tétouan 2 > 2 m 566 0 2km 6 1 - 2 m

10 < 1 m 550 0 500 m Martil -Alila a b FigureIII.53:ReprésentationduparamètreLdanslesaquifèresdeSmir (a) et MartilAlila (b) Second scénario d’ici 2050, sans accélération d’élévationduniveaudelamer. 166 404 506 496 502 508 Paramètre L N N Scénario 3 : + 0,47 m en 2050 f Paramètre L 562 Scénario 3: + 0,47m en 2050 M M e e r r 568 M M é é d d i i t t e e r r 556 r r a a n Rangée Classe n é é e e 567 2 > 2 m

6 1 - 2 m Smir 3 554 10 < 1 m 4 Rangée Classe Tétouan 566 2 > 2 m 0 2km

6 1 - 2 m 0 500 m Martil -Alila 550 10 <1m a b FigureIII.54:ReprésentationduparamètreLdanslesaquifèresdeSmir (a) et MartilAlila (b) Troisième Scénario d’une élévation accélérée du niveaude lamer(+0,47m),d’ici2050. 404 506 496 508 Paramètre L N N Paramètre L Scénario 4: remontée u niveau f de la mer (sans accélération ) 562 en 2100. Scénario 4: Remontée du niveau M de la mer ( sans accélération) e M r 568 en 2100 e M r

é M d é i t d e i r t 556 1 r Rangée Classe e a r n r é a e n 2 > 2 m é Smir 567 e 6 1 - 2 m

554 Rangée Classe 10 < 1 m Tétouan 2 > 2 m 566 0 2km 6 1-2 m

550 10 < 1 m 0 500 m Martil -Alila a b FigureIII.55:ReprésentationduparamètreLdanslesaquifèresdeSmir(a) etMartilAlila(b)Quatrièmescénariod’ici2100,sansaccélérationduniveau delamer(+0,27m). 167 404 506 496 508 N Paramètre L N Scénario 5 : Remontée accélérée du f 562 niveau de la mer, en 2100. Paramètre L

M ( +1,15 m) M Scénario 5: remontée accélérée du e e r r 568 niveau de la mer en 2100 M M é é (+1,15 m) d d i i t t e e 556 r r r r a a n n é é e e 567 Rangée Classe

2 > 2 m 554 Rangée Classe 6 1 - 2 m Tétouan 2 > 2 m 1O < 1 m 566 0 2km 6 1 - 2 m

10 < 1 m Martil -Alila 550 Smir 0 500 m a b FigureIII.56:ReprésentationduparamètreLdanslesaquifèresde Smir(a)etMartilAlila(b)Cinquièmescénarioavecaccélérationdu niveaudelamerd’ici2100(1,15m) Paramètre 4 :La distance par rapport au rivage (D). L'impactdel’intrusion de l'eau de mer diminue généralement quand on se déplace du rivage vers l’intérieur.Ceparamètreaétéestimésuivanttroisdistances(500m,750m et1000m)perpendiculairesàlalignedecôteetauxcoursd’eaudesoueds, Smir,Alila(Mellah)etMartil.L'estimationmaximalede10estadoptéepour la distance inférieure à 500 m de la côte, alors que la minimale (2) est attribuéepourtoutescellessupérieuresà1001m.Lesvaleurde5et3sont données,respectivement,auxdistancesde500à750metde750à1000m. LarépartitionduparamètreDdeGALDITdesaquifèresdeSmiretMartil Alilaestreprésentéesurlesfigures57aet57b. 503 504 505 506 496 508 N N 569 Paramètre D f Paramètre D 562

M M Rangée Classe e e 568 r r M M é é 2 > 1000 m d d 556 i i t t e e r r r a r 3 1000 - 750 m a n n é e 567 é 6 750 - 500 m e Classe Rangée 10 > 500 m 554 2 > 1000 m 566 Tétouan 3 1000 - 750 m 0 2km

6 750 - 500 m 0 500 m 550 565 10 < 500 m Smir Martil -Alila a b FigureIII.57:ReprésentationduparamètreDdanslesaquifèresdeSmir (a)etMartilAlila(b).

168 Paramètre 5 : L’impact de l'intrusion saline présente dans la zone d’étude (I) .Pour évaluerceparamètre,lerapportdeCl /HCO 3 +CO 3 estdéterminédanslessecteursoùlesconcentrationsdecesdeuxanions sont disponibles. La distribution de ce paramètre GALDIT est présentée surlesfigures58aet58b.Lesrapports,utiliséspourlacartographiedece paramètre,sontnotéssurlestableauxBetCenannexe.

Les deux régions cartographiées sont invariablement sous stress; celuiciadéjàmodifiélabalancehydrauliquenaturelleentreeaudemer et eau douce. Ce fait devrait être considéré en cartographiant la vulnérabilité de chaque nappe aquifère à une intrusion saline. Trois estimations distinctes peuvent être notées:(a) régions déjà introduites par l'eau de mer durant toutes les saisons ou bien un rapport de Cl / (HCO 3 +CO 3 )dansl’eauestplusgrandque2,(b)régionsoùl'intrusion del'eaudemersaisonnièreprédomineoubienl'eaumontreunrapportde Cl / (HCO 3 + CO 3 ) variant entre 1.5 et 2, et (iii) régions où aucune intrusiondel'eaudemern'aététémoignéedanslepasséavecunrapport de Cl / (HCO 3 + CO 3 ) moins de 1.5. L'information pour l'estimation précitée,estobtenueàpartirdesdonnéesdel'analysechimiquedeseaux desaquifèresétudiésàpartirdestravauxdeStitou,(2002).D’aprèscet auteur,lapositiondel’interfaceeaudouce–eausaléesetrouve: àunedistanceapproximativede800met1500mdelalignedecôte. Lesvaleursmaximalessontenregistréesdanslessecteurscôtierscentral etnorddeSmir. PourlesystèmedeMartilAlila,elleesttrèséloignéedelacôte(vers5 Km)danslesecteurdeMartiletvers2,5Kmdelacôtedanslarégionde Alila. Lesdirectionspréférentiellesdel’intrusionmarineselocalisentlelongdes oueds,essentiellementlelongdel’ouedMartil. 508 404 506 496 N N Paramètre I f 562 Paramètre I M M e e r

r 568 M

M é d é i di Rangée Classe t e 556 t r er r a r n anée 2 < 1,5 é e 567 5 1, 5 - 2

10 > 2 554 Rangée Classe Tétouan 2 < 1,5 566 0 2km 6 1,5 - 2 Smir Martil -Alila 550 10 > 2 m 0 500 m a b FigureIII.58:ReprésentationduparamètreIdanslesaquifèresdeSmir (a)etMartilAlila(b).

169 Le secteur littoral de Smir est déjà affecté par la salinisation due particulièrement à l’invasion marine (Stitou, 2002). En outre, les fortes valeursduparamètre(I) enregistréesdanslapartienordouestetauSud sont la conséquence de l’infiltration des eaux usées et du retour à la nappe des eaux d’irrigation. En outre, la distribution spatiale est représentative d’une alimentation latérale de l’aquifère à partir de l’infiltrationdeseauxsaléesdel’ouedSmir.Ilyadeuxcatégoriesd’eau dans l’aquifère de Smir: les eaux minéralisées dans le secteur côtier et leseauxdoucesdanslerestedel’aquifère. L’épaisseur maximale de l’aquifère Martil_Alila localisée dans sa partie centrale le long de la côte, favorise le contact étendu des eaux douces et salées d’où une intrusion saline plus marquée (Hilali, 2002, Stitou, 2002). Dans le reste de la nappe, le pompage élevé, les faibles précipitationsetlagrandeperméabilitédesformationsdétritiqueslelong dulittoralsontlesprincipalescausesdel’avancéedubiseausalé. Paramètre 6 : L’épaisseur de la nappe phréatique (T) ou l’épaisseur saturée d'un aquifère, joue un rôle important dans la détermination de l'ampleuretdelamagnituded'intrusionsalinedanslesrégionscôtières.Il estbienétabliqueplusl'épaisseurdelanappeaquifèreestgrande,plus l'extensiondesapportsdel'intrusionsalineestimportanteetviceversa. Engardantcecicommeunedirective,selonChachadietLoboFerreira, (2001), (1) est donné pour les aquifères moins de 1 m d'épaisseur et cetteestimationaugmenteparunfacteurde1pourchaqueaugmentation de1mdel'épaisseurdelanappeaquifèrejusqu'à8m.Pourlesnappes aquifèresde8à10md'épaisseur,uneestimationde9estdonnée;au delàde10.1m,uneestimationconstantede10estutilisée(voirTableau Aenannexe). Les systèmes aquifères de Smir et MartilAlila sont des nappes dont l’épaisseur maximale atteint, respectivement les 25 et 80mètres, donc unevaleurde10aétéestiméepourlesdeuxaquifères(Fig.59). 404 506 N 496 508 f Paramètre T N 562 M Paramètre T M

e e r r M M 568 é é d d i t i e t e r r r a r n 556 a é n e é Rangée Classe e 567 10 > 10 m

554 0 500 m Tétouan 566 Rangée Classe 0 2km 10 > 10 m Smir Martil -Alila 550

FigureIII.59:ReprésentationduparamètreTdanslesaquifèresdeSmir (a)etMartilAlila(b).

170 IV-2-2. L’indice de GALDIT sous les conditions actuelles et futures du niveau de la mer Ensuperposantlesdifférentescouchesdesparamètresdéfinispour chaqueaquifèreetencalculantlesindicesdeGALDIT,ilestalorspossible d'identifier des régions qui sont susceptibles d’être affectées par une intrusionsalinepotentielle. La représentation cartographique de l’indice de GALDIT pour les différentsscénariosdel’élévationduniveaudelamer,estfaiteenmode vecteur,grâceaulogicielMapInfo(SIG).LesindicesdeGALDITmontrent unefortevulnérabilitédusecteuravaldesdeuxaquifèresàuneintrusion saline: a- Scénario 1 : L’état actuel du niveau de la mer (figure 60).

L’aquifèredeSmirmontreunefortevulnérabilitédetoutelapartie aval, avec une intrusion plus importante aux alentours de l’embouchure de l’oued Smir (Fig. 60a). Selon la méthode de GALDIT, le front salé se trouvepratiquementàunedistancedelacôtede800met1300m,ces valeurs sont à peu prés similaires à celles estimées par Stitou (2002) – 800 m et 1500m Il correspond à un indice supérieur à 90 (classe très vulnérable). PourMartilAlila,unefortevulnérabilitéàl’intrusionsalineestnotée danslazonecôtièredeMartilAlila,avecunevulnérabilitéplusmodérée dans la zone amont. Le biseau salé atteint, d’après l’indice de GALDIT, 2000mdanslesecteurAlilaetenviron3600mdanslarégiondel’oued Martil.Lafigue60bmontreunevulnérabilitédelazonelelongdel’oued Martil. 496 508 404 506 N Scénario 1: Niveau actuel de la mer N f 562 Scénario 1: Niveau actuel M

e de la mer M r e M r 568 é M

d é i Indice de GALDIT t d e i t r e 556 r r a r n 30-50 Modérement vulnérable a é n é e e 567 50-90 Vulnérable

> 90 Trés vulnérable 554 Smir Tétouan 566 0 Indice de GALDIT 2km

50-90 Vulnérable 550 0 500 m > 90 trés vulnérable Martil -Alila a b FigureIII.60:IndicedeGALDITdesaquifèresdeSmiretMartilAlilaselon lescénarioduniveaumarinactuel. 171 b- Scénario de base : D’ici 2050 (+0,15 m) et 2100 (+0,27 m), sans accélération de la montée du niveau de la mer.

Lesfigures61et62montrentqued’ici2050,unenetteextensionde l’intrusionsalineversl’intérieurdesterresaffecterait: 35% de la superficie de l’aquifère de Smir pour un scénario sans accélérationdelahausseduniveaudelamer,et45%encasd’élévation accéléréeduniveaumarin.Cettecontaminationdeseauxsouterrainesde Smir se ferait particulièrement dans le secteur nord au niveau de l’embouchuredel’ouedSmir. 25%delasuperficiedel’aquifèredeMartilAlilamontreraientuneforte vulnérabilité à l’intrusion saline en cas d’élévation du niveau marin d’ici 2050; 48 % deviendraient vulnérables, et le reste de la nappe serait modérément vulnérable. Mais en cas d’accélération de la hausse du niveaudeseauxmarines,lazoneàfortevulnérabilitéàl’intrusionsaline affecterait 30 % de l’aquifère et 51 % deviendraient vulnérables à une contamination par les eaux salées, alors que la zone modérément vulnérablevaserétrécirà19%.Cellecisesituedanslapartieamontet auNordOuestdel’aquifère.Leszonesvulnérablesseconcentrentlelong de la zone côtière et s’étendraient dans les zones fluviales, le long des ouedsALila(Mellah)etMartil. c- Scénario à hypothèse haute d’élévation du niveau de la mer : d’ici 2050 (0,47m) et 2100 (1,15m). L’extensionmaximaledel’intrusionsalinedanslesaquifèresdeSmir etMartilAlila,peutêtreobservéesurlesfigures63et64,enréponseà unniveau d’eauplushaut prévupouruneélévationaccéléréeduniveau marind’ici2050et2100: ASmir,l’avancéedufrontsaléatteindraitenviron1,7kmàl’intérieurde la plaine d’ici 2050, et 2 Km en 2100. La salinisation toucherait environ 45% des eaux souterraines d’ici 2050 et 52 % en 2100. Elle serait plus marquéedanslapartienorddel’aquifèrelelongdel’ouedSmir. A MartilAlila, 30 % à 46% de la superficie de l’aquifère serait très vulnérable particulièrement le long de la zone côtière, à une contaminationdeseauxsalées,respectivementen2050et2100.Et48% à 51% deviendraient vulnérables à l’intrusion saline en 2050 et 2100; elles occuperaient les zones situées le long des oueds de Martil et Alila. L’avancée de l’intrusion saline atteindrait 3,7 Km d’ici 2050 etenviron 4 Kmlelongdelazonelittoraleen2100. L’application des différents scénarios suivant le paramètre L hauteurduniveaupiézométriquemontrentlarépartitionàdeséchelles temporelles

172 506 404 496 508 N Scénario 2: Niveau de la mer N f de 0,15 m ( en 2050) 562 Scénario 2: Niveau de la mer M

e de 0,15 m ( en 2050) M r 568 M e r

é M d i Indice de GALDIT é t e d r i 556 r t a e n r r é 30-50 Modérement vulnérable a e n é 567 e 50-90 Vulnérable Smi r > 90 Trés vulnérable 554 Tétouan 566 Indice de GALDIT 0 2km

50-90 Vulnérable 550 > 90 trés vulnérable 0 500 m Martil -Alila a b FigureIII.61:IndicedeGALDITdesaquifèresdeSmiretMartilAlilaselon le scénario de base: sans accélération d’élévation du niveau de la mer d’ici2050. 404 506 496 508 Scénario 3: Niveau de la mer N N de 0,27 m (en 2100) - f 562 Sans accélération- Scénario 3: Niveau de la mer M e r M de 0,27m ( en 2100) M e é r 568 - Sans accélération- d M i t é e d r i r t a e Indice de GALDIT n r 556 r é a e n é 30-50 Modérement vulnérable e 567 50-90 Vulnérable Smir > 90 Trés vulnérable 554 Tétouan 566 Indice de GALDIT 0 2km

50-90 Vulnérable Martil -Alila 0 500 m 550 > 90 trés vulnérable a b FigureIII.62:IndicedeGALDITdesaquifèresdeSmiretMartilAlilaselon le scénario de base: sans accélération d’élévation du niveau de la mer d’ici2100. 173 508 404 506 496 N Scénario 4: Niveau de la mer N de 0,47 m (en 2O5O) f 562 M - Hypothèse haute- Scénario 4: Niveau de la mer e r

M de 0,47m ( en 2050) M é e d r 568 - Hypothèse haute- i t M e r é r a d Indice de GALDIT n i 556 t é e e r r a 30-50 Modérement vulnérable n é e 567 50-90 Vulnérable Smir > 90 Trés vulnérable 554 Tétouan 566 0 2km Indice de GALDIT

50-90 Vulnérable Martil -Alila 550 > 90 trés vulnérable 0 500 m a b Figure III.63 : Indice de GALDIT des aquifères de Smir et Martil –Alila selonlescénariod’élévationniveaumarinen2050(hypothèsehaute). 404 506 Scénario 5: Niveau de la mer 496 508 N N de ,1,15 m (en 2100) f 562 - Hypothèse haute- Scénario 5: Niveau de la mer M e r M de 1,15 m ( en 2100) M e r - Hypothèse haute- é 568 d M i t é e d r i r t a e Indice de GALDIT n r 556 r é a e n é 30-50 Modérement vulnérable e 567 50-90 Vulnérable

> 90 Trés vulnérable 554 Smir Tétouan 566 Indice de GALDIT 0 2km

50-90 Vulnérable 550 > 90 trés vulnérable 0 500 m Martil -Alila a b FigureIII.64:IndicedeGALDITdesaquifèresdeSmiretMartil–Alilaselon lescénariod’élévationniveaumarinen2100(hypothèsehaute).

174 et spatiales, l'impact de l’intrusion saline prévue suite à la montée du niveaudelamer. Avecuneforteremontéedeseauxmarinesdanslesystèmedescordons littorauxetdesoueds,lesbiseauxsalésvontprogressertrèsrapidement etl’interfaceeaudouce/eausaléeva remonterversl’intérieur,réduisant ainsi l’épaisseur de la réserve phréatique d’eau douce en une eau saumâtre.Lasalinisationdel’ensembledupotentield'eaudouceaussi biendesurfacequedeprofondeurserarapide.Labaissedesniveauxdes nappesphréatiquesseraitunrisquemajeur. Danslesdeuxaquifères,lapositiondel’intrusionsalineestvariable d’un secteur à l’autre, cela est en relation directe avec les changements lithologiques et la situation des oueds. Ces nappes phréatiques connaissent déjà un début d’intrusion saline démontrée par plusieurs analysesd’eauxsouterraines(DRHL,1988;Stitou,2002;Hilali,2002);et d’aprèslaméthodeadoptéedanscetteétude,ilestcertainquelesvaleurs de recul de l’interface eau douce eau salée et la salinisation des eaux souterraines augmenteront progressivement avec les perspectives de l’élévationduniveaumarin.Cetteétudepermetaussid’évaluerl’impact négatifd’unesurexploitationdecesnappesphréatiquesquiaffecteraitle niveau régional des aquifères (baisse de la cote piézométrique) et provoqueraitlemêmeeffet:uneavancéedel’intrusionsaline. Le pompage intensif d'eau douce provoque l'intrusion de l'eau de mer,salée,àl'intérieurdesterresprovoquantunecontaminationquipeut être souvent irréversible sur plusieurs décennies. D'où la nécessité de surveiller en permanence les paramètres physicochimiques liés à l'intrusionmarinepouréviterunesalinisationgénéraledelanappe.Les pouvoirspublicssontconscientsdurisque. Lesremèdeslesplusefficacesconsistentàréduirelesprélèvements, et, à défaut, recharger la nappe côtière, par des dérivations d'eau de surface.Lanappeainsi«rechargée»constitueunebarrièrehydraulique contrel’intrusiondeseauxmarines. V –CONSEQUENCES DE L’AVANCEE DE L’INTRUSION SALINE

L’intrusionsalineestiméepourlesprochainesdécenniesseraitplus accentuée pour les deux aquifères côtiers Smir et MartilAlila, vu le nombre de projets de construction prévus dans les plaines, les barrages programmés sur les cours d’eau, la baisse des précipitations en cas de sécheresse prolongée et de pénurie d’eau, ainsi qu’une surexploitation des eaux douces souterraines. La magnitude des conséquences d’un tel phénomène reste fortement liée à l’intensité des changements climatiques, à la vitesse de la hausse du niveau marin et à l’impact anthropique. En effet, sous l’effet d’une surexploitation de la nappe, la zone de transition eau douce/eau salée subirait un déplacement d’ensembleversl’intérieurdesterres.

175

L’intrusiondel’eausaléeestundangerréelpourleszonescôtières. Plusieurseffetsindésirablesaffecteraientcelittoral: Pendantqueleniveaudelameraugmente,l’eaudemerpénètreraplus loinenamontdanslesoueds.Uneavancéeplusimportanteducoinsalé est prévue dans l’embouchure des oueds Mellah et Martil. En outre la lagunedeSmirvaconnaîtreuneimportantesalinisationdeseseaux; -Setrouveraientmenacéségalement,lesaquifèresd’eaudoucequisont une ressource pour l’alimentation des populations mais aussi pour l’irrigation. La salinisation de l’ensemble du potentiel d'eau douce aussi biendesurfacequesouterraineserarapide.Lesystèmed’adductiond’eau encours,s’ilcontinued’êtrealimentéparlesmêmespuits,neprocurera quedel’eausaléeavecdesrisquesdepénurieeneaudouce. Lasalinisationdessolsseraitstressantepourdenombreusesculturesde base; elle perturberait les ressources agricoles et entraînerait des modifications dans la composition de la flore et de la faune qui les peuplent. Cerisqued’intrusionsalinepourraitêtreatténuépar,unemeilleure gestion des ressources en eau de ces deux bassins, en limitant au maximuml’exploitationdeseauxsouterrainescôtièresetenfavorisantla recharge artificielle de ces aquifères par les eaux superficielles disponibles. V- CONCLUSION

En dépit des variations des caractéristiques sédimentologiques, la situationdesaquifèresdeSmiretMartilAlilaàproximitédelamerestà peineendessousduniveaudelamer,lesrendparticulièrementsensibles àuneélévationeustatiquemarineetparconséquentaurisqued’intrusion saline. Ce sont des aquifères de type semi captif à libre et leur remplissage, constitués de formations détritiques Plioquaternaires. Ces nappesconnaissentdéjàl’avancéedel’interfaceeaudouceeausaléedue particulièrement au pompage intensif et à une sécheresse prolongée. L’élévation accélérée du niveau de la mer prévue pour les prochaines années accentuerait la vulnérabilité de ces nappes à l’intrusion d’eau salée. La méthode GALDIT développée par Chachadi et LoboFerreira (2001)apermisd’évaluerl'impactdelamontéeduniveaudelamersur la salinisation des eaux par la remontée du biseau salé.: La nappe de Smir présente une vulnérabilité à l’intrusion saline sur l’ensemble de l’aquifèreavecunefortrisquedecontaminationpourlazoneaval.Pourla nappe de Martil, la vulnérabilité à une intrusion saline serait de plus en plusintenselelongdurivageetdesoueds:MartiletAlila. 176 Lasalinisationdeseauxdecesaquifèresseraitplusimportanteen casderemontéeaccéléréeduniveaudelamer,unesurexploitationdes eauxsouterrainesetunesécheresseprolongée. Letauxd'intrusiond'eaudemerestunproblèmeimportantdansla gestion des couches de l’aquifère côtier. Il est habituellement surveillé danslespuitsd'observationetdepompagedanslesquelsl'élévationdela salinité serait interprétative comme une intrusion d'eau de mer. L’actualisation des données et l’établissement de cartes dérivées de la méthode GALDIT peuvent être utilisées comme un outil, pour une meilleure gestion des ressources des eaux souterraines côtières et une surveillancedel’intrusionsalinedanscesnappes,aufuretàmesureque lamermonte.Enoutre,lescartesélaboréespourrontégalementservirà l’élaboration du futur schéma d’aménagement des zones côtières (ports, activitéstouristiques,zonesurbaines,etc…)decettepartieduMaroc. 177

CHAPITRE 4 : IMPACTS DE L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER SUR LES ECOSYSTEMES DU LITTORAL DE TETOUAN : RISQUE ECOSYSTEMIQUE

178 Chapitre 4 : IMPACTS DE L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER SUR LES ECOSYSTEMES DU LITTORAL DE TETOUAN : RISQUE ECOSYSTEMIQUE.

I- INTRODUCTION L’étude des impacts physiques d’une élévation accélérée du niveau de la mer sur le littoral de Tétouan a montré que trois types d’effets potentiels affecteraient cet espace côtier: une érosion accrue, une submersion de zone précédemment hors d'atteinte de la mer et une salinisation des eaux souterraines. Il est très vraisemblable que la biodiversitétrèsricheetlesécosystèmestrèsvariésdecettecôteseraient également affectés par ces impacts. L’acquisition sur le long terme de données écologiques permettrait de mieux analyser l’impact du changement climatique et de la remontée du niveau marin sur ses écosystèmesetleurscontenusfloristiqueetfaunistique. Danscechapitre,nousnouscontenteronsd’analysersuccinctement les impacts potentiels de l’élévation du niveau de la mer, des risques d’inondations et d’intrusion saline sur les principaux écosystèmes de ce littoral.

II- REMONTEE DU NIVEAU DE LA MER ET ECOSYSTEMES COTIERS

Dans de nombreuses régions côtières, plusieurs facteurs ont entraînédeschangementsrapidesquiontradicalementmodifiélaviabilité potentielle à long terme des écosystèmes côtiers et des services qu’ils fournissent. Il est par ailleurs de plus en plus probable que les impacts actuels sur les écosystèmes côtiers vont à l’avenir s’aggraver avec le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer. Certaines espèces et plusieurs écosystèmes ont déjà commencé à réagir au réchauffementdelaplanète.

Lesécosystèmescôtiersetladiversitébiologiquesontd’unevaleur considérablesurlesplansenvironnemental,économiqueetculturel.Leur composition et leur répartition géographique évolueront au fur et à mesure que les différentes espèces réagiront aux nouvelles conditions créées par les modifications prévues. Parallèlement, les habitats pourraient se dégrader et se fragmenter sous l’effet d’autres pressions humaines. Les espèces qui ne peuvent s’adapter assez rapidement risquentdedisparaître,cequireprésenteraituneperteirréversible. Certains milieux peuvent évoluer suffisamment vite avec l’élévation du niveau de la mer et les conséquences potentielles qui en découleraient, maisrisquentd’êtreendommagésparleréchauffementdelatempérature del’eau. 179 Les menaces liées à la conjoncture des phénomènes physiques se manifesteraientpardifférentschangements: L’érosion côtière due à une remontée rapide du niveau marin et à un stock sédimentaire déficient (faible apport et dégradation des dunes), réduirait la largeur des plages. Celles ci pourraient complètement disparaîtresilehautdeplageesturbanisé. L’inondation provoquerait une salinisation des eaux et par conséquent, les écosystèmes submergés verront leur biotope et biocoenose changés radicalement. L'hydrogéologie des zones basses souvent formées d'alluvions sédimentaires perméables peut aussi être modifiée, avec un accroissement de la salinité des la eaux souterraines. Les conséquences surlavégétationpeuventêtreconsidérablesmêmepourdessurélévations décimétriques. Certains écosystèmes côtiers sont de plus en plus menacés par la pression croissante du développement et par les politiques de gestion à courttermeaxéessurlesactivitéshumainesplutôtquesurlessystèmes quilessoutiennent.Cesactionsanthropiquespeuventlimiterlepotentiel d’adaptation naturelle de ces milieux aux changements climatiques. Dégradés,ilsserontmoinscapablesdes’adapterauxvariationsduclimat prévuesetd’évolueraufuretàmesurequelamermonte. Ainsi,leschangementsclimatiquesetl'élévationduniveaudelamer aurontunimpactimportantsurl’évolutiondesécosystèmescôtiers,surle déplacementdesbiotopesetlamortalitédelaflorecommedelafaune. Detellesrépercussionsnepourrontêtremieuxcomprisesqu'àlalumière d'un examen minutieux des conditions le long de la côte, ce qui sort du cadre de notre travail. Néanmoins nous tenterons d’identifier sans les quantifierlesdifférentsimpactspotentiels.

III- IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DE L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER SUR LES PRINCIPAUX SYSTEMES ECOLOGIQUES DU LITTORAL. III-1. L’écosystème forestier

Lesmassifsforestiersde81km²constituentactuellement35%de la zone d’étude. Ils ont une importance du point de vue écologique et paysager, en diversifiant la mosaïque du littoral de Tétouan et en ponctuant les vastes milieux ouverts. Les plus représentatifs sont implantéssurlesreliefsdeKoudiatTaiforetjbelZemZem(Chêneliège, Oléastre, Pin d’Alep, Pin Pignon, Pin maritime, Chêne liège, Eucalyptus, Lentisque, Acacia et Cistes), et sur quelques dunes (Genièvre rouge, 180 Tamaris,Acacia,LentisqueetEucalyptus)(SDAULTT,1993et1998).Les espaces boisés de Tétouan, à l’instar des forêts méditerranéennes, tiennentuneplacemajeuredanslefonctionnementdesécosystèmesetla préservation de l’environnement naturel, en contribuant fortement à la conservationdessols,deseauxetdeladiversitébiologique.Néanmoins, une partie du domaine forestier sera remplacée par l’extension des culturesetl’urbanisationdurantlesprochainesannées.Eneffet,d’après les futurs projets prévus sur ce littoral (SDAULTT, 1998), le couvert forestiern’occuperaitque55Km²,environ25%delazoned’étude(Fig. 65). D’aprèslePNUEetUNFCCC(2001),lesforêtss’adaptentlentement aux nouvelles conditions climatiques. Les relevés, les expériences et les modèlesmontrentqu’uneaugmentationconstantede1°Cseulementdes températures planétaires moyennes, affecterait le comportement et la composition de ces écosystèmes. La combinaison des espèces dans les domainesforestiersexistantssemodifiera,alorsquedenouvellesforêts, et par conséquent de nouveaux écosystèmes, pourraient apparaître. Les autres stress dus au réchauffement comprendront notamment l’augmentation des ravageurs, des agents pathogènes et des incendies. Quant à l’élévation du niveau de la mer, les forêts littorales lui seront relativementpeuvulnérables. SurlelittoraldeTétouan,lesrisquesd’inondationtoucheraiententre 7 et 58 % du couvert forestier pour, respectivement, des niveaux d’eau minimum(5m)etmaximum(10m)(Tabl.21). III-2. Les zones humides

- Les embouchures: Uneaugmentationduniveaudelamerpourraitavoir plusieurs effets sur les oueds qui incluent une augmentation de la profondeurdel'eauenaval(plusprèsdel’embouchure),unediminution de la vitesse du courant et une capacité accrue de transporter les sédiments (sable, roches, etc). Ces changements pourraient éventuellement finir par réduire la capacité du lit de l’oued et ainsi augmenter la fréquence et la sévérité des inondations. L’introduction davantage de l'eau salée en amont pourra éventuellement finir par contaminer les sources d'eau potable et entraîner certains organismes à un besoin d'adaptation à ce changement. Le flux des oueds dans ces régions est très sensible aux modifications des précipitations; un certain pourcentageenvariationspeutprovoquerunchangementenapportbien plusimportant. Les embouchures des oueds Fnidek, Négro, Smir, Mellah (Alila), MartiletAzlapourraientsubiruneintrusionsalineplusprononcéeencas de remontée du niveau de la mer. Une pénétration plus importante des eaux salées réduira les zones de reproduction (hydrodynamisme trop importantetpénétrationdes prédateursmarins).

181 490 500 510 585  N od. Fnidek

od. Négro

Légende M e r

Plans d'eau M 575 é d i Marais t e r r a Oued (od.) n Lagune Smir é e Forêt 565 Plage Falaise

Centre urbain od. Mellah

Limite de la od. Martil zone d'étude 555 Lac Sidi TETOUAN Abdessalam NI minimum od. Azla NI maximum 0 2 4 Km

Figure III. 65 : Localisation du domaine forestier dans la zone d’étude:LittoraldeTétouan Superficiesperduesparunrisque Superficies Superficies d’inondation(enKm²et%**) actuelles projetées Niveau Niveaud’inondation (enKm²et (enKm²et d’inondation Maximum(10m) %*) %*) Minimum(5m) Forêtet 81Km² 55km² 4Km² 32km² broussaille (35%) (24%)* (7%) (58%) Tableau III. 21: Superficies (en Km²) des écosystèmes forestiers du littoral de Tétouan– de Fnidek à Azla actuelles, projetées et celles susceptiblesd’êtretouchéessuiteàunrisqued’inondation(*en%:dela superficie totale de la zone d’étude; ** en % de l’unité cartographique concernée). 182 - La lagune de Smir et les marais : LazonehumidedeSmir(Fig.64)est uncomplexequienglobelagune,les maraisadjacents,etlecoursd’eau de l’oued Smir jusqu’au barrage. Ce complexe constitue l’unique site représentant des zones humides de la façade méditerranéenne du Rif occidental. Il présente également un intérêt socioculturel indéniable et constitue une source de vie pour une population riveraine assez importante. Cetécosystèmeafaitl’objetdenombreuxtravauxsynthétisésparBayed etScapini(2005).Ilabritedenombreuxhabitatsd’intérêtcommunautaire etdiversesespècesvégétalesraresetmenacées,ilpermetlareproduction et la circulation des espèces marines, et il est le siège d’une intense productivitébiologique(Dakkietal., 2005).Sadynamiquecomplexeest en interdépendance avec le système littoral d’une part, et le bassin versantd’autrepart.Parailleurs,lalaguneentretientuneétroiterelation avec les marges humides (marais), l’ensemble constituant une unité écologiquefonctionnelle. Une élévation du niveau de la mer doit théoriquement avoir pour conséquence une extension et un approfondissement des lagunes déjà existantes alors que les marais, ne pourront pas suivre la hausse rapide du niveau marin et deviendront inondés par manque d’apport sédimentairequileurpermettaituneaccrétionverticale. Constituantune cible privilégiée pour les risques d’inondation, d’une part, et d’intrusion saline d’autre part, l’écosystème de Smir subirait de fortes modifications aussi bien morphologiques que biologiques durant les prochaines décennies: approfondissement de la lagune, dégradation des habitats écologiquesetréductionvoiremêmedisparitiondecertainesformesd’eau douce.

- Le lac de Sidi Abdessalam : Situé à quelques mètres de la côte, en arrière d’une plage de 100 m de large (Fig. 64), ce lac, d’une superficie d’environ 550.10 3m² se trouve au même niveau que la mer, et montre ainsiunefortevulnérabilitéàlaremontéeduniveaumarin.Lapénétration des eaux salées dans cet écosystème lacustre ferait disparaître certains groupes patrimoniaux liés au milieu dulçaquicole mais en introduira de nouvelles espèces d’eau salée. En altérant son régime hydrologique, la remontée du niveau de la mer aura une influence sur les fonctions biologiques,biochimiquesethydrologiquesdecetécosystème.

III-3. Les cordons dunaires et les plages Lesdunesjouentunrôleimportantdansl’équilibreécologiquedela côte par l’effet tampon qu’elles constituent vis à vis des vagues, et la protectiondesterresagricolesetleséquipementsdanslesplaines,contre lesinondations. Le long du littoral de Tétouan, la lisière sableuse est souvent prolongée par un cordon dunaire (quand il existe) étroit et peu élevé

183 (<10m)portantunreboisementfragileetmenacé(Acacia etEucalyptus). Boisées,lesdunesentreKabilaetM’diqconstituentunlieudenidification pourdesespècesremarquablestellesquelaSpatuleblanche,leBihoreau gris et l’Aigrette garzette (El Agbani et al. 2002). Néanmoins, ce cordon dunaire risque de disparaître aux dépends de nouvelles construction touristiques. Les constructions de complexes balnéaires réalisées le long du linéaire côtier entre Martil et Fnidek, empêcheraient les plages de s'adapter de façon naturelle à l'élévation du niveau de la mer, ou à se déplacerversl'intérieurdesterres.Certaineszonessableuses,oùlehaut de plage est bordé par des aménagements humains et où les processus naturels d'évolution des côtes ont été perturbés, subiront un important recul.Leurdisparitionauraitdeseffetsmarquéssurlabiodiversitéetles ressourcescôtières.

III-4. La flore et la faune

La diversité des écosystèmes le long du littoral de Tétouan (forêt, dunes, plages et zones humides) offre une grande variété faunistique (invertébrés, mollusques, crustacés, poissons, oiseaux, reptiles, et les mammifères) et une flore avec de nombreuses espèces végétales présentesdanslarégion. Cette richesse biologique risque d’être affectée par l’élévation du niveau delamer. La lagune de Smir constitue à elle seule un lieu d'hivernage, de passageetdenidificationpourbeaucoupd'espècesd'oiseaux(ElAgbaniet Dakki2005).Plus de20espècessontrecensées(Louahetal.1993).Ce siteabritel’uniquecoloniereproductricedelaSpatuleblancheàl’échelle nationale(ElAgbani et al. 2003)etlecourlisàbecgrêledont7spécimens y ont été observés (El Agbani et al. 2003). Il représente également l’un des rares endroits de reproduction d’un certain nombre d’espèces exceptionnellesoumenacéesd’oiseauxd’eauauMaroctellesquel’Héron pourpré,l’HéronBihoreau,l’Héroncrabier,...)(BayedetElAgbani2002, ElAgbanietDakki2005). La combinaison des effets, tels que la baisse de l’apport en eau douce par les cours d’eau, le réchauffement des eaux, l’assèchement, l’évaporation, la salinisation des eaux, les risques d’inondation et l’élévation accélérée du niveau de la mer, entraînera de fortes perturbationsdanslescyclesdeproductivitédespoissonsetégalementla mort des alevins qui ne pourront pas supporter la hausse de la température de l’eau, notamment dans les milieux lagunaires et fluviatiles. L’influence de la forte salinité dans ces écosystèmes, consécutiveà lapénétrationdeseaux marines,provoqueraunesérieuse incidencesurlesressourceshalieutiquesetl’écologiedéjàfragile.Ellese manifesterait par des modifications des peuplements, changements des 184 espèces actuelles au profit d'espèces plus thermophiles et une légère translationverslehautdespeuplementsstrictementmarin. LavaleurécologiquedumilieumarindeTétouanestimportante(richesse biologique,zonesderefuges).Eneffetc’estl’unedesimportanteszones de la pêcherie des bivalves à l’échelle nationale (Shafee, 1999); elle présenteaussidenombreusesressourceshalieutiquesquipourraientêtre fortementaffectéesparleschangementsclimatiques. En terme de végétation, les écosystèmes de Tétouan renferme plusieursespècesvégétalesparmilesquellesleshygrophytesrecensésau niveaudelalagunedeSmir;ilsreprésententenviron50%del’ensemble des hygrophytes des zones humides méditerranéennes marocaines (EnnabilietAter2005). Les formations les plus caractéristiques des zones humides sont les roselières, comme la typhaie, la phragmitaie et la scirpaie avec une importance des thérophytes, et par la salinisation matérialisée par l’extension de la salicornaie au niveau de Smir (Ennabili et Ater, 2005). Surlesdunessubsistentdesvestigesd'unevégétationdunaire(genévrier, lentisque, Ephedra), fixée par un reboisement d’Eucalyptus, de pins et d'Acacia. Lelongdecelittoral,lesdifférentesespèceshalophilesvontconnaîtreune proliférationaccrueetunerégressiondeshydrophilesaufuretàmesure quelamermonteetl’intrusionsalines’accentue.

Bienqu’onnesachepasencoreprécisémentdequellefaçonetdans quellemesureladiversitébiologique(lafauneetlaflore)propreaulittoral de Tétouan serait réellement touchée, les projections semblent indiquer que le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer entraîneront des modifications importante de la composition biotique et aurontdeseffetsnégatifssurlaconcurrenceentrecertainesespèces.Une étude plus approfondie permettrait de mieux évaluer les tendances de l’évolutiondeladiversitéd’écosystèmespourcettezonecôtière. IV- CONCLUSION

LelittoraldeTétouansecaractériseparunediversitéd’écosystèmes côtiers dont certains connaissent une dégradation accrue due à l’action anthropique. Celle ci entraîne des changements qui modifient la viabilité potentielle à long terme de ces milieux et leur biodiversité. Il est par ailleurs de plus en plus probable que les impacts actuels sur les environnements côtiers vont à l’avenir s’aggraver avec le changement climatique: Les habitats côtiers sont dynamiques, et certaines espèces pourraients’adapterauxmodificationsprévues.Cependant,letauxaccru d’élévation du niveau de la mer relié au changement climatique, les risques d’inondation, l’intrusion saline et l’existence de structures humaines, pourraient, dans l’avenir, entraîner de pertes d’écosystèmes côtiers à forte biodiversité, une migration d’espèces et des modifications

185 deladynamiquedespopulations.Toutefoisilfautnoterquedenouveaux habitatsseraientcréés. Deseffortspourconserverlafauneetlafloredecelittoralnepourrontse faireàlongtermequ’encomprenantcommentl’élévationduniveaudela mercauséeparlechangementclimatique,ainsiquelafréquenceaccrue detempêtes,affecteraitl’abondanceetladistributiondeshabitatscôtiers. 186

CHAPITRE 5 : IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DE L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER SUR LE LITTORAL DE TETOUAN

187 Chapitre 5 : Impacts socio-économiques de l’élévation du niveau de la mer sur le littoral de Tétouan.

I-INTRODUCTION Letourisme,l’agricultureetlapêcheétantlesactivitéséconomiques majeuresdelacôtedeTétouan;leurdéveloppementestconditionnépar leursensibilitéàl’élévationduniveaudelamer. Dans ce chapitre, nous présenterons les impacts potentiels sur le volet social et les secteurs économiques; mais il aurait été beaucoup plus judicieuxd’évaluerlecoûtdesdommagesdesvaleurséconomiquesetdes biens.Celasortducadreactueldenotreétude,maisseramenédansdes travauxultérieursfuturs. II- VULNERABILITE DU SECTEUR DU TOURISME

Les installations touristiques qui existent actuellement sur le littoral etcellesprévuesvontdevenirdeplusenplusdenses,occuperont30km² surcetespacecôtier.Avecunesuperficieréduiteentrelameretlaterre, elles deviendront encore plus dangereuses pour l’équilibre du rivage et fortementexposéesauximpactsdesChangementsclimatiques. Lavulnérabilitédusecteurdutourismeestliéeàcelledesplagesqui ont été les précurseurs de promotion du tourisme balnéaire. Ce secteur serait l'un parmi les plus touchés par une éventuelle élévation accélérée du niveau de la mer. Comme nous l’avons déjà signalé, les plages des principales zones touristiques existantes souffrent actuellement d’une érosion marine qui risque non seulement de faire disparaître les plages maisaussidemenacerl’existencedesinfrastructureshôtelières.Cellesci seraienttouchéesparledéferlementdesvaguesvoiremêmesubmergées partiellementoucomplètementencasd’événementsmarinsextrêmes. Pourunniveaud’inondationminimum,33%desunitéstouristiques du littoral de Tétouan seraient touchées par la submersion; celle ci pourraitatteindrejusqu’à67%desinfrastructuresbalnéairesencasd’un niveaud’eaumaximumsurcettecôte(Tab.22). Secteur Superficie Niveauminimum Niveaumaximum Km² d’inondation(5m) d’inondation(10m)

Superficie(%) Superficie(%) Unitéstouristiques 30 33% 67% Unitésindustrielles 12 58% 67% Terresagricoles 60 20% 30% Tableau III.22: Superficies (en Km² et %) des secteurs économiques susceptibled’êtreperduesparl’inondation.

188 Le secteur du tourisme une fois affecté par les changements climatiques, il influencerait les autres secteurs économiques puisqu’il est unimportantgénérateurdedevises.Ilexerceuneffetd'entraînementet de stimulant pour les autres activités en particulier l'agriculture et l'industrie(Tab.22). III. VULNERABILITE DE L’INDUSTRIE

Le développement industriel a pour corollaire une plus grande mobilitédespersonnesetdesbiensqu'imposel'activitécommerciale.En casd’élévationaccéléréeduniveaumarin,cesecteursubirait d’énormes dégâtsquiaffecteraient,parconséquent,lavieéconomiquedelarégion. Pour un niveau d’inondation minimum 58 % de la totalité de ces unités pourraitêtreendommagées,et67%sontàrisquepour unniveaud’eau maximum; surtout que l’essentiel de la zone industrielle se situe entre TétouanetMartil.UneautreestprévueàAzla. IV- VULNERABILITE DE L’AGRICULTURE

La modification de la fréquence et de l'intensité des événements extrêmes(lessécheresses,lesinondationsetlestempêtes)estconsidérée comme le plus grand défi que devra relever l'agriculture face au changementclimatique.Undesimpactslesplusinquiétantestl’intrusion d’eau salée, due aux inondations côtières. La salinisation des sols sera stressante pour de nombreuses cultures de base et perturbera les ressourcesagricolesdelarégiondeTétouanoùl'agricultureetl'élevage constituentl'ossaturedel'économiedesménagesruraux.

Surlazoned’étude,lesterrescultivéesoccuperaient60km²,etla hausse attendue du niveau de la mer inonderait une grande partie des terrescultivéesdefaibleélévation,particulièrementauniveaudesplaines de Négro, Smir et Martil; elle provoquerait des dommages aux cultures côtières (Tab. 22): 20 % de la superficie des terres cultivées seraient inondés par un niveau de submersion minimum, et 30% des terres agricolesseraienttouchéesencasd’unniveaud’inondationmaximum.

V- VULNERAILITE DE LA PECHE La région recèle d’importantes ressources halieutiques qui risquent d’êtreperturbéesparlechangementclimatique.Eneffetlespoissonssont soumisàunensembledeconditionsenvironnementalesquifavorisentleur croissance optimale, leur reproduction et leur survie. La modification de cesconditionsenraisonduchangementclimatiqueauradeseffetsdirects et indirects sur le poisson, effets qui résulteront principalement des changements dans la température et la salinité de l'eau, les niveaux d'eau,lesévénementsextrêmes,lesmaladiesetlesrelationsprédateurs proies.Cecientraîneraituneffetimportantsurlespopulationsdepoisson,

189 surlarépartitionspatialeettemporelledesproductionsetparconséquent surladurabilitédespêches. Enoutre,laremontéeduniveaudelameretlechangementdelasalinité pourraitaussicompromettrel’activitédelapêchedesbivalves. Cependant,ilestactuellementdifficiledeprévoirlesimpactsnetssur lapêcheetsurlesressourceshalieutiquesdanslarégion. VI- VULNERABILITE DU COMMERCE

L'économiedominantedansleGrandTétouanestlecommerce.Les zones commerciales risque fortement d’être aussi affectées; les plus vulnérables à l’élévation du niveau de la mer et aux inondations seront celles situées dans les zones à risque et qui sont fortement liées aux différentssecteurssocioéconomiquesdelarégion. VII - CONCLUSION

LelongdulittoraldeTétouan,lapresquetotalitédesétablissements humains, de l’infrastructure économique et des activités telles que le tourismesetrouventàproximitédelacôte,cequilesrendextrêmement vulnérables au changement climatique et à l’élévation du niveau de la mer.Lesimpactsserontlesconséquencesdirectesinduitesparlespertes physiques (par érosion côtière et par inondation) sur le littoral et les dégâtsindirectsconséquentsauxvaleurscorrespondantes. Lesdommagesquiserontgénérésdanscettezonecôtièreseraient considérablesparticulièrementdanslesrégionsdontunebonnepartiedu noyauéconomiquesetrouveàquelquesmètresaudessusduniveaudela mer.Lescoûtsetlesbénéficesdel’élévationduniveaudelameretdes inondations potentielles pour l’habitat, le tourisme, l'industrie, le commerce,etlapêchevarierontconsidérablementenfonctiondel’échelle spatiale et de la localisation par rapport à la mer. Après agrégation, les effetsnetsvonttendreàêtred’autantplusnégatifsquelesphénomènes marinsparoxysmiquesserontplusimportants. L’érosioncôtièreaffecteraitparticulièrementlesecteurdutourisme avectouteslesvaleursetactivitéscorrespondantes.Lereculdu trait de côte et la disparition des plages auraient une incidence sur les infrastructures touristiques. La côte nord avec ses meilleures stations balnéaires semble être la plus menacée. Alors que plus au Sud où se concentre l’essentiel des activités économiques (industrie, commerce, agriculture et pêche), la submersion marine semblerait fort probable en casd’événementsmarinsextrêmes,etlespertesseraientconsidérables. Les risques de divers dommages relatifs aux différents secteurs et leurs valeurs économiques seront élevés. Les réaménagements occasionneront des coûts trop élevéssurtout si les conditions à venir de

190 l’économie globale de la région ne permettrait pas d’affronter de tels catastrophes naturelles, d’où la nécessité de prendre en compte dés maintenantl’impactdel’élévationduniveaudelamerdanstoutnouveau projetsurcelittoral.

191 PARTIE IV VULNERABILITE A L’ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER ET STRATEGIES D’ADAPTATION 192

Chapitre 1 : ZONES DU LITTORAL DE TÉTOUAN LES PLUS VULNÉRABLES A LA REMONTÉE DU NIVEAU DE LA MER

193 Chapitre 1 : ZONES DU LITTORAL DE TÉTOUAN LES PLUS VULNÉRABLES A LA REMONTÉE DU NIVEAU DE LA MER I-INTRODUCTION

La bande côtière constitue un territoire très spécifique en matière derisques(Paskof,2001;MeurFérec,2002;MeurFérecetMorel,2004, Robin 2002). Alors que la dynamique actuelle lui confère une mobilité intrinsèque,l’évolutiondesinstallationshumainesobéissentàunelogique inverseaveclafixationdutraitdecôte.Cettedynamiqueconvergenteest àl’originedesrisquescôtiers. Lavariabilitédesphénomènesnaturelsauxquelsestsoumiselacôte de Tétouan, la diversité et le nombre des activités humaines qui s’y développent (touristiques, pêcheries, commerce…), lui confèrent une vulnérabilitéd’unniveauetd’unenaturespécifiques.

Au sens général, la vulnérabilité est la probabilité de voir la zone côtière se dégrader face à l’élévation du niveau de la mer, quelque soit sescaractéristiquesphysiquesousocioéconomiques.Aprèsavoiridentifié lesrisquesencourusencasd’élévationduniveaudelamer,nousallons, dans ce chapitre, analyser la vulnérabilité physique et socioéconomique decettezonecôtièreàunehausseprévueduniveaudeseauxmarinesen utilisantdesindicesdevulnérabilité. Durant ces dernières années, grâce à l’utilisation des bases de données et des Systèmes d’Informations Géographique (SIG) dans les études scientifiques côtières, il y a eu une augmentation substantielle dans le développement d'indices de vulnérabilité pour les littoraux (Gornitz et al. 1993; 1994; Leggett and Jones, 1996; Cambers, 1998, Mclaughlin et al. 2002). Ceci est dû au développement intense que connaissentleszonescôtièresetl’impactdeschangementsclimatiques. D’après l’analyse des impacts biophysiques et socioéconomiques réalisées sur le littoral, il apparaît que cette zone pourrait connaître des dégâts considérables sur le plan physique, écologique et socio économique à l’occurrence d’une élévation du niveau de la mer. Cependant,touslessecteursdecelittoralneprésenterontpaslesmêmes risques. L’évaluation de la vulnérabilité aussi bien physique que socioéconomique semble être nécessaire. Cette approche permettrait de mieuxcernerleszonesàfortevulnérabilitéàunehausseduniveaumarin etaideraitàunemeilleuremiseenoeuvredesdirectivesdelagestionde celittoral.

194 II- METHODOLOGIE Lavulnérabilitéestledegréparlequelunsystèmerisquedesubirou d’être affecté négativement par les effets néfastes des changements climatiques, y compris la variabilité climatique et les phénomènes extrêmes.Lavulnérabilitédépendducaractère,del’ampleur,etdurythme des changements climatiques auxquels un système est exposé, ainsi que desasensibilité,etdesacapacitéd’adaptation(IPCC,2001).L’analysede lavulnérabilitéestuneapprocheprospectivepourunterritoireàrisquequi sembleêtredésormaisindispensable.Ellepermetdesréflexionsanticipées quant à la réaction du littoral aux modifications probables suite à une remontée du niveau marin. Puisque même les plus prudents parmi les modèlesduclimat prévoientqueleschangements climatiquesauront des répercussions importantes au cours du prochain siècle, parmi lesquelles figurentuneaugmentationdutauxetdel'ampleurdel'érosionainsiqu’une avancéedelamersurlesterres.L’analysedesconséquences(cf.Partie3) amontréquelesdégâtsseraientconsidérablessurlesplansphysiqueset socioéconomiques.L’utilisationduSIG/MapInfoapermislacartographie delavulnérabilitéphysiqueetsocioéconomiqueàfindemieuxévaluerles zonesàrisque. II-1. L’indice côtier de vulnérabilité physique (ICV)

Danscecontexte,lavulnérabilitésignifiequellemesuredanslazone côtière est susceptible de subir des perturbations d'ordre physique telles quel’inondation,l’érosion,lamigrationdesplagesetladéstabilisationdes duneslittoralessuiteàuneélévationduniveaudelamer. Le long de tout le littoral de Tétouan, chaque segment côtier ou chaque rivage aura une responsabilité à répondre défavorablement à un risque, c’est le degré de vulnérabilité à une remontée future du niveau marin. Il est défini par l’indice côtier de vulnérabilité ICV (Gornitz et al.1994).Cetindicepeutêtreemployépouridentifierlessecteursàrisque etceuxlesplusexposésàuneélévationduniveaudelamer.Sixvariables relatives aux risques, contenues dans une base de données (Tab.23) peuventêtreemployéespourformulercetindice: lagéomorphologie, lapente, letauxdereculdutraitdecôte, lavitessedel’élévationrelativeduniveaudelamer, lesamplitudesmoyennesdelamaréeetdelahoule. Lessegmentsdulittoralavecdesvaleursd'indiceélevéesaurontdes reliefs bas, un substrat facilement érodable, un recul du trait de côte important,etserontexposésàdesénergiesélevéesdevagues(Gornitzet al.,1994).Cependant,quandplusieursfacteursderisque,pourunsecteur

195 choisi, n’ont pas de données, alors n'importe quel indice calculé sous estimeralerisquedelazoneenquestion. Chaquevariableestdotéed’unevaleurrelativederisquebaséesur l'importancepotentielledesacontributionauxchangementsphysiquessur lacôtependantqueleniveaudelamermonte.Cessixvariablesontété sélectionnéesenraisondeleurutilisationdanslamesuredesrisquespour lelittoral. Ellessontclasséesselonuneéchellelinéairede1à5,etsuivantunordre devulnérabilitécroissantdûàlamontéeduniveaudelamer:lavaleur1 correspondrait à un risque très faible, et 5 au plus élevé (Gornitz et al, 1994). Classe de l’indice côtier de vulnérabilité (ICV)

Très bas Bas Modéré Elevé Très élevé

Variables 1 2 3 4 5

Géomorphologie falaise et Falaise Falaise basse Plage à Flèche, plage Côte moyenne et Dépôt galet sableuse, rocheuse baie glaciaire Estuaire marais, dépôt Plaine Lagune vaseux, delta, alluviale récifs à coraux et mangroves

Pente côtière (%) > 0,115 0,115- 0,055 0,055- 0,035 0,035-0,022 < 0,022 Remontée relative < 1,8 1,8-2,5 2,5-3,0 3,0-3,4 >3,4 du niveau de la mer (mm/an) Recul / avancée > (+2,0) (+1,0)-(+2,0) (-1,0)- (+1,0) (-1,1- -2,0) < (-2,0) du trait de côte Accr étion Stable Ero sion (m/an) Amplitude moyenne >6,0 4,1-6,0 2,0-4,0 1,0-1,9 <1,0 de la marée Amplitude moyenne de la houle (m) <0,55 0,55-0,85 0,85-1,05 1,05-1,25 >1,25

TableauIII.23:lessixvariablesphysiquesutiliséespourladétermination del’indexcôtierdevulnérabilité(d’aprèsGornitzetal,1994).

Unefoisquechaquesectiondelittoralestassignéed’unevaleurde risquebaséesurchaquevariablespécifiquededonnées,l'indicecôtierde vulnérabilitéestcalculéd’aprèslaformuledeGornitzetal.(1994).C’estla racinecarréeduproduitdesdifférentesvariablesdiviséeparlenombrede variablesutilisées:

196

Avec, a=géomorphologie, b=pentecôtière, c=tauxrelatifd'élévationdeniveaudelamer, d=tauxdureculdutraitdecôte, e=gammemoyennedemarée, f=amplitudemoyennedelahoule. Ainsiquatreclassesderisquesontdéterminées: Indicebas:faiblerisquesontinférieuresà10. Indicemodéré:risquemodérés’étalententre10et20. Indiceélevé:risqueélevésontcomprisesentre20et30. Indicetrèsélevé:risquetrèsélevésontsupérieuresà30. II-2. L’indice de vulnérabilité socio-économique

Lavulnérabilitésocioéconomiqueestdéfiniecomme:" la sensibilité différentielle, dans un sens général, parmi des groupes sociaux et des lieux risquant de supporter des pertes dues aux risques "(Dow,1993).Ainsi le développementd'indicescôtiersdelavulnérabilitéàl’élévationduniveau delamernécessiteaussil’utilisationdevariablessocioéconomiquesdela zone d’étude. Selon, Gornitz et al. (1993), ce sont surtout les valeurs sociales et économiques des ressources d’une zone à risque qui détermineront la nécessité pour qu’elle soit protégée. C'est donc le coût économique de la perte de maisons et infrastructures qui influenceront fondamentalement la vulnérabilité d'une région. Par conséquent, le paramètresocioéconomiqueestunélémentessentieldanstoutindicede vulnérabilité. II-2-1. Les variables de l’indice socioéconomique

Dans cette étude, la méthode de Mclaughlin et al (2002) a été utiliséepourl’évaluationdelavulnérabilitésocioéconomiquedulittoralde Tétouan. Ces auteurs utilisent plusieurs indicateurs potentiels des valeurs socioéconomiques. Les variables choisies sont celles dont les données pourraientêtreobtenuesfacilement,etcellesquisontjugéespourêtredes composantes essentielles des régions côtières. Les six variables socio économiquessélectionnéessontlessuivantes: Lapopulation Lepatrimoineculturel Lesroutes Lesvoiesferrées L’occupationdusol LeSdésignationsdeconservation 197 Decessixvariables,lesroutesetlesvoiesferréessontleséléments de l'environnement les plus simples à incorporer dans un indice. Ils occupent un espace défini, ont de largeurs définies et les coûts de protection,enlesremplaçantoulesdéplaçantsontrelativementsimplesà évaluer. Par contre les quatre autres variables, suscitent quelques complicationsdansleursutilisations. - La Communauté de population : Lapopulationestunevariablequin’est pas très commune dans les indices de vulnérabilité publiés. Certains auteurs (Hughes and Brundrit, 1992) considèrent qu’une zone avec une population élevée a une valeur économique importante d’où la nécessité de se concentrer sur la dynamique de la population et l’urbanisation croissante. Les problèmes qui se posent dans l’utilisation de la population ou les données sur les habitats sont liés à la taille de l'unité utilisée (village, petiteville,agglomérationurbaine)etàladensitédepopulationquipeut varier avec le temps. Des erreurs potentielles peuvent alors se produire danslescalculsstatistiques. D’après Mclaughlin et al., (2002), la variable de la population caractériseleshabitatsetlesagglomérations.Ilaétéclassésurunebase de 1 à 5, avec l’hypothèse que le plus grand nombre de personnes qui serait affecté par l'érosion et/ou l’inondation, présente une vulnérabilité élevée.Cettehypothèsesuscitedescritiques,étantdonnéequecertaines villesouagglomérationslittoralesprésententdesdéfensescôtièresetque leseffectifsdelapopulationàrisqueetleshabitatspeuventchangerau coursdesannées. Toutefois,danslecasdulittoraldeTétouan,vul’absencedesstructures deprotectiondelacôteetenprenantenconsidérationledéveloppement urbanistique, économique et démographique de la région, nous avons utilisélaclassificationdeMclaughlinetal.,(2002). -Le patrimoine culturel : Cettevariableinclutlesmonumentshistoriques etlessitesarchéologiques;cesderniersnesontpasimportantsenterme économiquemaislesontconsidérablemententermessociauxetculturels. Ils font partie des ressources culturelles et sont irremplaçables. Hopley (1992)anotéquebienquel’érosioncôtièredansquelquesrégionssoit inévitable en raison de la hausse du niveau de la mer, la protection est nécessaire pour certains sites "à cause de la valeur d'investissement, celle historique de l’héritage culturel, ou à cause du manque d'alternatives". Cela fait ressortir l’importance de la vulnérabilité du patrimoinecultureldanslazonecôtière. Bienqu'unsitepuisseêtremieuxconservéqu'unautre,celaneveutpas direqu’ilestplusimportant.Vuladifficultédedonnerunevaleuràune ressource de l'héritage culturel, les sites sont alors classés soit dans la plushautecatégorie(5),oubienpourunerégionsanssitearchéologique (1).

198 - L’occupation du sol : La protection d'une région jugée vulnérable sera prise en considération seulement si la région est suffisamment «importante»entermeséconomique,culturelouenvironnemental,pour justifier sa protection. Par conséquent le type d’occupation du sol est significatifdansladéterminationdelavulnérabilité. La«valeur»delaterrepeutêtredéfinieselondifférentscritères,soiten terme monétaire, ou bien en termes esthétiques ou encore en valeur de conservation foncière. Mais étant donné la difficulté d’acquérir ces données, Mclaughlin et al., (2002) suggèrent que le classement économique soit basé sur une estimation subjective de l’utilisation des terresquipeuventêtreplusoumoinsprécieuses(ouutiles)qued’autres. Lesvaleursassignéessontrésuméessurletableau24:

1 2 3 4 5 L’occupation Rochesdénudées Zonecôtière Forêt Agriculture Urbainet dusol Végétationclairsemée Prairies industriel Marais,marécageet Infrastructure lande Pland’eau

TableauIV.24:Classedel’occupationdusolutilisédansl’évaluationdela vulnérabilitésocioéconomique Ceclassementneprendpasenconsidérationlavaleurpotentiellede laterre,parexempleunchamputiliséactuellementpourl’agriculturepeut être potentiellement beaucoup plus précieux comme site pour un futur développementurbain.Danscetteétude,lesvaleurssebaserontsurle statutéconomiquedesfutursprojetsprévusdanscelittoral. - La désignation de conservation : La désignation identifie une région d’importanceinternationaleounationale,oùleseffortsdeconservationet de développement durable sont déployés. Il s’agit des aires délimitées, protégées et gérées en fonction d’objectifs de conservation. La classificationdecesairesdésignéesestreprésentéesurletableau25.

II-2-2. Le Calcul de l’indice socio-économique

Les variables totales et leurs classements sont donnés dans le tableau 26. Une fois que les six variables sont déterminés, les valeurs obtenuessontadditionnéesensemble.Lescoreobtenuestensuitedivisé par 30 et finalement multiplié par 100. Le classement de l’indice de la vulnérabilitésocioéconomiquenoté(IV éco )estminimalpourunevaleurde 6etmaximalpourunevaleurde30.

199 Internationale Nationale Désignationde conservation SiteRAMSAR Régionsd'IntérêtScientifique Protectiond’unezonespéciale Régionsd’unebeauténaturelle Conservationd’unezonespéciale remarquable Siteàpatrimoinemondial RéservesnationalesdelaNature Régionssensiblesécologiquement Classe 3 5 TableauIV.25:Classespourles désignations delaconservationutilisées dansl’indicedevulnérabilitésocioéconomique.

Variables 1 2 3 4 5

Communauté Sanshabitat Village Petite Grande Centreurbain depopulation ville ville (Type d’habitat) Patrimoine Absent Présent culturel Route Absent Autoroute Routeàdeux chaussées Voieferrée Absent Présent Occupation Rochesdénudées Zone Forêt Agriculture Urbainetindustriel dusol Végétation côtière Infrastructure clairsemée Prairies Marais,marécage etlande Pland’eau Désignation Absent Inter Nationale de nationale conservation Tableau IV.26: Classe des caractéristiques socioéconomiques utilisées pourlecalculdel’indicedevulnérabilité. III- VULNERABILITE PHYSIQUE DU LITTORAL DE TETOUAN

L'indiceutilisépermetauxsix variablesphysiques(géomorphologie, pente,élévationduniveaudelamer,reculdutraitdecôte,amplitudesde lamaréeetdelahoule)d'êtrereliéesd'unefaçonquantifiable,etexprime alors la vulnérabilité relative de la côte aux changements physiques, particulièrement l’érosion côtière et l’inondation, dues à l'élévation du niveaumarin.Eneffet,surlelittoraldeTétouan,touteslescaractéristiques physiques sont influentes dans la détermination du degré de vulnérabilité

200 comme le montre la figure 65 Ainsi les variables suivantes ont été déterminées: - la géomorphologie : Il n’y pas une grande variation géomorphologique sur le littoral étudié puisqu’il est formé généralement de deux zones sableuses séparées par un promontoire et limitées dans les deux extrémités par des caps. Et selon Gornitz et al. (1994), le facteur de risque d’érosion côtière, en réponse à une remontée du niveau marin, dans ce cas là, reste très élevé (Fig. 66a) pour ces accumulations sableuses.Cellescireprésentent70%delatotalitédelazoned’étude.

- La pente côtière :Ellepermetuneévaluationnonseulementdurisque relatifàlarapiditépotentielledureculdutraitdecôtemaiségalementdu risque d'inondation, car les régions côtières à pente faible devraient régresser plus rapidement que les zones à déclivité plus raide (Pilkey et Davis,1987). Pour ce qui est de la côte tétouanaise, toutes les études réalisées sur ce littoral montrent que la côte nord entre Fnidek et M’diq présenteunepentegénéralementplusélevéedontlesvaleursvarientde 6à12%(Anfusoetal.,2004;Nachiteetal.2004)alorsquelerivagesud estàpenteplusdouceallantde2à7%(Boughaba,1992;Malek,1995,El Moutchou, 1995, El Ouahabi, 2002; Anfuso et al, 2004; Nachite et al. 2004,Reddad,2004).Néanmoins,lesplusfortesinclinaisonssontnotées auniveaudupromontoiredeKoudiatTaifor. Parconséquent,lesfacteursderisquesrelatifsàcespentesmontrentdes valeurs plus élevées le long de la zone côtière sud que sur la côte nord avecdesrisquesplusfaiblesauniveaudescaps(Fig.66B). - Le recul du trait de côte : Les taux d'érosion pour ce littoral ont été calculésàpartirdel’analysedesphotographiesaériennessurunepériode de45annéesallantde1958à2003(CF;Partie2).Lesrésultatsobtenus montrentuneérosionquasigénéraliséelelongdecettezonecôtièreavec unevariationspatialedestauxderecul.Enconséquence,lesfacteursde risquerelatifauxretraitsnotés,restentélevésàtrèsélevés(Fig.66C). - Le taux de la remontée du niveau marin :Surcettezonecôtière,letaux del’élévationduniveaudelamerestde2,5mm/an.Lefacteurderisque relatif à cette élévation eustatique est modéré, d’après les critères de Mclaughlinetal.,(2002). - L’amplitude de la marée : Lamaréeestdetypemicrotidal,ellerendce littoral à risque très élevé selon la base de données de Gornitz et al. (1994). L’amplitude de la houle : Le long de cette frange littorale, l’amplitude moyennedelahouleestd’environ1.4metla moyenne desamplitudes maximalesdelahoulesignificativeestdeuxfoisplusimportante(2,6m) d’oùunfacteurderisquetrèsélevé.

201

- A- - B- - C- FigureIV66:Facteursderisquesrelatifsauxdifférentesvariablesphysiques(géomorphologie,penteetreculdu trait de côte) influentes dans la détermination du degré de vulnérabilité des risques de l’érosion du littoral de Tétouandusàuneélévationduniveaumarin. La combinaison de toutes ces variables a permis de déterminer l’indicecôtierdevulnérabilitéselonlaformuledeGornitzetal.(1994).Il révèlealorsunevued'ensemblesurlesrégionsoùilseraitpossiblequeles changementsphysiquesrelatifsàuneérosioncôtièreetauxinondationsse produisentsuiteàlafuturemontéeduniveaudelamer.Ainsilesvaleurs de cet index varient entre 6 et 35,5 (Tableau annexe E) avec une valeur moyenne de 22. Ceci révèle que la zone côtière de Tétouan présente globalementunevulnérabilitéforteentreFnideketM’diq,àtrèsfortesurle secteurcôtierdeCaboNégroàAzla(Fig.67). 500 510 Fnidek 

N Rif f iene 580

Mer Méditerranée Restinga

Indice côtier de 570 v ulnérabilité phy sique Lagune Smir

ICVICV M'diq < 10 Faible Koudiat Taif or

10 - 20 Modéré Cabo Négro 20 - 30 Elev é > 30 Trés élev é 560 Martil

Centre urbain TETOUAN Sidi Abdessalam centre rural

2 Azla 0 4 Km 550 FigureIV.67:Cartedel’indicecôtierdevulnérabilité(ICV)pourlelittoral deTétouanentreFnideketAzla. Eneffetlegraphesurlafigure68,montrequesurcettefrangelittoralede 40Km,30%decettecôtesontclasséscommeàtrèshautrisque,37%à risqueélevé,11%àmodéréet24%présenteunrisquebas.

ICV

Faible 9.45 Km

Modéré 4.27 Km

Elevé 13,55 Km

Très élevé 11.48 Km % 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Figure IV.68 : Pourcentage du littoral de Tétouan pour chaque degré de vulnérabilitéphysiqueàl’élévationduniveaudelamer. 203 CommelelittoraldeTétouansecomposeessentiellementdevastes zones sableuses encadrées par des falaises, et les secteurs les plus vulnérablesàl'élévationduniveaudelamersontceuxaveclespentesles plusfaibles,àaccumulationssableuseset/ouavecuntauxdereculélevé. Lesvaleurslesplusélevéedel’indicecôtierdevulnérabilitéoùleseffets physiques de l'élévation de niveau de la mer pourraient être les plus grands (Fig.67) correspondraient au rivage sud de ce littoral, particulièrementlesplagesd’AzlaetdeSidiAbdessalam,ensuiteviennent cellesdeCaboNégroetMartil.Cessecteursquiprésententleplusgrand risque sont également les plus denses en population. La morphologie particulièrement basse de cette frange littorale sud favoriserait la submersion du haut des plages pendant les pleines mers. Les plages ne seraient plus utilisables par les estivants lors des hautes mers de fort coefficient.Enoutre,lesegmentcôtierd’Azlaestactuellementenproieà de vives attaques de la mer et semble être menacé de disparition. Bien quel’hommeessaieaujourd’huideprotégercetenvironnementcôtier,la menacequelanaturenereprenneledessusestomniprésente. Quantàlacôtenord,lavulnérabilitésembleêtremoinsaccentuée,sans douteenraisondelamorphologiedelazonecôtièrequiestmodérément plus élevée. Néanmoins, il faut noter que l’extension des plages est devenue moindre entre Fnidek et M’diq en raison de la forte régression qu’aconnucesegmentcôtierdurantledernierdemisiècle,etquirisque des’aggraversuiteàlapénurieensédimentsetàlaforteconcentration desfutursprojetstouristiques. Les plages ne pourront s’adapter aux nouvelles conditions hydrodynamiques,parconséquentletraitdecôtenesauraitplusreculer audelàdel'ouvragesansl'emporter.Cecientraîneraitprobablementune mise à découvert des fondations des constructions, qui seraient alors directement soumises à l'attaque des vagues et fragilisées plus rapidement.

IV- EVALUATION DE LA VULNERABILITE SOCIO-ECONOMIQUE DU LITTORAL DE TETOUAN

L’indice de vulnérabilité socioéconomique a été calculé pour l’ensembledulittoraldeTétouan.Lesrésultatssontrésumésenannexe. La représentation graphique de l’Indice Côtier de Vulnérabilité socio économique (ICV éco. ) du littoral de Tétouan (Fig. 69) révèle que la zone côtière de Martil à Sidi Abdessalam montrerait une forte vulnérabilité socioéconomiquesuiteàuneélévationduniveaudelamer.Elleconstitue 17 % de l’ensemble du littoral. 50% du linéaire côtier montre une vulnérabilitéélevée,caractérisantleszonescôtièresàcentresurbainset ruraux(Fnidek,M’diqetAzla)ainsiquelesrégionsàfortdéveloppement touristique (Restinga et Cabo Négro). Le reste du littoral présente une vulnérabilitéplusmodérée. Avec la saturation de son espace utilisable à des fins touristiques et urbanistique, le littoral de Tétouan risque de connaître une vulnérabilité

204 socioéconomiqueaccrueavecl’élévationduniveaudelamer.Selonles futursprojetsprogramméssurcelittoral(SDAULTT,1998)dontcertains sontdéjàlancés,lacôtenorddeFnidekàM’diqvaconnaîtreuneemprise linéaire le long de tout le littoral. Les principales unités balnéaires sont actuellement localisées entre la plage et la route principale nationale (RN13)quirelieTétouanetFnidek;lesfutursprojetss’étalerontaudelà de cette route, sur toute la rive gauche au niveau de la côte nord ( Cf Fig.III.39). 500 510 Fnidek 

N Rif f iene 580

Négro Mer Indice côtier de Méditerranée vulnérabilité socio- Restinga économiqueIndice côtier de

v ulnérabilité socio-économique 570 ICV Lagune Smir CVI écoéco 20 - 30 Faible M'diq Koudiat Taif or 31 - 40 Modéré 41 - 50 Cabo Négro 51 - 60 Elév é 61 - 70 560 71 - 80 Trés élev é Martil

TETOUAN Sidi Abdessalam Agglomération Ville 0 2 4 Azla Km Village 550

Figure IV.69 : Carte de l’indice côtier de vulnérabilité socioéconomique

(ICV éco .)dulittoraldeTétouan. Au Sud, dans le secteur de Martil, l’accélération du phénomène d’urbanisationsuiteàl’extensionphysiquedeTétouanseferaendirection destroisstationsbalnéairesquicomposentcesecteur(CaboNégro,Martil etAzla)aveclaconstructionaussid’unportdeplaisanceàMartil. Aveclesnouveauxaménagementsprojetésapparaîtront: (i) un important conflit entre les diverses activités de cette zone côtière(urbanisme,tourisme,agriculture,industrieetcommerce), (ii)unediversitédesformesdepollutionet (iii) une densité démographique plus forte particulièrement pendant la saison estivale. Ceci ferait croître la vulnérabilité socioéconomique de ce littoral, particulièrement la côte sud qui reste une zone à vulnérabilité socioéconomiquetrèsélevéecomptetenuedeladensitédelapopulation autochtoneetlesactivitéséconomiquesdelarégion,Elledevraitpouvoir

205 bénéficier,parconséquent,desmoyensdeprotectionlesplusimportants encasdeproblèmed’érosioncôtièreaccrueetd’inondationmarine. Plus au Nord, la sensibilité socioéconomique serait fortement liée à l'intensification des activités touristiques essentiellement en période estivale.

V- CONCLUSION L’utilisation d’un indice côtier de vulnérabilité (ICV) s’est révélée être: * une approche prospective qui combine la susceptibilité d'un système côtier aux changements avec sa capacité normale de s'adapter auxnouvellesconditionsenvironnementales.Ellereflèteainsiunemesure relative de la vulnérabilité des écosystèmes aux effets de l'élévation de niveaudelamer. *unetechniqueobjective pourl'évaluationdesrisquesetpourune planificationplusadéquateàlongtermeparlesdécideurs .

La détermination de l’indice côtier de vulnérabilité physique selon Gornitz et al (1994) a montré une vulnérabilité élevée à l’élévation du niveaudelamerdanslazonecôtièrenordentreFnideketM’diqettrès élevée au niveau du rivage sud, de Capo Négro à Azla; où la zone topographiquementbasse,présente,commeàSaaidiaRaselMA(Snoussi et al. Sous press) des risques physiques élevés. Quant à l’indice de vulnérabilitésocioéconomique,ilaétécalculépourl’ensembledulittoral deTétouansurlabasedecomposantesessentiellesdesrégionscôtières suivant la méthode de Mclaughlin et al (2002); il a montré une forte vulnérabilitédelarégiondeMartilSidiAbdessalam.

Ainsi,l’évaluationdesimpactsàl’élévationduniveaumarinprévue suiteauchangementduclimat,montrequedefuturesmodificationssont attendues sur ce littoral. Une forte vulnérabilité physique et socio économique résultante pourraient être attendues dans la région de Martil, étant donné la morphologie de cette région, le développement socioéconomiquerégionalprévuetlesscénariosdelahausseduniveau deseauxmarines. Toutefois, avec les projets de développement socioéconomique prévus sur cette côte, le rythme des changements physiques qui affecteraitcelittoraletl’incertitudedel’intensitédelahausseduniveau delamer,ilestcertesdifficiledeprévoiraveccertitudelavulnérabilitéde ce littoral aux phénomènes paroxysmiques. Par cette étude nous avons cherchéàprésenterlestendancesetnonpaslesgrandesprécisions. 206

CHAPITRE 2 : STRATEGIES D’ADAPTATION

207 Chapitre 2 : STRATEGIES D’ADAPTATION I- INTRODUCTION

Mêmeleseffortsderéductiond’émissionsdegazàeffetdeserreles plusrigoureuxnepeuventéviterlesimpactsdeschangementsclimatiques prévus et notamment ceux de l’élévation du niveau de la mer dans les prochaines décennies. Face à une telle menace, et en l’absence de mesures d’adaptation de son littoral, le Maroc serait confronté à des difficultés socioéconomiques et environnementales majeures. Ceci rend l’adaptation essentielle, particulièrement pour faire face aux impacts à courtetmoyenterme.Unchangementclimatiquenonatténuéexcéderait, probablement à long terme, les capacités d’adaptation des systèmes naturels,aménagésethumains. A la lumière des connaissances acquises sur la vulnérabilité à l’élévationduniveaudelamerdulittoraldeTétouan,ilestpossiblede présenter quelques stratégies de réponse, afin d’atténuer les impacts physiquesetsocioéconomiquesidentifiés,etfairefaceauxchangements climatiquesfuturs.Danslaplupartdescas,nousproposeronsdesoptions d'actionsanstoutefoisentrerdansledétaildesprocessusd'adaptationni examinerdeprèslaviabilitédesoptions.

II- TYPES DE STRATEGIE D’ADAPTATION

L’adaptation estlacapacitéd’unsystèmeàs’ajusterauchangement climatique (incluant la variabilité climatique et les extrêmes) à des dommages potentiels modérés, et à faire face aux conséquences. Trois catégories classiquement (Retrait, Accommodation et Protection) envisagées dans la plupart des études de vulnérabilité (GIEC, 1990) sontprésentéesdanslafigure70 : 1990 Retrait

Accommodation Figure.IV70:Stratégies d’adaptationàl’élévationdu niveaudelamer(GIEC/IPCC,1990)

Protection

208 a Le retrait : (pour éviter le danger) représente une forme d'adaptation proactived'éliminationd'impactsdirects.Aulieudetenterdeprotégerles terrescontrel'empiétementdelamer,lastratégieconsisteàabandonner les terres menacées lorsque les conditions deviennent intolérables, à déplaceretrelogerlespopulations. b. L'accommodation : (ou adaptation ) consiste à poursuivre l'occupation des terres côtières tout en apportant des réajustements aux activités humaines et aux infrastructures afin d'atténuer les impacts de l'élévation du niveau de la mer. Elle représente une action intermédiaire entre la protectionetleretrait.Lesstratégiesd'accommodementpeuventinclure: (1)leréaménagementdestructuresexistantes,danslebutdeminimiser lesrépercussions. (2)l’adoptiond'uneréglementation,quiviseraitàencouragerl'utilisation etlamiseenvaleurjudicieusedesterresavecunusageappropriéetune baissedel'investissementsurlespropriétésvulnérables.Lorsquelerisque d'inondation domine sur celui de l'érosion, le relèvement des fondations desstructurespourraitêtreappropriéavecuneconstructiondebâtiments sur pilotis. L'accommodation pourrait aussi exiger l'accroissement de la résiliencenaturelleenrestaurantlesdunesetlesterreshumidesenmilieu côtier, en rénovant des terres marécageuses et en remplaçant les chausséespardesponts.Lepassaged'uneagriculturetraditionnelleàdes culturesrésistantesausel,lecontrôleoul'interdictionduprélèvementdes sédiments de plage et la mise en place de systèmes d'alerte en cas d'élévation extrême du niveau de la mer, d'inondation ou d'érosion, sont égalementdesexemplesdestratégiesd'accommodement. c- La protection :c’esttenterdeprévenirleseffetsdelamersurlaterre enutilisantdesstructuresdedéfenseappropriées(douceset/ouendur). C’est une réponse à l'érosion qui menace des propriétés ou des infrastructurescôtières. La méthode dite « dure » ou « passive »consiste en un aménagement statique, basé sur la construction d'ouvrages lourds enmerousurlerivage.Cesouvragesdemandentuninvestissementplus élevé que les solutions qui composent avec le milieu, mais leur coût d'entretienestplusfaible. La méthode « douce » ou « active » correspond à un aménagement dynamique,utilisantetagissantsurlesmatériauxnaturels.Cestechniques sont utilisés de préférence à des ouvrages massifs, car d'une part leur impacts sur l'environnement sont sans comparaison avec des ouvrages massifs, et d'autre part, ils sont moins onéreux à l'investissement, mais coûtentpluschersàl'entretien.

Les options de protection choisie devraient tenir compte des futurs changements climatiques et reconnaître les répercussions possibles des ouvrages de protection sur le reste du système côtier, y compris les propriétésriverainesadjacentes. 209 Danslaplupartdescas,lesimpactspourraientêtreréduitspardes stratégies de retrait et d’accommodement, alors que la protection peut nécessiter des investissements importants qui ne pourraient se justifier quedansdesrégionsoùl’infrastructureestmenacée. Sur la base des résultats obtenus qui mettent en évidence la menacequefaitpeserlereculdutraitdecôteetlesrisquesd’inondation surlelittoraldeTétouan,desmesuresd’adaptationetdeprotectionsont présentées, tout en proposant des mesures d’accompagnement, sans lesquelleslamiseenœuvredecesstratégiesnepourraitêtreefficace. III- MESURES D’ADAPTATION ET DE PROTECTION POUR LE LITTORAL DE TETOUAN Les options proposées dans cette étude sont d’ordre technique, institutionneletlégislatif.L’adaptationcôtièrepeutenfaitêtreconsidérée commeunprocessuscontinuquiinteragitaveclespratiquesexistantes,et qui est conditionné par les critères politiques et les objectifs de développementcôtier.Pourcelalesmesuresderéponseproposéesseront envisagéespourlelittoraldeTétouan,auniveau ducourt,moyenetdu longterme.Toutefoisilfautnoterquelesstratégiesd’adaptationdoivent être souples car la vulnérabilité, la compréhension des processus, la technologieetlesdynamiquescôtièresrisquenttoutesdechangeravecle temps et les besoins d'adaptation devraient donc être réexaminés régulièrement. III- 1. Les mesures de protection pour le court et moyen termes Leretraitn'estprobablementpasunesolutionenvisageabledansles milieux urbains comme à Fnidek, M’diq et Martil. Dans ces régions, il faudraitplutôtsongeràdesstratégiesd'adaptationetdeprotection. Surleplantechnique,lastratégiedeprotection devraitcombinerlesdeux méthodesdureetdouce,bienquelesavantagesdecettedrenièresoient beaucoupplusadmis.Eneffetlesmesuresdeprotectionsouplespeuvent accroître la résilience naturelle des zones côtières et sont généralement moins coûteuses que les mesures de protection dures. Celles ci peuvent avoirdeseffetsindésirablessurlesrégimesd'érosionetdesédimentation siellessontmalconçues. Lesmesuresdeprotectionproposéesseraientalors: 1 la construction de murs de protection et/ou le renforcement par des enrochements pour protéger les zones urbanisées. L’ajout de structures pour les ouvrages déjà présents à Fnidek, à M’diq et à Azla seraitprobablementnécessaireàmesureques'élèveleniveaudelamer. De telle sorte que ces murs d’enrochement puissent absorber l’énergie supplémentaire des vagues. Il en serait de même pour les jetées des ports; les mesures à apporter consisteraient entre autres à surélever

210 progressivement la crête des digues jusqu’à une valeur légèrement supérieureauniveaud’inondationmaximum. 2larestaurationdesmilieuxhumides,particulièrementlalagunede Smir et le lac de Sidi Abdessalam, tout en empêchant tout projet de construction autour de ces écosystèmes, afin de favoriser la résilience naturelledecesmilieux,etpréserverleurbiodiversité.L’objectifesticide préserver la dynamique naturelle et de laisser évoluer le milieu sans interventionparticulière. 3 les terres agricoles qui seraient perdues et probablement abandonnées, seraient celles qui souffriraient d’une forte salinisation des eauxetdessolsainsiquecellesquimontreraientundrainagedifficile.Une reconversion des agriculteurs vers l’aquaculture marine pourrait être envisagée avec un développement des cages offShore, au cas où les capacités trophiques du milieu puissent supporter d’autres élevages. Mais cetteoptionnécessited’unepart,l’établissementd‘unpland’aménagement intégrédelabaie,etd’autrepartunefortecomposantedesensibilisation etdeformation(MATEE,2007). Bien conçue, l’aquaculture d’importation pourrait concurrencer directementlapêche.

4 le rechargement artificiel en sable pour réhabiliter les plages érodées.Vu la présencedenombreux complexestouristiquesàproximité delamerlelongdetoutlelinéairecôtierentrelesdeuxcentresurbains Martil et Fnidek, ni la réhabilitation ni la fixation des dunes par la végétation n’est plus possible pour protéger et accroître la résilience naturelle.Laseulealternativepouréviterladisparitiondesplagesaucours du prochain siècle, serait leur alimentation artificielle. Les dragages périodiques des ports (Marina Smir, Kabila) assureraient la restitution du sédimentdraguéauxzonesérodéesprincipalementcellesdelacôtenord, danslebutd’assurerunbonrechargementdesplagesetdemaintenirune largeursuffisantedecellesci.Detellesinitiativespermettraientd’assurer alors leur stabilité, d’atténuer, par conséquent, l’intensité des impacts d’uneélévationaccéléréeduniveaudemeretleseffetsconjuguésàceux deshoulesdetempêtesépisodiques.Lagestiondustockdesédimentsfait que l’on recharge les plages mais aussi que l’on laisse aux dunes suffisammentdesouplessepouraccompagnerlesmouvementsdelamer. Malgré un meilleur amortissement des houles qui limiterait l’érosion du trait de côte, les rechargements en sable doivent être renouvelés périodiquement. D’après les études faites aux Etats Unis (Leatherman, 1989), la couche de sable régulièrement déposée devrait avoir une épaisseuraumoinségaleàl’élévationduniveaudelamerconsidérée,ceci surtoutel’étendueduprofilactifdontlalimitemarineestlaprofondeurde fermeture de plage. Ceci soulève évidemment le problème de la disponibilité de sable. Les sédiments dragués ne peuvent pas eux seuls assurer l’alimentation des plages en recul, d’autres sites doivent être

211 explorés d’où la recherche de dragage de zones sableuses en offshore, sousréservedelapréservationdesressourceshalieutiquesdelazone. En effet les méthodes de rechargement doivent répondre à des contraintes techniques et environnementales : choix de sites d’emprunt dessables;impactsurlesherbiersetlacommunautésbenthiquedufait de l’extraction des matériaux ou de leur immersion sur les sites à recharger; budget de fonctionnement adapté à des rechargements périodiquesetc…. Actuellement, la prospection sismique à très haute résolution est une des techniques utilisées dans la recherche des stocks sableux offshore. Cette méthode géophysique consiste à visualiser l’architecture d’unprismedeshorefacedontlesdonnéesacquisespermettraient: (1) d’évaluer le volume sédimentaire disponible sur l’avant-côte (shoreface )endifférentspointsdelacôte,etparconséquentd’apprécier la variabilité régionale de ces volumes. Le détail des données obtenues permet en outre de distinguer à l’intérieur d’un volume de sédiments stockés,i)lestocksableuxmobiliséparl’hydrodynamismeambiant,ii)le stock sableux mobilisable en cas d’événements extrêmes, et iii) le stock sableux disponible (volume total) et celui mis en jeu dans la cadre de l’évolutionàlongtermedulittoralconsidéré;

(2)de définir la composante de transport résiduel ,longshoreoucross shore, à travers la géométrie interne des corps sédimentaires actuels (barres d’avantplage) qui participent à l’édification du prisme de shoreface, et d’apprécier ainsi les potentialités d’échanges transversaux oulongitudinauxentrelesdifférentscompartimentsdulittoral;

(3) d’établir un lien direct entre le volume de sableux stocké dans le shoreface et l’état d’évolution de la plage adjacente .Leconstatestclairet simple:lesplagesadjacentesauxshorefacesdefortvolumesontstables, voiremêmeenconstruction,tandisquelesplagessontenreculaudroit desshorefacesdevolumeréduit,c’estàdirelàoùlestockdisponibleest équivalentaustockmobilisable(voiremobilisé).

Une fois que les plages qui ont tendance à reculer sont diagnostiquées, il serait primordial de présenter une assistance sédimentaireàcesplagesquiàtraverselles,letourismesedéveloppe.De nouvellestechniques«douces»dites d’ECOPLAGE e tde STABIPLAGE ont été employées dans de nombreuses plages mondiales à fin de limiter le transportdesableetdoncluttercontrel’érosion. Le principe d’ECOPLAGE : consisteàdrainerlaplagedanslazone du jet de rive pour diminuer le transport de sédiment par la nappe de retrait. Ce procédé d'origine danoise, a été installé en France, en avril 1999,surlelittoralatlantique,auxSablesd'Olonne,ensuiteàVillerssur

212 mer(Calvados),danslabaied'AgayetàSaintRaphaël.Commelemontre la figure 71a et 71b, il consiste à enterrer sous la plage un système de drains parallèles au trait de côte à un niveau défini en fonction des conditions hydrodynamiques spécifiques du site. Ces drains sont reliés à un collecteur luimême couplé à une station de pompage. L'eau chargée en grains de sable apportée par la vague s'écoule par percolation tandis que le sable est retenu sur la plage. Une fois infiltrée l’eau de mer est ensuiteaspiréeparlapompe.Lesablesedéposeetlaplageestasséchée. Une canalisation de refoulement restitue à la mer l’eau libérée du sédiment, ou peut être réutilisée (piscine, pisciculture...) et l’engraissementdelaplageestalorsfavorisé. Ceprocédépermetdecombattreetdemaîtriserl’érosiondesplagesd’un littoral sans impact négatif sur l’environnement. Il a l’avantage d'être invisible et totalement silencieux, de ne provoquer aucun impact sur la faune ou la flore, et de ne modifier ni les courants ni le transit sédimentaire parallèle au rivage. Bien qu’elle elle ne nécessite que peu d’entretien, cette technique est onéreuse. En absence de marée, par exemple en Méditerranée, l’efficacité du dispositif est accrue car la zone dedéferlementdesvaguesesttoujourslamême.

a Zone de déferlement

Niveaumoyen Vagues del’eau

Ecoulement Fond Aprè s Drainage Avant

b

Station dePompage

Puit Collecteur Enterré

Eaupropreallant vers la mer

Canalisationsdedrainageet systèmedefiltration Figure IV. 71: Système d’ECOPLAGE de Carl Linderoth (http://www.atlanpole.fr)( a) et la mise en place du procédé d’ECOPLAGEdanslabaied'Agay( b)http://www.villesaintraphael.fr

213 Le procédé de STABIPLAGE : C’est une autre technique qui consisteàmettreenœuvredesouvragesengéocompositequi, unefois implantés, captent le sable naturellement transporté par les houles, les courants,etlesmarées,pourreconstituerlaplage,etl’aideràretrouver un équilibre sédimentaire dynamique (Fig. 72). Ces ouvrages dits «freineurs de transit littoral»,sont eux posés perpendiculairement au traitdecôte.Unvolumeimportantdematérielsédimentaireestbloquéen amontdeladérive.Maisunefoisquelescompartimentssontremplis,les courantsvontreprendrelapartieexcédentairedecevolumesédimentaire pourl’exporteralorsversl’avaldeladérive.Lespropriétésdesouplesse etdeperméabilitédelaréalisationpermettentdenepas"fairebarrage" au sable comme le ferait une digue, mais plutôt de gérer les flux de sédiments.L'étudepréalablesystématiquementmenéeparEspacePur(en France) permet de fabriquer un Stabiplage sur mesure pour chaque problème posé. Cette technique est très appliquée longitudinalement au pieddesdunes.Elleaétéutiliséedansplusieurssitespourlaprotection deslittorauxàGuilvinec,ladunedeTumiacetlaplagedansleMorbihan enFrance,auSudduVietnametsurlelittorald'AghiraDjerbaenTunisie.

Côte amont Côte aval Structure Carapaceprotectrice composite Géotextile Injection desable Nappe antiaffouillement Ancrage Ancrage FigureIV.72:Coupedustabiplageavecancrageetposé perpendiculairementautraitdecôte.. http://www.stabiplage.com/

L’utilisation de telles techniques sur ce littoral ne serait que bénéfique pour les plages à risque. En effet les actions à entreprendre danscecadrepermettrontderéhabilitercetécosystèmelittoraldégradé, derendreauxplagesleursfonctionsenvironnementalesetleursbénéfices balnéaires.Engraisserlesplagesdecettecôtedoitêtrecoupléàd'autres actions telle que la fixation des dunes, technique à développer car c’est très important et pas trop cher Celles ci joueraient un rôle tampon à touteinvasionmarine.

5 L’entretien des cours d’eau: les cours d'eau doivent être entretenus, afin de permettre aux rivières d'absorber l'entrée plus massive de l'eau due à l'élévation du niveau de la mer. Si les oueds ne sont pas entretenus particulièrement au niveau des embouchures, les

214 terres environnantes subiront un grand nombre d'inondations. Ceci pourrait être désastreux car les terres environnantes ne pourraient s'ajuster aux périodes accrues d'inondations et elles finiraient par être détruites.Ilestaussiimportantd'assurerlasantédesrivièresafindene pas transporter les polluants et de polluer l'eau potable et celle des nappesphréatiques. Dans les mesures d’adaptation et de protection d’un littoral contre l’élévationduniveaudelamer,lapriseencomptedesaléasextrêmesles plusprobablesenmatièred’occurrenceestprimordialepourdesraisons évidentes de sécurité. En effet, la gestion des événements épisodiques paroxysmiques,telslesforteshoulesdetempête,seraitentièrementplus complexequelephénomènepluslentdel’élévationduniveaudelamer. Lesscénariosdonnentdesperspectivesplusinquiétantes,principalement pourlesplainesalluvialesàtopographiebasse.Dansdetelsespaces,en plus des options techniques à utiliser, le défi le plus difficile à relever seraitlaprotectiondespopulations. Ainsi un facteur important à considérer dans ce genre d'analyse est la vitesse à laquelle on prévoit que les changements vont survenir. Par exemple,uneélévationprogressiveduniveaudelamerpeutnousdonner letempsd'adapterlaplupartdes infrastructurescôtières,àlafaveurdu programme d'entretien régulier; les stratégies d'accommodement et de retraitseraient,danscecas,desoptionsviables.Enrevanche,unrythme dechangementplusrapidepourraitnécessiterdesmesuresdeprotection ouderemplacementpluscoûteuses. Quelques soient les solutions techniques choisies, elles nécessitent impérativement un mécanisme de suiviévaluation, afin d’adapter progressivement les réactions du littoral à des solutions mieux appropriées. III- 2. Les mesures d’accompagnement et recommandation pour le long terme III- 2-1. L’élaboration d’un plan GIZC de Tétouan Endépitdel’intérêtgrandissantdesautoritéspourlazonecôtièrede Tétouan,aucunplandegestionintégréedulittoraln’aétéjusqu’àprésent initié, en raison probablement de la multiplicité des acteurs intervenant dans ce secteur. Or, les stratégies de réponse aux changements climatiquesnepourrontêtreefficacesquedanslecadreplusglobald’une gestion intégrée des zones côtières (GIZC) qui représente un outil incontournablepourledéveloppementdurabledeslittorauxmarocainsen général et celui de Tétouan en particulier. L’élaboration et la mise en œuvre des stratégies d’adaptation dans le cadre d’un plan de GIZC, nécessitent une bonne connaissance du fonctionnement organique du système côtier en question. Celleci est conditionnée par la disponibilité des données. L’absence de données océanographiques dans la zone étudiéeaétéungrandhandicapdansl’estimationdesimpactsphysiques. 215 Il devient donc indispensable d’installer sur la côte de Tétouan, des instruments de mesures en continu de la houle et de la marée, et de suivrel’évolutiondesplagesafindedisposerdelonguessériesdedonnées quipermettraientdedégagerdestendancesd’évolution. En dehors du manque de données, le problème récurrent dans l’évaluation des impacts côtiers est l’incompatibilité des horizons temps utilisés pour l’évaluation des impacts liés au climat et ceux utilisés pour les projections du développement socioéconomique (Klein, 2002). Pour cette raison, les incertitudes demeurent considérables et les options d’adaptationdevraientêtrebaséessurdesévaluationsprogressivesetun suivirégulier. III- 2-2. Le renforcement juridique SiactuellementlelittoraldeTétouanestfortementdégradé,c’esten majeurepartieàcausedel’absenced’uneréglementationsurl’occupation desonespaceetl’utilisationdesesressources;Ilestdoncurgentquela loi ‘Littoral’ (encore à l’état de projet) et les textes de loi relatifs à l’extractiondesablesoitrigoureusementappliqués.Vulesprojectionsdes risques, La loi du littoral devrait interdire la construction ou l'aménagementde structuresenbétonouautresinfrastructuresmême des routes dans les zones connues comme "dynamic beach zone» et toutprésdesouedsafindeminimiserlesconséquencesdel'élévationdu niveaudelamer. III- 2-3 Le renforcement institutionnel SurleplanInstitutionnel,ilestimportantderenforceret/oumettre en place des mécanismes de coordination entre les différents acteurs opérantdanslazonecôtière,etentrelepouvoircentraletlescollectivités locales.Cecipermettraitd’impliquertouslesreprésentantsdesdifférents secteurs dès la phase deréflexion surle choix des options d’adaptation. La sensibilisation et l’implication des communautés côtières tout au long du processus d’adaptation est un gage pour la réussite des options retenues. En effet, en considérant plusieurs options, à diverses échelles, dans le cadre de travaux ou de discussions auxquels participeraient les intervenants, permettrait d’obtenir des résultats fructueux. En outre le choixd’unevoieplutôtquedel’autredoits’inscriredansuneréflexionà longtermequidoitaboutiràunegestiondurableetraisonnéedulittoral. Cetteréflexiondevraitprendreencomptelesactionspasséesetàveniret leurs conséquences sur le milieu naturel et l’économie. L’adoption de simplesmesurespréventivespeutpermettre,danscertainscas,d’assurer une protection efficace contre les risques côtiers, sans aménagements particuliers importants. Ces mesures devraient être mises en œuvre à temps. Parmi les stratégies d'adaptation possibles pour toute zone vulnérables à l’élévation du niveau de la mer, telles qu'elles sont recenséesetexaminéesdanslalittérature,figurent lareconnaissanceet

216 la surveillance des dangers d’où la nécessité de créer un outil de connaissanceetdesuivi:l'observatoiredulittoral. Cettestructureseraitorganiséeautourd’une: Commission scientifique: chargée de centraliser les données produites par les différents réseaux nationaux de surveillance des pollutions littorales, de réaliser ses propres analyses en complément et d'assurer uneveillesanitaire. Commission d'information: chargée de synthétiser les données scientifiques pour les rendre accessibles et compréhensibles à un large publicparlebiais d'indicesexplicites.Elledoitégalementrenseignersur lesrisquessanitairesetlatoxicitédesdifférentspolluants. Commission juridique: chargée de faire appliquer la législation en vigueuretavoirunrôledeconseilauprèsdesélusetdesindustriespour dégagerdessolutionsenvironnementalesadaptées

A toutes ces mesures citées devraient s’ajouter d’autres actions telles:lastratégied’atténuationdelagravitédesmenacespourlasanté, desprogrammesd’éducationenmatièredesanté,desstructuresdesoins, lagestiondeségoutsetdesdéchetssolides,unemeilleuresensibilisation et éducation du publique ainsi que des plans de prévention des catastrophes. IV-CONCLUSION

L'enjeudeladéfensecontrelamerseradeplusenplusimportant danslesprochainesdécenniesavecl'élévationprévisibleduniveaumarin, liée à un réchauffement climatique planétaire désormais incontesté. Les mesures peuvent avoir différentes formes telles que protection des littoraux, ajustementdescôtes,retraitetabandondeszonesmenacées. Ces diverses interventions ne seront pas toujours faciles, ni même possiblesparfois.D'oùtoutl'intérêtàaccorderàlaquestiondel'élévation du niveau de la mer dans les prochaines décisions en matière d'aménagementdesmilieuxcôtiers.

217 Conclusion de la partie

Au termedecetteétude, ilapparaît quelelittoraldeTétouanest vulnérableàuneélévationduniveaudelamer.Unevariationd’unniveau marin, même de quelques décimètres peut, dans différents segments côtiers, entraîner un retrait sensible du rivage par érosion ou par submersion.L'intrusiondeseauxmarinespeutmenacerdeconduireàdes formesdedégradationparsalinisationaussibiendeseauxquedesterres. Tous ces impacts auront des incidences négatives sur les paramètres physique, écologique et socioéconomique de cette région réputée pour êtreunedesmeilleuresstationsbalnéairesduMaroc. Laquestionrécurrenteconcernantlesimpactsetl'adaptationliésau changement climatique et à l’élévation du niveau de la mer, est l'incertitude,quecesoitàl'égarddesprévisionsconcernantlavitessede lahausseduniveaudelamer,àl'égarddelaréactiondessystèmes,età l'égard de la capacité d'adaptation des personnes. Compte tenu de la complexitédecessystèmes,l'incertitudeestinévitableetparticulièrement prononcée à l'échelle locale et régionale, où de nombreuses décisions pourraientêtreprisesenmatièred'adaptation.Néanmoins,ilestpossible d'affronter l'incertitude dans un contexte de gestion des risques, en mettant en oeuvre des mesures d'adaptation à fin d’augmenter la résiliencedecelittoral. 218

SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE

219 SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE. Au terme de cette étude, consacrée à l’analyse prévisionnelle des impacts des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer sur le littoral de Tétouan, nous tenterons de faire ressortir les principaux enseignements acquis tout le long de ce mémoire. Nous présenterons, d’abord la synthèse des principaux résultats obtenus à l’issue de l’étude de l’évaluation des impacts biophysiques et socio économiques de l’élévation du niveau de la mer sur cette zone côtière. Ensuite, nous exposerons, le degré de vulnérabilité de cette côte à la hausseduniveaudelamerprévuedurantlesprochainesdécennies,sur labaseduquel,desstratégiesd’adaptationssontproposées. I- SYNTHESE DES RESULTATS

I-1- L’évolution morphologique passée

L’étude de l’évolution morphologique du trait de côte du littoral de Tétouan,baséesuruneanalysediachroniquedesphotosaériennes(1958, 1986,1997et2003),amontréqu’entre1958et2003,lerivageaconnu uneérosionquasigénéralisée.Elleatouchéenviron70%decettezone côtière, alors que les plages engraissées ne constituent que 14%. Les différents taux d’érosion observés expliquent en grande partie la variabilitéaussibienspatialequetemporelledureculdutraitdecôte: Leretraitglobaldurivageestenmoyennede80mdanslesecteur nord,entreFnideketM’diq,etde45mdanslacôtesud,deCaboNégroà Azla. Lesvitessesmoyennesdureculsontde1,8m/anentreFnideket M’diqetde1,0m/andanslesecteursud; Lesrivagesquiontfortementreculédepuis1958correspondentà environ 42% de tout le littoral. Ce sont particulièrement les plages de Riffiene au Sud de Fnidek, celles situées au Nord des ports de Marina Smir,deKabilaetdeM’dig.Demême,auniveaudelacôtesud,uneforte érosionamarquélesplagesdeCaboNégro,etlerivagesituéentreSidi AbdessalametAzla. L’accrétionestlimitéeàquelqueszoneslocaliséesauSudimmédiat delapointed’AlMinaetduportdeMarinaSmirpourlacôtenord.Alors queplusauSud,lesairesd’engraissementsontadjacentesauxrivesdes ouedsMellahetMartil.Lestauxd’accrétionsontestiméspourlapériode 19582003à+0,5m/ansurlacôtenordet+0.8m/anauSud. Untauxélevédespertesensédimentsestnotédurantlapériode allant de 1958 à 1986. Ensuite, affaiblit entre 1986 et 1997, l’érosion a connuunerecrudescenceàpartirde1997.

220 L'évolution morphologique de la zone côtière de Tétouan peut être considérée comme le résultat global de différents processus, aussi bien naturels qu’anthropiques, qui ont agi et agissent à des échelles temporellesdifférentes,parfoisensynergie,parfoisdemanièreopposée, etquisontprincipalement: Le développement accru de l’urbanisation qui, en fixant artificiellementlescordonslittoraux,asoustraitdesquantitésimportantes dematériauxausystèmehydrosédimentairesableux; L’activité d’extraction excessive de sables côtiers, souvent illicite, enréponseàlademandeaccruedesconstructions; la réduction des apports fluviatiles en raison d’une part, des périodesdesécheresseprolongée,etd’autrepart,delaconstructiondes barragessurlesplusimportantsouedsdelarégion. Laconjonctiondetouscesfacteurs,naturelsetanthropiques,està l’originedenombreuxrisquesenvironnementauxdanslazonecôtièrede Tétouan; celleci se trouve en effet, confrontée à des conflits entre les objectifsdedéveloppementetsonévolutionnaturelle.Ladégradationet la fragilité de cet espace côtier le rendent beaucoup plus vulnérable aux changementsclimatiquesetnotammentàl’élévationduniveaudelamer. I-2- Les Impacts biophysiques et socio-économiques

La thèse du réchauffement global est à présent admise par une majorité des scientifiques, et l’élévation du niveau marin est sans équivoqueselonleGIEC(2007).Al’échelleglobale,lephénomènesemble même s’être amplifié depuis quelques années. En Méditerranée occidentale marocaine, la hausse du niveau de la mer se fait à un taux moyend’environ2,5mm/an,d’aprèslesdonnéesaltimétriques. SelonlesscénariosprojetésparleGIEC(2001)etd’aprèsleshypothèses émises pour le 21 ème siècle, le niveau de la mer, au large de la zone d’étude,pourraitvarierentre21cmet47cmd’ici2050,etatteindre115 cmen2100.Cettehausseduniveau marinvabouleverserl’équilibredu rivagedeTétouan,oùl’érosionconstituedéjàunproblèmesérieux. a- Risque des pertes en terre par érosion côtière L’estimationdesterresàrisqued’érosioncôtière,baséesurlaloide Bruun,apermisd’identifierlessitespourlesquelsdesmesuresurgentes doiventêtreentreprises:laplagedeRiffiene,situéeauSudimmédiatde Fnidek, subirait un recul important et risque de disparaître d’ici 2100en casd’uneprévisionhautedelaremontéeduniveaudelamer.Ilenestde mêmepourlaplaged’Azlaquirestelaplusmenacéeparl’érosioncôtière, puisque quelque soit l’hypothèse émise pour les différents scénarios d’élévation du niveau de la mer, elle serait condamnée à disparaître. Quantaurestedesplages,leurrégressionresteplusoumoinsmodérée, etleurpérennitéseraitfortementdépendantedeladisponibilitéd’unstock

221 sédimentaireainsiquedelacapacitédelaplageàmigrerverslesterres, pours’adapterauxnouvellesconditionshydrodynamiques. La plupart des effets de l’érosion côtière sont «lents», et peuvent être contrés par une intervention humaine raisonnée. Mais le plus inquiétantseraientl’intensificationetlafréquenceaccruedesévénements extrêmesquientraîneraientdesdégâtsconsidérables. b- Les terres à risque d’inondation

Conjuguée à des conditions météomarines extrêmes (intensité et fréquenceaccruesdeshoules),l’élévationduniveaudelamerpourraient causerdesinondationsimportantes. La cartographie des zones à risque de submersion, pour un niveau d’inondationminimumde5metunniveaud’eaumaximumde10m,a révéléque:  les plaines alluviales de Restinga, Smir et Martil seraient les sites privilégiéspourl’invasionmarine;  20 % de la totalité du littoral étudié présenteraient un risque de submersionavecunniveaud'inondationminimum,et27%pourun niveaudesubmersionmaximum;  Topographiquementbasse,lacôtesudentreCaboNégroetAzla,et laplusvulnérableauxinondations.Elleperdraitentre25et30%de sa superficie en cas de submersion due aux événements marins paroxysmiques. c- Les infrastructures littorales des zones à risque

En cas d’inondation, les conséquences seraient lourdes pour les aménagementsetlesinfrastructuresenfrontdemer:  Les superficies des zones urbaines et périurbaines (Fnidek, M’diq, Cabo Négro, Martil et Tétouan) qui risquent d’être endommagées lorsdessubmersionsmarinesreprésenteraient57%pourunniveau d’inondationminimum,et63%encasd’unniveaud’eaumaximum. Pour les zones rurales (Azla, Mellalyine et Allalyne), le risque est plus faible, entre 1O% à 17% de la superficie totale seraient touchées, respectivement, pour des niveaux d’inondation minimum etmaximum.  Cesontessentiellementlesaménagementssituéslelongdelacôte etceuxquilongentlesouedsquiseraientlesplusmenacés.  Les réseaux d’approvisionnement en eau potable et d'assainissement risquent d’être fortement affectés par la montée

222 du niveau de la mer. La menace est grande pour les canaux d’assainissementquidébouchentdirectementenmer;lerisquede refoulementdeseauxuséesseraitimportant.

 Dans ces régions à risque de submersion, les infrastructures du réseau de communication et du transport pourraient connaître de fortes perturbations: Avec un niveau minimum de submersion, 26 % du réseau routier serait inondé, 35% le seront en cas d’une hausse maximum des eaux. Quant à l’aéroport de Tétouan, il ne pourraitêtremenacéqu’encasd’inondationextrême.  En outre la conjonction de l’élévation du niveau de la mer et les forteshoulesmettraitenpérillesouvragesportuairesetentraînerait de nombreux dégâts matériels des divers ouvrages utilisés pour la protectiondescôtes.TellecasdesmursenenrochementàFnidek, àM’diqetàAzla,ainsiquelesdiguesconstruitesàMartiletàCabo Négro. d- le risque accru d’une intrusion saline

Lesprincipauxaquifères dulittoraldeTétouan,SmiretMartilAlila, se situent à peine en dessous du niveau de la mer; ce qui les rend particulièrement sensibles à une hausse du niveau marin, et par conséquent à un risque élevé d’intrusion saline. La méthode GALDIT, a été adoptée dans cette étude, pour évaluer le risque de salinisation des eauxsouterrainesparlaremontéedubiseausaléencasd’uneélévation duniveaudelamer.Lacartographiedeceszonesamontréque:  Pour un scénario sans accélération de la hausse du niveau de la mer : 35% de la superficie de l’aquifère de Smir et 45% risque de subir une forte salinisation, respectivement en 2050 et en 2100. PourlanappedeMartilAlila,quicompteparmilesplusimportants aquifères du littoral méditerranéen marocain, 25% à 30% de sa superficieprésenteraitunefortevulnérabilitéàl’intrusionsalined’ici 2100.  Pourunscénariod’hypothèsehauted’uneremontéeduniveaudela mer: 45% de la superficie la nappe de Smir présente une forte vulnérabilité à l’intrusion saline en 2050; une extension maximale de la salinisation des eaux atteindrait plus de la moitié de sa superficie (52%). De même pour la nappe de MartilAlila, un fort risqued’unecontaminationparleseauxsaléetoucherait30%dela superficiedel‘aquifèreen2050,et46%en2100. Cesnappesconnaissentdéjàunesalinisationdeseauxdelapartie avaldesaquifères(Hilali,2002;Stitou,2002).L’extensiondel’intrusion saline risque d’être plus importante si les précipitations baissent, la

223 sécheresses’accentueetlasurexploitationdeseauxdoucessouterraines s’intensifie. L’amplitude des conséquences d’un tel phénomène est fortementliéeàl’intensitédeschangementsclimatiques,àlavitessedela remontéeduniveaudelamer,etàl’actionanthropique. eL’impact sur les écosystèmes côtiers

Lesécosystèmescôtiersetladiversitébiologiquedecelittoralsont d’une valeur considérable sur le plan environnemental, économique et culturel. Les menaces liées à la conjoncture des phénomènes météo climatiques se manifesteront par différents changements pour les écosystèmesaussibienterrestresqu’aquatiques: *laréductiondelalargeurdesplagesvoirmêmeleurdisparitionse feraitaufuretàmesurequeleniveaudelamervamonter,àcausede l’impossibilité de migrer vers l’intérieur (constructions résidentielles et balnéairesdensessurlehautdesplages); * l’écosystème de Smir (la lagune, les marais adjacents et l’oued Smir) présente des valeurs biologiques, écologiques et paysagères remarquables; il présente également un intérêt socioculturel indéniable et constitue une source de vie pour une population riveraine assez importante.Néanmoins,ilconnaîtunedégradation,dueàunemultitude d’activités et d’intervention humaines, qui risque de s’accentuer avec la submersion marine et l’intrusion saline. Vulnérable à une remontée du niveaudelamer,cettezonehumidesubiraitdefortesmodificationsaussi bienmorphologiquesquebiologiquesaucoursdu21 ème siècle. *lelacdeSidiAbdessalam,situéàproximitédelameretsurlarive droite de l’oued Martil, montre une forte vulnérabilité à l’élévation du niveau de la mer. Cette zone humide pourrait se transformer en une lagune avec la formation d’un goulet à travers la plage de Sidi Abdessalam, ou bien être complètement submergé en cas d’une remontéeaccéléréeduniveaudelamer. * le changement des biotopes et des biocoenoses affecterait la majoritédesécosystèmessubmergés,encasd’inondation; * l’incapacité d’adaptation de certains écosystèmes à une salinisation croissante des eaux et des sols, entraînerait l’extinction de nombreusesespècesfaunistiquesetfloristiques; * les forêts, en s’adaptant lentement aux nouvelles conditions climatiques,verrontlacombinaisondesespècessemodifieralorsquede d’autrespourrontapparaître.Ilaétéestiméque7%et58%ducouvert forestier du littoral de Tétouan, risquent d’être touchés par une

224 submersion respectivement, pour des niveaux d’eau minimum (5m) et maximum(10); * les divers effets qui affecteront les nombreux écosystèmes de cette zone côtière, suite à une élévation du niveau de la mer, à la submersion ou bien à l’intrusion saline compromettrait fortement la diversité de la faune (invertébrés, mollusques, crustacés, poissons, oiseaux,reptiles,etlesmammifères),etlafloreavectouteslesespèces végétalesprésentesdanslarégion. f- Les incidences socio-économiques Lesincidencespotentiellessurletourisme,l’industrie,lecommerce, la pêche et les différentes infrastructures correspondantes, varient en fonction: (i) de leur situation par rapport au trait de côte, et (ii) des scénariosd’inondationetd’érosioncôtière. * le secteur du tourisme serait le plus vulnérable à l’élévation du niveaudelamer.Lesplagesdesprincipaleszonestouristiques,souffrent déjàd’uneérosioncôtière;cellecirisquedes’aggraveraveclaremontée duniveaudelameretmettraenpérillesinfrastructureshôtelières.33% de la superficie totale des unités touristiques du littoral de Tétouan risquent d’être submergées avec un niveau d’inondation minimum; et atteindraitledouble(67%),encasd’unniveaud’eaumaximum; *SituéesentreTétouanetMartil,lesprincipalesunitésindustrielles delarégionsontfortementvulnérablesauxrisquesd’inondation.58%de leursuperficiesontsituéesdansdeszonesàrisqued’inondationavecun niveauminimum,et67%pourraientêtreendommagésavecunniveaude submersionmaximum. * En plus des défis comme la sécheresse, les inondations et les tempêtes que l’agriculture doit relever pour faire face aux changements climatiques, il faut ajouter l’intrusion saline qui représente un impact égalementinquiétantpourlesterresagricolesdulittoraldeTétouan. Pourlesdeuxscénariosdesniveauxd’inondation,minimumetmaximum, 20% et 30% de la superficie des terres agricoles vont être, respectivement, submergées. Par conséquent, l’inondation et l’intrusion saline vont perturber les ressources agricoles de la région, particulièrementauniveaudesplainesdeNégro,deSmiretdeMartil,où l’agricultureetl’élevageconstituentl’ossaturedel’économiedesménages ruraux. * Les impacts du changement climatique sur les ressources halieutiquesetlespêcheslelongdulittoraldeTétouansemanifesteront pardesvariationsdelatempérature,delasalinitéetduniveaudel'eau, des modifications de la fréquence et de l’intensité des événements

225 extrêmes et des changements de l'abondance des prédateurs et des proies. Tout ceci aura un impact certain sur la pêche, qu’elle soit commerciale, récréative ou de subsistance, sur la répartition spatiale et temporelle des populations de poissons ainsi que sur la durabilité des pêches. Cependant, il serait intéressant dans le futur d’évaluer ces impactsavecleconcoursdespécialistesdansledomaine. *Touscesimpactscités,qu’ilssoientbiophysiquesouéconomiques, auront des incidences directes sur la population, sur la santé et le bien êtrecommunautaire.LarégiondeMartilabriteunepopulationcôtièredes plusimportantesdulittoraldeTétouan;cecentreurbainestsituédansla zone à risque d’inondation, par conséquent sa population serait la plus menacéeparuneélévationduniveaudelamer. I- 3. Degré de la vulnérabilité physique et socio-économique. LacartographiedelavulnérabilitéphysiquedulittoraldeTétouan, baséesurlecalculdel’IndiceCôtierdeVulnérabilitéphysique,amontré que la zone côtière, entre Fnidek et M’diq (côte nord), présente une vulnérabilitéforte,etcelleentreCaboNégroetAzlaunevulnérabilitétrès forte.30%dulittoraldeTétouanprésenteunrisquetrèsélevé,37%un risque élevé, 11% un risque modéré et 24% un risque bas. Les régions ayant le plus grand risque sont particulièrement, les secteurs côtiers de CaboNégro,Martil,Azla,etSidiAbdessalam. La représentation de l’Indice Côtier de la Vulnérabilité socio économique, basée sur la méthode de Mclaughlin et al. (2002),révèlent quelarégiondeMartilSidiAbdessalammontreunetrèsfortevulnérabilité socioéconomique (17% de l’ensemble du littoral). 50% présentent une vulnérabilité élevée; ce sont les zones côtières à centres urbains et ruraux(Fnidek,M’diqetAzla),ainsiquelesrégionsàfortdéveloppement touristique(RestingaetCaboNégro).Lerestedulittoral(33%)présente unevulnérabilitéplusmodérée. Lavulnérabilitédecettezonecôtièrerisquedes’accentueravecles futursprojetsprogramméslelongdulittoral.Cesvaleursnedevraientpas êtreconsidéréescommestatiques,carparfoislesvariablessocialesdela vulnérabilité changent beaucoup plus rapidement (quelques décennies) queleschangementsclimatiques. Face à de telles menaces, le littoral de Tétouan serait confronté à des difficultés socioéconomiques et environnementales majeures. Par conséquent,desmesuresd’adaptations’imposent. I-4- Les stratégies d’adaptation

DanslebutdepréparerlelittoraldeTétouanàfairefaceauxfuturs changements climatiques, différentes mesures d’adaptation ont été proposées;ellessontd’ordretechnique,institutionneletlégislatif:

226 les stratégies à court et à moyen termes correspondent à des actions derestaurationetdeprotectionparlacombinaisondeméthodes doucesetdures,telleque:  la construction de murs de protection et/ou le renforcement des enrochementspourprotégerleszonesurbanisées.  larestaurationdelalagunedeSmiretdulacdeSidiAbdessalam,tout en empêchant les constructions autour de ces écosystèmes afin de favoriserleuradaptationnaturelle.  le rechargement artificiel en sable pour la réhabilitation des plages particulièrement dans la côte nord, à partir des dragages soit des ports, quand ces derniers répondent aux critères de qualité, soit de sableoffshore.  Dans certains cas le rechargement seul ne suffit pas, il est alors nécessairedelecombineraveclaconstructiond’épisetdediguesqui devrontêtreadaptésaufuretàmesurequelamermonte.  Pour mieux combattre l’érosion et augmente ainsi la résilience des plages, de nouvelles techniques douces ont été également proposées pour ce littoral. Il s’agit des techniques dites d’ECOPLAGE et de STABIPLAGE. La première consiste à drainer dans la zone du jet de rivepourdiminuerletransportdesédimentsparlanappederetrait.La seconde, a pour rôle de capter le sable transporté par la houle, les courantsetlamaréepoursarestitutionàlaplage.  Afindepermettreauxouedsd’absorberl’entréeplusmassivedel’eau dueàl'élévationduniveaudelamer,ilfautentretenirlescoursd’eau particulièrement au niveau des embouchures, et les dépolluer afin d’évitertoutecontaminationdel’eaupotable. Pour les actions à long terme :  Toutes ces stratégies de réponse aux changements climatiques ne pourront être efficaces que dans le cadre plus global d’une gestion intégrée des zones côtières (GIZC) qui représente un outil incontournablepourledéveloppementdurableducelittoral.Pourcela, il est indispensable d’impliquer tous les acteurs dans les différentes phases d’élaboration de ces stratégies. Par ailleurs, il est nécessaire, d’installer sur la côte de Tétouan des instruments permanents de mesures de la houle et de la marée, afin d’analyser la tendance évolutivedecelittoralenrelationaveclesnouveauxprojets,defaire desévaluationsprogressivesetunsuivirégulierdecesactions.  En outre, un renforcement juridique permettrait de préserver la résiliencecetespacecôtieretluipermettredes’adapternaturellement

227 à l’élévation du niveau de la mer. Il est donc urgent que la loi «littoral» et les textes de lois relatifs à l’extraction de sable e aux étudesd’impactsurl’environnementsoientrigoureusementappliqués.  un renforcement institutionnel permettrait aussi de renforcer les mécanismes de coordination entres, les différents opérateurs dans la zonecôtière,etentrelepouvoircentraletlescollectivitéslocales.  Lacréationd’unobservatoiredulittoralsembleêtrenécessaire.Ilsera l’outildeconnaissanceetdesuivi,etcontiendradescommissionsaussi bienscientifiques,d’informationquejuridique.

II. CONCLUSION GENERALE

Cetteétude,dontl’objectifétaitd’évaluerlesimpactspotentielsdes CC et de l’élévation du niveau de niveau de la mer sur le littoral de Tétouan, a révélé une forte vulnérabilité environnementale et socio économiquedecelittoralfaceàcesimpacts. L’étuderétrospectivedel’évolutionmorphologiquedutraitdecôte, a montré que ce littoral a été fortement sollicité depuis plusieurs décennies, par les activités de développement, notamment urbain et touristique;Cellesciontinterféréavecladynamiquehydrosédimentaire du système côtier et causé une forte érosion des plages, considérées pourtant comme un capital économique de première importance pour le tourisme balnéaire de la région, et comme une réserve tampon indispensableauréajustementdesprofilsdeplageencasd’érosion.L’état environnemental actuel, fortement dégradé de ce littoral, présage de difficultésmajeuresàs’adapterencasd’élévationduniveaudelamer,si aucune mesure n’est entreprise pour le protéger de ce phénomène pourtantinéluctable. L’étudeprospectives’estfondéesurl’analysed’ungrandnombrede donnéesetd’informationsdisponibles,dontonnedoitpasdissimulerle caractère fragmentaire et parfois imprécis. Toutefois, en dépit de ces faiblesses et des marges d’incertitude que comportent les scénarios d’évolution,établis,cettepremièreétudeanéanmoinspermisd’évaluerla vulnérabilitéàl’élévationaccéléréeduniveaudelamerdulittoralétudié. L’analyse des impacts biogéophysiques et socioéconomiques, a fait ressortir,quelacôtesuddecelittoralétait globalement plusvulnérable aux phénomènes d’inondation, en raison de l’altitude basse de la frange littorale et de l’étendue des plaines alluviales. Les risques d’érosion côtière engendrés par l’élévation accélérée du niveau marin, pourraient causerladisparitiondesplagesdéjàenreculcommecelledeRiffieneet d’Azla. Les risques de pertes de terres, naturelles et aménagées, par inondation,érosion,salinisation,etc.,seraientconsidérablesen2100.Ces impactsaffecterontlesélémentsfondamentauxdelaviedespopulations

228 côtières,quienpaieraientcherletribut,siaucunemesureproactive,n’est entreprise, pour anticiper sur ces phénomènes. En effet, D’après le rapportdeStern(2007),lesavantagesquereprésenteuneactionferme etprécoce,l’emportentdeloinsurlescoûtséconomiquesdel’inaction. Il est donc possible d’éviter, ou du moins de réduire ces impacts, en agissant dans un contexte global de GIZC, et en mettant en œuvre des mesures d'adaptation et d'atténuation anticipatives, écologiquement acceptables et financièrement réalisables. Ces options devraient être réévaluées régulièrement en raison: des changements qui risquent d’affecter la dynamique côtière et par suite la vulnérabilité, de la compréhension scientifique des processus, de l’évolution de la technologie,etc. Lamajoritédelacommunautéscientifiqueconsidèreeneffetquele réchauffement climatique est l’enjeumajeurdu 21 ème siècle. Il faut donc agir, et agir vite car l’adoption du scénario de l’indifférence serait très lourde de conséquences. Seule une prise de conscience, générale et concertée entre les acteurs socioéconomiques, permettra la réussite de telles stratégies, ainsi que la mise en place de mesures pertinentes de conservationdelacôtecommegarantiedeprotectiondespopulationset infrastructures côtières contre les impacts potentiels des changements climatiquesetdelaremontéeduniveaudelamer. III-PERSPECTIVES D’AVENIR :

Cette étude sur le littoral de Tétouan a certes fourni des résultats importants et inédits sur la vulnérabilité/adaptation de ce littoral face à l’élévation du niveau de niveau de la mer, elle n’en demeure pas moins perfectible et nécessite des études plus approfondies dans le but d’améliorer les connaissances et de lever certaines incertitudes, notammentpar: L’utilisationdecartestopographiquesetbathymétriquesplus précisesetplusrécentesquipermettentd’élaborerunModèle NumériquedeTerrain,outilindispensablepourunemeilleure précisiondesscénariosd’inondation; Lapriseencomptedelatectonique(tauxdesubsidence/élévation), danslesscénariosd’élévationrelativeduniveaudelamer,donnée quiafaitdéfautdanscetteétude; L’actualisationdesdonnéespiézométriques,etdesdonnéessurles fluxsédimentairesfluviatiles; Toutefois, la contrainte la plus handicapante pour ce travail a été l’inexistence de certaines données indispensables pour les études de vulnérabilité/adaptation telles que les longues séries temporelles de donnéesdehoulesdetempête,etlesmesuresduniveaumarinàl’échelle historique (sur au moins une centaine d’années), qui permet d’avoir la tendanceactuelle. 229 Parailleurs,cetteétudeouvrelavoieàdesrecherchescomplémentaires, qui doivent être réalisées en collaboration avec d’autres spécialistes, notammentdanslesaxessuivants: L’utilisation de modèles hydrodynamiques pour les différents scénariosduniveaudelameretd’inondation; L’évaluationplusdétailléedesimpactsdesCCsurlabiodiversitéet lesécosystèmesdulittoral,etsesressourcesnaturelles; L’évaluationdelapopulationàrisque; L’évaluationéconomique,enutilisantdesanalysescoûtsbénéfices, des options d’adaptation et des dommages causés en cas de politiquede«nerienfaire».

Joint à l’étude élaborée par le MATEE (2007) pour les régions de TangeretSaidia,cetravailpourraitconstitueruneplateformederéflexion pour l’élaboration d’un programme national de stratégie d’adaptation du littoral méditerranéen marocain, face aux changements climatiques. Ce programme doit être pensé dans le cadre d’un plan de GIZC, avec des mesuresenmatièresdenormesréglementairespourlesconstructionsen front de mer, de zonage et de planification futurs, qui doivent impérativementintégrerladonne«CC»,enmatièredesensibilisationet d’actionparticipativedetouslesacteursconcernés.

« La Terre ne nous appartient pas, nous l’empruntons à nos enfants ». Saint-Exupéry. 230

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233

Annexe A

A-1

Amplitude 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 (m) 0 – 0,5 m 21 % 19% 43% 49% 60% 58% 58% 52% 57% 55% 50% 0,5 – 1 38 36 32 31 24 24 25 32 32 32 33 1 – 1,5 21 18 14 12 8 7 7 7 7 7 10 1,5 – 2 11 11 5 4 5 4 5 4 2 3 3 2 – 2,5 4 6 2 2 2 3 2 2 1 1 1 2,5 – 3 2 4 1 1 1 2 1 1 1 1 1 x > 3 3 6 3 1 0 2 2 2 0 1 2

Amplitude 1,6m 2m 1,2m 1,5m 1,3m 1,3m 1,2m 1,4m 1.2m 1.2 m 1.3 m moyenne de la houle (m)

Période Tp (s) 6,3-10,2 5,7-10,2 5.2-9.2 3.9-9,2 4.3-8.4 5,2-10,2 4,3-10,2 4,7-11,2 4.4-8,9 5.7-10.1 4.3-8.9

Fréquences(en%),lamoyennedesamplitudesdeshoulessignificatives(en m)aulargedulittoraldeTétouan.

Direction 1996 97 98 99 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

E 43% 43% 47% 38% 42% 43% 41% 46% 52% 55% 45% NE 7 04 03 08 04 04 04 06 03 03 03 W 25 32 26 22 16 19 22 19 19 20 28 SW 10 07 02 02 04 05 03 04 02 01 03 NW 05 07 09 14 10 11 10 08 07 05 05 SE 02 01 01 01 01 01 01 01 01 01 01 N 01 01 01 02 02 02 01 02 01 01 01 S 04 02 01 01 02 01 01 01 01 01 01 Calmes 03 03 10 12 19 14 17 13 14 13 13 Total 100% Pourcentage des directions des différentes houles au large du littoral de Tétouan.

A-2

1996 97 98 99 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Janvier 2m 1,8m 1,9m 1,9m 1,2m 1m 3,5m 1,1m 1,2m 1.3m 1.5 m Février 2,4 2,0 2,2 1,5 1,4 1,6 1,0 1,4 1,9 1.8 1.3 Mars 2,0 2,5 1,4 4 0,7 0,7 1,8 3,5 1,1 1.0 0.9 Avril 1,6 4,6 0,9 1,1 1,6 0,8 1,3 1,1 1,6 0.9 0.8 Mai 1,4 1,5 1,1 1,2 1,1 1,0 1,0 1,2 1,0 0.9 1 Juin 1,8 1,0 0,8 0,9 1,4 1,5 1,1 0,9 0,7 0.8 1.2 Juillet 2,1 1,5 0,6 0,8 1,2 0,6 0,7 0,5 0,8 0.7 0.7 Août 0,8 1,1 0,8 0,6 1,3 0,5 0,6 1,0 0,7 0.8 1 Septembre 1,3 3,5 0,8 0,9 0,9 1,0 0,3 1,0 0,8 1.3 0.8 Octobre 1,3 1,5 0,9 1,6 0.9 3,0 0,8 1,5 0,6 1 1.5 Novembre 1,3 1,5 1,5 1,4 1.2 2,2 0,8 1,7 1.9 1.9 1.9 Décembre 1,7 1,3 1,6 1,6 1.2 2 1,0 1,6 1,9 1.8 1.9 Moyenne 1,6m 2m 1,2m 1,5m 1,3m 1,3m 1,2m 1,4m 1.2m 1.2 m 1.3 m annuelle

Les moyennes des amplitudes mensuelles et annuelles des houles au large du littoral de Tétouan.

Année Moyenne des Houles significatives maximales (en m) amplitudes Amplitude Période ( s) Direction maximales des houles maximale ( m) significatives ( m) 1996 3,5 5 10,2 N79 1997 3,6 5,7 10,2 N80 1998 2,3 4,4 9.2 N85 1999 2,7 4,7 9,2 N88 2000 2,4 3,6 8.4 N86 2001 2,8 6,6 10,2 N84 2002 2,3 5,3 10,2 N83 2003 2,6 7.4 11,2 N78 2004 2,0 3,8 8,9 N86 2005 2.4 4.5 9.4 N83 2006 2.2 3.8 7.7 N86

Moyenne annuelle des amplitudes maximales annuelles et hauteur maximale, période et direction de la houle significative au large du littoral de Tétouan. Moyenne des amplitudes.

A-3

Annexe B

A-4 495 500 505 510 515

Fnidek Cap Sebta 585  N 6 Plage2 de Riffiene  580  Plage de Trés Piedras  Plage 4d' Al Mina         Al Mina 575 Marina10 Smir  Plage de Restinga Smir Plage du Club Med.  5a 570 Kabila8  Plage de Kabila Golden9 Beach M'diq  565 5b Centre urbain ou rural  Plage de Cabo Négro 3a 560 Port Plage de Martil nord Martil Limite de la zone Plage3b de Martil sud d'étude  Plage de sidi Tétouan  Abdessalam1 555 2 1 x:N°photo 1Plage d'Azla Azla  7 0 2 4 550 Km Cartereprésentantlessitescorrespondantauxphotos.

PhotoII.1:EtatactueldelafalaisevivedeSidiAbdessalam

A-5 Oued Négro

PhotoII.2:Bourreletsédimentairefermantl’embouchuredel’ouedNégro.

a b PhotoII.3:OuedsMellah(a)etMartil(b)

Pointe AlMina

PhotoII.4:Flècheavecpointd’ancragelapointed’AlMina A-6 Epi

Digue

-a- -b- PhotoII.5:Accumulationdesableenamontdeladiguesudduportde MarinaSmir(a)etdel’épideCaboNégro(b).

PhotoII.6:Vestigedel’ancienmurdeprotectiondelaroutede Fnidekaprèsuneforteérosion

A-7

PhotoII.7.Destructiondumurdeprotectiondelarouted’Azla

PhotoII.8:Habitationsmenacéesaprèslepassaged’unefortehoulede tempête(littoralnord)

A-8 PhotoII.9:Déchaussementdesparasolsetforteérosiondela plagedeKabilaaprèslepassagedelahouledetempêtede1990.

PhotoII.10:LittoraldeTétouanérodéetapparitiondesplatiersrocheux. (entreFnideketM’diq).

A-9 PhotoII.11:Renforcementdelaprotectiondelarouted’Azla.

PhotoII.12:Forteérosionàproximitédumaraboutde SidiAbdessalam(entreCaboNégroetAzla)

A-10

ANNEXE C

A-11

Tableau A : Caractéristiques morphologiques et sédimentologiques des différentes plages du littoral de Tétouan.

Largeur (m) secteurs Plages Longueur Hauteur de la Plage Plage Sous Sédiment (Km) berme (m) aérienne Marine

Sud de Fnidek Riffiene 1 2 40 250 Sable bioclastique à grains moyens à grossiers.

Très Piédras 4.5 80 100 Sable à grains moyens à grossiers avec Allalyine Al Mina 2 4 50 100 débris de coquilles

Sud de la pointe Al 2 5 65 50 Mina Sable à grains moyens avec débris de coquilles Restinga Restinga Smir 1 3 38 50 Sables grossiers Club 3 3.5 70 50 Sable moyen à grossier Méditerranéen

Kabila Kabila 1.5 3 50 50 Sable bioclastique à grains moyens à grossiers

M’diq Golden Beach 2 2 30 50 Sable grossier à graviers et à galets

Capo Négro Cabo Négro 3 2 140 450 Sable fin

Martil Martil Nord 2.5 3 100 400 Sable moyen à fin Martil Sud 1.5 3 150 500

Sidi Abdessalam Sidi Abdessalam 2 2.5 100 400 Sable gris moyen à fin

Azla Azla 1.5 1.5 15 250 Sables gris moyens à grossiers avec présence de galets A-12 Recul du trait de côte ( en m) Sites 2050 2100 des plages SB HB HM HH SB HB HM HH Riffiene 6,2 8.7 15,3 19,5 11,2 15 31 47,6 Très Piédras 3 4,2 7,4 9,4 5,4 7,2 15 23 Al Mina 2,5 3,5 6,2 7,8 4,5 6 12,5 19,2 Sud de la pointe 1,7 2,4 4,2 5,4 3,1 4,1 8,6 13,2 Restinga Smir 1,6 2,3 4,1 5,2 3 4 8,2 12,6 Club Med. 2 3 5,2 6,6 3,8 5 10,6 16,2 Kabila 2 2,6 4,6 6 3,4 4,5 9,4 14,4 Golden beach 1,7 2,4 4,2 5,3 3 4 8,5 13 Reculmoyen(m) 2,6 3,6 6,4 8 4,7 6,2 13 20 Côte nord - Cabo Négro 12,6 17,7 31 40 22,8 30 63 97 Martil Nord 9,4 13 23 29,4 17 22,5 47 72 Martil Sud 12 17 30 38 22 29 61 93 Sidi Abdessalam 10 14 25 31 18 24 50 77 Azla 6 8,6 15 19 11 14,7 30,6 47 Reculmoyen(enm) 10 14 25 31,5 18 24 50 77 –côte sud- TableauB1:Recul(enm)dutraitdecôtedulittoraldeTétouandûàl’élévation duniveaudelamerauxhorizons2050et2100.

A-13 Surfaces susceptibles d’être perdues des plages (en m²) Plages et leur 2050 2100 superficie SB HB HM HH SB HB HM HH (en m²) Riffiene 6200 8700 15300 19500 11200 15000 31000 47600 (40000m²) 15% 22% 38% 49% 28% 37% 77% 119% Très Piédras 13500 18900 33300 42300 24300 32400 67500 103500 (360000m²) 4% 5% 9% 12% 7% 9% 19% 29% Al Mina 5000 7000 12400 15600 9000 12000 25000 38400 (100000m²) 5% 7% 12% 15% 9% 12% 25% 38% Sud de la 3400 4800 8400 10800 6200 8200 17200 26400 pointe 2,6% 3,7% 6,5% 8% 5% 6% 13% 20% (130000m²) Restinga Smir 1600 2300 4000 5200 3000 4000 8200 12600 (38000m²) 4% 6% 10% 14% 8% 10% 22% 33% Club Med. 6000 9000 15600 19800 11400 15000 31800 48600 (210000m²) 3% 4% 7% 9% 5% 7% 15% 23% Kabila 3000 3900 6900 9000 5100 6750 14100 21600 (75000m²) 4% 5,2% 9% 12% 7% 9% 19% 29% Golden beach 3400 4800 8400 10600 6000 8000 17000 26000 (60000m²) 6% 8% 14% 18% 10% 13% 28% 43% Total -Côte 42100 59400 104300 132800 76200 101350 211800 324700 nord - 4% 6% 10% 13% 7% 10% 21% 32% 1013000m² Cabo Négro 37800 53100 93000 120000 68400 90000 189000 291000 (420000m²) 9% 13% 22% 29% 16% 21% 45% 69% Martil Nord 23500 32500 57500 73500 42500 56250 117500 180000 (250000m²) 9% 13% 23% 29% 17% 22% 47% 72% Martil Sud 18000 22500 45000 57000 33000 43500 91500 139500 (225000m²) 8% 11% 20% 25% 15% 19% 41% 62% Sidi. 20000 28000 50000 62000 36000 48000 100000 154000 Abdessalam 10% 14% 25% 31% 18% 24% 50% 77% (200000m²) Azla 9000 12900 22500 28500 16500 22050 45900 70500 (22500m²) 40% 57% 100% 127% 73% 98% 204% 313% Total –côte 108300 149000 268000 341000 196400 259800 543900 835000 sud- 10% 13% 24% 30% 18% 23% 49% 75% 1117500m² Tableau B2: Superficies (m² et %) des plages susceptibles d’être perdues par érosion côtière d’ici 2050 et 2100 le long du littoral de Tétouan, pour les diversscénariosdechangementclimatique. (En%delasuperficietotaledesplagesdechaquesecteurcôtier) SB:Scénariodebase;HB:Hypothèsebasse;HM:HypothèsemoyenneetHH: Hypothèsehaute. A-14 Volumes de sable susceptibles d’être perdus (en m3) 2050 2100 Plages SB HB HM HH SB HB HM HH Riffiene 43400 60900 107100 136500 78400 105000 217000 333200 Très Piédras 121500 170100 299700 380700 218700 291600 607500 931500 Al Mina 45000 63000 111600 140400 81000 108000 225000 345600 Sud de la 34000 48000 84000 108000 62000 82000 172000 264000 pointe Restinga Smir 12800 18400 32000 41600 24000 32000 65600 100800 Club Med. 51000 76500 132600 168300 96900 127500 270300 413100 Kabila 24000 31200 55200 72000 40800 54000 112800 172800 Golden beach 23800 33600 58800 84800 48000 56000 119000 182000

Total -Côte 355500 501700 881000 1132300 649800 856100 1789200 2743000 nord - Cabo Négro 264600 371700 651000 840000 478800 630000 1323000 2037000 Martil Nord 188000 260000 460000 588000 340000 450000 940000 1440000 Martil Sud 144000 180000 360000 456000 264000 348000 732000 1116000 Sidi 15000 210000 375000 46500 270000 360000 750000 1155000 Abdessalam Azla 58500 83850 146250 185250 107250 143325 298350 458250 Total –côte 670100 110555 1992250 2115750 1460050 1931825 4043350 6206250 sud- 0

TableauB3:Volumesdessédiments(enm 3)susceptiblesd’êtreperduspar érosioncôtièred’ici2050et2100lelongdulittoraldeTétouan,pourles diversscénariosdechangementclimatique. A-15 a

b PhotoIII.13:ForteérosiondusecteurcôtierdeSidiAbdessalam Marabout(a)ethabitationenpéril(b). A-16

ANNEXE D

A-17 503 504 505 506

N 2 M

e 9 r 568 13 11 12 M 14 é d i t 7 e 8 15 r r 1 a 10 n é e 567 4 0 500 m 6

3 566 5

Points de prélèv ements d'eau

a

496 502 508 514

M 27 e N r 30 31 34 28 M  26 32 é 562 29 d it 33 e 25 r r a 21 22 n 24 é 23 e Points de prélèvements 20 19 556 18 17 15 16 12 11 10 14 35 9 13 554 Tétouan 7 8 2

6 6 4 5 1 3 550 2 0 2 Km Martil -Alila

b Localisationdespointsdeprélèvementsrelatifsàl’analysedeCl etCHO 3 danslesaquifèresdeSmir(a)etMartilAlila(b);(D’aprèslesdonnéesde Stitou,2002).