UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE 2004 Option : Sociologie de Développement

MEMOIRE DE MAITRISE

Présenté par : RAHARISON Desmoncoeur Gilbert

Encadreur : Mme RAMANDIMBIARISON Noëline

Date de soutenance : 12 Octobre 2004

Ce mémoire représente le fruit d’une recherche réalisée avec l’aide de plusieurs personnes et organismes auxquels je tiens à exprimer ma reconnaissance.

Tout d’abord, j’adresse ma sincère gratitude à Mme Le Professeur RAMANDIMBIARISON Noëline, enseignant chercheur du département de Sociologie qui, malgré ses nombreuses occupations, a accepté d’assumer un encadrement académique et scientifique à ce mémoire. Nous tenons à remercier également les membres de jury. Il en est de même pour tous les enseignants et le personnel administratif et technique du département de Sociologie.

Des interventions ont permis de faciliter mes enquêtes socioculturelles dans certains domaines, c’est pourquoi je tiens à remercier chaleureusement M. RADAOROZANDRY Jacques, Député de Madagascar élu à , non moins enseignant.

De même, mes remerciements vont à l’endroit du Ministère de l’environnement, des eaux et forêts pour les informations sur l’état de la législation et la politique nationale en ce domaine, aux responsables et aux documentalistes des bibliothèques et centres de lecture de la capitale.

J’adresse également mes vifs remerciements à M. RANDRIAMIANDRASOA Jean Noël, Maire de la commune rurale d’Ifanadiana et son collaborateur M. RALAIVAO Berthin Jean Michel, Président du Comité de Développement Communal à Ifanadiana, qui nous ont permis l’accès aux différents documents administratifs et archivistiques nécessaires à cette étude.

Des responsables de services administratifs et d’ONG ont accepté d’acheminer diverses informations, plus particulièrement M. RAKOTOARISOA Edmond, chef du cantonnement forestier de la sous-préfecture d’Ifanadiana et M. BETTY Jean Claude, Délégué du Ministère de la Population à Ifanadiana auxquels j’exprime ma reconnaissance.

Mes remerciements vont également à l’endroit de M. RAKOTOZAFY Jean Paul Emile, historien et conseiller technique au sein du Ministère de la Fonction publique pour ses conseils et suggestions toujours intéressantes.

J’exprime ma gratitude aux habitants de la commune qui m’ont accueilli avec enthousiasme et ont voulu répondre aux enquêtes, notamment le Président du fokontany Antafotenina TSIRIVELONA Robin, M. RABE Mpanjaka d’Antafotenina et M. BOTOZANDRY Alexandre pour son particulier témoignage.

Je remercie sincèrement les amis étudiants, et tous ceux qui m’ont aidé de près ou de loin, directement ou indirectement dans la réalisation de ce travail, notamment les membres de l’association Jeunes Intellectuels de qui ont accepté avec empressement de partager leur savoir-faire, en particulier Mlle RASOATIANA Marie Louise, M. RANIRINDRAITIANA David et Mlle RAKOTOZAFY Norosoa Régine.

Enfin, je tiens à remercier profondément ma famille et mes amis, qui par leur encouragement et leur présence ont su me donner le courage de mener à terme ce mémoire.

Votre fils DESY

REMERCIEMENT...... ………………………………...... I DEDICACE ……………………...... ………..……………………….. II TABLE DES MATIERES III ……...... ………...... …………….… LISTE DES TABLEAUX……………..………………………………...... VI LISTE DES VI ILLUSTRATIONS……………………...... ……...... ……… LISTE DES ABREVIATIONS ET VII SIGLES….....……...... ………….. GLOSSAIRE....………………………………………...... ……...…..... VIII

INTRODUCTION…...……………………………………...………...... 1 METHODOLOGIE…...……………...... ………………………… 3 ……. 1- Choix du 3 sujet……………………...... ……...... ……….... a - Le 3 sujet...... ………..….…...... ………….....……...... b - 3 L'objectif………………………...…………...... ………...... c - La 4 problématique………………………...... …...... ………...... d – Hypothèses…...... ……………………....………………..... 5 2- Choix du terrain et de la 5 population……...... ….…...... a - Choix du 5 terrain…...... b - Choix de la 6 population…………………...... ………...... 3- Méthodes de 7 recherche.…….………………...... ………..……..... a – 7 Documentation…..………………….…...... ……………...... b - Pré- 7 enquêtes………………...... ………………………...... c - Enquêtes sur 8 terrain……………………………...……………......

PARTIE I : LA COMMUNE RURALE D’IFANADIANA…...... 12 CHAPITRE I: CADRE GEOGRAPHIQUE ET 13 ECONOMIQUE…...... Section 1: Conditions 13 physiques……...………...... …….…..... a – Situation 13 géographique……...... ………………..………...... b - Forêts et richesses 16 naturelles…………...... Section 2 : Ifanadiana: commune à vocation 18 agricole………...... …..... a - Cultures 18 vivrières………………………………...... b - Cultures de 19 rente…………………………………...... c - Méthodes de 20 culture……………...... ……………….... CHAPITRE II: LES ANTANALA DANS LEUR CADRE 22 SOCIAL...... Section 1. Mode de vie des 22 Antanala…………………...... a - Une population 23 prédatrice...... b – Un mode de vie 23 itinérant…………………….……...... c – Activités 24 professionnelles……….………………...... d - Les services 25 publics…………….…………………...... Section 2 Us et coutumes 28 antanala………….………………...... a – Les 28 traditions…………………….………………...... b – La 31 religion………………………..………………......

PARTIE II: INTERACTION SOCIETE-COMMUNICATION DANS LA LUTTE CONTRE LE TAVY...... 33 CHAPITRE I: LE TAVY: UN DANGER POUR LES PAYSANS 34 ?...... Section 1: La pratique du tavy chez les 34 Antanala…...…………...... a – 34 Terminologie……………………………………...... b - Tavy: alternatives aux difficultés de la 35 vie………………...... c - Les étapes du 36 tavy………..……………………………...... d – Effets néfastes du 38 tavy…………………...... Section 2: Le saotra ou rites du 39 tavy…………………………...... CHAPITRE II: SOCIETE ET MOYENS DE 43 COMMUNICATION...... Section 1: Les différents types de 43 société……………………...... a -Typologie des 43 sociétés………………………………...... b - La société antanala 44 d'Ifanadiana………………...... Section 2: Les supports de 45 communication………...... a - Le rôle de la mass- 45 média…………...... b - Les moyens de diffusion de 47 masse…………………...... Section 3: Les canaux d'organisation 51 ……………………...... CHAPITRE III: LE SYSTEME DE COMMUNICATION ANTANALA…...... 54 Section 1: Les communications internes……………………...... 54 a – La communication à l'intérieur de la 54 famille...……...... b - La communication à l'intérieur du 56 village………………...... c – Relation entre les villages et entre les 61 Fokontany…….…...... Section 2: Les communications 62 externes...... a - L'intégration économique 62 ...... b - L'intégration 64 politique……...... c - L'intégration sociale et 65 religieuse…………………......

PARTIE III: LA GESTION DE LA COMMUNICATION FACE A L'EXPANSION DU TAVY……………………...... 68 CHAPITRE I: L'INTERDICTION DU 69 TAVY…………………………………...... Section 1: Evolution de la conception de 69 l'environnement...... a - Vision politique à l'époque 69 royale…………...... b - Vision 70 métropolitaine…………………………...... c - Vision de l'environnement sous la Première 71 République...... d – Environnement et 72 développement……………………………...... Section 2: La gestion de 74 l'information……………...... a - Flux d'informations et prise de 74 décision………………………...... b - Les services 75 d'information…………………………………...... c - Le traitement des 79 informations………………………………...... Section 3: Sens et types de 80 communication…………...... a - Le fonctionnement de la 81 communication………………………...... b - Les types de 82 communication………………...... c - Les différentes 84 sanctions…………………………...... CHAPITRE II : LA VULGARISATION 87 AGRICOLE…...... Section 1. Objectifs et missions de la 87 vulgarisation...... a – L’importance de 87 l’innovation…………………………………...... b – Intérêts de la 88 vulgarisation……………………………………...... Section 2. L’adoption des nouvelles 92 méthodes…………...... a – Pénétration des 92 innovations……………………………………...... b – Les obstacles à 93 l’adoption……………………………………...... c – Les innovations 95 actuelles…………………...... PROPOSITIONS DE 98 SOLUTIONS………...... CONCLUSION..……………………………………………………………………... 100 BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………….. 102 ANNEXES……………………………………………………………………………. 107 . RESUME 147 …………………………...... CURRICULUM 148 VITAE......

1 La population de la commune………………………………………………………….. 9 2 Les différents fokontany et leurs distances par rapport au chef-lieu de la commune….. 14 3 Etat civil de la commune……………………………………………………………….. 22 4 Production artisanale de la commune……………………………………………….. 24 5 Données sur l’enseignement dans la commune………………………………………… 26 6 Répartition des analphabètes selon l’âge et le sexe…………………………………….. 27 7 Moyens humains de la CHD…………………………………………………………… 27 8 Comparaison entre le monde apparent et celui invisible………………………………. 29 9 Données comparant le nombre de chrétiens, musulmans et traditionalistes…………… 31 10 La journée d’un agriculteur………………………………………………………….. 49 11 Les sources d’énergie dans la commune……………………………………………… 50 12 Participations et charges lors d’un décès……………………………………………… 58 13 Analyse des forces et faiblesses du SIR de Vatovavy………………………………… 78 14 Comparaison entre riz irrigué et riz pluvial (tavy)……………………………………. 94

SCHEMAS : 1L’emplacement des personnes dans le tranobe……………………………………….. 30 2 Feed back du message des invisibles-vivants dans le saotra…………………………… 41 3 Cycle socioculturel selon Abraham Moles…………………………………………….. 46 4 La hiérarchie sociale des Antanala……………………………………………………... 57 5 Le processus de prise de décision dans la société antanala…………………………….. 60 6 Flux d’informations et prise de décision……………………………………………….. 75 7 Le fonctionnement de la communication………………………………………………. 82 8 Missions de la vulgarisation……………………………………………………………. 91 9 Gestion de terroir……………………………………………………………………….. 96

PHOTOS 1 Bureau de la commune rurale d’Ifanadiana…………………………………………….. 13 2 Forêt primaire Ambodibakoly-Amboraka……………………………………………… 17 3 Chute de Mangalahenatra Ambiabe……………………………………………………. 17 4 Collecte de banane à Antafotenina…………………………………………………….. 20 5 Bureau du CISCO Ifanadiana………………………………………………………….. 26 6 Mpanjaka d’Antafotenina avec son Hazomanga………………………………………. 28 7 Tranobe à Antafotenina………………………………………………………………… 30 8 Tavy près de Mangalahenatra………………………………………………………….. 37 9 Le bureau du service des eaux et forêts………………………………………………… 51 10 Le marché du jeudi à Ifanadiana……………………………………………………… 61 11 Poste de télécommunication et télégraphique d’Ifanadiana………………………….. 66

CARTES 1 Carte de localisation de la commune d’Ifanadiana …………………………………….. 14 2 Carte de la commune rurale d’Ifanadiana……………………………………………… 15

AAPSE : Aide Alimentaire Pour le Suivi de l'Enfant AGERAS : Appui à la Gestion Régionalisée et à l'Approche Spatiale ANAE : Association Nationale d'Actions Environnementales ANGAP : Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées BLU : Bande Latérale Unique CHD : Centre Hospitalier de District CIRAD : Coopération Internationale pour la Recherche Agronomique et de Développement CISCO : Circonscription SCOlaire CT Far : Cellule Technique du Faritany CED II : Centre de Diffusion des Informations provenant de RIR CIME : Conseil InterMinistériel de l'Environnement CNE : Conseil National pour l'Environnement CRS : Catholic Relief Service DSRP : Documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté FORAGE : Fonds Régional d'Appui à la Gestion de l’Environnement FTMTK : Fikambanan'ny Tanora Mpiasa Tantsaha Kristianina FID : Fonds d'Intervention pour le Développement FTM : Foibe Taosaritanin'i Madagasikara GELOSE : GEstion LOcale SEcurisée IPPTE : Initiatives en faveur des Pays Pauvres Très Endettés KASTI : Kaomitin'ny Ala Sy ny Tontolo Iainana LDI : Landscape Development Interventions ONG : Organisation Non Gouvernementale ONE : Office National pour l'Environnement ODASE : Opération de Développement Agricole du Sud-est PAE : Programme d'Action Environnementale PE : Programme Environnemental PCD : Plan Communal de Développement PNE : Programme National Environnemental PSDR : Projet de Soutien au Développement Rural PNVA : Plan National de Vulgarisation Agricole PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement RD : Recherche-Développement RIR : Réseau d'Information Régionale RN : Route Nationale RNT : Route Nationale Temporaire SAGE : Service d'Appui à la Gestion Environnementale SEECALINE : Surveillance et Education des Ecoles et des Communautés en matière d’Alimentation et de Nutrition Elargie SIE : Système d'Information Environnementale SIG : Système d'Information Géographique SIR : Système d'Information Régionale SRI : Système de Riziculture Intensive TELMA : TELécommunication MAlgache TIC : Technologies de l'Information et de la Communication UNDD : Union Nationale pour le Développement de la Démocratie UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature UTC : Unité Technique Centrale VNA : Vondron'Ny Ala VOI : Vondron'Olona Ifotony

Akondro menty : exclusion sociale Antsafa : salutation antanala Be minono : adolescents moins de 17 ans, se chargent du ramassage de bois secs lors d’événements familiaux ou villageios. Cadre de référence: valeurs et normes auxquelles le groupe se réfère pour réagir Common knowledge : culture de masse Communication : mécanisme par lequel les relations humaines existent et se développent ; elle inclut tous les symboles de l’esprit avec les moyens de les transmettre à travers l’espace et de les maintenir dans le temps (Dans EIE, 1999, Pierre André) Communication politique: processus par lequel l’information circule à l’intérieur du système politique. Culturèmes : idées nouvelles créées par des innovateurs et diffusées par les mass-médias. Cybernétique : ensemble de théories et d’études sur les systèmes considérés sous l’angle de la commande et de la communication (Le dictionnaire de notre temps 1990, Hachette) Environnement : milieu social et naturel qui entourent et influent sur les activités humaines. Fafatra : coupe d’herbes et de steppes Fafy : rite de purification suite à la transgression de l’ordre des ancêtres. Fahan-jaza : littéralement, donner à manger aux enfants. C’est le rite qui consiste pour un couple à remercier Dieu et les ancêtres d’avoir donné plus de 10 enfants et/ou petits enfants. Fanimbona : entraide avec réciprocité dans les travaux de champ. Fitomboka : littéralement bâton à fouir Fitôvana : petit panier utilisé pour ensemencer lors de la culture sur brûlis Goro : sorte de faucille à canne longue utilisée spécialement dans le fafatra et manaratsaka Havan’afo : para feux Hazomanga : bois sacré tenu par le roi, instrument de médiation entre les vivants et les invisibles Innovation : technique ou idée perçue comme nouvelle par une société. Interconnaissance : société où tout le monde se connaît. Jamadinika : enfants Karima : petite lame de couteau Koka : information orale transmise à haute voix Lohany : rhum local très concentré Manaratsaka : défrichement des arbustes lors du tevy ala Manamamy vary : rite consistant à remercier Dieu et ancêtres pour la récolte, se fait avant toute consommation. Mandavosangy : abattre les gros arbres de la forêt dans le tevy ala Mangavana : limiter la surface à brûler en nettoyant sa bordure. Maribody : remerciement adressé aux paysans pour avoir participé à une réunion, symbolisé par le rhum local et une somme d’argent. Mindrana : entraide sans réciprocité dans les travaux de champ. Mitavy : défricher les arbrisseaux. Mpanjaka : vient du mot « jaka » qui signifie « parole ». Le mpanjaka a un statut de prêtre, officiant, celui qui prononce la parole devant Dieu et les ancêtres. D’où son rôle de porte-parole. Mpikoka : personne chargée de transmettre à haute voix un message dans le village. Ray aman-dreny be tratra : personne de 45 à 55 ans participant encore aux travaux à l’occasion d’évènements familiaux ou villageois. Rétroaction : réponse aux informations émises. Sao-tany : demande de bénédiction à Dieu et aux ancêtres avant le tevy ala et prière pour que les ancêtres se retirent de cette partie de la forêt. Saotra : prière solennelle pour demander la bénédiction de Dieu et des ancêtres. Savoir écologique traditionnel : connaissance empirique du paysan Sokela : salutation betsileo Stéréotype : image fournie aux membres d’une société de masse pour forger des opinions. Tavy : en général, pratique de la culture sur brûlis. Défrichement de savane ou hibohibo en pratique. Tevy (ala) : défrichement de la forêt Toa-masaka : rhum local parfumé de rebosa plante locale. Tombok’enina : littéralement six trous, c’est une prière faite par la femme aînée de la famille avant la culture pour que la récolte soit abondante. Tranobe : littéralement grande case, lieu où habite le roi et où se réunit l’ensemble du village. Tranon-dahy : case où se réunissent les villageois pour débattre et délibérer sur des questions intéressant la vie de la communauté. Tsangam-bato : littéralement pierre levée, rite qui élève le défunt au rang des ancêtres protecteurs. Tsodranon-danonana : don offert dans la cérémonie rituelle. Vakirano : goûter servi à ceux qui travaillent aux champs. Vatra : madrier placé à l’intérieur de la case, en haut et dans la partie nord, il suit la largeur du tranobe.

La société actuelle se caractérise par le développement de la communication à distance. Après avoir traversé et bouleversé les sociétés industrielles, les nouveaux moyens de communication, notamment les téléphones mobiles, fax et Internet, envahissent aujourd’hui les grandes villes des pays en voie de développement. Bientôt, ils vont même être introduits dans le monde rural malgache. Au niveau international, une visioconférence ou vidéoconférence qui n’est autre qu’une téléconférence permet en plus de la transmission de la parole et des documents graphiques la transmission d’images animées des participants éloignés. Ces évolutions ne pourront pourtant pas nous faire perdre de vue la véritable signification de la communication. Elle se fonde en effet sur le développement des relations humaines pour permettre aux hommes de se rapprocher et de s’enrichir mutuellement d’expériences et de pratiques. La société est alors faite de relations humaines, comme celles qui existent entre les dirigeants ou agents de développement et les paysans. De l’évolution de ces relations dépend le développement d’une société basée sur l’agriculture. Informer, éduquer et communiquer sont désormais la trilogie des méthodes employées dans les pays en voie de développement comme Madagascar pour inciter la population urbaine et rurale à changer de comportement et relever différents défis. La communication diffère de l’éducation en ce sens que la seconde a pour principal objet d’apporter un savoir-être. La communication se distingue également de l’information par la circulation bilatérale du message qu’elle implique, contrairement au processus linéaire de l’information qui est un processus plutôt aliénant, le récepteur ne faisant que subir le message. La communication est un processus convivial auquel le récepteur participe à l’échange du message. Nombreuses théories sociologiques sont apparues en la matière pour ne citer que Thrasher puis Whyte W.F., à propos des types de structure à l’intérieur des groupes, Katz et Lazarsfeld étudiant des moyens de diffusion de masse et des groupes élémentaires, Karl Deutsch sur la gestion de l’information par le système politique, etc. La communication rurale se retrouve également au centre de cette étude. Nous allons essayer de décrire les réalités, d’analyser la relation en milieu rural face au phénomène tavy. Le tavy est un phénomène multidimensionnel qui va de la pratique agricole à la superstructure, la réglementation juridique en passant par la culture et le culte agraire. Cette pratique culturale traditionnelle reste la principale cause de déforestation à Madagascar. Jusqu'à présent, tous les régimes successifs ont lutté contre ce fléau mais en vain. Dans le cadre de cette étude, il serait mieux de cibler une localité qui a toutes les possibilités d'ouverture. C'est le cas de la commune rurale d'Ifanadiana étant traversée par la RN1 25 et située à proximité du parc national de Ranomafana. Elle n’a plus actuellement que moins de 2000 ha de superficie forestière totale avec une surface moyenne de 0,5 ha brûlée par ménage en une année. Comme dans toute démarche scientifique, nous avons adopté des méthodes de recherche nécessaires à la réalisation de cette étude. Nous allons les décrire avant d’entrer dans le vif du sujet.

1 Route Nationale METHODOLOGIE

1. Choix du sujet a- Le sujet La protection de l’environnement, au centre de l’enjeu mondial, national et local, s’est trouvée renforcée par la notion de développement durable. Elle est consacrée par le sommet de la planète terre au Rio de Janeiro en 1992. Pouvant se définir comme tout développement qui se préoccupe du sort des générations futures, la notion de développement durable reflète la vision anthropocentrique des ressources naturelles, d’une part, et celle économique et écologique de ces mêmes ressources, d’autre part. Elle exige à cet effet une gestion et planification des ressources naturelles. Pour cela, la connaissance des facteurs de destruction de l’environnement importe beaucoup. Ces facteurs se présentent sous différentes formes selon les pays. Dans les pays développés, la pollution, les effets néfastes de l’industrialisation et les risques technologiques sur l’environnement sont préoccupants. Tandis qu’en pays en développement le tavy, pratique culturale ancienne reste la principale cause de la déforestation. Or, la forêt est un bien, une richesse qu’on doit préserver et faire fructifier. Il ne s’agit pas de confirmer ou d’infirmer la politique anti-tavy. L’essentiel est maintenant de réfléchir comment est communiquée la politique de l’environnement. D’où notre choix : « La politique de communication dans la lutte contre le tavy »

b - Objectif Le tavy n’est pas une nouvelle préoccupation pour l’administration malgache. La lutte remonte au temps des royaumes quand Andrianampoinimerina a interdit de couper des arbres de la forêt d’Ambohimanga. Cependant, le tavy reste une méthode culturale inéluctable à Madagascar. Toutefois, nous constatons actuellement que ses effets négatifs sur l’environnement se font sentir : acheminement vers la désertification, disparition des espèces animales et végétales endémiques, érosion du sol, pénurie d’eau potable, épuisement des matières premières… Pour rendre effectif le slogan forestier : « protéger et produire, développer sans détruire », nous viserons à détecter les raisons souvent d’ordre social de l’obstination des paysans. La connaissance de la logique paysanne et la réalité sociale au niveau local, la recherche des moyens de rapprocher le pouvoir public aux paysans, et de raffermir leur relation pour lutter efficacement contre le tavy s’avèrent également nécessaires. Mettre en place une politique qui convient aux aspirations internationales ne suffit pas, il s’agit surtout de l’adapter aux réalités sociales pour éviter le désagrément social. Nous visons alors à connaître le mode de communication et les moyens de diffusion de l’information utilisés par la société antanala dans la vie quotidienne; puis suggérer une politique de communication adaptée à cette société considérée comme société paysanne. Bref, des « suggestions à l’endroit du pouvoir public et contribution à la réduction de la pratique du tavy chez les paysans antanala ».

c - Problématique Focalisons notre attention sur les termes de « réduction » de la politique du tavy et sa « suppression ». La suppression du tavy dans l’immédiat n’est que simple utopie, on doit passer par des phases de transition et permettre quelques tavy sous certaines conditions. Ainsi, le pouvoir public a choisi la méthode par voie de droit dans la lutte en édictant des lois et règlements en la matière. Les sanctions sont lourdes, la pratique du tavy peut entraîner une amende voire un emprisonnement selon l’ordonnance 60-127 fixant le régime de défrichement et des feux de végétation, jusqu’à l’élever au rang de crimes. Les interdictions s’appuient sur la communication pour informer et sensibiliser le public sur les problèmes environnementaux. Pourtant ces sensibilisations semblent vaines pour certaines régions et n’atteignent pas les véritables cibles et les paysans aux fins fonds de la campagne. Ils continuent leur pratique, défrichent et brûlent même à l’intérieur des aires protégées. Or, il faut conscientiser la population paysanne sur les effets néfastes du tavy. Ils en prennent connaissance dans la vie quotidienne comme la stérilité du sol, la réduction des produits de cueillette et de la chasse. Mais ce n’est qu’une vague connaissance, ne rendant pas compte du danger couru et du sort réservé aux générations futures. L’on se demande alors si le message transmis considérait la réalité locale. Comment l’Etat pourrait concrètement intervenir pour essayer de modifier les comportements afin de freiner le processus de destruction massive des espaces naturels ?

d - Hypothèse Les méthodes coercitives permettent de régler le problème du tavy mais ce n'est que de manière partielle. Pour déraciner cette habitude profondément ancrée chez les paysans malgaches en général et antanala en particulier, il nous faut employer des outils de lutte efficaces, c'est-à-dire une bonne méthode de communication. L'absence d'un feed-back de la part des paysans accuse un résultat négatif de lutte et résulte en grande partie de la faiblesse de la politique de sensibilisation et de communication, de son inadéquation à la mentalité paysanne. En principe, à un type de société correspond un mode de communication déterminé, les deux principaux types de société étant la société traditionnelle et la société industrielle. Le choix d'un canal ou support doit être adapté à la société. La classification de la société antanala permet donc de lui attribuer les moyens propres de diffusion d'information. Les théories sur la gestion de l'information peuvent également y trouver leur application. Le gouvernement serait alors un centre de traitement des informations pour pouvoir orienter ou prendre des décisions. Les difficultés de communication résultent aussi du blocage lié au cadre de référence du paysan, lequel est ici leur milieu socio-économique. Il en résulte un décalage de perception. Selon la hiérarchie des besoins de Maslow, un paysan ne peut donner priorité à la notion d'écologie sans avoir répondu d'abord à l'urgence vitale de se nourrir. Enfin, pour proposer des alternatives au tavy, le vulgarisateur ou l'agronome ne peut pas être un simple technicien, transmettant seulement des connaissances, il doit connaître la société pour échanger des expériences avec les paysans et intégrer les innovations dans la société paysanne.

2. Choix du terrain et de la population a - Choix du terrain Notre champ d’étude se limite à la commune rurale d’Ifanadiana, chef lieu de la sous- préfecture d’Ifanadiana. Mais cette limitation ne peut en aucun cas empêcher l’analyse de certaines réalités vécues dans la sous-préfecture. Faisant partie de la région de Vatovavy, la commune d’Ifanadiana est l’endroit où se pratique le tavy. Cependant, située au bord de la RN 25, à 85 km de la ville de Fianarantsoa, elle est la zone de confluence des divers courants venant de la capitale, de la région betsileo et du Sud-Est. Par conséquent, elle doit être suffisamment informée des méfaits du tavy. Elle est également le seul lieu de cantonnement du service des eaux et forêts. De plus, la présence du parc national dans la commune de Ranomafana à proximité de celle d’Ifanadiana doit servir d’exemple et de modèle de conservation de l’environnement. Vivant de la prédation, les paysans antanala doivent également se rendre compte de l’importance des produits de forêt pour la préserver. En somme, la commune rurale d’Ifanadiana réunit tous les critères permettant de diagnostiquer l’échec des politiques d’interdiction du tavy.

b - Choix de la population La population d’Ifanadiana se compose : - en majeure partie des Antanala, c’est-à-dire les occupants classiques de la forêt naturelle ; - des Betsileo, des Merina et des Antembahoaka; - des Chinois, des Indiens et Pakistanais. Au nombre de 15397 en 2002, la densité de cette population atteint 61,58 habitants au km2, le taux de natalité étant de 2,14%2 L’augmentation rapide de la population, en moyenne de 1000 habitants chaque année, et cette forte densité rendent l’espace de plus en plus restreint et poussent la population à la recherche de nouvelles terres favorisant ainsi la pratique du tavy. Par ailleurs, d’après nos lectures et par le fait même, nous avons constaté que les Antanala constituent cette peuplade tranquille de l’histoire à côté de la turbulence des Antesaka du Sud-est, même sous la colonisation, sauf l’intermède de 1947 qui a embrasé toutes les falaises betsimisaraka. C’est une population ambiguë qui se situe entre le modernisme et la tradition, bref une population-type pour notre étude.

3 – Méthodes de recherche Afin d’atteindre les objectifs que nous avons fixés dans cette étude, nous avons adopté des processus de recherche bien définis. En effet, l’on sait que « la tâche n’est point de contempler ce que nul n’a encore contemplé mais de méditer comme personne n’a encore médité sur ce que tout le monde a devant les yeux », cours de méthodologie de M. Randrianantoandro enseignant. L’enquête a duré trois mois, commencée vers le début du mois de Septembre 2003, elle a été achevée début Décembre 2003. Nous tenons à remarquer

2 Commune rurale Ifanadiana

que le mois de Septembre coïncide avec le mois de la pratique du tavy dans la région. La pré- enquête a cependant été déjà effectuée le mois de Mai 2002 pendant une durée de 1 mois. Quant au recoupement des informations, il s’est déroulé vers la moitié du mois de Mars 2004 pour quelques dizaines de jours. Nous allons donc présenter ci-dessous notre méthode de recherche et les enquêtes qui ont été utilisées pour récolter nos données.

a - Documentation : Le tavy a déjà fait l’objet de nombreuses études antérieures. La connaissance préalable de ces travaux s’avère nécessaire. En effet, ils donnent des informations précieuses, non seulement sur la situation socio-économique et culturelle de la région, mais également sur le plan de la communication existant à l’intérieur de la commune et sur sa relation avec l’extérieur. Il a fallu également, d’une part, approfondir les principes de base de la sociologie puis lire des ouvrages généraux tels ceux concernant Madagascar ; d’autre part, prendre connaissance des ouvrages spécialisés : ouvrages sur l’agriculture, la communication et l’environnement. Des articles de journaux, séminaires et colloques internationaux contribuent à l’enrichissement de notre travail en parlant surtout de l’interaction entre le tavy et la société. L’Internet a en outre permis d’actualiser nos données. Nous n’avons pas négligé la consultation des différents textes qui constituent les lois et règlements sur le tavy.

b – Pré-enquêtes : La pré-enquête permet d’utiliser les documentations et aide à la formulation de l’hypothèse. Elle consiste à réaliser des entretiens libres avec les personnes ressources qui se composent : - d’abord, des autorités administratives de la sous-préfecture et de la commune à savoir le député, le sous-préfet, le maire, le chef cantonnement du service des eaux et forêts, le chef de service de l’agriculture, les chefs quartiers et chefs de villages ; -puis, les autorités traditionnelles et religieuses telles les mpanjaka des tranobe, les prêtres et pasteurs d’église ainsi que les catéchistes ; -enfin, le responsable des ONG3, tels l’ANGAP4, l’ANAE5, LDI6, CRS7 SEECALINE8.

3 Organisation Non Gouvernementale 4 Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées 5 Association Nationale de l’Action Environnementale 6 Landscape Development Intervention 7 Catholic Relief Service Nous avons, pour cela, procédé à des entretiens ouverts ou non directifs pour délier les langues et recueillir le maximum d’informations. La technique d’observation non participante s’y est ajoutée comme l’observation des relations entre les paysans et ces autorités, ainsi que celle des modes de vie des habitants de cette commune.

c - L’enquête sur terrain C’est une enquête de diagnostic ou d’analyse. Notre population d’enquête est constituée de la population paysanne. La commune étant vaste, s’étendant sur une superficie de 250 km², il nous était impossible de se rendre dans tous les fokontany. Ainsi, nous avons opté la méthode d’échantillonnage et pris les fokontany d’Ifanadiana situé au bord de la RN 25, d’Ambiabe situé au bord de la RNT9 reliant Ifanadiana – Ikongo, de Maromena au bord de LA RNT reliant Ifanadiana – Ambohimanga du Sud, et enfin d’, de Fenoarivo et de Sahafitoroka fokontany éloignés de ces routes et du Chef-lieu de la commune. Ces fokontany ont été choisis car ils permettent de connaître l’impact des voies de communication, facteurs de différenciation sur le plan socio-économique et culturel. Cela permet également d’étudier l’évolution de la dégradation de l’environnement en fonction de la situation du fokontany. Notre enquête a été effectuée auprès des ménages de ces 6 fokontany. Nous avons donc tiré au hasard 15 ménages par fokontany soit 90 ménages sur 2200 de la commune. Le nombre moyen d’individus par ménage est de 7, le nombre des ménages a été obtenu grâce au rapport entre le nombre de population dans la commune et le nombre moyen d’individus par ménage. Les ménages peuvent comprendre à part les époux et leurs enfants, des ascendants, pères et/ou mères des époux, des petits enfants, neveux ou nièces et des parents plus ou moins lointains. Par conséquent, la taille des ménages varie de 1 à 13 personnes. L’âge minimum rencontré chez les chefs de ménage est de 18 ans. Voici les données chiffrées de la population de la commune et de chaque fokontany.

Tableau 1 : La population de la commune FOKONTANY 0-5 6-14 15-17 18-60 60 et plus TOTAL

H F H F H F H F H F H F

Andranofolahina 68 79 111 130 15 10 121 137 7 11 322 367 Amboraka 61 72 122 138 33 37 215 222 23 41 454 510 Ifanadiana 152 212 323 485 75 125 410 620 43 52 1003 1494 Antafotenina 82 38 170 201 50 88 210 115 12 8 524 450

8 Surveillance et Education des Ecoles et des Communautés en matière d’Alimentation et de Nutrition Elargie 9 Route Nationale Temporaire Ambodirafia II 103 142 243 151 62 47 93 82 20 16 521 438 Ambiabe 184 197 257 266 72 74 404 363 21 14 938 914 Maromena 187 173 212 206 59 60 317 333 11 10 786 782 Fenoarivo 83 67 127 141 85 73 137 113 15 10 447 404 Ambinanindranotelo 35 25 490 400 250 200 370 230 17 15 1162 870 Ambodiara 147 225 289 315 160 139 228 152 18 10 842 841 Sahafitoroka 98 130 243 212 54 81 253 220 34 3 682 646 TOTAL 1200 1360 2587 2645 915 934 2758 2587 221 190 7681 7716 2560 5232 1849 5345 411 15397 Source : Commune rurale Ifanadiana 2002

Nous avons utilisé plusieurs techniques d’enquête : ● Concernant les paysans : − l’entretien par questionnaires semi-directifs aux habitants de la commune, sauf pour les données précises qui nécessitent des questionnaires directifs. − pour l’observation, nous avons pu assister à des réunions villageoises et à la réunion des jeunes FTMTK (Fikambanan’ny Tanora Mpiasa Tantsaha Kristianina) du diocèse de qui s’est déroulée dans le chef-lieu de la commune Ifanadiana à l’occasion des animations et exposés de l’ANGAP de Ranomafana, dirigée par M. Ramanampamonjy Léon Roger, le 09 Août 2003. Entre autres thèmes, le thème de « Tantsaha Kristianina sy ny ady amin’ny tavy » (Paysans chrétiens et lutte contre le tavy) a été abordé et fait l’objet de débat lors de cette réunion. Elle a fait ressortir de nombreuses informations, notamment sur les difficultés à concilier la morale chrétienne et la nécessité de pratiquer le tavy ainsi que sur l’influence du christianisme sur la croyance au caractère sacré de la forêt. Cette technique d’observation a été également employée pour le recoupement des informations issues des sources différentes. Il s’agit surtout d’observation non participante ; − de plus, nous avons pu organiser des réunions villageoises dans les villages de Tsarakianja, fokontany Antafotenina et dans celui d’Ambalatenina fokontany Fenoarivo. Il a fallu pour cela passer par les mpanjaka des Tranobe de ces villages. Il nous a été permis d’assister au « fanimbona » c’est-à-dire entraide des paysans dans les travaux de champ, notamment champs de tavy dans le fokontany Sahafitoroka ; − Nous avons eu également recours au témoignage direct des personnes typiques. Leur témoignage sert de preuve à nos affirmations. Par l’entretien avec des auteurs du délit et des condamnés, on fera connaissance de leurs sentiments. Autrement dit, leur révélation nous aide à connaître les raisons qui les poussent à pratiquer le tavy, la connaissance des textes de loi, leurs points de vue sur la sanction du tavy ainsi que leurs intentions. Cependant, ils veulent rester dans l’anonymat sans indice permettant de les identifier.

● Concernant les personnes ressources : L’entretien s’est fait en deux étapes. Lors de la pré-enquête, nous avons utilisé l’entretien ouvert, puis celui directif pour compléter les informations reçues. Quant aux questionnaires, ils s’articulent autour des thèmes précis tels : − les ressources naturelles et leur exploitation, l’objectif étant de connaître les richesses naturelles à protéger et l’ampleur de la dégradation de l’environnement dans la commune ; − la société : à travers le mode de vie, les cultures et traditions des gens de la commune, leur situation économique, on peut déterminer le mode de communication adéquat ; − la communication dont l’objectif est de détecter l’ouverture de la commune, la mise en place de l’économie de marché et la culture de rente, l’audience des mass-médias ainsi que l’organisation du cantonnement du service des eaux et forêts ; − l’adéquation du message : pour déceler le niveau de conscience des paysans et collecter les pré-requis c’est-à-dire savoir local et non rationnel sur le plan de la technique culturale. Des modifications ont été apportées aux questionnaires-guides au fur et à mesure des situations qui se sont présentées. Les questionnaires définitifs ainsi que les tableaux synthétisant les résultats des enquêtes figurent en annexe de ce mémoire (cf annexes1 et 2). Enfin, il nous a paru indispensable d’avoir des données chiffrées sur la commune et ses infrastructures, notamment le nombre de pratiquants de tavy ainsi que celui de ceux qui ont en leur possession des moyens de communication audio-visuels et leur fréquence d’écoute.

Bref, nous disons que l'indifférence de la population paysanne face à la politique de lutte contre la culture sur brûlis prônée par les gouvernants, exige une étude approfondie du phénomène "tavy". L'étude a été effectuée dans un espace plus limité, celui de la commune rurale d'Ifanadiana, possédant des richesses naturelles importantes et dont la population se compose à la fois des Antanala, les natifs, d'immigrants et d'étrangers. Partis de leur description puis interprétation, nous avons usé de différentes théories issues des recherches sociologiques. Nombreuses techniques ont été combinées pour la récolte des données nécessaires à l'étude. Nous avons pour cela donné plus de place aux questions semi-ouvertes plutôt qu'à celles directives pour permettre aux interlocuteurs de s'exprimer librement et largement. Par ailleurs, la formulation des enquêtes a été faite avec soin pour éviter de faire naître dans le milieu villageois toute inquiétude ou suspicion dont le moindre des effets serait de fausser les résultats de l'enquête. Malgré nos diligences dans la conduite des recherches et dans le respect des règles méthodologiques les plus élémentaires, nous reconnaissons que des lacunes peuvent être décelées.

L’étude proprement dite s’articule autour des parties suivantes : I- la commune rurale d’Ifanadiana; II- l'interaction société-communication dans la lutte contre le tavy ; III- la gestion de la communication dans l'interdiction du tavy et la vulgarisation agricole et suggestions

Cette première partie permet de connaître la société antanala. La mise en place d’un projet de lutte contre le tavy dans une société donnée exige une étude préalable du fonctionnement de cette société. Nous décrirons le milieu naturel antanala et ses méthodes de culture. Pour mieux connaître son système social, nous allons étudier son mode de vie, us et coutumes. C’est également l’occasion de recenser ses besoins.

CHAPITRE I CADRE GEOGRAPHIQUE ET ECONOMIQUE

Section 1. Conditions physiques a - Situation géographique Commençons par l’origine du nom « Ifanadiana ». Auparavant, Ifanadiana n’était qu’un petit village appelé : Anivorano, situé entre deux rivières Vatovory-Zavaviloha, à l’est et Sakalava, à l’ouest. Ces deux rivières se rejoignent ensuite dans le fleuve de Faravory. Plus tard, des transporteurs de produits d’approvisionnement par charrette venue de Fianarantsoa l’ont trouvé comme un lieu de procuration de ficelles ou tady employées pour la traction des charrettes. En effet, les écorces des bois de forêt leur procurent d’importantes ficelles. Etymologiquement, Ifanadiana signifie lieu où on fabrique de la ficelle. En décomposant ce mot on obtient : -article nominal : I -substantif dérivé : f -racine : tady -circonstanciel de lieu : anadiana La ville d’Ifanadiana s’est aujourd’hui distinguée d’Anivorano car elle s’est beaucoup développée et s’est étalée au-delà des deux rivières.

Photo 1: commune rurale Ifanadiana (bureau),

Sans tomber dans un déterminisme géographique, la connaissance des conditions physiques s’impose dans les études sociales car elle détermine l’interaction entre l’homme et la nature. En effet, l’homme en tant que tel, constitue un élément de l’écosystème. Pour la commune rurale d’Ifanadiana, les conditions physiques semblent à la fois des atouts et des défis à relever pour l’équilibre de l’écosystème. Située à 85km de la province de Fianarantsoa, la commune rurale d’Ifanadiana s’étend sur une superficie de 250km². Elle est délimitée : - à l’est, par la commune rurale d’Androrangavola - au nord, par la commune rurale de Tsaratanàna - à l’ouest, par la commune rurale de - au sud, par la commune rurale de . Elle est composée de 11 fokontany et la distance qui les sépare explique la nécessité de rétablir l’infrastructure routière de la commune.

Tableau 2 : Les différents fokontany et leurs distances par rapport au chef-.lieu de la commune. N° FOKONTANY DISTANCE 1 Ifanadiana 00km 2 Antafotenina 4km 3 Amboraka 5km 4 Maromena 5km 5 Andranofolahina 8km 6 Sahofitoroka 8km 7 Ambodirafia II 11km 8 Ambodiara 13km 9 Ambiabe 15km 10 Fenoarivo 20km 11 Ambinanindranotelo 28km Source : Commune Rurale d’Ifanadiana

Carte 1: carte de localisation de la commune d’Ifanadiana IFANADIANA

Carte 2 : CARTE DE LA COMMUNE RURALE D’IFANADIANA (source FTM)

Concernant le relief, la commune rurale d’Ifanadiana étant comprise dans la sous- préfecture d’Ifanadiana et se trouvant sur la falaise betsimisaraka aux confins ouest de la région Vatovavy, elle présente deux types de paysage physique d’ouest en est : La falaise : elle est constituée par des escarpements de faille qui vont du Nord au Sud, de Maroantsetra aux chaînes d’Ivakoany, région tanosy. L’altitude varie de 500 à 1000m, avec des pentes fortes aux dénivellations importantes et des vallées encaissées. Les collines: ce sont des moutonnements de basses et moyennes collines de 50 à 500m d’altitude, séparés par des vallées plus ou moins larges où se concentre la population pour la riziculture irriguée, limitant ainsi la surface cultivable et incitant à la pratique sur brûlis. Pour la commune proprement dite, le relief est très accidenté, montagneux avec des pentes abruptes et des vallées étroites. Les montagnes sont dominées par des forêts denses et humides. Elle est traversée par les rivières de Vatovory-Zavaviloha et de Sakalava, tous deux se jettent dans le fleuve de Faravory. Le climat de la commune est un climat tropical humide, chaud et pluvieux de Décembre à Février; chaud et humide de Mars à Mai ; froid et humide de Juillet en Août ; et enfin chaud et sec de Septembre à Novembre. La température varie de 12°C à 32°C avec une moyenne de 24°C. Ifanadiana se trouve donc dans un climat de transition où les gens sentent le froid de l’hiver à cause de la grande amplitude thermique de l’ordre de 10°C. La saison sèche y est marquée par le froid, les brouillards et les brumes, et une saison de pluie très arrosée, comme dans toutes les régions de l’est. La pluviométrie est en moyenne de 1600mm. Enfin, le sol est de type ferralitique, sablo- alluvionnaire et tourbeux10.

10 Monographie de la région de Vatovavy 2003 b - Forêt et richesses naturelles La commune rurale d’Ifanadiana est couverte de forêt. Elle présente actuellement trois types de végétations : - la forêt primaire : c’est la forêt soi-disant primitive. De faible surface, elle se trouve réduite de plus en plus chaque année. Cette formation végétale constitue le domaine de la biodiversité par excellence. On n’y rencontre pas de bois spéciaux mais seulement des bois d’ébénisterie, bois de construction et de menuiserie. Cette forêt abrite diverses espèces animales telles : varibolomena (lémuriens), lamboala (sanglier), et rantagna (caméléons) et des végétaux tels voamboana (palissandre), fontsina (Ravenala madagascariensis), mandravasarotra (famille des canellaceae).

Photo 2: forêt primaire - Ambodibakoly Amboraka

-la forêt secondaire ou hibohibo : cette formation végétale comprend principalement des ravinala(Ravenala madagascariensis), harogana (Harunga madagascariensis), dingana (Psidia altissima).

Cliché : DESY On y rencontre des produits de cueillette et de chasse tels la grenadelle, le citron sauvage, le miel, etc. - les arbustes comme les longoza (Aramomum angustifolium), radriaka (Lantana camara), voatrotrokala (Dichaentera), qui constituent des steppes herbeuses. En outre, les produits de la forêt présentent certaines utilités dans la vie quotidienne et servent à nourrir les habitants de la commune. Voir tableaux (annexe 14). La commune d’Ifanadiana est un réservoir naturel précieux car elle a trois chutes à savoir : la chute de Mangalahenatra d’environ 100m de haut et qui se situe à 11km de la ville sur la route reliant Ikongo-Ifanadiana ; la chute de Kalaroy environ 45m de haut au sein du fokontany Sahafitoroka ; et la chute d’Amboraka d’environ 15m de haut.

Photo 3: Chute de Mangalahenatra - Ambiabe

Quoique attrayants, ces sites sont inaccessibles et ne reçoivent pas de visiteurs à cause des mauvaises conditions des routes et des équipements. De plus, seule la ville d’Ifanadiana bénéficie de l’énergie électrique qui provient du barrage de commune rurale de

Cliché : DESY Ranomafana. La commune renferme également des richesses minières telles l’or, l’émeraude, le cristal, le mercure, mais ces lieux restent souvent inexploités du fait de la croyance aux esprits et aux génies de la nature qui y habitent. La transgression à cette croyance peut conduire à la mort, à l’handicap physique ou mental. Comme l’adage le dit « Mamy ny aina » (la vie est douce), il faut exécuter certaines traditions qui nécessitent d’importants moyens financiers pour purifier ces lieux. La peur des mauvais esprits et la méfiance envers les personnes étrangères à la société les amènent à tenir secrète l’existence de ces lieux. Ces richesses naturelles présentent des atouts pour les habitants de la commune appelés à les mettre en valeur.

Section 2. Ifanadiana: commune à vocation agricole L’agriculture occupe une place importante dans les activités professionnelles des paysans. Auparavant, elle a été dominée par la culture du café. Cependant, la baisse du prix du café les a amenés à diversifier leurs cultures vivrières. La culture fruitière y est également abondante, surtout la banane, les agrumes et litchis. On distingue les cultures vivrières et les cultures de rente.

a - Les cultures vivrières Environ 99% de la population rurale d’Ifanadiana font partie de la population agricole, dont 55% constitue la population active, la limite inférieure retenue pour être actif étant l’âge de 12ans. Dans la sous-préfecture d’Ifanadiana, le manioc est le plus cultivé car il occupe 13 625 ha sur 21 145 de superficie totale des cultures vivrières. Puis vient la culture du riz avec 7 330ha suivie de l’haricot,du maïs et de l’arachide. Le manioc permet de suppléer aux insuffisances en riz pendant la période de soudure. En matière de culture de riz, aliment de base, la statistique indique que le rendement de la sous- préfecture s’est élevé par rapport à celui des autres sous-préfectures tels Mananjary, . De 2,15t/ha en 2001, elle n’arrive pas à satisfaire ses besoins en riz car pour un nombre de population de 127 788, la production en riz n’est que de 10 580t entraînant ainsi un déficit de 4 755t11. Concernant la commercialisation, il existe des détaillants/collecteurs dans la commune. Dans la majorité des cas, ce sont les grands commerçants qui assurent ce rôle. Les producteurs leur amènent les récoltes et ils achètent soit le paddy soit le riz pilé. Souvent, ils stockent des produits pour les revendre en période de soudure.

11 Source : Monographie de la région de Vatovavy 2003 Quant aux collecteurs directs venant des localités environnantes, ils achètent le paddy et repartent aussitôt. Ils travaillent soit pour leur propre compte soit pour le compte d’une tierce personne.

b - Les cultures de rente Les produits de rente sont constitués par les fruits et le café. Pendant la période coloniale, ils fournissaient de l'argent aux paysans pour pouvoir payer les impôts. La baisse du prix du café a entraîné la négligence voire même l'abandon de la culture du café dans la deuxième partie de la Troisième République. Par conséquent, la culture de subsistance se trouve intensifiée. La culture de banane prolifère actuellement dans la commune ; or elle est vouée à l'échec du fait de l'existence d’une nouvelle maladie, "maladie de Panama", attaquant actuellement les bananiers. C’est le principal ennemi de la banane. Elle se répand dans la région de Vatovavy. Cette maladie pourrait anéantir les plantations, la récolte risque de ne pas être satisfaisante. Les vulgarisateurs initient également la culture de la vanille à travers des groupements de paysans. Certains ont déjà commencé à la pratiquer, attirés par le prix intéressant de la vanille sur le marché. En matière de production caféière, 9/10è se trouvent sur la côte est12. Or, la sous- préfecture d'Ifanadiana, faisant partie des principaux producteurs, est enclavée malgré l'intervention du FID et de la SEECALINE. La majorité des paysans producteurs renoncent à l'intensification de leurs cultures à cause de la difficulté de transport des produits qui se fait souvent à dos d'homme, alors que la commercialisation est presque inexistante dans les différentes communes. La RN25, même bitumée entre Vohiparara et Mananjary, est partiellement en mauvais état et actuellement elle est en cours de réhabilitation. La RNT 4 reliant Ifanadiana-Ikongo est impraticable en saison de pluie. Il en est de même pour la route inter-communale reliant Ifanadiana-Tsaratanàna-Ambohimanga du sud, et Ifanadiana- Androrangavola. Bref, les routes inter-communales sont presque impraticables. Or, lors du PE1, il y a eu une politique d’aménagement routier compatible avec la gestion des ressources naturelles en renforçant notamment les capacités des départements chargés des infrastructures routières. Les recommandations touchaient essentiellement les études d’impact homme- environnement et la préservation des zones sensibles dans le tracé routier. Par ailleurs, le prix du café baisse sur le marché. Si en 2001/2002, le prix au consommateur était de 2750 Fmg/kg, en 2003 il n'est plus qu'à 2250 Fmg/kg. Pendant la première partie de la Troisième République, il atteignait 12 000 Fmg. Tout cela décourage les producteurs ; toutefois la culture de rente permettra certainement le développement de la région. La majorité des caféiers est mal entretenue. Trop vieux, ils ne produisent que peu de grains dont la qualité diminue. Certains paysans sont alors amenés à

12 source : Monographie de la région de Vatovavy 2003. supprimer la majeure partie de leur culture de café. La production du café, souvent remplacée par d'autres cultures est dépassée par celle des bananes. Photo 4: Collecte de banane à Antafotenina

Cliché : DESY c - Méthode de culture La riziculture peut prendre différentes formes à Madagascar suivant le milieu naturel : -le tavy en milieu forestier de montagne ; -les rizières de bas fonds ; -le riz pluvial sur bas de pente ; -le riz de décrue sur les rebords de zone inondable. La riziculture antanala correspond en général à la première et à la dernière catégorie. Ils emploient encore des méthodes traditionnelles de culture. En effet, ils travaillent selon les coutumes ancestrales. Le piétinage par bœuf n'est employé que par des paysans aisés. Mais ils n'emploient pas de charrues. Tout le travail se fait à l'angady, mais la plupart des Antanala sont attachés à leur "antsy"(sorte de couteau) traditionnel. De plus, le relief limite les surfaces favorables à la riziculture irriguée, ce qui pousse la population rurale à pratiquer la culture sur brûlis. En effet, d'après nos enquêtes, environ 27% des ménages enquêtés pratiquent uniquement le tavy comme mode de culture, 41% associent la riziculture irriguée et le tavy contre 32% se consacrant exclusivement à la riziculture irriguée. Ils ne tirent par conséquent qu'une faible partie des possibilités de la richesse de leurs terres. Le système d'irrigation n'étant pas non plus développé, le rendement devient faible. Aux méthodes agricoles traditionnelles doivent se substituer de nouvelles méthodes plus adaptées au contexte actuel de mondialisation. Pour cela, l'appui à la production des paysans antanala est assuré par des ONG, entre autres, la CRS et la SEECALINE. Ils incitent à l'utilisation de semences améliorées, d'engrais organiques et chimiques, et l'amélioration du système d'irrigation. Cependant, ces méthodes ne sont pas suivies par les paysans même s’ils ont reçu de la formation pour de nombreuses raisons, telles leur faible pouvoir d'achat pour les semences, l'engrais et les outils agricoles, les difficultés de l'apprentissage. Concernant le mode de faire -valoir, 75% des agriculteurs antanala utilisent le faire- valoir direct où le propriétaire exploite lui-même son terrain. C'est donc le mode le plus couramment utilisé. 25% utilisent le mode de faire-valoir indirect en pratiquant le métayage. Le propriétaire terrien, allant fréquemment en ville, loue la terre à redevance en récolte et le métayer fournit le travail ainsi que l'intrant agricole (semence). Le tiers de la récolte sera alors dû au propriétaire tandis que les deux tiers reviennent aux exploitants. Il y en a ceux qui prêtent gratuitement les terrains. Il y a des propriétaires terriens qui emploient des salariés permanents pour exécuter des travaux de culture durant la campagne agricole.

Pour terminer ce chapitre, nous dirons que la commune étant couverte de forêt renferme des espèces animales et végétales spécifiques à la région. Ses sites sont encore inaccessibles et inexploités du fait du manque d'ouverture de la commune au tourisme. Son économie se base sur l'agriculture, notamment les cultures de riz, de manioc, et de banane pour subvenir aux besoins des familles, d'une part, et une faible partie réservée à la vente, d'autre part. Le tavy demeure la méthode de culture la plus employée dans la commune. Cela est dû à la faiblesse de la culture de rente qui rencontre de nombreuses difficultés comme l'insuffisance de l'infrastructure routière, la fluctuation du prix de ces produits. Ce mode de culture n’est pas uniquement le fruit des conditions géographiques et économiques, il est également lié au cadre social de la commune rurale d’Ifanadiana. Nous allons l’étudier dans le chapitre suivant.

CHAPITRE II LES ANTANALA DANS LEUR CADRE SOCIAL

Section 1. Mode de vie des Antanala Parlons d'abord de la population de la commune d'Ifanadiana. La démographie est en relation étroite avec l’environnement. En d’autres termes, les conséquences d’une démographie galopante sur l’environnement font partie des préoccupations actuelles. Même si la population connaît chaque année une forte augmentation d'environ 1000 par an, elle enregistre une diminution progressive du taux de natalité ces trois dernières années, c'est-à- dire de 2,70% en 2001, pour descendre à 2,14% en 2002. Par contre, le taux de mortalité est relativement monté à 1,24% en 2001 contre 1,01% en 2000, puis descendu à 1,02% en 2002. A titre d'illustration, voici le tableau d'état civil de la commune : Tableau 3 : Etat civil de la commune 2000 2001 2002

Population 13194 14329 15397

Naissance 361 331 329

Décès 134 179 157

Taux de natalité (%) 2,70 2,30 2,14

Taux de mortalité (%) 1,01 1,24 1,02 Source : commune rurale Ifanadiana Des animations concernant la contraception et le planning familial sont assurées par le Centre Hospitalier de District (CHD) dans la commune. Cependant, elles ne sont pas vraiment efficaces du fait de la crainte de la stérilité et des maladies que ces méthodes peuvent engendrer. Plus de 2/3 de la population de la commune sont des Antanala. On y rencontre également des immigrants tels les Betsileo, les Merina et les Antembahoaka. Chinois, Indiens et Pakistanais habitent également la localité. Ces immigrants jouent un rôle important dans l'évolution du mode de vie des Antanala, notamment les Betsileo qui s'intègrent facilement dans la société Antanala. Ils y ont apporté leur méthode de culture comme le séchage des rizières avant la préparation du sol. Les immigrants betsileo adoptent facilement les méthodes initiées par les ONG. Quant aux étrangers, ils pratiquent principalement le commerce. Il en est de même pour quelques immigrants. En outre, la commune a une population jeune car les moins de 18 ans sont au nombre de 9 641 sur une population totale de 15 397 habitants contre 411 seulement pour les plus de 60 ans. Chaque fokontany a en moyenne 1 400 habitants, et la population féminine est supérieure en nombre par rapport à la population masculine, soit 7 716 femmes contre 7 681 hommes.

a - Une population prédatrice La forêt est une source de prédation pour les Antanala, ils en ont beaucoup besoin dans la vie quotidienne ; or leurs actions tendent à la faire disparaître pour satisfaire le besoin en riz, aliment de base. Ils chassent les animaux tels le sanglier, les pintades, les lémuriens, etc. La médecine traditionnelle reste pratiquée dans la commune grâce aux plantes médicinales. Ils recourent aux produits de la forêt pour leurs besoins quotidiens : habitation, outils et vêtement. Le raphia et rambo, nom générique de harefo, herana constituent les matières premières de la vannerie et du tressage de nattes ainsi que des vêtements et des nappes. Leurs habitations sont en végétaux, spécialement construites à partir de fontsina: les feuilles dites raty pour le toit; la tige ou falafa sert de mur et peut être transformée en ficelle; le tronc devient tarangy pour le parquet. Plusieurs maisons de type traditionnel en mur tarangy et falafa dominent la commune, tandis que les maisons en dur sont rares et se situent le long de la RN25. Le fontsina peut également servir de cuiller et de cuvettes à riz lors des fêtes locales ou lanonana. Les bambous dits lananana remplacent les seaux d'eau. Ces outils sont fabriqués par les paysans eux-mêmes. Il en est de même pour les outils agricoles tels le fitomboka13, le zaran'angady14, le zaran'antsy15 et les instruments de musique16. Le hazomanga, bois sacré, qui donne le caractère sacré au tranobe provient également de la forêt.

b - Un mode de vie itinérant Généralement, les paysans antanala ont deux résidences : la principale est au village où les membres de la famille, descendants d'un même ancêtre, se trouvent réunis à chaque évènement familial. L’autre résidence se trouve dans les champs où ils passent la quasi-totalité de la vie quotidienne pour les travaux des champs et de l’élevage. En effet, le champ est idéal pour ce genre d'activité. Par conséquent, en allant dans ces champs pendant quelques jours, ils sont coupés des différentes informations qui peuvent circuler dans le fokontany et dans la commune.

c - Activités professionnelles Ils sont souvent cultivateurs-éleveurs et bûcherons. Concernant les activités professionnelles, 97,97% des chefs de ménage sont agriculteurs contre 2,03% pour les autres actifs. Pour les Antanala, la répartition des travaux de champs se fait comme suit : les hommes labourent la terre tandis que les femmes s'occupent du repiquage et du sarclage. Les enfants surveillent les animaux et oiseaux nuisibles à la culture. Quant à l'élevage, la volaille occupe le premier rang atteignant le nombre de 1220, suivie par l'élevage bovin avec un effectif de 682 puis l’élevage porcin. L'apiculture, la pisciculture, l'élevage de lapins et bien d'autres sont pratiqués dans la commune mais ne sont pas encore développés. En outre, beaucoup vivent de l'artisanat comme la vannerie qui rapporte 18 500 Fmg à 1 artisan pour une journée. Cependant l’artisanat est une activité secondaire pour les paysans antanala. Par conséquent, ils ne le font pas de manière habituelle et professionnelle.

13 bâton à fouir 14 canne servant à maintenir la bêche 15 canne servant à maintenir le couteau 16 korintsana et flûte en bambou- kabôsy en vakoka La production artisanale reste insuffisante. La forge et la menuiserie se développent également peu dans la commune.

Tableau 4: production artisanale de la commune

PRODUCTION MOYENNE PAR RECETTE PAR NATURE NOMBRES D’ARTISANS ENQUETES ARTISAN POUR UNE JOURNEE ARTISAN

Menuiserie 12 04 45 000Fmg

Forge 8 07 25 000Fmg

Vannerie 10 05 18 500Fmg

Enquête : DESY D'après ce tableau, l'activité artisanale et l'élevage procurent de l'argent aux paysans, c'est-à-dire, ils paraissent comme des alternatives au tavy. Cependant, ils ne sont pas suffisamment développés dans la commune. En effet, les débouchés manquent à l'intérieur de la commune et ces activités nécessitent la formation des paysans. Il faudrait encore d’autres activités génératrices de revenus.

d - Les services publics Le phénomène d’enclavement accroît fortement la pauvreté, une des causes de la pratique du tavy. Plus les zones sont enclavées, plus l’éradication du tavy est difficile. L’enclavement n’est pas seulement l’éloignement des routes, d’un arrêt d’autobus ou de taxi- brousse, il indique également le problème de l’accès aux infrastructures agricoles (accès presque inexistant dans la commune) et la distance à parcourir pour se rendre aux infrastructures de base les plus proches (école, centre de santé).

● L'enseignement Parmi les services publics, l'enseignement ne doit pas être négligé dans la commune rurale où il paraît presque insuffisant et à un niveau très bas. En effet, l'analphabétisme constitue un grand obstacle à la transmission des informations. De plus, un changement de mentalité ne peut provenir que de la fréquentation de l'école. Cette dernière peut contribuer à long terme à la suppression de la culture sur brûlis. La commune rurale d'Ifanadiana connaît l'enseignement à trois niveaux : l'Ecole Primaire Publique (EPP), le Collège d'Enseignement Général (CEG) et le Lycée. Les enfants arrivés à la troisième année de leurs études, abandonnent souvent l’école. Ce qui réduit l'effectif des élèves entrant au CEG et surtout au Lycée. Ces faits peuvent être expliqués d'abord par la fermeture de certaines écoles en raison des bâtiments endommagés par le cataclysme naturel et non encore réhabilités. Le manque d'enseignants est également à l'origine de la fermeture. Dans certains cas, pour pouvoir continuer les études, les enfants doivent se déplacer loin de leur habitation, comme le cas du fokontany de Fenoarivo avec son école multigrade, c’est-à-dire une école à un seul maître avec trois classes T1, T2 et T3. Parfois, les parents sont en difficulté vis-à-vis des divers frais de scolarisation. De Février à Avril, c'est-à-dire pendant la période de soudure et de cyclone, beaucoup d'enfants ne fréquentent plus l'école jusqu'au moment de la récolte. La commune, enregistre par conséquent, un faible taux de réussite aux examens. Par exemple, en 2003, 25 élèves sur 92 seulement ont obtenu leur Brevet d’Etudes de Premier Cycle dans le CEG d'Ifanadiana.

Tableau 5: Données sur l'enseignement dans la commune

Nombre Elèves Taux net de Fokontany EPP CEG Lycée Total Scolarisable d’enseignant Garçons Filles scolarisation

2 16 347 370 717

Ifanadiana 1 10 159 123 282

1 5 42 56 98

Amboraka 2 5 132 111 243 260 93,46

Andranofolahina 2 3 102 64 166 241 68,88

Fenoarivo 3 3 111 115 226 268 84,33

Ambodiara 1 2 98 77 175 604 28,97

Sahafitoroka 3 4 98 91 189 455 41,54

Antafotenina 2 6 80 59 139 371 37,47

Maromena 2 4 81 80 161 418 38,52

Ambiabe 6 13 254 243 497 523 95,03

Ambodirafia II 3 6 142 130 272 394 69,04

Ambinanindranotelo 5 6 232 198 430 890 48,31

TOTAL 31 01 01 83 2093 1952 4045 5232 77,31

Source: CISCO Ifanadiana 2002 Photo 5: bureau du CISCO Ifanadiana En outre, le taux d'analphabétisme y est élevé. Car 60% de la population sont analphabètes. D'après nos enquêtes, parmi 90 chefs de ménages enquêtés 39 sont analphabètes soit 42,7% dont 27 vivent dans les fokontany éloignés du chef-lieu de la commune soit 30% des chefs de ménages enquêtés. Par contre, 51 sur 90 savent lire et écrire soit 57,3%.

Le nombre des femmes analphabètesCliché : DESY est supérieur à celui des hommes car on compte 5 754 femmes parmi les 9 238 analphabètes de la commune soit 62% des analphabètes contre 37,71% seulement pour les hommes. Cela est dû à l’organisation sociale malgache qui est une société patrilocale et patrilinéaire. Les garçons ont plus de chance d'étudier parce qu'ils seront plus tard chefs de famille, ce qui n'est pas le cas pour les petites filles. Dans les familles nombreuses, celles qui peuvent déjà aider leurs parents restent à la maison pour s'occuper des bébés et préparer le repas de ceux qui travaillent aux champs. Nous verrons dans le tableau ci- dessous la répartition du nombre des analphabètes selon l'âge et le sexe dans la commune rurale d'Ifanadiana.

Tableau 6: Répartition des analphabètes selon l'âge et le sexe.

Age 6 à 14 ans Pourcentage 15 ans et plus Pourcentage Total Pourcentage Sexe

Homme 919 9,95 2565 27,77 3484 37,71

Femme 1544 16,71 4210 45,57 5754 62,29

SOMME 2463 26,66 6775 73,34 9238 100

Source : Délégué du Ministère de la population Ifanadiana 2003

Dès 1980, l'initiative d'alphabétisation fonctionnelle à été mise en application dans la commune d'Ifanadiana. Les analphabètes étant bénévoles, elle n'a pas pu durer longtemps, et s'est arrêtée en 1985. A partir du 3 février 2003, la sous-préfecture d'Ifanadiana, en collaboration avec l'association CRAEPFI (Conseil de Recherche en Alphabétisation et de l'Education Permanente à Fianarantsoa) a organisé une campagne d'alphabétisation par la stratégie AFID c'est-à-dire Alphabétisation Fonctionnelle Intensive et de Développement. A part l'alphabétisation initiale et la formation complémentaire de base qui dure 133 jours, les paysans peuvent bénéficier d'une formation technique sur une activité de développement, comme la formation sur le SRI, la pisciculture ; pour les motiver, un montant de 1 000 000 Fmg est attribué à 5 alphabétisés pour la réalisation du projet. Si auparavant 60% de la population de la commune Ifanadiana sont analphabètes, actuellement, ils ne représentent plus que 55%.

• La santé : L'éloignement du Centre Hospitalier du District (CHD), la pratique des méthodes traditionnelles ainsi que la cherté des médicaments entraînent un faible taux de fréquentation du CHD qui est de 51,61%. Le tableau qui suit présente les moyens humains du Service de la santé de la commune.

Tableau 7: Tableau de moyens humains de la CHD Paramédicaux Personnel Consultations Public Médecin Nombre d'évacuations sanitaires par an : 32 Sage femme Infirmiers administratif mensuelles PHAGECOM : 01 Nombre de dépôts de médicaments : 01 CHD 03 02 03 02 719 Taux de vaccination infantile : 72% Enquête : DESY D'après ce tableau, la commune souffre du manque en personnel de santé. Le centre de santé n'existe que dans le chef-lieu de la commune. Il en est de même pour le dépôt de médicaments, alors qu'il y a des fokontany qui se trouvent à plus de 20 km du chef-lieu de la commune, exemple : Ambinanindranotelo et Fenoarivo. Ces facteurs empêchent la population de fréquenter le centre et la poussent à se contenter de la médecine traditionnelle. La médecine traditionnelle est un des aspects de la tradition antanala profondément ancrée chez les paysans.

Section 2. Us et coutumes Antanala a - Les traditions La coutume occupe une place importante dans la société antanala. Les structures étatiques et les autorités coutumières, à savoir le "mpanjaka" et ses alliés coexistent dans la commune. Chaque clan a pour chef un mpanjaka abusivement traduit en roi. Il est choisi par les membres du clan (hommes et femmes) dans la famille aînée, c'est-à-dire dans la branche de la lignée paternelle des descendants du fondateur. Les mpanjaka conservent encore leurs rôles dans divers aspects de la vie quotidienne : - ils ont un rôle religieux ; ils adressent la prière solennelle à Dieu et aux ancêtres ; - l'arbitrage en cas de litige entre les familles est assuré par eux ; en cas de crime, ils ont le droit de prononcer l'exclusion de la société des vivants ou « akondro menty 17» ou l’exclusion du tombeau ; - sur le plan politique, ils président les clans ; pour les questions intéressant l'ensemble des Antanala, les mpanjaka des clans se réunissent en conseil sous la présidence du mpanjaka du clan aîné ; - le mpanjaka préside les festivités et événements intéressant la vie du clan.

Photo 6: mpanjaka d’Antafotenina et son hazomanga L'intronisation du mpanjaka constitue une cérémonie de grande envergure chez les Antanala pour le faire connaître au public. Un nouveau mpanjaka prend place, en principe, après le décès d'un ancien mpanjaka, sauf démission ou renversement par les membres du clan. Dans tous les cas, le sacrifice d'un bœuf doit être fait. Le nouveau roi sera alors choisi par les aînés du clan dans la lignée paternelle. Cliché: DESY La grande case ou tranobe est la résidence du mpanjaka. Elle est la case intermédiaire entre les vivants et les ancêtres. Il y en a une quarantaine dans la commune. A part la famille et l'Eglise, le tranobe est un lieu de rencontre pour tout évènement familial et clanique. C'est un

17 Exclusion sociale lieu sacré grâce au "hazomanga18" qui se place au- dessus du vatra19 dans la partie nord-est de la case, c'est-à-dire en haut du "zoro firarazana20". Il se trouve à l'intérieur de paniers ou tanty qui s'entreferment. Il permet de distinguer le roi et est utilisé pour obtenir la bénédiction de Dieu et des ancêtres. Pour les Antanala, le monde apparent présente une certaine similitude avec le monde invisible. Pour illustrer cela, nous avons établi le tableau suivant :

Tableau 8 : Comparaison entre le monde apparent et celui invisible MONDE APPARENT MONDE INVISIBLE

Trano (foyer ou case) Vatolahy (pierre levée) Tanàna (village) Ambatolahy (lieu des pierres levées) LIEU Tranobe (grande case) Fasana (tombeau) Tokotany (terrain) Ala (forêt)

Apéritif : alcool Toa-masaka (alcool local parfumé de rebosa21) Plat de résistance : riz (cuit) Vary fotsy(riz blanc) ou vary masaka (cuit) NOURRITURE Laoka : viande Jono (petits poissons d’eau douce) ou viande de bœuf Dessert : fruit Miel De l’eau pour se laver les mains Eau froide

Enquête : DESY Nous pouvons donc dire que si chacun des ancêtres a son propre foyer qui est le vatolahy, dont le regroupement constitue leur village appelé "ambatolahy", le fasana sert de tranobe tandis que la forêt est une sorte de terrain dont ils disposent. D’où le caractère sacré de la forêt. Dans cette région, les tsangambato ou pierres levées sont abondantes. Les Antanala les édifient comme habitat éternel des ancêtres qui sont élevés au rang des ancêtres protecteurs. Pour les Antanala, une personne adulte sans maison n'a pas de valeur et sans considération aux yeux de la société. Par analogie, la conception du tsangambato va dans ce sens. Construit par les vivants, il constitue la demeure des esprits des défunts ou ambiroa. L'ambiroa réside dans une pierre levée et n'erre plus. Ainsi, les ancêtres bien logés protègent leurs descendants. En effet, le tsangambato représente la dernière étape de la vénération des ancêtres. Elle n'est pas seulement la pierre levée mais aussi l'ensemble des rites réalisant ce respect des ancêtres. Les rites rendent les ancêtres protecteurs et tissent un lien entre eux et leurs descendants. La relation vivants-invisibles est un aspect de la communication ascendante dans la société antanala. Et ils attendent en retour leur bénédiction et leur protection, par exemple une récolte abondante.

18 Le hazomanga est un bois à caractère sacré placé dans la grande case et joue un rôle très important dans le culte des ancêtres chez les Antanala 19 Madrier placé à l’intérieur de la case, en haut et dans la partie nord. Il suit la largeur du tranobe. 20 Coin sacré situé au nord-est de la case. C’est le lieu où se placent les alliés du mpanjaka dans le tranobe 21 Le rebosa dite hafatraina (nom scientifique : Evodia belabe, famille de Rutaceae ) est une écorce parfumant le toa-masaka. Pour résoudre de grands problèmes d'une certaine gravité et qualifiés quelquefois de mystérieux, certains Antanala consultent les "ombiasa22". Pour cela, ils observent les fady liés à leurs propres personnes ou à la terre cultivée. La plupart du temps, ces ombiasa prescrivent les jours de mardi et jeudi comme interdits aux travaux des champs. Il ne faut pas perdre de vue que les ombiasa constituent l’élite ou le corps de l’intelligentsia traditionnelle, le détenteur du savoir, même s’ils sont analphabètes. En matière de mariage, lorsqu'un couple réussit à avoir dix enfants ou plus, y compris les petits enfants, il pratique le "fahan-jaza" qui consiste à immoler un bœuf. La cérémonie se passe dans le tranobe où l'aîné donne à manger au cadet et ainsi de suite jusqu'au benjamin des petits-fils. C’est le rite de la fécondité qui a pour but de remercier Dieu et les ancêtres de leur bénédiction. Il peut être dû aux craintes de la colère de Dieu et ancêtres mais il reflète également l'importance des relations familiales et le regroupement des membres pour les Antanala. Lié à la démographie, ce rite favorise l'augmentation du taux de natalité, contrairement à la politique de limitation de naissance prônée par le Ministère de la population malgache. L'exogamie y est générale, c’est-à-dire le fait de se marier avec des membres d'un autre clan ou avec des étrangers. En cas d’inceste, un sacrifice spécial dit "fafy" doit être fait. C'est une sorte de purification suite à la transgression du fady ou tabou. Enfin, les Antanala comme tout malgache pratiquent la circoncision, ou naissance de l’enfant dans la communauté masculine. Le tranobe et l'emplacement des personnes à l'intérieur sont illustrés par le schéma et la photo ci-dessous. Schéma 1: L'emplacement des personnes dans le tranobe

Photo 7 : Tranobe à Antafotenina JEUNES HOMMES

FATANA ● PILIER

JEUNES FILLES ENFANTS PARENTS (Hommes), INVITES FEMMES NOTABLES b - La religion ROI Cliché : DESY

La problématique environnementale peut avoir des interactionsN avec laEnquête religion. : DESY D'une manière générale, plus les traditionalistes sont nombreux, plus le système de culture traditionnel se maintient. Nos enquêtes révèlent l’observation des rites avant la pratique des cultures sur brûlis. Les traditionalistes procèdent toujours aux différentes cérémonies et prières obligatoires afin d’écarter la colère de Dieu et des ancêtres. Quant aux chrétiens, souvent ils

22 Détenteur de talisman, il guérit et prescrit des fady à observer. Il prévoit également l’avenir. négligent voire même abandonnent ces rites. Afin de mieux éclaircir ce paragraphe, voici un tableau présentant le nombre des chrétiens, musulmans et traditionalistes dans chaque fokontany et dans la commune.

Tableau 9: Données comparant le nombre de chrétiens, musulmans et traditionalistes dans chaque fokontany TRADITIONALISTES NON FOKONTANY CHRETIENS23 MUSULMANS CHRETIENS

Ambiabe 440 0 1412

Ambinanindranotelo 912 0 1120

Ambodiara 343 0 1340

Ambodirafia II 566 0 393

Amboraka 598 0 366

Andranofolahina 363 0 326

Antafotenina 611 05 358

Fenoarivo 368 0 483

Ifanadiana 905 08 1583

Maromena 336 0 1232

Sahafitoroka 910 0 414

TOTAL 6352 (41,25%) 13 (0,08%) 9032 (58,66%)

Source : commune rurale Ifanadiana La religion chrétienne domine la religion musulmane en réunissant à lui seul 41,25 de la population contre 0,08% de musulmans. A part les croyants, le reste vit dans le respect des traditions. Les traditionalistes non chrétiens sont majoritaires dans la commune soit 58,66% de la population. Ils sont cependant inférieurs en nombre par rapport aux chrétiens dans les fokontany longeant les routes tels Ambodirafia II (RN25), Amboraka (RNT4), Andranofolahina (RN25), Antafotenina (RN25). Les chrétiens catholiques qui ont une conception plus rapprochée du culte des ancêtres optent la plupart du temps pour un certain syncrétisme. Ils sont à l’origine de l’amalgame tradition et christianisme. En fait, la tradition pèse toujours sur la mentalité des paysans. Nous saurions dire que les Antanala vivent des produits de la forêt. Ils se nourrissent de ces produits, les utilisent pour leurs besoins quotidiens. Leurs activités professionnelles même se basent sur la forêt et la terre, ces Antanala étant souvent cultivateurs et bûcherons. En outre, les infrastructures de base ne suffisent pas dans la commune, le taux d'analphabétisme est élevé et atteint plus de la moitié de la population. Par conséquent, la pratique de la médecine traditionnelle reste en nombre important. La tradition commande presque tous les actes des habitants de la commune. La hiérarchie traditionnelle est maintenue grâce à la présence des rois et les traditionalistes non chrétiens qui sont nombreux. Ces aspects du mode de vie des Antanala doivent influencer le mode de communication à adopter face à ces paysans pour mener efficacement la lutte contre le tavy.

23 Toutes sensibilités confondues

Nous verrons dans cette partie que le tavy se manifeste de manière particulière à Ifanadiana. Il résulte de leur propre vision de la forêt et de l'environnement, de leur propre croyance et tradition. Ceci rentre dans un système plus complexe qui est le système social antanala présentant certaines différences vis-à-vis de la société dans laquelle nous vivons. Nous allons, par la suite, évoquer les principes présidant au choix des supports de communication correspondant aux types de société, pour aboutir à la description du système de communication existant dans la société antanala. CHAPITRE I LE TAVY: UN DANGER POUR LES PAYSANS ?

Section 1. La pratique du tavy chez les Antanala a - Terminologie En général, le mot "tavy" peut se traduire par "défrichement suivi d'incinération dans le but de cultiver la terre. C'est une forme ancienne et rudimentaire d'exploitation du sol qui se fait sans bétail24". Les Antanala distinguent sur le plan de la terminologie, trois termes présentant quelques nuances : le tevy, le tavy et le fafatra. Le tevy ou tevy ala consiste à défricher la forêt. En principe, il est prohibé par la loi mais il reste pratiqué par les Antanala dans le souci de répondre aux besoins des familles après avoir demandé la bénédiction de Dieu et des ancêtres par le Saotra25. Par contre, le tavy consiste à défricher la savane ou hibohibo. Il est fréquent actuellement du fait de la disparition de la forêt primaire. Dans ce cas, le saotra ne se fait plus, ceux qui le pratiquent coupent immédiatement les arbres et les herbes puis brûlent. Les rites dans le tevy ala sont presque inexistants en matière de tavy, les aînés les ayant déjà faits auparavant à l'époque de la forêt primaire. Le tavy pratiqué selon les normes peut être autorisé par l'administration. Par exemple : le tavy sur la colline se fait sur le tiers inférieur de la pente. Seuls peuvent faire l'objet du tavy les terrains ayant été bornés. Enfin, le fafatra se distingue des deux premiers par la coupe d'herbes et de la steppe. Ils consistent surtout à nettoyer les champs en enlevant les mauvaises herbes. Mais dans la vie courante, tevy, tavy et fafatra sont tous appelés tavy, c'est-à-dire, le fait de défricher la nature même sans brûler. En outre, les feux sont classés suivant l'objectif poursuivi par leurs auteurs. On appelle feux de culture les feux du tevy ala et du hibohibo; tandis que le feu de nettoyage correspond au feu du fafatra. Pour les feux sauvages, ils ne sont pas en principe déclenchés volontairement mais proviennent de l'expansion des feux de culture ou ceux du nettoyage. Le feu de brousse est l'ensemble de ces différents types de feux.

b - Tavy: alternatives aux difficultés de la vie D'une manière générale, le tavy est dû à la croissance démographique rapide et se trouve lié à la pauvreté des populations. Il peut être fait dans le but d'avoir plus d'espace à

24 Rakotonirina G, Le problème des tavy. Séminaire international sur l’équilibre des écosystèmes forestiers 25 Prière solennelle adressée à Dieu et ancêtres avant le défrichement. cultiver et pour accroître les ressources vivrières. Le tavy est en effet un moyen de s'approprier des terres. Selon le DSRP26, en milieu rural, les ménages les plus riches disposent de parcelles trois fois plus grandes (0,57 ha) que les ménages les plus pauvres (0,19 ha). Le tavy se trouve dans ce cas lié au problème foncier car la terre joue un rôle primordial pour les activités agricoles. Nombreux sont les Antanala qui ne détiennent pas de titres fonciers, malgré qu'ils soient pour la plupart de véritables propriétaires. L'application du droit foncier est difficile pour ne parler que de son imprécision, de l'éloignement du service foncier qui se trouve à Mananjary (116 km) pour la sous-préfecture d'Ifanadiana, de la démarche administrative longue et coûteuse. Les conditions physiques et le relief de cette zone limitent les surfaces en riz irrigué. Par conséquent, la population locale a dû recourir à la culture sur brûlis. De plus, l’insuffisance de pâturage explique en partie la tendance à faire du tavy car un vieux défrichement peut devenir un pâturage quand il est en friche. La baisse du prix du café a poussé les Antanala à multiplier leurs cultures vivrières. Grâce aux variétés de ces cultures dans le tavy, les paysans peuvent survivre en période de soudure qui commence à partir du mois de Janvier. Les paysans antanala se nourrissent des cultures associées au riz dans le tavy et de la vente des légumes, maïs, concombre, dont les périodes de récolte se succèdent de la manière suivante : - légume : après un mois et demi environ; - concombre : après trois mois du semis jusqu'en hiver environ; - maïs : après quatre mois environ; - voahazo 27: à partir de la récolte du riz. Le tavy vise surtout à assurer le besoin alimentaire de la population rurale. Selon eux, il est préférable de cultiver le manioc et le haricot sur le terrain de tavy. Par ailleurs, il accuse l’échec des vulgarisations agricoles et le manque de techniciens agricoles dans la commune. L’insuffisance de l’infrastructure routière ne permet pas d’évacuer les produits d’une part, et empêche la réalisation du contrôle de l’administration dans les campagnes, d’autre part. Sur le plan de l’organisation du Service des eaux et forêts, on constate le manque de contrôle car si auparavant, ce service existait dans presque toutes les communes, actuellement il n’y en a qu’au niveau du chef-lieu de la sous-préfecture. Ce qui rend difficile le contrôle des paysans qui vivent dans les communes rurales éloignées. Conjugué à la lourdeur et lenteur administratives, cela favorise la pratique illicite du tavy. La demande d’autorisation doit, en effet, passer par le chef de village, le chef quartier (président du fokontany) et le maire pour

26 Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté, Mai 2003, p21 27 Plante aromatique en forme de grains aboutir au chef cantonnement des eaux et forêts. (cf. annexe 3 décret 82/313 du 19 juillet 1982, voir aussi annexes 4 et 5). En outre, les paysans antanala cultivant dans les champs pensent se débarrasser des animaux et oiseaux nuisibles à la culture en pratiquant le tavy. Et ils supposent que la fumée forme les nuages et devient pluie, mais la réalité est différente. Enfin, Ifanadiana étant riche en forêt, ils l’utilisent pour survivre. Le tavy pratiqué depuis longtemps par les ancêtres devient pour eux une tradition. L'adage suivant "maharary ny ho faty niany toy izay ny ho faty ampitso" qui peut se traduire par vaut mieux mourir demain qu'aujourd'hui, reflète leur souci et préoccupation.

c - Les étapes du tavy antanala Concernant le tevy ala, il se fait le mois d'août/septembre. Les étapes à suivre sont les suivantes : manaratsaka, mitavy, mandavo sangy, manetika, mangavana puis mandoro. - Manaratsaka: consiste à défricher les arbustes à l'aide de l'antsy goro.28 Avant de couper, les Antanala demandent la bénédiction de Dieu et des ancêtres car selon leurs croyances, la forêt est considérée comme lieu sacré, c'est-à-dire un lieu de répit à la disposition des ancêtres. - Mitavy: c'est l'action de couper les arbrisseaux à l'aide du goro et antsy be 29 - Mandavo sangy: il s'agit d'abattre de gros arbres en employant antsy be et andronana30. En effet, ils peuvent empêcher le riz de pousser et de se développer normalement. De plus, ces arbres favorisent l'existence des oiseaux nuisibles à la culture. - Manetika: signifie couper les branches des arbres déjà abattues pour des raisons pratiques et afin que les cendres se répandent sur toute l'étendue à cultiver. - Mangavana: permet de limiter la surface à brûler et empêcher l'expansion du feu en nettoyant la bordure du champ : les paysans la font à 3m, la loi la fixe à 20m, alors que pour l’administration locale, c’est à 10m. C’est la cacophonie administrative. - Mandoro: un certain délai de séchage doit être observé avant la mise à feu. Pour le tevy ala, il est au minimum d'une trentaine de jours. Mandoro est la mise à feu proprement dite des arbres. Techniquement, s'il s'agit d'une colline, on commence par le haut toujours en vue de maîtriser l'expansion éventuelle du feu en dehors du périmètre prévu pour la culture. Trois jours au plus tard après la mise à feu, on sème les grains de riz. Pour commencer, les Antanala pratiquent le rite du "tombok’enina31" : on fait six trous à l'aide du fitomboka (bâton à fouir), par la femme la plus âgée de la famille. Il se fait le mois d'octobre-

28 Sorte de faucille 29 Grand couteau 30 Hache 31 Rite consistant à faire six trous avant le semis, une prière pour une récolte abondante novembre. Après le « tombok’enina », les femmes se munissent chacune de"fitôvana" c’est-à- dire petits paniers contenant des grains de paddy et d'un fitomboka. Elles suivent la femme la plus âgée et avancent pas à pas pour creuser des trous. A chaque trou correspond trois à quatre grains de paddy. Les variétés suivantes sont consacrées au tavy: vary mena, vary madinika, vary malady, bengiza, lohambitro, mandriravina, tsirimanana, tomborongo, etc. Puis, le sarclage se fait après deux mois, c'est-à-dire en Décembre-Janvier à l'aide de ses propres mains en employant la petite bêche. Les épis apparaîtront trois mois après. Les enfants doivent monter la garde contre les oiseaux nuisibles (moineau et cardinal, perroquet, perruche,...) pendant à peu près deux semaines. Quand le riz commence à être mûr, on procède au rite du "manamamy vary". Une partie du riz arrivée presque à maturité constituera une offrande à Dieu et aux ancêtres. Au moment de la récolte, la coupe des épis est traditionnelle. Ils sont coupés un à un à l'aide de "karima", petite lame de couteau, puis portés dans des "satrana" ou gros paniers pour être déposés dans le grenier. Quant au tavy hibohibo et fafatra, ils ne Photo 8: tavy près de Mangalahenatra-Ambiabe comportent pas certaines étapes du tevy ala telles manaratsaka, mandavo sagy et manetika puisque dans les deux cas, il ne s’agit pas de gros arbres. Ils se différencient également du tevy ala en matière de séchage. Pour le tavy hibohibo, le séchage dure environ quinze jours, Cliché: DESY tandis qu'en cas de fafatra, le feu de nettoyage se fait une semaine après le séchage. d - Effets néfastes du tavy Même si le tavy présente certains avantages aux paysans, il a un effet néfaste sur l’environnement naturel. Les conséquences de la pratique du tavy sont principalement de deux ordres : physiques et écologiques. - Sur le plan physique, le tavy a un effet dépressif sur le sol car la déforestation expose le sol à l'érosion et aux effets de ruissellement qui se manifestent sur les pentes raides de ces régions fortement arrosées. Ce qui entraîne des lavaka. Le sol sous couvert forestier a des qualités physiques excellentes car les nutriments sont recyclés dans un cycle presque fermé. Par contre, dans le cadre d'une utilisation, les nutriments du sol sont vite lessivés et la structure compactée. Pourtant, ce n'est pas la pratique du tavy en elle-même qui est la cause de cette dégradation,"c'est le raccourcissement des cycles" (Oxby 1985). La pratique du défrichement diminue également la superficie forestière. La déforestation gagne toujours de terrain dans la commune malgré la baisse constatée du défrichement et des feux de brousse. Un ménage défriche en moyenne 0,5 ha dans la commune. Selon nos enquêtes auprès du service des eaux et forêts d’Ifanadiana, si la superficie totale de la forêt d’Ifanadiana est de 2 283 ha en 1998, elle n’est plus que de 1 900 ha en 2003. En 6 ans, 383 ha de forêts soit 63,83 ha par an sont ravagés. Nous tenons à remarquer que hibohibo et bozaka n’en font pas partie. Le défrichement et le feu de brousse sont les premières causes de déforestation dans la commune. L'exploitation forestière reste cependant permise avec l'autorisation des agents de l'administration des eaux et forêts, pour se procurer des bois de construction et de menuiserie. Les défrichements sans autorisation sont nombreux. Ils ne suivent pas les exigences de l’administration en matière de tavy. Par exemple : ne pas mettre du para feu ou mettre un para feu à moins de 3m. -Ensuite, sur le plan écologique, longtemps considéré comme"intarissable", la forêt de l'est de Madagascar dont celle de la commune d'Ifanadiana a connu une importante déforestation au détriment des espèces animales et végétales vivant à l'intérieur. Ifanadiana pourrait voir ses richesses en biodiversité disparaître si l'administration ne trouve pas de solution adéquate aux problèmes des feux de brousse et de la déforestation. Les habitants de la commune se rendent également compte des effets néfastes du tavy dans leur vie quotidienne. D'après les paysans, le climat de la région a changé, le froid commence à se faire beaucoup plus sentir, les précipitations deviennent de plus en plus faibles, les sources et rivières sont sur le point de tarir. L'érosion emporte des alluvions couvrant les rizières et les terrains fertiles sont rares. En outre, ils ont du mal à trouver du bois de chauffe et du bois de construction dans la commune. La dégradation de l'environnement entraîne aussi la prolifération des maladies tels la tuberculose et l'asthme. La chasse devient de plus en plus difficile car les gibiers se raréfient. Il en est de même pour les plantes médicinales utilisées par les gens de la commune. Cela n’empêche pas les paysans antanala de pratiquer le tavy. Le saotra leur permet en effet d’avoir la bénédiction de Dieu et des ancêtres et d’éviter les maux.

Section 2. Le saotra ou rites du tavy Pour un paysan antanala, que représente la forêt ? Est-ce uniquement une réserve de chasse ou une forêt à brûler ? La conception traditionnelle va au-delà de toutes ces considérations physiques. C'est la relation morale des Antanala avec la forêt. Le qualificatif moral s'oppose à tout ce qui est matériel et physique. Comme nous avons déjà dit auparavant, la forêt est un lieu sacré du monde des ancêtres. Ils sont cependant obligés de la brûler à cause de l'insuffisance alimentaire qui sévit dans la localité. Cette conception étant socialisée, un certain rite appelé « sao-tany » est exigé avant la pratique du tavy. Le sao-tany permet d'invoquer Dieu et les ancêtres en vue de les inviter à se retirer pour pouvoir abattre et brûler cette partie de la forêt pour la rendre propre à la culture. Il présente un aspect structural. D'une part, il permet de continuer les coutumes ancestrales; par le saotra les Antanala demandent la bénédiction de Dieu et des ancêtres. D'autre part, il résulte de la peur de la colère des ancêtres, c'est la soumission aux ancêtres. Une offrande doit accompagner ce rite et elle est composée du toa-masaka, sorte d'apéritif pour Dieu et les ancêtres; du riz blanc comme plat de résistance, puis du jono, produit de pêche; du voahazo qui est une plante aromatique; et enfin du miel et de l'eau froide. Après la mise à feu et avant toute culture, on doit procéder au culte agraire, le "tombok’enina". C'est une sorte de prière qui consiste à demander que la récolte soit abondante. La conception antanala de la terre et de la forêt explique également le rite de "manamamy vary". C'est une prière qu'on adresse à Dieu et aux ancêtres avant toute consommation et vise à les remercier pour la récolte. Les paysans leur offrent du "lango", c'est-à-dire des grains de paddy arrivant presque à maturité après pilage. Voici quelques passages de prière recueillis lors du saotra auquel nous avons pu assister dans le fokontany Sahafitoraka pour illustrer cette conception traditionnelle. Il s'agit d'une prière avant le défrichement de forêt. EXTRAIT DU SAO-TANY TRADUCTION LITTERALE "Manantso anao Zanahare satria anao « Oh, créateur nous vous appelons puisque vous créez nanano ny raha manan'aina rehetra na ny olo na tous les êtres vivants, que ce soit humain, animal ou ny biby, na ny zava-maniry... Ny anantsovana végétal ... Nous vous appelons pour les raisons anao moa die... hanano tavy ahay ka hanano suivantes ...Nous allons pratiquer le défrichement pour fambolena... koa io ny toa-masaka; io ny vary la culture...Voici de la liqueur; du riz blanc ; de la fotsy; io ny voahazo, io ny jono, ny tintele... tahio plante aromatique, du petit poisson, du miel. Bénissez- tsara ahay mba tsy hanahinahy na ny eto na ny tsy nous pour que nous nous portions bien où que nous eto fa havilomana no atero aminay... anao soyons, ici ou ailleurs, accordez-nous la vie...Vous Zanahare moa ka raha tsy ela homana, modia créateur, vous ne prenez pas du temps pour manger, amin'ny toerana misy anao any... Ary mangaika retournez là où vous avez été...Oh les ancêtres, nous anao razana, fa laha raha ka misy fotone, nody vous appelons aussi, toutes choses ont leur source, volana nody masoandro anareo fa ny sisa dia vous retournez en lune et en soleil et nous sommes tous zanakareo sy zafinareo aby... Napetrakareo vos enfants et vos petits enfants...Vous nous avez laissé taminay ny fomba fa ny aty ala tsy azo la coutume selon laquelle nous ne pouvons pas abattre tapatapahina fahatane ka hanao ny tavy ahay... sans motif la forêt, nous sommes ici pour défricher. mitahia soa ka mitahia ho satria mba hahavokatra Bénissez-nous bien jusqu’à l’épanouissement absolu mamboly ahay...tahio koa ny olo hitavy tsy pour que nous ayons une bonne récolte...Bénissez aussi haratra, tsy ho difina ka hahavita tsara ny asa... les gens qui abattent afin de ne pas se blesser ni de Koa io ny vary fotsy, ny toa-masaka, ny jono ny recevoir de fétu dans l’œil, qu’ils finissent bien leur tintele... Laha avy mihinana anareo die modia travail...voilà donc de la liqueur, du riz blanc, de la amin'ny toerana misy anareo aby..." plante aromatique, du petit poisson, du miel... rentrez- vous tous là où vous demeurez après avoir mangé... »

Enquête : DESY Nous tenons à rappeler que le saotra ne se fait pas en cas de tavy hibohibo et à plus forte raison, il n’est pas nécessaire dans le fafatra. Au lendemain de l'entrée du christianisme, ces mentalités et conceptions sur la forêt ont changé pour certains Antanala. Par conséquent, il y en a ceux qui pratiquent actuellement le tevy ala sans faire du sao-tany. D'une manière générale, cette conception antanala reflète la croyance dans la relation vivant-invisible. Cette relation se trouve assurée grâce au roi. Il est l’intermédiaire entre ces deux mondes, c'est-à-dire monde invisible et monde apparent. Cette possibilité pour le mpanjaka de relier ces deux mondes lui confère un titre "sacré". En cas de rites du tavy, c'est le ray aman-dreny ou aîné qui prend la place du mpanjaka comme intermédiaire. Le schéma de cette relation vivant-invisible se présente comme suit :

Schéma 2 : feed-back du message des invisibles-vivants dans le saotra.

Récepteur Emetteur DIEU Source de décision Source du message

INVISIBLE MONDE

Récepteur Emetteur intermédiaire. Intermédiaire ANCETRES Porte-parole des Porte-parole vivants

Enquête : DESY

Le ray aman-dreny à la fois émetteur et porte-parole des vivants (ici c'est la famille) s'adresse à Dieu et aux ancêtres récepteurs invisibles du message. La voix est ici différente de celle des conversations habituelles et la discussion n'y a pas lieu. Ce porte-parole lance trois cris : Hou ! Hou ! Hou ! avant de prononcer la prière solennelle. Ces cris sont des moyens pour appeler et interpeller les récepteurs. Cette relation confirme le passage de M.Caland cité par Marcel Mauss 32: "la mort ne rompt donc pas les liens de famille; si les morts continuent à se mêler à la vie des vivants, les vivants participent dans une certaine mesure au sort de ceux qui disparaissent... Il y a une continuité entre la société humaine et la famille des esprits".

Bref, le tavy chez les Antanala est surtout dû aux insuffisances alimentaires, aux problèmes fonciers. De plus, l'insuffisance de contrôle par les agents du service des eaux et forêts ne fait qu'aggraver le problème du fait du manque de moyens matériels et humains. Le tavy est la principale cause de déforestation dans la commune et les paysans prennent conscience de ces effets néfastes. Cependant, ils continuent à le pratiquer pour survivre en recourant à certains rites tels le sao-tany, le tombok’enina et le manamamy vary. Ces rites sont liés à la conception antanala de la forêt et permettent de perpétuer le culte des ancêtres. Ces éléments sont à prendre en compte lors de la qualification de la société antanala, étape préalable à l’utilisation des moyens de communication.

32 Mauss, M : Les fonctions du sacré, p.31

CHAPITRE II SOCIETE ET MOYENS DE COMMUNICATION Pour "établir un commun" selon les jargons de la communication, avec un groupe de personnes qui est son auditoire et le motiver à changer de comportement, il faut connaître le type de société dans laquelle ce groupe vit. Il ne s’agit pas ici d’installer un processus aliénant où l’auditoire ne fait que subir le message mais de mettre en place un processus convivial où l’émetteur doit prendre en compte la situation du récepteur du message, recenser ses besoins. L’émetteur doit donc faire une sélection du canal et du message les plus efficaces correspondant à ce type de société.

Section 1. Les différents types de sociétés . a – Typologie des sociétés A une société correspond un mode de communication déterminé. On distingue deux principaux types de sociétés : la société industrielle et la société traditionnelle.

● La société industrielle Elle se caractérise par une industrie développée et par des avancées technologiques. Le capital étant son principe moteur, l’objectif est d’accroître ce capital. Tout est alors commandé par le calcul économique. La vie économique est importante dans ce type de société. C’est une société dynamique dans laquelle une personne peut monter et descendre à l’échelle sociale. La société industrielle est une société très vaste. Elle comprend une forte concentration humaine. Cela est dû à l’attraction qu’elle exerce sur les sociétés environnantes par les richesses et le marché du travail. On l’appelle de ce fait « Société de masse ». Les rapports sociaux sont caractérisés par des rapports à distance et des rapports fonctionnels. Chaque individu ne peut donc connaître qu’une partie de cette masse. On y rencontre par conséquent de multiples groupes élémentaires dans divers domaines de la vie sociale tels : club de sport, parti politique, mouvement religieux, groupes professionnels, la famille, diverses activités extraprofessionnelles, etc. Le type de communication est, par conséquent, de masse, c’est-à-dire « un ensemble de moyens et de techniques permettant la diffusion de messages écrits ou audio-visuels auprès d’un public plus ou moins vaste et hétérogène » (Le Petit Larousse Illustré 2004). Cela nécessite l’emploi des moyens tels : télévision, radio, presse écrite, etc. Ils ont pour objectif d’implanter des besoins standards, une pensée stéréotypée. La masse peut alors accéder aux valeurs culturelles grâce à ce moyen de diffusion de masse. Ces derniers assurent également dans cette société la demande des produits de la culture de masse. Par ailleurs, les groupes élémentaires constituent le relais de ces moyens de diffusion de masse. Enfin, les personnes vivant dans cette société adoptent facilement les innovations et apprécient la nouveauté. Ce qui la différencie de la société traditionnelle. Cependant, souvent la distance immatérielle existant entre les générations entraîne des conflits de génération dans ce type de société.

● La société traditionnelle Dans cette société, la manière de penser ou d’agir, la transmission des techniques, normes et valeurs se fait de génération en génération. C’est une société stable où le statut d’un individu ne change pas et où la tradition est immuable. Cependant, selon Raymond Aron cité par H. Mendras « La société traditionnelle pouvait changer relativement lentement mais, en changeant lentement, elle changeait profondément33». Cette société est beaucoup plus sociale qu’économique. D’une part, les gens y pratiquent l’autoconsommation de travail ; d’autre part, l’âge, le sexe et la parenté commandent la répartition des tâches. De dimension restreinte, elle est appelée « société d’interconnaissance ». La relation personnelle y occupe une place importante. Ce qui favorise des comportements coutumiers qui s’organisent en un système accepté de tous. Les groupes élémentaires sont en nombre limité à savoir : la famille, le voisinage et le village mais jouent un rôle beaucoup plus intéressant dans la société traditionnelle que dans la société industrielle.

b - La société antanala d’Ifanadiana

33 Mendras, H, Eléments de Sociologie, p.136 La société antanala fait partie d’une société beaucoup plus vaste qui est la société malgache. Cette dernière, dans son état actuel, peut être qualifiée de société semi- traditionnelle, dont les milieux urbains sont plus développés que les milieux ruraux. La société antanala quant à elle, est une société paysanne. D’abord, elle pratique la culture d’autosubsistance. Les produits de culture sont, en effet, destinés à être consommés par la famille, une faible partie est destinée à la vente. Malgré qu’elle ait ses propres cultures et traditions, son propre mode de vie, elle est initiée au mode de vie de la société urbaine. Les relations y sont essentiellement personnelles, d’où le rôle important joué par la famille et le village dans la socialisation de l’individu. Du point de vue politique, on assiste à la coexistence des structures traditionnelle et administrative. La structure traditionnelle montre qu’elle s’est encore attachée à la tradition. Dans l’étude antérieure du cadre social, nous avons vu que le mpanjaka occupe encore certains rôles dans la société. Cette dernière respecte des valeurs et croyances qui se concrétisent par des rites et des symboles comme le sao-tany, le tsangambato. La crainte de l’autorité administrative explique leur vision de cette autorité. Perçue comme coercitive et répressive, obligeant la population à faire tel acte ou interdire certaines pratiques, cette autorité ignore souvent les réalités locales. Par voie de conséquence, il est difficile de leur prescrire l’arrêt de la pratique du tavy hérité des ancêtres, cette tradition ne saurait pas être remise en cause. Mais signalons qu’il peut y avoir un changement progressif de comportement si la politique de lutte du gouvernement malgache vise l’ouverture de la population aux valeurs nouvelles. La colonisation et l’entrée du christianisme ont, en partie, contribué à l’ouverture de la région. Il en résulte la pratique de la culture de rente dont le café. Etant une région de passage et se trouvant dans le chef-lieu de la sous-préfecture, la commune doit être informée des différents événements et constituer un centre de convergence et de redistribution des flux d’information. Or les moyens de communication y sont insuffisants. Les moyens de diffusion de masse atteignent difficilement la commune du fait du faible pouvoir d’achat des paysans antanala. L’ouverture de la commune n’est pas encore achevée. Sa population vit parfois dans l’ignorance, utilise souvent des techniques archaïques et traditionnelles. Quels sont à cet égard les moyens employés par l’Etat pour communiquer avec la population antanala ?

Section 2. Les supports de communication a- Le rôle du mass-média Le mass-média joue un rôle important dans le monde moderne. Elle y a presque le monopole de la propagation des normes et des valeurs. Constituant un vecteur d’une civilisation vouée à la consommation de masse, elle peut devenir des instruments de manipulation de comportement et des opinions de tout un chacun. Dans notre étude, c’est un moyen de sensibilisation des paysans. Selon Abraham Moles dans son ouvrage intitulé Socio dynamique de la culture, 1965, le mass-média transforme la culture moderne en présidant à la civilisation et au renouvellement permanent des idées. Les idées nouvelles ou « culturèmes » parcourent un circuit comprenant plusieurs étapes. Ces idées sont, par la suite, captées par le micromilieu plus attentif et plus intellectuel. Les médias mettent ensuite en circulation des culturèmes de fraîche date de sorte que chacun reçoive une certaine connaissance appelée « Common knowledge ». C’est la culture de masse. Ce rôle du mass-média est illustré par le cycle socio culturel ci-dessous.

Schéma 3 : cycle socioculturel selon Abraham Moles

Macro milieu

Cult Prod ure uit

lt « Gate-keeper » ou influent cosmopolite

CREATEURS Mass-média décision valeur

Œuvres Tableau ou socio- Evènements

produits culturel nouveaux historicité Applications

techniques

Micro milieu Action sur le monde

On ne peut pas nier le rôle des gens influents et des groupes élémentaires en la matière. La communication du message entre l’émetteur et le récepteur se fait directement, puis indirectement par des influents et des groupes élémentaires. La mass-média doit avoir le même rôle dans la société antanala mais son influence reste faible du fait de la rareté des moyens de diffusion de masse dans la commune. La radio est la plus employée mais seuls les paysans aisés en disposent et peuvent l’écouter d’une manière continue. Les influents sont pour la plupart, ceux de type local comme les mpanjaka, les chefs de villages et les chefs quartiers. Ils le sont à cause de leur position dans la hiérarchie sociale, ils sont aussi des leaders d’opinions. Les influents cosmopolites peuvent être groupés en deux : les commerçants et les notables tels enseignants, médecins,etc, d’une part ; les politiciens et personnes élues dans la commune, d’autre part. Ils peuvent contribuer à la transmission des informations étant intellectuels et aisés. Par ailleurs, les groupes élémentaires tels famille et village se contentent de transmettre les normes et valeurs traditionnelles dans une société traditionnelle. A contrario, dans la société industrielle, c’est grâce aux influents d’un même groupe élémentaire, exemple, milieu professionnel que se trouve acquis le message.

b - Les moyens de diffusion de masse ● Les appareils audio-visuels : Ils sont plus utilisés par les gouvernants pour sensibiliser les paysans dans la lutte. La radio et la télévision sont les plus connues à Madagascar. Distinguons d’une part, les chaînes publiques de radio ou télévision et d’autre part, les chaînes privées34. Les premières ont un certain privilège et permettent une large diffusion des messages en peu de temps, même dans les zones enclavées et les plus reculées. Elles incarnent l’unité de la Nation en employant la langue officielle. Plus particulièrement, la radio nationale est la plus efficace pour véhiculer certaines idées en milieu rural à cause de son caractère officiel et faute de radio locale dans la commune. Au lieu d’avoir des informations en sens unique, elle devrait favoriser les échanges et les dialogues entre l’émetteur, les gouvernants et le récepteur, les paysans. C’est un outil pour collecter les informations locales. Telle est l’origine de l’émission « Ampitapitao », révolutionnaire dans son esprit,mais sclérosée dans l’idéologie étatique. Actuellement, toutes les émissions qui vont dans ce sens intéressent particulièrement le dialogue entre classes politiques et favorisent le milieu urbain, et non pas la sensibilisation en profondeur du monde rural. Au lendemain de la liberté de presse (en 1990), de nombreuses chaînes privées ont proliféré à Madagascar . Cette pluralité entraîne une concurrence entre elles améliorant ainsi le service offert au public. Actuellement, elles foisonnent dans la ville d’Antananarivo se subdivisant en général, suivant les entités qui les soutiennent,en chaînes confessionnelles et chaînes politiques. Face à leur prolifération et au développement de la communication, la codification de la réglementation en la matière actuellement en gestation

34 Contrôlées par l’OMERT (Office Malgache d’Etudes et de Régulation des Télécommunications), elles doivent obéir aux règles de communication et par conséquent émettre par modulation de fréquence s’avère nécessaire (Voir projet de loi portant code de la comunication dans l’annexe 11). Ces chaînes ont été également créées dans les autres provinces mais ne se rencontrent que dans les centres urbains, par exemple la « radio Mampita » de Fianarantsoa qui parle le dialecte betsileo. Ce serait un instrument efficace du monde rural mais n’existe pas encore à Ifanadiana. Ces médias de proximité sont plus proches de la population locale en employant le dialecte de chaque région et donnent des informations de proximité. L’installation de radios rurales s’avère nécessaire pour atteindre les objectifs déterminés en milieu rural. Elles deviendront des outils d’expression des paysans et peuvent contribuer à la conscientisation de cette population. Elles fourniront des informations spécifiquement agricoles visant par là à améliorer les productions tant du point de vue qualitative que quantitative pour se conformer à la norme internationale en cette ère de mondialisation.

● La fréquentation des mass-média Dans la commune d’Ifanadiana, la radio peut aussi être un moyen de communication efficace, même en nombre insuffisant. Pourtant, ses habitants rencontrent différents obstacles à sa fréquentation. Primo, la population rurale d’Ifanadiana a un accès difficile aux moyens de communication classiques (radio,télévision) en raison de son faible pouvoir d’achat. D’après nos enquêtes sur les 90 ménages 23 possèdent une radio dont 15 pour les 3 fokontany longeant les routes et 8 pour le reste. En effet, la radio est chère pour les paysans. 13 daba35 de riz équivalent au prix d’un appareil radio le moins cher, soit le 1/5 de la récolte provenant du tavy pour une famille. Secundo, un agriculteur dispose de peu de temps pour l’écoute. Les heures d’écoute sont en principe, le soir. Souvent, il ne rentre pas à midi car on lui apporte à manger au champ. Il devient, par conséquent, sous-informé ; or la radio est pour lui un moyen de s’informer des évènements nationaux, tandis que pour les femmes, l’écoute de la radio reste une préoccupation subsidiaire. Le tableau ci-dessous présente ce que pourrait être la gestion de temps d’un agriculteur pour une journée, d’après nos enquêtes.

Tableau 10: La journée d’un agriculteur DUREE DE QUELQUES EMISSIONS LIEU HORAIRES ACTIVITES ECOUTE L’ECOUTE radiophoniques correspondantes

35 Unité de mesure employée en milieu rural dans la vente de paddy. 1 daba équivaut à 10 kg Réveil Feo’ny fahasalamana (voix de la santé), S’occuper du bétail Radio fanabezana (radio scolaire), Préparation des AU Vaovao (infos), 6h à 8h outils 6 à 8h 2h VILLAGE Lalana sy fifamovoizana (route et Petit déjeuner circulation), Départ pour le Ny malaza vaovao (actualités),… champ

En route Feon-gazety (sommaire des journaux), AILLEURS 8h à 8h30 ∅ ∅ pour le champ. Asa tànana sy talenta (artisanat et talent),...

Vaovao tselatra (flash infos), Début des travaux Ampitapitao (infos regionales), AU 8h30 Vakirano ou goûter Filazana samihafa (annonces), ∅ ∅ CHAMP à 15h30 Suite des travaux Vaovao (infos), Repas Fandaharana isam-paritany (émission par province),… 15h30 Rentrer AILLEURS ∅ ∅ Vaovao tselatra (flash infos) à 16h Chercher du bois Primature, Min. Pop, Min. Agri, Antso (annoces), Tontolo iainana (environnement) ,Soa ny manan-tany (propriété foncière), S’occuper du bétail Takariva eny ambanivohitra (soirée dans la AU 18h30 à 16h à 22h Repas 3h30 campagne), Zo sy lalàna (droits et lois), VILLAGE 22h Moment de dormir Vaovao (infos), Herin’andron’izao tontolo izao (infos internationales). Ty sy nday (offre et demande), Fizahan-tany (tourisme),… Enquête : DESY

Comme on le constate les émissions de la Radio Nationale Malgache ou RNM visent à cibler toutes les catégories de la population malgache dont la population paysanne (cf. aussi annexe 12). nous pouvons dire d’après ce tableau que les émissions qui leurs sont réservées, telles Famoloana, Tontolo iainana, Takariva eny ambanivohitra, ont lieu le soir entre 18h30 et 22h00 pour leur permettre de recevoir des informations rurales. Mais souvent leurs occupations journalières ajoutées aux peines des travaux des champs les empêchent d’être de bons auditeurs. Nous tenons à remarquer que le paysan n’est subordonné ni aux horaires ni aux rythmes urbains, mais nous avons quand même essayé de préciser les heures afin de comprendre la gestion de ses activités. En hiver, il se réveille un peu plus tard vers 7h, d’abord en raison du froid, puis c’est le moment d’après-récolte où il y a moins de travaux de champ à faire. C’est en quelque sorte un temps de repos pour l’agriculteur. Quant à la télévision, elle n’occupe qu’une place limitée voire insignifiante dans la commune car elle n’est que le privilège d’une minorité de la population, souvent des notables et fonctionnaires. La télévision dépend en grande partie de l’électrification de la plupart des fokontany de la commune. L’électricité n’existe, en effet, que partiellement dans le fokontany d’Ifanadiana, concerne 7% seulement de la population de la commune malgré la proximité du barrage Namorona. Les habitants utilisent alors des lampes à pétrole en guise de lumière et des piles pour leurs radios ou de la batterie. Le pétrole et la pile coûtent respectivement 500 Fmg et 2500 Fmg. En matière d'énergie, les habitants de la commune utilisent trois types de source d’énergie dans la commune : le bois de chauffe, le charbon et l'électricité. Le bois de chauffe est le plus utilisé, employé par 85% de la population, contre 04% pour le charbon. Nous avons pu établir le tableau suivant suite aux enquêtes menées auprès des ménages.

Tableau 11: Les sources d'énergie dans la commune

TYPES NOMBRES D’UTILISATEURS ENQUETES

Bois de chauffe 76 (85%) Charbon 4 ( 4%) Electricité 7 (8%) Batterie 3 (3%)

Enquête : DESY On constate, en outre, la prolifération des vidéos dans le chef-lieu de la commune. Elles deviennent le premier moyen de divertissement pour les jeunes. Elles ont lieu de 19h à 22h. Les vidéos constituent, pourtant, un danger pour l'éducation de ces jeunes, alors qu’elles devraient être un instrument de sensibilisation à l’instar de l’initiative CINEMEDIA au service de l’administration rurale du service civique du temps de la Première République. Concernant la presse écrite, focalisons notre attention sur "isika mianakavy", nous en famille, et "fanoitsa", littéralement levier. Isika mianakavy est un journal catholique mensuel de langue malgache. Distribué dans toute l'île, il a été également distribué à Ifanadiana vers les années 1980. Il n'est pas réservé uniquement à la religion car il embrasse de nombreux domaines comme la politique, le social et le développement. Ce journal ne pouvait cependant pas durer longtemps du fait du problème d'analphabétisme. De surcroît, le faible pouvoir d'achat des Malgaches empêche son extension. En réalité, la communication orale reste privilégiée à Madagascar. La ville de Fianarantsoa, à proximité d'Ifanadiana, a également connu un journal exclusivement rural appelé "fanoitsa", initié par la coopération suisse. L'initiative de mettre en place un journal rural est assez originale car elle s'adresse aux paysans et se rapporte aux activités agricoles. Sa dernière parution date de 2001. Ifanadiana n'a malheureusement pas pu en bénéficier. La mass-média ne suffit pas pour entrer en relation avec les paysans, les services administratifs locaux autrement appelés canaux d’organisation sont également des instruments intéressants entre les mains des gouvernants. Section 3. Les canaux d'organisation Parlons tout d'abord de quelques institutions étatiques de l'environnement au niveau d'une commune. Dans le cadre de la préservation de l'environnement, de nouvelles structures sont apparues telles: le Vondron'Olona Ifotony (VOI) qui s'occupe de la gestion de l'environnement dans la communauté de base: le Vondron'Ny Ala (VNA) et le Komitin'ny Ala Sy ny Tontolo Iainana (KASTI), composé de tous les chefs de service de la commune dans tous les domaines: gendarmerie, enseignement, santé, etc. Le KASTI collabore avec le VOI et le chef cantonnement des eaux et forêts dans la protection de l'environnement. Le Service des eaux et forêts exécute la politique de l'Etat en matière d’environnement dans la sous- préfecture. Cette exécution est souvent difficile. On compte une personne dans le service, à savoir le chef cantonnement du service des eaux et forêts au niveau de la sous- préfecture d'Ifanadiana. C’est la faille dans la gestion du personnel de l’Etat. La moto dont le service a disposé étant usé, le chef ne possède plus de moyen de déplacement. Pour procéder au contrôle de l’environnement forestier, les services utilisent les véhicules administratifs des autres services de passage dans la localité. Dans ce cas, il ne peut y avoir de politique sérieuse de lutte contre le tavy.

Photo 9: Le bureau du service des eaux et forêts de la sous-préfecture d'Ifanadiana La commune, collectivité décentralisée, assure également avec le concours de l'Etat la protection de l'environnement et l'amélioration du cadre de vie, selon l'article 132 de la loi 94-008 relative aux collectivités décentralisées. Le Ministre de l'environnement, des eaux et forêts en lançant la "commune verte36" a promis des récompenses aux communes méritantes: une somme de 1 000 000 Fmg, un Cliché: DESY certificat et le financement de leur plan communal de développement qui sera priorisé par les bailleurs de fonds et par les projets tels le Fonds International de Développement (FID), le Projet de Soutien au Développement Rural (PSDR), l'Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE) et le Programme Environnemental 3 (PE 3). Pour la sous-préfecture d’Ifanadiana, son chef-lieu a été dépassé par la commune de Kelilalina, cette dernière ayant été classée parmi les communes vertes en 2003 obtenant ainsi les récompenses offertes par le Ministère.

36 commune qui a le taux de défrichement le moins élevé dans la sous-préfecture et pratique le reboisement. En ce qui concerne les ONGs, elles collaborent dans la lutte (cf. annexe 7). On en connaît principalement 5 dans la commune : le CRS, l’ANAE, l’ANGAP, le LDI et la SEECALINE.. Tandis que l'ANAE intervient dans le domaine de l'élevage et l'aménagement "tanety" ou colline, la CRS travaille dans le domaine de l'agriculture. Elle est la plus connue dans la commune. Ayant pour objectif l'entraide des chrétiens et aide aux pays en développement, elle distribue des vivres aux enfants de moins de 3 ans et aux femmes enceintes dans le cadre du projet "Aide Alimentaire Pour le Suivi de l'Enfant" (AAPSE). Visant la sécurisation alimentaire, elle fait des démonstrations partielles des techniques agricoles. Exemples : légumes, cultures maraîchères, repiquage en ligne, utilisation des engrais. Mais, le problème réside au niveau de l'encadrement et de l'analphabétisme. Auparavant, le PNVA ou Plan National de Vulgarisation Agricole oeuvrait dans la commune mais n'a pas réussi. L’ANGAP, l’ONG environnementale et le LDI passent de temps en temps dans la commune mais leurs véritables centres d’activité se trouvent hors de cette commune. Le LDI est un programme financé par le gouvernement américain pour combattre la pauvreté en milieu rural tout en gérant les ressources naturelles. Il initie l’intensification agricole et assure l’éducation environnementale, la gestion des ressources naturelles, la promotion des entreprises favorables à l’environnement, les renforcements des capacités des communautés rurales. La maîtrise de la communication avec les paysans et la mise en place des techniques adaptées à leurs aspirations sont les clefs de voûte de la réussite des ces ONG. Enfin, l'enseignement contribue également à la lutte. Le programme scolaire comporte des initiations et leçons sur l'environnement. En effet, l'éducation environnementale des futurs agriculteurs est très importante pour permettre, à long terme, la suppression du tavy. L'éducation reste cependant très théorique comme toutes les leçons du programme.

En somme, un rôle important est conféré à la mass-média dans la lutte contre le tavy. Celle-ci est un moyen de sensibilisation efficace et rapide pour une société ayant atteint un certain niveau de développement et de mode de vie, où la technologie de la communication se développe. Or, la réalité vécue par les paysans malgaches, notamment les paysans antanala est différente. En effet, ils rencontrent des entraves à la réception des informations provenant des gouvernants telles leur faible pouvoir d'achat entraînant la difficulté d'accès aux moyens de diffusion de masse, une faible fréquentation des mass-médias et l'analphabétisme. Par ailleurs, la défaillance constatée au niveau des canaux d'organisation ne permet pas de faire sérieusement face au tavy. Le service du cantonnement des eaux et forêts assure la réalisation des objectifs du gouvernement en matière d'environnement. Or, il se heurte au manque de moyens matériels, humains et financiers d'où l'absence de contrôle des paysans. Quant aux organisations non gouvernementales, pour être efficaces, les techniques qu'elles avancent doivent réussir non seulement sur le plan théorique mais surtout au niveau de la pratique. Leur intervention doit avoir une portée pragmatique. La connaissance des réalités vécues par les paysans antanala doit donc être la base de toute politique de communication. La question se pose alors de savoir comment fonctionne le système de communication antanala.

CHAPITRE III

LE SYSTEME DE COMMUNICATION ANTANALA

Section 1. Les communications internes a - La communication à l'intérieur de la famille Nous focaliserons d'abord notre attention sur les relations existant à l'intérieur de la cellule familiale antanala. Il est nécessaire de savoir au préalable que le système de parenté antanala est un système patrilinéaire. L'homme, vivant dans le village de ses parents, y amène sa femme, les Antanala pratiquent l'exogamie. Leurs enfants seront donc élevés au sein de la famille et dans le village du père. Cette famille leur transmet les valeurs. Par contre, la femme, à sa mort, rejoint ses ancêtres dans son tombeau familial. Quant aux enfants, à leur mort, ils sont répartis dans le tombeau du père et celui de la mère de manière successive. La socialisation d'un individu repose sur la famille. Dans une société traditionnelle ou paysanne, elle assure la transmission des valeurs et techniques traditionnelles. En accompagnant leurs parents dans les champs du tavy, les enfants se familiarisent avec ces techniques dès leur jeune âge. De surcroît, l'éducation scolaire et les infrastructures scolaires sont insuffisantes dans la commune. Dans la société antanala, on ne rencontre pas encore de conflit entre les médias et la famille dans cette socialisation. Or, dans les sociétés urbaines, le mass-média occupe une grande place au détriment des relations interpersonnelles. Les enfants apprennent beaucoup de choses dans les médias, la vie de famille s'y trouve très limitée du fait des rythmes de la vie urbaine bus-boulot-dodo. Les médias comblent en effet le vide laissé par la désagrégation de la structure familiale. Entre l’école et les médias, ces derniers donnent souvent l’illusion de la connaissance : la fréquentation assidue des journaux ou de la télévision favorise certainement la naissance d’un savoir en miettes dans la société industrielle. Ils sont les vecteurs d’une civilisation vouée à la production et à la consommation de masse, consacrant ainsi la victoire des objets. Enfin, les média propageraient une culture de masse. La relation interpersonnelle est par contre importante dans la société antanala. Elle est essentiellement verbale. Si un habitant du village ou un membre de la famille revient d'un long voyage, hors de la commune, on l'informe de tous les évènements qui se sont produits au village pendant son absence, lors de l'"antsafa37". Sa réplique doit contenir les différentes informations qu'il vient d'entendre dans l'ordre que son interlocuteur les lui a racontés en y ajoutant des informations sur ce qu'il a vécu là-bas, loin du village. Ces quelques exemples

37 Salutation, parfois longue elle dure à peu près 30minutes.Pour un spécialiste, comme Taro LETSIROTSY, habitant du fokontany d’Ambodiara, elle peut atteindre une durée record de plus d’une heure. permettent de nous éclairer sur l'importance donnée à la communication orale dans la société antanala. Nous y verrons que l'antsafa comporte, en même temps, l'art de parler et exprime la compréhension mutuelle entre les interlocuteurs. A- Die finaritre lahaly ary e ! (Bonjour) B- Ieeeh! (Bonjour) A- Die aminareo any lahaly ary e, ahay ka die nifoha, manjetoka, mibotreka am- ponenana...Eh he e ! (Comment vous portez-vous. Nous voici, nous nous sommes levés, vivant tranquillement dans notre demeure). B- Ehm hmm! (interjection) A- tamin'ny ... (fotoana) iny ka die avy teto ny filajana tamin-dry jareo avy... (toerana) fa hilanona hoe areo eny, hanangana mpanjaka sady hamora jaja. Die nanatontosa ny adidy teny. Ambadik'ijay iny ary nie tao die niherina namonjy ny fonenana ... Eh hee! ny ... (fotoana) die tsy die nety ho tsara loatra i (anarana) ..., (Ce jour là ils nous ont fait part d’une fête. Il s’agit de l’intronisation d’un roi et de la circoncision d’enfant, nous avons été présents et nous nous sommes acquitté de nos devoirs et obligations puis rentrés à domicile. Eh ! un tel ne se portait pas bien, il souffrait de ...) B- Ehnm hmn! (Interjection) A- laky natao ny fitsaboana die tsy nety nanana an'ajy fa nampamoejiny. Atao akory ary moa fa jao no lahatr'Andriamanitre. Nifanondrikondrika tamin'ny tsy fidiny teto ka die dila ratsy ijy ka die manano ny familomam-po Ambadik’ijay iny ary nie tao ka die avy teto ny iraky ny fanjakana, ( En dépit du soin prodigué nous ne pouvions pas le retenir, le sort a décidé autrement. Que faire ! Telle est la volonté de Dieu. Nous sommes réunis malgré nous ici pendant ces jours de malheur et maintenant nous revenons à nos occupations habituelles. En outre, les représentants de l’administration étaient venus ici.) B- Ehm hmn! (interjection) A- fa tsy maintsy atao folo metatra koa hoe ny havan'afon'ny tavy ary die ho voasazy mafy hoe je tsy manano an'ijay. Hatao akory ary moa fa ny an-dreo lolohavina fa ny an-tena tsintsinina ka die nahareny ny feone ... Ny angatahina amin-Janahary sy rajane die ba ho salama vatana samy tsy hisy hanahy hahavitana je hatao... Die eto ahay ka, bony tsara madina aby die bony nandojane, die nareo any lahaly akore e e! (Ce dernier nous informe qu’il faut faire un para feu de 10 m de longueur, et tout contrevenant sera sévèrement puni. Que faire ! Nous devons exécuter en priorité les exigences administratives, nous sommes informés. Nous voici, depuis notre dernière rencontre, en bonne santé. Comment allez-vous... ?) B- Ehn hmn! tsara nifoha, botreka am-ponenana, manjetoka tsy misy hafa eh he e e! (Eh, bien il est bon de se réveiller, être assis dans la maison et rester tranquille. De même, nous nous portons bien, vivant tranquillement dans notre demeure.) B. reprend ce que A a dit depuis le début. C'est seulement après qu'il commence à raconter. Puis pour montrer que A a tout saisi, il reprend à son tour les nouvelles transmises par B avant de continuer la conversation par: die manakory aby anareo any ambadik'ijay... (A part cela comment allez- vous ?) B répond : die bola tsara madina aby tsy misy manahy fa misaotra fa die anareo atoy manao akory aby ... ( bien merci et vous ?) A. termine la conversation par: Mbola tsara tsy misy manahy fa misaotre. (ça va bien merci). L’antsafa paraît ainsi être l’ouverture à l’interlocuteur et efface toute barrière entre eux. Ils peuvent après engager librement l’échange de vue. Elle est une pratique de la « théorie de la communication interpersonnelle » avant la lettre. Les interjections dans le récit supposent la notion d’écoute active. C’est un des éléments de la culture traditionnelle qu’il faut préserver et utiliser pour véhiculer la politique contre le tavy. Par ailleurs, au sein de la famille on assiste à la répartition sexuelle des tâches dans les travaux de champ, pour le tavy. Manaratsaka, mitavy, mandavo sangy, manetika et mandoro sont des activités des hommes. Tandis que les femmes interviennent dans le semis, le sarclage et la récolte. Les hommes assurent par la suite le transport de la récolte jusqu'au village. Quant aux enfants, ils surveillent les oiseaux nuisibles à la culture avant que le riz ne soit mûr. Ils aident également les femmes à s'occuper des enfants, à préparer le repas des personnes travaillant dans les champs.

b - Communication à l'intérieur du village La société antanala est une société hiérarchisée et statutaire. Chaque individu se trouve classé dans des catégories pré-définies par la société. La position d'un individu dans la hiérarchie dépend de l'âge et du sexe de celui-ci. De cette position en résulte un rôle pour cet individu. Il est également tenu compte de sa conduite, surtout pour ceux qui occupent des postes de responsabilité au sein du village. La société est alors caractérisée essentiellement par le respect des statuts de chaque groupuscule. Rentrent dans la catégorie des ray aman-dreny : le mpanjaka, les lefitra, le ray aman-dreny be et le ray aman-dreny be tratra. Le mpanjaka se trouve au sommet de la hiérarchie. Il a un rôle judiciaire et administratif. Il préside et dirige toutes les fêtes et cérémonies coutumières. Viennent ensuite les vices-roi ou lefitry ny mpanjaka. Ils assurent trois fonctions ; d'où trois vices-roi: l'un d'eux s'occupe du tranon-dahy et préside les débats qui s'y déroulent. Le deuxième est le porte parole du mpanjaka, en fait, il joue le relais entre les membres du village et le mpanjaka. Le troisième est mandataire du mpanjaka pour servir d'intermédiaire entre le monde des vivants et celui des ancêtres au moment de l'enterrement, le mpanjaka ne pouvant pas y assister. Quant aux ray aman-dreny be, ils sont les conseillers du mpanjaka. Les ray aman-dreny be tratra, les moins âgés des ray aman-dreny, entre 45 et 55 ans, participent encore aux différents travaux lors des évènements familiaux. Concernant les jeunes, on y trouve deux types: d'une part, les zokin'ny zandriny, âgés de 35 à 45 ans, ils sont les plus âgés des jeunes, généralement mariés ; parmi eux se recrute le président des jeunes. D'autre part, les tanora ou jeunes parmi lesquels on distingue le mpikoka qui communique au village les décisions prises par le mpanjaka suite au débat du tranon-dahy. Les jeunes s'occupent de l’exécution de tous les travaux lors d'une organisation villageoise. Puis, les adolescents sont appelés "be minono". Ils se chargent de collecter des bois de chauffage. Enfin, au bas de la hiérarchie se placent les "jamadinika" c'est-à-dire les enfants. En outre, les "andriam-bavy" c'est-à-dire femmes âgées se distinguent des ray aman- dreny. Il en est de même pour les jeunes dont les jeunes filles exercent d'autres occupations que celles des jeunes garçons comme préparer le repas, piler le riz. Mais, le mpanjaka doit en principe être un homme. Exceptionnellement, le premier mpanjaka des Antanala d'Ifanadiana fut une femme appelée "RASOANANGALY38". Voici une pyramide des catégories sociales antanala établie à partir de notre observation pour résumer cette hiérarchie.

Schéma 4: La hiérarchie sociale des Antanala d'Ifanadiana Roi mpanjaka Vices-roi (lefitra) Conseillers (ray aman-dreny be) Parents (ray aman- d btt)

Jeunes de 35 à 45ans (zokin’ny zandriny) : A l'occasion des évènements familiaux ou villa hommes-femmesgeois, la société s'organise et la Jeunes (tanora) : hommes-femmes contribution de chacun est fonction de son statut et de sa place dans la hiérarchie, comme le Adolescents (be minono) : garçons-filles montre le tableau ci-dessous. Il indique la part de chacun de la base au sommet, lors d'un Enfants ( jamadinika) : garçons-filles Enquête : DESY 39 décès. Ce tableau a été inspiré du "bokin'adidy " tenu par le lefitra d'Antafotenina.

Tableau 12: Participations et charges lors d'un décès

CATEGORIE DE PERSONNES AGES ROLE CHARGE / PERSONNE

PARENTS Mpanjaka Plus de 45 ans ø

38 par opposition aux mpanjaka cités dans cette étude, elle est la reine dans le sens propre du terme 39 Cahier contenant la contribution villageoise lors d’évènements familiaux Lefitra Plus de 55 ans Organisateurs 2500 Fmg + 5 kapoaka40 de riz Ray aman-dreny be Plus de 55 ans

2000Fmg + 4 kapoaka de riz + participation Ray aman-dreny be tratra 45 à 55 ans aux travaux

Lehiben’ny tanora Plus de 35 ans Dirige les jeunes 1500 Fmg + 3 kapoaka de riz + travaux Zokin’ny zandriny 35 à 45 ans JEUNES

Mpikoka Plus de 18 ans Exécutant 1000 Fmg + 2 kapoaka de riz + travaux Tanora 18 à 35 ans

Be minono 12 à 17ans Aide les jeunes Collecte de bois secs ENFANTS jamadinika Moins de 12ans ø ø Enquête : DESY Le mort ne sera enterré que lorsque les cotisations sont complètes. Celui qui refuse de payer sera exclu par le fokonolona. Il ne pourra plus entrer dans le tranobe ni dans le tombeau familial. Désormais quels que soient ses problèmes, le fokonolona ne pourra plus l'aider sauf repentir du fautif devant le fokonolona. Cette cohésion sociale se manifeste également lors des travaux de champ. Les Antanala pratiquent le "fanimbona" qui consiste pour quelques individus à s'engager dans les travaux collectifs. Il se fait dans le tavy et dans les rizières. C’est une entraide avec réciprocité. Celui qui reçoit les individus dans son champ donne à manger aux autres puisque la journée des travaux commence vers 8h30mn pour terminer à 15h30mn. Actuellement, on assiste à une transformation de cette pratique en cas de problème financier auquel l'une de ces personnes fait face. Elle peut vendre son tour aux membres du groupe ou à une tierce personne. Pour cela, cette personne reçoit un salaire d'environ 7500Fmg par personne. Le « mindran’olo » se distingue du salariat et du fanimbona en constituant une entraide sans réciprocité et gratuite offerte à un chef de ménage par quelques personnes. Ces quelques manifestations de solidarité et cohésion sociale permettent de dire que le mpanjaka et ses alliés exercent une autorité assez efficace au sein de la société antanala. Pour résoudre le problème du tavy, partons donc du fondement du pouvoir du mpanjaka.En tant qu'autorité dont le type de légitimité est traditionnel, le mpanjaka chez les Antanala accède au pouvoir après avoir été choisi par les membres de son clan. Ce clan est constitué par les personnes ayant des ancêtres dans un même tombeau familial. Le mpanjaka est en principe choisi parmi les descendants de la lignée paternelle. La consultation d’un ombiasa est obligatoire pour connaître le moment propice à son intronisation. C'est une sorte d'investiture où la personne choisie est consacrée officiellement roi du clan. Le clan lui confie alors le hazomanga, le tranobe et la direction du clan à partir de ce jour. Mais en cas de mauvaise

40 Unité de mesure du riz, un kapoaka équivaut à 285g conduite ou faute très grave par exemple, meurtre ou inceste, cette personne doit démissionner sinon le fokonolona le renverse. Il faut dans les deux cas immoler un bœuf. Nous tenons à remarquer que le bœuf n'est pas uniquement un symbole de richesse mais aussi un animal de sacrifice rituel. Il permet la purification et une nouvelle naissance dans les cas suivants : injure contre le roi, transgression de l'ordre du vice-roi dictant le tombeau à ensevelir le mort, inceste et transgression des coutumes. Comme nous le constatons, l'intronisation et le choix du mpanjaka s'accompagnant des traditions et rites reflètent le maintien de la tradition, constituant ainsi un fondement, une base à son autorité. Il s'agit ici de ce que Max Weber appelle : "autorité de l'éternel hier, c'est- à-dire coutume sacrifiée par leur validité immémoriale et par l'habitude enracinée en l'homme de les respecter41". Le mpanjaka antanala reçoit donc son autorité selon les traditions. Son ordre ne peut pas être remis en question. Après les rites, il est reconnu par Dieu et les ancêtres. Cependant, du point de vue des rapports d'autorité, il n'est pas autoritaire. En effet, les Antanala ont une tradition démocratique car avant toute prise de décision concernant la vie des membres de la société, ils passent par le débat et la réunion (hommes et femmes) dans le tranon-dahy. Ce type de rationalité n'est pas compatible à celui des autorités administratives classé par Max Weber dans le type de légitimité rationnel. Par conséquent, une certaine distance s'établit entre les paysans antanala et les agents de l'administration, même lorsqu'ils s'y soumettent (cf. annexe 6). Voilà pourquoi les autorités administratives essaient de contacter d'abord les mpanjaka avant de leur communiquer des informations (loi ou règlements nouveaux). Mais, souvent ils se trompent en brûlant certaines étapes de la procédure. D'abord, la notion de contrainte-temps n'existe pas chez les paysans antanala. Voici la procédure. Après avoir parlé avec le mpanjaka, il faut attendre qu'il en discute avec ses alliés. Ces derniers organisent la réunion du fokonolona dans le tranon-dahy pour en décider. C'est seulement après le rapport du lefitra au mpanjaka concernant la réunion que l'agent de l'Administration peut connaître l'avis des paysans, pour enfin obtenir leur engagement en organisant une réunion avec eux et en offrant le "mari-body". Il consiste à leur offrir de l'argent et de l'alcool après la réunion. Ces symboles sont comme une sorte de signature faite par les paysans afin de respecter la parole donnée, ils témoignent également de l'existence d'une décision prise qui ne peut plus être remise en cause. Enfin, le mpanjaka donne l’ordre au mpikoka pour l’information du public.

Schéma 5: Le processus de prise de décision dans la société antanala MPANJAKA

exécution 41 Weber, M, Le savant et la politique, p.114

r consultation

Voir schéma 4 supra p.56 la traduction en français de ces termes Ce qui se passe habituellement est différent. Les autorités viennent chez le mpanjaka et lui transmet des informations. La plupart du temps, les autorités demandent au mpanjaka de procéder directement à la publication de l’information par le mpikoka. C’est l’échec dû au défaut de procédure. Le passage d'Henri Mendras ci-après affirme que " (...) il n’y a pas, par principe, une supériorité du "rationnel" sur le non-rationnel, et le terme "rationnel" ne signifie pas que seul ce type d'autorité soit conforme à la raison (...)42". Pourtant, il est possible d'engager à Ifanadiana un processus de rationalisation en leur facilitant l'accès aux moyens de communication, voies de communication et informations.

c - Relations entre les villages et entre les fokontany: Les rapports entre les villages et les fokontany se constatent surtout le jour du marché qui est le jeudi pour toute la commune. Comme dans tout village de la campagne, le marché est une plate-forme essentielle de convergence des flux d'informations d'autant plus que le marché du chef-lieu est le seul marché de la commune. Les habitants de la commune ne s'y rendent pas uniquement dans le but de vendre ou acheter des marchandises, mais surtout pour s'informer ou pour préparer des papiers administratifs. La communication entre

42 Mendras, H, op.cit., p.144 l’administration et la population de la commune se fait par voie d’affichage sur le mur des bureaux administratifs (voir les affichages en annexe 10).

Photo 10: Le marché du jeudi à Ifanadiana

Outre le marché, les évènements tels élections, fêtes traditionnelles ou décès, etc permettent aux habitants de la commune de se rencontrer et de s'échanger des informations. Quid de leur communication avec le monde extérieur ?

Cliché: DESY

Section 2. Les communications externes Des étrangers et immigrants sont venus s'implanter dans la commune. La plupart immigrent dans un but commercial comme les Indiens et les Pakistanais, les Chinois et les Merina. Ils sont fripiers, collecteurs, commerçants ou grossistes. D’autres immigrants s'y sont installés en raison d'une affectation de service tels les fonctionnaires merina, betsileo et antembahoaka. D'autres encore exercent des professions libérales tels dentistes, menuisiers et charpentiers, etc. Les Betsileo y viennent en principe pour le salariat agricole temporaire comme le labour ou pour trouver des terrains à cultiver. Certains étrangers tels des Américains et Français accompagnent et dirigent les ONG. Les Antanala ont une forte tradition de résistance vis-à-vis de l'extérieur. Cela est dû aux pressions et soumissions exercées par les Merina et les colonisateurs dans leur région. Mais actuellement certaines pratiques, croyances et coutumes antanala ont subi des changements du fait des confrontations de cultures. En effet, il y a eu échange et il suppose la reconnaissance des autres, la différence ethnique. Ils distinguent parmi les immigrants et étrangers des gens auxquels ils échangent des coutumes, des techniques et même des femmes comme les Betsileo et les Antembahoaka; et ceux auxquels ils échangent uniquement des biens tels les Merina, Chinois, Indiens et Pakistanais. Cette distinction rappelle celle des "primitifs" cités par Claude Lévi-Strauss dans le passage suivant: "les primitifs ne connaissent que deux moyens de classer les groupes étrangers: ils sont ou bien bons ou bien mauvais (...). Le groupe bon c'est celui auquel sans discuter, on accorde l'hospitalité, celui pour lequel on se dépouille des biens les plus précieux, tandis que le groupe mauvais est celui dont on attend et auquel on promet à la première occasion la souffrance ou sa mort. Avec l'un on se bat, avec l'autre on échange43". Cependant, ce n'est pas le cas pour les Antanala, ces immigrants et étrangers étant pour la plupart des intellectuels et des riches commerçants, sont respectés et ont pu s'intégrer dans la communauté. Leur intégration sera étudiée sous trois angles : intégration économique, politique, sociale et religieuse.

a - l'intégration économique : La commune ayant une vocation agricole, nous allons parler en premier lieu des échanges de terre et de techniques agricoles. Actuellement, on constate en général que les ménages d'immigrants possèdent des terrains beaucoup plus vastes que les ménages antanala. Cela est dû à la pauvreté de la population qui vend ses terrains pour pouvoir survivre. Or, la terre constitue l’héritage le plus précieux chez les Antanala. Exploiter la terre signifie, pour eux, perpétuer la personnalité de leurs ancêtres. De surcroît, les techniques agricoles betsileo

43 Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté, p.75 ont été facilement adoptées car les Betsileo sont plus proches des Antanala géographiquement. Par conséquent, leurs coutumes sont plus proches et présentent parfois des similitudes. Par exemple, les structures de l'"antsafa" et du "sokela", sortes de salutations sont à peu près les mêmes. Les échanges sont réalisés par l'apport des Betsileo. Ils sont plus avancés du point de vue technique. Chez eux, le repiquage en ligne est plus pratiqué que le repiquage traditionnel (ketsa saritaka). Ils emploient des engrais et des outils tels des instruments de sarclage, contrairement aux Antanala. Leurs apports techniques dans la société antanala ont contribué à certaines évolutions dans ce domaine. Si auparavant, la population antanala cultivait ses légumes avec le riz du tavy, actuellement elle peut cultiver dans le bas-fond en y mettant du fumier. Par ailleurs, les Betsileo ont emprunté des Antanala, entre autres techniques, les techniques de culture de banane, de canne à sucre, de litchis et l'emploi de l'antsy. La canne à sucre est d’une grande importance pour les Antanala. Elle marque la douceur, la vitalité et la virilité dans la circoncision. Elle remplace également le sucre pour le thé et le café. Le produit dérivé de la canne à sucre, le "toaka gasy", rhum local, est employé dans différents rites antanala tissant les liens avec le monde divino-ancestral tels le saotra, l'intronisation du roi. C'est le seul rhum employé auquel on prélève le "lohany44" à plus de 100°. Il s'agit ici d'un symbole des notions abstraites et valeurs antanala. Pour eux, un homme qui ne boit pas d'alcool n'est pas un homme, cela n'exclut pas le cas des femmes buveuses. La canne à sucre fait partie de la culture de rente qui a été introduite dans leur système de culture par les colonisateurs afin de leur procurer des revenus monétaires. En second lieu, concernant les relations avec les ONG et les organismes de développement, les immigrants sont les plus favorables à l'adoption des techniques initiées. Signalons qu'ils pratiquent également le tavy. Ils deviennent des étoiles sociométriques au sein de la commune en recevant les nouvelles méthodes et en les diffusant autour d'eux. Mais, en général, aucune nouvelle méthode n'a pu être adoptée car la population paysanne est toujours dans la phase d'observation et d'essai. Cependant, ces vulgarisateurs doivent connaître les méthodes traditionnelles antanala, leurs besoins et les obstacles pouvant bloquer les échanges. En effet, souvent les techniciens emploient des langages incompréhensibles à une population paysanne au taux élevé d'analphabétisme. De plus, l'arrêt de la culture sur brûlis et l'adoption de nouvelles méthodes restent subordonnés aux résultats des essais. Quant au secteur commercial de la commune, il est contrôlé par les immigrants et étrangers. Cela est encore dû au caractère traditionnel de la société antanala. En général, il y a peu d'échange économique entre Antanala. Ce qui la diffère de la société urbaine d’où

44 Rhum local très concentré viennent ces étrangers. Là-bas, l’activité économique prime l’activité sociale. Ainsi, c’est une société ouverte à l’économie monétaire où prévaut la notion de profit. La notion d’entraide est remplacée par des services monétarisés. Ces immigrants exploitent la situation des paysans en achetant les produits à bas prix pour les revendre plus cher pendant la période de soudure. Tandis que pour les Antanala, la philosophie du fihavanana prédomine et la monnaie circule principalement à titre de dons, par exemple le tsodranon-danonana. Le fihavanana se manifeste par la réciprocité des services. Cette réciprocité ressemble au potlach que Marcel Mauss rencontrait chez les Indiens Kwakiutl de la côte Ouest du Canada, don contre don de façon usuraire. Il est vrai qu’il n’y a pas de proportionnalité entre les dons mais souvent on donne plus que ce qu’on reçoit et on ne tient pas compte de la nature de l’objet échangé. La population locale n’est pas familiarisée aux échanges économiques, à part quelques ventes de cultures vivrières et de rente. La culture de rente s’est affaiblie suite aux évènements de 1972, aggravés par la période socialiste (1975-1991) qui a cassé la dynamique commerciale en la matière.

b - Sur le plan politique L’intégration politique des immigrants est très significative. Sur trois mandats successifs c’est-à-dire depuis 1992 jusqu’en ce moment, trois immigrants se sont succédé au poste de maire de la commune d’Ifanadiana. Les candidats natifs n’ont pas pu concurrencer du fait de leurs faibles moyens matériels et financiers lors des propagandes. A cela s’ajoute l’ignorance des électeurs. Les candidats peuvent facilement les tromper lors des propagandes. Ces candidats profitent souvent des confusions comme celle qui s’est passée lors d’élections législatives au niveau de la sous-préfecture d’Ifanadiana : confusion entre UNDD45 et Dédé le nom d’un candidat, préféré de la population. Enfin, pour gagner aux élections, il a fallu pour un candidat, promettre d’autoriser toute forme de tavy négligeant ainsi les lois et règlements au lendemain même du renforcement du contrôle et de l’application de ces textes en 2002.

c - Sur le plan social et religieux La pénétration du christianisme à l’époque de la colonisation a donné naissance au syncrétisme, mélangeant les pratiques traditionnelles au christianisme. Selon certaines opinions, le traditionalisme ne peut pas aller de pair avec le christianisme, le traditionalisme se définissant comme un système de croyance fondé sur la tradition. A Ifanadiana, nous avons constaté que plusieurs personnes se tournent vers le syncrétisme. Le traditionalisme et le christianisme s’y trouvent mélangés, on cherche à trouver un équilibre entre les deux.

45 parti politique de la mouvance présidentielle en 1992 Nombreux chrétiens fervents viennent assister aux cérémonies traditionnelles comme le tsangambato pour témoigner leur attachement à la tradition. Certains dirigeants d’Eglise sont persuadés de leur importance et pensent les réaliser dans un esprit chrétien. Lors de la vénération des ancêtres, il faut les considérer comme étant des intermédiaires, comme les Saints de l’Eglise catholique. Un Evêque du diocèse de Mananjary, d’où relève Ifanadiana, Mgr Xavier Tabao Manjarimanana, de son vivant, a écrit des chansons rappelant ce phénomène : « Ny fiangonanao arô tranoben’ny lanitra », votre Eglise est la grande case du ciel. Si pour les traditionalistes, le tranobe n’est autre que la case intermédiaire entre les ancêtres et les vivants, pour les chrétiens, le tranobe c’est l’église reliant Dieu, Saints et chrétiens. Nous avons même assisté à une messe célébrée dans le tranobe du village d’Antafotenina. Il s’agit d’une messe funéraire. D’après une autre chanson, intitulée « agny anao zanahary46 », Seigneur, on vous interpelle, il compare le « fafy » au sacrifice du Christ. Ce sont deux modes comparables de purification des hommes car dans le fafy on immole un bœuf suite à la transgression de coutume illustré par ce passage : « I kristy natao fafy nisolo heloka ho anay », le Christ est offert en sacrifice pour le rachat de péché. Il s’agit surtout d’inciter les gens à christianiser les traditions. La religion catholique étant plus proche de la tradition malgache en général et antanala en particulier, les catholiques optent souvent pour ce syncrétisme. Certains rites ont par conséquent changé et un petit nombre de paysans négligent même actuellement les rites du tavy. Les nouvelles tendances chrétiennes, abusivement dénommées « sectes », sont surtout à l’origine de cet abandon. En effet, elles prolifèrent dans la commune. Leurs fidèles entrent en conflit avec le reste de la population, nient toute croyance aux ancêtres, transgressant ainsi les ordres traditionnels, portant même atteinte à l’autorité des chefs traditionnels. Ils constituent par conséquent une communauté en marge de la société. Par ailleurs, pour communiquer avec l'extérieur, la commune dispose d'outils de communication à distance classique, à savoir le téléphone fixe et le courrier. Le courrier est plus utilisé que le téléphone, ce dernier étant encore un produit de luxe. On y compte une cabine téléphonique et une antenne parabolique. La BLU est détenue par les services administratifs de la commune et par une communauté religieuse, celle des prêtres déhoniens. 23 personnes seulement sont abonnées à TELMA. Signalons en passant que la communication par téléphone présente certaines difficultés et défaillances comme l'impossibilité fréquente de rejoindre la commune par téléphone, de l'extérieur. Pour cela, il faut toujours passer par le centrale téléphonique pour avoir le TELMA Ifanadiana qui transmet aux abonnés en

46 Vavaka sy Hira ou livre de cantique, p.480 employant la manivelle. Les coûts des appels téléphoniques sont chers pour les paysans à cause de la tarification employée, variant de 5 000 Fmg/3mn pour un appel de téléphone fixe, à 10 000 Fmg/3mn pour celui du téléphone portable. En outre, la distribution des courriers se fait de manière très simple dans la commune. Cela s'explique d'une part, par l'inexistence de l’individualisation des maisons comme dans les sociétés urbaines, et d'autre part, par le caractère de société d'inter- connaissance attribué à la commune. En effet, on transmet les courriers à ceux qui connaissent les destinataires faute de trouver les destinataires eux-mêmes.

Photo 11: poste de télécommunication et télégraphique d'Ifanadiana. Dans le cadre de la vulgarisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC) et en faveur du développement, on a projeté la mise en place de 20 télécentres communautaires multiservices à Madagascar.

Cliché : DESY La commune d'Ifanadiana fait partie des communes rurales-cibles de la province de Fianarantsoa. Le télécentre est un lieu où la population peut accéder aux principaux services offerts par les TIC : téléphonie, fax, internet, multimédias, bureautique, reprographie, bibliothèque numérique, documentation, formation, centre d'affaires et de loisirs, etc. L'on sait que la commune ne dispose en ce moment que d'une seule bibliothèque. Les objectifs de ces projets sont : l'accès à l'information notamment pour les populations défavorisées et enclavées en faveur de leur développement économique et social; concrétisation de la politique de décentralisation, opportunité de création d'affaires pour le secteur privé, amélioration de l'accessibilité aux TICs (voir annexe 13). Remarquons que prévus à être opérationnels en novembre 2003, les TICs ne sont pas encore installés dans la commune. La question sur l'opportunité de pareille installation se pose. C'est un avantage pour la commune, mais le pouvoir public ne brûle-t-il pas par là certaines étapes ? Ces nouveaux services conviennent-ils aux aspirations actuelles de cette population en matière de communication ?

En conclusion, le système de communication antanala est dominé par la relation interpersonnelle et la communication orale. La communication interne se développe grâce à la famille et le village qui sont les moyens de transmission de la tradition de génération en génération. La soumission des Antanala aux autorités traditionnelles s'explique par un type de rationalité (type de légitimité traditionnel) différent de ce que connaît la société urbaine ou industrielle. La société antanala actuelle a cependant quelque peu changé tant du point de vue social, économique que politique du fait des échanges de culture avec des immigrants et étrangers, même si quelquefois ces échanges se font au détriment de la population locale. Les échanges économiques et les postes politiques sont contrôlés par ces immigrants et étrangers ; certains Antanala versent dans le syncrétisme en abandonnant les rites du tavy. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication vont même être introduites dans la commune malgré le retard et l'insuffisance des moyens de communication à distance qu'elle présente. Du point de vue du choix des moyens de communication, la lutte contre le tavy exige donc une étude approfondie des relations sociales internes et externes de la société antanala. Comment peut- on dans ce cas élaborer une politique de communication face à l'expansion du tavy ?

La politique de communication de l'Etat peut s'analyser, à partir des deux méthodes qu'il emploie, à savoir interdiction du tavy et vulgarisation agricole. L'interdiction du tavy révèle des techniques coercitives et un certain type de communication qualifiée de descendante. La vulgarisation agricole quant à elle oppose routine et innovation, mettant en exergue les problèmes de diffusion des méthodes agricoles modernes.

CHAPITRE I

L'INTERDICTION DU TAVY

Avant d'entamer ce chapitre, il n'est pas superflu de mentionner quelques visions de l'environnement. En général, deux sortes de vision s'opposent en la matière : vision environnementaliste et vision traditionaliste. La vision environnementaliste souhaite préserver la biodiversité des forêts. Il s'agit de conserver les ressources naturelles et développer l'homme. Tandis que la vision traditionaliste souhaite préserver les pratiques culturales traditionnelles. Ces deux visions extrémistes sont antinomiques et démontrent les difficultés de la mise en place d'une politique de lutte contre le tavy. Au niveau national et dans la société antanala, le problème du tavy se pose en termes de décalage de perspectives entre gouvernants et gouvernés, de l'insuffisance de la gestion de l'information et du sens de la communication.

Section 1. Evolution de la conception de l'environnement a - Vision politique de l'époque royale La conservation de la forêt malgache remonte au XVIIIème siècle. Cette initiative sous Andrianampoinimerina est considérée comme la première tentative de conservation parmi les pays africains pré-coloniaux. Le Roi visait déjà une éducation paysanne liée à leur valeur culturelle en rappelant le caractère sacré de la forêt et en invoquant la punition de Dieu à ceux qui la détruisent. Cette conservation est renforcée par ses successeurs dans le Code des 101 articles paru en 1868, et celui des 305 articles en 188147. Ses raisons ainsi que les sanctions sont différentes de celles de la conservation d’aujourd’hui. Les effets de l'interdiction à cette époque étaient également limités par des obstacles liés au contexte de l'époque, notamment la domination merina qui a réalisé l'unité politique de l'île en 1829. Nampoina et ses successeurs déclaraient que les forêts de l'île appartenaient à l'Etat, interdisaient le défrichement et la culture sur brûlis dans un souci de sécurité intérieure et extérieure ainsi que par la peur des rébellions. La vision de l'environnement se limitait alors à une vision politique de la forêt. En effet, la forêt jouait un rôle important sur le plan stratégique, c'est-à-dire rentre dans la politique de défense du pays, garantissant ainsi la sécurité48 de l'Etat. Par conséquent, le Code des 305 articles interdisait à la fois le brûlis de la forêt et l'installation d'habitants en forêt. En outre, une vision collectiviste de la forêt apparaissait en considérant la forêt comme un patrimoine commun. Elle démontre que

47 http://www. Madagasikara. De/1dec frc/021202 tribunenatur. htm 48 sécurité du royaume face au risque d’envahissement des puissances coloniales (Deschamps, 1961) l'interdiction du tavy est également édictée pour la survie des démunis se nourrissant des produits de la cueillette et de chasse. Cependant, une certaine souplesse a été adoptée par les dirigeants d'antan, la culture sur brûlis étant autorisée sous certaines conditions : sections déjà brûlées, dans le but de cultiver les champs de riz, le maïs ou d'autres cultures. Elle montre qu’une phase de transition est indispensable et que la suppression brutale de tavy ne peut se réaliser. Par ailleurs, à travers l'article 105 du Code des 305 articles qui dispose que"… quelqu'un qui débrousse par le feu un nouveau terrain ou épanouit ce qui existe déjà, cette personne sera mise au fer", nous pouvons voir la sévérité du texte en sanctionnant la personne réfractaire par l'atteinte à son intégrité physique, en appliquant la sanction corporelle. Cependant, le tavy subsistait pour des raisons principalement politiques. En effet, il devenait un moyen de contestation des habitants de la forêt de l'est envers le pouvoir merina de l'époque. Ces interdictions étaient perçues comme des interdictions merina et n'étaient pas respectées par la plupart des habitants qui souhaitaient l'abolition de la monarchie merina. Or, même à cette époque, une certaine partie de la forêt a déjà disparu. Cela prouve que le tavy n'est pas un phénomène nouveau. En fait, il leur facilite les travaux.

b - Vision métropolitaine La politique d'interdiction du tavy mise en place à l'époque royale a été poursuivie par les Français colonisateurs de Madagascar en 1896 en établissant les services des eaux et forêts. Les forêts ont été considérées comme propriétés domaniales où tout défrichement a été interdit. Ils ont introduit l'eucalyptus d’Australie pour bois d’oeuvres et de chauffage et ont créé 10 réserves naturelles intégrales par le décret du 31 Décembre 1927. Mais, ces colonisateurs ont visé la conservation de l'environnement à leur profit et au détriment des colonisés. En effet, en contrôlant les ressources naturelles de grande valeur, ils ont gaspillé les ressources naturelles malgaches en procédant à l'exportation massive des essences indigènes, tels ébène, palissandre et bois de rose et des métaux précieux. Des concessions importantes portant sur 174 000 ha49 ont été accordées. Sur le plan agricole, Madagascar étant une source des produits tropicaux pour la France, les vulgarisateurs ont incité les paysans à renforcer les cultures d'exportation telles café, girofle, vanille, poivre pour pouvoir acheter des denrées alimentaires dont ils ont besoin et pour s'acquitter des impôts exigés par le pouvoir colonial. Cette politique permet d'arrêter le tavy tout en favorisant la culture de rente ; or elle a échoué. Par conséquent, des encadrements techniques ont été entrepris par les colonisateurs notamment en matière de culture de café.

49 Deschamps, H. c- Vision de l’environnement sous la Première République Au lendemain de l'indépendance, le gouvernement malgache prônait une vision environnementaliste. En s'appuyant sur le patriotisme, il lançait un slogan50, qui considérait comme antipatriotique le fait de brûler la forêt. La politique de Tsiranana s’articule en outre autour de deux centres d’intérêt : - sensibilisation des élèves et des jeunes ; - le reboisement51. Le texte fixant le défrichement et des feux de végétation fut adopté ; il s'agit de l'ordonnance n° 60-127 du 30 Octobre 1960. Certains de ces articles ont été modifiés par des ordonnances ultérieures telles l'ordonnance n° 62-121 du 21 Octobre 1962 et l'ordonnance du 22 Octobre 1975. Le respect de ces règles ne se trouve assuré que par l'existence des sanctions qu'elles prescrivent. Il en est ainsi de celles édictées par les articles 34 et 36 de l'ordonnance n° 60-127: "tous les cas de feux sauvages intentionnellement allumés ou provoqués seront punis d'un emprisonnement de 5 à 10 ans"; mais "quand l'infraction a eu lieu à l'intérieur d'une parcelle située dans le domaine forestier national, qu'il s'agisse d'une forêt classée, d'une réserve naturelle intégrale d'un parc national, d'une réserve spéciale, d'une réserve forestière ou piscicole ou d'un périmètre de reboisement, elle sera punie d'un emprisonnement de 5 à 10 ans" ( cf. annexe 3). En outre, les collectivités rurales sont tenues pour responsables pénales d'un délit de défrichement sans autorisation en cas d'auteur inconnu. La lutte par voie de droit semble pourtant inefficace tant que le besoin de protéger l'environnement ressenti par les gouvernements n'est pas partagé par la population paysanne.

d - Environnement et développement Le tavy proliférait suite aux différentes crises que les paysans malgaches ont dû traverser au cours des années. Durant la période socialiste, la nationalisation changeait la situation des paysans en les rendant dépendants des moyens accordés par l'Etat; la crise vers la fin des années 70 a fait chuter les prix d'exportation entraînant l'abandon des cultures de rente.

● Prise de conscience internationale : Les représentants étatiques au sommet de la Planète Terre de Rio de Janeiro en 1992, se rendant compte du danger couru par la planète, ont mis en évidence les effets

50 Izay mandoro tanety, mandoro tanindrazana (celui qui brûle la forêt, brûle la patrie) 51 Le reboisement a fait l’objet d’une estampe postale portant le slogan : Tanora mamboly hazo,manan-kialofana raha fotsy volo. négatifs du progrès et les problèmes environnementaux globaux tels réchauffement climatique, couche d'ozone, pollution industrielle, extinction de la faune et de la flore. L’insuffisance des ressources est liée à la croissance démographique. Il en résultait une vision anthropocentrique de l'environnement. Elle met l'homme au centre de toute activité puisqu'il ne s'agit pas seulement de préserver la biodiversité. Plus précisément, c'est la notion de développement durable qui est apparue. C'est une politique de développement qui se préoccupe du sort des générations futures. Le développement ne doit plus s'entendre comme le seul relèvement du niveau de vie. L'économie ne peut primer sur l'environnement vu le problème des ressources. Il faut la placer dans sa dimension humaine. Dans ce même ordre d'idée, l'agriculture durable, notion apparue dans les années 70 chez les économistes anglo-saxons est celle qui satisfait les besoins humains sans dégrader les ressources naturelles. Il est donc recommandé de combattre le tavy, destructeur de l'environnement et assurer dans l'immédiat une gestion des ressources réconciliant le besoin de la population et la protection de la nature. Notons que Madagascar a mis en place une loi 90-003 du 21 Décembre 1990 portant Charte de l'environnement. Cette Charte vise la réconciliation de l'homme avec son environnement.

● Mise en oeuvre des recommandations : Après ce sommet, une politique sérieuse en matière d'environnement est donc exigée à Madagascar. Cela a entraîné la mise en place d'un Plan National d'Action Environnementale (PNAE), subdivisé en trois programmes : Programme Environnemental1 ou PE1 (1992 à 1997), PE2 (1997 à 2002), PE3 (2003 à 2007). Le PE1 assurait la mise en place des institutions et la lutte contre les problèmes d'urgence, ces institutions étant le Conseil National de l'Environnement (CNE), le Conseil Inter Ministériel de l'Environnement (CIME), le ministère de l'environnement, l'Office National pour l'Environnement (ONE). Le programme met en exergue la protection et la gestion des aires protégées. Ce programme est considéré comme conservatiste et naturaliste ne répondant pas aux urgences environnementales. En 1995, le gouvernement malgache s'est fixé comme objectif la mise en place d'une République humaniste écologique. Il a voulu professionnaliser les producteurs agricoles par un plan de développement pour la population rurale. Le PE2 a pour objectif d'intensifier les actions concrètes sur terrain, le développement des projets de terrain. Cette phase est plus pratique que celle du PE1. D'autres composantes ont été mises en place telles le Système d'Information Environnementale (SIE), l’Environnement Marin Côtier (EMC), la Gestion LOcale SÉcurisée (GELOSE), l’Appui à la Gestion de l'Environnement Régionalisée et à l'Approche Spatiale (AGERAS) et le Fonds Régional d’Appui à la Gestion de l'Environnement (FORAGE). Ces trois dernières composantes méritent quelques précisions étant liées à la décentralisation du contrôle de la gestion des ressources naturelles : tandis que la GELOSE est le transfert de l'Etat à la communauté locale de base de la gestion des ressources naturelles renouvelables, l'AGERAS a été mis en oeuvre pour supporter les programmes régionaux dans la gestion des ressources naturelles et dresser les causes de dégradation de l'environnement et de la perte de la biodiversité. Quant au FORAGE, c'est un mécanisme de financement des activités environnementales sur demande des communautés ou des intervenants sous forme de projets identifiés dans le cadre local, multi local ou régional. Malheureusement, la commune d'Ifanadiana ignore cette forme de décentralisation. Dans le PE3, toutes les actions environnementales devraient se faire automatiquement et rationnellement au niveau des ministères, des ONG, des collectivités et de la population. Les principaux domaines concernés par PE3 sont : - la gestion rationnelle des forêts ; - la gestion du réseau des aires protégées et de sites de conservation ; - la gestion des écosystèmes marins et côtiers ; - le développement d'instruments, de politiques et de supports d'information pour la gestion de l'environnement ; - le développement de mécanisme de financement durable ; - l'implication de la population en général dans la gestion quotidienne de l'environnement. Les gouvernants souhaitent donc dans cette phase que l'attitude de protection de l'environnement soit adoptée par la population, entre autres la population rurale et les couches les plus démunies. Ce qui paraît loin de la réalité vu la situation socio-économique de ces populations. Se référant à la pyramide de Maslow, comment les paysans antanala pourraient-ils mettre en priorité la notion d'écologie quand ils ne mangent pas à leur faim? Pour eux, le tavy assure la subsistance et la promotion sociale de la famille. Par rapport au contexte actuel, il présente le meilleur moyen de production. Par contre, lors du sommet de la Terre à Durban-Afrique le 16 décembre 2003, le président actuel prévoyait l'augmentation de la superficie des aires protégées. Il a annoncé que Madagascar va porter la surface totale des aires protégées de 1,7 millions d'hectares actuellement à 6 millions avant 2008, soit 10% du territoire malgache. 5 mois après, le Ministre de l'Environnement et des Eaux et Forêts annonce avoir déjà répertorié 91 nouveaux sites de conservation. Représentant un potentiel consolidé de 6 854 708 ha soit 2 500 000 ha de plus que l'engagement présidentiel devant l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Le Conseil d'Administration de la Banque Mondiale a alors approuvé un don qualifié d'exceptionnel d'environ 343 milliards de francs malgaches à cette troisième phase du PNAE. L’évolution de la notion de l’environnement dans le temps n’a pas abouti à l’amélioration du résultat de l’interdiction de tavy. Cet échec est à mettre en relation avec un problème de gestion de l’information.

Section 2. La gestion de l'information a - Flux d'informations et prise de décision Après plusieurs années de lutte, nous assistons encore à la persistance du tavy dans la commune rurale d'Ifanadiana. Madagascar s'achemine même vers la désertification. Cela signifie que les décisions prises sont inadéquates. Un problème de gestion de l'information peut être à la base. La gestion de l'information est une étape essentielle avant toute prise de décision. Pour cela, le gouvernement doit tenir compte d'un flux d’informations : information sur les objectifs à atteindre fixés dans le programme environnemental, information sur les actions antérieures et leurs résultats à travers l'étude de l'évolution de la conception sur l'environnement, information sur la position occupée par le présent, acheminement vers la désertification, information sur la distance restant à parcourir. Un système politique sous- informé risque de prendre des décisions inadéquates et par conséquent sa légitimité pourrait se trouver en cause. Cette théorie est celle de Karl Deutsch qui compare le gouvernement au système de pilotage. La théorie des systèmes s'inspire de la cybernétique, science qui étudie les mécanismes de communication et de contrôle dans les machines et chez les êtres vivants. Nous entrons donc dans le domaine de la communication politique, c'est-à-dire un processus par lequel l'information circule à l'intérieur du système politique, communication entre le système politique et son environnement, illustré par le schéma suivant :

Schéma 6: Flux d’informations et prise de décision

P O SYSTEME POLITIQUE P Information à l’état brut U L A T I O N

E RECEPTIO Traiteme ORGAN T nt et CENT E E N RE N DES sélection D’ V d EXECU I R O MISE N N MINISTERE EN E

M E Information venant de l’extérieur N Inspiré de la théorie du Karl Deutsch T Pour pouvoir faire une évaluation de l'action gouvernementale dans la lutte contre le tavy, on doit voir : - les services d'information nécessaires, les services de prévision des actions futures, service de planification des choix afin d'atteindre le but proposé. - la capacité du gouvernement à prévoir et à anticiper sur les nouveaux problèmes qui peuvent survenir à partir des informations disponibles. - comment le gouvernement arrive à diminuer son taux de retard dans la satisfaction des besoins face aux informations qui sont disponibles, face aux décisions qui s'imposent et leur exécution.

b - Les services d'information Les services d'information sont nécessaires au gouvernement pour avoir la capacité de contrôler ses propres dispositions. Ils informent non seulement sur des données utiles à la prise de décision, mais offrent celles qui sont liées à la mise en œuvre de la décision, une fois le plan d’action prévoyant l’attribution des pouvoirs et responsabilité établi. Ils sont nombreux dans ce domaine mais nous nous limitons à certains d'entre eux, surtout aux services d'information régionaux.

● Au niveau national La lutte contre le tavy rentrant dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, les organismes publics d'information tel l'INSTAT jouent un rôle important dans le processus de décision du gouvernement. Il a été mis en place pour que les actions mises en oeuvre par le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté fassent l'objet d'un système de suivi- évaluation. Il vise à assurer un système intégré de suivi répondant aux 4 objectifs: informer en temps réel le gouvernement sur l'état de la pauvreté et sur l'évolution de ses différentes formes; apprécier les impacts de la stratégie entreprise; juger l'efficacité des politiques et proposer les ajustements nécessaires le cas échéant; et enfin mettre à la disposition de tous les acteurs de la société des informations accessibles, significatives, fiables, faciles à comprendre et parlant à tous pour leur permettre une participation effective au processus de décision, de contrôle et d'évaluation. Les procédures suivies par l'INSTAT dans l'établissement de ses enquêtes influent beaucoup sur la qualité des informations données. Les techniques d'échantillonnage doivent traduire la réalité pour que les ministères puissent s'y fier. Il existe également au sein du Ministère de l'environnement et du programme environnemental une composante d'appui -communication. Elle a pour mission d'informer et de sensibiliser le public sur les problèmes environnementaux liés aux activités quotidiennes des populations. Elle s'occupe de la mise à la disposition de toutes catégories de bénéficiaires des informations relatives au programme pour leur permettre d'adhérer, de participer et de prendre une part de responsabilité dans la gestion durable des ressources naturelles. Enfin, la composante communication consiste à offrir à la communauté internationale les éléments leur permettant d'avoir une vision positive du programme environnemental à Madagascar devant la susciter à pratiquer et à contribuer aux actions. On sait qu’une émission intitulée « Tontolo iainana », environnement, a lieu chaque soir à 18h à la Radio Nationale. Des documentaires environnementaux malgaches sont établis par l’ONE, ANGAP et la Conservation Internationale tel « Fanamby ». Du point de vue de la forme, les émissions sont satisfaisantes, mais elles adoptent souvent une approche intellectualiste. Dans le cadre de l'amélioration de la gouvernance du secteur forestier, l'observatoire du secteur a été mis en place, dont le mandat est de recouper et de diffuser des informations fiables en matière de gestion forestière. Ces informations concernent l'exploitation forestière, la commercialisation et le recouvrement du Fonds Forestier National. ● Au niveau régional : Ayant pour origine l’ANAE, le Réseau d’Information Régional (RIR) de Vatovavy est créé en 1997 et formalisé le 9 Avril 1999. Même si l’initiative de départ provient d’une institution de programme environnemental, le réseau a une ouverture plus large et intègre aussi les acteurs de développement de la région. Les 17 membres du RIR représentent leurs institutions respectives. Ce qui fait que la plupart des acteurs régionaux sont impliqués dans le réseau. La présence de la commission PCD ou Plan Communal de Développement facilite l’implication des différents acteurs dans le RIR. Grâce à ce PCD nous noterons la contribution du FID, du PNUD ou Programme des Nations Unies pour le Développement, du LDI et des ONG locales impliquées dans ce processus. Pour les institutions publiques et autorités régionales, citons la participation des directions régionales des différents ministères, les services techniques ainsi que la Cellule Technique du Faritany ou CT Far qui contribuent aux analyses et traitement des données demandées par les entités pour cibler et réorienter leurs interventions prioritaires. Le RIR dans la phase test s’est révélé plutôt opérationnel depuis sa création et indépendant. Ses premières interventions ont été orientées vers un axe autre que celui du programme environnemental (PE) prévu. Ceci peut être expliqué par son indépendance prématurée et par ses activités dans d’autres secteurs comme le développement rural avec la contribution de la Coopération Suisse. En général, le RIR ne fait pas la collecte des données mais gère seulement ces informations provenant des fournisseurs. Le traitement s’effectue selon les besoins des utilisateurs des données et des thèmes choisis. Le tableau qui suit récapitule l’analyse des forces et faiblesses du SIR ou Système d’Information Régional de Vatovavy.

Tableau 13: Analyse des forces et faiblesses du SIR de Vatovavy Caractéristiques FORCES FAIBLESSES OPPORTUNITES MENACES Critères - dynamique régionale - indépendant du CMP exemplaire Incohérence sur la Aspects - Intérêt commun axé sur le - mécanisme déjà en Couverture régionale couverture spatiale institutionnels corridor place avec UTC et CT Far - Structure formalisée - présence de UTC et de CT Far - Bonne volonté des membres du réseau - Disponibilité des Aspects - Bureau exécutif très membres Indépendance Dispersion des organisationnels représentatif - Absence d’un animateur prématurée membres - Présence d’un secrétaire permanent permanent - Intégration des grandes ONG Désistement et Manque de Diversification des Aspects relationnels de la région démotivation des communication membres - Cohésion dans le noyau dur. membres - Absence de matériels propres et d’animateur Présence des - absence de fiabilité Collaboration avec UTC pour pour le réseau organismes d’appui et des données. Aspects techniques les analyses et traitement ; et - Absence de règlement ses compétences - les produits sont hors CED II pour la diffusion en matière d’information. ressources. P.E -Manque de conformité des données Source : SAGE, PACT/MIRAY 2003

D’après le tableau, le RIR connaît certaines faiblesses. La présence de l'UTC et CTFar qui devront être inclus dans le réseau nécessite une révision institutionnelle du RIR vu que ces deux autres structures ont une dimension provinciale. Il est également nécessaire pour le réseau de recruter une personne indépendante des institutions et des structures de la région. Elle assurera ses activités uniquement au sein du RIR, y compris l'animation du réseau afin d'inciter quotidiennement la participation de tous les membres. Une autre faiblesse résulte des relations du RIR qui se cantonnent au niveau régional car les communications passent mal au niveau des différentes communes rurales. En outre, plus les intervenants d'une région sont nombreux, plus les informations disponibles sont nombreuses mais aussi plus la mise en conformité pour la fiabilité des données est nécessaire. L'existence de SIR étant indispensable au développement de la région de Vatovavy actuellement transformée en Vatovavy-Fitovinany, il serait préférable qu'il possède ses moyens propres et identifie avec ses partenaires les appuis prioritaires pour la bonne marche de ses activités.

● Au niveau local : Les informations sur les résultats des actions entreprises peuvent provenir des organes d'exécution de l'Etat. Dans le cas d'Ifanadiana, c'est le chef cantonnement des eaux et forêts qui l'assure. Il communique à son supérieur hiérarchique par voie écrite. Il a comme attribution de constater les faits, l'évolution de l'exploitation de la forêt. Il réprime les réfractaires et contrôle l'exploitation de la forêt dans la sous-préfecture. Le manque de moyens matériels et humains auquel il fait face, peut altérer la qualité de l'information et entraîner une remise en cause de sa fiabilité. Nombreux faits échappent certainement à son contrôle. Les informations fournies ne sont pas uniquement utiles aux gouvernants. Elles doivent être diffusées pour permettre aux gouvernés d'avoir un aperçu du problème ou des connaissances sur l'action gouvernementale. Nous constatons que les lacunes en matière de circulation des informations entre gouvernants et gouvernés sont immenses. La quasi-totalité des élus locaux, les représentants du pouvoir les plus proches de la population, se sont beaucoup familiarisés avec la politique gouvernementale et ses innovations. Parmi eux, certains ont eu des informations, même sommaires sur son contenu. De l'autre côté, au niveau des opérateurs économiques et surtout au niveau des simples citoyens, le manque d'information est très important. De plus, le niveau de connaissance à propos de ces politiques est beaucoup plus élevé en milieu urbain qu'en milieu rural. En matière de tavy les paysans antanala, à part les connaissances acquises par leurs expériences, ne sont pas suffisamment sensibilisés sur les dangers de cette pratique. Les habitants des villes sont mieux informés alors qu'ils ne pratiquent pas le tavy.

c - Le traitement des informations Avant toute prise de décision, un traitement, une sélection des informations reçues à l'état brut est nécessaire. Il s’agit d’analyse de données qui comporte une critique et une explication de la situation. Dans la politique de lutte contre le tavy, l'évolution de la conception de l'environnement étudiée dans la section 1 de ce chapitre nous fournit des données sur les actions déjà entreprises. D'une manière générale, les gouvernants ont adopté la méthode de lutte par voie de droit, à part quelques propositions d'alternatives au tavy qui ont échoué, par exemple la vulgarisation du système de riziculture intensive. Cette évolution a montré que la population rurale n'a pas suivi les normes établies. Divergence d'intérêts et décalage de perspectives ont été constatés favorisant ainsi le maintien de la pratique ancestrale. En effet, la société paysanne ne comprend pas le langage des gouvernants et des scientifiques. Cela empêche la réalisation des objectifs visés par les programmes environnementaux. Normalement, la prise en compte de ces données devrait amener à remettre en cause la politique menée antérieurement et réorienter les décisions. La société antanala semble également en marge par rapport à la modernité et progrès actuel. Par conséquent, les paysans suivent les normes fournies par leurs groupes d'appartenance et de référence, ici c'est la société antanala, mais pas celle de la société dans son ensemble. En outre, les informations sont à confronter aux techniques de transmission et matériels disponibles. Cela rappelle la fonction des "valeurs" de Karl Deutsch qui permet de faire "la confrontation entre les informations disponibles avec les moyens qui sont disponibles ou encore avec les règles qui sont en vigueur, en vue d'atteindre le choix que l'on s’est fixé". Il s'agit d'étude de faisabilité technique, matérielle et juridique des décisions. Dans notre cas, il ne s’agit pas seulement de modifier et d’adapter les règles juridiques, l’essentiel est leur application effective. En effet, l'échec de la lutte par voie de droit peut également s’expliquer par le laxisme de l'administration. Par ailleurs, les objectifs fixés par les programmes environnementaux sont qualifiés d'ambitieux et conservatistes. Or, l'on sait qu'il ne peut y avoir protection de l'environnement sans la satisfaction des besoins fondamentaux de la population et vice versa. C’est le développement intégré. Malgré que le taux de défrichement et la superficie défrichée aient légèrement baissé dans la commune d'Ifanadiana, nous pouvons dire que jusqu'en ce moment le gouvernement n'a pas réussi à diminuer son taux de retard dans la satisfaction des besoins face aux informations, aux décisions qui s'imposent et à l'exécution de ces décisions. S’il en est ainsi de l’analyse de la communication politique, qu’en est-il des relations entre les gouvernants et gouvernés ?

Section 3. Sens et types de communication a - Le fonctionnement de la communication La communication entre le pouvoir et les paysans est un phénomène complexe. Il ne s'agit pas seulement d'émetteur s'adressant à un récepteur. Lors de l'élaboration des programmes environnementaux, les gouvernants se sont référés à des tendances internationales, des recommandations du sommet de la Planète Terre, aux conditionnalités posées par les bailleurs de fonds qui financeront les projets, aux connaissances des techniciens et agronomes. Il s'agit là de leur cadre de référence dans l'élaboration du programme. Le cadre de référence peut se définir comme l'ensemble des valeurs, normes, croyances et suppositions auquel un individu ou le groupe se réfère pour juger ou réagir. Il dépend de la culture, de l'éducation, de la classe sociale, des amis, de la situation familiale, de la personnalité et des expériences vécues. Si les paysans avaient le même système pour décoder le message, la communication serait parfaite. En réalité, pour les paysans-récepteurs auxquels doit s'appliquer le programme, ils ignorent cette prise de conscience internationale, ces dangers qui planent sur la planète. Le message se trouve déchiffré par un autre système « le savoir écologique du paysan » qualifié de traditionnel, non rationnel, non écrit et empirique étant basé sur l’expérience et non sur un savoir théorique. Ces paysans réagiront alors à la politique du gouvernement suivant l'éducation reçue de leurfamille, leurs règles sociales et leur histoire. Remarquons cependant que ces systèmes différents ne sont pas forcément inconciliables. La concertation peut les conduire à un certain consensus en favorisant la participation de la population rurale. Par ailleurs, ce cadre de référence influe considérablement sur la façon dont le flux d'information sera exprimé et aussi l'outil que l'émetteur utilisera. Pour une société où la tradition orale est très forte comme la société antanala, certains outils apparaissent plus adaptés que d'autres, tels la radio et la télévision. Malheureusement, elles sont rares dans la commune d'Ifanadiana. La télévision est presque inexistante étant chère pour les paysans. La réponse du récepteur en direction de l'émetteur est ce qu'on appelle rétroaction ou feed back. L’information compréhensible pour une population-cible, convenable à leur mode de vie et culture sera répondue de façon claire et peut la plupart du temps coïncider aux attentes de l’administration. Dans une communication efficace, la rétroaction suscite une autre situation qui engendre alors une dynamique des relations entre émetteur et récepteur. La rétroaction est le principal moyen pour remédier aux effets des perturbations en permettant un aller-retour constant et un perfectionnement permanent de la qualité de la communication. La communication est donc un processus, c'est-à-dire une suite de situations entraînant une évolution. En d'autres termes, l'étude des réactions paysannes, la continuation de la pratique du tavy malgré les sanctions prévues par les textes de loi sur le tavy et la vulgarisation agricole montrent que les paysans ne peuvent pas s'en sortir. Ils vivent dans une extrême pauvreté qui les oblige à défricher. Dans cette optique, le tavy ne sera supprimé que lorsque l'instabilité politique s'arrêtera et qu'il n'y aura pas de crises économiques. Mais le problème du tavy ne doit pas être uniquement perçu dans cet angle. C'est un phénomène complexe, un produit d'une certaine culture et des contextes politique et économique qui ne devront pas être négligés. La notion de rétroaction est très importante. Pour le système politique, c'est la réaction aux effets produits par son action antérieure. Les nouvelles informations ré-alimentent le système en vue des nouvelles décisions. Nombreuses barrières constituent un frein pour la compréhension des paysans. Le schéma suivant illustre le fonctionnement de la communication entre l'émetteur et le récepteur ainsi que les barrières à cette communication.

Schéma 7: le fonctionnement de la communication. Cadre de référence : recommandation du sommet

POUVOIR PUBLIC Source d’information

Flux d’information Support contexte socio culturel Filtre, frein, perturbation plate-forme utilisé

Rétroaction Décodage /Déchifrage du message

PAYSANS ANTANALA

Cadre de référence : éducation reçue, croyance, valeurs Enquête : DESY

En outre, pour une commune rurale telle Ifanadiana, il est nécessaire de descendre sur terrain pour convaincre les paysans. En effet, la communication avec la base est insuffisante. Or, les conférences-débats organisées par le ministère se passent souvent dans les chefs-lieux de la région ou sous-préfectures et y participent des personnes beaucoup plus instruites ne pratiquant pas le tavy la plupart des temps. Il en est ainsi de la table ronde organisée à Mananjary, ancien chef-lieu de préfecture, le premier septembre 2003, sur « la stratégie pour la protection du corridor forestier et la problématique posée par la pratique du tavy. »

b - Les types de communication. La distinction entre les types de communication est indispensable dans notre étude puisqu'elle permet de déterminer la nature des relations entre les gouvernants et les paysans.

● Classification suivant le niveau hiérarchique : On distingue la communication verticale, à savoir celle descendante et celle ascendante, puis la communication horizontale appelée aussi transversale. La communication descendante caractérise la relation entre un supérieur hiérarchique et son subordonné. Elle prend la forme de directives, consignes de travail, instructions et ordres. Tandis que la communication ascendante peut apparaître sous forme de compte-rendu d'activité réponse à une demande d'information, etc. Dans la relation pouvoir-paysan, le service du cantonnement des eaux et forêts communique les rapports des activités auprès du ministère. Elle peut être une rétroaction ou bien une demande provenant des paysans même. La communication transversale est celle existant entre les administrés ou entre les élus, les chefs de service locaux. La lutte contre le tavy s'est essentiellement faite au moyen des règles juridiques que le pouvoir public fait connaître aux paysans. Il s'agit d'un bon moyen de lutte, surtout pour une population à très fort taux d'analphabétisme et de type traditionnel. Toutefois, c'est insuffisant car la population n'est pas impliquée dans le processus de décision. Or, la société antanala est une société de tradition démocratique. Les gouvernants prennent pourtant les décisions en fonction de leur propre perception du problème, la population paysanne ne comprenant pas les raisons d'obligation de changement de comportement et les avantages qu'elle peut en tirer. Par ailleurs, Madagascar, faisant partie des pays en développement, ses programmes financés par la Banque Mondiale et les institutions financières de Bretton Woods doivent se conformer aux conditionnalités de ces dernières. D'où ces programmes se heurtent parfois aux résistances de la population dont les besoins sont méconnus. Le type de communication peut donc être qualifié de descendant depuis les institutions financières jusqu'à la base.

● Modes de circulation des informations : Lors d'une communication formelle, les informations circulent de manière officielle, d'après la structure hiérarchique ou les fonctions des personnes. Le circuit est pré établi et connu, ainsi que les procédures à suivre. C'est le mode de communication existant entre le ministère et le cantonnement des eaux et forêts. Tandis que dans le cas d'une communication informelle, l'information ne passe pas par le circuit officiel et ne tient pas compte de la hiérarchie. Ce mode de communication peut prendre la forme de bruits ou rumeurs. Les rumeurs sont fréquentes, elles accusent un problème d'accès aux moyens de diffusion des informations. Ce sont souvent des rumeurs autour des élections, selon lesquelles si tel parti est élu, le tavy ne pourra plus être pratiqué. Mais les informations de source informelle peuvent se révéler intéressantes telles les commentaires de la population locale sur les actions entreprises par le pouvoir public pour connaître son opinion et mesurer l’efficacité de ses actions. Pour parvenir à la population, le Ministère de l'environnement fait connaître les objectifs et stratégies à ses services extérieurs, notamment le cantonnement du service des eaux et forêts. Jusque là, la communication est écrite et formelle, circulant suivant la structure hiérarchique. Au niveau de la commune, une division de tâches s'opère entre les structures traditionnelles et structures administratives. Le chef de cantonnement du service des eaux et forêts la transmet aux chefs quartiers pour aboutir aux chefs de village et aux rois. En effet, ces rois sont les plus importants des influents de type local. Le message est transmis aux paysans antanala par le koka qui consiste à dire à haute voix dans tout le village l'information. Nous assistons ici à la transformation du message écrit à l'oral. Cette transformation peut altérer le message ou allège le caractère officiel du message. La communication devient alors informelle ne respectant pas les formalités.

● Communication directe et communication indirecte : Lorsque la communication a lieu sans l'intermédiaire de supports ou d'outils, on dit qu'il s'agit d'une communication directe ou face à face. En principe, elle se fait oralement. C'est le contact direct de la base par les dirigeants et ONGs pour échanger des points de vue sur la politique de lutte contre le tavy. Mais souvent, les personnes ne sont pas en présence l'une de l'autre, la communication s'établit donc entre elles par l'intermédiaire d'un outil qui permet soit la communication écrite (journaux, banderole,…) soit la communication orale (radio, télévision...). La communication directe est plus efficace que celle indirecte pour éclaircir la situation et établir une bonne relation avec la base et les personnes auteurs du tavy. La communication interposée conduit souvent à la déformation du message à cause des successions de filtres de communication et de perception.

c - Les différentes sanctions : ● La sanction négative : Les gouvernants malgaches ont adopté des législations coercitives et des interdits administratifs qui restent inefficaces. L'évolution des textes montre la sévérité de ces textes et le renforcement des peines dans le temps. Pour apprécier les mesures

législatives en la matière, nous avons pu recueillir quelques extraits de texte. Rentrant dans le domaine pénal, ces mesures sont dominées par des peines d'emprisonnement et d'amende.

L'ordonnance n° 60-127 du 3 octobre 1960 prévoit que si le feu a été volontairement provoqué, la peine encourue est de 5 à 10 ans d'emprisonnement. A partir de 1976, par l'ordonnance n° 76-030 du 21 Août 1976, les acteurs des feux de brousse sont punis d'une peine d'amende de 15 000 à 300 000fmg et d'emprisonnement de 6 mois à 3 ans (article 2). Elle prévoit les circonstances aggravantes entraînant une peine capitale en présence de 2 des éléments suivants : la nuit, la réunion de 2 ou plusieurs personnes, port d'arme, violence, emploi de voiture et pratique de feux interdits. Si deux de ces circonstances sont remplies, l'auteur du fait encourt la peine de travaux forcés de 10 à 20 ans (voir annexe 3).

● La sanction positive : Il existe pourtant des sanctions positives telles les récompenses et gratifications. La pression de la société s'exerce, en fait, beaucoup plus à travers les sanctions positives qu'à travers les sanctions négatives. Certes, les attentes nécessaires comportent des sanctions graves en cas de manquement, mais, ne comportent pas de récompenses. Elles sont obligatoires. Par conséquent, en s'y conformant, on ne fait que son devoir. Les attentes facultatives sont essentiellement réglées par des sanctions positives. Cependant, les sanctions juridiques, paraissent plus habituelles, mais elles sont purement négatives. Elles agissent plus fréquemment par la crainte qu'elle suscite que par une action directe. Par contre, tout le jeu social se trouve mis en action par les sanctions positives dont disposent les différents groupes sociaux pour pousser les individus à remplir leurs rôles comme ils doivent faire. Il en est ainsi des récompenses offertes par le ministère pour les communes méritantes dites communes vertes. Pour réussir dans la lutte, les gouvernants doivent donner plus de place à ce dernier type de sanction.

Les informations parvenues entre les mains du système politique malgache et l’indifférence de la population rurale sont négligées lors de la définition de la politique à suivre en matière d’environnement et de lutte contre le tavy. Par conséquent, leurs programmes sont souvent qualifiés d’ambitieux et conservatistes. De plus, les services d’information, même existant au niveau national, régional et local, présentent encore des lacunes et des faiblesses. Ils visent surtout à permettre aux bailleurs de fonds d’avoir une vision positive des programmes gouvernementaux. Malgré la baisse constatée de la pratique du tavy ces dernières années, le savoir écologique traditionnel n’a pas encore pu se rallier aux perceptions des gouvernants et techniciens. La communication qui s’établit entre les gouvernants et la population rurale est alors de type vertical, souvent indirect. Le système politique ignore les informations informelles qui peuvent se révéler nécessaires en cas de manque d’expression démocratique. Enfin, la sanction positive est encore insuffisante pour donner plus de motivation à la population rurale. L’analyse de la communication s’applique également dans les relations entres les paysans et les vulgarisateurs. Ces derniers visent la promotion d’innovation soucieuse de la protection de l’environnement. C’est ce que nous allons voir dans le chapitre suivant.

CHAPITRE II LA VULGARISATION AGRICOLE

Section 1. Objectifs et missions de la vulgarisation a - L'importance de l'innovation L'innovation peut être une idée, technique perçue comme nouvelle par les membres d'une société déterminée. Une capacité d'innovation est indispensable en ce troisième millénaire pour faire face à la mondialisation. La société actuelle et le marché exigent toujours la nouveauté dans tous les secteurs. Voilà pourquoi les sociétés industrielles donnent une grande place à "Recherche-développement" (RD). Les noyaux d'innovation apparaissent en associant universités et chercheurs, jeunes ingénieurs entreprenants et grandes sociétés. Il en est de même pour la recherche agronomique et sa vulgarisation qui y sont largement financées par les pouvoirs publics et les firmes privées qui mettent sans cesse sur le marché de nouvelles variétés productives, voire de nouvelles races d'animaux, produits du croisement de races d'aptitudes différentes. A contrario, les sociétés traditionnelles et paysannes n'ont aucun principe de changement : elles sont en équilibre statique et tout orientées vers le maintien de cet équilibre. Le changement provient donc de l'extérieur. Les innovations s'apprennent par les voisins immigrants, ONGs et vulgarisateurs. Ces diversités résultent surtout d'objectifs et de types d'agricultures différents. L'agriculture moderne se distingue de celle traditionnelle par son caractère commercial. Elle cherche à satisfaire le besoin d'un marché à haut niveau de vie, lui offrir des produits de masse et bon marché. Or, l'agriculture de subsistance est une agriculture vivrière à autoconsommation, une bonne partie de la production est consommée par la famille ou le groupe. Actuellement, nous assistons à un pas vers la transition pour un système agricole moderne dans les sociétés traditionnelles. Elles importent souvent des modèles étrangers d'innovation pour assurer le développement rural. Or la Recherche-Développement en matière agricole doit y être développée, notamment à Madagascar et non pas apporter des modèles inadaptés aux situations locales. Ces dernières années, nous nous acheminons dans cette voie en partenariat avec le CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement).

b - Intérêts de la vulgarisation "La vulgarisation consiste à faire passer en milieu rural des connaissances techniques et économiques devant aboutir à une amélioration de la production, donc du revenu et ainsi aboutir à un mieux être du monde paysan52". Sa mission est : - d’augmenter le revenu des producteurs, - d’augmenter la production agricole en tenant compte de la sauvegarde de l'environnement et en luttant contre le tavy, - et de professionnaliser le métier d'agriculteur. La vulgarisation s'est révélée nécessaire suite à une triple augmentation, celle de la population, du taux d'urbanisation et du niveau de vie, les soudures étaient devenues de plus en plus difficiles. Madagascar était obligé d'importer du riz étranger depuis 1965. Rien ne sert donc de posséder des richesses naturelles si elles ne peuvent être mises en valeur par la population et pour la population. C'est le vulgarisateur qui se charge de développer le milieu rural, et l'efficacité du projet dépend surtout de ses compétences et des moyens mis à sa disposition. Il peut être un agent de l'Etat ou un collaborateur venant des ONGs. Le travail d'un vulgarisateur n'est pas chose facile. Il s'agit d'information et formation des masses paysannes qui exigent davantage d'encadreurs que de parfaites connaissances techniques. La différence entre un technicien et un vulgarisateur réside dans le fait que le savoir du second ne lui sert que dans la mesure où il peut en faire bénéficier les paysans. Ces connaissances doivent pouvoir être transmises aux agriculteurs sous forme assimilable par eux. Il est à rappeler que pour être efficace, la vulgarisation nécessite l’étude de la connaissance du milieu comme préalable à l'élaboration d'un programme de travail de vulgarisation, et la recherche de la participation des paysans à l'opération de développement, d'une part, puis l'emploi de certaines stratégies découlant de ces connaissances, d'autre part. Dans l’étude du milieu, le vulgarisateur appréciera : - les structures sociales (stratification) ; - le régime foncier (faire valoir direct, métayage, fermage) ; - les ressources de diverses origines (agricole, artisanale, salariée) ; - l’utilisation actuelle des ressources : autoconsommation, commercialisation, épargne ; - les coutumes et traditions (fady-fanimbona) ; - les infrastructures existantes (routières, hydrauliques) ; - Les circuits commerciaux (collecte, vente).

52 Séminaire National de la Vulgarisation agricole, Tamatave, 1970 L'encadreur doit arriver à s'intégrer dans le milieu pour approfondir la portée des traditions, leur impact sur la vie au village et le mécanisme interne de leur fonctionnement. Pour le cas d'Ifanadiana, il connaît un système social et agricole attaché à la tradition, une agriculture de subsistance et des infrastructures économiques peu développées. La simplicité et la correspondance des thèmes à vulgariser à ce type de milieu sont exigées. L'intensification des efforts d'intervention de vulgarisation sans la possession de ce mécanisme d'ouverture conduit à un gaspillage de fonds publics. De ce fait, le vulgarisateur pourra établir un dialogue plus constructif avec les autorités locales et les villageois puis favoriser la participation des paysans à l'opération. Cette participation peut s'analyser en : - l'ouverture des paysans aux vulgarisateurs évoquant ainsi leurs acquis et expériences, les difficultés rencontrées dans la commune en matière agricole et commerciale ; - propositions de solutions au problème du tavy et sollicitation d'appui des techniciens et du pouvoir public ; - leur adhésion aux nouvelles méthodes. On assiste de plus en plus dans les pays en voie de développement à la mise en place d’un mécanisme de participation publique, surtout en matière d’environnement. Il s’agit là d’engager le public ou les collectivités locales de base dans le processus décisionnel et dans l’application de la décision. Ce mécanisme implique la responsabilisation des individus afin d’assurer l’efficacité de la décision en la matière. En effet, l’échec de nombreuses décisions peut s’expliquer par l’absence de représentativité de la population, l’Etat et les ONG les ayant géré seuls. A Madagascar, la participation de la population rurale prend en général la forme passive. Cela signifie que sa participation se réduit en une réception d’information sans pouvoir répondre ou suggérer. La relation du pouvoir public avec cette population est essentiellement unidirectionnelle. Il en est ainsi des interdictions du tavy et de la vulgarisation des méthodes nouvelles de culture sans brûlis, ignorant les difficultés liées aux méthodes enseignées, comme le déracinement de tous les arbres se trouvant sur la surface à cultiver. La négligence du savoir local, la crainte de voir soulevés des besoins ne pouvant pas être satisfaits puis les moyens et le temps assez importants que cela va prendre peuvent être évoqués pour éviter la participation de la population rurale. De surcroît, les partis de l’opposition dramatisent souvent la situation, se rallient au côté de la population pour réussir à s’emparer du pouvoir. L’intégration de la population comprend pourtant un processus de concertation. Il serait plus efficace de suivre et d’adopter la forme traditionnelle de participation de la population rurale dans la commune, pour une société de tradition démocratique telle la société antanala. On peut aussi envisager une analyse conjointe des propositions de solutions aux problèmes et un recueil de commentaires et recommandations de la population concernée. C’est le cas de la table-ronde à Mananjary pré-citée, réunissant les représentants des communes pour discuter du tavy. Nous ne saurions cependant dire que la participation était effective. En effet, les représentants envoyés pour ces genres de discussion sont sélectionnés suivant leur niveau intellectuel et activité dans la commune, les véritables auteurs du tavy sont souvent laissés de côté. Il serait également préférable de ne pas distribuer à l’avance des documents pouvant bloquer toute discussion comme la prévision des résolutions (cf. annexe 8) Quant aux stratégies de vulgarisation, elles diffèrent d’une organisation à une autre. Pour la PNVA, elles s'articulent autour des points suivants : - une plus grande sélectivité dans le choix et l'affectation du personnel de vulgarisation, notamment celui relevant du service public ; - la décentralisation et la responsabilisation des antennes régionales dans la définition des programmes et dans la gestion technico-financière des activités et des ressources ; - le décloisonnement du projet par la contractualisation des prestations avec les organismes autres que l'administration, en l'occurrence les ONGs et opérateurs privés ; - l'implication des collectivités locales décentralisées dans le fonctionnement du projet, la mise en oeuvre des activités et l'évaluation des résultats et impacts sur terrain ; - l'appui technique socio-organisationnel aux organisations paysannes en veillant à mieux corréler la demande et l'offre de formation et le développement des stratégies de formation adaptées à chaque localité ; - la prise en compte effective des exigences et contraintes du marché dans la promotion de culture d'exportation (café, vanille, ...).53 L'efficacité de ces stratégies repose cependant sur leur application effective. Il est également essentiel de prendre en compte les techniques déjà employées dans la localité. L’Etat et les organisations de vulgarisateur ont besoin d'un personnel d'encadrement mieux formé et informé, surtout pour les vulgarisateurs de base. Les objectifs et les missions de la vulgarisation se trouvent illustrés par le schéma ci-dessous.

Schéma 8: Missions de la vulgarisation

53 Rapport d’activités de PNVA année 1997-1998

Participation des paysans

Mieux- être du paysan

Consid Développer Satisfaire les les ération techniques VULGA exigences Promoti locales du marché des RI-SER on de

Profession- naliser les paysans Lutter contr l

Initiation des Alternatives nouvelles au tavy méthodes

Enquête : DESY

D'après ce schéma, les vulgarisateurs visent par leurs actions la professionnalisation des paysans et la lutte contre le tavy pour leur mieux-être. Ils doivent pour cela développer d’abord les techniques locales et satisfaire les exigences du marché. Ce sont là les principaux objectifs de la vulgarisation. Notons que la considération des connaissances paysannes doit être effectuée préalablement aux autres stratégies comme l’initiation des nouvelles méthodes et des alternatives au tavy. Par ailleurs, la promotion des cultures d’exportation permettra de professionnaliser les paysans. Enfin, la participation des paysans doit être perçue de manière concrète aussi bien dans la phase théorique que pratique. L’adoption des nouvelles méthodes par les paysans dépend de nombreux facteurs dont le savoir communiquer.

Section 2. L'adoption des nouvelles méthodes a - Pénétration des innovations Chez les Antanala, de nouvelles méthodes provenaient des colonisateurs et des Betsileo. Ils les ont plus ou moins acceptées et intégrées dans leur technique. Plus tard, ONGs et vulgarisateurs incitent les paysans depuis bon nombre d'années à employer les méthodes telles que le repiquage en ligne, le repiquage en 8 jours (ketsa valo andro), la méthode améliorée de culture de manioc et maraîchère, la gestion de terroir. Ils refusent malheureusement d'adopter les méthodes initiées malgré la prise de conscience des impacts négatifs du tavy. Or, pour les Antanala, les innovations ne pourront pas rompre l'équilibre interne de leur système social. Ils souhaitent même un changement. L'on sait que l'introduction d'un nouveau système technique peut entraîner une dynamique sociale par l'augmentation des ressources, l'apparition de changement dans d'autres domaines, notamment dans les relations sociales et le niveau de vie ; pourtant, ils ne pensent pas relâcher la tradition. On prévoit alors l'apparition de phénomènes permettant de concilier les deux systèmes (moderne et traditionnel) tel le phénomène de syncrétisme dans la croyance antanala. Nous tenons à remarquer qu'une minorité a exclusivement opté pour le christianisme abandonnant totalement la tradition. Le refus d'adopter les méthodes provient de multiples facteurs, mais parlons d'abord du mode d'adoption des innovations par la société antanala. Dans une société donnée, l'adoption d'une innovation provient des pionniers qui acquièrent les biens ou les méthodes pour servir d'exemple pour les autres et pour expérimenter. L'on sait que les innovations partent en principe du haut de la hiérarchie sociale selon le Curé Haton. Dans la société de consommation, les pionniers sont des gens à haut revenu pouvant acheter les premiers les biens nouveaux. Chez les Antanala, d'une manière générale, ce sont les fonctionnaires, commerçants, les personnes exerçant les professions libérales et les religieux du chef-lieu de la commune qui sont en position d'introduire des changements. Ce sont les créditeurs de la commune. Certains d'entre eux font parfois des prêts usuraires dits "vary metso54" pendant la période de soudure. En matière agricole, les Betsileo immigrants sont plus favorables à l'adoption des innovations, du fait du caractère stérile de leur sol dans leur village d'origine et qui nécessite des techniques modernes pour s'en sortir. Ils sont par conséquent plus ouverts en la matière. Pourtant, si le Betsileo se marie à un ou une Antanala, il se trouve en difficulté pour l'appliquer. Ils peuvent diffuser les méthodes autour d'eux étant donné leur affinité aux Antanala. La communauté des Sœurs "Saint Paul de Charte" qui dirige les activités de CRS Ifanadiana les mettent également en pratique pour servir d'exemple aux paysans. Par contre, les Antanala attachés à la tradition n'adoptent qu'après essai de ces pionniers. La diffusion y

54 somme d’argent donnée en échange de paddy lors de la récolte. est difficile pour les fokontany situés aux confins de la commune. Ils font partie des retardataires dans la connaissance et l'application de ces méthodes.

b - Les obstacles à l'adoption Une minorité a donc été portée à tester ces méthodes et communique plus facilement aux organismes et vulgarisateurs. L'adoption définitive ne sera pourtant réalisée qu'après un essai réussi et satisfaisant. Il faut soutenir l'effort du paysan en lui rendant constamment visite pour maintenir son dynamisme, redresser ses erreurs, résoudre les difficultés particulières auxquelles il se heurte. Pour le reste de la population, les obstacles peuvent être, en premier lieu d'ordre physique puis matériel. Les techniques proposées nécessitent beaucoup d'énergie et de la nombreuse main-d’œuvre, à moins de posséder des machines. Les paysans se plaignent de la dureté de ces travaux. Par exemple, pour cultiver sans brûlis le manioc ou le riz, on procède d'abord au défrichement, puis au ramassage des arbres mesurant en moyenne plus de 8cm de diamètre et 4m de haut. Le plus difficile est le déracinement de plus de 50 000 arbres sur terrain de 1ha. Il ne s'agit pas ici comme on dit souvent de paresse d'après l'adage "mitady tany malemy hanorenam-pangady"(littéralement, chercher de terrain facile à travailler). Tout prouve pour les paysans que le vulgarisateur n'a pas idée des travaux à entreprendre. D'ailleurs, les enseignements sont donnés de manière théorique. En outre, le temps de travail et l'entretien sont importants dans les nouvelles méthodes, contrairement aux méthodes traditionnelles. Le tableau ci-dessous montre la comparaison des deux méthodes permettant de dégager ainsi leurs avantages et inconvénients.

Tableau 14: comparaison entre riz irrigué et riz pluvial (tavy)

RIZ IRRIGUE RIZ PLUVIAL Traditionnel Amélioré Culture sur brûlis (tavy) Nature des travaux Travail jour/ ha Travail jour/ ha Nature des travaux Travail jour/ ha Pépinière : - préparation du sol 02 03 Ø Ø -Semis 01 01 Ø Ø Coupe : - arbustes 08 Rizière : - arbrisseau 30 - Préparation du sol 70 90 Abattage de gros arbres 06 - Repiquage 30 35 Brûlage 01 TRAVAUX DE CHAMPS - Entretien 25 (1 sarclage) 39 (2 sarclages) Semis 16 - Coupe 50 40 Entretien 28 - Conditionnement 18 15 Récolte 43 Conditionnement 15 TOTAL 196 223 147 RENDEMENT 2t/ha 5t/ha 1t/ha Enquête :DESY

Ce tableau est inspiré de celui de la Monographie de la région de Vatovavy comparant riziculture traditionnelle et riziculture améliorée. Malgré la nécessité de fournir d'investissements importants en matière de riziculture améliorée, elle rapporte le plus de rendement 5t/ha contre 1t/ha pour celui de la culture sur brûlis. Cependant, le système de riziculture intensive (voly vary maro anaka) est le plus intéressant en la matière, produisant plus de 10t/ha. De plus, ses grains présentent une qualité particulière (pesant). Après la récolte du SRI, voly vary maro anaka ou ketsa valo andro, la rizière est facile à travailler et ne se couvre pas trop d'herbes. Or, pour réaliser le SRI, il faut procéder à des calculs tels: calculs du nombre de jours, du volume d'eau nécessaire, de la proportionnalité entre la superficie et la semence, des distances pour repiquer, etc. L'emploi d'engrais dépend de la qualité du sol et n'est par conséquent pas obligatoire. Le semis doit être fortement surveillé contre les oiseaux nuisibles pendant environ trois semaines. Sur le plan économique, les travaux qui exigent l'emploi des nouveaux outils et machines modernes n'auront pas de chance d’être appliqués. Le pouvoir d'achat des paysans empêchera leur réalisation. Il faut pour cela faciliter leur accès à ces moyens de production. Il convient alors d'être très prudent dans la vulgarisation des facteurs modernes de production, l'engrais peut être trop cher, le matériel hors de portée de l'économie paysanne ou inadapté aux petites parcelles traditionnelles. Un progrès technique n'est accepté que s'il est compatible avec l'état de la société. Par ailleurs, les paysans se sont contentés de produire "peu et mal". Or, un paysan qui se veut être professionnel doit investir. Qui dit investissement, dit oser prendre des risques. Le développement devient une question de mentalité. On sent en effet le manque de volonté de prendre des risques dans le changement du système de culture. Les revenus des paysans sont souvent dépensés dans les cérémonies traditionnelles au détriment des investissements dans les activités génératrices de revenus. Notons en passant que des projets pouvant fournir de nouvelles ressources financières aux paysans telles pisciculture, apiculture, intensification de la culture bananière, ont été élaborés par des organisations paysannes pour être financés par le PSDR (cf. annexe 9). Cependant, étant découragés par l'absence de financement, ils ont abandonné. Sur le plan social, le bas niveau d'instruction des paysans antanala et leur taux élevé d'analphabétisme entraînent pour ces gens la difficulté de comprendre et d'appliquer les nouvelles techniques agriculturales. Enfin, les vulgarisateurs n'arrivent pas à suivre l'évolution et le développement des technologies et pratiques agriculturales modernes. Ils se contentent de vulgariser les anciennes pratiques qui sont la plupart du temps inefficaces. En outre, le manque de communication entre les ONGs et les paysans conduit les agriculteurs à l'indifférence.

c - Les innovations actuelles Focalisons maintenant notre attention sur les innovations agricoles actuelles même si elles sont encore méconnues de la majeure partie des paysans malgaches. La principale innovation concerne les organismes génétiquement modifiés, c'est-à-dire micro-organisme végétal ou animal ayant subi une modification artificielle de ses caractéristiques génétiques initiales par ajout, suppression ou remplacement d'au moins un gène. Chez le riz, la transformation génétique est utilisée pour introduire de nouveaux caractères dans les variétés existantes et pour déterminer la fonction de l'ensemble des gènes. Cette innovation suscite des polémiques mais pour les paysans antanala, ils ne sont pas vraiment contre cette transformation. Cependant, si la prolifération de maladie coïncide avec la pratique ou la consommation de ces produits, cela peut signifier le mécontentement voire même la colère des ancêtres du fait de l'adoption de ces méthodes. Les agronomes parlent également de plus en plus de culture soucieuse de protection de l'environnement c'est-à-dire des nouvelles formes d'agriculture qui sécurisent la production des agriculteurs mais préservant les ressources naturelles. Il en est ainsi du "semis direct sur couverture végétale" qui consiste à semer directement le riz sans labour préalable, sur une couverture végétale qui protège le sol. Cette étude a été réalisée par les chercheurs du CIRAD. Il protège le sol contre l'érosion, améliore sa fertilité en favorisant l'activité biologique du sol et assure durablement une production élevée du riz pluvial et d'autres plantes. Rentrant dans ce même ordre d'idée, l’ANGAP a initié un mode de gestion de terroir aux jeunes agriculteurs catholiques d'Ifanadiana (FTMTK). Les plantes se cultivent suivant un certain ordre. Le bois de forêt couvre le sommet, suivi des sapins et de l’eucalyptus. Viennent ensuite les arbres fruitiers. En descendant la colline, on trouve les cultures vivrières. La culture du riz se fait au pied de la colline, le riz pluvial se superpose alors à la rizière. Ce mode peut être résumé par le schéma qui suit :

Schéma 9: gestion de terroir

Bois de forêt

Sapins, eucalyptus

Arbres fruitiers (litchis, orange,…)

Cultures vivrières (manioc,haricots…)

Riz pluvial (sans brûlis)

Rizière

Source : Exposé de l’ANGAP Ranomafana

Cette méthode correspond plus ou moins à la pratique déjà constatée dans la commune. Notons quand même que le reboisement envisagé d'une partie du terroir ne trouve pas encore d'adhérents dans la commune sauf intense animation accompagnée de sanction positive.

En conclusion, les méthodes vulgarisées ont presque échoué dans la commune n'ayant enregistré aucun adepte sauf quelques immigrants betsileo et communauté religieuse dans la pratique de SRI. Le schéma général de l'expansion de l'adoption suivant la hiérarchie sociale n'a pu eu lieu en raison des obstacles notamment économiques et physiques. Les innovations doivent pouvoir concurrencer avec les pratiques culturales ancestrales qui se caractérisent par leur facilité et simplicité. Tout programme de vulgarisation qui se veut être efficace part de la connaissance du milieu antanala. Il ne suffit pas de répandre de l’information afin de conscientiser la population, ni de viser à obtenir ou accroître les appuis aux projets en faisant croire que la population approuve les propositions. Il s’agit de lui permettre de revendiquer, d’affirmer sa position. Pour reprendre les termes de Henri Mendras dans les Eléments de Sociologie, ces paysans ne sont pas hostiles aux innovations, seulement, pour être acceptées, elles doivent s'insérer dans le système technique existant, le perfectionner mais non le contredire. Elles sont à concilier à un besoin ressenti.

Pour une meilleure participation de la population rurale et pour lutter contre le tavy, nous proposons modestement les hypothèses qui suivent. Les méthodes utilisées par le pouvoir public doit viser à rompre avec la verticalité, la directivité. Il peut pour cela recourir aux mécanismes traditionnels de communication comme dans le cas de la commune d’Ifanadiana. Il s’agit de suivre les étapes du processus de prise de décision antanala, notamment la consultation des villageois avant la prise de décision. En schématisant le processus de décision du pouvoir public, on arrive à fixer comme suit les types de participation suivant les étapes : ETAPES DU PROCESSUS DE DECISION FORMES DE LA PARTICIPATION Fixer le problème à résoudre - Définir les objectifs - Collecte des données Fournir des informations Traitement de l’information Consultation Elaboration de stratégies Elaboration conjointe Adoption des stratégies Participation passive Exécution Contrôle de l’exécution par le VOI et les paysans La modernisation du monde rural repose également sur une formation pluridisciplinaire des vulgarisateurs et animateurs ruraux pour qu'ils puissent bien cerner les problèmes des collectivités rurales. Ces animateurs peuvent provenir des paysans même pour diffuser les techniques alternatives au tavy. Il est de ce fait indispensable de se rapprocher de plus en plus du monde rural car comme on dit "les paysans doivent toujours être à la base d'une politique de protection de la biodiversité puisqu'ils habitent à proximité". Ce sont de vrais connaisseurs en matière d'agriculture, les solutions aux problèmes du tavy sont à puiser auprès d'eux ou du moins partir de leurs expériences. Il apparaît clairement que la descente sur terrain des agronomes est nécessaire, l'objectif étant de valoriser les compétences sur terrain. Ils ne devraient donc pas s’accrocher aux postes d'administration.De plus, la communication rurale doit être améliorée à Madagascar en intensifiant les programmes réservés à la population agricole à la radio nationale, en faisant correspondre l'heure de l'écoute à la disponibilité du paysan. Communiquer n'est pas tout simplement informer mais échanger des informations et points de vue avec les paysans. L'on sait qu'il existait déjà auparavant des journaux ruraux mis en place par les organismes de développement, des associations et Eglises. Ils sont presque inopérants actuellement car leur développement dépend du pouvoir d'achat des paysans et de la suppression de l'analphabétisme dans les milieux ruraux. Le service de la communication rurale peut, par contre, lancer des projets de radio locale. Son action est beaucoup plus rapide du fait de caractère oral de la communication. Elle permet de se rapprocher des paysans grâce à l'emploi des dialectes. Les fonctions des radios rurales pour le développement peuvent se résumer en un outil d'échange, d'expression démocratique et de collecte des besoins de la communauté rurale. Afin de toucher le plus grand nombre de la population, il est nécessaire de résoudre le problème de la cherté des piles et faciliter l'accès aux postes de radio par une "opération radio" dans les campagnes. Il s’agit de rééditer la politique de l’ « opération transistor » de la Première République, comme le poste « akon’ny fo » ou « lohan’omby ». L'électrification de tous les fokontany de la commune semble indispensable, les chutes de la commune, comme celle de Mangalahenatra pouvant servir de barrage. Le développement du monde rural passe également par l'octroi des moyens financiers, humains et techniques aux collectivités de base, agriculteurs, vulgarisateurs et au service local des eaux et forêts. Les facilités d'accès aux crédits agricoles doivent s'accompagner d'animation et éclaircissement à l'égard des paysans qui ont peur d'emprunter faute de ne pouvoir les rembourser. Ensuite, le besoin d'ouverture de la commune nécessite la mise en place de voies de communication et de services de transport bien entretenus pour écouler les produits et pour obtenir un changement de la mentalité paysanne grâce aux contacts de cultures. Il s'agit de réhabiliter la RN25, les routes inter-communales ou routes nationales temporaires reliant Ifanadiana - Ambohimanga du Sud - Ambositra, Ifanadiana - Ikongo et Ifanadiana- Androrangavola, ainsi que les routes intra-communales. Il en est de même pour les infrastructures de base telles écoles, hôpitaux et surtout les marchés locaux jugés insuffisants par les agriculteurs de la commune d'Ifanadiana. Enfin, les représentants de l'Etat ne doivent pas donner de place au laxisme, les règlements et lois deviennent presque inefficaces dans la commune. Par ailleurs, pour donner aux décisions de l'administration la même force que les décisions prises au niveau de la communauté villageoise, les agents de l'administration devront respecter les structures pré établies et les traditions au sein de la société comme la discussion dans le tranon-dahy et le "mari-body". Ainsi, les décisions pourront facilement trouver application. En outre, il est recommandé au gouvernement de multiplier les sanctions positives comme les récompenses attribuées aux agriculteurs et aux agents locaux de l'administration et les diffuser à l’intention des paysans. Les élus locaux pourront répondre aux aspirations de la population paysanne en jouant effectivement le rôle de relais entre cette population et l'Etat.

La lutte contre le tavy est une entreprise difficile. Elle nécessite la mise en place d’une politique de communication qui essaie de concilier les points de vue des gouvernants et techniciens à ceux des paysans. Selon les paysans antanala, le tavy est une méthode de culture simple mais efficace, il permet de perpétuer la tradition ancestrale. Cependant, gouvernants et environnementalistes le perçoivent comme une mauvaise méthode qui détruit la forêt et rompt l’équilibre de la nature. Cette réconciliation passe nécessairement par la connaissance du mode de vie des habitants de la commune rurale d’Ifanadiana, de leur système agricole, .ainsi que de leur organisation sociale. Aux questions de savoir comment introduire des changements sociaux et économiques, comment lutter efficacement contre le tavy dans les communes rurales, l’Etat a usé des moyens de diffusion de masse tels la radio et la télévision que la plupart des paysans malgaches possèdent. La radio présente, en effet, un bon moyen de communication pour une société de tradition orale où la relation interpersonnelle se trouve très développée. L’accès à des postes radios reste cependant difficile pour nombreux paysans antanala du fait de leur faible pouvoir d’achat, d’autant plus que seule une partie du fokontany Ifanadiana est électrifiée. Pour renforcer les échanges et recueillir les recommandations paysannes, des réunions et plate-formes ont été également organisées par le Ministère de l’environnement, des eaux et forêts au niveau du chef-lieu des sous-préfectures comme la Plate-forme pour l’élaboration des stratégies de lutte contre le tavy. Ces réunions resteront cependant inefficaces si elles ne bénéficient qu’à quelques personnes instruites du chef –lieu, non représentatives des vrais pratiquants de tavy. Le problème de communication peut, en outre, résulter de certaines insuffisances constatées au niveau de la gestion de l’information par le système politique. Assurer le fonctionnement de la communication politique implique des efforts de réduction des écarts entre les décisions prises et les aspirations de la population. La connaissance de ces aspirations conduira les gouvernants à concilier les objectifs gouvernementaux et exigences internationales au savoir écologique traditionnel. L’étude des services d’information et services de contrôle de l’Etat, que ce soit au niveau local, régional ou national, a mis en exergue la nécessité de mettre à leur disposition des moyens financiers, matériels et humains nécessaires à la réalisation de leurs tâches. Il en est ainsi pour le service du cantonnement des eaux et forêts, organe de contrôle au niveau de la sous-préfecture d’Ifanadiana, en relation directe avec les ruraux. La vulgarisation des méthodes améliorées et modernes permet par ailleurs de diffuser des alternatives à la culture sur brûlis en milieu rural. Dans la commune rurale d’Ifanadiana, aucune méthode vulgarisée n’a pu être adoptée par les paysans, à part par quelques immigrants et communautés religieuses. Par contre, certaines techniques betsileo ont pu être adoptées car ce sont des migrants dont les coutumes présentent une certaine similitude avec celles des Antanala. Ces Betsileo ont en effet un système de culture assez différent de celui des Antanala, bien qu’ils pratiquent le tavy, à cause de la mauvaise qualité de leur sol et l’aridité de climat. Ces phénomènes montrent que l’étape de la connaissance préalable du milieu, des conditions de vie et de la culture des paysans ne doit pas être négligée. Le vulgarisateur ou la personne qui réussit à diffuser de nouvelles méthodes est celui qui sait entrer en communication avec les Antanala. Pour être adopté, le savoir-faire ne doit pas être complexe ni trop dur pour les paysans. En d’autres termes, il doit pouvoir concurrencer avec la technique culturale traditionnelle. L’encadrement théorique doit aussi s’accompagner d’une pratique pour être compris. Pour terminer, disons que la maîtrise de la communication aide à la réalisation des objectifs du gouvernement, notamment en matière d’éradication du tavy. Il est primordial d’impliquer la population rurale dans le processus de prise de décision, dans l’élaboration des stratégies de lutte. La population locale peut être érigée en un organe de concertation, voire même de décision partagée au pouvoir public. Ainsi, toute résistance de la population rurale peut être évitée. Un rapide changement de comportement s’obtient également en procédant à l’ouverture de la commune par le développement des infrastructures routières et des chaînes locales accompagné de la facilitation de l’acquisition des outils de communication comme la radio et la télévision.

A- OUVRAGE DE SOCIOLOGIE DE BASE 1. ARON, R.. 18 Leçons sur la société industrielle. Gallimard, Paris, 1963. 2. DURKHEIM, E. Les règles de la méthode sociologique. PUF., Paris, 1947. 3. LEVI-STRAUSS, C. Anthropologie structurale. Plon, Paris, 1958. 4. LEVI-STRAUSS, C. Les structures élémentaires de la pauvreté. PUF, Paris, 1949 5. MAUSS M. Sociologie et anthropologie. PUF, Paris,1950. 6. MAUSS, M. Les fonctions sociales du sacré. vol.I, Minuit, 1968. 7. MENDRAS, H. Eléments de sociologie. A. Colin, Paris, 1975. 8. MENDRAS, H. Les paysans et la modernisation de l'agriculture. CNRS, Paris, 1958.

9. PIAGET, J. Etudes sociologiques. Libr. DROZ, Genève, 1965. 10. RIESMAN, D. La foule solitaire. Arthaud, Paris, 1964. 11. WACH, J. Sociologie de la religion. Payot, Paris, 1955. . B- OUVRAGES GENERAUX 12. ALTHABE, G. Oppression et libération dans l'imaginaire. Les communautés villageoises de la côte orientale de Madagascar. Maspero. Paris, 1969, 354P. 13. BASTIAN G. Madagascar, Etude géographique et économique. Fernand Nathan, Paris, 1967, 192 p. 14. BEAUJARD, P. Les tanala de l'Ikongo- Thèse 3è Cycle EHESS 6è section, Paris, 1978. 15. BEAUJARD, P. Les conceptions symboliques de la royauté et l'exercice du pouvoir dans les royaumes tanala de l'Ikongo. In Les souverains de Madagascar (Prés. par RAISON-Jourde, Françoise, Ed Karthala), 1978, pp 299-336. 16. COMMUNE RURALE IFANADIANA. Plan Communal de Développement, 2003. 17. DSRP. Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, Mai 2003. 18. INSTAT. Monographie de la région de Vatovavy, 2003. 19. LE ROY E, KARSENTY A et BERTRAND A. « La sécurisation foncière en Afrique » (Pour une gestion viable des ressources renouvelables). Edition Karthala, Paris, 1996. C- OUVRAGES SPECIALISES a) Communication : 20- BERQUE P, FOY E. ET GIRARD B. La passion radio. 23 expériences de radio participative et communautaire à travers le monde. Syros-Alternatives. Paris, 1993, 275p. 21- ESNAULT D. MADA MEDIAS, Le premier guide de la communication et des médias à Madagascar. Cite. Antananarivo, 1997, 288p. 22- FAO. Manuel de communication pour le développement. FAO, CESPA, PNUD, Rome 1999, 88 p. 23- RAJOELINA P. Les infrastructures de communication à Madagascar. In Madagascar Océan Indien, Harmattan, Paris, 1991. pp. 104-110. 24- SAUQUET M. Le voisin sait bien des choses. Communication et participation en milieu rural: leçons du cas brésilien. Syros Alternatives. Paris, 1990, 135 p. . b) Environnement : 25- ANDRE, P. L’évaluation des impacts sur l’environnement (EIE). Presses internationales polytechniques, 1999. 26- Bertrand Alain & Sourdat M. Feux et déforestation à Madagascar. Revues bibliographiques. Antananarivo: CIRAD,ORTOM, CITE. 153 p, 1998. 27- RABEVOHITRA, ABRAHAM, J-P et RATSIRARISOA. Contribution à l'étude de la flore forestière. Lexique des noms vernaculaires répertoriés à l'herbier du DRFP- FOFIFA, Antananarivo, 1998. 28- RAZAKAMANANTSOA A. La politique et les enjeux de la conservation de la biodiversité à Madagascar : Collaboration Nord-Sud ou néocolonialisme ? Université de Genève, faculté des sciences économiques et sociales, 1995. 29- SCHATZ, G.E. Flore générique des arbres de Madagascar. Royal Botanic Gardens, Kew et Missouri Botanical Gardens, 2001. 30- SERVICE FORESTIER DE MADAGASCAR. Flores de Madagascar. DRFP- FOFIFA Antananarivo, 1996.

c) Agriculture 31- ABEYIO S. Le riz et la riziculture à Madagascar. CNRS, 231 p, 1984. 32- BENTZ B. Appuyer les innovations paysannes. Dialogue avec les producteurs et expérimentations en milieu paysan. GRET, Paris, 2002, 88p. 33- CHABROLIN R. La riziculture de tavy. In La riziculture sur la côte Est de Madagascar. pp 8-32, 1963. 34- CHRISTOPLOS I & ANDREW. Guide de suivi, d'évaluation et d'analyses conjointes des programmes d'appui à la vulgarisation agricole. Lindau : Groupe de Neuchâtel ( GTZ, DDC, Coopération française), 26p. 35- DEZ J. Un des problèmes de développement rural : la limitation des feux de végétation. Terre-Malgache (Ecole Nationale Supérieure Agronomique), 4 juillet 1968. pp 97-124. 36- RAKOTOARISOA J. Tavy : Question de survie, Adaptation au milieu naturel, ou destructeur de ce milieu ? CIRAD-FOFIFA Polycopié, Antananarivo, 1997. 37- RAKOTONARIVO, S. La culture sur brûlis sur le versant Est de Madagascar : proposition d'amélioration de la rotation culturale et de la jachère. Mémoire DEA pp.199. ESSA-Forêts; Université Antananarivo, 2000. 38- RAZAFIARIVONY, M. Le saotra dans la société tanala. In Ranomafana, Ifanadiana : le Tanala, la foret et le tavy, 1978.

D- SEMINAIRES ET COLLOQUES

39- ANDRIAMANANJARA H, RADILAHY H, RANDRIANARISON J. La région de Ranomafana Ifanadiana : une région en développement. Communication au colloque International d'Histoire Fianarantsoa. Ronéo, 1978, 8p. 40- FANONY M.F. Un modèle de stratégie de conservation de la forêt à Madagascar; l'exemple d'Andrianampoinimerina. In Acte du séminaire international sur la gestion de l'environnement. Zone africaine de l'océan indien. Toamasina, Madagascar, 25 oct 30 oct 1988. UNESCO, PNUD, Paris, 1989, pp. 349-352. 41- RAKOTONIRINA, G. Problèmes des tavy. Séminaire international : Equilibre des écosystèmes forestiers à Madagascar. pp 180-184. 42- TEFY SAINA. Système de riziculture intensive ou SRI et aménagements des vallées rizicoles. Rapport de séminaire du 21-25 juin 1993. Centre Soanavela, Mahitsy- Ambohidratrimo: Association Tefy Saina. 75p, 1993. 43- RATOVOSON C. Pour ou contre le tavy: Le cas de la côte orientale malgache. Résumé de conférence. 44- SEMINAIRE NATIONAL. De la vulgarisation agricole, Tamatave, 1970. 45- WEBER J. Conservation, développement et coordination : peut-on gérer biologiquement le social ? Colloque Panafricain consacré à : Gestion Communautaire des Ressources Naturelles Renouvelables et Développement Durable ? Harare, 24-27 juin 1996.

E- ARTICLES, REVUES ET RAPPORTS

46- CHADEFAUX C. Presse et développement à Madagascar : quand la société établie prend la relève d'une censure officiellement abolie. In Madagascar après la tourmente : regards sur dix ans de transitions politique et économique. (Sous la direction de Roubaud François). La documentation Française. Afrique Contemporaine N°202-203, Paris, 2002, pp.45-54, 47- DEZ, J. Les feux de végétation - Aperçu sociologique. In Bulletin de Madagascar n°247, 1966, pp 1211-1229,. 48- DESMONCOEUR R. Le projet politique de la religion. Mini-mémoire de Fin d’étude premier cycle. Université d’Antananarivo. Fac. DEGS. Département de Sociologie, 1998. 49- DESMONCOEUR R. La tsangambato dans son entité et ses intéractions. Mémoire de Licence. Université d’Antananarivo. Fac. DEGS. Département de Sociologie, 2000. 50- FRASLIN J-H. Quel avenir pour les paysans de Madagascar ? In Afrique Contemporaine N° 202-203. Numéro Spécial : Madagascar après la tourmente : regards sur 10 ans de transitions politique et économique (sous la direction de François Roubaud). La documentation française. Paris, 2002, pp. 93-110. 51- KIENER A. Le tavy à Madagascar. Ses différentes formes et dénominations; bilan du tavy et problèmes humains; moyens de lutte. Revue Bois et forêts des tropiques, N° 90 (Juillet-Août 1963), pp 9-16, 1963. 52- PNVA, Rapport d’activité de 1997-1998. 53- RAZAFIMPAHANANA B. L'adaptation à une technique culturale nouvelle en milieu rural malgache. Terre, N°7 (Janvier 1970). 1970, pp. 83-98.

F- TEXTES JURIDIQUES

- Code de 101 articles (1868) / code de 305 articles (1881). - Loi n° 96-025 relative à la gestion locale des ressources renouvelables. - Ordonnance n° 60-127 du 03 Octobre 1960 fixant le régime des défrichements et des feux de végétation, modifiée par : Ordonnance 62-121 du 01 Octobre 1962 ; Ordonnance 72-039 du 30 Octobre 1972 ; Ordonnance 75-028 du 22 Octobre 1975 ; - Ordonnance n° 76-030 du 21 Août 1976. - Ordonnance n° 82/313 du 19 juillet 1982 fixant la limitation des feux de végétation. - Décret du 25 Janvier 1930. - Décret n° 87-143 du 28 Avril 1987. - Décret n° 2002-793 du 07 Août 2002.

G- INTERNET - BEMA. Projet Bilan Ecologique à Madagascar. http:/mm-cde.ch/africaafr25.htlm - NAMBENA, J. Recherches participatives pour une subsistance durable sur le versant oriental de Madagascar : pistes vers l'identification des alternatives fiables à la culture sur brûlis. www. bondy.ind.fn/pleins textes 4/biologie/175578 - RAMAMBAZAFY, J. Tavy : enfin une solution durable et définitive ? http://www.madagascar.de/1decfre/02102tribunenatur.htm - ASSEMBLEE NATIONALE de la République de Madagascar, 2004. http://www.assemblée-nationale.mg/fr/actual/loi2004.htm

ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE

QUESTIONNAIRE POUR LES PARTICULIERS

1 - Renseignement sur la personne enquêtée

Situation Nombre d’enfants et Date Village/fokontany matrimoniale charges Nom Origine Occupation Niveau d’étude

Age Croyance Occupation du conjoint Remarque

2 - Culture et tradition

STRUCTURE PROCESSUS DE PRISE TRADITION REMARQUES SOCIALE DE DECISION Types de Déroulemen Signification Hiérarchie Rôle Etapes Objet tradition t des symboles

3- Circuits commerciaux des produits

CONSOMMATION VENTE REMARQUES quantit quantit consommateu Types de produits qualité qualité collecteur Distributeur é é r Riz Céréales Féculents Fruits Café Elevage AGRICOLE Autres Fabrication locale Produits non locaux Autres

4 – Déplacement au chef-lieu de la commune

PERIODE FREQUENCE RAISONS REMARQUES Jour du marché Achat Autre jour Vente Avant le tavy Rencontre Au moment du Prière tavy Après le tavy Bureau Autres Autres

5 – Pratique du tavy a – Avec autorisation

RAISON PERCEPTION DU ACQUISITION DE LA FORET DEROULEMENT REMARQUES TAVY PRATIQUE Procédure Types Etapes Période Avantages Alternatives

Conditions Surface Inconvénients Autres

b –Sans autorisation

DELINQUAN PERCEPTION DU FORET DEROULEMENT RAISONS SANCTION REMARQUES T TAVY primaire Types Etapes Périodes De la pratique Types Avantages Alternatives

Récidivist Surfac De l’absence effet Inconvénients Autres e e d’autorisation

6 – Infrastructures de base

INFRASTRUCTURES ECOLES CSB / CHD AUTRES ELEMENTS PUBLIQUE PRIVEE Nombre Niveau Nombre du personnel Etat actuel Fonctionnement Résultat Problèmes Remarques

7 – Infrastructure routière

ROUTES R.N. R.N.T R.I.C. ELEMENTS Villages / villes reliées Etat actuel Entretien Avantages des riverains Inconvénients Autres Remarques

8 – Sources d’information

SUPPORTS SOURCE D’ENERGIE ENDROIT FREQUENCE THEMES REMARQUES Journaux Lettres Rencontre Radio Télévision Prêche Réunion Autres

9 – Conseil en cas de difficultés quotidiennes et discussion des informations (agriculture, politique, religion…)

CATEGORIE RANG NATURE DOMAINE TYPES DE CONSEIL REMARQUES Ami Famille Voisin ONG Agent de l’administration Vulgarisateur Technicien Autres

10 – Discussion d’informations dans d’autres domaines

DOMAINES FREQUENCE THEMES REMARQUES Politique Social et culturel Economie Religion Santé Autres

11 – Réunion sur le système agricole

ELEMENTS ORGANISATEUR THEMES PROCEDURE RESOLUTION REMARQUES Technique culturale Tavy Protection de l’environnement Propriété foncière Circuit des produits agricoles Elevage Autres

12 – Essai des nouvelles méthodes

TYPES D’ESSAI FILIERE PARTICULARITES DE L’ESSAI RESULTAT OBSERVATION Culture sans brûlis S.R.I. Culture de rente Autres

13 – Refus des méthodes vulgarisées

METHODES FILIERE RAISONS PROPOSITIONS REMARQUES Culture sans brûlis S.R.I. Culture de rente Autres Maitien de culture

traditiinnelle

QUESTIONNAIRES POUR LES O.N.G. ET VULGARISATEURS

1 – Renseignement sur l’enquêté

Date Origine Service / Domaine

Nom Fonction Lieu d’exercice

2 – Connaissance des paysans

DEGRE DE SOURCE DE THEMES TECHNIQUE % PRATIQUANTS RAISONS REMARQUES CONNAISSANCE CONNAISSANCE Lois et règlements sur Traditionnel le tavy Techniques agricoles Amélioré vulgarisées Intérêt de la protection de Moderne l’environnement

Autres Autres

3 – Vulgarisation des innovations

THEMES ET MODES DE SUIVI ET DOMAINE OBJECTIFS 55 OBSTACLE RESULTAT REMARQUE PERIODE TRANSMISSION CONTROLE Agriculture Environnemen t Elevage Autres

QUESTIONNAIRE POUR LES ELUS LOCAUX ET RESPONSABLES ADMINISTRATIFS

1 – Renseignement sur l’enquêté

Date Origine Service / Domaine

55 Théorie, pratique, individuel, groupe, masse, autres

Nom Fonction Lieu d’exercice

2 – Connaissance des paysans

DEGRE DE SOURCE DE THEMES TECHNIQUE % PRATIQUANTS RAISONS REMARQUES CONNAISSANCE CONNAISSANCE Lois et règlements sur Traditionnelle le tavy Techniques agricoles Améliorée vulgarisées Intérêt de la protection de Moderne l’environnement Autres Autres

3 – Infrastructure routière

ROUTES R.N. R.N.T R.I.C. ELEMENTS Villages / villes reliées Etat actuel Entretien Avantages des riverains Inconvénients Autres Remarques

4 – Infrastructures de base

INFRASTRUCTURES ECOLES CSB / CHD AUTRES ELEMENTS PUBLIQUE PRIVEE Nombre / fokontany Niveau Nombre du personnel Etat actuel Fonctionnement Résultat Problèmes Remarques

5 – Les moyens de communication

ELEMENTS NOMBRES CATEGORIES REMARQUES MOYENS DE COMMUNICATION Radio Télévision Téléphone B.L.U. Autres

6 – Pratique du tavy

CATEGORIES DE NOMBRES RAISONS EFFETS FORET DECISIONS PRISES REMARQUES PRATIQUANTS De la Autorisé Type SurfaceProcessus Mesures pratique De l’absence Non autorisé d’autorisation

7 – Interdiction du tavy

MODES DE TRANSMISSION56 SANCTION MOTIVATION SUIVI OBSTACLES RESULTATS REMARQUES

56 Ecrit, oral, autres

ANNEXE 2

SYNTHESE DU RESULTAT DE L’ENQUETE

PRATIQUE DU TAVY

NOMBRE DES MENAGES

ENQUETES NON PRATIQUANTS PRATIQUANTS57

avec autorisation sans autorisation

LR58 PR59 LR PR LR PR LR PR

45 45 08 21 12 22 25 02 (50%) (50%) (8,89%) (23,33%) (13,33%) (24,45%) (27,78%) (2,22%)

90 (100%) 29 (32,22%) 61 (67,78%)

FACTEURS ENTRETENANT LE TAVY

NOMBRE COMMUNICATION SOCIO-ECONOMIQUE DES Insuffisance MENAGES Manque de de relation Agriculture Analphabétis Problème ENQUETES moyens de avec Enclave- de me et foncier communicatio l’administratio ment subsistance manque n n et les ONG. d’éducation

LR PR LR PR LR PR LR PR LR PR LR PR LR PR

45 45 37 30 31 44 45 09 43 39 29 43 40 45 50% 50% 41,11% 33,33% 34,44% 48,88% 50% 10% 47,7% 43,33% 32,22% 47,27% 44,44% 50%

90 (100%) 67 (74,44%) 75 (83,33%) 54 (60%) 82 (91,11%) 72 (80%) 85 (74,44%) 1

57 Des ménages qui n’ont défriché que des steppes ont été classés parmi les non pratiquants 58 Loin des routes

ANNEXE 3 IREO LALANA MIFEHY NY DORO TANETY SY NY DORO ALA

Mba ho entina hiarovana sy hikajiana ny zava-boahary misy eto Madagasikara dia misy ireo lalàna natao hifampifehezana, ka ahafahana manome sazy hamaizana ireo izay manao fanimbana ny ala sy mandoro tanety. 1° Didim-panjakana nivoaka tamin'ny 25 Janoary 1930; araka ny voalaza ao amin'ny : *Andininy faha-57: Ny fanimbana ny voly hazo nataon'olona dia ahazoana sazy an- tranomaizina 01 ka hatramin'ny 05 taona. * Andininy faha- 58: Ny fampiasana afo tsy nahazoana alalana, na tsy nanaraka ireo fepetra manokana voasoratra ao amin'ny fanomezan-dalana nomena, na koa ireo izay mandefa omby hiraoka eny amin'ny tany avy may na nolalovan'ny doro tanety dia ahazoana sazy an-tranomaizina 01 ka hatramin'ny 06 volana. Raha toa ka miitatra ho doro ala ny afo natao dia ahazoana sazy an-tranomaizina 01 ka hatramin'ny 02 taona. * Andininy faha-59: Ny mandoro tanety na doro ala novolena kosa dia ahazoana sazy an- tranomaizina 01 ka hatramin'ny 03 taona. Raha ohatra ka amoizana ain'olona ny fisian'ny doro tanety sy doro ala dia ahazoana sazy an-tranomaizina 01 ka hatramin'ny 05 taona. Raha tsy hita kosa na tsy fantatra ny olona nandoro tanety sy nandoro ala dia ny fokonolona iray tanàna no voasazy ka ny Filohan'ny fokontany voatendry ara-dalàna sy ara-panjakana no misolo tena ny vahoaka, manao sonia ny antontan-taratasy mikasika ny doro tanety nisy tao amin'ny faritra iadidiany; ary mety ahazoana lamandy na onitra mifanaraka amin'ny sandan'ny zavatra simba. * Andininy faha-60: Ahazoana sazy an-tranomaizina 01 ka hatramin'ny 03 volana kosa izay mandà na mamaly tsy handray anjara amin'ny famonoana afo amin'ny doro tanety. * Andininy faha-70: Ny mpiray tsikombakomba amin'ny mpandoro tanety dia voasazy mitovy amin’ny nahavita heloka. 2° Ny didy hitsivolana laharana faha- 60/127 nivoaka tamin'ny 03 Oktobra 1960 araka ny voalaza ao amin'ny: * Andininy faha-03 sy 07: Tsy azo atao ny manao tetika ala na tavy amin'ireto faritra ireto: . Alafady (réserve naturelle sy Parc National) . Faritra arovana (anaovana asa fikojakojana) . Tany misolampy mihoatra ny 50%

59 Proche des routes . Faritra ahitana tany mora mihotsaka (moron-drano sy morontsiraka misy fasika). * Andininy faha-09 sy 17: Tsy azo atao ny mandoro kijanan'omby raha tsy efa nahazo fahazoan-dalana avy amin'ny tompon'andraikitra mahefa. *Andininy faha- 34: Ny fandoroana tanety sy ala tsy nahy na niniana natao dia ahazoana sazy an-traomaizina 05 ka hatramin'ny 10 taona. 3° Ny didy hitsivolana laharana faha- 76/030 nivoaka tamin'ny 21 Aogositra 1976 araka ny voalaza ao amin'ny: * Andininy faha- 02: Izay mandoro tanety dia ho faizina handoa vola 3000 Ariary ka hatramin'ny 60 000 Ariary, ary hampidirina am-ponja 06 volana ka hatramin'ny 03 taona, na terena hanala tombok'andro hiasa. * Andininy faha-11: Hofaizina mandra-pahafaty ny mpandoro tanety raha misy telo amin'ireto endri-javatra manaraka ireto no nahavitany izany heloka izany : a)- amin'ny alina; b) – niarahana tamin'olona roa na maromaro ; d) - nitondra fitaovam-piadiana; e) - nanao herisetra; f) - nampiasa fomba fampirehetana afo miotrika ; g) - nitondra fiara mandeha milina. Hiasa mandritry ny 10 ka hatramin'ny 20 taona no sazy miandry raha toa ka roa amin'ireo endri-javatra ireo ny nanaovana ny doro-tanety. 4° Didim-panjakana laharana faha-82/313 nivoaka tamin'ny 19 jolay 1982 mamaritra ny fepetra momba ny afo kijàna: • Tsy maintsy misy aro-afo mirefy 20 metatra manodidina ny faritra ho dorana. Ny fandorana kijàna dia tsy azo atao afa-tsy amin'ny atoandro ary amin'ny fotoana tsy misy rivotra. Tsy maintsy eo avokoa ny vatan-dehilahy eo amin'ny fari-piadidiana ary mivonona hamono afo raha sanatria misy fitarany ivelan'ny faritra. 5° Didim-panjakana laharana faha 87/143 nivoaka tamin'ny 28 Aprily 1987; araka ny voalaza ao amin'ny : * Andininy faha-7 : Ny tanimboly ho dorana dia asiana aro afo mirefy 10 metatra ny sakany * Andininy faha-11 : Tsy azo atao ny fandorana kijàna raha tsy nahazo alalana tamin'ny lehiben'ny vondron'ala sy ny filohan'ny Fivondronana "IZAY VOADORO TSY HO VOASOLO, KA NY FIHARIANA NO KOLOINA"

source : Ministère de l’environnement, des eaux et forêts

ANNEXE 5

ANNEXE 6

ANNEXE

CROQUIS / EXTRAIT CARTE DU PARC DE RANOMAFANA

ANNEXE 8

TABLE RONDE ORGANISEE A Quelques exemples : MANANJARY DATE 1 SEPTEMBRE 2003 DINIKASA NATAO TAO Objet : MANANJARY STRATEGIE POUR LA PROTECTION NY 1 SEPTEMBRE 2003-08-26 DU CORRIDOR FORESTIER ET LA Antony: PROBLEMATIQUE POSEE PAR LA PAIKA ADY HIAROVANA NY PRATIQUE DU TAVY TEHEZAN ’ ALA SY NY OLANA ATERAKY NY FANAOVANA TAVY INTRODUCTION

• La situation géographique associée FANOLORANA aux conditions climatiques généralement pluvieuses privilégient • Ny Faritanin’i Fianarantsoa dia la Province de Fianarantsoa en malaza ho toerana be oran’andro matière de richesse en biodiversités ary izay toetr’andro izay no et des forêts humides tropicales. mahavanona ny zavaboahary tahaka ny zava-maniry sy ny biby • Depuis quelques années, ce ary koa ny ala mikitroka. patrimoine est sérieusement menacé de disparition et l’on retient qu’il • Taty aoriana dia hita fa 12.73%n’ny n’y a plus que 12.73% de la Faritany Fianarantsoa sisa no Province de Fianarantsoa qui est rakotra ala, noho izany efa madiva couverte de forêts. ho ringana izany ala mahafinaritra reherehan’ny Faritany • Les causes de cette menace sont Mizakatenan’i Fianarantsoa izany. nombreuses, hélas, sont dues aux actions et pressions exercées par • Ny fototra niandohan’izany l’homme. fahafongoran’ny ala izany dia nohon’ny hetraketraky ny olombelona indrindra fa isika miaina amin’io ala : ny fanaovana A- CONSTAT teviala, ny tavy sy fandoroana ny tanety tsy ankijanona. • La grande forêt de l’Est malgache ne sera plus qu’une légende si des A- ZAVA-MISY mesures efficaces et urgentes ne sont pas prises. • Ho tapitra tsy ho ela ny aln’atsinanana ka lasa angano sisa • Depuis un certain nombre d’années, raha dien’izao no tsy MANDRAY on a constaté un relâchement des ANDRAIKITRA ISIKA mesures de protection de nos forêts REHETRA. et des zones littorales hautement • Taona vitsivitsy lasa tokoa izay dia riches en biodiversités. hita fa nihanalefaka ny fepetra entina miaro ny ala teo aloha sy ireo • Les pressions exercées sur ces forêts zavaboahary maro mandravaka ny sont de diverses natures. morontsiraka atsinanana. • Ary dia maro karazana ny fampiasana ny ala sy ireo hetraketraka entina mamono ireo explicitement le malheureux signe du zavaboaharyireo. désespoir, d’une lutte acharnée pour nourrir au jour le jour une famille très démunie durant l’année. D’autres phénomènes viennent aussi Ohatra vitsivitsy amin’izany : accentuer la dégradation rapide des 1) LA PRATIQUE DU TAVY OU biodiversités rapide des biodiversités – CULTURE SUR BRULIS exemple: les cyclones, les inondations qui • Tradition séculaire, la culture sur sont en effet favorisés par la disparition brûlis reste encore le lot de nombreux chronique des végétations. paysans de la façade littorale 1) FANAOVANA TEVY ALA SY TAVY malgache de la zone de falaises • Fomba amam-panao nahafongotra ny jusqu’aux rubans forestiers de ala atsinanana io mbola tohizan’ny broussailles de l’Océan. sasany amin’izao io. Ny ala antampon- • L’intensification de l’abattage des tanety lavitra ka hatrany amoron- forêts pour le tavy est en majeure dranomasina misy savoka dia simba partie ressentie dans la zone des amin’izany. collines et des montagnes, voire des • Ny fitomboan’ny tevy ala mikitroka falaises où les zones aménageables en hanaovana tavy dia efa hita ary rizières irriguées sont très étroites ou mampitahotra manerana ny tanety quasi inexistantes. rehetra sy ny amin’ny toerana avo dia avo sarotra aleha aza izany dia hita indrindra fa amin’ireo faritra 2) LES EXPLOITATIONS tsy ahitana toerana lemaka azo FORESTIERES. volena vary rano.

• Quoique quelque peu réglementées 2) NY FITRANDRAHANA ALA et contrôlées par l’Etat, les exploitations forestières figurent aussi Na dia teo aza ny lalàna mifehy sy ireo parmi les fléaux qui soumettent nos fanaraha-maso isan-karazany dia azo forêts à des pressions telles que lazaina fa isan’ny fanetribe manapotika ny beaucoup de périmètres finissent par alam-pirenena ny fitrandrahana ny ala disparaître. satria be dia be ny fanararaotana sy • En effet, outre les exploitations halatra afitsoky ny olona maro izay tsy illicites qui continuent encore d’exister nahazo alalana nefa mitonona ho – les feux de brousses viennent encore mpitrandraka ara-dalana ny ala. Io fomba accentuer la disparition progressive ama-panao io dia manafaingana ny des couvertures végétales. fahataperan’ny ala.

3) UNE PAUVRETE QUI ATTEINT UN SEUIL CRITIQUE TRES ALARMANT 3) NY FAHANTRANA MIANJADY C’est une situation très grave qui touche la AMIN’NY AMBANIVOHITRA quasi-totalité des paysans qui se livrent automatiquement à des activités de Nohon’ny fahasarotam-piainana izay subsistance dont la pratique du tavy ou mianjady amin’ny mponina maro eny culture pluviale. ambanivohitra dia voatery MIRAPAKA Ici, la relation entre l’homme et la nature AMIN’NY ZAVA-BOAHARY TAHAKA dépasse ce qu’elle devrait être car NY ALA ny olona rehetra sitrany ahay hita l’acharnement sur les biodiversités porte izay hohanina anio sy ampitso (niainy sy amaray). Izany no hahatonga ny fanaovana les campagnes et les Fivondronana de tavy tsy ankijanona. la Province Autonome de Eto dia tsy voahaja intsony ny tokony Fianarantsoa. hifandraisan’ny zanak’olombelona sy ny zava-boahary fa fandripahana ny ala sy ny Ici, au moins, le message a été manodidina no hita nohon’ny transmis et entendu à tous les fahasarotam-piainana. échelons.

• Cette étincelle pourrait être porteuse de réactions positives à l’endroit de la majorité des communautés villageoises qui vivent de la pratique du tavy. CONCLUSION • Quelles sont donc les réactions ? FAMINTINANA D’autres phénomènes viennent aussi accentuer la dégradation rapide des Mbola misy ny azo ambara raha ny antony biodiversités – exemple: les cyclones, les maharipaka ny ala sy ny tontolo iainana no inondations qui sont en effet favorisés par lazaina – Ohatra: ny rivo-doza, tondra- la disparition chronique des végétations. drano, doro-tanety nohon’ny hetraketraka (incendies involontaires) sns. Des mesures devront immédiatement être prises pour freiner la perte vertigineuse.

B- ACTIONS CONCRETES A MENER B - NY TOKONY HATAO MAZAVA TSARA SY HAINGANA 1) RAPPEL 1) FAMPAHATSIAHIVANA • Rappelons que beaucoup d’actions et mesures ont été depuis longues • Mazava loatra fa efa an-taonany dates pensées et couchées dans de maro no nisy fepetra noraisina nentina nombreux documents. hiaro ny zavaboahary. • Des conventions ou sommets • Betsaka koa ny fihaonana sy ny internationaux font appel à la bonne fifanarahana iraisam-pirenena volonté de toutes les instances nataon’ny mpitondra sy ireo olona autorisées pour stopper un fléau qui maro tsara sitrapo. ANKEHITRINY menace l’humidité entière. MIHA-KELY NY ALANTSIKA ARY TAONA VITSIVITSY SISA DIA HO LASA 2) LA PROBLEMATIQUE PROPREMENT TANTERAKA NY ALA. DITE DU TAVY FACE A LA PROTECTION DE NOS FORETS 2) FEPETRA RAISINA TSY MISY HATAK’ANDRO HO FIAROVANA NY a) Les mesures prises par le Gouvernement: HAREM-PIRENENA VOAJANAHARY

a) Fepetra raisin’ny Governemanta • Les directives données par le Chef

de l’Etat et dont l’exécution fut

directement engagée par le Ministère de l’Environnement et des Eaux et • Ny baiko nataon’ny filoham- Forêts eurent des répercussions dans pirenena momba ny fanakanana ny ala manerana an’I Madagasikara dia C- RESOLUTIONS efa mihatra ary tompon’antoka voalohany amin’izany ny Les échanges devront aboutir à des MINISTERA MIANDRAIKITRA NY résolutions qui apporteront des solutions TONTOLO IAINANA, NY RANO SY aux préoccupations de tous les NY ALA. participants.

Tsapa fa voarain’ny daholobe ny Ces résolutions consensuelles devront hafatra: viser : • La protection du corridor forestier et forêts. • Mba hampahazava ny resaka sy ny fanapahan-kevitra dia misy tari- • L’arrêt des feux de brousse dresaka manaraka ireto no hiarahana mandinika. • Comment continuer et améliorer les cultures vivrières, b) La rencontre devra se dérouler dans le • Etc. dialogue entre toutes les entités participantes à forte majorité des paysans. Ces échanges qui se veulent b) Tari-dresaka : pragmatique ne devront pas compliquer le cheminement vers : • Izao fihaonana izao dia andraisanan’ny rehetra anjara ary • D’abord UNE CONVENTION tokony hiafara amin’ny COMMUNE QU ’ IL FAUDRA PLUS FANORITANA MAZAVA TSARA ABATTRE L’ ARBRE DE LA NY LALANA HIZORANA . FORET. • Afaka miaina sy mamelona ny fianakaviana ny olona rehetra • Ensuite, L’ ADOPTION D’ UN indrindra ny tantsaha amin’ny CONSENSUS LEQUEL PRECISE alalan’ny fambolena mahazatra LA RESPONSABILITE DE TOUT nefa kosa tsy HANIMBA NY UN CHACUN FACE AUX TONTOLO IAINANA SY NY ALA NECESSITES SUIVANTES : ARY NY ZAVA-BOAHARY REHETRA. • Pouvoir vivre et mener des activités • Hajaina mandrakariva ny ALA agricoles tout en préservant la forêt, la REHETRA, NY ZANA-DRANO, nature, les biodiversités etc. NY RANO, NY RENIRANO, ARY KOA NY MANAMORONA NY • Considérer les forêts, les ruisseaux, RANOMASINA . les rivières, les fleuves et la mer • HO TANDREMANA comme des environnements qui MANOMBOKA IZAO ARY HO favorisent la vie quotidienne de tout le MANDRAKIZAY IREO ALA monde. REHETRA TSY ANKANAVAKA ARY HAJAINA NY FANANAM- • Que nos forêts sont et demeureront PIRENENA, TSY AZO AMIDY NA désormais un patrimoine national et ATAKALO SATRIA FANANANA inaliénable. SY HARENA IOMBONANA HO AN ’ NY MALAGASY REHETRA .

D- FAMARANANA :

FEPETRA TSOTRA NEFA MAHOMBY ARY EKEN ’ NY REHETRA .

• TSY EKENA INTSONY NY TEVY ALA NA AIZA NA AIZA, ary ampiharina manerana ny FARITANY MANONTOLO NY SAZY HO AN ’ IZAY MANDIKA LALANA .

• Ajanona ny doro-tanety na aiza io na aiza.

NY FAMBOLENA MAHAZATRA HATRAMIN’IZAO DIA AZO TANTERAHINA ARAKA NY FEPETRA VOALAZA MANARAKA IRETO

ANNEXE 9

LE PROJET DE SOUTIEN AU DEVELOPPEMENT RURAL (PSDR)

1- Les objectifs du projet

Le PSDR a pour but de :

• Accroître la productivité et les revenus des petits agriculteurs de manière durable dans l'ensemble des régions agro-écologiques du pays • Appuyer le développement des organisations de producteurs et groupes communautaires • Réduire la pauvreté en milieu rural tout en préservant les ressources naturelles de base.

Le projet fait partie du Plan d'Action pour le Développement Rural (PADR), un programme approuvé par le Gouvernement en 1999 afin de promouvoir la croissance durable dans les domaines de la production agricole et de la sécurité alimentaire, et de faciliter l'accès aux services de base dans les zones rurales.

2- Les indicateurs clés de performance

Indicateur de développement : accroissement moyen de 35 % de la productivité des activités du projet au terme d'une année suivant la fin des activités.

Principaux indicateurs d'activité :

• Environ 180 000 familles paysannes bénéficiaires du projet • Environ 5 000 activités productives financées pendant la vie du projet, dont 40% pour des projets orientés vers les femmes • Changements technologiques adoptés au minimum par 75% des paysans bénéficiaires des services du projet • Renforcement d'environ 5 000 groupes de producteurs • Création d'environ 500 systèmes d'épargne • Un système de surveillance et d'évaluation en place, opérationnel et satisfaisant

3- Le contexte stratégique

La pauvreté à Madagascar s'est largement accrue, faute de politiques économiques adéquates lors deux dernières décennies. Le pays enregistre un taux de pauvreté de plus de 70% de la population depuis 1993, avec une persistance dans les zones rurales. Environ 85% des pauvres habitent en milieu rural et 60% d'entre eux sont considérés comme extrêmement pauvres, ne pouvant subvenir à leurs besoins de consommation à un niveau de calories minimum. Le Document intérimaire de réduction de la pauvreté du Gouvernement propose une stratégie basée sur trois piliers : (i) une croissance économique durable, (ii) une bonne gouvernance et une réforme institutionnelle, et (iii) une amélioration à l'accès des besoins de base. Le secteur de l'agriculture contribue à près d'un tiers du PIB et 40% des exportations totales. Près des trois quarts de la population malgache vivent de l'agriculture. Malgré une libéralisation de ce secteur, les résultats ont été plutôt décevant durant les dernières années, avec une forte dévaluation des taux de change et la privatisation des entreprises publiques. Les coûts de transport restent relativement élevés en raison d'une maintenance inappropriée des réseaux routiers. Les pratiques agricoles sont peu développées, et dans certains cas, au détriment de l'environnement. Seuls 3% des paysans ont accès au crédit.

La stratégie du Gouvernement face à ces problématiques vise quatre objectifs :

• Rationaliser le rôle de l'Etat dans le secteur rural en se concentrant sur les services de base qui augmentent la productivité des paysans • Consolider et améliorer le volet Environnement du secteur rural • Augmenter l'efficience de l'utilisation des ressources fiscales dans les zones rurales pour des investissements plus productifs et en réponse aux besoins des bénéficiaires • Renforcer la décentralisation du développement agricole afin d'assurer l'appropriation par les partenaires des investissements et donc de leur pérennité.

4- Descriptif du projet

Le projet se compose de plusieurs composantes :

Appui aux investissements productifs

• Petites infrastructures productives permettant aux groupes les plus pauvres d'accroître leur production (périmètres irrigués, ouvrages de drainage, facilités de stockage...); • Activités agricoles permettant aux communautés de lever les contraintes à la croissance agricole (transformation des produits, stockage, cultures commerciales, petites unités de traitement de lait, petits élevages, pisciculture ...) • Activités non agricoles permettant aux groupes vulnérables de développer des activités de revenus (atelier de couture, artisanat, etc…).

Service d'appui

• Vulgarisation et formation : cette sous-composante est généralement articulée aux investissements productifs ; • Fons compétitifs : cette composante a pour objectif de répondre aux besoins en matière de recherche appliquée liés aux projets d'investissements productifs ; • Recherche thématique : la sous-composante a pour objet de financer les recherches thématiques bien ciblées à des problématiques d'amélioration des systèmes de production.

Appui aux organisations paysannes • Appui aux Plans de Développement Villageois (PDV) et aux Plans Communaux de Développement (PCD) : Identification des besoins prioritaires des communautés; • Appui à l'établissement et à la gestion des caisses communautaires : Promotion à l'accès aux crédits des institutions de micro financement; • Appui aux Organisations Paysannes (OP) et aux Associations des Usagers de l'Eau (AUE): Renforcement de la capacité d'organisation et de gestion des OP et des AUE.

Appui institutionnel

• Appui au PADR et au PRDR par un renforcement de la démarche PADR en particulier au niveau des groupes de travail de développements régionaux (GTDR) ; • Appui aux politiques de développement rural par des études et actions concrètes destinées à analyser l'impact du cadre macro-économique, réglementaire et fiscal du secteur rural; • Sur les politiques du MINAGRI et MINEL par une mise en place d'enquêtes de base et de système de collecte, de traitement et de diffusion périodique des données; • Evaluation environnementale qui consiste à faire des études environnementales au sein des Ministères impliqués dans le développement rural.

Gestion et suivi du projet : Cette composante fournira un appui pour faciliter l'administration et la gestion du projet avec la création de l'unité nationale d'exécution du Projet (UNEP) et des 6 Unités Provinciales (UPEP), l'acquisition des équipements et matériels nécessaires au fonctionnement, la mise en place des services de consultants tels que l'audit externe, interne et le suivi du Projet. La gestion du projet est appuyée par un manuel de procédure et d'exécution en cinq tomes.

5. Financement du projet

Composantes Coût estimé % du total IDA Etat Bénéficiaire I. Investissements productifs 73,39 67,30 56,16 6,19 9,04 II. Services d’appui 11,88 11,20 11,37 0,51 III. Appui au développement communautaire 6,13 5,80 5.83 0,30 IV. Appui institutionnel 5,22 4,90 4,94 0,28 V. Gestion et suivi du projet 11,47 10,80 10,75 0,72 TOTAL 106,09 100 89,05 8,00 9,04

ANNEXE 10

ANNEXE 11

Extrait de Projet de Loi portant

CODE DE LA COMMUNICATION

TITRE I

DISPOSITIONS GENERALES

Chapitre 1.- Définitions

Article 1- Pour l’application de la présente Loi, on entend par :

1- Agence de communication : une société qui conseille, préconise, met en œuvre des stratégies de communication, qui conçoit des messages publicitaires et qui coordonne la réalisation des supports et la distribution aux diffuseurs.

2- Agence de presse : organisme qui fournit aux journaux et périodiques, des articles, informations, reportages, photographies et tous autres éléments de rédaction et qui tire sa principale ressource de ces informations.

3- Agence de publicité : une entreprise individuelle ou une société qui conçoit les messages publicitaires, les réalise et parfois, les distribue aux supports cités ci-dessus. Elle doit être indépendante aussi bien de l'annonceur pour lequel elle travaille que des supports auxquels elle transmet les ordres.

4- Annonceur : toute personne physique ou morale communiquant un message payant, à caractère publicitaire ou non, dans le support d'un diffuseur.

5- Antenne collective : un dispositif de captage d’émissions et de radiodiffusion sonore et télévisuelle auquel sont reliés plusieurs appareils récepteurs de ces émissions.

6- Centrale d’achat d’espaces : une société dont l'activité essentielle consiste à acheter des espaces publicitaires, soit directement pour le compte des annonceurs ou agences, soit pour les revendre à ceux-ci.

7- Communication médiatisée : une communication qui se fait par l’intermédiaire des medias, que cette communication soit sous la forme d’échanges communautaires ou associatifs , sous la forme de propagation d’une identité ou d’une cause, ou sous la forme d’une diffusion de proximité ou de masse.

8- Communication Audiovisuelle : la mise à la disposition du public, ou d’une partie du public, par un procédé de télécommunication, de signes, de signaux, de sons, d’écrits, d’images, de documents, de données statistiques et d’informations de toute nature qui n’ont pas le caractère d’une correspondance privée.

9- D.A.B (Digital Auto Broadcasting) : une technique permettant de numériser le signal sonore depuis le départ jusqu’à l’arrivée. La D.A.B permet l’exploitation d’un service de radiodiffusion sonore numérique de terre ou par satellite.

10- Diffuseur : Tout titre de presse ou station de radio ou de télévision ou tout autre moyen de communication servant à véhiculer un message à vocation d’information, de loisir ou de publicité.

11- Distributeur : la personne qui exploite un réseau de radiodiffusion sonore ou les gestionnaires d’une société de distribution

12- Dépôt légal de l’imprimeur (DLI) : Numéro du dépôt légal de l’imprimeur. 13- Données par satellite : informations sonores ou télévisuelles reçues par satellite.

14- Droit de la communication : Un droit particulier qui implique un élément de la communication médiatisée, celui de la publication. La publication est le fait de rendre accessible au public l’expression de la pensée de quelques-uns ou d’un seul. De ce fait, le droit de la communication comporte des règles. Ces règles sont prévues par la présente loi.

15- D.V.D (Digital Versatile Disc) : un disque compact capable de mélanger à la fois, sur un même support, les textes, les graphiques, les sons et les images, fixes ou animées,muettes ou sonores.

16- Editeur : toute personne physique ou morale (auteur de ses œuvres, association, syndicat, société civile ou commerciale, administration publique et assimilés, concessionnaire du droit de reproduction, imprimeur-éditeur) qui prend en charge l'impression, la publication et la diffusion de documents imprimés et graphiques en tous genres.

17- Entreprise éditrice : désigne toute personne physique ou morale ou groupement de droit éditant, en tant que propriétaire ou locataire-gérant, une publication de presse.

18- Enseigne : toute inscription, forme ou image apposée sur un immeuble et relative à une activité qui s’y exerce.

19- Fréquence : caractéristique technique identifiant la propagation des ondes radioélectriques dans l’espace.

20- Injure : toute expression outrageante, termes de mépris ou invectives qui ne renferment l’imputation d’aucun fait.

21- Journaliste professionnel : C’est celui qui a pour principale et régulière occupation de chercher des faits auprès des sources et de les communiquer par les moyens appropriés au public. Il tire l'essentiel des ressources nécessaires à son existence de cette occupation.

22- Ligne éditoriale : vision du monde et de l'actualité à laquelle adhère toute une équipe de journalistes et qu'elle veut partager avec son lectorat. Cette ligne éditoriale ne se réfère pas obligatoirement à une idéologie politique, à celle d'un parti ou d'un leader, ou à celle d'un ou des intérêts économiques. La ligne rédactionnelle obéit aux principes et règles d’éthique et de déontologie journalistique.

23- Media : les moyens de publication par lesquels un émetteur transmet un message contenant une information, une connaissance, un savoir, une culture, un art, une opinion, à destination d’un récepteur.

Un media est dit autonome lorsque les supports par lesquels sont inscrits les messages ne requièrent pas de raccordement à un réseau particulier. Il en est ainsi des livres, journaux, disques- audio, vidéo, informatique.

Un media est dit de diffusion lorsqu’il permet d’instaurer une communication à distance à sens unique par l’utilisation de procédés de télécommunications.

Un media est dit de communication lorsqu’il permet d’instaurer une communication à distance à double sens par les procédés de la télématique et de l’internet.

24- Numérisation d’un signal video : une technique permettant de décomposer l’image en éléments numériques qu’on appelle pixels, auxquels sont attribués des valeurs de luminosité et de couleur. La numérisation d’un signal audio et vidéo permet l’exploitation d’un service de radiodiffusion sonore et visuelle directe, soit par des faisceaux hertziens, par câbles ou par satellite.

25- Oeuvres audiovisuelles : les émissions ne relevant pas d'un des genres suivants : œuvres cinématographiques de longue durée; journaux et émissions d'information; variétés; jeux; émissions autres que de fiction majoritairement réalisées en plateau; retransmissions sportives; messages publicitaires; téléachat; autopromotion; services de télétexte.

26- Œuvres cinématographiques : les œuvres de fiction réalisées en studio ou en décors naturels, appelés communément films cinématographiques et projetés sur petit ou grand écran.

27- Organisme de radiodiffusion sonore : la personne morale autorisée à fournir un service de radiodiffusion sonore au public en général ou à une partie de celui-ci.

28- Pigiste : un collaborateur occasionnel qui est lié à l'entreprise de presse ou un organisme d'information par un contrat d'entreprise ou de fournitures, moyennant rémunération calculée sur la base unitaire d'un article demandé et accepté, même non publié, ou d'un produit audiovisuel commandé, même non diffusé.

29- Pré-enseigne : toute inscription, forme ou image indiquant la proximité d’un immeuble où s’exerce une activité déterminée.

30- Producteur : le fabricant de documents sonores, audiovisuels (cassettes audio, vidéogrammes; compact disques, films, série, documentaires, pièces théâtrales, œuvres musicales, clips, publicités sonores et audiovisuelle), multimédia, de logiciels, de progiciels, de bases de données, de systèmes experts, d'autres produits de l'intelligence artificielle, y compris les jeux vidéo.

31- Professionnels de la communication médiatisée : les personnes dont la principale et régulière occupation consiste à mettre à disposition du public, par les moyens appropriés, toute forme d’expression de la pensée. Sont pris dans le corps des métiers de la communication médiatisée, sans que la liste soit exhaustive, le journaliste, le reporter d’images, le rédacteur, le réalisateur, le cinéaste, le vidéaste, le publiciste, l’animateur, le « cyberjournaliste », le correspondant de presse, le caméraman.

32- Production propre : les programmes conçus par le personnel d’un service de radiodiffusion sonore, composés et réalisés par lui ou sous son contrôle. Ces programmes ne peuvent être constitués ni par la diffusion répétée, ni par la retransmission simultanée ou différée de programmes d’une autre station.

33- Publication de presse : toute série utilisant un mode écrit de diffusion de la pensée mis à la disposition du public en général ou de catégories de publics et paraissant à intervalles réguliers, en l'occurrence les journaux, les périodiques, les revues et magazines, les bulletins d'agence de presse, les feuilles d'annonces, catalogues, almanachs, les publications écrites ayant pour objet la recherche ou le développement d'entreprises commerciales, industrielles, bancaires, d'assurances ou d'autres nature, les publications d'horaires, de programmes, de cotations, les organes de défenses syndicale, ou de propagande pour des associations, groupements ou sociétés, de documentation administrative ou coopérative, les publications périodiques de l'Administration et des établissements publics.

34- Publicité commerciale : toute forme de message radiodiffusé contre rémunération ou paiement similaire par une institution ou une entreprise publique ou privée dans le cadre d’une activité commerciale, industrielle, artisanale ou de profession libérale dans le but de promouvoir la fourniture contre paiement de biens ou de services y compris les biens immeubles, les droits et les obligations.

35- Publicité extérieure : Toute publicité utilisant les médias liés aux déplacements et à la vie quotidienne telle l’affichage urbain et routier, la publicité des transports et la publicité lumineuse. Elle consiste en toute inscription, forme ou image destinée à informer le public ou à attirer son attention, les dispositifs dont le principal objet est de recevoir ces inscriptions, formes ou images étant assimilés à des publicités.

36- Radiodiffusion : radiocommunication à usage public qui comprend des programmes sonores, des programmes de télévision.

* programmes sonores : les émissions sonores des services de radiodiffusion et les autres transmissions de sons ; * programmes de télévision : les émissions télévisées des services de radiodiffusion et les autres transmissions d’images ou de textes accompagnés ou non de sons.

37- Régie de publicité : une entreprise dont l'activité consiste à démarcher des annonceurs ou des agences pour fournir en contrats de publicité, les supports dont elle a la charge.

38- Réseau câblé : Installation de distribution par câble de services de radiodiffusion sonore et de télévision.

39- Service de radiodiffusion sonore : service de radiocommunication dont les émissions sont destinées à être reçues par le public en général ou par une partie de celui-ci. Pour le service de radiodiffusion sonore par satellite, l’expression « destinée à être reçues directement par le public en général ou par une partie de celui-ci » s’applique aussi bien à la réception par l’intermédiaire d’un réseau de radiodiffusion ou de télédistribution qu’à la réception au moyen d’une antenne collective ou d’une antenne individuelle.

40- Station de radiodiffusion sonore : la station d’un service de radiodiffusion.

41- Station terrienne : station située généralement sur la surface de la terre qui communique avec un satellite.

42- Voie hertzienne : voie radioélectrique en libre propagation dans l’espace sans support physique.

43- Voie par câble : voie empruntant un câble.

44- V.S.A.T. (Very Small Aperture Terminals) : des stations hertziennes équipées de très petites antennes – ou micro-terminaux, terminaux fixes, terminaux mobiles ou terminaux de radiorepérage.

Chapitre 2. - Champ d’application -

Article 2. – La présente loi est applicable à la Communication Médiatisée, excluant ainsi les autres formes de la communication sociale, comme la communication interpersonnelle, la communication institutionnalisée des administrations, des entreprises, des organisations et associations.

Article 3. – Sur l’ensemble du territoire national, toutes les composantes de la communication médiatique, incluant notamment l’exercice de la profession, les entreprises et les services, les media, la publicité, l’Internet et une Autorité Nationale de Régulation de la Communication Médiatique (ANRCM) sont régies par la présente loi.

Article 4 . – Le territoire national, dans l’esprit de la présente loi, inclut le territoire terrestre de la Grande Ile, les petites îles maritimes relevant de la souveraineté de l’Etat de la République de Madagascar ainsi que ses eaux territoriales.

Article 5. – La présente loi est également applicable aux services de radiodiffusion sonore ou visuelle dont l’exploitant est établi à Madagascar selon les critères prévus à l'article 4 ou qui relève de la compétence de Madagascar sans préjudice de l'application des règles relatives à l'occupation du domaine public.

Article 6.– Un exploitant de service de télévision est considéré comme établi à Madagascar lorsqu'il a son siège social effectif à Madagascar et que les décisions de la direction relatives à la programmation sont prises à Madagascar.

Article 7. – Lorsqu'un exploitant d'un service a son siège social effectif à Madagascar mais que les décisions relatives à la programmation sont prises dans un autre Etat, il est réputé être établi à Madagascar si une partie importante des effectifs employés aux activités du service y travaille.

Article 8. – Lorsque l'exploitant d'un service a son siège social effectif dans un autre Etat, il est réputé être établi à Madagascar si les décisions relatives à la programmation sont prises à Madagascar et si une partie importante des effectifs employés aux activités du service travaille à Madagascar.

Titre II DES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA LIBERTE D’INFORMATION ET DE COMMUNICATION

Chapitre 1. - De la politique de l’Etat en matière d’Information et de Communication

Article 9.- La politique de l’Etat en matière de communication médiatisée vise à : a) promouvoir et garantir l’exercice de la liberté de presse et de la Communication Audiovisuelle ainsi que les libertés d’expression, et d’opinion dans le respect de la dignité de la personne humaine, de la vie privée des citoyens et de l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion ; b) raffermir et consolider par le service public de la communication audiovisuelle, l’unité de la nation, la culture du civisme, du patriotisme, de la démocratie et de la bonne gouvernance, la sauvegarde du patrimoine naturel et du patrimoine culturel, et la lutte contre la pauvreté. c) assurer par le ou les organes de régulation la gestion du spectre hertzien, une concurrence libre et loyale respectueuse du cadre légal et réglementaire. d) promouvoir la créativité artistique, scientifique et technologique en favorisant la circulation libre de l’information s’y rapportant et sa diffusion par les media appropriés. e) veiller à l’expression pluraliste de l’information, f) encourager le développement de l’industrie de la communication et de la culture puis le rayonnement culturel de la nation dans sa région et dans le monde. g) développer les infrastructures d’Information et de Communication. h) doter le secteur de la Communication Médiatique d’un cadre réglementaire répondant aux normes technologiques politiques et juridiques évolutives.

Chapitre 2. - De l’affirmation du principe de la libre circulation de l’information

Article 10. – Le droit à l’information est un droit universel, inviolable et inaltérable, garanti par l’article 11 de la Constitution, impliquant à la fois la recherche de l’information et la possibilité pour tous de la recevoir.

Article 11. – Le droit à l’information réclame pour tous les citoyens la possibilité d’accès à tous les faits de l’actualité, que ceux-ci résident dans les évènements eux-mêmes ou dans l’expression de jugements ou d’opinions.

Article 12. –La liberté de communication est le droit pour chacun d’utiliser librement le media de son choix pour exprimer sa pensée en la communiquant à autrui ou pour accéder à l’expression de la pensée d’autrui, quelle que soit dans les deux cas, la forme ou la finalité de cette expression.

Article 13. – Toute personne physique ou morale de nationalité malagasy ou de nationalité étrangère résidant sur le territoire national, a le droit d’émettre et de recevoir, d’entreprendre, de créer des services de communication.

Article 14. – Pour réaliser le désenclavement des zones rurales, l’Etat doit mettre en œuvre une politique visant à la prise en compte des intérêts de toute la population sans exception, Il doit mettre en place un dispositif réglementaire et d'infrastructures facilitant la décentralisation et la déconcentration des media, et des services de communication d'une manière générale.

Article 15. – L’Etat souscrit au développement du droit international en matière de Communication Médiatique dans l’intérêt de son peuple.

Chapitre 3.- Des limites de la liberté d’informer et de communiquer par voie médiatique

Article 16.- Nul ne peut être empêché, ni interdit d’accès aux sources d’information, ni inquiété de quelque façon dans l’exercice régulier de sa mission de communicateur s’il a satisfait aux dispositions de la présente Loi.

L’accès aux sources publiques d’information est une exigence de la démocratie. La loi d’accès aux sources publiques d’information est une loi spécifique qui doit faire partie de l’arsenal juridique national.

Article 17.- L’exercice des libertés reconnues à l’article 16 ne peut connaître des limites que dans les cas suivants :

- Le respect de la dignité de la personne humaine, de sa vie privée, de la liberté et de la propriété d’autrui, du caractère pluraliste de l’expression des courants de pensée et d’opinion ; - La sauvegarde de l’ordre public, de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale ; - La protection de la santé publique et de l’environnement ; - La défense du patrimoine culturel et naturel ; - La sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence ; - La promotion de l’identité culturelle ; - Les besoins de la défense nationale ; - Les contraintes techniques inhérentes aux moyens de communication ainsi que les nécessités de protéger, de promouvoir et de développer le patrimoine culturel national ou une industrie nationale notamment de Production Audiovisuelle

Article 18. - Nul n’est autorisé à se servir des moyens de presse et de Communication Audiovisuelle pour inciter à la haine, à la violence, à la xénophobie, à la discrimination, aux abus ou violence sexuels, au tribalisme et au régionalisme, ni pour porter atteinte à l’intégrité du territoire national ou mettre en péril l’unité nationale.

Article 19.- L’atteinte à la liberté de communication médiatique doit comporter un élément objectif matérialisé par la publication de l’information ou du message incriminé, et un élément subjectif qui est l’intention coupable ou la volonté de nuire.

ANNEXE 12 FANDAHARAM-POTOANA AOUT 2004 – RADIO MADAGASIKARA

O ALATSINA ALARO ALAKAMI ZO ALAH ORA TALATA SABOTSY R INY BIA SY MA ADY A 05.55 Indicatif + Hymne Nationale 05.55 06.00 Vatsim-panahy Feon’ny Fotoam- 06.00 pivavahana 06.05 Feon’ny Fahasalamana MinSan Fahasalamana 06.05 Protestanta 06.10 Radio Fanabeazana MENRES Radio (Fjkm / Flm) 06.10 Fanabeazana 06.15 Animateur + Hira 06.15 06.20 Diary’ 06.20 06.30 JP VM 06.30 06.45 Animateur + Hira Katolik 06.45 a 07.00 Animateur Vaovaom- 07.00 07.05 Soratra sy teny Antsafa Animateur Besorongola Vehivavy piangonana 07.05 07.25 sy Ekiomenika 07.25 Fampand FIVOY rosoana 07.30 Lalana sy Fifamoivozana. JP V.M. 07.30 07.40 Animateur + Hira 07.40 07.45 Hira + 07.45 07.50 Malaza Vaovao 07.50 Animat eur

07.58 FANOVANA NY HALAVAN’NY ONJAM-PEO 07.58 08.00 Feon-gazety 08.00 08.05 Pub + Animateur + Hira Nde’ 08.05 hiaraka 08.25 Izay mahakolokolo 08.25 FIVOY aminay 08.30 Asa Tanana Anglikana 08.30 sy Talenta 08.45 Saronan-karona FARITAN 08.45 09.00 Mazotoa homana Y Diary 09.00 Antanana Ainga sy hery 09.05 Animateur + Hira rivo 09.05 09.15 09.15 09.30 Ohabolana Malagasy 09.30

09.33 Animateur + Hira Ndeha 09.33 10.00 Vaovao Tselatra Feon-gazety hiala 10.00 10.05 Ampitapitao Ainga sy hery voly 10.05 11.00 TAL 11.00 11.15 Pub + T.A.L. Ainga sy hery 11.15 11.30 Tahiry 11.30 sarobidy’ 12.00 Lohatenim-baovao 12.00 12.05 Animateur + Hira 12.05 12.25 Sary in-dray mipika 12.25 12.30 JP V.M. 12.30 13.00 JP V.F. 13.00 13.12 Animateur 13.12 13.15 Tantara mitohy 13.15 13.30 Tetsy sy teroa 13.30 13.35 Animateur + hira 13.35 13.40 13.40 13.45 Animateur + Hira Hevitra sy tetika Animateur + 13.45 Hira 14.00 FARITANY Animateur 14.00 FARITAN FARITANY Fianarants FARITANY FARITANY 14.15 Y OMAPI 14.15 Antsiranana Mahajanga Toamasina oa Toliara 14.30 Karantsana Toky sy 14.30 14.50 Animateur + hira antoka PSI 14.50 15.00 Hafa kely 15.00

15.05 Sehatra ho Anim 15.05

an’ny ankizy ateur Hira Animateur + Hira Animateur 15.15 Gasy 15.15 + Hira 15.30 15.30 15.40 Izany ka Dia Animateur 15.40 tanora efa + Hira izy 15.45 Anim 15.45 ateur 15.50 Mba andramo ihany Mba andramo ihany 15.50

15.55 Animateur 15.55

16.00 Vaovao tselatra Pub + Hira + 16.00 16.05 Min Rech Animateur 16.05 Animateur + Hira Sehapikarohana Ahy In-dray andro hono ny safid y PSI 16.20 Hira Mina 16.20 16.30 Vice-Primature Min gri 16.30 16.35 PST Animateur Anim + Hira Population 16.35 Takariva Vakodrazana + Hira eny ambanivo hitra 16.45 Animateur English for Anim + Hira Anim + T.A.L. 16.45 + Hira Teachers Hira 17.00 Miranga Tsindrom- 17.00 paingotra Pub + T.A.L 17.30 Hira+Anim TAFA 17.30 17.45 Katolika SARIVOLANA 17.45 17.58 FANOVANA NY HALAVAN’NY ONJAM-PEO 17.58 18.00 Lohatenim-baovao Animateur 18.00

Advantista 18.05 Tontolo iainana Famoloan Soa ny TAFA MinInter 18.05 manan-tany Olom- a momba ny pirenena Diantana MITA Tompon’ andraikitr DODWELL a 18.30 MinFop Minagri 18.30 Min Justice Seraseran’ny Takariva Caisse Protestanta CnaPS Zo sy lalàna Asam- Ambanivohitra d’Epargn panjakana e 18.45 Asehoy ny maha Gasy anao FIMPAMAMA Animateur Animat 18.45 18.50 Animateur + Pub eur 18.50 19.00 JP V.M. 19.00 19.30 JP V.F. 19.30 19.45 RNM Mandalina 19.45

Fanatanjahan- Herinandron’izao Tena tontolo, izao 20.00 Pub 20.00 20.05 SECALINE 20.05 20.10 Animateur + Hira Anim+ Hira Savarav 20.10 20.30 Nty sy Nday Vakomanitra ina 20.30 Tsy very (na) Tantara in’dray

(na) mandeha Fizahan-tany miseho Vavahady Ireo Fantaro Voro izao tontolo izao mang a

21.00 Animateur + Hira Haisoratra Feon’ny Tanta Anthologie 21.00 Du mystère Silamo rao Banja hoe malalaka 21.30 Télé-enseignement CNTMAD 21.30 21.45 Animateur + Hira Anim + Hira 21.45 22.00 F I N D’ A N T E N N E Fin 22.00 d’antenne 00.00 FIN 00.00 D’ANTENNE

ANNEXE 13 PROJET 20 TELECENTRES COMMUNAUTAIRES MULTISERVICES PARTENARIAT TELMA/PRIVES MTPC-OMERT-UIT/BDT-TELMA

LES LOCALITES CIBLES: ¤ ANTSIRANANA: Nosy-be, Ambilobe,Andapa, Sambava ¤TOAMASINA: Ambatondrazaka, Amparafaravola, Moramanga, Ste-Marie, Fénérive- Est ¤ FIANARANTSOA: Ambalavao, Ambositra, Farafangana, Ifanadiana, Mananjary ¤TOLIARY: Taolagnaro, Morondava, Sakaraha, Ambovombe ¤ MAHAJANGA: Maintirano, Antsohihy ¤ ANTANARIVO: Ambatolampy, Antsirabe, Tsiroanomandidy Pilote télécentres Dans la perspective de la réalisation du "projet Télécentre à Madagascar" et dans le cadre de la VULGARISATION DES TICs en faveur du développement, l'Etat malgache avec le concours de l'UIT/BDT et en collaboration avec l'opérateur national TELMA va contribuer à mettre en place 20 Télécentres Communautaires Multiservices (TCM) à Madagascar avant la fin de l'année 2003.

C'est QUOI un Télécentre? C'est un lieu convivial de rencontre et d'échange où la population peut accéder aux principaux services offerts par les TICs. Les services offerts sont : téléphone, fax, internet, multimédias, bureautique, reprographie, bibliothèque numérique, documentation, formation, centre d'affaires et de loisirs...

POURQUOI un Télécentre? Objectifs: - accès à l'information notamment pour les populations défavorisées et enclavées en faveur de leur développement économique et social - concrétisation de la politique de décentralisation - opportunité de création d'affaires pour le secteur privé - amélioration de l'accessibilité aux TICs (impacts sur l'éducation, santé, commerce...)

COMMENT fonctionnent les Télécentres? - L'UIT/BDT contribuera au préfinancement des équipements - TELMA assurera le raccordement téléphonique. La connexion Internet sera réalisée par un Provider (PSI) - La fourniture du local, du mobilier et l'exploitation du Télécentre sont à la charge des opérateurs privés. - L es télécentres sont classés en 3 catégories: A, B, C.

Où trouver les Télécentres Dans 20 zones desservies par TELMA et accessibles à l'internet.

QUI gèrent les Télécentres? - Telma provisoirement dans deux villes pilotes :Ambilobe, Maintirano - Partenariat TELMA-Privé pour Tolagnaro - Les opérateurs privés: associations, ONG ayant répondu aux critères de sélection avant fin 2003.

QUAND seront-ils opérationnels? - Mai 2003: pour les 3 télécentres pilotes - Novembre 2003: prévision pour les 20 télécentres

ANNEXE 14 : QUELQUES ESPECES LIGNEUSES DANS LA COMMUNE

HIBOHIBO D’AMBORAKA NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE

Vahilava Brexia Vahimantsina Danais argenteri Vahimaina Dichapetalum pachypus Vahona Heritsera NOM VERNACULAIREVakoka NOM SCIENTIFIQUEDypsis NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE AmbanaValotra Parinari Breonia AmbiatyVanana Vernonia Sloanea Mahanoro rano Trilepisium AmbilazonaVandrika ViguieranthusRothmannia Mahasalama Crisollea AmbovitsikaVandrongana CraspidospermumLeptoleana Maintsoririnina Molinaea Ampaly Ficus Malemiravina Elaeocarpus Voanginamboa Clerodendrum Ampody Burasaia Mampay Baudouinia AnandaingoVoavandrikala MussaendaTetrapterocarpon arcuata Mandresy Allophylus AnivonaVantsilana Orania Polyscias Manjakabenitany Baudouinia AntafanaVarongy Terminalia Ocetea Maroala Beecariophoenix BararataVatodinga Chussalia Labramia Maroando Blotia BeambozaVatolalaka Ambavia Caesalpinia Maroravina Acridocarpus BelohaVoalatakakoho Petchia Omphalea Menavahatra Abrahamie DingandahyVoamboana Dodenea Ademanthera Merana Androstachys Cliché : DESY ElatrangidinaVoandavenona DoratoxylonBlotia Mokaranana Elaeocarpus Faho Voandrozana ChlaoxylopsisRhodolaena Mokaranandahy Elaeocarpus FamataVoasariala Euphorbia Vepris Nato Baudouinia BOZAKA A ANALAMARINA-SAHAFITORAKA FantsikalaVoatitinjaza Carissa Strblus Natoberavina Faucherea FitoravinaVoatsimatra Vepris Polyscias Natomadinidravina Faucherea FotonaVoatsirindry Leptoleana Sosindeia Nonoka Ficus baron FotsiavadikaVoapaka TabernaemontanaAcridocarpus Pesoala Paropsia GavoalaVoara NeobegueaFicus Piro Baudouinia Gavombazaha Baudouinia Rahiaka chrysophyllum Voarafitra Allophylus Hafomena Dombeya Ramandriona Dilobeia HafopotsyVoararano Dombeya Grewia Rambiazina Vernon HafotraVoarotra Dombeya lucidaSyzygium Ramiavona Xylopia Harina Voseva Bridelia Sabicea Ramy Canarium HaronganaVoatranaka Harungana Sclopia Randrombitro Tarenna HaronganalaVoavandrika Vitex Morinda Randrompody Tarenna HasinaVolomborona Dracaena Albizia gummifera Rara Brochoneura HasinaVongo lavaravina Symphonia Garcinia Ravintsara Cryptocarya HasinalaVontaka Paropsia Croton Rebosa Melicope HazoharakaVorodalitra AnisophylleaAntidesma petiolara Renala Andansonia HazomalanyVotalanina CassipoureaBrexia Resonjo Beilschmiedia Hazomainty Apodytes Robantsy Physena Hazomavo Lobanilia Robary Syzygium Hazombato Bembicia Roindambo Acacia Cliché : DESY Hazomboay Erythrina Rotra Apodites Hazomby Doratoxylon Rotrala Eugenia goviala Hazondalitra Gagnebina Sagnira Deinbollia Hazondambo Tarenna Sakarivohazo Cannamosma Hazondrano Antidesma Sambalahy Albizia Hazondronono Stephanostegia Sandramy Abrahamia Hazontrandraka Psychotria Sanganakolahy Pittosporum Hazosiay Foetidia Sanira Doratoxylon Herotra Mascarenhasia Sefana Abrahimia Herotrazo Mascarenhasia Seva Bertiera Hintsina Delonix Singena Albizia Hitsika Dalbergia Sofindambo Phyllanthus Hotronaomby Bauhinia Somotrorona Stadmania Hotrondambo Bauhinia Taimbarika Allantospèrmum Izahotsifady Thilachium Taindalitra Antidesma Kaboka Tabernaemontana Tambintsy Capuronia Kabokala Petchia Tamotamohazo Cedrolopsis Katrafay Cedrolopsis Tavia Astrotrichilia Kijy Symphonia Taviaberavina Rhopalocarpus Kilo Foetidia Tavolo Dilobeia Kimba Symphonia Tavolopika Cryptocarya Kotolahy Burasia Teloravina Allophilus Lakatra Ravenea Titeliravina Strychnopsis Lalangy Boscia Tokoravina Dypsis Lalomaka Weinmannia Tolongoala Vepris Lalomambarika Lemurodendron Tongomborona Melicope Lalombe Weinmannia Tovoka Ravenea Lalomena Weinmannia Tratramborondreo Stadmania Lalona Weinmannia Trotrokala Dehaetnthera Lalonkitsika Weinmannia rutembergii Tsirihimposa Zanthoxylum Lambinana Tarema Tsilaitra Baudouina Lanary Elatrangidina Beguela Tsimalazo Abrahamia Lanary mainty Plagioscyplius Tsimitetra Ilex Laro Maephersoria Tsingena Albizia Lelantrandraka Vaughania Tsipaka Treculia Lendemy Anthocleista Tsirika Dypsis Magna Dombeya Tsitakonala Homalium Tsivakimbaratra Trema

QUELQUES PLANTES COMESTIBLES SE TROUVANT DANS LA COMMUNE

NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE

Agnantsingotra Mussaenda Voatsimatra polyscias Gavobe Eugenia Gavotsinahy Baudouinia Hofika Dioscorea sp Oviala Dioscorea alata Sakarivolahy Morinda Voavandrika Canamosma Voasariala Verpris Voarotra Syzygium Voara Ficus Voararano Grewia

OUTILS DU TAVY

Fitôvana

Folesy

Torak’antady

Angady kely

Fitomboka

Antsy goro

Andronana

Antsibe

QUELQUES ANIMAUX DE LA COMMUNE

NOMS VERNACULAIRES NOMS FRANCAIS NOMS SCIENTIFIQUES Boeza Perroquet noir Coracopsis nigra Bosezabe grand perroquet coracopsis vasa Fangalatrovy Rollice terrestre pittoïde Atelornis piltoides Tsipara pygargne de Madagascar Haliatus vociferoides Akaka canaïd de miller Anas melleri Sadakely sarcelle de Bernier Anas bernieri Tsikokohoala L'ibis huppé Lophotibis cristatrurschi Traotrao caille de Madagascar Margaroperdrix madagascariensis Taintoaka coua de Reynaud Coua reynaudi Vorompotsy Pique-boeuf Brebulcus ibis ibis Hindry Buteo Madagascar Butheobrachypterus

Varikovoka Eulemur fulvus rufus Varibolomena Aye-aye Hopalemur aureus Aiay Danbemtoria madagascariensis Varibolo Hopalemur simus

Voantsira Galidie à queue annelée Galidiae elegan Lamboala Sanglier Potamocchoerus Fosa Fosa Cryptoprocta ferox Menarana Serpent colubridé Lioheterodon modestus Androngovato Lezard Zonosaurus laticadatus Androngo Lezard Zonosaurus ornatus Fandrefiala Serpent colubridé de perinet Ithycyphus perineti Ratagna Caméléon d'uostalet Forcifer oustaleti Antsasaka Grand gecko diurne de Madagascar Phesuma madagascariensis Amandotra Boa arboricole de Madagascar Sanzinia madagascariensis

QUELQUES PLANTES MEDICINALES DE LA COMMUNE

NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE FAMILLE UTILISATION/PARTIE UILISEE Chrysomalium Famelona Sapotaceae Remède miracle (infusion feuille) boivinianum Dracaena anguistifolia Hasina Liliaceae Remède miracle (Lamk) Hasina Dracaena reflexa Liliaceae Remède miracle Effet calmant et anti-spasmodique (infusion Hazomanitra Raventsara aromatica Lauraceae feuille) Furonculeuses, cicatrisant (application locale Hazondrano Ilex mitis Aquifoliaceae feuille réduite en poudre) Katrafay Cedrelopsis grevei (Baillon) Pteroxylaceae Paludisme, problème gastrique Mandravasarotra Cinnamosma madagariensis Canellaceae Effet calmant et anti-paludique (infusion feuille) Troubles gastriques (infusion feuille) cicatrisant Mazambody Cledemia hirta Melastomaceae (application locale) Radriaka Lantana camara Verbanaceae L’hypertension Talapetraka Centella asiatica Ombelliflora Problèmes gastriques (infusion feuilles Tongomborona Carissa edulis Apocynaceae Tisane, paludisme (infusion feuille) Tsindahory Sida rhombofolia Sterculiaceae massage Paludisme (infusion feuilles), fatigue, Vahimainty Mussaenda arculata Rubiaceae contractions musculaires (infusion tige)

BOIS DE CONSTRUCTION DE MENUISERIE ET D’EBENISTERIE

NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE FAMILLE UTILISATION DU BOIS Pirogue, tombeau, charpente, menuiserie, Ambora Tambourissa sp. Monimiaceae charronnage, traverses Ambovitsika Pittosporum ochrosiafolium Pittosporaceae Bois de chauffe Charpente légère,caisserie et menuserie Halampona Hibiscus macromagnus Malvaceae de valeur moyenne Toiture, poulailler, usage médicinal, Harongana Harunga madagascariensis Guttiferaceae construction, toiture, pièce centrale Dingadingana Psidia altissima Asteraceae Usage médicinal, Bois de chauffe Apaloxylon Emboka Cesalpineae Construction madagascariensis Fandramanana Aphloia theaformis Flacourtiaceae Bois de chauffe, thé Objets, construction, piliers maison, bois Harina Homalium nudiflorium Flacourtiaceae dur, pirogue, miel Dracaena sp. (anguistifolia. Hasina Liliaceae Jiro reflexa) Porte, caisserie et menuiserie de valeur Hazofotsy Homalium sp. Flacourtiaceae moyenne Construction, traverses, charpente, Lalona Weinmannia minutifloria Cunnoniaceae menuiserie Lambinana Nuxiasphe rocephala Lagoniaceae Bois de chauffe Lanary Plagioscyphus jumellei Sapindaceae Bois de chauffe Longotra Cryptocaria sp. Lauraceae Maison, pirogue Menalaingo Erythroxylon nitidulium Erythroxylaceae Construction Merampamelona Brachylaena merana Asteraceae Piliers maison Mokaranana Macaranga alnifolia Euphorbiaceae Pagaies, bois de chauffe, Construction, charpente, traverses, Nato Sideroxylon sp. Sapotaceae menuiserie Ramy Canarium madagascariense Burseraceae Pirogue, menuiserie de valeur moyenne Construction, campement, toiture, pièce Rotra Eugenia sp. Myrtaceae centrale, bois de chauffe Piliers, toiture, pièce centrale, menuiserie Tavolo Ravensara sp. Lauraceae de valeur moyenne, bois de chauffe Tsirika Dipsis sp. Palmaceae Sarbacane Tsirikovana Neotina sp. Sapindaceae Charpente, toit Vakoana Pandanus cancretus Palmaceae Tapis, corbeilles, toit Construction maison, meuble, bois Varongy Callophyllum pariflorium Guttiferaceae d’oeuvres, porte, pirogue Vintanina Callophyllum sp. Guttifereae Construction maison Voamboana (palissandre) Dalbergia baroni (Baroni) Papilionaceae Menuiserie fine, ébénisterie Voapaka Uapaca thouarsil Euphorbiaceae Bois de chauffe Volomborona Albizzia gummifera Mimmosaceae Objets, bois de chauffe Volosy Cephalostachium chapelieri Poaceae Sarbacane, toit campement, murs Zahana Phyllarton madagascariensis Bignoniaceae Jiro

RESUME

Auteur : RAHARISON Desmoncoeur Gilbert Titre du mémoire : La politique de communication dans la lutte contre le tavy Rubrique : Sociologie du développement Nombre de pages : 106 Nombre de schémas : 09 Nombre de cartes : 02 Nombre de tableaux : 14 Nombre de photographies : 11 Nombre d’annexes : 14 Nombre de références bibliographiques : 53

Protection de l’environnement et pratique du tavy sont des pôles de deux intérêts antagonistes. Pour les gouvernants, l’environnement est une richesse à préserver. Mais pour les paysans, c’est le don de la nature, une richesse à exploiter. Certaines formes d’exploitation sont cependant considérées par le pouvoir public comme du gaspillage voire même du pillage des ressources naturelles. Des efforts ont été déployés par l’Etat pour éradiquer le tavy. Toutefois, la politique de lutte présente certaines failles car elle demeure dans la perspective de sanctions. Par ailleurs, les méthodes d’information, d’éducation et de communication nécessitent la connaissance préalable du milieu et la prise en compte des connaissances empiriques paysannes. Pour mener à terme la lutte et obtenir un changement de pratique sociale chez les paysans, il faut que l’Etat travaille suivant la ligne de masse. La population rurale n’est pas la cire vierge où tout pourrait être gravé à volonté. Tout changement voulu doit passer par le canal d’un message efficient dans un système de communication adéquat. Bref, la capitalisation des revers et succès d’antan, de la maladresse des dernières heures est nécessaire.

Mots-clés : environnement, politique de communication, information, communication, ressources naturelles, tavy, interdiction, vulgarisation agricole, innovation, savoir écologique traditionnel, société antanala.

Directeur de mémoire : Professeur RAMANDIMBIARISON Noëline Adresse de l’auteur : Antafotenina 312 Ifanadiana raharison.des@voilà.fr 032 02 206 70 Nombre de tirages : 10

CURRICULUM VITAE

Né à -Mananjary en 1971, RAHARISON Desmoncoeur Gilbert a effectué ses études primaires et secondaires à Ifanadiana. Il a eu son baccalauréat à Antananarivo, au collège Saint Joseph Andohalo en 1995.

Il a choisi par la suite de continuer ses études dans le département de Sociologie de la Faculté de Droit, d'Economie, de Gestion et de Sociologie de l'Université d'Antananarivo où il a réalisé un stage concernant "Le projet politique de la religion", cas de Jahavaay Messianique en 1998 pour obtenir le Diplôme d'Etude Universitaire Générale. L'impétrant s'est ensuite lancé dans le cadre d'étude de fonctionnement des sociétés paysannes à travers le thème "La tsangambato dans son entité et ses interactions" en prenant le cas d'Antafotenina-Ifanadiana. Ceci lui a permis d'obtenir le Diplôme de Licence en 1999. Lors de la réalisation de ces deux mémoires, il a eu la chance d'être encadré par le Professeur RAMANDIMBIARISON Jean Claude.

Elu président de l'association Jeunes Intellectuels de Vatovavy, JIV, réunissant les étudiants de l'Université d'Antananarivo originaires d'Ifanadiana, Ikongo, Mananjary et Nosy Varika en 2001, RAHARISON Desmoncoeur a connu une expérience dans la direction de la vie associative en apportant la redynamisation de la JIV

Convoqué pour collaborer avec un candidat à l'élection législative vers fin 2002 et désigné 2ème position de la liste, il est actuellement assistant parlementaire du Député de Madagascar élu à Ifanadiana. Conscient de la dégradation de la situation socio-économique de la sous-préfecture d'Ifanadiana, RAHARISON Desmoncoeur souhaite terminer ses études de second cycle en focalisant son attention sur la politique de communication appliquée dans la commune rurale d'Ifanadiana dans le cadre de la lutte contre le tavy sous la direction de Madame le Professeur RAMANDIMBIARISON Noëline