L’Usine Lemaire Destombes LE PATRIMOINE INDUSTRIEL L’usine est fondée en 1906 par Jean Lemaire, En 1969, Paul Lemaire fonde avec son as- filateur de lin à et s’installe rue Sadi socié Claude Frys la Filature de Saint-André. DU SIVOM ALLIANCE -OUEST Carnot. Spécialisée dans le lin jusqu’en 1920, Cette héritière se fait connaître pendant elle voit sa production se diversifier grâce au quelques années grâce à ses fils fantaisies ex- traitement d’autres fibres comme le chanvre. portés en Europe. Cependant, dès les années Entre 1925 et 1926, les déchets végétaux re- 80, les difficultés économiques rattrapent jetés lors de la fabrication des fils et étoupes l’usine, obligeant à sa fermeture définitive en trouvent une nouvelle vie, l’usine est aména- 1992. L’entreprise Domotex, qui produit du gée afin de produire de la pâte à papier avec tissu de décoration industriel, fait alors son ces résidus. La société est florissante et em- apparition. Elle devient, au fil des années, pro- ploie 823 ouvriers recrutés notamment dans priétaire de la moitié de la friche. le bassin minier du Pas-de-Calais. Aujourd’hui, l’ancienne usine textile, qui La Seconde Guerre Mondiale affecte sa pro- est pour l’essentiel préservée, abrite de nom- duction et les effectifs sont réduits de moitié. breuses sociétés qui emploient plus de 400 Dans les années 50, l’industrie du lin périclite salariés. On y trouve des activités très variées : et l’usine amorce inéluctablement son déclin. une carrosserie automobile, des studios pho- Entrée de l’Usine Kuhlmann au début du XXe siècle La production est alors diversifiée par l’intro- to, un facteur d’orgue, un atelier d’artiste ou duction d’autres matières filées ce qui permet encore une agence événementielle. Une véri- d’employer encore 684 ouvriers. Malgré cet table ruche d’entreprises. Notre passé industriel a un avenir ! effort, l’usine met la clé sous la porte en 1968. hacun connaît la variété et la richesse Moulins de Paris à Marquette-lez-, la Cdu patrimoine industriel du Nord–Pas- Distillerie Clayessens à … de-Calais. Nos paysages ont conservé de nombreuses traces de cette aventure Les territoires anciennement agricoles de humaine et économique. l’actuelle Couronne nord de Lille ont profité de l’arrivée du chemin de fer pour amorcer Longtemps délaissées, voire cachées, les une conversion de leurs activités, démultiplier usines abandonnées et les friches industrielles leurs approvisionnements et étendre leur ne demandent pourtant qu’à être valorisées, aire commerciale. Ceci est visible dans les

Saint-André-lez-Lille pour peu qu’on veuille bien leur reconnaître domaines agro-alimentaires (Grandes une dimension patrimoniale. Le territoire Malteries Modernes à Marquette), textiles du SIVOM Alliance Nord-Ouest constitue (Filature Le Blan-Agache à Pérenchies) ou une parfaite illustration de cet effort de encore de la construction (Briqueteries à En-tête de l’entreprise en 1950 valorisation. ).

La Deûle est depuis le Moyen Âge un axe Autant de sites, disparus ou abandonnés, Les recherches historiques ont été assurées par le service d’aide à la gestion des archives communales et par de communication pour les hommes et qui réintégrent aujourd’hui la mémoire les étudiants du Master « Archivistique et Monde du travail » de l’Université de Lille 3. Les images utilisées pro- les marchandises et a connu ses heures communale et trouvent leur place dans notre viennent des collections communales de Saint-André-lez-Lille. glorieuses avec le charbon triomphant et la projet culturel de valorisation. mise aux « normes Freycinet » de son cours canalisé. Ses berges se sont transformées Cette brochure est le fruit d’un partenariat Le Service d’Aide à la Gestion des Archives Communales en espaces à forte densité industrielle. Des constructif entre le Service d’Aide à la Gestion entreprises performantes et reconnues s’y des Archives du SIVOM Alliance Nord-Ouest Ce service proposé par le SIVOM Alliance Nord-Ouest depuis 2007 aux communes ad- sont implantées, portant haut la qualité et les étudiants du Master « Archivistique et hérentes est constitué de trois archivistes. Il intervient dans les mairies pour traiter les ar- des produits « made in Nord » : les Grands Monde du travail » de l’Université de Lille 3. chives anciennes comme contemporaines. Il réalise également un travail de valorisation des collections patrimoniales des communes.

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Présentation Les établissements Kuhlmann Pendant la Seconde Guerre mondiale, les A la Libération, un renouvellement de l’outil a ville de Saint-André-lez-Lille doit en Établissements Kuhlmann sont, selon les exi- industriel ainsi qu’un investissement technolo- Lgrande partie son essor à la présence de la Frédéric Kuhlmann (1803-1881), chimiste de gences de l’Allemagne, absorbés avec la création gique sont engagés. L’entreprise s’installe sur Deûle, canalisée à l’occasion du plan Freycinet formation, crée en 1825 à Loos une usine de fa- d’une nouvelle société détenue majoritairement d’autres sites afin de s’agrandir et notamment en 1879, facteur particulièrement attractif pour brication d’acide sulfurique, produit utilisé dans par le groupe chimique IG Farben. à . Peu à peu, la marque se développe le développement économique. L’installation les industries textiles de la région lilloise pour à l’étranger. Elle crée une société en Belgique, à précoce de manufactures textile et de brasseries, blanchir le tissu. Les premiers flacons sortent de . Afin d’être plus facilement indentifiable l’arrivée du chemin de fer dès les années 1850, ces ateliers, le 17 mai 1826. à l’international, Jean Caby décide d’abandonner couplée à la construction de la ligne Paris- la marque Hogporc et de lui donner son nom. Il Dunkerque qui passe encore aujourd’hui au L’établissement prend de l’ampleur et s’oriente conserve toutefois son logo. milieu de la ville, permettent le passage de la vers la production d’engrais et de colorants ; l’en- première à la deuxième industrialisation. treprise est pionnière dans le développement Dans une dynamique paternaliste, l’entreprise des superphosphates commercialisés comme crée à Saint-André-Lez-Lille un stade qui porte Les évolutions techniques et industrielles se fertilisants à destination des producteurs de son nom. En 1966, à la mort de son fondateur, concrétisent par l’exploitation de l’industrie betteraves à sucre. En 1829, les établissements son fils, Léopold Caby lui succède et effectue un agroalimentaire, de tissus innovants et des Kuhlmann sont fondés et ouvrent une seconde rapprochement avec le groupe Olida. En 1988, le produits chimiques, activités permettant l’em- usine à La Madeleine en 1847. Ils achètent une Le secteur ammoniac en 1974 gendre de Léopold Caby, Pierre Briet, reprend en ploi de main d’œuvre et l’exportation de mar- autre entreprise située sur l’autre rive de la rivière main l’entreprise avec des cadres et décide de re- chandises. Une véritable zone industrielle se à Saint-André en 1852. Les deux usines longeant Dans les années 50 et 60, plus de 1 200 em- devenir indépendant. Pour entériner ce nouveau constitue progressivement entre la voie ferrée la Deûle et comprenant plus de 50 000 m² de bâ- ployés travaillent sur le site de Saint-André-lez- cap, l’entreprise devient Jean Caby et adopte le et la Deûle. timents sont réunies sur sept hectares entre La Lille. En 1966, les établissements Kuhlmann profil du fondateur sur son nouveau logo. Madeleine, Saint-André et Marquette, en 1854. fusionnent avec Ugine, producteur de métaux Ainsi la population de Saint-André-lez-Lille Elles emploient 850 ouvriers. non ferreux. Cette stratégie ne produit pas les augmente à chaque étape : elle compte 940 synergies escomptées. L’échec est patent, les habitants en 1851, passe à plus de 2 530 âmes A sa mort en 1881, l’héritage de M. Kuhlmann banquiers prennent l’entreprise en main et dé- en 1881, et augmente régulièrement pour pas- demeure au sein de la bourgeoisie industrielle cident de la fusionner avec Pechiney en 1971 ser le cap des 10 000 habitants en 1962, soit à du Nord grâce à une stratégie maritale efficace. pour former le premier groupe industriel privé peu près autant qu’aujourd’hui. On retrouve les familles qui ont bâti leur fortune français. Mais le choc pétrolier et une succession dans le sucre (Raguet, Béghin), le textile (Agache), de mauvais choix stratégiques entament l’équi- la banque (Kiener) ou encore la mine. En 1913, libre du groupe. Sa nationalisation en 1982 scelle L’aménagement d’une nouvelle gare et d’une e gare de marchandises au début du XXe siècle l’entreprise occupe la 40 place au palmarès des la fin de Kuhlmann. Le dernier représentant de la explique cette expansion, mais c’est surtout le plus grandes entreprises françaises. famille est alors évincé du conseil d’administra- développement d’activités tournées vers l’inter- tion et le pôle chimie du groupe, dispersé entre Le parc automobile de Jean Caby dans les années 60 national qui donne à la ville un véritable renou- Durant la Première Guerre mondiale et suite ses concurrents. Kuhlmann tire définitivement sa veau économique dans les années 1950 à 1960. à l’occupation du nord de la par les Alle- révérence. Les années 1990 sont placées sous le signe de mands, Donat Agache, petit-fils de Frédéric Kuhl- l’investissement industriel. En 1994, une nouvelle Le quartier Sainte-Hélène bordé par la Deûle mann, décide de multiplier les implantations en L’entreprise Jean Caby usine est ouverte à Saint-André-Lez-Lille. En 2004, a attiré une multitude d’entreprises et ce depuis dehors des zones de conflits, en particulier dans l’entreprise Jean Caby est rachetée par Smithfield la moitié du XXe siècle : les Cheminées Peters, la l’Ouest. Ces nouvelles usines sont financées par L’histoire de Jean Caby débute en 1919 avec Foods puis intègre le groupe Aoste en 2006. En société Louis Herbaut, l’entreprise Porchet Fils & une introduction en bourse. La part de la famille l’ouverture d’une charcuterie artisanale située 2008, Aoste rejoint le groupe Campofrio Food Cie, l’entreprise Soud’arc, l’entreprise Delevoye, diminue, mais les descendants conservent des rue Colbert à Lille. En 1924, son fondateur dépose Group où Jean Caby est le spécialiste des pro- la société Minière et métallurgique de Panor- postes de direction. En 1924, le groupe fusionne, la marque Hogporc avec le logo représentant un duits cuits. Enfin, en 2012, Campofrio cède 51% roya, la distillerie porion, la malterie Boucquey, à la demande de l’État, avec la Compagnie na- cochon traversant un cercle. La marque est spé- de Jean Caby à un investisseur franco-américain. la société Hayem, la teinturerie de Sainte Hé- tionale des matières colorantes. Avec un pétrole cialisée dans les jambons, saucissons, salaisons lène Adolphe Parent et Fils, la scierie Platel et la plus abondant et moins cher, l’entreprise s’oriente et conserves. En 1929, une usine est installée à De nos jours, le groupe Jean Caby est pré- briquèterie Alphonse Delcourt et Fils. alors vers le développement des matières plas- Saint-André-Lez-Lille. Durant la Seconde Guerre sent dans quarante-cinq pays et emploie plus tiques et des résines synthétiques. Mondiale, l’entreprise subit des pertes maté- de 1000 salariés dont près d’un tiers sur le site rielles dans les bombardements. de Saint-André pour une surface de 38 000m².