Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine

103-2 | 2015 Impact du changement climatique sur les dynamiques des milieux montagnards Impact of climate change on mountain environment dynamics

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/rga/2805 DOI : 10.4000/rga.2805 ISSN : 1760-7426

Éditeur Association pour la diffusion de la recherche alpine

Référence électronique Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, 103-2 | 2015, « Impact du changement climatique sur les dynamiques des milieux montagnards » [En ligne], mis en ligne le 07 septembre 2015, consulté le 06 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/rga/2805 ; DOI:10.4000/rga.2805

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SOMMAIRE

Impact du changement climatique sur les dynamiques des milieux montagnards Une introduction Monique Fort

Impact of climate change on mountain environment dynamics An introduction Monique Fort

Changements climatiques et risques naturels dans les Alpes Impacts observés et potentiels sur les systèmes physiques et socio-économiques Benjamin Einhorn, Nicolas Eckert, Christophe Chaix, Ludovic Ravanel, Philip Deline, Marie Gardent, Vincent Boudières, Didier Richard, Jean-Marc Vengeon, Gérald Giraud et Philippe Schoeneich

Climate change and natural hazards in the Observed and potential impacts on physical and socio-economic systems Benjamin Einhorn, Nicolas Eckert, Christophe Chaix, Ludovic Ravanel, Philip Deline, Marie Gardent, Vincent Boudières, Didier Richard, Jean-Marc Vengeon, Gérald Giraud et Philippe Schoeneich

Le permafrost de montagne et les processus géomorphologiques associés : évolutions récentes dans les Alpes françaises Xavier Bodin, Philippe Schoeneich, Philip Deline, Ludovic Ravanel, Florence Magnin, Jean-Michel Krysiecki et Thomas Echelard

Mountain permafrost and associated geomorphological processes: recent changes in the French Alps Xavier Bodin, Philippe Schoeneich, Philip Deline, Ludovic Ravanel, Florence Magnin, Jean-Michel Krysiecki et Thomas Echelard

Evaluation du risque de déstabilisation des infrastructures de haute montagne engendré par le réchauffement climatique dans les Alpes françaises Pierre-Allain Duvillard, Ludovic Ravanel et Philip Deline

Risk assessment of infrastructure destabilisation due to global warming in the high French Alps Pierre-Allain Duvillard, Ludovic Ravanel et Philip Deline

Stratégies d’adaptation des producteurs du Safran de Taliouine (Maroc) face au changement climatique Larbi Aziz et Widad Sadok

Strategies used by the saffron producers of Taliouine (Morocco) to adapt to climate change Larbi Aziz et Widad Sadok

La télédétection de la neige dans les Andes comme outil de prévision des débits des rivières du Cuyo Nicolas Delbart, Samuel Dunesme, Emilie Lavie, Malika Madelin et Régis Goma

Remote sensing of Andean mountain snow cover to forecast water discharge of Cuyo rivers Nicolas Delbart, Samuel Dunesme, Emilie Lavie, Malika Madelin et Régis Goma

Changement climatique et ressource en eau en Himalaya Enquêtes auprès de villageois dans quatre unités géographiques du bassin de la Koshi, Népal Joëlle Smadja, Olivia Aubriot, Ornella Puschiasis, Thierry Duplan, Juliette Grimaldi, Mickaël Hugonnet et Pauline Buchheit

Climate change and water resources in the Himalayas Field study in four geographic units of the Koshi basin, Nepal Joëlle Smadja, Olivia Aubriot, Ornella Puschiasis, Thierry Duplan, Juliette Grimaldi, Mickaël Hugonnet et Pauline Buchheit

Dynamique de la neige de culture dans les Alpes Françaises Contexte climatique et état des lieux Pierre Spandre, Hugues François, Samuel Morin et Emmanuelle George-Marcelpoil

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Snowmaking in the French Alps Climatic context, existing facilities and outlook Pierre Spandre, Hugues François, Samuel Morin et Emmanuelle George-Marcelpoil

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Impact du changement climatique sur les dynamiques des milieux montagnards Une introduction

Monique Fort

1 Les montagnes sont des écosystèmes spécifiques, caractérisés par une grande diversité et complexité (Messerli et Ives, 1997). Les gradients topographiques, climatiques et biologiques élevés se combinent à de forts contrastes saisonniers pour favoriser le déclenchement d’événements climatiques et géomorphologiques extrêmes, qui à leur tour peuvent fortement affecter les milieux écologiques et humains (Ives et Messerli, 1989 ; Price, 1999 ; Beniston, 2002 ; Viviroli et al., 2007 ; Huggel et al., 2010 ; Körner, 2013). Les populations de montagne ont des mode de vie très diversifiés : les activités rurales traditionnelles comme l’agriculture, le pâturage et l’exploitation forestière, coexistent avec l’extraction minière, la production d’hydroélectricité et l’industrie du tourisme (Beniston et al., 1996). Selon le contexte socio-économique et démographique de chaque pays, ces activités sont aujourd’hui soit en déclin soit en plein essor. En fait, si 12 % de la population mondiale vit dans les montagnes, elle vit en grande majorité dans les pays en développement marginalisés (physiquement et économiquement), de sorte que toute modification des conditions environnementales peut avoir un impact sur la pauvreté et la sécurité alimentaire (Kohler et al., 2014). Les montagnes jouent également un rôle important pour leurs piémonts : elles sont de véritables « châteaux d’eau » (Liniger et al., 1998 ; Viviroli et al., 2007) qui stockent et restituent leur eau douce plus en aval, elles permettent aussi la production d’énergie par le biais d’un fort potentiel hydroélectrique (de Jong et al., 2009 ; Viviroli et al., 2011 ; Beniston et Stoffel, 2013). Mais les milieux de montagne sont « fragiles », ils peuvent être détruits par de nombreux facteurs tels que le déboisement, le surpâturage, la mise en culture de terres marginales, la progression de l’urbanisation, tous facteurs qui peuvent conduire à (1) la dégradation rapide de la biodiversité et des ressources en eau, et à (2) l’augmentation des risques naturels, et mettre ainsi les populations en danger.

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2 Les milieux de montagne sont particulièrement sensibles aux changements climatiques (Beniston, 2003, 2005). Ils figurent parmi les écosystèmes les plus sérieusement et rapidement touchés : ils peuvent être affectés par des changements de température et du régime des précipitations à toutes les échelles (Zemp et al., 2009). Neige et glace sont les principaux paramètres de contrôle du cycle hydrologique, en particulier des écoulements saisonniers, et peuvent influer sur la globalité du géosystème (roches, sols, végétation, débits de rivières...). Avec le changement climatique, la disponibilité en eau risque d’être réduite, avec des conséquences qui se feront sentir bien au-delà des régions de montagne (Lutz et Immerzeel, 2013). De même, le changement climatique est susceptible de provoquer davantage de catastrophes naturelles ou économiques, d’autant plus que dans de nombreuses zones de montagne, les niveaux de pauvreté sont plus élevés et l’insuffisance alimentaire plus répandue que dans les basses terres (Ives et Messerli, 1989 ; Kohler et al., 2014) .

3 Cependant l’évaluation des impacts potentiels des changements environnementaux n’est pas chose facile en raison de la complexité et de la diversité des systèmes de montagne, et de la variabilité intra et interannuelle naturelle des paramètres climatiques, qui font que la nature exacte du changement climatique est très difficile à prouver (Immerzeel et al., 2010 ; Salzmann et al., 2014). En effet, toute prédiction de l’évolution future du climat repose à la fois sur un vaste réseau de stations météorologiques et sur les résultats de modélisations à partir de données satellitaires, et les tendances ne peuvent être réellement dégagées qu’à l’échelle de plusieurs décennies (Beniston, 2003 ; Immerzeel et al., 2009 ; Nolin, 2010).

4 Ce numéro est consacré à l' « impact du changement climatique sur les dynamiques des milieux montagnards », et met l’accent sur les indicateurs et les perceptions du changement climatique aux échelles locales et régionales. Il a l’ambition d’apporter quelques réponses aux interrogations suivantes : 1. Quelles sont les différentes méthodes pour évaluer les changements climatiques ? Quelles sont les plus accessibles et les mieux intégrées ? 2. Sur le terrain, quels sont les meilleurs indicateurs du changement climatique ? Comment différencier les impacts causés par le changement climatique s.s. de ceux liés à un changement d’utilisation du sol ? 3. Les populations de montagne perçoivent-elles à l’échelle locale certains indices de changement climatique (température, précipitations, saisonnalité, événements extrêmes) ? Se sentent-elles menacées ? 4. Comment les décideurs concilient-ils les enjeux socio-économiques (stations de ski, approvisionnement en eau, etc.) avec des données sur le changement climatique et son évolution à moyen terme (2050) ?

5 Ce numéro comprend sept contributions, qui englobent une grande variété d’approches méthodologiques et de thèmes appliqués à différents systèmes de montagne appartenant à quatre continents, avec une place privilégiée donnée aux Alpes françaises.

6 La première contribution de Einhorn et al. donne un aperçu des résultats obtenus au cours de la période 2007-2013 par les projets de recherche, de coopération et de capitalisation sur le changement climatique. Cet article est principalement un inventaire des changements observés et projetés par les modèles climatiques, au niveau de la dynamique de la cryosphère et des risques naturels associés et prévisibles (inondations, coulées de débris, glissements de terrain, éboulements). Les auteurs

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examinent les bases de données existantes sur le changement climatique et les risques naturels à différents niveaux (international, européen et français), en insistant sur les différents observatoires et plates-formes développés par les opérateurs scientifiques et techniques à l’échelle des Alpes européennes. Certains impacts socio-économiques importants sont également mentionnés, pour inciter les parties prenantes et les décideurs à anticiper et à s’adapter à ces nouvelles situations prévisibles.

7 Les deux contributions suivantes traitent de pergélisol (glace de sol permanente). En haute altitude, le pergélisol, aussi nommé permafrost, un élément majeur de la cryosphère de montagne dont l’existence est mise en évidence par des glaciers suspendus et des glaciers rocheux, est un bon indicateur du changement climatique. Toute évolution des paramètres du pergélisol (température, superficie) peut engendrer de nouveaux risques pour les populations de montagne proches, les infrastructures et les territoires (Haeberli et Beniston, 1998 ; Huggel et al., 2010 ; Haeberli, 2013) .

8 Dans leur étude, Bodin et al. proposent une synthèse sur l’état actuel du pergélisol de montagne dans les Alpes françaises et son évolution récente. Ils font le bilan des recherches qui ont été effectuées au cours des dix dernières années dans le cadre de PermaFRANCE, un réseau de recherche mis en place pour suivre l’évolution à long terme du pergélisol. Les mesures de température ont été à la fois effectuées en surface (capteurs) et en sub-surface (forages). Les résultats préliminaires obtenus pour les cinq dernières années montrent une tendance claire de la hausse des températures, en cohérence avec les données recueillies sur d’autres forages alpins. Puis les auteurs évoquent quelques processus géomorphologiques dangereux qui peuvent se produire en réponse au réchauffement du pergélisol : augmentation de l’activité des chutes de pierres dans le massif du Mont-Blanc, augmentation de la vitesse des glaciers rocheux tels celui du Bérard dans le massif de la Vanoise, ces dynamiques extrêmes étant corrélées à des anomalies météorologiques, hydrologiques et nivologiques. Dans leur conclusion, les auteurs insistent sur les conditions de stabilité des pentes alpines, nettement modifiées par le réchauffement du pergélisol et les changements consécutifs de la teneur en glace ou eau contenues dans les terrains meubles. La compréhension et la prévision des impacts en termes de risques devraient tenir compte de la très grande variabilité des conditions locales, afin de répondre aux attentes de la société, en particulier à celles des gestionnaires des risques naturels.

9 Cette recommandation est prise au sérieux par Duvillard et al. qui se concentrent sur le risque de déstabilisation directe des infrastructures de haute montagne (refuges, téléphériques, etc.) engendré par le réchauffement climatique. Afin de caractériser les risques potentiels et évaluer la vulnérabilité de ces infrastructures susceptibles d’être menacées par la dégradation du pergélisol et/ou éventuellement touchées par le retrait des glaciers, les auteurs ont mené dans les Alpes françaises un recensement de toutes les infrastructures de haute montagne (n = 1 769). Pour chacune d’entre elles ils prennent en considération une série de facteurs (passifs ou actifs) caractérisant les aléas géomorphologiques à l’origine de l’instabilité des pentes. Ils incluent également le niveau potentiel de l’intensité des dommages à l’aide d’un indice de valeur (valeur à la fois financière et opérationnelle) afin de mieux estimer le degré de vulnérabilité. Enfin ils construisent un indice de risque de déstabilisation afin d’identifier et de classer les infrastructures à risque. Sur la base de tous ces paramètres, ils aboutissent à la conclusion que 10 % des infrastructures étudiées se caractérisent par un risque élevé de

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déstabilisation, un chiffre qui devrait sérieusement être pris en compte par les responsables de station et les décideurs politiques.

10 Outre la déstabilisation des pentes et la menace des infrastructures en raison de la hausse des températures, le changement climatique dans les montagnes a aussi des répercussions importantes sur l’hydrologie et peut menacer les populations vivant dans les zones de montagne et les plaines de piémont voisines. Les montagnes fournissent les ressources en eau nécessaires aux besoins domestiques, agricoles, industriels et touristiques, et toute modification de cette ressource (superficielle ou souterraine) peut affecter la quantité d’eau disponible et donc menacer toute activité économique basée sur cette ressource. Cela est d’autant plus vrai que les zones de montagne accueillent aujourd’hui des densités de population plus élevées que par le passé. Quatre articles illustrent la variété des usages de l’eau dans différents continents et différents contextes socio-économiques.

11 La disponibilité en l’eau est une question cruciale dans les montagnes où l’activité agricole reste la principale source de revenus économiques. Dans l’Anti-Atlas marocain, Aziz et Sadok montrent comment la production de safran, pilier majeur de l’économie locale, est une culture exigeante en eau qui est, en tant que telle, directement menacée par la variabilité du climat. Plus précisément sont en cause l’augmentation de la température générale de ces dernières décennies, qui limite la durée de la saison froide, et la diminution du volume de neige dans la montagne, cause du déficit hydrique observé, tendances qui pourraient réduire le bénéfice économique tiré de cette culture de rente emblématique. Afin de mieux évaluer la perception locale du changement climatique, les auteurs ont interrogé 60 agriculteurs (utilisation de questionnaires), et quelques acteurs (entretiens semi-structurés). Ils montrent comment, afin de minimiser les pertes de bénéfice liées au changement climatique, la population locale a développé des stratégies d’adaptation, en intégrant des connaissances « techniques» importées (par exemple, l’irrigation au goutte à goutte, ou des modifications du calendrier de plantation et d’irrigation) au savoir traditionnel hérité des générations passées (réhabilitation de vieux puits ou creusement de nouveaux puits).

12 La position des Andes argentines en situation d’abri par rapport aux flux d’ouest les rend particulièrement sensibles au changement climatique. Dans cette région aride (150-300 mm précipitations annuelles moyennes) étudiée par Delbart et al., la fonte des neiges annuelles est la principale source d’eau pour les rivières et la recharge des aquifères, et assure directement l’alimentation en eau de l’agriculture irriguée des oasis du piémont de la province de Mendoza. Là, l’augmentation de la population et la demande croissante en eau font que l’accès à la ressource en eau est devenu une priorité, ce qui nécessite une certaine anticipation. Les auteurs analysent le lien entre les variations saisonnières et interannuelles du débit des rivières mesuré en amont des premiers barrages construits sur les quatre rivières qui alimentent les périmètres irrigués. Afin de prévoir les débits moyens de rivières durant les mois de printemps et d’été, ils utilisent une méthode de télédétection basée sur des images de MODI10A2 (période 2001-2014). Malgré une trop courte période d’analyse pour conclure de façon significative sur un changement de régime, les auteurs montrent que les grandes différences dans les débits sont liées à la surface totale de la couverture de neige d’un bassin versant à l’autre, elle-même corrélée avec la dimension de chaque bassin versant. Ils montrent également que la surface mesurée de la couverture neigeuse observée en début de période de fonte des neiges influence directement le débit total

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des rivières. Finalement, cette analyse d’images se révèle pertinente pour prévoir plus de 60 % de la variance interannuelle du débit, et pourrait être une aide à la gestion des niveaux d’eau dans les réservoirs situés en amont des zones irriguées.

13 Smadja et al. s’intéressent à l’Himalaya, et plus particulièrement au bassin de la Koshi (Népal) dominé par l’Everest. Par opposition avec les nombreuses études basées sur la modélisation du climat, l’objectif des auteurs est de savoir si les populations ont noté des variations de disponibilité en eau qui auraient pu affecter leurs pratiques agricoles habituelles et si ils attribuent ces variations éventuelles à un changement climatique. Dans une approche tout à fait originale, à savoir « l’étude du changement climatique sans en parler », les auteurs tentent d’évaluer les impacts réels du changement climatique par rapport aux impacts d’une demande croissante de l’eau qui serait due à l’introduction de nouvelles techniques dans les pratiques agricoles, à de nouveaux modes de vie et au développement du tourisme (10 fois plus important qu’en 1980). A partir de nombreux entretiens menés sur quatre terrains représentatifs des différents milieux népalais, les auteurs ont trouvé des situations contrastées et des changements dans les pratiques sans lien évident avec le climat. Pourtant, leurs informations obtenues sur la neige, un paramètre qui a été mal mesuré et sous-estimé dans les simulations, montrent que les populations sont davantage touchées par les fluctuations de la pluviométrie que par la fonte des glaciers et du manteau neigeux. Les auteurs montrent que les groupes de population les plus susceptibles d’être affectés par les variations climatiques sont ceux qui vivent dans les hautes montagnes et les basses montagnes (où la longue saison sèche est souvent problématique), par rapport à ceux qui vivent dans les montagnes moyennes et sur le piémont, dont la pluriactivité (agriculture, portage et services) limite le risque qui pourrait être engendré par des précipitations irrégulières et insuffisantes. Plus généralement, la croissance démographique récente, le développement des infrastructures et la diversification des revenus, sont apparus comme des facteurs d’explication possibles des changements observés, sans nécessité de mettre en cause le climat.

14 La dernière contribution porte sur la question de la disponibilité de l’eau pour la production de neige artificielle, une pratique courante dans les Alpes européennes depuis les cinq dernières décennies (Koenig et Abegg, 1997 ; de Jong, 2011). La neige artificielle est considérée comme un moyen d’accroître l’étendue des domaines skiables, de compenser le déficit saisonnier de neige, et d’atténuer les effets du changement climatique. Cette assurance de neige représente des investissements supplémentaires qui, dans un proche avenir, peuvent ne pas être financièrement viables pour toutes les stations de ski.

15 À partir de considérations sur le contexte climatique, Spandre et al. essayent d’évaluer les niveaux actuels et prévus des installations de neige artificielle à l’échelle des Alpes françaises. Ils ont mis en place un sondage socio-économique en ligne, destiné aux professionnels y compris aux gestionnaires et techniciens travaillant dans les stations de ski, afin de différencier les stations en fonction de leur taille, leur tranche altitudinale et leurs équipements (nombre, âge et taille des remontées mécaniques). Ils établissent un rapport de la surface équipée, qui se révèle être plus grand pour les grandes stations que pour les stations de taille petites et moyennes. Ensuite, ils évaluent l’évolution passée des conditions météorologiques adaptées à la fabrication de neige (température « humide » comprise entre -2 ° C et -5 ° C), et ont constaté que le potentiel thermique de fabrication de neige pour les stations alpines interrogées a dans

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l’ensemble diminué de 1961 à 2014, avec une certaine variabilité saisonnière et annuelle. Par conséquent, la rareté de la disponibilité en eau et des conditions météorologiques favorables à la fabrication de neige de culture va probablement devenir une situation de plus en plus fréquente, ce qui représente une augmentation des coûts pour les stations de ski que seules les plus riches d’entre elles (les plus grandes et les plus élevées) pourront supporter.

16 Pour conclure, les différentes contributions de ce volume ont montré que si la question du changement climatique est considérée de plus en plus sérieusement partout dans le monde (voir la prochaine COP 21, conférence qui se tiendra à Paris en décembre 2015), son expression est beaucoup plus complexe au niveau local, et sa perception varie en fonction des impacts attendus. Dans les régions montagneuses, deux paramètres sont particulièrement importants. Tout d’abord, en dehors des glaciers et de leur recul accéléré, le pergélisol et son état thermique apparaît comme un bon indicateur d’un changement de température : si le pergélisol commence à fondre, il devient une cause possible d’instabilité des pentes, en menaçant directement des infrastructures touristiques. Deuxièmement, la ressource en eau est devenue la principale préoccupation des populations vivant dans les montagnes ou sur leurs piémonts. La fonte des glaciers, et sans doute plus encore la diminution de volume et de durée du manteau neigeux, ainsi que sa variabilité temporelle et spatiale, sont deux facteurs qui auront une incidence sur le débit des sources et des rivières, et indirectement sur la disponibilité en eau pour les populations montagnardes. En outre, le changement et la variabilité des précipitations, un paramètre mal contraint par les modèles climatiques globaux et régionaux, sont certainement des facteurs clé qui doivent être mieux définis à l’échelle du bassin et à l’échelle locale. En fonction de ses usages, la rareté de l’eau aura une incidence sur l’économie locale (réduction de la production de cultures de rente ; faillite des petites stations de ski si la neige de culture n’est plus possible), et/ou peut créer une certaine concurrence entre les différents types d’activité socio- économiques (tourisme vs agriculture), et susciter des conflits entre groupes de populations, entre ceux qui peuvent s’adapter financièrement ou en diversifiant leurs activités économiques (gestionnaires, riches propriétaires fonciers) et ceux qui n’ont d’autre choix que de migrer ou disparaître, malgré leur longue expérience acquise sur la variabilité climatique au fil des générations. Enfin, même si certains impacts tels que les risques hydro-géomorphologiques ou l’évolution de la biodiversité n’ont pas été expressément illustrés dans ce volume, nous espérons qu’à travers les différents exemples développés, certaines approches méthodologiques (télédétection, indice de risque de déstabilisation, entretiens sur la perception) pourraient être utiles pour définir les politiques les plus adéquates permettant d’anticiper, de s’adapter et de gérer les impacts potentiels du changement climatique dans les montagnes.

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AUTEUR

MONIQUE FORT Professeur Emérite, Université Paris Diderot-Sorbonne Paris Cité, CNRS UMR 8586 Prodig. [email protected]

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Impact of climate change on mountain environment dynamics An introduction

Monique Fort

1 Mountains are specific ecosystems, characterised by their diversity and complexity (Messerli and Ives, 1997). Steep topographic, climatic and biological gradients combined with sharp seasonal contrasts favour the triggering of extreme climatic and geomorphic events, which may in turn strongly affect ecological and human environments (Ives and Messerli, 1989; Price, 1999; Beniston, 2002; Viviroli et al., 2007; Hüggel et al., 2010; Körner, 2013). Mountain populations are quite diverse in their way of life: traditional rural activities, such as agriculture, livestock grazing and forestry, coexist with mining extraction, hydropower production and tourism (Beniston et al., 1996). Depending on the socio-economic and demographic context of each country, such activities are nowadays either declining or in full expansion. In fact, while 12 percent of the world’s population live in mountains, the great majority live in marginalised (physically and economically) developing countries so that any change in environmental conditions may have an impact on poverty and food security (Kohler et al., 2014). Mountains also play an important role in their adjacent lowlands: they are “water towers” (Liniger et al., 1998; Viviroli et al., 2007) storing and delivering fresh water to downstream areas, and producing energy through hydropower potential (de Jong et al., 2009; Viviroli et al., 2011; Beniston and Stoffel, 2013). However, mountain environments are “fragile”, they can be damaged by many factors such as deforestation, overgrazing by livestock, cultivation on marginal soils, and progression of urbanisation, all of which may result in (1) a rapid degradation of biodiversity and water resources, and (2) an increase in natural hazards, hence putting adjacent populations at risk.

2 Mountain environments are very sensitive to climate change (Beniston, 2003, 2005). They appear among the most severely and rapidly impacted ecosystems, and can be affected by any change in temperature and precipitation patterns at all scales (Zemp et al., 2009). Snow and ice are the main control parameters of the hydrological cycle, particularly of the seasonal runoff, and may impact the entire geosystem (rocks, soils,

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vegetation, and river discharges). With climate change, water will probably become less available, the consequences of which will reach far beyond mountain regions (Lutz and Immerzeel, 2013). Similarly, climate change is likely to increase exposure to either natural or economic hazards, all the more so because in many mountain areas, poverty levels are higher than in lowland areas and food insufficiency is more widespread (Ives and Messerli, 1989; Kohler et al., 2014).

3 However, assessing the potential impacts of environmental changes is not easy because of the complexity and diversity of mountain systems, and because of the natural intra- and inter-annual variability of the climatic parameters, which make the exact nature of climate change very difficult to evidence (Immerzeel et al., 2010; Salzmann et al., 2014). In fact, predicting future climate trends relies on both a large network of meteorological stations and modelling outputs from satellite-derived data (Beniston, 2003; Immerzeel et al., 2009; Nolin, 2010). Yet, trends can currently be generated only on a decadal time scale.

4 This issue is devoted to the “Impact of climate change on mountain environment dynamics”, and focuses on the evidence for climate change at local and regional scales. It aims to provide some answers to the following questions: 1. What are the different methods to assess changes in climate? Which are the best, most accessible and integrative ones? 2. What are the best field indicators of climate change? How can the impacts caused by climate change, in the strict sense, be differentiated from those linked to land use change? 3. Do mountain populations perceive any evidence of climate change (temperature, precipitation amount, seasonality and extreme events) at a local scale? Do they feel threatened? 4. How do policymakers reconcile socio-economic assets (ski resorts, water supply, etc.) with climate change data and trends?

5 This issue includes seven contributions, which encompass a wide variety of methodological approaches and themes applied to different mountain systems situated in four continents, with a special place given to the French Alps.

6 The first contribution by Einhorn et al. is an overview of the results achieved during the period 2007-2013 in research, cooperation and capitalisation projects on climate change. It is mainly a survey of the observed and projected changes in climate patterns, cryosphere dynamics, and derived and expected natural hazards (floods, debris flows, landslides, and rockfalls). These authors review existing databases on climate change and natural hazards at different levels (i.e. international, European and French), highlighting the platforms and observatories developed by different scientific and technical operators at the European Alps scale. Some significant socio-economic impacts are also mentioned, in relation to potential extreme hazards, in order to urge stakeholders and policymakers to anticipate and adapt to these new, foreseeable situations.

7 The two following contributions deal with permafrost (i.e. permanent ground ice). At high elevations, one good indicator of climate change is permafrost, a major element of the mountain cryosphere whose existence is generally best demonstrated by hanging glaciers or rock-glaciers. Any change in permafrost conditions (temperature or extent) may generate new risks for the surrounding mountain population, infrastructures and territories (Haeberli and Beniston, 1998; Huggel et al., 2010; Haeberli, 2013).

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8 In their study, Bodin et al. provide a synthesis of the current status of mountain permafrost in the French Alps and its recent evolution. They summarise research that has been carried out for the last ten years within the framework of PermaFRANCE, a network that was set up to monitor the long-term evolution of permafrost. Temperature measurements include both surface (sensor) and subsurface (borehole) methods. The preliminary results obtained for the last 5 five years show a clear tendency of increasing temperatures, which is consistent with data collected from other Alpine boreholes. They then illustrate the hazardous geomorphological processes observed as a response to permafrost changes: increasing rockfall activity in the Mont- Blanc massif, increasing velocity of rock-glaciers such as the Bérard in the Vanoise massif, with extreme dynamics correlated with meteorological anomalies and hydro- snow conditions. In their conclusion, the authors emphasise the conditions of stability of alpine slopes, which are clearly modified by the warming of permafrost and related changes in the ice or water contents of soils. Therefore, understanding and predicting the consequences in terms of risks should take into account the very high variability of the local conditions in order to meet societal expectations, specifically those of natural hazard managers.

9 This recommendation is taken seriously by Duvillard et al. who focus on the risk of the direct destabilisation of high-mountain infrastructures (huts, cable-cars, etc.) generated by global warming. In order to characterise the potential hazards and assess the vulnerability of such infrastructures probably threatened by permafrost degradation and/or possibly affected by glacier shrinkage, the authors have carried out an extensive inventory of all high-mountain infrastructures (n=1,769) in the French Alps. For each one, they consider a series of factors characterising the geomorphic hazards (either passive or active) that may cause slope instability. They also include the potential level of damage intensity, together with an index of value (both financial and operating) in order to assess the degree of vulnerability better. Finally, they build an index of destabilisation risk to identify and rank infrastructures at risk. On the basis of all these parameters, they conclude that 10% of the studied infrastructures are characterised by a high risk of destabilisation, a warning that should be seriously taken into account by stakeholders and policymakers.

10 Besides slope destabilisation and the threat to infrastructures due to temperature increase, climate change in mountains has significant impacts on hydrology, which may threaten populations living in the mountain areas and in adjacent, lowland regions. Mountains provide water resources for domestic, agricultural, industrial and tourism purposes, and any change in this resource (either surface or groundwater) may affect water availability and hence any economic activity based on this resource. This is all the more true as mountain areas now host larger population densities. Four contributions illustrate the varying water uses in different socio-economic contexts and continents.

11 Water availability is a crucial issue in mountains where agriculture remains the major source of economic income. In the Anti-Atlas mountains of Morocco, Aziz and Sadok show how saffron production, a major pillar of the local economy, is a fairly water- demanding crop and as such is directly threatened by climate variability. More specifically, it appears that the general temperature rise of recent decades has shortened the cold season, and the decrease in snow volume in the mountains has led to a water deficit, and hence a reduction in the economic profit generated by this

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emblematic cash crop. In order to assess better the local perceptions of climate change, the authors surveyed 60 farmers (using questionnaires), and a few stakeholders (semi- structured interviews). They show how, in order to minimise the loss of profit generated by climate change, the local population has developed adaptation strategies, integrating imported “technical” knowledge (e.g. drip irrigation; changes in the planting and irrigation calendar) with traditional knowledge inherited from past generations (renovating old wells or digging new ones).

12 The position of the Argentine Andes on the rain-shadow side of the mountain range makes them even more sensitive to climate change. In this arid region (150-300 mm mean annual precipitation) studied by Delbart et al., the annual snowmelt is the main source of running water and aquifer recharge, which directly supply the irrigated agriculture of the piedmont oases in Mendoza Province. There, the growing population and increasing water demand make access to the water resource a priority, which requires some anticipation. The authors analyse the link between the seasonal and inter-annual variations in river discharges measured upstream of the first dams built on the four rivers feeding the irrigated plots. In order to forecast the average river discharge during the spring–summer months, they use a remote sensing methodology based on MODI10A2 images (2001-2014 period). Despite the period of analysis being too short to conclude there is a significant regime change, the authors show that large differences in discharge are related to the total surface area of the snow cover among watersheds, with a direct link to watershed dimensions. They also show that the area of the snow bed extent observed at the beginning of the snowmelt period directly influences the total discharge in rivers. Finally, their method proves effective at forecasting over 60% of the inter-annual variation in discharge, and could help to manage water levels in reservoirs located upstream of the irrigated perimeters.

13 Smadja et al. focus on the Himalayas, and more specifically the Koshi basin (Nepal) dominated by Everest. In contrast with the many studies based on climate modelling, the authors’ aim was to find out whether populations had noticed any variations in water availability that affected their usual agricultural practices and whether they attributed them to climate change. In a very original approach, i.e. “studying climate change without speaking about it”, the authors try to distinguish the real impacts of climate change from those of an increasing water demand due to the spread of new techniques in agricultural practices, new lifestyles and the development of tourism (10 times greater than in 1980). From extensive interviews carried in four fieldwork sites representative of Nepalese milieus, they find contrasting situations and changes in practices with no obvious connection to the climate. Nevertheless, their information collected about snow, a parameter that has been measured incorrectly and underestimated in simulations, shows that populations are more affected by fluctuations in rainfall patterns than by the melting of glaciers and the snow cover. The authors conclude that the population groups most likely to be affected by climatic variations are those living in high mountains and low mountains (where the long dry season is quite often problematic), compared to those living in the middle mountains and the foothills where their pluri-activity (agriculture, portage and services) limits the risk that might be caused by irregular, insufficient rainfall. More generally, the recent demographic growth, infrastructure development and diversified incomes have appeared as alternative explanations of the changes observed other than the climate.

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14 The last contribution addresses the issue of water availability for artificial snowmaking, a common practice in the European Alps for the last fifty years (Koenig and Abegg, 1997; de Jong, 2011). Snowmaking is considered a logical way to extend ski resorts spatially, to compensate for the seasonal deficit in snow and mitigate the effects of climate change. This guarantee of snow represents extra investments that may not be financially viable for all ski resorts in the future.

15 By looking at the climatic context, Spandre et al. try to assess the current and anticipated levels of snowmaking facilities at the scale of the French Alps. They set up a socio-economic on-line survey for professionals, including ski patrol managers and technicians working in ski resorts, in order to classify the ski resorts according to their size, elevation and equipment (number, age and size of ski lifts). They establish a ratio of equipped surface area that turns out to be larger for large resorts than for small and medium-sized resorts. Then, they assess the past evolution of the meteorological conditions suitable for snowmaking (wet-bulb temperature between -2°C and -5°C), and find that the snowmaking potential for the Alpine stations surveyed decreased overall from 1961 to 2014, with some seasonal and annual variability. Therefore, the scarcity of water availability and weather conditions favourable for artificial snowmaking is likely to become an increasingly common situation, representing an increase in costs for ski resorts that only the richest (largest and highest) will be able to bear.

16 To conclude, the different contributions of this volume show that, although the issue of climate change is being taken more seriously worldwide (see the next COP 21 conference to be held in Paris in December 2015), its expression is far more complex at a local level, and its perception varies depending on the expected impacts. In mountainous areas, two parameters are particularly significant. Firstly, and in addition to glaciers and their accelerated retreat, ground-ice status appears a good indicator of temperature rise and hence a possible cause of slope instability when ground-ice progressively melts, putting tourism infrastructures at risk. Secondly, the water resource has become the main concern for populations living in the mountains or their foothills. The melting glaciers, and more importantly the decrease in snow volume and duration, and its temporal and spatial variability, will affect the discharges of springs and rivers, and hence the availability of water for mountain people. In addition, change and variability in rainfall, two parameters not well constrained by global and regional climate models, are certainly key factors that must be better defined at catchment and local scales. Depending on the uses of water, its scarcity will affect local economies (reduction in cash crop production; bankruptcy of smaller ski resorts if snowmaking is no longer possible), and/or may create some competition between different socio- economic activities (tourism vs. agriculture), and some conflicts between populations who can adapt either financially or by diversifying their economic activities (stakeholders, rich landowners) and those who have no option but to move or perish, despite their experience of climate variability gained over generations. Finally, even if some impacts, such as hydro-geomorphic hazards and biodiversity evolution, have not been expressly documented in this volume, we hope that through the different examples developed, some methodological approaches (remote sensing, destabilisation risk index, interviews on perceptions) might be useful to define the appropriate policies required in order to anticipate, adapt to, and manage the potential impacts of climate change in mountains.

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BIBLIOGRAPHY

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AUTHOR

MONIQUE FORT Professeur Emérite, Université Paris Diderot-Sorbonne Paris Cité, CNRS UMR 8586 Prodig. [email protected]

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Changements climatiques et risques naturels dans les Alpes Impacts observés et potentiels sur les systèmes physiques et socio- économiques

Benjamin Einhorn, Nicolas Eckert, Christophe Chaix, Ludovic Ravanel, Philip Deline, Marie Gardent, Vincent Boudières, Didier Richard, Jean-Marc Vengeon, Gérald Giraud et Philippe Schoeneich

NOTE DE L'AUTEUR

Remerciements Le PARN remercie les membres et partenaires de son réseau scientifique et technique qui ont contribué au travail réalisé en amont de cette revue, ainsi que la Région Rhône- Alpes pour son soutien au portail Alpes-Climat-Risques initié dans le projet ClimChAlp aux côtés de l’ONERC. La DREAL Rhône-Alpes est également remerciée pour son soutien à la ‘Base Projets’ du PARN, ainsi qu’à la base de données transfrontalière des projets Interreg de coopération territoriale sur les risques naturels développée au sein du partenariat des projets Alcotra RiskNat et RiskNET. Merci enfin aux relecteurs anonymes, dont les suggestions ont contribué à l’amélioration du manuscrit.

Introduction

1 Les territoires de montagne sont particulièrement concernés par les effets des changements climatiques. Aux impacts observés et potentiels sur des aléas naturels très divers se combine l’augmentation des vulnérabilités dans le contexte du changement global (Beniston et al., 1996 ; Boudières et al., 2013).

2 Depuis quelques années, ces changements rapides suscitent une attention et des préoccupations accrues de la part des populations, des scientifiques et des gestionnaires du territoire et des risques naturels dans les Alpes. Un grand nombre de

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projets de recherche et de coopérations territoriales y ont été consacrés au sein de programmes européens, nationaux et régionaux (tableaux 1 et 2).

Tableau 1 : Principaux programmes de recherche internationaux, européens et nationaux sur le changement climatique et les risques naturels intéressant les Alpes françaises

Nom / Intitulé et régions Périodes de Site internet acronyme concernées programmation

Echelon international

Appel à propositions “Mountains as Sentinels BELMONT http://igfagcr.org/cra-2015- of Change” du “Belmont Lancé en 2015 FORUM mountains-as-sentinels-of-change Forum Collaborative Research Action”

World Climate Research Programme : Programme mondial de WCRP recherches sur le climat Créé en 1980 www.wcrp-climate.org de l’Organisation météorologique mondiale

Echelon

européen

Programme transfrontalier France- Italie (précédentes ALCOTRA périodes de 2014–2020 www.interreg-alcotra.org programmation : 1989– 1999 ; 2000–2006 ; 2007– 2013)

Programme transnational Espace Alpin, existe depuis Idem depuis ESPACE ALPIN 2000, concerne les sept www.alpine-space.eu 2000 pays de l’arc alpin et couvre les deux Régions Rhône-Alpes et PACA

Programme FRANCE-SUISSE transfrontalier France- Idem www.interreg-francesuisse.org Suisse

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Couvre les régions côtières et MED méditerranéennes de Idem www.programmemed.eu neuf états membres de l’Union européenne.

Programme Cadre de recherche et Développement et d’Innovation (Horizon 2020, ou 8ème PCRD) PCRD Depuis 1984 www.horizon2020.gouv.fr Principal instrument européen de la Recherche Développement et de l’Innovation.

European branch of the international CORDEX initiative, sponsored by CORDEX Depuis 2009 www.euro-cordex.net (for Europe) the World Climate Research Program (WRCP)

Coopération européenne dans le domaine de la recherche scientifique et technique COST Idem www.cost.eu Programme financé par la Commission Européenne, direction Générale de la Recherche, via le PCRD

Echelon

national

Agence Nationale de la www.agence-nationale- ANR Depuis 2005 Recherche recherche.fr

Gestion des Impacts du GICC Depuis 1999 www.gip-ecofor.org/gicc Changement Climatique

Projets et actions financés notamment par www.developpement- MEDDE la Direction Générale de Ponctuels durable.gouv.fr la Prévention de Risques (DGPR)

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Réseau Génie Civil et www.agence-nationale- RGC&U Urbain (rattaché à l’ANR 1999-2005 recherche.fr en 2005)

Institut pour la recherche appliquée et IREX l’expérimentation en 2015-2020 www.irex.asso.fr génie civil (cf. dispositif « Projet National »)

Echelon

interrégional

Programme Opérationnel Interrégional des Alpes http://programmes- POIA (fait suite à la 2014-2020 europeens-2014-2020.regionpaca.fr précédente (pdf) programmation : 2007-2013)

Science-Décision-Action pour la prévention des SDA 2015-2020 www.risknat.org/sda risques naturels (sous- programme du POIA)

Echelon régional

5 thématiques sont proposées à la contractualisation pour les futurs Contrats de Projets Etat-Région (2014-2020) : 1) l’enseignement CPER supérieur, la recherche Précédents : et l’innovation ; 2) la couverture du territoire www.datar.gouv.fr/contrats-etat- 1989–1993 ; 2014–2020 1994-1999 ; par le très haut débit et regions 2000–2006 ; développement des 2007–2013 usages du numérique ; 3) l’innovation, les filières d’avenir et l’usine du futur ; 4) la mobilité multimodale ; 5) la transition écologique et énergétique.

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L’ARC Environnement en Rhône-Alpes vise à aider la région à « maintenir l’équilibre fondamental, mais fragile, du ARC- développement durable Environnement en s’appuyant sur le Rhône-Alpes Depuis 2012 www.arc.rhonealpes.fr secteur de la recherche (ex Cluster et de l’innovation, Environnement) particulièrement actif dans les thématiques de l’ingénierie environnementale et de l’étude des relations environnement-santé ».

Laboratoires d’Excellence (LabEx), « OSUG@2020, stratégies innovantes pour l’observation et la modélisation des LabEx systèmes naturels » : 2011-2020 www.osug.fr/labex-osug-2020 OSUG@2020 projet lauréat financé par le programme Investissements d’Avenir lancé par l’État et mis en œuvre par l’ANR

Echelon

infrarégional

Programme départemental du Pôle Grenoblois d’études et de recherche pour la PGRN/CG38 1989-2010 www.risknat.org/pgrn-cg38 prévention des Risques Naturels (PGRN) financé par le Conseil général de l’Isère

Tableau 2 : (A) Exemples de projets européens de recherche et développement sur le changement climatique et les risques naturels dans les Alpes

Programme Projet Intitulé Durée Site internet

Echelon

européen

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Survey and prevention of extreme glaciological http:// 5e PCRD GLACIORISK 2001-2003 hazards in European glaciorisk.grenoble.cemagref.fr mountainous regions

Prediction of Regional scenarios and Uncertainties for PRUDENCE 2001-2004 http://prudence.dmi.dk/ Defining EuropeaN Climate change risks and Effects

Statistical and Regional dynamical Downscaling www.cru.uea.ac.uk/projects/ STARDEX 2002-2005 of Extremes for stardex European regions

Ensemble-based Predictions of Climate 6e PCRD ENSEMBLES 2004-2009 www.ensembles-eu.org Changes and their Impacts

Assessing Climate 7e PCRD ACQWA Impacts on the Quantity 2008-2013 www.acqwa.ch and quality of WAter

ConHaz Costs of Natural Hazards 2010-2012 http://conhaz.org

European Reanalysis EURO4M And Observations For 2010-2014 www.euro4m.eu Monitoring

European Provision Of Regional Impacts EUROPIAS Assessments on 2012-2015 www.euporias.eu Seasonal and Decadal Timescales

Living with landslide risk in Europe: SafeLand Assessment, effects of 2009-2013 www.safeland-fp7.eu global change, and risk management strategies

European Coordinated Regional Climate EURO- WRCP Downscaling 2009 www.euro-cordex.net CCORDEX Experiment - European Domain

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Assessment of Risks on transportation CIRCLE Networks resulting from ARNICA 2010-2013 www.circlemontagne.fr Mountain slope Instability and Climate change in the Alps

Changing pattern of landslide risks as Changing response to global 2010-2013 www.circlemontagne.fr RISKS changes in mountain areas

European Procedures COST FloodFreq for Flood Frequency 2010-2014 www.cost-floodfreq.eu Estimation

Advances in homogenisation HOME 2007-2012 www.homogenisation.org methods of climate series

Tableau 2 (suite) : (B) Projets européens de recherche et de coopération territoriale sur le changement climatique et les risques naturels dans les Alpes

Programme Projet Intitulé Durée Site internet

Echelon

européen

Flood estimation and forecast in complex www.risknet-alcotra.org ALCOTRA FLORA orographic areas for risk 2009-2012 (info) mitigation in the Alpine Space

Risques glaciaires dans GlaRiskAlp 2009-2012 www.glariskalp.eu les Alpes occidentales

Interreg Forêts de www.interreg-forets- IFP FR-IT protection – Composante 2007-2011 protection.eu France-Italie

Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, 103-2 | 2015 25

Elaboration d’une base de données et expérimentation de http://www.risknet- méthodes de mesure des alcotra.org/fr/index.cfm/ PERMAdataROC mouvements gravitaires 2006-2008 base-donnees-projets/ et des régimes permadataroc.html thermiques des parois rocheuses à permafrost en haute montagne

Protection des infrastructures critiques PICRIT 2012-2013 www.picrit.eu transfrontalières pour la sécurité civile

Plan Intégré Transfrontalier Espace http://pit.espace-mont- PIT EMB - P4H5 Mont-Blanc – Volet 2010-2012 blanc.com Éducation à l’environnement

Gestion en sécurité des RiskNat territoires de montagne 2009-2012 www.risknat-alcotra.org transfrontaliers

Réseau transfrontalier RiskNET 2013-2015 www.risknet-alcotra.org sur les risques naturels

Stratégies d’adaptation au changement climatique pour la STRADA 2010-2013 www.progettostrada.net gestion des risques naturels dans la région frontalière

Le Haut-Rhône et son bassin versant FRANCE- montagneux : pour une www.institut- HAUT RHÔNE 2005-2008 SUISSE gestion intégrée de montagne.org territoires transfrontaliers

Interreg Forêts de www.interreg-forets- IFP FR-CH protection – Composante 2007-2011 protection.eu France-Suisse

ESPACE Alpine Forest Fire ALP FFIRS 2009-2012 www.alpffirs.eu ALPIN _warning System

Adaptation to Climate AdaptAlp Change in the Alpine 2008-2011 www.adaptalp.org Space

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Capitalising climate change knowledge for C3-Alps 2012-2014 www.c3alps.eu adaptation in the alpine space

Climate change, impacts ClimChAlp and adaptation strategies 2006-2008 Site web non maintenu in the Alpine Space

Climate Change Adaptation by Spatial CLSIP 2008-2011 www.clisp.eu Planning in the Alpine Space

Management strategies to adapt Alpine Space MANFRED 2009-2012 www.manfredproject.eu forests to climate change risk

Improved accessibility: reliability and security of alpine transport www.paramount- PARAmount 2009-2012 infrastructure related to project.eu mountainous hazards in a changing climate

Permafrost long-term www.permanet- PermaNET 2008-2011 monitoring network alpinespace.eu

State-of-the-Art in Risk Management Technology: START_it_up Implementation and 2013-2014 http://startit-up.eu Trial for Usability in Engineering Practice and Policy

A wiki for capitalising on WikiAlps spatial-development 2013-2014 www.wikialps-project.eu projects

Tableau 2 (suite) : (C) Projets de recherche nationaux et régionaux sur le changement climatique et les risques naturels dans les Alpes françaises

Programme Projet Intitulé Durée Site internet

Echelon

national

Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, 103-2 | 2015 27

Monitoring Snow in a www.agence-nationale- ANR MONISNOW 2011-2015 changing climate recherche.fr

Modélisation Probabiliste pour www.avalanches.fr/mopera- MOPERA 2010-2013 l’Etude du Risque projet d’Avalanche

Paleohydrology and Human Climate http://edytem.univ- Pygmalion 2007-2012 Environment savoie.fr/... Interactions in the Alps

Climat Régionaux et incertitudes, RIWER 2030 ressources en eau et 2009-2011 www.lthe.fr/RIWER2030 énergétiques associées de 1960 à 2030

Adaptation de la société aux risques en SAMCO montagne dans un 2013-2017 www.anr-samco.com contexte de changement global

Scenarii Climatiques Adaptés aux zones de Montagne : SCAMPEI 2009-2011 www.cnrm.meteo.fr/scampei Phénomènes extrêmes, Enneigement et Incertitudes

Séchilienne Land movement: Multidisciplinary http://isterre.fr/ SLAMS Studies from Hazard 2010-2013 recherche/... assessment to associated risk and consequences

Rates of the processes controlling the VIP-Mont- morphologic and http://vip- 2014-2019 Blanc environmental changes montblanc.osug.fr/ in the Mont-Blanc massif

Reconstitution de l’activité de Fondation DENDROGLISS glissements de terrain 2008-2011 www.fondation-maif.fr/... MAIF par dendrogéomorphologie

Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, 103-2 | 2015 28

Analyse des risques induits par la PERMAFROST 2007-2010 dégradation du permafrost

Impacts du changement http://www.gip-ecofor.org/ GICC ADAMONT climatique et 2015-2017 gicc/?q=node/577 Adaptation en territoire de Montagne

Drôme : Eau, Climat et DECLIC Impacts liés aux 2010-2012 http://declic.ujf-grenoble.fr Changements

Donner accès aux scenarios climatiques Régionalisés français DRIAS pour l’Impact et 2008-2011 www.drias-climat.fr l’Adaptation de nos Sociétés et environnements

Etude des impacts potentiels du changement GICC Rhône 1999-2004 www.gip-ecofor.org/gicc/... climatique sur le bassin versant du Rhône en vue de leur gestion

Risque, Ressource en https:// R²D² 2050 eau et gestion Durable 2010-2013 r2d2-2050.cemagref.fr de la Durance en 2050

Etude Climatologique de l’Activité www.avalanches.fr/projet- MEDDE ECANA 2009-2016 Avalancheuse ecana Naturelle

EXPLORE Eau et changement www.developpement- 2010-2012 2070 climatique durable.gouv.fr/...

Chutes de Blocs, IREX / RGC&U C2ROP Risques Rocheux et 2015-2019 www.c2rop.fr Ouvrages de Protection

Echelon interrégional

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Opération interrégionale « Gestion intégrée des risques naturels dans les Alpes – 2009-2014 POIA GIRN Alpes www.risknat.org/girn-alpes Expérimentation sur 2015-2020 sites pilotes » Essaimage de sites de GIRN dans la nouvelle programmation

Echelon

régional

XXV colloque ARC- Association AIC 2012 2012 Environnement internationale de climatologie

Organisation de l’International Snow ISSW2013 2013 Science Workshop à Grenoble

Influence du climat sur ― le déclenchement des 2013 éboulements rocheux

Archives climatiques www.arc3- de la dernière période environnement.rhonealpes.fr interglaciaire en Rhône-Alpes, et ― 2015 nouvelles méthodologies pour la reconstruction des paléo-températures

Contribution à l’amélioration de la gestion de risques PERMARISK émergents associés à la 2015 dégradation du permafrost de montagne

Risques HYdrométéorologiques CPER PACA RHYTMME en Territoires de 2008-2013 http://rhytmme.irstea.fr Montagnes et MEditerranéens

Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, 103-2 | 2015 30

Adaptation des systèmes fourragers et d’élevage péri- méditerranéens aux Régions RA, LR, changements et aléas http:// CLIMFOUREL 2008-2010 MP climatiques, un projet climfourel.agropolis.fr tri-régional Rhône- Alpes, Languedoc- Roussillon, Midi- Pyrénées

Echelon infrarégional

http://www.labexitem.fr/ Crues Historiques dans LabEX ITEM CrHistAl 2012-2013 wp-content/uploads/ les Alpes 2012/04/Projet-CrHistAl.pdf

Monitoring Snow in a LabEx MONISNOW www.osug.fr/labex- changing climate - 2012 OSUG@2020 Alpes osug-2020/... Alpes

Structure des précipitations orographiques en www.osug.fr/labex- ― région 2012 osug-2020/... Méditerranéenne : Mécanismes et Prévision

Impacts environnementaux du retrait glaciaire dans le Massif du : www.osug.fr/labex- ― quantification des 2014 osug-2020/... processus contemporains et perspectives d’évolutions futures

Quelques projets sur le changement Plusieurs http://www.risknat.org/ PGRN/CG38 climatique parmi plus 1989-2010 projets pgrn-cg38 de 200 projets sur les risques naturels

3 Dans la continuité de synthèses antérieures (Prudent-Richard et al., 2008 ; Richard et al., 2010 ; Einhorn et Peisser, 2011), cet article présente les résultats majeurs des travaux récents sur ces thèmes dans les Alpes françaises, en s’appuyant sur des portails de capitalisation des connaissances (tableau 3). Un aperçu des services d’observation existants est également présenté (tableau 4).

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Tableau 3 : Outils utilisés donnant accès aux références complètes (projets, publications) des travaux dont proviennent les résultats évoqués dans le texte

Outil de capitalisation des connaissances Site internet

Portail Alpes-Climat-Risques issu du projet ClimChAlp (Prudent-Richard et al., 2008) : base de connaissances bibliographique (350 références) et lettre www.risknat.org/ d’information sur le changement climatique et ses effets sur les milieux alpes-climat-risques physiques et les risques naturels alpins.

Base Projets : documentation des résultats de la recherche sur les risques www.risknat.org/ naturels alpins baseprojets

Base de données des projets de coopération Interreg franco-italo-suisses www.risknet- sur les risques naturels du projet RiskNET alcotra.org

Tableau 4 : Services d’observation et de surveillance producteurs de données sur le changement climatique, les milieux physiques et les risques naturels pour les Alpes françaises

Organismes Services d’observation et Missions et objets porteurs et Types de données bases de données d’étude producteurs de données*

Observations climatiques

Missions de service Données public de diffusion d’observations (in situ, d’informations sur la Météo-France radar, satellite), météorologie et le climatologie, modèles Météo-France http:// climat. Publie et données de www.meteofrance.com/ notamment des bilans prévisions et climatiques annuels et prévisions climatiques saisonniers

Données homogénéisées Historical Instrumental Longues séries de mensuelles de Climatological Surface Time paramètres climatiques températures, ZAMG Series of the Greater Alpine couvrant l’arc alpin précipitations, (Autriche) Region (HISTALP) (« Grande Région pression www.zamg.ac.at/histalp/ Alpine ») atmosphérique, ensoleillement et nébulosité

Environnement alpin

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Observatoire de Recherche en Les GLACIers, un Environnement de la Observatoire du CLIMat thématique « Surfaces et Bilans de masse (GLACIOCLIM) LGGE, Irstea Interfaces glaciaire www-lgge.ujf-grenoble.fr/ Continentales » portant ServiceObs/ sur l’étude des Glaciers et du Climat

Réseau d’observation et de suivi du permafrost Réseau de mesure du de montagne français, Voir Bodin et al., 2015 permafrost et des processus PACTE, EDYTEM des phénomènes liés au (ce volume) liés au gel (PermaFRANCE) gel et des processus périglaciaires associés

Aléas « naturels »

Dispositif régulier Base de données des d’observation des événements observés avalanches en France pour chaque site donnant accès à un Enquête permanente sur les (dates, altitudes, dépôt, inventaire, le plus avalanches (EPA) caractéristiques, météo Irstea, ONF- complet possible, des 3 jours, précédents, RTM, MEDDE www.avalanches.fr/ événements d’avalanche météo 4h, précédentes, epa_lobservation-actuelle ayant eu lieu sur les causes, victimes, sites observés pendant dégâts ou lieux la saison hivernale (4000 atteints) couloirs à ce jour)

Base de données sur les Informations sur plus Observatoire des Risques événements de 30 000 événements, Naturels en Montagne du d’avalanche, inondation, et plus de 19 000 ONF-RTM, IFN, service de Restauration des crue torrentielle, ouvrages de protection MEDDE, Terrains en Montagne (BD ravinement, chute de contre les risques Ministère de RTM Evénements) bloc, glissement de naturels (regroupés en l’Agriculture http://rtm-onf.ifn.fr terrain, affaissement et 2400 dispositifs de tassement par retrait protection)

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Développement d’une instrumentation multidisciplinaire permanente sur Etude de la dynamique chaque site, visant à des mouvements caractériser : 1) la gravitaires cinématique de (endommagement, déplacement et de déclenchement, déformation (géodésie, Observatoire propagation) et de inclinomètres, ISTerre, Multidisciplinaire des l’effet des forçages extensomètres, Géoazur, Instabilités de Versants externes (climat, imagerie aérienne et EMMAH, IPGS- (OMIV) séismes) sur quatre sites satellitaire), 2) le EOST, Chrono- http://omiv.osug.fr/ représentatifs des comportement Environnement mécanismes observés sismique du glissement dans les Alpes françaises (endommagement (roches tendres/denses, fragile via les mouvements lents ou microséismes et rapides). réponses aux séismes régionaux), 3) les réponses hydrauliques aux forçages météorologiques.

Données de Surveillance Séchilienne Système opérationnel de télésurveillance : www.versant- surveillance du versant extensométrie, MEDDE, sechilienne.developpement- instable des Ruines de positionnement GPS, CEREMA durable.gouv.fr/ Séchilienne (Isère) vitesses de déplacement…

Mesures de hauteur Banque de données d’eau à divers pas de hydrologiques des temps en provenance MEDDE, Banque Nationale de services de l’Etat de 3500 stations de (SCHAPI, DREAL, Données pour l’Hydrométrie administrée et gérée par mesure (dont 2400 en SPC, etc.), EDF, et l’Hydrologie (Banque le Service Central service) implantées sur Irstea, HYDRO) d’Hydrométéorologie et les cours d’eau français compagnies www.hydro.eaufrance.fr d’Appui à la Prévision et accès aux données d’aménagement des Inondations signalétiques des stations

Données des stations Mission réglementaire de mesure des Service de Prévision des de surveillance, de hauteurs et débits Crues des Alpes du Nord MEDDE, SPC prévision et de liquides des principaux (« Information sur la Alpes du Nord transmission de cours d’eau vigilance crues ») (DDT38) l’information sur les métropolitains www.vigicrues.gouv.fr crues (stockées dans la Banque HYDRO)

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Données à caractère Rassemble toutes les déclaratif collectées de Base de Données sur les données relatives à des manière MAAPRAT, Incendies de Forêt en France incendies de forêt complémentaire par MIOMCTI, (BDIFF) survenus en France différents services DGPAAT, IGN http://bdiff.ifn.fr/ métropolitaine depuis locaux l’année 1992 (départementaux ou régionaux)

Notes : * Acronymes : voir sites internet

4 Sur ces bases, la présente contribution passe en revue les changements observés et projetés dans : 1) les paramètres climatiques, 2) la cryosphère, les hydrosystèmes et la morphodynamique des versants, 3) les aléas naturels, et 4) les risques induits sur les installations et activités anthropiques dans les Alpes françaises. Elle est illustrée par des séries temporelles d’activité d’aléas hydro-gravitaires publiées et des paramètres climatiques identifiés comme leurs prédicteurs les plus significatifs. Outres les ressources et références bibliographiques inventoriées, permettant d’approfondir cette revue, d’autres articles du volume traitant certaines thématiques abordées sont signalés.

Changements climatiques et impacts physiques observés

Le changement climatique mesuré

5 Le réchauffement du climat de la chaîne alpine est bien documenté (tableau 5) à partir de sources variées (séries ponctuelles, réanalyses, résultats de simulation sur le passé, etc.) aux résolutions spatiales et altitudinales différentes, et couvrant différentes périodes, dont l’exploitation nécessite des bases de données homogènes. Les conclusions robustes portent essentiellement sur l’élévation générale des températures et ses effets sur les phénomènes directement liés, tels que les précipitations neigeuses ou l’évapotranspiration.

Tableau 5 : Résultats (A) de reconstitution et (B) d’observation de l’évolution pluriséculaire de la température dans les Alpes

Résultat Référence

(A) Selon une reconstitution dendroclimatologique régionale dans l’arc alpin, la dernière décennie du XXe siècle a été la période la plus chaude au cours du Corona et al., dernier millénaire, avec un réchauffement plus important et beaucoup plus (2010) rapide que, par exemple, celui reconstruit pour la période chaude médiévale.

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(B) Les longues séries de températures homogénéisées couvrant l’arc alpin Auer et al. (2007) (HISTALP) montrent un réchauffement homogène de 2°C entre la fin du XIXe et (voir réf. dans le début du XXIe siècle (Auer et al. 2007) qui s’accélère depuis 1970, y compris en Böhm et al., altitude. Partout, en effet, la fin des années 1980 marque un réchauffement (2010)) ; Böhm et marqué. L’altitude moyenne de l’isotherme 0°C s’est ainsi élevée de 400 m par al., (2010) rapport au début des années 1980 (Böhm et al., 2010).

6 Dans les Alpes françaises, situées au carrefour de plusieurs influences climatiques, le réchauffement des températures après la fin des années 1980 affecte toutes les stations, avec des contrastes nord/sud peu marqués (figure 1). Le réchauffement de +1.8 et +2.1°C en moyenne annuelle dans les Alpes du Nord et les Préalpes depuis 1950 est plus rapide que celui observé dans les Alpes du Sud (+1.5 à +1.7°C), avec des valeurs intermédiaires dans les secteurs de transition entre ces deux domaines climatiques1.

Figure 1 : Températures moyennes annuelles homogénéisées de 1950 à 2014 à Bourg-Saint- Maurice (BSM) et Embrun et normales sur la période de référence 1961-1990. Données : Météo- France ; Traitement : MDP-OsCC/PARN

7 Les longues séries mensuelles dans les Alpes du Nord sur la période 1885-2007 (Dumas, 2013) montrent que le réchauffement à l’échelle annuelle s’est effectué sans amplification notable jusqu’à 1960. Puis le taux de réchauffement a augmenté au cours des dernières décennies, jusqu’à dépasser +4,0 °C/100 ans (notamment sur le printemps et l’été). Cette valeur est cohérente avec le taux de +0,4 °C/décennie pour les Alpes du Nord depuis les années 1950, supérieur à celui du reste de la France, surtout pour les températures maximales (Gibelin et al., 2014). La question de la méditerranéisation du climat des Alpes du Nord se pose, ce phénomène ayant déjà été constaté le long de la vallée du Rhône et en Midi-Pyrénées (projet Climfourel).

8 Les réanalyses SAFRAN2 sur la période 1958-2002 (Durand et al., 2009a) montrent une augmentation de la température particulièrement marquée aux altitudes moyennes (1500–2000 m, > +0,3 °C/décennie) qui s’atténue nettement au-delà de 3000 m. A très haute altitude (> 4000 m), dans le massif du Mont-Blanc, la température de l’air reconstituée par inversion de profils de température de la glace a augmenté de 0,14 °C/ décennie au cours du XXe siècle (Gilbert et Vincent, 2013).

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9 Les précipitations dans l’arc alpin présentent quant à elles une évolution bien plus hétérogène aux échelles régionale et saisonnière (tableau 6).

Tableau 6 : Résultats (A) de reconstitution (HISTALP) et (B) d’observation de l’évolution pluriséculaire des précipitations et de la nébulosité dans la région alpine

Résultat Référence

Auer et al. (A) A l’échelle de l’arc alpin et au cours du XXe siècle, les précipitations ont (2007) (voir augmenté de 9 % dans le nord-ouest de la chaîne, où la couverture nuageuse a réf. dans également augmenté, tandis qu’elles ont diminué d’autant (-9 %) dans sa partie Böhm et al., sud-est, en lien avec une baisse de la nébulosité et une tendance à l’assèchement. 2010)

(B) Les données pluviométriques quotidiennes de plus de 5000 stations couvrant l’arc alpin sur la période 1971–2008 ont été interpolées dans une grille à haute résolution (5 km) intégrant plus finement l’influence complexe de la topographie Isotta et al. et réduisant les biais traditionnels d’interpolation. Les indices étudiés soulignent (2014) l’asymétrie de la distribution en fréquence des précipitations quotidiennes entre les régions du nord des Alpes, où les jours pluvieux (> 1mm) sont plus fréquents, et leur flanc sud où ils sont moins fréquents mais en moyenne plus intenses.

10 Dans les Alpes françaises, les précipitations annuelles moyennes observées et simulées par SAFRAN, ainsi que les séries climatiques homogénéisées de Météo-France, ne présentent pas de tendances statistiquement significatives (Durand et al. 2009a), sinon une baisse des précipitations hivernales dans les Alpes internes (Haute Maurienne, Queyras), qui atteint 30 % entre les périodes climatiques 1961-1990 et 1981-20103.

11 Concernant les extrêmes de précipitations, il est difficile de conclure pour les Alpes. En effet, si une tendance à la hausse variable selon les régions a été rapportée pour l’Europe, avec une réduction médiane de -21 % de la période de retour des événements extrêmes (van den Besselaar et al., 2013), les données de Météo-France n’indiquent pas d’augmentation des pluies extrêmes dans le Sud-Est de la France4.

Impacts observés sur la cryosphère alpine

12 Sous l’effet des changements climatiques, l’environnement alpin enregistre des évolutions rapides et manifestes : diminution de l’enneigement, recul des glaciers, dégradation du permafrost, remontée des espèces en altitude et latitude, réchauffement des lacs et des rivières, etc. Les impacts rapportés en haute montagne résultent en premier lieu des effets de l’augmentation de la température, qui contrôle très largement les alternances gel/dégel, le ratio pluie/neige ou la position en altitude du couvert neigeux et de la ligne d’équilibre glaciaire (LEG). Ces éléments contrôlent en grande partie le régime hydrologique, la dynamique végétale et, dans une moindre mesure du fait de la complexité des systèmes, les processus d’érosion s.l. dans les bassins versants.

13 L’enneigement à 1800 m dans les Alpes françaises a présenté une forte variabilité spatiale de la fin des années 1950 jusqu’au milieu des années 1980, après quoi il est devenu moins variable d’un massif à l’autre avec une diminution des valeurs moyennes

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et de l’amplitude des valeurs extrêmes (Durand et al., 2009b). L’épaisseur de neige en début d’hiver a connu une forte diminution à basse et moyenne altitude à partir de la fin des années 1980 alors qu’elle a augmenté en haute altitude (2700 m).

14 Les glaciers sont le marqueur le plus visible du réchauffement passé et de son accélération récente. Une reconstitution cartographique multisource de l’emprise des glaciers des Alpes françaises a permis d’évaluer son évolution diachronique au cours des dernières décennies (projet GlaRiskAlp, tableau 2). Leur surface à la fin des années 2000 (275 km²) a diminué de près de 20 % par rapport à 1985-86 (340 km²) et de 26 % par rapport aux années 1967-71 (370 km² ; Gardent et al., 2014), en réponse au fort réchauffement évoqué plus haut (figure 2). La mesure la plus directe du contrôle climatique sur la dynamique des glaciers reste celle du bilan de masse. Celui-ci n’existe que pour quelques glaciers, principalement ceux suivis par l’observatoire GLACIOCLIM (tableau 4 ; Vincent, 2002). Les variations saisonnières du glacier de Sarennes depuis 1949 quantifient ainsi fidèlement l’évolution des chutes de neige hivernales et de la température estivale à haute altitude (Thibert et al., 2013).

Figure 2 : (A) Anomalies moyennes annuelles des températures à Bourg-Saint-Maurice (BSM) et Embrun sur la période 1967-2010 par rapport à la normale 1961-1990 (cf. figure 1). (B) Estimation des changements décennaux de l’extension des glaciers dans les principaux massifs des Alpes françaises pour différentes périodes de 1967/71 à 2006/09 en % par an (Gardent et al., 2014)

15 L’imagerie satellitaire permet de documenter les évolutions de manière spatialement plus continue. Les données sur 43 glaciers des Alpes françaises montrent une augmentation de l’altitude moyenne de la Ligne d’Équilibre Glaciaire (LEG) de 170 m sur la période 1984-2010, concomitante d’une augmentation de 150 jours du cumul de degrés-jours positifs à 3000 m d’altitude, alors que les précipitations hivernales sont restées stables (Rabatel et al., 2013). Ces résultats soulignent l’influence prépondérante de l’augmentation de la température dans l’évolution récente des glaciers alpins, malgré la variabilité due au contexte topographique (Cossart, 2013).

16 Enfin, la mise en place de réseaux d’observation à long terme (projet PermaNET, PermaFRANCE) marque un progrès dans la connaissance et le suivi de la distribution du permafrost, de son évolution thermique et des processus associés à sa dégradation (cf. Bodin et al., ce volume).

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Impacts observés sur les aléas naturels

17 Les projets de recherche (tableau 2) et les programmes d’observation à long terme (tableau 4) ont livré des résultats significatifs sur l’évolution de l’activité des aléas naturels au cours des dernières décennies.

Crues des rivières alpines

18 Les analyses menées à l’échelle de régions hydro-climatiques homogènes dans le projet AdaptAlp5 suggèrent que les tendances qui affectent les rivières alpines dépendent de leur régime hydrologique. Seules les rivières à régime nival et glaciaire connaissent une augmentation de l’intensité et du volume de leurs crues et une évolution de leur saisonnalité, avec une onde de fonte plus précoce et longue (Bard et al., 2012).

Avalanches de neige

19 Les avancées méthodologiques des projets MOPERA et ECANA ont permis de progresser dans la connaissance des fluctuations de l’activité avalancheuse et de son contrôle climatique (Eckert et al., 2010a & b ; 2013). Un minimum relatif des altitudes d’arrêt atteintes a pu être identifié autour de 1980, suivi par une remontée en altitude marquée (figure 3A). La diminution sur la période 1960-1980 correspond à des hivers plus froids et neigeux, et la remontée des années 1980-2005 correspond à la période de réchauffement marqué. L’influence des hivers plus froids et neigeux enregistrés depuis 1998 est nette (figure 3C).

20 Ce schéma global masque des évolutions différentes selon l’altitude (Lavigne et al., 2015). A basse altitude (< 2000 m), la réduction d’activité (nombre d’avalanches) depuis 1980 a été drastique, alors qu’elle a récemment augmenté à haute altitude, peut-être en lien avec le possible accroissement de la variabilité climatique hivernale.

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Figure 3 : Réponse de deux aléas aux changements récents de facteurs nivo-météorologiques hivernaux. (A) Altitude d’arrêt décennale des avalanches dans les Alpes françaises et (C) prédicteurs identifiés (Eckert et al., 2013). (B) Fréquence annuelle de glissements de terrain dans l’Ubaye et (D) prédicteurs identifiés (Lopez Saez et al., 2013). Le calcul d’anomalie est effectué par rapport à la période d’étude considérée.

Crues et laves torrentielles

21 L’analyse statistique de plus de 500 événements répertoriés depuis 1970 dans la base de données du RTM (tableau 4 ; projet ARNICA) a montré le rôle essentiel joué par les variables climatiques à l’échelle régionale dans la probabilité d’occurrence des laves torrentielles. Dans certains secteurs, l’augmentation de la fréquence des laves torrentielles depuis la fin des années 1980 (figure 4A ; Jomelli et al., à paraître) serait un effet du réchauffement estival qui entraine plus d’effets convectifs et donc d’orages estivaux (figure 4B). Dans d’autres secteurs, le contrôle de la temporalité des laves torrentielles par celle de la recharge sédimentaire paraît l’emporter sur son contrôle par le climat (Garitte et al., 2007).

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Figure 4 : Réponse de deux aléas aux changements récents de facteurs météorologiques estivaux. (A) Fréquence annuelle de lave torrentielle en Savoie et (B) prédicteurs identifiés, (Jomelli et al., à paraître). (C) Nombre d’écroulements rocheux dans les Aiguilles de et les Drus et anomalie de température associée (Ravanel et Deline, 2011). Le calcul d’anomalie est effectué par rapport à la période d’étude considérée

22 Des reconstitutions de chroniques de crues documentent également l’activité des processus torrentiels sur des échelles de temps plus longues (tableau 7).

Tableau 7 : Exemples de reconstitution de l’activité passée des crues torrentielles

Projets Principaux résultats Référence

Des reconstitutions de chroniques de crues à partir d’archives lacustres à l’échelle centennale à milléniale suggèrent que sur l’ensemble des Alpes françaises la fréquence des crues augmente en période froide, probablement en lien avec une intensification des flux d’ouest et de l’activité dépressionnaire. De plus, on observe une Wilhelm et Pygmalion évolution régionale différenciée de l’activité torrentielle en fonction al. (2012) et (ANR) des forçages prédominants : l’intensité des crues augmente références également au cours de périodes froides dans les Alpes du Sud en lien apparent avec des phases négatives de l’Oscillation Nord Atlantique, tandis que dans les Alpes du Nord l’intensité augmente aussi au cours des périodes plus chaudes.

Quelques reconstructions dendrogéomorphologiques d’activité des crues torrentielles sont disponibles dans les Alpes françaises. Par exemple, dans le cas du torrent du Manival (Isère) où cette méthode a permis d’identifier 13 événements de lave torrentielle au cours de DENDROGLISS, la période 1931–2008, les résultats démontrent que la distribution Lopez Saez ACQWA, PGRN temporelle des laves torrentielles n’a pas varié de manière et al. (2011) significative depuis le début du 20ème siècle. Cette étude montre, d’autre part, que l’analyse de la distribution spatiale des arbres perturbés peut contribuer à identifier des chenaux secondaires de laves torrentielles ainsi que des points de divagation potentielle.

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Glissements

23 Une importante campagne dendrogéomorphologique menée dans l’Ubaye (projet DENDROGLISS) a permis d’évaluer une fréquence régionale des glissements superficiels (figure 3B ; Lopez Saez et al., 2013). Les phases d’activation, plus nombreuses à partir de la fin des années 1970, semblent directement liées à des cumuls neigeux hivernaux importants et à des anomalies positives de température (figure 3D), alors que Malet et al. (2007) avaient conclu à l’absence de corrélation entre cumuls de pluie et activité des glissements dans le même secteur. Aucune tendance n’a été mise en évidence pour les glissements profonds (pour lesquels les données restent rares), malgré leur sensibilité plus ou moins avérée aux forçages hydro-climatiques (tableau 8).

Tableau 8 : Exemples de reconstitution et d’observations des grandes instabilités de versant

Projet Principaux résultats Référence

CEREGE Pour plusieurs grands glissements de terrain des Alpes Maritimes, les (soutien datations à l’aide de la méthode des isotopes cosmogéniques montrent des Zerathe et Région phases synchrones de déclenchement il y a environ 4000 ans, possiblement al. (2013) PACA) liées à un forçage climatique.

Dans le cas du versant instable de Séchilienne, l’évolution des vitesses de déplacement mesurées par le système de surveillance depuis 1985 ne montre pas de lien apparent avec l’évolution des paramètres de température ou de précipitations. Cependant, les variations intra-annuelles saisonnières sont synchrones des précipitations. Des analyses par SLAMS Vallet et ondelettes ont monté que la déstabilisation du versant est davantage liée à (ANR) al. (2013) la pluie efficace qu’à la précipitation brute (pluie + neige) et implique donc des processus hydrogéologiques. En raison de la dégradation progressive de ses propriétés mécaniques, ce versant instable est, depuis quelques années, devenu plus sensible et réactif aux événements de courte durée, alors que les variations saisonnières sont moins marquées.

Éboulements et chutes de blocs

24 Au-dessous de l’étage périglaciaire, aucun impact tangible sur les écroulements et chutes de blocs n’est démontré à ce jour, malgré une augmentation apparente de leur incidence sur les routes de montagne signalée en Isère, Savoie et Haute-Savoie (Einhorn et Peisser, 2011 ; Wurtz, com. pers.).

Aléas d’origine glaciaire et périglaciaire

25 Un nombre croissant d’études vient conforter le lien empirique entre l’évolution rapide constatée de la cryosphère et la recrudescence des phénomènes de déstabilisation en haute montagne (Ravanel, 2009), notamment dans les domaines glaciaires et périglaciaires (Bodin et al., ce volume). Ainsi, les reconstitutions dans des secteurs à permafrost du massif du Mont Blanc montrent-elles une corrélation entre la fréquence

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décennale des écroulements rocheux (> 100 m3) et le réchauffement enregistré depuis le début du XXe siècle (figure 4C ; Ravanel et Deline, 2011).

26 Aucune tendance n’a pu être fermement établie pour les aléas d’origine glaciaires car, hormis les chutes de séracs de faible volume, ils surviennent relativement rarement. Les modifications observées dans la géométrie et le régime thermique des glaciers sont néanmoins susceptibles de modifier les conditions de formation de ce type d’aléas. Des recherches sont menées pour inventorier les glaciers à risques, notamment suivre dans le temps l’évolution des séracs volumineux et détecter la présence de poches d’eau intraglaciaires dont la vidange brutale peut déclencher des laves torrentielles aux conséquences catastrophiques (Gilbert et al., 2012 ; Vincent et al., 2012). Il s’agit d’autre part d’évaluer les risques liés aux instabilités qui peuvent prendre naissance dans les marges récemment déglacées (Gardent, 2014) : vidange brutale de lacs juxta-, supra- et proglaciaires (Vincent et al., 2010), augmentation du stock de matériaux mobilisables par les torrents, processus en cascades pouvant engendrer des phénomènes dévastateurs.

Tableau 9 : Exemple de travaux récents sur les aléas d’origine glaciaire.

Projets Principaux résultats Référence

La rupture de poches d’eau glaciaires constitue l’un des dangers aux conséquences potentielles les plus catastrophiques dans les Alpes RiskNat, (catastrophe de Saint-Gervais en juillet 1892). Les recherches initiées Gilbert et GlaRiskAlp et suite à la crise liée à la détection d’une poche d’eau dans le glacier de al. (2012) ACQWA Tête Rousse (Haute-Savoie) ont montré l’influence possible du régime thermique de celui-ci sur la formation de la poche d’eau.

Inventaire des extensions actuelle et ancienne des glaciers à l’échelle régionale des Alpes occidentales et cartographie géomorphologique des secteurs déglacés depuis la fin du Petit-Âge-Glaciaire. Elaboration d’une typologie des aléas glaciaires. Elaboration d’une méthodologie d’évaluation de la prédisposition aux aléas des secteurs englacés et récemment déglacés et test sur 4 sites Gardent GlaRiskAlp pilotes (inventaire des processus et de leurs combinaisons éventuelles, (2014) quantification des volumes en jeu, caractérisation de la stabilité des matériaux). Sur 4 sites pilotes : acquisition de données et test de méthodes sur la dynamique glaciaire, les chutes de séracs et les conditions de formation des poches d’eau glaciaires (glaciers de Taconnaz, des , de Tête Rousse et de l’Argentière).

27 Les évolutions du climat, leurs effets sur l’environnement alpin et les impacts sur les aléas naturels observés dans les Alpes françaises montrent ainsi l’existence de mécanismes de contrôle climatique exercé par certains paramètres (thermiques a minima) sur les conditions de formation de certains types d’aléas. Sans étayer une vision cédant à un catastrophisme excessif, ces conclusions invitent néanmoins à une certaine vigilance vis-à-vis de l’évolution future des phénomènes dont la « sensibilité climatique » est avérée.

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Impacts futurs sur les systèmes physiques

Le climat alpin des prochaines décennies

28 De nombreux projets ont proposé des projections climatiques pour l’ensemble de l’espace alpin, utilisées ensuite en entrées d’études d’impacts transversales ou ciblées (tableau 10). Pour les Alpes françaises, un relatif consensus existe sur l’ampleur du réchauffement futur : +1,5°C au milieu du XXIe siècle et de +2 à +4°C à la fin du siècle par rapport à la période de référence 1960-1990, avec des variations spatiales et/ou saisonnières.

29 En matière de précipitations en revanche, on note une quasi-absence de tendance prévisible dans les cumuls de précipitations à différentes échelles de temps, sinon un léger déficit de précipitations d’automne (Rousselot et al., 2012), voire d’été (modèle Aladin de Météo-France/CNRM, projet DRIAS) pour la fin du siècle. Si une augmentation en intensité et/ou en fréquence des précipitations extrêmes est projetée à l’échelle globale (IPCC, 2012), son ampleur demeure incertaine à l’échelle des Alpes françaises, notamment concernant les pluies convectives.

30 Selon les résultats des projets SCAMPEI et ECANA, du fait du changement dans le ratio pluie-neige lié au réchauffement en cours, la diminution de l’enneigement moyen actuellement observée va se poursuivre au XXIe siècle dans l’ensemble des Alpes françaises. Si les secteurs situés au-dessus de 1800-2100 m devraient rester relativement préservées vers 2050 avec de faibles diminutions variant selon le scénario économique et l’exposition considérés, cette altitude critique devrait ensuite s’élever à 2400 m pour le scénario le plus optimiste, et davantage encore pour les autres scenarii. Ces variations quantitatives s’accompagneront de modifications qualitatives, avec par exemple l’apparition progressive d’un manteau neigeux humide au cœur de l’hiver à haute altitude (Castebrunet et al. 2014).

Tableau 10 : Exemples de projets et travaux proposant des projections climatiques et/ou d’impacts pour différentes zones d’étude intéressant les Alpes françaises (les intitulés et sites internet des projets figurent dans les tableaux 2A, 2B et 2C)

Projet | Types de modèles et scenarii utilisés | Principaux résultats Site internet

Europe

ENSEMBLES (FP6) | Projections régionales multi-modèles sur l’Europe et sur les Alpes (résolution spatiale maximale de 25 km) pour le XXIe siècle (2070–2099) basées sur les scenarii d’émission de gaz à effet de serre (GES) SRES (Special Report on Emission Scenario) A1B du GIEC. |Pour la région alpine, les modèles s’accordent sur une augmentation de l’intensité des www.ensembles-eu.org événements extrêmes en toute saison et dans la plupart des régions, à l’exception des événements estivaux dans les régions du sud, l’augmentation la plus forte (jusqu’à + 30 %) étant simulée en automne et dans le nord de la chaîne (Rajczack et al., 2013).

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EURO-CORDEX (WRCP) | Projections régionales multi-modèles à haute résolution spatiale (12,5 km) sur l’Europe et les Alpes, offrant une meilleure représentation des processus physiques de convection et de précipitations intenses, basées sur les simulations climatiques globales CMIP5 et sur les nouveaux scenarii d’évolution des concentration en GES établis pour le 5ème rapport d’évaluation du GIEC ( Representative Concentration Pathways, RCPs) aux horizons 2021–2050 et 2071–2100 vs 1971–2000. | Comparées aux résultats précédents du projet ENSEMBLES, www.euro-cordex.net les nouvelles simulations (Jacob et al., 2014) indiquent : 1) Un réchauffement compris entre 1–4,5 °C (RCP4.5) et 2,5–5,5 °C (RCP8.5). 2) Un déplacement vers le nord moins prononcé de l’évolution méditerranéenne vers un climat plus sec (avec dans les Alpes une diminution de la durée des longues vagues de chaleur, mais une augmentation du nombre total de vagues de chaleur). 3) Une réduction de la fréquence des précipitations de faible intensité (< 10 mm/j), mais une augmentation des événements de forte intensité (> 30 mm/j).

France

Driasles futurs du climat | Projections climatiques à échelle fine sur la France pour le XXIe siècle. Le portail DRIAS intègre notamment les simulations régionalisées issues du projet SCAMPEI (voir ci-dessous) et deux www.drias-climat.fr nouveaux ensembles de simulations issues des expériences IPSL2014 et CNRM2014, réalisés à partir des nouveaux scenarii RCP.

Arc alpin

ClimChAlp | Simulations climatiques régionales sur l’arc alpin avec trois modèles climatiques régionaux (RegCM, REMO, HIRHAM et COSMO-CLM) utilisant différents scenarii SRES (A1B, A2, B1 et B2) du GIEC à différents horizons (2001-2100 et 2070-2100). | Les résultats indiquent : 1) Une augmentation de la température moyenne mensuelle jusqu’à 5 K en août. www.climchalp.org Même avec le scénario B2, une augmentation de la température estivale jusqu’à 3,8 K et une augmentation jusqu’à 2 K en hiver sont calculées. Les (non maintenu) températures d’été et d’automne devraient augmenter plus que celles d’hiver et de printemps. 2) Une diminution des précipitations jusqu’à 30 % en été, mais une augmentation en hiver d’environ 20 % (40 % dans certaines régions).

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EEA, 2009 (Agence Européenne de l’Environnement) | Simulations climatiques régionales sur l’arc alpin pour 2071-2100, basées sur le scénario SRES A1B du GIEC. | Par rapport à la période de référence 1970-2000, ces simulations prévoient : 1) Une augmentation de la température moyenne annuelle de 3,9°C pour la fin du 21e siècle, avec un réchauffement particulièrement marqué en haute montagne (> 1500 m), de 4,2°C, d’abord comparativement faible jusqu’à 2050 (1,4°C), puis s’accélérant nettement à partir de la seconde moitié du 21e siècle. 2) Une www.eea.europa.eu légère diminution des précipitations à la fin du siècle, comprise entre – 1 % et –11 % selon les modèles et selon les régions, plus marquée au sud- ouest des Alpes, et avec des tendances très différentes selon les saisons. Les plus forts changements sont projetés en été, avec une diminution de –25 % au NE des Alpes et jusqu’à –41 % au SW à la fin du siècle, tandis que la plupart des régions connaîtraient une augmentation des précipitations au printemps et en hiver.

AdaptAlp | Simulations climatiques régionales multi-modèles sur l’arc alpin aux horizons futurs « proche » (2021-2050) et « distant » (2071-2100) par rapport à la période 1971-2000, basée sur le scénario SRES A1B du GIEC. | Ces projections indiquent : 1) Une augmentation des températures moyennes annuelles de 1,5°C à 2,25°C dans le futur proche (plus forte en hiver qu’en été) et de 3,5°C à 4,75°C dans le futur distant (à l’inverse plus forte en été qu’en hiver). 2) Une légère augmentation www.adaptalp.org (+5 %) des précipitations moyennes annuelles en hiver dans les parties nord de la région alpine et une légère diminution estivale (–5 %) dans les parties méditerranéennes à l’horizon 2050, tandis qu’elles montrent à la fin du siècle une augmentation de +15 % en hiver (+25 % dans les Alpes centrales) et une diminution de –15 % en été (–25 % dans les parties méditerranéennes). 3) Une augmentation de la disposition météorologique à la sécheresse en été.

CLISP | Simulations climatiques régionales sur l’arc alpin selon les scenarii SRES A1B et B1 du GIEC pour deux périodes futures de 20 ans (2011-2030 et 2031-2050) par rapport à la période de référence 1961-1990. | Elles prévoient un réchauffement des températures moyennes en toutes saisons après 2030, plus fort en été (entre 1,3°C et 3°C d’ici 2050). En continuité avec les tendances observées dans le passé, la partie centrale des Alpes se réchaufferait plus rapidement que les régions de piémont. Les températures maximales projetées présentent à peu près les mêmes tendances que les températures moyennes (indiquant une augmentation www.clisp.eu future de la fréquence des températures extrêmes), tout comme les températures minimales. Ces dernières présentent cependant des tendances encore plus fortes en hiver, qui impliqueraient une réduction accrue du nombre de jours de gel et donc de la couverture neigeuse et des glaciers (qui sont particulièrement sensibles à l’augmentation des températures minimales). Concernant les précipitations, la tendance la plus claire est celle des précipitations estivales qui, selon une majorité de scenarii, présenteraient une légère diminution, jusqu’à –55 mm.

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ACQWA (FP7) | Simulations climatiques régionales sur l’arc alpin. |Les principales conclusions sont : 1) Un réchauffement d’ensemble pouvant aller jusqu’à +2°C en 2050, plus important au-dessus de 1500 m d’altitude en automne. 2) Une augmentation des précipitations en hiver mais plutôt une diminution au printemps et en été, mais vraisemblablement une forte variabilité spatiale, avec des augmentations au nord des Alpes au printemps, en été et en automne, et des diminutions dans les parties sud www.acqwa.ch et ouest. 3) Une diminution de l’épaisseur de neige en hiver et au printemps. 4) Une augmentation de la fréquence des événements de précipitations extrêmes et des périodes humides plus séparées au sein des événements, avec des durées plus courtes mais une plus forte intensité. | Vue d’ensemble des changements liés au cycle de l’eau et aux risques naturels dans l’arc alpin projetés pour le XXIe siècle dans Gobiet et al. (2013).

Note : Voir aussi les simulations climatiques régionales sur l’arc alpin des www.manfredproject.eu projets MANFRED et ALP FFIRS (cf. tableau 2B). www.alpffirs.eu

Alpes françaises

SCAMPEI (ANR)| Projections aux horizons proche (2021-2050) et lointain (2071-2100) basées sur les scenarii SRES (A1B, A2 et B1) du GIEC, associant des simulations à haute résolution (12 km) avec trois modèles climatiques régionaux et l’adaptation statistique d’analyses fines (8km) www.cnrm.meteo.fr/ pour tenir compte au mieux de la complexité topographique. | Pour les scampei Alpes françaises, les résultats des simulations du projet SCAMPEI sont cohérents avec les projections régionales à l’échelle de l’Europe et de l’Arc alpin. En particulier une augmentation des extrêmes thermiques est attendue dans les Préalpes (Rome et al., 2013).

Impacts futurs sur l’environnement alpin

31 L’absence de situation passée analogue au climat projeté rend d’autant plus difficile à prévoir les effets induits sur l’activité des aléas naturels (Schoeneich et de Jong, 2008). Nous résumons ici les résultats les plus étayés qui ont pu être obtenus jusqu’ici quant à la dynamique future des aléas hydro-gravitaires.

Poursuite du retrait glaciaire et de la dégradation du permafrost

32 Le forçage de modèles glaciologiques plus ou moins sophistiqués par les scenarii climatiques futurs suggère l’accélération du retrait glaciaire dans les Alpes au cours des prochaines décennies. Suivant le réchauffement (+2 à +5 °C en 2100) et l’échelle spatiale considérés, la réduction du volume et/ou de la superficie irait de 20-35 % par rapport à 2000 jusqu’à une disparition quasi-totale des glaciers (Zemp et al., 2006 ; Salzmann et al., 2012).

33 Pour les Alpes Françaises, Le Meur et al. (2007) prévoient la disparition totale du glacier de Saint Sorlin (massif des Grandes Rousses) vers 2070, et Vincent et al. (2014) montrent que le retrait de la (massif du Mont-Blanc) va se poursuivre même sous le

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climat actuel. Certains aléas glaciaires vont disparaître du fait du changement de configuration des glaciers, tandis que d’autres précédemment mentionnés vont apparaître. La dégradation du permafrost devrait se traduire par une augmentation de la fréquence voire du volume des écroulements rocheux, et par une accélération de l’écoulement des glaciers rocheux voire leur détachement (cf. Bodin et al., ce volume).

Avalanches de neige

34 L’évolution prévue du manteau neigeux augmentera la proportion d’avalanches de neige humide par rapport aux avalanches de neige sèche, ce qui semble commencer à être détecté dans des séries d’observation (Pielmeier et al., 2013). Les modifications induites (distance parcourue, pression d’impact) n’ont cependant pas d’implication univoque quant aux risques. Néanmoins l’évolution prévue de l’enneigement dans les Alpes françaises suggère une baisse globale de 20-30 % de l’activité avalancheuse pour le XXIe siècle, particulièrement marquée à basse altitude. Lors d’épisodes froids et très neigeux même très ponctuels, des avalanches éventuellement de grande ampleur pourront néanmoins toujours s’y produire. En haute altitude, il n’y aura vraisemblablement pas de diminution rapide de l’activité tant que le manteau neigeux restera substantiel ; les précipitations neigeuses extrêmes plus fortes prévues par certains modèles climatiques et la variabilité plus forte des températures hivernales déjà observable pourraient même y occasionner des avalanches de fonte plus fréquentes en « plein » hiver (Castebrunet et al., 2014).

Crues et laves torrentielles

35 Les conditions climatiques favorables au déclenchement de glissements de terrain et de laves torrentielles devraient devenir plus fréquentes dans les Alpes pour la plupart des saisons excepté en juillet et août, même si la fréquence des pluies très intenses (> 30 mm/jour) pourrait augmenter dans certaines régions (projet ARNICA). Quel que soit le modèle climatique utilisé en entrée, une augmentation significative de la probabilité d’occurrence des laves torrentielles au nord comme au sud des Alpes est attendue pour 2050 et 2100 (Jomelli et al., 2009), même si ces approches ne prennent pas en compte les transferts de sédiments dans les têtes de bassin.

Crues des rivières alpines

36 Les projections de l’évolution future des crues des rivières alpines en matière d’intensité, de fréquence et de saisonnalité doivent intégrer une multitude d’effets complexes et multiscalaires liés à l’élévation de la température, à la modification du régime des précipitations, ou encore à l’évolution de la couverture du sol. Des projets ont produit des simulations d’impacts utilisant plusieurs types d’indicateurs de disposition aux futures crues à différents pas de temps (tableau 11), avec des résultats parfois contradictoires selon les espaces étudiés ou en fonction des modèles et scenarii climatiques utilisés, par exemple pour l’évolution des précipitations extrêmes en été.

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Tableau 11 : Exemples de projections de l’évolution future des crues alpines (projets : cf. tableau 2). Pour l’arc alpin, voir également les projections du projet ACQWA et celles publiées par l’EEA (2009). Pour le bassin de la Durance, voir les projets R²D² et RIWER2030.

Zone d’étude Projet / Principaux résultats et horizons référence* temporels

Proche avenir : une relative stagnation du cumul maximal de précipitations sur 5 jours par saison pour la plupart des régions ou Arc alpin saisons, mais de possibles augmentations dans le nord des Alpes au Proche printemps et à l’automne avenir : AdaptAlp Fin du siècle : une réduction des épisodes de fortes pluies durant l’été 2021-2050 dans la plupart des régions (jusqu’à –30 %). Pour l’hiver, des épisodes Fin du siècle : de fortes précipitations plus intenses (jusqu’à +20 %) sont simulés dans 2071-2100 tous les secteurs (Nilson et al., 2012).

Des projections sur l’ensemble de l’arc alpin basées sur un modèle conceptuel reliant la période de retour des crues à l’extension des zones contributives des bassins versants alpins indiquent que les débits de crue centennale augmenteraient plus dans les bassins de CLISP haute altitude, et plus dans les Alpes occidentales qu’orientales. Les Arc alpin bassins les plus fortement affectés se situeraient dans les Alpes suisses et italiennes, où un plus grand nombre de bassins versants tendent à passer d’un régime nival à un régime pluvial (EURAC, 2011 et références).

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Les projections considérées comme robustes sur le grand Sud-Est français sont : une diminution des débits en été et en automne (–20 à – 50 %), un changement dans le régime des cours d’eau à influence nivale (pic de fonte avancé d’un à deux mois), des étiages plus sévères et plus longs, une baisse de l’équivalent en eau de la neige à 1200 m dès l’horizon 2030. Cette projection est plus robuste pour 2080, avec une très forte baisse au sud des Alpes (quasi disparition de la neige au printemps à 1200 m), une baisse des débits d’été et d’automne des affluents non méditerranéens du Rhône (–20 à –50 % en 2050), ainsi qu’une forte baisse des débits estivaux de l’Isère et de la Durance (jusqu’à –75 % en juin-juillet en 2050). Les projections considérées comme plus incertaines sont les suivantes : hausse des débits en hiver ; modules plutôt en baisse mais Bassins incertitudes en fonction des contrastes saisonniers ; stabilité voire Agence de Rhône- hausse des débits d’hiver du Rhône ; baisse de l’équivalent en eau de la l’eau RMC Méditerranée neige au nord-est des Alpes (avec de fortes incertitudes sur (2012) et Corse l’amplitude de cette baisse) ; incertitudes sur l’équivalent en eau de la (RMC) neige en haute altitude (stabilité ou baisse dans le nord des Alpes, baisse significative au sud) ; stabilité ou hausse des débits hivernaux des affluents non méditerranéens du Rhône ; hausse des débits d’hiver de l’Isère et de la Durance ; incertitudes sur l’évolution des débits hivernaux des cours d’eau méditerranéens ; baisse incertaine de la recharge des nappes (qui pourrait être plus marquée dans les Alpes et en Corse). Les auteurs concluent que, de manière générale, malgré les projections de baisse généralisée des débits moyens au cours du XXIe siècle, les valeurs de débits élevés ainsi que l’amplitude et la fréquence des crues ne devraient pas baisser et pourraient même s’aggraver, ce qui aura une incidence sur le dimensionnement des ouvrages, avec des contrastes plus forts à gérer.

On signalera également les résultats du projet EXPLORE 2070 concernant les débits de crue décennale, dont les conclusions indiquent une possible augmentation de l’intensité des crues dans les Cévennes, et au contraire une possible diminution des débits de crue EXPLORE décennale dans les zones de haut relief (Alpes, Pyrénées, Jura) à France 2070 l’horizon 2046-2065. Les auteurs soulignent que les évolutions sur les crues restent fortement dépendantes de la méthode de descente d’échelle climatique choisie, et qu’il convient de rester prudent sur la significativité des évolutions simulées.

Impacts socio-économiques

37 Les impacts avérés et potentiels des risques naturels sur la société peuvent être envisagés en croisant les évolutions observées et prévisibles des aléas avec les enjeux, principalement les personnes, les bâtiments, les infrastructures et les activités économiques.

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38 Il est donc nécessaire de prendre en compte l’évolution concomitante des vulnérabilités matérielles, structurelles et fonctionnelles spécifiques aux territoires de montagne dans le contexte du changement global. Ce dernier est entendu comme l’ensemble des interactions résultant des combinaisons complexes entre changements d’origine climatique, mutations socio-économiques et évolutions politico-institutionnelles (Boudières et al., 2013). Il convient par conséquent d’en considérer les aspects à la fois sociaux et économiques (coût des dommages, interruptions des activités, etc.), financiers (robustesse des systèmes d’assurance et de réassurance), règlementaires et juridiques (responsabilité des décideurs et des citoyens).

39 En vue d’une évaluation des risques potentiels, par exemple dans le cadre d’une démarche prospective comme celle des études de vulnérabilité territoriale réalisées dans les plans d’adaptation, il s’agit pour les gestionnaires de trouver des indicateurs pertinents permettant l’appréciation des évolutions du territoire en matière de « trajectoire de vulnérabilité » (Magnan et al., 2012).

Impacts avérés

40 L’évolution des dommages au patrimoine bâti causés par les risques naturels en montagne reste peu documentée, bien que des données existent (assurances), et l’influence éventuelle des changements climatiques ne peut être discernée à l’aide des indicateurs existants (ex : arrêtés de catastrophe naturelle). En revanche, diverses sources mentionnent de possibles impacts sur des infrastructures linéaires.

41 Les pratiquants et professionnels de la montagne rapportent une augmentation de la dangerosité de certains itinéraires en haute altitude, liée au retrait rapide des glaciers et à la dégradation du permafrost, qui engendrent une modification progressive des pratiques des alpinistes pour s’adapter aux nouvelles conditions, notamment saisonnières (Weiss, 2011 ; Enquêtes orales : « Alpinisme et changement climatique » 6 ; Débat : « Coup de chaud sur l’alpinisme ! »7). Par ailleurs, le nombre et le coût global des interventions d’entretien sur les sentiers endommagés au sein d’espaces protégés comme le Parc des Ecrins augmentent (Claude Dautrey, communication personnelle).

42 Des interrogations apparaissent aujourd’hui quant aux phénomènes avérés de déstabilisation d’infrastructures touristiques (refuges, équipements de remontées mécaniques, etc.) en haute montagne en contexte de permafrost et de retrait glaciaire (Piccardi, 2014 ; Duvillard et al., ce volume, et références)8.

43 Dans les espaces anthropisés de plus basse altitude, les impacts concernent les problèmes de mobilité et d’accessibilité dans les vallées alpines : risques de coupures des liaisons routières et ferroviaires. En particulier, les voies transfrontalières et transnationales représentent des infrastructures critiques, considérées comme stratégiques par les collectivités montagnardes et les instances régionales, nationales et européennes (cf. projet PICRIT, tableau 2B). L’accès aux stations de ski constitue également un fort enjeu économique. Dans plusieurs départements alpins, les services en charge des routes témoignent d’une augmentation apparente des interventions liées à l’incidence accrue des aléas hydro-gravitaires et de la nécessité pour eux, dans un contexte de restrictions budgétaires, de hiérarchiser les dangers et de prioriser les travaux de sécurisation. Notons que, dans tous ces exemples d’impacts sur le linéaire de routes et sentiers, l’évolution des besoins d’intervention peut aussi être liée à une

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augmentation du niveau d’exigence des usagers en termes de « permanence » du service.

44 Si les impacts physiques des avalanches sur les routes principales des Alpes du Sud augmentent également (Leone et al., 2014), la part respective des facteurs climatique et anthropique n’est pas établie, non plus. Toutefois, les épisodes d’isolement provoqués par des crues avalancheuses semblent bel et bien s’y multiplier, comme par exemple dans les vallées de la Clarée ou du haut Guil en 2008, 2012 et 2015.

Autres impacts potentiels et/ou prévisibles pour le futur

45 Du fait de l’augmentation de la population et des infrastructures dans les vallées alpines, la répétition d’événements historiques extrêmes tels que les crues catastrophiques de juin 1957 ou la vidange de la poche d’eau du glacier de Tête Rousse en 1892 (Vincent et al., 2012) auraient inévitablement des impacts destructeurs considérables, indépendamment du changement climatique. Toutefois, ces aléas ne seraient pas analogues, du fait de la modification des conditions d’écoulement par les ouvrages de protection, les aménagements hydrauliques et les modifications des versants induites par le réchauffement et ses conséquences (retrait glaciaire par exemple).

46 Compte tenu des projections existantes, certains ouvrages de protection pourtant coûteux pourraient s’avérer sous-dimensionnés vis-à-vis d’événements de forte magnitude éventuellement non envisagés ou sous-estimés. En outre, les forêts de protection pourraient souffrir d’une possible multiplication des perturbations liées aux événements extrêmes (projets IFP et MANFRED, Tab 2B).

47 L’approche par scenarii semble propice dans un contexte d’incertitude renforcée par les impacts du changement climatique, mais aussi pour ouvrir le champ des possibles en matière de réponses adaptatives ou alternatives pour les décideurs. Certains projets européens et nationaux sont ainsi consacrés à l’élaboration de scenarii de l’impact des changements globaux, climatiques, environnementaux ou sociétaux sur l’évolution future des aléas et des risques en Europe comme à l’échelle locale (Tab. 12).

Tableau 12 : Exemples de travaux croisant des projections climatiques d’impacts sur les vulnérabilités liées à l’accessibilité routière

Projet Principaux résultats Référence

Une modélisation des impacts potentiels des chutes de blocs liées à la dégradation du permafrost a été menée à l’échelle de l’arc alpin dans son ensemble en termes de réduction de l’accessibilité des vallées. Cette analyse montre que de nombreuses routes pourraient être interrompues par les CLISP trajectoires des chutes de blocs potentielles. L’évaluation des conséquences EURAC sur le trafic routier en termes d’allongement du temps de trajet et de (Alpine (2011) Space) population affectée (dont le produit est utilisé comme un indicateur de la magnitude de ces impacts) indique que les conséquences économiques de ces impacts pourraient être importantes. Les coûts de protection et de restauration du réseau routier pourraient donc augmenter considérablement.

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Dans le projet SafeLand, consacré aux mouvements de terrain, une méthodologie spécifique a été développée pour croiser des modèles de susceptibilité et de propagation intégrant des scenarii climatiques avec des données prospectives sur l’évolution des éléments à risques (routes, bâti et SafeLand population) afin d’évaluer leur exposition en fonction du niveau d’aléa Baills et al. (FP7) considéré. Les résultats exploratoires obtenus sur le bassin de Barcelonnette (2012) (Ubaye) projettent une diminution du nombre de kilomètres impactés le long du linéaire routier exposé aux aléas faibles à moyens, tandis que le nombre de kilomètres de routes impactés par des aléas forts à très forts aurait plutôt tendance à augmenter.

48 Dans le contexte de l’après Fukushima, à la demande des pouvoirs publics, des approches par scenarii sont aussi utilisées dans les analyses de risques faites par des gestionnaires d’installations classées pour prendre en compte les couplages possibles entre aléas naturels et dangers d’origine anthropique, en vue d’anticiper les situations de crise et d’urgence que pourraient entraîner de tels « risques couplés » ou « en cascade » (Boudières et al., 2012).

Conclusion et perspectives

49 Les résultats récents ici présentés viennent consolider le diagnostic sur la nature et l’ampleur des impacts du changement climatique dans les Alpes (Prudent-Richard et al., 2008 ; Richard et al., 2010). De nouveaux éléments de différenciation spatiale permettent d’esquisser une approche régionalisée des évolutions observées et des impacts avérés et projetés dans les Alpes françaises.

50 Les progrès accomplis sur ces thématiques reposent notamment sur une contribution notable de la recherche française en géosciences. L’analyse des risques potentiels, qui dépendront au moins autant de l’évolution des vulnérabilités que des changements dans les aléas, nécessite une contribution accrue des sciences humaines et sociales sur ces questions (géographie, économie, sociologie, sciences politiques, histoire et approches juridiques des risques), et surtout un couplage accru entre les différents champs disciplinaires. Malgré ces progrès, nombre d’incertitudes persistent dans la caractérisation des changements observés et la projection des changements futurs. La capacité des sociétés à les anticiper et s’y adapter est également incertaine, voire illusoire. Il est néanmoins nécessaire de continuer à financer des recherches appliquées et territorialisées mais également plus « fondamentales » pour réduire ces incertitudes. A ce titre, la nécessité absolue de maintenir les observatoires sur le long terme doit être réaffirmée. Parallèlement, il semble important de tendre vers une action préventive intégrant et restituant publiquement ces marges d’incertitudes, afin d’assoir des modes de gestion plus transparents et davantage acceptés.

51 Dans la perspective d’une prise en compte intégrée et soutenable des risques naturels en montagne, cette synthèse ouvre également un questionnement sur les capacités de suivi et d’anticipation des changements dans les stratégies d’adaptation des territoires alpins. Ces questions conduisent à interroger à leur tour les réponses apportées par les acteurs publics et privés face aux défis posés par ces changements environnementaux et sociétaux.

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NOTES

1. Source : analyse des séries homogénéisées de Météo-France par MDP/OsCC. Pour les Alpes du Nord, l’OsCC fournit des bilans climatiques annuels et saisonniers (www.mdp73.fr). 2. Système d’analyse à mésoéchelle de variables atmosphériques près de la surface : www.drias- climat.fr/accompagnement/section/137 3. Cf. Note 1. 4. http://pluiesextremes.meteo.fr/ 5. Les séries de données analysées qui portent sur 177 stations alpines ont été versées à la base internationale de données du Global Runoff Data Center (GRDC) www.bafg.de/GRDC 6. Vidéos disponibles sur http://www.pierresquiroulent.fr/) 7. Projection-débat organisée par P. Bourdeau à Grenoble le 14 nov. 2014. 8. http://www.fondazionemontagnasicura.org/fr/news/la-gestion-des-voies-dacces-aux- refuges-dhaute-montagne-suite-aux-changements-climatiques-rencontre-en-transfrontalier

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RÉSUMÉS

Sous l’effet des changements climatiques, les territoires de montagne alpins enregistrent des évolutions rapides et manifestes qui suscitent l’attention croissante des populations, des scientifiques et des gestionnaires. Pour mieux faire face aux aléas et aux vulnérabilités spécifiques à ces territoires, l’adaptation de la prévention des risques naturels aux changements climatiques est aujourd’hui prescrite par les politiques publiques nationales et communautaires en vigueur dans l’arc alpin. Cet article passe en revue les progrès récents dans la connaissance des changements perçus, mesurés et projetés à l’échelle des Alpes françaises dans 1) les paramètres climatiques, 2) la cryosphère, les hydrosystèmes et la morphodynamique des versants, 3) les aléas naturels et 4) les risques induits. Cette synthèse renouvelée fournit un aperçu des résultats des projets de recherche, de coopération et de capitalisation sur ces thématiques, acquis pour la plupart au cours de la période de programmation 2007-2013, en s’appuyant sur des bases de données et plates-formes de connaissances développées par différents opérateurs scientifiques et techniques dans le cadre de l’arc alpin. Elle est illustrée par une méta-analyse d’exemples déjà publiés de chroniques d’activité d’aléas hydro-gravitaires, accompagnées des paramètres climatiques identifiés comme « prédicteurs ».

Under the effects of climate change, Alpine mountainous regions are undergoing fast and well- perceptible evolutions, which are attracting the growing attention of people, scientists and managers. To cope better with the hazards and vulnerabilities specific to these territories, the current national and European public policies in the Alpine countries now prescribe adapting natural hazard prevention to climate change. This paper provides a review of recent advances in knowledge on the perceived, measured and projected changes in i) climate patterns, ii) the cryosphere, hydrosystems and geomorphological dynamics on Alpine slopes, and iii) natural hazard evolution and induced risks at the scale of the French Alps. We give a brief overview of new results achieved by research, cooperation and capitalisation projects in these thematic fields during the programme period 2007-2013, which are available on databases, thematic knowledge platforms and observatories developed by different scientific and technical operators in the larger framework of the European Alpine arc. We illustrate this renewed synthesis by published examples of hydro-gravitational hazard activity chronicles, along with climate patterns identified as “predictors”.

INDEX

Keywords : natural hazards, observation, projection, adaptation Mots-clés : risques naturels, observation, projection, adaptation

AUTEURS

BENJAMIN EINHORN Pôle Alpin d’études et de recherche pour la prévention des Risques Naturels (PARN), Grenoble. Email : [email protected]

NICOLAS ECKERT UR ETNA, Irstea Grenoble / Université Grenoble Alpes, Saint Martin d’Hères

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CHRISTOPHE CHAIX Mission Développement Prospective (MDP) / Observatoire savoyard du Changement Climatique (OsCC), Chambéry

LUDOVIC RAVANEL Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

PHILIP DELINE Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

MARIE GARDENT Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

VINCENT BOUDIÈRES Pôle Alpin d’études et de recherche pour la prévention des Risques Naturels (PARN), Grenoble

DIDIER RICHARD UR ETNA, Irstea Grenoble / Université Grenoble Alpes, Saint-Martin-d’Hères

JEAN-MARC VENGEON Pôle Alpin d’études et de recherche pour la prévention des Risques Naturels (PARN), Grenoble

GÉRALD GIRAUD Météo-France – CNRS, CNRM-GAME UMR 3589, CEN, Grenoble, France

PHILIPPE SCHOENEICH Laboratoire PACTE, UMR 5194 CNRS / Université Joseph Fourier, Grenoble

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Climate change and natural hazards in the Alps Observed and potential impacts on physical and socio-economic systems

Benjamin Einhorn, Nicolas Eckert, Christophe Chaix, Ludovic Ravanel, Philip Deline, Marie Gardent, Vincent Boudières, Didier Richard, Jean-Marc Vengeon, Gérald Giraud and Philippe Schoeneich

AUTHOR'S NOTE

Acknowledgments The PARN thanks the members and partners of its scientific and technical network who contributed to the preparatory work for this review, and the Rhône-Alpes Region for its support of the Alps-Climate-Risks portal initiated in the ClimChAlp project alongside ONERC. The DREAL Rhône-Alpes is also acknowledged for its support of the PARN ‘Projects’ database, and of the transboundary database on Interreg territorial cooperation projects on natural hazards, developed within the partnership of the RiskNat and RiskNET Alcotra projects. Finally, we thank the two anonymous reviewers, whose suggestions have helped improve the manuscript.

Introduction

1 Mountainous territories are particularly concerned by the effects of climate change. Along with observed and potential impacts on a variety of natural hazards combined, increased vulnerabilities in the context of global change occur (Beniston et al., 1996; Boudières et al., 2013).

2 In recent years, these rapid changes have drawn attention from and heightened the concerns of populations, scientists and land and natural hazard managers in the Alps. Numerous research and regional cooperation projects have been dedicated to these topics in European, national and regional programmes (Tables 1 and 2).

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Agence Nationale de la Recherche www.agence-nationale- ANR (The French National Research Since 2005 recherche.fr Agency)

Gestion des Impacts du Changement Climatique (Management of GICC Since 1999 www.gip-ecofor.org/gicc Impacts of Climate Change federating research programme)

Projects and actions financed notably by the Directorate Occasional www.developpement- MEDDE General of Risk Prevention funding durable.gouv.fr (Direction Générale de la Prévention de Risques, DGPR)

Réseau Génie Civil et Urbain (Civil www.developpement- RGC&U Engineering and Urban Network, 1999-2005 durable.gouv.fr/... attached to the ANR in 2005)

Institut pour la recherche appliquée et l’expérimentation en génie civil IREX (Institute for Applied Research 2015-2020 www.irex.asso.fr and Experimentation in Civil Engineering)

Inter-regional

scale

Programme Opérationnel Interrégional des Alpes (Inter- http://programmes- POIA regional Operational Programme 2014-2020 europeens-2014-2020.regionpaca.fr of the Alps) (follows the previous (pdf) programme period: 2007-2013)

Science-Décision-Action pour la prévention des risques naturels SDA (Science-Decision-Action for the 2015-2020 www.risknat.org/sda prevention of natural risks; sub- programme of the POIA)

Regional scale

Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, 103-2 | 2015 63

5 themes are proposed for future contracts Contrats de Projets Etat- Région (State-Region Project Contracts, 2014-2020): i) higher education, research and CPER innovation; ii) the territorial Previous: 1989– coverage of high-speed www.datar.gouv.fr/contrats-etat- 2014–2020 1993; 1994-1999; broadband and development of regions 2000–2006; uses of digital technology; iii) 2007–2013 innovation, promising niches and the factory of the future; iv) multimodal mobility; v) environmental and energy transition..

The academic research communities ARC Environment in Rhône-Alpes aim to help the ARC- region to "maintain the basic Environnement balance, but fragile, sustainable Rhône-Alpes development based on the area of Since 2012 www.arc.rhonealpes.fr (ex Cluster research and innovation, Environnement) particularly active in the environmental engineering and the study of health-environment relationships themes”.

Laboratories of Excellence (LabEx), OSUG@2020, Stratégies innovantes pour l’observation et la modélisation des systèmes naturels (Innovative strategies for the LabEx observation and modelling of 2011-2020 www.osug.fr/labex-osug-2020 OSUG@2020 natural systems): project funded by the Future Investments programme launched by the government and implemented by the ANR

Sub-regional

scale

Departmental Programme of the Pôle Grenoblois d’études et de PGRN/CG38 recherche pour la prévention des 1989-2010 www.risknat.org/pgrn-cg38 Risques Naturels (PGRN) funded by the General Council of Isere

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Table 2: (A) Examples of European research and development projects on climate change and natural hazards in the Alps

Programme Project Title Duration Website

European

scale

Survey and prevention of extreme glaciological http:// FP5 GLACIORISK 2001-2003 hazards in European glaciorisk.grenoble.cemagref.fr mountainous regions

Prediction of Regional scenarios and Uncertainties for PRUDENCE 2001-2004 http://prudence.dmi.dk/ Defining EuropeaN Climate change risks and Effects

Statistical and Regional dynamical Downscaling www.cru.uea.ac.uk/projects/ STARDEX 2002-2005 of Extremes for European stardex regions

Ensemble-based Predictions of Climate FP6 ENSEMBLES 2004-2009 www.ensembles-eu.org Changes and their Impacts

Assessing Climate FP7 ACQWA Impacts on the Quantity 2008-2013 www.acqwa.ch and quality of WAter

ConHaz Costs of Natural Hazards 2010-2012 http://conhaz.org

European Reanalysis And EURO4M Observations For 2010-2014 www.euro4m.eu Monitoring

European Provision Of Regional Impacts EUROPIAS 2012-2015 www.euporias.eu Assessments on Seasonal and Decadal Timescales

Living with landslide risk in Europe: Assessment, SafeLand effects of global change, 2009-2013 www.safeland-fp7.eu and risk management strategies

Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, 103-2 | 2015 65

European Coordinated EURO- Regional Climate WRCP 2009 www.euro-cordex.net CCORDEX Downscaling Experiment - European Domain

Assessment of Risks on transportation Networks CIRCLE ARNICA resulting from slope 2010-2013 www.circlemontagne.fr Mountain Instability and Climate change in the Alps

Changing pattern of landslide risks as Changing response to global 2010-2013 www.circlemontagne.fr RISKS changes in mountain areas

European Procedures for COST FloodFreq Flood Frequency 2010-2014 www.cost-floodfreq.eu Estimation

Advances in HOME homogenisation methods 2007-2012 www.homogenisation.org of climate series

Table 2 (continued): (B) European research and territorial cooperation projects on climate change and natural hazards in the Alps

Programme Project Title Duration Website

European

scale

Flood estimation and forecast in complex www.risknet-alcotra.org ALCOTRA FLORA orographic areas for risk 2009-2012 (info) mitigation in the Alpine Space

Risques glaciaires dans les GlaRiskAlp 2009-2012 www.glariskalp.eu Alpes occidentales

Interreg Forêts de www.interreg-forets- IFP FR-IT protection – Composante 2007-2011 protection.eu France-Italie

Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, 103-2 | 2015 66

Elaboration d’une base de données et expérimentation de méthodes de mesure des http://www.risknet- mouvements gravitaires et alcotra.org/fr/index.cfm/ PERMAdataROC 2006-2008 des régimes thermiques des base-donnees-projets/ parois rocheuses à permadataroc.html permafrost en haute montagne

Protection des infrastructures critiques PICRIT 2012-2013 www.picrit.eu transfrontalières pour la sécurité civile

Plan Intégré Transfrontalier Espace http://pit.espace-mont- PIT EMB - P4H5 Mont-Blanc – Volet 2010-2012 blanc.com Éducation à l’environnement

Gestion en sécurité des RiskNat territoires de montagne 2009-2012 www.risknat-alcotra.org transfrontaliers

Réseau transfrontalier sur RiskNET 2013-2015 www.risknet-alcotra.org les risques naturels

Stratégies d’adaptation au changement climatique STRADA pour la gestion des risques 2010-2013 www.progettostrada.net naturels dans la région frontalière

Le Haut-Rhône et son bassin versant FRANCE- HAUT RHÔNE montagneux: pour une 2005-2008 www.institut-montagne.org SUISSE gestion intégrée de territoires transfrontaliers

Interreg Forêts de www.interreg-forets- IFP FR-CH protection – Composante 2007-2011 protection.eu France-Suisse

ESPACE Alpine Forest Fire - ALP FFIRS 2009-2012 www.alpffirs.eu ALPIN warning System

Adaptation to Climate AdaptAlp Change in the Alpine 2008-2011 www.adaptalp.org Space

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Capitalising climate change knowledge for C3-Alps 2012-2014 www.c3alps.eu adaptation in the Alpine Space

Climate change, impacts and adaptation ClimChAlp 2006-2008 Web site no more available strategies in the Alpine Space

Climate Change Adaptation by Spatial CLSIP 2008-2011 www.clisp.eu Planning in the Alpine Space

Management strategies to adapt Alpine Space MANFRED 2009-2012 www.manfredproject.eu forests to climate change risk

Improved accessibility: reliability and security of Alpine transport PARAmount 2009-2012 www.paramount-project.eu infrastructure related to mountainous hazards in a changing climate

Permafrost long-term www.permanet- PermaNET 2008-2011 monitoring network alpinespace.eu

State-of-the-Art in Risk Management Technology: START_it_up Implementation and 2013-2014 http://startit-up.eu Trial for Usability in Engineering Practice and Policy

A wiki for capitalising on WikiAlps spatial-development 2013-2014 www.wikialps-project.eu projects

Table 2 (continued): (C) National and regional research projects on climate change and natural hazards in the French Alps

Programme Project Title Duration Website

National scale

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Monitoring Snow in a www.agence-nationale- ANR MONISNOW 2011-2015 changing climate recherche.fr

Modélisation Probabiliste www.avalanches.fr/mopera- MOPERA pour l’Etude du Risque 2010-2013 projet d’Avalanche

Palaeohydrology and Human Climate http://edytem.univ- Pygmalion 2007-2012 Environment savoie.fr/... Interactions in the Alps

Climat Régionaux et incertitudes, ressources en RIWER 2030 2009-2011 www.lthe.fr/RIWER2030 eau et énergétiques associées de 1960 à 2030

Adaptation de la société aux risques en montagne SAMCO 2013-2017 www.anr-samco.com dans un contexte de changement global

Scénarios Climatiques Adaptés aux zones de www.cnrm.meteo.fr/ SCAMPEI Montagne: Phénomènes 2009-2011 scampei extrêmes, Enneigement et Incertitudes

Séchilienne Land movement: Multidisciplinary Studies http://isterre.fr/ SLAMS 2010-2013 from Hazard assessment recherche/... to associated risk and consequences

Rates of the processes controlling the VIP-Mont- http://vip- morphologic and 2014-2019 Blanc montblanc.osug.fr/ environmental changes in the Mont-Blanc massif

Reconstitution de l'activité Fondation MAIF DENDROGLISS de glissements de terrain 2008-2011 www.fondation-maif.fr/... par dendrogéomorphologie

Analyse des risques induits PERMAFROST par la dégradation du 2007-2010 permafrost

Impacts du changement http://www.gip-ecofor.org/ GICC ADAMONT climatique et Adaptation en 2015-2017 gicc/?q=node/577 territoire de Montagne

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Drôme: Eau, Climat et DECLIC Impacts liés aux 2010-2012 http://declic.ujf-grenoble.fr Changements

Donner accès aux scenarios climatiques Régionalisés DRIAS français pour l'Impact et 2008-2011 www.drias-climat.fr l'Adaptation de nos Sociétés et environnements

Etude des impacts potentiels du changement GICC Rhône climatique sur le bassin 1999-2004 www.gip-ecofor.org/gicc/... versant du Rhône en vue de leur gestion

Risque, Ressource en eau et https:// R²D² 2050 gestion Durable de la 2010-2013 r2d2-2050.cemagref.fr Durance en 2050

Etude Climatologique de www.avalanches.fr/projet- MEDDE ECANA l’Activité Avalancheuse 2009-2016 ecana Naturelle

EXPLORE Eau et changement www.developpement- 2010-2012 2070 climatique durable.gouv.fr/...

Chutes de Blocs, Risques IREX / RGC&U C2ROP Rocheux et Ouvrages de 2015-2019 www.c2rop.fr Protection

Inter-regional scale

Opération interrégionale “Gestion intégrée des risques naturels dans les Alpes – Expérimentation 2009-2014 POIA GIRN Alpes www.risknat.org/girn-alpes sur sites pilotes” 2015-2020 Essaimage de sites de GIRN dans la nouvelle programmation

Regional scale

XXV colloque Association www.arc3- ARC-Environnement AIC 2012 internationale de 2012 environnement.rhonealpes.fr climatologie

Organisation de l’International Snow ISSW2013 2013 Science Workshop à Grenoble

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Influence du climat sur le ― déclenchement des 2013 éboulements rocheux

Archives climatiques de la dernière période interglaciaire en Rhône- ― Alpes, et nouvelles 2015 méthodologies pour la reconstruction des paléo- températures

Contribution à l'amélioration de la gestion PERMARISK de risques émergents 2015 associés à la dégradation du permafrost de montagne

Risques HYdrométéorologiques en CPER PACA RHYTMME 2008-2013 http://rhytmme.irstea.fr Territoires de Montagnes et MEditerranéens

Adaptation des systèmes fourragers et d'élevage péri-méditerranéens aux changements et aléas http:// Régions RA, LR, MP CLIMFOUREL 2008-2010 climatiques, un projet tri- climfourel.agropolis.fr régional Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées

Sub-regional scale

http://www.labexitem.fr/ Crues Historiques dans les LabEX ITEM CrHistAl 2012-2013 wp-content/uploads/ Alpes 2012/04/Projet-CrHistAl.pdf

MONISNOW Monitoring Snow in a www.osug.fr/labex- LabEx OSUG@2020 2012 Alpes changing climate - Alps osug-2020/...

Structure des précipitations orographiques en région www.osug.fr/labex- ― 2012 Méditerranéenne: osug-2020/... Mécanismes et Prévision

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Impacts environnementaux du retrait glaciaire dans le Massif du Mont Blanc: www.osug.fr/labex- ― quantification des 2014 osug-2020/... processus contemporains et perspectives d’évolutions futures

Some projects on climate Several change from over 200 PGRN/CG38 1989-2010 www.risknat.org/pgrn-cg38 projects projects on natural hazards

3 Continuing on from previous syntheses (Prudent-Richard et al., 2008; Richard et al., 2010 ; Einhorn and Peisser, 2011), this paper presents the main results of recent work on these themes in the French Alps, relying on knowledge capitalisation portals (Table 3). It also presents an overview of current observation services (Table 4).

Table 3: Tools giving access to full references (projects, publications) of the results discussed in the text

Knowledge capitalisation tools Website

Alpes-Climat-Risques web-portal for the project ClimChAlp (Prudent- Richard et al., 2008): bibliographical knowledge base (350 references) and www.risknat.org/ newsletter on climate change and its effects on Alpine physical systems alpes-climat-risques and natural hazards.

Base Projets: database on the results of research projects on Alpine natural www.risknat.org/ hazards. baseprojets

Database of the RiskNET project on Franco-Italian-Swiss Interreg www.risknet- cooperation projects on natural hazards in the ALCOTRA territory. alcotra.org

Table 4: Observation and monitoring systems providing data on climate change, the physical environment and natural hazards in the French Alps.

Supporting Observation services and Missions and subjects organisations Data type databases of study and data producers*

Climatic observations

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Public service missions of information Observational data (in dissemination on Météo-France situ, radar, satellite), meteorology and climatology, forecast Météo-France http:// climate. Publish, in data and models, and www.meteofrance.com/ particular, annual and climate forecasts seasonal climatic balance assessments.

Homogenised monthly Historical Instrumental temperature, Climatological Surface Time Long-term climate precipitation, Series of the Greater Alpine parameters covering ZAMG (Austria) atmospheric pressure, Region (HISTALP) the European Alps sunshine duration and www.zamg.ac.at/histalp/ nebulosity data

Alpine environment

Environment Research Les GLACIers, un Observatoire du Observatory on the CLIMat (GLACIOCLIM) theme ‘Continental Glacier mass balances LGGE, Irstea www-lgge.ujf-grenoble.fr/ Surfaces and ServiceObs/ Interfaces’ on glaciers and climate studies

Observational and monitoring network Réseau de mesure du permafrost on French mountain See Bodin et al., 2015 et des processus liés au gel permafrost, freezing- PACTE, EDYTEM (this volume) (PermaFRANCE) related phenomena and associated periglacial processes

Natural hazards

Regular avalanche observation in France Database of events providing access to an observed for each site Enquête permanente sur les inventory, as complete (dates, altitudes, avalanches (EPA) as possible, of deposit, characteristics, Irstea, ONF- www.avalanches.fr/ avalanche events that forecast 3 days before, RTM, MEDDE epa_lobservation-actuelle took place on the sites forecast 4 hours before, observed during the causes, victims, damage winter season (4000 or places affected) paths to date)

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Database on events of Information on more Observatoire des Risques Naturels avalanche, flood, than 30,000 events and en Montagne du service de ONF-RTM, IFN, debris flow, gullying, more than 19,000 works Restauration des Terrains en MEDDE, French rockfall, landslide, of protection against Montagne (BD RTM Ministry of subsidence and natural hazards Evénements) Agriculture compaction by (grouped into 2,400 http://rtm-onf.ifn.fr withdrawal protective devices)

Development of a permanent multidisciplinary instrumentation on Study of landslide each site, to dynamics (damage, characterise: i) the triggering, and kinematics of propagation) and the movement and effect of external ISTerre, Observatoire Multidisciplinaire deformation (geodesy, forcing (climate, Géoazur, des Instabilités de Versants inclinometers, earthquakes) on four EMMAH, IPGS- (OMIV) extensometers, aerial sites representative of EOST, Chrono- and satellite imagery), http://omiv.osug.fr/ the mechanisms Environnement ii) the seismic observed in the French behaviour of the slip Alps (soft rock / dense, (fragile damage via slow or fast microseisms and movements). responses to regional earthquakes), iii) the hydraulic responses to meteorological forcing.

Teletransmission of Surveillance Séchilienne Operational system for monitoring data: the monitoring of the MEDDE, www.versant- extensometry, GPS Ruines de Séchilienn’ CEREMA sechilienne.developpement- positioning, movement unstable slope (Isere) durable.gouv.fr/ velocity

Hydrological database of state services Water height administered and measurements at managed by the Service MEDDE, various time steps from Banque Nationale de Données Central (SCHAPI, DREAL, 3,500 measuring pour l’Hydrométrie et d'Hydrométéorologie et SPC, etc.), EDF, stations (including l’Hydrologie (Banque HYDRO) d'Appui à la Prévision Irstea, 2,400 in service) located des Inondations (Central development www.hydro.eaufrance.fr on French rivers and Service of companies access to station Hydrometeorology metadata and Support for Flood Forecasting)

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Data measuring Regulatory mission of Service de Prévision des Crues des stations, water heights monitoring, MEDDE, SPC Alpes du Nord (“Information sur and discharge of major forecasting and Alpes du Nord la vigilance crues”) metropolitan rivers transmission of (DDT38) www.vigicrues.gouv.fr (stored in the ‘Banque information on floods HYDRO’ database)

Declarative data complementarily Collects all the data MAAPRAT, (BDIFF) collected by different related to forest fires MIOMCTI, local services http://bdiff.ifn.fr/ in France since 1992 DGPAAT, IGN (departmental or regional)

Notes: * Acronyms: see websites

4 On these bases, the present contribution reviews observed and projected changes in: i) climate patterns, ii) the cryosphere, hydrosystems and slope morphodynamics, iii) natural hazards, and iv) induced risks to human installations and activities in the French Alps. It is illustrated by chronicles of hydro-gravitational process activity, along with time series of climate patterns identified as their most significant predictors. In addition to the resources and references inventoried, and to go deeper in this review, other papers of the volume focusing on certain topics handled in this paper are reported.

Climate changes and observed physical impacts

Measured climate change

5 Climate warming in the Alpine range is well documented (Table 5) from varied sources (occasional series, reanalysis, results from simulations of the past, etc.) with different spatial and altitudinal resolution, and covering various periods, whose use requires homogeneous databases. Robust findings focus on the general rise in temperature and its effects on directly related phenomena, such as snowfall or evapotranspiration.

Table 5: Results from (A) reconstitution and (B) observation of the plurisecular temperature evolution in the Alps

Results References

(A) According to a regional dendroclimatological reconstitution in the Alps, the last decade of the twentieth century was the warmest period in the last Corona et al. (2010) millennium, with more and much faster warming than, for example, the one rebuilt for the medieval warm period.

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(B) The long series of homogenised temperatures covering the Alps (HISTALP) show a uniform warming of 2 °C between the late nineteenth and early Auer et al. (2007) twenty-first century (Auer et al. 2007), which has accelerated since 1970, (see ref. in Böhm including at high altitude. In fact, the end of the 1980s was marked et al. (2010)); Böhm everywhere by significant warming. The average height of the 0 °C isotherm et al. (2010) rose by 400 m compared with the beginning of the 1980s (Böhm et al., 2010).

6 In the French Alps, located at the intersection of several climatic influences, the increase in temperatures after 1980 has affected all stations, with slight contrasts between the Northern and Southern part (Fig. 1). The warming of +1.8 and +2.1 °C on annual average in the Northern Alps and in the Prealps since 1950 is faster than that observed in the Southern Alps (+1.5 to + 1.7 °C), with intermediate values in transitional areas between these two climatic domains1.

Figure 1: Homogenised annual mean temperature from 1950 to 2014 at Bourg-Saint-Maurice (BSM) and Embrun and normal values over the reference period 1961-1990. Data: Météo-France; Processing: MDP-OsCC/PARN

7 Monthly long series in the Northern Alps over the period 1885-2007 (Dumas, 2013) show that warming on an annual scale occurred without much amplification until 1960. Then the rate of warming increased over recent decades to exceed +4.0 °C/100 years (especially in spring and summer). This value is consistent with the rate of +0.4 °C/ decade in the Northern Alps since 1950, higher than in the rest of France, especially for the maximum temperatures (Gibelin et al., 2014). The issue of ‘Mediterraneanisation’ of the Northern Alps climate arises, this phenomenon having already occurred along the Rhône Valley and in the Midi-Pyrénées (Climfourel project).

8 SAFRAN reanalysis2 over the 1958-2002 period (Durand et al., 2009a) shows a temperature increase especially marked at medium altitudes (1500-2000 m, > +0.3 °C/ decade) which significantly decreases above 3000 m a.s.l.. At very high altitude (> 4000 m a.s.l.), in the Mont Blanc, the air temperature reconstituted by inversion of ice temperature profiles increased by 0.14 °C/decade during the twentieth century (Gilbert and Vincent, 2013).

9 Rainfall in the Alps has a much more heterogeneous pattern of change at regional and seasonal scales (Table 6).

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Table 6: Results of (A) reconstitution (HISTALP) and (B) observation of the plurisecular evolution of precipitation and nebulosity in the Alpine region

Results References

(A) At the scale of the Alpine range and during the 20th century, precipitation has Auer et al. increased by 9 % in the northwest of the chain, where cloud cover also increased, (2007) (see ref. while falls were even (-9 %) in its south-eastern part, in relation to a decrease in in Böhm et al., cloud cover and a drying trend. 2010)

(B) Daily rainfall data of over 5,000 stations covering the Alps over the 1971 to 2008 period were interpolated in a high-resolution grid (5 km) more finely integrating the complex influence of topography and reducing traditional biases Isotta et al. of interpolation. The studied indices emphasise the asymmetry of the frequency (2014) distribution of daily precipitation between the regions north of the Alps, where rainy days (> 1 mm) are more common, and their southern flank, where they are less frequent but more intense on average.

10 In the French Alps, the average annual rainfall observed and simulated by SAFRAN and the Météo-France homogenised climate series show no statistically significant trends (Durand et al., 2009a), apart from a decrease in winter precipitation in the internal Alps (Haute Maurienne, Queyras), which reached 30 % between the 1961-1990 and 1981-2010 climate periods3.

11 It is difficult to conclude regarding extreme precipitation for the Alps. While a tendency to increase, variable by region, was reported for Europe, with a median reduction of 21 % of the return period of extreme events (van den Besselaar et al., 2013), Météo-France data do not indicate any increase in extreme rainfall in the southeast of France4.

Observed impacts on the Alpine cryosphere

12 Under the effect of climate change, the Alpine environment is undergoing fast and obvious changes: less snow, receding glaciers, permafrost degradation, species rise in altitude and latitude, warming of lakes and rivers, etc. The impacts reported in the mountains result primarily from the effects of temperature increase, which largely controls the alternating freeze/thaw, the rain/snow ratio and the altitudinal position of snow cover and the equilibrium-line altitude (LEA) of glaciers. These factors mainly control the hydrological regime, vegetation dynamics and, to a lesser extent because of the complexity of systems, s.l. erosion processes in watersheds.

13 Snow cover at 1800 m in the French Alps showed a strong spatial variability from the late 1950s to the mid-1980s, after which it became less variable from one massif to another, with decreased mean values and a reduced amplitude of extreme values (Durand et al., 2009b). The thickness of snow in early winter has shown a sharp decline at low and medium altitude since the late 1980s, while it has increased at high altitude (2700 m).

14 Glaciers are the most visible markers of previous warming and its recent acceleration. A multisource cartographic reconstitution of glacial extent in the French Alps has

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assessed its diachronic evolution in recent decades (GlaRiskAlp project; Table 2). Their surface area in late 2000 (275 km²) was almost 20 % less than in 1985 to 1986 (340 km²) and 26 % less than in the years 1967 to 1971 (370 km²; Gardent et al., 2014), in response to the strong warming mentioned above (Fig. 2). Yet, the most direct measurement of climate control on glacier dynamics is provided by the mass balance. There are only data for some glaciers, especially those monitored by the observatory GLACIOCLIM (Table 4; Vincent, 2002). For example, seasonal variations in the Sarennes glacier since 1949 quantify accurately the evolution of winter snowfall and summer temperatures at high altitude (Thibert et al., 2013).

Figure 2: (A) Annual average temperature anomalies in Bourg-Saint-Maurice and Embrun over the period 1967-2010 compared to the 1961-1990 normal (see Fig. 1). (B) Estimation of decadal changes in glacial extent in the main massifs of the French Alps for different periods from 1967/71 to 2006/09, expressed in % per year (Gardent et al., 2014)

15 Satellite imagery documents spatial changes in a more continuous way. Data on 43 glaciers in the French Alps show an increase in the average altitude of the equilibrium- line altitude (ELA) by about 170 m over the period 1984-2010, with a concomitant increase in summer cumulative positive degree days by about 150 days at 3000 m a.s.l., while winter precipitation remained stable (Rabatel et al., 2013). These results underline the preponderant influence of temperature increase on the recent evolution of Alpine glaciers, despite the variability due to the local topographical context (Cossart, 2013).

16 Finally, the establishment of long-term observation networks (PermaNET project; PermaFRANCE network) marks an advance in the knowledge and monitoring of the distribution of permafrost, its thermal evolution and the processes associated with its degradation (see Bodin et al., this volume).

Observed impacts on natural hazards

17 Research projects (Table 2) and long-term observation programmes (Table 4) have provided significant results on the evolution of natural hazard activity over recent decades.

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Alpine floods

18 The analyses conducted across homogenous hydro-climatic regions in the AdaptAlp project5 suggest that the trends affecting Alpine rivers depend on their hydrological regime. Only snowmelt and glacial regime rivers are experiencing an increase in the intensity and volume of their floods and an evolution of their seasonality, with an earlier and longer snowmelt period (Bard et al., 2012).

Snow avalanches

19 Methodological progress achieved in the MOPERA and ECANA projects has improved knowledge of fluctuations in avalanche activity and its climate control (Eckert et al., 2010a & b; 2013). A relative minimum in runout-altitudes can be identified around 1980, followed by a sharp rise in elevation (Fig. 3A). The decrease over the period 1960-1980 corresponds to colder and snowy winters, while the rise during 1980-2005 is the period of increased warming. The influence of the cold, snowy winters recorded since 1998 is clear (Fig. 3C).

20 This overall scheme conceals different trends depending on the altitude (Lavigne et al., 2015). At low altitude (<2000 m), the reduction in activity (number of avalanches) since 1980 has been drastic, while it has recently increased at high altitude, perhaps in connection with the possible increase in climate variability during winter.

Torrential floods and debris flows

21 The statistical analysis of more than 500 events listed since 1970 in the RTM database (Table 4; ARNICA project) showed the essential role played by climate variables at the regional level in the probability of debris flow occurrence. In some sectors, the increased frequency of debris flows since the late 1980s (Fig 4A. Jomelli et al., in press) may be an effect of summer warming, which leads to more convective effects and therefore more summer thunderstorms (Fig. 4B). In other areas, the control of the temporality of debris flows by sediment supply seems to outweigh its control by the climate (Garitte et al., 2007).

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Figure 3: Response of two hazards to recent changes in winter snow and weather factors. (A) Decennial runout-altitude of snow avalanches in the French Alps and (C) identified predictors (Eckert et al., 2013). (B) Annual frequency of landslides in Ubaye and (D) identified predictors (Lopez Saez et al., 2013). Anomalies were calculated with respect to the considered period of study

Figure 4: Response of two hazards to recent changes in summer meteorological factors. (A) Annual frequency of debris flows in Savoy (B) and identified predictors (Jomelli et al., in press). (C) Number of rockfalls in the Aiguilles de Chamonix and the Drus and associated temperature anomaly (Ravanel and Deline, 2011). Anomalies were calculated with respect to the considered period of study

22 Reconstructions of flood chronicles also document the activity of the torrential processes over longer timescales (Table 7).

Table 7: Examples of reconstructions of previous torrential flood activity

Project Main results Reference

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Reconstructions of flood chronicles suggest that flood frequency over a centennial-to-millennial timescale increases during cold periods over the whole French Alps, probably owing to an Wilhelm et intensification of westerly flow and greater cyclonic activity. In al. (2012) Pygmalion addition, there is a differentiated regional evolution of torrential and (ANR) activity according to predominant forcing factors: flood intensity references also increases during cold periods in the Southern Alps in apparent therein connection with negative phases of the North Atlantic Oscillation while in the Northern Alps intensity also increases during warmer periods.

Some dendrogeomorphological reconstructions of torrential flood activity are available in the French Alps. For example, in the case of Torrent Manival (Isere), where this method has identified 13 debris flow events during the period 1931-2008, results show that the DENDROGLISS, Lopez Saez temporal distribution of debris flows has not changed significantly ACQWA, PGRN et al. (2011) since the early 20th century. This study also demonstrates that analysis of the spatial distribution of stressed trees can help identify secondary channels of debris flows as well as potential breakout locations.

Landslides

23 An extensive dendrogeomorphological survey in the Ubaye valley (DENDROGLISS project) estimated a regional frequency of superficial landslides (Fig. 3B; Lopez Saez et al., 2013). The phases of activation, longer since the end of the 1970s, seem directly linked to marked winter snow accumulations and positive temperature anomalies (Fig. 3D), while Malet et al. (2007) concluded there was no correlation between rainfall amounts and landslides in the same area. No trend was detected for deep landslides (for which the data remain scarce), despite their more or less proven sensitivity to hydro- climatic forcing (Table 8).

Table 8: Examples of reconstruction and observation on large slope instabilities

Project Main results Reference

CEREGE For many large landslides in the Alpes Maritimes department, surface (supported exposure dating using the cosmogenic nuclides method shows Zerathe et by PACA synchronous triggering phases about 4,000 years ago, possibly related al. (2013) Region) to climate forcing.

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In the case of the Séchilienne deep-seated unstable slope, the displacement time series measured by the monitoring system since 1985 shows no apparent connection with the evolution of temperature or precipitation parameters. However, intra-annual seasonal variations are synchronous with precipitation. Wavelet analysis showed that the SLAMS Vallet et slope destabilisation is rather linked to effective rainfall than to raw (ANR) al. (2013) precipitation (rainfall + snowfall), thus involving a groundwater process. Due to the progressive degradation of its mechanical properties, this unstable slope has become, in recent years, more sensitive and reactive to short-term events, while seasonal variations are less pronounced.

Rockfalls

24 Below the periglacial belt, no tangible impact on rockfalls has been demonstrated to date, despite an apparent increase in their impact on mountain roads reported in the Isère, Savoie and Haute-Savoie departments (Einhorn and Peisser, 2011; Wurtz, personal communication).

Glacial and periglacial hazards

25 A growing body of research reinforces the empirical link between the rapid changes observed in the cryosphere and the resurgence of high mountain destabilisation phenomena (Ravanel, 2009), particularly in glacial and periglacial areas (Bodin et al., this volume). Thus, the reconstructions in permafrost areas in the Mont Blanc massif show a correlation between the decadal frequency of rockfalls (> 100 m3) and warming since the early 20th century (Figure 4C;. Ravanel and Deline, 2011).

26 No trend has been firmly established for glacial hazards because, apart from the low volume serac falls, they occur relatively rarely. Nonetheless, the observed changes in geometry and the thermal regime of glaciers are likely to alter the conditions of formation of this type of hazard. Research is being conducted to inventory at-risk glaciers, including tracking the evolution of large seracs over time and detecting the presence of interglacial water pockets, whose sudden drainage can trigger debris flows with catastrophic consequences (Gilbert et al., 2012; Vincent et al., 2012). Furthermore, the risks of instabilities that may arise in recently deglaciated margins are being assessed (Gardent, 2014): sudden outburst of juxta-, supra- and pro-glacial lakes (Vincent et al., 2010), increased storage of sediments available for torrents, cascading processes that can lead to devastating phenomena.

Table 9: Examples of recent work on glacial hazards

Project Main results Reference

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The outburst of glacial water pockets is one of the dangers with the most catastrophic potential consequences in the Alps (St-Gervais RiskNat, Disaster in July 1892). The research initiated following the crisis Gilbert et GlaRiskAlp related to the detection of a water pocket in the Tête Rousse glacier al. (2012) and ACQWA (Haute-Savoie) showed the possible influence of the thermal regime of the glacier on the formation of the water pocket.

Inventory of current and former extensions of glaciers at the regional scale of the Western Alps and geomorphological mapping of deglaciated sectors since the end of the Little Ice Age. Development of a typology of glacial hazards. Development of a methodology for evaluating the susceptibility to hazards of glaciated and recently deglaciated areas, and tests on four Gardent GlaRiskAlp pilot sites (inventory of processes, and their possible combinations, (2014) quantification of volumes involved, characterisation of the stability of materials). On four pilot sites: data acquisition and testing of methods on ice dynamics, serac falls and the formation conditions of glacial water pockets (Taconnaz, Grandes Jorasses, Tête Rousse, and Argentière glaciers).

27 Climate change, its impact on the Alpine environment and on natural hazards observed in the French Alps thus reveals climatic control mechanisms exercised by some parameters (thermal, a minima) on formation conditions for certain types of hazard. Without supporting an excessive catastrophism, these findings nevertheless encourage a certain degree of vigilance towards the future development of phenomena whose “climate sensitivity” has been proven.

Future impacts on physical systems

The Alpine climate in the coming decades

28 Numerous projects have proposed climate projections for the whole Alpine area, which have then been used as inputs for transverse or targeted impact studies (Table 10). For the French Alps, there is a relative consensus on the extent of future warming: + 1.5 °C in the middle of the 21st century and +2 to + 4 °C at the end of the century compared to the reference period 1960 -1990, with spatial and/or seasonal variations.

29 Regarding precipitation on the other hand, there is a near-absence of a predictable trend in the cumulative precipitation at various timescales, except for a slight deficit precipitation in autumn (Rousselot et al., 2012), and perhaps in summer (Aladdin model of Météo-France/CNRM, DRIAS project) for the end of the century. Although an increase in intensity and/or frequency of extreme precipitation is projected on a global scale (IPCC, 2012), its magnitude remains uncertain in the French Alps, particularly for convective rainfall.

30 According to the results of the SCAMPEI and ECANA projects, the reduction in the currently observed average snowfall will continue in the 21st century in all the French Alps, because of the change in rain-snow ratio related to current warming. If the areas

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located above 1800-2100 m should remain relatively preserved by 2050, with small decreases varying according to the economic scenario and slope aspect considered, this critical altitude should then rise to 2400 m for the most optimistic scenario, and even higher for other scenarios. These quantitative variations will be accompanied by qualitative changes, for example the gradual appearance of a wet snowpack at the heart of winter at high altitude (Castebrunet et al., 2014).

Table 10: Examples of projects and works proposing climatic and/or impact projections for various study areas including the French Alps (titles and websites of the projects appear in Tables 2A, 2B and 2C)

Project | Types of models and scenarios used | Main results Website

Europe

ENSEMBLES (FP6) | Multimodel regional climate projections over Europe and the Alps (maximum spatial resolution of 25 km) for the 21st century (2070-2099) based on the A1B SRES (Special Report on Emission Scenario) for greenhouse gas (GHG) emission from IPCC. | For the Alpine region, www.ensembles-eu.org models agree on an increase in the intensity of extreme events in all seasons and in most regions, with the exception of summer events in the southern regions, the largest increase (up + 30 %) being simulated in the autumn and in the north of the Alpine range (Rajczack et al., 2013).

EURO-CORDEX (WRCP) | Multimodel high resolution (12.5 km) regional climate projections over Europe and the Alps, providing a better representation of physical processes and intense precipitation, based on global climate simulations from CMIP5 and on new scenarios for GHG concentration established within the fifth IPCC assessment report (Representative Concentration Pathways, RCPs), for three time periods: 2021–2050 and 2071–2100 vs. 1971–2000. | Compared to previous results www.euro-cordex.net of the ENSEMBLES project, new simulations (Jacob et al., 2014) indicate: (i) A warming, with regional differences, in the range of 1–4.5 °C (RCP4.5) and of 2.5–5.5 °C (RCP8.5). (ii) A reduced northward shift of Mediterranean drying evolution (in the Alps, with a decrease in extended dry spells, but an increasing number of all dry spells). (iii) A reduction in the frequency of weak-intensity rainfall (<10 mm/day), but an increase in high intensity events (> 30 mm/day).

France

Driasles futurs du climat | Fine-scale climate projections over France for the 21st century. The DRIAS portal includes regionalised simulations from the SCAMPEI project (see below) and two new groups of simulations from www.drias-climat.fr the IPSL2014 and CNRM2014 experiences, made from the new RCP scenarios.

Alpine Space

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ClimChAlp | Regional climate simulations over the Alpine Space with three regional climate models (RegCM, REMO, HIRHAM and COSMO-CLM) using different SRES scenarios SRES (A1B, A2, B1 and B2) from IPCC for two temporal horizons (2001-2100 and 2070-2100). | Results show: (i) An increase in the monthly average temperature up to 5 K in August. Even www.climchalp.org with scenario B2, an increase in summer temperature up to 3.8 K and an (not maintained) increase to 2 K in winter are calculated. Summer and autumn temperatures are expected to rise more than winter and spring temperatures. (ii) A decrease in rainfall of up to 30 % in summer, but in winter an increase of about 20 % (40 % in some areas).

EEA, 2009 ( European Environment Agency) | Regional climate simulations over the Alpine range for the 2071-2100 time horizon, based on the IPCC A1B SRES scenario. | Compared to the 1970-2000 reference period, these simulations indicate: (i) A temperature rise of 3.9 °C up until the end of the 21st century, particularly elevated in the high mountains (> 1,500 m), with a 4.2 °C increase, comparatively low until 2050 (1.4 °C), then much faster in the second half of the 21st century. (ii) www.eea.europa.eu A slight decrease in precipitation up until the end of the century, ranging between –1 % and –11 % depending on the model and region, with the strongest decrease in the south‑western Alps, and very different trends depending on the season. The greatest changes are projected in summer, with a –25 % decrease north-east of the Alps and up to –41 % in the south-western part up to the end of the 21st century, while most regions will experience increased precipitation in the spring and winter.

AdaptAlp | Multimodel regional climate simulations over the Alpine Space for the “near future” (2021-2050) and “distant future” (2071-2100) compared to the period 1971-2000, based on the IPCC SRES A1B scenario. | These projections indicate: (i) An increase in mean annual air temperature of 1.5 °C to 2.25 °C in the near future (higher in winter than in summer) and 3.5 °C to 4, 75 °C in the distant future (on the contrary, www.adaptalp.org higher in summer than in winter). (ii) A slight increase (+ 5 %) of annual rainfall in the winter in the northern parts of the Alps and a slight summer decrease (-5 %) in Mediterranean areas in 2050, while at the end of the century they show an increase of 15 % in winter (+25 % in the Central Alps) and a decrease of -15 % in summer (-25 % in Mediterranean areas). (iii) An increase in meteorological drought disposition in summer.

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CLISP | Regional climate simulations over the Alpine Space based on IPCC SRES A1B and B1 scenarios for two future 20-year periods (2011-2030 and 2031-2050) compared to the reference period 1961-1990. | A warming of average temperatures is projected in all seasons after 2030, stronger in summer (between 1.3 °C and 3 °C by 2050). In continuity with trends observed in the past, the central part of the Alps will warm faster than piedmont regions. Projected maximum temperatures shows almost the same trend as average temperatures (indicating that temperature www.clisp.eu extremes will become more frequent in the future), and minimum temperatures. The latter, however, have even stronger trends in winter, which would imply a further reduction in the number of frost days and thus snow cover and glaciers (which are particularly sensitive to increases in minimum temperatures). Regarding precipitation, the clearest trend can be observed for summer, where the majority of scenarios show a trend of a slight decrease in precipitation of up to –55 mm.

ACQWA (FP7) | Regional climate simulations over the Alpine realm. | The main conclusions are: (i) An overall warming of up to 2 °C by 2050, greater above 1,500 m in altitude in autumn. (ii) An increase in precipitation in winter but rather a decrease in spring and summer, but probably a strong spatial variability, with increases north of the Alps in spring, summer and autumn, and decreases in the southern and western www.acqwa.ch parts. (iii) A decrease in snow depth in winter and spring. (iv) Higher frequencies of extreme precipitation event occurrences are projected, as well as more separate wet periods within events, with shorter durations but higher intensity. | An overview of projected changes for the twenty- first century in the water cycle and natural hazards in the Alpine range is available in Gobiet et al. (2013).

Note: See also regional climate simulations across the Alpine Space from www.manfredproject.eu MANFED and ALP FFIRS projects (cf. Table 2B). www.alpffirs.eu

French Alps

SCAMPEI (ANR)|Climate projections for the near future (2021-2050) and distant future (2071-2100) based on SRES scenarios (A1B, A2 and B1) from IPCC, combining high-resolution simulations (12 km) with three regional climate models and statistical adaptation of fine analyses (8 km) to www.cnrm.meteo.fr/ reflect the best of topographic complexity. | For the French Alps, the scampei results of SCAMPEI simulations are consistent with regional projections across Europe and the Alps. In particular, an increase in thermal extremes is expected in the Prealps (Rome et al., 2013).

Future impacts on Alpine environments

31 The absence of a past situation similar to the projected climate makes it even more difficult to predict the effects on the activity of natural hazards (Schoeneich and de

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Jong, 2008). We summarise here the most substantiated results achieved so far on the future dynamics of hydro-gravitational hazards.

Continuation of glacial withdrawal and the degradation of the permafrost

32 The forcing of more or less sophisticated glaciological models with future climate scenarios suggests an acceleration of glacial retreat in the Alps during the next decades. According to the warming (2-5 °C in 2100) and the spatial scale considered, the reduction in volume and/or surface area would be 20-35 % compared with 2000, until an almost total disappearance of glaciers (Zemp et al., 2006 ; Salzmann et al., 2012).

33 For the French Alps, Le Meur et al. (2007) project the total disappearance of the Saint Sorlin glacier (Grandes Rousses Massif) in 2070, and Vincent et al. (2014) show that the withdrawal of the Mer de Glace (Mont-Blanc Massif) will continue even in the current climate. Some glacial hazards will disappear because of changes in glacier configuration, while others previously mentioned will appear. Permafrost degradation should result in an increase in the frequency or volume of rockfalls and in an acceleration of rock glacier creep, or even their detachment (see Bodin et al., this volume).

Snow avalanches

34 The expected evolution in the snowpack will increase the proportion of wet snow avalanches compared to dry snow avalanches, which seems to be beginning to be detected in observational series (Pielmeier et al., 2013). However, the induced changes (runout distance, impact pressure) do not have univocal implications in terms of risk. Nevertheless, the expected evolution of snow in the French Alps suggests an overall decline of 20-30 % in avalanche activity for the 21st century, particularly marked at low altitude. During cold and very snowy episodes, large-scale avalanches may still occur. At high altitude, there will most probably be no rapid decrease in activity as long as the snowpack remains substantial; greater extreme snowfall predicted by certain climate models and the widest variability already observed in winter temperatures may even lead to a higher frequency of wet snow avalanches in the middle of winter (Castebrunet et al., 2014).

Torrential floods and debris flows

35 Weather conditions that favour the triggering of landslides and debris flows should become more frequent in the Alps for most seasons except in July and August, although the frequency of intense rainfall (> 30 mm/day) may increase in some regions (ARNICA project). Whatever the climate model used as input, a significant increase in the occurrence of debris flow probability in the north and the south of the Alps is expected for 2050 and 2100 (Jomelli et al., 2009), although these approaches do not take into account sediment transfer in catchments.

Alpine floods

36 Projections for the future development of Alpine floods in intensity, frequency and seasonality have to integrate a multitude of complex and multi-scale effects related to increased temperature, the change in rainfall patterns, or changes in land cover.

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Projects have produced impact simulations using several types of indicator of future flood disposition at different time steps (Table 11), with sometimes contradictory results according to the studied areas or to the climate models and scenarios used, e.g. for changes in summer extreme rainfall.

Table 11: Examples of future Alpine flood projections (projects: cf. Table 2). For the Alpine space, see also projections of the ACQWA project and those published by EEA (2009). In the Durance basin, see R²D² and RIWER2030 projects

Project / Study area and Main results reference* time horizon

Near future: a relative stagnation of the 5-day precipitation maxima per season for most regions and seasons, but a possible increase in Alpine arc the northern sectors in spring and autumn Near future: AdaptAlp Distant future: reduced heavy precipitation events during summer 2021-2050 in most regions (up to –30 %). For winter, simulations indicate more Distant future: intense heavy precipitation events (up to +20 %) in all sectors 2071-2100 (Nilson et al., 2012).

Projections at the scale of the Alpine Space based on a conceptual model linking changes in flood return periods with the extent of the contributing area in Alpine catchments indicate that centennial flood discharges will increase more in high altitude basins, and more CLISP Alpine arc in the western Alps than in the eastern Alps. The most affected catchments would be in the Swiss and Italian Alps, where more catchments tend to turn from nival to pluvial regimes (EURAC, 2011 and references therein).

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Projections considered strong over the south-eastern part of France are: a decrease in summer and autumn river discharges (-20 to -50 %), a change in the regime of snow-influenced rivers (melting peak one to two months earlier), more severe and longer low flow, a decrease in the water equivalent of snow at 1200 m a.s.l. from 2030. This projection is more robust for 2080, with a sharp decline in the south of the Alps (near the disappearance of the snow in spring at 1200 m), lower summer and autumn discharges in non- Mediterranean tributaries of the Rhone (-20 to -50 % in 2050) and a sharp decline in the summer discharge of the Isere and Durance rivers (up to 75 % in June-July 2050). Projections considered more uncertain are the following: increased discharges in winter; rather decreased modules but uncertainties Rhône- Agence de depending on seasonal contrasts; stable or increased winter Mediterranean l’eau RMC discharge of the Rhone; decrease in the water equivalent of snow and Corsica (2012) northeast of the Alps (with considerable uncertainty about the (RMC) magnitude of this decline); uncertainties about the water equivalent catchments of snow at high altitudes (stable or declining in the northern Alps, significantly lower in the south); stable or increased winter discharges of non-Mediterranean tributaries of the Rhone; higher winter discharges of the Isere and the Durance; uncertainties about the evolution of winter discharges of Mediterranean rivers; uncertain decrease in groundwater recharge (which could be more pronounced in the Alps and Corsica). The authors conclude that, in general, despite the projected general decline in average discharges in the 21st century, high discharge values and flood amplitude and frequency are not expected to decrease and may even worsen, which would affect the design of structures, with stronger contrasts to manage.

The findings of the EXPLORE 2070 project on decadal flood discharges indicate a possible increase in the intensity of floods in the Cevennes and, on the contrary, a possible decrease in decadal EXPLORE flood discharges in high relief areas (Alps, Pyrenees, Jura) in the France 2070 2046-2065 horizon. The authors emphasise that flood developments remain highly dependent on the climate downscaling method chosen, and one should remain cautious about the significance of simulated evolutions.

Socio-economic impacts

37 Observed and potential impacts on society can be considered by crossing observed and expected changes in hazards with exposed elements, mainly people, buildings, infrastructure and economic activities.

38 It is thus necessary to take into account the concomitant evolution in material, structural and functional vulnerabilities specific to mountainous territories in the larger context of global change. These include all the interactions resulting from the complex interplay between climate-induced changes, socio-economic changes and

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politico-institutional changes (Boudières et al., 2013). Thus, social and economic (cost of damage, disruption of activities, etc.), financial (robustness of insurance and reinsurance systems), regulatory and legal (responsibility of decision-makers and citizens) aspects need to be considered at the same time.

39 In order to assess potential risks, for example within the framework of a prospective approach such as that of territorial vulnerability studies in adaptation plans, managers have to find relevant indicators to identify the evolution of the territory in terms of “trajectories of vulnerability” (Magnan et al., 2012).

Observed impacts

40 The evolution of damage to the built heritage caused by natural hazards in mountains remains poorly documented, although some data exist (insurances), and the possible influence of climate change cannot be discerned using current indicators (e.g. arrested natural disaster). However, various sources mention possible impacts on linear infrastructure.

41 Practitioners and mountain professionals report an increase in the danger of some high altitude routes, linked to rapid glacier retreat and permafrost degradation, which are generating a gradual change in mountaineer practices to adapt to new conditions, including seasonal (Weiss, 2011; oral investigations “Alpinisme et changement climatique”6 ; debate “Coup de chaud sur l'alpinisme!”7). Furthermore, the amount and overall cost of maintenance work on damaged trails in protected areas such as the Parc des Ecrins are increasing (Claude Dautrey, personal communication).

42 Questions are now emerging about the known destabilisation phenomena of tourist infrastructures (refuges, equipment of ski lifts, etc.) in high mountains in the context of permafrost and glacial withdrawal (Piccardi, 2014; Duvillard et al., this volume, and references therein)8.

43 In more anthropised spaces, at lower elevations, the impacts largely concern problems of mobility and accessibility in the Alpine valleys: risk of roads and railways being blocked. In particular, the cross-border and transnational routes represent critical infrastructures, considered strategic by mountain communities and regional, national and European authorities (cf. the PICRIT project, Table 2B). Access to ski resorts is also an important economic issue. In several Alpine ‘departments’, the road maintenance services testify to an apparent increase in interventions related to the rising incidence of hydro-gravitational hazards and their need, in the context of budget restrictions, to rank the hazards and prioritise safety work. Note that, in all these examples of impacts on roads and trails, the changing needs for intervention can also be related to an increased level of user requirements in terms of the availability of the service.

44 Although the physical impacts of avalanches on the main roads of the Southern French Alps are also increasing (Leone et al., 2014), the respective part played by climatic and anthropogenic factors has not been established. However, the episodes of isolation caused by avalanche cycles certainly seem to be growing there, such as in the Clarée or Upper Guil in 2008, 2012 and 2015.

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Other potential and/or predictable future impacts

45 Due to the increased population and infrastructure in Alpine valleys, the repetition of extreme historical events, such as the devastating floods in June 1957 or the water pocket outburst of the Tête Rousse glacier in 1892 (Vincent et al., 2012), would inevitably have considerable destructive impacts, regardless of climate change. However, these risks are not similar, because of changing runoff conditions by protection works, water projects and catchment changes induced by global warming and its consequences (e.g. glacial retreat).

46 Given the existing projections, some costly protective structures might be undersized in relation to unenvisaged or underestimated events of strong magnitude. In addition, protection forests could suffer a potential proliferation of disturbances related to extreme events (IFP and MANFRED projects; Table 2B).

47 Scenario-based approaches seem convenient in a context of uncertainty strengthened by the impacts of climate change, and also to widen the range of options regarding adaptive or alternative responses for decision-makers. Some European and national projects are devoted to the development scenarios of the impact of global, climatic, environmental or societal changes on the future evolution of hazards and risks in Europe, like on a local scale (Table 12).

Table 12: Examples of work crossing climate projections of impacts on vulnerabilities related to road access

Project Main results Reference

A modelling of potential impacts of rockfalls related to permafrost degradation was performed at the scale of the Alpine Space, in terms of reducing the accessibility of the valleys. This analysis shows that many CLISP roads could be interrupted by the trajectories of potential rockfalls. The EURAC assessment of impacts on road traffic in terms of an extension of time of (Alpine (2011) Space) travel and population affected (the product is used as an indicator of the magnitude of these impacts) indicates that the economic consequences of these impacts could be significant. The costs of protection and restoration of the road network could therefore increase significantly.

In the SafeLand project, dedicated to landslides, a specific methodology was developed to combine susceptibility propagation models integrating climate scenarios with prospective data on the evolution of elements at risk (roads, buildings and population) to assess their exposure to the level of SafeLand Baills et al. hazard considered. The exploratory results on the Barcelonnette basin (2012) (FP7) (Ubaye) project a decrease in the number of kilometres impacted along the road network exposed to low to medium risks, while the number of kilometres of roads impacted by strong to very strong fluctuations would rather tend to increase.

48 In the post-Fukushima context, at the request of public authorities, scenario-based approaches are also used in the risk analyses made by managers of classified facilities to identify the possible links between natural hazards and dangers of anthropogenic

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origin, and to anticipate crisis and emergency situations that could cause such “coupled” or “cascading” risks (Boudières et al., 2012).

Conclusion and perspectives

49 Recent results presented in this review strengthen the diagnosis of the nature and magnitude of climate change impacts in the Alps (Prudent-Richard et al., 2008; Richard et al., 2010). New elements of spatial differentiation enable a regionalised approach of observed developments and proven and projected impacts in the French Alps.

50 Progress achieved on these issues particularly relies on the significant contribution of French research in geosciences. The analysis of potential risks, which will depend as much on the evolution of vulnerabilities as on the changes in hazards, requires a greater contribution of human and social sciences on these questions (geography, economics, sociology, political science, history and the legal aspect of the risk), and especially an increased combination of the various disciplinary fields. Despite this progress, many uncertainties remain in the characterisation of observed and projected future changes. Society's ability to anticipate and adapt is also uncertain, if not illusory. It is nevertheless necessary to continue to fund applied and territory-focused but also more “fundamental” research to reduce these uncertainties. In this regard, the absolute necessity of maintaining observatories over the long term must be reaffirmed. In parallel, it seems important to strive to integrate preventive action and publicly restore these margins of uncertainty, to establish more transparent and more accepted management practices.

51 In the perspective of taking into account mountainous natural hazards in an integrated and sustainable way, this synthesis also opens up a discussion about the capacity of monitoring and anticipating changes in the adaptation strategies of Alpine territories. These issues lead in turn to question the responses given by public and private actors facing the challenges offered by these environmental and societal changes.

BIBLIOGRAPHY

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NOTES

1. Source: analysis of homogenised temperature data of Météo-France by MDP/OsCC. For the Northern Alps, OsCC provides annual and seasonal climate assessments (www.mdp73.fr). 2. Mesoscale analysis system of near surface atmospheric variables: www.drias-climat.fr/ accompagnement/section/137 3. Cf. Note 1. 4. http://pluiesextremes.meteo.fr/ 5. The analysed data series covering 177 alpine stations is available from the international database of the Global Runoff Data Center (GRDC) www.bafg.de/GRDC 6. Videos available at http://www.pierresquiroulent.fr/) 7. Projection-debate organised by P. Bourdeau, Grenoble, November 14, 2014. 8. http://www.fondazionemontagnasicura.org/fr/news/la-gestion-des-voies-dacces-aux- refuges-dhaute-montagne-suite-aux-changements-climatiques-rencontre-en-transfrontalier

ABSTRACTS

Under the effects of climate change, Alpine mountainous regions are undergoing fast and well- perceptible evolutions, which are attracting the growing attention of people, scientists and managers. To cope better with the hazards and vulnerabilities specific to these territories, the current national and European public policies in the Alpine countries now prescribe adapting natural hazard prevention to climate change. This paper provides a review of recent advances in knowledge on the perceived, measured and projected changes in i) climate patterns, ii) the cryosphere, hydrosystems and geomorphological dynamics on Alpine slopes, and iii) natural hazard evolution and induced risks at the scale of the French Alps. We give a brief overview of

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new results achieved by research, cooperation and capitalisation projects in these thematic fields during the programme period 2007-2013, which are available on databases, thematic knowledge platforms and observatories developed by different scientific and technical operators in the larger framework of the European Alpine arc. We illustrate this renewed synthesis by published examples of hydro-gravitational hazard activity chronicles, along with climate patterns identified as “predictors”.

INDEX

Keywords: natural hazards, observation, projection, adaptation

AUTHORS

BENJAMIN EINHORN Pôle Alpin d’études et de recherche pour la prévention des Risques Naturels (PARN), Grenoble, France. Email : [email protected]

NICOLAS ECKERT UR ETNA, Irstea Grenoble / Université Grenoble Alpes, Saint Martin d’Hères, France

CHRISTOPHE CHAIX Mission Développement Prospective (MDP) / Observatoire savoyard du Changement Climatique (OsCC), Chambéry, France

LUDOVIC RAVANEL Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac France

PHILIP DELINE Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac France

MARIE GARDENT Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac France

VINCENT BOUDIÈRES Pôle Alpin d’études et de recherche pour la prévention des Risques Naturels (PARN), Grenoble, France

DIDIER RICHARD UR ETNA, Irstea Grenoble / Université Grenoble Alpes, Saint Martin d’Hères, France

JEAN-MARC VENGEON Pôle Alpin d’études et de recherche pour la prévention des Risques Naturels (PARN), Grenoble, France

GÉRALD GIRAUD Météo-France – CNRS, CNRM-GAME UMR 3589, CEN, Grenoble, France

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PHILIPPE SCHOENEICH Laboratoire PACTE, UMR 5194 CNRS / Université Joseph Fourier, Grenoble, France

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Le permafrost de montagne et les processus géomorphologiques associés : évolutions récentes dans les Alpes françaises

Xavier Bodin, Philippe Schoeneich, Philip Deline, Ludovic Ravanel, Florence Magnin, Jean-Michel Krysiecki et Thomas Echelard

NOTE DE L'AUTEUR

Remerciements Cet article constitue une synthèse de plus de 10 années de recherches menées dans les Alpes françaises sur la question du permafrost de montagne. Ces travaux ont été permis grâce au soutien de plusieurs fonds pour la recherche (MAIF, INTERREG, Alpine Space, LabEx OSUG@2020, ZA Alpes, Région Rhône Alpes) qui sont ici remerciés. La majorité des données présentées ici proviennent du réseau PermaFRANCE, dont une partie des activités de suivi du permafrost de montagne est soutenue par l’Observatoire des Sciences de l’Univers de Grenoble. Merci par ailleurs à Emmanuel Thibert (IRSTEA Grenoble) et Martial Bouvier (Parc National des Ecrins) pour la collecte et la mise à disposition des données de déplacement du glacier rocheux de Laurichard, ainsi qu’au réseau d’observateurs bénévoles (guides, gardiens de refuge…) pour les données sur l’activité gravitaire des parois du massif du Mont Blanc. Enfin, les commentaires et conseils de l’éditeur de ce numéro de la RGA, Monique Fort, ainsi que les retours des deux relecteurs ont été grandement appréciés.

Introduction

1 Le permafrost est un élément majeur de la cryosphère de montagne (Gruber et Haeberli, 2009) : connaître et comprendre ses réponses au réchauffement climatique

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constituent un enjeu scientifique et sociétal fort. La dégradation du permafrost présent sur les versants est susceptible d’avoir des conséquences dommageables pour les territoires alpins, en particulier en matière de risques. En effet, la déstabilisation des versants rocheux ou à formations superficielles liée à l’élévation de température de la glace du sol, à la modification de sa teneur en glace, voire à la disparition de cette glace peut enclencher des processus hydro-géomorphologiques brutaux et complexes (chaînes de processus), du fait notamment de la vigueur du relief.

2 Deux types d’environnement sont plus particulièrement scrutés : les parois rocheuses supra-glaciaires, qu’un contact direct avec l’atmosphère et une teneur en glace limitée rendent très sensibles au climat à court terme, et les formations superficielles, où le signal climatique est régulé par la présence saisonnière d’un manteau neigeux « tampon » et une teneur en glace élevée. Les marqueurs visibles de ces deux types de permafrost sont, respectivement, les glaciers suspendus sur les parois car leur base froide est « collée » au substratum rocheux du fait du gel permanent qui le caractérise (Gruber et Haeberli, 2007 ; Fig. 1a), et les glaciers rocheux, mélange de glace et de débris rocheux affecté d’un fluage lent et constant (Haeberli et al., 2006 ; Fig. 1c). La glace du permafrost peut s’observer, en de rares occasions, dans les fractures de parois rocheuses ou les niches d’arrachement (Fig. 1b) et à la faveur de fractures dans un glacier rocheux (Fig. 1d).

Figure 1 : Principaux marqueurs de la présence du permafrost en montagne

a) Glacier suspendu sur le sommet sud des Grandes Jorasses, dont le front se situe à 3980 m d’alt., massif du Mont Blanc (photo P. Deline) ; b) glace dans des niches d’arrachement à l’Arête des Cosmiques à 3605 m d’alt. en 2006 (haut : au centre) et dans la face ouest du Petit Dru à 3530 m d’alt. en 2011 (bas ; largeur photo : ~ 50 cm), dans le massif du Mont Blanc (photos L. Ravanel) ; c) glacier rocheux de Laurichard, dont le front atteint 2420 m d’alt., massif du Combeynot (photo : E. Thibert, 2004) ; d) structure interne du glacier rocheux de Laurichard dans le secteur de la rimaye (photo du bas : zoom dans la photo du haut ; largueur photo du bas : ~ 1 m) (photos X. Bodin).

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3 En France, les premières études reconnaissant la présence de permafrost et son rôle sur les environnements alpins remontent au début des années 1980 (Francou, 1981 ; Evin, 1983). Un regain d’intérêt pour ce sujet a eu lieu à partir de 2003 (thèses de Monnier en 2006, de Bodin en 2007, de Ravanel en 2010, d’Echelard et Perrier en 2014 ou encore Magnin en 2015). L’étendue potentielle du permafrost dans les Alpes françaises est estimée selon les auteurs entre 700 et 1500 km² (Fig. 2), soit 10 à 20 % des terrains situés au-dessus de 2000 m d’altitude (Boeckli et al., 2012 ; Bodin et al., 2008 ; Magnin et al., 2015a). Depuis 2005, des efforts importants ont été réalisés pour étudier à la fois l’état thermique du permafrost, reflet du climat actuel et passé de la haute montagne, et les dynamiques géomorphologiques associées. Que ce soit dans les parois rocheuses (Magnin et al., 2015b) ou dans les formations superficielles (Bodin et al., 2009 ; Schoeneich et al., 2014), des forages instrumentés, des mesures thermiques en sub- surface et le suivi de la morphodynamique permettent d’approcher l’état du permafrost dans les Alpes françaises et ses réponses au changement climatique en cours. La majorité de ces travaux sont intégrés dans le réseau français d’observation et de suivi du permafrost PermaFRANCE (Schoeneich et al., 2010), dans des sites répartis entre 44 et 46°N et 2400 m et 4500 m d’altitude (Fig. 2).

Figure 2 : Distribution potentielle du permafrost dans les Alpes françaises (d’après Bodin et al., 2008) et localisation des principaux sites mentionné dans ce travail

4 Le propos de cet article est de fournir une vision synthétique des principales connaissances sur le permafrost des Alpes françaises, en présentant d’une part les mesures thermiques disponibles, que ce soit en profondeur, c’est-à-dire dans le permafrost stricto sensu, ou à proximité de la surface, et, d’autre part, les principaux résultats des études portant sur les dynamiques géomorphologiques associées à la présence du permafrost en montagne. L’évolution conjointe de l’état thermique du permafrost et du climat est mise en regard de celle de phénomènes tels que les

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écroulements dans le massif du Mont Blanc ou la vitesse d’écoulement du glacier rocheux de Laurichard dans le massif des Ecrins. Enfin, les perspectives futures en termes d’aléas et de possibles risques émergents sont discutées.

Températures actuelles du permafrost alpin et tendances

Mesures en forages

5 Mesurer le régime thermique du sol sous la couche active, qui, elle, gèle et dégèle saisonnièrement, est l’unique moyen de connaître l’état du permafrost. Pour cela, des forages, équipés de chaînes de capteurs de température mesurant en continu, fonctionnent depuis 2009 dans trois contextes géologiques et géomorphologiques différents.

Le forage vertical profond 2Alpes-3065

6 Un forage profond de 100 m a été réalisé en 2010 à 3065 m d’altitude en marge du domaine skiable des Deux-Alpes (Fig. 2). Le forage a été implanté sur un large dôme rocheux de gneiss homogène, dans le but de caractériser l’évolution à long terme du profil thermique du substratum. Le forage est équipé à la fois d’une chaîne de capteurs (30 sondes PT100 échelonnées de 0 à 98 m) et d’une fibre optique pour la mesure de température distribuée (Schoeneich et al., 2012). Les quatre années de mesures disponibles (décembre 2010-juillet 2014) montrent une profondeur de couche active de 4,5 à 5,5 m, une pénétration des variations saisonnières jusqu’à 25-30 m, une température stable de -1,3 °C à 30 m de profondeur, et une température à la base du forage de -0,7 °C. Le permafrost a donc ici une profondeur supérieure à 100 m ; l’extrapolation du gradient géothermique suggère que la base du permafrost est à environ 180 m de profondeur.

Les forages dans les parois de l’

7 Accessible depuis Chamonix par un téléphérique, le sommet de l’Aiguille du Midi est un ensemble de trois pitons granitiques culminant à 3842 m d’altitude (Fig. 2). En septembre 2009, trois forages d’une profondeur de 11 m ont été réalisés dans les parois sud (3753 m), nord-ouest (3738 m) et nord-est (3745 m) du Piton Central puis équipés de chaînes de 15 thermistors chacun (précision ±0,1°C) relevant la température entre 30 cm et 10 m de profondeur toutes les 3 heures (Magnin et al., 2015b). Les moyennes annuelles de température à 10 m de profondeur indiquent un permafrost tempéré dans la face sud (-1,5°C) et de type froid en face nord-ouest (-4,5°C, Fig. 3) et nord-est (-3,6°C). Le gradient thermique est positif dans le forage NO et négatif dans le forage sud, certainement en raison des flux de chaleur latéraux depuis la face ensoleillée vers les faces à l’ombre. L’épaisseur des couches actives est comprise en moyenne entre 2,2 m (nord-ouest) et 5,7 m (sud), avec des variations d’épaisseur interannuelles différentes d’un forage à l’autre.

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Les forages du glacier rocheux de Bellecombe

8 Deux forages de 15 m de profondeur ont été réalisés en 2009 dans le glacier rocheux de Bellecombe (altitudes : 2700-2750 m), sur le domaine skiable des Deux-Alpes (Fig. 2). Ils ont traversé une couche active à débris grossiers d’environ 2,5 m, puis une couche riche en glace, voire de la glace massive jusqu’à 9,5 m de profondeur, avant de rencontrer le substratum rocheux. Ils sont équipés chacun de 15 capteurs (PT100) échelonnés entre 0 et 13,5 m de profondeur.

9 Les cinq années de mesures disponibles (octobre 2009 à octobre 2014) montrent, sous une couche active d’environ 2,5 m d’épaisseur, un permafrost isothermal “tempéré”, avec une température de -0,1 à -0,2 °C sur tout le profil et tout au long de l’année (Fig. 3). Les variations saisonnières sont limitées à la couche active et bloquées au toit du permafrost par la présence de glace. Le permafrost est donc ici à une température très proche du point de fusion.

Figure 3 : Régime thermique pendant une année de deux types de permafrost, mesuré dans le glacier rocheux de Bellecombe (forage aval) et dans la paroi de l’Aiguille du Midi (forage NO)

A gauche, températures journalières en fonction de la profondeur (les lignes horizontales grises représentent la profondeur des capteurs) ; à droite, profils thermiques correspondant aux valeurs minimales, moyennes et maximales pour l’année 2013.

10 La comparaison des régimes thermiques mesurés dans les forages de Bellecombe et de l’Aiguille du Midi met en évidence l’effet de la présence d’une teneur en glace élevée dans le glacier rocheux : la fusion de cette glace absorbe la chaleur atmosphérique ce qui limite sa propagation en profondeur. Les variations de température du permafrost sont donc plus fortes dans une paroi rocheuse, où la profondeur de la couche active peut par exemple s’épaissir de plusieurs mètres à la faveur d’un été chaud. A l’inverse, le refroidissement d’un permafrost au point de fusion est lent, du fait de la chaleur

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latente nécessaire pour cela. Ces particularités propres à chaque environnement, qui régulent pour une grande part les réponses géomorphologiques des versants alpins, peuvent par ailleurs se combiner.

Mesures de la température de surface

11 Les forages sont des installations coûteuses, d’où leur nombre limité. Le suivi du permafrost en montagne est donc complété par des mesures de température réalisées en continu par des enregistreurs placés en subsurface (1-5 cm) dans le rocher ou les formations superficielles (10-50 cm). En regard du permafrost, la température de surface peut être interprétée comme le “signal d’entrée” thermique et, en hiver, lorsque le manteau neigeux isole suffisamment la surface de l’atmosphère, comme un indicateur des conditions thermiques régnant plus en profondeur.

Parois rocheuses

12 Depuis 2005, neuf capteurs enregistrant la température entre 3 et 55 cm de profondeur ont été installés dans les faces nord, est, sud et ouest du Piton Central de l’Aiguille du Midi. En considérant également les capteurs à 30 cm de profondeur dans les forages (voir ci-dessus), douze capteurs de surface sont donc disponibles pour caractériser la distribution de la température. Une différence de 8°C est observée entre les faces nord et sud. L’offset de surface, c’est à dire la différence de température entre la surface des parois et l’air (de valeur positive) qui résulte principalement du bilan radiatif, est de 1 à 2°C en face nord et de 9 à 10°C en face sud. Quatre des capteurs sont affectés par la présence de neige, dont l’épaisseur dépasse fréquemment 60 cm pour trois d’entre eux. Deux de ces derniers situés en face sud enregistrent une moyenne annuelle de température plus basse que celle des capteurs sans neige dans la même exposition ; au contraire, l’autre capteur très enneigé, situé en face nord, est plus chaud que les capteurs sans neige dans la même exposition. Enfin, le capteur à faible épaisseur de neige enregistre des conditions plus froides que d’autres capteurs pourtant plus à l’ombre, ce qui témoigne de l’effet refroidissant d’une fine couche de neige.

Glaciers rocheux

13 En octobre 2003, sept enregistreurs autonomes de température ont été placés à quelques dizaines de centimètres sous la surface du glacier rocheux de Laurichard, abrités du rayonnement solaire direct (cf. Fig. 1, Fig. 2). Les enregistrements font clairement ressortir le rôle majeur de l’enneigement sur le régime thermique de surface, et la variabilité du régime thermique hivernal. Ainsi, des hivers à enneigement abondant et précoce (comme en 2003-2004 ou 2006-2007) se traduisent par un découplage net entre le sol et l’atmosphère qui minimise le refroidissement hivernal. A l’inverse, des hivers peu neigeux comme celui de 2004-2005 favorisent la perte de chaleur du sol et donc le refroidissement en profondeur.

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Figure 4 : Evolution, depuis 2003, des écarts à la moyenne (période 2003-2012) filtrée par une fenêtre glissante sur les 12 mois précédents à partir des mesures de température de subsurface réalisées au glacier rocheux de Laurichard (capteur LA1) et en paroi rocheuse à l’Aiguille du Midi (exposition est). L’écart à la moyenne (période 2003-2012) pour la température de l’air à la station météo de Chamonix (données Météo France) est également présentée

14 Afin de filtrer les fluctuations saisonnières, les analyses de la température de surface sont réalisées à l’aide de moyennes glissantes (sur les 12 mois précédents) qui font ressortir les tendances marquantes (Fig. 4). Au glacier rocheux de Laurichard, deux évolutions conjointes se superposent : une variabilité interannuelle liée essentiellement à l’enneigement (mais les vagues de chaleur se marquent également, comme celle de l’automne 2006) et une élévation relativement continue de la température sur la période observée. Les mesures à l’Aiguille du Midi montrent un couplage plus étroit avec la température de l’air, du fait de la faiblesse (l’absence, selon les sites de mesures) d’enneigement.

Evolution des températures du permafrost et contrôles climatiques

15 L’évolution à moyen et long terme mesurée dans le permafrost peut être décrite à partir des enregistrements de température à plusieurs mètres de profondeur, où l’influence saisonnière se réduit (elle s’annule généralement vers 15-25 m). Sur les 4, respectivement 5, années de mesure disponibles aux forages 2Alpes-3065 et ADMNO, la tendance observable à l’augmentation atteint 0,04°C par décennie pour le premier et 0,08°C par décennie pour le second. Cette croissance des températures est similaire à celle observée ces dernières années dans le forage de Murtel (plus longue série disponible dans les Alpes), en Suisse, et concorde avec les mesures récentes dans les autres forages alpins, où elle semble démarrer dès 2007 (PERMOS , 2013). Par ailleurs, le faible gradient thermique observé dans le profil témoigne vraisemblablement de la tendance au réchauffement des couches proches de la surface, en réponse à l’augmentation des températures des 30 dernières années (Harris et al., 2001).

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Figure 5 : évolution de la température du permafrost en profondeur (capteur à 10 m au forage Aiguille du Midi nord-ouest, ADMNO, et à 11 m au forage 2Alpes-3065) dans le substratum rocheux (Deux Alpes) et en paroi (face NO du Piton Central de l’Aiguille du Midi)

Réponses géomorphologiques à l’évolution du permafrost

Fonctionnement typiquement observé

16 L’évolution du permafrost de montagne influence le fonctionnement géomorphologique des versants, qui inclut typiquement les chutes de blocs, éboulements et écroulements dans les parois rocheuses, et les mouvements des glaciers rocheux dans les formations superficielles. Pour déceler les changements éventuels dans les processus, il convient d’en connaître les composantes saisonnière et interannuelle en réponse à la variabilité du climat. Seul un suivi à long terme et la reconstitution historique lorsqu’elle est possible, permettent de caractériser cette activité « normale ».

Activité gravitaire dans les parois du massif du Mont Blanc

17 A l’inverse des glaciers rocheux dont le fluage correspond à une dynamique intrinsèque, la « normalité » pour une paroi rocheuse est une relative stabilité à l’échelle pluri-séculaire (cf. Böhlert et al., 2008), favorisée dans le massif du Mont Blanc par une roche compétente (granite). Ainsi, sur le versant nord des Aiguilles de Chamonix et dans la face ouest des Drus, aucun écroulement n’a été relevé entre la fin du Petit Âge Glaciaire (c. 1855) et 1936 (Ravanel et Deline, 2008 ; Ravanel et Deline, 2011) hormis un petit écroulement aux Drus lors du séisme de 1905. La température encore basse maintenait vraisemblablement dans les parois un permafrost stabilisateur tandis que les couvertures glacio-nivales largement développées sur de nombreuses faces (Delaloye, 2008) les stabilisaient malgré leur dense fracturation. Toutefois, la stabilité des parois rocheuses de haute montagne se dégrade fortement depuis deux décennies, comme le montrent les inventaires d’écroulements aux Aiguilles de Chamonix (Fig. 6a). La fréquence des écroulements a connu un pic lors de l’été caniculaire 2003, avec 182 dépôts d’écroulement relevés sur les glaciers du massif du Mont Blanc (Ravanel et al., 2011). Depuis 2007, les écroulements y sont documentés de manière quasi systématique dans 60 % du massif (Ravanel et al., 2010 ; Ravanel et Deline, 2013). Les 350 écroulements relevés de 2007 à 2014 se sont produits très majoritairement à des altitudes caractérisées par un permafrost tempéré (température comprise entre -2 et 0°C ; Fig. 6b), et pendant des périodes chaudes. Le rôle du permafrost dans le

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déclenchement des écroulements est suggéré par plusieurs autres observations : glace ou écoulement d’eau observés dans des cicatrices ; écroulements qui se produisent plus haut en altitude pendant les étés à canicule ; très fort contraste de l’altitude d’origine des écroulements entre faces nord et sud, piliers ; enfin, piliers, éperons et arêtes, à dégradation accrue du permafrost, particulièrement affectés par les écroulements (Ravanel et Deline, 2015).

Figure 6 : a) nombre annuel d’écroulements dans les Aiguilles de Chamonix depuis 1980, établi par photocomparaison ; b) altitude (en m) et orientation (en °) de l’ensemble des écroulements recensés entre 2007 et 2011 dans le massif du Mont Blanc

Dynamique des glaciers rocheux

18 La plupart des glaciers rocheux alpins flue à des vitesses qui vont de quelques dm à 1-2 m/an, avec des variations de vitesse interannuelle et saisonnière (Haeberli et al., 2006). Le déplacement du glacier rocheux de Laurichard est ainsi suivi annuellement depuis une trentaine d’années (Francou et Reynaud, 1992) grâce à des mesures de la position de blocs à sa surface, réalisées depuis 2000 par le Parc national des Ecrins.

Figure 7 : Vitesse moyenne annuelle (courbe rouge) du glacier rocheux de Laurichard entre 1985 et 2012 (les courbes grises représentent les blocs individuels)

19 Cette série de données (Fig. 7) montre une évolution de la vitesse très proche, dans ses variations interannuelles, de celle enregistrée sur d’autres glaciers rocheux alpins (Kääb et al., 2007 ; Delaloye et al., 2008). Les années 1990 ont été marquées par une accélération progressive (Kellerer-Pirklbauer et al., 2012), avec, dans le cas de Laurichard, deux pics de vitesse en 2001 et en 2004. Puis une baisse des vitesses a été observée jusqu’en 2008, suivie d’une nouvelle accélération toujours en cours (Schoeneich et al., 2014), de façon similaire à ce qui s’est produit ailleurs en Suisse (PERMOS, 2013) et en Autriche (Kellerer-Pirklbauer et al., 2012).

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20 Cette similarité de comportement à travers l’arc alpin suggère un contrôle climatique commun. Bien que les conditions thermiques du glacier rocheux de Laurichard ne sont connues que de façon indirecte par la mesure de la température de surface depuis 2003, plusieurs facteurs peuvent expliquer sa réponse au signal climatique (Bodin et al. 2009). D’une part, l’augmentation de la température de l’air aurait conduit à celle du glacier rocheux, engendrant des déformations plus grandes du mélange glace/débris telles qu’observées depuis les années 1990. Au contraire, les hivers peu neigeux à effet refroidissant entraîneraient une diminution de la vitesse. Enfin, vue la très faible conduction thermique du permafrost, l’impact de l’eau liquide (notamment due à la fonte printanière) sur le corps du glacier rocheux pourrait expliquer ces variations de vitesse, comme celles saisonnières mesurées sur certains sites en Suisse (Perruchoud et Delaloye, 2007).

Dynamiques extrêmes

21 En marge du fonctionnement « normal » de la haute montagne, on observe depuis plusieurs années dans les Alpes des phénomènes dont l’intensité ou la nature est inhabituelle : écroulements rocheux de grande ampleur, fréquence accrue d’écroulements de volumes petit et moyen, accélération, déstabilisation voire rupture de glaciers rocheux. Si le manque d’observations anciennes ne permet pas d’affirmer avec certitude qu’il s’agit bien de phénomènes nouveaux, des études de cas détaillées les relient sans équivoque au réchauffement climatique et en particulier à ses épisodes chauds. La plupart de ces phénomènes peuvent constituer un aléa pour les populations, leurs habitations, les infrastructures et les pratiques sportives sur les versants de la haute montagne.

Les écroulements rocheux de grande ampleur

22 Trois écroulements de grande ampleur (volume > 0,1 Mm3) se sont produits dans la région du massif du Mont Blanc au cours des deux dernières décennies, pour lesquels la dégradation du permafrost a été évoquée comme facteur probable de déclenchement. La niche d’arrachement de l’écroulement de la Brenva en janvier 1997 (2 Mm3 ; Deline, 2009 ; Fig. 8b), située entre 3400 et 3700 m d’altitude en exposition SE, est probablement caractérisée par un permafrost tempéré (Deline et al., soumis) ; une possible advection de chaleur par circulation d’eau en profondeur le long des fractures a pu y permettre la dégradation localisée du permafrost. Il en est vraisemblablement de même pour l’écroulement du Crammont (0,5 Mm3) en décembre 2008, qui s’est détaché d’une paroi exposée nord entre 2400 et 2650 m d’altitude également en contexte de permafrost tempéré (Deline et al., 2011), et pour celui du Pilier Bonatti en juin 2005 (0,26 Mm3 ; Fig. 8a), qui culminait à 3660 m d’altitude dans la face ouest des Drus (Ravanel et Deline, 2008).

La déstabilisation des glaciers rocheux

23 De nombreux glaciers rocheux alpins ont récemment commencé à présenter des modalités de déplacement inhabituelles, liées à une accélération de tout ou partie de ces formes (Roer et al., 2008 ; Delaloye et al., 2012 ; Schoeneich et al. 2014). Le détachement du glacier rocheux du Bérard (Fig. 8c), dans les Alpes françaises, reste à ce

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jour un des deux seuls cas connu au monde (Bodin et al., 2012 ; Bodin et al., accepté). Les premiers signes de cette déstabilisation remontent au moins à 2004, suivis par deux phases majeures au cours de l’été 2006 ayant mobilisé plus de 0,25 Mm3 de glace et débris. Outre le rôle de la topographie, les causes évoquées pour ce phénomène sont l’augmentation de la température de l’air des années 1990, les vagues de chaleur des étés 2003 et 2006, et les conditions hydro-nivo-météorologiques des semaines qui ont précédé le détachement.

24 En Vanoise, des données satellitaires ont récemment permis de détecter le glacier rocheux déstabilisé de Pierre Brune (Fig. 8d), dont la morphologie présente des signes manifestes de fortes déformations. Une reconstitution partielle du phénomène indique que les premières fractures sont apparues entre 1952 et 1970, suivies par une accélération de la déstabilisation entre 1990 et 2001. Des mesures GPS révèlent des mouvements de plusieurs m.a-1 actuellement (Echelard, 2014).

Figure 8 : a) écroulement dans la face ouest des Drus (massif du Mont Blanc) le 29 juin 2005 vers 11 h (photo : J.-C. Bèche) ; b) avalanche de neige déclenchée par l’écroulement de la Brenva (versant italien du massif du Mont Blanc) en janvier 1997 (photo : M. Pennard) ; c) le glacier rocheux du Bérard après son détachement partiel en 2006 (tiré de Bodin et al., accepté) ; d) fractures et topographie chaotique sur la langue du glacier rocheux de Pierre Brune, en Vanoise (tiré de Echelard, 2014)

Phénomènes cryokarstiques

25 L’un des principaux effets de la perte de glace due à la dégradation du permafrost est le développement de phénomènes « cryokarstiques », c’est à dire des affaissements superficiels par perte de volumes en profondeur. De nombreuses formes cryokarstiques sont ainsi observées sur les pistes de ski ; elles résultent dans la plupart des cas de

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perturbations anthropiques (terrassements) qui affectent la couche active, et sont donc sans lien direct avec le changement climatique.

26 Toutefois, plusieurs thermokarsts naturels ont été observés en France ces dernières années. Le cas le plus spectaculaire est le Lac du Plan de Chauvet, en Haute Ubaye, qui se forme puis se vide à travers la glace en provoquant des crues torrentielles (Fig. 9). Six vidanges ont eu lieu depuis 1930, les plus récentes en 1997 et 2008. Tous les cas de thermokarst identifiés à ce jour se développent dans des secteurs avec une présence probable du permafrost, dont plusieurs sont des marges proglaciaires contenant de la glace morte héritée du PAG. Il s’agirait donc à proprement parler de formes de dégradation glaciaires, mais qui affectent des corps de glace qui n’ont pu se maintenir que grâce à des conditions de permafrost.

Figure 9 : Vidange du lac du Plan de Chauvet (Alpes de Haute Provence) en juillet 2008 (photos : M. Peyron, RTM 04). a) Vue d’ensemble du site : lac thermokarstique dans une marge proglaciaire contenant localement des glaces mortes préservées en conditions de permafrost ; b) orifice de vidange au travers d’un bouchon de glace (moulin) ; c) crue quelques centaines de mètres à l’aval du lac de Chauvet, à la confluence avec l’Ubaye

Discussion : l’émergence de nouveaux risques liés à la dégradation du permafrost de montagne ?

27 Les aléas naturel ont de tout temps été présents en haute montagne, du fait du caractère très dynamique de ce milieu. Des observations récentes montrent toutefois une augmentation significative de la fréquence ou de l’intensité de certains phénomènes, comme les écroulements rocheux (Ravanel et Deline, 2011). On enregistre également des phénomènes « nouveaux », tels que la déstabilisation de glaciers rocheux (Delaloye et al., 2012) ou l’apparition de lacs cryokarstiques.

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28 Si la prévision des grands écroulements reste presque impossible, l’identification de sites potentiellement dangereux du fait d’autres phénomènes est possible. A la demande des services RTM (ONF) qui ont en charge la gestion des risques naturels en montagne, un inventaire exhaustif des glaciers rocheux a ainsi été entrepris dans les départements alpins français (Bornet et al., en préparation) à partir de l’interprétation de photographies aériennes, d’orthophotographies et d’observations de terrain. L’objectif de cet inventaire est de repérer tous les glaciers rocheux susceptibles de présenter un danger et tous les lacs en contact avec des glaciers rocheux. Une évaluation de l’aléa conduit ensuite à l’établissement d’une liste de sites à surveiller.

29 Par ailleurs, un travail de recensement de près de 1800 infrastructures (refuges, remontées mécaniques, dispositifs paravalanches, axes de transport de fluides, etc.) présentes en contexte de permafrost et/ou de retrait glaciaire dans les Alpes françaises vient d’être réalisé, dont 55 % présenteraient un risque de déstabilisation (Duvillard et al., 2015). Des dommages ont d’ores et déjà été observés sur nombre d’entre elles, avec des conséquences socio-économiques parfois lourdes (fermeture et chômage techniques, baisse du chiffre d’affaire, travaux indispensables, etc.).

Conclusion

30 Présent à la fois dans les parois rocheuses de haute altitude et dans les formations superficielles, le permafrost en France affecte de nombreux versants, et sa dégradation est susceptible de provoquer des situations à risque. Les mesures disponibles depuis 2009 montrent une augmentation des températures du permafrost, à la fois liée à un réchauffement atmosphérique et à un enneigement conséquent ces derniers hivers. D’après les suivis en cours et les reconstitutions réalisées, les dynamiques géomorphologiques associées à la présence de permafrost semblent globalement affectées par ce réchauffement du permafrost, comme en témoigne, par exemple, l’accélération des glaciers rocheux au cours des années 1990. Par ailleurs, des événements météorologiques extrêmes, comme des étés caniculaires, se traduisent vraisemblablement par des pics d’activité géomorphologique : la hausse de la fréquence des écroulements constatée dans le massif du Mont Blanc au cours de l’été 2003 ou la déstabilisation du glaciers rocheux du Bérard en 2006 en sont probablement des exemples. Il est évident que le réchauffement du permafrost, et la modification des teneurs respectives en glace et en eau dans le sol qui en découlent, modifient les conditions de stabilité des versants alpins. Toutefois, la compréhension, et la prévision, des conséquences en termes d’aléas devront prendre en compte la très forte variabilité des contextes locaux afin de répondre aux attentes sociétales, et plus spécifiquement celles des gestionnaires des risques naturels.

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RÉSUMÉS

La montagne alpine est affectée par des processus géomorphologiques dont l’évolution est en partie conditionnée par la dégradation du permafrost : écroulements d’ampleur variable, déstabilisation de glaciers rocheux ou apparition de dépressions cryokarstiques. Ces phénomènes, par leur intensité, sont susceptibles d’engendrer des risques pour les territoires. Nous proposons une synthèse des connaissances sur l’état actuel du permafrost de montagne

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dans les Alpes françaises et sur son évolution récente. Cet état de l’art se base sur des travaux de recherche menés depuis une dizaine d’années et les mesures recueillies dans le cadre de PermaFRANCE, le réseau français d’observation à long terme du permafrost de montagne. L’analyse des données à disposition montre ainsi qu’en paroi rocheuse, à 3800 m d’altitude, la température à 10 m de profondeur est comprise entre -4,5 et -1,5°C selon l’orientation, alors que dans les formations superficielles, à 2800 m d’altitude en orientation nord, elle est proche du point de fusion. Depuis le début de ces mesures en profondeur en 2010, une tendance à l’augmentation de la température est observable, corroborée par d’autres forages alpins. Le régime est influencé par l’enneigement, de façon très nette en formations superficielles et beaucoup plus discrète en paroi, ce que les mesures en surface réalisées depuis 2003 montrent nettement. Cette variabilité interannuelle se combine aux tendances de plus long terme qui sont probablement à l’origine de l’évolution constatée des dynamiques géomorphologiques associées au permafrost alpin : augmentation de la fréquence des processus gravitaires du type chute de bloc et fluctuation des vitesses des glaciers rocheux. La recrudescence probable de phénomènes extrêmes comme les écroulements majeurs ou la déstabilisation de glaciers rocheux dans les prochaines décennies pourrait engendrer des risques nouveaux ou accrus auxquels les territoires devront s’adapter.

Alpine mountains are affected by significant geomorphological processes whose evolution is partly conditioned by permafrost warming: rockfalls of various volumes, destabilisation of rock glaciers, and cryokarst. These phenomena, because of their intensity, may generate risks for territories. This paper provides a synthesis of the knowledge about the current status of the mountain permafrost in the French Alps and its recent evolution. This state-of-the-art overview is based on research conducted over the past 10 years and the measurements collected within PermaFRANCE, the French network for long-term observation of the mountain permafrost. The analysis of the available data shows that for a rock wall located at 3800 m asl., the temperature is between -4.5 and -1.5°C at a depth of 10 m, according to the aspect, whereas it is close to the melting point in surficial deposits at 2800 m asl. on a northern slope. Since the beginning of these measurements at depth in 2010, a trend of increasing temperature has been discernible, as found in other alpine boreholes. As clearly shown by the surface measurements conducted since 2003, the thermal regime is influenced by snow, particularly in surficial deposits and to a much lesser extent in rock walls. This inter-annual variability is combined with longer-term trends, which probably induce the observed changes in geomorphological dynamics associated with alpine permafrost: an increased frequency of gravitational processes such as rockfalls and fluctuation in rock glacier velocities. The possible increase in extreme events, such as rock avalanches or the destabilisation of rock glaciers, in the coming decades could create new or increased risks, to which territories must thus adapt.

INDEX

Keywords : permafrost, French Alps, geomorphological dynamics, climate change Mots-clés : permafrost, Alpes françaises, dynamiques géomorphologiques, changement climatique

AUTEURS

XAVIER BODIN Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

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PHILIPPE SCHOENEICH Laboratoire PACTE, UMR 5194 CNRS / Université Joseph Fourier, Grenoble

PHILIP DELINE Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

LUDOVIC RAVANEL Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

FLORENCE MAGNIN Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

JEAN-MICHEL KRYSIECKI Bureau d’études SAGE ingénierie, Gières

THOMAS ECHELARD Laboratoire PACTE, UMR 5194 CNRS / Université Joseph Fourier, Grenoble

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Mountain permafrost and associated geomorphological processes: recent changes in the French Alps

Xavier Bodin, Philippe Schoeneich, Philip Deline, Ludovic Ravanel, Florence Magnin, Jean-Michel Krysiecki and Thomas Echelard

AUTHOR'S NOTE

Acknowledgments This work is a synthesis of over 10 years of research on the mountain permafrost issue in the French Alps. It has been made possible thanks to the support of several research funds (MAIF, INTERREG and Alpine Space programmes, LabEx OSUG@2020, ZA Alps, Rhône-Alpes region) to whom we are grateful. The main part of the data presented here was collected by the PermaFRANCE network. Some of the mountain permafrost monitoring activities were supported by the Observatoire des Sciences de l’Univers de Grenoble. Our thanks also go to Emmanuel Thibert (IRSTEA Grenoble) and Martial Bouvier (Ecrins National Park) for collecting the data on the Laurichard rock glacier movements and making them available and to the network of volunteer observers (guides, hut keepers, etc.) for collecting the data on rockfalls in the Mont Blanc massif. Finally, the comments and advice of Monique Fort, the editor of this special issue of the JAR, and the feedback of the two reviewers were greatly appreciated.

Introduction

1 Permafrost is a major element of the mountain cryosphere (Gruber and Haeberli, 2009): recognising and understanding its response to global warming is an important scientific and societal issue. Permafrost warming on mountain slopes can have

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damaging consequences for Alpine territories, especially in terms of risk. For example, the destabilisation of rock slopes or surficial deposits because of: 1) the rising temperature of ground ice, 2) the modification of the ice content or 3) the disappearance of ice, can trigger fast and complex hydro-geomorphological processes, notably due to the effect of the relief.

2 Two types of environment are particularly examined: 1) high-altitude rock walls, which are very sensitive to short-term climate evolution, due to their direct contact with the atmosphere and limited ice content, and 2) surficial deposits in which the climate signal is regulated by the seasonal presence of a thermally buffering snowpack and high ice content. The visible markers of these two types of permafrost are hanging glaciers on rock walls because their cold base is fixed on the permafrost-affected bedrock (Gruber and Haeberli, 2007; Fig. 1a) and rock glaciers – mixtures of ice and rock debris affected by a slow and steady creep (Haeberli et al., 2006; Fig. 1c) – respectively. Permafrost ice can be seen on rare occasions in rock wall fractures or rockfall scars (Fig. 1b) and in open tension cracks in rock glaciers (Fig. 1d).

Figure 1. Main evidence for permafrost presence in mountain environments

a) Hanging glacier on the south summit of the Grandes Jorasses, whose front reaches 3980 m asl. (Mont Blanc massif); b) ice visible in scarps in the Arête des Cosmiques, at 3605 m asl. In 2006 (upper image) and on the west face of the Petit Dru, 3530 m asl. In 2011 (lower image, width of the photo: ~ 50 cm) in the Mont Blanc massif; c) Laurichard rock glacier, whose front reaches 2420 m asl. (Combeynot massif; photo by E. Thibert, 2004); d) Rooting zone of the Laurichard rock glacier, with the temporary “rimaye” visible in 2003 (upper image) and the ice visible inside the same rimaye (lower image, width of the image ~ 1 m).

3 In France, initial studies recognising the presence of permafrost and its role in alpine environments date from the early 1980s (Francou, 1981; Evin, 1983). The year 2003 saw a renewed interest in this subject (theses of Monnier in 2006, Bodin in 2007, Ravanel in 2010, Echelard and Perrier in 2014, and Magnin in 2015). The probable extent of

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permafrost in the French Alps is estimated by authors at between 700 and 1500 km² (Fig. 2) i.e. 10 to 20 % of the area above 2000 m asl. (Boeckli et al., 2012; Bodin et al., 2008; Magnin et al., 2015a). Since 2005, significant efforts have been made to study both the thermal state of permafrost, which reflects past and current climates in high mountain areas, and the associated geomorphological dynamics. Instrumented boreholes, subsurface thermal measurements, and monitoring of morphodynamics are used to characterise the status of the permafrost in rock walls (Magnin et al., 2015b) or in surficial deposits (Bodin et al., 2009; Schoeneich et al., 2014) in the French Alps and its response to ongoing climate change. Most of this research is part of the French observation and permafrost monitoring network PermaFRANCE (Schoeneich et al., 2010). The study sites are located between 44 and 46°N, and between 2400 and 4500 m asl. (Fig. 2).

Figure 2. Potential distribution of permafrost in the French Alps (after Bodin et al., 2008) and location of the main sites referred to in this paper

4 The aim of this work is to provide an overview of the key knowledge on permafrost in the French Alps. It presents: 1) available thermal measurements, both at depth – i.e. in the permafrost itself – and near the surface and 2) the main results of the studies on geomorphological dynamics associated with the presence of mountain permafrost. The joint evolution of the thermal state of the permafrost and climate is compared to the evolution of phenomena such as rockfalls in the Mont Blanc massif or the flow velocity of the Laurichard rock glacier in the Ecrins massif. Finally, future prospects in terms of hazards and possible emerging risks are discussed.

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Current permafrost temperatures and trends

Measurement in boreholes

5 Measuring the thermal regime of the subsurface below the active layer – which freezes and thaws seasonally – is the only way to characterise the state of the permafrost. For this purpose, boreholes equipped with continuously measuring temperature sensors have been operating since 2009 in three different geological and geomorphological contexts.

The 2Alpes-3065 deep vertical borehole

6 A 100-m-deep borehole was drilled in 2010 at 3065 m asl., close to the Deux Alpes ski resort (Fig. 2). The borehole was set up on a wide and homogeneous gneissic dome, in order to characterise the long-term evolution of the thermal profile of the bedrock. It is equipped with both a sensor chain (30 PT100 thermometers from 0 to 98 m in depth) and an optical fibre for measuring the distributed temperature (Schoeneich et al., 2012). The four years of available data (December 2010 - July 2014) show a 4.5- to 5.5-m-deep active layer, a seasonal penetration up to 25-30 m, a stable temperature (-1.3°C) at 30 m in depth, and -0.7°C at the base of the borehole. The permafrost here is therefore more than 100-m-deep. An extrapolation of the geothermal gradient suggests that the permafrost base is around 180 m in depth.

Boreholes in the Aiguille du Midi rock walls

7 The summit of the Aiguille du Midi is composed of a set of three granite peaks culminating at 3842 m asl. (Fig. 2). It can be reached from Chamonix by cable car. In September 2009, three 11-m-deep horizontal boreholes were drilled in the S (3753 m asl.), NW (3738 m) and NE (3745 m) faces of the Central Piton. Each of them was equipped with a chain of 15 thermistors (accuracy ± 0.1°C) measuring temperature between 30 cm and 10 m in depth every 3 h (Magnin et al., 2015b). The mean annual temperatures at 10 m indicated a warm permafrost in the S face (-1.5°C) and a cold one in the NW (-4.5°C, Fig. 3) and NE (-3.6°C) faces. The thermal gradient is positive in the NW borehole and negative in the S one, certainly because of the lateral heat flow from the sunny to the shady side. The thickness of the active layers is on average between 2.2 m (NW) and 5.7 m (S), with different inter-annual variations in thickness from one borehole to another.

Boreholes in the Bellecombe rock glacier

8 Two 15-m-deep boreholes were drilled in 2009 in the Bellecombe rock glacier (2700-2750 m asl.) in the Deux Alpes ski area (Fig. 2). They crossed a 2.5-m-deep active layer of coarse debris, then an ice-rich or even massive ice layer up to 9.5 m in depth, before reaching bedrock. Each of them is equipped with 15 sensors (PT100) installed between 0 and 13.5 m in depth.

9 The five years of available data (October 2009 - October 2014) show an isothermal and warm permafrost; -0.1 to -0.2°C throughout the profile and throughout the year below a ~2.5-m-thick active layer (Fig. 3). Seasonal variations in ground temperature are

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limited to the active layer and are blocked by the ice-rich permafrost table below, which is very close to the melting point.

Figure 3. Thermal regime during one year for two types of permafrost, measured in the Bellecombe rock glacier and in the NW rock face of the Aiguille du Midi

On the left, the daily ground temperatures interpolated with depth (grey dashed lines indicate the depth of the sensors) and on the right, the vertical profiles of the minimal, maximal and average values for 2013.

10 Comparing the thermal regimes measured in the Bellecombe and Aiguille du Midi boreholes highlights the effect of the presence of a high ice content in rock glaciers: the melting of this ice absorbs the atmospheric heat, limiting its propagation in depth. The permafrost temperature variations are thus greater in rock walls, where the depth of the active layer can thicken for several metres during a hot summer. In contrast, the cooling of ice-rich permafrost at the melting point is slow, due to the required latent heat. These environment-specific features, which largely regulate the geomorphological responses of alpine slopes, can also be combined.

Measurement of the surface temperature

11 Because of the limited possibility of equipping boreholes, due to the cost, ground thermal monitoring is completed by temperature measurements continuously carried out by autonomous sensors placed in the rock subsurface (1-5 cm) or in surficial deposits (10-50 cm). For permafrost, the surface temperature can be interpreted as the “thermal signal input” and, in winter, when the snow cover insulates the surface sufficiently from the atmosphere, as an indicator of the thermal conditions at depth.

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Rock walls

12 Since 2005, nine sensors recording the temperature between 3 and 55 cm in depth have been installed in the N, E, S and W faces of the Central Piton of the Aiguille du Midi. Considering the other sensors located at a depth of 30 cm in the boreholes (section 1.1.2), twelve surface sensors are available to measure the temperature distribution. A difference of 8°C has been observed between the N and S faces. The surface offset, i.e. the temperature difference between the rock wall surface and air (positive value), mainly resulting from the radiation balance, is 1-2°C in the N face and 9-10°C in the S face. Four of the sensors have been affected by the presence of snow, whose thickness has frequently been over 60 cm for three of them. Two of these, which are located in the S face, have been recording a lower mean annual temperature than that recorded by the sensors without snow but with the same aspect. On the contrary, the other heavily snow-covered sensor located in the N face records warmer conditions than the snow-free sensors with the same aspect. Finally, the sensor covered by less snow has recorded colder conditions than those in shady conditions, which reflects the cooling effect of a thin layer of snow.

Rock glaciers

13 In October 2003, seven autonomous temperature sensors were placed at a few tens of centimetres below the surface of the Laurichard rock glacier, sheltered from direct solar radiation (Figs. 1 and 2). The data clearly show the important role of snow in the surface thermal regime, and the variability of the winter thermal regime. As a result, winters with abundant and early snow (as in 2003-2004 and 2006-2007) have led to a clear decoupling between the ground and the atmosphere, which minimises the winter cooling. In contrast, winters with low snow cover, such as 2004-2005, have promoted heat loss from the surface and therefore a cooling at depth.

Figure 4. Evolution of the deviation from the mean (average of the 2003-2012 period) ground subsurface temperature (filtered with a 12-month window) on the Laurichard rock glacier and the Aiguille du Midi east rock face. The deviation from the mean air temperature at the Chamonix weather station (data from Météo France) is also presented

14 In order to filter seasonal fluctuations, analyses of the surface temperature were carried out using moving averages (over the previous 12 months), which highlight significant trends (Fig. 4). For the Laurichard rock glacier, two parallel trends were superimposed: inter-annual variability mainly related to snow (but heat waves have also been observed, such as that of autumn 2006) and a relatively continuous rise in temperature over the observed period. The data from the Aiguille du Midi show a closer

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coupling with the air temperature, due to the thin snow cover or even its absence on some measurement sites.

Evolution of permafrost temperatures and climate control

15 The mid- and long-term evolution measured in the permafrost can be described due to the temperature recorded at several metres in depth, where the seasonal influence is reduced (it is usually annulled at 15-25 m). During the 4 years of available data for the 2Alpes-3065 and the 5 years available for the Aiguille du Midi NW face boreholes, the observable tendency of increasing temperatures reaches 0.04°C per decade for the former and 0.08°C per decade for the latter. This increase is similar to that observed in recent years in the Swiss Murtel borehole (10 years, longest available series in the Alps), which is consistent with the recent data from other Alpine boreholes, where it seems to have started in 2007 (PERMOS, 2013). Moreover, the low thermal gradient observed in the profile probably reflects the warming trend of near-surface layers, in response to the rising temperatures of the last 30 years (Harris et al., 2001).

Figure 5. Evolution of the permafrost temperature (at 10 m of depth for the Aiguille du Midi NW borehole ADMNO, and at 11 m for the 2Alpes-3065 borehole) in flat bedrock (Deux Alpes) and in a vertical rock face (Aiguille du Midi)

Morphodynamic responses to permafrost changes

Typically observed functioning

16 The evolution of mountain permafrost affects slope dynamics, including block falls, rockfalls and rock avalanches from rock walls, and rock glacier movements in surficial deposits. In order to detect possible changes in processes, their seasonal and inter- annual components in response to climate variability must be known. Only long-term monitoring and historical reconstitutions make it possible to describe “usual” activity.

Rockfall activity in the Mont Blanc massif

17 Unlike for rock glaciers whose flow corresponds to an intrinsic dynamic, “normality” for a rock wall is a relative stability on the multi-secular scale (cf. Böhlert et al., 2008), favoured in the Mont Blanc massif by a competent rock (granite). As a result, on the N side of the Aiguilles de Chamonix and on the W face of the Drus, almost no collapse was observed between the end of the Little Ice Age (1855 c.) and 1936 (Ravanel and Deline, 2008; Ravanel and Deline, 2011). The low temperatures have probably maintained the stabilising permafrost in the rock walls, while ice/snow cover, widely developed on

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many faces (Delaloye 2008), has stabilised them, despite their dense fracturing. However, the stability of high mountain rock walls has sharply deteriorated over the last two decades, as shown by the inventories of rockfalls in the Aiguilles de Chamonix (Fig. 6a). The frequency of rockfalls peaked during the hot summer of 2003, with 182 rockfall deposits on the Mont Blanc glaciers (Ravanel et al., 2011). Since 2007, rockfalls have been almost systematically documented in 60 % of the massif (Ravanel et al., 2010; Ravanel and Deline, 2013). The 350 collapses surveyed from 2007 to 2014 predominantly occurred at altitudes characterised by a warm permafrost (i.e. with a temperature between -2 and 0°C according to Magnin et al., accepted; Fig. 6b), and during warm periods. The role of the permafrost in rockfall triggering has been suggested by several other observations: ice or water flow observed in scars; collapses occurring at higher elevation in hot summers; a strong contrast in the elevations of triggers between north and south faces; and pillars, spurs and ridges – with a strong permafrost degradation – being particularly affected by rockfalls (Ravanel and Deline, 2015).

Figure 6. a) Annual number of rockfalls in the Aiguilles de Chamonix since 1980, based on photocomparison; b) Elevation (in metres) and orientation (in °) of the set of rockfalls inventoried by observers in the Mont Blanc massif between 2007 and 2011

Rock glacier dynamics

18 Most of the alpine rock glaciers are flowing with velocities ranging from a few decimetres to 1-2 m per year, with inter-annual and seasonal variations (Haeberli et al., 2006). The movement of the Laurichard rock glacier has been surveyed annually for thirty years (Francou and Reynaud, 1992) by measuring the position of blocks on its surface, carried out since 2000 by the Ecrins National Park.

Figure 7. Mean annual velocity (taken from 25 blocks measured annually by geodetic survey) of the Laurichard rock glacier between 1985 and 2012 (grey curves are the individual surveyed points).

19 This data set (Fig. 7) shows a change in velocity that is very similar in its inter-annual variations to that recorded on other alpine rock glaciers (i.e. Kääb et al., 2007; Delaloye

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et al., 2008). The 1990s were marked by a gradual acceleration with, in the case of Laurichard, two velocity peaks in 2001 and 2004 (Bodin et al., 2009). Then lower velocities were observed until 2008, followed by a further acceleration that is still ongoing (Schoeneich et al., 2014), similar to what has happened elsewhere in Switzerland (PERMOS, 2013) and Austria (Kellerer-Pirklbauer et al., 2012).

20 This comparable behaviour throughout the Alps suggests a common climate control. Although the thermal conditions of the Laurichard rock glacier are only indirectly known from the measurements of its surface temperature since 2003, several factors may explain the response of rock glaciers to climate signals (Bodin et al., 2009). On the one hand, the increasing air temperature observed in the 1990s could have warmed the rock glacier, causing greater deformation of the ground ice. On the other hand, winters with thin snow cover could have resulted in a cooling of the ground and a decrease in speed. Finally, given the very low thermal conductivity of permafrost, the impact of liquid water (e.g. due to spring melt) on the rock glacier body could explain these velocity variations, as well as the seasonal ones measured at some Swiss sites (Perruchoud and Delaloye, 2007).

Extreme dynamics

21 Alongside the “normal” functioning of high mountains, some phenomena of unusual intensity or character have been observed in the Alps for several years: large-scale rockfalls, increased frequency of small and mid-volume rockfalls, and acceleration, destabilisation or collapse of rock glaciers. The lack of past observations prevents saying with certainty that these are new phenomena, yet detailed case studies unequivocally connect them with global warming, mainly with warm events. Most of these phenomena could involve a risk to people and their homes, as well as to the infrastructures and sports activities on the high mountain slopes.

Large-scale rockfalls

22 Three large-scale rockfalls/small rock avalanches (volume > 0.1 million m3) have occurred over the past two decades in the Mont Blanc region where permafrost degradation has been mentioned as a possible trigger. The scar of the Brenva rock avalanche in January 1997 (2 million m3; Deline, 2009; Fig. 8b), located between 3400 and 3700 m asl. in a SE-facing rock wall, was probably characterised by warm permafrost (Deline et al., submitted); a possible heat advection was probably able to induce localised permafrost degradation by circulating water along fractures at depth. It was probably the same for the Crammont case (0.5 million m3) in December 2008, which was a collapse from a N-facing slope between 2400 and 2650 m asl., also in a context of warm permafrost (Deline and al., 2011), and for the Bonatti Pillar event of June 2005 (0.26 million m3; Fig. 8a), which peaked at 3660 m asl. on the west face of the Drus (Ravanel and Deline, 2008).

Destabilisation of rock glaciers

23 Many alpine rock glaciers have recently presented unusual modalities of movement, linked to an acceleration of all or part of the landform (Roer et al., 2008; Delaloye et al., 2012; Schoeneich et al., 2014.). To date, the detachment of the Bérard rock glacier (Fig.

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8c) in the French Alps is one of only two known cases in the world (Bodin et al., 2012; Bodin et al., accepted). The first signs of destabilisation date from at least 2004, followed by two major phases during the summer of 2006 that mobilised more than 0.25 million m3 of ice and rock debris. Besides the role of the topography, the causes cited are the increase in air temperature in the 1990s, heat waves in the summers of 2003 and 2006, and hydro-snow-weather conditions during the weeks preceding the detachment.

24 For the Vanoise massif, satellite data have recently enabled the detection of the destabilised Pierre Brune rock glacier (Fig. 8d) with clear signs of strong morphological deformations. A partial reconstruction of the phenomenon indicates that the first fractures appeared between 1952 and 1970 followed by an acceleration of the destabilisation between 1990 and 2001. GPS measurements have revealed current movements of several m.y-1 (Echelard, 2014).

Figure 8. a) Rockfall on the west face of Les Drus (Mont Blanc massif) on 29th June 2005, around 11 AM (photo: J.-C. Bèche); b) Snow avalanche triggered by the Brenva rockfall (Italian side of the Mont Blanc massif) in January 1997 (photo: M. Pennard); c) Bérard rock glacier after its partial collapse in summer 2006 (after Bodin et al., accepted); d) Fractures and chaotic topography of the Pierre Brune rock glacier (Vanoise massif) due to its destabilisation (after Echelard, 2014)

Cryokarstic processes

25 One of the effects of ice loss due to permafrost degradation is the development of “cryokarstic” phenomena, i.e. superficial subsidence due to a loss of volume in depth. Many cryokarstic forms have thus been observed on ski slopes. In most cases, they result from human disturbances (e.g. levelling works) that affect the active layer, with no direct link to climate change.

26 However, several natural cryokarsts have been observed in France in recent years. The most spectacular case is the Plan de Chauvet lake, in Haute Ubaye, which forms then

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drains through the ice causing flash floods (Fig. 9). Six outburst floods have occurred since 1930, the most recent in 1997 and 2008. All the cryokarsts identified to date were formed in areas with probable permafrost, and many of them were set up in glacier forefields containing dead ice inherited from the Little Ice Age. Strictly, this corresponds to degrading glacial forms, but they affect icy bodies that have been maintained due to permafrost conditions.

Figure 9. Outburst of the Plan de Chauvet lake (Alpes de Haute Provence) in July 2008/ a) Overview of the proglacial margin that locally contains dead ice bodies in permafrost conditions; b) Draining sinkhole inside the ice (“moulin”); c) Flood related to the 2008 outburst some hundreds of metres downstream, where the Chauvet torrent meets the Ubaye river. Photos: M. Peyron, RTM 04, 2008

.

Discussion: is the emergence of new risks related to mountain permafrost degradation?

27 High mountains have always been concerned by natural hazards, due to the dynamics of the environment. Recent observations, however, show a significant increase in the frequency and/or intensity of some processes, such as rockfalls (Ravanel and Deline, 2011). “New” phenomena have also been observed, such as the destabilisation of rock glaciers (Delaloye et al., 2012) and the appearance of cryokarstic lakes.

28 Although it remains very difficult to predict large collapses, it is possible to identify potentially dangerous sites because of other phenomena. At the request of the RTM services (ONF), who are in charge of the management of natural hazards in mountain regions, a comprehensive inventory of rock glaciers has been carried out in the French Alps (Bornet et al., in prep.). It is based on the interpretation of aerial photographs, orthophotos and field observations. The purpose of this inventory is to identify all the rock glaciers that are potentially dangerous and all the lakes in contact with rock

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glaciers. A hazard assessment will then enable the setting up of a list of sites to be monitored.

29 Furthermore, an inventory of nearly 1,800 infrastructures (huts, lifts, paravalanches, fluid transport lines, etc.), located in the context of permafrost and/or glacial retreat in the French Alps, has just been completed. 10 % of these infrastructures show a high risk of destabilisation (Duvillard et al., 2015, this volume). Damage has already been identified on many of them, sometimes with serious socio-economic consequences (closure and redundancy, declining turnover, necessary work, etc.).

Conclusions

30 Present in high-elevation rock walls and surficial deposits, the permafrost in France affects many slopes, and its degradation is likely to cause risks. The data available since 2009 have shown an increase in permafrost temperatures, linked to atmospheric warming and a deep snow cover during recent winters. According to the current monitoring and reconstructions of past events, geomorphological dynamics, associated with the presence of permafrost, seem broadly affected by permafrost warming as evidenced, for example, by the acceleration of rock glaciers in the 1990s. Moreover, extreme weather events, such as hot summers, are likely to result in peaks in geomorphological activity: the increase in the frequency of rockfalls in the Mont Blanc massif during summer 2003 or the destabilisation of the Bérard rock glacier in 2006 are probably good examples. The warming of permafrost and the related modification of ice or water contents in the soil clearly alter the conditions of stability of alpine slopes. However, understanding and predicting the consequences in terms of risks should take into account the very high variability of the local conditions in order to meet societal expectations, specifically those of natural hazard managers.

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ABSTRACTS

Alpine mountains are affected by significant geomorphological processes whose evolution is partly conditioned by permafrost warming: rockfalls of various volumes, destabilisation of rock glaciers, and cryokarst. These phenomena, because of their intensity, may generate risks for territories. This paper provides a synthesis of the knowledge about the current status of the mountain permafrost in the French Alps and its recent evolution. This state-of-the-art overview is based on research conducted over the past 10 years and the measurements collected within PermaFRANCE, the French network for long-term observation of the mountain permafrost. The analysis of the available data shows that for a rock wall located at 3800 m asl., the temperature is between -4.5 and -1.5°C at a depth of 10 m, according to the aspect, whereas it is close to the melting point in surficial deposits at 2800 m asl. on a northern slope. Since the beginning of these measurements at depth in 2010, a trend of increasing temperature has been discernible, as found in other alpine boreholes. As clearly shown by the surface measurements conducted since 2003, the thermal regime is influenced by snow, particularly in surficial deposits and to a much lesser extent in rock walls. This inter-annual variability is combined with longer-term trends, which probably induce the observed changes in geomorphological dynamics associated with alpine permafrost: an increased frequency of gravitational processes such as rockfalls and fluctuation in rock glacier velocities. The possible increase in extreme events, such as rock avalanches or the destabilisation of rock glaciers, in the coming decades could create new or increased risks, to which territories must thus adapt.

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INDEX

Keywords: permafrost, French Alps, geomorphological dynamics, climate change

AUTHORS

XAVIER BODIN Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

PHILIPPE SCHOENEICH Laboratoire PACTE, UMR 5194 CNRS / Université Joseph Fourier, Grenoble

PHILIP DELINE Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

LUDOVIC RAVANEL Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

FLORENCE MAGNIN Laboratoire EDYTEM, UMR 5204 CNRS / Université Savoie Mont-Blanc, Le Bourget-du-Lac

JEAN-MICHEL KRYSIECKI Bureau d’études SAGE ingénierie, Gières

THOMAS ECHELARD Laboratoire PACTE, UMR 5194 CNRS / Université Joseph Fourier, Grenoble

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Evaluation du risque de déstabilisation des infrastructures de haute montagne engendré par le réchauffement climatique dans les Alpes françaises

Pierre-Allain Duvillard, Ludovic Ravanel et Philip Deline

Introduction

1 Les Alpes sont particulièrement sensibles au réchauffement climatique : celui-ci y est deux à trois fois plus accusé qu’à l’échelle mondiale tandis que la cryosphère y est encore très développée (Haeberli et Beniston, 1998). La dégradation du permafrost Alpin (réchauffement des terrains gelés en permanence) et le retrait des glaciers entraînent souvent des déséquilibres géomorphologiques au sein des parois rocheuses ou des formations superficielles, à l’origine de processus tels que les écroulements (volume > 100 m3), éboulements, chutes de blocs, glissements ou affaissements (Harris et al, 2009 ; Fischer et al, 2006). Au-delà des risques indirects pour les personnes et les infrastructures situées sur le parcours de masses en mouvement, ces processus sont à l’origine d’un risque direct de déstabilisation pour les infrastructures construites en haute montagne (Duvillard et al, 2015 ; Fabre et al, 2015 ; Dall’Amico et al, 2011 ; Ravanel, 2010 ; Bodin et al, 2009).

2 Un nombre croissant de dommages est à déplorer sur les constructions avec des implications socio-économiques parfois lourdes. Ainsi, la déstabilisation du refuge des Cosmiques à Chamonix en 1998 par un écroulement rocheux nécessita des travaux de confortement au niveau des fondations (Ravanel et al, 2013) tandis que l’affaissement de la gare amont du télésiège de Bellecombe aux Deux Alpes, construite sur un glacier rocheux, obligea à sa réimplantation durant l’été 2013 (Cadet et Brenguier, 2015). Cet article se concentre sur les risques directs de déstabilisation d’infrastructures en haute

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montagne. Son objectif est de recenser ces infrastructures et, parmi elles, d’identifier les plus exposées afin de contribuer à la prévention des risques associés au réchauffement climatique dans une haute montagne alpine française fortement anthropisée. Ce travail de recherche s’intègre dans la continuité et l’application, en haute montagne, de travaux cherchant à caractériser les dommages potentiels imputables à des mouvements de terrain (van Westen et al, 2005 ; Leone et al, 1996 ; Leone, 1996) à travers la construction d’un indice de risque synthétique. La prévention des risques en lien avec les aléas de haute montagne est un domaine de recherche encore peu développé, à l’exception des avalanches (Bründl et Margreth, 2015) ou des débâcles de lacs glaciaires (Nussbaumer et al, 2014 ; Schaub et al, 2013).

3 Un recensement des infrastructures a été réalisé dans un Système d’Information Géographique (SIG) qui intègre plusieurs couches dont la carte APIM (Alpine Permafrost Index Map ; Boeckli et al, 2012) de distribution probable du permafrost et un inventaire des glaciers des Alpes françaises depuis la fin du Petit Âge Glaciaire (PAG ; Gardent, 2014) afin d’identifier les infrastructures présentes en contexte de permafrost probable et/ou de retrait glaciaire. Pour identifier les infrastructures les plus sensibles, un indice de risque a été construit. Il combine une caractérisation de l’aléa – le processus géomorphologique – et un diagnostic de la vulnérabilité. Enfin, une validation préliminaire de l’indice de risque a été effectuée à l’aide d’inventaires de dommages dans plusieurs secteurs des Alpes françaises.

Infrastructures de haute montagne dans les Alpes françaises

Les Alpes françaises

4 Sur le territoire français, les Alpes s’étendent entre le lac Léman et la mer Méditerranée sur un peu plus de 300 km et plus de 35 000 km2. Ce territoire rassemble 3,5 % de la population française métropolitaine dans un espace économiquement très dynamique en particulier grâce au tourisme. La région Rhône-Alpes est la deuxième destination française en nombre de nuitées, tandis que les Alpes françaises comptent environ 200 stations de sport d’hiver.

5 Le tourisme alpin est ainsi largement orienté vers la pratique du ski : les quatre générations de stations développées successivement depuis le début du XXe siècle sont le reflet d’un engouement presque continu qui s’est traduit par leur montée en altitude afin de leur assurer un bon enneigement. La fréquentation hivernale des remontées mécaniques des Alpes françaises des adhérents de Domaines Skiables de France est estimée à 575 millions de passages pour 47 millions de journées-skieur pour la saison 2012-13. Plus de 105 000 emplois dépendraient directement des domaines skiables des Alpes françaises.

F0 6 Ces domaines totalisent plus de 3000 remontées mécaniques 2D 40 à 50 nouvelles

F0 installations sont construites chaque année 2D qui s’ajoutent à des dizaines de refuges et autres infrastructures (lignes électriques, dispositifs paravalanches, etc.). Toutes ne sont pas situées en haute montagne, considérée ici comme l’espace montagnard caractérisé par le permafrost et/ou le retrait glaciaire. Le permafrost des Alpes françaises concernerait environ 700 km2 (Boeckli et al, 2012), soit 10 % des 6800 km² situés au-dessus de 2000 m d’altitude. Les glaciers ne couvrent quant à eux que 4 % de

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F0 cet espace, avec moins de 270 km² 2D 52 % de la superficie englacée ayant disparu entre 1970 et 2009 tandis que ce retrait va s’accélérant (Gardent et al, 2014).

Recensement des infrastructures

7 Le recensement a été réalisé dans un SIG comprenant 15 couches d’information réparties en quatre ensembles principaux : • les infrastructures identifiées (points), localisées à l’aide de cartes topographiques et d’orthophotographies IGN et, éventuellement, d’autres documents (Carte de Localisation des Phénomènes d’Avalanche), plans des pistes, etc. ; • l’inventaire des glaciers des Alpes françaises (extensions glaciaires en 2006-2009, 1967-1971 et à la fin du PAG), basé sur une digitalisation des glaciers sur les cartes topographiques ou orthophotographies et sur des observations géomorphologiques de terrain (Gardent et al, 2014). Des enveloppes de 25 m autour des emprises glaciaires de 1967-1971 et de 50 m autour de celles du PAG ont été créées dans le SIG pour prendre en compte la décompression des versants rocheux (Oppikofer et al, 2008) ou les glissements dans les moraines (Ravanel et Lambiel, 2012) qui peuvent résulter du retrait glaciaire ; • les inventaires des glaciers rocheux dans les Alpes du Sud (Bornet et al, 2014) et la carte APIM qui présente un indice de probabilité de la présence actuelle de permafrost dans l’ensemble des Alpes selon les types de terrain et les conditions géomorphologiques rencontrées (Mair et al, 2011 ; Boeckli et al, 2012). Phénomène thermique, le permafrost n’est pas directement observable mais peut être détecté par des méthodes directes ou indirectes. La carte APIM de présence modélisée du permafrost a été calibrée par des relevés de formes et processus géomorphologiques associés au permafrost et/ou par la mesure d’indicateurs de permafrost (température, méthodes géophysiques, etc.) ; • les données générales d’information et de localisation telles que le maillage administratif de la France, les orthophotographies et les cartes topographiques IGN à l’échelle 1 : 25 000, et le Modèle Numérique de Terrain (MNT) ASTER GDEM v.2 de 2011.

8 Ce recensement a permis l’identification de 1769 infrastructures dans les secteurs à permafrost probable et/ou potentiellement affectés par le retrait glaciaire. L’application d’un indice de risque de déstabilisation doit permettre de classifier ces infrastructures afin de reconnaître celles qui devront faire l’objet d’une attention particulière (études, suivi, réponses géotechniques).

Construction d’un indice de risque de déstabilisation

Quantifier le risque

9 Proposer un niveau de risque de déstabilisation pour les infrastructures de haute montagne nécessite une approche technique du risque. L’intérêt de cette approche est de pouvoir hiérarchiser les infrastructures vulnérables. Pour une infrastructure donnée (e.g. une gare, un pylône, un gazex), le risque de déstabilisation correspond au risque spécifique (Rs). Il peut être interprété plus largement comme une probabilité que l’événement « déstabilisation de l’infrastructure » se produise. Ici, le risque spécifique correspond à l’expression (Bell et al, 2004 ; van Westen et al, 2005 ; Leone, 1996 ; figure 1) : Rs = (PD (D*V))

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10 avec : • PD, la probabilité d’occurrence d’une déstabilisation. L’aléa est exprimé par la probabilité d’occurrence d’une déstabilisation par la dégradation du permafrost et/ou le retrait glaciaire. PD dépend de facteurs passifs (Fp), c’est-à-dire de facteurs de « prédisposition » pouvant préparer une déstabilisation, et d’une probabilité de mise en œuvre de facteurs actifs (Pa) suffisants pour aboutir à une situation d’instabilité. • D, le taux d’endommagement. La vulnérabilité (s.s.) est évaluée par le taux d’endommagement potentiel de l’élément exposé. Il est obtenu en utilisant une échelle d’intensité des dommages qui évalue les conséquences et la sensibilité des infrastructures en cas de mouvement de versant. • V, l’indice de valeur unitaire. Les enjeux sont appréciés par un indice de valeur unitaire, qui traduit la valeur économique de fonctionnement d’une infrastructure. Cette classification des éléments inventoriés se fait au regard de la valeur financière (prix d’acquisition/ construction) et/ou de la valeur d’exploitation (économique, fonctionnelle, stratégique).

Figure 1 - Les différentes composantes du risque de déstabilisation d’une infrastructure de haute montagne

Caractérisation de l’aléa

11 L’aléa fait référence à la probabilité d’occurrence d’un processus géomorphologique en raison de la dégradation du permafrost et/ou du retrait glaciaire, à court (quelques années) ou moyen terme (une à trois décennies). Les processus diffèrent selon la pente et le type de terrain (Harris et al, 2001). Ceux qui affectent le substratum rocheux (e.g. éboulements, écroulements) sont en partie contrôlés par la pente et la fracturation. Dans les formations superficielles, les processus (e.g. glissement, affaissement) sont partiellement conditionnés par la pente, la granulométrie et la porosité. La valeur de

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l’aléa combine les divers facteurs passifs (Fp) et la probabilité que les facteurs actifs engendrent le dépassement du seuil conduisant à une déstabilisation (Pa) (figure 2).

Figure 2 - Facteurs passifs et actifs pouvant entraîner une instabilité de versant en haute montagne

Facteurs passifs (Fp)

12 Les facteurs passifs sont des paramètres présents de manière continue mais, le plus souvent, ils ne constituent pas les facteurs déclencheurs de la déstabilisation. Ils sont de deux types : • l’angle de pente (P) des versants, évalué sur le MNT et/ou par le contexte géomorphologique (e.g. parois rocheuses à fortes pentes). Quatre catégories de pentes ont été retenues : faibles (P<15°), intermédiaires (15°60°) ; • la prédisposition géologique et géomorphologique à une instabilité en fonction du type de terrain. On peut distinguer deux catégories de terrains aux propriétés géomécaniques différentes : les formations superficielles, aux matériaux plus ou moins grossiers, et le substratum rocheux, composé de roches plus ou moins résistantes et fracturées. Une valeur qualitative permet de caractériser l’instabilité de ces formations et roches (tableau 1).

Tableau 1 - Prédisposition des formations superficielles et du substratum rocheux à une déstabilisation

13 L’évaluation quantitative de l’ensemble des facteurs passifs est possible par le croisement des paramètres au moyen d’une matrice (tableau 2). La possibilité de déstabilisation face aux facteurs passifs varie de 0 à 0.9 (0 : impossible ; 0.1 : quasi impossible ; 0.2 : improbable ; 0.4 : peu plausible ; 0.6 : probable ; 0.8 : très probable ; 0.9 : quasi certaine).

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Tableau 2 - Matrice d’évaluation des facteurs passifs (Fp)

Facteurs actifs (Pa)

14 Il existe pour ce travail deux facteurs actifs, éventuellement combinés et sensibles au réchauffement climatique, pouvant conduire à une déstabilisation : • la dégradation du permafrost, évaluée par une Probabilité de Déstabilisation liée à la dégradation du Permafrost (PDP). L’estimation de la présence de permafrost s’appuie sur la carte APIM. Compte tenu du niveau envisagé de dégradation du permafrost, une valeur correspondant à la probabilité de déstabilisation est associée à chaque type (tableau 3). Les valeurs maximales ont été placées dans les secteurs pouvant correspondre à un permafrost discontinu car, du fait d’une température généralement faiblement négative, il est probablement plus affecté par le réchauffement climatique actuel (Ravanel et Deline, 2008). Plus haut en altitude, le permafrost continu, généralement plus froid, est plus favorable à la stabilité des versants (Magnin et al, 2015). Ainsi, les mouvements de versant récents, mais également les déstabilisations d’infrastructures documentées ces dernières années, ont été principalement observées dans les secteurs à permafrost discontinu (e.g. télésiège de Bellecombe aux 2 Alpes ; Bodin et al, 2009). Quant au permafrost des plus basses altitudes (permafrost sporadique), son existence est due à des conditions géomorphologiques et topoclimatiques spécifiques qui le rendent moins sensible au réchauffement climatique en cours, d’où des déstabilisations possiblement beaucoup plus limitées (Scapozza et al, 2011).

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Tableau 3 - Evaluation de la probabilité de déstabilisation du fait de la dégradation du permafrost

• le retrait des glaciers, qui induit une Probabilité de Déstabilisation liée au retrait Glaciaire (PDG) dans les secteurs récemment désenglacés, mais aussi dans les secteurs éventuellement affectés par une décompression post-glaciaire. L’appréciation de la probabilité de ces déstabilisations « paraglaciaires » (Ballantyne, 2013) s’appuie sur différentes enveloppes glaciaires, depuis la fin du PAG jusqu’à la période actuelle (figure 3). Par exemple, une enveloppe de 25 m autour des emprises glaciaires de 1967-1971 a été mise en place afin de prendre en compte les éventuelles instabilités déclenchées par le retrait des glaciers. A noter que les infrastructures actuellement implantées sur les glaciers sont adaptées à leurs mouvements.

Figure 3 - Evaluation de la probabilité de déstabilisation « paraglaciaire »

15 En cas de combinaison de ces deux processus, le croisement de PDP et PDG est réalisé par le biais d’une matrice associant une valeur quantitative aux différents scénarios qualitatifs (tableau 4).

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Tableau 4 - Matrice d’évaluation des facteurs actifs (Pa) : le croisement de la Probabilité de Déstabilisation liée à la dégradation du Permafrost (PDP) et de la Probabilité de Déstabilisation liée au retrait Glaciaire (PDG).

Diagnostic de la vulnérabilité

16 La caractérisation de la vulnérabilité des infrastructures en cas de déstabilisation de leur terrain porteur nécessite la prise en compte du niveau d’endommagement potentiel des éléments exposés (la vulnérabilité s.s.) et de la valeur d’exploitation et/ou financière de ceux-ci (les enjeux).

La vulnérabilité s.s. (D)

17 Un taux d’endommagement (ou de vulnérabilité) potentiel peut être utilisé pour traduire l’interaction entre un phénomène naturel et un élément exposé en matière de mode et de niveau d’endommagement (Leone, 1996). Ce taux d’endommagement (D) peut être établi selon une échelle d’intensité des dommages (ID) en évaluant la sensibilité des infrastructures en cas de déstabilisation.

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Figure 4 - Relation entre sensibilité des infrastructures et conséquences pour celles-ci en cas de déstabilisation (Boomer et al, 2010 modifié)

18 Dans un diagramme reliant sensibilité et conséquences (figure 4), les infrastructures exposées sont classées suivant une échelle d’intensité des dommages (ID) qui varie de I à IV. Ces quadrants traduisent les différents niveaux et modes d’endommagement des infrastructures exposées à des processus qui résultent de la dégradation du permafrost et/ou du retrait glaciaire (tableau 5). La quantification des modes d’endommagement repose sur la notion de taux d’endommagement (i.e. le degré de perte potentielle de l’infrastructure), dont la valeur est comprise entre 0.2 et 0.8.

Tableau 5 - Typologie des modes d’endommagement et taux d’endommagement potentiel des infrastructures (Leone et al, 1996, modifié).

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Les enjeux (V)

19 L’analyse de la vulnérabilité nécessite également une hiérarchisation des éléments exposés (ou enjeux) au regard de leur valeur financière (prix d’acquisition ou de construction) ou de la valeur d’exploitation (économique, stratégique, fonctionnelle) afin de déterminer l’importance de l’infrastructure pour l’exploitant. Un indice de valeur unitaire V de l’élément exposé permet de comparer les infrastructures. La connaissance de la valeur financière d’une infrastructure ou une estimation de sa capacité (accueil ou charge) permet d’apprécier plus précisément la valeur d’exploitation d’infrastructures similaires, mais la construction de cet indice indispensable pour considérer les enjeux reste emprunte de subjectivité (tableau 6).

Tableau 6 - Indice de valeur de différentes infrastructures

Evaluation du risque spécifique

20 Le croisement entre la caractérisation de l’aléa et le diagnostic de la vulnérabilité permet la construction d’un indice de risque qui traduit le degré de risque de déstabilisation des infrastructures (tableau 7). Les infrastructures ont alors été classées selon un indice de risque allant de faible à très fort, accompagné d’une définition qualitative de la stabilité des infrastructures, de vraisemblablement stable à déstabilisation généralisée possible

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Tableau 7 - Indice de risque de déstabilisation des infrastructures de haute montagne

Application de l’indice de risque

21 L’application de l’indice de risque de déstabilisation que nous avons élaboré a permis de hiérarchiser les 1769 infrastructures de haute montagne dans les Alpes françaises en fonction de leur risque de déstabilisation. Elles sont très majoritairement situées dans les massifs de la Vanoise (59 %), des Ecrins-Oisans (19 %) et du Mont Blanc (5 %), et principalement concentrées dans les stations de ski de haute altitude de ces massifs, soit respectivement à Val d’Isère, Val Thorens, Tignes, La Plagne - Les Arcs, Les Deux Alpes, L’Alpe d’Huez - La Grave, et Chamonix (figure 5). 75 % de ces infrastructures sont des remontées mécaniques. 10 % des 1769 infrastructures sont caractérisées par un risque fort de déstabilisation. Aucune infrastructure n’est actuellement caractérisée par un risque très fort de déstabilisation.

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Figure 5 - Répartition des infrastructures à risque dans les stations des Alpes françaises.

Validation préliminaire de l’indice de risque

22 L’indice de risque de déstabilisation des infrastructures a été confronté à trois inventaires détaillés de dommages dans les Ecrins, à Val Thorens et aux Arcs, ainsi qu’à des observations de terrain à La Plagne, Val d’Isère et Tignes. Cela a permis une première évaluation de la fiabilité de l’indice de risque. Il est validé par 10 infrastructures caractérisées par un risque fort qui présentent des dommages constatés ayant nécessité des travaux, mais d’autres inventaires détaillés de dommages sont nécessaires pour poursuivre la validation de l’indice.

23 Parmi les 15 infrastructures les plus à risques (caractérisées par un risque fort de déstabilisation), on retrouve les pylônes et la gare d’arrivée du télésiège de Bellecombe (Les Deux-Alpes) ainsi que le refuge des Cosmiques et la gare d’arrivée du téléphérique de l’Aiguille du Midi (Chamonix). Le cas du refuge des Cosmiques (figure 6) participe à valider l’indice dans la mesure où ses fondations ont été déstabilisées en 1998 suite à un écroulement rocheux (Ravanel et al, 2013).

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Figure 6 - a : Les infrastructures du secteur de l’Aiguille du Midi (3848 m). b : Ecroulement d’août 1998 sous le refuge des Cosmiques (ph. : A. Sage).

Discussion

24 Le travail présenté a permis d’identifier un grand nombre d’infrastructures potentiellement à risque dans la haute montagne alpine française. Néanmoins, ce travail souffre de différentes limites méthodologiques.

25 L’indice de risque pourrait par exemple être amélioré grâce à une meilleure interprétation de l’aléa. La distribution locale et l’état thermique du permafrost sont assez mal évalués. La couche APIM est le résultat d’une modélisation du permafrost sur un espace très vaste – l’ensemble des Alpes –, sa fiabilité est discutable et donc source d’erreurs dans l’évaluation de PDP. Le MNT ASTER GDEM v.2 peut être à l’origine d’une surévaluation de la pente des versants peu raides, et d’une sous-évaluation de la pente des versants très raides du fait de sa résolution à environ 27 m dans les Alpes. L’utilisation d’un MNT plus précis pourrait permettre d’affiner la pente des versants, améliorant ainsi la caractérisation des facteurs passifs.

26 Le diagnostic de la vulnérabilité (s.l.) devra être complété en prenant par exemple en compte les éventuels travaux de confortement que certaines infrastructures ont pu subir, ou les infrastructures récentes qui appliquent des solutions techniques de construction en haute montagne (très peu nombreuses). Cet axe de travail devrait permettre d’évaluer la capacité d’intervention des gestionnaires et ainsi la capacité de résilience face à la déstabilisation d’une infrastructure.

Conclusion

27 Cette étude s’inscrit dans une dynamique de prévention et de suivi des impacts du changement climatique dans la haute montagne alpine française. 1769 infrastructures ont été recensées et l’application d’un indice de risque de déstabilisation a permis de classifier ces infrastructures selon un degré de risque variant de faible (159 infrastructures) à fort (185), voire très fort (0, actuellement). Une première validation de l’indice basée sur des inventaires et des observations de dommages a été entreprise. La réalisation de nouveaux inventaires de dommages permettra de déterminer si l’indice sous-évalue ou surévalue le risque. Une meilleure intégration de l’évolution géomorphologique des terrains sur lesquels sont implantées les infrastructures

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permettra, dans le contexte de réchauffement climatique, de préciser les niveaux de risque, l’ampleur et les conséquences des déstabilisations potentielles.

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RÉSUMÉS

Dans le contexte du changement climatique actuel, les milieux de haute montagne sont soumis à de profonds bouleversements tels que la fonte des glaciers ou la dégradation du permafrost, à l’origine de mouvements de versant au sein des parois rocheuses comme des formations superficielles. Ces processus impliquent des risques directs de déstabilisation pour les infrastructures (refuges, remontées mécaniques, etc.). Dans un but de prévention de ces risques, un recensement des infrastructures de haute montagne dans les Alpes françaises a été réalisé à l’aide d’un Système d’Information Géographique constitué de plusieurs couches de données dont des cartes de la répartition potentielle du permafrost et de l’extension des glaciers depuis la fin du Petit Âge Glaciaire. 1769 infrastructures ont été identifiées dans des secteurs à permafrost probable et/ou éventuellement affectés par le retrait glaciaire. Un indice de risque a été construit afin d’identifier et classer les infrastructures potentiellement à risque. Il inclut une caractérisation de l’aléa et un diagnostic de la vulnérabilité. 10 % des infrastructures sont caractérisées par un risque fort de déstabilisation.

Due to ongoing global warming, high alpine environments are affected by significant changes, such as glacial retreat and permafrost warming, which can trigger mass movements in rock slopes or superficial deposits. These processes generate a risk of direct destabilisation for high mountain infrastructures (huts, cable cars, etc.). To help prevent such risks, an inventory of all the high mountain infrastructures in the French Alps was carried out using a Geographic Information System. This combined several data layers, including the Alpine Permafrost Index Map and glacier inventories since the end of the Little Ice Age. 1,769 infrastructures were identified in areas probably characterised by permafrost and/or possibly affected by glacier shrinkage. An index of destabilisation risk was constructed to identify and rank infrastructures at risk. This theoretical risk index includes a characterisation of hazards and a diagnosis of vulnerability. 10 % of the infrastructures were characterised by a high risk of destabilisation.

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INDEX

Mots-clés : infrastructures de haute montagne, indice de risque, dégradation du permafrost, retrait glaciaire, Alpes françaises Keywords : high mountain infrastructure, risk index, permafrost degradation, glacier shrinkage, French Alps

AUTEURS

PIERRE-ALLAIN DUVILLARD Laboratoire EDYTEM, Université de Savoie, CNRS, Le Bourget-du-Lac, France. IMSRN, Parc Pré Millet - 680 Rue Aristide Bergès, 38330 Montbonnot, France.

LUDOVIC RAVANEL Laboratoire EDYTEM, Université de Savoie, CNRS, Le Bourget-du-Lac, France.

PHILIP DELINE Laboratoire EDYTEM, Université de Savoie, CNRS, Le Bourget-du-Lac, France.

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Risk assessment of infrastructure destabilisation due to global warming in the high French Alps

Pierre-Allain Duvillard, Ludovic Ravanel and Philip Deline

Introduction

1 The Alps are particularly sensitive to global warming: it is two to three times more marked there than at the global scale while the cryosphere is very developed (Haeberli and Beniston, 1998). Alpine permafrost degradation (warming of permanently frozen ground) and glacial retreat cause geomorphological instabilities in rock walls or superficial deposits, which may lead to processes such as rock falls (volume > 100 m3), boulder falls (volume < 100 m3), landslides or subsidence (Harris et al., 2009; Fischer et al., 2006). In addition to indirect risks to people or infrastructures located in the path of a rock mass in movement, these processes may cause a direct risk of destabilisation for infrastructures built at high elevation (Duvillard et al., 2015; Fabre et al., 2015; Dall’Amico et al., 2011; Ravanel, 2010; Bodin et al., 2009).

2 An increasing amount of damage to infrastructures is clearly regrettable, and sometimes carries heavy social and economic implications. For example, the destabilisation of the (Chamonix, France) in 1998 by a large rock fall required reinforcement work at the foundation (Ravanel et al., 2013). Another example is the subsidence of the Bellecombe chairlift arrival station (Les Deux Alpes, France), built on a rock glacier, which had to be raised during summer 2013 (Cadet and Brenguier, 2015). This paper focuses on the direct risks of infrastructure destabilisation in high mountains. The aim was to draw up an inventory of high mountain infrastructures and identify the most exposed sites to help prevent risks, associated with global warming, at high elevation in the French Alps, a very anthropised area. This study is an application, in a high mountain area, of previous works seeking to characterise the potential damage due to landslides (van Westen et al., 2005; Leone et al., 1996; Leone, 1996), by constructing a synthetic risk index. Risk prevention due to high

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mountain hazards is still an undeveloped research field, except for avalanches (Bründl and Margreth, 2015) and glacier lake outburst floods (Nussbaumer et al., 2014; Schaub et al., 2013).

3 An inventory of all the infrastructures was carried out using a Geographic Information System (GIS) with different data layers including the Alpine Permafrost Index Map (APIM; Boeckli et al., 2012), representing the potential permafrost distribution, and glacier inventories since the end of the Little Ice Age (LIA; Gardent, 2014). The aim was to locate the infrastructures built in probable permafrost and/or glacier shrinkage areas. Then, in order to identify those most exposed, a risk index was compiled, combining hazard characterisation – geomorphological processes – and vulnerability diagnosis. Finally, a preliminary validation of the risk index was carried out using inventories of damage in different areas of the French Alps.

High mountain infrastructure

The French Alps

4 The French Alps are a mountain range between Lake Geneva and the Mediterranean sea, over 300 km long and covering more than 35,000 km2. This territory contains 3.5 % of the French metropolitan population and is a very dynamic area thanks to tourism. The Rhône-Alpes region is the second most popular French destination in terms of number of overnight stays, while the French Alps have around 200 ski resorts.

5 Alpine tourism is thus largely oriented toward skiing: four generations of ski resorts have developed successively since the beginning of the 20th century. Moreover, infrastructures are being built at increasing altitudes in order to extend the opening period. According to the Domaine Skiable de France, there were 47 million day-skiers and 575 million people used the ski lifts over the 2012-13 winter. Approximately 105,000 jobs depend directly on the ski resorts in the French Alps.

6 These ski resorts have more than 3,000 ski lifts - 40 to 50 new infrastructures are built every year - in addition to tens of huts and other constructions (power lines, avalanche equipment, etc.). All of these are not located in high mountains, defined here as mountain areas characterised by permafrost and/or glacial shrinkage. Permafrost develops on around 700 km2 in the French Alps (Boeckli et al., 2012), which represents 10 % of the 6,800 km² located above 2000 m a.s.l. Glaciers cover about 4 % of this area, with less than 270 km², as 52 % of the glacial area disappeared between 1970 and 2009 and glacial shrinkage is accelerating (Gardent et al., 2014).

Infrastructure inventory

7 The inventory was carried out using a GIS with 15 data layers divided into four main sets: • the identified infrastructures (points) positioned using topographic maps, IGN orthophotos and other documents (Carte de Localisation des Phénomènes d'Avalanche), ski resort maps, etc.); • glacier inventories in the French Alps (glacial extension in 2006-2009, 1967-1971 and at the end of the LIA), based on a digitalisation of glaciers from topographic maps or orthophotos and geomorphological field observations (Gardent et al., 2014). In order to assess rock slope failures (Oppikofer et al., 2008) and landslides in the moraines (Ravanel and Lambiel, 2012)

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that may result from glacier shrinkage, buffers of 25 m were taken around the glacial extensions from 1967-1971 and of 50 m for the LIA glacial extension in the GIS; • inventories of rock glaciers in the Southern Alps (Bornet et al., 2014) and the APIM, which gives a probability index of permafrost presence in the whole Alps according to the type of terrain and geomorphological context (Mair et al., 2011; Boeckli et al., 2012). Being a thermal phenomenon, permafrost is not directly observable but can be detected by direct or indirect methods. The APIM was calibrated by reading geomorphological forms and processes associated with permafrost and/or by measuring permafrost indicators (temperature, geophysics, etc.); • general data like the administrative network of France, orthophotos and IGN topographic maps at 1:25,000, and the Digital Terrain Model (DTM) ASTER GDEM v.2 of 2011.

8 This inventory identified 1,769 infrastructures in areas probably located in the context of permafrost and/or potentially affected by glacial shrinkage. By applying the risk index, these can be classified and those that require special attention (studies, monitoring, geotechnical adjustments) can be recognised.

Construction of the destabilisation risk index

Quantifying the risk

9 To provide a risk level of destabilisation for high mountain infrastructures, a technical approach to the risk is required. Quantifying the risk enables an accurate ranking of the infrastructures according to their sensitivity. For a specific infrastructure (e.g. station, pylon, gas exploder), the risk of destabilisation corresponds to the specific risk (Rs). It can be interpreted as the probability of the occurrence of the event “infrastructure destabilisation”. Specific risk can be defined by the expression (Bell et al., 2004; van Westen et al., 2005; Leone, 1996; Figure 1):

10 Rs = (PD (D*V))

11 with: • PD, the Probability of occurrence of a Destabilisation. The hazard is expressed by the probability of the occurrence of a destabilisation due to permafrost degradation and/or glacial shrinkage. PD is the product of the indexes corresponding to passive factors (Fp; factors of “predisposition” that can prepare a destabilisation), and the probability of active factor development (Pa) sufficient to lead to an instability. • D, the potential level of Damage. Vulnerability (s.s.) is assessed by the potential level of damage of the exposed element. This can be established using a scale of damage intensity and its consequences following slope movement. • V, the index of the unitary value. The stakes are measured with an index of the unitary value, which reflects the economic operating value of an infrastructure. This analysis requires a hierarchy of the exposed elements in terms of financial (cost of acquisition/ building) and/or operating (economic, functional, strategic) values.

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Figure 1 - The different components of the risk of infrastructure destabilisation in high mountains

Hazard characterisation

12 Hazard refers to the probability of occurrence of a geomorphological process due to permafrost degradation and/or glacial shrinkage, in the short (a few years) or medium (from one to three decades) term. The process differs according to the slope and the type of terrain (Harris et al., 2001). Those affecting the bedrock (e.g. large rock falls, boulder falls) are partially controlled by the slope and fracturing. In superficial deposits, processes (e.g. landslides, subsidence) are partially conditioned by the slope, the grain size and porosity. Hazard value considers the different passive factors (Fp) and the probability of active factors crossing a threshold, thus leading to destabilisation (Pa) (Figure 2).

Figure 2 - Passive and active factors that may cause slope instability in high mountains

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Passive factors (Fp)

13 Passive factors are continuously present parameters but, most of the time, they do not trigger destabilisation. There are two types: • slope angle (P), computed from a DEM and/or assessed via the geomorphological context (e.g. rock walls). Four categories of slope were created: low (P < 15°), intermediate (15° < P <36°), steep (36° < P <60°) and very steep (P > 60°); • geological and geomorphological predisposition to instability according to the terrain type. There are two categories of terrain with different geomechanical properties: loose/ superficial deposits, with more or less rough materials, and the bedrock, composed of more or less resistant and fractured rocks. A qualitative value characterises the potential instability of these terrains/rocks (Table 1).

Table 1 - Predisposition to instability of different superficial deposits and rocks

14 Quantitative assessment of all the passive factors is possible using a matrix crossing parameters (Table 2). The possibility of destabilisation with passive factors varies between 0 and 0.9 (0: impossible; 0.1: almost impossible; 0.2: unlikely; 0.4: implausible; 0.6: probable; 0.8: very likely; 0.9: almost certain).

Table 2 - Assessment matrix for passive factors (Fp)

Active factors (Pa)

15 There are two active factors, possibly combined and both sensitive to global warming, which could lead to destabilisation: • permafrost degradation, assessed by the Probability of a Destabilisation due to permafrost degradation (PDP). The estimation of permafrost presence is based on the APIM map. A value corresponding to the probability of destabilisation is associated with each type according to the supposed level of permafrost degradation (Table 3). The maximum values were placed in areas that may correspond to discontinuous permafrost because, due to generally not very negative temperatures, it is probably affected by current global warming (Ravanel and Deline, 2008). At higher elevation, continuous permafrost, which is colder, is

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more conducive to slope stability (Magnin et al., 2015). Therefore, recent slope movements and infrastructure destabilisations documented during the last few years were mainly observed in areas with discontinuous permafrost (e.g. Bellecombe chairlift in Les 2 Alpes;

Bodin et al., 2009). Regarding permafrost at lower elevation (sporadic permafrost), caused by very specific geomorphological and topoclimatic conditions, this should be less sensitive to current global warming (Scapozza et al., 2011). Only very limited destabilisation can occur.

Table 3 – Assessment of destabilisation probability due to permafrost degradation

• glacial shrinkage, assessed by a Destabilisation Probability due to Glacial shrinkage (PDG) in the recently deglaciated areas, but also in areas affected by glacial debuttressing. The assessment of the probability of these “paraglacial” destabilisations (Ballantyne, 2013) is based on several glacial buffers since the end of the LIA to the current period (Figure 3). For example, a 25-m buffer around the glacial extension of 1967-1971 was used to consider the possible instabilities triggered by the glacial retreat. It should be noted that the infrastructures currently located on glaciers are adapted to their movements.

Figure 3 – Assessment of the probability of “paraglacial” destabilisation

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16 In the case of the combination of these two processes, PDP and PDG are crossed using a matrix (Table 4).

Table 4 – Matrix for active factors (Pa) crossing Destabilisation Probability due to permafrost degradation (PDP) and the Destabilisation Probability due to glacial shrinkage (PDG)

Diagnosis of vulnerability

17 Infrastructure vulnerability following slope movement can be characterised by considering the potential level of damage (vulnerability s.s.) and the economic or financial value of these elements (stakes).

Vulnerability s.s. (D)

18 The potential damage rate (or vulnerability) expresses the interaction between a process and an element at risk in terms of mode and level of damage (Leone, 1996). This damage (D) can be established with a scale of damage intensity (ID) by assessing the sensitivity of the infrastructure to instability, and its consequences.

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Figure 4 – Relationship between the sensitivity and consequences of the infrastructure in the case of instability (Boomer et al., 2010 modified)

19 In a diagram crossing sensitivity and consequences (Figure 4), infrastructures at risk are classified according to a scale of damage intensity (ID) from I to IV. These quadrants reflect the different levels and modes of damage to infrastructures exposed to the processes resulting from permafrost degradation and/or glacial shrinkage (Table 5). Quantification of damage modes is based on the damage level (i.e. the degree of potential loss of the infrastructure) with a value ranging from 0.2 to 0.8.

Table 5 – Typology of damage modes and potential damage level for the infrastructure

(Leone et al., 1996, modified).

Stakes (V)

20 The vulnerability analysis requires a hierarchy of the exposed elements (or stakes) in terms of financial (cost of acquisition or building) and operating (economic, strategic,

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functional) values to determine the infrastructure weight for operators. An index of unitary value V of the exposed elements allows a comparison of infrastructures. The knowledge of the financial value of an infrastructure or an estimate of its capacity enables the operating value of a similar infrastructure to be assessed more precisely. Nevertheless, the construction of this index generally results from a subjective evaluation (Table 6).

Table 6 – Determination of the index value of different infrastructures

Specific Risk assessment

21 Crossing hazard characterisation and vulnerability diagnosis allows the construction of a risk index reflecting the degree of risk of destabilisation (Table 7). Infrastructures were classified according to their degree of risk, from low to very high. This index was completed by a qualitative stability definition for infrastructure, from rather stable to possible generalised destabilisation.

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Table 7 – Risk index of infrastructure destabilisation in high mountains

Risk index application

22 The 1,769 infrastructures in the French Alps were classified by applying the risk index. They are mostly located in the Vanoise (59 %), Ecrins-Oisans (19 %) and Mont Blanc (5 %) massifs, and are mainly concentrated in the high-altitude ski resorts: Val d'Isère, Val Thorens, Tignes, La Plagne; Les Arcs, les Deux Alpes, Alpe d'Huez; La Grave and Chamonix, respectively (Figure 5). 75 % of these infrastructures are ski lifts. 10 % of them are characterised by a high risk of destabilisation. No infrastructure is currently characterised by a very high risk.

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Figure 5 – Location of the infrastructures at risk in the ski resorts of the French Alps

Preliminary validation of the risk index

23 The risk index of infrastructure destabilisation was compared to three detailed inventories of damage in Les Ecrins, Val Thorens and Les Arcs. Field observations in La Plagne, Val d'Isère and Tignes were also considered. This allowed an initial assessment of the reliability of the risk index. It was validated by 10 infrastructures characterised by a high risk, presenting damage and requiring work. However, some more detailed inventories of damage are needed to confirm the index.

24 Among the most risky fifteen infrastructures (characterised by a high risk of destabilisation) are the pylon and arrival station of Bellecombe chairlift (Les Deux Alpes), and the Cosmiques hut and the top station of the Aiguille du Midi cable car (Chamonix). The case of the Cosmiques hut (Figure 6) confirms the index because its foundations were destabilised in 1998 due to a large rock fall event (Ravanel et al., 2013).

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Figure 6 – a: Infrastructures of the Aiguille du Midi area (3848 m a.s.l.). b: Large rock fall under the Cosmiques hut in August 1998 (A. Sage)

Discussion

25 This study has identified many infrastructures potentially at risk in the French Alps. Nevertheless, this work has various methodological limitations that future research should solve.

26 For example, the risk index could be improved through a better interpretation of the hazard. The assessment of the local distribution and thermal state of permafrost are unclear. The APIM layer is the result of permafrost modelling over the whole Alps. Its reliability is imprecise and is, therefore, a source of errors in the evaluation of PDP. The ASTER GDEM v.2 could lead to an overestimation of the gentle slopes and an underestimation of the very steep slopes due to its resolution of about 27 m in the Alps. The use of a more precise DTM could refine these slope angles to improve the characterisation of passive factors.

27 The diagnosis of vulnerability (s.l.) should be completed by taking into account possible reinforcement works or geotechnical solutions. This approach should assess the response capability of managers, and thus the resilience.

Concluding remarks

28 This study is part of a programme of prevention and monitoring of the impacts of global warming in the French Alps.

29 1,769 infrastructures were identified and, by applying the risk index of destabilisation, they were classified according to their degree of risk ranging from low (159 infrastructures) to high (185), or very high (0, currently). A first validation of the index based on inventories of damage and observations was undertaken. The realisation of new inventories of damage will determine whether the index underestimates or overestimates the risk.

30 An improvement would be to take into account the geomorphological evolution of the terrain on which the infrastructures are located, in order to specify risk levels together with the magnitude and consequences of potential destabilisations in the context of global warming.

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ABSTRACTS

Due to ongoing global warming, high alpine environments are affected by significant changes, such as glacial retreat and permafrost warming, which can trigger mass movements in rock slopes or superficial deposits. These processes generate a risk of direct destabilisation for high mountain infrastructures (huts, cable cars, etc.). To help prevent such risks, an inventory of all the high mountain infrastructures in the French Alps was carried out using a Geographic Information System. This combined several data layers, including the Alpine Permafrost Index Map and glacier inventories since the end of the Little Ice Age. 1,769 infrastructures were identified in areas probably characterised by permafrost and/or possibly affected by glacier shrinkage. An index of destabilisation risk was constructed to identify and rank infrastructures at risk. This theoretical risk index includes a characterisation of hazards and a diagnosis of vulnerability. 10 % of the infrastructures were characterised by a high risk of destabilisation.

INDEX

Keywords: high mountain infrastructure, risk index, permafrost degradation, glacier shrinkage, French Alps

AUTHORS

PIERRE-ALLAIN DUVILLARD Laboratoire EDYTEM, Université de Savoie, CNRS, Le Bourget-du-Lac, France. IMSRN, Parc Pré Millet - 680 Rue Aristide Bergès, 38330 Montbonnot, France.

LUDOVIC RAVANEL Laboratoire EDYTEM, Université de Savoie, CNRS, Le Bourget-du-Lac, France.

PHILIP DELINE Laboratoire EDYTEM, Université de Savoie, CNRS, Le Bourget-du-Lac, France.

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Stratégies d’adaptation des producteurs du Safran de Taliouine (Maroc) face au changement climatique

Larbi Aziz et Widad Sadok

Introduction

1 Au Maroc les zones de montagne s’étendent sur 187 741 km2, soit près de 26 % du territoire national. Elles abritent 7 548 000 habitants, soit près de 30 % de la population avec une densité1 de 40 hab/km² (FIDA, 2014). Elles renferment de nombreuses potentialités agricoles, forestières, pastorales, minières qui jouent des rôles primordiaux dans la vie des populations rurales et dans l’économie du pays.

2 Les systèmes de production dans ces zones sont caractérisés par une diversification des cultures et une intégration (au niveau de l’exploitation agricole) entre les cultures annuelles, l’arboriculture et l’élevage. Mais ces zones sont actuellement menacées par l’érosion et la désertification et sont depuis ces vingt dernières années devenues vulnérables aux effets du changement climatique2 (FIDA, 2014). En fait, au niveau national, les projections climatiques diffusées par différentes institutions (FAO, Banque Mondiale, INRA, etc.) indiquent une fréquence accrue d’événements extrêmes, une croissance progressive de l’aridité en raison de la diminution des précipitations (de -10 à -20 %) et de l’augmentation des températures (de +2 à +3°C) (Schilling et al., 2012). Les phénomènes climatiques extrêmes (inondations, grêle, etc.) occasionnent de nombreux dégâts sur les cultures et affectent le plus souvent le capital productif des petits agriculteurs, des éleveurs et l’accélération de la dégradation des ressources naturelles (FIDA, 2014). En fait, les effets négatifs sur les rendements, en particulier à partir de 2030, sont évalués par l’ICARDA à hauteur de 15 à 20 % de réduction (Dahanet et al. 2012).

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3 Pour faire face à ces situations, les populations locales, et notamment celles des montagnes, ont développé des stratégies d’adaptation se rapportant à un changement de procédures, de pratiques et de structures visant à limiter ou à effacer les dommages potentiels ou à tirer bénéfice des opportunités créées par la variabilité et les changements climatiques (Brodhag et al., 2009). Pour analyser ces stratégies, nous avons effectué une étude au niveau de l’Anti-Atlas dans la zone de Taliouine au sud du Maroc.

Figure 1 : Carte de localisation de Taliouine

4 Nous avons choisi de travailler sur l’agriculture puisqu’elle constitue le principal pilier de l’économie locale. Et pour illustrer la vulnérabilité de la petite agriculture montagnarde face au changement climatique, notre choix a porté sur la culture du safran. Elle constitue l’un des principaux supports de l’économie de cette région (Garcin et Carral, 2007) et fait la spécificité de Taliouine au niveau national. Elle est exigeante en eau et constitue la culture la plus rentable dans la zone puisqu’elle est l’épice la plus chère au monde (Gresta et al., 2008 ; Aït Oubahou et El Otmani, 2002). En outre, le safran fait figure de nouvelle ressource territoriale, susceptible de faire émerger une nouvelle destination touristique (Landel et al. , 2014). Il est devenu représentatif d’une identité culturelle locale basée essentiellement sur un savoir local relatif à la conduite technique de la culture et à son adaptation aux conditions changeantes du milieu. Comment donc les producteurs du safran s’adaptent-ils au changement climatique qui affecte la zone afin de maintenir les dynamiques locales en cours ? Cette contribution se propose d’identifier les connaissances mobilisées par les agriculteurs à Taliouine dans la construction des mécanismes de résilience. Nous partons de l’hypothèse de la construction de connaissances nouvelles, issues de l’imbrication de connaissances « techniques » importées et de connaissances traditionnelles héritées des générations anciennes.

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Méthodologie

Présentation de la zone d’étude

5 Sur le plan administratif, Taliouine appartient à la province de Taroudant, région Souss-Massa. Par rapport au découpage agricole, elle fait partie de la zone d’action de l’Office régional de la mise en valeur agricole d’Ouarzazate (ORMVAO). Elle est limitée au nord par la province d’El Haouz, à l’ouest par Aoulouz (Province de Taroudant) à l’est par Taznakht (Province d’Ouarzazate) et au sud par la province de Tata. Sa population totale est de 63 784 habitants répartis sur 9100 foyers et 297 douars (ORMVAO, non daté). La zone est principalement montagneuse ; la SAU3 ne dépasse guère 9645 ha dont 5985 ha en pluvial et 3030 ha en irrigué. Les sols dominants sont de type argilo-calcaire, sablo-limoneux ou argilo-limoneux.

Figure 2 : Extrait d’image Google Earth de la zone de Taliouine

6 Le climat de Taliouine est dit « de steppe » : quelle que soit la période de l’année, il y a peu de précipitations (climat de type BSk selon la classification de Köppen-Geiger). Taliouine a une température annuelle moyenne de 17,4 °C. Les précipitations annuelles moyennes sont de 317 mm. Des précipitations moyennes de 1 mm font du mois de Juillet le plus sec de l’année. Le mois de novembre, avec une moyenne de 47 mm, est celui où les précipitations sont les plus importantes.4

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Figure 3 : Climat et diagramme ombro-thermique pour Taliouine

7 La population locale pratique une agriculture vivrière basée sur la céréaliculture (orge, blé dur et blé tendre), la culture du safran, le maraîchage (pomme de terre, oignon, carottes, navets, tomate, ail,…), les cultures fourragères, principalement la luzerne et l’arboriculture notamment l’amandier et l’olivier. 52 % des exploitations ne dépassent pas une taille de 1 ha divisée en petites parcelles de 500 à 1300 m² (ORMVAO, non daté). L’irrigation est limitée pour les parcelles entourant les sources d’eau, les oueds et les puits privés. Ce système de production végétale est associé à un élevage extensif principalement ovin et caprin.

Outils d’investigation

8 Dans la zone de Taliouine, la culture du safran est répartie sur huit communes rurales (CR) situées à des altitudes variant de 1200 m à plus de 2000 m. Nous avons travaillé sur deux communes rurales : la CR Sidi Hssain et la CR Agadir Melloul. La première est située dans la zone agro-écologique de basse altitude (1500-1600 m) alors que la deuxième appartient à la zone agro-écologique de moyenne altitude (1700-1800 m). L’introduction du safran dans ces deux communes est très ancienne, ce qui explique le fort attachement historique et culturel de la population à cette culture. Nous avons enquêté par questionnaire auprès de 60 agriculteurs choisis de manière aléatoire et par guide d’entretien semi-structuré auprès d’un certain nombre d’acteurs de la filière safran.

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Figure 4 : Les différents acteurs interviewés

Caractéristiques socio-économiques des agriculteurs enquêtés

9 La caractérisation de nos enquêtés contribue à comprendre et relier les différents éléments explicatifs des dynamiques locales. Ainsi, notre échantillon est caractérisé par une moyenne d’âge de 55 ans : l’agriculteur le plus âgé a 83 ans tandis que le plus jeune a 32 ans et la grande partie des enquêtés a un âge compris entre 50 et 70 ans. Pour le niveau scolaire, 53 % des enquêtés sont passés par l’école primaire, 27 % ont reçu une scolarité traditionnelle au sein des écoles coraniques, 13 % sont illettrés et seulement 7 % des agriculteurs ont atteint le niveau secondaire.

10 Au niveau des deux communes enquêtées, l’activité économique des interviewés est dominée par l’agriculture et l’élevage (84 %) et l’activité principale génératrice de revenus reste la commercialisation du safran. Les activités agricoles sont réalisées collectivement par les hommes et les femmes, mais il existe une division du travail selon le genre au sein de la communauté. Particulièrement pour la culture du safran, la récolte des bulbes, le travail du sol, le semis, la fertilisation et l’irrigation sont des tâches essentiellement masculines. Quant aux femmes, elles s’occupent de l’arrachage des bulbes, du désherbage, de la collecte des fleurs (la récolte), de l’émondage (séparation des filaments de la fleur), du séchage et de la coupe des feuilles sèches du safran. En fait, la récolte et l’émondage sont des tâches pénibles pour les femmes et occupent toute leurs journées.

11 Le mouvement associatif est très dynamique dans la zone, attestant d’un riche capital social caractérisé par la solidarité entre les membres de la communauté locale, ce qui traduit une forte intensité de rapports de proximité caractérisant l’agriculture des montagnes marocaines. Ces rapports sont dus au fait que ces agriculteurs partagent encore largement un même héritage culturel, les mêmes coutumes, l’usage et la gestion des ressources naturelles. Ce partage entraîne une forte proximité entre les agriculteurs. Ils résultent d’un capital confiance issu de relations interpersonnelles développées sur le long terme.

12 La subdivision agricole5 de Taliouine dénombre dans la zone 44 Associations des usagers d’eau agricole (AUEA), 2 fédérations des AUEA, 3 associations agricoles, 3 coopératives féminines d’extraction de l’huile d’argan et 10 coopératives du safran nouvellement créées et organisées en un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) du safran. Ces organisations professionnelles agricoles (OPA) ont été aussi impulsées par les structures gouvernementales dans le cadre d’une stratégie visant particulièrement

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l’association effective des usagers des eaux agricoles à la gestion rationnelle de l’eau d’irrigation et l’organisation des petits agriculteurs en coopératives de production du safran. Le développement du circuit des coopératives est une alternative intéressante pour atteindre les marchés de haute valeur et réduire l’écart entre le prix payé au producteur (qui n’en profite pas assez) et le prix du marché (qui profite le plus aux intermédiaires et aux industriels). Parallèlement, et pour relocaliser la plus-value au niveau régional et protéger le producteur et la production (garantie de qualité aussi), le safran a bénéficié depuis 2010 d’une labellisation AOP6 « Safran de Taliouine ». De même, il y a eu la création à Taliouine de la « Maison du safran » (comportant un laboratoire de qualité, une unité de conditionnement et un hall de commercialisation) qui servira de bourse pour la commercialisation du safran labellisé. Ainsi, le safran joue le rôle d’une ressource territoriale qui est à l’origine de la création d’emplois et d’amélioration des revenus des populations locales.

13 Cette tendance à l’organisation se retrouve aussi au niveau de l’échantillon sur lequel nous avons travaillé. En effet, 84 % des enquêtées sont engagés dans une OPA dont 56 % sont adhérents à une coopérative, 12 % à une association et 32 % à la fois à une association et à une coopérative.

Figure 5 : Une coopérative de Taliouine au Salon International de l’Agriculture de Meknès (Maroc)

Photo : L. Aziz, 2014

Caractéristiques des exploitations agricoles de la zone

14 En basse comme en moyenne altitudes, les exploitations sont de petites tailles ; 40 % des agriculteurs ont des petites superficies ne dépassant pas 5 ha, alors que ceux disposant de moyennes superficies (entre 5 et 10 ha) et de grandes superficies (plus de 10 ha)

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représentent respectivement 23 % et 37 % des enquêtés. Cette dominance de la petite exploitation se répercute aussi sur la superficie allouée au safran ; celle-ci reste relativement limitée et procure des revenus non négligeables aux producteurs. En effet, 83 % des enquêtés réservent des superficies inférieures ou égales à 1 ha pour cette culture, alors que 17 % d’entre eux lui réservent une superficie entre 1 et 2 ha. Les parcelles sont situées sur des terrasses construites dans le sens des courbes de niveau des pentes afin de lutter contre les pertes en eau et en sol. Ceci traduit la richesse du savoir local qui porte ici non seulement sur la production mais aussi sur la conservation des facteurs clés de cette production (sol et eau). Cette pratique de terrasses assure la durabilité des systèmes de production de cette région (Aboudrare, 2009). Les rendements varient en fonction des saisons entre 5 à 6 kg/ha.

15 Le statut juridique des terres est dominé principalement par le Melk (privé) qui représente environ 83 % alors que les 17 % restants concernent des terres en collectif. Trois quarts des enquêtés continuent toujours à utiliser du matériel traditionnel pour la réalisation de leurs activités agricoles, alors que l’autre quart utilise du matériel moderne (tracteur et charrues, moissonneuse batteuse, matériel de séchage du safran, etc.). Comme la culture du safran est exigeante en eau, la plupart de nos enquêtés disposent de puits au niveau de leurs exploitations.

Conduite technique du safran

16 Bien que le Maroc soit un petit producteur (3 tonnes, 1,5 % de la production mondiale), son safran est hautement réputé au niveau national et international (Lage et Cantrell, 2009). Fiers de la qualité de leur safran, les producteurs enquêtés conduisent cette culture selon un train technique qu’ils ont hérité d’une génération à l’autre et dont les principales opérations sont décrites ci-dessous.

Le travail du sol

17 Le travail du sol vise à préparer le sol qui recevra les bulbes du safran. Ainsi, les agriculteurs pratiquent un labour profond à la houe puis, au moment de la plantation proprement dite, ils réalisent des sillons d’une profondeur de 8 à 10 cm. Ce savoir local concorde largement avec le savoir technique. En effet, selon Aboudrar et al., (2011), un labour croisé et profond de 30 à 35 cm est nécessaire pour faciliter la préparation du terrain. Ce premier labour est nécessaire pour l’enfouissement de la matière organique. Pour les mêmes auteurs, l’épandage du fumier devrait être effectué avant le travail du sol. Il est recommandé que celui-ci soit réalisé précocement, de préférence en début d’été, juste après la récolte de la culture précédente (mai à juillet) et plusieurs semaines avant la plantation. Un second labour est réalisé juste avant la plantation et permet la préparation du lit de semences et l’élimination des plantes adventices.

18 Par la suite, les agriculteurs apportent du fumier « amazir7» des bovins. Ils n’utilisent pas celui des ovins car, selon eux, il augmente la température des bulbes et cause leur brulage. Les agriculteurs trouvent que l’apport de fumier suffit et la culture n’a pas besoins de fertilisants chimiques. Aboudrar et al. (2011) vont dans ce sens et notent que le recours aux engrais chimiques n’est pas recommandé si la fertilisation organique est bien raisonnée et que la fertilité du sol n’est pas menacée. Par ailleurs, pour la

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production biologique du safran, le GIE exige de ses adhérents de n’utiliser ni engrais ni produits chimiques.

La plantation

19 Les agriculteurs enquêtés plantent les bulbes du safran en mi-septembre. Bien que sur le plan technique, les plantations précoces d’été aboutissent à l’amélioration de la productivité de la culture sur les plans quantitatif et qualitatif (Aboudrare et al., 2011).

Figure 6 : Les bulbes du Safran distribuées par l’ORMVAO aux producteurs

Photo : W. Sadok, 2013

L’irrigation

20 Selon nos enquêtés, l’irrigation dépend des précipitations. Les stades critiques de la culture sont la floraison (octobre) et la période reproductive (mars-avril) avec une fréquence d’une à deux irrigations par mois. Ainsi, et en l’absence de précipitations, les agriculteurs irriguent deux semaines avant la floraison et deux fois en début de floraison (mi-octobre). La méthode d’irrigation gravitaire en planches est la plus pratiquée par les agriculteurs enquêtés.

La récolte

21 Elle se fait par la cueillette des fleurs à l’aube avant leur exposition au soleil. La durée de récolte dépend de la quantité de fleurs à collecter et de la main d’œuvre féminine disponible.

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Les perceptions des agriculteurs vis-à-vis du changement climatique

22 A l’instar des autres territoires du Maroc, la région de Taliouine connaît des perturbations climatiques qui sont ressenties par la population locale. Ainsi, 96 % des agriculteurs enquêtés ont noté des variations au niveau du climat de la région. Ces variations concernent l’augmentation des températures, la diminution des précipitations et des quantités de neige au niveau des montagnes. En effet, ces agriculteurs affirment qu’ils ont remarqué une diminution notable des précipitations ces dernières années sachant qu’il y a eu toujours des séries d’années plus ou moins sèches dans cette région. Notamment, ils ont observé (surtout les plus âgés) une irrégularité des précipitations se traduisant par une arrivée tardive ou une fin précoce des pluies et leur mauvaise répartition sur l’année. De même ils ont noté une augmentation des températures. Pour eux, le régime des températures était assez régulier d’une année à l’autre ; elles atteignent localement 45°C (mois de juillet) et les températures les plus élevées sont enregistrées de juin à août. Ces variations ont été confirmées par les membres du GIE pour qui les tendances et les impacts climatiques observés au fil des années montrent que le changement climatique est bien une réalité au niveau de la région. Ceci est aussi confirmé par les autres acteurs locaux notamment l’association Migrations et Développement.

Effets des changements produits au niveau du climat de la région sur la filière safran et sur la population locale

23 Les changements climatiques enregistrés ont créé chez les agriculteurs certaines inquiétudes par rapport à leurs productions agricoles. D’ores et déjà, 77 % des agriculteurs enquêtés ont noté une baisse de la production annuelle du safran. Pour ces agriculteurs, l’élévation de la température enregistrée ces dernières années a engendré une augmentation de l’évapotranspiration, causant le dessèchement des bulbes du safran et affectant leur reproduction. Indirectement, ceci se répercute sur la productivité et la qualité des filaments du safran. D’autre part, les hautes températures du mois de septembre enregistrées ces dernières années ont affecté la floraison de la culture.

24 En hiver, la gelée et le froid causent souvent des dommages aux cultures et au safran en particulier. D’après les agriculteurs enquêtés, le safran tolère pourtant les basses températures. Gresta et al. (2008) notent que la culture supporte bien des températures très sévères, pouvant atteindre jusqu’à 40ºC en été et -18ºC en hiver. Mais ces problèmes sont devenus plus importants ces dernières années et affectent négativement la culture pendant la période de floraison. Aït Oubahou et El Otmani (2002) trouvent que la neige peut causer des dommages significatifs sur les fleurs et les feuilles du safran. Par ailleurs, les agriculteurs ont relevé que si les températures sont devenues de plus en plus basses, la période du froid est devenue de plus en plus courte avec une baisse de la quantité de neige tombée.

25 Concrètement, le manque de précipitations a engendré une baisse des rendements agricoles, des pertes au niveau du cheptel, un tarissement des cours d’eau, et par

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conséquent la baisse des revenus des agriculteurs. Ce qui traduit la vulnérabilité de ces populations montagnardes et de leur agriculture vis-à-vis des variations climatiques enregistrées. Particulièrement pour le safran, le tarissement des points d’eau et la baisse du niveau de la nappe phréatique ont réduit les doses d’irrigation à apporter à la culture. Ce déficit en eau couplé avec la hausse de température au moment de la floraison retardent celle-ci et perturbent, par conséquent, le cycle biologique de la culture.

26 Ces différents effets enregistrés au niveau du secteur agricole ont eu des conséquences négatives sur le tissu socio-économique local. En fait, face à une diminution des revenus des ménages, les jeunes partent à la recherche d’autres sources de revenus au niveau des villes les plus proches (Agadir, Taroudant, Tata et Ouarzazate). Dialectiquement, cet exode rural se répercute négativement sur le safran puisqu’il entraine un déficit en main d’œuvre pourtant très demandée pour la production de cette culture. En outre, les locaux trouvent que les dernières dynamiques locales engendrées par la mise en valeur du safran en tant que ressource territoriale risqueraient de s’effondrer. C’est pourquoi ils ont cherché à mettre en œuvre des pratiques leur permettant de s’adapter à ces nouvelles donnes.

Les stratégies adoptées par les agriculteurs pour faire face aux changements climatiques

27 Eu regard de ce contexte d’incertitude autour de la ressource en eau et d’accroissement des difficultés de commercialisation, la recherche d’options viables aussi bien en agriculture que dans d’autres secteurs est une préoccupation quotidienne pour les agriculteurs locaux. Ceci a amené les agriculteurs des deux communes étudiées à adopter différentes stratégies pour s’adapter aux nouvelles donnes. Ainsi, 60 % des interviewés déclarent avoir mis en place des actions pour préserver la ressource eau. Il s’agit de la reconversion du système d’irrigation gravitaire en irrigation localisée (le « goutte-à-goutte ») qui assure davantage d’économie en eau, en main d’œuvre et en temps. Ils ont ainsi bénéficié des subventions accordées par l’État pour une telle reconversion. Pour les mêmes raisons, ils ont procédé à la réhabilitation des systèmes traditionnels d’irrigation « khetaras », tandis que 30 % des agriculteurs ont opté pour le creusement de nouveaux puits ou pour l’aménagement des puits existants afin de capter l’eau plus en profondeur. Ces agriculteurs trouvent que le système d’irrigation « goutte à goutte » n’est pas adapté au safran, et c’est pourquoi certains d’entre eux préfèrent diminuer la superficie irriguée sur l’ensemble de l’exploitation et comptent sur les sources et les « khetaras ».

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Figure 7 : Une parcelle de safran irriguée par un système « goutte à goutte »

Photo : W. Sadok, 2013

28 Une analyse plus précise montre que le problème ne réside pas seulement en un manque d’eau, mais aussi en une mauvaise gestion de cette eau. En fait, dans ces périmètres traditionnels anciens, les ouvrages de mobilisation des ressources en eau sont souvent dans un état délabré. Les réseaux de distribution de l’eau sont souvent en terre, ce qui entraîne des pertes d’eau par infiltration ; même dans les cas de canaux revêtus, le revêtement est souvent fissuré ou détérioré, nécessitant des réparations.

29 Pourtant, 10 % des agriculteurs, en particulier les jeunes membres des organisations professionnelles, ont apporté des changements au niveau de la conduite technique de la culture : • le changement de la date de semis (septembre au lieu de juillet) pour éviter le dessèchement des bulbes ; • le changement des périodes d’irrigation (pour éviter la gelée) et l’augmentation de la fréquence des irrigations en cas d’absence de précipitations ; • la pratique de la récolte échelonnée pour éviter les problèmes liés à l’indisponibilité de la main d’œuvre durant la période des récoltes ; • l’extraction des bulbes à la 5ème année (à cause de l’augmentation des températures) et leur plantation dans une autre parcelle plus aérée au lieu de les laisser plus de 7 ans, sur la même parcelle, en conditions normales du climat.

30 Ces nouvelles pratiques sont aussi le fruit des interventions des acteurs d’encadrement (ORMVAO, FAO, INRA, Migration et Développement, etc.) des organisations professionnelles locales. Celles-ci arrivent donc à incorporer de nouvelles connaissances « techniques » au patrimoine cognitif local attestant ainsi de l’ouverture du savoir local sur le savoir « exogène ».

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31 Par ailleurs, pendant les récoltes du safran, d’autres agriculteurs, en vue de diminuer les dépenses, procèdent à la réduction des actifs travaillant dans l’exploitation agricole en remplaçant la main d’œuvre salariale par une main d'œuvre familiale. Ils ont également recours à l’entraide entre familles, car la production du safran nécessite un travail manuel important, en particulier pour la récolte des fleurs et l’émondage (Gresta et al., 2008, Wyeth et Malik, 2008).

32 Mais si ces actions sont entreprises par des agriculteurs relativement jeunes, les 2/3 des agriculteurs enquêtés (surtout les plus âgés) préfèrent ne pas changer la conduite technique qu’ils ont héritée de leurs parents.

33 Le recours à l’élevage et à la polyculture est aussi l’une des stratégies adoptées par les agriculteurs de la région afin d’améliorer leur revenu et parfois pour combler les besoins en alimentation. Selon un responsable au niveau de la subdivision agricole de Taliouine, les agriculteurs s’adonnent notamment à la culture des céréales (dominées par l’orge, suivie du blé et du maïs irrigué) et ont introduit de nouvelles plantations. Il précise que « l’olivier et l’amandier apparaissent dans les basses vallées et le noyer est cultivé dans les hautes vallées. En outre, nous assistons à l’apparition de quelques vergers modernes : l’olivier (20 ha), l’amandier (35 ha) et le pommier sélectionné (35 ha) à Agadir Melloul ; alors qu’il y a plantation de l’amandier (15 ha) à Sidi Hssaine ». L’élevage constitue une trésorerie familiale. Il se caractérise par l’abondance de la race ovine Siroua, qui fait la renommée des zones du safran tant par la qualité de sa viande que pour sa production d’une laine de qualité.

Conclusion

34 Les résultats de cette étude montrent que les petits agriculteurs des zones des montagnes de l’Anti-Atlas, travaillant sur des terres de petites tailles, marginalisées et dégradées, sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques en cours. Pourtant, comme leurs aïeuls, ils continuent à observer les variations de leur milieu et à s’y adapter. Face aux changements climatiques ils ont adopté des stratégies d’adaptation résilientes résultant de la construction d’une « nouvelle » intelligence collective basée sur l’intégration de connaissances « techniques » importées aux connaissances locales héritées. Ces stratégies concernent la révision de certaines techniques culturales du safran, l’adoption de la polyculture, le recours au commerce, au salariat agricole et l’introduction de nouvelles technologies. La diversification des économies locales, et la manne migratoire en particulier, ont donné aussi de nouvelles opportunités aux agriculteurs pour diversifier leurs sources de revenu.

35 Mais ces adaptations ne constituent que des réponses ponctuelles à ces variations du climat local. En fait, il s’agit de passer d’une adaptation spontanée à une adaptation planifiée au sens de Brodhag et al. (2009). En effet, il devient primordial de pouvoir anticiper les événements afin d’agir de manière préventive au lieu d’attendre la matérialisation des effets de ces changements et d’agir de manière curative. En fait, il est nécessaire d’accompagner l’agriculture locale, surtout le safran qui est la culture la plus rentable et la plus capable de créer de la richesse au niveau local, pour qu’elle soit plus productive et plus résistante aux différents risques, y compris ceux inhérents aux changements climatiques. Sans cet accompagnement, toute la construction identitaire et de développement du territoire de Taliouine autour de la culture du safran, comme ressource autour de laquelle se montent des activités de valorisation du territoire

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(tourisme, patrimoine culturel, etc.) risque de tomber à l'eau. C’est pourquoi de nombreuses actions doivent être menées pour aboutir au développement escompté, notamment : l’application des bonnes pratiques de conduite technique du safran développées par la recherche et qui sont résilientes au changement climatique en valorisant les expériences réussies de certains producteurs locaux ; l’amélioration des pratiques de récolte, de post-récolte et de conditionnement de la production ; l’accompagnement des producteurs et leurs organisation dans la mise en œuvre de la labellisation AOP et l'appui à la « Maison du safran » pour qu'elle joue pleinement son rôle ; la mise en place de mécanismes permettant la régulation du marché du safran pour qu’il soit plus profitable aux ménages locaux afin d’améliorer leur revenu et ainsi éviter l’émigration des jeunes dont le changement climatique est déjà en partie responsable.

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WYETH P., MALIK N., 2008.– A strategy for promoting Afghan saffron exports, Report, Afghanistan, ICARDA and Washington State University.

NOTES

1. La densité moyenne nationale est estimée à 37 ha/km². 2. Le changement climatique est considéré ici comme l’ensemble des variations des caractéristiques climatiques en un endroit donné, au cours du temps, dues à des processus intrinsèques à la Terre ou qui résultent d’activités humaines (PNUD, 2012). 3. Superficie agricole utile 4. source : CLIMATE-DATA.ORG, http://fr.climate-data.org/location/37264/ 5. Entité administrative locale relevant de l’Office régional de la mise en valeur agricole d’Ouarzazate (entité régionale agricole du Ministère de l’Agriculture) chargée de l’encadrement et de l’appui technique des agriculteurs et de la gestion de l’eau d’irrigation. 6. Appellation d’origine protégée. 7. En langue amazigh locale.

RÉSUMÉS

Au Maroc les zones de montagne s’étendent sur près de 26 % du territoire national et abritent 30 % de la population. Elles renferment de nombreuses potentialités agricoles, forestières, pastorales et minières. Les systèmes de production dans ces zones sont caractérisés par une

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diversification des cultures. Toutefois, ces zones sont devenues vulnérables aux effets du changement climatique. Pour appréhender ces effets auprès des populations montagnardes, nous avons effectué une étude au niveau de l’Anti-Atlas dans la zone de Taliouine. Nous avons analysé la vulnérabilité des productions végétales au changement climatique et avons relevé les formes d’adaptation adoptées par les agriculteurs. Nous avons travaillé sur le safran, culture exigeante en eau mais la plus rentable dans la zone. Nos résultats montrent que la majorité des enquêtés ont senti des variations au niveau du climat de la région : irrégularité des précipitations se traduisant par une diminution en quantité et une mauvaise répartition sur l’année, élévation de la température, réduction de la période de froid et diminution de la quantité des neiges. Ces variations se sont répercutées sur la culture du safran et sur sa productivité. Pour faire face à ces effets, les agriculteurs ont adopté différentes stratégies : la gestion et l’utilisation de l’eau, la diversification des activités agricoles, l’augmentation de la part de l’activité non agricole dans la formation du revenu et la migration saisonnière.

In Morocco, the mountainous regions extend over about 26% of the national territory where 30% of the total population live. They contain opportunities for agriculture, forestry, pastureland and mining. The production systems in these zones are characterised by crop diversification. However, these areas have become vulnerable to the effects of climate change. To understand these effects in relation to the population living in these areas, a study was carried out in the zone of Taliouine, in the Anti-Atlas. The vulnerability of crop productions to climate change was analysed and the different ways of adaptation adopted by farmers were identified. The work was done on saffron, the most profitable crop in the target area even though it requires much water. Our results show that the majority of the farmers surveyed had noticed variations in the climate of the region: irregularity of precipitation leading to a decrease in quantity and an uneven distribution throughout the year; rise in temperature; reduction in the cold period and less snow. These variations had impacts on the cropping system of saffron and its productivity. To cope with these effects, the farmers adopted various strategies: better management and use of water; diversification of agricultural activities; increase in the contribution of non-agricultural activities to their gross income; and seasonal migration.

INDEX

Mots-clés : changement climatique, Taliouine, safran, perceptions, stratégies d’adaptation Keywords : climate change, Taliouine, saffron, perceptions, adaptation strategies

AUTEURS

LARBI AZIZ Enseignant-chercheur, Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès, Maroc.

WIDAD SADOK Ingénieur agronome, Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès, Maroc

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Strategies used by the saffron producers of Taliouine (Morocco) to adapt to climate change

Larbi Aziz and Widad Sadok

Introduction

1 In Morocco, the mountainous regions extend over 187,741 km2, which is about 26% of the national territory. Approximately 7,548,000 inhabitants live in these areas, which is about 30% of the country’s total population, with a density1 of 40 inhab/km² (IFAD, 2014). They contain opportunities for agriculture, forestry, pastureland and mining, which play essential roles in the life of the rural populations and in the economy of the country.

2 The production systems in these zones are characterised by crop diversification and the integration (at the farm level) of annual crops, fruit trees and livestock. However, these zones are currently threatened by erosion and desertification and, during the last 20 years, they have become vulnerable to the effects of climate change2 (IFAD, 2014). In fact, at the national level, the climatic projections listed by various institutions (FAO, World Bank, INRA, etc.) indicate a greater frequency of extreme events and progressive growth of aridity because of the decrease in precipitation (from -10 to -20%) and the increase in temperature (from +2 to +3°C) (Schilling et al., 2012). Extreme climatic phenomena (floods, hail, etc.) cause much damage to crops and often affect the productive capital of small farmers and herders and accelerate the degradation of natural resources (IFAD, 2014). In fact, the negative effects on yields, in particular from 2030, are estimated by ICARDA to be in the range of a 15 to 20% reduction (Dahanet et al., 2012).

3 To cope with these situations, local populations, particularly those in the mountainous regions, have developed adaptation strategies involving a change in procedures, practices and structures to limit or eradicate the potential damage or to benefit from opportunities provided by the variability and climate change (Brodhag et al., 2009). To

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analyse these strategies, a study was carried out in the zone of Taliouine in the Anti- Atlas, south of Morocco.

Figure 1: Taliouine location map

4 We chose to work in the agricultural sector because it constitutes the main pillar of the local economy. To illustrate the vulnerability of small farmers to climate change, the saffron crop was the main focus of the study. It constitutes one of the major supports of the economy of this region (Garcin and Carral, 2007) and is recognised as a special feature of Taliouine at a national level. Although it requires much water, it constitutes the most profitable crop in this area because it is the most expensive spice in the world (Gresta et al., 2008; Aït Oubahou and El Otmani, 2002). Besides, the saffron cropping system is used as a tourist attraction to draw visitors to the region (Landel et al., 2014). It represents the local cultural identity based essentially on a local knowledge of technical crop production practices and their adaptation to the prevailing changing climatic conditions. Therefore, how do the saffron producers adapt to the climate change that is affecting the area in order to maintain the current local dynamics? This study aims to identify the knowledge used by the farmers of Taliouine to build resilience mechanisms. Our initial hypothesis is that new knowledge is built through the integration of imported “technical” knowledge with traditional knowledge inherited from previous generations.

Methodology

Presentation of the study zone

5 In terms of administration, Taliouine falls within the province of Taroudant, in the region of Souss-Massa. As reported by the agricultural division office in the region, the study area is under the authority of the Regional Agricultural Development Office of

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Ouarzazate (ORMVAO). It is bordered to the north by the province of El Haouz, to the west by Aoulouz (Province of Taroudant), to the east by Taznakht (Province of Ouarzazate) and to the south by the province of Tata. Its total population is 63,784 inhabitants distributed in 9100 homes and 297 douars (ORMVAO, undated). The zone is mainly mountainous with agriculture covering hardly 9,645 ha, 5,985 ha of which are rain-fed and 3,030 ha are irrigated.

Figure 2: Extract of the Google Earth image of the zone of Taliouine

6 The prevailing climate in Taliouine is known as a local steppe climate. There is little rainfall throughout the year; about 317 mm of precipitation falls annually. The climate is classified as BSk by the Köppen-Geiger system. The average annual temperature in Taliouine is 17.4°C. The driest month is July with 1 mm of precipitation while in November, the precipitation reaches its peak, with an average of 47 mm (source: CLIMATE-DATA.ORG, http://fr.climate-data.org/location/37264/).

Figure 3: Climate graph of Taliouine

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7 The local population practices subsistence farming based on the cultivation of cereals (barley, durum wheat and soft wheat), saffron, vegetables (potato, onion, carrot, turnip, tomato, and garlic), forage crops, mainly lucerne, and fruit trees, in particular almond and olive trees. Fifty-two percent of the farms do not exceed 1 ha in size and are divided into small plots of land from 500 to 1,300 m² (ORMVAO, undated). Irrigation is limited to those plots surrounding springs, rivers and private wells. This crop production system is associated with extensive livestock farming, mainly sheep and goats.

Investigation tools

8 In the zone of Taliouine, the saffron crop is distributed in eight rural districts (RD) situated at elevations from 1,200 m to more than 2,000 m. The work was carried out in two rural districts: Sidi Hssain and Agadir Melloul. The first RD is situated in the low- elevation agro-ecological zone (1,500-1,600 m) while the second is in the agro- ecological zone at medium altitude (1,700-1,800 m).

9 Saffron was introduced into these two districts a long time ago, which explains the population’s strong historic and cultural attachment to this crop. Sixty farmers chosen randomly were surveyed using a questionnaire and a number of value-chain stakeholders were interviewed using a semi-structured interview guide.

Figure 4: The various stakeholders interviewed

The socio-economic characteristics of the farmers surveyed

10 The characterisation of our surveyed group contributes to understanding and connecting the various elements that may explain the local dynamics. Our sample has an average age of 55 years: the oldest farmer is 83 years old whereas the youngest is 32 years old. The majority are between 50 and 70 years old. Concerning their educational level, 53% of those surveyed went to primary school, 27% went to a traditional Koranic school, 13% are illiterate and only 7% of the farmers reached secondary level.

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11 In both rural communes where this study was carried out, the economic activity of the interviewees is dominated by agriculture and livestock (84%) and the main income- generating activity is marketing saffron. The agricultural activities are carried out collectively, by men and women, but there is a division of the type of labour within the community according to gender. Particularly for the saffron crop, harvesting the bulbs, preparing the soil and/or ploughing, sowing, fertilisation and irrigation are essentially male tasks. As for the women, they take care of the lifting of bulbs, weeding, harvesting the saffron flowers, pruning (separating the strands of the flower), drying and cutting the dry saffron flowers collected. In fact, harvesting and pruning are painful tasks for the women and take up most of their time.

12 The associative movement is very dynamic in the target area, which has a rich social capital characterised by solidarity between the local community members and strong neighbourly relationships, typical of the farming system in the Moroccan mountains. This is due to the fact that these farmers still largely share the same cultural heritage, the same customs, the use and the management of natural resources. This leads to strong ties and confidence between the farmers based on interpersonal relationships developed over the long term.

13 In this zone, the agricultural subdivision3 of Taliouine lists 44 Agricultural Water Users Associations (AUEA), 2 federations of the AUEA, 3 agricultural associations, 3 women’s cooperatives for argan oil extraction and 10 saffron cooperatives, recently created and organised into a Group of Economic Interest (GEI) of saffron. These agricultural professional organisations (APO) are also supported by governmental structures within the framework of a strategy aimed particularly at involving the AUEA in the rational management of irrigation water and the organisation of small farmers into saffron producers' cooperatives. The development of the cooperatives is an interesting alternative to reach the high-value markets and reduce the gap between the price paid to the producer (who does not benefit enough) and the market price (which mostly benefits the middle men and the processing firms). In parallel, and to re-locate the added-value to the regional level and protect the producer and the production (ensuring good quality), the saffron was awarded the Protected Label of Origin certificate (PLO), “Saffron of Taliouine”, in 2010. In addition, the “House of Saffron” (consisting of a quality laboratory, a packing unit and a marketing hall) has been created in Taliouine, which will serve as a centre for marketing the certified saffron production. Thus, saffron is a territorial resource that creates employment and improves the income of the local population. This trend toward organisation was also found within the sample targeted by this study. In fact, 84% of those surveyed are involved in an APO, of which 56% are members of a cooperative, 12% of an association and 32% of both an association and a cooperative.

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Figure 5: A cooperative from Taliouine at the International Agriculture Fair of Meknes (Morocco)

Photograph: L. Aziz, 2014

Characteristics of the farms in the studied area

14 At both low and medium elevation, the farms are small in size; 40% of farmers have small plots of less than 5 ha, while those with between 5 and 10 ha and more than 10 ha represent 23% and 37%, respectively, of the surveyed group. This domination of small farms affects the area assigned to saffron, which remains relatively limited but still provides significant income to the producers. For example, 83% of those surveyed allocate areas of 1 ha or less to this crop, while 17% of them reserve an area between 1 and 2 ha. The plots are situated on terraces built according to the slope contour lines to prevent soil and water loss. This reflects the wealth of local knowledge that concerns not only the production but also the preservation of its key input factors (soil and water). This practice of terracing ensures the sustainability of the production systems of this region (Aboudrare, 2009). The yields vary between 5 and 6 kg/ha according to the growing season. The land tenure is dominated by private ownership (melk), which represents approximately 83% of the total area, while the remaining 17% concerns collective lands. Three-quarters of those surveyed still use traditional tools and equipment to carry out their agricultural activities, while the remaining quarter use modern equipment (tractors and ploughs, combine harvesters, saffron dryers, etc.). As the saffron crop requires much water, most of our surveyed group have a well on their farms.

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Technical production practices of saffron

15 Although Morocco is a small producer (3 tons, 1.5 % of the world production), its saffron has a great reputation at national and international levels (Lage and Cantrell, 2009). Proud of the quality of their saffron, the surveyed producers grow this crop according to a technical scheme that they inherit from one generation to another. The main practices are described below:

Soil preparation

16 For the farmers, working the soil means preparing it to receive the saffron bulbs. This involves deep or medium ploughing with a hoe then making furrows of 8 to 10 cm in depth at the time of planting. This local knowledge corresponds well with the technical knowledge. According to Aboudrar et al. (2011), crossed and in-depth ploughing of 30-35 cm is necessary to facilitate the preparation of the soil before planting. A first ploughing is necessary to mix in the organic material. The same authors state that the manure should be applied before working the soil. It is recommended that all soil preparation steps be done in early summer after the harvest of the previous crop (May to July) and several weeks before planting. A second soil ploughing is done just before the planting, enabling a good preparation of the seed bed and the elimination of self- propagating plants. After ploughing, farmers add cattle manure “amazir”4. They do not use sheep manure because, according to them, it increases the temperature of the bulbs and burns them. The farmers have found out that adding manure is enough for the crop and there is no need for chemical fertilisers. Aboudrar et al. (2011) have the same opinion, noting that the use of chemical fertilisers is not recommended if the organic fertilisation (by adding manure) is well managed and the fertility of the soil is not threatened. Besides, for the organic production of saffron, the GEI requires its members not to use either chemical fertilisers or pesticides.

Planting

17 The surveyed farmers plant the saffron bulbs in the middle of September even though early planting in late summer showed improvement in the quantity and quality of the crop (Aboudrare et al., 2011).

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Figure 6: The saffron bulbs distributed by the ORMVAO to the producers

Photograph: W. Sadok, 2013

Irrigation

18 According to our surveys, irrigation depends on precipitation. The critical stages of the crop are flowering (in October) and the reproductive period (in March-April) requiring one or two irrigations per month. Thus, in the absence of precipitation, the farmers irrigate two weeks before flowering and twice at the beginning of flowering (in the middle of October). Surface irrigation is widely used by the surveyed farmers.

Harvest

19 The flowers are picked at dawn before being exposed to sunlight. The duration of the harvest depends on the quantity of flowers to be collected and the availability of women labour.

Perceptions of farmers about climate change

20 Like other Moroccan territories, the region of Taliouine experiences climatic disturbances that are felt by the local population; 96% of the surveyed farmers noted variations in the climate in the region. These concern an increase in temperatures, and a decrease in precipitation and the quantity of snow in the mountains. In fact, these farmers assert that they have noticed a marked decrease in precipitation in recent years, even though there have always been periods of more or less dry years in this region. In particular, they observed (especially the oldest farmers) an irregularity in

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the precipitation reflected by the late arrival or early end of the rains with a poor distribution over the year. They also noted an increase in temperatures. For them, the temperature regime was rather regular from one year to the next, with 45°C recorded locally in July and the highest temperatures from June to August. These variations were confirmed by members of the GEI, for whom the tendencies and climatic impacts observed over the years show that climate change has become a reality at the regional scale. This is also confirmed by the other local stakeholders, particularly the Migration and Development Association.

Effects of the changes induced by the regional climate on the saffron value chain and the local population

21 The recorded climate change is worrying for farmers regarding their agricultural production. 77% of those surveyed have already noted a reduction in the annual production of saffron. For them, the recorded increase in temperature in recent years has induced an increase in evapotranspiration causing the drying of saffron bulbs and thereby affecting their reproduction. This has an indirect effect on the productivity and quality of the saffron strands. Moreover, the high temperatures in September, recorded in recent years, affect the flowering of the crop.

22 In winter, the frost and cold often cause damage to crops and to saffron in particular. According to the farmers surveyed, saffron tolerates low temperatures. Gresta et al. (2008) also noted that the crop tolerates severe temperatures, which could reach 40°C in summer and -18°C in winter. However, these temperature effects have become more marked in recent years and negatively affect the crop during the flowering phase. Aït Oubahou and El Otmani (2002) found that snow can cause significant damage to saffron flowers and leaves. Besides, the farmers noted that, although the temperatures had become lower, the cold period had become shorter with a reduction in the quantity of snow in the region.

23 Concretely, the lack of precipitation causes a decrease in agricultural yields, a loss of livestock, a drying up of streams, and consequently a reduction in the farmers’ income. This illustrates the vulnerability of these mountainous populations and their agriculture to the climatic variations recorded in the region. Especially for saffron, the drying out of water sources and the reduction in the groundwater table have reduced the doses of irrigation given to the crop. This deficit in water coupled with an increase in temperature during flowering delay this phase and thus negatively affect the biological cycle of the crop.

24 These different effects in the agricultural sector have had negative consequences for the local socio-economic fabric. In fact, because of the fall in household incomes, young people are leaving in search of other revenue sources in the closest cities (Agadir, Taroudant, Tata and Ouarzazate). This rural migration impacts negatively the saffron crop because it results in a deficit in the labour that is essential for the production of this crop. Moreover, the local population is worried that the recent dynamics engendered by the development of saffron as a territorial resource will collapse. That is why they have tried to implement practices in order to adapt to these new situations.

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The strategies adopted by the farmers to deal with climate change

25 Considering the uncertainty of the water resource and the increasing difficulty of marketing saffron, the search for viable options in agriculture, as in other sectors, is a daily concern for the local farmers. In both targeted rural communities, they have adopted various strategies to adapt to these new situations. Sixty percent of the interviewees declared that they have implemented some actions to protect the water resource, generally by converting the surface irrigation system to drip irrigation, which saves water, labour and time. In doing so, they benefited from government subsidies. For the same reason, they had restored the traditional irrigation systems, “ khetaras”, while 30% of farmers had opted to dig new wells or restore existing wells to capture more water. These farmers think that the drip irrigation system is not suitable for growing saffron, and so some of them preferred to decrease the irrigated area on the farm and rely on springs and “khetaras”.

Figure 7: A saffron plot irrigated by a drip irrigation system

Photograph: W. Sadok, 2013

26 A more precise analysis shows that the problem lies not only in the lack of water, but also in the mismanagement of this water. In fact, in these old traditional areas, the infrastructure for moving water is mostly in poor shape. The water distribution networks are often made of earth, which is subject to water loss by infiltration. Even the lined channels are often cracked or damaged, requiring repair.

27 Nevertheless, 10% of the farmers, particularly the younger members of the professional organisations, have made changes to the agricultural production practices of the crop: • changing the planting date (September instead of July) to avoid the bulbs drying out;

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• changing the irrigation periods (to avoid frost) and increasing the frequency of irrigation in the absence of precipitation; • spreading the harvest over time to avoid problems related to the unavailability of labour during the harvest periods; • extracting bulbs from the ground in the 5th year (because of the increase in temperatures) and planting them in other areas instead of leaving them for more than 7 years, on the same plot, in normal climatic conditions.

28 These new practices are also the fruit of the interventions of the managers of organisations working in the area (ORMVAO, FAO, INRA, Migration and Development, etc.) and of local professional organisations. They have managed to incorporate new “technical” knowledge into the local inherited know-how, thus giving evidence of the acceptance of “outside” knowledge by the local people.

29 In addition, during the saffron harvest periods, some farmers are decreasing their expenses by replacing external workers by the family workforce. They also turn to the mutual help between families, because the production of saffron requires a great deal of manual work, particularly for harvesting the flowers and pruning (Gresta et al., 2008, Wyeth and Malik, 2008).

30 Nevertheless, these activities are undertaken by relatively young farmers, while 2/3 of the farmers surveyed (especially the oldest) prefer not to change their technical production practices, which they inherited from their parents.

31 Livestock farming and mixed cropping are also strategies adopted by the farmers of the region to improve their income and sometimes to provide food. According to the manager of the agricultural subdivision of Taliouine, farmers also cultivate cereals (dominated by barley, then wheat and some irrigated maize) and have introduced new plantations. He explained that “olive trees and almond trees are appearing in the low valleys while walnut trees are grown in the high valleys. Besides, we have helped plant some modern orchards: olive trees (20 ha), almond trees (35 ha) and apple trees (35 ha) in Agadir Melloul, and almond trees (15 ha) in Sidi Hssain”. Livestock constitutes a family asset. The Siroua breed of sheep is mostly farmed, which is renowned in the saffron zones due to the quality of both its meat and its wool.

Conclusion

32 The results of this study show that the small farmers of the mountainous regions of the Anti-Atlas, working on small plots, marginalised and degraded, are particularly vulnerable to the current climate changes. Nevertheless, like their ancestors, they continue to observe the variations in their environment and adapt to them. Faced with these climatic changes, they have adopted adaptation strategies resulting in the construction of a “new” collective intelligence based on the integration of imported “technical” knowledge with inherited local knowledge. These strategies concern the revision of certain practices in growing saffron, the adoption of mixed farming, the marketing of their production, the use of external agricultural labour and the introduction of new technologies. The diversification of local economies and the pool of immigrant labour, in particular, have also provided new opportunities for farmers to diversify their sources of income.

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33 However, these adaptations are only ad hoc responses to these variations in the local climate. In fact, it is a question of moving from a spontaneous to a planned adaptation using Brodhag et al.’s (2009) terms. Indeed, it is essential to be able to anticipate events and act in a preventive way instead of waiting to experience the effects of these changes then acting in a curative way. Local agriculture, especially saffron which is the most profitable crop and the most capable of creating wealth at the local level, must be supported so that it is more productive and more resistant to the various risks, including those inherent in climate change. Without this support, the forging of an identity and the development of the territory of Taliouine based on saffron, the resource on which many territorial activities depend (tourism, cultural heritage, etc.), may fall apart. That is why numerous actions must be taken to reach the anticipated development, mainly: (i) application of the best saffron production practices developed by research, which are resilient to climate change, and by exploiting the success of certain local producers; (ii) improvement of harvest, post-harvest and packaging techniques; (iii) support for producers and their organisation in the implementation of PLO certification and for the “House of Saffron” to fulfil its role; (iv) implementation of mechanisms to regulate the saffron market so it is more profitable for local households, who can increase their income and avoid the emigration of young people, for which climate change is partly responsible.

NOTES

1. The national average density is estimated at 37 inhab/km². 2. Climate change is considered here as all the variations in the climatic characteristics in a given place, in time, due to intrinsic processes on Earth or which result from human activities (UNDP, 2012). 3. Local administrative entity under the Regional Office of Agricultural Development of Ouarzazate (regional agricultural entity of the Ministry of Agriculture) responsible for mentoring and technical support for farmers and management of irrigation water. 4. In the local Amazigh language.

ABSTRACTS

In Morocco, the mountainous regions extend over about 26% of the national territory where 30% of the total population live. They contain opportunities for agriculture, forestry, pastureland and mining. The production systems in these zones are characterised by crop diversification. However, these areas have become vulnerable to the effects of climate change. To understand these effects in relation to the population living in these areas, a study was carried out in the

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zone of Taliouine, in the Anti-Atlas. The vulnerability of crop productions to climate change was analysed and the different ways of adaptation adopted by farmers were identified. The work was done on saffron, the most profitable crop in the target area even though it requires much water. Our results show that the majority of the farmers surveyed had noticed variations in the climate of the region: irregularity of precipitation leading to a decrease in quantity and an uneven distribution throughout the year; rise in temperature; reduction in the cold period and less snow. These variations had impacts on the cropping system of saffron and its productivity. To cope with these effects, the farmers adopted various strategies: better management and use of water; diversification of agricultural activities; increase in the contribution of non-agricultural activities to their gross income; and seasonal migration.

INDEX

Keywords: climate change, Taliouine, saffron, perceptions, adaptation strategies

AUTHORS

LARBI AZIZ Enseignant-chercheur, Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès, Maroc.

WIDAD SADOK Ingénieur agronome, Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès, Maroc

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La télédétection de la neige dans les Andes comme outil de prévision des débits des rivières du Cuyo

Nicolas Delbart, Samuel Dunesme, Emilie Lavie, Malika Madelin et Régis Goma

Introduction

1 L’aridité de la région du Cuyo, avec ses 150 à 300 mm de précipitations annuelles, sur le piémont des Andes, n’a pas empêché l’installation humaine, puisque la Province de Mendoza compte 1,7 million d’habitants (Recensement INDEC, 2010), dont 97 % sont concentrés dans des oasis, essentiellement dans l’agglomération de Mendoza (1,5 million d’habitants), ou dans d’autres villes comme Tunuyán, San Martín ou San Rafaël. Quatre rivières (du nord au sud : Mendoza, Tunuyán, Diamante et Atuel) irriguent trois oasis1 (l’oasis Nord, 2500 km² ; l’oasis Centre, également appelée Valle de Uco, 800 km² ; et l’oasis Sud, 1600 km²) et alimentent en eau les centres urbains. L’écoulement dans les oasis Nord et Sud est régulé artificiellement par les barrages situés en leur amont. Au contraire, l’oasis centrale ne dispose pas encore de tel barrage et de régulation de l’écoulement, les fermiers utilisent l’eau souterraine mais un nouveau barrage est prévu par les gestionnaires du bassin versant du Tunuyan supérieur pour réguler en amont l’écoulement dans la Valle del Uco.

2 La Province de Mendoza et son organisme en charge de la gestion de l’eau, le Département Général d’Irrigation (DGI for Departamento General de Irrigación) ont adopté une gestion dite « à la demande » (Lavie et al., 2015), c’est-à-dire qu’ils cherchent à augmenter les volumes d’eau pour satisfaire les besoins et non à adapter la demande à l’offre disponible2. Le stockage des débits d’étiage hivernaux (embâcle nival) dans de grands lacs de barrage, ou le refus de laisser un débit réservé aux rivières pour alimenter les zones humides situées en aval dans la plaine sont des exemples illustratifs de la politique hydraulicienne menée à Mendoza. Pour autant, depuis 2008, des hivers pauvres en précipitations neigeuses et des étés très chauds ont obligé les gestionnaires

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à repenser leur politique en tentant de faire stagner, voire baisser, la demande, via des campagnes de conscientisation (Lavie et Beltrando, 2013).

3 Les volumes prélevés par les gestionnaires sont assez importants, en particulier à partir du début de la saison végétative (octobre), les besoins maximaux étant atteints en été, lorsque les besoins agricoles et domestiques sont à leur maximum. A partir de mars, les industries agro-alimentaires (mise en conserve de fruits, vinification du raisin pour la production de vins), prennent le relais en termes de consommation d’eau. Les trois oasis n’ont pas les mêmes besoins, mais pour toutes les prélèvements sont tellement importants que les écoulements en aval des oasis sont très faibles pour les quatre rivières étudiées (2,5 m3/s pour la rivière Mendoza par exemple3), alors que leur module moyen est de 30 à 50 m3/s en amont des zones irriguées. Les gaspillages sont importants et s’expliquent par une gestion à l’échelle fine peu efficace. Par exemple, l’eau domestique n’est pas payée à la consommation mais au forfait, ce qui peut pousser aux gaspillages ; l’irrigation se modernise (goutte-à-goutte, micro-aspersion) dans les nouvelles terres arables gagnées sur le piémont, mais reste majoritairement gravitaire, ce qui favorise l’évaporation.

4 Au-delà des questions de la gestion et de la consommation, savoir évaluer les volumes d’eau disponibles à court terme, c’est-à-dire l’offre, reste essentiel pour une société fondée sur l’irrigation. Le risque de pénurie en eau dans les oasis sud-américaines a été étudié depuis longtemps (Leiva, 1999 ; Cobos, 2002 ; Corripio et al., 2008 ; Cossart et al., 2010), la fonte des glaciers andins étant vue comme un enjeu pour la disponibilité à long terme des ressources en eau, nécessaires pour les cultures des piémonts péruvien, chilien ou argentin (Collin-Delavaud, 1968 ; Lavie, 2009 ; Poncet, 2011 ; Marshall, 2014). Cependant, l’eau de fonte annuelle des neiges représente la principale source d’alimentation des rivières et des aquifères (par ex. à hauteur de 85 % pour la rivière Mendoza, selon Abraham et al., 2007). En effet, les variations des débits mensuels et annuels des rivières des Andes centrales (quatre en Argentine et six au Chili) se sont révélées significativement corrélées aux variations de l’accumulation nivale régionale estimée à partir des mesures de l’équivalent en eau du manteau neigeux effectuées pour six stations d’altitude entre 1955 et 2002 (Masiokas et al., 2006). L’accumulation nivale régionale est elle-même corrélée aux précipitations à Santiago, à l’ouest de la cordillère, les fortes accumulations ayant généralement lieu durant les années El Niño (mais pas toujours), alors que la moitié des faibles accumulations relevées durant la période d’étude ont eu lieu durant les années La Niña. En conséquence, il est possible de prévoir les débits des rivières du Cuyo à partir de mesures de l’accumulation nivale si celles-ci sont disponibles, mais plus délicat à partir des indices atmosphériques tels que l’indice d’oscillation australe (ou SOI Southern Oscillation Index) puisque l’accumulation n’est que partiellement dépendante des conditions atmosphériques sur le Pacifique Sud (Compagnucci et Vargas, 1998).

5 Les mesures de terrain de l’accumulation nivale pourraient donc être à la base d’un système de prévision du débit des rivières, mais des questions à la fois techniques et d’accessibilité font que les séries de mesure sont souvent incomplètes, ce qui est le cas dans notre région d’étude (Masiokas et al., 2006). La télédétection a souvent été utilisée pour estimer les propriétés du couvert neigeux saisonnier de manière synoptique (Nolin, 2010) et pour étudier l’effet de la variabilité du couvert neigeux sur le débit des rivières (par exemple Immerzeel et al., 2009 ; Boudhar et al., 2009). Plusieurs technologies existent, chacune avec ses avantages et inconvénients. La télédétection

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micro-onde, active ou passive, permet d’estimer l’équivalent en eau du manteau neigeux (Grippa et al., 2005 ; 2005, Kelly et al., 2003 ; Nolin 2010) ou d’autres propriétés telles que les dates de gel/dégel (Bartsch, 2010). Cependant, la télédétection micro-onde passive a une résolution spatiale de l’ordre de 20 km ce qui rend difficile l’interprétation des données, surtout dans un contexte montagnard où l’altitude varie de manière importante dans ces 20 km. Quant à la télédétection active, les radars à ouverture synthétique disposent d’une résolution spatiale beaucoup plus fine, mais les capteurs existants n’utilisent pas encore les longueurs d’onde appropriées pour l’estimation de l’équivalent en eau, et les variations de pente complexifient fortement l’interprétation du signal. De plus, dans les deux cas, l’estimation de l’équivalent en eau n’est possible que si la neige est sèche. La télédétection optique permet de suivre la fraction enneigée de chaque pixel (Hall et al., 2006 ; Salomonson et Appel, 2004 ; Chaponnière et al., 2005), ou de fournir une information binaire (enneigé ou non) mais ne permet pas d’estimer l’équivalent en eau ou l’épaisseur de la neige. A moyenne résolution spatiale (à partir de 250 m), les images sont disponibles quotidiennement si les conditions nuageuses sont bonnes, ce qui permet de suivre les variations saisonnières du couvert neigeux.

6 Dans une précédente publication, nous avions confirmé le lien net existant entre les débits des rivières et la couverture du manteaux neigeux, grâce à l’utilisation d’images de télédétection de moyenne résolution spatiale, couvrant une large portion des Andes centrales (Delbart et al., 2014). En particulier, nous y avons exploré les relations statistiques entre l’enneigement à chaque sous période (pas de temps hebdomadaire et mensuel) et le débit moyen mesuré pendant la période des hautes eaux (de septembre à avril) pour chacune des quatre rivières, montrant que ce débit est particulièrement corrélé avec l’enneigement en septembre et octobre. Ici, nous cherchons à affiner l’analyse du lien entre les variations annuelles et interannuelles de la surface enneigée et des débits, de 2001 à 2014, mais à l’échelle de chacun des quatre bassins versants séparément, et nous évaluons la possibilité d’utiliser la télédétection de la neige comme outil de prévision de débit et de la pénurie en eau.

Matériel et méthodes

7 Nous cherchons à analyser le lien entre les écoulements de quatre rivières, mesurés quotidiennement, et l’extension du manteau neigeux, estimée par télédétection tous les 8 jours, à l’échelle de chaque bassin versant, lui-même délimité par un Modèle Numérique d’Élévation (MNE). Toutes les données sont gratuites et disponibles facilement.

Délimiter les bassins versants

8 Les bassins hydrographiques ont été extraits à partir d’une procédure automatique intégrée au module « Spatial Analyst » du logiciel ArcGis© , appliquée au MNE issu des données du Shuttle Radar Topography Mission (SRTM) disponible sur http:// earthexplorer.usgs.gov/. Cette procédure consiste à : 1. Combler les cuvettes présentes sur le MNE, qui pourraient perturber la suite de l’analyse. 2. Analyser la direction des pentes sur chaque pixel.

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3. Déterminer, pour chaque pixel, l’accumulation des flux amont, afin d’aligner les points de drainage sur le réseau hydrographique issu du MNE (Fig. 2D pour le bassin versant (BV) de la rivière Mendoza) s’obtient en identifiant les pixels qui accumulent de larges quantités de flux amont. 4. A partir des pentes, identifier automatiquement les crêtes et les limites de chaque BV en amont du point de drainage.

9 Les quatre résultats sont montrés sur la Fig. 2B. Les surfaces des bassins versants en amont des premiers barrages sont de 7108 km² (BV de la rivière Mendoza), 2460 km² (BV de la rivière Tunuyán), 2762 km² (BV de la rivière Diamante), 3035 km² (BV de la rivière Atuel).

Mesure des écoulements superficiels

10 Les données de débits sont issues d’une base de données libre et gérée par le Sous- secrétariat National aux Ressources en Eau. Plusieurs gestionnaires en charge des ressources contribuent à cette base en ligne, comme le Département Général d’Irrigation pour la Province de Mendoza. Parmi ces données, nous avons choisi les débits journaliers en m3/s puisque la base est complète depuis des années 1930 ou 1950 selon les rivières, jusqu’en juin 2014. Les débits sont automatiquement mesurés à midi pour trois des rivières, et à minuit pour la Diamante.

11 Cherchant à estimer les écoulements naturels pour chaque basin, nous avons choisi les stations de jaugeage localisées juste en amont des premiers réservoirs ou barrage dérivateur (Fig. 1), soit : • Sur la rivière Mendoza, la station Guido (32°54’55’’S-69°14’16’’W), en amont du lac de barrage de Potrerillos, • Sur la rivière Tunuyán, la station Valle de Uco (33°46’36’’S-69°16’21’’W), au barrage dérivateur, • Sur la rivière Diamante, la station Jaula (34°40’06’’S-69°18’59’’W), en amont du lac de barrage Aguas del Toro Lake, • Sur la rivière Atuel, la station La Angostura (35°05’59’’S-68°52’26’’W), en amont du lac de barrage El Nihuil.

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Figure 1 : Les bassins versants étudiés dans la province de Mendoza.

Estimer les surfaces enneigées

12 Des cartographies de l’extension du manteau neigeux sont fournies par le produit MOD10A2, disponible sur http://reverb.echo.nasa.gov/reverb/, créé à partir des données sur capteur MODIS. L’absence ou la présence de neige est dérivée pour chaque pixel de 1 km² de l’indice de neige par différence normalisée (NDSI pour Normalized Difference Snow Index) (Salomonson et Appel, 2004). Cet indice spectral combine les réflectances dans les bandes spectrales verte et moyen infrarouge, estimées à partir des mesures par satellite. Il est proche de 1 quand la neige occupe une grande partie de la surface de chaque pixel et proche de -1 quand il n’y a pas de neige. Nous utilisons la dalle référencée h12v12 (Hall et al., 2006). Chaque image MOD10A2 8-jours est un composite issu de toutes les observations satellitales valables sur une période de 8 jours : pour chaque pixel, la meilleure observation est utilisée pour détecter la neige ; cette sélection est faite pour minimiser les nuages ou d’autres effets atmosphériques. Malgré cette procédure composite, certains pixels sont classés comme « nuage », ce qui signifie qu’ils étaient nuageux pendant toute la période de 8 jours. De fait, un masque « nuage » est fourni avec les données, que nous avons utilisé pour exclure tous les pixels ainsi classés et donc inutilisables ici.

13 A partir de ce fichier de données, nous estimons la surface en neige et en nuage pour une période de 8 jours, et ce pour chacun des quatre bassins hydrographiques : Mendoza, Tunuyán, Diamante et Atuel. Pour extraire la surface enneigée pour chaque bassin versant à chaque date valide, nous avons développé un script Python pour exécuter automatiquement les 3 étapes présentées sur la figure 2. D’abord il re-projette tous les fichiers de données depuis la projection spécifique de MODIS vers le système de

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coordonnées UTM 19S, grâce au module PyModis (http://pymodis.fem- environment.eu/). Ensuite, il vectorise l’image reprojetée et calcule la surface de chaque type de couverture (neige, nuage) en utilisant les modules GDAL/OGR (http:// www.osgeo.org/gdal_ogr) pour chaque bassin. Ce script a été utilisé pour analyser les 674 images disponibles au moment du traitement.

Figure 2 : Des données sources aux cartes utilisables

A : Données MODIS en projection sinusoïdale. B : Données MODIS reprojetées dans le système de coordonnées UTM 19S et converties du format raster en format vecteur. C : Données MODIS sélectionnées pour le BV de la rivière Mendoza et estimation des surfaces en neige et en nuages.

Analyse de la série temporelle

14 L’analyse des variations temporelles des surfaces enneigées et des écoulements sur la période 2001-2014 a été faite qualitativement et quantitativement. En hiver, les nuages couvrent une part significative des surfaces des bassins versants dans les images MOD12A2, jusqu’à une moyenne de 25 % pour le bassin de la rivière Tunuyán (Tableau 1), malgré la procédure de composition temporelle. Puisque les nuages peuvent cacher la neige, nous avons rejeté les estimations de surface enneigée dès que plus de 5 % de la surface du BV est donnée comme nuageuse, ce qui a eu pour conséquence de réduire fortement la quantité de données disponibles, en particulier de juin à août. Par la suite, nous avons visualisé la série temporelle des débits de chaque rivière et celle des surfaces enneigées sur le bassin versant correspondant, afin de vérifier si une relation existe entre le début de la fonte des neiges et l’amorce de la crue annuelle, et si le débit maximum annuel était directement lié à la surface maximale d’extension du couvert neigeux enregistré l’hiver précédent.

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Tableau 1 : Pourcentage ( %) de la couverture nuageuse moyenne par mois sur la période 2001-2013 pour chaque bassin versant

15 L’étape suivante a été d’analyser quantitativement comment le volume total d’eau écoulée pendant la période de hautes eaux, soit de septembre à avril, est contrôlé par la couverture neigeuse de l’hiver précédent. Nous avons alors résumé les données par huitaine sur la présence de neige sous forme de différents paramètres : surface maximale enregistrée du couvert neigeux pour chaque année et surface mensuelle moyenne d’enneigement, pour chaque année. De même, nous avons moyenné les écoulements sur la période septembre-avril. Nous avons de ce fait pu analyser la relation linéaire entre chacun des paramètres de la série temporelle d’enneigement et les débits moyens.

Résultats

Séries temporelles des écoulements journaliers et surfaces enneigées tous les huit jours

16 La figure 3 représente l’évolution temporelle de la surface enneigée et des débits des rivières. Chaque année, les débits augmentent clairement au début de la période de fonte nivale (soit fin septembre-début octobre), comme attendu pour des rivières de régime nivo-glaciaire. Entre les saisons hydrologiques 2000-01 et 2008-09, les hydrogrammes montrent une première crue de 2 à 4 semaines au printemps ; puis une stagnation des volumes écoulés, et enfin une seconde crue au début de l’été, qui correspond à la fusion des glaciers. Chaque année, ce pic (dû à la fois à la fonte des neiges et des glaciers), a lieu entre la mi-décembre et la mi-janvier, à 48 h d’écart pour les quatre cours d’eau.

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Figure 3 : Relation entre la surface enneigée (rouge) et les débits des rivières (bleu)

Les débits journaliers sont mesurés sur les 4 rivières en amont des barrages. La surface enneigée sur une période de 8 jours est estimée à partir des données MODIS MOD10A2 pour chaque bassin versant. Aucune donnée n’est présentée si plus de 5 % du bassin est couverte par des nuages. Sources des données : DGI / NASA LPDAAC pour NSDIC (https://nsidc.org/data/modis/ data_summaries/index.html).

17 A partir de l’été 2009-10 (décembre 2009-février 2010), des années sèches (jusque-là assez exceptionnelles comme en 2003-04), sont devenues plus fréquentes. D’une part, les volumes annuels ont baissé (par exemple pour la rivière Mendoza, le débit moyen est de 49,4 m3/s pour la décennie 2001-12 mais seulement de 27,3 m3/s entre juillet 2010 et juin 2011). D’autre part, le comportement saisonnier a changé : la crue de printemps existe toujours, mais on ne voit pas vraiment de stagnation des volumes écoulés avant la crue d’été. En d’autres mots, le régime hydrologique semble avoir muté de nivo- glaciaire à nival, peut-être même nivo-pluvial, mais des données climatiques sont nécessaires pour valider cette hypothèse et la période étudiée est trop courte pour conclure à un changement de régime significatif.

18 Si les comportements des cours d’eau sont globalement similaires, l’Atuel montre quelques différences : alors que la période de hautes eaux est comparable aux trois rivières septentrionales, il présente des variations erratiques en dehors, lors des basses eaux, avec des pics de crue pendant la saison de l’embâcle nival. Deux hypothèses peuvent être formulées ici : 1) des orages lors des pics de crue de printemps ; 2) une soudaine fonte des neiges lors des jours de foehn marqué. Le foehn de Mendoza (appelé Zonda) crée de hautes amplitudes thermiques diurnes, en particulier en hiver : les températures peuvent monter de 30 à 40°C en quelques heures (Norte, 1988). Cette hypothèse est la plus plausible, puisque ces hausses des volumes écoulés sont très brèves et toujours en lien avec une réduction de la surface enneigée dans ce bassin versant la même semaine.

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19 Par ailleurs, les différences de débit entre les rivières vont de pair avec celles des surfaces enneigées pour chaque bassin hydrographique, elles-mêmes en lien avec les dimensions des bassins. Les variations interannuelles du module annuel semblent, pour les quatre cours d’eau, en partie liées à celles du manteau neigeux. Par exemple, pour le bassin versant de la rivière Mendoza, les relativement faibles surfaces enneigées relevées sur les périodes juin-septembre 2004 et juin-septembre 2010, sont suivies par un faible pic de crue dans la période de hautes eaux suivante (septembre-avril 2004-06 et 2010-11), alors que le fort enneigement de l’hiver 2005 est suivie par une année à forts écoulements en 2005-06. Pour autant, il n’y a pas de lien évident entre la surface maximale de la couverture neigeuse et le module annuel qui apparaissent entre les séries temporelles journalières (débits) et hebdomadaire (neige). De ce fait, nous avons choisi de nous intéresser à la moyenne des débits sur une période de huit mois, de septembre à avril, soit la période de hautes eaux.

Les effets de la couverture neigeuse hivernale sur les écoulements moyens pendant les hautes eaux

20 Les écoulements moyens entre septembre et avril sont peu liés à la couverture mensuelle moyenne en neige entre janvier et août (non illustré ici) et faiblement corrélés à l’extension maximale enregistrée (figure 4). Ceci nous empêche de conclure à une relation directe entre le total de précipitations neigeuses hivernales et les débits annuels. Pour autant, pour chaque bassin, les volumes moyens écoulés sur la période de hautes eaux sont particulièrement liés à la couverture neigeuse des mois de septembre (figures 4 et 5, tableau 2) et d’octobre (figure 4, tableau 2). Le volume total en septembre-avril semble directement lié à la surface du manteau neigeux au début de la période de fonte.

21 Pour chaque bassin versant, les débits moyens en septembre-avril et la surface enneigée en septembre et octobre montrent des variations interannuelles relativement similaires, et leur corrélation est d’environ 0,8 (figures 4 et 5, tableau 2). Les paramètres de la droite de régression sont presque identiques pour deux rivières (Tunuyán et Diamante), diffèrent un peu pour l’Atuel, et beaucoup pour la rivière Mendoza. Ces différences démontrent qu’une unité de surface en neige ne se traduit pas en une quantité d’eau écoulée identique d’une rivière à l’autre. Les résidus de la régression linéaire pour les débits sont généralement un peu plus faibles si on refait la même analyse avec la couverture du mois d’octobre plutôt que celle de septembre (tableau 2).

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Figure 4 : Surface de la couverture neigeuse et débits moyens des rivières en période hautes eaux (septembre-avril) pour la période 2001-13

Sources : DGI / NASA LPDAAC pour NSDIC (https://nsidc.org/data/modis/data_summaries/ index.html).

Figure 5 : Débits moyens entre septembre et avril vs couverture neigeuse en septembre

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Tableau 2 : Paramètres de la régression linéaire

[Débit moyen] = a * [Surface enneigée mensuelle] + b, coefficient de corrélation, moyenne des valeurs absolues des résidus, et (entre parenthèses) erreur relative (moyenne des valeurs absolues des résidus divisée par le débit moyen).

Discussion

22 Le cumul annuel de précipitations dans les zones montagneuses va de 300 à 600 mm pour le bassin versant de la rivière Mendoza et de 500 à 800 mm pour les autres bassins versants, essentiellement sous forme neigeuse, alors qu’il n’est que de 150 à 250 mm aux plus basses altitudes où les oasis sont localisées (Norte, 2000). L’agriculture et les autres activités humaines dans les oasis dépendent de l’écoulement qui est tributaire de la surface enneigée au début de la fonte. Nous ne trouvons pas de lien fort avec la surface enneigée maximale en hiver, ce qui peut être dû à la persistance du couvert nuageux en montagne de juin à août qui nous a conduits à rejeter une quantité importante de données. Ce qui est nommé « surface enneigée maximale » est en fait la plus grande surface enneigée observable sous la contrainte de la couverture nuageuse.

23 Nos résultats indiquent qu’il est possible de prévoir le débit moyen de la période septembre – avril à partir des images MOD10A2, par exemple à partir des images de septembre (figure 6). Ces données sont disponibles gratuitement environ 10 jours après leur acquisition, il est donc possible d’anticiper un risque de pénurie durant la période septembre-avril dès fin septembre ou début octobre. Puisque les résidus sont plus faibles lorsque l’on utilise les données d’octobre, il est possible de fournir une seconde prévision un peu plus précise début novembre.

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Figure 6 : Comparaison des débits moyens entre septembre et avril prédits avec ceux mesurés

24 Cependant de forts écarts existent entre le débit observé et le débit prévu, comme en 2009 pour la rivière Atuel, ce qui implique que notre méthode de prévision devrait s’accompagner d’une seconde méthode. Ces écarts signifient qu’une unité de surface enneigée ne se traduit pas par la même quantité d’eau tous les ans. Comme tout produit issu de la télédétection, MOD10A2 comporte des incertitudes, particulièrement quand le manteau neigeux est fin. Au-delà, la non prise en compte de l’épaisseur de la neige est très certainement l’explication principale de ces écarts. Les estimations de l’équivalent en eau du manteau neigeux par la télédétection micro-onde passive (Grippa et al., 2005 ; Kelly et al., 2003) pourraient nous permettre d’affiner nos modèles, mais ceci reste délicat en raison de la résolution spatiale de 20 km. Les écarts peuvent aussi s’expliquer par le fait que nous ne considérons ni les variations interannuelles des précipitations ni celles de la fonte de la glace. Ce sont potentiellement deux effets importants, liés aux variations de température. En particulier, les variations du rapport pluie/neige ou de l’altitude de transition entre les deux sont susceptibles de profondément modifier les modèles empiriques établis ici. Enfin, nous ne pouvons exclure des variations du taux de sublimation. Nous n’avons pas actuellement d’ordre de grandeur sur ces effets.

25 Les modèles linéaires changent d’un bassin versant à l’autre. Comparativement aux résultats antérieurs obtenus à l’échelle de la province de Mendoza (Delbart et al., 2014) nous avons ici mis en évidence ces différences puisque les bassins versants sont traités séparément, ce qui amène de nouvelles questions mais représente une avancée. Plusieurs explications sont possibles, à commencer encore par d’éventuelles différences d’épaisseur de la neige entre les bassins versants qui pourraient ne pas recevoir les mêmes cumuls de précipitations. Deuxièmement les surfaces enneigées sont traitées comme des surfaces horizontales, sans prise en compte de la topographie. Les différences de pente influencent l’accumulation nivale. De plus, les versants nord étant plus éclairés que les versants sud, les différences de distribution des expositions

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peuvent partiellement expliquer les différences entre les modèles empiriques entre les bassins versants.

26 En « nourrissant » un modèle hydrologique avec les données d’enneigement MOD10A2, de précipitation, et sous la contrainte des débits mesurés, Immerzeel et al. (2009) ont pu suggérer que l’eau de fonte des glaciers contribue au débit des rivières himalayennes. En plus de l’analyse, basée sur les données, des effets de topographie, d’épaisseur de neige et de variabilité de la pluie, une telle approche de modélisation pourrait nous permettre de mieux établir le bilan hydrologique des quatre bassins versants, ce qui nécessitent des données météorologiques fiables (Pellicciotti et al., 2012) non nécessairement disponibles.

Conclusion

27 Malgré les limites décrites précédemment, les surfaces enneigées estimées par la télédétection optique au début de la période de fonte expliquent les débits moyens lors de la période des hautes eaux, alors que le déclin des surfaces enneigées en septembre et octobre observé en 2000-2014 expliquent la tendance décroissante des débits sur la même période (Fig. 6). La corrélation étant de 0,8 environ, nous avons pu proposer un modèle de prévision des débits qui explique plus de 60 % de la variance des débits, ce qui est mieux que les modèles proposés précédemment basés sur les indices climatiques du Pacifique sud. (Masiokas et al., 2006, Compagnucci and Vargas, 1999). L’erreur moyenne est de 15 % sur les débits, et cette prévision peut être fournie tôt au printemps grâce à la disponibilité des données. Malgré ses imperfections cette méthode permet d’anticiper les volumes disponibles pour les oasis Nord et Sud dont le flux est géré grâce à des réservoirs. Cette méthode pourrait apporter une aide réelle à la DGI pour optimiser le stockage. De fait, connaître au début du printemps le volume d’eau disponible lors des hautes eaux peut s’avérer crucial pour les gestionnaires.

28 ABRAHAM E., ABAD J., LORA BORRERO B., SALOMON M., SANCHEZ C., SORIA D., 2007.– « Caracterización y valoración hidrológica de la cuenca del río Mendoza mediante elaboración del modelo conceptual de evaluación », in XXIe Congreso Nacional del Agua (Conagua), Tucuman, Argentina.

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47 LEIVA J., 1999.– « Recent fluctuations of the Argentinian glaciers », in Global and Planetary Change, 22, pp. 169-177.

48 MARSHALL A., 2014.– « Apropiarse del desierto. Agricultura globalizada y dinámicas socioambientales en la costa peruana. El caso de los oasis de Virú e Ica-Villacuri ». Lima : Institut Français d’Etudes Andines & Institut de Recherche pour le Développement Ed°, 417 p.

49 MASIOKAS M.H., VILLALBA R., LUCKMAN B.H., LE QUESNE C., ARAVENA J.C., 2006.– « Snowpack variations in the Central Andes of Argentina and Chile, 1951-2005 : large-scale

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atmospheric influences and implications for water resources in the region », in Journal of Climate, 19, pp. 6334-6352.

50 MAUPIN A., 2015.– « Les risques hydropolitiques en Afrique à travers la gestion des bassins transfrontaliers », in POMEL et al. (Dir.), Risques en Afrique, ouvrage de synthèse du programme quadriennal pluridisciplinaire de la MSHA, Bordeaux, Editions Karthala - MSHA.

51 NOLIN A.W., 2010.– « Recent advances in remote sensing of seasonal snow », in Journal of Glaciology, 56(200), pp 1141-1150.

52 NORTE F.A., 1988.– Caracteristicas climatológicas del viento Zonda en la región de Cuyo. PhD Thesis, Buenos Aires University, 255 p.

53 NORTE F., 2000.– « Mapa climatico de Mendoza », in Abraham E. & Martínez F.R. (Eds). Catálogo de los recursos humanos e información relacionada con la temática ambiental en la región andina argentina. PAN/SDS Y PA-INTA-GTZ, IADIZA, Universidad de Granada. Mendoza, Argentina.

54 PELLICCIOTTI F., BUERGI C., IMMERZEEL W. W., KONZ M., SHRESTHA A.B., 2012.– « Challenges and uncertainties in hydrological modeling of remote hindy Kush-Karakoram-Himalayan (HKH) basins : suggestions for calibration strategies », in Mountain Research and Development, 32(1), pp. 39-50.

55 PONCET Y, 2011.– « Le développement des zones arides dans des contextes économiques avancés », in Sécheresse, 22, pp. 215-217.

56 SALOMONSON VV., APPEL I., 2004.– « Estimating fractional snow cover from MODIS using the normalized difference snow index », in Remote Sensing of Environment, 89(3), pp. 351−360.

57 TURTON A., MEISSNER R. 2002.– « The hydrosocial contract and its manifestation in society : A South African case study », in TURTON A., HENWOOD R. Hydropolitics in the developping world : a Southern African perspective. pp. 37-60.

58 VIALE M., NUÑEZ M.N., 2011.– « Climatology of Winter Orographic Precipitation over the Subtropical Central Andes and Associated Synoptic and Regional Characteristics », in Journal of Hydrometeorology, 12, pp. 481–507.

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NOTES

1. La Province de Mendoza a aussi deux petites oasis (Uspallata et Malargüe), mais les enjeux ne sont pas comparables à ceux des trois principales. 2. Pour plus d’informations sur la gestion de l’eau « par l’offre » ou « par la demande », voir Turton et Meissner 2002 ; Blanchon et Maupin, 2009 ; Maupin, 2015. 3. Il ne s’agit pas de suivi officiel, mais de mesures réalisées mensuellement entre 2003 et 2010.

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RÉSUMÉS

Dans les Andes sèches d’Argentine, alors que la fusion des glaciers est un enjeu à long terme pour les cultures irriguées du piémont, à l’échelle annuelle la fonte du couvert neigeux est la principale ressource pour les cours d’eau et les aquifères. Dans cette étude, nous tentons d’analyser le lien qui existe entre, d’une part, les variations saisonnières et interannuelles sur la période 2001-2014 des écoulements mesurés en amont des premiers barrages régulateurs de quatre rivières (Mendoza, Tunuyán, Diamante, Atuel) de la région argentine du Cuyo (plus précisément ici la Province de Mendoza) et, d’autre part, celles de l’extension de la couverture neigeuse identifiée à partir de la télédétection (produit MODIS MOD10A2, fréquence hebdomadaire), à l’échelle de chaque bassin versant. Etant donné le régime nivo-glaciaire de ces quatre rivières, les variations saisonnières des débits apparaissent logiquement comme directement liées à celles de la surface du manteau neigeux. Nous observons que les débits en période de hautes eaux (septembre à avril), sont directement liés à la surface enneigée au début de la période de fonte des neiges, soit de septembre à octobre, avec une corrélation de 0,8. De plus, la tendance à la baisse de l’extension de la couverture neigeuse entre 2001 et 2014 explique clairement les diminutions observées du module annuel moyen sur la même période. L’agriculture et les autres activités anthropiques de ces oasis dépendent majoritairement des écoulements superficiels des rivières, qui, comme le démontrent nos résultats, dépendent majoritairement de l’extension du couvert neigeux. Nos travaux montrent qu’il est possible d’utiliser la télédétection pour estimer les volumes moyens sur la période septembre-avril (hautes eaux annuelles) à partir d’images MOD10A2, avec une erreur moyenne de 15 %. Les données MOD10A2 étant disponibles gratuitement 10 jours après leur acquisition, il est possible d’anticiper début octobre, le risque de pénurie pour l’été à venir.

In the Argentinian Dry Andes, although the melting of glaciers is seen as a threat for the long- term water availability needed by the piedmont crops, the annual snowmelt is the main source of superficial water and aquifer recharge. In this study, we analyse the link between the seasonal and interannual variations in the discharge measured upstream of the first dams on four rivers (Mendoza, Tunuyán, Diamante, Atuel) of the Argentinian Cuyo region (in the Federal Province of Mendoza) and those of the snow bed extent as mapped by optical remote sensing (MODIS MOD10A2 product) on a weekly basis in the 2001-2014 period, at the scale of each watershed. For the four snow-glacier regime rivers, seasonal variations in the discharge appear directly related to those of the snow bed surface area in each watershed, as shown previously (Masiokas et al., 2006). We observed that the high-water period (September-April) discharge is directly related to the snow extent at the beginning of the snowmelt period, i.e. in September and October, as revealed by a correlation of about 0.8. Moreover, the decreasing trend in the winter snow bed extent from 2001 to 2014 clearly explains the observed decreasing trend in the annual water discharge. Agriculture and human activities in these oases mostly depend on river discharge, which from our results clearly depends on the snow extent. Our research indicates that it is possible to use remote sensing to forecast the average discharge in the September-April period (high-water season) from MOD10A2 images with an average uncertainty of 15%. As MOD10A2 data are freely available ten days after acquisition, it is possible to anticipate in early October the risk of water shortages in the coming summer.

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INDEX

Mots-clés : débit, rivières, neige, télédétection, MODIS, Andes, Mendoza, Argentine Keywords : discharge, rivers, snow, remote sensing, MODIS, Andes, Mendoza, Argentina

AUTEURS

NICOLAS DELBART Université Paris-Diderot, CUE Sorbonne-Paris-Cité, UMR CNRS 8586 PRODIG. 5 rue T. Mann, UFR GHSS-cc7001, 75205 PARIS Cedex 13. [email protected]

SAMUEL DUNESME Etudiant en Master 2 (TGAE Télédétection et Géomatique appliquées à l’environnement), Université Paris-Diderot. 5 rue T. Mann, UFR GHSS-cc7001, 75205 PARIS Cedex 13

EMILIE LAVIE Université Paris-Diderot, CUE Sorbonne-Paris-Cité, UMR CNRS 8586 PRODIG. 5 rue T. Mann, UFR GHSS-cc7001, 75205 PARIS Cedex 13

MALIKA MADELIN Université Paris-Diderot, CUE Sorbonne-Paris-Cité, UMR CNRS 8586 PRODIG. 5 rue T. Mann, UFR GHSS-cc7001, 75205 PARIS Cedex 13

RÉGIS GOMA Etudiant en Master 2 (TGAE Télédétection et Géomatique appliquées à l’environnement), Université Paris-Diderot. 5 rue T. Mann, UFR GHSS-cc7001, 75205 PARIS Cedex 13

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Remote sensing of Andean mountain snow cover to forecast water discharge of Cuyo rivers

Nicolas Delbart, Samuel Dunesme, Emilie Lavie, Malika Madelin and Régis Goma

Introduction

1 Despite being an arid region with from 150 to 300 mm of annual precipitation (Capitanelli, 1967; Viale and Nuñez, 2011), the Argentinian Province of Mendoza in the Andean piedmont is populated by 1.7 million inhabitants (INDEC Census, 2010), essentially located in the Metropolitan Area of Mendoza (1.5 million inhabitants) or in other cities such as Tunuyán, San Martín or San Rafaël. 97% of the provincial population live in oases. In fact, in this Province, four rivers (from the north: Mendoza, Tunuyán, Diamante and Atuel) (Fig. 1) irrigate three oases1 (Northern, 2,500 km²; Central, also called Valle de Uco, 800 km²; and Southern, 1600 km²) and supply the cities. The Northern and Southern oases are located downstream of large dams and superficial run-offs are artificially regulated. The Central oasis does not benefit from human regulation and farmers mainly use groundwater, but a new dam is planned by the local managers in the Upper Tunuyán river catchment to regulate the water discharge upstream of the oasis of Valle de Uco. The Province of Mendoza and the organisation responsible for managing water, the General Department of Irrigation (DGI for Departamento General de Irrigación), have adopted an on-demand management (Lavie et al., 2015): until recently, they have sought to increase supply to fulfil needs rather than trying to moderate the demand to match the available resource2. For example, low winter flows (snow jams) are stored in big dam reservoirs, and thus there are no instream flows to feed wetlands in the plain downstream of the oases. Yet, from 2008, winters with little snow in the Andes and very hot summers have obliged the managers to modify their policy, by trying to stabilise or reduce water needs via awareness-raising campaigns (Lavie and Beltrando, 2013).

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2 The volumes taken by water managers are quite large, particularly during the agricultural growing season (from October). The peak is reached in summer, when both agricultural and domestic uses soar. From March, the food-processing industry (fruit canning and wineries) is a big consumer. The three oases do not have the same needs but, for all of them, the withdrawals are so great that the discharge drops downstream of the oases for the four rivers studied (around 2.5 m3/s for the Mendoza river for example3), while their water flow is 30 to 50 m3/s upstream of the irrigated areas. Significant waste has been noticed and can be explained by inadequate water management at the fine-scale level. For example, the domestic water cost is fixed and unrelated to consumption, which may induce additional waste; irrigation is being modernised (drip and micro-aspersion) in the new lands settled on the piedmont, but mostly remains gravity-fed, favouring evaporation.

3 Besides these consumption and water management issues, estimating the availability of short-term water volumes, that is to say the supply, is essential for a society based on irrigation.

4 The risk of water shortage in South American oases has been studied for a long time (Leiva, 1999; Cobos, 2002; Corripio et al., 2008; Cossart et al., 2010). Increased melting of the Andean glaciers is seen as a threat for the long-term water availability needed by the piedmont crops (Collin-Delavaud, 1968; Lavie, 2009; Poncet, 2011; Marshall, 2014). However, annual snow is the main source of the superficial water and aquifer recharge (e.g. 85% for the Mendoza river catchment according to Abraham et al., 2007). In fact, interannual variations in the yearly and monthly discharge of ten central Andean rivers (four Chilean and six Argentinian) in 1955-2002 were significantly correlated with variations in the regional snow accumulation, which was aggregated from the ground measurements of snow water equivalent (SWE) at six high-altitude stations located in both Argentina and Chile (Masiokas et al., 2006). Snow accumulation was also strongly correlated with precipitation west of the cordillera as measured at Santiago, and high accumulation generally (but not always) occurred during El Niño events, while half of low snow accumulation occurred during La Niña events. Forecasting Cuyo river discharge is thus possible from snow accumulation estimates if they are available but, because snow accumulation depends only partly on South Pacific atmospheric processes, discharge forecasts based on the Southern Oscillation Index (SOI) must be regarded with caution (Compagnucci and Vargas, 1998).

5 Ground measurements of snow cover may be used for forecasting but, because of technical or accessibility issues, such time series of snow accumulation are often incomplete, which is the case in our study area (Masiokas et al., 2006). Thus, satellite remote sensing has often been used to monitor seasonal snow synoptically (Nolin, 2010) and to study the effects of the interannual variability of snow cover on river discharge in other parts of the world (e.g. Immerzeel et al., 2009; Boudhar et al., 2009). Various technologies are available, all with advantages and disadvantages. Active and passive microwave remote sensing can be used to estimate the SWE of the snowpack (Grippa et al., 2005; Kelly et al., 2003; Nolin, 2010), or features like the timing of snowmelt using low-resolution active microwave sensors (Bartsch, 2010). However, passive microwave instruments have a coarse spatial resolution (about 20 km) that prevents a clear understanding of the estimated SWE value, especially in mountainous areas where high altitudinal variations occur within a 20-km range. On the other hand, current high spatial resolution active instruments (synthetic aperture radar) do not yet operate at

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the appropriate wavelength and suffer from topography effects on the backscattered signal. Moreover, SWE estimation by both types of instrument requires the snowpack to be dry. Optical remote sensing offers the possibility of monitoring the snow cover fraction within the pixel (Hall et al., 2006; Salomonson and Appel, 2004; Chaponnière et al., 2005), or providing a binary classification of it (covered or not in snow), but does not give any information on SWE or snow depth. At medium spatial resolution (250 m or more), images are available daily enabling seasonal changes in the snow cover to be monitored, but only if the cloud conditions are good.

6 In a previous study, we confirmed the clear link between the river discharge and the snow cover estimated using such medium spatial resolution remote sensing in a large portion of the Andean mountains (Delbart et al., 2014). In particular, we explored the relationships between the snow cover surface area each week and month and the mean discharge in the high-water season (September-April) of the four Cuyo rivers considered. We found that the mean discharge correlates particularly with the September and October snow cover. Here, we refine the analysis of the link between the seasonal and interannual variations of the mapped snow bed extent and those of the discharge of the four rivers, this time at each basin scale separately and not at the regional scale, in 2001-2014. From this analysis, we evaluate the possibility of using this optical remote sensing of snow to forecast water shortages.

Material and methods

7 Our study aimed to analyse the relationship between four river discharges, measured daily, and the snow cover estimated by remote sensing every eight days, at the scale of each watershed, delimited using a digital elevation model (DEM). All data are easily and freely available.

Watershed delimitation

8 The watersheds were extracted through an automated procedure implemented under ArcGis© Spatial Analyst applied on the Shuttle Radar Topography Mission DEM available from http://earthexplorer.usgs.gov/. The procedure consists of: 1. Filling the potential basins present on the DEM. These anomalies could distort the analysis. 2. Analysing the slope direction on each pixel. 3. Determining flow accumulation on each pixel to align drainage points on the DEM hydrographical network (shown in Fig. 2D for the Mendoza river watershed), which groups points showing large flow accumulation. 4. Using a slope direction raster, automatically identifying ridges and watersheds uphill of drainage points.

9 The four resulting watersheds are shown in Fig. 2B. Surface areas of watersheds upstream of the first dams are 7,108 km² (Mendoza), 2,460 km² (Tunuyán), 2,762 km² (Diamante), and 3,035 km² (Atuel).

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River discharge

10 Water discharge data come from an open database managed by the National Under- Secretary for Water Resources. Various resource managers contribute to this on-line database, such as the DGI for the Province of Mendoza. Amongst these data, we chose to use the daily discharge in m3/s because the dataset is complete from the 1930s or the 1950s (depending on the river) until June 2014. Flows are measured at noon for three rivers and at midnight for the Diamante river.

11 In order to evaluate the natural discharge for each catchment, the gauging stations located just upstream of the first reservoirs (see Fig. 1) were chose, that is to say: • on the Mendoza river: Guido station (32°54’55’’S - 69°14’16’’W), upstream of Potrerillos Lake, • on the Tunuyán river: Valle de Uco station (33°46’36’’S - 69°16’21’’W), • on the Diamante river: Jaula station (34°40’06’’S - 69°18’59’’W), upstream of Aguas del Toro Lake, • on the Atuel river: Angostura station (35°05’59’’S - 68°52’26’’W), upstream of Nihuil Lake.

Figure 1: Watersheds studied within the Province of Mendoza

Snow surface estimation

12 Snow cover maps are provided every eight days by the remote sensing MODIS MOD10A2 product, available from http://reverb.echo.nasa.gov/reverb/. The absence or presence of snow is derived for each 1-km² pixel from the Normalised Difference Snow Index (Salomonson and Appel, 2004). This is a spectral index that combines green and short-wave infrared reflectances estimated from satellite measurements; it is close to 1 when snow covers a large fraction of the pixel surface, and close to -1 when snow is

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absent. We used the MODIS tile h12v12 (Hall et al., 2006). Each MOD10A2 8-day image is a composite based on all satellite observations available during one eight-day period: for each pixel, the best observation is used to detect snow, this selection being made to minimise clouds and other atmospheric effects. Despite this compositing procedure, some pixels can still be classified as “cloud”, meaning that they were cloudy during the whole 8-day period. Thus, we used the cloud mask provided to exclude “cloud” pixels. This product has been evaluated; for example, it was compared with about 6,000 ground observations of the presence or absence of snow in Xinjiang (Wang et al., 2007). This revealed that snow is correctly detected in 94% of cases when the snow bed is deeper than 4 cm, the absence of snow is detected in 99% of cases, but snow detection accuracy drops to 7% when the snow cover is patchy and the snow bed is thinner than 1 cm. For our study, this lower accuracy for a thin snow bed may not greatly impact our results as it represents a small amount of water.

13 From this dataset, the surface area of the snow cover and cloud for each 8-day period was estimated within each of the following watersheds: Mendoza, Tunuyán, Diamante and Atuel river catchment areas.

14 To extract the snow coverage of each watershed at each available date, a Python script was developed to execute automatically the 3 steps represented in Fig. 2. Firstly, it re- projects all the MODIS dataset from the MODIS specific projection to the UTM 19S coordinate system using the PyModis module (http://pymodis.fem-environment.eu/). Then, it vectorises the re-projected images and calculates the area of each coverage type (snow, cloud) using GDAL/OGR (http://www.osgeo.org/gdal_ogr) for each watershed. This script was used to analyse the 674 images available at the time of this study.

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Figure 2: From original data to useful maps

A: MODIS data in sinusoidal projection. B: MODIS data re-projected in the UTM 19S coordinate system, and converted from raster to vector format. C: Clipped MODIS data on the Mendoza river watershed, and estimation of the snow and cloud surface areas.

Time series analysis

15 The time variations in snow extent and discharge of the four river catchments during the 2001-2014 period were analysed both qualitatively and quantitatively. In winter, clouds cover a significant part of the watershed areas. For example, up to 25% on average of the Tunuyán watershed is covered by clouds in the MOD10A2 image (Table 1) despite the compositing procedure that aims to reduce the cloud cover in the image. As clouds may hide the snow, snow cover estimates when more than 5% of the watershed was covered by clouds were rejected in order to keep only the time variations that are related to snow cover, leading to a reduced amount of data, especially in the months from June to August. Then, the time series of the daily discharge of each river and the snow surface area for the corresponding watershed were visualised in order to verify whether a link exists between the snowmelt timing and that of the beginning of the yearly increase in discharge, and whether the maximum discharge is directly linked to the maximum snow cover recorded in the previous winter.

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Table 1: Cloud cover fraction (%) averaged monthly in 2000-2013 for each watershed

16 Next, we analysed quantitatively how the total amount of water discharged during the high-flow period, i.e. during September-April, is controlled by the snow cover of the previous winter. Thus, the 8-day snow data were summarised in several parameters: annual maximum recorded snow surface area and monthly average snow surface area, for each year separately. The discharge during the September-April period was also averaged. Lastly, the linear relationship between each snow parameter time series and the average discharge was analysed.

Results

Daily discharge and eight-day snow cover time series

17 Each year, discharge clearly starts increasing from the beginning of the snowmelt period (i.e. in late September-early October, Fig. 3) as expected for these snow-glacier regime rivers. From the hydrological seasons of 2000-01 to 2008-09, hydrographs highlight a first flood of 2 to 4 weeks in spring, then the discharge plateaus, and a second flood occurs in early summer corresponding to both snow and ice melt. Each year, the peak, due to both snow and ice melt, occurs from mid-December to mid- January, within the same 48 h for the four rivers.

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Figure 3: Relationship between snow cover surface area (red) and water discharge (blue)

Daily water discharge measured on four rivers upstream of dams. Eight-day snow cover surface area was estimated from MODIS MOD10A2 data in each watershed. No data are shown when more than 5% of the watershed surface was covered by clouds. Sources of data: DGI / NASA LPDAAC for NSDIC (https://nsidc.org/data/modis/data_summaries/ index.html).

18 Since summer 2009-10 (December 2009-February 2010), dry years (until then quite exceptional, e.g. in 2003-04) have become more common. On one hand, annual volumes have decreased (i.e. for the Mendoza river, the mean discharge was 27.3 m3/s in June 2010-July 2011 compared to an average discharge of 49.4 m3/s for the decade 2001-2012). On the other hand, the seasonal behaviour has changed: no plateau can be seen between the spring and summer floods. In other words, the regime seems to have changed from snow-glacier to snow, maybe even to snow-rain, but firstly, climate data are needed to validate this hypothesis, and secondly, the period concerned is too short to confirm a significant regime change.

19 The Atuel river time series displays additional behavioural features: while the high- level period is similar to the northern rivers, it presents erratic variations out of this season, with flood peaks during the snow jam period. Two hypotheses can be proposed: 1) some rainstorms occur when floods appear in the autumn; 2) a rapid fresh-snowmelt during the foehn wind days. The Mendocinian foehn (named Zonda) creates high daily temperature amplitudes, especially in winter: temperatures can rise to 30 to 40°C in a few hours (Norte, 1988). This hypothesis is the most plausible, as the rises in the discharge are always simultaneous with a decrease in the snow bed extent in the same week (Fig. 3).

20 The large differences in discharge between the rivers match the large differences in total snow cover area between watersheds, these being linked to watershed dimensions. Interannual variations in the annual discharge appear for the four rivers, partly related to those of the snow bed. For example, for the Mendoza river, the

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relatively small snow extent over its watershed in June-September 2004 and June- September 2010 was followed by a relatively small water discharge peak in the next high-water period (September 2004-April 2005 and September 2010-April 2011, respectively), whereas the large snow extent in June-September 2005 was followed by a large water discharge in the September 2005-April 2006 period. In order to highlight this relationship between snow cover and discharge, we now focus on the average discharge over eight months, from September to April, i.e. the high-water level period.

Effect of winter snow cover on average discharge during the high- water period

21 The September-April average discharges of the four rivers present largely similar interannual variations, although some differences occur: for example, in 2008 the discharge was higher than average for the Mendoza river but close to average for the other three rivers. The September-April average discharge is poorly correlated with the monthly snow extent for the months of January to August (not shown, see Delbart et al., 2014), and weakly correlated with the maximum recorded snow extent (Fig. 4). This prevents concluding that there is a direct relationship between the total winter snow falls and the river discharge. Nevertheless, for each river, the average water discharge is strongly correlated with the snow extent in September (Figs. 4 and 5, Table 2) and October (Fig. 4, Table 2). This indicates that the total discharge is directly related to the area of the snow bed extent at the beginning of the snowmelt period.

22 For each watershed, the average discharge in September-April and the snow cover in September and October display relatively similar temporal interannual variations and their correlation is around 0.8 (Figs. 4 and 5, Table 2). The linear model parameters are almost the same for two rivers (Tunuyán and Diamante), which differ slightly from those of the Atuel, and greatly from those of the Mendoza river. These differences indicate that one snow surface unit does not translate into the same amount of water discharge for the Mendoza river as for the other rivers. Discharge residuals of the linear regression are generally slightly smaller for the October snow surface area than for the September snow surface area (Table 2).

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Figure 4: Snow cover surface area and average discharge of the rivers in the high-water level period (September-April), in 2001-2013

Sources: DGI / NASA LPDAAC for NSDIC (https://nsidc.org/data/modis/data_summaries/index.html).

Figure 5: Average discharge in September-April versus snow cover in September

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Table 2: Parameters of least square regression linear modelling [Average discharge] = a * [Monthly snow cover] + b, correlation, average absolute residuals, and (in brackets) average residuals relative to mean discharge

Discussion

23 The annual precipitation in the mountain areas is between 300 and 600 mm in the Mendoza river catchment and from 500 to 800 mm in the other watersheds studied, mostly in the form of snow, whereas the precipitation is from 150 to 250 mm at lower altitude where the oases are (Norte, 2000). Agriculture and human activities in these oases depend on the river discharge, which clearly depends on the snow extent at the beginning of the snowmelt period. We did not find a direct strong link with the maximum snow surface area during winter. This may be due to the persistent cloud cover from June to August that led us to reject a large amount of data within this period. Thus, what is called “maximum snow cover” is in fact the maximum snow cover observable under the constraint of cloud cover.

24 Our results indicate that it is possible to use remote sensing to forecast the average discharge in the September-April period from MOD10A2 images, e.g. from images during the September period (Fig. 6). MOD10A2 data are freely available 10 days after acquisition and thus it is possible to anticipate in late September or early October the risk of a water shortage in the following summer. As regression residuals are smaller when the discharge is modelled from the October snow extent, a second and more precise estimate can be provided in early November.

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Figure 6: Comparison of the September-April discharge values modelled from remote sensing of snow extent with measured values

25 Unfortunately, large deviations occur between the modelled and the measured discharge, for example for the Atuel river in 2009, thus our forecasting method must be backed-up by other methods. Our method is based on the linear regression between the interannual time series of snow surface area and discharge, thus deviation means that a snow surface unit does not always translate into the same amount of water every year. First, like any other remote sensing-based product, the MOD10A2 snow bed area displays some uncertainty, especially when the snow bed is thin as described above. Moreover, the most obvious explanation for the deviations from the linear model is that interannual variations in the snow depth were not considered. Snow bed SWE variations inferred from passive microwave remote sensing (e.g. Grippa et al., 2005; Kelly et al., 2003) may help to refine our forecasting method, although, as mentioned before, the 20-km spatial resolution makes it very uncertain. Other explanations are that the interannual variations in liquid precipitation and in the annual amount of water from ice melt were not considered. These are potentially major effects, linked to interannual variations in temperature. In particular, changes in the ratio between liquid and solid precipitations, or in the altitude of the transition between rain and snow, may significantly alter the empirical models proposed in this study. Finally, we cannot exclude interannual variations in the amount of sublimation. At the time of this study, we cannot provide an order of magnitude for these effects.

26 The linear relationships between discharge and snow surface area differ from one catchment to another. Compared to our previous study (Delbart et al., 2014) carried out at the scale of the Province of Mendoza, here we could highlight these differences because the catchments were treated individually, which leads to new questions but still represents significant progress. Several explanations are possible, starting again from the differences in snow depth between the watersheds as they may not receive

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the same amount of precipitation. Secondly, horizontal snow surfaces were considered and not topography. Differences in the slope distribution between watersheds may impact the potential snow accumulation. Moreover, north-facing slopes receive more solar radiation than south-facing ones, and thus the aspect distribution within each catchment may also explain some of the differences between the four empirical linear relationships found here.

27 By adding MODIS snow cover and precipitation data to a hydrological model, under the constraint of the measured discharge, Immerzeel et al. (2009) suggested a contribution of glacier melting to the water flow of several rivers in the Himalayas. In addition to the data-based analysis of topography, snow depth and rain variability effects on the discharge and its relationship to snow cover, such a model-based approach may help to establish better the water budget of the four catchments studied here, but this requires reliable meteorological data (Pellicciotti et al., 2012), which are not yet available.

Conclusion

28 Despite the limitations discussed above, the snow surface area estimated by optical remote sensing at the beginning of the snowmelt period explains the average discharge in the high-water level period, while the decline in September and October snow surface areas largely explains the decrease in the four river discharges observed in 2000-2014 (Fig. 6). Correlations of about 0.8 were found, which enabled us to propose a discharge forecasting method that explains over 60% of the interannual variation, which is better than the previously proposed forecast methods based on South Pacific climatic indices (Masiokas et al., 2006, Compagnucci and Vargas, 1999). Our method displays an average error of around 15% and the forecast can be provided early in spring as the data are rapidly available. Thus, although imperfect, our method may contribute to anticipating the available water volumes for Northern and Southern oases whose water flow is managed via reservoirs. This should help the DGI to improve water storage in the lakes/reservoirs. Indeed, forecasting in early spring the available water during the flooding season may prove a valuable tool for managers.

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NOTES

1. : The Province of Mendoza also has 2 small mountain oases (Uspallata and Malargüe), but their challenges are not comparable with the three big ones. 2. : For further information on water management according to supply and demand, see Turton and Meissner 2002; Blanchon and Maupin, 2009; Maupin, 2015. 3. : There is no official monitoring, but we estimated it once a month from 2003 to 2010.

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ABSTRACTS

In the Argentinian Dry Andes, although the melting of glaciers is seen as a threat for the long- term water availability needed by the piedmont crops, the annual snowmelt is the main source of superficial water and aquifer recharge. In this study, we analyse the link between the seasonal and interannual variations in the discharge measured upstream of the first dams on four rivers (Mendoza, Tunuyán, Diamante, Atuel) of the Argentinian Cuyo region (in the Federal Province of Mendoza) and those of the snow bed extent as mapped by optical remote sensing (MODIS MOD10A2 product) on a weekly basis in the 2001-2014 period, at the scale of each watershed. For the four snow-glacier regime rivers, seasonal variations in the discharge appear directly related to those of the snow bed surface area in each watershed, as shown previously (Masiokas et al., 2006). We observed that the high-water period (September-April) discharge is directly related to the snow extent at the beginning of the snowmelt period, i.e. in September and October, as revealed by a correlation of about 0.8. Moreover, the decreasing trend in the winter snow bed extent from 2001 to 2014 clearly explains the observed decreasing trend in the annual water discharge. Agriculture and human activities in these oases mostly depend on river discharge, which from our results clearly depends on the snow extent. Our research indicates that it is possible to use remote sensing to forecast the average discharge in the September-April period (high-water season) from MOD10A2 images with an average uncertainty of 15%. As MOD10A2 data are freely available ten days after acquisition, it is possible to anticipate in early October the risk of water shortages in the coming summer.

INDEX

Keywords: discharge, rivers, snow, remote sensing, MODIS, Andes, Mendoza, Argentina

AUTHORS

NICOLAS DELBART Université Paris-Diderot, CUE Sorbonne-Paris-Cité, UMR CNRS 8586 PRODIG. 5 rue T. Mann, UFR GHSS-cc7001, 75205 PARIS Cedex 13. [email protected]

SAMUEL DUNESME Etudiant en Master 2 (TGAE Télédétection et Géomatique appliquées à l’environnement), Université Paris-Diderot. 5 rue T. Mann, UFR GHSS-cc7001, 75205 PARIS Cedex 13

EMILIE LAVIE Université Paris-Diderot, CUE Sorbonne-Paris-Cité, UMR CNRS 8586 PRODIG. 5 rue T. Mann, UFR GHSS-cc7001, 75205 PARIS Cedex 13

MALIKA MADELIN Université Paris-Diderot, CUE Sorbonne-Paris-Cité, UMR CNRS 8586 PRODIG. 5 rue T. Mann, UFR GHSS-cc7001, 75205 PARIS Cedex 13

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RÉGIS GOMA Etudiant en Master 2 (TGAE Télédétection et Géomatique appliquées à l’environnement), Université Paris-Diderot. 5 rue T. Mann, UFR GHSS-cc7001, 75205 PARIS Cedex 13

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Changement climatique et ressource en eau en Himalaya Enquêtes auprès de villageois dans quatre unités géographiques du bassin de la Koshi, Népal

Joëlle Smadja, Olivia Aubriot, Ornella Puschiasis, Thierry Duplan, Juliette Grimaldi, Mickaël Hugonnet et Pauline Buchheit

NOTE DE L'AUTEUR

Remerciements. Nous tenons à remercier tout particulièrement : notre collègue Narendra Khanal du Département de Géographie de l’Université de Tribhuvan à Kirtipur (Népal) qui nous a apporté son aide tout au long de ce programme ; Harka Bahadur Majhi qui a accompagné la plupart des missions sur le terrain ainsi que Dawa Nuru Sherpa pour la haute montagne et Manisha Rai pour les basses montagnes, ils ont tous trois assuré la traduction pour les étudiants ; les relecteurs qui nous ont permis d’améliorer ce texte. Cet article a été finalisé après les séismes du 25 avril et du 12 mai au Népal qui ont fait des milliers de victimes et engendré des dégâts considérables : nous avons une pensée toute particulière pour tous les Népalais avec lesquels nous avons travaillé sur le terrain.

Introduction

1 Les répercussions du changement climatique sur la ressource en eau devraient être particulièrement importantes en montagne (Buytaert, 2012) et d’autant plus en Himalaya où la hausse des températures plus élevée que la moyenne mondiale a des effets notables sur la cryosphère (Ericksson et al., 2009 ; IPCC, 2013). À partir de ce constat1, nous avons entamé des recherches dans le cadre du programme interdisciplinaire Paprika2 : « Réponses de la cryosphère aux pressions anthropiques en Hindu Kush-Himalaya : répercussions sur les ressources en eau et adaptation de la société au Népal ». Il avait pour objet une partie du bassin de la Koshi dans l’est du pays

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(Aubriot et al., 2012) (fig. 1). Notre objectif était de savoir si les populations constataient des variations de la ressource en eau affectant leurs pratiques et si elles les attribuaient à des changements climatiques3.

Figure 1. Localisation des sites d’étude et des stations météorologiques retenues dans le bassin de la Koshi, Népal

Réalisation : O. Puschiasis (2015). Sources : données issues du projet Paprika et ICIMOD (http:// geoportal.icimod.org)

2 À cette interrogation, des études auprès des populations dans plusieurs localités himalayennes répondent par l’affirmative4. En les relayant et en s’appuyant sur les cas les plus spectaculaires – comme celui du déplacement de villages du Mustang, qui a conduit à parler des « premiers réfugiés climatiques au Népal »5 –, médias et organismes de développement tendent à donner une image uniforme de la situation en Himalaya, celle d’un manque d’eau actuel et à venir. Les propos de Crate et Nuttal (2009 : 9) qui estiment qu’à travers le monde les populations subissent déjà les effets du changement climatique, qu’elles luttent pour y faire face et trouver des solutions sont ainsi confortés. Les études utilisant mesures et simulations, quant à elles, sont moins catégoriques. Les auteurs s’accordent sur le fait que le climat connaîtra une plus grande variabilité dans les années à venir, mais nombre d’entre eux soulignent des incertitudes (Hallegatte, 2009 : 242 ; Buytaert, 2012 : 385 ; Bharati et al., 2012 : 22) et des différences notoires entre l’ouest et l’est de la chaîne himalayenne dans la dynamique de fonctionnement des glaciers et dans leur apport au débit des cours d’eau. Dans l’ouest et dans les vallées d’altitude à l’abri de la mousson, les précipitations essentiellement hivernales rechargent les glaciers (Bookhagen et Burbank, 2010) dont l’eau de fonte en été est la principale source d’alimentation des cours d’eau (ib. ; Rees and Collins, 2006). Dans l’est, les glaciers connaissent simultanément une accumulation due aux précipitations de mousson (Wagnon et al., 2013) et une fonte estivale (Rees et Collins,

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2006). Ils ont perdu de la masse (Gardelle et al., 2011), sont en retrait, mais participent peu au débit total des cours d’eau qui est dominé à 75-80 % par une alimentation pluviale de mousson (Bookhagen et Burbank, 2010). Dans le bassin de la Koshi coiffé par le massif de l’Everest, le retrait des glaciers, emblématique du changement climatique, devrait donc avoir des conséquences moins importantes pour les activités des populations que la variation du régime des pluies6 (Wagnon et al., 2008).

3 Au Népal, évaluer la disponibilité en eau pour les populations, et a fortiori son lien avec des variations climatiques se révèle être complexe. Le département d’hydrologie (DHM) ne mesure que les débits des rivières principales. Or, en raison de leur forte variation de régime, leur dangerosité et la quantité de sédiments qu’elles transportent pendant la mousson, elles ne sont que rarement utilisées par les populations de montagne ; seuls les torrents de versant le sont. De plus, dans cette région au climat de mousson, où les variations climatiques sont importantes d’une année à l’autre et d’une région voire d’un versant à l’autre, les stations météorologiques, installées surtout en basse altitude, sont en nombre insuffisant et ne sont pas toujours fiables7. Enfin, la « réserve » souterraine en eau est très peu étudiée, ce que déplorent plusieurs auteurs (Andermann et al., 2012 ; Miller et al., 2012).

4 La nécessité d’études combinant observations et enquêtes auprès des populations pour tenter d’appréhender les réalités locales dont les modèles ne peuvent rendre compte n’est donc plus à démontrer (Aykut et Dahan, 2011 ; Jasanoff, 2010), mais le choix des localités étudiées, les modes d’acquisition des données et leur interprétation requièrent rigueur et prudence. Notre parti-pris a été de tenir compte, au-delà des disparités entre l’est et l’ouest de la chaîne himalayenne, de la diversité de ses milieux du nord au sud ainsi que du contexte culturel et socio-économique des régions étudiées. Cette démarche nous a conduits à mettre en valeur les unités géographiques et les groupes les plus susceptibles d’être affectés par des variations climatiques8.

Principes méthodologiques

5 Dans les études népalaises, la classification des unités géographiques communément retenue est celle de haute montagne, colline et plaine9. Découpage qui nous paraît insuffisant puisque l’origine de l’eau et sa disponibilité diffèrent grandement entre haute montagne, moyenne montagne, basse montagne/colline, et plaine (Smadja, 2003) (fig. 2). C’est pourquoi nous avons sélectionné un village10 d’étude dans chacune de ces quatre unités.

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Figure 2. Bloc diagramme nord-sud de l’Himalaya népalais

Etudier le changement climatique sans en parler…

6 Contrairement aux enquêtes portant directement sur l’appréciation du changement climatique11, et à l’instar de Marino et Schweitzer (2009), nous n’avons pas abordé d’emblée cette question, craignant d’orienter la discussion vers des idées véhiculées par les médias, chercheurs ou organismes de développement, très présents dans la région de l’Everest. Nos enquêtes auprès des villageois ont porté en premier lieu sur les pratiques dépendant de la ressource en eau – agriculture, élevage, utilisation des fontaines, moulins, turbines hydro-électriques – et sur leur évolution, pour finalement aborder le climat et ses éventuels changements. Leurs propos sont à interpréter à la lumière des représentations qu’ils se font de leur environnement, lesquelles ne sont ni neutres ni objectives : elles sont culturellement et socialement construites comme le rappellent Guneratne (2010), Depeau (2006 : 8) ou Marry et Arantes (2012 : 2).

7 Ainsi, notre méthode part du principe qu’agriculteurs et éleveurs s’intéressent aux variations des éléments du climat susceptibles de modifier leurs productions et leurs pratiques (Vedwan et Rhodes, 2001). Mais, de ce fait : tous les phénomènes climatiques ne sont pas mentionnés ; les changements évoqués reposent sur ce qu’idéalement le temps ou les conditions saisonnières devraient être (Rebetez, 1996 ; Vedwan et Rhoades, 2001 ; Harley, 2003 ; Orlove, 2003 ; Maddison, 2007) ; les agriculteurs ne retiendraient que des tendances moyennes (West et Vasquez-Leon, 2003), ou au contraire les extrêmes (Vedwan et Rhodes, 2001) ; ils mémorisent surtout des faits visuels (ib.) ; les réponses diffèrent selon l’âge ou le genre (Maddison, 2007 ; Brou et Chaléard, 2007 ; Aubriot, 2014), l’origine des savoirs (Sherpa, 2014) ou la localisation des villages (Byg et Salick, 2009). Ces difficultés nous ont conduit à privilégier une approche qualitative reposant sur des enquêtes ouvertes ou semi-directives, directement en népali ou à l’aide d’un traducteur, auprès d’un échantillon de population représentatif dans chaque village. Des diagnostics socio-économiques et de systèmes agraires portant sur plusieurs décennies ont été réalisés au cours d’études de terrain de plusieurs mois. Les résultats obtenus, une fois leurs limites connues, servent à compléter, sans les remplacer, les données quantitatives.

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… quand les Népalais parlent du climat et de ses changements

8 Les agriculteurs népalais expriment la notion de climat par les termes hāwā pāni (hāwā : l’air ou le vent, pāni : l’eau ou la pluie) qui évoquent les conditions météo propices à de bonnes récoltes, mais aussi à de bonnes conditions de vie : « […] les différents groupes ethniques du Népal se sentent particulièrement liés à un milieu, leur hāwā pāni (vent, pluie), termes qui désignent non seulement le climat mais aussi ce qui lui est lié : la flore, la faune, le type de culture, d’habitat, etc. » (Lecomte-Tilouine, 2003 : 168). Mais ils ne parlent guère de « changement climatique ». Les Népalais sensibilisés à cette question (scientifiques, responsables communaux, membres d’ONG, journalistes etc.) emploient, comme leurs homologues indiens, l’expression sanscrite « savante » jalavāyu parivartan (jala : l’eau ; vāyu : l’air ; parivartan : changement). Dans les deux cas, la notion de climat est associée à l’air et à l’eau, « au vent qui amène les pluies nécessaires aux cultures au bon moment »12 et, entre autres, pour les agriculteurs de l’Himalaya central et oriental, au flux humide de mousson qui, s’il est perturbé, compromet les récoltes.

9 Quant aux glaciers et à la neige, ils prennent une valeur particulière en Himalaya puisqu’ils ont donné leur nom à tout le massif : him signifie neige et alaya, séjour, en sanscrit. L’Himalaya, séjour des neiges éternelles (associées localement aux glaciers), est aussi surtout celui des dieux et pour de nombreuses personnes les perturbations climatiques résultent de leur colère. Que glaciers et neige viennent à disparaître, que la montagne devienne « noire » comme le déplorent de nombreux villageois interrogés et c’est l’univers symbolique des populations himalayennes qui s’effondre.

Un changement parmi d’autres

10 Enfin, il nous faut situer les propos recueillis sur le changement climatique dans le cadre d’un Népal qui connaît des transformations profondes. Les trois dernières décennies ont vu se généraliser de nouvelles techniques et pratiques agricoles, de nouveaux modes de vie ainsi que le développement du tourisme dans les régions d’altitude13, qui ont participé à l’augmentation des besoins en eau. De ce fait, le constat d’un manque d’eau, qui peut être attribué par commodité ou en raison d’un discours ambiant au « changement climatique », doit aussi être analysé au vu de ces changements sociaux, économiques et technologiques.

La variabilité nord-sud, sur 4 sites d’étude

11 Nous rapportons ici les principaux changements mentionnés par les populations lors de nos entretiens en nous en tenant aux propos dominants et à ce que les personnes interrogées ont mis en avant.

Haute montagne

12 En haute montagne (8850-3500 m), où glaciers et neige couvrent les sommets, l’eau utilisée par les populations provient en partie de leur fonte. Dans le village de Pangboche (3800-6000 m, VDC [voir note 10] de Khumjung, district du Solu-Khumbu) (fig. 3), plus de 200 entretiens, incluant des localités voisines, ont été menés14. Les

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moyennes annuelles à 3850 m sont de 646 mm pour les précipitations et de 5°C pour les températures (minima : -0,4°C ; maxima : 13,8°C)15 (fig. 4). Une agriculture pluviale (pommes de terre, sarrasin) et la pratique de l’élevage transhumant (yaks et leurs hybrides) sont au service du tourisme qui constitue aujourd’hui la principale activité économique.

Figure 3. Haute montagne. Versant de Pangboche, février 2011

À plus de 3800 m, le village de Pangboche est surplombé par le glacier de Tauche (6540 m) dont la fonte alimente en partie les cours d’eau et fontaines. Le village (yul), découpé en plusieurs hameaux situés entre 3950 et 4100 m, est localisé en versant adret, sur des terrasses alluviales. Exposé au sud- est, il est à l’abri des vents. Une agriculture pluviale à base de pomme de terre et de sarrasin est pratiquée dans des champs délimités par des murets de pierres. Le versant ubac, abritant les dernières forêts d’altitude, est dévolu à la culture de fourrage et à son stockage dans des cabanes (yersa). Pangboche est également un village d’étape touristique sur le chemin qui mène au camp de base de l’Everest, sommet que l’on aperçoit en arrière-plan. Cliché : O. Puschiasis

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Figure 4. Diagrammes ombrothermiques. Haute Montagne

- Namche Bazar (alt. 3570 m), données collectées par EV-K2-CNR de 2002 à 2006 et en 2011. Les précipitations moyennes cumulées sont de 876 mm/an et la température moyenne de 5,1°C. - Pangboche (alt. 3850 m), données collectées dans le cadre du programme PAPRIKA en 2011, 2012 et 2013. Les précipitations moyennes cumulées sont de 646 mm/an et la température moyenne de 5,0°C.

13 Les villageois signalent des hivers moins rigoureux (en conséquence ils utiliseraient moins de couvertures la nuit16) et un dégel des torrents plus précoce. Ils déplorent des sommets qui deviennent « noirs » (sans neige) depuis 1995 (date repère car elle correspond à une avalanche dévastatrice). Les chutes de neige sont dans l’ensemble moins fréquentes, moins abondantes et couvrent le sol moins longtemps, même si depuis 2009 de nouveaux épisodes neigeux tardifs se produisent au printemps, jusqu’à mi-avril. La neige, qui sert d’isolant et maintient l’humidité du sol, n’est pas remplacée par des pluies. De ce fait, les rendements des pommes de terre et de fourrage pour les animaux (par manque d’eau) et du sarrasin (en raison du gel) diminueraient. Par ailleurs, les villageois ont noté au cours de la dernière décennie une accentuation de la variabilité des pluies de mousson ainsi que des pluies inhabituelles fin septembre et en octobre qui nuisent au séchage du foin et perturbent le début de la saison touristique d’automne. Une plus grande imprévisibilité des conditions météorologiques est évoquée par tous, mais la disponibilité en eau dans les torrents de versant ne préoccupe guère les habitants de Pangboche qui s’interrogent surtout sur la qualité de la ressource en lien avec les activités touristiques (pollution par les eaux usées).

Moyenne montagne

14 Les moyennes montagnes (4500-1500 m) caractérisées par de longs versants n’ont pas de glacier, mais les sommets reçoivent des précipitations neigeuses. Bien alimentées en

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eau, elles bénéficient, outre de l’eau de fonte de neige, de pluies d’orage au printemps et de pluies de mousson abondantes en été. Dans le bassin de la Khari Khola (VDC de Jubhing, Solu-Khumbu) (fig. 5), 115 interviews (soit 15 % des maisonnées du VDC) ont été menées17. Les moyennes annuelles à 2 500 m d’altitude sont estimées, pour les précipitations, à 3000 mm et, pour les températures, à 15°C18 (fig. 6). Hormis du riz irrigué en bas de versant, les cultures, en terrasses, sont surtout pluviales (maïs, millet, blé, pommes de terre, orge). Au dessus de 2500 m, dominent forêts et pâturages qui sont utilisés par les hybrides de yaks toute l’année et par les bovins pendant la mousson. Une partie de la production est ici aussi destinée aux touristes bien que ces derniers soient beaucoup moins nombreux qu’en haute altitude.

Figure 5. Moyenne montagne. Bassin de la Khari Khola, avril 2014

De longs versants s’étagent de 1500 à 4500 m, des milieux subtropicaux à des milieux tempérés, puis alpins. Ils sont façonnés en terrasses de 1600 à 2500 m d’altitude sur lesquelles sont généralement réalisés 3 cycles de culture en 2 ans : une succession de maïs en association avec des pommes de terre, du blé ou de l’orge et de l’éleusine. L’habitat est dispersé à mi-pente. Au-delà de 2500 m et jusqu’à 4500 m, dominent la forêt – qui procure bois de feu, de construction, fourrage, litière – ainsi que les pâturages d’altitude (kharka). Cliché : J. Smadja

Figure 6. Diagrammes ombrothermiques. Moyenne montagne

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- Jiri (alt. 2003 m), données collectées par DHM de 1971 à 2012. Les précipitations cumulées sont de 2301 mm/an. - Lukla (alt. 2660 m), données collectées par EV-K2-CNR en 2005, 2007, 2009 et 2013 pour les précipitations et 2003, 2005, 2007, 2009, 2011 et 2013 pour les températures. Les précipitations moyennes cumulées sont de 2053 mm/an et la température moyenne de 10,1°C. Les quantités de pluies dans ces deux stations paraissent sous-estimées dans la mesure où les quelques mois de relevés réalisés dans le bassin de la Khari Khola en 2014 indiquent plutôt des totaux annuels de l’ordre de 3000 mm entre 2000 et 3000 m d’altitude.

15 Les villageois signalent peu de changements dans leurs pratiques et dans le climat si ce n’est, comme en haute montagne, des chutes de neige moins fréquentes, moins abondantes et couvrant le sol moins longtemps depuis une vingtaine d’années. Tandis que dans les années 1990 elles atteignaient encore des villages à 1800 m d’altitude, elles ne tombent plus qu’à partir de 2000 m. Contrairement aux hautes montagnes, les villageois ne constatent aucun changement dans les productions agricoles en relation avec une diminution du couvert neigeux car, disent-ils, la neige est remplacée par des précipitations pluvieuses. Ils signalent également moins de gel néfaste aux cultures, mais au-dessus de 2700 m, le gel fige toujours les torrents d’altitude et certaines sources en hiver.

16 Depuis une dizaine d’années, des pluies inhabituelles tombent en octobre-novembre, mais le régime des pluies de printemps ou de mousson n’aurait guère changé : les dates d’arrivée de la mousson et son intensité sont variables, cependant les personnes interrogées soulignent qu’il en a toujours été ainsi. Ils déplorent en revanche des chutes de grêle d’une violence inédite qui ont dévasté cultures et forêts en rive droite de la Khari Khola en 2009.

17 Par ailleurs, si certains villageois au fait des discours sur le changement climatique attribuent à l’augmentation des températures l’introduction récente de bananiers, orangers ou citronniers à 2000 m, la plupart ne voient aucun décalage en altitude des espèces végétales ni de changement particulier dans leurs dates de floraison.

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Basse montagne

18 Les basses montagnes (2400-400 m) ne bénéficient ni des pluies d’orage ni de la fonte de la neige au printemps. Elles connaissent une saison sèche très marquée avant la mousson. Dans le VDC de Mangaltar (1 200-400 m, district de Khotang) (fig. 7), 66 interviews (soit 15 % des maisonnées) furent conduites19. Les moyennes annuelles peuvent être estimées à moins de 1500 mm pour les précipitations20 (rares de novembre à mars), et à 20°C pour les températures21 (fig. 8). Les versants en terrasse accueillent des cultures pluviales (maïs en début de mousson suivi de millet) et irriguées (riz l’été et parfois blé et pomme de terre en hiver). Le bétail est gardé en stabulation.

Figure 7. Basse montagne. Mangaltar, rive gauche de la Dudh Koshi, février 2012

Entre 400 et 1 200 m, les milieux vont du subtropical au tropical. Les terrasses de mi-pente sont occupées par les cultures pluviales de maïs, millet et lentille, sur champs bari. Dans la partie inférieure du versant, des terrasses sont irriguées pour la riziculture (khet) par la dérivation de l'eau provenant soit d’affluents de la Dudh Koshi, temporaires ou permanents, soit de résurgences. Les pentes fortes sont pâturées. Le haut de versant est occupé par une forêt de pins. Les arbres en bord de terrasses sont essentiels pour fournir du fourrage au bétail toute l'année. A l'époque de la photo, les rares pluies suivies d'un travail du sol permettent de préparer le semi du maïs. Cliché : J. Grimaldi

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Figure 8. Diagrammes ombrothermiques. Basse Montagne

Les données de Khotang Bazar (1 295 m), à une altitude équivalente à celle de Mangaltar et dans un milieu semblable, sont partielles et peu exploitables (précipitations inférieures à 1500 mm sur 22 années entre 1971 et 1996). - Okhaldhunga (alt. 1 720 m), données collectées par DHM de 1986 à 2012 pour les températures et de 1971 à 2012 pour les précipitations. Les précipitations moyennes cumulées sont de 1766 mm/an et la température moyenne de 17,3°C. - Salleri (alt. 2 378 m), données collectées par DHM de 1975 à 2012. Les précipitations moyennes cumulées sont de 1677 mm/an.

19 Dans cette unité, les villageois ne parlent pas de hausse des températures. En revanche, ils mentionnent des périodes de froid plus courtes mais plus intenses en hiver. Associées à des brouillards (hussu) plus fréquents et plus denses depuis une quinzaine d’années, elles auraient des répercussions négatives sur la santé du bétail et sur les rendements des cultures d’hiver.

20 Ici aussi les villageois soulignent la variabilité interannuelle des dates d’arrivée et de l’intensité de la mousson à laquelle ils se sont toujours adaptés, mais depuis une dizaine d’années, l’arrivée des pluies serait plus tardive, leur intensité moindre et il y aurait une sécheresse d’hiver et de printemps plus marquée. Ils y associent une diminution du débit des cours d’eau et des sources qui complique l’approvisionnement en eau pour l’alimentation du foyer et l’abreuvement des animaux.

Plaine du Téraï

21 Dans la plaine du Téraï (200-70 m), Balaha (Inaruwa municipalité) bénéficiant de l’eau de la Koshi pour l’irrigation et Pipara (VDC de Bhadgaon-Sinuwari) ont été sélectionnés dans le district de Sunsari (fig. 9). 148 interviews y ont été menées (soit 11 % des maisonnées)22. Les moyennes annuelles sont de 1880 mm pour les précipitations et de

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24,3°C pour les températures (maxi : 30°C, mini : 18,6°C)23 (fig. 10). Riz irrigué et blé d’hiver sont les principales cultures, les animaux sont en stabulation fixe.

Figure 9. Plaine du Téraï. Rizières du district de Sunsari, octobre 2010

En milieu tropical, entre 70 et 200 m d’altitude, la plaine est consacrée à l’agriculture intensive de blé d’hiver et de riz irrigué en partie grâce à l’eau de la Koshi. Depuis 1970, des migrants sont venus en nombre des montagnes transformant radicalement la vie économique et sociale de la plaine. Cliché : A. Aubriot

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Figure 10. Diagrammes ombrothermiques. Plaine du Téraï

- Tarahara (alt. 200 m), données collectées par DHM de 1987 à 2012 pour les températures et de 1971 à 2010 pour les précipitations. Les précipitations moyennes cumulées sont de 1877 mm/an et la température moyenne de 24,1°C. - Biratnagar (alt. 70 m), données collectées par DHM de 1971 à 2012 pour les températures et de 1970 à 2007 pour les précipitations. Les précipitations moyennes cumulées sont de 1889 mm/an et la température moyenne de 24,5°C.

22 En hiver, brouillard et froid plus intense sont également signalés pour la plaine, ils ont les mêmes caractéristiques et conséquences qu’en basse montagne. D’autres changements sont rapportés mais varient trop d’une personne à l’autre pour permettre de dégager des tendances : des averses inhabituelles au printemps ; des destructions de cultures par la grêle en cette saison, mais nous précise-t-on les cultures sont nouvelles et non la grêle ; des pluies de mousson qui duraient jusqu’à sept jours d’affilé avant les années 1970, tandis qu’elles ne durent guère plus de deux jours maintenant ; des pluies qui tombaient en temps voulu pour les cultures et étaient plus abondantes, mais d’autres en revanche qui n’observent guère de changement, considérant que les variations de la mousson lui sont inhérentes. Les villageois n’ayant pas accès à l’eau d’irrigation de la Koshi indiquent un retard dans le début de la mousson depuis une quinzaine d’années.

23 Aucun changement dans les pratiques en lien avec ces variations climatiques n’a été mentionné.

Apports et limites des données recueillies

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Figure 11. Principales variations climatiques mentionnées par les populations dans les quatre unités géographiques étudiées

Une hausse des températures ressentie en haute et moyenne montagne

24 Les villageois ressentent nettement une augmentation des températures en haute et moyenne montagne, tandis qu’ils n’en parlent guère en basse montagne et dans le Téraï où le fait marquant est plutôt la rigueur nouvelle des périodes de froid. Ce constat n’infère pas une absence de réchauffement dans ces deux dernières unités, mais suggère que certains facteurs peuvent influer sur la façon de percevoir les changements : en effet, en altitude le réchauffement a des conséquences visuelles directes puisqu’il se traduit par une régression du manteau neigeux.

25 Ces résultats rejoignent ceux des climatologues qui constatent une augmentation des températures en Himalaya (0,04°C/an sur les 25 dernières années, Kulkarni et al., 2013), supérieure à la moyenne mondiale (0,74°C de 1906 à 2005, IPCC, 2007), et une accentuation du réchauffement avec l’altitude (Shrestha et al., 1999 ; Sharma, 2009 ; Shrestha et Aryal, 2011 ; Singh et al., 2011 ; Kulkarni et al., 2013).

26 Cependant il n’est guère possible d’établir un lien direct entre ces hausses de températures et de nouvelles pratiques dans la mesure où : en haute montagne, le décalage dans les périodes de plantation des pommes de terre signalé par certains agriculteurs pourrait être attribué au choix des variétés utilisées ou au chevauchement des calendriers agricole et touristique au printemps (mars-mai) plutôt qu’à des variations climatiques ; en moyenne montagne, les bananiers récemment plantés jusqu’à 2000 m sont peu productifs vu l’altitude, et de nombreux fruits et légumes ont été introduits partout en Himalaya depuis trois décennies. La preuve de leur introduction en raison d’un réchauffement climatique reste à faire.

Moins de neige

27 En altitude, la diminution des précipitations neigeuses (en nombre, quantité et durée) est notée de façon unanime par les populations, ce qui conforte la plupart des études

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sur ce point (Vedwan et Rhoades, 2001 pour le Kullu ; McDowell et al., 2013 pour le Khumbu ; Chaudhary et Bhawa, 2011 pour Ilam et Darjeeling). Ce phénomène est d’autant plus important à prendre en considération que ces précipitations ne sont correctement mesurées nulle part en Himalaya24 et qu’elles sont sous-estimées dans les modèles qui de ce fait ne peuvent montrer de tendance à la diminution à l’échelle annuelle (Savéan, 2014). Recourir à des entretiens a toutefois aussi des limites. En effet, l’observation directe des épisodes neigeux comparée quelques mois plus tard avec le souvenir qu’en ont les populations a montré que ces dernières n’en parlent que si le couvert neigeux persiste au sol au moins une journée et s’il les gêne dans leurs activités.

28 La comparaison des informations recueillies par entretiens avec des données mesurées et modélisées confirme également la minimalisation par les populations des épisodes neigeux (Puschiasis et Savéan, en préparation). Les villageois peuvent ainsi dire qu’il n’a pas neigé alors que les images satellites montrent le contraire. Mais nous avons aussi pu constater que des chutes de neige nocturnes avaient en grande partie fondu à l’heure de passage du satellite MODIS (10 h) et n’ont pu être enregistrées. Aussi combiner les différentes sources d’informations (mesures, modèles, observations et entretiens) est-elle la meilleure façon de reconstituer l’évolution des précipitations neigeuses. Dans le domaine environnemental, la nécessité d’intégrer les savoirs locaux et scientifiques est mise en avant par de nombreux chercheurs (Dekens, 2007 ; Mercer et al., 2012).

29 Nos entretiens ont cependant révélé clairement que la limite altitudinale des chutes de neige est plus élevée (au-dessus de 2000 m) depuis environ une vingtaine d’années et que la neige reste moins longtemps au sol, en lien probablement avec l’augmentation des températures.

30 Les données recueillies en haute montagne indiquant que les précipitations neigeuses ne sont pas remplacées par des précipitations pluvieuses corroborent les observations de Mc Dowell et al. (2013). Celles informant qu’en moyenne montagne elles sont remplacées par des précipitations pluvieuses sont, elles, inédites.

31 Enfin, il semble que la diminution du couvert neigeux favorise en haute montagne un gel des sols plus important, préjudiciable aux cultures, tandis qu’en moyenne montagne elle s’accompagnerait d’une diminution du gel profitable aux cultures.

32 Si la diminution du manteau neigeux entraine une baisse de la production fourragère en haute montagne, en revanche, il apparaît que les changements dans la fréquentation des pâturages, y compris en moyenne montagne, ont peu à voir avec une évolution du couvert neigeux. Ils répondent plutôt à des logiques économiques et sociales – comme la réduction de l’élevage laitier transhumant réclamant une importante main- d’œuvre – qui poussent à se tourner vers l’économie du tourisme (Duplan, 2011).

Davantage de variabilité dans les pluies

33 Les données recueillies sur les précipitations pluvieuses sont assez diversifiées et donc plus difficiles à interpréter. Notamment celles sur la mousson dont les dates sont fluctuantes et les quantités variables d’une année à l’autre. De ce fait les interviews ne permettent guère de dessiner de tendance, ce qui rejoint les données des modélisateurs (Dimri et Dash, 2011 ; Gautam et al., 2013) et hydrologues du projet (Savéan, 2014) dont les résultats montrent la difficulté à identifier au Népal des variations des

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précipitations mesurées au cours des 30 dernières années, et des tendances dans leur évolution.

34 Les villageois mentionnent toutefois des pluies inhabituelles en haute et moyenne montagne (respectivement en septembre-octobre et en octobre-novembre) depuis une dizaine d’années. Elles ne sont attestées par les relevés pluviométriques qu’en moyenne montagne et pour l’année 2011 (Savéan, 2014). En revanche, une diminution des pluies hivernales et printanières est signalée en basse montagne.

Des phénomènes météorologiques non mesurés

35 En basse montagne et dans le Téraï, l’hiver, des brumes (thualo) et des brouillards (hussu) accompagnant des périodes de froid plus intenses nuisent à la croissance des plantes depuis une quinzaine d’années. Ces phénomènes ont été relevés dans les mêmes unités géographiques par Manhandar et al. (2011). En moyenne montagne, la violence des épisodes de grêle au printemps est considérée comme nouvelle. C’est aussi une conclusion de Su et al. (2013) au Mustang. Ces processus ne sont guère analysés par les scientifiques du climat et ne sont pas pris en compte dans les simulations, bien qu’ils jouent un rôle important sur les rendements agricoles.

Incertitudes sur l’évolution des débits en eau des sources et torrents

36 Il ressort de nos enquêtes que lorsque les villageois déplorent un manque d’eau, il faut souvent en attribuer la cause à un problème de gestion et/ou de réseau détérioré, à une déviation de l’eau pour une turbine ou à de nouvelles pratiques (maraîchage, tourisme, etc.). En outre, des conduites d’eau avec de multiples ramifications, ainsi que des citernes de captage installées dans les années 1980 ne permettent plus d’estimer les débits des sources : les constats de variations en eau se font uniquement aux exutoires, ce qui ne permet guère d’en identifier les causes.

37 En basse montagne, il est mentionné explicitement que les sources et torrents ont des débits plus faibles en raison de la diminution des précipitations en hiver. Ce constat peut être quelque peu nuancé en raison là aussi de changements dans les techniques d’aménagement des résurgences introduits au cours des dernières décennies (Grimaldi et Hugonnet, 2013).

38 En haute montagne en revanche, à Pangboche, malgré la multiplication par cinq de la consommation d’eau pendant la saison touristique, la diminution importante du couvert neigeux et une plus forte variabilité des pluies de mousson, les villageois ne se plaignent pas d’un manque d’eau dans les sources et torrents qui sont partiellement alimentés par l’eau de fonte des glaciers et du pergélisol.

Des unités géographiques et des groupes de population plus susceptibles d’être affectés par des variations climatiques

39 En se fondant sur plusieurs études, Chaudhary et Bawa (2011) concluent que les populations de haute altitude semblent plus sensibles au changement climatique que celles de basse altitude dans la mesure où des variations climatiques et leurs effets y

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sont davantage mentionnés. D’après nos données, si nous ne comparons que les hautes montagnes avec la plaine irriguée du Teraï, nous sommes d’accord avec ce constat, même si l’appréciation des changements peut être discutée comme nous avons pu le montrer. En revanche, si nous considérons les 4 unités sélectionnées, les résultats sont plus complexes. En effet, ils montrent que les populations des hautes montagnes et des basses montagnes sont les plus sensibles aux variations du climat, tandis que celles des moyennes montagnes et de la plaine du Teraï le sont moins.

40 Et des quatre unités étudiées, les basses montagnes se révèlent être les plus susceptibles d’être affectées par des variations climatiques. Connaissant de façon inhérente des saisons sèches très marquées en dehors de la mousson, elles sont particulièrement sensibles à tout changement dans le régime des précipitations (décalage dans le temps, quantité) dont dépendent étroitement le débit des fontaines et les cultures pluviales de mousson. Les enquêtes révèlent une accentuation de la sècheresse de pré-mousson qui peut avoir des conséquences sévères sur les productions agricoles. Il est intéressant de noter que le problème climatique posé dans ces basses montagnes ne tient pas au retrait des glaciers ou à la diminution du couvert neigeux, mais à des pluies moins abondantes et plus irrégulières. Ici, « le bon moment » pour l’arrivée des pluies, qui entre dans la définition que donnent les villageois du climat, résume bien l’enjeu posé par les variations climatiques actuelles car c’est la modification du rythme « normal » des saisons qui pose le plus problème aux agriculteurs.

41 En moyenne montagne, les villageois interrogés ne se plaignent pas de manques d’eau et ne constatent que peu de variations climatiques, hormis la variabilité annuelle qui a toujours été élevée. L’agriculture, majoritairement pluviale, dépend aussi des variations du régime des pluies. Cependant celles-ci y sont abondantes, mieux réparties dans l’année qu’en basse montagne, la forêt en haut de versant favorise la régulation du cycle de l’eau et de nombreux facteurs permettent aux agriculteurs de limiter les risques : l’étagement des parcelles cultivées, la diversité des productions et la pluriactivité liée au tourisme notamment (Duplan, 2011). Il en ressort, rejoignant en cela les conclusions de Dixit et al.25, que dans ces moyennes montagnes, les groupes les plus susceptibles d’être affectés par d’éventuels changements dans le climat sont ceux dont l’économie est la moins diversifiée. C’est aussi le cas pour les populations de haute montagne dont les activités économiques sont exclusivement liées au tourisme : les précipitations d’automnes inhabituelles qui semblent se répéter depuis une dizaine d’années ont conduit plusieurs fois à la fermeture de l’aéroport de Lukla limitant l’arrivée des touristes, d’équipements, et de denrées alimentaires dans toute la vallée.

42 Dans le Téraï, zone pionnière et à fortes migrations depuis les montagnes, les perceptions et savoirs sur le changement climatique et ses effets sont fortement influencés par de nombreuses transformations démographiques et, par suite, environnementales, que la plaine a connues depuis 1970 (Aubriot, 2014). Il est donc difficile de donner des tendances manifestes, les biais étant trop nombreux.

Pour conclure

43 Les recherches menées dans le cadre du programme Paprika ont souligné la grande incertitude qui pèse tant sur les données quantifiées que sur celles recueillies auprès des populations. Les villageois mentionnent des modifications climatiques qui peuvent

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avoir des répercussions sur la ressource en eau. Semblables ou différentes d’une unité géographique à l’autre, et aux effets variables, ces modifications peuvent créer ou accentuer des difficultés mais n’affectent pas leurs pratiques au point de les changer : aucun seuil n’a été franchi. Est-ce parce que dans le Népal de l’est, bien arrosé, l’eau reste suffisante ? Est-ce par inertie ? Est-ce parce qu’il existe des alternatives économiques ? Ou encore parce que, « par-delà ce que les médias veulent bien amplifier, le changement climatique est un processus lent dont les conséquences les plus graves s’ébauchent sur la durée et de manière peu spectaculaire » (Dounias, 2010 : 246) ? Nous laissons ces questions ouvertes.

44 Nos enquêtes permettent toutefois de montrer que les basses montagnes du Népal et certains groupes de populations ayant une mono-activité sont les plus susceptibles d’être affectés par des variations climatiques. Dans l’attente d’informations plus précises, les questions posées autour du changement climatique deviennent alors un levier pour aborder les problèmes de justice spatiale et sociale, de développement durable et d’adaptation (cf. Magnan, 2010 ; Le Bars, 2010 ; Buytaert, 2012 ; Hallegatte, 2009), ce qui est sans doute le meilleur moyen de se préparer aux éventuels changements annoncés. La Branche et Lutoff (2011 : 5) considèrent d’ailleurs le changement climatique comme un « méta-risque » dans la mesure où il ne fait pas émerger de nouveaux risques mais en amplifie certains déjà existants.

45 Enfin, le décalage notoire entre d’une part les assertions des journalistes et les études ou programmes de développement alimentant un scénario établi et généralisé et, d’autre part, les recherches scientifiques en cours, n’est pas sans rappeler la façon dont les questions environnementales en Himalaya ont été traitées depuis leur émergence dans les années 1970-80 et notamment la construction de la Théorie de la Dégradation de l’Environnement en Himalaya (TDEH), qui porte sur l’utilisation des terres, la gestion des ressources forestières, l’érosion des sols etc. Bien que largement remise en question depuis car en partie infondée, cette théorie a fortement influencé les politiques environnementales. En Himalaya, depuis la fin des années 1990, la question du changement climatique a pris le relais de la TDEH. La discussion proposée par Metz (2010) pour expliquer la portée de cette théorie est valide pour les discours sur le changement climatique. Comme il le souligne26, les politiques et programmes de développement ont besoin d’un récit qui gomme l’incertitude, soit général, et efface les effets d’échelle. Quand ce récit est assimilé et approprié par les agents du développement, il devient « le paradigme culturel » et domine l’institution de développement (Metz, 2010 : 25). Or le changement climatique, surtout en montagne, ne peut souffrir une généralisation qui gomme l’incertitude. Diversité des milieux, forte variabilité des paramètres climatiques et multiplicité des facteurs de changement en font un objet d’étude qui nécessite des analyses très fines multi-scalaires, temporelles comme spatiales.

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NOTES

1. Et tandis que l’erreur du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat) en 2007 orientait les projecteurs sur les glaciers himalayens en prévoyant leur disparition en 2035. 2. ANR PAPRIKA (2010-2013) : ANR-09-CEP-005-05/PAPRIKA. Il regroupait glaciologues, hydrologues, chimistes de l’atmosphère, modélisateurs, agronomes, géographes. 3. Nous ne traitons pas ici des GLOF et glissements de terrain pouvant être liés au changement climatique qui font l’objet de nombreuses études (Bajracharya et Mool, 2009 ; ICIMOD, 2011 ; Fort, 2014 ; etc.) 4. Chaudhary et Bawa, 2011 ; Mc Dowell, 2013 ; Su et al., 2013 ; etc. 5. Shah, 2010 ; Sharma, 2010 ; Shahi, 2013 ; National Trust for Nature conservation, 2012. 6. Une augmentation des précipitations est prévue, qui conduirait à un accroissement des débits, mais elle connaîtrait une grande variabilité (Miller et al., 2012). 7. Pourtant, les modèles actuels s’appuient sur les données des stations des réseaux nationaux. 8. Nous n’abordons pas ici les questions d’adaptation et de vulnérabilité, mais apportons des éléments permettant d’alimenter les réflexions à ce sujet. 9. Unités utilisées notamment par le Bureau des Statistiques pour distinguer les districts par zone écologique. 10. Nous appelons « village » un hameau ou un groupement de hameaux qui forment une unité territoriale cohérente au vu de l’utilisation des ressources. Le VDC, Village Development Committee, est une unité administrative qui englobe plusieurs hameaux, voire villages. 11. Cf. note 4. 12. Propos recueilli auprès d’un agriculteur du Solu-Khumbu, avril 2014. 13. De 3600 visiteurs en 1979 à plus de 36 550 en 2013 dans le Parc national de Sagarmatha (Nepal Tourism Statistics, 2013 : 63) 14. Entretiens menés entre novembre 2010 et décembre 2011 par O. Puschiasis, doctorante en géographie. 15. Données collectées dans le cadre du programme Paprika en 2011, 2012 et 2013. 16. Il faut toutefois noter que les nouveaux textiles utilisés peuvent contribuer à amoindrir la sensation de froid. 17. Par T. Duplan (2011) et P. Buchheit (2011), étudiants en agronomie (février à juin 2011), par O. Aubriot et J. Smadja (5 semaines en octobre 2010 et avril 2013) et par J. Smadja 1 semaine en avril 2014. 18. A Jiri (2003 m), de 1971 à 2012, la pluviométrie est de 2301 mm (d’après DHM), et à Lukla (2660 m) pour 2005, 2007, 2009 et 2013, elle est de 2053 mm, et la température moyenne de 10,1°C (données EVK2). Toutefois, d’après les quelques mois de relevés réalisés par les hydrologues de notre programme en 2014 dans le bassin de la Khari Khola, la pluviométrie entre 2000 et 3000 m serait plutôt supérieure à 3000 mm/an. 19. Par J. Grimaldi et M. Hugonnet (2013), étudiants en agronomie, et par M. Rai, étudiante Népalaise en Master de géographie à Tribhuvan University (de février à juin 2012). 20. Estimation fondée sur les données de Khotang Bazar (1 295 m), station à une altitude plus proche de celle de Mangaltar mais dont les données, uniquement pluviométriques, sont partielles (de 1971 à 1996, moyenne annuelle : 1140 mm), et sur celles d’Okhaldhunga (1720 m d’altitude, pluviométrie moyenne annuelle de 1971 à 2012 : 1760 mm). 21. Nous avons majoré de 3°C (pour les 600 m de dénivelé) celles de la station d’Okhaldhunga (1720 m) de 1986 à 2007 (moy : 17,3°C ; maxi : 21,6°C ; mini 12,8°C). 22. Par S. Khanal étudiant népalais en Master de géographie à Tribhuvan University, en février 2011, et par O. Aubriot (9 semaines entre avril et octobre 2010, avril 2011 et avril 2012).

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23. Les données sur les précipitations et les températures sont la moyenne entre celles de Tarahara (200 m) sur 17 ans (années exploitables entre 1971 et 2011) et de Biratnagar (70 m) sur 30 ans (entre 1971 et 2007). 24. D’après M. Savéan, 2014, l’erreur peut aller de 20-50 % à 110 % en fonction des auteurs. Seule l’extension du couvert neigeux est calculée à l’aide d’images satellite mais pas son épaisseur. 25. “It is a fact that people with diverse income sources adapt more easily than those with few sources of income. The diversity of sources is more important than the level of income. For this reason, poor families are not necessarily the most vulnerable to stresses and hazards.” Dixit et al., 2009 : 29. 26. Reprenant des propos de Roe, 1991 et Hoben, 1996.

RÉSUMÉS

En Himalaya, où la hausse des températures est plus élevée que la moyenne mondiale, les répercussions du changement climatique sur la ressource en eau devraient être particulièrement importantes. Tandis que les spécialistes du climat utilisant mesures et simulations nuancent ce constat en soulignant incertitudes et différences notoires entre l’ouest et l’est de la chaîne, médias et organismes de développement tendent à donner l’image uniforme d’un déficit en eau actuel et à venir. Dans le cadre d’un programme interdisciplinaire (glaciologie, hydrologie, agronomie, géographie) sur le bassin de la Koshi au Népal, nous discutons ces propos en montrant la nécessité de distinguer les situations en fonction des unités géographiques et d’intégrer dans les approches sur ce sujet le contexte culturel, social et économique. Nos enquêtes, réalisées sur quatre terrains représentatifs des milieux népalais, ont eu pour objectif de savoir si les populations constataient des variations de la ressource en eau affectant leurs pratiques (agriculture, élevage, tourisme) et si elles les attribuaient à des changements du climat. Nos résultats montrent des situations contrastées et des changements de pratiques sans relation évidente avec le climat. Ils apportent, entre autres, des informations sur la neige, paramètre mal mesuré et sous-estimé dans les simulations et montrent que les populations sont plus affectées par les fluctuations des régimes pluviométriques que par la fonte des glaciers et du manteau neigeux. Enfin, ils mettent en exergue les unités géographiques et les groupes de population les plus susceptibles d’être affectés par des variations climatiques.

In the Himalayas, where the increase in temperatures is higher than the world average, climate change is expected to impact water resources in a particularly significant manner. Whereas climate specialists using measurements and simulations play down this statement by underlining uncertainties and differences between the west and east of the range, the media and development agencies tend to paint a uniform picture of a water shortage now and in the future. As part of an interdisciplinary programme (glaciology, hydrology, agronomy, geography) in the Koshi basin in Nepal, we discuss these remarks, while stressing the need to distinguish between situations according to the geographical units and to take into account the cultural, social and economic context when addressing this subject. The investigations that we carried out at four fieldwork sites, which are representative of Nepalese milieus, aimed to find out whether populations noticed any variations in water resources that affected their practices (farming, livestock breeding, tourism) and if they attributed them to climate change. Our results show contrasting situations and changes in practices with no obvious connection to the climate.

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Among other things, they provide information about snow, a parameter that has been measured incorrectly and underestimated in simulations, and they show that populations are more affected by fluctuations in rainfall patterns than by the melting of glaciers and the snow cover. Lastly, they highlight the geographical units and population groups most likely to be affected by climatic variations.

INDEX

Keywords : climate change, Nepal, water resource, local knowledge, agriculture, tourism Mots-clés : changement climatique, Népal, ressource en eau, connaissances locales, agriculture, tourisme

AUTEURS

JOËLLE SMADJA Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

OLIVIA AUBRIOT Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

ORNELLA PUSCHIASIS Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

THIERRY DUPLAN Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

JULIETTE GRIMALDI Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

MICKAËL HUGONNET Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

PAULINE BUCHHEIT Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

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Climate change and water resources in the Himalayas Field study in four geographic units of the Koshi basin, Nepal

Joëlle Smadja, Olivia Aubriot, Ornella Puschiasis, Thierry Duplan, Juliette Grimaldi, Mickaël Hugonnet and Pauline Buchheit

AUTHOR'S NOTE

Acknowledgements. We would particularly like to thank: our colleague Narendra Khanal, Professor at the Department of Geography at Tribhuwan University (Kathmandu, Nepal) who provided help throughout this programme; Harka Bahadur Majhi who accompanied us on most of our field trips, as well as Dawa Nuru Sherpa in the high mountains and Manisha Rai in the low mountains, the three of them playing the role of translator for students; the reviewers who enabled us to improve our text. This paper was finalised after the earthquakes that struck Nepal on 25 April and 12 May 2015 and caused thousands of victims and considerable damage: our special thoughts go to all the Nepalese we have worked with in the field.

Introduction

1 Climate change is expected to have a strong impact on water resources, especially in mountain regions (Buytaert, 2012), and even more so in the Himalayas where the rise in temperature, which is higher than the global average, has a significant effect on the cryosphere (Eriksson et al., 2009; IPCC, 2013). Given this assessment,1 we started our research via an interdisciplinary programme called Paprika:2 “CryosPheric responses to Anthropogenic Pressures in the Hindu-Kush-Himalaya regions: impact on water resources and society’s adaptation in Nepal”, focusing on part of the Koshi basin in eastern Nepal (Aubriot et al., 2012) (Fig. 1). Our aim was to find out whether populations

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had noticed any variations in water availability that affected their usual practices and whether they attributed them to climate change.3

Figure 1. Location of study sites and meteorological stations selected in the Koshi basin, Nepal

Designed by O. Puschiasis (2015). Sources: data from the Paprika project and ICIMOD. (http:// geoportal.icimod.org)

2 Field studies carried out in several places in the Himalayas have provided an affirmative answer to this question.4 By relaying them and focusing on the most spectacular cases, such as the displacement of villages in Mustang, which led to talk of the “first climate refugees in Nepal”5, the media and development agencies tend to portray a uniform image of the situation in the Himalayas: a water shortage, today and in the future. This therefore corroborates Crate and Nuttall’s assumptions (2009: 9) that “everywhere […] indigenous and local peoples […] are already seeing and experiencing the effects of climate change […] they struggle to apprehend, negotiate, and respond to”. As for studies in which measurements and simulations are used, they are less categorical. Authors agree that the climate will vary more in the coming years, but many point out some uncertainties (Hallegatte, 2009: 242; Buytaert, 2012: 385; Bharati et al., 2012: 22) and notable differences between the western and eastern parts of the Himalayan range in the dynamics of glaciers and their contribution to river discharge. In the west of the range and in the high valleys that are sheltered from the monsoon, precipitation that mainly falls in winter recharges glaciers (Bookhagen and Burbank, 2010) whose meltwater in summer is the main source of supply for rivers (ibid.; Rees and Collins, 2006). In the east of the range, glaciers undergo an accumulation due to both monsoon precipitation (Wagnon et al., 2013) and summer melt (Rees and Collins, 2006). Although they have lost mass (Gardelle et al., 2011) and are retreating, they contribute little to annual river discharge, 75-80 per cent of which is made up of

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monsoon rainfall (Bookhagen and Burbank, 2010). In the Koshi basin dominated by Everest, the retreat of glaciers, which is emblematic of climate change, should therefore have less significant implications for the population’s activities than variations in the rainfall pattern6 (Wagnon et al., 2008).

3 In Nepal, a proper assessment of the availability of water for the population, and particularly its link with climatic variations, proves to be a complex task. The Department of Hydrology and Meteorology (DHM) only measures the discharge of main rivers. Yet, due to the high variation in their flow, their dangerousness, and the amount of sediment they carry during the monsoon, they are rarely used by mountain people; they use mountain streams instead. Moreover, in this monsoon region where there are significant climate variations from one year to another and from one region or even one slope to another, meteorological stations, most of which are set up at low altitude, are insufficient in number and not always reliable.7 Finally, the underground water “reserve” is seldom studied, which several authors have noted (Andermann et al., 2012; Miller et al., 2012).

4 Thus, the need for studies combining observations and enquiries among the population in an attempt to understand local realities, which modelling cannot take into account, no longer has to be proved (Aykut and Dahan, 2011; Jasanoff, 2010). However, the choice of places to study and the way data are acquired and interpreted call for rigour and attention. Other than the disparities between the east and west of the Himalayan range, our position has been to take into consideration the diversity of its milieus from north to south as well as the cultural and socio-economic context of the regions studied. This approach has led us to highlight the geographical units and groups most likely to be affected by climatic variations.8

Methodological principles

5 In Nepalese studies, geographical units are commonly classified by distinguishing between the high mountains, the hills and the plains.9 This division seems inadequate here since the origin and availability of water vary greatly between the high mountains, the middle mountains, the low mountains/hills, and the plains (Smadja, 2009 [2003]) (Fig. 2). Consequently, we selected a village10 for our case study in each of these four units.

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Figure 2. Block diagram from north to south of the Nepalese Himalayas

Studying climate change without speaking about it …

6 Unlike enquiries directly related to how people regard climate change,11 and following the example of Marino and Schweitzer (2009), we did not broach this question to start with for fear of orienting the discussion towards ideas conveyed by the media, researchers or development organisations, of which there are many in the Everest region. Our enquiries among villagers first focused on water-dependent practices (farming, breeding, the use of water taps, mills, hydroelectric turbines) and on changes in them before finally working round to the subject of the climate and any possible changes in it. What they said must be interpreted in the light of the representations they have of their environment, which are neither neutral nor objective: they are culturally and socially constructed, as recalled by Guneratne (2010), Depeau (2006: 8) and Marry and Arantes (2012: 2).

7 Our method is therefore based on the principle that farmers and breeders are interested in variations in climatic elements that are likely to affect their yields and practices (Vedwan and Rhodes, 2001). However, as a result, not all climatic phenomena were mentioned; the changes referred to were based on what the weather or seasonal conditions should ideally be (Rebetez, 1996; Vedwan and Rhoades, 2001; Harley, 2003; Orlove, 2003; Maddison, 2007); farmers are thought to remember only average trends (West and Vasquez-Leon, 2003) or, on the contrary, extremes (Vedwan and Rhodes, 2001); they retain visual facts in particular (ibid.); their answers differ according to age or gender (Maddison, 2007; Brou and Chaléard, 2007; Aubriot, 2014), the source of knowledge (Sherpa, 2014) or village location (Byg and Salick, 2009). These difficulties prompted us to opt for a qualitative approach based on open or semi-directive enquiries, directly in Nepali or with the help of a translator, among a representative population sample in each village. Socio-economic and agrarian system diagnostics for a period of several decades were carried out over several months of fieldwork. The results obtained, once their limitations are known, can be used to complete quantitative data, without replacing them.

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… when the Nepalese speak about climate and its changes

8 Nepalese farmers express the notion of climate using the terms hāwā pāni (hāwā: air or wind, pāni: water or rain) which evoke favourable weather conditions for good harvests, hence for good living conditions: “[…] the different ethnic groups in Nepal feel particularly attached to an environment, their hāwā pāni (wind, rain), terms that not only denote the climate, but also what is linked to it: the flora, fauna, type of crop, habitat, etc.” (Lecomte-Tilouine, 2009 [2003]: 165). However, they hardly speak of “climate change”. Like their Indian counterparts, Nepalese people who are aware of this issue (scientists, village headmen, members of NGOs, journalists, etc.), use the “scholarly” Sanskrit expression jalavāyu parivartan (jala: water; vāyu: air; parivartan: change). In both cases, the notion of climate is linked to air and water, “to the wind that brings rains needed for crops at the right time”12 and, for farmers in the central and eastern Himalayas, mainly to the wet monsoon flow which, if disrupted, jeopardises harvests.

9 As for glaciers and snow, they have taken on a specific value in the Himalayas because they have given their name to the whole mountain range: in Sanskrit, him means snow and alaya, abode. The Himalayas, the abode of eternal snow (locally associated with glaciers), is also, and above all, the realm of the gods and, for many people, climatic disturbances are a result of the gods’ anger. Were glaciers and snow to disappear, were the mountains to turn “black”, as many interviewees already regret, the symbolic universe of the Himalayan populations would collapse.

One change among others

10 Lastly, the observations about climate change need to be situated within the framework of a country undergoing major transformations. The last thirty years have seen the spread of new techniques and agricultural practices, of new lifestyles, as well as the development of tourism in high-altitude regions,13 all of which has contributed to a greater need for water. Hence, the assertion about a water shortage, which can be attributed, for convenience’s sake or as a result of the current discourse, to “climate change”, must also be analysed in the light of these social, economic and technological changes.

North-South variability at four study sites

11 This part reports the main changes that people mentioned during our interviews, stressing the dominant features and based on what interviewees highlighted.

High mountains

12 In the high mountains (8,850-3,500 m a.s.l.), where glaciers and snow cover the summits, the water used by the population comes partly from their meltwater. More than 200 interviews were carried out in the village of Pangboche (6,000-3,800 m a.s.l., Khumjung VDC [see note 10], Solu-Khumbu district) (Fig. 3) and in some neighbouring villages.14 At an altitude of 3,850 m, annual precipitation amounts on average to 646 mm and the mean temperature is 5°C (minimum: -0.4°C; maximum: 13.8°C)15 (Fig. 4).

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Rain-fed agriculture (potatoes, buckwheat) and transhumant cattle breeding (yak and hybrids) serve tourism, which is now the main economic activity.

Figure 3. High mountains. Pangboche hillside, February 2011

Situated at more than 3,800 m in altitude, the village of Pangboche lies just below the Tauche glacier (6,540 m) whose meltwater partly supplies streams and fountains. The village (yul), which is divided into several hamlets situated between 3,950 and 4,100 m, lies on a south-east facing slope, on alluvial terraces, where it is protected from the winds. Rain-fed crops consisting of potato and buckwheat are grown in fields bounded by low dry-stone walls. The north-facing side, sheltering the last of the high- altitude forests, is devoted to cropping hay and to storing it in huts (yersa). Pangboche is also a village where tourists stop on their way to the base camp of Everest, whose summit can be seen in the background. (Photograph: O. Puschiasis).

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Figure 4. Ombrothermic diagrams. High mountains

- Namche Bazar (3,570 m a.s.l.), data collected by EV-K2-CNR from 2002 to 2006 and in 2011. Cumulative average precipitation is 876 mm/year and the average temperature is 5.1°C. - Pangboche (3,850 m a.s.l.) data collected in the framework of the PAPRIKA programme in 2011, 2012 and 2013. Cumulative average precipitation is 646 mm/year and the average temperature is 5.0°C.

13 Villagers mentioned winters being less cold (thus, they used fewer blankets in bed at night16) and mountain streams melting earlier. They regretted that the summits had started to become “black” (snowless) since 1995 (a benchmark year because of a devastating avalanche). On the whole, snowfalls are less frequent, less abundant and cover the ground for a shorter length of time, although since 2009 some unprecedented late snowy episodes have occurred in spring, until mid-April. Snow that serves as an insulating blanket and retains soil humidity has not been replaced by rain. Consequently, potato, fodder and buckwheat yields are said to be on the decline, the first two due to a shortage of water, the third because of frost. In addition, over the last decade, villagers have noticed greater variability in monsoon rainfalls and unusual rains at the end of September and in October, impacting the drying of fodder and disrupting the beginning of the tourist season in autumn. A higher level of unpredictability concerning meteorological conditions has been observed by everybody; nevertheless, the inhabitants of Pangboche were not preoccupied by the availability of water in mountain streams: their main concern was the quality of water, which is impacted by tourist activities (pollution linked to waste water).

Middle mountains

14 The middle mountains (4,500 - 1,500 m a.s.l.) are characterised by long slopes with no glaciers, yet the summits are covered with snow. Apart from snow meltwater, they

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benefit from rainstorms in spring, and from the abundant monsoon rainfalls during the summer, all of which makes for a good water supply. One hundred and fifteen interviews (15% of households in the VDC) were carried out in the Khari Khola catchment (Jubhing VDC, Solu-Khumbu) (Fig. 5).17 Mean annual precipitation is estimated to be 3,000 mm at an altitude of 2,500 m, with a mean temperature of 15°C18 (Fig. 6). Except for irrigated rice at the bottom of the slope, crops are mainly rain-fed (maize, millet, wheat, potatoes, barley) and cultivated on terraces. Above 2,500 m, forests and pastures are used by yak hybrids throughout the year and also by cattle during the monsoon. Here also, part of this production is reserved for tourists but there are fewer than in the high-mountain area.

Figure 5. Middle mountains. Khari Khola catchment, April 2014

Long slopes range from 1,500 to 4,500 m, from subtropical to temperate zones, and then to alpine zones. The slopes are shaped into terraces from 1,600 m to 2,500 m a.s.l. on which there are three cropping cycles over a period of two years: maize associated with potatoes, wheat or barley and then millet. Dwellings are scattered over the mountainside at mid-slope. Above 2,500 m and as far as 4,500 m a.s.l., forest, exploited for firewood, timber, fodder or litter, and altitude pastures (kharka) cover the entire area. (Photograph: J. Smadja).

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Figure 6. Ombrothermic diagrams. Middle mountains

- Jiri (2,003 m a.s.l.), data collected by DHM from 1971 to 2012. Cumulative average precipitation amounts to 2,301 mm/year. - Lukla (2,660 m a.s.l.), data collected by EV-K2-CNR in 2005, 2007, 2009 and 2013 for precipitations and in 2003, 2005, 2007, 2009, 2011 and 2013 for temperatures. Cumulative average precipitation is 2,053 mm/year and the mean temperature is 10.1°C. Precipitation at both stations appears to have been underestimated insofar as the measurements taken over several months in the Khari Khola catchment in 2014 show the total annual precipitation to be nearer to 3,000 mm between altitudes of 2,000 and 3,000 m.

15 Villagers have noticed few changes in their agricultural practices and in climatic conditions over the last twenty years apart from, just as in the high mountains, less frequent and less abundant snowfall that covers the soil for a shorter length of time. Nowadays, snow falls at an altitude of 2,000 m or more, whereas in the 1990s, it still fell at an altitude of 1,800 m. Contrary to the high mountains, villagers have not observed any change in agricultural production; this may be linked to the drop in snow cover because, as they said, snowfall has been replaced by rain. They also reported less frost that damages crops, even though streams and some of their sources freeze over during winter above 2,700 m a.s.l.

16 Over the last decade, there has been unusual rainfall in September-October, but the pattern of spring or monsoon rainfall was said to have remained practically unchanged: the onset of the monsoon and its intensity vary from year to year, but this has always been the case, as the villagers interviewed pointed out. On the other hand, they complained about the unprecedented violent hail storms in 2009, which devastated crops and forests on the right bank of the Khari Khola.

17 Furthermore, although some villagers, well-aware of climate change discourses, attributed the recent introduction of bananas, and orange and lemon trees at 2,000 m

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a.s.l. to the increase in temperatures, most of them had not seen any shift in altitude for plant species, or any particular change in their date of flowering.

Low mountains

18 The low mountains (2,400-400 m a.s.l.) benefit neither from rain from storms nor from snowmelt in the spring. They usually experience a very marked dry season before the monsoon. Sixty-six interviews (15% of households) were carried-out19 in Mangaltar VDC (1,200-400 m a.s.l., Khotang district) (Fig. 7). Annual averages are estimated to be less than 1,500 mm for precipitation20 (which is rare from November to March), and 20°C for temperature21 (Fig. 8). Rain-fed crops (maize at the beginning of the monsoon, followed by millet) and irrigated crops (rice in summer, sometimes wheat and potatoes in winter) are grown on terraced slopes. Cattle are kept in stalls.

Figure 7. Low mountains. Mangaltar on the left bank of the Dudh Koshi, February 2012

Culminating at between 400 and 1,200 m, the milieus range from subtropical to tropical. Terraced slopes midway up the mountainside are covered in rain-fed crops, maize, millet and lentils, which grow in bari fields. On the lower part of the mountainside, terraced plots are irrigated for rice cultivation (khet), by diverting water from either temporary or permanent streams, which are tributaries of the Dudh Kushi river, or water resurgences. Steep slopes are used as pastures. The upper part of the mountainside is covered in pine-tree forest. Trees grown along the side of terraced plots are essential to provide fodder for cattle all year round. When the photograph was taken, rare rainfall followed by tilling had helped prepare the land for sowing maize. (Photograph: J. Grimaldi)

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Figure 8. Ombrothermic diagrams. Low mountains

Data from Khotang Bazar (1,295 m) at the same altitude as Mangaltar and in a similar natural milieu are partial and of little use (annual precipitation is less than 1,500 mm over a 22-year period, between 1971 and 1996). - Okhaldhunga meteorological station (1,720 m a.s.l.). Data collected by DHM from 1986 to 2012 for temperatures and from 1971 to 2012 for precipitations. Cumulated average precipitation is 1,766 mm/year and average temperature is 17.3°C. - Salleri meteorological station (2,378 m a.s.l.). Data were collected by DHM from 1975 to 2012. Cumulated average precipitation is 1,677 mm/year.

19 Villagers in this unit did not mention a rise in temperatures, but shorter and more intense cold periods in winter. Associated with more frequent and thicker mist (hussu) for the last fifteen years or so, they were said to harm cattle and damage winter crops.

20 Here again, villagers underlined the inter-annual variability in the dates at which the monsoon starts and in its intensity, to which they have always adapted. Nevertheless, over about the last ten years, monsoon rains were said to have started later than usual and to be less intense leading to a more pronounced drought in winter and spring. They associated this with a decrease in the flow from streams and springs, which resulted in greater difficulties regarding the drinking water supply for the household and cattle.

Terai plain

21 In the Terai (200-70 m), two sites were selected in Sunsari District, Balaha (Inaruwa municipality), which benefits from Koshi waters for irrigation, and Pipara (Bhadgaon- Sinuwari VDC) (Fig. 9). One hundred and forty-eight interviews were carried out (representing 11% of the total number of households).22 The annual averages are 1,880 mm for precipitation and 24.3°C for temperature (max: 30°C, min: 18.6°C)23 (Fig. 10). The main crops are irrigated rice and winter-cropped wheat; animals are permanently stalled.

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Figure 9. Terai plain. Rice fields in Sunsari district, October 2010.

In a tropical milieu between 70 and 200 m in altitude, the plain is devoted to intensive winter wheat farming and irrigated rice, partly due to Koshi water. Since 1970, many migrants have arrived from the mountains, radically transforming the economic and social life of the plain. (Photograph: A. Aubriot)

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Figure 10. Ombrothermic diagrams. Terai plain

- Tarahara (200 m a.s.l.). Data collected by DHM from 1987 to 2012 for temperatures and from 1971 to 2010 for precipitations. Cumulated average precipitation is 1,877 mm/year and average temperature is 24.1°C. - Biratnagar (70 m a.s.l.). Data collected by DHM from 1971 to 2012 for temperatures and from 1970 to 2007 for precipitations. Cumulated average precipitation is 1,889 mm/year and average temperature is 24.5°C.

22 In winter, there was said to be fog and a more intense cold in the plain, with the same characteristics and consequences as in the low mountains. Other changes were also reported but they varied too much from one person to another to be regarded as clear tendencies: unusual rainfall in spring; the destruction of crops by hail during this season but, as we were told, the crops are new, not the hail; monsoon rains lasting seven consecutive days before the 1970s whereas now they do not last more than two days; abundant rain falling at just the right time in the past for the crops, though other villagers have hardly noticed any changes, since they regard variability as one of the monsoon’s inherent features. Villagers with no access to irrigation water from the Koshi mentioned that the monsoon had been starting later over about the last fifteen years.

23 No mention was made of any change in farming practices in connection with these climatic variations.

Contributions and limitations of the data collected

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Figure 11. Main climatic variations mentioned by populations in the four geographical units studied

A rise in temperatures felt in the high and middle mountains

24 Villagers noted a significant increase in temperatures in the high and middle mountains, while there was little mention of this phenomenon in the low mountains and in the Terai plain where the key event was rather the new rigour of cold periods. This does not mean that there is no warming in the last two units but simply suggests that certain factors may influence the way changes are perceived: in fact, at altitude, warming has direct visual consequences, since it is manifested by the shrinking of the snow cover.

25 These results echo those obtained by climatologists who have reported an increase in temperatures in the Himalayas (0.04°C per year over the last 25 years, Kulkarni et al., 2013), higher than the global average (0.74°C from 1906 to 2005, IPCC, 2007), and an intensification of warming with altitude (Shrestha et al., 1999; Sharma, 2009; Shrestha and Aryal, 2011; Singh et al., 2011; Kulkarni et al., 2013).

26 However, it is not possible to establish a direct link between these increases in temperatures and new practices insofar as: (i) in the high mountains, the shift in times for potato-planting reported by some farmers could be attributed to the choice of varieties used or to the overlap of agriculture and tourism calendars in spring (March- May) rather than to climate variations; (ii) in the middle mountains, newly planted banana at an altitude of up to 2,000 m is relatively unproductive given the altitude, and many fruits and vegetables have been introduced all over the Himalayas in the last three decades. It remains to be proven whether this introduction is due to global warming.

Less snow

27 At altitude, a reduction in snowfalls (number, quantity and duration) has been noticed by all the local populations, which confirms the findings of most studies on this subject (Vedwan and Rhoades, 2001 for the Kullu; McDowell et al., 2013 for the Khumbu; Chaudhary and Bhawa, 2011 for Ilam and Darjeeling). It is all the more important to

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take this phenomenon into account because nowhere in the Himalayas24 are these precipitations measured correctly and because they are underestimated in the models, which are therefore unable to highlight a trend towards a decrease on an annual basis (Savéan, 2014). Nevertheless, relying on interviews also has its limitations. For example, direct observation of snowy episodes compared a few months later with their recollection by local populations showed that they were only mentioned if snow remained on the ground for at least a day and hindered the people’s daily activities.

28 A comparison of the information collected during interviews with measured and modelled data also confirms the way populations minimise snowy episodes (Puschiasis and Savéan, forthcoming). Thus, villagers may well say that it has not snowed, even though satellite images prove the contrary. However, we were also able to observe that snow that had fallen during the night had mostly melted by the time (10 a.m.) the MODIS satellite passed over the Himalayas, and was therefore not recorded. Hence, combining different sources of information (measurements, modelling, observations, and interviews) is the best way of assessing changes in snowfall precipitation. In the field of environmental studies, many researchers (Dekens, 2007; Mercer et al., 2012) emphasise the need to integrate local and scientific knowledge.

29 Our interviews clearly reveal that the altitudinal limit of snowfall has been higher (above 2,000 m) for about twenty years and that snow remains on the ground for a shorter time, probably due to the increase in temperatures.

30 Data collected in the high mountains indicating that snowfall precipitation has not been replaced by rainfall precipitation corroborate observations by McDowell et al. (2013) while data showing that it has been replaced by rainy precipitation in the middle mountains are new.

31 Lastly, it seems that the decrease in snow cover in the high mountains causes the ground to freeze more, which is detrimental to crops, while in the middle mountains it seems to be accompanied by less frost, which is beneficial to crops.

32 Although a decrease in snow cover results in a drop in fodder production in the high mountains, it appears that changes in the use of pastures, including in the middle mountains, have little to do with a change in snow cover. Instead, they are guided by economic and social dynamics, such as the reduction in transhumance dairy farming, which is demanding in terms of manpower, that prompt people to turn to the tourism economy (Duplan, 2011).

Greater variability in the rainfall pattern

33 Data collected for rainfall precipitation show a great deal of variety, which makes it difficult to interpret them. This is especially the case for monsoon rains, the dates and quantities of which fluctuate from year to year. As a result, the interviews did not enable us to ascertain a trend, which echoes data from the modellers (Dimri and Dash, 2011; Gautam et al., 2013) and the hydrologists in our project (Savéan, 2014), whose results show the difficulty of identifying variations in measured rainfall over the past 30 years in Nepal, hence any emerging trends in the changes it has undergone.

34 Nevertheless, villagers mentioned unusual rainfall in the high and middle mountains (in September–October and October–November, respectively) over the last ten years. These trends are confirmed by rainfall records only in the middle mountains for the

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year 2011 (Savéan, 2014). By contrast, a decrease in winter and spring rains was reported in the low mountains.

Unmeasured weather events

35 During the winter, in the low mountains and in the Terai, mists (thualo) and fog (hussu) along with periods of more intense cold have affected plant growth over about the last fifteen years. These occurrences were also identified in the same geographical units by Manhandar et al. (2011). In the middle mountains, the violence of hailstorms during spring is considered to be a new phenomenon, which echoes one of the conclusions drawn by Su et al. (2013) for Mustang. These processes have rarely been analysed by climate scientists and are not taken into account in simulations, even though they play a major role in agricultural yields.

Uncertainties about changes in the flow of water from springs and streams

36 It emerged from our surveys that when villagers complained about a water shortage, it was often due to a management problem and/or to a damaged network, to a diversion of water towards a hydropower turbine, or to new water uses (market gardening, tourism, etc.). Moreover, multi-branch water pipes, as well as water-collecting tanks installed in the 1980s, make it impossible to estimate spring discharges: changes in the flow of water are only observed at outlets, which makes it difficult to identify their causes.

37 In the low mountains, explicit mention was made of springs and streams having a lower water flow due to reduced winter precipitation. However, this finding needs to be modified slightly by taking into account the changes in water resurgence management that have been introduced over recent decades (Grimaldi and Hugonnet, 2013).

38 By contrast, in Pangboche, in the high mountains, despite a five-fold increase in water consumption during the tourist season, a severe reduction in snow cover and greater variability in the monsoon rains, villagers did not complain of a lack of water from springs and streams, which are partly fed by meltwater from glaciers and permafrost.

Geographical units and population groups more likely than others to be affected by climatic variations

39 Based on several studies, Chaudhary and Bawa (2011) drew the conclusion that people living at high altitude appear to be more sensitive to climate change than those at low altitude insofar as they mention climatic variations and their effects more often. Our data merely comparing the high mountains with the irrigated Terai plain agree with this assumption — even though, as we have shown, the way these changes are assessed might well be questioned. However, if the four selected units are taken into consideration, then the results are much more complex. In fact, our data show that people in the high mountains and the low mountains appear to be more sensitive to climatic variations, while those from the middle mountains and the Terai plain are less sensitive to these variations.

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40 Moreover, of the four units studied, the low mountains appear more likely to be affected by climatic variations. As they intrinsically experience very marked dry seasons outside the monsoon season, they are particularly sensitive to any change in the rainfall pattern (shift over time, volume) on which the flow of water taps and monsoon-rain-fed crops are highly dependent. Our enquiries reveal a heightened pre- monsoon drought that may have severe consequences for agricultural production. It is worth noting that the issue of climate raised in these low mountains is not about glaciers retreating or the decrease in snow cover but about less abundant and more irregular rains. Here, “the right moment” for rain to come, which is partly how villagers define climate, sums up well what is at stake regarding current climatic variations because it is mainly the modification of the “normal” seasonal pattern that proves to be the greatest problem for farmers.

41 In the middle mountains, the villagers interviewed did not complain of a water shortage and have only noticed minor climatic variations, besides inter-annual variability, which has always been high. Agriculture, which is mainly rain-fed, also relies on variations in the rain pattern. However, rain is abundant here and better distributed over the year than in the low mountains; forests on the upper part of the slopes contribute to a good regulation of the hydrologic cycle, and numerous factors enable farmers to limit the risks: the altitudinal zoning of crops, the diversity of production, and pluriactivity linked to tourism in particular (Duplan, 2011). In agreement with the findings of Dixit et al. (2009) 25, it appears that, in these middle mountains, population groups that are more likely to be affected by possible climate changes are those with the least diversified income. This is also the case for high- mountain people whose economic activities are based exclusively on tourism: unusual autumn rainfalls that seem to have been a recurrent phenomenon for the last ten years or so have led to the closing of Lukla Airport on several occasions, preventing tourists, equipment and food from arriving in the valley.

42 In the Terai, a pioneering zone with high levels of migration from the mountains, local perceptions and knowledge about climate change and its consequences are highly influenced by the numerous demographic, hence environmental, transformations that the plain has undergone since 1970 (Aubriot, 2014). It is therefore difficult to identify obvious trends, given the excessively strong bias.

Conclusion

43 Research conducted within the framework of the Paprika programme has underlined the great uncertainty that affects quantified data just as much as those collected from the population. Villagers mentioned climatic modifications that may have repercussions on the water resource. Whether similar or different from one geographical unit to another, and with variable consequences, these modifications may create or accentuate difficulties but do not affect people’s way of life to the extent that they have to make changes to it: no threshold has been crossed. Is it because in eastern Nepal, which is well-watered by rainfall, there is enough water? Is it due to inertia? Is it because there are economic alternatives? Or else because “unlike what the media like to exaggerate, climate change is a slow process whose most severe consequences gradually appear over time in a far from spectacular manner”26? (Dounias, 2010: 246). These questions remain open.

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44 Nevertheless, our enquiries highlight the fact that the low mountains of Nepal and certain population groups with only one economic activity are the most likely to be affected by climatic variations. Pending more accurate data, the questions raised about climate change therefore serve as leverage for addressing issues related to spatial and social justice, sustainable development, and adaptation (cf. Magnan, 2010; Le Bars, 2010; Buytaert, 2012; Hallegatte, 2009), which is probably the best way to prepare for any of the potential changes forecast. Besides, La Branche and Lutoff (2011: 5) regard climate change as a “meta-risk” insofar as it does not produce new risks but heightens certain already existing ones.

45 Lastly, the patently obvious gulf between, on the one hand, journalists’ statements and studies or development programmes fuelling a well-established, widespread scenario and, on the other hand, ongoing scientific research, is somewhat reminiscent of the way environmental issues have been addressed since they emerged in the 1970-80s and particularly of the development of the Theory of Himalayan Environment Degradation (THED) about land use, forest resource management, soil erosion, etc. Though widely challenged since then because it was partly unfounded, this theory has strongly influenced environmental policies. In the Himalayas, since the end of the 1990s, the climate change issue has taken over from THED. The discussion Metz (2010) proposes to explain the impact of this theory is valid for the discourse on climate change. As he underlines,27 development policies and programmes require a narrative that erases any uncertainty, is general, and lacks any effect of scale. Once this narrative has been assimilated and appropriated by development planners, it becomes the “cultural paradigm” and dominates the development institution (Metz, 2010: 25). However, climate change, especially in the mountains, cannot tolerate generalisations that remove uncertainty. The diversity of the milieus, the high variability of climatic features, and the multiplicity of factors of change make it a subject of study that calls for very detailed multi-scale temporal and spatial analyses.

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NOTES

1. Whereas the mistake made by the IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) in 2007 put the spotlight on the Himalayan glaciers by predicting their disappearance in 2035. 2. ANR PAPRIKA (2010-2013): ANR-09-CEP-005-05/PAPRIKA. It gathered together glaciologists, hydrologists, atmospheric chemists, modellers, agronomists, and geographers. 3. Here we do not address the problem of GLOFs and landslides, which are possibly related to climate change: they are the subject of numerous studies (Bajracharya and Mool, 2009; ICIMOD, 2011; Fort, 2014; etc.). 4. Chaudhary and Bawa, 2011; McDowell, 2013; Su et al., 2013; etc. 5. Shah, 2010; Sharma, 2010; Shahi, 2013; National Trust for Nature Conservation, 2012. 6. An increase in rainfall may in fact lead to increased flows but with greater variability (Miller et al., 2012). 7. However, current models are based on data from national network stations.

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8. Here we do not broach the questions of adaptation and vulnerability but make contributions that may provide food for thought. 9. Units used by the Statistics Office, among others, to distinguish districts by ecological zone. 10. We call a “village” a hamlet or a group of hamlets forming a consistent territorial unit with regard to the use of resources. A VDC, Village Development Committee, is an administrative unit that includes several hamlets, or even villages. 11. cf. note 4. 12. Remarks made by a farmer in Solu-Khumbu, recorded in April 2014. 13. There were more than 36,550 visitors to Sagarmatha National Park in 2013 versus only 3,600 in 1979 (Nepal Tourism Statistics, 2013: 63). 14. Interviews carried out between November 2010 and December 2011 by O. Puschiasis, a PhD student in geography. 15. Data collected during the Paprika programme in 2011, 2012 and 2013. 16. Note, however, that the use of new textiles may contribute to feeling the cold less. 17. By T. Duplan (2011) and P. Buchheit (2011), agronomy students (February to June 2011), by O. Aubriot and J. Smadja (5 weeks in October 2010 and April 2013) and by J. Smadja (1 week in April 2014). 18. In Jiri (2,003 m a.s.l.), precipitation amounted to 2,301 mm from 1971 to 2012 (according to DHM), and in Lukla (2,660 m a.s.l.) 2,053 mm was recorded for 2005, 2007, 2009 and 2013, and the mean temperature was 10.1°C (data from EVK2). However, according to measurements taken over several months in 2014 by hydrologists working on the programme in the Khari Khola catchment, precipitation between 2,000 and 3,000 m in altitude would be higher than 3,000 mm/ year. 19. By J. Grimaldi and M. Hugonnet (2013), agronomy students, and by M. Rai, a Nepalese Master’s student in geography at Tribhuvan University (from February to June 2012). 20. Based on data from Khotang Bazar meteorological station (1,295 m a.s.l.) which is closer to Mangaltar in altitude but which has only partial, precipitation-related data (annual average for the period 1971-1996 is 1,140 mm) and on data from Okhaldunga meteorological station (1,720 m a.s.l., average annual precipitation for the period 1971-2012 is 1,760 mm). 21. We have increased by 3°C (to take into account the 600 m difference in altitude) the temperature recorded at Okhaldunga (1,720 m) for the period 1986-2007 (average: 17.3°C; maximum: 21.6°C, minimum: 12.8°C). 22. By S. Khanal, a Nepalese Master’s student in geography from Tribhuvan University, in February 2011, and by O. Aubriot (over 9 weeks between April and October 2010, April 2011 and April 2012). 23. Precipitation and temperature data are the average of those from Tarahara meteorological station (200 m) recorded over a 17-year period (taken between 1971 and 2011) and those from Biratnagar meteorological station (70 m) over a 30-year period (between 1971 and 2007). 24. According to M. Savéan, 2014, the margin of error can range from 20-50% to 110% depending on the authors. Only the extent of the snow cover, not its thickness, is calculated on the basis of satellite images. 25. “It is a fact that people with diverse income sources adapt more easily than those with few sources of income. The diversity of sources is more important than the level of income. For this reason, poor families are not necessarily the most vulnerable to stresses and hazards.” Dixit et al., 2009: 29. 26. Translated from French by the authors. 27. Using the words of Roe (1991) and Hoben (1996).

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ABSTRACTS

In the Himalayas, where the increase in temperatures is higher than the world average, climate change is expected to impact water resources in a particularly significant manner. Whereas climate specialists using measurements and simulations play down this statement by underlining uncertainties and differences between the west and east of the range, the media and development agencies tend to paint a uniform picture of a water shortage now and in the future. As part of an interdisciplinary programme (glaciology, hydrology, agronomy, geography) in the Koshi basin in Nepal, we discuss these remarks, while stressing the need to distinguish between situations according to the geographical units and to take into account the cultural, social and economic context when addressing this subject. The investigations that we carried out at four fieldwork sites, which are representative of Nepalese milieus, aimed to find out whether populations noticed any variations in water resources that affected their practices (farming, livestock breeding, tourism) and if they attributed them to climate change. Our results show contrasting situations and changes in practices with no obvious connection to the climate. Among other things, they provide information about snow, a parameter that has been measured incorrectly and underestimated in simulations, and they show that populations are more affected by fluctuations in rainfall patterns than by the melting of glaciers and the snow cover. Lastly, they highlight the geographical units and population groups most likely to be affected by climatic variations.

INDEX

Keywords: climate change, Nepal, water resource, local knowledge, agriculture, tourism

AUTHORS

JOËLLE SMADJA Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

OLIVIA AUBRIOT Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

ORNELLA PUSCHIASIS Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

THIERRY DUPLAN Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

JULIETTE GRIMALDI Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

MICKAËL HUGONNET Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

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PAULINE BUCHHEIT Centre d’Etudes Himalayennes, CNRS

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Dynamique de la neige de culture dans les Alpes Françaises Contexte climatique et état des lieux

Pierre Spandre, Hugues François, Samuel Morin et Emmanuelle George- Marcelpoil

NOTE DE L'AUTEUR

Remerciements Nous remercions le président de l’ADSP B. Blanc et l’organisateur de l’AG annuelle C. Perretier pour nous avoir invités et soutenus, en particulier en nous fournissant les contacts de leurs adhérents. Nous remercions les stations de sport d’hiver ayant répondu à notre enquête ainsi que M. Lafaysse (CNRM-GAME/CEN) pour ses suggestions et commentaires pertinents sur ce travail. Nous remercions également les deux relecteurs anonymes pour leurs commentaires détaillés et constructifs. La Région Rhône-Alpes (Arc Environnement) finance le travail de doctorat de P. Spandre, auquel ont également contribué la Fondation Eau, Neige & Glace et le LabEx OSUG@2020 (ANR10 LABX56). Le CNRM-GAME/CEN et Irstea sont membres du LabEx OSUG@2020 (ANR10 LABX56).

Introduction

1 Le tourisme de sports d’hiver est aujourd’hui une attraction majeure dans les Alpes françaises en même temps qu’un moteur économique. Dans les années 1970, des stations « ex-nihilo », complexes bâtis sur des sites vierges de toute habitation ou village préexistants, ont été créées dans les montagnes françaises pour répondre à une demande croissante de tourisme de masse suscitée par la transformation sociale alors en cours. Le modèle a fonctionné et peu à peu les équilibres économiques se sont inversés en faveur des stations d’altitude devenues des pôles de croissance face au déclin des activités des vallées (George-Marcelpoil et al., 2012a). En 2013, 7 milliards

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d’euros et 120 000 emplois ont été générés par ce secteur touristique (DSF, 2014), dont les domaines skiables sont les piliers en assurant l’accès à l’activité phare (le ski), la sécurité et le confort des visiteurs (Guily, 1991).

2 A la fin des années 1980, ce marché a connu pour la première fois des revers économiques importants (Lorit, 1991 et Pascal, 1993)) en raison de plusieurs hivers faiblement enneigés successifs (Durand et al., 2009b). La neige de culture est alors apparue comme la meilleure stratégie d’adaptation face à la variabilité interannuelle d’enneigement et aux effets du changement climatique (Steiger et al., 2008). Elle s’est rapidement répandue dans les Alpes françaises pour atteindre 20 % de la surface des pistes en 2009 en France d’après Badré et al. (2009). Perçue au départ comme un signe de faiblesse, la neige de culture est peu à peu devenue l’assurance d’un séjour réussi « quoi qu’il advienne » pour les skieurs (Paccard, 2011). Elle est aujourd’hui l’objet de nombreuses interrogations sur l’équilibre de la « garantie neige » avec la charge économique qu’elle fait peser sur les domaines skiables ou encore sur les enjeux environnementaux de gestion de l’eau (Magnier, 2013) ou des risques associés à l’aménagement de la montagne (Evette et al., 2011).

3 L’ensemble des pays de l’arc alpin est également concerné par la neige de culture. Sur la base d’un recueil de données existantes, Hahn (2004) estimait en 2004 à 40 % le taux d’équipement en neige de culture des pistes italiennes et autrichiennes contre 10 % en Suisse et en Allemagne tandis que Agrawala (2007) soulignait le manque de cohérence et de transparence des méthodes de calcul employées par les professionnels européens de la filière. En France, l’agence d’Observation, de Développement et d’Ingénierie Touristique française (ODIT France) a publié jusqu’en 2009 (ODIT, 2009) des résultats intégrés par massif dont les méthodes de calcul n’ont pas été détaillées (Paccard, 2011), qui font actuellement référence dans le milieu professionnel (Badré et al. , 2009), pourtant en constante évolution.

4 Afin d’actualiser ces informations, nous mobilisons une méthodologie la plus robuste possible pour produire, par type de station, un état des lieux détaillé des équipements en neige de culture dans les Alpes françaises et de leur dynamique actuelle de développement en nous basant d’une part, sur des informations structurelles sur les domaines skiables des Alpes françaises (George-Marcelpoil et al. , 2012b, première partie) et d’autre part, sur les résultats d’une enquête réalisée en 2014 auprès de domaines skiables (seconde partie). Nous replaçons dans une troisième partie le contexte climatique de cette dynamique d’expansion en établissant pour l’ensemble des massifs alpins français et par altitude, le potentiel de production de neige de culture et son évolution depuis les années 1960. Enfin, certains aspects de cette étude sont discutés dans une quatrième et dernière partie. Ce travail s’inscrit dans une approche d’intégration de modèles socio-économiques et physiques pour la simulation et l’analyse de la gestion de neige dans les domaines skiables français (François et al., 2014) pour laquelle elle fournit un état objectif et actualisé des équipements en neige de culture dans les Alpes françaises et leur marge d’expansion.

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L’échantillon enquête et les données structurelles sur les domaines skiables

Enquête auprès des professionnels

5 Afin d’évaluer les niveaux d’équipement actuels et les projets d’extension des parcs d’enneigeurs des stations, une enquête a été mise en place. Sur la base des informations mises à disposition par l’ADSP (Association Nationale des Directeurs de Pistes et de la Sécurité de stations de Sports d’Hiver), le questionnaire a été adressé à 161 contacts pour la plupart gestionnaires de domaines skiables dans l’ensemble des massifs français. Un code a été attribué à chacun des participants afin qu’il dispose d’un accès personnalisé à l’enquête tout en garantissant la confidentialité des réponses.

La base de données socio-économiques « BD Stations »

6 Afin de traiter les réponses à l’enquête, d’en évaluer la représentativité et d’en généraliser les résultats, nous avons eu recours à la Base de Données Stations (« BD Stations »). La BD Stations a été réalisée par Irstea à la demande du Comité de Massif des Alpes, une instance de gouvernance instituée par la loi Montagne de 1985 et dont le secrétariat est assuré par le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires Alpes (CGET Alpes, ex-Datar). La BD Stations est une base de données spatialisée, focalisée sur l’organisation des stations de sports d’hiver, autant du point de vue administratif (en France, les remontées mécaniques constituent un service public sous la responsabilité des communes ou de leur groupement) qu’économique (la gestion du service peut être assurée directement par l’autorité publique ou être déléguée à un prestataire de droit privé). Les informations sont ainsi structurées pour intégrer une diversité de points de vue et de sources de données. Les stations peuvent être observées à différentes échelles depuis des territoires au sein desquels les sports d’hiver ne constituent qu’un élément parmi d’autres jusqu’à l’appareil de remontées mécaniques (George-Marcelpoil et al., 2012b). Ces équipements faisant l’objet d’un régime réglementaire spécifique, leur installation et leur exploitation sont encadrées par le STRMTG (Service Technique des Remontées Mécaniques et Transports Guidés), administrateur du CAtalogue Informatisé des Remontées mécaniques Nationales (CAIRN) qui recense les différents appareils et leurs caractéristiques techniques.

7 Le moment de puissance (MP) est un indicateur de la taille d’un appareil de remontée mécanique couramment employé par Domaines Skiables de France (DSF), défini comme le produit du débit théorique (personnes h-1) et du dénivelé parcouru (km). Cet indicateur permet de mesurer la contribution d’une remontée mécanique (RM) au sein d’un domaine skiable. Agrégé au niveau d’une station ou d’un territoire, il permet de comparer rapidement les niveaux d’équipement relatifs. DSF l’emploie notamment pour distinguer des catégories de stations décrites dans le tableau 1 d’après François et al. (2014).

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Tableau 1 - Catégories de stations par moment de puissance

8 Sur la base de ces informations et de la base de données BDTOPO réalisée par l’IGN (à 25 m de résolution), la BD Stations propose une représentation fiable des domaines skiables (François et al., 2014), en l’absence d’autres données géographiques disponibles sur ces domaines. La représentation dite des enveloppes gravitaires (François et al., [Soumis]) est employée dans cette étude.

Représentativité

9 Notre démarche a été présentée lors de l’assemblée générale annuelle de l’ADSP le 7 octobre 2014 à Montpellier. A cette occasion, des questionnaires enquête ont été distribués sous format papier aux personnes présentes (18 réponses récoltées le jour même et intégrées aux résultats en ligne). L’enquête en ligne a été clôturée le 9 janvier 2015 avec 56 réponses complètes, dont 44 stations alpines. Pour la suite de cette étude et par cohérence avec la BD Stations, seules les stations alpines sont ici prises en compte.

Figure 1 - Représentation par catégorie du moment de puissance cumulé des stations alpines de l’enquête (à gauche) et de l’ensemble des stations alpines (à droite), avec le détail du mode d’exploitation des RM

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10 Toutes les catégories ont participé à notre enquête avec un taux de représentation élevé : entre 45 et 60 % de l’ensemble alpin en nombre comme en MP (annexe A et figure 1), à l’exception des petites stations (S), faiblement représentées. Le MP cumulé des stations de l’enquête est de 53,2 % du MP alpin toutes catégories confondues. La dispersion au sein des catégories de l’échantillon est fidèle à la dispersion de la population des stations alpines en termes de MP, de mode d’exploitation des RM, d’altitude moyenne et d’âge moyen du parc de RM (figures 1 et 2). Ces éléments montrent que cet échantillon peut être considéré comme représentatif et que ses résultats peuvent être généralisés à la population de stations des Alpes françaises, à condition de traiter spécifiquement le cas des stations S.

Figure 2a - Altitude moyenne

Stations ayant participé à l’enquête (●) et autres stations alpines (o)

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Figure 2b - Âge moyen du parc de remontées mécaniques

Stations ayant participé à l’enquête (●) et autres stations alpines (o)

11 L’échantillon de l’enquête de la catégorie S est considéré comme non représentatif car trop faible par rapport à la population alpine de cette catégorie. Ses résultats sont donc écartés. Néanmoins, la catégorie S sera traitée en formulant trois hypothèses pour estimer son comportement à partir de la catégorie M. Les stations S ne représentant que 7 % du parc alpin français de RM (annexe A), l’erreur commise sur le comportement de cette catégorie a par conséquent un faible impact sur le comportement général de la population.

12 Ces hypothèses renvoient aux résultats de François et al. ([Soumis]) qui montrent que le rapport entre la surface accessible par les RM d’une station (domaine gravitaire) et son MP varie d’une catégorie de station à l’autre. Dans le cas des stations S, ce rapport est deux fois plus important que pour les stations M (0.42 vs. 0.21 ha (km pers h-1)-1). Par ailleurs, la part occupée par la surface de piste dans le domaine gravitaire est stable quelle que soit la catégorie de station considérée (François et al., [Soumis]). Notre première hypothèse est donc que le rapport entre la surface des pistes et le MP des stations S est le double de celui des stations M. Notre seconde hypothèse est que l’équipement en enneigeurs est davantage lié à l’équipement en RM (et donc au MP) qu’à la surface de pistes desservies. Par conséquent, le rapport entre la surface équipée en enneigeurs et le MP des stations S est le même que celui des stations M. Enfin, notre dernière hypothèse est que le rapport entre la surface supplémentaire équipée en enneigeurs à l’échéance de 2020 et le MP est deux fois moins importante pour les stations S que pour les stations M, conformément à la nette distinction que nous avons constatée dans les projets des différentes catégories de stations (tableau 2 et annexe C).

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Généralisation et traitement des résultats

13 La BD Stations permet d’identifier les stations de l’échantillon appartenant à une même catégorie, ce qui permet d’agréger leurs résultats pour fournir un résultat intégré par catégorie, avec le MP cumulé par catégorie. Elle fournit également le MP alpin par catégorie, ce qui permet d’estimer les résultats sur l’ensemble des stations des Alpes françaises (figure 3 et annexe C).

Figure 3 - Schéma de traitement des résultats de l’enquête grâce aux informations de la base de données BD Stations

14 Afin de quantifier l’incertitude sur les résultats généralisés, nous avons amputé l’échantillon enquêté (pour chaque catégorie) du premier ou du dernier quartile de stations, classées par leur taux d’équipement en enneigeurs et calculé l’impact de ces traitements sur les résultats généralisés. Ceci revient à considérer que l’ensemble des stations alpines est équipé à l’identique des 3 stations les plus équipées sur 4 dans notre échantillon (hypothèse de fort équipement) ou à l’inverse équipé à l’identique des 3 stations les moins équipées sur 4 dans notre échantillon (hypothèse de faible équipement). Nous avons également supposé que le rapport entre la surface de pistes et le MP resterait constant d’ici à 2020.

Résultats de l’enquête : contexte d’évolution des équipements

15 La dynamique d’équipement en enneigeurs diffère nettement d’une catégorie de stations à l’autre (tableau 2 et figure 4).

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Tableau 2 - Contexte actuel des équipements en enneigeurs dans les Alpes françaises

16 Plus le domaine est de taille importante, moins les enneigeurs se limitent aux secteurs de plus faible altitude et plus la volonté d’étendre les parcs d’enneigeurs est forte.

Figure 4 - Altitude maximum d’installation des enneigeurs

17 Les réponses se limitent aux stations ayant déclaré que leurs enneigeurs sont prioritairement disposés à basse altitude (tableau 2).

18 Pour chaque catégorie, la médiane est représentée en gras, la boîte s’étend du premier au troisième quartile, les valeurs extrêmes sont en pointillés.

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Résultats de l’enquête : estimation des surfaces équipées et évolution

19 Le tableau complet de résultats de notre enquête se trouve en fin d’article (annexe C) et contient les surfaces et taux d’équipement extrapolés sur la base de l’échantillon enquête et des hypothèses de faible et fort équipements (selon la méthode décrite en section précédente, figure 5).

20 La surface totale de pistes par catégorie a été déterminée selon le procédé décrit précédemment (figure 3, annexe C), ce qui permet d’obtenir une surface totale de pistes sur l’ensemble des Alpes françaises de 16 500 ha actuellement. Cette valeur diffère de celles relayées par ODIT France qui se situent entre 19 000 et 22 500 ha sans que le détail de la méthode soit connu (Paccard, 2011).

Figure 5 - Évolution des surfaces équipées en neige de culture dans les Alpes françaises depuis 1970 et perspectives pour 2020

21 Sur la base de l’enquête, nous estimons que 32 % des surfaces de pistes sont équipées en enneigeurs pour la saison 2014/2015. Les stations Moyennes à Très Grandes sont en moyenne équipées de manière similaire (environ 35 %). A l’horizon 2020, le taux d’équipement devrait s’élever selon notre échantillon à 43 % sur l’ensemble des Alpes françaises, soit plus du tiers (+36 %) de la surface actuelle équipée en plus. Les Très Grandes Stations sont celles qui prévoient la plus forte extension (+46 %) puis les Grandes (+37 %) et les Moyennes (+18 %). Ces forts taux d’extension amènent à s’interroger sur les potentiels météorologiques de production de neige de culture dont disposent les stations et de la marge dont elles bénéficient pour pouvoir continuer à développer leur parc d’enneigeurs dans un contexte de changement climatique. C’est l’objet de notre seconde partie.

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Analyse du contexte climatique de la production de neige

Données météorologiques

22 Le système météorologique SAFRAN (Système d’Analyse Fournissant des Renseignements Atmosphériques à la Neige) fournit des informations météorologiques (température, précipitations, etc.) à l’échelle de massifs de 1000 km2 environ (figure 6), au sein desquels il est supposé que les variables météorologiques sont homogènes et que leur variation dépend uniquement de l’altitude (Durand et al., 1993). La résolution verticale des données fournies par SAFRAN est de 300 m et son pas de temps, horaire.

23 SAFRAN est basé sur un schéma d’assimilation complet qui emploie des réanalyses de modèles météorologiques de grande échelle, des observations au sol, en particulier le réseau d’observations nivo-météorologiques et les stations automatiques Nivôses et radiosondes. Ceci permet de reconstruire les conditions nivo-météorologiques à résolution temporelle infra-journalière dans les Alpes françaises sur une période très longue (54 ans, Durand et al. 2009a). Néanmoins, les réanalyses et le réseau d’observations sur lesquels s’appuie SAFRAN ont évolué depuis leurs débuts et notamment depuis les années 80, ce qui constitue une source d’hétérogénéités spatiale et temporelle (Vidal et al. , 2010). Malgré ces incertitudes, SAFRAN est un outil performant employé par de nombreux travaux de recherches y compris pour des analyses d’impact du changement climatique dans les massifs montagneux français (Durand et al., 2009a, Durand et al., 2009b, Lafaysse et al., 2011).

Définition du potentiel de production et du domaine d’étude

24 La faisabilité de la production de neige dépend en grande partie de facteurs météorologiques (température, humidité de l’air, vent). La principale variable employée par les constructeurs d’enneigeurs et les nivoculteurs professionnels est la

température « humide » ou température du thermomètre mouillé, notée Tw (Olefs et al.,

2010). Plus l’air est sec, plus Tw diffère de la température de l’air à laquelle elle est toujours inférieure ou égale. Au cours de cette étude, tous les résultats sont basés sur la

température humide Tw et y font référence. La température humide est calculée à partir de la température et de l’humidité relative de l’air de SAFRAN en utilisant la méthode de Jensen et al. (1990). Actuellement la production de neige est techniquement possible à partir d’un seuil de -2°C maximum de température humide (Olefs et al., 2010) bien que les rendements soient assez pauvres à cette température (Marke et al., 2014). En dessous d’une température humide de -5°C, la production peut être réalisée à des débits plus élevés et de meilleurs rendements. Les « fenêtres de froid » sont des créneaux temporels au cours desquels la température humide est inférieure au seuil considéré (la production y est possible). Afin d’approcher les pratiques usuelles des nivoculteurs professionnels, nous avons limité notre étude aux « fenêtres » d’une durée de 4 heures minimum. Le cumul des heures de ces créneaux constitue le potentiel de production de neige de culture pour la période considérée.

25 Nous avons distingué trois zones géographiques distinctes par regroupement de massifs SAFRAN (voir figure 6) : les Alpes du Nord (14 massifs SAFRAN), les Alpes du Sud

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(9 massifs) et l’ensemble des Alpes françaises (23 massifs). Quatre niveaux d’altitude ont été étudiés : 1200 m, 1500 m, 1800 m et 2100 m. Ces altitudes contiennent couramment dans les Alpes françaises les altitudes de départ des stations, les fronts de neige ainsi que les zones équipées en enneigeurs (voir section 2) et constituent plus généralement les zones où la variabilité de l’enneigement pose le plus de difficultés. Les seuils de température humide retenus pour cette étude sont -2°C et -5°C en référence aux limites techniques de faisabilité et de meilleur rendement. L’automne (1er octobre – 1er janvier) est la période de plus forte production en neige de culture (Hanzer et al., 2014). Par conséquent, une évolution du potentiel de production au cours de cette période pourrait avoir un fort impact sur le fonctionnement des stations. La production s’étalant cependant sur l’ensemble de la saison hivernale (1er octobre – 1er avril), nous avons considéré ces deux périodes. La combinaison de ces facteurs à plusieurs niveaux aboutit à 48 cas distincts étudiés sur la période (1961-2014), ce qui donne une vision d’ensemble de la situation actuelle et de l’évolution du potentiel de production au cours des 50 dernières années.

Figure 6 - Zones géographiques étudiées par regroupements des massifs SAFRAN (Alpes du Sud, du Nord et Alpes françaises entières)

Stations ayant participé à l’enquête (●) et autres stations alpines (o) par catégories

Tendances d’évolution

26 L’analyse des données SAFRAN fournit pour chaque massif un potentiel de production de neige de culture pour chaque année et chaque altitude. Nous établissons ensuite un potentiel de production moyen à l’échelle des zones géographiques sélectionnées : Alpes du Nord, du Sud ou Alpes françaises entières par une simple moyenne des potentiels des massifs SAFRAN appartenant à la zone considérée. Une analyse de

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tendance a été établie pour cette moyenne sur l’ensemble de la période (1961-2014). Nous avons calculé le taux de croissance de cette tendance, la corrélation du potentiel moyen avec le temps et son écart-type (pour en évaluer la variabilité), ainsi que les potentiels de production moyens sur les décennies (1961-1970) et (2005-2014). La significativité de la tendance a été évaluée grâce à une méthode statistique de type Monte-Carlo (Chène et al. , 2008). Cette approche a notamment été employée par Lesaffre et al. (2012) pour estimer la significativité de la tendance d’enneigement naturel sur le site du Col de Porte (Chartreuse). La tendance est significative si la corrélation de la variable observée avec le temps est meilleure que celle d’un tirage aléatoire sans remise des valeurs de cette variable dans 95 % des cas au moins.

Evolution du potentiel de production de neige de culture

27 Notre analyse basée sur les données SAFRAN montre que les situations dont les tendances ont les taux de croissance les plus élevés ont également les scores de significativité les plus élevés i.e. plus la tendance est marquée (fort taux), plus elle se confirme par le test statistique (score élevé). Toutes les situations dont les tendances sont jugées significatives (12 en tout) présentent des taux d’accroissement négatifs i.e. le potentiel de production diminue sur la période (1961-2014). Ainsi, sur l’ensemble des Alpes françaises à 1200 m, le potentiel de production de neige diminue (à -2°C) de 6 heures par an (h/an) environ sur la période (1961-2014). La perte est similaire aux autres altitudes (6 à 8 h/an, voir figure 7 et annexe B).

28 Le potentiel de production de neige dans les Alpes du Sud présente une variabilité nettement supérieure par rapport aux Alpes du Nord (écart-type 2 à 3 fois supérieur, corrélation plus faible avec le temps). Les scores de significativité obtenus pour les tendances d’évolution diffèrent donc entre les deux zones géographiques. Certaines tendances constatées dans les Alpes du Nord ne se confirment pas dans les Alpes du Sud.

29 Le potentiel de production de neige de culture en automne ne présente pas d’évolution significative pour la période (1961-2014) : deux cas significatifs sur 24. Il représentait 35 % (à -2°C) à 32 % (à -5°C) du potentiel saisonnier total pour la décennie (1961-1970) contre 37 % (à -2°C) à 34 % (à -5°C) pour (2005-2014). Le potentiel de production sur la saison a lui évolué significativement dans de nombreux cas. Les Alpes du Nord ont vu leur potentiel diminuer significativement dans la majorité des cas. Cette tendance se confirme sur l’ensemble des Alpes françaises pour une température de -2°C, bien que les potentiels de production aux altitudes de 1200 m à 1800 m dans les Alpes du Sud ne montrent pas d’évolution significative. L’ensemble des résultats est proposé à la fin de cet article en annexe B (exhaustive).

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Figure 7 - Potentiel saisonnier de production de neige de culture pour l’ensemble des Alpes françaises à la température humide seuil de -2°C sur la période (1961-2014)

Chaque point correspond à un massif SAFRAN. La courbe noire représente la moyenne des massifs et la courbe en couleur la tendance linéaire de cette moyenne.

30 Les projections d’impact du changement climatique au XXème siècle dans les Alpes françaises montrent systématiquement une tendance de hausse de température pour l’ensemble des altitudes et des scénarios considérés (Lafaysse et al. 2014 ; Castebrunet et al. 2014). Ces données n’ont pas été spécifiquement appliquées à l’analyse des créneaux de production de neige de culture mais leurs résultats sont nettement compatibles avec une poursuite des tendances que nous observons.

Discussion

Variabilité et significativité

31 La variabilité du potentiel de production de neige de culture est importante et repose sur un effet spatial et temporel. Le regroupement de massifs SAFRAN dont les influences climatiques peuvent différer crée une première source de variabilité à laquelle s’ajoute la variabilité climatique interannuelle (Durand et al. , 2009b). Les situations pour lesquelles le potentiel présente le plus petit nombre d’heures ont une variabilité relative plus importante (annexe B). Notamment, la variabilité pour les potentiels automnaux (tous confondus) est de 72 h pour une valeur moyenne de 600 h (soit 12 %) tandis que la variabilité des potentiels saisonniers (tous confondus) est de 149 h pour une valeur moyenne de 1800 h (soit 8 %). Par conséquent, plus le potentiel de production est faible, plus la variabilité spatiale et climatique est prépondérante sur une tendance éventuelle, ce qui concerne en particulier la période automnale et les

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basses altitudes. La part plus faible du potentiel automnal dans le potentiel saisonnier au cours de la décennie (1961-1970) par rapport à la décennie (2005-2014) laisse cependant penser que son évolution est effectivement moins marquée (32 à 35 % contre 34 à 37 %).

La marge d’expansion dont disposent les stations

32 Le volume d’eau employé en 2009 à la production de neige de culture était de 19 millions de m3 sur 5300 ha de pistes, soit 0,358 m3 d’eau par m2 de piste (Badré et al., 2009). Avec 3 enneigeurs par hectare en moyenne, ceci correspond à 1192 m3 d’eau par enneigeur et par saison (Badré et al., 2009). A un débit (usuel) de 8 m3/h, on aboutit à 149 h de production annuelle moyenne pour un enneigeur.

33 Cette valeur peut apparaître négligeable au regard des potentiels de production (annexe B) mais les marges ne sont certainement pas si importantes. Tout d’abord, les contraintes ne se limitent pas à la température : le vent, la disponibilité en eau, les contraintes de calendrier réduisent ce potentiel. Par ailleurs, les installations des domaines skiables ne permettent généralement pas de produire simultanément de la neige sur l’ensemble de leur parc d’enneigeurs. Ainsi pour une station dont la capacité maximale s’élève au tiers de son parc, le besoin réel en créneaux de production serait de 450 h environ sur la saison. Les potentiels de production de neige de culture à -5°C sur la période automnale se situent dans les Alpes entre 250 h et 650 h sur les tranches d’altitudes étudiées. Ainsi, dans certains cas les domaines sont déjà amenés à produire de la neige à des températures humides comprises entre -2°C et -5°C avec des rendements dégradés (Marke et al., 2014) et par conséquent des coûts plus élevés.

Conclusion

34 Afin d’établir une situation actualisée la plus objective et détaillée possible des équipements en neige de culture dans les Alpes françaises, une enquête a été réalisée auprès de domaines skiables au cours de l’automne 2014 sur la base de contacts fournis par l’Association Nationale des Directeurs de Pistes et de la Sécurité de stations de Sports d’Hiver (ADSP). Par cohérence avec la base de données BD Stations, cette étude se limite actuellement aux stations alpines (44 témoignages) mais pourrait être étendue aux autres massifs français (déjà couverts par le système SAFRAN mais pas par la BD Stations à ce jour).

35 Notre enquête a révélé un taux d’équipement en neige de culture dans les stations alpines de l’ordre de 32 % de la surface totale de pistes actuellement. Cette tendance à l’équipement qui s’est accélérée à la fin des années 1990 (ODIT, 2009) s’est encore renforcée ces dernières années et dépassera 40 % de surface équipée dès 2020, d’après notre enquête. Cependant, toutes les stations ne s’inscrivent pas dans la même dynamique. Si les stations Moyennes à Très Grandes sont aujourd’hui équipées de manière similaire, leur projet d’extension est fortement lié à leur taille et les Très Grandes Stations seront les plus équipées en enneigeurs en 2020. Les résultats de notre enquête montrent que près de 50 % des pistes pourraient être équipés pour cette catégorie (49 %), 48 % pour les Grandes, 41 % pour les Moyennes et 21 % pour les Petites stations. Ces chiffres montrent l’inégalité des stations en termes de capacité d’adaptation. Les Très Grandes Stations qui sont souvent les plus élevées en altitude

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bénéficient d’un enneigement naturel plus important que les autres (François et al., 2014) et possèdent les plus grandes marges de progression de leur parc d’enneigeurs (leurs potentiels de production de neige de culture sont plus importants du fait de leur plus haute altitude). Leur taux élevé de projets d’extension (+46 % de surface équipée pour les Très Grandes Stations d’ici 5 ans) montre également que les plus grands domaines sont aussi les plus capables d’investir pour sécuriser leur activité face à la variabilité interannuelle d’enneigement et aux perspectives de diminution de l’enneigement (Castebrunet et al., 2014).

36 La neige de culture représente la première stratégie d’adaptation aux effets du changement climatique (Steiger et al., 2008) mais n’est pourtant pas infaillible. Les enneigeurs ne peuvent compenser le déficit de neige naturelle qu’à certaines conditions et les conséquences de certains débuts de saison secs et doux comme en 2006-2007 (François et al., 2014) ne peuvent être évités grâce à la neige de culture (Spandre et al., 2014). Notre étude montre que le potentiel de production de neige de culture est limité et décline depuis 1961. La forte croissance actuelle des équipements rencontrera certainement le problème de disponibilité de ces créneaux de production et de la ressource en eau face auxquels les stations ne sont pas égales. Produire de la neige de culture est coûteux et le sera probablement de plus en plus à mesure que le besoin se rapproche du potentiel et que les domaines seront poussés à produire dans des conditions marginales, avec de faibles rendements (Marke et al., 2014). Le gain de productivité doit alors être mis en compétition avec l’amortissement d’une telle installation et arbitré par le potentiel météorologique de production dont la pression se fera de plus en plus forte si les effets du changement climatique se renforcent comme cela est prévu aujourd’hui. L’investissement dans une installation de neige de culture n’a d’intérêt aujourd’hui que pour les stations qui sauront en dégager une réelle plus- value. La poursuite du développement des parcs d’enneigeurs pose donc la question de la capacité des stations et de leur modèle économique à évoluer vers un fonctionnement viable.

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RÉSUMÉS

Le développement de la neige de culture dans les Alpes françaises a réellement démarré dans les années 1990. Devenue une garantie de réussite de leur séjour pour les skieurs comme de résultat

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pour les exploitants, la neige de culture s’est systématisée. Les problématiques liées au changement climatique ont justifié depuis plusieurs années les investissements dans les enneigeurs et suscité l’intérêt pour des études scientifiques croisant des approches physiques et socio-économiques dans lesquelles nous inscrivons ce travail. Notre enquête a été réalisée à l’automne 2014 sur la base d’un panel représentatif de domaines skiables et a révélé un taux d’équipement des pistes en neige de culture de 32 % en surface dans les Alpes françaises. Les stations Moyennes à Très Grandes sont actuellement équipées de manière similaire. La tendance à l’équipement s’est renforcée ces dernières années et la surface équipée dépassera 40 % dès 2020 d’après les résultats de notre enquête. Toutefois, la dynamique de développement de la neige de culture est variable selon les stations. Leur projet d’extension est fortement lié à leur taille et les Très Grandes Stations devraient être les plus équipées en enneigeurs en 2020 (près de 50 % en surface). Une analyse des conditions climatiques alpines montre pourtant que le potentiel de production est limité et décline depuis les années 1960. Produire de la neige de culture est coûteux et le sera de plus en plus à mesure que le besoin se rapproche du potentiel de production et que la poursuite des effets du changement climatique pousse les domaines à produire dans des conditions marginales.

Snowmaking facilities have been commonplace in the French Alps since 1974 and particularly since the 1990s. Now, nearly all resorts are equipped with snowmaking facilities, which guarantee snow for skiers and sufficient revenue for resorts. The effects of climate change have justified recent investments in new facilities, and research efforts are beginning to combine socio-economic and physically-based approaches. We carried out a survey in autumn 2014, collecting data from a representative sample of resorts in the French Alps. We found that 32% of maintained ski slope areas in the French Alps are now equipped with snowmaking facilities; our findings indicate that this proportion is likely to reach 43% by 2020, with most of the increase in “Very Large” resorts. Although “Medium” to “Very Large” resorts are currently equipped at similar levels, the projected development varies with resort size. “Very Large” resorts are planning the largest growth, with nearly 50% of their ski slopes equipped with snowmaking facilities by 2020. However, our analysis reveals a limited potential for snowmaking in the French Alps: since the 1960s, suitable conditions have decreased by several hours per year. Since the effects of climate change are expected to increase in the coming decades (all scenarios suggest an air temperature increase), ski resorts will have to produce snow in less ideal conditions, incurring greater costs as a result of decreased production efficiency.

INDEX

Mots-clés : neige de culture, stations, Alpes françaises, changement climatique Keywords : snowmaking, ski resorts, French Alps, climate change

AUTEURS

PIERRE SPANDRE Irstea, Unité DTM, 2 Rue de la Papeterie, Grenoble, France Météo-France - CNRS, CNRM-GAME UMR 3589, Centre d’Etudes de la Neige (CEN), Grenoble, France [email protected]

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HUGUES FRANÇOIS Irstea, Unité DTM, 2 Rue de la Papeterie, Grenoble, France

SAMUEL MORIN Météo-France - CNRS, CNRM-GAME UMR 3589, Centre d’Etudes de la Neige (CEN), Grenoble, France

EMMANUELLE GEORGE-MARCELPOIL Irstea, Unité DTM, 2 Rue de la Papeterie, Grenoble, France

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Snowmaking in the French Alps Climatic context, existing facilities and outlook

Pierre Spandre, Hugues François, Samuel Morin and Emmanuelle George- Marcelpoil

AUTHOR'S NOTE

Acknowledgments We would like to thank the ADSP president, B. Blanc, and the organiser of the ADSP annual general meeting, C. Perretier, for inviting us and providing us with the list of contacts. We also thank all the ski resorts that took part in the survey, M. Lafaysse (CNRM-GAME/CEN) for his comments and reviews of this work, as well as the two anonymous reviewers whose constructive reviews led to further improvements. We also address many thanks to Alexandra Leigh Giese (Dartmouth College - CNRM-GAME/ CEN) for her detailed and careful review. The Région Rhônes-Alpes is funding Pierre Spandre’s PhD. The “Eau, Neige et Glace” foundation and LabEx OSUG@2020 (ANR10 LABX56) also contributed to the funding of the project. The CNRM-GAME/CEN and Irstea are members of the LabEx OSUG@2020 (ANR10 LABX56).

Introduction

1 Winter tourism is a major driver of local economies in the French Alps. “Ex-nihilo” ski resorts were designed in the 1970s in French mountain regions to attract a diverse and large population. They included all the services visitors might need during their stay, from accommodation to entertainment. This new type of ski resort proved to be highly profitable; in fact, their economic revenue soon exceeded that of the industries down in the valleys (George-Marcelpoil et al., 2012a). In 2013, winter tourism was a 7 billion-euro industry that employed 120,000 people (DSF, 2014). Ski lift operators ultimately bear the responsibility for this market by ensuring access to the terrain as well as skier safety (Guily, 1991).

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2 The ski resort industry experienced economic losses (Lorit (1991) and Pascal (1993)) for the first time in the late 1980s, when there were successive winters with little natural snow (Durand et al., 2009b). Snowmaking seemed to be a logical way to compensate for interannual meteorological variability and the effects of climate change (Steiger et al., 2008). Since then the practice has grown, with 20% of maintained ski slope areas in the French Alps equipped with snowmaking facilities in 2009 (ODIT, 2009). While snowmaking was first met with scepticism, skiers and ski lift operators alike now consider it a necessary guarantee for a skiable snowcover and, consequently, for sufficient revenue (Paccard, 2011). Snowmaking has emerged as a prominent topic as various parties weigh: (i) the economic balance between the guarantee of snow and extra investments; (ii) the natural risks related to mountain infrastructures (e.g. artificial lakes, Evette et al. (2011)); (iii) environmental issues (e.g. water resource management, Magnier (2013)).

3 Most European ski resorts now produce snow, although it is more common in some countries than in others. Hahn (2004) compiled existing data and found that while ~40% of Italian and Austrian ski slopes were equipped with snowmaking facilities in 2004, only ~10% of Swiss and German slopes were. However, to date, no consistent metric for calculating the proportion of equipped ski slopes has been applied; thus, the reported proportions may not be comparable between countries (Agrawala, 2007). The Agence d’Observation, de Développement et d’Ingénierie Touristique Française (ODIT France, the French Agency for the Observation, Development and Engineering of Tourism Activities) has not published estimations of snowmaking facilities since 2009. These six- year old estimates are the only reference for professionals (Badré et al., 2009), although these facilities are constantly evolving.

4 In order to address the dearth of recent data, we have developed a robust method to assess the current and anticipated levels of snowmaking in the French Alps. In the first section, we describe our database and explain the rationale behind our categorisation (George-Marcelpoil et al., 2012b). In the second section, we present a survey carried out in 2014 to investigate ski resort snowmaking facilities. In the final section, we investigate the climatic context of snowmaking by assessing the amount of time available for snowmaking over the last 50 years as a function of altitude and geographical area. We present updated and reliable information concerning current snowmaking facilities in the French Alps, drawing upon both socio-economic and physically-based models (François et al., 2014).

Survey and structural data on ski resorts

Professional survey

5 In order to calculate the current and projected levels of snowmaking facilities, an online survey was set up for professionals. The Association Nationale des Directeurs de Pistes et de la Sécurité des Stations de Sport d’Hiver (ADSP, National Association of Ski Patrol Managers) provided 161 contacts. All these people manage technical services (grooming, snowmaking) in ski resorts in French mountain regions. An access code was allocated to every contact to guarantee personal access to the survey as well as the confidentiality of data.

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The socio-economic database: BD Stations

6 Data from the socio-economic database BD Stations were used to assess the representation of the survey sample among all French Alps resorts and to process and extrapolate the survey results. The BD Stations database was created at the request of the Comité de Massif Alpes, a governing institution set up after the Loi Montagne law was instated in 1985. Its goal is to provide access to a wide range of data and sources focused on ski resorts through a structured framework. These data cover administrative aspects (ski lifts are part of public services and under the responsibility of municipalities) as well as economic aspects (the resort management can be handled by the municipality or transferred to semi-public or private companies). The BD Stations database is a powerful tool to support investigations of winter sports at different scales, from large territories where they are an activity among many others down to a single ski lift. Specific rules are applied to ski lifts, whose installation and operation are supervised by a national service (STRMTG, Services Techniques de Remontées Mécaniques et Transports Guidés). The STRMTG maintains a database dedicated to ski lifts (CAIRN, CAtalogue Informatisé des Remontées Mécaniques Nationales), which includes the technical characteristics of each ski lift such as the Ski Lift Power.

7 The Ski Lift Power (SLP) is an indicator of ski lift size commonly employed by Domaines Skiables de France (DSF, the French National Association of Ski Resorts). The SLP is defined as the product of the difference in height between the top and bottom of a ski lift (in km) and the number of persons that could be carried per hour (pers h-1), and is thus expressed in pers km h-1 (DSF, 2014). When aggregated for each ski resort, it can be used to classify them into the four types described in Table 1, following François et al. (2014).

Table 1: Ski resort categories by ski lift power

8 Geographical information from the BDTOPO database (25 m resolution, developed by the Institut Géographique National, the French Geographical Institute) can be used to delineate an estimate of skiable areas. The representations used here are “gravitational envelopes”, defined as the total area accessible by the ski lifts of a resort (François et al. [submitted]).

Representation

9 We presented our project on 7th October 2014, during the ADSP annual general meeting in Montpellier, Southern France. On that day, paper versions of the survey were collected from those present (18 different resorts). When the online access was closed on 9th January 2015, 56 resorts had taken part in the survey. Of these, 44 were French Alps resorts that were considered in this work, consistent with the BD Stations (so far, data are available only for the French Alps).

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Figure 1: Ski lift power and management mode of survey sample resorts (left) and all French Alps resorts (right), by category

10 Excluding Small resorts, the survey covers 45 - 60% of the French Alps resorts for each category, in terms of both SLP and number (Appendix A and Figure 1). Overall, the sample of resorts covers 53.2% of the total French Alps SLP. Figures 1 and 2 illustrate the management mode, the average altitude and the age of the ski lifts. For each category, the dispersion of the sample is consistent with the dispersion of French Alps resorts. Consequently, Medium, Large and Very Large resort categories of the sample were assumed to be representative of the French Alps categories.

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Figure 2: a) Average altitude of ski lifts and b) Average age of sample resorts (●) and other French Alps resorts (o)

11 The survey results from the sample of S resorts were not taken into account since they did not appear representative of the S resort population in the French Alps. Instead, the S category was treated using three assumptions derived from the results of the M category. Since the SLP of the S category is only 7% of the total SLP of French Alps

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resorts (Appendix A), the error it introduces into the general results appears very limited. The three assumptions used are based on François et al. ([submitted]), who showed that the ratio of the gravitational envelope to the SLP of a resort decreases with resort size. This ratio is twice as high for S resorts as for M resorts (0.42 vs. 0.21 ha km-1 pers-1 h) while the ratio of ski slope surface area to the gravitational envelope surface area is rather constant between categories (about 10%, François et al. ([submitted]) and ODIT (2009)). As a result, our first assumption is that the ratio of ski slope surface area to SLP is twice as high for the S category as for the M category. Second, we assumed that the level of equipment for snowmaking facilities is more related to ski lift facilities (and thus SLP) than to ski slope surface area. Consequently, the ratio of the area equipped with snowmaking facilities to the SLP of the S category is the same as the ratio of the M category. Our third and final assumption is that the ratio of additional surface area equipped with snowmaking facilities by 2020 to SLP is half as much for the S category as for the M category. This third assumption is mostly based on the clear distinction between M, L and XL categories in terms of extension plans (Table 2 and Appendix C).

Processing and extrapolation of survey results

12 All resorts in a category were identified within the BD Stations, so their results were aggregated to provide an integrated SLP of the sample for the category. The BD Stations database also provides the total SLP of French Alps resorts for each category. The proportion of the SLP of the sample to the SLP of the total French Alps resorts was used to extrapolate the sample results for each category (Figure 3 and Appendix C).

Figure 3: Diagram illustrating the processing of the survey results using data from the BD Stations database

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13 In order to assess the range of uncertainty, both low and high scenarios were considered by removing the first or last quartile of the survey sample (when resorts were ranked by their level of snowmaking facilities). This approach is equivalent to comparing the 75% most equipped resorts (higher equipment assumption) to the 75% least equipped ones (lower equipment assumption). Note that 50% of resorts are included in both scenarios. The ratio of the ski slope area to SLP was also assumed to remain constant until 2020.

Survey results: facilities growth and relationship to altitude

14 As shown in Table 2 and Figure 4, the facilities extensions and relationship to altitude are highly dependent on the category.

Table 2: Planned extensions and relationship to altitude of snowmaking facilities

15 Larger resorts give less priority to the installation of snowmaking facilities at low altitude. They also plan greater growth.

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Figure 4: Maximum altitude of snowmaking facilities

16 These results are limited to resorts that declared that they give priority to lower altitude areas for installing snowmaking facilities (Table 2). The median is shown in bold; the box includes the second and third quartile while whiskers correspond to extreme values for each category.

Survey results: estimating the proportion of the equipped surface area

17 All results are shown in Appendix C. Figure 5 also displays the extrapolated proportion of the area equipped with snowmaking facilities according to the sample results and both the higher and lower equipment assumptions. The area of ski slopes was extrapolated for each category according to methods described previously (Figure 3 and Appendix C). When aggregated over the French Alps, a total surface area of 16,500 ha of ski slopes is obtained, which is lower than the values from ODIT (2009), ranging from 19,000 to 22,500 ha. Unfortunately, the methods employed by ODIT (2009) were not disclosed (Paccard, 2011).

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Figure 5: Evolution of the proportion of ski slope area equipped with snowmaking facilities in the French Alps from 1970, with projections through to 2020

The blue line shows the sample results and dotted lines show upper and lower uncertainty bounds by removing the lowest and highest quartiles of the results, respectively.

18 According to the survey results, the proportion of areas equipped with snowmaking facilities is 32% today. The M, L and XL resorts are similarly equipped at about 35%. However, in the next few years, they do not plan to extend their facilities at the same rate. The XL resorts will extend the existing area equipped with snowmaking facilities by 46% within 5 years, while L resorts plan a 37% increase in this area and the M resorts an 18% increase. The overall surface area equipped with snowmaking facilities should reach 43% of the total ski slope area in the French Alps in 2020. As far as we know, no prior work on the meteorological conditions suitable for snowmaking was available when these investment decisions were made. While the need for suitable conditions is expected to grow with the number of snowmaking facilities, the potential for snow production in a changing climate, and thus how much margin the resorts have to increase their facilities, is unknown. This is the subject of the third section.

Past evolution of climatic conditions suitable for snowmaking

Meteorological data

19 The Système d’Analyse Fournissant des Renseignements Atmosphériques à la Neige (SAFRAN) provides meteorological data (temperature, precipitation, etc.) for mountain areas referred to as “massif” (1,000 km2 average area, Figure 6). Within each massif, the

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meteorological conditions are assumed to be homogeneous and to depend only on altitude (Durand et al., 1993). The altitudinal step is 300 m and the time resolution is 1 h. SAFRAN combines numerical weather predictions, model outputs (large-scale atmospheric variables), surface observations (automatic weather stations, manual observations) and radiosonde observations. This data assimilation scheme has been providing information on an hourly basis since 1961 (Durand et al., 2009a). However, SAFRAN is based on large-scale model reanalyses and observations that have evolved since their creation, particularly since the 1980s. This evolution is a source of inconsistency in time and space (Vidal et al., 2010). Despite these uncertainties, SAFRAN is a powerful tool for research purposes, which has been extensively used to assess climate change impacts in French mountain regions (e.g. Durand et al. (2009a), Durand et al. (2009b) and Lafaysse et al. (2011)).

Definition of snowmaking potential and the cases covered by this work

20 Snowmaking depends strongly on the meteorological conditions (e.g. air temperature, humidity, wind). The main variable used by professional snowmakers and snowgun

providers is the wet-bulb temperature Tw (Olefs et al., 2010). The drier the air, the more

Tw differs from the air temperature. All the results displayed and discussed in this work

are based on Tw, which was calculated from the air temperature and relative humidity provided by SAFRAN, following the method of Jensen et al. (1990). Given the current technology, snow can be produced below the wet-bulb temperature threshold of -2°C (Olefs et al., 2010) although the efficiency is limited up to a threshold of -5°C (Marke et al., 2014). We considered here that suitable periods for snowmaking last at least four hours (consistent with professional practices) during which the wet-bulb temperature is below a specified threshold. The snowmaking potential is defined as the summed duration of these suitable periods for snowmaking.

21 Three geographical areas were chosen by grouping SAFRAN massifs (Figure 6): the Northern Alps (14 massifs), the Southern Alps (9 massifs) and a combination of the two (French Alps, 23 massifs). Four altitude levels were also chosen: 1,200 m.a.s.l., 1,500 m.a.s.l., 1,800 m.a.s.l., 2,100 m.a.s.l. These correspond to the usual altitudes of resort villages and slopes equipped with snowmaking facilities (Table 2). They also present the most uncertainty due to lack of snow. In terms of the wet-bulb temperature threshold, -2°C was chosen as the technical limit and -5°C as the higher efficiency limit. The snowmaking potential was calculated for two distinct periods: autumn (October 1st to January 1st) and the whole winter season (October 1st to April 1st). Autumn is the period when production is greatest in ski resorts (Hanzer et al., 2014); thus, any change in suitable conditions during this period will have a significant effect on snowmaking practices. However, as snowmaking occurs over the entire ski season, both periods were taken into account. The combination of all these factors (geographical area, altitude, temperature thresholds and periods of time) provided 48 distinct cases, which were processed over the 1961-2014 period. Thus, both the current state and the historical evolution of the meteorological potential for snow production could be characterised.

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Figure 6: Geographical areas covered by this work, by grouping SAFRAN massifs: Northern Alps, Southern Alps and the whole French Alps, a combination of the two

The survey sample resorts (●) and other French Alps resorts (o) are also shown by category.

Assessing trends

22 The analysis of SAFRAN data for each massif provided a potential for snow production that was averaged to obtain a value of snowmaking potential (in autumn or over the season) for each altitude level and for the three geographical areas: Northern Alps, Southern Alps and the whole French Alps. This method was applied for each year and altitude (Figure 7). The slope of the linear trend of the average curve and its correlation with time were calculated. In order to assess variability, the standard deviation of the average curve was also calculated. The average snowmaking potential was assessed for the decades 1961-1970 and 2005-2014. The significance level of the trend was determined using a Monte-Carlo statistical approach (Chène et al., 2008), which was also used by Lesaffre et al. (2012) to evaluate the significance of the evolution of natural snow conditions at the Col de Porte observation site (Chartreuse, French Alps). The trend is significant if its correlation with time is higher than the correlation of a random series of the same values with time in at least 95% of cases.

Results: past evolution of snowmaking potential

23 According to our analysis of the SAFRAN data, the stronger the trend (i.e. the higher the growth rate), the higher the significance level. All twelve significant cases had negative growth rates, indicating that their snowmaking potential has decreased since 1961. For example, at an altitude of 1,200 m.a.s.l., the seasonal snowmaking potential of

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the French Alps (for a threshold of -2°C) decreased at a rate of 6 hours per year (h/year) between 1961 and 2014. Other altitudes show similar rates, with snowmaking potential decreasing by 6 to 8 h/year (see Figure 7). The snowmaking potential in autumn did not present any significant trend during the 1961-2014 time period (only two significant cases out of 24), while the seasonal snowmaking potential presented many significant cases. The proportion of the potential in autumn to the potential in the whole season was 35% (for a threshold of -2°C) for the 1961-1970 decade while it was 37% (-2°C) to 34% (-5°C) for the 2005-2014 decade. The variability of the snowmaking potential in the Southern Alps is higher than in the Northern Alps: its standard deviation is 2 to 3 times greater and its correlation with time is lower. Significance levels also differ between these two geographical areas: some trends are significant in the Northern Alps but not in the Southern Alps. Most trends of the snowmaking potential in the Northern Alps are significant. Some of them are also significant for the French Alps for a threshold of -2°C, even though the trends in the Southern Alps are not significant for altitudes between 1,200 and 1,800 m.a.s.l. All the results can be found in Appendix B.

Figure 7: Snowmaking potential in the French Alps for the 1961-2014 time period

The potential over the whole season (October 1st to April 1st) is shown with a wet-bulb temperature threshold of -2°C. Each point is a SAFRAN massif; the black curve is the average of all massifs, and the coloured curve is the linear trend of the average.

24 Climate projections suggest an air temperature increase at all altitudes and for all scenarios (Lafaysse et al. (2014) and Castebrunet et al. (2014)), indicating the trends found here are likely to continue and perhaps even accelerate in the future.

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Discussion

Variability and significance

25 The wide variability of the snowmaking potential is due to the variability of meteorological conditions in both space and time. First, several SAFRAN massifs in which climatic influences may differ were grouped and thus some spatial inconsistency was created. Moreover, the annual variability of meteorological conditions is well- known by mountain professionals and may be very high (Durand et al. , 2009b). According to our analysis, the lower the snowmaking potential, the higher the relative variability (Appendix B). As an example, the average snowmaking potential (taking all cases together) in autumn is 600 h and its variability is 72 h (i.e. 12%), while the average snowmaking potential (all cases together) in the whole season is 1,800 h and its variability is 149 h (i.e. 8%). As a result, the lower the snowmaking potential, the more likely it is that a trend could be concealed by the variability of the signal. This is particularly true for the autumn period and low altitude cases. However, the ratio of the potential in autumn to the potential during the whole season was higher for the 2005-2014 decade (34 to 37%) than for the 1961-1970 decade (32 to 35%). This may confirm that the potential in autumn did not decrease as much as the season potential did.

What is the potential for growth?

26 In 2009, 19 million cubic metres of water were used in France to produce snow on the 5,300 ha of equipped ski slopes i.e. 0.358 m3/m2 of ski slope (Badré et al., 2009). Since three snowguns are installed per ha of equipped ski slope (national average, Badré et al. (2009)), every snowgun produces 1,192 m3 of water a season. Using the usual flow of 8 m3/h of water, the time needed is 149 h per snowgun per year. This value may appear very low compared to snowmaking potentials (Appendix B), but the margin is certainly not that large. First, production constraints are not only limited to the wet-bulb temperature, since wind speed and water availability can also reduce the potential. Air and water pumping cannot usually feed all the snowguns of a resort simultaneously (i.e. all the snowmaking facilities of a resort cannot be used at the same time). Thus, for a resort which may be able to run only a maximum of one third of its snowguns simultaneously, 450 h of production would be needed in the season. In some cases, the snowmaking potential in autumn is already as low as 450 h for a threshold of -5°C. It is very likely that some ski resorts already have to produce some snow at wet-bulb temperatures between -5°C and -2°C, and thus with lower efficiency (Marke et al., 2014).

Conclusion

27 In order to describe the current and future development of snowmaking facilities in the French Alps, a survey was conducted of members of the French National Association of Ski Patrol Managers. Consistent with the BD Stations database, this work was limited to alpine resorts. In future work, it could be extended to other French mountain regions that are covered by the meteorological system SAFRAN but not yet by BD Stations.

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28 Our survey showed that 32% of ski slopes are now equipped with snowmaking facilities. This proportion has increased very quickly since the 1990s and is projected to reach 40% in 2020. Even though the Medium to Very Large resorts are equipped at similar levels, their plans for extension are different. The Very Large resorts should be the most equipped resorts in 2020 (about 50% of their ski slope area), followed by the Large (48%) and Medium resorts (41%). These results confirm the differences between the capacity of resorts to adapt to the annual variability of snow conditions and climate change effects. The Very Large resorts already benefit from better natural snow conditions due to their generally higher altitude (François et al., 2014), which also means a greater potential to extend their snowmaking facilities (the higher the altitude, the higher the snowmaking potential). Since they plan the largest extensions between 2015 and 2020, the Very Large resorts also prove they have greater means to invest in new facilities, and thus mitigate the variability of snow conditions due to the meteorological annual variability and changes in climate (Castebrunet et al., 2014).

29 Snowmaking is now thought to be the best strategy to mitigate the effects of climate change (Steiger et al., 2008), but this strategy may fail. Snow production can only compensate for the lack of natural snow if several conditions are met. For example, if the early winter season experiences dry and warm meteorological conditions (such as in 2006-2007, François et al. (2014)) then suitable conditions for snowmaking may not be sufficient to produce the amount of snow needed (Spandre et al., 2014). Our work shows that although snowmaking facilities have increased in number, snowmaking potential in the French Alps is limited and has declined since 1961. If the trends we observed continue into the future, it is likely that the need for water resources and suitable meteorological conditions for snowmaking will match or even exceed their availability. All resorts are not equally affected but all will have to face increasing costs since they will have to produce snow in less ideal conditions, with lower efficiency (Marke et al., 2014). The extra profit gained through snowmaking should be balanced against the cost of such installations, given the meteorological potential for snowmaking. The development of snowmaking facilities should be limited to resorts in which the balance will be positive. Our results suggest that resorts eagerly planning the expansion of their snowmaking facilities should carefully consider the associated financial challenges and future meteorological conditions.

BIBLIOGRAPHY

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ABSTRACTS

Snowmaking facilities have been commonplace in the French Alps since 1974 and particularly since the 1990s. Now, nearly all resorts are equipped with snowmaking facilities, which guarantee snow for skiers and sufficient revenue for resorts. The effects of climate change have justified recent investments in new facilities, and research efforts are beginning to combine socio-economic and physically-based approaches. We carried out a survey in autumn 2014, collecting data from a representative sample of resorts in the French Alps. We found that 32% of maintained ski slope areas in the French Alps are now equipped with snowmaking facilities; our findings indicate that this proportion is likely to reach 43% by 2020, with most of the increase in “Very Large” resorts. Although “Medium” to “Very Large” resorts are currently equipped at similar levels, the projected development varies with resort size. “Very Large” resorts are planning the largest growth, with nearly 50% of their ski slopes equipped with snowmaking facilities by 2020. However, our analysis reveals a limited potential for snowmaking in the French Alps: since the 1960s, suitable conditions have decreased by several hours per year. Since the effects of climate change are expected to increase in the coming decades (all scenarios suggest an air temperature increase), ski resorts will have to produce snow in less ideal conditions, incurring greater costs as a result of decreased production efficiency.

INDEX

Keywords: snowmaking, ski resorts, French Alps, climate change

AUTHORS

PIERRE SPANDRE Irstea, Unité DTM, 2 Rue de la Papeterie, Grenoble, France Météo-France - CNRS, CNRM-GAME UMR 3589, Centre d’Etudes de la Neige (CEN), Grenoble, France [email protected]

HUGUES FRANÇOIS Irstea, Unité DTM, 2 Rue de la Papeterie, Grenoble, France

SAMUEL MORIN Météo-France - CNRS, CNRM-GAME UMR 3589, Centre d’Etudes de la Neige (CEN), Grenoble, France

EMMANUELLE GEORGE-MARCELPOIL Irstea, Unité DTM, 2 Rue de la Papeterie, Grenoble, France

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