La ville de , le Centre Communal d’Action Sociale et le Conseil de la vie patriotique de Beauvais présentent le 75e anniversaire de la libération de Beauvais, le 30 août 2019 BEAUVAISLE JOURNAL DE LA DÉMOCRATIE

N° 1 Vendredi 30 Août 2019 Direction de la Communication VILLE DE BEAUVAIS

Commémoration du 75e anniversaire de la libération de Beauvais le 30 août 1944

La libération de Beauvais teeuw montrent d’ailleurs que portant convoi allemand sont A, eut la dure mission de déga- 1/Beauvais libérée a été planifiée dans la nuit du cela fait une dizaine de jours détruits, alors que plusieurs ger la route et de jalonner l’iti- 29 au 30 août à Daneu, dans que les Allemands, battus en dizaines de soldats de la 49e néraire du convoi à travers la par les Britanniques l’Eure, par la 8th Armoured Normandie, refluant vers l’ar- division de la Wehrmacht sont ville, à travers les vivats chaleu- (30 août 1944) Brigade (8e brigade blindée) rière, fuient vers l’est, réqui- faits prisonniers par les Britan- reux et les cadeaux distribués dépendant du XXXe Corps sitionnant ce qu’ils trouvent niques. par les Beauvaisiens. Dans « Fin août 1944, le gronde- d’armée britannique dirigé par (comme les corbillards de la « L’ libérée » des 2 et 6 C’est par la RN31 (actuelle ment de la canonnade venant le Général Allan Adair, qui maison Jouvin (pompes fu- septembre, l’inspecteur dépar- rue de Saint-Just-des-Marais) du sud-ouest de Beauvais s’am- correspond au flanc droit de nèbres) utilisés pour trans- temental des FFI, Yves Helleu, que les blindés britanniques plifiait. De longues files de la IIe Armée britannique de porter non pas des hommes – raconte que les chars britan- entrent à Beauvais, rejoints par véhicules motorisés, camions Montgomery. La stratégie est par crainte de la superstition ! niques sont entravés dans leur des FFI prêts à tirer sur les Alle- militaires, voitures particu- de diviser l’armée en trois pour – mais des caisses de muni- progression par les tuyaux sur mands. Placé sur le cours Scel- davantage d’efficacité : le 4/7e tions) ! Retour au 30 août : à la chaussée des dévoués pom- lières civiles, motos, charrettes lier, Maurice Brayet indique Dragons de la Garde sera en 15H15, l’archiprêtre Tesson et piers du commandant Garbet (…), bicyclettes venues d’on qu’à 16H40, un char Tigre passe tête avec la compagnie A, alors M. Bibolet, de la Défense pas- et du capitaine Dangin, et ce, ne sait où, s’enfuyaient le plus à toute vitesse en direction de que les flancs seront couverts sive, aperçoivent du haut du d’autant que des enthousiastes rapidement possible, en direc- Saint-Just-des-Marais et que d’une part par le 13/18e Hus- clocheton de la cathédrale de Beauvaisiens prennent un ma- tion du nord de Beauvais, vers dix minutes après, un cycliste sars avec la compagnie B et, Beauvais la colonne blindée al- lin plaisir à placer des portraits la Somme, emmenant avec eux allemand, fusil en sautoir, crie d’autre part, par le comman- liée, à Saint-Paul, qui s’apprête d’Hitler sous les chenilles des les restes de l’armée allemande « guerre finie », suivi par un do Sherwood et la compagnie à libérer . Un char chars… Finalement, la colonne en déroute, accompagnées de autre soldat ! A 17H, c’est sous C. Si, après avoir entendu dès anglais venant de la route de de la 8e brigade blindée se dé- quelques civils ». Ainsi Serge les applaudissements, les cris et l’aube la canonnade vers Gour- Rouen subit alors les tirs d’une gage en une demi-heure, passe Duplessier résume-t-il la dé- les drapeaux tricolores que les nay-en-Bray, les Beauvaisiens batterie d’artillerie allemande par la route de Rouen (actuelle chars britanniques débouchent bâcle allemande à l’arrivée des apprennent, dans la matinée, sise sur le mont Saint-Jean. A rue du Général-Leclerc), le route de Rouen, au niveau de la troupes alliées à Beauvais, le au Central téléphonique que les Goincourt, à 15H30, le chef boulevard du Palais, la rue An- Préfecture. Boulevard du Pa- 30 août 1944. En effet, suite au bureaux de Gisors, Trie-Châ- Deschamps et le gendarme toine Caron, les rues de Calais lais (actuel boulevard Amyot débarquement du 6 juin 1944, teau, ou encore du Potelle renseignent les Anglais et de Notre-Dame-de-Thil (et d’Inville), le sergent Driffield, les troupes alliées (Anglais et Coudray-Saint-Germer ne sur les mouvements de retraite pas par la rue d’Amiens, prise sur son Sherman, tombe sur Américains) libèrent le dépar- répondent plus, c’est que les ennemis. A 16H, les Allemands le lendemain), en direction de un char Tigre stationné près tement de l’Oise en six jours Britanniques ont franchi dès du poste de garde de Voisinlieu Crèvecoeur-le-Grand. de la prison, à l’entrée de la seulement, du 28 août au 2 l’aube la ville de Gisors, dé- apprennent l’arrivée des Dra- sertée par les Allemands, et gons de la Garde et fuient, sans rue Antoine Caron, sans doute Alors que l’ouest et le nord- septembre, épaulés par les ré- pour régler un problème de ouest de la ville sont libérés par sistants français qui guident marchent vers la préfecture faire sauter le Central télépho- isarienne à grands pas. Préve- nique, pourtant déjà miné, qui chenilles. Si les deux premiers les Britanniques, le faubourg les blindés et débusquent les nu par le 13/18e Royal Hussars est alors sauvé in extremis par coups de canon ratent leur Saint-Jacques, les quartiers de fuyards en retraite. Les Alliés que les Allemands ont établi M. Gosselin, propriétaire du cible et s’écrasent sur des murs Voisinlieu et de Marissel sont se partagent le département : une tête de pont vers La Hous- cinéma Le Normandie, qui eut (les deux douilles d’obus vides encore occupés par des déta- les Britanniques se chargent soye, à la hauteur de la ferme l’heureuse idée d’enlever les fils seront d’ailleurs récupérées chements allemands. Ce sont du quart nord-ouest, alors que du Point du Jour, pour garder branchés… Alors que les pre- par un Beauvaisien malicieux les FFI et les gendarmes qui les Américains s’occupent du le défilé d’ – que les miers blindés du 4/7e Dragons juste après !), le 3e touche le achèvent la libération de la ville reste, donc libèrent les autres Britanniques assimilent à tort de la Garde pénètrent dans la char alors que la tourelle en- en s’emparant de la Préfecture grandes villes du département. à l’infranchissable « Khyber ville de Beauvais, les chars al- nemie était en train de tourner et faisant feu sur les Allemands Partie le 29 août de Vernon via pass » afghane rendue célèbre lemands sont à l’origine d’un dans sa direction. Deux Alle- embusqués rue de Clermont, le Vexin normand, le long de la par Kipling – , le 4/7e Dragons drame près du passage à niveau mands se dégagent immédia- place du Jeu de Paume, rue vallée de l’Epte, l’offensive an- bifurque par le nord-ouest, vers sur la D981, à la Terre Tortue tement du char et prennent la Sirouy, boulevard Saint-Jean, glaise atteint le 30 août le pays Ons-en-Bray, pour rejoindre, et , aux environs de poudre d’escampette, alors que à Notre-Dame-du-Thil. Outre de Bray et le plateau picard sur avec le commando Sherwood, 16H30. En effet, le half-track le sergent Driffield est embras- le harcèlement des convois al- sé par un homme en liesse ! lemands, la Résistance crève un front de 80 km. Parallèle- la N31, en direction de Beau- du major James (commandant vais. A 12H30, la Feldgen- de la compagnie A) est atteint Comme l’écrit le major Cole- leurs pneus, sert d’escorte aux ment à l’avancée britannique, le darmerie fait sauter à 14 H la par un char Tigre, lui-même ridge, « les habitants de Beau- blindés alliés et protège des XIXe Corps d’armée américain caserne Agel, puis les cuisines pulvérisé par un char Sherman. vais attendaient cette occasion destructions des ouvrages d’art. s’empare le 30 août d’une ligne du lycée Jeanne-Hachette, ain- Les trois hommes décédés (le depuis longtemps et n’avaient Les FFI du commandant Mon- à l’est de Beauvais, passant par si que les entrepôts Girard, à major James, le caporal Reid pas l’intention de rater la fête », turat, sous le commandant du Chaumont-en-Vexin, Méru, Voisinlieu, après avoir quitté et le fusilier Van Wesemiall, du qui « tenait de la soirée de gala chef d’état-major Rabet, et du Auneuil et Noailles, alors que Beauvais précipitamment. Les 12e KRRC) sont aujourd’hui au Club des Quatre-Cents ». chef de secteur Chardeaux ont le Ve Corps libère Chantilly, photographies prises rue de enterrés au cimetière militaire Nigel French – le bien nom- eu un grand rôle dans la libéra- , Nanteuil-le-Haudouin Clermont, le 19 août 1944, par de Beauvais. Vers Goincourt, mé ! –, qui remplace le major tion de la ville, comme l’a indi- et Compiègne. le mécanicien Fernand Wat- un autre char Tigre et un im- James à la tête de la compagnie qué le colonel anglais Lambert. BEAUVAIS LE JOURNAL DE LA DÉMOCRATIE

Par ailleurs, Yves Helleu note là achevée, symboliquement, cé à avoir beaucoup d’alertes et la fin août 1940, 2000 Beau- Hitler, en personne, qui, après que les gendarmes, très actifs l’occupation allemande par le à partir d’avril, on n’est plus allé vaisiens (sur 11000), sans abri, avoir rencontré l’amiral Dar- dans la libération de la ville, plus haut militaire de la nation à l’école, on était tout le temps doivent loger dans des bara- lan, envoyé de Pétain, dans son à l’instar du capitaine Parrou, ayant libéré la ville. dans les tranchées au jeu de quements implantés sur les es- train spécial vers La Boissière ont toujours été complaisants, Paume ou au jeu de Tamis… paces libres du Franc-Marché (dans le tunnel de 1400 m amé- du temps de l’occupation de 2/Beauvais Il y a eu une première évacua- ou du Jeu de Paume. nagé par Goering, au Coudray- Beauvais, à l’égard des résis- tion. C’est le préfet qui avait sur-Thelle), vient fêter Noël Comme dans chaque cité de tants ou des réfractaires au demandé d’évacuer, alors on à 13H45 avec les aviateurs de occupée durant , c’est la question du ra- STO. Face à eux, les Allemands est parti, mais on n’est pas allé l’escadrille de bombardement vitaillement qui suscite le plus allument de multiples incen- la Deuxième Guerre très loin et comme ça se cal- KG26 de la Luftwaffe (basée à d’inquiétudes, d’autant que, sur dies çà et là, comme celui de la mait, on est revenu. On avait Beauvais-Tillé), dans le réfec- ordre de Goering, les soldats rue des Jacobins, causé par un mondiale peur de se faire piller la maison toire du lycée Jeanne Hachette, pillent sans vergogne champs camion de pneus de rechange. et à partir de ce moment-là, avant de partir vers 14H30 (1940-1944) et magasins, réduisant à la Les combats ont donc été on a eu beaucoup d’alertes. pour . L’occupant pour- portion congrue la quantité de rudes, faisant plusieurs bles- C’est dès le début de l’offen- Le 6 juin, ça a été le carnage, chasse également à Beauvais les produits (cigarettes, pain, vête- sés des deux côtés – comme le sive allemande, le 10 mai 1940, ça bombardait violemment. francs-maçons (les locaux de la ments, matières grasses) ache- jeune André Giraud (9 ans), que les alertes aériennes se font Nous, on avait une cave qui loge de l’Espérance sont d’ail- tables par les Beauvaisiens. qui reçoit, 46 rue de Calais, entendre dans la ville, alors que était bonne comme abri pour leurs vendus aux enchères), Les mieux lotis sont ceux qui une balle dans la cuisse alors des milliers de réfugiés (Belges, nous trois plus quatre voisins ainsi que les Juifs, arrêtés, pour peuvent cultiver un lopin de qu’il allait porter des fleurs aux Picards, Nordistes), ainsi que qui venaient. Cette fois, on est les derniers d’entre eux, les 4 terre et qui élèvent des poules, soldats alliés – et en tout 250 des soldats en fuite se rendent resté trois jours et deux nuits et 5 janvier 1944, transférés à lapins, voire des cochons. Les prisonniers allemands. A Ma- à Beauvais. Si le Préfet Mau- dans la cave et le samedi ou le Drancy et déportés le 20 jan- rice Mathieu cherche à rassu- tickets de rationnement li- rissel, le chef Thiébaut et ses dimanche, on avait de l’eau à vier 1944 à Auschwitz-Birke- rer la population le 18 mai en mitent en effet la quantité de gendarmes capturent un mo- mi-jambe et maman avait peur nau par le convoi n°66. proclamant « rien ne justifie le pain à 200 g par jour par per- tocycliste allemand en train de que les canalisations de gaz ex- moindre affolement », force est sonne et par semaine, 100 g Comme dans de nombreuses fuir, et en tuent un autre. Par plosent car les bombardements de constater que la population pour les matières grasses et villes de France, la Résistance le truchement de deux plaques continuaient. A neuf heures du panique, d’autant qu’elle a eu 200 g pour la viande (avec os), tend à s’organiser à Beauvais souvenir, la ville honore le sou- matin, on est sorti de la maison vent que, la veille, s’est alors qu’il n’y a pas de poisson au cours de l’Occupation. Dès venir de deux Beauvaisiens FFI avec juste un baluchon, notre vidée de ses habitants et que à Beauvais de 1940 à 1942 ! Les 1940, des tracts sont édités tués : Louis Pot (33 ans), 7 rue porte et nos volets commen- Compiègne a été bombardée. plus anciens Beauvaisiens font clandestinement afin d’indi- Jules Michelet, lors de l’attaque çaient à brûler. On est retourné Mobilisé, le maire Charles Des- même référence à la Première quer à la population comment de la caserne Agel et Henri une quinzaine de jours après à groux a laissé la ville dans les Guerre mondiale et à l’infect fabriquer des faux papiers Gaudichet (20 ans), 84 rue du Beauvais en vélo, on avait du mains de son premier adjoint, pain KK ! Au cours de la se- d’identité. Au même moment, Faubourg-Saint-Jacques, alors mal à reconnaître les rues. Il Maurice Brayet, chargé d’or- maine du 20 février 1942, alors des affiches délivrées par le qu’il tire un coup de fusil sur n’y avait que des tas de gravats, ganiser les premiers secours. qu’à -13°C, les étals des mar- Préfet Malick, aux ordres des un char allemand. Présente sur des hommes sous la surveil- Ville-hôpital, Beauvais affiche chés et les magasins de la ville Allemands, sont déchirées par les lieux, Marie-René Bonneau lance de militaires allemands ses croix rouges sur les toits sont totalement vides en fruits des résistants. Les membres témoigne : « la ville était cou- déblayaient les gravats à la des bâtiments réquisitionnés et légumes, certaines ména- des Jeunes Patriotes de l’Oise pée en deux : d’un côté les Al- main sous une chaleur torride, et se sent à l’abri du pire. Pour- gères se rendent alors à la Pré- tirent prétexte du 150e an- liés, de l’autre les Allemands et ils les jetaient sur les côtés et en tant, l’évacuation est décrétée fecture et, s’insurgeant contre niversaire de la bataille de ils étaient à 150 m les uns des même temps, ils regardaient le 28 mai (alors que certains le manque de nourriture, ré- Valmy, le 20 septembre 1942, autres. C’était très impression- dans les caves s’il ne restait pas habitants commencent à fuir digent un tract réclamant no- pour exhorter la population à nant. On a entendu un bruit de civils ou de morts. Nous, on dès le 20 mai), de sorte que si tamment 10 kg de pommes de se dresser « contre l’envahis- bizarre et l’un de mes copains a a retrouvé la place de la maison Beauvais était peuplée avant- terre par mois par personne. seur » et crier devant les mai- dit : « c’est drôle, je sens comme grâce au panneau d’un com- guerre de 18000 habitants, Leur supplique est entendue ries « Vive la nation », « Mort une chaleur dans le dos ». C’est merçant. Tout avait brûlé, on elle n’en possède plus que 200 par les autorités qui distribuent aux boches », en chantant « La tout. On a regardé dans son n’avait plus rien ! Ma mère a le 11 juin ! C’est alors le dé- rutabagas et pommes de terre Marseillaise ». Une pièce pa- dos et on a vu un trou dans beaucoup pleuré ». D’après la but d’un effroyable calvaire aux habitants, ne serait-ce que triotique est émise en 1943 son blouson. Une balle venait version officielle donnée par pour la population restée sur pour éviter la surmortalité montrant la francisque oblité- de le toucher. On l’a emmené à Maurice Brayet, reprise par place, puisque les Allemands due à la faim (l’on compte par rée par la croix de Lorraine ! Le l’hôpital. La balle s’était fichée Fernand Watteeuw, Beauvais larguent début juin des engins exemple 209 décès du 1er au 15 20 février 1943, l’épicière Mme près du cœur. On n’a pas pu la aurait été bombardée en re- explosifs et incendiaires sur les juin 1941, soit deux fois plus Servin est arrêtée « pour pro- lui retirer et il l’a gardée toute présailles au bombardement maisons en bois et en torchis que l’année précédente). Si les pos injurieux envers l’armée sa vie. On nous a appelés car par les avions français de Fri- du centre-ville de Beauvais, dé- rations s’amenuisent, les prix allemande » et est emprison- notre copain Henri Gaudichet, bourg-en-Brisgau en mai 1940. truit à 80 %. Neuf bombes sont flambent (au marché noir, les née à la caserne Agel. Puis, afin qui faisait partie de l’équipe En fait, comme l’écrit Patricia larguées le mercredi 5 juin, sur prix sont quintuplés voire dé- de préparer le débarquement d’urgence avec nous, venait Feugey, le 10 mai 1940, au tout le quartier de la Préfecture ; cuplés !) et les pénuries se mul- allié, certains réseaux de résis- de se faire tuer. Dans la rue du début de l’offensive allemande, six bombes sur la cathédrale tiplient. En septembre 1943, tance organisent des sabotages Faubourg Saint-Jacques, il a vu à 15H59, 69 bombes ont bien le lendemain (épargnant la le commissaire de police de de voies ferrées et récupèrent un char et il a cru que c’était un tué 57 personnes, dont 22 en- cathédrale mais pas les mai- Beauvais indique que, faute de armes, explosifs et autres ap- char anglais. C’était un char al- fants, à Fribourg. Cependant, sons canoniales autour) et, le pneus de bicyclette, le service pareils radio parachutés par les lemand. Il a été pris dans une elles n’auraient pas été lancées 8 juin, sont recensées sept à s’effectue à pied ! alliés. A Beauvais, la Défense fusillade et il est mort ». La ville huit attaques dans la matinée, par l’aviation alliée, mais plu- passive, dirigée par M. Mou- est définitivement libérée dans deux en début d’après-midi et tôt par neuf pilotes allemands La population subit chaque chard et son adjoint G. Danjou, la soirée. A 20H30 ont été tirés une dans la soirée, qui détruisit inexpérimentés du 8e escadron jour l’occupant allemand (les surveillent jour et nuit la ville, les derniers coups de feu, alors l’hôtel-de-ville. Les dégâts sont pilotant des bombardiers He forces d’occupation sont esti- afin de l’alerter en cas de bom- que quatre chars allemands tels que quand les Allemands 111 qui, ayant perdu tout sens mées à 5000 hommes en 1940) bardement : en effet, son PC, en fuite (dont celui ayant tué entrent dans la ville dans la d’orientation (ils croyaient alors et se voit imposer des contrôles rue Feutrier, est relié par voie Henri Gaudichet) remontent nuit du 9 au 10 juin, il n’y a distinguer Dijon et Dôle !), ont à chaque sortie de ville, ainsi téléphonique au poste d’obser- vers Marissel, gagnant la route plus ni eau, ni gaz, ni électrici- bombardé par erreur le centre qu’un Ausweis (laisser-passer). vation au sommet de la cathé- de Clermont pour s’enfuir par té… Le bilan humain est lourd de Fribourg ! Comme l’indique Les Allemands réquisitionnent drale ! A partir de l’automne la route de . Mais la (58 victimes), sans parler du Franz Halder, ancien général tous les bâtiments publics 1943 les bombardements alliés majorité de l’artillerie alle- bilan matériel (1978 maisons en chef d’Hitler, c’est en habile (écoles, lycées) voire des loge- par des B26 Marauder de la 8e mande fut détruite, à l’instar sur 4250 sont détruites et 250 propagandiste que Goebbels ments privés (la Feldkomman- USAAF, le jour et la RAF, la du Panzer IV, dont la carcasse inhabitables, 60 monuments aurait utilisé à profit cet évé- dantur s’installe par exemple nuit, se multiplient en raison est visible au Pressoir-Coquet. classés sur 82 ont disparu). nement pour venger la ville dans la résidence de la famille de l’installation de l’escadrille Le 1er septembre, acclamé par Henri Vandaële nous laisse un martyre et galvaniser encore Amyot d’Inville) pour loger les de la Luftwaffe sur l’aérodrome les soldats, le maréchal Mont- témoignage intéressant sur la son armée contre la France. troupes. Pire, les Beauvaisiens du Tillé et de la FLAK (canons gomery traverse Beauvais, vision apocalyptique de la ville De retour dans la ville sinistrée reçoivent la visite, le 25 dé- antiaériens de 88 mm). Neuf se rend à la cathédrale : voi- : « sur Beauvais, on a commen- (400000 m3 de gravats !), dès cembre 1940, du Führer Adolf bombardements touchent BEAUVAIS LE JOURNAL DE LA DÉMOCRATIE

Beauvais en septembre-octobre demeure toujours probléma- serve ayant rejoint les FFI) et dès maintenant au relèvement place ordonnancée à l’architec- 1943, alors les 32 bombarde- tique, alors que l’hiver 1944- de Guy Malines (secrétaire gé- de vos ruines ». ture homogène et épurée, ins- pirée des maisons anciennes ments sur Tillé détruisent 18 1945 approche. De plus, de néral ayant échappé à la Ges- En effet, comment ne pas être du XVIIIe siècle disparues, appareils allemands. Les sites nombreux Beauvaisiens dor- tapo le 7 juin 1944 et rejoint sidéré par les 43 ha de déblais tant par les matériaux utili- stratégiques sont la cible des ment toujours dans des bara- le maquis) destituent Georges que la municipalité, soumise à sés, tous locaux (calcaire de bombes alliées, comme la gare quements de fortune placés sur Malick, le Préfet nommé par l’occupant, n’avait pu évacuer ? Saint-Maximin pour les pierres de Beauvais, le 24 juin 1944 (24 le Jeu de Paume ou sur la place Vichy, qui est alors placé en ré- En visite dans la ville, le géné- de taille, tuiles plates du Beau- morts) ou les voies ferrées, le de l’Hôtel de Ville et doivent sidence surveillée, à l’instar de ral de Gaulle avait lui-même vaisis pour la couverture), que 4 août 1944 (avec 35 wagons attendre pour voir réglés leurs M. Baldeyrou, son chef de ca- remarqué, le 11 août 1945, par leur physionomie (fron- détruits en gare). Les Beau- dossiers d’indemnisation (les binet. Yves Pérony, le nouveau que Beauvais, « bonne ville tons triangulaires surmontant vaisiens connaissent alors leur baraquements disparaissent au Préfet, installe alors le nouveau de France, vieille cité de l’Ile- les lucarnes qui rappellent les deuxième phase de bombarde- début des années 1970 !). Ré- Conseil municipal de Beau- de-France, cité meurtrie, cité anciens pignons, élévation ments, alliés cette fois-ci, fai- tablir les communications fer- vais – et son nouveau maire, mutilée », était une « des villes maximale de 20 m). De plus, sant douze victimes de février roviaires devient une urgence Amédée Bourdon – le 1er sep- les plus durement sinistrées » pour davantage la mettre en à mars 1944 et provoquant, et la ligne Beauvais-Amiens tembre, en exhortant à l’iré- et sera « parmi les premières à exergue, Georges Noël décide début mai, pas moins de huit est mise en service en no- nisme : « le boche nous regarde recevoir des matériaux ». Une d’élargir la façade de l’hôtel- alertes par jour ! Dans son édi- vembre 1944 (mais il faut sept et ce serait pour lui une ven- des premières mesures à la- de-ville au moyen de deux ailes torial « Bas les armes » dans heures !), alors que la liaison geance que de nous voir s’entre- quelle la nouvelle municipalité en retrait, surmontées chacune « L’Oise libérée » du 9 mai 1945, Beauvais-Paris est efficiente déchirer. Je vous convie donc est confrontée n’est autre que d’un bas-relief évoquant les le poète Philéas Lebesgue ré- le mois suivant. Enfin, les sé- au travail, comptez sur moi ». la reconstruction du centre- affres de la guerre. Si celui de sume le sentiment de la popu- quelles de la guerre s’appré- Une Commission d’épuration ville totalement détruit par les droite, dû à Claude Bouscau, lation de la ville : « la bête fauve hendent à travers le problème départementale se réunit, le bombardements. Elle ne part intitulé « Beauvais devant l’ad- du fascisme est écrasée dans du ravitaillement, d’autant que lendemain, sous sa présidence, pas de rien, puisque dès 1927, versité », évoque les destruc- le sang et dans les ruines ». Il les cartes d’alimentation, tou- afin de désigner deux rap- l’urbaniste Albert Parenty avait tions de 1940, celui de gauche, témoigne du fait que la ville jours maintenues, diminuent porteurs par arrondissement proposé un plan d’agrandisse- réalisé par Maurice Debus, de Beauvais a été durement au fil du temps les quantités de (pour Beauvais, MM. Schmitt ment et de modernisation de représente « La renaissance de touchée par le conflit, comme denrées consommables : 350 g et Auzy), chargés de faire une Beauvais afin d’adapter la ville l’Oise, 5e département le plus de pain par jour par personne, enquête et de condamner les au XXe siècle en termes d’équi- Beauvais » avec un coq triom- touché du pays tant humai- 500 g de sucre par mois (quan- collaborateurs (une condam- pements, logements, d’accès phant et une corne d’abon- nement (17000 prisonniers, tités stables jusqu’en juillet nation à mort pour 200 cas automobiles, tout en respec- dance… Dans ce contexte en- 6000 STO) que matériellement 1945), mais seulement 200 g jugés dans le département). Le tant l’esprit traditionnel et « les core troublé, Georges Noël a (5000 habitations détruites, de viande par semaine en sep- 30 août 1944, 80 femmes ont beaux souvenirs des époques remarquablement illustré la 12000 endommagées). tembre 1944 (quantité tombant également été tondues dans la révolues » de Beauvais. Pré- devise de la ville : « tel ce pieu à 350 g en février 1945 et… 100 cour préfectorale et dans la pri- voyant le triplement de la po- fiché constante et ferme je res- 3/Beauvais à g en juillet 1945). Si le contrôle son de la ville (un phénomène pulation urbaine, c’est ce plan terai » ! La ville de Beauvais des prix est effectif, il n’em- que connaissent 40 communes qui rend efficiente l’annexion, peut également s’enorgueil- reconstruire dans pêche pas l’inflation (le prix du département). Comme le 6 février 1943, des quatre lir d’avoir construit dès 1949 du pain passe de 3,15 F le kg dans tout le département, les communes voisines (Voinsin- un des premiers ponts en bé- un pays encore en à la Libération à 6,9 F en avril élections municipales des 29 lieu, Marissel, Notre-Dame- ton précontraint de France, le 1945 !), alors que les salaires de avril et 13 mai 1945 voient la du-Thil, Saint-Just-des-Ma- pont de Paris, prévu à l’origine guerre (1944-1945) base sont faibles (2000 à 3000 percée des voix de gauche et rais) à Beauvais. Dès 1942, c’est pour offrir une vue panora- Mais la libération de la ville F/mois) et stagnent. Pour pal- au 2e tour, la liste d’Union ré- l’associé de Parenty, Georges mique sur la ville, inauguré le ne signifie pas pour autant la lier les manques de nourriture, publicaine l’emporte, instal- Noël (Beauvaisien, 1er grand 15 décembre 1951. Victime fin des affres pour les Beau- la Préfecture de l’Oise prend lant le maire Henri Le Ridder prix de Rome en 1937), qui est du conflit, la ville reçoit, le 23 vaisiens, comme en témoigne alors les devants en organisant (SFIO) sur le fauteuil de maire chargé d’appliquer ces préco- novembre 1957, du Président la conservation du couvre-feu, début mai 1945, pour les Beau- de Beauvais. nisations. Georges Noël, suivi de la République la croix de chevalier de la Légion d’Hon- jusqu’au 4 septembre, afin de vaisiens – et tous les habitants La République réaffirme en- par Paul Sirvin (auteur de la neur, ainsi que la croix de faciliter les déplacements des du département d’ailleurs – suite ses valeurs, par le biais de place des Halles), prévoit une guerre 1939-1945 avec palme. troupes alliées. Si la vie quo- une distribution d’œufs (4 pour manifestations patriotiques au étude architecturale approfon- Aujourd’hui, Beauvais a fait tidienne reprend peu à peu les catégories E et J1, 3 pour les rythme de la Marseillaise, dès die des abords de la cathédrale de l’emblème de François 1er, son cours dans la ville libérée, J2 et J3, 2 pour les A, T et V, le jeudi 31 août 1944, au mo- et de l’église Saint-Etienne, de la salamandre, animal réputé avec la réouverture du cinéma, pour lesquels le rationnement nument aux morts de Beau- l’entrée de ville au pont de Paris résister au feu et qui subit des la diffusion de spectacles, de ne prévoyait rien), de 100 g de vais, en présence des officiels et surtout de la place de l’hôtel- mues successives, le symbole bals et de matchs de football beurre, 200 g de saindoux et nouvellement investis. Le 26 de-ville, dont il ne reste plus de la ville, pour mieux clamer (face aux Britanniques !), elle d’un litre de vin, comme l’in- juin 1945, hommage est rendu que la façade datant de 1753. qu’elle s’est donné le défi de se demeure toujours compliquée, dique « L’Oise libérée » du 9 à Jacques, Hubert et Gérald, les Souhaitant mettre en valeur régénérer des cendres de la Se- comme en témoigne cette cou- mai. Ces difficultés logistiques le seul témoin du passé qui ait trois frères Amyot d’Inville dé- conde Guerre mondiale… pure du courant électrique de sont accentuées avec l’arrivée, cédés, engagés de longue date subsisté du conflit, il part de 7 à 20 H, en septembre, mini- au printemps 1945, des Beau- dans la Résistance, en présence cette façade pour créer une Rémi Comolet misée par « L’Oise libérée » du vaisiens qui avaient été emme- des généraux Leclerc et Koe- 23 septembre qui indique « et nés de force par les Allemands, nig, de leur frère Guy, devant si gênante que soit la coupure soit, au 8 mai 1945, 407 prison- leur maison natale qui servit SOURCES : de 7 h à 20 h, chacun devra niers, 118 STO et 24 déportés. de Feldkommandantur durant Presse : « L’Oise libérée » s’en accommoder en se disant la guerre. Cette rhétorique de Alors que le spectre de la BIBLIOGRAPHIE : que cette situation sera sans guerre rôde toujours, tout reste la reconstruction est bien vi- nul doute que d’une très courte pourtant à reconstruire, tant sible à travers les propos tenus Besse, Jean-Pierre et Leclère-Rosenzweig, Françoise, 1944, l’Oise est libérée !, Archives départementales de l’Oise et Conseil général durée ». En effet, à la différence matériellement que morale- dans les colonnes du nouveau de l’Oise, 2004 de celle de Creil (qui ne fournit ment, comme dans de nom- journal « L’Oise libérée », du 30 Bonnet-Laborderie, Philippe (dir.), « L’Oise de la défaite à la ni en gaz ni en électricité à la breuses communes du dépar- août, son 1er numéro (paru en victoire (1940-1945) », Bulletin du GEMOB, n°67-68, 1995 même date), la Compagnie du tement. Le 30 août 1944, à 17 fait le lendemain), se voulant Brayet, Maurice, Beauvais, ville martyre : trois mois de 1940, Gaz et d’Electricité de Beauvais H, le Commissaire de la Ré- l’héritier de « La République Beauvais, 1964 a toujours maintenu globale- publique Pierre Pène (né en de l’Oise », par Pierre Pène et Feugey, Patricia, « Qu’en est-il de la réalité du bombardement de ment les productions de gaz et 1898, ancien polytechnicien, Yves Pérony, dans leur Appel à Beauvais en juin 1940 », Société académique de l’Oise, article en d’électricité durant la guerre, résistant, arrêté, torturé, éva- la population : « Gloire à ceux ligne consulté en juillet 2019 et ce même quand la liaison dé de sa prison de Senlis), ac- qui nous ont fait cette Victoire. Maignon, Jacques, L’Oise dans la guerre, 1939-1945, Horvath, était coupée avec les centrales compagné du nouveau Préfet Gloire à ceux qui ont porté si 1989 du Nord et de la région pari- de l’Oise, Yves Pérony (né en haut l’idéal de la Résistance. Watteeuw, Fernand, Beauvais et les Beauvaisiens des années 40, sienne, grâce au concours de 1910, docteur en droit ayant Gloire à ceux qui ont souffert une ville française sous l’occupation allemande, GEMOB Beauvais, la Viscose. En raison de la pé- fait une thèse sur la Chambre et qui sont morts pour que la 1980 nurie de charbon, le chauffage des Lords, lieutenant de ré- France demeure (…) Travaillez Collection privée François-Jacques Barbier, Beauvais