COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE

1945 - 1951

ANNEE 1945 - 1946

Les heures qu'a vécues la ville de depuis les jours de mobilisation de septembre 1939 jusqu'à la libération du 21 no­ vembre 1944 sont assez connues. L'Académie nationale de Metz a participé pleinement au destin de la Cité. Ses membres disper­ sés, expulsés, déportés, ou contraints de vivre sous le joug d'un occupant qui se croyait vainqueur pour un millénaire, ses. biens spoliés par l'ennemi, attestent assez que la Société fille du Ma­ réchal de Belle-Isle était de ces vestiges que le Germain se devait d'extirper du sol de la Marche de l'Ouest. Par une coïncidence providentielle, le dernier Président de l'Académie en 1939 se trouva être le premier Préfet de la à nouveau réintégrée dans la République. française. C'est à Maî­ tre Rebourset qu'il appartint, le 1er septembi*e 1945, à l'Hôtel de Ville de Metz, dans le cabinet du maire, notre confrère M. Gabriel Hocquard, de rendre officiellement vie à notre Compagnie. Le nombre de nos membres titulaires était* bien réduit. Au cours de ces années terribles, sept membres avaient disparu: M. Maujean, secrétaire, et M. Alexis Weber, morts au pays natal re­ tombé au pouvoir de l'Allemand, MM. Hégly, le Colonel Deville, le Général Hirschauer, le Président Baudouin-Bugnet, décédés en exil, M. Félix Peupion, enfin, disparu tragiquement au camp de concentration de Dachau. A ce triste bilan, trois morts nouvelles allaient s'ajouter: M. Griveaud, ancien secrétaire adjoint, devenu archiviste en chef du Rhône; le Commandant Klippfel, retiré à Strasbourg, et, deuil aussi cruel qu'inattendu, M. Grosdidier de Matons. D'autres poursuivant le cours de leur carrière, ne devaient pas revenir à Metz: M. Guyot, bibliothécaire, devenu Conservateur des Eaux et Forêts à Chaumont, le Général Charet, parti pour 8 COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951)

Dijon, M. Noël, en mission en Allemagne, le Général de Vaul- grenant, retiré près de Saint-.Germain-en-Laye, M. Vastine, de­ venu directeur des Services agricoles des Ardennes. M. Delaunay a quitté Metz pour Lyon dès 1945. L'Académie lui a conféré le titre de membre d'honneur. Il fallait combler tous ces vides. L'Académie appela successi­ vement, au titre de membres titulaires, MM. Jean-Julien Barbé, archiviste honoraire de la Ville de Metz, si populaire par ses travaux innombrables, M. André Bellard, connu par ses travaux de préhistoire et d'histoire naturelle, M. André Berrier, réminent architecte, M. Hubert Gillot, professeur honoraire à l'Université de Strasbourg, déjà associé libre depuis 1937, M. Clément Kieffer, l'artiste au talent si délicat, M. Jean Rigaull, successeur de M. Griveaud au poste d'archiviste du Département, M. Drillien, ar­ chitecte, M. Graebert, le nouveau Directeur du Conservatoire na­ tional de Musique de Metz, M. le Colonel Loizillon, ancien com­ mandant du 507e Chars, M. Baltazard, Directeur honoraire de la Banque de de Metz. Mlle Chotin, bibliothécaire à la Bibliothèque municipale, a été élue membre associé libre. Fidèles à leurs traditions, les Académiciens ont repris, avec leurs réunions mensuelles, l'habitude des communications. C'est tout d'abord M. le Général de Cugnac qui, avec sa haute compétence, parla des « Causes de la défaite de 1940, puis de la Victoire française de 1944-1945 », M. Sadler qui conta les Heurs et malheurs de « Barrés mosellan », ouvrage de lui paru en 1940, M. Elie Fleur, qui lut une notice sur une « Carte des troupes po­ lonaises et suédoises imprimée à Metz en 1772)), qu'il a publiée, dans le Bulletin historique du Royal-suédois, M. Jean Julien Barbé, qui parla des Jouets messins du Roi de Rome, petits animaux recouverts de peau naturelle dus à l'ingéniosité du messin Henri Fratin; M. le Colonel Loizillon donna lecture de trois sonnets à l'honneur de notre ville: Metz romaine, Metz française, Metz glo­ rifiée. Si l'Académie n'a pu décerner ses prix habituels, du moins une précieuse libéralité vient-elle ajouter une nouvelle récom­ pense à celles dont elle dispose. Mme Hinzelin a légué à l'Acadé­ mie une somme de quarante mille francs dont les revenus sont destinés à la création d'un prix qui portera le nom du regretté Hinzelin et qui sera attribué chaque année à un ouvrage patrio­ tique. COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) 9

Deux distinctions dans la Légion d'honneur sont venues ré­ compenser les mérites de deux de nos membres: M. Rebourset a été promu commandeur et Mgr Heintz nommé chevalier de notre ordre national.

ANNEE 1946 - 1947

L'Académie n'a eu cette année à déplorer que deux deuils: le Général de Vaulgrenant, membre d'honneur depuis 1935, auquel M. Roger Clément a- rendu un hommage émouvant dans une de nos séances, et M. Tuaillon, Préfet de la Moselle, président d'hon­ neur né de l'Académie, qui avait témoigné d'un intérêt marqué à notre compagnie. M. le Baron de la Chaise, de retour en Lorraine, a repris sa place de membre titulaire. Achevant de combler les vacances, l'Académie a appelé successivement à elle à ce même titre M. Hun, proviseur du Lycée de Metz, agrégé de physique, M. Pi- gnard, agriculteur à , Conseiller Général de la Moselle et M. Saur, Conservateur des Eaux et Forêts à Metz. Les discours de réception de ces trois nouveaux membres ti­ tulaires ont été particulièrement remarqués. C'est le souvenir d'Alfred Terquem, grand savant messin et français, qu'a rappelé M. Hun, tandis que M. Pignard, en un discours d'une haute te­ nue littéraire, fit l'éloge de l'agriculture et du syndicalisme ins­ piré des enseignements de La Tour du Pin. Quant à M. Saur, c'est aux Forestiers et à la Forêt mosellane que fut consacré son remerciement. Les communications ont intéressé les sujets les plus variés^. M. Delort, Directeur de la 17e circonscription archéologique, nous a parlé des fouilles qu'il dirige avec tant de compétence. A Ber- thelming, à l'emplacement d'une villa gallo-romaine, on a trouvé deux squelettes à crâne brachycéphale et sept à crâne dolicho­ céphale, des objets usuels romains, dont les débris d'un beau vase, et des armes et des boucles de ceinture germaniques; cette trouvaille est intéressante pour le jour qu'elle donne sur les rap­ ports des envahisseurs germains et des populations gallo-romai­ nes de la Moselle. A , près de la ferme d'Alzing, il a été découvert quatre tombes à incinération, qu'on peut dater de la seconde moitié du Ier siècle de notre ère; il a été trouvé une urne en verre bleu, malheureusement brisée. 10 COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951)

M. Roger Clément a bien voulu donner lecture du premier chapitre, « Metz à l'époque gallo-romaine » de VHistoire popu­ laire de Metz qu'il a entrepris d'écrire, résumé d'une plume très élégante et alerte de tout ce que l'on sait sur la vie des anciens Médiomatrices. Les admirables illustrations de M. Morette ajou­ tent encore à la richesse du texte. C'est de la « Météorologie à Metz » que nous a entretenu M. Jean Julien Barbé, et spécialement du météorologue Jean-Pierre Gentil, né en 1744 à Saint-Pierremont, commune d'Avril, mort en 1814, qui à partir de 1780 publia les xiffiches des Trois Evê- chés puis dans le Journal de la Moselle le résultat des observa­ tions faites par lui, à Metz, dans sa maison de la rue des Ré- collets. Beau-frère de Roederer, Gentil fut médecin des Prisons de Metz pendant la Révolution; membre correspondant de l'Aca­ démie de médecine de Paris, il entretint, de 1783 à 1791, une cor­ respondance suivie avec Vicq d'Azyr (les lettres de Vîcq d'Azyr sont actuellement dans la collection de M. Barbé). Deux illustrations messines du xixe siècle finissant ont retenu l'attention de M. Bellard: Eugène Rolland, né à Metz le 21 mars 1846, mort à Paris le 24 juillet 1909, auteur d'un Vocabulaire du patois du paijs messin (1876) et la Faune et de la Flore po­ pulaire de la France, qui a mérité le nom de « rénovateur du folklore français », et le Docteur Bouland, né le 19 septembre 1839, mort à Paris en 1927, fondateur, en 1893, de la Société française des collectionneurs d'ex-libris, qui publia, en 1912, une importante Liste sommaire pour servir à l'étude des ex-libris lor­ rains. Toujours brillant critique militaire, le Général de Cugnac a fait une très pertinente communication sur la « Ligne Maginoi, son rôle pendant la guerre de 1940)). L'Académie, toujours soucieuse de sa devise L'Utile, n'a pas craint d'évoquer le problème de la Sarre. Elle a écouté avec beau­ coup d'intérêt un long et très précieux rapport de M. Daussy sur le « Rattachement du territoire de la Sarre à la France », d'où il résulte que le charbon sarrois est de qualité inférieure, et beau­ coup moins utile que le charbon de la Ruhr à la métallurgie française. Que les Messins n'ont pas toujours fait fi de la houille sar- roise, c'est ce qu'a montré M. Rigault dans sa communication «Metz et le charbon de la Sarre en 1809))] à cette époque, le Conseil municipal de Metz eut l'idée de demander au Gouverne- COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) 11

ment l'affectation, pour les besoins de la population messine, de deux houillères sur les bords de la Sarre, Gerschweiller et Schwal- bach; ce projet qui, dans la pensée de ses promoteurs, devait permettre d'approvisionner à bon compte la ville en combus­ tible, bien que soutenu chaleureusement par le Préfet Vaublanc, n'aboutit pas, le Service des Mines, soucieux avant tout des in­ térêts des concessionnaires des houillères, s'y étant opposé. Répondant à un vœu émis par les «Pierres de France», So­ ciété pour le respect et la protection des anciens monuments l'Académie s'associe à sa protestation contre le principe des ex­ positions de vitraux, si dangereuses pour les verrières de nos cathédrales.

ANNEE 1947 - 1948

L'Académie a perdu un membre correspondant, M. Rouzet. Elle a appelé à elle, en qualité d'associé libre, M. Etienne Schweit- zer, qui, dans son discours de réception, a décrit le symbolisme des rideaux du tabernacle de la synagogue de Metz. Les communications ont abordé les sujets les plus variés. M. Delort a entretenu des fouilles et découvertes à , Toul, Alzing et . C'est d'abord à Berthelming, les fouil­ les d'une villa gallo-romaine, repérée grâce à des restes de « te- gulae», et aussi par la toponymie (lieuxdits « Heiligemat », « Kohlplatz », <( Alteschloss »). Il a été trouvé une vingtaine de tombes, allant du début de l'époque franque à la fin de l'époque carolingienne; certains squelettes sont accompagnés de la grande lance, les squelettes de femmes ont des colliers de perles (un de ces colliers a quarante perles). D'autres squelettes sont nus: Charlemagne, en effet, a interdit d'ensevelir des objets de valeur avec les morts. Il a été trouvé des gonds et des pinces de fer, une plaque de porphyre ayant servi à des préparations pharma­ ceutiques. M. Delort au titre de Directeur de la Circonscription archéolo­ gique, a été examiner les remparts gallo-romains de Toul, mis à jour par suite des bombardements allemands de 1940. On les a retrouvés sur cinquante mètres, avec deux tours rondes. Ces remparts ont été construits vers 300. A Alzing, c'est un atelier d'urnes funéraires de la deuxième moitié du IER siècle qui a été découvert; l'artisan taillait ses urnes dans des blocs de grès vosgien au grain de mica, en deux élé- 12 COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951)

ments, l'un servant de pot et l'autre de couvercle. Il a été re­ trouvé trois urnes intactes, avec beaucoup de morceaux d'urnes brisées et de blocs à peine dégrossis. Une urne en verre de cou­ leur bleue, malheureusement brisée au cours de la fouille, a per­ mis de fixer l'époque de l'atelier, ces urnes bleues datant de la seconde moitié du i*r siècle. A Sarraltroff, on a trouvé fortuitement, dans les fondations d'une maison, une petite statuette de terre cuite, très bien con­ servée, accompagnée de huit pièces de monnaie de bronze (Ha­ drien, Nerva, Trajan, etc.) permettant de dater cette trouvaille du début du ne siècle. La statuette représente la Déesse-Mère. Le culte de la Déesse-Mère — la Terre — est déjà constaté à l'époque néolithique. A l'époque romaine, les statuettes offrenl générale­ ment un groupe de trois déesses assises côte à côte; c'est le cas de la pierre des trois déesses, à l'inscription « deabus matrabus » retrouvée au Carmel de Metz au XVIIP siècle et actuellement au Musée. Ce groupe du Musée appartenait au culte public, mais plus généralement les petites statuettes, du genre de celle de Sar­ raltroff, appartiennent au culte domestique; les plus nombreux spécimens sont en terre blanche, et proviennent du centre de la France; celles en terre rouge — comme celle de Sarraltroff —. plus rares, étaient fabriquées dans la région de Cologne. Leur auteur, un certain Servandus, les signait, et indiquait l'année du consulat, ce qui permet de les dater de 164 après J.-C. Les sta­ tuettes de déesses-mères les remarquables trouvées jusqu'ici dans notre région sont celles de (conservées au Musée de Saint-Germain) et de Rheinzabern (Palatinat). Descendant aux origines chrétiennes, M. le Chanoine Morhain évoqua 1' « Histoire du culte de saint Pierre dans le diocèse de Metz». Le culte du prince des apôtres est celui des tout premiers temps de l'introduction du Christianisme et de l'époque franque. A Metz, Sainl-Pierre-aux-Arènes, Saint-Pierre-au-Sablon, Saint- Pierre-le-Vieux, Saint-Pierre-aux-Images, Saint-Pierre, nom pri­ mitif de Sainte-Glossinde, Saint-Pierre-aux-Nonnains enfin en sont le témoignage. Au vie siècle, Saint Colomban et ses disciples propagent le culte de Saint Pierre, mais c'est surtout à l'époque carolingienne que la vogue connut son apogée, grâce à Saint Bo- niface et à son disciple Saint Chrodegang, évêque de Metz. Dans l'ancien diocèse de Metz, 107 églises étaient dédiées à Saint Pierre: 2 églises d'archiprêtré ( et ), 60 églises pa­ roissiales, 18 annexes, 10 chapelles castrales et collégiales, 5 mo- COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) 13 nastères (parmi lesquels l'abbaye de Saint-Pierremont, fondée par la fameuse comtesse Mathilde de Toscane). Très peu de pèleri­ nages sont consacrés à Saint Pierre, l'un est d'une nature singu­ lière: on y invoque le portier du Ciel pour hâter la mort des agonisants. La répartition géographique des églises dédiées à Saint Pierre s'étend à tcîut le diocèse, et d'une manière à peu près uniforme; trois à. quatre en moyenne par archiprêtré. La datation précise est difficile, puisque le culte s'est étendu sur cinq siècles environ. « Le blason de VEvêché de Metz » : tel fut le titre de la com­ munication que nous transmit M. Clément au nom de M. des Robert, notre confrère de l'Académie Stanislas.. M. des Robert a remarqué, sur des maisons de Vic-sur-Seille, la présence d'un écu à la croix pattée et alésée, ou bien d'un écusson écartelé à ce blason et «d'or à la bande de gueules», armes personnelles de l'évêque de Metz Georges de Bade. D'autre part, sur une quittance de 1508, aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, concernant les salines de Marsal, figure un sceau du doyen du chapitre cathédral de Metz, administrateur de l'Evêché; ce sceau offre l'image de Saint Etienne, accompagné à dextre de ce blason à la croix pattée et à senestre d'un écu aux armes bien connues du chapitre de Metz. Enfin, M. des Robert a en sa possession un armoriai manuscrit du xvie siècle, où figure ce blason, cette fois avec ses couleurs « d'azur à la croix pattée et alésée d'or » avec cette indication « évêque de Metz». Gomme aucun évêque n'a porté personnellement ces armes, il ne peut s'agir que du blason de l'Evêché de Metz, ainsi retrouvé par M. des Robert. C'est des « Banquiers messins au Moyen-âge » que nous a en­ tretenus M. Jean Schneider. C'est aux xme et xive siècles que l'im­ portance de Metz a été remarquable. Les relations commerciales de la ville s'étendaient jusqu'à Arles et Marseille, à Corne en Italie, à Francfort et aux Pays-Bas. En 1190, les changeurs de Metz apparaissaient déjà constitués en corporation. Il existait à Metz 60 tables de changeurs, chiffre plus élevé qu'en aucune autre ville. Les grands propriétaires fonciers, l'évêque, les abbayes, les seigneurs laïcs, et aussi les paysans, s'endettaient au profit des banquiers messins. La grande prospérité de la banque messine va de 1220 à 1380 environ. Les principales maisons furent celles de Bellegrée, de Richard de Sus-le-Mur, de Philippe le Gronaix (ancêtre des Gournay), de Poince de Vy, de Poinsignon Dieuamy, etc. C'étaient les ducs de Bar qui étaient les principaux débiteurs 14 COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951)

des banquiers messins. Ils durent, pendant un siècle, leur engager les forges de la vallée de l'Orne et les revenus de la prévôté de Pont-à-Mousson. La décadence de la banque messine fut due a trois causes principales: le recours à la guerre de la part des princes débiteurs, qui bloquent les voies de communication (ce que Philippe de Vigneulles appelle «clore des chemins»); la conversion; l'organisation des principautés lorraines, qui ont dé­ sormais des finances en ordre. Des sujets historiques variés ont été abordés par nos confrères: M. Clément, parlant d'« Histoires de mirabelles », a évoqué la pré­ sentation traditionnelle de ces fruits aux grands personnages, de Charles IX à Napoléon III. M. Elie Fleur a transmis à l'Académie son «Histoire de VImprimerie à Metz», et donné une notice sur Dom Bernardin Pierron (1744-1864), l'auteur du Templum Met- tensibus sacrum. M. Jean-Julien Barbe a présenté son « Réper­ toire des inventeurs messins», et M. Bellard s'est attaché aux « Grands messins méconnus » et a invité l'Académie à provoquer le légitime hommage qui leur est dû. C'est une scène d'histoire toute contemporaine — la fermeture brutale par les Allemands de l'Université de Strasbourg repliée — « Le 25 novembre 1943 à Clermont-Ferrand » — que retraçait M. Gillot, tandis que M. S'adler envisageait « Vorientation actuelle de Metz» dans un cadre régional: Strasbourg, Sarrebruck ou Nancy? Des sujets d'histoire encore, mais cette fois d'histoire générale furent évoqués par M. le Général de Cugnac, avec ses communica­ tions sur «La Maison du Roi», historique de la cavalerie lourde française, primeur d'un chapitre particulièrement intéressant de son livre De la cote de mailles au char blindé, et « La légende du drapeau blanc ». Les sciences n'ont pas été négligées cette année, puisque M. Delafosse nous a parlé des «Araignées parachutistes», qui nous apparaissent sous la forme de» « fils de la Vierge », que M. Saur a évoqué le passionnant problème «Forêts et inondations», et que M. Daussy nous a expliqué « le repérage des batteries et des avions» par le son, procédé qu'il mit au point sous Verdun en 1915. Mlle de Puymaigre a fait don à l'Académie d'une notice récem­ ment publiée par TAbbé Eich, sur son père, le Comte Théodore de Puymaigre, qui fut président de l'Académie en 1865. M. Jean- Julien Barbé a composé un livre de lectures à l'usage des écoles, COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) 15

Metz et la Moselle vous parlent. Le Général de Gugnac est l'auteur d'un ouvrage sur la bataille de France de 1940: Les quarante jours. Deux membres correspondants se sont rappelés au souve­ nir de l'Académie en lui envoyant leurs dernières œuvres. M. Noël a adressé une plaquette sur VArboriculture en Allemagne et M. Théobald, un Livret guide de la structure géologique de la partie sud du pays de Bade. Nous sommes heureux enfin de signaler que trois membres titu­ laires, MM. Berrier, Clément et Saur, ont été nommés chevaliers de la Légion d'honneur.

ANNEE 1948 - 1949

L'Académie a perdu cette année un membre d'honneur, le Général Giraud, un membre titulaire, M. Thiry, et un membre correspondant, le Général Dosse. Elle a appelé au titre de membre d'honneur MM. Marcel Aubert, Charles Bruneau, Albert Grenier, Raymond Mondon, Charles- Edmond Perrin, Robert Schuman, Nicolas Untersteller, Jules Vanneras et Gaston Zeller. M. le Médecin-Colonel Bolzinger a été élu membre titulaire, MM. le Chanoine Joseph Foedit, le Chanoine Drioux et le Pro­ fesseur Jeandelize sont entrés à l'Académie comme associés libres. Enfin, le titre de membre correspondant a été décerné à M. Amzalak, recteur de l'Université technique de Lisbonne. M. le Professeur Jeandelize a consacré son discours de récep­ tion à retracer la carrière d'un ophtalmologiste messin, Jean- Baptiste-Etienne Defer, né à Vigy en 1812, mort à Metz en 1873, médecin des hôpitaux civils de Metz, président de la Société des sciences médicales de la Moselle. Il est le premier en France, avec la « Revue des hôpitaux civils de Metz, journal d'oculistique, de médecine et de chirurgie pratique », fondée en 1852, à avoir publié un journal d'ophtalmologie. Dans le domaine scientifique, l'Académie a entendu cette année une causerie de M. Delafosse sur le « Problème des migrations chez les Oiseaux», particulièrement sur les migrations des cor­ beaux d'après ses contributions personnelles aux résultats obtenus par le baguage des oiseaux. Les déplacements des freux du prin­ temps sont faibles: un corbeau, bagué au Lycée de Metz en 1929, a été retrouvé à en 1933. Par contre un freux d'automne, 16 COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) bagué en février 1938 dans l'Ile Saint-Symphorien, a été repris le 15 août 1940 dans la région de Nijni-Novgorod. M. Navel a fait deux communications: l'une sur « le Maté », thé du Paraguay ou des Jésuites, grand arbuste de la famille des aquifoliacés, avec lesquels les indigènes de l'Amérique du Sud fabriquent une infusion théiforme, dont le principe actif est la matéine, et qui est un tonique général à pouvoir antiscorbutique, l'autre sur « les origines lorraines des Vilmorin », les pépinié­ ristes bien connus, qui descendent de Philippe Levêque de Vilmorin, originaire de Landrecourt en Lorraine (1746-1804), créateur avec son beau-père Andrieux de la célèbre maison de commerce de graines potagères, agricoles et forestières. « Où en est le problème de VAtlantide? ». Telle est la question qu'a posée M. de la Chaise. Hypothèse scientifique, question his­ torique controversée, tel apparaît encore le problème à la lumière des travaux du russe Bragui, partisan de l'existence de l'Atlantide et du sud américain Imbelloni, irréductible incrédule. C'est sur un terrain plus sûr que nous amène M. Delort, en nous signalant les dernières découvertes archéologiques: au Ban- Saint-Martin, des fragments de tuiles romaines, des tessons de poterie, un couteau de tisserand; route de , un tuyau de chêne d'une ancienne canalisation d'eau potable de Metz de 1710 abandonnée dès 1733. D'une autre importance sont assurément les Trésors messins exposés au Pavillon de Marsan dans le cadre de l'exposition « Chefs-d'œuvre de l'art alsacien et de l'art lorrain » organisée à l'occasion du Tricentenaire de 1648. C'est avec joie et fierté que nous avons entendu M. Bellard, qui a pris une part si active à l'organisation de cette exposition, nous dire que l'art messin y fut à l'honneur avec la chape de Charlemagne, l'ivoire d'Aldabéron, les plafonds peints du Musée, la Bible de Charles le Chauve. Et n'est-ce pas la petite statuette de Charlemagne qui figura sym­ boliquement sur l'affiche de l'exposition? Continuant ses recherches sur les origines chrétiennes de notre pays, M. le Chanoine Morhain nous a entretenu de « Saint Martin et ses églises en Moselle ». Saint Martin est, après la Sainte Vierge et Saint Pierre et avant Saint Remi, le plus fréquent des patrons d'églises. C'était le protecteur de la dynastie mérovingienne. Saint Martin est venu à Trêves en 371 et 384 et aurait passé par Toul, et donc, vraisemblablement par Metz. Il y a 57 églises dédiées à Saint Martin en Moselle, contre 90 dans la Meuse, 70 en Meurthe- COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) 17 et-Moselle, 28 dans les Vosges, 42 en Alsace, 15 en Luxembourg, 70 dans l'actuel diocèse de Trêves, mais il y en avait autrefois une centaine dans l'ancien diocèse de Metz.' La localisation du culte de Saint Martin est à peu près également répartie dans le département, plus faible pourtant dans les pays boisés. On trouve surtout le culte de Saint Martin sur le bord des rivières, moins manifestement sur les routes romaines, mais tout au moins dans les environs de substructions romaines. Le nom de Saint Martin se retrouve dans les loponymes (Heilig Martin), Mens- kirch (Martins-Kirche), (?). Il est à noter que le patronage de Saint Brice, qui fut le successeur de Saint Martin sur le siège de Tours, qui est donné à 6 églises de la Moselle, se retrouve, pour 5, dans le voisinage d'une église dédiée à Saint Martin, tes églises de Saint-Martin ont surtout été fondées du vne au vme siècle, par les rois d'Austrasie et les seigneurs francs. La plus ancienne est celle du Ban Saint-Martin, dotée vers 650 par le roi Saint Sigisbert, qui existait dès 613 et probablement dès 580. Saint Martin «in curtis», paroisse de Metz, date du vine siècle. Toutes les églises de Saint Martin, sauf deux, fondées au xvie siècle, existaient en 1360, et ces deux églises du xvie siècle ont été détachées de paroisses dédiées à Saint Martin . C'est au fameux Pasteur Paul Ferry que M. Elie Fleur a consa­ cré sa communication de cette année, tandis que M. Sadler nous parlait de a Barres intime», évoquant en particulier les heures passées à Charmes en compagnie du grand écrivain pendant la guerre de 1914. Abordant l'histoire comparée, M. Baltazard nous a entretenus de « la question du pain à deux époques ». Notre confrère, qui connaît bien les problèmes économiques, a évoqué la question du pain au temps de Turgot, en faisant d'intéressantes comparaisons avec les essais de notre temps. Toujours soucieux des problèmes d'histoire militaire, le Général de Cugnac s'est demandé « Pourquoi le redressement de la Marne ne syest pas reproduit en 1940?». En 1914, l'armée française et l'armée allemande sont de valeur sensiblement égale. Il n'y a pas eu de «miracle de la Marne», mais un redressement. En 1940, au contraire, l'armée allemande possède sur l'armée française une supériorité écrasante en aviation et en chars. On a pu dire que «l'armée allemande de 1939 a battu l'armée française de 1920». C'est un sujet d'histoire du droit comme d'histoire sociale qui a retenu l'attention de M. Dalbin, dans sa communication sur

2 18 ' COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951)

(( le Droit de propriété et le nouveau statut des baux à ferme ». Une singulière évolution s'est produite dans nos idées sur la pro­ priété, depuis la conception du code Napoléon, telle qu'elle dé­ coulait des principes révolutionnaires. Aujourd'hui, on ne sépare plus la terre de l'entreprise dont le preneur à bail est le chef; il a un véritable droit réel; ainsi, le droit de chasse, ce droit jadis seigneurial, passé en pleine propriété au propriétaire du code civil, appartient aujourd'hui au preneur. Les conditions de baux sont fixées par la loi, avec un contrat type par département (celui de la Moselle est du 4 octobre 1946). Il est créé une sorte de pro­ priété culturale: le preneur a le droit de renouveler le bail à son expiration, sauf le cas de reprise en faire valoir direct par le propriétaire; le baillistre a aussi le droit de changer la destination de la chose louée pour l'améliorer; en cas de vente le preneur a un droit de préemption; la loi veut favoriser l'enracinement du fermier à la terre. On sait que, exécutrice des volontés de son bienfaiteur, M. Chabot Didon, l'Académie a le devoir de s'occuper de la réalisa­ tion de la bibliographie lorraine. Soucieuse du développement d'un centre bibliographique lorrain, elle a émis le vœu, transmis au Ministère de l'Education Nationale, que la Moselle soit ratta­ chée, en ce qui concerne le dépôt légal, à la Bibliothèque Muni- pale de Nancy, comme les trois autres Départements lorrains, et non plus à la Bibliothèque universitaire de Strasbourg. La réu­ nion en un même lieu de tous les ouvrages et publications inté­ ressant la Lorraine est en effet une condition du développement de la science bibliographique dans notre région. Ce vœu a été adopté par le Conseil Général de la Moselle et la Chambre de Commerce de Metz. Parmi les travaux imprimés des membres de l'Académie, nous citerons cette année: de M. André Bellard, la brochure 1648-1848, Metz, et le Guide de l'exposition du Tricentenaire, ainsi que le précieux catalogue qu'il a consacré à l'Exposition Maurice Barrés; de M. Delort, un remarquable article sur Le Cimetière franc d'Ennery, paru dans Gallia, de M. Rosambert, enfin, le discours qu'il a prononcé à la rentrée de la Cour d'Appel de Nancy en octobre 1948 sur Le curieux et douloureux destin des personnes déplacées d'origine lorraine où il a évoqué le sort des Lorrains du Banat de Témesvar. M. Navel a été promu officier de la Légion d'honneur et M. Jean-Julien Barbé fait chevalier de Tordre national. COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951)

ANNEE 1949 - 195a

L'Académie a perdu cette aimée trois membres associés libres: le *Dr de Westphalen, le chanoine Drioux et M. Henri Guyot. Elle a élu un membre d'honneur, M. Fernand Baldensperger et trois membres correspondants, MM. Paul Dimof et Maurice Garçot, de l'Académie de Stanislas, et M. Edmond Vellinger, sous- directeur de l'Ecole nationale des pétroles. M. le Médecin-Colonel Bolzinger, pour son discours de récep­ tion, a choisi d'évoquer les gloires du Service de santé de la place de Metz, en particulier celles de l'ancien Hôpital militaire d'ins­ truction, liées étroitement, dès 1759 et jusqu'en 1870 aux fastes de l'Académie; Nicolas Mangin, professeur à l'Hôpital d'instruc­ tion, médecin du Maréchal de Belle-Isle, Pevieux, Hénin, Thirion, apothicaires majors, et qui de 1760 à 1765 donnèrent sous les auspices de la Société royale des cours de chimie, le praticien Réale, O'Kin, médecin chef de l'Hôpital de , l'accou­ cheur Creille, l'illustre Antoine «Louis, Mazot, Laumosnier, Michel du Tennetar... Après la résurrection de l'Académie en 1819 c'est Gorcy, qui deviendra plus tard Inspecteur du Service de Santé, qui le préside en 1820, en même temps qu'il fonde la Société des sciences médicales. En 1825, le président de l'Académie est Ce- rulas, qui devint professeur au Val de Grâce, puis en 1859 Scout- teten, qui alla avec Félix Maréchal étudier le choléra à Berlin, enfin Grellois, qui dirigea en 1870 le service des Ambulances de Metz. C'est à un sujet médical d'un tout particulier intérêt que M. le Docteur Boulangier a consacré sa communication sur « Les traitements modernes de la tuberculose pulmonaire)). La radio­ logie a permis de faire faire au traitement de la tuberculose des progrès décisifs, en permettant l'emploi cle la collapsothérapie, découverte dès 1894 par l'italien Furlamini, mais qui n'a pu être appliquée que vers 1913-1914 grâce à la radiographie et déve­ loppée en 1924 par le berlinois Jacobeus. Des cas particuliers peuvent être traités par le pneumothorax extra-ploral, la thora- coplastie et la streptomicine. Le Médecin-Colonel Bolzinger illus­ tra cette communication en présentant des radiographies de la collection de l'Hôpital militaire Legouest. Le dépistage dans les écoles et au moment de l'incorporation des jeunes recrues permet de découvrir les primo-infections. La lutte contre la tuberculose est aujourd'hui essentiellement préventive. 20 COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951)

« Le sport et la guerre », tel fut le thème de la causerie de M. le Général de Cugnac, émouvante évocation de la façon dont la chevalerie française de la guerre de Cent ans et la cavalerie de 1870 à 1940 ont compris le sport équestre: les cavaliers, fiers de leurs talents, ne savent pas s'adapter à la technique adverse; on eut Crécy, Poitiers, Azincourt et Reichshoffen et les exploits inu­ tiles de 1914 et de mai 1940. C'est de « VInstitut des sciences Weizmann», en Israël, que nous a entretenu M. Schweitzer. Cet établissement scientifique comprend les derniers instruments perfectionnés, notamment un spectographe de masse. Il a largement contribué a l'effort de guerre allié en Orient. En ouvrant, comme nouveau président, l'année académique, M. Saur a prononcé, en termes à la fois poétiques et techniques, une allocution sur «L'orientation de la production en forêt». Le forestier, qui n'est qu'un anneau dans la chaîne des générations, doit œuvrer sans cesse en fonction de l'avenir. La production fo­ restière française doit être orientée, non pas vers le bois de chauf­ fage, mais vers le bois d'œuvre, qui manque terriblement au­ jourd'hui. Les problèmes d'archéologie sont toujours a l'ordre du jour en Moselle. M. Bellard a rappelé qu'il y a tout juste cent ans, dans les Mémoires de l'Académie pour 1850-1851, paraissait un article du colonel Uhrich : « Notice sur quelques monuments fu­ néraires romains et gallo-romains, trouvés près de Phalsbourg et de Saverne ». C'est une étude précieuse, la première du genre, sur les fameuses stèles-maisons du pays médiomatrique. M. Delort a donné les résultats des dernières campagnes de fouilles de Berthelming, qui ont comporté principalement la dé­ couverte des pièces principales de la villa: deux chambres à hy- pocauste, cuisine, écurie. Des objets permettent de dire que la villa était habitée de 100 à 275 environ. A , à l'occasion des travaux de reconstruction de l'église, on a trouvé des fragments de pierres sculptées. Ces frag­ ments, dont M. le Chanoine Morhain a présenté les photographies, s'apparentent nettement au chancel de Saint-Pierre-aux-Nonnains. On sait que Cheminot a été donné par Charlemagne à l'abbaye de Saint-Arnould après la mort de l'impératrice Hildegarde en 783; d'autre part, le titulaire de l'église est Saint Maurice. Il sem­ ble que l'église de Cheminot, située sur une voie romaine, re­ monte à une très haute antiquité. COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) 21

M. le Chanoine Foedil a donné une communication très fouil­ lée et précise sur les dimensions des voûtes et des verrières de la cathédrale. La cathédrale de Metz est la plus évidée des cathé­ drales gothiques; c'est une vraie «lanterne du Bon Dieu» dont la surface vitrée est de plus de 6.400 mètres carrés. Après l'architecture, la peinture. M. Bellard a fait à l'Acadé­ mie les honneurs d'un très beau portrait du maréchal Fabert. Ce portrait, qui appartenait, avec ceux de Claude de Clevant, femme du Maréchal, et de leur fils, au marquis de Marguerie, mort en 1947, a été donné au Musée par l'héritière du marquis, Mademoi­ selle Boudou. Ce portrait, pense M. Bellard, est l'œuvre de Louis Elle, dit Ferdinand le Vieux, le seul peintre, avec Tortebat, qu'on sache avoir fait un portrait de Fabert. C'est «Une gravure contestée de Malardot » qui a exercé la sagacité de M. le Professeur Jeandelize. Il s'agit d'une lithogra­ phie (( Etang dans les bois » que certains attribuent à André- Charles Malardot, né à Metz en 1817, mort à Paris en 1879, d'au­ tres au graveur breton Rodolphe Bresdin, son contemporain. Bresdin utilisait en gravure un procédé rare, celui du report d'une eau-forte sur une pierre à lithographie. Malardot, sans doute sous l'influence de Bresdin, s'est aussi servi de ce procédé. La gravure « Etang dans les bois » est incontestablement de Ma­ lardot; elle porte sa signature, difficile à trouver, mais certaine. C'est donc une œuvre à inscrire à l'actif du graveur messin. M. Schneider nous a donné cette/ année deux importantes com­ munications. L'une a été consacrée à l'étude de «la Crise du Commerce messin vers 1400». S'aidant des comptes des fermes de la maltôte de la fin du xive et du début du xv€ siècle, M. Schneider montre que, après une hausse autour de 1380, une baisse considérable se manifeste après 1399.. Cette chute du com­ merce messin est due à plusieurs causes: la politique protection­ niste du patriciat en vue de l'écoulement de son vin, la politique des ducs de Lorraine et des comtes de Bar, qui créent des mar­ chés secondaires (Pont-à-Mousson, Nancy, Saint-Nicolas-de-Port,. Briey), la concurrence des grands centres flamands, l'hostilité des principautés rhénanes qui vexent les marchands messins, enfin le détournement du commerce Flandre - Italie, qui quitte la voie de terre pour la voie maritime. Un clerc de la cour de Lorraine a pu écrire qu'à partir de 1406, la richesse de Metz « fut toujours déclive ». 22 COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951)

Cette ville de Metz, les ducs de Lorraine ne cessèrent pourtant de la convoiter. Dans son autre communication, « Les Ducs de Lorraine et le comté de Metz, histoire et légende», M. Schneider a exposé la genèse du faux fabriqué en 1533 pour justifier les prétentions du duc de Lorraine au titre de comte de Metz. C'est l'utilisation à des fins politiques des légendes épiques du cycle de Garin le Lorrain, ce personnage mythique dont le tombeau existait à la cathédrale de Metz, dont les chanoines célébraient l'obit au 10 février, et à la mémoire duquel en 1341 le duc Raoul fonda un service anniversaire, au même jour, à la collégiale Saint-Georges de Nancy. Le travail donné cette année par M. Fleur concernait l'abbé Grégoire, particulièrement dans ses rapports avec l'Académie de Metz. On sait que Grégoire présenta à. l'ancienne Société royale un mémoire sur les moyens de rendre les JuîTs utiles à la société, et qu'après la reconstitution de l'Académie; en 1819, l'ancien évê- que de Loir-et-Cher, comte de l'Empire, en fut membre d'hon­ neur. Enfin, abordant les problèmes les plus, contemporains, M. de la Chaise, dans un important mémoire, a étudié « le Destin de Metz». M. de la Chaise y expose les idées qu'avaient en 1918 les différents groupes messins sur les moyens de ramener Metz dans le sens de sa mission historique française. Après avoir posé le problème au cours des trente dernières, années, M. de la Chaise pense que le destin de Metz doit être de « servir de catalyseur pour unir tous les Mosellans dans l'amour de la patrie et de rayonner comme un phare de la culture française an delà des frontières ». On sait qu'un monument a été érigé au Cimetière israélite de Metz à la mémoire des victimes de la politique d'extermination poursuivie avec une si atroce méthode par l'Allemagne de Hitler. M. Schweitzer a représenté l'Académie à l'inauguration de ce cénotaphe. Le 2 février, M. Dimof, président de l'Académie de Stanislas, a rendu à l'Académie de Metz la visite récemment faite à Nancy par le président de notre compagnie, M. Saur. En un très beau discours, M. Saur a retracé la destinée de Metz depuis deux siè­ cles, évoquant particulièrement les conséquences douloureuses de l'annexion. En une heureuse réponse, M. Dimof a exalté la soli­ darité lorraine et formé le vœu qu'une collaboration plus étroite s'instaure entre les deux compagnies sœurs. M. Delort et M. Ri- COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) 23

gault ont représenté l'Académie de Nancy le 3 juin aux cérémo­ nies commémoratives du bicentenaire de la fondation de l'Aca­ démie de Stanislas. Le Congrès annuel des Sociétés savantes de France s'est tenu en 1950 à Nancy. A cette occasion, les congressistes, sous la di­ rection de M. Clovis Brunei, membre de l'Institut, directeur de l'Ecole nationale des Chartes, sont venus visiter Metz le 2 juin. Ils y ont été accueillis par le bureau de l'Académie, auquel s'étaient joints les dirigeants des autres sociétés savantes de Metz. Parmi les ouvrages imprimés publiés par les membres de l'Aca­ démie, nous citerons une très belle plaquette sur Fabert que M. Bellard a fait paraître à l'occasion du 350e anniversaire de la naissance du grand homme de guerre messin, et les Images mes­ sines de M. Hocquard, illustrées par notre confrère M. Clément Kieffer. L'Académie française a décerné le prix Audiffret à M. le Général de Gugnac pour son livre sur la Cavalerie française.

ANNEE 1950 - 1951

Les deuils ont été nombreux au cours de l'année académique. La compagnie a perdu un membre d'honneur, le Professeur Cué- not, membre de l'Académie des sciences; hommage lui a été rendu par M. Delafosse dans la séance du 5 avril. La mort a frappé aussi M. Carrez, pendant de longues années secrétaire de séance, et à qui ses services avait mérité le titre de membre ho­ noraire. Un associé libre nous a été ravi: M. le Général Charet. Mais les pertes les plus cruelles ont été celles de deux membres titulaires l'un et l'autre depuis plus de trente ans à l'Académie, et qui nous étaient si chers à tant de titres, Roger Clément et Jean- Julien Barbé. L'Académie a appelé à elle, à titre de membre d'honneur, M. Hans Haug, comme membre titulaire, à la succession de Roger Clément, Me Pierre Mendel, avocat à la Cour, l'émirient auteur des «Atours de la Ville de Metz», enfin, au titre d'associé libre, M. Emile Lebon, publiciste, membre de l'Institut international d'anthropologie et d'ethnographie et de la Société des Océanistes, associé correspondant de l'Académie de Stanislas, et M. Etienne Harsany, professeur au Lycée, connu pour ses travaux d'histoire lorraine. 24 COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951)

M. Harsany a pris comme sujet de son discours de remercie­ ment, « Les difficultés économiques à Metz pendant la Révolu­ tion». Fondé sur un dépouillement complet des archives com­ munales, l'exposé de M. Harsany a retracé la situation écono­ mique lamentable de Metz au cours des années 1790-1800: chô­ mage, misère, pénurie, contingentement, marché noir, le cortège ordinaire des époques troublées. Pour sa première communication, M. Mendel a choisi de nous entretenir d'« Un document législatif messin inédit du XIIIe siè­ cle ». Il s'agit du problème de la datation d'un texte connu sous le nom d'(( accord des Treize», le plus ancien document de ce genre que nous possédions, qui remonte à la fin du xme siècle. Notre confrère M. Jean Schneider a cru pouvoir dater cet acte de 1280. De la savante discussion de M. Mendel, il ressort que, selon lui, l'hésitation reste permise, la datation la plus tardive ne pouvant pas toutefois être reportée au delà de 1306. M. Elie Fleur, que son grand âge empêche d'assister à nos tra­ vaux, a adressé une intéressante notice sur Dupré de Geneste, que sa naissance à Vilosnes, dans le département de la Meuse, a fait négliger des biographes messin et mosellan. Né vers 1716, Henri-Marie Dupré de Geneste était fds d'un receveur des domai­ nes du Roi, auquel il succéda dans sa charge. Collectionneur de pierres gravées, de médailles et de monnaies, il était, en 1757, parmi les fondateurs de la Société royale des sciences et des arts, notre Académie; il en fut le premier secrétaire, jusqu'en 1777. Après avoir traversé assez paisiblement la Révolution, malgré l'émigration de ses enfants, il mourut à Metz, en Jurue, le 28 fri­ maire an VIII. C'est un sujet de petite histoire toute contemporaine qu'a évo­ qué M. Sadler. « Mes relations privées avec Louis Bertrand », tel fut le titre de la causerie où le président du Comité Erckmann- Chatrian retraça avec pittoresque quelques épisodes de ses ren­ contres avec le grand écrivain lorrain. C'est sur l'intervention de M. Sadler que Louis Bertrand fut élu associé correspondant de l'Académie de Stanislas, mais dans des conditions qui irritèrent la susceptibilité ombrageuse de Bertrand; l'illustre membre de l'Académie française décocha par la suite une flèche vengeresse contre les Académies de province dans la préface qu'il donna, quelques années plus tard, à M. Sadler pour son volume de sou­ venirs Sur le Vif. COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) 25

Dans ses «Souvenirs d'un expulsé, M. Bellard a relaté avec humour et émotion les heures douloureuses de juin 1940, ses sou­ venirs de journaliste du «Lorrain» et d'habitant de Novéant, la débâcle de notre armée, l'arrivée des Allemands, et enfin le jour final de l'expulsion; il fit circuler un curieux document; un mo­ dèle des papillons que les autorités de la Westmark faisaient ap­ poser sur les maisons des expulsés. M. Bellard, par ailleurs, à l'occasion du cinquantième anni­ versaire de sa mort tragique — il fut assassiné, victime du devoir professionnel, le 8 juin 1901 — a évoqué la mémoire de Gustave Bleicher, membre correspondant de l'Académie, Directeur de l'Ecole de pharmacie de Nancy, qui fut avec Beaupré le précur­ seur de la recherche préhistorique en Lorraine. M. Delort a, comme de coutume, entretenu l'Académie des prin­ cipaux résultats des fouilles archéologiques qu'il a dirigées. A Berthelming, une très belle poignée de couteau ou de miroir, en bronze, représentant une tête de chien, a été découverte lors de la dernière campagne de fouilles. A Tarquimpol, à l'automne 1950, on a trouvé, près de trois conduits de terre, une tête de femme en marbre, une tête en grès plus grossière, une cruche à deux anses, et quelques tessons. La découverte du printemps 1951 est beaucoup plus intéressante. Il a été trouvé dans un jardin un grand chaudron (diamètre: 45 cm.) renversé sur un deuxième (30 cm. de diamètre), où se trouvaient une trentaine d'ustensiles et des fragments d'une grosse chaîne. Il n'y avait pas de monnaie, ce qui rendait plus difficile la da­ tation. Citons parmi ces objets une passoire à vin ou à huile, en bronze, nettement romaine, un plat en bronze, une coupelle, avec un système d'accrochage par deux crochets très pointus, qui doit être une lampe; il y avait aussi des instruments de fer: deux scies, des gouges, une enclume portative, des haches, deux socs de charrue, et ces chaînons, qui proviennent certainement, avec le crochet terminal, d'une chaîne pour traîner des troncs d'arbre. Une telle découverte est précieuse, car elle nous montre quel était l'outillage antique et combien la technique s'est main­ tenue pendant vingt siècles. Un autre terrain de découverte est . Au sud du village, à environ 800 mètres, sur le bord de la route de Metz à , il a été trouvé un cimetière gallo-romain du ive siè­ cle, renfermant une douzaine de tombes; là encore, pas de mon­ naies, mais une tasse venant de l'atelier de Lavoye dans la Meuse, 26 COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) en terre sigillée à casiers, permet la datation; il a été trouvé aussi un gobelet de verre intact, une aiguière de verre, malheu­ reusement brisée, des fragments de tegulae. Un second site se trouve à l'est du village, sur les bords de la Moselle, dans une sablière; on a trouvé une hache-marteau perforée, néolithique, des objets de l'âge du bronze (épée de 52 cm.; hache plate, lance, grande épingle côtelée), mais aussi des traces d'habitat romain: lampes de terre cuite, fragments de vases, tegulae. Ainsi se suc­ cèdent les civilisations à travers les millénaires. C'est à un sujet archéologique, moins antique que s'est atta­ ché M. Graebert, en étudiant «L'hôtel Saint-Livier ». Après un rappel de la légende de saint Livier et des prétentions de la fa­ mille de Gournay, M. Graebert décrivit le prestigieux monument, qui semble, dans certaines de ses parties, remonter à la fin du xie siècle, et souligne les problèmes qu'il pose; il a insisté en particulier, sur la datation de la tour, qui, par la voûte d'ogives du soubassement et le réemploi des fenêtres romanes, ne paraît remonter qu'au xnie siècle. L'Hôtel Saint Livier n'apparaît dans les textes qu'en 1491. Il devint en 1512 la propriété dès Raige- court, qui y reçurent Charles Quint et le duc François Ier de Lor­ raine. Au XVIIP siècle, l'hôtel appartenait à la famille de Jobal. Acquis en 1899 par la Ville, il est occupé depuis 1909 par l'Ecole de Musique, redevenu en 1919 le Conservatoire National. Cette communication de M. Graebert a entraîné une très inté­ ressante discussion. Pour M. Schneider, les tours des hôtels pa­ triciens n'ont pu être construites que dans un certain climat politique, celui de la fin du XIP siècle, ainsi que le montrent l'exemple de Gand et des villes italiennes. M. Schneider signale aussi tout l'intérêt qu'il y aurait à entreprendre une étude sys­ tématique des caves de la vieille ville, dont certaines sont de véritables édifices souterrains, avec piliers et voûtes d'ogives. C'est (( l'Ame mosellane dans la cathédrale de Metz» qu'a évo­ quée M. le Chanoine Morhain, tandis que M. le Colonel Loizillon, en une suite de brillants sonnets, a retracé toute l'histoire de Metz, depuis les Romains jusqu'aux heures les plus récentes. M. Berrier nous a entretenu de « L'Evolution de l'Urbanisme » ; c'est toute l'histoire de l'évolution du plan des villes, depuis l'op­ pidum celtique jusqu'à nos jours; évolution du plan — en da­ mier, radio-concentrique, système à hexagones de l'ingénieur français Lalanne (1863), ville-jardin —, du tracé des rues.: droit, sinueux, courbe; enfin, la dernière phase, du moins en France COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) 27 avec la loi de 1943 la notion du groupement, avec la ville-centre, et, du point de vue de la construction des maisons, celle de l'unité de voisinage. Forestier, c'est « Une méthode locale de conversion des taillis sous futaie en futaie » que nous a expliquée M. le Conservateur Saur. Il existe, on le sait, trois types de bois: le taillis, la futaie et le taillis sous futaie. Sur les 150.000 hectares de forêts de la Moselle, 30 % sont traités en taillis sous futaie. Le taillis sous futaie est d'une exploitation barbare. Tous les vingt ou trente ans, on réalise la presque totalité du taillis et la moitié de la réserve; le sol est dénudé, les arbres de la réserve sans doute augmentent de diamètre, mais sont rendus noueux par les gourmands et ont des zones alternées de bois dur et de bois tendre, ce qui fait qu'ils n'ont qu'une valeur marchande médiocre. Le taillis sous futaie doit être abandonné et transformé en futaie. Comment opérer cette « conversion » ? Il existe une méthode classique: suppression du bas-taillis, conservation des perches dominantes; ses résultats sont mauvais: les anciens arbres de réserve dépérissent, l'exploitation est peu rentable, la quantité de chênes diminue, les produits se déprécientr A cette méthode il convient de préférer la méthode que notre confrère qualifie mo­ destement de (( méthode locale » et qui porte dans les milieux forestiers le nom de «méthode Saur», comme c'est justice. On élimine les perches dominantes, qui sont déjà rentables, et on conserve au contraire les perches dominées; de cette manière, l'étage de réserve continue à croître sans nœuds et régulièrement, tandis que de son côté l'étage subordonné progresse. Cette mé­ thode a été adoptée pour toutes les forêts communales de la Mo­ selle. Du point de vue fiscal, pour encourager les propriétaires, M. Saur a obtenu la qualification cadastrale de « taillis sous fu­ taie en conversion » avec détaxe. « Les tumeurs végétales et le problème du cancer)), tel fut le titre de la communication de M. Delafosse. On sait qu'il existe trois grands modes de vie, le prédatisme, le parasitisme, la sym­ biose. Certains parasitismes produisent chez les végétaux des ex­ croissances, des tumeurs; une des plus anciennes maladies des plantes est la bactériocécidie; on pense, dans certains de ses phé­ nomènes, voir le passage de la matière inerte à la matière vivante ; les tumeurs produites par le bactérium tumefaciens sont un vé- 28 COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) ritable cancer végétal; le cancer végétal présente quelque ana­ logie avec le cancer animal; il y a là un problème qui peut amener à de fructueuses découvertes. Ce sont des Propos biologiques sur le problème « Vieillesse et rajeunissement » — Histoire et actualité — que nous a tenus M. le Médecin-Colonel Bolzinger. On connaît les légendes des peuples méditerranéens sur la Fontaine de jouvence, perpétuée au moyen âge dans le roman d'Alexandre. Par la suite, certains se sont efforcés de trouver le moyen de rajeunir l'homme par des procé­ dés naturels; ainsi Paracelse, le comte de Saint-Germain, Mess- mer. Il faut reconnaître que depuis 130 ans la vie humaine tend à s'accroître. La longévité moyenne a augmenté de vingt ans de­ puis 1820, passant de 40 à 60 ans. Si l'on admet que la période de croissance d'un être vivant dure le cinquième de son exis­ tence, l'homme devrait vivre de 110 à 120 ans. La gérontologie semble indiquer que les humains qui vivent le plus vieux sont ceux doués des qualités moyennes, les mieux équilibrés. L'héri- dité est un facteur essentiel. Depuis les expériences de Brown- Séquard, il semble que l'activité physique soit (ainsi d'ailleurs qu'on le pensait dans l'antiquité biblique et romaine) liée à l'ac­ tivité des glandes génitales. C'est ainsi qu'est née l'endocrinolo­ gie, avec l'étude des hormones sexuelles. Voronov a essayé les greffes implantées, et Binet les greffes chimiques. Enfin le fa­ meux médecin soviétique Bogomoletz, disciple de Mentschikof, est l'inventeur d'un célèbre sérum. En France, Bardache a réa­ lisé un sérum (( orthobiotique ». Tel est à l'heure actuelle l'état de cette question qui a toujours passionné l'humanité. L'Académie, toujours soucieuse de cultiver les relations les plus cordiales avec les autres sociétés savantes, a été heureuse d'ac­ cueillir à une de ses séances M. le comte du Mesnil du Buisson, président de la Société historique et archéologique de l'Orne, ancien président de la Société nationale des Antiquaires de France. L'éminent assyriologue a bien voulu faire une fort inté­ ressante causerie sur « Les cycles journaliers et annuels dans Vhistoire des religions)). La disparition du soleil chaque soir et le retour périodique des saisons ont frappé dès l'origine l'ima­ gination des hommes. Dans l'Orient égypto-phénicien, on con­ naît, pour expliquer le renouveau du printemps, le mythe d'Ado- nis-Osiris et d'Isis-Astarté. La légende de Mithra est celle d'un dieu migrateur. Chez les Babyloniens, cette légende du dieu qui voyage se retrouve clans l'histoire de Gilgamesh, connue par une COMPTE RENDU DES TRAVAUX (1945-1951) 29

suite de douze tablettes trouvées dans les fouilles de Ninive. Le voyage de Gilgamesh, c'est le mythe de l'année solaire, et M. du Mesnil du Buisson nous narra, avec toute son érudition, les aven­ tures de Gilgamesh, personnification du règne végétal et de son i'rère Enkidon, symbole du règne animal, avec le géant Houm- baba, représentant de l'hiver, le taureau de l'été, la déesse Ishtar, la déesse de l'automne Sidouri... Un comité s'est formé autour du Cercle philosophique lorrain pour organiser la commémoration du centenaire de la naissance à Metz en 1851, du grand philosophe Jules Lagneau. M. Schweitzer a bien voulu, au nom du Cercle philosophique, convier le président de l'Académie à faire partie de ce Comité de patronage. Notre confrère, Mgr Erman a publié dans La Revue ecclésias­ tique de Metz un article très documenté sur La succession de Mgr Fleck à l'Evêché de Metz. M. Jean Schneider a fait don d'un exemplaire imprimé de sa thèse, La Ville de Metz aux XIIIe et XIVe siècles. Ce monumental ouvrage a été couronné du grand prix Gobert de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres. M. Schneider est également l'auteur d'une Histoire de Lorraine récemment parue dans la collection « Que sais-je?». Un numéro spécial de la revue des Scouts de France de la province de Lorraine Les aigrettes lorraines a été consacré à la mémoire de notre regretté confrère Roger Clément, qui, comme on le sait, avait été commissaire fondateur de la province. N'omettons pas de signaler l'hommage que M. Leoutre, du Lycée de Metz, a fait à l'Académie de sa remarquable publication, Le Mystère de Sainte-Barbe, préfacé par M. Jean Schneider. Pour terminer, nous rappellerons les distinctions conférées cette année à nos membres. M. Dalbin a été nommé Conseiller de la Cour, la croix de chevalier de la Légion d'honneur a été décernée à MM. Baltazard, Bellard et Delafosse; ce dernier était déjà depuis peu chevalier du Mérite agricole. Enfin, M. le Médecin Colonel Bolzinger et M. Schweitzer ont reçu les palmes d'officier d'Académie. J. RIGAULT, Secrétaire-adjoint. M. LE CTE COLCHEN

Pair de France