SAINT-LOUIS ET SES ENVIRONS AU DÉBUT DU SIÈCLE Chaque ouvrage de la présente édition est assorti d'une carte postale numérotée, illustrée par Patrick Hamm, éditée spécialement à l'occasion de la sortie de cet album.

Couverture et conception : Jean-François Bouzy © 1992 Editions du Rhin - ISBN 2 86339 077 5 Antoine MISLIN

SAINT-LOUIS

ET SES

ENVIRONS

AU

DÉBUT DU SIÈCLE

Promenade illustrée dans les quartiers et villages d'autrefois

EDITIONS DU RHIN Dans la collection «L' au début du siècle» sont parus:

Mulhouse au début du siècle - 1987 au début du siècle - 1988 Strasbourg au début du siècle - 1989 Le Sundgau au début du siècle - 1990 Sélestat et le Haut-Kœnigsbourg au début du siècle - 1991 Saint-Louis et ses environs au début du siècle - 1992 SOMMAIRE

PRÉFACE 7 AVANT-PROPOS 9 D'UN CONSTAT À UNE PASSION 10 1. SAINT-LOUIS AVANT 1900 Il 2. SAINT-LOUIS EN 1900 19 3. LE CARREFOUR EN 1900 25 4. LA GARE 34 5. LA POSTE 41 6. LA DOUANE 46 7. LA MAIRIE 52 8. LA PAROISSE 54 9. LE MONUMENT AUX MORTS 58 10. LE TEMPLE ET LA SYNAGOGUE 60 11. LES ÉCOLES 62 12. LE MARCHÉ 66 13. LES ENTREPRISES 69 14. LES ÉVÉNEMENTS 91 15. LA RUE DE BÂLE 97 16. LA RUE DE MULHOUSE 103 17. LA RUE DU GÉNÉRAL-DE-GAULLE ...... 109 18. LA RUE DE ...... 115 19. BOURGFELDEN ...... 121 20. NEUWEG 132 21. VILLAGE-NEUF ...... 137 22. HUNINGUE 155 23. HÉGENHEIM 177 24. HÉSINGUE 181 25. BUSCHWILLER ...... 185 26. ...... 187 Je tiens à remercier tout particulièrement MM. J.J. DIEMER, Philippe THANNBERGER, Lucien BUTTICKER, Henri KOEBERLEIN, Marcel KRATZ qui ont bien voulu mettre à ma disposition certaines cartes; Mme MOLL, archiviste de la ville, M. PLATT, professeur d'histoire, Mmes STREBEL et MENWEG, MM. ZOELLE, NEIDL. Je voudrais également honorer la mémoire des regrettés G. FORLEN et L. BOOTZ auxquels j'ai emprunté certaines anecdotes qui apparaissent dans cet ouvrage. PRÉFACE

NOSTALGIE

omment ne pas applaudir à cette initiative qui nous propose un retour c sur l'histoire de notre ville, un retour sur notre histoire, un retour aux sources ! Et c'est un voyage, cher lecteur, qui vaut que l'on s'y attarde! Quelle plus éclatante façon de savoir comment était notre ville, comment vivaient nos prédécesseurs, dans quel cadre ils étaient heureux, que d'en montrer les «images»! On y va de surprise en surprise! Elle a toujours été belle, notre ville, regardez! Et nos Ludoviciens? Quels personnages! Vraiment, il eut été dommage que tant de trésors, accumulés par l'auteur — victime d'un coup de foudre passionnel pour sa ville — se con- tentent de dormir dans un écrin poussiéreux. Merci, cher ami, de les livrer à la curiosité gourmande de nos concitoyens et bravo pour toute la passion et l'acharnement que vous avez mis à les rassembler. Ce livre sera pour nous une magnifique leçon d'histoire locale, histoire des hommes, de leur environnement! Une machine extraordinaire à remonter le temps... Au siècle de la BD, quel symbole! La généalogie est à la mode, et pour une ville aussi, savoir d'où elle vient pour mieux lui permettre d'aller où l'on souhaite qu'elle aille, c'est important. Je suis sûr que tous ceux qui dégusteront ces pages, qui les passeront à la loupe, y trouveront beaucoup de plaisir; le plaisir de la découverte, le plaisir de s'entendre dire: «Tu te rappelles? Je m'en souviens encore», etc. C'était déjà beau, St-Louis, faut pas gâcher ce qui en reste... L'œil brille... Vous avez dit nostalgie? Merci, Antoine. Jean UEBERSCHLAG Député-Maire BIBLIOGRAPHIE ET SOURCES

— Annuaires de la Société d'Histoire de Huningue. - Annuaires de la Société d'Histoire sundgauvienne. - «Mémento» de la ville de St-Louis. — Histoire d'une forteresse de L. Kiechel. — Geschichte der Festung uon Huningen de K. Tschamber. — Chroniques de V. Krust. — Le chemin de fer de St-Louis à Strasbourg de Bazaine. — Documents divers des Archives municipales de St-Louis. AVANT-PROPOS

Si l'origine de la carte postale illustrée remonte à 1872 et prend son essor en Autriche, son pays d'origine, très vite ses voisins suisses et alle- mands utilisèrent ce nouveau moyen de correspondance. Les entreprises en firent également leur support publicitaire. L'illustration des cartes fut sou- vent confiée à des artistes célèbres tels Mucha, Hansi ou Spindler pour ne citer qu'eux.

Les éditeurs de lithographies étaient nombreux. A St-Louis le plus actif fut certainement J. Strebel qui a édité une bonne centaine de cartes à par- tir de 1896. Des papetiers comme Franck ou Meyer, le cordonnier Woerhlé en publièrent également, avant que la carte postale photo ne prenne le relais.

Visualiser les sites, les rues, les édifices est bien sûr la vocation pre- mière de la carte postale, d'y associer l'anecdote historique, amusante ou parfois tragique n'a été possible ici que grâce au remarquable travail de Georges Forlen et avant lui de Victor Krust.

Au fil des cartes vous verrez St-Louis et ses environs changer, pren- dre peu à peu le visage actuel. Le chemin parcouru a été immense, puisse cet ouvrage en être le témoin.

Antoine MISLIN D'UN CONSTAT À UNE PASSION

Nous sommes à la fin des années 1960. La Brasserie de St-Louis venait d'être démolie. Malgré le panneau «chantier interdit au public », j'avançais dans les décombres. Au fur et à mesure de mes pas mon sentiment d'habiter une ville où le passé «fout le camp» devint encore plus aigu. Peut-être aussi parce que j'avais grandi dans ce quartier et qu'avec Jean-Paul, l'ami d'enfance, les salles de brasserie et les entrepôts avec leurs belles façades à colombage étaient notre univers de jeux.

Puis de rencontres en discussions un groupe s'est créé, qui a entrepris une action modeste mais surtout symbolique : sauver le vieil acacia de la rue de Mulhouse.

Le groupe acacia, ainsi nommé, entreprit certaines actions dont une expo- sition de cartes postales et documents du vieux St-Louis. C'est à cette occasion que je fus atteint de «collectionite», cette manie passionnante et passionnelle, et me retrouvai 20 ans plus tard en possession de plus de 500 cartes postales de ma ville. Comme il n'est de vrai plaisir que partagé, je propose les plus belles au lecteur. Puisse cette promenade dans le St-Louis d'autrefois, par un formi- dable tour de magie, lui faire «remonter le temps». SAINT-LOUIS ET SES ENVIRONS AU DÉBUT DU SIÈCLE

St-Louis, du bisch Porte de Un mir han hit aile d'Chance Dich mit dam scheene Name z'kenne Un uns're Achtung dir z'bekenne.

Ja St-Louis fir ewig, du hesch dini Chance Du blibsch fir ewig Porte de France Du bisch Ville des Trois Frontière worda Dir g'hôrt d'r «Drei Lander-Orde».

Willy Reichhardt

Il était une fois ... un relais de poste, une chapelle, quelques maisons agglutinées le long d'une très ancienne voie de communication reliant Bâle à Strasbourg... et quelques personnes expulsées du vieux Huningue lorsque Vauban décida de raser le village pour construire une forteresse. Cela se passe non loin de Michelfelden et nous sommes en 1681. L'Alsace, ainsi que Breisach - de l'autre côté du Rhin - étaient conquises depuis une trentaine d'années et attribuées à la France en vertu du Traité de Westphalie. En 1679, Breisach devint le siège du «Conseil Supérieur d'Alsace». A la demande de M. De la Grange, intendant d'Alsace, Louis XIV, le 28 novembre 1684, décide de donner à ce hameau et suivant en cela les désirs des habitants «du village nouvellement basty proche Huningen» le nom de Saint-Louis, «sans pouvoir en après changer de nom pour quelque cause et pour quelque prétente que ce soit». Le Conseil Supérieur d 'Alsace à Breisach enregistra l'ordonnance royale le 10 avril 1685. Près de 300 ans plus tard la ville allemande de Breisach sera officiellement jumelée à St-Louis (25.6.1960).

St-Louis, importante bourgade à la porte de Bâle au siècle dernier, a grandi le long d'un axe routier reliant la métropole baloise à Mulhouse, Colmar, Sélestat, Strasbourg. L'intérêt de cette route fut commercial bien sûr, mais également stratégique avec la présence des Romains à Augusta-Raurica (Bâle), Gambete (), Argentorum (Strasbourg)... et culturelle également quand on connaît les mouvances engendrées depuis le Moyen-Age par les universités rhénanes de Bâle, Fribourg, Strasbourg et même Amsterdam. Après un développement timide autour de la chapelle Leroux (du nom de son bâtisseur), le village va s'étendre depuis les propriétés de Michelfelden jusqu'au croisement d'une autre voie de communication importante reliant la forteresse de Huningue nouvellement érigée avec l'ancienne route de la malle-poste, aujourd'hui Nationale 19. Cette aquarelle de Joseph Borneque nous propose une image d'ensemble depuis la Brasserie jusqu'au Carrefour.

Malgré quelques erreurs de perspective, cette carte nous permet néanmoins d'apprécier en cette fin du XIXe siècle l'animation autour du carrefour et jusque dans l'Unterdorf. L'une des plus anciennes cartes postales illustrées de St-Ludwig. Cette chromolithographie qui a circulé en 1897, est éditée par la maison Joseph Strebel, encadreur et papetier, sise au carrefour.

Le détail de la carte précédente nous permet de situer les commerces en activité en cette fin de siècle : - la maison d'angle anc. Chiappini occupée par Haubensack, qui vendait des chaussures; - par un escalier on accède sur la gauche à Dieudonné, coiffeur, à Strebel, encadreur et papetier sur la droite ; - la maison suivante d'inspiration flamande abritait un négoce de métaux et quincaillerie tenue par M. Schneeberger. La maison, démolie en 1899, sera reconstruite à La Wanzenau, rue du Ballon. 1È1 « Est-ce un hasard que la maison de Th. Woehrlé soit représentée au premier plan? Ou serait-ce parce qu'il était lui-même l'éditeur de cette carte? L'écrivain Oscar Woehrlé, né en 1890 y a grandi. Il nous a laissé au travers de «Baldamus und seine Streiche», la narration de scènes épiques. Des mains de sa maman Woehrlé écrivait: Meine Mutter Hande / Waren von Schrunden zerflammt / Doch wenn Sie mir über Stirne strich / So tat das samter als Samt.

L'imposante fabrique de rubans Sarazin (200 métiers, 580 ouvriers), occupait dès 1884 cet emplacement, devenu l'hypercentre de la ville. En 1963, ces bâtiments, occupés alors par un détachement de C.R.S., furent démolis et remplacés par un immeuble collectif abritant au rez-de-chaussée le premier grand maga- sin de la ville. 66 ans auparavant Aloyse Steinle tenait déjà son stand de marchand de quatre-saisons sur ce site propice au commerce. Ce «Gruss» illustre le haut de la ville. C'est la seule chromolithographie représentant la rue de Bâle dans sa partie supérieure à hauteur de la station terminus du tram. L immeuble en médaillon est t actuel restau- rant de «L'Etoile» à l'angle de la rue du Rhin.

Probablement la première représentation photographique en carte postale de 1898, réalisée par l'éditeur Cellarius de Ste-Marie-aux-Mines. La vue nous permet de confronter l'imagination débridée de l'illustra- teur avec la réalité triviale de la photographie. Cette vue d'ensemble depuis le château d'eau de la rubannerie Fischer et Cie (textile en biais), dans l'ave- nue du Général-de-Gaulle, nous montre la densité urbaine aux abords de l'ancienne gare. Cet espace, baptisé aujourd'hui «Carré de St-Louis» fera l'objet d'un vaste programme immobilier. François Witters- bach, et 150 années après lui Jean Ueberschlag, auront profondément remodelé l'urbanisme de ce même quartier, le premier pour avoir osé et réalisé la première gare, le second pour avoir concrétisé un projet vieux de 20 ans, cher au regretté maire Théo Bachmann.

Cette carte passe-partout romantique de 1899, en vente à la papeterie Frank de l'époque, nous dévoile un centre-ville harmonieusement dessiné. Le carrefour et sa transformation. La maison à colombage abritant la papeterie Strebel devra, en 1899, céder sa place à l'imposant immeuble moderne de Max Oettinger, négociant en cigares. Cette construc- tion sera achevée en 1900. A l'extrême gauche, se trouve la grande maison du maire en place à l'époque : Adolphe Lauby, marchand de bois.

En cette fin de siècle, le photographe Cellarius de Ste-Marie-aux-Mines nous propose quelques édifices du patrimoine ludovicien. Le temple protestant n'a que 15 ans d'âge, la poste n'en compte que 6, tandis que l'immeuble «Hôtel John» accumule pas loin de 90 printemps. L'instruction des filles était dispensée dans cette grande maison à colombage devenue école. La petite église de 1762, en bordure de la rue principale, sera démolie.

Construite en 1933, jadis isolée sur les hauteurs de Buschwiller, l'église est entourée de nos jours de multi- ples pavillons. Seul vestige de l'ancienne église, un remarquable retable sculpté en 1690, évoquant la fuite en Egypte, l'adoration des mages et la mort de saint Joseph est conservé. Ce retable destiné à l'abbaye de Mariastein fut transféré à Buschwiller en 1798. Ce village, jadis fortifié, sera mentionné dès le VIlle siècle. Château fort, monastère, prieuré et synagogue sont les signes évidents d'un village important et prospère. Parmi les plus gros villages de notre région, Blotzheim dispose d'une histoire forte, car liée à des personnages célèbres tel Bernardin Juif, ce curé réfrac- taire des années sombres de la Révolution française. C'est un des rares villages à posséder 2 «châteaux a et 2 églises dont l'une, Notre-Dame du Chêne est un lieu de pèlerinage.

Le Banhof de Blotzheim est bien celui de Neuweg... Dire que Blotzheim aurait pu, suivant un premier tracé de la ligne de chemin de fer, avoir sur son ban en 1840 déjà, la voie de chemin de fer «intra muros », si son conseil de l'époque n'avait eu, paraît-il, peur de la peste et du choléra que provoqueraient les fumées des locomotives!