MINISTERE DE L’AGRICULTURE Secrétariat général UNITE POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT RURAL (UPDR)

ETUDE « DIAGNOSTIC ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE RIZ A » FAO TCP/MAG/8821

ANALYSE - DIAGNOSTIC DE LA FILIERE RIZ DANS LA REGION EST

RAPPORT PROVISOIRE PREPARATION DE L’ATELIER REGIONAL

Vendredi 5 mai 2000

Document de travail

Ce document présente les résultats d’une étude FAO réalisée avec l’UPDR sur base d’une enquête filière consolidée avec les résultats de l’EAB. Les volumes de production et les surfaces rizicoles diffèrent des chiffres officiels du MINAGRI et n’engagent à ce stade que les experts responsables de l’Etude.

Ont collaboré à ce rapport les consultants indépendants, chercheurs de la FOFIFA et du CIRAD :

Alfred Raherivelo Infrastructures d’irrigation et routières

Jacqueline Rakotoarisoa Analyse des systèmes de culture et des systèmes de production

Jean-Marie Rakotovao et Léonce Ranarison Analyse des données à partir des enquêtes

Théophile Ramarojaona Analyse de la commercialisation

Abel Henri Ratovo et Victor Kakotoniaisa Analyse financière

Luc Razafimandimby Organisation et fonctionnement de la filière, relations entre acteurs, synthèse régionale

Louis Bockel Modélisation de la filière, analyse nationale

Marie-Hélène Dabat Analyse économique, coordination et synthèse régionale

Définitions n

Agent ou opérateur : On appelle agent ou opérateur, un acteur économique, c’est à dire une cellule élémentaire intervenant dans l’économie, un centre autonome d’action et de décision (paysan, commerçant, entreprise, organisme de développement).

Analyse financière : on parle d’analyse financière quand il s’agit de mesurer les résultats financiers d’une activité en tenant compte pour les produits, de la seule production commercialisée, et pour les charges de celles qui font uniquement l’objet d’une transaction monétaire. Ainsi des variables telles que l’autoconsommation, les dons, les paiements en nature, le travail familial…qui contribuent à l’activité de l’agent, n’apparaissent pas dans les comptes d’exploitation des agents économiques.

Analyse économique : il s’agit de donner une valeur monétaire à l’ensemble ou à certaines des variables précédentes de façon à intégrer dans l’analyse l’ensemble des éléments qui vont déterminer la stratégie du producteur. Cela facilite également la comparaison des résultats d’exploitation entre secteurs ou filières pour lesquelles les niveaux d’autoconsommation et de travail familial diffèrent. L’analyse économique peut utiliser les prix de marché ou prix financiers ou bien utiliser un nouveau système de prix.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 2

Analyse des politiques : L'analyse des politiques regroupe l'ensemble des outils employés pour suivre l'impact/ l'effet des mesures politiques en cours, sur l'ensemble du secteur rural et sur les principales filières de production. Il s’agit de simuler des mesures à l'étude pour en estimer les effets possibles. Ceci vise à fournir aux décideurs un appui à la décision (notamment révision de la politique en cours)...

Diagnostic stratégique : Le concept de diagnostic stratégique s'oppose aux Habituelles « descriptions » de la « situation actuelle ». De telles descriptions sont certes nécessaires, mais elles ne sauraient tenir lieu de diagnostic, c'est à dire de jugement porté sur cette situation. Le diagnostic sera dit stratégique s'il s'oriente déjà vers des propositions. Le diagnostic stratégique consistera à faire une sélection des problèmes avec les individus qui sont cHargés de mettre en oeuvre les solutions, ensuite à les expliquer et les hiérarchiser, puis à inventorier les solutions envisageables. - Exploiter l'analyse de la situation actuelle, - Faire l’inventaire et la hiérarchisation des problèmes à résoudre - Envisager et proposer différentes solutions pour résoudre ces problèmes (y compris des alternatives de solutions possibles pour un problème donné).

Filière de production : On appelle filière de production l'ensemble des agents économiques qui concourrent directement à la production, à la commercialisation puis à la transformation et à l'acheminement jusqu'au marché de réalisation d'un même produit. En ce qui concerne les filières agricoles, il en est ainsi du riz, du coton, de l'arachide, de l'élevage (filière viande, filière cuirs et peau). La filière englobe la succession des opérations qui, partant en amont d'une matière première - ou d'un produit intermédiaire - aboutit en aval, après plusieurs stades de transformation, valorisation, commercialisation à un ou plusieurs produits finis au niveau du marché de consommation ou de l'exportation.

L'étude ou l'analyse de filière permet la mise à plat d'une filière de production en définissant les intervenants, les circuits, les flux de produits ; en analysant la commercialisation, la transformation de ces produits puis leur débouché pour la consommation ou l’exportation. Une fois mise à plat, la filière fait l'objet d'un bilan financier par intervenant et au niveau global puis d'un bilan économique... Une telle étude doit prendre en compte les aspects financiers, commerciaux, humains, politiques, législatifs, économiques.

Mesure politique : Une mesure est un acte du Gouvernement dans le domaine législatif, réglementaire, institutionnel, organisationnel n'impliquant pas d'investissement ou de dépenses autres que les dépenses de fonctionnement des administrations cHargées de l'exécution de la mesure.

Stratégie de développement : La stratégie de développement est l'ensemble des actions coordonnées pour atteindre un objectif de développement. La stratégie n'est pas comme la politique une exclusivité gouvernementale, cHaque agent économique peut avoir sa propre stratégie. Une stratégie se concrétisera par un programme d'investissement et si nécessaire des mesures d'accompagnement.

Valeur ajoutée : La valeur ajoutée est la richesse nouvelle que crée une activité de production. Elle n’est pas mesurée par la valeur brute P du produit, mais par cette valeur P diminuée des richesses qu’il a fallu consommer (consommations intermédiaires CI) pour la produire. La valeur ajoutée mesure ainsi la création de richesse, l’apport du processus de production-commercialisation considéré à la croissance de l’économie.

Revenu brut d’exploitation : c’est la composante de la valeur ajoutée qui revient à l’exploitant. On la mesure en déduisant de la valeur du produit, les consommations intermédiaires puis les autres composantes de la valeur ajoutée (salaires, impôts et taxes, frais financiers).

Système de culture : ensemble des facteurs (type de terroir, régime hydrique, mode de faire-valoir, pratiques culturales, intrants agricoles…) mis en œuvre par un exploitant pour assurer la production d’un type de riziculture (aquatique, pluvial, tavy). L’analyse des systèmes de culture porte donc essentiellement sur des variables agronomiques. Elle se prête bien à l’étude des performances techniques de la riziculture en terme de rendements..

Système de production : il définit la place faite dans l’exploitation à chacun des types de riziculture (aquatique, pluviale, tavy). En d’autres termes, c’est le mode de combinaison de deux ou trois types de riziculture au sein d’une même exploitation. L’analyse des systèmes de production permet de comprendre l’économie des ménages de riziculteurs, leurs stratégies d’exploitation, leur fragilité ou leur capacité d’accumulation.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 3

Table des matières

1. INTRODUCTION ...... 6

1.1. IMPORTANCE DE LA FILIERE RIZ A MADAGASCAR ...... 6 1.2. PRESENTATION DU CADRE DE L’ETUDE FAO/UPDR ...... 7 1.3. UN DIAGNOSTIC STRATEGIQUE PAR SOUS-FILIERE REGIONALE ...... 7 2. RESULTATS NATIONAUX ET PLACE DE LA REGION DANS LA RIZICULTURE MALGACHE ...... 8

2.1. LE POIDS ECONOMIQUE DE LA FILIERE RIZICOLE NATIONALE ...... 8 2.2. MIEUX CONNAITRE LES RIZICULTEURS POUR DYNAMISER LE SECTEUR ...... 9 2.2.1. Depuis une approche par système de production à partir de critères agronomiques… ...... 9 2.2.2. … A une approche par stratégie d’exploitation basée sur des critères économiques ...... 9 2.2.2.1. Les producteurs relevant de la micro-stratégie rizicole d’auto-subsistance ...... 10 2.2.2.2 Les producteurs relevant de la stratégie de spéculation rizicole ...... 10 2.2.2.3. Les riziculteurs relevant de la stratégie de polyculture avec auto-suffisance partielle en riz...... 11 2.3. UNE FORTE AUTOCONSOMMATION ET DES RESULTATS D’EXPLOITATION MEDIOCRES ...... 11 2.4. L’AJUSTEMENT DE L’OFFRE A LA DEMANDE PAR LES ECHANGES EXTERIEURS ...... 12 2.5. LES BENEFICIAIRES DE LA VALEUR AJOUTEE AU NIVEAU NATIONAL ...... 14 2.5.1. D’un point de vue financier… ...... 14 2.5.2. D’un point de vue économique… ...... 14 2.6. POSITION ET POIDS DE LA REGION EST DANS LA FILIERE NATIONALE ...... 15 3. ANALYSE DES SYSTEMES DE CULTURE ET DE PRODUCTION ...... 17

3.1. CARACTERISTIQUES DES RIZICULTEURS DE LA REGION EST ...... 17 3.2. CARACTERISTIQUES ET PERFORMANCES DES SYSTEMES DE CULTURE ...... 17 3.3. ANALYSE COMPAREE DES COUTS DE PRODUCTION SELON LES SYSTEMES DE CULTURE ...... 19 3.4 – CARACTERISTIQUES ET PERFORMANCES DES SYSTEMES DE PRODUCTION...... 19 4. AMENAGEMENTS HYDRO-AGRICOLES ET INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT ...... 22

4.1. TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS EN SYSTEME IRRIGUE ...... 22 4.2. SITUATION DES PERIMETRES IRRIGUES : HISTORIQUE DES AMENAGEMENTS ET ETAT DES RESEAUX ...... 23 4.3. ROLE ET MOTIVATION DES ASSOCIATIONS DES USAGERS DE L’EAU ...... 24 4.4. ETAT DES INFRASTRUCTURES DE COMMUNICATION ...... 24 4.5. CONTRAINTES ET ATOUTS DE LA REGION EST ...... 25 4.6. ANALYSE DES PERFORMANCES ET DES CONTRAINTES DU SYSTEME D’IRRIGATION ...... 26 4.6.1 Des situations de maîtrise de l’eau différenciées ...... 26 4.6.2 Une accumulation de contraintes de plusieurs natures ...... 26 4.7. RECOMMANDATIONS D’AMELIORATION DU FONCTIONNEMENT DES PERIMETRES ...... 26 4.7.1. Les attentes des agriculteurs ...... 26 4.7.2. Quelques propositions d’amélioration du fonctionnement des périmètres irrigués ...... 28 5. STRUCTURE, ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA FILIERE REGIONALE ...... 29

5.1. ANALYSE FONCTIONNELLE : LA FORTE MULTIFONCTIONNALITE DES AGENTS ...... 29 5.2. GRAPHE DE LA SOUS-FILIERE ET FLUX PHYSIQUES DE PADDY ET DE RIZ ...... 30 4.2 PRESENTATION DU GRAPHE DE LA SOUS -FILIERE RIZ DE LA COTE EST ...... 31 5.3. FONCTIONS ET STRATEGIES MICRO-ECONOMIQUES DES AGENTS DE LA FILIERE ...... 32 5.3.1. La fonction d’approvisionnement ou l’amont de la filière ...... 32 5.3.2. La fonction de collecte ou le premier stade de l’aval de la filière ...... 32 5.3.2.1. Généralités sur les collecteurs ...... 32 5.3.2.2. Profil micro-économique des collecteurs ...... 34 5.3.3 La fonction transformation ...... 34 5.3.4. La commercialisation ...... 35 5.3.4.1. Les grossistes ...... 35 5.3.4.2. Le profil micro-économique du grossiste ...... 36 5.3.4.2. Les détaillants ...... 36 5.3.4.3. Caractéristiques et profil micro-économique des détaillants ...... 37

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 4 5.4. L’ENVIRONNEMENT DU SECTEUR PRODUCTIF : LES STRUCTURES D’APPUI ...... 37 5.4.1. Les structures d’appuis ...... 37 5.4.2. L’encadrement des riziculteurs ...... 38 5.4.3. Le crédit rural ...... 38 6. ANALYSE DE LA CONSOMMATION DE RIZ ...... 39

6.1. LA CONSOMMATION URBAINE ...... 39 6.2. LA CONSOMMATION RURALE ...... 39 7.1. LES RETOMBEES DE LA FILIERE PAR LE BIAIS DES CONSOMMATIONS INTERMEDIAIRES ...... 41 7.2. LES REVENUS CREES PAR LA FILIERE RIZ ET LEUR REPARTITION ...... 41 7.2.1. Qui crée la richesse économique ? ...... 41 7.2.2. Des revenus très faibles pour le riziculteur...... 43 7.2.3. Des revenus unitaires comparativement plus élevés en aval ...... 43 7.2.4. Une filière qui profite essentiellement aux entreprises ...... 44 8. DIAGNOSTIC PROSPECTIF : CONTRAINTES, PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS ...... 45

8.1. SYNTHESE DE LA SITUATION ACTUELLE DANS LA REGION EST ...... 45 8.2. PERSPECTIVES D’EVOLUTION ET RECOMMANDATIONS D’ACTIONS ...... 45 8.2.1. Recommandations générales ...... 45 8.2.2. Simulations d’alternatives et d’évolutions factuelles ...... 45 8.2.2.1. Augmentation de la production ...... 45 8.2.2.2. Augmentation du prix du riz et hausse du prix du carburant ...... 46 8.2.3. Recommandations particulières : baisse de la TVA sur les intrants et protection douanière ...... 46 8.3 RECOMMANDATIONS D ’ACTIONS OPERATIONNELLES ...... 47 8.3.1. Objectifs et actions de court terme (2003) ...... 47 8.3.2. Objectifs et actions de moyen terme (2002-2006) ...... 48

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 5 1. INTRODUCTION

1.1. IMPORTANCE DE LA FILIERE RIZ A MADAGASCAR

Jusqu’au milieu des années 80, les pouvoirs publics ont exercé une forte tutelle sur l'organisation de la filière rizicole 1 et sur son fonctionnement : réglementation en matière de prix à la production et à la consommation, administration et coordination des activités du secteur (bureau de stabilisation et de commercialisation du riz). Ceci s‘explique par le caractère stratégique du riz en matière de consommation et par un héritage colonial de protection à la fois des consommateurs et des producteurs.

Le riz est cultivé à Madagascar dans toutes les situations et toutes les régions. Il est intimement lié à la vie culturelle et quotidienne malgache. Il constitue la principale filière vivrière du pays. Dans les vingt dernières années, du fait de l’évolution des conditions économiques générales et de la désorganisation périodique des structures, la place du riz a subi une double évolution. La production n’a pas suivi l’augmentation de la demande et la production disponible par tête en riz blanc aurait baissé de 138 Kg en 1975 à près de 130 Kg en 1998. Les importations ont permis de compenser partiellement ce déficit de production locale. Jusqu’en 1995, elles sont restées inférieures à 100.000 tonnes/an, elles se rapprochent de 180.000 tonnes actuellement. La substitution au riz d’autres sources alimentaires, notamment des tubercules, est à noter également dans le cadre de l’urbanisation croissante et de l’expansion des filières maïs et manioc.

Malgré les efforts entrepris pour améliorer la production et la diffusion d’innovations, la productivité reste faible et l’utilisation d’intrants (engrais, semences) est très en deçà des recommandations de la recherche (10 Kg/Ha contre 340 Kg/Ha préconisés). Le potentiel de terres irriguées est loin d’être négligeable et de nombreux aménagements ont été réalisés, qu’ils soient de conception traditionnelle ou récente ; mais la maîtrise de l’eau n’est pas acquise, du fait des conditions naturelles ou de l’insuffisance d’entretien des infrastructures d’irrigation.

La riziculture malgache est très diversifiée et ne peut se résoudre à un modèle simplifié. Les systèmes de culture et les systèmes de production y sont nombreux. Ces systèmes ont des modes de conduite différents selon les origines du peuplement, la densité de population, les caractéristiques du relief et du régime hydraulique des cours d’eau.

La diversité des systèmes de production se retrouve aussi en matière de fonctionnement et de stratégie de décision des producteurs. Des analyses déjà anciennes 2, ont montré que, dans les exploitations agricoles des Hauts Plateaux, les mouvements d’échanges en riz ne s’expliquaient pas simplement par les besoins d’autoconsommation de la famille mais aussi les exigences des relations familiales et de besoins monétaires. Dans certaines régions (Lac Alaotra, Marovay) la production rizicole alimentait même directement un circuit de commercialisation dont une partie était destinée à l’exportation. Quelles que soient les régions, un réseau de sous-collecteurs et collecteurs, agréés par des usiniers privés, achetaient la production de riz. Cette organisation n’a pas survécu aux désordres économiques engendrés par les différents modes de gestion de la filière et en particulier lors de la création des sociétés étatiques de transformation et de commercialisation.

La situation de la filière rizicole ne peut pas être isolée de celle de l’ensemble des filières vivrières et du problème de l’alimentation des populations urbaines et rurales. Des projets ou programmes, soutenus par les bailleurs extérieurs, apportent un appui à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté qui sont parmi les priorités affichées par le gouvernement.

Soucieux de mettre en œuvre une véritable politique rizicole dans le pays, le ministère chargé du développement rural, par le biais de l’Unité de Politique de Développent Rural (UPDR), a organisé en avril 1996 un atelier pour faire l’état des lieux de la filière riz, avec le soutien financier de la Banque Mondiale et le soutien technique de la FAO et du PNUD. La masse d’informations rassemblées et l’importance des échanges de points de vue au cours de cet atelier sont une avancée considérable dans la connaissance de cette filière. Néanmoins, la complexité de la filière est grande et les enjeux de son organisation sont énormes. Or il s’avère que les statistiques de base doivent être actualisées et que l’analyse économique de la filière est quasi inexistante, malgré quelques éclairages ponctuels 3.

1 Que nous appelons par simplification « la filière riz ». 2 Guy de Haut de Sigy et al . Section économie rurale IRAM 1966; Etat des lieux de la filière riz (avril 1996); suivi des Hameaux test (FOFIFA - 1990). 3 FOFIFA/CIRAD (Leplaideur, 1993), l’étude CERDI sur le commerce du riz (1993), les études de l’AFD (Hirsch, 93 et 2000). Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 6 1.2. PRESENTATION DU CADRE DE L’ETUDE FAO/UPDR 4

Le riz constitue la principale filière agricole à Madagascar. Son poids économique en fait un pilier majeur dans l’ensemble du développement socio-économique de l’île. Cette filière a été déjà très étudiée sur de nombreux aspects relatifs aux systèmes de production, techniques, coûts de production, aménagements hydrauliques, habitudes de consommation, problèmes de commercialisation et de transformation, notamment lors de l’atelier de Mantasoa.

L’objectif du projet FAO / UPDR est d’aider le gouvernement à :  améliorer le diagnostic entamé par la préparation et la tenue de l’atelier sur l’état des lieux de la filière riz,  actualiser l’étude économique de la filière,  renforcer l’analyse des situations et des résultats à tous les stades de la filière,  et définir les priorités et les choix à faire pour une politique de la filière.

A noter que, pour cette étude, le gouvernement malgache 5 et la FAO privilégient la dimension économique de l’analyse de la filière riz et tout particulièrement l’analyse de l’intégration de ces activités dans le contexte macro-économique de Madagascar.

Une analyse approfondie était véritablement indispensable pour permettre aux autorités nationales de mettre en œuvre une politique adéquate pour relancer la filière riz en cogérant mesures de contrôle, mesures d’encouragement, investissements publics et prestations de service aux producteurs et aux opérateurs de la filière .

Une telle politique doit répondre notamment à l’ensemble des points suivants :

 Comment relancer rapidement la production rizicole commercialisée qui provient davantage de certaines zones de production bénéficiant d’avantages structurels ?

 Comment renforcer les dynamiques régionales de filière (suppression des goulots d’étranglement : enclavement, accès limité aux services, situations de monopole) ?

 Comment répondre au phénomène de détérioration des grands périmètres irrigués et aux dérives de gestion engendrées par le retrait de l’Etat ?

 Comment relancer une dynamique d’intensification au niveau des producteurs (efficacité des associations, accroissement de l’utilisation des intrants, développement de la vulgarisation, accès facilité au crédit, prix plus rémunérateur au producteur…) ?

1.3. UN DIAGNOSTIC STRATEGIQUE PAR SOUS-FILIERE REGIONALE

La grande diversité des situations rizicoles régionales (situations agro-écologiques, polyvalence des exploitations, dominance de certains systèmes de culture, part de l’autoconsommation, organisation de la transformation et de la commercialisation, services d’appui aux exploitants…) suppose de mener une réflexion stratégique par sous filière régionale d’approvisionnement en riz sous peine de ne pas apporter des réponses suffisamment adaptées aux dysfonctionnements locaux. Le poids du sous secteur riz dans les économies rurales locales lui confère un rôle multiple, comme principal secteur employeur, secteur important en terme de distribution de revenus, poste majeur dans les dépenses alimentaires et totales des ménages, poids lourd dans la sécurité alimentaire régionale.

L’évolution de ce secteur est donc un sujet majeur à discuter dans un cadre de réflexion stratégique et de politique régionale en impliquant les principaux partenaires au développement (opérateurs privés, représentants des riziculteurs, services publics, ONG et projets). Selon les régions, que ce soit pour améliorer l’approvisionnement ou pour gérer l’écoulement des excédents, les stratégies seront fortement différenciées tout en s’intégrant dans un cadre cohérent à l’échelle nationale.

Six régions ont été délimitées comme unités géographiques de base de l’analyse après regroupement de sous-régions administratives et agro-écologiques (voir en Annexe 1 la liste des fivondrona qui les constituent).

4 Il s’agit d’une étude commanditée par le Gouvernement malgache et appuyée financièrement et techniquement par la FAO. 5 Selon les orientations données par Mme le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 7 2. RESULTATS NATIONAUX ET PLACE DE LA REGION DANS LA RIZICULTURE MALGACHE

2.1. LE POIDS ECONOMIQUE DE LA FILIERE RIZICOLE NATIONALE

La riziculture à Madagascar est pratiquée par 1.721.000 exploitants travaillant sur 1.450.000 Ha de surfaces cultivées en paddy, soit 0,84 Ha de surface rizicole par exploitation. Le volume brut de production de 2,78 millions de tonnes de paddy génère un volume disponible de 2,59 millions de tonnes en 1999 6, soit 1,73 millions de tonnes de riz. 62% du paddy est destiné à l’autoconsommation soit 1,61 millions de tonnes de paddy laissant un disponible de 978.000 tonnes. 782.000 tonnes de paddy sont commercialisées, le reste étant employé en dons, redevances…

Le volume annuel de riz malgache ainsi commercialisé sur le marché par les producteurs est d’environ 520.000 tonnes, auxquelles s’ajoutent 180.000 tonnes de riz importé 7, soit un volume annuel total de près de 700.000 tonnes de riz commercialisé. Ce riz passe par un ensemble d’opérateurs avant d’être vendu au détail auprès de consommateurs à hauteur de 415.000 tonnes en milieu urbain (couverture des besoins de 3,71 millions de consommateurs urbains à raison de 112 Kg/an) et de 293.000 tonnes en zone rurale.

La coexistence de régions excédentaires et déficitaires et la structure de consommation sensiblement différente des agglomérations urbaines engendrent un volume important d’échanges interrégionaux de 177- 178.000 tonnes de riz local provenant de zones excédentaires.

Avec un chiffre d’affaires de 4.900 milliards de Fmg pouvant aller jusqu’à 6.600 milliards de Fmg, si on intègre la valeur monétaire au prix de marché de la partie non commercialisée de la production, la filière d’approvisionnement en riz constitue la première activité économique de Madagascar en termes de volume, générant une valeur ajoutée économique de 2.200 milliards de Fmg.

Elle constitue une activité professionnelle pour 1.750.000 opérateurs, généralement chefs de ménage dont les revenus affectent ainsi une population rurale et urbaine de près de 9-10 millions d’habitants. Le volume de travail généré simplement par la production rizicole (hors transformation et commercialisation) correspond à 242 millions de jours de travail par an, soit l’équivalent de 970.000 emplois à plein temps auxquels s’ajoutent près de 70.000 emplois salariés générés en aval de la production. La filière est également génératrice d’emplois et de créations de richesses en amont (commercialisation des intrants et de l’équipement / matériel) et dans les services d’appui au milieu rural.

6 Notons que les chiffres officiels de production étaient de 2.500.000 tonnes en 1996 et 2.558.000 tonnes en 1997. Plus que d’une amélioration du niveau de production en 1999, il s’agit d’une estimation sensiblement différente basée à la fois sur le recensement agricole des exploitants de 1998 et les résultats de l’enquête FAO/UPDR, tout en conservant une certaine cohérence avec les chiffres officiels. 7 Ce volume est un maximum qui pourrait bien avoir été atteint cette année. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 8 2.2. MIEUX CONNAITRE LES RIZICULTEURS POUR DYNAMISER LE SECTEUR

2.2.1. Depuis une approche par système de production à partir de critères agronomiques…

L’étude a distingué a priori 18 systèmes de production à raison d’une moyenne de 3 systèmes de production pour chacune des 6 régions étudiées parmi 7 systèmes de production existant à Madagascar (Annexe 1). Les critères d’identification de ces 18 systèmes de production sont liés : (i) au type de riziculture selon le type de terroir et le mode d’alimentation hydrique, (ii) au nombre de récolte de riz réalisées en une année pour un type de riziculture ou pour la pratique simultanée de 2 ou 3 types de riziculture, (iii) à l’état du sol après la récolte du riz, (iv) à la région concernée. Ils ont servi de base à la constitution de l’échantillon de l’enquête auprès des producteurs.

Ainsi les 7 systèmes de production recensés à Madagascar peuvent être dominants , minoritaires ou inexistants selon les régions concernées, on identifie :

- la « simple riziculture aquatique » est le système de production le plus pratiqué à Madagascar. Elle intéresse plus de 1 million d’exploitants rizicoles et 55% des superficies cultivées. Elle se pratique dans 5 sur 6 des régions enquêtées ;

- cette riziculture est suivie par le système « riz aquatique et riz pluvial », pratiqué par environ 235.000 exploitants rizicoles et qui représente 17% des superficies emblavées en riz. On le rencontre dans le Nord, le Centre-Ouest, les hauts Plateaux et au lac Alaotra ;

- le « riz aquatique et riz tavy » se positionne en troisième position. Avec de l’ordre de 142.000 exploitants rizicoles, il couvre 9% de la riziculture malgache et se retrouve dans le Nord et à l’Est ;

- la « double riziculture aquatique » vient ensuite. Elle représente 7% des superficies rizicultivées et intéresse environ 107.000 exploitants du Nord-Ouest, du Nord et du Centre-Ouest ;

- pratiqué uniquement dans le Centre-Ouest par quelques 59.000 exploitants, le système combinant « double riziculture aquatique, simple riziculture aquatique et riz pluvial » occupe 6% de la superficie rizicole nationale ;

- enfin les deux derniers systèmes, « simple riziculture aquatique suivie d’une autre culture » et « tavy exclusif », occupent une superficie respective de 3% de l’ensemble. Ces systèmes de production sont respectivement pratiqués par environ 53.000 et 79.000 exploitants. Le « tavy exclusif » ne se fait qu’à l’Est tandis que la « simple riziculture aquatique suivie d’une autre culture » se rencontre dans le Nord-Ouest et sur les Hauts Plateaux.

Ce classement des riziculteurs par système de production est satisfaisant d’un point de vue des variables agronomiques qui caractérisent la diversité des situations de culture rencontrées sur le terrain. Il est de plus très opérationnel puisque les services statistiques du ministère de l’Agriculture peuvent fournir une répartition des exploitations rizicoles malgaches par système de production (Enquête Agricole de base 1998/1999), ce qui a permis de constituer un échantillon diversifié de riziculteurs à enquêter et de pouvoir tenir compte de cette diversité des situations dans l’analyse et les recommandations faites dans le cadre de l’étude FAO/UPDR.

Cependant l’approche par système de production n’est pas suffisante pour comprendre les stratégies économiques des riziculteurs, leurs modes d’arbitrage, leur vulnérabilité face aux contraintes qu’ils rencontrent et à la variabilité de leur environnement, et leurs résultats. Elle doit être complétée par une approche qui intègre des critères de classification économiques de façon à identifier avec plus de pertinence (objectifs / besoins) les mesures à mettre en œuvre pour dynamiser avec efficacité (résultats / objectifs) les activités rizicoles locales.

2.2.2. … A une approche par stratégie d’exploitation basée sur des critères économiques

Les riziculteurs malgaches dans une forte majorité sont amenés à cultiver le riz sur des surfaces très réduites et en complément d’autres cultures. Il existe très peu d’exploitants monoproducteurs de riz à Madagascar, même sur périmètres irrigués et excepté dans certaines zones très concentrées comme le lac Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 9 Alaotra, comme on peut le rencontrer dans certains pays d’Asie et d ‘Afrique. Ainsi il n’y a que 5 des 18 systèmes de production étudiés, où la surface en riz moyenne par exploitation dépasse 1 Ha , soit près de 22% des producteurs. A l’autre extrême, 59% des exploitations travaillent avec moins de 0,7 Ha dans une situation de « quasi-maraîchage rizicole » (8 systèmes de production concernés).

L’enquête a permis de distinguer a posteriori 3 stratégies d’exploitation rizicoles différentes et de rapprocher les 18 systèmes de production de cette typologie stratégique (Annexe 2) :

 les micro-producteurs disposant de moyens et de conditions de production très limitées (foncier, capital, accès au marché, équipement, travail) et qui ont une stratégie rizicole d’autosubsistance ;

 les producteurs positionnés sur la vente de riz et disposant d’un potentiel technico-économique d’intensification ou d’expansion (moyens, marché, organisation, terres, taille d’exploitation) ;

 les producteurs de rente polyvalents disposant d’autres alternatives de cultures de rente et de revenus, ce qui les écarte d’une stratégie d’expansion des activités rizicoles bien qu’ils cherchent à maintenir un certain degré d’auto-suffisance en riz.

2.2.2.1. Les producteurs relevant de la micro-stratégie rizicole d’auto-subsistance

Ces exploitants en situation de micro-stratégie rizicole d’auto-suffisance (potentiel limité d’expansion) produisent en moyenne 816 Kg de paddy avec une surface limitée (0,66 Ha); ils vendent moins de 150 Kg de paddy en moyenne et présentent un solde « ventes – achats de riz » très négatif (moins 300 à moins 400.000 Fmg). Avec seulement 1,52 million de Fmg par ménage par an (209.000 Fmg/mois), leur produit brut (riz, autres produits agricoles, élevage, pêche, artisanat, salaires) est de 42% plus bas que le produit moyen national de l’ensemble des riziculteurs (2,6 millions de Fmg/an selon l’enquête). Cinq systèmes, constituant la quasi-totalité des systèmes du Nord et de l’Est, comprennent une majorité de riziculteurs qui appartiennent à cette catégorie.

Ces 5 systèmes de micro-producteurs regroupent presque 600.000 exploitants rizicoles (34% des producteurs) et produisent plus de 480.000 tonnes de paddy (17% de la production brute) avec un rendement moyen de 1,24 tonnes/Ha. Ils représentent un peu moins de 400.000 Ha de surface rizicole cultivée. Avec valorisation de l’autoconsommation, leur revenu brut issu du riz est de 460.000 Fmg.

Recommandation : Le degré de vulnérabilité de ces exploitants qui ont des revenus financiers ou réels faibles ou négatifs, devra être pris en compte dans une stratégie plus orientée « sécurité alimentaire » avec diversification des activités génératrices des revenus et une gestion aval des stocks par les producteurs.

2.2.2.2 Les producteurs relevant de la stratégie de spéculation rizicole

A l’opposé, on peut distinguer 7 systèmes de production plus performants, avec un solde très positif « ventes – achats de riz » (supérieur à 1 million de Fmg), avec en moyenne 2.500 Kg de paddy de production (1.500-5.500 Kg), au moins 900 Kg de ventes moyennes par an et un produit moyen de 3,15 millions de Fmg (toutes sources confondues) et un solde « achats – ventes de riz » très positif. Il s’agit des systèmes de production du Lac Alaotra, ainsi que de quelques systèmes du Centre-Ouest, des Hauts Plateaux et du Nord-Ouest. Leur RBE riz avec valorisation de la totalité de la production, y est de l’ordre de 1,5 millions de Fmg par exploitation.

Cette stratégie d’exploitation plus spécialisée et plus dépendante en matière de production rizicole concerne presque 400.000 producteurs (23% des producteurs) qui assurent une production de près de 1.000.000 tonnes de paddy (36% de la production) sur 527.000 Ha de surface rizicole, soit en moyenne 2,5 tonnes par exploitation de 1,34 Ha avec un rendement moyen de 1,9 tonnes/Ha. Produisant en moyenne 3,2 millions de Fmg par exploitation, ces producteurs se situent un peu au dessus du produit brut moyen traduisant une bonne performance économique.

Recommandation : Ces exploitants pourraient constituer le « fer de lance » de la filière riz, c’est à dire les systèmes de production les plus à même de se moderniser et de se spécialiser sur le riz commercialisé.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 10 2.2.2.3. Les riziculteurs relevant de la stratégie de polyculture avec auto-suffisance partielle en riz

Pris ensemble, ces 6 systèmes de production, où sont bien représentés les Hauts Plateaux et le Centre- Ouest, présentent un produit moyen par ménage de 3,3 millions de Fmg qui est très diversifié (cultures de rente et élevage) où le riz reste marginal (5-20% des revenus). Ils maintiennent une production rizicole de 1,8 tonnes par exploitation en moyenne, malgré des surfaces réduites (0,72 ha de riz par exploitation) exploitées au maximum avec un rendement moyen performant de 2,4 tonnes / Ha. Le riz est destinée d’abord à l’autoconsommation du ménage.

Ils ont un solde « vente – achats de riz » positif de plus de 100.000 Fmg et un RBE économique riz (avec valorisation de l’autoconsommation) de près de 740.000 Fmg.

Ces systèmes de polyculture relativement performants en termes de revenus présentent une stratégie privilégiant la gestion du risque en diversifiant les sources de revenus, vu le caractère très aléatoire de l’ensemble des cultures de rente possibles. Ces modèles d’exploitation pourraient justifier une stratégie spécifique d’appui. Ils représentent près de 740.000 producteurs (43%) et un volume de production brute de riz de 1,3 millions de tonnes (47% de la production) développé sur près de 550.000 Ha (37% des surfaces).

Recommandation : Une stratégie d’amélioration des prix du riz au producteur pourrait entraîner un regain d’intérêt pour le riz comme « culture commerciale génératrice de revenus» si les revenus générés par jour de travail redeviennent incitatifs par rapport aux autres alternatives (amélioration de la productivité du travail rizicole). Néanmoins les surfaces limitées par exploitation et les niveaux de rendement limitent généralement le potentiel de croissance.

2.3. UNE FORTE AUTOCONSOMMATION ET DES RESULTATS D’EXPLOITATION MEDIOCRES

Le niveau élevé d’auto-consommation en riz dans les exploitations rizicoles (rappel : 62% du paddy au niveau national) limite la part de riz commercialisé (30% du paddy au niveau national) 8.

La comparaison des parts de production auto-consommée et vendue dans les différentes régions illustre le degré d’implication de chaque région dans le marché rizicole. Le Lac Alaotra avec seulement 21% de la production auto-consommée est le principal fournisseur du marché inter régional, tandis qu’à l’inverse, les riziculteurs de la Côte Est auto-consomment 87% de leur production.

Ceci réduit la portée des résultats strictement financiers des exploitations (analyse financière) qui ne sont pas à même de signifier l’ensemble des avantages retirés par l’exploitant de son activité rizicole. C’est pourquoi des revenus économiques valorisant la production non commercialisée sont aussi mesurés pour tenir compte de l’ensemble des avantages que représente la riziculture au niveau des producteurs (analyse économique). Ces avantages ne correspondent pas tous à des gains monétaires, c’est à dire directement perçus par les exploitants, mais à des réductions de dépenses également. L’analyse économique proposée cherche à mesurer ce que serait le résultat ou le revenu des exploitants en situation ou toute la production transiterait par le marché. Même si une telle situation est fortement improbable (le riziculteur demeurera toujours consommateur de riz), cette façon de procéder permet de relativiser le poids économique de la filière riz par rapport à d’autres filières et de mieux comprendre les stratégies des producteurs. Cela permet par ailleurs de distinguer parmi les exploitants ceux qui sont faiblement performants de ceux qui le sont techniquement plus mais qui produisent du riz en vue de limiter leurs dépenses alimentaires et sociales.

66% des exploitations rizicoles malgaches 9 présentent aujourd’hui un revenu brut d’exploitation (RBE) financier négatif pour leur activité riz, c’est à dire qu’elles réalisent davantage de dépenses monétaires que d’entrées monétaires avec le riz car leur production 10 sert essentiellement à l’autoconsommation.

Il apparaît néanmoins qu’en valorisant le riz auto consommé, ces exploitations déficitaires d’un point de vue financier, arrivent à un RBE économique moyen positif de 593.000 Fmg pour le seul riz. Leur production leur

8 Le solde correspondant aux pertes post récolte, semences, dons et échanges en nature tels que les redevances foncières. 9 1,14 millions d’exploitations provenant de 8 des 18 modèles d’exploitation rizicoles différenciés dans l’étude 10 Pour ce groupe, le RBE moyen est de –131.780 Fmg par exploitation soit un RBE agrégé de l’ensemble ces exploitations de -150 milliards de Fmg. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 11 permet d’économiser annuellement 725.000 Fmg de dépenses en riz par exploitant, soit l’équivalent agrégé de 828 milliards de Fmg de riz. En même temps cette stratégie leur permet de minimiser leurs besoins monétaires et de conserver une certaine autonomie vis à vis des commerçants sans que leur alimentation quotidienne soit excessivement tributaire d’entrées financières aléatoires.

A l’opposé, 7% des exploitations rizicoles réalisent en RBE financier de plus de 500.000 Fmg. Il s’agit de 4 des 18 systèmes de production dominants analysés. Ils sont situés dans le Lac Alaotra, le Nord-Ouest et le Centre-Ouest et représentent 112.150 exploitants avec une surface moyenne par exploitation de 1,5 Ha (80% supérieur à la moyenne nationale) avec un RBE financier moyen de 1,33 million Fmg par exploitation. En termes économiques, le RBE moyen passe à 1,98 million de Fmg, cela représente un revenu agrégé de 221 milliards de Fmg.

Entre ces deux groupes, il y a un groupe médian qui regroupe 27% des exploitations rizicoles (467.000 exploitations provenant de 6 des 18 systèmes de production rizicoles différenciés dans la filière riz) disposant d’un RBE financier riz entre 0 et 500.000 Fmg (moyenne de 202.000 Fmg). Ceux-ci semblent mettre à profit le riz pour compléter leurs revenus monétaires. Avec un gain économique de 1,06 million de Fmg par exploitation si on est intègre l’autoconsommation, l’activité riz génère pour eux un équivalent en revenu de 496 milliards de Fmg.

Système de production « tavy exclusif » mis à part, il existe une différence de revenu économique par exploitation qui va de 1 à 5 entre les riziculteurs les moins performants (« riz aquatique et riz tavy » du Nord, « simple riziculture aquatique et riz tavy » de l’Est, « double riziculture aquatique » du Nord) et les riziculteurs les plus performants (« simple riziculture aquatique » et « simple riziculture et riz tanety » du lac Alaotra) de Madagascar. Cet écart ne se justifie que partiellement par le différentiel de taille moyenne d’exploitation. Il n’est pas non plus révélateur de la différence de niveau de revenu des ménages puisque les agriculteurs ont des degrés de spécialisation sur le riz différent. Cependant, à taille d’exploitation et niveau de spécialisation identiques, c’est cet écart qu’il convient d’essayer de réduire en favorisant les gains de productivité quand ceux-ci sont possibles.

2.4. L’AJUSTEMENT DE L’OFFRE A LA DEMANDE PAR LES ECHANGES EXTERIEURS

Pour la part de transformation du paddy en riz qui est le fait des producteurs (1,76 millions de tonnes soit 67% de la production), on constate en 1999 que 61% de ce paddy est encore transformé par pilonnage manuel contre 39% par les décortiqueuses, ce qui favorise une intégration de l’aval par les producteurs, qui pour certains commercialisent directement auprès des consommateurs. Les disparités entre régions sont très fortes. Dans l’Est et le Nord, respectivement 97% et 90% du paddy est encore transformé par pilonnage 11 . A l’opposé, dans les trois régions du lac Alaotra, du Centre-Ouest et des Hauts Plateaux, la multiplication des décortiqueuses dans les villages a contribué à réduire le pilonnage manuel à respectivement 30%, 44% et 47% de la production transformée par le paysan. Cette présence de décortiqueuses a aussi influé sur la façon de vendre (davantage de ventes sous forme de riz).

Le volume moyen de paddy traité par collecteur semi-grossiste varie ainsi de 6 tonnes (côte Est) à 246 tonnes (Centre-Ouest) selon les régions. Sur la base des volumes commercialisés, les collecteurs sont estimés à plus de 10.000 opérateurs sur l’ensemble du pays, qui commercialisent annuellement près de 640.000 tonnes de paddy (133 tonnes par an par collecteur en moyenne) et 80.600 tonnes de riz. L’enquête a permis de faire une estimation de la répartition des ventes ou livraisons de paddy des collecteurs auprès des grossistes (35%), des transformateurs (63%) et des consommateurs (2%).

Avec un volume estimé d’environ 187.000 tonnes de riz importé 12 et un volume approximatif de 520- 530.000 tonnes de riz local, les grossistes gèrent annuellement la distribution d’un volume de plus de 700.000 tonnes de riz (estimation 1999).

Le volume de 520-530.000 tonnes de riz malgache commercialisé comprend un volume de 350.000 tonnes environ de riz acheté et revendu à l’intérieur des régions (en commercialisation intra-régionale) ainsi qu’un volume d’échanges interrégionaux (achat, transport et revente) de 176-178.000 tonnes de riz transférés entre régions excédentaires et déficitaires.

11 Bien que le pilonnage soit plus cher par Kg de paddy transformé : moyenne nationale de 71 Fmg/Kg de coût en décortiqueuse contre 107 Fmg/ Kg en pilonnage. On peut expliquer le choix du pilonnage, qui peut paraître peut cohérent, par un meilleur coefficient de transformation du paddy en riz ou par l’utilisation de main d’œuvre familiale gratuite ou au coût d’opportunité réduit. 12 enquête détaillants filière riz (approvisionnement des détaillants) UPDR-FAO 1999 et croisement avec sources du Ministère du commerce, estimation 99 de 185-189000 tonnes Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 12

Les régions excédentaires nettes sont le Lac Alaotra (excédent « achat - ventes » estimé de 125.000 tonnes) et le Centre-Ouest (excédent de 54.00 tonnes), tandis que les régions déficitaires nettes sont les Hauts-Plateaux (52.000 tonnes), l’Est (62-63.000 tonnes), le Nord-Ouest (23.000 tonnes) et le Nord (39.000 tonnes).

Couverture des besoins régionaux

Lac Hauts

Ouest Nord- Plateaux Est Alaotra Nord Ouest Centre- 1 200 000

1 000 000 800 000 600 000 400 000

tonnes en 200 000 - -200 000

Production disponible Consommation Solde

Au delà du caractère déficitaire ou excédentaire des régions, il est intéressant de constater que les stratégies d’approvisionnement des régions déficitaires ne sont pas les mêmes. Ainsi l’Est et les Hauts Plateaux complètent leur propre production insuffisante par une proportion plus importante de riz importé que de riz en provenance d’autres régions de Madagascar. C’est l’inverse qui se produit dans le Nord et le Nord-Ouest où le riz national est acheté en plus grande quantité par les grossistes régionaux. Le riz asiatique ou le riz malgache non régional ne pénètrent pas la zone du lac Alaotra excédentaire.

Par contre le Centre-Ouest, pourtant auto-suffisant en riz puisqu’il approvisionne d’autres régions de Madagascar, fait appel aux importations pour ses besoins internes. On peut relier cette stratégie régionale bien spécifique soit à une indisponibilité du riz local sur le marché en période de soudure, soit à une différence de prix du riz très marquée en faveur du riz importé, soit encore à ces deux explications à la fois.

Echanges inter-régionaux et importations

Lac Alaotra

Est

Hauts Plateaux

Centre-Ouest

Nord-Ouest

Nord

- 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000 120 000 140 000

en tonnes

Achats aux autres régions Achats riz importé Ventes aux autres régions Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 13

Enfin, selon l’enquête, chaque détaillant commercialise selon les régions entre 8 et 58 tonnes de riz par an c’est à dire entre 27 et 193 Kg de ventes par jour (300 jours de travail par an). Vu le volume de riz commercialisé annuellement, on estime le nombre de détaillants à 24.000 opérateurs environ sur l’ensemble du pays, cette estimation n’intégrant pas le phénomène urbain d’expansion d’opérateurs du secteur informel avec les micro-détaillants occasionnels. Ces détaillants commercialisent annuellement un volume de 710.000 tonnes de riz.

2.5. LES BENEFICIAIRES DE LA VALEUR AJOUTEE AU NIVEAU NATIONAL

2.5.1. D’un point de vue financier…13

L’analyse financière globale de la filière présente une répartition de la valeur ajoutée concentrée sur le segment production (54%), avec néanmoins 9% de VA au niveau collecteurs, 17% de VA générée par les grossistes, 14% par le segment transformation (décortiqueries, rizeries) et 6% par les détaillants.

La valeur ajoutée financière globale de 757 milliards de Fmg se distribue entre les salaires (46%) et les RBE (49%) puis les frais financiers (3-4%) et les taxes et impôts (moins de 1%). Les 49% de revenu brut d’exploitation se décomposent de la façon suivante : 12% pour les producteurs, 15% pour les grossistes, 12% pour les transformateurs, 5-6% pour les collecteurs semi-grossistes et 4% pour les détaillants.

Ainsi les riziculteurs qui créent 54% de la valeur ajoutée ne récupèrent pour eux effectivement que 25% des revenus d’exploitation générés par la filière ; alors que les grossistes et les transformateurs qui sont à l’origine respectivement de seulement 17% et 14% de la richesse créée, récupèrent 31% et 25% du revenu d’exploitation de l’ensemble des opérateurs économiques.

2.5.2. D’un point de vue économique…

En analyse économique aux prix de marché, c’est au niveau de la production que se concentre prés de 85% de la valeur ajoutée générée par la filière riz, tandis que 8-9% de la valeur ajoutée est créée par les collecteurs et grossistes. La transformation génère 4-5% de la valeur ajoutée et le commerce de détail 2%.

Dans la valeur ajoutée créée en termes économiques (2.213 milliards Fmg), le RBE producteurs représente 63%, les salariés 17%, les commerçants 8% (collecteurs, grossistes, détaillants), les propriétaires fonciers 7 % tandis que le RBE des transformateurs ne représente que 4% de la VA.

Même en analyse économique, le ratio RBE / VA est plus faible chez les riziculteurs que chez les autres opérateurs de la filière. Ainsi ils font bénéficier proportionnellement plus les autres agents de l’économie (essentiellement les salariés) de l’activité rizicole.

13 rappelons (C.f. Définitions) que l’analyse financière ne valorise que les dépenses et revenus réels des riziculteurs dans le compte d’exploitation. L’analyse financière valorise l’autoconsommation au prix de collecte du paddy pour rendre notamment comparables les résultats d’exploitation des riziculteurs quel que soit le niveau d’autoconsommation. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 14

Décortiqueurs / Grossistes riziers Détaillants 5,2% 4,6% 2,9%

Collecteurs 3,0%

Riziculteurs 84,4%

Répartition de la valeur ajoutée par les opérateurs économiques

RBE RBE grossistes RBE détaillants Salaires Revenu foncier transformateurs 4,3% 2,6% 16,4% 3,9% 6,8%

RBE collecteurs Frais financiers 1,8% 1,2%

Impôts et Taxes 0,2% RBE riziculteurs 62,8%

Répartition des revenus distribués aux agents économ iques

2.6. POSITION ET POIDS DE LA REGION EST DANS LA FILIERE NATIONALE

La production dans la région Est est estimée à 357.000 tonnes, c’est-à-dire 13% de la production nationale. La superficie cultivée s’étend sur 278.000 ha, soit 19% de la superficie nationale. Avec un rendement moyen de 1,2 tonnes/Ha et une production moyenne par exploitation de 0,76 tonnes, cette région apparaît comme la moins performante des six régions étudiées en terme de culture de riz.

La taille de la parcelle moyenne par exploitation (0,59 Ha) est un des facteurs de ces résultats médiocres. Par ailleurs, la présence importante des cultures de rente (café, girofle, vanille) et des fruits (litchi, banane) permet sûrement aux paysans de constituer un revenu plus important. Ces caractéristiques réduisent le secteur rizicole à une culture de subsistance.

La région Est coïncide avec le versant oriental de Madagascar allant de à Vangaindrano. La région pourrait être divisée en 2 sous régions :  le Sud-Est,  le Moyen/Nord-Est de Vatomandry/Mahanoro à Maroantsetra.

La partie qui s’étend de Vatomandry/Mahanoro jusqu’à Maroantsetra représente 156.000 Ha avec une production totale de 157.000 tonnes 14 et un rendement moyen de 1,1 tonne/Ha. On peut souligner le potentiel exceptionnel de Maroantsetra. Considéré comme un des greniers à riz de Madagascar, cette localité se distingue des autres avec une production annuelle de 70 à 75.000 tonnes /an 15 , avec une superficie de 30 à 35.000 Ha cultivées sur deux saisons, un rendement de 2,5 tonnes/Ha 16 et une concentration des activités agricoles sur le riz malgré la présence des cultures de rente.

Les spécifités de Maroantsetra lui confèrent un statut assez particulier, ce qui nous conduit à différencier cette localité des autres. Le calendrier cultural lui est spécifique. L’entretien du sol se fait en mars-avril, la

14 Source : DIRA de Tamatave 15 Plus importante que la production d’Andapa dans la région Nord. 16 CIRAGRI de Maroantsetra. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 15 préparation du sol et le semis en novembre-décembre, le repiquage en décembre-janvier et la récolte en mai-juin. Ce calendrier concerne le riz de première saison dont on obtient jusqu’à plus de 60% de la production de la campagne culturale. Ceci est dû au climat qui favorise la culture à cette période de l’année. Ainsi la période de soudure se situe aux mois d’octobre-novembre et non en janvier-février comme dans les autres régions. Le calendrier de deuxième saison correspond au calendrier de première saison dans le reste du pays. Le riz est par conséquent présent presque toute l’année à Maroantsetra sauf pendant la période de soudure qui ne dure que deux mois. En revanche comme on le verra plus tard, les autres aspects de la commercialisation, ainsi que la relation entre les agents ne diffèrent guère des autres localités de l’Est.

Malgré l’absence de statistiques auprès des services déconcentrés, les responsables notent une baisse tendancielle de la production rizicole dans la région 17 , sauf à Maroantsetra, à cause de la baisse de la pluviométrie, de la régression du « Tavy exclusif » en raison des actions répressives des ONG et des problèmes lies à la maîtrise d’eau.

Tab.1 : Comparaison des principaux indicateurs de la sous-filière Est avec la moyenne nationale

Unité Région Est National Production (paddy) Tonnes 357.000 2.782.398 % / national 13% 100% Superficie économique Hectares 278.000 1.450.319 % / national 19% 100% Exploitations Nombre 471.600 1.721.310 % / national 27% 100% Rendement Moyen Kg / Hectare 1.285 1.918 Superficie économique par exploitation Hectare 0,59 0,84 Production par exploitation Tonne 0,76 1,62 Productivité du travail Kg paddy /jour de travail 4 ,4 11,5 Riz commercialisé par les producteurs Tonnes 22.060 524.000 % / national 4% 100% Riz vendu au détail Tonnes 171.900 708.000 Couverture des besoins 13% 74% Autres opérateurs Nombre 4.466 31.160 % / national 14% 100% VA financière totale Millions de Fmg 32.300 753.000 % / national 4% 100% VA économique totale Millions de Fmg 290.800 2.267.000 % / national 13% 100%

Les performances globales et les caractéristiques de la production expliquent le faible taux de surplus commercialisé par les producteurs : 10% de la production disponible est vendu, soit 34.000 tonnes alors que les besoins annuels du marché régional hors autoconsommation (achats de riz) s’élèvent à 171.000 tonnes (basé sur les achats des ruraux et la consommation moyenne en milieu urbain par habitant de 116 Kg/an). La région est déficitaire et la production ne couvre que 13% de la demande régionale monétarisée.

Elle fait appel à des approvisionnements extérieurs pour combler l’écart entre la demande et l’offre locales : (i) des achats extra-régionaux de 62.500t et (ii) un volume d’importation de plus de 87.000 tonnes, soit à elle seule 46% des importations nationales 18 . La région Est présente l’approvisionnement extérieur le plus élevé et la plus forte dépendance comparée aux autres régions.

Les faibles rendements obtenus et la taille réduite des parcelles rizicoles explique que le niveau moyen de production par exploitation ne dépasse pas les 800 Kg par an et donc que le paddy apporté sur le marché par les exploitants soit de l’ordre de 9-10% seulement de la production totale. On peut noter également que la productivité du travail est très faible dans l’Est, presque 3 fois plus faible que la moyenne nationale. Ce qui suppose un fort contenu en travail de cette riziculture et une contribution assez élevée à la valeur ajoutée de la filière nationale quand on valorise la totalité de la production réalisée.

17 DIRAs de Maroantsetra, Tamatave, Brickaville. 18 Les importations en 1999 étaient estimées à 188 000 tonnes. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 16

3. ANALYSE DES SYSTEMES DE CULTURE ET DE PRODUCTION

3.1. CARACTERISTIQUES DES RIZICULTEURS DE LA REGION EST

Les riziculteurs situés à l’Est de Magagascar sont surtout producteurs de cultures de rente (vanille, girofle) mais aussi de fruits (bananes, litchis), notamment dans la partie Nord-Est (Tamatave, Fénérive Est, , Maroantsetra). Le contexte éco-climatique de la région permet en effet la production d’une large gamme de cultures, constituant ainsi un potentiel de sources de revenu non négligeable pour les exploitants. Dans toute la région les parcelles sont assez petites, variant en moyenne autour de 30-60 ares pour l’ensemble des cultures.

L’autoconsommation est l’affectation principale du paddy, avec 87% de la production disponible, représentant plus de 300.000 tonnes. Le pilonage est le recours le plus utilisé par les paysans pour leur autoconsommation : 97% du paddy est piloné. La vente occupe par conséquent une place assez secondaire. Le taux de vente du riz est très faible : 5% de la production dans la sous-zone Sud pour seulement 5 à 14 % des producteurs, et 8 à 11 % de la production pour 52 à 58 % des producteurs dans la sous-zone Nord. Ces deux dernières observations semblent confirmer le caractère de subsistance de la riziculture dans cette région.

Ce sont les cultures de rente qui permettent de financer la campagne rizicole, qui sert elle surtout à assurer la couverture des besoins primaires des ménages. La part des activités extra agricoles dans le revenu est élevée (allant de 48 à 75 %), le riz n’est donc pas la principale source de revenu mais ceci est moins dû au volume vendu qu’au cours du paddy qui est peu intéressant par rapport aux autres produits (notamment l’artisanat) ou cultures.

3.2. CARACTERISTIQUES ET PERFORMANCES DES SYSTEMES DE CULTURE

Les trois principaux types de riziculture - à savoir l’aquatique, le pluvial et le tavy - sont pratiqués dans la région Est. Ces types de riziculture, suivant le niveau de technicité adopté par les exploitants pour leur pratique, peuvent être catégorisées en 4 systèmes de culture : le tavy, l’aquatique traditionnel, l’aquatique amélioré et le pluvial traditionnel.

Tab.2 : Caractéristiques des systèmes de culture de la région Est

SYSTEME DE CULTURE SURFACE (Ha) RENDEMENT kg/Ha 1- Aquatique traditionnel 143.000 2.134 2- Aquatique amélioré 14.000 2.125 3- Pluvial traditionnel 2950 1.653 4- Tavy 118.000 678

On constate que : - tous types de riziculture confondues, les formes traditionnelles de riziculture prédominent sur ce versant oriental de Madagascar, - le niveau de rendement de la forme traditionnelle de riziculture aquatique se différencie très peu de celui de la forme améliorée.

On note dans le tableau suivant que : - les superficies occupées par les techniques culturales traditionnelles (sans labour, repiquage en foule, sans sarclage etc…) restent plus importantes que celles correspondantes aux techniques innovatrices (labour attelé, repiquage en ligne, sarclage mécanique etc…) - l’utilisation des semences améliorées reste également très faible.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 17

Tab. 3 : Décomposition de chaque système de riziculture en ses composantes techniques

Forme de riz Groupe de techniques Surface Rendement M.O Productivité culture (Ha) kg/Ha J.h kg/j Préparation sol Angady 84.488 1.914 Sans labour 64.856 1.483 Attelé 400 2.475 Mode de culture Semis direct 11.089 2.010 1.248 2 Repiquage en foule 136.480 1.691 252 7 Repiquage en ligne 3.014 2.738 460 6 Mode de sarclage Manuel 85.276 1.758 Aquatique Sans sarclage 62.109 1.689 Sarclage méca 2.004 3.084 Sarclage chimique 878 1.260 Type de semences Traditionnel 147.151 1.755 Amélioré 3.433 1.367 Préparation sol Angady 2.919 1.653 Pluvial Mode de sarclage Manuel 2.919 1.653 Type de semences Traditionnel 2.919 - 865 2 Tavy Type de semences Traditionnel 107.187 Améliorée 504 232 3

Ces constats traduisent le faible niveau d’intensification de la riziculture dans cette région en raison : • d’abord du niveau d’équipement très faible. Les charrues et les herses à bœufs ainsi que les houes rotatives sont rares. On dénombre respectivement en moyenne 0,026 ; 0,005 et 0,027 de ces matériels par exploitation rizicole. Seuls les petits outillages (angady, coupe-coupe etc…) sont en nombre relativement suffisant (3,022 et 3,184 par exploitation rizicole) si bien que le travail du sol demeure très rudimentaire. Le sarclage s’effectue manuellement et parfois même ne se pratique pas ;

• ensuite de la rareté des vendeurs d’intrants. Par conséquent, l'emploi des engrais est pratiquement méconnu dans la région (sur 150.583 Ha de superficie, 138.880 ne reçoivent pas de fertilisation). Les producteurs en outre utilisent essentiellement des variétés locales peu productives ;

• Enfin le manque d’encadrement technique. L’Est est l’une des régions de Madagascar où les projets ou les opérations de développement sont rares. On n’y rencontre que la SAF/FJKM qui œuvre pour la constitution des groupements communautaires villageois en plus du projet PNVA. Ce dernier mène des actions louables pour la diffusion des thèmes techniques innovateurs tels que les semences améliorées, le SRA, le SRI et le sarclage à temps ; mais à cause des moyens surtout humains limités ainsi que de l’état défectueux des infrastructures routières, il n’arrive pas à couvrir toute la région. Aussi, un fort pourcentage des producteurs n’est pas encore concerné par leurs actions. C’est ainsi que le taux d’adoption des innovations techniques vulgarisées demeure faible.

La faible performance de la forme améliorée de riziculture par rapport à la forme traditionnelle pourrait être expliquée par : - la maîtrise insuffisante de ces techniques innovatrices par les producteurs. Relevons ici, à titre d’exemple, le cas du sarclage chimique : faute de pulvérisateur au sein des exploitations rizicoles, les herbicides ont été probablement appliqués d’une manière inadéquate si bien que le produit utilisé ne s’est pas avéré efficace ; - l’utilisation de semences dites améliorées de mauvaise qualité. N’ayant pas la possibilité de renouveler régulièrement leurs semences compte tenu non seulement de l’inexistence d’un circuit d’approvisionnement adéquat mais aussi de leur coût élevé, les producteurs recyclent par auto approvisionnement leurs semences. Leur pureté variétale est ainsi douteuse ; - l’effet contraignant du manque de maîtrise d’eau dont soufre cette région. La part des superficies rizicultivées ne disposant pas de maîtrise d’eau est estimée à 67% si bien que la même proportion des exploitants enquêtés perçoivent l’eau comme un facteur de blocage. En effet, manquant d’infrastructure d’irrigation ou de drainage adéquate, la riziculture de la région est tributaire des précipitations. Un retard de l’arrivée des pluies occasionne un manque d’eau dans les rizières ne permettant pas de repiquer à temps les plants jeunes. Tandis que l’inondation consécutive à des précipitations abondantes et à une difficulté de drainage endommage les jeunes plants nouvellement installés par repiquage. Ainsi, l’absence de maîtrise d’eau neutralise les effets des efforts d’intensification induits par le repiquage en ligne ou le sarclage mécanique.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 18

Il découle de tout ce qui précède que la riziculture de la région Est apparaît marquée par le faible niveau d’intensification. Les techniques culturales demeurent fortement traditionnelles. Le taux d’utilisation des facteurs de production modernes (mécanisation, engrais, semences améliorées) reste faible. Par ailleurs, en relation avec l’état délabré des infrastructures routières, elle subit les effets néfastes de la faiblesse du taux de couverture de l’encadrement technique. Elle souffre enfin de l’absence de maîtrise d’eau faute d’aménagements hydro-agricoles appropriés.

L’épanouissement de la riziculture dans cette région nécessite ainsi la levée de ces différentes contraintes majeures.

3.3. ANALYSE COMPAREE DES COUTS DE PRODUCTION SELON LES SYSTEMES DE CULTURE

Une autre typologie des systèmes de culture peut être utilisée. Elle distingue  4 systèmes aquatiques :le « semis direct », « le repiquage en foule », « le repiquage en ligne » ou « SRA », et le « SRI »,  2 systèmes pluviaux : le « riz pluvial » et le « riz tavy ».

Le « système rizicole intensif » n’est pas encore vulgarisé dans cette région. Les 5 autres systèmes qui y existent peuvent être considérés comme rentables, à part le système « tavy » qui accuse un faible rendement moyen de 678 Kg à l’hectare seulement. En outre au niveau des coûts de production par kg de paddy, il est classé en première position avec

Explicitement, la riziculture en « pluvial » occasionne le plus de dépenses à l’hectare. Cette riziculture a un coût de production élevé dû quasi-exclusivement à la charge « repas des travailleurs ». Les exploitants adoptant ce système de culture ne recourent pas à la main d’œuvre salariée pour produire 1.653 Kg de paddy à l’hectare. Tous les travaux que le système exige sont réalisés soit par la main d’œuvre familiale, soit par l’entraide. Le coût apparaît élevé, mais en donnant une valeur monétaire à la production, l’exploitation présentera un bilan positif car dans un milieu déficitaire comme la région d’étude, le prix de marché du riz reste toujours élevé.

Le « SRA » s’avère cependant plus rentable avec le plus haut rendement de 2.738 kg/Ha. Le « repiquage en foule » n’occasionne pas de grosses dépenses, il est le plus gros utilisateur d’intrants agricoles tels que la semence améliorée, l’urée et le fumier/compost.

Tab.4 : Coûts unitaires de production par système de culture (Fmg)

Semis direct Repiquage en SRA Pluvial Tavy foule /kg / Ha / Kg / Ha / Kg / Ha / Kg / Ha / Kg / Ha paddy 19 Sem. traditionnelles 20 187000 115000 338000 86000 76000 Sem. Améliorées 2.150 Urée-NPK 5.350 6600 Fumier compost 800 5.350 Repas main d’œuvre 190.667 111.105 246.956 658.823 102.541 Salaire 458.666 115.368 217.392 207.043 Location matériel 12.918 Rendement 2.010 1.691 2.738 1.653 678 Rdt net après retrait sem 1921 1636 2577 1612 642 Coût monétaire total 338 649.333 152 247.691 183 476.301 409 658.823 482 309.584

3.4 – CARACTERISTIQUES ET PERFORMANCES DES SYSTEMES DE PRODUCTION

On dénombre trois différents types de système de production sur le versant oriental de Madagascar : 1- Système 14 = Tavy exclusif 2- Système 15 = Simple riziculture aquatique et riziculture de tavy

19 Coût par ha divisé par le rdt net après retrait des sem. 20 Coûts non monétarisés soldés par retrait de semences de la production Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 19 3- Système 16 = Simple riziculture aquatique

Ces trois systèmes regroupent 452.000 exploitants rizicoles (source : enquêtes EAB 1998/99 Ministère de l’Agriculture). La taille moyenne de leur exploitation rizicole est très réduite. Elle varie de moins d’un demi- hectare à moins d’un hectare.

Tab. 5 : Approvisionnement en riz des ménages selon les systèmes de production

Taille Production RBE Proportion Solde Système exploitation annuelle économique Répartition production en % achat riz dans Vente – (ares) exploitation exploitation dépenses en Achat riz (Kg) (Fmg) % (Fmg) Autoconsommation Vente 14 45 336 128 000 91 2,5 41 - 477.000 15 95 962 481 000 85 7,3 29 - 432.000 16 45 782 501000 82 11,8 23 - 386.000

Tous les systèmes de production adoptés dans cette région sont nettement déficitaires en riz. Le volume de production disponible par exploitation est tellement faible (inférieur à une tonne d’une manière générale) que l’achat de riz pour combler le déficit représente une proportion non négligeable des dépenses des ménages.

L’importance des dépenses en riz est inversement proportionnelle au volume de production disponible au sein des exploitations de chaque système. Ainsi, celles des système « simple riziculture aquatique + riz tavy » et « simple riziculture aquatique » disposant du double de la production existante chez les ménages du système « tavy exclusif », n’affecte qu’environ le quart de leurs dépenses en achat de riz.

Les achats de riz sont certainement financés par des sources de revenu autre que la vente de riz. La capacité d’achat est alors proportionnelle à l’importance de ces autres sources de revenus en relation avec la diversité des activités des exploitations.

C’est ainsi que les ménages du système « tavy exclusif », en dépit de la faiblesse de la proportion de récolte mise en vente (2,5%) de la production) affectent 41% de leurs dépenses en achat de riz. Les exploitations de ce système sont fortement diversifiées si bien que les ressources issues de la vente des produits agricoles autres que le riz ainsi que celles provenant des activités extra-agricoles leur permettent de subvenir à ces achats.

Tab. 6 : Diversification des revenus selon le système de production

Système % superficie en Prévalence mode de Deg. de diversification Poids activités extra- bonne maîtrise d’eau faire valoir direct des cultures agricoles dans revenu 14 - - 87% 74% 15 43% 94% 51% 55% 16 30% 86% 47% 53%

Il semble cependant qu’une grande partie des autres produits agricoles servent également comme source d’aliments de substitution du riz pour les ménages du système « tavy exclusif ».

Tab. 7 : Revenu annuel moyen des ménages par source

Système Revenu issu vente autres produits Revenu en produits de agricoles ( Fmg) l’élevage (Fmg) 14 5.058 538 15 37.539 3.233 16 68.719 41.175

En dépit de leur forte diversification, les exploitations du système « tavy exclusif » vendent moins de produits agricoles autres que le riz. Ce qui amène également à supposer que malgré l’importance des achats de riz qu’ils effectuent, ces ménages n’arrivent pas à satisfaire en totalité leurs besoins en riz. Cette constatation peut être déduite également du solde « achats-ventes de riz » de ce système qui ne diffère pas beaucoup des autres systèmes et qui devrait être bien supérieur étant donné leur niveau de production. Ces autres riziculteurs, en relation avec le volume de production plus importante dont ils disposent, peuvent tirent plus de revenu à partir des autres produits agricoles et achètent plus de riz. Les ménages « tavy exclusif » se rabattent plutôt sur les aliments de substitution au riz.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 20

Les ressources financières paraissent cependant toujours insuffisantes pour subvenir aux besoins de liquidités des ménages si bien que malgré l’état déficitaire manifeste de leur production, les riziculteurs en mettent une partie à la vente. La quantité vendue est toutefois limitée quel que soit le système considéré. Elle est nettement inférieure en terme de volume aux achats. Les ventes s’effectuent en général en période de récolte durant laquelle le prix du riz sur le marché est assez bas. Cette période ne coïncide pas avec la récolte des cultures d’exportation de rente de cette région (café girofle etc...), si bien que les ménages sont contraints de recourir à la vente de riz disponible pour subvenir à leurs besoins urgents d’argent. Le riz vendu à si bas prix ne leur rapporte pas pourtant de ressources conséquentes, ce qui contribue à expliquer le solde « vente-achat de riz » négatif pour les trois systèmes. Ainsi, quel que soit leur revenu brut d’exploitation respectif, aucune de ces trois systèmes de production ne peut être considéré comme performant.

Tab. 8 : Caractéristiques des systèmes de production de l’Est

Caractéristiques Système 14 Système 15 Système 16 Préparation sol Labour angady 2.414 6.574 78.410 Sans labour - 28.837 28.837 Labour attelé - 224 176 Labour mécanique - - - Mode de culture Semis direct - - 11.089 Repiquage en foule 2.414 35.299 98.758 Superficie Repiquage en ligne - 336 2.678 correspondante à SRI - - - chaque technique Mode de sarclage Manuel - 21.524 66.671 pratiquée Sans sarclage 2.414 13.775 46.227 Mécanique - 336 116 Chimique - - 878 Mode de fertilisation Organique - - 3933 Sans fertilisation 2.414 35.635 103.740 Minéral - - 2.854 Mixte - - 4.917 Nombre moyen en Total bovin 0,62 1,87 2,80 bovin par exploitation Bœufs de trait 0,38 0,56 1,22 Nombre moyen Charrue 0 0,024 0,034 matériel par Herse 0 0 0,009 exploitation Sarcleuse 0 0,048 0,026 Angady 1,846 3,149 3,341 Faucille 3 3,318 3,179

Pour tous les systèmes : - quelles que soient les opérations culturales prises en compte, les techniques culturales demeurent fortement traditionnelles, - le poids de l’élevage bovin dans l’exploitation est faible, - les exploitations sont en état de sous équipement aigu, seuls les petite outillages rudimentaires sont en nombre suffisant.

Cet aspect général de la situation suscite des questions relatives à la nécessité ou non de développer la riziculture dans la région est. Ne vaudrait-il pas mieux inciter les exploitants agricoles à restaurer plutôt les cultures de rente et à en tirer des ressources suffisantes pour financer la riziculture et l’achat de riz de complément. La riziculture y est marginale compte tenu du niveau d’équipement nul et du poids de l ’élevage bovin des exploitations faible ainsi que de la prédominance des superficies sans maîtrise d’eau. Les chances de développer à court terme la riziculture sont ainsi minimes.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 21

4. AMENAGEMENTS HYDRO-AGRICOLES ET INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT

La région couvre la zone littorale Est de Sambava à Fort-Dauphin. Elle est soumise à un climat humide sous l’influence de l’alizé et est victime chaque année des dépressions tropicales et des cyclones. La pluviométrie varie de 3.000 à 3.600 mm et la saison des pluies s’étend de décembre à avril. Une quantité de pluies non négligeable tombe également pendant l’hiver entre juin et août. Les températures moyennes varient entre 20°C et 29.C.

En matière d’irrigation, le PPI qui a démarré en 1995-1996 en était à la constitution des AUE lors de l’enquête. Le projet Masoala 21 intervient également dans ce domaine à Maroantsetra en aidant les paysans à se constituer en AUE et en construisant des barrages 22 .

La faible maîtrise de l’eau est une des contraintes majeures qui handicapent le secteur rizicole sur toute la côte Est. Elle se traduit soit par les problèmes de drainage, soit par l’absence d’aménagement pour l’irrigation. Si la région possède une potentialité en terme de superficies cultivables et cultivées, en période de pluie abondante, les rizières sont souvent inondées. D’autre part, il existe des petits barrages construits du temps de la première République (lors de l’opération « au ras du sol ») mais qui ne sont plus fonctionnels et qui nécessitent des réhabilitations.

Cette faible maîtrise de l’eau est aggravée entre autres par le retard et la diminution de la précipitation entraînant une perturbation du calendrier cultural et aussi des pertes importantes à cause de rizières asséchées.

Tab. 9 : Niveau de pluviométrie dans plusieurs communes de l’Est (mm par an)

Saison culturale Octobre------à-----décembre Janvier ------à------juin Année 96 97 98 96 97 98 99 353,5 513,6 247,5 2473,6 2278,9 1529,2 14839,3 Maroantsetra 317,6 265,7 3154,5 2123,9 Brickaville 153,9 425,0 120,7 1910,6 1795 1354,1 1275,9 Source : CIRAGRI Toamasina

4.1. TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS EN SYSTEME IRRIGUE

Habituellement pour caractériser les périmètres irrigués, on retient les caractéristiques principales suivantes : - le système d’alimentation qui peut être par gravité (A1) ou par pompage (A2) ; - le niveau d’aménagement : il peut exister des infrastructures d’irrigation et de drainage de base (barrages), primaires et secondaires (B1) ; ou bien exister aussi des infrastructures de distribution tertiaires (B2) ; - la dégradation des bassins versants : on peut avoir des bassins versants dégradés avec manifestation d’érosion causant le comblement des ouvrages et favorisant l’inondation des rizières et le tarissement des sources (C1) ou bien des bassins versants avec couverture végétale : faible érosion et favorisant l’infiltration et l’abondance des sources (C2) ; - la motivation des associations d’usagers de l’eau : on distingue la participation effective physique et financière à la gestion et à l’entretien des réseaux (D1) de la non participation physique et financière à la gestion et à l’entretien des réseaux (D2).

En tenant compte de ces caractéristiques , on peut distinguer dans l’absolu 7 types d’aménagements :

T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 A1 A1 A1 A1 A2 A1 A1 B1 B1 B2 B2 B2 B1 B1 C1 C1 C1 C1 C1 C2 C2 D1 D2 D1 D2 D1 D1 D2

21 Le projet Masoala consiste à protéger la réserve de Nosy Mangabe. Ses actions se concentrent seulement autour de la zone pour empêcher la déforestation. 22 Deux barrages ont été construits arrosant 94 ha. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 22 Pour les périmètres des côtes Est, deux types d’exploitation en système irrigué ont été identifiés. Les deux systèmes sont alimentés gravitairement avec un niveau d’aménagement présentant des infrastructures de base par le canal principal. Les états des bassins versants ne sont pas alarmants. Néanmoins, il existe des pratiques de tavy et déforestation sur les tanety. Deux types d’AUE ont été rencontrés, les AUE bien motivées et les AUE non motivés.

4.2. SITUATION DES PERIMETRES IRRIGUES : HISTORIQUE DES AMENAGEMENTS ET ETAT DES RESEAUX

Les surfaces rizicoles sont constituées par des bas-fonds encaissées et des plaines littorales de surfaces assez importantes. Le principe d’aménagement retenu est un système d’alimentation en eau gravitaire à partir d’une prise en rivière avec ou sans barrage seuil construit en dur ou en matériaux locaux. Certains périmètres de la sous-région Sud-Est sont alimentés à partir des petites retenues collinaires de capacité inférieure à 30.000.000 m 3. La rivière sert aussi de drain pour l’évacuation des eaux excédentaires. Généralement, le réseau d’irrigation est bien séparé de celui des drainages. Le réseau est équipé essentiellement des infrastructures primaires. Dans les périmètres de la région Sud-Est, l’aménagement va jusqu’au niveau des secondaires.

Plus de la moitié des aménagements hydro-agricoles ont été réalisés en régie directe par le Génie Rural sur financement national du FNDE (…) avant les années 70. Une autre partie des aménagements ont été construits sur financement du Faritany (province) à partir de de 1970. Quelques dizaines de périmètres dans la sous-région Sud-Est ont fait l’objet de réhabilitation depuis les années 80 sur financement extérireur (banque mondiale, AFD, BAD, FED) dans le cadre des PPI. Le coût moyen de réhabilitation tourne autour de 5.500.000 Fmg / Ha. Des travaux d’urgence pour la réparation des dégâts cycloniques ont été réalisés en 98/99.

Faute d’entretien, vu leur vétusté et suite aux passages des cyclones, la plupart des réseaux sont très dégradés ou détruits et n’arrivent plus à assurer correctement l’irrigation. Ils sont aussi sujets à des inondations fréquentes à cause des comblements des drains par la végétation. Les ouvrages de distribution, s’ils existent, sont rudimentaires : absence pour le contrôle des débits.

Dans le cadre de travaux de réhabilitation déjà signalés réalisés en 1998/99, les infrastructures de base on été remises en état de fonctionnement pour les périmètres de Fénérive Est (Lazafo et Mandanitoaka), Manakara et Farafangana. Les canaux d’irrigation ont été regabarisés pour atteindre leurs états initiaux. Le réseau de drainage a fait l’objet d’une amélioration afin de pouvoir évacuer les eaux excédentaires.

Du fait d’une pluviométrie relativement abondante, la région Est ne souffre pas u manque d’eau. En effet, plusieurs périmètres pratiquent le repiquage et la double culture. Cependant, la maîtrise satisfaisante de l’eau est conditionnée par la qualité des ouvrages et, surtout, le contrôle des eaux excédentaires et des remontées salines par l’insuffisance de drainage. L’inondation fréquente des zones laisse une grande surface des zones littorales non cultivées.

L a maîtrise varie selon la sous région et le niveau d’aménagement: • dans les sous régions Nord-Estst et Centre-Est, elle ne dépasse pas les 20% ; • dans la région sud est où des travaux de réhabilitation ont été faits ces dernières années, elle atteint les 40%.

Tab. 10 : Caractéristiques générales des périmètres irrigués (Ha)

Sous-région Surfaces Surfaces à Surfaces Nombre Nombre de irrigables maîtrise d’eau irriguées d’AUE membres Nord-Est 21.000 3.500 15.000 13 6.150 Centre-Est 9.500 2.000 5.000 7 850 Sud-Est 27.500 12.000 18.000 10 2.750 Total 58..000 17.500 38.000 30 9.750

La superficie mise en valeur représente 60% (Nord-Est et Centre-Est) à 80% (Sud-Est) de la superficie irrigable . Elle a tendance à diminuer chaque année pour les raisons suivantes : - la dégradation progressive des infrastructures ; - la diminution d’année en année de la ressource en eau suite à la dégradation des bassins versants par la pratique des cultures sur brulis (tavy) et la déforestation intensive ;

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 23 - l’inondation permanente et la remontée saline des zones basses due au mauvais fonctionnement du réseau de drainage.

Cette situation s’aggrave et placent les acteurs devant leurs responsabilités : les associations d’usagers de l’eau pour l’entretien effectif du réseau et l’Etat pour la politique de protection des bassins versants.

4.3. ROLE ET MOTIVATION DES ASSOCIATIONS DES USAGERS DE L’EAU

Avant les années 80, la gestion et l’entretien des réseaux étaient assurés par le Service du Génie rural. Depuis le désengagement de l’Etat en 1980 et en application de la politique du sous-secteur irrigué, mis à part les gros ouvrages, la fonction gestion et entretien des réseaux reviennent désormais aux Associations des Usagers de l’Eau (AUE constituée légalement).

La gestion et l’entretien des réseaux sont basés sur les principes suivants : - les membres avec son bureau établissent un devis programme annuel en vue des réparations éventuelles à apporter pour l’amélioration des réseaux (frais d’entretien) ; - les AUE cotissent annuellement un fonds destiné au fonctionnement du bureau ; - une participation physique de tous les membres, une ou deux fois par an, est nécessaire pour l’entretien des canaux (curage et faucardage).

Les usagers sont favorables au désengagement progressive de l’état dans l’entretien des réseaux et prennent en charge les travaux d’entretien courant (faucardage, comblement des brèches). Dans la réalité, les usagers sont favorables à leur participation physiques aux travaux, mais ils n’approuvent pas totalement de participer financièrement.

Devant les difficultés éprouvées par les AUE pour remplir leurs nouvelles fonctions de gestion et d’entretien des réseaux d’irrigation, un programme de sensibilisation et de redynamisation des AUE a été mis en place depuis l’année 1994/95.

Avant l’exécution des travaux de réhabilitation des périmètres irrigués de la région des côtes Est en 1999, les AUE ont pris part aux travaux de recalibrage, curage, et éventuellement creusement des canaux d’irrigation. Un pourcentage de participation des AUE a été évalué à chaque phase suivant la méthode progressive participative depuis l’étude jusqu’en phase de réalisation. Les travaux de réhabilitation ont été conditionnés également par les résultats de participation physique réelle (curage, recalibrage, creusement) des AUE, ceci pour mesurer leur motivation. Une autre conditionnalité, le pourcentage de la cotisation annuelle au fonctionnement du bureau, a été également prise en compte avant la réalisation de ces travaux de réhabilitation. Les résultats de ces participations ont été évalués en moyenne à 80% pour la participation physique et à 65% pour la cotisation annuelle. La « participation aux frais d’entretien » est un indicateur fiable et satisfaisant pour mesurer la motivation des AUE. Le recouvrement de ces frais tourne autour de 40% pour les trois sous-régions. L’indicateur « niveau de cotisation pour fonctionnement » est le deuxième indicateur pour mesurer la motivation des AUE. Ces frais sont nettement inférieur aux premiers. Le taux de recouvrement tourne autour de 55% en moyenne.

Avec la sensibilisation et la dynamisation des AUE faites dans le cadre de la réhabilitation des périmètres de la sous région Sud-Est, la participation effective des usagers dans la gestion et l’entretien des réseaux est significative : elle tourne autour de 180.000 Fmg / ha /saison avec un taux de recouvrement dépassant les 50%.

Par contre, dans les deux autres sous régions, sauf pour les périmètres de Fénérive Est et de où des travaux de réhabilitation sont prévus , les AUE restent au stade embryonnaire : beaucoup de travaux de sensibilisation restent à faire d’autant plus que les pratiques cultures dans ces zones sont encore archaïques.

4.4. ETAT DES INFRASTRUCTURES DE COMMUNICATION

La configuration topographique de la région Est offre une difficulté naturelle de communication (absence de piste ou quand ils existent, sont praticables seulement pendant une petite partie de l’année). Les régions productrices sont enclavées à l’exemple de Maroantsetra dont l’accès se fait principalement par voie maritime à cause de l’état de la route. Le mauvais état des voies d’accès exerce souvent des effets à la baisse sur les prix au producteur : dans les régions enclavées les producteurs échangent le paddy contre les

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 24 produits de première nécessité, le prix/Kg équivalant parfois à 500-600 Fmg/kg, et achètent le paddy entre 1.200 et 1.500 Fmg/Kg en période de soudure i. Cela renforce les paysans dans leur optique d’autosubsistance limitant ainsi la production à leurs propres besoins mais a également des répercussions sur les prix au producteurs.

En ce qui concerne les principales infrastructures routières, la sous région Sud-Est est desservie par la RN7 depuis la capitale Antananarivo jusqu’à Fianarantsoa et la RN de Fianarantsoa à Manakara. Les périmètres se trouvent généralement dans le rayon de 50 Km de la route dont l’accès, qui se fait par une piste en terre, est difficile en saison des pluies.

L’accés au Centre-Est est facilité par la RN2 bitumée jusqu’à Brickaville (250 Km) et Toamasina (367 Km). La RN11A desservant Vatomandry (60Km) et Maharo (70Km) est difficilement accessible en saison des pluies.

La sous-région Nord est reliée à Tamatave par la RN5 : - bituméede pour la partie Fénérive Est (105Km) et Soanierana Ivongo ( 58Km), - en terre de Soanierana Ivongo à Mananara Nord (127Km) et à Maroantsetra (112 Km) avec absence de ponts : il existe une vingtaine de bacs entre Soanierana Ivongo et Maroantsetra.

Le riz peut également être acheminé par train. La ligne FCE Fianarantsoa-Manakara traverse des zones productrices reliant les côtes Sud-Est et les Hauts plateaux (Fianarantsoa). Mais suite aux problèmes du réseau de chemin de fer Malagasy, cette ligne a été suspendue depuis plusieurs années. Le projet CAP/USAID a intégré à son programme dans les années 96/98 la remise en état de cette ligne en fournissant des petits matériels et pièces de rechange. La gestion de cette ligne est actuellement concédée à un organisme privé.

Par ailleurs, il n’existe pratiquement pas de pistes de circulation à l’intérieur de certains périmètres. C’est le cas surtout de Mananara Nord. L’évacuation du produit se fait alors à dos d’homme.

4.5. CONTRAINTES ET ATOUTS DE LA REGION EST

Les trois sous-régions présentent des contraintes techniques et humaines identiques qui auront à terme des impacts tant sur le fonctionnement des réseaux que sur la structuration des AUE. - dégradation des bassins versants environnants suite aux actions néfastes de la population (culture du tavy et déforestation) ; - assainissement et drainage des eaux excédentaires difficilement maîtrisable ; - réseau facilement dégradé à chaque passage de cyclone ; - niveau d’instruction très bas des AUE ; - évacuation des produits vers les centres de consommation à dos d’homme ; - enclavement de la majorité des périmètres.

Les contraintes techniques se manifestent par l’ensablement des rivières au niveau de l’ouvrage de tête (barrage) et tout le long des réseaux, entraînant des dégradations progressives des canaux (gabarit,…) et des ouvrages en dur. Comme impact immédiat, on note aussi que la production a tendance à baisser suite à la remontée des eaux salées de la mer (zone basse).

Malgré ces faiblesses, les trois sous-régions présentent des atouts considérables qu’il convient de valoriser dans une politique d’appui à la filière riz : - la relative facilité d’entretien des réseaux hydro-agricoles du fait que les ouvrages sont peu nombreux ; - la taille réduite de la majorité des périmètres, en longueur et en capacité des canaux. Le canal principal présente un débit qui ne dépasse pas 1.000 l/s. Les ouvrages sur canaux sont facilement manipulables et ne présentent pas de difficultés pour les usagers en cas de réparations ; - la localisation des périmètres à proximité de la route nationale et des villes, d’où l’évacuation des produits vers les grands centres de consommation peut se faire sans difficulté et à prix raisonnable si l’état de l’accès le permet ; - l’absence d’enclavement de quelques périmètres, c’est le cas de Fénérive Est, Manakara et Farafangana. - la possibilité très interessante de la pratique de la double culture de riz. La plus grande partie des périmètres peut pratiquer la culture de contre saison de riz de juin à décembre avec un rendement de 1 tonne / Ha. Toutefois, cette pratique de contre saison est limitée par les ressources en eau et la température dans certaines zones.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 25 4.6. ANALYSE DES PERFORMANCES ET DES CONTRAINTES DU SYSTEME D’IRRIGATION

4.6.1 Des situations de maîtrise de l’eau différenciées

Dans la sous région Sud-Est, la maîtrise de l’eau est acceptable dans les périmètres réhabilités. Par contre dans les deux sous-régions Nord et Centre , la maîtrise d’eau est très faible , compte-tenu : - du manque d’entretien et de la vétusté des infrastructures, - de l’absence d’ouvrages de contrôle de débit, - du niveau technique et de compétences des AUE si elles existent, - de l’insuffisance des réseaux de drainage.

Pendant la saison des pluies (décembre à avril), on ne rencontre pas de problème d’irrigation du fait de l’abondance des ressources. Cependant , l’irrigation en 2ème saison est plus difficile à cause de manque d’eau.

Pourtant il existe une marge de progrès pour ces systèmes d’irrigation, qui dépend (i) des améliorations que l’on apportera à la gestion individuelle ou collective et à une meilleure maintenance des infrastructures , le niveau de gestion collective est encore faible dans la région sutout dans le nord et le centre du fait des habitudes des usagers et de l’insuffisance de la sensibilisation et de la conscientisation des AUE (plus de la moitié des périmètres n’ont pas encore des AUE formelles) ; (ii) du niveau d’application de la politique du sous secteur irrigué , cette application se trouve encore au stade embryonnaire dans les sous-régions centre-est et nord-est et demande encore des travaux intensifs de sensibilisation et d’appui pour la redynamisation des AUE. Dans les perimètres de la region sud-est, la participation et la prise de responsabilités des AUE sont plus significatives dans les périmètres ayant bénéficié de réhabilitation.

4.6.2 Une accumulation de contraintes de plusieurs natures

Tab. 11 : Principales contraintes à la performance des aménagements irrigués

Objectifs Contraintes • Une meilleure maintenance • Insuffisance, voire absence, de réseau de drainage des infrastructures • Inondation fréquente des parties basses en marée montante d’irrigation • Dégâts dus aux passages fréquents de cyclones • Manque de motivation des AUE pour la participation à l’entretien • Situation foncière actuelle : la majorité des exploitations se trouvent sur des terrains domaniaux • Une amélioration de la • Niveau très bas d’instruction des AUE empêchant l’application du distribution d’eau fonctionnement élémentaire des ouvrages • Insuffisance d’encadrement et d’appui de l’administration • Une gestion plus efficace • Réseaux non fonctionnels pour les périmètres non réhabilités et plus efficiente de la • Inexistence des ouvrages élémentaires (prises et vannes) permettant la ressource gestion des ressources en eau • Contraintes liées au drainage

4.7. RECOMMANDATIONS D’AMELIORATION DU FONCTIONNEMENT DES PERIMETRES

4.7.1. Les attentes des agriculteurs

Les agriculteurs expriment des attentes vis à vis des services de l’Administration : - l’introduction dans les taxes communales du recouvrement des frais de gestion et d ’entretien pour la commodité des recouvrements, étant donné que les communes constituent les structures de base de l’administration ; - une intervention administrative pour arbitrer ou régler des litiges ou conflits qui dépassent les compétences des AUE ; - le renforcement de l’appui et des conseils des services techniques de l’irrigation en vue de l’amélioration des capacités techniques des membres des bureaux pour leur permettre de négocier et d’apprécier réellement la conception et d’améliorer le fonctionnement de leur outil de production ; - le respect des obligations de l’Etat vis à vis de la gestion et de l’entretien des grands ouvrages qui dépassent les moyens des usagers.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 26 Ils souhaiteraient également une participation des opérateurs riziers (collecteurs et riziers) aux frais d’entretien des réseaux, étant donné que ces derniers bénéficient de revenus conséquent dans la filière riz.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 27 4.7.2. Quelques propositions d’amélioration du fonctionnement des périmètres irrigués

Tab. 12 : Propositions d’actions à mettre en œuvre pour renforcer les performances des périmètres

Objectifs Propositions d’actions • Une meilleure distribution • Réhabilitation des infrastructures d’irrigation, de drainage et de protection de l’eau contre les inondations • Augmentation des ressources en eau • Actions de protection des bassins versants à court et à moyen termes, • Réorganisation , redynamisation et consolidation des AUE

• Une gestion plus efficace • Adaptation des textes réglementant les AUE selon les expériences passées et plus efficiente des et les réalités de terrain ressources • Implication des communes et des opérateurs qui sont les partenaires des AUE dans la gestion et l’entretien des réseaux • Renforcement de l’appui et de l’encadrement des AUE • Maintien d’un minimum d’agents hydrauliques compétents pour la gestion des grands ouvrages, pour préserver la sécurité des villages se trouvant en aval en cas de destruction • Sécurisation foncière par l’accès au titre de propriété

• Le désenclavement de la • Réhabilitation totale des routes nationales suivantes : RN11A région (Antsampanana – Vatomandry – Mahanoro) longue de 130 Km / RN5 (Soanierana Ivongo – Mananara Nord – Maroantsetra) longue de 239 Km avec construction d’une vingtaine d’ouvrages de franchissement

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 28 5. STRUCTURE, ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA FILIERE REGIONALE

Rappelons que les activités rizicoles concernent entre 450 et 470.000 exploitations. Cette filière fait également intervenir quelques 4.400-4.500 opérateurs hors secteur productif. Ces opérateurs sont répartis tout au long de la filière et leur foisonnement se comprend à partir de l’importance de la commercialisation liée à l’approvisionnement extérieur.

5.1. ANALYSE FONCTIONNELLE : LA FORTE MULTIFONCTIONNALITE DES AGENTS

On constate sur le terrain une forte multifonctionnalité des agents de la filière. On ne se trouve pas dans la filière riz à Madagascar dans une situation où chaque agent assume une fonction bien particulière qui le différencie des autres agents situés à un stade ou sous-stade différent de la filière. Les riziculteurs peuvent transformer une partie de leur paddy et commercialiser aussi bien du paddy que du riz. La distinction entre collecteur (par définition échelon intermédiaire entre le riziculteur et le grossiste) et le grossiste (habituellement en relation avec le détaillant) n’est pas toujours évidente. Il existe des agents économiques qui sont à la fois en relation d’achat et de vente avec les riziculteurs, les détaillants et même les consommateurs. Les véritables grossistes dans notre analyse sont les opérateurs qui achètent notamment du riz en provenance des autres régions de Madagascar et de l’étranger. Ils s’approvisionnent également en paddy auprès des collecteurs locaux. La multifonctionnalité des agents fait également que les décortiqueurs peuvent avoir une activité de stockage et de commercialisation et que l’on trouve des paysans parmi les collecteurs.

Tab. 13 : Tableau d’analyse fonctionnelle

STADE FONCTION AGENT PRODUITS Approvisionnement en intrants FOFIFA Semences ONG Engrais Amont Vendeurs d’intrants locaux Produits phytosanitaires Approvisionnement en matériel et Vendeurs de matériel et Sarcleuse manuelle équipement d’équipement locaux Charettes Charrue Herse à bœuf Houe rotative / sarcleuse Pulvérisateur Angady /pelle/pioche Faucille / coupe coupe Aménagement des infrastructures Petits Périmètres Irrigués (BM- Réseaux d’irrigation UE) Routes Travaux publics / Génie Rural Pistes Projet PADANE Structuration paysanne ONGs Encadrement technique PNVA, projet PADANE Technique culturale Environnement ONGs Structuration paysanne de la Gestion foncière Service des Domaines Délivrance titres fonciers production Projet PADANE ONGs Financement Institutions Financières (OTIV) Crédits ONGs Production Culture du paddy Paysans Paddy Collecteurs semi-grossistes Transformation en riz Décortiqueurs Riz Son / balle Aval Collecte Collecteurs semi-grossistes Achat-vente paddy/riz Commercialisation de gros Grossistes Paddy Décortiqueurs Riz local Riz importé Commercialisation de détail Détaillants Riz local Décortiqueurs Riz importé Collecteurs semi-grossistes

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 29 La faible technicité des activités de transformation et de commercialisation (la seule contrainte réside dans les besoins de financement) renforce cette multifonctionnalité des agents et leur donne une certaine flexibilité. Cette flexibilité prend surtout la forme d’une participation de plusieurs agents (détaillants, collecteurs et parfois même transformateurs et grossistes) à la commercialisation sur le marché de détail : les agents en aval de la production procèdent aux ventes de riz blanc au consommateur au même titre que les détaillants. On peut dire que la libéralisation a permis l’éclatement du circuit de commercialisation en permettant une stratégie d’intégration semi-verticale de leurs activités pour certains agents en cumulant la collecte à la commercialisation ou à la transformation, afin d’améliorer leur niveau de revenu.

Du fait de l’impossibilité de distinguer avec une fiabilité satisfaisante les coûts et les revenus relatifs à chaque fonction des agents, par hypothèse de travail, les agents économiques ont été comptabilisés en fonction de leur activité principale ou d’une partie de leur activité considérée comme dominante 23 dans les analyses financière et économique. Cette hypothèse de travail simplificatrice mais opérationnelle masque quelque peu la multifonctionnalité de nombreux agents observée pendant les enquêtes de terrain .

5.2. GRAPHE DE LA SOUS-FILIERE ET FLUX PHYSIQUES DE PADDY ET DE RIZ

Sur les 357.000 tonnes de paddy produits dans la région, 345.000 tonnes environ sont disponibles pour la consommation (après déduction des pertes et des réserves pour les semences). Ils se répartissent de la façon suivante : plus de 85% est destiné à l’autoconsommation, moins de 2% est utilisé pour les redevances et dons sociaux, le reste étant vendu sur le marché (soit 10% environ) aux collecteurs (350 tonnes de paddy et 3.000 tonnes de riz) et presque 30.000 tonnes directement aux consommateurs qui le pilonnent ou le font décortiquer eux-mêmes. Les riziculteurs pilonnent la quasi-totalité du paddy conservé pour l’autoconsommation et en font décortiquer quelques 9.500 tonnes dans les moulins.

Sur les 5.000 tonnes d’équivalent paddy achetées aux producteurs, les collecteurs semi-grossistes revendent 36 tonnes aux grossistes et la même quantité aux décortiqueurs dont ils utilisent la prestation également pour presque 150 tonnes. Ils vendent près de 150 tonnes de paddy et 500 tonnes de riz aux consommateurs directement. Enfin le gros de leur activité consiste à vendre environ 2.300-2.400 tonnes de riz aux grossistes régionaux. Ils vendent enfin prés de 300 tonnes de riz aux détaillants.

Les décortiqueurs achètent très peu de paddy (moins de 40 tonnes aux collecteurs) et travaillent quasi- exclusivement en prestation de services de décortiquage (pour 9.500 tonnes pour les producteurs, une centaine de tonnes pour les collecteurs, moins de 40 tonnes pour les grossistes). Ces mêmes grossistes achètent très peu de paddy, qu’ils font transformer, prés de 2.400 tonnes de riz aux collecteurs semi- grossistes, plus de 62.000 tonnes dans les autres régions de Madagascar et presque 90.000 tonnes de riz importé. Ils revendent la totalité du riz acheté aux détaillants locaux qui eux écoulent leurs 170-172.000 tonnes de marchandise au total pour 77.000 tonnes en milieu urbain dans la région (662.000 habitants), 74.000 tonnes auprès des riziculteurs non auto-suffisants et 20.000 tonnes auprès des autres ménages ruraux beaucoup moins nombreux.

23 Par exemple ont été comptabilisés comme décortiqueurs les agents qui ont, à côté de leur activité de transformation, une activité de collecte ou de commercialisation même si cette dernière est exercée à titre principal. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 30

4.2 PRESENTATION DU GRAPHE DE LA SOUS-FILIERE RIZ DE LA COTE EST

AMONT (hors filière): Fourniture en intrants Entretien hydraulique-vulgarisation Crédit Hoechst-FTMV-SAFFJKM PNVA FTMV SAFFJKM Vendeurs d’intrants GR- FOFIFA

PRODUCTION Producteurs mod.14 Producteurs mod.15 Producteurs mod.16 78800 producteurs 131600 producteurs 261200 producteurs paddy :26500 tonnes paddy :126600 tonnes paddy :204300 t

Disponible : 341 400 tonnes de paddy

Redevances métayage : Autoconsommé :300 700 tonnes 4 700 tonnes Dons : 2 000 tonnes transformé 305400 t Vente Ventes : 350 t paddy directe Paddy 3000 t de riz equ. 18900 T riz consommateurs

TRANSFORMATION Collecteurs semi - Pilonnage grossistes Femmes 57 agents 295922 tonnes transf. 126t paddy . 53.100T 39.200 T paddy 483 T 220T paddy riz 2350T riz Décortiqueries 21.050riz 279 T riz 45 opérateurs 9665 tonnes transf. Grossistes 3.020T 15 opérateurs ? Marché régional 62500 tonnes riz Riz importé 87 400 T 64880 T riz 87400 T riz importé

6.200 TDétaillants 4.350 agents vol.vente :153.000 tonnes

Consommateurs : vol. achats 172 000 tonnes riz

Légende :

Prestation de transformation Ventes amont et ventes en gros de riz ou de paddy Riz importé Ventes aval (détaillants, consommateurs) de riz

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 31 5.3. FONCTIONS ET STRATEGIES MICRO-ECONOMIQUES DES AGENTS DE LA FILIERE

5.3.1. La fonction d’approvisionnement ou l’amont de la filière

En l’état actuel des investigations, le recensement des agents concernés en amont au niveau des fournisseurs directs et indirects n’est pas terminé. Ces agents ne devraient pas être très nombreux, et donc leur valeur ajoutée importante, en matière d’équipement ou de fourniture de consommables et de services aux riziculteurs étant donné le faible contenu en capital de la production rizicole. Par contre, les retombées en amont de la construction et de l’entretien des infrastructures d’irrigation sont plus conséquentes. Elles feront l’objet d’une estimation assez précise dans la phase d’analyse économique par la méthode des effets. Ces retombées seront cependant minorées par le caractère fortement convergent de l’économie malgache c’est à dire que très rapidement le contenu en importations des équipements d’irrigation sera important, n’entraînant comme revenu pour l’économie nationale que les taxes douanières relatives à ce matériel importé.

En ce qui concerne la fourniture d’intrants, outre les cabinets vétérinaires privés, qui dans la majorité des cas représentent la Société Commerciale Hoechst, les types de vendeurs varient suivant la localité. De simple épiciers commerçants exercent parfois la fonction dans le Sud-Est. Toutefois quelles que soient les localités, la vente d’intrants est dominée dans une large proportion par les fédérations des organisations paysannes (FTMV) et les organisations confessionnelles (SAFFJKM) ainsi que les ONGs (St Benoît).

Les vendeurs d’intrants sont peu présents sur la Côte Est. Pratiquement absents des zones rurales, on ne les rencontre que dans chefs lieux de sous préfecture dans certaines zones. D’une manière générale, les intrants agricoles se vendent mal à cause de la longue tradition de faible utilisation d’intrants et des prix que les producteurs jugent trop élevés. Par ailleurs, l’offre semble ne pas pouvoir répondre à des demandes importantes et il y a une insuffisance des circuits de distribution : chaque année, les poux de riz (marobe) font des ravages à Maroantsetra sans qu’on soit en mesure de les éradiquer. Les interviews accordés font état du manque des produits nécessaires. Dans cette localité, malgré la prépondérance du riz, il n’y a qu’un vendeur d’intrants, la SAFF FJKM.

Il existe 79 vendeurs d’intrants dans la région Nord, dont les échanges avec les riziculteurs représentent 20% de leur activité. Ils réalisent chacun un chiffre d’affaires d’environ 4,6 millions de Fmg en revendant 1.200 Kg d’engrais (3.300 Fmg / Kg), 165 Kg de semences (1.900 Fmg / Kg) et 95 Kg d’insecticides (7.100 Fmg / Kg).

5.3.2. La fonction de collecte ou le premier stade de l’aval de la filière

5.3.2.1. Généralités sur les collecteurs le riz représente environ 25% du volume d’activité des 57 collecteurs semi-grossistes de la région Est. Ces opérateurs sont de deux sortes : (i) les détaillants / collecteurs souvent situés dans les zones rurales, travaillant pour leur propre compte et à qui les producteurs amènent leur production ; 84% des collecteurs dans l’Est sont dans cette catégorie. Les collecteurs/détaillants qui sont généralement les commerçants locaux achètent soit le paddy soit le riz blanc. Souvent, ils stockent le produit pour le revendre en période de soudure dans la même localité. Dans certains endroits, les prix du paddy peuvent atteindre la fourchette de 1200-1500 Fmg/kg. Il arrive également que les producteurs procèdent au troc en échangeant quelques gobelets du paddy/ riz contre du sel, de l’huile ou du sucre, le prix équivalant à ce moment là à 250-350 Fmg /500-600 Fmg le kilo. (ii) les collecteurs directs venant des localités environnantes qui viennent ramasser le paddy et repartent aussitôt. Ces derniers cependant ont un volume moyen ne dépassant pas les 20 tonnes. Les quelques gros collecteurs de la région de produits locaux ne sont pas intéressés par le riz. Les collecteurs directs sont divisées en deux catégories : (i) ceux qui travaillent pour leur propre compte et ; (ii) ceux travaillant pour le compte d’un grossiste. Les collecteurs directs achètent généralement du paddy et sollicitent les unités de transformation pour ensuite revendre le riz blanc. Ils viennent souvent des zones urbaines et proposent des prix plus incitatifs que les commerçants locaux, généralement entre 50 et 100 Fmg de plus. Les collecteurs directs indépendants peuvent revendre leur produit aux marchands détaillants dans les marchés publics, prenant de 50 à 100 Fmg de marge.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 32 (iii) Il est à noter également l’existence, bien que peu importante, de petits collecteurs informels sur place, souvent des collecteurs / paysans . Ils sont souvent employés par les collecteurs directs et reçoivent des commissions.

La quantité de marchandise passant par les collecteurs est cependant bien faible comparée à l’ensemble des ventes directes aux consommateurs.

Collecteurs : Riz : 3000 t (ou 4600 t de paddy) Paddy : 346 t Producteurs

Consommateurs : Paddy 28 900 t

Deux éléments méritent de tirer notre attention : (i) la prépondérance de la vente de paddy aux consommateurs dans les marchés ruraux; (ii) le faible poids des collecteurs dans les transactions en amont et l’importance du riz blanc dans l’achat des collecteurs. Les facteurs suivants expliquent cette relation atypique si l’on considère que le schéma normal est la liaison directe entre les producteurs-collecteurs pour la vente de paddy : - les marchés ruraux sont développés dans certaines localités de la région et il est plus facile et plus rentable pour les producteurs de vendre directement le paddy dans les marchés ruraux. En ce qui concerne la vente de riz , les prix moyens d’achat du paddy varie entre 980 et 1.100 Fmg (prix moyen 987 Fmg) tandis que celui du riz de 1.900 à 2.035 Fmg/Kg (prix moyen 1.951 Fmg). Avec un coût de pilonage estimé à 137 Fmg/Kg et un rendement moyen de 69%, un calcul unitaire simple permet de constater que la vente du riz (prix moyen 2.114 Fmg/Kg) rapporte un gain supplémentaire de 240 Fmg/Kg aux paysans par rapport au paddy (prix moyen 1.301 Fmg/Kg). - les zones productrices sont fortement enclavées et difficilement accessibles et l’évacuation des produits est difficile 24 . Cette contrainte est citée par 15% des collecteurs comme étant la contrainte principale. - la faiblesse du surplus de paddy commercialisé par les paysans 25 génère des volumes individuels trop réduits pour justifier le rôle économique d’un intermédiaire; avec un volume moyen de vente annuel de 8- 92 kg de paddy par producteur, le ménage ne rencontre pas de difficulté à le commercialiser localement - l’insuffisance de fonds de roulement limite le tonnage effectué par les collecteurs ; - les prix plus attractifs des cultures de rente exercent un effet d’éviction sur le riz. Seulement les collecteurs moyens s’impliquent dans la collecte de riz d’où le faible tonnage effectué.

Paddy (t) Riz (t) Transformateurs : 36 279

Collecteurs Grossistes 36 2.359

Consommateurs 149 484

Les prix de revente du riz varient de 2100 à 2350 Fmg/kg et ceux du paddy de 1000 à 1400 Fmg/Kg selon que l’on soit en période de soudure ou non. Le gros des transactions (60% de la revente de riz) des collecteurs concerne la revente de riz aux grossistes situés dans les chefs lieux ou les Fivondronana. Ces transactions résultent principalement des collecteurs sous contrat avec les grossistes.

24 A Maroantsetra, il nous a fallu 5h de trajet pour effectuer un trajet de 120 km reliant la commune aux villages environnants. 25 16% des collecteurs ont signifié que c’est leur principale contrainte pour développer leurs activités. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 33

5.3.2.2. Profil micro-économique des collecteurs

Tab. 14 : Compte de production-exploitation du collecteur-semi grossiste (en Fmg) Pour un volume annuel de 6,1 tonnes de paddy collecté et 53-55 tonnes de riz COMPTE DE PRODUCTION -EXPLOITATION COLLECTEUR SEMI -GROS COTE EST TOTAL CI 112.029.253 TOTAL PRODUITS 120.849.052 Dont : Dont : Achats 119.395 Riz détail marché 18.066.070 Carburants et lubrifiants 924.276 Riz par collecteur 98.619.491 Entretien et pièces 233.500 Paddy 746.181 Décort. Et pilonnage (vente) 191.685 Paddy consommateurs 3.417.310 Paddy 6.042.091 Riz 103.969.546 Transport 35.300 TFSE 513.466

TOTAL VALEUR AJOUTEE 8.819.799 M-O salariée 241.750 Frais financiers 277.500 Impôt et Taxes 85.522 RBE collecteurs semi-grossistes 8.215.028 dont amortissements 1.007.833

- En moyenne, plus de 96% de la production se vend sous forme de riz dont 15% directement aux consommateurs. - La majorité de la valeur ajoutée revient au collecteurs sous forme de revenu d’exploitation (93%), les ménages reçoivent seulement 2,8% sous forme de salaires alors que les institutions financières et l’Etat ne perçoivent respectivement que 3,1% et 1,0% de cette richesse créée. - Les consommations intermédiaires se rapportant au transport (1,1%) et les TFSE (0,5%) hors filière ainsi que la transformation (0,2%) en filière, constituent l’essentiel des CI après l’achat de paddy (5,4%) et de riz (92,8%). - Les amortissements comptent pour 12,4% du revenu brut d’exploitation laissant un résultat net de 7,2 millions de Fmg par collecteur en moyenne.

5.3.3 La fonction transformation

Les unités de transformation sont peu nombreuses dans la région, on en estime tout au plus 45 sur toute la côte Est. Pratiquement absentes dans le Sud-Est, on en rencontre 8 à Maroantsetra et 6 dans l’ensemble des autres localités. Elles pratiquent essentiellement des prestations de services pour les producteurs, les collecteurs et les grossistes (environ 10.000 tonnes) et rares sont qui ont la possibilité d’acheter du paddy destiné à la transformation pour être revendu en riz blanc (36 tonnes). Sur les 306.000 tonnes décortiquées dans la région, 296.000 tonnes sont pilonnées et moins de 10.000 tonnes sont décortiquées à l’aide des moulins. La forte autoconsommation du paddy régional et le rendement du pilonnage (69%) malgré u coût plus élevé (137 Fmg/Kg) expliquent cette préférence pour ce premier mode de transformation.

Notons que l’investissement moyen du décortiqueur s’élève à 32 millions de Fmg, qu’il utilise son moulin environ 5,3 heures par jour toute l’année et qu’il emploie 3 personnes.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 34 Tab. 15 : Compte de production-exploitation du décortiqueur (en Fmg) Pour un volume annuel décortiqué de 210-220 tonnes COMPTE DE PRODUCTION -EXPLOITATION DECORTIQU EUR COTE EST TOTAL CI 6.441.509 TOTAL PRODUITS 23.113.699 Dont : Dont : Carburants et lubrifiants 3.942.821 Ventes de son 2.147.682 Entretien et pièces 965.606 Ventes de riz 1.091.618 Transport - Service de décortiquage 19.874.398 Paddy 1.033.644 Achats 91.175 TFSE 408.262

TOTAL VALEUR AJOUTEE 16.672.190 M-O salariée 3.152.636 Frais financiers - Impôt et Taxes 370.779 RBE décortiqueur 13.148.775 dont amortissements 3.218.687

- Les produits sont essentiellement constitués de prestations de service de décorticage (85%) et des produits dérivés de cette activité c’est à dire la vente de riz (5%) et de son (10%). - La ratio VA/production (72%) est élevé par rapport aux autres opérateurs économiques. - Les décortiqueurs générent plus de richesse qu’ils n’utilisent de CI. - Les salaires des ménages (19%) et le RBE (79%) constitue la grande majorité de la richesse créée. L’Etat perçoit moins de 3%. - Les CI se concentrent hors filière sur l’énergie nécessaire au matériel de transformation (61%) avant l’achat de paddy en filière (16%). - Les amortissements comptent pour 24% du RBE laissant un résultat net de 9,9 millions de Fmg pour le décortiqueur de la région.

5.3.4. La commercialisation

5.3.4.1. Les grossistes

Une quinzaine de grossistes de la région Est jouent un rôle important dans la mesure où ils permettent de combler l’écart entre la faible production et la forte demande régionales. Achetant principalement du riz blanc à travers le circuit régional, ils revendent sur le marché un volume de 153.000 tonnes de riz à travers le circuit des détaillants (au prix moyen de 2.000 Fmg/Kg), c’est-à-dire 89% de la demande locale dont 2.300-2.900 tonnes de riz local, 62.000 tonnes d’achats extra-régionaux et 87.000 tonnes de riz importé. L’approvisionnement extra-régional provient essentiellement du Lac Alaotra et des Hauts Plateaux. Le riz importé compose 51% de l’approvisionnement régional.

Le riz importé est présent toute l’année dans la région, que ce soit en zone rurale ou urbaine. Partant d’un prix de 1.850 Fmg/Kg Caf dédouané 26 , le prix du riz importé est le moins cher comparé à l’ensemble du pays durant toute l’année, ce qui se comprend aisément car les coûts d’approche sont faibles (par rapport aux achats extra-régionaux au prix de 1.900 Fmg / Kg), Tamatave étant le principal port d’importation du riz à Madagascar. Cela explique également la prépondérance et le rush des grossistes sur le riz importé par rapport au riz local (acheté 2.100-2.200 Fmg /Kg au collecteur). Notons que la seule localité où n’est pas vendu le riz importé est Maroantsetra.

Détaillants : 87 300 t (Importation) 27 Grossistes Détaillants : 65 400 (local)

26 Calcul à partir des différentiels, basé sur les prix internationaux 1999 (riz pakistanais). 27 62 500 (achats extra-régionaux) + 2884 (appro. Collecteurs) + 24 (appro. Transformateurs) Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 35 5.3.4.2. Le profil micro-économique du grossiste

Tab. 16 : Compte de production-exploitation du grossiste (en millions de Fmg) Pour un volume de vente de 10.000 tonnes par an COMPTE DE PRODUCTION -EXPLOITATION GROSSISTE COTE EST TOTAL CI 19.234 TOTAL PRODUITS 20.298 Dont : Riz importé 10.773 Riz 20.298 Paddy national 3,1 Riz national 8.249 Transport 135 Décortiq. Et pilonnage (vente) 0,2 TSFE 73

TOTAL VALEUR AJOUTEE 1.064 M-O salariée 34 Frais financiers 39 Impôt et Taxes 12 RBE grossiste 979 dont amortissements 436

- Les produits se vendent en totalité sous forme de riz en filière. La richesse créée par les grossistes est générée par les activités se situant après la production de paddy, entre les collecteurs et les détaillants, incluant le transport , la transformation et l’importation de riz. - La majorité de la valeur ajoutée créée revient au grossiste sous forme de RBE (92%). Les ménages ne reçoivent que 3,2% sous forme de salaires alors que les instituions financières et l’Etat ne perçoivent respectivement que 3,7% et 1,1% respectivement de la richesse créée. - Le riz local (43%) et le riz importé (56%) constituent les principales consommations intermédiaires des grossistes. - Les amortissements comptent pour 45% du RBE laissant un résultat net relativement élevé de 543 millions de Fmg par grossiste.

5.3.4.2. Les détaillants

Les détaillants sont présents dans toutes les localités urbaines et rurales et s’approvisionnent principalement auprès des grossistes. On estime à plus de 4.300 le nombre de détaillants dans la zone. Souvent constitués d’unité de petite taille, ils disposent d’un fonds de roulement insuffisant 28 et d’une capacité limitée de stockage (2 tonnes). La consommation rurale est plus importante que la consommation urbaine : 54% des ventes répond à la demande rurale. Les activités des détaillants s’amplifient particulièrement au fur et à mesure que la période de soudure approche, c’est-à-dire, lorsque les stocks des paysans s’épuisent. Le tableau ci-dessous donne un aperçu des ventes moyennes par période et par type de riz 29 . Il montre aussi que les prix du riz local et du riz importé ne présentent guère de différence 30 et le riz importé est plus compétitif à des moments de l’année, notamment lorsque l’approvisionnement régional touche à son épuisement.

Tab. 17 : Niveau unitaire de vente des détaillants et prix pratiqués

Ventes moyennes Ventes moyennes Prix riz importé Prix riz local importé (Kg) local (Kg) (Fmg/Kg) (Fmg/Kg) Trimestre 1 75 197 1.850 1.950 Trimestre 2 96 269 2.050 2.050 Trimestre 3 110 357 2.100 2.230 Trimestre 4 115 288 2.300 2.300

Il est intéressant de noter que les prix de détail varient suivant les localités : dans la zone Sud/Moyen- Est et notamment en zone rurale, il peut atteindre 2.500 Fmg/Kg contre un maximum de 2.200 Fmg /Kg et de 1.900 Fmg/KKg à Maroantsetra. Le coût de transport au vu de l’état des routes est le facteur déterminant dans cette variabilité des prix tandis qu’à Maroantsetra, la production est excédentaire pendant toute l’année. Il est par contre plus stable en milieu urbain.

28 Cité comme contrainte par 85% des détaillants. Enquêtes UPDR-FAO. 1999. 29 Tableau issu des enquêtes UPDR-FAO. 1999. 30 Tableau issu des enquêtes UPDR-FAO. 1999. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 36 Le détaillant moyen de la région Est s’approvisionne de 40 tonnes environ par an dont 19 tonnes de riz local. Il a une capacité de stockage de 1,9 tonne et a un niveau d’investissement moyen de 3,5 millions de Fmg. Globalement l’ensemble des détaillants commercialisent environ 65.000 tonnes de riz local et 87.000 tonnes de riz importé soit au total 172.000 tonnes 73.000 tonnes sont écoulées auprès des riziculteurs majoritairement déficitaires, 20.000 tonnes aux autres ménages ruraux et 77.000 tonnes auprès des 662.000 habitants urbains qui ont un niveau de consommation proche de 117 Kg par habitant par an. En terme de qualité de riz, il travaille à 50% le riz import ordinaire, à 49% le riz national ordinaire et à moins de 1% le riz import de luxe.

5.3.4.3. Caractéristiques et profil micro-économique des détaillants

Tab. 18 : Compte de production-exploitation du détaillant (en Fmg) pour un volume d’achat / revente de 40 tonnes de riz par an COMPTE DE PRODUCTION -EXPLOITATION DETAILLANT COTE EST TOTAL CI 80.795.002 TOTAL PRODUITS 84.448.262  Carburant et lubrifiant 171.000 Riz vendu au détail sur marché 84.448.262  transport 353.010  Riz 80.072.492  Achats 48.000  TFSE 150.500

TOTAL VALEUR AJOUTEE 3.653.260  M-O salariée 150.500  Frais financiers 13.500  Autres 157.500  Impôt et Taxes 98.500  RBE détaillant 3.233.260 dont amortissements 181.514

- Les produits totaux sont en totalité constitués de riz hors filière, c’est à dire directement aux consommateurs. - La majorité de la valeur ajoutée revient au détaillant même sous forme de résultat d’exploitation (89%). Les ménages reçoivent seulement 4% de la valeur ajoutée sous forme de salaires, alors que les institutions financières et l’Etat perçoivent respectivement moins de 1% et 2,7 de cette richesse créée. - Les consommations intermédiaires se rapportant au transport et autres hors filière composent les principaux postes après l’achat de riz (99%). - Les amortissements ne comptent que pour 5,6% de RBE laissant un revenu net d’exploitation d’un peu plus de 3 millions de Fmg par détaillant.

5.4. L’ENVIRONNEMENT DU SECTEUR PRODUCTIF : LES STRUCTURES D’APPUI

5.4.1. Les structures d’appuis

Les services déconcentrés du Ministère de l’agriculture en collaboration avec les projets sous tutelle (PPI, PNVA) sont les principaux organes de soutien en matière rizicole. Sont aussi présents par ailleurs les ONG (CARE, le projet Masoala, FTMV, SAF/FJKM).L’essentiel des actions se concentre sur l’intensification : l’amélioration de la technique culturale et les projets concernant la constitution des AUE en vue de la réhabilitation des barrages.

Si les services déconcentrés et les projets sous tutelle interviennent sur des thèmes précis, les ONGs ont une approche plus intégrée et adoptent une démarche multi-dimensionnelle dans le cadre de l’approche participative : (i) en créant ou appuyant des groupements de paysans, (ii) en participant à l’encadrement dans le cadre de l’amélioration des techniques culturales, (iii) en participant à l’approvisionnement en intrants agricoles, (iv) en distribuant des crédits, et (v) en apportant leur contribution à la réhabilitation d’infrastructures physiques : barrages, pistes rurales. Bien qu’à petite échelle, il nous semble que l’approche intégrée crée une dynamique importante qui est appelée à se multiplier . Le problème réside dans la mobilisation des ressources pour couvrir plus de localités.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 37 5.4.2. L’encadrement des riziculteurs

Le PNVA, qui a démarré en 1997, est le maître d’œuvre en matière d’encadrement. Il agit de manière concomitante avec les ONG (SAF/FJKM, St Benoît, FTMV). Les actions portent principalement sur l’amélioration culturale dont les thèmes sont : l’adoption de SRI, SRA, le sarclage à temps et l’utilisation des plants jeunes. Ces efforts tendant vers l’amélioration culturale n’en sont qu’à leur balbutiement. D’après les responsables, si on remarque une propension progressive à l’adoption de ces modes de culture (les visites de terrain ont confirmé ces propos du côté de Soaneran’Ivongo, Fénérive Est), un fort pourcentage de la population reste à sensibiliser. Le taux de couverture de la vulgarisation et le degré d’appropriation demeurent encore faibles. D’autre part, on a remarqué quelques applications d’innovations techniques sur la route de Vatomandry par un meilleur aménagement des parcelles (planage correct, diguette propre, sarclage, repiquage en ligne).

Si on note une avancée palpable en matière de technique culturale, il y a cependant une lacune importante en matière d’utilisation de semences améliorées . La FAO/PNUD a introduit avec la contribution de la FOFIFA il y a 5 ans des variétés dont le 2787 mais depuis les producteurs utilisent essentiellement des variétés locales recyclées. Il n’existe pas de groupement (GPS) ni de vendeurs d’intrants allant dans ce sens. Ceci explique en partie la perte de rendement constatée dans cette région. L’engrais est à peine utilisé. L’argument qu’on rencontre est la fertilité abondante du sol. Cette faiblesse de la demande explique également la faiblesse du développement du circuit de commercialisation d’intrants dans cette région et la rareté des vendeurs d’intrants.

5.4.3. Le crédit rural

Le crédit rural demeure rare et fait particulièrement défaut dans la région : il n’existe ni de crédits de campagnes ni de crédits sociaux. Les seules sources formelles disponibles sont les ONG citées mais les seuls financements disponibles sont octroyés aux Gs et les montants sont trop réduits pour entraîner des effets d’entraînements réels. Ces crédits ont permis du moins d’introduire la notion d’arbitrage et d’éviter en même temps les revers des périodes de soudure.

Dans la CIRAGRI de Fénérive Est, le financement se faisait avec l’aide du FID et a pris fin depuis peu à cause de la réallocation financière opérée au sein de cet organisme qui désormais portera sur les infrastructures. Dans cette sous zone, il existait 19 GCV qui ont reçu chacun un financement de 5 millions par saison, équivalant de 5 tonnes de paddy, jusqu’à l’arrêt du financement.

A Maroantsetra c’est le SAFF FJKM avec le projet Masoala qui ont initié le financement des GCV. Si pour le SAFF FJKM, la constitution des GCV visait surtout des causes économiques, la démarche du projet Masoala consiste surtout à protéger la réserve de Nosy Mangabe dans une approche participative et intégrée. En effet, ses actions se concentrent surtout autour de cette zone afin d’empêcher la population de détruire la forêt. Ainsi, le renforcement de l’autosubsistance est le but de la constitution des GCV. Ils sont au nombre de 9, ayant bénéficié chacun 2 millions sans taux d’intérêt.

L’approche est cependant d’autant plus intéressante qu’à chaque GCV correspond une AUE, constituée pour maintenir les barrages construits par les projets (actuellement au nombre de deux, arrosant 92 Ha). La cotisation pour la constitution des AUE correspond à 15 Kg de paddy par membre et la participation de la population aux travaux se résume à l’apport de main d’œuvre et de matériaux locaux, tandis que les coûts récurrents leurs sont transférés après.

D’après les responsables, l’aspect intéressant se trouve dans la mobilisation spontanée des paysans ainsi que l’existence d’une dynamique indéniable. En effet, après deux ans d’existence, les GCV pensent maintenant à introduire une approche spéculative dans leur démarche afin de procéder à des investissements utiles à l’amélioration de la technique culturale, bref à internaliser le développement de leur activité.

Ainsi, l’implantation des ONG comme la FTMV, St Benoît, SAFF FJKM ou le projet Masoala, de manière concomitante avec le PNVA et le PPI, ont créé une dynamique participative réelle au niveau des planteurs qui prennent graduellement conscience de la possibilité et de la nécessité de l’intensification, de se constituer en une seule voix à travers les groupements. Les interventions des ONG, bien qu’elles touchent qu’une partie des planteurs ont permis d’accompagner les actions des services déconcentrés et d’obtenir une sensibilisation meilleure auprès de la population, attestée par le changement de mode culturale (sarclage à temps, adoption de plants jeunes, un début de SRI, SRA). La couverture géographique est cependant faible et en général, les zones non couvertes sont laissées à elles mêmes.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 38

6. ANALYSE DE LA CONSOMMATION DE RIZ

6.1. LA CONSOMMATION URBAINE

Une enquête a été réalisé dans le cadre de l’étude auprès des consommateurs de riz de la ville de Tamatave afin de comprendre les comportements et les pratiques des ménages en terme d’approvisionnement en riz. Elle a porté sur un échantillon de 55 ménages et a concerné par ailleurs 5 autres villes de Madagascar (Antananarivo, Antsirabe, Fianarantsoa, Mahajanga et Toliara), soit au total 477 ménages urbains enquêtés.

Plusieurs catégories socio-professionnelles constituent l’échantillon : 24% de patrons, 67% de salariés et 9% d’autres catégories à Tamatave. Bien que la proportion des salariés soit importante dans la zone, la décomposition des revenus des ménages selon leur source montre que seulement 20% des revenus sont des salaires, proportion très inférieure à la moyenne nationale (37%).

63% des consommateurs ont manifesté une préférence pour le riz gasy, 34% pour les écarts de triage et 3- 4% pour le riz de luxe. Le riz de table et le riz semi-blanchi n’ont jamais été cités. Avec des dépenses mensuelles de 126.000 Fmg par ménage, les citadins consacrent 14,6% de leurs revenus en achats de riz à Tamatave, proportion proche de la moyenne nationale (14,3%) mais assez éloignée de ce qui se passe dans certaines villes comme Tananarive par exemple (8,4%). Cette somme représente un tiers des dépenses alimentaires environ. Le prix d’achat minimum déclaré est de 1.771 Fmg le Kg de riz tandis que le prix maxima est de 2.423 Fmg. Les consommateurs seraient prêts à payer en moyenne le riz gazy 2.989 Fmg le Kg, le riz issu des écarts de triage 2.759 Fmg et le riz de luxe 3.383 Fmg. Même si ces dernières réponses sont conditionnelles, elles montrent qu’une augmentation du prix du riz dans certaines proportions est absorbable par les consommateurs du pays.

La ration alimentaire quotidienne en riz s’établit à 352 g par tête , pouvant aller de 333 g à 386 g selon la catégorie socio-professionnelle. La proportion de repas où le riz est présent est de l’ordre de 81%, conformément à la moyenne nationale et confirmant le fait que les Malgaches consomment du riz à 4 repas sur 5. Les enquêtés déclarent globalement consommer 63% de riz malgache et 37% de riz importé.

Les ménages de Tamatave s’approvisionnent à 87% dans leur ville et dans 97% des cas règlent leurs dépenses au comptant . Dans 26% des cas, ils utilisent les services d’un taxi pour s’approvisionner en riz. Les contraintes mises en avant par les enquêtés sont d’abord le prix excessif du riz (46%), puis l’insuffisance de trésorerie (33%), le problème de qualité du produit liée au mode de transformation (32%). La non disponibilité du produit (8%) et les problèmes de stockage (5%) sont des contraintes beaucoup moins souvent évoquées. Enfin le conditionnement ne semble pas poser de problème particulier aux consommateurs. Cette répartition des contraintes est peu différente de ce qu’on trouve en moyenne dans l’ensemble des régions bien que le facteur prix soit beaucoup moins actif que dans ces autres régions (60% des répondants).

6.2. LA CONSOMMATION RURALE

Les riziculteurs enquêtés sont de gros consommateurs de riz mais consomment un peu moins de cette céréale que les habitants des autres régions de Madagascar. Ils ne complètent pas pour autant leur consommation de riz par du maïs, à l’image des riziculteurs des Hauts Plateaux qui ont un mode d’alimentation assez proche, mais avec du manioc dont ils font une consommation unitaire de plus de 1 Kg par jour, c’est à dire l’équivalent pondéral de 50% de leur ration quotidienne de riz, c’est à dire encore 34% de la consommation malgache de ce produit.

Tab. 19 : Poids relatif des produits de base dans la consommation des ménages de riziculteurs (Kg//jour)

Nord Nord Ouest Centre Ouest Hauts plateaux Est Lac Alaotra Riz kg 2,31 2,74 2, 61 2,17 2,10 2,95 % 80% 79% 62% 67% 65% 90% maïs kg 0,273 0,224 0,455 0,247 0,047 0,094 % 9% 6% 11% 8% 1% 3% Manioc kg 0,309 0,503 1,134 0,841 1,104 0,244 % 11% 15% 27% 26% 34% 7% Total 2,886 3,465 4,203 3,261 3,255 3,288

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 39

Ceci se traduit par une composition des rations alimentaires qui ne varie pas beaucoup selon les saisons, contrairement à ce que l'on a pu constater par exemple dans la région Nord voisine où les achats de riz importé et l’autoconsommation de manioc connaissent une forte progression au 3 ème trimestre. Dans l’Est, l’autoconsommation de riz diminue légèrement au 3 ème trimestre mais est aussi importante en fin d’année qu’en début d’année. Les variations de consommation sur le maïs, denrée très peu consommée, sont imperceptibles. L’autoconsommation de manioc est assez stable et les achats ne progressent que très légèrement en fin d’année.

Satisfaction des besoins alimentaires (g / jour / ménage de riziculteur)

3500

3000

Achats manioc 2500 Achats maïs

2000 Achats riz

Autoconsommation manioc 1500 Autoconsommation maïs 1000 Autoconsommation riz

500

0 1er trimestre 2ème trimestre 3ème trimestre 4ème trimestre

La très faible substitution entre sources d’approvisionnement selon les périodes de l’année est confirmé par la répartition des ventes des détaillants ou on ne note pas, comme dans le Nord, d’apparition du riz importé sur les marchés seulement en fin d’année. Il est présent dans l’Est toute l’année du fait du déficit chronique de cette région en riz et de sa proximité avec le plus grand port d’importation de Madagascar (Tamatave). La conséquence de ces observations est un niveau de prix du riz légèrement plus faible à l’Est et une moindre variabilité saisonnière de ce prix.

Répartition des ventes des détaillants enquêtés (tonnes)

500

400

300 Import Local 200

100

0 1er trimestre 2ème trimestre 3ème trimestre 4ème trimestre

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 40 7. ANALYSE ECONOMIQUE ET FINANCIERE DE LA FILIERE EST

7.1. LES RETOMBEES DE LA FILIERE PAR LE BIAIS DES CONSOMMATIONS INTERMEDIAIRES

La filière rizicole a très peu de retombées sur les autres secteurs de l’économie à Madagascar puisque près de 85% des consommations intermédiaires qu’elle utilise sont constitués du paddy et du riz qui circule entre les différents niveaux d’agents économiques. On peut noter un impact, bien que limité, sur les autres secteurs alimentaires nationaux par le biais des repas fournis comme avantage en nature à la main d’œuvre en contrepartie de leur force de travail et en complément du salaire (plus de 100 milliards de Fmg). Quelques effets sont également à signaler sur le secteur des transports et des carburants et de la réparation mécanique. Au total, ces effets hors filière s’élèvent à 115 milliards de Fmg. Les semences et engrais ne représentent pas plus de 1% des consommations intermédiaires soit même pas 1 milliard de Fmg.

A ce premier niveau d’observation, le contenu en importations de la production rizicole n’est pas négligeable. Plus de 20% des consommations intermédiaires sont constitués de riz provenant de l’extérieur de Madagascar et qui génère donc des créations de revenus dans d’autres régions du monde. Une analyse économique plus poussée montrera qu’une grande partie des achats de consommables provient également de l’étranger (carburant et lubrifiant, pièces détachées…), ce qui minimise encore les retombées de cette filière sur l’économie de l’île. Le faible niveau d’équipement des agents de la filière ainsi que l’origine importée des infrastructures d’irrigation confirment cette analyse. Ces retombées seront précisément mesurées au niveau national. On peut s’attendre cependant à quelques effets indirects en terme de services (services de transport, location de matériels, entretien mécanique…) ou même à des effets induits (encadrement et vulgarisation des riziculteurs, entretien des périmètres...). Enfin, l’utilisation des revenus distribués à l’occasion du fonctionnement de la filière, qui dans une proportion très importante restent sur place (sauf peut-être en ce qui concerne les grossistes itinérants), donnent lieu à des dépenses secondaires qu’il conviendra d’analyser dans le cadre de l’estimation de ces retombées économiques.

Tab. 20 : Ventilation des consommations intermédiaires de la filière

Consommations Intermédiaires Millions Fmg % CI importés (= riz Importé) 161.601 21,3 CI locales hors filière, dont: 115.145 15,2 • Repas travailleurs 102.427 13,5 • Location de matériels 5.756 0,8 • Transport 3.564 0,5 • Carburants et lubrifiants 973 0,1 • Autres TFSE 1.792 0,2 • Entretien et pièces 57 <0,1 • Achats 220 <0,1 356 <0,1 • Fumier-compost CI locales en filière, dont: 481.507 63,5 • Riz acheté 477.789 63,0 • Paddy acheté 435 0,1 • Semences 988 0,1 • Décorticage et pilonnage 2.231 0,3 • Engrais minéral/Phytosanitaires 64 <0,1 Total consommations intermédiaires 758.254 7.582.254 100

7.2. LES REVENUS CREES PAR LA FILIERE RIZ ET LEUR REPARTITION

De façon à relativiser les résultats des riziculteurs par rapport aux autres agents de la filière, l’analyse s’appuie à la fois sur la performance économique et sur les résultats financiers des agents économiques. Rappelons que l’approche économique valorise l’autoconsommation aux prix du marché. Elle fait abstraction de la faible insertion dans l’économie marchande du principal maillon de la filière, celui de la production agricole.

7.2.1. Qui crée la richesse économique ?

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 41 Les riziculteurs ne créent pas de valeur ajoutée si on se livre à une analyse financière. On peut considérer à ce niveau qu’ils détruisent même des ressources nationales puisque les consommations intermédiaires qu’ils utilisent génèrent un produit de moindre valeur qui ne contribue en rien au PIB national marchand et qui diminue même la valeur ajoutée de l’ensemble de la filière. La riziculture coûte plus qu’elle ne rapporte aux paysans de l’Est, elle leur pose des problèmes de trésorerie. En matière économique, c’est à dire si on rend les riziculteurs comparables aux autres agents de l’économie en donnant une valeur à la totalité de leur production, ils créent pourtant près de 260 milliards de valeur ajoutée c’est à dire près de 90% des richesses créées par la filière. Cet écart, certainement le plus important de toutes les régions malgaches, entre résultats financiers et économiques, provient de deux origines : des faibles performances en moyenne de la riziculture , et ceci est lié, du fort niveau d’autoconsommation dans cette région qui a pour conséquence de minimiser l’intervention et donc la possibilité de création de richesses des autres opérateurs économiques. En effet les grossistes, contrairement à d’autres régions où les flux de riz sont beaucoup plus importants, et les détaillants contribuent chacun à moins de 6% de la valeur ajoutée totale. Enfin les collecteurs et les décortiqueurs ont un poids tout à fait marginal voir négligeable dans l’ensemble.

Au total la valeur ajoutée ajoutée créée dans la filière rizicole de l’Est est surtout non marchande et est surtout le fait des exploitants en simple riziculture avec ou sans tavy.

Tab. 21 : Répartition de la valeur ajoutée entre opérateurs économiques de la filière

Analyse financière Analyse économique aux prix de marché Millions de Fmg % Millions de Fmg % VA producteurs - 1 573 -5,0% 256 929 88,6% VA collecteurs 499 1,6% 499 0,2% VA grossistes 15 965 50,6% 15 965 5,5% VA transformateurs 750 2,4% 750 0,3% VA détaillants 15 885 50,4% 15 885 5,5% VA totale 31 526 100,0% 290 028 100,0%

Tab. 22 : Rappel des performances des riziculteurs par système de production (Fmg)

Analyse financière Analyse économique Nombre d'exploitations RBE/exploitation Tavy exclusif 78.768 - 129.000 128.000 Simple rizi aquatiique + tavy 131.587 - 206.000 481.000 Simple riziculture aquatique 261.206 - 39.000 501.000 % d'exploitation avec RBE riz <0 100% 0% % exploitation avec RBE entre 0 et 0,5million 0% 45% % exploitation avec RBE riz > 0,5 million 0% 55%

Sous réserve que l’on puisse mettre en opposition des secteurs économiques de nature différente et qui sont complémentaires et donc nécessaires les uns aux autres, on peut également noter que le taux de création de valeur ajoutée / production brute est beaucoup plus élevée en riziculture et que ce secteur et celui de la transformation redistribuent un peu plus aux autres agents de l’économie (notamment les salariés), puisque leur ratios RBE/VA sont respectivement de 79% contre près de 90% pour les autres agents (commercialisation).

Tab. 23 : Comparaison de quelques indicateurs de performance par agent de la filière

Analyse financière Analyse économique aux prix de marché (en millions de Fmg) (en millions de Fmg) Produit VA RBE VA/Prod RBE/ Produit VA RBE VA/Prod RBE/ brut Brute VA brut Brute VA Producteurs 34 989 - 1573 - 47 645 -4% 3030% 338 595 256 929 204 174 76% 79% Collecteurs 6 833 499 464 7% 93% 6 833 499 464 7% 93% Grossistes 304 470 15 965 14 680 5% 92% 304 470 15 965 14 680 5% 92% Décortiqu. 1 040 750 592 72% 79% 1 040 750 592 72% 79% Détaillants 367 201 15 885 14 059 4% 89% 367 201 15 885 14 059 4% 89%

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 42

7.2.2. Des revenus très faibles pour le riziculteur

Modérons cependant les propos précédents en remarquant que tous les systèmes de riziculture pratiqués sur la côte Est ont un résultat financier négatif. Ce résultat reflète la situation monétaire réelle des riziculteurs, c’est à dire que pour ces exploitants, la production rizicole coûte plus qu’elle ne rapporte en moyenne. Plutôt que d’acheter la totalité du riz qu’il consomme, le paysan est disposé à payer pour en produire une partie. Etant donné la variabilité des prix du riz sur le marché et qui est cependant moins importante à l’est que dans d’autres régions, cette stratégie revêt une dimension sécuritaire.

En se situant fictivement dans une situation d’économie totalement monétaire, les revenus d’exploitation de tous les exploitants deviennent positifs (faute de quoi le riziculteur n’aurait plus aucun intérêt à produire du riz), mais les revenus ainsi mis en évidence sont dérisoires, même dans le cadre du système de production le plus performant « simple riziculture aquatique » comparé au revenu moyen tous secteurs confondus à Madagascar. A titre de comparaison avec le revenu minimum, le riziculteur du système le plus performant obtient un revenu économique d’exploitation annuel de 501.000 Fmg soit 56.000 Fmg par mois, ce qui représente près de 30% du SMIC malgache 31 .

Dans ce cas, il paraît bien normal que le riziculteur malgache cherche à éviter toute dépense supplémentaire qui, en situation de culture risquée (maîtrise de l’eau, cyclones, prix faibles du paddy…), ne garantit pas que ce supplément de dépense se traduira par une amélioration du niveau de récolte. Il convient donc dans le cadre d’une politique de relance de la filière d’une part d’améliorer la productivité technique (intrants, techniques plus efficaces, équipement…) mais aussi sécuriser les exploitants pour susciter chez eux l’esprit d’entreprise (améliorer la maîtrise de l’eau, favoriser l’accès au crédit pour garantir un prix plus stable…).

Cependant, une amélioration de la productivité rizicole pourrait tout à la fois garantir une partie de son alimentation au paysan et dégager un revenu lui permettant d’améliorer son niveau de vie. Cette perspective serait d’ailleurs plus motivante pour lui en situation de concurrence entre production rizicole et autres cultures, particulièrement les cultures de rente dans l’Est. Actuellement la riziculture ne rapporte rien à la quasi-totalité des riziculteurs de l’Est, même à ceux qui pratiquent le système « simple riziculture aquatique », nous l’avons constaté plus performant que les autres, mais qui nécessiterait d’être intensifié si on fait le choix de relancer la riziculture dans cette partie de Madagascar (mécanisation, engrais, semences, améliorées, amélioration de la maîtrise de l’eau).

7.2.3. Des revenus unitaires comparativement plus élevés en aval

Malgré la faiblesse du revenu potentiellement dégagé par la riziculture et du fait de leur nombre, on l’a vu, ce sont évidemment les riziculteurs qui sont collectivement les principaux bénéficiaires des effets de la riziculture.

Cependant si l’on ramène le revenu d’exploitation de chaque catégorie d’opérateur au nombre d’exploitations concernées ( C.f . les comptes de production-exploitation par type d’opérateur), on se rend compte que le grossiste a un RBE annuel de plus de 979 millions de Fmg (soit plus de 500 fois le revenu minimum malgache) avec néanmoins un RNE de 542 millions fmg (investissements et amortissements élevés), les décortiqueurs de 13,1 millions de Fmg (soit 7,3 fois le revenu minimum), les collecteurs de 8,2 millions de Fmg ; 4,6 fois le revenu minimum) et les détaillants de 3,2 millions de Fmg (1,8 fois le revenu minimum ou 4,7 fois le revenu du riziculteur du système le plus rentable dont on aurait valorisé la totalité de la production). Ces revenus bien qu’élevés sont cependant moins importants que dans d’autres régions de Madagascar.

On peut donc en conclure concernant les secteurs non productifs de l’aval de la filière, que même s’ils ne contribuent pas à créer une forte valeur économique globale étant donné le petit nombre d’opérateurs, lié notamment à la forte autoconsommation locale ; ils permettent cependant aux ménages des opérateurs de la transformation et de la commercialisation du paddy mais surtout du riz de disposer de revenus conséquents. Ceci est particulièrement vrai pour les quelques grossistes de l’Est qui concentrent à une

31 Estimé à 150.000 Fmg. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 43 quinzaine d’entreprises une grosse partie des revenus distribués dans la filière, notamment en liaison avec les importations.

7.2.4. Une filière qui profite essentiellement aux entreprises

La valeur ajoutée de la filière riz dans l’Est est constituée à 82% de revenus d’exploitation des différents opérateurs qui la constituent. Au delà de ces opérateurs, ce sont les salariés qui bénéficient de la plus grande partie des gains distribués et à moindre degré les propriétaires fonciers. La part revenant à l’Etat et aux organismes bancaires est dérisoire (moins de 1% dans chaque cas).

Tab. 24 : Répartition de la valeur ajoutée entre agents économiques

Analyse financière Analyse économique ( aux prix de marché) Millions de Fmg % Millions de Fm g % Salaires et travail 47 396 150,3% 49 402 17,0% Revenu foncier (redevance) - 0,0% 4 677 1,6% Frais financiers 664 2,1% 664 0,2% Impôts et Taxes 631 2,0% 631 0,2% RBE producteurs - 47 645 -151,1% 204 174 70,4% RBE Collecteurs semi-grossistes 464 1,5% 464 0,2% RBEtransfo 592 1,9% 592 0,2% RBE Grossistes 14 680 46,6% 14 680 5,1% RBE Détaillants 14 059 44,6% 14 059 4,8% Total VA 31 526 100,0% 290 028 100,0%

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 44

8. DIAGNOSTIC PROSPECTIF : CONTRAINTES, PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS

8.1. SYNTHESE DE LA SITUATION ACTUELLE DANS LA REGION EST

L’insuffisance de la production par rapport à la demande locale est trop importante pour qu’on puisse prétendre combler l’écart avec une production locale. Des facteurs structurels semblent jouer en défaveur de la région : (i) l’intensification est faible au vu des rendements : la parcelle moyenne par exploitant est trop petite, la maîtrise de l’eau pose un problème majeur et nécessite la construction de réseaux importants, la technologie demeure rudimentaire et il n’y a pas d’utilisation d’intrants adéquate ; (ii) l’environnement n’est pas propice au développement du secteur rizicole : le crédit est pratiquement absent, les régions productrices sont enclavées, les cultures de rente sont plus vues comme génératrices de revenu que le riz, les services publics d’appui manquent cruellement de moyen, ce qui réduit l’efficience de leurs actions. En bref, tous les facteurs semblent renforcer le caractère précaire du riz.

Par conséquent, la commercialisation est dominée par l’approvisionnement extérieur, notamment le riz importé sur les prix desquels s’alignent ceux de la production nationale et qui sont même plus attractifs à certaines périodes de l’année, cela risquant d’exercer un effet d’éviction réel sur la production régionale à terme.

Néanmoins, la région possède un potentiel intéressant : (i) des plaines irrigables s’étendant sur des milliers d’hectares comme à Maroantsetra (Mahalevona) ou à Fénérive-Est (Iazafo) où les rendements avoisinent les 3t/ha, pourvu que la maîtrise de l’eau soit bonne ; (ii) des avancées importantes en matière de technique culturale à partir des actions conjointement menées par les projets d’appui et les ONGs. Les résultats obtenus laissent à penser qu’il est possible d’améliorer l’intensification, notamment dans le Moyen/Nord-Est où le climat paraît favorable.

8.2. PERSPECTIVES D’EVOLUTION ET RECOMMANDATIONS D’ACTIONS

8.2.1. Recommandations générales

S le choix politique était fait de privilégier le riz dans cette région, les actions de relance devraient se concentrer à la fois sur l’intensification : la vulgarisation des semences améliorées et le renforcement des actions menées dans le cadre de l’amélioration culturale mais aussi sur l’amélioration de la maîtrise de l’eau. La réhabilitation des pistes rurales est d’une importance cruciale également afin d’atteindre une couverture géographique plus étendue et permettre aussi d’évacuer les produits. Enfin, les crédits ruraux doivent être multipliés pour solliciter une réponse meilleure de ces actions.

Les réformes sont de nature institutionnelles avant tout : - une collaboration étroite des services déconcentrés avec les ONG pourra renforcer les résultats escomptés. En effet les services déconcentrés n’ont pas la capacité financière et les moyens humains de couvrir la région. Leurs actions manquent singulièrement de synchronisation. Les projets (PNVA, PPI) touchent à leur fin avant d’avoir obtenu les premiers résultats des premières actions entamées. A l’image des actions dans le cadre d’approche intégrée et participative des ONG, la dynamique créée a plus d’effets d’entraînement lorsqu’on adopte une démarche multi-dimensionnelle. - le renforcement des groupements communautaires est une des clés qui permettra d’asseoir la base de ces actions.

8.2.2. Simulations d’alternatives et d’évolutions factuelles

8.2.2.1. Augmentation de la production

Il convient de rechercher une meilleure viabilité de la filière dans le sens d’un partage plus équitable de la valeur ajoutée entre les agents, en particulier au profit des producteurs . Elle peut se faire par augmentation de la production, qui devrait générer une élévation du revenu des producteurs afin

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 45 d’éviter que le déséquilibre actuel s’accentue : l’écart entre la demande du marché et l’offre locale étant trop important (de l’ordre de 150.000 tonnes), il paraît irréalisable et peu souhaitable étant donné les désavantages comparatifs de cette région de se donner comme objectif d’atteindre l’autosuffisance en production rizicole.

On peut plus raisonnablement viser :

(i) la diffusion incitative et avec de gros efforts de vulgarisation de modes de culture sur couverture végétale dans les systèmes de production « riz tavy exclusif » qui sont d’ailleurs les seuls producteurs de Madagascar à l’heure actuelle à dépendre entièrement d’une technique de culture peu rentable et aux effets néfastes sur l’environnement.

(ii) la hausse des rendements des exploitants en « simple riziculture aquatique »de 20% pour améliorer leur revenus liés au riz et les inciter à mieux valoriser la ressource foncière. Cet objectif suppose de faire passer leurs rendements actuels de 782 Kg par exploitation à 938 Kg ou 2.085 Kg à l’Ha, objectif qui semble tout à fait raisonnable quand on le compare avec les rendements actuels de la simple riziculture aquatique du lac Alaotra (4.561 Kg par exploitation ou 2.465 Kg à l’ha) pour peu que l’on y affecte les moyens en intensification nécessaires. Le regroupement des parcelles est également à favoriser dans le cadre de cette intensification car la taille vraiment réduite des parcelles pourrait pénaliser ces efforts d’amélioration des performances. Notons que l’amélioration des rendements sur le riz aquatique est d’autant plus nécessaire et elle doit être suffisamment motivante pour les riziculteurs du système de production « simple riziculture aquatique et riz tavy » pour que ceux-ci acceptent une substitution effective de système de culture.

8.2.2.2. Augmentation du prix du riz et hausse du prix du carburant

D’autres évolutions possibles de l’environnement économique de la filière riz à Madagascar, qu’elles soient souhaitables ou pas, ont des répercussions sur les résultats des opérateurs économiques.

Avec la mise en application effective des nouvelles mesures de taxation décidées en décembre 1999 (taxe à l’importation de riz de 15% et TVA de 20%), il est très probable que le prix du riz local et par conséquence du paddy évolue en fonction de la hausse des prix du riz importé (+25-35%) et augmente courant 2000 dans une proportion semblable, puisque le prix du riz national est contraint par le prix du riz importé. Une augmentation minimisée de 20% du prix du riz national aurait comme effet induit une progression du revenu d’exploitation moyen du riziculteur de 25%. En supposant que les producteurs de paddy bénéficient de la totalité des effets de cette évolution, le revenu d’exploitation de la riziculture passerait ainsi de 303 à 380 milliards de Fmg. Cette hypothèse suppose que les intermédiaires n’accaparent pas la manne financière ainsi créée et que les stocks de riz importé avant le remaniement fiscal soient écoulés rapidement.

Une simulation, toutes choses restant égales par ailleurs, peut être réalisée également à partir de la hausse du prix du carburant. Si on fait l’hypothèse d’une hausse de 50%, pas très éloignée de l’évolution des prix entre 1999 et 2000, cette mesure se traduit par une diminution du revenu d’exploitation des collecteurs de 6% (le revenu individuel passe de 8,2 à 7,8 millions de Fmg), des transformateurs de 18% (de 13,1 à 11,2 millions de Fmg), des détaillants de 3% (de 3,2 à 3,1 millions de Fmg) et des grossistes de 7% (de 979 à 911 millions de Fmg) sans concerner le revenu des riziculteurs. On note une sensibilité de la performance des opérateurs de la commercialisation et notamment des grossistes au prix du carburant beaucoup moins élevé que dans d’autres régions. Elle s’explique notamment par le fait que Tamatave soit à la fois le port de débarquement du riz d’importation et le principal centre de consommation de la région.

8.2.3. Recommandations particulières : baisse de la TVA sur les intrants et protection douanière

Le cumul de TVA sur les intrants, par ailleurs non récupérable puisque le riz local est un produit non taxé, conduit de facto à une charge fiscale qui pèse automatiquement sur la filière. La place du riz dans l’économie nationale et son lien étroit avec le taux de croissance et l’inflation remettent en question cette ressource fiscale et méritent que l’on envisage de la réduire.

Par ailleurs, une taxe d’importation faible fragilise la filière, menacée par des importations en augmentation rapide. Les opérateurs sont incités à spéculer sur le riz importé plutôt qu’à œuvrer dans le sens de la pérennisation de la filière, diminuant la possibilité de substitution aux importations. Ce constat est encore plus alarmant lorsque l’on sait que la production nationale n’est pas compétitive à l’export (frais portuaires, Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 46 coûts de transport, faiblesse des rendements) . Le Gouvernement vient de réajuster sa politique vis à vis du riz étranger en relevant la taxe à l’importation. Notons à ce sujet que plusieurs pays asiatiques, pourtant plus compétitif au niveau mondial que Madagascar, ont récemment pris également des mesures de ce type pour protéger leur production nationale.

8.3 RECOMMANDATIONS D’ACTIONS OPERATIONNELLES

Enfin, nous proposons ici une série de recommandations plus précises pour à la fois : (i) relancer la production rizicole commercialisée dans la région Est de façon à réduire partiellement l’approvisionnement inter-régional et les importations, (ii) renforcer la dynamique régionale en desserrant les contraintes actuelles aux différents niveaux de la filière, (iii) suppléer au phénomène de détérioration des périmètres irrigués et aux dérives de gestion engendrées par le retrait de l'Etat, (iv) relancer une dynamique d’intensification au niveau des producteurs.

8.3.1. Objectifs et actions de court terme (2003)

Objectifs

- Améliorer les conditions de production et les prestations aux producteurs afin de fournir l’environnement technico-économique qui permette l’amélioration des performances de la filière riz de l’Est pour augmenter le volume de production de 20% sur 3 ans (soit 6% par an), - Faciliter le commerce inter-régional en remettant en place un réseau routier opérationnel (environ 350- 400 Km de routes et pistes à réhabiliter), - Développer une filière professionnelle de producteurs et d’opérateurs qui gèrent le potentiel rizicole régional comme un capital de travail à préserver et à renforcer.

Actions et mesures a – Routes, pistes et voies maritimes

- Réhabiliter les routes et les pistes de desserte à l’intérieur de la région pour être circulables en toute saison et en particulier rénover et bitumer les axes routiers suivants (en complément des projets FED et BAD en cours) : Réhabilitation totale des routes nationales suivantes : RN11A (Antsampanana – Vatomandry – Mahanoro) longue de 130 Km / RN5 (Soanierana Ivongo – Mananara Nord – Maroantsetra) longue de 239 Km avec construction d’une vingtaine d’ouvrages de franchissement. b – Information, vulgarisation, organisation professionnelle

- Réaliser un ensemble d’actions de communication médiatique (radio, journal du paysan, forum…) pour sensibiliser les producteurs aux potentiels d’amélioration du fonctionnement de la filière. - Mise en place d’une information quotidienne / hebdomadaire sur les radios locales pour informer et conseiller les producteurs et les autres opérateurs économiques (conseils techniques, intrants, prix du riz et du paddy, prix des autres produits agricoles…). On pourra avantageusement s’inspirer pour cela de la mise en place de l’observatoire des filières à Tulear dans le cadre du projet Sud- Ouest. - Contribuer à la mise en place d’un Système d’Informations sur les Marchés (SIM) cogéré par l’INSTAT et le MINAGRI. S’inspirer de l’expérience des pays d’Afrique de l’Ouest. - Réorganiser le système de vulgarisation (repiquage en ligne, sarclage mécanique, labour attelé…) en s’appuyant sur les OP existantes et les opérateurs aval de la filière riz et un réseau élargi de sites d’expérimentation en milieu paysan. - Déterminer en Recherche-Développement un moyen de disposer sans investissement lourd de méthodes d’amélioration de la maîtrise de l’eau gérables au niveau des AUE. - Renforcer et élargir progressivement les fonctions des OP, des Fédérations et des AUE pour prendre le relais des services de vulgarisation voire assurer certaines prestations (tracteur, labour, traitement des parcelles, stockage….). - Renforcer l’appui des services techniques de l’irrigation en vue de l’amélioration des capacités techniques des membres des bureaux des OP ou des AUE pour leur permettre d’apprécier et de négocier la conception et l’amélioration de leur outil de production.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 47 c – Amont et aval : crédit, intrants, commercialisation

- Encourager la mise en place plus systématique de contrats de commercialisation du paddy pour sécuriser les entrées financières des producteurs et l’approvisionnement des décortiqueries. - En synergie avec les agents aval (collecteurs, grossistes) et les autres opérateurs impliqués dans le domaine du crédit, concevoir et mettre en œuvre un réseau élargi et cohérent de distributeurs de crédit (avec possibilité de remboursement en nature sur une base contractuelle) permettant de passer à 90% de producteurs bénéficiaires. - Faciliter l’accès au crédit aux producteurs désireux d’investir en équipements agricoles. - Développer le réseau de proximité de distribution d’intrants tout en assurant un contrôle de la qualité des produits proposés. d – Concertation et gestion du développement régional

- Favoriser la mise en place d’un syndicat ou tout autre structure interprofessionnelle représentative des opérateurs de la filière afin d’améliorer la relation de proximité entre la demande et l’offre de services et de produits. - Intégrer les résultats de la démarche filière riz dans le cadre du Plan d’Action de Développement Rural (PADR) et associer le GTDR dans la mise en œuvre de la stratégie adoptée. - Impliquer les communes et les opérateurs aval de la filière riz en matière de gestion et de financement de l’entretien des infrastructures d’irrigation. - Assurer le respect des obligations de l’Etat vis à vis de la gestion et de l’entretien des grands ouvrages d’irrigation qui dépassent les moyens des usagers. - Maintien d’un minimum d’agents hydrauliques compétents pour la gestion des grands ouvrages et la sécurité des habitants situés en aval des construction. - Adaptation des textes réglementant les AUE selon les expériences passées et les réalités de terrain.

8.3.2. Objectifs et actions de moyen terme (2002-2006)

Objectifs

- Rendre autonome progressivement la région et la profession agricole dans sa gestion du capital de terres à vocation agricole. - Diversifier les activités régionales disposant d’un avantage comparatif, en complémentarité et en synergie avec la production rizicole. - Améliorer les conditions de production et les prestations aux producteurs afin de fournir l’environnement technico-économique qui permette l’expansion de la filière riz pour maintenir le volume de production acquis.

Actions et mesures

- Accompagner le renforcement du syndicat interprofessionnel de la filière (ou de son équivalent) pour lui permettre progressivement d’assurer de façon autonome la gestion de la filière riz en termes de dispositif d’appui et de conseil, de circulation de l’information, de plate-forme de décision collégiale, de prestation, d’assainissement de l’environnement de la production, de concertation, de défense des intérêts des membres… - Renforcer les capacités du service des Domaines pour clarifier la situation foncière et faciliter l’acquisition de terres ou l’accès à des baux fonciers, en particulier pour les nouveaux arrivants et notamment les riziculteurs désireux d’installer des exploitations modernes de taille plus importante (plusieurs dizaines d’hectares). - Soutien financier partiel de l’Etat aux travaux de réhabilitation de certaines infrastructures d’irrigation et de drainage. - Soutien financier de l’Etat aux travaux de protection contre les inondations et aux actions de protection des bassins versants.Renforcer les capacités régionales de grenier à riz (stockage) mais aussi de production de viande porcine (emploi du son) de manière à diversifier les activités et d’améliorer l’équilibre économique régional. - Diversifier les sources de revenus en milieu rural. - Développer la diffusion des systèmes de gestion agrobiologique des sols (riz pluvial), de mise au point d’itinéraires techniques de gestion durable de la fertilité des systèmes de culture. - Faciliter la reconversion des producteurs pratiquant la culture de riz sur tavy vers les systèmes de culture aquatique et pluvial. Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 48 ANNEXE 1 : Bases de travail de l’étude filière riz

Les régions

6 régions sont identifiées comme des entités spécifiques à enquêter, étudier et analyser séparément. Chaque région est différenciée en prenant en compte la notion de zone agro-écologique et la logique de filière d’approvisionnement tout en respectant les limites administratives de fivondronana. Il s’agit de : - la région Nord : constituée par la province d’Antsiranana sans la sous préfecture de Nosibe ; - la région Nord-Ouest : constituée par la province de Mahajanga ; - la région Centre-Ouest : regroupant d’une part la région du Moyen-Ouest et d’autre part les sous- préfectures du Centre-Ouest de Madagascar. Il s’agit de la partie ouest de la province d’Antananarivo et de celle de Fianarantsoa, la partie nord de la province de Toliara y compris Betioky Benenitra et Betroka ; - la région des Hauts Plateaux : il s’agit de la province d’Antananarivo hors Moyen-Ouest avec les plateaux de la province de Fianarantsoa ; - la région Est : constituée par le littoral est de la province de Fianarantsoa et la province de Toamasina sans la région du lac Alaotra ; - Enfin la région du Lac Alaotra qui comprend la totalité des fivondronana de Ambatondrazaka, Amparafaravola, Andilamena et Moramanga.

NORD NORD OUEST CENTRE OUEST HAUTS EST LAC ALAOTRA NON PLATEAUX COUVERTE Antsiranana Mahajanga Toliara Antananarivo Ifanadiana Ambatondrazaka Nosibe Antalaha Besalampy Manja Ambohidratrimo Vangaindrano Amparafaravola Sainte Marie Andapa Soalala Beroroha Ankazobe Farafangana Andilamena Ampanihy Sambava Maevatanana Morombe Arivonimamo Vohipeno Moramanga Bekily Vohémar Ambato Boeni Ankazoabo Manjakandriana Manakara Beloha Ambanja Marovoay Belo/Tsiribihina Anjozorobe Mananjary Tsihombe Ambilobe Mitsinjo Morondava Ambatolampy Nosy Varika Amboasary Tsaratanana Mahabo Miarinarivo Toamasina Ambovombe Port Bergé Betioky Sud Antanifotsy Maroantsetra Taolagnaro Mandritsara Miandrivazo Andramasna Mananara Nord Analalava Sakaraha Faratsiho Fénérive Est Befandriana Benenitra Antsirabe Vohibinany Antsohihy Betroka Fianarantsoa Vatomandry Bealanana Fenoarivo Centre Ambositra Mahanoro Kandreho Tsiroanomandidy Fandriana Marolambo Ambatomainty Betafo Ambalavao Tanambao Antsalova Ambatofinandrah Ambohimahasoa Manampotsy Maintirano ana Ikongo Morafenobe Ikalamavony Midongy du Sud Anosibe an’ala Mampikony Ihosy Vondrozo Soanierana Ivongo Soavinandriana Ivohibe Iakora Befotaka

L’extrême Sud et les îles (Nosibe et Sainte Marie) ne font pas partie du champ d’enquête. Les régions non couvertes représentent une surface très marginale en riz.

Les systèmes de culture

L’enquête auprès des producteurs de paddy considère deux unités statistiques bien distinctes. D’une part, l’exploitation agricole est retenue pour tous les volets concernant le ménage et ceux relatifs à l’ensemble de l’exploitation rizicole (voir systèmes de production) ; d’autre part, les parcelles sont considérées pour l’étude des systèmes de culture (2.550 parcelles enquêtées en termes de superficie, production, rendement, modalités de gestion technique, coûts de production…).

L’analyse au niveau des parcelles a permis d’analyser les performances par système de culture. Trois système de culture rizicole principaux sont retenus : - le riz aquatique, - le riz pluvial, - et le riz tavy.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 49 Au sein du riz aquatique, quatre sous-systèmes selon la technique culturale sont considérés, et parfois différenciés dans d’analyse. Il s’agit des : - riz aquatique en semis direct, - riz aquatique avec repiquage en foule, - repiquage en ligne ou système de riziculture amélioré (SRA), - système de riziculture intensif (SRI).

Certaines analyses distinguent parmi les systèmes aquatique et pluvial : - le système de forme traditionnelle, - le système de forme améliorée.

Forme de riziculture Critères de caractérisation Forme traditionnelle Sans labour, labour à l’angady Semis direct (à la volée), repiquage en foule Fumure organique sans engrais min. Sans sarclage ou avec sarclage manuel Forme améliorée Labour en culture attelée ou mécanisée Semis en ligne, repiquage en ligne Fertilisant minéral ou organique et minéral Sarclage mécanique (houe rotative) ou chimique (herbicide)

Les systèmes de production

7 systèmes de production rizicole existent à Madagascar sur la base des 3 critères de discrimination suivants : - type de riziculture selon le type de terroir et le mode d’alimentation hydrique, - nombre de récoltes de paddy réalisées en une année pour un type de riziculture ou pour la pratique simultanée de 2 ou 3 types de riziculture, - état du sol après la récolte du riz.

Les 7 systèmes résultant de la combinaison de ces 3 critères sont : - riziculture aquatique et riziculture de tavy, - riziculture aquatique et riziculture pluviale, - double riziculture aquatique, - simple riziculture aquatique, - simple riziculture aquatique suivie d’une autre culture, après la récolte du riz (cultures maraîchères ou autres cultures de rente), - double riziculture aquatique et simple riziculture aquatique puis riziculture pluviale, - riziculture de tavy.

Le premier système de production se caractérise par la pratique simultanée de deux types de riziculture (l’aquatique et le tavy) en terroirs différents. Il permet ainsi à l’exploitant d’effectuer à partir de ces 2 terroirs rizicoles, 2 récoltes de riz en une année. Après la récolte respective, le sol de chaque terroir est laissé nu.

Le second système de production définit la conduite simultanée d’une riziculture aquatique sur sols de bas fonds et d’une riziculture pluviale en sols de collines pour permettre à l’exploitant de produire également 2 récoltes de riz en une année. Le sol de chaque terroir exploité est aussi abandonné en jachère une fois le riz récolté.

Le troisième système de production désigne la succession dans l’année sur une même parcelle de 2 cultures de riz aquatique. Ce qui permet de réaliser dans l’année, 2 récoltes de riz sur le même terroir. Le sol est ainsi continuellement exploité.

Le quatrième système de production correspond à la pratique en une seule saison de l’année d’une culture de riz aquatique. Ce qui ne permet de réaliser qu’une seule production de riz par an. Après la récolte de cette culture principale qu’est le riz, le sol est abandonné en jachère.

Le cinquième système de production est similaire au quatrième à la seule différence qu’après la récolte du riz, le sol est emblavé par d’autres cultures telles que le maraîchage, le blé, la pomme de terre…

Le sixième système de production désigne une exploitation qui, en matière de riziculture, en plus de 2 cultures successives de riz sur une même parcelle, pratique en un autre emplacement une deuxième culture de riz aquatique et également sur sol de tanety une culture de riz pluvial. Ce qui permet à l’exploitant de

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 50 réaliser en une année 4 récoltes de riz. Dans ce cas, à l’exception du lieu de conduite de la double riziculture où le sol est continuellement exploité, le sol des lieux d’emplacement de la riziculture pluviale et de la simple riziculture aquatique sont abandonnés en jachère après la récolte du riz.

Le septième système de production enfin indique une exploitation qui, en matière de riziculture, ne pratique que du riz de tavy. Il ne réalise ainsi qu’une seule récolte de riz par an et le sol est abandonné en jachère après cette récolte.

2 au moins et parfois 4 de ces différents types de systèmes sont généralement adoptés par les exploitants de chacune des 6 régions enquêtées, si bien qu’on a pu rencontrer 18 systèmes de production différenciés pour l’ensemble des 6 régions.

Répartition des exploitations rizicoles selon le système de production par région (campagne 1998/99)

Région Système de production Exploitations Echantillon Exploitations rizicoles enquêté agricoles NORD 189.811 120 203.793 SP 1 riz aquatique+ riz tavy 26.274 31 SP 2 riz aquatique + riz tanety 93.166 42 SP 3 Double riziculture aquatique 70.371 47 NORD-OUEST 215.233 201 228.861 SP 4 Simple riziculture azara sur bas fond 189.018 139 SP 5 Simple riziculture azara + maraîchage 20.513 23 SP 6 Double riziculture aquatique 5.702 39 CENTRE-OUEST 266.723 288 339.238 SP 7 Simple riziculture aquatique 72.476 74 SP 8 Double riziculture aquatique 30.432 70 SP 9 Simple riziculture aquatique + riz pluvial 104.573 28 SP 10 Double riziculture aquatique + simple aquatique + riz pluvial 59.242 116 HAUTS-PLATEAUX 501.965 275 535.579 SP 11 Simple riziculture aquatique (2è saison) 447.782 163 SP 12 Simple riziculture aquatique (2è saison) + cult. contre saison 32.450 95 SP 13 Simple Riziculture aquatique + riz pluvial 21.733 17 EST 471.561 179 479.349 SP 14 Tavy exclusif 78.768 13 SP 15 Simple riziculture aquatique + riz tavy 131.587 47 SP 16 Simple riziculture aquatique 261.206 119 LAC ALAOTRA 76.017 145 86.153 SP 17 Simple riziculture aquatique 60.586 89 SP 18 Simple riziculture aquatique + riz taney 15.431 56 Zone non couverte par l’enquête 149.746 - 162.259 1.871.056 1.208 2.035.232

Les enquêtes

8 enquêtes (producteurs, collecteurs, décortiqueurs, rizeries, grossistes, détaillants, consommateurs, vendeurs d’intrants) ont été réalisées entre juin et novembre 1999. Trois équipes de « Collecte Investigation Enquête » (CIE) comprenant enquêteurs et consultants ont couvert l’ensemble des 6 régions identifiées. Les zones rurales ont été couvertes par deux équipes CIE Nord et Sud. Les principales agglomérations urbaines ont été couverte par l’équipe CIE Urbaine. Les enquêtes, avec questionnaire préétabli, ont porté sur : - 1235 producteurs, - 477 consommateurs urbains, - 331 détaillants, - 153 collecteurs, - 134 décortiqueurs, - 60 vendeurs d’intrants, - 6 rizeries, - plusieurs grossistes

La saisie et le traitement des questionnaires se sont étalés entre août et décembre 1999. L’analyse des données s’est terminée courant mars 2000 avec la sortie d’une série de documents de résultats préliminaires d’enquêtes, de rapports d’analyse et de synthèses rédigées par les experts impliqués.

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Est / 51 ANNEXE 2 : Typologie des stratégies d’exploitation paysanne à partir des 18 systèmes de production

Produ - Superficie Rendement Solde Produit RBE Riz Nombre Surfaces Production tion paddy riz par moyen ventes- financier Ana. Eco d'exploita- totales totale Micro -producteurs avec stratégie rizicole de subsistance par expl. exploitation Kg/Ha achats riz brut (Fmg) tions (Kg) (Ha) (Kg) (Fmg) (Fmg) SP 1 Nord riz aquatique+ riz tavy 792 0,64 1 230 - 340 927 838 327 429 645 26 214 16 882 20 759 SP 2 Nord riz aquatique + riz tanety 1 114 1,00 1 111 - 234 958 1 285 610 611 393 93 166 93 418 103 779 SP 14 Est Tavy exclusif 336 0,45 747 - 477 003 3 646 801 127 646 78 768 35 446 26 490 SP 15 Est Simple riziculture aquatique + riz tavy 962 0,95 1 008 - 432 262 1 140 211 481 748 131 587 125 573 126 634 SP 16 Est Simple rizculture aquatique 782 0,45 1 745 - 385 943 1 223 040 500 748 261 206 117 099 204 337 Sous total 816 0,66 1 241 - 374 218 1 520 465 461 000 590 941 388 417 481 999

Producteurs diversifiés en polyculture avec straté gie d’autosuffisance SP 3 Nord Double riziculture aquatique 1 757 1,06 1 661 - 2 144 2 611 308 928 696 70 371 74 460 123 646 SP 5 Nord-Ouest Simple riziculture azara + maraîchage 1 154 1,04 1 105 - 111 335 2 641 100 749 690 20 513 21 416 23 663 SP 7 Centre-Ouest Simple riziculture aquatique 1 155 0,61 1 905 272 782 1 775 936 618 187 72 476 43 935 83 680 SP 9 Centre-Ouest Simple riziculture aquatique + riz pluvial 1 565 1,00 1 569 412 653 1 400 181 771 911 104 573 104 312 163 687 SP 11 Hauts Plateaux Simple riziculture aquatique (2è saison) 1 951 0,62 3 167 64 705 4 085 714 755 952 447 782 275 789 873 437 SP 13 Hauts Plateaux Simple Riziculture aquatique + riz pluvial 1 755 0,67 2 631 55 780 3 246 867 - 66 259 21 733 14 498 38 151 Sous total 1 771 0,72 2 444 115 407 3 272 291 737 000 737 448 534 409 1 306 264

Producteurs avec stratégie de spéculation riz dominante SP 4 Nord-Ouest Simple riziculture azara sur bas fond 1 733 1,27 1 368 121 424 2 584 704 1 302 004 189 078 239 581 327 751 SP 6 Nord-Ouest Double riziculture aquatique 1 888 1,37 1 377 1 245 659 2 163 231 1 533 017 5 702 7 821 10 768 SP 8 Centre-Ouest Double riziculture aquatique 1 478 0,74 1 997 1 131 860 3 218 707 845 401 30 432 22 523 44 988 SP 10 Centre-Ouest Double rizi. aquatique + simple aquatique + riz pluvial 2 580 1,35 1 908 916 141 2 020 914 1 397 247 59 242 80 131 152 867 SP 12 Hauts Plateaux Simple rizi. aquatique (2è saison) + cult. contre saison 2 986 0,89 3 353 815 993 6 031 500 1 544 926 32 450 28 893 96 889 SP 17 Lac Alaotra Simple riziculture aquatique 4 561 1,85 2 462 2 914 978 4 242 766 2 474 917 60 586 112 254 276 322 SP 18 Lac Alaotra Simple riziculture aquatique + riz taney 5 479 2,35 2 330 2 238 795 4 298 427 2 477 558 15 431 36 291 84 550 Sous total 2 530 1,34 1 885 1 340 693 3 150 311 1 531 000 392 921 527 493 994 135

ANNEXE 3 : Flux de paddy et de riz échangés entre agents économiques dans la région est

Est Madagascar Tonnes % Tonnes % Niveau producte urs Paddy produit par région 357 461 2 782 398 Paddy disponible (après sem./perte) 344 861 100% 2 614 446 100% Equivalent riz (67%) 1 725 535 Autoconsommé (equiv paddy) 300 753 87% 1 625 752 62% Solde 44 109 988 695 Paddy vendu 33 939 10% 791 605 30% Redevances, dons,… 6 769 2% 189 710 7%

Padd.transformé en riz par l'exploitant 305 389 89% 1 759 785 67% Padd. transformé par pilonage 295 922 97% 1 073 908 61% Padd. transformé par decortiq 9 467 3% 685 877 39% padd. vendu en riz (collecteurs semi-gros) 4 636 14% 133 362 5% Equivalent riz 3 014 86 986 Padd. vendu en paddy (collecteurs) 346 1% 629 286 24% Padd. vendu aux consommateurs 28 956 85% Total Equiv.riz commercialisé 22 060 525 208 Collecteur -semi -grossis te local Quan. Moy.annuelle paddy collectée (T) 6,1 Quan moy de riz collectée 53,3 Quan moy de paddy vendue 3,2 Quan. de paddy transformée localement 2,9 Quan moy de riz vendue 55,2 - Nombre de collecteurs semi -gro ssistes 57 4763 Volume de riz acheté 3 014 Volume total de paddy acheté 346 629 286 24% Volume de paddy transformé localement 126 - Volume de Paddy vendu 220 277 040 Paddy vendu aux transformateurs 36 16% 176 099 64% Paddy vendu aux grossistes régionaux 36 16% 95493 34% Paddy vendu aux consommateurs 149 68% 5448 2% Volume de riz vendu 3 121 320 214 Riz vendu aux grossistes régionaux 2 359 76% 179 220 56% Riz vendu aux détaillants 279 9% 116 953 37% Riz vendu aux consommateurs 483 15% 24041 8% Grossiste régional Achat de paddy 36 95493 4% Transformé chez le transf 24 63980 Achats de riz au Collecteurs semi-gross. 2 359 179 220 Achat de riz au transfo. - 105 947 Achats extra -régionaux 62 500 176 500 Achat de riz importé 87 352 187 623 Total riz malgache dispo 64 883 525 646 Vente locale aux détaillants locaux 64 883 347 247 Ventes extra -régionales - 178 400 Ventes de riz importé aux détaillants 87 352 187 628 Total Ventes riz malgache + riz importé 152 235 713 274 Transformateur 65% services: Paddy transformé pour les prod. 9 467 685 877 paddy transf. pour les collect. semi-gro locaux 126 352 247 Paddy transformé pour les grossistes régionaux 36 95493 Produits achetés Approv paddy venant des collecteurs 36 176 099 Disponible annuel en riz transformé 24 116 225 % de ventes riz aux détaillants 24 100% 11237 % de ventes au collecteur semi-grossiste local - 0% % de ventes riz aux grossistes régionaux - 0% 85009 Est Madagascar Tonnes % Tonnes % Est TOTAL Tonnes % Tonnes % Détaillant locaux en riz modalités d'approv. Quan.moy.approv riz local 0,34 49% Quan. Moy en riz import 0,35 51% % riz importé vendu 51% Nb d'Approv. par semaine 2,80 x/sem Volume annuel approv./détaillant (t) 39,54 tonnes 29,67 67 Volume annuel approv. Riz local/détaillant 19,45 tonnes 21,83 Volumes réalisés par détaillants approv. des transformateurs (t) 24 11237 approv. Des collecteurs semi-gross. Locaux 279 approv. des grossistes régionaux (t) 64 883 347 247 Volumes autres agents sur marché détail Approv. Directs en paddy (equiv. riz) par prod/coll 18 918 approv. En riz des collecteurs 483 24041 Total de riz local commerc par an 84 587 521 947 Total Volume de riz impo rté vendu 87 352 187 628 Total riz vendu ttes origines confond. 171 939 709 574 Nombre de détaillants 4 348 23912 Vol. ventes aux riziculteurs 73 353 232 446 % de pop. Rurale non rizicult. 5% Volume de vente autres ménages ruraux 20 431 60969 Vol. ventes en milieu urbain 77 339 415 381 Total besoins en ventes 171 123 708 797 Consommateurs Nb d'habitants urbains (1999) 662 152 3 714 089 Moyenne consommation urbaine (kg/an) 116,8 111,8 Volume annuel de consommation urb. 77 339 415 381 Volume annuel cons. rurale (hors autocons) 93 784 293 415 Besoins en vol. des détaillants 171 123 708 797

Etude filière riz FAO-UPDR / Rapport régional région Nord / 2