Etude de terrain– VAMS DLAT Engref Clermont-Ferrand Module « Analyse spatiale pour le diagnostic et le projet de territoire » Commanditaire : Parc naturel régional de en Mars 2005

Contributions de la forêt aux dynamiques territoriales du Parc naturel régional de Millevaches en Limousin

Compte-rendu de l'intervention des élèves de l'ENGREF de Clermont-Ferrand pour l'animation de groupes de travail et de débat auprès des acteurs du plateau de Millevaches

Contexte échelles et dans un contexte territorial en élaborant des documents graphiques. La forêt représente 51% de la surface du territoire du Parc Naturel Régional (PNR) de Millevaches et Dans un troisième temps un débat a été organisé présente des atouts économiques importants. Cette autour des documents élaborés avec les acteurs et à forêt contribue, directement ou non, à la partir de 4 thèmes retenus à l'issue des groupes de transformation de l'espace dans lequel elle s'inscrit. travail : Ainsi, pour la conduite efficace d'une politique de - la filière bois développement du territoire du PNR de - la répartition spatiale entre agriculture et forêt Millevaches, la politique forestière du territoire doit dans l'occupation de l'espace être menée dans un contexte plus global de - l'importance sociale de la forêt développement, en tenant compte des autres - les échelles de réflexions, les échelles d'actions structures et dynamiques du territoire. L'ensemble de ces travaux s'est effectué sur une

C'est dans ce contexte que les élèves de l' ENGREF durée de 3 jours. Ce document présente le compte- de Clermont-Ferrand ont été sollicités par le PNR rendu des élèves de l'ENGREF autour de ces 4 de Millevaches pour animer la réflexion autour de thèmes abordés. la contribution de la forêt aux dynamiques de développement du territoire du PNR de Millevaches. A 20 Aubusson N 141

Bourganeuf Limoges Méthodologie HAUTE- Dans un premier temps une analyse des données IFN, cartographiques, statistiques (région

Limousin, RGP, RGA) et des diagnostics existants a été effectuée. Ceci a permis de situer les A 89 Ussel dynamiques forestières dans la dynamique globale de développement du territoire du PNR de CORREZE Millevaches et de produire des documents Egletons graphiques illustrant les principales organisations et Tulle enjeux du territoire. Nord

Dans un deuxième temps, 49 acteurs (sylviculteurs, Brive-la-Gaillarde professionnels forestiers, administratifs, élus et agriculteurs) ont été sollicités pour une demi- Autoroutes Périmètre PNR Millevaches Routes nationales journée de travail autour des documents élaborés. Limites départementales Routes départementales Répartis en 3 lieux, les 28 acteurs présents ont Pôles urbains Courbe de niveau des 600m mené une réflexion sur la forêt à différentes Eléments de structure du PNR de Millevaches

1 1. La Filière Bois L'autre moitié de la récolte est exportée sous forme de grumes (Espagne, Puy-de-Dôme, etc.), donc sans aucune valorisation locale. 1.1. Etat des lieux

La ressource forestière La forêt représente 51 % de la surface du PNR de Moissannes Bourganeuf Millevaches, soit 170 000 ha. Le taux de boisement est variable selon les communes, de 20 à 80 %. Les Limoges zones les moins boisées sont situées en marge est et Felletin ouest du PNR. C'est actuellement le territoire le plus boisé du Limousin, alors que c'était un des Vers Eymoutiers le Puy de Dôme moins boisés au début du 20ème siècle. Meymac Les résineux sont majoritaires à 60 %. La zone Ussel de fort enrésinement se situe au cœur du Vers Saillat plateau. Ils sont représentés par : Egletons Nord − l'épicéa : 24%, localisé au cœur du plateau, Vers l’Espagne planté dans les années 50 à 80. Aujourd'hui, les surfaces sont en diminution Tulle − le pin sylvestre : 14%, localisé à l'est du PNR,

il provient de boisements anciens et n'est plus Brive-la-gaillarde renouvelé. − le douglas : 14 %, localisé à l'ouest et au nord Flux de matière première Fort taux de boisement Flux de sciages ouest du PNR. Il s'agit de boisements récents. Taux de boisement moyen Scieries Usines de trituration Sa croissance très rapide et son prix de vente Ressource forestière et première transformation ont favorisé son implantation sur le plateau : c'est l'essence la plus plantée actuellement. Les entreprises de seconde transformation sont elles aussi implantées majoritairement en périphérie du Le feuillu principal est le chêne : il occupe 26 % du territoire. Leur approvisionnement en matière territoire notamment en frange est et ouest du PNR. première est réalisé en grande partie avec des Le hêtre ne représente que 8 % du territoire, les ressources extérieures (pays nordiques, bois des peuplements sont âgés (plus de 80 ans) et pour Vosges, etc.). beaucoup proches de l'âge de renouvellement.

Les feuillus sont souvent de qualité médiocre (gel notamment). Les résineux représentent la quasi totalité de la production et sont souvent de qualité moyenne faute de réelle gestion sylvicole (absence Guéret d'élagage ou d'éclaircie) ceci malgré une augmentation constante de la qualité.

Bourganeuf La production forestière est en hausse constante et la récolte progresse mais reste largement inférieure Limoges Felletin La Courtine aux attentes. Faux la M.

Peyrelevade La transformation Eymoutiers Environ la moitié de la récolte est transformée par Meymac des scieries locales dont les principales sont situées Bugeat Ussel en périphérie du parc, à proximité des axes routiers (N141, A89, N89). Les produits issus de ces scieries sont quasiment tous exportés pour être Égletons valorisés à l'extérieur du territoire. Tulle

Les déchets de scierie et les premières coupes Nord d'éclaircies sont utilisées par les entreprises de Brive-la-Gaillarde trituration locales (usines de panneaux d'Ussel) et Entreprises de 2ème transformation aussi par la grosse usine de pâte à papier de Saillat (nombre d’emplois) Flux de bois importés (feuillus 80 %, résineux épicéa 20 %). Seconde transformation

2 Peu de liens sont constatés entre la première et la 1.4. Eléments de débats seconde transformation. Les entreprises de celle-ci, à forte valeur ajoutée et créatrices d'emplois, sont L'usine de Saillat a une importance régionale forte, déconnectées du territoire pour leur mais la dépendance locale est plus faible compte approvisionnement et se pose alors la question de la tenu de son type d'approvisionnement. Par contre, durabilité de leur présence sur le territoire. se pose le problème de la valorisation des premières éclaircies de douglas (bois rouge). 1.2. Fragilités Le constat est partagé d'une absence locale Le capital forestier est bien connu, notamment d'entreprise de seconde transformation pour le grâce aux inventaires successifs de l'IFN1. douglas et même de première transformation pour Cependant, en l'absence d'appropriation collective les gros bois de douglas qui arrivent à maturité. de ces informations (pas d'analyse de la répartition de la ressource en essence et en qualité, absence de L'IFN est prêt à apporter sa contribution pour la projection sur l'évolution de cette ressource, pas de mise en perspective des données les plus récentes et mise en relation avec les besoins aval), les préciser les enjeux forestiers du territoire. propriétaires forestiers ne sont pas source de Notamment, le douglas représentera bientôt 50 % propositions vis-à-vis de la première transformation de la production de bois sur le Parc. (évolution des modes de vente ; garantie d'approvisionnement quantitatif et qualitatif ; Par ailleurs, l'expérience de la gestion remarquable évolution de la sylviculture) pour écouler des conséquences de la tempête de 1999 a permis localement les produits forestiers actuels. de constater une forte mobilisation des acteurs en cas de crise et laisse suggérer un potentiel important Réciproquement, les scieurs se doivent d'adapter pour la valorisation de la production forestière. leur outil de production notamment vis-à-vis de la récolte massive de douglas à venir, ce qui peut être La mise en place du pôle interprofessionnel du bois source de création d'emploi localement. permettra d'exprimer ce potentiel.

Enfin, il apparaît nécessaire de disposer sur place A n'en pas douter, cette structure devra notamment de débouchés de seconde transformation pour les être actrice dans la recherche des sources produits issus de la première transformation d'approvisionnement compte tenu de l'installation (valorisation locale, intégration territoriale de la prochaine de 4 usines de cogénération sur le filière bois, maintien voire création d'emplois Limousin (Saillat, Moissannes, Felletin, Egletons) locaux). Ceci implique, là encore, un et permettre le développement d'une véritable filière approvisionnement qualitatif et quantitatif régulier bois énergie locale qui fait l'objet d'une action de ces usines et passe par un dialogue entre tous les spécifique du PNR. acteurs de la transformation.

1.3. Scenarii

Parmi les scénarii envisageables, deux doivent particulièrement attirer l’attention des acteurs de la filière forêt-bois et des responsables locaux :

Scénario 1 : l'usine de Saillat ferme. Quel débouché pour les sous-produits de l'exploitation forestière et des scieries locales ?

Scénario 2 : les entreprises de seconde transformation choisissent de s'installer ailleurs (rapprochement de leur source d'approvisionnement et/ou de leur marché). Quel avenir pour les emplois locaux ?

1 IFN : Inventaire Forestier National

3 2. Répartition spatiale entre forêt Depuis une dizaine d’années un phénomène et agriculture nouveau est apparu : les nouveaux besoins des agriculteurs de trouver de terrains pour étendre leur L’occupation actuelle de l’espace par la forêt est le surface agricole en reconvertissant par exemple des résultat de plusieurs décennies de politiques de surfaces forestières en surfaces agricoles. De ce boisement, soutenues par des aides de l’Etat. Le fait, des zones peuvent faire localement l’objet de boisement était un moyen nouveau d’occuper et de concurrence entre ces deux activités : en effet, les valoriser les espaces délaissés par l’activité espaces constitués de sols de qualité et de pente agricole, en particulier du fait de l’exode rural faible (<30%) intéressent aussi bien les forestiers d’après-guerre. Les plantations volontaires que les agriculteurs. On peut noter que les permettaient de valoriser économiquement des participants de la réunion de Meymac ont fait terrains abandonnés ou difficilement exploitables figurer une zone de concurrence entre ces deux du fait de leurs contraintes topographiques. activités sur la communauté de communes de Aujourd’hui, le territoire du PNR est boisé en Bugeat-Sornac-Millevaches (voir carte ci-dessous) moyenne à 50% et le boisement peut atteindre localement 80% à l'échelle communale. Les surfaces de boisements artificiels ne sont plus en augmentation, elles sont cependant renouvelées par plantations. Seuls les boisements naturels par accrus continuent de faire progresser le couvert Sornac forestier. On note globalement une stagnation du taux de couverture forestière, voire une légère régression (parcelles non reboisées après la tempête de 1999). Di Meymac ège L’exploitation forestière n’est pas la seule voie de Vienne Ussel valorisation de l’espace puisque l’agriculture Vézère occupe aussi le territoire du Parc, et peut parfois Bugeat Communauté de communes rentrer en concurrence avec la forêt. Cette Bugeat-Sornac coexistence entre terrains agricoles et forestiers est Zone de concurrence potentielle une réalité bien perçue par les acteurs du territoire, entre forêt et agriculture qui différencient dans leurs cartes des zones bien spécialisées (voir schéma des Monédières ci- dessous, établi par les acteurs).

De plus, la nouvelle sensibilité vis à vis de la notion de paysages et l’attrait des espaces ouverts, préservant les points de vue sont une nouvelle Bugeat donne fortement perceptible qu’il est nécessaire de prendre en compte.

e Néanmoins, l’échange ou la reconversion entre zèr Vé parcelles agricoles et forestières sont rendus très La difficiles du fait de propriétés forestières Puy de la Monédière essentiellement privées, très morcelées, avec des Suc au May propriétaires souvent absents du territoire. Les ouvertures de paysage par diversification des espaces pourraient être engagées sur le PNR, notamment dans les forêts sectionales ou publiques, là où la maîtrise foncière rend plus facile ces ze rè or évolutions paysagères. C La Certains outils fonciers de remembrement ou de changement de vocation des espaces ont aussi été Corrèze utilisés localement à des échelles restreintes, en particulier après la tempête de 1999 qui a été Résineux l’occasion de quelques évolutions (disparition des plantations en timbre poste dans des zones Agriculture agricoles, remembrement pour améliorer la et feuillus cohérence des exploitations). Néanmoins ces

4 expériences restent ponctuelles et très lourdes à restructuration foncière ont déjà été menées par le porter en termes d’animation. passé (Gentioux…) entre espaces agricoles d’une part et forestiers d’autre part. La SAFER est De ce constat, découlent plusieurs questions d’ailleurs actuellement investie dans un programme correspondant aux grands enjeux dégagés. à l’échelle du Limousin. D’autre part, la question des échanges entre espaces 1/ Quel est l’état du rapport de force sur le foncier agricoles et forestiers mérite d’être posée. Un entre agriculteurs et forestiers ? Existe t-il une programme d’information serait à développer à ce pression agricole sur les surfaces dédiées à la niveau notamment suite à la loi relative au foret ? développement des territoires ruraux. En somme, une politique d’animation est à mener Les dernières données de l’IFN et des services de impérativement afin de diffuser l’information l’Etat (DRAF Limousin) montrent que la répartition existante et ensuite de mettre en relation les spatiale entre forêt et agriculture s’est actuellement propriétaires forestiers, notamment ceux vivant à stabilisée. Cet équilibre tient en premier lieu à l’extérieur, avec la population locale. l’expansion passée de la forêt qui atteint désormais A ce titre, deux expériences pilotes vont être une taille critique (y compris pour les forestiers). menées au sein du PNR et vont permettre de Ensuite, les outils réglementaires tels que la déterminer une ligne de conduite pour l’animation réglementation des boisements permettent de foncière à l’échelle du PNR. La question des garantir ce partage de l’espace rural. Dans leur acteurs qui doivent porter cette animation et des prolongement, les zonages entrepris au niveau modalités de sa mise en œuvre est à travailler. communal fixent les contours de ces entités.

Ceci étant, il est possible de distinguer des zones où l’agriculture reste très présente et gagne même sur la forêt (défrichements autours de Meymac et de Bugeat…). Celles-ci présentent des topographies favorables à l’agriculture (pentes faibles, inférieures à 15 % pour la plupart), et correspondent à des stations forestières de qualité médiocre alors que le pâturage y est aisé. Schématiquement, il s’agit des zones d'anciennes landes. A l’opposé, une partie significative du PNR est propice à la forêt, offrant des stations fertiles (notamment pour le douglas, dont la courbe de croissance est très encourageante) pouvant tirer parti de topographies plus encaissées et des zones de déprise agricole.

En somme, si le PNR peut être vu comme un poumon vert où la forêt est un atout, l’agriculture y reste bien ancrée et peut concurrencer la forêt localement. Un équilibre des forces en présence est désormais quasiment trouvé, et les politiques s’attachent dès lors à raisonner la cohérence de l’ensemble. A ce titre, des outils financiers mis en place par la Région visent à concilier les enjeux de chaque partie, tenant compte de leur répartition respective. Ainsi, la remise en culture desdits « timbres postes » a pris un essor significatif après la tempête de 1999, car cette mesure s’intégrait dans une réflexion globale sur l’occupation du territoire.

2/ Peut-on optimiser l’allocation du foncier, au sein de l’agriculture, de la forêt et de l’une vis à vis de l’autre ?

Même si l’on s’accorde sur l’équilibre actuel entre forêt et agriculture, il est certainement des actions qui pourraient optimiser la propriété, victime d’un grand morcellement. Des opérations de

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3. Multifonctionnalité de la forêt et densément peuplés du centre du plateau ? Dans ce sens, on peut noter l’étude engagée par le PNR de importance sociale la mise en place du produit « Retrouvance », circuit de randonnée itinérante valorisant le patrimoine et La forêt du PNR de Millevaches en Limousin ne se mettant à profit les maisons forestières (selon un réduit pas à une ressource à exploiter ou à un concept de l'ONF). D’autre part, le PNR de espace en concurrence avec les zones agricoles. Millevaches doit s’interroger sur son Elle remplit un certain nombre de fonctions d’ordre positionnement touristique, en se plaçant dans la plus social ou sociétal. Ainsi, elle contribue à forger voie des propositions des régions comme les l’identité du territoire et son image en termes de Vosges ou l’Auvergne ou en s’en démarquant. paysages, de par son étendue et sa diversité d'essences et d'âges. En outre, elle fait l’objet d’un grand nombre d’usages récréatifs, constituant une offre de loisirs pour les habitants ou les voisins du

Parc comme pour les touristes. Reste à trouver

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L u comment profiter des retombées économiques en e e

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C a u r a général indirectes de ces activités. i L o La Maulde n Felletin Vassivière 3.1. Des usages multiples La Vienne L a Eymoutiers D iè g e La nécessaire multifonctionnalité de cet espace Meymac

e forestier est reconnue par l’immense majorité des èr éz V La ze acteurs. Elle est d’ailleurs d’ores et déjà bien réelle. rè or C La forêt est le cadre de pratique de la chasse. Les La cours d’eau font l’objet d’une pression de pêche, notamment à la truite, ou de sports d’eau vive ; la forêt environnante doit tenir compte de ces usages. N La recherche des champignons, bien que moins intense et moins lucrative qu’elle a pu l’être par le Intérêts touristiques naturels Sites d ’intérêt environnemental Cours d ’eau à Intérêts touristiques culturels passé, demeure une activité prisée de la population intérêt piscicole Sites d ’intérêt artistique (église, musée, Cours d ’eau à intérêt centre d ’art) locale et régionale. Elle s’accompagne de la sport d ’eaux vives Habitat cueillette des petits fruits, notamment les myrtilles. Lacs (baignade, pêche) Concentration de résidences secondaires Il existe également des sentiers permettant la Le tourisme dans le PNR randonnée, de quelque nature qu’elle soit, à travers la campagne limousine. Par ailleurs, la biodiversité 3.2. Un obstacle de taille : le foncier de la forêt doit constituer une richesse. Tout cela confère à l’espace forestier de L’aménagement de la forêt pour des usages Millevaches une valeur à maintenir, voire à récréatifs se heurte à un écueil de taille, celui de la améliorer. Ceci peut passer par la mise en place propriété foncière. En effet, l’un des grands atouts d'une charte forestière de territoire par exemple, de la forêt limousine à l’heure actuelle réside dans affirmant la multifonctionnalité. Signalons encore son ouverture au public, bien qu’elle soit très que la Direction Régionale de l’Agriculture et de la majoritairement privée. Cependant, il semble que Forêt s'engage sur le financement au PNR d'un certains propriétaires soient tentés de fermer l’accès technicien en charge de cette thématique de la à leur parcelle, malgré le coût important que cela multifonctionnalité, pour épauler l’ensemble des représente. Plusieurs raisons peuvent expliquer acteurs du territoire. cela : le souhait de réserver l’usage de sa parcelle – L’importance de cette forêt pour des activités de pour la chasse par exemple, mais cela suppose des loisirs est à articuler avec l’offre touristique sur le parcelles de grande taille déjà constituées – ou bien Parc. Les deux principaux sites touristiques du des causes juridiques, notamment la responsabilité plateau de Millevaches, Meymac et Vassivière, sont civile engagée par le propriétaire lorsque des situés dans la zone où le taux de boisement est fort. passants parcourent son bien. Pour garantir que le Ceci ne doit pas constituer un handicap (au niveau passage soit assuré dans ces forêts, on peut paysager par exemple) pour ces lieux ; il faut au imaginer des conventions d’usage. contraire tenter d’en tirer profit, en enrichissant Outre l’autorisation d’accès, il faut que celui-ci soit l’offre d’activités à proximité de ces sites. Par suite, possible, ce qui nécessite un entretien des parcelles cela soulève également la question du choix de la et des sentiers. Ceci pose notamment problème vis- politique touristique dans le Parc : cherche-t-on à à-vis de tous les propriétaires forestiers qui vivent concentrer l’offre autour des zones déjà attractives, loin du Plateau de Millevaches et se désintéressent ou bien cherche-t-on à équilibrer le territoire, en de leur forêt, voire n’ont pas connaissance de son favorisant les activités dans les secteurs plus existence. De manière générale, l’aménagement délaissés actuellement, notamment les espaces peu forestier suppose que les propriétaires sachent ce

6 qu’ils veulent faire de leur parcelle. Y voient-ils un complémentarité) avec ces grandes investissement, un patrimoine, une propriété agglomérations ? Si oui, de quelles formes ? Et foncière dont il importe peu qu’elle soit boisée ou comment doit-il se positionner face à ses non, une zone de loisirs ? Dans l’ensemble, il paraît partenaires ? exister dans le PNR de Millevaches un manque de culture forestière, de la part des propriétaires comme des habitants ou des élus, qui nuit aux Aubusson possibilités de valorisation de cet espace forestier, Bourganeuf et auquel il faudrait donc tenter de remédier. Limoges Felletin 3.3. L'accueil d'une nouvelle population comme condition nécessaire au maintien Eymoutiers et au développement des activités touristiques Meymac

Ussel Nous l'avons vu, différentes offres d'activités touristiques sont envisageables sur le territoire de Millevaches. Cependant, la question de leur Egletons Nord maintien et de leur développement est complexe. Pour cela, il nous paraît opportun de différencier deux types d'évolutions : Tulle

La première consisterait à répondre à la question Brive-la-Gaillarde suivante : est-il nécessaire de faire venir une Zone la moins peuplée et la plus nouvelle population sur ce territoire ? Pôle urbain d ’attraction éloignée des équipements, des services et des axes de circulation Cette question, soulevée lors du débat, a démontré Pôle d ’attraction à le choix stratégique du PNR qui serait de faciliter l ’intérieur du P.N.R. Zone la plus peuplée l'installation de nouvelles populations dans la partie centrale du PNR de Millevaches (carte). Cette Tropisme pour les équipements, les services et l’emploi évolution viserait à mieux répartir la population, actuelle et future, des petites villes qui ceinturent la Dynamique des populations zone centrale au profit de celle-ci faisant figure de zone vide. A la lumière de ces divers constats et points d'interrogations, il apparaît essentiel de susciter une La deuxième tendance, qui n'a pas été retenue par véritable culture forestière sur le territoire de les instances du PNR, serait de laisser la zone Millevaches. Les résultats de nos diverses entrevues centrale suivre sa marche actuelle. Celle-ci se ont pu révéler la faiblesse de celle-ci. Mais il est caractérise par une perte en population au profit des également important de favoriser, par divers pôles urbains qui l'entourent (Eymoutiers, dispositifs, une mobilisation forte et continue des Meymac...). différents acteurs du territoire de Millevaches.

Cette orientation qui n'a pas été choisie soulève Pour terminer, nous avons pu envisager deux néanmoins quelques points d'interrogations : scenarii : • Ne serait-il pas plus avantageux de se servir - Celui du laisser-faire : Si le territoire ne voyait pas des pôles existants comme points d'appui, pour l'arrivée de nouveaux habitants, cela se traduirait favoriser l'implantation de nouvelles par un non développement des capacités d'accueil populations, sachant que ceux-ci concentrent touristiques. Un tourisme de passage s'accentuerait l'essentiel des services ? donc au profit des pôles touristiques (régions de • Ces deux choix mettent en exergue le caractère Limoges, Tulle, Brive et Clermont-Ferrand) indissociable du couple Homme/Paysage. En bénéficiant du report des touristes devant effet, faut-il préserver un espace à faible l'incapacité à se loger ou se restaurer. densité sachant que c'est en premier lieu ce que Accroissement du vieillissement de la population et recherchent les touristes ? poursuite du phénomène de dévitalisation des actifs • En outre, il apparaît nécessaire de repositionner du territoire s'en suivraient. le PNR de Millevaches à l'échelle départementale voire régionale. N'oublions pas - Celui du PNR : L’objectif territorial de développer que les principaux pôles touristiques restent et de diversifier l'offre touristique ainsi que ceux des grandes agglomérations que sont d'augmenter la capacité d'accueil aurait pour Limoges à l'ouest et Clermont-Ferrand à l'est. conséquence de dynamiser le tissu économique et Sur ce constat, ne serait-il pas envisageable, social du territoire et donc, à terme, favoriserait pour le PNR, de tisser des liens (en terme de l'implantation de nouveaux actifs.

7 4. Quelles échelles de réflexions, L’évolution tendancielle conduit vers une plus grande spécialisation des différents territoires au quelles échelles d’actions ? sein du PNR

Le périmètre du Parc naturel régional de L’optimisation de l’exploitation économique Millevaches en Limousin s’insère comme une sylvicole et agricole, mais aussi la résolution de nouvelle échelle de projet territorial, entre les conflits d’usage de l’espace, tendent à spécialiser collectivités locales (communes et établissements les différents territoires. Or une telle approche publics de coopération intercommunale) d’une part sectorielle présente le risque de nuire à l’attractivité et les collectivités territoriales plus vastes du territoire. En particulier, si l’exploitation (départements et région notamment) d’autre part. forestière contribue de façon substantielle à la Les différents thèmes abordés à partir de la production de richesses à l’échelle régionale, elle ne réflexion sur le rôle de la forêt dans le semble pas de nature à favoriser, sans autre développement local sur le plateau de Millevaches approche de sa gestion, le développement ont par ailleurs mis en évidence la superposition, démographique à l’intérieur du PNR et plus loin, l’emboîtement et l’articulation de différentes l’attractivité paysagère du territoire (aspect sombre échelles spatiales de réflexion et d’action. La des massifs de résineux par exemple). pertinence du périmètre du PNR du plateau de Millevaches comme espace de projet et d’action Une gestion intégrée du PNR du plateau de peut donc être réexaminée à l’aune de ces Millevaches comme mode d’aménagement du différentes échelles et contribuer à préciser son rôle territoire de coordination des acteurs. L’intervention des collectivités sur les seuls terrains L’organisation globale de la filière du bois sur le dont elles ont acquis la maîtrise foncière n’est plateau de Millevaches dépasse les limites du certainement pas suffisante pour assurer la qualité PNR du paysage et du cadre vie et promouvoir le développement touristique à l’intérieur du PNR. Parmi les principales entreprises de transformation Des politiques d’aménagement du territoire qui du bois, et à l’instar des principaux bourgs, dépassent l’obstacle de la maîtrise foncière sont plusieurs sont situées à la périphérie du plateau de donc nécessaires et supposent une plus grande Millevaches. Les principaux axes de transport du mobilisation des différents acteurs autour d’une bois sont également situés à l’extérieur du territoire. gestion concertée et intégrée de l’espace aux La réflexion sur l’organisation de cette filière différentes échelles de réflexion et d’action. économique dépasse donc les limites du parc.

Les différences spatiales de densités et de types de peuplements forestiers impliquent des modes de gestion différenciés au sein du PNR

Au delà d’une approche globale de la filière bois, la présence de différentes aires de répartition des essences et des qualités de boisement, mais aussi d’une zone centrale relativement moins boisée et caractérisée par des milieux humides naturels remarquables (tourbières) et de corridors de feuillus le long des principaux cours d'eau tendent à promouvoir des gestions économique mais aussi écologique et paysagère différenciées à l’échelle du PNR.

Des programmes d’actions locales peuvent être valorisés et susciter des initiatives exemplaires

Face aux contraintes d’un parcellaire extrêmement morcelé, qui nécessite d’importants moyens d’animation et de contractualisation pour satisfaire aux exigences d’une gestion forestière mieux optimisée, la poursuite et la mise en œuvre d’actions ciblées et organisées à une échelle locale peuvent se révéler très efficaces et susciter des initiatives exemplaires pouvant être reproduites sur d’autres parties du territoire.

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