La VILLE de DURBUY dans son CADRE HISTORIQUE par Fernand PIROTTE, avec la collaboration de Joseph BERNARD

A. La Terre et Seigneurie (Voir la carte en page 2.) Durbuy. Il se compose essentiellement de Durbuy (aperçu) Du début du XVe siècle à 1756, sauf du prévôt, du receveur du domaine et de 1609 à 1628 sous les Archiducs, la du gruyer ou intendant des bois. Il y a Avant de parler du statut de Durbuy, deux cours de justice présidées par le de sa gestion et de la vie de ses habi- Terre de Durbuy est une seigneurie engagée à prix d’argent par le souverain prévôt: la Haute Cour et la Cour tants, il convient de situer la ville dans Féodale. La première a connaissance de la Terre et Seigneurie de Durbuy et de à un seigneur hautain. Celui-ci jouit des revenus de la Terre selon des toutes actions réelles et personnelles, retracer à grands traits, dans ce cadre, les civiles et criminelles dans les quatre étapes principales de son histoire. modalités convenues, mais doit, à la demande du souverain, rompre le con- bans; on va en appel de ses décisions Notre propos n’est pas de traiter, trat; la somme qu’il a versée lors de devant le Conseil de , puis dans ce chapitre, de l’organisation poli- l’engagère lui est alors remboursée. devant la Cour de Malines, tandis que tique et administrative de la Terre de la Chambre des Comptes de Bruxelles Durbuy par le détail, mais comme son Le seigneur engagiste est seigneur contrôle la gestion financière de la histoire et celle de la ville s’associent hautain de Durbuy,des quatre cours ou seigneurie. intimement, nous ferons une analyse bans et des seigneuries foncières. Il La Cour féodale sauvegarde et régit sommaire du statut de la Seigneurie au exerce dans celles-ci des droits qui va- les biens féodaux et les fiefs; elle ins- XVIe siècle. rient selon les accords pris avec elles. Il a toujours celui d’exécuter le criminel truit et juge les procès qui s’y rappor- Le territoire le plus ancien et le plus qui doit lui être livré, car il a partout la tent ou opposent les fieffés entre eux. stable de la Terre de Durbuy, c’est haute justice, les seigneurs fonciers C’est devant elles que viennent les Durbuy, ville et franchise, et les quatre n’ayant dans leur ressort que la affaires qui n’ont pas été tranchées par cours ou bans de Barvaux 1,de les cours basses foncières nombreuses 2 moyenne et la basse justice. Dans les Grandménil, de Wéris et de la Sarte . quatre cours où il lève la dîme et des dans la région et dont la juridiction est Autour de ce noyau qui constitue le redevances diverses et où les habitants uniquement de fonds et royes, c’est-à- «domaine», se sont groupées et ont lui doivent les communs services, il dire de biens-fonds et de labour. formé avec lui la Terre et Prévôté de exerce la haute, la moyenne et la basse La loi, c’est la Coutume que confir- Durbuy, les seigneuries foncières de justice. ment, précisent ou interprètent des Bomal, Verlaine, Houmart, My, Ville, records, mais ce sont aussi les édits et Férot (vicomté), Izier, Ozo 3, Villers- Les rapports du seigneur hautain ordonnances provinciales ou centrales. Sainte-Gertrude 4, Harre, Noiremont, avec Durbuy,ville et franchise, sont dif- Grimbièville, Grimbièmont, Fisenne, férents: définis par le Record de 1520 Ces rouages administratifs que nous dont nous parlerons, ils ont évolué au puis Enneilles, Petite-Somme et e résumons dans le tableau ci-dessous, Rianwé 5 et enfin Ramezée (créée en XVII siècle surtout. resteront en place, en principe, jusqu’à 1537 environ) et Blier (créée en 1612). L’appareil administratif siège à la fin de l’ancien régime 6.

— 1 — Resteront aussi en place les caté- la herde et son parcours, la répartition Barvaux: 6.000 ha.; Ban de Wéris: gories sociales que le régime féodal des communs services dus par le village 5.000 ha.; Ban de La Sarte: 4.500 ha.; et la coutume avaient établies. Sché- ou le hameau, l’entretien de l’église ou Ban de Grandménil: 4.500 ha.; matiquement, elles sont les suivan- de la chapelle et du moulin banal, le Seigneuries foncières: 9.000 hectares. tes: paiement de l’aide ou des contribu- tions imposés à la communauté, les La population s’élève au début du A. Exempts des redevances: 1. Les 18 e seigneurs fonciers et les gentilshommes qui droits d’usage, etc. En cas de XVII siècle à 4.800 habitants environ ont prêté le serment de fidélité au roi dénombrement, si chaque chef de dans les 4 cours ou bans, 375 à Durbuy, et au seigneur hautain. 2. Les ecclésias- ménage rédige sa tabelle, la commu- 3.200 dans les seigneuries foncières, tiques 7. nauté, entité reconnue par la coutume, soit 8.400 habitants environ, 28 par rédige la sienne au nom de tous ses km2 ; elle subit de fortes pertes à partir B. Exempts des communs services, membres. mais soumis à certaines obligations, les de 1636 et en 1766, date du dénom- 9 fieffés dont le nombre s’est accru 8. Théoriquement, ces catégories brement de Marie-Thérèse , elle avait à peine retrouvé son volume de 1620. C. Les bourgeois de Durbuy et les 12 sociales subsisteront jusqu’à la révolu- francs bourgeois dont nous parlerons. tion française, mais la terminologie * * * médiévale ne rend plus compte des D. Les manants ou roturiers astreints réalités du XVIIIe siècle. Si elle vient Telle est l’esquisse de l’organisation aux communs services. encore à point pour couvrir des abus, administrative et sociale qu’il nous a Ces derniers, qui constituent la elle ne trompe plus personne sur les paru nécessaire de soumettre au lecteur grande majorité de la population, sont changements sociaux qui se sont avant d’aborder l’histoire brève de la groupés, sur le plan du village ou du opérés ou qui sont en train de mûrir. Terre de Durbuy. hameau, en communautés plus ou * * * moins importantes, allant de quelques Nous reportons sur la carte ci-jointe: 1° foyers à 120 à Barvaux. Leur vie est La Terre de Durbuy a une superficie les 4 cours ou bans, 2° les seigneuries fon- définie par divers facteurs: le territoire approximative de 30.000 hectares dont cières, 3° les tours organisées pour la qu’elles occupent, la propriété en com- un tiers de terres labourables, un tiers défense, 4° les sièges de l’industrie minière mun des biens gérés par elles, l’ex- de bois, un tiers de terres incultes. et métallurgique jusqu’à sa disparition en ploitation du sol réglementée par elles, Durbuy: 450 ha. env.; Ban de 1630 environ.

LA TERRE DE DURBUY Les seigneuries foncières et les quatre cours au début du XVIIe siècle

—2 — B. Les étapes principales d’Albe, puis Requesens disparus, Don leurs privilèges. Pendant ce siècle de la Juan s’enferme dans la position fortifiée métallurgie, la cité est la première à de l’histoire de Durbuy de Namur et avant sa victoire de profiter de la prospérité de la région en Jusqu’au début du XVIe siècle, le Gembloux, en 1578, un camp installé sa qualité de centre administratif d’une sort de Durbuy fut intimement lié à près de Bomal pour les troupes de Sa seigneurie et prévôté dont les institu- celui de son château. Majesté procède à de nombreuses tions rénovées se stabilisent et s’har- 13 L’expansion de la métallurgie et du réquisitions . Enfin la chute de monisent malgré des survivances commerce qui marqua le XVIe et le Maestricht en 1579 porte un coup au médiévales qui, au siècle suivant, début du XVIIe siècle dans la Terre de commerce liégeois et par là-même à la freineront considérablement tout pro- Durbuy, valut à la ville ses meilleures Terre de Durbuy qui trouvait déjà à grès social. années; de Charles-Quint aux Liège son débouché naturel. La paix aidant, nobles et roturiers Archiducs Albert et Isabelle. La ville de Durbuy échappe para- prennent une part active à la gestion de Au XVIIe siècle, elle connut, comme doxalement au danger de ces incur- la Terre de Durbuy. Les seigneuries tout le pays, une suite impressionnante sions militaires et ce n’est qu’en 1590- foncières, la Ville et les quatre bans sont de malheurs, mais elle vit aussi s’ins- 1595 qu’elle est réellement menacée bien représentés au collège des prévôt, taller dans ses murs le couvent des lors du passage des troupes de Henri IV échevins, greffiers et commis et les Récollets, puis celui des Récollectines qui gagnent Huy, mais on est alors à la assises de la Cour féodale sont bien qui lui conférèrent un caractère parti- veille de la paix de Vervins et l’arrivée suivies. culier et l’occupation française marqua des Archiducs va ramener le calme que Les manants ont acquis le sens de la les années 1680-1698. prolongera jusqu’en 1621 la Trêve de revendication; conscients de leurs 12 ans. Enfin, de 1714 à 1795, la période droits, ils ne se font pas faute d’en user autrichienne fut pour Durbuy celle de Ainsi donc, malgré une situation à tel point que le seigneur hautain ne l’isolement progressif dans sa cuvette internationale parfois critique et une les heurte jamais de front. On les trou- bien qu’il restât le centre administratif crise nationale grave, Durbuy reste ve dans ce que nous appellerions des de la seigneurie. pendant plus d’un siècle en marge des commissions chargées d’interpréter la Nous allons tenter de caractériser conflits et sa forteresse n’a pas à inter- Coutume et de rédiger des records sur ces trois étapes de son histoire. venir. les bois, les minières, les droits d’usage, Cette période est, sans contredit, la etc. Beaucoup d’entre eux entrent dans 1. 1500-1636: meilleure de l’histoire de la ville. la catégorie des fieffés dont le nombre le siècle de la métallurgie L’industrie métallurgique, particulière- s’accroît. Ils viennent régulièrement On sait que dès le XIVe siècle, la ment florissante de 1520 à 1570, prendre part aux plaids généraux des Terre de Durbuy a une industrie déploie jusqu’en 1630 environ, date de quatre cours qui, depuis 1576, se tien- métallurgique dont il est impossible sa disparition quasi totale, une belle nent toujours à Durbuy et certains d’évaluer l’importance et les archives activité sur les affluents de l’: à d’entre eux figurent parmi les adjudi- nous font totalement défaut de 1400 à Petite-Somme, à Ferot, Nivarlet, cataires aux enchères variées qui se font 1477 10. Mais il est certain que, lorsque Roche à Frêne, Mormont, Blier et La dans la ville. Ils se sentent solidaires de Charles le Téméraire ruine les éta- Fosse. Durbuy, qui a son installation tous ceux qui assurent, dans les entre- blissements métallurgiques de Fran- métallurgique de 1555 à 1575, est alors prises métallurgiques, forestières et chimont, les fourneaux et les forges de le centre où se retrouvent, à l’occasion commerciales, l’essor et la prospérité de la Terre de Durbuy ont une activité, d’enchères ou de procès, gentils- la région. considérable pour l’époque, qui vient hommes, apprentis-industriels de la La fin de cette période faste de l’his- compenser le chômage de Franchi- région, financiers et commerçants lié- toire de la Terre de Durbuy est cepen- mont. geois, fondeurs venus de Franchimont, dant marquée par un conflit A la même époque, les manants des Liège, Aywaille, etc., marchands et particulièrement grave: l’affaire des 4 cours, sentant le moment venu de se acheteurs de bois 14. Bois du Pays. En un mot, il s’agit de libérer, menacent de quitter la Le travail dans les bois, les minières l’exercice de ces droits d’usage dans la seigneurie, comme certains l’ont déjà et les forges et l’arrivée d’étrangers plus forêt qui apportent, depuis toujours, à fait, si le seigneur engagiste n’abolit pas évolués ont permis aux manants de l’ensemble de la population des une «taille de grasse chair» qui leur est s’initier à de nouveaux modes de travail ressources essentielles en matière de particulièrement pénible et ils obtien- et de production et nombre d’entre bois de chauffage, de construction, nent satisfaction en 1478 11. Certains eux, sur la base d’entreprises familiales, d’instruments agraires, de glandée, d’es- d’entre eux connaissent d’ailleurs ont acquis une certaine aisance qui leur sartage. Quand le seigneur hautain et encore la condition servile: elle ne dis- a permis d’acheter des terres, du bétail l’administration centrale, qui a besoin paraîtra que peu à peu de la Terre de et même d’exploiter une petite affaire. d’argent, contesteront ces droits et que, Durbuy au cours des 25 premières vers les années 1590, sera décrétée une années du XVIe siècle 12. C’est alors que les bourgeois de coupe extraordinaire des bois, une lutte Durbuy ont la vie la plus active et la Alors que s’estompent les événe- sévère s’engagera et de longs procès plus prospère de leur histoire sous l’an- s’ensuivront sous les Archiducs; leur ments de 1485 et 1490 pendant cien régime: les dépenses que viennent lesquels avaient été délogés de Durbuy issue consacrera, en 1617, la défaite des faire dans leurs murs les étrangers et les manants. les de la Marck, qui en avaient fait un paysans aisés enrichissent certains repaire, la vie économique et sociale de commerçants et artisans et permettent Si l’on ajoute à cela la disparition la région s’améliore et, vers 1520, s’ou- aux autres de vivre plus largement. Si la quasi totale de la métallurgie vers 1630, vre une période de 50 années de paix ville fait de moins en moins figure de on comprendra la gravité de la situa- et de prospérité relative. bourg privilégié où on venait au siècle tion à la veille d’événements pénibles Il faut attendre l’arrivée du Duc passé «respirer l’air de la liberté», ses comme la peste de 1636 et la guerre d’Albe pour que les incursions et bourgeois s’intéressent de près aux contre la France. réquisitions menacent le pays. Le Duc affaires communales et restent fiers de Jusque là, le jeu des institutions — 3 — donne satisfaction à une population en environs et dont le colonel est logé brèche dans la muraille de la ville pour plein essor; il est cependant faussé du chez «la mère Monet». introduire une chaudière dans sa bras- jour où les Archiducs confient la ges- Il faut lire les déclarations des com- sine et il se justifie en invoquant «la tion de la Terre de Durbuy pour leur munautés 15 et la requête «des pauvres paix tant du côté de France que de la profit à Nicolas de Blier à qui ils don- ruynés de la Terre de Durbuy et du Hollande». nent les pleins pouvoirs de prévôt, Comté de Salme» 16 pour se rendre A La Roche, comme à Durbuy, on receveur et gruyer et à qui ils permet- compte de leur désarroi, de leur est fatigué d’avoir à s’occuper de l’en- tent de s’entourer de créatures à son détresse et des sacrifices qu’exigent tretien des fortifications auxquelles on service. d’eux les négociateurs du traité de ne croit plus et les bourgeois de La Sur le plan religieux, la population Munster. Roche interrogent, à ce sujet, ceux de de la Terre de Durbuy confirme au L’affolement a été tel qu’on a parfois Durbuy qui leur répondent par écrit XVIe siècle son unité que n’entame pas déserté la Terre de Durbuy pour se que rempart et murailles appartiennent l’hérésie. On voit se multiplier les égli- réfugier au pays neutre de Liège ou de à Sa Majesté et que les bourgeois n’ont ses que réclament les gens du pays; elles Stavelot. Le bétail a été enlevé par les à s’en occuper qu’en cas d’urgence 22. s’érigent grâce aux largesses de ceux Hollandais, les paysans réquisitionnés Enfin, c’est sans difficulté que la même d’entre eux qui ont réussi dans la en 1643 n’ont pas pu faire la moisson, année 1662, les Récollectines obtien- métallurgie et le commerce, qu’ils les adversaires se sont disputé les nent l’autorisation de reculer les soient nobles ou roturiers. Les prêtres hommes susceptibles de porter les murailles de la ville pour agrandir leur des nouvelles paroisses sont des enfants armes, etc... propriété et d’y ouvrir un «postis» 23. du pays qui ne font pas figure de pri- Les Durbuysiens ont d’ailleurs intro- Le désastre est évident. Des docu- vilégiés. 17 duit auprès du Roi la demande d’au- ments de 1645 et 1656 montrent que torisation de construire le couvent et, 2. 1632-1714: de 389 ménages que comptaient en optimistes, ils font valoir l’utilité d’une le siècle de l’angoisse 1632 une quinzaine de communautés, institution susceptible d’instruire leurs Une fois rompue la Trêve de 12 Ans, il n’en reste que 127, le tiers, alors filles sur place, la possibilité de gérer la la menace que font peser les Hollandais qu’un certain nombre d’émigrés ont somme laissée par le fondateur, de sur la Terre de Durbuy se précise, mais déjà pu réintégrer leurs foyers. De plus, «donner grand gain et prouffict aux c’est en 1632 que les événements pren- une bonne partie de la terre a passé aux marchands, artisans et aultres subjects nent pour Durbuy une tournure dra- mains des forains de Liège ou de ruynés par les guerres» et d’embellir la matique. Stavelot qui ont échappé au cata- ville 24. clysme. La prise de Maestricht, bastion En 1665, il y a même un projet de espagnol, par Frédéric-Henri de Il suffit enfin de parcourir les re- restauration du château et on y tra- Nassau, le 22 août de cette année 1632, gistres des Revenus Domaniaux pour vaille. s’apercevoir que, de 1636 à 1650, les bientôt suivie de la chute de Limbourg Mais à peine ces travaux sont-ils ter- et Dalhem, ouvre le territoire aux marchés et les ventes aux enchères de Durbuy sont désertés, que les coupes minés et le couvent construit que la si- incursions hollandaises et marque le tuation internationale se complique: début de ce chasse-croisé de troupes de bois ne se vendent plus, que des ter- res situées sur les hauteurs de Durbuy Philippe IV meurt le 17 septembre étrangères que va connaître le 1665 et la guerre de Dévolution com- Luxembourg jusqu’à la fin du siècle. ne se louent plus et que les dettes de guerre sont la préoccupation première mence. Dès 1633, les manants du nord de la d’une population qui désespère de voir La situation est grave en 1667: le 30 Terre de Durbuy, de My à Harre, sont venir la paix. mai, le Prince de Chimay ordonne de soumis aux exactions des envahisseurs La signature du traité de Munster en Luxembourg la mobilisation des gens et sommés de payer une «sauvegarde» à 1648 ranime à peine les espoirs de la de la Terre de Durbuy; les seigneurs laquelle ils sont impuissants à se sous- population. La note à payer est lourde fonciers et les sujets ont à se munir de traire. et la cherté des vivres est exception- bonnes armes pour défendre les En 1635, commencent les hostilités nelle de 1648 à 1652; 1653 est une châteaux, les «maisons de deffense» et entre la France et l’Espagne; les année d’une fertilité remarquable et les les passages de l’Ourthe, le prévôt de 25 Français qui gagnent Huy infligent, le prix baissent 18 ; 1657 est encore une Cassal doit les rassembler . 20 mai, aux Avins, une sévère défaite au bonne année 19, mais en 1662-1663, on Pendant 30 ans, les exigences des uns prince Thomas de Savoie. Pressés vendra le muid d’épeautre noir et et des autres vont se manifester et rares d’opérer leur jonction avec les germé 672 sous au lieu de 160 en 1661 seront les périodes d’accalmie. Hollandais, ils ne font cependant que sur le marché de Durbuy 20. Dès le 18 octobre 1667, Louis XIV passer dans la Terre de Durbuy, mais, Il est vrai que dans l’entre-temps, en taxe à 252 pistoles par an «les villages l’année suivante, ce sont les armées de 1659, a été signé le traité des Pyrénées de la Terre et Prévôté de la Ville et Picolomini et du Duc de Lorraine qui et la paix avec la France suscite l’opti- Chasteau de Durbuy» 26. Le paiement se y séjournent et y laissent un triste sou- misme. Le 16 mars 1660, est arrivée à fait à Thionville. Le 27 janvier 1668, venir. Durbuy une ordonnance de c’est au tour du Prince de Chimay La peste survient en 1636 avec les Luxembourg: il faut que soit rendue d’imposer, au nom du Marquis de conséquences que l’on sait. «notoire et manifeste» la paix avec la Castel Rodrigo, une contribution de Jusqu’en 1645, les Hollandais France et que soient rendues «des 12.000 florins à la province 27 et, le 7 écrasent les gens du pays de contribu- grâces publiques à la divine bonté février, une levée d’esleus dont 30 de tions, réquisitionnent et pillent. En avecq les démonstrations de joye y Durbuy 28. Le 28 avril, de Luxembourg, 1643 et 1644, les troupes impériales appartenantes» 21. on fixe les redevances pour«contribuer réapparaissent pour s’installer dans le On croit donc à la paix comme le à la subsistance des compagnies du pays et on trouve pendant plus de six montrent quelques faits significatifs. Colonel de Beaumont» 29. mois à Durbuy une garnison croate Cette année-là, Jean de Heyd, échevin Situation paradoxale: on voit que doivent entretenir les habitants des de la ville, n’a pas hésité à ouvrir une Warnard de la Tour, échevin de — 4 — Durbuy, quitter la ville occupée par les août, la démolition commence 40. place doivent continuer leurs fonctions Espagnols pour aller payer à Thionville La destruction de toutes les fortifica- et rendre la justice aux habitants de la aux Français, un supplément de contri- Ville et Duché de Luxembourg et de 30 tions ne se fait pas dans l’immédiat; on butions ! procède à certaines démolitions en comme avant la reddition de la La fausse paix d’Aix-la-Chapelle du 1675, car à cette date, l’église paroissiale ville: les appels se feront dorénavant 2 mai 1668 n’arrange rien et en 1672; non plus à Malines, mais à la Cour et qui se trouve au pied du château entre 49 c’est l’attaque foudroyante de Louis deux tours est en ruine 41 et on se sert Parlement de Metz . XIV et l’invasion des Provinces Unies. des pierres «provenant de la ruine des A partir du 1er novembre 1684, Durbuy est dès lors impliqué dans le murailles du château» 42. Mais il ne s’a- Durbuy doit stipendier deux dragons conflit et, en 1673, il est durement git alors que d’une partie des fortifica- et fournir régulièrement trois rations soumis aux contributions de la France tions puisque le 1er juillet 1677, après de fourrages 50 ; en revanche, l’adminis- alors qu’on n’a pas fini de rembourser un passage des Français 43, les bourgeois tration française alloue un subside de les sommes empruntées en 1649 pour de Durbuy sont dès 6 heures du matin 1.000 livres pour réparer l’église et payer les dettes de guerre aux au travail avec des pelles et des pioches autorise les habitants à vendre le regain Hollandais 31. pour déblayer les rues de la ville «du petit pré» pour faire refondre les 51 Louis XIV traverse le pays pour aller encombrées des ruines de la «démoli- cloches . assiéger Maestricht qu’il enlève le 2 tion du château» qui empêchent le A La Roche, les Français font juillet et, l’année suivante, alors que charroi. Le 7 juillet, après un répit de démolir les anciens appartements du Condé vient de battre, le 11 août, le quelques jours, ils achèvent le travail château, mais ils construisent des prince d’Orange sur la Sambre, Durbuy dans la rue principale qui va du grand souterrains et des casernes 52.A Durbuy, se prépare fiévreusement à la défense: pont au petit pont 44. Boufflers qui avait ordonné en juillet on fait boucher et maçonner le Les travaux de démolition se sont de fortifier le château, le fait démolir en «postis» qu’on avait autorisé les donc faits en deux fois: les tours octobre et le 30 de ce mois, le capitaine religieuses à ouvrir dans l’enceinte 32, d’abord ont été abattues, puis les français Courville incendie ce qui, sur on construit des guérites aux ponts, on murailles sur le rocher qui domine la le rocher de la citadelle, subsiste des organise le guet et la garde 33. ville. habitations du Comte de Groben- doncq. La ville vit dans l’angoisse: elle s’at- Ces quelques années se passent ainsi tend à une attaque sans savoir d’où elle dans l’attente d’événements redouta- C’est cet événement que rappelle peut venir tant le théâtre des opérations bles. l’abbé Stasquin dans le chronogramme est mouvant. Mais ce qui vient d’abord suivant: penVLtiMa oCtobrls arX Les bourgeois vendent des biens ce sont les réquisitions des Espagnols DVrbVtenSis Vsta fVit 53. communaux pour faire face aux con- comme des Français 34. Rançonné par tributions de guerre 45 et les prix aug- * * * les Français, Durbuy est sévèrement mentent 46. Les dettes et les contributions de surveillé par les Espagnols: le 10 fé- guerre sont le cauchemar des gens de La paix de Nimègue du 10 août vrier 1675, par ordre du Comte J. Ch. Durbuy de 1648 à 1698. Durbuy, 1678 amène un apaisement relatif et Christian de Landas, on dresse un état notamment, vend à maintes reprises des Maestricht retourne aux Provinces minutieux des grains découverts chez biens communaux et «les revenus du Unies, mais en 1680, Louis XIV engage les particuliers et le rationnement des Domaine ont esté cy devant confisqués une nouvelle offensive et la Chambre habitants est organisé. Du 16 février au par droict de guerre de la France», dit de Metz décrète l’annexion par la 24 avril, note le greffier, c’est dans des le receveur Jean Germain quand, après France de et de St-Mard et, en dépôts constitués à cet effet que les le traité de Rijkswijk de 1697, il 1681, celle du comté de Chiny. La habitants se procurent les rations de soumet au seigneur, pour la première menace se précise pour Durbuy, une seigle, épeautre, avoine, pois et favettes fois depuis longtemps, un compte garnison française l’occupe et, en «pour manger et semer et pour annuel: celui de 1698 54. bolenger» 35. novembre 1680, la ville loge le marquis La vie chère et les réquisitions sont Le 27 avril, 600 à 700 dragons venus de Torcy (il s’agit sans doute du frère ou du neveu du grand Colbert), elle favorables à la fraude: on en relève de Liège et de Maestricht font, aux quelques cas probants 55, la plupart dires d’un témoin, un raid sur Durbuy doit aménager «en la maison du Chesne» un bâtiment pour y mettre à restant inconnus; périodiquement, il occupé par une garnison espagnole, 47 faut fixer le prix des vivres 56 et les pillent et brûlent quelques maisons et l’abri le carrosse de Madame de Torcy 36 et bientôt c’est le siège de La Roche droits de passage contrarient le com- repartent . «Les soldats de notre Roy merce 57. avec Noël Hendrik, bourgeois de la (1681) auquel, selon les mœurs des ville, se sont vaillamment opposés à ces nobles français, la marquise a dû assis- Chevaucher, fourrager, rançonner, ter. agresseurs», écrit le greffier de la ville 37, réquisitionner et souvent piller et mais le 29 avril, les bourgeois sont Les Français sont à La Roche pour brûler, est la façon ordinaire de faire, sommés de se présenter en armes à la 16 ans et le 26 avril 1683, la Comtesse dans la zone tampon qu’est notre pays première alarme 38. de Grobendoncq relève la seigneurie entre les adversaires, cette drôle de guerre qui a duré 25 ans 58. La compli- En juillet, Huy et Dinant sont aux de Durbuy devant la Chambre royale de Metz; le 2 novembre 1686, son fils cité tacite des belligérants leur permet mains des Français et le chemin de de vivre aux dépens de la population Namur est dangereux, annoncent les Charles-Hubert la relèvera devant le 48 qui paraît s’en accommoder comme 39 roi de France . échevins Beaury et La Rive . d’un mal nécessaire, car il est curieux C’est alors que, de Luxembourg, Il ne reste plus dans le Luxembourg de noter que jamais dans les décisions Villa Hermosa, qui n’est plus en état qu’une ville libre, Luxembourg, où est prises par ses plaids généraux, elle n’ex- d’occuper et de défendre Durbuy, bloqué le Prince de Chimay. prime une opinion sur les adversaires ordonne de faire sauter les fortifica- Peu après sa chute (4 juin 1684), qui la pressurent à tour de rôle. Dans tions. L’ordre est du 6 août 1675 et, parvient à Durbuy la déclaration du 14 un seul cas, nous remarquons l’opposi- selon le témoin cité, les 10, 11 et 12 août selon laquelle les officiers de la tion courageuse d’un Martini qui, aux — 5 — plaids généraux, refuse une contribu- en grande partie la propriété du de Liège et notamment le fer, les tion réclamée par les Français alors que seigneur engagiste et de quelques écorces et le bois qui est maintenant la communauté entière a décidé de seigneurs fonciers et gentilshommes, traité dans maintes scieries de la vallée l’accepter 59. Pourvu que continuent de ont souffert et les règlements stricts des de l’Aisne. fonctionner leurs institutions grâce droits d’usage sont contraires aux Mais ces activités ne suffisent pas à auxquelles ils croient en un redresse- intérêts des manants dont la vie com- créer la prospérité; elles n’intéressent ment possible, les Durbuysiens ne résis- munautaire connaît, de ce fait, une que quelques familles de bateliers et de tent aux oppresseurs que par le silence crise grave. La Terre de Durbuy ne peut charretiers tandis que les manants et l’astuce. C’est devenu leur seconde compter que sur son bétail et son agri- protestent parce qu’ils ont à maintenir nature. culture, mais le sol est ingrat et le en état les chemins qu’empruntent le Certains d’entre eux, des réalistes, manque d’engrais pertétue l’assole- charroi des marchands. Car, si chaussées trouvent un expédient dans la vie mi- ment triennal si bien que l’apport de et travaux publics se multiplient dans le litaire et ils rejoignent l’une ou l’autre l’agriculture reste limité malgré l’ex- pays, ce n’est pas le cas dans le armée selon les conditions qui leur tension de la culture du seigle et l’ap- Luxembourg qui aura ses premiers sont faites, en dehors de toute consi- parition de la pomme de terre. tronçons de routes de Marche à dération «patriotique». De surcroît, le nombre des rentiers pendant la période hol- 70 Mathias Loncin est major au service du sol, souvent forains, s’est accru pen- landaise . de son Altesse de Liège, Antoine- dant les décennies de misère et ils sont Dans son Mémoire Additionnel du Hyacinthe Loncin sert les Français 60. exigeants. 7 juin 1765, de Cobenzl écrit à propos Evrard de My est au régiment du Un des faits importants de la fin du de la province de Luxembourg:«...il Prince de Bade, son frère Antoine- XVIIe siècle et du début du XVIIIe, n’est pas possible de la tirer de la Ignace est cornette au service du Roi c’est la formation d’une catégorie langueur dans laquelle elle gémit. et leur beau-frère Antoine Vigneron est sociale peu nombreuse, il est vrai, mais L’agriculture, les arts, le commerce, tout au régiment du Marquis de Torcy au dont le rôle est dominant. Des proprié- attend l’époque de la réforme sans service de la France 61. De trois taires fonciers, marchands et com- laquelle on ne peut s’attendre qu’à des Sparmont, l’un est capitaine dans un merçants à leurs débuts, et des prêtres faibles effets de tous les efforts qu’on régiment allemand, Joseph au service dont le nombre s’est accru, ont acquis fait pour les augmenter et perfection- de la France et Jacques est «visitateur et regroupé, à la faveur de la pauvreté ner. Les membres de la société qui tra- des comptoirs du Roy en la pro- générale, beaucoup de terres de ma- vaillent à l’enrichir sont les seuls vince» 62.Voilà parmi d’autres quelques nants ruinés 67. imposés dans cette province sans règle exemples de ce réalisme. Habiles à exploiter les traditions et à et sans proportion, tandis que ceux qui De 1698 à 1714 (traité de Radstadt), exciper de titres de noblesse réels ou ne font que consommer les fruits que vient une accalmie marquée toutefois imaginés, ils ont abusé de privilèges d’autres font naître, sont exempts des par des années funestes: en 1699, la qu’on leur a trop facilement concédés. charges ou n’y contribuent qu’autant cherté est exceptionnelle; en 1709, le Ce sont notamment ceux-là que qu’il leur plaît. Enfin ceux dont l’Etat dégel provoque une stérilité telle qu’on dénonce Marie-Thérèse dans son doit attendre tout le secours sont ne trouve ni épeautre, ni seigle sur le «Règlement pour la levée des aides et réduits à la mendicité en faveur de marché de Durbuy 63, que le receveur subsides de la Province de Luxembourg ceux qui ont le privilège d’être réduit d’office le montant des rede- et Comté de Chiny» (24 juillet 1752), inutiles». Et il ajoute: «… plus on tarde vances en nature 64 et qu’il est interdit quand elle dit que «le Clergé et la à porter un remède efficace aux maux de brasser dans la cour de Barvaux 65. Noblesse ont continué de jouir tran- qui affligent la Province, plus son En 1714, les prix restent élevés. quillement des exemptions indues dépérissement augmente et plus de peine aura-t-on à la sauver de la ruine Il ne se passe cependant rien d’ex- qu’ils s’étoient arrogés et que le pauvre peuple, cette portion si précieuse de à laquelle elle est entraînée par l’irrégu- traordinaire à Durbuy sous Maxi- larité des impositions» 71. milien-Emmanuel. Le premier juin l’Etat, est demeuré dans l’oppression». 1711, il déclare avoir pris sous sa pro- Comme Louis XIV en 1686, Ce même Cobenzl s’acharne à faire tection et sauvegarde les officiers et l’Impératrice veut faire une place plus dans la seule province de Luxembourg habitants de la prévôté de Durbuy, juste aux travailleurs des «manufac- le dénombrement cadastral de 1766 qui leurs familles, domestiques, biens et tures» et attirer une population active doit, du moins l’espère-t-il, lui permet- animaux et interdit les réquisitions, les dans la province qu’on a désertée. tre de réaliser une réforme salutaire de gens de la Terre de Durbuy ayant payé Dans la Terre de Durbuy, il y a ses institutions et de son économie. leur quote-part pour un an 66. quelques tentatives de redressement Peine perdue, on le sait. La Révolution économique. Ainsi Nicolas Petithan à brabançonne elle-même n’éveille Ainsi se clôt la période la plus som- guère d’échos dans le Luxembourg. bre de la Terre de Durbuy. qui l’autorité centrale accorde le 4 sep- tembre 1753, l’octroi d’une platinerie, Quelle est, dans cette conjoncture 3. 1714-1795: l’installe à Bohon non loin de qui devrait faire l’objet d’une étude l’isolement de Durbuy Durbuy 68 et les frères Wathelet font particulière, la situation à Durbuy? La période autrichienne s’ouvre sur tourner périodiquement la roue de Cette cité, qui doit surtout compter une ère de paix qui va favoriser un lent leur forge à Roche-à-Frêne. Le duc sur le travail de ses commerçants et de retour à des conditions de vie plus sta- d’Ursel qui, le 12 mai 1756, a obtenu ses artisans, vit alors des jours difficiles. bles, du moins en ce qui concerne la l’autorisation d’ériger à Durbuy un Elle est de moins en moins fréquentée sécurité des habitants, d’autant plus que fourneau et une forge pour fondre et par des hommes d’affaires et elle est de 69 l’invasion française de 1744 à 1748 battre le fer, renonce à son projet . plus en plus isolée dans sa cuvette, entre n’atteindra pas le Luxembourg qui Au carrefour des principaux les deux grands chemins qui vont du échappera à la guerre jusqu’en 1793. chemins de la région, Barvaux sud au nord vers Liège par Marche et Est-ce à dire que tout va pour le développe sa batellerie; on y entrepose Terwagne d’une part, par Soy, Barvaux mieux? Certes non. Les bois, qui sont les marchandises à destination du pays et Aywaille d’autre part. Si elle reste le — 6 — centre administratif de la Terre de cle. Jusqu’à cette époque, il n’y avait que 3 Durbuy accusées d’avoir versé des contribu- Durbuy, elle ne voit plus venir à elle cours:Wéris et la Sarte n’en faisaient qu’une. tions à l’ennemi. Il y est question des événe- os que les manants tenus de s’y présenter Le compte de receveur de 1384, f° 55 dit: ments de 1631 à 1640: H.C.Pl. 1641, f 286- et leur dénuement est tel qu’ils n’y «pour compteir les comptes de may et de trois 292 v°. sergens en ces 3 cours» et celui de 1401, f° 13 16 Durbuy, Prévôté, Affaires générales consentent que peu de dépenses. Seuls v°: «pour compteir le compte de la saint- 1545-1700, Requête non datée, mais les notaires et les gens de loi trouvent Remi en se troit court». postérieure à 1645, vraisemblablement de en eux une clientèle régulière. Ce sont 3 Ozo, ancienne dépendance de Stavelot- 1646, elle concerne les contributions de là des faits que le dénombrement de Malmédy, n’eut pas de seigneur foncier: elle guerre. 1766 met en évidence. relevait de l’Abbé de Stavelot tout en s’inscri- 17 Durbuy, Prévôté, Charges publiques, vant, en vertu d’un accord, dans la Terre de A cette date de 1766, la population 1606-1669, à la date de 1644, déclarations de Durbuy. Biron,Tohogne, Septon, Oneux, Longueville, de la Terre de Durbuy n’avait pas 4 Villers releva des Dames de Nivelles My, Bohon, Palenge et Prévôté, Aff. génér. retrouvé son niveau des années 1630 et jusqu’au XVIIe siècle; elle n’eut son seigneur 1545-1700, les recensements de Barvaux celle de ses villages avait évolué dif- foncier que vers 1610. Harre relevait de l’ab- (1645), cour de la Sarte (1656). Cf. F. féremment, si bien que, par le nombre baye du Val-St-Lambert. PIROTTE, La Vie économique au XIVe siècle de ses habitants, Durbuy venait en qua- 5 Les seigneuries des Enneilles, de Petite- dans la Terre de Durbuy, dans Ardenne et trième place avec Izier. Somme et de Rianwé furent créées au XVe , 40 (1967), pp. 219-222. siècle. Le seigneur de Rianwé tenait en 18 V.Fr. R. 1652-1657, f° 118 v°. Barvaux: 122 ménages; Grandhan et arrière-fief la seigneurie de Soy qui n’était pas 19 Ibid. f° 468 v°. Petithan: 82; Wéris-Morville: 67; comprise dans les limites de la Terre de 20 Durbuy. Durbuy, Revenus domaniaux 1628- Izier: 63; Durbuy: 63 non compris les 1670, f° 304. 6 religieux; Heyd: 58. Notons que l’édit de Joseph II du 3 avril 21 1787 qui ordonnait la suppression de toutes V.Fr. Pl. 1660, f° 11. Quand vint la révolution française, la les justices seigneuriales (art. 30) et la désigna- 22 V.Fr, R. 1661-1663, f° 96. nouvelle organisation administrative tion de juriconsultes ayant les qualités requi- 23 Ibid. f°s 179-179 v°. qu’elle entraîna, disloqua définitive- ses pour exercer la justice (art. 33) n’entra 24 Ibid. fos 183-188 v°. ment la Terre de Durbuy qui fut rat- jamais en vigueur. 25 Durbuy, Charges publiques 1606-1669 à 7 tachée au département de Sambre et A côté des seigneurs, gentilshommes et la date du 30 mai 1667. prêtres pourvus de fiefs, on trouve, relevant de Meuse et à celui de l’Ourthe et répar- 26 Durbuy, Charges publiques 1606-1669 à tie en cantons. la Cour féodale, des fieffés tels que gardes des eaux, gardes forestiers, sergents, rompeurs de la date du 18 oct. 1667 et du 24 avril 1668. * * * vennes, gardes de prisonniers, porteurs de 27 Ibid. à la date. Ainsi peut-on brosser à larges traits venaison, alleutiers, etc. 28 Ibid. à la date: «les villes ne doivent pas l’histoire de la Terre de Durbuy pen- 8 «Faucher, fener et charier les foins des être seules à moindre incommodité des bons dant les trois derniers siècles de l’ancien prez appartenant à la seigneurie, item charier sujects désia trop foulez de charges diverses». 29 régime. ou porter au château de Durbuy les dixmes et Ibid. à la date: «les villes ne doivent pas terrages et les trescens du moulin; item faire être seules à contribuer, les manants par- Au XVIIIe siècle, son isolement est le guet en la ville au dit château; item livrer la ticiperont à raison de «3 soûls par jour et par devenu notoire et il se complique du force et faire les corvées pour la réparation et soldat, 20 pour le capitaine, 10 pour le lieu- fait que sa vie sociale est régie par une fortification du dit château» sont les com- tenant, 8 pour l’alfer, 6 pour le feltwebel, 4 législation surannée propre à sa qualité muns services énumérés dans la«Description» pour les petits officiers». de de Blier en 1626, § 54. 30 Ibid. de terre engagée, car l’achat de la 9 seigneurie par le duc d’Ursel, le 23 Voir au sujet de cette estimation de la 31 H.C.O.L. 1672-1676, f° 49 v°. population, F. PIROTTE, Aspects de la Vie 32 février 1756, ne changera guère son économique et sociale de la Terre de Durbuy au V.Fr. R. 1674-1675, f° 63 v°. statut malgré les qualités d’administra- XVIe siècle, Ardenne et Famenne, 37-38 33 Ibid. fos 64 et 79 v°. teurs du duc et de son successeur, (1967), pp. 88-90. 34 Voir notamment H.C. 1672-1676, fos Wolfgang-Guillaume, plus accessible 10 Ces notes étaient rédigées quand M. 137, 138 v°, 146, 148. Les communautés aux idées nouvelles. Edouard du Chesne eut l’obligeance de nous (Barvaux et Morville notamment) doivent envoyer de Paris des extraits d’un compte que faire de nouveaux emprunts pour payer leurs Placée sous la tutelle d’un seigneur Jean Kaye rendit à Louis d’Orléans, seigneur contributions ou encore, comme Durbuy, hautain qui l’exploite pour son profit et engagiste de la Terre de Durbuy, pour l’an vendre des biens communaux. celui d’une petite minorité de pri- 1403-1404 (Paris, Arch. Nationales, K. K. 35 Durbuy, Magistrat 1546-1794 aux dates vilégiés, elle est impuissante à dévelop- 290). Nous y lisons sous la rubrique: Mairie des 10 et 13 février et 11 mars 1675. per sa production agricole et forestière de Durbuy, f° 130 v°: «Du grand martel a 36 Ardenne et Famenne, 4, 1958, p. 165. rscender le fer, pour tout l’an à Noël, 9 gros». grevée par les lourdes charges qui 37 V.Fr. R. 1674-1677, fos 82 v°, 84, 86. Durbuy aurait donc eu à cette date un éta- pèsent sur ses habitants. Elle est de- blissement métallurgique. F° 136, il est fait 38 Ibid., f° 82 v°. venue ni plus ni moins qu’une région mention des forges de Mormont et de Ferot 39 Ibid., f° 95 v°. de transit. que signalaient déjà les comptes de 1380, 40 Cf. note 202. 1384 et 1388. Dès lors, il n’est pas étonnant qu’elle 41 V.Fr. R. 1674-1677, f° 107: 11 octobre. 11 L’excellent observateur qu’était Boisot ait ignoré tout développement culturel 42 H.C. 1677-1686, fos 144 v°, 145, 146 v°. transcrit le texte de l’accord de 1478, en et artistique et que, hormis quelques annexe à son Verval de 1538: Durbuy,Gruerie 43 V.Fr. R. 1677, f° 23. avocats, les rares intellectuels et artisans 1538-1794, aux Arch. de St-Hubert. 44 Ibid., f° 53. issus de son terroir aient gagné les villes 12 Le même Boisot relève encore en 1538 45 V.Fr. R. 1677, f°s 67 v°, 68 V°. les plus proches. la «serve condicion» de deux hommes qu’il 46 Ibid., f° 71 v°. cite. Vouée à l’isolement, la ville de 47 V.Fr. R. 1679-1686, fos 134, 139, 153, 176 Durbuy était désertée, elle s’était 13 Voir A.G.R., Ch. des C., n° 25774, le v°. rapport de Raes Stordeur, échevin, commis à habituée à vivre repliée sur elle-même. 48 A.G.R., Fonds d’Ursel, R. 72 à la date. l’intendance du camp. 49 Durbuy, Prévôté, Ordonn. 1602-1794, 4 –—–—–– 14 Voir à ce sujet, F. PIROTTE, L’industrie sept. 1674. 1 La cour de Barvaux s’étendait à l’origine métallurgique de la Terre de Durbuy de 1480 à jusqu’à Grandhan, les Enneilles et Petite- 1625, B.I.A.L., 1966, pp. 145-210. 50 V.Fr. R. 1679-1686, f° 34. 51 Somme. 15 Voir notamment 6 déclarations de 1641 Ibid., 325 v°, 326, 334, 336 v°. 2 La cour de la Sarte fut créée au XVe siè- de communautés du nord de la Terre de 52 DE LEUZE, o.c., pp. 7 et 119. — 7 — 53 Voir Durbuy, Prévôté, Charges 59 V.Fr. R. 1679-1686, f° 311. 66 Ibidem, à la date de 1711. publiques, 1670-1700 à la date; G. KURTH, 60 V.Fr. R. 1677, f° 68 v°; H.C. 1699, f° 21; 67 Citons, à titre d’exemples, les Marchant, o.c., p. 383, signale ce chronogramme. Il s’agit V. Fr. R. 1686-1693, f° 160; V. F. R. 1712- puis Papigny à Wéris, les Le Jeune à Fanzel, bien d’incendie et non de bombardement 1732, f° 63 v°. Martini à Erpigny et Verlaine, Philippin à comme on l’a parfois dit. 61 V. Fr. R. 1686-1693, f° 110; V. Fr. R. Amonines, de Wacquant à Grandhan,Petithan 54 A.G.R. Fonds d’Ursel, L. 808, f° 1. 1679-1686, f°s 281 v°, 338 v°; H.C. 1686- à Borlon et Barvaux, Xhignesse à Tohogne et 55 Durbuy, Prévôté, Ordonnances 1602- 1698. environs, Halenzy à Grandménil, etc. 1794 à la date du 11 octobre 1672: contre les 68 62 V.Fr. 1686-1693, f° 64 v°; f° 162 v°. Durbuy, Prévôté, Ordonnances, 1602- accapareurs de denrées qui doivent être 1794, à la date du 24 juillet 1752. centralisées dans les marchés publics; cf.V.Fr. 63 Ibidem, à la date du 16/4/1699. 69 A.G.R., Conseil des Finances, Reg. n° R. 1679-1686, f° 37. 64 Durbuy, Contrôle du Domaine 1681- 56 os 920ter à la date: les deux octrois. V.Fr. R. 1686-1693, f 88, 88 v°. 1697, fos 120 et 124 v°. C’est alors que vien- 57 V.Fr. R. 1679-1686, f°s 49 v°, 50, 69 v°- nent à point les pommes de terre qu’on com- 70 Voir L. GENICOT, Histoire des Routes 71, 170 v°. mence à cultiver vers 1710, disent plusieurs belges depuis 1704, Off. de Publicité Lebègue, 58 Le terrorisme sévit dans tout le pays: à témoins au procès des topinambours de 1754. 1948. Aywaille, Herve, Malmédy, St-Vith, Liège, 65 Durbuy, Prévôté, Ordonnances 1602- 71 A.G.R., Dénombrement du Luxem- Bruxelles. 1794, à la date de 1709. bourg en 1766, Liasse 1. Chapitre extrait des «Annales de l’Institut Archéologique du Luxembourg à , Tome XCIX, Année 1968: «DURBUY: LE CHÂTEAU,LA VILLE ET LA COMMUNAUTÉ DES BOURGEOIS, DE 1500 À 1795» par Fernand PIROTTE et Joseph BERNARD.

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