Jusqu’où tu es chez toi… Un titre. Une question ? Une réflexion ? Un ordre ? Jusqu’où tu es chez toi… Un point de départ. évoquer les frontières, le territoire, les déplacements de populations, les limites physiques et humaines de la mondialisation, la violence de son développement… S’interroger sur l’appartenance à une ville et ses mutations, sa mémoire, notre territoire… Examiner nos appartenances à des groupes, des communautés, des genres, sonder notre intimité… Jusqu’où tu es chez toi… Un prétexte à paroles. Migrations, sans-abrisme, espace public (mobilier anti-SDF, armes auditives, vidéosurveillance…), frontières, déchéance de nationalité, occupations, identifications, appropriations, résistances, occupant, occupé, intimité, genre, handicap, numérique… Jusqu’où tu es chez toi… Une convergence. Questionner individuellement et collectivement le vivre ensemble, le faire ensemble… Trouver des réponses.

Le festival Avatarium laisse toujours une place prépondérante à la réflexion, à la transmission d'informations et à la construction d'autres possibles. Un outil comme ce journal est pour nous un moyen essentiel pour donner un écho au travail que nous avons mené cette année sur le thème de cette édition «Jusqu'où tu es chez toi ?». Mais c'est surtout une médiation choisie et non formatée pour donner notamment la parole aux invité-e-s de cette édition. De la chercheuse Juliette Volcler, qui travaille sur l'urbanisme sonore et les tentatives de domestication sonore, à Gabrielle Gerll et Zig Blanquer qui abordent la question de la place des personnes handicapées dans une ville, un quotidien et des sexualités souvent vues par le regard de valides, nous espérons que ces écrits et ces rencontres vous inviteront à vous déterritorialiser. Pour un aperçu de leur travail, le stylo est également donné à l'association Culture ailleurs qui nous accompagne sur le festival et dont les créations sont basées sur la mixité des cultures et le métissage d’art contemporain et d’art traditionnel. D'autres contributeurs contributrices ont également leur place dans ce journal, celles et ceux qui ont bien voulu s'exprimer sur la thématique, à leur manière, à travers un texte, un schéma, un dessin. Merci à toutes et à tous ! JUSQU'Où TU ES CHEZ TOI

Culture Ailleurs

Depuis 2012 Culture Ailleurs s'est associée pour le projet «jusqu'où tu es rêts, champs, places de village, galeries, musées. C'est une œuvre mobile qui chez toi» avec l'association «sur les pas des Huguenots» sur leur itinéraire est faite pour être déplacée, dans laquelle on peut s'allonger, voir, écouter. culturel européen* (sentier de randonnée) long de 1 800 km représentant Les visiteurs sont invités à y entrer par une porte découpée dans la tôle. Cet 360 km pour la partie française traversant la Drôme, la Savoie et la Haute espace devient un antre, une cachette, un refuge, un utérus, un lit, un tom- Savoie et traçant 1 440 km de chemin en Suisse, Italie et Allemagne.«Jusqu'où beau tout en restant une cuve à mazout dans laquelle le visiteur est amené tu es chez toi» est un ensemble d'actions, de performances, d'expositions, à vivre l'espace avec son corps et ses sens. Un instrument optique tel un d'émissions de radio, de projets d'écriture, d'édition. Cet ensemble riche périscope via une caméra obscura donne à voir à l'extérieur en 360°. L'émet- de propositions interpelle l'art et la société, l'environnement et le temps. teur radio, quant à lui, propage la pièce sonore sur les ondes. Celle-ci est «Jusqu'où tu es chez toi» est un travail collectif mêlant les arts visuels et composée d'interviews collectées lors de rencontres avec des historiens, des sonores et le patrimoine naturel. Le projet interroge la notion du chez soi, exilés, des clandestins, des sans-papiers, avec comme thématique «jusqu'où de soi, de l'autre, de la frontière géographique et intime. Culture Ailleurs tu es chez toi», chaque voix portant un récit avec une poétique particulière. agit artistiquement sur cet itinéraire culturel européen et ouvre des pers- L'ensemble de l'œuvre est vouée à voyager jusque dans le Hesse en Allemagne, pectives inattendues sur les paysages rhônalpins et le dialogue qui s'y noue suivant les étapes elle est tirée par des chevaux, tracteurs, voitures et entre l'art et la société, entre l'intérieur et l'extérieur, entre le sédentaire donne lieu à des campements sous forme de résidences artistiques. Elle est et le nomade, entre espaces naturels et urbains. née d'une réflexion autour de l'exil des Huguenots, car la région est traver- Grâce à un jeu de déambulation, de collectes d'impressions sonores et gra- sée par ce sentier tout comme l'Italie, la Suisse et l'Allemagne. En 2012 l'œuvre phiques, de dispositifs artistiques et innovants, le projet «jusqu'où tu es a traversé le Trièves (Isère), en 2013 le Grésivaudan (Isère) et en 2014 elle est chez toi» évolue par des actions artistiques. Il propose une représentation passée par l'Isère, la Savoie et la Haute Savoie. physique et poétique du territoire qui met en lumière sa singularité : zones «Présenter une nouvelle étape de notre projet Jusqu'où tu es chez toi au intermédiaires, zones désaffectées, zones d'habitations, zones d'activités, Musée de la mine nous emmène vers des questionnements sur la perte de re- zones naturelles, zones industrielles ou commerciales deviennent un nouvel pères, sur la désorientation, là où on ne voit pas le bout du tunnel, moment espace de contemplation esthétique. d'errance et de divagation où on est perdu, où les issues sont bouchées, Culture AIlleurs s’associe aux dynamiques des territoires traversés pour ces endroits où l'on se retrouve prisonnier, coincé, que ce soit au fond d'un créer une émulation à travers différents axes de création. Rencontres, té- trou ou devant une frontière… moignages sonores, visite de l'œuvre, marches collectives, repas sont autant Nous proposons de se rencontrer autour d’une installation sonore et vi- de média qui viennent ponctuer les étapes dans les territoires le long de ce suelle, un moment à vivre, une expérience sensorielle.» sentier de randonnée. L'ensemble est mené par des artistes graphistes, mu- siciens et des collaborateurs occasionnels tels que des écrivains, journalistes et des sociologues… Jusqu'où tu es chez toi c'est aussi une cuve à mazout posée sur un char à foin. C'est une installation tout terrain qui peut être exposée partout : fo- Le plaisir cabane Aussi authentique qu’archaïque, rudimentaire ou élaborée, chaque cabane transporte CABANE(S) une force fragile : celle de celui qui l’a édifiée. La cabane est la singularité de son âme, car le jardinier qui va cultiver sa terre met en œuvre son savoir-faire pour S’il est un abri où la personnalité, la poésie, l’intime et construire son abri vital et intime, une partie de sa vie. Il s’installe dans le présent. le soi s’expriment, c’est bien la cabane. L’utilitaire se confond souvent à l’imaginaire, la poésie au pratique… Un doux mé- Saint-Étienne est entourée de cabanes : celles des lange de nécessité, de savoir-faire, de désir, d’urgence et de temporalité… jardins ouvriers, véritable patrimoine dit «immatériel», La construction d’une cabane nous ramène à des instincts anciens. Le jardinier reflètent un pan de l’histoire sociale de l’ancienne constructeur ancre dans ses murs une intimité. Il agit hors des gabarits habituels citée industrielle. qui cherchent plutôt à unifier, uniformiser, lisser. Il échappe aux pressions qui Chacun possède sa cabane et même si les jardins se tendent à nous mettre dans des boites sans fenêtres négligeant profondément nos renouvellent chaque saison, avec les générations, nécessités instinctives et premières. Dans le cas des jardins partagés, la cabane peut devenir un refuge hors normes, la cabane dite provisoire subsiste. Alors pourquoi offrant un espace rassurant et protecteur. Elle s’adapte à l’environnement et nous immatériel puisque la trace est là ?! Seraient-elles les y adapte du même coup. Elle est à la fois une réponse aux besoins individuels et oubliées de ces jardins ? groupant, elle contribue à sécuriser et socialiser.

La démarche les jardins ouvriers partagés familiaux * On ne peut pas à l’heure actuelle ignorer que ces cabanes sont l’habitat principal Les premiers jardins ouvriers apparaissent à la fin du XIXème pour répondre à une pour les favelas, les bidonvilles et la jungle de Calais. Mais elles sont aussi dans le urgence sociale et améliorer le sort des plus mal lotis : les ouvriers de la sidérurgie design de l’éco-construction, les vacances dans les arbres, etc. ou du textile. Avec les cabanes préfabriquées disparaît l’idée que celles-ci doivent être construites La prise de conscience de la condition ouvrière, on la doit, à l’époque, à un prêtre, avec les mains et l’imagination, et que c’est la présence de cette humanité qui fait le père Volpette. En 1895, il prend connaissance d’une initiative menée par une femme la valeur de la cabane et non un schéma esthétique convenu. à Sedan, Mme Félicité Hervieu qui, afin d’aider les familles en difficulté et constatant que l’aumône n’améliore pas les conditions de vie, avait loué un champ divisé en parcelles afin que les familles cultivent et résistent à la précarité par l’auto-ap- Et toi, elle est comment ta cabane ? provisionnement. Pour le père Volpette «la terre est le moyen, la famille, le but» «une assistance par le travail de la terre, au lieu d’humilier le pauvre, le relève Corine Pain propose donc de construire sur le site du musée de la mine une cabane à ses propres yeux». En 1907, le congrès régional des jardins ouvriers se tient à inspirée des jardins ouvriers : faite à base de matériaux de récupération dans une Saint-Étienne car, dans la cité, l’œuvre des jardins est au cœur d’un véritable pro- certaine urgence, car le processus commence dès la collecte de matériaux et va gramme social et sanitaire (lutte contre l’alcoolisme et la tuberculose) et connaît jusqu’aux modalités d’utilisation de cette cabane. Elle souhaite faire vivre ce pa- une croissance rapide. À cette époque, l’association des jardins compte 700 jardins, trimoine, fruit des mains du jardinier et de son modeste génie pour cultiver cette en 1912 : 850 et à la mort du père Volpette en 1922 : 1500. En 1942, c’est 6000 jardins partie de l’histoire… qui continue. sur 130 terrains… Après la guerre, leur nombre décroît considérablement face à la Festivaliers, curieux, visiteurs du Musée : La cabane et son habitante seront là pour pression immobilière. En 1994 on compte 1800 jardins répartis en 41 sections sur 45 vous accueillir pendant la durée du festival. Chacun pourra y aller de sa réflexion, ha et en 2005, 1650 jardiniers cultivent 40 ha de terrain. La direction de l’associa- de son souvenir, de son mot, sa phrase, son histoire, son dessin autour de son tion des jardins ne devient laïque qu’en 1998. En 2003, le Sénat adopte une loi visant ressenti du «pouvoir de la cabane» de celle d’hier, d’aujourd’hui, et de demain. à accompagner le renouveau des jardins dits «collectifs» : protection juridique, Nous avons tous à dire. intégration des jardins d’insertion au même régime que les jardins familiaux et Je me fais ma cabane. Je construis de mes mains un tout petit tout avec des bouts partagés… Le terme ouvrier est exclu de la dénomination de ces espaces partagés… de rien. C’est tout ce qui m’appartient, c’est là que je suis bien. Une histoire qui s’efface ? Je cultive mon histoire ouvrière et terrestre. Je jardine mes rêves et nos souvenirs Actuellement la ville tente de restructurer les jardins : les parcelles sont redessi- Autour de ma cabane, j’invite chacun à me confier son point de vue ou son histoire. nées, on élimine ou on remplace les cabanes faîtes de matériaux de récupération par des abris plus conventionnels, on supprime les clôtures entre les jardins et «Je sais déjà, par expérience, que les bois nourrissent les poètes, et que les cabanes l’eau est distribuée dans chaque parcelle. de berger abritent les philosophes.» (Don Quichotte - Miguel Cervantès) On reconnaît l’intérêt social et sanitaire du jardin, mais culturellement qu’en est-il ? Le jardin rassemble la culture terrestre des origines, la culture culturelle du sa- * source Musée des Civilisations Europe Méditerranée «Album Moulin : l’œuvre des jardins ouvriers» 1907 voir-vivre ensemble et la culture technique et savante de la connaissance. Pourquoi offert par le père Volpette à Monseigneur Déchelette et au Cardinal Coullié en remerciement de leur lui ôter son totem singulier : la cabane ? présidence du congrès régional des jardins ouvriers de Saint-Étienne. La question de ce patrimoine historique bâti, même fragile se pose : est-ce qu’on le Corine Pain conserve ? Comment le renouvelle-t-on ? D’une tentative de domestication sonore

Juliette Volcler

Sommes-nous contrôlés pour que nous ne soyons pas ont d’abord équipé la Marine états-unienne, désireuse de pouvoir tenir les chez nous comme nous l’entendons ? Dans un article de pirates à distance de ses navires, avant d’être déployés par la police contre la chercheuse indépendante Juliette Volcler “Le son des manifestants, mais aussi par des aéroports, des champs d’éoliennes ou comme arme” dans un numéro d’Article XI de janvier 2011, de grandes propriétés agricoles, pour faire fuir les oiseaux. nous entendions parler des “Mosquitos”, ces émetteurs de hautes fréquences produisant un son insupportable Tom Brown, le PDG de LRAD Corp, s’en frotte les mains dans un communiqué ré- pour éloigner une population donnée d’un endroit donné cent : «La protection de la faune et des installations sensibles (…) représente et n’incommodant que les oreilles de moins de 25 ans. un très fort potentiel pour la croissance des ventes de LRAD3». Cet usage-là Lorsque certaines municipalités s’emparent des ces du son n’est pas nouveau (les «canons effaroucheurs» sont employés depuis armes sonores, il devient alors facile de contrôler le XXe siècle pour diffuser des sons explosifs, des cris de prédateurs ou quelles populations désirables peuvent fréquenter d’oiseaux blessés), mais il permet aujourd’hui de camoufler le business de la l’espace public. Il nous paraissait évident d’inviter répression derrière des professions de foi sur le «développement durable». Juliette Volcler sur le festival, et nous sommes très Le renversement logique va jusqu’à faire de ces instruments de contrôle les heureux de l’accueillir samedi 21 mai à 15H30 au Musée garants de la liberté qu’ils s’attachent à réduire. Une société brésilienne de la Mine pour une conférence intitulée “L’espace qui exposait ses «grenades lumineuses et sonores» au salon de l’arme- public sonore en ment Milipol en octobre questions”. Voici en dernier, indique ainsi sur introduction de la ses dépliants publicitaires : conférence un article «Condor adopte comme de la chercheuse politique permanente la initialement paru dans protection de la nature, Le Sarkophage n°28 destinant près de 70% de (la) (février 2012) surface totale (de son usine) à la préservation de la fo- À compter du milieu des années rêt (primaire), des sources 2000, les dispositifs sonores hydriques, de la flore et de coercitifs se multiplient sur la faune, transformant l’en- les champs de bataille ou dans vironnement de l’usine en île les rues des villes. Ils viennent écologique, en parfaite har- compléter l’arsenal dit «non monie avec le concept ‘’Non létal» qui, sous des airs inof- Létal’’ de respect (de) la vie fensifs, étend le champ de la et (de) la citoyenneté.4» répression. Et ils assimilent les acteurs de La plupart des dispositifs la vie sociale et politique à du sonores que l’on voit se bétail pensant. multiplier dans le maintien de l’ordre et dans l’espace Si l’on en croit les témoignages public ont été inspirés par sur le mouvement Occupy aux États-Unis, deux armes «non létales» symbo- une gestion sanitaire du vivant. L’entreprise israélienne PDT Agro a par lisent la fébrilité du pouvoir face à ce désordre trop bruyant : les sprays au exemple inventé, à partir de son «générateur de tonnerre» anti-oiseaux, poivre et les LRAD, des «dispositifs acoustiques de longue portée» (Long range un «canon à ondes de choc» anti-humains : le dispositif est similaire (un acoustic devices). Les premiers font pleurer, gênent la respiration et irritent tube envoie des détonations par saccades), mais la société de recherche et la peau, tandis que les seconds, des haut-parleurs capables de diffuser de développement militaire Armytec s’est chargée de le rendre efficace contre manière directionnelle une alarme à très forte amplitude, obligent toute «les émeutiers et les intrus potentiels5». Quant aux «générateurs d’ultra- personne se trouvant dans la zone de diffusion à se couvrir les oreilles et sons6» contre les insectes, les rongeurs et les chiens, ils ont fait imaginer à fuir - une réaction fort naturelle, puisque les risques de surdité tempo- au britannique Howard Stappleton un «répulsif jeunes» baptisé Mosquito raire ou permanente ont été attestés pour toute exposition dans les cent («moustique»). Le boîtier, en libre vente, est installé sur la façade de com- premiers mètres1. Une autre caractéristique que les LRAD partagent avec merces ou d’immeubles pour faire déguerpir les jeunes ou les sans-abris : les sprays au poivre et bon nombre d’armes «non létales», est d’avoir de en mode très aigu, seuls les moins de 25 ans entendent son insupportable fortes affinités avec des produits développés pour contrôler les animaux, bourdonnement (l’oreille humaine perd rapidement l’audition des sons les ce qui est loin d’être anodin dans la conception du maintien de l’ordre et de plus hauts), mais le Mosquito peut aussi envoyer un son communément l’espace public aujourd’hui. Les sprays ont ainsi l’admirable qualité, selon audible, afin d’empêcher toute présence dans une zone à certaines heures. leurs fabricants, d’être efficaces aussi bien sur «les suspects (…) ivres, dro- Une société du Missouri, spécialisée dans les aires de jeux pour enfants, en a gués ou psychotiques» que sur «les animaux vicieux2». Les LRAD, quant à eux, directement équipé ses toboggans et balançoires : MiracleTechTM Security, la branche sécurité de Miracle Recreation, a mis au point un «parc avec système Ce dernier permet de porter très loin la voix d’un orateur : celle ou celui de sécurité intégré» pour décourager les 13-25 ans de s’y trouver bien7. qui veut prendre la parole crie «Test de micro !» («Mic check!»), et les autres, en lui faisant écho, annoncent qu’ils sont prêts à relayer son message. Les Des «répulsifs jeunes» camouflés dans des aires de jeux ? Des «mitrail- phrases s’égrènent alors, répétées par un premier cercle d’auditeurs, puis lettes auditives8» qui servent aussi à «préserver la faune» ? Des «canons un cercle plus large, jusqu’à se diffuser à la foule toute entière. La tech- anti-émeutiers» qui protégeaient jusque-là les semences ? Les technologies nique a également été employée pour saisir la parole lors d’interventions sonores éclairent particulièrement bien la mise en place d’une écologie de publiques d’Obama ou d’autres personnalités - et ni l’estrade ni la sono la répression, qui permet de masquer l’armement et de désocialiser l’espace hi-tech ne permettent à l’orateur officiel de reprendre son discours avant public, tout en peaufinant une image verte. L’arme, d’abord, n’en serait plus que les «testeurs de micro» aient fini leur improvisation collective10. On nous vraiment une : elle «préserve» et «protège». En réalité, elle ne perd rien de sa prend pour du bétail ? Test de micro ! capacité à blesser voire à tuer : comme le synthétise parfaitement la société française Alsetex, fabricante de grenades lacrymogènes ou assourdissantes Juliette Volcler est chercheuse indépendante, autrice de l’essai Le Son comme employées par la police et par l’armée, l’objectif est d’avoir «une grande arme, les usages policiers et militaires du son (La Découverte, 2011. capacité d’intervention avec une apparence non agressive médiatiquement9». Il s’agit, plus précisément, de présenter une illusion d’innocuité, tout en étendant la géographie de la répression. La désocialisation de l’espace public 1 Jürgen Altmann, «Millimetre waves, lasers, acoustics for non-lethal weapons ? Physics se manifeste, elle, par la désignation arbitraire de «parasites» et par la analyses and interferences», DSF-Forschung, 2008. 2 Présentation du «Nuage au poivre défensif/tactique Swat» sur le site de la société sud-afri- tentative d’empêcher toute présence non-contrôlée : les dispositifs sonores caine SWAT, www.swat.co.za (vu le 7 déc. 2011). nettoient la ville de ce qui serait susceptible d’y faire désordre, tenant le 3 LRAD Corp, «LRAD Corporation Announces Follow-On LRAD Order for Bird Preservation at peuple à distance, aseptisant l’espace commun, et prévenant ainsi toute International Mining Site», communiqué de presse du 17 novembre 2011. expression politique. La manière d’habiter un lieu, d’y circuler, d’y vivre, est 4 Plaquette de présentation de la société brésilienne Condor en octobre 2011, après correc- tion des fautes de français. gérée comme un problème d’ordre sanitaire - et la question sociale, traitée 5 Barbara Opall-Rome, «A cannon “stun gun”», Defense News, 11 janvier 2010. comme de la contention animale. 6 Un ultrason est un son trop aigu pour être entendu par l’oreille humaine. 7 Présentation du SonicScreen sur le site de Miracle Recreation, www.miracle-recreation. En réponse à cette animalisation du corps social, d’autres manières de com, vu le 07/06/2011. reprendre voix dans l’action politique s’inventent aujourd’hui. Comme la 8 La chroniqueuse Catherine Porter à propos du LRAD, «A loud and clear lesson in police power», The Star, 4 février 2011. ville de New York interdisait aux occupants de Zuccotti Park de diffuser du 9 Présentation du lanceur Cougar dans le catalogue «Maintien de l’ordre, gamme 40 mm» de son amplifié (musique ou prises de parole), ceux-ci ont imaginé, pour ne la SAE Alsetex en octobre 2011. pas laisser Occupy Wall Street être mis en sourdine, de nouvelles formes 10 Voir notamment Nathan Jurgenson, «Occupy Audio: The Soundscape of the Protests», The d’occupation de l’espace sonore. Ne pouvant pas rivaliser avec les hautes Atlantic, 28 novembre 2011. technologies acoustiques employées par les forces de l’ordre, ils ont usé de très basses technologies, tout aussi efficaces, comme le microphone humain. Jusqu’où est-on chez soi quand on est malade ou handicapé-e

DOCUMENTAIRE de Gabrielle Gerll, à partir d’un texte de Zig Blanquer : “Vos désirs sont des échos ou des égos ?” projection le jeudi 19 mai à 20H30 au Meliès St-François en présence de la réalisatrice et de l’auteur du texte

Ce film explore les possibilités de rencontres entre corps handicapés et valides, en particulier intimes et sexuelles. Il est l’occasion de décliner la question posée cette année pour le festival. Jusqu’où est-on chez soi quand on est malade ou handicapé-e, jusqu’où la médicalisation s’ingère-t-elle dans la vie, le quotidien, l’intimité, la sexualité ? Jusqu’où est-on chez soi lorsque l’on vit en institution ? Jusqu’où est-on chez soi dans un environ- nement matériellement ou socialement inaccessible ? Il devrait remettre en cause quelques routines et certitudes valides. Pour commencer la réflexion, une petite parenthèse de valide à valide : Savez-vous signer (parler la langue des signes), êtes-vous prêt-e à faciliter votre communication avec une personne autiste ou présentant tout autre handicap psychique ou mental ? Croisez-vous chaque jour des personnes se déplaçant en fauteuil dans votre quotidien ? Votre mode de vie permet-il cette mixité handi-e-s/valides ? Autrement dit, vos divers lieux de vie sont- ils accessibles ? Combien de marches à franchir pour atteindre vos locaux associatifs, la bibliothèque du coin, vos lieux de réunions militantes ou de travail, votre groupe de théâtre, votre chorale, votre atelier d’écriture, votre librairie, votre bar, votre ciné, votre club, votre sauna, votre squat, le cabinet médical ou le centre de santé de votre quartier, votre centre so- cial, votre amicale laïque, votre appart’, votre maison, votre coiffeur-euse, votre boulangerie… ? Une, deux, trois ? Une rampe ? Un ascenseur ? Ou rien ? Qu’à cela ne tienne ! Tout comme apprendre la langue des signes, construire une rampe d’accès DIY, c’est possible et souvent suffisant pour ne plus laisser dehors les personnes qui se déplacent difficilement ou en fauteuil. Voici reproduits ici quelques conseils repris d’une brochure réalisée par un handi et une charpentière anonymes. pOURQUOI JE NE SOUHAITE PAS QUE VOUS ME PORTIEZ AVEC MON FAUTEUIL POUR ENTRER DANS VOTRE BOUTIQUE (mais plutôt que vous accessibilisiez la boutique)

Parce que, pour vous, être porté est un fait exceptionnel. vous allez me demander comment procéder en étant attentif-ve à mes Pour moi c’est un fait quotidien obligatoire : être porté pour aller aux WC, à indications, qu’au pire (le plus habituel) vous allez attraper par mégarde ce la douche, au fauteuil, sur un sofa, au lit, pour s’asseoir sur une plage, etc. fauteuil sans réaliser que : Que je suis porté tous les jours, plusieurs fois par jour, et ceci toute ma vie. 1) vous manipulez 20 000€ d’un équipement technique fragile et vital, Que je n’ai pas le choix d’être porté pour aller pisser, c’est un fait, mais 2) vous pouvez-vous faire sérieusement mal, que je me retrouve à devoir être encore porté juste pour entrer dans votre 3) vous pouvez me déséquilibrer jusqu’à ce que je chute. lieu, ça me paraît franchement évitable. Parce que vous pensez ainsi créer une solution accessible. Parce que pour vous me porter c’est avant tout porter mon fauteuil. Pour moi vous ne faites que repousser une situation d’inaccessibilité. Pour moi porter le fauteuil c’est me toucher physiquement, le fauteuil étant Qu’accessible = être autonome = pouvoir accéder seul-e à votre lieu, sans une partie de mon corps. Que du fait de ma dépendance motrice je suis devoir continuellement nécessiter de l’aide. Vous m’aideriez complètement si continuellement touché par d’innombrables personnes pour chaque geste vous réalisiez que je ne souhaite pas forcément être aidé-e, que je peux notam- essentiel quotidien. ment avoir envie d’entrer tranquillement, discrètement dans votre boutique. Je ne vous connais pas mis à part depuis quelques dizaines de secondes, et Parce que vous repoussez peut-être la faute sur la mairie qui tarde à vous je n’ai peut-être pas envie qu’un-e énième inconnu-e me touche. donner un accord de mise en accessibilité, ou/et sur l’urbanisme de la rue Parce que vous n’allez pas savoir comment porter le fauteuil, qu’au mieux qui n’est pas en votre faveur, etc. Un peu d’autonomie et de responsabilisation, ça vous dit ? Il existe des gé- situation prochainement. rant-e-s d’autres boutiques qui n’ont attendu après personne : en construi- C’est quand «prochainement»? sant facilement par eux-mêmes leur rampe en bois amovible, qu’ils/elles Si je reviens dans 2 semaines, me parlerez-vous encore depuis le trottoir installent en quelques secondes le matin et enlèvent de même le soir. de «prochainement» ? Parce qu’en ne faisant rien et en attendant des improbabilités vous me Parce que si je refuse que vous me portiez, et que donc je ne peux pas entrer considérez comme un-e client-e de seconde catégorie. dans votre boutique, vous allez probablement me répondre vexé ou choqué, Parce que vous vous dites que «de toute façon il n’y a jamais de client-e-s en tout cas un peu culpabilisant : «eh bien alors c’est votre choix !» en fauteuil qui se présentent» à votre boutique. Ce n’est pas mon choix. C’est un non-choix que vous créez et faites perdurer Vous êtes-vous demandé un peu plus honnêtement pourquoi ? en tant que responsable du lieu. Mon choix serait de vouloir autant que de Parce que vous estimez que c’est un acte beau et solidaire de me permettre pouvoir entrer comme quiconque de façon autonome ; sauf que je détiens le d’entrer en me portant. «vouloir», vous détenez le «pouvoir». Sauf que ce n’est pas vous qui attendez dehors devant une boutique (que Et vous savez quoi ? Je suis loin d’être la seule personne en fauteuil à ne pas, plusieurs employé-e-s soient disponibles à venir porter) lorsqu’il pleut, à ne plus vouloir être portée. Pour toutes ces mêmes raisons. qu’il y a un vent glacial, que c’est la canicule ; et à voir passer de nombreux Que comptez-vous faire ? autres client-e-s valides entrer à l’abri. Lorsque vous-même voulez entrer dans une boutique, attendez-vous dehors à chaque fois 1 à 5 minutes ? Zig Blanquer Parce que vous me dites que vous êtes désolé-e et que vous allez régler la UKANDANZ DEADWOOD Noise blues • Bruxelles concerts EthioGroove • France-Ethiopie vendredi 20 mai DEADWOOD feat Cherry DoubleWood : un type à la guitare tombante et à l’allure de hobo. Ça sent le courant d’air métallique et la trachéite façon Tom UKANDANZ… un style unique, une rencontre singu- Waits. Des histoires grésillées, consumées à l’eau COPCAKE lière entre un quartet électrique français et Asnake de feu, du rock vers le blues en passant par les Fastcore • Sainté Guebreyes, chanteur charismatique de la scène marécages bayou sur loop hypnotique. Du blues d’Addis Abeba. Leur musique s’inspire de chansons vers l’électro avec un beat lancinant. traditionnelles et populaires éthiopiennes animées Et Violette… Shirley Bassey punk qui module sa voix, par une énergie très rock. Sans concession. Gui- la pousse et l’expulse jusqu’au dernier souffle. Son tare, saxophone, basse, batterie et voix forment charisme de poupée désarticulée se fond à mer- un ensemble ravageur empruntant des chemins qui veille dans celui plus azimuté de son acolyte, tout ébouriffent nos repères. à sa transe mystique. … Alors le public, transcendé, danse et frissonne. Ils embarquent le public dans un rafiot improbable sur une mer mauvaise, nous servent un concert aussi foutraque que démoniaque, aussi bluesy que CRESS noisy, aussi torché qu’inspiré. Anarcho punk • UK Carte blanche «La France Pue«

Les stéphanois de COPCAKE, membres actifs du col- lectif «La France Pue» ont déjà sévi au sein d’Atomic Tango, Pervers & Truands, Death Reign ou Dose Lé- tale… Ça va vite…

CRESS, groupe anarcho-punk du nord de l’Angle- terre, s’est formé en 1994 avec Pete (guitare/ chant), Joe (sampler/chant), Dave (basse) et Chris (films/projections). «On utilise une boîte à rythme (Hal 2000) plutôt qu’un vrai batteur. Nous sommes maintenant dans notre 22ème année, nous produisant toujours un peu partout en Europe, aux USA, au Canada… Nos textes traitent de sujets comme le fait d’être sans-abri («Safe»), la désinformation politique, les mensonges et la propagande («progress») ou en- core la peur de devenir vieux et d’être considéré comme inutile («Fears»). Notre premier LP est sorti en 1995 («Monuments») et notre dernière produc- tion («S21/Warmachine») sera un EP en soutien pour lever des fonds pour Hunt Sabs UK (saboteurs de chasse) en Mai 2016. Nous sommes un groupe an- ti-raciste, anti-fasciste et anti-sexiste qui vou- drait vivre dans un monde libre sans frontières, sans oppression et sans haine.» LA GALE JK FLESH concerts Rap punk • Lausanne Heavy Brutal Electronica • Birmingham samedi 21 mai

La Gale, de son vrai nom Karine Guignard, est une rappeuse libano-suisse, résidant à Lausanne. A son DE KIFT actif, deux albums : «La Gale» (2012), et «Salem City Fanfare punk • Hollande Rockers» (2015). Elle a aussi joué dans deux films : JK FLESH est un projet solo de Justin K. Broadrick «De l’encre», de Hamé et Ekoué, deux membres du AKA , JESU, FINAL, PALE SKETCHER, et auparavant groupe La Rumeur, et «Opération Libertad», de membre de TECHNO ANIMAL et . Nicolas Wadimoff. JK FLESH est le résultat de l’analyse des différents courants de la culture «electronic dance» (Techno, Jungle, Grime, Electronica…) passés à la moulinette MIDNIGHT RAVERS industrielle et mis en forme à la façon des pion- Mali-Tronica Expérience • Mali-France niers de la noise et de la musique industrielle. Ce projet est un hommage à l’héritage que ceux-ci ont laissé. JK FLESH est un pseudonyme que Justin K Broadrick utilisait pour ses travaux avec Kevin Martin (THE BUG / KING MIDAS SOUND, etc) et pour TECHNO ANIMAL (abré- viation de Technological Animal), un projet encore une fois influencé par la musique industrielle qui sévissait dans les années 90 et 2000 aux frontières du Hip Hop et de l’Electronica, et pour le projet phare de techno industrielle THE SIDEWINDER. Un projet à la saveur particulière, une histoire qui Le premier album «Postman» est sorti en 2012. Puis traverse le temps. Midnight Ravers, de retour avec un deuxième al- la seconde réalisation, split EP avec PRURIENT, en Issu de la très prolifique punk d’Amsterdam aux bum, annonce la couleur et affirme une double 2013. Le EP “Nothing Is Free”, vient de paraître sur le cotés d’autres grandes bandes comme The Ex, De identité (Mali - France). Une rencontre vécue, né- label de Justin AVALANCHE RECORDINGS, autoproduction Kift est une fanfare poético-punk d’Amsterdam cessaire, qui libère la mondialisation de ses car- en format digital seulement. Suivra un remix de dont la carrière a débuté il y a 27 ans. Elle s’est cans économiques pour l’ancrer dans la réalité, SURGEON en Avril 2016 et un 2x12” LP sur Electric fait connaître en France à partir des années 2000. celle de l’humain et de l’échange. Deluxe rds, début Mai. Beaucoup d’autres sorties Ce cabaret rock cuivré a partagé la scène avec des L’autre nécessité est artistique. Éprouver l’altérité sont à venir… artistes comme Arthur H., les Têtes Raides, Calexi- pour se débarrasser de l’entre-soi, s’échapper de co, The Ex, les 17 Hippies, Monofocus… son milieu social et culturel, créer une instabilité Après avoir fêté en 2013 leurs 25 années d’exis- propice à la recherche et à la création. tence, De Kift se languissait de venir retrouver son C’est cette démarche sincère d’ouverture à l’autre public français. Les revoilà avec leur cabaret punk qui a fait (re)naître Midnight Ravers comme un cuivré et Brechtien teinté de mélancolie pour la nouveau combo éléctro-mandingue, trois maliens tournée «Wee Mij» («Pauvre de moi»). Le groupe y et trois français investis dans un projet complet interprètera ses titres les plus mélancoliques, dans et protéiforme : musique, dessin et vidéo. Une une atmosphère intime et propice au déferlement sensibilité qui transpire par tous les pores de la d’émotions fortes. musique créée, émotionnellement intense. Leur musique est un grand moment de live, de ceux Ici, les envolées du monstre sacré de la kora Ma- qui vous donnent envie de rire autant que de dan- dou «Sidiki» Diabaté et la finesse des ambiances ser, de pleurer autant que batailler ! électroniques servent les mélopées belles et tristes “De Kift est né dans la fanfare, a été baptisé dans de l’incroyable chanteuse Fatim Kouyaté. Là, MC Wa- le punk et est devenu grand dans l’amour pour la raba et Méléké Tchatcho - les MC’s les plus en vue musique et la poésie. C’est une musique allègre, de Bamako - donnent aux productions de Dom Pe- mais pleine de nostalgie, une musique capable de ter (High Tone) des allures de transe festive, si loin vous donner les larmes aux yeux.” (Bert Wagen- des canons actuels du rap US et de ses déclinaisons dorp, journaliste du journal néerlandais De Volk- trap au kilomètre. skrant) Pas de «coloration world» ou de «samples eth- niques» plaqués ici, mais un vrai groupe métisse avec la musique comme dialogue. couple ? Et si nos enfants étaient gardés par le voisin pendant qu’on jardine dans le potager collectif ? Et pERFOrMANCES ATELIERS si on pouvait rester chez soi quand on en a envie, et aller discuter dans la cour quand on a rechargé les batteries de la philantropie ? Vivre ensemble, en vendredi samedi famille ou avec des inconnus, en campagne ou au coeur de la ville, en cabane ou en appart ? Autant de questions que nous explorerons ensemble lors & samedi après-midi de l’atelier. Atelier pour les enfants de + de 8 ans avec leurs dés 14h parents ! Sur inscription (places limitées) : envoyer LUSH EFON un email à [email protected]» & JEAN BENDER

Lush Efon et Jean Bender se rencontrent pour la LES ARTS DU FOREZ : LE PLACARD première fois dans cette installation mêlant vidéo L’abécédaire chrono projection et diffusion sonore. Leur travail, basé Le premier Placard a été initié en 1998 par le musicien Erik Minkkinen (Sister Iodine, Discom…). sur la captation d’instants, traités ou maltraités Quatre heures et demie chrono pour créer un livre par des procédés multiformes, a pour but de si- C’est un festival nomade de concerts à écouter objet unique. 26 personnes pour modeler un abé- au casque, jouant sur la concentration, l’intimi- gnaler dans cette composition anamorphique im- cédaire improbable, créer notre langage commun, mersive, l’erreur et l’entropie qui nous entourent. té, la déformation du temps et la téléportation. notre alphabet réinventé. Des fourmis pataugeant L’événement a lieu toute l’année dans de multitudes au cœur du charbon mais qui profiteront de ce endroits émetteurs et récepteurs ; lieux physiques METALKING temps de rencontre. distants (galeries, magasins de disques, apparte- Des pages griffonnées à plusieurs mains, qui ments, voitures, cabines téléphoniques, péniche…) impro-jecteur passent et repassent en s’appropriant plusieurs liés par un flux audio et vidéo qui les uns après les techniques via les ateliers proposés : dessin, écri- autres, émettent ou reçoivent. Tandis que le premier improvise une musique bru- ture, broderie sur papier, sténopés, reliure… Et Le Placard sur Avatarium différe dans le sens où il n’y tale et bruyante, le second torture son projecteur, des surprises en cours ; ou alors rien de tout ça a pas possibilité de recevoir un stream audio ou en faisant subir à ses bobines toutes les impulsions et complètement autre chose, qui sait ? envoyer un. Tous les concerts seront donc à écouter que les sonorités lui inspirent. À la projection, Inscription : [email protected]] et vivre uniquement sur place, dans le chevalement des saynètes en noir et blanc se succèdent. Mais Enfants de moins de 12 ans obligatoirement ac- de l’ancien Puits de mine du site Couriot. Toutes les la linéarité et la narration ne sont pas de mise : compagnés. performances seront enregistrées en vue d’un ar- surimpressions, images qui bavent, déformées par chivage et une diffusion sur nos radios amies telles des protections non homothétiques, jeux de tex- que radiocapsule.com ou encore p-node.org. tures à travers des images macros, des pellicules Atelier Enfants / Le placard, ou écoute au casque, est un concert détériorées ou qui brûlent. Parents - Petite RecuP’ continu (ici, il commencera le 21 Mai à 14h, pour finir à 18h10), où musiciens et public peuvent par- Et si on vivait ensemble, moi je proposerais quoi ? Ima- tager autrement le jeu, et l’écoute… 10 créneaux de CULTURE AILLEURS ginons une grande coloc’ ! Vivre ensemble, avec nos rêves 25 min durant lesquels, si vous voulez profiter de Installation-performance et nos idéaux singuliers, comment ça marcherait ? la musique proposée, seul le casque vous reliera à Au menu de cet atelier : des discussions, des sa source. Pas d’amplification, juste une salle bien Présenter une nouvelle étape de notre projet échanges, des questions, et au final chacun ap- aménagée et confortable, des casques… «Jusqu’où tu es chez toi» au Musée de la mine nous porte sa pierre à l’édifice, ou plutôt sa feuille à la Pour s’inscrire, il faut aller là : http://www.lepla- emmène vers des questionnements sur la perte de coloc’ ! Un petit texte, des illustrations créées en card. org/2016/-Avat… repères, sur la désorientation, là où on ne voit matériaux de récup’, qui empilées les unes sur les Vous vous créez un identifiant, et choisissez le pas le bout du tunnel, moment d’errance et de autres, créeront la coloc de nos rêves ! créneau libre qu’il vous plaît. Vous pouvez jouer divagation où on est perdu, où les issues sont «La petite récup’ c’est l’histoire d’une reconversion plusieurs fois, avec plusieurs formations… bouchées, ces endroits où l’on se retrouve pri- qui n’en a pas fini de se reconvertir ! Directrice d’Of- Et non, ce n’est pas réservé qu’aux instruments sonniers, coincés, que se soit au fond d’un trou ou fice de Tourisme pendant 13 ans, j’ai tout lâché il électroniques. Un instrument à vent, repris dans devant une frontière… y a 3 ans, pour me lancer dans la merveeeiiiileuse un micro, retravaillé (ou pas), ne s’écoutera pas Installation de Sébastien Perroud, Julien Lobbedez aventure de l’entrepreneuriat ! Je crée une auto en- de la même manière. et Anne-Julie Rollet treprise, au départ pour faire ce que je sais faire : Si vous avez des questions, merci de les poser à donner une seconde vie aux meubles et aux objets, erreur. [email protected]. et faire de la com’. Et puis très vite, je m’ennuie Enfin, sachez que le Placard est avant tout une ex- CABANE(S) dans ma grange, et je décide de me lancer dans des périence propice à la découverte et à l’échange. Installation ateliers créatifs pour tout public : dans les écoles C’est pourquoi aucune entrée n’est demandée au (beurk, pas pour moi…), les centres de loisirs, les public tout comme les artistes viennent jouer gra- On nous parle d’habitat et de chez-soi. Expri- festivals (yeah, j’adôre ça !), mais aussi les mai- tuitement. mons-nous ! S’il est un abri où la personnalité et sons de retraite (l’éclate totale !). La récup’ n’est la poésie (l’intime, le soi) s’expriment, c’est bien la qu’un prétexte pour rencontrer le genre humain ! cabane. Saint-Étienne est entouré de cabanes : celles Le champ des possibles est illimité ! Une seule fron- des jardins ouvriers, véritable patrimoine dit «im- tière : le plaisir et le temps. Du temps pour rêver, matériel» reflètant un pan de l’histoire sociale de lire, rencontrer, échanger. Sortir de chez soi. Par l’ancienne cité industrielle. Chacun possède sa cabane le portail qui n’est jamais fermé. Aller voir le vieux et même si les jardins se renouvellent chaque sai- voisin, discuter de l’ancien temps, et de celui qui son, avec les générations, la cabane dite provisoire arrive. Aller voir l’ami un peu plus loin, qui cultive subsiste. Alors pourquoi immatériel puisque la trace son jardin… Du temps pour se poser des questions : est là ? ! Seraient-elles les oubliées de ces jardins ? Et si on vivait ensemble ? Et si on ne vivait plus en SPOKEN WORDS désirs» cherche à éroder les évidences corporelles et visuelles. C’est pour le spectateur une invitation À 15h CONFéRENCE à ouvrir son imaginaire à la singularité des corps et des sensualités. Mettre du mot sur de la musique... Mettre des mots, Le handicap empêche, c’est sa définition. Mais em- non pas en, mais à nouveau, sur de la musique... samedi pêche quoi au juste ? Sans forcément retourner à l’ère du ménestrel, ou à l’air du griot, c’est de William Burroughs, ou en- CONTEXTE core de Gil Scott-Heron, mais aussi de Saul Williams après-midi La loi de février 2005 fait entrer, pour la première et tant d’autres, mais encore de nous-mêmes, que fois en France, la question de la sexualité et de nous arrivent ces mots, que nous arrivent ces mu- l’épanouissement affectif des personnes en situa- siques... Poésie ? Moderne ? Urbaine ? Oui, il y a de 15h30 tion de handicap dans le débat public. Si l’on veut ça, définitivement... Mais pas que ! réellement, dans l’esprit de cette loi, considérer Depuis une dizaine d’années, le collectif Univers les personnes handicapées en tant que personnes Soul, à la suite du «Slam donc, qu’on teste», pro- JULIETTE VOLCLER et non plus uniquement comme des corps dépen- pose chaque premier Mercredi du mois, dans dif- L’espace public sonore dants objets de soins, cette question est essentielle férents lieux de la ville de Saint-Etienne (pour cette en question et nécessite de profonds changements sociaux. Ac- saison, c’est à l’Excuze Bar, 38 rue de la Résistance), tuellement, la question de la légalisation des as- des sessions dites Spoken Words ouvertes à toutes «L’espace sonore est en chantier. Dans ce chantier, sistants sexuels est au centre du débat, mais elle et à tous, en libre accès, que ce soit l’entrée ou nulle alarme de bulldozer, nul marteau-piqueur, n’épuise en rien les revendications. La détresse af- la présence sur scène... Hors frontières, hors bar- mais des silences, des voix, des sons savamment fective et sexuelle ressentie par beaucoup, handi- rières, sans barreaux, sans bourreaux... Voilà les travaillés. capés physiques et/ou mentaux, est plus complexe dièses ! De l’essence sur des notes... Des mots sur Nul ouvrier, mais des designers, des universitaires, et ne peut être réglée uniquement par cette «solu- de la musique... Bruissement de sens... Sans bé- des commerciaux, des fabricants d’armes, des so- tion» de la légalisation. Car le problème est peut- mol... Ou presque ! ciétés de droits d’auteur, des compositeurs… Se être moins dû au handicap en lui-même (incapacité «Jusqu’où tu es chez toi ?» est la thématique glo- met ainsi en place une géographie acoustique, tour de faire telle ou telle chose) qu’une conséquence bale de la 17ème édition du Festival Avatarium... à tour attrayante et répulsive selon les personnes, de la non-mixité de notre société : ségrégation Hum... Miam, miam, miam ! De la nourriture pour les lieux ou les moments. Quand le comportemen- sociale limitant les possibilités de rencontres, ab- l’esprit qui interpelle, et au delà, les habitué-e-s, talisme sonore investit l’espace public : déambula- sence d’éducation sexuelle adaptée, normalisation ou pas, des sessions Spoken Words... Nous, l’as- tion critique dans la ville émergente à travers une valide des pratiques et désirs sexuels, etc. sociation Avataria et Univers Soul, vous propo- sélection commentée de sons et vidéos.» «Vos désirs» a à coeur, au travers de la subjecti- sons donc le Samedi 21 Mai, à partir de 14h, sur Juliette Volcler : Chercheuse indépendante. Autrice vité de Zig Blanquer, de questionner les normes de le site du Puits Couriot, un atelier d’écriture en de l’essai «Le son comme arme. Les usages policiers comportements sexuels en nous invitant à inventer compagnie de poétesses et poètes, mais aussi de et militaires du son» (La Découverte, 2011). Coor- des interactions et des plaisirs pour nos corps musicien-ne-s, fidèles des sessions, question que dinatrice éditoriale de la revue d’actualité et de handicapés et valides. Pour lui, l’égalité et la mixi- nous, ensemble, cuisinons donc ladite nourriture, critique de la création sonore Syntone. té ne se conçoivent pas en terme d’adaptation des question que nous, toutes et tous, tentons de handicaps au standard valide par compensation de trouver les ingrédients, d’associer les épices, et manques présupposés. Elles passent plutôt par la que ce «Jusqu’où tu es chez toi ?» se retrouve être construction d’espaces communs où des fonction- des mots sur de la musique, de l’essence sur des nements différents peuvent co-exister, se rencon- notes... Accords de sens... Ou pas ! PROJECTION trer et s’enrichir mutuellement. Cet atelier, Spoken Words donc, verra en début de la soirée du 21 Mai, en apéro, en casse-croûte, HISTOIRE DU PROJET comme un rendu en vivant et en direct au Musée jeudi 19 mai «Ce film est né de ma rencontre avec le texte de Zig de la Mine... Le résultat dépendra de vous, oui, de Blanquer. C’est sur le web que je suis tombée sur nous, en somme ! ces deux cents lignes intitulées * inscriptions (jusqu’au Mercredi 18 Mai) par mail 20h30 «Vos désirs sont des échos ou des egos ?» et sim- à [email protected], mettez svp en objet du plement signées «Zig». La rencontre avec son auteur mail «Spoken words avatarium» a achevé de bouleverser du tout au tout les repré- VOS DÉSIRS sentations que je pouvais avoir du handicap. Zig, qui a aujourd’hui 33 ans, est atteint de myopathie Documentaire - 52 minutes - 2013 et se déplace en fauteuil électrique. La découverte de Gabrielle Gerll d’après un texte de Zig Blanquer de son témoignage m’a saisie intimement. Cette liberté dans l’affirmation du plaisir et de la jouis- Qu’est-ce que la tétraplégie induit dans une rela- sance d’un corps «handicapé» était inédite pour tion intime et sexuelle ? En quoi cette particularité moi. Sa manière d’aller à contre-courant d’une corporelle met-elle en crise le fonctionnement culture qui réduit les corps à des objets plastiques valide, ses certitudes, ses routines ? De quelle ma- calibrés et à des mécaniques performantes m’en- nière peut-elle le nourrir et l’enrichir ? thousiasme et m’impressionne très fortement. Zig «Vos désirs» est construit autour d’extraits d’un Blanquer n’est pas arrivé à cette liberté de ton et texte de Zig Blanquer dans lequel il explore les pos- de pensée par hasard. Depuis plus de dix ans, il sibilités de rencontre entre corps handicapés et questionne les rapports au corps, à la douleur, à valides. À l’aune de son propre corps, il interroge la maladie, à la frustration, à la mort, la mixité les normes valides du couple et de la sexualité, valides-handicapés, la place du geste dans les re- les préjugés qui en excluent les personnes handi- lations interpersonnelles. Son travail est autant capées et soulève des problèmes de fond auxquels nourri de son vécu que de sa pratique en tant que il n’existe pas de réponse toute faite. Balade ré- formateur et pair-émulateur. flexive qui joue sur les interactions entre la sub- Ses réflexions déconstruisent une conception ap- jectivité de la parole et l’image des corps, «Vos paremment évidente et verrouillée du handicap comme manque, expérience de vie moindre ou incomplète. Elles replacent toute la richesse et la complexité des destinées humaines hors de la Jusqu’où hiérarchie entre handi et valides souvent implicite dans les discours. Ce film pour moi est une manière de partager avec chaque spectateur le plaisir de cette rencontre avec Zig et de transmettre l’ouverture d’esprit et tu es les prises de conscience qu’il m’a apportées.» Gabrielle Gerll GABRIELLE GERLL chez toi Gabrielle Gerll se consacre depuis 2004 à la réa- lisation de films documentaires. Cette forme de cinéma est pour elle le moyen d’interroger le monde et de participer aux réflexions collectives sur notre société. voici Dans les pages qui suivent Après une maîtrise de philosophie, elle réalise son une sélection des textes premier film «Hubert» dans le cadre du Master Ré- et images reçus pour ce journal alisation Documentaire de l’Université de Poitiers. du festival avatarium, en rapport Son premier long-métrage documentaire au thème. «Merceron SCOP SA» reçoit le prix du meilleur scé- nario au festival Filmer le Travail. Merci aux différent-e-s De 2005 à 2008, elle travaille pour La Famille Digi- contributeurs-trices ! tale, qui depuis 8 ans édite et distribue des docu- mentaires de création. Nicolas Filloque

ma patrie est le pays où je ne suis pas encore allé

ma patrie est le pays où je ne suis pas encore allé ! ils ouvrent leurs bras pour les meilleurs d’entre eux. toi. oui, toi. quant à mon chez moi ? ils accueillent. ils hébergent dans leur maison. toujours tu n’as jamais éprouvé la souffrance de l’ouvrier dans et pourquoi éluder la question… s’en sortir par une chez eux ! les murs et les toits qui t’abritent. pirouette ? ils ne partagent pas ! ils aident… que faire d’autre par tu as répété à tue-tête que les vieilles choses, les vieilles je suis là. sans doute après de nombreuses péripé- les temps immobiles de la réaction. ils aident faute de idées n’existaient plus. plus d’utopie. plus de théorie. ties. des aventures aussi. j’ai eu des tas de chez-moi mieux. plus de classes. cela évitait de te poser d’autres ques- avant celui-ci. des confortables… et d’autres beaucoup et ceux venus d’ailleurs viennent-ils d’une autre pla- tions. celles de l’engagement, entre autres. te mettre moins… nète ? non, impossible de le croire ! ils résidaient dans au niveau du combat tel qu’il est et non tel qu’on rêve un chez-moi ? la belle affaire… ma maison dans cette la patrie du capital. et aujourd’hui ils vivent encore qu’il soit. patrie n’est peut-être même pas construite. en existe- dans la patrie du capital. collaborateurs ou victimes ? t-il les fondations ? une tranchée dans un terrain de qui en douterait ? quoi qu’il en soit, tu te crois innocent. né de la dernière terre rouge ? pour les bons blancs (et les colored plus blancs que pluie. sans responsabilité. de simples bouts de bois plantés comme les peupliers… blancs), ils viennent donc d’ailleurs ? tu ne croyais plus à ces grands courants modelant le qui le sait ? pourtant, n’est-ce pas eux les propriétaires et les lo- monde. des tendances historiques. ses mécanismes… le géomètre ? l’architecte ? cataires qui ont affirmé voici deux décennies telle une fallait être naze pour rester attaché à des textes écrits ou les maçons ? les charpentiers ? les carreleurs ?… déclaration de guerre : le capital est mondial et global. au 19e siècle… quels cons ! penses-tu à haute voix. une troupe de crève-la-faim s’épuise à entasser des peut-être même qu’ils disaient s’appeler charlie. pourtant, dans certains de ces textes, il est expliqué briques et des pierres. mais, avec le système, le mondial et le global sont à pourquoi et comment les gens étaient, ont et seront eux, ils construisent le chez-soi d’un autre. sens unique ! du fort aux faibles toujours. eux viennent arrachés à leur maison. qu’ils n’auront plus de chez un propriétaire. chez vous et ils prennent tout. ils pillent. ils volent soi par la faute des guerres et de la famine. plus de un locataire. les récoltes, le pétrole, le gaz, le minerai. et ils tuent. terre. et que des forces irrépressibles forceront cette quelqu’un qui a payé ou qui paiera tous les mois. ils sont partout chez-eux ! il lâchent des bombes sur surpopulation à se mettre en chemin. oui, c’est écrit. ce et celui-ci les connaît-il ? qu’importe, parce qu’il les vos maisons. ils occupent. ils payent des bandes de n’est pas la volonté de quelques individus ou l’avidité et ignore. pourtant, il les voit. il voit bien qu’ils sont mercenaires et les affublent d’étiquettes. démocrates. la méchanceté des réseaux de passeurs. non ! chinois. mexicains… qu’ils viennent de loin… rebelles… ils n’ont pas l’idée de consommer comme ça un bon ils sont venus d’un autre continent. ils ont traversé et ils ferment les écoles. ils détruisent les hôpitaux… matin. des déserts. des rivières comme des fleuves. des mers il faut partir… comment s’en étonner ? ils ne sont pas gagnés par l’appétit d’avoir un salaire, comme des océans. ils ont marché. pris des trains. des fuir et encore fuir vers ces périphéries sordides. une maison et une voiture par hasard. bateaux… barrios. favelas. bidonvilles. je vais vous faire rire en l’écrivant : rapports de pro- ils sont noirs. ils sont jaunes. ils sont ce qu’ils sont, ils n’étaient pas grand-chose. ils seront moins que rien. duction… oui, je suis encore un de ces vieux croutons… mais tous portent les marques de l’errance. la pous- on les aide à trouver du boulot. ils formeront les co- un vrai gauchiste. sière sur les vêtements et la peau brûlée de soleil. hortes du corvéable à merci. le patronat allemand des et les armes de l’état policier ne sont pas tournées ils ont laissé leur chez-eux. grandes usines automobiles loue des bus pour aller les vers vous (pas pour l’instant) mais vers eux et leurs sans doute pour toujours. libérer de derrière les barbelés. on leur sert une soupe congénères dans les banlieues de nos cités. parce que peut-être le tenaient-ils de leurs parents ? ou l’avaient- et on leur imprime une carte de travail. un numéro. il ces rapports de production les formeront en armée de ils bâti de leurs propres mains. n’est plus tatoué sur le bras. mais dans la puce. libération par l’exploitation et la paupérisation. peut-être est-ce un chez-soi en ruines ? arbeit macht frei ! la guerre civile s’étend. elle est mondiale et globale, est-ce la faute d’une bombe lâchée par un avion ils veulent travailler parce qu’ils n’avaient plus de tra- comme le capital qui dans ses mouvements la crée et construit dans l’usine devant laquelle ils passent tous vail. l’aiguise. les matins pour venir travailler à cette maison. ils veulent manger parce qu’ils avaient faim… depuis les parachutistes et les légionnaires sont dans nos rues. peut-être que le propriétaire ou le locataire gagne longtemps ? depuis qu’on leur a vendu du coton trans- et éviterons-nous la question de savoir où sont nos son argent dans cette usine de mort ? cet argent pour génique ? des céréales monsanto ? du lait nestlé ? des propres combattants ? construire la maison et son chez-soi ? babioles et de la verroterie… depuis qu’on a mis ce il n’y a ni d’ici ni d’ailleurs. et encore moins de fron- peut-être a-t-il même participé à construire l’avion corrompu au pouvoir parce qu’il aurait été plus démo- tières. seul existe un affrontement… et une ligne de feu. qui a lâché la bombe. crate que le précédent mais aussi plus conciliant avec notre camp face à celui de nos ennemis. et nous serons et elle… où a-t-elle été fabriquée ? le pillage. amenés à crever ou à libérer le territoire… mondiale- ici ? là ? près de ce chez-soi ? nous qui combattons pour la liberté, il faudra bien ment et globalement. pourquoi n’ont-ils aucune haine ? ils sont si calmes. qu’on se pose aussi quelques questions sur le sens de socialisme ou barbarie… voilà la vraie question. la ré- ont-ils froid ?… cette liberté. non ? fallait-il faire la guerre à la syrie ? ponse est contenue dans l’énoncé du problème. pourquoi aujourd’hui ceux qui les aident n’ont-ils rien fallait-il l’accepter ? fallait-il faire la guerre à la libye ? fait avant qu’il ne soit trop tard ? jamais ils n’osent fallait-il accepter de voir nos pires ennemis affublés du jm rouillan poser la question. terme honorifique de rebelles ? eux ne se la poseront jamais. pourquoi n’a-t-on rien dit ? rien fait ? ou pas grand- ils aident, voilà tout. chose. y en a même qui voteront encore pour un de ces ils aident ceux (noirs, jaunes… rouges, tous poussiéreux) partis ayant voté à l’unanimité l’état d’exception. qu’ils disent venus d’ailleurs. parce qu’eux, finalement, à force de vouloir éviter le pire, nous l’avons facilité. se croient chez eux. ils ont la double appartenance. il est là. devant nous. notre chez-nous s’appelle état la double nationalité… policier. sont-ils plus coupables que victimes ? ou victimes plus eux ils bossent à lever les murs d’une maison que tu que coupables ? occuperas. Wim ter Weele (De Kift) C’EST UNE MAISON BLEU-BLANC-ROUGE…

Je ne me souviens plus bien quand on s’est sé- mots «pas d’amalgame» ; ou encore, ont changé le à l’extrême-droite. La marseillaise, le drapeau. Ce parés, avec la république. Ça s’est plutôt fait au mot «laïcité» (censé définir la garantie de liberté que je voudrais voir disparaître. fur et à mesure. J’ai eu l’impression de devoir la de culte) en son exact opposé. Les transforma- Je haïssais déjà les fondements de cette société. quitter, au bout d’un moment, sans avoir d’autre tions des mots et des fondements de cette répu- 2015 m’a appris que ma répulsion pouvait grandir choix. Comme ça arrive dans certaines histoires blique étaient déjà opérées depuis longtemps ; il encore, a regonflé les batteries de ma colère. Celle, de cœur, avec rupture interminable. Je me sou- me semble juste qu’elles ont fait leur coming-out saine, qui permet de tenir debout et de tenir tête. viens juste que ça a fissuré tôt. Je n’avais pas dix télévisé, devant des millions d’yeux, maintenus ou- J’ai compris que je me sentais «chez moi» jusqu’aux ans quand ce monde et moi, avons commencé à ne verts au forceps du choc. Des yeux même souvent limites de mon supportable, de mes valeurs, de ma plus nous comprendre. consentants, qui ont guidé leurs jambes à la manif patience. Jusqu’aux limites de la connerie identi- J’ai construit l’essentiel de ce qui fait ma vie à du 11 janvier… Applaudir les flics, le drapeau, en taire et de la haine habituelle. La tristesse hostile l’intérieur de Ses frontières, et pourtant la répu- chantant ce bête hymne. des deuils de la capitale m’est apparue comme une blique française fait peu partie de moi. Bien sûr, peine que je qualifie de capitale. Leur république il reste toujours des traces, mais bon… Elle ne Je peine à effleurer ce qu’ont pu ressentir ceux et est morte à nouveau. L’état a plongé dans l’ur- m’a jamais donné l’impression qu’on avait quelque celles qui trimbalent sur leur visage et leur nom un gence de longue durée. Lui qui n’attendait que ce chose à faire ensemble ; je lui ai donc rendu la héritage trop méditerranéen. La manière agressive genre d’occasion pour accoucher ouvertement de pareille. Elle est pour moi un fourre-tout de codes dont illes ont pu se sentir assignéEs ou renvoyéEs l’extrémisme et du despotisme qu’il porte en son hypocrites et de logiques où je me retrouve moins à un cliché, une religion (qu’illes la pratiquent ou ventre. que peu. Et que je tente de combattre tant bien non), une injonction à l’intégration, souvent vide Et moi, je sais encore mieux ce que je n’habite pas que mal. Chez elle, c’est pas chez moi. C’est une de sens. Jusqu’où t’es chez toi quand le pays qui t’a ici, finalement. Et ce qui ne m’habite pas. question de valeurs et on n’a pas les mêmes. vu naître te traite en étrangerE à intégrer ? Pour Je suis né en France d’arrière-grands-parents être inclusE dans ce «chez nous», il faut en exclure français mais elle a décidé que je n’habiterais pas d’autres de ce que tu crois «chez toi». Ça fait par- Loïc Avorton vraiment ce pays, qu’elle ne s’intéresserait pas à tie de l’uniforme de la nation et des frontières, qui illustration de Lizon ce que j’ai en tête ou en poche (paraît que ça crée une identité de masse et l’oppose à d’autres. fait pas grand-chose dans les deux cas, hé). Ne L’idée de la démocratie telle qu’elle découle des s’intéresserait pas non plus à ce que j’ai à offrir, Lumières a créé le passeport de cette France et de car ce n’est pas à vendre. J’ai donc décidé de me ce grand occident. Refuser des pièces du puzzle de désintéresser de ce qu’elle voulait de moi. cette identité provoque le bannissement de leur monde. Quel que soit le motif de ce refus. C’est comme ça ; et on s’y fait bien. Depuis, je continue à zigzaguer pour chercher des En janvier puis en novembre, l’immédiateté mé- sentiers cachés par le capital et la morale : co- diatique, la déferlante consensuelle et débile m’ont lères en bande sur les pavés, fêtes et musiques empli d’un profond sentiment de solitude face sans commerce, luttes seul ou à plus, (dé)(con) au bruitisme ambiant. Mes pensées et ressentis structions, alternatives, créativités collectives n’étaient pas simplement sous-représentés cette et non-rentables… J’habite la contre-culture, la fois ; c’est plutôt qu’il n’existait même rien d’ap- contestation, l’amitié, les rues, les solidarités, les prochant dont je puisse me saisir. Pas une bribe de brèches et les bulles d’air. C’est sans doute comme voix publique à mâchouiller. Pas une position alliée ça que, malgré tout, je continue à me sentir un comme soutien moral. Les médias m’ont roué de peu chez moi dans ce bled, où tout le monde n’est coups sous leur matraquage. Ce n’est qu’après le pas si pourri, faut bien le dire. C’est sans doute chahut exhibitionniste des larmes que les oppo- comme ça que j’ai pu bien vivre mon inadaptation santEs au «je suis Marianne» ont pu prendre un peu avec (merci à vous) celleux qui la partagent. Ce la parole. Enfin. L’attente m’a semblé interminable. doux mélange de «fais-toi toi-même» et de «j’y Mais à peine debout, et encore un peu étourdi suis, j’y peste». par les uppercuts de la gauloiserie, il fallait déjà faire face à de nouvelles déferlantes en pleine Et c’est là qu’est arrivée cette longue année 2015, mâchoire : crochets des lois Macron et anti-ter- où le fossé s’est agrandi. Encore. roristes ou direct du gauche de l’état d’urgence. Je ne pensais plus me sentir triste de notre di- Chercher la riposte face à toute une nation avide vorce. C’est pourtant ce qui s’est passé, dans ce de vengeance et qui refuse d’admettre ses respon- qui a fait suite aux attaques de Charlie et l’hyper sabilités politiques et sociales. casher en janvier. Puis des terrasses et du Bataclan J’avais déjà bien envisagé tout ce que l’extrémisme en novembre. Les racines profondes du racisme religieux a de dégueulasse. Et la puissance de ma- d’état se sont étalées sans honte dans chaque mot nipulation qu’offre le tapis rouge de la foi, à qui prononcé par les tenantEs du podium, et leurs fi- contrôle une religion. J’ai, cette fois, découvert la dèles en chœur. C’était à la fois assumé, rampant, puissance et la radicalisation des cultes dominants flagrant et latent. C’était partout. Un film d’hor- que sont devenus le charlisme et le bataclanisme. reur en 3D. Les zombies de la pensée ont envahi le Ces menaces pour nos libertés qui cherchent à se monde et déversé leur xénophobie jusque dans les réapproprier des valeurs qu’il ne faut pas laisser

Chez moi Cerbère de nuit

Home sweet home, Cerbère je suis, ce chien docile, fatigué des mille visages, ne possédant Much more than a place. qu’un anus pour trois bouches nourries, chacune aurait suffi pour garder En tant qu’enfant adoptée, I always had a trans-idea of you. les trésors des enfers, voici que chacune a faim pour une seule évacuation, Avec le temps, je réalise à quel point, toujours définir les choses dormir cent jours ne suffirait pas, je suis continuellement dans la digestion, en comparaison avec les autres, c’est me mentir à moi-même. gardien des morts et de mes excréments et voyez ma colère. Je me serais J’ai besoin des autres mais pas comme ça. contenté d’une toison, d’un entrepôt, j’aurais aimé être dans la cour d’une ferme, j’aurais aimé un boulot de chien. J’aurais aimé ne pas aimer les You’re a constant mutation of myself. facteurs et les uniformes, les vagabonds et les deux-roues. Etre un con de I incorporate behaviors, patterns, practices, gestures, feelings, spaces, chien sous un temps de chien. Une chaîne, trois colliers. Avoir trois noms memories and it becomes part of my own. j’aurais aimé. Même ridicules, et qu’on m’appelle. Qu’on nous appelle. Home is about EMBODYING and INCARNATION. Me voici qui ne suis plus chez moi. Expulsion préventive. Guerre d’Eden. Ma maison n’est pas en pierre. J’étais l’éternité et j’étais le monde et j’étais la maison et j’étais la porte Ma maison est un endroit doux, confortable, cruel et conflictuel, de cette maison et sa serrure et la clef. J’étais le mouvement de cette clef. rempli de mes contradictions. Tu changes avec moi. En accord avec ma réalité, mes contextes, et mes besoins. I’m so many things at the same time. Pourquoi ai-je toujours besoin de te quitter pour te sentir ? All together alone with ourselves. Je suis SEULE capable de faire les choses pour moi-même. Updating my self with myself and the others, Je crée et recrée sans cesse ce chez moi. Mon corps est ma maison. Home is about sharing common experiences. Il n’est pas question d’appartenance. I don’t belong to you and you don’t belong to me neither. Jusqu’où je suis chez moi ? Mon chez moi ce sont mes choix. Besoin d’égoïsme pour survivre. Je me sens à la maison quand je sens mon corps vivant. Mon corps est une maison mobile. Mon quotidien : Instabilité et nomadisme. M’adapter à volonté à l’étrangeté et l’étranger-ère comme des nouvelles parties de moi-même. Allowing myself to become each time someone else in order to grow up differently. Identity has to shift constantly, cause’ it’s something that I build related to my own experiences through space and time. Construire un contexte qui est le mien, et qui me permet d’être et de devenir avec le temps. I want my home to fit my realities. Voyez ma colère, stupide nuit, elle est en alcool. Elle joue. Et j’ai gueules I wanna trust my intuitions. de musiques. Mes gueules ouvertes et voici la chose, rien à dire, mes kilos Feelings, people, words, songs, food, sex. sur le sol, trois langues sentant l’anisette et le porto et le rhum. Gardien My permanent state of trying out to be is suspended by an unconditional de boîte de nuit, ce qu’on m’a trouvé de plus simple après avoir vu mon love for life. curriculum. Car les limbes, par décret, n’existent plus, le paradis est d’un Home is about love. ennui à crever à nouveau et les enfers sont peuplés de personnages qui se What, Who and How I accidentally love. surveillent entre eux, d’autant qu’ils ne pensent pas à s’évader, bloqués par leur pouvoir de méfiance. Je n’ai plus les gueules de l’emploi et pointe au Homesick is missing you. monde des vivants. Homeless is without u. Home is when it hurts. Mon premier jour. Je laisse entrer tous les piétons, je ne laisse sortir Home is everywherE... personne. Mais non, me dit-on, c’est presque l’inverse, il faut jauger, juger, il faut décider en un coup d’œil. Reconnaître le bon vivant. Trois paires Each time that i have to say goodbye, d’yeux, ça devrait suffire pour éviter les ennuis. Mais par la force de mon identité, non, ils ne pourront pas sortir, je suis le videur qui remplit. it’s like a little death.

PIerre rochigneux Emilie Sri Combet Dessin de Cécile couettes Dessin : Ameat Mendel aka MishMish aka ACK Jusqu’où tu es chez toi… Ou comment certain-e-s «Oh Raymond ! Elle est habillée comme nous !!! Oh Raymond, elle parle comme se croient plus légitimes que d’autres ! nous !!» ma première voisine quand je suis arrivée en France.» «J’ai mis le foulard pour cacher mes cheveux blancs !» N’êtes-vous Rappelons aussi que : donc pas jolie ? 2003 - Réforme des retraites (loi Fillon). Fort mouvement de contestation - «Débat» sur le voile à l’école (loi interdiction en 2004) 2010 - Nouvelle réforme des retraites - «Débat» sur la burqa dans l’espace Dévoilez-vous ! public - (loi pour l’interdiction, votée en octobre 2010). (1958, Campagne de propagande en AlgÉrie) 2013 - Nouvelle modification du régime de retraite - Lancement de la polé- mique sur une éventuelle interdiction du voile à l’université. 2016 - Fortes mobilisations contre la loi «travaille». Polémique sur la «mode «On ne peut pas mettre sur le même pied le voile et la kippa. La kippa, c’est islamique» et relance du «débat» sur le voile à l’université par Manuel Valls. un symbole fort de religion, alors que le voile, c’est un outil politique de conquête des esprits.». (François Baroin)

Réponses des personnes concernées mêlant une compilation de phrases tirées du film et d’une discussion d’un groupe de femmes, suite à la diffusion du documentaire de Jérôme Host, Un racisme à peine voilé (2004).

«L’émancipation, c’est que chacune dispose de son corps.». En parlant des profs : «Ils étaient les nouveaux croisés, nous étions les nouveaux sarrasins.». «On entretient le sentiment de peur des musulmans avec le voile.». «Être intégré, c’est être un bon esclave, avoir son certificat du bon indigène.». «La France veut nous dévoiler pour voiler ses problèmes.». «On ne donne pas la parole aux femmes qui portent le foulard et sont concernées par ça .». «Quand les médias ont commencé à s’en mêler, ça a divisé les familles, créé des conflits dans les quartiers.». «On ne nous donnait pas la parole. On entendait parler un écrivain iranien, ça n’a rien à voir. Moi je suis française !». «J’ai ressenti de l’humiliation. Je me suis sentie étrangère.». (une élève renvoyée d’un lycée) «Je fais ce que je veux avec mes cheveux.» (slogan sur une banderole dans une manifestation) «Quand on me demande d’enlever le foulard, on me soumet à qui ? À Chirac ?!». «Le foulard, c’était la réconciliation des jeunes avec leur histoire, leur culture, leur religion.» «Après le gros débat à la télé, il y a des hommes qui ont commencé à obliger les femmes à le porter. Ça a été tellement médiatisé que ça a changé les attitudes.»

«On fait tout le temps le grand écart : on l’enlève, on le remet, on l’enlève, À travers cette affiche éditée par l’armée française en pleine guerre d’Al- on le remet !» gérie, l’administration coloniale entreprend de diffuser massivement l’idée «Le foulard n’a rien de politique. C’est la foi, l’intime.» que son rôle civilisationnel est de libérer la femme indigène du joug d’une société archaïque. En cela, la République espère faciliter l’intrusion dans la «Je crains pour ma fille. Si elle décide de porter le foulard, ce sera un sphère culturelle du colonisé afin de fragiliser le noyau familial en mettant obstacle pour l’école, ses choix, sa vie !». sur le banc de touche les frères, les pères et les maris.(...) «Notre religion, c’est une religion de paix. L’islam n’a jamais dit de tuer. À travers ce slogan «N’êtes-vous pas jolie ? Dévoilez-vous !», l’image pro- L’islam est contre.» pose une libération vestimentaire. Et le vêtement devient alors un sujet politique.(...) «Et là, quand on rentre dans le bus ou le tram, il y a des femmes qui nous Source affiche et commentaire : regardent de travers.» Extrait de l’article T’es le héros du film, qui est à la production ? par Rocé «Chaque fois, c’est les immigrés, les immigrés. C’est comme ça depuis long- sur le site Quartier XXI temps. Maintenant c’est le foulard qui pose problème.» http://quartiersxxi.org/t-es-le-heros-du-film-qui-est-a-la-production «On va toutes les semaines dans une association avec plusieurs copines, et là, une femme nous a dit «faut pas parler arabe» !» Jusqu’où tu es dehors

La nuit je ne dors pas. Je suis, comme on dit, en alerte. En alerte des emmerdements, des violences. Celles que je pourrais subir. Celles que je pourrais infliger en représailles. Le jour, l’œil du monde veille sur moi. Je suis étendu sur le sol. Ou sur les derniers bancs épargnés par les “dispositifs anti-SDF”. Vous savez, ceux où ne peut pas s’allonger. La liberté de la rue m’enferme peu à peu dans “l’anormalité”. L’anormalité, ce terme des bien portants. Ceux qui sont indifférents. Ceux qui donnent une petite pièce, qui aide et qui réconforte. Ceux qui, d’un regard, ont un avis sur ma vie, mon parcours, me jugent. Après tant d’années, parfois cela ne m’atteint plus. Parfois, c’est insupportable. Comme tout le monde, je me protège, mais des fois cela ne suffit pas. Qui suis-je ? Le sait-on un jour. Je suis avant tout, et c’est là l’essentiel, votre semblable, votre frère d’humanité. Je suis vivant et le héros d’un film qu’on pourrait appeler “survie”. Je suis bulgare, je suis français, je suis homo, je suis un père, je suis une mère, je suis punk, je suis un isolé, je me suis isolé, on m’a isolé. Les deux textes qui vous sont Fuir la guerre, fuir ma famille, proposés sont des expressions libres demander asile, gagner ma vie, de travailleurs sociaux dans un trouver des soins en France que mon pays ne peut m’offrir, centre d’hébergement pour personnes fuir une vie qui est invivable, insupportable. sans abris. Jusqu’où tu es chez toi ? C’est le chemin sur lequel je suis en ce moment. Eux, justement, n’en ont pas. Je souffre mais je peux être heureux. On ne choisit pas sa vie, on la subit parfois. Nous, travailleurs sociaux, Gardez-vous de penser que cela n’arrive qu’aux autres. rencontrons à travers notre Cela peut être vous, votre frère, votre mère, votre ami d’enfance. profession la richesse d’êtres humains en décalage avec les Quand on glisse dans l’errance et dans l’isolement, il est difficile de s’en dégager. normes socialement admises. Ce sont des compagnons fidèles, qui collent à la peau. Ces normes qui définissent notre La rue, c’est lorsqu’on ne questionne plus cette errance et cet isolement. contrat social, notre regard, notre Ils sont devenus une norme, la norme, ma norme, destructrice, qui emprisonne. rapport à l’autre et qui excluent. Du répit, parfois, je trouve dans la folie. Lorsque la vie est invivable, le corps trouve des moyens pour évacuer l’horreur qui vit au fond de Nous sommes au chevet de la moi. précarité, de l’humanité extrême Cette folie, c’est en quelque sorte ma soupape. de ces personnes. Nous sommes Sinon j’implose de l’intérieur. au quotidien les témoins de cette Elle protège, m’emporte ailleurs. différence qui exclut tant, de cette Où ma conscience et ma raison n’ont plus les moyens de m’enfoncer vers les profondeurs de mon norme qui laisse les personnes de horreur. la rue dans l’isolement. Les accidents de la vie, la rencontre avec les produits. Qui vous plongent dans le tourbillon des addictions. Ces textes témoignent d’une L’alcool, les cachets, le shit, le sub, l’héro entre autres. expérience professionnelle au Intenses mais font rarement dans le bon sentiment. contact de ces personnes, une Paradoxalement, ils m’aident à survivre. expérience de vie dont on sort Et d’ailleurs on ne sait que peu sur la question : qui est arrivé en premier ? grandi. Ce travail est aussi un don Les problèmes ou les produits ? de soi au secours de l’autre pour parvenir au mieux à atténuer Ce que l’on sait c’est que la rue abîme, détruit. le mal de vivre qui ronge ces Elle nous déconnecte d’un monde qui va trop vite. personnes au quotidien. Nous débranche du présent et nous laisse sur le bord du chemin. Je m’installe sur le bitume et vous regarde vivre, aller et venir. Nous remercions Avatarium d’exister Je suis enfermé dehors. et de nous laisser partager notre Il y a deux sortes de gens, ceux qui jouent et meurent tranquillement. témoignage, fait d’expériences et de Et il y a ceux qui ne font rien d’autre que se tenir sur l’arête de la vie, des funambules en quelque sorte. rencontres humaines. HH, monitrice-éducatrice Mes voisins d’en face, des hommes et des chiens

Nous sommes tous nés dans la terre et sur terre, nous avons appris depuis la nuit des temps à vivre et à habiter la maison de notre corps en tant qu’organe sensori-moteur. En même temps nous avons appris à habiter le corps de notre maison pour nous protéger des éléments et ce, depuis la caverne jusqu’au béton. Mais il est des vies et des univers où les frontières se brisent, lesquelles donnent parfois froid dans le dos, au sens propre du terme. Surtout quand ces lieux deviennent répétition et chronicité permanentes à cause de cette fatigue d’être soi sous l’épaisseur de la glace : c’est être contraint de vivre dans la rue. C’est être assigné par la vie en un seul lieu de vie : la rue. Réus- sir à faire d’elle un espace, un refuge contre un environnement extérieur soi malgré le ciel ouvert. considéré comme hostile. Comment est-ce possible ? Par ce phénomène par C’est que le dedans et le dehors n’imposent aucune réalité spatiale. C’est lequel notre corps se greffe sur le béton, sous le pont, sur le trottoir, dans relatif. Mais, un jour, la magie s’opère dans l’existence et on décide d’aller un site désaffecté, ou dans une cage d’escalier ; plus tragique encore, avec dedans plutôt que rester dehors. le temps, l’environnement nous absorbe et on fait partie du décor, visible Alors que nous est-il permis d’espérer et de faire ? mais inaperçu. Il faut des lieux de refuge et d’accueil inconditionnel, un lieu de retranche- La rue nous brise l’envie d’être quelqu’un. ment pour la figure de l’errance, un lieu qui ouvrirait vers des issues pos- Des pas des passants aux ronflements des véhicules mais aussi le bruit du sibles, de petites voies étroites qui atténueraient pour un peu les angoisses silence de l’indifférence du monde, c’est le temps qui passe dans la rue. Des existentielles et les tensions interminables du jour. gens qui passent et repassent mais au regard parfois fuyant. Comme si ce Il faut des lieux qui redonnent un peu de souffle de vie. Des lieux de ca- corps imprimé, marqué par les longues nuits de marche et de lutte pour la pitulation et d’armistice avec les nuits obscures de l’errance. C’est une vie, renvoyait tout un chacun à sa condition de finitude. ouverture vers des voies bienveillantes pour une tentative de «réanimation Contrairement aux apparences et malgré tout, ce corps continue de dire sociale» au secours des plus vulnérables. C’est savoir enfin s’inscrire dans toujours oui à la vie, malgré l’épuisement. une dynamique éthique et humaine plutôt que dans une visée moralisante et une philanthropie dévouée. Le jugement des Hommes et la normopathie du monde nous influencent plus Il faut des lieux où on revient aux mouvements pour retrouver ces corps qu’on ne l’imagine. Parfois, de la façon la plus insidieuse qui soit. C’est un lâchés, ces corps perdus dans les circuits normatifs. Suspendre le temps. choix de vivre dans la rue, qu’il suffit de vouloir pour pouvoir ; il faut Le temps de l’immédiateté et de l’intervention d’urgence s’adressant à ceux arrêter de boire pour aller mieux. qui sont en arrêt, ceux qui ont décroché du temps et sont parfois au bord Mais tout cela n’a rien à voir, ni avec la volonté et ni avec le choix. du monde. Autrement dit, dépasser la tyrannie de l’urgence et briser la verticalité du temps au milieu de la stupeur et de l’effroi. Par ailleurs, la bonne conscience dénonce le dysfonctionnement d’un système qui jette une partie du monde à la rue. Suffirait-il d’investir des locaux vides pour que tout redevienne dans l’ordre ? Cela n’est pas seulement l’expres- Shongoni sion de défaillance au sein d’un système, c’est le système qui est ainsi conçu. Le système d’une société intégrationniste, assimilationniste et uniformisée. C’est plutôt la question de la différence qu’il serait intéressant d’intégrer. Les lieux dits d’insertion sont des univers où l’on vous accueille, mais où on peut se retrouver dehors à cause des écarts de la différence, des «contraintes normalisantes» qui par conséquent, manquent de considérations éthiques. Ce sont enfin des univers qui peuvent parfois être ressentis comme plus violents que la vie elle-même, que la vie dans la rue. Alors c’est un système qui fonctionne plutôt à plein régime et répond, plus que convenablement aux désirs et à la morale bienfaisante de la société. Autrement dit, nous nous affirmons désireux d’œuvrer pour l’insertion des personnes mais en même temps nous avons des logiques d’exclusion qui s’enracinent dans notre difficulté d’accepter l’Autre avec son intériorité et avec sa différence. Car la vie elle-même est détournée de ses facultés et il n’y a de vie que là où il y a de l’autonomie et de la performance. C’est cela une vie digne ! Etre contraint de vivre dans la rue, et s’approprier le dehors comme un espace de vie contraignant à tous les niveaux, dehors, mais en parvenant, tant bien que mal, à vivre dedans. C’est une reconfiguration de l’espace public en espace privé, lequel s’atrophie et devient «espace intime», un chez De l’encre partout !

Atelier d’écriture, gratuit et nomade Abécédaire de jusqu’où j’suis chez moi

Aménagement évolutif. Bazar contenu, toujours à l’affût. Matin chagrin sur le chemin du turbin Chats : fratrie binôme, adorables et adorés. Lit châle-heureux, carrelage carrément froid Toilette de chatte, café rebelle Déco & Co post déménagement hard y’ a un an et des patates. et zapatiste Dehors, macadam moussu Écriteau «pelouse interdite», au milieu Emmagasiner des trucs : «au cas où, hein..!». de la… pelouse ! Qui était là en premier, le panneau ou l’herbe ? Comme Fenêtre sur cour, light inside. chaque matin, je réveille un matou Au fil de années, il s’enfuit de moins Grogne lors des levers matinaux contraints. en moins vite Apprivoisement, vieillesse, lassitude ? Traversée du parc à Hospitalité ok, mais à moments choisis. pas feutrés La végétation somnole encore Je marche doucement dans cette Intérieur + refuge = cocoonland nature organisée Aux arbres trop élagués Le saule, dès potron-minet, me Journées en modus «Hibernatus Conscientus». regarde passer D’un œil entrouvert sous sa longue frange, de l’autre, il Kaléidoscope hétéroclite d’éléments savamment agencés. pleure car il sait où je vais Les boulots, eux, plus matutinaux sont déjà vêtus Lambinage : plaisir (non) coupable. de blanc, comme moi tout bientôt. Méditation des matins calmes. Notre nid à présent que toi tu y niches aussi… Ouvrir les yeux : au début ça picote, puis on s’y fait. À ses yeux, chez lui, il n’y a pas de couleur Mais pour ses amis c’est tout vert. Palettes : multiples, recyclées en lit, canap’, meuble à chaussures, étagères… La maison rêvée se trouve à l’Horizon, le vrai, celui qui ne recule pas quand on Quartier du centre entouré de sens interdits. avance. Innocence de l’enfance Grand âge redouté Maturité tant aimée. Relax ? Heu ouais, quand j’aurai bouclé ça et puis ça et ça et… Susurrer des prières sous le ciel paré de lune. Temps, pourquoi es-tu fâché avec moi ? Marianne trame un sale taf. Se grave dans le marbre et dans le cadastre. Univers extérieur, étranger et bourgeois, vu par une précaire infiltrée. Dégage les caravanes et saque les voix du Sahara. Bon débarras, casse-toi Vétuste ? Non ancien, c’est plus chic. de là, mon capital n’est pas à toi. Repasse la douane et reviens pas ; y’a un Warrior city queen ! charter qu’attend que toi. T’as pas d’chez toi ? Quoi, y’a plus de toit ? C’est Xérès vinaigré dans la salade. quoi ça, Bachar Al Assad ? Ça m’regarde pas, moi je suis né là, et puis, c’est Yallah, allez hop, t’es en retard pour changer ! l’heure de Thalassa. Zaatar offert et dégusté à l’apéro avec huile d’olive et galette.

SanSan Meli-Scriptum J’aimerais bien avoir un chez moi dans le centre ville stéphanois. Pourquoi pas en caravane bariolée, ce serait amusant n’est-ce pas? Toujours en vadrouille sur le macadam, posé dans un hangar indus, ou même à la campagne avec une salle à manger extérieure, et y inviter mes amis rieurs à faire des bœufs musicaux interminables, attention, j’ai pas dit minables !! Être loin du brouhaha du tram, des voitures aux moteurs partisans. Ça fait un bail que j’en rêve ou pas. Mais si j’en rêve c’est un signe, N’est-ce pas?

Sans frontières, sans papiers, Sans identités, La vie serait bien plus simple…

Haïkus des peaux cibles Depuis des générations, Dans ma famille, Transmission entre femmes. Que depuis un certain temps Mes identités multiples, Fouillées et conscientisées ! C’est une femme noire, qui veut refuser Ces déterminismes-ci. Une femme afropéenne, qui se tient debout, Faisant fi des injonctions.

SanSan Meli-Scriptum COHABITATION

La rue. Figurons qu’étant à l’intérieur d’eux, eux, doués de l’intelligence artificielle des mythologies aux traverses photo hygiéniques. Evitant soigneusement de rencontrer et oubliant la naissance et la mort. Nous restons là, éblouis par cette capacité à fermer l’œil publiquement sur l’identité. Nous sommes le jour, la nuit, nous restons, nous voulons les sentir, nous voulons l’éveil, et plus le jour avance plus les ombres inondent et plus la fatigue, l’épuisement et le sommeil insistent. Le temps se faufile encore plus vite et les normes s’installent plus solide- ment encore. à l’intérieur, Être crâne, à deux, l’orage et la foudre en forêt . Un pied devant l’autre, dedans, pas à pas, dehors, ce sont à nouveau des déplacements réguliers, des croisements entre le sourire et les canines. Se déshabiller, enlever des couches, retirer le corps de son urgence pour deuxième étage. être en capacité de contenir, un substrat de pouvoir, celui de fermer les A l’Est, grand ouvert, le trou de la fenêtre aspire le paysage, pieds nus, yeux ou celui d’agir. cernés, jambes tendues, apparemment nous devrions assister au départ des Quelle température adopter pour que les lignes s’oublient, et que le texte contours du soleil à l’instant. se sauve vers l’autre ? Sommes nous capables de le regarder partir sans ciller, d’obstruer les Pour combler la rigidité de son champ d’interprétation, parfois l’homme se risques pour nos rétines, oui, nous sommes présents, tant pis si nous tend, allonge les bras en direction du ciel. sommes éblouis, claquement d’ailes et dialogues d’oiseaux au-dessus de Une manière d’agrandir le regard, un langage vers une perspective autonome. nos têtes. La femme, unité de mesures pour une cartographie en secteur d’habitations troisième étage. à conditionnement social. Au-dessus, les murs de l’immeuble s’écartent, on entend nettement la vie Comme dans le rêve, on parle d’actes, alors que nous en vivons les réper- derrière les murs, l’espace s’étend, nous sommes heureux d’avoir fermé cussions mémorielles. la porte pour aller dormir sans dérangement, pas de tour de clef car la L’irréversible soin qui traumatise l’être et l’évapore. fonction de ce lieu de vie nous échappe, nous sommes nombreux à vivre Comme dans le rêve éveillé, c’est-à-dire avec la conscience d’une technologie dans des maisons, nous sommes nombreux habitus identiques morcelés. du langage nous approchons le symptôme de la rencontre. ciel. Rez de chaussée. Nous pensons aux camisoles, nous pensons à tous les gens que nous avons La possibilité de naître chaos à la condition que nous, qui nous pressons, suivis, ceux qui essayaient de ne pas dormir, ceux qui ne voulaient pas sentir soumis à notre froideur, constituions en réaction une tribu chimique, sym- la fatigue, nous les dessinons, nous voulons qu’ils construisent, nous cher- bolique. chons des collaborateurs pour réinventer, car nous sommes trop faibles premier étage. pour soulever le prétexte social.

En bas, un enfant pleure, longtemps, interminablement, le pas s’accélère Eve Poyet Caterin rattrapé par un élan de précautions, les craquements de nos intérieurs, l’alternative à l’impuissance précise la pensée de se réchauffer, sa voix cas- sée insiste au loin, on ne peut rien faire, son appel résonne, alors le temps s’arrête, la lumière blanche et le son ne font plus qu’un, une enveloppe dure, crue . nous sommes après, nous sommes dans un étourdissement, une fragilité, friabilité de l’être, une confusion momentanée . deuxième étage. A l’ouest, le temps se faufile dans les interstices de nos cloisonnements, lieux dits entre le plâtre, normaux. Il y a l’oubli, et autour, l’enveloppe, le battement de la membrane silencieuse à la pression assourdissante. Les pleurs de l’enfant cessés nous sommes immobiles. On assiste impuissant à un résultat d’administration qui concède un état de révélation physiologique. Se sentir comme un ensemble organique porté sur une corde ondulatoire et sourire . 17e édition mercredi 18 mai vendredi LA GUEULE NOIRE - 20h - 5€ & samedi APÉRO OFFERT PAR AVATARIA Musée de la Mine - Perfs/installations Dans le cadre de la soirée proposée par Clin Deuil, Maquillage/crustacés & La multitude, avec CULTURE AILLEURS DIRTY DENTIST (Free Dark Rock), Les Putes (Danse Création performance • Grenoble Utopie Punk Indécence) Rraouhhh (noise synth punk) CABANE Installation-spectacle • Sainté jeudi 19 mai METALKING Méliès St-François - 20h30 - Prix libre Impro-jecteur • Grenoble Lush Efon & Jean Bender vos désirs Installation • Sainté Documentaire de Gabrielle Gerll VILLAGE CHARBON En présence de la réalisatrice et de Zig Blanquer Vendredi 20 mai Ateliers - Samedi Gratuits sur inscription - Dès 14h Concerts - Musée de la Mine - 19h - 5€ LA Petite récup’ COPCAKE Fastcore • Sainté SPOKEN WORD (15h) CRESS LES ARTS DU FOREZ Anarcho Punk • UK LE PLACARD DEADWOOD Noise blues • Bruxelles Conférence - samedi UKANDANZ Gratuit - 15h30 ÉthioGroove • France-Ethiopie L’espace public sonore Samedi 21 mai Juliette VOLCLER Concerts - Musée de la Mine - 19h - 8€ Visites guidées du musée DE KIFT vendredi et samedi à 19h30 Fanfare Punk • Hollande MIDNIGHT RAVERS Mali-Tronica Expérience • Mali-France avataria.org - [email protected] LA GALE Billeteries : Méli Mélodie, Entre-pot Café, Rap-Punk • Lausanne Little Soba, L’Etrange RDV JK FLESH Heavy Brutal Electronica • Birmingham

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