BIEUXY & VALPRIEZ De la même collection :

HISTOIRE DE BRAINE LA COMMUNE DE COLLIGIS-CRANDELAIN AUBIGNY-EN-LAONNOIS PENDANT DIX SIÈCLES LA VICOMTÉ ET LE VILLAGE D' MONOGRAPHIE DE COULONGES , LA SIÈGE ET ÉPRITEL HISTOIRE DE COMTE MAXIME DE SARS Lauréat de l'Institut

BIEUXY & VALPRIEZ

IMPRIMERIE DE L' 89, RUE DES ÉCOLES, 1935

AVA NT-PROPOS

Entre la Somme et la Marne, berceau de la , il n'est pas si petit village qui n'offre une histoire prestigieuse. Bieuxy, qui paraît perdu sur une pente du grand plateau soissonnais, au nord de VAisne, en offre un exemple caractéristique. Ses premiers seigneurs ont été les sires de Coucy, types accomplis du grand féodal, batailleur, hautain et magnifique, qui rarement mourait dans son lit. Une partie de son terroir a été défrichée par une des plus im- portantes abbayes françaises, chef d'ordre dont les dix-sept cents filiales étaient répandues sur tout le monde connu au moyen âge. Plus tard, on vit à Bieuxy, en contradiction avec les usages féodaux, le supérieur d'un pacifique séminaire se soumettre aux obligations d'un vassal et le chapitre d'un diocèse voisin transformer en bien de mainmorte un ensem- ble de petites lenures paysannes groupées par un riche propriétaire après les désastres de la guerre de Cent ans. Son éloignement des grandes voies de passage n'a pas préservé ce village des troubles économiques de la Révolution et des dégâts des armées, tant au cours de la guerre de Trente ans que des quatre inva- sions des xixe et xxe siècles. La dernière d'entre elles l'a entièrement détruit, mais ses maisons re- construites abritent une laborieuse population, en grande partie étrangère. Les éléments de cette histoire sont puises aux sources originales, à Laon, à Paris et à Beauvais. Les registres paroissiaux de Bieuxy, qui ne remon- taient plus qu'à 1759, ont disparu au cours de la dernière tourmente, mais ils avaient été analyses par le regretté M. Firino, conseiller général, ancien député, président de la Société archéologique de , envers qui l'histoire locale a tant d'obli- gations. M. Firino a réuni à Fontenoy, sur toutes les communes du canton de Vic-sur-Aisne, une do- cumentation énorme, et il a été assez heureux pour pouvoir joindre à ses recherches personnelles l'ana- lyse des minutes anciennes de l'étude de Vie, com- posée par Emile Gailliard. M. Pierre Balsan, qui a bien voulu mettre cette mine inépuisable de rensei- gnements il notre disposition avec une charmante bonne grâce, voudra bien trouver ici l'expression de notre reconnaissance. Nous tenons aussi à remercier tous ceux qui ont bien voulu nous aider dans notre tâche : Mme et M. Fontaine, maire de Bieuxy ; M. le chanoine Collangettes, secrétaire de l'évêque de Soissons ; M. l'abbé Taine, ancien curé de Cuisy-en-Almont ; M. Ponthieux, maire de Berlancourt, secrétaire du Comité archéologique de Noyon ; M. Béreux, archi- vise de VOise; M. Luguet, bibliothécaire de la So- ciété archéologique de Soissons.

CHAPITRE PREMIER LES ORIGINES

E village de Bieuxy, un des plus petits du Sois- sonnais, se cache modestement, à l'abri des L1 grandes routes, au flanc d'un vallon boisé qui s'ouvre sur la vallée de l'Hozien ou l'Hozier, petit cours d'eau qui prend sa source au pied de la ferme de Montécouvé et coule parallèlement à l'Aisne pen- dant la plus grande partie die son oours avant de s'y jeter à Vic-sur-Aisne. Le seul écart de la com- mune, la ferme de Valpriez, domine la même vallée, à l'est de l'agglomération. Au-delà de Valpriez, le terroir s'étend jusqu'à une ancienne voie dont on retrouve plusieurs tronçons en ligne droite, appelés depuis treize cents ans la chaussée Brunehaut. romaine C'est une ancienne voie romaine, sans doute d'ori- gine gauloise, qui conduisait de Soissons à Vernland. Bien négligée par les barbares, elle fut restaurée, comme tant d'autres routes austrasiennes, à la fin du VIle siècle, par la reine Brunehaut, célèbre par les luttes qu'elle soutint contre sa rivale Frédégonde. On sait qu'elle périt en 613, attachée par ordre de Clotaire II à la queue d'un cheval indompté. La reconnaissance populaire lui a conservé ainsi un fidèle souvenir, tandis que l'incurie des gouverne- ments laissait à l'abandon la grand'route qui n'est plus çà et là qu'un chemin vert qui ne conduit nulle part. Etymologie Bieuxy n'est qu'une corruption de Bucy. On disait en latin buxetum pour désigner un lieu planté de buis (biixus). Le savant philologue Longnon admet cette étymologie, mais tout de suite, avec sa profonde conscience de critique, il reconnaît que ce nom de lieu peut aussi provenir de Buciacus ou Bucciacus, formé sur un gentilice Bucius ou Buccius. Le nom de Bieuxy apparaît trop tardivement pour qu'il soit possible de se prononcer sur l'une ou l'autre origine. Il est toutefois probable, en raison du voisinage de la grande voie, que le village doit son origine à une ancienne villa gallo-romaine créée pour exploiter les terres des pentes et du plateau, soit qu'elle ait été élevée dans un lieu où avaient été défrichés des buis, soit qu'elle doive sa naissance à un riche propriétaire du nom de Bucius. Ce plateau était habité depuis longtemps, puis- qu'un curieux dolmen sert encore de limite aux communes de Bieuxy et de Juvigny. Les premiers habitants de Bieuxy ont dû habiter les carrières ou boves qui s'étendaient sous la ferme de Valpriez. Si l'on en croit une tradition, c'est sur le plateau com- pris entre Juvigny, Bieuxy et Montécouvé que se livra la bataille qui décida de la fortune de Clovis et des Francs, en l'an 486. La première mention que nous donnent les textes n'est pas antérieure au premier quart du XIIe siècle : Bieuxi en 1122, 1302 et 1362 ; Biuci en 1142 ; Bieuci en 1384 et 1447 ; Bieussy en 1595 ; Bieuxy en 1599. Au xvine siècle, il était d'usage d'appeler ce village le Petit-Bieuxy ou Bieuxy-le-Petit. CHAPITRE II

LA SEIGNEURIE ET LE FIEF DE BIEUXY

N ne sait à quelle époque le terroir de Bieuxy fut englobé dans la seigneurie de Coucy, dont 0 il devait dépendre jusqu'à la Révolution. Peut-être faisait-il partie, dès les origines, de cette terre de Mège que Clovis donna à saint Remi, après sa conversion, sur la demande des habitants sur- chargés de redevances ; ce serait donc un ancien bien du fisc romain. La terre de Mège passa, après le saint évêque, à l'église de Reims et lui fut en- levée par de puissants seigneurs au cours du ixe siè- cle. La disparition presque complète des archives de Coucy ne permet pas de répondre à cette question et on ne sait rien du village avant le XIIe siècle. Un quart du domaine, donné à Prémontré, servit à constituer la ferme de Valpriez (voir p. 18). ACHEVÉ D'IMPRIMER LE 12 MARS 1935, PAR L'IMPRIMERIE DE L'AISNE RUE DES ÉCOLES, LAON

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