LES QUESTIONS LES PLUS FRÉQUENTES SUR LE FILM CHAPEAU MELON RÉDIGÉ PAR STEED3003 1. LES PROJETS Comme la plupart des adaptations de séries télé au cinéma (Mission impossible, Les incorruptibles… et Patrick MacGoohan n'a–t–il lui aussi pas longtemps ergoté sur une adaptation du Prisonnier ?), les annonces d'une adaptation sur grand écran de Chapeau melon et bottes de cuir furent nombreuses, mais finalement seule une aboutit. 1.1. Y A–T–IL EU DES PROJETS DÈS LE TOURNAGE DE LA SÉRIE ? Oui, en effet, tel X–files, un film aurait du sortir dans nos salles durant la diffusion de la série. Initié par John Bryce (alors producteur exécutif des Avengers) en 1964, ce film aurait du voir nos deux agents Steed et Gale collaborer avec deux de leurs homologues américains à une mission d'envergure internationale, à la suite d'un massacre de diplomates anglais et américains à Beyrouth. Cependant, le projet resta sans suite, Honor Blackman ayant rejoint la distribution de Goldfinger la même année. 1.2. QUELS ONT ÉTÉ LES PROJETS À LA SUITE DE L'ARRÊT DU TOURNAGE DE LA SÉRIE ? Ils furent au nombre de 6 : 1 – The first avengers movie (1980) : Dans ce cas là, comme dans les deux suivants, on ne peut pas parler de projets d'adaptation cinématographique à proprement parler. En effet, ce projet se résumait à un téléfilm commandé par la CBS (le TF1 américain en somme) et devait donner lieu à une série de téléfilms. Ce premier téléfilm aurait du réunir Steed bien entendu, Gambit et, non pas Purdey mais une nouvelle partenaire du nom de Carruthers. Nos agents auraient du être confrontés à un fou qui aurait appris à domestiquer les fourmis, dans le but d'infiltrer les bâtiments à haute sécurité. Une histoire d'espionnage à la sauce avengers en gros ! Écrit, comme vous vous en doutez sûrement, par des scénaristes ayant collaboré activement aux deux séries avengers (Brian clemens et Dennis Spooner, auteur de l'excellent Clowneries, Un chat parmi les pigeons… ), ce téléfilm aurait du avoir pour guest star une nouvelle fois après… Clowneries (Dennis Spooner ayant du apprécier sa prestation) John Cleese, qui était alors en plein succès avec les Monty Python. Ce dernier aurait du joué le rôle d'un expert en miniaturisation, très intéressé par les insectes et particulièrement paranoïaque. La CBS se rétracta finalement et le projet en resta là. 2 – The Avengers international aka Réincarnation (1985) : Nouveau téléfilm, commandé par la Taft entertainment, mais devant donner lieu cette fois à une série d'épisodes format 50'. Écrit par Brian Clemens, il aurait du mettre en scène John Steed entouré de deux nouveaux personnages : Samantha Peel (la nièce de Mrs Peel) et Christophe Cambridge (un agent américain). Le scénario aurait été très similaire à celui de Double personnalité, soit une sombre histoire de réincarnation. Encore une fois, aucune chaîne n'acheta le projet et ce dernier ne vit jamais le jour. 3 – The avenging angel (1988) : Proposé par Universal Studios, ce téléfilm à l'effrayant titre (aurions nous eu droit à Steed et ses drôles de dames ?) aurait lui aussi du donner naissance à une nouvelle série d'épisodes. Il devait être écrit et produit par Michael Sloane (qui avait alors à son actif un scénario d'un téléfilm Galactica diffusé en 1978). Celui–ci aurait du réunir rien de moins que Steed, Gale et King dans un scénario reprenant la base de celui de The Avengers movie. Cependant, Sloane ne réussit pas à acquérir les droits de la série et le projet s'arrêta là. 4 – The Avengers (1989) : 1er des deux projets initiés par Weintraub : en juin 1987, après avoir acquis les droits de la série, le producteur Jerry Weintraub (qui a produit L'expert, Ocean's eleven et sa suite ; et dont on a par ailleurs souvent déploré la méconnaissance qu'il avait de la série) décide de la porter sur grand écran pour en faire, selon ses dires, une sorte de James Bond nouvelle génération. Il s'empressa de contacter Mel Gibson (auréolé alors du succès de L'arme fatale et de sa suite, ainsi que de la trilogie Mad Max ; et grand fan de la série au demeurant) qui refuse le rôle de John Steed, trop marqué par Patrick Macnee selon lui. Malgré son refus, Weintraub commande un script au scénariste Sam Hamm (auteur notamment des deux premiers Batman et plus récemment, des 4 Fantastiques qui sortira en 2005) qui accouche d'un script inconsistant, loin de l'esprit de la série. Weintraub décide alors de reporter le projet aux calendes grècques, pour mieux se concentrer sur une autre de ses productions… la seconde suite de Karaté Kid ! 5 – The Avengers (1993) : Seul projet ayant vraiment abouti : après avoir cédé les droits vidéos de la série à Lumière Pictures (qui échoueront ensuite à Thorn emi, puis A&E et StudioCanal qui détient actuellement les droits d'exploitation de la série), tout en conservant les droits cinématographiques, et porté par la vague d'adaptations de série sur grand écran (La famille Adams, Le fugitif… ) et par le succès qu'elles ont toutes connues, Weintraub remet en route le projet Avengers. Il contacte (à l'époque sur Alien 3, puis ensuite ayant tourné des films non moins célèbres que Seven ou Fight club), qui, intéressé, compte tourner un film en noir et blanc, pour faire plus proche des 60's, avec en John Steed Charles Dance (qui a joué en 1997 dans l'adaptation télévisuelle de Rebecca avec… Diana Rigg, mais surtout l'excellent et le tout aussi british Gosford park sorti en 2001). Cependant, David Fincher s'écarte du projet. Néanmoins, l'ébauche du nouveau scénariste Don MacPherson (qui avait alors seulement écrit The big man avec ) satisfait Jerry Weintraub ; de plus, le succès de la ressortie en cassettes de Chapeau melon l'amène à décider définitivement la mise en chantier du projet fin 1994. 6 – The new new avengers (1994) : Avant l'annonce de Jerry Weintraub, Brian Clemens, qui possédait toujours les droits des New avengers avait pensé à reprendre les aventures de Purdey et Gambit seulement. Malheureusement Joanna Lumley (alors en plein tournage de Absolument Fabuleux) et Gareth Hunt (qui menait lui aussi, même si plus discrètement, une belle CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR 1/11 carrière) refusèrent le projet. Brian Clemens se reporta alors sur son autre série phare, quoique de moindre qualité, Les professionnels (diffusés de 1977 à 1983 ) et créa les Nouveaux Professionels, avec notamment en producteur éxécutif le compositeur attitré des Avengers et New avengers Laurie Johnson, qui s'arrêtèrent, faute de succès, après 13 épisodes. (Source : Génération séries numéro 35) 2. LA PRODUCTION 2.1. L'ÉQUIPE 2.1.1. Le réalisateur 2.1.1.1. Qui est Jeremiah Chechick ? Avant d'arriver sur The Avengers, Jeremiah Chechick (d'origine canadienne) n'avait jamais réalisé un film de cette envergure. La plupart de ces films n'ont d'ailleurs jamais traversé l'Atlantique. Cependant, il avait une certaine réputation dans le milieu cinématographique américain grâce à ses réalisations de spots de pubs et de clips vidéos, qui lui avaient permis de remporter de nombreuses récompenses. Une grave erreur de parcours cependant : le remake des Diaboliques, tourné par Henri–Georges Clouzot en 1955 avec Isabelle Adjani et Sharon Stone (avec laquelle il a eu une relation tumultueuse, allant jusqu'à s'insulter mutuellement par voie de presse) ; film démonté par la critique et boudé par le public. Il n'a quasiment plus tourné depuis le flop retentissant des Avengers, pour lequel il reçut une nomination en tant que pire directeur aux Razzie Awards (l'inverse des Oscars) pour ce film. Pour l'anecdote, la statuette peu convoitée échoua finalement à Gus Van Sant pour son remake de Psycho. 2.1.1.2. Comment est–il arrivé sur le projet ? Très intéressé dès le départ par le film, il fut rapidement contacté par Jerry Weintraub (le producteur du film, souvenez vous… ) qui trouva chez lui une grande capacité à diriger les acteurs et à maîtriser les technologies de pointe (ce dont on peut douter, ce dernier n'ayant avant jamais travaillé sur un film à effets spéciaux de la même pointure que The Avengers). Sa vision du script étant très proche de celle de Weintraub, il fut vite engagé. On peut soupçonner de la part de Weintraub le désir de ne pas avoir pris un réalisateur trop connu qui aurait pu imposer sa patte et son director's cut (Chechick ne l'aura d'ailleurs pas) pour garder une totale maîtrise du projet et faire le « blockbuster » qu'il voulait faire. 2.1.1.3. Chechick connaissait–il bien la série ? Je me suis amusé à relever quelques « perles » de Jeremiah Chechick sur la série, dans son interview pour Première (n°257) : Les excusables : il dit avoir découvert la série « lors de son enfance au Canada, parce qu'il y avait un échange de programmes entre la BBC (la fameuse chaîne publique britannique) et la CBC (son homologue canadienne) ». Or, la série a toujours été diffusée sur ITV, chaîne britannique privée et en concurrence directe avec la BBC. Pour lui, « les intrigues avaient moins d'importance que les relations entre Steed et Peel, Gale ou Tara King ». Vrai et faux. Même si on peut affirmer que les personnages mythiques de CMBDC ont joué un rôle prépondérant dans le succès de la série, celle–ci n'a jamais (si l'on met de côté les quelques minutes finales de Ne m'oubliez pas) été une série sentimentale. L'impardonnable : dans la préparation du film, il affirme avoir regardé « des centaines d'épisodes ». Or CMBDC contient en tout et pour tout 161 épisodes (auxquels on peut ajouter les 26 New Avengers), parmi lesquels seules les saisons 4, 5 et 6 (soit en tout 82 épisodes) sont vraiment représentatives de la série. On est donc loin des « centaines d'épisodes » ! Hormis ces bourdes, Jeremiah Chechick assène quelques vérités sur la série : « Le badinage entre Steed et Mrs peel est plein d'esprit (…). C'est plutôt un amour du 19ème siècle, une vraie connexion entre deux personnes » / « (La série) était fauchée, du coup, ses auteurs ne pouvaient pas se permettre quoi que ce soit d'inutile ». 2.1.1.4. Quelles étaient ses ambitions pour le film ? Dans ses propres mots, dans cette même interview : « faire un film populaire et intelligent », ce qui correspond, finalement, tout à fait à la série. 2.1.2. Les acteurs 2.1.2.1. 2.1.2.1.1. Qui est Uma Thurman ? Dotée d'une belle carrière, Uma Thurman a incarné Cécile de Volanges dans Les liaisons dangereuses (1988) de Stephen Frears et a joué dans Pulp fiction (1994) de Quentin Tarantino, film primé à Cannes qui a véritablement lancé sa carrière. Elle a depuis les Avengers tourné avec dans Paycheck (2003) et a retrouvé Tarantino pour les deux volumes de Kill Bill (2003 et 2004). À noter qu'elle a toujours discrédité le film, arguant qu'elle l'avait tourné mécaniquement, car très fatiguée par sa grossesse. Elle n'en a d'ailleurs pas assuré la promotion, sa grossesse arrivant à son terme lors de la sortie du film. 2.1.2.1.2. Comment est–elle arrivée sur le film ? Pour incarner Emma Peel, la Warner Bros (studio qui produisait le film) tenta d'imposer Nicole Kidman, tandis que Patrick Macnee avait publiquement annoncé sa préférence pour Liz Hurley, de plus, d'autres noms comme Gwyneth

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Paltrow, Emma Thompson ou Elizabeth Shue circulaient. Mais, finalement, Weintraub et Chechick réussirent à obtenir Uma Thurman, le tandem idéal étant pour eux Fiennes–Thurman. 2.1.2.1.3. Connaissait–elle bien la série ? Interviewé parallèlement à Chechick dans Première, Uma Thurman confiait qu'elle n'avait vu qu'une poignée d'épisodes lors de son enfance, mais qu'en la revoyant dans la préparation du film, elle l'a trouvée « incroyablement moderne » et a défini la relation Steed–Peel comme : « incapable tous les deux de montrer leur souci pour l'autre », ce qui n'est pas totalement faux. Ensuite, elle décrit Emma Peel comme : « incroyablement intelligente, vive , débrouillarde et pleines de toute énergie », description adéquate au personnage. On peut donc affirmer qu'elle a légitimement plutôt bien saisi l'esprit de la série. 2.1.2.1.4. Quelles étaient ses ambitions pour son interprétation ? Selon elle, l'empreinte de Diana Rigg sur le rôle était trop forte : « Tout le monde va la regretter quand on me verra à sa place ! », ce qui fut en effet l'avis de certains ! Elle n'a donc jamais cherché à l'imiter. Elle nie aussi avoir joué Emma Peel comme « une femme fatale » ce qui est surprenant quand on voit le résultat à l'écran. 2.1.2.2. 2.1.2.1.1. Qui est Ralph Fiennes ? Née en 1962 en Angleterre, Ralph Fiennes fut révélée grâce à Spielberg dans La liste de Shindler en 1993, film pour lequel il eut une nomination aux oscars et aux golden globes en tant que meilleur second rôle. Grâce à ce succès, il enchaîne les films : Quizz show (1994), Le patient anglais (1996) qui lui valut une nouvelle nomination aux oscars. Après les Avengers et une période d'accalmie, il revient en force avec Dragon rouge (2002) et Coup de foudre à Manhattan (2002). Il tourne en ce moment le quatrième volet d'Harry Potter : Harry Potter et la coupe de feu (prévu pour 2005), où il interprète le grand méchant Lord Voldemort. 2.1.2.1.2. Comment est–il arrivé sur le film ? Après avoir essuyé le revers de Mel Gibson quelques années plus tôt, Weintraub cherche un acteur anglais, désireux de ne pas trop trahir la série. Hugh Grant est évoqué (il l'est d'ailleurs souvent pour tout et n'importe quoi, cf les récentes rumeurs qui l'annonçaient comme le nouveau James Bond), mais ce fut finalement Ralph Fiennes, qui bénéficiait du soutien officiel de Patrick Macnee qui fut choisi grâce à son élégance et sa distinction so british et malgré son « jeune âge ». En effet, à l'époque du tournage de l'âge d'or, soit la saison 5 des Avengers, Patrick Macnee avait 45 ans, alors que Ralph Fiennes en accusait 10 de moins lors du tournage du film ! 2.1.2.1.3. Connaissait–il bien la série ? Il semblait avoir bien saisi John Steed : « Patrick Macnee a créé un personnage qui est la quintessence de l'anglais avec un merveilleux mélange d'excentricités et d'irrésistibles clichés » . 2.1.2.1.4. Quel était son ambition pour le film ? Dans la préface de son livre The Avengers and me, Patrick Macnee écrit : « J'étais par chance présent le premier jour du tournage du film en juin 1997 pour rencontrer Ralph Fiennes. (…) Je lui demandais s'il allait porter un pistolet : Oh non !, dit–il, je vais jouer Steed exactement comme vous l'avez joué, car il n'y a bien sûr qu'un Steed. Je fus profondément touché par ce compliment ». Pourtant Ralph Fiennes a déclaré par ailleurs : « J'ai hésité et, après réflexion, je me suis dit que je n'avais pas le droit d'imiter le travail de Patrick Macnee. Je devais m'imprégner de ce que Macnee nous a apporté et me l'approprier ». De ces deux ambitions paradoxales, on sent bien que c'est la première qui a pris le pas en regardant le résultat à l'écran : l'ombre de Patrick Macnee, dans tous les sens du terme (vous verrez plus tard), traverse le film. Cependant, Ralph Fiennes n'en possède malheureusement ni la bonhomie, ni le charisme. 2.1.2.3. 2.1.2.3.1. Qui est Sean Connery ? Immense acteur dont la carrière d'une incroyable longévité (il tourne depuis 1955), Sir Sean Connery fait parti de ces acteurs entrés dans la légende de leur vivant. Interprète de James Bond à 7 reprises, et considéré comme le meilleur par les puristes, Sean Connery a joué dans des films à succès aussi célèbres que : À la poursuite d'octobre rouge (1990), The rock (1996), Haute voltige (1999) et La ligue des gentlement extraordinares (2003). À noter qu'il avait déjà joué dans une adaptation de série télévisée (Les incorruptibles (1987) de Brian de Palma) et que après avoir recruté toutes nos avengers girls (Honor Blackman dans Goldfinger, Diana Rigg et Joanna Lumley dans Au service secret de sa majesté) et même notre Steed (Dangereusement vôtre), James bond revenait finalement à CMBDC ! Ce n'est qu'un juste retour des choses ! 2.1.2.3.2. Comment est–il arrivé sur le film ? Ami de longue date de Weintraub, il fut contacté par ce dernier qui le persuada, moyennant finances, de participer au film. Unique film de sa carrière où il interprète un méchant. 2.1.2.4. Et les autres acteurs ? À noter enfin que, outre ses acteurs de grand talent, Weintraub et Chechick se sont adjoints la crème des seconds couteaux britanniques :

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Jim Broadbent (Mère–grand), célèbre pour son rôle dans Moulin rouge (2001) et qui a aussi participé à Bridget Jones (2001) et sa suite ; ainsi qu'à Gangs of New York (2002). Fiona Shaw (Grand–père) qui a notamment incarné Tante Pétunia dans les trois Harry Potter récemment sortis au cinéma. Eileen Atkins (Alice) a quant à elle joué dans l'excellent Gosford park (2001), ainsi que dans The hours (2002) et Cold mountain (2003). 2.1.3. Le scénariste Don Mac Pherson 2.1.3.1. Qui est Don MacPherson ? Voir les projets The Avengers. À noter, il n'a plus écrit depuis l'échec du film. 2.1.3.2. Comment est–il arrivé sur le projet ? Voir les projets The Avengers. 2.1.3.3. MacPherson connaissait–il bien la série ? Il a déclaré : « The Avengers, c'était surtout : quel que soit le vilain de la semaine, si bizarre et merveilleuse que soit l'intrigue, la seule question qu'on se posait était : ils l'on fait ou ils l'ont pas fait ? Disons juste que la tension sexuelle a toujours été prépondérante dans la série ». Ou comment voir une série par le petit bout de la lorgnette… 2.1.1.4. Quelles étaient ses ambitions pour le film ? MacPherson a dit : « Il était nécessaire de faire du nouveau, tout en gardant à ces histoires d'espionnage leur parfum d'irréalité et leur humour à la Alice au pays des merveilles (???). Il fallait aussi penser au public des années 90 et plus précisément aux deux publics potentiels du film: celui qui a grandi avec la série et y retrouve des souvenirs et des repères favoris et celui, plus jeune et plus vaste, qui ne sait rien de John Steed et Emma Peel et demande à être initié à l'univers de nos deux agents ». On sent, en effet, ce mélange plus ou moins digeste avec l'univers de Chapeau melon mixé aux derniers James Bond durant tout le film. 2.1.4. L'équipe technique Jeremiah Chechick et Weintraub ont engagé le haut du panier parmi les meilleurs techniciens de cinéma ; tous exclusivement anglais. 2.1.4.1. Les décors de Stuart Craig 2.1.4.1.1. Qui est Stuart Craig ? Il a conçu les décors des plus grands films : Les liaisons dangereuses (1988), Le patient anglais (1996), pour lequel il reçut un Oscar. Et plus récemment les gigantesques décors des Harry Potter et ceux du 4ème (Harry Potter et la coupe de feu) qui sortira en 2005. Il a travaillé pour les Avengers en étroite collaboration avec Stéphanie MacMillan, qu'il avait déjà souvent côtoyé. 2.1.4.1.2. Craig connaissait–il bien la série ? Craig a dit : « Ce qui était fascinant avec CMBDC, c'était combien la série était sophistiquée. Les producteurs de la série étaient restreints par des budgets limités. Ils ont du, par exemple, aller sur des terrains d'aviation abandonnés pour tourner. Des espaces vides, pas de voitures, ni de figurants, c'est tout ce qu'ils pouvaient se permettre. Néanmoins, ils ont très intelligemment fait un atout de cela. Ils ont fini par créer un monde surréaliste, une sorte de réalité alternative ». Nous conviendrons donc qu'il a parfaitement saisi l'esprit de la série. 2.1.4.1.2. Quelles étaient ses ambitions pour le film ? Capturer l'aspect « surréaliste » de la série. Pour cela, il s'orienta vers le courant surréaliste de la peinture et s'intéressa notamment aux peintres Magritte et De Chirico. Jerry Weintraub a déclaré le monde créé par Craig comme : « Un monde qui n'a jamais existé et qui n'existera jamais, sauf dans nos têtes. Il n'y a pas de pancartes dans les rues, pas d'affiches publicitaires, un minimum de détails. C'est juste un Londres propre ». 2.1.4.2. Les costumes d'Anthony Powell 2.1.4.2.1. Qui est Anthony Powell ? Né en 1935 et vainqueur de trois Oscars (dans l'ordre chronologique Voyage avec ma tante, Mort sur le Nil et Tess), Anthony Powell est aussi le costumier attitré de Roman Polanski, avec qui il a récemment travaillé sur La neuvième porte (1999). 2.1.4.2.2. Powell connaissait–il bien la série ? Il a déclaré : « Steed était habillé d'une manière très anachronique pour les 60's. Il est intéressant de voir qu'aujourd'hui, à part le chapeau melon, son costume est toujours fashion. Etant donné que Steed est une véritable image symbole des traditions anglaises, il m'a semblé que toute sa personnalité était connectée à ce costume ». Pourquoi pas… 2.1.4.1.2. Quelles étaient ses ambitions pour le film ? Powell, dans ses créations, a constamment cherché à respecter l'esprit de la série. Par exemple, les costumes de Steed provenaient des mêmes ateliers qui fournissaient la série 30 ans plus tôt. Quant à la fameuse combinaison de

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cuir de Emma Peel : « Pour cette combinaison, je me suis assuré que tous les autres costumes convergeaient vers celle ci, que tout lui faisait écho. De manière à ce qu'elle, à la fin, paraisse quasiment indispensable ». 2.1.4.3. La musique de John MacNeely John MacNeely, à qui on doit le magnifique générique d'ouverture et l'excellente réorchestration du thème de la série, est un familier de l'univers des séries. Puisqu'il a notamment travaillé sur Les aventures du jeune Indiana Jones (1992), série pour laquelle il remporta un Emmy Award (Oscars de la télévision aux États Unis), et aussi sur la série de James Cameron : Dark angel (2000). Depuis, les Avengers, il a notamment travaillé sur les suites des films de Walt Disney : Peter Pan 2 (2002), Le livre de la jungle 2 (2003) et Mulan 2 (2004). 2.1.4.4. La photographie de Roger Pratt Roger Pratt, à qui on doit les superbes tons aciers du film, est l'un des meilleurs directeurs de photographie britannique actuels. Il a notamment effectué la photographie de : Batman (1989), Frankeinstein (1994), Chocolat (2000) et Troie (2004) ; il s'apprête à travailler sur le quatrième volet de Harry Potter, actuellement en tournage. 2.1.4.5. Les effets spéciaux : Magic Camera Comapny / Magic Model Company Les deux compagnies d'effets spéciaux anglaises à la pointe de la technologie ont effectué un superbe travail sur le film, mais aussi sur: Entretien avec un vampire (1992), Sleepy hollow (1999), Harry Potter à l'école des sorciers (2001). 2.1.4.6. Le montage de Mick Audsley Le monteur des Avengers, qui a connu quelques déconvenues comme nous le verrons plus tard, a notamment travaillé sur Capitaine Corelli (2001), Le sourire de Mona Lisa (2003) et va bientôt travailler sur… Harry Potter 4 ! 2.2. LE TOURNAGE 2.2.1. Quel budget fut alloué pour The Avengers ? La Warner (studio qui produisait le film et comptait énormément dessus, après une année particulièrement mauvaise au box office en 1997, dont le point d'orgue fut l'énorme flop de Batman et Robin, avec… Uma Thurman !) alloua un budget de 65 millions de $ au film. Cette somme, nous nous en douterons, est sûrement supérieure au coût cumulatif de tournage des 187 Avengers réunis ! À titre de comparaison, voici le budget d'adaptation de séries télé au cinéma : Le fugitif coûta 40 millions de $, X–files le film : 66 millions, Mission impossible 2 : 150 millions, Wild wild west (produit aussi par la Warner) : 170 millions. The Avengers se situait donc dans une bonne moyenne et n'avait pas le budget mirobolant qu'on lui a trop souvent attribué. 2.2.2. Où fut tourné le film ? Une grande partie fut tournée aux célèbres Studios anglais Pinewood (parallèlement au James Bond Demain ne meurt jamais, ce qui occasionna quelques problèmes de logistique) et dans le studio Shepperton. Les extérieurs furent eux aussi tournés exclusivement en Angleterre : le collège Naval Royal de Greenwich devint une salle du conseil des ministres, le domicile à Chelsea de Richard Rogers (célèbre architecte anglais, auteur notamment du Centre Pompidou) devint le quartier de Mrs Peel ; on tourna aussi à Blenheim Palace (l'imposante demeure de Sir August de Winter) et à Syon Houses. À noter que les extérieurs qui servirent pour les appartements de Steed et Peel dans le film à Regent's Park, ne sont qu'à un pâté de maisons de l'appartement qui servit à la série pour Steed à Duchess Mews. 2.2.3. Quelles sont les dates de tournage ? Juin 1997 – Hiver 1997 2.2.4. Comment était l'ambiance sur le tournage ? Entre un Sean Connery réputé volcanique (voir, pour l'exemple, les frasques qu'il a causées durant le tournage de La ligue des gentlemen extraordinaires) et une Uma Thurman enceinte, on pouvait légitimement s'en inquiéter. Néanmoins, de l'aveu même de Jeremiah Chechick, ce fut « absolument fantastique » de tourner avec Sean Connery : « Je ne sais pas si c'est parce qu'on buvait des coups ensemble ou parce que le rôle lui plaisait, en tout cas, on s'est très bien entendus ». Le cabotinage de Sean Connery à l'écran, et donc l'absence de direction d'acteurs de la part de Chechick, nous laisse plutôt penser que celui–ci aime surtout les réalisateurs qui le laissent jouer en roue libre. Pour Uma Thurman, on s'arrangea pour qu'elle ait, comme Diana Rigg en son temps, le strict minimum de cascades à effectuer. 2.2.5. Comment furent tournées les scènes d'action ? 2.2.5.1. L'attaque des abeilles mécaniques ? Cette séquence nécessita deux semaines de tournage et une semaine de post production. Elle coûta 3 millions de dollars. On y utilisa notamment 4 Jaguar et quelques exemplaires d'abeilles mécaniques; la majorité étant réalisée par effets spéciaux en post production. À ce sujet, le livre Voitures de rêves et séries cultes (éditions Yris) nous fait part d'une anecdote intéressante. En effet, les ex–propriétaires de jaguar ne savaient pas exactement à quoi allait servir leur voiture comme nous le raconte l'un deux : « J'adorais ma voiture et j'avais passé un temps infini à la restaurer. Un ami garagiste m'a un jour signalé que les producteurs du film cherchaient une Jaguar E et lorsqu'ils décidèrent de racheter la mienne, un exemplaire de 1971, j'étais vraiment heureux. C'est seulement le jour de la première du film à laquelle j'étais invité que je découvris ce qu'ils avaient fait de ma voiture et je fus horrifié. Lorsque je vis mon ancienne voiture percuter

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des arbres et se faire mitrailler par des abeilles mécaniques, je me suis retenu de pleurer. Le plus dur est que j'avais recommandé à tous mes amis d'aller voir le film ! ». 2.2.5.2. Le dirigeable et Trafalgar Square ? Pour cette séquence, Craig et McMillan (en charge des décors), devaient, à l'aide des compagnies d'effets spéciaux, recréer Trafalgar Square en plein milieu d'une violente tempête de neige. Ils créèrent alors aux studios Shepperton une réplique à grande échelle sur plus de 30000m2 de la célèbre place londonienne. Quelques éléments importants comme les colonnes de l'église St Martin in the fields furent construites en grandeur nature dans d'autres studios. Les effets spéciaux ajoutèrent de la neige et lièrent les scènes de manière à faire croire l'existence d'un seul décor à l'écran. 2.2.5.3. La séquence finale ? Elle nécessita trois semaines de répétition sur fond vert et l'ajout de nombreux effets spéciaux en post production. 2.2.6. Y –a–t–il eu des accidents à déplorer sur le tournage ? Dès le début du tournage, un feu accidentel se produisit, sur le décor du parking souterrain (où Steed se fait attaquer) que l'on peut voir au milieu du film. Il fit les choux gras de la presse britannique, et notamment des célèbres tabloïds anglais, dont je vous livre quelques articles : Le daily mail (14/06/1997) : Une explosion a échappé au contrôle de l'équipe et a entraîné un incendie sur le plateau de la version cinéma aux 60 millions de dollars des Avengers, la nuit dernière. Plus de 60 pompiers ont réussi à maîtriser le feu aux Studios Pinewood dans le Buckingamshire. Personne ne fut blessé et aucun des acteurs du film, soit Uma Thurman en Emma Peel et Ralph Fiennes en John Steed, n'était sur le plateau au moment de l'incident. Le producteur Jerry Weintraub a déclaré hier soir qu'il était trop tôt pour savoir si l'incendie allait retarder la production du film, prévue pour être achevée en septembre. « C'est un coup sérieux » a–t–il dit « mais les Avengers s'arrangent toujours de tout ». L'express (14/06/1997) : Le tournage de l'adaptation aux 60 millions de dollars des Avengers a été interrompu la nuit dernière, quand les étincelles d'une explosion nécessaire au tournage ont mis le feu au studio. Une abondance de pompiers a du combattre le feu dans le studio E de Pinewood d'une hauteur de 60 mètres. (…) Les pompiers ont déploré que le studio ne les avait pas prévenu qu'une explosion était prévue durant le tournage. Le sun (14/06/1997) : Le tournage des Avengers fut plongé dans le chaos hier soir, quand une explosion, dans le cadre du tournage, a entraîné des flammes sorties de l'enfer (note personnelle : Le sun est toujours un peu expansif !) sur le studio, détruisant un décor d'1,5 millions de dollars. Les flammes s'élevaient jusqu'à trente mètres dans l'air alors que six équipes de pompiers combattaient l'incendie. (…) Le décor était construit pour ressembler à un parking souterrain, pour les besoins du remake de la série culte des 60's. Le producteur Jerry Weintraub a déclaré : « Dieu merci, personne n'est mort ». Le tournage n'a pourtant commencé que cette semaine pour le film au budget de 60 millions de dollars, qui voit Uma Thurman en Mrs Peel et Ralph Fiennes en John Steed. Un pompier a été blessé. Un autre incident, de domaine juridique cette fois ci, se produisit en février 1998. En effet, Jerry Weintraub et Warner Bros poursuivirent en diffamation The daily mail, Screen finance et Cult tv (trois journaux britanniques). Ces journaux avaient simplement affirmé que le studio n'était pas satisfait du premier montage (on peut se demander l'utilité d'une action en justice pour une information pas si grave au fond, mais il faut bien comprendre à quel point la Warner Bros, alors en difficulté, avait misé sur le film et combien ce type d'information, aussi anecdotique soit elle, pouvait lui être préjudiciable). Or, la copie provisoire du film n'était même pas disponible au moment de la publication de ces articles. L'affaire se régla finalement à l'amiable : les journaux admirent que leurs informations étaient fausses et présentèrent leurs excuses, ainsi qu'un chèque aux producteurs (Weintraub fit don de cet argent à des organismes de charité). 2.3. LA POST–PRODUCTION 2.3.1. Combien de temps dura–t–elle ? Elle fut de douze semaines s'étalant entre fin 1997 et début 1998. 2.3.2. Combien de plans d'effets spéciaux furent réalisés ? 250, surtout présent dans les effets météorologiques. 2.3.3. Il paraît que les premières projections test eurent des résultats catastrophiques ? En effet, peu avant la sortie prévue, on fit réaliser des projections test comme toujours pour des films de cette envergure. Les résultats furent tellement mauvais que la Warner décala sa sortie : prévue pour le 26/06/1998 aux USA, elle fut repoussée au 14/08/1998 (la Warner remplaça le trou laissé en juin par une autre de ses productions, qui rencontra elle aussi un joli flop, Meurtre parfait avec Michael Douglas et ). Non satisfait par la musique, on changea le compositeur : Joel McNeely recomposa totalement la musique du film (en incluant le thème de la série, étrangement absent de la première version). Le film dut subir un montage à la hache (dans l'espoir de lui insuffler plus de rythme), malgré l'opposition de Chechick. Il passa d'une durée de 125 minutes à 89 minutes, soit tout de même 36 minutes en moins. Quasiment un épisode de Chapeau melon en entier ! Ce remontage brutal est à l'origine des raccourcis étonnants du film et aussi au fait que certaines images présentes dans la bande annonce sont absentes du film. Pour une énumération précise des scènes coupées, voir la rubrique anecdotes. 3. APRÈS LA SORTIE 3.1. COMMENT W ARNER BROS A–T–ELLE ASSURÉ LA PROMOTION DU FILM ? CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR 6/11

Après les échecs de Sphère, Batman et Robin, Postman (qui n'avait rapporté que 17 millions de $ pour un budget de 80) et le demi–succès de La cité des anges (tandis que la Fox se pavanait avec Titanic qui écrasait successivement tous les records internationaux de recettes), la Warner comptait énormément sur The Avengers, ainsi que sur l'Arme fatale 4, pour faire son grand retour durant l'été 1998. Prévu pour une sortie internationale mi–août, la Warner commence l'offensive médiatique dés juin 1998. Elle axe notamment son marketing envers les jeunes, en faisant, dans le sillage du girl power, de Emma Peel la nouvelle Buffy. Elle lance aussi le site officiel du film sur internet : le site français est inaccessible depuis longtemps, mais le site anglophone est toujours disponible ; on reprochera la présentation très groovy et Mission impossible, loin du charme suranné de la série. Néanmoins, le report de la sortie du film empêchèrent les acteurs d'en assurer la promotion : tandis qu'Uma Thurman s'apprêtait à accoucher et que Ralph Fiennes se préparait au tournage de son prochain film (Sunshine avec Rachel Weisz), Sean Connery était en plein tournage de Haute voltige avec Catherne Zeta Jones. Jeremiah Chechick fut donc contraint d'assurer seul la promotion mondiale du film. Le choix de Jerry Weintraub de ne pas organiser de projections presse n'arrangea pas les choses : cela laissa perdurer les pires rumeurs quant à la qualité de ce film très attendue. Heureusement, Patrick Macnee (alors en pleine promotion de son livre The Avengers and me) rassura les fans : « Les gens qui ont aimé la série aimeront le film. Le scénario est très très bon. » ; à noter qu’après l'échec du film, il en sera un de ses plus fidèles détracteurs, en déclarant notamment : « Dieu merci, le film fut un énorme flop ! ». Début août, la France est remplie d'affiches, esthétiquement ratées, du film annonçant : « Elle c'est Peel. / Lui, c'est Steed. / Leur monde est dangereux. / Et ils adorent ça. / Ils sauvent le monde avec style ». Une avant–première en grande pompe (un jour avant la sortie : la Warner limite les risques !) a lieu à Disneyland Paris. Les organisateurs (dont parmi eux le fan club français Steed & Co) offrent même des tarifs réduits à tous ceux qui se présenteront en Steed et Peel ! Du côté de la Warner, la tension monte d'un cran : même si L'arme fatale 4 est déjà un succès (avec, peu avant la sortie de The Avengers, déjà 125 millions de $ de recettes au États Unis), les coups de promotion du film se sont envolés. Un échec serait insupportable. 1 http://the–avengers.com/ 3.2. QUEL FUT L'ACCUEIL DE LA PRESSE, DU MONDE DES SÉRIES ET DES FANS DE CHAPEAU MELON ? Le film fut unanimement et internationalement considéré comme… un des plus mauvais films de l'année. La presse anglaise eut la dent dure : entre les « épouvantable » du Sun, les « à mourir d'ennui » du Times et le Evening Standard qui conseillait à ses lecteurs de ne même pas envoyer son pire ennemi le voir, on ne peut pas dire que le film fut chaleureusement accueilli. Un critique anglais alla même jusqu'à dire, avec un humour typiquement avengeresque : « Le duo Fiennes et Thurman fait si peu d'étincelles qu'il n'arriverait pas à allumer un incendie dans un réservoir d'essence ». En France, les critiques furent toutes aussi destructrices. Voilà les critiques de quelques journaux de référence : Le monde (21/08/1998) : Après la vision du film de Jeremiah Chechik, l'auteur de l'absurde remake des Diaboliques de Clouzot avec Isabelle Adjani, il apparaît indispensable de revoir un épisode de la série anglaise avec le distingué Patrick McNee et les sensuelles Diana Rigg et autres, pour nourrir son regard et tempérer sa tristesse. N'importe quel épisode fera l'affaire, même le plus mauvais, il restera de toute façon supérieur à ce ratage complet. Chapeau melon et bottes de cuir ne se situe pas un étage au–dessous de la série, mais carrément au sous–sol. Tout ce qui constituait l'identité de la série anglaise a été consciencieusement balancé par dessus bord : l'esthétique années 60, mélange d'art déco et de décors surréalistes, le décalage entre les costumes trois–pièces de John Steed et les tenues en cuir de sa partenaire Emma Peel, les rapports entre les deux personnages fondés sur un mélange de sensualité affichée et l'absence rigoureuse de toute sexualité. Jeremiah Chechik a pris toutes ces données en compte, mais elles sonnent faux. Même si le casting semblait très prometteur, il est perverti par des choix scénaristiques qui les mettent au chômage technique. Toute la dimension puritaine et refoulée de la relation John Steed – Emma Peel (Ralph Fiennes – Uma Thurman) est remplacée par des baisers au grand jour ; au côté loufoque des méchants de la série se substitue un Sean Connery hystérique et grimaçant. Il y a bien sûr une histoire dans ce film, compréhensible dès le début : Sean Connery menace de changer notre météo et de nous infliger les dix plaies d'Egypte, si chaque pays ne lui verse pas 10% de son PNB. John Steed et Emma Peel sont chargés d'écarter cette menace. Mais les histoires ne sont belles que si l'on se donne la peine de les raconter. On ne comprend rien à Chapeau melon et bottes de cuir. Le film se dissout dans un festival de faux raccords, le montage est un défi lancé à la grammaire cinématographique et empile des scènes sans lien véritable, comme si les producteurs s'étaient rendu compte, après avoir terminé le film, qu'ils avaient oublié de tourner plusieurs séquences. Comme l'enfer, la route qui mène à Chapeau melon et bottes de cuir est aussi pavée de quelques bonnes intentions. La recherche d'une esthétique des années 60 ne semble pas conciliable avec les exigences d'une grosse production américaine nécessitant son quota d'explosions et d'effets spéciaux. La présence envahissante de décors baroques qui constituaient l'image de marque de la série télévisée apparaît ici comme un vulgaire anachronisme, une exigence de producteur capricieux qui en fait l'étalage pour mieux s'en débarrasser. On pensait que Chapeau melon et bottes de cuir serait un film, c'est un marché aux puces. Le Temps (20/08/1998) : – Vous reprendrez bien un peu de thé ? – Oui. – Vous reprendrez bien un peu de Chapeau melon et bottes de cuir, le film ? – En aucun cas. Les clients des open airs ont déjà bu la tasse le week–end dernier et, hier à 15 h 30, à la fin d'une des premières séances suisses, le public a à son tour poussé un soupir de soulagement : le générique de fin, enfin. Et pour la dernière fois. Car cette nouvelle adaptation d'une série télévisée est vraiment le ratage annoncé. Après l'excitante promotion, la débandade. On sait que ce type d'exercice n'a jamais empêché Hollywood d'arrondir les angles du modèle d'origine, quitte à bannir tout ce que le culte télévisé possédait de méchant ou de subversif. Ce fut le cas, au mieux, CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR 7/11 avec Mission Impossible et, au pire, avec Le Saint. Il faut se faire à l'idée que ce nouveau massacre est le résultat de mille ajustements commerciaux que le cinéaste Jeremiah Chechik n'a pas cherché à contester lors de sa récente valse d'interviews en Europe, interviews accordées sans que le moindre journaliste ait pu voir le film. Bonjour la conscience professionnelle –, le réalisateur avouait sa volonté de suivre les directives de la Warner, afin d'accéder enfin à la A–list, la liste des exécutants qui rapportent et peuvent espérer gagner une indépendance. Mauvais calcul : l'Amérique et le Royaume–Uni ont déjà déchaîné leurs foudres, plongeant tous ses participants dans l'enfer de l'échec. Pour Chechik, Gainsbourg aurait pu inventer le mot « aplaventriste ». « Auteur » d'une comédie avec Chevy Chase (Le sapin a les boules), d'une variation poético–bustero– keatonienne (Benny & Joon) et d'un remake honteux (Diabolique), il est le roi du non–style, de la touche impersonnelle. Le candidat idéal pour l'exécution des basses œuvres fantasmées, en dollars, par les gestionnaires incultes des grands studios. The Avengers ne manque donc pas de style : un générique à la James Bond, une ouverture dans l'esprit de la série, un méchant capable de faire littéralement la pluie et le beau temps (Sean Connery en kilt), une Emma Peel (Uma Thurman moulée) qui ressemble plutôt à un clone de Catwoman, un John Steed (Ralph Fiennes engoncé) ramené à l'âge d'Emma Peel pour que leur lien sexuel ne ressemble plus à une relation incestueuse. Des styles à la pelle, donc, pas de style, d'homogénéité. Entre le ton de la série et le jus du divertissement américain, Chechik n'a pas tranché. Pas besoin de faire une tartine pour une mélasse dans laquelle lui, comme la Warner, se sont sciemment enlisés. La Croix (26/08/1998) : Chapeau melon, Zorro, bientôt… Pourquoi le cinéma américain s'acharne–t–il à exhumer d'un passé, qui leur confère justement du charme et un certain exotisme, des séries dites cultes, ayant fait les beaux jours de la télévision, dans les années 60 ? Complètement ratée, d'un mortel ennui, cette version moderne des aventures du très british tandem Peel et Steed est à l'original ce que la chicorée fut au café dans les temps de disette. Les Cahiers du Cinéma (10/1998) : Il est probable que les fanatiques ressortent déçus de la projection de ce Chapeau melon et bottes de cuir qui leur paraîtra à la fois trop ressemblant et sans doute pas assez fidèle à son modèle cathodique culte. Seuls les autres, ceux qui n'ont jamais suivi ou compris les épisodes de la série risquent de se retrouver, sinon intéressés, du moins intrigués par cet objet étrange. Mais iront–ils voir ce Chapeau melon… qui il faut bien le dire ne s'adresse pas à eux? Ce cercle vicieux absurde ressemble au film lui–même, fausse bonne idée de producteur. Il existe par exemple un vrai décalage dans le déploiement impressionnant de moyens pour tenter de reproduire l'esprit « fauché » qui faisait le charme de la série et lui imprimait son style particulier. Ici, le grandiose est toc et insolite. Il ne se passe pas grand chose (comme dans la série) et, quand cela se passe, ce n'est pas forcément intéressant. Restent néanmoins une atmosphère, des plans, des décors qui adoucissent d'un curieux sentiment hypnotique l'ennui que l'on peut ressentir face à ce non–spectacle. Ce film indécidable et clos, véritable film–bulle (figure récurrente des décors et des accessoires), ne ressemble à rien et possède au moins ce mérite–là. La sorte d'apesanteur dans laquelle il plonge le spectateur parviendra peut–être à lui faire oublier que Sean Connery fait de la figuration, que Ralph Fiennes manque de charisme, et que Uma Thurman, bien que délicieuse, est trop absorbée par son faux accent anglais. On ne peut donc pas dire que la tendresse était omniprésente dans ces papiers ! Dans le monde des séries, le film fut tout aussi, sinon plus, vilipendé. Génération Séries, le magazine de références sur les séries, le qualifie comme « un mauvais film Chapeau melon et bottes de cuir (…) et un mauvais film tout court. » et le guide Totem des séries, édité chez Larousse, le considère comme « lamentable ». Enfin, parmi les fans de la série, les avis furent plus diversifiés, même si les avis négatifs restèrent (et restent toujours aujourd'hui) majoritaires. 3.3. LE BOX OFFICE 3.3.1. Le box office américain Sorti sur 2 466 écrans, soit une combinaison normale pour un blockbuster, aux Etats Unis, The Avengers connut un week end d'ouverture qui pouvait laisser penser à la Warner que le film connaîtrait une très belle carrière : 10 305 957 $. Malheureusement, un mauvais bouche à oreille, une presse globalement hostile et une concurrence rude (Il faut sauver le soldat Ryan connaissait là bas un énorme succès) entraînèrent une très forte chute des entrées : les Avengers amassèrent laborieusement 7 millions de $ la semaine suivante, puis 3 millions la semaine d'après. Finalement, le film acheva son exploitation début octobre avec au total 23 523 770 $, avec une moyenne de 9535 spectateurs par écran (moyenne très faible : L'arme Fatale 4 avait, par exemple, une moyenne quasiment 5 fois supérieure). On peut considérer qu'un film de cet ampleur connaît le succès quand il dépasse la barre symbolique des 100 millions de $. The Avengers fut donc un flop retentissant. 3.3.2. Le box office anglais La Warner Bros aurait pu espérer de meilleurs résultats chez le pays « natal » des Avengers, malheureusement les résultats y furent encore pires. Sorti sur 349 écrans là bas, les résultats y furent proportionnellement inférieurs. Malgré encore une fois un excellent week end d'ouverture, la chute, à cause encore une fois de la presse et du bouche à oreille, fut encore plus vertigineuse : en 2 semaines, le nombre d'entrées fut divisé par 10 et, par conséquent, le nombre d'écrans diffusant le film par 3. Au final, 2 millions de $ y furent difficilement récoltés. 3.3.3. Le box office français La France, qui a toujours apprécié The Avengers et dont la série était toujours diffusée sur M6 à l'époque, fut le pays où le film connut son résultat le moins mauvais. Sortie sur une combinaison légère de 648 écrans (pour mémoire le dernier Harry Potter est sorti sur plus de 1000), le film connut une première semaine d'exploitation très correcte : 771 339 entrées. Les 3 millions d'entrées étaient largement envisageables. Néanmoins, et pour les mêmes facteurs que précédemment, les entrées

CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR 8/11 chutèrent de 60% en deuxième semaine et de 50% en troisième semaine ; alors que des films comme Armageddon ou l'Arme Fatale 4 prolongeaient leur succès. Au final, le film atteint les 1 371 954 entrées et se plaça au palmarès du box office annuel 1998 à la 24ème place, soit loin derrière Titanic et ses 20 millions d'entrées, mais tout de même devant des films comme 6 jours, 7 nuits (avec Harrison Ford), Sexcrimes (avec Neve Campbell et Denise Richards) et Pour le pire et pour le meilleur (avec les oscarisés Jack Nicholson et Helen hunt). À noter que l'année suivante, Wild wild west (l'autre adaptation de séries télé de la Warner) dépassera les 3 millions d'entrées. 3.3.4. Le box office mondial Prévu pour être exploité comme une franchise et avoir donc une suite (prévu dans le contrat des acteurs), The Avengers aurait dû avoir un résultat mondial de plus de 200 millions de dollars pour rentrer dans ses frais totaux (budget + marketing, frais de distribution… ). Finalement, le film n'atteint que 50 millions de dollars et s'avéra être un des naufrages financiers de l'été 1998. Il entraîna un freinage dans la frénésie des adaptations séries au cinéma. La Warner abandonna, bien sûr, toute idée de suite. 3.4. LE FILM A–T–IL OBTENU DES RÉCOMPENSES ? Oui, mais sûrement pas celles que la production aurait aimé avoir. En effet, le film reçut une flopée de nominations aux Razzie Awards 1999. Cette cérémonie des « récompenses framboises » fait très peur aux États Unis : elle récompense en effet non pas les meilleurs , mais ce qu'elle considère comme les pires films de l'année. Pour la défense du film, on pourra constater que les critères des Razzie Awards sont plus financiers (les films à gros budgets ayant pris des gadins au box office trustent souvent toutes les nominations) qu’artistiques. Furent nominés : Ralph Fiennes en tant que pire acteur, Uma Thurman pire actrice, les deux en tant que pire couple à l'écran, Sean Connery en tant que pire second rôle, la chanson Storm du générique de fin en tant que pire chanson originale, Don macPherson dans la catégorie pire scénario et Jeremiah Chechick en tant que pire réalisateur. Enfin, le film lui même fut doublement nominé en tant que, non seulement, pire film mais aussi dans la catégorie pire suite/remake (alors qu'à proprement parler on ne peut pas dire qu'il en soit un). Finalement, il ne reçut qu'une récompense, partagée avec Godzilla et Psycho, en tant que pire suite/remake. À noter que l'année suivante , Wild wild west (l'autre adaptation de séries télé de la Warner) fut tout aussi nominé mais cumula les récompenses de pire film (que Robert Conrad, qui avait interprété James West dans la série originale, et qui avait totalement désapprouvé le film, fut ravi d'aller chercher), de pire couple à l'écran, de pire scénario, de pire réalisation et de pire chanson originale ! Enfin, The Avengers remporta aussi un prix spécial de la part de… l'Institut de l'ennui dont le directeur affirma que « même les bandes annonces du film étaient soporifiques ». Plus sérieusement, on peut être surpris que le film n'ait eu aucune récompense technique, vu l'immense qualité des décors, des costumes et des effets spéciaux dans le film. 3.5. LE FILM EST–IL SORTI EN VHS/DVD ? Disponible à la location dès mai 1999, il fut commercialisé le 1er septembre suivant en VHS et DVD. À noter que le DVD (dont vous pouvez lire une critique sur DVDfr.com), malheureusement vierge de bonus et des fameuses scènes coupées, se classa parmi les meilleures ventes dès sa sortie. Le film aura au moins connu une belle carrière en DVD. Le DVD fait souvent l'occasion de promotions de la part de la Warner et il est facilement disponible pour moins de 15¤ sur des sites comme Amazon.fr ou Cdiscount.com. Un nouveau DVD, dans une version director's cut et dans lequel on peut espérer de nombreux bonus, sortira finalement en 2005. 1 http://www.DVDfr.com/DVD/critique.php?id=284 3.6. LE FILM FUT–IL DIFFUSÉ A LA TÉLÉVISION ? D'abord par Canal+ le 22/05/2000, il fut diffusé ensuite par deux fois sur les chaînes hertziennes. D'abord le 14/02/2002 par France 3, où il eut un score d'audience très correct : 4 187 000 téléspectateurs avec 17,8% de part de marché (la moyenne de la chaîne se situant entre 15 et 20). Puis, le 14/10/2003, France 2 le rediffusa mais l'audience se révéla plus décevante 3 199 200 téléspectateurs pour 12,5% de parts de marché (la moyenne de la chaîne se situe entre 20 et 25%). Il faut relativiser ce score : TF1 diffusait pour la première fois Le placard (énorme succès de l'année 2000) qui recueillit plus de 9 millions de téléspectateurs (40% de parts de marché). 3.7. EXISTE–T–IL DES SITES SUR LE FILM ? Plus qu'un seul ! Le site officiel (en anglais) : vous y trouverez de nombreuses informations. 1 http://the–avengers.warnerbros.com/ 4. ANECDOTES 4.1. QUE CONTIENNENT CES FAMEUSES SCÈNES COUPÉES ? Le site IMDB.com les répertorie avec précision : — Initialement, le film devait comporter une séquence d'ouverture avant le générique. Cette séquence montrait la mauvaise Mrs Peel entrain d'infiltrer la base Prospero (des images que voit la vraie Mrs Peel au début du film dans la version finale). Dans cette séquence, Mrs Peel se rendait à la base dans une jaguar bleue et s'arrêtait dans une cabine téléphonique rouge (on voit ce passage dans la bande annonce) pour prononcer : « how now brown cow ? » (en gros : comment va la vache brune ?). Après avoir accédé à la base, elle tuait quelques scientifiques et membres du personnel de sécurité, et détruisait la base en la faisant exploser.

CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR 9/11

— La scène de Sir August de Wynter jouant de l'orgue devait, au départ, être montré dans cette séquence. Tandis que la base explosait, celui–ci disait : « Que la fête commence ! ». — Quand Emma Peel entre dans le club au début du film, celui qui lui interdisait d'entrer devait continuer jusqu'à un tel point que Mrs Peel le fasse valdinguer jusqu'en bas des escaliers par un mouvement de karaté. — Une autre scène montrait Sir August de Wynter, habillé en nounours, découpant le visage d'un scientifique, au son d'une musique classique, tandis qu'il cherchait à découvrir plus d'informations sur le projet Prospero. — La première rencontre entre Steed et Mrs Peel devait être plus longue. On pouvait la voir marcher le long des couloirs, avant qu'elle n'atteigne finalement le sauna. Le dialogue était plus long et n'était pas post–synchronisé (c'est–à–dire que les acteurs doublent leurs propres dialogues, pour des raisons diverses, en post–production), alors qu'il le fut dans la version finale. — Une explication plus cohérente sur l'explosion de la jaguar de Mrs Peel après l'attaque des abeilles mécaniques était aussi prévue. — Mrs Peel se laisse tomber dans les bras de De Wynter alors qu'il l'escorte dans sa chambre. Il ne se sépare pas d'elle et la soutient jusqu'au lit. — Une fois installée dans le lit, Mrs Peel devait voir sa fermeture éclair légèrement plus abaissée par De Wynter. — Plus de plans de Peel et Steed marchant dans les couloirs de Wonderland Weather — Plus de plans de Mrs Peel dans sa cellule — Sir August de Wynter se rendant au conseil international des ministres en « Rolls Royce chasse–neige » alors que de terribles tempêtes de neige s'abattent sur tout le pays. — Plus de plans de Mère–grand expliquant la destruction mondiale que la machine de De Wynter va entraîner. — Plus de scènes avec Steed et Mrs Peel dans les quartiers généraux de De Wynter, après qu'ils y aient accédé par la cabine téléphonique. — Un autre plan montrant Big Ben exploser, filmé de légèrement plus loin. — Pendant le combat final entre Steed et De Wynter, ce dernier devait toucher Steed avec son épée plusieurs fois (ce qui explique que la chemise de Steed est inexplicablement coupée et entachée de sang dés le début du combat dans la version finale). — Après l'enclenchement de l'autodestruction vers la fin du film, un compte à rebours commence alors que l'explosion approche. Quand l'explosion commence, le dôme d'argent dans lequel Steed et Peel sont est montré en train d'exploser. Si vous voulez lire en détail des scènes, lisez le scénario original du film en VO bien entendu. 1 http://www.imdb.com/ 1 http://www.dailyscript.com/scripts/Avengers.html 4.2. Y A–T–IL DES ERREURS (CONTINUITÉ, TOURNAGE… ) DANS LE FILM ? Le site erreursdefilms.com les répertorie : — tournage (18ème minute) : Emma Peel regarde le globe terrestre dans le jardin. On voit les lumières de tournage se refléter dessus. — observation (22ème minute) : De la neige tombe sur le visage et la veste de John Steed. Pourquoi ne fond–elle pas ? — observation (43ème minute) : Quand John Steed lance son parapluie, le ciel alterne entre nuageux et bleu. — continuité (45ème minute) : Emma Peel est enlevée, elle porte une dans la cellule, la combinaison est brune. 1 http://www.erreursdefilms.com/ 4.3. ON M'A DIT QUE PATRICK MACNEE JOUAIT DANS LE FILM ET POURTANT JE NE L'AI PAS VU. Ne vous inquiétez pas Patrick Macnee joue bien dans le film, mais les producteurs ont eu la fausse bonne idée de lui faire interpréter le rôle d'un colonel… invisible ! Ce qui fait que (même si on reconnaît difficilement sa silhouette, on reconnaît parfaitement sa voix en VO) la private joke ne passe pas en VF : les auteurs de celle–ci n'ont pas rendu à Macnee la voix de Jean Berger (qui l'a doublé sur toute la série). 4.4. JUSTEMENT QUE VAUT LA VF ? Il faut avouer que, contrairement à la série d'origine, elle se permet très peu d'écarts par rapport au texte original. Néanmoins, les voix sont franchement ratées : celle de Steed est niaise, tandis que celle de Mrs Peel est beaucoup trop grave. Seules les voix de De Wynter, Mère–grand et Grand–père sont réussies. 4.5. JE CROYAIS AVOIR DÉJÀ VU UN FILM CHAPEAU MELON. 2 cas se présentent : Chapeau melon et bottes de cuir se rebiffent sorti uniquement en France en 1968 et dont l'affiche mensongère promettait « ce que la télévision ne pourra jamais vous montrer » n'était en fait constitué que de deux épisodes mis bout à bout : Le vengeur volant et Le retour des cybernautes (alors inédits à la télévision en France, ils ne furent diffusés qu'en 1973). Ce

CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR 10/11 procédé, courant à l'époque (Amicalement vôtre, Le saint, Columbo, Cosmos 1999 en furent notamment les victimes) permettaient de remplir les salles à moindre frais. On ne peut ici parler d'un vrai film Chapeau melon et bottes de cuir. L'autre cas serait que vous ayez vu… un film X ! En effet, notre série est passée sous la moulinette des parodies de charme de nombreux films et séries qui étaient très courants à la fin des années 1990. Je vous laisse trouver le jeu de mots lubrique (pas très original, seule une voyelle change) qui a été choisi pour titrer ce « film » (à noter que le titre VO est The rear arrangers). Le scénario est le suivant : « À deux jours d'une apparition de la reine à la BBC, un mystérieux rayon agissant sur les émetteurs de télévision inquiète Scotland Yard, Erma Peals et John Steep réussiront–ils à mettre la main sur l'inventeur fou de ce rayon de l'amour sans succomber aux charmes hallucinants de l'extase qu'il procure ? »… Une intrigue pleine de suspense donc dans la droite lignée de la série ! La jaquette copie éhontément celle du DVD du film Avengers. Pour savoir où vous le procurez, contactez le webmaster qui vous dirigera ! ;–) 4.6. DIANA RIGG N'A–T–ELLE JAMAIS ÉTÉ CONTACTÉ POUR CE FILM ? Si, elle devait au départ interpréter le rôle d'Alice. Après son refus poli, les producteurs firent appel à la non moins talentueuse Eileen Atkins. À ce sujet, Diana Rigg a déclaré : « Cela aurait été trop… inappropriée ». (source : Diana Rigg the biography) 4.7. PAR AILLEURS, DIANA RIGG A–T–ELLE VU LE FILM ? Peu après la sortie du film, elle déclara au Sunday Times : « Non, je n'ai pas encore eu le temps de le voir. Il est sorti en salles juste avant que je démarre ma pièce, donc je n'ai pas eu le temps. Je pense que j'attendrai qu'il sorte en vidéo ; je préfèrerais le regarder seule. De plus, je serais trop embarrassée d'être vue au cinéma. Oh regardez !, diraient les spectateurs, c'est elle ! ». La suite n'est pas connue. (source : Diana Rigg the biography) 4.8. PEUT–ON RETROUVER LES TRACES DE CERTAINS ÉPISODES DU FILM DANS LA SERIE ? Le scénario en lui même fait déjà énormément penser à Dans sept jours le déluge (saison 4). Sinon des scènes font penser à : L'héritage diabolique (saison 4) : Mrs Peel piégé dans le décor en faux–semblants dans la maison de Sir August, Voyage sans retour (saison 4) : le duel à l'épée entre nos deux agents au début de l'épisode. À noter aussi que le cahier des charges qui officiait sur la série est ici aussi scrupuleusement respecté : quasiment pas de sang ni de vulgarité, pas de personnes deux couleurs, nos deux agents évoluent uniquement dans un monde opulent, pas de figurants.

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