- Paul BRüüDER -

Compte-rendu l'une prospection de Giobertite ¿ans le 3 Pyrénéèp - basques.

Août -Septembre 1954

C \ BUREAU DE RECHERCHES GEOLOGIQUES GEOPHYSIQUES ET MINIERES

B.R.ii.G.M.

69, rue i. la Victoire - PARIS (92)

COIIPTE-RENDU D'UNE PROSPECTION

DE GIOBERTITE DANS L: S PYRENEES BASQUES

par

Paul BROUDER

Août -Septembre 19 5^ Paul BHOÜDER

Compte- rendu d*nne prospection

de Giobertite dans les Pyrénées basques

Août -Septembre 1954

Les indices de Giobertite précédesiment reconnus aux environs d' (Bas s es -Pyrénées) ainsi que, sur le versant espagnol, le gisement d'Eugui, les indices du col de Veíate et du col d'Artésia¬ ga, ont fait penser, après une étude géologique, à l'existence d'un foyer magnésien en profondeur, gêné rateur de la minéralisation par métasomatose dans des calcaires dolomitiques (1).

Ce\ix-ci étant très a bondants dans la ré¿;ion, il était néces¬ saire de rechercher d'autres minéralisations, peut-être exploi¬ tables, dans tout le territoire français compris entre Urepel, les et la frontière franco-espa^ole, en particulier dans l'axe déterminé par l'alignement des trois indices français, ce travail devant nécessairement s ' cuîcompagner d'un nouveau relevé de carte géologique aussi détaillé que possible venant compléter le relevé fait il y a trois ans par IM. Destombes et Fexigueur (2)

D'autre part, un niveau magnésien (dont la teneur en magnésie place chimiquement la roche entre la dolomie et la giobertite) découvert par iJ¿. Destombes et Guillaume (2) dans le îiuschelkalk des environs de 3aint-Michel, village situé à 3 km au Sud de Saint - Jean-Pi ed-de-Port, montrait l'utilité d'xme étude de tous les af¬ fleurements du Lîuschelkalk dans le beu^sin de Saint -Jean.

Mon travail dans les Pyrénées basques au cours des moiü d'AOÛt et oeptembre 1954 avait pour objet l'étude de ces 2 points.

Les environs de Saint-ilichel (Basses Pyrénées)

Saint-Michel est situé dans la vallée de la de Béhérobie à 3 km environ en amont de Saint-Jean, à peu près au centre du bassin triasique de 3aint-Jean-Pied-de-Port. i- J'ai consacré mes quinze premiers jours de travail à l'étude du bassin entre Saint -Michel , Saint-Jean , Caro , oîi la plupart des affleurements appartiennent au Trias. - 2 -

Notons cependant qu'vm peu de Dévonien (?) (schistes ardoi- siers noirs) est visible entre Saint-Jean et Saint-i.iichel, sur la rive droite de la Nive. Ces sciiistes, déjà cartographies par Laïaare (3) sont surmontés, au Sud-Sst par les grès bigarrés du Trias inférieur, et limités au Nord-Ouest par une faille qui les met au contact des calcaires et dolomies du liuschelkalk. Je n'ai trouvé aucune trace de faune dans ce Dévonien (?).

- Grès bigarrés : auz environs immédiats de Saint -Llichel et entre Saint-iâichel et Saint-Jean, le Trias inférieur est relativement rare et on ne peut observer qu'un petit affleurement de grès rou¬ ges et de psaïamites, formant un piton dominant la rive droite de la lîive à 1 km environ au Nord de Saint -Lii cliel.

Dans la région étudiée, on ne retrouve ce niveau qu'à 1,5 km au 'Oud-Est de Saint -î-iche 1 au sommet de la colline culminant au point 416 (feuille du 1/20.000 XIIÎ-46- 3). La série est ici in¬ versée : sous le Trias inférieur, on observe le Muschelkalk.

~ Huschelkalk : Le Muschelkalk semble très abondant près ae Saint -llichel, mais ne se présbite jamais en couches continues : il est fragmenté en blocs plissés ("structure en glaçons''de Lamare (4) ayant les dispositions les plus diverses dans la série triasique. Il est par suite très difficile d'orienter la succession strati¬ graphique observable dans ces lentilles. M. J.P. Destombes qui en a donne une stratigraphie détaillée a également proposé une orien¬ tation de la série (5;- L'abondance des failles, l'absence de con¬ tinuité des couches ne m'ont pas permis de confirmer cetxe hypo¬ thèse.

UL. Destombes et Guillaume ont découvert dans ce Muschelkalk, au N-E de Saint -Michel, un niveau présentant xm aspect particulier, il s'agit en effet d'une roche formée d'éléments dont la cassure donne des facettes polyédriques, brillantes, noirâtres, oleuâxres ou ocres. Les facettes, qui ne présentent aucune structure rappel¬ lent à la fois des lamelles de mica et des sections d'encrines. Cette roche énigmatique a été appelée par ISi. Destombes et Guil¬ laume "petit granite** en raison de sa ressemblance avec les cal¬ caires a entroques ou "petit granite" d'Ecaussines (Carbonifère de Belgique)(2; . Cette roche s'est révélée intéressante par sa teneur en magnésie : 30,48 ?í. Y a-t-il rapport génétique et de gisaient entre "petit granite" et giobertite (?). L'affleurement ne permet aucune affirmation. Il n'est pas possible de savoir si la roche est d'origine mé¬ tasomatique ou sédimentaire : les rapports précis avec les épontes sont cachés et énigmatiques. .bis

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Un meilleur gisaaent de "petit granite? découvert par M. Destombes et moi-même entre Saint-Michel et Aincille, est plus propice à l'étude des terrains encaissants. Cesix-ci n'ont pu pro¬ visoirement être détenninés que d'une manière incomplète et il sera nécessaire de faire un décapage avant d'en donner une des¬ cription précise.

Les nombreux affleurements du Muschelkailk ne m'ont pas révélé la présence du petit granite en d'autres points.

~ Keuper : Le Trias supérieur dont M. Destombes a donné une stra- tigraphi e synthétique complète (6) comprend : à la base les marnes irisées classiques avec dolomie rhomboédrique, quartz bipyramidés et gypse. Ces marnes très plastiques passent au sommet à une série de iaarnes dolomitiques, vertes, rouges, violettes, avec intercala¬ tions de niveaux dolomitiques.

Des blocs d 'ophite appartenant au Keuper ou d'origine immé¬ diatement postérieure, forment dans le bassin de Saint-Jean toutes les collines arrondies, couvertes d'une végétation typique de fou¬ gères et de rares châtaigniers. Cette ophite représente-t-elle des masses intrusives décapées ou le résidu de coulées ?. Ce problème reste à résoudre.

Lors des plissements pyrénéens les couches plastiques du Trias moyen et des marnes irisées se sont décollées de 1 *ophite rigide. Il en est résulté des contacts anormaux tels que Mtischel- kalk-ophite (à I.5OO m à l'E de Saint-Michel, le Muschelkalk est superposé à l'ophite) et même grès bigarrés-ophite (cas des grès bigarrés dominant la rive droite de la Nive au N de Saint-Michel).

Massif du Jarra

Le Jarra qui limite au Nord le bcissin de Saint-Jean a été paxcouru rapidanent, ceci non pas dans un but de prospection ni pour l'établissement d'une carte géologique détaillée, mais d'une part afin d'observer une belle coupe donnant la série complète du Tri fas inférieur (6) depuis le magnifique conglomérat à gros galets de quartzites paléoaoïques jusqu'au terme supérieur des argilites rouges sur le flanc Sud, et d'autre part pour me familiariser avec les faciès dévoniens et gothlandiens du Pays basque dont la vallée de la Nive donne une coupe magnifique, entre Saint-Jean et Eyharee, coupe décrite en détail par Laverdière (7).

Cette rapide tour;SÔ|i, ne m'a pas permis d'apporter de nouveaux éléments à la cartographie du Jarra donnée schématiqu ement par Lamare (}). - 4 -

Il serait pourtant possible de cartographier différents niveaux du Dévonien et du Gothiandien et d'en préciser la structure. Ceci serait à étudier en relation avec le paléozoïque situé au Hord du Jarra.

Route du col d'Ispéguy

Avant d'entreprendre l'étude détaillée du paléozoïque des environs d'Urepel-Les Aldudes, j'ai tenu à étudier l'Ordovicien basque aux environs de Saint-Etienne-de-Baïgorry. J'ai pour cela parcouru d'une part le pic d'Oylarandoy au SSE de Saint -Etienne de Baïgorry, constitué essentiellement par des quartzites ordo- viciens dont les bancs se prolongent pour aller former le pic de Béharia au Sud d*.

D'autre part, j'ai longé la route qui part de Baïgoriy vers la frontière au col d'Ispéguy et qui montre une magnifique coupe de l'Ordovicien complet. Celui-ci dont les termes inférieurs viennent en contact anormal sur le Trias supérieur de Baïgorry com¬ prend :

- A la base des schistes satinés verdâtres ou bleuâtres, en fines lamelles écailleuses. Ces schistes sont très plissotés et métamorphiques .

Ils sont recouverts par des quartzites en alternance avec des schistes noirs, ternes.

La série, multipliée par des plis et failles, se termine vers Ispéguy par des schistes fbncés, souvent grése-ux, passant sans discontinuité aux schistes gothlandiens.

L'ensemble est recouvert par des argilites du Permien peu épaisses à cet endroit et le Trias qui forme xme muraille verti¬ cale parallèle à la frontière. Ce Trias plonge vers le versant espagnol formé par les grès bigarrés.

Paléozoïque des Aldudes

La région des Aldudes est caractérisée par le développement considérable du Dévonien auquel appartient la presque totalité des affleurements. Notons cependant qu'un petit lambeau de schis¬ tes satinés, écailletix, bleus, situé à l'Est de la ferme Oyhance- lay, a été rapporté par 13Á. Destombes et Feugueur (2) à de l'Or¬ dovicien charrié sur le Dévonien.

Le terme le plus inférieur du Dévonien est visible dans la vallée du ruisseau d'Urepel, en amont de Sincourrecoerrecaco ; ce sont des dolomies et calcaires dolomitiques d'un bleu foncé noi¬ râtre surmontés par un banc peu épais de calcschistes bleus. Ceux- ci sont eux-mêmes surmontés par 100 à I50 m de quartzites blancs. Ce dernier niveau devient de plus en plus dolomltique vers le som¬ met où il passe à un grès à ciment dolomltique. - 5

L'ensemble correspond aux "^rès quartzites à ciment dolomi- tique" de Lamare (8) que Laverdière (7) avait précédemment rappor¬ tés au Oiégénien-Emsien inférieur d'après des faimes trouvées dans des grauwackes et des schistes intercalés dans les quartzites en amont de Banca.

UL.. Destombes et Feugueur (2) ont rapporté à deux niveaux dif¬ férents les quartzites blancs de base à ciment dolomltique très ré¬ duit, et les grès très dolomitiques du sommet appelés par eux "dolomie rose chair". Je n'ai pas jugé utile de faire cette dis¬ tinction car d'une part la dolomitisation se fait d'une façon con¬ tinue de la base vers le sommet, d'autre part, très fréquemment, le faciès quartzites blancs se prolonge jusqu'au so^imet de la série, au contact de l'Emsien supérieur.

Les grès quartzites forment toutes les hauteurs dominant la rive droite de la Nive des Aldudes entre Urepel et les Aldudes. Les mêmes niveaux se retrouvent sur la rive gauche avec une di¬ rection de pendage opposée : la Nive suit un fond de synclinal dissymétrique (flanc E plus abrupt que le flanc W).

Un niveau peu épais (40 cm) de schistes bleus-, fins, est intercalé dans les quartzites blancs (coupe de la route d'Esnazu).

Notons qu'aucun fossile n'a été trouvé dans cette série aux environs des Aldudes.

On passe des grès très dolomitiques du sommet aux dolomies bleues et calcaires bleus de l'Smsien supérieur par l'intennédiaire de dolomies et calcaires dolomitiques, chocolat et plus ou moins cristallisés, en alternance avec de fins bancs de grès dolomitiquer Quelques niveaux de schistes vert clair et de grès verts sont ca¬ ractéristiques de la série de passage.

La série se poursuit par des calcaires dolomitiques bleu pâle , des schistes fins bleus, des calcschistes bleus, aes cal¬ caires bleus à polypiers très abondants, des schistes bleus à Strophéodontea, Spirifers. , . très abondants. Cette "série Dleue" représentant l'Emsien supérieur est formée d'un grand nombre de niveaux dont 5 ou 6 sont fossilifères. Une bonne synthèse peut être établie d'après les coupes observables sur les flancs aes vallées du ruisseau Otringo et de son affluent Bilotchamarreyco, entre les Aldudes et la frontière à l'W.

Prenant comme hypothèse de travail la série stratigraphique établie par IM. Destombes et Feugueur (1) je n'ai pas observé de Dévonien moyen supérieur au niveau du parallèle des Aldudes. Ces terrains n'apparaîtraient que plus au Sud à la latitude d'Urepel: calcschistes blanchâtres surmontés de calcaires dolomitiques bleu foncé. Vers la frontière, la coupure du torrent situé immédiatement au sud de i'Arguibel met à jour tm synclinal couché de scnistes fins bleu fonce et noirs et de doloicies à grain fin, en alternance, attribués par îMA. Destombes et Feugueur (2) soi Carbonifère d'a¬ près le faciès, aucuin fossile n'ayant été trouvé à cet endroit. Aucun accident n'existe entre ce présumé Carbonifère et les caûL- caires dolomitiques bleus à polypiers de l'Emsien supérieur, qui lui sont associés. Ceci tend bien à prouver que le Dévonien moyen et supérieur n'existe pas au niveau du parallèle des Aldudes (!iord de la feuille au 1/20.000 XII- 46 ng 8).

Enfin un lambeau de Trias inférieur recouvre en discordance le Paléozoïque, à l'Arguibel.

Giobertite

Celle-ci a été rencontrée précédeaiment en } points différents aux environs d'Urepel (voir à ce sujet : 1). Rappelons que le gi¬ sement sud est localisé dans des calcaires dolomitiques gédi- niens (?), tandis que les deux autres sont associés à des niveaux du Dévonien moyen.

Remarquons aussi que les 3 gisements sont alignés sur une droite à peu près NV/ - SE.

Ces deux remarques, qui ont servi à démontrer l'origine non sédimentaire de la ¿giobertite (2) sont importantes pour le pros¬ pecteur :

- parce que la giobertite n'étant pas associée à un niveau stra- tigraphioue particulier peut être recherchée dans tous les ter¬ rains antérieurs au niveau le plus récent, minéralisé.

- parce que la prospection peut se soigner particulièrement sur des droites apparemment privilégiées correspondant peut- être à des direction de failles profondes (2).

Si nous ran arquons de plus, avec LIM. Destombes et Feugueur ;ue les calcaires légèrement dolomitiques semblent plus favora¬ bles à la minéralisation que les véritables dolomies, nous sommes obligés de penser que no\is avons quelques chances de trouver le minerai au sein des calcaires dolomitiques bleus de l'Emsien su¬ périeur, entre les Aldudes et la frontière franco -espagnole, à l'Ouest. C'est donc là que j'ai centré ma prospection. m I« ¿<"fc

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Aucun des affleurCTients observés ne m'a livré l'aspect ty¬ pique de la giobertite de Lsihitceo à Urepel ou d'Eugui. Néanmoins dans l'alignement des 3 indices reconnus, j'ai pu observer sur le flanc nord le la vallée de 1 'Otringo, au niveau du chemin, un cal¬ caire dolomltique, en gros cristaux,. qui n'est pas sans rappeler la roche du gisement le plus septentuonal d'Urepel.

Un autre niveau de dolomies cristallisées a- été reconnu dans la vallée du ruisseau Chelaceco, près du contact quartzites blancs- Emsien supérieur. Remarquons que nous sommes ici I5OO m au îJE de l'axe des 3 indices d'Urepel.

J'ai récolté des échantillons en ces devix points en vue d'une analyse chimique.

En conclusion, cette prospection ne semble avoir apporté aucun indice série-ux nouveau de giobertite, mais il n'est pas possible de conclure à l'absence d'un gisement intéressant de minerai en territoire français : la végétation ne livre qu'une faible partie des terrains sous-jacents aux yeux du prospecteur. Les coupes pri¬ vilégiées données par les torrents et les sentiers étant stériles, il faut compter sur les affleurements parfois limités à quelques roches fortuitement rencontrés dans les pâturages et les sous-bois.

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Bibliograjghie

1- J.P. DESTOliSSS & L. FEUGUEUR - La giobertite de Urepel. Rapport préliminaire B.R.G.G. -A 237 Juin I95I (inédit)

2- J.P. DEd'TOüBES & L. FEUGUEUR - Recherches de giobertite dans les Pyrénées - Deuxième rapport B.R.G.G.- A 276, Juillet 1951 (inédit)

3- P. LALIARE - Le bassin triasique de Saint -Jean-Pied-de-Port. Bull. Carte Géol. de n? 203 tome XLII (1940)

4- P. LAÎaARE - Carte géologique détaillée de la France au 80.000S Feuille de Saint-Jean-Pied-de-Port, I907

5- J.P. DESTOIJES - Le Muschelkalk de St-Jean-Pied-de-Port (B.P) C.R. S. Soc. Géol. Fr. nS 10 (2 juin 194? )

6- J.P. DESTOMBES - Les sondages de Fitou (Aude) Publications du B.R.G.G. (1949)

7- J.ïï, LAVERDIERE - Contribution à l'étude des terrains paléo zoîques dans les Pyrénées occidentales. Mémoires de la Société Géologique du Nord tome X (2) 1930

8- P. L;úA.RE - Structure de la Basse- aux environs de Bidar- ray, de ot-Etienne-de-Baïgorry et des Aldudes. Bull. Carte Géol.Fr. ni 196,tome XXIX, I938

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