La Dynamique Des Principales Populations Du Nord Cameroun
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LA DYNAMIQUE DES PRINCIPALES POPULATIONS d11 NORD-CAMEROUN (entre Béaoué et Lac Tchad) PAR André Michel PODLEWSKI Expert démographe de l’Université de Paris maître de recherches de 1’ 0. R.S.T. O.M. TABLE DES MATIÈRES Avant-Propos ....................................................................................... 7 Introduction.. ....................................................................................... 8 PREMIERE PARTIE : ÉTUDE DES DIFFÉRENTES ETHNIES .................................... 11 - ETHNIES ISLAMBÉES Foulbé. ...................................... 13 Mandara ou Wandala ......................... 25 Kotoko ...................................... ...... 36 ArabesChoa ................................. ...... 42 ((PAIENS)) DE PLAINE Moundang.................................... ...... ....... ...... 47 Guiziga . ...... ....... * . ...... 59 Guidar . ...... ....... ...... 67 Populations riveraines du Logone et Toupouri. ...... ....... ...... 76 - (~PAIENS» DE MONTAGNE Mofou . ...... 87 Mafa ou Matakam . ...... * . 98 Daba . ...... * . * . 110 Hina . ...... 120 Goudé . ...... 131 Fali . ...... 139 Kapsiki . ...... 9 . 148 DEUXIÈME PARTIE : PLANCHES COMPARATIVES COMMENTÉES Préambule et présentation .......... 158 Nombre de personnes par « saré )) . * . 166 Migrations internes ................ , . 168 Régime matrimonial ............... * . 169 Natalité - Fécondité ................ 173 MortaIité ........................ 176 Accroissement naturel ............. 181 Caractéristiques sociologiques diverses . )..... 182 Etudedeladot.. .................. , . 184 Conclusion générale. .................. 187 Appendice : Provenance des sources .... 189 Bibliographie ....................................................................................... 190 AVANT-PROPOS Ce travail est le résultat de nombreux mois passés dans le Nord-Canzeroun. II est, pour sa plus gra22de part, le fruit d’efforts personnels sur le terrain. Les échantillons.figurant dans cette étude ont été constitués par : M. BROWNE pour les populations riveraines du Logone et les Toupouri. M. NENERT pour les Guiziga et les Mofou de l’arrondissement de Méri. M. de Sac~ pour les Kotoko et les Arabes Choa. Nous-mêmes pour les Matakam, Kapsiki et Goudé au sein de la MISOENCAM * coordonnée par M. CALLIES. Nous avo22sdéternziné nous-mêmes, dans le cadre de nos activités à I’ORSTOM’, et singulièrement à ~‘IRCAM, les échantillons pour : les Mofou (Canto22sde Mekong et Mofou sud) ; les Mandara ou Wandala ; les Hina ; les Daba ; les Guidar ou Mbaïnawa ; les Mounda22g ; les Foulbé. L’ensemble des dépouillements et des calculs, pour tous les groupes figurant dans cette étude, ont été effectués par nownzên2es. Le détail des sources est indiqué en Appelzdice, à la Jin de cette étude. *Mission socio-économique du Nord-Cameroun (1959-1961). INTRODUCTION Nous avons tenté, dans cette étude, de dégager la dynamique démographique de chacune des principales populations du Nord-Cameroun. L’analyse des résultats et les comparaisons effectuées entre ethnies permettent d’entrevoir un certain mouvement, de donner un sens à une évolution en cours. Dans notre domaine, le chiffre semble avoir pour principal intérêt de situer une position par rapport à un mouvement général ; le chiffre isolé risque de paraître inutile. Or, comme en Afrique Noire il ne semble pas possible, pour de multiples raisons, d’observer des évolutions dans le temps, il paraît nécessaire de multiplier les mesures dam l’espace, pour que des échelles d’évolution soient établies. Des relations apparaissent alors des données simples : si l’une se déplace l’autre semble suivre, sans que l’on puisse dire toujours laquelle précède et laquelle suit. C’est ainsi que lorsque l’âge au premier mariage diminue chez la femme, le nombre d’enfants mis au monde diminue également ; c’est ainsi que le nombre des remariages féminins augmente alors que le nombre de personnes par habitation a tendance à diminuer (voir planches comparatives). Ces mouvements paraissent être irréversibles et le passage d’un stade à l’autre ne se fait que pro- gressivement : d’où l’intérêt perspectif qu’il y a-à situer chaque groupe au sein de pareilles échelles. De cette façon, il semble possible de n&surer l’évolution d’entités humaines bien déterminées en ne se reposant plus sur une masse de considérations, parfois précieuses mais non mesurables, et qui peuvent toujours être contredites. Si avec la précédente optique l’ethnie paraît être la seule base d’observations possible, elle le de- meure également dans le domaine de l’utilisation des résultats. Indépendamment de toutes les données ethnologiques et linguistiques (qui pourtant seraient suffi- santes ici), il est possible de justifier cette option - de l’ethnie comme base de travail - et de démontrer même qu’il n’en existe pas d’autre actuellement valable. La dynamique démographique est la résultante de deux forces contraires : la fécondité et la mor- talité. Or, est-il légitime d’étudier la fécondité sur un ensemble groupant des ethnies différentes ? Assuré- ment non s’il n’existe pas de liens matrimoniaux suffisants entre ces ethnies. On obtiendrait des moyennes bâtardes qui effaceraient le mouvement naturel que l’on essaie de distinguer. Or les ethnies sont, dans les régions qui nous préoccupent (et vraisemblablement dans la majorité des terroirs de la zone soudano-sahélienne), pratiquement endogames, c’est-à-dire que sur 100 épouses, 4 ou 5 seulement appartiennent à un groupe ethnique différent (encore s’agit-il généralement d’un groupe voisin). Le lien matrimonial étant à la base de l’évolution numérique de groupe, c’est obligatoirement lui qui délimite notre champ d’action ; des analyses portant sur des populations hétérogènes risquent de ne pas conduire à une action précise et efficace, puisque c’est au niveau de l’ethnie que l’action s’exerce. C’est donc en partant de cette base que l’on pourra distinguer, dans un deuxième stade, des ensem- bles groupant des ethnies qui évoluent de façon voisine, les unes caractérisées par un habitat et des modes de vie traditionnels, les autres par une religion monothéiste acquise depuis plus ou moins longtemps. Entre la Bénoué et le Tchad, sur quelque 45 000 kmz, vivent plus d’un million d’habitants scindés en plus de vingt groupes ethniques différents (aux parlers distincts, et endogames) ; on peut y distinguer globalement différentes zone8 aisément identifiées par une série de caractéristiques propres ; INTRODUCTIOId 9 - les zones de montagnes où l’ancienne civilisation africaine (dite aussi paléonigritique) a été préservée (type mofou, mafa, guisiga de loulou) : on y travaille le fer, mais non le cuivre ; les enfants ne reçoivent pas de prénoms selon le rang de naissance ; on ignore le « violon » ; il s’y rencontre peu de bovins ; on reconnaît l’autorité d’un CCchef de la montagne N (maître des sacrifices collectifs) ; les forgerons sont endogames ; la stérilité est faible et le nombre d’enfants élevé J l’âge au premier mariage de la femme est plus avancé qu’ailleurs. - les zones de montagnes où des apports extérieurs sont venus se greffer sur une civilisation du type précédent pour la transformer (type kapsiki, daba, hina, goudé, fali (?)). on y travaille le cuivre à la cire perdue ; les prénoms sont donnés aux enfants selon le rang de naissance, comme chez les Foulbé ; les bovins sont plus nombreux ; on y connaît le « violon )) ; le tissage sur métier traditionnel est plus développé ; les forgerons sont toujours endogames ; la stérilité est par contre plus importante et la fécondité moindre que dans le cas précédent ; les dots sont légèrement plus élevées. - les zones de plaine au contact immédiat des islamés et où la culture du coton est devenue im- portante (type guidar, moundang, guiziga de plaine) : les artisanats locaux sont peu à peu abandonnés ; on constate généralement un déclin des valeurs traditionnelles, notamment l’effritement des croyances ancestrales au profit du christianisme et de l’islam ; les forgerons ne sont plus endogames, et les enterrements ne sont plus de leur seule conjecture ; les sarés sont moins peuplés ; la jeune fille se marie plus tôt, et le nombre des remariages de la femme tend à s’accroitre ; la fécondité modérée, semble entrer dans une phase régressive, mais la mortalité est bien moins forte que précédemment aux jeunes âges (0 à 5 ans) ; les dots sont plus importantes et comprennent des bovins. - les zones riveraines du Logone (dualité pêche-agriculture-l- élevage) : données démographiques voisines des précédentes ; valeurs traditionnelles mieux préservées ; forgerons non endogames ; dots très importantes. - des CCsecteurs )) et régions diversement étendus et situés, peuplés de populations islamisées et comprenant : des islamisés « récents » (Mandara, Kotokoj, chez lesquels : la fécondité est faible ; la démographie stationnaire : le remariage des femmes est fréquent ; la dot est modérée. les Foulbé que l’on peut ainsi caractériser : c’est une société fondamentalement islamisée ; 10 INTRODUCTION leur civilisation a un caractère rayonnant (langue, coutume, religion) ; la fécondité y est très faible et la mortalité modérée ; la démographie y est stationnaire à tendance décroissante ; les saré sont peu peuplés ; les remariages des femmes sont très nombreux ; on constate un apport incessant d’éléments ex-païens absorbés en une génération ; les dots y sont modestes. les Arabes (Choa) : pasteurs semi-nomades appartenant à une civilisation différente de l’Islam noir ils habitent l’extrême Nord, mais ont tendance à