Les commémorations de la Grande Guerre en Région de Bruxelles-Capitale 2014-18brussels.be

1 Bruxelles et la Première Guerre mondiale

Durant la Première Guerre mondiale, Bruxelles est la seule capitale européenne à avoir subi cinq lon- gues années d’occupation. Contrairement à d’autres parties du pays, Bruxelles n’a pas connu de combats ni de destructions d’envergure. L’impact de la guerre ne s’en est pas pour autant moins fait sentir pour les Bruxellois: rationnements et saisies ont marqué de leur empreinte leur vie quotidienne. Les civils prirent part à l’effort de guerre, comme dans le cadre des soins aux blessés, mais aussi à la résistance. Cer- tains d’entre eux sont dès lors entrés dans l’histoire en tant que héros. Avec la création du Monument du Soldat inconnu, Bruxelles est, en sa qualité de ca- pitale, le seul endroit où un hommage national fut rendu aux victimes de la Première Guerre mondiale.

Il est important de maintenir vivant le sou- venir de ce que fut précisément la guerre: comment vécut-on dans une ville occupée et quel impact eut la guerre sur la société au début du XXe siècle?

Les commémorations de la Grande Guerre en Région de Bruxelles-Capitale sont une occasion d’at- tirer l’attention sur le caractère intemporel de valeurs telles que la liberté, la solidarité, la cohésion sociale, la patrie, l’indépendance et la démocratie, qui ont été mises en évidence lors de ce premier conflit mondial. C’est pourquoi 14-18 doit servir à jamais comme un fondement de la démocratie de demain. L’idée est de tirer collectivement des enseignements de la Première Guerre mondiale et de poursuivre la construction de l’Europe démocratique dont Bruxelles est la capitale.

Dans ce dossier:

1. La Belgique entre en guerre 2. Bruxelles pendant la Première Guerre 3. Quelques personnalités remarquables 4. La guerre et ses grandes conséquences belges 5. Agenda 2015 6. Aperçu de l’agenda 2016-2018 7. Bruxelles, la Mémoire et la guerre (1914-2014) 8. Page Facebook: Paul Max 1914-1918 9. Mini-plan: «Commémorations 14-18» 10. Visites guidées 1. LA BELGIQUE ENTRE EN GUERRE

Depuis le détonateur de l’assassinat de l’héritier de la couronne d’Autriche-Hongrie, le 28 juin 1914 à Sarajevo, l’ombre d’un vaste conflit plâne sur l’Europe et donc sur la Belgique, dans un contexte international tendu. L’enchaînement des alliances pousse le belliqueux empire allemand à délivrer son ultimatum — libre passage des troupes ou invasion — à la Belgique, le 2 août 1914. Notre pays, protégé depuis sa création par un statut de neutralité, garantie par la plupart des grandes puissances européennes, dont l’Allemagne (!), subit ainsi l’agression ennemie : le 4 août 1914, l’armée allemande envahit la Belgique, à hauteur de Gem- menich. Après les combats et la prise de Liège, les Allemands avancent inexorablement vers Bruxelles qu’ils atteignent le 20 août 1914, non sans quelques combats ravageurs sur leur parcours, incluant spoliations, réquisitions (nourriture, vin, draps, etc.) et attitudes violentes (églises et maisons ravagées, bêtes tuées dans les étables pour n’en prendre que les meilleures pièces, etc.), sans compter les exécutions sommaires.

L’armée belge se retire alors autour d’Anvers, qui tombe le 10 octobre. La Belgique est presque entièrement occupée. Le roi Albert, chef de l’armée, ordonne alors aux troupes belges, soutenues par les forces alliées, de défendre la ligne de l’Yser : on s’accroche donc à une mince bande de terrain, pour ne pas céder le pays en entier. Après un premier assaut allemand le 18 octobre (« première bataille d’Ypres »), s’ouvre la guerre des tranchées : pendant 3 ans, le front de l’Yser reste quasiment immuable.

Tandis que la Belgique du citoyen allait vivre 4 années d’occupation, on assiste progressivement au rétablis- sement d’une forme d’ordre et au retour de nombre de réfugiés (partis aux Pays-Bas, en France, en Angleterre, etc.). Le gouvernement légitime du pays, dirigé par le premier ministre Charles de Broqueville, s’est installé à Sainte-Adresse, station balnéaire normande proche du Havre.

L’économie du pays est à l’arrêt, privée de matières premières. Le ravitaillement pose aussi rapidement pro- blème, la Belgique étant très fortement importatrice dans ce secteur. Un « Comité national de Secours et d’Alimentation » est créé pour distribuer vivres, charbon, vêtements. Les nouvelles du front sont rares. Les règles imposées par l’occupant sont strictes, transformant le territoire en Etat policier.

Pour administrer la Belgique, les Allemands instaurent un « Gouvernement-Général », mené par Von Bissing, qui dispose d’un pouvoir pratiquement illimité, et une administration civile (« Zivilverwaltung »), sous la direction de Maximilian von Sandt mais dépendante, dans la pratique, de l’autorité du gouverneur-général. Cette organisation se répète au niveau provincial.

Au fur et à mesure de l’avancement de la guerre, les conditions de vie se durcissent encore : pénurie de den- rées alimentaire à l’origine d’états fébriles et de maladies, déportation systématique des travailleurs belges en Allemagne dès la fin de l’année 1916 et dans le courant de l’année 1917, etc.

Toutefois, l’armée allemande est en perte de vitesse. Très marquée par l’issue de la très meurtrière bataille de Verdun — qui prend fin en décembre 1916 —, au cours de laquelle l’armée française résiste aux violents assauts allemands, accouchant d’un statu quo, les soldats allemands ont perdu le moral et la motivation. En avril 1918, une importante offensive allemande est arrêtée par l’armée belge à Merkem, en Flandre occi- dentale. À partir du mois de septembre 1918, une contre-attaque des Alliés, orchestrée par le maréchal Foch — commandant en chef des forces alliées sur le front de l’Ouest —, permet de libérer la Belgique. Le 22 novembre 1918, les souverains, flanqués de l’armée, sont accueillis à Bruxelles (à la porte de Flandre) par le bourgmestre de la ville, Adolphe Max, récemment libéré des geôles allemandes. Au Parlement, le roi annonce l’introduction du suffrage universel masculin et la création d’un enseignement universitaire néer- landophone. 3 2. BRUXELLES PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE

Le 4 août 1914, l’armée allemande envahit la Belgique, trahie dans sa neutralité. Les premiers faits de guerre sur le territoire belge ont l’effet d’un catalyseur patriotique à Bruxelles : les instances dirigeantes et la popu- lation ne se laisseront pas servilement menées.

Le 20 août, dans la matinée, les troupes allemandes arrivent à Bruxelles. Après le parc du Cinquantenaire et la rue de la Loi, c’est au tour de la Grand-Place d’être foulée par les soldats allemands. Leur état-major s’installe dans l’Hôtel de Ville et y fait hisser le drapeau allemand.

Bruxelles échappera aux destructions et aux combats, sans aucun doute grâce aux nombreux appels au calme et au sang-froid du bourgmestre Adolphe Max. A contrario, Bruxelles est la seule grande ville européenne à subir une occupation durant les quatre longues années du conflit.

Bruxelles n’a pas vécu les affrontements, c’est donc dans le quotidien de l’occupation qu’elle endurera la guerre :

Sur le plan de la gestion administrative, les Allemands posent le choix d’un « Grand-Bruxelles », c’est-à-dire d’une unification du territoire bruxellois, trop morcelé à leur goût par sa gestion très communale. La « Confé- rence des Bourgmestres » (née en 1874) prend ainsi de l’envergure comme organe de gestion des intérêts communs de la population bruxelloise.

Toujours dans le domaine administratif, l’autorité occupante instaure à Bruxelles une politique de flamandi- sation, ou « Flamenpolitik ». À cette période, Bruxelles est très majoritairement francophone. Les Allemands, dans le contexte de leur stratégie d’exploitation du pays et de division pour mieux affaiblir, encouragent les Flamands les plus malléables à se mettre à leur service : ils prennent le nom d’activistes, et sont placés à la tête de certains services. De même, l’occupant met en place un système devant aboutir à la flamandisation de l’administration et de l’enseignement, par le biais d’une séparation administrative du pays — selon la fron- tière linguistique — en deux régions : le nord, y compris Bruxelles qui devient sa capitale, flamandisé ; le sud wallon, avec Namur pour capitale. Les Allemands tentent de faire du néerlandais la langue officielle de l’administration en Flandre, et donc à Bruxelles aussi. Ces efforts seront vains dans plupart des cas, tant les locaux s’y opposent.

La question de l’organisation du travail est primordiale. La déportation des chômeurs en Allemagne est déci- dée en octobre 1916. Dès le mois de février 1917, toute activité industrielle occupant plus de douze ouvriers est soumise à autorisation. Mais les bourgmestres de l’agglomération refusent férocement de livrer à l’occu- pant les listes de chômeurs. Le projet allemand se solde donc par un échec.

On ne peut omettre les fameuses réquisitions devant à la fois renforcer les stocks allemands et affaiblir l’ad- versaire : pigeons, voitures, charrettes, chevaux, vélos, caoutchouc (et donc pneus de vélo), cuivre, laine, etc. Ces objets doivent être livrés aux Allemands sans conditions. L’occupation se matérialise encore par quelques éléments marquants dont l’apport de certaines modifications dans les habitudes de vie, comme l’imposition de l’heure allemande pour s’aligner sur le fuseau horaire de l’Europe centrale (on avance donc d’une heure en hiver), l’adoption d’un couvre-feu, la mise en circulation de la monnaie allemande ou « Reich- smark », etc. Parmi ces nouveautés, certaines perdureront jusqu’à nos jours, comme le passage à l’heure d’été en vigueur dès 1916, ou l’introduction du certificat d’identité (ancêtre de notre carte d’identité), obligatoire pour tous les individus de plus de 15 ans, dans un but de meilleure contrôle de la population.

4 Du côté bruxellois, on ne manque pas de s’organiser, de se prendre en main, de réagir par des actions concrètes. En effet, très rapidement se pose la question du ravitaillement et de l’alimentation. De façon géné- rale, la Belgique est fortement dépendante des importations dans ce secteur, et Bruxelles plus encore en tant qu’espace citadin. Globalement, les conséquences du conflit sur la vie quotidienne seront plus rudes dans le monde urbain que dans le monde rural. La panique liée à l’ouverture du conflit engendre une prise d’assaut des commerces alimentaires, cause de manquements et d’une fulgurante hausse des prix (ainsi, le prix des légumes augmentent de 60 à 70 % !). Les autorités n’ont d’autres choix que d’intervenir dans la gestion des matières alimentaires. Les grains et farines sont répartis équitablement entre les boulangers, et le prix du pain est fixé pour tous ; des « magasins communaux » fournissent les denrées de base au prix de revient. Bientôt, l’ensemble des opérations s’intègre dans l’œuvre plus globale du Comité national de Secours et d’Alimentation, œuvre philanthropique de secours et de ravitaillement.

La pénurie se fait durement sentir : tout coin de terre se transforme en potager. On manque de tout, et il faut « faire avec », comme on dit à Bruxelles ! Beurre, café, pain et pommes de terre trouvent leur doublure : mar- garine, rutabaga, chicorée et riz. On cuisine un pain de veau sans viande ou des « Moka imitation » ! On met sur pied des cantines et soupes populaires, des « restaurants économiques » s’adressant à la bourgeoisie, elle aussi en difficulté. De nombreuses femmes sont fières de fournir la main-d’œuvre nécessaire au fonction- nement de toutes ces œuvres.

Concernant le soin à apporter aux blessés, Bruxelles n’est pas en reste. La région bruxelloise héberge en effet nombre de blessés dans ses multiples hôpitaux et ambulances, c’est-à-dire les hôpitaux d’urgence installés un peu partout, comme au sein du Palais royal.

La résistance s’exprime de différentes manières : refus de certains bourgmestres d’obtempérer aux demandes adverses (cf. les emprisonnements d’Adolphe Max après cinq semaines d’occupation seulement, puis celui de Camille Lemonnier son successeur), activités de renseignement (figures d’espions majeurs, comme celle de Gabrielle Petit), mise en place de filières d’évasion permettant à de jeunes hommes (belges, anglais, fran- çais) de rejoindre le front via les Pays-Bas neutres (cf. à ce sujet le courage d’).

Enfin, une certaine vie culturelle persiste : ainsi, par exemple, les 140 cinémas de l’agglomération (15 de plus qu’en 1914 !) ne désemplissent pas. Aux côtés de la presse censurée (Le Bruxellois par exemple, organe presque avoué de la Kommandantur, le commandement militaire allemand sur place), figure la presse clan- destine, dont la célèbre Libre Belgique.

Avant la fin des hostilités, les Bruxellois vivent durement la décomposition de l’armée allemande, qui emporte tout ce qu’elle peut dans sa fuite, pillant les musées et les maisons réquisitionnées. Entre le 11 (signature de l’armistice) et le 17 novembre (départ des derniers occupants) règne une situation quelque peu chaotique à Bruxelles, entre exultation et désordre.

Le 22 novembre 1918, les souverains Roi Albert I et Reine Elisabeth, flanqués de l’armée, sont accueillis à la porte de Flandre par Adolphe Max récemment libéré. L’image du « Roi-soldat » restera dans la mémoire collective. Le retour à la normale s’annonce enfin…

5 3. QUELQUES PERSONNALITÉS REMARQUABLES

1. Roi Albert Ier

Le 3e roi des Belges est un prince discret, qui naît dans le « Palais de la Régence » (situé à l’angle de la place Royale et de la rue de la Régence, siège actuel de la Cour des Comptes) le 8 avril 1875 (cf. la plaque apposée sur le bâtiment). Il épouse en 1900, à Munich, Elisabeth, duchesse d’origine allemande. Albert Ier succède à Léopold II en décembre 1909.

Si le début de son règne est plutôt calme, la guerre et les quatre années de conflit changent la donne. Le discours d’Albert au Parlement, le 4 août 1914, jour de l’invasion du pays, marque les esprits par sa tonalité pleine d’audace. Dès lors, il devient le roi-soldat ou le roi-chevalier. Bien formé à la stratégie militaire, le souverain commande l’armée belge et, après plusieurs retraites forcées, installe fièrement et solidement ses troupes derrières l’Yser. À cette période, il demeure près du front, aux côtés de ses soldats (résidence à La Panne, puis à Les Moëres). Sa prise de parole lors de la clôture officielle des hostilités, empreinte de sagesse, annonce quelques grands changements sociaux, comme l’instauration du suffrage universel masculin et des mesures visant à une égalité linguistique ; changements qui ouvriront le 20e siècle.

Après la guerre, ses préoccupations l’amènent, entre autres choses, à se soucier de la reconstruction so- cio-économique du pays et de la politique coloniale au Congo. Il perd la vie en février 1934, en pratiquant son sport favori, l’alpinisme, sur les rochers de Marche-les-Dames.

2. Reine Elisabeth

Duchesse bavaroise, Elisabeth de Wittelsbach, née en 1876, a pour tante et marraine l’impératrice Elisa- beth d’Autriche, la célèbre Sissi. Elle rencontre le prince Albert à l’âge de 20 ans, et l’épouse 3 ans plus tard. Fervente amatrice de culture (musique — Wagner surtout, joué au Théâtre royal de la Monnaie, peinture, sculpture, littérature — Verhaeren essentiellement), la princesse fait également montre de préoccupations philanthropiques (protection de l’enfance, lutte contre la tuberculose, etc.).

Le 1er août 1914, elle aide le roi à rédiger en allemand une lettre adressée personnellement à l’empereur Guillaume II. Cet appel au respect de la neutralité belge n’est pas entendu. La période de la guerre instaure l’image de la Reine-infirmière, la souveraine étant très impliquée dans le soin des blessés (ouverture d’hôpi- taux à Bruxelles et à La Panne).

Occupée par de nombreux voyages lointains durant les années 1920, la reine est profondément affectée par le décès d’Albert en 1934. Elle perd à la fois un mari et un trône, Astrid (mariée à Léopold III) lui succédant. Le décès tragique de cette dernière, lors d’un accident de voiture, lui rend sa place royale. Elle est à l’initia- tive, en 1937, du Concours International Ysaye, futur Concours Musical International Reine Elisabeth. De résidence à Laeken durant la Deuxième Guerre mondiale, elle reprend ses activités d’aide aux blessés, et met également tout en œuvre pour éviter les déportations, en particulier celles de nombreux juifs. Jusqu’à son décès en 1965, elle garde une vie trépidante emplie de voyages, de rencontres (Cocteau, Einstein) et de culture.

6 3. Adolphe Max

Originaire de la haute bourgeoisie intellectuelle, Adolphe Max est juriste de formation. Il entame une carrière d’avocat, tout en honorant un mandat de conseiller provincial dès 1896. Son parcours au barreau est inter- rompu par sa nomination comme bourgmestre de Bruxelles en 1909, alors qu’il a 40 ans.

Son attitude durant le conflit ne s’apparente pas à une opposition systématique à l’occupant, mais se carac- térise par sa fermeté et sa sérénité. Le 20 août 1914, il participe, accompagné de quelques autres élus locaux à un rendez-vous avec l’occupant ; les négociations aboutissent à l’établissement d’une convention entre les deux parties, auquel le bourgmestre ne manque pas de recourir énergiquement en cas de violation allemande. En septembre, il ordonne la suspension du paiement de la contribution de guerre en réaction à la suppression des bons de réquisition allemands (système de compensation aux réquisitions, payables après la guerre), ce qui lui vaut d’être arrêté et emprisonné en Allemagne durant tout le conflit. Ministre d’Etat, parlementaire, ce grand amateur de peinture et de sculpture restera bourgmestre de Bruxelles jusqu’à sa mort en 1939.

4. Cardinal Mercier

Devenu la plus haute autorité ecclésiastique du pays en 1906 (archevêque de Malines), Désiré-Joseph Mer- cier est nommé cardinal l’année suivante. Pétri de la notion de patriotisme, il est de cette génération pour laquelle la patrie et tout ce qui la représente revêtent un caractère sacré.

Durant la Première Guerre, se considérant comme une des rares autorités belges demeurées sur le sol natio- nal, il marque ces années de conflit de son opposition au pouvoir occupant. Il encourage à une résistance passive, et refuse de considérer les Allemands comme une autorité légitime. Le personnage s’illustre notam- ment par son refus de la déportation de travailleurs belges en Allemagne, ou sa lutte contre l’enrôlement de Belges dans l’armée ennemie. Grand philosophe, auteur de multiples écrits, il est atteint par la maladie au cours de l’année 1924, et décède en janvier 1926. Il reçoit des funérailles nationales.

5. Edith Cavell

D’éducation stricte, l’Anglaise Edith Cavell séjourne une première fois, quelques années durant, dans une famille bruxelloise en tant que gouvernante. Élève-infirmière durant 5 ans, elle entame ensuite une carrière d’infirmière dans les quartiers pauvres de Londres. Ayant profité de l’opportunité de revenir à Bruxelles, elle y reçoit la place de directrice de l’École belge d’Infirmières diplômées, établissement fondé par le professeur Antoine Depage et première fuite en Belgique de ces matières vers la sphère laïque.

Dès le début de la Première Guerre, elle y soigne clandestinement des soldats alliés. Elle ira plus loin : avec des amis sûrs, elle met sur pied un réseau d’évasion des soldats guéris vers les Pays-Bas neutres ou l’An- gleterre. Son manège est démantelé suite à quelques imprudences (lettres trop explicites de remerciement, etc.). Edith Cavell est arrêtée le 5 août 1915, et emprisonnée à Saint-Gilles. Condamnée à mort le 8 octobre 1915 par le tribunal militaire allemand, les démarches des ambassadeurs américain et espagnol n’y peuvent rien ; stoïque, elle rencontre la mort le 12 octobre, attachée au poteau d’exécution du Tir national — ancien lieu d’entraînement des militaires en garnison à Bruxelles, situé à —, aux côtés de Philippe Baucq.

7 6. Gabrielle Petit

Tournaisienne d’origine, Gabrielle Petit évolue dans un milieu très modeste. Au décès de sa mère, son père l’abandonne littéralement en pension puis dans orphelinat. Se forgeant un caractère fort dès le plus jeune âge, elle vit seule, sous le règne de la débrouille. En 1912, elle rencontre un jeune sous-officier, Maurice Go- bert.

À l’aube de la guerre, elle propose ses services à la Croix-Rouge de Molenbeek-Saint-Jean. Son fiancé la délaissant au profit d’une autre, elle tente de le reconquérir en le rejoignant en Angleterre. Après une courte formation en espionnage à Londres, elle entame, dès le mois de juillet 1915, ses activités de renseignement. Une première fois arrêtée puis libérée faute d’indices par la police secrète allemande, elle prend alors une fausse identité : Mademoiselle Legrand poursuit ses missions jusqu’à sa nouvelle arrestation en février 1916, et son incarcération à la prison de Saint-Gilles, où elle sera sans doute la captive la plus indisciplinée. Le 3 mars, elle est condamnée à mort par un tribunal militaire allemand et est fusillée le 1er avril au Tir national. Face à la mort, elle aurait clamé : « Vous allez voir comment une femme belge sait mourir ». Elle refuse le ban- deau, préférant voir le peloton d’exécution, et meurt en criant : « Vive le Roi ! Vive la Belgique ! ».

7. Philippe Baucq

Philippe Baucq, bruxellois, géomètre et architecte de formations, a 34 ans lorsqu’éclate la guerre. Doté d’une grande générosité, il s’engage, dès le mois d’août 1914, dans la résistance — sous le pseudonyme de M. Fro- mage ! — : passage d’hommes vers les Pays-Bas par les itinéraires les plus sûrs, prise en charge des échanges épistolaires entre les hommes stationnés aux Pays-Bas ou les soldats du front et leur famille, distribution de La Libre Belgique clandestine, espionnage. Cette dernière activité aura raison de lui : il est découvert en juillet 1915, arrêté et emmené à la prison de Saint-Gilles. Condamné à mort, il est fusillé au Tir national le lundi 12 octobre, en même temps qu’Edith Cavell. Le 15 juin 1919, ils auront tous deux droit à des funérailles nationales.

8. Antoine Depage

À l’entame de la guerre, ce chirurgien bruxellois peut déjà s’enorgueillir d’une belle carrière au sein du monde médical belge et même international. Il suscite en 1907 la création de la première école d’infirmières dans notre pays, établissement annexé à une clinique chirurgicale et dont il confie la direction à Edith Cavell. Il entame un parcours politique en 1908, en tant que conseiller communal à la ville de Bruxelles.

En 1914, les services de santé de l’armée sont inefficaces. Dès le 4 août, la reine Elisabeth demande à Antoine Depage de prendre en main l’organisation hospitalière. Il établit ainsi plusieurs hôpitaux provisoires, ou « ambulances » : celui du Palais royal, celui de Calais, celui de La Panne, proche des zones de combat, cité partout comme un établissement modèle et dont le rendement est admirable. Président de la Croix-Rouge, il reste très impliqué dans le monde médical, lui conférant des approches souvent novatrices et qui heurtent car étant en avance sur son époque. Il meurt à 63 ans des suites d’une… opération ! Notons que son épouse, Marie Picard, infirmière, sera très présente à ses côtés dans toutes les activités qu’il conduit. Elle perd la vie (noyade) lors du retour d’une expédition de récolte de fonds aux Etats-Unis, au début de l’année 1915, son bateau, le Lusitania, étant torpillé par un sous-marin allemand.

8 4. LA GUERRE ET SES GRANDES CONSÉQUENCES BELGES

En Belgique, la guerre a eu deux incidences immédiates et tangibles, l’une sur le plan social, l’autre dans le domaine linguistique. Elles sont annoncées dès le 22 novembre 1918, par le roi lui-même, dans son discours de clôture des hostilités.

D’une part, on se rend compte qu’il faut accomplir un pas dans le sens de la démocratie, la vraie. « L’égalité dans la souffrance et dans l’endurance a créé des droits égaux à l’expression des aspirations publiques ». Autrement dit, il faut élargir le droit de vote, pour accéder au suffrage universel : un homme, une voix. Bien évidemment, il faut entendre le suffrage universel masculin dès l’âge de 21 ans. Cette décision conduit, dès les élections de novembre 1919, à une forte montée en puissance des socialistes, désormais second parti à la Chambre.

D’autre part, dans le même esprit de cheminement vers l’égalité, on décide de créer, au sein de l’Université de Gand, un enseignement en néerlandais, ce qui manquait dans le pays. Cependant, de façon générale, les doléances flamandes voire flamingantes éprouvent beaucoup de difficultés à se départir des jugements persistants dans les esprits à l’égard des quelques-uns qui ont collaboré avec l’occupant.

Plus prosaïquement, le territoire belge est, littéralement, à reconstruire. La zone du front est complètement dévastée, Ypres en premier lieu. À Louvain, Malines et Namur, le centre-ville est ravagé. D’autres plus petites agglomérations, comme Dinant, Termonde, Tremelo et Spontin, sont presque rasées. Partout, les ponts, les voies ferrées, les routes, sont fortement endommagés. Les nombreux chômeurs ne retrouvent pas les moyens ni les infrastructures pour se remettre au travail. La question du logement est en proie à la pénurie.

La Belgique rentre insatisfaite de la Conférence de paix tenue à Versailles. Hormis l’obtention des cantons de l’Est (Eupen, Malmedy et Saint-Vith), le mandat sur le Ruanda-Urundi et la suppression de la neutralité im- posée par le traité fondateur de la Belgique (le traité des XXIV articles), neutralité qui n’offrait à la Belgique qu’une sécurité illusoire, les revendications les plus ardentes restent inassouvies. En compensation des «sacrifices belges», les diplomates bruxellois envoyés en France espèrent ramener de généreux dommages de guerre et un renforcement des fragiles frontières du pays : il n’en sera rien.

Quant aux habitudes quotidiennes et aux événements culturels, ils sont dorénavant marqués par l’empreinte américaine : la Belle Epoque s’en est définitivement allée, pour laisser la place au cinéma, aux cigarettes et au rouge à lèvres — jusque-là réservé aux milieux louches !

9 5. AGENDA 2016

EXPOSITIONS

Mini-Europe Août 2014 - 2018

Un parcours commémoratif a été imaginé au fil de tous les monuments belges et européens ayant un lien avec la Première Guerre mondiale. Cette promenade commence dans une zone où le souvenir de la Première Guerre mondiale sera figuré de manière symbolique par 4 cimetières de guerre et diverses sculptures.

Mini-Europe, Bruparck, 1020 Bruxelles www.minieurope.eu Infoline: +32 (0)2/478.05.50 +32 (0)2/474.13.13 [email protected]

Food & War. Histoire culinaire de la Grande Guerre. 02/10/2015 – 31/08/2016 Musée bruxellois du Moulin et de l’Alimentation

Un regard unique sur la vie dans les tranchées jusqu’aux territoires occupés. Faim et courage, un combat au niveau mondial.

Du mercredi au vendredi : 10h00 à 17h00; samedi au dimanche: 13h00 à 17h30 Rue du Moulin à vent 21, 1140 Bruxelles www.moulindevere.be +32 (0)2-245.37.79 mbma.bmmv@.irisnet.be

Des maisons pour les héros, 1915-1922. Les cités-jardins et ensembles de logements commémoratifs de la grande guerre. 08/12/2015 - 25/09/2016 AAM - Archives d’Architecture Moderne

L’exposition présente des documents originaux, maquettes, dessins, perspectives, affiches, correspondances et autres documents d’époque provenant des collections des Archives d’Architecture Moderne. Elle est réa- lisée dans le cadre de l’Appel à projet lancé par la Région de Bruxelles-Capitale et visit. à l’occasion des Commémorations de la guerre 14-18.

Rue de l’Ermitage 55, 1050 Ixelles + 32 (0)2-642.24.62 [email protected] www.aam.be

10 The Power of the avant-garde 23/09/2016 – 22/01/2017 BOZAR - Palais des Beaux-Arts

L’Avant-garde est une notion connue tant en tactique de guerre qu’en art. L’Avant-garde prospère dans des sociétés en pleine mutation. L’exposition à Bruxelles examine la pertinence de la force révolutionnaire de l’avant-garde en ce début de nouveau millénaire. Une vingtaine d’artistes contemporains engagent un dia- logue avec leurs collègues de l’avant-garde historique (1895-1920).

Du mardi au dimanche: 10h00 à 18h00, jeudi: 10h00 à 21h00 Rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles www.bozar.be + 32 (0)2-507.82.00 [email protected]

Pour un agenda complet : www.2014-18brussels.be

6. APERÇU DE L’AGENDA 2017 – 2018

EXPOSITIONS

Métropolis: Le nouveau Berlin. Métropole entre Est et Ouest, entre guerre et paix Fin 2018 – début 2019 Musées des Beaux-Arts de Bruxelles

Les Musées Royaux des Beaux-Arts proposent de marquer le centième anniversaire de l’armistice avec une exposition qui se plonge au cœur des bouleversements de ce moment crucial ; une exposition qui dresse le portrait d’une ville, Berlin, nouveau carrefour de cultures européen, et d’une époque (1913-1930) à travers l’art et qui s’interroge sur le rapport entre art et histoire, art et politique, art et société. Tel un micro- cosmos, cette ville reflète les interrogations, défis et utopies d’une époque bouleversée ainsi que les désillusions et crises qui menacent l’équilibre à peine retrouvé en Europe.

Rue de la Régence 3, 1000 Bruxelles www.fine-arts-museum.be +32 (0)2-508.32.11 [email protected]

11 7. BRUXELLES, LA MÉMOIRE ET LA GUERRE (1914-2014)

Bruxelles n’a pas connu de grande bataille durant la Première Guerre mon- diale. Mais en sa qualité de capitale, elle est évidemment à l’épicentre des préoccupations liées à cette longue guerre, tant au niveau local que national et international. On songe en premier lieu au monument du Soldat Inconnu, mais il y en a beaucoup d’autres. On recense en effet plus de 600 noms de rue, plaques commémoratives et monuments destinés à se souvenir des hé- ros, locaux ou nationaux, morts pour la patrie, à tenir vivant les noms des grandes batailles et à exprimer la mémoire collective.

La Région de Bruxelles-Capitale s’est attelée à identifier ces traces et à en établir un relevé précis. Le cadastre qui en est le résultat témoigne des expé- riences de guerre des Belges en général, et des Bruxellois en particulier, et esquisse l’évolution du sens accordé à la Grande Guerre au travers des com- mémorations. Le livre, basé sur ce cadastre, examine comment ce souvenir aux contours multiples a pris forme dans l’espace bruxellois ; il en analyse la portée symbolique et l’évolution et recherche ce que ce patrimoine particu- lier peut encore signifier de nos jours.

L’ouvrage est disponible en librairie, en français et en néerlandais, au prix de 29.90 €. Il est également disponible en anglais dans les bureaux d’accueil de visit.brussels.

Auteurs : Laurence van Ypersele (UCL), Emmanuel Debruyne (UCL), Chantal Kesteloot (CEGESOMA) Éditeur : Renaissance du Livre ISBN : 978-250-70522-01 (FR) / 978-250-70522-18 (NL) / 978-250-70523-17 (EN) 350 pages

8. PAGE FACEBOOK : PAUL MAX 1914-1918

Suivez les réflexions, observations et inquiétudes d’un Bruxellois pendant la Grande Guerre. À l’aide de fragments du journal intime de Paul Max et de cou- pures de presse de l’époque, vivez les événements tels qu’ils se sont déroulés à Bruxelles jour après jour, tant les opérations majeures que les petites incerti- tudes et difficultés quotidiennes. Rencontrez Paul Max, jeune journaliste et écrivain trentenaire, neveu du bourg- mestre de Bruxelles de l’époque, Adolphe Max, qui a couché ses considérations dans son journal intime. La page Facebook a commencé le 20 août, jour de l’entrée des troupes allemandes dans Bruxelles.

www.facebook.com/paulmax19141918

12 9. MINI-PLAN : «COMMÉMORATIONS 14-18»

FR Cette promenade permet de se rendre compte de la façon dont fut vécue l’occupation de Bruxelles, par la réquisition de bâtiments, biens et main-d’œuvre, par la pénurie de den- rées alimentaires et de vêtements, par l’immixtion allemande dans l’administration belge, etc. La résistance n’est évidemment pas oubliée : organisation du réapprovisionnement, soins aux blessés du front, activités d’espionnage, presse clandestine.

En commençant par la ville haute, où débuta l’occupation de Bruxelles, et en se terminant commémorations par la ville basse, qui marqua symboliquement la fin de la guerre, la promenade cherche 14-18 à esquisser une image vivante de la façon dont les Bruxellois ont vécu la Grande Guerre au quotidien.

SIZED FOR DISCOVERIES

Ce mini plan de ville est disponible en français, néerlandais, anglais et allemand pour la somme de 1€ dans tous les bu- reaux d’accueil de visit.brussels. La promenade est disponible sous forme d’application électronique.

10. VISITES GUIDÉES

Klare Lijn Pro vélo www.klarelijn.be www.provelo.org [email protected] [email protected] +32 (0)493 50 40 60 +32 (0)2 502 73 55

GBB - Guides pour Bruxelles et Belgique Itinéraires www.guidesbrussels.be www.itineraires.be [email protected] [email protected] + 32 (0)477 02 02 30 +32 (0)2 541 03 77 +32 (0)496 38 85 94

E-Guides Korei [email protected] www.korei.be +32 (0)499 21 39 85 [email protected] +32 (0)2 380 22 09

Brussels City Tours Arkadia www.brussels-city-tours.com www.arkadia.be +32 (0)2 513 77 44 [email protected] +32 (0)2 563 61 53

Brukselbinnenstebuiten Bravo Discovery www.brukselbinnenstebuiten.be www.bravodiscovery.com [email protected] [email protected] +32 (0)2 218 38 78 +32 (0)495 32 03 62

13 PLUS D’INFORMATIONS www.2014-18brussels.be

Ce site vous offre unAgenda reprenant l’ensemble des événements programmés à Bruxelles pour commémo- rer la Première Guerre Mondiale.

Dans la rubrique ‘1914-18 en images’ vous trouverez une explication historique des événements de la Première Guerre mondiale à Bruxelles: dates importantes, monuments, Bruxellois qui ont joué un rôle impor- tant pendant la guerre, ... nous donnerons un aperçu de la façon dont la guerre a été vécue par les bruxellois. Vous trouverez aussi un aperçu des visites guidées sur la thématique de la Première Guerre mondiale.

CONTACTS

Presse Martha Meeze [email protected] +32 (0)2 549 50 93 Pierre Massart [email protected] +32 (0)2 548 04 45 Gary Divito [email protected] +32 (0)2 548 04 46 Catherine Renard [email protected] +32 (0)2 548 04 74

Première Guerre mondiale Tineke De Waele [email protected] +32 (0)2 549 50 34

PLUS D’INFORMATION SUR: www.2014-18brussels.be

Photothèque en ligne: www.visit.brussels/pictures

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