RUSSIE- : APRÈS LA VICTOIRE MILITAIRE EN SYRIE, QUEL PARTENARIAT ?

Igor Delanoë

L'Harmattan | « Confluences Méditerranée »

2020/2 N° 113 | pages 137 à 150

ISSN 1148-2664

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan ISBN 9782343208244 Article disponible en ligne à l'adresse : ------https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2020-2-page-137.htm ------

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Igor Delanoë

Historien, Directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe (Moscou).

Russie-Iran : après la victoire militaire en Syrie, quel partenariat ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan La crise syrienne a permis de faire franchir au partenariat russo-iranien un seuil qualitatif en lui ouvrant un champ inédit : celui d’une coopération militaire poussée. Avec la stabilisation des affrontements, le dossier syrien fait désormais office de « stress test » pour la relation irano- russe. La compétition multiforme à laquelle se livrent Moscou et Téhéran en Syrie est scrutée depuis l’Europe et les États-Unis où, en l’absence d’une stratégie syrienne, on table sur le fait que leurs intérêts divergents finiront par conduire Russes et Iraniens à la confrontation. Par ailleurs, l’accroissement des tensions dans la zone du Golfe est autant porteuse d’instabilité qu’elle créée la possibilité pour Moscou de se poser en médiateur entre différents protagonistes. Entre continuité et ruptures, la compétition coopérative à laquelle se livrent Russes et Iraniens reste ainsi un des fondamentaux de leur partenariat. Au demeurant, il s’agit d’un modus vivendi dont les deux estiment tirer plus de dividendes qu’ils n’en obtiendraient d’une confrontation.

The Syrian crisis has qualitatively enhanced the Russian- Iranian partnership through the military cooperation they have forged on the battlefield. With the de-escalation, the Syrian dossier has turned into a “stress test” for the Russia-Iran relation. Their multifaceted competition in

137 Numéro 113 l Été 2020 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan L’Iran en quête d’équilibre

Syria is monitored from the United States and Europe where, in the absence of any Syrian strategy, one bets that their diverging interests will one way or another lead Tehran and Moscow to confront each other. Moreover, rising tensions in the has created instability, but on the other hand, it has provided Moscow with new possibilities to mediate between stakeholders. Between continuity and ruptures, the cooperative competition between Russians and Iranians remains a pillar of their relationship. Yet, it is also a modus vivendi as both of them still consider they have more to gain from this cooperative competition than from any confrontation. Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan

Partenariat sélectif », « Entente tactique », « Alliance de «circonstance » : les appellations ne manquent pas pour décrire la relation qui s’est nouée entre la Russie et l’Iran depuis leur intervention militaire commune en Syrie. Ce florilège d’expressions traduit la difficulté à cerner les contours d’un partenariat qui interroge. Avec la Turquie et Israël, l’Iran fait partie des pays du Moyen-Orient avec qui Moscou a refondé sa relation après 1991. La relation russo- iranienne est toutefois loin d’être dénuée d’ambivalence. Les non-dits – une confrontation historique entre empires, la tentation russe puis soviétique de « satelliser » l’Iran, la concurrence entre deux puissances gazières – ont néanmoins été surmontés, Russes et Iraniens ayant fait de l’opposition à l’Occident le ciment de leur relation. Une pre- mière inflexion a affecté le partenariat entre Moscou et Téhéran : le retranchement des États-Unis sur la scène moyen-orientale, derrière l’Arabie saoudite et Israël. Ce retranchement a ouvert des possibilités dont la Russie et l’Iran se sont emparées. La Syrie en est certainement la meilleure incarnation. La crise syrienne a en effet permis de faire franchir à leur partenariat un seuil qualitatif en lui ouvrant un champ inédit : celui d’une coopération militaire poussée et régionale. Cette crise a notamment permis d’étendre la coopération russo-iranienne de l’ancien espace soviétique vers le Moyen-Orient. Avec la stabilisation des affrontements, le dossier syrien fait désor- mais office de « stress test » pour la relation irano-russe. La compé- tition multiforme à laquelle se livrent Moscou et Téhéran en Syrie est scrutée depuis l’Europe et les États-Unis où, en l’absence d’une

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Russie-Iran : après la victoire militaire en Syrie, quel partenariat ?

stratégie syrienne, on table sur le fait que leurs intérêts divergents finiront par conduire Russes et Iraniens à la confrontation. Par ail- leurs, l’accroissement des tensions dans la zone du Golfe est autant porteuse d’instabilité qu’elle crée la possibilité pour Moscou de se poser en médiateur entre différents protagonistes. Cette posture, illus- tration de l’ascendant diplomatique dont dispose le Kremlin sur l’Iran, cultive un peu plus l’asymétrie qui structure déjà fortement la relation russo-iranienne. Autre rupture par rapport au contexte qui prévalait jusqu’au début des années 2010 : la réinsertion de la Russie dans le jeu des puissances au Moyen-Orient. Entre continuité et ruptures, la compétition coopérative à laquelle se livrent Russes et Iraniens reste ainsi un des fondamentaux de leur partenariat. Au demeurant, il s’agit d’un modus vivendi dont les deux estiment tirer plus de dividendes qu’ils Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan n’en obtiendraient d’une confrontation.

Acteurs et vecteurs de la relation russo-iranienne

De nombreux acteurs russes sont à pied d’œuvre aujourd’hui en Iran : des entreprises du secteur énergétique nucléaire civil (Rosatom), du secteur des chemins de fers (RZD International, TranmashHolding), celles liées au secteur de la défense (Rosoboronexport), des acteurs ins- titutionnels comme les représentants du ministère russe des Affaires étrangères, des émissaires du Kremlin ou des envoyés du ministère russe de la Défense, l’Église orthodoxe russe… Comme le rappelle Dmitri Trenin, côté russe, c’est l’ancien président Akbar Hashemi Rafsanjani1 qui faisait office de partenaire idéal dans la mesure où il s’avérait capable de forger des consensus à travers le spectre des sen- sibilités politiques iraniennes2. Un puissant vecteur pro-iranien s’est développé autour de ceux qui estiment, au sein des élites politico-militaires russes, que les frictions entre Téhéran et Washington servent les intérêts russes3. Ce vecteur s’exprime en particulier au ministère de la Défense qui a noué des relations denses avec les structures militaires iraniennes dans le cadre des opérations syriennes. Le soutien des forces déployées par la Russie en Syrie repose sur deux points d’entrée : le port de Tartous et la base aérienne de Hmeimim. Le premier est principalement tributaire de la liberté de navigation à travers les Détroits turcs. Le second dépend du libre accès aux espaces aériens iranien et irakien. La vulnérabilité des lignes de communications aériennes entre la Russie et la Syrie,

139 Numéro 113 l Été 2020 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan L’Iran en quête d’équilibre

dont le maintien dépend du bon vouloir des Iraniens, a été révélée au grand jour lors de l’épisode de la base de Nowzeh, près d’Hamadan. Suite aux fanfaronnades de la presse russe à l’été 2016 sur la pré- tendue acquisition d’une « base aérienne » en Iran, Téhéran révoque temporairement le droit pour les appareils russes de l’aviation à long rayon d’action d’utiliser cette base pour des opérations logistiques4. En matière de ventes d’armements, c’est le consortium Rosoboronexport qui est l’interlocuteur des Iraniens. La livraison des systèmes S-300 à l’Iran en 2016 a consolidé la coopération militaro-technique bilatérale qui est depuis rentrée dans une phase plateau. L’objectif partagé est de maintenir le dialogue jusqu’à la levée de l’embargo onusien en 2020, qui est susceptible d’ouvrir de nouvelles possibilités pour la coopéra- tion militaro-technique russo-iranienne. Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan Au ministère russe des Affaires étrangères, c’est le vice-Ministre Sergueï Ryabkov qui est le « curateur » de la relation avec l’Iran. Grand artisan de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA)5 côté russe, il semble incarner une ligne équilibrée. Sa contribution au JCPOA le conduit à adopter une posture critique à l’égard de l’actuelle administration américaine qui a pourfendu l’accord, sans pour autant prendre fait et cause pour Téhéran. La relation bilatérale échappe donc à Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre des Affaires étrangères et Représentant spécial du Président russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique, à qui l’on prête une certaine sympathie pour l’Iran. On trouve néanmoins au ministère russe des Affaires étrangères un vecteur pro-iranien incarné par Zamir Kabulov, le directeur du Deuxième département du ministère, en charge des affaires asiatiques (qui inclut l’Iran). En juin dernier, alors que la pression militaire américaine s’accroissait contre Téhéran, il déclarait qu’en cas d’attaque américaine contre la République islamique, celle-ci « ne serait pas seule », faisant ainsi allu- sion à l’hypothèse d’une aide russe6. En novembre dernier, il n’exclut pas que des « forces extérieures » soient à l’œuvre en Iran, alors que le pays fait face depuis plusieurs mois à une série de manifestations massives contre les autorités iraniennes7. Ces déclarations expriment un point de vue largement partagé à Moscou et à Téhéran, où l’on est prompt à critiquer avec virulence ce qui est perçu comme l’ingérence de l’Occident dans les affaires des États souverains. Autre acteur : le Kremlin. Outre les entretiens entre le président Vladimir Poutine et son homologue iranien Hassan Rohani, c’est Alexandre Lavrentiev qui joue un rôle qu’il convient de souligner. L’Envoyé spécial du président russe pour la Syrie interagit avec les Iraniens dans le cadre du forum

140 Numéro 113 l Été 2020 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan Dossier Variations

Russie-Iran : après la victoire militaire en Syrie, quel partenariat ?

d’Astana. Il semble incarner une ligne russe plus équilibrée à l’égard de la République islamique, eu égard à ses propos tenus sur les forces étrangères en Syrie, y compris le Hezbollah, qui auraient, selon lui, vocation à quitter la république arabe8. Enfin, il convient de mention- ner Nikolaï Patrouchev, directeur du Conseil national de sécurité russe. À quelques jours du sommet trilatéral de Jérusalem qui a vu se rencon- trer les conseillers à la sécurité national israélien, américain et russe, il rencontre son homologue iranien Ali Shamkhani à Oufa. Nikolaï Patrouchev se serait engagé à prendre en compte les intérêts iraniens et à les faire valoir auprès de ses homologues israélien et américain9. La commission intergouvernementale russo-iranienne pour la coopération économique et commerciale est quant à elle présidée par les ministres de l’Énergie des deux pays, Alexandre Novak et Reza Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan Ardakanian. Il convient de remarquer que, côté iranien, jusqu’à août 2018, c’est le ministre de l’Économie et des Finances qui y représentait son pays. Le transfert de cette compétence au ministère de l’Énergie traduit un recalibrage des attentes iraniennes vis-à-vis du partenaire russe, avec un focus plus appuyé sur la coopération énergétique. Ce changement est intervenu sur fond de retour des sanctions améri- caines et peut-être d’incapacité russe à répondre aux attentes écono- miques iraniennes10. Quand il s’agit des relations avec Moscou, deux grandes lignes cohabitent à Téhéran. La première postule que Washington n’accep- tera jamais l’existence de la République islamique qui, pour assurer son salut, n’a pas d’autre option que de nouer des alliances stratégiques avec la Russie et la Chine. Une autre ligne, plus équilibrée, est défendue par les conservateurs pragmatiques qui entretiennent une méfiance atavique à l’égard des Russes, eu égard à l’histoire partagée par les deux pays. S’ils s’expriment en faveur d’un rapprochement avec Moscou, il convient néanmoins selon eux de l’équilibrer par un dialogue avec l’Occident11. La nouvelle génération de « faucons » iraniens a acquis la conviction que Moscou soutient « l’axe de la résistance » dans une logique anti-américaine dont ils entendent tirer parti. Cette approche est néanmoins questionnée par les cercles plus pragmatiques au sein des élites politico-militaires iraniennes, qui soulignent le manque de fiabilité de Moscou en tant que partenaire12. La vitalité des liens noués au niveau des structures de force russes et iraniennes, en particulier entre les militaires des deux pays, a facilité la signature en juillet 2019 d’un mémorandum sur l’expansion de la coopération militaire russo- iranienne. Selon ce document, Russes et Iraniens envisagent d’étendre

141 Numéro 113 l Été 2020 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan L’Iran en quête d’équilibre

le champ de leur coopération militaire à l’océan Indien et au détroit d’Ormuz13.

La compétition coopérative entre Moscou et Téhéran en Syrie

Qui de la Russie ou de l’Iran dispose de l’ascendant sur Bachar al- Assad ? Quels sont les leviers dont disposent Russes et Iraniens sur le régime syrien ? Autant de questions qui donnent lieu à des diver- gences d’appréciation. Ainsi, vu d’Israël, ce serait bien Moscou qui aurait la main haute dans cette compétition, aussi bien du point de vue des ressources (politique, économique, militaire) dont elle dispose comparativement à la République islamique, que des récents points Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan « marqués » par les Russes en Syrie face à l’Iran14. Outre Atlantique, certaines analyses estiment à l’inverse que, en plus d’un alignement des intérêts de Bachar al-Assad et de l’Iran, Téhéran aurait le des- sus en termes d’influence sur le régime15. En toute hypothèse, cette compétition existe bien et elle s’est affirmée à la faveur de la fin de la phase active de la campagne militaire russe en Syrie, alors que Moscou redoublait d’effort pour lancer un processus politique de règlement du conflit. Au fil du temps, trois principaux points de divergences ont émergé entre Russes et Iraniens en Syrie : la détermination de Moscou à parvenir à un règlement politique et diplomatique de la crise. Les désaccords portent non seulement sur la démarche russe, mais aussi sur les modalités du règlement politico-diplomatique du conflit syrien. Le second point porte sur la volonté de l’Iran de pérenniser et étendre son empreinte, y compris militaire, en Syrie. Enfin, les Russes voient d’un mauvais œil Téhéran accroître son emprise sur les forces loya- listes en privilégiant une approche confessionnelle et sectaire16. Pour l’Iran, la crise syrienne a ceci de vital qu’elle porte sur une pièce maîtresse de son « axe de la résistance », et que son éviction de Syrie se traduirait par la disparition de son influence au Levant. Aussi, dans cette logique de « survie », la République islamique aurait consenti un effort financier considérable pour maintenir à flot Damas. Le Département d’État américain estime que depuis 2012, l’Iran a dépensé plus de $16 milliards en Syrie. Selon Ali Akhbar Velayati, conseiller du Guide suprême iranien pour la politique étrangère et véritable architecte de la politique étrangère de la République isla- mique, Téhéran fournirait une aide économique équivalente à $8 milliards annuels pour maintenir en vie le régime depuis le début de la

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Russie-Iran : après la victoire militaire en Syrie, quel partenariat ?

guerre, ce qui équivaut à près de $50 milliards dépensés ces dernières années17. Aujourd’hui, alors qu’il se trouve sous une pression militaire et économique accrue de la part de Washington, l’Iran n’aurait plus les ressources nécessaires pour entretenir des forces en Syrie et en Irak, tout en fournissant un soutien à ses affidés au Yémen18. En outre, la guerre menée en Syrie est impopulaire en Iran, où des slogans comme « Laissez la Syrie tranquille, pensez à nous ! » ou « Mort au Hezbollah ! » ont été scandés lors des nombreuses manifestations qui ont touché le pays depuis des mois19. Aussi, pour les Iraniens, l’enjeu reste avant tout de ne pas se faire « voler » une victoire qu’ils perçoivent aussi comme la leur. Cette inquiétude est nourrie par l’ascendant dont dispose la Russie sur le volet diplomatique de la crise. Le comité constitutionnel, formé fin septembre 2019 est une création du Congrès des peuples Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan de Syrie qui s’est tenue à Sotchi fin janvier 2018, sous auspices russes. Moscou conserve en outre une capacité de dialogue multilatérale dont ne peut se prévaloir Téhéran qui, de son côté, essaie cependant de promouvoir des discussions directes entre Damas et Ankara. L’établissement de bases permanentes par l’Iran en Syrie s’inscrit dans une logique de prévention de son éviction du Levant et de pro- tections de ses gains. Or, contrairement aux accords syro-russes, il n’existe aucune base légale concernant la création de bases iraniennes dans la république arabe20. L’Iran construirait par ailleurs des usines de production de missiles et de roquettes directement en Syrie, afin de pouvoir les acheminer plus rapidement vers le « front » israélien21. Toutefois, les multiples raids aériens d’Israël auraient contraint les Iraniens à redéployer ces activités vers l’Irak22. L’Iran souhaiterait en outre incorporer les 30 000 miliciens chiites qu’il a équipés et financés au sein de l’armée régulière syrienne, ce qui lui permettrait d’insti- tutionnaliser un peu plus son influence dans les forces armées de la république arabe. En outre, Téhéran a entrepris d’acheter des terres et des biens immobiliers en Syrie afin de créer une base sociale, religieuse, économique et culturelle à sa présence dans le pays, en y relocalisant des populations chiites23. Cette « chiisation » serait particulièrement à l’œuvre dans le sud de la Syrie, près de la frontière israélienne24. Les images de la rencontre de Bachar al-Assad avec le Guide suprême iranien à Téhéran en février 201925 laissent à penser que le président iranien et son clan sont plus sujets à l’influence iranienne qu’à celle de la Russie. Pour Moscou – qui à plusieurs reprises a fait savoir qu’elle n’était pas « attachée » à la personne du président syrien –, il semblerait que maintenir à tout prix Bachar al-

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Assad au pouvoir ne constitue pas le fond du problème. Il importe en revanche aux yeux du Kremlin que les intérêts russes en Syrie – et en particulier les bases navales de Tartous et aérienne de Hmeimim – et au Moyen-Orient soient pris en compte par Damas. À cette fin, la Russie a entrepris de cristalliser son influence en mobilisant les leviers hérités de l’époque soviétique : ses relations avec le parti Baas et avec l’armée syrienne. Moscou a créé de nouvelles unités « prétoriennes » : le 5ème Corps et la Forge Tigre. Outre qu’elles ont combattu sous commandement russe, elles n’ont pas été établies sur une base confes- sionnelle, contrairement aux milices chiites pro-iraniennes26. Enfin, au printemps 2019, l’État-major syrien a connu une restructuration de ses échelons supérieurs qui a eu lieu avec la bénédiction de la Russie. Cette « rotation » s’est traduite par la nomination à la tête de l’armée Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan syrienne du lieutenant-général Salim Harba, connu pour ses positions pro-russes27. Moscou ne paraît pas en mesure de pousser l’Iran hors de Syrie, au grand dam de Washington et Tel-Aviv. À cet égard, Ali Velayati rappe- lait lors de sa visite à Moscou à l’été 2018 que « l’Iran ne partirait pas de Syrie sous la pression militaire des États-Unis et de leurs agents » avant d’ajouter que si « l’Iran part, demain, c’est à la Russie que l’on deman- dera ensuite de partir »28. Il n’en demeure pas moins qu’Israël mène- raient occasionnellement des raids en Syrie contre des installations désignées comme iraniennes ou pro-iraniennes. La posture de Moscou consiste à feindre d’ignorer ces frappes en misant sur l’attrition qu’elles provoquent sur les capacités militaires de l’Iran en Syrie. La Russie a en revanche fait comprendre à l’État hébreu qu’elle ne tolérerait ni la mise en danger de ses troupes, ni des attaques contre des cibles gouvernementales syriennes. Or, on constate depuis plusieurs mois une tendance de l’Iran à construire ses installations de plus en plus à proximité des implantations russes29. L’objectif de cette démarche est double : les Iraniens tablent d’abord sur le fait que la présence russe les immunise contre les frappes israéliennes, et, d’autre part, que si ces frappes interviennent, elles contribuent à détériorer les relations entre Moscou et Tel-Aviv. La destruction d’un avion de reconnaissance russe II-20 en septembre 2018 par la défense anti-aérienne syrienne – qui répondait à des frappes israéliennes – a donné lieu à une période de tensions entre Moscou et Tel-Aviv, dont la relation ne s’est à ce jour pas totalement remise. Le ministère russe de la Défense n’hésite plus à critiquer ouvertement les actions entreprises sur le territoire syrien par Israël, qui a constaté l’érosion de sa liberté d’action dans le ciel

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Russie-Iran : après la victoire militaire en Syrie, quel partenariat ?

levantin du fait de la présence russe30. En creux, le message envoyé par Tel-Aviv à la Russie à travers ces raids occasionnels consiste à lui faire comprendre qu’un enracinement militaire de l’Iran en Syrie est inacceptable. L’État hébreu entend ainsi continuer ses frappes ciblées, ce qui ne contribue ni à la stabilisation du pays et ni à la résolution politique du conflit, et contrevient donc aux objectifs russes.

Le golfe Persique : mirage ou nouvel horizon pour la coopéra- tion entre Russes et Iraniens ?

La zone du golfe Persique a été le théâtre d’une résurgence des tensions depuis que les États-Unis ont annoncé leur intention début Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan mai 2018 de sortir du JCPOA. Depuis, la région est sujette à des attaques de drones non-attribuées contre des installations pétrolières aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite, tandis que des tankers sont arraisonnés dans le détroit d’Ormuz et ailleurs. Si les intérêts de Moscou et Téhéran ont suffisamment convergé en Syrie pour rendre possible leur coopération militaire, la Russie n’adhère en revanche pas à l’agenda de l’Iran dans le Golfe. D’une part, elle a entrepris avec succès de développer ses relations avec les pétromonarchies arabes, d’autre part, elle a adopté une posture dis- crète sur la crise du Yémen. Sur ce dossier, la Russie travaille depuis son ambassade de Riyad à maintenir le contact avec toutes les parties au conflit et veille à apporter une aide humanitaire aussi bien à Aden qu’à Sanaa31. Pour autant, en février 2018, Moscou a utilisé son droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU pour bloquer un projet de résolution présenté par le Royaume-Uni et qui condamnait le soutien apporté par l’Iran aux Houthis32. Comme sur d’autres crises régionales, les relations cultivées par Moscou avec le plus grand nombre d’acteurs la place en posture de médiateur. Ce capital de médiation n’a pour le moment pas été pleinement mobilisé par les Russes qui tiennent à ne pas compromettre la bonne dynamique de leurs relations avec l’Arabie saoudite. Et pour cause, en dépit de la crise syrienne qui les a vus soutenir des camps opposés, les relations entre Moscou et les pétromonarchies sunnites du Golfe se sont consolidées ces dernières années. Leur agenda économique s’est en particulier étoffé et connaît une dyna- mique inverse de celles des relations commerciales russo-iraniennes. Si Russes et Iraniens échangeaient pour près de $3,3 milliards en 2008,

145 Numéro 113 l Été 2020 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan L’Iran en quête d’équilibre

le volume de leurs échanges a été divisé par presque 2 en 10 ans ($1,7 milliard en 2018). Inversement, les flux commerciaux entre les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et la Russie ont plus que doublé sur la période 2008-2018, en passant de $1,4 milliard à plus de $3,7 milliards échangés33.

Échanges commerciaux russo-iraniens et Russie-CCG (2008-2019, US$ millions) Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan

Graphique élaboré par l’auteur à partir de la base de données du Service fédéral des douanes russes. Données pour 2019 indisponibles pour les pays du CCG. Données pour les 3 premiers trimestres de 2019 pour le commerce russo-iranien.

En plus d’échanges économiques qui s’essoufflent, Russes et Iraniens entretiennent des divergences concernant la présence étran- gère dans la zone du Golfe et sur l’accord dit « OPEP+ ». La doctrine militaire iranienne défend en effet l’idée d’un Moyen-Orient exempt de toute présence étrangère. En Syrie, l’urgence de sauver Damas a conduit les Iraniens à faire une entorse à ce principe en sollicitant l’intervention militaire russe34. En revanche, le projet iranien pour une sécurité collective pour la région du Golfe ignore la présence d’acteurs sécuritaires extra-régionaux. À l’inverse, le plan proposé par la Russie à l’été 2019 pour la création d’un système de sécurité dans le golfe Persique, s’il appelle à la fermeture des bases étrangères déjà établies dans la région, prône néanmoins l’implication des pays riverains du Golfe, mais aussi celle de la Russie, de l’Inde, de la Chine, de l’UE et des États-Unis35. L’accord « OPEP+ »36 signé fin 2016 entre des pays non-membres de l’OPEP – au premier chef, la Russie – et les pays du cartel pétro- lier constitue aussi une source de frictions entre Russes et Iraniens. Téhéran considère que dans la mesure où la Russie n’est pas membre

146 Numéro 113 l Été 2020 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan Dossier Variations

Russie-Iran : après la victoire militaire en Syrie, quel partenariat ?

de l’OPEP, elle n’a pas à y interférer. À l’été 2018, le soutien apporté par le Kremlin à l’augmentation des quotas de production de brut est ainsi vécu comme une trahison par nombres de conservateurs réformistes iraniens37. Un an plus tard, alors que les pays participants à « OPEP+ » s’entendent pour en prolonger les limitations jusqu’à avril 2020, le ministre iranien de l’Énergie s’insurge : « L’OPEP n’est pas une organisation qui reçoit des propositions d’une partie et les confirme. […] Nous n’avons aucun problème avec l’extension des limi- tations de production, ni même avec l’augmentation de ces dernières, en revanche, le caractère unilatérale de ces décisions constitue un problème et un danger »38. Le moteur de l’accord « OPEP+ » reste le tandem russo-saoudien dont Téhéran estime subir les décisions plus qu’y prendre part. Sur le JCPOA, il existe des convergences de vue entre Russes et Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan Européens sur la nécessité de maintenir l’accord, tandis que l’Iran s’achemine vers un désengagement graduel de ses obligations. Afin de se justifier, Téhéran a beau jeu d’établir des parallèles entre la situa- tion dans laquelle se trouve la république islamique avec le JCPOA, et celle de la Russie face au projet de bouclier anti-missiles américain. Dans les deux cas, comme le rappelle Ali Velayati, Moscou et Téhéran ont été dupés par Washington39. La décision du président Trump de retirer les États-Unis de l’accord et la politique de mise sous pression militaro-économique de l’Iran mise en place par John Bolton lorsqu’il était conseiller à la Sécurité nationale – et qui semble survivre à son départ de ce poste – a contraint les entreprises européennes qui étaient désireuses de travailler dans la République islamique à la quitter. C’est à contrecœur que les Iraniens ont dû se tourner vers les entreprises et capitaux russes et chinois, eux qui attendaient de leur participation au JCPOA des retombées économiques et un rééquilibrage de leurs partenariats internationaux par rapport à ceux noués avec Pékin et Moscou. Toutefois, la Russie ne semble pas non plus pressée d’occu- per le terrain laissé libre par les Occidentaux. L’Iran déplore ainsi le peu d’entrain manifesté par les entreprises russes – et chinoises – à investir dans la république islamique, au lendemain de la signature du JCPOA40. Deux crédits d’un montant total de €2,5 milliards ont bien été consentis par la Russie à l’Iran en 2016 pour des projets d’infras- tructure (électrification de la ligne de chemin de fer entre Garmsar et Incheh Borun ; construction d’une centrale électrique thermique à Bandar Abbas…). Toutefois, alors qu’il y a quelques années les deux pays s’entendaient sur une cible de $70 milliards pour leurs échanges, Moscou hésite aujourd’hui à accorder un crédit de $5 milliards à la

147 Numéro 113 l Été 2020 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan L’Iran en quête d’équilibre

République islamique. Depuis 2015, la Russie traîne des pieds, et la pertinence d’accorder ces fonds à l’Iran fait plus que jamais débat à Moscou, sur fond de forte récession de l’économie iranienne – -9,5 % en 2019 selon le FMI41 – et de contestations depuis des mois à tra- vers le pays42. Les établissements bancaires russes démarchés par les Iraniens en vue de recevoir des crédits ont par ailleurs tous opposé une fin de non-recevoir, y compris ceux ne disposant d’aucune exposition aux États-Unis. Outre les sanctions, le « climat des affaires » reste délicat en Iran, où 25% à 40% de l’économie du pays seraient entre les mains du Corps des gardiens de la Révolution43. Enfin, le retour en vigueur des sanctions secondaires américaines a aussi poussé les opéra- teurs pétroliers russes Lukoil et Zaroubejneft à quitter l’Iran. En fin de compte, Moscou et Téhéran misent sur l’établissement d’un corridor

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan Nord-Sud incluant l’Azerbaïdjan, ainsi que sur la création d’une zone de libre-échanges entre l’Iran et l’Union économique eurasiatique afin de doper leurs échanges44.

Conclusion

Moscou fait désormais figure d’acteur incontournable de la profon- deur stratégique de Téhéran qui repose sur « l’axe de la résistance » et sur son programme nucléaire. Dans les deux cas, la Russie joue un rôle central : dans le premier, elle fait office de contrepoids à l’influence iranienne, aujourd’hui en Syrie, demain au Liban. Dans le second, face à la détermination affichée par l’administration américaine à faire plier les mollahs, et compte-tenu de la frilosité européenne sur ce dossier, elle se retrouve une fois de plus en position de médiateur. L’insertion de la Russie dans les dynamiques sécuritaires du golfe Persique pour- rait en outre peser sur le contexte syrien et fournir à Moscou de nouveaux leviers. Au final, plus que jamais, il ne faut pas attendre du partenariat russo-iranien qu’il fasse sa mue en alliance.

Notes

1. a été président de la République islamique d’Iran de 1989 à 1997. 2. Dmitri Trenin, What is Russia up to in the Middle East, Cambridge, Polity Press, 2018, p. 34. 3. Nikolas K. Gvosdev, “Russian Strategic Goals in the Middle East”, in Russia’s Policy in Syria and the Middle East: Determination, Delight and Disappointment, Washington, CAP Papers, n°212, January 2019, p. 4-7.

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Russie-Iran : après la victoire militaire en Syrie, quel partenariat ?

4. Anne Barnard and Andrew E. Kramer, “Iran Revokes Russia’s Use of Air Base, Saying Moscow ‘Betrayed Trust’”, The New York Times, 22 août 2016. 5. Pour Joint Comprehensive Plan of Action, ou Accord sur le nucléaire iranien, signé à Vienne le 14 juillet 2015. 6. “Iran ‘Won’t Be Alone’ If U.S. Attacks, Russian Official Says”, The Moscow Times, June 26th 2019. 7. «В МИД не исключили причастность внешних сил к беспорядкам в Иране» [« Le ministère russe des Affaires étrangères n’exclut pas la participation de forces extérieures dans le désordre en Iran »], RIA Novosti, 18 novembre 2019. 8. «Иностранный контингент должен уйти из Сирии, заявил Лаврентьев» [« Lavrentiev : les contingents étrangers doivent quitter la Syrie »], RIA Novosti, 18 mai 2018. 9. «Патрушев : на встрече в Иерусалиме Россия будет учитывать интересы Ирана» [« Patrouchev : la Russie tiendra compte des intérêts de l’Iran lors de la rencontre de Jérusalem »], RIA Novosti, 20 juin 2019. 10. Voir infra. 11. Clément Therme, « La crise syrienne : vers la formation d’une alliance irano-russe dans le nouveau Moyen-Orient ? », Les clefs du Moyen-Orient, 12 juin 2013. 12. Clément Therme, “Iran and Russia: toward a Regional Alliance?”, Washington,

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan Middle East Journal, vol. 72, n°4, 2018, p. 557. 13. Maxim A. Suchkov and Polina I. Vasilenko, “The Pendulum of Russian-Iranian Relations: From Common Goals to Divergent Interests”, in Iran Looking East. An Alternative to the EU?, Milan, Ledizioni, 2019, p. 74. 14. Udi Dekel and Carmit Valensi, “Russia and Iran: Is the Syrian Honeymoon Over?”, Tel-Aviv, INSS Insight, n°1171, May 27th 2019. 15. Lire Jennifer Cafarella and Jason Zhou, “Russia’s Dead-end Diplomacy in Syria”, Washington, The Institute for the Study of War, November 2019, p. 11-15. 16. Cette inquiétude serait partagée par Damas. Voir Antonio Giustozzi, “Russia and Iran in Syria: Diverging Paths?”, Washington, Center for Research and Policy Analysis, October 28th 2018. 17. Chiffres cités par Sinan Hatahet, “Russia and Iran: Economic Influence in Syria”, London, Royal Institute of International Affairs, March 2019, p. 3. 18. Entretien réalisé par l’auteur avec un expert russe de l’Iran à Moscou en décembre 2019. 19. Clément Therme, “Iran and Russia: toward a Regional Alliance?”, art. cit., p. 555. 20. Stéphane Delory and Can Kasapoglu, “Iran’s Rising Foothold in Syria”, Recherches & documents, n°1, 2018, p. 6. 21. Ibid. 22. Jennifer Cafarella and Jason Zhou, “Russia’s Dead-end Diplomacy in Syria”, art. cit., p. 12 et Udi Dekel and Carmit Valensi, “Russia and Iran: Is the Syrian Honeymoon Over?”, art. cit. 23. Entretien réalisé par l’auteur avec un expert russe spécialiste de l’Iran à Moscou, décembre 2019. 24. “Lessons from the Syrian State’s Return to the South”, Middle East Report n°196, International Crisis Group, February 25th 2019. 25. “Assad meets Khamenei in first Iran visit since Syrian war began”, Reuters, February 25th 2019. 26. Voir à ce propos l’interview accordée par le chef d’un des bataillons commandés par des officiers russes au journal Novaïa Gazeta : « Кто готов умереть за Россию на сирийском фронте » [« Qui est prêt à mourir pour la Russie sur le front syrien »], Novaïa Gazeta, 18 mars 2019. 27. Udi Dekel and Carmit Valensi, “Russia and Iran: Is the Syrian Honeymoon Over?”, art. cit. 28. Propos relevé par l’auteur à qui il a été donné d’assister à une conférence autour d’Ali Velayati au Club de Valdaï, Moscou, 13 juillet 2018. 29. Entretien réalisé par l’auteur avec un expert russe de l’Iran à Moscou, en décembre 2019.

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30. «По связям РФ и Израиля нанесен комплексный удар» [« Un coup porté aux liens entre la Russie et Israël »], Nezavissimaïa Gazeta, 17 décembre 2019. 31. Voir l’interview accordée par l’ambassadeur de Russie au Yémen à Kommersant : «“Россия не делит йеменцев на своих и чужих”» [« “Au Yémen, la Russie ne fait pas la distinction entre les siens et les autres” »], Kommersant, 21 février 2019. 32. Projet de résolution n° S/2018/156 du 26 février 2018. 33. Source : base de données du Service fédéral russe des douanes russes. 34. Les modalités de l’intervention militaire russe dans la république arabe auraient été décidées à l’occasion d’un déplacement du général , commandant de la force Al-Qods, dans la capitale russe à l’été 2015. “How Iranian general plotted out Syrian assault in Moscow”, Reuters, October 6th 2015. 35. Igor Delanoë, « Le concept russe de sécurité collective dans le golfe Persique », Note de la FRS, n°16/2019, 8 pages. 36. Cet accord met en place des mécanismes de coordination de la production de brut entre ses signataires afin de soutenir le prix du pétrole. 37. Clément Therme, “Iran and Russia: toward a Regional Alliance?”, art. cit., p. 552. 38. «Россия получила девять месяцев нефтяной стабильности»

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Sciences Po Paris 193.54.67.93 20/07/2020 15:38 © L'Harmattan [« La Russie a reçu neuf mois de stabilité pétrolière »], Kommersant, 2 juillet 2019. 39. Propos tenu par Ali Velayati, voir supra. 40. Lire l’interview accordée par l’ambassadeur d’Iran en Russie Medhi Sanaei accordée à Kommersant : «“Экономика остается слабым местом наших двусторонних отношений”» [« “L’économie reste une faiblesse dans nos relations bilatérales” »], Kommersant, 19 décembre 2019. 41. “Iran’s economy plummets under weight of sanctions”, Deutsche Welle, 23 octobre 2019. 42. «Очередной невозвратный кредит Москва подарит Тегерану» [« La Russie va offrir à Téhéran un nouveau crédit qui ne sera pas remboursé »], Kommersant, 19 février 2019. 43. Ces derniers ont profité des sanctions pour mettre la main sur des pans entiers de l’économie iranienne. Entretien réalisé par l’auteur avec un expert russe de l’Iran à Moscou, décembre 2019. 44. Un accord temporaire introduisant des tarifs commerciaux préférentiels pour l’Iran est entré en vigueur fin octobre 2019. Voir le site de la Commission eurasiatique : http://www.eurasiancommission.org/ru/nae/news/Pages/28-10-2019-1.aspx

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