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RÉPUBLIQUE D’HAÏTI MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DES FINANCES

PROGRAMME DE REMISE EN ÉTAT DE L'INFRASTRUCTURE ÉCONOMIQUE DE BASE PRÊT BID 1493/SF-HA

UNITÉ TECHNIQUE D'EXÉCUTION

PROPOSITION D’UN CADRE POUR LE DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DANS LA RÉGION NORD D’

Mai 2007

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TABLE DES MATIÈRES

I. INTRODUCTION ______4

II- PRÉSENTATION DE LA RÉGION NORD ______5 2.1- Topographie et pluviométrie contrastées ______5 2.1.1- Localisation géographique ______5 2.1.2- La Topographie ______5 2.1.3- La pluviométrie ______8 2.2 - Une agriculture en crise ______14 2.3 – Un développement urbain régional mal équilibré ______15 2.4 – Absence de planification urbaine et vulnérabilité des populations ______17

III – ORIENTATIONS RETENUES ______21 3.1 – Décongestionner le Cap-Haïtien ______21 3.2 – Redonner au Cap-Haïtien sa vocation touristique ______22 3.2.1- Réhabiliter et réaménager le historique du Cap-Haïtien ______22 3.2.2- Réhabiliter le boulevard et récupérer le front de mer ______23 3.2.3- Favoriser le renouvellement urbain par la construction d’un nouveau centre ville moderne _ 24 3.3 – Faire du Cap-Haïtien un centre universitaire et de culture ______26 3.4 – Relancer le tourisme en diversifiant l’offre ______26 3.4.1- Mettre en valeur les sites naturels, historiques et culturels aux environs du Cap-Haïtien. ____ 26 3.4.2- Restaurer les monuments historiques de la région et réhabiliter les voies d’accès. ______27 3.4.3- Promouvoir une nouvelle image de la région ______28 3.4.4- Maintien du tissu industriel entre Carrefour La Mort et Petite Anse ______29 3.5 – Contrecarrer le phénomène de l’urbanisation sauvage à Ouanaminthe ______30 3.6- Faire de Fort-Liberté un pôle industriel ______33 3.6.1- Fort-Liberté, une région déprimée ______33 3.6.2- Un pôle industriel pour un développement territorial plus équilibré ______33 3.6.3- Le développement industriel, un choix à faire ______34 3.6.4- Des filières industrielles à promouvoir ______36 a) Développement d’une zone franche industrielle à Phaéton ______36 b) Développement de l’agro industrie ______36 c) Installations pour la production du bio éthanol et biodiesel à des fins énergétiques ______37 3.7.1- Développement d’une zone portuaire dans la baie de Fort-Liberté ______40 3.7.2- Construction d’une marina ______40 3.7.3- Chantier naval et carénage ______40 3.9- Production énergétique ______41 3.10- Mettre en valeur la plaine de Madrasse et celle de Maribaroux ______43 3.10.1- Construction de l’aéroport du Nord à Madrasse ______43 3.10.2- Mise en valeur de la plaine de Maribaroux______43 3.11- Planifier le développement urbain de Fort-Liberté ______45 3.11.1- La réhabilitation de l’ancienne ville ______45 3

3.11.2- Remise en état des infrastructures de services ______45 3.11.3- Envisager un plan d’extension pour Fort-Liberté par la construction d’une nouvelle ville __ 46

IV. CONCLUSION ______47

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I. INTRODUCTION

Instabilité politique et mauvaise gouvernance chroniques ont conduit à la dégradation de l’environnement haïtien, à la destruction des infrastructures de base du pays et à la détérioration des conditions de vie de la population. Haïti affiche l’un des plus forts taux de croissance démographique de l’Amérique Latine et de la Caraïbe et connaît une situation de crise généralisée qui se traduit sur le plan spatial par un chaos. En milieu urbain comme en milieu rural, les conditions d’habiter se dégradent considérablement et les ressources naturelles sont exploitées de manière irrationnelle. Dans les dix départements géographiques du pays, les structures urbaines traditionnelles éclatent pour se transformer en bidonvilles, tandis qu’en milieu rural l’érosion consécutive à la déforestation des terrains de montagne conduit à la crise de l’économie agricole et à la décapitalisation du monde rural.

La région Nord d’Haïti n’échappe pas à cette problématique de crise. Dans le contexte actuel caractérisé par la relance des projets de développement dans tous les domaines, le développement des régions doit s’appuyer sur des schémas qui associent l’aménagement du territoire, le développement des infrastructures et la création d’un cadre pour faciliter les investissements.

Cette réflexion élaborée par l’UTE sur la proposition d’un cadre pour le développement des infrastructures dans les départements du Nord et du Nord- Est constitue une contribution qui permettra de mieux orienter les actions dans cette région. Elle se situe dans la perspective de constitution de pôles économiques régionaux, indispensables à un développement équilibré du territoire.

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II- PRÉSENTATION DE LA RÉGION NORD

2.1- Topographie et pluviométrie contrastées

2.1.1- Localisation géographique

Les départements du Nord et du Nord-Est sont situés dans la partie septentrionale du pays. Ils représentent 13.73% du territoire national, soit une superficie de 3 741.46 km2 (2 109.04 km2 pour le département du Nord et 1 632.42 km2 pour le Nord-Est). Ils sont bornés au Nord par l’Océan Atlantique, au par les départements du Centre et de l’, à l’ par le département du Nord-Ouest et à l’Est par la République Dominicaine avec laquelle ils partagent 74 kilomètres de frontière.

2.1.2- La Topographie

La région est dominée par le Massif du Nord disposé en diagonale se prolongeant en République Dominicaine par la Cordillera Central auxquels sont adossées la Vallée du Cibao (République Dominicaine) et la Plaine du Nord en Haïti (voir carte # 1 topographie de la région).

La plaine du Nord est une zone alluviale constituée durant le Quaternaire par les éboulis déposés successivement durant les temps géologiques, grâce à l’érosion progressive des montagnes environnantes. Elle est drainée en effet par un ensemble de rivières dont les plus importantes sont : La Rivière du Limbé, la Grande Rivière du Nord, la Rivière de Trou du Nord, la Rivière Jassa, la Rivière Lamatry et la Rivière du Massacre. Quelques unes d’entre elles sont utilisées à des fins agricoles, mais elles sont globalement sous exploitées. Leur mise en valeur permettrait d’irriguer certaines contrées sèches de la région où les pertes de récoltes sont fréquentes et aussi de résoudre des problèmes énergétiques par la construction de centrales hydro électriques.

Ce potentiel hydrique est de nos jours mis à l’épreuve à cause du déboisement intensif opéré dans les bassins versants des principales rivières de la région.

Plus de 40% du territoire de la région est constitué de pentes inférieures à 5%. Cela est rare dans un pays comme Haïti où le relief représente souvent un handicap majeur au développement de l’agriculture. Dans la région de Paulette et de Madrasse, les études réalisées prouvent que les sols ont une bonne aptitude au développement intensif de cultures irriguées, notamment les graminées et les oléagineux. Le sorgho y est déjà cultivé en pluvial de façon isolée ; une expérience de production de tournesol conduite en 1982 par la famille Cassis s’était révélée concluante.

Cet atout peut être exploité pour la culture de sorgho sucré en grande quantité pour la production d’éthanol à des fins énergétiques. Dans le contexte actuel 6 caractérisé par une flambée des prix du pétrole au niveau mondial, l’éthanol constitue une alternative à ne pas négliger.

La basse plaine est malheureusement inadéquatement exploitée faute d’une maîtrise effective des ressources hydriques de la région et d’une mise en valeur adéquate des espaces. Une étude réalisée dans le Nord-Est sur la mise en valeur des terres de l’État montre qu’il est possible d’utiliser les rivières de la région pour l’irrigation et pour produire de l’énergie électrique.

Dans la plaine de Maribaroux, un élevage extensif (bovins, caprins) est pratiqué. Tenant compte de l’énorme potentiel que renferme cette plaine du point de vue agricole et pastoral, sa mise en valeur permettra de pratiquer un élevage intensif qui contribuera à l’essor économique de la région.

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Carte # 1, La topographie de la région Nord D’Haïti

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2.1.3- La pluviométrie

La pluviométrie varie d’une région à l’autre suivant l’altitude ou suivant les expositions aux vents dominants. A , Camp Coq dans les hauteurs de Limbé (département du Nord), à Vallières, , Mont Organisé (département du Nord-Est), les précipitations annuelles peuvent atteindre jusqu’à 2 500 mm, elles chutent cependant à moins de 1000 mm dans les zones de Fort-Liberté et de Ferrier. (Voir carte # 2 de la pluviométrie).

La zone de basse altitude de tout le département du Nord-Est est semi aride. L’essentiel des précipitations utiles se produit entre Mai et Décembre sur deux périodes principales : Mai – Juin et Septembre – Octobre – Novembre. Un déficit hydrique marqué caractérise la première de ces deux saisons pluvieuses, rendant indispensable une irrigation de complément. Une année sur deux (2) l’irrigation est indispensable toute l’année pour garantir une production agricole régulière et intensive.

Actuellement les plaines sèches non irriguées du Nord-Est sont abandonnées au profit des montagnes humides et semi humides où se pratique une agriculture traditionnelle qui se tourne essentiellement vers une production agricole de subsistance et de grappillage.

A titre d’illustration, nous présentons dans les pages qui suivent, les cartes thématiques de la pluviométrie, des pentes et de l’occupation des sols :

Carte # 2, pluviométrie annuelle en mm 9

Carte # 3, classification des pentes du Nord et du Nord-Est d’Haïti 10

Carte # 4, occupation des sols du Nord et du Nord-Est d’Haïti 11

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Les cartes # 3 et # 4 traitent respectivement de la thématique des pentes et de l’occupation des sols dans les départements du Nord et du Nord-Est. Sur la carte # 3, les pentes faibles (comprises entre 0 – 5%) sont représentées par la couleur vert pâle tandis que les pentes fortes et très fortes (supérieures à 12%) sont représentées par les couleurs rose pâle et rose foncé.

Constat : L’analyse de ces deux cartes permet de constater que les terrains de la région sont inadéquatement exploités. Une bonne partie des terrains du département du Nord-Est se trouvant dans la zone de basse altitude de faible pente est abandonnée. Ces terrains sont actuellement colonisés par une végétation xérophytique constituée de bayahondes de strates arbustives ou par de la savane herbacée, clairement représentée par la couleur verte sur la carte #4 de l’occupation des sols. Cette occupation des sols très répandue dans les plaines sèches du département du Nord-Est est constatée dans les zones de Fort-Liberté, Dérac, Ferrier, Meillac, Terrier Rouge et Trou du Nord. Par contre, les activités agricoles sont largement dominantes dans les zones montagneuses de forte pente aux environs de Pilate, Limbé, Bas-Limbé, Grande Rivière du Nord, Bahon, etc. (Voir cartes # 3 et # 4).

Les activités agricoles dominées par les cultures sarclées favorisent le déboisement et la fragilisation des sols des terrains de montagne. Une telle situation entraîne l’érosion massive des sols, met ainsi en péril leur fertilité et les ressources en eau souterraine et de surface de la région (carte # 5, risque d’érosion).

Des mesures agri environnementales doivent être adoptées en vue de favoriser une occupation des sols basée sur la promotion de la culture d’espèces fruitières et aussi de la culture du café, du cacao. Des structures anti-érosives (mécaniques ou végétales) doivent être installées au niveau des bassins versants à restaurer en vue de garantir l’efficacité des actions. De telles mesures permettront de restaurer les terrains de montagne très pentus.

13 Carte # 5, risque d’érosion

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2.2 - Une agriculture en crise

Jusqu’aux environs des années 70, le café constituait le fer de lance de l’économie de la région. Des villes comme , Pilate, Limbé Dondon. (Département du Nord), Mont Organisé et Carice (Département du Nord-Est) se distinguaient par la production d’un café de qualité et représentaient à l’époque les principaux centres de spéculation. Cependant, la baisse des cours du café sur le marché mondial suite à l’entrée en scène du Brésil et d’autres producteurs a porté un coup dur à l’économie de la région. Cette crise a entraîné la fermeture des centres de traitement de café et la reconversion des anciennes plantations.

Depuis la fin des années 80, la crise politique qui a sévi dans le pays n’a pas permis que se fassent des investissements (irrigation, mécanisation, etc.) qui pourraient améliorer la productivité. De plus, la libéralisation1 des marchés agricoles appliquée à partir de 1995 a eu des effets pervers sur la production locale. Cette situation a entraîné une perte considérable de revenus pour les paysans et donc une baisse sensible de leur pouvoir d’achat.

Cette décapitalisation du monde rural a provoqué un exode massif des paysans vers la République Dominicaine et les principaux centres urbains de la région particulièrement Cap-Haïtien et Ouanaminthe. Cet exode massif de ces ruraux vers les centres urbains régionaux non préparés à les accueillir a entraîné l’anarchie urbaine et la bidonvilisation.

1 La libéralisation de l’économie consiste dans la baisse des tarifs douaniers à l’importation et l’ouverture à la concurrence de la production locale.

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2.3 – Un développement urbain régional mal équilibré

Deux communes absorbent le gros de la croissance urbaine : Cap-Haïtien d’une part et Ouanaminthe de l’autre. L’explosion du commerce frontalier a eu un effet accélérateur sur cette croissance. La population de ces villes a doublé entre 1995 et 2003 (77.319 habitants pour Ouanaminthe et 345 738 habitants pour le Cap-Haïtien).

Sur le plan spatial, la superficie de la ville du Cap est passée de 1,22 km² en 1960 à 12,39km² en 2002 tandis que celle de Ouanaminthe est passée de 0,33km² à 2,67km² pour la même période (Voir cartes 6 et 7).

Carte # 6, croissance spatiale urbaine au

Cap-Haïtien entre 1960 et 2002 Carte # 7, croissance spatiale urbaine à Ouanaminthe entre 1960 et 2002

Ces deux villes vont connaître une nouvelle augmentation de population avec la reconstruction de l’axe routier Cap / Dajabon. Si aucune mesure n’est prise pour inverser les tendances actuelles à l’urbanisation anarchique, cette nouvelle augmentation de population risque de créer une situation urbaine encore plus catastrophique à Ouanaminthe et au Cap-Haïtien.

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A Fort-Liberté, la situation est différente. Situé un peu en retrait par rapport à la Route Nationale # 6 (RN6) par laquelle transite l’essentiel du commerce transfrontalier de la région nord, il n’a pas su tirer profit de ces activités d’échange. Dépourvu d’activités économiques substantielles, Fort-Liberté s’apparente à une ville morte. Cette situation influe sur son développement spatial. Fort-Liberté est l’une des villes les moins étalées d’Haïti. En 1960 la ville de Fort-Liberté avait la même taille que celle de Ouanaminthe; 0.31 km² pour Fort-Liberté contre 0.33 km² pour la ville de Ouanaminthe. En quarante deux ans (42 ans), la ville de Fort-Liberté a connu une croissance moindre que sa voisine, passant de 0.31 km² en 1960 à 1.28 km² en 2002 (Voir carte # 8 ci-dessous).

Légende Ainsi, elle est deux fois plus petite que la ville Zone urbaine en 1960 Zone urbaine en 2002 de Ouanaminthe, Mer deuxième ville du

Echelle 1 : 10, 000 département du Nord- Décembre 2006 Est du point de vue

Prêt BID 1493/SF-HA administratif et neuf Cité St Joseph ¹ Sources: Orthophoto de l'UTSIG 2002 et carte topographique de 1960, du SGC fois et demie plus petite que la ville du

Bord de mer Cap-Haïtien (Fort- Liberté : 1.28 km2 Cité Notre Dame Ti l'Eglise Centre ville contre 12.39 km2 pour La Victoire le Cap-Haïtien) une autre ville régionale du Cité Archange même rang que Fort- L'Avancée Liberté du point de vue

Délivrance administratif (chef-lieu Laurette de département). Dufour

Sicard Cité Max

Neber

Carte # 8, croissance spatiale urbaine à Fort-Liberté entre 1960 et 2002

En l’absence d’activités économiques substantielles, la ville subit peu de pression démographique et est de ce fait relativement protégée du phénomène de la bidonvilisation à outrance que confrontent les deux plus grandes villes de la région, Cap-Haïtien et Ouanaminthe.-Toutefois,-l’absence de planification urbaine à Fort-Liberté conduit à l’émergence de nouveaux quartiers qui par leur 17

configuration tendent à dégrader le tissu urbain colonial. Ces quartiers sont localisés à l’entrée de la ville comme : Sicard, Neber, Cité Max implantés dans une zone non viabilisée; sur le littoral comme :Bord de mer, Cité Archange à l’Est, Cité Notre Dame, Cité Estudiantine au Nord construits dans des zones marécageuses et donc à risques (voir carte # 8).

2.4 – Absence de planification urbaine et vulnérabilité des populations

De façon générale, le développement urbain en Haïti s’effectue dans un contexte de crise généralisée marquée par une instabilité politique chronique provoquant la faillite de l’État central et des collectivités territoriales. L’État étant incapable d’accompagner ce développement en assurant la desserte en services de base (collecte et élimination des déchets, assainissement, drainage, accès à l’eau potable et à l’électricité, etc.) ou en faisant appliquer les normes d’urbanisme, la croissance démographique rapide non planifiée se traduit sur le plan spatial par une urbanisation sauvage mettant à rude épreuve les flancs de coteaux des montagnes environnantes (voir image satellite suivante), les milieux naturels, le littoral, les espaces agricoles et les lieux attractifs de la région. Au-Cap-Haïtien, des espaces autrefois occupés par les mangroves sont de nos jours envahis par des constructions anarchiques. Cette situation est illustrée par la carte # 9 de la ville du Cap : la couleur rose saumon correspond à la tache urbaine actuelle tandis que la couleur bleue tramée correspond aux zones de mangroves dans les années 60 et 70, aux environs du Bassin Rodo, de l’aéroport du Cap-Haitien-et------Image satellite Google 2006 : vue des constructions vers-Petite-Anse. anarchiques développées à flancs de coteaux des montagnes du Cap-Haïtien La-couleur bleue se superpose à la couleur rose saumon. Ce chevauchement correspond aux zones de mangroves colonisées actuellement par l’urbanisation anarchique, situation qui fragilise une frange de plus en plus importante de la population exposée à des conditions de vie précaire et aux risques naturels.

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Carte # 9, l’impact de l’urbanisation sur le milieu naturel au Cap-Haïtien

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Image satellite Google 2006 : vue des constructions anarchiques développées dans une zone à risque autour de la Rivière du haut du Cap, Bassin Rodo

L’image satellite de Google ci-dessus présente le Bassin Rodo, une partie de Petite Anse. L’urbanisation de ces terrains marécageux sans la réalisation des travaux de drainage et d’assèchement des mares, conduit à rendre plus précaires les conditions de vie des populations habitant ces milieux malsains. Sur l’image satellite, les taches vertes correspondent à des flaques d’eau stagnantes et corrompues. En arrière plan de l’image, la grande tache grisâtre correspond à un résidu de mangroves. Cet endroit correspond à un milieu réceptif de dépôt de sédiments et de boue déposée à chaque crue et aussi des ordures ménagères déversées par la population environnante. Ces quartiers sont fréquemment inondés. La même situation chaotique est constatée à Ouanaminthe, ville frontalière du Nord-Est où l’absence de planification a conduit à l’urbanisation des espaces naturels / agricoles non viabilisés et de zones à risques. 20

La photographie aérienne ci-contre met en évidence un quartier de la ville de Ouanaminthe construit dans un lagon asséché. Ce quartier qui se développe en aval comme en amont de ce lagon ne laisse presque plus d’exutoire à l’écoulement des eaux pluviales.

Photographie aérienne # 1; vue d’une zone de stagnation naturelle des eaux à Ouanaminthe, DR, UTSIG / MPCE 2003 Ce quartier ainsi que d’autres présentant des situations similaires sont inondés à chaque pluie en créant des situations de désarroi dans la ville comme en témoigne la photo panoramique ci-contre.

Photographie # 1; vue partielle d’un quartier de Ouanaminthe durant les inondations de sept 2003, DR, RECEF

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III – ORIENTATIONS RETENUES

3.1 – Décongestionner le Cap-Haïtien

Le peu d’infrastructures et les principales activités économiques qui existent dans la région Nord sont concentrés dans la zone du Cap. Cette dernière regroupe les meilleures écoles et les centres hospitaliers les mieux pourvus de la région. A cause du niveau de sous équipement généralisé et du taux de chômage élevé qui caractérisent la région, la ville du Cap-Haïtien se constitue en pôle d’attraction et draine une population de plus en plus importante. Cette grande concentration de population a eu pour effet la dégradation du paysage urbain et a conduit à la disparition progressive du cachet historique et patrimonial du Cap. Une telle situation est incompatible avec la vocation touristique attachée depuis très longtemps à la métropole du Nord.

Pour faire face à cet état de chose, trois orientations sont retenues : a) Attirer la population excédentaire vers un nouveau bassin de vie et d’emplois par la construction d’un nouveau pôle régional autour de Fort- Liberté tout en réorganisant les petites villes secondaires,

b) Engager des travaux de rénovation urbaine au Cap-Haïtien afin de restaurer son potentiel touristique,

c) Aménager la ville de Ouanaminthe, porte d’entrée du pays par la République Dominicaine.

Cette approche est basée sur une meilleure répartition des infrastructures de base et des activités économiques en fonction de la vocation des espaces. Elle garantira un développement plus harmonieux et plus équilibré du territoire.

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3.2 – Redonner au Cap-Haïtien sa vocation touristique

Depuis la période coloniale, la ville du Cap-Haïtien s’est distinguée par ses activités culturelles, son architecture, ses lieux de promenade, atouts qui lui ont valu d’être considérée à l’époque comme le Paris des Antilles. Cette commune renferme en plus de son patrimoine architectural un ensemble de sites naturels, historiques et culturels parmi les plus importants d’Haïti. Cette richesse patrimoniale a permis au Cap-Haïtien de jouir à partir de la 2ème moitié du XXème siècle d’une place intéressante dans le domaine du tourisme et de bénéficier d’une grande rentrée de devises et dynamiser son économie. Aujourd’hui les richesses patrimoniales du Nord sont en train d’être vandalisées.

Un effort de redressement est nécessaire en vue de sauver ce patrimoine et redonner à la ville du Cap-Haïtien son ancienne vocation. La relance du tourisme dans le nord aura un effet d’entraînement sur les autres secteurs de l’économie. Pour y parvenir, les actions suivantes doivent être envisagées.

3.2.1- Réhabiliter et réaménager le centre historique du Cap-Haïtien

Il conviendra de mettre en place un vaste programme pour l’amélioration de l’habitat ancien au centre ville. La première phase de cette opération consistera en l’identification des maisons anciennes ayant une valeur patrimoniale et architecturale qui doivent être réhabilitées.

Photographie #2; Maison ancienne du Parallèlement à cette opération, un décret centre historique méritant d’être protégée visant la préservation du patrimoine bâti doit être adopté. Ce décret visera à empêcher toute modification physique et architecturale au niveau du patrimoine sans l’assentiment de l’organisme chargé de la sauvegarde et de la préservation du patrimoine (ISPAN). Un mécanisme financier doit être envisagé permettant de financer les opérations d’amélioration et de rénovation de l’habitat ancien. Des travaux de réfection de chaussées, de trottoirs et du réseau de drainage doivent être entrepris afin de renforcer les efforts visant la restauration complète du patrimoine bâti. Le centre ville historique réhabilité hébergera des musées, des galeries d’art, des boutiques de souvenirs, des centres de loisirs,-des restaurants, une salle de théâtre etc. Certaines rues du centre historique seront converties en rues piétonnes afin de faciliter la libre circulation des piétons et des touristes.

Afin de promouvoir la mixité des fonctions au niveau du centre ville, le commerce sera encouragé dans certains quartiers. Cependant, ce commerce sera pratiqué suivant des normes définies par la Municipalité de concert avec l’ISPAN afin d’éviter toutes formes de pratiques visant à dégrader le patrimoine urbain 23 restauré. Il sera nécessaire de confiner les activités du marché central et d’éviter toutes formes de pratiques consistant à convertir les rues en marché.

3.2.2- Réhabiliter le boulevard et récupérer le front de mer

Le boulevard du bord de mer du Cap-Haïtien est depuis toujours un lieu de promenade. C’était le premier point d’arrivée des touristes dans la métropole du Nord. Ce boulevard de bord de mer qui représentait un objet de fierté pour les Capois est converti par endroit en dépotoir. Les palplanches métalliques qui protègent le boulevard sont partiellement détruites.

De plus, le port marchand hébergé par ce secteur crée un ensemble d’activités polluantes de nature à dégrader la zone et génère aussi une circulation intense de poids lourds à travers les rues étroites du Cap-Haïtien. Pour remédier à cette situation et redonner à cette zone sa vocation antérieure, il convient de transférer ces activités marchandes vers un endroit plus approprié et aménagé à cet effet. Le port actuel du Cap sera aménagé en port touristique et de plaisance. Le front de mer sera nettoyé, dragué et le boulevard réhabilité. L’ancien port marchand pourra alors être reconverti en espace de loisirs et accueillir toutes sortes de manifestations festives et culturelles.

Des aménagements importants doivent être effectués au niveau du boulevard. Ces aménagements permettront de remplacer les structures métalliques de protection, remettre en état la chaussée et le réseau de drainage. Plus au nord vers Picolet, une route revêtue doit être construite dans la continuité du boulevard afin de rendre accessible les plages de Rival ainsi que les monuments historiques répertoriés dans la zone (Fort Picolet la Place Magny). Ces derniers doivent être restaurés et convertis en centres d’attraction de la ville. Le bord de mer de Rival est actuellement dans un piteux état, des travaux de démolition doivent être entrepris afin de le libérer des constructions anarchiques et restaurer le fort. Cette zone qui offre des vues superbes sur la baie du Cap peut être aménagée et convertie en zone de promenade, de baignade et de loisir (voir illustration photographique #3 et #4).

Plus au sud vers le pont Hyppolite, les aménagements permettront de raccorder Photographie #3; Vue partielle du bord de Photographie #4; Les ruines du fort Picolet, lemer boulevard de Riva et à en Lòt arrière Bò plan Pont. le boulevard En effet, aunon sud loin dedu la boulevard localité Rival,, au au Nord niveau de la de du Carénage, UTE janvier 2007 Ville du Cap, UTE Janvier 2007

24 l’embouchure de la Rivière du Haut du Cap, la communication entre les deux rives est interrompue depuis l’effondrement du pont Hyppolite. Pour garantir une circulation fluide et assurer la continuité du boulevard, il est proposé la construction d’un nouveau pont non loin de l’ancien et un futur boulevard deux fois deux voies (2 X 2 voies) à l’entrée Est de la ville. Toutefois, l’intersection doit être bien traitée et un plan de circulation doit être établi.

Amélioration du cadre bâti dans la périphérie du boulevard. En vue de garantir une meilleure qualité paysagère dans la périphérie du boulevard, un programme d’amélioration de l’habitat sera envisagé. Ce programme définira un plan architectural et un canevas auxquels devront se référer les opérateurs pour l’amélioration de l’habitat du secteur et aussi le type d’usage permis pour les immeubles restaurés. Dans le secteur de Lòt Bò Pont, un bidonville en pleine expansion sur le littoral, dégrade le paysage et pollue le milieu marin. Un programme de résorption de l’habitat insalubre sera envisagé.

La zone périphérique du boulevard sera déclarée zone d’intérêt touristique, la municipalité construira des allées vertes aménagées pour les promenades à pied et à vélo. Le secteur privé sera invité à faire des investissements afin d’implanter sur le côté sud du boulevard des cafés terrasse, des boutiques de souvenirs, des restaurants, des hôtels avec vue sur mer. La zone littorale de Lòt Bò Pont sera convertie en parc de bord de mer avec espace vert et piste pour randonnée pédestre et à vélo.

Ces travaux rendront attractive la ville du Cap et contribueront à la relance du tourisme.

3.2.3- Favoriser le renouvellement urbain par la construction d’un nouveau centre ville moderne

La construction d’un nouveau centre ville moderne constitue un des piliers importants d’un programme de renouvellement urbain qui doit être envisagé. Ce centre ville sera développé autour de la piste de l’aéroport désaffecté qui sera transféré à Madrasse dans le but de favoriser un développement territorial harmonieux. Cette piste d’atterrissage sera convertie en boulevard d’entrée du nouveau Cap-Haïtien. Celui-ci débouchera au nord sur la route du front de mer et sera connecté au sud à une rocade qui fera la jonction entre Carrefour Madeline et le Haut du Cap, gérée par des bretelles. Plus au sud une autre rocade connectera le Carrefour La Mort situé à l’Est de la ville au carrefour Plaine du Nord situé à l’Ouest. Le tronçon de la RN6 entre Carrefour La Mort et l’entrée est du Cap-Haïtien sera mis en état et augmenté à deux fois deux voies.

Au carrefour du Pont Neuf la route sera divisée en deux branches à sens unique. Ce système de rocade est conçu de manière à permettre aux véhicules désireux de se rendre vers une destination différente du centre ville de circuler sans y entrer afin d’éviter les embouteillages tant à Barrière Bouteille qu’à Lòt Bò Pont. 25

Aux extrémités de la première rocade, deux gares routières seront construites, ces gares assureront la distribution du service de transport entre les communes de la partie Est et celles de la zone ouest. Au niveau urbain, un service de transport en commun bien structuré sera envisagé, ces véhicules de transport feront le lien entre le centre ville et les gares qui serviront de terminus.

Ce centre ville développé autour de l’aéroport désaffecté aura une fonction administrative, commerciale et résidentielle. Il sera envisagé d’y reloger dans des conditions décentes ceux qui auront été délogés dans le cadre des démolitions nécessaires à la reconquête du front de mer. Les constructions en hauteur seront encouragées afin d’éviter l’étalement urbain excessif. Une loi sur la copropriété doit toutefois être adoptée en urgence afin d’attirer des investissements importants dans le secteur de l’immobilier en Haïti. Un nouveau marché moderne y sera construit, l’actuel marché du centre ville sera rénové, toutefois la municipalité aura pour obligation d’empêcher toutes formes de débordements des activités commerciales dans les rues avoisinantes. Ce transfert de fonction de la ville historique à la nouvelle ville favorisera le désengorgement de l’espace urbain capois sans la dépouiller des fonctions vitales.

En plus de la mixité des fonctions à promouvoir au niveau du nouveau centre ville, il conviendra d’encourager la mixité de l’habitat en assurant une offre suffisante de logements à la population et en particulier celle venant du Bassin Rodo et du quartier de Petite Anse après leur résorption.

La construction de cette nouvelle ville se fera par étapes suivant un plan local d’urbanisme respectueux de l’environnement. La première étape devrait permettre de construire jusqu’à la première rocade. Sitôt cet espace saturé, la municipalité ouvrirait à l’urbanisation la zone qui s’étend jusqu’à la deuxième rocade.

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3.3 – Faire du Cap-Haïtien un centre universitaire et de culture

Dans le but de conforter le développement proposé pour la région Nord, Cap- Haïtien fera office de pôle universitaire. L’université du Nord regroupera des facultés, des centres d’enseignement et des écoles supérieures de qualité qui permettront à la jeunesse de la région d’avoir des formations de standing international dans plusieurs domaines. Toutefois, une attention particulièrement sera donnée aux professions liées au tourisme et au développement artistique.

3.4 – Relancer le tourisme en diversifiant l’offre

3.4.1- Mettre en valeur les sites naturels, historiques et culturels aux environs du Cap-Haïtien.

Dans le cadre de la relance du tourisme dans le nord, il conviendra d’adopter une stratégie basée sur la diversification de l’offre touristique. En plus du patrimoine bâti dont l’attraction touristique ne peut être niée, il sera envisagé de mettre en valeur les principaux sites attractifs répertoriés dans la région. Cette région a hérité d’un patrimoine historique extraordinaire et d’une riche culture. Elle renferme un ensemble de sites naturels, historiques et culturels (plages, monuments historiques, lieux sacrés, patrimoine), certains d’entre eux classés par l’UNESCO au titre de patrimoine culturel mondial. Ces sites par leur beauté, leur caractère intrinsèque et la légende qu’ils charrient ont fait de la région la destination touristique la mieux classée d’Haïti.

Toutefois, ces sites sont de nos jours dans un piteux état et d’autres sont inaccessibles du fait du délabrement des routes.

La mise en valeur de ce patrimoine permettra d’offrir aux touristes des produits très diversifiés et de relancer le tourisme dans la région. En référence à la diversité des sites et à la gamme de produits existants, différents types de tourisme peuvent être envisagés :

- Le tourisme balnéaire avec comme produit phare Labadie et des sites complémentaires comme Pass Kannòt et Chouchou Bay, - Le tourisme historique avec le parc historique de Milot comme produit phare et les autres monuments historiques comme produits complémentaires, - Le tourisme religieux avec les sites sacrés et religieux

Des actions d’envergure doivent être envisagées en ce sens. 27

3.4.2- Restaurer les monuments historiques de la région et réhabiliter les voies d’accès.

Aujourd’hui les sites historiques sont dans un piteux état, certains sont en ruine, d’autres sont menacés de disparition. Ces sites symbolisant les moments forts de notre histoire doivent être restaurés pour devenir source de richesse et d’entrée de devises pour la région.

Photographie #5; Vue du palais Photographie #6; Vue de Photographie #7; Vue de la de Sans Souci, Milot l’ancienne cathédrale de Milot Citadelle La Ferrière

Dans le cadre de la restauration des sites historiques, il conviendra de mettre en place des outils de gestion du parc historique de Milot. Une délimitation claire et précise doit être établie. Dans les limites ainsi définies certaines pratiques seront prohibées, un système règlementaire sera mis en place en vue de définir les types d’actions qui y seront permises.

Quant aux sites naturels et religieux, certains d’entre eux commencent à perdre de leur éclat. Ainsi, des travaux de nettoyage et d’aménagement doivent être effectués en vue de les remettre en état.

Ces actions seront renforcées par un programme très soutenu de réhabilitation de routes de pénétration donnant accès aux différents sites touristiques répertoriés dans la région. Les zones touristiques une fois reliées entre elles par un réseau routier maillé vont accélérer le développement touristique de la région. De plus un accord doit intervenir entre les autorités haïtiennes et les responsables de la Royal Caribbean pour que les touristes qui se rendent à Labadie puissent visiter les sites touristiques du Nord, notamment la Citadelle La Ferrière et le palais Sans Souci.

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Pour concrétiser ce projet, le Ministre actuel du Tourisme qui mise beaucoup sur ce produit phare pour lancer le tourisme dans la région propose la mise en place d’un axe Labadie – Citadelle. Dans le cadre de ce projet il est prévu la construction d’un embarcadère dans la baie de l’Acul et la construction d’une route de type colonial reliant la baie de l’Acul à Milot.

Photographie #8; Vue partielle de la plage de Labadie, UTE Janvier 2007

De plus, d’autres voies d’accès doivent être construites dans le cadre du vaste programme de relance du tourisme afin de faciliter l’accès aux sites. Ce sont :

a) Le tronçon Carrefour La Mort / Milot pour faciliter l’accès au parc historique de la Citadelle et du palais de Sans Souci,

b) Le revêtement de la route Limbé / Borgne afin de rendre accessibles les plages de Chouchou Bay, de Pass Kannot,

c) Les rocades de Carrefour Madeline / Haut du Cap et celle de Carrefour La Mort / Plaine du Nord (passerelle RN 1 – RN3 et RN1 – RN6) afin de faciliter les déplacements d’Est en Ouest dans la région métropolitaine du Cap-Haïtien sans transiter par le centre ville.

3.4.3- Promouvoir une nouvelle image de la région

Actuellement l’image d’Haïti est très dégradée au niveau mondial et faire revenir les touristes est une tâche très laborieuse. Il conviendra de travailler ardemment à l’installation d’un climat de paix et de sécurité dans la région afin d’attirer les investissements. Ce climat sécuritaire une fois établi permettra de présenter la région au niveau international comme une zone de paix où il fait bon vivre.

Des actions de lobbying doivent être menées au niveau international afin de faire la promotion de la région comme une destination touristique par excellence. Les lieux attractifs restaurés seront présentés sur les cartes postales, à la télé et dans les revues.

L’image de la zone comme zone de paix une fois promue, il conviendra d’engager des agences publicitaires spécialisées qui présenteront la gamme de produits touristiques à travers des publicités de grande envergure afin de faire 29 figurer la région sur la carte touristique mondiale. La Jamaïque a adopté la stratégie de placer sur la carte du tourisme international une seule destination touristique, Montego Bay. Très appréciée, cette destination touristique a joué un rôle catalyseur en faveur des autres sites du pays. L’expérience jamaïcaine peut être utilisée chez nous dans le cadre de la relance du tourisme en Haïti.

Cette relance peut se faire progressivement. Tenant compte de l’état de dénuement général du pays et de l’état déplorable des infrastructures, la stratégie consiste à compter dans un premier temps sur une clientèle moins exigeante. Cette clientèle peut être recherchée au niveau de la diaspora haïtienne, l’une des sources de devises les plus importantes du pays par rapport au volume de transferts d’argent (soit 1.6 milliards de dollars US pour l’année 2006). Ils sont nombreux les Haïtiens de la diaspora qui manifestent leur engouement à visiter Haïti ou à investir dans le pays sitôt la paix revenue. La relance du tourisme à partir de la diaspora permettra d’injecter dans l’économie haïtienne des capitaux qui serviront à investir dans l’hôtellerie, les infrastructures de base, bref des structures essentielles qui constituent la condition sine qua non à l’épanouissement d’un tourisme de haut de gamme.

3.4.4- Maintien du tissu industriel entre Carrefour La Mort et Petite Anse

Un tissu industriel subsiste au Sud-est du Cap-Haitien dans le secteur délimité par la Route nationale No 6 (RN6), la Route nationale No 3 (RN3) et le quartier de Petite Anse. Ce secteur pourrait continuer à accueillir certaines activités industrielles, activités qui permettront d’absorber une partie de la main d’œuvre non occupée dans le secteur des services.

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3.5 – Contrecarrer le phénomène de l’urbanisation sauvage à Ouanaminthe

Ouanaminthe, ville frontalière, est après Malpasse le deuxième point important de transit dans le cadre du commerce transfrontalier entre la République d’Haïti et la République Dominicaine. Cette ville est après le Cap-Haïtien, la ville la plus dynamique de la région Nord. Elle s’est développée à la faveur de l’intensification des échanges transfrontaliers.

Grâce à son poste frontalier, Ouanaminthe se confirme comme le carrefour incontournable par lequel s’effectue la distribution de produits dominicains en direction des départements de la région nord d’Haïti à savoir le Nord-Est, le Nord, le Nord-Ouest et une partie du département du Centre. Ce rôle important dans le trafic transfrontalier permet à Ouanaminthe de se constituer en pôle commercial régional. En tant que tel, il exerce une forte influence sur la région, attirant sans cesse un nombre important de migrants, de femmes ou d’hommes d’affaires à la recherche d’opportunités. Ils sont nombreux les commerçants petits et grands venant de différentes régions du pays qui installent leur comptoir à Ouanaminthe afin de tirer parti du commerce transfrontalier. Ainsi, la ville déborde de son noyau initial et se transforme en un vaste bidonville.

Outre les activités commerciales, Ouanaminthe est actuellement une zone très convoitée pour des projets de zone franche industrielle. En 2002, le Grupo M installe ses usines au nord de la ville, dans la plaine de Maribaroux. Ce projet a fait couler beaucoup d’encre et s’est heurté à l’opposition des agriculteurs de la région et des syndicalistes arguant que cette plaine si fertile, à vocation agricole, ne se prête pas à de telles activités. Les observations de terrain ont montré que les usines du Grupo M occupent une toute petite partie de la Plaine de Maribaroux, un coin de terre entre la Rivière Massacre et la ligne frontalière. Cependant, quoique la plaine renferme une bonne potentialité, celle-ci est sous exploitée et n’est pas réellement mise en valeur. Une agriculture pluviale y est pratiquée et les pertes de récoltes sont fréquentes durant les sécheresses.

Actuellement, le gouvernement serait en pourparlers avec certains investisseurs qui nourrissent l’idée de s’implanter dans la région. Ce nouveau rôle, bassin de réception de zone franche, que les autorités entendent donner à Ouanaminthe, en dépit de l’utilisation de terres agricoles qu’il implique, risque de créer dans cette cité une situation démographique encore plus explosive et d’intensifier le chaos. 31

Photographie # 2; vue aérienne de la ville de la ville de Ouanaminthe en vis-à-vis à la ville de Dajabon de République Dominicaine, DR, UTSIG / MPCE 2003

La photographie aérienne ci-dessus met en vis-à-vis les villes de Ouanaminthe et de Dajabon, séparées par la Rivière du Massacre. La trame urbaine à droite de la rivière représente la ville de Dajabon. Cette ville présente une trame urbaine structurée du centre jusqu’à la périphérie, constituée par des rues bien réparties spatialement.

En face, en rive gauche de la Rivière du Massacre, s’étale la ville de Ouanaminthe. Cette ville s’accroît dans tous les sens et s’apparente à un véritable désordre spatial, un vaste bidonville. Le noyau urbain central est construit autour de trois axes routiers, les nouveaux quartiers périphériques sont parcourus par des corridors en terre battue disposés de manière aléatoire. Deux fois par semaine, un marché binational se tient à Dajabon, activité qui génère à Ouanaminthe une circulation bruyante et chaotique.

En tant que porte d’entrée du pays par la République Dominicaine, des aménagements très importants doivent être effectués et des investissements 32 lourds consentis en vue de doter Ouanaminthe d’un réseau d’infrastructures qui lui permettra de devenir une vraie ville.

Ces aménagements doivent permettre de doter la ville d’une trame viaire cohérente afin de faciliter les déplacements. De plus, il conviendra d’aménager deux rocades, l’une au nord, l’autre au sud, permettant de contourner la ville afin d’éviter le trafic marchand au centre ville, le libérant ainsi du trafic des poids lourds. La rocade nord est une des composantes du contrat d’exécution de travaux relatifs à la réalisation de la route Cap / Ouanaminthe par la compagnie italienne « GHELLA ». Par contre, le gouvernement actuel doit trouver les ressources nécessaires à la réalisation de la rocade sud.

Ces rocades doivent servir de limite au-delà desquelles toute urbanisation devrait être proscrite pendant une période à déterminer.

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3.6- Faire de Fort-Liberté un pôle industriel

3.6.1- Fort-Liberté, une région déprimée

Depuis la cessation des activités de la Plantation Dauphin et de certaines unités de transformation dans le Nord, le commerce transfrontalier s’affirme comme l’activité économique de premier ordre. Ce commerce axé en majeure partie sur la contrebande fait tourner l’économie des différentes villes de la région et en particulier, Cap-Haïtien et Ouanaminthe. Cependant la concentration excessive de telles activités dans ces deux villes y a entraîné une situation démographique explosive et un développement urbain chaotique. Par contre, les autres villes de la région telles que Fort-Liberté, chef-lieu du département du Nord-Est d’Haïti, Trou du Nord, Terrier Rouge, Ferrier etc. sont délaissées et sont à la traîne de ces deux pôles économiques précités. Certaines d’entre elles se convertissent en villes de bord de route ou de transit du commerce transfrontalier, d’autres s’apparentent à des villes mortes. Ces villes sont réduites à leur plus simple expression sans perspectives d’avenir pour les jeunes et sans espoir pour les moins jeunes. Une partie de la population émigre vers la République Dominicaine, le Cap-Haïtien, Ouanaminthe ou vers Port-au-Prince à la recherche d’un minimum d’insertion sociale (emploi, éducation..).

Entre Terrier Rouge et Duhaut, quartier situé à l’entrée de Ouanaminthe, s’étalent de grandes étendues de plaines semi-arides s’apparentant à un désert humain. Ce secteur est dépourvu d’activités économiques substantielles, peu d’agriculture est remarquée et l’habitat est y dispersé.

Dans le but de favoriser un développement territorial harmonieux, il est envisagé d’entreprendre des actions qui visent la revitalisation de la région en proposant des stratégies susceptibles de relancer l’économie et d’aboutir à un nouvel équilibre spatial. Ces actions passent :

- Par la construction d’un nouveau pôle régional autour de Fort-Liberté qui offrira de nouvelles alternatives économiques viables à la région,

- Par la mise en place de projets structurants qui donneront forme au territoire dans une logique de développement régional plus équilibré.

3.6.2- Un pôle industriel pour un développement territorial plus équilibré

La constitution d’un pôle de développement dans la région de Fort-Liberté donnera lieu à un nouveau bassin de vie et d’emplois capable d’attirer et de fixer une masse importante de population dans cette région. Cette approche permettra aussi de désencombrer les agglomérations du Cap et de Ouanaminthe déjà dégradées par la bidonvilisation. Les espaces délaissés dans ces deux villes seront récupérés et aménagés. Au Cap-Haïtien, les opérations d’aménagement permettront à cette ville de renouer avec sa tradition touristique 34 tandis que la ville de Ouanaminthe gardera sa vocation commerciale. De plus dans le but de favoriser une diversification des activités économiques et une ouverture de la région de Fort-Liberté à la République Dominicaine, il est conseillé d’entreprendre la construction d’une route reliant carrefour Chivry à Pepillo Salcedo. Cette route sera empruntée par les touristes venant de la République Dominicaine et ceux sortant d’Haïti, dans le cadre d’un développement touristique binational.

Ces actions sont conçues dans l’idée de rendre vivables les différentes villes de la région et d’aboutir à une meilleure répartition des activités économiques régionales en fonction de la vocation et des potentialités de chaque zone.

3.6.3- Le développement industriel, un choix à faire

La région de Fort-Liberté a été depuis la deuxième moitié du XXème siècle une zone de prédilection pour l’implantation des activités industrielles. Vers les années 70 une compagnie américaine a mis en place une fameuse exploitation connue sous le nom de plantation Dauphin. L’exploitation et le traitement du sisal constituaient la principale activité industrielle de la zone sur laquelle reposait l’économie de la région. Les traces de cette activité industrielle sont toujours présentes dans le paysage comme en témoignent les ruines des anciennes usines observées sur le terrain, les grands réservoirs encore présents au fort La Bouque et les maisonnettes en ruine de Dérac.

De nos jours, les vastes étendues de terres laissées en abandon par la compagnie Dauphin suscitent l’intérêt de nombreux groupes industriels tels que Brandt, Laroche, Hong Kong Karibe et autres. Le Plan Directeur du Tourisme élaboré dans le cadre du projet « route 2004 » considère Fort-Liberté comme zone prioritaire. Un développement touristique de grande envergure est planifié pour cette région. Dans le cadre de ce plan, il est prévu la mise en place d’une grande station balnéaire et la construction de 10 000 chambres d’hôtels de haut standing, de terrains de golf, de marina etc.

Les promoteurs de ce plan se basent sur la beauté du site, sur le potentiel foncier de la région permettant de développer des villages touristiques, sur les richesses patrimoniales (monuments historiques, architecture coloniale) et le potentiel balnéaire. « Le beau rivage atlantique proposant la balnéarité classique d’une plage tropicale ; grand linéaire de sable clair descendant vers les fonds coralliens très purs, précise le Plan Directeur Tourisme Cf rapport final 2 juin 1996 »

Concernant le potentiel balnéaire de Fort-Liberté : Les nombreuses missions effectuées dans la zone prouvent le contraire. La zone côtière est ponctuée de marécages, de mangroves et de marais salants. Il n’existe pas dans la région de plages de grande valeur capables d’attirer les touristes. L’unique plage qui existe, se trouve dans la baie de Mancenille, en face de Pepillo Salcedo à une 35 quinzaine de kilomètres de Fort-Liberté et est partagée avec la République Dominicaine. Comment attirer les investisseurs à concrétiser un projet construit autour d’un potentiel qui n’existe pas ?

Concernant les richesses patrimoniales : La ville de Fort-Liberté fut construite vers 1731 au XVIIIème sur ordre de Louis XV, Roi de France. Elle surplombe une magnifique baie protégée par de multiples forts dont le plus impressionnant est le Fort St Joseph.

Aujourd’hui, les richesses patrimoniales de Fort-Liberté sont mises à rude épreuve. En dépit des travaux de préservation effectués par l'ISPAN au milieu des années 1990, le fort St Joseph est actuellement dans un piteux état. Les boulets et canons ont été emportés. Les pierres taillées à Nantes qui ont pavé ses allées n’existent quasiment plus.

Au centre ville les anciennes maisons dont l’architecture remonte à l’époque coloniale sont menacées de ruine.

De ce point de vue, Fort-Liberté ne renferme pas assez d’attractions touristiques ni de produits phares capables d’attirer un nombre imposant de touristes et qui pourrait justifier la construction de 10 000 chambres d’hôtels. La région du Cap avec son patrimoine bâti, ses monuments historiques classés patrimoine culturel mondial de l’UNESCO, ses sites religieux, ses belles plages (Labadie, Chouchou Bay, Pass Kanòt, Cormier) est un grand concurrent régional en matière de développement touristique et risque de faire échouer le projet touristique de Fort- Liberté, d’autant plus que le Gouvernement actuel accorde la priorité au Département du Nord en matière de développement touristique. Toutefois, Fort- Liberté pourrait être considéré comme une zone de transit pour les touristes venant de la République Dominicaine. Un tourisme de court séjour peut aussi être envisagé dans la mesure où les monuments historiques (en particulier le Fort Saint Joseph, les forts la Bouque et la Chaux) et le patrimoine bâti sont restaurés. Quelques hôtels pourront être construits et un port de plaisance pourra être aménagé. Une partie de la baie de Fort-liberté sera mise à profit pour des activités nautiques.

Toutefois, la relance économique de la région est à rechercher dans un autre domaine plutôt que dans le tourisme. Le développement industriel constitue l’orientation à prendre. En effet, la région se prête à un tel développement, elle renferme un capital foncier important et des investisseurs manifestent déjà un certain engouement pour investir dans la zone.

Des mesures importantes doivent être adoptées par les autorités compétentes du pays afin de faciliter les investissements dans la région. Celles-ci doivent d’abord définir les orientations stratégiques en matière de développement industriel, de production de l’énergie et de construction d’infrastructures. Des mesures incitatives d’ordre fiscal doivent être envisagées afin d’aménager 36 un cadre règlementaire approprié de nature à encourager des investissements privés dans la zone. Une révision du cadastre doit être effectuée afin d’inventorier le statut du foncier puis passer des contrats de bail avec des compagnies privées intéressées à s’implanter dans la zone. Ces derniers doivent toutefois contenir des échéanciers précis selon lesquels les investissements projetés seront réalisés. Trop souvent en effet, certaines compagnies signent des contrats de bail avec l’Etat, s’approprient d’une grande quantité de terres dans la région pour finalement les laissent en jachère.

De plus, un plan de protection environnementale doit être envisagé. Les installations industrielles qui seront implantées dans la zone risquent d’avoir un effet néfaste sur l’environnement plus particulièrement sur la baie et l’écosystème marin. Ainsi, un système d’assainissement et une station d’épuration doivent être construits afin d’éviter toute forme de pollution par les eaux usées provenant des industries et l’augmentation de ces dernières du fait de l’augmentation de l’agglomération.

3.6.4- Des filières industrielles à promouvoir

En terme d’orientation pour le développement industriel, trois grandes filières industrielles peuvent être mise en oeuvre : a) Développement d’une zone franche industrielle à Phaéton

En 2002, le projet d’implantation d’une zone franche dans la plaine de Maribaroux à Ouanaminthe s’est heurté à l’opposition de nombreux agriculteurs et de syndicalistes haïtiens arguant que cette plaine si fertile, à vocation agricole, ne se prête pas à de telles activités. Ce projet si ambitieux au départ s’est limité à l’installation de quelques unités d’industries textiles du Grupo M produisant des biens destinés à l’exportation. Aucun plan d’extension n’est envisagé jusqu’ici, étant donné que ce projet n’a pas fait l’unanimité au sein de tous les acteurs de la région.

La zone de Phaéton, semble être le site idéal pour l’implantation d’une zone franche industrielle. Cette zone au climat semi aride et dépourvue de potentialité agricole correspond au site de l’ancienne plantation Dauphin. L’implantation d’une zone franche sur ce site permettra de produire des biens destinés à l’exportation et génèrera des emplois. b) Développement de l’agro industrie

Les expériences du passé ont montré qu’il est risqué de construire l’économie d’une région autour d’une activité économique unique. La diversification des activités économiques est l’une des orientations à retenir dans le cadre de la promotion du développement industriel autour de la région de Fort-Liberté. En plus de la zone franche industrielle, l’agro industrie constitue une option 37 importante. Elle permettra de produire des biens alimentaires destinés à la consommation locale.

L’importation des produits alimentaires représente une part importante du volume total des importations du pays dans le cadre des échanges commerciaux entre Haïti et l’extérieur qui s’avèrent de plus en plus déficitaires. Cette agro industrie contribuera à la substitution partielle à l’importation de certains produits alimentaires et aura un impact positif sur l’économie nationale en diminuant les pressions sur la balance des paiements. Cette industrie de transformation sera alimentée par les denrées agricoles produites dans la région. L’une des activités agricoles de base de la région étant l’élevage, l’agro industrie pourra être axée sur la transformation des produits tirés de l’élevage. On pourra installer dans le parc industriel des laiteries, des beurreries, des fromageries, des tanneries etc.

Toutefois, il conviendra de restructurer l’élevage en vue de garantir de meilleurs rendements. Dans le cadre de cette restructuration, l’assistance technique de certains pays comme l’Argentine ayant beaucoup d’expérience dans l’élevage bovin pourra être sollicitée. En outre, il conviendra d’affecter une partie du territoire régional à la production fourragère destinée à l’alimentation du cheptel. La Plaine de Maribaroux semble être l’endroit indiqué pour la mise en œuvre du projet élevage. c) Installations pour la production du bio éthanol et biodiesel à des fins énergétiques

La réduction de la dépendance du pays à l’égard des produits pétroliers importés doit être l’une des préoccupations majeures de l’État haïtien dans un contexte marqué par la flambée des prix du pétrole au niveau international et l’épuisement d’ici un siècle de cette ressource. Aussi, il est impératif de développer des solutions alternatives en promouvant l’utilisation de biocarburants. Grâce à une politique volontariste, le Brésil²2 est à l’heure actuelle le pays le plus avancé dans le domaine de la production du bioéthanol carburant. En septembre 2005, une voiture sur trois commercialisées au Brésil (32%) était déjà bi-combustible, contre 4,3% seulement en 2002. 40% de l’essence utilisée dans ce pays est constitué d’éthanol, cette démarche permet au Brésil de limiter sa facture pétrolière et de réduire sa facture pétrolière.

2 Le Brésil est le troisième producteur mondial de bioéthanol. Il a commencé à produire ce carburant de remplacement il y a 30 ans. Aujourd'hui, dans ce pays, selon la FAO, un million de voitures utilisent du carburant produit à partir de cannes à sucre et 1,5 million d'agriculteurs cultivent la canne à sucre pour la transformer en carburant. La plupart des nouvelles voitures construites au Brésil ont des moteurs capables de fonctionner à l'essence, au bioéthanol ou avec un mélange des deux. 38

En Haïti, la mise en place dans la région de Fort-Liberté de distilleries destinées à la production du bioéthanol, d’une usine de déshydratation et d’usines de production de biodiesel est une démarche à promouvoir dans le cadre du développement industriel proposé pour cette région. Cette production sera assurée par des usines qui traiteront des matières premières (sorgho sucré, canne à sucre, jatropha, ricin) qui peuvent être produites dans la région. Cette industrie exige en effet, une production intensive de matières premières agricoles destinées à l’alimentation de la machinerie. Ainsi, des superficies importantes de terre de la région pourront être consacrées à de telles productions. Un plan bien conçu en matière de développement agricole doit être élaboré pour la région afin d’éviter une concurrence entre la culture des terres pour des récoltes vivrières et leur culture pour des récoltes énergétiques.

Une zone bien aménagée doit être prévue au niveau de la zone industrielle tant pour le stockage du biocarburant produit que pour les produits pétroliers importés de l’étranger. Ce site doit être placé dans un endroit stratégique avec une ouverture sur l’océan atlantique permettant son approvisionnement par bateau et l’expédition de marchandises vers d’autres régions. De plus, il doit être tenu un peu à l’écart des installations industrielles afin d’éviter tout risque d’accident technologique.

La production de l’éthanol et du biodiesel dans la région favorisera de nouveaux investissements, la réduction des importations de produits pétroliers et le développement éventuel d’une nouvelle filière d’exportation.

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3.7- Mettre en valeur la baie de Fort-Liberté

De par sa configuration a baie de Fort-Liberté constitue l’une des baies les mieux protégées de la région caribéenne. Cette baie au bleu d’azur ayant l’allure d’un grand lac intérieur s’étale sur 8 kilomètres de large d’est en ouest et sur 6 kilomètres de long du nord au sud. Ce plan d’eau intérieur bien protégé des cyclones et des tempêtes débouche vers le nord sur un chenal de 200 mètres lui permettant de communiquer avec l’océan Atlantique.

Au niveau de la baie, les tirants d’eau atteignent par endroit jusqu’à 22 mètres en dessous du niveau de la mer. De plus, sa position géographique, son ouverture sur les îles caraïbes Nord et de la Floride, sa proximité par rapport à la République Dominicaine et du Cap-Haïtien pourront lui permettre d’avoir un rôle stratégique dans le trafic maritime international (voir l’image suivante).

Floride USA

Fort-Liberté

Canal de Panama

Image satellite Google 2007 : vue d’ensemble du bassin caribéen

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Ces atouts peuvent être mis en valeur dans le cadre d’un plan d’aménagement en vue de l’exploitation de la baie à des fins économiques. Cette mise en valeur de la baie permettra de doter la région d’infrastructures portuaires de grande envergure qui comprendront : un méga port de distribution, un terminal pétrolier, une marina et un carénage.

3.7.1- Développement d’une zone portuaire dans la baie de Fort-Liberté

La zone industrielle de Fort-Liberté sera confortée par des installations portuaires de grande envergure. Ce port desservira non seulement la zone industrielle mais aussi toute la région. Il remplacera valablement le port marchand du Cap-Haïtien touristique qui sera aménagé en port de croisière. Par ce port, la région aura une porte ouverte sur le monde et participera activement au commerce international. Il convient de noter qu’avec la nouvelle route, ce port sera à moins d’une heure du Cap-Haitien.

3.7.2- Construction d’une marina

La baie de Fort-Liberté de par sa configuration, constitue un endroit sûr pour mettre à l’abri des bateaux durant les saisons cycloniques. Elle pourra donc être proposée comme havre aux yachts et petits bateaux de plaisance.

3.7.3- Chantier naval et carénage

Avec l’implantation de la zone franche, la construction du port et de la marina, Fort-Liberté sera une ville active du point de vue des activités maritimes et industrielles. Ainsi, il conviendra de promouvoir dans cette région des métiers axés sur la mise en valeur de la mer. Dans cette perspective, il sera encouragé la construction d’un chantier naval destiné à construire des bateaux pour le trafic maritime de notre pays qui compte plus de 15oo kilomètres de côte et aussi un atelier pour la réparation et l’entretien des bateaux.

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3.8- Faire de Fort-Liberté un centre de formation technique et professionnelle

Dans le but de conforter le développement industriel engagé à Fort-Liberté, la ville de Fort-Liberté fera office de centre de formation technique et professionnelle. A ce titre, des écoles techniques et professionnelles seront mises en place afin de fournir des formations de qualité dans des domaines bien spécifiques liés à l’industrie, aux techniques du bâtiment, aux métiers de la mer, au tourisme (construction navale, réparation de bateaux, école de navigation, technique de la pêche, hôtellerie, restauration, accompagnement de touristes). En ce sens une coopération pourrait être sollicitée des pays amis ayant une certaine expérience dans le domaine de la formation professionnelle afin d’aider à la mise en oeuvre d’un tel projet.

3.9- Production énergétique

La région de Fort-Liberté est irrégulièrement alimentée en électricité depuis le départ de la compagnie Dauphin en 1982. Quoique des efforts aient été consentis en 2001 par les pouvoirs publics pour l’acquisition d’une nouvelle génératrice, l’alimentation de la zone en électricité demeure hypothétique faute d’approvisionnement en carburant dont les prix s’avèrent de plus en plus élevés ces derniers temps. Cette situation amène les particuliers à s’équiper de petits groupes électrogènes ou de petites éoliennes pour satisfaire leurs besoins propres.

Dans l’optique de promouvoir le développement industriel dans la région, la recherche de sources énergiques alternatives pour la production électrique constitue un préalable incontournable en matière de stratégie à adopter afin d’assurer la fourniture d’énergie de manière continue et d’éviter toute rupture dans l’approvisionnement.

L’énergie éolienne constitue une réelle opportunité en terme de solution alternative ainsi qu’un moyen pour faire baisser les coûts de production de l’énergie.

La région de Fort-Liberté bénéficie de bonnes conditions de vent et possède un important potentiel d’énergie éolienne qui mérite d’être valorisé. L’Atlas éolien réalisé par Winergy dans le cadre d’une étude menée dans la région, mentionne la zone littorale de Fort Liberté comme disposant d’un gisement éolien d’une vitesse moyenne annuelle de l’ordre de 8 m/s ou 28,8 km/h. En général, les éoliennes produisent de l’électricité lorsque les vents soufflent à plus de 13 km/h. La production augmente jusqu’à un maximum d’environ 55 km/h. Lorsque les vents soufflent à 90 km/h ou plus, la plupart des grosses éoliennes s’arrêtent pour des raisons de sécurité. 42

Deux sites éoliens peuvent être exploités dans la région de Fort-Liberté pour l’implantation d’une centrale destinée à produire de l’énergie électrique. Il s’agit, du tour de la Baie de Fort-Liberté et la côte Est de l’embouchure du chenal reliant la baie à l’océan.

Cependant, l’énergie éolienne à elle seule ne peut pas résoudre tous les problèmes énergétiques de la région. Le vent est une source intermittente d’énergie puisqu’il ne souffle pas toujours à la vitesse requise pour produire de l’électricité. Ainsi, il conviendrait de coupler l’énergie éolienne à l’énergie thermique afin de produire de l’énergie en quantité suffisante de manière régulière. De plus, la centrale électrique moderne qui devra être installée à Fort- Liberté doit être raccordée au réseau de distribution du Cap-Haïtien afin d’assurer un meilleur fonctionnement du réseau électrique régional et de compenser les pertes énergétiques. 43

3.10- Mettre en valeur la plaine de Madrasse et celle de Maribaroux

3.10.1- Construction de l’aéroport du Nord à Madrasse

L’emplacement actuel de l’aéroport du Cap-Haïtien nuit grandement à son fonctionnement et constitue un handicap majeur à son développement. Dans le cadre du plan de développement envisagé pour la région nord, il est proposé la délocalisation de l’aéroport actuel et la construction d’un nouvel aéroport moderne offrant des vols internationaux et locaux.

Dans le cadre de la recherche d’un site approprié pour la concrétisation de ce projet, des visites ont été effectuées à Madrasse.

Les conclusions tirées de cette étude préliminaire commanditée par l’OFNAC (Office National d’Aviation Civile) ont prouvé que le site de Madrasse possède un ensemble d’avantages permettant d’y construire un aéroport international pouvant répondre aux normes de l’OACI.

Madrasse est une zone de plaine très étendue, peu bâtie et peu cultivée. Cette zone ne possède pas d’obstacles physiques et les vents qui y soufflent sont plutôt favorables à la navigation aérienne. Ce site représente l’endroit idéal de la région pour l’implantation d’un aéroport international doté d’une piste aux standards internationaux et d’un aérodrome décent avec des équipements de navigation sûrs. Le Consultant qui a réalisé cette étude préliminaire a recommandé à L’OFNAC qu’on fasse le balisage de ce site et des études plus approfondies en vue de statuer définitivement sur ce projet.

Madrasse est situé à mi-chemin entre Cap-Haïtien (pôle touristique envisagé) et Fort-Liberté (pôle industriel envisagé). La mise en service du tronçon Cap / Ouanaminthe suite à sa réhabilitation mettra le nouvel aéroport à 20 minutes du Cap-Haïtien et 25 minutes de Fort-Liberté. Cet aéroport qui accueillera des avions de grande capacité desservira toute la région Nord et permettra à celle-ci d’être autonome en matière de transport aérien. Cette infrastructure apportera un appui important au développement du tourisme régional et consolidera le développement industriel dans le Nord-Est.

3.10.2- Mise en valeur de la plaine de Maribaroux

Faute d’une maîtrise effective des ressources hydriques de la région, la vaste plaine de Maribaroux connue pour sa bonne potentialité agricole (voir carte # 10) est sous exploitée.

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Légende POTENSIALITÉ DES SOLS DE LA RÉGION NORD Potentialité des sols Réseau routier ! EXCELLENTES Route principale

TRES BONNES Rivière BONNES MOYENNES MEDIOCRES

FAIBLES LIMITEES !Bas Limbé Echelle 1 : 300, 000 (! |Cap Haitien TRES LIMITEES Janvier 2007 Madrasse EAU Prêt BID 1493/SF-HA o ¹ RN1

RN1 Pepillo Salcedo Quartier Morin ! Pepillo Salcedo ! RN3 ! ! !Caracol Copey Acul du Nord !( Maribaroux ! Fort Liberté Plaine Du Nord! Meillac!( ! !( (! Grande Saline!( !( Philibert!( RN6 Dérac Colonia Cabonera Artaud!( !( din au G !( !( re Terrier Rouge iè RN3 ! iv R Ferrier! R ! Garot!( i v Mérande!( Milot i èr ! e Bourg Dumas!( T ro La Garène!( u D Sainte-Suzanne u t No ! P e rd Grand Bassin!( Grande Rivière du Nord e r ! ti a te b ry R a at Dilaire!( R i C Petit Bourg de Danda!( m v e a iv iè r e L Ouanaminthe è t iè re ivi t e ! Dajabon R e r a !! r acol il è e e r i s C a P iv s h a c e R r J ta iè r v Desmoulins!( e !( i r Acajou Dondon a R iè !( C Perches iv Dosmont ! ! e Acul!( Samedi R r è ! i i v R

REPUBLIQUEDOMINICAINE Santiago de la Cruz Réforme!( Baja!( ! Gosse Roche!( Deron-Ville!(

Bahon! s $ te rd n ! nd o a Gra e R N N ivi è Du e re Vallières D $ ! ! s Saint Raphael !( Chevalier!( e nGens de Nantes G ! R re iv iè Capotillo Ranquitte iè iv Mont Organisé ! ! re R ! T e Bois Nago!( rr !( e Bois Gamelle N Godin!( e R Carice u v iv ! e iè

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Cart e # 10, potentialité des sols dans la région de Maribaroux

Une bonne partie de ce territoire est de nos jours abandonnée, laissée en friche à la merci des peuplements de bayahondes et d’herbes sauvages. Dans d’autres parties une agriculture de grappillage est pratiquée et l’élevage se fait de manière extensive. Une mise en valeur de cette plaine est possible. Des études réalisées dans la région prouvent que les rivières de la zone peuvent être utilisées à des fins d’irrigation. Des investissements doivent être consentis afin de doter la zone des infrastructures hydro agricoles permettant d’irriguer, de drainer et de mettre en valeur une grande partie de la surface cultivable. Cette mise en valeur agricole de la plaine de Maribaroux peut être orientée vers la restructuration et l’intensification de l’élevage bovin étant donné que la zone a déjà une grande tradition dans ce domaine.

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3.11- Planifier le développement urbain de Fort-Liberté

Le développement de la zone industrielle autour de Fort-Liberté aura à coup sûr un impact important sur le développement territorial régional. En générant un grand nombre d’emplois dans la région, le développement industriel favorisera la fixation de dizaines de milliers d’habitants dans la zone et contribuera à l’augmentation de la pression démographique. Dans le but d’éviter une croissance urbaine désordonnée comme c’est le cas des villes du Cap-Haïtien et de Ouanaminthe, il serait judicieux de mettre en place un plan d’extension et d’aménagement de la ville. Les actions suivantes doivent êtres envisagées.

3.11.1- La réhabilitation de l’ancienne ville

Ces travaux concernent tant l’aspect physique de la ville que le cadre bâti. Les travaux de rénovation urbaine permettront de restaurer le centre ville historique par la réhabilitation des bâtiments anciens ayant une certaine valeur historique et patrimoniale. De plus, il conviendra de s’attaquer à certaines poches d’inconfort urbain caractérisées par l’habitat insalubre. Un programme de logements doit être envisagé. Des travaux de réfection des routes urbaines doivent être entrepris en vue de rendre la ville attractive et de faciliter la circulation.

Le bord de mer Fort-Liberté est en voie d’être bidonvillisé et dégradé, ainsi un boulevard de front de mer pourra être construit associé à une zone verte et de promenade. Dans cette zone seront permises des activités ludiques, de loisirs ainsi que des activités respectueuses de l’environnement. Cette action permettra de récupérer ce patrimoine naturel en orientant son usage futur.

3.11.2- Remise en état des infrastructures de services

La remise en état des infrastructures de services constitue un volet important du plan d’action envisagé pour Fort-Liberté. Ces actions permettront d’améliorer et de généraliser les services urbains de base. En effet, il conviendra de :

- réhabiliter et étendre les réseaux d’eau potable et d’électricité, - mettre en place un réseau d’assainissement des eaux usées et de drainage des eaux pluviales, - mettre en place un système de gestion des déchets, - organiser le système de transport urbain et interurbain 46

3.11.3- Envisager un plan d’extension pour Fort-Liberté par la construction d’une nouvelle ville

La construction d’une nouvelle ville à Fort-Liberté correspond à la préoccupation majeure consistant à faire d’elle le second pôle urbain régional. Cette nouvelle ville se développera un peu à l’ouest dans le continuum de l’ancienne. A cet endroit, sera développée une nouvelle trame urbaine avec des rues bien dimensionnées et bien réparties spatialement. Cette ville sera implantée dans une zone naturelle caractérisée par certaines contraintes physiques (marais, eaux stagnantes, zone inondable). Ainsi des travaux de drainage et de viabilisation des terrains à risque seront nécessaires afin d’assécher les marais et de minimiser les risques d’inondation tout en réservant les zones inondables indsispensables. Cette ville aura une façade sur la magnifique baie de Fort- Liberté autour de laquelle sera implanté un immense espace vert. Ce dernier servira de corridor écologique en assurant l’échange entres les différents écosystèmes de la région et aussi d’espace de promenade ou de loisir aux habitants de la région.

Plutôt qu’un marché central avec les problèmes liés à l’encombrement et des problèmes de circulation comme c’est le cas au Cap-Haïtien et dans les principales grandes villes d’Haïti, il est préconisé le développement de petits marchés de quartier qui offriront des services de vente de proximité.

Pour les zones résidentielles il est préconisé la mixité des quartiers (mixité sociale et de fonction).

En fin de compte, le nouveau Fort-Liberté fera office de centre industriel, et de centre d’enseignement technique et professionnel lié aux métiers de la mer.

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IV. CONCLUSION

Lors du diagnostic du territoire, de nombreuses potentialités apparaissent malgré des contraintes réelles. Ces potentialités méritent d’être valorisées dans une optique de développement durable. Pour cela, l’Unité Technique d’Exécution (UTE) vise par ce document à produire un ensemble de réflexions afin de proposer un cadre pour le développement des infrastructures dans la région Nord d’Haïti.

De ces réflexions, des pistes de solutions ont été dégagées, axées sur les préconisations suivantes :

a) Désencombrer les villes du Cap-Haïtien et de Ouanaminthe très dégradées par la bidonvilisation afin d’entreprendre des travaux d’aménagement et de rénovation urbaine,

b) Délocaliser et redistribuer les infrastructures et les équipements lourds en fonction d’une meilleure répartition spatiale,

c) Redéfinir les affectations de territoire sur la base d’une meilleure prise en compte de la vocation de chaque espace,

Ces préconisations donnent lieu à trois grandes orientations prioritaires en matière de développement régional

A- La première orientation consiste à redonner à la ville du Cap-Haïtien sa vocation touristique moyennant des travaux de rénovation urbaine, de restauration de patrimoine bâti et des actions de remise en état des voies d’accès aux sites attractifs de la région. Une nouvelle ville sera édifiée à l’emplacement de l’actuel aéroport transféré à Madrasse. Cette ville sera dotée d’équipement moderne, d’un réseau routier réhabilité et connecté à deux rocades permettant de fluidifier la circulation. (Voir cartes de la ville du Cap-Haitien actuel et futur) 48

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La deuxième orientation consiste à réaménager la ville de Ouanaminthe actuellement très dégradée par la bidonvilisation, en permettant à cette ville d’avoir une meilleure image plus conforme à son statut de pôle régional commercial transfrontalier.

En tant que porte d’entrée du pays par la République Dominicaine, des aménagements très profonds doivent être effectués et des investissements importants seront nécessaires en vue de construire des infrastructures.

Ces aménagements permettront de doter cette ville d’une trame viaire cohérente afin de faciliter les déplacements. De plus, il conviendra d’aménager deux rocades l’une au nord de la ville l’autre au sud permettant de contourner la ville et ainsi dévier le trafic des poids lourds. (Voir cartes de la ville de Ouanaminthe actuel et futur)

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B- Enfin la troisième orientation consiste à construire autour de Fort-Liberté un pôle régional qui offrira des alternatives économiques viables à la région. Ce projet passe nécessairement par l’implantation des installations industrielles dans la région ainsi que par la mise en place d’un réseau infrastructurel lourd qui donnera forme au territoire. Dans le cadre de ce projet, il a été préconisé le transfert de l’aéroport du Cap à Madrasse et la construction d’un grand port marchand dans la baie de Fort-Liberté. Ce port pourra accueillir des bateaux de grande capacité, desservira toute la région et remplacera valablement le port du Cap qui sera aménagé en port touristique. Quant à l’aéroport international du Nord, il sera construit à Madrasse. Ce site offre un excellent avantage par le fait qu’il se trouve à mi-chemin entre le Cap (pôle touristique) et Fort-Liberté (pôle industriel). La reconstruction de la RN6 réduira encore plus les distances. (Voir cartes de Fort-liberté actuel et futur) 53

VILLE DE FORT-LIBERTE: ETAT ACTUEL

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Cette réflexion a été produite en vue de favoriser un développement territorial équilibré basé sur la prise en compte de la vocation des espaces. Elle trouvera toute sa justification dans la mesure où elle servira aux pouvoirs publics, aux investisseurs, de support pour mieux orienter les investissements futurs dans la région. (Voir Carte d’aménagement régional)

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