'estuaire de la Rance un site classé

Colette DEBROISE-DELBREIL

Enfin une protection sur une des plus belles rias de Bretagne : le classement au titre des sites (Loi du 2 mai 1930).

Q) c 0> J"l ~ CD z w a: ëi

La pointe de Garo en Saint Suliac, premier site classé de Rance en 1983.

our qui pénètre en Bretagne par le pays en permanence envahi par la mer, P Nord-Est, la Rance peut faire partie soit dans de larges baies (Baie du Mont des premiers paysages bretons décou­ Saint Michel, de Saint Brieuc, de verts au visiteur qui n'aura alors , de Douarnenez, Baie rencontré que les vastes estrans et d'Audierne, Golfe du Morbihan ... ), soit herbus de la Baie du Mont Saint Michel au travers de vallées étroites et et le rocher historique de Saint Malo. Il profondes remontées par le flot marin. fera alors connaissance avec l'un des De directions variables , mais à paysages très caractéristiques de la dominante Nord-Sud, ces vallées région Bretagne : celui des rias . portent des noms divers : "Abers" dans le Finistère (Léon) , ailleurs "ster", rivière Pas aussi échancré que l'Ecosse (et ses comme en rivière d'Auray ... Il s'agit là lochs) mais beaucoup plus que d'une grande originalité du littoral breton l'Espagne, le littoral breton est celui d'un et l'un de ses meilleurs atouts, car ces

71 ~ PlrtiHtotrHtrH C\III.H

~ OPMetOPFcltll61

LlhiiTfi O!PARTI!ME NTALU IU.n·'v11.AWrlCOTI!S O'MMOR

milieux sont non seulement beaux pour la plupart, mais ils sont aussi sources de Géographie richesses biologiques et scientifiques par leur grande diversité et la multiplicité des milieux qu'ils recèlent. La Rance qui a pris sa source dans les Monts du Mené sur la commune de La Rance est ainsi l'une des plus belles Collinée aboutit à la mer à 106 kilomètres rias bretonnes jusqu'ici encore relative­ de là entre Dinard et Saint Malo. ment préservée.

72 Site naturel départemental de Montmorin en Pleurtuit ; soubassement d 'un ancien moulin à marée.

En aval de , elle perd son caractère dernière en date est la transgression de fleuve pour devenir estuaire à l'écluse flandrienne (moins de 6 000 ans) : les du Châtelier marquant la limite de la zone alluvions d'origine marine se trouvent de marnage. dans le bras de Châteauneuf (entre Saint Suliac- Saint Père) ; et également Ainsi du point de vue fonctionnel, on au Sud de la Ville-es-Nonais. Limons et distingue dans cet immense plan d'eau heads constituent des falaises quasi que représente l'estuaire deux parties : verticales dès que les falaises rocheuses s'abaissent. Le cordon dunaire de la • le bassin maritime soumis depuis Ville Ger (Pieudihen) est aussi récent. 1967 aux fluctuations imposées par la Mais le tracé de la Rance estuarienne gestion du barrage de l'usine maré­ n'est pas compréhensible à la seule motrice (2 200 hectares), lecture géologique. En effet, de Dinan à • le bassin fluvial canalisé depuis une ligne Mordreuc-le Chêne vert, la l'écluse du Châtelier qui constitue un Rance a creusé son cours suivant les vaste plan d'eau entre Dinan- lignes de fractures, mais en aval de et cette écluse. Pleudihen, la tracé de l'actuelle ria demeure encore mystérieux. Il est l'aboutissement de diverses transgres­ Le creusement de la vallée, sions et régressions de la mer, et la Rance a pu couler à une époque vers une histoire ancienne le Golfe de Saint Malo. Pourquoi la Rance passe-t-elle en cluse la barre rocheuse de Port Saint Hubert, alors La Rance a creusé son lit à travers des qu'à l'Est s'étend une dépression roches de nature variée : la zone estua­ schisteuse ? Nul ne connaît aujour­ rienne est occupée par des bandes d'hui la réponse à cette question. d 'orientation Nord-Est/Sud-Ouest alternant roches dures granitiques et Selon le type de relief terrestre , le roches tendres schisteuses ; l'ensemble rivage prend des allures variées : plan a subi un important métamorphisme d'eau permanent devant les profils épargnant la bande schisteuse centrale. abrupts des falaises (Piouër, la Vicomté-sur-Rance, Lanvallay) vastes La dernière touche du paysage, com­ étendues plates : vasières , bras bien importante cependant, a été vaseux, grèves basses (Saint Suliac, apportée par les invasions marines. La Saint Père) , grève du marais du

73 Minihic-sur-Rance, plaine de Cains et faite d'un paysage de rives "rap­ (Pleudihen). Mais du Sud au Nord, on prochées" homogènes et complé­ peut constater une variation graduelle mentaires. du paysage. En amont, le marais de Landebellou (Lanvallay). En limite aval, les petits La Rance, affluents perpendiculaires qui se font face (ruisseau de la Bellière sur la rive un paysage unique et varié droite et son correspondant de la rive gauche en Plouër) .

Fonction de la géomorphologie et du La Rance lac. De la Ville Hervy au Pont relief, le site constitué par le cours de Saint Hubert. l'estuaire de la Rance peut être divisé Vaste cirque de prairies et de champs cultivés qui descendent des hauteurs de Pleudihen pour former un vaste "lac". Le relief relativement plat de cette zone ouvre de très larges perspectives visuelles sur les sites d'horizon où terre, et "mer" se confondent. Flux et reflux découvrent d'importantes zones de vasières, de sables, plaine de Mordreuc, marais de l'anse de Saint Magloire.

La Rance mer intérieure. Du pont . Saint Hubert aux Îles Notre-Dame et Harteau. Unité plus mouvementée que la précé­ dente mais large et échancrée.

La partie sud de cette zone est forte­ ment marquée par l'alternance de la hauteur du Mont Garreau avec l'anse basse située directement au sud ou anse de Vigneux où se trouvent les restes de l'ancien camp viking. Plus haut, se trouvent face à face, l'anse du port de Saint Suliac et la grève de Morlet (Langrolay). Cette zone est fortement définie par le bourg de Saint­ Suliac qui représente une référence d'architecture majeure pour la vallée et par la pointe du Puits, site naturel majeur. A l'Est, le bras de Châteauneuf constitue un site de fonds de golfe : les vasières et marais de la Goutte sont un des sites les plus caractéristiques de la Rance bordée par les moulins à marée dont un reste intact (Moulin du Beauchet).

La Rance littorale. Des Îles Notre­ Dame et Harteau au barrage. La Rance y est plus étroite que dans la Pêcherie à carrelet de Lessard. zone précédente et présente une alternance de pointes, d'anses, de baies et de promontoires qui surplombent le en plusieurs unités définies suivant des plan d'eau. "sensations dominantes" de chaque partie. Après la zone resserrée située entre Cancaval (rive gauche) et la Passagère (rive droite), une zone plus large La Rance rivière. De Lanvallay à la constituée de l'Anse des Rivières et de Ville Hervy. la Baie de Troctin. La présence du Zone encaissée ponctuée de méandres barrage et l'urbanisation sensible de la

74 Baie de St Malo <;p 'Û~

St Jouan des Guérets

ZNIEFF Type 1maritime -~ ZNIEFF Type 1terrestre ~ Réserve de chasse ~

Réserve SEP NB

Espaces naturels CD départementaux

1- Port-Breton/Dinard 45 000 m' 2- La Vicomté/Dinard 1 346 m' 3 - Cancavai/Pieurtuit 52 021 m' 4 - La Briantais/St Malo 93 805 m' Plouer/Rance 5 - Montmarin/Pieurtuit 11 748 m' 6 - Jouvente/Pieurtuit 3 949 m' 7- lie Chevret/St Jouan 14210 m' 8 - Les Hures/Le Minihic 6167 m' 9 - Pointe du Thon/Le Minihic 2414 m' 10- Pointe du Crapaud/Le Minihic 3 608 m' 11- Pointe du Puits/SI Suliac 600 m' Pleudihen 12- Pointe du Crapaud/SI Jouan 3 406 m' 13- Saint Buc/Le Minihic 5 332 m' 14- Garo/Saint Suliac 4 598 m' 15- Vigne uxNi lle-ès-Nonais 4 725 m' 16- Port saint JeanNille-ès-Nonais 17- Taden 8 808 m' 18- Lanvallay 5 756 m' 19- Langrolay 32 313 m' Total (35+22) 299 806 m' N '3 km

Localisation des ZNIEFF et espaces protégés en .Rance.

75 Protections de la digue du marais des Guettes en Saint Suliac. rive gauche influence fortement le plan analogues aux peuplements marins, ce d'eau à cet endroit, aussi fortement qui confirme la qualité très maritime de marqué à marée basse par la grande l'estuaire. Ils jouent un rôle de nursery vasière de l'anse des Rivières. important : jeunes individus de plusieurs espèces de poissons (plie, sole, bar, Au-delà du barrage, l'estuaire naturel se mulet, hareng, sprat, sardine) et de poursuit jusqu'à une zone voisine de la frayères. L'existence de frayères et de Pointe de la Vicomté et de la Pointe des nurseries dans tout le bassin maritime Corbières au-delà de laquelle la mer prouve le caractère perméable du domine. barrage marémoteur. Au niveau végétal , on a une végétation Un milieu biologique halophile qui se répartit suivant le gradient de salinité mais aussi les d'une grande diversité conditions d'abri, de topographie etc. Les plus beaux schorres se trouvent dans le bras de Châteauneuf, à la grève L'alternance des reliefs de la vallée, les du Marais, au sud du Mont Garreau, et influences à la fois maritimes et sur la plaine de Pleudihen. terrestres, les expositions différentes aux facteurs écologiques : ensoleillement, Au niveau ornithologique, la Rance vent, embruns, mais aussi immersion ou présente un grand intérêt comme site non immersion (au rythme des marées) abri d'oiseaux en hivernage (niveaux font de la vallée estuarienne un milieu national et régional) ; les anatidés et les spécifique de grand intérêt pour les limicoles sont les familles les plus populations végétales et animales. importantes. Les trois zones d'alimen­ Certains aspects de cette rubrique étant tation sont l'anse de la Richardais, repris dans les articles conjoints de l'Anse de Garreau et le Bras de cette revue, je ne ferai que brosser les Châteauneuf. Sur l'île Notre-Dame principaux éléments montrant globale­ (Saint Jouan), il y a nidification d'eiders ment ces intérêts. et de sternes. Dans le bassin maritime Dans le bassin fluvial Les substrats meubles (sables fins Au niveau végétal, on trouve des vaseux) qui occupent les plus grandes roselières. La population piscicole est surfaces présentent des peuplements composée d'espèces dulçaquicoles

76 classiques des cours d'eau à faible leur aspect sauf autorisation minis­ courant : carpes, sandres, brèmes, térielle (article 12 de la loi du 2 mai gardons, anguilles. 1930). Les autorisations sont instruites par l'architecte des bâtiments de Du point de vue ornithologique, la et transmises au ministre par l'inspec­ grande zone de Taden est un site teur régional des sites la plupart du intéressant pour repos et gagnage des temps sous couvert des préfets de anatidés. C'est aussi un lieu de département après avis de la commis­ rencontre entre oiseaux d'eau douce et sion départementale des sites. Dans oiseaux marins. quelques cas concernant les modifi­ cations mineures du site, ces autori­ sations peuvent être délivrées par les Histoire d'un classement préfets de département (autorisations déconcentrées réglementées par le décret du 15 décembre 1988). La Rance, paysage exceptionnel, milieu dense et riche, n'avait pas jusqu'ici Petit à petit cette mesure de protection beaucoup attiré l'attention des "faible" (que représente l'inscription) par promoteurs immobiliers, tant elle était rapport aux grands projets s'est avérée peu attrayante pour le touriste des insuffisante pour protéger efficacement années 1950 affectueux des longues les parties naturelles de la vallée et plages sableuses, par ailleurs proches nous avons dans un premier temps de cette vallée. Elle a été le repère et le engagé des mesures de classement au coin secret des bourgeois malouins et "coup par coup" en fonction des dinardais qui y ont installé des opportunités du moment (choix de demeures de grande qualité (maloui­ protection des mares de Saint Suliac, Le nières), la plupart dominant la vallée de Minihic) ou menaces précises vis-à-vis leurs belles façades. d'aménagements forts : • classement de la pointe du Puits, du Des petits bourgs se sont installés çà et Mont Garreau et de la pointe de là au fil de la vallée dans un abri du Grainfolet à Saint Suliac le 30 mai 1983, relief, dans une zone facile d'accès ou un secteur protégé des vents : la vallée • classement de la pointe des Hures, du comporte des villages et hameaux Thon, du Crapaud et de la grève des anciens d'une grande beauté. Puis le marais au Minihic/ Rance le 23 mars tourisme de masse est apparu et les 1990, demandes de permis de construire se • inscription de deux vallons afférents : sont accumulées y compris le long des la Rabinais, la Houssaye, le 21 sep­ berges de la Rance. tembre 1984, • engagement de la procédure de En 1967 et 1974, le Ministère de la Culture a reconnu la qualité d'ensemble classement d'une partie du rivage de la de la vallée au travers de deux arrêtés Ville-es-Nonais : pointe de Pont Saint distincts d'inscription. Jean, à l'occasion de la traversée de la vallée par la future voie de la R.N. 176, L'inscription à l'inventaire des sites est • engagement de la procédure de une mesure de protection des paysages classement des bords de Rance à définie par la loi de 1930. Lanvallay suite à la décision municipale Le but général de cette mesure est la de créer un port. préservation "souple " du paysage. Elle consiste en une surveillance générale Le lancement de la procédure du site exercée au travers de l'article 4 Mais des classements au coup par coup de la loi qui prévoit, pour tous travaux n'ayant pas été considérés comme des susceptibles de modifier le site (sauf priorités nationales, nous avons lancé ceux d'exploitation courante des fonds en 1991 une procédure globale de ruraux), une déclaration préalable classement de l'ensemble de la vallée auprès du préfet, un avis de l'Architecte estuairienne. des bâtiments de France et parfois de la commission départementale des sites. Le lancement de cette procédure s'est Le classement au titre des sites a pour fait suite à une impulsion nationale : objectif la conservation dans son état de décision de classement de quatre la portion du territoire concernée par la grands sites français particulièrement mesure. Lorsque cette protection est intéressants (les Maures et l'Esterel, l'lie mise en place, les sites ne peuvent être d'Yeu et la Rance) prise en conseil des ni détruits, ni modifiés dans leur état ou ministres le 5 juin 1991. Cette décision a

77 été prise par le gouvernement 5 ans - recueilli en juin 1993 en Côtes après la promulgation de la loi sur le d'Armor. littoral de janvier 1986, ces quatre sites • avis de la commission supérieure des ayant été considérés comme majeurs sites : du point de vue patrimonial. - 9 décembre 1993 A partir de cette décision, des discus­ • avis du Conseil d'Etat : sions importantes ont eu lieu entre tous - 2 mai 1995 ; tous les sites sont les partenaires et notamment avec les soumis au conseil d'Etat ; en effet, il faut acteurs du développement que sont les et il suffit que l'un des propriétaires différents maires pour arriver à une concernés par le classement y fasse délimitation, qui tout en ménageant les opposition lors de l'enquête publique enjeux locaux, aboutirait à une pro­ réglementaire. tection forte du patrimoine naturel • signature du décret ministériel : existant. - le 6 mai 1995 par Edouard Balladur

Les délimitations et argumentaires ont été Le périmètre retenu - surfaces clas­ faits en même temps que la délimitation sées des espaces remarquables au titre de la loi littorale (article L 146-6, les décrets • terrestre d'application de cette loi n'étant sortis Il s'agit d'une bande de terrains variable qu'en 1989 et 1990) et après un de 0 à 300 m. Ces terrains, par leur diagnostic complet des différents intérêts situation, participent à l'entité paysagère de la vallée (paysagers, scientifiques, générale et sont la plupart du temps culturels ... ) réalisé par un bureau d'études covisibles avec le plan d'eau ou avec spécialisé. d'autre rive (détermination de la ligne de crête). Les zones d'urbanisation ont été Les détails des procédures menées exclues du périmètre. La surface de parallèlement dans les départements terrains classés nouvellement en 1995 des Côtes d'Armor et d'Ille-et-Vilaine est de 1 384 ha et le détail en est fourni sont les suivants : dans le tableau page précédente. • maritime • enquête publique : Le parti a été pris de protéger de façon - février-mars 1993 en Côtes d'Armor. linéaire une bande de 50 m au droit de - février-mars 1993 en Ille-et-Vilaine. tout le linéaire côtier et de classer les • avis des commissions départemen­ grandes vasières ayant un intérêt tales des sites : scientifique reconnu : l'anse des rivières, - recueilli en avril1993 en Ille-et-Vilaine le bras de Châteauneuf, l'anse du Mont

Surface des terrains classés par commune.

Partie estuarienne en aval de Dinan (département des Côtes d'Armor): Commune de Pleudihen sur Rance 293 ha Commune de La Vicomté sur Rance 90 ha Commune de Saint Helen 10 ha Commune de Taden 62 ha Commune de Saint Samson sur Rance 102 ha Communes de Langrolay sur Rance et Plouer sur Rance 366 ha Total Côtes d'Armor: 923 ha

Partie estuarienne en aval de Dinan (département d'Ille et Vilaine): Commune de Pleurtuit 100 ha Commune de Saint Malo 141 ha Commune de Saint Jouan des Guérets 130 ha Commune de Saint Père Marc en Poulet 90 ha Total Ille et Vilaine: 461 ha

78 Garreau, la plaine de Pleudihen ; dans les parties étroites de la vallée, en amont d'une ligne reliant Mordreuc (rive droite) au Chêne vert (rive gauche), tout le plan d'eau est classé.

Les effets du classement Le site, une fois classé, est donc placé sous la "haute surveillance de l'Etat".

Dans la pratique, on constate que nor­ malement les autorisations de construc­ tions nouvelles sont très rares ; l'autori- ~ sation de modifier le site de façon g­ significative étant 1•exception. ffi

Leur objectif est la protection du gibier et Sans nous étendre trop sur le problème, de ses habitats. Tout acte de chasse y est il nous semble nécessaire de faire le strictement interdit. bilan de tous les éléments allant dans le sens de la prise en compte du patri­ Tout le domaine public fluvial en amont moine naturel de la Rance : de l'écluse du Châtelier est en réserve de chasse. Les ZNIEFF : Zones Naturelles d'Intérêt Ecologique, Floristique ou Faunistique La loi littoral et les espaces dits "re­ marquables" Elles sont des inventaires ou recen­ Textes applicables : art L 146-6 de la loi sements aussi exhaustifs que possibles littoral, art R 146-1 et R 146-2 du code de des espaces naturels dont l'intérêt l'urbanisme repose soit sur l'équilibre et la richesse de l'écosystème, soit sur la présence Depuis la loi littoral (janvier 1986) et ses d'espèces de plantes ou d'animaux décrets (1989 et 1990), dans les com­ rares et menacés. munes littorales ont été répertoriées les espaces d'intérêt paysager, biologique, A travers ces inventaires qui n'ont pas géologique, culturel, etc. Les communes de portée juridique, on trouve la volonté ont obligation de prendre en compte ces des pouvoirs publics de se doter d'un espaces au travers d'un zonage approprié outil de connaissance du milieu naturel dans leur P.O.S. "NOL" ou "NOS". français leur permettant une meilleure prévision des incidences des aména­ Dans ces zones, seuls des aména­ gements sur les milieux sensibles. gements légers sont possibles. En

79 Rance, les espaces remarquables ont Le conservatoire du littoral ne possède été délimités en même temps que les pas de terrains sur la Rance . Les zones classées. Les délimitations de objectifs sont sensiblement les mêmes zones sont très proches. que ceux des espaces naturels sensibles des départements. La prise en compte de ces espaces dans les POS se fait progressivement au fil des révisions. Heureuse conclusion Les politiques de maîtrise foncière • Les espaces naturels sensibles des Depuis la mise en oeuvre de la loi littoral départements : et le récent décret de classement des Chaque département acquiert des parties naturelles des bords de Rance, terrains dans le cadre de la taxe sur les on peut considérer que cette vallée est espaces naturels sensibles ou taxes des maintenant bien protégée tant au niveau espaces naturels sensibles (code de du paysage qu'au niveau biologique. l'urbanisme, art L 142-1 à L 142-3 ; et R Les décisions d'aménagement ne 142-1 à R 142-18) perçue sur les actes pourront plus se faire sans tenir compte de construction de l'ensemble du des spécificités du milieu et de leurs département. La collectivi!é !n.ter:v~ent à potentialités à les recevoir. l'intérieur d'une zone predellmitee ou zone de préemption. Les objectifs de Il est heureux de constater que l'Etat cette politique de maîtrise foncière sont français ait pris pour la Rance, comme la protection, l'aménagement ou la mise pour un certain nombre de sites, les en valeur des espaces naturels dispositions nécessaires pour tenter de sensibles du département et l'ouverture préserver les derniers bastior:s d~ notre raisonnée au public. patrimoine naturel. Il reste a ~erer ce patrimoine dans les meilleures Dans le département des Côtes d'Ar­ conditions de respect vis-à-vis de tout mor, le nombre et la surface des sites ce qui a été recensé et répertorié. 8 sont limités. En Ille et Vilaine, les sites acquis par le département sont un peu plus nombreux et une pa_rtir de l'éq~ip~ du service espaces sensibles (basee a la Gouesnière) en est chargée (avec la baie du Mont saint Michel et la Côte d'Emeraude. Colette DEBROISE-DELBREIL est • Les acquisitions par le conservatoire Inspecteur régional des sites à la Direction du littoral. régionale de l'environnement de Bretagne.

1:: Q) ::> "'cr c: iii"' <(

Un village des bords de Rance, le Val ès Bouillis.

80