E D 1 T o

ENFANTS DE PETAIN

e Boulanger aux Ligues fascisantes de 1936, de l'OAS à Pou­ jade et jusqu'à Le Pen, les droites radicales ont toujours su avoir deux fers au feu. Un courant populiste et démagogue assure une base populaire non négligeable; dans l'ombre et le secret, un autre courant s'organise en groupuscules vio­ lents, encore plus extrémistes. Toute cette mouvance a en commun un ressort idéologique essentiel: l'exclusion et le racisme marié à un nationalisme frileux, appuyé sur tou­ tes les peurs, drapé dans un passé mythifié. Au Front national, c'est la « préférence nationale» qui porte le racisme, largement partagé dans ses rangs et nourri par les propos de ses diri­ geants. Dans les groupes néo fascistes comme le PNFE ou l'Œuvre française, c'est le « mort aux bicots» qui débouche sur les ratonna­ des ou les bombes. Le fond est le même, ils se retrouvent tous sur « la aux Français ». Avec Pétain, l'extrême droite fut un temps au pouvoir en France et les juifs servaient alors de boucs émissaires. Les Fran­ çais s'en souviennent-ils comme de moments de bonheur et de fierté nationale? Aujourd'hui, ces mêmes mouvements tuent ou inspi­ rent les tueurs d'immigrés à Paris, Bordeaux, Nice, Castres, Marseille, Lyon ou Lille. Ils agressent et tentent de faire régner la peur dans les communautés étrangères. Ils visent aussi les Français qui refusent de voir ce pays livré au national­ chauvisme. On ne peut cependant s'arrêter au symptôme. C'est la crise qui sert d'engrais à l'extrême droite. C'est la crise qui a dés­ tabilisé et marginalisé des millions de citoyens au point de leur faire paraître tentant le recours à l'auto­ ritarisme le plus extrême. La crise est l'engrais, mais le terreau existait avant. Les vraies solutions passent par des remises en causes profon­ des du fonctionnement de notre société trop foncièrement LE PLAISIR DE TOUTE LA F ~a.a.JLJ&J"'" inégalitaire. Le Pen et consorts n'ont pas inventé l'exclusion. Ils se sont contentés de promettre aux exclus du système qu'il fallait d'abord en exclure d'autres pour qu'enfin ils exis­ tent. boissons différentes Différences . tous les goûts tous les instants de la journée.

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, extrême droite

se réunit autour

de quelques ré-

flexes et quelques ra-

cines historiques et

théoriques. En dehors

de cela, la diversité

des droites radicales

rend plus difficile leur

appréhension.

Groupuscules néo-

nazis, négateurs,

nationaux-catholi-

ques, internationa-

les noires ou intellec-

tuels plus ou moins ul-

tralibéraux forment un

maquis, à l'abri des

regards, derriére

l'arbre du Front na-

tional. LE RONT DES EXTREMES Tout débroussaillage demande une connais- sance du terrain. 6 7 par la suite solidaristes, catholiques intégris­ tes, dissidents maurassiens, et dernièrement L'EXTREME DROITE des « déçus» de l'UDF et du RPR, etc. Cet­ te diversité d'origine induit deux conséquen­ elativement bien circonscri­ Les droites et droites extrêmes le sujet, le Choc du mois, a pourtant consa­ ces principales: te à quelques activistes cré, en mai 1988, un important dossier à 1. Bien malin celui qui voudrait établir la fi­ dans les années soixante­ « l'extrême droite en France» (3). Provoca­ liation historique du parti de Jean-Marie Le dix, l'extrême droite s'en­ ont toujours été en France va­ tion ? Sans doute pour une bonne part. Com­ Pen. On peut y trouver tout et le contraire fle à mesure que s'accroît me l'écrivait Jean Bourdier, nommé depuis de tout. Le Front national, comme son nom l'audience du Front natio­ riées et multiples avec des liens rédacteur en chef de National-Hebdo, dans l'indique, est un rassemblement. nal. Bigo'ts lefebvristes, intellectuels païens un éditorial, « L'extrême droite est, pour C'est en juin 1972 que le deuxième congrès émerveillés devant les alignements de Stone­ l'Evénement du jeudi, ce que les salaires des d' adopte une stratégie de et des rivalités d'une grande « front national. » Une idée lentement mû­ henge ou fous de légendes teutones, mania­ cadres sont pour le Point. Et qu'importe si, rie depuis un an, selon Alain Rollat qui ex­ ques de la désinformation, nostalgiques de dans leurs articles, des erreurs matérielles plique très bien cette genèse du parti de Jean­ l'Ancien Régime, skins ivres de bière et de complexité. grossières se mêlent aux assimiltions abusi­ Marie Le Pen (5). Jugeant alors « possible de haine, plastiqueurs de foyers Sonacotra ... ves ! » Le dossier du Choc du mois se vou­ doter le nationalisme d'une base populaire so­ tous se retrouvent parfois bien malgré eux Le danger des unes et des au­ lait donc une « mise au point ». Il s'agissait lide car la montée des mécontentements rend sous une enseigne commune, sorte de tiroir ni plus ni moins de décrire et de raconter. une bonne partie des Français beaucoup plus fourre-tout de la politique. tres varie avec la situation his- Avec deux sous-entendus toutefois, l'un accessibles à des solutions radicales» les di­ « On accuse d'extrême droite les gens que l'on avoué, l'autre inscrit entre les lignes. En re­ rigeants du mouvement néofasciste souhaitent veut déconsidérer. »Jean Ferré, le président torique et sociale dans laquelle prenant la terminologie courante dans le ti­ copier le modèle du Mouvement social italien de , exprime parfaitement le tre de leur dossier, les responsables de ce jour­ en se fondant dans un groupement électoral refus de cette étiquette. Ce n'est pas Bruno nal souhaitaient en « démontrer précisément plus large. Tout en escomptant bien garder Mégret, délégué général du Front national, elles s'ancrent. Qu'en est-il au­ l'inanité ». La diversité des organisations ren­ le leadership sur le nouveau mouvement, ils qui le contredira. « Quand on veut tuer son contrées aboutissant de facto à une diversité affirment n'avoir qu'une « seule loi », celle chien on l'accuse de la rage» fait partie de jourd'hui ? telle qu'il devenait impossible de les regrou­ « révolutionnaire» de « l'efficacité». Or ses proverbes favoris. Même Jean-Marie Le per sous un seul concept. Plus incidieusement celle-ci commande que les querelles de cha­ Pen en convient: « Qu'on le veuille ou non, che est gauchiste, et que l'adjectif d'extrême il s'agissait de dédouaner le Front national. pelles idéologiques s'effacent devant le but à l'extrême droite sent le soufre (1). » Ce fai­ droite est extrémiste de droite, ce qui laisse Tous les articles étaient consacrés aux petits atteindre. Elle commande aussi de confier la sant, il reconnaît implicitement s'adresser à entendre qu'elle mettrait au service d'idées ex­ groupuscules se réclamant qui du royalisme, direction du Front national à un homme d'ap­ un public qui ne dédaigne pas toujours s'iden­ trémistes ou révolutionnaires des méthodes qui d'une troisième voie ni capitaliste ni parence modérée. Ce sera, après divers con­ tifier comme tel, d'où l'injonction à se récla­ extrémistes ou terroristes. » Politologue en­ marxiste, qui d'un celtisme originel, etc. tacts, Jean-Marie Le Pen. mer d'une bannière plus présentable: « Que fin : ce serait « une notion floue, imprécise, Comme si le mouvement de Jean-Marie Le Si les jeunes leaders d'Ordre nouveau ont par cette réputation soit justifiée ou non, on est équivoque, d'usage plus polémique que scien­ Pen n'avait rien (ou plus rien) à voir avec ces la suite été dépossédés de leur enfant, il n'est obligé de tenir compte de la représentation tifique ». Sur ce dernier point, on ne peut lui organisations. Avec un an d'avance, ce dos­ pas interdit de penser que dans ses grandes que s'enfait le public. (. . .) Dans un pays où, contester une certaine justesse de vue. De sier répondait au vœu d', député lignes le projet a été conservé. Au demeurant naguère personne, à part le Front national, moins en moins employée par les politolo­ européen de ce parti. Dans une interview au les analyses qui avaient conduit à son élabo­ n'acceptait de se dire de droite, tant le mot gues, à l'exception notable des études électo­ Quotidien de Paris il souhaitait qu'apparais­ ration étaient assez justes. paraissait chargé négativement, on comprend rales pour lesquelles le positionnement sur se « un vrai partifascisant sur sa droite pour 2. Le brassage d'influences doctrinales nom­ que celui d'extrême droite ne puisse attirer « l'axe droite-gauche» autorise seul des com­ que l'on constate que ses thèses ne sont pas breuses et variées a eu pour résultat l'élabo­ que les romantiques amoureux des causes per­ paraisons que ne permettrait pas la valse des si extrémistes que ça ». Selon l'ancien prési­ ration d'une doctrine nouvelle, non chimique­ dues et du camp des maudits ou les maso­ sigles, la notion d'extrême droite a été sérieu­ dent du Club de l'Horloge, Yvon Blot, le ment pure comme c'est de règle en matière chistes. » sement malmenée par les travaux de Pierre­ Front national « est un parti national-libéral, d'idée, que Pierre-André Taguieff a choisi de UNE NOTION FLOUE André Taguieff. Selon ce chercheur au ni plus ni moins ». . nommer « national-populisme ». ET POLEMIQUE CNRS, qui lui préfère l'appellation générique FN : UN MOUVEMENT nemi ». « Je ne pense pas contrairement au NATIONAL-POPULISME Sans doute conscient de la faiblesse de cet ar­ de « droites radicales» (le pluriel renvoyant HETEROGENE Club de l'Horloge, qu'il soit possible d'allier Si l'étude de cette doctrine est encore à l'état gument pour empêcher une telle identification à une pluralité de formes et de doctrines), il Un jugement que ne partage pas tout à fait le projet libéral et la volonté identitaire (4). d'ébauche (6), il est permis d'en tracer les négative de son mouvement qu'il assimile à ne s'agit que d'une « dénonciation démoni­ Jean-Claude Bardet, le rédacteur en chef de A l'origine, la droite, c'est-à-dire la contre­ grandes lignes. A commencer par un postu­ révolution, avait parfaitement stigmatisé le li­ une « étoile jaune », Jean-Marie Le Pen sait sante », une « labellisation figée» emprun­ la très sérieuse revue Identité, « revue d'étu­ ge propre et créer de nouveaux discours. »On lat de départ bien nécessaire : le Front natio­ se faire, suivant les occasions, linguiste ou po­ tée à « la démonologie de propagande de tra­ des nationales », créé sous le patronage du béralisme comme ennemi principal. Par la ne saurait être plus clair. Sans doute faut-il nal a une idéologie dont il est trop facile de litotologue : « Nous ne sommes extrémistes dition antifasciste », en aucun cas explicati­ conseil scientifique du Front national. Dans suite, le libéralisme a glissé à droite malgré voir dans la « droite de conviction », chère dire qu'elle constitue le « degré zéro de la po­ ni dans nos idées ni dans nos méthodes. » Il ve. Bien au contraire, en retombant dans des une interview donnée au Choc du mois (no­ lui. La Seconde Guerre mondiale ayant mas­ à Bruno Mégret, cette « vraie droite» que le litique ». Sa première caractéristique est de y aurait donc un mot de trop dans l'expres­ schémas préétablis, elle ferait l'impasse sur vembre 1989), cet ami personnel de Bruno sivement contribué à la déligitimation des va­ théoricien fasciste italien, Julius Evola, op­ se vouloir révolutionnaire. Appel au peuple sion identificatrice, un mot qui le gêne d'au­ la connaissance du phénomène, à commen­ Mégret et ancien membre du Club de l'Hor­ leurs qui constituaient le patrimoine de la posait à « la droite économique ». pour une « vraie révolution française », sou­ tant plus que « la sémantique elle-même n'est cer par sa dimension idéologique (2). loge comme lui, a fait connaître son opposi­ vraie droite, celle-ci a dû négocier son retour Cette polémique récente a le mérite de rap­ hait de « changements tout àfait importants pas neutre, puisque l'adjectif d'extrême gau- Un mensuel particulièrement bien informé sur tion au libéralisme considéré comme un « en- à la scène publique en acquittant aux tenants peler que le monolithisme idéologique du d'orientation et de structures », volonté de l'égalitarisme un droit de respectabilité Front national a toujours été une illusion. Dès d' « opérer un rétablissement spectaculaire» souvent exorbitant. Dans le contexte de la 1972, on y trouve plusieurs tendances, repré­ en constituent les principales lignes de force. guerre froide, elle a dû faire allégeance à l'at­ sentants chacune une sédimentation histori­ Un révolutionnarisme qui ne craint cependant lantisme et à l'économisme libéral. » Cette que : maurrassiens orthodoxes, pétainistes, pas de s'afficher aussi réactionnaire: « Si être époque est pour lui révolue. « La droite doit ex-députés « Algérie française », nationalis­ réactionnaire, c'est réagir comme un organis­ EN QUESTIONS se remettre au travail, exhausser son hérita- tes révolutionnaires auxquels se sont joints me réagit en face de la maladie, eh bien 8 9 1 LES PATRIARCHES : LA MEMOIRE

Fête des Bleu-Blanc­ français dès l'été 1940, Henry Coston se voit Rouge. Les lunettes confier le dépouillement des archives de la bien ajustées au­ Grande Loge, tandis que le Grand Orient dessus d'une mousta­ échoit à son complice. che grisonnante qui Condamné à la réclusion perpétuelle en 1947, semble bien avoir été grâcié en 1952, il commence, en 1951, à écri­ taillée une bonne fois re de nombreux livres pour « fournir en mu­ pour toutes il y a nition tous les amis de la bonne cause» et lan­ soixante ans, l'homme qui dédicace noncha­ ce, en 1957, une revue mensuelle intitulée Lec­ lemment au fond d'un stand fait corps avec tures françaises. Une « librairie française» ses livres. Ils sont presque tous là, dans un et une maison d'édition du même nom assu­ ordre maniaque. Lafortune anonyme et va­ rent une diffusion suffisante. A la tête d'une gabonde, Le veau est toujours debout, Les importante documentation et d'un gigantes­ financiers qui mènent le monde, Dictionnai­ que fichier manuel aussi performant que le re de la politique française, Dictionnaire des système à tringles de l'ancien PMU, il se plaît pseudonymes, etc. Autour de lui pas de bat­ à révéler l'origine ethnique ou le véritable pa­ tage commercial, juste le bouche à oreille : tronyme (toujours lumineux quand c'est Lévy « Il est là. »11, c'est Henry Coston. Pour eux ou ... Blum) de ses adversaires politiques, des c'est« la mémoire de la droite », un surnom artistes en vue, en agrémentant le tout d'un donné un jour par François Brigneau et qui antisémitisme allusif. lui est resté ; pour d'autres, le « vieil antisé­ Seul devant la tâche, il vend en 1975, sa « li­ mite» ou le« vieux renard» quand ces deux brairie française» à Jean-Gilles Malliarakis, expressions ne sont pas mélangées. ordinairement considéré comme le leader du Né en 1910, la politique lui tombe dessus à courant néo fasciste français et actuel chef de quinze ans sous la forme d'une collection de file du mouvement Troisième Voie. En 1977, Défilé du FN. Anciens comb,"f"nfs. L 'œuvre et d'un livre d'Edouard Drumont, il cède la direction de sa revue à Jean Auguy, Lafin d'un monde. C'est la révélation. Une un traditionaliste catholique à la tête d'un im­ oui, je suis réactionnaire », confesse Jean­ les différenciations et les aspects pluralistes cc Celui qui est capable de affiche de l'Action française proclame« La portant réseau de diffusion d'ouvrages con­ Marie Le Pen. qui, de toute manière, étaient devenus une marcher au pas derrière République c'est le règne de l'étranger ». Il tre révolutionnaires. En 1985, il confie la dif­ Mêlée à un nationalisme traditionnel dans la source de confusion insupportable pour les une musique militaire n'a adhère et se retrouve propulsé, en 1926, se­ fusion de ses œuvres à une Société française droite française depuis la fin du XI Xe siècle, masses qui avaient perdu leur place et leur crétaire de la section de Villeneuve-sur-Lot. de documentation et de prospective qui n'est pas besoin d'un cerveau. orientation », nous explique Hannah Arendt celui de Barrès et de Drumont, cette idéolo­ Le journalisme est déjà sa passion et le na­ autre que le nom commercial de la librairie Une moëlle èpinière lui suf­ (7). Si le Front national s'affirme aujourd'hui gie ne peut entrer dans les catégories instituées tionalisme drumontien l'emporte sur le roya­ Ogmios. par René Rémond dans sa thèse sur les droi­ fit. )) Einstein. comme le principal représentant des droites lisme maurrassien. Un petit héritage en 1930 tes en France. L'idéologie frontiste ne se ré­ radicales (hégémonique dans le champ poli­ lui permet de monter à Paris ressusciter La duit ni au légitimisme ni au bonapartisme et tique, dominant dans celui des idées), elles ne libre parole, le quotidien de son grand hom­ MAURICE n'a quasiment rien à voir avec l'orléanisme. s'y réduisent pas pour autant. A sa droite et me. Il y restera aux commandes jusqu'en En revanche, la distinction opérée par Zeev à sa gauche, pour reprendre des notions clas­ BARDECNE 1939, date de son interdiction. En 1933, il Sternhell entre deux droites antagonistes, réactionnaire, à l'heure où le populisme qui siques, subsistent des partis et mouvements fonde un éphémère Front national ouvrier Une pipe à la bouche, l'une conservatrice, l'autre révolutionnaire, n'est pas spécifiquement de droite ou de gau­ divers. Rivaux entre eux, jaloux de leur au­ paysan dont la doctrine s'apparentait au qualifiée aussi de « préfasciste » dans sa pé­ che est abandonné par celle-ci, le Front na­ tonomie à son égard, leur influence sur lui, la main tremblante et national-socialisme. C'est sans doute ce qui riode 1885-1914, semble plus à même de ren­ tional répond en quelque sorte à une deman­ voire au-delà de leur champ d'appartenance, le verbe ronronnant, lui a valu de faire partie de « cette tourbe» dre compte du fossé qui sépare actuellement de. Ce qu'Alain Rollat avait très bien senti n'en est pas moins réelle. Maurice Bardèche qui, selon l'historien Philippe Burrin, dès cet­ la droite médiatiquement qualifiée de « par­ en affirmant dès 1984 que la gauche en se con­ Michel Soudais pourrait être n'impor­ te date« défila à l'ambassade d'Allemagne ». lementaire »du parti de Jean-Marie Le Pen. vertissant à un mode classique de gestion de te quel vieillard en re­ PREFERENCE NATIONALE la société avait « cessé de faire rêver ». 1. Jean-Marie Le Pen, Les Français d'abord, éd. Carrère­ pour y « quêter (... ) reconnaissances et sub­ traite. A quatre-vingts Michel Lafon, 1984, p. 179. sides. » Mais la politique ne lui réussit pas. OU LOGIQUE TOTALITAIRE 2. Alors que la question de l'identité est au 2. Cf. Pierre-André Taguieff « La doctrine du national­ ans, il a encore publié populisme en France », in Etudes, janvier 1986, p. 27-46 ; Candidat en 1936 à Alger, il est battu. l'an dernier un ouvrage de critique littéraire Ce nationalisme rénové s'ordonne autour centre de nombreuses interrogations, le Front repris et complété dans Le Front national à découvert, d'une idée clef: la préférence nationale. Un national, à la suite du Club de l'Horloge qui Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Comme l'explique fort bien son ami, Jacques consacré à Léon Bloy. Un retraité studieux 1989, chap. 10. Ploncard d'Assac, « Drumont nous avait ap­ revenu, ces dernières années, à ses travaux thème qui met l'identité au centre non de tou­ en a forgé l'expression, joue les charmeurs en 3. Choc du mois, est le dernier « mensuel branché» des tes les préoccupations mais de toutes les dé­ proposant sous court de « préférence natio­ milieux nationalistes durs. pris qu'il existait des forces occultes derrière d'antan. Une lointaine époque qui vit ce nor­ 4. Pour mieux comprendre la polémique entre les tenants les pantins des partis politiques. Juiverie, cisions en les faisant procéder d'« une hiérar­ nale » de remettre au goût du jour, à l'abri du nationalisme et les « libéraux », provoquée par la 5' malien - il était dans la même promotion que chie concentrique des affections et des de­ des frontières nationales, une « philosophie» université du Club de l'Horloge, on se reportera à l'arti­ franc-maçonnerie, ploutocratie étaient les rois , Jacques Soustelle -, de­ cle de Sylvie Mantrant paru dans Celsius, nO 25 (voir bi­ voirs ». de l'agir, véritable logique totalitaire égalisa­ bliographie). de la République. Nous allions passer notre venu agrégé de lettres, occuper une chaire Relativement bien adaptée à la situation ac­ trice. « Pour une organisaiton qui fonction­ 5. Alain Rollat, Les hommes de l'extrême droite, p. 49-60. vie à les débusquer, à les reconnaître, à les d'université. C'était avant que la Libération 6. Annoncé chez Seuil en septembre 1989, l'ouvrage que tuelle, cette idéologie assure son succès sur ne selon le principe de quiconque n'est pas Pierre-André Taguieff souhaite lui consacrer n'est tou­ dénoncer. » ne frappe sa famille en la personne de cet au­ jours pas sorti. Mais plusieurs articles parus en constituent L'arrivée de Pétain au pouvoir est l'occasion tre condisciple devenu son beau-frère, Robert deux points principaux: inclus est exclu, quiconque n'est pas avec moi déjà la préfiguration. 1. Peu importe que son révolutionnarisme soit est contre moi, le monde perd les nuances, 7. Le système totalitaire, Seuil, coll. Points, p. 108. rêvée. Membre du Parti national-socialiste Brasillach. 10 Cet événement personnelle jette dans la poli­ pules qui auraient pu naître dans le cerveau LA JEUNE GARDE tique. En 1947, sa Lettre à François Mauriac de quelques mathématiciens. C'est ainsi qu'on attaque violemment la législation et 1'« idéo­ écrira l'histoire: on voit par là même qu'on logie » de l'épuration. Un an plus tard, il se peut la fabriquer. » Bilan, un an de prison. JEAN-YVES LE GALLOU : MONSIEUR IMMIGRATION fait encore plus virulent dans un ouvrage inti­ Devenu « martyr », il participe en 1951 à la tulé Nuremberg ou la Terre promise, publié fondation d'un Mouvement social européen et « Je suis en paix avec le Front national lui doit la rédaction de son semblent bonnes. Car sous l'aspect affable dans sa propre maison d'édition qu'il vient de fonde sa propre revue Défense de l'. ma conscience, j'ai re­ programme, une bonne part de la formation d'un ancien membre du comité directeur du créer, Les sept couleurs, du nom d'un roman Une revue dans laquelle vont se rencontrer et joint le Front natio­ des cadres et des élus, mais surtout la théori­ Parti républicain sommeille un extrémiste ren­ de son tristement célèbre beau-frère. Il y dé­ se former une grande partie des intellectuels nal. » En paix mais sation de sa politique d'immigration. Avant tré. En octobre, son journal, Colombes et les nonce non seulement la législation du tribu­ de l'extrême droite française. Parmi les signa­ pas en repos. Depuis d'être le slogan à succès que l'on sait, la Pré­ Français d'abord! publiait les noms à con­ nal international sur les « crimes de guerre» tures que l'on peut y relever, citons: Pierre septembre 1985, Jean­ férence nationale est le titre d'un ouvrage sonances étrangères de « jeunes partis en va­ auquel il reproche de ne juger que ceux des Boutang, Emmanuel Berl, Michel Mourlet, Yves Le Gallou sert qu'il fit paraître au nom du Club de l'Horlo­ cances grâce à des fonds municipaux ». Ce vaincus, mais annonce aussi ce qui sera le fond Paul Sérant, Thomas Molnar, Dominique son nouveau « maî• ge. Avant cet épisode, Jean-Yves Le Gallou qu'en bon gaulois on nomme de la délation. commun de toute la littérature révisionniste : Venner, Fabrice Laroche (), tre » avec une abnégation et une activité tou­ a été au moins une fois « nègre » dans sa vie. L'obsession prête parfois à sourire quand il « Comme il se trouvait souvent que les lieux François d'Orcival, Christian de Bongain (Xa­ tes monacales. Les honneurs c'est pas son L'ouvrage d'Alain Griotteray, Les immigrés: fait de l'immigration la principale cause des ne se prêtaient pas à une reconstitution, on a vier Rau fer) , Pierre Hofstetter, , truc. Il se contente de la présidence du grou­ le choc, c'était encore lui. Tout le prédispo­ embarras de circulation en région parisienne. fait marcher la truelle, et on a bâti, comme François Duprat, Alain Renault, Pascal Gau­ pe du conseil régional d'Ile-de-France. sait à devenir en quelques sorte le « monsieur Jean-Marie Le Pen avait-il besoin d'un énar­ au cinéma, des décors complets de torture en chon, Jean Madiran, Robert Faurisson, etc. Conseiller écouté du « président », il a ame­ immigration» du lepénisme. Toujours par­ que pour y penser ? des endroits où ils n'ont jamais existé, ou bien, Mais aussi Marc Fredriksen et son second, Mi­ né dans ses bagages un savoir-faire et « pro­ tant pour des conférences et des débats sur toujours dans la pieuse intention de faire plus chel Faci. En cessant sa parution en 1983 pour fil » modéré. « Depuis, j'ai fait des petits» ce sujet, il multiplie aussi les articles par un vraisemblable, on a construit à Auschwitz et cause de retraite, cet « écrivain fasciste» com­ se plait-il aussi à rappeler. Les plus connus habile maniement du traitement de texte. Grâ• à Dachau, par exemple, des fours crématoi­ me il ne craint pas de se présenter peut être ont pour nom Bruno Mégret et Yann Blot, ce à lui, les cadres frontistes ne sont jamais JEAN-GILLES res supplémentaires destinés à apaiser les scru- satisfait, le témoin est passé. son double de toujours. Homme d'appareil, à court d'arguments. Toutes les méthodes MALLIARAKIS « Lefascisme italien a été une tentative glo­ balement positive, malgré certaines er­ reurs, de bâtir une troisième voie écono­ mique et sociale dans les conditions généra­ 1\ \ les de la première moitié du XXe siècle. » Chef du mouvement Troisième Voie, Jean­ Gilles Malliarakis a incontestablement le goût de la provocation même si ce jugement, for­ mulé dans une interview au Choc du mois au­ quel il collabore sous le pseudonyme de Gil­ les de Kassos, dénote la permanence de ses référents politiques. En 1969, déjà, étudiant à Sciences-po, il avait organisé un meeting pour commémorer le 50· anniversaire de la création par Mussolini des « Facsi di combat­ ~t y[~1 \ timento ». f Issue des rangs de , groupuscu­ le alors interdit qu'il rejoint en 1960 à l'âge de seize ans, il se signale très tôt par une in­ =0 tolérance qui le pousse à créer ses propres groupuscules. D'obédience solidariste, il crée le Il février 1979 (jour anniversaire des ac­ cords de Yalta) le Mouvement nationaliste ré­ volutionnaire, sur la base d'un refus de la lo­ gique des blocs, du marxisme comme du ca­ pitalisme. Cette démarche drumontienne l'a conduit après différents avatars à coaliser en 1985 en un mouvement Troisième Voie cer­ tains restes du Parti des forces nouvelles, du Groupe union droit et des sympathisants du GRECE.

M.S. 13 , ......

DE MULTIPL ES FACETTES

Au FN, le groupe Militant sera l'allié des liques. Elle titre occasionnellement sur le En 1985 , il fonde son propre mouvement, a aussi recruté des skinheads du groupe Re­ Alphonse-de-Châteaubriand (Paris), le Cer­ GNR de François Duprat. Après l'assassinat « mythe d'Auschwitz ». Les tentatives de re­ dont le journal Tribune nationaliste est à la bellion blanche d'Olivier Devalez, qui s'en est cle franco-hispanique, le Cercle Cadoudal. de Duprat en 1978, l'arrivée des « solidaris­ crutement parmi les skinheads avaient abou­ fois antisémite, négationniste et raciste. Te­ éloigné. Le fait qu'il ait réussi à enrôler quel­ Depuis le début des années 80, la fragmenta­ tes» dirigés par Stirbois entraîne l'éviction ti fin 1987 à la formation des Jeunesses na­ nant congrès en novembre 1988, il dénonce ques policiers membres de la FPIF, groupés tion des groupuscules semble s'accélérer. Mais progressive de ces encombrants nostalgiques tionalistes révolutionnaires, avant que le « les illusions et les mensonges de la démo­ pour la circonstance au sein d'une « section c'est désormais chez notre libraire habituel du IIIe Reich, par ailleurs négationnistes (1). PNFE ou d'autres microgroupes ne s'implan­ cratie, ses liens avec la secte apatride (<< nom spéciale» du parti désignée explicitement par que l'idéologie raciste et dernièrement le né­ Les adhérents rejoignent largement la FANE. tent dans ce milieu. Dans les facultés, les par­ de code» désignant les juifs, NDLA) , t'as­ les initiales « SS », montre que les groupus­ gationnisme s'affichent ouvertement. L'extrê­ C'est d'ailleurs dans Notre Europe qu'en tisans de Troisième Voie ont utilisé entre au­ servissement de notre pays aux intérêts étran­ cules ne sont pas seulement folkloriques. me droite, sous toutes ses facettes, diffuse au­ 1980, Pierre Pauty, dirigeant de Militant, an­ tres les étiquettes Cercle Louis-Rossel (Paris), gers » et les dangers de « la perte de notre A Strasbourg, le Elsass-Lothringen Partei pa­ jourd'hui en kiosque: l'hebdomadaire Riva­ nonce sa démission du Front, « écœuré par CLAN (à Assas) et GNAR (Groupe nationa­ identité raciale» (5). Le PNFE, environ 500 raît avoir récupéré les anciens militants des rol (fondé en 1951), National-Hebdo, orga­ les manigances talmudiques de l'équipe soli­ liste d'action révolutionnaire) à Sciences-po membres, a bénéficié du déclin des Faisceaux Loups noirs irrédentistes. A Colmar, la Nou- . ne officieux du FN, , passé sous la dariste »(!). Paris. nationalistes européens (FNE) , successeurs de velle Voix d'-Lorraine, animée par férule de Serge de Beketch, Révolution euro­ Le Parti nationaliste français (PNF), fondé Le GUD, de son côté, a repris la publication la FANE avec son bulletin Notre Europe. Il Fritz Becker (6) et Charles Zind, est coutu­ péenne, organe de Troisième Voie dont l'édi­ en 1983, ne doit pas compter plus d'une cen­ de Rebelles. En décembre 1989, il reprodui­ mière des procès pour écrits négationnistes. torialiste est l'ancien SS Christian de La Ma­ taine de membres . Ses actuels dirigeants, Jean sait la charte du groupe pour la « défense de A Lyon, le CLAN s'est manifesté lors du pro­ zière, Le choc du mois (qui s'est illustré en Denipierre, Jean Castrillo, Pierre Pauty, Pier­ l'identité française contre le cosmopoli­ cès de Klaus Barbie par des distributions de 1989 par un numéro consacré au centenaire fois ouvertement néonazis, les re Bousquet ont tous appartenu au FN. Le tisme ». tracts négationnistes, et se situe à mi-chemin de la naissance de Hitler), le mensuel intégris­ PNF est un parti « suprémaciste », croyant Différent des groupes précédents en ce qu'il entre la mouvance « skin » et l'ex-MNR. A te Monde et Vie, proche du FN, l'hebdoma­ groupuscules de l'extrême droi­ à la supériorité de la « race blanche» fon­ affiche un orthodoxe, la Res­ Nantes et en Bretagne, l'ancien Waffen SS daire royaliste Aspects de la France et le pam­ dée sur la pseudo-génétique. Militant reprend tauration nationale a sa place dans cette étu­ Yves Jeanne anime depuis 1978 le Devenir eu­ phlet négationniste Révision, dont la diffu­ te, éclatés, sont nombreux et volontiers la thématique néopaienne, diffu­ de. La« génération Maurras », ainsi qu'elle ropéen, petite revue néopaïenne. En juin sion par les NMPP et la non-interdiction se les écrits négationnistes (2) et justifie le ra­ se baptise publie le Feu-Follet,' nationalisme, 1985, un de ses militants, Christian Le Bihan, constituent la meilleure preuve de la faible actifs. A l'ombre de , cisme (3) . régionalisme, écologie sont ses axes de ré­ a trouvé la mort dans l'explosion de la bom­ protection offerte par la loi de 1972. Dans le même registre, mais plus récent, le flexion. Les ennemis sont ceux de toujours: be qu'il s'apprêtait à poser au Palais de jus­ Les groupuscules français de l'extrême droi­ d'autres groupes, intégristes et Mouvement Travail Patrie. Hugues d'Alau­ « Les magistrats de la LIeRA» et l'idéolo­ tice de Guingamp (Côtes-du-Nord). Pratique­ te, dans l'espace politique réduit que leur lais­ zier, ancien du CNIP et du FN avait formé gie des droits de l'homme, le cosmopolitis­ ment tous les mouvements régionalistes pos­ se le Front national depuis 1983, vivent sans nationalistes, prospèrent. Por­ le Front d'opposition nationale avec l'appui me. Le vieux fond antisémite de Drumont et sèdent d'ailleurs leurs néofascistes ou adep­ leader charismatique, avec au mieux quelques traits de groupes. du Dr Demarquet. Désormais allié avec Alain de l'Action française refait souvent surface, tes des théories « ethnistes » proches de la milliers de militants actifs. Tous sont désor­ Rondanina, ancien conseiller municipal PFN comme la tentation activiste. Les trois jeunes , notamment en Flandre fran­ mais convertis au négationnisme, et leur ca­ e plus ancien des groupes en­ d'Aix-en-Provence, il doit pouvoir compter gens interpellés en 1989 après l'attaque du çaise et en Bretagne (avec La Bretagne réelle). pacité de nuisance se mesure au nombre des core en activité est l'Œuvre sur 500 militants. Dans la mouvance du MTP spectacle de la chanteuse Hélène Delavault On pourrait aussi étudier en détail écrits de ce genre : en nette augmentation. française, formée en 1970 par se trouve le journal Persiste et Signe. En sep­ appartiennent à cette mouvance royaliste. la mouvance « évolienne » au­ Jean-Yves Camus Pierre Sidos, créateur de Jeu­ tembre 1989, le journal titrait : « Juifs, la fin Le plus connu des groupuscules implanté na­ tour de Totalité, le milieu tionalement est le PNFE (Parti nationaliste ne Nation. Très centrée sur Pa­ des lamentations », et affirmait: « L'Euro­ « skinhead» avec ses « fan­ (1) Sur ce point, je renvoie à ma contribution à l'ouvrage français et européen) dont le principal diri­ Le Front national à découvert, Presses de la FNSP, 1989. ris, l'Œuvre recrute souvent pe sera révisionniste ou ne sera pas» (4). Un zines » et ses concerts, les (2) Maître Eric De/croix, animateur du Comité Soljenitsy­ parmi les jeunes de milieux populaires, reven­ autre article, intitulé «Quand les juifs geant Claude Cornilleau est, comme d'autres cercles à vocation « cultu­ ne à Assas vers 1975, a ·été proche du PFN. En 1989, il militants, actuellement inculpé pour partici­ a été candidat FN aux municipales de Courbevoie. Sa bro­ dique l'exclusivité de l'usage de la croix cel­ tuent », offrait un exemple parfait de mani­ relie» comme le Cercle chure, intitulée Description, analyse et critique de la loi tique, et polémique avec tous les autres na­ pulation du discours propalestinien, accolant pation aux attentats contre les foyers SONA­ du 1" juillet 1972 dite « antiraciste est sous-titrée loi sub­ COTRA de la Côte d'Azur et contre le men­ versive et délit métaphysique. Le ton est donné, d'autant tionalistes. Un véritable culte de la person­ un panégyrique de l'Intifada avec une diatri­ plus que l'éditeur s'appelle la Libre Parole, comme le jour­ nalité entoure son leader. L'Œuvre se veut be contre le« lobby juif en France ». Mani­ suel Globe. Au début des années 80, Corni­ nal de Drumont,. et qu'il cache sans doute les activités leau est au FN et suit la scission de d 'Henry Coston. aussi catholique et pétainiste, mais sa gran­ pulation traditionnelle dans cette mouvance. Militant, (3) Notamment Jean Denipierre, dans Militant, janvier pour lequel il commet quelques articles 1990, p. 5. de spécialité reste « l'antisionisme ». C'est un Le mouvement Troisième Voie, dirigé par Aumônier (4) Persiste et Signe n O4, septembre 1989, p. 5. A l'ap­ groupe centralisé, quasi secret, dont le ma­ Jean-Gilles Malliarakis, représente la fraction très « antisionistes ». En 1983, il para pui, c'est encore Drumont qui est cité pour son livre La devient conseiller municipal de il un France juive, réédité par les éditions du Trident, donc par nifeste prévoit entre autres un régime corpo­ « solidariste » de l'extrême droite, héritière défilé Troisième Voie. ratiste, l'interdiction de la double nationali­ des GAJ (années 75-80) et du MNR. L'idéo­ Chelles (Seine-et-Marne) sur la duFN. (5) Tribune nationaliste, novembre 1988, p. 17. liste du maire RPR Charles Noël Monier/Aria (6) Fritz Becker a été, dans les années 50, actif au sein du té, et des mesures économiques très nettement logie sommaire du solidarisme se résume à Mouvement populaire européen dont un autre dirigeant Cova, actuellement acolyte était Henri Roques. Source: Kurt P. Tauber, Beyond Ea­ orientées contre la communauté juive.L'Œu• une opposition virulente tant au marxisme gle ans Swastika, Wesleyan University Press 1967. vre française a organisé en 1989 une tournée qu'au capitalisme, jointe à la volonté de cons­ du maire de Montfermeil de conférences « anti-Bicentenaire » à laquel­ truire une Europe unifiée. Troisième Voie, qui dans sa croisade anti­ le a participé François Brigneau, de Minute. édite la revue du même nom, rassemble dé­ immigration au sein Le Parti nationaliste français, plus connu par sormais sous ce label ou celui de la Jeune Gar­ du mouvement son mensuel Militant, a tenu son conseil na­ de, les anciens militants du GUD, du MNR, France debout. tional à Paris les 27-28 janvier 1990. Fondé du PFN et les rédacteurs du mensuel Vain­ en 1966, Militant regroupait d'anciens mem­ cre, pour la plupart étudiants. La revue, ou­ bres d'Europe-Action, dirigés par un ancien tre un encombrant soutien à l'intégrisme is­ engagé sur le front de l'Est, , lamique et aux mouvements pro-irakiens, n'a qui sera en 1972 le premier trésorier du FN. guère de sympathie pour les intégristes catho- / 14 ,

NEGATEURS

LES NATIONAUX-CATHOLIQUES Depuis l'Action française, intégrisme la voie des sectes, bâtissant une véritable si l'on excepte que tous les non-catholiques contre-Eglise·. Certains n'ont jamais pensé n'ont de salut que dans la conversion. Mais catholique et droite nationaliste ont suivre le schisme: c'est le cas des rédacteurs alors, pourquoi le bulletin de la CRC mené des combats parallèles sans se de la Pensée catholique, longtemps dirigée par continue-t-il à dénoncer le prétendu « com­ l'abbé Luc Lefèvre. Après les sacres de 1988, plot judéo-maçonnique » ? rencontrer vraiment. Mais en politi­ l'Eglise « récupère» certains disciples de Mgr Fondée en novembre 1988, Renaissance ca­ que, les parallèles finissent parfois Lefebvre. Le prieur du monastère bénédictin tholique, mouvement de laïcs, veut « contri­ du Barroux (Vaucluse), dom Gérard Calvet, buer à la rechristianisation de la société» (4) par se croiser. soumet. Or il exerce une influence certai­ par une action essentiellement religieuse. Ses es grands mouvements d' Marie et Jean Madiran, donc mots d'ordre sont la devise de Pie X « Tout droite contemporains, comme » du FN. En restaurer dans le Christ », et le « rétablisse­ L dent et Ordre nouveau, n'ont ment de la cité catholique ». Renaissance ca­ que l'OAS utilisé la référence intégri tholique laisse par ailleurs à ses membres le la bouge depuis le « schisme » choix d'appartenir au parti politique de leur la consécration des quatre évêques d préférence. Engagé sans équivoque aux cô• le 30 juin 1988. Première raison: La de Mgr Lefebvre, les animateurs du mou­ ni té Saint Pie X de Mgr Lefebvre tient sont Jean-Pierre Maugendre, Chris­ cours ouvertement politique, appelant et Daniel Raffard de Brienne, ter pour le FN. Deuxième raison : J mai 1989, ils ont organisé un II mélange habilement le conservatisme dont le succès fut au gieux et politique avec la poursuite du gue interconfessionnel, tandis qu'en ' ... "'ICui>,,,a,,,,,, catholique la majorité de l'épiscopat intervient, sur formes d'immo­ problèmes de société, dans un sens oppos . ... pour la liberté de celui de la droite extrême (immigration, ne de mort) . Pie X est le pape du « bus », de la condamnation du du libéralisme. Sous son patronage, depuis l'automne 1970 les séminaires ne, dans le Valais suisse et de Flavigny d'Or). Leur supérieur, Marcel Lef pas de tradition maurrassienne mais a le début du concile Vatican II, un Opp;OiW]L.,: hplr

Dans cette entreprise, cette secte a rencontré bre 1939 pour que cela coïncide avec le début C'est là typiquement une technique de réseau ~l:: l'antisémitisme? une sorte de monomaniaque que je connais de­ de la guerre. qui montre que ces gens sont organisés pour ~ • P. V.-N. : C'est un signe patent d'antisé- puis une quarantaine d'années, Robert Fau­ Les négateurs ne s'y intéressent pas, la seule faire passer leur marchandise de toutes les fa­ Profanation antisémite au cimetière de Bagneux. mitisme. Ils n'ont pas d'autre motif profond risson. Cet homme est un provocateur-né, un chose qui les intéresse, en réalité, ce sont les çons possibles et imaginables. La thèse de Ro­ - sauf quelques huluberlus - à leurs préten­ semeur de paradoxes professionnel, naturel­ juifs parce que ce qui les fait mouvoir, c'est ques en avait été un exemple, mais celUi-ci est temps-ci et électoralement parlant à s'élargir? de la part de certains juifs, une sorte de sacra­ dues analyses, que la haine des juifs. lement, antisémite de vieille roche. C'est sur­ évidemment l'antisémitisme. encore plus grave dans la mesure où cette re­ Je pense à des dérapages comme ceux du « dé­ lisation de ce qui s'est passé pendant la Seconde D : Existe-t-il un risque réel de voir se déve­ tout quelqu'un qui cherche à obtenir une sor­ On vient d'avoir une preuve éclatante de la vue est subventionnée par le CNRS. C'est donc tail » de Le Pen. Guerre mondiale. Par exemple, en employant lopper ce courant idéologique ? te de prestige paradoxal. Ainsi, dans ses étu­ manière dont ils fonctionnent avec l'affaire de toute la communauté scientifique qui est at­ • P. V.-N. : Ce ne sont pas des dérapages du le mot holocauste (3). Je ne l'emploie jamais, • P. V.-N. : Dans la mesure où le Front na­ des littéraires a-t-il essayé de montrer que Lau­ la revue Economie et Société. Cette honora­ teinte. tout, c'est quelque chose de tout à fait cons­ très délibéremment, j'utilise ceux de génocide tional n'est pas réduit à quia, tant qu'il exis­ tréamont, si prisé par les surréalistes, c'était ble revue est dirigée par un homme d'extrême D : Quels sont, de votre point de vue, les buts cient et organisé. ou de Shoah. Avec holocauste, une sacralisa­ tera, il y a danger. du pipi de chat, un canular de lycéen. Il et les fonctions de ce courant négateur? D : Cela donne un élan aux thèses négation­ tion se produit qui me paraît extrêmement dan­ D : Parce qu'il est acquis au révisionnisme ? a fait la même chose pour les chambres à gaz. • P. V.-N. : Ce sont des semeurs de haine, nistes? gereuse. Je suis pour ma part athée de tous les • P. V.-N. : Absolument. Sinon le révision­ La rencontre, en France, de ce provocateur et des gens animés par des haines très archaïques, • P. V.-N. : Sans aucun doute. dieux et de celui-là comme les autres. nisme n'est porté que par une petite bande sans de cette petite bande d'ultra-gauchistes a donné persuadés que les juifs sont une population qui D : L'articulation avec l'extrême droite était De plus, il y a un usage, politique au fond, importance. naissance au « révisionnisme » français actuel, veut dominer le monde. Ils reprennent des thè­ évidente dès le départ ? des faits de la Seconde Guerre mondiale. Un D : C'est quand même là que se croisent tou­ celui des négateurs. mes que l'on trouvait déjà chez Drumont. • P. V.-N. : Dès le départ. A preuve, Rassi­ usage quotidien par, en particulier, les diri­ tes les familles de l'extrême droite? D : Ce courant « historique » est largement Il y a bien sûr des éléments plus raffinés, no­ nier qui venait de la gauche pacifiste n'a trouvé geants israéliens. Et cela aussi est extrêmement • P. V.-N. : La plupart, oui, encore que les repris en charge par l'extrême droite fran­ tamment chez les ultra-gauchistes. Un Jean­ audience qu'à Rivarol! Seule l'extrême droi­ dangereux. Si chaque fois qu'un Palestinien maurrassiens par exemple n'aient encore ja­ çaise? Louis Tristani (2) par exemple, peiné de des­ te, Bardèche, le groupe de Rivarol étaient sus­ tire une balle, on déclare que c'est la continua­ mais nié le génocide. Ils font exception et se­ • P. V.-N. : Oui, parce que seule l'extrême cendre d'Abraham - comme le font les juifs, ceptibles d'accueillir ce genre de propos. tion de l'holocauste, comme ils le disent dans raient même plutôt pro-israéliens, à condition droite est ici susceptible de lui donner un pu­ les musulmans et les chrétiens - et qui a donc D : ... Comme possibilité de réactiver le vieux leur langage, c'est une banalisation dangereu­ que tous les juifs aillent en Israël. Les autres blic. Seule, elle s'intéresse à cela dans sa dou­ décidé qu'il était indo-européen et non judéo­ courant antisémite toujours présent dans l'ex­ se. C'est le risque précisément que les gens qui courants de l'extrême droite sont ou compor­ ble variété, bien connue, de l'extrême droite chrétien, Dumézil ayant démontré qu'il y avait trême droite française ? reçoivent, eux, les balles israéliennes, disent : tent nombre de négationnistes. chrétienne intégriste et de l'extrême droite de eu jadis une idéologie indo-européenne ! • P. V.-N. : Ce n'est pas le but de tous, no~ vous nous sortez cela pour des raisons de po­ Propos recueillis par René Fran~ois type fasciste ou nazi. Or, ce sont ces deux ex­ Il y a comme cela beaucoup d'autres variétés. tamment de la secte ultra-gauche, mais c'est litique politicienne, c'est donc que vous avez trêmes droites qui ont fait, en quelque sorte, "~ L'important, encore une fois, c'est qu'il n'y ce qu'ils font dans la pratique. quelque chose à cacher. D'où la tentation, (/) On lira avec profit : Les Assassin de la mémoire, de Pier­ § a de débouché pour eux, en dehors de minus- D : Ils affirment aussi vouloir briser un tabou re Vidal-Naquet, à la Découverte, Les Chambres à gaz ont leur fusion au sein du Front national. C'est dans certains pays arabes et en Iran de se ran­ existé, de Georges WeI/ers chez Gallimard. Voir aussi: Les pourquoi ce n'est pas un hasard si Jean-Marie ô~ cules chapelles comme celles d'une certaine sur l'existence consensuellement reconnue - ger du côté des négateurs de la Shoah. Tenta­ Chambre à gaz, secret d'Etat, d'Eugen Kogon, au Seuil, Point-Poche. Le Pen a repris ces théories. .. ultra-gauche, que dans les milieux d'extrême et donc suspecte - du génocide ? tion à laquelle les Palestiniens, du moins ceux (2) Maître de conférences à l'université Paris V. D : Ces gens prétendent tout de même agir au ~ droite. • P. V.-N. : Il n'y a jamais eu de tabou sur les qui parlent en leur nom, ont résisté. La Re­ (3) Holocauste. Chez les juifs, sacrifice religieux où la vic­ ,~ time était entièrement consummée par le feu. Par analo­ nom de la liberté de recherche ? r;; D: Mais l'extrême droite a tendance, ces chambres à gaz. Ce qui est vrai, c'est qu'il y a, vue d'Etudes palestiniennes en est un exemple. gie : tout sacrifice religieux. Petit Robert. 18 19 NOUVELLE DROITE

fait, avec pour secrétaires généraux, Jean­ Claude Valla, puis . Les idées prin­ L'HEURE LABORATOIRES PROPRES cipales du GRECE se trouvent dans le livre, Vu de droite, publié par Alain de Benoist en 1977, aux éditions Copernic, rattachées au DE L'HORLOGE GRECE. Les origines indo-européennes des « A-t-on le droit d'exclure? »La ré­ à la caricature, à montrer que « tout ordre peuples d'Europe sont appelées à refaire sur­ social dans ses divers aspects,' droit, mora­ face: elles s'opposent au judéo-christianisme ponse à cette question polémique ne le, économie, institutions, communautés, re­ dominant qui rend coupable (peur du péché) fait guère de doute pour les dirigeants pose sur des relations d'inclusion-exclusion. » et nivelle les sociétés (égalitarisme). Les dif­ Et Henri de Lesquen de conclure: « Vivre, férences ethniques d'ordre biologique et/ou du Club de l'Horloge. Plus qu'un en un sens, c'est exclure pour préserver la vie culturel doivent être préservées. Elles sont droit c'est sans doute un devoir. « La avec son identité ». fondamentales et irréductibles (<< droit à la logique de l'anti-exclusion» ne Tout comme le Front national, le Club de différence »). Les Etats-Unis, avec leur mer­ l'Horloge considère que « l'opposition poli­ cantilisme et leurs prétentions universalistes, conduit-elle pas, selon Yvan Blot, dé­ tique fondamentale n'est plus entre les tenants sont aussi menaçants pour la culture euro­ puté européen du Front national « au du socialisme et ceux du libéralisme, mais en­ péenne que le matérialisme dogmatique ve­ tre les tenants du cosmopolitisme et les par­ nu de l'URSS (5). totalitarisme et à la mort des li­ tisans de l'identité ». Jean-Marie Le Pen n'a­ Si ces affirmations ont de l'importance, ce bertés ? » t-il pas fait sa rentrée politique d'été, à La n'est pas seulement parce qu'elles ouvrent la Baule notamment, en justifiant l'exclusion? voie à des formes d'exclusion ou de ségréga­ Michel Leroy et Henri de Lesquen rappellent tion, mais également parce qu'elles ont été e XVIIe Colloque du club qui s'est te­ que leurs premières prise de positions sur ce cautionnées par des intellectuels, adoptées par nu, le 10 février, dans un salon de l'hô• sujet, même si elles n'étaient pas systémati­ certains hommes politiques, surtout dans l'en­ Ltel Nikko à Paris aura ravi un au­ sées, sont antérieures. Ce n'est pas le seul do­ tourage de V. Giscard d'Estaing, lorsqu'il ditoire avide de bons mots et de formules maine où le Club de l'Horloge peut se préva­ était président de la République, et diffusées choc. Cent cinquante personnes, pour la plu­ loir d'une certaine antériorité. A la suite d'un à ses débuts par Figaro-Magazine (créé en part d'un âge avancé, ont pu apprécier les colloque un peu étoffé, il publia en 1985, sous 1978 par Louis Pauwels). Il faut se souvenir subtilités dialectiques de Pierre Millan, Didier la direction de Jean-Yves Le Gallou, un ou­ que la droite, encore au pouvoir, manquait Maupas, Michel Leroy et Henri de Lesquen, vrage intitulé La préférence nationale,' répon­ d'une pensée organisatrice et que, à gauche, respectivement membre du Conseil d'admi­ se à l'immigration. l'effondrement du marxisme empêchait de nistration, vice-président, secrétaire général L'expression était aussitôt reprise par le par­ trouver de bonnes répliques. Tout cela a don­ et président du Club, Bernard Lemmenicier, ti de Jean-Marie le Pen. Ces rapprochements né naissance à un grand débat de presse sur professeur de sciences économiques et cofon­ et quelques autres que l'on pourrait encore la nouvelle droite et sa doctrine, à l'été de dateur du Mouvement libertarien, Charles Bé­ faire, n'autorisent cependant pas à qualifier 1979 (6). Ce débat, suivi de la victoire élec­ chet, économiste, et Yvan Blot. les horlogers de « penseurs du lepénisme ». torale de la gauche, des divisions internes sur « S'il est des exclusions condamnables, il est Très sourcilleux sur ce principe, les dirigeants l'attitude à adopter, du ralliement de la droite aussi de justes exclusions. »Condamnables ? du Club de l'Horloge affirment se limiter à au libéralisme (1980-1981), fut défavorable au La lutte des classes qui « voue à l'exclusion prôner un libéralisme fortement teinté de na­ GRECE qui a perdu beaucoup de son impact. tous ceux, riches ou pauvres, qui seraient du tionalisme. Nous sommes « parfaitement in­ D'autant plus qu'il s'est alors trouvé concur­ côté de la bourgeoisie ». Le refus de la pré­ dépendants des partis et n'avons de liens pri­ ET IDEES SALES rencé par le Front national. Sans renoncer à férence nationale qui trahirait une hostilité vilégiés avec aucun d'entre eux ». L'engage­ leurs anciennes amours, certains militants du viscérale « aux communautés comme la fa­ ment dans les rangs du Front national d'Yvan saient, comme eux, que l'Europe se confon­ L'idée du GRECE est née après l'échec de la GRECE ont rejoint le Front, ou du moins en mille ou la nation» en les privant de leurs at­ Blot et de Jean-Yves Le Gallou, ne serait que Les intellectuels de la nouvelle fait avec la race blanche, menacée par la pous­ candidature de Tixier-Vignancour aux élec­ soutiennent la percée : Pierre Vial, par exem­ tributs exclusifs ... personnel. D'autres membres militent au droite ne se salissent pas les sée démographique dans le tiers monde et par tions de 1965 et s'est concrétisée au début de ple. Et il est difficile de nier que la « préfé­ Difficile par contre d'avoir des précisions sur RPR, au PR, au CNI... « Favorables à les risques de métissage. C'est ce qu'ils écri­ 1968. Les événements de mai 68, qui n'avaient rence nationale» de Jean-Marie Le Pen ou les « justes exclusions» prônées par les hor­ l'union de l'opposition sans ostracisme à mains: Ils «pensent» pour vaient dans Europe-Action, revue fondée par été prévus par personne, appelaient pour les sa dénonciation du « racisme antifrançais » logers. L'imprécision était la règle de ce col­ l'égard du Front national », les horlogers ne un ancien militant de Jeune Nation, Domini­ fondateurs de la nouvelle droite une contre­ doivent quelque chose au GRECE. D'autres loque qui ne s'est pas donné d'autre objectif prisent pourtant guère le CDS, objet de nom­ convaincre de la supériorité de que Venner, qui parut entre 1963 et 1967 (2). offensive idéologique à droite. Le but du anciens dirigeants se livrent à de drôles d'ac­ que de « produire un argumentaire d'ensem­ breux quolibets. D'autres, ou les mêmes, écrivaient aussi dans GRECE était de former un« club de pensée» tivités radiophoniques, comme Guillaume ble » à même de servir à la dénonciation du Michel Soudais la race et de la culture blanches les Cahiers universitaires, organe de la Fédé­ qui agirait auprès des responsables politiques Faye, le vengeur masqué des ondes de caractère « absurde et dangereux» du Skyrock (7) qui ne risque pas de verser dans « mythe de l'exclusion, nouvelle expression /. Groupement de recherche et d'études sur la civilisation ration des étudiants nationalistes, qui faisait français et leur fournirait des idées. européenne. et laissent l'action aux respon­ l'éloge des valeurs de jeunesse et de virilité, La revue Nouvelle Ecole introduisit des préoc­ la «soft-idéologie» ambiante (8). Deux de l'égalitarisme. » 2. Aigazy (Joseph), La tentation néo-fasciste en France révisionnistes-négation ni stes font partie du A en croire Michel Leroy, le refus de l'exclu­ de 1944 à 1965, Fayard, /984. pour l'élite qui préparait l'avenir. Ils collabo­ cupations nouvelles, tournant autour des 3. Taguieff (Pierre-André), Droit et liberté, déc. /979- sables politiques. raient encore à Défense de l'Occident, revue idées d'hérédité, d'eugénisme, d'indo­ comité de rédaction de Nouvelle Ecole, Jean­ sion serait la « nouvelle forme de l'idéologie janv. /980. 4. Billing (Michael), L'internationale raciste, Maspero, fondée en 1952 par Maurice Bardèche. Parmi européanité, qui s'appuyaient sur des travaux Claude Rivière et Bernard Notin (9) tandis dominante, la nouvelle figure du mal. » /98/. qu'Alain de Benoist poursuit ses publications Aujourd'hui, à tous les symptômes, vrais ou 5. Duranton-Crabol (Anne-Marie), Visages de la nouvel­ es origines du GRECE (1) re­ les noms qui reviennent souvent, ceux de Fa­ universitaires d'ailleurs contestés. Elle appar­ et continue la recherche dans sa revue Krisis. faux, de malaise on répète « le droite. Le GREeE et son histoire, Presses de la FNSP, montent aux années soixante. brice Laroche (pseudonyme d'Alain de Be­ tenait à un groupe de publications similaires c'est l'exclu­ 1988, chap. 2. Sur le détournement du « droit à la diffé­ en Europe que M. Billig a étudiées dans son Si le GRECE est en sommeil, il a réussi à ba­ sion! ». Pour lutter contre ce « diktat de rence », Taguieff (P.A.), La Force du préjugé. Essai sur Après l'échec de l'OAS, des noist), de Jean Mabire, Gilles Fournier, Jean­ le racisme et ses doubles, La Découverte, /988, /" partie. partisans de l'Algérie françai• Claude Rivière ... Nouvelle Ecole, fondée en livre sur l'internationale raciste (4). Les mê­ naliser des conceptions fondées sur les hiérar­ l'oligarchie cosmopolite» imposé par le 6. Duranton-Crabol (A.-M.), ouvr. cité, chap. 6. chies et les exclusions, condamnées depuis « néosocialisme » pour « diviser la droite », 7. Station FM de la région parisienne. se sont restés en contact avec 1968 par Alain de Benoist, a utilisé de nom­ mes thèmes se retrouvaient dans Eléments, à 8. Politis, 7-/5 décembre 1989, p. 25. des groupes européens qui pen- breux textes d'Europe-Action à ses débuts (3). partir de 1973, tandis que le GRECE s'étof- Vichy. Bernard Lanvin les intervenants ont cherché, non sans recourir 9. Le Monde, 28-29 janvier /990. 20 21 --, 1

INTERNATIONALES

la mort », des antisémites virulents, des mem­ traréactionnaire et l'union des régimes anti­ Une série d'organisations inter­ bres de la loge P2... Certains fondateurs de communistes. la WACL avaient d'ailleurs combattu avec les En France, la secte Moon est représent~e par nationales servent de relais, de nazis durant la Seconde Guerre mondiale. deux associations, Causa et la Conference D'autres étaient représentants de Ebherardt mondiale sur les moyens d'information. Cau­ lieux de croisement aux cercles' Taubert, organisateur de l' « antikomintern » sa a été fondée en 1980, à New York et sou­ tient tous les dictateurs d'Amérique latine d'extrême droite. Sous des for­ sous Hitler et Goebbels ... En 1978, le président de la WACL, Roger pour lutter contre « l'extension du commu~ mes diverses, les orchestres Pearson entreprit de former une délégation nisme ». Elle est dirigée par le colonel Bo HI néonazie européenne, l'EUROW ACL, mal­ Pak. . noirs jouent chacun un mor­ gré l'opposition de « traditionnalistes » com­ En février 1984, dans la première conventlOn me Suzanne Labin, dirigeante de l'obscure panaméricaine de Causa, à Montevide?, o~ • ceau d'une sinistre partition Union pour la liberté, section française de la note la présence de Hyacinthe Santom, de­ puté RPR qui confie être venu à la demande WACL. dont les échos résonnent aussi de Jacques Chirac. Sont également présents Ainsi, en 1980, lors du procès contre la FA­ r I~ en France. NE de Mark Frederiksen, l'avocat Roland Philippe Malaud et Michel de Rostolan du Rappaport dénonça les accords de ce grou- Cercle Renaissance (3). En juin 1984, Causa International orga~ise a World Anti-Communist puscule avec la WACL. . à Washington un séminaire d'informatlOn League (WACL) est fondée à Autre cas, celui de François Duprat, condiS­ pour ses sympathisants français. Taiwan, le 25 septembre 1967, ciple de Jean-Marie Le Pen, qui était délégu.é L~ ~aître d'œuvre en est Pierre Ceyrac, secretaire de la même année que l'A sian à la WACL jusqu'à son mystérieux assassI­ People Anti-Communist Lea­ nat en 1978. Il avait croisé là le général Paul Causa Europe, ancien porte-parole de la secte gue (APACL). Contrôlées à Vanuxem, ancien de l'OAS. Moon en France, qui sera aussi député du Front national. Il est par ailleurs le neveu de l'origine par la CIA et les services spéciau~ Pearson collaborait également avec la Nou­ de l'OTAN et de l'OTASE, ces deux orgam­ velle Ecole d'Alain de Benoist, dirigeant du l'ancien président du CNPF. En 1982, déjà, Jean-François Revel siégeait sations sont passées sous la coupe de la Co­ GRECE et membre de la Ligue nordique fon­ à la tribune de la Conférence mondiale sur rée du Sud et de la Chine nationaliste. Une dée par Roger Pearson. Ce dernier décl~ra à aide financière importante qui leur a permis propos de la Nouvelle Ecole : « Ils travaillent les moyens de communication, à Séoul. ~et­ de devenir les principaux financiers du tr~fi,c selon des normes très proches des nôtres (2). » te Conférence, créée en 1978 est l'émanatlon d'opium et d'héroïne dans le Sud-Est aSlatl- En Bolivie, sous la protec­ que (1) . , tion du CIC (contre-espion­ nage américain), Barbie La WACL est un vrai danger pour la demo­ avait pu continuer son œu• cratie, ne serait-ce que par l'aide financière LES ORCHES TRES vre de mort en organisant importante qu'elle apporte à une bonne dou­ notamment un groupe néo­ nazi international Les fian­ zaine de mouvements néonazis dans le directe du groupe de presse de Moon et no­ nombreux groupuscules fascistes de Patria y Libertad ,. au cés de la mort. Lors de son La secte du révérend Moon, l'Eglise de l'uni­ procès il bénéficiera des monde. tamment la Time Tribune Corporation et le nazillons ou extrémistes. Guatemala, elle a formé des tueurs contre la Anticommuniste, la WACL fait une large pla­ fication, avait au départ des liens étroits avec démonstrations de soutien Washington Times. Elle tente d'entraîner les Ainsi, le commanditaire guérilla et en Argentine les assassins de l'AAA des nostalgiques du ",. Reich. ce à l'antisémitisme, reprenant à son compte la WACL. Elle prit cependant ses distances médias dans les entreprises du révérend Moon. de l'attentat de la piazza (Alliance anticommuniste argentine). les diatribes de Goebbels sur le « judéo­ à partir de 1975. Chaque année, elle réunit des spécialistes de Fontana à Bologne, en Aginter a joué un rôle dans la « stratégie de La plupart des spécialistes récusent l'idée communisme » et soutenant les thèses révi- La dizaine d'organisations qu'elle a fondées la guerre idéologique, comme le général US 1969 (16 morts et 88 blessés) était Stephano la tension» en Italie ou les néonazis d'Ordi­ d'une organisation centrale. Mais laissons la sionnistes. < opèrent aujourd'hui dans une centaine de John Singlaub, président de la WACL de Della Chiase, lié à Aginter-Press. ne Nuevo et les services secrets tentèrent des parole au « spécialiste » : « Si par internatio­ Dans ses conférences ou travaux, des séna­ pays avec pour objectifs le blanchiment ~e 1981 à 1986. L'ancien OAS Jacques Soustel­ nale, on entend une série de rapports coor­ teurs et militaires américains, des responsa­ Selon F. Laurent (4), des contacts avaient déjà coups d'Etat entre 1970 et 1975. L'agence a l'argent bien sûr, mais aussi l'anticommums­ le présida la 6" réunion de la conférenc~, en donnés tendant vers un même but, alors di­ bles des renseignements du « monde libre» été noués en France avec le comité Tixier­ ainsi initié des néonazis italiens à la lutte ar­ me la lutte contre le mouvement noir aux Colombie en 1983 . Les invités français en sons qu'il existe une Internationale révolu­ ont côtoyé et côtoient des membres de grou­ Vignancourt, puis avec des groupes comme Oc­ mée, en reconnaissance des services logisti­ étaient Georges Suffert (Le Point), Alain tionnaire qui rassemble tous les groupes néo­ pes terroristes, des patrons « d'escadrons de Et~ts-Unis, la distillation d'une idéologie ul- cident, le mouvement Jeune Révolution ou bien ques fournis par eux du temps de l'OAS. Car Griotteray (Figaro Magazine), Claude Delmas le GAI (Groupe action jeunesse), solidaris­ les hommes utilisés par Aginter-Press étaient fascistes. Elle ne possède pas d'organe de (Valeurs actuelles), Andrès Alfaya (Le Méri­ te, où le contact était Jean-Pierre Stirbois de­ pour l'essentiel des anciens de l'OAS, rejoints presse ni de siège: elle a uniquement des dional), Jean-Paul Picaper (Le Figaro) et Jean venu ensuite dirigeant du Front national. par des fascistes de tout poil. points de rassemblement. » (5). Marcilly, auteur de Le Pen sans band~au et Aginter était également en contact avec l'an­ Citons, pour terminer le cas du « braquage C'est un texte de Pino Rauti, député, fonda­ ami personnel du président du Front natlOnal. cien OAS Pierre Sergent, devenu député du du siècle », à Nice en 1976. Son auteur, Al­ teur d'Ordine Nuevo, nouveau dirigeant du On retrouve la WACL comme financière même FN. Toujours en France, l'agence de bert Spaggiari a agi avec une équipe « mix­ MSI néofasciste italien. Il fut lié aussi à d'une autre officine très spéciale: Aginter­ presse travaillait avec des groupes intégristes te » mêlant truands et militants (on parlera Aginter-Press. Press. Apparemment agence de presse sans comme celui de l'abbé Georges de Nantes, beaucoup de Gaétan Zampa, truand mort Aginter dispersée, où sont les nouveaux Portrait du histoire, Aginter cachait en fait un centre d~ Lecture et Tradition ou encore Diffusion de pendu dans sa cellule). Or, l'argent fut retrou­ « points de rassemblement» ? révérend subversion fasciste. Il fut découvert en avnl Sun Myund la pensée française. vé en partie entre les mains des Guerilleros Robert Pac et René Fran~ols au stade 1974, à la chute de la dictature portugaise. En Europe, outre le Nouvel Ordre européen du Christ-Roi. Une autre partie fut saisie à de New York. En 1962, les services spéciaux de Salazar (NOE), des relais existaient avec Amaudruz l'ATE, organisation de lutte antibasque. Le (1) Voir L'arme de la drogue, par H. Krüger, éd. Messi­ avaient aidé un officier français déserteur et dor, 1984. (Suisse), le NPD néonazi (RFA), la CEDADE SOA algérien, opposition liée à l'ex-OAS au­ (2) Washington Post, 28 mai 1978. proche de l'OAS, Yves Guill~u (alia~ Yves franquiste (Espagne) ou Ordine Nuevo (Italie). rait également été arrosé, tout comme une ()) Cercle fondé en 1969, dirigé par d'anciens responsa­ bles de l'extrême droite (Ordre nouveau, Parti des forces Guérin Sérac) à monter l'affaire. Agmter a En Amérique, W. Buckley, ancien de la CIA mystérieuse organisation d'« aide », la CA­ nouvelles), entrés au Centre national des indépendants et servi plus de dix ans de boîte aux lettres, de servait de point d'appui; au Chili, Aginter TENA, le point commun de tous ces énergu­ paysans (CN/). (4) L'Orchestre noir, F. Laurent, Stock, 1978. centre de recrutement et de formation à de a fourni des hommes pour former les cadres mènes : Aginter-Press. (5) Epoca, janvier 1975. 23 22 , A D T N E T R E N o E A o u v u

.-M. Le 'Pen et le FN sont-ils En suivant l'itinéraire de J.-M. Le Pen de­ duel/es, mêmes légitimes, au profit de la Ci­ fascistes? Cette question, que puis les années 50 jusqu'à nos jours et en sui­ té» (Identité, juillet-août 1989) ; et encore le je me suis posée et que l'on m'a vant les métamorphoses des différents ava­ discours machiste antiféministe ; parlant du posée plusieurs fois, m'a tou­ tars du FN , l'on constate que durant toute déclin démographique en France et de la bais­ jours obligé de précéder ma ré­ cette période, Le Pen a milité ou s'est rallié se du taux de fécondité de la femme blanche ponse de quelques ré­ nombre de groupes et d'hommes. Certains se française, les lepénistes ont trouvé l'explica­ flexions ou remarques préliminaires - con­ sont déclarés fascistes purs et durs et d'au­ tion de ce « funeste » phénomène « dans le cernant le terme fascisme et notre compréhen­ tres l'ont été sans l'exhiber, et enfin, le dou­ mépris de la famille» ; la femme est, suivant sion subjective de ce phénomène trop chargé te a plané sur d'autres encore. le FN, à l'origine de ce mépris puisqu'elle pra­ de complexité - indispensables pour éviter En examinant de près le discours lepéniste et tique l'avortement et la contraception. sectarisme et amalgame, et pour dégager au­ ses slogans, l'on constate nombre de carac­ tant que possible une réponse globale et adé­ téristiques propres au fascisme ou bien qui UN PHENOMENE BÂTARD quate. suscitent des réflexions et des associations En revanche, l'on peut trouver dans le FN cer­ Le terme fascisme, depuis sa première appa­ d'idées héritées du fascisme. Les convergen­ taines divergences avec le fascisme, qui rition moderne et jusqu'à nos jours n'a pas ces du lepénisme et du fascisme sont nom­ jouent, à mon avis, un rôle mineur; absence réussi à créer un consensus autour de sa dé­ breuses. Rappelons celles décelées par Jean­ d'aspiration justicialiste dans les rapports so­ finition. Heureusement, parce que la diver­ François Kahn: culte du chef, xénophobie et ciaux, de remise en cause laïciste du clérica- sité des définitions, même les plus controver­ sées, a enrichi la recherche et a contribué à la compréhension de ce phénomène. Le man­ que de consensus ne doit pas mener à la con­ fusion.

UNE REPONSE MANIPULATOIRE Le fascisme est un système de pensée et d'ac­ tion global, diversifié et hétérogène, incarné par des modèles et des formes possédant des traits caractéristiques, tantôt semblables, tan­ tôt différents. Il n'existe pas de fascisme L « classique» ou à l'état pur ; il est, entre au­ Joseph Algazy*, enseignant, tres, la réponse négative et désespérée d'une nation en détresse , en proie à l'agitation, d'une société en crise généralisée. Il fonce en écrivain et secrétaire de la Ligue avant dans des conditions de malaise et de dé­ sintégration. Il excelle à profiter de chaque rancune, de chaque mécontentement. Il est israélienne des droits de l'hom- démagogique, manipulateur, flatteur; il nourrit tout conflit et simultanément se nour­ rit de lui. Il émane d'un nationalisme viru­ No comme nt! me et du citoyen, présente le lent qui dégénère en racisme agressif ; il pra­ racisme, antimarxisme forcené , corporatisme, lisme, d'exaltation du rôle planificateur de tique le culte de la virilité, de la violence et restauration des hiérarchies naturelles et tra­ l'Etat dans l'économie, de récupération de la de la terreur au sens large du terme. Il crée ditionnelles, appel à l'intervention directe de partie « saine» et « nationale» du message une image démoniaque de ses ennemis et lut­ néo fascisme français comme un l'Etat en matière de« morale », rejet de toute socialiste, de référence à un système de parti te contre eux par tous les moyens. Il aspire philosophie « humaniste », diabolisation de unique. Ces divergences avec le fascisme chez à l'ordre et à la dictature. Il méprise les droits l'adversaire, refus de la tolérance, utilisation le FN sont à l'origine des raisons de ceux qui de l'homme et tient pour nulles les libertés dé­ héritage « classique » et abâ- de la haine et de la peur comme leviers de ra­ refusent de l'étiqueter du vocable fascisme. mocratiques. dicalisation, phobie de l' « intellectualisme », Le fait, qu 'à côté du néofascisme des années Le fascisme des années 80 a subi une méta­ 80, disons « classique », est né un phénomè­ tardi. morphose : il s'est adapté aux réalités de no­ méfiance vis-à-vis du modernisme, fascina­ ne politoco-social nouveau et complexe qui tre temps, s'est approprié de nouveaux as­ tion pour la peine de mort, primauté donnée comporte en même temps des convergences pects, de nouvelles stratégies et tactiques, de à l'instinct sur la raison, sympathie à l'égard nouvelles conduites, peut-être même de nou­ des régimes militaires et exaltation du rôle ci­ et des divergences par rapport au fascisme , velles essences et natures que nous devons dé­ vique de l'armée (L 'Evénement du jeudi, du exigerait un vocable pertinent. Dans le cas du couvrir incessamment. « Comme Satan, sa 7 au 13 mai 1987). Front national dirigé par Le Pen, les épithè­ LEPEN A celles-ci ajoutons d'autres convergences: tes les plus convenants seraient sans doute dernière ruse consiste à faire croire qu'il n'existe pas» (Chronique sociale, novembre­ l'antisémitisme, la négation des crimes com­ ceux de fascisme manqué, syncrétiste, bâtard, décembre 1975). mis par les nazis contre l'humanité et contre hybride ou travesti. EST-IL Dans ce contexte, le phénomène lepéniste, re­ les juifs en particulier; le rejet des valeurs dé­ Joseph Aigazy présente sans aucun doute un cas probléma­ mocratiques de la Révolution française et en tique; tantôt sa nature fasciste, ne laisse au­ revanche la valorisation de « la virtus romai­ cune équivoque ; tantôt elle se dérobe, devient ne, faite de la certitude que l'héroïsme vrai (*) Auteur de La tentation néo fasciste en France de 1944 à 1965, Paris, Fayard, /984; L'extrême droite en France FASCISTE? difficile à détecter, à cerner. porte à un renoncement aux passions indivi- de 1965 à 1984, Paris. L ·Harmattan. /989. 24 2 5 i l

MOUVANCE

e racisme anti-

immigré et la xé-

nophobie sem-

blent être suffisants à

cristalliser un vote

d'extrême droite.

Mais l'implantation

électorale durable du

Front national a, en

fait, des raisons plus

profondes. Les élec-

teurs savent-ils pour

quoi ils se prononcent

et ce qui est en ieu ?

Entre les mensonges

des uns (les candidats

de l'extrême droite) et

les ignorances des au-

tl'es (les électeurs),

c'est la démagogie qui

fonctionne, aHisée par 15% • OURQU 01 ET VERS QUOI? la crise, la peur du len­ demain et d'un monde en mutation. 26 27 RENCONTRE 4,5 ILLIONS D'ELECTEURS •••

Directeur du Laboratoire est étranger. Paradoxalement, les trois régions chômage ou de la présence des étrangers. où l'on trouve les plus forts pourcentages de Bien sûr, il s'agit de variables liées, mais ce de démographie à l'Eco­ vote pour le Front national sont celles qui ont ne sont que des conséquences, et non des cau­ le des hautes études en toujours eu l'habitude d'échanges avec ses, d'un même état de fait: la modernisa­ « l'étranger », celles où la circulation des tion. On a voulu croire qu'il s'agissait d'un sciences sociales, Hervé marchandises et des gens, la réception de chaî­ vote de mauvaise humeur. Pour moi, au nes de télévision d'autres pays sont les plus contraire, il y a des déterminismes sociologi­ Le Bras cherche, depuis importantes. ques précis qui expliquent que ce vote est en­ plusieurs années, à re­ A travers ces votes, se dessine de plus en plus raciné. On peut évidemment trouver des nettement la carte de nos frontières. Il est nuances, des exceptions, localement, comme pérer les facteurs clés du étonnant que les régions les plus favorables un vieux paysan breton qui vote FN. Mais ce à Le Pen et les plus intolérantes soient les plus qui m'intéresse, c'est de chercher les grandes vote FN. habituées aux étrangers. Ce que l'on observe lignes, les causes communes ... Gardons-nous Il nous explique ici (1) du côté de l'Espagne est éloquent. Ce n'est de tirer un portrait de l'électeur moyen FN, qu'aux deux extrémités des Pyrénées que les c'est-à-dire d'attribuer ie caractère du grou­ quelles sont, à son sens, contacts de part et d'autres sont possibles. pe à un individu. Cela, c'est le schéma du ra­ les principales motiva­ C'est là que les votes pour le FN sont les plus cisme, qui fait de tous les Maghrébins des mu­ forts. Au centre (comme dans les Hautes­ sulmans et de tous les musulmans des inté­ tions de ce choix poli­ Alpes d'ailleurs), les montagnes sont trop gristes ! hautes pour que les échanges puissent exis­ On a aussi volontiers affirmé que l'électorat tique ••• ter ; les votes pour le FN y sont bien moins du FN c'était le lumpenprolétariat. Or dans Quelles sont les particularités de l'électorat du nombreux. cet électorat, toutes les couches sociales ont Front national, et quels commentaires en Ces régions frontalières sont également pro­ toujours été représentées. On observe d'ail­ faites-vous? ches de l'étranger par leur généalogie. Il est leurs que dans les régions où les votes FN sont • Le plus frappant est sa concentration dans difficile de trouver un Marseillais qui n'ait pas plus élevés, le profil social et éducatif est un trois régions: le Sud-Est (côte méditerranéen­ de sang étranger! Même chose à Nice qui, peu supérieur à la moyenne des Français. ne et Rhônes-Alpes), le bassin parisien, l'Est, il y a à peine plus d'un siècle, n'appartenait Comment l'expliquer? C'est la catégorie de la le long de la fro ntière. Cette géographie de pas à la France ! Dans tous les phénomènes population la plus soumise aux changements l'électorat du Front national est extraordinai­ d'immigration, on constate que les vagues rapides de techniques et d'environnement. rement stable depuis plusieurs années. Ces précédentes sont toujours plus hostiles aux va­ A Dreux, pour les dernières élections, on a trois régions sont, en France, les plus touchées gues suivantes. Elles s'en sentent proches mais encore dit que c'était un avertissement, que par la modernisation: les changements à la voudraient s'en distinguer. Retranchement les élections locales étaient toujours particu­ fois techniques et humains y sont très impor­ sur soi par peur de l'autre: en France, le vo­ lières. Or, les élections législatives dans cette tants, les liens sociaux moins clairement dé­ te pour le Front national est un vote natio­ région démontrent le contraire. Parler de mé­ finis. A mon sens, le vote FN est lié à un trou­ naliste. Julia Kristeva, linguiste et psycha­ cc Le vote FN est lié il un trouble de la modernité ... " Marseille. contentement n'a pas de sens, c'est même ble de la modernité, à l'achèvement de l'ur­ nalyste, explique ce repli par l'incapacité de dangereux. Les votes en faveur de Le Pen sont banisation et à la réorganisation des réseaux faire un pas vers l'autre ... les changements existent, notamment techni­ Pour vous donc, le facteur le plus détermi­ se tant de problèmes de compréhension vis­ bien enracinés, malgré ses contradictions, son de sociabilité. Pour un paysan de la Marne, Et que peut-on observer ou déduire dans les ques, ils sont moins traumatisants car il res­ nant est une perte de repères ? à-vis du monde occidental. Même si, finale­ machisme, son antisémitisme. aller au supermarché signifie rompre avec un régions de France où le Front national n'a te dans son monde, et les structures tradition­ • Oui, un des facteurs principaux pour ex­ ment, le Japon n'est pas si différent de nous, Quant au chômage, il n'a pas à voir non plus certain type de contacts locaux et abandon­ qu'un faible impact ? nelles ont subsisté. En région parisienne, on pliquer les motivations de l'électorat du FN il y a une perte d'explication qui conduit à avec ce phénomène. C'est dans les régions où ner ses habitudes de vie en petits groupes, • Ce sont très nettement les régions rurales retrouve un phénomène comparable, puis­ est une perte d'explication du monde qui nous se réfugier dans le fantasme; et même par­ le taux de non-emploi est le plus fort (Breta­ pour se confronter à des groupes beaucoup qui vivent de manière dispersée, dans des fer­ qu'on vote moins pour le Front national dans entoure, un~ difficulté à se situer dans un fois une quasi-panique. Difficile d'ordonner gne, Haute-Normandie, Pas-de-Calais) que plus larges. mes disséminées, dans la campagne, qui vo­ les arrondissements du centre, où vivent les nouvel environnement. des choses comme le progrès économique, la les votes pour le FN sont les plus faibles. Ainsi se traduit le phénomène de la moder­ tent peu pour Le Pen. A l'opposé donc, des Parisiens d'origine, à l'inverse de la périphé­ Aujourd'hui, il est difficile pour beaucoup de répartition démographique, la force des na­ Peut-on parler indifféremment du vote pour nisation : par ce changement d'échelle, par régions de France, où l'on vit regroupé dans rie où l'on vote plus pour Le Pen. gens de comprendre ce qu'est la France et quel tions, c'est-à-dire un ensemble de données le FN et du vote pOUT Le Pen ... et que pen­ une perte de repères et par un mal-être. On des villages. Il est frappant de constater que A noter aussi que les hommes votent plus FN est le sens des comportements différents. auxquelles chacun de nous a accès par les mé­ ser justement des dernières élections de est en train de vivre ce que l'Allemagne et la carte de France de la population agglomé­ que les femmes. On trouve cette différence Pourquoi les Japonais sont-ils actuellement dias. Dreux? l'Angleterre ont connu dans les années 30 ... rée (Nord-Est, Est, région méditerranéenne) dans les régions où les relations entre les sexes les meilleurs ? Il est bien mal aisé de compren­ On entend parfois dire que le vote pour le FN • Ce que je décris ici vaut pour le Front na­ car la France n'a débuté sa modernisation que colle parfaitement à celle de la carte des vo­ sont restées inégalitaires et traditionnelles ... dre la réussite d'un peuple à la civilisation si est un vote de protestation, notamment lié au tional dans son ensemble. Si Le Pen a un cha­ depuis une quinzaine d'années. tes pour le Front national. C'est là, comme Comme si le sexe masculin réagissait mal à différente, avec leur « agressivité commercia­ chômage ... qu'en pensez-vous? risme certain, sa réussite tient essentiellement Quels liens entre ce vote et la présence d'étran­ je l'ai dit plus haut, qu'il y a eu le plus de bou­ l'émancipation féminine: ce qui va très bien le )), et leur mode de vie dans un tout petit • Dire qu'il s'agit d'une protestation est une aux deux thèmes du FN : sécurité et étran­ gers'? leversements et de modifications des relations dans le sens d'un vote de nostalgie et de la pays qu'on ne leur envie pas ... contrairement façon d'évacuer des constats embarrassants. ger, qui focalisent la peur de l'autre. • Il n 'y a pas de relation directe entre le vo­ de voisinage. crainte devant l'avenir. aux Américains, avec leur patrie, leur symbole Cela ne l'a jamais été. On a fait des compa­ Que dire de l'élection de Dreux à la fin de te pour le Front national et la présence Dans les régions d'habitat dispersé, au Autre catégorie de la population qui vote « de libertés et de démocratie )), qui précé­ raisons avec le vote poujadiste. Or les causes l'année 89 ? Les 60 070 obtenus par la candi­ d'étrangers. Paul Aliès, dans une étude récen­ contraire, les gens ont toujours eu l'habitu­ moins pour le Front national : les personnes demment étaient ceux qui réussissaient. sont bien différentes et plus profondes. Sans date du FN à Dreux, c'est ce qui nous attend te sur le Languedoc-Roussillon, l'a bien dé­ de de vivre isolés, d'aller s'approvisionner une âgées. Il y a des effets de génération certains, Pour moi, le vote Le Pen est un vote antija­ quoi, on ne pourrait pas comprendre la per­ si on continue à faire des erreurs politiques, montré. Il ne s'agit pas d'un vote xénopho­ fois par mois dans un bourg plus grand. Il mais, finalement, ces caractéristiques d'âges ponais et les Maghrébins qui passent par là manence de ce vote et son étonnante stabili­ si on continue à voter à droite contre Le Pen be en tant que tel mais d'un climat général, n'y a pas eu de rupture sociologique, et ces et de sexes sont bien moins significatives que se prennent les coups de pied que l'on ne peut té. Parler des difficultés de saisir ce qui se pas­ lorsque l'on est à gauche. Cette attitude, c'est de raisons plus profondes et spécifiques. Ce régions rurales « résistent» mieux à Le Pen. les écarts régionaux, du fait des troubles so­ allonger aux Japonais. La racine du « mal )) se au niveau national et international, me pa­ légitimer et s'effacer devant Le Pen, car ce n'est pas l'étranger qui est rejeté, mais ce qui Pour un paysan de l'Ouest de la France, si ciologiques qu'ils révèlent. est dans cette peur d'une civilisation qui po- raît plus proche de la réalité que de parler du n'est pas lutter au nom de ses propres idéaux! • 28 29 NATIONAL

~ Le vote de Dreux préfigure un avenir possi­ UN ELECTORAT EN MUTATION ble. Il suffit d'une dramatisation de l'élection (comme le décès de Stirbois) ou d'un durcis­ Depuis cinq ans, l'on a vu se modi­ plus souvent dans des bastions histori­ DEMONTEZ sement de la crise économique, pour que Le fier la carte géopolitique de l'élec­ ques et lors de législatives partiel les. Mais l'influence croissante du FN repo- Pen ne soit pas si loin de la présidence de la République. On ne doit pas rire avec cela! torat du FN. se sur une série de facteurs sociaux de 1 070 fond et pas seulement conioncturels. Si l'on atteint les 15 de chômeurs, même si ce n'est pas eux qui nécessairement vote­ LE PROGRAMME C'est le terrain social urbain où la « dé­ • ront pour Le Pen, cela provoquera une peur sinsertion » sociale est forte et où la qui s'ajoutera à celle qui existe déjà vis-à-vis présence des partis traditionnels s'af­ de l'Europe et de l'étranger, et cela pourra faiblit qui nourrit le FN. alors provoquer un basculement de l'électo­ Le Front national est régulière- Le vote FN est avant tout un vote mas­ rat. Il suffit de lire-les interviews des habitants culin et un vote de jeunes. Ils sont atti­ de Dreux pour observer avec quelle facilité rés par le côté « fort en gueule » et vio­ déroutante ils ont franchi la « ligne de démar­ ment présent aux élections. Il lent de Le Pen. Le discours antiparle­ cation ». mentaire à peine voilé du personnage Marseille, Dreux: de nouvelles couches po­ et la crise de la représentation politi­ litiques n'hésitent plus à voter FN. C'est un mène campagne essentiellement que favorisent leur choix. Cette classe avertissement sérieux dont certains hommes d'âge vit le plus durement la crise et politiques commencent à prendre conscien­ demeure la plus exposée à l'accroisse­ ce. Mais, à mon avis, il y a trop de négligen­ contre l'immigration et contre ment des inégalités et de la précarisa­ ce et trop peu de mobilisation. tion, constat révélé par les travaux du Comment vous semble-t-il possible d'éviter CERC (Centre spécialisé dans l'étude ce cas de figure ? des revenus et de la consommation). • Le vote en faveur du FN pose un problè­ l'insécurité. La pénétration est forte dans toutes les me de démocratie locale. Certains partis po­ classes sociales. Deux d'entre elles do­ litiques l'ont bien vu. Si localement, il y a per­ minent trationnellement, les artisans .~ te de sociabilité, perte de liens sociaux, c'est Mais quel est son programme ~ commerçants et chefs de petites entre- là qu'il faut intervenir pour que les individus .~ prises mais aussi, phénomène nou- prennent en charge leurs existences, leurs re­ 1: ~ veau, la classe ouvrière. Le FN a rem- lations : prérogatives qui appartiennent en­ social et politique ? ~ placé en partie le PCF dans son rôle de core bien trop à l'Etat. C'est le paradoxe du ~ protestation. Seuls les intellectuels et vote Le Pen d'être à la fois un vote nationa­ liste et un vote anti-étatique. J'y vois la re­ M.-F. Stirbois : 60 % de voix à Dreux. les cadres supérieurs y échappent. La carte géographique du FN montre vendication d'un autre type de gestion de re­ usqu'à présent, le FN n'a sorti e vote de Dreux le montre: le une forte implantation dans les zones lations. A Marseille, la journaliste Anne Tris­ qu'un texte globalisant ses pro­ Front national ne peut plus être urbaines et industrielles telles que l'Al­ tan a bien montré comment le FN cherchait positions politiques. Publié en Lconsidéré comme un épisode fu­ sace, la Lorraine, la ceinture parisien­ à créer des cellules accueillantes, des groupes 1985, Pour la France juxtapose gitif de la politique française. Le FN ne, le Sud-Est. Cette zone géographi­ conviviaux (2). La mainmise de l'administra­ de grandes orientations et quel­ s'installe. Jusqu'à présent 25 à 30 % que, à l'est d'une ligne Le Havre­ tion qui ligote de plus en plus la France avec ques points précis répondant de Français en harmonie avec certai­ Perpignan, accumule différents fac­ des textes produits par des énarques, suscite ce genre de réactions. Il faut en revenir à un aux attentes des courants composant le Front nes de ses idées avaient voté à un mo­ teurs : concentration urbaine et insécu­ national. ment ou à un autre pour Jean-Marie rité, régions touchées par la crise, la plus fort degré d'autonomie locale. C'est par Car chrétiens traditionnalistes, ex-pouja­ Le Pen. Mais cet électorat restait ins­ désindustrialisation et présence de ce moyen que l'on touchera l'électorat du table. nombreux travailleurs immigrés. Ces Front national. Mais la gangrène est là. Il fau­ distes, ex-OAS, activistes nazillons, solidaris­ Pascal Perrineau, chercheur à la Fon­ caractéristiques se retrouvent dans dra lutter encore longtemps ! tes, fractions royalistes et conservateurs éner­ Propos recueillis par dation des sciences politiques, a sui­ d'autres régions européennes, notam­ vés qui cohabitent en son sein partagent de Laure LASFARGUES vi ce changement. Aux européennes ment en Belgique et en Allemagne, qui nombreux points communs et quelques soli­ de 1984, les 10 % recueillis provien­ permettent à des partis d'extrême (I) Dans l'attente d'un ouvrage à paraître sur le sujet. des désaccords. (2) Anne Tristan, Au Front, éd. Gallimard et Folio. nent d'un électorat de droite radica­ droite de réaliser de bons scores. Le programme de 1985 est donc aussi une lisé qui trouve en Le Pen la seule per­ Un électeur FN sur deux vient des par­ synthèse minimale à usage interne avec sonne capable de battre la gauche au tis UDF et RPR, 25 % viennent de la comme lignes directrices l'exclusion ethnique, pouvoir. La mutation débute en 1986 gauche et 25 % de ieunes nouvelle­ l'antisyndicalisme, l'anticommunisme, un et se concrétise réellement en 1988. ment inscrits sur les listes électorales ou Une partie de cette droite radicalisée d'anciens abstentionnistes. Contraire­ fort courant antiparlementaire, des thèmes sé­ retourne vers ses partis traditionnels ment à une idée reçue, souligne Pascal curitaires omniprésents et des thèses écono­ pour un vote utile dans un scrutin plus Perrineau, les électeurs communistes miques libérales pures et dures. Le tout lié décisif. Cet électorat de départ est ne sont pas significativement sensibles d'une forte sauce démago-poujadiste. remplacé par un vote de protestation aux sirènes lepénistes. MYSTIQUE S.C.A ... : Section Carrément Anti-Le Pen. provenant de couches sociales défa­ De ce constat, on tire que le vote Le Pen vorisées des zones urbaines. Le score ne s'enracine pas dans des circonstan­ ET MYSTIFICATEURS demeure donc à 10 %. Il associe un ces fugitives. Vote de crise, le vote le­ Pour Jean-Marie Le Pen, préfacier de l'ou­ est l'art d'assurer la survie de la Nation» et se politique sclérosée « qui ne défend pas la vote de protestation populaire à un péniste ne sera réduit que par un trai­ vrage, idéalisme et politique priment (p. 8 et c'est« en servant les communautés dont il est Nation », le patrimoine et les« héritiers fran­ vote de droite traditionnel. tement de fond des crises politique, 9) car l'économie - le matérialisme dit-il - membre et d'abord les principales: lafami/­ çais » que nous sommes. Les dernières élections montrent un économique, sociale et culturelle dont • : > 16 % « ne vaincra pas la mort qui appartient à l'es­ le et la patrie, que l'homme a le plus de chance Adossée à ces grands élans mystiques, la tra­ I!!':I: 13,5 à 16 renforcement de cette alliance qui il se nourrit. On mesure l'ampleur de la E:; : 10 à 13,5 % sence de notre destin. Elle ne pourra pas non de construire son bonheur ». duction concrète des projets lepéniste cède ce­ permet au FN de remporter un succès tâche et le courage politique néces- o : < 10 % ------' plus répondre aux interrogations sans limites Un bonheur qui n'est empêché que par les au­ pendant la place très vite à la mystification durable. saires. Philippe Moreau Résultats du FN aux élections présiden­ de nos esprits ni combler les aspirations infi­ tres, à commencer par ceux qui n'appartien­ démagogique. Les bons scores obtenus l'ont été le tielles 1988. nies de nos âmes» (p. 9). Car « la politique nent pas à ces communautés, et par une clas- Thème lepéniste de base, rendre la parole au 30 31 peuple revient ainsi à centrer le débat politi­ entend appliquer un ultralibéralisme dont il La philosophie fiscale du FN se résume ain­ que sur des thèmes choisis pour la latitude seraient les premiers à souffrir. si : tous les boxeurs sont des boxeurs. Qu'ils LE FRONT ••• CA FAIT MÂLE qu'ils offrent à la manœuvre: l'identité na­ HLM A VENDRE pèsent 60 ou 120 kg, ils boxent en même ca­ tionale et la qualité de la vie (c'est ici, d'abord La « propriété c'est la vie» ou « la liberté» ; tégorie. Les poids coq fiscaux seraient encore • la maîtrise de l'immigration), l'insécurité (et pour faire passer la pillule, le Front national les dindons de la farce ... « La France c'est la terre de nos (1,8 %) qu'il compare avec terreur à celui des c'est l'exemple de la peine de mort qui est envisage (p. 67) de rendre tous les Français Le même programme exige une lutte accrue pères. » Adoptez notre programme femmes algériennes (5,6 %)* . avancé), le désengagement de l'Etat (dénatio­ propriétaires. Il entend distribuer 70 0,70 des contre les fraudeurs fiscaux, question de mo­ Sa dirigeante s'affole devant le déclin de la nalisations) ou encore l'utilisation de l'im­ actions des services et entreprises publics dé­ rale. Morale mise à part, il demande quelques parce que c'est un programme nuptialité et l'augmentation des divorces qu'elle impute bravement aux fantômes pôt... (p. 37). nationalisés aux Français, au prorata du nom­ lignes plus loin une large amnistie ... fiscale (p. d'hommes ... Tout comme la pub, le La mise en avant systématique du référendum bre d'enfants de chaque famille, gratuite­ 76) et que l'Etat « renonce aux procédures in­ marxisants qui inflitreraient jusqu'à l'intimité comme outil de parole est tout aussi suspec­ ment. Il est vrai que les lignes suivantes pré­ quisitoriales ». L'inquisition, il est vrai, c'est FN affirme et répète: c'est masculin des couples ... te : le référendum lepéniste est d'abord un voient un système d'obligations convertibles, d'abord aux yeux des rédacteurs l'impôt sur donc c'est viril. Le CNFE, qui aime passionnément ses en­ plébiscite antiparlementaire, contre une classe de conversions de titres et de vente au public les grandes fortunes et l'impôt sur les plus­ fants, beaucoup ceux de ses voisins, et pas du 'univers du FN est un univers de politique « coupée des réalités ... ouverte aux des titres restants qui laisse une porte de sor­ values. .g.~ tout ceux des immigrés, réclame l'exclusivité tentations de la décadence ». Le disours mus­ tie. En quelques années, actions réalisées et SOLIDARITE SELECTIVE « guerriers» qui se gargarisent ~ des prestations familiales et la priorité d'ac­ solinien sur les élites vérolées et cosmopolis­ obligations cédées (par les plus pauvres « La solidarité nationale ne doit intervenir que Lconstamment de références à la ] cès aux HLM pour les familles françaises et tes n'est pas loin. d'abord) ramèneraient l'opération actions de manière subsidiaire », sous peine de voir « virilité » ; le langage y est fortement con- ~ européennes. Son remède contre la décaden­ Il a d'ailleurs déjà été utilisé au FN. gratuites à ce qu'elle est : du vent. se diluer la responsabilité personnelle. Un cre­ noté de termes militaires. Son idéologie s'ar- Mal 88. Le CHFE fête Jeanne d'Arc. ce nationale est d'une simplicité élémentaire: Rendre la parole au peuple c'est en fait, pour Du même tonneau, le FN sort l'idée de reven­ do posé d'évidence par le Front national et qui ticule autour des valeurs de puissance, de pou­ encourager le mariage en modifiant le droit voir et de domination. C'est un monde qui Le Pen, lui faire avaliser sa politique d'ex­ dre les HLM à leurs locataires français. vise la Sécurité sociale et les prestations socia­ fiscal au profit des couples mariés, attribuer s'acharne à distinguer biologiquement hom­ clusion en dévoyant les questions et les for­ Combien de famille pourraient les acheter? les. La Sécu, c'est l'ennemi: chère, ouverte un salaire maternel égal au SMIC, abroger la mes et femmes pour cantonner celles-ci dans mes de consultations et de décisions. « Dé­ Peu, et l'opération se résumerait à la main­ aux immigrés, conventionnant les médecins, loi Veil et supprimer le remboursement de un rôle de reproductrices. Les lepénistes ren­ l'IVG par la Sécurité sociale. Dédiées à leurs magogisées », les interrogations de la popu­ mise de gros investisseurs immobiliers sur un obligatoire pour les salariés. C'est un symbo­ dent ainsi la femme française responsable par enfants, les mères doivent jouer un rôle dans lation se voient transformées en voies de ga­ juteux stock de 2,5 millions de logements. le du collectivisme et du gâchis étatique (p. 87 défaut de la décadence nationale, qui serait la transmission des « valeurs », puisque l'éco­ rages réductrices et en portes ouvertes à toutes Une fois les loyers« libérés », les familles po­ et 88). Plutôt les assurances privées, où l'on entraînée par la baisse de leur fécondité. le (aux mains des « marxistes ») n'assure plus. les dérives sécuritaires, xénophobes et anti­ pulaires y demeurant seraient, une fois enco­ a ce qu'ont peut se payer et la liberté totale Il faut donc éduquer jeune et tôt, et d'abord démocratiques. re, les victimes. des honoraires des médecins. Une vision très A bout d'arguments pour vanter les charmes de la profession de mère de famille nombreuse . ~ les filles. « Mille petites règles quotidiennes L'ETAT MOLOCH CONTRE LE FISC reaganienne dont les résultats sont connus ~ à plein temps, Le Pen propose l'instauration- .~ qui, sous une forme amusante, suggèrent des La même démagogie est utilisée contre l'Etat, La fiscalité est un autre des terrains de pré­ outre-Atlantique: soins inaccessible à de lar­ comportements et une prise de conscience des considéré comme Moloch à abattre. Pour Le dilection du FN. Vieille tradition de l'extrê­ ges parties de la population, retraites anémi­ récompense d'un vote familial, c'est-à-dire ~ ~ contraintes de la vie en société» ont ainsi été Pen, il est impératif de le cantonner à la sé­ me droite: la Ligue des contribuables ques, marginalisation des plus pauvres, etc. l'attribution d'autant de bulletins de vote qu'il :oê élaborées par des éditions Sdp à vocation curité, la diplomatie et la défense. d'avant-guerre; Poujade et autres démago­ EXCLUSION ya d'enfants mineurs (1). Placée sur le trône Nov. 89. Fidèles de Mgr Lefébre DU Bourget. d'assainissement civique, pour la Petite Ju­ Le reste, tout le reste, doit être privatisé (ser­ gues ont montré qu'il y avait là matière à ga­ On pourrait continuer ainsi pendant long­ de la famille, la femme aura bien du mal à lie dans la trilogie « D'une petite Française vices publics) ou dénationalisé (p. 55), même gner des suffrages. temps, il y en a près de deux cents pages. Et en redescendre. Sauf à devenir Jeanne d'Arc, vierge égérie du FN. à la maison ». l'enseignement où doit primer la liberté de re­ Première idée: l'impôt sur le revenu ne doit nous n'avons pas encore parlé de l'immigra­ Le CNFE revendique 3 000 adhérentes, sans crutement des professeurs et des élèves. plus être progressif mais proportionnel. La tion et de la « préférence nationale» qui ex­ Mère, vierge (ou putain ?), voilà les alterna­ tt Ils voilenlleu,s lem­ toutefois préciser si ces nouvelles évangélis­ Les fonctionnaires se verront réduits en nom­ différence est énorme. clut dans tous les chapitres les immigrés de tives offertes aux femmes. Marie-France Stir­ mes el ils violenl les bois, pâle copie désignée de la bergère de tes officient sur le seul Hexagone ou crapa­ bre, soumis à une hiérarchie puissante, inter­ La progressivité de l'impôt signifie que les l'éducation, du logement, de l'emploi, des ser­ nôl,es. " Saumâtre Dornrémy, n'existe au FN que comme « Mme hutent dans toute l'Europe. Car si les mères dits de droit de grève (1) et de tout mandat taux de retenue appliqués aux petits revenus vices sociaux et où la politique du FN appa­ réécriture de l'Histoire Jean-Pierre Stirbois »ou « la Veuve de Jean­ de France ont un rôle formateur, la France­ électif. Ils seront payés au mérite. La régle­ sont moins importants que ceux appliqués au raît encore plus nettement. Pierre Stirbois ». Pour ledit Stirbois, elle était par ceux-là mime qui mère civilisatrice en a un autre, à plus gran­ mentation économique et sociale disparaîtra. gros revenus. Avec un salaire moyen, vous Le programme du FN, hors les propositions « la mère de mes enfants ». Ce discours d'en­ dévoilaient pour violer de échelle : éduquer les peuples au bonheur. Pas de contrôle des prix, liberté totale d'em­ laissez environ 10 à 15 % dans les mains du concernant l'immigration est peu connu. Sous fermement sait cependant s'adapter aux cir­ « La colonisation fut à la source de l'éveil à bauche et de licenciement (p. 63), liberté des fisc. Si vous avez de très gros revenus, cela la liberté affichée, c'est le libéralisme écono­ en Algérie. constances de son temps. Au : « ... pour sau­ la fois économique et humain des populations salaires (pas de SMIC garanti) et de la durée peut monter à 65 %. mique le plus dur, allié à l'autoritarisme poli­ africaines» nous apprend Martine Lehideux du travail (plus de 39 heures), abolition des L'impôt frappe différemment pour répartir tique affirmé qui est proposé. C'est un pro­ ver nos sociétés et notre avenir, notre vie in­ gramme qui veut fragmenter la société, la par­ dividuelle et collective, il faut que les femmes ils violent les nôtres. »Saumâtre réécriture de et « les seuls pays d'Afrique qui demeurent lois sociales (notamment les lois Auroux), mi­ plus justement l'effort. L'inégalité au servi­ l'Histoire par ceux-là mêmes qui dévoilaient de niveau humain, ce sont ceux qui collabo­ se en concurrence de la Sécurité sociale avec ce de la justice ! celliser. L'exclusion en est le fil conducteur; aient des enfants, qu'elles acceptent que ces exclusion des immigrés, bien sûr, mais aussi enfants servent éventuellement et peut-être pour violer en Algérie ... Phrase révélatrice rent de façon officielle avec les pays euro­ les assurances privées, relèvement du nombre Payer 10 % sur 100 000 F est cependant par­ aussi d'une technique de récupération aguer­ péens et tout particulièrement la France» (3). de salariés nécessaires pour disposer de délé­ fois plus compliqué que payer 650 millions de ceux qui pensent autrement. Exclusion de meurent pour défendre la liberté de la patrie. Il faut qu'il y est une autorité, et nous pen­ rie et d'un sens exacerbé de la propriété. Les Dans ces élucubrations cyniques, la dame gué syndicaux, etc. (p. 155 à 158). sur un milliard. A ce système, le FN préfère ceux qui travaillent de toute action socio­ sons que l'autorité la plus qualifiée dans un agressions contre les femmes n'ont lieu pour nous explique que l'assujettissement des fem­ Dans ces conditions, le projet affiché de créer la proportionnalité. Les petits salaires paie­ économique, des plus faibles de toute protec­ ménage c'est celle de l'homme» (2) s'est subs­ les lepénistes que commises par l'envahisseur mes est un idéal parallèle à la colonisation des des zones économiques franches risquent fort raient par exemple 10 % ou 15 %, les gros tion sociale, des femmes de tout rôle social en titué un ton plus passe-partout : « un pays qui étranger, et seulement sur des Françaises. Ce peuples. de tourner aux situations du tiers monde : aussi. Apparente égalité qui masque que 10 % dehors de la gestion du foyer. se dépeuple est condamné à terme à devenir ne sont jamais des violences contre des indi­ Marina Da Silva Taïwan ou la Corée du Sud. de 100 000 F ne laissent pas la même chose Les propositions faites par Le Pen entendent la propriété de l'étranger, la victime de tous vidues à part entière mais contre une femme D'autant que le Front national, très antisyn­ que le milliard précité. assurer et autoproclament le pouvoir d'une (1) La proposition de loi nO 986 du 16.10.87, déposée par les pillages et le cadre de toutes les oppres­ de la horde. le FN demande « d'attribuer les voix des filles à la mère dicaliste, demande que les grèves ne puissent Encore traîne-t-il dans ce programme l'idée caste aisée, mâle, blanche, qualifiée et en bon­ et les voix des garçons au père ». ne santé. sions. Voilà pourquoi la défense de lafamil­ LE CNFE (2) La droite aujourd'hui, 1979, Jean-Pierre Apparu Al- avoir lieu qu'après un vote majoritaire tenu que l'impôt sur le revenu devrait disparaître bin Michel. ' le est le complément de celle de la Nation ». hors des locaux de l'entreprise et sous contrô• au profit de la TVA. Or cette taxe frappe, à La société ici décrite en filigrane n'offre pas Cette idéologie sexiste et raciste a aussi sa sec­ (3) Réalités du développement en Afrique, Martine Lehi­ L'étranger, c'est bien sûr l'immigré, cible pri­ deux, brochure du CNFE, 1987. le judiciaire ! taux égal, riches et pauvres. Quelles que soient de place aux autres, à tous les autres. Le pro­ tion féminine, le Cercle national des femmes gramme du Front national le montre, encore vilégiée du FN. * Selon Georges Tapinos, chef du département de démo­ Les ouvriers et employés de Dreux ou Mar­ les ressources des uns ou des autres, ils paient d'Europe, fondé en 1985 et dirigé par Marti­ graphie économique à l'INED : faut-il démonter le programme. A la suite du meurtre crapuleux de Françoi• Italiennes: 2,04 seille qui, excédés pàr leurs conditions de vie la même TVA sur la baguette de pain ou les ne Lehideux, élue européenne en 1984. Espagnoles : 1,84 René Fran~ois se Combier, compagne d'un élu FN, le 31 oc­ Le CNFE ne parle que de « féminité » et de Portugaises: 2,23 difficiles, sont tentés de voter à l'extrême chaussures. Sauf ceux qui ont des enfants: Algériennes: 4,35 tobre 1989 à Avignon, par un Maghrébin, on vertu, s'alarme, tout comme ses pairs, de l'in­ Marocaines: 5,84 droite ignorent très certainement que le FN ils paient plus. (1) François Bachelot, déput FN, 23 octobre 1986, JO. a pu entendre : « En tendance constante à la baisse, se rapprochant des com­ Ils voilent leurs femmes et dice de fécondité des femmes françaises portements français (l'Express, 14.2.86). 32 33 XENOPHOBIE

Un axiome: favoriser les « nô• ou prétendûment tels. Le Pen développait il en permettant à l'extrême droite de faire fonc­ nées, ces derniers mois, la vie judiciaire fran- Français eux-mêmes (5). »En somme, l'anti- du racisme de l'extrême droite. Lorsque le y a plus de dix ans une formulation à la fois tionner tous azimuts ses schèmes fondateurs : çaise. Autant d'indices qui nourrissent l'hypo- sémitisme moderne, constante culturelle depuis « juif» ou « l'étranger» est suffisamment tres », éliminer les « autres ». proche et atténuée: En privilégiant, enfavo­ la sélection, la hiérarchie, l'inégalité. thèse d'une résurgence de l'antisémitisme. une centaine d'années lors de la victoire du na- différent, par la couleur de sa peau, sa cultu­ risant par trop les faibles dans tous les do­ Le dispositif argumentaire raciste a subi en Non pas qu'il ait un jour totalement disparu zisme en Allemagne, se trouve en 1940 en si- re ou sa religion, l'argument raciste repose sur Le Français idéal c'est celui qui maines, on affaiblit le corps social en géné­ Occident et singulièrement en France une sor­ mais, à l'instar des autres formes de racisme, tuation d'entérinement légal. Ce fait d'histoi- l'axiome de la supériorité de telle race ou de ral. On fait exactement l'inverse de ce que te de toilettage des arcanes classiques de il persiste et désormais signe. Animateur sur re appartient d'autant plus aux particularités telle culture : l'autre est méprisable, il faut le n'est ni juif, ni noir, ni frisé, ni font les éleveurs de chiens et de chevaux. Je l'idéologie de l'extrême droite. A l'affirma­ RTL d'une émission intitulée « les auditeurs de la tradition antisémite française que d'au- faire partir, l'expulser loin de sa propre vue. ne suis pas hostile à ce qu'on soulage les mal­ tion d'un racisme biologique se superpose, se­ ont la parole », Alain Krauss constate: « J'ai tres pays occupés, comme la Bulgarie ou le Da- Lorsqu'il s'assimile au point de perdre sa dif­ mal-pensant, ni handicapé. Ce­ heurs, par exemple les handicapés, mais on lon les contextes et les supports, un racisme toujours reçu des appels antisémites. Anony- nemark, d'où l'antisémitisme n'était pas ab- férence visible, il devient encore plus dange­ aboutit maintenant presque à une promotion culturel ou « différentialiste ». A la hiérar­ mes dans leur immense majorité. En ce mo- sent, n'ont connu ni la collaboration étatique reux, on passe à la légitimation de la « mise lui qui n'entre pas dans la ca­ du handicapé (3). » chisation des races et leur classification en su­ ment, ils ne sont pas plus nombreux. Seule- ni l'autopromulgation de lois antisémites (6). hors d'état de nuire ». Le raisonnement de se : vous et moi. Les critères qui permettent de distinguer ceux périeures et inférieures se substitue le « cha­ ment mes interlocuteurs choisissent désormais Il est par ailleurs remarquable de constater que Maurras est à ce titre exemplaire : « Tout juif qui ont le droit de vivre ou d'être secourus cun chez soi ». « L'éloge de la différence », de ne pas se dissimuler. Ils donnent volon- l'antisémitisme moderne apparaît paradoxale- qu'on voit, tout juif avéré est relativement peu uelles que soient ses ré­ de ceux qui ne l'ont pas se fondent sur une détournée de sa conception égalitaire chère tiers leurs nom, adresse, numéro de télépho- ment dans la période où l'émancipation des dangereux... il est possible de le surveiller ... férences conjoncturelles nécessaire hiérarchie. C'est au nom d'un or­ aux antiracistes, ne remet pas en cause le ne. Ça, c'est nouveau. » L'antisémite hier juifs devient effective (1830/1890). De l'affaire le juif dangereux, c'est le juif vague ... C'est ou historiques, ses op­ dre préférentiel que se définissent pour l'ex­ concept de race dans son acception raciste. honteux tend désormais à afficher son opi- Dreyfus aux attaques, y compris physiques de l'animal nuisible par excellence et l'animal in­ tions tactiques ou fon­ trême droite les âges, les sexes, les peuples Elle le contourne et le détourne. La défense nion. Parallèlement, le « Je ne suis pas ra- Léon Blum précisément parce qu'il était juif, saisissable. » damentales, la mouvan­ et/ou races. L'hypermanichéisme organique de la différence signifie pour l'extrême droi­ ciste, mais ... »est remplacé par « je suis ra- en passant par Maurras, Drumont, Pétain et Comment sortir de la spirale de la haine, du ce extrémiste de de l'imaginaire d'extrême droite en appelle à te éloge de l'inégalité. « Il y a des inégalités ciste parce que ... » tous les autres, la permanence antisémite fait cercle vicieux ? En payant le prix du sang, ré­ droite utilise la xénophobie. la supériorité intrinsèque et éternelle de qui sont des justices et des inégalités qui sont LE RACISME DECLARE revêtir au juif la figure du bouc-émissaire pond en substance le nationalisme chauvin. Elle exploite à outrance la peur du différent, 1'« homme blanc». « A bas la démocratie! des injustices. Nous sommes pour la justice La promulgation des « lois juives» par le exemplaire. Tout a été dit et écrit sur la ques- Soit, nombre d'étrangers, tant de juifs et de l'étranger, de l'inconnu. Par l'élaboration A bas la société multiraciale! Vive l'Europe et non pour l'égalité. Le thème de l'égalité gouvernement de Vichy en 1940 ne correspon- tion. L'enjeu principal, qui relève aujourd'hui combien de « harkis », sont morts dans les théorisée d'arguments ou par simple distille­ libre et unie! Vive la race blanche », s'escla­ nous paraît décadent », dixit Le Pen (4). dait pas à une simple complaisance vis-à-vis 1a t ê te, rés ide dan s cet t e rangs de la MOI ou des autres guerres patrio­ ment pragmatique, au coup par coup, cette me M. Cornilleau, président du PNFE (au­ C'est par ce genre de tours de passe-passe que de l'occupant nazi: « Ilfallait admettre obstination à« repérer le juif sous le masque tiques ou coloniales. Mais alors surgit enco­ peur que l'on dit« naturelle» est rendue ac­ jourd'hui sous les verrous, inculpé d'atten­ fonctionne le discours raciste, lequel aboutit les édicter, une différence entre ...... ',/0 l'assimilé ». L'antisémitisme est à ce niveau re ... la suspicion. « Français de papier! », ac­ tive, agressive, systématique. Le principe de tats) dans le premier numéro de Tribune na- à des situations hautement paradoxales, que sidents et citoyens, puis entre un précieux révélateur de la logique en spirale cuse aujourd'hui l'extrême droite qui reven- sélection offre à l'idéologie xénophobe une prémisse de choix. C'est en son nom que fu­ rent instaurés par le nazisme non seulement l'horreur des haras humains du Lebensborn LA DICTATURE - lieu où fut créée « une institution honnê­ DES EIGNEURS te et philantropique »(Himmler) d'où devait jaillir une race « pure» et « supérieure », tionaliste (octobre 1985). Et d'ajouter: « La l'irrationnel gomme, que la mémoire oublie. confiée aux bons soins d'honnêtes médecins ligne de partage fondamentale incontourna­ Les cheveux noirs d'Hitler et la petite taille ble ? C'est la question raciale. » « Europe de Goebbels ne les ont pas empêchés d'être et de consciencieuses infirmières (1) - mais aussi l'application de la « délivrance par la blanche, contre les bolchevismes », clament considérés par les racistes comme appartenant mort» des malades incurables, aliénés, han­ les slogans du GUD (Groupe union défense) à la race des grands Aryens blonds. dicapés, soldats allemands blessés, races in­ sur les murs de l'université de Villetaneuse Constamment réinventé dans ses formes com­ férieures et autres « improductifs» ou indé­ dans la région parisienne Uuin 1988). me dans ses objets, le discours raciste ne tom­ sirables (2). be pas facilement sous les coups de boutoir En France, on a vu ressurgir dans les années L'INEGALITE ABSOLUE de l'analyse rationnelle. L'efficacité de sa re­ 70 le thème de la sélection artificielle appli­ La haine du mélange interethnique, du cos­ production se nourrit de mythes naturalistes quée aux êtres humains. De bien curieux dé­ mopolitisme, de l'idéologie des droits de qui perdurent. Ainsi, l'autre psychose, celle fenseurs de l'avortement le présentent com­ l'homme fait de l'extrême droite l'ennemie ju­ de « l'espace vital », se réactive dans la bou­ me un choix « moral» indispensable. Dans rée de la Révolution française et des idéaux che de Le Pen devant le Parlement européen : une lettre adressée aux députés UDR (22 oc­ d'égalité. Le message raciste prend là un sens « Nous devons agir ... en occupant notre es­ tobre 1970), le docteur Peyret note: « Les manifeste : l'inégalité et la discrimination sont pace vital puisque la nature a horreur du vi­ progrès de la médecine font qu'à la sélection non seulement légitimées mais considérées de et que si nous ne l'occupons pas, d'autres naturelle devra succéder de plus en plus la sé­ comme des valeurs absolument positives. l'occuperont à notre place (... ) Tous les êtres lection artificielle. »La psychose de la « dé­ L'inégalité, raciale, mais pas uniquement, de­ vivants se voient assignés par la nature des générescence génétique» va jusqu'à envisa­ vient une norme de l'action politique que ca­ aires vitales conformes à leurs dispositions ou ger le cas où les parents présentent des tares chent (mal) les oripeaux du discours populiste à leurs affinités. Il en est de même des hom­ physiques ou mentales « qui risquent de les et les effets de tribune des « grandes mes et des peuples. Tous sont soumis à la dure rendre inaptes à assurer convenablement l'en­ gueules ». loi pour la vie de l'espace. Les meilleurs, c'est­ tretien et {'éducation des enfants ». Gobineau Tout le dispositif de séduction, en particulier à-dire les plus aptes, survivent et prospèrent avait déjà au siècle dernier développé les thè­ électorale, repose sur la féconde propension tant qu'ils le demeurent» (25 mai 1984). mes relatifs à « l'hygiène raciale », qu'on ap­ à croiser l'apparence et le réel: à partir des La concomittance de l'argument naturaliste pelle encore « eugénisme ». apparences sensibles le racisme déduit des ré­ du racisme biologique et de l'argument éli­ Du rejet sans recours de la« faiblesse» physi­ ponses simplistes sans aucun rapport avec les taire culturaliste montre la capacité de l'ex­ que ou mentale, naît ou se répète le fantas­ réalités profondes qui les gouvernent. Ce dis­ trême droite à redynamiser le sens d'une no­ me programmatique que le nazisme a porté positif se base sur les critères racistes, com­ tion que l'on croyait aussi morte que l'anti­ au degré bien réel de sophistication que l'on me la couleur de la peau, parce que cette dif­ sémitisme actif ou déclaré. sait: multiplier les forts, éliminer les faibles férence présente l'avantage de l'évidence tout Plusieurs procès ont émaillé ces dernières an- Drapeau et membre du groupe Jeune Garde. La conception nazie du monde ne manque pas d'adeptes. 34 35 SELECTON

dique (encore !) une réforme du code de la nationalité. Le mouvement Poujade (dont Le PREFERER POUR EXCLURE Pen fut député) se méfiait lui aussi des « Français de fraîche date» et reprochait à La préférence nationale prônée par (programme, presse, discours) se tient en li­ j'aime mieux dans les autres pays du monde Mendès-France de n'avoir pas « une goutte le FN est un éloge de l'inégalité. sière du vocabulaire xénophobe. Il utilise as­ ceux qui sont les alliés et ceux qui aiment la de sang gaulois dans les veines» . sez rarement le terme « arabe» (trop proche France. » Le Pen se garde bien d'expliciter LAPSUS EN SERIE Premiers servis: les immigrés. Ça du racisme colonial) mais les expressions gé­ la valorisation d'une communauté raciale im­ Le Pen, pour sa part, oscille entre le lapsus commence toujours comme ça. nériques relatives aux Maghrébins sont hégé­ pliquée par cette subjectivité partisane. Le fa­ antisémite répété et le mea culpa, entre le ra­ moniques. « L'Afrique noire et l'Asie sont meux « racisme antifrançais » se développe cisme antiarabe et l'apologie de l'Etat d'Is­ a récupération flagrante du « droit à généralement regroupées dans la lexie tiers dans une logorrhée où se disputent les ima­ raël, entre le racisme biologique et le racis­ la différence» par les idéologues de monde, fortement connotée (indifférencia­ ges de l'intrusion, du métissage, du viol, de me culturel inspiré de la nouvelle droite. Tou­ L l'extrême droite s'inscrit en ligne di­ tion, prolifération, arriération, misère, etc). l'homosexualité, de la prostitution. Exem­ tes histoires, origines, statuts, nationalités, recte dans une réactivation de l'ethnocentris­ Quant aux immigrés originaires d'Europe ou pies: « La patrie n'est pas un hôtel de passe options, âges confondus, les immigrés ont me. Celui-ci étant, affirme-t-on, la chose du de la CEE, ils ne sont mentionnés qu'excep­ pour six millions d'immigrés» (in L'effet Le constitué le thème premier de la propagande monde la mieux partagée, la supériorité ici et tionnellement et en contexte favorable - par Pen, E. Plenel et A. Rollat). Et encore: du Front national durant la décennie qui vient aujourd'hui de la civilisation « blanche» oc­ exemple lorsqu'il s'agit de démentir la répu­ «Demain les immigrés s'installeront chez de s'écouler. Le mensonge, par omission, cidentale serait justifiée. La notion de « pré­ tation de xénophobie attachée au Front na­ vous, mangeront votre soupe et coucheront consiste à présenter les mouvements migra­ férence nationale », sur laquelle est bâti le tional » (2). avec votre femme, votre fils ou votre fille» toires les plus récents, par ailleurs déjà consti­ programme du FN tout en inspirant l'ensem­ Si l'on se réfère à la phrase fétiche du prési­ (in La droite aujourd'hui, J.-P. Apparu). Il tués en populations endogènes, comme un ~ ble des mouvements d'extrême droite, permet dent du FN, on se rend compte que le Fran­ yen a des dizaines et des dizaines d'autres du phénomène nouveau. Or, la focalisation anti- ~ d'occulter la réalité des rapports de domina­ çais est au cœur d'un réseau concentrique même acabit. A la lumière de ce bref pano­ immigrés a toujours fonctionné à la « raci- Lorsque ce n'est plus « liberté» qu'on écrit sur les murs••• tion et d'exploitation ainsi que des rapports dont les cercles plus ou moins proches défi­ rama, on se rend bien compte que la récupé­ sation » d'un phénomène socio-économique. de force et d'hostilité. nissent les préférences: « J'aime mieux mes ration xénophobe du droit à la différence re­ Un tract signé de « la Ligue de la patrie fran­ de harkis »sont a priori exclus des tranchées cès électoraux qui tombent régulièrement Nouvelle version de l'éloge de l'inégalité, lève de l'imposture. Cette imposture n'enlè­ çaise » datant de 1903 appelait à chasser « les de la guerre ouverte puisqu'ils « ont acquis comme des électrochocs, on peut se'-

années, seulement, près de 50 Mohammed, Amadi Kante, à Epinay-sur-Seine. Assassiné Boujerra Fetici est tué à Albertville par Clau­ Un teint trop basané sert désor- Amadi, Ali, Majoub ... par 5 jeunes nazillons connus, repérés déjà de Perronier. Ils, ce sont ; des élus du FN, des skinheads, pour avoir fait « trembler » la région par William Normand meurt d'un coup tiré à des militants du Parti nationaliste français et leurs exploits. bout portant par un policier voltigeur à mais de cible et de défouloir à européen, des policiers, des paras, des vigi­ Juin 89 ; Nice. Amar Abidi, ouvrier, tabas­ Fontenay-sous-Bois. les, des excités éméchés d'un soir (mais si cal­ sé à mort par des jeunes nazillons. Habib Grimzi, dont le meurtre inspira le film toutes les « pulsions» nerveu- mes d'habitude ... ), des patrons de café, une Juin 89 ; Pierre Vandorpe, député FN à Gen­ de Roger Hanin, Train d'enfer, terminera boulangère, des bandes de jeunes, quelques nevilliers, tire sur Mounine, son voisin ... dans l'express Vintimille-Bordeaux son voya­ jeunes chômeurs, des tout ce que l'on veut. Août 89 ; Jacky Portacacago, FN, tire sur des ge en France. Il meurt tué par Marc Beani, ses. Une enquête de Suzanne Héros de la déraison, devenus héroïques parce jeunes Maghrébins, à Charvieu, parce qu'il qui voulait entrer dans la Légion étrangère. que ; « Ces nouveaux barbares ont reçu un ne veut pas de mosquée chez lui. Mustapha Kouchi, mort parce qu'il voulait Kala-Lobé. Pour ne pas oublier brevet de respectabilité grâce à un nombre de Décembre 89 ; Abdel Benyahia, est tué à la danser au bal de vendredi soir, à Novy, dans suffrages qui auraient plébiscité l'infamie. » cité des Quatre-Mille (La Courneuve, Seine­ l'Oise. Ils ont tué. Et quelle que soit « l'instabilité Saint-Denis) par un coup de feu Et encore ; Amar Djilali, Areski Hadoune, qu'il y a des morts. psychologique », chronique, conjoncturelle, « anonyme ». Mohammed Benassa, Snoussi Bouchiba, Ab­ temporelle de ces assassins, ils n'en restent pas Au total; 10 morts. En y ajoutant les pre­ dei Kader, et d'autres, et d'autres ... , victimes moins des criminels. Bien sûr, tout n'est pas miers, cela fait déjà 35 morts identifiés ; les directes de ces « héros de la déraison ». Vic­ madi Kante, travaillant arrivé comme ça. Et à chaque fois l'attentat, assassins sont connus. Leurs mobiles ausi. times d'une légitime défense, instituant con­ en France, est tué le le crime ou le meurtre n'était pas prémédité tre toute attente démocratique, l'attentat ra­ 20 décembre 1988, à au sens juridique du terme, mais les crimes ciste en tant que réponse ... Les dates, les jours, les heures s'emmêlent. Epinay-sur-Seine. Ses peuvent être pourtant prémédités de longue T Mais restent les morts. Que dire d'une socié­ assassins; cinq jeunes date. Ils ont tué en l'espace té où les groupes d'extrême droite, au nom Français qui avaient déjà Trois catégories de crimes. Les attentats de sept ans, 107 Ara­ d'une idéologie nazie, assassinent des hom­ jalonné la région de leurs exploits, en posant mes depuis près de dix ans ? ici et là, bombes, explosifs et autres char­ 9 mai 1987 ; attentat contre un foyer d'im­ bes. Ils ont assassiné ces migrés de Cannes-La Bocca. La multiplication voire l'addition de ces ges­ mants outils, destinés à nettoyer la France des trois derniéres années, 19 décembre 1988 ; incendie dans un foyer tes « impulsifs» témoignent bien du retour bougnoules. Ils étaient connus et repérés, d'immigrés à Cagnes-sur-Mer par des mili­ seulement, prés de 50 organisé de la « peste brune ». Le bruit des mais la police les laissa courir jusqu'au jour tants du Parti nationaliste français et euro­ Mohammed, Amadi, Ali, bottes est remplacé par celui des balles dans où ils tuèrent Amadi Kante. Fin de l'épiso­ la nuit, des corps balancés par-dessus un pont, péen, fondé par J .-C. Beaussaert, exclu du Maioub ••• de ? Non point ! Parce que des crimes cra­ FN, parce que jugé trop radical. 1 mort. 12 des cris étouffés des victimes. La tactique au­ puleux comme celui-ci, il y en eut. Il y en a. blessés. jourd'hui est celle d'une « guérilla » urbai­ On commence à les recouper de manière ne. La cible est repérée et identifiée. Les morts 18 août 1989 ; incendie criminel d'un hôtel Tous affirment vouloir combattre « les Ara­ systématique depuis 80. Et « on » commen­ tombent un à un, parfois dans l'anonymat. à Clichy. 7 morts. 17 blessés. bes et la juiverie ». Tous sont inspirés par les ce à les lier avec le moment où la France bas­ Les nouveaux barbares ne s'embarrassent 19 juillet 1989 ; attaque par un commando déclarations de J.-M. Le Pen, à la Trinité-sur­ cula dans l'absurde; le Front national, parti e plus de rien. Ils tuent, c'est tout. La justice, d'un hôtel du XX arrondissement à Paris. Mer, après l'affaire de Charvieu; « Nous d'extrême droite, venait de réaliser un score et avec elle une grande partie de la France 2 morts. sommes les défenseurs de l'esprit de légitime consensuelle, s'émeut des larmes des famil­ électoral lui permettant de siéger à l'Assem­ 8 mars 1989 ; 15 morts dans un incendie à défense. On ne pourra pas faire accepter long­ les, mais ne trouve toujours pas la force d'ap­ blée nationale; 14 070 ••• Le racisme, condam­ Belfort. temps aux Français de n'être plus chez eux, pliquer sans la moindre concession la loi de né pourtant comme délit par la loi de 1972, Au total 25 morts pour 5 attentats. Soit une de se sentir étrangers dans leur propre 1972. persistait à n'être en France qu'une opinion moyenne de 5 morts par attentat. pays »... Le peut-elle? Pas tant que le consensus l'au­ qui tue. Les crimes fascistes et racistes Fort bien, vont lui répondre en écho des ci­ torise à laisser se poursuivre publiquement Dès lors, les crimes succèdent aux attentats Commis par des personnalités publiques (des toyens au-dessus de tout soupçon, nous al­ l'incitation à la haine raciale, acceptation de organisés et les meurtres racistes endeuillent élus du FN), des « inconnus» armés tout au lons continuer l'œuvre entreprise, à votre la légitime défense. Que des excités d'un soir, des familles d'immigrés, comme si la « peste moins verbalement par ces mêmes élus, des exemple. mais racistes de toujours, continuent à jouer brune» revenait en force. Les victimes; des ratonnades ultrarapides réalisées par des skin­ Les meurtres des partisans de la légitime dé­ aux cow-boys exterminant des vies humaines, hommes (surtout) qui n'ont comme handicap heads ou des individus seuls à la gachette ner­ fense : des vies de tous les jours, qui, chaque jour, qu'un teint trop basané, un nom pas d'ici. veuse; Aïssa Badaine, assassiné à Saint-Laurent-des­ s'étonnent de vivre encore, se demandant si, La France s'intalle-t-elle dans une barbarie Areski Sadi, tué par Vincent Delebrel (FN), Arbres, par deux jeunes apprentis. demain, on ne leur volera pas, au détour des temps modernes, elle qui fêta avec faste août 80. Un Tunisien est poignardé le même soir à Clu­ d'une rue, cette vie si précieuse mais si fragi­ le bicentenaire de la Déclaration des droits de Karim Ben Hamida, tué par Michel Cliquen­ ses, et un Marocain est tué d'un coup de le, dans cette France des libertés. l'homme et du citoyen? nois (PFNE), août 84. canif. Suzanne Kola-Lobé Cette interrogation s'appuie sur l'examen at­ Bouzia Kacir, poignardé par des « incon­ Deux ouvriers marocains sont tués dans les tentif des « unes» et « brèves» de quelques nus », connus du secrétaire départemental du Bouches-du-Rhône. quotidiens rapportant les actes violents d'in­ FN dans l'Ain, septembre 86. Hocine Benhadjamor est tué de deux balles dividus isolés ou regroupés se réclamant de AU NOM DES 13 décembre 87 ; des skinheads tuent à Mont­ dans la tête à Nice. l'extrême droite et clamant haut et fort avec pellier un Français trop basané à leur goût. Mahmadou Barry, « bousculé » à mort par leur chef de file que la France doit rester aux 6 avril 88 ; un jeune skin, vigile de profession, deux handicapés dans un bus à Cergy. Il Français, physiquement reconnaissables par tue froidement d'un coup de couteau un jeu­ meurt peu après. leur teint, la couleur de leurs yeux, leur pa­ ne Antillais, sur un quai de métro. Farid Oumrani est tué par un vigile, Marc Janvier 88 ; Nordine Chaouadi est tué par un trimoine. Mongenot, qui lui tire une balle dans le dos. NON, ct: NE SON\" "?A5 groupe de jeunes à Saint-Gratien. Ils ont tué en l'espace de sept ans, 107 Ara­ Mohammed Chartoui est agressé par des po­ Décembre 88; meurtre du Mauritanien, bes. Ils ont assassiné ces trois dernières liciers en service. DIS C.\\A\.\~~URE~ 1)'t C.LGVIW 38 39 ------_.

SOTTISIER

grants, depuis plusieurs années. De même, au 31 décembre 1986, le ministère de l'Intérieur dénombrait 4 453 765 étrangers en France. La MENSONGES même année, l'Institut national de la démo­ graphie (INED), sur les bases du recensement Dans sa propagande, l'extrême droite ne pose pas plus les bon­ de 1982 réactualisé, donnait un chiffre de 3 462 000 personnes environ. nes questions qu'elle n'apporte de justes réponses. En fait, tou­ C'est pas la même chose, ces Il gens-là ... (pour la version soft) ou en­ tes les idées simples qu'elle avance sont viciées. On commence core: c'est génétique, les nègres, les Arabes sont moins ... (remplir la case), ou par accepter de parler de l'immigration comme d'une partie plus ... (remplir aussi cette case). Renvoyer aux travaux d'Albert Jacquard, gé­ de la société - en dehors - et on se surprend à employer le néticien, devrait suffire à clouer le bec aux élucubrations ethnistes. Ne résistons pas au concept de « seuil de tolérance ». Quelques chiffres clairs per­ plaisir de rappeler le rôle des Arabes dans les mathématiques (avec, notamment, la concep­ mettent pourtant de mettre à jour les mensonges les plus évi­ tualisation du zéro), l'invention de la poudre par les Chinois, le catamaran polynésien qui dents. N'en faisons pas l'économie ... démontre son efficacité dans les courses tran­ satlantiques, la musique indienne si recher­ chée, l'invention des techniques d'irrigation par les Arabes (les canaux fonctionnent en­ core en Andalousie), etc. Toute érudition a ET ERITES ses limites. Pour les militants d'extrême droite qui s'in­ téressent à l'art militaire (on ne sait jamais) Un immigré de moins, c'est un 1986, selon le ministère des Signalons au passage que les immigrés actuel­ renvoyons-les à Sun Tsu, qui, quelques siè­ Il emploi de plus pour les Français ... Affaires sociales. lement présents en France ne sont pas venus : cles avant le Prussien Clausewitz ou le Gau­ Une phrase souvent entendue, répétée à l'ex­ A contrario, on doit noter que produi­ on a été les chercher. Citons Georges Pom­ lois Bonaparte, avait compris l'essentiel en la cès et presque crue. Elle est pourtant aussi sant et consommant en France, les immi­ pidou en 1963: «L'immigration est un matière. Quant à l'invention de l'eau tiède ... fausse que les autres. Par exemple, de 1978 à grés occupent une place essentielle dans l'éco­ moyen de créer une certaine détente sur le 1983, 74 000 travailleurs immigrés ont été li­ nomie française. L'exemple de Montbéliard est marché du travail et de résister à la pression Musulmans, ils sont inassimila­ cenciés dans le seul BTP (Bâtiment et travaux une maquette à petite échelle de la réalité. sociale. » Il bles ... publics). Ils ont, à eux seuls, représenté 80 0,10 Dans (24 janvier 1989), A propos des enfants, connotés comme grai­ le Quotidien de Paris des licenciements de ce secteur. Que l'on sa­ Ils sont tous payés par le chô• le spécialiste Bruno Etienne explique que la nes d'envahisseurs dans ce type de propos, il che, cela n'a en rien restauré la situation du mage... France a déjà absorbé au moins deux vagues Il n'est pas inutile de rappeler quelques chiffres. chômage en France dans la même période. L'affirmation énoncée sur le ton de l'éviden­ d'immigrants musulmans. L'une s'est produi­ Il % du total des enfants nés en France nais­ Dans l'automobile, de 1973 à 1982, 51 000 ce est courante. Elle tend aussi à rendre anor­ te aux VIlle et IXe siècles, l'autre aux XVe sent d'une famille étrangère. Ces familles re­ étrangers ont été débauchés sans que la situa­ mal - aux yeux des non-immigrés - qu'un et XVIe siècles quand 300 000 musulmans présentent 7 % du total de la population. Il tion s'améliore; les dégraissages de personnel travailleur étranger licencié touche dûment ses d'Espagne ont rejoint le royaume. Et les est donc vrai que les couples étrangers ont ont continué, pas un Français n'a pris la pla­ droits, pour lesquels il a cotisé comme tout le structures de l'Etat français n'étaient pas cel­ plus d'enfants. C'est leur problème et cela ne ce d'un immigré: ces emplois ont été perdus monde. En ce domaine, la différence entre les Remettre la vérité sur ses pieds les d'aujourd'hui! pour tout le monde. cotisations versées par les immigrés (7,5 % du mérite pas d'en faire une question centrale de Pour Bruno Etienne, professeur à l'universi­ Faire partir les immigrés, c'est ruiner l'écono­ total) et les prestations perçues (8,3 %) repré­ la vie politique française. ron 85 000 naissances par an, et la plupart de façon « alerte aux termites qui rongent nos té d'Aix-Marseille, « nous sommes dans une mie. A preuve, la situation du pays de Mont­ sente 0,9 milliard. Une goutte d'ea~. Les tra­ En fait, le comportement des familles immi­ ces enfants grandiront, seront éduqués et vi­ charpentes » et qui mourut de sa vilaine mort période de basse immigration »... « Quant béliard où Peugeot licencia, il y a quelques an­ vailleurs immigrés, massivement concentrés grées tend à rejoindre celui de leur nouveau vront ici. Pour mesurer l'importance de cet de bidonnage le jour où l'INSEE, qui ne passe aux musulmans d'aujourd'hui, le processus nées, 1 564 salariés étrangers. Avec les famil­ dans le bâtiment, l'automobile, les travaux pu­ pays. Le taux de fécondité des femmes étran­ apport, il suffit de rappeler les propos de Bru­ pas pour complètement nulle, sortit (pour d'absorption est largement entamé pour ceux e e les, 6 000 personnes des 120 000 habitants de blics, la métallurgie ou le textile ont été les pre­ gères baisse constamment, jusqu'à rejoindre no Etienne: « A la 3 ou 4 génération, 50 % 2010), une fourchette de population étrangère de la deuxième ou troisième génération. Si la région disparurent. Le petit commerce a per­ mières victimes des restructurations industriel­ le nôtre. Les femmes immigrées venues d'Es­ des Français sont d'origine étrangère. »Que (toutes origines confondues) de 3 à 3,15 mil­ 10 % d'entre eux sont tentés par l'islamisme du en moyenne 10 % de son chiffre d'affai­ les de ces dernières années et des licenciements pagne ou d'Italie font moins d'enfants que serait notre pays, aujourd'hui, avec 27 mil­ lions de personnes. Peu après, le Haut Co­ ou le retour au pays, les autres, soit 90 %, res. Des commerçants ont fermé boutique. La massifs qui ont suivi. Mais durant trente ans, les femmes françaises (1,75 contre 1,82). Les lions d'habitants? mité de la population donnait une estimation sont intégrés. » grande surface du coin a vu chuter de 15 à la situation inverse a prévalu. Les travailleurs femmes portugaises sont passées de 4,90 en­ voisine (2,6 à 3,5 millions de personnes) pour Le désir d'intégration est réel: l'Humanité 20 % son CA, des licenciements s'y sont pro­ étrangers ont financé les caisses de chômage fants en moyenne à 2,17 entre 1968 et 1982. la même date. (10 janvier 1989) rapporte que faute de per­ pour tous les autres, tout en construisant 33 % Dans le même temps, les femmes immigrées 11 y a 6 millions d'immigrés, plus duits. Dans un premier temps, 30 enseignants un million de binationaux (p. 113 du Notons qu'au Figaro, personne n'avait pen­ sonnel dans les services concernés, 40 000 % 11 ont laissé leur poste, d'autres devant suivre. des logements, 90 des autoroutes et voies algériennes ont divisé leur taux de fécondité programme du FN). D'autres, à l'extrême sé que ce type de comptage ne présente stric­ dossiers de demandes d'acquisition de la na­ La SAFC, société de logements, a plongé dans ferrées, 25 % des automobiles de ce pays. par deux. droite en comptent jusqu'à 8 millions. tement aucun intérêt. Sauf pour les statisti­ tionalité française sont en souffrance ... Les les difficultés, avec 700 logements vides d'un On est déjà très loin des délires racisto­ Mensonger, le propos tend en outre à présen­ ciens et ceux qui utilisent la peur de l'autre mariages mixtes sont trois fois plus nombreux Ils nous envahissent. Il en arrive fantasmatiques sur la « marée nataliste im­ ter les immigrés comme une population im­ seul coup .. . Il toujours. Ils ont de plus en plus à des fins strictement politiciennes. Les sta­ que les mariages entre étrangers. Le nombre Au surplus, le chômage qui touchait 378 000 d'enfants. C'est la marée maghrébine... migrée ». médiatement différente et envahissante. A tisticiens savent de quoi ils parlent, pas les dé­ de Français épousant des Algériennes a, par personnes en 1974 (juillet) est passé à plus de Tordons de suite le cou à un autre canard: En prenant un peu de hauteur, on peut affir­ comptabiliser à part. Sur les chiffres, un jour­ magogues. Pour les informer, qu'ils sachent exemple, quintuplé : 200 en 1971, un bon mil­ 2 500 000 aujourd'hui sans que le nombre de la proportion de migrants dans la population mer, a contrario des idées reçues, que l'im­ nal comme le Figaro a même été encore plus que la Direction de la population et des mi­ lier en 1981. Les immigrés se dégagent peu travailleurs migrants ait augmenté. Il a même n'a pas changé depuis 1931. Elle est de l'or­ migration et ses enfants sont une chance pour loin: 7 à 10 millions d'immigrés en l'an 2015, grations a publié, le 18 octobre 1989, un rap­ à peu des cadres anciens. En 1989, par exem­ baissé de 1 649 171 à 1 555 723 entre 1985 et dre de 6,5 à 7 0,10. la France. L'immigration nous apporte envi- rien que pour les non-Européens. Un scoop port établissant la stabilité du nombre de mi- ple, 27 associations d'Algériens en France 40 41 ------~-~-_._--_ .. -

Dans un Parc de 30 hectares A 25 minutes de Paris par A4

constituaient leur propre Fédération, en de­ quelques gifles éditoriales retentissantes. racistes lancées sur ce thème. Un dernier chif­ • Le virus n'a pas d'origine géographique uni­ hors de l'Amicale des Algériens. Qu'on s'en On se reportera avec profit aux ouvrages de fre : 4,3 % des incarcérés étrangers le sont réjouisse ou qu'on le déplore, ce sont des élé­ que. Il existait autant en Afrique qu'en Amé­ Pierre Vidal-Naquet (Les assassins de la mé­ pour un crime. Le taux chez les Français est rique du Sud et du Nord, et c'est le virus amé­ Château ments qui inscrivent de plus en plus les im­ moire, à La Découverte), de Georges Wellers de 7,9 % selon la Direction de la population ricain qui a pris pied en Europe. migrés dans le fait français. (Les chambres à gaz ont existé, chez Galli­ et des migrations. • On ne sait toujours pas d'où est venu le vi­ La question, encore faussée, évite en outre de de Grande Romaine mard) et Eugen Kogon (Les chambres à gaz, Une fois l'écart constaté en matière de délin­ rus, apparu dans les années 60, déclaré à l'état savoir si l'assimilation est la solution. « De secret d'Etat, au Seuil-poche). Pierre Vidal­ quance, Pierre Berton, membre de la Commis­ d'épidémie dans les années 80, et maintenant l'uniformité naquit l'ennui... »écrivait le phi­ Naquet trace d'ailleurs un portrait de ces né­ sion nationale de prévention de la délinquan­ répandu sur toute la planète. L'Afrique est losophe. gateurs dans nos colonnes. ce expliquait en 1985 : « Il y a 15 ans, j'étais enlisée dans la maladie, les pays de l'Est ne Dans chaque immigré, Il y a un responsable d'un foyer d'éducation surveillée sont pas épargnés mais s'esquissent tout jus­ Les étrangers pillent la Sécu. Ils Il délinquant qui ne sommeille que à Nogent. La moitié de mon temps était prise te à l'admettre. Israël cache son SIDA en se Il coûtent 108 milliards par an à la d'un œil ••• par de jeunes Espagnols et Portugais. Je n'en collectivité ... (programme du Front national) refusant à le dépister tandis que l'Asie, qui Au 1er juillet 1985, il Y avait 42 758 détenus Le sous-entendu est clair: la « collectivité », ai plus vu quand leurs pères sont devenus peut difficilement vivre sans son tourisme dans les prisons françaises. Dont c'est nous, les Français. Les « étrangers» sexuel, tait ses chiffres mortels. Les Il 607 étrangers, soit 27,3 0/0. Un c'est eux, les « parasites ». L'étude qui fait Etats-Unis et l'Europe commencent chiffre brutal qui signifie qu'il y a pro­ seulement à dégager des perspectives référence en ce domaine est celle faite par les portionnellement 4,2 fois plus d'étran­ élèves de l'ENA, en 1984, et portant sur l'an­ positives de leur tardive politique de gers en prison que de Français (1). Ces née 1982. prévention. Ce qui n'empêche pas la chiffres, largement utilisés par l'extrê­ France de compter 10 000 malades Selon cette étude, les immigrés ont consom­ me droite, le sont pourtant malhon­ mé pour 10 milliards de francs de prestations, pour l'année prochaine et 20000 pour nêtement. dans deux ans ! HOTEL***NN soit 6,3 % des dépenses totales du régime gé­ Plus jeune, plus masculine, la popu­ néral (159,4 milliards). Or, ils sont 8,3 % des • Sexe et sang sont les voies de trans­ lation immigrée est donc, par sa com­ mission du virus, c'est donc toute la cotisants et paient 7,6 % des cotisations to­ position plus en prise sur la délinquan­ RESTAURANT tales. population française qui est concer­ ce. A structure d'âge et de sexe égale, née. Même si elle continue à penser Les immigrés contribuent pour un milliard de Nouvelle salle modulable de 100 à 300 personnes le taux étrangers/Français dans les in­ que la maladie est réservée aux au­ plus qu'ils ne consomment... Pour ce qui est donnant sur le Parc carcérations, par rapport à l'ensem­ tres : « homosexuels, drogués, pros­ du régime retraite, les immigrés ont touché ble des deux populations n'est plus titués .. . » 5,4 milliards soit 5,03 % des dépenses tota­ que de 3,8 . (Selon Le Monde, Indiquons, pour contrer quelques les. Or, ils sont 8,3 % des cotisants et 7,9 % pour vos réceptions casher ... 19/12/85, sous la signature de R. So­ « idées » bien établies que la maladie sous le contrôle du Beth-Din de Paris des cotisations. Les immigrés paient les retrai­ lé). S'arrêter là signifierait qu'un menace maintenant davantage les hé­ tes des Français, car 4 % d'entre eux seule­ étranger commet 3,8 fois plus de cri­ térosexuels que les homosexuels, qui, ment ont plus de 65 ans (contre 9,8 % des mes et délits qu'un Français. Mais s'ils les premiers touchés, ont su adapter MARIAGE - BAR MITZV A - BRIT MILA Français). Ce taux de retraités descend mê­ Conférences - Séminaires - Congrès sont 27 % des incarcérés, les étrangers leur sexualité pour se préserver. me à une fourchette de 0,3 à 0,8 % pour les ne sont, au départ, que 15 % des in­ Et revenons au FN qui dans sa bro­ Maghrébins, selon la communauté! terpellés. Pour la même infraction, :::: chure sur le SIDA, largement diffu­ JOURNÉES DE DÉTENTE Pour les prestations familiales, les familles 35 % des personnes mises en cause ~ sée, n'hésite pas à affirmer que : « Le immigrées reçoivent effectivement plus qu'el­ par la police seront envoyées au par­ ~ risque existe à chaque fois que le vi­ • 90 chambres*** • 15 salles • Discothèque les ne versent. Le solde est de 6,9 milliards quet si elles sont françaises, 38 % si ~ rus peut pénétrer à travers la peau » • Practice golf • Piscines • Tennis (5) en leur faveur. Les familles immigrées ont elles sont des DOM-TOM, 56,9 % si Le SIDA alimente tous les fantasmes. et souligne carrément que ce dernier plus d'enfants, et ce fait entre pour les deux elles sont africaines et 63 % si elles sont peut être « transporté par des objets conta­ • Volley-ball • Sauna • Ping-pong tiers dans le calcul des prestations. Il faut ce­ maghrébines. A délit égal, un Français a pres­ chefs de chantier. Peut-être faudra-t-il quel­ minés ». pendant noter que le déséquilibre tend à bais­ que deux fois moins de risque d'être défféré ques années de plus pour voir« disparaître » Face à cette enzyme gloutonne, il convient OUVERT TOUTE L'ANNÉE ser, les familles étrangères rejoignant peu à au parquet qu'un Maghrébin ... qui souvent, les jeunes Maghrébins. En cette période de cri­ donc ,de mettre le FN sous cloche ou bien le peu le taux de natalité des Français. Surtout, aux yeux de la justice, offre moins de garan­ se, on n'a même plus de petits boulots à leur reste de la population française. On devine et durant trente ans, la situation inverse a pré­ tie de représentation. Au total, en métropo­ offrir et beaucoup souffrent (j'une dévalori­ le choix du FN ... : il faut « des centres spé­ sation de l'image de leurs parents. Le rapport Direction : M. ABITBOL valu: les immigrés versaient plus qu'ils ne re­ le, les délinquances constatées sont 2,4 fois cialisés pour les SIDA -malades» et « contre à la loi est aussi un rapport au père... » 77330 LESIGNY cevaient, dans ce secteur aussi. plus importantes chez les étrangers que chez les irresponsables dangereux,' briser les éco­ L'exclusion, au contraire, fabrique des mar­ Le chiffre cité de 108 milliards est donc faux. les Français. La proportion tombe à 2,1 si les du crime dans les prisons, emprisonnement ginaux. Renseignements : Le chapitre du programme du FN qui l'avan­ l'on exclut les délits liés au séjour irrégulier des petits délinquants et peine de mort pour ce annonce d'ailleurs la couleur: « Il s'agit (délinquance peu grave et propre aux immi­ Le SIDA vient d'Afrique... de tou­ les trafiquants de drogue ». (1) 60.02.26.01/60.02.21.24 grés) et même à 1,7 si l'on prend les bases Il te fa~on, c'est la faute aux nè­ Pour en savoir davantage sur le SIDA, lar­ d'une estimation par défaut. » Dont acte. gres, aux pédérastes et aux drogués... chiffrées du ministère de l'Intérieur et non le gement aussi inquiétant que le fléau fasciste, SORTIE VAL MAUBUEE MARNE En outre, les allocations familiales des enfants Si les Africains n'accusent pas Le Pen de leur PARIS Porte de Bercy ,Van.v pJT RN4 ~LEE restés au pays et les retraites après le retour recensement INSEE. avoir expédié le SIDA (syndrome pour décou­ nous conseillons à nos lecteurs de se reporter Notons aussi que les interpellations et contrô• au n° spécial de Libération de novembre 89, MelZ .. restent soumises à des accords bilatéraux où rager les amoureux ... ), celui-ci en revanche .­ les migrants sont toujours perdants: ils ne les ne comptabilisent pas la délinquance, mais ne s'est pas privé de les charger ainsi que les remarquablement bien traité. touchent qu'une partie de leurs droits. l'activité policière. Ce n'est pas la même cho­ Maghrébins, homosexuels et drogués, bref René Fran~ois se. Le contrôle « à la tête» joue aussi un rô• tous ceux qui ne rentrent pas dans sa boîte• Les chambres à gaz n'ont jamais le dans les statistiques. Plus pauvre, moins 1. Et pas tous Maghrébins! Les Allemands ont un taux à-Français-sains, de la responsabilité d'une de su"eprésentation de 9,6 selon la revue Migration» (dé­ Il existé ... éduquée (32 % d'illettrés), la population im­ pandémie due aux bouleversements sociaux cembre 89). La revue, présentant un dossier complet sur Outre quelques désagréments judiciaires en- migrée est cependant effectivement plus dé­ cette question, note (p. 8) que sans les infractions liées aux de notre temps. Le SIDA aimante toutes les problèmes de situation irrégulière, « la part des étrangers courus par Le Pen et quelques autres néga­ linquante, mais pas dans des proportions qui peurs et tous les fantasmes. Regardons donc resterait stable dans les statistiques de police depuis 1976 teurs, cette assertion a valu à ses colporteurs permettent de rendre crédibles les campagnes et leur taux de mise en cause aurait même tendance à un peu derrière l'écran : s'éroder ». 42 43 5 URL E TERRAIN

omment combat­

tre l'extrême

droite ? La ques­

tion renvoie aux cau­

ses. C'est en abandon­

nant le terrain qu'on

laisse un espace politi­

que de plus en plus im­

portant à la droite ra­

dicale. C'est donc sur

le terrain qu'il faut

réapprendre les soli­

darités essentielles,

refuser l'exclusion,

faire renaÎtre un es­

poir collectif.

Devant les défaillan­

ces des politiques, les

associations ont un rô-

le à iouer. Il leur faut

utiliser toutes les ar- LA FRANCE A OUT LE MONDE mes : la loi, le terrain

iudiciaire, la culture et

l'explication. 44 45 TERRAIN

La politique, comme la nature, l'expérience des conseillers étrangers augurée par Mons-en-Barroeul. a horreur du vide. L'extrême LES UNS ET LES AUTRES ••• Tout n'est pas livré à cette exploitation de l'in­ tolérance dont Le Pen est le champion. Il se droite s'est engouffrée sur un trouve partout, dans les syndicats (qui dyna­ On misent, semblent-t-il, leurs commissions sur le terrain laissé à l'abandon. Ré­ apprend racisme), les organisations politiques, le monde aux de la recherche, de l'université, de la musique, nover les liens du tissu social est enfants des arts et des lettres, des gens qui prennent sans doute une première ré­ il conscience de la gravité de la situation. La accueillir... meilleure réponse n'est pas de s'interroger in­ ponse. définiment sur le~ « bonnes» ou les « mau­ vaises » questions. La tâche est lourde dans chaque lapsus, générale­ la mesure précisément où les thèmes de l'ex­ ment antisémite, de Le trême droite ont gagné du terrain partout et Pen, à chaque succès élec­ chez tout le monde, où sa médiatisation con­ toral du Front national, tinue de nourrir nos conversations quotidien­ les états-majors politiques nes et les colonnes de journaux, où les règles se réveillent, s'agitent, de la démocratie se pervertissent au contact du s'indignent ou hésitent. Les condamnations fu­ fallacieux. sent. Les petites phrases plus ou moins ambi­ Que faire contre le maire de Montfermeil au­ guës défraient la chronique. De leur côté, les jourd'hui « calmé» par des promesses d'at­ antiracistes, associations et personnalités crai­ tribution de logements supplémentaires et un gnent pour l'âme de la République. Ils orga­ (ou deux) poste(s) d'enseignant(s). La provo­ nisent des manifestations ou des concerts, font cation à la discrimination raciale ne risque-t­ signer des pétitions et distribuent des tracts, elle pas de faire des émules si l'on continue à élaborent des réseaux de soutien ou d'infor­ réagir en accordant non seulement crédibilité mation, interpellent le gouvernement, voire le mais aussi satisfaction indirecte? Et l'on en­ président de la République. Souvent, ils se re­ tend déjà (ou encore) André Deschamps (maire trouvent pour dénoncer les politiques politi­ communiste) affirmer à propos de Pierre Ber­ ciennes, « bassement électoralistes », à l'échel­ nard : « Je le comprends, et je dirais plutôt le locale ou nationale. qu'i! a peut-être manqué un peu de patience. C'est à Dreux, le 4 septembre 1983, que se Mais je trouve stupide et hypocrite d'en faire conclut pour la première fois l'alliance entre le bouc émissaire d'une affaire dont l'Etat est la droite classique et l'extrême droite. Sur un le premier responsable. » terrain « travaillé » depuis plusieurs années Il est évident que A. Deschamps perd une par­ par les époux Stirbois, la liste RPR-UDF-FN

monde « islamo-arabe qui actuellement la manière dont 6 millions de personnes DEBOUTE ET CONDAMNE pénètre dans notre pays» et le « danger furent tuées pendant la Seconde Guerre mortel» pour les Français de se voir ainsi mondiale, parce qu'elles étaient juives. e chef du Front national se vante « colonisés » ont été retenus comme pro­ Au final, qu'aura coûté à Le Pen ce souvent de gagner ses procès. La vocation à la discrimination, à la haine « consentement à l'horrible », selon les Lvérité est qu'il fut souvent et à la violence raciales. termes de la cour d'appel de Versailles, condamné et débouté. En revanche, comparer l'immigration à dans son arrêt du 25 janvier 1988 ? Le Pen a perdu le procès intenté au une « invasion» et souligner « la cons­ Une provision d'un franc, à valoir sur la Courrier picord. Le journal avait repro­ duit des propos de Jean-Pierre Garcia titution de véritables villes étrangères im­ réparation du préjudice ! (responsable du MRAP à Amiens) où il à à perméables l'autorité, au fisc et la po­ « Banaliser, sinon méconnaître les souf­ écrivait: « Les propos de Le Pen sont, lice » n'était pas constitutif du délit de frances ou les persécutions infligées aux en permonence, une incitation au racis­ provocation à la haine raciale. La cour déportés et plus particulièrement aux me•.. (ils) sont complices ou provoca­ d'appel a en effet considéré que dans ce juifs et aux Tziganes au cours de la Se­ teurs à l'antisémitisme ou provocation cas, on ne pouvait« reprocher à un hom­ conde Guerre mondiale et à ramener ain­ au nazisme » ••• Etaient également dé­ me politique de s'exprimer librement sur si à un simple fait de guerre des actes noncés « le discours de Le Pen, ses pa­ roles provocatrices au racisme et au un problème d'actualité touchant la so­ ayant été jugés constitutifs de crimes con­ fascisme » ••• (Les élus d'Amiens) « sa­ ciété française sous peine de porter gra­ tre l'humanité» n'est malgré tout qua­ vent que c'est un adepte de Franco et vement atteinte au principe de la liberté lifié que de « trouble manifestement il­ d'Hitler•.• » d'expression et d'opinion ». licite» ouvrant seulement droit à répa­ Le tribunal a estimé, le 31 octobre JUSTICE Merci à la cour d'appel de Paris de per­ ration sur le plan civil aux survivants des 1984, que les propos de J.-P. Garcia ne mettre ainsi à Le Pen de continuer de flir­ persécutions raciales et leurs familles ain­ visaient « nullement Jean-Marie Le POUR ter avec les propos délibérément racistes. si qu'aux associations chargées de défen­ Pen, homme privé, mais le chef de file d'un courant de pensée politique » ••• En première instance, le tribunal de gran­ dre les intérêts collectifs. MAtiRA Après avoir entendu maints témoins de instance de Paris avait été d'un avis Ce sont là les aléas tortueux du droit. rapportant des propos racistes et anti­ différent: « Attribuer aux étrangers un A quel prix doit-on se préserver du délit sémites tenus dans des réunions ou fê­ comportement négatif et néfaste, mena­ d'opinion? Le débat est ouvert. tes du Front national, il relaxait les pré­ çant dès lors les Français dans leur liberté Cela étant, face à ce qui ne peut être à venus; décision confirmée en appel. et leur devenir, ne peut qu'inciter ces der­ l'évidence des dérépages, la chancellerie Le 11 mars 1986, Le Pen était niers à les considérer comme des semble désormais décidée à réagir. Après condamné par le tribunal d'instance d'Aubervilliers pour « provocation à la les jeux de mots « Durafour­ haine antisémite ». dumoulin » et Durafour-cré­ Le 20 octobre 1985, il avait attaqué matoire »en septembre 1988, quatre journalistes d'origine juive ETAIL pour la seconde fois seule­ (Jean-François Khan, Ivan Levaï, Jean LE PRIX DU ment, le Parquet déclenche Daniel et Jean-Pierre Elkabach). Le tri­ l'action publique (août 1989) bunal affirmait que « l'antisémitisme tillerie judiciaire, sont devenus des acces­ légalement prévue au Code pénal ou dans indésirables. Il (Le Pen) pouvant conduire Le Pen devant une ju­ n'est pas un problème ;uif, mais le pro­ Contre l'extrême droite, la ba­ blème de tous ». soires quasi incontournables du combat un texte particulier. Par ailleurs, pour provoque les audi­ ridiction répressive, sans y être obligé par teurs à la discrimination, à les associations antiracistes constituées Tous les appels et pourvois de Le Pen taille judiciaire n'est pas à né­ politique. Le rôle ainsi dévolu à la justi­ qu'un parlementaire puisse être condam­ seront rejetés. la haine et même à la violence ce mérite que soient analysés la nature et né sur le plan pénal, cela suppose que son partie civile. Et ce, pour diffamation ra­ A Lyon, le 31 octobre 1985, le tribunal à leur égard. »Cette divergence d'appré­ gliger. Mais elle s'apparente le contenu des réponses qu'elle apporte. immunité soit levée par l'assemblée à la­ ciale après une interview publiée par Pré­ reconnaît qu'il est vrai que: « L'intolé­ Sans pour autant réduire l'extrême droite quelle il appartient. Ce qui dans la pra­ ciation entre le tribunal et la cour d'ap­ sent dans laquelle il affirmait que : « La rance, les incitations à la haine, au ra­ souvent à une course d'obsta­ à la seule personnalité de Le Pen, ce der­ tique n'est pas une mince affaire! Dans pel démontre l'orientation particulière­ maçonnerie et les grandes internationa­ cisme, à la xénophobie, à l'antisémitis­ ment restrictive de la jurisprudence quant me nier l'incarne malgré tout mieux que la négative, seule l'action au civil est per­ les, comme l'internationale juive, jouent émaillent les meetings de l'extrê­ cles et se conclut fréquemment à l'application de la loi du 1er juillet me droite. » d'autres. Impliqué dans de très nombreu­ mise. un rôle non négligeable dans la création 1972. Citer simplement les immigrés ori­ de l'esprit antinational. » Malgré une plainte de Le Pen et du ses procédures judiciaires, il symbolise la C'est la raison pour laquelle Le Pen a cru par des sanctions symboliques. ginaires du « tiers monde» sans se réfé­ Le 11 décembre dernier, le dernier obs­ Front national en diffamation, le tribu­ nouvelle extrême droite légaliste, axant pouvoir affirmer qu'il n'a jamais été con­ nal reconnaît que: « Le fait d'être as­ rer expressément à un groupe déterminé tacle, en principe, au renvoi du leader du principalement son discours simpliste sur damné pour avoir tenu des propos racis­ similé à l'extrême droite ne peut être de personnes, à leur origine, à leur ap­ Front national devant la juridiction ré­ l'immigration. De « détail» en « inter­ tes. Ce qui est archifaux. Citons le juge­ considéré comme une allégation de na­ 'ascension de l'extrême partenance ou non-appartenance à une pressive a été franchi par la levée de l'im­ nationale juive », en passant par les ment du 16 novembre 1987 du tribunal ture à porter atteinte à l'honneur et à droite ces dix dernières an­ ethnie, une race ou une religion et leur munité parlementaire votée par l'Assem­ la considération de M. Le Pen et du par­ de grande instance de Paris, confirmé par nées, considérée complai­ « prédateurs» arabes, Jean-Marie Le imputer tous les maux de la nation n'est blée européenne de Strasbourg. ti qu'il représente. » Pen signe et persiste dans le racisme en un arrêt de la cour d'appel de Paris: samment par certains com­ pas, pour les tribunaux, une provocation Le chef du FN est désormais vulnérable. Le Pen est débouté. général et l'antisémitisme en particulier. 5 000 F d'amende, plus 5 000 F de dom­ Le 23 septembre 1987, le tribunal de me faisant partie intégran­ raciste. Dans l'affaire dite du « détail », Mais les « coups» de Code pénal ne te du paysage politi­ Quelques précisions semblent utiles pour mages et intérêts pour le MRAP. Cette à propos des chambres à gaz, la loi du Nanterre juge l'affaire du « détail ». pourront à l'évidence venir seuls à bout Le MRAP, la LIeRA, des associations de que, s'est aussi traduite par une augmen­ rendre compréhensible le jeu judiciaire. condamnation est intervenue à l'occasion 1er juillet 1972 n'était pas applicable: de l'expression raciste de l'extrême droi­ déportés et de Tziganes ont porté Une condamnation peut intervenir sur des propos tenus à l'émission l'Heure de contester le génocide des juifs n'est pas tation de la saisine des tribunaux. La te. A preuve, la récidive récente de Le plainte. vérité, diffusée par Antenne 2, le pénalement répréhensible! Jean-Marie conséquence en est que le lieu du débat deux registres différents. Au civil, c'est Pen sur le « détail », le 8 février dernier, Le tribunal considère qu'il y a « trouble politique s'en est trouvé quelque peu dé­ la réparation d'un dommage liée à une 14 février 1984. Finalement, après plus Le Pen, le 13 septembre 1987, au Grand dans le Quotidien de Paris. illicite causé aux survivants et à leurs porté. Les citations, les réquisitoires, cer­ faute en dehors de toute infraction. Au de cinq ans de procédure, seuls les Jury RTL-Le Monde, put ainsi tenir familles », a~co~d~ un franc de do.m~ pour « un point de détail de la guerre» mages et Interets aux assoclaf' tains articles du Code pénal, bref, l'ar- pénal, c'est la sanction d'une infraction réponses mettant l'accent sur le Jean-Marc Helier 48 49 LEGISLATION

LOI DU 1er JUILLET 1972 LA LOI FRANCAISE LES INSUFFisaNCES DE LA LOI CONTRE LE RACISME LE PUBLIC ET LE PRIVE La loi du 1 c. juillet 1972, relative à la lutte La législation française contre contre le racisme, modifie dans ses articles S'agissant de la condition de publicité, aussi 1,2,3,4, 5 et 10 les articles 23, 24, 32, 33, 48 et 63 de la loi sur la presse du 29 juillet les discriminations raciales a le bien la provocation, la diffamation que l'in­ 1881 : dans ses articles 6 et 7, elle jure racistes ne sont poursuivables que si el­ complète les articles 187 et 416 du Code pénal. Dans son article 8, elle modifie mérite d'exister. Mais le texte les sont publiques. En quoi une provocation l'article 2 du code de procédure pénale. raciste tenue dans un lieu réputé privé serait­ L'article 9 complète l'article 1 de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat comme la jurisprudence qui dé­ elle moins nocive, surtout si elle a été suivie et les milices privées. L'article 416 du Code pénal a été complété le 11 juillet 1975 par d'effet? Force nous est de constater que l'in­ la condamnation des discriminations coule de son application pré­ jure privée n'est pas spécifiquement réprimée. fondées sur le sexe ou la situation de famille. sentent des signes sérieux d'ina­ De plus, certains tribunaux ont des interpré­ tations surprenantes de la notion de publici­ PROVOCA TlONS PUBLIQUES daptation. Une amélioration té. C'est ainsi qu'à Paris a été classée une af­ A LA HAINE RACISTE faire de diffusion de tracts anti-Tsiganes au ARTICLES 1 ET 2 - Ceux qui, soit par des s'impose. Isabelle Andrée fait motif que le texte n'avait été distribué qu'à discours, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics, une cinquantaine de personnes ! soit par des écrits, imprimés, dessins, le point*. Face à ces difficultés d'application liées aux gravures, peintures, emblèmes, ima­ exigences de la loi sur la presse, il faut souli­ ges ou tout autre support de l'écrit, a législation française contre le de la parole ou de l'image vendus ou gner le laxisme de certains tribunaux et leur distribués, mis en vente ou exposés racisme a été, pour l'essentiel, indulgence extrême dans les condamnations dans des lieux ou réunions publics, élaborée par le MRAP, qui en qu'ils prononcent. Le montant des amendes soit par des placards ou des affiches a présenté le projet à tous les exposés au regard du public ( ... ) au­ oscille entre 250 et 5 000 F. Or 3 000 F ront provoqué à la discrimination, à parlementaires dès 1959. n a d'amende demeurent sans commune mesure la haine ou à la violence à l'égard fallu treize années d'efforts ~ d'une personne ou d'un groupe de ~ avec la gravité d'une provocation à la haine pour aboutir à l'adoption de la loi du ~ personnes à raison de leur origine ou et à la violence raciale. de leur appartenance ou de leur non­ 1er juillet 1972 par l'Assemblée nationale et 6- Les problèmes posés par les discriminations appartenance à une ethnie, une na­ le Sénat unanimes. Des compléments à ce tex- ~ tion, une race ou une religion déter­ dans l'offre d'un bien, d'un service, d'un em­ minée, seront punis d'un emprison­ te ont été votés en 1975 (sur les discrimina- ~ ploi ou d'un logement sont de nature diffé­ nement d'un mois à un an et d'une tions sexistes), en 1977 (sur les discriminations .l; L--__ rente ; en effet, on regroupe sous cet intitulé amende de 2 000 F à 300000 F, ou dans les relations économiques) et en 1985 de l'une de ces deux peines seule­ les articles de la loi de 1972 qui modifient cer­ (sur les violences et crimes de caractère racis­ ment. (Art. 23, alinéa 1, et 24, alinéa tains articles du Code pénal et ne sont donc S, de la loi du 29-7-1881). te). Cette législation, depuis le début, ne cons­ férentes qualifications n'est pas toujours ai­ dant, la loi n'est pas toujours mise en œuvre pas soumis aux conditions restrictives de la titue pas une loi autonome. Même le premier aussi strictement qu'on serait en droit de l'exi­ sée à établir : pour cette raison, des non-lieux loi sur la presse. Mais, c'est autour de la no­ DIFFAMATIONS RACISTES texte de 1972 consiste dans une série de mo­ ger. A cela, deux explications: l'une est d'or­ ont pu être prononcés par les tribunaux, mê­ ARTICLE 3 - La diffamation commise tion de preuve que l'on rencontre les plus difications apportées soit à la loi sur la pres­ dre technique (difficultés d'application de la me quand le caractère raciste des propos par les mêmes moyens envers une grands obstacles à l'application de la loi an­ personne ou un groupe de personnes se du 29 juillet 1881 (provocation à la haine, loi), l'autre est politique dans la mesure où poursuivis ne faisaient aucun doute, lorsque tiraciste en la matière. A moins d'avoir af­ à raison de leur origine ou de leur ap­ injures, diffamation), soit à certains articles un climat xénophobe croissant a des réper­ les poursuites avaient été engagées sur le plan partenance ou de leur non­ faire à un raciste naïf qui reconnaît ouverte­ du Code pénal (discriminations dans les ser­ cussions sur les décisions de certains tribu­ de la diffamation alors qu'il y avait provo­ appartenance à une ethnie, une na­ ment enfreindre la loi, il est quasiment im­ tion, une race ou une religion déter­ vices, l'emploi, le logement). D'où la néces­ naux chargés d'examiner les affaires qui leur cation ou l'inverse. minée sera punie d'un emprisonne­ sité de connaître avec précision les modalités sont soumises. S'agissant de la courte prescription de 3 mois, possible d'obtenir les preuves du caractère dis­ ment d'un mois à un an et d'une de son application, différentes·selon les cas. date à partir de laquelle aucune poursuite criminatoire des refus. Ainsi, les amende de 300 F à 300000 F, ou de UNE PROCEDURE l'une de ces deux peines seulement. Après plus de dix-sept années d'application, n'est plus recevable dans le cadre de la loi sur condamnations dans ce domaine sont extrê­ TRES FORMALISTE ment rares. (Art. 23, alinéas 2, de la loi du il nous semble légitime de nous interroger sur L'insertion de la loi antiraciste dans la loi sur la presse, elle est particulièrement inadaptée 29-7-1881 ). l'efficacité de la législation antiraciste. En ef­ la presse soumet ceux qui luttent pour son ap­ lorsque la provocation résulte de publications. SORTIR DU LAXISME fet, nous avons conscience du fait que la to­ plication aux règles impératives de celle-ci. En Cette courte prescription a été édictée il y a La permanence juridique du MRAP est INJURES RACISTES lérance recule, que la peur de l'autre en ces confrontée depuis quelque temps à des pra­ ARTICLE 4 - L'injure commise de la mê­ particulier, certaines dispositions internes à plus d'un siècle dans le cadre de la presse quo­ me manière envers les particuliers, périodes d'incertitude et de crise augmente, la loi sur la presse comme le formalisme ex­ tidienne ou hebdomadaire. Mais, elle est to­ tiques discriminatoires d'origine administra­ lorsqu'elle n'aura pas été précédée sans que la loi ne soit d'aucun secours. Mê­ trême des poursuites, la courte prescription talement inopportune s'agissant de publica­ tive. D'une part, de nombreux refus d'inscrip­ de provocation, sera punie d'un em­ tion scolaire ont été opposés à la rentrée sco­ prisonnement de cinq jours à deux me si de nombreuses condamnations ont été et l'exigence du caractère public du délit, sont tions, d'ouvrages qui ont une durée de vie in­ mois et d'une amende de 150 à prononcées, la loi de 1972 n'est évidemment très restrictives. finiment plus longue. Curieusement, la juris­ laire 1989 à des parents au motif de leur ori­ 60 000 F, ou de l'une de ces deux pas susceptible, à elle seule, de faire dispa­ S'agissant du formalisme, la loi de 1881 exi­ prudence a toujours refusé de saisir toutes les gine ou de celle de leurs enfants. Lorsque ces peines seulement. Le maximum de la peine d'emprison­ raître le racisme. Elle offre des possibilités de ge l'articulation et la qualification des faits, occasions d'atténuer la rigueur de cette courte motifs ont été déclarés publiquement, le nement sera de six mois et celui de riposte aux actes racistes caractérisés, avec des et ce à peine de nullité. Ce qui implique que prescription. On trouve ainsi régulièrement MRAP a pu déposer plainte aux côtés des vic­ l'amende de 150 000 F si l'injure a sanctions contre les coupables et la répara­ soit précisé dès le départ le type de délit - des décisions qui constituent l'impossibilité times (M. Bernard, maire de Montfermeil été commise dans les conditions pré­ vues à l'alinéa précédent envers une tion des dommages subis par les victimes. Elle provocation, diffamations ou injure - pour de poursuivre les ouvrages portés tardivement s'est à nouveau fait « remarquer» pour de personne ou un groupe de personnes joue aussi un rôle dissuasif: la menace des lequel des poursuites sont engagées. La juris­ à la connaissance des associations. Il existe tels refus). D'autre part, le MRAP a été saisi a raison de leur origine ou de leur ap­ poursuites, le rappel des jugements antérieurs prudence a exclu la possibilité de cumuler les une pratique très courante qui consiste à fai­ de pratiques nouvelles de la part de certains partenance ou de leur non­ appartenance à une ethnie, une na­ peuvent parfois faire cesser une discrimina­ qualifications. Or, la provocation à la discri­ re une diffusion réellement confidentielle pen­ maires. Ceux-ci, pour empêcher l'acquisition tion, une race ou une religion déter­ tion ou inspirer de la prudence à ceux qui s'ef­ mination se fait souvent par une diffamation dant trois mois avant de faire la véritable dif­ d'un logement par une personne minée. (Art. 33, alinéa 2 et 3 de la loi forcent de répandre l'idéologie raciste. Cepen- ou par une injure. La distinction entre ces dif- fusion en toute impunité. de nationalité ou d'origine étran- ~ du 29-7-1881.) (extra;t) 51 E N T R FICHIER

. gère, exercent leur droit de préemption, sans L'extrême droite utilise volon­ LES ARMES le mettre en œuvre lorsqu'il s'agit d'acqué­ reurs français pour les mêmes logements. tiers des organisations annexes, PARAVENTS 1 Mais la preuve de la discrimination est fort DE LA DEMOCRATIE difficile à apporter. plus rassurantes et plus en pha­ Constituée iuste après-guerre, à l'iniliati,,e cie Rene Cassiri, . Pour toutes ces raisons, les avocats et magis­ se avec les problèmes quoti­ la Commission nationale consultative cles clroits clel'homm. trats, membres ou amis du MRAP, directe­ Cclont l'existence a revêtu cie. formes cliverses selon les pé­ ment en prise avec la réalité juridique et so- diens. En voici quelques-unes, riocles) a subi un lifting en 1989 : élargissement substantiel i dale du racisme ne se contentent plus de la cie sa composition Cexperts et représentants cles pouvoirs. pu­ législation telle qu'elle existe. Le mouvement moins repérables que les mai­ blics et cles associations, clont le MRAp·), mise sous l'autori­ souhaite donc une réforme de la loi qui ag­ té clirecte clu Premier ministre, coorclination pratique avec Ica···' grave les peines encourues par les racistes et sons mères. cellule inter-ministérielle conlre le racisme, enlin clivel'silica­ innove en imaginant des formes civiques et pédagogiques de réparation sociale de cette 1existe une multitude d'associations tion cie ses compétences avec la possibilité cI'aulo-saisine, atteinte aux droits de l'homme. Les proposi­ sous influence. Certaines sont des c'est-à-clire cie présenter au gouvernement clossiel's, avis et tions d'amélioration de la loi sont les sui- coquilles vides, se contentant de dé­ propositions sur les thèmes cie son choix. . vantes: cliner sur leur terrain les chapitres Surtout, la Commission a élargi le champ cie sarénexion. Qu..... du programme global les concer­ • extraire la législation antiraciste de la loi tre groupes cie travail fonctionnent cie manière permanente .: nant. C'est le cas du Cercle 1 sur la presse pour en faire un chapitre indé­ national des femmes d'Europe (CNFE) qui se le premier sur la question cles violations cles clroits cie l'hom­ pendant du droit commun. Ainsi, seraient le­ contente d'être la branche féminine du Front me au niveau international, les trois autres clans une problé­ vées les restrictions et les ambiguïtés que nous national. C'est également le cas de certains matique na'ionale : l'accès au clroit e' à la iustice pour les plus avons présentées relatives aux poursuites ju­ clubs de « réflexion », trop nettement appen­ clémunis, l'exclusion économique et sociale, les cliscrimina­ diciaires ; dices du FN pour réellement élargir leur in­ tions raciales. Ce clernier groupe a élaborè un rapport sur • donner une définition plus claire des dé­ fluence au-delà. Citons les Comités d'action l'état clu racisme en 'rance. Paul Souchet, conseiller cI'Etat et lits pour que la loi, plus explicite, ne relaxe républicains (CAR) dirigés par Bruno Mégret, présiclent cie la Commission présente ici les grancles lignes cie plus avec autant de facilités les provocateurs ou des organisations plus spécifiques comme ce rapport cc pas comme les autres n. à la haine et la violence raciale ; la Ligue pour l'application de la peine de mort. * Représenté depuis ]984 par Charles Palant, membre de /a présidence. • envisager d'inclure, autant que possible, Dans le même style, Entreprise et Liberté sem­ Différences: Quel est le contenu du rapport te, mais la discrimination et le délit racistes. les travaux d'intérêt général dans les peines ble surtout avoir pour rôle de collecter des sur le racisme récemment présenté au Premier D : Pourtant, selon la loi du 1er juillet 1972, requises par les plaignants ; fonds. L'Institut Schiller, émanation du Par­ ministre? le racisme n'est pas une opinion c'est un ti ouvrier européen ou le Cercle Montherlant Paris. Manifestation du FN. • avoir recours à la technique du droit de . • Paul Bouchet : Les discriminations ràcia- délit ... (proche du FN) travaillent plutôt en direction le CREDO de Michel de Saint-Pierre. La député FN) et qui se veut un point de rencon:; réponse, connue depuis plus d'un siècle dans les constituent la manière la plus extrême et • P. B. : Le délit est interdit par la loi. Or des intellectuels. Clubs, cercles et groupes ont Contre-Réforme catholique de l'Abbé de Nan­ tre entre droite et extrême droite. Relevons la presse écrite et depuis 1982 dans l'audio­ la plus intolérable de mépriser les droits de les formes du racisme sont plus ou moins sub-: en commun la technique de saupoudrage idéo­ tes, La Fraternité Saint-Pie X de Lefebvre et aussi l'Union des intellectuels indépendants, visuel. En effet, les délais entre une infrac­ l'homme. Nous avons décidé cette année de tiles, plus ou moins ouvertes. Le repérage est logique au profit de la maison mère. Laguerrie et les groupes Chrétiens-Solidarité très proche du Nouvel Ordre européen (NOE), faire un état de la situation française en ma- parfois difficile. Un système de procédures tion, une provocation à la discrimination et Mais les divers groupes d'extrême droite - et de Romain Marie sont des viviers de cadres franchement néofasciste. La mouvance com­ tière de racisme et de lutte contre le racisme. existe pour le prouver. Mais la vieille loi de l'intervention d'un jugement sont trop longs pas seulement le Front national - réussissent et des piliers importants de cette mouvance. porte aussi des sectes comme la NouveUe Acro­ Et cela en trois volets. Un constat sur les dis- 1881 sur la presse est très critiquée par les gens pour constituer une dissuasion des médias crirninations en tous genres, les propos, les les plus soucieux de liberté. Je crois qu'il faut parfois à élargir leur influence à travers une Deux pèlerinages à Chartres, l'an passé, ont pole, l'Eglise de Scientologie et surtout la sec­ mener le combat sur le terrain du débat coutumiers de ces délits. myriade d'associations locales ou thématiques. rassemblé chacun plus de 3 000 personnes. te Moon dont l'ancien député du Front attitudes et comportements, les délits, voire d'idées. On ne peut pas s'en tirer avec une Malgré l'analyse critique qui vient d'en être Ce sont parfois des associatons professionnel­ Plus difficilement repérables, des associations nationl, Pierre Ceyrac, est un pivot en les crimes ... L'état des réponses. Les propo- simple formule en affirmant : le racisme n'est les comme la Confédération des syndicats li­ sitions pour améliorer l'efficacité de l'action pas une opinion. faite, la loi du 1er juillet 1972 a au moins spécifiques telles l'Union nationale des assu­ France. bres (CSL) dont les « gros bras» font régner antiraciste et antidiscriminatoire. D : Ce rapport et les outils organisatümnels l'avantage d'exister et il faut tenter, dans tous rés sociaux (UNAS), l'Union nationale pour Il y a même une assocï'ation « antiraciste » D : Ce texte n'est-il pas un rapport de plus... que la Commission a mis en œuvre les cas où c'est possible, de la faire appliquer. l'ordre dans certaines entreprises. Autre exem­ une presse indépendante (UNPI) ont parmi dans cet inventaire - forcément incomplet - sans effet durable sur la réalité et les sources réve1eraknMIs une prise deconsCÎence plus D'ailleurs, la France est l'un des rares pays ple, la Fédération professionneUe indépendante leurs responsables des membres influents du avec l'Alliance générale contre le racisme et du racisme ? aiguë du danger que constituent ['extrême européens à s'être doté d'une législation an­ de la police (FPlP) qui a obtenu 6 0[0 des voix Front national. C'est également le cas de Lé­ pour le respect de l'identité française • P. B. ; Ce n'est pas un rapport de plus droite et la xénophobie dont elle est le vec­ tiraciste. Si la plupart de nos voisins ont si­ aux élections syndicales et dont les dirigeants gitime Défense, de Laissez les vivre (groupe an­ (AGRlF) ! Elle est dirigée par Romain Marie, pour la bonne raison qu'il n'en existe pas feur? gné ou ratifié la Convention internationale sur sont liés à l'Œuvre française et au PNFE. Les tiavortement). La Ligue contre la vivisection, le même que celui des réseaux Chrétiens­ d'autre. Nous avons mis sur pied un groupe • P. B.·: Le racisme s'exprime sous des for· l'élimination de toutes les formes de discri­ plus importants d'entre eux sont d'ailleurs in­ au look très écolo, n'est pas elle-même insen­ Solidarité, jadis poursuivi pour propos anti­ technique composé d'avocats qui réalise un mes diverses. Parfois offensif et triomphant, mination raciale, ils n'ont pas forcément culpés pour les attentats anti-immigrés de sible à certains thèmes du FN. sémites. Pour sortir du cercle associatif, signa­ travail pratique: fichier informatisé de juris- ou se croyant tel, parfois rampant. Rampant, Cagnes-sur-Mer et la bombe posée à Globe. Côté jeunesse, les Scouts d'Europe, les Scouts lons que beaucoup de sympathisant ou ex­ il adapté en conséquence leur législation inter­ prudence en matière de délits racistes, avis sur n'est pas moins dangereux, il n'est que Le Syndicat national du patronat moderne et Godefroy-de-Bouillon ou les Cadets de la mer membres de groupes d'extrême droite ont re­ une éventuelle modification de la législation moins repérable. Le rapport de cette année ne. Mais gardons-nous d'y voir l'arme abso­ contre les discriminations raciales. En som- tient compte des formes actuelles mais ne s'y lue. La lutte contre le racisme doit être me­ indépendant (SNPMI) évolue également dans assurent une formation de base. Devenus étu­ joint des formations plus classiques, moins sa­ me, un travail en profondeur qui puisse co- enferme pas. Il doit donner le goût de le per- née sur tous les fronts, et le front judiciaire cette mouvance, tout comme le Front antichô• diants, l'Union nationale interuniversitaire lissantes. C'est le cas de Gérard Longuet, Alain ordonner l'action des associations. Cela fectionner et servir à une réflexion .plus com~ n'est pas forcément le plus efficace. Il faut mage créé par le Front national. (UNI) prendra le relais. Cette organisation est Madelin, tous deux devenus ministres UDF, concourra à donner plus d'efficacité pIète. Tout le problème est d'arriver à répon- cependant savoir comment s'en servir. Ce même FN dispose d'ailleurs de cercles pro­ membre de la Ligue anticommuniste mondia­ après avoir fondé il y a quelques années le à J'action anti-discriminatoire. Mais, vousle dre à la question :comrnent ne pas faire le fessionnels comme le Cercle national Banques le (W ACL). Pour les plus virulents, le Grou­ mouvement néofasciste Occident. savez bien, tout ne se fait pas dans les lit des adversaires de la démocratie, et com- Isabelle Andrée ou Palais-Liberté qui tentent de rassembler no­ pe universitaire de défense (GUD), connu pour Quant à faire la liste des politiciens de droite tribunaux. Il reste tout ce quine dépend plus ment ne pas renier la démocratie pour la sau; . taires, avocats et magistrats ... sa violence dans de nombreuses facs, offre un collaborant ouvertement dans leur conseils des tribunaux mais du débat d'idées. De 'plus, ver? La démocratie doit être défendue avec·, . * Pour de plus amples informations se reporter à : « La Dans les milieux chrétiens, les intégristes pro­ autre type de structure. Au plan culturel, on municipaux ou régionaux avec des frontistes, loi, le racisme, les étrangers », les dossiers du MRAP, il faut être soucieux du respect du principe les armes de la démocratie. prix: 40 F (35 F pour les comités locaux). che de l'extrême droite sont présent avec des ne peut manquer de signaler le Cercle Renais­ un bottin n'y suffirait pas ... de liberté d'opinion ; ce qui est poursuivi ce Propos recu,i,Jis par' Différences nO 94, octobre 1989, dossier: « L'esprit de groupuscules comme Lecture et Tradition ou sance animé par Michel de Rostolan (ex- Pierre KrauS% n'est pas l'opinion, fût-elle d'extrême droî- Chérifa8enabdessadok la loi et son application », à commander au MRAP. 53 52 .••••...•..•..•... .. ··· •• •. i.ii I I ______~" , ""'"~"'·"',.c"'_,, ·"""...... ___ "" , ..;~:;,;·_, · ""_' , ' ;"- ._~ """~ "" ..; .. _ """' ~ .. __, .,'_' ...~ .. _' .. \:; de concert. Elevés dans du coton, toute manière, la période de la ra­ Symétrique au déclin des skins tion parfois instinctive et primiti le courage leur fait défaut et ils dicalité politisée de Bérurier noir d'extrême droite, la dissolution du ve. Ces sonorités et la violence de préfèrent s'en prendre à un vieux est bel et bien terminée ! » groupe d'extrême gauche veut relations interindividuelles déter pépé plutôt qu'à une bande de ras­ Le Bérurier noir, justement. Le probablement signifier que l'ima­ minent les arrangements toujour tas ou d'Arabes qui, eux, savent groupe de rock français qui dans ginaire populaire ne trouve plus plus « métalliques » et la présen bien répondre ». la décennie passée fut l'alter ego ses points de repère dans les an­ ce d'une véritable symbolique d, Souci de minimiser un phénomè­ du contradictoire mouvement ciennes catégories explicatives des l'horreur dans les textes. C'est ain La musique rock por- ne inquiétant et de mauvaise ré­ skinhead à tendance réactionnai­ contradictions sociales. si que le son fade du son punk d, putation pour ne pas salir le cou­ re. C'est lui qui, avec ses specta­ VIVRE DANS LA VILLE la première heure se transmu te la révolte de la jeu- rant musical auquel il est lié? cles dans les métros, dans la rue A regarder de près cet univers ri­ dans la dynamique «hyper Peut-être. Perte de vitesse d'une nesse des banlieues ur- et surtout dans les squatts, don­ che et magmatique, l'impossibili­ speed » du hard-core, et que CI li culture musicale urbaine ralliée à na vie au mouvement alternatif au dernier rejoint le « trash metal ) !: té d'en définir genres et significa­ un activisme d'extrême droite au rythme d'un rock politisé « anti­ dans la vitesse du hard rock. L. fi baines. Le mouvement profit de la mouvance contraire? tions n'en décèle pas moins un faf » et « antiflic ». Son but étant se trouve la possibilité de la déri ~ Rien de moins sûr. sens correspondant aux convul­ des skinheads s'en est la création d'un circuit indépen­ sions qui agitent les sociétés mo­ ve fasciste, de l'individualisme ex l, OUVERTURE trême, de l'illusion élitaire. 1 dant des grandes compagnies et dernes. S'il y a une quinzaine MUSICALE ET SOCIALE emparé dans une tona- des contenus commerciaux de la d'années l'éclosion du phénomè­ Le hard rock et ses formes succes Car en vérité, pour tous ces grou­ sives ont été marginalisés par le. musique du « show-biz ». Il prê­ ne punk a mis en retrait la mélo­ lité agressive et raciste. pes, entremêlés dans un bouillon­ circuits officiels (dans un ghettt chait l'enracinement dans le so­ die de la chanson pour la recher­ nement inouï, la source est en gros par ailleurs doré au regard de: cial, et il l'était, avec fanzines, pu­ che pure et simple du « son », il A l'opposé, les « red- la même et les différences relèvent ventes hyperboliques obtenue: blic, locaux et structures autono­ plus de l'ordre du symbolique et est assurément hâtif de classer dans les grandes surfaces). S'il mes. Mais il y a quatre mois le Bé­ skin » relèvent la tête. de l'idélologique que de la réalité dans l'éphémère tout ce qui s'est gardent les risques de la tentatiOl rurier noir décréta la fin de son culturelle. passé après. autoritaire (c'est vrai), ils ne re Résultats tempos existence avec album et concert C'est la manière de vivre dans la ,t Pourrait-on par exemple, catalo­ nient pas moins l'hypocrite affi nouveaux, regain de ... guer à droite La souris déglinguée, d'adieu devant les fans: les pion­ ville, sa vitesse et l'esprit de chage de bons sentiments qui en ~ ensemble rock typiquement Ile-de­ niers du mouvement indépendant compétition qui y règne qui font tourent la résurrection de Young .~ en sont aussi les fossoyeurs. passer les rythmes à une accéléra- solidarité. ~ France, à cause d'une origine Dylan, et autres J oe Cocker, al Mars 88 skinhead et de textes vaguement son du carnet de chèques. au Zénith: « fachos », lorsque les murs de Ce mouvement qui vient de la fil le 8érurier Paris transpirent dans les paroles des années 70 bénéficie d'un pu Noir. Rock politisé de ses chansons? N'ont-ils pas blic et de potentialités commercia cc ant/-faf " et composé le morceau Banlieue rou­ les importantes: Sting poum ROCK AGAINST FASCISM « anti-fllc ". ge, pour crier la révolte des jeu­ toujours mépriser les « kids »qu nes de la périphérie, qui « zo­ assistent aux concerts de harc nent » dans les soirées parisiennes rock, mais il suffit de lui rappeleJ ans une banlieue parisien­ contre inopportune d'une pa­ lés comme des skins, parce qu'on des formations extrêmes d'inspi­ interdites à ces enfants délaissés ? que Def Leopard a vendu hui ne, un groupe de skinheads trouille de flics, obligés ensuite de les a dépouillés pendant les bagar­ ration hitlérienne et cléricale. La musique n'est de gauche ou de millions de disques alors que le: au crâne rasé, équipé de constater avec un certajn malai­ res ... » Le chef de la bande Les jeunesses nationalistes révo­ droite que dans les projections derniers Springsteen et M. Jack bombes lacrymogènes et se que le plus jeune des trois était « anti-skin » la plus acharnée de lutionnaires, dont le leader, Ser­ subjectives de ceux qui veulent en son n'ont pas dépassé la barre de: lames de rasoir, tente le vol fils d'un ... collègue! Paris et banlieue est un ancien ge Ayoub, est justement surnom­ devenir les protagonistes. cinq. Déjà largement minoritaire rocker à l'arraché du blouson dans au regard glacial, adepte mé « Bat-skin », ont récemment « La ville est agressive et la musi­ Certes, bruitage, violence et sec d'un « hard-rocker» en la seconde moitié des années 80, du « psychobilly », ce rock clas­ été pourchassés jusque dans les que est aussi violence libérant les tarisme ne manquent pas. Dans Il sique à la sauce punk genre « Me­ promenade solitaire. L'al­ le mouvement skinhead est au­ locaux de l'organisation par un fantasmes de cette agressivité, hard-core la mouvance « Straigh lée, en apparence déserte, jourd'hui en pleine déconfiture. teors ». de ces groupes de punks et roc­ commente le jeune « patron » Edge » prône une espèce de puri s'est vite remplie d'une pe­ Rongé sur la « gauche» par la Avec lui et ses « gars », aucune kers, spécialistes de la contre­ d'un petit label de « hard-core» tanisme intégriste, mais la tendan tite foule menaçante de mouvance « redskin », il a désor­ pitié pour les s< bads », les skins attaque aux manifestations néo­ qui a élu son siège dans la zone ce au regroupement peut signifieJ acks-blancs-beurs ». Les mais tendance à s'atomiser dans d'extrême droite, néonazis nazistes et lepénistes. historique de la colline montmar­ un regain de solidarité et la maT skins ont compté sur la rapidité quelque appartement privé de la et bourgeois, dont les sorties La survie du mouvement skin troise. ginalisation des composante: de leurs jambes pour s'éloigner en rive gauche ou à se nicher dans hebdomadaires de soutien au semble davantage liée à l'ampli­ « Aujourd 'hui, dans le rock, il y agressives et racistes. catastrophe. l'obscurité des catacombes. Les Paris Saint-Germain se raré­ fication médiatique de certains a une certaine richesse au niveau Luigi Elongu Une semaine auparavant, trois bombers, ces casquettes noires fient. faits divers qu'à une réalité d'en­ des idées. Le choix idéologique a NOTES DISCOGRAPHIQUES skins armés de battes de base-bail avec visière, et les paraboots, De nombreuses bandes de chas­ vergure. Jean Pierre, rédacteur en cédé la place à une expérience plus • Rajos de Poraos: Brasil. Roadrunne (genre: « trash »). avaient balafré un gamin de quin­ lourdes chaussures d'armée, élé­ seurs de skins ont réuni plusieurs chef de la revue Hard Rock, con­ fragmentaire. Son attitude est plus • Les Invendables : Dallas sur Seine. Le Si lence de la rue. ze ans dans les couloirs d'un mé­ ments décisifs de la tenue vesti­ dizaines de jeunes, toutes origi­ fie que les skinheads, dans leur « intérieure » sans pour ça perdre • Terrorizer: World down fall. Earach, tro. Après avoir pris soin de des­ mentaire des skinheads, sont sou­ nes ethniques et tendances musi­ composante « bads », « sont sur­ un regain de violence et l'influen­ (genre: « death metal »). • Bérurier noir: Souvent fauché toujou~ siner une carte de France sur les vent arborés par des groupes ri­ cales confondues, du punk au tout des fils à papa du XVIe en -ce nord-américaine est toujours marteau. New Rose. hard-core, sans négliger les nou­ • Beurk's Band: Rub a dub. Le Silence d, joues saignantes du garçonnet, le vaux, parfois de tendance oppo­ quête d'émotions. D'ailleurs, se présente. Mais l'ouverture ne la rue. chef présumé de ce gang d'intré­ sée. Déliquescence d'une veaux fans du ska et les « tras­ raser tout le temps la tête et s'ha­ manque pas sur le plan musical et • D. I. : Tragedyagain. Roadrunner (gen re :« hard-core »). pides jeta une poignée de sucre idéologie primaire et mimétisme heurs ». biller comme ils le font ça coûte social: on s'essaye à sortir sono­ • Masked Raiders: Give me a gun. Le Si sur la blessure pour que la plaie y sont pour quelque chose, mais Fini le temps des agressions du fric ... tandis que le fils d'un rités et tempos nouveaux. Les tex­ lence de la rue. • Treponempal : (sans titre). Roadrunne se cicatrise d'une manière très lai­ aussi une sorte de détournement impunies. Les skinheads « fa­ prolo ça reste toujours un pro­ tes changent et sur scène on re­ (genre: « hard-core » industr.) • Les Brigades du sexe : Asile de fous. L de ... Cette fois aussi ce fut la dé­ symbolique de la « logique de chos » se replient dans la mili­ lo ... Aujourd'hui ils n'arrivent cherche un brin d'originalité. De Silence de la rue. route, et plus exactement la ren- guerre ». « Nous sommes habil- tance à petits groupes au sein même pas à remplir une salle 55 54 --~------

R o N D E

AU CŒUR D'UNE SOCIETE Différences: L'extrême droite vi­ cali se dans sa propagande, sur­ sible c'est Le Pen et ses déclara­ tout dans les zones sensibles. Je tions antisémites et xénophobes ? MALADE pense par exemple aux élections • Marie-Claude Vaillant­ de Marseille. Il est clair que sur Couturier: Ces déclarations l'axe porteur du FN, l'immigra­ scandaleuses, Le Pen veut donner tion, les autres ont suivi. Pasqua l'impression qu'elles lui échap­ utour de l'extrême droi­ a reconnu : « Nous avons des va­ pent. .. or elles sont parfaitement leurs communes avec le Front na­ calculées. te française, de ce qu'el­ tional. » Sur d'autres problèmes, • Pascal Perrineau : J'ai ten­ chômage ou insécurité, il peut dance à analyser ces bavures le révèle et de ce qui la aussi y avoir des déçus de gauche, comme un moyen de réexister paumés, parmi ceux qui sont ten­ médiatiquement et politique­ nourrit, Différences a tés par ces solutions. ment. Je crois que plusieurs de · réuni trois regards com­ • P .P. : Sur le thème de l'im­ ces dérapages s'expliquent com­ migration, mais aussi sur celui de me cela. plémentaires: ceux de l'insécurité que Le Pen a lié au • Anne Tristan : On ne peut premier, en particulier en milieu pas parler de bavures, il y a un Pascal Perrineau, de urbain, le Front a réussi à fidéli­ projet conscient de la part du lea­ ser une part importante de l'élec­ der du Front national. Son dis­ Marie-Claude Vaillant­ torat de droite. Il n'a pas la pos­ cours sur le racisme anti-immigré sibilité d'arriver au pouvoir, mais arabe passe bien: il a déjà gagné Couturier et de la jour­ il peut empêcher la droite de le une bonne partie de l'opinion. En faire. La gauche, au moins les so­ revanche, pèse encore sur l'anti­ naliste Anne Tristan. cialistes qui gouvernent, se de­ sémitisme un tabou et il me sem­ mande comment répondre aux ble que ses propos, réguliers, préoccupations de ces paumés cherchent à briser le tabou. auxquels on faisait allusion. Ces Dans les premières réunions aux­ néo fasciste a peu à peu quitté le n'a de vocation majoritaire en gens sont insécures, pas simple­ quelles j'assistais à Marseille, il parti pour fonder d'autres grou­ France. ment parce qu'on leur fauche un n'était question que du danger re­ pes, ce qui ne veut pas dire qu'il • A. T. : Primo Levi, rescapé auto-radio, mais insécures écono­ présenté par les Arabes. Et seu­ ne reste personne de cette sensi­ des camps de concentrations, a miquement parlant, avec le chô• lement au bout de cinq mois, ils bilité au sein du Front national. écrit dans Les naufragés et les res­ mage. Et c'est sur ce terrain que m'ont dit : « Enfin, le vrai pro­ Différences: Ya-t-il un risque de capés que cette question: « Est­ j'appellerais « des inquiétudes ur­ blème, ce sont les jllifs, la plou­ voir arriver ces gens au pouvoir, ee que les fascistes vont revenir au baines » que Le Pen s'enracine. tocratie, la mainmise des juifs sur sous une forme ou sous une pouvoir dans les pays euro­ Et il est peu aisé de désamorcer les journaux, sur tous les pou­ autre? péens ? » le mettait toujours mal des inquiétudes. voirs ... ». • P. P. : Non, pas dans l'immé­ à l'aise parce qu'on s'y soucie de • A. T. : Il y a aussi un senti­ Différences : Les sorties de Le diat ou le moyen terme. Il ne faut demain sans voir que la présence ment de fragilisation beaucoup La crise économique s'attaque Pen préparent aussi le terrain à pas transformer ce qui est un réel dans l'opinion de ces courants-là plus diffus. A Marseille-Nord, un antisémitisme plus avoué ? mouvement d'opinion en majo­ suscite déjà une montée de la vio­ j'entendais souvent dire: « Tous aussi aux structures mêmes dont • P. P. : L'antisémitisme est rité politique. Le système institu­ lence. ces gens affamés, ça posera bien la classe ouvriére s'était dotée. une constante dans l'extrême tionnel, le mode de scrutin majo­ Cette question induit la réponse : problème ·un jour. Il faut se dé­ droite française et au Front na­ Ces organisations ne font plus ce ritaire obligent à l'alliance et au « Non, bien sûr» ,. elle permet de fendre contre le raz de marée qui tional, il est aussi vieux que le compromis. Or s'il est vrai que se rassurer et de ne pas riposter risque de se produire »... et qui travail-là, n'ont plus les moyens parti. Dès sa naissance, en 1972, dans les années 82-87, la droite au Front national. a déjà eu lieu dans la tête de ces de le faire. La riposte contre les à la fin des années 70, il était en­ traditionnelle a fait alliance ici ou Différences : Y a-t-il aussi conta­ gens-là, au Front national. Cette core plus présent qu'aujourd'hui. là avec le Front, depuis l'autom­ mination du champ politique ? idée était très présente au quoti­ idées de Le Pen devient donc une Le Front a été créé par Ordre ne 1988, à la fois le RPR et l'UDF • M.-C. V.-c. : Je considère dien. Le déséquilibre de la planè­ riposte individuelle et, bien sûr, nouveau, ouvertement néofascis­ ont dit explicitement au niveau qu'il faut prendre très au sérieux te, que l'on perçoit dans ces te, mais Le Pen a compris que si national, qu'il n'était plus ques­ le danger de la montée du Front quartiers-là, est au cœur du sen­ plus diHicile. le Front voulait devenir une for­ tion d'alliance avec le Front na­ national. Comme il prend l'essen­ timent de déclin. Le mot était em­ ce électorale, il lui fallait un vi­ tional. Cela lui rend les choses tiel de ses voix dans l'électorat de ployé : le déclin de la France ou sage plus présentable. Le courant plus difficiles. Aucun extrémisme droite, dès maintenant, il la radi- de l'Europe, ou des Occidentaux. 57 56 N D E R o R o N D E gauche aussi le Parti socialiste a ce que j'ai vu en Allemagne où La riposte contre les idées de Le • M.-C. V.-C. : Il faut faire un çais ». Là où il y avait des immi­ Répondre à cela est un travail de pour cet effort particulier d'inté­ • A. T. : Au Front national j'étais étudiante en 1930-31 est Pen devient donc une riposte in­ effort pour lutter contre le racis­ grants polonais, espagnols ou ita­ très longue haleine et qui suppo­ pu avoir, dans certaines régions gration. En outre, les enfants qui par. exemple , d'anciens immigrés: se une volonté politique de réé­ comme Marseille ou Midi­ beaucoup plus sensible. Le thème dividuelle et, bien sûr, plus difficile. me. Mon petit-fils de quatre ans liens, il y avait un sentiment xé­ est revenu de l'école en disant: redoublent constamment sont ItalIens ou espagnols que j'ai cô• quilibrage de la planète. Pyrénées quelques ambiguïtés vis­ de« Il y a du chômage et vous ne • Différences . La crise écono­ nophobe dès avant-guerre. d'abord des enfants de familles « Je n'aime pas les Portugais. » toyés racontaient qu'en arrivant • M.-C. V.-c. : La concentra­ à-vis des thèmes sécuritaires et trouverez pas de travail, c'est la mique, l'insécurité ressentie ser­ • P. P. : Depuis cinq ans, une socialement en difficulté. Qu'el­ en France, ils espéraient bien pas­ tion n'arrange rien. Quand on re­ des élus du Front. En 1980, le faute aux juifs qui prennent vo­ vent de terreau au développement Pourquoi ? « Je ne comprends force d'extrême droite obtient les soient françaises ou immi­ pas ce qu'ils disent. »On n'aime ser du taudis au HLM et du HLM garde la couronne parisienne, on Parti communiste a eu dans plu­ tre place» était un des thèmes de l'idéologie lepéniste ? quel que soit le type d'élection, grées, elles sont au si marginali­ pas ce qui est différent de soi et au petit pavillon. Avec l'arrivée constate que les foyers et les sieurs villes des attitudes assez principaux d'Hitler, tout autant • P. P. : La logique du bouc local ou national, peu ou prou sées. de la crise économique, le passa­ HLM dans lesquels on concentre étranges. A Ivry, où la municipa­ que l'espace vital ou le traité de émissaire a été bien théorisée par il faut surmonter cette première 10 0/0. C'est cela la nouveauté : réaction, apprendre la solidarité. • A. T. : L'amélioration des g.e au p~villon s'est avéré impos­ les immigrés ne sont presque ja­ lité voulait introduire un quota Versailles. Mais ce qui me frap­ Léon Poliakov historien de l'an­ l'extrême droite s'enkyste dans la conditions de vie de tout un cha­ SIble et Ils enrageaient de rester là mais dans des communes dirigées d'enfants immigrés dans les co­ pe, c'est que le contexte de crise tisémitisme, dans La causalité • A. T. : Les femmes et les société française. hommes sont très différents et cun pourrait être une réponse. tout près, à côtoyer les nouvelle~ par la droite. Il y a eu une volon­ lonies de vacances, le MRAP a dû économique, de chômage, de dif­ diabolique. Une partie de la po­ • M.-C. V.-C. : C'est sans dou­ Quant à ~'affaire de l'intégration, générations d'immigrés. La té de ségrégation. réagir. Tous les partis, à des de­ ficulté à vivre rend les gens per­ pulation ne se satisfait pas des ex­ s'aiment parce qu'ils perçoivent te qu'à la crise économique les proximité avec ces immigrés plus leur utilité réciproque ... Je crois cela ménterait une sérieuse dis­ • P. P. : Est-ce vraiment la sé­ grés de responsabilité différents, ceptifs aux propos racistes. Le plications sophistiquées sur les gens veulent des réponses sim­ cussion, il faudrait savoir à quoi récents leur signifiait un échec so­ grégation le problème ? A mon ont légitimé certains axes du parrallèle je le fais quant à la sen­ raisons du chômage, de la crise que ce que l'on n'aime pas c'est ples. Or Le Pen donne des répon­ cial. la différence dont on ne on intègre, dans quoi on intègre. avis, il était inévitable que ce soit Front national. sibilisation des gens à ce type de économique et sociale. Elle veut p~r çoit ses simples. Fausses mais simples. ~ P. P. : La crise est aussi poli­ pas, ou plus, la richesse et l'ap­ y a-t-il seulement un lieu à inté­ les communes industrielles et ou­ • A. T. : La droite a mené un propagande en période de crise. qu'on lui montre des responsa­ Différences : C'est aussi un pro­ grer ? Par exemple, qu'est-ce que tIque. Cette décennie de la percée vrières qui accueillent les immi­ réel travail de recherche. Au ra­ • A. T. : La crise économique bles en chair et en os. Dans l'Al­ port. C'est une responsabilité de blème de ressources produites par du Front national, c'est aussi cel­ faire réapparaître des solidarités l'identité française, peut-on seu­ grés, le plus souvent ouvriers ... cisme biologique qui a débouché s'attaque aussi aux structures mê­ lemagne et dans la France des an­ le pays, y compris par les immi­ lement la définir? Je ne le crois le de la crise de la représentation C'est là qu'il y avait des entrepri­ sur les génocides de la période du mes dont la classe ouvrière s'était nées 30, on monre du doigt le et le fait que les gens, immigrés grés, et qui deviennent insuffisan­ pas. politique. C'est la crise du Parti ou pas, sont dans le même ba­ ses et du travail. Là aussi où nazisme, a succédé un racisme dotée. Les concentrations ouvriè­ bouc émissaire juif. A l'heure ac­ tes à contenter tout le monde? • P. P. : Il y a aussi une crise communiste, du mouvement étaient les mairies communistes et identitaire. Dans les Cahiers de la res disparaissent. Le syndicalisme tuelle, les immigrés, en particu­ teau, se complètent et contribuent • M.-C. V.-C. : Le mot d'ordre gaulliste; l'état de délitement in­ ensemble à faire les choses. Dans sociale, une crise politique et une socialistes. Il y a eu une logique nouvelle droite, cela a été très dé­ s'en ressent. Les travailleurs sont lir maghrébins, ont pris cette pla­ « L~ France aux Français », ef­ crise culturelle. Les gens qui vi­ croyable de l'UDF; un Parti so­ économique et sociale dans cette veloppé, légitimé. La gauche, el­ de plus en plus intérimaires et iso­ ce. C'est cela le discours de Le une société où l'autre est systéma­ fectIvement la plupart du temps cialiste qui se porte électorale­ t!quement présenté comme para­ vent en banlieue urbaine, atteints répartition des immigrés . . le, n'a pas renouvelé sa réflexion. lés. Il y a affaiblissement des ca­ Pen: « S'il y a du chômage et de marginal, prend dans cette situa­ dans leur pouvoir d'achat par la ment assez bien, mais dont la ma­ Je me demande même si c'était dres collectifs d'autrefois. Cela l'insécurité, c'est à cause des im­ SIte, nous allons avoir du mal à tion de crise une grande résonan­ chine militante va mal. • M.-C. V.-C. : Sans doute, remonter la pente ! crise économique, n'ont plus l'es­ mais aussi une volonté politique. possible dans la mesure où, en m'a énormément frappée à migrés. Renvoyez les immigrés ce. Les différences de culture poir de s'en sortir. Il leur faut L'espace politique populaire est Beaucoup de gens n'habitent pas France, les problèmes liés à la dé­ Marseille-Nord. Le Parti socialis­ chez eux et il n y aura plus ni chô• • Différence : La résurgence de jouent encore plus facilement et laissé vacant au vent mauvais du l'extrême droite laisse une im­ donc apprendre à vivre avec les national-populisme du Front na­ près de leur travail, surtout en ré­ colonisation n'ont jamais été réel­ te y animait autrefois des cercles mage ni insécurité. »Ça ne tient c'est pour cela que les efforts autres, dans le même bocal. Il y gion parisienne. On pourrait, si lement affrontés. Tout ce qui de loisirs, d'activités laïques. Le pas la route, mais, auprès d'une pression de surprise, il y a pour­ d'intégration doivent être soute­ tional. Un électorat populaire, tant une longue tradition françai­ a là un terrain pour la libération souvent déboussolé, sans référen­ on le voulait, éviter ces conce!!­ s'est passé pendant la guerre Parti communiste aussi occupait catégorie de la population en nus par une politique nationale. des pulsions xénophobes que ? ces o:ga~i s ationnelle s est prêt, trations. d'Algérie reste un tabou. Ce beaucoup le terrain. Ces organi­ complet désarroi, il faut bien re­ se en ce domaine Concrètement, à l'école, les com­ • M.-C. V.-C. : Il y a eu les Li­ n'endiguent plus des organisa­ parfOIS, a toutes les entreprises • A. T. : Il y a aussi probable­ qu'ont fait les gouvernements de sations ne font plus ce travail-là, connaître que ce message politi­ munes ne peuvent pas faire seu­ tions politiques et des idéologies gues et « La France aux Fran- les, il faut plus d'enseignants P?litiques même les plus démago­ ment un problème autour de la gauche ou de droite de l'époque, n'ont plus les moyens de le faire. que a une certaine efficacité. épuisées . gIques. Démagogie qui s'épanouit tradition internationaliste des or­ et aussi ce que n'ont pas fait les dans un véritable champ de rui­ ganisations ouvrières, des syndi­ organisations ouvrières, ne fait ne idéologique. Les années 80 cats et partis de gauche. Au­ pas partie du débat public. Je sont celles de l'érosion des grands jourd'hui et depuis 1974, plus crois que la réapparition du Front systèmes idéologiques. Les réfé­ personne à gauche ne conteste le national dans les années 80-84 rences traditionnelles qui structu­ fait que les frontières soient fer­ nous fait payer ce silence. L'ac­ raien~ l'univers politique français, mées définitivement. C'est évi­ cueil des Maghrébins reste mar­ mar~l s me et gaullisme, ont im­ demment un abandon du conte­ qué par cette période-là. plose. nu internationaliste des idéologies • M.-C. V.-c. : Je ne partage • M.-C. V.-C. : Cela varie. On de gauche. Quand le président et pas cette analyse, en ce qui con­ constate, dans un certain nombre le Premier ministre en viennent à cerne le Parti communiste. Celui­ de municipalités communistes dire : « On ne peut accueillir tou­ ci a toujours pris partie pour le que l?rsque l'on s'y attaque, il y te la misère du monde », cela re­ droit des peuples à l'indépendan­ a mOInS de problèmes. On peut joint en partie et au bout du ce. Il a lutté contre la guerre d'In­ permettre aux gens de cohabiter. compte quand même ce que dit dochine, contre la guerre d'Algé­ Quand on fait un effort, on réus­ Le Pen : « Chacun chez soi. » rie. Il propose des mesures con­ sit. Quand on occupe le terrain. • P. P.: Les grands partis n'ont crètes pour l'intégration des im­ • P. P. : Cela varie beaucoup pas développé de réponses socia­ migrés, y compris de leur donner en effet. Une étude sur la région les, politiques et économiques co­ le droit de vote aux élections mu­ de Grenoble a montré que les hérentes et précises sur le problè­ nicipales. Il est pour l'arrêt de communes qui ont une politique me de l'immigration. Il y a eu un l'immigration mais pose le pro­ d'intégration, de participation problème entre les partis de gau­ blème d'une aide efficace afin de réu~sissent mieux. Là où il y a che et l'immigration à partir du permettre aux pays du tiers mon­ vraIment volonté, c'est vrai qu'on moment où cette immigration n'a de de sOJtir de leur sous­ peut endiguer le phénomène, par plus-été- etlfQP~enne. Les partis de développement. une pédagogie de terrain, un tra­ Anne Tristan est iournaliste. En 1987, el_ gauche comme de droite ne se Différences: L'extrême droite Marie-Claude Vaillant-Couturier est dé­ Pascal Perrineau est chercheur, ensei­ vail obscur, quotidien, tenace ... sont pas rendus compte de l'en­ française et européenne, cela a le publia Au Fronl, récit de son infiltration Différences : Le phénomène lepé­ puté honoraire. Elle fut témoin au procés gnant à la Fondation nationale des scien­ niste est en fait un symptôme? jeu. Ils ont traité le problème à déjà existé, ne serait-ce que dans de Nuremberg qui iugea les dirigeants na­ au sein d'une section marse illaise du Front la hâte et ont laissé le Front na­ l'avant-guerre, avec les Ligues ces politiques. Il a dirigé - avec Nona • M.-C. V.-C. : Oui, absolu­ zis. Etudiante, elle vécut dans l'Allemagne national. Aprés un an passé en Nouvelle­ ment. tional s'en emparer. Et puis il y des années 30 ? Y trouvait-on dé­ Mayer - l'édition du Fronl n",ion,,1 il dé­ jà des thèmes voisins de ceux au­ des années 30. Journaliste, elle montra • A. T. : La maladie est aussi a eu des maladresses. En 1983, Calédonie, dans les tribus de Canala et politique. Sinon, on peut être l'UDF et le RPR , avec leurs ap­ jourd 'hui utilisés? les premiers camps de concentration des­ COuve" (Editions de la Fondation nationale d'Ouvéa, e lle vient de donner L'"ulre amené à dire, comme Laurent pareils contaminés, ont fait cam­ • M.-C. V.-C. : C'est vrai, mais tinés aux opposants d' Hitler. Résistante, de sciences politiques). Fabius, que Le Pen pose les bon­ pagne sur les thèmes du Front na­ cela n'avait pas une forme aussi lJIonde, un p"ss"ge en K"n"ky (les deux nes questions et y apporte de tional (lui-même peu présent) et virulente vis-à-vis de l'immigra­ arrêtée par la police de Vichy, elle fut li­ livres sont édités par Gallimard). mauvaises réponses. Non! Le lui ont donné une légitimité. A tion qu'avec Le Pen. Pour moi , vrée à la Gestapo et déportée. Pen pose malles questions et c'est 58 59 R o N D E aussi le symptôme de la maladie lé une droite révolutionnaire, une migrés et celui du vote Front na­ politique d'une société qui ne sait extrême droite française. pour le Front national. Les ré­ plus se poser concrètement et cor­ tional ont été réalisées dans l'en­ ponses de type social sont des ré­ • M.-C. V.-C. : La preuve: on semble des communes du Vauclu­ rectement les problèmes. Une so­ retrouve ces thèmes-là dans ponses au chômage, à la dégra­ sCI.m~ un lieu pour vos ciété trop éclatée. se et de l'Isère, pour toutes les dation des conditions de vie, par­ l'idéologie et la propagande pé­ élections depuis 1984. Il n'y a pas MARCY Différences : A la fête des Bleu­ tainistes. Il ne faut pas oublier ticulièrement dans les périphéries Blanc-Rouge d'octobre 1989, se de corrélation positive. Il n'y a urbaines. Ce sont aussi des ré­ que les décrets contre les juifs ont pas, globalement, d'effets directs assemblées générales commissions trouvaient Coston, qui est un été pris par Pétain avant que les ponses aux inquiétudes identitai­ pont à lui seul entre Vichy et le de la présence d'immigrés sur res des Français. PRET A PORTER nazis ne les réclament. l'importance du vote Le Pen. Ce conseils séminaires réceptions ••• Front, Roques le révisionniste et Mais, dans cette même France, il On ne peut se contenter de dis­ des groupes ouvertement néona­ qui joue, c'est un effet de halo: 129, rue d'Aboukir y a toujours eu des gens, un cou­ les électeurs lepénistes ne crai­ cours d'indignation morale con­ 75002 Paris - Tél. : 42.36.66.89 zis qui vendaient leur presse. Que rant militant, qui s'opposaient à tre les thèmes du Front national. vous inspirent ces voisinages ? cela. gnent pas les immigrés avec les­ quels ils ne vivent pas, mais les C'est très bien, mais ça ne touche Groupe UNI Mutualité . • M.-C. V.-C. : On ne peut pas Différences : La vieille guerre de pas ceux auxquels ils sont desti­ imginer qu'il y ait 60 % de fas­ immigrés qui sont aux marges de 10, rue Alibert 75010 Pans l'affaire Dreyfus? la commune, du quartier et sur nés, parce qu'ils ne les entendent cistes à Dreux. Mais les Alle­ • P.P. : Tout à fait. Ce conflit lesquels ils fantasment. même pas. mands qui ont suivi Hitler au dé­ est fondateur. On en retrouve en­ Cette constatation, fondée sur Au-delà des craintes liées à l'im­ part n'étaient pas tous des fascis­ core les échos aujourd'hui. des études scientifiques, a du mal migration ou à ce discours sur le tes prêts à accomplir les plus abo­ Différences : Seuil de tolérance et à passer. Sud qui va submerger le Nord, il minables crimes contre espace vital ? n Ji a-t-il pas un • A. T. : Il me semble que le y a aussi des craintes identitaires l'humanité. Ils étaient des pau­ cousinage dans ces deux no­ seuil de tolérance, c'est bien une au plan européen. Qu'est-ce que LES PIEDS SENSIBLES més, au départ, et la crise écono­ tions? affaire d'espace vital. Non plus l'identité française, coincée ente c'est raHaire de mique a pesé sur des gens qui • P. P. : Cela n'a pas la même à conquérir, mais à défendre. A une identité européenne à venir n'étaient pas fascistes. Mais ils signification. La notion d'espace un moment, les gens disent : « Il encore floue, parfois inquiétan­ SULLY ont suivi Hitler qui l'était et j'ai vital rentre dans un système idéo- y a trop d'immigrés, ça nous em- te, et des identités infranationa­ Confort. élégance, qualité, assisté à la pénétration de son les, confrontée au problème de idéologie dans le peuple alle­ l'intégration des populations im­ des chaussures faites pour marcher mand. migrées? DANIEL 85 rue de Sèvres ets 5 rue du Louvre On ne peut pas dire que Le Pen • A. T. : La question sur les so­ 53 bd de Strasbourg est un nazi, ne serait-ce que par­ lutions est pour moi compliquée 81 rue St-Lazare ce qu'il est français, mais ça ne et même douloureuse car il me Du 34 au 43 féminin, du 38 au 48 masculin. six largeurs le gêne pas tant que cela d'être al­ semble que le phénomène est CATALOGUE GRATUIT : lié au Parlement européen avec le d'ores et déjà très enraciné. Je ne SULL Y. 85 rue de Sèvres. Paris 6- leader des Républicains alle­ crois pas du tout que l'on puisse 5 % su, ~~t.tIOn ,. Cl!n~ annDnC" mands, Shonhüber, qui est un an­ dialoguer avec les électeurs - je cien instructeur de la division dis bien les électeurs, pas les Charlemagne, à la Waffen SS. adhérents - du Front national. • A. T. : Il me semble que c'est Ils détestent la contradiction et presque une perte de temps que recherchent le consensus. Je crois dès lors qu'on a intérêt à expri­ ARTICLES - CADEAUX GROS de chercher à savoir s'ils sont ou pas des fascistes. On peut les ap­ mer haut et fort notre désaccord M ••OOUINERla 1/2 GROS peler comme on veut, mais les ef­ tl pour que le ralliement au Front SERVIETTES· PORTE-DOCUMENTS fets dans la société sont pareille­ national n'apparaisse pas aussi ment porteurs d'exclusion et c'est ~~------~~Marseille « La Bousserlne » - Juin 84. facile et évident. SOFDAL cela qui doit nous interpeller. En • M.-C. V.-C. : Sur les répon­ savoir où l'on en est aujourd'hui ses politiques, je reste pour la logique, le national-socialisme. pêche de vivre. »Et là, le seuil de t11CHElER ne passe pas par l'emploi de qua­ C'est une notion impérialiste et proportionnelle quels qu'en Socl"6 Anonyme au Cepltel

61 bien pratique qui regroupe en les • Fascisme français passé et prendre avec des pincettes. par Nadine Fresco (n° 407, juin introduisant l'essentiel des arti­ présent de Pierre Milza. Ed. L'extrême droite en France 1980), consacré à l'affaire Fauris­ cles publiés sur la« nouvelle droi­ Flammarion, 466 p., 129 F. par Bernard Brigouleix. Ed. son ; « Révolution conservatrice te» de 1972 à 1979, date de son Fayolle, 1977,232 p. L'ouvrage et nouvelles droites allemandes » BIBLIOTHEQUE avènement médiatique. OUVRAGES se voulait un guide plus qu'un par Patrick Moreau (n ° 436, no­ * * *Visages de la nouvelle « INTROUVABLES » traité. Il faudrait avoir un motif vembre 1982) ; «Alain de Be­ droite. Le GRECE et son his­ bien particulier pour s'y reporter. noist, philosophe » par Pierre­ toire d'Anne-Marie Duranton­ Cette qualité ne leur donne pas • Les mouvements d'extrê­ André Taguieff (n ° 451, février Crabol. Ed. Presses de la Fonda­ nécessairement plus de valeur. me droite en France de Fran­ 1984) ; « Louis Rougier et l'ar­ tion nationale de sciences politi­ Dépassés pour la plupart, leur in­ çois Duprat. Ed. Albatros, 1972, chéologie de la nouvelle droite » DU PARFAIT ANTI-FASCISTE ques, 1988,267 p., 160 F. « Une térêt varie, comme les précédents. 302 p. Par l'idéologue du FN, par Gilles Bounoure (n ° 490, mai vision policière du débat d'idée» Leur cote aussi. mort dans un attentat en 1978. 1987). neau. Ed. Presses de la fondation * Les néo-naz:is de Jean-Marc * L'extrême droite en Fran­ affirme le GRECE. Une thèse • • ·Vous avez: dit fascis­ Une vision de l'intérieur maintes Mots, mars 1986, n° 12, « Droi­ Dans la jungle des étu­ Théolleyre. Ed. Temps actuels, ce (1965-1984) de Joseph AI­ nationale de sciences politiques, universitaire qui permet d'avoir mes? par un collectif d'auteurs. et maintes fois recopiée. te, nouvelle droite, extrême droi­ 1989, 366 p., 200 F. La somme des et des pamphlets coll. « La vérité vraie», 1982, gazy. Ed. L'Harmattan, 1989, de bons repères. Libre à chacun Ed. Arthaud/Montalba, 1984, • • Dictionnaire de la politi­ te. Discours et idéologie en Fran­ 250 p., 87 F. Désordonné dans sa 342 p., 180 p. Moins fouillé et de travail de dix-huit politolo­ de décider ensuite s'il y a lieu de 286 p. Parmi les nombreuses que française de Henry Cos­ ce et en Italie ». (27, rue Saint­ publiés sur l'extrême construction mais bien documen­ plus fouilli que le précédent, ce gues. Approches historique, lexi­ débattre. contributions rassemblées, on re­ ton. Ed. Henry Coston, La Li­ Guillaume, 75341 Paris cedex té, ce livre écrit par un chroni­ volume ne le vaut pas. Plus on cologique, philosophique, statis­ tiendra surtout l'importante étu­ brairie française, 1967-1982, 4 07.) Contient une très importan­ tique, sociologique, psychologi­ droite, il est bien diffi­ queur judiciaire du Monde reste s'avance dans le temps, plus l'his­ • Le révisionnisme de de Pierre-André Taguieff. volumes. Pour le trouver, deux te bibliographie universitaire qui marqué par le contexte de l'atten­ torien, faute de documents neufs, que et électorale se conjuguent * * * Les assassins de la mé­ Fruit de travaux exposés antérieu­ solutions: votre bibliothèque vous permettra de prolonger pour mettre à nu le nouveau ve­ cile de s'y retrouver. tat contre la synagogue de la rue cède la place au militant. Reste moire de Pierre Vidal-Naquet. rement dans divers articles plus municipale est bien pourvue en celle-ci. nu sur la scène politique. Un peu Copernic. Seul son index permet une perle: la fiche de RG d'Alain Ed . La Découverte, coll. « Ca­ courts, c'est une analyse systéma­ usuels, ou vous êtes dans une li­ Certains ouvrages ont froid, un tel outil était cependant encore de s'y reporter. Madelin en 1968 ... hiers libres», 1987,240 p., 69 F. tique de la stratégie « métapoli­ brairie déjà passée à l'ennemi. REVUES SPECIALISEES nécessaire. * Les brigades noires (Fran­ * * L'Orchestre noir de Frédé­ La notoriété de l'auteur dans ce tique» de la nouvelle droite, dans Sans se méprendre sur la person­ MILITANTES été écrits par des mili­ * Les dits et les non-dits de ce et Belgique) de Serge Du­ ric Laurent (avec la collaboration domaine n'est plus à faire. Indis­ ses aspects théoriques autant que nalité de l'auteur, un« ancêtre» Jean-Marie Le Pen de Pierre tants, repentis ou non, mont. Ed. EPO, 1983, 246 p., de Nina Sutton). Ed. Stock, pensable. dans les formes de sa mise en pra­ de l'extrême droite, il n'est pas Article 31 (BP 423,75527 Paris Jouve et Ali MagQudi. Ed. La 70 F. Démonte la persistance du 1978, 442 p., 95 F. Une étude tique, suivie d'une étude de ses inutile de chercher parfois des in­ cedex Il). Après cinq ans d'exis­ Découverte, coll. « Enquêtes », mais les bonnes inten­ phénomène néo fasciste en Euro­ poussée des ramifications des or­ .La secte sources doctrinales et d'une cri­ formations biographiques dans tence, cinquante numéros et des 1988, 180 p., 85 F. Pour ama­ pe après la Seconde Guerre mon­ ganisations néo fascistes dans le anticommuniste tique des modèles d'intelligibili­ les quatre gros volumes de celui centaines d'articles sur les facet­ teurs de psychanalyse. tions ne suffisent pas diale. Son principal intérêt rési­ monde, l'ouvrage est remarqua­ * * *L'Empire Moon de Jean­ té offerts par l'historiographie et qu'ils appellent « la mémoire de tes les plus variées de l'extrême ble dans son analyse de la « stra­ François Boyer. Ed. La Décou­ droite, cette revue antifasciste est à de surtout dans ce qu'il nous ap­ • Les interprétations la politologie contemporaines. la droite. » Mais le cinquième se toujours faire un bon tégie de la tension» qui faillit fai­ verte, 1986, 419 p., 98 F. Bour­ Moi, j'aime l'extrême droite en pleine restructuration. Beau­ prend sur la Belgique. Sur ce su­ * Les affaires de Monsieur Le fait attendre ... re basculer l'Italie au milieu des ré d'événements, de faits, de de Catherine Fouillet. Ed. La Li­ coup de numéros sont encore dis­ bouquin. D'autres, in­ jet on pourra avantageusement Pen de Jean Chatain. Ed. Mes­ années 70. noms, cette enquête journalisti­ brairie française, 1982, 228 p. ponibles. Se renseigner. .. actualiser avec les revues Article sidor, coll.« Documents », 1987, que fait le tour de la question. Pour se convaincre que ça existe. Celsius (Mantrant, BP 284, tellectuels ou écrivains, 31 et Celsius. Attention toutefois, 178 p., 100 F. L'honnête synthè­ • Le Front national * L'internationale raciste. De 75228 Paris cedex 05). Plus inter­ on s'y perd vite! se d'un journaliste à l'Humani­ ont compensé. * * * L'effet Le Pen dossier pré­ • La querelle la psychologie à la « scien­ nationale, cette revue franco­ Complots contre la démocra­ té. L'analyse du PCF. Lignes, octobre 1988, nO 4 : tie : les multiples visages du senté et établi par Edwy Plenel et des historiens ce )) des races de Michael Bil­ « Les extrêmes droites en Fran­ belge insiste aussi davantage sur OUVRAGES fascisme de Marie-José Chom­ Alain Rollat. Ed. La Découver­ • Les témoignages Deux positions antithétiques s'af­ lig. Ed. Maspéro, coll. PCM, ce et en Europe ». (Librairie Sé­ les dangers du libéralisme. La ces­ DISPONIBLES bart de Lauwe. Ed. FNDIRP, te/ Le Monde, 1984,246 p., 75 F. *Retour du Front d'Yves M. frontent. 1. Le fascisme est idéo­ 1981,176 p. Le chapitre 6 s'inté­ guier, 3, rue Séguier, 75006 sation d'activité de sa consœur l'a 1982, 144 p., 45 F. La preuve du Un classique. La tentative d'ex­ Zelig. Ed. Barrault, 1985, 174 p., logiquement né en France. Sur­ resse spécifiquement à l'étude du Paris.) récemment amenée à se recentrer • Les synthèses danger n'est plus à faire. L'his­ plication à chaud du phénomène 68 F. Sociologue, l'auteur a pas­ tout soutenue par Zeev Sternhell, comité de patronage et du comi­ A noter aussi dans le n° 7, octo­ sur le paysage français. Pour être informé chaque mois. Les ennemis du système. En­ toire a donné raison à l'auteur. par ces deux journalistes du Mon­ sé trois semaines avec les mili­ un historien israélien, cette thèse té de rédaction de la revue Nou­ bre 1989, deux articles intéres­ Identités-égalité (67, rue des quête sur les mouvements * Vigilance par Marie-José de a fait école. Cinq ans et demi tants d'extrême droite lyonnais est loin d'être admise. Certains, velle Ecole. sants consacrés à l'extrême droi­ Orteaux 75020 Paris). Dirigé par extrémistes en France de Chombart de Lauwe. Ed. EDI - après on s'y réfère toujours. pendant la campagne électorale à droite, se sont appuyés dessus Les rats noirs de Grégory Pons. te allemande: l'un analyse les rai­ Michel Charzat, député du PS. Christophe Bourseiller. Ed. Ro­ Ligue des droits de l'homme, * *Les hommes de l'extrême des cantonales 1985. pour justifier l'équation Ed. Jean-Claude Simoën, 1977, sons et conséquences des récents Cahier n° 1 sur le Front national bert Laffont, 1989,218 p., 85 F. 1987,206 p., 80 F. Ouvrage mi­ droite. Le Pen, Marie, Ortiz: * * * Au Front d'Anne Tristan. « fascisme-socialisme». Elle 256 p. Journaliste au Figaro­ succès des Republikaners, l'autre (1984) et n° 2 sur le CNI (1985). Le type même de l'ouvrage fait litant conçu pour des militants. et les autres d'Alain Rollat. Ed. Gallimard, coll. « Au vif du n'en n'est pas moins stimulante. dimanche et membre, à l'époque, s'intéresse de très près aux pour la vente. Un brin racoleur Un bon dossier de presse agré­ Ed. Calmann-Lévy, 236 p., 89 F. sujet», 1987, 256 p. (Rééd. 2. Il n'y a pas de fascisme fran­ du GRECE, son propos était de convergences écolo-gauchistes et Michel Soudais Il les connaît bien, mais c'est sur­ çais mais plutôt une permanence ••• Indispensable, lisible (une moitié pour l'extrême gau­ menté d'une bibliographie et d'un Folio-Actuel n° 14). Témoignage montrer l'impasse de la vieille ex­ extrême-droitières à travers l'étu­ •• Intéressant, lisible che, l'autre pour l'extrême droi­ index utile. tout son récit de la création du sans complaisance de ce qui a « vichyste » et « ligueuse». Fai­ trême droite. de de la revue Wir selbst. • Pas si mal, un peu brouillon Curiosité te), très approximatif et dénué de * * * La tentation néo­ Front national par le mouvement permis l'implantation du FN tes votre choix. Dossier néonaz:isme de Patri­ Raison présente, novembre réflexion, on ne perd rien à le lais­ fasciste en France (1944- néo fasciste Ordre nouveau qui est dans les quartiers populaires de * Naissance de l'idéologie ce Chairoff. Ed. Ramsay, 1977, 1988, n° 88 : « Flash sur la droi­ ser en librairie. 1965) de Joseph Algazy. Ed. intéressant. Marseille par une journaliste qui fasciste de Zeev Sternhell. Ed. 469 p. Deux ans après la sortie de te». (14, rue de l'Ecole­ L'extrême droite en France Fayard, 1984, 432 p., 98 F. Se­ * Le système Le Pen par Joseph s'est glissée six mois dans la peau Fayard, 1989,424 p., 140 F. Au­ B..• comme barbouz:e (Alain Polytechnique, 75005 Paris.) de Jean-Christian Petitfils. Ed. crétaire général de la Ligue des Lorien, Karl Criton et Serge Du­ d'une militante ordinaire. A mé­ tres ouvrages du même auteur : Moreau ed.), Dominique Calzi Les Temps modernes, avril mont. Ed. EPO, 1985, 336 p., La Droite révolutionnaire: (c'est son vrai nom), ancien de MRAP PUF, coll. « Que sais-je? », pe droits de l'homme en Israël, l'au­ diter. 1985, n° 465 : « La tentation au­ MINITEL éd. 1983, 127 p. Léger comme il teur est aussi historien. Inspiré 150 F. Bourré d'infos, truffé les origines françaises du Jeune nation et du SAC auquel toritaire en France ». (4, rue Fé­ • La nouvelle droite se doit. La loi du genre n'excuse par une surévaluation du danger d'inexactitudes et de coquilles. A fascisme, Rééd. Seuil, coll. il a appartenu de 1965 à 1971, a rou, 75006 Paris.) 36-15 * La nouvelle droite de Julien cependant pas la désinvolture et néofasciste, il nous livre dans ce réserver aux connaisseurs. « Points », 1984. et profité d'un séjour en prison Outre ce numéro spécial, cette re­ Tapez MRAP Brunn. Nouvelles éditions Os­ l'approximation. Est-ce bien sé­ volume un remarquable travail de * * * Le Front national à dé­ Ni Droite, ni Gauche. L'idéo­ pour escroquerie pour vider son vue a fait paraître différents ar­ wald, coll. « Faut-il brûler? », rieux de remonter deux cents ans recherche historique à base de couvert sous la direction de logie fasciste en France, sac. Résultat: un livre indi­ ticles qui méritent d'être signa­ 1979, 392 p., 60 F. Un ouvrage Rééd. Complexe, 1987. d'histoire en si peu de pages? sources originales. Nonna Mayer et Pascal Perri- geste mais truffé de noms. A lés : « Les redrèsseurs de morts » 62 63 Vous AVEZ DU TALENT. Nous AVONS DU IMAGES DE L'OMBRE ET DE L'OUBLI Entre le cinéma d'une ne n'est pas celle de la ville -, il renvoie le spectateur à toutes les France dite unanime apparences trompeuses du ciné­ ma chaque fois qu'on lui a mon­ contre les nazis et un tré des images, des histoires de la France des années 40. cinéma qui résiste à Deux films de Louis Malle, La­ combe Lucien et Au revoir les en­ montrer les faits, quel­ fants, mettent en scène des per­ ques films se glissent, sonnages isolés de collaborateurs. Il en ressort des portraits très am­ 12 RUE TRONCHET - 742.53.40 plus authentiques. Ra­ bigus. L'attention est portée à des 41 RUE DU FOUR - 548.85.88 hommes exclus qui collaborent 74 RUE DE PASSY· 527.14.49 res, ils sont d'autant ~ pour prendre une revanche sur TOUR MONTPARNASSE - 538.65.53 5 PARIS ,~ l'humiliation subie. L'instituteur plus importants. ~ a refusé à Lucien l'entrée dans un ~ CONJUGUONS NOS TALENTS. réseau de résistants; le jeune LYON - LA PART-DIEU n film récent de Bernard Au revoir les enfants. Louis Malle. NEW- YORK - 727 MADISON AVENUE homme accusé de vol dénonce les Cohn, Natalia, film de fic­ TOKYO - 5-5 GINZA On entend un engagé volontaire rent à ce moment-là les thèmes du résistants et les enfants juifs ca­ tion montre, comment un de la division Charlemagne des cinéma des années 30 (juifs = chés dans le collège. cinéaste français, pendant Waffen SS français raconter son ploutocratie par exemple), ren­ Tous les films que nous avons ci­ les années d'occupation, départ. forcés par les appels d'un Lucien tés sont disponibles en cassette vi­ en vient de concession en Raphaël Geminiani affirme pé­ Rebatet : « Il faudra tôt ou tard déo. Le chagrin et la pitié vient Différentes nO' 00 concession, pour continuer remptoire, aujourd'hui, que chasser de notre sol plusieurs cen­ seulement de les rejoindre! Voilà un an, Dillérentes sa carrière, à « collabo­ « des Allemands, à l'époque, il taines de milliers de juifs, en Christiane Dancie » s'engageait dans un nouveau rer de manière ordinaire, n 'yen avait pas à Clermont », commençant par les juifs sans pa­ allant jusqu'à laisser éloi­ tandis que sous nos yeux, appa­ piers réguliers, les non­ (1) Préface de François Truffaut pour An­ rythme avec une nouv~lIe formule dré Bazin, le cinéma de l'occupation et la gner des plateaux de ciné­ raît une image de la ville arborant naturalisés, les plus fraîchement résistance, éditions 10-18. (mensuelle et trimestrielle). ma, son amie, une jeune des panneaux en allemand, (1) Voir les articles « résistant» et « col­ débarqués, ceux dont la malfai­ laborateurs » du Dictionnaire des person­ Dillérentes tient la route et célèbre artiste juive. Une autre actrice, La force des documents du film sance politique ou financière est nages de cinéma, éditions Bordas, par opportunisme, prend la pla­ son numéro 100. de Marcel Ophüls va à l'encon­ la plus manifeste, c'est-à-dire la ce de Natalia, Elle n'a fait que tre de toutes les images reçues, totalité des juifs du cinéma ... Le Dillérentes a besoin de vous pour donner un simple « coup de pou­ brise un tabou. La collaboration, cinéma français tout entier, de la continuer à vivre. ce » à sa propre carrière en la dé­ le régime de Vichy sont absents production aux tirages de films, Pompe. funèbre. Abonnez-vous, abonnez v'os amis, nonçant. des écrans où l'on préfère exalter ou à l'exploitation de la plus pe­ Marbrerl. C'est un film documentaire, Le l'image d'une France unanime tite salle, doit être fermé à tous faites connaÎtre ce numéro. chagrin et la pitié qui, en 1969, dans la résistance de Paris brûle­ les juifs sans distinction de clas­ fait basculer les thèmes, les per­ t-il ? à L'armée des ombres (2). se ni d'origine (2). » sonnages du cinéma français. Ce 240 F PAR AN POUR 4 NUMEROS 10 NUMEROS MENSUELS Les films des années 50, mais la Après Le chagrin et la pitié, le ci­ SPECIAUX ET film dont François Truffaut écrit veine est exploitée un peu plus néma de fiction regarde autre­ que : « La télévision française a tard, enc.ore, trouvent dans la ment ces années d'ombre. Le film CAHEN ------~- toujours refusé de le projeter guerre et la résistance prétexte à le plus significatif, et comme dans pour ne pas chagriner ceux qui comédie. L'occupant allemand le droit fil du film d'Ophüls, c'est & Cie furent sans pitié ... fut, poursuit est ridiculisé dans des gags inof­ NOM: PRENOM Le dernier métro de François ...... Truffaut, celui qui rend compte fensifs. La vie de château, en Truffaut Ses différents person­ ADRESSE: ••••••••••••••.••••••••••••••••••••••••••••••••••••.•••••••••••••••••••••••••• avec le plus d'exactitude et de mettant en scène des collabora­ nages constituent tout un échan­ ...... bonnefoi, de l'éventail des com­ teurs par douce ignorance et des tillonnage de la population du portements français de 1940 à résistants séducteurs développe, Paris occupé : de ceux qui conti­ Ci-Joint un chèque de : 120 F (6 . ) 1945 (1). » sur fond historique, l'éternel thè­ nuent comme si de rien n'était à 43.20.74.52 o 240 F (1 an) 0 150 F (1 a,n - étudiants et chômeurs) , I;::J mOIs Des portraits, des interviews, des me de l'amant et du mari trom­ ceux qui collaborent et à ceux qui o 80 F (6 mois - étudiants et chômeurs) 0 300 F (etranger) 0 500 F (soutien) 1 000 F (abonnement d'honneur) séquences d'actualités de l'épo­ pé. Dans le cinéma de l'époque sont engagés dans la résistance. MINITEL par le 11 à l'ordre de DIFFERENCES, 89, RUE OBERKAMPF, 75011 PARIS que donnent à voir une autre ima­ même, pas de personnage incar­ Jouant habilement sur le thème ge de la France de ces années-là. nant l'idéal collaborateur. Perdu- du théâtre - la vérité de la scè-

64 65 A G E N D A James Brown Christo (centre Aragon-Triolet) et du 20 mis en lumière par l'audiovisuel: mars au le, avril (studio Berthe­ l'architecture. Illustrée par l'un Jim Dine lot). Tél. : 42.87.86.24. Laure des plus grands architectes de Christian Eckart Lasfargues tous, Sinan (c. 1489-1588), qui a laissé des centaines de construc­ Nam June Paik • SOLIMAN LE MAGNIFI­ tions (ponts, hôpitaux, madrésés, QUE. Hommage rendu à l'un hammams, etc.) et surtout des des plus grands souverains de mosquées grandioses, dont les l'histoire, symbole de l'apogée de chefs-d'œuvre sont le Süleyma• James Rosenquist" Circle of 100 wolves " 1989. la civilisation ottomane, qui fit de niyé d'Istanbul et la Sélimiyé huile sur toile 213.5 / 244 cm l'Istanbul du XVIe siècle la plus d'Edirné. brillante capitale du monde avec Une exposition à ne pas manquer ses 700 000 habitants (2 fois plus avant, après, ou à la place de la qu'à Paris et 4 fois plus qu'à visite de Topkapi. Yves Thoraval Londres). « Soliman le Magnifi­ que », Grand Palais jusqu 'au 14 • CINEMA. Le festival des Trois mai. Continents, édition 89, avait invité Grâce au prêt de certaines des des réalisateurs cubains, histoire pièces les plus prestigieuses du tre, 12, rue Bernard, 75002 à de marquer le coup du trentième • P HOTOS DE SOWETO : un musée de Topkapi à Istanbul, anniversaire de la Révolution cu­ livre luxueux et beau, rassem­ 20 h 30. auxquelles se sont ajoutés des tré­ baine. La belle Eslinda Nunez, blant photos et textes sur ce * L'Harmattan 1989. sors du Louvre et de collections nous a raconté sa vie d'actrice de township symbole de l'Afrique « BIZANCE-PROMOTION » nationales françaises, on décou­ cinéma et de théâtre, et comment du Sud et de l'apartheid. Au­ OFFRE AUX LECTEURS DE vre toutes les ressources de l'art elle croit que le cinéma après 59, teurs: un photographe sud­ DIFFERENCES DEUX PLA­ islamique, modelé par la person­ dans son pays a pu aider à don­ africain de renommée internatio­ CES GRATUITES SUR PRE­ nalité turque ottomane. La vie de ner une autre image de la femme, nale, Peter Mugabane, David SENTATION DU BON CI­ cour et citadine (céramiques, boi­ à lutter contre les stéréotypes ma­ Britow (ex-rédacteur ajoint des DESSOUS. series, vêtements en textiles pré­ chistes. Voulez-vous vérifier les di­ journaux The Star et The Sowe­ cieux, art de la calligraphie et du res d'Eslinda et plus encore? Le tan) et Stan Motjuwadi ex­ • THEATRE. L'Antiphon, mis manuscrit) y est montrée ainsi centre Beaubourg présente sous la directeur, aujourd'hui disparu, en scène par Daniel Mesguich. que la puissance militaire d'un férule de Paulo Antonio Parana­ du prestigieux magazine noir Un événement: la création en empire qui s'étend de la Hongrie gua une rétrospective du cinéma Drum. Editeur du livre: Jean­ langue française de la pièce de au golfe Persique, du Caucase à cubain des premiers films de l'île Pierre Taillandier. Prix: 245 F. Djuna Barnes, « Un auteur ma­ Oran, et l'activité prodigieuse des au début du siècle, à nos jours. On peut aussi le commander au jeur de langue anglaise en notre milliers d'artisans de toutes con­ Qu'on se le dise, c'est jusqu'au 9 MRAP (Geneviève). siècle ». L'histoire d'une vie ra­ fessions de la capitale. Cependant avril, salle Garance. Christiane contée comme une terrible légen­ le sommet de l'art ottoman est Doucie • UNE ETOILE DANS L'OEIL de. Coproduction du Théâtre de DE MON FRERE. Après l'Europe et de la Comédie­ le livre*, voici la scène. Moussa Française. Du 13 mars au 13 Lebkiri adapte une étoile dans avril, théâtre de l'Odéon, Paris. l'œil de mon frère. Ce n'est 4e Festival d'art magique avec la pas un spectacle exotique, participation d'artistes français et mais un moment privilégié aux étrangers. Les 16, 17 et 18 mars IMPRIMERIE saveurs d'un autre temps, qui à Blois, à la Halle aux grains. renoue avec la tradition orale, L'art magique: une tradition qui WEIL un instant vécu avec les specta­ remonte à l'Antiquité .. . un art teurs. Moussa c'est un autre populaire intégrant les progrès 117, rue des Pyrénées Ramuz, un nouveau Giono, tous techniques. Tél. : 54.74.20.82. les ingrédients de l'Orient mais Romenko, une création du théâ• 75020 PARIS ce n'est pas l'Orient. Pour tre Goblune sur R. Queneau, un vous en assurer, rendez-vous du humoriste et classique du xxe 6 mars au 7 avril, Roseau Théâ- siècle. Du JO au 18 mars à Orly Sol Lewitt Mimmo Paladino salerlie Jean-Pierre Raynaud denlise rené James Rosenquist du 7 mars au 30 avril 1990 Edward Ruscha 196, bouleyard salin.-sermalin Richard Smith Galerie 75007 parlis .él. : 42 22 77 57 Donald Sultan Enrico Navarra 75, rue du Fbg. St. Honoré Tom Wesselmann 75008 Paris câbe denlissal

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