UPR 403 DU CNRS, RENNES

RAPPORT

SUR LA FOUILLE DU GISEMENT

PALEOLITHIQUE INFERIEUR

DE MENEZ-DREGAN I

CAMPAGNE DE SEPTEMBRE 1992

Fouille de sauvetage programmé, Service régional de l'Archéologie, Région Bretagne : autorisation n° 92-20

Département : Finistère, Commune : Plouhinec Cadastre : section ZW n° 366, 370, 372 & hors parcelles Coordonnées Lambert II : x = 92,15 y = 2353,85 N° de site : 29 197 015 AP

Responsables scientifiques :

Jean-Laurent MONNIER, Directeur de Recherche au CNRS, UPR 403, Laboratoire d'Anthropologie, Université de Rennes I

Bernard HALLEGOUET, Maître de Conférences, Laboratoire de Géographie de la Mer et des Littoraux, Université de Bretagne occidentale (Brest), associé à l'UPR 403

Chef de chantier : Stéphan IIINGUANT, vacataire AFAN, associé à l'UPR 403

Décembre 1992 UPR 403 DU CNRS, RENNES

RAPPORT

SUR LA FOUILLE DU GISEMENT

PALEOLITHIQUE INFERIEUR

DE MENEZ-DREGAN I

CAMPAGNE DE SEPTEMBRE 1992

Fouille de sauvetage programmé, Service régional de l'Archéologie, Région Bretagne : autorisation n° 92-20

Département : Finistère, Commune : Plouhinec Cadastre : section ZW n° 366, 370, 372 & hors parcelles Coordonnées Lambert II : x = 92,15 y = 2353,85 N° de site : 29 197 015 AP

Responsables scientifiques :

Jean-Laurent MONNIER, Directeur de Recherche au CNRS, UPR 403, Laboratoire d'Anthropologie, Université de Rennes I

Bernard HALLEGOUET, Maître de Conférences, Laboratoire de Géographie de la Mer et des Littoraux, Université de Bretagne occidentale (Brest), associé à l'UPR 403

Chef de chantier : Stéphan HINGUANT, vacataire AFAN, associé à l'UPR 403

Décembre 1992 -1 -

1. PRESENTATION DU SITE ET DES TRAVAUX ANTERIEURS

Le gisement de Menez-Dregan I est situé sur le littoral sud du Cap , sur la commune de Plouhinec (Finistère), en bordure de la Pointe du Souc'h et au voisinage du village de Menez-Dregan (fig. 1 & 2). Pour éviter des confusions avec le site néolithique du Souc'h (site éponyme d'un type de poterie), c'est le nom du village qui a été retenu. Le gisement peut encore être repéré par ses coordonnées Lambert II : x = 92,15 & y = 2353,85. En partie en pied de falaise, donc sur le domaine public maritime et hors cadastre, il s'enracine en marge des parcelles n° 366, 370 & 372 (section ZW) (fig. 3).

Le gisement (un habitat du Paléolithique inférieur) est inclu dans la falaise de la Pointe du Souc'h. Il n'est pas isolé, puisqu'il fait partie d'un ensemble de sites identiques répartis le long de cette côte escarpée. La Pointe du Souc'h et le promontoire de Menez- Dregan limitent au sud-est les grandes plages de Mezperleuch et de Guendrez qui correspondent à des zones déprimées colmatées par les dépôts limoneux pléistocènes et envahies par les dunes post-glaciaires. Plus à l'ouest, au delà de l'embouchure du Goyen, ce sont les hautes falaises du sud du Cap Sizun jusqu'à la Pointe du Raz. Au sud-est et en contrebas du promontoire de Menez-Dregan s'ouvre la crique de Porz-Poulhan. En s'éloignant vers l'est, la côte s'abaisse progressivement et passe, de Penhors à Saint- Guénolé, aux grandes formations dunaires de la Baie d'.

Le substrat géologique correspond à V Orthogneiss oeillé de Porz-Poulhan (Carte géologique de la au 1/50 OOOème, feuille de Pont-Croix). Ce granité déformé comprend de nombreux phénocristaux feldspathiques. Dans la mésostase grenue, la muscovite et la biotite soulignent la foliation. Il renferme deux sortes d'enclaves (mélanocrates et leucocrates). Les minéraux accessoires (intéressants car se retrouvant dans le cortège des minéraux lourds des sédiments locaux) sont l'apatite, le grenat, le zircon et des minéraux opaques. Dans le secteur de la Pointe du Souc'h, cet orthogneiss est structuré de façon importante selon des plans orientés N 115° E qui plongent d'environ 60° vers le sud ; la linéation par microplissement de filons de quartz plonge d'environ 10° vers l'ouest. Ceci explique le débit particulier de la roche responsable de la morphologie de la côte ("en marches d'escalier") et qui a été largement exploité par l'érosion marine. La forme du gisement dépend beaucoup de cette structure du massif granitique.

Menez-Dregan I correspond à un ancien couloir d'abrasion marine de 7 à 8 m de largeur, se terminant par une grotte dont le toit s'est progressivement effondré. La présence de ces blocs gisant sur la plateforme a retardé les effets de l'érosion marine. Celle-ci a cependant dégagé tout le matériel qui occupait la partie sud du gisement et rongeait, un peu chaque année, la base du remplissage.

Découvert en 1985 par l'un de nous (B.H.) le gisement de Menez-Dregan I a fait l'objet en septembre 1988 d'une opération limitée de sauvetage urgent, assortie de sondages et d'une évaluation du potentiel archéologique. Cette opération a été complétée en octobre 1989, à l'occasion d'un intervention de même nature sur le site voisin de Menez-Dregan II. Ces travaux ont consisté dans l'enlèvement et le tamisage des matériaux remaniés sur la plate-forme en avant de la coupe en falaise, matériaux provenant de l'érosion des dépôts pléistocènes et contenant en abondance de l'industrie lithique. Un nettoyage de la base de la falaise et l'amorce d'un décapage ont été également pratiqués afin de reconnaître la nature et l'importance du gisement. Entre autres éléments intéressants, la présence d'un foyer a été mise en évidence. Des prélèvements ont été faits, dès cette phase préliminaire des travaux, en vue des analyses sédimentologiques, micromorphologiques et anthracologiques. Une première campagne de fouille (sauvetage programmé) a été organisée en septembre 1991. Tréïériôën i( Kerstao Keridrèutf Kerandraon; 1 Unduguej}t^ fermane .Penanros^

ììzjkmA\ Kervana" ^ 'Ifergoflérien • Colomb /Mon! Soscâradeç^ .eraudierne-K^,^. Teredan- Q .iBromùerU^ ^ln * "v^-Kèr^uzoli c \ -frffi \ BrogoroWec^p3 ~LPos,e \ÎKèrver^ec\v («it Kerhuons "Brougodonou Landisquéna •^ri B renele i Rouédou ,electty Kèrradénec (( Lescòngat-- •^Qi-^vlwoynou ^Esqui&ien:^ x ? •5'£Xermézéven; Bellevue- Kerlambert VCustreïn .lesnoal Kervitan V-Ocèrbòif VTrébeuzec Poulguîdou' _lambabu\r-/ iLestran .•^KenioazecCA- Quélarnec^r^ Cl À^i Kerlomp. MLèzarouén —yC^uenvez yyf1 \ Lesvénei illesvoualc'h" JCervélec i ¡Keribòu* ^gnéódv^Je Créac'h r'T^T 'lohonan /^•Kerouer ¿69 Kerlean !esvoalic

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Balle-lin St-Nazaire Nantes^ Figure 1 : Le site de Ménez-Drégan (Plouhinec, Finistère). Localisation géographique Figure 2 : Le site de Ménez-Drégan I (Plouhinec, Finistère). Localisation géographique. _ Il _

Figure 3 : Le site de Ménez-Drégan I (Plouhinec, Finistère). Localisation par rapport au plan cadastral. - 5 -

2. RAPPEL DES RESULTATS DE LA CAMPAGNE 1991

Le déblaiement des couches superficielles, à l'extrémité du couloir, a fait apparaître une paroi rocheuse fortement diaclasée inclinées vers le sud. A l'est de celle-ci, il a également mis au jour un diverticule latéral comblé dans sa partie supérieure par des matériaux meubles. Ceux-ci se retrouvent également au pied de la paroi rocheuse dégagée au nord. L'extension de cette formation en profondeur, sous cette dernière, n'a pas encore pu être évaluée, mais elle paraît combler une cavité assez importante, vu la présence de terriers de lapins. Le pendage des couches de remplissage plongeant nettement vers le nord, semble également confirmer que nous aurions là un fond de grotte marine conservé sous le surplomb rocheux.

Sur le plancher rocheux du couloir, creusé de marmites d'érosion marine, et correspondant à la partie basse d'une ancienne plate-forme d'abrasion, apparaît un premier dépôt de galets incluant de grandes dalles granitiques émoussées. Au sommet de celui-ci, la coloration plus sombre de la matrice et la présence d'éclats et d'outils lithiques traduit une première fréquentation humaine.

Un second dépôt de galets fossilise ce sol d'habitat. Son sommet, riche en éléments cendreux et charbonneux, est marqué par une coloration brune et par la présence d'un outillage lithique très abondant.

Au-dessus apparaît une succession de couches sablo-limoneuses (couches 5d' à 5a) dont le pendage s'inverse par rapport à la pente générale de la plateforme (couches inclinées vers le fond de l'anfractuosité, c'est-à-dire vers le N-NE). Les couches 5d, 5c, 5b & 5a, de couleur brun noir (présence de matériaux cendreux et charbonneux), alternent avec des couches plus claires, sableuses et arénacées (5d', 5c', 5b1, 5a'). Elles sont également riches en industrie lithique et peuvent être interprétées soit comme des sols d'habitat distincts, soit comme les dérivés d'une couche principale (5e), sous l'effet des phénomènes de colluvionnement ou de ruissellement. Une couche lenticulaire, à graviers (Ls) s'intercale sous la couche 5a'.

Un head lité à éléments anguleux fins, de couleur brun à brun jaune, recouvre l'ensemble 5. Sa base (4b) emballe des grands blocs en position horizontale. Il remanie aussi des galets marins et de l'industrie lithique. Dans le carré 122, a été observée la présence d'une couche noirâtre, moins indurée que l'ensemble, et comprenant des charbons de bois (éléments d'un sol flué ?).

Le sommet du head (couche 4a), tronqué par une surface d'érosion, est fossilisé par une dune décarbonatée. Il s'agit d'un sable assez fin et bien classé, compact, de teinte orangée. A la base du sable, une croûte craquelée (couche 3b) se moule sur la surface ondulée du head lité (action éolienne ou ruissellement d'embruns ?), composée de petites cuvettes plus ou moins reliées entre elles ; l'ensemble plonge vers la paroi de la falaise. La croûte épaisse de 10 à 15 mm est certainement postérieure au dépôt et résulte sans doute d'un effet de blocage des eaux d'infiltration au contact du head plus argileux. Elle est craquelée, avec un réseau de fentes polygonales présentant des facettes plus grandes dans les fonds de cuvettes que sur les pentes. Sur ces dernières, les cellules sont plus ou moins chevauchantes, ce qui traduit un léger déplacement au moment de leur formation, correspondant sans doute à des alternances de périodes très humides et de périodes de sécheresse. La partie supérieure de la couche 3, marquée par des petits horizons plus sombres (remaniements de sols humifiés ?), est déformée par la cryoturbation (couche 3a). Le sable s'est accumulé sur une grande épaisseur dans la niche d'érosion et l'effet de "soufflage" est très perceptible.

Au-dessus se trouve un head à petits éléments anguleux (couche 2b), de teinte brun vif, incluant une lentille limoneuse qui semble être l'ultime témoin d'un dépôt loessique (couche 2L). La couche 2b, légèrement litée, semble avoir joué le rôle de surface de glissement ("couche savon") lors de la mise en place de la couche 2a.

Le head à très grands blocs (couche 2a) constitue le remplissage principal de la dépression. Les grandes dalles granitiques, à peine détachées du rocher, ont légèrement glissé vers le bas et reposent en position sub-verticale sur la surface de la dune. La pression de ces dalles sur le matériel sous-jacent a provoqué une déformation de celui-ci, avec des injections de langues de sable limoneux de la dune, de part et d'autre de ces blocs.

Un head grossier (couche 1), à éléments anguleux de dimensions moyennes, pratiquement sans matrice limoneuse, termine le colmatage du gisement.

Un relevé du niveau d'habitat correspondant au sommet du cordon de galets supérieur (couche 5e), dans le secteur des carrés 120/21, J20/21 & K20/21 a montré l'association de blocs ou galets rubéfiés et d'outils lithiques. Il s'agit de l'emplacement du "foyer" reconnu en 1988 et malheureusement détériorés par vandalisme. Ce foyer, à l'oeil nu, paraît riche en' matériaux cendreux, en petits charbons de bois et en outillage lithique ; il est installé dans une cuvette naturelle limitée par de grandes dalles émoussées incluses dans le cordon. Aucun aménagement plus structuré n'a pu être observé à ce stade des recherches.

Environ 2220 pièces lithiques ont été cotées au cours de la campagne 1991. Il s'agit d'éclats bruts ou retouchés, de galets aménagés, de nucleus, de déchets de taille et débris divers.

Il s'y ajoute les pièces issues du nettoyage de la fouille clandestine ainsi que les éclats de taille provenant des tamisages (non cotés). lm V 29 - PLOUHINEC (chantier MENEZ DREGAN I H Carroyage Im G H I J K L M N O

Coupe stratigraphique * ^ Emplacement dosimètre ESR

Figure 4 : Menez-Dregan I, campagne 1992. Plan du site, position du quadrillage et du repère de nivellement, localisation des dosimètres et position des levés stratigraphiques (coupes A-B, C-DetE-F). - 8 -

2. ORGANISATION DE LA CAMPAGNE 1992 ET DEROULEMENT DES TRAVAUX

La campagne de terrain principale a été effectuée du 31 août au 26 septembre 1992. Le financement a été assuré par le Conseil général du Finistère et par la S.D.A. (Ministère de l'Education nationale et de la Culture). Par ailleurs, la Commune de Plouhinec, le Laboratoire d'Anthropologie de l'Université de Rennes I, l'UPR 403 du CNRS et le Musée de Penmarch (Université de Rennes I) nous ont octroyé un soutien matériel non négligeable. Nos remerciement vont également aux propriétaires des parcelles concernées (Mr et Mme Jean HENAFF) pour leur aimable coopération.

L'équipe des fouilleurs, sous la direction de Stéphan HINGUANT, (vacataire AFAN) a réuni une vingtaine de bénévoles, à savoir : Jeanine BALAIS, Corinne BAUDOIN, Bernard BIGOT, Maogan CHAIGNEAU-NORMAND, Jean-Pierre COLLEU, Anny FATOU, Denis Mark FORBES (Canada), Albane GESLIN, Denis GRAFFIN, Géraldine HERVE, Elisabeth JUSTOME, Mario KUSSNER (Allemagne), Nathalie MOLINES, Perrine REBOUL, Sébastien ROBIC, Cécile TALBO et Yannick TREBOUTA, Christine VERNA.

Les opérations ont débuté par un enlèvement de la couche de sable, des treillis métalliques et des sacs de sable qui avaient été mis en place à la fin de la campagne 1991, pour préserver le site en dehors de la saison de fouille. Un quadrillage métallique a été réalisé, fixé sur un cadre métallique surplombant le chantier. Des fils à plomb attachés à chaque croisement des fils permet de projeter, au sol, les limites des carrés fouillés.

Rappelons que les carrés de fouille sont nommés de façon classique, par des chiffres et des lettres (figure 4). Un repère de nivellement (niveau "zéro" du chantier) est matérialisé par un piton scellé dans la paroi sud-est. Ce témoin est coté par rapport au nivellement général de la France, soit + 12,115 m NGF.

Lors de la campagne 1992, les carrés G20 à 22, H20 à 23, 120 à 23, J20 à 24, K20 à 24, L21à 24, M20 à 24 et N23-24, ont été ouverts. A chaque carré est affecté un cahier d'enregistrement des coordonnées des objets relevés et des observations (orientation, pendage, nature, dimensions...). Les cotes des objets ont été prises à l'aide du fil à plomb (coordonnées X & Y) et à l'aide d'un niveau de chantier (Z assorti de la correction DZ qui correspond à la position de l'appareil par rapport au repère du chantier). Les terres enlevées ont été tamisées à l'eau (dans les mares d'eau de mer). Un levé précis du site a été effectué au tachéomètre électronique. Le travail a été complété par les traditionnels levés de coupes et de plans.

Mr D. MARGUERIE (U.P.R. 403, Rennes) a séjourné sur le site afin de réaliser des observations et des prélèvements (palynologie et anthracologie). Mrs C. FALGUERES, J.J. BAHAIN et M. LAURENT (Institut de Paléontologie humaine, Paris) ont également séjourné sur le site afin de prélever des échantillons et de poser des dosimètres (Thermoluminescence, O.S.L.). Par ailleurs d'autres prélèvements ont été faits en vue des analyses sédimentologiques.

Afin de ne pas retarder les opérations de terrain, les pièces lithiques extraites sont marquées provisoirement au crayon. Courant octobre et novembre 1992, Mr Stéphan HINGUANT (vacataire AFAN) a assuré, au laboratoire de Rennes, le lavage et le marquage définitif du matériel, ainsi que la mise au net des plans et coupes, préparant ainsi la rédaction du présent rapport. Ont également participé à ces opérations au laboratoire, Mlles M. CHAIGNEAU-NORMAND, C. TALBO et G. HERVE. Chaque outil ou éclat lithique porte, dans l'ordre suivant, l'indication du gisement (initiales : MD I), du carré, de la couche et du numéro d'enregistrement de la pièce (enregistrement continu par carré, d ' une couche à l'autre). - 9 -

En fin de campagne, le gisement a été à nouveau protégé par des sacs de sable cachés sous une bâche plastique, elle même recouverte par des plaques de treillis à béton, des galets et du sable.

Au plan médiatique, la fouille de Menez-Dregan a fait l'objet d'articles dans la presse locale (Le Télégramme et Ouest-France : voir dossier en fin de rapport). -11 -

Sor^ '^Unorine

zero du chantier

50crn

Figure 6 : Menez-Dregan I, coupe sagitale selon C-D [levé et mise au net : S. Hinguant]. - 12 -

3. DONNEES NOUVELLES ET COMPLEMENTAIRES CONCERNANT LA STRATIGRAPHIE DU GISEMENT.

La croûte de sable "facettée", présente dans la cuvette d'érosion marine (carrés M/N 23/24), s'avère beaucoup plus épaisse que prévu. Elle est épaisse de près de 10 cm vers le centre de la cuvette et se répartit en trois strates (couche 3b).

La couche 7 désigne l'amas de blocs effondrés en contrebas du site. Elle contient de l'industrie dans les interstices. La matrice est fortement indurée et riche en graviers (solifluxion). Certains blocs présentent des arêtes très émoussées en surface alors que leur face inférieure reste anguleuse, ce qui montre qu'ils ne furent pas entièrement dégagés lors de la transgression marine (couche 6).Ces blocs présentent en outre une altération plus importante que ceux provenant des niveaux supérieurs d'effondrement de la voûte.

La couche 6 (cordon de galets) se divise en trois niveaux sur la totalité de. sa section visible, arbitrairement numérotés 1, 2 et 3, du sommet à la base. Le premier niveau correspond à la transition avec 5e ; sa matrice sableuse est très noire, riche en charbons de bois ; il contient des galets de taille moyenne. Le second niveau est plus riche en graviers et sa matrice est plus indurée et de couleur ocre ; ses galets sont également de taille moyenne. Le troisième niveau est formé de petits et de très petits galets emballés dans une matrice graveleuse ocre identique à celle du niveau 2. L'épaisseur totale est d'environ 30 cm (chaque niveau étant à peu près décimétrique).

La couche 5e est une couche de transition entre les sols d'habitats (couche 5) et la plage ancienne (6). Très sableuse, son épaisseur est d'environ 3 à 6 cm. Il y a beaucoup moins d'industrie dans cette strate mais les charbons de bois y sont abondants. Il semblerait qu'elle soit contemporaine du foyer dont les vestiges ont été observés dans le secteur du carré J21. 29. PLOUHINEC Menez Dregan I Figure 7 : Menez-Dregan I, coupe frontale selon E-F [levé et mise au net : S. Hinguant]. Coupe frontale schématique des couches 5et6 selon E.F

w

LEGENDE: ~X -F) 4b '.SOTS Head feuilleté im 4-]+J Bloc effondré © Sols d'occupations stratifiés Foyer ©

2 ^rxiE? Plage ancienne à galets u Emplacement des dosimètres E.S.R - vu -

4. STRUCTURES ET REPARTITION PLANIMETRIQUE DE L'OUTILLAGE

L'état d'avancement de la fouille et les délais de fabrication du présent rapport n'ont pas permis l'établissement de plans de répartition de l'industrie lithique. Ceux-ci seront réalisés par la suite à partir de l'enregistrement des coordonnées des pièces (cahiers de fouille par carrés et par couche), à l'aide du programme PALEO III récemment acquis et après identification définitive des objets.

Le plan général (fïg. 8) montre l'état actuel de l'organisation des vestiges au sommet du cordon de galets supérieur (couche 6).

Il est possible qu'il ait eu des aménagements anthropiques du sommet du cordon de • galets. Ceci reste toutefois à vérifier. Figure 8 : Menez-Dregan I, surface du rempart de galets (couche 6) et blocs effondrés (couche 7). En noir: outils lithiques ; en grisé: blocs et galets rubéfiés (Gl, G2...) ; blocs du foyer prélevés pour la thermoluminescence (ESR1," ESR2...). En K21, les outils lithiques n ont pas été représentés car le secteur a été perturbé par la fouille clandestine [releves: G. Marchand & C. Talbo ; mise au net; S. Hinguant]. - 16 -

6. L'INDUSTRIE LITHIQUE

L'industrie est extrêmement abondante (près de 5000 pièces ont été cotées en fouille à ce jour).

Rappelons que l'industrie est abondante et pétrographiquement variée : silex, grès, quartzite, schiste gréseux à chlorite, microgranite, quartz... Le débitage est assez fruste. La méthode levallois paraît absente, les éclats sont petits, avec talons rarement préparés, des bulbes souvent très marqués et des angles d'éclatement assez ouverts dans l'ensemble. Il existe aussi de très petits nucléus. Les pièces retouchées correspondent à deux ensembles bien caractérisés :

- un outillage léger, sur éclats (principalement en silex), de petit module, avec des , encoches, des denticulés et des racloirs de médiocre qualité ;

- un outillage lourd sur galets, avec des chopping-tools et principalement des choppers. - 17 -

Falaise mi 8 VcPtiZi XQ'V'VL7 Ancienne surface d'abrasion marine 6 VoOte Kt'dWt Grotte Falaise 5 \ \ 4 3 m + • 1 J. JL. Dalles 2 Grotte Platler fossile 1 Echelle

1- Paroi du couloir _ 2- Orthogneiss de Pors-Poulhan - 3- Plage ancienne inférieure _ 4- Niveau d'occupation I - 5- Plage ancienne supérieure - 6- Sol d'occupation II (a et b) _ 7- Head périglaciaire _ 8- Sable dunaire _

Figure 9 : Menez-dregan I, coupe schématique et interprétative du gisement [dessin: B. Hallégouët]. - 18 -

RECONSTITUTION HYPOTHETIQUE DE L'HISTOIRE DU GISEMENT

Dans l'état actuel des recherches, il est possible de proposer un essai de reconstitution de l'histoire du gisement de Menez-Dregan I (fig. 10) :

1: premier façonnement de la plateforme littorale ;

2: creusement de la grotte ;

3: régression marine suivie de la formation d'un sol, de l'effondrement partiel du toit de la grotte et d'une première occupation humaine ;

4: transgression marine avec dépôt d'un second cordon formant un "rempart de galets" vers l'extrémité du couloir à l'entrée de la grotte ;

~ 5: régression marine et seconde occupation humaine sur le sommet du cordon de galets ;

6: épisode de solifluxion ;

7: apport de sable éolien (mise en place de la dune) ;

8: comblement total de la dépression par des coulées de solifluxion à très gros blocs ; apports loessiques probables ;

9: transgression marine (post-glaciaire) ; début de l'érosion des dépôts ; découverte du gisement ;

10: le chantier de fouille. Figure 10 : Reconstitution hypothétique de la formation et de l'évolution du gisement (voir texte) [dessin: B. Hallégouët]. - 20 -

7. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Le site de Menez-Dregan I appartient à un ensemble d'habitats paléolithiques situés sur le littoral sud du Cap-Sizun. Il correspond à un couloir d'abrasion marine de 7 à 8 m. de largeur, se terminant par une grotte dont le toit s'est progressivement effondré. La présence de ces blocs a retardé les effets de l'érosion marine (la mer monte actuellement, lors des tempêtes, jusque vers 11-12 m NGF). Celle-ci a cependant déjà dégagé tout le matériel qui occupait la partie sud du gisement et rongeait un peu chaque année la base du remplissage.

Le nettoyage et l'enlèvement des blocs effondrés et du matériel périglaciaire constituant la falaise ont permis de mettre au jour plusieurs formations littorales, avec des sols d'habitat interstratifiés. Reposant sur le plancher du couloir d'accès à la grotte, on observe d'abord un dépôt de galets marins liés par une matrice argilo-limoneuse compacte. Ce cordon semble être l'équivalent de celui de Ruvein, au fond de la Baie d'Audierne. A la surface de ce cordon s'est développé un sol qui a livré de l'industrie lithique et des charbons. Celui-ci a été fossilisé par un nouveau cordon de galets. Un autre sol d'occupation humaine, avec beaucoup d'industrie lithique répartie en plusieurs niveaux et comportant des lits de cendres, apparaît au-dessus de cette deuxième plage ancienne. La pente de cette couche archéologique, de même que les dépôt supérieurs qui la colmatent, s'oriente vers l'intérieur de la grotte. Après l'abandon du site, un head périglaciaire s'est d'abord mis en place, puis au cours d'une nouvelle transgression marine, qui n'est pas parvenue jusqu'aux altitudes atteintes précédemment, le remplissage a été achevé par l'infiltration d'un sable d'origine éolienne. Ce sable comportant plusieurs niveaux, a occupé l'espace subsistant entre le head et la voûte de la grotte qui s'enfonce vers le nord dans la falaise, avec l'amorce d'un diverticule vers l'est. Lors de la dislocation du plafond, ce sable s'est injecté entre les blocs effondrés.

L'effondrement du toit de cet abri a été progressif et on peut observer, à plusieurs niveaux dans le remplissage, des dalles provenant du plafond. Certains de ces blocs incorporés dans les dépôts marins sont émoussés. Un énorme bloc occupant la partie nord- ouest de l'abri a été redressé à la verticale et a pivoté de 90° sous l'action des vagues qui s'engouffraient dans la grotte. L'installation des hommes du Paléolithique dans cet espace s'est faite en fonction de la disposition de ces dalles et, lors de la deuxième période d'occupation, la majeure partie de la voûte était sans doute déjà écroulée. La partie du site fouillée jusqu'à présent devait se situer en plein air, à l'entrée de l'abri, où les hommes pouvaient se réfugier durant les intempéries. Ils y ont exploité les rognons de silex et les galets des plages anciennes, à la surface desquelles ils avaient installé leurs campements. Ils y ont également allumé des feux à l'abri d'un grand bloc effondré et sans doute dans le diverticule s'ouvrant dans la partie est de la grotte. La seconde période d'occupation a dû être longue, avec cependant des périodes d'abandon durant lesquelles des érosions ont pu se développer à la surface des sols d'habitat.

L'industrie appartient au Paléolithique inférieur ; elle se rattache à un groupe techno- culturel localisé sur la côte sud-armoricaine, entre Noirmoutier et , et dont le type a déjà été défini à la suite de la fouille du gisement de Saint-Colomban à Carnac. Le terme "Colombanien" a été proposé pour ces industries à caractère archaïque, caractérisées par un outillage lourd à galets aménagés (choppers essentiellement) associé à un outillage léger de facture assez médiocre, dominé par les encoches et les denticulés. Sa signification et ses rapports avec l'Acheuléen restent à préciser, mais le matériel recueilli au cours de la fouille devrait permettre de dater et de connaître plus précisément les conditions paléo- environnementales et écologiques liées à ce site. Il sera alors possible de situer sa position dans la stratigraphie régionale, et dans le contexte du Paléolithique inférieur européen.

Menez-Dregan I est un jalon important pour la connaissance des plus anciens peuplements, non seulement de l'Ouest armoricain, mais de l'Europe occidentale. Il appartient à une "civilisation" très mal connue, représentée par un groupe régional défini - 21 -

sous le nom de "Colombanien", localisé sur le littoral sud-armoricain. Les seuls points de comparaison sont, à l'heure actuelle, les sites de Tautavel (Pyrénées-Orientale), de Terra- Amata (Alpes-Maritimes) et, plus loin, ceux de Bilzingsleben (Allemagne) et de Vértesszôlôs (Hongrie). Inconnue jusqu'au début des années 80, cette "civilisation" a été révélée par la fouille d'un premier gisement (Saint-Colomban à Carnac : d'où le terme "Colombanien", proposé au Colloque international de Saint-Riquier en 1989), et confirmée par la découverte des sites de Plouhinec. Le gisement de Saint-Colomban était toutefois moins bien conservé que celui de Menez-Dregan, ce qui justifie tout l'intérêt que nous portons au site finistérien.

Un chantier de fouille, au coeur d'un programme de recherche d'intérêt européen

Menez-Dregan I à Plouhinec est donc un gisement-type du "Colombanien". Sa fouille s'intègre dans un vaste programme scientifique soutenu par une Action thématique programmée (A.T.P. "Archéologie métropolitaine", sous l'égide du Ministère de l'Education nationale et de la Culture, du Ministère de la Recherche et de l'Espace et du C.N.R.S.) avec pour objectifs principaux :

- de préciser les conditions écologiques et paléoclimatiques des habitats ;

- de compléter notre connaissance des sites d'habitat et de leurs aménagements dus à l'homme préhistorique ;

- de préciser la nature des outillages en pierre taillée et leur place dans la préhistoire européenne ;

- de préciser la stratigraphie, la succession des présences humaines et leur datation ;

- de connaître les variations de l'environnement (climat, paysage végétal, niveau de la mer...) contemporaines de l'homme préhistorique.

Une richesse archéologique démontrée par deux premières campagnes de fouille

Les deux premières campagnes de fouille ont montré la grande richesse du gisement et son potentiel d'information scientifique. Il s'agit sans nul doute de l'un des plus importants connus à ce jour dans l'Ouest de la France.

Installés sur un cordon de galets, à l'entrée d'une ancienne grotte marine effondrée, les hommes préhistoriques ont laissé des milliers d'outils et d'éclats de taille (près de 5000 pièces à ce jour). Il s'agit d'une industrie archaïque comprenant un outillage "lourd" constitué de galets à tranchant aménagé et d'un outillage "léger" peu standardisé, à base d'encoches et de denticulés. La pétrographie est très riche et reflète la variété lithologique des galets des cordons littoraux sur lesquels les hommes s'approvisionnaient.

Un foyer, au sommet de la plage, a fourni de nombreux charbons de bois sous forme d'esquilles et de branchettes relativement bien conservées. Il constitue pour le moment la seule structure anthropique organisée mise au jour et est l'un des témoins les plus anciens de la domestication du feu. Des quartz et silex brûlés ou chauffés ont été prélevés et seront utilisés pour effectuer des datations absolues (thermoluminescence). A cet effet, deux dosimètres ont été placés cette année. D'ores et déjà un essai de datation par les méthodes physico-chimiques permet d'avancer un âge compris entre 300000 et 400000 ans pour les niveaux les plus récents.

La stratigraphie du gisement se dévoile peu à peu mais une extension de la fouille au sud du couloir d'érosion reste indispensable pour préciser la puissance des sédiments et la - 22 -

position relative des plages anciennes ; des placages de galets ravinant un sol ancien ont été mis en évidence en contrebas de la zone fouillée. Ce sol repose sur un platier fossile ou la plage qui lui est associée. Si de l'industrie est effectivement rattachée à ces niveaux, on peut raisonnablement penser obtenir des datations au-delà de 400 000 ans

Les partenaires de l'Action thématique programmée ont apporté un soutien financier aux travaux analytiques de post-fouille : prospections, datations, analyse des sédiments, des charbons de bois, étude des vestiges archéologiques...

Un enrichissement des collections publiques finistériennes

A ce jour, plusieurs milliers de pièces taillées par l'homme préhistorique ont été recueillies. Leur caractère original et peu connu leur confère un intérêt muséographique notable.

' Après étude au laboratoire, ces témoins des plus anciens peuplements de l'Armorique seront déposés dans une collection publique du département.

Nécessité de poursuivre les travaux de terrain sur le site de Menez-Dregan

L'importance du gisement de Menez-Dregan nécessite la poursuite des fouilles durant plusieurs années encore. La nature des vestiges et leur abondance oblige à de multiples précautions (décapage avec de petits instruments, tamisages, enregistrement des données en continu, nombreux relevés planimétriques et stratigraphiques). Un matériel informatique (micro-ordinateur et programme spécial) a été acquis (financement A.T.P.) en vue de l'exploitation de ces données au laboratoire.

Proposition d'un programme triennal

L'établissement d'un programme triennal (1993 à 1995) de fouille programmée paraît la solution la mieux adaptée à la poursuite des recherches sur le site de Menez-Dregan.

Il est prévu la fouille exhaustive de l'habitat paléolithique, considéré comme un gisement-type du Colombanien, avec pour objectifs principaux de mettre au jour l'ensemble des structures d'habitat, de compléter et d'étudier la totalité des outils en pierre taillée, de mieux connaître la succession des couches et de préciser les datations en mettant en oeuvre plusieurs méthodes physico-chimiques, également de réaliser les analyses indispensables en matière de sédimentologie et de paléobotanique. - 23 -

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :

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MOLINES N., 1991 - Les industries à galets aménagés du littoral armoricain (Paléolithqiue inférieur). Etude typologique et morphométrique des choppers et des chopping-tools. Mém. Maîtrise, Histoire de l'Art, Université de Haute Bretagne, Rennes.

MOLINES N., 1992 - Les industries à galets aménagés du littoral armoricain (Paléolithique inférieur). Mise au point d'une méthode d'étude et application au gisement de Menez-Dregan 1 (Plouhinec, 29). Mém. D.E.A., Histoire de l'Art, Université de Haute Bretagne, Rennes.

MONNIER J.L., 1989 - Acheuléen et industries archaïques dans le Nord-Ouest de la France. Publications du CERP, sous presse.

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, . oueST- Ff&yjce Plouhmec Paléolithique Abandon temporaire des fouilles à la »ointe du Souch

La site de Menez Drégan et les archéologues sur le terrain. La Campagne de fouille de sep- pait la partie sud du gisement et tembre 92 vient de s'achever à la rongeait chaque année un peu plus pointe du Souch, elle reprendra en la base du remplissage. La partie 1993. Le gisement de Menez-Dre- du site fouillée jusqu'à présent de- gan (ou la pointe du Souch) appar- vait se situer en plein-air, à l'en- tient au groupe régional colomba- trée de |'abri, où les hommes pou- nien du domaine sud-armoricain: vaient se réfugier durant les La première campagne de fouil- intempéries. les a mis en évidence une strati- graphie riche et complexe. Menez- Déjà 2.200 pièces Dregan se situe comme un site clé pour la connaissance du paléolithi- cotées que inférieur du nord-ouest de la Environ 2.200 pièces lithiques France. Découvert en 1985 par ont été cotées au cours de la cam- Bernard Hallégouet, sur le littoral pagne 92, principalement un outil- sud du Cap-Sizun, au nord de la lage lourd sur galets, avec des baie d'Audierne, Menez-Dregan chopping-tools, des choppers, un correspond à une entaille marine outillage léger sur éclats en silex, ancienne de 7 à 8 m de largeur, de des denticulés, des racloirs. L'in- 15 m de longueur, s'avançant dustrie appartient au Poléolithique dans la falaise rocheuse. L'érosion inférieur de type colombanien, marine s'y attaquant un peu cha- que année, il fut décidée une pre- terme employé pour les industries mière campagne de fouilles en à Caractère archaïque. septembre 1991. Le site de Me- Ce gisement-clé permettra de nez-Dregan appartient à un en- mieux cerner la définition techni- semble d'habitats paléolithiques que et typologique du colomba- situés sur le littoral sud du Cap-Si- nien, de préciser les conditions zun, il s'agit d'un couloir d'abra- écologiques et paléo-climatiques sion marine menant à une grotte des habitants, d'obtenir des data- dont le toit s'est progressivement tions objectives d'intérêt, à la fois effondré. archéologique et géologique (l'âge La présence de ces blocs tom- des plages anciennes du littoral bés a retardé les effets de l'éro- sud-armoricain est très mal sion marine. Très souvent, ces fa- connu), etc. laises sont balayées par des Les scientifiques s'y emploient, houles longues de l'Atlantique, notamment le professeur Monnier, lors des tempêtes. de l'UPR 4023 du CNRS de l'Uni- La mer et son travail de sape a versité de Rennes I, directeur des dégagé tout le matériel qui occu- fouilles. - 25 -

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Site archéologique du Souch Reprise des fouilles après une année d'interruption

Treize bénévoles travaillent sur le site, pour la plupart des étu- Un carroyage métrique a été mis en place et servira d'une année diants en archéologie qui mènent un travail de recherche minutieux sur l'autre sur ce site vieux de 350.000 ans qui daterait du paléolithi- au pinceau, à la truelle, tamisant la terre enlevée. que inférieur.

Interrompues durant une année ancienne grotte marine comblée été cotés. Des analyses ont été Après chaque départ, le site est sur le terrain, les fouilles entrepri- par des sédiments. faites concernant la végétation, le comblé par du sable pour le pré- ses à la pointe du Souch ont repris charbon de bois provenant des server. Cette année, les archéolo- Le but des fouilles, en 92, est depuis une semaine et ce jusqu'au foyers est très présent sur le site. gues n'ont pas mis moins d'une de déterminer l'épaisseur des sédi- 27 septembre. Elles sont menées Ainsi, les chercheurs ont décou- semaine pour le dégager. Un car- ments. Les chercheurs, qui mè- par M. Jean-Laurent Monnier, di- vert un pépin de pomme recon- royage métrique a été mis en nent un travail excessivement mé- recteur du laboratoire d'anthropo- naissable au microscope... D'au- place, en prévision des prochaines ticuleux, usant du pinceau, de la logie du CNRS de Rennes, et son tres tests vont être réalisés, campagnes de fouilles. Ces fouil- truelle, tamisant la terre dégagée, adjoint, M. Hinguant, étudiant notamment en palynologie (étude les bénéficient du soutien du ont déjà découvert lors de la cam- chercheur à l'UPR 403 de Ren- des pollens fossiles). Ces tests Conseil général du Finistère, de la pagne de fouille précédente beau- nes I, avec la collaboration de permettent d'établir le type d'en- mairie de Plouhinec et du Musée coup d'outils sur silex, tels que, onze personnes, bénévoles, étu- vironnement de l'époque, la végé- de Penmarc'h. ' des denticulés, outils présentant diants, pour la plupart en archéo- tation. logie. de multiples encoches, sorte de scie qui servait à trancher. C'est un outillage très frustre, ce qui in- dique son ancienneté et, par la Ces fouilles vont permettre de même, la phase d'occupation de la comprendre l'histoire du gisement grotte. qui appartiendrait au Paléolithique inférieur. Ce site serait vieux de A cet outillage sur silex décou- 350.000 ans. Sont présents à la vert parles archéologues, s'ajoute pointe du Souch dés chercheurs l'outillage sur galet, appeler chop- venus de l'Institut de Paléontolo- per et choppingtool. Ce sont des gie humaine de Paris, qui seront à galets « travaillés » qui, selon même, après analyse, de confir- toute probabilité, étaient utilisés mer cette datation. Le site de la pour découper, déchirer, tran- pointe du Souch, rappelons-le, est cher... d'accès difficile, en surplomb de la mer, à même la falaise. Il présente En laboratoire, les chercheurs l'aspect d'une large excavation. ont établi durant l'année écoulée Simijaire au site de Saint-Colomb, le rapport de fouilles, accompagné dans le Morbihan (même époque, du dessin des principales couches même type d'industrie), la pointe archéologiques, le relevé de tous du Souch était probablement une les objets préhistoriques, qui ont