L’Algérie profonde / Centre

LAGHOUAT

“Taâm’’, rituel jalousement préservé à oued morra

Célébr ation du ‘’taâm ’’ par des cavali ers venus des région s limitro phes. ©D. R.

Le rendez-vous a suscité comme chaque année, un intérêt particulier.

À l’instar de la waâda célébrée dans plusieurs contrées des régions du sud du pays, Oued Morra, chef-lieu de la commune distante de quelque 90 km au nord-ouest de , a célébré, dernièrement, pendant deux jours, sa waâda, rituel appelé localement “taâm”. La manifestation s’est tenue dans le respect de la tradition du saint homme auquel elle est dédiée. Comme chaque année, fidèle à son habitude, cette waâda a drainé beaucoup de monde venu des tribus avoisinantes. Dans une ambiance particulière, notamment avec les chants psalmodiques des sages et le programme d'animation varié qu'on a concocté à cet effet, les visiteurs ont eu le loisir d’assister à la fantasia qui s’est déroulé jusqu'à la prière d’el-asr. La tradition se perpétue au mausolée El Abad Cherif situé sur une colline culminant à plus de 900 mètres d'altitude, qui accueille les visiteurs dans un brouhaha couvrant le meuglement des bœufs et le bêlement des moutons qu'on immole à l'occasion. Selon des autochtones, le taâm de Oued Morra concerne le aârch d’Ouled Ali Ben Amar, région habitée par des tribus berbères, qui vivent d’élevage et de culture vivrière. Le taâm a lieu chaque année en l’honneur de deux saints. Le premier jour pour Sidi Ameur et le deuxième pour Sidi Youcef. Des cavaliers viennent des régions environnantes (El-Bayadh, Tiaret, Souguer…). Par ailleurs, les Ouled Naïl étaient visiblement très peu représentés, car ce ne sont pas des cavaliers, nous indique-t-on. Malheureusement, les femmes de ces tribus ne sont pas admises sur cet espace. Leurs tâches se limitent à la préparation des repas et à aller au m'qam des marabouts en ces jours de fête, nous a-t-on indiqué. Cette rencontre est depuis longtemps favorable aux retrouvailles, à la réconciliation et aux tissages d’alliances entre les différentes tribus. La fantasia, art équestre où ces tribus excellent, était au programme. Nombreux sont ceux qui, selon une tradition séculaire, emmènent des offrandes telles que tapis, moutons à égorger en contribution à la fête ou tout simplement une somme d’argent que les mokadems utilisent pour servir des repas aux “aâber essabil’’. Il faut dire que toutes les tribus avoisinantes se sentent concernées par cette manifestation qui perpétue les traditions et contribuent à la maintenir. L’ouverture commence par une visite des cavaliers au marabout où chaque groupe donne la “ziyara’’. Suite à cela la fantasia peut commencer. Chaque groupe de cavaliers possède son chef et son poète qui déclame des vers pour louer sa tribu et encenser les cavaliers. Le chef se tient au milieu et est habillé de couleurs différentes du reste de la troupe. Ils portent tous des guenar, coiffe de la région de l’Atlas saharien. À Tiaret on l’appelle klah. Leur gandoura est faite d’un tissu de grande qualité, le tissor. Leurs bottes et chaussures sont fabriquées à Tlemcen. Quant à leurs chevaux barbes, ils sont couverts d’une badra pour la circonstance. Le rendez-vous a suscité, comme chaque année, un intérêt tout à fait particulier comme en témoigne l’afflux remarqué sur site. En effet, visiblement, le nombre des invités et participants dépasse deux mille personnes, totalement prises en charge par les donateurs et par la générosité et l’hospitalité propres aux gens du Sud. “Dans toute la région de l'Atlas saharien, ces manifestations existent encore’’, nous a-t-on indiqué. En effet, le week-end prochain ce sera à El-Beidha, puis . “Il n'y a pas de date annuelle fixe pour le taâm. Les dates sont décidées de commun accord avec les autres tribus car chaque village a son taâm”, selon des autochtones.

BOUHAMAM AREZKI