<<

Document generated on 09/23/2021 9:05 a.m.

Ciné-Bulles

Fils de pub 99 Francs de Jan Kounen Stéphane Defoy

Volume 26, Number 3, Summer 2008

URI: https://id.erudit.org/iderudit/33463ac

See table of contents

Publisher(s) Association des cinémas parallèles du Québec

ISSN 0820-8921 (print) 1923-3221 (digital)

Explore this journal

Cite this review Defoy, S. (2008). Review of [Fils de pub / 99 Francs de Jan Kounen]. Ciné-Bulles, 26(3), 58–59.

Tous droits réservés © Association des cinémas parallèles du Québec, 2008 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ CRITIQUES

res de l'aube) qui s'est désisté avant le dans Doberman. Bénéficiant d'un budget 99 Francs début du tournage. C'est finalement Jan considérable, 99 Francs est composé de de Jan Kounen Kounen (Doberman, ), unjeun e mouvements de caméras vertigineux (celui cinéaste issu du monde de lapublicité ,qu i qui sert d'entrée en matière est éblouis­ a mené le projet àterme .L'histoir e tourne sant) et de décors somptueux s'inscrivant Fils de pub autour d'Octave, un rédacteur publicitaire àmerveill e dans une mise en scène faisant ayant la cote qui, à la suite d'une rupture ressortir les excès de personnages haute­ amoureuse,décid e debrave r son employeur ment caricaturaux évoluant dans un monde STEPHANE DEFOY en tentant detorpille r une campagne publi­ complètement survolté.L e rythme des scè­ citaire qui rapporte gros à l'agence pour nes s'avère effréné et c'est pourquoi il est près l'immense succès obtenu par laquelle il travaille. pratiquement impossible detrouve r un seul le quatrième roman de Frédéric temps mort danscett e réjouissante compo­ A Beigbeder(prè sd e40 000 0exem ­ Le film reprend leto n sarcastique,le spro ­ sitionprofitan t d'un torrent d'effets visuels plaires vendus en France), il était prévi­ pos vitrioliques et l'humour corrosif du tape-à-l'oeil. Agissant comme un prince sible que 99 Francs fasse l'objet d'une livred eBeigbeder .Toutefois ,l efil m gagne arrogant et blasé de cette faune bigarrée, adaptation cinématographique. Les atten­ endémesur e cequ'i l perde ncritiqu e acerbe (Contre enquête, OSS 117) tes étaient grandes pour cette satire qui envers la société deconsommation , un des exulte dans ce personnage de publicitaire reproduit l'univers de laconceptio n publi­ points forts duroman .L econten u estcepen ­ doué, mais arrogant. Avec ses cheveux citaire en y exposant ses travers. La réali­ dant bien servipa r laréalisatio n de Kounen longs à la nuque et ses épaisses lunettes sation aét é confiée au départ à Antoin e de dont on reconnaît la facture cartoonesque noires, Dujardin emprunte les traits et le Caunes (Désaccord parfait, Les Morsu­ qui avait fait sa marque, en particulier styled e l'auteur du livre.L a ressemblance

99 Francs

58 . VOLUME 26 NUMÉRO 3 CINE3LH.LES est frappante et le réalisateur s'amuse avec ce concept en intercalant Beigbeder lui- même dans quelques passages du film.

En revanche, la surdose de cynisme qui émane du traitement narratif finit pardeve ­ nir lassante. En seconde moitié, la comé­ die satirique multiplie les coups d'épée dans l'eau et Kounen commence àavoi r la main lourde dans son dosage de l'excen­ tricité.Dè sce t instant, ilten d às'égare r de son sujet principal, le monde de la publi­ cité vu de l'intérieur, en suggérant deux conclusions, l'une pessimiste à souhait, l'autre s'ouvrant sur lavengeanc e d'Octave face à son employeur et à un important client. De plus, l'élément qui déclenche la descente aux enfers d'Octave, c'est-à-dire Cinémaerotiqu e de RomanPolanski ,u nde ssegment sd eChacu nso nciném a sa rupture amoureuse avec Sophie, la plus de Chacun son cinéma. Davantage qu'un belle employée de l'agence, est traité de Chacun son cinéma film, ce projet est fondamentalement une manière superficielle. Il est difficile pour Collectif collection de vignettes disparates et sou­ le spectateur de croire à l'impact majeur vent anecdotiques; en somme,u n exercice decett e fin derelatio n surl'existenc e d'Oc­ de style qui, même avec quelques perles, tave, un homme particulièrement volage. Trente-trois salles demeure profondément inégal.

Néanmoins, 99 Francs reste un divertis­ obscures DansChacu n son cinéma, le septième art sement intelligent aux propos sulfureux est tour à tour envisagé en tant qu'expé­ enrobés de trouvailles visuelles. L'univers ZOÉ PROTAT riencepersonnell e et,à l'opposé, selon une qu'il met en images demeure fascinant, perspective collective de rassemblement. exploré àl avitess e de l'éclair. Si lacharg e ucœu r descélébration s du 60 e an­ Dans le premier cas, les réalisateurs pri­ est parfois excessive,ell etouch e néanmoins niversaire du Festival de Cannes vilégient une approche intimiste, profon­ souvent sa cible avec un humour déca­ A en 2007,u n projet ambitieux ini­ de, voire presque onirique, et la vision de pant.Forc ees t d'admettre queJa n Kounen tié par son président,Gille sJaco b :l acom ­ l'écran de cinéma occupe une place de réussit le passage risqué du livre au film mande passée à 33 réalisateurs de créer choix. Dans le second cas, le regard de la car avec 99 Francs, il offre ce qu'on ne des petits courts métrages sur un thème caméra est davantage descriptif, à ten­ peut retrouver dans leroma n :un ecompo ­ simple : la salle de cinéma. La liste des dance naturaliste, l'image se concentrant sition visuelle personnalisée qui met l'ac­ réalisateurs convoqués pour cefilm collec ­ sur le spectateur dans la salle en scrutant cent sur les aspects factices du milieu de tif force le respect, car les noms les plus ses réactions et ses émotions. Les cinéas­ la création publicitaire. • célébrés du cinéma contemporain ont ac­ tes profitent également de leur tribune cepté de participer à l'aventure. Horizons pour citer explicitement leurs sources ou variés, générations et contrées différentes rendre hommage aux créateurs qui ontédi ­ 99 Francs (un bon nombre d'Américains, très peu de fié leur propre mémoired ucinéma .L aNou ­ Français,quelque s Européens,le snom squ i velle Vaguerevien t évidemment àplusieur s 35 mm / coul. / 99 min / 2007 / fict./ France comptent en Asie et un seul vétéran afri­ reprises, tout comme le cinéma muet bur­ Real. :Jan Kounen cain), voilà pour la variété.Le s conditions lesque,l e réalisme poétique français, l'âge Scén. :Nicola s Charlet et Bruno Lavaine de travail ont, par contre, été identiques d'or de la comédie musicale américaine Image :Davi d Ungaro pour tous : thème imposé, durée définie à ou les Italiens Antonioni et Fellini,celu i à Mus. :Jean-Jacque s Hertz et François Roy qui le film est d'ailleurs dédié. Mont. :Ann y Danche l'avance (trois minutes) et même budget. Prod. :Path é C'est évidemment cette liste impression­ Dist. :Équinox e Films nante de noms et l'addition de tous ces ta­ Lescourt s métrages les mieux réussispré ­ Int. :Jea n Dujardin, Jocelyn Quivrin, Patrick Mille, lents qui constituent le principal argument Vahina Giocanle sentent généralement une trame narrative

ONË3ULLES VOLUME 26 NUMÉRO 3 .59