LeMonde Job: WMQ1102--0001-0 WAS LMQ1102-1 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0416 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

a Au sommaire :

Arlette Farge, ACTIVE:LMQPAG:W Jacques Prévert, busy Rick Moody...

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56e ANNÉE – No 17121 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Les pirates Ce que la justice reproche à Roland Dumas du Net b Le procureur de la République demande le renvoi du président du Conseil constitutionnel ébranlent devant un tribunal pénal b Il affirme que M. Dumas « savait que les fonds dont il profitait avaient une origine frauduleuse » b Il souligne sa « volonté délibérée d’induire la justice en erreur » la nouvelle DANS un réquisitoire daté du correctionnel pour complicité et re- des « salaires et avantages injustifiés » que Roland Dumas savait que les mercredi 9 février, dont Le Monde cel d’abus de biens sociaux dans l’af- ainsi qu’une somme de 14 millions de fonds dont il profitait et que l’apparte- publie de larges extraits, le procureur faire Elf. Le parquet retient l’infrac- francs partiellement destinée à «fi- ment qu’il utilisait avaient une origine économie de la République de Paris, Jean- tion de complicité car il considère nancer l’achat de l’appartement de la frauduleuse ». Le parquet insiste éga- STUPEUR parmi les internautes. Pierre Dintilhac, demande le renvoi que M. Dumas a incité le groupe Elf à rue de Lille ». Il y ajoute l’infraction lement sur la « volonté délibérée de Tour à tour, les sites électroniques les de Roland Dumas devant le tribunal verser à Christine Deviers-Joncour de recel car « il est clairement établi Roland Dumas d’induire la justice en plus connus, de Yahoo ! à eBay, en erreur » : « De non-réponses en omis- passant par Amazon.com ou sions fautives et de demi-vérités en vé- E*Trade, ont été paralysés par des at- ritables mensonges, Roland Dumas a taques coordonnées. Ces assauts démontré tout au long de cette instruc- GALIAYEV/REUTERS NIKOLAY restent difficiles à parer. Aux Etats- tion une volonté délibérée de dissimu- TCHÉTCHÉNIE Unis, l’affaire mobilise le FBI, le mi- lation, accumulant parfois les contra- nistère de la justice ayant annoncé dictions en face des évidences qui lui Les camps que « le gouvernement mettra tout en sont signifiées », souligne le pro- œuvre pour débusquer les respon- cureur. de la terreur sables ». Les pirates de la Netécono- Président du Conseil constitution- mie ont ainsi révélé la vulnérabilité nel, Roland Dumas s’était mis en Tous les témoignages concordent : ce des entreprises symboles d’une nou- congé de la haute juridiction le sont des lieux de terreur, de torture, de velle économie triomphante : plus 23 mars 1999, invoquant la nécessité mort. Pour mater la population tché- elles sont présentes sur le Net, plus de « mettre l’institution à l’abri des tchène, les Russes ont, comme de elles sont exposées. Les experts amalgames trop faciles et trop nom- 1994 à 1996, ouvert des « camps de fil- tentent d’identifier les auteurs de ces breux ». Interrogés ce jeudi matin par tration » en Tchétchénie : on y dispa- attaques qui, fort discrets, ne res- Le Monde, plusieurs membres du semblent pas aux pirates classiques. Conseil pronostiquaient, sous le raît, on y meurt sous les coups. Des Certains évoquent déjà le début sceau de l’anonymat, que M. Dumas milliers de Tchétchènes seraient au- d’une guerre économique. ne démissionnerait pas. jourd’hui envoyés dans ce goulag cau- casien. Le Monde a recueilli un témoi- Lire page 18 Lire p. 10 et 11, notre document p. 16 gnage sur le camp de Tchernokozovo. et notre éditorial page 17 et la chronique de Pierre Georges p. 32 p. 2 Le budget 2000 15 milliards d’années après le Big Bang, « Little Bang » en labo POUR RESTER raisonnables, ils surnom- Big Bang, la matière était constituée d’une compare, sur de puissants ordinateurs, la réali- remis en chantier ment leur programme de recherche « Little « soupe » de quarks libres et de gluons (parti- té, mesurée par les détecteurs, avec une simu- Bang ». Mais les physiciens du CERN (Labora- cules servant de « colle » aux quarks), sorte de lation de la collision telle que les théoriciens CHRISTIAN SAUTTER, qui toire européen pour la physique des particules) gaz extrêmement chaud. Ce n’est qu’ensuite l’ont calculée. a a présenté, mercredi 9 février, pensent néanmoins avoir réussi à créer sur qu’ils se seraient combinés entre eux pour for- Les premières collisions d’ions plomb ont été les chiffres-clés du budget 1999, a leurs drôles de machines les conditions ré- mer la matière telle que nous la connaissons. réalisées au CERN fin 1994 sur le SPS (super- annoncé un projet de loi de finances gnant aux tout premiers instants du Big Bang Pendant longtemps, ce très fugace potage synchrotron à protons), un accélérateur sur le- THOMAS COEX/AFP rectificative. Ce « collectif » sera qui, selon la majorité des théoriciens, donna primordial est resté, pour les chercheurs, de quel furent installés sept détecteurs chargés de soumis au printemps au Parlement. naissance à l’univers il y a une quinzaine de l’ordre de la vision cosmique. Pour le repro- surveiller l’une des manifestations possibles de AUTRICHE Après le débat sur la « cagnotte » de milliards d’années. L’annonce officielle en a été duire en laboratoire, il leur fallait, en effet, des ce brouet cosmique. Après cinq ans d’observa- 1999 – 30,7 milliards d’excédent de faite jeudi 10 février au siège du CERN, à Ge- énergies largement hors de la portée de leurs tions, les chercheurs sont convaincus qu’une M. Chirac recettes selon l’ultime chiffre offi- nève. accélérateurs. Pour y parvenir quand même, minuscule cuillerée de soupe primordiale est ciel –, un autre commence portant L’histoire commence en 1964. Pour expliquer les physiciens du CERN se sont appuyés sur le bien apparue un bref instant (dix millionièmes contre M. Haider sur l’affectation des dividendes de la les propriétés de certaines particules principe bien connu selon lequel, à vitesse de milliardième de milliardième de seconde) croissance en 2000. Le premier en- complexes comme les neutrons et les protons, égale, un pavé est beaucoup plus « énergé- dans leurs machines. Pour la première fois de- Chef d’une coalition de droite et d’ex- jeu portera sur le niveau du déficit qui constituent le noyau des atomes, les physi- tique » qu’un gravillon. Ils ont fait se ren- puis quinze milliards d’années ! Reste, désor- trême droite, le chancelier Wolfang budgétaire, que le ministre des fi- ciens Murray Gell-Mann et George Zweig ima- contrer non plus des petites particules, mais mais, à explorer ce « territoire entièrement nou- nances voudrait de nouveau abais- ginent qu’elles sont elles-mêmes composées de d’« énormes » noyaux d’atomes de plomb. veau » de la physique, selon les termes du Schüssel est intervenu au Parlement de ser. Le second volet portera sur la ré- l’agglomération d’autres « grains » élémen- L’idée peut paraître simple, mais elle est diffi- directeur général du CERN. Cela devrait être Vienne pour assurer que l’Autriche res- forme de la taxe d’habitation, qui taires de matière : les quarks. Cette intuition cile à exploiter : ces « ions plomb » ne possible sur le grand collisionneur de Brookha- terait « une démocratie stable ». A Pa- entrera en vigueur dès cet automne. géniale a pu être vérifiée par l’expérience : comportent pas moins de 208 protons et neu- ven (Etats-Unis) et, à partir de 2005, sur les ris, Jacques Chirac a réaffirmé que Deux thèses s’affrontent : un simple sixième et dernier de la famille, le quark « top » trons chacun, et leur collision produit une nouvelles installations du CERN. allègement ou une suppression pro- fut mis en évidence en 1995. Mais, sans at- gerbe de particules particulièrement « touf- l’Autriche s’était placée « en situation gressive de cet impôt. tendre, les théoriciens avaient exploré toutes fue ». Or le seul moyen d’étudier ces « événe- Jean-Paul Dufour de rupture » par rapport aux valeurs les implications de cette théorie. L’une d’elles ments » est, précisément, l’analyse des carac- qui forment « le socle de l’Union euro- Lire pages 6 et 7 veut que, dix millionièmes de seconde après le téristiques des particules qu’ils produisent : on Lire nos autres informations scientifiques p. 24 péenne ». p. 4 Un légionnaire Le capitalisme sous la Coupole à visage gluant

LA TONALITÉ et l’ampleur de la ment pour effet, en particulier en manifestation de Nantes, samedi France, de tempérer un capitalisme 5 février, l’ont confirmé de façon soucieux de présenter un visage at- éclatante : pour nombre de Français, trayant afin de prouver la supériorité le capitalisme a aujourd’hui le visage des démocraties occidentales : en gluant de la marée noire. Pour eux, matière, évidemment, de libertés po- comme pour Jacques Chirac qui l’a litiques, de niveau de vie ou de per- dit sans détour, le 20 janvier au Croi- formances économiques, mais aussi sic, la « recherche effrénée du profit » de justice et d’égalité sociales. Avec est bien la cause première de la catas- des ouvriers représentant une masse PIERRE MESSMER trophe. Cette nouvelle atteinte à importante, un Parti communiste GAULLISTE de toujours, l’image du capitalisme intervient qui, grâce à cette masse, capte en- D’HISTOIRE CONTEMPORAINE MUSÉE combattant exemplaire, de la alors que l’enthousiasme suscité, core 22,51 % de l’électorat aux légis- GRAPHISME France libre à la Légion, de dans les années 80, par les thèses li- latives de 1967 ou 21,25 % à celles de l’Afrique à la Défense puis à Ma- bérales a fait place, chez de nom- 1973, une CGT surpuissante, des in- La guerre tignon, Pierre Messmer, en lecteur breux salariés, à un sentiment de dé- tellectuels fascinés par le marxisme, de Péguy, aura été un homme de sillusion et de scepticisme. mieux vaut éviter de donner des des signes devoir. Jeudi 10 février, il est reçu à Cela contribue sans doute à expli- armes à la propagande de l’Est et à « Signes de la collaboration et de la Ré- l’Académie française, au fauteuil quer un climat social toujours mar- ses relais supposés à l’Ouest. de Maurice Schumann. qué par la crainte du chômage et des L’inamovible majorité gaulliste re- sistance » se visite à Strasbourg jus- licenciements, mais aussi par une fuse obstinément d’endosser l’éti- qu’au 11 mars. Conçue par l’Ecole su- Lire page 15 et les discours de réception tension à fleur de peau, où la quette de « droite », comme d’ad- périeure des arts décoratifs, cette dans «Le Monde des livres» moindre revendication localisée, en mettre que la gauche ait le monopole exposition confronte affiches de pro- termes de temps de travail ou de sa- du progrès social. Chez les prévision- pagande de Vichy (photo) et ripostes Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; laire, débouche sur des mouvements nistes, souvent de gauche, du minis- graphiques de la Résistance. p. 27 Côte-d’Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; de grève ponctuels, par exemple tère des finances, le keynésianisme Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bre- tagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; dans les transports, publics aussi règne sans partage. C’est l’heure de International ...... 2 Tableau de bord ...... 21 Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; bien que privés. Tout se passe gloire de la planification « à la fran- Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; France ...... 6 Aujourd’hui...... 24 Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; comme si les mutations structurelles çaise », où certains économistes Société...... 10 Météorologie, jeux .. 26 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. du capitalisme français s’accompa- voient une alternative de gauche au Régions ...... 12 Culture ...... 27 gnaient de changements d’image socialisme bureaucratique de l’Est. Carnet...... 14 Guide culturel...... 29 successifs. Horizons ...... 15 Kiosque...... 30 A partir de l’après-guerre, et pen- Jean-Louis Andreani Entreprises ...... 18 Abonnements...... 30 dant près de trente ans, le poids du Communication ...... 20 Radio-Télévision ...... 31 bloc de l’Est en Europe a eu notam- Lire la suite page 17 LeMonde Job: WMQ1102--0002-0 WAS LMQ1102-2 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 22Fap: 100 No: 0418 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000

CAUCASE Les Russes ont installé soupçonnés d’avoir pris les armes russe d’un de ces camps, celui de personnes. Mais des hommes soup- journaliste russe Andreï Babitski dont des « camps de filtration » en Tché- contre l’armée de Moscou, y sont re- Tchernokosovo, confirme leur exis- çonnés d’être des « boeviki » le sort demeure des plus incertains, tchénie comme lors de la guerre de tenus et torturés, selon les témoi- tence et les tortures qu’on y pra- [combattants], ne sont que sept. Ils rappelle les pratiques des temps stali- 1994-1996. Les combattants tché- gnages recueillis par notre envoyée tique. « On les amène ici chaque jour sont déjà des demi-cadavres », ra- niens : rapts, déstabilisation, vidéos tchènes prisonniers, ou ceux qui sont spéciale. b UNE LETTRE d’un soldat en grand nombre. Il y a jusqu’à 700 conte le soldat. b LA DISPARITION du truquées et montages grossiers . Tchétchénie : la torture quotidienne dans les « camps de filtration » L’existence de ces camps est confirmée par de nombreux témoignages indirects. Les militaires y battent et mutilent les « terroristes » tchétchènes prisonniers, qui sont, pour la plupart, des civils raflés. Certains, morts ou vivants, sont revendus par leurs geôliers aux familles NAZRAN (Ingouchie) se rendre ensemble à Tchernokozo- Un système de répression Le « problème » de la surpopula- « pas trop » souffert durant ses de notre envoyée spéciale vo, le 26 janvier, pour réclamer des tion des camps, c’est-à-dire le vingt-quatre heures passées dans « Nous n’avons toujours pas de té- nouvelles de leurs fils, frères ou pa- RUSSIE manque de bras et d’espace pour une cave, mais, parmi ses trois co- moignages directs sur des camps de rents. Trois d’entre elles, ren- cogner, serait en voie de solution : détenus, l’un fut amené cette nuit- filtration, mais c’est peu étonnant », contrées à Nazran, ont expliqué d’autres camps, notamment à Chali là ensanglanté, les muscles des bras Mozdok Naour qu’elles furent empêchées par des et près de Tolstoï-Iourt, sont en et des pieds profondément X X Tchernokosovo véhicules blindés d’aller au centre RÉP. DE construction. Alors que l’ancien, ce- tailladés, l’autre avait subi ailleurs REPORTAGE Te de la localité troubler le chef de la KABARDINO- rek lui de Mozdok, près de la grande des tortures à l’électricité, plongé On entend des plaintes BALKARIE INGOUCHIE « kommendatura », l’autorité mili- Tolstoï-Iourt X Goudermès base militaire en Ossétie voisine, dans l’eau. Magomed ne veut pas comme un bruit taire suprême, installée là comme Te n’est pas oublié pour autant. «Le donner son nom de famille car on re NAZRAN Argoun de fond, et souvent dans chacune des « zones libérées ». k GROZNY DAGHESTAN 6 février, il comptait 2 680 détenus, lui a dit, en le relâchant : « Si tu ra- Mais elles purent approcher du X Chali installés non pas dans l’ancien camp contes quoi que ce soit, on saura te des cris terribles camp, et une infirmière, Liza, en fut Ourous- de filtration, mais dans un grand trou retrouver. » VLADIKAVKAZ Martan libérée juste à ce moment-là. Elle Chatoï creusé près du cimetière », affirme assure Alexandre Petrov, qui inter- avait été arrêtée deux semaines OSSÉTIE RUSSIE Mate Tsikhesachvili, un représen- DU NORD Barzoï « L’ÂME CASSÉE »

roge depuis trois mois, pour l’orga- plus tôt avec un groupe de blessés, n tant du gouvernement tchétchène Il sait aussi que la pratique de Itoum-Kala u nisation humanitaire Human Rights dont son frère, qu’elle évacuait de o présent à Nazran. Les généraux l’opouskanie, mot connu de tous et rg Watch, les Tchétchènes qui se sont Grozny en bus, avec une autre infir- A prévoient de construire un vrai venu tout droit du goulag pour dé- 15 km réfugiés en Ingouchie quand la mière. Au poste de contrôle, tout GÉORGIE camp pour dégager les caves des signer la sodomisation imposée par frontière leur était entrouverte. Car blessé étant soupçonné d’avoir été TCHÉTCHÉNIE kommendatura – dans chacune des les matons, est devenue systéma- le doute n’est plus permis : non seu- boievik (« combattant »), ils ont été X CAMPS DE FILTRATION EXISTANTSX EN CONSTRUCTION « zones » d’occupation militaire de tique dans les mœurs des camps de lement ces filtratsionye lageri envoyés au camp. Les sept plus la Tchétchénie. Elles sont conçues filtration tchétchènes, alors qu’elle existent, mais le fait qu’aucune per- jeunes ont été sévèrement battus. pour être largement autonomes n’était qu’occasionnelle lors du sonne à en être sortie récemment En sortant, quinze jours plus tard, Fatima, une des femmes qui s’est état d’urgence n’est en vigueur), ré- afin de faciliter le contrôle sur la conflit précédent. Il a entendu que n’accepte d’en parler témoigne seu- Liza a dit ne rien savoir de leur sort, rendue sur place, raconte : « A une pondent, debout dans la neige à population, interdite de déplace- les soldats donnent à chaque déte- lement de la force de la terreur ni pourquoi elle seule a été relâ- quinzaine de mètres d’une des en- Mozdok, aux questions d’invités. ment d’une zone à l’autre sans au- nu un nom de femme et les qu’ils inspirent, explique-t-il. chée. Mais la surpopulation, aurait- ceintes du camp, il y a un marché. « Quels critères permettent de distin- torisation spéciale (et la corruption, convoquent ainsi à tour de rôle, et Déjà durant la guerre de 1994- elle assuré, fait que les détenus, ins- Les mères et les sœurs des détenus guer un civil d’un combattant ? » au plus grand profit de « roitelets » qu’ils sont capables de tuer sur 1996, c’est dans de tels camps que tallés à même le sol en béton par un travaillent pour pouvoir rester sur « On les reconnaît aux doigts et aux indépendants). place celui qui ne répond pas im- des milliers de Tchétchènes ont dis- froid intense, sont moins frappés place. Or on entend de là des plaintes bleus que donne l’usage des armes », « C’était comme ça au Kazakh- médiatement. Magomed pense que paru ou sont devenus invalides. qu’au début, quand chacun, comme un bruit de fond, et souvent dit l’un. « Le critère principal aux stan, pendant notre déportation » c’est le résultat d’un plan machiavé- « En 1995 et 1996, plus de 400 jeunes homme et femme, était « traité » la des cris terribles. Les soldats disent postes de contrôle, c’est l’odeur et [sous Staline], relève Magomed, re- lique élaboré par ceux qui prépa- de mon village, Samachki, passés par nuit par des matons saouls. aux femmes: “Ecoutez donc vos l’aspect, on reconnaît tout de suite croquevillé dans le wagon de train raient, depuis trois ans, la guerre de les camps en sont ressortis vivants. loups hurler.” Elles ne comprennent qui est un boievik, qui est un indic, qui depuis trois mois, en Ingouchie, revanche contre les Tchétchènes. Quand la guerre a recommencé en « TROP VU ET TROP ENTENDU » pas pourquoi aucun journaliste c’est notre travail spécial », dit lui sert de maison ainsi qu’à sa « Ils savent qu’on peut supporter les septembre, ce sont avant tout ceux-là Les femmes de Kalininskaïa n’ont étranger n’est jamais venu à Tcher- l’autre. femme et à ses trois enfants. Lui n’a bombes, les tirs, la mort, mais ça, qui ont rejoint les combattants, par donc reçu aucune nouvelle des dé- nokozovo. Je leur dis qu’ils n’ont pas cette affaire terrible, on en sort l’âme peur de se faire reprendre s’ils res- tenus de leur région, tels Zoura Bi- le droit d’entrer, même en Tchétché- cassée », dit-il. taient chez eux à ne rien faire », dit tieva, coupable d’avoir participé à nie. Et Babitski, qui l’a fait, s’est re- Rachat et échange d’« otages » L’ancien dissident Andreï Miro- un membre tchétchène de Mémo- une « marche de la paix » en 1996, trouvé à l’intérieur du camp. C’est nov n’en est pas totalement rial, organisation russe de défense arrêtée avec son fils malade, Idriss, peut-être pour ça qu’on ne le laisse La pratique du rachat des détenus, vivants ou morts, éventuellement convaincu : « En octobre, de grands des droits de l’homme. Le choix de ou Nikolaï Salamatine, un jeune plus partir, il pourrait en avoir trop assorti d’échange contre des Russes prisonniers des Tchétchènes, a été contingents de la Gouin [direction ces jeunes était judicieux, si l’on en Russe accusé d’avoir « surveillé les vu et entendu. » l’une des grandes raisons du « succès » des camps de filtration lors de principale des peines de redresse- croit le soldat anonyme dont la hélicoptères pour informer les boievi- Pendant qu’elle parle, la télévi- la précédente guerre de Tchétchénie (1994-1996). Inaugurée par l’ar- ment] ont été envoyés de Sibérie en lettre a été remise au Monde (lire ci- ki ». Elles ont su par contre que sion dans la chambre montre, sur la mée russe, elle fut à l’origine du développement des enlèvements par Tchétchénie. Or ces gens-là, matons dessous). Nourdi Eldarov, chef de la police du chaîne privée NTV, une des seules les Tchétchènes, dont le nombre n’a jamais égalé celui des « otages » et militaires des camps, ne savent pas Depuis deux semaines, des té- district de Naour depuis 1995, nom- émissions russes diffusées presque tchétchènes pris, torturés et tués dans les camps russes. Concernant faire autre chose, alors que le Krem- moignages, indirects et provenant mé là pourtant par l’administration en direct. Les généraux Kazantsev les prix pratiqués aujourd’hui dans le camp de filtration de Tchernoko- lin pense que sa seule petite chance des victimes, commencent à sortir pro-russe de l’époque, est mort (pour l’armée) et Goloubev (pour zovo, on parle de 5 000 à 13 000 roubles (de 1 000 à 2 600 francs). Adam de soumettre les Tchétchènes est de sur le camp de Tchernokozovo dé- sous les coups, les mains et la co- les forces du ministère de l’inté- Magamedov, un simple villageois de vingt-sept ans, a été racheté pour pratiquer contre eux à nouveau une crit par ce soldat. Une soixantaine lonne vertébrale cassées. Parce que rieur), qui dirigent l’« opération an- 8 000 roubles, avec les reins malades et des côtes cassées. Il ne veut ra- répression stalinienne. » de femmes, venues surtout du dis- ses parents ont pu racheter son titerroriste » menée en Tchétchénie conter son calvaire à personne. Des sommes bien plus imposantes se- trict voisin de Kalininskaïa, ont osé corps. (le mot guerre est récusé, aucun raient exigées pour les détenus de familles riches. – (Corresp.) Sophie Shihab « Les cris des hommes à qui l’on casse tout ce qu’on peut casser » LA LETTRE que nous publions ci-dessous a disent les «fédéraux» (soldats russes) des ré- je pense que le fait de savoir ce qui se passe par exemple sorti de chez lui pour fumer ki » [combattants] ne sont que sept. Ils sont été rédigée par un soldat russe du « camp de gions qu’ils occupent. Le camp de Tchernoko- et ne rien faire du tout, c’est vraiment crimi- après 18 heures déjà des demi-cadavres. C’est ce qu’ils mé- filtration » de Tchernokozovo. Ecrite avec une zovo se trouve dans l’une ces régions, à l’est de nel. 5 – découverte dans une maison d’une ritent, je ne les plains pas. Deux ont déjà été grande spontanéité, dans un style populaire et Naour, au nord du fleuve Terek. Ici, ce que nous faisons à ces gens, je dis tente militaire, d’un ceinturon, etc. On dit zigouillés. souvent décousu, sur une double page d’éco- Selon ce soldat, l’erreur des Tchétchènes « nous » parce que je fais partie des bour- alors qu’est-ce que c’est, d’où ça vient, J’ai du mal à décrire ces façons exotiques lier, elle a été remise au « normaux » qui peuplent le camp de Tcher- reaux, même si je suis un simple soldat, et quand ? de casser l’être humain, de transformer Monde, mercredi 9 fé- nokozovo où il est en service, c’est-à-dire les tout ce que je peux faire pour les aider, c’est Ici, ils sont littéralement massacrés. Il faut l’homme en animal. Je termine cette lettre, vrier, par un intermé- non-combattants, a été de ne pas avoir rejoint écrire. Avant de venir ici, on m’avait tou- entendre leurs cris, ces cris d’hommes forts mais j’aimerais, s’il y a dans ce monde une diaire à Nazran (Ingou- les rangs des boeviki (combattants). Il ajoute jours dit qu’ils sont tous des ennemis et des à qui l’on casse tout ce qu’on peut casser. force capable de faire quelque chose, aidez chie). Dans une maison aussitôt, contradictoirement, que ces derniers criminels, mais en fait, ce sont des gens nor- Certains se font sodomiser, ou bien on les ces gens. visitée par pur hasard, ne lui sont pas du tout sympathiques : les sept maux. Ils se retrouvent ici pour les raisons oblige à le faire entre eux. S’il y a un enfer, il Je suis déçu par mon gouvernement. nous avons rencontré malheureux détenus soupçonnés d’en être suivantes : est ici. A mon avis, leur faute, c’est qu’ils ne C’est du mensonge, de la tricherie, de l’hy- une femme tchétchène, n’ont que ce qu’ils méritent, affirme-t-il sans 1 – passeport non ré-enregistré sont pas partis se battre contre nous. Eh pocrisie. Bon, je termine. Je ne sais pas bien arrivée trois jours plus tôt s’étendre. 2 – absence de passeport, or ici, on ne dé- oui, il y avait ici, pendant quelques jours, ce écrire, après tout. avec ce message dont elle ne savait que faire. « Je ne sais pas qui lira cette lettre, mais livre pas de passeports depuis 1996, les gars journaliste, ce Babitski. On n’a pas été jus- Je ne donne pas mon nom, pour des rai- Il lui fut remis, dit-elle, par un cousin qui avait j’aimerais qu’elle puisse aider d’une ma- de 17, 18 ou 19 ans ne peuvent donc pas en qu’à le sodomiser, mais il a été vraiment co- sons évidentes. su gagner la confiance du militaire « dis- nière ou d’une autre ces gens dont on dit avoir gné et humilié, ses lunettes volaient, le Le 3/02/2000 sident ». Les occasions de fraternisations in- qu’ils sont soi-disant des « boeviki » [des 3 – passeport enregistré dans un autre vil- pauvre. Localité de Naur [nord de la Tchétchénie] dividuelles ne manquent pas entre Russes et combattants]. Moi-même, je suis ici pour lage, si un gars est arrêté pendant une visite On les amène ici chaque jour en grand Tchernokozovo Tchétchènes, que ce soit dans les caves de être sûr de toucher mes indemnités journa- dans un village voisin nombre. Il y a jusqu’à 700 personnes. Mais ITK [soit ispravitelnaïa troudovaïa kolon- Grozny ou en territoire « libéré », comme lières. Mais j’ai décidé de vous informer car 4 – violation du couvre-feu, si un gars est des hommes soupçonnés d’être des « boevi- na : camp de rééducation par le travail] » L’affaire Babitski illustre la nature du nouveau pouvoir en Russie LA DISPARITION du journa- liance entre la police politique et liste a été échangé, « de son plein sécurité et la coopération en Eu- pliquer l’affaire depuis les alcôves aux mains d’hommes armés et mas- liste russe Andreï Babitski, arrêté l’armée renoue sans complexe gré », contre deux soldats russes à rope (OSCE) sur le sort du journa- du Kremlin. « Désormais, Babitski qués. Quel genre d’Etat est-ce ? », le 16 janvier par les forces fédé- avec les vieilles méthodes. des « commandants tchétchènes », liste et aurait été tourné le 6. Or le va avoir peur, il va enfin interroge aujourd’hui Savik rales en Tchétchénie et qui n’a pas Rapt, déstabilisation, vidéos tru- qui n’existent pas. L’un est décédé 7 février, Andreï Babitski est aper- comprendre où il a mis les pieds ! », Chouster, le chef du bureau mos- réapparu depuis, est inquiétante à quées et montages grossiers : « le une semaine auparavant, l’autre, çu à Ourous-Martan aux mains de aurait-il lâché. Mais le comble du covite de Radio-Svoboda. Plus lar- cas Babitski » contient tous les in- titulaire d’un nom ouzbek (Khod- la tchétchène pro-russe de cynisme est atteint le 7 février, gement, on est en droit de s’inter- ANALYSE grédients qui firent, jadis, la gloire jaev), est inconnu au bataillon. Beslan Gantemirov. lorsque le parquet russe – dont on roger sur le degré d’implication de la maison KGB. Interpellé le Pour étayer les dires du Kremlin, nous a précédemment expliqué des « organes » dans les diffé- Sa disparition confirme 16 janvier à la sortie de Grozny se- des cassettes vidéo – grossière- LE COMBLE DU CYNISME qu’il avait supervisé rentes affaires criminelles mises, la facilité avec laquelle lon des témoins, dix jours se ment truquées – sont exhibées. Au sommet, la cacophonie est l’« échange » – convoque Andreï ces dernières années, sur le Moscou bafoue passent avant que les autorités Sur l’une, les coupes sont fla- totale : le très policé Sergueï Iastr- Babitski pour interrogatoire, le compte des « bandits tché- russes n’avouent, du bout des grantes et le « Tchétchène » mas- jembski affirme que « tout est fait menaçant d’arrestation en cas de tchènes ». Selon plusieurs sources les droits de la guerre lèvres, que le journaliste est déte- qué qui récupère Babitski en le ti- pour retrouver la trace de Babitski » non-comparution. proches du président tchétchène nu au « camp de filtration » de rant par le bras a plutôt l’air d’un deux jours après avoir annonçé Le cynisme manifesté par le Aslan Maskhadov, dont un député, plus d’un titre. Tout d’abord, elle Tchernokozovo au nord de la membre des forces spéciales l’avoir remis à la partie tchétchène. pouvoir dans le cas Babitski se re- « l’assassinat à l’arme blanche de sonne le glas de la liberté de parole Tchétchénie. Peu après que Made- russes ; de plus, il est pris en plan Dans le même temps, le chef des trouve ailleurs. La presse s’est fait six membres du CICR (Comité in- en Russie, un des rares acquis de la leine Albright, la secrétaire du dé- large. L’autre cassette, vendue services (FSB, successeur du KGB), l’écho, ces derniers temps, de té- ternational de la Croix-Rouge), en période eltsinienne. Ensuite, elle partement d’Etat américain, eut 300 dollars à la rédaction de Ra- Nikolaï Patrouchev, explique que moignages de mères de soldats 1996, à Novye Atagui, juste après confirme la facilité avec laquelle quitté Moscou, où elle s’était en- dio-Svoboda (employeur du jour- Babitski est « vivant » mais, pré- tués en Tchétchénie mais dont le que le général Lebed eut conclu la Moscou bafoue les droits de la quise du sort du reporter auprès naliste) par deux hommes, dont cise-t-il, « ça n’est pas à nous qu’il corps n’a pas pu être ramassé. Ces paix, a été, selon une enquête dili- guerre. Surtout, elle ne laisse plus de Vladimir Poutine, la libération l’un, en uniforme du ministère faut le demander ». « C’est une af- femmes relatent avoir reçu de la gentée depuis Grozny, commandité aucun doute sur la nature du nou- de Babitski, explique-t-on en haut russe de l’intérieur (MVD), répond faire privée », prétend le chef de la hiérarchie militaire une lettre leur par un Tchétchène pro-russe, colo- veau pouvoir, propulsé à la tête du lieu, n’est plus qu’une question de au prénom caucasien de Maerbek, diplomatie russe, Igor Ivanov. Se- annonçant que leur fils, porté dé- nel du FSB, lequel coule des jours pays à la faveur du conflit tché- jour. Le lendemain, changement sent tout autant la manipulation. lon Radio-Svoboda, Vladimir Pou- serteur, sera immanquablement tranquilles à Moscou, avec la béné- tchène et de l’abdication d’un tsar de décor : le chargé de communi- Ce « document » apparaît deux tine aurait, vendredi 4 février, poursuivi par la justice... diction des organes » de sécurité. finissant. Neuf ans après le putsch cation du Kremlin, Sergueï Iastr- heures après les protestations convoqué sept rédacteurs en chef « Imaginez un Etat qui capture avorté d’août 1991, la nouvelle al- jembski, annonce que le journa- émises par l’Organisation pour la de grands journaux pour leur ex- ses propres citoyens pour les livrer Marie Jégo LeMonde Job: WMQ1102--0003-0 WAS LMQ1102-3 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0419 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 3

Le chef de l’administration du pays de Galles Le PKK abandonne est contraint à la démission la lutte armée Une humiliation pour Tony Blair, qui avait imposé cet homme peu populaire chez les travaillistes L’organisation séparatiste kurde de Turquie Victime d’une motion de défiance majoritaire- pays de Galles a dû remettre sa démission. Il favori des militants comme des sondages, mais dont le chef, Abdullah Öcalan, est condamné ment votée par les soixante élus de l’Assemblée, avait été imposé à la tête du parti travailliste lo- jugé hors de la ligne de la troisième voie par le le premier secrétaire du « gouvernement » du cal par Tony Blair aux dépens de Rhodri Morgan, premier ministre britannique. à mort, se présente désormais en parti politique LONDRES blairiste, son challenger, Rhodri tants de base. La même méthode, ros), 1,2 milliard de livres supplé- ISTANBUL tionaliste qui avait suivi son arres- de notre correspondant Morgan, a remplacé son rival à la que Tony Blair s’était pourtant en- mentaires pour satisfaire aux cri- de notre correspondante tation. Le fait que le dirigeant Grosse humiliation pour Tony tête de l’administration, un vote gagé à faire disparaître avant son tères européens d’aide aux régions A l’issue de son septième ultra-nationaliste Devlet Bahçeli Blair, premier gros couac pour la définitif du parti devant intervenir élection, sera utilisée la semaine les moins développées du Vieux congrès, tenu secrètement dans les accepte désormais de surseoir à décentralisation qu’il a conduite. mardi 15. S’il gagne, ce qui est pro- prochaine à Londres pour barrer la Continent. En clair : pas de fonds montagnes du Kurdistan iranien ou l’exécution d’Öcalan, malgré la La démission forcée, mercredi bable, Tony Blair va devoir route d’un candidat travailliste à la européens si le gouvernement irakien, le conseil présidentiel du pression des supporters de son 9 février à Cardiff, d’Alun Michael, composer avec un homme qu’il mairie que le premier ministre dé- central ne débourse pas au moins PKK, instance dirigeante du Parti parti et, en particulier, des familles le chef travailliste de la nouvelle avait combattu bec et ongles. Mer- teste pour son franc-parler et ses une somme équivalente à l’aide al- des travailleurs du Kurdistan de- des soldats tombés au combat, il- administration galloise décentrali- credi soir, le premier ministre a dû tendances « vieille gauche », Ken louée. Le pays de Galles, que le puis la capture le 15 février 1999 de lustre l’évolution de la situation. sée, constitue un double et sérieux « manger son chapeau » et publier Livingstone, lui aussi grand favori premier ministre s’était engagé «à son leader historique Abdullah Car si le désir de revanche de- revers pour le premier ministre un communiqué louant « la loyau- des sondages. Mercredi aux ne pas abandonner » lors de la Öcalan, a annoncé que les rebelles meure, le PKK, à bout de souffle, britannique. Victime d’une motion té » de l’ex-brebis galeuse. Communes, les conservateurs s’en campagne d’Alun Michael, et où kurdes ont officiellement décidé de n’est plus considéré comme une de défiance majoritairement votée sont donné à cœur joie sur «les les nationalistes du Plaid Cymru mettre fin au conflit armé qui, de- menace sérieuse. Le premier mi- par les soixante élus de l’Assem- DÉMOCRATIE INTERNE BIAISÉE multiples choix malheureux » de sont en pleine croissance, est en puis 1984, a fait plus de nistre, Bülent Ecevit, a néanmoins blée, le premier secrétaire du Grand favori des militants Tony Blair. effervescence. Dans le Parti tra- 37 000 morts (kurdes pour la plu- conseillé récemment à Öcalan de se « gouvernement » local, un comme des sondages dans les val- Directement liée à un manque vailliste, à l’échelon national mais part) et plus de deux millions de taire, faute de quoi la procédure homme impopulaire dès avant la lées du pays de Galles dès avant de soutien du gouvernement notamment en Ecosse qui bénéfi- déplacés au Kurdistan turc. menant à son exécution serait re- formation du premier exécutif gal- les élections de mai 1999, Rhodri « central » de Londres, la démis- cie aussi d’une administration se- « Notre congrès a confirmé la dé- mise en route. Les déclarations, lois semi-autonome, en mai 1999, Morgan avait perdu la bataille de sion d’Alun Michael a été provo- mi-autonome, beaucoup cision du chef du parti de cesser la fréquentes, du rebelle kurde, trans- avait été imposé à la hussarde à la la nomination travailliste à cause quée par le refus de Gordon commencent à se poser des ques- lutte armée », a indiqué mercredi mises par ses avocats, provoquent tête du Parti travailliste local par d’une méthode de désignation in- Brown, le chancelier de tions sur les bénéfices et les désa- 9 février un communiqué du PKK, encore de fortes réactions. Le mi- Tony Blair en personne. terne fort peu démocratique qui l’Echiquier, de s’engager à donner vantages comparés de la décentra- confirmant les multiples appels à la nistre de la justice a même menacé Jugé d’esprit trop indépendant donne, en substance, au vote des au pays de Galles, qui bénéficie lisation menée par M. Blair... paix lancés par Abdullah Öcalan, d’imposer de fortes amendes, voire et imprévisible par rapport à la barons travaillistes syndicalistes d’un budget annuel de 12 milliards condamné à mort pour trahison en des peines de prison jusqu’à cinq « ligne » de la « troisième voie » un poids supérieur à celui des mili- de livres (près de 20 milliards d’eu- Patrice Claude juin 1999, depuis l’îlot-prison d’Im- ans, aux membres de médias qui rali où il est détenu. Le PKK veux « aident une organisation terro- changer son image et se présente riste » en relayant ses déclarations désormais comme une organisa- politiques. Gibraltar vote, sous l’œil mauvais de Madrid tion politique luttant pour les droits des Kurdes dans le cadre du ANKARA INTRAITABLE GIBRALTAR souche » depuis « plus de trois générations ». raison de la contrebande de tabac, menée de système démocratique. Il a ainsi Quinze ans de combat, une ré- de notre envoyée spéciale Et de poursuivre : « Caruana est favori dans façon intensive à ses dépens par les habitants modifié son logo, remplaçant le gion dévastée, des centaines de vil- Le Rocher va voter, jeudi 10 février. Arc- les sondages, l’autre pas. Mais qu’est-ce que ça du Rocher. Et qui voit, aujourd’hui, d’un marteau et la faucille, résidus de lages détruits et des dizaines de boutés sur les six kilomètres carrés de terre changera ? L’essentiel du pouvoir est détenu mauvais œil les 54 000 sociétés (dont 10 000 ses origines marxistes-léninistes, milliers de victimes : le bilan de britannique, coincés entre la mer et la fron- par le gouverneur britannique et, sur le fond, off shore) qui ont leur raison sociale dans ce par une torche encastrée dans une cette guerre qui n’a jamais dit son tière espagnole, 18 000 électeurs doivent dé- tout le monde est à peu près d’accord. » paradis fiscal d’à peine 30 000 habitants, se- étoile. nom est lourd. En termes concrets, cider soit de reconduire le chef du gouverne- lon elle, si peu transparent que Gibraltar est En Turquie, la nouvelle a fait peu les Kurdes n’ont pas obtenu grand- ment local, le « ministre principal » Peter CONTREBANDE ET ARGENT SALE devenu la plaque tournante du blanchiment de bruit. Les « manœuvres poli- chose. Le droit à l’éducation dans Caruana, avocat social-démocrate de qua- On l’aura vite compris en jetant un coup de l’argent douteux. « Franchement, nos pro- tiques » du PKK y sont perçues leur langue, la radio et la télévision rante-trois ans, en fonction depuis 1996, soit d’œil sur Main Street, la rue principale qui blèmes relèvent des droits de l’homme ! Les Es- comme purement « cosmétiques », leur sont officiellement toujours de redonner sa chance à son prédécesseur caricature Jersey, avec ses mille et une bou- pagnols nous obligent à faire la queue des visant à sauver la peau d’Öcalan. interdits, même si, dans les faits, le travailliste, le « populiste » Joe Bossano, âgé tiques de produits électroniques détaxés, ses heures, dès que l’on sort. Les liaisons aériennes, Les autorités ont refusé de com- kurde est toléré sur certaines sta- de soixante ans. Un come-back que beaucoup pubs, ses bazars où l’on trouve des feux de en dépit d’un accord, signé en 1997, pour l’uti- menter le communiqué du PKK : le tions de radio locales. L’arrêt des jugent improbable. bois électrifiés, comme seuls en rêvent les An- lisation conjointe de l’aéroport, ne sont pos- gouvernement a plusieurs fois af- combats permet d’espérer que le M. Bossano, qui s’est illustré jadis par sa glais. Le problème de fond, ce n’est pas le PIB sibles qu’avec l’Angleterre. Enfin, ils nous dé- firmé qu’il ne négocierait jamais développement économique pour- « fermeté » face à Madrid, qui lorgne, depuis (520 millions d’euros). Ce n’est pas l’écono- nient toutes eaux territoriales. Quand avec l’organisation armée kurde et ra reprendre dans le sud-est anato- trois siècles – en fait depuis qu’elle a cédé le mie : plus de cinq millions de touristes dé- cesseront-ils de réclamer cette souveraineté exige la reddition totale de ses lien, mais il faudra des investisse- Rocher aux Anglais par le traité d’Utrecht pensent des devises ; 5 000 Marocains anachronique ? », explique, agacé, le patron combattants. L’armée admet que ments importants pour sortir la (1713) –, ce qui fut un confetti stratégique de entrent, chaque jour, pour fournir la main- du Picasso, un restaurant à la mode. Et un de les affrontements sont désormais région de sa pauvreté. l’Empire de Sa Gracieuse Majesté, n’a pas lé- d’œuvre, le port est un des plus importants ses clients de lui répondre : « L’Espagne n’a sporadiques. Mais les militants du Avec l’annonce de son cessez-le- siné dans sa campagne. En anglais et en cas- de la Méditerranée. Le problème, c’est cette pas su se faire aimer, mais, si ça continue, PKK n’ont pas tous quitté le terri- feu officiel, le PKK espère faire tillan, il « travaillait », l’autre soir, son audi- relation houleuse avec l’Espagne que l’on Londres, à force de céder à Madrid, à nos dé- toire turc ni déposé leurs armes, et pression sur la Turquie, désormais toire de retraités dans un centre culturel de la préfère ignorer. Au point que les Gibralta- pens, finira par ne plus se faire respecter. » un groupe de renégats du parti candidate à l’Union européenne. Le ville, en allant jusqu’au bout des promesses riens, qui comptent pourtant dans leurs Un risque que MM. Bossano et Caruana poursuit les combats. Reste que gouvernement ne semble cepen- possibles. « Si je gagne, chacun d’entre vous rangs force Maltais, Indiens, Espagnols et Pa- ont pris en compte, eux qui, tous deux, se l’année écoulée a permis à l’opi- dant pas prêt à faire des conces- recevra mille livres sterling ! », disait-il, à la sa- kistanais, affectent de ne pas comprendre le sont élevés contre la dernière proposition es- nion d’exorciser le spectre du PKK, sions aux Kurdes : les réformes, si tisfaction éberluée de l’auditoire qui s’est vu castillan et vendent difficilement la presse es- pagnole d’aboutir à une « souveraineté parta- longtemps perçu comme l’ennemi et quand elles auront lieu, seront assurer également de « ne plus payer la rede- pagnole. gée », sorte de long prélude transitoire à une le plus dangereux de l’Etat turc. vraisemblablement introduites vance de la télévision, l’installation du télé- L’Espagne, il est vrai, est tenace, elle qui, future mainmise espagnole sur Gibraltar. Ils Son dirigeant, Abdullah Öcalan, dans le cadre d’un processus de dé- phone ou encore les tickets d’autobus ». sourcilleuse et franchement rancunière, avait ont proposé d’aménager un statut « moins faisait figure de démon. Son atti- mocratisation général, plutôt que « Caruana ou Bossano ? L’un est arrogant, carrément fermé la frontière terrestre pen- colonial » du Rocher, en en faisant un Etat as- tude durant son procès, où il est dans le cadre d’une résolution spé- l’autre magouilleur, avec un programme social dant treize ans du temps du vieux caudillo socié du Royaume-Uni, par exemple. apparu amoindri et contrit, luttant cifique du conflit kurde. hallucinant », confiait Paul, électeur réaliste Franco. Une Espagne qui s’est vu priver de pour sa survie, a contribué à cal- issu d’une famille gibraltarienne « pure milliards de pesetas pendant des années, en Marie-Claude Decamps mer les esprits, après l’hystérie na- Nicole Pope Dissensions et vaines tractations pour la succession au FMI

L’EUROPE est-elle en mal tation des raisons de l’impasse. La soutien à M. Koch Weser. S’il senter un meilleur candidat et d’élites ? C’est la question que l’on France est ainsi accusée par Berlin s’avère que le gouvernement alle- montrer comment ce genre de poste peut se poser en observant la dif- pour trois motifs : un, les pays eu- mand est plus seul qu’il ne l’af- doit être pourvu dans le futur. Le ficulté des Quinze à se ranger der- ropéens soutiendraient la nomi- firme, il faudrait alors être prêt à système actuel, fait d’improvisation rière un candidat pour le poste de nation de Caio Koch Weser si la avancer un autre nom, irréfutable. et de tractations en coulisses, dans directeur général du Fonds moné- France se prononçait en sa fa- La réticence des Américains à lequel les qualifications sont relé- taire international (FMI). A moins veur ; deux, la France ne s’y est l’égard de M. Koch Weser pour- guées derrière la nationalité, n’est d’une semaine du départ de Mi- pas ralliée car elle avait prémédité raient pousser les Européens à lui plus acceptable », estime le quoti- chel Camdessus, le Français ac- de présenter elle-même un candi- opposer un challenger d’une plus dien anglo-saxon International tuellement titulaire de la fonction dat, Laurent Fabius ; trois, cette grande envergure et ayant occupé Herald Tribune. – théoriquement, il devrait inter- attitude française fait le jeu des des fonctions politiques de pre- De quels organismes multilaté- venir lundi 14 février –, faute Américains qui profitent de l’oc- mier plan. Quelqu’un qui corres- raux a-t-on besoin, pour quoi d’avoir présenté l’homme (ou la casion pour éloigner un candidat ponde mieux au portrait-robot faire, comment peuvent travailler femme) qui recueillera les suf- qui ne leur convient pas et tirer à que décrit sans relâche le secré- ensemble la Banque mondiale et frages de ses actionnaires – au boulets rouges sur l’Europe qui, taire au Trésor américain, Larry le FMI ? Ces questions de fond premier rang desquels les Etats- décidément, continue d’aller à Summers : un homme ayant « une ont été occultées par les querelles Unis –, l’institution s’achemine hue et à dia, au gré des intérêts di- capacité éprouvée de meneur de personnes. Une nomination doucement vers une période d’in- vergents des pays membres. d’hommes, une forte expérience « par défaut » serait la pire des térim que pourrait assurer l’actuel dans le domaine de la finance qui choses pour le FMI qui doit faire numéro deux, l’Américain Stanley L’EUROPE SANS STRATÉGIE est au cœur de la mission du FMI et son aggiornamento, redéfinir ses Fischer. Personne en Europe ne semble le talent de forger un consensus in- missions et s’affranchir de la pres- La désignation de responsables avoir de stratégie très claire pour ternational ». sion américaine. Un objectif d’au- d’organismes internationaux sortir de l’impasse. Au gouverne- Si les réunions bilatérales et/ou tant plus important que, dès le obéit à des règles non écrites ment français comme à l’Elysée, informelles ne manquent pas 26 mars, jour de l’élection prési- souvent héritées de l’époque de on se garde bien de bouger le entre Européens pour discuter du dentielle russe, l’institution devra leur création. C’est le cas des insti- bout de l’oreille pour ne pas aigui- sujet, la prochaine grande ren- définir la nouvelle stratégie tutions de Bretton Woods que se ser les reproches allemands. Cer- contre n’aura lieu que fin mars, les qu’elle entend mener avec le pré- sont partagées les Etats-Unis et tains estiment cependant que la 23 et 24 mars, à Lisbonne, à l’oc- sident sorti des urnes. l’Europe : aux premiers la tête de première chose à faire serait de casion du Conseil européen. D’ici Les hésitations de l’Europe la Banque mondiale, à la seconde « se compter » au sein des Quinze là, la polémique risque d’enfler. pourraient, à ses dépens, mettre celle du Fonds monétaire pour évaluer de façon précise le « Les Européens auraient pu pré- un terme au partage des postes international. Encore faut-il tels qu’il a été défini au lendemain qu’elle présente un candidat qui de la seconde guerre mondiale. La recueille l’adhésion du plus grand De nombreuses personnalités citées voix des pays en développement nombre. se fait de plus en plus forte. La Ce n’est semble-t-il pas le cas On peut distinguer trois finances) ; les Britanniques deuxième puissance économique du seul candidat déclaré : le secré- catégories de successeurs Andrew Crockett (président de la mondiale, le Japon, se met sur les taire d’Etat allemand aux fi- potentiels à Michel Camdessus. Banque des règlements rangs. Tokyo l’a fait savoir en lan- nances, Caio Koch Weser. Mais b Déclaré : l’Allemand Caio Koch internationaux), Kenneth Clarke çant le nom de l’ancien directeur aucun des autres chefs de gouver- Weser. et Gordon Brown (ancien et au Trésor, Eisuke Sakakibara. Il re- nement ou d’Etat n’ose dire ses b Tenté : le Français Laurent actuel chancelier de l’Echiquier) ; vient à l’Europe d’affirmer qu’elle réticences à Gehrard Schröder qui Fabius (président de l’Assemblée le Français Jean-Claude Trichet possède le vivier suffisant pour s’est engagé personnellement nationale). (gouverneur de la Banque de occuper de hautes fonctions inter- dans la campagne de son poulain. b Cités : les Italiens Mario Draghi France) ; le Japonais Eisuke nationales. Elle a déjà perdu la di- Les capitales observent le silence (directeur général du Trésor) et Sakakibara (ancien vice-ministre rection de l’OCDE et de l’Unesco. radio, laissant au gouvernement Giuliano Amato (ministre des des finances). allemand le dur travail d’interpré- Babette Stern LeMonde Job: WMQ1102--0004-0 WAS LMQ1102-4 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0420 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 INTERNATIONAL « Noirs-Bleus » contre « Rouges-Verts» » au Parlement autrichien Plusieurs centaines de policiers avaient été déployés, mercredi 9 février, aux abords de l’Assemblée, à Vienne, où Wolfgang Schüssel a présenté son programme de gouvernement. Le nouveau chancelier a annoncé une indemnisation rapide des travailleurs forcés sous le nazisme Le nouveau chancelier autrichien, le conclue avec l’extrême droite populiste. Il a a assuré que l’Autriche restait « une démo- crétaire général de son ministère a qualifié gramme de la coalition prévoit une série de conservateur Wolfgang Schüssel, s’est ef- annoncé, notamment, l’indemnisation ra- cratie stable » et le ministre des affaires de « travail de Sisyphe ». La Bourse de privatisations, une baisse des coûts sala- forcé, mercredi 9 février, au Parlement de pide des centaines de milliers de travail- étrangères, Benita Ferrero-Waldner, a an- Vienne, qui avait chuté la semaine der- riaux et la réduction du déficit budgétaire. Vienne, de redorer l’image de son pays, leurs forcés sous le nazisme. En présentant noncé une campagne pour « expliquer, ex- nière, a clôturé à la hausse, mercredi, pour L’Union des industriels autrichiens a ac- passablement ternie par l’alliance qu’il a son programme, le chef du gouvernement pliquer et encore expliquer », ce que le se- la deuxième journée consécutive. Le pro- cueilli favorablement ces mesures.

VIENNE mais à découvert deux camps diffi- préconçues » et à adopter une atti- approuvent la nouvelle coalition nue de l’Est ; pour une participa- peut-il tenir ? » écrivait, mercredi, de notre correspondante cilement réconciliables : « noirs » tude « plus constructive ». Il a dé- en dépit des protestations interna- tion active de l’Autriche au à la « une », l’influent quotidien Pour la première fois depuis une (conservateurs de l’ÖVP) et taillé son programme, dont les tionales. système de défense européen, en populaire Kronenzeitung, hostile à semaine, il n’y a pas eu de mani- « bleus » (populistes du FPÖ) à grandes lignes – maintien d’une Le gouvernement ÖVP-FPÖ se évoquant la possibilité d’une Wolfgang Schüssel. festations de rue, mercredi 9 fé- droite, « rouges » (sociaux-démo- orientation pro-européenne et li- prononce pour un élargissement adhésion ultérieure à l’OTAN ; La nouvelle équipe, qui a égale- vrier à Vienne, contre l’alliance des crates du SPÖ) et « verts » (écolo- béralisation économique – étaient de l’Union européenne, avec des pour le remplacement du service ment reçu le « soutien » du pré- conservateurs avec l’extrême gistes) à gauche. déjà connues. Selon un récent son- périodes de transition régulée afin militaire par une armée de métier, sident Klestil, revenu semble-t-il à droite populiste. Les jeunes pro- Au terme de quinze heures de dage, 70 % des Autrichiens (dont la d’éviter la concurrence « dé- complétée par un service civil une attitude plus conciliante, a testataires n’ont pas essayé d’ap- débat, les partis au pouvoir – qui moitié des électeurs socialistes) loyale » d’une main-d’œuvre ve- volontaire. commencé une campagne d’expli- procher du Parlement, protégé par disposent de 104 sièges sur 183 – Le volet économique qui a reçu, cations dans la presse internatio- un impressionnant cordon de plus ont repoussé la proposition de dé- mercredi, le soutien presque sans nale et tous les diplomates sont de 1 700 policiers et par la statue signer une commission d’enquête Nouveaux retraits au Festival de Salzbourg réserve de l’Union des industriels mobilisés pour redresser l’image d’Athéna, déesse de la Raison et parlementaire, déposée par les autrichiens, prévoit de ramener le de l’Autriche – un véritable « tra- gardienne de la démocratie. Verts et appuyée par les députés Après l’annonce, le 7 février, de la démission du directeur artistique du déficit budgétaire à 1,5 % du PIB vail de Sisyphe », selon un haut En revanche, le débat a été socialistes, pour déterminer les Festival de Salzbourg, Gérard Mortier, la mécène et photographe améri- d’ici à 2005, grâce à des mesures fonctionnaire des affaires étran- souvent très vif dans l’enceinte responsabilités politiques dans caine Betty Freeman a fait savoir qu’elle ne renouvellerait pas son aide d’austérité mais aussi à l’augmen- gères. Premier pas sur cette voie parlementaire, où le nouveau l’isolement actuel du pays. Le au Festival (estimée, depuis quatre ans à 300 000 dollars, soit autant d’eu- tation des impôts indirects. Un difficile : M. Schüssel a annoncé le chancelier, le conservateur Wolf- porte-parole des écologistes, ros) : « Admiratrice enthousiaste du programme innovant de Gérard Mor- vaste programme de privatisations versement, dans des délais ra- gang Schüssel, présentait son pro- Alexander Van der Bellen, a quali- tier, a-t-elle précisé, j’ai le grand regret d’annoncer que je ne soutiendrai va être mis en route, notamment pides, de compensations aux quel- gramme de gouvernement, en pré- fié le nouveau gouvernement de plus le Festival après la saison 2000 et que je ne m’y rendrai plus. » Quant au dans les secteurs de l’électricité et que 800 000 à 1 million de victimes sence du président Klestil et de ses « cabinet-fantôme de Jörg Haider ». chef d’orchestre français Sylvain Cambreling, un proche de Gérard Mor- des télécommunications. Beau- du travail forcé sous le nazisme. deux prédécesseurs, Kurt Wal- M. Schüssel s’est efforcé de dé- tier depuis ses débuts au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles, il a indiqué coup d’observateurs doutent ce- Ce dossier hautement symbolique dheim et Rudolf Kirschlager. De sarmer l’hostilité de ses adver- qu’il ne dirigerait pas la reprise de La Damnation de Faust, de Berlioz, pré- pendant de la capacité de la nou- a été confié à l’ancienne prési- simple chambre d’enregistrement saires en incitant tous ceux qui cri- vue en 2001, et qu’il cesserait ses activités de premier chef invité de l’en- velle équipe à attirer les dente de la Banque nationale, la des décisions de la coalition au tiquent le gouvernement, en semble de musique contemporaine Klangforum de Vienne – formation, investisseurs, à l’exception peut- conservatrice Maria Schaumayer. pouvoir, le Parlement est devenu Autriche comme à l’étranger, à dont selon lui, l’existence serait menacée. « Je ne peux pas travailler avec être des Allemands. « Le gouverne- une arène où s’affrontent désor- « revenir sur les préjugés et les idées des gens que je considère comme des fascistes », a-t-il ajouté. ment promet beaucoup, mais que Joëlle Stolz Les Européens restent « en alerte » Le rôle moteur de la France dans la démarche des Quatorze APRÈS quelques hésitations, la cotté, jeudi, le discours de la nou- SELON Jörg Haider, l’opprobre triche. Dès le résultat connu, le plus. Au sommet européen d’Hel- rappeler les ambassadeurs en ligne de conduite des partenaires de velle présidente en exercice de dont il fait l’objet serait dû à la président français fait part de son sinki, les 10 et 11 décembre, consultation, n’est finalement pas l’Autriche à l’égard du nouveau gou- l’OSCE, l’Autrichienne Benita Ferre- malveillance de quelques traîtres à inquiétude au chancelier allemand Jacques Chirac relance son offen- retenue. vernement de Wolfgang Schüssel, ro-Waldner, devant le conseil per- la nation autrichienne qui auraient Gerhard Schröder, qui partage la sive auprès des responsables autri- Les Quatorze ont été plus ou qui inclut l’extrême droite populiste manent de l’OSCE. mobilisé l’étranger contre lui. Il ac- même analyse que lui sur l’éven- chiens. « Schüssel n’était plus en moins enthousiastes. Tony Blair, de Jörg Haider, paraît désormais Le président Chirac et le président tualité de voir arriver au gouverne- état d’entendre ; il était complète- qui prétend volontiers incarner la faire l’objet d’un consensus : « Il y a du gouvernement espagnol, José ANALYSE ment de Vienne un parti plus que ment dans sa logique d’accession à vertu et la modernité euro- une position commune des quatorze Maria Aznar, qui ont évoqué la suspect de révisionnisme et ouver- la chancellerie », dit un témoin à péennes, s’est montré très discret. pays de l’UE qui doit être considérée question mercredi à Paris (lire ci- Pour Paris, il fallait tement xénophobe. propos de l’intervention du pré- On l’explique, au Quai d’Orsay, par comme une alerte, une mise en garde contre), ont joué une large part dans signifier à l’Autriche que C’est sur le Parti conservateur sident français. une allergie britannique à toute si- et un isolement politiques », a résumé ce consensus entre les gouverne- son gouvernement est autrichien (ÖVP), tenté par l’al- De fait, la perspective d’une coa- tuation mettant aux prises un Etat le président du conseil italien, Mas- ments. Mais ils doivent compter au placé sous surveillance liance avec l’extrême droite, que lition conservateurs-extrême de l’Union avec les quatorze simo D’Alema, à l’issue d’une ren- sein de la droite européenne sur une M. Chirac concentre ses pressions. droite se précise à Vienne. Après autres. Le chancelier allemand, contre à Rome avec son homologue forte hostilité. Les dirigeants des for- Au sommet européen de Tampere, l’échec des négociations en vue de bien que partageant la réaction belge, Guy Verhofstadt. Nous juge- mations réunies au sein du Parti po- cuse ses adversaires, dont le social- les 15 et 16 octobre, il met en garde rons ce gouvernement sur ses actes pulaire européen se rencontraient démocrate Viktor Klima, d’avoir Wolfgang Schüssel, alors ministre concrets .» jeudi à Bruxelles pour définir la ligne sollicité l’aide des Européens pour autrichien des affaires étrangères, MM. Chirac et Aznar « extrêmement vigilants » La réception qui sera faite, ven- à adopter à l’égard du Parti conser- empêcher que son parti n’accède contre l’erreur qui consisterait à dredi 11 février à Lisbonne, au mi- vateur autrichien de M. Schüssel. au gouvernement et les menace faire accéder le parti de Jörg Hai- La France et l’Espagne ont réaffirmé, mercredi 9 février, que nistre autrichien des affaire sociales, Responsable de l’Union chré- d’une enquête parlementaire pour der au gouvernement. Un mois l’Union européenne s’était bâtie sur une communauté de valeurs Elizabeth Sickl, qui prendra part au tienne-démocrate (CDU) allemande « haute trahison ». M. Haider feint plus tard, il s’entretient de nou- dont l’Autriche s’est mise à l’écart en ouvrant son gouvernement à premier conseil des ministres infor- pour les questions internationales, d’ignorer que ses propos réitérés veau avec lui, en marge du som- l’extrême droite de Jörg Haider. « Nous serons extrêmement vigilants mel des Quinze depuis la prise de le député Karl Lamers a rencontré sur le passé nazi de l’Autriche suf- met de l’OSCE qui se tient à Istan- et extrêmement fermes sur le respect de ces valeurs », a déclaré jacques fonctions de son gouvernement, de- longuement, mardi et mercredi à fisent amplement à le discréditer ; bul, les 18 et 19 novembre, et lui Chirac au cours d’un point de presse, à Paris, avec le premier mi- vrait donner le ton pour les se- Paris, les dirigeants de l’UDF et du récidivant encore une fois, le 8 fé- redit son inquiétude. « Le ton était nistre espagnol, José Maria Aznar, qu’il recevait à l’Elysée. M. Aznar maines à venir. Si certains ministres RPR pour tenter de les convaincre vrier, dans le quotidien allemand moins diplomatique et Schüssel l’a a rappelé qu’il était favorable à une mesure de « suspension » du Par- avaient la ferme intention de mar- de renoncer à demander l’exclusion Die Welt, il a justifié sa présence à mal pris. Il s’en est même plaint à ti conservateur autrichien du Parti populaire européen (rassemble- quer leur hostilité contre la présence des conservateurs autrichiens du une réunion d’anciens Waffen-SS l’époque dans la presse autri- ment des droites européennes). de l’extrême droite à leurs travaux, PPE. La droite allemande est déci- en déclarant que « les Waffen-SS, chienne », raconte un diplomate. la présidence portugaise devait s’ef- dée à donner sa chance à M. Schüs- en tant que tels, ne peuvent être te- Au fait des préoccupations de forcer de tenir le programme prévu. sel. nus pour coupables et respon- Jacques Chirac, certaines de ses former une grande coalition, le so- française, a soigneusement mesuré Les pays les plus en flèche, no- Contrairement à la décision du sables » et qu’on ne peut incrimi- vieilles connaissances au sein de cial-démocrate Viktor Klima re- ses propos dans son pays et veille à tamment la France, ont dû prendre gouvernement fédéral à Berlin, qui a ner que des individus. M. Haider l’ÖVP se manifestent : Andreas nonce à sa tentative de constituer ne pas se poser en donneur de le- en compte les craintes qui se sont suspendu ses contacts bilatéraux feint d’ignorer aussi que les me- Khol, le chef du groupe parlemen- un gouvernement minoritaire, ce çons. Belges, Espagnols, Portugais exprimées dans d’autres pays avec Vienne, conformément à la dé- sures adoptées fin janvier par les taire, et Alois Mock, ancien mi- dont il informe officiellement le sont, en revanche, parmi les plus qu’une attitude trop dure ne de- cision des Quatorze, la Bavière, diri- quatorze partenaires de l’Autriche nistre des affaires étrangères, président Klestil le 27 janvier. Cette allants, tandis que l’Europe du vienne contre-productive. Pierre gée par la CSU, a ainsi maintenu la ont été précédées de longue date expriment le désir de venir s’expli- semaine-là, on commence à s’in- Nord – en particulier le Dane- Moscovici, le ministre français délé- visite officielle que le président Kles- par les mises en garde répétées de quer à Paris. Le président les terroger à l’Elysée sur la forme que mark – n’accepte qu’avec réticence gué aux affaires européennes, qui til doit effectuer, vendredi 11 février, certains dirigeants européens qui éconduit poliment : si c’est pour pourrait prendre une intervention une démarche totalement inhabi- recevait mercredi au Quai d’Orsay à Munich. Le chef de l’Etat autri- n’avaient pas besoin pour cela dire tout le bien qu’ils pensent plus publique. Le 26, à Thomas tuelle dans les pratiques euro- les représentants des milieux asso- chien sera reçu par le ministre-pré- qu’on vienne les solliciter. d’une alliance avec Haider, ce n’est Klestil qui lui téléphone, Jacques péennes, qu’elle ressent comme ciatifs, en a pris acte, indiquant qu’il sident Edmund Stoiber qui donnera Jacques Chirac est le premier à pas la peine ; si c’est pour envisa- Chirac fait part de la gravité que une ingérence dans les affaires in- ne s’agissait pas pour le moment un déjeuner en son honneur. s’émouvoir, au lendemain des élec- ger d’autres hypothèses, ils sont revêt à ses yeux la situation et lui térieures autrichiennes. « d’aller plus loin ». Les délégations tions d’octobre qui font du parti de les bienvenus, leur fait-il dire en dit qu’elle ne sera pas sans consé- A ce type de scrupule diploma- de la France et la Belgique ont boy- H. de B. Jörg Haider le deuxième en Au- substance. Ils ne se manifesteront quences pour l’Autriche. « Aucune tique ou de prévention, on objecte, mesure n’était encore arrêtée. Klestil au Quai d’Orsay, que, en vertu du n’a fait aucune demande d’inter- traité de l’Union et du fort degré vention », indique-t-on à l’Elysée. d’intégration qu’il implique, A Paris, on réfléchit aux actions chaque pays membre est par défi- possibles. Vendredi 28 janvier, nition concerné par les « affaires quatre mesures définies en liaison intérieures » de tous les autres et avec les Allemands sont proposées peut légitimement s’en inquiéter par les conseillers de Jacques lorsqu’elles dérivent. Un pays can- Chirac. Le président s’en entretient didat qui serait dans la même si- avec Lionel Jospin, qui les ap- tuation intérieure que l’Autriche prouve immédiatement, et l’on dé- aujourd’hui ne compromettrait-il cide de saisir le premier ministre pas toutes ses chances d’adhérer à portugais, Antonio Guterres, en sa l’Union ? qualité de président en exercice de Dans l’entourage de Jacques l’Union européenne. Les Belges, au Chirac, on fait valoir la constance même moment, s’agitent, eux aus- des positions présidentielles en- si, beaucoup. Ils suggèrent la vers l’extrême droite. Ne rien dire convocation d’une réunion excep- à propos de l’Autriche, cela aurait tionnelle des ministres des affaires été laissé se banaliser le discours étrangères des Quinze. On fait va- révisionniste et xénophobe. S’indi- loir à Paris que toute entreprise gner mais sans rien faire, cela au- s’inscrivant dans le cadre de rait été laissé se banaliser l’indi- l’Union est vouée à l’échec, en rai- gnation elle-même. Il fallait son même de la participation des inventer des formes d’action que Autrichiens ; on juge préférable l’Europe n’avait pas prévues, sortir que chacun des quatorze parte- de la routine européenne, passer à naires de l’Autriche adopte envers l’acte pour marquer le coup et si- ce pays des mesures d’ordre bilaté- gnifier de façon crédible au gou- ral. vernement autrichien qu’il est dé- Dès le vendredi soir, Antonio sormais sous surveillance Guterres, qui se trouve à Bonn, re- attentive. Paris y aura largement cueille l’assentiment du chancelier contribué. Thomas Klestil a bien Schröder sur les mesures envisa- tenté de rappeler l’Elysée depuis la gées. La présidence portugaise, formation du gouvernement, mais avec l’Elysée et le Quai d’Orsay, en vain. Quant à Jörg Haider, il a obtiennent pendant le week-end raison de dire qu’il ne compte pas l’accord des autres pays membres Jacques Chirac parmi ses amis. sur trois des quatre mesures pro- posées. La dernière, qui suggère de Claire Tréan LeMonde Job: WMQ1102--0005-0 WAS LMQ1102-5 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0421 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 5 Les pirates de l’air afghans Yougoslavie : l’embargo aérien pourrait être suspendu se sont rendus à la police britannique WASHINGTON. Washington et Londres se sont déclarés, mercredi 9 février, prêts à soutenir une suspension temporaire de l’embargo aé- rien européen contre la Serbie, à condition que les sanctions visant di- rectement les partisans du président yougoslave Slobodan Milosevic Un de leurs objectifs était sans doute d’obtenir asile en Grande-Bretagne soient parallèlement durcies. Les chefs de la diplomatie américaine, Madeleine Albright, et britannique, Robin Cook, ont indiqué, au cours L’odyssée du Boeing détourné de la compagnie Londres, où l’appareil venu d’Afghanistan était l’avion vers 5 h 15, heure locale. Auparavant, les d’une conférence de presse conjointe, que cette suspension répondait afghane Ariana s’est terminée sans violences, immobilisé depuis lundi. Les 65 derniers passa- pirates avaient relâché 85 otages. Les talibans à une demande de l’opposition serbe, qui veut éviter que les sanctions jeudi 10 février, à l’aéroport de Stansted, près de gers et les six à dix pirates de l’air ont quitté s’étaient alors dits « satisfaits ». internationales n’affectent la population. L’embargo aérien a été décidé par l’Union européenne pendant le NEW DELHI désormais demander le retour de l’opposition détenu par la milice particulier. Les pirates auraient es- conflit du Kosovo. Les Etats-Unis s’étaient déclarés l’an dernier prêts à de notre correspondante l’avion et des passagers et le juge- islamiste, semble avoir disparue. péré faire jouer en leur faveur la soutenir un assouplissement de certaines sanctions contre la Serbie à Dans la nuit de mercredi 9 à jeu- ment des coupables. Lors du dé- Tout laisse à penser aujourd’hui sensibilité anti-taliban de Londres. condition que le pays organise des élections libres, qui assureront à di 10 février, 85 otages de l’avion tournement de l’avion d’Indian que les pirates de l’air ont surtout Depuis octobre, la Grande-Bre- coup sûr, selon Washington, la victoire de l’opposition. – (AFP.) de la compagnie afghane Ariana Airlines à l’aéroport de Kandahar tenté de négocier l’asile en tagne reçoit en moyenne chaque détourné sur l’aéroport londonien (sud de l’Afghanistan), il y a six se- Grande-Bretagne (ce qu’ont déjà mois 360 demandes d’Afghans qui de Stansted ont été libérés, avant maines, les talibans, qui avaient demandé quatre otages libérés, cherchent à obtenir le statut de ré- Israël poursuit ses raids que, à 5 h 15, heure locale, les condamné l’opération, avaient pris dont un membre de l’équipage). fugiés. Un tiers des demandes sont 65 derniers passagers puissent soin de préciser que la liberté ac- acceptées. quitter l’appareil et que les pirates cordé aux pirates, cinq militants ÉMIGRATION ÉCONOMIQUE A Kaboul, les talibans ont ren- contre le Hezbollah au Liban de l’air, au nombre de six à dix, se cachemiris, faisait partie de l’ac- Pour des raisons économiques forcé les mesures de sécurité à rendent à la police. cord conclu avec le gouvernement plus que politiques, quitter l’Afg- l’aéroport. Des femmes policiers, JÉRUSALEM. La tension reste vive au Liban où Israël a continué de Dès avant ce dénouement, les indien. Ce dernier n’a jamais dé- hanistan reste un rêve pour de très soupçonnées d’avoir accepté de frapper des objectifs du Hezbollah, mercredi 9 février au soir et jeudi talibans au pouvoir en Afghanis- menti cette version des faits. nombreux Afghans qui n’arrivent l’argent pour ne pas fouiller des 10 au matin. Alors que la milice chiite concentre ses actions sur la zone tan s’étaient dits « confiants dans Ce nouveau détournement, le que difficilement à survivre dans femmes, leur permettant de dissi- occupée par Israël au sud du Liban, le ministre israélien des affaires la capacité des autorités britan- premier d’un avion afghan, a visi- un pays ruiné par vingt ans de muler des armes sous leurs bur- étrangères, David Lévy, a menacé de « mettre à feu la terre du Liban » si niques à mener l’affaire à son terme blement embarrassé les talibans, guerre. Sans doute encouragés par qas, large robe qui couvre entière- des roquettes tirées par le Hezbollah touchent les localités du nord pacifiquement, en assurant la libé- alors qu’il semble de plus en plus l’attitude conciliatrice du gouver- ment le corps, auraient été d’Israël. ration des otages restants ». Mer- clair que l’un des buts des pirates nement indien dans le détourne- arrétées. Monter armé dans un La France et les Etats-Unis ont fait état de contacts diplomatiques en credi, les talibans avaient réitéré de l’air était de quitter l’Afghanis- ment de l’avion d’Indian Airlines, avion n’est toutefois pas d’une vue d’apaiser les tensions. Jacques Chirac a demandé à Philippe Le- leur demande que « les terroristes tan. Avancée dès dimanche par les pirates afghans ont peut-être grande difficulté dans un pays où courtier, nouvel ambassadeur de France au Liban, d’avancer son départ soient capturés et punis ». l’Agence islamique de presse, pensé qu’ils pouvaient, par ce le port d’une arme fait partie de pour Beyrouth où il est arrivé en fin de journée, et un délégué du Il est certain que les talibans, qui proche des talibans, la revendica- biais, tenter leur chance. Ceci ex- l’attirail personnel « normal ». groupe de surveillance créé après l’opération israélienne contre le Li- n’entretiennent pas de relations tion de la libération d’Ismaïl Khan, pliquerait leur choix d’un pays eu- ban « Raisins de la colère », en 1996, a assuré attendre « que la pré- diplomatiques avec Londres, vont le plus important responsable de ropéen, de la Grande-Bretagne en Françoise Chipaux sidence américaine ait réuni toutes les conditions nécessaires », et notam- ment « l’accord israélien », pour convoquer ce groupe qui rassemble Israël, le Liban, la Syrie, ainsi que la France et les Etats-Unis. – (AFP., Les escadrons de la mort ont fait plus de 2 500 victimes en trois ans au Brésil Reuters.) RIO DE JANEIRO port des parlementaires sur les exactions impu- avec des commerçants exaspérés par les bra- Affaire Pinochet : décision de notre correspondant tées aux « groupes d’extermination » révèle que quages s’ajoutent désormais, comme l’ont dé- Le barrage de pierres qui bloque la route 90 % des victimes sont des hommes âgés de montré diverses affaires récentes, le racket, le force l’automobiliste à s’arrêter. Des coups de plus de vingt ans, noirs et pauvres, ce qui, au vol de cargaisons de camions et le narcotrafic. sur les recours « la semaine prochaine » feu claquent aussitôt dans la nuit, à une cen- Brésil, confine quasiment au pléonasme. Cependant, à Sao Paulo, selon un reportage ex- taine de mètres d’une patrouille de la police C’est dans les banlieues des principales mé- haustif publié l’an dernier par l’hebdomadaire LONDRES. Le juge Simon Brown, de la cour d’appel de la Haute Cour militaire (chargée du maintien de l’ordre). tropoles du pays (Sao Paulo, Rio et Salvador de Veja, les tueurs à gages, justiciers autoprocla- de justice, a indiqué, mercredi 9 février, qu’il espérait annoncer sa déci- Membre du Conseil communautaire de sécuri- Bahia), terrains de prédilection des gangs de més, se recrutent de plus en plus hors des sion sur les recours présentés par la Belgique et six organisations de té publique d’Aguas Lindas, Joao Elizio Lima jeunes délinquants, que les pistoleiros font ré- commissariats et des casernes. défense des droits de l’homme « sans doute vers le milieu de la semaine Pessoa a été assassiné, lundi 7 février, dans gner la « loi du calibre ». Les membres de la Leur technique est immuable : la nuit, de prochaine ». Les recours contestent, entre autre, la confidentialité du cette petite ville de l’Etat de Goias, située à commission soulignent par ailleurs que le bilan préférence pendant le week-end, ils arrivent en rapport médical sur lequel s’est appuyé le ministre britannique de l’in- 50 kilomètres de la capitale, Brasilia. Il y a deux chiffré qu’ils sont parvenus à dresser ne repré- voiture près du bar où se trouve généralement térieur, Jack Straw, pour annoncer le mois dernier son intention de li- mois, il avait osé dénoncer la participation de sente que « la pointe de l’iceberg » d’une indus- l’homme à abattre et mitraillent toutes les per- bérer l’ancien dictateur chilien. policiers de la région à des « groupes d’extermi- trie mafieuse d’autant plus prospère que ses sonnes présentes, pour ne pas laisser de té- Lors de l’audience, mercredi, le ministère britannique de l’intérieur a nation », appellation locale des escadrons de la bénéficiaires jouissent d’une très large impuni- moins. Même quand elle agit à visage décou- évoqué la possibilité – qu’il avait jusqu’à présent catégoriquement reje- mort. Sous la menace d’un « incendie d’archi- té. vert, la police de Sao Paulo n’a pas, non plus, la tée – de communiquer le dossier médical à la Belgique, comme ce pays ves », autre formule du cru désignant l’élimina- réputation de faire dans la finesse. L’an dernier, l’exige. Le ministre de l’intérieur le transmettrait également aux trois tion de témoins gênants, il avait vainement sol- RACKET ET NARCOTRAFIC 650 délinquants (ou présentés comme tels) ont autres Etats qui ont demandé l’extradition de l’ancien dictateur chilien, licité une protection rapprochée auprès du Nés voilà près d’un demi-siècle, les esca- trouvé la mort au cours d’opérations de police. à savoir la Suisse, la France et l’Espagne. Dans une telle hypothèse, le ministère de la justice. drons de la mort brésiliens étaient à l’origine Ne sachant plus à quel saint se vouer pour ten- magistrat Lord Brown a suggéré que les Etats pourraient se voir noti- Le meurtre de M. Lima Pessoa ne figure pas strictement composés de policiers d’élite, ter d’endiguer la vague de violence – un Brési- fier un délai, par exemple de sept jours, pour présenter leurs observa- dans la liste des quelque 2 500 « exécutions ex- adeptes de la justice expéditive et spécialisés lien sur mille purge actuellement une peine de tions, afin d’éviter que la procédure ne traîne trop en longueur. – (AFP.) trajudiciaires » recensées, ces trois dernières dans l’assassinat de bandits sans envergure. prison –, les députés débattent depuis des mois années, par la commission des droits de Avec le temps, ces bandes, toujours majoritai- de l’opportunité de voter une loi interdisant la DÉPÊCHES l’homme du Congrès de Brasilia dans douze rement composées de représentants des forces vente d’armes sur tout le territoire national. a ETATS-UNIS : Steve Forbes, candidat à l’investiture républicaine, des vingt-sept Etats du pays. Rendu public, de l’ordre, ont diversifié leurs activités crimi- a fait savoir mercredi 9 février qu’il se retirait de la course à l’élection mardi 8 février, et transmis au Vatican, le rap- nelles. Aux traditionnels « contrats » passés Jean-Jacques Sévilla présidentielle du 7 novembre 2 000. C’était la deuxième fois que le mil- liardaire âgé de 52 ans, fils du magnat de la presse Malcolm Forbes, se lançait dans la campagne présidentielle.– (AFP.) a IRAN : Reporters sans frontières (RSF) a demandé, mercredi 9 fé- L’insurrection des Karens de Birmanie semble à bout de souffle vrier, à tous les caricaturistes de se mobiliser pour la libération du des- sinateur iranien Nik Ahangh-Kosar, en détention pour des caricatures BANGKOK 50 ans de guérilla ral de la KNU, est tombé aux permis de se réfugier auprès de jugées « insultantes » pour un religieux conservateur, Mohammad- de notre correspondant mains de l’armée birmane. Trois l’Armée de Dieu, non loin de la Taghi Mesbah-Yazdi. « De grands noms de la caricature française ont dé- en Asie du Sud-Est ans plus tard, la rébellion a subi un frontière entre la Thaïlande et la jà répondu favorablement à cette initiative : Brito, Cambon, Jacques Fai- Dans une localité proche de la CHINE autre revers, avec la perte de Min- Birmanie. Les militaires thaïlan- zant, Hours, Jiho, Kerleroux, Nono, Piem, Plantu, Trez, Wiaz, Willem. Leurs frontière thaïlandaise, en présence thamee, siège de l’une de ses meil- dais n’ont guère apprécié cette dessins seront présentés sur le site Internet de Reporters sans frontières d’une centaine de paysans et de leures brigades. Dès cette époque, médiocre publicité. L’artillerie (www.rsf.fr) », a précisé RSF. quelques dizaines de combattants, le mouvement n’a plus représenté thaïlandaise a, par la suite, bom- a JAPON : Tokyo a perdu le contact, jeudi 10 février, avec un satel- l’une des plus vieilles insurrections BIRMANIE LAOS une menace pour Rangoun. Ce bardé les positions de l’Armée de lite d’observation, d’une valeur de 105 millions de dollars (autant de la planète a célébré, le 29 jan- n’est donc pas un hasard si des né- Dieu, soumise, de l’autre côté, aux d’euros), après son placement sur une orbite moins élevée que prévu. e vier, son 51 anniversaire. Dans la THAÏLANDE gociations, amorcées en 1995, ont attaques de l’armée birmane. Cet échec est un nouveau revers pour l’industrie spatiale japonaise, dé- tristesse. Bo Mya, soixante-qua- été rompues en 1997 : les mili- Le 25 janvier, un commando jà affectée, le 15 novembre 1999, par l’explosion d’une fusée de nou- torze ans, patriarche qui a dirigé Manerplaw KAREN taires birmans ne se sentent mixte de Karens et de Birmans, vi- velle génération, détruite en vol après avoir quitté sa trajectoire. – pendant un quart de siècle la lutte RANGOUN aucune raison d’offrir à la KNU siblement peu compétents, a vou- (AFP.) de l’Union nationale karen (KNU) autre chose qu’une « paix des lu au moins attirer l’attention sur a MEXIQUE : au moins 100 000 personnes, selon les organisateurs, contre le pouvoir militaire birman, braves ». cette situation tragique en s’em- ont manifesté mercredi 9 février à Mexico pour exiger la libération des Yé n’est même plus le patron du parant de la cible la moins re- 85 étudiants toujours détenus depuis l’opération de police à l’universi- mouvement : le 26 janvier, à l’is- Ratchaburi commandable : l’hôpital de Rat- té de Mexico, qui a mis fin à une grève de près de dix mois. Cette ma- Tavoy L’ARMÉE DE DIEU sue d’un congrès de deux se- La déliquescence de cette insur- chaburi, à une cinquantaine de nifestation est la plus importante depuis le début du mandat du pré- Kamarplaw maines, il a cédé le pas à un civil, Minthamee rection a été soulignée, en 1997, au kilomètres de la frontière. Une at- sident Ernesto Zedillo, en 1994. 2 500 policiers avaient délogé, Ba Thein, dont le mandat serait de BANGKOK lendemain de la chute de Mintha- taque des commandos thaïlandais, dimanche, les étudiants qui occupaient, depuis le 20 avril, l’université tenter de négocier une trêve avec mee, par la sécession d’un groupe le lendemain, s’est soldée par la pour protester contre une décision d’augmenter les droits d’inscrip- Mer d'Andaman les généraux de Rangoun, sur la de combattants censés suivre mort de dix preneurs d’otages. Le tion. La police est sortie mercredi du campus. – (AFP.) base de l’autonomie des minorités Golfe de deux gamins invulnérables et qui soir même, Kamarplaw, siège de 200 km ethniques et du fédéralisme au Thaïlande auraient manifesté, dès leur en- l’Armée de Dieu, a été occupé par sein de la Birmanie. fance, une prescience des attaques l’armée birmane. Le sort des ju- M. Prodi fixe quatre « objectifs » Le mouvement est démoralisé. ennemies. L’Armée de Dieu de meaux, qui n’ont pas participé à Dans les années 1980, quand tage de cultiver le pavot, de pro- Johnny et Luther Htoo, jumeaux l’occupation de l’hôpital de Rat- d’autres ethnies s’étaient égale- duire de l’héroïne et de pouvoir qui seraient aujourd’hui âgés de chaburi, demeure inconnu. à la Commission européenne ment rebellées, la KNU tenait un ainsi constituer des trésors de douze ans, l’un efféminé et l’autre Pour la KNU, cette opération, bon pan du territoire karen, le guerre. Déjà sans monnaie amateur de cigarillos, regrouperait montée apparemment à son insu, BRUXELLES. Ayant subi de nombreuses critiques ces dernières se- long de la frontière thaïlandaise. d’échange, la KNU s’est retrouvée de 150 à 200 hommes. Elle s’inscri- est une catastrophe de plus. L’opi- maines, Romano Prodi a contre-attaqué en présentant, mercredi 9 fé- L’existence de cette zone-tampon d’autant plus isolée que Rangoun rait dans la ligne d’une prophétie nion thaïlandaise soutient la fer- vrier, le programme de travail quinquennal de la Commission euro- faisait l’affaire de Bangkok, qui a pris langue avec ses voisins de karen, selon laquelle des jumeaux meté de son gouvernement, péenne. Un exercice aléatoire, puisque la marge de manœuvre de entretenait des relations très diffi- l’Association des nations de l’Asie se porteraient un jour au secours même si des témoignages cités par l’exécutif européen dépend de l’adhésion du Conseil des ministres et ciles avec la junte de Rangoun et du Sud-Est (Asean), dont la Thaï- de leur peuple contre le joug bir- la presse de Bangkok laissent pen- du Parlement européen. M. Prodi a fixé quatre « objectifs stratégiques » ne souhaitait pas la présence de lande. La Birmanie, rebaptisée man. ser que des preneurs d’otages ont à la Commission pour ces cinq années de son mandat. Le premier l’armée birmane sur sa propre Myanmar, devait même être ad- Pratiquement défaits, les Karens été exécutés. Que l’occupation de –une « bonne gouvernance » européenne – vise à une meilleure coopé- frontière. La KNU bénéficiait, en mise au sein de l’Asean en 1997. abritent d’anciens étudiants bir- l’hôpital ait été « le reflet du déses- ration entre les institutions et une clarification du principe de subsidia- outre, de multiples sympathies en Esseulée, la KNU a donc dû faire mans qui ont fui la répression san- poir » envers Rangoun – selon la rité. Le second touche à la stabilisation du continent et au renforce- Occident. Mais, depuis, les géné- face aux attaques de l’armée bir- glante de 1988. Formé en août der- formule d’un universitaire thaïlan- ment de la voix de l’Europe dans le monde. M. Prodi souhaite que les raux birmans ont fait appel à la mane. Fin 1994, des éléments nier, un petit groupe intitulé les dais – est un argument que peu de Quinze soient prêts à accepter les premiers candidats à l’adhésion à Chine pour rééquiper leur armée. bouddhistes au sein de ce mouve- Vaillants Guerriers étudiants bir- gens retiennent. L’insurrection ka- partir du 1er janvier 2003. Compte tenu des délais de ratification, les Au fil des années, des accords de ment, dominé par les chrétiens, mans a occupé la chancellerie bir- ren, Armée de Dieu comprise, n’a pays concernés pourraient intégrer l’UE vers la fin de 2004. Les deux cessez-le-feu sur place ont été ont changé de camp et se sont re- mane à Bangkok en octobre 1999 jamais été si isolée. derniers objectifs portent sur la « stratégie pour combattre l’exclusion so- passés avec les ethnies du Nord et tournés contre la KNU. En janvier et obtenu, après d’intenses négo- ciale », sur « l’absorption des nouvelles technologies » et le plein emploi. du Nord-Est, qui avaient l’avan- 1995, Manerplaw, le quartier géné- ciations, un sauf-conduit qui lui a Jean-Claude Pomonti – (Corresp.) LeMonde Job: WMQ1102--0006-0 WAS LMQ1102-6 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0422 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000

FINANCES Le ministre des fi- finitifs de l’exécution du budget sions, ce qui a permis d’abaisser le ment pour le printemps. Il porte sur prérogatives limitées du Parlement nances, Christian Sautter, et la secré- 1999. b LA « CAGNOTTE » a finale- déficit à 206 milliards. b LE DÉBAT, le niveau du déficit à afficher à la fin ont été mises au grand jour par la taire d’Etat au budget, Florence Par- ment atteint 30,7 milliards de francs, au sein de la majorité, se focalise 2000 et sur une réforme de la taxe controverse de ces derniers mois. Par ly, ont présenté, mercredi 9 février, alors que les dépenses ont été infé- maintenant sur la préparation du d’habitation. b L’OPACITÉ des procé- contraste, le système américain pa- devant le Parlement, les chiffres dé- rieures de 12,1 milliards aux prévi- collectif annoncé par le gouverne- dures budgétaires françaises et les raît autrement plus transparent. Le gouvernement lance le débat autour de la « cagnotte » 2000 Le ministre des finances, Christian Sautter, qui a présenté mercredi les chiffres-clés du budget de 1999, a annoncé un « collectif » budgétaire pour le printemps. Le niveau du déficit et les modalités de la réforme de la taxe d’habitation en seront les principaux enjeux CHRISTIAN SAUTTER et Flo- liards de francs, n’a pas fait l’objet compte tenu d’une inflation plus francs étaient en quelque sorte en noncé que le déficit 2000 « serait repaux, plutôt en accord sur ce rence Parly ont réussi leur coup. d’une discussion au Parlement. faible que prévu, les dépenses ont réserve et que le gouvernement inférieur à 205 milliards de francs, point avec Bercy. Le député de Personne, à gauche, ne leur a pu- Elle a été, pour la majeure partie, été inférieures de plus de 12 mil- pourra y avoir recours quand bon au lieu des 215 milliards de francs l’Ariège, qui n’est pas opposé à la bliquement reproché d’avoir sous- décidée par le gouvernement sans liards de francs à ce qui était prévu lui semblera », déclare Philippe prévus par la loi de finances 2000 », suppression de la part régionale trait au débat public la question que les élus ne soient consultés. un an avant. « Nous avons tenu nos Marini (RPR, Oise), rapporteur gé- rapporte M. Marini. Personne, de la taxe d’habitation (12 mil- du partage des fruits de la crois- La loi de finances rectificative objectifs en matière de dépenses », néral du budget au Sénat. dans les rangs de la majorité, ne liards de francs), ne milite pas non sance de 1999. C’est pourtant bien pour 1999, adoptée par le Parle- d’une croissance de 1 % en vo- « Le débat, nous le voulons, nous s’est opposé à cette décision. Mais plus pour une suppression totale ce qui s’est passé, même si le mi- ment fin décembre, faisait appa- lume, « en dépit d’une baisse non l’assumons et nous le mènerons, a il y aura probablement débat sur de cet impôt, défendue par nistre des finances et la secrétaire raître un déficit de 226 milliards de anticipée de l’inflation », a déclaré déclaré M. Sautter. Concrètement, le niveau précis du déficit qui sera Laurent Fabius. d’Etat au budget préfèrent souli- francs. Le gouvernement avait M. Sautter. cela veut dire que le gouvernement choisi. « Le programme pluriannuel « Nous nous opposerons à une gner l’assainissement des finances alors annoncé que les recettes fis- déposera ce printemps un collectif de finances publiques prévoit que le baisse de la taxe d’habitation. Ce publiques françaises et leur volon- cales de l’année seraient supé- PARLEMENTAIRES NON CONSULTÉS pour 2000. » L’exercice s’impose. déficit représentera 0,5 % du PIB à sont les impôts d’Etat qui aug- té d’être, à l’avenir, plus transpa- rieures de 24,3 milliards de francs Les parlementaires n’ont donc La loi de finances 2000, votée au l’horizon 2003. Il ne me semble pas mentent le plus. Il faut les abaisser, rents vis-à-vis de la représentation aux prévisions initiales. Là-dessus, pas été consultés sur la manière Parlement il y a moins de deux nécessaire d’accélérer la réduction à commencer par l’impôt sur le re- nationale. Mercredi 9 février, alors 10 milliards ont été affectés à la ré- d’affecter ces 20 milliards de mois, est obsolète : les recettes qui du déficit et de faire mieux que pré- venu », estime Philippe Auberger qu’ils présentaient devant les par- duction du déficit, le solde a finan- francs, dont le gouvernement di- y sont inscrites ne tiennent pas vu », considère Augustin Bonre- (RPR, Yonne). M. Fabius propose lementaires les chiffres-clés de cé des baisses d’impôts et des dé- sait ne pas soupçonner l’existence compte du surplus constaté en paux (PS, Ariège), président de la une baisse de l’impôt sur le revenu l’exécution du budget 1999, c’est penses supplémentaires. Une fois il y a moins de deux mois. Un 1999 et l’objectif d’un déficit de commission des finances de l’As- dès le troisième tiers 2000. «La sur ces deux aspects qu’ils ont le collectif adopté, les parlemen- chiffre qui est peut-être sous-esti- 215,4 milliards de francs pour la fin semblée nationale. commission des finances écartera choisi de se focaliser. taires n’avaient plus leur mot à mé. L’exécution du budget 1999 2000 est vidé de son sens puisque, Le débat portera également sur cette piste : on ne peut pas donner Certes, le déficit a été considé- dire sur le budget 1999. Pourtant, fait apparaître des recettes non fin 1999, il ressort à 206 milliards les baisses d’impôt. Et notamment l’impression que l’on peut tout ré- rablement réduit en 1999, de plus depuis, le gouvernement s’est dé- fiscales inférieures de 16 milliards de francs. La tenue d’un collectif sur celle de la taxe d’habitation. duire. Concentrons-nous sur la taxe de 41 milliards de francs (6,25 mil- couvert une marge supplémen- de francs à ce qui était prévu dans permettra aussi de financer les dé- M. Bonrepaux parle d’une réduc- d’habitation », estime M. Bonre- liards d’euros) pour atteindre taire de 20 milliards de francs, la loi de finances initiale et dans le penses liées aux intempéries et tion « de l’ordre de 15 à 20 % » de paux. Les Verts et le PCF, eux, 206 milliards (Le Monde du 10 fé- qu’il a, conformément à la loi, in- « collectif » de fin d’année. Ce dé- d’intégrer une réforme de la taxe cet impôt local. « Il faut réfléchir prônent, en priorité, une revalori- vrier). Mais cette diminution, qui tégralement affectée à la réduc- calage peut masquer certaines d’habitation pour l’automne 2000. aux modalités de sa réforme. La sation des minima sociaux et un s’est avérée bien plus forte que tion du déficit. opérations dont le seul objectif est M. Sautter entend, pour sa part, proposition de François Hollande nouvel effort en faveur de la santé prévu puisque la loi de finances Finalement, les recettes fiscales de diminuer les recettes affichées maintenir la priorité qu’il a accor- visant à baisser de 500 francs cet ou de l’éducation. initiale pour 1999 affichait un ob- ont dépassé de 30,7 milliards de (Le Monde du 5 février). « J’ai cru dée à la baisse du déficit en 1999. impôt pour tous n’apparaît pas so- jectif en la matière de 236,6 mil- francs les projections initiales. Et comprendre que ces 16 milliards de Devant les sénateurs, il a ainsi an- cialement juste », estime M. Bon- Virginie Malingre Supprimer la taxe d’habitation ? Une communication calamiteuse UNE RÉFORME de la taxe d’ha- comme l’a préconisé, jeudi 10 février « CALAMITEUX »... Dans l’histoire budgé- estimer l’impact sur la France, et tout le monde, lopper un débat sur la répartition des fruits de la bitation va-t-elle enfin voir le jour ? sur LCI, Henri Emmanuelli, qui de- taire récente, cet adjectif fait songer à la mé- ou presque, pressait Dominique Strauss-Kahn croissance – hausse des minima sociaux pour les Promise depuis longtemps, mais vrait retrouver la présidence de la chante formule qu’Alain Juppé avait trouvée, en de revoir à la baisse les hypothèses écono- uns, baisses des impôts pour les autres... – sans sans cesse différée, elle doit figurer commission des finances de l’As- 1995, pour qualifier les déficits que lui avait lais- miques de son budget. Evoquant un simple jamais jouer cartes sur table. Sans jamais dire, dans le « collectif » budgétaire que semblée ? On devine évidemment sés Edouard Balladur. Nul, pour l’instant, n’a « trou d’air », le ministre des finances de en clair, que ce débat-là était en réalité tranché le ministère des finances soumettra que le projet soulèverait de grosses l’époque affirmait qu’il ne fallait pas sombrer puisque les rentrées fiscales complémentaires de au printemps au Parlement. Pour- difficultés, puisque l’Etat devrait ANALYSE dans un tel catastrophisme. L’histoire a montré 1999 seraient automatiquement affectées à une quoi ce gouvernement parviendrait- compenser le manque à gagner subi Le gouvernement a laissé qu’il avait eu raison. réduction des déficits. Ce dernier choix a, certes, il donc à mettre en chantier un pro- par les collectivités locales. En outre, Six mois plus tard, à l’été 1999, la polémique des justifications, mais les parlementaires, et pas jet devant lequel on avait, dans le les opposants à ce projet font valoir le débat se développer alors que s’est inversée. Marchant sur les brisées de seulement ceux de droite, peuvent avoir le senti- passé, toujours reculé ? que ce serait une entorse grave aux l’affectation des plus-values Jacques Chirac, la droite – et c’est de bonne ment d’avoir été bernés. A gauche comme à droite, il principes de la décentralisation. fiscales était connue d’avance guerre – a fait le procès inverse au gouverne- La gestion de cette affaire de « cagnotte » ne existe, certes, un consensus sur cet Malgré tout, l’idée chemine, et ce ment, celui de minorer l’ampleur des rentrées porte d’ailleurs pas seulement sur une question impôt local : c’est l’un des plus in- sera sans doute l’arbitrage le plus fiscales générées par la croissance. M. Strauss- de calendrier. Dans la foulée, le ministère des fi- justes du système français. Avec une important que le premier ministre adressé la même amabilité à Christian Sautter, Kahn, puis son successeur, M. Sautter, ont ré- nances n’affiche plus de doctrine claire sur le assiette totalement fictive – les va- devra rendre d’ici au « collectif ». car la croissance est de retour et les déficits sont pondu que, là encore, ils ne piloteraient pas les partage souhaité des fruits de la croissance. La leurs locatives cadastrales –, qui ne L’autre solution à l’étude, beau- sur une pente descendante. A bien des égards, finances publiques en suivant les humeurs du priorité doit-elle aller à une baisse des déficits ? tient aucun compte des revenus des coup plus classique, est celle de pourtant, quand on songe à l’embarras dans le- moment. Et là encore, ils ont sûrement eu raison Ou bien faut-il privilégier les baisses d’impôts, contribuables, et des taux qui va- François Hollande, visant à alléger quel le gouvernement s’est mis, de son propre de maintenir le cap. Qu’aurait-on dit, si, quel- non seulement en paroles, mais aussi dans les rient très fortement d’une collectivi- cet impôt, dès l’automne, d’un mon- fait, avec cette ténébreuse affaire de « ca- ques mois plus tard, la conjoncture avait faibli, faits ? Par contraste, les autorités allemandes ont té à l’autre, la taxe d’habitation mul- tant forfaitaire, par exemple de gnotte », on se prend à penser que le même mot creusant du même coup les déficits ? un plan fiscal clairement établi (Le Monde du tiplie les aberrations. Le système est 500 francs. Pour reprendre la est celui qui convient le mieux et que le minis- Cependant, ce qui était vrai à l’été 1999 et 10 février) et nul ne semble douter de leur déter- tel qu’un contribuable « paie plus à comparaison de Mme Parly, le gou- tère des finances a géré cette affaire de manière peut-être encore à l’automne l’était-il toujours à mination à le mettre en œuvre. Drancy qu’à Neuilly », pour re- vernement jugera-t-il raisonnable « calamiteuse ». l’approche de l’hiver ? Quand, le 20 décembre, le Se souvient-on que la promesse d’une ré- prendre une image de la secrétaire d’attribuer le même allègement aux Il faut, certes, prendre en compte les argu- ministère des finances a finalement avoué forme de la taxe d’habitation date de 1997, alors d’Etat au budget, Florence Parly. contribuables de Neuilly et à ceux ments que Bercy a fait valoir, au cours des der- qu’une « cagnotte » de 24 milliards de francs que les premières rumeurs de refonte de l’impôt De longue date, on a donc cher- de Drancy ? Et n’est-il pas déraison- niers mois. Voici exactement un an, le débat (3,658 milliards d’euros) était prévisible, n’a-t-il sur le revenu avaient été distillées dans les pre- ché à corriger ces failles : d’abord, nable de gaspiller la « cagnotte » économique français était strictement à l’opposé pas délibérément sous-évalué la réalité des ren- miers jours de janvier 1998 ? Le moins que l’on en allégeant le poids de cet impôt, pour une simple baisse d’impôt, de celui que l’on connaît aujourd’hui. Au lende- trées fiscales ? Le fait est, en tout cas, que le gou- puisse dire, c’est que, depuis, ces projets ont notamment pour les revenus les sans en profiter pour engager une main de la tourmente asiatique, avec ses ondes vernement a pris une très lourde responsabilité : traîné. plus modestes, par différents sys- véritable réforme ? de choc en Russie et en Amérique latine, la dans les derniers jours de décembre et tout au tèmes de dégrèvement ou de pla- L. M. droite faisait grief au gouvernement d’en sous- long du mois de janvier 2000, il a laissé se déve- Laurent Mauduit fonnement ; ensuite, en essayant d’engager une réforme. Mais dans ce dernier cas, tous les gouverne- ments ont buté sur des difficultés in- Comment le pouvoir exécutif maquille les comptes et se soustrait au contrôle du Parlement surmontables. Certains ont ainsi cherché à réactualiser les valeurs lo- SI l’affaire de la « cagnotte » a à la charge d’un établissement pu- l’époque, a réduit les prérogatives réel examen de la part des parle- leurs que les charges futures, amor- catives qui, depuis 1970, ont seule- pris autant de relief ces derniers blic – le Fonds de solidarité-vieil- du Parlement en matière budgé- mentaires. En outre, une fois la loi tissements des investissements ou ment été majorées chaque année mois, c’est que la procédure bud- lesse – certaines majorations de taire. Déjà, l’article 40 de la Consti- de finances votée, le gouvernement provisions pour charges. d’un coefficient forfaitaire, sans te- gétaire française est réputée, de pensions, disposition qui, finale- tution dispose que « les propositions peut faire ce que bon lui semble en La comptabilité publique ne se nir compte des évolutions réelles du très longue date, pour son opacité. ment, avait été censurée par le et amendements formulés par les prenant des décrets d’avance, pour fait pas en « droits constatés » : marché. A chaque fois, la tentative a Les questions suivantes permettent Conseil constitutionnel. A la même membres du Parlement ne sont pas débloquer de nouveaux crédits, ou une dépense n’est comptabilisée échoué du fait des transferts de de prendre la mesure du pro- époque, M. Balladur avait été aussi recevables lorsque leur adoption au- des arrêtés d’annulation. Par ail- comme telle qu’après visa de l’or- charges fiscales considérables que blème : été critiqué pour des dispositions rait pour conséquence soit une dimi- leurs, l’Etat a les moyens de propo- donnance ou du mandat par le cela pouvait induire entre contri- b Y a-t-il eu d’importants tours tendant à majorer artificiellement nution des ressources publiques, soit ser des budgets qui sont loin de comptable assignataire. Les buables. Résultat : le statu quo a de passe-passe budgétaire au les recettes (affectation au budget la création ou l’aggravation d’une traduire la réalité de ses dépenses créances font l’objet du même trai- prévalu, malgré les inégalités qui en cours des dernières années ? La général des recettes de privatisa- charge publique ». Une diminution et de ses recettes. La technique de tement. « Ce système autorise de découlent. réponse ne fait aucun doute : c’est tion) ou à minorer les dépenses des ressources doit donc nécessai- la « débudgétisation » sert à cela, multiples artifices », constatait Di- Une autre piste a souvent été ex- oui. Et ces jeux d’écriture ont été (imputation sur la dette de l’Etat de rement être « gagée » par la majo- et les fonds de concours repré- dier Migaud, rapporteur général plorée, consistant a réformer l’as- innombrables. Pour en parler, les la reprise de dette de la Sécurité so- ration, à due concurrence, d’une sentent une masse importante de (PS) du budget dans son rapport, siette de cet impôt, de sorte qu’il experts de la direction du budget ciale, pour près de 110 milliards de autre ressource bénéficiant à la rentrées non fiscales qui échappent en 1999, sur l’efficacité de la dé- prenne en compte le revenu des ont une formule qu’ils partagent francs, ou du remboursement anti- même catégorie de collectivités pu- au contrôle parlementaire. pense publique, puisqu’il permet contribuables. Au lendemain de la avec les comptables qui contrôlent cipé de la TVA, pour près de 95 mil- bliques. En matière de dépenses, en b Pourquoi la comptabilité de de multiples reports sur un exercice réélection de François Mitterrand en les entreprises : faire du « window liards). En 1999, le gouvernement revanche, la compensation n’est l’Etat est-elle si peu transpa- budgétaire plutôt que sur un autre 1988, les parlementaires socialistes dressing ». Traduction approxima- actuel avait été critiqué par la Cour pas permise et les redéploiements rente ? Les arcanes de la comptabi- (Le Monde du 5 février). s’étaient ainsi longuement battus tive : décorer la vitrine. La prise en des comptes pour avoir logé dans de crédits sont donc interdits. lité publique française donnent au b Quelles sont les pistes pos- pour la création d’une taxe départe- compte par Alain Juppé de la soulte une société de droit privé les Conséquence de cette faible marge gouvernement une grande liberté. sibles pour renforcer la transpa- mentale sur le revenu, mais le mi- de France Télécom (47,5 milliards 25 milliards de francs de recettes de manœuvre, lors de l’examen du Il n’existe aucune présentation rence ? De nombreuses améliora- nistre des finances de l’époque, de francs, soit 7,24 milliards d’eu- provenant de la cession du GAN et projet de loi de finances 2000 : les consolidée des comptes de l’Etat, tions ont été apportées à la Pierre Bérégovoy, et son ministre ros) dans le calcul des déficits pu- de ses filiales. parlementaires n’ont pu déplacer de ceux des collectivités locales ni procédure, ces dernières années. délégué au budget, Michel Cha- blics est l’un des exemples les plus L’état des comptes au 31 dé- que 7,6 milliards de francs de re- des comptes sociaux, alors même Bercy publie ainsi, depuis 1994, des rasse, étaient parvenus à torpiller le célèbres : l’astuce avait permis au cembre, établi par la « situation cettes sur 1 500 milliards au total. que les trois fiscalités qui y sont af- tableaux sur l’exécution budgétaire projet, toujours pour la même rai- gouvernement de minorer artifi- hebdomadaire » que dresse la di- Par ailleurs, la procédure de vote férentes s’enchevêtrent de plus en en cours d’année. De son côté, le son : à cause des transferts de ciellement ces déficits publics de rection de la comptabilité, fait l’ob- des parlementaires, définie par l’ar- plus. Par ailleurs, l’Etat ne dresse Parlement a cherché à améliorer charges qu’il risquait d’entraîner et 0,45 point de PIB, en 1997. jet, en réalité, de quatre versions ticle 41 de l’ordonnance de 1959, est aucun bilan patrimonial (patri- ses propres moyens de contrôle. Le de l’assujetissement à cette taxe de L’une des techniques les plus successives au cours du mois de très restrictive. Ainsi, les « services moine immobilier, participations mission d’évaluation et de contribuables jusque-là exonérés. courantes, dans le passé, a été celle janvier, élaborées à destination du votés », dont l’ordonnance consi- dans les entreprises ou dans les or- contrôle, dont Laurent Fabius a pris Depuis quelques mois, la contro- de la « débudgétisation », consis- ministre, qui dispose ainsi d’un dé- dère qu’ils doivent être reconduits ganismes publics) ni de « hors bi- l’initiative, répond ainsi à ce souci. verse a pris un tour nouveau : cer- tant à sortir de la loi de finances lai pour décider politiquement des automatiquement d’une année sur lan » (engagements à long terme Le président de l’Assemblée natio- tains, tel Laurent Fabius, mais aussi des dépenses devant y figurer. La chiffres qu’il affichera. l’autre (rémunération des fonction- de l’Etat comme, par exemple, les nale veut aussi que la Cour des des membres du gouvernement, se gauche y avait eu recours, dans les b Quel est le rôle du Parlement naires, remboursement de la dette retraites des fonctionnaires). Quant comptes intervienne plus tôt, pour sont pris à tenir ce raisonnement : années 80, avec un Fonds spécial de dans la procédure budgétaire ? publique), font l’objet d’un vote aux opérations non dénouées, éclairer le Parlement en temps s’il est décidément impossible de ré- grands travaux. Edouard Balladur, L’ordonnance du 2 janvier 1959, re- unique. A eux seuls, ils repré- comme les charges à payer ou les utile. former cet impôt, pourquoi ne pas dans le projet de loi de finances lative aux lois de finances et conçue sentent 90 % des dépenses totales produits à recevoir, elles n’appa- chercher à le supprimer totalement, pour 1995, avait envisagé de mettre par la direction du budget de de l’Etat et échappent donc à un raissent nulle part. Pas plus d’ail- V. Ma. et L. M. LeMonde Job: WMQ1102--0007-0 WAS LMQ1102-7 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0423 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 7

Les chiffres-clés de l'exécution budgétaire en 1999

RECETTES en milliards de francs CHARGES DÉPENSES RECETTES DU BUDGET Gardes à vue : les interrogatoires feront FISCALES GÉNÉRAL RECETTES DU CHARGES 1 565,6 1 452,3

NETTES 1 646 1 494,6 1 398,5 1 700,6

BUDGET 1 709,8 GÉNÉRAL RECETTES TOTALES 1 650,8 l’objet d’un enregistrement sonore (135,6) NON FISCALES (151,5) 1998 1999 1998 1999 L’UDF s’abstiendra sur le projet relatif à la présomption d’innocence DÉFICIT 1998 1999 1998 1999 Les députés ont commencé, mercredi 9 février, l’exa- jorité d’entre eux souhaitaient voter le texte, les dépu- 375 men en seconde lecture, du projet de loi relatif à la tés UDF ont finalement décidé de s’abstenir, sous la présomption d’innocence. Alors qu’initialement, la ma- pression du RPR. 0 QUELQUE CHOSE ne tourne pas municipale à Tours... Un peu plus introduit, en première lecture, pour -247,5 -206 -375 rond. « Y’a comme un grain de sable tard, lorsque M. Balladur croise les seuls mineurs délinquants. Avec dans le rouage ! », s’inquiète le dé- M. Douste-Blazy, dans les couloirs, l’aval du premier ministre, la 1998 1999 puté (UDF) de Seine-Maritime, celui-ci en convient : « Je vais régler commission des lois l’avait étendu à Source : ministère de l'économie et des finances Pierre Albertini, mercredi 9 février, ça ! ». En fin d’après-midi, M. Al- toutes les personnes gardées à vue. vers 16 heures, lorsqu’il croise son bertini confirme : « J’annoncerai le « Il convient de bien préciser l’objec- président de groupe, Philippe moment venu que le groupe UDF tif poursuivi, a déclaré Mme Guigou : De Raymond Barre, « Père la Rigueur », Douste-Blazy, dans les couloirs de s’abstient. » ou l’objectif est la protection de la l’Assemblée nationale. Dans quel- Chose promise, chose due. Au- personne, et seul l’enregistrement vi- ques minutes, les députés vont exa- cune voix n’a manqué, à droite, lors déo est de nature à atteindre cet ob- à Michel Rocard, premier ministre « dispendieux » miner, en deuxième lecture, le pro- du vote sur la motion de M. Donne- jectif ; ou l’objectif est de certifier les jet de loi sur la présomption dieu de Vabres, rejetée sans surprise déclarations du gardé à vue, et il faut ON DIT que l’histoire bégaie. Pour début des années 90, quand la avait pas eu de polémique sur le fait d’innocence. La veille, M. Douste- par la majorité « plurielle », vers mesurer les conséquences à l’au- cette affaire de « cagnotte », ce n’est France est progressivement entrée qu’elles étaient, au moins partielle- Blazy avait annoncé que « beau- 23 heures. M. Douste-Blazy était re- dience de l’aveu enregistré. »L’enre- pas le cas : le débat qu’elle suscite, en récession, Pierre Bérégovoy a sui- ment, dépensées. coup [d’élus UDF auraient] un vote venu dans l’hémicycle pour la cir- gistrement sonore « pourra être uti- en France, est inédit. C’est la pre- vi cet exemple, annonçant en cours Dans une étrange reconstruction positif ». Et voilà que Renaud Don- constance. Désireux de « clarifier les lisé contre la personne », a-t-elle mière fois qu’en fin d’année, à la clô- d’exercice des gels ou des annula- de l’histoire, nombreux sont ceux nedieu de Vabres (UDF, Indre-et- rôles » dans la procédure pénale, ajouté, avant de s’en remettre à la ture d’un exercice budgétaire, une tions de crédits qui étaient ensuite qui, à droite, prétendent avoir très Loire) s’apprête à déposer une mo- M. Donnedieu de Vabres a défendu, « sagesse » de l’Assemblée. Peine aussi longue controverse se mène inscrits dans le « collectif » de fin tôt dénoncé la gestion « dispen- tion de renvoi en commission, qui a en vain, un système – alternatif à perdue : lors de l’examen des ar- sur le niveau des rentrées fiscales et d’année. dieuse » des années Rocard. La véri- pour objet de suspendre le débat en celui de M. Balladur, qui vise à sup- ticles relatifs à la garde à vue, sur leur affectation. En revanche, dans la période ex- té, pourtant, est plus nuancée. A séance publique jusqu’à la présen- primer la mise en examen – dans le- l’amendement sur les enregistre- Certes, il est fréquemment arrivé ceptionnellement faste qui a suivi le l’époque, la norme d’évolution des tation d’un nouveau rapport par la que le traditionnel « collectif » du contre-choc pétrolier de 1986, les crédits publics (une hausse annuelle commission parlementaire ! Il est mois de décembre enregistre de très « collectifs » de fin d’année ont plu- inférieure à celle de la richesse natio- vrai que, la veille, M. Donnedieu de Le texte parquet-chancellerie ajourné fortes fluctuations des rentrées d’im- sieurs fois permis aux gouverne- nale en valeur) semblait plutôt ri- Vabres s’était démarqué de pôts – à la baisse quand la conjonc- ments de profiter de marges de ma- goureuse. Les critiques sont venues M. Douste-Blazy en indiquant que, Le report sine die du Congrès qui, initialement convoqué le ture était mauvaise, à la hausse nœuvre inespérées. Exemples : après : quand M. Rocard est tombé pour sa part, il s’abstiendrait sur le 24 janvier, devait permettre l’adoption de la réforme constitution- quand elle était bonne. A la fin des 19,3 milliards de plus-values fiscales en disgrâce et a quitté Matignon, texte, comme ses collègues du RPR nelle sur le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), met-il en années 70, le premier ministre, Ray- figuraient dans le collectif de la fin certains proches de François Mitter- et de DL (Le Monde du 10 février). échec le projet de loi sur les relations parquet-chancellerie ? Ce mond Barre, que les socialistes 1987, présenté par le gouvernement rand, à commencer par Michel Cha- M. Albertini a appris la nouvelle texte, adopté en première lecture par le Parlement, devait être avaient affublé du sobriquet de de Jacques Chirac ; 60,7 milliards rasse, l’avaient accusé d’avoir dilapi- par... Edouard Balladur (RPR). Mer- examiné en deuxième lecture, à l’Assemblée nationale, au mois de « Père la Rigueur », avait, à de nom- dans celui de la fin 1988, dessiné par dé les deniers publics, notamment credi, après avoir déjeuné avec Do- mars. La discussion n’aura pas lieu, selon Christine Lazerges (PS), breuses reprises, procédé, en cours le gouvernement de Michel Rocard. au bénéfice de l’éducation nationale, minique Baudis (UDF) – à qui rapporteuse du projet de loi sur la présomption d’innocence : d’année, à des mesures d’ajustement A ces différentes époques, si cer- dont le ministre était... Lionel Jospin, M. Douste-Blazy prétend succéder « Tant qu’il n’y a pas eu de révision constitutionnelle [sur le CSM], on pour essayer d’atteindre l’objectif taines mesures de détail avaient été et la droite leur avait fait écho. à la mairie de Toulouse – l’ancien est bloqué sur ce troisième volet de la réforme », a-t-elle déclaré, qu’il affichait, celui d’un retour à critiquées, nul n’avait contesté l’éva- premier ministre avait rendez-vous, mercredi 9 février, lors d’une conférence de presse. « C’est l’opi- l’équilibre budgétaire. Plus tard, au luation de ces « cagnottes ». Et il n’y L. M. vers 15 heures, avec M. Albertini et nion de Christine Lazerges ! », a simplement observé, un peu plus Patrick Devedjian, porte-parole du tard, la garde des sceaux, Elisabeth Guigou. L’entourage de Lionel RPR, pour examiner une série Jospin reconnaît, pourtant, que le « constat » de Mme Lazerges d’amendements communs. Lorsque « n’est pas absurde », « la cohérence » de la réforme étant « brisée » M. Balladur entend M. Albertini par le report du Congrès. Les Etats-Unis ignorent l’opacité budgétaire dire que son groupe va voter pour WASHINGTON de l’inflation, des taux d’intérêts, de la productivité ou le texte d’Elisabeth Guigou, il lui ré- de notre correspondant de l’épargne. Il dissèque le budget présidentiel. Il exa- pond, étonné : « C’est curieux. Expli- quel la mise en examen serait pro- ments sonores a été voté à l’unani- Bill Clinton n’avait pas achevé de présenter, lundi mine l’impact des propositions de loi issues du quez-moi, alors, pourquoi vous avez noncée par le parquet et renvoyée mité – la droite l’ayant réclamé en 7 février, son projet de budget pour 2001 que la majo- Congrès. Son indépendance se manifeste à l’égard de déposé une motion de procédure ? » devant le juge d’instruction. première lecture. Les officiers de la rité républicaine du Congrès préparait sa riposte. Car l’exécutif tout comme du législatif. Ainsi, les dirigeants Le député centriste ne répond rien. police judiciaire devront mention- le législatif américain dispose, en matière financière, républicains – qui avaient choisi pour le diriger un an- En fait, il n’était pas au courant... DÉRIVES POSSIBLES ner, sur le procès-verbal, « les de pouvoirs au moins égaux à ceux de l’exécutif. «Le cien membre de l’administration Reagan, Dan Crip- On ne peut pas voter « pour » un La gauche, elle, a tenu à afficher heures auxquelles [la personne gar- Congrès aura le pouvoir de lever et de percevoir des pen – ont été furieux que le CBO leur rappelle en octo- texte et déposer, dans le même son unité... retrouvée. Christine La- dée à vue] a pu s’alimenter ». Celle- taxes, droits, impôts et excises (...). Aucune somme ne se- bre 1999, en pleine querelle budgétaire, que leurs temps, une motion signifiant de fait zerges (PS, Hérault), rapporteuse ci devra, par ailleurs, être retenue ra tirée du Trésor [ministère des finances], si ce n’est en propositions dépassaient de 17 milliards de dollars le qu’on le désapprouve. On ne peut du projet de loi, avait réussi, en ef- « dans des conditions compatibles vertu de crédits ouverts par une loi », dit la Constitution plafond de dépenses autorisé et que, pour les financer, pas annoncer, à droite, des « assises fet, à faire valider par le premier mi- avec le respect de la dignité hu- dans son article premier. Il dispose, explique Thomas il faudrait puiser dans les réserves du très populaire de la justice » et voter en ordre dis- nistre, le 1er février, une série maine » et, selon un amendement E. Mann de la Brookings Institution, du « pouvoir du système des retraites. persé sur la présomption d’inno- d’amendements que Mme Guigou de M. Albertini adopté à l’unanimi- porte-monnaie et l’utilise depuis longtemps comme un Cette indépendance d’esprit a renforcé la crédibilité cence ! « Vous imaginez une partielle avait refusés en première lecture té, les « fouilles » corporelles « por- instrument pour influencer le pouvoir de décision du du CBO, obligeant le Trésor à présenter des analyses dans les Pyrénées-Atlantiques [en vue (Le Monde du 4 février). Tout en tant atteinte » à l’« intégrité physique président (...). Il peut refuser d’accorder des fonds, de- crédibles. Comme l’explique Robert Reischauer, an- de remplacer M. Bayrou, devenu rappelant la « communauté de vue » de la personne » seront interdites. mander comment cet argent a été utilisé, le contrôler ». cien directeur de l’organisme, « avec le CBO, les député européen] sur le thème : entre la commission des lois et le L’Assemblée devait reprendre ses Ces pouvoirs sont réels : représentants et sénateurs hommes politiques ne peuvent plus tricher sur les l’UDF a voté la présomption d’inno- gouvernement, la ministre a expri- travaux, jeudi matin, en examinant n’ont pas seulement le droit de voter le budget, ils dis- chiffres ». Mais le CBO n’est pas tout. Le personnel des cence avec la gauche en laissant tom- mé plusieurs réserves. En parti- un amendement du gouvernement posent des instruments d’information nécessaires commissions parlementaires – les redoutables staf- ber le RPR et DL ! », persifle M. De- culier, elle a attiré l’attention des qui conditionne la mise en examen pour faire leurs contre-propositions et contrôler a fers – a également un pouvoir d’investigation et peut vedjian dans les couloirs. De même, députés sur les dérives « possibles » à l’existence d’« indices graves, pré- posteriori leur application. Le Congrès s’est ainsi doté demander des comptes à l’administration. un élu UDF explique que M. Don- de l’enregistrement sonore des in- cis et concordants ». en 1974 d’un bureau budgétaire (CBO). Cet instrument Le Congrès dispose en outre depuis 1921 du bureau nedieu de Vabres a besoin de terrogatoires des personnes gar- unique a pour mission de « fournir au Congrès les élé- de comptabilité générale (GAO), chargé de vérifier « communiquer » avant l’élection dées à vue. L’amendement avait été Clarisse Fabre ments d’analyse objectifs, opportuns et non partisans, l’utilisation des fonds publics, d’évaluer les pro- nécessaires pour prendre des décisions dans les do- grammes gouvernementaux et de lui fournir une as- maines économiques et budgétaires, ainsi que les infor- sistance légale. La politique de « réinvention du gou- mations et les estimations indispensables au processus vernement » conduite depuis 1993 à l’initiative du Les députés effectueront des visites-surprises dans les prisons budgétaire » afin d’assurer son indépendance par rap- vice-président Al Gore dans le but de réduire les acti- port à l’administration. Il étudie aussi les effets bud- vités des services publics – et leurs effectifs – a accru L’ASSEMBLÉE NATIONALE a particulier, au regard de la présomp- cette couverture médiatique. Au gétaires et macro-économiques des dépenses votées les pouvoirs du GAO. Le rôle du Congrès américain annoncé, mercredi 9 février, la tion d’innocence ». cours de la réunion constitutive de par le législatif. Pour ce faire, il dispose de ses propres dépasse donc le contrôle d’un budget préparé par composition de la commission La « commission Fabius » aura, la commission, mercredi, M. Fabius spécialistes et peut faire appel à des experts exté- l’Etat car il dispose non seulement d’un pouvoir d’ini- d’enquête « sur la situation dans les comme toute commission d’en- a estimé que les députés devaient rieurs. tiative mais aussi de moyens performants et indépen- prisons françaises », dont la créa- quête parlementaire, le droit se saisir de ce problème « pour agir, Pour aider le Congrès à formuler ses propres propo- dants pour exercer ses prérogatives. tion avait été votée à l’unanimité, d’exercer sa mission « sur pièce et pour améliorer, pour demander que sitions, le CBO se livre à des projections à moyen et à jeudi 3 février (Le Monde du 5 fé- sur place ». M. Fabius a annoncé, les pouvoirs publics, qui en sont long terme basées sur l’évolution du PIB, de l’emploi, Patrice de Beer vrier), par les députés. Cette initia- mercredi, qu’il demandera à ses certes conscients, agissent et amé- tive est intervenue après la publica- membres de faire des visites–sur- liorent ». Il a ajouté : « (...) La prison tion dans Le Monde (du 14 janvier) prises, si possible – dans les 187 pri- ne peut pas être un territoire de non d’extraits du livre de Véronique sons de métropole et d’outre-mer. droit ». Tony Blair a également un « trésor de guerre » Vasseur, médecin-chef à la Santé, « Il serait préférable, sans doute, que Le président de l’Assemblée a dé- sur les conditions de vie déplo- ces visites ne soient pas annoncées à cidé que le champ d’intervention LONDRES M. Brown, sachant que « certaines Il le faudrait d’autant plus que rables dans la prison parisienne. l’avance, a précisé le maire de de la commission sera plus large de notre correspondant fonctions publiques sont parfois les trois grands services en ques- Comme prévu, Laurent Fabius en a Grand-Quevilly, même si j’informe- que les seules conditions de vie des Entre 80 et 120 milliards de mieux conduites par des organisa- tion sont dans un état lamentable. pris la présidence. Il sera secondé rai globalement le ministre que tous détenus et des gardiens. Il devra francs : sauf catastrophe, tel sera, à tions qui ne sont ni bureaucratiques Il y a deux semaines, lors d’un en- par deux vice-présidents, Louis les établissements seront susceptibles dépasser le milieu carcéral et l’issue de l’exercice fiscal en cours ni étatiques », il s’agit de créer «un tretien télévisé, M. Blair s’était lais- Mermaz (PS, Isère) et Michel Hu- d’être visités. » Par souci d’efficaci- s’étendre à la réinsertion sociale qui prend fin le 30 mars, le montant nouveau patriotisme civique ». sé aller à promettre que l’Etat, qui nault (RPR, Loire-Atlantique). Le té, un « guide d’investigation », que des 53 000 détenus français (dont du « trésor de guerre » (war chest), dépense 6,7 % de la richesse natio- poste de rapporteur a été confié à M. Fabius présente comme « une 21 000 en détention provisoire), et autrement dit la « cagnotte » bud- « LES CAISSES DÉBORDENT » nale pour la santé publique pour- Jacques Floch (PS, Loire-Atlan- sorte de check-list des problèmes et formuler des propositions pour ré- gétaire britannique. Il y a un an, le Durant l’hiver, lorsque les pre- rait porter ce taux – le second le tique). des questions », sera établi. Il va, en duire « l’usage abusif de la détention chancelier de l’échiquier, Gordon mières estimations concernant plus faible d’Europe – à 8,7 %. Trois La commission sera composée outre, organiser un déplacement provisoire » et favoriser les libéra- Brown, avait tablé sur un excédent l’ampleur du war chest ont été heures après l’entretien, un de trente membres. A gauche, on « dans un pays ayant mis en œuvre tions conditionnelles. M. Fabius de 20 milliards de francs seulement. communiquées, la presse a fait état communiqué du Trésor, dirigé par note les noms de Frédérique Bre- une politique pénale efficace ». souhaite conclure ses travaux dans D’un côté de la Manche comme de de tiraillements entre M. Brown et le « chancelier de fer » précisait din (PS, Seine-Maritime), Julien Le président de la commission a la première quinzaine de juillet. l’autre, la question est donc la le chef du gouvernement, Tony que le premier ministre n’avait rien Dray (PS, Essonne), Catherine Tas- fixé sa première réunion le 24 fé- même : que faire de ce surplus ? Blair, – tous deux tentés par des promis mais seulement fait état ca (PS, Yvelines), présidente de la vrier. Ce jour-là, il souhaite procé- Jean-Michel Bezat Baisser encore les impôts ? Le gou- baisses d’impôts – et les ministres d’une « aspiration, si l’économie commission des lois, Jean-Yves der à l’audition de Martine Viallet, vernement est d’autant plus tenté « dépensiers » – transports, santé progresse bien ».. Caullet (PS, Yonne), Noël Mamère directrice de l’administration péni- de le faire qu’on lui prête l’inten- publique et éducation, trois sec- « Les coffres du gouvernement dé- (Verts, Gironde), Michel Suchod tentiaire, et de Patrick Marest, délé- tion d’anticiper d’un an les élec- teurs en état de manque chro- bordent », écrivait, mardi, Martin (MDC, Dordogne) et Jacques Brun- gué national de l’Observatoire in- tions générales à mai 2001. nique. Après tout, auraient-ils fait Wolf dans le Financial Times. Si la hes (PCF, Hauts-de-Seine). La ternational des prisons. Si Mais le « chancelier de fer » n’a remarquer à M. Blair, le taux global « cagnotte » est à la hauteur des droite a nommé quelques figures nécessaire, certaines d’entre elles encore rien dit de ses intentions. de prélèvement en Grande-Bre- espoirs, continuait l’économiste, le connues, comme Christine Boutin pourront se dérouler à huis clos, a Sauf pour annoncer, mardi 8 fé- tagne est déjà le plus bas d’Europe gouvernement pourra faire les (app. UDF, Yvelines), Renaud Don- indiqué M. Fabius. Mais « puisque vrier, une mesure qui va déclencher (37 % du PIB seulement). Selina deux : baisser les impôts et aug- nedieu de Vabres (UDF, Indre-et- l’objet de cette commission est de la colère de l’aile gauche de son Chen, économiste à la Fabian So- menter les dépenses publiques et Loire), Claude Goasguen (DL, Pa- faire la lumière sur ce qui se passe parti, à savoir des avantages fiscaux ciety, un centre de recherche investir « notamment dans les in- ris), Robert Pandraud (RPR, Seine- dans les prisons », a-t-il souligné, la non négligeables pour les parti- proche du Parti travailliste et au- frastructures ». Réponse de Saint-Denis), Nicole Catala (RPR, plupart des auditions seront ou- culiers et, surtout, les entreprises, teur d’un rapport sur la question, M. Brown le 21 mars, lors de la pré- Paris). vertes à la presse et pourront être qui apportent des aides financières estime, avec les syndicats et l’aile sentation de son budget 2000- De son côté, le Sénat a voté jeudi retransmises à la télévision. La aux multiples « sociétés de chari- gauche du parti, que cela suffit. «Il 2001... 10 février à l’unanimité la création Chaîne parlementaire-Assemblée, té » qui fourmillent en Grande-Bre- faut rétablir le lien entre les citoyens d’une commission d’enquête sur qui émettra à partir de la mi-mars, tagne. Pour le fils de pasteur qu’est et leur impôt. », dit-elle. Patrice Claude les « conditions de détention, en est directement concernée par LeMonde Job: WMQ1102--0008-0 WAS LMQ1102-8 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0424 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 FRANCE Lyon : la division à droite alimente La Fédération hospitalière de France les supputations sur un parachutage accuse son ancien délégué général Un sondage place la gauche en tête avant les municipales Dans une note communiquée aux administrateurs, l’association, Confrontée à la rivalité et à la faiblesse de ses repré- nicipales à Lyon. François Bayrou, président de l’UDF, a qui représente 2 500 établissements, énumère des sommes sentants locaux, l’opposition continue de s’interroger démenti une rumeur le concernant, et Dominique Per- sur l’identité de son chef de file pour les élections mu- ben (RPR) s’interroge sur ses chances. indûment perçues, selon elle, pendant près de vingt ans LES LYONNAIS, plus que ciaux » a naturellement relancé tienne (31 %). M. Chabert de- LA FÉDÉRATION hospitalière 28 000 francs, la réparation d’un payer leurs cotisations si M. Ca- d’autres, se méfient de Paris. l’hypothèse d’une candidature ex- meure, pour 24 % des personnes de France (FHF) n’est pas seule- canapé et de fauteuils. M. Cadène dène restait en place (Le Monde du Jouant de ce sentiment de mé- térieure, d’autant qu’au même interrogées, le « meilleur candidat ment préocupée par le mouvement aurait ainsi bénéficié d’un prêt per- 3 décembre 1997). Après son dé- fiance, très sensible dans « la capi- moment un sondage de la Sofres pour la droite » aux élections mu- de grève qui affecte ce secteur. Plu- sonnel sans intérêt de part, un commissaire aux comptes, tale des Gaules », le président du pour Le Nouvel Observateur (daté nicipales, devant M. Dubernard sieurs administrateurs de cette ins- 600 000 francs et de 826 00 francs chargé de vérifier les bilans 1996- comité départemental du Rhône 10-16 février) indiquait que le chef (19 %). En revanche, pour les sym- titution chargée, depuis 1924, de de primes, entre 1980 et 1997, dans 1997, a refusé de les approuver. du RPR, Michel Forien, a vivement de file des socialistes lyonnais, le pathisants de droite, M. Duber- représenter 2 500 établissements le cadre des manifestations « Hô- « C’est alors que le dossier a été réagi, mercredi 9 février, à la pers- sénateur Gérard Collomb, s’impo- nard, avec 28 %, devance d’un de soins auprès de l’Etat viennent pital Expo » et « Géront Expo ». transmis au parquet. Pour moi, ces pective d’un parachutage. «Les serait dans tous les cas de figure point M. Chabert. de prendre connaissance d’une Surtout, bien qu’ayant déjà perdu pratiques évoquées sont d’un autre Lyonnais n’ont pas besoin face aux candidats locaux de l’op- Dans ce climat d’incertitude, note confidentielle, dont le conte- un procès à ce sujet, la FHF per- âge, mais elles ne font aucun d’hommes providentiels. (...) Lyon position. M. Millon, qui hésite à se porter nu les a mis en émoi. Selon ces té- siste à penser que la rémunération doute », explique Guy Vallet, direc- n’est pas une entreprise de recy- moins, la FHF a en effet listé une de M. Cadène (88 000 francs en teur général du CHU de Rouen. clage pour carriéristes, fussent-ils série « d’avantages indus » perçus 1997) était supérieure à ce qu’il de- Beaucoup, qui siégaient déjà du anciens ministres », a affirmé ce Le PS marseillais veut jouer la transparence par l’ancien délégué général, Phi- vait recevoir et que la part patro- temps de M. Cadène, affirment que proche du député Henry Chabert. lippe Cadène, resté en poste près nale de sa retraite complémentaire les faits relevés n’ont « jamais tran- M. Forien entendait répliquer à La direction nationale du PS a réuni, mercredi 9 février, à Paris, les de vingt ans. Au total, le « préju- n’aurait pas dû être prise en sité par le conseil d’administra- l’annonce par Le Parisien d’une deux dirigeants de la fédération des Bouches-du-Rhône, Michel Vau- dice subi » s’élèverait à plusieurs charge. tion », décrit par l’un de ses anciens candidature de François Bayrou, zelle et Jean-Noël Guérini, ainsi que les candidats déclarés à la mai- millions de francs. membres comme somnolent. « J’ai président de l’UDF, à la mairie de rie de . Ils ont pris connaissance d’un sondage de la Sofres, Depuis le 8 mars 1999, le parquet « UNE LISTE ASSEZ EXORBITANTE » siégé pendant un an avant le départ Lyon, annonce aussitôt démentie réalisé par téléphone les 29 et 30 janvier auprès d’un échantillon de de Paris, qui confirme avoir été sai- Interrogés par Le Monde, M. Lar- de M. Cadène. Le souvenir que j’en par l’intéressé. « J’ai appris avec 800 personnes, qui indique que 38 % des Marseillais souhaiteraient si, a ouvert une enquête prélimi- cher et Gérard Vincent, actuel dé- garde, c’est la transparence qui s’est stupéfaction la nouvelle d’une can- la victoire de la gauche contre 37 % celle de la droite. Les noms de naire. Le président de la FHF, Gé- légué général, ont confirmé la te- ensuivie après », assène Claude Hu- didature abracadabrante à la mai- Marius Masse, Sylvie Andrieux et Michel Pezet recueillent le plus rard Larcher, sénateur (RPR) des neur de cette note. « Pour moi, il y riet, sénateur (Union centriste) de rie de Lyon, qui ne m’a évidemment d’opinions favorables. François Hollande a demandé aux candidats Yvelines, envisage maintenant de a eu versement de sommes indues. Je Meurthe-et-Moselle. Le maire de jamais traversé l’esprit. Je suis un de s’entendre au plus vite afin d’éviter une compétition interne. demander réparation civile et de- dois obtenir réparation », déclare Chartres, Georges Lemoine (PS), élu des Pyrénées-Atlantiques et j’ai MM. Guérini et Vauzelle ont assuré, lors d’une conférence de presse, vrait en informer le conseil d’admi- M. Larcher. « Cette liste est assez député d’Eure-et-Loir, membre du fait le choix du Parlement euro- que la vérification des cartes, par courrier adressé aux adhérents nistration le 3 mars. C’est dans exorbitante », soupire René Mor- conseil d’administration de la FHF péen », a affirmé M. Bayrou sur entre le 15 février et le 5 mars, ira à son terme afin que « la clarté et la cette perspective que les adminis- nex, l’un des administrateurs, vice- depuis 1992, met en avant, lui, la France-Info. transparence » règnent dans un PS marseillais qui recueille 63 % de trateurs – directeurs d’hôpitaux, président des Hospices civils de « présomption d’innocence ». « Qu’y bonnes opinions, devant tous les autres partis. – (Corresp. rég.) élus, présidents d’unions régio- Lyon. « Si tout cela est établi formel- avait-il exactement dans son CLIMAT D’INCERTITUDE nales – ont été invités, le 16 dé- lement, alors cela dépasse les limites contrat ? Les meubles apparte- Dans une moindre mesure, cembre 1999, à venir prendre de l’acceptable », ajoute-t-il. « Des naient-ils à la fédération ? », s’inter- M. Forien visait aussi le député Selon cette enquête, réalisée les candidat, a publié, mercredi, un connaissance du détail des griefs dépenses ont pu paraître injustifiées, roge-t-il. (RPR) de Saône-et-Loire, Domi- 4 et 5 février, soit après la mise en communiqué rappelant qu’«au reprochés à M. Cadène, ancien di- et nous avons été plusieurs à plaider M. Cadène qui, malgré plusieurs nique Perben, maire de Châlon- examen de M. Chabert, auprès moment où M. Raymond Barre est recteur de l’hôpital de Chartres, pour que toute la lumière soit faite », tentatives, n’a pu être joint, a atta- sur-Saône, qui, mercredi matin sur d’un échantillon de 500 personnes, hospitalisé le microcosme parisien détaché à la FHF de 1978 à 1997. affirme, de son côté, l’ancien mi- qué la FHF devant les LCI, a affirmé n’avoir « ni renoncé M. Collomb emporterait l’adhé- s’emballe ». Le délégué général du La FHF aurait pris à sa charge, nistre de la santé Claude Evin, dé- prud’hommes. Par un jugement du ni décidé » de se présenter à Lyon sion des Lyonnais dans les propor- Front national, Bruno Gollnisch, a par exemple, pendant dix-sept ans, puté (PS) de Loire-Atlantique. 12 mai 1999, aujourd’hui en appel, en 2001. Devant la confusion qui tions suivantes : 49 % face à regretté de son côté que M. Bay- la taxe d’habitation du logement En 1997, après la démission du le tribunal lui a donné raison, puis- règne dans les rangs de la droite M. Chabert (35 %), 44 % face à Mi- rou ne soit pas candidat, dans la de fonction de M. Cadène, ainsi président de la FHF, André Damien qu’il disposait d’un contrat de droit (Le Monde daté 6-7 février), chel Mercier, président (UDF) du mesure où « sa candidature aurait qu’un redressement de l’Urssaf (UDF), ancien maire de Versailles, privé en bonne et due forme, et a M. Perben, qui fut directeur des conseil général du Rhône (36 %), permis au FN, quel que soit son can- évalué à plus de 38 000 francs et son remplacement par M. Lar- condamné la FHF à lui verser services puis chargé de mission au 47 % face au député (RPR) Jean- didat, d’administrer la preuve aux ((5 790 euros). Elle aurait servi à cher, M. Cadène a été poussé sans 770 000 francs de dommages et in- conseil régional Rhône-Alpes, est Michel Dubernard (38 %), 49 % prochaines élections municipales payer, six ans durant, la cotisation ménagement vers la sortie par des térêts. M. Cadène a également por- en effet sollicité de longue date face à Christian Philip (UDF), pre- qu’il dépasse l’UDF à Lyon ». de M. Cadène à un club de chasse directeurs et des médecins qui l’ac- té plainte contre MM. Larcher et pour revenir dans sa ville natale. mier adjoint au maire (29 %), et (31 800 francs) mais aussi, pour cusaient d’avoir plongé la fédéra- Vincent pour diffamation. La mise en examen de M. Chabert 60 % face à Charles Millon, pré- Jean-Baptiste de Montvalon 18 000 francs, un lave-linge et une tion dans l’immobilisme. Certains pour « recel d’abus de biens so- sident de La Droite libérale chré- et Jean-Louis Saux cuisinière ou bien encore, pour hôpitaux menaçaient de ne plus Isabelle Mandraud La DGSE M. Le Pen informé de la perte aura imminente de ses mandats JEAN-MARIE LE PEN, président du Front national, a annoncé, mer- credi 9 février, à l’AFP, qu’il avait été informé, par deux lettres du mi- de nouveaux nistère des affaires étrangères et du préfet de la région Provence- Alpes-Côte d’Azur, qu’une procédure de déchéance de ses mandats de député européen et de conseiller régional est ouverte. M. Le Pen, responsables qui dispose de quinze jours pour faire connaître ses observations, LE CONSEIL DES MINISTRES a par oral ou par écrit, a immédiatement annoncé qu’il utiliserait tous confirmé, mercredi 9 février, la dé- les recours pour contester le retrait de ses mandats. Le président du signation de Jean-Claude Cousseran, Front national, qui a été condamné, en novembre 1998, par la cour l’actuel ambassadeur de France en d’appel de Versailles à un an d’inéligibilité, trois mois de prison avec Turquie, à la direction générale de la sursis et 5 000 francs d’amende pour violences lors de la campagne sécurité extérieure (DGSE), en rem- législative de 1997 à Mantes-la-Jolie (Yvelines) – jugement confirmé placement de Jacques Dewatre, qui par la Cour de cassation –, estime que cette condamnation ne occupait cette fonction depuis juin concerne pas ses mandats actuels. M. Le Pen a annoncé qu’il dé- 1993 et qui pourrait être nommé taillerait son argumentaire de riposte à la presse le 14 février. ambassadeur de France en Ethiopie (Le Monde daté 19-20 décembre 1999). Cette nomination, qui n’est MM. Chevènement et Zuccarelli pas une surprise, laisse présager une profonde réorganisation de l’une des directions – majeure – internes à sont hostiles à une amnistie en Corse la DGSE avec le départ programmé de l’actuel directeur du renseigne- LE MINISTRE de la fonction publique, Emile Zucarelli, a déclaré, ment, Michel Lacarrière, qui oc- mercredi 9 février, dans la cour de l’Elysée, à l’issue du conseil des cupait cette fonction depuis juillet ministres, qu’une amnistie des prisonniers politiques corses n’avait 1989. M. Lacarrière sera appelé à ré- « jamais été à l’ordre du jour » et que « si ça ne dépendait que de fléchir sur l’évolution du renseigne- [lui] », elle ne le serait « certainement » jamais. L’ancien maire radi- ment au sein d’une mission d’études cal de Bastia juge « indécent de parler d’amnistie quand l’assassin du de deux ans, pour le secrétariat gé- préfet Erignac (est) encore dans la nature ». Egalement interrogé néral de la défense nationale dans la cour de l’Elysée, le ministre de l’intérieur, Jean-Pierre Che- (SGDN). vènement, a pour sa part exclu toute amnistie : « C’est clair, non ? Il Au poste de nouveau directeur du n’y a pas d’amnistie. Il n’y en aura pas », a-t-il déclaré. La veille, à renseignement, il est question de l’Assemblée nationale, Lionel Jospin avait indiqué que la question ne nommer Jean-Pierre Pochon, qui di- se posait pas à ses yeux « aujourd’hui », mais sans l’exclure au terme rige, depuis 1994, les renseignements du « processus » engagé, le 13 juin, à l’Hôtel Matignon. généraux (RG) à la préfecture de po- lice de Paris. Comme son prédéces- DÉPÊCHES seur à la DGSE, M. Pochon, policier a PRESIDENTIELLE : Marylise Lebranchu, secrétaire d’Etat aux de formation, a servi antérieure- petites et moyennes entreprises, au commerce et à l’artisanat, a ment à la direction de la surveillance déclaré, mercredi 9 février, dans l’émission « Ça se discute », sur du territoire (DST) et aux RG. En France 2, qu’elle ne « voy[ait] pas comment » Lionel Jospin « pouvait septembre 1980, il est chef de la sec- ne pas être candidat » à l’élection présidentielle de 2002. tion « recherches » à la direction a PARLEMENT : le groupe communiste de l’Assemblée natio- centrale des RG, et on lui doit nale a présenté, mercredi 9 février, une proposition de loi visant à d’avoir su attirer dans un piège deux « combattre l’incitation à la haine homophobe ». Les députés commu- responsables du mouvement terro- nistes, qui proposent de modifier plusieurs articles du code de pro- riste Action directe, Jean-Marc cédure pénale, estiment que « la loi ne protège pas les homosexuels Rouillan et Nathalie Ménigon, à l’in- contre les discours de haine en raison de leur orientation sexuelle ». terpellation desquels il a procédé. Leur texte prévoit des sanctions allant d’une peine d’emprisonne- M. Pochon est aussi le directeur des ment à une amende ainsi que la création d’une autorité administra- RG parisiens, à qui le ministre de tive indépendante, chargée de veiller à l’application de ces disposi- l’intérieur de l’époque, Charles Pas- tions. qua, demanda de faire abandonner a MAFIA : le député RPR des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, par la « deuxième section » des RG a demandé, mercredi 9 février, la création d’une commission d’en- la mission de « suivi » des activités quête parlementaire sur « la pénétration des mafias des pays de l’Est des formations politiques après l’es- en France ». M. Estrosi s’inquiète de l’apparition, depuis cinq ans, pionnage du conseil national du PS, notamment sur la Côte d’Azur, d’organisations criminelles agissant en juin 1994, à Paris. dans le domaine immobilier, de la prostitution, et, depuis peu, sur le marché de l’art. Jacques Isnard LeMonde Job: WMQ1102--0010-0 WAS LMQ1102-10 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0426 Lcp: 700 CMYK

10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000

JUSTICE Dans un réquisitoire défi- voi de Roland Dumas devant le tribu- de la haute juridiction depuis le qu’une somme de 14 millions de nistre des affaires étrangères de Fran- nitif adressé le 9 février aux juges nal correctionnel pour « complicité et 23 mars 1999 – a incité le groupe Elf à francs destinée à « financer l’achat de çois Mitterrand « a indûment tiré pro- d’instruction Eva Joly et Laurence recel d’abus de biens sociaux ». b LE verser à son ancienne compagne, l’appartement de la rue de Lille ». fit » des détournements commis par Vichnievsky, le procureur de Paris, PARQUET estime que le président du Christine Deviers-Joncour, des « sa- b LE RÉQUISITOIRE tient, par ailleurs, Mme Deviers-Joncour entre 1989 et Jean-Pierre Dintilhac, demande le ren- Conseil constitutionnel – « en congé » laires et avantages injustifiés » ainsi pour « établi » le fait que l’ancien mi- 1993 (lire aussi page 16). Le parquet demande le renvoi de Roland Dumas devant le tribunal correctionnel Dans un réquisitoire adressé le 9 février aux juges Eva Joly et Laurence Vichnievsky, le procureur de Paris, Jean-Pierre Dintilhac, estime que le président du Conseil constitutionnel doit être jugé pour « complicité et recel d’abus de biens sociaux » POURSUIVI pour « complicité et glant, en forme de véritable acte du 27 octobre 1997 a fixé la juris- Certes, le parquet constate que les concluent à ce propos les magistrats sieurs résidences, avait élu partielle- recel d’abus de biens sociaux » au d’accusation. prudence en matière de recel éléments réunis par les enquêteurs du parquet. ment domicile rue de Lille, chez préjudice du groupe Elf Aquitaine Reprenant en détail les princi- d’abus de biens sociaux, incluant ne suffisent pas « à établir la preuve La thèse de l’accusation repose Mme Deviers-Joncour, et qu’il s’y est depuis le 29 avril 1998, Roland Du- pales découvertes des juges, par- dans le champ de cette infraction d’une intervention de M. Dumas » ainsi autant sur les dénégations « comporté en maître des lieux », les mas devra être jugé par un tribunal ties – à l’automne 1997 – de l’exa- « tous ceux qui, en connaissance de lors du versement, sur l’un des contradictoires du principal intéres- services du procureur assurent que correctionnel. Ainsi conclut le pro- men du train de vie de sa cause, ont par un moyen quel- comptes bancaires suisses de son sé que sur les accusations portées « c’était pour abriter sa liaison avec cureur de la République à Paris, compagne d’alors, Christine De- conque bénéficié du produit d’un ancienne compagne, d’une contre lui par Mme Deviers-Joncour. Mme Deviers-Joncour que ce bien avait Jean-Pierre Dintilhac, au terme viers-Joncour, et de l’achat de son crime ou d’un délit ». « commission » de 45 millions de S’ils invoquent fréquemment les dé- été acheté ». Ils soulignent aussi, sur d’un réquisitoire de quatre-vingts francs, en 1992, en marge de la vente pages adressé, mercredi 9 février, de frégates françaises à la Répu- aux juges d’instruction Eva Joly et La thèse de l’accusation repose ainsi blique de Taïwan. Aux réquisitions « Un raisonnement ahurissant », selon Me Farthouat Laurence Vichnievsky. S’il appar- de non-lieu rendues sur ce point ré- tient désormais aux deux magis- autant sur les dénégations contradictoires pond, toutefois, l’affirmation plu- Sollicité par Le Monde, jeudi matin 10 février, l’un des défenseurs de trates de se prononcer sur l’éven- sieurs fois répétée selon laquelle Roland Dumas, Me Jean-René Farthouat, a indiqué qu’il n’avait pas en- tuel renvoi devant un tribunal du principal intéressé que sur les accusations M. Dumas « savait que les fonds dont core pris connaissance des réquisitions du parquet contre le président pénal de celui qui reste le président il profitait [via sa compagne] avaient du Conseil constitutionnel. Sur la seule base des indications que nous du Conseil constitutionnel, l’ac- portées contre lui par Mme Deviers-Joncour une origine frauduleuse ». Puisque sa lui avons livrées sur leur contenu, l’avocat a estimé que « le raisonne- cumulation des charges retenues à compagne était rémunérée par Elf ment qui conduit à mettre en cause M. Dumas [était] ahurissant ». son encontre par le ministère pu- pour servir d’agent de liaison auprès Les conseils de M. Dumas, Mes Farthouat et François Tosi ont toujours blic et la sévérité de leur présenta- luxueux appartement parisien, les Le ministère public retient égale- du ministre, ce dernier, estime le contesté, depuis la mise en examen de l’ancien ministre, que des infrac- tion accroissent dès à présent le services du procureur écartent ment l’hypothèse, appuyée par parquet, « était à même d’apprécier tions puissent lui être reprochées au seul motif que Mme Deviers-Jon- poids des suspicions sur l’un des sans ambages, en termes parfois Mme Deviers-Joncour elle-même de- la rémunération qui pouvait en résul- cour avait été destinataire de sommes d’argent soustraites au groupe plus hauts personnages de l’Etat. cruels, les arguments avancés par puis qu’elle s’est retournée contre ter, et qui en aucun cas n’était de na- Elf. Lors de ses interrogatoires, M. Dumas a toujours contesté s’être en- « Force est de constater, écrivent M. Dumas au long de l’instruction. son ancien protecteur, selon laquelle ture à lui assurer un train de vie im- tremis pour le recrutement de sa compagne par Elf et pour l’achat de ainsi les services du procureur, que De fait, le parquet tient pour « éta- M. Dumas aurait usé de son in- portant, un salaire de cadre supérieur son appartement. « Je n’ai jamais eu d’intérêt dans cet appartement, si ce de non-réponses en omissions fau- bli » que l’ancien ministre a « indû- fluence ministérielle pour imposer le et l’utilisation illimitée d’une carte de n’est pour y rencontrer Christine, mais nous nous rencontrions ailleurs éga- tives et de demi-vérités en véritables ment tiré profit » des détourne- recrutement de sa compagne, puis crédit de la société ». lement », déclarait-il lors de la confrontation du 2 juin 1999. mensonges M. Dumas a démontré ments commis par le financement de l’acquisition du De même, s’il estime qu’aucun tout au long de cette instruction une Mme Deviers-Joncour entre 1989 et fameux appartement situé rue de lien n’a pu être démontré entre les volonté délibérée de dissimulation, 1993, dont le montant total – sa- Lille, à Paris, par le groupe Elf alors sommes perçues en Suisse par clarations de cette dernière – qu’ils la base de témoignages recueillis par accumulant parfois les contradic- laires, loyers, achats et avantages soumis à l’Etat. La transaction avait Mme Deviers-Joncour et les très qualifient de « femme peu digne de les enquêteurs, que M. Dumas «a tions en face des évidences. » divers, commissions occultes – est été conclue à hauteur de 17 millions nombreux dépôts d’argent liquide foi » –, les auteurs du réquisitoire se utilisé les lieux pour y organiser ou Ancien ministre d’Etat chargé chiffré à 64 548 708 francs. Les ma- de francs, sous couvert d’une société enregistrés, durant la même sont en outre attachés à établir une faire organiser des réunions, dîners, des affaires étrangères, nommé à gistrats du parquet rappellent à cet civile immobilière (SCI) dont la fa- période, sur les comptes personnels cohérence des faits mis au jour par spectacles lyriques et musicaux, en les la présidence du Conseil constitu- égard, dans leurs conclusions, vorite du ministre n’apparaissait de M. Dumas et de certains de ses l’enquête. Les juges ont par exemple faisant aménager, meubler et décorer tionnel en 1995 par François Mit- qu’un arrêt de la Cour de cassation qu’en qualité de gérante. proches, le procureur rappelle clai- découvert que M. Dumas avait ac- à sa convenance », mais apparem- terrand, dont il était l’un des fi- rement que l’ancien ministre «ne quis, en 1991, un dessin-collage d’Er- ment sans participer aux frais enga- dèles, M. Dumas s’était placé «en dispose d’aucun élément pour justifier nest Pignon qu’il avait remarqué à la gés en ces occasions. Cette « appro- congé » de la haute juridiction le Sept personnes poursuivies l’origine de ces fonds » et ne semble Foire internationale d’art contem- priation des lieux », indique le 23 mars 1999, sous la pression pas en avoir déclaré les montants au porain (FIAC) mais dont le prix réquisitoire, est d’ailleurs accréditée conjuguée de la justice, de son an- Outre Roland Dumas et Christine Deviers-Joncour, les réquisitions fisc. Entre 1989 et 1997, indique le – 60 000 francs – avait été réglé en par un détail édifiant : à l’architecte cienne compagne, Christine De- du procureur visent l’ancien président d’Elf Aquitaine, Loïk Le Floch- réquisitoire, quelque 9,5 millions de espèces par Mme Deviers-Joncour. en chef des Monuments historiques, viers-Joncour, ainsi que de l’indi- Prigent, ainsi que trois anciens dirigeants du groupe pétrolier, tous francs ont été déposés sur ces « Il nous a dit qu’il enverrait quel- qu’il avait sollicité pour visiter un gnation de nombreuses poursuivis pour « abus de biens sociaux » : André Tarallo, signataire comptes, dont 7,2 millions entre qu’un pour régler [l’œuvre] à la gale- bâtiment, M. Dumas avait donné personnalités politiques, y compris du premier contrat de Mme Deviers-Joncour ; Jean-Claude Vauchez, 1989 et 1993. M. Dumas en a expli- rie », a témoigné le marchand. Ega- pour adresse celle de l’appartement au sein du Parti socialiste. Même administrateur de la filiale suisse Elf Aquitaine International (EAI), qué la provenance en évoquant tan- lement réglées par sa compagne de la rue de Lille. « L’explication la- après cet exil forcé, il avait conti- qui versa d’importantes sommes à la compagne du ministre, et Al- tôt des honoraires accumulés alors d’alors, mais avec la carte de crédit borieuse fournie par M. Dumas à ce nué à proclamer son innocence, fred Sirven, qui présidait la même filiale. Considéré comme le per- qu’il exerçait la profession d’avocat, fournie par Elf, les célèbres bottines sujet ne peut faire disparaître ni dénonçant à maintes reprises un sonnage central de l’affaire Elf, ce dernier est sous le coup de plu- tantôt le produit de la vente de chez Berluti s’ajoutent, selon même atténuer cette réalité, qui « complot judiciaire » et une sieurs mandats d’arrêt internationaux. d’œuvres d’art ou encore d’héri- l’analyse du parquet, à de multiples constitue une véritable domicilia- « campagne de calomnie » dont il Le parquet préconise également le renvoi devant le tribunal cor- tages, d’« économies personnelles » dépenses de voyages, d’hôtels et de tion », conclut le parquet. De sorte aurait été la cible, tout en affichant rectionnel de Gilbert Miara, homme d’affaires qui fut le compagnon et d’emprunts souscrits auprès de restaurants effectuées en sa faveur que, « en profitant ainsi d’avantages son assurance d’une issue favo- de Mme Deviers-Joncour et son complice dans l’acquisition de l’ap- ses relations – sans qu’aucune trace sans qu’il paraisse s’interroger sur indûment obtenus, M. Dumas a béné- rable de la procédure. Le réquisi- partement de la rue de Lille. Bénéficiaire d’une partie des fonds officielle ait jamais pu en être re- l’origine de telles « facilités ». ficié du produit d’abus de biens so- toire du parquet, dont Le Monde soustraits à Elf, M. Miara est poursuivi pour « complicité et recel trouvée. « La volonté délibérée de Considérant, enfin, que le pré- ciaux ». publie de larges extraits (lire d’abus de biens sociaux ». Tous encourent des peines de cinq ans M. Dumas d’induire la justice en er- sident du Conseil constitutionnel, page 16), y apporte un démenti cin- d’emprisonnement. reur est parfaitement démontrée », qui s’est toujours partagé entre plu- Hervé Gattegno Rue de Lille, à Paris, un appartement somptueux fut le théâtre d’une intrigue d’Etat LE BÂTIMENT a une histoire. Au de 17 millions de francs. La transac- après l’incarcération de Mme Deviers- seau » d’intermédiaires avait tenté République, seule compétente pour de Mme Deviers-Joncour. N’avait-il 19 de la rue de Lille, à quelques di- tion s’effectua avec de l’argent venu Joncour. En voyage protocolaire au d’obtenir de Thomson une commis- instruire le cas d’un ministre mis en fait aucun rapprochement avec sa zaines de mètres du Musée d’Orsay, de Suisse, au nom d’une société ci- Vietnam avec le président de la Ré- sion de 160 millions de francs, avec cause dans l’exercice de ses fonc- soudaine fortune ? Il y eut aussi une un porche monumental s’ouvre sur vile immobilière (SCI) dont elle pas- publique, le président du Conseil le soutien des dirigeants d’Elf de tions. autre alerte, lorsque l’ancien direc- une cour pavée, que l’on traverse sait pour la gérante. Cinq ans et de- constitutionnel y verra le premier l’époque, Loïk Le Floch-Prigent et Reste l’appartement, signe exté- teur de la Direction de la surveil- pour accéder à un hôtel particulier mi plus tard, le 6 novembre 1997, acte d’une « campagne » destinée à son sulfureux bras droit, Alfred Sir- rieur de la richesse subite de lance du territoire (DST), Jacques de trois étages. A droite du portail, c’est à cette adresse que l’ancienne l’abattre dont il ne cessera plus, dès ven... Mme Deviers-Joncour. M. Dumas Fournet, informa en personne sur la rue, une plaque rappelle, compagne de Roland Dumas fut in- lors, de dénoncer les excès. Encore Les termes de l’équation judiciaire pouvait-il vraiment, comme il le M. Dumas, le 2 septembre 1992, de comme un présage, que le député de terpellée par la brigade financière, ses premiers commentaires sur une n’ont guère changé depuis lors : le soutient, en ignorer l’origine ? Plu- l’existence de « rumeurs » évoquant Paris Charles Floquet, bretteur émé- questionnée, bientôt conduite en femme qui partagea son intimité pa- ministre des affaires étrangères avait sieurs témoins ont assuré aux en- l’achat pour son compte d’un appar- rite qui fut compromis dans le scan- prison. Les juges de l’affaire Elf raissent-ils détachés : aux journa- opposé un veto à la vente des fré- quêteurs qu’il visita les lieux dès tement payé avec des « commis- dale de Panama, décéda en ces lieux, avaient reçu une lettre anonyme listes qui l’interrogent, il répond gates en 1990 ; recrutée par Alfred avant que sa compagne en fît l’ac- sions » versées par Elf. alors qu’il la connaît par sa famille, Le chef du contre-espionnage en Dordogne, et qu’il l’avait recru- n’en fit pas davantage, et a indiqué Dans quelques siècles, l’Histoire dira tée, après qu’elle eut quitté le Deux anciens proches de Mme Deviers-Joncour mis en examen aux juges n’avoir jamais pu vérifier groupe Elf, pour travailler à ses côtés ce point. Mais il est acquis que le mi- peut-être que cet immeuble, érigé afin notamment de mettre en ordre Une affaire peut en cacher une autre. Saisi d’une plainte déposée par Chris- nistre, lui, s’en alarma. Le 8 sep- ses archives personnelles. « Elle était tine Deviers-Joncour au printemps 1999, le juge d’instruction de Paris, Phi- tembre 1992, il conviait à déjeuner au XVIIIe siècle et déjà doté d’un ténébreux dans le besoin », explique-t-il, assu- lippe Courroye, a mis en examen, le 7 décembre, deux protagonistes discrets M. Miara, son rival auprès de rant même au Parisien avoir voulu de l’affaire Dumas : le psychanalyste Daniel André, qui résidait au 19, rue de Mme Deviers-Joncour, et lui faisait passé, causa la chute d’un des plus hauts lui donner accès à « une couverture Lille, et Lucienne Goldfarb, propriétaire d’un hôtel parisien et amie de longue part de « son inquiétude de ce que sociale ». Lorsque seront dévoilées, date de l’ancien ministre, dont elle partage la passion pour l’opéra. Le juge a l’on risquait de découvrir que l’appar- personnages de l’Etat, sous la Ve République, quelques mois plus tard, les véri- retenu à leur encontre les qualifications de « chantage, abus de confiance, me- tement “avait été financé sur des tables ressources occultes de sa pro- naces et actes d’intimidation », ainsi que l’indique L’Express dans son édition du fonds d’Elf” », rappelle le réquisi- au terme d’une sombre affaire tégée, ces premiers propos apparaî- 10 février. M. André et Mme Goldfarb sont soupçonnés d’avoir soustrait des toire. « Loin de cesser toute relation tront d’une grande imprudence documents et des bandes magnétiques appartenant à Mme Deviers-Joncour, avec Christine Deviers-Joncour, pour- de frégates, d’amour et de millions – bien dans la manière de leur au- alors que celle-ci était incarcérée, ainsi qu’une importante somme d’argent, suit le procureur, ou de mettre un teur. et d’avoir refusé de les lui restituer, en cherchant en outre à s’approprier les terme à ce comportement délictuel ou Le tournant de l’enquête survient fonds qu’elle avait conservés en Suisse. Tous deux ont nié les faits. de la sommer de le faire, [M. Dumas] le 16 janvier 1896. Erigé au XVIIIe suggérant que son appartement le 2 décembre suivant. Mis en exa- a de plus belle, et jusqu’à la veille de siècle sur l’emplacement d’une an- avait été acheté avec l’argent du men à son tour, Gilbert Miara, an- l’interpellation de cette dernière, cienne chapelle, l’immeuble a appar- groupe pétrolier. Les premières véri- cien marchand de biens reconverti Sirven pour jouer les « agents de liai- quisition. Lui-même n’a guère cher- continué à bénéficier des produits de tenu à la veuve du duc de Brancas, fications policières s’étaient vite avé- dans les affaires, qui avait assisté son » auprès de M. Dumas, sa ché à cacher qu’il y avait ses habi- ces abus de biens sociaux. » Ses agen- aristocrate féru de sciences et pas- rées prometteuses. La locataire de la Mme Deviers-Joncour lors de l’achat compagne réclama une commission tudes. Dans son réquisitoire, le das, saisis par la police à ses diffé- sionné de théâtre, qui était aussi le rue de Lille était bien salariée d’une de l’appartement, révèle qu’outre sur ce marché d’Etat, lorsqu’il fut fi- procureur de Paris met en exergue rents domiciles, l’attestent en effet : protecteur officiel de la cantatrice filiale d’Elf, mais ses revenus officiels ses salaires versés en France et en nalement conclu, en 1991 ; la même deux témoignages considérés ses visites au 19, rue de Lille, se Sophie Arnould. Dans quelques – 11 000 francs mensuels – parais- Suisse, la compagne du ministre année, elle emménagea dans un comme accablants contre l’ancien poursuivirent durant des années, siècles, l’histoire dira peut-être qu’il saient peu compatibles avec son avait perçu, au mois de janvier 1992, somptueux appartement, dans le- ministre. Celui de son plus vieil ami, même après que leurs relations se causa, aussi, la chute d’un des plus train de vie. Trahissant leurs pen- quelque 45 millions de francs sur un quel le ministre prit vite ses habi- l’ancien banquier suisse Jean-Pierre firent moins intimes. L’un des fils de hauts personnages de l’Etat, sous la sées, les juges estimaient, dès le compte suisse, et que cette somme tudes. De l’enchaînement des cir- François, qui a relaté lui avoir fait Mme Deviers-Joncour a confié aux Ve République, à la fin du XXe siècle, 14 octobre 1997, dans le résumé des lui avait servi – entre autres – à constances découle un scénario que part d’une démarche d’Alain Go- enquêteurs que l’ancien ministre au terme d’une ténébreuse affaire faits destiné au parquet, qu’était dé- acheter l’appartement. Partie de l’af- les juges – comme aujourd’hui le mez, alors PDG de Thomson : celui- avait ordonné que soient déména- de frégates, d’amour et de millions. jà « établi » un lien matériel avec faire Elf, l’enquête rejoint alors une parquet – se sont toujours interdit ci s’inquiétait, au début de 1992, de gés les documents et les photos qui Au commencement, donc, était l’ancien ministre des affaires étran- autre procédure, ouverte au mois de formuler, pour une raison procé- l’insistance d’une proche de M. Du- pourraient s’y trouver. La suite de l’appartement. Vaste de 320 mètres gères. L’affaire Dumas pouvait de mars 1997 sur la plainte du durale : soupçonner ouvertement mas réclamant une commission sur l’histoire a fait de la romance un carrés, composé de huit pièces im- commencer. groupe Thomson pour « tentative M. Dumas de s’être laissé influencer la vente des frégates. Or le président piège, et du refuge de ses amours un menses au premier étage de l’hôtel, « Deux juges enquêtent sur l’entou- d’escroquerie » : la toile de fond en pour favoriser la vente des frégates du Conseil constitutionnel a admis, huit-pièces à conviction. il fut acheté, le 12 juin 1992, par rage de Roland Dumas », titrera est le marché des frégates de Taï- déclencherait automatiquement la devant les juges, qu’il avait bien Christine Deviers-Joncour, au prix Le Monde du 15 novembre 1997, wan, à l’occasion duquel un «ré- saisine de la Cour de justice de la compris, à l’époque, qu’il s’agissait H. G. LeMonde Job: WMQ1102--0011-0 WAS LMQ1102-11 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0427 Lcp: 700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 11 Profitant du congé de M. Dumas, le Conseil constitutionnel a retrouvé sa sérénité

LE CONSEIL constitutionnel a Christine Deviers-Joncour, le fonc- du 23 mars, il n’a plus remis les tourné la page Dumas depuis le tionnement du Conseil avait fini par pieds rue de Montpensier et a re- 23 mars 1999. Ce jour-là, Roland être profondément perturbé. Pire, noncé à bénéficier de son traite- Dumas faisait savoir, par un c’est son image même de gardien ment. « Personne ne se pose plus au- communiqué, qu’il avait « décidé, du droit et de la Constitution qui cune question sur ce statu quo dans pour un temps, de ne pas exercer [sa] risquait d’être ternie. Au mois lequel on vit paisiblement », assure fonction de président du Conseil de mars 1999, cinq juges constitu- l’un des conseillers. Et comme constitutionnel ». S’estimant placé tionnels avaient fini par le dire, puis l’avait souligné Yves Guéna, le « en situation d’empêchement », il par l’écrire à Roland Dumas, le 12 mai 1999, lors d’une conférence justifiait sa décision en invoquant la contraignant à se mettre en congé de presse un peu inhabituelle, «le nécessité de mettre « l’institution à (Le Monde du 24 mars). régime juridique de l’intérim permet l’abri des amalgames trop faciles et à l’institution de continuer normale- trop nombreux », ainsi que sa déter- « COMPLÈTEMENT EN DEHORS » ment sa mission ». De fait, depuis mination à « poursuivre en toute li- Depuis, à l’évidence, l’institution une dizaine de mois, le Conseil a berté [son] combat pour la recherche de la rue de Montpensier respire, adopté, sans trembler, plusieurs dé- et la découverte de la vérité, en pre- soulagée d’être sortie d’une tour- cisions délicates et importantes. nant les initiatives procédurales qui mente à laquelle rien ne la préparait Ainsi, il a déclaré le 9 novembre vont s’imposer ». Et celui qui en et d’avoir retrouvé sa discrétion na- « conforme » à la Constitution la loi était, depuis 1995, le président en turelle. La situation que Roland Du- relative au pacte civil de solidarité Christine Deviers-Joncour : « A Taipeh, titre concluait : « Quand les procé- mas espérait provisoire s’est instal- (PACS), en dépit des vives critiques dures judiciaires seront terminées, je lée dans la durée. Le président « par formulées par le président de la Ré- reprendrai ma place à la tête du intérim », Yves Guéna, qui avait dé- publique, quelques jours aupara- je suis la femme la plus célèbre du moment » Conseil constitutionnel. Pendant cette jà, en tant que doyen d’âge, rempla- vant, contre ce texte. période, que j’espère courte, M. Yves cé M. Dumas au printemps 1998, Reste à mesurer si le renvoi de PLACE SAINT-SULPICE, à Pa- Elle s’étonne, pourtant, de n’être demanda en mariage, affirme-t- Guéna me remplacera dans la pléni- lorsque ce dernier avait dû subir Roland Dumas devant le tribunal ris, le siège des éditions Plon voi- « pas soutenue » par les journa- elle – ainsi qu’elle l’avait déjà fait tude des fonctions en qualité de pré- une intervention chirurgicale, a ra- correctionnel – et la fermeté du ré- sine avec la Maison de la Chine. listes français, regrette que Paris- au cours de l’instruction, sans sident par interim. » pidement trouvé ses marques. Avec quisitoire du parquet de Paris – Coïncidence cocasse au moment Match n’ait publié que les extraits avoir effectué le rapprochement Après des mois de résistance une sérénité et une autorité que vont, maintenant, changer la situa- où Christine Deviers-Joncour y a de l’ouvrage consacrés à ses rela- chronologique. Ainsi complétée, acharnée à ce qu’il estimait être une chacun salue au Conseil. « Il est tion et, à nouveau, ébranler l’insti- pris ses quartiers pour assurer la tions avec M. Dumas, s’inquiète la séquence prend encore davan- « campagne de calomnies » contre exact que nous sommes installés dans tution. Échaudés de s’être retrouvés promotion de son nouveau livre – du poids des « marchands de ca- tage de sens. « [M. ] Dumas avait lui, Roland Dumas jetait donc le un statu quo un peu flou juridique- violemment sous les feux des pro- le troisième en quinze mois –, jus- nons » dans la presse et l’édition. la certitude de m’avoir graranti gant ou, du moins, acceptait de ment », note l’un des membres du jecteurs, les membres du Conseil tement consacré à l’affaire des A quelques détails près, invéri- une dot importante », écrit-elle. Sa prendre du recul. Il est vrai que, de- Conseil sous le sceau de l’anony- restent, pour l’heure, très prudents. frégates de Taïwan. L’ouvrage fiables ou purement personnels, mère a relaté l’épisode aux juges puis sa mise en examen, le 29 avril mat. Formellement, en effet, Roland « Il ne fait pas de doute que c’est un s’intitule Opération Bravo, du nom les « révélations » de Mme Deviers- d’instruction, mais à part elle, qui 1998, pour « recel et complicité Dumas, qui avait été nommé pour élément nouveau. Peut-être M. Du- de code donné à ce marché Joncour n’ajoutent rien, pourtant, viendra le confirmer ? Pas l’inté- d’abus de biens sociaux » dans le neuf ans par le chef de l’Etat en mas pourrait-il en tirer les consé- d’Etat, en 1990, par les ingénieurs à ce qui fut déjà publié sur le su- ressé, en tout cas, qui multiplie, cadre de l’affaire Elf, les huit autres 1995, pourrait, jusqu’en 2004, re- quences », concède l’un d’entre eux. français de l’armement. Chez jet. Ou alors davantage de confu- depuis deux ans, les propos déso- juges constitutionnels avaient tra- trouver une fonction dont il n’a pas « Je crois qu’il ne le fera pas. Il ne dé- Plon, tout a été fait pour entrete- sion. Et pour cause : sur fond de bligeants sur son ancienne favo- versé, quoi qu’ils en pensent sur le démissionné. mordra pas de la présomption d’in- nir le mystère autour du manus- vaudeville militaro-financier, le rite, comme pour la provoquer. fond, une période extrêmement in- Mais personne ne semble envisa- nocence. Seule une condamnation crit avant sa parution, en janvier, propos de l’auteur reste de dé- confortable. Difficile même. Au fil ger une telle hypothèse au Conseil. pourrait le faire bouger », pronos- marquée par la désormais tradi- montrer que les commissions qui « JOUER LES NETTOYEURS » des péripéties judiciaires et des M. Dumas, note-t-on, s’est mis tique un autre. tionnelle exclusivité des « bonnes lui ont été versées étaient la Car, paradoxalement, il n’est révélations nauséabondes de « complètement en dehors ». Depuis feuilles » dans Paris-Match, avec contrepartie d’un véritable tra- pas sûr que la multiplication des l’ancienne amie de M. Dumas, la publication de son communiqué Gérard Courtois photos de l’héroïne et de Roland vail, et que ce travail – « les ser- accusations portées contre lui par Dumas en couverture. Un marke- vices que j’ai rendus », écrit-elle – Christine Deviers-Joncour le des- ting éprouvé : les secrets étaient a consisté à faire évoluer la posi- serve jusqu’au bout. Certes, le re- Deux années Il met en cause Roland Dumas. pétrolier pour « s’occuper des autour du livre plus qu’à l’inté- tion du ministre Roland Dumas virement de son ex-compagne, au b 5 décembre : dénonçant une relations entre Elf et le ministre des rieur. Encore fallait-il le lire pour du refus obstiné de la vente des mois de mars 1999, lorsqu’elle dé- d’enquête autour de « campagne de calomnies », affaires étrangères ». le savoir. « Je crois qu’ils avaient frégates à l’acceptation du mar- cida de restituer l’argent des l’ancien ministre des affaires b 10 décembre : l’ancien ministre peur, tout simplement », souffle ché, malgré l’hostilité chinoise. commissions et de l’attaquer Roland Dumas étrangères demande au procureur fait savoir aux membres du Conseil Mme Deviers-Joncour, pour justi- Accablante en apparence, cette frontalement, a lourdement pesé de Paris la saisine de la Cour de constitutionnel qu’« ayant la fier cette confidentialité mise en thèse frôlerait la mise en cause dans sa décision de s’éloigner du b 7 novembre 1997 : Christine justice de la République. conscience en paix », il n’entend scène. Le dernier secret gardé par explicite de l’ancien ministre si Conseil constitutionnel. Mais de- Deviers-Joncour, ancienne b 27 janvier 1998 : après la pas démissionner de ses fonctions l’éditeur porte sur le montant de elle n’était contredite, dans le vant un tribunal, ses défenseurs compagne du président du Conseil découverte d’importants de président. Le même jour, il son à-valoir. « 500 000 francs », même livre, par une série de pro- miseront sur la fragilité de l’ac- constitutionnel, Roland Dumas, est mouvements bancaires sur le conteste la véracité du récit de confie-t-elle. pos apaisants. Exemple : « Sur le cusatrice et sur les contradictions mise en examen pour « abus de compte de Roland Dumas, en 1991 Mme Deviers-Joncour. moment, je n’imaginai pas un seul internes de ses scénarios succes- biens sociaux, recel et complicité » et 1992, une perquisition est b 3 mars 1999 : Christine « AUTANT QUE MOI SUR LE SUJET » instant qu’il puisse y avoir un quel- sifs. par les juges Eva Joly et Laurence conduite à son domicile, dans ses Deviers-Joncour change de Ce mercredi 9 février, l’auteur conque rapport entre la décision de L’unique confrontation organi- Vichnievsky et placée en détention. bureaux personnels, ainsi que dans système de défense et accuse pour est « en interview » avec des jour- [M. ] Dumas et le versement pro- sée par les juges, le 2 juin 1999, Les deux magistrates chargées de sa résidence de Gironde. la première fois Roland Dumas. nalistes de la télévision taïwa- chain de la commission des fré- était restée aimable, quoique ten- l’enquête sur l’affaire Elf la b9 avril : Christine Elle affirme aux juges lui avoir naise. « A Taipeh, dit-elle, je suis la gates. J’ai encore du mal à l’ad- due. M. Dumas trouvera néan- soupçonnent d’avoir bénéficié d’un Deviers-Joncour est remise en offert un lot de statuettes d’une femme la plus célèbre du mo- mettre aujourd’hui. » moins de quoi se réjouir dans les emploi de complaisance au sein du liberté et placée sous contrôle valeur de 264 000 francs achetées ment. » Au sortir de l’entretien, A la chronologie édifiante, dé- insinuations de l’auteur contre les groupe. Elles s’interrogent judiciaire. avec l’agent d’Elf et souligne avoir elle raconte en s’esclaffant : «La couverte à la lecture du Monde, dirigeants du groupe Thomson, et également sur les conditions b 29 avril : Roland Dumas est mis été recrutée par le groupe pétrolier dernière question était terrible. Ils qui la vit signer, le 4 juillet 1991, la longue liste de ceux qui au- d’acquisition, en 1992, pour en examen pour « recel et sur l’intervention « décisive » de m’ont demandé si je pensais que la des documents confidentiels dé- raient « touché leur part » sur le 17 millions de francs, d’un complicité d’abus de biens sociaux ». l’ancien ministre. France passerait encore des posés en Suisse et organisant la contrat des frégates. « Moi, j’ai appartement qu’elle occupe rue de Il est soumis à un strict contrôle b 24 mars : les avocats de Roland contrats avec Taïwan. Je leur ai réception d’une part de la rendu l’argent. Maintenant, je vais Lille. judiciaire et doit verser une Dumas demandent la récusation dit : je pense que oui, parce commission – environ 80 millions jouer les nettoyeurs », clame-t-elle. b 2 décembre : mis en examen caution de 5 millions de francs. des juges Joly et Vichnievsky. La qu’avec les dérives qu’il y a eues sur de francs –, le lendemain du jour L’ancien ministre avait été le pre- pour « recel d’abus de biens b 3 novembre : la publication du veille, l’ancien ministre a annoncé le contrat des frégates, je pense que où M. Dumas avait informé Loïk mier à pointer les trois milliards sociaux », Gilbert Miara, marchand livre-confession de Christine qu’il se mettait en « congé » de la désormais, ça se passera mieux... » Le Floch-Prigent et Alfred Sirven de commissions versées en marge de biens devenu intermédiaire Deviers-Joncour, La Putain de la présidence du Conseil La voici promue spécialiste des que le veto sur les frégates était de la vente des frégates. Sur ce dans les affaires, fait état d’une République, fragilise la position de constitutionnel. contrats d’armement. « Personne levé (nos éditions du 13 février terrain au moins, l’ancien couple commission de 45 millions perçue M. Dumas. Mme Deviers-Joncour y b 22 novembre : les juges Joly et n’avait osé en dire autant que moi 1999), Mme Deviers-Joncour ajoute est toujours uni. par Mme Deviers-Joncour à décrit sa « relation amoureuse » Vichnievsky closent leur sur le sujet, dit-elle. En plus, ve- une nouvelle date : le 5 juillet l’occasion de la vente, en 1991, par avec l’ancien ministre et précise instruction et transmettent le nant d’une femme, ça surprend ! ». 1991. A cette date, M. Dumas la H. G. Thomson, de six frégates à Taïwan. avoir été recrutée par le groupe dossier au parquet de Paris. Aux assises, Mamadou Traoré ne nie rien mais répète que « ce n’est pas de sa faute » Parents et enseignants se mobilisent PARCE QU’IL A RECONNU les qu’elle dormait dans sa chambre. la porte. Il avait besoin d’argent et Une nouvelle fois, Yves Corne- faits qui lui sont reprochés, Ma- Mais M. Corneloup n’est pas aurait agressé Danièle B. pour la loup se voit contraint de lire les contre les fermetures de classes madou Traoré imaginait qu’il pou- dupe : « Quand on évoque un délit, voler. Devant la cour d’assises, il procès-verbaux du dossier. Pour vait se dispenser d’explications. vous gardez un souvenir. » En re- rejette cette version : « J’étais en Mamadou Traoré, ce rappel de la ALORS QUE dans de nombreux cette année. Leurs craintes ont été Ce jeune Français d’origine séné- vanche, quand la cour aborde des état de mystification, je divaguais cruauté des faits est insuppor- départements, les manifestations alimentées par des problèmes de galaise de faits relevant de la qualification de pour donner un sens à ce que j’avais table. Honteux, comme un enfant se multiplient pour protester remplacement des enseignants de- vingt-sept crimes, Mamadou Traoré a la mé- fait, mais en réalité je n’avais pas de pris en faute, il cherche une réac- contre des fermetures de classes puis décembre. « La réalité s’est re- ans est soup- moire qui flanche. besoins d’argent, je faisais du trafic tion dans le regard de la sœur et dans le primaire, les recteurs de- trouvée en décalage avec les discours çonné d’avoir Le 23 avril 1996, Danièle B. est de drogue, je gagnais 25 000 francs de la mère de Nelly B. « Je vous de- vaient connaître dans la journée de ambitieux des ministres : pas de violemment retrouvée en état de prostration, à par mois, je payais 6 000 francs mande d’arrêter de lire ce PV, sa jeudi 10 février le nombre de postes classe sans enseignant, maintien des agressé six moitié dévêtue, dans le hall d’un d’hôtel ». « Vous n’aviez pas de pro- mère est là », supplie-t-il. « Il est un dont ils disposent pour assurer la classes en zone rurale, effort dans les personnes de immeuble. Elle présente de graves blème d’argent, pas de problème peu tard pour penser à elle », lance rentrée 2000. Comme à la rentrée zones d’éducation prioritaire... », sexe féminin, blessures au visage, une hémorra- sexuel avec les femmes et pourtant l’avocat de la partie civile. « Vous 1999, un peu plus d’un millier de analyse le Syndicat des enseignants âgées de on- gie cérébrale et de multiples vous êtes dans le box », s’étonne le aurez la parole plus tard », ré- postes devaient être redéployés (SE-FEN). ze à soixante-dix ans, entre avril et contusions. Des examens ulté- président. « Exactement, ça, ce torque l’accusé, qui oublie vite sa pour prendre en compte les varia- En réponse à ces inquiétudes, le octobre 1996 à Paris. Deux de ses rieurs confirment que la victime a n’est pas Mamadou Traoré, ex- gêne pour redevenir combatif. tions démographiques des acadé- ministre de l’éducation nationale, victimes sont mortes des suites de subi un début d’agression plique l’accusé, s’il l’a fait ce n’est Visiblement excédé par les ques- mies. Ainsi, des emplois prélevés Claude Allègre, a rappelé que mal- leurs blessures. Depuis le premier sexuelle. « C’est moi qui ai fait ça, pas de sa faute. » tions gênantes qu’on lui pose, Ma- dans celles de Lille, de Nancy ou de gré la perte de 20 000 élèves dans jour de son procès, lundi 7 février, reconnaît Mamadou Traoré, je res- madou Traoré fait souvent montre Reims, qui perdent des élèves vont les écoles, le nombre d’emplois de- devant la cour d’assises de Paris, sens de la honte mais je ne peux pas « SA MÈRE EST LÀ » d’arrogance. Il évoque, sans pudeur, être réinjectés dans des académies meurait constant. « C’est comme si Mamadou Traoré a opté pour une vous expliquer, ces faits ne corres- Mamadou Traoré use du même « l’enfer » qu’il vit depuis les faits, en expansion comme Montpellier, on créait 1 500 postes par an », a-t-il ligne de défense de laquelle il ne pondent pas à ma personnalité. » stratagème pour éluder les ques- rabroue vertement une avocate qui Toulouse, Bordeaux, Nantes, ou déclaré sur Europe 1 , dimanche s’écarte pas : il est bien l’auteur « Vous nous dites être l’auteur, alors tions concernant l’agression de lui aurait « manqué de respect », ac- sous-dotées, comme Créteil. 6 février, avant de ramener ce des faits, mais, victime de l’envoû- racontez », propose le président. Nelly B., retrouvée morte le cuse la chef de la brigade criminelle Se fondant sur les prévisions des chiffre à 900 le lendemain. tement d’un marabout, il n’en se- Habitué à parler de lui à la troi- 25 août 1996, au huitième étage de mensonges, qualifie de faux cer- inspecteurs d’académie, parents Dans le second degré, l’annonce rait pas personnellement respon- sième personne, l’accusé fait une d’un immeuble du treizième ar- taines pièces du dossier. A plusieurs d’élèves et enseignants n’ont pas des dotations par établissement sable (Le Monde du 9 février). tentative : « Elle marchait, rondissement. La victime a été reprises, il laisse entendre que les attendu l’annonce officielle de la sont dévoilées au fil des jours et Depuis que le président Yves l’homme vient et l’agresse. » « Ra- sauvagement frappée au visage et policiers chargés des différentes en- carte scolaire pour marquer leur in- provoquent aussi des mouvements Corneloup a commencé, mardi contez l’action de l’homme », in- a subi un viol, selon les explica- quêtes sont en partie responsables quiétude. Des mouvements d’am- de grève, comme à Marseille ou à 8 février, l’examen des faits, l’ac- siste Yves Corneloup. « Je sortais tions livrées, lors de l’instruction, de sa situation. « Ils ont très vite eu pleur perdurent depuis plusieurs La Ciotat (Bouches du Rhône), à cusé se retranche systématique- d’un bar avec des copains pour ren- par l’accusé lui-même. « Elle pro- mes empreintes, s’ils avaient fait leur jours dans le Doubs et le Gard, où Lille (Nord), qui va perdre ment derrière cette pratique ma- trer à l’hôtel, j’ai aperçu cette menait son chien, dit Mamadou travail ils auraient pu m’arrêter bien de nouvelles manifestations étaient 227 postes, ou bien encore à gique supposée pour refuser de femme, les coups partent automa- Traoré. Je l’ai agressée, je l’ai traî- plus tôt », clame-t-il. Même si le prévues jeudi. A Toulouse ou à Hayange (Moselle). Les mouve- donner les détails de ses actes. tiquement. » née dans l’immeuble, mise dans président Corneloup s’évertue à lui Montpellier, grèves et occupations ments pourraient se prolonger plu- Une fois seulement, il accepte de Lors de son interrogatoire par l’ascenseur, déposée au huitième et rappeler que les recherches au fi- d’écoles ont rassemblé enseignants sieurs semaines, les académies ac- livrer quelques informations sur les policiers, Mamadou Traoré puis je suis parti ». « Elle a été re- chier central des empreintes se sont et parents en début de semaine. tuellement en congés prenant le les circonstances de l’agression de avait donné un mobile à son acte : trouvée à moitié nue », rappelle le révélées infructueuses, l’accusé ne Cette mobilisation massive des pa- relais de celles en vacances les 12 et Sophie, onze ans à l’époque, vio- la veille, alors qu’il était « au bout président. « C’est moi qui l’ai dénu- veut rien en croire. rents ainsi que le caractère plus 19 février. lemment frappée au visage dans la du rouleau », il était allé demander dée, mais je ne saurais vous donner préventif que réactif des manifesta- nuit du 3 au 4 juin 1996, alors de l’aide à sa mère qui l’avait mis à d’explication », lâche-t-il. Acacio Pereira tions constituent les nouveautés de Stéphanie Le Bars LeMonde Job: WMQ1102--0012-0 WAS LMQ1102-12 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 10:10 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0428 Lcp: 700 CMYK

12 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 Ces 684 habitants supplémentaires que savoure la Lozère Pour la première fois depuis 1881, ce département, longtemps miné par un exode rural qui semblait inexorable, affiche un solde démographique positif : + 1 %. Ses responsables restent prudents sur cette évolution tout en espérant qu’elle marque un renversement de tendance MENDE jeunes « convertis ou motivés par mue touristique, transformant un sur les 2 750 kilomètres de rivières de notre envoyé spécial Une croissance grâce à Mende une agriculture de qualité, et qui bout de ferme ou de bergerie en de première catégorie. D’autres Coup sur coup, deux chiffres AUVERGNE n’ont pas envie de se sentir culpa- gîte, au nombre de 700 au- se sont consolidés, sous la pres- viennent de mettre en lumière la RHÔNE- 20 km bilisés par des aides à la produc- jourd’hui, au moyen de subven- sion touristique, comme celui des ALPES CANTAL HAUTE-LOIRE Lozère : le département a connu LOZÈRE tion ». A cela s’ajoutent un certain tions. Bateliers du Tarn, installés en une augmentation de la délin- nombre d’installations margi- Mais aussi des migrants sont coopérative à La Malène. Résultat Lot quance de 26 % et sa population a Mende nales, qui échappent aux statis- montés de la ville, comme Alain de cette politique : 70 000 lits of- MIDI-PYRÉNÉES progressé de 1 %. Le premier GARD A75 LOZÈRE tiques agricoles. Ces « margi- ferts aujourd’hui aux touristes. En

R Gévaudan

chiffre n’a suscité aucune émo- Tarn Nîmes h ARDÈCHE naux » « font un peu de tout, y somme, un lit par Lozérien. ô

n 9 tion particulière (lire ci-dessous). e compris du cannabis », dit-on à Jean-Paul Pottier, président MONTPELLIER N Mende Résultat de cette Mais le second a été analysé, dis- AVEYRON N 106 1699 m Mende sans méchanceté. « Si bien (DL) du conseil général, ne veut HÉRAULT Mont LozèreVillefort séqué et savouré. Car, pour la Causse de qu’au bout du compte on n’est pas politique : 70 000 lits pas « cracher » sur ces 3 000 em- Carcassonne première fois depuis 1881, la Lo- Sauveterre Florac très loin de notre chiffre de cent ! », plois touristiques, mais, insiste-t- Sévérac- le-Château zère affiche un solde démogra- AUDE Causse ajoute Pierre Hugon. offerts aujourd’hui il, le département en compte phique positif. Depuis 1999, le Méjean Barre-des- Lanterne rouge en nombre « 25 000 autres », et la Lozère Perpignan Cévennes Alès département compte 73 509 habi- Golfe du Lion d’habitants, la Lozère offre des n’est pas encore sauvée des eaux. Millau aux touristes. PYR. ORIENT. tants, soit 684 de plus qu’en 1990. GARD statistiques encourageantes. Le Car la nouvelle répartition des 30 km André Corrigès, président de la ESPAGNE taux de chômage (5,5 %) y est le En somme, un lit aides européennes à l’aménage- chambre de commerce, a beau re- Les indicateurs économiques et fiscaux plus faible de France ; de 1992 à ment du territoire va, en effet, la lativiser avec humour l’événe- 1996, les créations d’emplois y ont par Lozérien priver de subventions consé- ment en affirmant que « les Lozé- hausse est « un symbole, une nous avons mieux résisté que connu la plus forte progression ; quentes. Ce sera néfaste pour riens n’arriveraient pas encore à amorce ». « Je crois à la théorie de d’autres, comme nos voisins du et le niveau de formation y est un l’emploi, estime Jean-Paul Pottier, remplir le Stade de France », les l’inversion des chances pour les ter- Cantal qui ont un peu “lâché” l’oc- des plus élevés. Un poste sur deux Pigache, un Parisien, sorti de qui s’insurge contre ces décisions. responsables se posent la ques- ritoires. Aujourd’hui, c’est peut- cupation de l’espace. » Deux cents est occupé par un non-Lozérien. l’école des guides de Chamonix, « Le malade est convalescent. Ce tion : alors que ses voisins du être la chance de régions à forte agriculteurs disparaissent encore Trois mille emplois environ sont entré en Cévennes comme en reli- n’est pas le moment de lui suppri- Cantal ou de l’Aveyron ne valeur environnementale. La Lo- chaque année. Pour maintenir ce générés par le tourisme. Naguère, gion, et qui guide les randonneurs mer le goutte-à-goutte. » Les em- semblent toujours pas échapper à zère est un territoire neuf, pas du socle rural, l’objectif est de procé- on visitait les gorges du Tarn sans à âne sur les sentiers de Steven- plois industriels (4 500, y compris la spirale du dépeuplement, le tout abîmé, avec un fond de société der à l’installation d’une centaine connaître le nom de la Lozère. son. Une série de nouveaux mé- ceux de la construction) sont les « dernier » des départements rurale. Les jeunes ne partent plus, de jeunes par an. En fait, 60 à Aujourd’hui, on fait monter le vi- tiers sont apparus, s’ajoutant à la plus exposés. « Pour s’accrocher, il français en a-t-il fini avec l’exode les lumières de la ville brillent un 70 installations se réalisent an- siteur sur le causse. Beaucoup pluriactivité traditionnelle, faut le coup de cœur pour le pays rural, ce mal plus que centenaire ? peu moins pour eux, ils ont des rai- nuellement. En majorité des d’agriculteurs ont accepté cette comme celui de guides de pêche en plus », estime un patron. Certes, des nuances sont à ap- sons d’espérer ici, estime-t-il. De- Le secteur de la transformation, porter. La Margeride, au nord, puis vingt ans, l’Europe a fait de la dérivé de l’agriculture, est créa- continue à perdre ses habitants. Lozère une sorte de laboratoire. teur d’emplois, comme celui de La croissance de Mende (518 ha- Nous sommes en train de réussir un l’informatique : jeune patron, Lio- bitants de plus, pour un total de aménagement harmonieux, avec Les chiffres de la délinquance laissent la population sereine nel Boudoussier, qui vient de 11 804) était attendue. En re- une agriculture de montagne dont MENDE Au palais de justice, Jean- agression à main armée. Il suffirait créer une société de contrôle de vanche, des soldes positifs se re- la production de qualité et de label de notre correspondant Claude Clément, procureur de la qu’il s’en produise une cette année gestion par télétransmission, ef- lèvent dans l’ouest du départe- répond aux attentes des nouveaux La Lozère serait-elle devenue République, insiste sur les limites pour avoir une augmentation de... fectue un retour au pays. Anne- ment, le long de l’autoroute A 75, consommateurs. On peut parler de une zone de non-droit, livrée aux de l’outil statistique. « En Lozère, 100%!» Marie et Jacques Chauvière, séri- qui a joué son rôle de désenclave- Lozère nouvelle. » bandits de grands chemins ? Oui, dit-il, dans le domaine de la délin- Si la Lozère reste épargnée par graphes, sont venus de Paris en ment, tandis que les Cévennes, au Conseiller général de Mende- selon les statistiques policières quance, les chiffres sont très la délinquance organisée, les ser- 1976. Pas le genre soixante-hui- sud, ne se dépeuplent plus. Re- nord, Pierre Hugon (UDF), qui a rendues publiques mercredi 2 fé- faibles. Il suffit d’une légère varia- vices de police et de gendarmerie tard. L’entreprise fait du yoyo naissance ou feu de paille démo- dirigé une association de déve- vrier : entre 1998 et 1999, ce dé- tion pour avoir des pourcentages n’en demeurent pas moins vigi- économique. « Les aides, c’est le graphique ? Les responsables loppement agricole, est plus partement enregistre une hausse élevés. En réalité, sur plusieurs an- lants. En effet, l’amélioration des passage obligé. Ici, le prince, c’est restent prudents. Directeur du nuancé : « Se stabiliser, c’est déjà spectaculaire de la délinquance, nées, l’étude des faits délictueux voies de communication et la l’administration et Jacques Blanc comité départemental du tou- ça. Nous nous battons pour chaque qui atteint + 26 %, et détient ainsi démontre leur relative stabilité. » réalisation de l’autoroute A 75 [président DL du conseil régional risme, Pierre Spirito, le plus opti- emploi dans chaque commune. le record national. A vrai dire, « Ici, explique le commissaire entre Clermont-Ferrand et Bé- de Languedoc-Roussillon] », miste, estime que ce petit 1 % de C’est peut-être à cause de cela que cette information n’a pas trau- de police Hamid Dali, nous pre- ziers amènent des délinquants de disent-ils. « On nous demande de matisé les Lozériens ni modifié nons tout en compte. Un simple vol passage qui sévissent au coup par gérer un territoire immense, avec leurs habitudes au quotidien. A à l’étalage ne fait pas simplement coup. De telles affaires restent très peu d’habitants, insiste Jean- Mende, les automobilistes conti- l’objet d’une mention sur la main exceptionnelles et la vie s’écoule Paul Pottier. 45 % de nos recettes nuent de laisser tourner le mo- courante. Il est constaté et pour- dans ce département de manière viennent de l’Etat. Je les prends teur de leur véhicule quand ils suivi. Toutes les plaintes sont systé- paisible. sans complexe. » vont acheter la baguette de pain matiquement reçues. Depuis trois ou le journal. ans, nous n’avons connu aucune Jean-Marc Gilly Régis Guyotat Un maire pris dans une nasse d’écrevisses aux pattes blanches ALBI confiée à l’Office national des forêts, sont auto- du maire et sa comparution devant le tribunal de notre correspondante risés par arrêté préfectoral du 16 juin 1995 et dé- correctionnel. En décembre, à l’audience, il avait Avec leurs huit pattes blanches, les écrevisses marrent au début de l’été. avoué son désarroi : « Comment voulez-vous que de Saint-Pierre-de-Trévisy ont causé bien du C’était oublier la présence de ces écrevisses à j’explique aux habitants de Saint-Pierre-de-Trévisy souci à Philippe Foliot, maire de la commune, pattes blanches qui barbotent dans les cours que pour un ouvrage qui a coûté plus de conseiller général du Tarn, conseiller régional de d’eau de cette zone montagneuse et boisée du 500 000 francs, les études qui sont demandées au- Midi-Pyrénées. Jusqu’à comparaître, le 8 dé- Tarn. Tandis que se creuse la digue, des gardes jourd’hui pour la régularisation du plan d’eau se cembre 1999, devant le tribunal correctionnel de fédéraux venus sur le terrain invoquent la mise montent à 300 000 francs ? » Castres pour « poursuite de travaux sans auto- en péril de cette espèce protégée et dressent Me Bruno Labadie, avocat de la Fédération de risation, destruction d’espèces protégées et des- procès verbal sur procès verbal. La Fédération la pêche, avait demandé la destruction de la truction du milieu naturel ». Le tribunal a rendu de la pêche saisit le tribunal administratif qui digue, 435 000 francs de dommages-intérêts et son jugement mercredi 9 février : Philippe Foliot prononce un sursis à exécuter en septembre 75 000 francs d’amende pénale. Me Jean Iglésis, a été relaxé. « C’est un grand soulagement », a-t- 1995. l’un des deux avocats de Philippe Foliot, avait il déclaré et il a appelé la Fédération de la pêche soulevé un autre problème : « Ordonner la des- àla « paix des braves ». DEMANDE DE DESTRUCTION DE LA DIGUE truction du barrage entraînerait la disparition du L’affaire débute en 1994, lorsqu’il décide, avec Le maire s’en réfère au préfet, qui lui explique crapaud Bufo-bufo qui a colonisé le plan d’eau. l’approbation du conseil municipal, de que le barrage en cours d’achèvement ne peut Or ce crapaud est aussi une espèce protégée par la construire un barrage sur un ruisseau afin de rester en l’état : en décidant d’interrompre les convention de Berne. » Il avait demandé la relaxe. créer une réserve d’eau pour la lutte contre les travaux durant plusieurs mois, le maire s’expo- Le procureur de la République avait laissé le incendies. « Un sinistre venait de détruire serait au risque qu’une inondation emporte la soin au tribunal de juger de la responsabilité pé- 400 hectares de maquis et forêts et les pouvoirs pu- digue sous la pression de l’eau et cause des dé- nale de l’élu. La relaxe du maire a été vécue blics sensibilisaient les maires des communes des gâts matériels et corporels, qui entraîneraient comme « une grande déception » par le pré- monts de Lacaune au dispositif de prévention du par la suite sa responsabilité. Philippe Foliot dé- sident de la Fédération de la pêche : « Nous nous risque d’incendie », explique-t-il. L’enquête pu- cide donc de mettre en sécurité l’ouvrage. Une réunirons samedi en conseil d’administration et blique ne suscite aucune opposition et reçoit nouvelle plainte de la Fédération de la pêche est déciderons de la suite de l’affaire. » l’avis favorable du conseil départemental d’hy- déposée auprès du tribunal de grande instance giène. Les travaux, dont la maîtrise d’œuvre fut de Castres, qui se traduit par la mise en examen Véronique Durand Tempêtes : les sénateurs demandent des aides à la reconstruction APRÈS L’ASSEMBLÉE nationale, « Elle prendra notamment appui, Les élus de « l’intérieur » ont sur- de loi permettant aux communes c’était au tour du Sénat, mercredi pour ses travaux, sur les situations re- tout insisté sur les aides à la re- forestières de placer les fonds pro- 9 février, de faire le point sur la si- censées et révélées par la commission construction. Philippe Arnaud venant de la vente des chablis sur le tuation après les tempêtes de fin dé- nationale chargée d’examiner les (Union centriste, Charente), a re- marché privé. Les critiques contre le cembre et le naufrage de l’Erika. Ce questions d’indemnisation », a-t-il gretté le retard pris par EDF et a de- gouvernement ont, finalement, été débat, qui intervenait au lendemain ajouté. Par ailleurs, il a souligné que mandé si l’entreprise publique ne très limitées. Xavier Darcos (RPR, de la réunion, à Matignon, des élus le renforcement de la police mari- pourrait pas indemniser des vic- Dordogne) a reconnu que le Pre- du littoral atlantique (Le Monde du time sera une des « priorités » de la times (pour perte d’exploitation, mier ministre, lors de son déplace- 10 février), a été l’occasion, pour le présidence française de l’Union eu- notamment). Plusieurs sénateurs de ment en Dordogne, avait su trouver ministre de l’intérieur, de préciser ropéenne, au second semestre 2000. droite comme de gauche ont sou- les mots justes pour appeler à la que la mission interministérielle Louis Le Pensec (PS, Finistère), an- ligné la mobilisation de l’Etat. solidarité nationale. d’évaluation confiée à Gilles San- cien ministre de la mer, a plaidé son, inspecteur général de l’admi- pour la constitution d’un corps eu- CRITIQUES LIMITÉES Jean-Michel Bezat nistration, sera notamment chargée ropéen de la sécurité maritime. Jean-Pierre Raffarin (RI, Vienne), « d’examiner les pratiques d’assu- En attendant, a affirmé M. Chevè- président de la région Poitou-Cha- a MARÉE NOIRE : Thierry Des- rance des biens des collectivités lo- nement, le gouvernement « fera rentes, a souligné l’ampleur de la marest, PDG de TotalFina, a esti- cales face aux risques de catastrophe tout » pour que la saison touristique catastrophe pour la filière bois. mé mercredi 9 février que le pom- naturelle ». sur les côtes bretonnes, vendéennes « Les prêts bonifiés ne peuvent ré- page du fioul dans les cuves de Composée de représentants des ou charentaises ne soit pas trop af- soudre les difficultés » des profes- l’Erika pourrait commencer en mai corps d’inspection de plusieurs mi- fectée par la marée noire. Il y a ur- sionnels, a-t-il précisé, en appelant prochain. Lors d’une audition de- nistères (intérieur, finances, indus- gence, selon plusieurs sénateurs : le le gouvernement à « redonner vant le groupe d’études de l’énergie trie, équipement, défense, agri- nombre de réservations pour confiance aux territoires ». Claude au Sénat, il a rappelé que l’appel culture), elle doit commencer ces l’été 2000 serait inférieur de Huriet (centriste, Meurthe-et-Mo- d’offres pour le choix de l’entreprise travaux « prochainement », a indi- 30 % à 40 % à ce qu’il était en février selle) a rappelé qu’il avait déposé qui réaliserait l’opération serait lan- qué Jean-Pierre Chevènement. 1999. avec cent sénateurs une proposition cé fin février. LeMonde Job: WMQ1102--0014-0 WAS LMQ1102-14 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 10:08 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0430 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 CARNET

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » – M. Stefan Meller – M. Maximilien Vessier, – L’Isle-sur-la-Sorgue. fait part du décès de son père, son époux, Naissances M. et Mme Georges Laurent, Mme Claude Vasse, Le docteur Pierre Laurent-Bellue et Mme, me M. Adam MELLER, Valéry, Odilon et Malvina, M. et M José PRUVOST, dit « Conrad », Le général Pierre Donne et Mme, me Le conseil municipal, M. et M Jean-Pierre COTTIN, volontaire en 1940, ses frères, sœur et belles-sœurs, Antonio Hernandez Palacios très touchés par les marques de sympathie ont la joie d’annoncer la naissance de leur soldat de la Résistance, Ses neveux et nièces, petit-fils, Et toute la famille, que vous leur avez témoignées lors du décès de survenu le 28 janvier 2000, à Varsovie. ont la douleur de faire part du décès de Coauteur de la BD « Mac Coy » Amaury, Mme Maximilien VESSIER, M. Robert VASSE, LE DESSINATEUR espagnol de than Cartland (de Laurence Harlé frère de – M. et Mme Robert Pirolli, née Thérèse LAURENT, maire de L’Isle-sur-la-Sorgue, bande dessinée Antonio Hernan- et Michel Blanc-Dumont) l’une des Lazare et d’Antoinette, ses enfants, docteur en pharmacie, dez Palacios, cocréateur de la série figures marquantes de la BD wes- le 9 février 2000, chez M. François Pirolli, survenu à Paris, le 8 février 2000, à l’âge Mlle Elisa Pirolli, de quatre-vingts ans, munie des sacre- vous adressent leurs plus sincères remer- western Mac Coy (Dargaud édi- tern contemporaine. Les héros y Laure et Stéphane COTTIN. ments de l’Eglise. teur), vient de mourir à Madrid. Il sont des marginaux de l’armée, en ses petits-enfants, ciements. font part du décès de était âgé de soixante-dix-huit ans. butte à la bêtise de leur hiérarchie 77860 Quincy-Voisins. La cérémonie religieuse sera célébrée Madrilène, Palacios est né le 16 juin galonnée ; ils traversent un monde me le lundi 14 février, à 10 heures, en l’église M Elvire PIROLLI, Saint-Louis de la Salpêtrière, 47, boule- Anniversaires de décès 1921 ; il a suivi des études d’art à où le Far West américain liquide les Michelle KANTER née de VITO, vard de l’Hôpital, Paris-13e. l’école de la céramique et a appris dernières réserves indiennes, où le a la joie d’annoncer la naissance, le er – Le 11 février 1997, parallèlement la lithographie. train, le revolver et l’argent 1 février 2000, de sa petite-fille survenu le 4 février 2000, dans sa quatre- 26, rue des Cordelières, vingt-dix-neuvième année. 75013 Paris. Après la guerre civile, il se lance règnent en nouveaux maîtres et Eva, Agatha ASSIER dans le dessin – affiches de cinéma font place au monde moderne. 56, rue du Maréchal-Joffre, et de publicité. Il travaillera dans ce Palacios connaissait particulière- au foyer de 78100 Saint-Germain-en-Laye. – Hélène Boursetti, s’est donné la mort, à vingt ans. domaine pendant trente ans, et ment bien cette époque et le Pierre KANTER sa mère, n’abordera la BD qu’en 1970. contexte historique où évoluait et Denise WILLIAMSON. Jean-Michel Yung, Nous pensons toujours énormément à – Michel Poinsot, son père, elle. Il collabore alors à Trinca, bi- son héros de papier. Son trait réa- son époux, Helena Triana, mensuel espagnol de BD d’auteurs, liste est à la fois haché et fouillé, Marianne ARTARIT, Isabelle Poinsot, sa compagne, Nous t’aimons. illustrant El Cid et Manos Kelly – parfois voisin de celui de certains Eric, Melchior et Arthur SAUNIER, sa belle-fille, Drocella Yung, une aventure déjà très western –, caricaturistes. Toujours sur fond de sont heureux d’annoncer la naissance de Clémence, Pauline et Louis Raphaël- sa belle-mère, Leygues, Maryvonne et Gérard. publiés en France aux éditions des couleurs aux tons violents et Emmanuel Yung, Maximilien, Françoise Montadat-Taine, son frère, Humanoïdes associés. Mais c’est contrastés, il s’inscrit dans des ca- sa cousine et filleule, Ses parents, alliés et amis, Mac Coy, le héros conçu avec le drages souvent audacieux. Palacios le 14 janvier 2000. Les familles Doyen, Poinsot, Taine, ont la profonde douleur de faire part du – Il y a trois ans, scénariste français Jean-Pierre dessinera ensuite, parallèlement Lafitte, Lefrançois, décès de Gourmelen, en 1974, qui le fera aux aventures de Mac Coy, Roland Et ses nombreux amis, Aline GAGNAIRE ont le regret de faire part du décès de David YUNG, connaître : la BD sera publiée dans à Roncevaux et une trilogie sur la Anniversaires de naissance s’en allait. différents journaux de BD (Tintin, guerre d’Espagne, Eloy. En 1996, le – 11 février 1980 - 11 février 2000. Suzanne POINSOT, survenu le 25 janvier 2000, dans sa trente Pilote, Charlie, etc.) puis paraîtra en dernier album de Mac Coy se ter- née DOYEN, et unième année. une vingtaine d’albums, chez Dar- minait par sa mort supposée. Elle avait « le don de mettre au jour Aline, Ses obsèques ont eu lieu dans l’intimité. les effets cruels de la nuit ». gaud. Alexis Mac Coy est un offi- L’énigme demeure sur la mort de survenu le 8 février 2000, en son domicile pour tes vingt ans, le « Monde » est à toi. de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). « Il n’y a plus de cauchemar, douce cier de l’armée américaine, plongé ce héros, son dessinateur l’ayant André Frédérique. dans l’après-guerre de Sécession, à abandonné pour illustrer Bolivar el insomnie perpétuelle. Il n’y a plus Bon anniversaire. Elle a rejoint son fils, d’aversion. Que la pause d’un bal la fois humaniste et avocat des Libertador, toujours sur un scéna- dont l’entrée est partout dans les causes désespérées. Mac Coy est, rio de Gourmelen. Ton fan-club. Denis LAURENT, nuées du ciel. » – Nice. Paris. avec Blueberry (de Jean-Michel René Char. 68110 Illzach. décédé en 1976. Charlier et Jean Giraud) et Jona- Yves-Marie Labé Notre amour et nos pensées pour On pourra se recueillir au domicile de Mondrepuis (Aisne), le vendredi 11 fé- Remerciements Marie-José LEROUX, NOMINATIONS Claude Azaïs, Claude Lamure, Germaine CHAMPEL, vrier, à partir de 14 heures. –Mme Béatrice Bouder-Chappuis née BIGORRE. Alain Muzet, Claude Constantini et et sa fille, Félicia Chappuis, La cérémonie religieuse sera célébrée DÉFENSE Georges Villain ont été nommés quatre-vingt-quinze ans le 11 février 2000. Martine et Jean-René Gaud en l’église Saint-Nicolas, à 15 heures, et leurs enfants, Stages Jean-Claude Cousseran, actuel membres de cette Autorité, créée Bravo Maman et Mamy ! suivie de l’inhumation au cimetière de remercient chaleureusement toutes les ambassadeur de France en Turquie, par la loi du 29 juin 1999. Toujours fidèle au « Monde », Mondrepuis. personnes qui leur ont témoigné leur sou- – Ateliers d’écriture : stages a été nommé, par le conseil des mi- [Né le 25 janvier 1945 à Romans (Drôme), En attendant ton centenaire. tien à l’occasion du décès de séjours, île de Tatihou, Cet avis tient lieu de faire-part. nistres du mercredi 9 février, direc- titulaire d’un diplôme d’études supérieures de Nous te souhaitons 50 réservations été 2000, Un joyeux anniversaire, M. Patrice CHAPPUIS. baz-art.com § 02-31-79-48-65. teur général à la Direction générale sciences politiques et diplômé de l’Institut Et t’embrassons très fort. 149, rue Perronet, de la sécurité extérieure (DGSE) (Le d’études politiques de Grenoble, Roger Léron 92200 Neuilly-sur-Seine. Monde des 19 et 20 décembre 1999). a été attaché de recherche au Centre d’études me Cours Il succède à Jacques Dewatre, pré- et de recherches sur l’aménagement du terri- – A J 2000 + 42, c’est l’anniversaire de –M Francis Fuchs, née Guérard, notre sa belle-mère, fet, qui occupait ce poste de- toire à Grenoble (1968-1973), avant d’être – L’APREP : c’est 1 000 professeurs Le Père Bernard REROLLE, Mme Louis Haas, née Stoll, puis juin 1993 et dont, aujourd’hui, chargé de mission à l’Agence pour l’implanta- Mamie mariste, sa mère, sélectionnés qui assurent des cours parti- culiers à domicile, toutes classes, toutes le nom est le plus souvent avancé tion et le développement des entreprises à Gérard Corbasson, disciplines, tous niveaux. Réduction pour celui d’ambassadeur de Valence (1973-1988). Conseiller régional (PS) de Barbentane. est décédé le 11 janvier 2000, à Lyon, où son époux, ses obsèques ont eu lieu. me d’impôt : 50 % sur le prix de l’heure. France en Ethiopie. de Rhône-Alpes depuis 1977, il a été député M. et M Etienne Braun, Très, très bon anniversaire. M. et Mme Roland Haas, Paris - IDF : 01-45-04-81-81. [Né le 15 septembre 1944 à Toulouse de la Drôme (1988-1993) et premier adjoint au Les Pères maristes et sa famille invitent Mme Jean-Paul Haas, Lyon (Rhône-Alpes) : 04-78-72-42-42. (Haute-Garonne), diplômé de sciences poli- maire de Valence (1977-1995). Président du Bisous, bisous, bisous. tous ses amis à une célébration à sa mé- ses sœur, frère, beau-frère, belles-sœurs tiques, Jean-Claude Cousseran a été en poste Conseil national du bruit de mars 1993 à avril moire, le samedi 26 février, à 9 heures, en et leurs enfants, me notamment à Beyrouth (1973-1975), à Bag- 1996, Roger Léron est président de Rovaltain, Nicolas, Sébastien, Thomas, Maxime. la chapelle Notre-Dame-des-Anges, M. et M Jean Rémy Roulet Corbasson, 102 bis, rue de Vaugirard, Paris-6e. à Genève (Suisse), dad (1975-1977), à Téhéran (1977-1980), puis syndicat mixte des communes des aggloméra- M. et Mme Frédéric Corbasson, auprès de l’ONU (1980-1981). Après avoir ser- tions de Romans, Valence, Tain-l’Hermitage, Pacs à Dallas (Etats-Unis), vi à Jérusalem et à l’administration centrale depuis 1995.] –Mme Jacques Salama, Pierre Corbasson, du quai d’Orsay, il entre aux cabinets de son épouse, à Saint-Etienne, me Charles Hernu (au ministère de la défense), JUSTICE Les Gazelles Sylvia et Freddy Hazan, M. et M Yann Thomas Corbasson, Claude Salama, à Pierrefeu-du-Var, Le Conseil supérieur de la magis- de Claude Cheysson et de Roland Dumas (au sont heureuses de faire savoir qu’elles Gilbert et Catherine Salama, ses enfants, belles-filles, beaux-fils ministère des affaires étrangères). En 1989, il trature a nommé, mardi 8 février, viennent de conclure ensemble un Pacs. Gérard et Brigitte Salama, et leurs familles, est directeur de la stratégie à la DGSE, aux Jean-Claude Magendie, président ses enfants, Alexandre, Caroline, Amélie, Florence, côtés de Claude Silberzhan, alors « patron » du tribunal de grande instance de Ainsi que ses petits-enfants et arrière- Louis et Antoine, Créteil, au poste de président du Décès petits-enfants, ses petits-enfants, des services spéciaux. En 1992, il est chargé Elie Salama, remercient famille et amis pour leur sou- par Pierre Joxe de créer une direction des af- tribunal de grande instance de Pa- – Florence Dupont M. et Mme David Salama, tien, leur affection et leurs prières, suite faires stratégiques au ministère de la dé- ris. Il succède à Jean-Marie Coulon, a la douleur de faire part du décès de sa ses frères et belle-sœur, au décès de fense. Après 1993, Jean-Claude Cousseran qui avait été désigné, le 8 no- mère, ont la douleur de faire part du décès de occupera les fonctions d’ambassadeur de vembre 1999, premier président de Geneviève CORBASSON, née HAAS, France à Damas (Syrie), puis, après avoir été, la cour d’appel de Paris. Andrée DUPONT, Jacques SALAMA, en 1996, directeur d’Afrique du Nord et du [Né le 24 mai 1945 à Pau (Pyrénées-Atlan- survenu le 9 février 2000, à La Seyne-sur- survenu le 8 février 2000. le 31 janvier 2000, dans sa soixantième Moyen-Orient au ministère des affaires tiques), Jean-Claude Magendie est entré dans Mer. année. étrangères, il était, depuis mars 1999, ambas- la magistrature en 1973, comme juge d’ins- 82, boulevard Victor-Hugo, Elle a confié son âme à Dieu et repose Elle s’était dévouée à son métier et à 92200 Neuilly-sur-Seine. sadeur à Ankara (Turquie).] truction à Toulon. En 1975, il devient substitut ses amis ; ceux qui l’ont connue se sou- en paix à Saint-Héand (Loire). au service de documentation et d’études de la viendront de sa générosité. Nous la remercions pour son témoi- EQUIPEMENT Cour de cassation, avant de devenir conseiller – Lyon. gnage d’amour, de foi et d’espérance qui ET TRANSPORTS référendaire de la Cour de cassation, de 1979 à Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité. nous accompagne pour toujours. Roger Léron, ancien député (PS) 1989. Il est alors nommé président de Le président de la Drôme, a été nommé pré- chambre au tribunal de grande instance de de l’université Jean-Moulin - Lyon-III, – Le président et l’ensemble des per- Le doyen de la faculté de droit, sident de l’Autorité de contrôle des Rouen, puis, en 1993, président de chambre sonnels de l’université Pierre-Mendès- Ses collègues, France-Grenoble-II nuisances sonores aéroportuaires, du tribunal de Versailles. Depuis janvier 1997, Et le personnel administratif, lors du conseil des ministres de ont la grande tristesse de faire part du il occupait les fonctions de président du tribu- décès de ont le profond regret de faire part du ̄̄̄̄ mercredi 9 février. D’autre part, nal de grande instance de Créteil.] décès de me M Annie GENOVESE. M. le recteur BIL AN La communauté universitaire perd une Hugues TAY PAMART, FÉVRIER 2000 collaboratrice de qualité, chaleureuse et professeur agrégé des facultés de droit, DU engagée dans la défense de ses collègues. chevalier de la Légion d’honneur, MONDE LE MONDE Elle tient à exprimer à sa famille et à ses fondateur du Centre lyonnais d’études proches sa profonde sympathie et sa soli- de sécurité internationale et défense. darité. L’analyse diplomatique La cérémonie religieuse a eu lieu en de 174 pays l’église de la Sainte-Trinité, 111, avenue – Le président de l’université du Jean-Mermoz, Lyon-8e, le jeudi 10 février et des Maine, 2000. 26 régions COLOMBIE L’ensemble des personnels de l’univer- françaises Corruption à l’ombre des privatisations sité du Maine, Edition 2000 ont le regret de faire part du décès de – L’Institut de lettres modernes de par Maurice Lemoine l’université Paris-X Mme Denise LANDRY, déplore la disparition de a retraitée, MONDIALISATION : Inventer ensemble un « protection- ancienne secrétaire générale Marie-Louise TERRAY, nisme altruiste », par Bernard Cassen. de l’université du Maine, maître de conférences, 200 PAGES France métropolitaine : 50 F – 7,62 euros

Antilles-Guyane 60 F ; Allemagne 16 DM ; Autriche 120 SCH ; Belgique 330 FB ; Cameroun 5 200 F CFA ; Canada 14 $ CAN ; Côte-d’Ivoire 5 200 F CFA ; Espagne 1 300 PTA ; Etats-Unis 10 $ US ; Gabon 5 200 F a CFA ; Grande-Bretagne 4,75 £ ; Grèce 2 400 DR ; Italie 16 000 lires ; Luxembourg 330 FL ; Maroc 90 DH ; MARÉE NOIRE : Ces espaces hors la loi du transport mari- survenu le 7 février 2000, au Mans. et s’associe à la douleur de ses proches. Portugal (cont.) 1 500 PTE ; Réunion 60 F ; Sénégal 5 200 F CFA ; Suisse 13 FS ; Tunisie 10 DTU. time, par Laurent Carroué. 50 F - 7,62 ¤ a EUROPE : La Hongrie dans l’antichambre de l’Union, par ̈ Un cahier spécial pour mieux ̈ La revue complète de l’actualité Laszlo Andor. Tous les jours cerner la « nouvelle économie » économique et politique dans et l’explosion du secteur 174 pays rédigée par les a BALKANS : L’opposition serbe au piège de la reconstruction, dans le « Carnet du Monde » communication/high tech. correspondants locaux du Monde. par Catherine Samary. – Kosovo, le véritable enjeu (C. S.) – Mon- ̈ La recomposition du monde ̈ Le rebond économique de la ténégro, une séparation progressive, par Jean-Arnault Dérens. NAISSANCES, industriel et des services, France et les débats sociaux a VIETNAM : Le parti contre l’Etat, par Philippe Papin. – Libé- ANNIVERSAIRES, la naissance des monopoles centrés autour de l’emploi et de la ralisation économique, autoritarisme politique, par Michel Herland. MARIAGES, transnationaux. réduction du temps de travail. ̈ Les nouveaux enjeux ̈ Le panorama des 26 régions a PROCHE-ORIENT : Pénurie d’eau, par Christian Chesnot. FIANÇAILLES, PACS commerciaux : la guerre métropolitaines et d’outre-mer. – Les cartes des négociations, par Alain Gresh et Philippe 550 F TTC - 83,85 ¤ 10 lignes alimentaire et le bras-de-fer Rekacewicz. 65 F TTC - 9,91 ¤ Europe/Etats-Unis. a CINÉMA : Des films français fascinés par le sordide, par toute ligne suppl. ̈ Pour une Europe plus citoyenne : Un outil très complet étayé Carlos Pardo. ట 01.42.17.39.80 un nouveau Parlement, les de statistiques, graphiques, cartes... Fax : 01.42.17.21.36 nouveaux commissaires européens. a CONSOMMATION : A la reconquête du client perdu, par e-mail:[email protected]. Michel Raffoul. Les lignes en capitales grasses sont factu- rées sur la base de deux lignes. Les lignes En vente chez votre marchand de journaux - 25 F - 3,81 ¤ en blanc sont obligatoires et facturées. LeMonde Job: WMQ1102--0015-0 WAS LMQ1102-15 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 09:06 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0431 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 15 HORIZONS PORTRAIT Pierre Messmer, un homme de devoir

AREMENT un premier ministre L’Académie française fut aussi cruelle- ment attaqué que ne comptait plus dans Pierre Messmer entre 1972 et ses rangs ni d’ancien 1974. On le disait R transparent, insi- premier ministre gnifiant, sans idées. Sa déclaration de politique ni de militaire. générale devant le Parlement avait été jugée terne. Il était, affirmait- Cette lacune est comblée on, incapable de faire passer dans l’opinion la moindre passion. L’im- depuis jeudi 10 février passibilité de son visage, la froideur de son regard, la lenteur de son élo- avec la réception de Pierre cution contrastaient avec le dyna- misme de son prédécesseur immé- Messmer sous la Coupole. diat, Jacques Chaban-Delmas, qui avait joué avec succès de son pou- Celui qui fut, de 1972 voir de séduction, notamment au- près des journalistes. à 1974, le successeur Au foisonnement d’initiatives qui avait marqué les années 1969-1972, de Jacques Chaban-Delmas succédait la placide administration d’un pays paralysé par la maladie à l’hôtel Matignon n’a pas de plus en plus visible de son pré- sident, Georges Pompidou. Non, gardé un bon souvenir décidément, en dépit de son hon- nêteté incontestable et de ses quali- de cette période. tés, non moins incontestables, de gestionnaire, manifestées tout au Il préfère évoquer long de son mandat de ministre des armées, sous la tutelle du général son passé d’administrateur de Gaulle, de 1960 à 1969, Pierre Messmer, ce grand commis de l’Etat en Afrique, où, dit-il, placé à la tête du gouvernement par la seule volonté du président de il s’est toujours senti la République, manquait de l’auto- rité, de la force d’entraînement, de chez lui l’imagination politique qui sont re- quises d’un premier ministre. Georges Pompidou entendait qu’un gaulliste succède à un autre de la sauver de la fermeture ; et une Messmer donne son accord, dit-il, italien en route vers Oran et gagna nommé en 1945 chef de cabinet du teur, confie-t-il dans ses Mé- gaulliste, mais il le voulait étranger décision controversée : la mise en « du bout des lèvres ». « Ma réserve, l’Angleterre où, reçu par le général ministre de la France d’outre-mer moires : j’y respire mal. » En au cercle des « barons » du régime. chantier de treize centrales nu- explique-t-il dans ses Mémoires, de Gaulle, il demanda à s’engager (Marius Moutet), puis, l’année Afrique, il respire mieux. Il avait trouvé ce fidèle entre les fi- cléaires afin de faire prendre à la traduit surtout ma surprise que le dans la Légion étrangère. suivante, secrétaire général du « J’ai aimé les Africains comme dèles, dont il avait déjà été question France, face à la crise pétrolière, chef de l’Etat veuille se servir de moi Il fut également ce combattant Comité interministériel pour des frères et l’Afrique comme une se- quelques années auparavant, au « le virage du nucléaire ». Celui en pour faire pression sur Leclerc. » Et il exemplaire qui, du débarquement l’Indochine, avant de devenir en conde patrie », écrit-il dans son lendemain des événements de 1968, qui on se contentait de voir jusque- ajoute ce commentaire qui lui res- manqué de Damas aux affronte- 1947 directeur du cabinet du haut- dernier livre, Les Blancs s’en vont, pour le poste de premier ministre, là un estimable grognard du gaul- semble tant : « Fonctionnaire, je ments victorieux de Bir Hakeim et commissaire de la République pour récits de décolonisation (Albin Mi- mais auquel finalement le général lisme, efficace dans son domaine de m’attendais à ce que le président me d’el-Alamein, en passant par la l’Indochine (Emile Bollaert) et en chel, 1998). « J’ai toujours été heu- de Gaulle avait préféré Maurice prédilection, c’est-à-dire la gestion donne des instructions, comme le gé- rude campagne de Syrie, fut 1949 chef de cabinet du sous- reux d’être en Afrique », dit-il au- Couve de Murville. Nommé un an des armées, s’est trouvé de plus en néral de Gaulle l’aurait fait. » présent sur tous les champs de ba- secrétaire d’Etat à la France jourd’hui. S’il « admire beaucoup » auparavant ministre d’Etat chargé plus contesté. Il en fut bien Sans doute ne faut-il pas exagé- taille, avant d’entrer enfin dans Pa- d’outre-mer (Georges Gorse), c’est l’Extrême-Orient, et notamment la des départements et territoires conscient lui-même, écrivant dans rer l’importance de cette petite ris, avec l’état-major du général qu’au lendemain de la guerre ses Chine, il s’y est toujours « senti d’outre-mer (il refusera de le rede- ses Mémoires (Après tant de ba- phrase. A l’époque, le jeune Mess- Koenig, auquel il avait été affecté qualités ont été remarquées. étranger ». En revanche, le venir en 1986, dans le gouverne- tailles... Albin Michel, 1992) qu’il ne mer n’a que trente ans et pour seul quelques mois auparavant. Il fut, Quand, en 1956, entre deux hauts continent noir lui donne le senti- ment de Jacques Chirac), Pierre s’était « jamais senti à l’aise » dans passé une guerre plus qu’honorable aussitôt après, ce commissaire de la postes de responsabilité en Afrique, ment de se trouver chez lui. Les Messmer avait donc été, à cin- sa fonction de premier ministre et dans la Légion étrangère. On République intérimaire qui, para- il est appelé à diriger le cabinet de Africains le perçoivent ainsi. « J’ap- quante-six ans (il est né à Vin- qu’il l’avait quittée sans regret. Gaston Defferre, ministre de la partiens à leur paysage », précise-t- cennes le 20 mars 1916), intronisé Aujourd’hui, il dit ne pas garder France d’outre-mer, pour faire vo- il. Il a accompagné la décolonisa- chef du gouvernement : à l’épreuve, « un très bon souvenir » de ces an- Il a fallu du temps à Pierre Messmer pour ter la loi associant les Africains à tion « sans déchirement », parce il semblait que ce choix n’était pas nées, même si, face aux attaques, l’exercice du pouvoir, il fait, une fois qu’il a compris, avant d’autres, la le bon. dont beaucoup, précise-t-il, ve- redresser le jugement défavorable porté de plus, la preuve que sa collabora- revendication nationale, en Indo- C’est l’hebdomadaire Le Point qui naient de ses propres amis, il avait tion, en ce domaine, est recherchée chine comme en Afrique. Il s’élève allait tirer de ce constat la conclu- « la peau assez dure ». Au métier de alors sur lui. L’homme ne manque ni d’esprit et son travail apprécié. « Le cours de aujourd’hui contre ceux qui vou- sion la plus radicale. D’une manière premier ministre il préfère décidé- ma vie, dit-il, a fait que j’étais dans draient « recoloniser » l’Afrique au plutôt inhabituelle dans la presse ment celui de ministre, car un mi- ni de personnalité. Il est vrai qu’il a toujours l’administration coloniale un homme nom de la corruption et de l’anar- française, il titrait à la « une », en nistre exerce, lui, « une fonction dé- très connu. » Pierre Messmer est chie qui y règnent, mais il regrette décembre 1973 : « Messmer doit terminée, dans un domaine plus ou cultivé la discrétion plus que la lumière alors un administrateur aux compé- la « dépersonnalisation » des rela- partir ». Pierre Messmer, expliquait moins précis ». Ministre des armées, tences respectées, qui sait diriger tions franco-africaines. En Afrique, crûment Georges Suffert, l’un des il savait ce qu’il avait à faire et, lors- des équipes et conduire des négo- souligne-t-il dans Les Blancs s’en responsables de la rédaction, «ne qu’il hésitait, il allait, dit-il, deman- comprend que la démarche de chuté au Vietnam, fut prisonnier ciations. vont, « tout dépend des relations fait pas le poids ». Face aux crises der des explications au général de Vincent Auriol le déconcerte. Sa des révolutionnaires du Vietminh et d’homme à homme ». Alors, qui menacent de jeter le pays dans Gaulle. Premier ministre, il devait réaction éclaire pourtant le carac- parvint à s’évader, deux mois plus A période africaine est celle « pourquoi nous en priver ? » la tourmente « la plus grave sans arbitrer les différends entre des tère de celui qui, devenu ministre tard, dans les conditions les plus dont il conserve le meilleur En mars 1999, Pierre Messmer doute que le monde ait connue de- « politiques professionnels » pour des armées, fut, dit-il dans ses Mé- difficiles. L est élu membre de l’Académie souvenir. Issu de l’Ecole na- puis la fin de la guerre », il faut lesquels il n’a « pas beaucoup de moires, un « ministre technicien », Dans toutes ces épreuves, on tionale de la France d’outre-mer, il française, au fauteuil de Maurice « changer de barreur ». Le réquisi- considération ». non un ministre politique, exé- l’imagine, Pierre Messmer ne s’est exerce sur le continent noir, pen- Schumann. Il n’avait jamais pensé toire était sévère : le premier mi- cutant « sans état d’âme » et, au dé- pas contenté de recevoir des dant près de dix ans, les fonctions entrer dans cet auguste cénacle, nistre était présenté comme un L a fallu du temps à Pierre but, « presque les yeux fermés », la ordres. Pour se tirer de situations auxquelles il a été préparé. De ces qu’il pensait réservé à des écri- homme « courageux et droit », mais Messmer pour redresser le ju- stratégie gaulliste. Une attitude de périlleuses, il a dû plus d’une fois, années – les années 50 –, il parle vains, des philosophes, des sa- il n’était pas à la hauteur de sa I grand serviteur de l’Etat qui s’est avec ses camarades ou à la tête de vants. Mais on est venu le cher- gement défavorable porté alors encore avec passion. Gouverneur tâche. Son bilan n’est pas « catas- sur lui. Car l’homme ne manque ni confirmée en d’autres circonstances sa compagnie, prendre des risques, en Mauritanie, il y devient, comme cher. L’Académie ne comptait plus trophique », concédait l’auteur de d’esprit ni de personnalité, il s’en de sa vie et qui a conduit l’ancien faire preuve d’esprit de décision et d’autres, amoureux du désert et de de militaire dans ses rangs ni d’an- l’article, il est « simplement plat ». faut de beaucoup. Et il a montré, au ministre gaulliste Alexandre San- d’initiative, sortir des chemins bali- « la monotonie des jours ». En Côte- cien premier ministre. Pierre Mess- Pierre Messmer était donc simple- cours d’une vie bien remplie, qu’il guinetti à dire ironiquement de lui, sés. Ce fonctionnaire dévoué fut un d’Ivoire, il a pour interlocuteur Fé- mer réunissait les deux qualités. Il ment inexistant... Quelques mois était capable, lorsqu’il le fallait, en 1974, qu’il était prêt à devenir véritable aventurier, un authen- lix Houphouët-Boigny, avec qui il a accepté. Quelques mois aupara- auparavant, le même hebdoma- d’audace, d’invention et d’habileté. président de la République à condi- tique baroudeur, ce qui conduit à travaille « la main dans la main ». vant, il avait été élu chancelier de daire, sous la signature d’Irène Al- Il est vrai qu’il a toujours cultivé la tion d’être nommé – et non élu –, nuancer, voire à contredire, le por- Au Cameroun, face à la rébellion l’Institut, au titre de l’Académie lier, citait ce mot d’un ministre discrétion plus que la lumière et, comme il l’avait été aux différentes trait d’un personnage docile que d’Um Nyobé, il prépare l’indépen- des sciences morales et politiques. UDR : « Y a-t-il des preuves phy- par modestie ou par choix, mis le étapes de sa carrière. certains tracent encore de lui. dance. A Brazzaville, il assure le Il affirme qu’il se serait passé de ce siques de l’existence de M. Mess- plus souvent sa fierté à s’acquitter Pourtant, ce premier ministre qui, Mais Pierre Messmer n’est pas gouvernement général de nouveau travail administratif après mer?» – avec intelligence et talent – des au lendemain de la mort de seulement le vaillant soldat, ré- l’Afrique-Equatoriale française tous ceux qu’il a accomplis au Bref, ces deux années passées à missions qui lui étaient confiées par Georges Pompidou, hésita à fran- compensé par cinq citations, qui puis, à Dakar, celle de l’Afrique- cours de sa vie. Mais, dit-il, « il fal- l’hôtel Matignon ont donné de d’autres. chir le Rubicon et, en dépit des sol- part au combat sans état d’âme. S’il Occidentale française. Ce sont les lait bien que quelqu’un le fasse ; je le Pierre Messmer une image plutôt Une anecdote significative. En licitations, finit par rester sur la rive est choisi en 1943 comme adjoint plus hauts postes de l’administra- fais ». Pierre Messmer est un négative. De son mandat on a rete- 1946, Vincent Auriol, président de la fut aussi ce jeune officier qui, dès le au délégué militaire national auprès tion française en Afrique. Le voilà homme de devoir. nu surtout un mot malheureux, son République, le convoque à l’Elysée. 17 juin 1940, choisit sans tergiversa- de la résistance intérieure (le colo- au cœur de l’action, loin des in- fameux « Lip, c’est fini », alors Il lui demande de convaincre le gé- tions de rejoindre la France libre, nel de Chevigné, qui refusera bien- trigues de la politique parisienne. Thomas Ferenczi même que les ouvriers de l’entre- néral Leclerc d’accepter la fonction détourna sur Gibraltar, avec quel- tôt cette mission), c’est que ses ca- « Je n’ai jamais aimé les cabinets Photo : Despatin/Gobeli prise horlogère tentaient, en vain, de haut-commissaire en Indochine. ques compagnons résolus, un cargo pacités sont reconnues. S’il est ministériels, même comme direc- pour Le Monde LeMonde Job: WMQ1102--0016-0 WAS LMQ1102-16 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0432 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 HORIZONS-DOCUMENT Le réquisitoire contre Roland Dumas

OLAND DUMAS a été mis en examen du chef dition. De même, lors des voyages qu’ils ont effectués à l’étran- no, le projet costaricain et qu’elle lui avait expliqué « par le me- Dans de recel d’abus de biens sociaux. Roland Du- ger, plus particulièrement à New-York, Hongkong, Venise, etc., nu » la SCI française et qu’officiellement, « c’était Carlo Pagani mas n’est concerné que par les agissements re- est-il aisé de constater l’importance de l’utilisation de la carte qui était propriétaire... ». Roland Dumas a toujours affirmé ne un réquisitoire prochés à Christine Deviers-Joncour. Il bancaire. s’être pas préoccupé de cet appartement et qu’il s’agissait, pour convient donc, afin de déterminer si l’infrac- A cela, Roland Dumas oppose deux types d’arguments qui, lui, d’un logement de fonction qu’Elf avait mis à disposition de sa définitif daté tion de recel d’abus de biens sociaux peut être, pour partie, sont invérifiables : il payait sa part en espèces ou, maîtresse. au terme de cette information, retenue à son concernant les restaurants où il avait ses habitudes, il disposait Cette explication ne saurait être retenue et Roland Dumas, du mercredi R encontre, d’examiner s’il a matériellement, soit d’un compte, signait les additions et envoyait ensuite un membre avocat, est contraint, pour tenter d’expliquer comment, quatre reçu d’elle un bien quelconque qu’elle aurait de son service de sécurité pour régler. Les relevés qui ont été re- ans après avoir quitté Elf, Christine Deviers-Joncour est toujours 9 février, payé au moyen de fonds provenant des sociétés du groupe Elf, produits, ainsi que l’étude des factures que Christine Deviers- domiciliée à la même adresse, d’évoquer la loi du 1er septembre soit bénéficié, « par tout moyen » du produit d’un abus de biens Joncour avaient déclarées en 1948 et le droit au maintien le procureur sociaux commis au préjudice de ces sociétés. Il y a lieu tout frais professionnels au sein de dans les lieux.... Roland Du- d’abord d’analyser ces deux cas de figure avant de s’interroger la société Kairos – et rejetées Force est de constater que mas savait que l’origine des de la sur la connaissance que Roland Dumas avait de l’origine fraudu- par l’administration fiscale – fonds ayant permis l’acquisi- leuse des sommes dont disposait Christine Deviers-Joncour. vont à l’encontre de ses expli- de non–réponses en omissions fautives et tion de cet appartement était République cations. De même, la vérifica- frauduleuse. Non seulement tion effectuée sur le montant de demi-vérités en véritables mensonges, parce que Christine Deviers- de Paris, Achats personnels financés des factures émises par le res- Joncour précise le lui avoir in- taurant Au Pichet démontre Roland Dumas a démontré tout au long diqué mais aussi parce que Jean-Pierre par Christine Deviers-Joncour que, de 1991 à 1994, Roland son attention avait été très Dumas a réglé environ nettement attirée et qu’il avait (...) La liaison entre Roland Dumas et Christine Deviers-Jon- 20 000 francs alors que, de juil- de cette instruction une volonté tenu compte de cet avertisse- Dintilhac, cour semble avoir pris naissance en 1989. C’est lorsqu’elle quitte let 1990 au 30 mars 1993, Chris- ment. son mari et le domicile de la rue Saint-Lambert, pour s’installer tine Deviers-Joncour a acquit- délibérée de dissimulation C’est en effet Jacques Four- demande d’abord rue Robert-Estienne, puis rue de Lille, qu’il se rendra té une somme de net, à l’époque directeur de la chez elle, selon sa propre expression, « assez souvent ». Ainsi, si 273 000 francs. L’explication fournie sur ce point précis par Ro- DST qui, à l’occasion d’une de ses rencontres institutionnelles le renvoi pendant la période où elle vivait avec Gilbert Miara courant 1991 land Dumas manque singulièrement de pertinence. Le caractère avec le ministre des affaires étrangères, lui fit part, le 2 sep- (jusqu’au 13 septembre 1993), les visites étaient moins nom- anecdotique des « parties de belote présidentielles » relève plus de tembre 1992, de la rumeur circulant à Paris concernant un ap- de Roland breuses, Christine Deviers-Joncour affirme que, jusqu’en 1996, la pirouette que d’une réponse convaincante. partement qui aurait été payé au moyen des commissions en elle « voyait Roland Dumas tous les jours et qu’il venait rue de Lille C’est donc très largement que Roland Dumas a bénéficié de provenance d’Elf. Gilbert Miara, a déclaré, le 7 mai 1999, que, lors Dumas devant un jour sur deux », ce qu’elle a confirmé lors de la confrontation l’utilisation par Christine Deviers-Joncour de la carte American d’un déjeuner quelques jours plus tard, le 8 septembre 1992, Ro- du 2 juin 1999. Express EAI. land Dumas lui avait fait part de son inquiétude de ce que l’on le tribunal Marié depuis 1961 avec Anne-Marie Lillet, dont il a eu trois en- risquait de découvrir que l’appartement « avait été financé sur des fants, et qui vivait exclusivement à Saint-Selve, Roland Dumas, B) L’APPARTEMENT DE LA RUE DE LILLE fonds d’Elf »..., étant rappelé que la vente était intervenue trois correctionnel qui habitait quai de Bourbon à Paris, tout en maintenant une an- Il a été très précisément rappelé dans quelles conditions Chris- mois plus tôt le 12 juin 1992. Quelles que soient les circonvolu- cienne liaison débutée dans les années 70 avec [une collabora- tine Deviers-Joncour a acquis cet appartement et comment elle tions qu’il a adoptées, à chaque fois que cette question lui fut po- pour trice] qu’il avait domiciliée rue de Bièvre, adresse de son cabinet, l’a financé. L’achat en lui-même est le fruit de l’utilisation des vi- sée, Roland Dumas ne peut nier avoir, ne serait-ce qu’à ce mo- semble avoir entretenu avec Christine Deviers-Joncour une rela- rements en provenance de Rivunion (pour partie concernant ce- ment là, été informé par le directeur de la DST que l’origine des « complicité tion amoureuse très intense, qui l’a conduit à manifester un désir lui du 30 janvier 1992), alors que son entretien et son ameuble- fonds était douteuse. Les déclarations de Gilbert Miara ne le font de vie commune – ce qu’il reconnaît –, allant jusqu’à une de- ment ont été financés par les salaires, avantages et profits indus, pas apparaître comme quelqu’un cherchant, comme il le pré- et recel d’abus mande en mariage en juillet 1991. (...) résultant d’abus de biens sociaux commis au préjudice du tend, à se renseigner mais comme quelqu’un d’inquiet à l’idée Roland Dumas affirme avoir ignoré le montant de la rémuné- groupe Elf. Cet appartement a constitué jusque très récemment que l’on apprenne la vérité. de biens ration de Christine Deviers-Joncour chez Elf. S’il voyait bien et encore en novembre 1997, au moment de son interpellation, le En outre, sa dernière réponse, lors de la confrontation, selon qu’elle « avait des facilités », sa « délicatesse » lui aurait interdit domicile de Christine Deviers-Joncour. Elle y a cohabité avec Gil- laquelle, s’agissant d’une rumeur, et sachant qu’il n’était pas pro- sociaux ». de lui poser des questions relatives à ses ressources. Il précise bert Miara et avec Roland Dumas. priétaire, il n’avait pas même demandé à Christine Deviers-Jon- que Christine Deviers-Joncour ne le tenait pas au courant de ses Or, il convient de rappeler la part prise par Roland Dumas cour à quel titre elle occupait cet appartement, établit suffisam- Au chapitre affaires et que leur relation se situait sur un autre plan d’intimité dans le choix de cet appartement et d’examiner la fréquentation ment, et avec quel cynisme, la connaissance précise qu’il avait de que des relations financières, inspirée notamment par leur goût et l’usage qu’il en a faits, postérieurement à son acquisition. Ces la situation. Il confirme par là-même ce que Christine Deviers- de la commun pour la peinture, la musique et l’opéra. éléments établissent que, même s’il n’en était pas propriétaire, Joncour déclarait le 17 mars 1999 au sujet de l’acquisition de l’ap- Cependant, l’information a révélé que c’est Christine Deviers- c’était pour abriter sa liaison avec Christine Deviers-Joncour que partement et des structures à mettre en place : « J’ai des doutes complicité, Joncour qui a réglé, au moyen de la carte American Express EAI, ce bien avait été acheté, constituant la « clé en or » évoquée par car je sais bien que c’est moi qui suis en avant, que le ministre des le 29 juillet 1991, une paire de chaussures commandée par Ro- Alfred Sirven selon Christine Deviers-Joncour. La personnalité de affaires étrangères ne pouvait pas figurer ». Cette mise en garde, le parquet land Dumas en mars 1991 au bottier Berlutti, pour un montant Roland Dumas éclaire la réalité de cette situation. Il est établi en qui concernait l’appartement, est importante car elle émane d’un de 11 000 francs. Roland Dumas ne conteste pas cette évidence effet, que celui-ci, s’il n’a pas vécu constamment rue Robert- personnage dont on ne peut mettre en doute la valeur des ren- retient le fait mais assure qu’il ne s’agissait que d’une avance, que Christine Estienne ou rue de Lille, y a cependant effectué de très nom- seignements, qu’il retransmet puisqu’il est à l’époque directeur Deviers-Joncour ne fit qu’en prendre possession car il était trop breux séjours (...) et qu’il a utilisé les lieux pour y organiser ou de la DST. Le fait d’ailleurs que Roland Dumas ait voulu déjeuner que M. Dumas occupé pour aller les chercher, mais qu’il l’a remboursée quelque faire organiser des réunions, dîners, spectacles lyriques et musi- immédiatement après avec Gilbert Miara établit l’importance temps plus tard. Après avoir confirmé ce remboursement, Chris- caux, en les faisant aménager, meubler et décorer à sa conve- qu’il a accordée à cet avertissement. a incité tine Deviers-Joncour l’a remis en cause dans la lettre qu’elle a nance. Il s’est comporté en maître des lieux, comme il le faisait Mais l’attention de Roland Dumas fut encore attirée d’une adressée aux magistrats instructeurs le 3 mars 1999. Lors de la dans ses autres résidences. (...) autre manière et de façon tout aussi précise. Lors de son audition le groupe Elf confrontation du 2 juin 1999, elle a maintenu n’avoir pas été Il est également significatif que Roland Dumas ait été associé par le juge Perraudin, Jean-Pierre François relate dans quelles remboursée du montant débité pour cet achat. Roland Dumas au choix de cet appartement. S’il est vrai, comme elle l’a répété, conditions Alain Gomez, en 1992, alors président de Thomson, à verser persiste mais se montre dans l’incapacité de produire le moindre que Christine Deviers-Joncour n’a pas effectué de visites immo- lui a demandé conseil et souhaité qu’il lui aménage une entrevue justificatif de ce prétendu remboursement. bilières avec lui, il n’en est pas moins établi qu’avant de s’installer avec Roland Dumas – compte tenu de leurs liens d’amitié – au à Christine Il apparaît de même que Christine Deviers-Joncour a réglé en rue de Lille, Roland Dumas est venu voir les lieux, qu’il a même sujet d’une commission de 50 millions de dollars réclamée par espèces, pour le compte de Roland Dumas, le 16 octobre 1991, un visités. Il l’avait tout d’abord et à plusieurs reprises contesté for- une « fille de Limoges », amie de Roland Dumas, derrière laquelle Deviers-Joncour dessin-collage d’Ernest Pinon-Ernest, David et Goliath, d’une va- mellement les 19 septembre et 10 décembre 1998. Mais, confron- se profilait Loïck Le Floch-Prigent. Il précisait que lorsqu’il en leur de 60.000 francs. La facture a été établie au nom de Mon- té aux déclarations de la gardienne de l’immeuble, Mme Lefebvre, avait parlé à Roland Dumas, celui-ci lui avait dit que cela n’avait des « salaires sieur et Madame Dumas. Ro- confirmées par M. et pas beaucoup d’importance et qu’il avait « écarté cela d’un revers land Dumas reconnaît que Mme Georgin et par Gérard de main ». Alain Gomez lui avait confirmé par la suite que Ro- c’est Christine Deviers-Joncour Faure, il s’est ravisé lors de la land Dumas lui avait conseillé de ne pas payer cette commission. et avantages qui a payé mais que cette Il est clairement établi que Roland confrontation du 2 juin 1999, Entendu sur cette question précise, Roland Dumas prétend avoir œuvre lui était destinée. Ma- tout en minimisant cet épi- été averti par Jean-Pierre François et par Alain Gomez, mais sans injustifiés », dame Lesieur, de la galerie Le- Dumas savait que les fonds dont sode. Il reconnaissait cepen- qu’aucune somme n’ait été mentionnée ( !) à propos d’une « dif- long, a précisé que Roland Du- dant, à cette occasion, qu’il ficulté relative à un contrat et des demandes qu’il jugeait abusives ainsi mas était seul lors de la il profitait et que l’appartement qu’il savait qu’il s’agissait d’un de la part d’une dame de mes relations, originaire de Limoges ». Il commande et que c’est Chris- achat d’appartement. Or confirme avoir donné le conseil de ne pas payer, reconnaissant qu’une somme tine Deviers-Joncour qui est utilisait avaient une origine frauduleuse Christine Deviers-Joncour avoir identifié en l’espèce Christine Deviers-Joncour, Alain Go- venue régler en espèces, la n’avait pratiquement pour mez lui ayant expliqué qu’il « s’agissait de quelque chose qui avait de 14 millions somme exacte étant contenue dans une enveloppe. L’œuvre fut seules ressources que les fonds frauduleusement perçus d’Elf. été monté par Alfred Sirven ». livrée rue Robert-Estienne, à la fin de l’exposition de la FIAC. C’est en les utilisant qu’elle a pu assurer le financement et l’en- Roland Dumas, dès la fin de l’année 1992, peu de mois après de francs Cette directrice de galerie est très précise ; elle indique clairement tretien de la rue de Lille, son ameublement sa décoration (ta- l’achat de l’appartement de la rue de Lille, était donc précisément qu’elle a eu la visite au stand qu’elle tenait à la FIAC de Roland pisserie, tableaux, cartel) et le train de vie important qu’elle me- informé de l’origine frauduleuse des fonds utilisés par Christine partiellement Dumas, intéressé par cette œuvre. « Il a immédiatement voulu nait au vu et au su de tous, et notamment de Roland Dumas. Elle Deviers-Joncour et des pressions qu’elle-même, Loïck Le Floch- l’acheter et nous a dit qu’il enverrait quelqu’un pour la régler à la l’a à plusieurs reprises affirmé, et confirmé lors de la confronta- Prigent et Alfred Sirven faisaient peser pour obtenir le paiement destinées galerie. S’agissant d’un grand format, il n’a pas pu la prendre sur tion. de sommes importantes. Ces avertissements, qui émanaient à la place. » Quelques jours plus tard, ajoute Mme Lesieur, une femme En profitant ainsi des avantages indûment obtenus, Roland fois d’un de ses amis proches et du dirigeant d’un des plus grands à « financer s’est présentée à la galerie.... « Elle a indiqué venir régler le tableau Dumas a bénéficié du produit du délit d’abus de biens sociaux. groupes français qui avait insisté pour le rencontrer personnelle- pour M. Dumas... Elle m’a tendu une enveloppe dans laquelle se ment et l’instruire de cette affaire, venaient corroborer les élé- l’achat trouvait la somme de 60 000 F.... Le prix avait été initialement négo- C) LA CONNAISSANCE PAR ROLAND DUMAS ments fournis par le directeur de la DST et permettaient à Ro- cié à la FIAC... » Il est donc établi que c’est Roland Dumas qui a DE L’ORIGINE DÉLICTUEUSE DES FONDS land Dumas d’être parfaitement informé de l’origine des fonds de l’appartement acheté ce collage et qu’il l’a fait régler par Christine Deviers- Il est clairement établi que Roland Dumas savait que les fonds dont disposait Christine Deviers-Joncour. Loin de cesser toute re- Joncour. Ce tableau fut ensuite livré au domicile de Christine De- dont il profitait et que l’appartement qu’il utilisait avaient une lation avec Christine Deviers-Joncour ou de mettre un terme à ce de la rue viers-Joncour, rue Robert-Estienne à cette époque, pour se trou- origine frauduleuse. Etant l’initiateur des contrats conclus entre comportement délictuel ou de la sommer de le faire, il a de plus ver ensuite rue de Lille lors du déménagement. Roland Dumas les sociétés du groupe Elf et Christine Deviers-Joncour, il belle et jusqu’à la veille de l’interpellation de cette dernière, de Lille ». pouvait ainsi profiter de cette œuvre, lors de ses nombreuses vi- connaissait la fictivité de cet emploi. Le contenu même des attri- continué à bénéficier des produits de ces abus de biens sociaux. sites chez son amie. Il n’est pas sans intérêt de constater que ces butions de son amie, sur lesquelles Roland Dumas est toujours Le délit est en conséquence constitué dans toutes ses compo- Voici des paiements – bottines et tableau – interviennent à des dates rela- resté très vague, démontrait d’ailleurs, aussi, qu’il s’agissait d’une santes : délit préalable, recel matériel, élément intentionnel. L’in- tivement proches : 29 juillet et 16 octobre 1991. embauche de complaisance. Il a fini par admettre qu’il avait pris formation a révélé que des espèces, pour un montant global extraits L’élément matériel de la détention directe et personnelle est conscience que Christine Deviers-Joncour jouait chez Elf un rôle d’environ 10 millions de francs, ont été déposées de 1989 à 1997 donc établi. d’intermédiaire et de messager auprès de lui. Il est toutefois inca- sur les différents comptes de Roland Dumas, de sa femme, de du réquisitoire pable d’expliquer l’intérêt de cette fonction alors qu’il existe un ses enfants et de [la collaboratrice habitant rue de Bièvre]. Si ces système de relations institutionnalisées entre les principaux éléments ont permis de mettre au jour des revenus inconnus du concernant Profit tiré des fonds indûment perçus groupes économiques français et le ministère des affaires étran- fisc, dont Roland Dumas n’a pas précisé l’origine, ou de préten- gères, se traduisant notamment par la présence de cadres du dues ventes en espèces d’objets d’art, ils n’ont pas suffi à établir le chapitre par Christine Deviers-Joncour quai d’Orsay, détachés auprès d’Elf. Roland Dumas n’a d’ailleurs qu’ils pouvaient, ne serait-ce que pour partie, provenir des pu citer de cas où l’intervention de Christine Deviers-Joncour se comptes suisses de Christine Deviers-Joncour. du recel A) LES AUTRES DÉPENSES FINANCÉES serait révélée utile. Il est évident que, Loïck Le Floch-Prigent Aux éléments qui le confondent, Roland Dumas oppose sa PAR CARTE BANCAIRE ayant ses entrées au ministère (ce qu’il a lui-même confirmé), bonne foi. Aux témoignages qui le contredisent, il oppose ses dé- Roland Dumas a affirmé le 3 juin 1998 que, lorsqu’il était avec Christine Deviers-Joncour, compte tenu de son intimité avec Ro- négations. Il convient dès lors, pour apprécier cette défense, Christine Deviers-Joncour, c’était lui qui payait car « je n’ai pas land Dumas, pouvait tout au plus faciliter de telles rencontres. d’examiner, aussi, le crédit que l’on peut accorder à ses déclara- l’habitude, lorsque je suis avec une femme, de lui faire payer sa Roland Dumas, connaissant le « périmètre » des activités de tions. Or, force est de constater que de non-réponses en omis- part », en précisant cependant, sur l’interpellation avisée de son Christine Deviers-Joncour, était dès lors à même d’apprécier la sions fautives et de demi-vérités en véritables mensonges, Ro- conseil, que « Christine Deviers-Joncour avait peut-être insisté pour rémunération qui pouvait en résulter, et qui en aucun cas n’était land Dumas a démontré tout au long de cette instruction une l’inviter une ou deux fois ». Les éléments de l’information font de nature à lui assurer un train de vie important, un salaire de volonté délibérée de dissimulation, accumulant parfois les pourtant apparaître qu’il n’a pas hésité à profiter des largesses et cadre supérieur et l’utilisation illimitée d’une carte de crédit de la contradictions en face des évidences qui lui sont signifiées. (...) La des « facilités » de son amie. société. Témoin privilégié, Roland Dumas ne peut sérieusement volonté délibérée de Roland Dumas d’induire la justice en erreur L’examen des relevés de la carte bancaire EAI, abondamment soutenir qu’il ignorait ces « facilités ». (...) est parfaitement démontrée. utilisée par Christine Deviers-Joncour, démontre en effet que En ce qui concerne l’appartement 19, rue de Lille, Christine De- Ainsi, les éléments de l’information justifient le renvoi de Ro- celle-ci a très fréquemment réglé les dépenses, notamment de viers-Joncour a révélé, le 17 mars 1999, les raisons pour lesquelles land Dumas devant le tribunal pour recel d’abus de biens so- restaurant, du couple. Ils semblent avoir plus particulièrement Elf, via Alfred Sirven, avait financé cette acquisition et les condi- ciaux, l’évaluation qui peut être faite du profit qu’il a indûment fréquenté les restaurants du Plaza Athénée, Le Dôme, Au Pichet, tions dans lesquelles cette opération avait été réalisée. Elle a clai- tiré des détournements commis au préjudice d’Elf n’étant pas su- Au Quai d’Orsay, la Calèche et la brasserie Lipp. Christine De- rement affirmé que lorsqu’elle a trouvé l’appartement, elle «a périeure à la somme de 8 millions de francs figurant dans l’énon- viers-Joncour a précisé que Roland Dumas ne réglait jamais l’ad- tout dit à Roland Dumas », et notamment les structures de Luga- cé des faits justifiant sa mise en examen. LeMonde Job: WMQ1102--0017-0 WAS LMQ1102-17 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 10:32 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0433 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 17 La droite allemande face au risque de « haidérisation » 0 123 LA COÏNCIDENCE dérange : l’extrême droite guerre : bien qu’opposé aux nazis, celui-ci a lar- ser comme leader de la droite allemande, à 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 de Jörg Haider entre en force au gouvernement gement intégré dans son parti les anciens colla- condition que la CSU ne soit pas rattrapée par Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F autrichien, favorisée par la faiblesse de la droite borateurs de Hitler, à commencer par son secré- l’affaire des caisses noires de la CDU. Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 traditionnelle, alors que l’Union démocrate- taire à la chancellerie, Hans Globke, Après la défaite de 1998, la droite allemande Internet : http : //www.lemonde.fr chrétienne (CDU) allemande, le parti de Helmut commentateur des lois antijuives de Nurem- était déjà tombée sous l’emprise de M. Stoiber. ÉDITORIAL Kohl, est en plein désarroi, prise dans le scan- berg. « Adenauer était très sceptique sur la matu- Elle avait organisé, avec le soutien des deux tiers dale de ses caisses noires. L’Allemagne peut-elle rité démocratique des Allemands, note Gesine de la population, une pétition à relents xéno- connaître un scénario autrichien ? Le chancelier Schwan, recteur de l’université de Francfort-sur- phobes contre la réforme du code de la nationa- social-démocrate (SPD) Gerhard Schröder a mis l’Oder. Il voulait intégrer le plus possible d’anciens lité. Au printemps, la CDU, présidée par Wolf- Les nouveaux pirates en garde dès le 3 février contre ce risque. « Notre nazis ou collaborateurs des nazis pour réconcilier gang Schäuble, avait pu revenir à un discours système politique repose sur au moins deux grands les Allemands avec leur démocratie et maintenir le plus modéré, profitant des débuts catastro- N système plané- disponibilité des services sur In- partis populaires », a-t-il déclaré, précisant que potentiel de résistance contre la démocratie au ni- phiques du gouvernement Schröder. Mais, en taire qui se déve- ternet pendant quelques heures. « l’effondrement de la CDU pourrait être le début veau le plus bas possible. » décidant de baisser les impôts, de réformer les U loppe à une vitesse Un manque à gagner certain de la “haidérisation” du spectre politique » en Al- Cette stratégie d’intégration a un prix : l’adop- retraites et d’adopter un langage européen très fulgurante et de fa- mais qui n’a rien de commun lemagne. L’inquiétude de M. Schröder semble tion dans le programme de la CDU et de la CSU raisonnable, celui-ci a privé la CDU de deux de çon quasiment spontanée peut- avec une destruction ou un vol prématurée, l’extrême droite allemande étant d’une partie des idées de l’extrême droite. Le ses thèmes favoris : l’économie et l’Europe, ren- il, en même temps, bénéficier de données vitales. politiquement insignifiante pour l’instant. terreau est favorable depuis la réunification, dant plus délicate sa stratégie de reconquête de d’une sécurité sans faille ? On retrouve dans cette délin- L’éclatement de la droite allemande, qui subi- avec la montée du chômage, les difficultés de ré- l’électorat centriste. « Je ne pense pas que la CDU Certes, le miracle économique quance informatique les traces rait le destin de la Démocratie chrétienne ita- forme du système social, l’afflux d’immigrés et explosera, résume le député CDU Peter Altmaier, engendré par Internet repousse d’une culture du réseau qui privi- lienne ou de la droite française, est possible de réfugiés. Le mouvement a été amorcé par nous avons plutôt un risque de radicalisation et de tout les jours les limites du pos- légie l’exploit technique sur l’ap- mais improbable à court terme. Certes, le pay- Helmut Kohl, qui tenait à la fin de son règne un perte d’influence qui nous mettrait au niveau des sible. Mais imaginer que ce ré- pât du gain. La plupart des pi- sage a considérablement évolué en dix ans. La discours réactionnaire sur l’immigration et la sé- conservateurs britanniques, avec 30 % des voix. » seau puisse créer des richesses rates revendiquent une fonction bipolarisation, qui était de mise au temps de la curité. Une nouvelle radicalisation pourrait per- insondables, des emplois par chevaleresque qui consiste à ré- guerre froide, n’est plus indispensable ; et la vic- mettre au Bavarois Edmund Stoiber de s’impo- Arnaud Leparmentier millions et une croissance ines- véler les failles des systèmes aux- toire de Gerhard Schröder en 1998 a montré une pérée sans générer le moindre quels ils s’attaquent. Leur objec- plus grande personnalisation de la politique al- dérapage relève sans doute du tif n’est pas de détruire ou de lemande, ouvrant peut-être un jour la voie à des rêve excessif. Les faiblesses d’In- voler mais de démontrer leur su- aventures solitaires. Cimetière marin par Alain Le Quernec ternet, sa vulnérabilité, ne périorité technique sur les pro- Des scissions au sein de la CDU apparaissent constituent que le revers logique fessionnels de la sécurité de sites toutefois difficiles à imaginer. Le parti de Hel- de la médaille. Comment s’offus- prestigieux. En ce sens, ils se si- mut Kohl ne compte aucune étoile montante quer des frasques des pirates qui tuent dans une frange floue, à la susceptible de faire cavalier seul. Fonder un écument le cyberespace quand fois hors-la-loi et au service indi- nouveau parti est une entreprise à haut risque, ils font partie intégrante de cette rect de l’ordre. Pour preuve, les car il faut franchir la barre de 5 % des suffrages communauté sans laquelle Inter- emplois que nombre d’ex-pirates pour être représenté au Parlement. Les diri- net n’existerait pas ? trouvent... chez leurs anciennes geants de la CDU, qui occupent souvent la fonc- Il ne s’agit pas, pour autant, de victimes. tion de ministre-président dans les Länder, ont minimiser les dangers ou de Certes, on peut contester leur besoin du soutien de leur formation. Même si la baisser la garde. Le FBI et les façon de faire acte de candida- CDU est composée de catholiques de gauche, de autres polices spécialisées dans ture. Mais la réaction violente protestants libéraux ou de conservateurs auto- la cybercriminalité sont sur les des Etats-Unis, alimentée par la ritaires qui ont peu de choses en commun, au- dents. La technique utilisée pour paranoïa qui règne dans ce pays cune aile n’est assez forte pour s’affranchir du les attaques de cette semaine a en matière de terrorisme infor- parti. fait l’objet de comptes rendus, matique, n’est-elle pas exces- d’analyses et d’alertes en no- sive ? L’importance des systèmes AMORCÉ PAR HELMUT KOHL vembre et décembre 1999. Elle se d’information devient telle, Il n’existe pas non plus de menace extérieure distingue des virus, chevaux de outre-Atlantique, que la moindre évidente. Le petit Parti libéral (FDP), moribond Troie et autres « vers de terre » atteinte à leur intégrité y est res- il y a quelque mois, profite dans les sondages de qui polluent déjà la Toile par la sentie comme une menace vitale la déception des électeurs CDU qui ne veulent mise à contribution involontaire pour la sécurité du pays. Or en aucun cas voter SPD. Mais nul ne distingue d’ordinateurs disséminés sur la chaque nouvelle alerte contribue l’émergence d’un mouvement de société puis- planète. Sous leur nom barbare à renforcer la prise de conscience sant à droite, comparable à celui qui conduisit d’« attaques distribuées de refus de la vulnérabilité des installa- dans les années 80 à la naissance des Verts. de service », ces raids soulignent tions actuelles. De quoi colmater Reste l’extrême droite. A court terme, la « hai- une faiblesse générale de la sé- les brèches trop nombreuses que dérisation » de l’Allemagne est peu vraisem- curité du réseau. Mais tout s’est laissent traîner les fournisseurs blable. Le vote extrémiste reste inacceptable ; passé comme si des cambrioleurs de logiciels et de matériels infor- les partis d’extrême droite ont une influence po- avaient paralysé une banque matiques dans leur course fréné- litique marginale, en dépit de quelques succès sans emporter le moindre butin. tique à la construction de la net- aux élections régionales de Bade-Wurtemberg Le préjudice s’est limité à une in- économie. (Republikaner en 1996), Saxe-Anhalt (Deustche Volksunion [DVU] en 1997) et Brandebourg 0123 est édité par la SA LE MONDE (DVU, 1999), et souffrent de l’absence de leader Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani charismatique. Ni l’ancien Waffen SS Franz Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Schönhuber, ex-patron des Republikaner, ni le Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint président de la DVU, Gerhard Frey, n’ont su sé- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau duire les foules comme un Haider ou un Le Pen. Directeur artistique : Dominique Roynette Surtout, la droite démocratique allemande a eu Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment pour obsession depuis la guerre d’intégrer Rédacteurs en chef : Alain Frachon (Editoriaux et analyses) ; l’électorat d’extrême droite dans ses rangs, plu- Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; tôt que de l’ostraciser. La stratégie s’est révélé Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; payante, au moins jusqu’à présent. Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) C’est particulièrement net en Bavière, où la Rédacteur en chef technique : Eric Azan CSU, suivant les préceptes de sa figure my- Médiateur : Robert Solé thique, Franz-Josef Strauss, a pour mot d’ordre Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg d’empêcher l’émergence de tout parti sur sa Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; droite, tout en conservant la majorité absolue partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre des voix dans la région. Ce fut aussi la stratégie Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

du chancelier Konrad Adenauer (CDU) après la Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la SA Le Monde fie les réussites individuelles à la grandes entreprises annoncer suc- nées d’euphorie libérale, Jacques Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Bernard Tapie. Les années 80 sont cessivement des profits confor- Chirac a été paradoxalement le Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Le capitalisme Fonds commun de placement des personnels du Monde, les plus belles années du libéra- tables et des licenciements mas- premier, en 1995, à avoir l’intuition Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, lisme, celles où sa victoire paraît sifs, avant que la Bourse ne salue qu’il fallait réinvestir le terrain de Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. acquise, sans même être contes- ce geste salutaire... Peu à peu, ce la critique du système. Sa cam- à visage gluant tée. comportement suscite des protes- pagne, fondée sur le rejet de la Suite de la première page Le traité européen de Maas- tations croissantes, qui culminent « fracture sociale », a pris les socia- ILYA50 ANS, DANS 0123 tricht, signé en 1992, est une sorte avec l’annonce par Michelin, en listes à contre-pied et lui a permis Le paysage change au milieu des d’apothéose discrète. Imprégné septembre 1999, de sept mille cinq de se faire élire contre Lionel Jos- années 70, avec le premier choc des idées du libéralisme, il est pré- cents suppressions de postes en pin. Cinq ans plus tard, les deux Où va l’armée française ? pétrolier et les débuts de la crise senté comme la seule voie possible Europe sur trois ans, en même hommes se retrouvent, à partir de économique. Face à la montée du pour la construction européenne, temps qu’une hausse des bénéfices démarches différentes, sur un IL FAUT oser le dire : la déca- liation qui pèse sur des militaires chômage et à l’essoufflement de sans que les opposants à cette op- semestriels de près de 20 %. même terrain : redonner un visage dence de l’armée française s’est ac- mal armés à qui l’on fait envisager l’Etat-providence, la droite relève tion économique et sociale par- Enfin, les vagues de fusions – qui humain au capitalisme. Quitte à se centuée. Le découragement, le de combattre des adversaires par- la tête. Dans la foulée du thatché- viennent à se faire entendre. La succèdent maintenant à celles de mettre en contradiction avec... lui- trouble, l’amertume ne dispa- faitement équipés. Et quand cet ar- risme, elle réinvente le libéralisme contestation la plus manifeste, no- dérégulation – semblent apporter même et une partie de sa majorité, raissent pas, bien au contraire. Le mement est à bout de souffle au économique, que les manuels uni- tamment dans une partie du RPR, de l’eau au moulin des critiques du l’homme de droite Jacques Chirac moral, surtout celui des cadres su- point de devenir dangereux pour versitaires rangeaient souvent, jus- évoque surtout les atteintes por- libéralisme : la concurrence débri- a compris que l’élection se jouera périeurs, paraît profondément at- l’utilisateur lui-même on touche à qu’alors, au rayon des vieilles tées à la souveraineté nationale. dée, loin de profiter à tout le pour partie, comme celle de 1995, teint. l’absurde. C’est le cas d’une partie lunes. Dans un premier temps, jus- Pourtant, à la grande surprise de la monde, apparaît comme un équi- sur le rejet des règles implacables Le mal existe bien, et nos mi- de notre aviation, qui fait des classes qu’à la fin des années 80, le libéra- plupart des observateurs et des libre instable, qui tend à la consti- d’un capitalisme libéral-intégriste. nistres, un certain nombre de parle- à pied devant des hangars où l’on a lisme retrouvé « s’habille » d’un milieux politiques, acquis au traité, tution de monopoles ou d’oligo- mentaires même, ne l’ignorent pas : rangé Mosquitos et Spitfire pour discours social rassurant. L’argu- le texte n’est approuvé que de jus- poles, les plus puissants éliminant INFLÉCHISSEMENT les uns et les autres y font allusion éviter des morts inutiles. mentaire des tenants de la doc- tesse. Un sentiment de méfiance à les plus faibles et imposant au L’homme de gauche Lionel Jos- au cours de leurs débats. Malheu- La mise en application du pacte trine rénovée est simple : l’interna- l’égard des règles économiques, marché leurs conditions. pin, lui aussi, s’emploie à montrer reusement ils ne font rien de sérieux atlantique permettant de remplacer tionalisation de l’économie rend perçues comme menaçantes, de Le scepticisme pourrait se nour- qu’il est capable de tempérer le ca- pour y remédier. Leur seul effort du matériel ruiné par du matériel en caduques les recettes keyné- l’Europe en construction est, à rir d’un autre constat, évoqué no- pitalisme, puisque tel est au- quand ils veulent du bien à l’armée bon état doit se traduire par une siennes, fondées sur un interven- l’évidence, l’une des explications tamment par Philippe Cohen (Pro- jourd’hui le seul horizon possible tend à faire reconduire son budget, amélioration d’une situation catas- tionnisme étatique battu en de ce vote. téger ou disparaître, Gallimard pour les socialistes. Recul du chô- lequel, par un paradoxe irritant, pa- trophique. Mais ce matériel, au brèche par l’ouverture des fron- 1999) : alors que depuis des décen- mage, 35 heures, couverture-mala- raît d’autant plus considérable au moins dans sa partie destinée à l’ar- tières. La liberté d’action de l’en- ÉQUILIBRE INSTABLE nies, voire des siècles, le progrès die universelle, préoccupations en- pays que celui-ci, consciemment ou mée de terre, n’en sera pas moins treprise est le meilleur remède au Ce sentiment ne fera que s’ac- social, économique, technologique vironnementales etc., qui inconsciemment, se rend tout de inactuel. Il ne mettra pas les divi- chômage. croître, face à ce qui peut appa- s’est traduit par un recul progressif constituent le quotidien de l’action même compte de la dégradation de sions françaises qui en seront équi- Ce discours s’inspire des thèses raître comme un durcissement, dé- de l’insécurité sur tous les plans, du premier ministre, serviront à lui son appareil militaire. pées dans la position d’unités mo- du créateur de l’école monétariste sormais affiché, des règles d’airain cette courbe, dans plusieurs do- donner quelque crédibilité, dans ce Il est difficile d’épiloguer sur le dernes. de , Milton Friedman, qui du capitalisme. En 1989, le mur de maines, s’est inversée. Le senti- domaine, pour tenter de battre le sentiment d’impuissance et d’humi- (11 février 1950.) s’accommode d’un taux dit « natu- Berlin est tombé, entraînant la dis- ment d’insécurité, la montée de la président sortant. rel » de chômage – ce que ses dis- solution du bloc soviétique. Dès délinquance de proximité, la vio- Les entreprises elles-mêmes ciples français se gardent pudique- lors, il n’y a plus d’alternative et, lence à l’école, sont désormais au sont en train d’infléchir leur dis- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS ment d’évoquer : au contraire, le d’une certaine façon, moins de rai- cœur des préoccupations de la cours, vers un comportement plus libéralisme est présenté comme un sons de prendre des gants. Touche gauche comme de la droite. La « responsable », qu’il s’agisse Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr remède au chômage qui ronge la par touche, l’image d’un système progression de la flexibilité du tra- d’éthique (travail des enfants...), Télématique : 3615 code LEMONDE société française. De même, on re- devenu hégémonique se modifie. vail, l’augmentation du chômage, de sécurité alimentaire ou d’envi- Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) marque peu le corollaire implicite L’opinion française s’émeut en dé- la rapidité des évolutions techno- ronnement. Le capitalisme du ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) du discours néolibéral : une pro- couvrant les chiffres des salaires logiques, sont sources d’insécurité XXIe siècle présentera-t-il un vi- tection sociale trop importante est de Jacques Calvet, puis de Pierre sociale, économique, profession- sage moins brutal que celui des Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 une gêne pour l’économie. La Suard, patron d’Alcatel, qui gagne nelle, et même sanitaire, pour les dernières années du XXe ? gauche elle-même se convertit en en un mois plusieurs années de plus pauvres. Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 bonne partie au libéralisme, glori- SMIC. Il devient courant de voir de Dans ce paysage, après les an- Jean-Louis Andreani LeMonde Job: WMQ1102--0018-0 WAS LMQ1102-18 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0434 Lcp: 700 CMYK

18 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000

INTERNET En quelques jours, de NOUVELLES ATTAQUES appelées «re- grave pour que Janet Reno, l’équi- quête. b CES ÉVÉNEMENTS révèlent EXPERTS se mobilisent pour dresser Yahoo ! à eBay, en passant par Ama- fus de service » consistent à saturer valent du ministre de la justice, af- une vulnérabilité des entreprises. Plus des portraits-robots de ces pirates aty- zon.com ou Buy.com, les sites ve- un site. Elles ont été détectées depuis firme « que le gouvernement mettra elles sont présentes sur le Net, plus piques, pour une fois discrets, et dont dettes de la nouvelle économie ont 1999, mais sont difficiles à parer. tout en œuvre pour débusquer les elles sont exposées. C’est un des para- les motivations restent inconnues. été paralysés par des pirates. b CES b AUX ÉTATS-UNIS, l’affaire est assez responsables ». Le FBI mène l’en- doxes de la nouvelle économie. b LES (Lire aussi notre éditorial page 17.) Les attaques sur le Net ébranlent la nouvelle économie Plusieurs sites vedettes, comme Yahoo ! et Amazon.com ont été paralysés par des pirates de la Toile. Gouvernement américain et FBI sont mobilisés. Fonctionnant en réseaux, les entreprises sont de plus en plus vulnérables LE FILM pourrait s’appeler ton, directeur général de Yahoo ! cinq ans, un commercial n’envoyait lation de réseaux « sans en évaluer attaques ne sont pas des canulars : Services financiers, grands « Psychose sur le Net » tant les at- France. « Ce n’est pas un voleur qui pas de chez lui des données confi- toutes les conséquences ». Cer- « Derrière, ces sont les grands groupes automobiles... ont égale- taques informatiques sur les sites s’introduit dans votre maison mais dentielles, maintenant il le fait taines « veulent prendre de la va- concurrents, ou les services secrets ment développé une culture sé- Internet les plus populaires plutôt une bande de sales gamins grâce à un tunnel chiffré, explique leur trop rapidement ». des pays qui défendent les intérêts curité. Avec l’avènement du Net, semblent systématiques et de qui tirent la sonnette à longueur de Hervé Schauer, consultant en sé- « Tout est allé trop vite, reconnaît économiques de leurs entreprises. Il grands distributeurs et nouveaux grande ampleur. Lundi 7 février, journée pour vous empêcher de tra- curité réseau depuis plus de dix le responsable de la sécurité d’un ne faut pas croire qu’il n’y ait que acteurs de la vente en ligne l’emblème des portails, Yahoo !, a vailler », explique Vincent Maret, ans. Dans cette situation, l’attaque groupe pharmaceutique mondial. les petites entreprises qui soient vul- tentent de se protéger. été attaqué. Mardi, le site d’en- expert de la sécurité chez Ernst & à la mode est la suivante : l’intrus va Nous, comme d’autres, avons voulu nérables ». Ce nouveau défi de la « e- chères eBay, les supermarchés Young. Il n’empêche. Ces sites ont contourner ce réseau sécurisé et at- gagner de l’argent, nous avons economie » n’a pas échappé aux électroniques Amazon.com et été paralysés pendant plusieurs taquer directement le PC du sala- poussé au développement informa- SERVICES SECRETS consultants informatiques de tous Buy.com, les sites d’informations heures. Même les plus sécurisés ne rié ». Selon cet expert, « la mise en tique ». Cette entreprise, comme D’ailleurs un grand nombre de bords. Internet Security Systems, CNN.com et ZDNet l’ont été à sont pas à l’abri. Cette nouvelle réseau d’une entreprise est extrême- toute les autres interrogées par le responsables sécurité de groupes un des principaux groupes mon- leur tour. Mercredi, la vague a sorte d’attaques, signalée dès 1999 ment positive, mais certaines choses Monde ne veut pas exprimer offi- industriels sont des anciens des diaux de logiciels de détection touché pendant plusieurs heures par le Computer emergency res- doivent être faites correctement », ciellement sur le sujet. « On voit services de police ou des services d’intrusion, a plus que doublé son les sites de bourse en ligne pons team (CERT), viennent et d’expliquer que des entreprises bien, qu’il y a des gens qui rentrent secrets. « On peut raisonnablement chiffre d’affaires entre 1998 et E*Trade puis Datek Online. L’af- s’ajouter à toutes celles déjà ré- se lancent, pour certaines, dans dans notre réseau et ce malgré les penser que des attaques répétées, 1999. Cette entreprise basée à faire est suffisamment grave aux pertoriées, de l’intrusion du ré- des activités de ventes sur Inter- logiciels de protection mis en ciblées, ne sont pas seulement Atlanta aux Etats-Unis travaille Etats-Unis pour que Janet Reno, seau interne d’une entreprise à la net, pour d’autres dans une instal- place. » Pour ce responsable, ces l’œuvre de pirates désintéressés. Les actuellement avec le gouverne- Attorney General – l’équivalent du modification de page d’un site attaques peuvent être plus sérieuses ment américain et le FBI. Check- ministre de la justice –, affirme Web en passant par le piratage et plus graves », ajoute M. Schauer. Point, un logiciel pare-feu israé- que « le gouvernement mettra tout pur et simple de données confi- Turbulences sur le Nasdaq Quelques heures de blocage pour lien, connaît des croissances de en œuvre pour débusquer les res- dentielles, comme le détourne- un service en ligne peut motiver plus de 60 % par an. Ces acteurs ponsables ». Mme Reno a demandé ment d’adresses Internet chez Wa- Les attaques ciblant les sites de commerce électronique ont arrêté l’ir- l’internaute à aller voir la concur- tissent d’ailleurs, entre eux, des al- aux procureurs fédéraux de «se nadoo-cable en janvier. résistible ascension du Nasdaq, le marché sur lequel ces sociétés sont rence. Une information erronée liances pour proposer des solu- joindre au FBI pour conduire l’en- cotées. Mercredi 9 février, l’indice Nasdaq a reculé de 1,47 %. Le titre Ya- peut décrédibiliser un site bour- tions de sécurité communes. Se- quête ». ATTAQUE DE LA CONCURRENCE hoo !, dont la valeur boursière dépasse les 95 milliards de dollars, a bais- sier... lon la dernière étude de Forrester Les porte-parole des sites sou- Au-delà de leur aspect théâtral, sé de 2,7 %, celui d’Amazon.com, qui pèse en Bourse 27 milliards de dol- Face à cette menace, les entre- Research, le marché de la sécurité lignent que les attaques n’ont pas ces événements révèlent une nou- lars, a abandonné 3,6 % et celui d’eBay, valorisé à 21 milliards de dollars, prises les plus préparées sont au sens large (conseil, installation, pour objet de s’introduire dans les velle vulnérabilité des entreprises. a perdu 3,38 %. celles qui, historiquement, sont matériel et gestion) atteint déjà systèmes informatiques pour pira- Plus elles sont présentes sur le Les investisseurs se préoccupent du manque à gagner en termes de confrontées à une concurrence 9 milliards de dollars. Selon IDC, ter des données confidentielles : Net, plus elles sont exposées. chiffre d’affaires qu’entraînent les interruptions de services. Mais ils mondiale forte. « Nos premiers les prestations de sécurité pour- aucun numéro de carte de paie- C’est un des paradoxes de la nou- s’inquiètent surtout de la dégradation de l’image de ces sites. La valori- clients étaient des centres de re- raient tripler d’ici à 2003. Une ment n’a été détourné, aucun fi- velle économie. L’entreprise en ré- sation boursière extrêmement élevée de ces sociétés repose en effet en cherche de haute technologie, le croissance parallèle à celle du chier confidentiel n’a été violé, au- seau augmente sa portance, sa vi- grande partie sur la notoriété de la marque et sur la relation de secteur de la défense, des industries commerce électronique. cun article n’a été commandé au sibilité, sa flexibilité... mais confiance instaurée avec les internautes. De plus, ces sociétés devront chimiques ou pétrolières », ex- nom d’une victime. « c’est du sa- multiplie parallèlement les points investir davantage pour sécuriser leurs systèmes informatiques et res- plique M. Schauer. Depuis, «ce Laure Belot botage », affirme Philippe Guillan- d’entrées dans son réseau. « Il y a taurer leur image. Or la majorité accusent encore de lourdes pertes. cercle s’est élargi » explique-t-il. et Enguérand Renault Du FBI aux chasseurs de prime, la traque des pirates est ouverte POUR RETROUVER les « hackers », une grisés par leur nouvelle puissance, qui se pirate solitaire. Elles font remarquer que des pages de petites annonces publiant les crypter automatiquement les paquets de gigantesque chasse à l’homme a été déclen- jettent dans une aventure qui les dépasse. Ils personne n’a repéré de rumeurs ni d’indis- CV de hackers semi-repentis, prêts à se données transmis par son utilisateur. chée sur Internet, menée conjointement par agiraient sans but précis, par goût de l’ex- crétions sur ces opérations. Or, si elles vendre au plus offrant. Malgré tout, ces attaques sont des opéra- le FBI, les services techniques des sociétés ploit, par bravade, pour prouver au monde avaient été réalisées par une troupe impor- tions de longue haleine, qui ne peuvent être visées, des officines de sécurité informatique entier qu’ils sont les nouveaux Seigneurs du tante éparpillée sur le réseau, des fuites au- PLUSIEURS MOIS DE PRÉPARATION menées à bien que par des pirates organisés et même des chasseurs de prime indépen- Net. raient eu lieu. D’autre part, les progrès réali- Les avancées sont particulièrement spec- et persévérants. En effet, dans un premier dants. Par ailleurs, divers groupes de hackers sés dans les techniques de piratage taculaires dans le secteur des logiciels dits temps, il a fallu pénétrer, un par un, tous les ont lancé leurs propres enquêtes dans l’es- UNE PRUDENCE INHABITUELLE permettent, en théorie, à un homme seul de « refus de service » (denial of service, DOS), centres-serveurs utilisés par la suite pour re- poir d’en savoir plus sur ces nouveaux ve- Pourtant, ils font preuve d’une discrétion se livrer à une offensive de cette ampleur. tels ceux utilisés lors des récentes attaques. layer l’attaque proprement dite, et en nus, soit pour les neutraliser, soit pour les ai- et d’une prudence inhabituelles, ce qui Les hackers les plus créatifs inventent en Depuis quelques mois, une nouvelle généra- prendre le contrôle à l’insu de leur proprié- der à échapper à la justice. complique la tâche des enquêteurs. Contrai- permanence des logiciels de piratage prêts à tion de programmes a vu le jour. Baptisés de taire. Ce travail minutieux a sans doute pris En attendant de les identifier, les experts rement à une tradition bien établie, ils n’ont l’emploi, et les font circuler gratuitement sur noms énigmatiques comme Tribal Flood plusieurs mois. se bousculent pour dresser des portraits-ro- pas laissé de message provocateur, ne se le réseau. Un étudiant en informatique, ou Network ou Trinoo, ils permettent de lancer Compte tenu de l’ampleur des moyens bots de ces pirates atypiques, et proposer sont pas donné de surnoms flamboyants, et même un autodidacte, peut s’improviser pi- des masses de requêtes à partir d’un seul or- mis en œuvre pour les retrouver, on en sau- des théories sur leurs objectifs. Quelques- ont résisté à la tentation de diffuser des rate en quelques jours. Il existe des dizaines dinateur vers un grand nombre de serveurs ra peut-être bientôt plus sur ces nouveaux uns veulent voir dans leur aventure la nais- communiqués de victoire. de sites de téléchargement ouverts à tous, intermédiaires enrôlés malgré eux dans pirates. On sait déjà qu’ils resteront dans sance d’un mouvement de résistance contre Dès le premier jour, les services tech- offrant une panoplie de programmes desti- l’opération, puis de reconcentrer le tir vers l’histoire, car ils ont accompli en trois jours l’invasion des commerçants et des finan- niques des sociétés visées et les policiers ont nés à « compromettre les systèmes de sécuri- une cible unique, donnant ainsi l’illusion un exploit sans précédent, qui suscite chez ciers, accusés de vouloir détruire l’Internet parlé d’attaques « massives et coordonnées », té ». La plupart sont référencés par les que l’attaque vient de tous côtés. On appelle leurs pairs autant de jalousie que d’admira- non-marchand et alternatif pour le rempla- laissant entendre qu’ils avaient affaire à de grands moteurs de recherche. D’autres pu- ce procédé le « refus de service distribué» tion : leur aventure est devenue une affaire cer par un supermarché planétaire. Mais la puissantes bandes organisées. Mais les prin- blient des modes d’emploi détaillés, ou pro- (DDOS, distributed denial of service). L’un d’Etat. Même le président Clinton parle plupart des spécialistes font une analyse cipales associations de hackers ne sont pas posent des cours informels de piratage. On des logiciels des plus redoutables de cette d’eux publiquement. plus prosaïque. Selon eux, ces nouveaux pi- de cet avis. Selon elles, il peut également trouve même des musées virtuels exposant catégorie, apparu cet automne, « Stachel- rates sont probablement de très jeunes gens s’agir d’un petit groupe, voire même d’un les plus beaux détournements de sites, et draht », offre l’avantage supplémentaire de Yves Eudes Une prise de conscience des internautes La Commission européenne enquête semble la parade la plus efficace sur le nouveau logiciel de Microsoft PLUS INTERNET se perfec- « Tribe FloodNet » (tfn) et « Tribe L’organisme insiste sur le fait que BRUXELLES PC. Compte tenu de l’attrait de ce- Commission et se justifier. «Il tionne, plus les risques aug- FloodNet 2K » (tfn2K) sont utilisés les vulnérabilités exploitées par les (Union européenne) lui-ci, une telle situation détour- nous faudra du temps et une exper- mentent. Paradoxalement, ce sont pour piéger les ordinateurs qui ser- pirates sont, en général, bien de notre correspondant nerait les utilisateurs des produits tise technique pour analyser sérieu- à la fois les utilisateurs disposant viront involontairement à l’attaque connues. Pour leur échapper, il suf- La Commission européenne de la concurrence. sement la situation. C’est à partir de d’un accès rapide à la Toile (câble, massive. fit de ne pas utiliser un ordinateur s’inquiète des appétits de Micro- John Frank, directeur juridique cette analyse qu’interviendra éven- Adsl) et les sites les plus prestigieux Le National Infrastructure Pro- mal protégé, c’est-à-dire qui ne soft. Mario Monti, le commissaire européen de Microsoft, récuse ces tuellement une démarche de la qui se retrouvent les plus vulné- tection Center (NIPC), installé au possède pas toutes les « rustines » à la concurrence. a annoncé, mer- accusations. Il explique que «les Commission », a expliqué M. Mon- rables face aux pirates. La mise siège du FBI à Washington, a pu- publiées par les éditeurs de logi- credi 9 février, qu’il venait d’adres- versions PC et serveurs de Windows ti, tout en soulignant que la hors service pendant quelques blié, le 30 décembre 1999, un ciels au fur et à mesure de la dé- ser au numéro un mondial des lo- 2000 ne seront pas vendus en même Commission, en dépit de la heures des sites jouant un rôle de communiqué faisant état des mul- couverte des bogues présents dans giciels un courrier lui demandant temps, et que les ordinateurs fonc- complexité de l’économie de la so- premier plan sur la Toile démontre tiples alertes enregistrées au sujet leurs programmes. Les pirates ont, des informations sur son nouveau tionnant sous Windows 2000 pour- ciété de l’information, était bien que la menace est réelle, même si de la prolifération de tels outils sur en effet, les moyens de détecter au- système d’exploitation Windows ront parfaitement fonctionner au décidée à ne pas baisser les bras. elle n’a pas, cette fois, prêté à Internet. L’organisme a mis à la tomatiquement les ordinateurs 2000 dont le lancement est prévu sein de réseaux utilisant plusieurs Dans l’hypothèse où l’enquête conséquence. disposition des administrateurs de connectés à Internet et qui sont pour le 17 février. M. Monti a ex- systèmes d’exploitation ». confirmerait que Microsoft a violé Il semble, en effet, qu’aucune réseaux une nouvelle version de mal protégés. Ce sont eux qui leur pliqué que l’enquête de ses ser- les règles, la Commission lui donnée n’ait été perdue par les vic- son logiciel (find–ddosv31) de dé- serviront à déposer leur bombe lo- vices ne portait pas sur les mêmes STADE PRÉLIMINAIRE adresserait une « communication times qui n’ont souffert que d’un tection de l’ensemble de ces logi- gicielle à retardement. faits que celle que conduit actuel- Si les allégations fournies à la des griefs ». A ce stade, l’interven- blocage momentané de leurs ser- ciels dormants (tfn, tfn2K, trinoo, Une fois l’attaque déclenchée, il lement la justice américaine. Commission se révèlent fondées tion de l’exécutif européen n’em- vices en ligne. Tout s’est passé stacheldraht...). La solution semble que les cibles aient peu de Selon des plaintes reçues à et que les règles communautaires pêche pas la commercialisation de comme si la manœuvre avait eu consiste donc à donner aux pro- chance d’éviter le blocage de leur Bruxelles, Microsoft aurait conçu de la concurrence n’ont effective- Windows 2000 sur le territoire de pour objectif d’adresser un avertis- priétaires d’ordinateurs infestés les machine sous l’avalanche des ce nouveau système d’exploita- ment pas été respectées, celle-ci à l’Union, mais il pourrait en être sement sans frais aux internautes. moyens d’en prendre conscience et fausses requêtes. Il s’agit donc plu- tion comme un levier pour la possibilité d’imposer à Micro- autrement en cas d’ouverture de de les nettoyer avant que l’attaque tôt de tenter d’assainir l’ensemble étendre son actuelle position do- soft des modifications à son pro- la procédure d’infraction prévue DES OUTILS BIEN CONNUS à laquelle ils risquent de participer du réseau que de créer des forte- minante sur les ordinateurs per- gramme et, en cas de refus, des par la réglementation communau- Pour ces derniers, la situation involontairement ne soit déclen- resses. Déjà, l’industrie du logiciel sonnels (PC) aux serveurs et aux sanctions pouvant aller jusqu’à taire. s’avère néanmoins préoccupante chée. propose des outils aux internautes logiciels, avec l’idée, par ce biais, une amende égale, au maximum, Ce n’est pas la première fois que dans la mesure où il ne semble pas Pour les victimes elles-mêmes, la qui s’apparentent aux détecteurs de s’assurer une place prépondé- à 10 % du chiffre d’affaires mon- Microsoft a maille à partir avec la exister de parade efficace contre ce parade semble plus délicate. «La de virus. La nouveauté avec le sys- rante sur le commerce électro- dial de l’entreprise. La Commis- Commission de Bruxelles au point type d’attaques, baptisées « refus sécurité sur Internet est un effort tème du « refus de service », c’est nique. Selon les entreprises qui se sion a également le pouvoir d’im- qu’aujourd’hui plusieurs dossiers de service ». Les outils logiciels uti- communautaire », prévient le CERT que les simples citoyens du cybe- sont plaintes à Bruxelles, Micro- poser des sanctions si Microsoft se concernant ce groupe sont encore lisés par les pirates sont pourtant qui plaide pour le développement respace ne doivent plus simple- soft aurait rassemblé, dans Win- montre réticent à transmettre les pendants. « La Commission euro- bien connus. Le célèbre organisme de la concertation entre les admi- ment protéger leur ordinateur dows 2000, différents logiciels fai- informations qui lui sont deman- péenne nous demande des informa- CERT de l’université américaine de nistrateurs des grands sites. Un contre les détériorations, mais éga- sant que, seul les serveurs, dées. Cependant, on n’en est, tions trois ou quatre fois par an et Carnegie Mellon a publié, le 28 dé- atelier de réflexion s’est déjà dé- lement éviter qu’il ne se trans- logiciels et autres équipements pour l’instant, qu’à un stade préli- nous avons un grand respect pour cembre 1999, une mise à jour de roulé du 2 au 4 novembre 1999, à forme en auxiliaire de pirates. proposés par Microsoft seraient minaire. L’entreprise de Bill Gates son travail », a ajouté M. Frank. son analyse sur ce sujet (Pennsylvanie), sur le compatibles avec le nouveau sys- dispose de quatre semaines pour (www.cert.org/). Les outils baptisés thème des attaques distribuées. Michel Alberganti tème-vedette d’exploitation des répondre aux demandes de la Philippe Lemaître LeMonde Job: WMQ1102--0019-0 WAS LMQ1102-19 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0435 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES ¼ LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 19

Les salariés de Pechiney s’engagent à reculons Règlements de comptes dans la fusion avec Alcan et Algroup entre actionnaires Les syndicats dénoncent le silence de la direction de Philipp Holzmann Annoncée durant l’été 1999, la fusion du groupe employés de Pechiney. Les trois entreprises dition ne soit plus lourde. La direction justifie d’aluminium et d’emballage français avec le ca- avaient annoncé la suppression de 4 500 postes son silence par l’enquête de la Commission eu- nadien Alcan et le suisse Algroup inquiète les en deux ans. Mais beaucoup redoutent que l’ad- ropéenne sur les problèmes de concurrence. Gevaert attaque en justice la Deutsche Bank LE MALAISE s’est installé chez pires craintes sur leur avenir. Les pas en poussant les salariés à la démis- rationnelles (recherche-développe- FRANCFORT sionner fin janvier de la présidence Pechiney. Annoncée en plein été trois groupes, en août, ont annoncé sion », s’indigne un syndicaliste. ment, finances, environnement, res- de notre correspondant du conseil de surveillance de Phi- 1999, un jour d’éclipse, la fusion du la suppression de 4 500 postes en « On commence à nous mettre aux sources humaines), seront occupés Le feu couvait depuis quelques lipp Holzmann, un poste détenu groupe d’aluminium et d’emballage deux ans. Beaucoup redoutent que normes Alcan », soupire un salarié. par des dirigeants d’Alcan. « Le très semaines : la quasi-faillite du depuis des décennies par la pre- français avec le canadien Alcan et le l’addition ne soit plus lourde. Au Présentée comme une fusion « entre haut management de Pechiney a sa- groupe allemand de BTP Philipp mière banque allemande. A l’instar suisse Algroup a d’abord surpris. Au siège, les salariés, qui se sentent les égaux », l’opération est vue par un crifié le groupe pour pouvoir négocier Holzmann, en novembre 1999, a de Gevaert, nombreux sont ceux fil des semaines, la stupeur a fait plus menacés par le rapprochement, grand nombre de salariés comme un au mieux sa place dans la nouvelle or- porté un rude coup aux relations qui reprochent à cet actionnaire place à l’interrogation puis à l’anxié- commencent à regarder attentive- rachat de Pechiney et d’Algroup par ganisation », accuse, sans nuance, un entre ses deux principaux action- historique sa négligence dans le té. Rien ne filtre sur la manière dont ment le marché du travail. Tous ont le producteur d’aluminium cana- syndicaliste. naires, la holding belge Gevaert contrôle de l’entreprise. Les asso- va être conduit le rapprochement. retenu les vœux du Nouvel An de dien. La liste des directeurs généraux (30,4 %) et la Deutsche Bank (15 %). ciations de petits actionnaires ne « Depuis août, on ne voit plus la direc- RATIONALISATIONS Le premier vient de déclencher les ménagent pas leurs critiques. tion. Elle vit dans son bunker au der- Dans la nouvelle répartition des hostilités judiciaires, en indiquant, nier étage et nous ignore », accuse un Une situation financière améliorée tâches, les activités qui constituent mercredi 9 février, son intention AMORCE DE REDRESSEMENT salarié, qui, comme toutes les per- les pôles d’excellence de Pechiney d’exiger du second un dédomma- Ce nouveau rebondissement sonnes interrogées, a requis l’anony- Pour son dernier exercice, Pechiney a annoncé, jeudi 10 février, un seront dirigées à partir de Paris, gement pour les pertes subies lors survient alors que le groupe tente mat. résultat net de 260 millions d’euros, en baisse de 16,4 % par rapport à comme la recherche dans la produc- du naufrage de Philipp Holzmann. d’amorcer son redressement. La Même écho chez les syndicats, qui 1998. Outre une activité difficile au premier semestre – l’aluminium tion d’aluminium, qui vaut à Pe- Une plainte doit être déposée au- société d’audit Roland Berger, dans font front commun. Rassemblés. étant à ses plus bas niveaux depuis six ans –, le groupe a été pénalisé chiney une suprématie technolo- près d’un tribunal de Francfort. un récent rapport, a estimé que « Nous ne savons rien. Depuis six par ANC. Cette filiale américaine, spécialisée dans la boîte pour gique mondiale, ou la production de Après avoir frôlé la faillite, mi-no- Philipp Holzmann « pouvait être mois, il n’y a plus de réunion du comité boisson, a été vendue au cours de l’année. Hors ANC, le résultat net tôles pour l’aéronautique, qui fait de vembre, Holzmann avait été sauvé assaini ». Après quelques tergiver- de groupe européen, pas de rencontre du groupe ressort à 399 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de l’usine d’Issoire (Puy-de-Dôme), le de justesse par l’intervention sations en début d’année, qui syndicale. Il n’y a même pas eu de dis- 8,3 milliards d’euros. premier fournisseur d’Airbus et est controversée du chancelier Ger- avaient fait craindre le pire, les cussion sur les 35 heures dans le Pechiney aborde sa fusion avec Alcan et Algroup dans une situa- homologuée maintenant par hard Schröder, qui avait obligé les banques créancières ont enfin ac- groupe. La loi est votée, nous ne savons tion financière très améliorée. La vente d’ANC lui a permis d’alléger Boeing. banques créancières à accepter de cepté de verser le crédit consortial même pas comment elle va être appli- considérablement son endettement. Celui-ci a diminué de moitié et Tous redoutent, en revanche, la soutenir le redressement. promis. La première tranche d’aug- quée », accuse un syndicaliste. s’élève à 1,1 milliard d’euros, soit 34 % de ses fonds propres. Le distance qui risque de s’instaurer Gevaert estime avoir été « induit mentation de capital doit avoir lieu « Les inquiétudes sont légitimes. groupe souligne que le plan Challenge qui s’achève « a atteint ses ob- pour les activités dirigées à partir du en erreur lors de sa décision d’inves- d’ici à la mi-février. L’assainisse- Mais nous ne pouvons pas parler jectifs » : les coûts ont diminué de 20 % par rapport à 1995. Canada, comme les activités bauxite tissement », en 1998 et 1999, au sein ment financier devrait être bouclé avant la fin des enquêtes de concur- et alumine, le négoce et l’électromé- du groupe de BTP, déjà engagé à « au premier trimestre », selon rence de la Commission européenne et tallurgie. Si les sites de Dunkerque l’époque dans un vaste plan d’as- Konrad Hinrichs, le nouveau pré- de la justice américaine », explique Jean-Pierre Rodier. Après les sou- de la nouvelle entité, publiée en oc- (Nord) et de Saint-Jean-de-Mau- sainissement. Une accusation aus- sident du directoire – après la dé- Jean-Pierre Rodier, PDG de Pe- haits d’usage, le PDG de Pechiney tobre, puis celle, la semaine dernière, rienne (Savoie) se sentent peu me- sitôt rejetée par la Deutsche Bank. mission de Heinrich Binder mi-dé- chiney. Les autorités doivent se pro- avait ajouté en substance : « Quant à des 80 cadres dirigeants n’a pas in- nacés, les usines pyrénéennes du Pour 400 millions de deutsche- cembre. noncer sur la fusion avant le ceux qui vont devoir nous quitter cette fléchi leur vision. Même si de nom- groupe, depuis longtemps remises marks, les Belges avaient acquis La Commission européenne a 22 mars. D’ici là, Alcan, Pechiney et année, qu’ils sachent que la carte Pe- breux cadres de Pechiney ont été re- en cause, ou de petits sites de trans- une participation de 10 % à la Deut- néanmoins annoncé un examen Algroup sont condamnés au silence. chiney est une excellente référence sur tenus dans les niveaux formation comme Annecy (Haute- sche Bank – puis 5 % en Bourse et approfondi avant d’autoriser l’aide « L’ensemble du personnel a en tête le marché du travail. » opérationnels, ils se focalisent sur Savoie) tremblent. Même Gardanne 15 % à un autre grand du BTP alle- du gouvernement allemand l’intérêt de l’opération qui nous l’organisation centrale de la nouvelle (Bouches-du-Rhône), le berceau du mand, Hochtief. La débâcle de Phi- – 250 millions de deutschemarks donne, grâce aux complémentarités INVITÉS À PARTIR entité. Basée entre et groupe où est traitée la bauxite, a lipp Holzmann, avec la publication au total. A l’issue des différentes des trois groupes, une position de nu- Dans les usines, plusieurs cadres Montréal, elle sera dirigée par peur. Les salariés de l’usine de trans- soudaine de pertes de 2,4 milliards mesures envisagées, la Deutsche méro un », précise Philippe Varin, di- ont été fermement invités à partir, Jacques Bougie, président d’Alcan. formation de Neuf-Brisach (Haut- de deutschemarks en 1999 Bank doit redevenir l’actionnaire recteur du secteur aluminium de Pe- au motif qu’ils ne tenaient pas leurs Jean-Pierre Rodier en sera le direc- Rhin) ne sont guère plus rassurés. (1,23 milliard d’euros), les a pris de de référence du groupe – autour de chiney. Sentant monter les objectifs. « Nous avons dû menacer teur général, avant d’en prendre la Tous se disent qu’entre leur site et court. Ce n’est pas la première fois 30 % – devant Gevaert, qui s’abs- inquiétudes, la direction a toutefois la direction de la traîner devant les présidence dans deux ans. Si la direc- celui surcapacitaire d’Alcan en Alle- que la Deutsche Bank est mise en tient cette fois de mettre la main à prévu de réunir l’ensemble des prud’hommes. Si elle veut licencier, tion opérationnelle inclut deux magne, il y aura forcément des ratio- cause dans cette affaire. Un des la poche. cadres le 28 février. qu’elle le fasse en versant des indemni- membres de chaque groupe, cinq nalisations. membres de son directoire, Carl Car les salariés nourrissent les tés et en proposant des reclassements, postes sur six dans les fonctions opé- La Commission européenne pour- von Boehm-Bezing, a dû démis- Philippe Ricard rait demander, au nom de la concur- rence, d’autres sacrifices. Dans ce secteur très concentré de l’alumi- La bonne volonté de la BNP nium, la fusion de trois des princi- Thomson-CSF et la DCN paux producteurs mondiaux ne va pas sans poser de problème. Sur cer- n’empêche pas le malaise chez Paribas taines activités, comme la produc- créent une filiale commune tion d’aérosols, la fourniture d’alu- MICHEL PÉBEREAU, le pré- de l’entité de Paribas à Hongkong. nous rachètent et c’est la culture de la minium pour la construction LE GROUPE d’électronique de défense Thomson-CSF et la direction sident de la Banque nationale de Pa- L’équipe qui encadre les groupes de banque commerciale qui va prédomi- automobile, la nouvelle entité se re- des constructions navales (DCN), détenue à 100 % par l’Etat, ont an- ris (BNP), n’a pas le droit à l’erreur. travail doit également recompiler les ner », estime un autre, qui se réjouit trouverait en position de quasi-mo- noncé, jeudi 10 février, la création d’une filiale commune à parité Lui qui a assuré aux marchés finan- données comptables des deux que « les chasseurs de tête puisent nopole en Europe. La production chargée de commercialiser et de gérer l’ensemble des programmes ciers qu’il était capable de réussir le banques pour que chaque équipe dans le vivier ». « Pour les gens de la d’alumine poserait aussi des diffi- des navires de guerre et des systèmes de combat naval pour les mar- mariage de trois banques, BNP, So- travaille sur une base et des objec- BNP, ce qui compte c’est le titre et cultés. La direction se dit confiante chés d’exportation. ciété générale (SG) et Paribas, ne tifs de coûts et de revenus réalistes. combien de gens on dirige. Chez Pari- sur l’issue du dossier. « Nous serons Cette filiale de commercialisation n’impliquera pas de transferts d’ac- peut se permettre d’être médiocre Pour que les équipes soient désta- bas, quand on compare nos postes, ce sans doute amenés à proposer des tifs de ses deux actionnaires mais elle regroupera une centaine de col- dans le rapprochement des seules bilisées le moins longtemps possible sont les opérations sur lesquelles tu aménagements, mais ils seront margi- laborateurs et vise, à l’horizon 2002, un chiffre d’affaires de 4 mil- BNP et Paribas. et surtout qu’elles continuent à tra- travailles et combien t’es payé », ex- naux par rapport à l’intérêt de la fu- liards de francs (610 millions d’euros), avec notamment la réalisation Une chose est sûre : la BNP, qui vailler normalement, les dirigeants plique un jeune banquier. Signe de sion », dit M. Varin. industrielle du programme franco-italien des frégates Horizon. Cer- vient juste d’installer l’état-major de de la BNP ont annoncé un calen- la différence, on se tutoie chez Pari- tains programmes nationaux pourront lui être également dévolus, à la nouvelle banque dans les locaux drier serré : six jours pour arrêter la bas, on se vouvoie à la BNP ! Martine Orange la demande de l’Etat. de Paribas, rue d’Antin à Paris, met « Cette année, la BNP a arrêté très tout en œuvre pour réussir son pro- correctement les bonus, mais que se jet. Elle s’efforce d’être transpa- Signe passera-t-il l’an prochain », s’inter- rente, rapide, ne lésine pas sur les rogent les équipes de Paribas. Tous moyens. Une équipe d’une centaine de la différence : ont reçu la part variable de leur ré- de personnes pilotée par Michel munération – qui se compte pour Clair, ex-Paribas, et Jean-Laurent on se tutoie chez certains, dans les salles de marché Bonnafé, ex-BNP, a été mise sur notamment, en centaine de milliers pied pour encadrer plus de l’un, on se vouvoie voire en millions de francs – et 400 groupes de travail qui doivent beaucoup sont aujourd’hui «sur le définir l’organisation en détail de la chez l’autre ! marché ». Quant au plan de pré-re- nouvelle banque. Elle inclut traite en cours chez Paribas, il ren- soixante consultants du Boston contre un franc succès. La section Consulting Group, un cabinet de nomination des dirigeants, six se- FO de Paribas s’inquiète : « La mu- conseil réputé, ainsi que le service maines pour celle des principaux tuelle des salariés de Paribas était plus d’inspection des deux banques. cadres, six mois pour définir la nou- favorable que celle de la BNP, et nous Dans les activités directement velle organisation. devrons rentrer complètement dans le concernées par le rapprochement, Pour l’instant, ce calendrier est te- rang BNP pour les discussions sur la comme la gestion privée, la gestion nu. La BNP a également évité cer- réduction du temps de travail ou la d’actifs, les activités de marché et de taines maladresses commises au dé- convention collective. » banque d’investissement en général, but du projet de rapprochement Tout cela n’étonne pas la direc- les groupes de travail doivent faire Société générale-Paribas. Elle a ainsi tion. « Il serait inquiétant qu’après des choix difficiles en matière d’or- procédé aux nominations des prin- une fusion, il n’y ait aucune évapora- ganisation, d’informatique et de cipaux responsables d’activités tion d’équipes », reconnaît-elle. Elle personnes. Dans certaines zones avant de lancer les groupes de tra- affirme que pour les activités de géographiques, ils ont dû également vail afin d’éviter que ceux-ci ne de- marché, le taux de rotation des ef- arbitrer entre le modèle BNP et le viennent un lieu où chacun se bat fectifs est généralement de 10 %. Il modèle Paribas. d’abord pour sauver son poste. Une était proche de 12 % avant le début Cela n’a pas toujours été facile, certaine parité a été respectée dans de la saison des transferts. Jusqu’à comme le choix de la plate-forme de les nominations et la méthode pour 15 %, précise la direction, le phéno- Peregrine, filiale de BNP, plutôt que le choix s’est voulue très rigoureuse mène n’aurait rien d’inquiétant. et respectueuse de chacun. Les Mais surtout les dirigeants de BNP- équipes de la BNP ont également Paribas soulignent que l’activité est reçu comme mot d’ordre de ne pas bonne et qu’aucun manque à ga- se comporter en vainqueur dans les gner lié à la fusion n’a été constaté, rangs de Paribas, mais bien de faire dans la banque d’affaires notam- « une fusion entre égaux ». ment. Au contraire. Et dans beau- Malgré toute la bonne volonté et coup de départements, comme les la méthode engagée, la BNP ne peut agences de la BNP, les anciennes fi- toutefois pas éviter le malaise et les liales de la Compagnie bancaire grincements de dents dans les cou- comme Cetelem, ou chez Paribas loirs de Paribas. « Les consultants Affaires industrielles, l’ambiance est font un super numéro mais ils avaient plutôt bonne : le choc d’une fusion à promis un super site intranet : on est à trois ou à deux avec la Société géné- la fin des groupes de travail, il n’existe rale aurait été beaucoup plus dou- toujours pas », remarque un cadre. loureux. « Même si les équipes de la BNP font attention, c’est tout de même elles qui Sophie Fay LeMonde Job: WMQ1102--0020-0 WAS LMQ1102-20 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0436 Lcp: 700 CMYK

20 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 Expand « La Voix du Nord » est peu à peu paralysée par la grève et Ellipse Le mouvement lancé depuis une semaine par les journalistes sur la question de la réduction du temps de travail s’étend aux autres catégories de personnels et traduit un malaise plus global au sein du quotidien nordiste fusionnent LILLE conflit profond. Depuis le début tions à faire passer. Un malaise. Fally, secrétaire général du groupe ciaux, auxquels on fixe des objec- LES SOCIÉTÉS de production de notre correspondant régional du mouvement ne paraît qu’un Cette fois, c’est la même chose, Rossel, ou à Paris auprès d’Yves de tifs de plus en plus élevés sans Expand et Ellipse Programmes, fi- Le conflit engagé depuis le 4 fé- journal très étriqué. Ainsi, le lec- mais on sait pourquoi. Ce qui est Chaisemartin, PDG de la Soc- qu’ils puissent connaître les pro- liale de Canal+, devaient annoncer, vrier par les journalistes de La teur a trouvé, dès le deuxième bien, c’est que tout le monde s’y est presse, filiale du groupe Hersant. duits qu’ils vont vendre, dans quel jeudi 10 février, la fusion de leurs Voix du Nord s’est étendu, depuis jour de grève, un grand article mis. Les jeunes comme les vieux. « Toute la question est de savoir si le périmètre, avec quelle concurrence activités avec « l’objectif de devenir mercredi 9 février, aux employés déjà publié à la Toussaint. On Les agences comme le siège. C’est bateau a un pilote, et si le pilote a et dans quels secteurs. Quant aux un acteur majeur de la production CFDT, CGC et CFTC, ainsi qu’aux avait juste changé la photo et en- pour ça qu’ils sont à sec de copie. » une boussole », résume un des lea- employés, ils voudraient bien que, audiovisuelle ». Expand et Ellipse cadres publicitaires et adminis- levé la signature. Le journal du Le mouvement engagé par les ders du Syndicat national des jour- dans ce débat tardif qui s’engage Programmes sont les numéros un tratifs de la CGT. L’intersyndicale dimanche n’était qu’un encart journalistes vient de trouver un nalistes (SNJ). sur les 35 heures, il soit tenu et deux français de la production des journalistes, qui revendique publicitaire et le quotidien sportif deuxième souffle avec l’engage- La bataille des 35 heures masque compte des nombreuses heures audiovisuelle. En 1999, Expand a 168 grévistes, a reconduit le prin- du lundi, La Voix des Sports, ne ment des employés et des cadres de nombreux autres sujets de mé- supplémentaires non payées qui réalisé un chiffre d’affaires de cipe d’une grève illimitée en at- comportait que des photos CGT, qui s’y étaient jusqu’à contentement, nés ou aggravés de- sont leur lot quotidien, notam- 608 millions de francs, tandis tendant l’issue d’une rencontre d’agence ou d’archive. Mardi et présent associés par deux heures puis l’arrivée des nouveaux parte- ment dans les petites annonces. qu’Ellipse Programmes enregistrait avec la direction qui devait avoir mercredi, alors que la publicité de débrayage quotidien. La négo- naires dans le capital. Par exemple, plus de 500 millions de francs. lieu jeudi après-midi. commençait à se faire rare, dans ciation est d’autant plus dure les journalistes se plaignent de « ERSATZ DE QUOTIDIEN » Après leur fusion, la nouvelle enti- Quand, le jeudi 3 février, l’in- une pagination réduite, on ne qu’elle était demandée depuis plus en plus, depuis la mise en Enfin, preuve d’une mobilisation té devrait devenir « un des acteurs tersyndicale des journalistes de trouvait guère que des articles de longtemps. Tout s’est passé place du nouveau système infor- réussie, les syndicats du Livre de majeurs en Europe ». La Voix du Nord avait adopté la correspondants, de journalistes comme si les dernières aventures matique Hermès, d’être supplantés La Voix du Nord, « métropole Nord Dans les catalogues d’Expand et grève illimitée pour obtenir un en CDD, de membres de la hié- capitalistiques de l’entreprise, par les gestionnaires et les publici- et Filpac », ont publié, mercredi d’Ellipse, on trouve des émissions accord plus favorable sur la ré- rarchie ou des dépêches depuis le rachat par les salariés taires. Leur conseil de rédaction, 9 février, un communiqué par le- de jeux comme « Le juste prix » ou duction du temps de travail, per- d’agence. (RES) déclenché par Jean-Louis instance de discussion et de débat quel ils dénoncent « la situation de « Fort Boyard », et des séries sonne ne l’avait prise réellement Prévost en 1998, avait servi de déontologique, a été peu à peu vi- blocage qui conduit à ternir l’image (« Les Bœufs carottes » et « Un au sérieux. Ni à la direction, dont DEUXIÈME SOUFFLE prétexte à bloquer tout dialogue dé de son contenu, et mis aux ou- de l’entreprise au travers de l’ersatz homme en colère »). Avec cette fu- les propositions sont minima- S’ils n’ont pas pu interdire la social. Comme s’il fallait attendre bliettes en septembre. Dans le de quotidien vendu au mépris des sion, Vincent Grimond, directeur listes par rapport à celles de la parution, les journalistes gré- que le vrai patron du journal fi- même temps, la direction mettait lecteurs et des annonceurs ». An- général de Canal+ en charge du moyenne du Syndicat de la vistes ont sérieusement grippé la nisse par se déclarer. en place des « directeurs opéra- nonçant que, « si le conflit devait pôle filiales, complète le pan au- presse quotidienne régionale machine. « Pour nous, c’est histo- Jean-Louis Prévost est à Paris la tionnels de zone », gestionnaires perdurer, [ils ne continueraient] diovisuel du studio européen que (SNPQR) – que préside pourtant rique. Aussi important que si nous plupart du temps, au titre du ou commerciaux, qui avaient barre pas à imprimer un produit qui n’a la chaîne cryptée est en train d’éla- Jean-Louis Prévost, PDG du quo- avions obtenu une non-parution SNPQR, et semble se désintéresser sur les journalistes, y compris sur rien à voir avec le journal qu’est en borer. tidien lillois –, ni dans les autres avec l’aide des autres, remarque de son journal. Son directeur gé- le rédacteur en chef. Pour beau- droit d’attendre le lecteur », ils collèges, ni à l’extérieur : les jour- un vieux localier qui n’a jamais néral, André Soleau, paraît pour coup de journalistes, la coupe est croient utile de préciser en conclu- DÉPÊCHES nalistes n’ont jamais fait preuve revendiqué la moindre fibre syn- l’instant n’avoir que le « non » pleine : « Produire, produire ! Fina- sion : « Chacun aura compris que a TÉLÉVISION : La Sept Arte a d’une grande constance sur le dicale. Notre dernière référence, comme marge de manœuvre, mais lement, nous sommes les seuls à notre démarche était un soutien im- signé avec Sundance Channel, front des luttes syndicales. Beau- c’est 1991. Nous avions fait grève personne n’a encore réussi à déter- nous soucier du contenu », constate plicite et explicite aux personnels en fondée par Robert Redford, un ac- coup y voyaient un simple ba- quatre jours, en deux fois je crois, miner s’il agit de son propre chef l’un d’eux. grève. » cord de partenariat « en vue de dé- roud d’honneur, transformé en mais on ne savait même pas pour- ou s’il va chercher ses ordres à Les choses ne sont pas plus velopper ensemble un projet de l’espace d’une semaine en un quoi, sauf qu’on avait des humilia- Bruxelles auprès de Paul-Henry simples pour les cadres commer- Pierre Cherruau chaîne thématique de cinéma », dif- fusée sur le câble et le satellite. a TÉLÉVISION : France Télévi- Une demande de clarification sion et La Chaîne parlementaire Le CSA sanctionne France 2 et France 3 du Sénat ont signé un accord Rien n’a changé depuis le rapport du cabinet Secafi-Alpha de dé- cadre, mercredi 9 février, pour ins- cembre 1998. Celui-ci analysait pour le comité d’entreprise la situa- taurer une collaboration sur la dif- tion de La Voix du Nord après le rachat de l’entreprise par les salariés pour publicité clandestine fusion des programmes, les copro- (RES) engagé par Jean-Louis Prévost pour se protéger contre le ductions (magazine sur les groupe Hersant. « Votre journal a virtuellement perdu son indépen- FRANCE 2 et France 3 sont France 2 est mise en cause tions et les sanctions est notam- collectivités locales et régionales) dance », soulignait ce document, qui pensait que les deux années sui- condamnées à payer respective- pour des publicités en faveur de ment dû à la lourdeur de la pro- et le développement des nouvelles vantes seraient certainement des années charnières et que «le ment 500 000 francs et 2 millions boissons alcoolisées dans l’émis- cédure. Avant de se prononcer, le technologies (mise en place du nu- combat pour la prise de contrôle a sans doute laissé des traces dans les de francs d’amendes pour infrac- sion « Tout le monde en parle » CSA doit saisir le Conseil d’Etat, mérique terrestre). Un accord sem- têtes. Ceci peut être une source de freins pour la mise en place d’actions tions aux décrets du 27 mars 1992 du 21 novembre 1998, produite qui désigne un rapporteur. Celui- blable devrait être signé entre visant à dynamiser la performance commerciale de la société ». sur la publicité à la télévision. par la société ANDco, et de pu- ci soumet ses conclusions aux France Télévision et La Chaîne As- Le rapport concluait à une fragilisation du journal, à un doute sur Ainsi en a décidé le Conseil supé- blicité clandestine lors de la re- chaînes, qui disposent de deux semblée. l’exercice du pouvoir réel et à la « perte d’un temps précieux (...) Une rieur de l’audiovisuel (CSA), lors transmission du tiercé du 19 no- mois pour répondre. Il s’ensuit a MÉDIAS : le groupe canadien clarification rapide s’impose pour le bien de tous ». C’est, avant tout, ce de sa réunion en séance plénière, vembre 1998, produite par la une séance de confrontation Quebecor (édition, presse, que semble demander le personnel de La Voix du Nord. mercredi 9 février. chaîne. En ce qui concerne auxquelles ont été convoqués communications, imprimerie) a France 3, il s’agit de publicité Michèle Cotta, directrice géné- réalisé en 1999 un bénéfice net re- clandestine, en faveur notam- rale de France 2, et Rémy Pflim- cord de 481 millions de dollars ca- ment du traiteur Lenôtre et des lin, directeur général de France 3. nadiens (335 millions d’euros), en magasins Tati, dans les émissions Les deux dirigeants, qui ont hausse de 180 % par rapport à 1998. « A table » des 1er et 5 octobre pris leurs fonctions après les faits Le chiffre d’affaires s’est monté à 1998 et « Parole d’Expert » du incriminés, en ont profité pour 10,8 milliards de dollars canadiens 25 novembre, du 30 novembre au décrire aux membres du CSA les (7,6 milliards d’euros), en hausse 4 décembre et du 7 au 11 dé- dispositifs qu’ils ont mis en place de 29 %. cembre, produites par la société pour « veiller au respect des règles a PRESSE : La Centrale, hebdo- de production CAPA (Le Monde relatives à la publicité clandes- madaire de petites annonces, daté 24-25 janvier 1999), et en fa- tine ». A France 2, depuis octobre crée quatre éditions régionales veur du vin dans la série « Le 1999, un responsable du (sud-ouest, sud-est, nord-est et Temps des vendanges », diffusée « contrôle de l’éthique et de la ré- nord-ouest) sous la forme d’un en- entre le 28 novembre et le 20 dé- glementation à l’antenne » joue cart spécifique et ouvre six agences cembre 1998 et également pro- un rôle de conseil auprès des uni- à Lille, Lyon, Marseille, Nantes, duites par CAPA. tés de programmes et anime une Strasbourg et Toulouse. Le groupe cellule spécialement consacrée à Fleishman-Hillard, propriétaire du PROCÉDURE LOURDE ces contrôles. A France 3, les titre, a prévu un investissement de Le montant des amendes est images mises à l’antenne sont 15 millions de francs et l’embauche calculé sur la base des tarifs de systématiquement visionnées en d’environ 90 personnes. publicité. Versées au Trésor, elles régie finale, et un réseau de cor- a INTERNET : le site du Monde profitent à la production puis- respondants baptisé « éthique et (www.lemonde.fr) a été le pre- qu’elles sont affectées au compte réglementation », composé de mier site éditorial généraliste en d’affectation spéciale de l’indus- vingt-cinq personnes, « assure janvier, selon les estimations de trie cinématographique et de une fonction d’alerte, de conseil et Cybermétrie (Médiamétrie), avec l’industrie des programmes au- d’information ». une augmentation de 50 % des vi- diovisuels. Le délai supérieur à sites et de 47 % des pages vues par un an entre la date des infrac- Françoise Chirot rapport à décembre 1999. LeMonde Job: WMQ1102--0021-0 WAS LMQ1102-21 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0437 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 21

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

UTPWDII TQISDRH TPUIDTH

UTPW TPWU

AFFAIRES mobile a annoncé, jeudi, le TWQH M. Sakaiya croit 2,221 milliards de dollars en 1999,

UPRI THRI

succès de son offre d’échange sur TUTU contre 4,963 milliards de dollars en

TVSQ SUVR

Mannesmann, acceptée mercredi TTHS à une forte 1998 (en recul de 55,2 %), a indiqué

INDUSTRIE mercredi le ministère de l’économie. TRTT SSPV soir par environ 60,3 % de TRRQ

b NOVARTIS : le groupe l’actionnariat du groupe Les exportations se sont élevées en

THUV SPUP TPVH reprise au Japon

pharmaceutique suisse et le allemand. La fusion va conforter 1999 à 23,318 milliards de dollars (en

STWH SHIS

groupe agroalimentaire la position de Vodafone de [[[TIIV [[[ [[[LE MINISTRE japonais du plan, Tai- baisse de 12 % sur un an) et les im-

WxF PQhF WpF WxF PQhF WpF américain Quaker Oats, fabricant numéro un mondial de la WxF PQhF WpF chi Sakaiya, a estimé, jeudi 10 février, portations à 25,539 milliards de dol- de céréales pour le petit déjeuner, téléphonie mobile. que la croissance de son pays sera lars (moins 19 %), a précisé le minis- Indices cours Var. % Var. %

vont créer une filiale commune, a Europe 17 h 35 f se´lection 09/02 08/02 31/12 forte sur le trimestre janvier-mars, en tère.

± HDWQ RDVV affirmé, jeudi 10 février, un b ABB Alstom : la EUROPE EURO STOXX 50 SIRQDST réaction à une possible contraction

± RVHSDTH HDVH IDQQ porte-parole de Novartis. multinationale de services et EUROPE ƒ„yˆˆ SH sur le trimestre octobre-décembre. a ALLEMAGNE : plus de sept mil-

± RQRDUP HDWT RDRR d’équipement de production EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR La récente et forte hausse de la lions d’étrangers, soit 8,9 % de la po-

± ± HDVI HDHU b SCHNEIDER ELECTRIC : les d’énergie a assuré, mercredi, EUROPE STOXX 653 QUWDPR Bourse de Tokyo témoigne d’antici- pulation, vivaient dans le pays fin

±

TIURDRV IDSS QDTQ salariés de l’usine de Grenoble, qu’elle cherchera à « minimiser les PARIS geg RH pations optimistes vis-à-vis du re- 1999 selon un rapport rendu public

FFFF FFFF FFFF en grève depuis trois semaines conséquences sociales » des PARIS wshgeg dressement économique du pays et mercredi par la déléguée du gouver-

± RIVQDTP IDSQ QDPQ

pour les 35 heures (Le Monde du milliers de suppressions PARIS ƒfp IPH aide les entreprises à équilibrer leur nement pour l’immigration, Marie-

FFFF FFFF FFFF

9 février) ont voté, mercredi, la d’emplois qu’elle envisage, après PARIS ƒfp PSH bilan, a-t-il poursuivi. Quant à la poli- luise Beck. Selon ce document de 294

Â

FFFF FFFF FFFF

reprise du travail. Les la mise en garde faite PARIS ƒigyxh we‚gri tique de taux zéro suivie par la pages, au total 7,34 millions immigrés

± ± TSVDTI IDPV IDWI

négociations devaient reprendre, publiquement à son encontre, AMSTERDAM eiˆ Banque du Japon, M. Sakaiya re- habitent sur le territoire allemand.

± ± PUUPDHT IDSQ IUDHI

jeudi, en présence du médiateur, mercredi, par le secrétaire d’Etat BRUXELLES fiv PH marque que les prix de détail baissent a La production industrielle en Al-

± USQVDUV IDIV VDQR

sur la base des dernières français à l’industrie, Christian FRANCFORT heˆ QH au Japon et que la demande de crédit lemagne a augmenté de 0,7 % en dé-

± ± TPUV HDSW WDRI

propositions faites par la Pierret. LONDRES p„ƒi IHH des entreprises reste anémique et cembre comparé au mois précédent,

± IIVUIDRH HDSU IDWV

direction, qui accorde notamment MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi donc qu’il est nécessaire d’examiner selon un chiffre provisoire en don-

± RSTSVDHH HDST TDPH

dix jours de réduction du temps MILAN wsf„iv QH avec soin la conjoncture économique nées corrigées des variations saison-

± ± TWVVDQH HDTP UDTW de travail (RTT), au lieu de six au FINANCE ZURICH ƒ€s avant d’y mettre un terme. nières, publié mercredi par le minis- départ, pour un travail bBNP Paribas : le groupe a a La Banque du Japon a annoncé tère des finances. En novembre par hebdomadaire de 38 h 30. annoncé, mercredi, son intention AME´ RIQUES jeudi que son conseil de politique rapport à octobre, la production in- de céder son réseau de 70 monétaire a décidé de ne pas modi- dustrielle avait diminué de 0,2 %, se- b PAUL PRÉDAULT : la agences en Espagne et de NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR fier la politique de taux zéro actuelle- lon les chiffres corrigés à la baisse du

direction de l’usine de salaisons développer son activité dans le ment suivie. Cette décision est inter- ministère.

IHTWWDIT RQTQDPR

de Goussainville (Val d’Oise) a pays à travers les services HDWWI venue par un vote à la majorité.

IIUPP RQTQ

annoncé au comité d’entreprise financiers spécialisés et la gestion IDHRQ L’institution ajoute qu’elle continue- a PAYS BALTES : la crise russe de

IIRWU RIIS un « plan de redressement » d’actifs. « La taille réduite de son IDHPW ra à fournir des liquidités amples au la mi-1998 a « brisé l’élan » et « ralenti

entraînant la suppression de 94 réseau et les coûts inhérents à son marché afin de maintenir le taux au la croissance » des trois Etats baltes IIPUI QVTU

des 204 emplois, a-t-on indiqué exploitation l’empêchaient depuis IDHIS jour le jour aussi bas que possible. (Estonie, Lettonie, Lituanie), qui avait

IIHRT QTPH

mercredi de sources patronale et plusieurs années d’être rentable », IDHHI a Les commandes de machines du été vive à partir de 1995 grâce au

IHVPH QQUP

syndicale. souligne la banque. HDWVU secteur privé au Japon ont nette- commerce extérieur, selon une étude

IHSWS QIPS

HDWUQ ment rebondi en décembre, grim- de l’Organisation de coopération et

[[[ [[[ [[[

WxF PQhF VpF WxF PQhF VpF b GENSET : l’action du groupe b BANESPA : neuf grandes WxF PQhF WpF pant de 14,7 % par rapport au même de développement économiques français de biotechnologies n’a banques opérant au Brésil ont mois de l’année précédente après (OCDE). Cette embellie faisait suite à Indices cours Var. % Var. % pas pu être cotée, mercredi, sur confirmé leur intérêt à participer Ame´rique 17 h 35 f se´lection 08/02 07/02 31/12 une baisse de 1,8 % en novembre, a un effondrement des richesses natio-

le Nouveau Marché de la Bourse à la privatisation de 66,67 % des annoncé, jeudi, l’Agence de planifica- nales durant la première partie de la ± ± IHTWWDIT PDQT TDWR E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

de Paris en raison d’une trop parts de Banco del Estado de Sao tion économique. Par rapport à no- décennie liée aux difficultés des pays ± ± IRIIDUH PDHV QDWP E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

forte demande, après l’annonce Paulo (Banespa), sixième vembre, les commandes ont progres- en transition. En 1999, la croissance ± RQTQDPR IDRS UDPP E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

d’un accord entre Genset et la établissement du pays, dont les sé de 16,1 %, après une baisse de devrait stagner (0 %) en Estonie, ± WPSSDPP HDRW IH TORONTO „ƒi sxhiˆ

société américaine de 2,2 % en septembre. L’agence a indi- après une hausse de 4 % en 1998 et géants Banco Santander, Banco ± IVQTIDQW IDUQ UDRQ SAO PAULO fy†iƒ€e

biotechnologies et de vaccins qué s’attendre à une contraction de un pic à 10,6 % en 1997, selon l’OCDE. Bilbao Vizcaya, BankBoston, ± RHVDVS IDHI IDVI MEXICO fyvƒe

Corixa. ± 1,6 % au cours du premier trimestre En Lettonie, l’estimation de crois- TIWDQR HDHQ FFFF Citibank et HSBC. BUENOS AIRES wi‚†ev

± ± de cette année. sance en 1999 est de 0,5 %, après IHVDWR HDSQ PQDVP SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

STIRDUI IDST QDTQ b SGE : le groupe diversifié CARACAS ge€s„ev qixi‚ev a Les prix de gros intérieurs ont de 3,6 % en 1998 et 8,6 % en 1997. Enfin, français Vivendi a annoncé, RÉSULTATS nouveau diminué en janvier pour le en Lituanie, le produit intérieur brut jeudi, avoir réduit sa participation b FRANCE TÉLÉCOM : l’opéra- vingt-troisième mois consécutif, se devrait reculer de 1 % en 1999, après dans sa filiale de construction teur de télécommunications a ASIE - PACIFIQUE contractant de 0,3 % par rapport au une croissance de 5,1 % en 1998 et de SGE de 49,3 % à 14,9 %. annoncé, jeudi, avoir réalisé une mois correspondant de 1999, a an- 7,3 % en 1997. Mais la crise russe n’a L’opération, de plus de progression de 10,5 % de son TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN noncé la Banque du Japon jeudi. En « pas inversé la tendance » d’une

600 millions d’euros, se traduit chiffre d’affaires consolidé en 1999, décembre, ils avaient déjà reculé de « croissance durable », et des signes IWUIHDHP IHVDPH

par une plus-value de comparé à 1998, à 27,233 milliards ITVRSDIU 0,6 % d’une année sur l’autre. de reprise sont visibles au deuxième IWWRS IHWDU

300 millions d’euros pour d’euros (178,638 milliards de IUQTW semestre 1999.

IWSUP IHVDP

Vivendi. francs). Les ventes en régression ITTPW a ÉTATS-UNIS : les stocks de pro-

IWIWW IHTDU

dans la téléphonie fixe ont été ISVVW duits distillés ont continué à reculer a Cnuced : les investissements

IVVPT IHSDP

b LAFARGE : le groupe de compensées par une explosion des ISIRW la semaine dernière, tombant à leur étrangers directs dans le monde ont

IVRSQ IHQDV matériaux se propose d’émettre télécommunications mobiles IRRHW plus bas niveau depuis mai 1997, tan- augmenté de 25 % l’an dernier, à

pour 1,7 milliard d’euros (+ 42,8 % entre 1999 et 1998) et des dis que les réserves de pétrole et d’es- 827 milliards de dollars, a annoncé, IVHVH IHPDQ

d’obligations à bons de services d’information (+ 17,5 %). [[[IQTTW [[[ [[[sence ont augmenté, selon les statis- mercredi, la Conférence des Nations

WxF PQhF WpF WxF PQhF WpF

souscriptions pour financer son WxF PQhF WpF tiques de l’Institut américain du unies sur le commerce et le dévelop- offre publique d’achat sur le b MICHELIN : le fabricant de Indices cours Var. % Var. % pétrole. Ce dernier estime les stocks pement (Cnuced). Les flux vers les Zone Asie 17 h 35 f

britannique Blue Circle, a-t-il pneumatiques a enregistré en se´lection 09/02 08/02 31/12 de produits distillés, qui pays en développement ont augmen-

± IWUIHDHP IDRW RDIH

annoncé jeudi. La direction de 1999 un chiffre d’affaires de TOKYO xsuuis PPS comprennent le fioul domestique té de 15 % en 1999, après avoir stagné

±

ITVRSDIU HDIS HDTW

Blue Circle demande toujours à 13,763 milliards d’euros (90,28 mil- HONGKONG rexq ƒixq pour le chauffage, à 105,97 millions en 1998, pour atteindre 198 milliards

± ±

PPPSDIT HDIH IHDPT

ses actionnaires de refuser l’offre. liards de francs), en hausse de SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ de barils au 4 février 2000, contre de dollars. Les pays développés inves-

± ± IPIDVW HDVS TDPS ´ gyw€yƒs„i sxhiˆ

10,2 % sur celui de 1998. Cette aug- SEOUL 111,90 millions la semaine précé- tissent près des trois quarts du total

QIUPDSH IDPQ HDTQ

mentation tient compte de l’acqui- SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ dente. mondial. Au premier rang on trouve

± ±

QPDSS HDPI TDQH

SERVICES sition en avril de Tire Centers, spé- BANGKOK ƒi„ le Royaume-Uni, qui, pour le pre-

SURRDQH IDTW IRDUS

b VODAFONE : le groupe cialisée dans la distribution et le BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ a ARGENTINE : la balance mière fois depuis 1988, a dépassé les

± ± PHPWDQH HDRR VDHR

britannique de téléphonie rechapage de pneus aux Etats-Unis. WELLINGTON xƒiERH commerciale a été déficitaire de Etats-Unis.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 09/02

HDISPRS UDRRQT FRANC...... TDSSWSU EURO...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDHVPS

Action Natwest PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE QDQVUUR VDRWSS

NatWest prête LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ...... QDWRPQV QSDTQPH

PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

en pence à Londres L’INDICE CAC 40 a ouvert en recul de L’INDICE NASDAQ, où sont

QDPUIWH IDSTPH

0,94 %, à 6 212,56 points, jeudi 10 fé- cotées bon nombre de valeurs ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDRQQR

à accepter SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

VDQPVWR PDHHRR

1 600 1 150 vrier. La Bourse de Paris avait donné de la « nouvelle économie » a PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

PDWUTTH QQPDVHHH

le 9 fév. de nouveaux signes d’essoufflement, terminé en baisse de FLORIN NE´ERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NE´ERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU PSSDTTHH l’offre de RBoS FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

mercredi, en terminant en baisse de 1,45 points, mercredi 9 février. IDIHQPR RDIHUP 1 500 MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... LA NATIONAL Westminster Bank 0,41 %, malgré la forte hausse de plu- L’indice Dow Jones des valeurs sieurs valeurs de la « nouvelle écono- vedettes a, quant à lui, baissé devrait perdre son indépendance. Cours de change croise´s Au terme d’une OPA homérique 1 400 mie ». Au terme d’une séance très vo- de 2,36 %, à 10 699,16 points. de six mois qui a opposé les deux latile, l’indice CAC 40 avait fini à Le recul du Nasdaq est compen- Cours Cours Cours Cours Cours Cours 09/02 17 h 35 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.

principales banques écossaises 1 300 6 271,60 points, après avoir franchi en sé par le fait qu’il intervient au DOLLAR ...... FFFFF HDWPIWT HDWWPVS HDISIQP IDTIPSS HDTIUWQ

pour le contrôle de la troisième séance un nouveau plus haut histo- lendemain d’un record de clô-

YEN ...... IHVDRTSHH FFFFF IHUDTWSHH ITDRPSHH IURDWVHHH TUDHQSHH banque britannique, les dirigeants rique de 6 396,97 points. ture au dessus de 4 400 points, EURO...... IDHHUPH HDWPVSS FFFFF HDISPRS IDTPRPH HDTPPUS

1 200

de la NatWest seraient prêts à ac- et d’une hausse de 8,8 % à ce ni- FRANC...... TDTHVRS TDHWIHS TDSSWSU FFFFF IHDTSSVH RDHVRWS

cepter l’offre de rachat de la Royal veau depuis le début de l’année. LIVRE...... HDTPHIR HDSUISH HDTISTS HDHWQVS FFFFF HDQVQQS FRANC SUISSE ...... IDTIVQH IDRWITH IDTHTQH HDPRRVS PDTHVSH FFFFF Bank of Scotland (RBoS) pour 1 100 FRANCFORT 22 milliards de livres (37,9 mil- À LA BOURSE de Francfort, jeudi liards d’euros). Son sort apparais- matin, l’indice de référence DAX des TAUX 1 000 Taux d’inte´reˆt(%) Matif sait scellé le 10 janvier après le trente valeurs vedettes a débuté sur LES MARCHÉS OBLIGA- choix de ses principaux action- A S O N D J une légère baisse de 0,16 %, à TAIRES européens se tendaient Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier 1999 00 Taux 09/02 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 17 h 35 f 09/02 prix prix

7 617,07 points. La Bourse de Franc- légèrement jeudi 10 février lors Notionnel 5,5 QDQU SDTT SDWQ naires institutionnels (Merrill QDPS

Source : Bloomberg FRANCE ......

VRDRS VRDRH

MARS 2000 ...... ISSHU QDRR SDSQ SDVS

Lynch Mercury, Schroders, Stan- fort avait enregistré, mercredi, un des premiers échanges. Le ren- ALLEMAGNE .. QDPS

TDHT SDTT RDTQ

dard Life...) en faveur de la propo- TSB avec 7,2 millions de clients, et deuxième record historique d’affilée, dement de l’obligation assimi- GDE-BRETAG. SDIQ Euribor 3 mois

xg xg ´ xg QDQV SDUU TDII ITALIE...... QDPS FEVRIER 2000.....

HDHS IDVU PDSP sition de la RBoS face à celle pour- la première en termes de prêts aux à 7 629,11 points, en hausse de 1,05 % lable du Trésor français émise à JAPON...... HDHQ

SDTV TDTI TDIW

tant supérieure de la Bank of PME. Malgré le bon accueil de son à la clôture. dix ans s’inscrivait à 5,66 % tan- E´TATS-UNIS... SDUP

PDPS QDST RDPT

Scotland (BoS). plan de défense, qui avait promis dis celui du bund allemand émis SUISSE...... IDVV Pe´trole QDQV SDUH SDWT PAYS-BAS...... QDIW Si les deux projets écossais ne sont la cession de quatre filiales et la à même échéance s’établissait à Cours Var. % guère différents en matière de ré- poursuite des réductions d’effec- LONDRES 5,54 %. Le rendement évolue à En dollars f 08/02 07/02

l’inverse du prix. Mercredi, Matie`res premie`res FFFF duction de coûts et d’augmenta- tifs, dès le départ les chances de L’INDICE FOOTSIE de la Bourse de BRENT (LONDRES) ...... PTDWP

± HDIU

tion des revenus, le plan de la NatWest de sauvegarder son indé- Londres était en baisse de 0,44 %, à outre-Atlantique, le rendement WTI (NEW YORK) ...... PVDUP

Cours Var. % C IDIT LIGHT SWEET CRUDE .... PVDUH RBoS s’avère plus ambitieux. La pendance étaient faibles. Ce pro- 6 287 ,50 points, lors des premières moyen sur les bons du Trésor à En dollars f 08/02 07/02

personnalité du président de la totype par excellence de la « high transactions, jeudi. La place londo- 30 ans, principale référence ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

C

HDHV

RBoS, Sir George Mathewson, les street bank » paie le prix de sa mé- nienne avait terminé en hausse mer- s’étaient relâché à 6,30 %. CUIVRE 3 MOIS...... IVPQDSH Or

C

HDHQ

liens avec l’assureur britannique diocre performance depuis plu- credi, l’indice Footsie gagnant 0,47 % à ALUMINIUM 3 MOIS ...... ITVIDSH ± HDQP

PLOMB 3 MOIS ...... RUIDSH

Cours Var %

± HDQS

CGU, la banque espagnole BSCH sieurs années, des hésitations de la fermeture du marché, à ETAIN 3 MOIS ...... STWH En euros f 09/02 08/02

±

HDHR

ou la Société générale, une meil- sa stratégie, d’un management 6 315,4 points. CHANGE ZINC 3 MOIS...... IIITDSH

C

IDSQ

OR FIN KILO BARRE ...... WWSH C

HDPU

NICKEL 3 MOIS ...... WQTH

± HDTI

leure plate-forme informatique, sa sclérosé qui a payé cher son in- L’EURO était ferme, jeudi 10 fé- OR FIN LINGOT...... WUSH

ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF

ONCE D’OR (LO) $ ...... QHU

présence dans la banque de détail cursion dans les métiers de vrier, lors des premiers C

PDRR

ARGENT A TERME ...... SDRT

±

IDPT PIE`CE FRANCE 20 F...... SS

C

RDTR

TOKYO PLATINE A TERME ...... IPTRVWDPU anglaise et son savoir-faire en ma- banque d’affaire et du fiasco du échanges après l’annonce d’un C HDWH PIE`CE SUISSE 20 F...... STDQH

´ C IDRR

tière de prêts aux multinationales rachat amical de l’assureur Legal- LA BOURSE de Tokyo a terminé en nouveau recul des chiffres du GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... STDQH

C HDIW ´ PTT FFFF ` PHS

écossaises expliqueraient l’issue de &General. Banquier à poigne, baisse, jeudi, influencée par le fort re- chômage mardi. La devise euro- BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ...

±

± PPP HDPP HDPI MAu¨S (CHICAGO)...... PIE`CE 20 DOLLARS US ... QVSDUS

C ITPDSH HDHT FFFF cette bataille hostile. Fred Goodwin, directeur général cul de Wall Street et avant un week- péenne s’échangeait à SOJA TOURTEAU (CHG.). PIE`CE 50 PESOS MEX...... QTHDSH

RBoS est plus petite, mais de loin de la RBS, devrait prendre les end de trois jours, vendredi étant férié 0,9910 dollar. Après s’être for- SOFTS $/TONNE

C

PDPP

plus rentable. Le nouveau groupe rênes du nouvel ensemble. au Japon. L’indice Nikkei a terminé tement replié mercredi, le yen CACAO (NEW YORK)...... UVR

± RDQS CAFE´ (LONDRES) ...... ITSH Cotations, graphiques et indices en temps

deviendra la deuxième banque de sur une baisse de 1,49 %. à se redressait face au billet vert. FFFF SUCRE BLANC (PARIS) ... FFFF re´elsurlesiteWebdu«Monde». dépôt britannique après Lloyds Marc Roche (à Londres) 19 710,02 points. Un dollar cotait 108,54 yens. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ1102--0022-0 WAS LMQ1102-22 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0438 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

SIWPDPV

VALEURS EUROPE´ENNES QVPDRR

QVP SIWP

RVIV QTI QVPDSQ

b Le groupe d’informations Reu- b Le conglomérat diversifié dans les QVPDRR SIWPDPV SIHWDIV

QUUDPH SIVHDPW RRRS ters, dont le titre s’était envolé, mar- télécoms Mannesmann, qui a ré- QRH

QUTDPV

RHUP di 8 février, de 23 % après l’annonce cemment trouvé un accord de fu- QIW

d’un investissement de 500 millions sion avec l’opérateur de téléphonie QURDRS QTWV PWV SHRRDVR

de livres (5,3 milliards de francs) sur mobile britannique Vodafone Air- SHRIDUS

QQPS

quatre ans dans le cadre d’une nou- Touch, va quitter l’indice phare de la PUU [[[[[[[[ [[[[[[[[

 à   à  †F II ey „Wpi†F t†vww Wpi†F II ey „Wpi†F t†vww velle stratégie axée sur Internet, a place financière allemande, le DAX, Wpi

encore gagné, mercredi 9 février, si la fusion se réalise, a confirmé la

C C ± QDIH HDSQ qf SDSI HDPW xy TDSH FFFF qf UDTH HDRP 16,79 %, à 1 445 pence. Des courtiers société des Bourses allemandes PERSIMMON PLC qf UNILEVER STOREBRAND SEVERN TRENT

e e ± ± ± RTDPH HDVT qf TDWW IDVP qf SDSQ FFFF p‚ ITUDRH HDRV

ont relevé leur objectif sur cette va- Deutsche Börse. L’action a aban- PREUSSAG AG hi WHITBREAD SUN LF & PROV H SUEZ LYON EAUX/

± ± ±

PDPP PDIR qf PDIP PDPR gr RWWDTQ IDVQ ƒi PQDQI FFFF

leur jusqu’à 16 pence. donné, mercredi, 3,95 %, à 316,5 eu- RANK GROUP qf COCA-COLA BEVER SWISS LIFE REG SYDKRAFT -A-

C ± ±

IWIDUI HDWT qf VPDSR IDUP hu IUDSI HDPS ƒi IVDVQ FFFF

b L’action BSkyB s’est envolée ros. SAIRGROUP N gr DAILY MAIL & GE TOPDANMARK SYDKRAFT -C-

C C C ± IHDRV IDIS IWHDRW HDRQ gr RTTDTW HDIQ qf IP SDST SAS DANMARK A/S hu f DJ E STOXX F & BV P ZURICH ALLIED N THAMES WATER

C e C e ± UPDWH HDPV QTTDRI HDUI iƒ PHDIV HDTS pour la deuxième séance consé- b L’action du pétrolier italien ENI, SEB /RM p‚ f DJ E STOXX INSU P FENOSA

e C ± IRSDWH HDWH qf WDPR HDSP cutive à l’issue de la séance de mer- qui avait grimpé de plus de 10 % la SODEXHO ALLIANC p‚ UNITED UTILITIE

e ± ± IHITDHQ IDHQ hi IUDHS HDPW

credi, le groupe ayant confirmé des veille en raison de rumeurs d’al- THE SWATCH GRP gr BIENS D’E´QUIPEMENT VIAG

MEDIAS e ± ±

PIHDTT HDUQ p‚ IPPDUH SDSR

THE SWATCH GRP gr VIVENDI/RM

±

IPHDVU HDSI

projets d’investissements de liance avec Repsol-YPF, a reculé e ABB N gr ±

s‚ HDWQ FFFF QRHDVQ PDIU

C f QIDPH HDUW

WW/WW UK UNITS BSKYBGROUP qf DJ E STOXX PO SUP P

±

UVUDWU IDWQ

ADECCO N gr

UDWQ FFFF

400 millions de dollars dans le do- mercredi, terminant en baisse de qf e ± PUIDSH Q

WILSON BOWDEN p‚

e CANAL PLUS /RM

± PUDPW IDRV

ALSTOM p‚

e C

e„ QTDRS PDQW C

IPDPW HDTT

maine d’Internet. Le titre a encore 1,01 %, à 5,37 euros, après un dé- WOLFORD AG CARLTON COMMUNI qf

C

ITDHI HDUR

ASSA ABLOY-B- ƒi

± IURDRP PDQP

f e C IRDTS WDPS

DJ E STOXX CYC GO P ELSEVIER xv

QDUV FFFF

gagné 17,9 %, après une hausse de menti apporté par le groupe espa- ASSOC BR PORTS qf

e ± WSDQW IDRR

EM.TV & MERCHAN hi

±

PTDIW IDII

10,3 % la veille. gnol. ATLAS COPCO -A- ƒi

C

PHDWI RDHQ

EMAP PLC qf EURO

±

PSDUP HDWI

ATLAS COPCO -B- ƒi

PHARMACIE e ± ITDTR RDSW

GRUPPO L’ESPRES s„ ______

±

IVDHQ PDRR

ATTICA ENTR SA q‚

e ±

C p‚ SQWDSH IDWI

QUDSI HDST

ASTRAZENECA qf HAVAS ADVERTISI

± TDQS PDUQ

BAA qf

e e s‚ IHDIH FFFF

± SRDQH HDTR

AVENTIS /RM p‚ INDP NEWS AND M NOUVEAU

±

SDWU HDSR

CHIMIE BBA GROUP PLC qf

Code Cours % Var. e

±

p‚ VWDIH PDVW ± PSDQS HDIW

10/02 10 h 05 f GLAXO WELLCOME qf e LAGARDERE SCA N

VDSH FFFF

pays en euros 09/02 €„

e C BRISA AUTO-ESTR

ISIDTH HDQQ

p‚ ´

AIR LIQUIDE /RM e

±

s„ IVDVH HDRP ±

IPURDSS HDRR

NOVARTIS N gr MEDIASET MARCHE

±

qf ITDWU HDIH

e C CAPITA GRP

RHDUW HDSW

AKZO NOBEL NV xv

±

qf QVDWR PDTH

±

IQVDQU IDRR

NOVO NORDISK B hu PEARSON

±

IIHDQR HDSU

e CMG qf

RQDIH FFFF

BASF AG hi

e C Cours % Var. qf IHDTS PHDSS ±

PTDIH IDIR

ORION B ps REED INTERNATIO

C 10 h 05 QDRP IDWQ

AUTOMOBILE e COOKSON GROUP P qf 10/02 f ±

RQDHS HDSV

BAYER AG hi en euros 09/02

± qf PPDWH PDUS ±

IQPRPDTI IDQR

ROCHE HOLDING gr REUTERS GROUP

hu IHPUUDPW FFFF

C DAMPSKIBS -A-

qf PIDVV HDWH

±

PUDVR HDPI

AUTOLIV SDR ƒi BOC GROUP PLC

± qf UDRP PDQS

±

IITPHDTV HDVH

ROCHE HOLDING G gr TELEWEST COMM.

C

IIHPUDIW HDUI

e DAMPSKIBS -B- hu ±

PRDRH HDRI

e hi

RQDIH FFFF

BASF AG fi CELANESE N e AMSTERDAM

e ± p‚ THR PDRP

±

QVDSH HDPT

SANOFI SYNTHELA p‚ TF1

±

ISWVTDVW HDIU

DAMSKIBS SVEND hu

±

gr TTDIV HDPQ

e C

PS HDRH

hi CIBA SPEC CHEM

C

BMW C

PDQT e PIDUH qf IQDIV IDTQ

±

IIWDUS HDPI

SCHERING AG hi UNITED NEWS & M AIRSPRAY NV

IIDIP FFFF

ELECTROCOMPONEN qf

±

QWTDRU HDWQ

e gr

ITDQH FFFF

hi CLARIANT N

CONTINENTAL AG e C ± QSDTR IDQU xv IURDRH RDPH

±

IIDRW PDHU

SMITHKLINE BEEC qf e UNITED PAN-EURO ANTONOV ±

IDIV PDRV

e EUROTUNNEL /RM p‚ ±

QQDPS HDUS e hi

±

TSDQH HDIS

hi DEGUSSA-HUELS

C

DAIMLERCHRYSLER e ± ISDSH e RDWI xv TT WDTQ

±

QSDUH IDQV

UCB fi e VNU C/TAC ±

PW IDTW

e FINNLINES ps ±

QIDRI HDIT

e xv

±

QIDQH HDRV s„ DSM

C

FIAT e ± SDPS UDVW

xv RP IHDWT ±

IDIV

f DJ E STOXX PHAR P QTUDTP WOLTERS KLUWER CARDIO CONTROL

C

qf QDUQ RDSS

C FKI

RRRQDPH HDST

e gr ±

IRDTI IDPV

FIAT PRIV. s„ EMS-CHEM HOLD A

± PQDWH FFFF PHDPQ IDTS

WPP GROUP qf CSS

±

hu IWDUS HDTV

C FLS IND.B

VDPU QDTT

e qf

± QTDUS IDUR p‚ ICI

MICHELIN /RM ± ± VDQH PDQS HDQW

e f DJ E STOXX MEDIA P TVIDUU HITT NV ±

QUDTI IDHQ

e FLUGHAFEN WIEN e„

TDQS FFFF

e ps ±

PHUDQH HDVI

p‚ KEMIRA ´

PEUGEOT C PDVH

ENERGIE INNOCONCEPTS NV PP

C

IIDWI IDIH

GKN qf ±

UDVQ HDRI e qf

±

PDUR PDIR s„ LAPORTE

PIRELLI ±

QR

NEDGRAPHICS HOLD VDII

qf SDRQ FFFF

BG ±

q‚ VDIU RDST

C HALKOR

gr SVWDII HDPI

e C

RSDSH HDTT p‚ LONZA GRP N

RENAULT BIENS DE CONSOMMATION ± IRDTH

SOPHEON IHDIS

±

qf UDSP PDWQ

BP AMOCO ±

UDHS SDRQ

e HAYS qf ±

IWDTH HDSI

e p‚

± SVDRS PDRP

VALEO /RM p‚ RHODIA

FFFF

e WR

± PROLION HOLDING xv PQDPH HDQH

±

IRDVV TDUI

BURMAH CASTROL qf e AHOLD

hi SW FFFF

e C HEIDELBERGER DR

UHDUS IDHU

e fi

RT FFFF

VOLKSWAGEN hi SOLVAY RDTW FFFF

e C RING ROSA iƒ IPDQI PDHU

e C

WDUH IDHR

CEPSA iƒ e ALTADIS -A-

QQDRH FFFF

e HUHTAMAEKI VAN ps

±

fi RQDHI PDTW

± PRDSR HDWS

VOLVO -A- ƒi TESSENDERLO CHE

HDPS FFFF

± RING ROSA WT PIDRV PDTS

e q‚

±

RWDPS PDVT

xv e ATHENS MEDICAL

DORDTSCHE PETRO ± VDUS PDUV

IFIL s„

±

QRVDRP HDSV

±

PSDIQ IDQW f ƒi DJ E STOXX CHEM P

VOLVO -B- ± QV HDUV

C UCC GROEP NV qf PDSW TDTU

e C

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ENI C

QDQI HDWW

IMI PLC qf

±

HDSQ

f DJ E STOXX AUTO P PPWDVS e ± e„ RUDSH HDII

TDQP FFFF qf AUSTRIA TABAK A ENTERPRISE OIL ± PTDIQ HDRS

IND.VAERDEN -A- ƒi

e ±

hi TU HDVW

± IDSW PDWU

qf BEIERSDORF AG LASMO ± UIDVU IDRU

CONGLOME´RATS ISS INTL SERV-B hu

e ± RIDUS HDUI

e p‚ BRUXELLES ± WHDSH HDVV

e„ BIC /RM

OMV AG C

USDQU IDHV

e KOEBENHAVN LUFT hu

TUDIH FFFF

CGIP /RM p‚

± qf RDRW HDUP

xy IRDTT FFFF

FFFF BRIT AMER TOBAC IDIH

PETROLEUM GEO-S e C ENVIPCO HLD CT THDWH IDSH

e KONE B ps

±

PQH IDWP

BANQUES CHRISTIAN DIOR p‚ e ±

WVDTS HDQS

e p‚

± iƒ PIDPR HDST

FFFF

e CASINO GP /RM PPDSH REPSOL ± FARDEM BELGIUM B

IWWDPH HDWH

e LEGRAND /RM p‚

PVHDIH FFFF

D’IETEREN SA fi C

gr PTPUDQW HDTU IHDUH FFFF

qf e

C ± xv SPDPP PDHR

RDUR ABBEY NATIONAL CFR UNITS -A- IDWW

ROYAL DUTCH CO e C INTERNOC HLD RU IDRW

e LINDE AG hi

±

STDSH PDWP

GAZ ET EAUX /RM p‚ e e C ±

fi SWDWH PDPH PIDHS HDQV

xv e

C ± s„ QDRS PDVP

IDRW

ABN AMRO HOLDIN e DELHAIZE IQDTH SAIPEM ± INTL BRACHYTHER B QQDPS IDTQ

e MAN AG hi

±

PPVDPH QDUI

GBL fi e C ± p‚ PSUDTH HDIT qf VDRI QDIV

± qf TDTW PDIQ

FFFF ALL & LEICS ESSILOR INTL /R IH

SHELL TRANSP e C LINK SOFTWARE B IWDVH PDHT

e METALLGESELLSCH hi

±

QWDPS HDTQ

GEVAERT fi e

± fi RUDSH IDHT IRDPV FFFF

qf e

± ± p‚ IRQDTH PDQV

HDTU

ALLIED IRISH BA TOTAL FINA /RM e COLRUYT PAYTON PLANAR IDRW IV FFFF

e METRA A ps

±

PHDRW IDHI

HAGEMEYER NV xv e

± ± hi VR IDIV q‚ UWDQT HDUI

±

QHHDHT IDUW FFFF

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METSO ps

C

RDPQ PDQS

e INCHCAPE qf

±

qf QDSS HDRS PIDWU FFFF

ARGENTARIA R iƒ GALLAHER GRP

C QDTQ HDWH

MORGAN CRUCIBLE qf

±

ISDQH IDIR

e INVESTOR -A- ƒi e

± fi QPDUS HDVP PQDTT FFFF

BPINTOMAYORR €„ GIB

UUDSU FFFF

NETCOM -B- ƒi

±

ISDPR IDSP

INVESTOR -B- ƒi e C

± qf TDRH IDUR RSDUP IDTH

BANK AUSTRIA AG e„ SERVICES FINANCIERS IMPERIAL TOBACC

RDRU FFFF

NFC qf FRANCFORT

ITDST FFFF

MYTILINEOS HOLD q‚ e

€„ PPDRU FFFF IHDUT FFFF

BANK OF IRELAND qf JERONIMO MARTIN

C

qf IWDUR PDRR hu TWDVT FFFF

±

RTQ

3I NKT HOLDING 1&1AG&CO.KGAA IDHU

QWDUP FFFF

NORSK HYDRO xy e ±

ps IP FFFF

PQDQT PDSU

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± ± fi RP HDPR qf ISDRP HDII

± PPI

ALMANIJ OCEAN GROUP AIXTRON QDPR

C

PQIDUW HDVI

OERLIKON-BUEHRL gr

C

C e p‚ TTUDSH IDHT IIDPS QDPU

BK OF SCOTLAND qf L’OREAL /RM

IRR FFFF

Â

A @€u˜li™ite AUGUSTA TECHNOLOGIE

ITDVW FFFF

ORKLA -A- xy

e C ± qf PDHI IDTR TVDPH HDUQ

BANKINTER R iƒ MORRISON SUPERM

±

WIDUS

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SWDPW FFFF

SONAE SGPS €„ e C

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BARCLAYS PLC qf HENKEL KGAA VZ

C

ISDWS

BB MEDTECH ZT-D HDTQ

±

PDSW IDPQ

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C

VPDIH

BERTRANDT AG HDIP

e C

RPDSH IDIW

VEBA AG hi

e C ± qf PDWH IDIQ VDIP HDPS

BCA AG.MANTOVAN s„ SAFEWAY

±

IHDSU

BETA SYSTEMS SOFTWA IDTU

±

HDVS

f QHTDSV DJ E STOXX CONG P C

e C qf RDVS SDPV IHDRT HDSV

BCA FIDEURAM s„ SAINSBURY J. PL

C

IIVDSS

CE COMPUTER EQUIPME HDRQ

e C ± qf PDUW PDVP QDRI IDRW

BCA INTESA s„ SMITH & NEPHEW

±

PHS

CE CONSUMER ELECTRO IDRR

e ± ± qf IDVP PDTI WDST IDSR

BCA LOMBARDA s„ STAGECOACH HLDG

C

QT

TE´LE´COMMUNICATIONS CENIT SYSTEMHAUS HDST

e C qf PDSW FFFF QDQH HDWP

MONTE PASCHI SI s„ LA LETTRE HEBDOMADAIRE TESCO PLC

±

VDUS

DRILLISCH QDPI

e C e C

e C s‚ RDRP HDRS xv PSDPH HDTR PHDIH HDUS

BCA P.BERG.-C.V s„ EIRCOM TNT POST GROEP

±

RSDWH

EDEL MUSIC PDQR

C ±

e C qf IUDIV PDUS RWHDRT HDTP UDVS IDVP

BCA P.MILANO s„ BRITISH TELECOM f DJ E STOXX N CY G P

FFFF

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e ± qf PIDPH TDIU ± IIDRH HDVU

B.P.VERONA E S. s„ CABLE & WIRELES

±

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EM.TV & MERCHANDI IDRR

e C

e C

hi WQDVH HDTR IDIR IDUW

BCA ROMA s„ DEUTSCHE TELEKO

DES NOUVELLES TECHNOLOGIES C

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BBVA R iƒ ENERGIS

C

PPDIH

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EQUANT NV C UDVW PDIH

ESPIRITO SANTO BOOTS CO PLC qf

±

IQDSS

HOEFT & WESSEL HDQU

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iƒ e EUROPOLITAN HLD ±

IRTDUH PDTS

BCO POPULAR ESP recevez par mail les principaux sujets développés CARREFOUR /RM p‚

FFFF

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e e C p‚ ITU IDRT RDQW FFFF

€„ e

FRANCE TELECOM ± PIT IDVP

BCO PORT ATLANT CASTO.DUBOIS /R p‚

±

QV

INFOMATEC PDST

e q‚ PVDRH FFFF €„ SDTP FFFF

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BCP R dans le prochain supplément hebdomadaire CENTROS COMER P iƒ

±

QVU

INTERSHOP COMMUNICA QDPS

e

e ± xv IPSDWS SDPQ ± s„ WSDPH QDTR

KONINKLIJKE KPN e C IVDWH HDPU

BIPOP CARIRE CONTINENTE iƒ

±

RV

KINOWELT MEDIEN QDWV

e

e ± hi QHU HDHU s„ QDPV FFFF

MANNESMANN N C PPDTI HDWR

BNL Le Monde interactif DIXONS GROUP PL qf

±

UDPI

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e ± q‚ ITDHW IDTS USDUS FFFF

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BNP /RM GEHE AG hi

±

QDPV

LINTEC COMPUTER IHIDSH

e e €„ IRDHI FFFF ± iƒ IHDTR HDUS

PORTUGAL TELECO C SDVV HDSS

BSCH R GREAT UNIV STOR qf

FFFF

LOESCH UMWELTSCHUTZ TDTH

e

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e C ps VPDVH QDSH IITDUH HDIU

p‚ e

SONERA ± WVDSH PDHW

CCF /RM GUCCI GROUP xv

±

HDPV

www.lemonde.fr/listediffusion/ MENSCH UND MASCHINE PIDSS

±

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xy SWISSCOM N QPDWH FFFF

CHRISTIANIA BK HENNES & MAURIT ƒi

±

IDHQ

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TELE DANMARK -B e C PVDQS IDPS

COMIT KARSTADT QUELLE hi

C

IPDVS

MUEHL PRODUCT & SERV IDSV

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IDTU

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TELECOM ITALIA ± QDVR TDTW

COMMERZBANK MARKS & SPENCER qf

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QQDRH

PFEIFFER VACU TECH PDRS

e

± e C s„ UDQP IDUR p‚ QTDVV HDTQ

TELECOM ITALIA e C RIDSH PDRU

CREDIT LYONNAIS Avec METRO hi

±

PHDHW

PLENUM P

e

± iƒ QHDSS HDRW hu WWDRI FFFF

TELEFONICA ± UDHS HDRT

DEN DANSKE BK NEXT PLC qf

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QQDSH

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e

s„ IQDII FFFF FFFF FFFF

xy e

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IPT

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e ± qf SDPS PDUH ± hi VPDUH IDIW

VODAFONE AIRTOU ± QISDTV QDRP

DEUTSCHE BANK N e VALORA HLDG N gr

± C

q‚ TSDPH IDQT ps IR FFFF

VDWS

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e ± IRUQDSV HDUH ±

fi IRQDIH HDRP f e C

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DEXIA DJ E STOXX TCOM P VENDEX KBB NV xv ± ±

± qf IPDIQ HDWQ qf IQDUS HDVP

IHDQH

AMVESCAP PENINS.ORIENT.S SACHSENRING AUTO IDWH

e

± hi RUDUH HDTP

±

RDWQ HDQQ

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FFFF

BPI R PREMIER FARNELL SALTUS TECHNOLOGY IQDQH

±

q‚ RHDQP IDUT ±

SDHQ RDTP

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± ± qf SDRH FFFF qf IHDVW IDWH UQDIH

BRITISH LAND CO RAILTRACK SCM MICROSYSTEMS VDTQ

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±

IDTU

ERGO BANK f DJ E STOXX RETL P QTIDIH C e ±

± qf SDSW HDPW xv QUDTH HDIQ

UDUS

CANARY WHARF GR RANDSTAD HOLDIN SER SYSTEME SH

e

± e„ RTDVH HDRH

ERSTE BANK e C RTDWW HDRQ

ACCIONA iƒ

qf SDQS FFFF hu IIQDPR FFFF

FFFF

CAPITAL SHOPPIN RATIN -A- SERO ENTSORGUNG SDVH

± ƒi IRDPR HDVP

FOERENINGSSB A C PPDPR IDQU

AKTOR SA q‚ C

± qf IUDQR FFFF hu IITDVV HDTW

VDHI

CLOSE BROS GRP RATIN -B- SINGULUS TECHNOLOGI VUDQH

± UDUH HDVR

HALIFAX GROUP qf e HAUTE TECHNOLOGIE ITDUH FFFF

UPONOR -A- ps e C

± ± fi SS IDUW qf QDWI HDVR

PDPT

COBEPA RENTOKIL INITIA SOFTM SOFTWARE BERA RQDPH

±

IIDSU PDVT

qf e

HSBC HLDG C iƒ ITDTH FFFF e

PHDPV IDIS AUMAR R p‚ e C

± AEROSPATIALE MA C s„ IDIS IDUI qf QDPR IDHI

PDPP

COMPART REXAM TDS PQ

±

q‚ RSDWT IHDHQ

e C

IONIAN BK REG.S C iƒ VDTS IDIU e

PTQDPH IDIW ACESA R e e p‚ ± ± ALCATEL /RM

± hi VSDVH PDUP p‚ UP PDUH

QDSS

CONSORS DISC-BR REXEL /RM TECHNOTRANS TV

e

±

RIDSS IDQI

KBC BANCASSURAN fi qf TDWP FFFF

±

PSDPI HDSQ BLUE CIRCLE IND q‚ e C e

± ALTEC SA REG. ± iƒ QIDTH HDRV e„ PUDRH IDTP PDSP

CORP FIN ALBA RHI AG TELDAFAX IQDSS

IHDRR FFFF

qf e

LLOYDS TSB ± p‚ VPIDSH IDSH e

±

IRQDVS IDPH BOUYGUES /RM xv C ± ASM LITHOGRAPHY

± gr IVRDST HDTU gr TSVDUI HDWS

TDWR

CS GROUP N RIETER HLDG N TELES AG QIDIP

e

±

ps SDUT HDIU

MERITA C qf SDSI FFFF e

UDSU HDWQ BPB e xv

±

± BAAN COMPANY p‚ SIW HDIH ƒi PVDHI IDPR FFFF

EURAFRANCE /RM SANDVIK -A- TIPTEL TDSH

C

q‚ URDWU IDRP

NAT BANK GREECE e C s„ WDTP HDPI e ± IPWDSH PDHR

BUZZI UNICEM e fi ± ± BARCO

± fi PV HDUI ƒi PVDWT HDTI

RVDSH

FORTIS (B) SANDVIK -B- TRANSTEC TDUQ

e ±

TS HDPQ

p‚ e

NATEXIS BQ POP. C €„ ISDVT FFFF IVDWU IQDSW

CIMPOR R e qf

±

± BOWTHORPE ± xv PVDPU IDIS gr SUQDSV PDUR QU

FORTIS (NL) SAURER ARBON N W.E.T. AUTOMOTIVE S IDTH

C

IWDII HDQR

qf e

±

NATL WESTM BK C p‚ IWRDTH HDPI

SDIR TDUQ

COLAS /RM e e qf ± ± BRITISH AEROSPA p‚ IHQ HDWT p‚ UIDIS PDVH

FFFF

GECINA /RM SCHNEIDER ELECT FFFF

±

SDVW IDWT

ƒi e

NORDIC BALTIC H ± iƒ VDQW HDUI

±

ITDWR PDHT GRUPO DRAGADOS e qf ± CAB & WIRE COMM

qf SDII HDQP s„ PDQR FFFF

FFFF

HAMMERSON SEAT-PAGINE GIA FFFF

e

±

ITDVH HDUU

s„ e

ROLO BANCA 1473 ± iƒ IVDHS IDPT e

±

PRRDTH IDQU

FCC e p‚ ± ± CAP GEMINI /RM xv SRDHV IDTR qf PDTR HDTI

FFFF

ING GROEP SECURICOR FFFF

±

IRDHW RDHV

qf e

ROYAL BK SCOTL ± p‚ WUDRH IDIP

±

SVDWP PDHU

GROUPE GTM qf C ± COLT TELECOM NE

hu RHDIU HDQQ ƒi PPDVR HDPT FFFF

KAPITAL HOLDING SECURITAS -B- FFFF

e C

s„ IIDWW IDUH

SAN PAOLO IMI ± qf SDWU PDWH e

±

VTDWH RDUI

HANSON PLC p‚ C DASSAULT SYST./ qf IHDWI HDTH qf PDWP FFFF FFFF

LAND SECURITIES SHANKS GROUP FFFF

WDVW FFFF

ƒi e

±

S-E-BANKEN -A- C hi TIDSH HDRW

VWDQR HDRH

HEIDELBERGER ZE e ƒi ±

± ERICSSON -B- qf TDRV IDWT p‚ VQDSH PDTP FFFF

LIBERTY INTL SIDEL /RM FFFF

C

qf IPDVW IDSQ

STANDARD CHARTE ± q‚ QPDRP HDPV e

IDIR FFFF HELL.TECHNODO.R e s„ ± ± FINMECCANICA

s„ WDRQ HDPI qf RDTS HDQS

FFFF

MEDIOBANCA INVENSYS FFFF

e

±

p‚ IWQ IDHQ

STE GENERAL-A-/ ± q‚ QPDHW TDUP

UDUI FFFF

HERACLES GENL R ƒi ± ± GAMBRO -A- qf SDQS SDUI ƒi PIDTH PDIQ

FFFF

MEPC PLC SKF -B- FFFF

±

ƒi IPDIV HDWT

SV HANDBK -A- e C hi PSDSH P e

±

UTDWH IDUW

HOCHTIEF ESSEN xv

e C GETRONICS iƒ ISDQH IDIW hu PRDIV FFFF FFFF

METROVACESA SOPHUS BEREND - FFFF

C

ƒi QDTV IDTP

SWEDISH MATCH ± gr IPIIDUV PDSH

±

TUDSU HDUW

HOLDERBANK FINA hu ± GN GREAT NORDIC qf VDQV FFFF gr TVQDSU HDWH

FFFF

PROVIDENT FIN SULZER FRAT.SA1 FFFF

±

PRUDWS IDTH

gr e ±

IQS IDIH UBS REG p‚

±

RRDWV IDSI IMERYS /RM q‚ e C INTRACOM R

xv RHDUS FFFF qf SDPV IDPR

FFFF

RODAMCO CONT. E T.I.GROUP PLC FFFF

e

±

s„ QDVR HDSP

e C

IHDPS IDTW UNICREDITO ITAL s„

±

RRDII QDIU

ITALCEMENTI e qf ± LOGICA xv QUDPH HDVH xy ISDQR FFFF

FFFF

RODAMCO NORTH A TOMRA SYSTEMS FFFF

±

SVDUI HDTV

hu e ±

VSDTH HDRU UNIDANMARK -A- p‚

±

IWDSH VDRS

LAFARGE /RM qf C e ± MISYS qf PQDIV P e„ TTDQH HDQV

FFFF

SCHRODERS PLC VA TECHNOLOGIE FFFF

±

q‚ PPDPR IDQQ

±

ISDPW HDQW e XIOSBANK q‚

±

PHPDRH HDVV

MICHANIKI REG. e e ps

± NOKIA p‚ UU FFFF xv VDUH HDSU FFFF

SIMCO N /RM VEDIOR NV FFFF

C

HDHI

f PVUDRH

C WDQS FFFF

DJ E STOXX BANK P qf

TDQW PDHU TARMAC qf

C ± NYCOMED AMERSHA qf RDSU IDUR STHDTW HDIW FFFF SLOUGH ESTATES f DJ E STOXX IND GO P FFFF

±

qf IDIV QDWS e

±

IPDTP HDTQ

PILKINGTON PLC e xv ± OCE p‚ IQWDTH HDPW FFFF UNIBAIL /RM FFFF

qf IPDPI FFFF e

±

QDTQ QDWU

RMC GROUP PLC s„ e C OLIVETTI iƒ SDWQ HDVS FFFF

VALLEHERMOSO FFFF

e C

p‚ IRPDVH P e

±

IUQDSH QDHU

SAINT GOBAIN /R e xv ± KON. PHILIPS hi QSDPH PDHW FFFF WCM BETEILIGUNG FFFF

±

C QTDTI HDVH

PRODUITS DE BASE ƒi ASSURANCES

QDQW IDRT

SKANSKA -B- qf C ROLLS ROYCE qf RDWQ SDST FFFF WOOLWICH PLC FFFF

hu PIDRW FFFF

±

IRDVS IDVP

e SUPERFOS e qf ± ± ± QWDRP HDUT xv URDTS HDUQ iƒ SAGE GRP PQWDSV IDIV FFFF ACERINOX R f DJ E STOXX FINS P AEGON NV FFFF

qf PDHQ FFFF e

p‚ PSTHDSH FFFF C C TAYLOR WOODROW UHUDIV IDIT qf QDTI PDUT gr SAGEM FFFF ALUSUISSE LON G AEGIS GROUP FFFF

e

±

p‚ IHU HDQU e ±

TSH SDII

TECHNIP /RM e hi ± RTDIP PDRP p‚ SIDHS FFFF q‚ SAP AG FFFF ALUMINIUM GREEC AGF /RM FFFF

q‚ SQDIW FFFF e ±

hi VSQ QDTP

TITAN CEMENT RE e C PDSI FFFF s„ IHDTV HDUS qf SAP VZ FFFF ARJO WIGGINS AP ALLEANZA ASS FFFF

e C

PIDHU HDPR e„ ALIMENTATION ET BOISSON ±

PVDWU IDVI

WIENERB BAUSTOF e qf ± ± ITDTH PDHV hi QRVDSH IDPU ƒi SEMA GROUP FFFF ASSIDOMAEN AB ALLIANZ N FFFF

±

qf RDIS HDUV e ±

hi IUPDSH RDIU

e WILLIAMS C ± ± RTDSH IDHV qf RDSR IDVP qf WDQW IDQT fi SIEMENS AG N FFFF BEKAERT ALLIED DOMECQ ALLIED ZURICH FFFF

±

C

PQIDPS HDPH

IHDWW HDRR f qf C e DJ E STOXX CNST P ± RDTP RDHI qf SDHW FFFF xv SQDSS HDVQ qf SMITHS IND PLC FFFF BILLITON ASSOCIAT BRIT F ASR VERZEKERING FFFF

e ±

p‚ PIP QDPR e e C ± ± RIDRH IDRQ qf WDTR HDSH p‚ IQHDTH HDIS e„ STMICROELEC SIC FFFF BOEHLER-UDDEHOL BASS AXA /RM FFFF

e ±

s„ QDWT IDUR e e C ± ± PSDQI IDUI e„ QVDRR HDSH gr VPRDHI HDQH xv TECNOST FFFF BUHRMANN NV BBAG OE BRAU-BE BALOISE HLDG N FFFF

CONSOMMATION CYCLIQUE e ±

RRDRT QDPH e p‚ RDTP FFFF e„ RQ FFFF qf IPDST FFFF qf THOMSON CSF /RM FFFF BUNZL PLC BRAU-UNION BRITANNIC FFFF

e ±

ps TS PDPT

C C e C ± IDUQ HDWQ p‚ RIDVI IDTH qf SDRS HDTH qf IPDWU IDUV qf TIETOENATOR FFFF CORUS GROUP ACCOR /RM CADBURY SCHWEPP CGU FFFF

hu IIWDSU FFFF

C C C C e e IPDST QDQR hi SSDVH IDPU hu QPDPR IDTW p‚ QHDRS HDUW q‚ WILLIAM DEMANT FFFF ELVAL ADIDAS-SALOMON CARLSBERG -B- CNP ASSURANCES FFFF

±

IHHVDTT PDHI e e C e ± ± f IRDPS QDHT p‚ ITDPH HDTP hu QHDHW FFFF iƒ IRDWH HDQQ xv DJ E STOXX TECH P FFFF ISPAT INTERNATI AIR FCE CARLSBERG AS -A CORP MAPFRE R FFFF

e ± qf IPDQP FFFF qf RDTR FFFF hu QRDWQ FFFF hi IHU IDVQ FFFF JOHNSON MATTHEY AIRTOURS PLC DANISCO ERGO VERSICHERU FFFF

e e C e ± ± ± e„ SPDHI HDIU s„ IDWV PDHT p‚ PIRDUH HDTW q‚ RPDQU IDUR

FFFF

MAYR-MELNHOF KA ALITALIA DANONE /RM ETHNIKI GEN INS SERVICES COLLECTIFS FFFF

e e C ± ps IH FFFF e„ IVDHV HDRR q‚ QIDVU IDVI hu VVDTU FFFF FFFF METSAE-SERLA -B AUSTRIAN AIRLIN DELTA DAIRY CODAN FFFF

e C e e ± ± ± ± ƒi QSDQI IDTR s„ IIDUH HDRQ qf UDSW QDQI fi PV HDUI s„ S QDPW FFFF MODO -B- AUTOGRILL DIAGEO FORTIS (B) AEM FFFF

e e ± ± ± ± ± ps IQDTS HDQT hu QVDRP QDHS q‚ QVDIT IDIU s„ PWDWS IDTR qf TDTQ HDPR FFFF OUTOKUMPU OY -A BANG & OLUFSEN ELAIS OLEAGINOU GENERALI ASS ANGLIAN WATER FFFF

e e e e C ± ± ± p‚ TSDRH IDQT s„ IDWW I p‚ WI FFFF e„ ISR I qf QDWT PDHW FFFF PECHINEY-A- BENETTON GROUP ERID.BEGH.SAY / GENERALI HLD VI BRITISH ENERGY FFFF

C e C e ± ± ± ps TDIH HDIT qf RDTH IDUW xv QRDSS IDVS q‚ QQDTS IDIS qf PDWU HDSR FFFF RAUTARUUKKI K BRITISH AIRWAYS HEINEKEN HOLD.N INTERAM HELLEN CENTRICA FFFF

e e ± ± ± ± qf IUDPT PDTS s„ WDRV HDPI q‚ PPDVR IDQH qf UDVT FFFF s„ W IDIH FFFF RIO TINTO BULGARI HELLENIC BOTTLI IRISH LIFE & PE EDISON FFFF

C e C e e ± ± ± q‚ ITDHV IDST p‚ IIQDTH PDWI q‚ PUDTR IDPI s„ RDUQ HDPI fi PSV IDWH FFFF SIDENOR CLUB MED. /RM HELLENIC SUGAR FONDIARIA ASS ELECTRABEL FFFF

e ± ± q‚ RPDVP QDIW qf IPDHT HDWQ qf IVDTR FFFF qf PDQU FFFF €„ IUDQI FFFF FFFF SILVER & BARYTE COMPASS GRP KERRY GRP-A- LEGAL & GENERAL ELECTRIC PORTUG FFFF

e C e e e ± ± ± PDUP IDIV hi IWDTH IDHQ s„ IDUT FFFF s„ IQDRS PDIV iƒ IWDIH HDSP SMURFIT JEFFERS qf DT.LUFTHANSA N MONTEDISON MEDIOLANUM ENDESA

e C e e ± ± ± IRDSH HDTV ƒi PPDVW FFFF gr ITQPDRW HDRT hi PUU HDVW e„ IPH HDRR

STORA ENSO -A- ps ELECTROLUX -B- NESTLE N MUENCH RUECKVER EVN e C e e C e ± ± ± IRDRS IDHQ qf IPDQU PDTV xv QRDIH IDPP qf TDIR HDVH ps RDQQ HDRT STORA ENSO -R- ps EMI GROUP KONINKLIJKE NUM NORWICH UNION FORTUM CODES PAYS ZONE EURO

e e e e ± ± ± ± ± iƒ IWDVT HDPS PSDWH HDRS p‚ HDVT IDIS s„ IDIT PDSP ps SWDHS HDUT SVENSKA CELLULO ƒi EURO DISNEY /RM PARMALAT POHJOLA YHTYMAE GAS NATURAL SDG FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

e C e e ± ± ± ± PTDVH HDQU qf WDST QDVU p‚ SQDRH IDII qf ITDSH HDUV iƒ IIDVH HDRP THYSSEN KRUPP hi GRANADA GROUP PERNOD RICARD / PRUDENTIAL IBERDROLA IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande

C e e e C e e ± ± ± LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche QS PDQR p‚ IRPDSH S ps PDWH IQDPV s„ WDHS HDPP s„ SDTR RDHV UNION MINIERE fi HERMES INTL RAISIO GRP -V- RAS ITALGAS

e e C ± ± ± ± FI : Finlande - BE : Belgique. QQDIH PDTV s„ IDSP IDWR qf SDWP HDSS qf SDUS RDHS qf UDWR IDHI UPM-KYMMENE COR ps HPI SCOTT & NEWCAST ROYAL SUN ALLIA NATIONAL GRID G

C e e e C ± ±

ISDPS HDHU xv PIDVR PDHT qf WDQU FFFF ps QRDQU HDWR qf SDHI PDTT

USINOR p‚ KLM SOUTH AFRICAN B SAMPO -A- NATIONAL POWER CODESPAYSHORSZONEEURO

C C e

± ± QIDSR IDII qf PDTU HDTH qf QDUT FFFF gr IUQTDPU HDPI e„ IHP HDWW

VIOHALCO q‚ HILTON GROUP TATE & LYLE SWISS RE N OESTERR ELEKTR CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

C

e e C e ± ± QRDRS HDRQ p‚ RHVDSH RDWV qf RDIQ HDQW €„ SRDUR FFFF qf T HDSR

VOEST-ALPINE ST e„ LVMH / RM UNIGATE PLC SEGUROS MUNDIAL POWERGEN GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e ± ± ± ± HDRS p‚ SDTI TDTT xv RPDRH HDWQ ƒi PWDTT IDST qf TDIT FFFF f DJ E STOXX BASI P PPRDSQ MOULINEX /RM UNILEVER SKANDIA INSURAN SCOTTISH POWER LeMonde Job: WMQ1102--0023-0 WAS LMQ1102-23 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0439 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 23

C C IIH UPIDSS FFFF QIGHS WUDWH WVDSH TRTDIP HDTI QHGHT IRQ ITP IHTPDTS IQDPW QIGHS BAZAR HOT. VILLE ...... IIH GROUPE GTM ...... SPIR COMMUNIC. # ......

C C ± RPDHS PUSDVQ IDTT HWGHP URDSH USDIH RWPDTP HDVI IQGHR QIH QQQDRH PIVTDWT UDSS IWGHU BIC...... a RPDUT GROUPE PARTOUCHE ... SR TELEPERFORMANC ..

± ± VS SSUDST FFFF HIGHU IQI IQHDTH VSTDTV HDQI HPGHU IUPDSH ITVDPH IIHQDQP PDRW PHGHV BIS...... VS GUILBERT...... SUEZ LYON.DES EAU .....

C ± ± USDUS RWTDVW PDUH PIGHS RQSDSH RQS PVSQDRI HDII PIGHT SVW TIW RHTHDQU SDHW QHGHT VALEURS FRANC¸AISES B.N.P...... UUDVS GUYENNE GASCOGNE... TF1 ......

C C ± IWTDSH IPVVDWT HDTU HIGHU VQDPH VRDUH SSSDTH IDVH ISGHT IHUDSH IHUDRH UHRDSH HDHW PVGHS BOLLORE ...... IWSDPH HACHETTE FILI.MED ..... TECHNIP......

± ± PWIDSH IWIPDII PDVQ IIGHS SSH SSH QTHUDUT FFFF ITGHU RWDVI RSDWQ QHIDPV UDUW HWGHU BONGRAIN ...... QHH HAVAS ADVERTISING..... THOMSON-CSF......

C C C

VQR SRUHDTV RDQV HUGHU IQPDPH IQTDSH VWSDQV QDPS PSGHT IIQDUH IPQ VHTDVQ VDIV FFFF b Le leader européen de la chimie de spécialité Rhodia BOUYGUES ...... UWW IMERYS(EX.IMETAL)...... THOMSON MULTIMEDI

C C RSDPT PWTDVW IDUI PQGHT IUDWR IUDWR IIUDTV FFFF IVGHS IRIDSH IRUDIH WTRDWI QDWT IWGHU

perdait 0,96 %, à 19,51 euros, jeudi 10 février dans les pre- BOUYGUES OFFS...... RRDSH IMMEUBLES DE FCE ...... TOTAL FINA SA......

C C ± WDQW TIDSW RDPV FFFF RI RQ PVPDHT RDVV FFFF IRUDSH ISRDVH IHISDRP RDWS PUGHS BULL#...... WDVI INFOGRAMES ENTER. ... TRANSICIEL # ......

C miers échanges. Le groupe a annoncé, avant l’ouverture C ± IPIDUH UWVDQH HDRW FFFF VU VVDQH SUWDPI IDRW HQGHV TS UH RSWDIU UDTW FFFF BUSINESS OBJECTS...... IPPDQH INGENICO ...... UBI SOFT ENTERTAI ......

C ± PUWDWH IVQTDHP VDRW HIGHU TU TSDWH RQPDPV IDTR QHGHT IRH IRH WIVDQR FFFF IHGHT

de la séance, avoir créé une coentreprise pour la produc- CANAL + ...... PSV ISIS ...... UNIBAIL ......

C

± ± PRV ITPTDUU HDRR PQGHR PQDSR PQDSH ISRDIS HDIU FFFF IQWDRH IRW WUUDQV TDVW PWGHT

tion et la commercialisation de latex pour papier avec le CAP GEMINI ...... PRWDIH KAUFMAN ET BROAD .... UNILOG ......

C C ± QWDHQ PSTDHP SDPU PPGHT WRDWH WS TPQDIT HDII QHGHR IHTDSH IHWDSH UIVDPU PDVP ISGHT CARBONE LORRAINE..... RIDPH KLEPIERRE COMP.FI ...... UNION ASSUR.FDAL ......

C ± ± ISHDUH WVVDSQ QDIS IWGHR WR WUDQH TQVDPS QDSI HUGHU ISDVW ISDPT IHHDIH QDWT HIGHU groupe finlandais Raisio Chemicals. CARREFOUR ...... ISSDTH LABINAL...... USINOR......

± ± ± WW TRWDRH SDUI IHGHT VV VT STRDIP PDPU HUGHU TIDVH SWDWH QWPDWP QDHU IPGHU

b Le groupe français Pechiney reculait en Bourse, jeudi CASINO GUICHARD ...... IHS LAFARGE...... VALEO ......

± ± ±

TTDTH RQTDVU UDPR IHGHT WP WIDUS THIDVR HDPU HIGHT RRDRH RPDSI PUVDVS RDPT HUGHU

matin, de 0,45 %, à 66 euros, après avoir annoncé un bé- CASINO GUICH.ADP ...... UIDVH LAGARDERE...... VALLOUREC......

± ± ± PPH IRRQDII IDIP IUGHS SUDIS SRDPH QSSDSQ SDIT PUGHS PT PSDTH ITUDWP IDSR HIGHT CASTORAMA DUB.(LI..... PPPDSH LAPEYRE ...... VIA BANQUE ......

C ± ± IITDSH UTRDIW PDSI PVGHR RUDSS RUDSH QIIDSV HDII HWGHT IPS IPWDWH VSPDHW QDWP IPGHS néfice net de 260 millions d’euros en 1999, en baisse de C.C.F...... IIWDSH LEBON (CIE)...... VIVENDI ......

C

± ± PIUDVH IRPVDTU IH HPGHT PIR PHI IQIVDRU TDHU HIGHP ITDHP ISDWT IHRDTW HDQU HUGHS

16,4 % par rapport à celui de l’année 1998. Les analystes CEGID (LY) ...... IWV LEGRAND ...... WORMS (EX.SOMEAL)....

C C ± WDWW TSDSQ RDHT IUGHT IPIDTH IISDUH USVDWR RDVS HIGHP IVUDSH IWTDWH IPWIDSV SDHI HTGHI

tablaient sur un bénéfice net d’environ 284 millions d’eu- CERUS...... WDTH LEGRAND ADP ...... ZODIAC...... C ± TUDIH RRHDIS TDRP IIGHT RPDIS RR PVVDTP RDQW HWGHU FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CGIP ...... UIDUH LEGRIS INDUST......

C

SVDSH QVQDUQ SDUW ISGHU IIH IIH UPIDSS FFFF HIGHU FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF ros. CHARGEURS...... SSDQH LOCINDUS......

± ± SUDQH QUSDVT RDQR HPGHU TVS TTHDSH RQQPDTH QDSV ISGHT FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

b L’action Vivendi cédait 3,54 %, à 125,3 euros, jeudi CHRISTIAN DALLOZ ...... SWDWH L’OREAL ......

± ± PQRDSH ISQVDPP SDQQ HIGIP RRV RPWDWH PVIWDWT RDHR HIGIP FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CHRISTIAN DIOR ...... PRUDUH LVMH MOET HEN......

matin. Le groupe a annoncé avoir réduit à 14,9 %, contre C WU TQTDPV FFFF FFFF III IIIDVH UQQDQT HDUP PWGII FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CIC -ACTIONS A...... WU MARINE WENDEL ......

± ± SRDQH QSTDIV UDIV PIGHT UDTH UDRV RWDHU IDSV HRGHU FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

49,3 % auparavant, sa participation dans le capital de CIMENTS FRANCAIS ...... SVDSH METALEUROP ......

± ±

IHS TVVDUS RDII PIGHU QUDRR QUDRH PRSDQQ HDII ISGHT FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

l’entreprise de construction SGE. CLARINS ...... IHWDSH MICHELIN......

C ± IIU UTUDRU SDRI PRGHT QPDPS QPDHI PHWDWU HDUR PWGHT FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CLUB MEDITERRANEE .. III MONTUPET SA......

± ± QHDPI IWVDIT RDUH HSGHU TDSH TDHI QWDRP UDSR IRGHW b Le titre du groupe hôtelier français Accor gagnait CNP ASSURANCES ...... QIDUH MOULINEX ......

± ± WH SWHDQT UDPP FFFF TTDIH TSDIS RPUDQT IDRR PPGHT

1,82 %, à 41,9 euros, jeudi matin. Le président de son di- COFACE...... WU NATEXIS BQ POP......

C ± Paiement VS SSUDST QDHQ HWGHT QTDUW QRDWW PPWDSP RDVW FFFF

COFLEXIP...... VPDSH NEOPOST...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

rectoire Jean-Marc Espalioux a estimé, dans une inter- dernier C International ± f IWS IPUWDIP HDIS PWGHT IWDPH IVDVH IPQDQP PDHV IUGHS

COLAS ...... IWRDUH NORBERT DENTRES.# ... en euros en euros en francs veille

coupon (1)

C ± QTDVH PRIDQW IDWR FFFF PTDVH PTDSP IUQDWT IDHR PSGHT view parue dans La Tribune, que le groupe est capable CDE PROV. REGPT...... QTDIH NORD-EST......

C ±

RR PVVDTP RDSI HIGHT TTDSH TTDSH RQTDPI FFFF FFFF ITSDSH ITTDWH IHWRDUW HDVS IHGHP

d’afficher chaque année une croissance « à deux CPR ...... RTDHV NORDON (NY)...... AMERICAN EXPRESS......

± ± ± IT IHRDWS IDPQ PRGHV UHH TTR RQSSDSS SDIR IUGHQ SP SHDSH QQIDPT PDVV HIGHP CRED.FON.FRANCE ...... ITDPH NRJ # ...... A.T.T. #......

chiffres » de ses résultats. C ± RPDSH PUVDUV IDWT QHGHQ VDWW VDWW SVDWU FFFF FFFF IUDWR IVDUQ IPPDVT RDRH ISGIP CFF.RECYCLING ...... RQDQS OLIPAR...... BARRICK GOLD #......

± ± ± QTDTS PRHDRI TDUU FFFF TW TTDQH RQRDWH QDWI QHGHT PH IWDQR IPTDVT QDQH PPGHP

b L’action Neopost progressait, jeudi matin, de 1,46 %, à CREDIT LYONNAIS...... QWDQI PECHINEY ACT ORD ...... CROWN CORK ORD. #....

± ± SRDRH QSTDVR PDWR HIGHU THP THP QWRVDVT FFFF PQGHT PVDTH PVDPH IVRDWV IDRH PHGIH

35,5 euros, après l’annonce d’une émission de 135 mil- CS SIGNAUX(CSEE)...... STDHS PENAUILLE POLY.CB...... DE BEERS # ......

C ± ± UUDPS SHTDUQ IDPS PHGIP SSDPH SR QSRDPP PDIU IPGHI SWDWS SUDRS QUTDVS RDIU IRGIP DAMART ...... UTDQH PERNOD-RICARD...... DU PONT NEMOURS # ..

C ± ± PITDPH IRIVDIV IDUQ PTGHS PPU PHW IQUHDWS UDWQ HWGHT VVDWS VWDUS SVVDUP HDWH HTGHR lions d’euros d’obligations à option de conversion et/ou DANONE...... PPH PEUGEOT...... ERICSSON # ......

± ± ± IWSDTH IPVQDHS HDHS HUGHS PHPDIH PHHDIH IQIPDSU HDWW HIGHU RW RVDQH QITDVQ IDRQ HIGHQ

d’échange en actions nouvelles ou existantes (Océanes). DASSAULT-AVIATION..... IWSDUH PINAULT-PRINT.RED..... FORD MOTOR # ......

C C ± WIDPH SWVDPQ SDHI HIGHU IITDRH IIUDVH UUPDUP IDPH PVGHT IRIDWH IQV WHSDPP PDUS PSGHI DASSAULT SYSTEMES.... VTDVS PLASTIC OMN.(LY) ...... GENERAL ELECTR. #......

C ± ± SHDSH QQIDPT IDWR PIGHR WQR WIR SWWSDRS PDIR IHGHT VHDVH VIDHS SQIDTS HDQI IHGIP DE DIETRICH...... SIDSH PROMODES...... GENERAL MOTORS # .....

± ± ± TTDWH RQVDVR RDRQ HIGHU STH SRVDSH QSWUDWP PDHS HUGHU ISDQH IS WVDQW IDWT IHGIP DEVEAUX(LY)# ...... UH PUBLICIS #...... HITACHI #......

C

± FFFF FFFF FFFF IVGHT PIDPH PHDSH IQRDRU QDQH ISGHW IIWDIH IIWDUH UVSDIV HDSH IHGIP

RE`GLEMENT MENSUEL DEV.R.N-P.CAL LI...... IR REMY COINTREAU...... I.B.M......

± ± ±

RDWH QPDIR QDSR PHGHT RUDWH RSDPH PWTDRW SDTR HPGHU WIDVH WIDPH SWVDPQ HDTS IQGII

______DMC (DOLLFUS MI)...... SDHV RENAULT ...... ITO YOKADO #......

C C ± PT IUHDSS IDHW IPGHU UUDWH UR RVSDRI SDHI HIGHU PWDIH PWDSH IWQDSI IDQU QIGIP DYNACTION...... PSDUP REXEL...... MATSUSHITA......

± ± ±

STDSH QUHDTP SDVQ HRGHI IWDUS IWDUH IPWDPP HDPS QHGHT QTDVW QSDTH PQQDSP QDSH ISGIP EIFFAGE ...... TH RHODIA ...... MC DONALD’S ......

Â

†‚si‚

wi‚g‚ihs W pi Cours releve´sa` 17 h 35

± ± ± RW QPIDRP RDII HUGHT TDRT TDQH RIDQQ PDRV PSGHT UTDSH UIDSH RTWDHI TDSR HQGHI ERAMET ...... SIDIH ROCHETTE (LA) ...... MERK AND CO ......

C C

±

WI SWTDWP RDPI IQGHU UWDVH VH SPRDUU HDPS IHGHS VDHP VDQI SRDSI QDTP QIGIP ERIDANIA BEGHIN...... WS ROYAL CANIN...... MITSUBISHI CORP.# ...... viquid—tion X PP fe vrier

C ± ± PSV ITWPDQU QDUQ HIGHT PIHW PIVH IRPWWDVT QDQU HWGHU IPQ IIUDTH UUIDRI RDQW IRGHI ESSILOR INTL ...... PTV RUE IMPERIALE (LY...... MORGAN J.P.# ......

C ± QISDPH PHTUDSV IDST HIGHT QUDWH QUDWS PRVDWR HDIQ PPGHT IIDPH FFFF FFFF FFFF PWGHT ESSILOR INTL.ADP...... QPHDPH SADE (NY) ...... NIPP. MEATPACKER#.....

C ± ± TUDSH RRPDUU HDUR QHGHT WTQ IHPH TTWHDUT SDWP FFFF PHDQR IWDWI IQHDTH PDII IHGHI ESSO...... TV SAGEM S.A...... PHILIP MORRIS#......

C ± Paiement ± SIWDSH QRHUDUH HDPW PUGIP IRUDUH IRH WIVDQR SDPI PVGHT WSDWS WU TQTDPV IDHW ISGHP

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURAFRANCE...... SPI SAINT-GOBAIN...... PROCTER GAMBLE ......

dernier C France f C HDVU SDUI FFFF QHGHW UR URDTH RVWDQR HDVI HSGHV QW QWDQH PSUDUW HDUU QIGIP

en euros en euros en francs veille EURO DISNEY...... HDVU SALVEPAR (NY) ...... SEGA ENTERPRISES ......

coupon (1)

± ± ± IDPI UDWR HDVP FFFF QWDPR QVDTH PSQDPH IDTQ FFFF THDQH SVDTH QVRDQW PDVP HUGHI EUROTUNNEL...... IDPP SANOFI SYNTHELABO ... SCHLUMBERGER# ......

± ± IRRDTH WRVDSI FFFF QHGHU UIDVH UHDIH RSWDVQ PDQU HVGHU WU WU TQTDPV FFFF PIGHR PUSDSH PUQDRH IUWQDQW HDUT QIGIP B.N.P. (T.P)...... IRRDTH FACOM SA...... SAUPIQUET (NS) ...... SONY CORP.#RGA ......

C ± ± ± IRH WIVDQR HDUI PPGIH RU RUDHS QHVDTQ HDII HTGHS URDIH UQDPH RVHDIT IDPI IIGHT IPDVI IPDRH VIDQR QDPH IHGIP CR.LYONNAIS(TP) L ...... IRI FAURECIA ...... SCHNEIDER ELECTRI..... SUMITOMO BANK #......

± ± ± QPIDIH PIHTDPV HDIP PRGIH ISW ISR IHIHDIU QDIR HPGHT SI SH QPUDWV IDWT HPGHT RENAULT (T.P.)...... QPIDSH FIMALAC SA...... SCOR......

C ± ± ITTDPH IHWHDPH HDHT ISGHU VIDIH UV SIIDTS QDVP ISGHT UPDWH UPDUH RUTDVV HDPU IIGHT SAINT GOBAIN(T.P...... ITTDIH FIVES-LILLE...... S.E.B......

C

± IRT WSUDUH FFFF HPGHV IIWDSH IIVDWH UUWDWQ HDSH HIGHU RQDII RQDPP PVQDSH HDPT ITGIP

THOMSON S.A (T.P) ...... IRT FONC.LYON.# ...... SEITA...... ABRE´VIATIONS

C C RIDIS PTWDWQ TDTI IRGHT ITHDIH ITRDTH IHUWDUI PDVI IUGHT IR IR WIDVQ FFFF IPGHU

ACCOR ...... QVDTH FRANCE TELECOM...... SELECTIBANQUE......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C C ± PHDHS IQIDSP QDVR FFFF TWW UHIDSH RTHIDSR HDQT PIGHU RRDSH RS PWSDIV IDIP IRGHT AEROSPATIALE MATR.... PHDVS FROMAGERIES BEL...... SGE......

± ± ± SIDHS QQRDVU HDQW HVGHT IWRDRH IVSDSH IPITDVH RDSV IHGHT VUDWH VSDUS STPDRV PDRS HRGHT AGF ...... SIDPS GALERIES LAFAYETT ...... SIDEL...... SYMBOLES

C ± ITDIH IHSDTI QDHI HTGHU VR VR SSI FFFF HTGHS ISH ISP WWUDHS IDQQ HIGHU

AIR FRANCE GPE NO ..... ITDTH GAUMONT #...... SILIC CA ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C ± ± ISIDIH WWIDIS PDVW IWGHS SVDHS SVDPH QVIDUU HDPT HIGHU UVDQH UU SHSDHW IDTT PWGHT

AIR LIQUIDE ...... ISSDTH GAZ ET EAUX ...... SIMCO...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

± ± ± PTHDIH IUHTDIR RDQV QHGHT IHRDSH IHR TVPDPH HDRV HPGHU ISDVH ISDUR IHQDPS HDQV PHGHW

ALCATEL ...... PUP GECINA...... SKIS ROSSIGNOL...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

± ± ±

PUDUH IVIDUH SDQH HIGIH TRDPH TR RIWDVI HDQI IPGHU PHH IWS IPUWDIP PDSH ITGHT

ALSTOM...... PWDPS GEOPHYSIQUE ...... SOCIETE GENERALE...... `

C C ± DERNIERE COLONNE RM (1) : PRV ITPTDUU QDUU PWGHW ITTDIH IVQDIH IPHIDHT IHDPQ ITGHT IRV IRRDTH WRVDSI PDQH HRGHQ ALTRAN TECHNO. #...... PQW GFI INFORMATIQUE...... SODEXHO ALLIANCE......

± ± ± ISR IHIHDIU SDSP FFFF PTDWS PTDIS IUIDSQ PDWU QHGHT UW UVDPH SIPDWT IDHI HQGHI ATOS CA...... ITQ GRANDVISION ...... SOGEPARC (FIN) ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C ± ± SRDTS QSVDRV SDRS HQGHT IUQ IVPDIH IIWRDSH SDPT IHGHP PUDHS PT IUHDSS QDVV IVGHT AVENTIS...... SUDVH GROUPE ANDRE S.A...... SOMMER-ALLIBERT...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C ± ± IQHDRH VSSDQU PDTI IHGHS USDWS USDWH RWUDVU HDHU PVGHS PRDHV PS ITQDWW QDVP QHGHT AXA...... IQQDWH GASCOGNE...... SOPHIA (EX.SFI)...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C ± IPVDIH VRHDPV HDUH ISGHU QVDII QVDII PRWDWW FFFF HIGHU IIQ IPH UVUDIS TDIW PQGHR BAIL INVESTIS...... IPW GR.ZANNIER (LY) #...... SOPRA # ......

@€u˜li™iteÂA

PVVDTP FFFF V SPDRV FFFF COIL ...... RR APPLIGENE ON....

C ± RIQDWI RDQH RV QIRDVT PDHR CONSODATA #...... TQDIH R2I SANTE ......

C

± PUSSDHP HDPR QUDPH PRRDHP QDHS NOUVEAU CROSS SYSTEM .... RPH RECIF #...... SECOND

C

± THQDRV IRDVT RP PUSDSH IHDTR

CRYO INTERAC..... WP REPONSE # ...... ______

C ±

QSWDRT SDQV WDQW TIDSW IDHS

´ CYBER PRES.P ...... SRDVH REGINA RUBEN ... C C

TVDPP IHDVU QV PRWDPT SDST

MARCHE CYRANO #...... IHDRH RIGIFLEX INT...... MARCHE´

C ± URDIP QDTU ISDTH IHPDQQ VDPR DESK #...... IIDQH SAVEURS DE F .....

C QDTI IDVS ITDVH IIHDPH FFFF

DESK BS 98...... HDSS GUILLEMOT BS....d Â

wi‚g‚ihs W pi†‚si‚

C ±  UTVDIQ RDHP UIDSH RTWDHI IPDHU DEVOTEAM #...... IIUDIH SILICOMP #...... wi‚g‚ihs W pi†‚si‚

C

PTPDQV SDPT IUDQQ IIQDTV FFFF

Cours releve´sa` 17 h 35 DIOSOS...... RH SERP RECYCLA.....d

ne se le™tionF

C C ´ ` SVDWU IDHI PQS ISRIDSH TDPW DMS #...... VDWW SOI TEC SILI ...... Cours relevesa17 h 35

C QSDRP FFFF IPHDQH UVWDIP IRDSU DURAND ALLIZ .... SDRH STACI # ......

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C WUHDIT P IDIT UDTI FFFF

DURAN DUBOI..... IRUDWH STELAX ......

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

C IHIHDIU FFFF PRDSH ITHDUI IDTT DURAN DUBOIS ...d ISR SYNELEC #......

C ± ± PITDRU FFFF PT IUHDSS QDQI PVH IVQTDTV IDVP TWDUH RSUDPH HDIR ADL PARTNER...... QQ EFFIK # ...... SYSTAR NOM...... ARKOPHARMA #...

C C ± ± IHRDWS HDTQ WH SWHDQT SDHI SQ QRUDTT PDIP RVDVH QPHDII HDRI AB SOFT...... IT EGIDE # ...... TEL.RES.SERV...... ASSYSTEM # ......

C C ± STRDIP SDHI RRDWH PWRDSP QDHP PDSS ITDUQ HDQW SI QQRDSR FFFF ACCESS COMME .. VT ESKER...... TETE DS LES...... CNIM CA# ......

C ± ± PSQDSQ IDUI IPV VQWDTP HDQW QV PRWDPT UDQP QSW PQSRDVW FFFF ALGORIEL#...... QVDTS EUROFINS SCI...... THERMATECH I ... FININFO......

C C ± ± WHDRT TDHV IHDRH TVDPP HDVT SQDVH QSPDWH WDVV VQDIH SRSDIH QDIH ALPHAMEDIA...... IQDUW EURO.CARGO S..... TITUS INTERA ..... GEODIS......

C C ± VIDWW ITDII IIIS UQIQDWP IPDSI QPDRH PIPDSQ FFFF TRV RPSHDTH UDPV ALPHA MOS #...... IPDSH EUROPSTAT #...... TITUS INTER...... d M6-METROPOLE ..

C PVVTDPI FFFF IU IIIDSI FFFF RQDSH PVSDQR FFFF ISH WVQDWR TDTW ALTAMIR & CI...... RRH FABMASTER #...... d TITUS INTER...... d HERMES INTL ......

C C ± UPDRV FFFF IPV VQWDTP SDTI IWDWS IQHDVT IHDVQ TQDQH RISDPP PDHI ALTAMIR BS 9 ...... d IIDHS FI SYSTEM # ...... TITUS INTER...... RALLYE(CATHI......

C C ± QPDVH FFFF WDIH SWDTW RDHI SR QSRDPP IRDVW PSW ITWVDWQ UDRU ALDETA...... S FLOREANE MED ... TRANSGENE # ..... ALTEN # ......

C C ± VPTDSI WDSU IIU UTUDRU IDUR HDUR RDVS IDQQ IHIDIH TTQDIU FFFF ALTI #...... IPT GENERIX #...... UNION TECHNO.. FINATIS(EX.L......

C C ± ± IQTQDUQ PDVS SQ QRUDTT PDSI PRQDSH ISWUDPT IDVV WQDSH TIQDQP IDSV A NOVO...... PHUDWH GENESYS #...... VALTECH...... CEGEDIM # ......

C ± ± QIRDVT PDHP IHQ TUSDTR PIDIV PWDSH IWQDSI QDPV VI SQIDQQ FFFF ARTPRICE COM.... RV GENSET...... V CON TELEC...... FRAIKIN 2#...... d

C C C C IIDHW IDVI PWDWH IWTDIQ QDUV UQ RUVDVS VDUI IWH IPRTDQP UDSQ ASTRA ...... IDTW GL TRADE #...... VISIODENT #...... STERIA GROUP.....

C C ± ± RHDTU ISDVW IQI VSWDQH HDUT IRH WIVDQR UDPV WS TPQDIT QDPT ATN...... TDPH GROUPE D #...... WAVECOM #...... MANITOU #......

C C C ± PSSDVP QDSW IPTDQH VPVDRU WDUQ W SWDHR HDII RRH PVVTDPI QDVH AUTOMA TECH .... QW GUILLEMOT #...... WESTERN TELE.... BENETEAU CA# ....

C ± IURIDSU SDIR HDRI PDTW PDSH FFFF FFFF FFFF WU TQTDPV FFFF AVENIR TELEC...... PTSDSH GUYANOR ACTI ...... ASSUR.BQ.POP.....

C ± SPDIS T IHQDSH TUVDWP HDWT FFFF FFFF FFFF VT STRDIP FFFF BARBARA BUI...... UDWS HF COMPANY...... MANUTAN INTE...

C C ± ± ± RITDSQ PDQI UW SIVDPI PDUI IIU UTUDRU IHDWH IPDPH VHDHQ TDIS FFFF FFFF FFFF ITH IHRWDSQ IDWV BELVEDERE...... TQDSH HIGH CO...... IPSOS # ...... NATUREX ...... APRIL S.A.#(......

C C ± ± ± ISVDHW IDPQ IIH UPIDSS QDSI RV QIRDVT R VPDTH SRIDVP IPDRT FFFF FFFF FFFF IQU VWVDTT IDQQ BIODOME #...... PRDIH HOLOGRAM IND .. IT LINK ...... NETVALUE...... UNION FIN.FR .....

C C C ± IRRDQI FFFF IHDQH TUDST Q ITQ IHTWDPI UDPR RRDUW PWQDVH PDRH FFFF FFFF FFFF TS RPTDQU SDQP BOURSE DIREC .... PP IDP ...... KALISTO ENTE ..... NICOX ...... BRICORAMA #......

C C ± ± RHTDTW IDSW IDHU UDHP FFFF PQ ISHDVU PDQI SR QSRDPP IDVP FFFF FFFF FFFF WSUDSH TPVHDUW RDVU BRIME TECHNO... TP IDP BON 98 (...... d LEXIBOOK # ...... OLITEC...... JET MULTIMED....

± ± ± ± TTWDHV TDQR IUDWV IIUDWR HDII RDVH QIDRW IDVR PDUH IUDUI IDVP FFFF FFFF FFFF TS RPTDQU FFFF BVRP EX DT S...... IHP IGE + XAO...... JOLIEZ-REGOL ..... OXIS INTL RG...... ALGECO #......

C C C C ± TRDPV IDUU RW QPIDRP IDTI HDIV IDIV PH IVU IPPTDTR IHDTS FFFF FFFF FFFF PUDSI IVHDRS PDTI CAC SYSTEMES .... WDVH ILOG # ...... JOLIEZ-REGOL ..... PERFECT TECH...... HYPARLO #(LY......

C ± ± QPDVV ITRDTS QDRT IHDSH TVDVV IDRI WDUH TQDTQ IV IIVDHU FFFF FFFF FFFF FFFF THDSH QWTDVS FFFF CAST ...... PSDIH IMECOM GROUP .. LACIE GROUP ...... PHONE SYS.NE...... GROUPE BOURB ..

C C C ± ± PVPDHT PDPU IQVDIH WHSDVV PIDIR QUDRH PRSDQQ IH RWDIH QPPDHU RDRU FFFF FFFF FFFF IRT WSUDUH HDIR CEREP ...... RQ INFOSOURCES...... MEDIDEP # ...... PICOGIGA...... C.A. PARIS I......

C ± ± WVDQW FFFF QPDVH PISDIS FFFF PHH IQIIDWI RDUP QQU PPIHDSV IHDRW FFFF FFFF FFFF VPDSH SRIDIT QDHT CEREP ACT.NO.....d IS INFOSOURCE B ....d METROLOGIC G... PROSODIE # ...... L.D.C......

C C ± ± ± VDQQ WDPW ISH WVQDWR SDTQ UDSH RWDPH UDIR ISU IHPWDVS SDWW FFFF FFFF FFFF VU SUHDTV IDIR CHEMUNEX #...... IDPU INFOTEL #...... MILLE AMIS # ...... PROLOGUE SOF ...... BRIOCHE PASQ ....

C C ± ± PIUIDPP TDSH PQU ISSRDTP VDVP HDTV RDRT FFFF PDVQ IVDST VDVS FFFF FFFF FFFF PPDRH IRTDWQ IDUS COHERIS ATIX...... QQI INTEGRA NET...... MILLE AMIS B...... d PROXIDIS ...... ETAM DEVELOP ...

C C C C ± UTDHW HDRQ TH QWQDSU IIDII TDWS RSDSW HDUP IHDWH UIDSH PHDWV FFFF FFFF FFFF SU QUQDWH IDUW CMT MEDICAL ..... IIDTH INTERCALL # ...... MONDIAL PECH .. QUANTEL ...... BOIRON (LY)# ......

´ QVRDSP HVGHP PQDIS ISIDVS HUGHP

ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA SVDTP OPTALIS DYNAMIQ. C ...... Fonds communs de placements Fonds communs de placements

´ ´ SRDIH QSRDVU HVGHP IRUDVS HUGHP

ECUR. ENERGIE D PEA...... OPTALIS DYNAMIQ. D...... PPDSR ´

IPIDVV HWGHP VPDUP SRPDTI HVGHP

´ CM OPTION MODERATION . IVDSV POSTE EUROPE C......

VWWQTDQT HVGHP IQUIHDUI ´ IQSDWI HUGHP

SICAV et FCP ECUR. EXPANSION C...... OPTALIS EQUILIB. C ...... PHDUP

SPSDIT HVGHP

POSTE EUROPE D ...... VHDHT

´ PSVDQV HVGHP QWDQW ´ IPWDTP HUGHP

ECUR. EXPANSIONPLUS C.... OPTALIS EQUILIB. D...... IWDUT ` IIRSDST HVGHP

´ POSTE PREMIERE 8 ANS C... IURDTR TVDRT RRWDHU HWGHP IQWDIQ HUGHP

ECUR. INVESTIS. D PEA...... OPTALIS EXPANSION C ...... PIDPI ` IHURDHT HVGHP

´ ´ POSTE PREMIERE 8 ANS D... ITQDUR

PIHDTV IQVIDWU HVGHP

IQVDRU HUGHP EC. MONET.C/10 30/11/98...... PIDII  le™tionF ne se OPTALIS EXPANSION D...... ´ IHVIDWR HWGHP

Cours de cloˆ ture le 8 fe´vrier AMERIQUE 2000...... ITRDWR

´ ´ IPISDHW HVGHP

IVSDPR ´ ´ ´ IITDPR HUGHP EC. MONET.D/10 30/11/98...... OPTALIS SERENITE C...... IUDUP SG ASSET MANAGEMENT VIPDRU HVGHP

ASIE 2000...... IPQDVT

´ IHTQDII HWGHP

ITPDHU ´ ´ ´ IHVDST HUGHP ECUR. OBLIG. INTERNAT. .... OPTALIS SERENITE D ...... ITDSS Serveur vocal : IWSWDVH HWGHP

e NOUVELLE EUROPE...... PWVDUU

Valeurs unitaires Date ´ IUVRDWP HVGHP

´ PUPDII

RVWDTI HVGHP Emetteurs f ECUR. TRIMESTRIEL D...... PACTE SOL. LOGEM...... URDTR ´ PIPTWDPI HVGHP

SAINT-HONORE CAPITAL C . QPRPDRU 08 36 68 36 62 (2,23 F/mn)

Euros francsee cours ´ PVDPW IVSDSU HVGHP

SPHDRR HVGHP

EPARCOURT-SICAV D...... PACTE VERT T. MONDE...... UWDQR ´ PIPTWDPI HVGHP

SAINT-HONORE CAPITAL D. QPRPDRU IHIUDSW HWGHP

´ CADENCE 1 D...... ISSDIQ IQTSSDIW HVGHP

AGIPI GEOPTIM C ...... PHVIDUP ´ PIWIDQT HVGHP

ST-HONORE CONVERTIBLES QQRDHU IHIVDQU HWGHP

CADENCE 2 D...... ISSDPS

QWTUDVV HWGHP

HORIZON C...... THRDWH ´ TSDUV RQIDRW HWGHP

IHHTDTQ HWGHP

ST-HONORE FRANCE...... CADENCE 3 D...... ISQDRT

IWIDIS HVGHP

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PWDIR ´ ´ WUDTU HWGHP

PREVOYANCE ECUR. D...... IRDVW ´ ´ WRDTV TPIDHT HWGHP

QRPDRV HWGHP ST-HONORE MAR. EMER. .... INTEROBLIG C ...... SPDPI QIDRR PHTDPQ HVGHP PWWDWU HWGHP

AGIPI ACTIONS (AXA)...... FRANCIC...... RSDUQ

´ IHWHDWW HWGHP

Fonds communs de placements ITTDQP ´ TIIDRV HWGHP

ST-HONORE PACIFIQUE ...... INTERSELECTION FR. D...... WQDPP

PIIDHP HVGHP

FRANCIC PIERRE...... QPDIU

´ IVRIDQR HWGHP ´ ´ PVHDUI PRWDVS HVGHP

QVDHW ´ ´ IPRWDUQ HWGHP

ECUREUIL EQUILIBRE C...... ´ ST-HONORE TECH. MEDIA .. SELECT DEFENSIF C...... IWHDSP

SQVDRV HVGHP

3615 BNP EUROPE REGIONS...... VPDHW

´ ´ PPPHDHP HWGHP

´ QQVDRR PIQDIP HVGHP

QPDRW ´ IWPHDUU HWGHP

ECUREUIL PRUDENCE C ...... ST-HONORE VIE SANTE ...... SELECT DYNAMIQUE C ...... PWPDVP

IHSWDSH HWGHP

ASSOCIC ...... ITIDSP

´

VHTDSH HWGHP ´ ´ IPPDWS QIRDIR HVGHP RUDVW ´ ´

IPIVDWH HWGHP

ECUREUIL VITALITE C ...... ST-HONORE WORLD LEAD. . IVSDVP IIPRDSI HWGHP IUIDRQ SELECT EQUILIBRE 2...... SVUDHV HWGHP

BNP ACTIONS EURO...... AURECIC...... VWDSH

´ IPSUDPU HWGHP

SELECT PEA 3...... IWIDTU PHVDQQ IQTTDST HWGHP

PHWQDVI HWGHP

BNP ACTIONS FRANCE...... CAPITAL AVENIR...... QIWDPH Fonds communs de placements

QUUUDHU HWGHP

SG FRANCE OPPORT. C...... SUSDVI PIQDVQ IRHPDTQ HWGHP

IHPDUV TURDIW HVGHP PTUDQH HWGHP

BNP ACT. MIDCAP EURO..... CRE´DIT AGRICOLE CICAMONDE...... RHDUS WEB INTERNATIONAL ......

QSQTDSW HWGHP

SG FRANCE OPPORT. D ...... SQWDIS

TSDVQ RQIDVP HVGHP TRPDPS HWGHP

BNP ACT. MIDCAP FR...... 08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) CONVERTICIC...... WUDWI

RHIQDUR HWGHP

SOGENFRANCE C...... TIIDVW PPTDPP IRVQDWI HWGHP

SPTQDIR HWGHP BNP ACTIONS MONDE...... VHPDQT

´ EPARCIC ...... LEGAL & GENERAL BANK

SSDQW QTQDQQ HVGHP

QTITDWS HWGHP

ATOUT AMERIQUE ...... SOGENFRANCE D...... SSIDRH PTVDSR IUTIDSI HWGHP

QVPQDIV HWGHP

BNP ACTIONS PEA EURO..... EUROCIC LEADERS...... SVPDVR

QHDIP IWUDSU HVGHP

TTTDTS HWGHP

´ ATOUT ASIE...... SOGEOBLIG C...... IHIDTQ QRDTI PPUDHQ HWGHP

WRQTDPH HWGHP

BNP EP. PATRIMOINE...... MENSUELCIC...... IRQVDSR ´ PWTDHT IWRPDHQ HWGHP

RIWTDPP HVGHP

TQWDUI SECURITAUX ...... ´ PWHDUP HWGHP

´ ATOUT CROISSANCE...... SOGEPARGNE D...... RRDQP RIDPR PUHDSP HWGHP

RRPQDQI HWGHP

BNP EPARGNE RETRAITE .... OBLICIC MONDIAL...... TURDQQ ´ PUUDPR IVIVDSV HVGHP

PIUWDTI HVGHP

QQPDPV STRATEGIE IND. EUROPE ....

IWPPDIS HWGHP

´ ATOUT FONCIER...... SOGEPEA EUROPE...... PWQDHQ

ISPTHDWI HWGHP

BNP MONE COURT TERME . PQPTDSI ´ IIRQDUQ HVGHP

OBLICIC REGIONS...... IURDQT ´ QPSDTP PIQSDWQ HVGHP

ITWHDIR HVGHP

PSUDTT STRATEGIE RENDEMENT ....

UIRDWQ HWGHP

´ ATOUT FRANCE EUROPE ..... SOGINTER C...... IHVDWW SUTUDWT HWGHP

BNP MONETAIRE C...... VUWDQP ISSDWP HVGHP

RENTACIC...... PQDUU

RHUDTV HVGHP

´ ATOUT FRANCE MONDE...... TPDIS SPQIDIW HWGHP

BNP MONETAIRE D ...... UWUDRW PRIPDPV HWGHP

SECURICIC...... QTUDUS Fonds communs de placements

IURQDQR HVGHP

´ ATOUT FUTUR C ...... PTSDUU Sicav Info Poste : VRHTQDIP HWGHP

IPVISDQR ´ ISSDRT HVGHP BNP MONE PLACEMENT C.. PQDUH PIRPDTP HWGHP

SECURICIC D ...... QPTDTR DECLIC ACTIONS EURO......

ITIRDRR HVGHP

´ ATOUT FUTUR D...... PRTDIP 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) USQRSDRS HWGHP

IIRVTDQR ´ RRQDTW HVGHP

BNP MONE PLACEMENT D.. TUDTR

´ DECLIC ACTIONS FRANC ..... VSVDSP HVGHP

IQHDVV ´ IWWDTI HVGHP

´ ´ ´ ATOUT SELECTION ...... AMPLITUDE AMERIQUE C ... QHDRQ IISTTDRW HWGHP

IUTQDQH ´ QSSDSQ HVGHP

BNP MONE SECURITE ...... DECLIC ACTIONS INTER...... SRDPH

PHUVDHU HVGHP

QITDVH ´ IWUDUU HVGHP

´ ´ COEXIS ...... AMPLITUDE AMERIQUE D... QHDIS WSPQWUDHW HWGHP

IRSIWPDHH ´ RIIDPP HVGHP

BNP MONE TRESORIE ...... TPDTW

` DECLIC BOURSE PEA ...... SIUDPH QQWPDTI HVGHP

QIUDQS HWGHP

DIEZE ...... AMPLITUDE EUROPE C...... RVDQV

IHVRDUT HWGHP

ITSDQU ´ ´ IPPDIR HVGHP

BNP OBLIG. CT ...... ´ IVDTP IQWHDUT HWGHP

EURCO SOLIDARITE ...... PIPDHP DECLIC BOURSE EQUILIBRE

TWTDTI RSTWDRT HVGHP

QIHDHI HWGHP

EURODYN...... AMPLITUDE EUROPE D ...... RUDPT

PPQDSS HWGHP

QRDHV ´ IHVDVP HVGHP

BNP OBLIG. LT...... ITDSW THTQDVH HWGHP

LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WPRDRP DECLIC OBLIG. EUROPE......

IHIHDQH HUGHP

INDICIA EUROLAND...... ISRDHP PIWTDVH HVGHP

AMPLITUDE MONDE C...... QQRDWH

IIWSDTV HWGHP IVPDPV ´

ITIDSH HVGHP

BNP OBLIG. MONDE...... PRDTP SRIHDHU HWGHP

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VPRDUT DECLIC PEA EUROPE ......

QTHRDPP HUGHP

INDICIA FRANCE...... SRWDRT

PHIPDPV HVGHP

AMPLITUDE MONDE D ...... QHTDUU

WPHDUU HWGHP

IRHDQU ´ SPRDPR HVGHP

BNP OBLIG. MT C...... UWDWP IRWRDHU HWGHP

SICAV 5000 ...... PPUDUU DECLIC SOGENFR. TEMPO ..

IVVTDTH HVGHP

INDOCAM CONVERT. C...... PVUDTI

IWPDUW HVGHP

AMPLITUDE PACIFIQUE C ... PWDQW

IQIDQH VTIDPU HWGHP

FFFF FFFF

BNP OBLIG. MT D...... FFFF PTSPDHQ HWGHP

SLIVAFRANCE ...... RHRDQH ......

ITTUDVR HVGHP

INDOCAM CONVERT. D ...... PSRDPT IVWDWU HVGHP

AMPLITUDE PACIFIQUE D... PVDWT

ITIDQH IHSVDHT HWGHP

FFFF FFFF

BNP OBLIG. REVENUS ...... FFFF PTIDUW HWGHP

SLIVARENTE ...... QWDWI

IUWPVDRW HUGHP

INDOCAM EUR. NOUV...... PUQQDIV ´ QVVDQQ HVGHP

ELANCIEL FRANCE D PEA.... SWDPH

ITUDRT IHWVDRU HWGHP

FFFF FFFF

BNP OBLIG. SPREADS...... FFFF

IRHWDWV HWGHP

SLIVINTER ...... PIRDWS

IPPQDTP HVGHP

INDOCAM HOR. EUR. C ...... IVTDSR ´ WRRDWI HVGHP

´ ELANCIEL EURO D PEA...... IRRDHS IVIWDTW IIWQTDQV HWGHP

FFFF FFFF

BNP OBLIG. TRESOR...... FFFF

RVUHDRP HWGHP

TRILION...... URPDRW

IHUWDWU HVGHP

INDOCAM HOR. EUR. D...... ITRDTR ´ QHQDHS HVGHP

EMERGENCE E.POST.D PEA. RTDPH

IQTDII VWPDVP HWGHP FFFF FFFF

BNP SECT. IMMOBILIER ...... FFFF

WWUDWU HVGHP

INDOCAM MULTI OBLIG...... ISPDIR ´ TWSDHS HVGHP

Fonds communs de placements GEOBILYS C ...... IHSDWT

FFFF FFFF

...... FFFF

SHDUP QQPDUH HVGHP

ISRPDRV HWGHP

INDOCAM ORIENT C...... PQSDIS ´ TRTDSV HVGHP

ACTILION DYNAMIQUE C * . GEOBILYS D...... WVDSU

FFFF FFFF

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT ...... FFFF

PWTDUS HVGHP

INDOCAM ORIENT D ...... RSDPR PQIDRH ISIUDVV HWGHP

IPTDRU HVGHP

ACTILION DYNAMIQUE D *. INTENSYS C...... IWDPV FFFF FFFF

...... FFFF

ITQUDUQ HVGHP

INDOCAM UNIJAPON...... PRWDTU ´ PHPDHI IQPSDIH HWGHP

IIPDUT HVGHP

´ ACTILION EQUILIBRE C * .... INTENSYS D...... IUDIW RPTDUR PUWWDPQ HVGHP FFFF FFFF

BP NOUVELLE ECONOMIE...... FFFF

PHRIDTU HVGHP

INDOCAM STR. 5-7 C ...... QIIDPS ´ IWVDIQ IPWWDTS HWGHP

IUSRDWS HVGHP

FFACTILION EQUILIBRE D... KALEıS DYNAMISME C...... PTUDSR QHWDRI HVGHP RUDIU ¨ FFFF FFFF

BP OBLIG. EUROPE...... FFFF

IQRPDVI HVGHP

INDOCAM STR. 5-7 D...... PHRDUI ´ PHUDWU IQTRDIW HWGHP

IUIWDUP HVGHP

´ ´ ACTILION PEA EQUILIBRE... KALEIS DYNAMISME D ...... PTPDIU WSTITDIQ TPUPHHDUH HWGHP

FFFF FFFF

BP SECURITE ...... ´ ...... FFFF IHPHSDIP HUGHP

MONEDYN ...... ISSSDUT

IISWDRH HWGHP IUTDUS ´ IQWUDHT HVGHP

ACTILION PRUDENCE C *.... KALEıSEQUILIBRE C...... PIPDWV WTPDQS HVGHP IRTDUI ¨

FFFF FFFF

FRUCTI EURO 50...... ´ ...... FFFF IPTUTDVW HWGHP

MONE.J C ...... IWQPDSV

IIQTDRS HWGHP IUQDPS ´ IQTPDVP HVGHP

ACTILION PRUDENCE D * ... KALEIS EQUILIBRE D ...... PHUDUT IHWDWT UPIDPW HWGHP

FFFF FFFF

FRUCTIFRANCE C ...... ´ ...... FFFF IIRVVDUT HWGHP

MONE.J D...... IUSIDRS

IQVTDUT HWGHP

PIIDRI ´ ´ ´ IPRIDWW HVGHP

INTERLION...... KALEı¨SSERENITE C...... IVWDQR

FFFF FFFF

...... FFFF

SWQDPS HVGHP

www.cdc-assetmanagement.com OBLIFUTUR C...... WHDRR

VRSDVT HWGHP IPVDWS ´ ´ ´ IPHVDTU HVGHP

LION ACTION EURO...... KALEIS SERENITE D...... IVRDPT

FFFF FFFF

...... FFFF

SPUDSW HVGHP

OBLIFUTUR D ...... VHDRQ

IPWDIV VRUDQU HWGHP ISVDHW HVGHP

LION PEA EURO...... LATITUDE C...... PRDIH

FFFF FFFF

...... FFFF

IRTTDPH HVGHP

ORACTION ...... PPQDSP

IQUDTW HVGHP

LATITUDE D...... PHDWW

FFFF FFFF

...... FFFF

IIIHDVH HVGHP

REVENU-VERT ...... ITWDQR

IHPDRT TUPDHW HVGHP

ISVIDWI HVGHP PRIDIT OBLITYS D ...... FFFF FFFF

LIVRET B. INV.D PEA...... FFFF

IQPDSU HUGHP

INDICIA MEDIAN ...... PHDPI ´ QRWDRQ HVGHP

PLENITUDE D PEA...... SQDPU

FFFF FFFF

´ ...... FFFF IWWUSDWW HVGHP

SYNTHESIS...... QHRSDQP

QHDPH IWVDIH HWGHP

ISWWRDPH HVGHP

MULTI-PROMOTEURS CM EURO PEA ...... POSTE GESTION C...... PRQVDQH FFFF FFFF

...... FFFF

RVRDRP HVGHP

UNIVERS ACTIONS...... UQDVS

RVDSR QIVDRH HWGHP IRWSVDUU HVGHP

´ CM FRANCE ACTIONS...... PPVHDRS PWWWDRQ HVGHP

RSUDPT POSTE GESTION D...... FFFF FFFF

NORD SUD DEVELOP. C...... ´ ...... FFFF IIWTDIR HWGHP

MONE ASSOCIATIONS...... IVPDQS

PUTDVV HWGHP RPDPI ` RQSRPDRQ HVGHP

´ CM MID. ACT. FRANCE...... TTQV PSSPDHU HVGHP

QVWDHT POSTE PREMIERE SI ...... FFFF FFFF

NORD SUD DEVELOP. D ...... FFFF

IQIWDPT HWGHP

UNIVAR C ...... PHIDIP

PUVTDPR HWGHP RPRDUT ` PSUQQPDHH HVGHP

CM MONDE ACTIONS ...... POSTE PREMIERE 1 AN...... QWPQHDHI FFFF FFFF

...... FFFF

IPHUDTV HWGHP

Sicav en ligne : UNIVAR D...... IVRDII

TRVDWR HWGHP WVDWQ ` SRSIWDRI HVGHP

CM OBLIG. LONG TERME.... VQIIDRQ FFFF FFFF

POSTE PREMIERE 2-3...... FFFF

PRRDHV HVGHP

08 36 68 09 00 (2,23 F/mn) UNIVERS-OBLIGATIONS...... QUDPI QVDRT PSPDPV HWGHP SHWUDRR HVGHP CM OPTION DYNAM...... REVENUS TRIMESTR. D ...... UUUDIH

´ QTHDVR HWGHP ´ SSDHI ´ RPIDUI HWGHP ITWDSR IIIPDII HVGHP

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´ PTQDRQ HVGHP PVDVS IVWDPR HRGHP ITHDWH IHSSDRQ HWGHP QSUDHR PQRPDHQ HVGHP ECUR. CAPITALISATION C.... RHDIT MASTER OBLIGATIONS...... CM OBLIG. QUATRE ...... SOLSTICE D ...... LeMonde Job: WMQ1102--0024-0 WAS LMQ1102-24 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 09:06 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0440 Lcp: 700 CMYK

24 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000

SCIENCES Bill Clinton vient hausse de 84 % des budgets de re- dont les moteurs cellulaires sont de des molécules ou contracter les des tumeurs. b DE NOUVEAUX OU- d’annoncer une « initiative natio- cherche consacrés à ce secteur. b IL fascinants représentants. b OMNI- muscles. Sans eux, pas de division TILS permettent d’observer et de nale sur les nanotechnologies » qui, S’AGIT de repousser les limites des PRÉSENTS dans le monde vivant, ces cellulaire possible. On espère donc manipuler ce qui pourrait, dans un si elle est acceptée par le Congrès puces de silicium, mais aussi d’ex- moteurs servent aussi bien à mou- apprendre à les bloquer sélective- futur lointain, constituer les élé- américain, se traduira par une plorer l’univers des nanomachines, voir des cellules qu’à transporter ment pour stopper la prolifération ments d’usines microscopiques. Les moteurs du vivant commencent à livrer leurs secrets Une multitude de « machines » minuscules animent les cellules. Linéaires ou rotatives, parfois constituées d’une seule molécule, elles contractent les muscles, fabriquent ou transportent les protéines. Un territoire nouveau que physiciens, chimistes et biologistes défrichent de concert JUIN 1999. Face au Congrès amé- lules, Sans eux, elles ne pourraient ment de physique de l’université ricain, le Prix Nobel de chimie fonctionner, ou même se diviser. Et Les machines de l’infiniment petit Keio de Yokohama ont, pour la 1996, Richard Smalley, rendu dans le cas du cancer, le blocage de première fois au monde, fait la dé- chauve par une chimiothérapie, se ces moteurs pourrait empêcher BIOCHIMIE MÉCANIQUE Le monde de l'infiniment petit monstration de l’existence d’une livre à un éloquent plaidoyer pour spécifiquement la réplication et la est peuplé de machines qui ont telle machine dont le diamètre ne les nanotechnologies. « Il y a vingt prolifération des cellules malades. VUE DE PROFIL la taille d'une molécule. La vie dépasse pas les 10 nanomètres des cellules de notre organisme est ans, en l’absence de cette thérapie « La vie des cellules est rythmée par Filament fluorescent greffé (millionièmes de millimètre). Com- grossière [la chimiothérapie], je se- ces machines, confirme Jacques rythmée par ces minuscules mo- ment une telle chose est-elle pos- rais déjà mort. Mais dans vingt ans, Prost, physicien théorique à l’Insti- teurs linéaires ou rotatifs que les sible ? 1 chercheurs aimeraient savoir re- avance-t-il, je suis sûr que nous tut Curie. Elles transportent les neu- produire pour les utiliser à des n’aurons plus à utiliser cet outil rudi- rotransmetteurs d’un bout à l’autre fins médicales ou électroniques. MOINS LENTEMENT QUE PRÉVU mentaire. » Les nanotechnologies des cellules nerveuses, elles per- Certains de ces moteurs linéaires A cette échelle, il n’est pas ques- offriront alors des « missiles » mi- mettent aux muscles de se contrac- marchent comme le ferait une per- tion de fraiser ou d’usiner des croscopiques capables de cibler les ter, elles pincent et séparent les chro- Enzyme sonne qui passe de pierre en pierre pièces, mais plus simplement de F1-ATPase pour traverser une flaque. D'autres cellules cancéreuses. mosomes. » Ces moteurs, présents (moteur prendre une molécule sur laquelle Son appel à développer ces tech- dans toutes les cellules, rotatif) sont capables de tourner sur eux- on avait quelques soupçons, la F1- niques a été entendu. La Maison commencent tout juste à livrer 2 mêmes à grande vitesse (1). Il s'agit ATPase. Le mérite de Kinoshita et d'une molécule d'enzyme, la F1- Blanche a lancé le 21 janvier une leurs secrets. de son équipe est d’avoir su fixer à 10 millionièmes de mm ATPase sur laquelle une équipe ja- Les mécanos qui s’y intéressent ponaise a réussi à greffer un petit fi- cet engin un petit filament fluo- – des physiciens et des chimistes VUE DE DESSUS lament permettant d'observer sa rescent d’actine dont la rotation tout autant que des biologistes – rotation. rapide a pu ête détectée ensuite distinguent moteurs linéaires et ro- D'autres équipes tentent de mani- par un système vidéo. « C’est un tatifs. Les premiers sont les plus puler directement des atomes avec travail superbe », s’exclame Jacques nombreux, répartis en trois des microscopes spéciaux pour fa- Prost, repris par Christian Joachim, grandes familles : les kinésines, les briquer directement des machines du Cemes/CNRS (Toulouse), qui myosines et les dynéines. Le corps plus petites. Les chercheurs d'IBM ajoute que « nombreux sont ceux ont ainsi réussi en déplaçant des le humain abriterait une cinquan- qui veulent refaire cette magnifique atomes de fer à dessiner l'idéo- taine de kinésines différentes, le vi- gramme désignant le mot atome expérience ». vant recèle plus de quatre cents en japonais (2). Ceux de l'Institute Ainsi, une équipe de la Cornell myosines réparties en douze for Molecular Manufacturing ont si- University conduite par Carlo formes principales, tandis que la mulé la création d'un ensemble Montemagno tente aujourd’hui dynéine, plus grosse et moins bien 3 mobile fait de 2 596 atomes (3). d’aller plus loin et de fabriquer une connue, sert à propulser les Infographie : Le Monde • Sources : Scientific American - IBM - Institute for Molecular Manufacturing telle machine fixée à un support de cellules pourvues de flagelles. nickel. A en croire la publication « initiative nationale sur les nano- billes sur des kinésines pour mesu- progresser le long de microtu- « Nous avions prédit l’existence d’os- d’une information parue dans la technologies » qui doit se traduire, 3,6 MILLIMÈTRES/HEURE rer leur capacité de traction. bules ! cillations spontanées qui peuvent revue Nanotechnology datée de si le Congrès suit Bill Clinton, par La kinésine est probablement le A sa suite, certains, comme Viola Les myosines ne sont pas moins correspondre aux battements d’ailes septembre 1999, ce dispositif aurait une hausse de 84 % des fonds al- plus curieux de ces moteurs. Vogel (université de Washington), intéressantes. Elles interviennent chez les guêpes et les abeilles ou à fonctionné après avoir été plongé loués à ce secteur dans le budget Constitué de deux « jambes » et imaginent déjà de construire des notamment dans les cellules mus- celui de flagelles », indique-t-il. dans un bain d’ATP, substance qui 2001. Au total, les agences fédé- d’une double tête à laquelle s’ac- circuits ferroviaires qui permet- culaires. Constituées d’un filament Signe de la prodigieuse unité du vi- est au vivant ce que l’essence ou rales américaines se partageraient croche une vésicule contenant les traient la livraison de molécules. torsadé, elles comportent deux vant, ces oscillations ont été obser- l’électricité est aux moteurs. 497 millions de dollars (500 mil- produits qu’elle transporte, cette « Ce moteur marche comme le ferait têtes bulbeuses, qui viennent au vées sur les cellules musculaires Prudent, Carlo Montemagno rap- lions d’euros), contre 270 millions molécule se déplace pas à pas le une personne passant de pierre en contact de filaments d’actine, des provenant de dos de lapin... pelle qu’il y a encore beaucoup à en 2000. long de structures filamentaires pierre pour traverser une mare », molécules que certains comparent faire avant de penser à des applica- Une grande partie de cette qui sont comme autant de lignes note Ronald Vale, de l’université aux os de la cellule. En se repliant, ET EN PLUS, ÇA TOURNE ! tions, mais, parodiant Neil Arms- somme servira à explorer l’après- de chemin de fer dans les cellules. de Californie (San Francisco), dont ces bulbes entraînent le déplace- Si la nature est une grande spé- trong, il souligne que, « pour une silicium – les industriels prévoient Elle voyage à la vitesse de 3,6 milli- l’équipe vient de décrire finement ment de l’actine, ce qui peut aussi cialiste du moteur linéaire, elle n’a technologie qui n’était pas censée que les capacités des puces infor- mètres/heure, par pas successifs de le processus de déplacement dans bien permettre la contraction pas oublié non plus de prospecter produire d’application utile avant matiques toucheront leur limites 8 millionièmes de millimètre, la revue Nature (16 décembre d’une cellule musculaire que la le domaine des moteurs rotatifs 2050, un sacré petit pas a déjà été dans dix à quinze ans. Mais cette comme l’a montré Steven Block 1999). Mais les choses ne sont reptation d’un globule blanc ou qui, dans notre monde macrosco- franchi ». manne permettra aussi d’étudier (université Stanford), un des peut-être pas si simples : on a ob- d’une amibe. Pour Jacques Prost, le pique, sont l’apanage de l’indus- les différents moteurs moléculaires « papes » du domaine, qui c’est dé- servé des kinésines, dotées d’une comportement collectif des myo- trie. En 1998, le Japonais Kazuhiko Jean-François Augereau qui agissent au cœur de nos cel- jà amusé à accrocher de petites seule jambe, pourtant capables de sines recèle bien des surprises. Kinosita et son équipe du départe- et Hervé Morin Des « constructeurs » spécialisés Babar en apnée sur la « planète molle » « FIXEZ le harnais de vos bouteilles et plon- macromolécules de 10 à 20 nanomètres, mille que leur rendement, proche de un, est opti- gez. » Invitant ses lecteurs à le suivre dans sa fois plus petits, ou des petits rotors d’un na- mal. A l’échelle des rotors moléculaires, on dans les toutes petites cylindrées classique Visite guidée de la cellule vivante nomètre de diamètre, un domaine qui relève rencontre d’autres phénomènes. « Ces rotors AUX GROSSES CYLINDRÉES lumière ultra-violette, effectue un (Belin), le Prix Nobel de médecine (1974) plus de la physicochimie. ont une masse d’un centième de milliardième que sont les machines cellulaires, tour complet tandis que le second Christian de Duve leur rappelait que « les de milliardième de gramme, et leur énergie ci- certains, comme Christian Joachim tourne de 120 degrés sous l’action cellules vivantes vivent dans un monde aqua- UNE ATMOSPHÈRE DE CHEWING-GUM nétique est quasiment négligeable, précise (Cemes-CNRS) et James Gimzew- d’une stimulation chimique. On tique » et qu’à l’intérieur tout baigne dans « Les moteurs de silicium ont très peu d’iner- Christian Joachim. Est-ce que ça a un sens de ski (IBM, Zurich), préfèrent des croit rêver. A cette nuance près une gelée informe, le cytosol. Les spécialistes tie, précise-t-il, ce qui pose problème lors- parler de travail fourni ? » Il faut imaginer un moteurs plus petits encore. Ce que ces deux équipes ne travaillent des moteurs moléculaires savent que si la qu’on veut changer de palier. » Cependant, ils environnement « où tout bouge dans tous les monde-là est un monde véritable- pas sur des moteurs uniques mais physique qui régit ces mondes n’est pas à fonctionnent dans l’air, et dépendent géné- sens » et où les vibrations des atomes de sur- ment nanométrique où l’étalon de sur des soupes de millions, sinon proprement parler différente de la nôtre, les ralement pour leur alimentation de l’électri- face (où est deposé le rotor) n’ont rien de né- mesure est l’angström : soit le dix de milliards, de moteurs dont elles comparaisons (rendement, force) avec les cité, comme les moteurs classiques. Ce qui gligeable. millionième de millimètre. Cela étudient statistiquement les mou- moteurs classiques sont parfois malaisées. n’est plus le cas des moteurs biologiques, qui Aussi certains rotors, qui fonctionnent à explique peut-être que les candi- vements. Christian Joachim, du Centre d’élaboration « tournent » à l’ATP (adénosine triphos- température ambiante, ne tournent plus à dats moteurs soient si peu nom- Plus près de nous, James Gim- des matériaux et d’études structurales de phate), dans une soupe à la viscosité proche très basse température, lorque les vibrations breux. Le mécanisme du premier zewski et Christian Joachim ont Toulouse, distingue trois échelles, selon de celle du chewing-gum. « C’est Babar sur la sont moindres. Et d’autres types d’interac- observé par Wilson Ho (Cornell observé sur un substrat métallique qu’on s’intéresse aux moteurs de silicium, planète molle : un monde où les gens s’en- tions, chimiques ou électriques, relèguent au University) est dû au mouvement sur lequel était déposé une fine dont les plus petits modèles actuels me- gluent », plaisante Christian Joachim. Mais second plan les effets de la gravité, omnipré- pas à pas d’une molécule d’oxy- couche de molécules que des na- surent de 20 à 30 microns (millièmes de mil- les moteurs moléculaires sont parfaitement sente dans notre macromonde. gène fixée à la surface d’un subs- nomoteurs pouvaient exister là où limètres), des moteurs biologiques, tels que adaptés à cet environnement. Les physiciens trat adsorbant. il y avait des défauts dans l’empile- les myosines ou les kinésines, constitués de ont même montré que c’est dans ce milieu H. M. Le simple fait d’approcher la ment de la couche. Si, écrivaient- pointe d’un microsocope à effet ils en juillet 1998 dans la revue tunnel de cette molécule suffit à la Science, une molécule identique à « chauffer » et à lui donner la ca- celle du substrat est mal engagée Des instruments pour explorer le nanomonde pacité d’occuper un des trois sites dans une des ces cavités, alors elle qui lui sont offerts. Elle pivote ain- peut tourner, l’ensemble se LE PRIX NOBEL de physique Ri- l’échantillon sont ainsi repérés et et mesuré la vitesse à laquelle un chercheurs ont observé des sauts si d’un angle de 120 degrés, comportant comme un rotor mo- chard Feynman se demandait en révélés sur l’écran de l’appareil, brin d’ADN s’y glissait comme un successifs dans l’intensité de la comme pourrait le faire un mo- léculaire à six pales. 1959 si l’homme serait capable, comme autant de petites « mon- serpent qui se tortillerait dans un force qui lui était appliquée. Il en teur. Malheureusement pour les Mais là encore, ce processus est « dans un futur lointain », d’organi- tagnes ». cerceau. Il a pu, de cette manière, ont déduit que la titine se présente chercheurs, ce mouvement est to- aléatoire. Quand bien même on ser les atomes à son gré. Rêve fou. Pour explorer les échantillons déduire la force de friction subie sous la forme d’une corde compor- talement aléatoire, ce qui suppose, saurait produire à l’unité de tels Pourtant, en 1989, deux ans seule- non conducteurs et, en particulier, par l’ADN au cours de ce déplace- tant des grappes de nœuds qui se insiste Christian Joachim, que l’on nanomoteurs, prévient Anthony ment après sa mort, des chercheurs la matière biologique, les cher- ment qui, dans la cellule, constitue dénouent un à un quand on tire maîtrise mieux, pour aller plus Davis (Trinity College, Dublin), il d’IBM (Almaden, Californie) parve- cheurs utilisent un autre type d’ap- le premier stade de la construction dessus. loin, les capacités de l’effet tunnel resterait encore à savoir intégrer naient à écrire le logo de leur pareil, le microscope à force ato- d’une nouvelle protéine. Deux autres groupes ont effec- ou au contraire que l’on construise ces moteurs moléculaires à des na- compagnie à l’aide de 35 atomes de mique (Atomic-force microscope, tué le même type de mesure sur des molécules adaptées. nodispositifs utilisables. « Ce que xénon. ou AFM) qui fonctionne selon un TIRONS SUR LA TITINE des molécules de titine en les éti- démontrent ces travaux, c’est que Comment cela a-t-il été pos- principe similaire. Seule diffé- A l’université de Munich, Her- rant à l’aide de « brucelles de lu- PAS ENCORE D’AUTOROUTE l’ingénierie à l’échelle moléculaire sible ? En utilisant le tout dernier rence : il enregistre les forces de ré- mann Gaub et son équipe ont, mière ». Aussi impalpable qu’elle D’autres travaux dans ce do- [et les rêves qu’elle peut susciter] microscope inventé pour sonder le pulsion ou d’attraction entre la pour leur part, mesuré la force né- puisse paraître, la lumière est ca- maine stimulent l’appétit des cher- progresse lentement vers une cer- monde atomique : le microscope à pointe et la surface de l’échantillon. cessaire pour déplier une molécule pable, en effet, d’immobiliser des cheurs. Récemment, deux équipes, taine réalité. » La création d’une effet tunnel (Scanning tunnelling Ce sont ces mêmes forces qui sont élastique appelée titine. Dans le objets microscopiques qui, englués l’une nippo-néerlandaise (univer- boîte à outils riche de pièces molé- microscope, ou STM). Un curieux utilisées pour manipuler atomes et muscle, les brins de titine relient les dans une « mélasse optique » sité de Tohoku, université de Gro- culaires pouvant être assemblées objet qui explore l’infiniment petit molécules. Toutes ces propriétés filaments de myosine qui s’écartent constituée par les photons à l’inter- ningen), conduite par Nagatoshi comme cela se fait, par exemple, au moyen d’une minuscule aiguille ont permis la réalisation d’expé- quand le muscle se relâche ou, section de deux ou trois faisceaux Koumura et Robert Zijltra, et dans l’industrie automobile n’est métallique dont l’extrémité a la riences spectaculaires en électro- quand il est trop étiré, agissent lasers, peuvent être déplacés avec l’autre américaine (Boston Col- donc pas pour demain. Pour Chris- taille de quelques atomes. Prome- nique atomique et en biologie mo- comme des tendeurs pour préser- une très grande précision. lege, Chestnut Hill, Massachu- tian Joachim, « on a commencé à née à une distance de quelques léculaire pour élucider le ver son intégrité. Gaub a trempé setts), dirigée par Roos Kelly, ont tracer des chemins. Mais on est en- atomes seulement de la surface à fonctionnement des moteurs cellu- une pointe d’AFM sur une plaque Philip Ball présenté dans la revue Nature core loin de pouvoir construire des explorer, cette pointe enregistre laires. d’or enduite de titine. L’extrémité deux minuscules moteurs de la autoroutes ». des variations électriques qui sont Carlos Bustamente (université de d’une molécule de titine s’est collée ૽ Page réalisée par les rédactions taille d’une molécule. Le premier, fonction du relief qu’elle survole. l’Oregon) a ainsi fixé une enzyme à la pointe, l’autre restant fixée à la du Monde, d’El Pais et de la revue lorsqu’il est soumis à un flash de J.-F. A. et H. M. Les atomes présents à la surface de (ARN polymérase) sur une surface plaque. En tirant sur la pointe, les scientifique internationale Nature. LeMonde Job: WMQ1102--0025-0 WAS LMQ1102-25 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 09:57 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0441 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 25

A l’Open Gaz de France, Julie Halard vit à fond Le rugby français soumis l’âge d’or du tennis féminin au suivi longitudinal La Française s’est qualifiée pour les quarts de finale L’obligation d’un contrôle biologique Les deux premiers tours de l’Open Gaz de France quarts de finale aux dépens de sa compatriote seizièmes de finale. Les joueuses françaises, ani- se précise pour les joueurs ont été favorables aux Françaises. Julie Halard Laurence Andretto (7-5, 7-6 [7-1]). Amélie Mau- mées par une même ambition, entendent, dé- s’est qualifiée, mercredi 9 février, pour les resmo et Sarah Pitkowski ont passé le cap des sormais, être respectées par leur fédération. des vingt-quatre clubs de l’Elite PARIS, sa tour Eiffel et son Open toutes les ambitions. Elle pense à la LA MISE EN PLACE d’un suivi cette échéance, l’ensemble du Gaz de France. Chaque année de- Fed Cup, l’équivalent féminin de la médical longitudinal pour l’en- groupe France – soit trente puis 1993, ce tournoi prend de plus Coupe Davis : « Nous pouvons la ga- semble des joueurs français de joueurs au total – a donc réalisé en plus d’ampleur au gré du déve- gner ensemble, nous avons l’équipe rugby se précise. « Une réunion trois bilans sanguins (en mai, en loppement du tennis féminin, en pour cela. » finale de programmation et de août et en septembre). France comme dans le monde. Res- Fortes de leurs performances, les mise au point des examens et de Dans la foulée, compte tenu té à la limite du confidentiel à la fin Françaises se sont également dé- leurs contenus aura lieu le 11 fé- des exigences croissantes aux- des années 90, ce rendez-vous est couvert un poids « politique » au vrier, avec des médecins de clubs, quelles sont soumis les joueurs devenu très couru en 1999 à la fa- cours des derniers mois. En no- des physiologistes et des biolo- avec le professionnalisme et des veur de l’avènement d’Amélie Mau- vembre, elles avaient poussé un gistes », indique le docteur Jean- risques de dérive associés, le rug- resmo, alors finaliste à Paris : un vé- coup de gueule dans la presse, fusti- Claude Peyrin, président de la by n’a pas souhaité en rester au ritable électrochoc qui a convaincu geant les dirigeants de la Fédération commission médicale de la Ligue seul niveau des internationaux le public encore réticent. française de tennis (FFT) pour ne nationale de rugby (LNR). en matière de prévention du do- Mercredi 9 février, pour sa pas avoir envoyé de représentants Le cadre ainsi défini pour ces page. La Ligue nationale a fait deuxième journée, l’Open Gaz de aux Masters féminins, où six d’entre examens sanguins, dont la voca- savoir qu’elle entendait étendre France affichait complet. Le menu y elles étaient sélectionnées, dont tion est de prévenir d’éventuelles ce suivi médical aux joueurs des était savoureux, avec à l’affiche cinq en simple sur les seize joueuses pratiques dopantes, devrait en- vingt-quatre clubs de l’Elite na- l’Américaine Serena Williams, la en lice, un fait historique dans l’his- suite faire l’objet d’une adoption tionale (Le Monde du 3 novembre Suissesse Patty Schnyder et une ky- toire du tennis français hommes et en commission plénière de la 1999). Avec, pour modèle, le sui- rielle de Françaises parmi lesquelles femmes confondus. « Seule Fran- Ligue nationale. Probablement vi pratiqué depuis début 1999 par Amélie Mauresmo qui a disposé de çoise Durr était venue, parce qu’elle fin mars, ou début avril. Restera les groupes sportifs profession- Ruxandra Dragomir, Sandrine Tes- avait beaucoup insisté », rappelle Ju- aussi à s’entendre sur les modali- nels en cyclisme. tud qui a été éliminée par l’Alle- lie Halard. tés de financement. L’objectif de mande Anke Huber, Sarah Pitkow- Devant la colère des joueuses, la la Ligue est que ce suivi médical UN SUIVI OBLIGATOIRE ski victorieuse de l’Espagnole FFT a promis plus d’assiduité et dit longitudinal – parce que l’on Le projet a été présenté le Magui Serna ou encore Julie Ha- l’adoption d’un comportement réalise plusieurs prises de sang 2 décembre aux médecins des lard, qui a battu sa compatriote somme toute normal au vu des ré- chaque année – s’applique aux clubs. Ceux-ci ont donné leur ac- Laurence Andretto au terme d’un sultats des joueuses. La fédération joueurs évoluant au sein des cord pour qu’un suivi biologique JACQUES DEMARTHON/AFP match superbe de près de Julie Halard affiche clairement ses ambitions. devrait, en effet, s’habituer à la pré- vingt-quatre clubs de l’Elite au soit obligatoire et qu’il soit éga- deux heures. sence des Françaises dans les cours de la prochaine saison. lement à la charge des clubs. sont entrées directement dans le ta- Hénin, âgée de dix-sept ans. Elles grands événements. Outre la Fed Le déploiement dans le rugby Avec l’appui de Gérard Dine, le QUATRE FRANÇAISES bleau sans passer par les qualifica- sont aujourd’hui quatre Françaises Cup, celles-ci sont très attendues français de ce suivi biologique a directeur de l’Institut biotechno- Outre le spectacle de choix offert tions ou sans obtenir une invitation. parmi les dix meilleures mondiales, aux Jeux olympiques de Sydney en réalité débuté dès l’année logique de Troyes, maître par Serena Williams au tennis futu- D’ailleurs, cette année, deux des la meilleure représentation natio- en septembre. La France devrait y dernière. Dans la mesure où il ne d’œuvre du suivi longitudinal riste et spectaculaire, le tournoi de trois wild-cards, plus traditionnelle- nale devant les Etats-Unis (trois re- compter deux ou trois représen- figure pas dans la liste des sports pour le cyclisme, la commission Paris est devenu une véritable vi- ment réservées aux « régionales de présentantes), mais au classement tantes. Toutes de sérieuses préten- olympiques, le rugby n’était médicale de la Ligue a depuis trine pour le tennis féminin français l’étape », ont été distribuées à la elles figurent derrière Lindsay Da- dantes au podium en simple pourtant pas tenu par la loi rela- lors cherché à affiner les exa- qui affiche une forme magnifique. Russe Anna Kournikova, invitée de venport (2e ), Venus Williams (3e ) et comme en double. tive à la protection de la santé et mens à mettre en œuvre (les pa- Sur les vingt-huit joueuses enga- dernière minute, et à un très sérieux Serena Williams (4e ). Mary Pierce à la lutte contre le dopage – ramètres à prendre en compte gées, neuf sont françaises, dont sept espoir du circuit, la Belge Justine est cinquième, Nathalie Tauziat Bénédicte Mathieu adoptée en mars 1999 – d’impo- entre autres). Parallèlement, dans sixième ; forte d’une finale à Tokyo, ser à ses athlètes de premier une même perspective de pré- Sandrine Testud a grimpé à la neu- a Arnaud Grosjean s’est quali- plan ces bilans sanguins dès vention, cette même commission Amélie Mauresmo en trombe vième place. Amélie Mauresmo fié, mercredi 9 février, pour le 1999. médicale s’apprête à engager un n’est pas si loin qui pointe à la qua- deuxième tour du tournoi de Mar- La Fédération française de rug- travail de recherche visant à Programmation en prime time – le dernier match de la journée –, torzième place : « Elle reviendra vite seille en éliminant Arnaud Di Pas- by (FFR) a malgré tout exigé des mieux identifier les signes de su- foule des grands jours, applaudissements nourris, longue et sou- parmi nous », dit Julie Halard, qui quale (7-6, 6-1). Arnaud Clément a joueurs de l’équipe de France rentraînement chez les joueurs. riante séance d’autographes. Après un match expéditif, Amélie est huitième et qui a reçu, mercredi, battu l’Allemand Axel Pretzsch masculine qu’ils s’y soumettent. Mauresmo n’a pas raté son retour à Paris, mercredi 9 février, à à Paris le trophée de la numéro un (6-0, 4-6, 6-3). Coupe du monde oblige. Avant Philippe Le Cœur l’Open Gaz de France. Finaliste et héroïne du tournoi en 1999, la française. Cette place n’est pas seu- Française s’est qualifiée pour le deuxième tour en éliminant la Rou- lement calculée en fonction du clas- maine Ruxandra Dragomir (6-1, 6-1). Victorieuse du tournoi de Syd- sement mondial. ney, le 15 janvier, puis éliminée dès le deuxième tour des Internatio- La Bauloise est devenue une nu- naux d’Australie, la Française, quatorzième joueuse mondiale, s’est méro un française, mais pas une déclarée satisfaite de son jeu très orienté vers la volée. Amélie Mau- chef de file. Le tennis reste un sport resmo, qui devait rencontrer sa compatriote Sarah Pitkowski, jeudi individuel. « On joue d’abord pour 10 février, pourrait retrouver, le lendemain, la tenante du titre, Sere- soi », souffle Julie, qui apprécie na Williams, en quart de finale. Mercredi, l’Américaine, tête de série « l’émulation » au sein du groupe. A n° 1, a fait une belle impression en disposant de la Suissesse Patty vingt-neuf ans, elle vit pourtant cet Schnyder (6-2, 6-2). âge d’or du tennis français avec Les difficultés survoltent le CSP Limoges LIMOGES salaire de janvier – qu’il y avait match retour contre Ankara le 16 de notre correspondant « cinq chances sur cent au maxi- seront assurés. Un « important in- C’est dans un environnement mum » d’assurer la survie du club dustriel de la région » a in extremis frénétique que le CSP Limoges, en- et que le match contre Ankara ris- décidé de se lancer dans ce combat glué dans des difficultés financières quait bien d’être la dernière ren- très incertain. Le nom n’en a pas (Le Monde daté 30-31 janvier), vole contre de la saison. Il lui semblait été divulgué, mais il s’agirait du de victoire en victoire. Mercredi impossible, « devant l’inertie des confiturier Andros. Pour la suite, Dossier : 9 février, le club limougeaud a bat- partenaires économiques, financiers rien n’est encore sûr, puisqu’il faut tu devant son public les Turcs d’An- et politiques », de réunir en urgence trouver 5 millions de francs pour kara (71-57), en quarts de finale al- le million de francs indispensable à arriver au bout de la saison et le ler de la Coupe Korac. La veille, le la simple logistique immédiate. double pour sortir du rouge, mais, président du CSP, Jean-Paul de Pe- Changement de ton mercredi comme le chante Alain Souchon, retti, avait annoncé aux joueurs – après-midi. La rencontre du same- « c’est déjà ça ». ZEP, En février qui n’avaient toujours pas reçu leur di 12 février contre Dijon et le RIEN N’EST ENCORE SÛR Les malheurs du CSP ont un pro- longement sur le terrain politique, Dossier : Titre européen en couple à un an des élections municipales. L’opposition de droite accuse la ghetto Zoom sur les ZEP : majorité gauche « plurielle » de di- un bilan en demi-teinte. pour Berezhnaya-Sikharulidze lapidation et d’abus de biens so- ciaux. Le maire, Alain Rodet (PS), Reportages : LA PAIRE RUSSE ELENA BEREZHNAYA-ANTON SIKHARULIDZE est réplique qu’« aucune collectivité ZEP des villes, devenue championne d’Europe, mercredi 9 février, à Vienne (Autriche) au n’aurait pu refuser de soutenir un son d’une valse romantique de Tchaïkovsky, devançant ses compatriotes, te- club aussi prestigieux sur le plan eu- ou ZEP des champs. nants du titre, Maria Petrova et Alexei Tikhonov. Les Polonais Dorota Za- ropéen », mais que sa municipalité Interview de Ségolène Royal : gorska et se sont classés troisièmes. a « accompli sa mission » en s’en- Le couple vice-champion olympique retrouve ainsi son rang après une hou- tourant de garantie de transpa- « Vers des zones d’excellence ». leuse installation dans le New Jersey (Etats-Unis) pendant l’été. Elena Be- rence. rezhnaya, qui souffrait du mal du pays, a d’autant plus difficilement supporté Mercredi matin, l’agent de Entretien avec David Lodge. une longue période d’inactivité après que son partenaire eut été victime d’un joueurs Didier Rose, sorti cinq tremplin Les rapports parents-profs. accident de voiture. Leurs décevantes troisièmes places au Skate America et jours plus tôt – après vingt-quatre à la finale du Grand Prix de Lyon avaient même alimenté des rumeurs de jours de détention – de la maison Sortir de l’horreur mésentente désormais balayées. Ils défendront leur titre mondial à Nice du d’arrêt de Limoges, après verse- 27 mars au 1er avril. Médaillés de bronze en 1999, comme en 1998 et en 1996, ment d’une caution de 3 millions mathématique. les Français et Stéphane Bernadis sont remontés de la cin- de francs, mais toujours en examen Allemagne : le mur tient bon. quième à la quatrième place, malgré leurs « jambes coupées ». Ils rêvent de se sous contrôle judiciaire, a tenu une racheter à Nice grâce à un programme libre très riche sur le thème de l’ange conférence de presse. Le seul grief Débat : peut-on échapper et du diable. L’autre paire tricolore, Catherine Huc et Vivien Rolland, qui dé- précis retenu contre lui par le dos- butait à ce niveau, a terminé 15e . sier d’instruction, a-t-il affirmé, est aux classes ethniques ? d’avoir été dirigeant de fait de la Génétique : le retard français. DÉPÊCHES SAOS (société anonyme à objet a ATHLÉTISME : Patricia Girard a signé la meilleure performance euro- sportif), dont il était par ailleurs ac- péenne de la saison sur 60 m haies en 7 sec 96, mercredi 9 février, à la réunion tionnaire et fournisseur rémunéré en salle d’Eaubonne (Val-d’Oise). Championne d’Europe de la spécialité, elle et dont les autres dirigeants (eux- LE MAGAZINE RÉSOLUMENT ENSEIGNANT défendra son titre à Gand (Belgique) du 25 au 27 février. mêmes mis en examen) n’auraient a VOILE : la justice néo-zélandaise a ordonné la saisie conservatoire d’un été que des prête-noms. Et Didier canot-tracteur appartenant à FAST 2000, – le défi suisse pour la Coupe de Rose s’affirme certain de pouvoir l’America emmené par le skipper français Marc Pajot et contraint à l’abandon le opposer à ces accusations une dé- CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX 5 décembre 1999 après une série d’avaries – pour compenser un impayé d’en- fense en béton. viron 23 000 francs pour des prestations fournies par une société d’Auckland. Georges Chatain LeMonde Job: WMQ1102--0026-0 WAS LMQ1102-26 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0442 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 AUJOURD’HUI ------(Publicité) Retour du soleil 11 FEVRIER 2000 Oslo Stockholm Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. L’anticyclone cen- nuageux n’empêcheront pas une vers 12h00 tré sur le proche Atlantique re- journée ensoleillée. Températures prend de la vigueur. Sur les régions maximales de 6 ou 7 degrés. Peu méridionales, les nuages présents Poitou-Charentes, Aquitaine, Belfast nuageux le matin se désagrégeront progres- Midi-Pyrénées. – Sur les Pyrénées, Liverpool Dublin sivement. Plus au nord, le soleil ciel très nuageux et le matin, neige Varsovie Kiev s’imposera. au-dessus de 1500 mètres. Sur les Amsterdam Berlin Brèves Bretagne, pays de Loire, Basse- autres régions, ciel parfois chargé éclaircies Normandie.– Sur les régions le matin laissant place à de belles Londres 5 o Bruxelles proches des côtes de la Manche, périodes ensoleillées l’après-midi. 0 Prague nuages nombreux avec quelques Températures de 9 à 11 degrés. Couvert averses. Ailleurs, soleil bien Limousin, Auvergne, Rhône- Paris Strasbourg Vienne Budapest présent. Les températures, parfois Alpes. – Le matin, nuages parfois Brume proches de 0 degré au petit matin, accompagnés de pluies faibles. Sur Nantes Berne brouillard atteindront 8 à 10 degrés l’après- les Alpes, neige au-dessus de 1000 Bucarest midi. mètres. L’après-midi, belles appari- Lyon Milan Nord-Picardie, Ile-de-France, tions du soleil. Les températures, Belgrade Sofia Averses Centre, Haute-Normandie, Ar- parfois négatives le matin, attein- Toulouse Istanbul dennes. – Nuages et belles éclair- dront 6 à 9 degrés l’après-midi. cies. Sur les régions côtières, ciel Languedoc-Roussillon, Pro- Rome Pluie plus chargé avec des averses. Les vence-Alpes-Côte d’Azur, Barcelone Naples températures seront en baisse, ne Corse. – Sur la Côte d’Azur et la 40 o Madrid dépassant pas 7 ou 8 degrés Corse, ciel très nuageux avec quel- Lisbonne Athènes Orages l’après-midi. ques averses. Sur les autres ré- Champagne, Lorraine, Alsace, gions, le soleil s’imposera l’après- Séville Bourgogne, Franche-Comté. – midi mais mistral et tramontane Tunis Neige Sur le Jura, quelques flocons au- souffleront. Les températures se- Alger dessus de 500 mètres le matin. Sur ront comprises entre 11 et 15 de- les autres régions, les passages grés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 11 FEVRIER 2000 PAPEETE 24/29 P KIEV 0/2 N VENISE 2/7 S LE CAIRE 10/19 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 21/28 S LISBONNE 8/14 N VIENNE 0/6 S NAIROBI 16/29 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 25/30 S LIVERPOOL 5/8 S AMÉRIQUES PRETORIA 18/23 P C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 2/9 N BRASILIA 19/26 C RABAT 9/19 S AMSTERDAM 3/7 S LUXEMBOURG 1/5 S BUENOS AIR. 23/28 P TUNIS 7/15 N FRANCE métropole NANCY 2/6 S ATHENES 11/14 P MADRID 4/15 N CARACAS 21/28 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 3/14 N NANTES 1/10 S BARCELONE 8/15 S MILAN 1/8 C CHICAGO -5/-2 C BANGKOK 23/35 S BIARRITZ 7/9 C NICE 5/14 N BELFAST 3/9 P MOSCOU -3/1 N LIMA 19/23 P BEYROUTH 11/18 S BORDEAUX 3/9 S PARIS 1/9 S BELGRADE 2/8 C MUNICH 1/4 * LOS ANGELES 11/14 C BOMBAY 18/27 S BOURGES 1/7 S PAU 5/7 C BERLIN 4/7 S NAPLES 7/14 S MEXICO 0/24 S DJAKARTA 26/27 P BREST 4/9 N PERPIGNAN 9/13 S BERNE 1/4 * OSLO -2/6 S MONTREAL -10/-7 S DUBAI 14/23 S CAEN 5/8 N RENNES 2/10 S BRUXELLES 2/7 S PALMA DE M. 6/16 S NEW YORK 2/6 S HANOI 17/23 S CHERBOURG 3/10 N ST-ETIENNE 2/5 N BUCAREST -2/5 P PRAGUE 0/4 * SAN FRANCIS. 10/11 P HONGKONG 18/22 C CLERMONT-F. 3/6 N STRASBOURG 3/7 S BUDAPEST 2/9 C ROME 2/13 S SANTIAGO/CHI 13/28 S JERUSALEM 9/19 S DIJON 3/6 S TOULOUSE 7/10 N COPENHAGUE 3/7 N SEVILLE 10/21 S TORONTO -9/-4 C NEW DEHLI 11/17 P GRENOBLE 0/6 S TOURS 0/8 S DUBLIN 4/9 N SOFIA 2/5 P WASHINGTON 3/13 C PEKIN -6/5 S LILLE 1/8 S FRANCE outre-mer FRANCFORT 3/7 S ST-PETERSB. -3/2 * AFRIQUE SEOUL -4/2 S LIMOGES 1/5 S CAYENNE 24/28 S GENEVE 0/5 P STOCKHOLM 1/6 S ALGER 2/19 S SINGAPOUR 24/30 S LYON 4/7 N FORT-DE-FR. 23/27 S HELSINKI -2/3 N TENERIFE 11/16 S DAKAR 18/25 S SYDNEY 23/32 S MARSEILLE 5/12 S NOUMEA 25/27 P ISTANBUL 7/12 N VARSOVIE -3/4 N KINSHASA 21/30 S TOKYO 3/11 S Situation le 10 février à 0 heure TU Prévisions pour le 12 février à 0 heure TU VENTES De magnifiques céramiques d’Iznik proposées à Drouot

MYSTÉRIEUSEMENT apparues glaçure transparente, et c’est d’Iznik, dont la fabrication, de aubergine et vert tilleul. Cette sé- 68 600 ¤). Il s’agit là de deux mo- qui ne débordent pas posées sur au milieu du XVe siècle, les céra- pourquoi les spécialistes éta- plus en plus importante, subit une rie est illustrée dans la vente par dèles aux particularités bien pré- un blanc pur), leurs prix dé- miques d’Iznik, en Turquie, blissent une nuance. baisse de qualité nette dès le dé- un grand plat creux, dit « tabak », cises, très rares sur le marché, ce pendent de la beauté de la compo- comptent parmi les objets d’art is- L’apogée de cette production se but du siècle suivant. à bords chantournés où s’épa- qui explique leurs estimations éle- sition, de l’originalité et de la rare- lamiques les plus recherchés par situe au XVIe siècle, alors que le Dans un ensemble proposé à nouissent des fleurs alternées de vées. té du dessin. Les formes les plus les collectionneurs européens. A la sultan Soliman le Magnifique Drouot lundi 28 février, les ama- petits nuages stylisés, notamment La majorité des pièces de la se- courantes restent les plats et les différence des faïences, à base de règne sur l’Empire ottoman. Des teurs pourront apprécier quelques des tulipes, alors inconnues en Eu- conde partie du XVIe siècle se né- assiettes. terre argileuse et d’émail stanni- assiettes, plats, pichets, coupes et pièces rares et des modèles ty- rope. Il est daté vers 1550-1555, et gocient entre 30 000 et 80 000 F, Le rouge d’Iznik, éclatant et lu- fère, elles sont faites d’une pâte si- vasques, des chandeliers et des piques des différentes périodes. offre un décor qui se prolonge sur 4 575 et 12 200 ¤. Outre l’ancienne- mineux, est mis au point vers 1555, liceuse peinte recouverte d’une carreaux sortent alors des ateliers Les décors utilisés par les potiers, les ailes du plat (environ 450 000 F, té et la qualité (couleurs intenses et son emploi marque cette d’origines variées, retranscrivent deuxième période. Plats et as- le répertoire qui orne également siettes comportent alors un motif Calendrier boulevard de Ménilmontant l’architecture, les métaux, les ma- Adjudications b La Varenne, L’Ecole des central, bordé de dessins diffé- (20e), du samedi 12 au dimanche nuscrits, les textiles du monde is- ragoûts, 14e édition, un volume rents sur les ailes. Ainsi trouvera- ANTIQUITÉS-BROCANTES 13 février, tél. : 01-47-05-33-22. lamique. Les plus courants Résultat de la vente de in-douze, 2 300 F, 351 ¤. t-on un « tabak » à décor bleu, b Amiens (Somme), du montrent des fleurs et branchages gastronomie culinaire, vendredi b Marinette, Les Plats chic, Paris vert et rouge, représentant un se- vendredi 11 au lundi 14 février, COLLECTIONS naturalistes et des dessins géomé- 4 et samedi 5 février (Le Monde 1894, un volume in-douze, mis d’églantines dans un médail- tél. : 03-22-91-50-31. b Paris, porte de Versailles triques. du 21 janvier). édition originale, 2 100 F, 320 ¤. lon, entouré de motifs de vagues b Cugnau (Haute-Garonne), du (15e), Rétromobile, du vendredi 11 Influencés par les porcelaines b Grimod de la Reynière, b Melitsko, Pâtisserie hongroise, posés sur l’aile, réalisé vers 1580 vendredi 11 au lundi 14 février, au dimanche 20 février, tél. : chinoises, les premiers modèles Almanach des gourmands, Paris Liège 1937, un volume in-douze, (80 000 F, 12 200 ¤), un pichet à dé- tél. : 05-61-52-74-21. 01-48-44-30-30. sont bleu turquoise et blanc, 1804-1812, huit volumes in-douze, édition originale, 600 F, 91 ¤. cor de fleurs bleues et rouges des b Paris, Espace Champerret b Montereau-Fault-Yonne comme en témoigne un pichet à 17 000 F, 2 591 ¤. b Marx Rumpolt, Ein neue années 1585-1590 (60 000 à (17e), du vendredi 11 au dimanche (Seine-et-Marne), faïence fine de panse globulaire et col cylin- b Grimod de la Reynière, Kochbuch (Un nouveau livre de 80 000 F, 9 150 à 12 200 ¤). 20 février, tél. : 02-33-47-56-57. Creil et Montereau, samedi 12 et drique, dit « bardak », réalisé vers Manuel des amphitryons, Paris cuisine), Francfort 1604, un b Saint-Rapahël (Var), du dimanche 13 février, tél. : 1535-1545, dont la forme est carac- 1808, un volume in-huit, avec volume in-folio, 3e édition, Catherine Bedel vendredi 11 au lundi 14 février, 01-60-70-45-12. téristique des premiers Iznik. Une 17 planches hors-texte, édition 92 000 F, 14 025 ¤. tél. : 04-93-84-89-64. b Bourg-en-Bresse (Ain), abondance de petites fleurs bleu originale, 50 000 F, 7 622 ¤. b Olivier de Serres, Le Théâtre ૽ Drouot-Richelieu, lundi 28 fé- b Vitré (Ille-et-Vilaine), du minéraux et fossiles, samedi 12 cobalt et turquoise forment une b La Chapelle, Le Cuisinier d’agriculture et Mesnage des vrier. Exposition le samedi 26 de 11 samedi 12 au dimanche 13 février, et dimanche 13 février, tél. : composition symétrique (180 000 à moderne, La Haye 1742, cinq champs, Paris an XII-an XIV à 18 heures, le matin de la vente tél. : 02-40-57-37-94. 04-92-79-58-95. 200 000 F, 27 400 à 30 500 ¤). volumes in-huit, 80 000 F, (1804-1805), deux volumes de 11 à 12 heures. Etude Pesche- b Paris, Avenue Félix-Faure b Wasquehal (Nord), armes Vient ensuite le groupe dit « de 12 196 ¤. in-quatre, 8 200 F, 1 250 ¤. teau-Badin-Godeau-Leroy, tél. : (15e), du samedi 12 au dimanche anciennes, samedi 12 et Damas », qui se distingue par une b La Varenne, Le Vrai Cuisinier b Glass (F. P.), Décorations de 01-47-70-88-38. Experts : Laure 13 février, tél. : 01-42-50-31-28. dimanche 13 février, tél. : gamme chromatique particulière, françois, Bruxelles 1712, un tartes, Munich 1894, petit in-folio, Soustiel et Marie-Christine David, b Paris, Père-Lachaise, 03-20-65-72-00. où figurent les couleurs mauves, volume in-douze, 4 200 F, 640 ¤. édition originale, 3 900 F, 595 ¤. tél. : 01-45-62-27-76.

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 00 - 036 L’ART EN QUESTION No 156 En collaboration avec

et de cônes. – 6. Circule en Ethio- pie. Allure. Entre RI et DL. – 7. For- ment un ensemble. Sortie de Le dessinateur et le photographe boîtes. – 8. Cinq cent soixante- DEUX REGARDS, deux guides seize mètres. Chaton. Fourrage. pour une visite inattendue du – 9. Aime l’eau et les poissons. Tra- Maroc : le premier, c’est Dela- vaux avant distribution. – 10. Cou- croix, qui découvrait le Maroc en verte comme en hiver. Article. – 1832, au cours de ce fameux 11. Evite de tordre avant de sus- voyage qui le fascina et marquera pendre. toute son œuvre ; le second, c’est Gérard Rondeau, qui l’a longue- Philippe Dupuis ment parcouru entre 1994 et 1999. Delacroix, impressionné par la SOLUTION DU No 00 - 035 lumière de l’Orient et par la dé- couverte, au pays des Barbares, HORIZONTALEMENT de l’Antiquité, fixe tout ce qu’il I. Dissolution. – II. Entame. Allô. voit dans des carnets d’esquisses – III. Par. Bustier. – IV. Obèle. II. (on estime aujourd’hui à sept le Om. – V. Lot. Lad. Ola. – VI. Lut. nombre de carnets rapportés Lie. Bel. – VII. Utérine. – VIII. Ti. d’Afrique du Nord) et réalise un Pfennigs. – IX. Urée. Agée. – album de dix-huit aquarelles.

X. Orb. Diène. – XI. Nouveau-nées. RONDEAU GÉRARD Rondeau, lui, utilise toute la Tombe de Jean Genet à Larache, photographie gamme du noir et du blanc pour VERTICALEMENT de Gérard Rondeau. Au Musée Eugène-Delacroix à Paris, quatre-vingts photographies qui 1. Dépollution. – 2. Inabouti. Ro. pour l’exposition « Le Maroc de Gérard Rondeau nous conduisent de Rabat à Tan- HORIZONTALEMENT sainte. Dégage la balle. – IX. Qui – 3. Strette. Ubu. – 4. Sa. RPR. – Hommage à Delacroix », jusqu’au 13 mars. ger, ou de Meknès à Casablanca. s’y frotte s’y pique. Peut finir en – 5. Ombellifère. – 6. Leu. Aînée. Au cours de ses pérégrinations, il I. Cachent le principal mais sug- bout de ligne. – X. Note. Situations – 7. Sidéen. Dû. – 8. Tati. Nain. Réponse du jeu no 155 paru dans Le Monde du 4 février. a découvert la tombe de Jean Ge- gèrent beaucoup. – II. A vaincre dangereuses. – XI. Agence de tra- – 9. Ili. Obligée. – 10. Olé olé. Gène. Jean-Joseph Carriès a délaissé la sculpture à la fin des années 1880 net (1910-1986) à Larache, au pour éviter les blocages. – III. Fait vail temporaire. Qui ne devrait pas – 11. Normalisées. pour se consacrer aux arts du feu, grès et céramique. bord de l’océan Atlantique. part de son ennui. Vitrine de la traîner. presse. – IV. Couvre le monde de Qui publia en 1944 le roman de ses informations. Coupés des VERTICALEMENT Jean Genet Notre-Dame des informations du monde. – V. Base Fleurs ? informatique. Désagréables au 1. Grossier. – 2. Pose un pro- b L’Arbalète goût. – VI. Voyelles. Grand écart. blème. Dans l’heure. – 3. Fait de la b Gallimard Pour les bâtisseurs en herbe. – résistance. De l’effet sur le tapis. b Payot VII. Qui devra donc repasser. Fin – 4. Triplé dans la joie. Meneuse Réponse dans Le Monde d’infinitif. – VIII. Carmélite et d’homme. – 5. Porteuse d’aiguilles du 18 février. LeMonde Job: WMQ1102--0027-0 WAS LMQ1102-27 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 09:45 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0443 Lcp: 700 CMYK

27 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000

HISTOIRE Sous le titre « Signes l’Ecole supérieure des arts décora- les ripostes par voie d’affiches et de Vichy et la célèbre Affiche rouge, ce b EN CONSACRANT une salle à la si- de la collaboration et de la Résis- tifs de la ville. b PENDANT DEUX tracts de la Résistance. b DU DÉ- travail a constitué, pour les étu- tuation de l’Alsace intégrée de tance », l’Aubette, à Strasbourg, ac- ANS, ils ont étudié l’évolution de la TOURNEMENT de l’étoile jaune par diants, une découverte de la guerre force dans le Reich, l’exposition cueille une exposition conçue par typographie, la propagande des les , en passant par les des signes que se livraient les deux confronte la région à un passé très les étudiants et les enseignants de graphistes employés par Vichy et grandes expositions antisémites de camps pendant les années noires. sensible. La guerre de cinq ans des graphistes de Vichy et de la Résistance Pendant deux ans, étudiants et enseignants de l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg ont étudié la production des artistes qui ont servi l’Etat français ou les organisations de la Résistance en vue de présenter une exposition originale et très documentée dans leur ville SIGNES DE LA COLLABORA- TION ET DE LA RÉSISTANCE. Ecole supérieure des arts déco- ratifs de Strasbourg. Tél. : 03-88- 35-38-58. SALLES DE L’AU- BETTE, place Kléber, Strasbourg. De 11 à 19 heures, sauf le lundi. Jusqu’au 11 mars.

STRASBOURG de notre envoyée spéciale En juillet 1940, dans la zone oc- cupée, un avis apposé près des af- fiches allemandes prévient que « l’altération de la présente affiche sera considérée comme acte de sa- botage ». L’avis vaut aveu : les la- cérations d’images ont commen- cé. D’un côté, une débauche de moyens – Vichy imprime des mil- lions d’affiches à la gloire du ma- réchal –, de l’autre, des tracts ta- pés à la machine et dupliqués au carbone, des V dessinés à la craie. Au pouvoir comme dans la Résis- BNF BHVP tance, l’image et la lettre sont des D’HISTOIRE CONTEMPORAINE MUSÉE D’HISTOIRE CONTEMPORAINE MUSÉE armes. L’affiche « Faites confiance... », C’est ce travail sur le graphisme réalisée par le graphiste allemand qu’analyse l’exposition « Signes Theo Matejko, est diffusée en de la collaboration et de la Résis- plusieurs langues dans les pays tance », réalisée par l’Ecole supé- occupés (1940). Très vite, Vichy rieure des arts décoratifs de Stras- travaille avec des graphistes bourg. Pendant deux ans, français comme Philippe Noyer enseignants et étudiants ont étu- (« Marché noir », 1943). L’auteur dié l’évolution de la typographie, de la célèbre « Affiche rouge » est le travail des graphistes français inconnu (1944). En France, employés par Vichy, le combat de les nazis délaissent les lettres signes que se livrent adeptes de la gothiques dès 1941, optant pour francisque et partisans de la croix des caractères modernes. En mars 1941, la BBC invite les Français de Lorraine. L’exposition, claire et à inscrire partout le V de la victoire. pédagogique, se partage en une Les murs se couvrent aussitôt de graffitis. grande salle dédiée à la situation Les occupants cherchent à retourner en France en général et une autre cette campagne. Ils installent un V géant plus petite (lire ci-dessous) consa- sur l’Assemblée nationale crée à la situation particulière de et sur la tour Eiffel. l’Alsace annexée par le Reich. Leurs affiches « Victoria » sont parfois Chaque chapitre de la propagande lacérées en forme de V par les résistants de Vichy est scandé par la riposte (photo, septembre 1941). de la Résistance, dont les tracts, papillons et graffitis sont immé- diatement repérables par un cadre de couleur. MUSÉE DE LA RÉSISTANCE NATIONALE DE LA RÉSISTANCE MUSÉE BNF LES ÉTOILES DES ZAZOUS En face de l’étoile jaune, signe professionnels allemands, choisis , présentée au Michel Wlassikoff, elle a bien été médaillon les photos prises à la des jeunes qui ont conçu et réalisé le plus direct de l’exclusion des par Hitler, peintre et graphiste à palais Berlitz à Paris, est confiée à « faite en France, commanditée et prison de Fresnes de dix combat- entièrement l’exposition sous la Juifs, sont ainsi exposées les ses heures. René Perron, grand affichiste de apposée par des Français ». Cette tants de la MOI. La Résistance direction scientifique du commis- étoiles arborées en 1942 par des Très vite, le régime du maréchal cinéma. Vichy l’utilise pour sa image, qui inspire le célèbre réagit en recouvrant les affiches saire. Elle a passé plusieurs mois à Français non juifs. Sans qu’un mot fait appel à des graphistes fran- compétence en matière de grand poème de Louis Aragon, apparaît de la photo d’Hitler, rappelant le Paris pour rechercher des docu- d’ordre explicite de la Résistance y çais. « Les grands affichistes fran- spectacle. Au même moment où il au lendemain de l’exécution du nombre de ses victimes, comme ments d’époque dans les biblio- ait appelé, les opposants au na- çais ne collaborent ni avec les nazis dessine sa caricature antisémite – groupe Manouchian en février en témoigne un cliché pris par Ro- thèques spécialisées : « Parfois, se zisme se fabriquent des étoiles ni avec Vichy, qui fait appel à des l’affiche de l’exposition est un im- 1944 ; il était composé de combat- bert Doisneau, également présen- souvient-elle, après des journées jaunes portant des mentions di- petits maîtres », observe le mense monstre aux doigts cro- tants des Francs-tireurs et parti- té à l’exposition strasbourgeoise. entières à baigner dans l’antisémi- verses. Par exemple, les zazous, commissaire de l’exposition, Mi- chus –, il réalise l’image du film sans-main-d’œuvre immigrée Pour les étudiants de l’Ecole des tisme et l’anticommunisme, on res- ces jeunes gens passionnés par le chel Wlassikoff, historien et direc- Les Visiteurs du soir. L’auteur de la (FTP-MOI), pour la plupart mili- arts décoratifs de Strasbourg, ce sortait en ne se sentant pas très fiers jazz américain, inscrivent le mot teur de la revue Signes. Max Pon- lugubre Affiche rouge, éditée par le tants communistes étrangers, travail a constitué une découverte d’être Français. » « » à la place de «juif». ty, le créateur de la Gitane, Centre d’études antibolcheviques, juifs, engagés dans la Résistance de « pans entiers de l’Histoire », Plusieurs seront incarcérés à commet une affiche pour la fête est resté anonyme. Mais, affirme française. L’Affiche rouge porte en explique Pascale Rismondo, l’une Catherine Bédarida Drancy. de Jeanne d’Arc (1942) mais La ligne graphique des nazis hé- s’éloigne rapidement du régime. site entre archaïsme et modernité, Paul Colin, proche du Front popu- comme l’illustrent les choix typo- laire, raconte dans son livre La L’Alsace confrontée à son passé ultrasensible graphiques. Ils commencent par Croûte (La Table ronde, 1957) imposer l’usage des lettres go- comment il fut sollicité par Vichy. STRASBOURG nomistes alsaciens, un groupe tifs de Strasbourg, élèves et ensei- reste de la France. Sur fond de mé- thiques, comme emblème de la Il accepta une commande puis de notre envoyée spéciale pro-nazi dont le chef Karl Roos gnants moulent un aigle géant contentement de la population, pure germanité. Puis, par souci s’effaça, pour revenir avec une Aigles noires, croix gammées, avait été fusillé par les Français en pour l’exposition « Puissance de des résistants envoient des infor- d’efficacité, ils optent pour des ca- très belle Marianne aux stigmates affiches nazies : tel est le paysage février 1940. l’économie allemande » (1941). mations à Londres ou organisent ractères romains modernes, tel le célébrant la Libération de Paris. visuel qu’offre l’Alsace annexée Quelques graphistes et impri- des filières d’évasion. Les risques futura, créé en 1929 par les avant- par l’Allemagne hitlérienne. Pen- PLACE ADOLF-HITLER meurs alsaciens travaillent pour le sont considérables. Un tableau des gardes allemandes regroupées au- AUTEUR ANONYME dant plus de quatre années, la po- Les documents exposés donnent Gauleiter, mais la plupart des af- condamnations est affiché dans tour du mouvement de la « nou- Grand typographe d’art, Maxi- pulation a subi la loi de fer du une idée de la vie locale. Les rues fiches sont réalisées en Allemagne. l’exposition. Peu après l’annexion velle typographie ». Les premières milien Vox collabore pleinement. Gauleiter (chef de district) Wa- sont rebaptisées avec des noms al- Les premières campagnes incitant de l’Alsace, « l’écoute de la radio affiches sont fabriquées par des Il défend l’adoption d’un standard gner, qui s’employait à germaniser lemands : la place de Broglie de- les Alsaciens à s’engager dans l’ar- de Londres » conduit à quelques typographique pour l’ensemble et nazifier la rive gauche du « Rhin vient place Adolf-Hitler. La cathé- mée d’Hitler utilisent l’affiche du mois de prison ; bientôt, « les atti- des imprimés de l’Etat français supérieur », selon ses termes. Ce drale de Strasbourg, fermée au graphiste nazi Mjölnir, qui sert tudes anti-allemandes » ou « les mais n’aura le temps de l’appli- passé, encore à vif aujourd’hui, est culte par les autorités qui en font dans tout le Reich. Devant le peu activités communistes » seront pu- Bibliographie quer qu’à la SNCF. L’équipe Alain- abordé par l’exposition strasbour- un symbole de l’Alsace allemande, de succès rencontré, une autre sé- nies de déportation. Fournier, installée à Lyon, vit de geoise jusque dans ses aspects les sert de logo sur de nombreux pa- rie d’affiches est conçue spécifi- b Catalogue. L’exposition ne commandes officielles. L’un de ses plus douloureux – l’incorporation piers officiels. Au restaurant, les quement pour les jeunes Alsa- RÉCENT TRAVAIL DE MÉMOIRE s’accompagne pas d’un véritable dessinateurs, Philippe Noyer, réa- forcée de 100 000 jeunes dans la cartons de table rappellent à ciens. « Nous les avons trouvées L’exposition témoigne, à son catalogue, mais les visiteurs lise entre autres l’affiche Révolu- Wehrmacht ou la participation l’ordre les clients : « Alsaciens, par- dans les fonds d’archives. Qui les a échelle, d’un travail de mémoire disposent sur place d’un petit tion nationale tirée à contrainte d’Alsaciennes au « jour lez votre langue maternelle alle- faites ? Quand et où ont-elles été ti- entamé par les Alsaciens depuis journal de huit pages, gratuit, 510 000 exemplaires en 1940 et à de l’union charnelle » avec des Al- mande . » Les photos exposées rées ? Il est très difficile de faire par- peu. En 1998, le maire de Stras- conçu par les étudiants de l’Ecole 550 000 l’année suivante. Car le lemands. montrent les grandes parades na- ler les témoins », confie Philippe bourg, Roland Ries, a été le pre- des arts décoratifs, et fabriqué régime de Vichy ne lésine pas sur L’affiche « Hinaus mit dem wels- zies sur la place Kléber – pour ces Delangle. En tout cas, ces cam- mier élu à se rendre à Oradour- gracieusement par Les Dernières la quantité. Un million d’affiches chen Plunder » (« Dehors le bric-à- occasions, les autorités dépla- pagnes n’ont pas plus de succès, et sur-Glane pour commémorer le Nouvelles d’Alsace. sont tirées pour la première Jour- brac français »), symbole de cette çaient des centaines d’Allemands le recrutement deviendra obliga- massacre de 648 habitants par une b A lire. Un art de l’éternité. née des mères en mai 1941. Dix période, représente, au pied de la pour parvenir à ces effets de toire. division SS : quatorze Alsaciens, L’image et le temps du millions de cartes postales à la cathédrale de Strasbourg, un balai masses. Le port du béret est inter- En 1943 arrive à Strasbourg un volontaire et treize « malgré- national-socialisme, d’Eric gloire du maréchal ou portant le chassant le coq gaulois, le buste de dit en avril 1941, car l’objet est vu l’une des séries d’affiches conçues nous » (les incorporés de force) en Michaud, Gallimard, 1996. La slogan « Travail, famille, patrie » Marianne, l’album pour enfants comme « l’expression d’une menta- par la propagande de Berlin sur le faisaient partie. La même année, Propagande sous Vichy 1940-1944, sont imprimées en 1940, cinq mil- Mon village de Hansi (qui défend lité française ». Son port, tout thème : « Chut, l’ennemi vous après de longues controverses, catalogue de l’exposition du lions l’année suivante. En tout, six l’Alsace française), le képi et le bé- comme l’usage du français en pu- écoute. » Réalisée par de grands l’université des sciences humaines même nom, Bibliothèque de milliards de timbres à l’effigie de ret. L’original de l’affiche est signé blic, peut mener en camp. professionnels allemands, elle de Strasbourg s’est choisi comme documentation internationale Pétain sont mis en circulation, es- A. Späti, un pseudonyme qui reste Les affiches de concerts et frappe par l’efficacité visuelle de nom celui de , histo- contemporaine (BDIC), 1990. time Michel Wlassikoff. mystérieux pour Philippe De- d’opéras témoignent de l’intense son dessin et la modernité de sa rien, cofondateur de la revue des Histoire de la propagande en Vichy met en scène de grandes langle, le commissaire de la partie vie musicale favorisée par les Alle- typographie. En face, la Résistance Annales, issu d’une famille juive France de 1940 à 1944. L’utopie expositions pour dénoncer les alsacienne de l’exposition de mands. Des artistes locaux n’hé- ne bénéficie que de pauvres alsacienne et résistant fusillé par Pétain, de Dominique Rossignol, francs-maçons (1940), les juifs l’Ecole supérieure des arts décora- sitent pas à chanter Lohengrin, moyens : les tracts sont sommaire- la Gestapo en 1944. PUF, 1991. (1941), les « bolchéviques » (1942). tifs. Il est possible, dit-il, que l’af- l’œuvre la plus jouée de la ment imprimés, le papier est en- L’affiche de celle contre les juifs, fiche ait été conçue par les Auto- période. A l’Ecole des arts décora- core plus inaccessible que dans le C. Ba LeMonde Job: WMQ1102--0028-0 WAS LMQ1102-28 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 09:06 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0444 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 CULTURE

Voix mystiques et maîtres de musique Henri Troyat d’une Turquie multiethnique gagne le procès qui lui a La Cité de la musique, à Paris, organise du 11 au 13 février un festival associant des artistes alévis, kurde, laze et tsiganes, dépositaires de riches été fait patrimoines menacés d’extinction ou de vulgarisation pour plagiat ISTANBUL grandi dans l’enseignement de Ha- l’autre côté de la barrière, dans le LE TRIBUNAL de grande ins- correspondance ci Bektas Veli et dans l’amour de la sérail des agents de l’Etat. Issue tance de Paris a débouté, mer- « J’aime être heureuse », affirme musique. C’est auprès des asiks d’une famille stambouliote «de- credi 9 février, Gérard Pou- la petite femme au regard clair et à (bardes anatoliens) qu’elle a acquis puis deux siècles et demi », elle a chain et Robert Sabourin (mort la voix douce. Et, dans le soleil sa connaissance du chant alévi, dé- consacré quarante-cinq ans de sa le 23 mai 1998 et représenté par d’une belle après-midi de février, veloppant un répertoire où le mys- vie à la promotion de la musique ses héritiers) de leurs de- attablé dans un café de Taksim, ticisme tient une place prépondé- classique ottomane et turque. mandes envers Henri Troyat, une des places les plus fréquentées rante. « Je chante des prières pour Nommée ambassadrice itinérante académicien français, et les a d’Istanbul, on comprend que Saba- Ali, l’amour de l’Homme, des prin- de la Turquie, elle a chanté les fasils condamnés à lui verser 15 000 F hat Akkiraz sait obtenir ce qu’elle cipes de justice, le respect de la na- de la cour d’Osman (vastes en- (2 286,73 ¤) – ainsi que 10 000 F désire. Son regard s’égare, suit les ture, explique l’artiste. Il y a aussi de sembles formels ressemblant aux (1 524,49 ¤) aux éditions Flam-

passants, se pose sur une vitrine où la révolte dans mes chansons. Tradi- suites européennes) dans le monde ERZADE ERTEM/SIPA marion. une poupée tient en main un saz. tionnellement, l’ozan [le poète] est entier. Son répertoire s’étend de la Joueur de kemençe, instrument Gérard Pouchain et Robert Sa parole, calme et posée, s’émer- celui qui met en paroles les revendi- période « authentique » – à partir de la musique turque traditionnelle. Sabourin avaient assigné Henri veille du temps qu’il fait avant d’en cations du peuple. » Des thèmes qui du XIVe siècle, quand la musique Troyat pour plagiat (Le Monde venir à l’essentiel supposé – sa ve- n’ont pas toujours été appréciés ottomane était encore sous l’in- leur, sa musique, faite de longues avec l’islam », renchérit Musa Ero- du 2 décembre 1999). En jan- nue à Paris à l’occasion du Festival par les autorités, qui lui ont un fluence de l’art persan – aux « fan- mélopées de saz, invite surtout à la glu. Les alévis – au nombre des- vier 1992, ils sortaient, aux édi- des musiques de Turquie, organisé temps fermé les portes de la radio taisies » contemporaines – mu- méditation. « Pour faire la fête, il n’y quels se compte par ailleurs le mu- tions Fayard, Juliette Drouet ou du 11 au 13 février par la Cité de la et de la télévision. Maintenant, ce siques légères empruntant à a pas grand-chose, concède le sicien – ne sont pas épargnés. Il la Dépaysée. De son côté, Henri musique. La chanteuse représente- qui gêne Sabahat Akkiraz, ce serait l’Occident –, en passant par l’âge barde. Ça aurait plutôt tendance à leur reproche de mettre en avant Troyat publiait chez Flamma- ra à La Villette la culture alévie au plutôt l’excès de popularité de la classique et les fastes romantiques pousser les gens à se tourner vers leur culture de façon très populiste. rion, en septembre 1997, sa sein d’une programmation très musique alévie : « Aujourd’hui, on de l’empire finissant. Si Inci Çayirli l’intérieur d’eux-mêmes. » Les propre Juliette Drouet qui, se- « ethnique », regroupant entre voit même des semahs [danses ri- évoque avec plaisir les heures de thèmes évoqués par ces épopées, LE SAZ ET LE JAZZ lon l’avocat des demandeurs, autres des artistes kurde (Nilüfer tuelles de communion avec Dieu] à gloire d’une carrière bien remplie, en revanche, sont du genre La forte tête est aussi cher- était « une reproduction quasi Akbal), laze (Birol Topaloglu, lire la télévision, des chanteurs qui ne elle ne cache pas son amertume étouffe-islamiste, avec des textes cheuse : Musa Eroglu affirme avoir servile » de celle de ses clients. ci-dessous) et tsiganes (Orchestre sont pas alévis reprendre nos chan- quant à l’évolution de son art, me- critiquant la répression exercée par visité près de 6 000 villages turcs à Ces derniers demandaient no- de Sulukule). sons. Je me demande si ça ne risque nacé selon elle par la « vulgarisa- l’islam à l’encontre d’autres la découverte de mélodies ou- tamment le retrait de la vente Née il y a une quarantaine d’an- pas de tuer le trésor de notre tion », et n’hésite pas à se retourner cultures. « On a vécu avec plein bliées. « Il existe environ de l’ouvrage d’Henri Troyat. Le nées dans une famille modeste ori- communauté. » contre l’Etat : « Quand la politique d’ethnies différentes en Anatolie, et 100 000 motifs musicaux anatoliens, tribunal a estimé que le plan du ginaire de Sivas, Sabahat Akkiraz a Inci Çayirli a fait carrière de se mêle de l’art, elle le tire vers le bas. les échanges allaient bon train... sauf dont à peine 10 000 à 15 000 sont uti- livre de l’académicien ne repre- Les politiciens vous disent : “Vous al- lisés de nos jours, regrette le musi- nait « pas celui de messieurs lez travailler avec celui-ci et pas avec cien. Les harmonies du saz ont été Pouchain et Sabourin mais la celui-là.” Ce système casse la rela- Rendez-vous établies voilà mille ans et de nom- chronologie de la vie de Juliette Birol Topaloglu ouvre tion de maître à disciple. » breux accords ont été perdus. » L’ar- Drouet », et qu’en outre le b Vendredi 11 février. Rencontre tiste ne reste pourtant pas figé « grief de contrefaçon » n’était UN CHAMANE ÉPICURIEN avec Jérôme Clerc (auteur de dans le passé et reconnaît notam- pas établi. le bal des Lazes Musa Eroglu, grand maître du Musiques de Turquie, coédition ment de grandes vertus au jazz, à saz, confirme : « Les conservatoires Actes Sud - Cité de la musique), l’instar de son compatriote Okay DÉPÊCHE ISTANBUL les relations économiques entre les manquent de gens compétents, ça Kenan Öztürk Temiz. De retour d’une tournée en a CINÉMA : la ministre de la correspondance deux rives de la mer Noire étaient reste très médiocre, et pourtant nous (producteur-programmateur), Thrace occidentale, « pour aider les culture et de la communica- Samedi soir à Kadiköy, rive asia- rompues. » avons besoin de laboratoires de mu- Inci Çayirli, à 18 h 30 (entrée libre Turcs de Grèce à s’ouvrir à leur envi- tion, Catherine Trautmann, a tique du Bosphore. La foule se Aujourd’hui, la culture laze est sique pour explorer le patrimoine de sur réservation) ; Sabahat ronnement, à s’asseoir à côté des annoncé mardi 8 février au presse dans les ruelles étroites, at- en voie de disparition. Si près d’un l’Anatolie. » Mais il n’est pas du Akkiraz et son ensemble, Musa Grecs et leur redonner une fierté », 22e Festival du court-métrage de tirée par les enseignes au néon des million de personnes se genre à se laisser démoraliser. Dans Eroglu, à 20 heures (120 F, 18,3 ¤). ce dernier représentera à Paris la Clermont-Ferrand une série de innombrables bars du quartier. Le connaissent des origines lazes en les locaux de son école de musique, b Samedi 12. Nilüfer Akbal et musique turque dans ses aspects nouveaux dispositifs d’aide au Turquie, deux cent cinquante mille à Ankara, ce barbu jovial au phy- son ensemble, Orchestre tsigane les plus novateurs. Formé dans sa court-métrage. Une enveloppe PORTRAIT à peine sont capables de parler la sique de lutteur à l’huile affirme de Sulukule, à 16 h30 (90 F, jeunesse à l’oud et à la musique budgétaire supplémentaire de Un musicien fabricant langue – d’origine sud-cauca- tout de go rêver de se réincarner en 13,7 ¤) ; Orchestre tsigane de classique, Okay Temiz a vécu pen- 8 millions de francs (1,219 mil- sienne – de ce peuple et aucun ar- Jean-Sébastien Bach, fumer des ci- Sulukule, Ensemble Birol dant plusieurs années en Suède, où lion d’euros) sera consacrée dès d’instruments tiste de la région n’a su se faire ap- garettes cubaines en soutien à Fi- Topaloglu, Okay Temiz et son il s’est confronté au jazz et est de- cette année au court-métrage, et collecteur précier au-delà de Trabzon. Pour del Castro, appartenir à une culture ensemble, à 20 heures (120 F, venu un percussionniste aguerri. soit une augmentation de 36 % de mélodies anciennes sauvegarder un héritage séculaire, chamanique transmise par ses an- 18,3 ¤). Avec son groupe de musiciens tsi- par rapport aux sommes al- Birol Topaloglu arpente depuis cêtres yörüks (tribus nomades b Dimanche 13. Elazig Musiki ganes, les Turkish Diamonds, il re- louées en 1999. En outre, le bud- cinq ans les montagnes du nord- turkmènes tardivement sédentari- Cemyeti, à 20 heures (90 F, prendra à La Villette des musiques get consacré par le Centre na- grondement des moteurs le dis- est de la Turquie, enregistre les sées en Turquie) et être le digne hé- 13,7 ¤) ; Bogaziçi Quartet, Inci de danse traditionnelles anato- tional de la cinématographie à pute aux cris des marchands am- mélodies anciennes auprès des ritier des Epicuriens de la Grèce an- Çayirli, à 16 h30 (120 F, 18,3 ¤). liennes – des zeybeks, danse du la production de courts-mé- bulants. Birol Topaloglu vit dans vieillards rencontrés dans les vil- tique. « Dans les villages anatoliens, b Jusqu’au 13 février. Bazar turc sud-ouest de la Turquie rendant trages atteindra 30 millions un petit appartement en sous-sol, lages, puis revient quelques mois la culture chamanique est toujours dans la rue musicale de la Cité, hommage aux bandits d’honneur (4,57 millions d’euros) pour entouré de ses instruments, qu’il a plus tard leur faire écouter le fruit bien vivante, précise-t-il. Nous ten- avec vente de produits chers à l’imaginaire populaire turc, cette même année 2000. Enfin, pour la plupart fabriqués lui- de ses travaux. « Certains anciens tons d’imiter la nature, l’univers, et artisanaux, de disques et de des danses de mariage, des airs de dès la rentrée scolaire 2000- même. Des vielles kemençe, des étaient très émus d’entendre à nou- considérons que Dieu consiste en livres, café turc, de midi à la fin la mer Noire – agrémentées de 2001, un programme de films de tulum – sortes de cornemuses à un veau jouer le tulum, souligne le tout ce que l’être humain ne peut pas des concerts. Cité de la musique, rythmes indiens, africains et brési- court-métrage sera proposé manche –, de larges tambourins musicien. Ils avaient abandonné atteindre. Les chamanes croient en 221, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. liens. dans les lycées dans le cadre de qui, caressés par de fines tiges mé- leur instrument il y a près de vingt un dieu, mais pas celui de l’islam. » Mo Porte-de-Pantin. Tél. : l’enseignement spécialisé du ci- talliques, reproduisent le bruisse- ans, parce que, disaient-ils, jouer le Si le personnage est haut en cou- 01-44-84-44-84. Nicolas Cheviron néma et de l’audiovisuel. ment des vagues, des chapelets de tulum est un péché. Les imams leur coquillages envahissent son salon. racontaient que faire la fête et dan- Au centre de la pièce trône un ser était contraire à la religion. grand cylindre en bois. « La mu- Maintenant, ils se remettent à la Un « Mickey Mouse » français pour sauver le dôme du Grand Londres sique laze ne possède pas d’instru- musique. » ments rythmiques, explique l’ar- LONDRES du fameux parc d’attractions de la région pa- puis des semaines par la plupart des grands tiste. Comme les maisons sont en L’HORIZON GÉORGIEN de notre correspondant risienne n’a pas non plus l’intention, c’est médias – sauf ceux comme le Sun, dont les bois, les gens tapent sur le plancher L’indépendance de la Géorgie a Un Français, un « mangeur d’ail », une vul- promis, de « commettre l’erreur de changer le propriétaires (Rupert Murdoch entre autres) ou sur les murs avec leurs pieds ravivé le désir chez les Lazes de se gaire « grenouille » hexagonale pour sauver contenu » du grand dôme blanc de Green- sont sponsors officiels de l’Experience. pour marquer la mesure. J’ai fait réapproprier leur culture d’ori- de la déroute ce que Tony Blair appelait, il y a wich. Interrogation immédiate des spécia- Mais elle est très loin d’être à la hauteur des construire ce cylindre pour repro- gine. Les gens ont afflué en masse deux mois encore, « le plus extraordinaire té- listes, qui n’avaient pas de mots assez durs espoirs entretenus par le gouvernement, qui duire la “voix du sol”. » de l’autre côté de la frontière enfin moignage de la créativité britannique » ? pour fustiger moins la coûteuse et gigan- a investi 4,5 milliards de francs (675 millions Birol Topaloglu est né à Apso, rouverte, des liens familiaux ont La nomination, dimanche, de Pierre-Yves tesque architecture de Richard Rogers que d’euros) d’argent public dans le projet, et par un hameau proche de Rize, aux été restaurés. Elle a aussi ouvert Gerbeau à la tête du fameux dôme du Millé- « les quatorze manèges à vulgaires prétentions les sponsors, qui ont mis 1,6 milliard de francs abords de la mer Noire, d’un père de nouveaux horizons à Birol To- naire a surpris et atterré nombre de spécia- métaphysiques » entassés dessous (Le Monde (240 millions d’euros) dans l’affaire. Pour ren- contremaître et d’une mère qui paloglu : « Lors de mon premier sé- listes britanniques de l’entertainment. Ce daté 26-27 décembre 1999) : « Si le sauveur trer dans leurs fonds, les investisseurs ont be- travaillait aux champs, tous deux jour en Géorgie, je posais plein de n’est pas tant la nationalité de l’intéressé gallique du dôme n’entend rien changer au soin d’au moins dix millions de visiteurs dans lazes. Le turc, il ne l’a appris qu’à questions à tout le monde, se sou- – encore que... – qui pose problème aux belles contenu de la chose, comment va-t-il s’y l’année, soit une fréquentation mensuelle l’école primaire. Sa culture, il la vient l’artiste. Je leur demandais de âmes londoniennes, mais son curriculum vi- prendre pour la rentabiliser ? » C’est toute la deux fois plus élevée que celle du mois de jan- tient de sa mère, à laquelle fai- chanter. Trois femmes se sont mises tae. A trente-quatre ans seulement, l’ancien question. vier. Comment Pierre-Yves Gerbeau va-t-il s’y saient appel les habitants du vil- à entonner une chanson, j’ai re- hockeyeur professionnel bilingue qu’est Si Jenny Page, l’ancienne directrice, licen- prendre sans réformer le prodigieux ennui lage à chaque événement impor- connu la mélodie, mais pour la pre- M. Gerbeau a effectué l’essentiel de sa car- ciée le 5 février par les sponsors de l’attrac- qui émane de la plupart des quatorze zones tant pour chanter les épopées mière fois, j’entendais chanter cet rière chez Euro Disney. Pour les journaux lo- tion après avoir pourtant livré le « grand d’attraction du dôme, pour tenir – en onze traditionnelles. Ses chansons par- air en polyphonie. L’islam interdit caux, l’occasion était trop belle : « Mickey chantier » de Tony Blair en temps et en mois seulement – le pari qu’il a engagé de laient alors de la nature, de la mer, cette pratique, mais les Lazes de Mouse et ses grandes oreilles au secours du heure, a perdu si brutalement son emploi, les faire de la « grande tente blanchâtre » « le tic- de l’amour, mais aussi de la sépa- Géorgie, qui sont restés chrétiens, géant british de la culture », se délectaient critiques, qui n’ont jamais cessé, émanant des ket le plus couru de Londres » ? ration et de l’exil. « Le peuple laze ont su la préserver. Je cherche au- plusieurs d’entre eux avec une ironie non dis- beaux esprits de la culture anglaise ne sont « S’il échoue, ironisait mardi 8 février le Fi- vit à cheval entre la Turquie et la jourd’hui à collecter les chansons simulée en début de semaine. pas les seules responsables. Ce sont d’abord nancial Times, nous lui conseillons de remplir Géorgie, raconte le musicien. Après monodiques de ma région pour Première mise au point – obligatoire – pour les chiffres qui lui ont été fatals : 366 000 visi- la chose d’hélium, de couper les amarres, et de le rattachement de la Géorgie à qu’un jour elles puissent être réa- le nouveau « suprêmo » d’une Millennium Ex- teurs en janvier, « ce n’est pas si mal », disait la laisser s’envoler jusqu’en France... » Merci l’Union soviétique, la frontière s’est daptées en polyphonie. » perience en voie de ratage avancé : « Non, je lundi, très magnanime, M. Gerbeau. La per- beaucoup. fermée et de nombreuses personnes ne suis pas venu “disneyïfier” cette fantastique formance n’est peut-être pas si mauvaise eu ont dû quitter la région parce que N. C. réalisation. » L’ancien vice-président exécutif égard aux commentaires négatifs publiés de- Patrice Claude

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CULTURE LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 29 Les blessures silencieuses SORTIR pour clarinette et cordes op. 115). PARIS Bouffes du Nord, 37bis, boulevard Carte blanche à Michel Portal de la Chapelle, Paris 10e. Mo La de Gina Pane Une carte blanche à Michel Chapelle. Tél. : 01-46-07-34-50. Portal ? On ne saurait trouver 140 F. meilleure idée que de demander à Antonio Farao/Sylvain Beuf L’artiste a enseigné quinze ans à l’Ecole ce musicien ouvert à tant de Quartet répertoires de réunir autour de lui En leader de cette formation, deux supérieure des beaux-arts du Mans des interprètes avec lesquels il musiciens qui ont grandi à l’écoute entretient des affinités électives. Il et dans la pratique des maîtres du qui lui rend aujourd’hui un bel hommage faut avoir entendu les deux Michel bop (hard, post, néo...) : Antonio (Portal et Dalberto) dialoguer Farao, pianiste italien, qui a Cela dit, on remarque fort la pré- jusqu’à ce que leurs voix ne fassent enchanté quelques longues nuits GINA PANE : Ecole supérieure sence de pièces de 1968 et 1969 qui plus qu’une. C’est assurément une du festival de Calvi ; Sylvain Beuf, des beaux-arts, 28, avenue Ros- sont antérieures à l’engagement de des grandes expériences de la saxophoniste, jeune lion du jazz tov-sur-le-Don, 72000 Le Mans. l’artiste dans ce que l’on sait le musique de chambre qu’il soit français. Avec eux, de nouveaux Tél. : 02-43-47-38-53. Tous les mieux d’elle : ses actions où elle possible de vivre aujourd’hui. venus sur la scène des clubs, le jours de 13 heures à 19 heures. s’entaillait la peau avec des lames Quant à la musique improvisée, contrebassiste Stéphane Kereck et Samedi de 10 heures à 17 heures. de rasoir. Des objets proches d’Arte Portal, qui lui a donné certaines de le batteur Jon Tersic. Fermé le dimanche. Jusqu’au Povera (Gina Pane est d’origine ita- ses lettres de noblesse, continue Au Duc des Lombards, 42, rue des 4 mars. lienne), des photos inscrivent la dé- d’en aimer le danger, la plongée Lombards, Paris 1er . Mo Châtelet. Les marche de l’artiste dans une pers- vers l’inconnu. Le contrebassiste 11 et 12, 21 heures. LE MANS pective où la nature prend une Bruno Chevillon et le batteur Tél. : 01-42-33-22-88. 100 F. de notre envoyée spéciale place que l’on ne soupçonne pas Daniel Humair seront ses LYON « Les élèves devront comprendre souvent. De même que sa dimen- compagnons à cette occasion. que le maître n’est pas un modèle, sion écologique. Ses promenades et Le 11, 20h30: Michel Portal Trisha Brown, William Forsythe mais un outil de leur propre mo- marquages du sol cherchant la me- (clarinette), Antonio Meneses Soirée prometteuse que celle du dèle », écrivait Gina Pane dans sure de son corps et celle du (violoncelle), Michel Dalberto Ballet de l’Opéra de Lyon qui « Pour une pédagogie libératoire », monde, son attention au bois, aux (piano) : œuvres de Brahms. juxtapose Trisha Brown et William Le 12, 20h30: Michel Portal

un texte-manifeste dans lequel l’ar- pierres, ses gestes poétiques DU MANS. ANNE MARCHAND/ECOLE DES BEAUX-ARTS Forsythe. La grande chorégraphe tiste donne de l’enseignement un comme enfouir un rayon de soleil « Azione sentimentale », 1973. Constat d’action, (clarinette), Christine Rigaud postmoderne américaine a choisi point de vue irréprochable. Gina dans la terre à l’aide de deux mi- galleria Diagramma, Milan. (voix), Michel Dalberto (piano) : de donner Newark, créé en 1987 Pane (1939-1990) était parmi les roirs, cette photo qui la montre en Schumann (Romances pour dans une scénographie et premiers artistes (et la toute pre- « situation idéale » debout, droite, actionnistes viennois. Avec Gina Gina Pane est allée. « S’il n’y a pas hautbois et piano op. 94) ; Berg conception sonore de Donald mière artiste) n’ayant pas une pra- politique, entre terre et ciel, ou en- Pane, si blessure il y a, il n’y a pas de d’amour dans le sens le plus universel (Pièces pour clarinette et piano op. Judd, une partition chorégraphique tique artistique traditionnelle à être core cette action où elle se met en cri : l’engagement de l’artiste dans de ce terme, on ne peut pas faire ce 5) ; Spohr (Lieder allemands) ; complexe dont la fluidité invités à enseigner dans les écoles danger en escaladant la paroi d’une l’œuvre est silencieux. La blessure geste », a dit l’artiste de la blessure... Schubert (Le Pâtre sur le rocher). géométrique semble couler de d’art réformées après 1968. En l’oc- carrière de sable... Ces diverses re- qui est au centre de sa pratique y Gina Pane a cessé de produire Le 13, 15h30: Michel Portal source. William Forsythe présente currence celle du Mans, où, pen- cherches d’inscription du corps, de apparaît comme significative d’un une œuvre avec son corps en action (clarinette), Bruno Chevillon Second Detail et Quartette, parfaits dant quinze ans, elle a enseigné la mise à l’épreuve de sa fragilité, de malaise qui dépasse le propre ma- dans les années 80. Elle n’a alors (contrebasse), Daniel Humair exemples de la rigueur jubilatoire peinture, oui la peinture, et non ses limites, dans la nature, pré- laise de l’artiste. C’est un malaise produit que des installations tou- (batterie). avec laquelle il déstabilise la danse l’art corporel, son domaine. Pour- parent le terrain des performances d’ordre social et politique. Voir une jours plus sophistiquées, toujours Le 13, 12 heures : Michel Portal pour son plus grand bien. quoi évoquer cela ? Parce que l’ex- dures, avec le sang, construites déli- installation comme Le Riz (1970) qui plus manifestes d’une dimension (clarinette), Aki Saulière (violon), Opéra Nouvel, 1, place de la position a lieu à l’Ecole des beaux- bérément. renvoit à la guerre du Vietnam. sacrée dans des reliefs à figures et Gérard Caussé (alto), Xavier Comédie, 69 Lyon. Du 11 au arts du Mans qui, entre paren- On découvre au Mans une série matériaux symboliques, toujours Phillips (violoncelle) : Mozart 19 février, 20 heures ; dimanche, thèses, doit à l’artiste d’avoir été PAS DE GESTICULATION inédite, très belle : Les Enneigés bles- plus chargés de références chris- (Quintette pour clarinette et cordes 16 heures. Tél. : 04-72-00-45-45. De maintenue au centre-ville et non En 1970, la première blessure que sés, de 1974-75 . Il s’agit d’œuvres tiques : un détachement de l’actua- KV 581) ; Brahms (Quintette 90 F à 195 F. déménagée sur un lointain campus. Gina Pane s’est infligée en s’entail- sur papier faites de six variations lité pour rejoindre l’histoire de l’art Surtout parce que l’évolution de lant le bout du doigt, après avoir chacune de trois types d’images su- religieux. Les images de sublima- Publicité l’œuvre vers toujours plus de pictu- entaillé un bout de papier et un perposées, une photo brune de tion ont débordé celles de trans- ralité et de plasticité apparaît déci- bout de tissu, était une « Blessure montagne enneigée ; une image té- gression. Il y a là une profondeur de dément comme indissociable de théorique ». Des ses performances lévisuelle blanche et assez trouble l’œuvre qui n’a pas été sondée. La l’activité de l’artiste enseignant la théâtrales et spectaculaires, il reste prise au cours de la retransmission Prière des pauvres et le Corps des peinture. Cette évolution est mal des « constats d’actions », des d’un match pour handicapés, et un saints (1989-1990), le tout dernier connue. Quel musée a pensé or- images bien ordonnées, en dessin donnant la vision intérieure travail de Gina Pane, permet de chestrer une rétrospective ? planches qui ne retracent pas la de la montagne en quelques tracés l’approcher. Ce sont des vitrines re- Conçue par Anne Tronche, au- performance dans sa durée. Ce sont bruns au doigt entaillé, les yeux liquaires qui renferment des em- teur d’un des rares livres consacrés des montages d’images-clefs sym- bandés... où le cheminement men- preintes de corps et de stigmates à Gina Pane, l’exposition est faite boliques et métaphoriques : ce qui tal des images données en libre martelées dans le cuivre, des cordes de pièces bien choisies qui ja- comptait pour l’artiste qui prati- asociation mène à l’idée de quête, et autres instruments de supplices lonnent la carrière de l’artiste, sauf, quait l’art corporel sans gesticula- de dépassement, de possible et de passion. justement, ses débuts de peintre tion, sans pathos expressif à la dif- communion par-delà les écrans. abstrait, c’est un peu dommage. férence des vétérans du genre, les C’est dans ce sens que l’œuvre de Geneviève Breerette « La main passe » laisse la scène à des notables affamés dans les placards. Une machine – le direct, du frais, du croustillant. Le tresse inspire le rire à mesure de LA MAIN PASSE, de Georges phonographe enregistreur – était temps d’un tour de piste des pre- leur laideur et de leur maladresse. Feydeau. Mise en scène : Gildas prête à prendre le relais. En cracho- miers rôles (mari, épouse, amant et L’à-peu-près et l’art de s’y mainte- Bourdet. Avec Marie-Laure Dou- tant, elle suggérait un entrelacs de soupirant) et l’affaire est dans le nir commandent à leurs actions et GUIDE gnac, Marianne Epin, Christian situations nouvelles qu’il ne restait sac. Si Feydeau a jamais été «mé- à leurs goûts. Ils se veulent gran- Hecq, Jean-Michel Molé, Serge qu’à exploiter. Au service du vau- canique », c’est ici, dans le déclen- dioses, mais pour un oui ou pour REPRISES CINÉMA Tél. : 01-42-52-09-14. De 50 F à 90 F. Noël, Francis Perrin, Pierre San- deville, elle tiendrait celui du chement du mouvement. Une fois un non, frôlent la contrepèterie et Sylvie Chenu chante Yvette Guilbert. tini, François Toumarkine. confident et du mouchard. En la main forcée, il ne laisse plus ses équivalents gymniques. Cous- Le Pirate La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Paris 20e. de Vincente Minnelli, avec Gene Kelly, Ju- THÉÂTRE NATIONAL DE nouant mécaniquement, pour les d’autre choix à ses créatures que de touillu, le tribun bègue, terreur de Mo Gambetta. Le 11, 20 h 30. Tél. : 01-40- dy Garland. CHAILLOT, place du Trocadéro, seules oreilles qui ne devraient pas courir pour suivre ou périr. la Chambre, donne l’exemple par 33-30-60. Américain, 1948, copie neuve (1 h 42). Paris, 16e. Mo Trocadéro. Tél. : 01- Festival de contes à Paris l’entendre, les liens sacrés, indisso- son jeu de jambes d’acrobate. Et sa VO : Grand Action, 5e (01-43-29-44-40) ; Hamed Bouzzine, Gérard Potier. 53-65-30-00. Durée : 2 h 45. Du lubles, du mariage et du cocuage. ILS S’AVANCENT HÉBÉTÉS manière de s’asseoir entre deux Mac-Mahon, 17e (01-43-80-24-81). mardi au samedi à 20 h 30 ; Ainsi, dans La main passe, le Mais où courir ? (où ne pas cou- chaises en remontrerait à bien de L’Européen, 3-5, rue Biot, Paris 17e . Mo Place-Clichy. Le 11, 20 heures et dimanche à 15 heures. De 50 F phonographe se réserve-t-il la rir ?). Ses bourgeois ne savent pas nos politiques. TROUVER SON FILM 21 h 30. Tél. : 01-43-87-97-13. 80 F et 100 F. (7,62 ¤) à 160 F (22,87 ¤). Jusqu’au donne. Aux joueurs de saisir leur toujours exactement où ils sont, et Gildas Bourdet a de jolies for- Tous les films Paris et régions sur le Mini- Diwân de Biskra 27 février. chance. L’appareil dédié aux pas forcément qui ils sont. Ils mules (« Un vaudeville n’est qu’une tel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36-68-03- Instants chavirés, 7, rue Richard-Lenoir, grandes voix dresse l’évidence de s’avancent, hébétés, projetant de- tragédie qui a mal tourné »), une di- 78 (2,23 F/min) 93 Montreuil. Mo Robespierre. Le 11, e 20 heures. Tél. : 01-42-87-25-91. De 40 F à Le XX siècle allait sur ses quatre son unique pavillon au centre de la vant eux la pénombre de leurs rection d’acteurs sans failles, et une ENTRÉES IMMÉDIATES ans. Désormais, il n’y aurait plus scène. Et attend son heure. D’em- ignorances, marquant leur passage rare finesse de touche (il signe la 80 F. besoin de traîtres dans les coulisses blée, il montre son dédain pour les d’actes manqués, de remarques oi- scénographie avec Edouard Laug). Rumbanana (soirée salsa) Le Kiosque Théâtre : les places de certains La Java, 105, rue du Faubourg-du-Temple, des spectacles vendues le jour même à des théâtres, ni d’amants cachés phrases toutes faites. Il lui faut du seuses, de gestes douteux. Leur dé- Environnement noir, dur, mat, à Paris 10e. Mo République. Tél. : 01-42-02- peine souligné d’un trait de cinéma moitié prix (+ 16 F de commission par 20-52. 100 F. muet. Manière de prendre ses dis- place). Place de la Madeleine et parvis de la gare Montparnasse. De 12 h 30 à DERNIERS JOURS INSTANTANÉ quée, perverse et tient du tour de tances, de renvoyer le décor au dé- 20 heures, du mardi au samedi ; de force. Le compositeur invente un cor, et de laisser la scène aux faims 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. 12 février : A LA TELEVISION BAVOUZET, nouveau langage pour chacune de inaltérables de notables enclos Chœur et Orchestre philharmonique de Jeanne ET A LA RADIO ses œuvres. Qu’il rende hommage à dans leur bocal. Les acteurs passent Radio-France d’après Charles Péguy, mise en scène de L’INTELLIGENCE Haydn ou à l’Antiquité par un de les plats avec superbe : Alcide Cha- Saariaho : Oltra Mar. Eloy : Fluctuante-Im- Christian Schiaretti. nal (Pierre Santini), tête de veau muable. Nunes : Musivus. Pascal Rophé Théâtre national de la colline, 15, rue Le Monde des idées ses tours de passe-passe archaïsant (direction). Malte-Brun, Paris 20e. Tél. : 01-44-62-52- LCI ET LE CŒUR qui fait se dire « C’est beau comme larmoyante mais digne ; son Maison de Radio-France, 116, avenue du 52. De 80 F à 160 F. Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 l’antique avec tout le confort mo- épouse (Marianne Epin), poularde Président-Kennedy, Paris 16e. Mo Passy. Le 13 février : Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 D’une de ses consœurs aux doigts derne ». Qu’il compose une sona- demi-deuil écrasée par le destin ; 11, 20 heures. Homme pour homme Le lundi à 15 h 10 vif-argent, le pianiste Yves Nat di- tine qui a du mal à tenir dans son son amant, Massenay (Francis Per- Tél. : 01-42-30-15-16. Entrée libre. de Bertolt Brecht, mise en scène de Jean- a sait : « C’est le néant avec des doigts titre enfantin ou Gaspard de la nuit rin), raide asperge sauce gribiche ; G. Love & Special Sauce Pierre Vincent. Le Grand Jury son épouse (Marie-Laure Dou- Café de la danse, 5, passage Louis-Phi- Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pablo- au bout. » De Jean-Efflam Bavou- dont les trois volets posent de re- lippe, Paris 11e. M o Bastille. Le 11, Picasso, 92 Nanterre. Tél. : 01-46-14-70-00. RTL-LCI gnac), vol-au-vent courant d’air ; le zet, trente-huit ans, nous dirons, doutables problèmes au pianiste le 20 heures. Tél. : 01-47-00-57-59. 143 F. De 55 F à 140 F. Le dimanche à 18 h 30 député Coustouillu (Serge Noël), a pour l’avoir entendu si souvent et plus aguerri. Playdoh, Mobil, ELM Le Saperleau récemment encore dans le Troi- Bavouzet vient et ne paraît pas cerf grand veneur, tous bois de- Glaz’Art, 7-15, avenue de la Porte-de-La- de Gildas Bourdet, mise en scène de l’au- La rumeur du monde sième Concerto de Bela Bartok, dans son assiette. Son piano n’est hors ; et Hubertin (Christian Hecq), Villette, Paris 19e . Mo Porte-de-La-Villette. teur. FRANCE-CULTURE avec l’Orchestre de Paris dirigé par certes pas un grand cru, il sonne homard à l’américaine, qui articule Le 11, 20 h 30. Tél. : 01-40-36-55-65. 60 F. Les Madones Le samedi à 12 heures des pinceaux à en mourir. Desserts Les Négropolitains de Nathalie Akoun, mise en scène de l’au- a Pierre Boulez : « C’est l’intelligence trop, mais le pianiste peine à le teur. à volonté. Au Lavoir moderne parisien, 35, rue Léon, et le cœur avec des doigts au bout.» dompter. Cette nervosité, cette re- Paris 18e . Mo Château-Rouge. Les vendre- Cartoucherie-Théâtre de la Tempête, Idéaux et débats Il vient au Louvre pour jouer deux lative absence de quant-à-soi ne lui di et samedi, 21 heures, dimanche, route du Champ-de-Manœuvre, Paris 12e. FRANCE MUSIQUES sonates et les Variations en fa mi- ressemblent pas. Ses tempos sont 16 heures. Du 11 février au 11 mars. Tél. : 01-43-28-36-36. De 80 F à 110 F. Le dimanche à 17 heures Jean-Louis Perrier a neur de Haydn, le Menuet sur le parfois trop vifs parce que les traits nom de Haydn, le Menuet antique, manquent de stabilité dans Haydn. Libertés de presse la Sonatine et Gaspard de la nuit de Dans Gaspard de la nuit, on perd FRANCE-CULTURE Maurice Ravel. La composition du quelquefois le fil des trois plans so- Le premier dimanche de chaque mois a programme de son récital fait dres- nores du « gibet ». Ils doivent se ser l’oreille. La musique pour clavier mélanger et pourtant rester dis- A la « une » du Monde de Haydn, c’est la bizarrerie harmo- tincts et l’on n’entend parfois plus RFI nique, la surprise érigée en forme distinctement le glas qui signe sinis- Du lundi au vendredi à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) souveraine, le rythme dans ce qu’il trement le deuxième volet du chef- a a de plus jouissif, de plus sauvage. d’œuvre d’un compositeur qui n’a C’est aussi l’art du silence inopiné, écrit que... des chefs-d’œuvre. Et La « une » du Monde interrogatif, aussitôt coupé par une puis tout d’un coup, le Bavouzet BFM phrase qui zèbre le clavier, une que l’on admire depuis si long- Du lundi au vendredi 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 main gauche martelée qui font pa- temps nous revient et l’on est rude- Le samedi raître bien sage la techno la plus ment content. 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 martelée. Ravel aussi incarne la bi- zarrerie. Chez lui elle est sophisti- Alain Lompech LeMonde Job: WMQ1102--0030-0 WAS LMQ1102-30 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0446 Lcp: 700 CMYK

30 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 EN VUE a Gerhard Skiba, maire de La grande misère des universités françaises Braunau am Inn, conscient des « difficultés énormes de l’Autriche depuis l’arrivée de l’extrême droite La revue « Le Débat » publie le témoignage d’un universitaire qui dénonce le triste état de l’enseignement supérieur : au pouvoir », propose de transformer la maison natale les conditions de travail et de recrutement ont pour effet, dit-il, de tuer « toute passion intellectuelle » d’Adolf Hilter en un lieu de rencontre et de réconciliation. C’EST UN SOMBRE tableau de Misère matérielle : à mi-vie, l’en- voir avec « l’intérêt scientifique et à peine dissimulée d’une bureaucra- l’Université française que dresse seignant du supérieur gagne, nous intellectuel », le clientélisme et le tie d’aigris. » Lire un livre dans l’en- a L’écrivain autrichien Peter Jean-Fabien Spitz, professeur de dit M. Spitz, 18 000 F net par mois. localisme s’ajoutant « aux ambi- ceinte de la faculté, ajoute-t-il, est Handke, qui avait pris parti philosophie à l’université de Caen, C’est, lui objectera-t-on, la contre- tions personnelles et aux stratégies « un signe de snobisme et d’affecta- contre l’intervention de l’OTAN dans la dernière livraison du Débat partie du temps libre dont il dis- les plus mesquines de placement des tion », qui prouve que « l’on se tient en Yougoslavie, demande (no 108, janvier-février 2000, Galli- pose. Il est vrai qu’il ne dispense vassaux ». à l’écart de la vie de l’établisse- pourquoi les Européens, qui mard). Misère matérielle, misère que six heures de cours hebdoma- ment ». La recherche devient une dénoncent l’arrivée de l’extrême intellectuelle, misère morale : l’uni- daires pendant vingt-six semaines LA RECHERCHE, ACTIVITÉ PRIVÉE activité purement privée, et l’Uni- droite au gouvernement, ne versitaire, même muni des parche- par an, mais ses tâches d’adminis- Misère intellectuelle aussi : ses versité « un lieu où l’on ne produit bombardent pas Vienne. mins les plus glorieux (agrégation, tration, de suivi des étudiants et de conditions de travail étant ce plus de savoir, mais où l’on se ENS, doctorat) et d’un solide dos- correction « l’absorbent sans cesse la capitale. M. Spitz met notam- qu’elles sont, « l’universitaire perd contente de répéter très mal celui a Selon John Broughton, un des sier de publications en tout genre, plus » et ses recherches occupent, ment en cause la politique de re- toute passion intellectuelle », faute qu’on a acquis il y a longtemps ». responsables de la police d’Essex, vit une existence douloureuse qui pour l’essentiel, le temps qui lui crutement des enseignants, qui d’une « relative protection » et Misère morale enfin, que « les pirates de l’air étaient en l’expose aux « doutes » et à la «las- reste. En outre, il est souvent as- empêche les universités de créer d’une « relative quiétude ». « Ayons M. Spitz décrit comme « un senti- colère », quand les membres de situde » sur l’exercice de son mé- treint à des déplacements hebdo- des « pôles d’excellence », capables le courage de le dire, écrit Jean-Fa- ment de non-appartenance, d’exclu- l’équipage du Boeing afghan tier, sources d’un « profond ma- madaires « épuisants et onéreux », d’attirer « les meilleurs enseignants bien Spitz : l’Université est un lieu où sion, de vie professionnelle de paco- détourné sur l’aéroport londonien laise » dont il souffre, le plus la centralisation des instruments de d’une discipline donnée », et qui, règne l’anti-intellectualisme, où les tille ». Homo universitarius a, dit-il, de Stansted ont quitté le cockpit souvent, en silence. recherche le contraignant à habiter aujourd’hui, n’a pas grand-chose à enseignants sont en butte à l’hostilité l’impression de « traverser un au moyen d’une échelle de corde. théâtre d’ombres sans consistance ni réalité ». Réduit à une fonction de a Disqualifié par le jury de DANS LA PRESSE constater que ce qui est possible en qu’il nous cache aussi longtemps surprenant en raison de la difficulté « gardiennage social de la jeu- Nagpur, en Inde, pour avoir fait Allemagne, pays décentralisé, avec qu’il le peut ce qu’il a en caisse. à comprendre les motifs des sabo- nesse », il se retire « dans le mépris sortir d’une jarre un serpent au FRANCE-INTER l’accord des partis de gouverne- Sous Colbert, l’Etat, c’était teurs qui frappent ainsi les valeurs du savoir » ou se lance « dans l’acti- rythme d’une musique de film, Dominique Bromberger ment, sociaux-démocrates et Verts, Louis XIV. Aujourd’hui, c’est nous. fondamentales du réseau mondial visme institutionnel » ; et il finit par Gapp, alias Jonhnny Fantastica, a Hier est tombé un chiffre qui a ne l’est pas en France. Nos diri- Bercy doit se mettre à la transpa- d’internet. CNN, une des victimes, se dire – comble du désespoir – que dur d’oreille, a perdu son titre de un immense avantage : il permet geants sont tétanisés à l’idée de dé- rence. A l’heure d’Internet, pour- propose gratuitement ses nou- ceux qui l’accusent d’être payé à ne champion du monde des au gouvernement de ne prendre finir une politique fiscale, et plus quoi les citoyens-contribuables ne velles, et Yahoo !, malgré le gonfle- rien faire ont peut-être raison... magiciens sourds, au profit de aucune décision significative. (...)Le encore, quand il est question de pourraient-ils pas consulter on line ment démesuré de sa valeur bour- Voilà donc la triste plainte d’un Bhupatal Pandi, sourd comme un pouvoir, c’est le contrôle des re- rendre de l’argent aux Français que l’exécution budgétaire ministère sière (qui atteint la coquette universitaire « très ordinaire ». pot. cettes et des dépenses. Pas ques- quand il s’agit de leur en prendre. par ministère, commme l’avait sug- somme de 98 milliards de dollars) Certes, celui-ci n’ignore pas que la tion de réduire les dépenses, qui Pourquoi ? Parce que tous nos gou- géré Jean Arthuis, ancien ministre s’en tient strictement aux valeurs satisfaction de la « passion intellec- a Cédant aux pressions des sont le meilleur instrument du vernants sont des hauts fonction- des finances. Les Français et leurs de base d’Internet, telles que l’aide tuelle » à laquelle il a choisi de manifestants nationalistes, le pouvoir d’Etat, et donc difficile de naires confits dans le culte de l’Etat élus sont assez grands pour juger mutuelle et l’encouragement aux consacrer sa vie est « un luxe » et gouvernement de l’Etat d’Uttar réduire, significativement, les im- tout puissant. La France a bien du et débattre de ce qui est bien pour usagers à aller là où ils veulent al- « un privilège » dans les sociétés Pradesh vient d’interrompre le pôts... ce que, pourtant, réclament mal à changer. eux et de ce qu’il faut faire d’un ler. Ce bombardement est instructif modernes, mais il sait aussi tournage de Water, un film sur la une immense majorité des Fran- surcroît de recettes. pour deux raisons. D’abord, il « qu’aucune société digne de ce nom libération des femmes, un hindou çais. Les étatistes ont même trouvé FRANCE-SOIR montre à quel point la Toile est vul- ne peut se dispenser de salarier des furieux s’étant empoisonné puis mieux, ou pire : réduire la taxe Jean-Marc Gonin THE GUARDIAN nérable, et le restera, aux agisse- individus qui se chargent de faire jeté dans le Gange, dimanche d’habitation sans la réformer. Ain- a Dans son dernier rapport an- a Le bombardement, par des mes- ments de minorités stupides qui vivre et de transmettre la culture qui 6 février à Bénarès. si, les collectivités locales, dont nuel, la Cour des comptes nous a sages falsifiés, de sites internet tels s’efforcent d’exploiter à leur profit la définit et l’anime ». Il demande c’est l’une des principales res- révélé que l’Etat ne connaissait que Yahoo !, la très populaire porte sa liberté d’accès. Mais il montre donc qu’au moins « on respecte son a « L’eau peut faire monter la sources, en seront réduites à men- même pas le nombre d’agents qu’il d’accès à la Toile, ou eBay, la salle aussi à quel point Internet a changé savoir et sa fonction ». tension artérielle », alarmait, mardi dier encore plus d’argent auprès du emploie ni ne savait combien il les d’enchères électroniques, est à la le rapport de force entre les pro- 8 février, le professeur Jens Jorda pouvoir central. Force est donc de rémunère. Cette fois, on s’aperçoit fois surprenant et instructif. Il est ducteurs et les consommateurs. Thomas Ferenczi de l’université Vanderbilt à Nashville dans le Tennessee. « Une approche optimiste de la vie SUR LA TOILE permet de vivre plus longtemps et en meilleure santé », rassurait, web.underground.cz/revizor/ MUSIQUE mercredi, le professeur Toshihito a Grolier Interactive et Europe 1 Maruta, de la clinique Mayo, à Communication (groupe Lagardère) Rochester, dans le Minnesota. Un étudiant praguois a mis au point un système pour aider les fraudeurs du métro à échapper aux contrôleurs ont ouvert un site-portail consacré à la musique baptisé MCity. Il propose a Bill Clinton avait adressé ses LA RÉGIE municipale des trans- conseils transmis par ses correspon- notamment douze canaux musicaux félicitations au révérend Moon ports en commun de Prague es- dants et surveiller le comportement originaux ciblés par tranches d’âge Sun myung, chef de l’Eglise de time que six à dix pour cent des et les emplacements favoris des (adolescents, jeunes adultes et l’unification, à l’occasion de son personnes empruntant le tramway, contrôleurs. Il pousse la phobie des adultes), plusieurs webmagazines anniversaire ; Kim Jong-il, le bus ou le métro voyagent sans « revizors » jusqu’à se munir d’au- d’actualité, des renseignements pra- dirigeant de la Corée du Nord, billet. Comme partout ailleurs, les tocollants « Attention, contrôle tiques et chroniques sur les événe- vient de lui offrir une variété rare fraudeurs sont pourchassés par des dans le hall ! », qu’il colle sur les es- ments musicaux, un annuaire des de ginseng sauvage pour fêter ses contrôleurs, appelés ici « revi- calators en cas de danger. sites musicaux, des canaux de dia- quatre-vingts ans. zors ». Mais, désormais, ils M. Sebelik a tenté d’ouvrir un dé- logue en direct, un service d’héberge- peuvent trouver secours sur Inter- bat sur la fraude et le rôle des ment de pages personnelles et une a Dès la fin du printemps, les net. Le site « revizor », créé par Jan contrôleurs avec la régie munici- boutique. femmes seront admises à Sebelik, un étudiant praguois de pale, qui a sèchement refusé. Pour- www. mcity. fr combattre dans tous les corps de dix-huit ans, fourmille d’astuces tant, le nombre de resquilleurs est l’armée française, à l’exception de pour passer à travers les contrôles, en hausse en raison des augmenta- PROTECTION DE LA VIE PRIVÉE la Légion étrangère. reconnaître de loin les contrôleurs tions du prix des billets, et de nou- a La commission fédérale américaine en civil, ou encore pour les désta- veaux moyens de déjouer la vigi- du commerce (FTC) a ouvert une en- a Le tribunal militaire de Palerme biliser et prendre l’avantage psy- lance des contrôleurs sont inventés quête sur les activités de la société vient de condamner à neuf mois chologique au cours des tracta- tous les jours. M. Sebelik vient de Alexa (filiale d’Amazon. com), qui dis- de prison avec sursis le général tions... Il publie également des mettre en place un système tribue un logiciel d’aide à la navigation Massimo Fabbricatore, qui, au conseils juridiques pour ceux qui d’alarme qui utilise les téléphones pour le grand public. Alexa est soup- cours d’une dispute devant la ont décidé de refuser de payer resquilleurs professionnels ou ju- Maudit par les dirigeants des mobiles des membres de son forum çonnée d’utiliser les données person- caserne, avait pris plaisir à l’amende. ristes en herbe, il a rapidement Transports praguois, qui lui re- de discussion : dès qu’un membre nelles recueillies auprès de ses clients offenser deux carabiniers en M. Sebelik a créé ces pages afin étoffé son site, devenu une réfé- prochent de « nuire au travail des du club repère un groupe de pour constituer des fichiers et de croi- racontant aux passants la blague de « protester contre le comporte- rence pour les « voyageurs au contrôleurs qui économisent l’argent contrôleurs, il envoie un bref mes- ser ses bases de données avec celles bien connue : « Savez-vous ment des contrôleurs, qui s’en noir » de la capitale, mais aussi de des honnêtes gens », M. Sebelik a sage indiquant le nom de la station d’autres sites. Par ailleurs, la commis- pourquoi ils ont des galons sur leurs prennent surtout aux jeunes et aux villes de province et même pour les contraint les « revizors » à changer à éviter, qui s’affiche quelques se- sion des opérations en Bourse (SEC) a pantalons ? Pour leur éviter de les touristes étrangers, victimes faciles Tchèques voyageant à l’étranger : de techniques, en particulier à être condes plus tard sur l’écran des por- fait savoir que deux plaintes ont été mettre à l’envers ! » qui ont aussi des droits, parfois ba- on y trouve quelques conseils pour moins repérables. Bien qu’étant lui- tables de tous les autres adhérents. déposées par des particuliers contre foués ». Grâce aux contributions de frauder dans le métro à Paris et à même un « honnête voyageur », il Alexa pour la même raison. –(AP.) Christian Colombani près de soixante-dix internautes, Londres. aime tester personnellement les Martin Plichta www. alexa. com

Glaive, balance et caméra par Alain Rollat LA JUSTICE règne par les mots. Quelle harmonie ! Quelle mélo- Or donc, qu’a-t-on vu ? On a Elle s’exerce à coups de phrases die ! On sent là-dessous l’in- vu, sur TF 1, filmée de dos, de longues, ronflantes, nickelées. Ses fluence de Chateaubriand, le loin, par une caméra pas fière manuels de droit sont faits de vo- souffle de Hugo, les violons de d’être là, la silhouette cryptée cables choisis, alignés, huilés. Ses Verlaine. d’une ombre brune entre deux jugements s’expriment en termes Mais comment illustrer une gendarmes. On a vu, sur France 2, développés, argumentés, méca- partition aussi monumentale ? La à contre-jour, après un zoom sur niques. Il en est ainsi de l’article télévision a du mal à mettre en les semelles de ses baskets, le dos 227-17 du titre II du livre II du images la musique judiciaire. Ses d’un gamin de douze ans code pénal sanctionnant les man- comptes rendus visuels en prove- condamné pour chapardages à quements des parents à leurs nance de Mulhouse n’étaient pas être « placé ». Il parlait agenouillé obligations légales. C’est un chef- à la hauteur de l’événement sans sur un divan, comme si la justice d’œuvre de justice distributive. Il précédent dont bruissait le tribu- l’avait déjà mis au piquet pour est si bien composé, sa structure nal de grande instance. C’était la 227-17 jours. Il parlait de sa mère sémantique est si équilibrée, son première fois, paraît-il, qu’une en phrases sommaires, mots architecture si pure qu’on dirait mère de garnements était retenue sourds. Sa voix semblait cassée, un morceau de musique clas- en garde à vue pour violations ré- hors codes. Elle ravalait des sique : « Le fait, par le père ou la pétées de ce sublime article 227- larmes. Quand le reporter lui a mère légitime, naturel, ou adoptif, 17 ! Son cas était d’autant plus demandé : « T’as l’impression que de se soustraire, sans motif légi- grave, selon les gens de justice qui ta maman t’élevait bien ? », ce time, à ses obligations morales lé- en parlaient en mots savants gosse a eu une réponse syntaxi- gales au point de compromettre (« actes délinquants, récurrents, à quement douteuse et judiciaire- gravement la santé, la sécurité, la assumer... »), qu’elle était aussi ment irrecevable. Il a dit en effet : moralité ou l’éducation de son en- coupable de vivre « dépourvue de « Elle élevait comme elle pouvait... fant mineur est puni de deux ans situation professionnelle stable », Elle essayait... Elle essayait mais d’emprisonnement et de 200 000 F « à la limite de la marginalité », elle y arrivait pas. » Son image en d’amende. » Quelle amplitude ! « abandonnée ». clair-obscur hurlait une injustice. LeMonde Job: WMQ1102--0031-0 WAS LMQ1102-31 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 09:06 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0447 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / 31 JEUDI 10 FÉVRIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.30 Les Ailes de légende. [2/6]. Planète 21.00 Mozart et Beethoven. 18.55 The Crying Game aa TÉLÉVISION DÉBATS 20.40 Thema. Des souris Lors des Proms. Avec Alfred Brendel, Neil Jordan (Grande-Bretagne, ARTE et des hommes, ce monde fou piano. Par l’Academy of 1992, 125 min) ?. Cinéstar 2 21.00 Les Drogues qu’on nous prépare. Arte Saint-Martin-in-the-Fields, 19.30 Le Cavaleur aa 19.00 Voyages, voyages. Thaïlande. dir. sir Neville Marriner. Mezzo TF 1 et la médecine. Forum 20.45 Les Pionniers du futur. Arte Philippe de Broca (France, 19.45 Arte info, Météo. 22.20 Mozart l’Egyptien. 1978, 100 min). Cinétoile 17.35 Melrose Place. 20.15 360o , le reportage GEO. 22.00 Forêts tondues, 21.05 Les Grands Jours du siècle. Lors du Festival de Marseille. Avec 1939-1945 [2/3]. TV 5 20.45 Usual Suspects aa Les Jeux de la vie [4/4]. pays perdus... Forum Abdu Dagher, violon. Paris Première 18.25 Exclusif. 21.20 Drogues hallucinogènes, Bryan Singer (Etats-Unis, 19.05 Le Bigdil. 20.40 Thema. Des souris et des hommes, 23.30 Jazz at the Smithsonian. Muzzik 1994, 105 min). Cinéfaz ce monde fou qu’on nous prépare. un espoir thérapeutique. Planète 20.00 Journal, Météo. MAGAZINES 0.35 Monsieur Choufleuri. Œuvre 21.00 Guerre et Paix aa 20.45 Les Pionniers du futur. d’Offenbach. Avec Maryuko Karasawa, 21.40 et 23.05 Débat. 21.55 Liszt, les années Serge Bondartchouk [2/4] (Urss, 20.50 Marc Eliot. soprano ; Fernand Fédronic, ténor ; 22.20 Des écrans, des souris 18.20 Nulle part ailleurs. Invités : Roland de pèlerinage en Italie. Mezzo 1962, 120 min). Histoire Ces flics qu’on dit sauvages %. Emmanuel Olivier, piano. Mezzo et des hommes. Marchisio ; Didier Caron ; 22.15 La Crise de Suez. [2/2]. Planète 22.40 Made in America. Le Chassé-croisé. Tommy Lee ; Fanny Ardant ; 21.00 La Corde aa Téléfilm. Steven Schachter %. 23.40 Différent des autres aa Christopher Stills. Canal + 22.20 Des écrans, des souris Alfred Hitchcock (Etats-Unis, Film muet. Richard Oswald. TÉLÉFILMS 1948, v.o., 80 min). Paris Première 0.25 Scénarios sur la drogue. 18.30 et 21.30 L’Invité de PLS. LCI et des hommes. Arte 0.25 Le Doute perpétuel aa 22.30 Panique aaa 0.30 Vol de nuit. Journaux intimes. 20.05 Temps présent. Invités : Micheline 22.30 Légendes. Marilyn Monroe. Téva 20.55 Rebecca. Jim O’Brien [2/2]. TMC Film muet. Richard Oswald. Julien Duvivier (France, 1946, 1.20 Thérèse aaFilm. Alain Cavalier. Calmy-Rey ; Charles Favre. TSR 23.10 Perspectives américaines. 22.40 Made in America. Le Chassé-croisé. N., 95 min). 13ème Rue FRANCE 2 [6/8]. Les années 30. Planète Steven Schachter. %. TF 1 20.15 et 23.00 Le Journal 23.00 La Valse de Paris aa 22.55 Full Eclipse. Anthony Hickox. ?. M6 de l’histoire. Histoire 23.30 Panoramas du monde. Marcel Achard (France, 1949, 17.20 Un livre, des livres. M6 Cuba, droit au cœur. Odyssée 20.50 Envoyé spécial. Spécial Brésil. N., 95 min). Mezzo 17.25 Cap des Pins. 18.25 Sliders, les mondes parallèles. Stars du ciel. Au nom de Jésus. 23.45 Les Celtes. [5/6]. Histoire COURTS MÉTRAGES 17.55 Nash Bridges. 19.15 Cosby Show. L’Universal au Portugal. France 2 0.05 Enquêtes médico-légales. 18.45 Friends. 22.15 La Roue du temps. Preuves accablantes. 0.25 Scénarios sur la drogue. 19.45 Aujourd’hui, Christophe a testé... ème 19.15 Qui est qui ? L’empereur immortel. RTBF 1 Erreur de diagnostic. 13 RUE La Purée. Seb Lelouch 19.54 Le Six Minutes, Météo. 20.00 Journal, Météo, Point route. 22.40 Boléro. Invitée : Charlie. TMC 0.10 L’Ecole des tortionnaires. Planète et Simon Lelouch. TF 1 20.05 Une nounou d’enfer. 20.50 Envoyé spécial. Spécial Brésil. 0.00 Le Club. 1.30 Scénarios sur la drogue. 20.38 Météo des neiges. Jour de manque. France 3 23.05 La Puissance de l’ange a Invité : Henri Verneuil. Ciné Classics SPORTS EN DIRECT 20.40 Décrochages info, Passé simple. 0.20 Prise directe. En direct de Paris. Film. John G. Avildsen %. 20.55 Harem. Film. Arthur Joffé %. Les choix politiques 20.30 Basket-ball. Euroligue masculine SÉRIES 1.15 Journal, Météo. de l’Autriche. France 3 (2e phase, Groupe G : 2e journée 1.40 Le Décalogue. 22.55 Full Eclipse. Téléfilm. A. Hickox ?. retour) : Séville - Asvel. Pathé Sport 0.30 Vol de nuit. Journaux intimes. TF 1 20.45 Buffy contre les vampires. Tu ne tueras point aaa 0.40 Highlander. Effet chocolat. %. Série Club Film. Krzysztof Kieslowski (v.o.) ?. 0.45 Lucy, Ramsès et Cie. Histoire MUSIQUE 20.50 Marc Eliot. Ces flics 2.35 Tu ne seras point luxurieux aa 1.35 Saga-Cités. Zebda, acte II. France 3 qu’on dit sauvages. %. TF 1 Film. Krzysztof Kieslowski (v.o.). RADIO 20.35 Festival « Beethoven 22.45 Le Caméléon. La beauté cachée DOCUMENTAIRES passionnément ». Avec Bruno (v.o.). L’échange (v.o.). Série Club FRANCE 3 Robillard, piano ; E. Sapey-Triomphe, 0.00 Homicide. Dérives. TSR FRANCE-CULTURE violoncelle. Muzzik 20.15 360o , le reportage GEO. 1.20 New York Police Blues. Tensions 17.40 Le Kadox. Les Jeux de la vie. [4/4]. Arte 20.59 Cinéma en Muzzik. Muzzik à l’audience (v.o.). Canal Jimmy 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? 20.30 Equinoxe. 23.00 La Rose pourpre 18.20 Questions pour un champion. Musiques traditionnelles de Turquie. du Caire aaa 21.30 Radiodrames. Une visite 18.48 Un livre, un jour. à Civitavecchia, de Bernard Da Costa. Woody Allen. Avec Mia Farrow, 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. Jeff Daniels (Etats-Unis, 22.10 Multipistes. 1985, v.o., 80 min). Cinétoile 20.05 Fa si la. La Saint-Valentin. 23.40 Différent des autres aa 20.35 Tout le sport, Consomag. FRANCE-MUSIQUES Richard Oswald (All., muet, 1919, 20.55 Le Guignolo. Film. Georges Lautner. PARIS PREMIÈRE FRANCE 3 CANAL JIMMY N., 45 min). Arte 22.45 Météo, Soir 3. 20.00 Concert. Donné par l’Orchestre 0.20 Paperhouse aa 23.15 Patinage artistique. national de France, dir. Charles Dutoit : 21.00 La Corde aa 1.35 Saga-Cités : Zebda acte II 2.25 En voiture et en paroles Bernard Rose (GB - EU, 1987, Championnats d’Europe. Nuits dans les jardins d’Espagne, de De 95 min). Cinéfaz Brandon, jeune romancier new- Cet été, Tomber la chemise s’est Assis côte à côte à bord d’un 0.20 Prise directe. Falla ; Concerto pour piano en sol, de 0.25 Le Doute perpétuel aa Ravel, Jean-François Heisser, piano ; o yorkais, et son ami musicien Phi- vendu à plus de un million d’exem- luxueux 4 × 4, deux personnalités Richard Oswald (Allemagne, muet, Symphonie n 9 1918, N., 55 min). Arte CANAL + Du nouveau monde, de Dvorak. lip, sur lequel il exerce une étrange plaires. Lutte contre l’exclusion, filmées en gros plan devisent en 22.30 Jazz, suivez le thème. 1.20 Thérèse aa 16.25 Au cœur de la tourmente a domination, étranglent avec une actions en faveur des sans-papiers roulant. Le principe est simple : Alain Cavalier (France, 1986, 23.00 Le Conversatoire. Film. Beeban Kidron &. corde un camarade d’études, pour ou des victimes de la double peine, faire voyager deux personnages 85 min). Arte appliquer une théorie imprudente politique de la ville, vote des publics (artistes, politiciens, spor- 1.25 Guantanamera aa f En clair jusqu’à 20.40 RADIO CLASSIQUE Tomas Gutiérrez Alea 18.15 Flash infos. de leur prof de philo, Ruper Cadell, jeunes, droit à l’expression et accès tifs...) pendant quelques heures et et Juan Carlos Tabío (Cuba, 18.20 Nulle part ailleurs. 20.15 Les Soirées. 1995, 100 min). Ciné Cinémas 2 sur le droit qu’ont les êtres supé- à la culture pour les plus défavori- les inciter à dialoguer, voire à se 20.30 Le Journal du cinéma. Philémon et Baucis (ouverture) Hob 1.40 Tu ne tueras point aaa 1a :8, de Haydn ; Concerto pour o rieurs de supprimer les inférieurs. sés... Yasmina Yahiaoui et Richard dévoiler dans ce huis clos itinérant. Krzysztof Kieslowski (Pologne, 20.40 Best Men. Film. Tamra Davis %. violoncelle n 3 G 476, de Boccherini. Ce premier film en couleurs de Montrobert ont retracé le parcours Cette semaine, Isabelle Juppé et 1988, v.o., 55 min) ?. France 2 22.05 Central do Brazil a 20.40 Wittgenstein et la musique. Film. Walter Salles (v.o.) &. Hitchcock fut une prouesse tech- de ce groupe qui affiche clairement Elie Baup, destination prévue : Fé- 2.05 La Soif du mal aaa 22.45 Les Soirées... (suite). Orson Welles (Etats-Unis, 1958, 0.05 Le Nuage Œuvres de Schubert, Wagner, nique. ses convictions. camp. N., v.o., 110 min). Ciné Classics Film. Fernando Solanas (v.o.) &. R. Schuman, Bach, Zimmermann.

VENDREDI 11 FÉVRIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

18.30 Le Renard véloce. La Cinquième 13.10 Stay Hungry a DÉBATS THÉÂTRE Bob Rafelson (Etats-Unis, TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE 18.30 Gould, souvenirs. 1976, 105 min). Cinéfaz [1/12]. Prologue. Mezzo 21.00 La Retraite 23.10 Treize à table. 13.20 La Rose pourpre 16.00 Les Nouveaux Agriculteurs. 19.05 Les Derniers Feux de Rainer TF 1 des chevaux de course. Pièce. Marc-Gilbert Sauvageon. [2/7]. Question de dose. Mise en scène. René Clément. Festival du Caire aaa Invités : Philippe Berger, Jecan-Bertran Werner Fassbinder. Planète Woody Allen (Etats-Unis, 14.45 Arabesque. 16.35 Alfred Hitchcock présente. Gigolo. de Balanda, Jean-Louis Branère, 20.15 Boy, l’enfant singe. Arte 1985, v.o., 80 min). Cinétoile 15.40 Magnum. 17.00 Le Cinéma des effets spéciaux. François Carrara, Gilbert Fournier, TÉLÉFILMS Les clones. Bertrand Langlois. Forum 20.45 Banc d’Arguin, 14.30 Le Vent du Wyoming a 16.40 Sunset Beach. André Forcier (France - Québec, 17.30 100 % question. la route des oiseaux. Odyssée 23.00 Cinéma, y a-t-il un renouveau 19.00 Le Coup de l’oreillette. 1994, 100 min) %. Cinéstar 1 17.55 Côté Cinquième : Côté week-end. 17.35 Melrose Place. français ? Invités : Stéphane Giusti, 21.00 Les Celtes. Glenn Jordan %. Ciné Cinémas 14.40 Le Transfuge a Portrait de l’invité. Laëtitia Masson, Claude Miller, [6/6]. L’héritage. Histoire 20.40 La Première Fois. Philippe Lefebvre (France, 1985, 18.25 Exclusif. 18.30 Le Monde des animaux. Claude-Eric Poireaux. Forum 21.10 La Conquête spatiale Connie Walther. Arte 95 min). Cinétoile 19.05 Le Bigdil. 18.56 C’est quoi la France ? en Union soviétique. [2/3]. 20.40 Immunité diplomatique. 14.40 Guantanamera aa 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 19.00 Tracks. MAGAZINES La face cachée de la Lune. Odyssée Peter Maris. RTL 9 Tomas Gutiérrez Alea 20.50 Les Années tubes. 19.45 Arte info, Météo. et Juan Carlos Tabío (Cuba, 21.55 Intégrales coulisses. 20.50 Le Protocole Windsor. 22.55 Sans aucun doute. 20.15 Reportage. Boy, l’enfant singe. 17.30 et 20.15 Le Journal Smaïn. Paris Première George Mihalka %. M6 1995, 100 min). Ciné Cinémas 2 Dur, dur, la vie de couple. 15.10 Fort Saganne aa 20.40 La Première Fois. de l’histoire. Histoire 22.10 Joe Cocker : 20.55 Staline. Ivan Passer [1/2]. TMC 0.45 Scénarios sur la drogue. Téléfilm. Connie Walther. Alain Corneau (France, Le Bistrot. Georges Lautner %. 18.20 Nulle part ailleurs. Have a Little Faith. Canal Jimmy 21.50 Le Jeu du roi. 1984, 175 min). Ciné Cinémas 1 22.10 Scénarios sur la drogue. Avec Paul Thomas Anderson ; Asia 22.10 La Jungle de verre. Marc Evans. Festival 18.15 Guerre et Paix aa Les mots attendront. Franck Chiche. Argento ; G Love and Special Sauce ; FRANCE 2 22.20 Grand format. Martin Lamotte ; Pitof. Canal + [1/6]. A toute allure. Odyssée Serge Bondartchouk [1/4] (Urss, 22.20 Grand format. COURTS MÉTRAGES 1962, 120 min). Histoire Le Cameraman de l’horreur. 18.40 Le Club de l’économie. LCI 14.55 Le Renard. 22.45 Débat. Le Cameraman de l’horreur. Arte 18.50 Le Mouchard aa 16.00 La Chance aux chansons. 19.00 Tracks. No Respect : La DV. 22.10 Scénarios sur la drogue. John Ford (Etats-Unis, 1935, 23.00 La Carnada Tribal : DJ’s.Dream : Burning Spear. 22.50 Arno comme les hommes. RTBF 1 Les mots attendront. 16.50 Des chiffres et des lettres. Film. Marianne Eyde (v.o.). N., v.o., 90 min). Ciné Classics 17.20 et 22.20 Un livre, des livres. Vibration : Art automatique. 23.45 Le Musée d’Orsay. Franck Chiche. Arte 0.40 Sur les traces des Incas. Clip : Saïan Supa Crew. Backstage : [3/6]. L’art et la ville. Histoire 20.30 Le Champion aa 17.25 Cap des Pins. 0.15 Surprises. Mark Robson (Etats-Unis, 1949, Le cinéma des pays andins. Conscious Music. Future : Zone 0.40 Drogues hallucinogènes, Spécial Clermont-Ferrand. Canal + 17.55 Nash Bridges. de gratuité. Live : Stereolab. Arte N., v.o., 100 min). Ciné Classics un espoir thérapeutique. Planète 0.30 Scénarios sur la drogue. 18.45 Friends. M6 19.00 Le Grand Journal. LCI 21.00 La Passion Béatrice aa 0.45 Les Ateliers du rêve. Lucie. Guillaume Nicloux. France 2 Bertrand Tavernier (France - Italie, 19.15 Qui est qui ? 20.05 C’est la vie. [6/6]. URSS Soviet Kino. Histoire 0.35 Histoires courtes. 1987, 130 min). Ciné Cinémas 2 20.00 Journal, Météo. 13.35 Coup de foudre à Hollywood. Le blues des quinquagénaires. TSR Le Fétichiste. Nicolas Klein. France 2 21.10 La Ronde aaa 20.50 Maître Da Costa Téléfilm. Andrew Gallerani. 20.50 Les Années tubes. Avec Florent SPORTS EN DIRECT 0.45 Scénarios sur la drogue. Max Ophüls (France, 1950, Meurtre sur rendez-vous. 15.25 Models Inc. Pagny ; Tina Arena ; Catherine Lara ; Le Bistrot. Georges Lautner %. TF 1 N., 95 min). Cinétoile 22.25 Bouche à oreille. 16.15 M comme musique. Patrick Fiori ; Chania Twain ; Alliage ; Miss France 2000. TF 1 13.30 Patinage artistique. 22.30 Patinage artistique. 17.30 Les Bédés de M 6. Championnats d’Europe. SÉRIES 0.05 Journal, Météo. 18.25 Sliders, les mondes parallèles. 20.55 Thalassa. Programme court dames. Eurosport A la fortune du pot. France 3 0.30 Scénarios sur la drogue. 19.15 Cosby Show. 21.00 Recto verso. 14.25 Tennis. Open de Paris-Coubertin. 18.25 Sliders, les mondes parallèles. Lucie. Guillaume Nicloux %. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Quarts de finale. Au stade Pierre de Un monde de justice médiatique. M6 20.05 Une nounou d’enfer. Pierre Palmade. Paris Première Coubertin, à Paris. Paris Première 21.05 T’as pas une idée ? 18.45 Friends. Celui qui oublie FRANCE 3 20.38 Météo du week-end. 18.30 Patinage artistique. un bébé dans le bus. France 2 Philippe Torreton. Canal Jimmy 20.40 Politiquement rock. Championnats d’Europe. 19.30 Mission impossible. 14.42 Keno. 21.10 Lignes de front. La Sierra Leone. Programme libre danse. Eurosport 20.50 Le Protocole Windsor. Le train. Série Club 14.50 Drôle de maman. Téléfilm. George Mihalka %. Invités : Rémy Ourdan ; Stephen Téléfilm. Larry Elikann. 19.30 Football. 20.15 Ellen. The Sleep Clinic. RTL 9 Smith ; Marc Berdugo ; Jean-Louis Coupe de France. 16e de finale. 22.40 X-Files, l’intégrale. Dufour ; Patrick Robert. LCI 16.20 Les Zinzins de l’espace. Régénérations %. Plus jamais %. Saint-Etienne - Lorient. Eurosport 20.45 Twin Peaks. %. Série Club 16.35 Les Minikeums. 21.30 L’Invité de PLS. LCI 0.20 Le Joker. 22.30 Boxe. Championnat de France. 20.45 Columbo. L’Enterrement 17.40 Le Kadox. 22.00 Faut pas rêver. Klose - Monji. Pathé Sport de madame Columbo. RTBF 1 18.20 Questions pour un champion. Indonésie : Les charbonniers du coco. 20.50 Maître Da Costa. 18.47 Un livre, un jour. France : Les chevaux du Tartaret. Irak : MUSIQUE Meurtre sur rendez-vous. France 2 RADIO Les antiquaires de Bagdad. Avec 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. Vincent Cochetel. France 3 20.50 Soirée sitcom. Téva 20.05 Fa si la. 21.00 Musiques de l’opéra de quat’sous. Spéciale Saint-Valentin. ème 22.15 La Vie à l’endroit. Concert enregistré en l’abbaye de 20.50 First Wave. Le trou. 13 RUE CINÉ CLASSICS 20.35 Tout le sport. FRANCE-CULTURE Au nom de l’amour. TV 5 l’Epau, lors de l’Europa Jazz Festival 97. 21.35 La Planète des singes. 22.10 Un singe en hiver aa 20.55 Thalassa. A la fortune du pot. 19.30 Appel d’air. Les plaisirs du hammam. 22.25 Art Attack. Disney Channel Œuvre de Kurt Weill. Avec Joachim Au delà des sommets. 13ème RUE Henri Verneuil. 22.00 Faut pas rêver. Khun, piano ; Daniel Humair, batterie ; Avec Jean-Paul Belmondo, 23.00 Météo, Soir 3. 20.30 Black & Blue. 1947 : naissance 22.55 Sans aucun doute. Jean-Paul Céléa, contrebasse. Muzzik 22.20 Le Damné. Jean Gabin (France, 1962, du Brother’s Sound, Stan Getz. Faces (v.o.) %. Série Club 23.25 Ciné week-end. Dur, dur, la vie de couple. 22.35 Le Tricorne de Manuel de Falla. N., 105 min). Ciné Classics 21.30 Radiodrames. Anne-Marie, Invité : Enrico Macias. TF 1 Par l’Orchestre philharmonique 22.40 X-Files. Régénérations %. 23.30 L’Empire des sens aaa de Philippe Minyama. de Munich, dir. Pablo Perez. Mezzo Plus jamais %. M6 Film. Nagisa Oshima (v.o.). !. 22.10 Multipistes. DOCUMENTAIRES 23.00 Cecilia et Bryn à Glyndebourne. 1.18 Scénarios sur la drogue 23.00 St Elsewhere. Lucie. Guillaume Nicloux %. 22.30 Surpris par la nuit. Avec Cecilia Bartoli, mezzo-soprano ; Le miracle. Autopsie. Téva Il faut imaginer Godard musicien. 17.25 Les Gardes-côtes américains. Bryn Terfel, baryton-basse. [1/3]. Alerte à Miami. Planète Par l’Orchestre philharmonique 23.35 La Quatrième Dimension. CANAL + de Londres, dir. Myung-Whun Chung. La nuit de Noël. Poussière. Série Club FRANCE-MUSIQUES 17.35 La Terre en question. Œuvres de Mozart, Rossini, Haydn, 23.45 Les Prédateurs. 15.15 Jackie Brown a Kyoto, un accord historique ? Odyssée Donizetti, Haendel. Mezzo Les griffes du diable. ?. 13ème RUE Film. Quentin Tarantino %. 20.00 Concert franco-allemand. 18.15 Cinq colonnes Par le Chœur et l’Orchestre 23.05 Jazz Open 1995. Steve Lacy. Muzzik 0.45 Les Soprano. f En clair jusqu’à 21.00 de Chambre de MDR, à la une. Planète 23.10 Joe Cocker. Berlin 1997. Muzzik Le clan Soprano. Canal Jimmy 17.45 C’est ouvert le samedi. dir. Ton Koopman. 18.14 Lascars. Œuvres de Bach, Haendel. 18.15 Flash infos. 22.30 Alla breve. 18.20 Nulle part ailleurs. 22.45 Jazz Club. 20.30 Allons au cinéma ce week-end. 21.00 Un tueur pour cible a RADIO CLASSIQUE Film. Antoine Fuqua ?. ARTE FRANCE-CULTURE FRANCE 3 22.25 A couteaux tirés 20.15 Les Soirées. Œuvre de Haendel. Film. Lee Tamahori %. 20.40 Festival piano aux Jacobins. 22.20 Le Cameraman 22.30 Il faut imaginer 23.30 L’Empire des sens aaa 23.30 L’Empire des sens aaa 0.15 Surprises. Œuvres de Mozart, Chopin, Schumann. Nagisa Oshima. Avec Eiko Matsuda, 0.50 South Park (v.o) %. 22.40 Faust. Opéra de Spohr. de l’horreur Godard musicien Evénement de la Quinzaine des Par le Chœur de la Radio de Stuttgart Tatsuya Fuji (Japon, 1975, v.o., 1.10 Seinfeld (v.o) %. Un film du Sierra-Léonais Sorious Difficile de saisir quelque chose de réalisateurs à Cannes, en 1976, le 108 min) !. France 3 et l’Orchestre du SWF 1.35 Spin City (v.o) &. de Kaiserslautern, dir. Klaus Arp. Samura, sur l’horreur qui s’est net dans le flou du discours du ci- film de Nagisha Oshima raconte 23.55 La Reine Christine aa abattue sur son pays, suivant néaste sur la thématique du son et une passion dévorante, jusqu’à la Rouben Mamoulian (Etats-Unis, 1933, N., v.o., 100 min). Ciné Classics l’avancée des rebelles du RUF dans de l’image. Godard ne se prive pas corrida de la mise à mort. Mise en SIGNIFICATION DES SYMBOLES 23.55 Alamo (version longue) aa Freetown et la reprise de la ville d’enfoncer compositeurs, réalisa- scène d’une impressionnante ri- John Wayne (Etats-Unis, 1960, Les codes du CSA Les cotes des films v.o., 185 min). Cinétoile par les soldats de l’Ecomog. Le teurs et même scientifiques, seul gueur géométrique, qui évoque la & Tous publics a On peut voir 3.35 Khroustaliov, montage cru de ces images terri- échappe à ses critiques le fonda- destruction chère à la littérature % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer ma voiture ! aaa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique fiantes a son revers : l’absence teur du label ECM, qui a édité en érotique de Georges Bataille. Au Alexeï Guerman (Fr - Rus, 1999, N., v.o., 140 min) %. Canal + ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + d’explication sur les origines de ce CD et livres, son Histoire(s) du ciné- Japon, L’Empire des sens fut massa- ! Public adulte DD Dernière diffusion cycle de la violence inhumaine. Ce ma. Dommage que Godard se dé- cré par des caches, des flous et des 4.40 La Nuit aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Michelangelo Antonioni (Italie, # reportage est suivi d’un débat. pense en commentaires. coupures. 1961, N., 115 min). Cinétoile Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ1102--0032-0 WAS LMQ1102-32 Op.: XX Rev.: 10-02-00 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:10,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0448 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 Le contingent français au Kosovo Les ingénieurs Le roi de pique et techniciens par Pierre Georges accusé par des policiers de l’ONU AVEC toute la férocité que mas/Deviers-Joncour a occupé de Boeing peuvent avoir parfois les mots les l’avant-scène médiatique et poli- plus platement juridiques, le pro- tique. Pendant des mois, l’instruc- Pris dans un affrontement à Mitrovica, ils auraient attendu en vain de l’aide cureur de la République de Paris, tion conduite par deux femmes font grève Jean-Pierre Dintilhac, conclut ainsi juges d’instruction, acharnées sim- DES SOLDATS français de la Au lieu de cela, les militaires de violence – la plus grave dans la LES INGÉNIEURS et techniciens son réquisitoire : « Aux éléments plement à instruire, est devenue, à force de l’OTAN ont refusé de prê- français se sont détournés de la province depuis le retrait de l’ar- de l’avionneur Boeing se sont mis qui le confondent, Roland Dumas la ville, une sorte de feuilleton ro- ter secours à la police de l’ONU scène pour rejoindre leurs véhi- mée yougoslave en juin 1999 – le en grève, mercredi 9 février, après oppose sa bonne foi. Aux témoi- cambolesque, avec tous les ingré- dans la province lorsque celle-ci a cules blindés. L’officier américain commandant des forces de l’échec des efforts du médiateur fé- gnages qui le contredisent, il oppose dients qu’il fallait : argent, pouvoir, voulu intervenir contre des bandes s’est mis à jurer, sur sa radio, l’OTAN au Kosovo, le général déral pour relancer les négocia- ses dénégations. Il convient dès lors, amour, passion et mystère. Pen- de Serbes dans la ville divisée de contre les troupes françaises, et a Klaus Reinhardt, a déclaré qu’il tions avec la direction. Ils ont rejeté pour apprécier cette défense d’exa- dant des mois Roland Dumas, en Kosovska Mitrovica, où de violents ordonné à ses hommes de se reti- n’avait pas de reproches à faire la semaine dernière, à l’issue d’un miner, aussi, le crédit que l’on peut brillant avocat de sa propre cause, troubles ont éclaté la semaine der- rer. Quelques heures plus tard, un concernant le comportement du vote, la proposition finale de accorder à ses déclarations. Or, force de la cause de l’ex-ministre et du nière. Ces critiques sont formulées détachement militaire danois a pu contingent français. Les Albanais Boeing pour une nouvelle conven- est de constater que de non-réponses toujours président, a dénoncé le par des policiers de l’ONU cités apporter l’aide necessaire et l’opé- de Kosovska Mitrovica, ville divi- tion collective de quatre ans. Le dé- en omissions fautives et de demi-vé- « complot judiciaire » et la « cam- dans un article du Washington Post ration de secours a été menée à sée où seuls les ponts sur la rivière saccord porte surtout sur le fait que rités en véritables mensonges, Ro- pagne de calomnie » dont il se (édition du International Herald bien, poursuit le Washington Post. Ibar relient les deux communautés Boeing demande à ses ingénieurs land Dumas a démontré tout au considérait victime. Pendant des Tribune du jeudi 10 février). Le journal fait état de l’amertume ethniques, ont accusé à plusieurs et techniciens de contribuer davan- long de cette instruction une volonté mois, son ex-compagne, Christine L’ONU a déployé une force de des policiers de l’ONU après cet reprises les soldats français de ma- tage à leur assurance-maladie et de délibérée de dissimulation, accumu- Deviers-Joncour, celle par qui police d’environ 2 000 hommes au épisode : « Chacun ici voudrait sa- nifester un soutien particulier travailler des week-ends sans lant parfois les contradictions en l’argent transita et le scandale arri- Kosovo. D’après des sources inter- voir pourquoi ils nous ont abandon- pour les habitants serbes. compensation supplémentaire. face des évidences qui lui sont signi- va, a dit tout et son contraire, écrit rogées sur place par le Washington nés », dit un officier sous couvert Le commandant du bataillon Cet arrêt de travail, le deuxième fiées. La volonté délibérée de Roland tout et son inverse. Les livres suc- Post, dans la soirée du jeudi 3 fé- d’anonymat, « tout le monde leur d’infanterie français responsable seulement en 50 ans, risque Dumas d’induire la justice en erreur cédèrent aux livres, best-sellers vrier, des policiers de l’ONU sous lançait des appels,mais les Français du maintien de la paix dans la par- « d’avoir un impact important » sur est parfaitement démontrée. » d’une maîtresse comme répudiée le commandement d’un officier n’ont pas répondu ». tie nord de Mitrovica, le colonel la production des avions commer- La citation est un peu longue. publiquement et acharnée, elle américain ont tenté de lancer un Jean-Philippe Bernard, ainsi que ciaux, tels que des retards de livrai- Elle est terrible. Comme déjà une aussi, autant à sa défense qu’à sa assaut contre une bande de Serbes DÉMENTI DES OFFICIERS d’autres officiers français, ont reje- son, a indiqué un porte-parole de manière de pré-jugement moral. vengeance. qui encerclaient des Albanais et De graves accrochages se sont té les accusations formulées Boeing. Les responsables du Syndi- On sait bien qu’un réquisitoire dé- La mauvaise littérature était d’autre policiers bloqués dans un produits dans la région de Kosov- contre eux. « La plupart des Alba- cat des ingénieurs et des techni- finitif de renvoi n’est qu’une étape dans les kiosques, la bonne à l’ins- immeuble. Au moment où l’offi- ska Mitrovica après une attaque à nais qui demandent de l’aide l’ob- ciens de l’aérospatial (Speea) in- de la justice, et pas toute la justice. truction. Et voici que le roma- cier américain a été jeté à terre par la grenade contre un café serbe. tiennent », a déclaré le colonel Ber- diquent que la quasi-totalité des On sait encore mieux que tout pré- nesque s’efface, se déchire et que un coup de bâton d’un des Serbes, Des violences serbes contre des nard, cité par le Washington Post. 22 600 ingénieurs et techniciens sident du Conseil constitutionnel le réveil judiciaire s’annonce dou- il s’est retourné en espérant que Albanais ont fait 8 morts, selon un Mais le journal note que 11 poli- ont cessé le travail en milieu de mis en examen, et probablement loureux, presque pitoyable à cer- les soldats français déployés dans bilan estimé, dans la nuit du 3 au ciers de l’ONU de trois nationalités journée et que les personnels non renvoyé devant le tribunal correc- tains égards. En lisant les extraits cette zone viendraient à son se- 4 février. différentes, interrogés sur place, membres du syndicat se sont joints tionnel, est présumé innocent. du réquisitoire de renvoi devant le cours, relate le journal. Au lendemain de cette flambée ont affirmé le contraire. au mouvement. Mais il est présumé aussi président tribunal qui donnent de Roland du Conseil constitutionnel. Même Dumas l’image d’un homme qui en congé. ne sut pas davantage résister aux Et c’est sans doute un fait sans charmes de cette jeune femme précédent qu’un procureur de la qu’aux « facilités » permises par République française ait pu écrire « son » argent, on s’est arrêté un des choses pareilles, requérir en ces instant sur un des faits retenus par termes sur le cas d’un président du les magistrats intructeurs : l’achat Conseil constitutionnel français. d’une œuvre d’art, un dessin-col- Un cas unique, inouï. D’une cer- lage d’une valeur de 60 000 francs taine manière, le droit et l’Etat à intitulé « David et Goliath ». l’envers, par la défaillance présu- Chassez le mauvais romanesque, il mée d’un des plus hauts person- revient au galop. David, en ma- nages dudit Etat. tière de carte, symbolise le roi de Pendant des mois, ce qu’il est pique. Il eut sa dame de cœur. convenu d’appeller l’affaire Du- Deux de chute ? La délinquance en hausse de 2,1 % à Paris en 1999 EN 1999, les statistiques sur la délinquance parisienne collectées par la préfec- ture de police ont enregistré une augmentation de 2,1 % par rapport à 1998 : 290 628 faits qui ont été constatés par les services de police (police urbaine de proximité, police judiciaire et renseignements généraux), contre 284 663 en 1998. Ce chiffre est nettement supérieur au 0,07 % enregistré au niveau natio- nal (Le Monde du 4 février). La hausse la plus spectaculaire concerne la catégo- rie des vols avec violences, qui augmentent de 35,7 %. Celle-ci s’explique no- tamment par l’explosion des vols à l’arraché de téléphones portables. Les vols de véhicules ont baissé de 7,2 %. Les délits de voie publique ont également di- minué de 2,25 %. Selon la préfecture de police, une partie de l’augmentation de la délinquance constatée en 1999 serait liée à la mise en place de la police de proximité dans la capitale, qui aurait entraîné une hausse des plaintes dépo- sées. Les libéraux pourraient rompre la coalition avec la CDU en Hesse BERLIN. La direction fédérale du Parti libéral (FDP) va conseiller à sa section régionale de Hesse (région de Francfort) de quitter la coalition gouvernemen- tale qu’elle forme avec l’Union chrétienne-démocrate (CDU) en Hesse depuis février 1999. Dans l’affaire des comptes occultes de la CDU, le ministre-pré- sident Roland Koch avait affirmé, début janvier, que des fonds pour financer sa campagne de 1999 étaient propres, alors qu’il savait que ceux-ci prove- naient des caisses noires en Suisse de son parti. M. Koch a dû reconnaître pu- bliquement avoir menti. Ce retournement d’alliance pourrait marquer un rap- prochement du FDP avec le Parti social-démocrate (SPD), voire une coalition au niveau fédéral comme de 1969 à 1982. – (Corresp.)

DÉPÊCHES a JUSTICE : environ 300 personnes ont manifesté devant le palais de jus- tice de Melun (Seine-et-Marne), mercredi 9 février, pour protester contre les réquisitions de non-lieu du procureur de la République de Fontainebleau dans l’affaire Bouziane. Abdelkader Bouziane, seize ans, habitant Dammarie-les- Lys, avait été tué par un policier en décembre 1997 alors qu’il forçait un barrage à Fontainebleau. Le magistrat avait invoqué la légitime défense. – (Corresp.) a Sid Ahmed Rezala s’est opposé à son extradition vers la France, mercre- di 9 février, devant un tribunal de Lisbonne, au Portugal, où il avait été arrêté, mardi 11 janvier. Le retour en France du jeune homme, soupçonné du meurtre de trois jeunes femmes à Amiens (Somme) et dans les trains Limoges-Paris et Calais-Vintimille, devrait être retardé. Le refus de Sid Ahmed Rezala ouvre en effet de nouveaux délais de procédure préalables à son extradition. a Un prêtre de Decazeville (Aveyron) a été condamné,mercredi 9 février, à trois ans de prison, dont un avec sursis, pour « agressions sexuelles sur mi- neure de moins de quinze ans par personne ayant autorité ». Des vacanciers avaient surpris le Père Adrien Terris sur les berges du lac de Pareloup, entre Millau et Rodez, prenant des photos répréhensibles d’une fillette de douze ans. a FAITS DIVERS : après le meurtre d’une pharmacienne, découverte tuée à coups de couteau dans une pharmacie d’Epinay-sur-Seine (Seine- Saint-Denis), samedi 5 février, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France et l’Union nationale des pharmacies de France ont invité « les pharmaciens d’officine à éteindre leur croix verte » ou, « comme leurs confrères parisiens », à baisser le rideau de leur officine « de 13 heures à 15 heures vendredi 11 février ».

Tirage du Monde daté jeudi 10 février 2000 : 484 318 exemplaires. 1-3 LeMonde Job: WIV0600--0001-0 WAS LIV0600-1 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 19:35 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0039 Lcp: 700 CMYK

VENDREDI 11 FÉVRIER 2000

HANS GEORG GADAMER HISTOIRE page VIII Deux essais analysent le rôle des prélats qui, soucieux de répondre aux exigences du Concile de Trente, se firent bâtisseurs ARLETTE FARGE ACADÉMIE FRANÇAISE et mécènes Le Feuilleton JACQUES PRÉVERT CHRISTOPHE FERRÉ Pierre Messmer reçu page IX de Pierre Lepape page II page III page IV par François Jacob pages X et XI

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rents personnages, pour qui le lan- trompe l’œil. Rick Moody, lui, relle, spirituelle, émotionnelle d’un gage est une lutte de chaque ins- prend le contre-pied de cette philo- individu, le romancier utilise le tant. Chacun d’eux se trouve en sophie édulcorante en donnant vocabulaire de l’infiniment petit situation de marginalité, pour des une vision du corps et de ses fonc- dans un sens ambigu. Parlant de raisons conjoncturelles (maladie, tions propre à faire froid dans le l’«atome», des « molécules », des chômage, divorce) ou, ce qui est dos. Chez lui, pas d’euphémismes. « particules » et autres « cellules », plus douloureux, structurelles. A Non seulement l’auteur utilise des il caractérise la vie intérieure des commencer par Dexter, dont les termes cliniques pour évoquer les protagonistes en utilisant pour errances, les maladresses et les différentes parties du corps et le partie le vocabulaire nucléaire. insuffisances font le lien entre les fonctionnement du système ner- Dans l’un et l’autre cas, il s’agit protagonistes. Fils unique d’une veux, le délabrement physique et d’évoquer ce qui est normalement famille aisée, choyé par ses les symptômes de plusieurs mala- caché, les forces mystérieuses qui parents, Dexter avait tout pour dies, mais il asservit les relations peuvent meurtrir et tuer lors- être conforme, donc heureux, d’amour à des sensations qui ne qu’elles sont libérées. selon l’implacable logique collec- laissent aucune place au roman- Or l’idée de fuite est omnipré- tive. Or ce gros garçon négligé ne tisme. Le roman s’ouvre ainsi sur la sente dans le roman. Non seule- parvient à être ni l’un ni l’autre, description extraordinairement ment la dérobade, qui pousse le exclu pour toujours des vies bien mari de Billie à tenter de rangées de ceux qui n’éprouvent Raphaëlle Rérolle prendre le large ou Dexter aucune difficulté à faire partie d’un à refuser d’euthanasier sa groupe. Et pas n’importe quel crue et pourtant lyrique du fils mère, qui le supplie d’abréger ses groupe, bien sûr : celui, tyrannique, donnant un bain à sa mère. Plus souffrances, mais l’idée d’écoule- effrayant et hautement, terrible- loin, Dexter, embrassant un amour ment non contrôlé. En même ment, désirable, des Américains d’enfance, « s’arrête en chemin temps que des substances toxiques authentiques. pour nettoyer les espaces entre les s’échappent de la centrale, les per- Dieu sait pourtant que Dexter molaires du fond et pour caresser, si sonnages deviennent incontinents, n’a pas lésiné sur les moyens possible, le bridge, les gencives, les perdent la mémoire et s’évertuent d’intégration, allant même jusqu’à couronnes, tout en s’accrochant fer- à canaliser les tentacules d’un lan- faire partie des jeunesses nixo- mement à sa nuque ». gage en voie de disparition. Les niennes. Mais rien à faire. Regar- Rick Moody, qui ne se lasse pas dialogues entre Billie, qui parle par dant une femme allongée dans un d’appuyer sur les points doulou- bribes, et Dexter, dont tous les lit d’hôpital, Hex a l’impression que reux, met en scène deux grandes bégaiements figurent dans le texte, « cette femme agonisante s’exprime frayeurs contemporaines associées sont remarquables et pathétiques. avec toute la dignité des vrais Améri- à la peur d’un ennemi sans visage. Toutes ces fuites finissent par for- cains ; elle s’exprime avec des senti- Là où prennent corps des peurs le mer des existences « pas très bien ments dont sa mère et lui ne seront plus souvent reléguées à la péri- tracées », pareilles à des cours jamais capables de faire preuve phérie de la conscience, des peurs d’eau tortueux dont le contenu se dans une chambre d’hôpital ou nuisibles au bon fonctionnement perd dans la nature, des ruisseaux même lors d’une belle journée, et de la société. La maladie, bien de larmes et de boue charriant un cela en dépit de son héritage, de ses entendu, mais aussi la menace désespoir qui, lui au moins, n’a rien études, de son ascendance illustre, nucléaire, doublement présente d’un leurre. de ses gadgets électroniques et de ses par l’intermédiaire des maris de thérapies de luxe ». Et qu’a-t-elle Billie et d’un accident qui survient PURPLE AMERICA

J.-C. BOUCART POUR « LE MONDE » dit, cette créature sans visage ? au cours du fameux week-end. de Rick Moody. Quelles pensées magnifiques vient- Captivé par les remous intérieurs Traduit de l’anglais (Etats-Unis) elle de léguer à l’humanité ? Des de ses personnages, par les rouages par Michel Lederer, considérations définitives sur la secrets qui forment la vérité corpo- Rivages, 352 p., 135 F (20,58 ¤). meilleure manière de confection- ner les « biscuits au beurre de caca- huètes, petits sablés, barres de Rice Krispies, gelée à trois étages » et sur la nécessité de payer les factures en son absence. L’Amérique Dans un savant va-et-vient entre humour froid, sensation de panique et pur mépris, Rick Moody dénonce les travers de la petite- Dans une langue bourgeoisie américaine, son conformisme, sa vigilance à à la fois déchirante défendre ses « droits inaliénables aux comédies sentimentales », son et pleine d’ironie, appétit sécuritaire. La scène où sclérosée Hex, soucieux de retrouver son Rick Moody beau-père pour lui demander des explications, se trouve littérale- tence romanesque chez le héros de dénonce les travers ment encerclé et presque menacé Purple America, son premier de mort par les copropriétaires ouvrage traduit en français. Où la de la petite-bourgeoisie d’un lotissement rempli de petits violence et les faux-semblants pavillons bien léchés est formi- d’une société américaine furieuse- américaine dable. La maladie n’est pas seule- ment normalisatrice sont manifes- ment physique, mais aussi mentale a rumeur, venue d’Amé- tés avec un éclat et une force et sociale, nichée quelque part rique, dit qu’il s’habille exclusive- exceptionnels, dans une langue à la exprimées par le texte. Le cœur du dans l’arbre généalogique, sem- mentL de noir. Qu’il est né en 1961, fois déchirante et pleine d’iro- problème, donc. Ou plutôt des blable à un parasite exterminant dans une vieille famille protestante niques surprises. problèmes, lorsqu’il s’agit de Dex- dans l’œuf toute possibilité d’ap- du Connecticut. Qu’il fréquente les Beaucoup plus que d’autres pays ter – Hex – Raitliffe, un presque partenance. Billie, clouée sur son églises, celles des épiscopaliens – à commencer par la France –, les quadragénaire alcoolique et bègue, lit, souffre de ne pas pouvoir per- mais aussi celles des quakers. Et Etats-Unis sont un objet littéraire qui exerce vaguement le métier de cer tous les « mystères à propos des qu’il a passé vingt-neuf jours dans pour de nombreux écrivains. Lieu publicitaire à New York. Au cours ancêtres » et s’évertue à démêler un hôpital psychiatrique, vers l’âge de fascination, de répulsion, et d’un week-end où il se rend au l’écheveau de ses « origines » sans de vingt-cinq ans. Un bref séjour, souvent des deux à la fois, dans un chevet de sa mère, Billie, dans une jamais trouver aucun port d’at- au plus noir d’une période agitée, mouvement d’appartenance vio- vaste maison située près du fleuve tache à peu près sûr. mais suffisamment long pour voir lemment critique – ou, pour le Connecticut, le fils découvre Passant du regard blessé, le monde à l’envers. Car tel est bien moins, passionnel. Des auteurs qu’elle a été abandonnée par son presque implorant, de ses person- Rick Moody, considéré comme une aussi divers que Norman Mailer, second mari le matin même. Or nages au sien propre, l’auteur mul- étoile montante de la littérature Stewart O’Nan, John Updike ou Billie est atteinte d’une maladie tiplie les occasions de contrarier outre-Atlantique – au bout de seu- Cormac McCarthy parlent de leur nerveuse – les termes « sclérose en cette image de « comédie sentimen- lement trois romans et d’un recueil pays, le nomment, l’auscultent, le plaques » ne seront prononcés que tale » où tout le monde s’aime et de nouvelles. Un individu que ses moquent, l’accusent. Il ne s’agit beaucoup plus tard – qui l’em- où tout finit toujours bien. Purple origines et son éducation prédispo- nullement d’un territoire comme pêche de se mouvoir et ne lui laisse America, inutile de le dire, ne finira saient à graviter au centre du sys- un autre, planté là pour fournir un qu’un mince filet de parole, une pas bien. L’un des reproches impli- tème et qui, néanmoins, s’évertue cadre à l’intrigue, mais d’une sorte bouillie à peine intelligible. cites que le livre fait à la société à observer le monde depuis ses de personnage supplémentaire, Avec beaucoup de subtilité, américaine est d’entretenir une marges. Ce décalage, manipulé de vers lequel remontent une partie Moody bâtit son roman autour des série de leurres et de pièges dans sa main de maître, trouve une exis- des sentiments ou des situations points de vue tournants de diffé- manière de tout présenter en LeMonde Job: WIV0600--0002-0 WAS LIV0600-2 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 17:08 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0040 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 le feuilleton

de Pierre Lepape b chambre à deux lits et la profusion, l’excès, la misère L’ENVERS DE L’HISTOIRE exubérante, presque joyeuse, des godasses accumulées no 632-633 chez le cordonnier de Tel-Aviv – , de convoquer autour de la revue Critique de ces icônes, de ces signes visibles enregistrés par ce 180 p., 85 F (12,96 ¤) que Denis Roche appelle justement Le Boîtier de mé- lancolie (3), tout un monde de sensations, de significa- LA CHAMBRE À DEUX LITS tions, de désir et d’immobilité qu’on nommera, par ET LE CORDONNIER DE TEL-AVIV construction et par défaut, traces du réel. Puis, à partir d’Arlette Farge. L’autre de ces traces, en les suivant pas à pas, par la pensée, Seuil, « Fiction & Cie », 158 p., l’imagination, le savoir, l’empathie, de remonter la 120 F (18,29 ¤). piste jusqu’au XVIIIe siècle, jusqu’à ces éclairs de vie ou à ces morceaux d’ombre que nous livrent les archives. ne sociologie historique des modes intel- Fragiles sont ces pistes. Avec « désastre », « fragile » lectuelles est encore à écrire. Il est de bon qui est encore en moi est le mot qui revient le plus souvent dans le texte ton par exemple, depuis une dizaine d’an- d’Arlette Farge qui avait intitulé son grand livre sur nées, de parler d’une « crise » de « l’école « violence, pouvoirs et solidarités à Paris au historiqueU française », sans qu’on puisse se mettre XVIIIe siècle » : La Vie fragile (4). Au point que le fil d’accord ni sur le contenu et sur le périmètre du risque à chaque instant de se rompre ou de se perdre. concept de « crise », ni sur l’existence et sur les carac- Entre la route de Leipzig grise et pluvieuse et les che- tères spécifiques de ladite « école » (1). L’effet est d’au- mins de terre et d’eau le long desquels errent les sol- tant plus saisissant que les historiens s’interrogent Faire entendre le passé dans le présent événements bruts, à la douleur et à l’effroi des ano- dats, les misérables et les femmes perdues des années avec gravité sur les impasses ou sur la stérilité ou sur nymes un instant saisis par la machine policière ou ju- 1750 ; entre la femme bangladaise qui pleure et l’évo- les désillusions de certaines de leurs entreprises, alors de l’écriture, parvenir à jeter un pont diciaire, elle approche le moment où l’histoire se dis- cation du rôle des larmes dans la France des Lumières que l’histoire continue à connaître un succès public sout comme savoir, où la distance s’abolit, où il et de leur quasi-absence dans les drames rapportés par sans précédent et que le métier d’historien est de plus entre ce qui a disparu et ce que nous n’existerait plus qu’un dialogue, bien présent, entre la les archives, il y a toute la distance qui va du présent au en plus largement sollicité dans le débat public – subjectivité de la dévoreuse d’archives et ces milliers disparu. jusque dans les prétoires des cours d’assises. On veut vivons, c’est l’aventure historienne d’éclats de vie arrachés aux registres du malheur et de des historiens partout. la détresse. Arlette Farge joue aux limites, s’efforçant à ais faire de l’histoire, pour Arlette Farge, Au point qu’il est assez tentant de réduire la fa- singulière d’Arlette Farge chaque fois de les repousser un peu plus loin. c’est maintenir toujours ouvert le travail meuse crise à une banale indigestion. Les historiens La Chambre à deux lits et le cordonnier de Tel-Aviv est du deuil : « Tel un passeur, je vais en tous ont eu un tel appétit depuis cinquante ans, et les pion- identitaires – savante et lumineuse lecture par Maurice moins un essai d’histoire que le résultat d’une expé- sens d’une rive à l’autre pour entretenir le niers des Annales leur ont mitonné une carte à ce point Kriegel du Sefardica de Yerulshalmi où les hésitations rience d’écriture historienne, particulièrement sédui- vivantM de ce qui ne disparut pas tout à fait et faire che- pantagruélique qu’ils se retrouvent aujourd’hui tout et la détresse des dirigeants juifs espagnols des débuts sante. Arlette Farge y parle de l’époque qui lui est pro- min avec lui. » Passionnant et minutieux travail de na- barbouillés, repus, révulsés à la pensée de nouvelles du XVe siècle, face à l’assimilation, entrent en corres- fessionnellement familière, le XVIIIe siècle français, à vette où l’élaboration intellectuelle s’oblige à la discré- agapes. Ils rêvent de diète, de cuisine minceur et d’eau pondance avec les atermoiements des conseils juifs partir de photographies. Une route menant vers Leip- tion pour ne pas rompre le jeu des connivences, le de source ; ils lorgnent vers les recettes plus frugales dans l’Europe de 1930 –, la possibilité, avec Alain Cor- zig photographiée en 1990 par Raymond Depardon, déploiement des métaphores et une grammaire des des cuistots anglo-saxons ; ils s’inventent des régimes bin, d’écrire l’histoire d’un inconnu. On interroge des dockers faisant la sieste, saisis en 1922 par Lewis signes qui abandonne les habits un peu raides de la basses calories dont les portions se regardent à la (Marc Fumaroli) l’influence d’un écrivain solitaire, Hine, une rue de la Butte-aux-Cailles en 1998 par Em- science pour emprunter les voiles de la poésie. On loupe. Ils étaient ogres, les voilà philosophes. Montaigne, sur la formation de la pensée libérale, bien manuel Farge, une manifestation à Liverpool en 1954 pense à Bachelard et à sa psychanalyse de l’eau, du feu Le dernier numéro de la revue Critique, intitulé L’En- avant le libéralisme. On analyse après Daniel Roche par Marc Riboud, une image de la guerre du Golfe par et des rêves, plus encore qu’à Michel Foucault. vers de l’Histoire, offre une image assez fidèle de ce (Philippe Minard) la révolution des objets au Sophie Ristelhueber, un « personnage » de Valérie Le pari tient par l’écriture. Grâce à elle, à sa tension, changement de régime. Adieu les grandes synthèses XVIIIe siècle. On publie enfin le texte d’une conférence Jouve (1994-95), une chambre à deux lits, de Sophie à sa fluidité, à son exigence, c’est un autre XVIIIe siècle ambitieuses, les filets à larges mailles lentement traînés d’un historien, marginal entre tous et étranger à l’insti- Ristelhueber encore, un cordonnier à Tel-Aviv vu par qui jaillit sous nos yeux comme derrière un paysage de le long des siècles, les vastes houles millénaires roulant tution historienne, Philippe Ariès qui parle d’un objet Izis en 1953, une femme en pleurs prise par Marc Ri- brouillard, instable, rugueux, excessif, volubile, mais les civilisations et les continents. A la place de cette d’histoire jusqu’à lui introuvable : l’enfance. boud au Bangladesh en 1971, enfin le célèbre Mère et aussi secret, rongé par le manque et par la dureté, histoire qui nous fait, comme malgré nous, voilà l’his- Il y a encore bien d’autres choses dans ces inter- enfants de Dorothea Lange, réalisé en Californie violent, intense, flottant. Absolument différent et por- toire telle qu’elle se vit, se pense, se souffre. « Celle ventions de ton, de sujet, de méthodes fort différents. en 1939. tant encore et déjà une part de nous. d’en bas, écrit Pierre Birnbaum dans sa présentation du Pas de quoi faire une nouvelle école ; pas même de numéro, l’histoire locale, la micro-histoire sous toutes ses dessiner une tendance, sinon en creux : une nostalgie ien qui ait un quelconque rapport esthétique (1) Voir à ce sujet la remarquable synthèse effectuée sous la variantes, celle également des individus sans visage, des active, celle de toucher le passé récent ou ancien, d’en ou narratif avec le XVIIIe siècle. Et rien ou direction de François Bédarida : L’Histoire et le métier d’his- engloutis, des habitués du silence, des vaincus, des muets, sentir la peau, la chair et la paradoxale présence faite presque, dans la construction de ce livre qui torien en France, 1945-1995 (éditions de la Maison des l’histoire devenue l’ethnologie du minuscule, la traque d’éloignement et de proximité. rappelle Les Fatigues de la guerre, le livre sciences de l’homme, 1995). des choses banales. » Il va sans dire que cet « envers » Faire entendre le passé dans le présent de l’écriture, qu’ArletteR Farge avait composé à partir d’une série de (2) Gallimard « Le Promeneur », 1996. se veut précisément l’endroit où se récupère une cer- s’approcher le plus possible de sa réalité, parvenir à je- tableaux de Watteau (2). Cette fois, la remontée des (3) Titre de son dernier livre, paru chez Hazan (« Le Monde taine réalité sensible de l’histoire dont les grandes ma- ter un pont, nécessairement fragile, entre ce qui a dis- traces va être longue et subtile, et il va falloir, plus que des livres » du 4 juin 1999). chineries intellectuelles et statistiques avaient aban- paru dans le temps et ce que nous vivons aujourd’hui, jamais, faire confiance à la sensibilité du médium et se (4) Hachette, 1986. Points-Seuil-Histoire, 1992. donné la quête. L’homme historique cesse d’être une c’est l’aventure historienne singulière d’Arlette Farge. laisser aller aux frémissements de son écriture et à la fi- construction abstraite, un homme moyen composé Nul ne s’étonnera si elle rencontre fréquemment la lit- nesse de ses interprétations. Il y a une part du livre ૽ Arlette Farge participe à une rencontre à la Villa Gillet par les images et les traces de centaines d’autres. térature sur ce chemin escarpé. d’Arlette Farge qui demande qu’on lui fasse confiance. à Lyon le 27 février à 19 h 30 (25, rue Chazière, On traque le singulier, le personnel. On interroge le Chacun de ses livres, depuis Vivre dans la rue à Paris Le voyage vaut la peine. 69004 Lyon, tél. 04-78-27-02-48). silence – remarquable article de Jacques Rancière à au XVIIIe siècle paru en 1979, marque une avancée dans Il s’agit, à partir d’une image d’aujourd’hui ou d’un Signalons également la parution en poche de De la vio- propos de Michelle Perrot et de son livre sur l’audace et dans le risque. A force de faire parler les ar- hier encore proche, ou en confrontant deux photo- lence et des femmes, dirigée par Cécile Dauphin et Arlette Les Femmes ou les Silences de l’histoire –, les hésitations chives, de donner la parole aux voix singulières, aux graphies – le vide, la séparation, l’ordre sinistre de la Farge (Pocket, no 201).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Jean-Louis Schefer, profession : écrivain Qu’il s’agisse de peinture, de cinéma ou de littérature, c’est avant tout la trace laissée par le temps sur les choses que Jean-Louis Schefer nous donne à voir

ean-Louis Schefer et Paul Ot- mais – ce qui est intriguant – elles qu’écrit-il donc ? Réponse : « J’ai rêverie psychanalytique (Origine Greco n’a, contrairement à ce que brouiller les frontières, à mélanger chakovsky-Laurens devraient l’ont été ailleurs que là où on s’y décidé de parler des objets de la vie, du crime) et de deux volumes de rabâche la tradition, strictement les genres, à tromper son lecteur. J figurer, un jour, dans le Guin- attendait. Certes, il suffit de voir le de tout ce qui peut passer par la « journal » (Main courante 1 et 2). rien d’un peintre « mystique » Ses onze derniers livres le dé- ness des records : le premier, nombre total des livres publiés par mémoire et par la main – bref, de Mais, d’emblée, l’inadéquation (Sommeil du Greco, avant-propos). montrent amplement. On attend pour avoir écrit onze livres en dix- Schefer, ainsi que la variété des tout ce qui est scriptible. Je suis d’un tel système de classement Parce qu’ils ont été écrits en avec impatience les onze pro- huit mois, et le second pour les « modes de représentation » qu’il l’opérateur d’un certain nombre saute aux yeux. D’abord, parce marge des chantiers explicitement chains. avoir publiés, l’un derrière l’autre, a explorés (de la peinture à la litté- d’objets dispersés, un donneur que ce ne sont ni la peinture, ni la « théoriques », parce qu’ils sont sans faiblir. S’agirait-il d’un nou- rature, de la photo au cinéma, de d’écho, la conscience d’un moment littérature, ni le cinéma en tant supposés refléter les états d’âme, Christian Delacampagne veau « coup » éditorial ? Plutôt la psychanalyse à la philosophie), qui passe. Ecrire le temps, donner à que tels qui intéressent Schefer, et au jour le jour, de l’écrivain au tra- d’une histoire de confiance entre pour se rendre à l’évidence : on est voir la trace que le temps a laissée moins encore leurs éventuelles re- vail, les deux volumes de Main ૽ Figures peintes, 448 p., 190 F un auteur parvenu à maturité, qui là en présence d’une œuvre théo- sur les choses : c’est cela qui m’in- lations « structurales ». La seule courante (journal de l’hiver 1998 et (28,96¤); Cinématographies, 112 p., sait ce qu’il veut, et un éditeur rique majeure, qui bouleverse téresse. » chose qui le préoccupe, ce sont du printemps 1999) diraient-ils 85 F (12,95 ¤); Choses écrites, 464 p., courageux, qui a choisi depuis l’idée que nous nous faisons des Vaste programme, diront les in- certains « objets », rapports ou si- donc la vérité ultime de l’œuvre de 190 F (28,96 ¤); Origine du crime, longtemps de soutenir les auteurs « images » en général. Pourtant, il crédules. Et même son éditeur, qui tuations, qui peuvent se présenter Jean-Louis Schefer ? Ce serait trop 176 p., 110 F (16,76 ¤); Main courante, qu’il aimait. Bref, une histoire ne s’agit pas simplement, ni même fait partie des convaincus, re- sous un mode ou un autre, et simple. D’abord, il ne faut pas ou- 128 p., 90 F (13,72 ¤); Images mobiles, principalement, d’une œuvre connaît que, pour mener à bien un qu’on retrouve par conséquent blier qu’un écrivain ment. Ecrire 272 p., 140 F (21,34 ¤); Paolo Uccello : portrait scientifique. Et moins encore d’un tel projet, il faut un moral d’acier, aussi bien dans un film que dans sert à (se) cacher, et ce journal in- le déluge, 224 p., 130 F (19,81 ¤); Som- « Je suis l’opérateur parcours universitaire classique. joint à une pointe de dandysme. un tableau ou un roman (des indi- time, avec ses petites inventions meil du Greco, 176 p., 110 F (16,76 ¤); Car l’université, Schefer n’y a « Faire l’ascension de l’Everest dans cations précieuses, à cet égard, se autobiographiques, n’est pas plus Questions d’art paléolithique, 208 p., d’un certain nombre fait qu’un bref passage, au début un costume de tweed » : la formule, trouvent dans « Questions de figu- fiable qu’un autre. Ensuite, il y est 150 F (22,76 ¤); Lumière du Corrège, d’objets dispersés, des années 70. Il l’a quittée dès trouvée par Paul Otchakovsky- ration », l’entretien avec Serge beaucoup question de théorie. On 128 p., 95 F (14,48 ¤); Main courante 2, un donneur d’écho, 1978, pour tenter la grande aven- Laurens, constitue probablement Daney et Jean-Pierre Oudart qui l’a compris : Schefer s’avance mas- 160 p., 100 F (15,24 ¤). Tous ces ou- la conscience d’un ture : vivre de sa plume. Surtout il la meilleure description du travail ouvre Images mobiles). qué. Il prend un malin plaisir à vrages aux éditions POL. a, parallèlement, abjuré l’illusion de Jean-Louis Schefer. Quant à Ensuite, parce que le seul véri- moment qui passe » « scientiste », l’illusion d’une ceux qui en douteraient, ils n’ont table point commun entre ces connaissance à la fois objective et qu’à lire – en particulier les onze « objets », c’est le lien qu’ils ont qu’on aurait cru impossible, au- rigoureuse de l’univers symbo- livres parus au cours des dix-huit tous avec le « sujet » Jean-Louis jourd’hui, à Paris. lique, qui constituait la base du derniers mois. Schefer, le rôle qu’ils ont pu jouer Schefer : ce nom vous dit quel- credo structuraliste. Il a renoncé, dans sa vie antérieure, l’empreinte que chose, mais quoi ? Rappelez- sinon aux concepts, du moins aux qu’ils ont laissée dans sa mémoire vous : c’était il y a trente ans, en « signifiants », aux « structures » LE « CONTINENT » PEINTURE consciente ou inconsciente. Bref, 1969. Nourri de sémiologie et de et à tout cet attirail linguistique, Impossible, bien sûr, d’en pro- tous les écrits de Schefer, même structuralisme, un jeune historien pseudo-positiviste, qui enchantait poser ici onze comptes rendus les plus théoriques en apparence, d’art publiait cette année-là au la génération des années 60. Il a successifs. Bornons-nous donc à sont des écrits autobiographiques. Seuil, dans la collection « Tel même décidé de renier, en bloc, découper, dans ces milliers de « Je ne peux parler que de ce que quel », un ouvrage qui faisait quel- tout (ou presque tout) ce qu’il phrases, quelques grands conti- j’aime »,dit-il. Entendez : lorsque que bruit, Scénographie d’un ta- avait écrit jusqu’en 1980. Comme nents. Pour faire vite : il y a j’analyse un tableau (ou un film, bleau. Elève de Barthes, passionné si c’était seulement à ce moment- d’abord un continent « peinture », etc.), je ne fais qu’analyser l’ori- par Lévi-Strauss, travaillant, là que, les travaux d’écolier termi- qui regroupe Figures peintes (re- gine et la nature du pouvoir de sé- comme ses ainés Louis Marin et nés, les choses sérieuses avaient cueil d’une quarantaine de textes duction que ce tableau exerce sur Hubert Damisch, dans la voie ou- enfin commencé (pour plus de dé- – dont trois, seulement, antérieurs moi, afin de mieux comprendre, si verte par Panofsky (dont les re- tail, voir le texte intitulé « Par- à 1977 – consacrés à des artistes, c’est possible, l’espèce de relation cherches sur l’histoire de la pers- cours », à la fin de Choses écrites). vivants ou morts), Lumière du Cor- érotique qui a fini par s’établir, au pective étaient encore, chez nous, Les choses sérieuses – c’est-à- rège, Sommeil du Greco, Paolo Uc- fil des ans, entre nous deux. La- pratiquement inconnues), Jean- dire, justement, l’écriture. Quand cello : le déluge et, plus inattendu, quelle, bien sûr, n’est pas fonda- Louis Schefer apparaissait alors on demande aujourd’hui à Schefer Questions d’art paléolithique (qui mentalement différente des autres comme un « espoir » de la pensée comment il aimerait se définir lui- remet en question bien des idées espèces de relations érotiques – française – l’un des plus promet- même, s’il se voit comme cher- reçues sur la fonction magique des celles, par exemple, que l’écrivain teurs représentants de cette avant- cheur, essayiste, historien de l’art peintures rupestres). Ensuite, un entretient avec la ou les femmes garde intellectuelle qui s’apprêtait ou des idées, il écarte toutes ces continent « cinéma » (Images mo- qu’il aime. Il faut lire, à ce sujet, à bouleverser le champ de l’his- hypothèses d’un geste poli, mais biles, Cinématographies), un l’amusante description d’une ren- toire de l’art. Et bien d’autres ferme. « Ma profession, dit-il, c’est continent « littérature » (Choses contre, au Metropolitan Museum, choses au passage. écrivain. » Fort bien. Mais, puis- écrites) et enfin, un peu en marge, avec quelques tableaux du Greco Le bilan, trente ans plus tard ? qu’il n’écrit point de fiction, qu’il un continent « autobiogra- et deux jeunes filles en short – et Les promesses ont été tenues, se veut « écrivain sans roman », phique », constitué d’une sorte de saisir, du même coup, pourquoi le LeMonde Job: WIV0600--0003-0 WAS LIV0600-3 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 18:24 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0041 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / III b Jacques Prévert, poète de parole et d’image La monumentale biographie qu’Yves Courrière consacre à celui dont on célèbre le centenaire de la naissance supplante toutes celles qui l’ont précédée. Et tord le cou d’une légende : celle d’un homme rejeté par les « gendelettres » nales aurait été rejeté par les (« Bizarre.. bizarre ») est emprun- JACQUES PRÉVERT « gendelettres ». Ce « pâle voyou » « Je l’appréciais tée à un récit de la Goulue ; celle-ci EN VÉRITÉ fascine Michel Leiris, venu en eth- avait entendu un jour Toulouse- d’Yves Courrière. nologue dans le phalanstère de la parce qu’il était Lautrec apostropher le maître Gallimard, « NRF Biographies », rue du Château où Robert Desnos d’hôtel du Moulin Rouge qui 718 p., 165 F (25,15 ¤) et Benjamin Péret s’égayent auprès un peu s’appelait Bizard : « Vous avez dit de lui et de sa bande, et qui écrit : Bizard ? Comme c’est bizarre. » es attaques sont venues « Je l’appréciais parce qu’il était un à mes antipodes. Si, pendant l’Occupation (qui de gauche comme de peu à mes antipodes. J’étais menacé censure plusieurs de ses films), droite. Jean Paulhan d’hermétisme et de préciosité. Pré- J’étais menacé Jacques Prévert refuse de s’engager trouve ses textes « répu- vert incarnait tout le contraire. » dans la Résistance, il intervient gnantsL », et refuse de le publier à la Séduit par le style de cet insurgé d’hermétisme pour faire libérer Max Ernst du NRF malgré l’enthousiasme de contre les « critiques-dard », camp des Milles, aide Alexandre Saint-John Perse et d’Henri Georges Bataille lui demande un et de préciosité. Trauner et Joseph Kosma à fuir les Michaux qui, furieux, réplique : texte pour le no 3 de la revue Docu- Allemands et à travailler malgré les « Répugnant ? Grâce à ce bel argu- ments, hommage à Picasso (pied de Prévert incarnait tout lois antisémites, refuse les offres ment, on refuse Baudelaire, Rim- nez aux « plisseurs de lampions, les d’Alfred Greven, patron de la baud et Voyage au bout de la grands buveurs d’eau sale, les trieurs le contraire. » Continental, sert de boîte aux nuit... ». Louis Aragon ne lui par- de lentilles, les poussiéreux qui ponti- lettres à des amis résistants, cri- donne pas d’avoir fait la sourde fient, qui cataloguent, comptent les Michel Leiris tique ouvertement Vichy (brocar- oreille à sa demande, en 1936, poils des pinceaux et tiennent la dant les pétainistes à bérets d’écrire pour la revue Commune palette du peintre quand il dort. »). basques, attaquant les nazis, animée par Paul Vaillant-Couturier, Georges Ribemont-Dessaignes Doriot, Pétain, Laval...). Prévert fut et, lors de la sortie de Paroles, s’érige en parrain de celui qui bro- complice du grand chambarde- souffle à un certain Jacques Gau- cardait si joliement les « garde- ment de mai 68 (il écrira un texte cheron un article hargneux pour La chiourmes ». Saint-John Perse le pour L’Enragé), en 1970 il appor- Nouvelle Critique, « revue du mar- publie dans la revue Commerce, tera son soutien à Angela Davis. xisme militant » : il y traite Prévert Maurice Nadeau s’extasie, Sartre quinze ans : lorqu’il a découvert Mais entre-temps, il y aura eu la de « clown lyrique », stigmatise et Beauvoir aiment son « anar- Les Mystères de New York, ciné- belle époque du Saint-Germain- « les faux bons sentiments d’un chisme rêveur et un peu biscornu », roman avec Pearl White, premières des-Prés d’après-guerre, les chan-

anarchisme désolé », son « faux Michaux le pousse à écrire, René WOLS IN « J. PREVERT ET SES AMIS PHOTOGRAPHES DE LA PHOTOGRAPHIE NATIONALE » FOND. noces entre la littérature et le sons immortalisées par Juliette décor prolétarien », ce populisme Char l’admire... désertée), ce poulbot à l’âme de des scandales, les surréalistes sont cinéma. Gréco ou les Frères Jacques, le « attendrissant à en pleurer, telle- Et que dire des éditeurs, parmi Gavroche est licencié du Bon Mar- gens de « bonne compagnie ». Ils Les années 30, qu’il traverse phénoménal succès de Paroles en ment c’est cliché, chiqué et recopié lesquels René Bertelé, qui s’escri- ché où il était employé, repéré adoptent néanmoins ce pierrot « entre lac et lune » avec force 1946 (5000 exemplaires vendus en sur les plus bêtes des feuilletons les ment à lui faire signer des comme rebelle « aux règles du plus lunaire qui incarne à leurs yeux le whiskies, sont celles de ses ren- une semaine), et ces scénarios et plus roses. » Mais ils n’y sont pour contrats : poète de la parole, Pré- grand nombre ». Il cheminera un « surréalisme de la rue ». Prévert, contres avec J. B. Brunius, cofon- dialogues pour Carné, Renoir, rien. Pas plus qu’Albert Camus, vert ne se prend pas au sérieux. Ses temps dans l’univers des tendres encore homme de main plutôt dateur de La Revue du cinéma, le Autant-Lara, Grémillon, son frère Roger Nimier, Claude Mauriac, textes traînent un peu partout, canailles, et, délinquant avant la qu’homme de plume, est à l’origine jeune comédien Pierre Batcheff Pierre. « Ecrivain de cinéma », avec Bernard de Fallois, ou Antoine transmis oralement ou recopiés, lettre, pourra confier que « la virgi- du jeu du « cadavre exquis ». Il (l’interprète principal du Chien l’aide d’Arletty et d’autres bergères Blondin. Ils eurent beau le traiter ronéotés, griffonnés sur un bout de nité de [son] casier judiciaire reste gifle ses adversaires avec autant andalou) pour lequel il écrit des auxquelles il donna le beau rôle, il de « Béranger du métro », de « gui- papier, distribués aux copains, un mystère. » Après avoir tenté en d’allégresse que les autres scénarios ; et des chahuts du montra avant Godard qu’« une gnol du pavé qui se prend pour iconoclastes jeux de mots brassés vain de se faire passer pour fou, il membres du groupe, mais impos- groupe des Lacoudem, joyeux femme est une femme », libre de se Goya », de « premier Beurre-Œufs- comme des cartes à jouer, mes- fait son service militaire, mais y sible de le convaincre de s’inscrire baroufs. Celles, aussi, du groupe livrer aux « furtives étreintes de Fromages de la littérature contem- sages de fraternité et d’insoumis- rencontre deux de ses futurs au Parti : crainte d’être « mis dans Octobre, pour lequel il compose l’éternité ». poraine », aucun n’aura eu la peau sion. complices : Yves Tanguy, qui se une cellule. » Il s’insurge contre des textes engagés, subversifs, Jean-Luc Douin du poète. Ce sont les gauloises Au fil de ces 700 pages, c’est en prend pour un vampire, et Marcel l’hégémonie du « pape » (André annonciateurs du Front populaire. bleues qui ont tué Jacques Prévert. effet le siècle anticonformiste qui Duhamel, qui devient dès cet ins- Breton), rompt avec la « caserne » Le cinéma l’aide à mettre du beurre ૽ Signalons le coffret de 4 disques La monumentale biographie défile. Une enfance buissonnière, tant son génie protecteur. Long- du groupe surréaliste, signe un dans les épinards. Parmi ses succès, compacts édité par Radio France et qu’Yves Courrière consacre à celui dans la main d’un père militant temps, Prévert vivra aux crochets texte de solidarité avec les dissi- Le Crime de M. Lange de Jean l’Ina pour les cent ans de Jacques dont on célèbre en février le cente- pour la Ligue de la patrie française, de ce sosie du prince de Galles qui dents : « Le Déroulède du rêve n’est Renoir (exaltation de la lutte de Prévert (RF 3001), conçu par Alain naire de la naissance supplante avec haltes à la fête à Neu-Neu et partageait ses délires. Et c’est dans plus, n’en parlons plus. » Un temps l’ouvrier contre le patron et la jus- Poulanges et Janine Marc-Pezet : toutes celles qui l’ont précédée. Et répulsions éternelles pour tout ce sa bicoque du XIVe arrondissement hébergé chez Giacometti, il est tice bourgeoise), parmi ses bides, textes dits par l’auteur ou par des tord le cou d’une légende : celle qui porte uniforme, soutane ou qu’il copine avec les surréalistes encouragé par Duhamel et par son Drôle de drame (titre trouvé par comédiens, interviews. Et la paru- selon laquelle le poète qui donna clame des mots d’ordre politiques. venus y tenir quelques réunions. frère Pierre Prévert à explorer un Violette Leduc, assistante à la pro- tion en poche de La Cinquième Sai- son nom à tant d’écoles commu- En sortant de l’école (souvent Malgré leur goût des frasques et monde qui l’obsède depuis l’âge de duction), dont la réplique culte son, Gallimard, « Folio » no 3330).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Ecrits au retour Oracle de prudence pour rebelles Jean-Philippe Toussaint et Nicole Caligaris ne sont pas des touristes patentés Dans ce deuxième volet de sa trilogie intitulée « Maïak », Jean-Louis Lippert ni des voyageurs au long cours. On ne les suit qu’avec plus de plaisir fait le détour par l’art pour réaffirmer le pouvoir de l’imagination Comme Jean-Philippe Toussaint, dance planétaire. Parfois la figure plus de cinq cents pages sont instant, coïncider avec soi-même ; AUTOPORTRAIT Nicole Caligaris, auteur de nouvelles s’obscurcit de mauvaise conscience. CONFESSION racontées par une voix qui semble que tout ce noir qui nous entoure est (À L’ÉTRANGER) et d’un beau, puissant, premier « Etranger, hôte et intrus à la fois... » D’UN HOMME EN TROP faire écho à des voix venues d’une celui de notre âme et qu’elle est en de Jean-Philippe Toussaint. roman (1), aurait pu titrer son livre Lorsque les clichés s’effacent, le de Jean-Louis Lippert. autre époque, voire d’autres civilisa- nous la nuit qui nous environne... Ed. de Minuit, 122 p., « autoportrait ». « Mal lunée », « mal voyageur revient à une sorte d’humi- Ed. Luce Wilquin, 48, rue tions, d’autres dieux – et toutes Lippert arpente dans tous les sens 65 F (9,91 ¤). douée pour le voyage », grinçante lité : « Accepter que décrire soit une d’Atrive, 4284 Avin/Haunut, comme rêvées par un auteur qui, la vie, de l’art à la politique, des d’hostilité pour tout ce qui ressemble invention... » Ce scrupule de l’écrivain Belgique, 522 p., 170 F (26 ¤). même à la première lecture, nous mythologies aux crises de notre TACOMBA àla « communion du divertissement » mène le lecteur sur la voie d’une donne l’illusion de l’avoir lu jadis, dans temps et, pour finir, il attribue la de Nicole Caligaris. touristique, elle avance cette défini- autre histoire, intérieure à la pre- ean-Louis Lippert a beau être découverte des grandes véri- Mercure de France, 198 p., tion : « Si le voyage est totalement, mière. né à Stanleyville, en Belgique, Hector Bianciotti tés à l’imagination, fondement 98 F (19,94 ¤). intrinsèquement littéraire, ce n’est pas Nicole Caligaris a la bonne idée de et avoir babillé en swahili dans de la science et de la poésie. Il pour l’aventure, pour l’écheveau des ne pas opposer voyage intérieur et un Congo qui n’allait plus un livre ancien ; et qui réussit, par ce arrive que, dans ses livres, l’épopée se icole Caligaris et Jean- pistes aléatoires, tout extérieur, retentis- voyage réel. Le faisant, elle serait J longtemps rester belge : il n’y détour, à nous attacher à sa « forêt de change en élégie et que les crépite- Philippe Toussaint ne sant, diffus. Non. Le voyage est litté- tombée dans l’un de ces truismes vécut que jusqu’à l’âge de neuf ans variantes multiples », véritable somme ments de l’histoire s’apaisent en connaissent pas par raire pour la parole déracinée qu’il dont on fait la mauvaise littérature. – de sorte que si le souvenir, méti- de réflexions hétérogènes, et pour- musique : c’est que l’écriture s’est cœur la conjugaison soulève des fonds redoutés et instables Son déplacement est plus subtil, litté- culeusement cultivé, de son enfance tant... Il dit qu’il n’est aucune écriture métamorphosée en une sorte d’oracle duN verbe partir et ne chantent pas du langage même. » Mais cette raire justement ; l’écriture étant africaine est le moteur de son œuvre, véritable qui n’ait eu vocation de sau- de prudence pour rebelles. Ce qu’il volontiers les charmes de l’exo- volonté de ne pas laisser aux émer- conçue comme un lieu d’observation sa langue ne draine pas des nostalgies. ver le monde ; que si l’homme parle, est. tisme ; ils ne s’exaltent pas à l’évo- veillements factices le soin de décider adéquat à soi, au monde. Au lieu Comme les livres précédents, cette c’est pour dire le passé et le futur, car cation de la moindre contrée loin- du monde ne relève pas d’un prin- d’un guide, c’est Moby Dick – ce «ser- Confession (1) est irréductible à une l’instant présent ne requiert aucune (1) Deuxième volume de la trilogie intitu- taine. Comme tout un chacun, il cipe mental et abstrait. Nicole Caliga- mon », « d’une perfection, d’une histoire où « tout commence à Lenin- parole : que, sans rêves, le monde ne lée Maïak. D’autres ouvrages : Pleine lune leur arrive pourtant de voyager. ris est bien partie, un jour, rejoindre liberté à faire monter le rouge au front grad et se dirige vers Lima et tout voyage serait pas réel, et que, sans un brin de sur l’existence du jeune bougre, Messidor, Mais n’appartenant pas à la catégo- ses amis au Maroc. Destination Mir- de nos géomètres de la littérature » – de Constantinople à Bruxelles » ; et fiction, on ne pourrait pas croire 1990 ; Mamiwata, Talus d’approche, 1994 ; rie, à présent dûment répertoriée, left, au sud d’Agadir, et randonnée à qu’elle emporte dans son sac à dos. d’autant plus irréductible que les his- qu’on existe ; qu’il faut beaucoup se et Dialogue des oiseaux du phare (Maïak I), des écrivains-voyageurs, leurs quatre roues au bord de l’Océan, Et pas seulement le chef-d’œuvre de toires que Lippert entre-tisse au fil de dédoubler pour espérer, peut-être, un Luce Wilquin, 1998. témoignages valent plus par le sen- jusqu’à Tacomba – que l’on ne Melville, mais aussi d’autres textes, timent qui anime leurs déplace- trouve sur aucune carte du pays. dont ceux de Louis Massignon, le ments dans l’espace que par les Rien du voyage organisé, grégaire. Et grand orientaliste converti au catholi- caractéristiques de cet espace. Ni lorsque la pompe à eau du 4×4 vous cisme et qui travailla au rapproche- l’un ni l’autre n’ont eu le désir de lâche, aucun gentil organisateur ne ment des chrétiens et de l’islam. De traduire ce sentiment par le truche- vous viendra en aide... ce dernier, elle retient la méditation ment du roman. Les deux livres « J’ai quitté Paris pour Mirleft, j’ai sur l’Etranger, sur le devoir d’hospita- sont donc, conformément à leur laissé la France dans mon dos pour re- lité : « Comment demander ce qui sujet, atypiques et buissonniers. trouver la France hors sol, curieuse, nous manque, de manière à l’obtenir, L’auteur de La Salle de bain, décalée dans l’espace et dans le sinon en accueillant chez soi l’interlo- comme tout écrivain jouissant de temps. » Là-bas, dans l’ancien protec- cuteur étranger comme un hôte ? » quelque considération publique, est torat, elle observe, avec un sourire Massignon justement fut, avec Clau- souvent invité à faire des « confé- crispé, ceux qu’elle appelle drôlement del, le lecteur passionné d’un admi- rences » dans les instituts français. les « cristallisés français » : « Ils sont rable récit de voyage au désert : celui Du Japon au Vietnam, de la Tunisie français de façon concentrée. Ils sont que Michel Vieuchange, un jeune à Prague, en faisant un crochet par français de façon profonde, sub- homme de vingt-six ans, laissa de la Corse pour une fameuse partie consciente et nostalgique. Peut-être son équipée en 1930 jusqu’à la ville de boules, il a observé bien des pay- sont-ils français de n’être pas en mythique de Smara devant laquelle il sages, et aussi quelques mœurs. France... » mourut (2). Il n’est pas interdit de lire Cela l’a peut-être rendu meilleur. dans Tacomba une réminiscence. Là, Au regard panoramique en usage, il DOUBLE PÉRÉGRINATION dans ces zones où l’on ne se met en oppose un œil pointu, une écriture Il y a plusieurs histoires, dans route que pour se trouver ou se jamais affectée du prurit de tout Tacomba. Celle, ironique, du voyage perdre, le récit de Nicole Caligaris dire. De ces évocations précises et lui-même, avec ses ridicules. D’une impose sa belle présence. partielles naît un charme qui, dans plume acérée et personnelle – parfois Patrick Kéchichian les dernières pages, se prolonge un peu précieuse –, mais sans faire jusqu’à la mélancolie. Le livre de de son trait une caricature, Nicole (1) La Scie patriotique (Mercure de Toussaint est heureusement léger, Caligaris pointe les travers, les illu- France, « Le Monde des livres » du drôle, attendrissant... Un art du sions et dérisions du touriste, cette 29 août 1997). tourisme sensible en somme. figure contemporaine de l’outrecui- (2) Smara (Petite Bibliothèque Payot). LeMonde Job: WIV0600--0004-0 WAS LIV0600-4 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 18:25 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0042 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 littératures b Au bonheur de James Le vrai pays de soi Douce Julie Wolkenstein convie à un délicieux voyage Sous le signe de l’abandon, René de Ceccatty, comme dans ses deux précédents dans le temps et la campagne anglaise romans, parcourt le même espace tragique : celui de la souffrance d’aimer mélancolie

L’HEURE ANGLAISE pourtant ce chemin du retour, L’ÉLOIGNEMENT gré zéro du pittoresque. Un rebond énergie dans l’espoir ! disent-ils. JE VAIS BIEN, de Julie Wolkenstein. cette marche à travers une cam- de René de Ceccatty. dans une histoire d’amour sans Comme il sait oublier ses déconve- NE T’EN FAIS PAS POL, 190 p., 99 F (15,09 ¤). pagne où il vit d’ordinaire sans la Gallimard, 152 p., 88 F promesse d’avenir ? Il y en a un, nues, comme il sait remettre en d’Olivier Adam. voir, qui vont faire de lui un per- (13,42 ¤). puisque l’on apprend qu’il a renoué marche la machine à illusions... Ce Le Dilettante, 192 p., 95 F (14,48 ¤). près un premier ro- sonnage romanesque, révéler les avec Hervé : « Il m’était revenu ? lutin obstiné qui bataille contre le man énigmatique, très fêlures que dissimule cette appa- ans un essai consacré Quel triomphe en effet : je re- temps nous amuse et nous ravigote. ac G3 en poche, Claire composé, Juliette ou La rence si policée. Sa mère, Virginia, à l’influence des pas- commençais mes voyages, mes at- Allez, vas-y, titatitou, allô, allô, c’est devient caissière à Paresseuse (1), Julie fut une figure du féminisme de sions sur le bonheur, tentes, mes appels. » Les re- moi. » Cette drôlerie par la grâce du Shopi. On n’en saura WolkensteinA se devait sans doute l’époque, une suffragette. Il n’a Mme de Staël analyse la commence-t-il avec moins de théâtre, est-ce là l’éloignement an- guère plus sur cette de rendre un plus direct hommage d’elle que le souvenir de réunions manièreD dont, plongeant l’individu frénésie ? L’Eloignement correspon- noncé par le titre ? Nous aurions Bjeune fille, si ce n’est qu’elle re- à Henry James, l’un de ses maîtres enfumées, de femmes habillées en dans un état de monomanie, elles le drait-il à une phase de détache- alors avec ce roman une version lève ses longs cheveux roux en en littérature et l’un de ses sujets hommes. Elle n’entrait jamais réduisent à la souffrance : « Elle de- ment ? Ce serait donc dans une polyphonique, tour à tour sombre « chignon flou et artistique » et d’étude (elle va publier un essai dans la nursery. Elle est morte vient le principe unique de la vie, on progression psychologique qu’il et comique, d’un récit jusqu’alors porte des vêtements taille seize sur lui aux éditions Honoré dans un accident d’automobile, en ne se reconnaît que par elle. » faudrait situer ces derniers feuillets plus unifié. L’auteur serait devenu ans. Pourtant, le livre fermé, sa Champion). Elle l’a appelé L’Heure se rendant à un meeting à Mme de Staël en conclut à la nécessi- du carnet d’amour. On serait en le témoin d’une passion qu’il silhouette frêle et lumineuse bou- anglaise et c’est un moment de Londres. Edward ne dit rien de ses té de tenter de se soustraire aux droit de soupirer et de se dire que, éprouve malgré lui et dans laquelle leverse encore. Claire traverse lecture étrangement délicieux, un sentiments à l’égard de sa mère, passions... Deux siècles plus tard, à si tel est l’aboutissement, il a trop il ne se reconnaît plus : « Foutez le une période de dépression quand voyage tout en douceur et mys- ne commente pas cet abandon. une époque où l’amour impossible, camp, aiguillons de Loïc, son frère cadet, disparaît. tère dans la campagne anglaise de Lorsqu’il arrive chez lui, Susan l’amour-délire, est peu célébré, Chantal Thomas l’amour ! » On serait sorti Tantôt elle refuse de s’alimenter, l’été 1911, avec un épilogue à la fin est à Londres et le lecteur la suit. René de Ceccatty affirme lui aussi de l’espace tragique. tantôt elle se gave de chocolat, du XXe siècle, qui rappelle de vieux Après un rendez-vous dont elle ne une violence contradictoire entre tardé. Mais ce serait se tromper et En fait, René de Ceccatty ne répétant à qui veut l’entendre secrets de famille sans les dévoiler révèle rien, elle passe chercher Ed- bonheur et passion, mais ne la sur l’inventivité théâtrale de René quitte pas cet espace : il l’épure, le que Loïc, lui, « aurait su » : faire, et laisse le lecteur dans une ward pour le déjeuner. Elle a quel- condamne pas pour autant. La de Ceccaty et sur le sens profond fait sien. Cette appropriation peut dire. Lors des déjeuners avec ses agréable incertitude. que chose à lui annoncer (la venue souffrance d’aimer est une d’un trajet qui néglige les accidents se lire dans un traitement des per- parents, en banlieue parisienne, Edward Sanders est un juriste d’un nouvel enfant, peut-être). constante de son œuvre, dans ses pour se placer désormais sous le sonnages qui deviennent « les élé- le silence règne. Dans la famille londonien qui a choisi d’habiter la Edward, on le sait, n’est pas là. romans comme dans ses essais cri- signe absolu de l’abandon. ments naturels d’une grammaire psy- Tellier, on ne s’embrasse que fur- campagne avec sa femme Susan Alors Susan déambule dans la tiques, deux registres qu’il ne cesse Le théâtre tient une place déci- chologique, intérieure et incarnée ». tivement, parfois «on ne se et leurs deux enfants, Miles et Flo- ville, se remémore sa jeunesse, ses de faire se répondre, en échos, dis- sive dans L’Eloignement. Pas seule- Avec L’Eloignement, René de Cec- touche même pas ». Sa mère lui ra – « Comme dans Le Tour amies, se laisse aller à la nostalgie, torsions, métamorphoses. Et l’on se ment parce que le narrateur évoque catty ne donne pas une suite à son remet régulièrement une carte d’écrou », dira, à la fin du livre, la à une mélancolie communicative. demande s’il faut y voir une forme son activité de dramaturge, mais histoire de non-amour. Sa dé- postale de son frère, ponctuée petite-fille de Miles, prénommée On n’en saura guère plus, mais on de résurgence romantique, une vo- aussi ou surtout parce que le ton du marche, radicale, consiste à se si- d’un « ne t’en fais pas, je vais elle aussi Susan, dans le souci de sent que tout est joué, du destin, lupté trouble à se baigner dans les récit, changeant, instable, a la liber- tuer dans un au-delà des manifesta- bien » qui la réconforte. La super- fournir quelques clés pour cette des péripéties de la vie. Des an- larmes, ou la voie de ce que consti- té soudaine des improvisations, di- tions du dehors. Du sentiment cherie durera jusqu’au jour où Heure anglaise. nées plus tard, l’arrière-petite-fille tue pour lui, et sans que ce soit ré- gressions, apartés. René de Ceccat- d’absence qu’il éprouve tout au Claire surprendra son père pos- Comme tous les matins, Edward de Susan, qui a emménagé dans la ducteur, un étrange principe de vie. ty ne laisse pas s’installer le poids long de ses déambulations dans tant une de ces lettres. Loin d’être se prépare à rejoindre son bureau. même maison, s’interroge sur ce On pourrait croire d’abord à la du malheur. Il nous l’avait confié cette capitale poussiéreuse, il fait furieuse, elle trouvera, dans ce Il se lève lentement dans cette fameux 23 juillet 1911. Impossible tristesse insatiable du romantisme dans Aimer : il appartient à la caté- l’envers de sa vraie vie, de son vrai geste d’amour fabuleux, un maison qu’il aime pour « la simpli- de reconstituer les événements de en constatant qu’avec L’Eloigne- gorie humaine que souffrir « sti- pays... le pays de soi... « ce vrai pays « mensonge superbe ». cité si anglaise de ses lignes basses, ce jour, où l’arrière-grand-père ment René de Ceccatty écrit un troi- mule ». Cette stimulation, ce sur- de soi, celui de l’éloignement ». C’est Seule sa rencontre avec Julien de ses briques, le vernis immaculé n’est pas allé à Londres – on a re- sième livre sur Hervé, un homme croît d’énergie, est perceptible dans le pays qu’il a choisi, celui d’où il l’arrachera à sa douce, et néan- des huisseries ». Il remarque que trouvé dans ses papiers le télé- qui ne l’aime pas, qui ne l’a jamais la souplesse, le diabolisme, de René écrit, et qui, à la manière de Rome, moins tenace, mélancolie, tandis son estomac accuse un embon- gramme. Ce qu’on comprend, par aimé. Dans Aimer, cette passion de Ceccatty à prendre la place d’un adorée, omniprésente, est à l’ori- que la piscine lui permet d’éva- point dont il ne peut se débarras- le récit de 1911 et par le fil ténu qui « vouée à l’inachèvement », selon spectateur, distant, sinon malveil- gine même de sa force. S’adressant cuer sa fatigue, sa lassitude ; ser, l’âge venant – il n’a pourtant le relie aux années 90, c’est que l’expression de Diane de Marge- lant. Il y a une dureté de René de au lecteur, il lui dit : « Mes livres ne d’oublier les jeunes prétentieux que trente-huit ans, mais, en 1911, « la vie continue » comme dit la rie (1), était racontée du point de Ceccatty à l’égard de lui-même, sont jamais des livres de reniement. qu’elle croise lors de soirées étu- et quand on est un homme d’habi- sagesse populaire. Mais quelle vue du narrateur, commentant le aussi bien dans ses autoportraits Ce sont des livres de vie. » diantes, et les codes-barres. tudes, c’est déjà vieux. vie ? C’est toute la question que roman qu’en avait tiré sa vieille physiques que dans ses autopor- Dans ce très beau et singulier ro- Alors, « son cerveau se vide, ré- Edward est si peu rompu à l’im- pose, sans grandiloquence, sans amie, Harriet Norman. Consolation traits en écrivain et conférencier, man, René de Ceccatty réussit cette curé à la Javel, ressoudé au prévu que lorsqu’il renonce à aller drame, Julie Wolkenstein, qui met provisoire, en faisant intervenir les pour ne rien dire de ses représenta- chose rare : s’atteindre, à côté de chlore ». à Londres – un télégramme l’at- le lecteur en situation de regarder lettres d’Hervé à Harriet, donnait la tions en amoureux. Dureté, séche- quoi tout n’est que bavardage. Péchant parfois par trop de naï- tend à la gare, annulant un ren- d’un autre œil sa propre exis- parole à celui-ci. Que peut ajouter resse, ironie qui s’expriment par la veté, ce premier roman aux ac- dez-vous pour des raisons qui tence. L’Eloignement ? Une diversion exo- caricature et culminent, par (1) « Le Monde des livres » du 10 avril cents nostalgiques (on y entend vont le perturber –, il est désem- Josyane Savigneau tique en Amérique du Sud, où sé- exemple, dans cette scène de télé- 1998. Brel et Barbara, on y côtoie Mo- paré. Rentrer à la maison, inven- journe le narrateur (et où par les phonage : « Je retourne à ma ca- diano) sonne comme une belle ter une autre journée est une (1) POL, « Le Monde des livres » du hasards d’un film lui revient l’image bine. Les spectateurs avachis sont ra- René de Ceccatty collabore chronique d’aujourd’hui. chose totalement incongrue. C’est 22 janvier 1999. d’Harriet) ? Mais ce livre est le de- vis de ma réapparition... Quelle au « Monde des livres » E. G.

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livraisons b LES ANNÉES DE BRAISE JOURNAL 3, 1986-1996, de Jules Roy L’homme de trente ans Les événements passent et perdent si vite de leur intérêt que, sans la personnalité de l’auteur et son style, un journal tenu au jour le jour est souvent un fourre-tout. De personnalité, Jules Roy n’en Avec une intense subtilité, Christophe Ferré sonde le cœur fragile d’un jeune homme d’aujourd’hui manque pas. De son style, il est de ceux où vocabulaire et syntaxe sont travaillés jusqu’à la minutie, qu’il évoque des soirées à confronté à la perte de l’être aimé « Apostrophes » ou des réceptions élyséennes, qu’il brosse des ta- bleaux de paysage avec amour et lyrisme sans emphase ou des LA SEPTIÈME NUIT nuits il revivra les scènes du passé portraits du monde littéraire et politique marqués d’amitié, de dé- de Christophe Ferré. qui pourraient donner sens à la dain ou de cruauté. Une galerie impressionnante, de Mitterrand à Seuil, 142 p., 85 F (12,96 ¤) fuite de sa femme. Sa déambula- Gainsbourg, de Guillevic à Rostropovitch, cent autres mêlés à des tion le met en présence d’une so- croquis plus rapides, sans oublier Ulysse, l’âne bien-aimé. Bien sûr, hristophe Ferré a écrit ciété inhumaine, aveugle et l’histoire est présente. Les verdicts tombent dans une colère qui ne un roman classique sur muette. Il côtoie les paumés, les va pas sans alacrité et incite à la controverse. Certes, ici ou là, Roy l’amour fatal. Mais l’in- clochards et l’abjection rend plus irrite, mais on n’oubliera pas la tendresse des pages sur Vézelay, version des rôles tradi- lumineux son passé d’homme heu- sur Mademoiselle Sainte Marie-Madeleine (Albin Michel, 400 p., tionnelsC qui déstabilise les prota- reux. Jusqu’à ce qu’il rencontre une 150 F [22,87 ¤]). P.R. L. gonistes insuffle au récit un autre femme, si différente de la étrange pouvoir de fascination. Ce première qu’il ne pourra jamais lui b SAUVAGEONS, de Benjamin Berton glissement des sensibilités – un raconter son amour perdu. Pivoine Le premier roman de Benjamin Berton ne serait qu’une classique homme fragile, éperdu d’amour, l’accompagnera pourtant sur la et fort réussie éducation sentimentale si son héros, Mémé, ado- une femme conquérante, sensuelle route mélancolique du deuil. lescent de quinze ans, n’était le représentant d’une jeunesse et égoïste – métamorphose une Christophe Ferré se débrouille pauvre d’aujourd’hui dont les espérances, l’initiation sexuelle et banale histoire d’adultère en une des clichés romanesques avec l’ai- les rêves d’avenir n’étaient directement soumis aux inégalités bru- épreuve d’initiation masculine et, sance d’un acrobate qui décide tales d’une société libérale. La psychologie des « potes », la des- au-delà, en une prise de conscience d’être clown. La phrase de Chris- cription des rencards avec les filles, le récit des matches de foot- des nouveaux enjeux du couple tophe Ferré, féline, précise, ma- ball, l’émouvante découverte de l’amour, l’échappée belle vers des lorsque l’homme ne comprend pas niaque dans son exploration du sites prometteurs et l’apprentissage de la désillusion sont autant qu’une femme physiquement ai- souvenir, réussit la gageure de de prouesses. Remarquablement écrit, un beau roman, drôle, mée s’en va, sans l’excuse d’une suggérer, dans le même mouve- émouvant et vrai (Gallimard, 244 p., 98 F [14,94 ¤]). H. Mn autre passion. « Il a dormi avec elle ment musical, une évocation éro- comme d’habitude, pour oublier que tique et les perspectives insa- b LE CHASSEUR, d’Eric Vuillard quelque chose, peu à peu, depuis des tiables de la mélancolie. Le décor, Le personnage du premier roman d’Eric Vuillard est un animal jours, était en train de se casser. Il les objets, sont autant de révéla- (dont le lecteur ne détermine pas l’espèce) qui éprouve dans sa voulait oublier qu’ils allaient vers un teurs violents ou de témoins at- chair, aux différentes périodes de sa vie, selon l’heure et la saison, désastre. » tendris d’un passé qu’Hubert res-

l’angoisse et le désespoir des bêtes poursuivies par la mort. Le pari La Septième Nuit est l’histoire de POUR «FLORE LE MONDE » sasse, moins pour élucider les était risqué. Eric Vuillard maîtrise parfaitement ce monologue qui la solitude d’Hubert qui croyait événements antérieurs que pour raconte l’envers d’une chasse mythique. Réaliste, précis, porté avoir trouvé la paix dans le quoti- active, il vit hors du temps, les yeux d’amour (1) dont on avait déjà re- bercer son corps écorché qu’au- avec subtilité par une écriture sobre et vibrante, le récit bascule dien amoureux d’une vie à deux. braqués sur le corps de cette connu la manière subtile et dis- cune main, croit-il, ne saura ja- imperceptiblement dans l’onirisme pour mieux révéler le mystère Vivre devient intolérable et le tra- femme qui réclame sans cesse le crète de décrire les déchirures se- mais plus caresser : « Pendant des angoissant de la condition terrestre. L’animal traqué ne serait-il vail de sape commence : la désinté- sien. La frénésie des étreintes oc- crètes. Le héros de La Chambre mois, avec elle, il a connu quelque pas l’homme aux origines de son histoire ou, à l’opposé, l’esclave gration d’un homme. L’errance du culte la réalité. La femme s’évade d’amour était un jeune garçon trop chose qu’il n’avait jamais connu et du futur dominé par les surhommes que nous aurions créés ? jeune homme évoque – sans ana- du huis clos, entretient un intérêt aimé confronté à une mère qui re- qu’il ne veut plus jamais Fable ou plaidoirie, un très beau roman à la gloire de la solitude lyse psychologique particulière, de prédateur pour l’extérieur, la so- noue avec une vie de femme. connaître. » humaine face aux rituels du pouvoir (Michalon, 124 p., 75 F comme une légende – ce temps im- ciété, la réussite professionnelle. C’était aussi le récit d’un abandon Hugo Marsan [11,43 ¤]). H. Mn mobile et sans futur de l’amoureux Elle bouge, elle court, elle réclame contre lequel on ne peut se révol- éconduit, plus gravement encore la l’aventure. Il attend, il la vénère ter puisqu’il est dans la nature des (1) Arléa, 1995. b VOYAGE À L’ÎLE DE RÜGEN, de Carl Gustav Carus destruction de l’identité que pro- (ou vénère-t-il l’amour qu’il lui choses et des conventions. L’en- Carus était l’ami du peintre Caspar David Friedrich. C’est pour dé- voque une rupture. Christophe Fer- porte ?), il veut garder encore ses fant a grandi et c’est d’un homme couvrir la région où était né celui qu’il admirait comme un maître ré fouille avec lucidité la complexité certitudes de mâle indispensable. qu’il s’agit dans La Septième Nuit. qu’il entreprit, depuis Dresde, ce voyage vers la Baltique. On est de l’homme privé des repères que L’art de Christophe Ferré est Un homme qui ne peut quitter pourtant loin du pèlerinage pittoresque. Carus a trop de personna- des siècles de traditions lui ont lé- d’inclure très vite à son récit les l’adolescence, préfère les rêves et lité pour méconnaître ses limites mais aussi sa vraie valeur. Ce gués. En revanche, le romancier nuances délicates d’une nouvelle les incertitudes. Il refuse de compte rendu de voyage écrit près de cinquante ans après son pé- schématise l’ambition et la liberté répartition des blessures amou- s’intégrer à une société productrice riple conjugue les réflexions sur l’art, sur l’origine du romantisme de la femme, tant il est vrai qu’elle reuses. Loin des jérémiades de de biens et de trop minables et sur le progrès, dont les effets, en cette fin de XIXe siècle, n’est plus que l’élément détonateur l’homme vexé, Hubert, sidéré, bonheurs. commencent à bouleverser la société allemande et son rapport et l’objet de la nostalgie. La dimen- tente de se perdre mais garde tou- Sa belle compagne s’est lancée avec la nature. Bien que Carus n’ait passé que quelques jours sur sion mythique de La Septième Nuit jours le regret d’un grand amour et dans les affaires comme autrefois l’île de Rügen, il a su donner à ses impressions la force d’une révé- reste l’éternelle sujétion du héros la culpabilité qu’engendre ce qu’il les jeunes hommes se lançaient lation qui invite encore à la méditation (traduit de l’allemand par meurtri par la fatalité. croit sa responsabilité. dans la conquête du monde. En- N. Taubes, éd. Premières Pierres, 23, rue Arthur-Coquette, 94220 Hubert a trente ans. Amoureux La Septième Nuit est le troisième fant meurtri, il souffre de ne pas Charenton, 62 p., 78 F [11,89 ¤]). P.Dhs fou d’une femme belle, sensuelle, roman de l’auteur de La Chambre comprendre. En sept jours et sept LeMonde Job: WIV0600--0005-0 WAS LIV0600-5 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 18:25 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0043 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / V b Virginia Woolf... en apparence Kwenchée Conformément aux usages anglo-saxons, Hermione Lee s’en tient à un déroulé purement chronologique, Rupert Thomson utilise son imagination débridée avant de faire disparaître son sujet derrière une accumulation de faits pour fustiger la société de consommation de l’auteur, elle ignore Virginia amputé de l’essentiel, et du rôle réel tout au long de leur vie n’est pas fidèle ami, s’inquiète de son état VIRGINIA WOOLF Woolf. Nous n’entendons pas l’écri- de Virginia et de son rôle sur elle. La vraiment pris en compte. Nous SOFT et charge un journaliste d’enquê- OU L’AVENTURE INTÉRIEURE vain, nous ne percevons pas la déception cruelle vécue par Vanes- ignorerons, entre autres, à quel (Soft) ter sur ces étranges méthodes de de Hermione Lee. femme, disparus sous une accumu- sa, la sœur en apparence si point furent âpres, humiliants ses de Rupert Thomson. communication. Traduit de l’anglais lation de faits. comblée, n’est pas prise en compte. débuts, avant son mariage avec Vir- Traduit de l’anglais Barker, trente-huit ans, ex-vi- par Laurent Bury, Nous pouvons, certes, remercier Et que devient l’effervescence de ginia, et qu’elle fut pour lui une telle par Bernard Turle, deur de boîte de nuit chassé de Autrement, « Littératures », l’auteur d’aborder et l’œuvre et la Virginia, apte à la souffrance, au bouée de sauvetage. Si Lee refuse, à Stock, « La Cosmopolite », Plymouth parce qu’il aurait tué 1 016 p., 245 F (37,35 ¤) vie de Woolf sans préjugés, de ne ressassement, si énergique, joyeuse juste titre, la frigidité de Virginia et 432 p., 130 F (19,81 ¤). un malfrat de la bande des Scully, développer aucune de ces théories et tragique, fragile et féroce, dont reconnaît le dégoût sexuel de Leo- est sommé d’éliminer Glade. «La omment intercepter la maniaques, dont nous avons été sa- l’intelligence frôle parfois la dé- nard pour les femmes, elle ignore ’eus une pensée traître et violence l’accompagnait partout ; vie d’une Virginia Woolf turés à propos de la femme et de mence ? Que devient cette femme les contentieux graves qui sous-ten- séduisante à la fois : le pou- elle le suivait comme un clebs, tou- plus frémissante, plus l’œuvre, devenues prétextes à des fragile et féroce, effondrée ou dres- daient ce couple cependant très uni, voir des secrets s’accroît si jours prête à lui planter ses crocs révélée qu’aucun être démonstrations d’idées fixes, sée contre la vie, la mort, et cette en un sens heureux. Virginia et Leo- on les dilue un tant soit dans les mollets. » Glade et lui for- vivant,C d’autant plus mystérieuse ? souvent grotesques. Mais l’ap- Virginia désopilante, dont l’humour nard se contentent ici de s’appeler J peu. » Cette citation, tirée ment un duo étrange ; ils par- Sur aucune existence nous ne pos- proche d’Hermione Lee souffre apparaît à peine, et son génie aussi tous deux Woolf et de traverser le d’un précédent ouvrage de Ru- tagent un futur flou et incertain : sédons autant d’informations que d’un excès contraire : à l’instar des peu ? cours de l’existence des Woolf. pert Thomson – Le Trauma- « Il [Barker] n’arrivait pas à imagi- sur la sienne et celles des siens. Voir biographes anglo-saxons, elle s’en Un exemple, parmi tant d’autres, tisme (1) –, résume parfaitement ner l’avenir. Que lui réservait-il ? Il les nombreux volumes de ses jour- tient au répertoire chronologique PROBLÈME AUDITIF de cette « indifférence » : alors ce qui fait la force et la singularité le sentait fondre sur lui mais il naux intimes, où, de l’enfance à la d’un grand nombre d’événements, De cette « aventure intérieure », qu’Hermione Lee nous met au cou- de ce romancier britannique. avait beau s’user les yeux, il ne mort, elle se dit, se cherche, se sou- et fait une liste de ce qui est arrivé à ajoutée par l’éditeur français au rant de la parentèle de chaque per- Comme dans un polar, Rupert voyait rien venir. » La voyant si vient, se débat, imprégnée du passé, quelqu’un, une femme, Londo- titre original, il n’est guère question. sonne croisée au cours du livre, le Thomson distille les informations belle et si fragile, Barker hésite, si précisément attentive, offerte au nienne à la page, qui traverse la vie Ce n’est d’ailleurs pas le propos de suicide de Virginia tient sur douze au compte-gouttes. Dans Soft, il mais « c’eût été de la faiblesse. présent. Ce qu’elle a de si vibrant, entourée de sa famille, d’amis (à la cette biographie. Ici, son travail pages, le livre en a plus de mille ! met une fois de plus sa plume Glade n’en aurait pas été mieux lo- d’excessif, y est confié sans excès, page) et qui publie des livres – une n’habite Virginia Woolf en aucune Nous n’apprenons rien, ou presque, vive, coupante, cruelle au service tie. Ils avaient atteint chacun sa comme, jour après jour, ses défail- liste indifférente dans tous les sens façon. Il n’est question, toujours sur sur ce que Virginia a traversé les d’une imagination parfois angois- destination. Ils n’avaient plus lances, ses extases, les affres du dé- du mot et qui propose une fois en- le même registre, que d’un épisode derniers jours ; rien sur la dernière sante, d’autre issue, nulle part où aller. » sir, la plénitude du manque, les exi- core une Virginia Woolf prétexte, après l’autre, d’une époque après lettre de Vanessa ou les réactions de Jimmy, directeur de marque Le titre, Soft, intrigue car le cin- gences et les tentations de la vie mais, ici, aux incidents qui se dé- l’autre, qui ne véhiculent pas le pas- Leonard, qui ont dû tant la blesser, pour une compagnie spécialisée quième roman de Rupert Thom- familière, concrète, mais, surtout, roulent autour d’elle, tandis qu’elle sé, n’ont pas de répercussion sur la terrifier aussi, alors qu’il lui sem- dans les boissons non alcoolisées, son n’a, paradoxalement, rien de approchés comme jamais, les si- demeure identique, impassible, tels, l’avenir. Si, à quinze ans, Virginia blait rechuter mentalement ; rien est chargé d’assurer le lancement doux. Dans ce livre saisissant et lences, les musiques de la création d’ailleurs, les autres protagonistes. s’écrie : « Comment vivre dans un sur le rôle véritable de son méde- en Europe de Kwench ! (2). Ce particulièrement réussi, Rupert – autant de pages où s’entend, « Magistral portrait de femme », monde pareil ? », sa biographe ne cin ; rien sur deux nouvelles alors soft-drink couleur orange, sans Thomson revient sur sa méfiance s’éprouve la respiration même de peut-on lire en quatrième de cou- l’entend pas, comme elle n’entend ébauchées, si révélatrices, comme caféine ni sucre, « synonyme de du personnel hospitalier et y fus- celle qui écrit. Journaux doublés des verture. Oui, mais pas celui de Virgi- jamais aucun de ses cris ni, par la l’était son dernier projet de roman. saveur, de satisfaction », doit de- tige, comme dans Le Trauma- six volumes encore de ses lettres nia Woolf. Un récit très agréable à suite, les rythmes de son œuvre. Pas Rien sur tout un ensemble d’indices venir « la grande boisson non al- tisme, « l’utilisation des images vi- brillantes, d’un humour ravageur, lire, il est vrai, mais qui éloigne Vir- de citations réellement woolfiennes, émanant de sa vie tout entière, rien coolisée du XXIe siècle ». Afin de suelles dans la guerre féroce, irrésistible, souvent poi- ginia et nous en éloigne ! Une pro- qui traduiraient, immédiate, une sur l’écho si digne de sa douleur et mener à bien cette tâche, Jimmy psychologique. La torture par satel- gnantes, et qui atteignent, elles aus- fusion d’informations, mais en trop écoute libre et sauvage, minutieuse, rien sur l’insoutenable beauté du envisage une autre approche que lite. La télé comme arme ». Un peu si – moins, cependant, qu’aucun de grand nombre, où va s’engloutir le des notes de l’inaudible par un livre qu’elle venait de terminer, la publicité traditionnelle : la neu- comme l’avait fait George Orwell ses romans – au noyau de la vie, de plus important. L’essentiel et sur- poète capable de dépasser les li- Entre les actes, qui annonce avec rophysiologie du sommeil, une dans 1984, il imagine comment la sa vie. Une vie fusionnée comme tout l’émotion vont se perdre dans mites et de plonger, dépouillé de ses clarté sa mort. Lacune qui ne cor- sorte de bourrage de crâne inten- société va faire de nous des aucune à une œuvre, sans la une litanie de circonstances affa- défenses, dans les régions les plus respond pas à un évitement du pa- sif. «CP», des « citoyens passifs », moindre ostentation, mais qui per- dies, toutes tenues pour équiva- périlleuses de l’écriture. Hermione thos, il n’y en eut d’ailleurs pas, Pour pouvoir s’acheter une alors même que ces personnages mettra à Virginia d’écrire, peu avant lentes. Lee voit Virginia Woolf surtout en mais à l’apathie de Lee face à l’exis- robe, Glade, jeune et jolie ser- ne demandent qu’à « vivre, respi- de mourir : « Je sens dans mes doigts Non, la femme qui, certes, se des- visite et traversant, imperturbable, tence réelle de Virginia, qu’elle ne veuse dans un resto chic de Soho, rer, rêver ». Critique déjantée de le poids de chaque mot. » sine n’eût pas été capable d’être un des situations placides, qui rencontre jamais, ni dans la joie, ni accepte de participer à ce pro- l’Angleterre d’aujourd’hui, c’est, Or, si la biographie de Virginia écrivain, moins encore cet écrivain semblent toujours aller de soi. dans les transes. Et, cependant, il gramme. Très vite, sa santé (aussi plus largement encore, celle de la Woolf par Hermione Lee utilise, que fut Virginia Woolf, sans jamais L’œuvre ? Des titres, des publica- serait dommage de se priver d’une bien physique que psychique) se société de consommation à ou- sans doute plus qu’aucune autre, les cesser d’être Virginia. Chacun des tions, puisque Woolf est écrivain. lecture où beaucoup trouveront de détériore. Elle quitte son impro- trance que Rupert Thomson fait correspondances, journaux intimes, protagonistes perd ici son caractère L’absence d’enfant se résume à... nouveaux détails sur Virginia. Et bable fiancé américain, pleure ici avec brio. Mémoires, témoignages non seule- et semble exister sur sa réputation. cette absence. Elle en fait état mais puis, Hermione Lee raconte fort sans raison, s’enfile canette sur Emilie Grangeray. ment de l’écrivain, mais de presque Personne n’éprouve jamais rien. sans y revenir, qu’importe si tout au bien la vie d’une femme sans intérêt canette (qu’elle vomit tout de tout son entourage, si elle est, par là Que deviennent ici les bizarreries de long de sa vie cela a tant importé à mais attachante, qui n’est pas Virgi- suite) et note, tout aussi compul- (1) Le Traumatisme (traduit par Ber- même, fort précieuse pour les l’enfance ? Le roman poignant de Virginia. Le véritable rôle de Leo- nia Woolf. sivement, sur des cahiers tout ce nard Turle, Stock, 1998). amoureux de l’œuvre, les familiers Stella Duckworth, la demi-sœur, est nard Woolf dans cette affaire et Viviane Forrester qu’elle voit d’orange. Charlie, son (2) Quench signifie « étancher sa soif ».

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ROMANS POLICIERS splendeur rugueuse des paysages invitent, plus qu’ailleurs, à s’interroger sur les mystères du monde. Aux frontières du fantastique et du merveilleux, (publicité) b par Michel Abescat entre légende et réalité, ses romans ont ainsi tout le charme du conte. (Tra- duit de l’anglais – Etats-Unis – par Danièle et Pierre Bondil. Albin Michel, « Terres d’Amérique », 391 p., 140 F [21,34 ¤].) b L’AFFAIRE RAPHAËL, de Iain Pears « Ecrire l’histoire de l’art consiste en grande partie à débusquer les erreurs Jeunesse sudiste des autres et à les remplacer par les siennes propres. » Voilà pour le ton, bien dans la manière, brillante et caustique, de l’auteur du fameux Cercle de la croix. Quant à l’argument de cette Affaire Raphaël, il constitue pour Iain GERONIMO REX Pears, lui-même historien d’art, une réjouissante manière de coiffer l’en- de Barry Hannah. semble de ses confrères sur le poteau. L’histoire de l’art, lui, il l’invente car- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Philippe Mikriammos rément. Avec gourmandise. En imaginant ici la découverte fortuite d’un ta- Gallimard, « La Noire », 489 p., 145 F (22,10 ¤). bleau de Raphaël sous le repeint banal d’un artiste oublié du XVIIIe siècle. Avec une habileté consommée, Pears déploit son intrigue sur trois niveaux, ne petite ville du Deep South à la fin des années 50. Ambiance parfaitement intriqués. Dans quelles circonstances Raphaël a-t-il peint ce American Graffiti. Drague, blagues de potaches, virées en voi- mystérieux tableau ? Que s’est-il passé au XVIIIe siècle ? Et, bien sûr, com- ture, matches de football et bal de fin d’année scolaire. Les filles ment va-t-il achever son étonnant destin alors que tous, directeurs de mu- en pincent pour « le grand solitaire au souffle bruyant », Elvis sée, marchands, experts et policiers spécialisés dans les vols d’objets d’art se Presley,U qu’elles écoutent collées aux énormes haut-parleurs de la foire de lancent à ses trousses entre l’Italie et l’Angleterre ? Premier volet d’une série la « paroisse ». Pendant que les garçons franchissent en fraude les barrières de six romans policiers consacrés au monde de l’art, L’Affaire Raphaël n’a « Interdit aux moins de dix-huit ans » pour aller voir « les négresses couleur pas l’ambition du Cercle de la croix. Mais quel régal ! L’auteur s’amuse, à de moutarde crémeuse (...) se trémousser en soutien-gorge à pierreries scintil- l’évidence, à tirer les fils de cette pétillante comédie et à multiplier portraits, lantes ». Le héros, Harriman Monroe, suit tout cela avec une distance nar- esquisses et croquis d’un petit monde qu’il connaît sur le bout des doigts. quoise, en particulier lorsqu’il se met lui-même en scène : « Je pouvais pares- C’est vif, piquant, intelligent et très divertissant. Jusqu’à la chute, inattendue ser nu au lit tout le jour, enchaîner à volonté les érections les unes aux autres et particulièrement savoureuse. A elle seule une œuvre d’art. (Traduit de (...), éventuellement aller jusqu’à ma table et écrire mon nom x fois, soulever la l’anglais par Georges-Michel Sarotte. Belfond, 300 p., 89 F [13,56 ¤]). pile de disques et les laisser retomber (Cannonball Adderley, Miles Davis, Gerry b JOURS TRANQUILLES À BELLEVILLE, de Thierry Jonquet Mulligan, Mose Allison : héros nouveaux)... » Thierry Jonquet, parmi les plus brillants auteurs du roman noir français, Récit d’apprentissage, chronique d’une jeunesse au Mississippi, celle de habite Belleville depuis quinze ans. Son dernier livre n’est pas un polar. l’auteur, Barry Hannah, roman d’une génération-charnière du point de vue Même pas un roman. Sous-titré « Récit », Jours tranquilles à Belleville vous de l’histoire du Sud, Geronimo Rex raconte l’enfance et l’adolescence de son happe pourtant dès la première ligne. Instantanés, croquis, « choses vues » héros dans un patelin qu’il finit vite par détester, « avec son air rendu rance composent un portrait pour le moins iconoclaste de ce quartier mythique par les manufactures de papier, ses lotissements baptistes, morts et affamés de de Paris. Intime et cru. A hauteur d’homme. Tantôt piquant et léger, comme racontars ». Son départ pour « un petit collège confessionnel distingué » tenu cet inventaire de la faune des Buttes-Chaumont. Plus souvent grave et sans par des pasteurs baptistes fermement convaincus que « l’Amérique marche concession, comme Jonquet sait l’être. Pour dire les ravages de la bétonite sur une pellicule de cellophane au-dessus du gouffre de l’Enfer ». Et enfin son aiguë du « nouveau Belleville », aiguisant les différences sociales, les squares entrée à l’université d’Arkansas, à Fayetteville, où, après avoir hésité entre la où fleurissent les seringues, les parkings souterrains hantés par les SDF et trompette et la médecine, il se lance dans les études littéraires. Drôle, cruel, les junkies, les frasques de « la bande à Nique-ta-Mère », la montée des acéré, le récit, véhément et souvent torrentiel, passe sans crier gare de la ghettos ethniques et des mafias... Au risque de faire grincer pas mal de farce au malaise. Très loin en fait de la nostalgie paisible et quelque peu dents, Jonquet s’élève contre l’impéritie des édiles de tout poil qui, pour évi- complaisante d’American Graffiti. Car si Barry Hannah lâche souvent la ter par exemple la prolifération des clochards sur les bancs des squares, bride à son penchant pour la bouffonnerie, l’ensemble est particulièrement n’ont pour toute réponse que... la suppression des bancs ! Ou les discours vinaigré. Sauvage et violent. Irréductiblement noir. Premier roman de l’au- des beaux esprits, fermant les yeux au nom d’« un angélisme antiraciste », teur, paru en 1972 aux Etats-Unis, Geronimo Rex brosse le portrait d’un Sud glosant sur « les nouveaux codes sociaux » ou « l’esthétique de la marginali- grimaçant, enfermé dans ses nostalgies poisseuses, ses mémoires doulou- té ». La dégradation est à l’œuvre, conclut Jonquet. Elle fait le lit de tous les reuses, ses préjugés politiques, religieux, moraux et, bien sûr, raciaux. Avec pousse-au-crime. Et la fortune des marchands de portes blindées. En atten- une force étonnante. Celle d’en rire. dant l’explosion. (Ed. Méréal, « Black Process », 173 p., 89 F [13,46 ¤].) b LE CANYON DES OMBRES, de James D. Doss b SMOKE, de Donald Westlake Un vieux bison mystérieusement disparu de son enclos. Sans laisser de Que dire, sinon que c’est parfait ? Composé au millimètre, savoureuse- traces. Des animaux, et bientôt un homme, retrouvés mutilés, le crâne fra- ment raconté, emporté par des dialogues éblouissants... Quelques mois cassé, au voisinage d’un canyon désertique de tout temps considéré comme après Le Couperet, qui restera parmi les chefs-d’œuvre du roman noir, sacré par la tradition indienne. Et Daisy, la vieille femme-médecine, pour- Westlake donne libre cours à sa légendaire fantaisie. Il imagine un homme, suivie par un rêve entêtant : celui d’une ombre ténébreuse capable de se voleur de son état, surpris alors qu’il opérait dans un laboratoire de re- transformer brutalement en une sorte d’oiseau nocturne pour s’attaquer cherches médicales. Et contraint de servir de cobaye à un couple de méde- aux hommes et aux bêtes... On retrouve dans Le Canyon des ombres toute la cins qui lui inocule un produit destiné à réduire la pigmentation de la peau. magie du précédent roman de James Doss, La Rivière des âmes perdues. Le A tel point efficace que le malheureux monte-en-l’air, pour prix de sa légè- décor en CinémaScope de l’Ouest américain, la beauté ensorcelante des reté, finit par partir en fumée ; il devient invisible... Le résultat est un formi- vieilles cultures indiennes, l’attrait irrésistible d’une intrigue policière ha- dable bonheur de lecture. Une série de variations toutes plus savoureuses bilement menée. A l’instar de Tony Hillerman, auquel on l’a inévitablement les unes que les autres. Chaque ligne est une friandise. Comme à son habi- comparé, James Doss possède l’art de ranimer le souffle de très anciennes tude, Westlake joue sur un subtil décalage du regard et des mots. Outre l’ef- légendes, de faire résonner la poésie de mythes aujourd’hui menacés d’ou- fet comique irrésistible, la comédie prend des allures dévastatrices. Cha- bli. L’art de mêler modernité et tradition, pensée rationnelle et pensée ma- peau l’artiste ! (Traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Marie-Caroline gique, pour dessiner le subtil portrait d’un pays où l’infini des ciels et la Aubert. Rivages/Thriller, 404 p., 139 F [21,19 ¤].) LeMonde Job: WIV0600--0006-0 WAS LIV0600-6 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 18:25 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0044 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 littératures b L’Orphée magyar Un héritier de Gogol et de Dante Dans ces remémorations furieuses, Szentkuthy livre bien De Moscou à Jérusalem, en passant par Paris, de l’Antiquité jusqu’à nos jours, plus qu’une autobiographie : une aventure de la culture Vassili Axionov nous précipite dans les vertiges de l’espace et du temps ne laisse passer aucun des aspects bains »), il expédie Maurras d’une annonceur de la victoire de la Re- opère sa propre approche) en po- LA CONFESSION FRIVOLE du monde sans lui apporter une re- phrase en évoquant son « royalisme LE DOUX STYLE NOUVEAU naissance) et que l’image de sa sant des repères sur les sentiers de (Frivolitások és Hitvallások) marque, un commentaire et s’at- clownesque » ; il réhabilite Lanson (Novy sladostny stil). Béatrice hantent l’esprit de Sacha, sa « forêt obscure » peuplée de Miklos Szentkuthy. tache à chaque instant à démontrer et son Histoire de la littérature fran- de Vassili Axionov Stanley, le cousin retrouvé après d’étranges mais de si vrais person- Traduit du hongrois par qu’il ne vit pas dans une tour çaise, pour lui faire un croche-pied Adapté du russe par Lily Denis. quatre générations, rêve d’un nages : milliardaire qui met sa for- G. Kassai, Z. Bianu et R. Sctrick, d’ivoire où certains ont voulu l’en- au dernier moment : « un juste Gallimard « Du Monde entier », éventuel ancêtre qu’il partagerait tune au service des peuples spo- Phébus, 700 p., 185 F (28,20 ¤). fermer, notamment depuis la pu- équilibre entre le style mondain des 662 p., 192 F (29,73 ¤). avec son nouveau parent et ami. liés de l’Europe orientale (et la blication de Prae. Cette avidité ex- Français et la synthèse pédante ». Car, tout comme Sacha, Stanley perd), faux et authentiques exilés, maginer un artiste qui, après plique aussi, de son propre aveu, Szentkuthy n’est pas l’homme des e bouillonnant metteur descend de jumeaux issus d’une tueurs du KGB et de la mafia vous avoir montré ses son penchant pour l’autre sexe ; vérités révélées ; ayant soin de en scène, comédien et femme fécondée par un Korbach, (souvent les mêmes), nympho- œuvres, vous ouvre une l’amour, dans sa pratique comme mettre toujours l’eau du doute chanteur Alexandre cent cinquante ans auparavant à manes, enfin laissés pour compte porte dérobée et vous invite dans sa psychologie, est pour lui le dans le vin de sa foi et inversement, Zakhariévitch Korbach, Varsovie. Stanley n’entend pas ar- de la Californie profonde, celle de àI voir, cette fois, le trésor de ses lieu de convergence de tous les il fait sienne la formule de Pascal : chasséL par le KGB pour avoir mis rêter ses recherches en Pologne, Charles Bukowski corrigé par la collections privées. C’est ce que fait problèmes, de toutes les interroga- « Se moquer de la philosophie, c’est en dérision le pouvoir soviétique au milieu du siècle dernier. Pour faconde joyeuse d’un Henri Miller Szentkuthy dans La Confession fri- tions, de tous les paradoxes. Mais il vraiment philosopher. » Bonimen- en créant le théâtre satirique « Les les approfondir et ainsi retrouver devenu témoin ironique de la dé- vole, retranscription de quatre mois est trop obsédé par Dieu et la mé- teur de génie, comédien aux multi- Bouffons », arrive pour la pre- ses véritables racines, il fera appel liquescence et de l’effondrement d’entretiens accordés à un cénacle taphysique pour n’être qu’un sen- ples masques, il secoue les vieilles mière fois à New York le 10 août à Sacha ainsi qu’à sa fille, Nora du pouvoir totalitaire. de privilégiés. Si le début de l’ou- suel, même s’il fut un client assidu chimères, ressuscite les morts, as- 1982, « au milieu du chemin de sa Mansour, qui entretient avec ce Nora Mansour, la Béatrice de vrage a des allures d’autobiogra- des bordels de Budapest. somme certains vivants avec une vie », jour de ses quarante-trois dernier une liaison fusionnelle où Sacha, sa petite « nièce » au ni- phie classique qui risque de déce- aisance et une jubilation qui font ans. Sa position au sein des mi- l’amour fou le dispute aux tour- veau de la 5e génération, l’archéo- voir les lecteurs autres que les SARABANDES qu’on en redemande. Il est certes lieux dissidents et d’avant-garde ments de la jalousie. logue qui, selon l’impératif de sa passionnés de généalogie, de my- Procédant par associations et di- difficile de faire la part de la vérité lui laisse pressentir un accueil à la profession, « fouille et publie les thologie familiale et les incondi- gressions où les souvenirs se et de l’affabulation dans le maels- mesure de sa renommée. Il n’en BAROQUE résultats de ses fouilles », trouvera tionnels de ce géant de la littéra- heurtent comme des tonneaux tröm de cette pseudo-confession. est rien, car qui s’intéresse en Quelle tornade ce Vassili Axio- en Israël la dépouille deux fois ture hongroise, on est vite dans la cale d’un navire, il peut se Tout dire n’est-il pas le comble du cette Amérique trop rêvée aux in- nov ! Installé à Washington, il y millénaire d’un certain Kor-Beit, récompensé de sa persévérance, lancer dans des sarabandes qui mensonge ? Szentkuthy le sait bien solences d’un « bouffon » mosco- enseigne et ne cesse de publier ses l’ancêtre présumé commun de car ce gros livre (publié l’année de vont de saint Augustin à Thomas et se délecte visiblement à l’idée de vite ? Pourtant, une fois dans la romans de l’errance depuis une toute la lignée des Korbach dont sa mort en 1988) est bien plus Mann, d’Apulée à sainte Thérèse désorienter ses lecteurs. Homme- rue, A. Z. Korbach (Sacha, ou sim- bonne vingtaine d’années (1). l’enfant de Nora et de Sacha, qu’une histoire de famille. En effet, d’Avila, des sectes religieuses aux orchestre, il fait feu de tout bois ; plement A. Z. pour ses proches) L’écrivain, monstre d’érudition, conçu à Paris, devra assurer la une fois passée la galerie des an- films d’Ingmar Bergman (qu’il dé- mais dans l’apparent capharnaüm aperçoit tout d’un coup briller au ne se contente pas de dresser au- continuité. Devant la probable cêtres, inventaire obligé auquel teste). Obsédé par l’essentiel, il le de cette caverne d’Ali Baba, chaque sommet d’un gratte-ciel sa re- tour de la quête historique et victime d’un légionnaire romain, l’auteur se prête à la fois avec débusque partout. Mais quel que chose, chaque détail prend une im- connaissance très hautement af- identitaire une époustouflante se produit un étrange transfert qui bonne grâce et une circonspection soit le tremplin qu’il utilise, le portance nouvelle et une place firmée sous la forme d’une publi- épopée qui conduit depuis la pre- rappelle sans doute l’un des plus teintée d’un humour féroce à diable d’homme retombe toujours nimbée de la lumière de l’évidence. cité : « Alexandre Korbach is a mière destruction du Temple jus- beaux récits fantastiques de Julio l’égard de ses géniteurs, le feu d’ar- sur ses pieds. Quand on est habité Szentkuthy est de ces auteurs qui great name in the States. » qu’au putsch fomenté à Moscou Cortazar, L’Axolotl : à force de tifice commence. par le chaos, il faut avoir le sens de vous donnent l’impression d’être Hélas, il ne s’agit que d’un ho- en 1991 ; à l’instar de Nabokov, de fixer le visage hilare de la momie Sa vie épouse le siècle, et il ne re- l’équilibre et de la rigueur dans plus intelligents, au sens le plus monyme milliardaire, créateur ja- Dante aussi, il invente un style parfaitement conservée, Sacha s’y fuse pas la comparaison avec Mus- l’expression ! On dirait que cet étymologique du terme : être ca- dis d’une gigantesque chaîne de nouveau, baroque, audacieux, où identifie et se perçoit lui-même set – mais un Musset de la Mitte- homme a tout lu, tout retenu, mais pables de faire le lien entre les consommation, fleuron du pays, les phrases cocasses écrites en an- par le regard éteint de l’ancêtre leuropa, à la fois romantique et il prend un malin plaisir à déplacer choses, même si ce lien doit rap- l’Alexandre Korbach Retail Cor- glais phonétique alternent avec putatif allongé derrière une vitre baroque, poète et métaphysicien. les centres et à remodeler les idées. procher Luther de la biologie molé- poration. Un peu plus tard, l’ar- une écriture tantôt sobre, tantôt sur la dalle du Musée de l’histoire Attiré dans sa jeunesse par la mé- A quoi bon apprendre si ce n’est culaire ! tiste exilé et le petit-fils richissime délirante, ponctuée de poèmes juive de Jérusalem. Vertigineuse decine et les mathématiques, rê- pas pour désapprendre et tordre le Animé par des tensions contra- du mythique patriarche, juifs tous aussi bien rendus en français par plongée dans les béances énigma- vant dès l’adolescence de devenir cou aux lieux communs ? Pour lui, dictoires « mais salutaires », fasciné les deux malgré les métissages Lily Denis que le tourbillon de ses tiques du temps ! Il faut se laisser prélat, il répond ainsi à la question Mrs Dalloway de Virginia Woolf dé- par la rigueur rationaliste française, consentis par leurs devanciers, fi- proses rédigées en russe. emporter par l’ouragan de cette de savoir pourquoi il a finalement passe à beaucoup d’égards l’Ulysse grand connaisseur de Ben Jonson, nissent par se rencontrer. C’est Pareil à Virgile conduisant le tragédie optimiste mise en place fait des études de lettres : « Je pen- de James Joyce ; Proust vaut da- Szentkuthy souligne aussi que la ainsi que Sacha Korbach, qui vé- poète tout au long des neuf par Vassili Axionov, héritier direct sais qu’on y enseignait la littérature. vantage par son art de la construc- mystique germanique et l’univers gète sur la côte ouest, parmi les cercles de l’enfer, Axionov guide aussi bien de Gogol que de Dante, Quelle naïveté ! » Cette frustration tion que par la finesse de ses ana- orphique font partie intégrante de gueux, apprend sa lointaine pa- son Sacha – portrait de l’écrivain le grand Florentin. mâtinée d’exaspération n’a fait lyses psychologiques ; et s’il a lu sa personnalité. Et s’il regrette que renté avec l’Américain Stanley retouché par Woody Allen, Bob Edgar Reichmann qu’exacerber son immense curiosi- tout Freud, il déteste les tartes à la Dieu l’ait créé comme « intellectuel Korbach, représentant atypique Dylan et Boulat Okoudjava – vers té. « Avide de réalité », comme il se crème du freudisme. Maîtrisant fatigué » et accepte l’appellation de du capitalisme triomphant. Alors les géhennes d’aujourd’hui. Il fait (1) Voir le portrait de Vassili Axionov, définit lui-même, friand d’encyclo- l’art de la formule, qu’il applique décadent, c’est pour nous prouver que le fantôme de Dante, l’autre de même avec ses lecteurs (consi- « fils d’ennemis du peuple », dressé pédies, de musique, de photogra- aussi à lui-même (« J’ai inventé l’art le contraire à chaque page. banni (inventeur du « dolce stil dérés comme les coauteurs de ses par Nicole Zand dans « Le Monde des phies et de peintures, Szentkuthy moderne au fond de ma salle de Pierre Deshusses nuevo », ce « doux style nouveau » livres, si tant est que chacun y livres » du 25 mai 1995.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Auberge irlandaise Une vocation de routarde Hilarantes Autour du Finbar’s Hotel, sept romanciers Deux romans d’une jeune Australienne dont les héroïnes courent les routes et sept récits où l’humour le dispute au désespoir et font l’apprentissage de la cohabitation avec les hommes hallucinations

aux membres du clergé désireux de TRAVERSÉE jamais eu d’orgasme. Tout ces passé des irrégularités, elle subo- FINBAR’S HOTEL s’encanailler discrètement et à quel- (Shiver) mâles alentour l’affolent. Elle les dore un drame épouvantable. Elle LA THÉORIE QUANTITATIVE Delmot Bolger, Roddy Doyle, ques politiciens peu soucieux de se de Nikki Gemmel. jauge, elle les juge ; elle finit par veut savoir, cherche des faits, puis DE LA DÉMENCE Anne Enright, Hugo Hamilton, conformer aux principes d’une so- Traduit de l’anglais (Australie) choisir. Sans rien perdre de son des coupables. Le mystère familial (The Quantity Theory Jennifer Johnston, ciété particulièrement rigoriste. Et par Michèle Valencia, mordant, la jeune femme exi- éclairci, elle goûte l’apaisement of Insanity) Joseph O’Connor, puis Vatican II est passé par là, «les 10/18, Inédit. 222 p., geante savoure la fleur bleue avec des réconciliations, la sérénité du de Will Self. Colm Toibin. curés se mirent à jouer de la guitare 47 F (7,13 ¤). délectation. Amours occultes, hu- pardon. C’est la famille qui l’a en- Traduit de l’anglais Traduit de l’anglais (Irlande) et à se montrer dans les pubs ». L’hô- mides et tendres, délicieusement voyée sur les routes quand elle par Francis Kerline, par Florence Lévy-Paoloni, tel amorça un lent déclin. Au- LES NOCES SAUVAGES décrites. Elles connaîtront une fin était enfant, c’est encore elle qui éd. de l’Olivier, 336 p., éd. Joëlle Losfeld. jourd’hui il vient d’être racheté par (Cleave) inutilement mélodramatique, mais l’y précipite à trente ans, par l’ins- 120 F (18,29 ¤). 262 p. 129 F (19,66 ¤). un chanteur de rock néerlandais, et de Nikki Gemmel. l’héroïne en sortira transformée, trument d’un billet posthume de les rumeurs de licenciement vont Traduit de l’anglais (Australie) c’est ce qu’elle cherchait. sa grand-mère. Peut-on la dire er- ill Self passe en An- ’est une auberge espa- bon train parmi le personnel. Pour- par Dorothée Zumstein, On retrouve le même person- rante par la faute des siens ? Pas gleterre pour un gnole en plein cœur de tant l’hypocrisie, qui a constitué son Belfond, 274 p., 115 F (17,33 ¤). nage sous un autre nom dans Les tout à fait. Elle a toujours roulé sa fin connaisseur de Dublin. Chacun y ap- fonds de commerce, n’a pas man- Noces sauvages, avec une person- bosse. La route est chez elle une la pharmacopée porte sa propre histoire qué d’imprégner durablement les nalité plus riche et plus complexe. vocation, ou mieux : une solution. hallucinatoireW ; et pour un excellent etC ils sont sept romanciers irlandais murs de l’établissement. On y des- e premier roman de Nik- Comme la journaliste aux amours Elle en a besoin pour survivre, plus écrivain. Sa prose dépouillée et ner- déjà connus en France, où ils sont cend moins pour raison d’affaires ki Gemmel, journaliste emmitouflées, Snip est une femme en fait que des Aborigènes, pas- veuse, son humour à l’acide lui tous traduits, à avoir déposé leurs que pour s’inventer, le temps d’une australienne, a pour ardente et volontaire. Elle a la sage obligé dans la fiction austra- servent à peindre un univers inquié- bagages dans cet hôtel dublinois. nuit, une nouvelle identité, pour cadre l’Antarctique, où même autorité brutale, et la même lienne, qui ici n’apportent pas tant, dépourvu de gaieté mais non Ce qui aurait pu n’être qu’un simple tenter d’ouvrir dans la monotonie l’auteurL fit un reportage en 1995. émotivité. Elle s’attendrit devant grand-chose. de ridicules, une jungle urbaine ré- exercice de style donne un résultat désespérante de la vie une paren- C’est d’ailleurs la qualité du repor- tout être blessé, mais jamais sur Cette diversité des thèmes sou- gie par les plus malins, dans laquelle surprenant. Il ne s’agit pas d’un ca- thèse hors du temps, une aventure ter qui frappe d’abord chez ce elle-même. Ses sens, très aiguisés, tenue par une prose nerveuse, en- on retrouve, à peine noircis, les prin- davre exquis . Chaque romancier, dérisoire. jeune écrivain. Les préparatifs, la la guident. Le contact de l’eau, de diablée, et très bien rendue par les cipaux traits de notre monde. en écrivant son propre chapitre, a C’est le cas de Ben Winters qui, longue traversée, l’organisation de l’air, du sable la situe dans l’univers traductrices, donne sa profondeur Les nouvelles de ce recueil res- dû avoir connaissance des autres sous prétexte de l’enterrement d’un la base, les horreurs du climat, les comme une boussole. Enfin, des au personnage. On avancera semblent à cet égard à ses précé- contributions; ou alors le maître du ancien condisciple, quitte femme et splendeurs du paysage : tout est hormones impérieuses la poussent même que l’importance des enjeux dents livres ; c’est le même cadre, un jeu, Delmot Bolger, a dû renouer enfants pour s’offrir une virée à Du- décrit avec une précision parfois inlassablement vers les hommes, – amour, liberté, honneur de Londres un peu déjanté, le même quelques fils pour assurer la cohé- blin et descend à l’hôtel, à qua- admirative, parfois narquoise, qui qu’elle décrit avec une verve et une femme – lui confère une dimen- milieu, celui de la recherche univer- rence de l’ensemble. Tous les épi- rante-trois ans, pour la première donne au lecteur l’envie d’y aller tendresse inoubliables. sion presque mythique. Snip, hé- sitaire en sciences sociales, et parfois sodes en tout cas, s’ajustent à la fois de sa vie. Ou celui de ces deux voir en même temps qu’un salu- roïne intense et pure, erre comme les mêmes personnages, comme le perfection et concourent à une im- sœurs que tous les clients prennent taire avertissement sur l’inconfort DÉSERTS un paladin de légende. Elle ap- psychiatre Busner ou l’ethnologue pression générale de déréliction pour un couple inavoué, l’une ar- et les risques de l’aventure. Le récit Le cadre a changé : moins mortel porte aux jeunes femmes un aver- Lurie. Le premier organise l’osmose poignante. rive de Londres, l’autre de la cam- touchera les voyageurs autant que que l’Antarctique, il reste dange- tissement et un modèle. Le monde des patients et des thérapeutes dans Le Finbar’s Hotel a connu des pagne irlandaise pour décider du les poètes. Le froid assassin orga- reux, et superbe ; on se trouve au est difficile ; des hommes l’in- son service ; le second a déniché sur jours meilleurs, même si sa réputa- sort de leur mère qu’il faudrait pla- nise ce huis clos où l’on est tou- cœur de l’Australie, sur les routes festent, gredins succulents dont on l’Amazone une tribu affligée d’une tion a toujours été douteuse. Dans cer dans une maison de retraite et jours plus ou moins tous en- désertiques autour d’Alice Springs. ne peut se passer. Des lambeaux caractéristique rarissime chez les les années 20, il servait de refuge qui ne peuvent se parler sans re- semble. Snip a vécu là dans son enfance, et de famille rôdent çà et là dans les primitifs des cinq continents : elle muer de lourds secrets de famille L’héroïne non plus n’est pas une les mystères de la vie ont voulu souvenirs, cherchant à vous lancer s’ennuie à périr, et barbe par conta- mal dissimulés sous de pieux men- innocente. Férocement compéti- qu’elle y ait été élevée en garçon, leur harpon de culpabilité. Cha- mination les savants. Au reste, ces songes. Tirant parfois vers le tive et tendrement vulnérable, elle le cheveu ras, travestie au désert et cune peut cependant conquérir et aborigènes s’adaptent très bien à la comique, comme l’histoire de participe à l’expédition pour se jusque dans la cour d’école. L’ex- dominer sa vie. Il y faut de la sévé- vie dans la banlieue de Londres. l’homme qui veut se venger de son dépouiller de la couche d’angoisse périence n’a en rien émoussé sa fé- rité envers soi-même, du renonce- Quant à la théorie quantitative de la amie en martyrisant le chat auquel et de solitude qui s’étaient abattues minité, mais elle en a gardé une ment, un dépouillement d’anacho- démence, son énoncé est impec- elle tient tant, parfois vers le sus- sur ses membres au cours de son connaissance plus aiguë de la dif- rète – ou de routarde –, un œil cable et la description de ses consé- pense, comme celle du voleur de ta- existence citadine ». Elle souhaite férence des sexes, et de leurs po- aigu toujours jeté sur les autres... quences dans les milieux de la psy- bleaux encombré de ses toiles de naturellement briller dans son tra- tentialités respectives. Elle sait et ne jamais baisser sa garde, car chosociologie franchement hila- maître, ces récits forment une sorte vail. Mais elle veut aussi réussir so- mieux qu’une autre ce qu’on peut les coups font très mal. On peut rante. Il ne faut pas chercher autre d’anthologie de la littérature irlan- cialement, et même sentimentale- demander à un homme, ce qu’on alors savourer d’ineffables dou- chose chez ce satiriste qui ne pré- daise contemporaine et une excel- ment, dans la petite société si peut espérer corriger en lui, et ce ceurs, celle d’une nuit sous les tend ni concevoir ni expliquer le lente introduction à ce qui en masculine qu’elle observe, et qui qu’il est parfaitement inutile d’es- étoiles, d’un père qu’on absout, monde. Il s’amuse en écrivant des constitue peut-être la quintessence, l’observe. A la trentaine passée, sayer de combattre. d’un orage venu tempérer la cani- textes férocement drôles, qui font entre humour et désespoir, une elle a connu sept amants, des fian- Des souvenirs obsédants et cule, ou celle d’un homme qui planer le lecteur en lui donnant l’im- sorte de marivaudage tragique. çailles brisées in extremis, elle cruels torturent l’héroïne, et la vous aime. pression d’être intelligent. Gérard Meudal porte un anneau au nombril et n’a motivent. Elle pressent dans son Jean Soublin J. Sn LeMonde Job: WIV0600--0007-0 WAS LIV0600-7 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 17:02 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0045 Lcp: 700 CMYK

la chronique LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / VII

de Roger-Pol Droit b

Hans Georg Gadamer, Gadamer souligne qu’on ne sort INTRODUCTION jamais de l’interprétation, qu’elle À HANS GEORG GADAMER l’un des philosophes constitue un jeu sans fin et sans de Jean Grondin. fond, qui est le jeu humain. L’his- Ed. du Cerf, « La nuit Bon centenaire, importants du XXe siècle, toire ne se déroule qu’à l’intérieur surveillée », 240 p., de cet héritage langagier, de cet 170 F (25,92 ¤). fête aujourd’hui ses cent incessant et perpétuel dialogue au sein des mots, dans leur « clar- tre philosophe et avoir monsieur Gadamer ! ans. A côté du modèle té». Gadamer note à la fin de son cent ans, ce n’est pas in- ouvrage : « La lumière qui donne E compatible. Il est vrai que fourni par le savoir relief à toutes choses de façon à les la conjonction des deux rendre claires et intelligibles en n’est pas donnée à tout le monde. scientifique, son œuvre elles-mêmes, c’est la lumière de la Mais elle se produit. Ainsi le 11 fé- parole. » vrier 2000 n’est pas seulement, développe l’idée d’une Aujourd’hui, une telle idée pa- comme on pourrait le croire, le raît devenue banale. C’est en 350e anniversaire de la mort de vérité de l’art, et une grande partie grâce à lui. Sans Descartes. C’est également le doute ne fut-il pas le seul à nous centième anniversaire du grand conception du langage l’apprendre. Si l’emprise extrême philosophe allemand Hans Georg du langage sur toute réalité est un Gadamer, né à Marbourg en 1900. comme condition de lieu commun, s’il paraît évident Sa biographie se confond évi- que notre monde baigne en quel- demment avec le siècle. En 1919, il notre expérience du que sorte dans le langage, c’est en étudie Platon et Kant sous la di- raison de la convergence d’une rection de Natorp et de Nicolaï monde et de l’histoire série d’analyses distinctes. De la Hartmann. « L’Ecole de Mar- phonologie structurale de Trou- bourg » est alors célèbre pour la betzkoy et de Jakobson à l’an- philosophie positiviste et néo- prises, explicitement condamné thropologie de Lévi-Strauss, des kantienne qui s’y développe. Le le régime nazi et ses meurtres. jeux de langage de Wittgenstein jeune Gadamer rédige en 1922 un C’est à soixante ans que le phi- aux séminaires de Lacan, du tour- mémoire d’une centaine de pages losophe publie son maître livre, nant linguistique de la philoso- seulement sur L’Essence du plaisir Vérité et méthode. La suite de son phie anglo-saxonne à la pensée dans les dialogues de Platon. Ce itinéraire ne fait que commenter, de Gadamer, les manières de fut, pendant longtemps, avec sa approfondir ou compléter ce tra- prendre en compte le langage thèse de 1931 sur l’Ethique dialec- vail fondateur. L’excellente intro- sont multiples. Ce n’était évidem- tique de Platon, son seul travail duction de Jean Grondin est lo- ment pas le cas dans l’Allemagne notable. Car ce philosophe ne de- giquement centrée sur ce grand des années 50, quand le philo- vint prolixe que sur le tard. Bien livre. Bien qu’il soit illusoire de sophe élabora son « ontologie que sa bibliographie soit au- vouloir résumer sa démarche en herméneutique ». C’est en grande jourd’hui considérable (elle quelques phrases, on retiendra le partie à ce centenaire que nous comprend quelque trois cents point de départ. La réflexion de devons cette évidence que toutes pages ! Et ses Œuvres complètes, Gadamer repose sur la conviction nos expériences sont comme tra- en cours de publication à Tübin- qu’existe une expérience de la vé- versées de mots, prises dans les gen depuis 1985, comptent déjà temps un véritable tourment. d’Etre et Temps. Dès 1923, Gada- cours du Rectorat » de Heidegger. rité en dehors de la science. L’art rets des vocables, quand bien dix volumes), il n’a édité son J’avais toujours la damnée sensa- mer vint à Fribourg étudier au- Après la guerre, les autorités al- en fournit le modèle. « Pour Ga- même elles seraient triviales, œuvre majeure, Vérité et Mé- tion que Heidegger regardait par- près du maître, dont il suivit tous liées confient sans hésitation à damer, note Jean Grondin, l’expé- épaisses, apparemment mu- thode, qu’en 1960. Encore faut-il dessus mon épaule.» Il est vrai que les séminaires. Il enseigna ensuite Gadamer un poste à Francfort, rience de l’œuvre d’art n’est pas au tiques. souligner que le rythme des livres Gadamer a lu Heidegger dès 1922, à Marbourg à partir de 1929, puis signe qu’il s’est peu montré favo- premier chef une expérience spéci- et des conférences fut tel, une avant tout le monde et avant à Leipzig dix ans plus tard, à rable aux nazis. Mais il n’a pas fiquement esthétique, mais de ૽ Parmi la dizaine d’ouvrages de fois l’âge de la retraite atteint, même de devenir l’un de ses étu- Francfort à partir de 1947 avant non plus fait savoir son hostilité. compréhension. » Conséquence : Hans Georg Gadamer traduits en que le célèbre ouvrage fait diants. Par le plus grand des ha- de succéder à Jaspers, à Heidel- On peut juger que rester à son il convient de rompre avec la tra- français, on signalera : presque figure, rétrospective- sards : Gadamer fut victime, cette berg, en 1949. poste tandis qu’Hitler est au pou- dition qui considère le jugement Vérité et méthode, traduction inté- ment, d’œuvre de jeunesse. année-là, d’une épidémie de po- Que fit Gadamer sous le na- voir, continuer à enseigner, pu- esthétique comme une affaire grale revue et complétée par Pierre L’expérience la plus marquante liomyélite, et son maître Natorp zisme ? Il ne s’est pas ouverte- blier des études sur Platon en subjective. La vérité de l’art, en Fruchon, Jean Grondin et Gilbert fut sans conteste pour Gadamer lui confia, comme lecture de ment compromis avec le régime, 1942 sont des attitudes condam- tant que forme de connaissance, Merlio (Seuil, 1996. Une traduction sa fréquentation de Heidegger. convalescence, le manuscrit comme Heidegger. Il s’est tu. On nables. On peut aussi penser que modifie le sujet. partielle, par Etienne Sacre, revue L’admiration qu’il n’a cessé de lui qu’un jeune et génial assistant de ne connaît de lui aucune prise de nul n’est tenu d’être un héros, et Mais cette modification prend par Paul Ricœur, a paru au Seuil en porter n’est pas étrangère à la Husserl à Fribourg venait de rédi- position ouvertement favorable que personne n’est en mesure de place, comme toute histoire hu- 1976) ; Années d’apprentissage philo- longue suite d’années sans livres ger pour devenir professeur. Il au Führer. Sans doute a-t-il écrit formuler une condamnation de maine, au sein du langage. «Les sophique, traduit par Elfie Poulain qui caractérise le premier temps s’agissait d’un texte de Heidegger quelques articles qui n’ont pas été cet ordre. Gadamer a au moins le grandes lignes d’une herméneu- (Criterion, 1992) ; La Philosophie her- de sa carrière. « L’écriture repré- demeuré inédit jusqu’en 1989 et réédités et n’ont rien de glorieux. mérite de ne pas s’être tu après la tique philosophique », tel est le méneutique (recueil d’articles), tra- senta pour moi et pendant long- qui annonçait déjà la démarche Mais on est très loin du « Dis- guerre, et d’avoir, à plusieurs re- sous-titre de Vérité et méthode. duit par Jean Grondin (PUF, 1996).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’infamant bonnet d’âne Abel La Raison menacée Bernard Lahire fait une analyse stimulante de la L’irrationnel au centre des interrogations du rhétorique des discours publics sur l’illettrisme sur le divan 10e Forum « Le Monde »-Le Mans

comble de la misère, c’est l’illet- rationnel est une nécessité, c’est qu’il tisation philosophique d’une question L’INVENTION trisme et non la précarité écono- ABEL OU LA TRAVERSÉE L’IRRATIONNEL, vient du dedans, en autre structurel... » – celle de l’articulation de la raison et DE L’« ILLETTRISME » mique, par conséquent l’urgence DE L’ÉDEN MENACE OU NÉCESSITÉ ? Françoise Bonardel définit les condi- de son contraire –, qui s’enracine Rhétorique publique, c’est la « croisade contre l’igno- de Marie Balmary. Textes réunis tions d’un usage rigoureux d’un dans l’ordinaire ambivalence des sen- éthique et stigmates rance » et non les luttes sociales. Grasset, 378 p., et présentés concept « fourre-tout », l’irrationnel... timents inspirés par les cadres établis de Bernard Lahire. Bref, pour tenter de sortir de la 132 F (20,12 ¤). par Thomas Ferenczi. Leurs analyses illustrent, parmi beau- et leurs contestations incontrôlées. La Découverte, 372 p., pauvreté, il faut commencer par Seuil, 364 p., 120 F (18,29 ¤). coup d’autres, cet effort de probléma- Jean-Paul Thomas 189 F (28,81¤). s’éduquer. ’une psychanalyste lise la « La consécration étatique du pro- Genèse comme on écoute a puissance occulte des e mot est d’invention ré- blème » survient en 1984, avec un un patient, et voilà que la sectes, comme la proliféra- cente et sa fortune n’est rapport au premier ministre intitulé Q Bible prend l’allure d’un tion des superstitions ou des « drôle de texte » où Dieu L pas innocente. L’« illet- Des illettrés en France, puis la créa- pratiques médicales dou- L devient « bon thérapeute », le serpent trisme » apparaît, pour la tion, dans la foulée, du Groupe per- teuses invitent à la mobilisation. L’ur- première fois, en 1979, dans le rap- manent de lutte contre l’illettrisme d’Eden « domination phallique » et gence de cette lutte contre les formes port moral du mouvement ATD (GPLI), qui devient l’interlocuteur où tout contresens vaut refoulement. changeantes des irrationalités dis- Quart Monde ; le terme est expli- officiel incontournable pour lancer Pour ce nouveau parcours de lecture, pense de s’interroger sur la légitimité citement préféré à celui d’analpha- et financer interventions, enquêtes Marie Balmary, auteur de L’Homme de cette guerre entre la Raison et ses bétisme, jugé péjoratif et trop asso- ou colloques sur la question. Le dis- aux statues (Grasset, 1979), prend le Autres. Ainsi confortée, la dualité du cié à l’action éducative auprès des cours légitime passe alors de la lecteur par la main, l’entraînant ver- rationnel et de l’irrationnel porte à la travailleurs immigrés. En somme, compassion des missionnaires à la set après verset dans une enquête au méconnaissance de la crise de la rai- les illettrés, ce sont les analpha- compétence des fonctionnaires et long cours sur « l’affaire Caïn », en- son que le XXe siècle a vécue. Les cer- bètes français et ils sont assez nom- des experts. Des estimations, aussi quête dont les indices sont la racine et titudes de la rationalité traditionnelle breux pour former un phénomène impressionnantes que fantaisistes, l’ordre des mots, et dont les « indics » ont été radicalement remises en collectif. Ainsi nommé, identifié, ce mais lestées de l’aura scientifique s’appellent Lacan, les Pères de l’Eglise cause. Aussi Gaston Bachelard enten- dernier suscite l’intervention crois- des chiffres, attirent l’attention sur ou même Gérard d’Aboville, le navi- dait-il « ouvrir le rationalisme » et ré- sante des militants engagés dans l’« ampleur du fléau ». Des émis- gateur. Démarche stimulante, donc, cuser « une raison close ». N’est-il pas l’Aide à toute détresse, relayée en- sions et reportages suscitent l’émo- qui promeut les associations libres en souhaitable, comme le suggère Tho- suite par celle des pouvoirs publics tion en présentant la souffrance matière d’exégèse et remet en mou- mas Ferenczi dans son introduction, et de professionnels divers. Cette des illettrés, murés dans le silence, vement des textes, les sauvant ainsi de recourir au fantastique, à l’in- promotion de l’illettrisme comme honteux et « autistes ». Une rhéto- tant des « catéchismes de bons senti- conscient ou à l’occulte pour enrichir scandale social, voire comme prio- rique se développe selon laquelle ments » que de l’idolâtrie. la rationalité ? rité nationale, n’est pas tout bon- ces malheureux seraient aussi po- Hélas : dans cette investigation, Rassemblées dans le camp des en- nement la tardive découverte d’une tentiellement des dangereux l’auteur connaît par avance le fin mot nemis déclarés de la raison, les irratio- situation ignorée, ni le fidèle reflet (comme autrefois les classes labo- de l’histoire (que nous nous garde- nalités transitent dans celui des mino- « de la réalité “horrifiante” telle rieuses) : des handicapés de la rons bien de révéler) et au-delà d’une rités opprimées. De là, abandonnant qu’elle est ». C’est une construction communication, mal insérés, peu relecture féconde de la Bible, ce qui leur propension à l’anarchie, elles socio-historique, la fabrique idéo- socialisés, inaptes à exercer une est mené ici au bout du compte, c’est gagnent les rives d’une rationalité logique d’un « problème social pu- « citoyenneté active », vulnérables bien un combat « contre tout ce qui élargie, authentique. Devenue tri- bliquement reconnu », dont Ber- aux discours extrêmes... ferme le ciel », contre la pauvre « hu- viale, cette dialectique de la raison en nard Lahire fait ici l’analyse Certes, les propos ne sont pas manité des droits de l’homme », bref, proie aux irrationalités invite aux va- critique. Il ne vise donc pas l’inéga- toujours aussi caricaturaux et mo- contre le désenchantement du riations répétitives. L’irrationnel est-il lité, bien réelle, face à la culture ralisateurs. Mais, insidieusement, à monde dont l’auteur rend Freud – cet à envisager à titre de menace ou de écrite (à laquelle il a consacré plu- la croisée des actions, déclarations « athée superstitieux » – en partie res- nécessité ? Les participants au 10e Fo- sieurs recherches), mais cette façon ou textes les mieux intentionnés, ponsable. Ainsi, croyant remettre rum organisé par la ville du Mans et d’en parler, qui fait exister tout « l’ethnocentrisme lettré » se diffuse « la Bible sur ses pieds », elle ne la Le Monde en octobre 1998 auraient pu autre chose. et impose son point de vue, c’est-à- couche sur le divan que pour mieux limiter leurs ambitions à d’aimables La déconstruction (on est tenté dire « l’idée selon laquelle la défini- vérifier son « hypothèse clinique », et broderies sur le thème proposé. Ils se de parler de démolition) est aussi tion de l’“Homme”, de la pleine hu- si elle disqualifie avec tant d’aisance sont refusés à cette facilité. Barbara brutale que convaincante. Bernard manité, passe nécessairement par les commentateurs du passé, c’est Cassin examine l’alternative qui lui est Lahire montre comment les cam- l’entrée dans la culture de l’écrit ». que, à vouloir coûte que coûte ré- soumise : « Si l’irrationnel est une me- pagnes lancées par ATD, sous l’im- Elle a pour corollaire la stigmatisa- concilier psychanalyse et exégèse, nace, c’est qu’il vient du dehors, comme pulsion du Père Joseph Wresinski, tion de ceux qui n’y ont pas accès elle en arrive seulement à malmener un ennemi extérieur à la raison. Si l’ir- associent l’indigence à l’inculture, et pour qui l’on ressort l’infamant les textes, tous les textes, bibliques ou elle-même confondue avec les diffi- bonnet d’âne. freudiens. Thomas Ferenczi est journaliste cultés de lecture et d’écriture. Le Nicole Lapierre J. Bi. au Monde LeMonde Job: WIV0600--0008-0 WAS LIV0600-8 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 17:08 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0046 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 chroniques b

POLITIQUE INTERNATIONAL b par Thierry Bréhier b par Daniel Vernet Vues israéliennes sur l’Europe

LE TRIANGLE DES PASSIONS nesse, écrit-il, l’Allemagne était pour lui « une Primor n’a pas respecté les convictions de sa Le mythe républicain Paris-Berlin-Jérusalem tache blanche sur la carte » : « Depuis toujours, jeunesse, il n’est allé pour la première fois en Al- d’Avi Primor. je tenais pour évident que je n’aurais jamais rien lemagne qu’en 1990 et pour une mission offi- Bayard, 320 p., 120 F (18,29 ¤). à voir » avec elle, « que je ne fréquenterais pas cielle. Avant d’y prendre son poste d’ambassa- d’Allemands, que je ne ferais même pas leur deur, il a appris l’allemand parce qu’il voulait DE GAULLE n diplomate cultivé, polyglotte, se connaissance ». Après la guerre, pendant toute rencontrer des Allemands au-delà des nécessités Histoire, symbole, mythe promène entre les trois capitales, la IVe République et aussi longtemps que dura protocolaires. « Le fils de l’assassin n’est pas plus de Maurice Agulhon. jette un regard sympathique, et cri- la guerre d’Algérie, Israël était le meilleur ami coupable que celui de la victime, écrit-il. Mais dire Plon, 166 p., 98 F (14,94 ¤). U de la France et les Israéliens vouaient à la que leur toile de fond n’est pas la même serait une tique, sur les pays dans lesquels il a été en poste, mais ne se contente pas d’obser- France une passion qui, la suite le montrera, litote. » DE GAULLE ver ; il milite pour une coopération étroite n’était pas aussi unanimement partagée à Paris. En Allemagne, le représentant d’Israël se La France à vif entre trois pays, car, s’il entre de la passion Quand Avi Primor arrive en France en 1968, trouve dans une situation tout à fait singulière de Jean-Pierre Rioux. dans ce triangle, c’est celle qu’y met Avi Primor, les relations sont au plus bas, de Gaulle a dé- que ne connaissent pas ses collègues israéliens Liana Levi, « Curriculum », 204 p., 98 F (14,94 ¤). pas seulement celle qui règne dans leurs rela- crété l’embargo sur les ventes d’armes à l’Etat dans d’autres capitales ni ses collègues étrangers (en librairie le 18 février) tions. Cette passion s’exprime dans les der- juif. Les espoirs dans un changement de la poli- à Bonn ou à Berlin. L’histoire est omniprésente nières phrases du livre : le « statut privilégié » tique française, placés successivement en Pom- et ce que redoute le plus Avi Primor, ce ne sont e 18 juin 1940, le général de Gaulle est entré vivant dans l’histoire de promis en 1994 à Israël dans ses rapports avec pidou, Giscard d’Estaing et même, dans une pas les nazillons qui manifestent parfois dans les France. Aujourd’hui, nul ne lui conteste une place au panthéon de l’Union européenne ne peut se réaliser que si large mesure, Mitterrand, se révéleront tous il- villes allemandes, c’est qu’ils trouvent un jour un nos gloires nationales, non seulement pour avoir relevé le glaive l’Europe s’oriente « fermement vers l’unification, lusoires. L’ambassadeur d’Israël à Paris à la fin relais intellectuel. Ce n’est pas actuellement le L des années 60, Asher Ben Natan, résume les re- cas. Ça aurait pu l’être au moment de la « que- qu’un régime en faillite avait laissé à terre, mais aussi pour avoir, dix- dynamisée et propulsée par une véritable associa- huit ans plus tard, sauvé une seconde fois une République engluée dans le tion franco-allemande. (...) Israël n’aura plus une lations franco-israéliennes d’une formule qu’il relle des historiens ». Dans le « questionnaire de drame algérien et menacée par la révolte de ses soldats. Le débat ne porte que politique de balançoire entre la France et l’Alle- emploie en ouvrant ses discours officiels : « Aux Proust » qui lui fut proposé par la Frankfurter sur la survivance du gaullisme comme force politique. Ceux qui se présentent magne. Il aura une politique européenne fondée anciens ministres, amis d’Israël, et aux ministres, Allgemeine Zeitung, à la question « Que détestez- comme ses héritiers usent de la transformation de leur héros en mythe. C’est sur les deux (...). Dans la perspective de la paix au anciens amis d’Israël... » « Il n’en va pas de vous le plus ? », l’ambassadeur répondit : «Les irritant mais indéniable. Le dernier ouvrage de Maurice Agulhon – De Gaulle, Proche-Orient, Israël pourra alors servir de pont même en Allemagne », ajoute Avi Primor, qui ne révisionnistes. » Histoire, symbole, mythe – le démontre avec la solidité et la pertinence habi- à une coopération entre l’Europe et le Proche- se montre pas tendre pour la « politique arabe Mais l’Allemagne qu’il a quittée en 1999 pour tuelle de chez cet historien. Sur le sujet, Agulhon n’est guère suspect de préju- Orient, pour le plus grand bien des deux ré- de la France ». Cette pièce maîtresse de la di- reprendre un poste de vice-président de l’uni- gé favorable. Homme toujours solidement ancré à gauche, citoyen qui défila, gions ». plomatie gaulliste a eu, dit-il, des retombées versité de Jérusalem qu’il avait déjà occupé na- en juin 1958, dans les rues de Paris pour défendre la République contre le re- Pour en arriver là, Israël, l’Allemagne, la économiques limitées, alors que la RFA n’a pas guère, est « une Allemagne résolument tournée tour du général dans les bagages des factieux d’Alger, il justifie en toute hon- France auront traversé des temps agités, grevés eu besoin d’obérer ses relations avec Jérusalem vers la démocratie, dans les principes de laquelle nêteté scientifique le choix du portrait du Général qui illustrait le tome qu’il a par l’histoire, pleins de contradictions, où la fi- pour être bien placée sur les marchés arabes. elle élève sa jeunesse depuis cinq décennies. Une consacré à La République de 1880 à nos jours, dans la monumentale Histoire de gure géométrique formée par les trois capitales Aurait-elle été tentée qu’elle ne l’aurait pas Allemagne pleinement consciente d’un passé France chez Hachette. Comment nier, en effet, que ce militaire, qui, par deux aura été moins souvent le triangle évoqué dans pu. Car l’attitude de « l’Allemagne nouvelle », qu’elle abhorre, et religieusement tournée vers fois, a quitté volontairement le pouvoir, s’il était un monarchiste de cœur, fut le titre que des lignes parallèles, jamais appe- comme disait Ben Gourion, vis-à-vis de l’Etat l’idéal de l’unification européenne sur la base de un républicain de raison et un démocrate conséquent ? La République lui doit lées à se rejoindre. Conseiller de presse à l’am- d’Israël était une pierre de touche de son retour l’égalité ». Les Allemands peuvent-ils trouver donc beaucoup. Ce qui n’impose pas de tout lui pardonner. bassade d’Israël à Paris, ambassadeur à dans la communauté des nations. Malgré les meilleure caution ? Avi Primor semble s’inquié- Maurice Agulhon s’est fait connaître par ses recherches sur l’imagerie de la Bruxelles puis à Bonn et à Berlin (de 1993 à réparations, malgré l’établissement de relations ter que les Français ne s’en rendent pas toujours République. C’est aussi en fouillant chez les vendeurs de bibelots, à Colom- 1999), Avi Primor est un de ces artisans du diplomatiques (en 1965), malgré les discours compte et que les Allemands prennent ombrage bey-les-Deux-Eglises comme à Paris, qu’il a eu la confirmation de l’entrée du triangle. Son livre laisse l’impression que les empreints du sens de la responsabilité histo- de ce manque d’intérêt. Il le dit non comme ob- général dans la mythologie française. Le plus signifiant des objets ainsi décou- difficultés ne se trouvaient pas là où il les atten- rique, demeurait et demeure une « susceptibilité servateur extérieur mais en tant qu’européen verts est ce décor enfantin présentant un résumé chronologique de l’histoire dait. Il est né en Palestine en 1935. Dans sa jeu- fondamentale » entre les deux peuples. Si Avi convaincu. de France ; il est illustré par trois bambins, l’un habillé en Jeanne d’Arc, l’autre en Napoléon, le dernier en de Gaulle – et puisqu’il regrette de ne pas voir dé- couverte l’origine de ces trois enfants, signalons qu’ils sont repris d’une bande dessinée égayant Madame Figaro. Cela nourrira peut-être sa réflexion puis- ECONOMIE qu’il fait remarquer que cette chronologie ne retient, pour la période 1940- Cinéma, muse suspecte 1945, que l’Etat français en oubliant la France libre... Or cette cohabitation de b Philippe Simonnot l’idéologie « qui, ici, n’aime pas de Gaulle » et de « l’évidence qui l’a déjà dé- fié » est la preuve de l’entrée en mythe. premier rang desquels figurent maintenant les les chiffres, le producteur peut atteindre des La comparaison de ces trois personnages permet à notre auteur de dresser LE CINÉMA ET L’ARGENT chaînes de télévision, qui procurent désormais taux de rendement allant de 30 à 100 %. la typologie des héros mythiques. Ils doivent avoir « joué un rôle historique sous la direction de Laurent Creton. plus de 40 % du financement ! De plus, il lui Dans son essai sur l’action publique en ma- majeur dans une guerre nationale », possédé « un caractère, une psychologie Nathan, 200 p., 129 F (19,67 ¤). faut combattre l’envahissement des géants tière musicale, Michel Schneider avait suscité hors du commun », suscité « des admirations disputées et contradictoires, et par américains en se soumettant à leurs règles, et une certaine émotion en montrant que l’Etat fi- là, au total, une sorte d’admiration virtuellement unanime, pour peu que s’amal- our sortir du charivari qui trouble ac- même en adoptant leur langue. Le français est nançait toute la chaîne des produits d’une gament, dans le flou et avec le recul, les thèmes divers et successifs ». En clair, il tuellement le cinéma français, on ne présenté ici par Pierre Gras, directeur adjoint à avant-garde autoproclamée. « Seul, remar- faut être, à la fois, de droite et de gauche, ou, plus exactement, transcender la P saurait trop conseiller la lecture des la Cinémathèque française, comme le premier quait-il, l’extrême bout de la chaîne, l’auditeur traditionnelle coupure de la vie démocratique. Tout au long de son livre, textes qu’a réunis ici Laurent Creton, à handicap à l’exportation du cinéma hexagonal, (rare, il est vrai), n’est pas subventionné. » Ce Maurice Agulhon montre comment cet enfant d’un milieu de droite ouvert, qui on doit déjà une analyse économique du ci- les deux autres étant l’absence de vedettes de stade serait aujourd’hui dépassé par le specta- obsédé par le culte de la patrie, persuadé de la nécessité d’un chef à la tête néma. Les auteurs, professionnels ou écono- rang international (on aimerait en connaître les teur de cinéma, au moins dans certains cas. Par d’un « Etat paternel » pour maîtriser un « peuple enfant », a su se plier aux mistes du cinéma, nous y donnent des aperçus raisons) et la formidable inflation des coûts de exemple, Le Hussard sur le toit a coûté 170 mil- règles de la République et conduire des actions de gauche en se laissant gui- inattendus sur une activité que Jean Cocteau production et de promotion imposée par le lions de francs, chacun de ses deux millions et der par la raison et non par le sentiment. avait qualifiée de « muse suspecte » à cause de grand frère américain. demi de spectateurs a coûté 68 F – bien au-des- Cette volonté de « gauchir » l’action du général de Gaulle, on la retrouve ses rapports ambigus avec l’argent. L’auteur Dans ce contexte, la description des coulisses sus du prix de la place qu’il a payé. En re- encore plus marquée dans la petite biographie que Jean-Pierre Rioux vient de d’Orphée en concluait que la survie du cinéma de l’aide de l’Etat à la profession prend tout son vanche, le million qu’a coûté L’Arbre, le Maître consacrer à l’homme qui a dû prendre en charge une France à vif. Les règles passait par le dénuement. Ce n’est pas tout à sel. Lui-même cinéaste, Luc Moullet nous fait et la Médiathèque pour 180 000 entrées corres- de la collection où elle est publiée ne lui permettaient que de « ramasser l’es- fait le programme qui a été suivi depuis par la part de son expérience d’utilisateur des crédits pond à 6 F par spectateur, qui, lui, n’a donc pas sentiel en quelques tableaux et temps forts ». Ceux des premières années de la profession. du CNC. Jeu bien étrange dans lequel cet orga- besoin d’être subventionné. vie, de la découverte de la condition militaire, de la formation intellectuelle, Première surprise que nous apporte le livre : nisme dispose de pouvoirs quasi régaliens : Les auteurs, qu’il est impossible de tous citer militaire et politique dans l’entre-deux-guerres sont habilement décrits et le cinéma français se porterait bien, et même pouvoir réglementaire, pouvoir de police (sur- ici, sont très conscients de l’essoufflement et riches d’enseignements. Celui de l’aventure du RPF, quand le Libérateur tenta de mieux en mieux ! « Jamais, globalement, veillance, contrôle), pouvoir de « battre mon- des insuffisances du protectionnisme français. de retrouver le pouvoir dans une guerre sans merci contre « le régime des par- nous assure Laurent Creton, il n’a disposé d’au- naie » (billetterie), pouvoir budgétaire D’autant plus impuissant qu’une bonne partie tis », éclaire les raisons de l’échec. Mais pourquoi de la Ve gaullienne n’est-il tant de ressources. » Son économie est tirée vers (avances, subventions, répartition de la re- des images américaines sont aujourd’hui pro- retenu que ce qui peut renforcer le mythe, en oubliant la politique écono- le haut par des débouchés en expansion (multi- cette), pouvoir de haute et basse justice (sanc- duites en Europe. Investir sur le Vieux mique et sociale, en ne mettant pas en parallèle les discours de Mexico et de plication des chaînes de télévision, développe- tions). A en croire Moullet, pour obtenir du Continent présente plusieurs avantages pour Phnom Penh avec la mainmise sur le pré carré africain pourtant officielle- ment des marchés de la vidéo et du DVD, mo- CNC l’autorisation de tournage, mieux vaut les compagnies américaines, notamment pour ment décolonisé ? dernisation des salles, augmentation de la « mentir et déclarer des prévisions de salaires su- économiser sur les coûts de tournage et autres, Le même reproche pourrait être fait à Maurice Agulhon s’il avait fait œuvre fréquentation depuis le creux de 1993, et, bro- restimées et des frais suffisamment élevés pour mais aussi pour créer des « produits qualifiables de biographe, mais il n’est, dans cet ouvrage, que portraitiste. Et il n’a pas chant le tout, forte croissance des dépenses des être crédible ». Pour ces fonctionnaires victimes pour les quotas européens », comme l’avoue voulu dessiner un portrait réaliste, simplement retenir de son personnage ce ménages dans l’audiovisuel). Le malaise vient d’une très mauvaise éducation, ajoute notre sans ambages le président de Warner Bros. In- qui permet à tant de nos contemporains d’accrocher la représentation du gé- de ce que la muse est de plus en plus suspecte auteur, le fin du fin, c’était le toujours plus, dé- ternational Television. Il faudrait trouver une néral aux premières cimaises du musée de nos gloires nationales. Pour en d’assujettissement à ses bailleurs de fonds, au penser plus, gagner plus. Ainsi, en trichant sur autre parade. Mais laquelle ? faire quoi ? Oublier que trop de Français se sont longtemps vautrés dans le pétainisme ? Se souvenir, aujourd’hui où les « affaires » dominent le débat politique, d’une époque où le premier des Français donnait l’exemple d’une SOCIETE morale individuelle indiscutable, même si certains de ceux qui se réclamaient Un proviseur en résistance de lui ont plongé dans les délices de l’argent ? Rêver à une France qui saurait, b par Nathalie Guibert comme du temps de ce père sévère et prestigieux, tenir seule son rang ? S’imaginer pouvoir, comme Astérix, faire face victorieusement à des envahis- rou). Avec une poignée d’enseignants, Marie- longtemps syndicaliste à la CFDT, cette fille seurs qui, aujourd’hui, auraient noms mondialisation, sous-culture améri- L’INSURGÉE Danielle Pierrelée a conçu cette structure d’ajusteur déclencha une véritable liesse fami- caine ? Penser qu’une démocratie peut vivre sans affrontement partisan, sans Histoire d’un proviseur qui veut vouée à repêcher des jeunes en rupture avec le liale en décrochant le bac en 1966. Aujourd’hui, heurts entre ces partis que de Gaulle vouait aux gémonies, tout en laissant ses réconcilier l’école et les élèves, système scolaire comme « une voie médiane » cette mère de famille de cinquante-trois ans ne proches en créer, se mettre les mains dans le cambouis des manœuvres politi- de Marie-Danielle Pierrelée, entre « les bien-pensants de gauche qui enfer- se résigne pas à répondre par l’affirmative. ciennes, alors que lui faisait mine de s’en désintéresser tout en les surveillant avec Marie-Christine Jeanniot. ment les jeunes dans leur histoire en leur trouvant Mais les satisfactions sont minces pour ceux d’un œil gourmet ? Seuil, 200 p., 120 F (18,29 ¤). toutes les excuses » et « les partisans de la répres- qui sortent du rang, osent médiatiser leurs dé- Mais il faut se méfier des mythes. De Gaulle prit à la gauche, mais c’est une sion qui les enferment tout court ». saccords dans l’espoir de provoquer enfin le dé- politique clairement orientée à droite qu’il mena sur le plan intérieur. Il se ’« emmerdeuse ». Est-ce l’amertume, le C’est à Saint-Denis, enfin, que cette militante bat qui s’impose, et expriment leurs convic- tourna avec constance vers les électeurs pour leur demander leur avis, mais découragement ou la volonté de conti- s’est cogné la tête contre les murs, ceux des ré- tions sans ménager les usages ouatés d’une freina, autant qu’il le put, toute expression démocratique qui ne passait pas L nuer, malgré tout ? Un peu de tout cela, sistances administratives et de la loi des caïds institution qui n’aime rien moins que le scan- par un rapport direct entre lui et les citoyens ; et la primauté qu’il accordait à sans doute. En reprenant le titre d’un des quartiers, au point de devenir, pour les uns dale. Constatant que les laboratoires pédago- l’Etat n’était guère conforme à la Déclaration des droits de l’homme. Il voulait éditorial du Monde de l’éducation paru en juin comme pour les autres, « une pestiférée ». « Aux giques ne font jamais recette, qu’« ils n’en- rassembler tous les Français, mais laissa ses héritiers se confondre avec un de 1996 pour en faire une tête de chapitre de son actes, madame la ministre ! », vient-elle d’écrire gendrent aucune transformation globale et leurs camps. Maurice Agulhon explique que s’il fut un dirigeant exceptionnel, livre, Marie-Danielle Pierrelée se livre à une à Ségolène Royal, ministre déléguée à l’ensei- significative », Marie-Danielle Pierrelée n’a pas c’est parce qu’il sut concilier la « fidélité » à ses principes et l’« adaptation » profession de foi passionnée et désabusée. gnement scolaire, en lui dédicaçant ce livre- abandonné l’idée d’aller, ailleurs, défendre l’hé- aux réalités du moment. Pour ce faire, il n’y a pas de recettes. Un mythe n’est « On ne peut pas dire que, durant toutes ces an- confession. Aux actes, « puisqu’il n’est pas ques- ritage des pédagogues dont elle se réclame, pas un modèle. nées, je me sois sentie très soutenue par l’éduca- tion d’enfermer tout le monde dans des prisons d’Augustin Freinet à Lorenzo Milani, le curé de tion nationale dans mes diverses entreprises ou des asiles psychiatriques », continue de crier Barbiana. * Signalons la parution chez Perrin de De Gaulle de Paul-Marie de la Gorce d’aide aux élèves les plus en difficulté », confie l’« emmerdeuse », « convaincue qu’il n’existe Car il est un souvenir glacial dont elle ne s’est (1 408 p., 169 F [25,76 ¤]). l’une des chefs d’établissement scolaire les plus pas d’autre solution que de permettre aux jeunes toujours pas remise. Nous sommes en 1997 et connues du grand public. de devenir acteurs de leur vie. Là est l’alternative notre « emmerdeuse », alors en plein désac- bbbbbbbbbbbbbbbbbbb Cette « emmerdeuse », à qui l’on a récem- véritable, fondée sur le refus du statu quo et l’en- cord avec son administration, sans affectation, ment confié les destinées d’un collège tran- vie d’engager un travail commun pour sortir des se rend au ministère de l’éducation nationale PASSAGE EN REVUES quille à Mulsanne, petite ville de la Sarthe, s’est ornières de la destruction. En devenant nous- afin d’y rencontrer le directeur des personnels illustrée lorsqu’elle a exercé à Saint-Denis mêmes, enseignants, des acteurs de notre métier d’encadrement. Le dialogue qui s’ensuit est à b Les Cahiers internationaux de symbolisme (Seine-Saint-Denis), dans le quartier des et pas seulement des ouvriers spécialisés obéis- graver dans le marbre des désillusions. On s’intéresse de plus en plus à la traduction littéraire. Dans un numéro Francs-Moisins, l’un des plus difficiles de la ré- sant aux ordres, nous pourrions établir une véri- « Qu’est-ce que vous voulez ?, me demanda-t-il. triple (92-93-94), Les Cahiers internationaux de symbolisme font visiter par gion parisienne. Elle y fut d’abord proviseur de table alliance avec eux ». – Mais je ne veux rien en particulier ! Je peux ses artisans eux-mêmes l’Atelier du traducteur. Non sans humour souvent, lycée professionnel, puis principale de collège, Voilà posée la question du rapport ambigu vous dire ce que je sais faire et vous verrez là où je donnant une approche vivante, inattendue, et passionnante, de problèmes inversant ainsi, par goût pour la pédagogie, le de l’institution scolaire à l’innovation pédago- pourrais être la plus utile. J’aimerais un poste en que le lecteur de traductions ne perçoit pas toujours ; voilà l’homme ou la plan de carrière des cadres de l’éducation na- gique et à celle, dérangeante, effrayante, de sa établissement là où je pourrai mettre mes compé- femme de l’ombre projeté au premier plan, le traducteur mis «en je» tionale habitués à viser, au long d’une échelle volonté réelle de résoudre le problème de tences en pratique. comme le dit dans sa préface Jacques De Decker. Bernard Simeone donne immuable, les grands établissements des l’échec scolaire : malgré les innombrables – Mais cela ne nous intéresse pas. Ce que l’on ainsi des extraits de ce qu’il appelle « un journal de travaux », Françoise centres-villes ou les lycées à classes prépara- bonnes volontés qui, de bonne grâce, font ce attend d’un chef d’établissement, c’est qu’il Wuilmart s’attaque au « traducteur niveleur » qui n’ose pas prendre des li- toires. C’est à Saint-Denis que cette femme de pour quoi elles ne sont pas payées, l’école n’a- applique les règlements. Rien d’autre. Vous bertés indispensables, Rémy Lambrechts aborde « Sous l’invocation de gauche déçue par son camp monta l’Auto- t-elle pas fini par ne fonctionner que pour elle- comprenez, c’est la garantie de la démocratie. Si saint Chrone », la traduction dans l’audiovisuel (CIEPHUM. 20, place du Ecole, avec l’aide du directeur de cabinet d’un même ?, se demande Marie-Danielle Pierrelée. chacun fait ce qu’il lui plaît, alors il n’y a plus de Parc, B-7000 Mons, Belgique, le numéro triple : 700 FB [17,35 ¤]). ministre de droite (à l’époque François Bay- Ancienne militante de l’Action catholique et démocratie. » LeMonde Job: WIV0600--0009-0 WAS LIV0600-9 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 17:08 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0047 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / IX b La Contre-Réforme pierre à pierre Horace en Gérard Labrot pour le royaume de Naples et Anne Bonzon pour le diocèse de Beauvais analysent le rôle des prélats, sympathie qui, soucieux de répondre aux exigences du concile de Trente, se firent bâtisseurs et mécènes

Labrot souligne les priorités et les SISYPHES CHRÉTIENS ambitions. HORACE À LA CAMPAGNE La longue patience L’aménagement intérieur des ca- de Xavier Patier. des évêques thédrales et des principales églises Les Belles Lettres, bâtisseurs du royaume traduit ainsi parfaitement les in- « Eux et nous », 176 p., de Naples (1590-1760) tentions spirituelles précises des 85 F (12,96 ¤). de Gérard Labrot. prélats. L’opulence des décors et le Champ Vallon, 356 p., luxe des matériaux, qui nous es Belles Lettres inaugurent 160 F (24,39 ¤). frappent encore aujourd’hui, n’ont une nouvelle collection sé- rien de gratuit : ils établissent une duisante et dont le premier L’ESPRIT DE CLOCHER L sorte d’échange avec les protec- volume se révèle, par Prêtres et paroisses teurs célestes, que les hommes chance, une vraie réussite. On a dans le diocèse de Beauvais rendent ainsi redevables de quel- abordé de toutes les manières pos- (1535-1650) que faveur. Comme le dit le théo- sibles les auteurs anciens, par de d’Anne Bonzon. logien Corona en 1625, « tout bien multiples traductions, bien sûr – des Cerf, 528 p., 198 F (30,18 ¤). considéré, décorer et embellir les plus érudites aux plus libres –, par églises richement équivaut à imiter l’analyse littéraire, l’histoire, la sé- n 1959, Louis Réau publiait la grandeur divine ». Mais l’archi- miotique ou l’autoanalyse. Jamais on un ouvrage resté célèbre tecture et le décor des églises n’avait essayé de faire comprendre par son érudition et par sa servent aussi à exalter la dignité du un homme et son œuvre par la E culte et à diffuser, notamment simple sympathie – au sens littéral – violence, Les Monuments détruits de l’art français. Il se pro- grâce aux images, certaines dévo- d’un homme pour un autre homme, posait d’y clouer « au pilori » les tions (saints patrons, eucharistie, d’un écrivain pour un autre écrivain. « vandales » de tous les temps, rosaire) : partout, on construit ou L’homme d’aujourd’hui investit litté- protestants, révolutionnaires, ré- on restaure les sacristies, on édifie ralement le personnage de cet écri- publicains, mais aussi les pieux ca- de nouveaux autels, plus majes- vain lointain, dont il connaît l’œuvre tholiques trop empressés à embel- tueux en les surélevant de quel- par cœur, et nous le fait découvrir au lir et à rénover les lieux de culte du ques marches, on installe de nou- gré de sa seule fantaisie. passé. Au passage, il remarquait velles statues. Plus que jamais, les Xavier Patier voue une véritable que « le haut clergé de l’Ancien Ré- églises sont vues comme des « bâ- passion à Horace, mais non une pas- sion d’érudit, celle d’un ami pour un

gime était trop riche, et l’on sait que SCALA timents pour instruire ». Les mêmes la pauvreté, qui rime avec beauté, Portrait du cardinal Ascanio Filomarino par Domenichino (1581-1641) priorités et les mêmes ambitions, ami, d’un frère pour son frère de est parfois la meilleure sauvegarde d’ailleurs, s’observent dans le dio- lettres, ce qui lui donne une capacité des églises ». L’argent, décidément, les évêques devaient en théorie re- connaissables ou indécentes sont sences ; ailleurs, ils font édifier cèse de Beauvais étudié dans le inédite à nous rendre complice de sa corrompt tout, et c’est ainsi que les mettre périodiquement à l’autorité légion. Restaurer, agrandir ou pour leur propre usage des fon- beau livre d’Anne Bonzon. Là aus- passion. Amitié et sympathie qui prélats de l’époque moderne, ar- romaine, il montre tout d’abord construire à neuf ne sont donc ni taines somptueuses. Mais ces si, la réforme épiscopale inspirée n’équivalent pas adulation car Patier més des meilleures intentions, que dans le cas du royaume de des caprices, ni des joies futiles de fastes et ces plaisirs ne sont pas par l’exemple milanais de Charles n’hésite pas à faire reproche à son s’étaient transformés aux yeux de Naples, pauvreté fut loin de rimer prélats orgueilleux et imbus de leur seulement ceux de fils de famille Borromée multiplie les travaux, in- (notre) ami de s’adonner, avec l’âge, Réau en fossoyeurs de l’art et en toujours avec beauté. Partout, la personne, mais une nécessité im- désireux de conserver à tout prix siste sur l’eucharistie, met en va- à la poésie de commande. Acceptant saints vandales. dureté du climat, l’indigence des périeuse et souvent urgente. L’os- un mode de vie aristocratique : ils leur le maître-autel, relayée par comme aucun historien n’oserait le Aux antipodes de cette vision ressources rongées par la dépres- tentation aristocratique ou l’oisi- remplissent aussi des fonctions so- d’innombrables initiatives parois- faire – à tort – la permanence de la proprement conservatrice de l’his- sion économique du long veté luxueuse que l’on prête ciales et religieuses, en manifestant siales. L’évêque, particulièrement nature humaine, il ose des rappro- toire de l’art, qui voyait les églises XVIIe siècle, la répétition terrifiante facilement à ces évêques bien nés la présence nouvelle de l’évêque méticuleux, va jusqu’à fixer la dis- chements audacieux et justifiés entre comme des musées avant la lettre des tremblements de terre ne ne peut à l’évidence servir de sys- dans la ville et en affirmant le pres- tance minimale entre celui-ci et les notre temps et celui d’Horace. Ainsi, sans cesse menacés par l’orgueil laissent subsister que de misé- tème unique d’explication. tige de sa charge. Les évêques qui, bancs des seigneurs : 8 pieds de à travers une vie de Romain de la Ré- des hommes, le livre incisif de Gé- rables bâtiments qui menacent de Certes, les prélats, désormais as- à Bitonto, Bénévent ou Oppido, roi, pas moins. publique finissante et des débuts de rard Labrot réhabilite la figure bril- tomber en ruine. Il pleut dans les treints à la résidence dans leur dio- décorent leurs palais des portraits « Sisyphes chrétiens », confron- l’Empire, dont les péripéties trouvent lante mais aussi déroutante du églises et les cathédrales, les murs cèse, se montrent soucieux de leur de leurs prédécesseurs, par tés à d’immenses difficultés maté- tant d’échos dans notre République grand prélat bâtisseur, mécène, en- des évêchés s’écroulent ou fondent confort personnel lorsqu’ils exemple, ne font pas que repro- rielles, les évêques bâtisseurs du (qu’il est dangereux et difficile pour trepreneur, collectionneur, dont sous les pluies torrentielles, les dé- élèvent ou relèvent les palais épis- duire le modèle nobiliaire de la ga- royaume de Naples ou de Beauvais l’écrivain de lier amitié avec le poli- « l’existence entière peut se consu- cors et les instruments du culte se copaux. A Sorrente ou Vico lerie d’ancêtres : ils soulignent la ont donc cherché avant tout à ins- tique !), il nous invite à la fois à dé- mer en travaux ». signalent par leur vétusté ou, tout Equense, par exemple, ils ap- force de l’institution et la continui- crire dans la pierre, le stuc, le couvrir un homme d’une rare liberté A partir d’une source unique, simplement, par leur absence. Ta- portent un soin tout personnel à la té de la fonction. De ces multiples marbre et l’argent les décisions du d’esprit et de ton et à réfléchir aux re- mais d’une richesse exceptionnelle, bernacles poussiéreux, parements création de jardins d’agrément pri- travaux se dégage donc très vite un concile de Trente. lations entre la création et le pouvoir. les rapports de visite ad limina que déchirés et sales, statues mé- vés, peuplés des plus belles es- programme cohérent dont Gérard Olivier Christin Maurice Sartre

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Finlande, une souveraineté en zigzag Au bonheur des Belges De la fondation – que l’on attribue à Gustaf Mauritz Armfelt – à nos jours, Plongeant dans l’histoire récente de la Belgique, le journaliste Didier Pavy l’histoire méconnue d’un pays coincé entre la Suède et la Russie passe au crible idées reçues et tares dites congénitales

lité puis de nouveau disgracié, Arm- table de Staline ou, plus tard, lors des Poursuivant une apparente existentiel... ». Rien de bien GUSTAF MAURITZ ARMFELT felt – également homme de théâtre parties de chasse organisées par le LES BELGES entreprise de démolition, l’auteur nouveau sinon que l’auteur – et Fondateur de la Finlande et auteur d’un vaudeville à succès in- camarade Khrouchtchev. de Didier Pavy. passe au crible quelques-unes des c’est là que son travail trouve toute de Stig Ramel. titulé L’occasion fait le larron – pro- Pour autant, l’histoire finlandaise Grasset, 303 p., 128 F (19,5 ¤) tares dites congénitales de la sa valeur – montre qu’à partir de Traduit du suédois fite de la victoire russe de 1809 pour ne saurait se réduire à la fameuse Belgique : « Déficit identitaire, ces défauts se façonne peut-être par Erik Harder, offrir ses services au tsar autocrate « finlandisation », comme le fragmentation sociale, particratie, une nouvelle citoyenneté. éd. Esprit ouvert, (bureau Alexandre Ier , qui fait de la Finlande montrent les auteurs d’un ouvrage a Belgique est le pays le plus querelles communautaires, doute José-Alain Fralon parisien : 20, rue de la Fontaine, un grand-duché de son empire. Arm- qui, de manière générale, fait utile- schmurz du monde » : cet 75016 Paris), felt se voit soudain confier la mission ment le point sur les derniers acquis aphorisme de Philippe Ge- 384 p., 149 F (22,71 ¤). L de réunifier ce pays qui est le sien, de la recherche et constitue à ce jour luck, placé en exergue du mais auquel son cœur fragile ne lui l’unique synthèse disponible en fran- livre, souligne qu’il faut un rien HISTOIRE POLITIQUE laissera que le temps de donner une çais. Dans ce pays qui n’est réelle- d’humour pour parler sérieuse- DE LA FINLANDE nouvelle capitale, Helsinki. En dépit ment indépendant que depuis peu, ment de ce pays dont la mort cli- XIXe -XXe siècle d’une traduction hasardeuse, cette les historiens jouent à l’évidence un nique est régulièrement annoncée de Seppo Hentilä, Osmo Jussila hagiographie de « l’Alcibiade du double rôle : casser l’isolement d’une depuis sa naissance en 1830 et qui et Jukka Nevakivi. Nord » illustre bien le sort d’un pays nation en quête de reconnaissance vit toujours. Pas plus mal qu’un Traduit du finnois par Marjatta contraint, lui aussi, à de constants européenne (la traduction du livre a autre, en définitive. Pourtant, et Michel Crouzet, transferts d’allégeance et de loyauté. été généreusement financée par le comme correspondant du Nouvel Fayard, 528 p., 160 F (24,39 ¤). ministère des affaires étrangères fin- Observateur à Bruxelles, Didier Pa- D’UNE CRISE À L’AUTRE landais), tout en œuvrant à la vy a été le témoin des pires années lors que la Finlande a ache- « L’occasion fait le larron ». Voilà construction d’une identité collective qu’a connues le Royaume depuis vé sa première présidence à une maxime qu’aurait pu adopter à forte, quitte à accorder la priorité à bien longtemps. Des années mar- la tête d’une Europe dont son tour Uhro Kekkonen, cet une histoire consensuelle quelque quées à sang par la monstrueuse A e elle se veut l’élève modèle, homme-clé du XX siècle finlandais peu obsédée par l’idée de cohésion affaire Dutroux, la découverte du que sait-on de ce petit pays coincé dont la trajectoire est finement ana- nationale. Mais les trois universi- « pot belge » et des poulets à la entre la Suède et la Russie ? En géné- lysée dans l’Histoire politique de la taires ne font pour autant l’impasse dioxine. « L’Europe entière, écrit Pa- ral rien, ou pas grand-chose, et il faut Finlande de Seppo Hentilä, Osmo ni sur les antagonismes ni sur les dé- vy, s’est demandée si la Belgique, saluer la parution de deux ouvrages Jussila et Jukka Nevakivi. Un siècle et chirures, et on lira avec stupeur les considérée jusqu’alors comme une qui offrent une bonne introduction à demi après Armfelt, le président pages consacrées à la guerre civile démocratie stable et prospère, son histoire. Kekkonen dirige la Finlande trois dé- qui suivit l’indépendance, gracieuse- n’avait pas basculé dans l’anar- Sous domination suédoise depuis cennies durant (de 1950 à 1981), autre ment accordée par Lénine en 1918 : si chie. » le Moyen Age, le territoire « finlan- homme d’Etat-girouette dont le ce dernier vouait au prolétariat fin- Plongeant sans vergogne dans dais » est rattaché à l’empire des pragmatisme amphibie vise à sauve- landais une profonde admiration, il l’histoire de la Belgique, Didier Pa- tsars en 1809. Stig Ramel restitue garder coûte que coûte les intérêts ne s’attendait certainement pas à ce vy va tenter d’y trouver quelques cette période-clé à travers les tribula- fondamentaux d’une Finlande par que l’onde révolutionnaire née d’Oc- clefs et de mettre à bas certaines tions d’un aventurier charismatique essence fragile et vacillante. Lors de tobre secouât ce petit pays avec tant idées reçues. Dont celle-ci qui don- et turbulent, Gustaf Mauritz Armfelt, la guerre de continuation (1941- de violence ; épisode crucial et par nera certainement matière à dis- qu’il tient pour le fondateur de la 1944), alors que le pays s’est engagé trop méconnu, la guerre sanglante cussion : la Belgique n’a pas été Finlande. C’est d’abord comme dans le camp de Hitler « en toute qui opposa les chasseurs « blancs » créée par l’Angleterre en 1830 pour « nourrice » que ce militaire connaît connaissance de cause », ce juriste de Mannerheim aux « rouges » de mettre un frein à l’impérialisme les honneurs de la cour, Gustave III distingué casse du bolchevique dans Kuusinen demeure un véritable français, mais résulte de l’inté- de Suède lui ayant confié son jeune ses éditoriaux du magazine Suomen gouffre dans la mémoire finlandaise. grisme catholique de Philippe II et héritier, auquel Armfelt transmettra Kuhvalehti. Au lendemain de Stalin- « Guerre de libération », « guerre de de la rupture qui s’ensuivit entre l’accent chantant de la Finlande. Puis grad, cependant, Kekkonen devient classes », on se bat encore sur les les provinces bourguignonnes du il brillera en tant que stratège et féal le partisan enthousiaste d’une poli- mots pour désigner ces combats Nord, les Pays-Bas, et celle du Sud, conseiller, lorsque son protecteur tique de neutralité adossée à l’en- sans merci qui firent quelque la Belgique. Viendra ensuite l’obli- l’embarquera dans une folle équipée tente avec Moscou. Désormais, il bé- 30 000 morts, dont 25 000 gation faite à deux communautés, contre la puissante Russie, avant de néficiera du soutien sans faille du « rouges », tombés aux abords du Wallons et Flamands, de vivre se faire assassiner en 1792 lors d’un Kremlin, qui veillera à ce que son lac Nasijarvi, et un grand nombre de ensemble. « Comme si l’OTAN était bal masqué à l’Opéra de Stockholm. protégé soit régulièrement réélu. De prisonniers parqués dans ce que le intervenue en avril 1999 au Kosovo Condamné à mort par les conjurés, « crise des gels nocturnes » en « crise premier ministre Lipponen n’a que pour contraindre les populations le « chevalier errant » sillonne l’Eu- de la note », c’est l’époque où la poli- tout récemment reconnu comme les d’origine serbe et albanaise d’adop- rope et finit par trouver refuge en tique intérieure finlandaise se « premiers camps de concentration ter la même nationalité et la même Russie sous l’identité de « l’apothi- confond avec une « ligne K » qui d’Europe ». religion », n’hésite pas à écrire caire Brandt, citoyen suisse ». Réhabi- s’élabore autour d’un bon repas, à la Jean Birnbaum Pavy. LeMonde Job: WIV0600--0010-0 WAS LIV0600-10 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 19:01 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0048 Lcp: 700 CMYK

X / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 académie b Pierre Messmer reçu à l’Académie française Son extraordinaire mémoire général de Gaulle, avec lequel il plus tard. Le Sénat ne sera pas une fondateur du temple de l’Union Elu le 25 mars 1999 l’autorise à citer des chiffres et des avait toujours gardé des contacts retraite mais un nouveau champ libérale israélite, où le culte était documents sans se référer à un personnels, le reçoit ouvertement d’activité. Bientôt, il y tiendra une célébré rue Copernic, chaque au fauteuil texte écrit, et même sans notes. Il pour la première fois depuis dix place importante : vice-président dimanche et en français. Mais son est, dans la tradition républicaine, ans, le 8 février 1958, jour où le de 1978 à 1983, il siège neuf ans à institutrice privée, « ultra-catho- de Maurice Schumann, essieurs, un grand orateur parlementaire, bombardement de Sakhiet Sidi la commission des finances, six lique », dit Maurice, entraînait (...) Comment l’un des meilleurs de sa généra- Youssef ouvre la crise qui ramè- ans à celle des affaires écono- l’enfant dans les églises pari- mort le 9 février s’étonner qu’en ce tion. (...) Mais il est aussi, et sur- nera le Général au pouvoir trois miques, où il défendra inlassable- siennes. (...) Dans les années qui siècle, où le meil- tout, un orateur populaire qui mois plus tard. Dans le gouverne- ment l’industrie textile française, précèdent la guerre, il est accueilli de l’année précédente, leur et le pire se sont rencontrés, aime s’adresser, en réunion ment qu’il forme après son inves- dont le déclin qui ruine les struc- par les dominicains de Latour- notre pays ait usé jusqu’au rejet publique, à des foules charmées titure par l’Assemblée nationale, tures et la culture ouvrière du Maubourg, admire trois philo- Pierre Messmer est deuxM Républiques, la IIIe et la IVe, par sa voix forte et vibrante, son le 1er juin 1958, de Gaulle nomme Nord l’indigne. Déjà, il dénonce sophes, Bergson qui le replace, un régime autoritaire, celui de style direct et imagé. Lui qui a si Pierre Pflimlin ministre d’Etat, « le scandale du chômage ». Pré- dit-il, « dans la direction du reçu ce jeudi 10 février Vichy, et ait modifié treize fois la souvent parlé devant un micro signe d’un rapprochement avec le sident de la commission des divin », Simone Weil et Jean Guit- Constitution en vigueur depuis peut fort bien s’en passer et se MRP. Pour mieux contrôler son affaires culturelles de 1986 à 1995, ton. (...) Alors que les intellectuels sous la coupole. 1958 ? Ces événements ont imposé faire entendre en plein air, comme groupe, Maurice a souhaité rester il fait valoir avec force ses concep- qu’il fréquente sont chrétiens ou aux hommes de ma génération les tribuns du début du siècle. Il tions sur la famille, la presse, bien près de l’être, que sa fidélité Dans son discours, des choix si graves, si déchirants, donne alors libre cours à son ins- combat les représentations de la aux offices religieux et sa piété tels que beaucoup en ont été mar- piration et n’hésite pas à improvi- violence au cinéma et à la télévi- sont exemplaires, comment expli- l’ancien chef qués pour la vie. Les malheurs ser. Il émeut par des mots qui vont sion qu’il voudrait sanctionner fis- quer qu’il ne soit pas encore bap- nous ont appris que la légitimité au cœur, par l’évocation de souve- calement. Il se passionne pour tisé ? Il ne le sera, en effet, qu’en de gouvernement de tout pouvoir est fragile. Ceux nirs joyeux ou douloureux, en fai- l’exploration et l’utilisation de 1942, en Angleterre, par le R.P. qui gouvernent dans les tempêtes sant rêver. A Maurice Schumann l’espace, l’informatique, la bioé- Brodeur, oratorien, deux ans après de Georges Pompidou sont toujours contestés et, par s’applique parfaitement le mot de thique. (...) la mort de son père. Maurice a-t-il certains, détestés. Depuis 1940, Clemenceau : « Parler publique- Je voudrais donner une vue retardé son entrée dans l’Eglise – premier légionnaire j’en ai fait plusieurs fois l’expé- ment, c’est agir. » Et son action est d’ensemble de ce que fut la vie catholique pour ne pas blesser cet rience et la dernière ne fut pas la politique. politique de Maurice Schumann. homme qu’il respectait et qu’il à revêtir l’habit vert moins cruelle, au sortir de la Son engagement politique est Le Parlement y tient la première aimait ? (...) guerre d’Algérie. Pour le ministre précoce. Etudiant, il rejoint la Jeu- place. Vingt-huit ans député et Plus le temps passe et plus il ainsi que le souligne que j’étais, il est dur et risqué nesse socialiste. Entré à l’agence vingt-quatre ans sénateur, Mau- cherche à revenir à l’essentiel. d’ordonner à une armée invaincue Havas en 1931, son premier repor- rice Schumann est un parlemen- L’expérience lui a appris que tout François Jacob – sur le terrain un cessez-le-feu et tage est le récit de l’assassinat du Pierre Messmer taire d’une exceptionnelle longé- homme politique risque d’être un retrait que l’adversaire a été président Paul Doumer le 6 mai vité : plus d’un demi-siècle. (...) étouffé par cette politique au jour rend hommage incapable de lui imposer et, 1932. (...) Hostile à Munich, il au Parlement. Après les élections Trois ans secrétaire d’Etat sous la le jour dont Gandhi lui avait dit : ensuite, d’en gérer les consé- publie peu après un livre sur législatives du 30 novembre 1958, IVe et six ans ministre sous la « C’est un serpent qui s’enroule au- au soldat de la France quences douloureuses et pas tou- Le Germanisme en marche où nous il sera président de la commission Ve République, Maurice est un tour de toi. » Pour desserrer jours honorables. Je m’y suis pouvons lire que « l’annexion du des affaires étrangères, ce qui lui homme de gouvernement. Il l’étreinte du serpent et respirer, libre, compagnon employé par fidélité au général de pays des Sudètes constitue non pas donne le privilège d’être reçu par déteste la démagogie et n’aime Maurice a recours à la musique et Gaulle à qui les Français, dans leur la dernière étape mais la première le président de la République six pas l’opposition systématique. Au à l’écriture. Son père l’emmenait de la Libération grande majorité, accordaient leur phase... d’un projet d’expansion fois par an. Il soutient sans hésiter Parlement et au gouvernement, au concert, et, très jeune, il aimait confiance pour mettre fin à une beaucoup plus vaste ». Avant la fin la politique algérienne du Général. les affaires étrangères et les avec passion la musique sympho- comme lui. interminable guerre, notre der- de la guerre, dès août 1944, il En avril 1962, Georges Pompidou affaires sociales sont sa spécialité. nique. (...) Il a besoin d’écrire nière guerre d’une décolonisation rejoint comme directeur politique l’appelle dans son premier gou- Dans les crises – en 1946, en 1958, aussi : alors qu’il est ministre des Le général de Gaulle que je jugeais depuis longtemps le journal L’Aube, qui s’était vernement, en même temps que en 1962 –, c’est toujours par rap- affaires étrangères, il rédige pen- inévitable. sabordé en juin 1940. (...) quatre autres membres du MRP. Il port au général de Gaulle qu’il se dant la nuit Les Flots roulant au est l’autre grande Il y a des guerres justes mais il La paix revenue, les grandes est ministre chargé de l’aménage- situe, même et surtout s’il loin, roman sur l’incompréhension n’y a pas de guerre propre et, dans manœuvres politiques recom- ment du territoire, pas pour long- s’oppose à lui, comme ce fut le cas qu’il termine en 1971 mais ne référence commune les grandes crises, nul ne gouverne mencent : le 20 janvier 1946, le temps puisqu’il démissionne le pendant douze ans. Maurice publiera qu’en 1974. Tristes, les innocemment. Pour le bien et le général de Gaulle démissionne. Le 15 mai, à regret mais solidaire de Schumann est scrupuleusement romans de Maurice ne sont pas des deux hommes. repos de la patrie, doit-on prendre lendemain, Maurice écrit dans ses amis, après la célèbre diatribe honnête. Jamais son nom n’a été noirs : ils sont éclairés par la petite le risque de perdre son âme ? L’Aube : « Pour la première fois, du Général contre ceux qui cité à l’occasion de quelque scan- flamme de l’espérance chrétienne François Jacob, Ce cas de conscience fut épar- nous sommes en désaccord avec auraient « pensé, écrit en quelque dale que ce soit. Il était de ceux pour laquelle la mort est à la fois gné à Maurice Schumann. Embar- lui. » Ce désaccord s’aggravera esperanto ou volapük intégrés ». qui refusent la confusion entre le dans son discours qué à Saint-Jean-de-Luz, le 21 juin rapidement. Le MRP forme un Pour certains la rupture est défini- pouvoir et l’argent car, en démo- 1940, à bord du Sobieski, grâce au nouveau gouvernement avec les tive. Pour Maurice, ce n’est qu’un cratie, il est intolérable qu’on se de bienvenue, capitaine Pierre de Chevigné et, socialistes et les communistes. Ce accident qui sera bientôt réparé. serve du pouvoir pour s’enrichir. « Acteur et témoin sans le savoir, en même temps que tripartisme sans de Gaulle mais Moins de cinq mois plus tard, le Ayant été trois ans son collègue au retrace la carrière François Jacob sur le Batory, il est avec Félix Gouin peut-être néces- 5 octobre, le MRP – sauf Maurice gouvernement avant d’être, en dans ce siècle reçu à Londres le 30 juin par le saire mais peu glorieux accouche et quelques amis – vote avec la 1972-1973, son premier ministre, je de Pierre Messmer, général de Gaulle, qui le nomme, d’un projet de Constitution rejeté majorité de l’Assemblée la censure peux témoigner qu’il a vécu son d’angoisse et de le 17 juillet, porte-parole de la par le référendum du 5 mai 1946. du gouvernement. La dissolution engagement politique entière- des anciennes colonies France libre, bien que le chef de la Les élections à la deuxième est aussitôt prononcée et les élec- ment, passionnément, comme un massacres, de science, section française de la BBC juge sa Assemblée constituante donnent teurs sanctionnent les censeurs. sacerdoce. Bel exemple dont le et de l’Afrique voix peu radiogénique. Il sera au MRP 28 % des voix et cent Le MRP tombe à 9 % des votants cardinal Lustiger dira que « sans de richesse et d’abord cette voix pathétique sans soixante-neuf députés : il est le et cesse d’être un grand parti ; il penser politiquement le christia- aux gouvernements visage, brouillée par l’ennemi mais premier parti de France et l’un des s’éparpille. (...) nisme, Maurice Schumann a cher- d’orgueil, mais de bientôt familière. Il faut s’appro- siens, Georges Bidault, devient Après les difficiles élections de ché à agir chrétiennement en poli- e de la V République, cher de la radio pour l’entendre 1967, il devient ministre d’Etat tique ». misère aussi, Maurice dire que nos alliés sont toujours là chargé de la recherche scienti- « Je n’ai jamais eu qu’un rêve, a la comparant, et que des Français continuent le fique, des questions atomiques et dit Maurice Schumann, me consa- Schumann n’a combat à leurs côtés. Jusqu’en « A Maurice Schumann spatiales. (...) Il aime ce ministère crer à l’écriture... S’il n’y avait pas avec respect 1942, Maurice craint de parler qui lui fait découvrir des pro- eu la guerre, j’aurais tenté d’être manqué ni de foi ni dans le vide car il est impossible s’applique blèmes et le met en contact avec écrivain, et seulement écrivain. » Il et admiration, de connaître le taux d’écoute sur des hommes qu’il ne connaissait a classé lui-même ses livres en d’espérance » les quatre millions de postes qui parfaitement le mot pas, l’oblige à étudier des sciences quatre catégories : romans, his- à une... bande dessinée existent alors en France. Trente dont il n’avait qu’une vague idée, toire, philosophie et politique, ans plus tard, il écrira que les voix de Clemenceau : le plonge dans des techniques et sans tenir compte d’innombrables de la liberté venues d’Angleterre des industries de pointe. Un nou- articles. (...) Bien qu’il n’ait pas une fin et un commencement. Et ont été écoutées parce qu’elles “Parler publiquement, vel intérêt a été éveillé en lui et ne laissé de Mémoires, ses écrits des- son dernier livre paru en 1995 sera étaient en accord avec « les voix s’endormira pas. Trente ans plus sinent bien son portrait intellec- une réflexion sur Bergson ou le intérieures » des Français ». (...) c’est agir”. Et son tard, il se réjouira de rencontrer tuel. (...) C’est à l’esprit qu’il retour de Dieu. Il lui arrive de frapper fort. A Bill Gates venu présenter au Sénat donne la première place, comme L’écrivain autant que le poli- Laval qui annonce le 22 juin 1942 : action est politique » le Codex de Léonard de Vinci. trois héros qu’il admire, Péguy, la tique fut élu par l’Académie en « Je souhaite la victoire de l’Alle- Pour lui comme pour Bertrand de philosophe Simone Weil, le 1973 et reçu en 1975 au siège de magne », il réplique : « Monsieur Jouvenel, la révolte imprévue de mahatma Gandhi, auxquels il a Wladimir d’Ormesson, qui, avant Laval est un Judas, doublé d’un mai 68 est « sans lendemain mais consacré un livre, au titre inspiré de représenter la France au Vati- maître chanteur et triplé d’un chef du gouvernement. Reçu à pas sans avenir ». par le Livre de la pauvreté et de la can et à Buenos Aires comme négrier ». Car la radio, en temps de Colombey le 22 septembre, Mau- Dans le gouvernement formé mort, de Rainer Maria Rilke : La ambassadeur, avait été un proche guerre, est une arme pour atta- rice Schumann expose au Général par Maurice Couve de Murville mort née de leur propre vie. La collaborateur du maréchal Lyau- quer l’ennemi et ses complices, le nouveau texte constitutionnel, après les élections qui envoient au trame de presque tous ses tey. (...) Maurice et moi étions transmettre des renseignements mais ne parvient pas à le Palais-Bourbon une Chambre ouvrages, mis à part les écrits poli- unis par la fidèle affection et la ou diffuser des ordres. Maurice convaincre : mission impossible. introuvable, il reste ministre tiques, est constituée par des solidarité indestructible des n’oublie pas qu’il est un soldat, un Dans son discours d’Epinal, de d’Etat mais est chargé des affaires récits d’amours malheureuses et hommes qui se sont engagés soldat de la parole : il l’a voulu Gaulle déclare tout net : « Le pro- sociales. A ce titre, il met en appli- de morts violentes : du fait de la volontairement pour servir la puisqu’il s’est engagé dès 1939, jet de Constitution ne nous paraît cation les accords de Grenelle et la guerre, de meurtres, de suicides. même cause, dans cette terrible alors qu’il avait été réformé pour pas satisfaisant. » Il est tout de réforme des études médicales qui (...) La guerre lui avait révélé un épreuve que fut la seconde motif médical. (...) Sans le savoir, même approuvé le 19 octobre 1946 l’oppose au ministre de l’éduca- petit nombre de saints et de héros guerre mondiale. L’ordre de la peut-être, il a illustré pendant par 53 % des votants. C’est la rup- tion nationale, Edgar Faure. Mais émergeant d’une foule de Libération auquel nous apparte- quatre ans cette maxime de Clau- ture avec de Gaulle, qui ne ména- le grand projet gaulliste auquel il médiocres, mais aussi des crimi- nons l’un et l’autre en est le sym- sewitz : « L’activité guerrière est gera plus ses attaques visant le s’attache est la participation des nels et des monstres. Foncière- bole, voué à disparaître. C’est d’ordre intellectuel. » Mais il ne MRP et ses dirigeants. (...) Dans salariés dans l’entreprise. Le rêve ment bon lui-même, il ne les donc la première et la dernière s’en contente pas. Il a obtenu du cet affrontement, Maurice fait des chrétiens sociaux n’est-il pas accable pas, même les pires. Le fois que, grâce à vous, Messieurs, général de Gaulle la promesse l’expérience de la dégradation de de trouver une troisième voie principal personnage de son un Compagnon succède à un qu’il serait affecté à une unité la mystique en politique, jadis entre le marxisme et le libéra- roman Le Rendez-vous avec quel- Compagnon et est accueilli ici combattante pour le débarque- dénoncée par Péguy. Ce sera pour lisme ? Le projet de loi est prêt qu’un est un jeune SS que le par un autre Compagnon. Com- ment. Le 6 juin 1944, il s’exclame : lui, selon ses propres mots, «la mais pas encore déposé quand le remords conduira au suicide : la ment n’en ressentirais-je pas une « Nous voguions vers la France. » Il période la plus douloureuse de [sa] général de Gaulle se retire, après compassion de Maurice pour les émotion douloureuse ? Acteur et rêvait d’unités blindées mais il vie ». En 1951, il quitte la prési- l’échec du référendum d’avril victimes ne lui inspire pas la haine témoin dans ce siècle d’angoisse devra attendre : c’est la 231e bri- dence du MRP et entre pour la 1969. Dans la campagne pour de leurs bourreaux. Ses récits his- et de massacres, de science, de gade d’infanterie britannique qu’il première fois au gouvernement l’élection présidentielle qui toriques sont des travaux origi- richesse et d’orgueil, mais de accompagnera dans la bataille de comme secrétaire d’Etat aux s’ouvre aussitôt, Maurice soutient naux soutenant des thèses en misère aussi, Maurice Schumann Caen, où il est cité par le général affaires étrangères auprès de Georges Pompidou contre Alain contradiction avec celles habituel- n’a manqué ni de foi ni d’espé- Kœnig à l’ordre du corps d’armée. Robert Schuman, qu’il admire et Poher et il est nommé ministre des lement acceptées. (...) rance. Le 3 août, il rejoint la 2e DB, qui dont il partage les idées ; d’octo- affaires étrangères dans le gouver- Maurice Schumann est un écri- Et, après Antigone, il aurait pu commence à débarquer et avec bre 1951 à juin 1954, il restera dans nement de Jacques Chaban-Del- vain chrétien. Il deviendra même, dire : « Je ne suis pas né pour par- laquelle il entre à Paris le 25 août. les mêmes fonctions sous cinq mas. « Il s’est installé dans le en 1979, président des écrivains tager la haine mais pour partager (...) gouvernements successifs, l’insta- bureau de Vergennes avec la joie catholiques. Sa famille ne l’y avait l’amour. » Orateur, Maurice Schumann le bilité ministérielle étant inhérente tranquille de quelqu’un qui rentre pas préparé. Sa mère, femme de redevient bientôt et le sera toute àla IVe République. Maurice sera chez lui », raconte son directeur caractère qui ne cachait pas son ૽ Signalons la parution de la bio- sa vie. Au Sénat et à l’Assemblée directement engagé dans les adjoint de cabinet. (...) athéisme, s’était opposée à ce que graphie de Maurice Schumann par nationale, ses discours sont bâtis débats et les décisions sur deux Il en vient à négliger sa cir- son fils reçût une éducation reli- Christiane Rimbaud, qui comporte avec une logique impeccable, graves questions : la construction conscription, où il subit en 1973 le gieuse, afin de le laisser, devenu plusieurs textes et entretiens inédits étayés par des arguments solides, européenne et la décolonisation. seul échec électoral de sa carrière. adulte, libre de son choix. Son de l’académicien : Maurice Schu- soutenus par une conviction sin- (...) Il quitte alors le gouvernement et père, commerçant prospère, mann, sa voix, son visage (éd. Odile cère et quelquefois passionnée. Ce n’est pas un hasard si le sera élu sénateur dix-huit mois humaniste, mélomane, était juif, Jacob, 290 p., 145 F [22,17 ¤]). LeMonde Job: WIV0600--0011-0 WAS LIV0600-11 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 18:49 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0049 Lcp: 700 CMYK

académie LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 / XI b

verneur ou comme ministre, pas- mées capable de tenir en main les Bien évidemment la question de la ser des troupes en revue. Vous troupes d’Algérie, de réorganiser candidature se pose tout naturel- Discours de réception avez exercé de nombreux métiers. l’armée, de mettre au point la lement au premier ministre que Vos Mémoires se lisent comme un nouvelle arme nucléaire. C’est à vous êtes. Beaucoup vous pressent roman d’aventures, avec combats, vous qu’il a recours. (...) de vous présenter. Notamment évasions, enlèvements ; avec des Vous arrivez donc comme mi- ceux qui n’aiment pas les autres de François Jacob morceaux d’histoire ou de petite nistre au moment précis où l’af- candidats. Certains disent ne pas histoire ; avec séances de conseil faire d’Algérie atteint son point de se présenter si vous vous décidez. des ministres ; avec portraits de rupture. Où l’armée, en pleine D’autres, au contraire, sont réso- personnages sacrés, tels Malraux, crise morale, dérive vers la poli- lus à se maintenir coûte que coûte. Cinquième image : à Londres. terez plus l’uniforme avant le maréchal Kœnig, le général Bi- tique. Vous avez à peine le temps Vous hésitez. Les clans s’agitent. Une pièce étroite qui sert de bu- décembre 1945. (...) Si l’on veut ré- geard, que vous n’hésitez pas à de refuser tout dialogue avec les Les combinaisons s’échafaudent. reau au général de Gaulle. Infor- sumer, en simplifiant à l’extrême, égratigner d’une remarque iro- théoriciens de la guerre révolu- Vous tergiversez. Peut-être un peu mé des conditions de votre éva- l’action du général de Gaulle, on nique. L’ensemble raconté avec tionnaire et de prononcer quel- trop longtemps. Finalement, dans sion, le Général vous reçoit peut la diviser en trois grands cha- beaucoup de discrétion, beaucoup une annonce radiodiffusée, vous brièvement, vous-même et le lieu- pitres : la guerre, la décolonisa- de modestie, comme si tout cela déclarez être prêt à devenir le can- tenant Jean Simon. Il ne vous féli- tion, l’Algérie et la refonte de l’ar- allait de soi. (...) « La guerre, la didat unique de la majorité. Ce onsieur, cite pas. Il ne vous remercie pas. mée. Votre propre action va se En 1950, à votre grande satisfac- qui, évidemment, suppose le re- (...) C’est pour moi un rôle parti- Vos n’avez fait que votre devoir. dérouler selon ce même schéma, tion, vous êtes envoyé au Sahara décolonisation, l’Algérie trait de tous les autres. Plusieurs culièrementM émouvant de servir en Mais la vente de la cargaison du chacune de ce que vous appelez où, dites-vous, le gouvernement s’effacent. Mais votre prédéces- quelque sorte de trait d’union Capo-Olmo va permettre de pour- « vos trois vies » répondant à l’un n’est pas mécontent d’expédier un et la refonte de l’armée. seur à Matignon se maintient de entre vous au sein de cette voir au fonctionnement de la de ces chapitres. fonctionnaire qui ne manifeste façon irrévocable. Pour l’homme Compagnie puisque, reçu naguère France libre pendant plusieurs La guerre, d’abord. Vous l’avez guère d’enthousiasme pour sa po- Votre propre action va de loyauté que vous êtes, pour ce- par l’un, je reçois aujourd’hui mois. D’où un privilège que vous faite totalement. Vous vous y êtes litique indochinoise. Vous êtes lui qui s’est toujours refusé aux l’autre. Ici, vous allez symboliser accorde le Général : « Dans quelles nommé en Mauritanie. (...) Là se dérouler selon ce manœuvres et aux combines, la l’action et l’aventure. La plupart de conditions voulez-vous servir ? », vous vivez dans ce désert que vous cause est entendue. Il est hors de vos nouveaux confrères rêvent demande-t-il. « A la légion étran- aimez tant. Pays d’extraordinaire même schéma, chacune question de donner le spectacle de leurs actions et leurs aventures. gère. » Et voilà pourquoi, mes beauté. Pays de silence, avec des deux premiers ministres du défunt Avec leurs rêves, ils écrivent des chers confrères, notre Compagnie aurores d’une extrême pureté, des de ce que vous appelez président de la République bri- romans. Vous, Monsieur, vos ac- accueille aujourd’hui le premier crépuscules flamboyants, des nuits guant sa succession l’un contre tions et vos aventures, vous les légionnaire de son histoire ! couvertes d’étoiles. (...) “vos trois vies ” » l’autre. Vous vous retirez, sans re- avez vécues. Votre brève entrevue avec le Avec les années 50 vont s’ac- gret. Votre vie ressemble bien Général en juin 40 va laisser sur croître les poussées contre la colo- Dans vos Mémoires vous clôtu- souvent à une bande dessinée. Par vous comme une empreinte qui nisation. La conférence de Ban- ques mutations. Aussitôt éclate le rez ce chapitre par un paragraphe exemple, en 1940, les quelques persistera votre vie durant. Car doeng réveille un peu partout les « putsch » dit du « quarteron de qui m’a profondément touché. journées de votre évasion de vous êtes un fidèle. Une fois accor- mouvements nationalistes. En Al- généraux ». Il se heurte à votre « Depuis le début de ma vie active, France. Première image : vous êtes dés votre amitié ou votre attache- gérie, la révolte se transforme en fermeté et au célèbre message ra- écrivez-vous, j’avais toujours eu en tenue de sous-lieutenant, de- ment, vous ne les reprenez pas fa- guerre. Au Maroc et en Tunisie, la diodiffusé du Général. En quatre conscience de dominer ma fonction, bout devant une table où dé- cilement. En juin 40, le discours de François Jacob France abandonne les protecto- jours, l’ordre est rétabli. Estimant grande ou petite, donc d’être ca- jeunent une vingtaine d’officiers. De Gaulle, son attitude, ré- rats. Avec la victoire du Front ré- engagée votre responsabilité de pable de l’assumer au mieux, ce qui Vous avez l’air dur, le sourcil fron- pondent exactement à votre at- donné entièrement, sans restric- publicain, Guy Mollet forme un ministre à qui une partie de ses me donnait assurance et autorité. cé. Nous sommes le 17 juin 1940, le tente. Comme si, grâce à lui, allait tion, avec toute votre fougue. gouvernement où Gaston Defferre troupes a désobéi, vous offrez Pour la première fois, depuis mon jour où votre vie a basculé. Du pouvoir un jour se reconstruire Vous avez, tout au long, fait est ministre de la France d’outre- votre démission au Général, qui la entrée à Matignon, je n’étais plus poste de TSF vient de s’élever la tout ce qui venait de s’écrouler. montre d’un courage exceptionnel mer. Malgré vos différences poli- refuse. Il y a belle lurette qu’une sûr de moi et je devais me poser la voix chevrotante du maréchal Pé- Pour vous, l’appel du 18 juin, dont témoigne la longueur de tiques, mais se fondant sur votre telle attitude n’est plus de mise question : serais-je capable d’être tain : « C’est le cœur serré que je c’était d’abord le NON opposé à la votre Croix de guerre avec vos connaissance de l’Afrique et sur dans ce pays. Un ministre ne dé- président de la République ? La ré- vous dis aujourd’hui qu’il faut ces- défaite et à la disparition de la sept citations. Exceptionnelle aus- votre attitude en Indochine, Def- missionne plus. Vous atteignez ce- ponse n’était pas évidente. » (...) ser le combat. » Ces paroles, vous France. (...) Mais pour vous, Mon- si votre chance, votre baraka. Sans ferre vous appelle comme direc- pendant l’objectif que vous vous Toute votre vie, vous avez flirté ne les supportez pas. Mais, loin de sieur, l’appel du 18 juin, c’était la moindre blessure, vous avez teur de son cabinet. Son projet de êtes fixé : éviter la brisure de l’ar- avec l’Histoire. Cette Histoire qui, vous abattre, elles vous exas- aussi le NON à la torture et au mé- traversé une série d’actions très réforme vise à réaliser une auto- mée qui eût encore aggravé le disait Raymond Aron, « est la tra- pèrent. Très pâle, vous vous levez. pris de l’homme. Le NON de dures. (...) En Erythrée. En Syrie. nomie interne dans chaque terri- drame national. Derrière votre gédie d’une humanité qui fait son Vous prenez votre képi et vous toutes les résistances à l’oppres- En Egypte. En Libye. Surprenant toire. Vous allez être l’un des prin- fermeté, cette période n’en est pas histoire mais ne sait pas l’histoire sortez. Dehors vous retrouvez l’un sion pour qui la vie n’a plus de monde du désert, aussi primitif, cipaux artisans de la loi-cadre qui moins douloureuse pour vous. Car qu’elle fait. » Paradoxe qu’illustre de vos camarades, le lieutenant sens que dans la lutte. Le NON aussi éternel que le ciel et la mer, doit traduire dans les faits cette si vous approuvez la politique al- bien la situation du général de Jean Simon, le futur chancelier de d’Antigone opposant à son roi les océan de sable que jalonnent ici ambitieuse réforme. Gouverneur gérienne imposée par le Général, Gaulle et des Français libres en l’ordre de la Libération. Comme contraintes de la loi non écrite. ou là des cadavres d’hommes et de ici ou là, puis gouverneur général vous souffrez profondément du juin 1940. Ce qu’ont montré ces vous, il est hors de soi. Comme L’exceptionnel dans l’appel du bêtes, gisant morts de soif et mo- là ou ici, vous allez pendant plu- drame que vivent les Français derniers, c’est qu’il n’existe pas de vous, il est bien décidé à ne pas 18 juin, c’était d’abord la ren- mifiés. Extraordinaire variété des sieurs années parcourir l’Afrique d’Algérie. (...) Mais le dégoût que sens unique imposé à l’histoire hu- obéir. Comme vous, il veut pour- contre de vérités simples parce paysages chaque jour différents noire pour discuter, négocier, vous garderez de cette guerre maine. Pas de loi secrète qui en dé- suivre la guerre. « Deux étions et que le droit de la France se du matin au soir. Blocs de rochers convaincre les autres acteurs de ce vous conduira à ne plus retourner termine le déroulement. Une par- n’avions qu’un cœur », disait Fran- confondait avec les droits de lunaires. Terres plates s’ouvrant grand dessein. Vous avez alors la en Algérie. Jamais. (...) çois Villon. l’homme et le patriotisme avec la sur l’infini. Longues dunes molles chance, ou l’habileté, de devenir Ce que vous appelez votre troi- Deuxième image : vous condui- liberté. L’obéissance du Français à aux formes féminines. Eboulis de l’ami de l’un des plus remar- sième vie, celle de ministre, vous « Vous êtes le petit-fils sez une moto que vous avez volée. l’intérêt et à l’honneur de son pays galets colossaux. (...) quables personnages de l’Afrique ne l’avez pas cherchée. C’est le gé- Derrière, en croupe, le futur chan- l’emportait sur l’obéissance du mi- En automne 1944, le retour dans française, le futur président de la néral de Gaulle qui l’a décidée. de l’Alsacien qui n’a pas celier de l’ordre de la Libération. litaire à ses chefs. la France libérée vous déçoit. Elle Côte-d’Ivoire : Félix Houphouët- Votre parcours se caractérise par Car, pour continuer la guerre, il Vous vous rappelez, Monsieur, ne ressemble en rien à celle dont, Boigny. Dans votre livre Les Blancs la continuité, la fidélité à vos accepté la discipline faut d’abord échapper à ce piège ce petit monde naissant de la au loin, vous aviez rêvé pendant s’en vont, vous en tracez un por- idées, la capacité d’adaptation aux France libre, quand nous n’étions quatre ans. Comme un lendemain trait saisissant. (...) situations les plus diverses et aussi prussienne. Vous êtes encore que trois ou quatre mille. de fête, elle vous laisse dans la Son aide vous sera précieuse par un caractère entier. Vous « Notre Compagnie Vous vous rappelez la fougue de bouche un goût amer. Vous ne pour remplir le rôle qui vous est n’êtes pas un animal de pouvoir. l’élève des oratoriens. Et ces insensés qui prétendaient em- supportez ni justice expéditive ni dévolu dans la décolonisation de Vous n’êtes pas de ceux qui, dès accueille aujourd’hui porter la patrie à la semelle de faveurs aux ralliés de dernière l’Afrique. D’abord au Cameroun l’âge de quinze ans, savent qu’ils vous appliquez à l’action leurs souliers. Vous vous rappelez heure. Vous décidez de repartir. et en Afrique-Equatoriale fran- auront le pouvoir. Qui le veulent. le premier légionnaire cette poignée de déracinés qui al- « J’avais l’illusion, écrivez-vous, çaise, où vous êtes haut-commis- Qui, contre vents et marées, pour- publique la morale laient devenir les nomades de Kœ- que pour être propre il suffisait que saire. Puis en Afrique-Occidentale suivent le seul but pour eux digne de son histoire ! » nig et de Leclerc – « Libres de leur je risque ma vie. » Vous acceptez française, où le général de Gaulle, d’être vécu. Vous êtes le petit-fils chrétienne qui vous a été victoire et maîtres de leur foi. L’inté- revenu aux affaires, va vous nom- de l’Alsacien qui n’a pas accepté la rêt de l’Etat fut leur unique loi » – mer, sans vous demander votre discipline prussienne. Vous êtes enseignée. (...) » qu’est devenue la métropole. Vous comme ces héros que chanta votre « Pour vous, l’appel du avis. Avec de Gaulle, le rythme de l’élève des oratoriens. Et vous ap- foncez vers Marseille. Vous igno- illustre confrère du treizième fau- la décolonisation va s’accélérer. Et pliquez à l’action publique la mo- rez encore l’appel du 18 juin. teuil, Jean Racine. Vous êtes, Mon- 18 juin, c’était d’abord le votre rôle, y être primordial. (...) rale chrétienne qui vous a été en- tie n’y est jamais perdue. Les jeux Troisième image : vous vous êtes sieur, un homme assez discret, as- En décembre 1959 (...) vous quittez seignée. (...) n’y sont jamais faits. L’Histoire, ce déguisé en civil avec des habits sez secret. (...) Vous êtes l’aîné NON opposé à la défaite en grand appareil le palais du gou- C’est seulement après avoir été n’est pas une fatalité, une série de d’occasion. La moto a expiré. Mais d’une famille de trois enfants. Fa- vernement à Dakar pour gagner le pendant neuf ans ministre des ar- circonstances irrévocablement vous avez atteint Marseille. Vous mille très unie, très croyante, d’es- et à la disparition de la paquebot qui doit vous ramener mées que vous allez véritable- fixées par le destin. Par-delà le vous êtes fait embaucher comme prit très ouvert. Votre père a fait en France. A pied, en grand uni- ment vous mettre à la politique. bruit et la fureur des événements, docker. Cela vous permet de par- peu d’études. Mais, entré comme France. (...) c’était aussi forme, le dernier gouverneur gé- D’abord comme député de la Mo- ce qui oriente le cours des affaires courir le port à la recherche d’un apprenti dans une petite tréfilerie, néral de l’AOF que vous êtes passe selle et comme maire de Sarre- des hommes, c’est la volonté des embarquement. (...) Quatrième il en deviendra rapidement le di- le NON à la torture et au lentement, dans un silence total, bourg, fonctions où peuvent à hommes, non l’action de quelque image : vous tenez la barre d’un recteur. Curieux de tout, il s’inté- devant toutes les troupes de la nouveau se déployer vos excep- force mystérieuse. Et une volonté bateau qui se dirige vers Oran. resse à tout. Il fait tout pour que mépris de l’homme. Le garnison massées sur le parcours. tionnelles qualités d’administra- en apparence toute-puissante au- Mais vous, vous entendez le ses enfants reçoivent une éduca- Avec vous, c’est la France qui éva- teur. Puis, un peu plus tard, jourd’hui pourra se briser sur conduire à Gibraltar. Après plu- tion qu’il n’a pas lui-même reçue. NON de toutes les cue ses colonies d’Afrique. Une comme premier ministre, nommé d’autres volontés demain. Per- sieurs tentatives infructueuses, Mais c’est votre mère, plus auto- ère s’achève. par le président Pompidou. Vous sonne ne connaît la tournure que Jean Simon a fini par rencontrer un ritaire, qui dirige la famille. (...) résistances à Cette grande affaire qu’a été arrivez là dans des conditions dif- prendra l’Histoire. Rien n’est joué, capitaine au long cours décidé, lui Après huit ans, vous devenez de- pour la France le passage de la co- ficiles. Mais votre autorité, votre Jamais. (...) aussi, à poursuivre la guerre. Il mi-pensionnaire à l’école Massil- l’oppression » lonie à l’indépendance, vous la ra- clairvoyance, la qualité de votre Votre cinquième vie commence commande un cargo italien, le Ca- lon, tenue par les oratoriens. Plus contez avec beaucoup de pénétra- jugement, votre sens de l’humour aujourd’hui. Vous venez prendre po-Olmo, saisi par les Français à la tard, vous allez au lycée Charle- tion et d’humour dans un livre au et de l’humain, vous valent le res- ici la suite de votre vieux Compa- déclaration de guerre de l’Italie. Ce magne. Vous étiez, Monsieur, un une mission en Extrême-Orient. titre suggestif : Les Blancs s’en pect de tous, y compris de vos ad- gnon disparu. (...) Je ne crois pas capitaine vous accueille à son bord. garçon sérieux, bon élève, travail- Vous êtes chargé de préparer la re- vont. Titre qui, après cent vingt versaires politiques. Vous allez m’aventurer en admettant que Vous y trouvez un équipage pit- leur acharné, assez coléreux disent lève de l’administration française ans, sonne comme une réponse au gouverner pendant deux ans, Maurice Schumann eût aimé vous toresque venu d’un peu partout ceux qui vous ont connu. Vous en Indochine occupée par les Ja- cri de Rimbaud : Les Blancs dé- avec trois équipes successives. savoir son successeur. Courage avec, en outre, une cinquantaine êtes facilement reçu aux deux par- ponais. (...) Le retour à la vie civile, barquent. (...) « J’ai compris, écri- Très tôt, vous vous trouvez sou- tant moral que physique, force de d’aviateurs français. Dans les ties du baccalauréat. (...) en novembre 1945, va vous rame- vez-vous, que d’autres peuples mis à nombre de contraintes. caractère, ténacité, réalisme, droi- soutes, des tonnes de minerais Adolescent, vous aimez la mer, ner à vos activités d’origine : l’ad- avaient, comme le mien, le goût de Vous avez d’abord pour mission ture, générosité, modération, dé- stratégiques, de métaux et de mu- le grand large. Vous rêvez de ministration des territoires la liberté. Il était absurde, coupable de gagner les élections législa- sintéressement, ont toujours ani- nitions ainsi que douze avions voyages lointains, d’aventures, de d’outre-mer. Pas encore en et contraire à la vocation comme tives. Vous les gagnez. Vous avez mé votre action. Votre itinéraire américains, ce qu’on fait de mieux peuples étrangers et mystérieux : Afrique et dans le désert, comme aux intérêts de la France de s’y op- ensuite à faire face à une situa- d’exception, ce que j’appelais tout comme chasseurs modernes. Le les nomades du Sahara, les Pyg- vous le souhaitez. Mais d’abord poser. Le colonial que j’étais est ain- tion économique difficile. No- à l’heure la bande dessinée, peut 23 juin, le Capo-Olmo a pris la mer. mées de la forêt équatoriale, les dans le guêpier d’Indochine. (...) si devenu acteur de la décolonisa- tamment à ce que l’on appellera servir de modèle à qui en cherche. Au départ de Marseille, la terre de Moïs d’Indochine. La vie des ex- Avant tout, l’Indochine va vous tion. » (...) « le premier choc pétrolier ». Cela On entend souvent le public se France s’est peu à peu estompée plorateurs vous fascine. « Leurs servir de révélateur : elle vous fait Le départ d’Afrique et le retour va désorganiser l’économie de plaindre du personnel politique et, dans la brume du soir. Brusque- privations et leurs malheurs ne comprendre la situation entière- en métropole n’allaient pas vous l’Europe occidentale, qui n’a pas en particulier, de l’écart entre ce ment votre passé avec votre en- m’effrayaient pas, écrivez-vous, ment nouvelle créée par la guerre laisser bien longtemps au calme. de pétrole, et y entraîner le début qui est dit et ce qui est fait. Vous fance, vos parents, vous monte à j’enviais leur gloire, même pos- dans les relations entre colonisés Je doute d’ailleurs que vous ayez d’une récession. Votre but, alors, avez illustré une certaine manière la gorge. Tout ce qui vous ratta- thume. » Vous aimez les grandes et colonisateurs. L’uniforme cha- le goût d’une vie calme. Votre livre devient avant tout d’assurer l’in- de faire la politique, au sens chait à ce monde a éclaté. Rupture étendues. Entre la mer et le désert, marré, même vert, les roulements de Mémoires, vous l’avez intitulé dépendance énergétique du pays. propre, c’est-à-dire de s’occuper brutale, comme une blessure dont vous hésitez longtemps. (...) A dix- de tambour, même en descendant Après tant de batailles. Car, à partir (...) des affaires publiques, de vivre on ne sent qu’après coup la dou- sept ans, vous êtes reçu à l’Ecole l’escalier en colimaçon, il en faut de juin 40, vous n’avez jamais ces- Je rappelais en commençant dans la cité ; bref de faire le métier leur. Tant que vous étiez sur le sol nationale de la France d’outre- plus pour vous impressionner. sé de livrer des batailles. D’une cette journée du 17 juin 1940 où d’homme. Vous avez ainsi bien de France, l’indiscipline restait mer. (...) Vous optez pour Vous avez connu d’autres uni- sorte ou d’une autre. Dans cha- votre vie a basculé. Je voudrais servi votre pays. L’Académie a sans gravité. Dans l’immense pa- l’Afrique. Vous apprenez des formes chamarrés, d’autres roule- cune de ce que vous appelez vos évoquer aussi une autre journée longtemps compté parmi ses gaille qui régnait, avec l’armée en langues, un peu de mandingue et ments de tambour. En témoignent vies, les obstacles ont été nom- où s’est joué votre destin : le membres certains des grands chefs déroute, la population en errance de malgache, que vous n’utiliserez de nombreuses photographies : breux, la route malaisée. Mais 2 avril 1974, jour de la mort du pré- militaires. Aujourd’hui, il n’y en a sur les routes, quelques jours d’ab- jamais. En même temps, vous quand on vous voit réaliser enfin dans tous les cas, dans toutes les sident Pompidou. Chez les plus. C’est vous, Monsieur, qui al- sence n’avaient guère d’impor- faites une licence en droit. Trois ce que, depuis votre jeunesse, situations, vous êtes animé par la hommes politiques, c’est aussitôt lez représenter ici l’art militaire et tance. Mais, désormais, vous êtes ans d’école vous mènent au ser- vous avez rêvé, et débarquer même clarté dans l’action. (...) Le le branle-bas de combat. Les can- la stratégie. Nous sommes parti- entré dans l’illégalité. Vous êtes vice militaire. Vous devenez sous- comme administrateur, en général de Gaulle ne s’y est pas didats à la présidence se préci- culièrement heureux de vous ac- déserteur. Vous n’avez, cependant, lieutenant dans un régiment de ti- Afrique, votre terre d’élection. Ou trompé. Après son retour au pou- pitent. A gauche, le programme cueillir parmi nous. Soyez le bien- aucune hésitation. (...) railleurs sénégalais. Vous ne quit- quand on vous voit, comme gou- voir, il lui fallait un ministre des ar- commun. A droite, le trop-plein. venu. LeMonde Job: WIV0600--0012-0 WAS LIV0600-12 Op.: XX Rev.: 09-02-00 T.: 19:01 S.: 111,06-Cmp.:10,08, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0050 Lcp: 700 CMYK

XII / LE MONDE / VENDREDI 11 FÉVRIER 2000 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Nîmes, capitale Conserver

b Procès. Le tribunal de grande instance de Versailles a débouté, de la biographie la mémoire du sida le 19 janvier, l’avocat et ancien ministre Georges Kiejman. Celui- onner un contenu réel à sion de grande confusion ; il est vrai ’est à l’occasion de la parle l’historienne. A côté des té- ci avait assigné pour diffamation une manifestation pu- que le thème n’était pas aisé à cer- Journée mondiale du si- moignages publiés, du vivant des et injures les éditions Albin Mi- blique autour du livre ner. Le public nombreux qui vint da, le 1er décembre 1999, auteurs ou de manière posthume chel et Thierry Pfister, directeur ne va pas de soi. La écouter Laure Adler, Aliette Armel que l’association Sida- – Alain-Emmanuel Dreuilhe, Mi- de collection. Ce dernier, dans son bonneD volonté, associée à un cer- et Yann Andréa s’entretenir avec mémoiresC présidée par Michelle chel Simonin, Gilles Barbedette, livre Lettre ouverte aux gardiens du tain manque d’imagination, une admiration vibrante de Mar- Perrot, a lancé le projet, en collabo- Pascal de Duve, Hervé Guibert... –, mensonge, avait notamment traité n’aboutit souvent qu’à la tenue de guerite Duras, sembla plus satisfait. ration avec l’Institut Mémoires de toute une littérature anonyme, si l’ancien ministre délégué à la jus- festivités artificielles et interchan- Autre moment d’émotion, moins l’édition contemporaine (IMEC), de elle n’est pas recueillie, archivée, tice de l’un des « plus vigilants geables. Des écrivains sont invités à convenu : la lecture parfaite à constituer un fonds d’archives sur est promise à la perte. gardiens du mensonge » dont la faire tapisserie, tout en mesurant l’Odéon, par Didier Bezace, de la maladie. Un colloque intitulé Ce travail de conservation, qui « piteuse carrière ministérielle » leur notoriété au nombre d’ou- pages de Georges Hyvernaud, tirées « Ecriture, mémoire et maladies », débouchera sur un accès à la aurait été « achetée au prix d’une vrages dédicacés... Qui dira la mé- de La Peau et les Os (éd. Le Dilet- organisé par les deux partenaires à consultation strictement réglemen- courtisanerie qui fit se gausser tout lancolie de l’auteur attablé derrière tante). A entendre cette prose inci- l’abbaye d’Ardenne à Caen du 9 au té, ne relève pas seulement de la Paris ». Pour le tribunal, étant sa pile de livres, regardant passer le sive, on s’étonne de la quasi-confi- 11 décembre, a permis de dégager piété et du souvenir affectif ; il y va donné que ce texte a paru dans la chaland ? dentialité dans laquelle cet écrivain les questions et les problématiques aussi de la connaissance des alen- collection « Lettre ouverte », le Le deuxième Salon de la biogra- est tenu. soulevées par ce projet. tours psychologiques et sociolo- lecteur « sait qu’il s’agit d’un écrit phie, qui s’est tenu à Nîmes les 4, 5 Cette initiative se situe dans le giques de l’épidémie. caricatural » et peut donc « s’en et 6 février, prouve que la déception SARTRE, LEIRIS... droit fil de la pensée de Michel L’initiative de Sida-mémoires a faire une idée personnelle plus mé- n’est pas une fatalité. Cette année, Trois rencontres au Carré d’art Foucault qui souligna la nécessité pris corps peu de temps après le prisante pour l’auteur que pour la c’est l’autobiographie qui a consti- marquèrent la partie plus universi- de constituer, en marge des luttes transfert des propres archives de victime de la remarque ». Georges tué le fil de ces trois journées. Deux taire du Salon. Au cours de ces ouvrières et carcérales, les archives Michel Foucault, de la bibliothèque Kiejman a décidé de faire appel. axes sont présents : d’une part un séances, on parla des auteurs dont de ces luttes et des réalités qui les du Saulchoir à l’IMEC, il y a deux b Flammarion : stabilité du Salon traditionnel, avec le concours l’œuvre, ou une partie de l’œuvre, justifient. Arlette Farge insistait, en ans. Philippe Artières, président du chiffre d’affaires. Flammarion a des libraires, dans les arènes cou- s’articule autour de l’autobiogra- 1997 (dans Des lieux pour l’histoire), centre Michel-Foucault, à l’origine réalisé en 1999 un chiffre d’af- vertes, avec « cafés littéraires », dé- phie : Sartre (Michel Contat), Perec sur l’importance pour l’historien du projet, a mis en place la struc- faires de 1,109 milliard de francs bats, lectures et signatures ; d’autre (Anne Roche), Michel Leiris (Annie d’avoir recours aux témoignages ture d’accueil des archives à (169 millions d’euros), parfaite- part un colloque organisé par une Pibarot et Annie Maïllis, qui parla du malheur et de la souffrance – l’IMEC, via Sida-mémoires. Chaque ment stable par rapport à celui de universitaire (Martine Reid). des rapports de l’écriture leiri- « singularités, extravagances, émo- personne détentrice de témoi- l’année précédente, selon un avis D’après les données fournies par les sienne et de la tauromachie en tions, infamies, cris, vociférations et gnages privés pourra ainsi déposer financier paru le 8 février dans la organisateurs, près de 20 000 per- tant que « motif analogique»); douleurs » : « L’historien est aussi le les documents écrits ou même au- presse économique. L’activité du sonnes ont visité le Salon, et le Martine Reid et Jean-Philippe Mi- guetteur des interstices par où entre diovisuels qui viendront prendre groupe a été pénalisée par la chiffre d’affaires (251 000 F) a été en raux, évoquant l’œuvre de Louis en scène ou émerge le malheur dit place dans cette bibliothèque qui baisse de 18,8 % de son activité li- augmentation de 25 % par rapport Marin, traitèrent de la théorie au- ou étouffé. L’objectivité de l’histoire n’est déjà plus virtuelle. Ils prolon- brairie, du fait de la sortie de la fi- à celui de l’année dernière. tobiographique et de la figure de réside dans la possibilité pour son geront les fonds d’auteur déjà pré- liale Flammarion 2 du périmètre La défection de plusieurs partici- Stendhal, « biographe » d’Henry système d’intelligibilité d’introduire sents à l’IMEC – Gilles Barbedette, de consolidation (intervenue le pants n’a donc pas entamé le succès Brulard. C’est bien sûr à Philippe ce qui vient dérégler sa linéarité, ses Hervé Guibert, Jean-Baptiste Niel 31 octobre) et de la fermeture de de la manifestation. Il est vrai que Lejeune, créateur de l’Association approches moyennes, en somme ou encore celui de l’historien des son point de vente de La Villette, beaucoup d’invitations avaient été pour l’autobiographie que revint le quelque chose de sa sérénité. » La sciences Mirko Grmek, auteur de la au nord de Paris. En revanche, les lancées. Certains débats, comme dernier mot. Qu’on les nomme in- multiplication, depuis le milieu des première Histoire du sida (Payot, autres activités ont connu des celui sur l’« autofiction » au lycée times, privées, quotidiennes ou années 80, des écrits – journaux, 1989). progressions de leurs ventes : Alphonse-Daudet, qui réunissait primitives, toutes les écritures au- correspondances... – qui ont direc- P. K . + 4,6 % pour l’édition (à 631 MF), huit écrivains – Isabelle Rossignol, tobiographiques trouvent, dans tement trait à la réalité du sida, + 7,3 % pour la diffusion (à Philippe Forest, Xavier Bazot, Ré- son propos, une solide raison qu’ils émanent des malades eux- ૽ Sida-mémoires, Philippe Artières, 200 MF) et + 6,6 % pour la presse gine Detambel, Marc Weitzmann, d’être. mêmes ou de leurs proches, dé- IMEC, 9, rue Bleue, 75009 Paris, magazine (à 79 MF). Yves Charnet... – laissa une impres- P. K . signe confusément le devoir dont e-mail : sida-mémoires@wanadoo. fr. b Nouvelle collection. Phébus lance « Le vif du sujet », une col- bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb lection de textes autobiogra- phiques contemporains, dirigée par Jane Sctrick. L’ambition est de A L’ETRANGER « donner la parole à des femmes et à des hommes témoins de l’His- Noël en février dans la Drôme b ÉTATS-UNIS : Stephen King, le toire, et dont la vie à elle seule a été retour un formidable destin ». Le premier n Drôme provençale, on pouvait croire ce dans la célébration d’un catéchisme lénifiant. Salutaire Après l’accident de circulation dont titre est Une Française libre (Jour- week-end, au vu de l’affluence, que cette an- donc. L’Afrique et le métissage culturel, célébrés à tra- il a été victime, en juin 1999, et qui nal, 1939-1945), de Tereska Torrès, née Noël était tombé en février. Pourtant, la vers l’auteur-illustratrice Véronique Tadjo, l’exposition l’avait laissé avec des côtes et une réédition de Les Années anglaises, 16e édition du Salon du livre de jeunesse de « Amabhuku. Illustrations d’Afrique », créée à Bologne jambe cassées, des blessures à la paru en 1981 au Seuil. Saint-Paul-Trois-ChâteauxE n’avait pour thème ni la ma- en avril 1999, ou les contes caribéens offerts par la tête et des problèmes pulmonaires, b Prix littéraires. Le prix gie ni l’uchronie, mais le « citoyen du monde ». Cela va- tendre chaleur de Mimi Barthélémy, proposaient de Stephen King semblait avoir re- Hugues Capet a été remis à Jean- lut quelques belles rencontres avec des participants ve- fastueux partages, humanité en écho avec le travail noncé à sa carrière d’écrivain : il Luc Gourdin pour La Duchesse du nus de tout l’espace francophone, Guyane et graphique d’Edmond Baudoin, visible à la Média- s’était mis à jouer de la guitare Maine (éd. Pygmalion). Le prix Nouvelle-Calédonie notamment, mais aussi d’au-delà thèque de Saint-Paul pour quelques jours encore. Le dans un groupe d’écrivains, The des Charmettes – J.J. Rousseau puisque les invités d’honneur de l’édition 2000 étaient style de Susie Morgenstern ou Jeanne Benameur, le Rock Bottom Remainders, avait a été attribué à Jacques Borel les Britanniques John Burningham et Helen Oxenbury. trait de Jean-Charles Sarrazin ou Zaü, les BD d’Isabelle acheté le véhicule qui l’avait ren- pour L’Effacement (Gallimard). Pour garantir la féconde fantaisie du rendez-vous drô- Wilsdorf ou Farid Boudjellal n’ont pas seuls contribué à versé pour le fracasser à coups de mois, Helen Oxenbury proposait sa vision d’Alice au la réussite spectaculaire de l’édition 2000 – la progres- marteau, et avait déclaré que s’il pays des merveilles, superbe album qui ne sera en librai- sion du chiffre d’affaires réalisé par le Salon tient du re- continuait à écrire, ses livres al- Précision rie que le 8 mars (Flammarion, 139 F [21,19 ¤]). Seul le cord (+ 30 % entre 97 et 98, + 15 % entre 98 et 99, + 28 % laient ressembler aux histoires bar- Rouergue suivit cette formule attractive de l’avant-pre- encore entre 99 et 2000). bantes d’un vieil oncle...Ses fans b Publié aux éditions L’Or du mière pour le quatrième roman de Guillaume Gué- En « off », petits éditeurs et artistes secrets ont une seront donc particulièrement ravis temps, le Petit catalogue des na- raud, Coup de sabre (49 F [7,47 ¤], mis en vente le 17 fé- fois de plus bousculé les conventions. L’éditeur Passage d’apprendre qu’il vient de signer tions barbares, cosigné par Alain vrier). piétons, découvert pour ses décapants imagiers, lance un contrat encore plus fantastique Nadaud, Dominique Médard et Sans contraindre l’esprit de la manifestation, l’op- une « collection des restes » où les Caprices d’étoiles de que les précédents – et dont on sait Sadika Keskes, dont nous signa- tique thématique se fit volontiers militante. Ainsi Phi- Lola Bergeret éblouissent (25 F) ; Le Geai bleu offre La simplement qu’il est à « sept lions la parution lors du compte- lippe Devoghel et ses compères de l’atelier de typo- Peau nue du poème selon Patrick Joquel, léger des che- chiffres » – avec son éditeur anglais rendu d’Une aventure sentimentale graphie, gravure et impression de Grignan (« Aux lettres mins parcourus et riche d’un asphyxiant dépouillement Hodder and Stoughton, ainsi qu’un d’Alain Nadaud (Verticales) – « Le citoyens ! ») délivraient des passeports singuliers où (40 F) ; les éditions du Jasmin proposent des Contes de contrat séparé avec l’éditeur amé- Monde des livres » du 24 dé- chacun choisissait son mot de passe. Sésame bienvenu l’alphabet, signés d’Emmanuelle et Benoît de Saint ricain Simon & Schuster pour une cembre 1999 –, peut être à Saint-Paul où les 4es des collèges de la région dé- Chamas (3 vol., 60 F chacun), indépendants et chaînés avance moins importante que les commandé par la librairie Aver- cernent depuis deux ans un prix homonyme. Cette an- comme les épisodes d’une fable immuable ; Cécile précédentes mais avec des droits roès (7, bd Saint-Germain 75005 née, ils choisirent le très beau livre de Jean-Jacques Gambini et Stéphanie Ferrat, de Pavupapri, collaborent d’auteur plus considérables, pour Paris). Greif, Le Ring de la mort (L’Ecole des loisirs), tandis que pour une Nuit qui est de fait une première ; Aurelia & trois livres à venir, deux romans b Les adresses des nouvelles mai- le Pitchou 2000, destiné aux tout-petits, couronnait Gilles inventent superbement chez Colophon Herbert (dont le premier est attendu pour sons d’édition dont il était ques- L’Alboum de Nicole Claveloux et Christian Bruel (éd. & le chien-phoque (70 F) et pour le lien entre le «in»et le printemps 2000 ) et un recueil de tion dans « Le Monde des livres » Etre). Les journées professionnelles aussi misèrent net- le « off », Bruno Heitz livre chez Grandir un album nouvelles... du 4 février sont les suivantes : tement sur l’engagement civique avec les prises de pa- d’art sans paroles sur la chèvre de Monsieur Seguin : b Prix littéraires Léo Scheer, 22, rue de l’Arcade, role d’Alain Serres, Bernard Epin et Marie-Agnès une Histoire connue (140 F) aussi indispensable que le Le prix Nadal, prix littéraire espa- 75006 Paris, tél. 01-42-66-13-89 ; Combesque (directrice de la nécessaire collection rendez-vous de Saint-Paul. gnol attribué par les éditions Desti- XO, Tour Maine Montparnasse, « J’Accuse » chez Syros), sans pour autant sombrer Philippe-Jean Catinchi no, a été remporté par Lorenzo Sil- 33, avenue du Maine, BP 142, va, né en 1966, pour son roman 75755 Paris cedex 15, tél. : 01-56- bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb policier, El alquimista impatiente, 80-26-81. dont les héros sont des guardias ci- nisée par les éditions Noir sur lancolie » est organisée en pré- viles, le sergent Bevilacqua et son AGENDA Blanc (à 19 heures, librairie polo- sence notamment de Julia adjointe, l’agent Virginia Chamor- naise, 123, bd Saint-Germain, Kristeva, Marie-Claude Lambotte ro qui n’a été acceptée par aucune b JUSQU’AU 12 MARS. DUHA- 75006 Paris). et Eric Marty (à 9 h 30, salle 213, académie militaire et qui a dû se MEL. A La Roche-Guyon (Val- b LE 18 FÉVRIER. POÉSIE université Paris-VII – Denis-Dide- contenter du célèbre tricorne. C’est d’Oise), une exposition sur le RUSSE. AU MANS, une rencontre rot, 2, pl. Jussieu, 75005 Paris. le deuxième volume de leurs aven- thème « Georges Duhamel, un avec André Markowicz est organi- Rens. : 01-44-27-63-71). tures. JK Rowlings, la célèbre créa- écrivain d’aujourd’hui » est orga- sée sur le thème : « La poésie b LE 26 FÉVRIER. BD. A Paris, à trice de Harry Potter, finaliste du nisée (château de La Roche- russe du XXIe siècle et sa traduc- l’occasion de l’exposition Whitbread Prize of the Year, a été Guyon, 1, rue de l’Audience, 95780 tion » (à 20 h 30, La Fonderie, « Comics park, préhistoires de élue, elle, auteur de l’année en La Roche-Guyon ; tél. : 01-34-79- 2, rue de la Fonderie, 72000 Le bandes dessinées », une rencontre Grande-Bretagne par le British 74-42). Mans. Rens. : 02-43-24-93-60). est organisée autour du thème : Book Awards, un jury de cent per- b LE 12 FÉVRIER. MASSÉ. A Per- b LE 23 FÉVRIER. KAWABATA. « Blake et Mortimer et les dino- sonnalités de l’édition. pignan, un colloque sur le thème A Paris, la Bibliothèque nationale saures » (à 14 h 30, amphithéâtre b ANGLETERRE : une femme à « Ludovic Massé, du territoire ca- de France propose une conférence de paléontologie, 2, rue Buffon, la tête de la British Library talan à l’universel » est organisé (à de Diane de Margerie sur Yasunari 75005 Paris). C’est une bibliothécaire, Lynne partir de 9 heures, chapelle Saint- Kawabata avec Cécile Sakaï, Co- b LE 26 FÉVRIER. L’AUTORITÉ. Brindley, qui va diriger la British Li- Dominique, rue Rabelais, rinne Atlan et Ludovic Janvier (à A PARIS, la Bibliothèque natio- brary à partir du mois de juillet, en 66000 Perpignan. Rens. : 04-67-22- 18 h 30, BNF, Quai François-Mau- nale de France organise une remplacement de Brian Lang. Le 81-41). D’autre part, à l’occasion riac, 75013 Paris ; tél. : 01-53-79- conférence sur le thème « L’auto- favori était pourtant James Boyle, du centième anniversaire de la 59-59). rité » en présence de Pierre l’un des dirigeants de Radio Four. naissance de l’écrivain, est organi- b LE 23 FÉVRIER. VIRGINIA Manent, Alain Finkielkraut et Oli- b ESPAGNE : Vélazquez par Go- sée, le 1er mars, une table ronde WOOLF. A Paris, rencontre entre vier Mongin (BNF, quai François- mez de la Serna animée par Antoine Spire (Centre Gérard Meudal et Laurent Bury, Mauriac, 75013 Paris ; tél. : 01-53- Dans le cadre des festivités célé- d’études catalanes de l’université traducteur de la biographie Virgi- 79-59-59). brant le quatrième centenaire de la de Paris IV, salle Liard, 17, rue de la nia Woolf, l’aventure intérieure, b LE 28 FÉVRIER. ÉDITION. A naissance de Diégo Vélazquez, la Sorbonne, 75005 Paris). d’Hermione Lee parue aux édi- Paris, la bibliothèque publique Direccion General de las Bellas b LE 17 FÉVRIER. RENCONTRE. tions Autrement (à 18 heures, Bi- d’information organise, dans le Artes et la Galaxie Gutemberg/ Cir- A Paris, à l’occasion de la paru- bliothèque Marguerite-Durand, cadre des rendez-vous de l’édi- culo de lectores coéditent la réim- tion du livre d’Oleg Krishtal, Moi 79, rue Nationale, 75013 Paris). tion, un entretien entre Josyane pression de la biographie du et mon double (traduit du russe b LE 25 FÉVRIER. MÉLANCOLIE. Savigneau et Guy Schœller (à peintre par Ramon Gomez de la par Anne Coldefy-Faucard), une A Paris, une journée d’études au- 20 h 30, BPI, petite salle, rue Serna qui date de 1943 et avait dis- rencontre avec l’écrivain est orga- tour de « La traversée de la mé- Saint-Martin, 75004 Paris). paru.