RENCONTRE SUR LE PROGRAMME DE FILMS FOLLIES de Tex Avery

Le mercredi 7 janvier 2009, l’association Collège au Cinéma 37 a invité Danilo Zecevic pour donner son point de vue sur les films Tex Avery Follies de Tex Avery programmé pour les élèves de 6 ème /5 ème au deuxième trimestre 2008/2009. Danilo Zecevic est chercheur en cinéma à Paris VII, doctorant sur le cinéma d’ hollywoodien et rédacteur en chef de la revue de cinéma numérique en ligne Acme. (http://www.revue-acme.com )

Pour commencer, Danilo Zecevic souligne que le programme de cartoons choisis n’a aucune logique, aucune thématique mais il trouve intéressant de montrer des cartoons au cinéma initialement réalisés pour la télévision.

IMPRESSIONS DE LA SALLE Pour Yvonne Pacquier, enseignante au collège Bernard de Fontenelle de Savigné-sur-Lathan, One cab’s family ( Bébé Taxi ) est assez marrant et permet d’étudier l’effet caricatural du cartoon. Henri Destouches, enseignant au collège du Parc de Neuillé-Pont-Pierre, pense que ces cartoons vont plaire aux élèves, lui-même les ayant passés à ses filles quand elles avaient leur âge. De plus, a une culture musicale d’une grande diversité. Pour Danilo Zecevic, les enfants ont l’habitude de regarder ce genre de cartoons. Les cartoons de Tex Avery sont des anti-Disney qui font référence à Disney et à Hollywood.

L’ANIMATION Ce terme existe depuis les Romains et signifie « donner vie à quelque chose, à un corps, qui ne devrait pas être doté » (flip book, praxinoscope…). L’animation est inventée avant le cinéma en prise de vue réelle. Vers 1907, les premiers films d’animation apparaissent ; parmi eux, Fantasmagorie d’Emile Cohl. Les films d’animation sont réalisés avec plusieurs techniques : marionnettes, dessin animé, numérique 3D. Gertie le dinosaure sera le point de départ des cartoons aux Etats-Unis. Les films d’ sont réalisés à l’aide d’un banc-titre (table où on installe les dessins et où on les fait passer un par un). Dans Tex Avery, c’est le décor qui bouge (celluloïd). Les frères Fleisher inventent l’orthoscope : les dessinateurs calquent les mouvements d’une danseuse à partir d’images réelles. Les réalisateurs dessinent à partir d’images filmées (ex : Steamboat Willy , troisième dessin animé où apparaît Mickey Mouse). Disney est le premier à utiliser le technicolor jusqu’en 1938, les autres utilisant une autre technique moins performante du fait que Disney détient le brevet.

LE CARTOON Tex Avery suit des cours de dessin à Chicago donnés par des cartoonistes (dessinateur de caricature dans les journaux). Inspirés par la bande dessinée, les cartoons ont la même façon de traduire les sentiments (ex : apparition d’une ampoule pour une idée).

LES STUDIOS DE CINEMA La Metro Goldwyn Mayer (MGM) est le plus grand studio américain mais en 1931, aucun cartoon n’est encore projeté alors que chaque studio a déjà son département de cartoonistes. Ils engagent donc Ub Iwerks, créateur graphique de Mickey Mouse qui réalise 38 cartoons de et Willy Whoper . En 1934, les cartoons ne faisant pas assez d’audience, ils engagent Hermann et Herzing, poulains de Disney mais ce sera également un flop. Quand Fred Quimby hérite du département cartoon de la MGM en 1937, il engage Hanna et Barbera (créateurs de Tom et Jerry) et Tex Avery rejoint l’équipe en 1942.

TEX AVERY Il commence par faire des caricatures. Ses bandes dessinées ne se vendant pas, il se résout à faire des dessins animés. En 1934, Universal l’engage puis Warner Bros. Certains réalisateurs avec qui il travaille chez Warner partagent la même façon de dessiner, Warner sera une formation pour Tex Avery. Quand il est engagé à la MGM, les producteurs lui laissent carte blanche sur les cartoons tout en ayant conscience de la censure (sexualité, violence….). A chaque fois, il soumet son scénario au comité de censure avec des choses osées ; la scène qu’il souhaite vraiment est acceptée, jugée moins provocante que les autres.

La difficulté est de différencier les cartoons de Tex Avery.

SLAP HAPPY LION (1947) de Tex Avery Le premier carton du générique fait apparaître le nom des studios MGM avec la tête de lion. La deuxième image du générique indique le nom du cartoon ainsi que le réalisateur avec une musique, une police d’écriture et les dessins spécifiques au domaine du cirque. La troisième image du générique donne le nom des scénaristes. Tex Avery rédige lui-même ses gags et les transmet à Heck Allen, scénariste, avec qui il partage l’amour des westerns. Ensuite Tex Avery réalise le story-board, découpe les séquences. Puis les animateurs vont dessiner les parties entre les deux images du story-board. Enfin, le chef décorateur dessine les décors. En réalisant le story-board, Tex Avery va chronométrer ses scènes, la durée ayant une incidence sur le budget. Fred Quimby est placé en dernier dans le générique. Etant donné qu’à la Warner, c’est le réalisateur qui est placé en dernier, Fred Quimby sera longtemps considéré comme le réalisateur des cartoons à la MGM.

Tex Avery a fait passer le lion pour un fou en le faisant trembler, fumer cigarette sur cigarette et boire. Le cartoon utilise une mise en abyme en présentant le narrateur sous la forme de la souris (grosse voix pour une petite souris).

L’apparition de l’île marque le début du récit. Le lion est présenté comme la terreur de la jungle avec un même gag répété plusieurs fois avec des variantes. C’est un comique qui s’appuie sur une règle de trois (kangourous, crocodiles…). Particularités : - grosse tête, petit corps, petite voix - serpents se transformant en roues de voiture Opposition dans les cartoons de Tex Avery : - Le grand et le petit - La ville et la campagne

Il y a une mise à nu des personnages physiques (la jupe du lion) et de leurs sentiments. Le roi (le lion) mis à mal par la marche de l’armée de la souris (musique). La musique mime le mouvement de la mâchoire, en utilisant la technique de mousing-technique, présente dans plusieurs films des années 1930. Le lion visualise son sort avant de le vivre. La souris met le panneau « CENSURE » car les studios n’ont pas le droit de montrer des scènes de violence. Ensuite l’acte 3 du cartoon commence avec la poursuite du lion par la souris. Le gag « bouh » de la souris est présent dans différentes situations ; même procédé que lors de la scène de présentation du lion. L’épilogue se fait sur la conclusion de la souris et le retournement de situation où le narrateur fuit la souris.

Le cartoon est friand de jeux de mots. C’est un art marginal. Dans les cartoons, le regard des personnages a son importance (scène sous le rocher pour le lion et la souris, regard du loup montrant son excitation…).

Danilo Zecevic souligne que Tex Avery n’a pas de réflexion politique, c’est un instinctif.

En 1941, beaucoup d’animateurs quittent Disney après une grève. Parmi eux, ( Cellbound ) et (anime la danse du petit chaperon rouge dans Hot Riding Hood ) rejoignent l’équipe de Tex Avery.

CELLBOUND (1956) de Tex Avery et Michael Lah Le titre peut être traduit de différentes façons : Retour à la case départ ou Direction prison. Il change d’une cellule pour une autre, plus petite. La prison de Sing Song fait référence à la prison Sing Sing de Californie. Les formes ne sont plus rondes, le corps ne bouge plus et le visage n’est plus aussi bien dessiné qu’avant ce qui rend le cartoon brut. Le thème musical est répétitif et passe en accéléré ou au ralenti selon la fatigue du prisonnier. Les dates qui défilent sur le calendrier marquent le début et la fin des cartoons (1934 et 1954). 1954 est le début de la télévision ce qui explique sa présence dans le cartoon Cellbound . Lorsque le prisonnier fait remarquer au directeur ses 20 ans d’emprisonnement, les personnages ne bougent pas en même temps : quand un personnage est à l’arrêt l’autre bouge et vice versa. Le fait qu’il soit dans la télévision montre les trucages au cinéma.

RED HOT RIDING HOOD (1943) Dès le générique, Tex Avery montre qu’il sait faire du Disney en dessinant la maison comme lui. Ensuite, l’apparition du nouveau générique donne le ton à l’histoire. « Hollywood Wolf » représente le coureur de jupon américain ; si le cartoon avait été réalisé en France, le coureur de jupon aurait été représenté par un lapin. Il y avait une autre fin qui a été censurée où la grand-mère épousait le loup.

Pour Danilo Zecevic, la fille fait davantage penser à Rita Hayworth qu’à Marilyn Monroe. Le son d’avion fait sûrement référence à Superman des frères Fleischer qu’ils réalisaient à la même époque.

Dominique Roy, présidente de l’association Collège au Cinéma 37, remercie Danilo Zecevic pour sa venue à Tours et pour son analyse du programme de films Tex Avery Follies .

Compte rendu rédigé par Claire Tupin et relu par Thierry Guillou et par Marie Christine Fleury