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Attentats, faux barrages, rackets

Le nouveau “mode opératoire” du GSPC

La wilaya de Boumerdès et une partie de la Kabylie restent sa plaque tournante si l’on en juge par le nombre d’attentats commis ces derniers jours justement dans ces régions où la topologie et le relief du terrain permettent aux groupes terroristes d’évoluer en toute quiétude. Les derniers attentats perpétrés à l’est de Boumerdès, précisément à Sidi Daoud, Sahel Bouberak sont l’œuvre de katibate El Ansar dirigée par Abdelhamid Saâdaoui alias Abou Haytem, “émir” de la zone II, qui comprend plus de 150 éléments ainsi que katibate El Arkam, formée de presque 50 éléments et qui sévit au niveau des localités de , , et Tidjellabine. Selon certains observateurs de la scène sécuritaire, ces katibates qui agissent sur l’axe Boumerdès-Tizi Ouzou sont divisées en plusieurs seriates qui se déplacent dans un espace qui leur est spécialement affecté, alors que d’autres sont chargées de la collecte de “l’impôt” auprès de commerçants, entrepreneurs et fellahs à l’exemple du groupe de Béni Amrane composé de 20 éléments. Plusieurs de ces seriates portent elles aussi des noms comme El Merikh, El Horra (décapitée par les forces de sécurité à Zemmouri), El Farouk. Dans la partie centre et ouest de la wilaya, à savoir l’axe Boumerdès-Alger, ce sont les katibate El-Feth et El- Kods formées d’une centaine d’éléments qui activent, mais leur action est très réduite. Laminés par les forces de sécurité et privés de l’aide et du soutien des réseaux de renseignement qu’ils ne peuvent plus recruter auprès des populations, ces groupes se limitent à des incursions sporadiques ou à des opérations de racket. Mais lorsqu’il s’agit de planifier un attentat d’envergure, ces katibate se rencontrent et réunissent ensemble les moyens et l’armement appropriés comme ce fut le cas, il y a plus d’un mois, à Tidjellabine où en plus des heb-heb, des roquettes ont été utilisées contre une patrouille de la gendarmerie. Bilan, deux morts et deux blessés parmi les gendarmes. À Sidi Daoud où plusieurs attentats ont fait depuis avril 2005 plus de huit morts parmi les forces de sécurité, c’est aussi l’œuvre de plusieurs groupes réunis. Sauf que cette fois-ci ce sont des bombes actionnées à distance qui ont été utilisées appuyées par des mortiers artisanaux (heb-heb). Les mêmes groupes terroristes ont pu mettre en place d’autres engins explosifs qu’ils actionnent à distance par un simple appel effectué à partir d’un téléphone portable. Plusieurs attentats ciblés ont été commis ce dernier mois par ce procédé, le dernier en date est celui qui a ciblé mercredi dernier une patrouille militaire à Gueddara, près de Thenia, où 4 membres de l’ANP ont été blessés dont 2 grièvement. De nombreux citoyens entrepreneurs et commerçants, notamment de la région de Tidjellabine, Boumerdès, , Si Mustapha, Thénia, Béni Amrane et ailleurs ont été approchés ces derniers jours pour payer des sommes faramineuses allant de 1 à 10 millions de DA. Plusieurs ont dû céder devant leurs menaces comme ces deux commerçants de Tidjellabine qui ont payé chacun des millions pour éviter leurs représailles qui se résument généralement soit à leur kidnapping, soit au rapt de leurs enfants ou la destruction de leurs biens. Et souvent, c’est la condamnation à mort comme ce commerçant de Legata assassiné pour avoir refusé de payer pour une énième fois une somme évaluée à plus de 120 millions de centimes. Un autre a dû payer plus de 8 millions de DA pour avoir la vie sauve et deux autres établis à Tidjellabine ont versé 1 million de DA chacun. Les fellahs de Sidi Daoud, Benchoud et Bordj Menaël ne sont pas, eux aussi, épargnés. Même les exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC et EAI), jusque-là non concernées, ont été invitées, du côté de Bordj Menaël et Legata, la semaine dernière, à s’acquitter de “l’impôt”. “Nous n’allons pas descendre des maquis avec cet argent, c’est pour payer les moudjahidine”, disent les terroristes à leurs victimes.

M. T.