MEDIT W 1-2/91

L'EAU ET LE DEVELOPPEMENT DE L'IRRIGATION EN ALGERIE DEKHIL SAAD (*)

Igerie se traduit par Djazair, le I Abstract terme souligne par reference a A I'appellation, donnee par des geo­ The Algerian agriculture is experiencing a serious crisis: crop production has slightly graphes arabes aux hautes terres qui occu­ increased and its weight on economy has considerably decreased. pent le sud-ouest du bassin mediterraneen Water resources are relatively limited and gradually decreasing to the detriment of agriculture. un nom charge de sens «Djeziret eI­ At present, a big portion of the irrigable area is not sufficiently provided with water as to Maghreb», J"ile du couchant, I'originalite de allow growing cash crops. la position de ce pays entre Mediterranee et Hence, a single vegetable crop per year is practised on the same plot which could be used aux confins occidentaux de I'aire for several crops. In a country in which water is scarce and of poor quality, very little has been done since arabe. the independence in the matter of irrigation. L'Algerie entend tirer parti de cette position The irrigated areas were 244,000 ares (acres) in 1958; 269,740 ares in 1968; 313,340 ares in remarquable, et affirme hautement sa triple 1978; 335,700 ares in 1988. vocation, mediterraneenne, africaine, arabo­ A bit more than 300,000 ares, essentially for shrubby crops, in the North, paim·trees (in the South) and vegetables (in the North). islamique. Drought which started since the early 80s and irregular rainfall make the water problem C'est un pays des plus grands d'Afrique, very difficult. s'etendant sur 2.380.000 km2, dont un peu Hence, in the South of the country, the region mostly affected by this natural calamity, the plus de 2.000.000 en espace saharien. La Mascara area, produces far a yearly mean production as far as 40,000 acres of cereals, and 2 during the past campaign (89·90), it produced about 1/4. The 89·90 yield campaign was densite parait faible, 9 habitants/km ; mais catastrophic and had detrimental effects on the market. les 9110 de la population vivent sur les hau­ In fruitful years the country reaches as far as 8 million ares, whereas in 89-90 only 621 tes terres du Nord. thousand ares were harvested. L'inventaire systematique des ressources The development of agriculture is stUl far and wUl depend on the achievement of hydraulic infrastructures, the renewal of the agricultural population and the management of hydrauliques n'est pas encore acheve, mais agricultural sectors (private, socialist). leurs grandes lignes sont connues. Au total, As to agricultural development, the 1980·90 decade is only a transitory stage towards the le volume, mobilisable sur I'ensemble du year 2000. territoire, est de I' ordre de 10 milliards It necessitates the development of hydraulic potential and a water policy. m3/an dont 60% en eau x de surface, 35% All water infrastructures (dams, irrigation networks, purifying waste water systems) should be achieved before the year 2000. en eaux souterraines, et 5 % en recyclage des Water requirements for domestic, industrial and agricultural uses are increasing: improving eau x usees. the existing conditions and coping with the new demands resulting from the economic La mobilisation de ces ressources exige une growth of country is a must. politique hardie et la grande hydraulique reste un element essentiel de la politique a I Resume venir. D'ici I'an 2000, 80 a 100 barrages seront construits, ce qui represente un La situation de I'agriculture algerienne est tres difficile; la production agricole n'a que peu rythme de lancement de 4 5/an. augmente et son poids sur I'economie a diminue considerablement. a Les ressources en eau sont relativement limitees et se reduisent progressivement, au Avec un produit national brut par habitant detriment de I'agriculture. superieur a 2350 dollars, I'Algerie est encore Une portion importante de la superficie irrigable n'est pas actuellement suffisamment nettement en de<;a des grands pays mediter­ approvisionnee en eau pour permettre des cultures riches ou delicates; c'est ainsi qu'on ne raneens. pratique qu' une culture de legumes par an sur la meme terre qui devrait parfois en porter plusieurs. En depit de I'effort de modernisation, des Dans un pays oii I'eau est rare et trop souvent de qualite mediocre, tres peu fut fait depuis points faibles subsistent: le tau x d'accrois­ I'independance en matiere d'irrigation. sement demographique (3,2% par an), 11 faut remarquer la faiblesse des superficies irriguees (en 1958: 224.000 ha; en 1968: I'agriculture qui ne suit pas, le deficit alimen­ 269.740 ha; en 1978: 313.340; en 1988: 335.700 ha) peu plus de 300.000 ha, essentiellement pour les cultures arbustives (agrumes dans le Nord; palmiers au Sahara) et pour les legumes taire qui se creuse, I'effort d'introversion (dans le Nord). economique est loin d'etre atteint, I'on voit Aujourd'hui, la secheresse qui a commenCe a sevir depuis une decennie (Ies annees 80) et que les objectifs fixes sont a la taille des pro­ une pluviometrie capricieuse rendent le probleme de I'eau particulierement difficile. blemes poses. C'est a ce prix seulement que Au Sud du pays, la region la plus touchee par cette calamite naturelle, la Wilaya de Mascara, a titre de comparaison, produit .pour une annee moyenne jusqu'a 40.000 quintaux de I'Algerie repondra en I'an 2000 aux besoins cereales, et durant la campagne ecoulee 89·90, elle n 'a pu recolter qu'environ 114 •. La de ses villes et de son industrie, et qu'elle production de la campagne 89-90 a ete une veritable hecatombe, dont les effets se pourra irriguer le million d'hectares qu'elle ressentent aujourd'hui sur le marche; pour une annee fructueuse, la Wilaya atteint jusqu'a 8 s'est fixee pour objectif. mUlons de quintaux, tandis qu'en 89-90 iI n'a produit que 621 mille quintaux. Le developpement de I'agriculture est encore loin et va dependre de la realisation d'infrastructures hydrauliques, du renouvellement des populations agricoles, de la gestion des secteurs agricoles (prives, socialistes). La vie et l' eau La decennie 1980-90 en matiere de developpement agricole n'est qu'une etape transitoire vers I'an 2000. Ce developpement necessite la mise en valeur du potentiel hydraulique, ainsi qu' une La vie, telle que nous la concevons, n'est pas politique et une planification des ressources en eau. Toutes les infrastructures de possible sans eau. ElIe est si etroitement liee mobilisation de I'eau (barrages, reseaux d'irrigation, d'epuration des eaux usees ... ) doivent etre engagees avant l'An 2000. Les besoins en eau potable, pour le secteur industriel et les activites agricoles, sont (') Institut de Formation Superieure de l'Agriculture, considerables et ne peuvent qU'augmenter: ameliorer les conditions existantes, et faire face Skikda (Algerie). aux nouvelles demandes induites par la croissance economique du pays est une necessite vitale.

34 MEDIT W 1-2/91

a la presence de I'eau que I'on peut se cit s'est accentue au fil des mois et actuelle­ demander pourquoi, de puis quelques Tableau 1 Taux de deficit annee 1988/89. ment la situation est devenue preoccupante annees, nombre de nos contemporains sem­ (Cf. tableau 1): ce tableau fait ressortir le blent surpris par cette evidence, comme s'il Pluie cumulee de Normale cumuli!e Taux de taux de deficit sur certaines regions du pays, s'agissait pour eux d'une decouverte. Stations Septembre de Septembre deficit notamment celles de I'ouest; au fur et a Le role de I'eau est en effet fondamental a Janvier en mm. a Janvier en mm en % mesure que I'on se dirige vers les Wilayas dans la nutrition et le developpement de du centre et de J'est, ce deficit devient moins Tlemcen 79 339 -76 tous les etres vivants, des plantes en parti­ Mascara 80 306 -75 important, la region qui semble la plus epar­ culier. Oran 78 242 -68 gnee des effets de la secheresse est la Wilaya L'homme a vu tres tot l'interet qu'il avait a Chief 152 252 -40 de Setif. apporter sur les terres qu'il cultivait, l'eau Miliana 355 479 - 26 Ainsi I'analyse des situations meteorologi­ d'appoint sans laquelle certaines plantes ne Alger 338 427 -21 ques qui ont interesse not re pays durant ces pouvaient se developper, ou en tous cas Annaba 315 449 -30 dernieres annees fait ressortir que le mois atteindre leurs croissance maximum: il a pra­ Bejaia 497 591 - 16 de fevrier est caracterise par une irregula­ tique I'irrigation. Setif 224 235 - 5 rite dans le passage des perturbations atmos­ Batna 175 193 - 9 Comme pour tout pays situe aux confins de pheriques qui sont a I'origine d'episodes la zone aride voire a I'interieur, la question Sourctr. Centre Meteorologique National. pluvieux. de I'eau est d 'une importance primordiale A titre indicatif nous avons etabli un tableau pour I'Algerie, pays Oll I'eau est rare et trop donnant le nombre moyen de jours de souvent de qualite mediocre; les ressources Tableau 2 Caracteristique climatique du pluie, sur certaines regions, ainsi que la sont limitees, leur utilisation, les besoins mois fevrier. moyenne pluviometrique du mois et la autrefois essentiellement agricoles (irriga­ quantite maximale de pluie que I'on peut Nombre moyen Pluie tion) se diversifient et s'accroissent rapide­ Maximun en enregister en 24 heures (Cf. tableau 2). B de jours mensuelle ment. Stations 24 H en mm ressort de ces donnees que le nombre Le risque de penurie est maintenant partout de pluie en mm moyen de jours de pluie, varie entre 10 et inquietant meme dans les regions du Nord. 15 jours sur les regions du Tell avec des L'eau est en effet, jusqu'a nouvel ordre une Oran 10 45,3 29,9 quantites plus ou moins importantes. valeur a peu pres constante, or, la demande Tlemcen 10 90,1 55 ,3 Trois types de situation peuvent affecter Alger 12 84,7 29,5 surtout celle de l'industrie, croit rapidement Miliana 13 114,2 78,6 notre Pays: et le desequilibre ne fait que s'accentuer; les Annaba 15 77,3 38 ,0 a) Les perturbations atmospheriques probIemes de I'eau sont de venus un frein Setif 14 44,0 40,7 d'Ouest: aussi bien pour le developpement agricole Costantine 14 65,3 43 ,6 leur nombre varie de 2 a 5 tout au long du qu'autre. mois et leur deplacement se fait du Maroc Sourctr. Centre Meteorologique National. vers le Nord Algerien, occasionnant des pluies de 20 a 30 mm, en 24 heures, sur Le climat: contrainte ou amplitudes thermiques, mais les 3/4 de I'ensemble des regions du nord; des vents potentialite? I'annee sont accablants. d'ouest assez fort sont enregistres sur les En Algerie du Nord, J'annee est rythmee par regions cotieres et les temperatures sont I'alternance d 'une saison seche et chaude et relativement douces. La secheresse devient insupportable, J'envi­ d'une saison humide, fraiche et ftoide. ronnement ecologique, les hommes le subis­ b) Les perturbations atmospheriques du La secheresse de I'ete de 3 mois (littoral est) Nord-Ouest: sent trop durement, les oliviers et les aman­ a 4 mois (littoral ouest) passe rapidement a diers, des arbres rustiques reputes tres res is­ 3 a 6 pendant le mois et leur deplacement 5 et me me 6 mois a I'approche de I'Atlas s'effectue du bassin mediterraneen vers les tants, meurent par dizaines; la terre jaunit Saharien. regions du centre et de I'est engendrant des en plusieurs endroits sur les etendues; I'acti­ Elle s'accompagne de moyennes mensuel­ vite agricole regresse considerablement. Ce averses de pluie importantes et un rafraichis­ les pour le mois le plus chaud de l' ordre de sement sensible du temps sur J'ensemble des sont des signes qui ne trompent pas sur la 27 a 30° mais les vents d'est et de sud (Gue­ gravite de la situation. regions du nord; des chutes de neige peu­ bli et Sirocco) peuvent faire passer ces tem­ vent se produire au-dessus de 800 metres. Certains specialistes n'ecartent pas I'even­ peratures tres largement au dessus de 40°C tualite d'un processus de desertification que pendant plusieurs jours. c) Les perturbations atmospheriques du Sud­ la nature a enclenche, on ne sait par quel Ouest: phenomene. 3 °) Regime pluviometrique irregulier ces situations sont tres rares, elles prennent La repartition des precipitations est marquee 1°) Un climat marque par les exces generalement naissance au large des Bes d'une double dissymetrie littoral-interieur. L'aridite saharienne est connue de tous; mais Canaries et se deplacent du nord de la Mau­ Est-Ouest, le quart Nord-Est de I'Algerie du en realite; la secheresse est aussi une menace ritanie vers I'Atlas Saharien, favorisant la Nord etant de tres loin le plus arrose. A titre constante en Algerie du Nord. chute de pluies fortes sur les Wilayas de indicatif, l' annee agricole 1988-1989, a ete Celle-ci situee aux con fins du domaine tem­ Bachar, Tindouf, et Adrar. Sur les regions caracterisee par une irregularite spatio­ pere mediterraneen, largement ouverte sur du Nord, nous assistons a des vents forts et le Sahara, est rattachee pendant I'ete au temporelle dans la distribution du regime chauds (Sirocco). pluviometrique sur I'ensemble des regions domaine subtropical et a ses hautes pres­ Ce type de situations a une gran de influence du Nord du pays. sions. Les perturbations temperees nourries sur J'activite acridienne et peut favoriser des Cette irregularite s'est accompagnee par un par les masses d'eau atlantiques et surtout mouvements d'essaims de gran de ampleur deficit pluviometrique plus ou moins impor­ mediterraneennes ne peuvent circuler que des regions d'infestation (Republique Sah­ tant suivant les regions. pendant un faible nombre de mois. raouie, Mauritanie) vers I'Atlas Saharien. Ce deficit a commence a se manifester Le bilan en eaux superficielles, apparem­ 2°) Un climat mediterraneen aux marges du durant le mois d'octobre et s'est intensifie ment favorable si I'on considere seulement desert tout au long du mois de novembre; le mois des tranches pluviometriques, est de plus Au Sahara les rares precipitations se font en de decembre a ete largement excedentaire pejore par deux autres facteurs: une forte saison frakhe, les temperatures differencient sur les regions du centre et de I'est et a evaporation preleve son tribut sur les Merdja plus les saisons: de novembre a mars, il reduit sensiblement le deficit deja enregis­ de Sebkha, les retenues de barrages, un ruis­ existe un hiver saharien, avec des nu its frai­ tre sans toutefois le combler totalement. sellement actif, aide par la generalisation des ches, voire froides, du fait des tres fortes Par contre, sur les regions de I'ouest ce defi- fortes pentes.

35 MEDlT N° 1-2/91

Les ressources en eaux profondes existent Elle est indispensable a !'intensification et grande source Karstique d' Ain Boumerzougj . cependant, favorisees par l'endoreismej les a la diversification des systemes de culture. la vallee de Boumerzoug n'est plus irriguee ' hautes plaines particulierement a l'est com­ La consommation d'eau est d'autant plus que tres sporadiquementj l'essentiel des portent plusieurs dizaines de nappes, acces­ importante que les techniques utilisees (irri­ 1800 ha de son perimetre est occupe par des sibles par puits et moto-pompages. gation gravitaire avec ruissellement, princi­ cultures extensives. 11 y a au Sahara l'une des plus importantes paIement) entralnent d'importantes deper­ Aujourd'hui, cette source ne suffit plus, la nappes a l'echelle mondiale (de 50 a 2500 ditions. ville fait appel a un forage situe au Hamma m) sans laquelle la mise en valeur moderne b) On oppose generalement deux types au detriment de la Huerta qui alimente la des terres n'aurait sans doute pas ete pos­ d'irrigation. ville en legumes. Un barrage est en construc­ sible. - La petite ou moyenne hydraulique, qui tion a Oued Athmenia, mais sa realisation peut etre traditionnelle (irrigation pas sera la condamnation des irrigations situees seguias a partir de petits barrages de deri­ a l'aval. Seul, le projet du grand barrage sur Des ressources faibles et mal vation etablis dans le lit des Oueds, par le Rhummel inferieur permettra de resou­ reparties exemple) ou moderne (irrigation par moto­ dre reellement le probleme. pompage dans les nappes ou les Oueds, ou Dans la region de Tebessa, les prospections L'AIgerie presente 2 grands types de reser­ a partir de retenues collinaires). Ce type ont permis de trouver et mettre en oeuvre ves hydrauliques: d'irrigation se fait sur des surfaces reduites des debits importants dans le Synclinal - Des chateaux d'eau montagnards dont et il peut etre mis en oeuvre par un fellah Eocene de Cheria. Les services, agricoles les plus importants sont situes dans le Tell seul ou par un petit groupe (irrigation des avaient prepare des projets de mise en central et oriental (grande Kabylie, babors Oasis, des vallees Aurasiennes, des plateaux valeur. 11s ont ete annules au profit de la et ) mais qui ont !'inconvenient de de Mostaganem, ou des hautes plaines cons­ mine de phosphate et de la mine de fer. A ne pas avoir a leurs pieds de vastes plaines tantinoises ... ). travers le pays, ce sont des centaines de ver­ irrigablesj au contraire, la majorite des oueds - La grande hydraulique qui ne peut se faire gers ou de jardins a toute echelle, qui ont qui en sont issus (saufpour I'Ouarsenis) se qu'avec des techniques modernes (forages connu la meme aventure. jettent tres rapidement dans la Mediterranee. profonds et surtout grands barrages)j ce Cette augmentation considerable des - Des nappes souterraines dans les hautes type d'amenagement ne peut etre realise besoins en eau potable et industrielle, ris­ plaines ou plusieurs aquiferes renouvelables que par l'etat et couvre des vastes superfi­ que de poser de graves problemes a court ont ete identifies (nappes du Chott-Ech­ cies de plusieurs milliers d'hectares (grands terme. Chergui, du ... ) et surtout au bas perimetres irrigues de 1'0uest et de l'est). La plus grande partie des perimetres ame­ Sahara Oll se situent les ressources les plus nages pour l'irrigation ne peuvent pas etre importantes: 2 nappes artesiennes renouve­ irrigues: les conflits pour l'utilisation de l'eau lables (continental) et une nappe profonde Un man que sont devenus bien reels en Algeriej ils sont fossile (Albien). d' eau constate regles au benefice de !'industrie et au detri­ L'inadequation entre les ressources et les ment de l'agriculture. besoins est donc flagrante certes, les plai­ Petite et moyenne hydraulique dominent nes co tie res de l' Algerie et du constantinois largementj la grande hydraulique, malgre un Face aux aleas sont avantagees, mais I'Oranie dispose de developpement important, ne permet que ressources inferieures, et surtout les regions l'irrigation de 60.000 ha, le volume de rete­ de la nature situees a la charniere du Tell et des hautes nues des barrages ayant diminue a cause de plaines (Sersou, Hautes plaines Setifiennes l'envasement prononce de certains d'une La Wilaya de Saida, au me me titre que la et Constantinois, versant Sud du ) qui part, et des prelevements industriels et region de Mascara, Relizane, Bordji Bou ont des potentialites agricoles notables et urbains qui se sont fortement accrus Arreridj, a ete declaree zone sin is tree en qui seront demain le siege d'une «ceinture d'autres partj c'est ainsi, la secheresse aidant, 1990 a 85,6%. industrielle», selon les projets actuels, man­ que les 17.000 hectares irrigues de la plaine D'ores et deja, on declare que les ressources quent des aujourd'hui de reserves en eau. de la Bounamoussa, dans la region de agricoles de cette campagne qui debute sont Les ressources mobilisables annuellement Annaba, qui en periode normale rec;:oivent compromises a 50% dans cette region, aux peuvent etre estimees approximativement 45 millions de metres cubes, soit la moitie portes de la steppe et des hauts plateauxj a 17 milliards de m3 dont 80% de ruissel­ de la reserve de la Cheffiaj l'irrigation a ete l'agriculture souffre de prejudices naturels lement et 20% d'eaux souterraines. La con­ purement et simplement interdite pendant qui seront, si c;:a continue, souvent irrepara­ sommation actuelle est d'environ plus de la campagne 89-90. bles. La secheresse se pose de fac;:on aigue 3,5 milliards de m3 dont 1 milliard 1/2 pro­ Une seule exception: l'arboriculture qui a de puis 1981 j Saida est consideree comme vient des eaux souterraines, la marge d'uti­ rec;:u 1,5 million de m3 dans le seul but de une region agro-pastorale a dominance lisation est donc importante, surtout pour preserver les vergers. cerealiere. La campagne 89-90 est jugee etre les eaux de ruissellementj pour les eaux sou­ la plus mauvaise du fait que le rendement a terraines elle est plus faible : 43 % sont utili­ ete de 3,9 quintaux par hectare, alors que la sees. norme moyenne est de 8 quintaux/ha. Emprises sur l' eau Par ailleurs, cette region compte trois aires d'irrigation d'irrigationj Oued Saida (1800 ha)j Tieerit Des besoins croissants (700 ha) et Takhmert (300 ha), un pe rime­ L'extension urbano-industrielle qui s'allonge tre irrigue a Ain Sekjouna de 2.850 ha ali­ L'agriculture est la premiere consommatrice: de fac;:on discontinue exige de gros debitsj mente principalement par les reserves hydri­ plus de 50 % des eaux mobilisees (56% ceux-ci ont ete preleves dans les differents ques du Chott Chergui, pour la decennie selon certaines estimations), I'hydroelectri­ barrages de l'arriere pays, par des systemes 80/90, les precipitations ont oscille entre cite vient en second puis l'alimentation d'interconnections a 1'0uest du pays. La 211 mm et 370 mm, alors que la moyenne humaine et enfin l'industrie. principale victime en a ete le perimetre irri­ Seltzer est 435 mm. Cet effet combine, s'arti­ a) Une irrigation quasi-indispensable. gue de Sig qui ne rec;:oit plus les debits neces­ culant entre la mauvaise repartition dans le L'irrigation est pratiquement obligatoire en­ saires et voit ses vergers pericliter et les temps et l'espace et I'insuffisance de la pluie, dec;:a de !'isohyete 400 mm, c'est-a-dire, au taches de salure s'etendre. a produit des taux de sinistres tres impor­ sud de l' Atlas Tellienj elle est souhaitable A l'est, les besoins croissants de la ville de tants dans la productionj la compromission pendant la saison sec he dans les regions Constantine ont ete couverts par preleve­ a ete de 100% pour les legumes seCSj 85% mieux arrosees. ment, partiel d'abord, total ensuite, sur la pour les fourrages.

36 MEDIT W 1-2/91

L'introduction de nouvelles techniques l'hydraulique, avec une enveloppe finan­ eaux a partir de l'Oued Chellif. Cet impor­ d'irrigation, pour enrayer ce phenomene ciere de 550 milliards de dinars; au total, tant projet consiste en la realisation d'un naturel, par les forages et les retenues colli­ 100.000 ha de terres devant etre mis en irri­ barrage de prise non loin de l'embouchure naires est en mesure de sauver la produc­ gation au cours du 2t me plan. de l'Oued Chellif, d'une retenue de com­ tion_ pensation de 250.000 m3, le demarrage des travaux de realisation prevu courant l'annee Des projets 1991. Une planification spatiale Le systeme transfert Chellif, ainsi conc;:u, d' envergure permettra de fournir un volume moyen indispensable journalier de 430.000 m3/jour pour l'ali­ Depuis deux ans la region d'Oran souffre mentation en eau potable et industrielle du La localisation des reserves ne correspond d'un manque d'eau et subit des restrictions couloir Mostaganem-Oran et un volume de pas a celle des besoins. Une politique de pla­ draconiennes. Cette situation est due aux 95 millions de m3 pour les besoins de l'irri­ nification spatiale commence a se mettre en effets de la secheresse qui sevit dans toute gat ion des terres dans la region. place pour remedier a cette inadequation. la region ouest du pays. La secheresse n'est pas la seule mise en Deux grands types de situations se presen­ L'eau dans la region d'Oran est principale­ cause, la verite est qu'on est en train de subir tent le premier est celui des plaines littora­ ment assuree a partir des eau x superficiel­ le$ consequences du desinteret longtemps les (Oran, Alger, Skikda Annaba) dans les­ les mobilisees par les barrages de Ouizert; observe vis-a-vis du secteur de l'hydrauli­ quelles la masse d'activites represente une Bouhanifia, Fergoug (Mascara) et Beni­ que. D'ol! actuellement l'accumulation d'un consommation enorme et necessite la mobi­ Bahdel (Tlemcen) avec un faible apport en important deficit difficile a rattraper; le nom­ lisation des res sources de tous types dans eaux souterraines, des nappes locales dont bre derisoire de barrages n'arrivait pas a cap­ un rayon relativement large. les reserves sont limitees et de qualite ter un pour cent des 10 au 12 milliards de La region d' Annaba est riche en eau, et pour­ mediocre (saumatres). m3 d' eau de plui. tant la coexistance de gros consommateurs Le volume que fournissent ces infrastructu­ Le Maroc pour avoir suivi une politique sou­ (ville de 629.890 habitants, siderurgie, peri­ res hydrauliques, en periode normale est de 3 tenue en matiere d'hydraulique, traverse ce metre de 17000 ha) en fait actuellement une l'ordre de 190.000 m /jour, ce qui rep re­ cycle de secheresse avec une gran de sere­ region deficitaire. Les forages dans les cor­ sente environ 79% des besoins, soit un defi­ nite grace a l'apport de ses centaines de bar­ dons dunaires et le barrage de la Cheffia se cit assez important de 21 % . rages. revelant insuffisants, il va etre fait appel aux Actuellement, ce deficit a ete aggrave con­ eaux montagnardes frontalieres, qui seront siderablement par les effets de la secheresse captees par le barrage de Mexenna, regula­ dont les consequences ont conduit a la fer­ risees par le lac Oubeiran et dirigees sur meture des quatre barrages sus-cites a la Est-il possible de developper Annaba. suite de l'epuisement des reserves non le Sud? La seconde situation est celle des hautes plai­ renouvelees. nes seches; puisque l'Algerie juxtapose Pour faire face a cette situation, on a pro­ Dans cet immense domaine (Sahara) qui regions tres arrosees et regions semi-a rides cede a la realisation, l'equipement et represente a lui seul 6 a 7 fois la superfie des illui faut retrouver a l'heure des techniques l'adduction de neuf forages dans la Wilaya domaines steppiques et Telliens la vie modernes, les vieilles complementarites de Tlemcen qui ont perm is la mobilisation s'organise autour d'une preoccupation inter-regionales, sous forme de transferts du de 25.000 m3/jour exclusivement a destina­ majeure: la recherche de l'eau. Nord vers le Sud. tion de la zone ouest d'Oran. Par ailleurs, L'evolution des cinquante dernieres annees Complementarite plus delicate a mettre en l'achevement et la mise en service de est caracterisee par une simplification des oeuvre qu'au Maroc ou les piemonts semi­ l'adduction Cheliff-Fornaka a permis le systemes d'irrigation et l'utilisation des arides sont situes en contrebas des monta­ transfert d'un volume 35.000 m3/jour a moindres ressources en eau. Temoins les gnes humides. Ici, les plaines semi-arides destination de la zone industrielle d'Arzew. conduites drainantes souterraines du type sont interieures et perchees. Il faut proce­ Avec la mise en oeuvre de ces projets, le Foggara au Touat, les puits a balancier de der a la fois par transfert et refoulement. volume global mobilise et exploite au pro­ la Saoura; les Ghout, cuvettes artificielles La region de , seche et perchee a 1000 fit de la region oranaise s'eleve a ce jour a permettant d'atteindre la nappe sous l'Erg m d'altitude, en est un exemple. Les eau x 95.000 m3/jour soit un taux de couverture a Eloued ... jusqu'aux forages profonds et de la region (barrage de Bakhada) profitaient des besoins de 40% environ, ce qui ne per­ motopompes remplac;;ant pratiquement tous jusqu'a present au bas-pays (perimetre de met pas la satisfaction de la demande et les systemes traditionnels qui ont fait la cele­ Relizane). Celui-ci est alimente desormais impose les restrictions importantes prati­ brite du Sahara. par le barrage recemment construit de Ben quees actuellement au niveau de la distribu­ Aouda et les eau x de Bakhada seront refou­ tion. lees sur 400 m de denivellation pour alimen­ Des potentialites ter la ville de Tiaret et les deux zones indus­ hydrauliques appreciables trielles du Sersou. Des programmes On voit donc que, dans tous les cas, l'appro­ visionnement en eau des regions fortes con­ d'urgence Les possibilites agricoles sahariennes sont sommatrices ou des zones aux reserves fai­ reelles grace aux res sources hydrauliques bles passe par des transferts massifs, en par­ A court terme un projet qui est en cours de profondes. Ce sont les nappes profondes ticulier des chateaux d'eau Telliens vers les realisation et qui porte sur un transfert des qui ont permis apres la seconde guerre mon­ Hautes plaines semi-arides. La planification eaux a partir de la basse Tafna; entrera en diale, un veritable essort du Sahara, des lors spatiale de l'utilisation des ressources en eau fonction fin 1990. que l'on a maitrise la technique des forages est des aujourd'hui d'actualite en Algerie. Ces ouvrages fourniront un volume journa­ profonds. lier de 190.000 m3/jour supplementaires Le vaste bassin sedimentaire du bas-Sahara dont 160.000 m3/jour au profit de la region comporte deux nappes artesiennes superpo­ d 'Oran. sees, celle du continental terminal, connue Des moyens financiers Un deuxieme projet de gran de envergure, depuis longtemps dans l'Oued Righ, et celle appreciables destine a assurer l'approvisionnement en du continental intercalaire l'une des plus eau des agglomerations de Mostaganem et importantes nappes artesiennes a l'echelle Le 2eme plan quinquennal 1985-1989 a mis d'Oran, a ete repris par le gouvernement mondiale retenue sous le Sahara (de 50 a l'accent en particulier sur l'agricuJture et debut janvier 1989; il s'agit du transfert des 2500 m) dans les sables et gres; comprenant

37 MEDIT N° 1-2 /9 1 notamment le cf(!tace inferieur; elle est ne peut parler de developpement de 1'irri­ Bibliographie exploitee depuis 1948. gation que si les infrastructures de mobili­ La premiere est alimentee par les ecoule­ sation d'eau existent. Annuaire statistiques de I'AIgerie, n. 12, Editions 1985. ments sahariens sur tous les revers rocheux De !'independance a 1980, seuls 3 barrages BruleJ.C. et FomaineJ. (1990): L 'Algerie: volontarisme qui ceinturent le grand Erg Oriental. La ont ete mis en service; 1'hydraulique n'etait etatique et amenagement du territoire. Office des publi­ cations universitaires (O.P.V.) AIger, 1990,248 p. seconde au contraire est alimentee a partir pas consideree comme une priorite, et Cote M. (1983): L'espace algerien, les premices d 'un du Nord, par le ruissellement sur 1'Atlas l' Algerie s' es t mise en retard dans ce amenagement du territoire (O.P. U.), AIger 1983,278 p. Saharien et les Hautes plaines, car il y a con­ domaine d 'au moins une quinzaine Dahmani M. (1984): Planijication et amenagement du tinuite de circulation en profondeur entre territoire (O.P. U.), A1ger 1984, 278 p. d'annees. Apres la creation d'un ministere Testini C. (1988): Criteres et metbodes d'evaluation de le compartiment Atlassique et le comparti­ de 1'hydraulique en 1977, un effort intense la qua/ite des eaux. Istituto Agronomico Mediterraneo ment Saharien. est alors decide, qui se manifeste par un (Bari-Italie), Annee Academique 1988. developpement important des credits pour Divers: Hebdomadaires, Revolution africaine n. 1395 du 1'hydraulique. 28/11 /90 . Dossier sur la secheresse par: Abbes Mouars, Des etudes optimistes Ce qui a permis la realisation de plus d'une Boussalem A., Bouziane Ahmmed Kodja. dizaine de barrages de 13 a 175 millions de Les etudes menees sous l'egide de m3 de capacite soit plus d' l milliard de m3• 1'UNESCO ont montre que cette nappe se En tout, en 1990 le volume regularise par renouvelle mais a une vitesse si lente que les barrages devrait etre le triple de celui de les eaux utilisees aujourd'hui correspondent 1980. D'ici 1'an 2000, on prevoit la mise en a des pluies tombees au cours des periodes chantier de 70 a 80 barrages (y compris les pluvieuses du quaternaire. Cependant la barrages en cours). taille du reservoir est si gigantesque (60.000 Parallelement l'Algerie porsuit un vaste pro­ milliards de m3) qu'il est possible de mul­ gramme de forages dans les hautes plaines tiplier par trois le volume preleve algero-oranaises (bassin du aujourd'hui sans handicaper 1'avenir a long et du ) et au Sahara. Le terme. developpement de la petite et moyenne Faut-il rappeler qu'en Libye, il existe un hydraulique, doit continuer et s'accelerer, fameux projet d'alimentation par cette en particulier grace a la creation d'une entre­ nappe, d'un non moins fameux lac artificiel prise publique, economique (ANABIB) spe­ de plusieurs dizaines de kilometres carres de cialisee dans la fabrication du materiel surface et quelque 50 m de profondeur. d'irrigation, aussi et surtout grace a la mul­ L'eau il faut la pomper, elle n'appartient a tiplication des retenues collinaires (petits personne. barrages de moins de 500.000 m3 de capa­ L' on ferait passer l' extraction de 51 cite qui permettent 1'irrigation de quelques m3/seconde aujourd'hui (hypo these faible) dizaines d'hectares). a 58 m3 (hypo these forte). 1000 a 1500 Exemple: les hautes plaines de 1'Est sont par­ nouveaux forages assureraient ce debit. Ce semees de «perimetres irrigues» de quelques programme permettrait d'ici 1'an 2000 de dizaines a quelques centaines d'hectares ou combler les deficits actuels, et de multiplier !'irrigation par motopompes a permis l'essor par 2.5 les superficies cultivees et par con­ d'un maraichage tres intensif. Il y a ici sans sequent une demultiplication de l'irrigation doute la mutation rurale la plus remarqua­ (par pivot, par micro-jet, par goutte a ble en Algerie. Les basses terres vides a voca­ goutte .. .) dans le bas Sahara. tion pastorale, sont maintenant les centres L'utilisation des eau x superficielles est de gravite du peuplement. L'extension de exceptionnelle et se limite a quelques epan­ !'irrigation est encore, a 1'heure actuelle, la dages de crues, sur des marges espacees, perspective principale pour accro'ltre les constamment menacees par 1'ensablement; rendements et satisfaire aussi les besoins ali­ au contraire, les forages profonds ont per­ mentaires de la population. mis d'etendre ou de creer des palmeraies La production d'aliments et de matieres pre­ consequentes, dans le Ziban et dans 1'Oued mieres peut etre multipliee dans 1'avenir. Il Righ en particulier. est evident que le but du developpement de A court terme, ces reserves peuvent large­ !'irrigation est d'ameliorer la situation ali­ ment soutenir 1'effet de developpement mentaire ainsi que l' environnement. engage au Sahara; mais non sans inconve­ 11 est egalement evident que le risque de sali­ nients; les eaux chaudes et mineralisees, nisation et d'alkalinisation secondaire sera sont parfois d'une utilisation difficile. Les un des obstacles majeurs vers 1'obtention prelevements importants entrainent vite une d'un tel objectif, si on n'intensifie pas les chute de debits; le rejet des eaux usees pose etudes de ce risque, et que 1'on applique des des problemes dans ces espaces endorei­ methodes de prevision et de prevention. ques; en fin les cOtns d'exploitation sont tres L'eau d'irrigation, me me de bonne qualite, eleves. est une source majeure de sels solubles; un Une irrigati

38