Mise à jour Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC

sur

l’arnoglosse plantain plantagineum

au Canada

ESPÈCE PRÉOCCUPANTE 2002

COSEPAC COSEWIC COMITÉ SUR LA SITUATION DES COMMITTEE ON THE STATUS OF ESPÈCES EN PÉRIL ENDANGERED WILDLIFE AU CANADA IN CANADA

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :

Nota : Toute personne souhaitant citer l’information contenue dans le rapport doit indiquer le rapport comme source (et citer l’auteur); toute personne souhaitant citer le statut attribué par le COSEPAC doit indiquer l’évaluation comme source (et citer le COSEPAC). Une note de production sera fournie si des renseignements supplémentaires sur l’évolution du rapport de situation sont requis.

COSEPAC 2002. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’arnoglosse plantain (Arnoglossum plantagineum) au Canada − Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 14 p.

WHITE, D.J. 2002. Rapport de situation du COSEPAC sur l’arnoglosse plantain (Arnoglossum plantagineum) au Canada – Mise à jour, in Évaluation et Rapport de situation sur l’arnoglosse plantain (Arnoglossum plantagineum) au Canada − Mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. Pages 1 - 14.

Rapport précédent :

KEDDY, C. 1988. Rapport de situation du COSEPAC sur l’arnoglosse plantain (Arnoglossum plantagineum) au Canada. Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. 28 p.

Note de production : La mise à jour du rapport de situation de 1999 n’a jamais été terminée. Elle a plutôt été revu, et un résumé technique a été ajouté. L’espèce était autrefois appelée « cacalie tubéreuse » par le COSEPAC.

Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :

Secrétariat du COSEPAC a/s Service canadien de la faune Environnement Canada Ottawa (Ontario) K1A 0H3

Tél. : (819) 997-4991 / (819) 953-3215 Téléc. : (819) 994-3684 Courriel : COSEWIC/[email protected] http://www.cosepac.gc.ca

Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Update Status Report on the Tuberous Indian-plantain Arnoglossum plantagineum in Canada.

Illustration de la couverture : Arnoglosse plantain — Vascular Image Library, Texas A&M University.

Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2003. PDF : CW69-14/322-2003F-PDF ISBN 0-662-89727-7

HTML : CW69-14/322-2003F-HTML ISBN 0-662-89728-5

Papier recyclé

COSEPAC Sommaire de l’évaluation

Sommaire de l’évaluation – Mai 2002

Nom commun Arnoglosse plantain

Nom scientifique Arnoglossum plantagineum

Statut Espèce préoccupante

Justification de la désignation Des occurrences limitées signalées dans cinq zones littorales du lac Huron sont sujettes à l’exploitation et à l’utilisation de nature récréative, mais certaines populations se trouvent dans des zones protégées.

Répartition Ontario

Historique du statut Espèce désignée « préoccupante » en avril 1988. Réexamen et confirmation du statut en avril 1999 et en mai 2002. Dernière évaluation fondée sur un rapport de situation existant.

iii COSEPAC Résumé

Arnoglosse plantain Arnoglossum plantagineum

Information sur l’espèce

L’arnoglosse plantain est une astéracée vivace à feuilles principalement basilaires et longuement pétiolées, ressemblant à celles du plantain majeur. La hampe florale émerge du centre de la rosette de feuilles basilaires et peut atteindre 1,8 m de hauteur. Elle porte de 30 à 100 capitules de fleurs blanches réunis en corymbe. En Ontario, l’espèce fleurit en juin et libère ses graines de juillet à août.

Répartition

L’arnoglosse plantain se rencontre aux États-Unis depuis l’Ohio et le vers le sud jusqu’au Texas et en l’. Au Canada, l’espèce est présente uniquement dans le Sud de l’Ontario.

Habitat

L’arnoglosse plantain pousse surtout au soleil, dans les prés mouilleux à sol calcaire et les tourbières minérotrophes riveraines.

Biologie

Peu de données ont été publiées sur la biologie de l’arnoglosse plantain. Cette espèce vivace ne se reproduit que par voie sexuée (graines).

Taille et tendances des populations

Au Canada, l’arnoglosse plantain est présent dans environ 13 localités situées dans des tourbières minérotrophes et des herbaçaies riveraines. L’effectif canadien de l’espèce compte au moins 5 000 pieds florifères et plusieurs fois ce nombre de pieds végétatifs.

iv Facteurs limitatifs et menaces

La principale menace pour l’espèce vient de la construction de chalets et des activités d’entretien connexes, notamment le fauchage de l’herbe en bordure de l’eau, ainsi que des activités récréatives.

Importance de l’espèce

On ne connaît aucune propriété particulière à l’espèce.

Protection actuelle ou autres désignations

L’espèce se rencontre dans un certain nombre de parcs, de réserves naturelles et de zones de conservation, où elle bénéficie d’une certaine protection. Cependant, la plupart des sites connus se trouvent sur des terrains privés.

Résumé du rapport de situation

Au Canada, l’arnoglosse plantain est présent dans environ 13 localités situées dans des tourbières minérotrophes riveraines du lac Huron, dans des herbaçaies riveraines des rivières Maitland et Ausable et à l’intérieur des terres (un site, dans le comté de Simcoe). L’effectif de l’espèce était plus élevé en 1998 que dix ans auparavant, peut-être en raison de conditions plus favorables à l’espèce, ou d’une intensification de la recherche. Environ 5 000 pieds florifères ont été comptés, et il existe plusieurs fois ce nombre de pieds végétatifs. Les milieux humides où pousse l’arnoglosse plantain sont menacés en permanence par la construction de chalets.

v MANDAT DU COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine le statut, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés et des populations sauvages canadiennes importantes qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées à toutes les espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, lépidoptères, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

COMPOSITION DU COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes fauniques des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans, et le Partenariat fédéral sur la biosystématique, présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres ne relevant pas de compétence, ainsi que des coprésident(e)s des sous-comités de spécialistes des espèces et des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

DÉFINITIONS

Espèce Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie. Espèce disparue (D) Toute espèce qui n’existe plus. Espèce disparue du Canada (DC) Toute espèce qui n’est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs. Espèce en voie de disparition (VD)* Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente. Espèce menacée (M) Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitatifs auxquels elle est exposée ne sont pas renversés. Espèce préoccupante (P)** Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels. Espèce non en péril (NEP)*** Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril. Données insuffisantes (DI)**** Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d’un manque de données scientifiques.

* Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000. ** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999. *** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ». **** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation lors des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.

Environnement Environment Canada Canada

Service canadien Canadian Wildlife de la faune Service

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

vi

Mise à jour Rapport de situation du COSEPAC

sur

l’arnoglosse plantain Arnoglossum plantagineum

au Canada

David J. White1

2002

1R.R. nº 3 Lanark (Ontario) K0G 1K0

TABLE DES MATIÈRES

INFORMATION SUR L’ESPÈCE ...... 3 Nom et classification...... 3 Description...... 3 RÉPARTITION ...... 3 Répartition mondiale...... 3 Répartition canadienne...... 4 HABITAT ...... 4 Besoins de l’espèce...... 4 Protection et propriété des terrains...... 4 BIOLOGIE ...... 6 TAILLE ET TENDANCES DES POPULATIONS...... 6 FACTEURS LIMITATIFS ET MENACES ...... 10 IMPORTANCE DE L’ESPÈCE ...... 10 PROTECTION ACTUELLE OU AUTRES DÉSIGNATIONS...... 10 SOMMAIRE DU RAPPORT DE SITUATION ...... 10 RÉSUMÉ TECHNIQUE...... 11 REMERCIEMENTS...... 13 OUVRAGES CITÉS ...... 13 L’AUTEUR...... 13 EXPERTS CONSULTÉS...... 14

Liste des figures

Figure 1. Gros plan de plusieurs capitules d’Arnoglossum plantagineum ...... 3 Figure 2. Répartition de l’Arnoglossum plantagineum en Amérique du Nord...... 4 Figure 3. Répartition de l’Arnoglossum plantagineum au Canada (en Ontario)...... 5

3 INFORMATION SUR L’ESPÈCE

Nom et classification

Nom scientifique : Arnoglossum plantagineum Raf. Synonyme : Cacalia plantaginea (Raf.) Shinners Noms commun : arnoglosse plantain; cacalie tubéreuse Famille : Astéracées (Composées) Grand groupe végétal : Dicotylédones

Description

L’arnoglosse plantain est une astéracée vivace à feuilles principalement basilaires et longuement pétiolées, ressemblant à celles du plantain majeur. La hampe florale émerge du centre de la rosette de feuilles basilaires et peut atteindre 1,8 m de hauteur. Elle porte 30 à 100 capitules de fleurs blanches réunis en corymbe (figure 1). En Ontario, l’espèce fleurit en juin et libère ses graines de juillet à août (Keddy, 1988).

Figure 1. Gros plan de capitules d’Arnoglossum plantagineum (gracieuseté de Texas Vascular Plant Image Library, Texas A&M University)

RÉPARTITION

Répartition mondiale

L’arnoglosse plantain se rencontre aux États-Unis depuis l’Ohio et le Michigan jusqu’au Texas et à l’Alabama (figure 2).

3

Figure 2. Répartition de l’Arnoglossum plantagineum en Amérique du Nord, d’après White et Maher, 1983, in Argus et al., 1982-1987.

Répartition canadienne

Au Canada, l’espèce est présente uniquement dans le Sud de l’Ontario (figure 3).

HABITAT

Besoins de l’espèce

L’arnoglosse plantain pousse surtout au soleil, dans les prés mouilleux à sol calcaire et les tourbières minérotrophes riveraines (Keddy, 1988).

Protection et propriété des terrains

Plusieurs sites de l’espèce sont situés dans des parcs et d’autres aires protégées; cependant, la majorité se trouvent sur des terrains privés, dont la plupart sont très recherchés aux fins d’exploitation.

4

Figure 3. Répartition de l’Arnoglossum plantagineum au Canada (en Ontario).

Les sites se trouvant dans des milieux protégés sont les suivants : un site dans le parc provincial MacGregor Point (propriété du ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, qui en assure la gestion); les sites de Dorcas Bay, situés en partie dans le parc national de la Péninsule-Bruce (propriété de Parcs Canada, qui en assure la gestion) et en partie dans la réserve naturelle Dorcas Bay (propriété de la Federation of Ontario Naturalists); un des sites d’Oliphant, situé dans la réserve naturelle Oliphant Fen (propriété des associations Owen Sound Field Naturalists et Saugeen Field Naturalists); le site de Dyers Bay, situé dans le parc national de la Péninsule-Bruce (propriété de Parcs Canada, qui en assure la gestion); un des sites de la rivière Ausable, situé dans l’aire de conservation Rock Glen; un des sites de la rivière Maitland, situé dans l’aire de conservation Falls Reserve; et une grande partie du site de Red Bay, situé dans la réserve naturelle Petrel Point (propriété de la Federation of Ontario Naturalists).

5 Enfin, le site de Southampton se trouve sur un terrain appartenant à la Ville de Southampton et géré par celle-ci.

BIOLOGIE

L’arnoglosse plantain montre une préférence pour les tourbières minérotrophes et les herbaçaies bordant le lac Huron. Or, les terrains bordant ce lac sont très en demande pour la construction de chalets et de maisons de retraite. Bien que les zones les plus favorables à l’espèce soient généralement trop mouillées pour la construction d’habitations, elles sont souvent aménagées en gazons d’ornement ou fauchées afin de faciliter l’accès à la plage pour la baignade et la mise à l’eau des bateaux.

L’arnoglosse plantain est une espèce vivace qui ne se reproduit que par voie sexuée (graines).

TAILLE ET TENDANCES DES POPULATIONS

En Ontario, l’arnoglosse plantain se rencontre dans cinq régions : les tourbières minérotrophes riveraines du lac Huron, situées du côté ouest de la péninsule Bruce; plusieurs prés riverains des rivières Maitland et Ausable, situés près du lac Huron; les rives de la rivière Thames (une population, découverte récemment); une localité située près du lac Simcoe (un individu isolé). Sauf indication contraire, les effectifs donnés par Keddy (1988) et par moi-même en 1998 ne comprennent que les pieds portant des fleurs ou des fruits. Les effectifs donnés par d’autres auteurs englobent généralement les pieds florifères et les pieds végétatifs. Comme on compte parfois dans une population douze fois plus de pieds végétatifs que de pieds florifères, et même plus (obs. pers., 1998), il faut faire très attention lorsqu’on établit des comparaisons.

Keddy (1988) mentionne un individu isolé au sud d’Orillia, près du lac Simcoe (site 1 sur la carte de la figure 3). Le propriétaire du terrain, H. Cattley, l’a observé encore en 1993 ou en 1994; la plante présentait alors deux hampes florales (H. Cattley, comm. pers., 1998).

En 1993, Mike Oldham a découvert au bord de la rivière Thames une population de plus de 100 individus, sujets végétatifs et florifères probablement confondus (site 2 sur la carte de la figure 3). C’est la première mention de l’espèce pour la Thames. Cette population se trouve à environ 40 km au sud-est des sites de la rivière Ausable.

Keddy (1988) mentionne trois sous-populations, de 1, de 3 et de 18 individus florifères, situées à moins de un kilomètre les unes des autres, sur les berges de la rivière Ausable, près d’Arkona (site 3 sur la carte de la figure 3). Le 27 juillet 1998, j’ai exploré les lieux où était signalée la sous-population de 18 individus et y ai trouvé deux individus florifères. Oldham (1998) mentionne quatre autres populations, situées à peu près dans le même secteur et observées pour la dernière fois en 1984 et 1985.

6 Deux d’entre elles comptaient chacune une centaine d’individus, végétatifs et florifères confondus. Le 27 juillet 1998, j’ai découvert une population tout près de ce secteur, dans l’aire de conservation Rock Glen; elle regroupait 24 individus végétatifs et un individu florifère. L’espèce n’est donc pas disparue de la région; cependant, les données démographiques sont insuffisantes pour permettre de déterminer si ces populations ont évolué depuis 1988.

Il y a plusieurs mentions de l’espèce pour les rives de la rivière Maitland, à moins de 20 km du lac Huron. Keddy (1988) en confirme une seule, à savoir une population de 59 individus florifères située à Benmiller (site 4 sur la carte de la figure 3). Le 26 juillet 1998, j’ai trouvé dans ce secteur une cinquantaine d’individus florifères. Dans Oldham (1998), on trouve une mention de plusieurs individus dispersés, observés en 1987 au nord de Holmesville (site 5 sur la carte de la figure 3). Le 26 juillet 1998, je n’ai trouvé dans ce secteur aucun individu florifère de l’espèce. Il est possible que la population ait été détruite par le fauchage pour faire place à du gazon ou encore par le broutage intensif des bestiaux qui paissent jusqu’au bord de la rivière. Comme le reste de l’herbaçaie est très dense, il est possible que l’arnoglosse plantain soit passé inaperçu simplement parce qu’il n’était pas en fleurs. Oldham (1998) cite une autre mention de 1987, pour le Nord de Clinton (site 6 sur la carte de la figure 3), laquelle n’est accompagnée d’aucune indication d’abondance. J’ai exploré ce secteur le 26 juillet 1998 et n’ai trouvé aucun individu florifère de l’espèce. L’herbaçaie est dominée par d’épaisses touffes d’alpiste roseau (Phalaris arundinacea), et l’arnoglosse plantain n’a peut-être pas été aperçu simplement parce qu’il ne portait pas encore de fleurs ou de graines. Oldham (1998) mentionne également trois populations situées sur les berges de la Maitland (site 4 sur la carte de la figure 3) : l’une observée en 1995 dans l’aire de conservation Falls Reserve, à un kilomètre au sud-ouest de Benmiller, où l’espèce est décrite comme rare et locale, les deux autres observées en 1993 à 2 et à 3 kilomètres à l’est-sud-est de Goderich et pour lesquelles il n’y a aucune indication d’abondance. L’arnoglosse plantain est donc toujours présent sur les berges de la Maitland, et on en connaît aujourd’hui plusieurs sites non mentionnées dans Keddy (1988).

L’effectif ontarien de l’arnoglosse plantain est concentré du côté ouest de la péninsule Bruce. Keddy (1988) mentionne six principales localités, certaines abritant plusieurs sous-populations. D’après les relevés que j’ai effectués en 1998, ce secteur abrite aujourd’hui des milliers d’individus florifères de l’espèce.

Keddy (1988) mentionne 9 colonies de 1 à 100 individus pour Chief’s Point Bay (site 7 sur la carte de la figure 3). J’ai effectué un relevé dans cette localité le 16 juillet 1998; j’ai considéré les neuf colonies comme quatre sous-populations, en raison de leur proximité. J’y ai compté (138) 420, (100) 75, (20) 124 et (plusieurs centaines) 300+ individus florifères [le nombre entre parenthèses est celui de Keddy (1988)].

7 Pour Oliphant Sud (site 7 sur la carte de la figure 3), Keddy (1988) mentionne trois groupes d’individus dispersés. Le 16 juillet 1998, j’y ai observé cinq colonies comptant 170, 66, 126, 340 et 35 individus florifères.

Pour Oliphant Nord (site 7 sur la carte de la figure 3), Keddy (1988) mentionne quatre colonies, de 60, de 20 et, pour les deux dernières, de quelques individus dispersés. Le 16 juillet 1998, j’y ai dénombré respectivement 200+, 90, 1 500+ et 60 individus florifères. La colonie de 1 500+ individus se trouve à l’intérieur de la réserve naturelle Oliphant Fen, propriété des associations Owen Sound Field Naturalists et Saugeen Field Naturalists.

À Red Bay (site 8 sur la carte de la figure 3), Keddy (1988) a dénombré des centaines de pieds d’arnoglosse plantain. Dans Oldham (1998), ce site est désigné « Howdenvale Bay - Petrel Point ». Le 16 juillet 1998, j’y ai dénombré 1 400 pieds florifères de l’espèce. Une grande partie de cette colonie se trouve dans la réserve naturelle Petrel Point, propriété de la Federation of Ontario Naturalists.

À Pike Bay (site 9 sur la carte de la figure 3), Keddy (1988) a dénombré 20 individus florifères de l’espèce. Le 16 juillet 1998, j’en ai compté 120.

Keddy (1988) a trouvé à Dorcas Bay (site 10 sur la carte de la figure 3) six colonies d’arnoglosse plantain de 10 à 110+ individus. J’ai effectué un relevé dans cette localité le 24 juillet 1998, et j’ai considéré que les six colonies en forment une seule, en raison de leur proximité. J’y ai compté 506 individus florifères. Cette colonie se trouve en partie dans le parc national de la Péninsule-Bruce, appartenant à Parcs Canada et géré par cet organisme, et en partie dans la réserve naturelle Dorcas Bay, propriété de la Federation of Ontario Naturalists. J’ai découvert deux autres colonies, l’une à un kilomètre et l’autre à trois kilomètres au sud de Dorcas Bay, comptant respectivement 14 et 106 individus florifères.

Une mention de l’espèce répertoriée en 1948 pour Southampton, dans la plaine inondable de la rivière Saugeen (site 11 sur la carte de la figure 3), n’a pas été retrouvée par Keddy (1988). Le 10 juillet 1998, Muriel Andraea (comm. pers., 1998) a trouvé une douzaine de pieds florifères sur une terrasse fluviale surélevée, dans un parc public appartenant à la Ville de Southampton, où ils risquent fort d’être fauchés (M. Andraea, comm. pers., 1998). Il y a déjà eu une autre petite population de l’espèce à Southampton Sud, à l’embouchure d’un cours d’eau se déversant dans le lac Huron, mais cette population a été détruite par l’exploitation des rives du lac vers 1970 (M. Andraea et J. Heagy, comm. pers., 1998).

Oldham (1998) mentionne plusieurs populations (environ de 35 à 40 individus en tout) découvertes par J. Johnson en 1984 près du ruisseau Sucker, entre Red Bay (site 8 sur la carte de la figure 3) et Pike Bay (site 9 sur la carte de la figure 3), non mentionnées par Keddy (1988). J’ai exploré rapidement ce secteur le 16 juillet 1998 et n’y ai trouvé aucun individu florifère de l’espèce.

8 Selon Oldham (1998), des spécimens d’arnoglosse plantain auraient été récoltés en 1988 (aucune indication quant à l’abondance de la population) dans le parc provincial MacGregor Point (site 12 sur la carte de la figure 3). J’ai exploré ce secteur le 22 juillet 1998, mais en vain. L’habitat semblait pourtant répondre aux exigences de l’espèce. Il est possible que je sois passé à proximité d’individus végétatifs sans les voir.

J. Johnson a observé l’arnoglosse plantain à Corisande Bay (site 13 sur la carte de la figure 3) en 1982 (Oldham, 1998), mais il n’a donné aucune indication quant à l’abondance de la population. Cette mention ne figure pas dans Keddy (1988). Je me suis rendu sur les lieux le 24 juillet 1998, mais je n’y ai pas retrouvé l’espèce. Il convient de préciser qu’il s’agit d’un secteur assez vaste que je n’ai pu explorer à fond. L’arnoglosse plantain a également été observé à Johnson Harbour-Pine Tree Point, une localité voisine, en 1982 (Oldham, 1998).

L’arnoglosse plantain est mentionné également (sans indication de la date) pour la tourbière minérotrophe du lac Cameron (près du site 10 sur la carte de la figure 3), située dans le parc provincial Cypress Lake, qui fait aujourd’hui partie du parc national de la Péninsule-Bruce (Oldham, 1998). Je me suis rendu sur les lieux le 24 juillet 1998, mais n’ai pas réussi à retrouver ce site. L’indication de la localité est vague, et il est possible que je n’aie pas cherché au bon endroit. Oldham (1998) mentionne un autre site (également près du site 10 sur la carte de la figure 3) découvert en 1994 dans le parc national de la Péninsule-Bruce, à l’ouest de Dyers Bay, mais ne donne aucune information sur l’effectif de ce site.

Plusieurs sites historiques n’ont pas été revus depuis bien avant 1988, année du premier rapport sur la situation de l’espèce; ce sont le site de Colpoy’s Bay (site 14 sur la carte de la figure 3), observée pour la dernière fois en 1969; le site de Big Bay (site 15 sur la carte de la figure 3), observé pour la dernière fois en 1935; le site de Sauble Beach (site 16 sur la carte de la figure 3), observé pour la dernière fois en 1951; le site de Stokes Bay (site 17 sur la carte de la figure 3), observé pour la dernière fois en 1935; le site de Wingham (site 18 sur la carte de la figure 3), observé pour la dernière fois en 1968; le site de Tobermory (site 19 sur la carte de la figure 3), observée pour la dernière fois en 1929.

9 FACTEURS LIMITATIFS ET MENACES

Selon Keddy (1988), les principales menaces pesant sur l’arnoglosse plantain en Ontario sont le fauchage, le drainage et le piétinement. La situation n’a pas beaucoup évolué depuis 1988. Les sites situés sur les rives de la Maitland et de l’Ausable risquent d’être piétinées par les pêcheurs et les collectionneurs de fossiles, tandis que les principales populations de la côte ouest de la péninsule Bruce risquent d’être détruites par l’expansion résidentielle, le fauchage et la création de gazons d’ornement, ainsi que la circulation des véhicules tout-terrain.

IMPORTANCE DE L’ESPÈCE

Les corymbes de fleurs qui se dressent au-dessus du feuillage agrémentent le paysage des milieux humides. Aux États-Unis, certaines pépinières commerciales offrent des espèces du genre Arnoglossum adaptées aux prairies mouilleuses.

PROTECTION ACTUELLE OU AUTRES DÉSIGNATIONS

L’organisme NatureServe (2002) a attribué à l’arnoglosse plantain, le 22 mars 1989, la cote S3 (espèce vulnérable) à l’échelle de l’Ontario et la cote N3 à l’échelle du Canada. L’espèce ne bénéficie actuellement d’aucune protection juridique au Canada.

SOMMAIRE DU RAPPORT DE SITUATION

Lorsque le COSEPAC lui a attribué le statut d’espèce vulnérable, en 1988 (Keddy, 1988), l’arnoglosse plantain (Arnoglossum plantagineum Raf., alors classé sous Cacalia plantaginea [Raf.] Shinners) était répertorié pour quatre régions d’Ontario : tourbières minérotrophes riveraines du lac Huron, situées du côté ouest de la péninsule Bruce; herbaçaies riveraines de la rivière Maitland et de la rivière Ausable, situées à faible distance du lac Huron; lac Simcoe (un individu isolé). La situation de l’espèce n’a pas beaucoup évolué depuis 1988. Les recherches effectuées par plusieurs personnes ont mené à la découverte d’autres populations; d’après les relevés que j’ai effectués en 1998, le nombre de pieds florifères avait augmenté dans bon nombre de populations. L’accroissement apparent de l’effectif de l’arnoglosse plantain est peut-être en partie attribuable au fait que les conditions climatiques ont été plus favorables à la floraison de l’espèce en 1998 qu’en 1988. La construction de chalets et le fauchage de l’herbe menacent en permanence les rives du lac Huron.

10 RÉSUMÉ TECHNIQUE

Arnoglossum plantagineum Arnoglosse plantain; cacalie tubéreuse Tuberous Indian-plantain Répartition : Ontario

Information sur la répartition • Zone d’occurrence (km2) >1 000 • Préciser la tendance (en déclin, stable, en croissance, inconnue). stable • Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occurrence (ordre non de grandeur > 1)? • Zone d’occupation (km2) peut-être <20 • Préciser la tendance (en déclin, stable, en croissance, inconnue). peut-être un léger déclin • Y a-t-il des fluctuations extrêmes dans la zone d’occupation (ordre non de grandeur > 1)? • Nombre d’emplacements existants environ 13 sites récemment confirmés; 6 sites historiques; 1 site disparu récemment [la base de données du CIPN mentionne 14 sites récemment confirmés et 9 sites historiques ou disparus] • Préciser la tendance du nombre d’emplacements (en déclin, stable, aucune tendance nette en croissance, inconnue) • Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’emplacements non (ordre de grandeur > 1)? • Tendance de l’habitat : préciser la tendance de l’aire, de l’étendue ou peut-être un léger déclin des de la qualité de l’habitat (en déclin, stable, en croissance ou inconnue) habitats disponibles Information sur la population • Durée d’une génération (âge moyen des parents dans la population : On ne sait pas. indiquer en années, en mois, en jours, etc.). • Nombre d’individus matures (reproducteurs) au Canada (ou préciser environ 5 000 pieds florifères et une gamme de valeurs plausibles). peut-être plusieurs fois ce nombre de pieds végétatifs • Tendance de la population quant au nombre d’individus matures (en aucune tendance nette; les déclin, stable, en croissance ou inconnue) relevés de 1998 ont peut-être été plus exhaustifs. • S’il y a déclin, % du déclin au cours des dernières/prochaines dix années ou trois générations, selon la plus élevée des deux valeurs (ou préciser s’il s’agit d’une période plus courte). • Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures non (ordre de grandeur > 1)? • La population totale est-elle très fragmentée (la plupart des individus non, mais les sites sont se trouvent dans de petites populations relativement isolées regroupés dans quelques [géographiquement ou autrement] entre lesquelles il y a peu secteurs où l’habitat convient à d’échanges, c.-à-d. migration réussie de < 1 individu/année)? l’espèce. • Énumérer chaque population et donner le nombre d’individus se reporter au corps du texte matures dans chacune. • Préciser la tendance du nombre de populations (en déclin, stable, stable (de 6 à 9 populations en croissance, inconnue) historiques, mais une seule population disparue récemment)

11 • Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de populations (ordre non de grandeur > 1)? Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats) La principale menace vient de la construction de chalets et de l’utilisation de l’habitat de l’espèce à des fins récréatives. Effet d’une immigration de source externe faible • L’espèce existe-t-elle ailleurs (au Canada ou à l’extérieur)? États-Unis • Statut ou situation des populations de l’extérieur? répandue dans le Centre-Est des États-Unis • Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? peu probable • Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre à oui l’endroit en question? • Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible pour les individus oui immigrants à l’endroit en question? Analyse quantitative

12 REMERCIEMENTS

Mike Oldham, botaniste au Centre d’information sur le patrimoine naturel, à Peterborough, a fourni des documents de référence ainsi qu’une liste des mentions de l’espèce, avec des précisions sur les confirmations récentes. Muriel Andraea et Jean Heagy, de London, ont fourni les données sur la population de la région de Southampton. Helen Cattley, d’Orillia, a fourni les données sur le site du comté de Simcoe. Katy White, de Lanark, a participé aux travaux sur le terrain dans les régions de Dorcas Bay et de Cypress Lake. Le présent rapport a été financé par le Service canadien de la faune d’Environnement Canada.

OUVRAGES CITÉS

Keddy, C. 1988. Status report on the Indian-plantain (Cacalia plantaginea) in Canada. Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada. Service canadien de la faune, Ottawa. Rapport inédit. 23 p. Oldham, M.J. 1998. Element Occurrence Records of Indian-plantain (Cacalia plantaginea). Extrait de la base de données du Centre d’information sur le patrimoine naturel, ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, Peterborough. 38 p. NatureServe. 2002. NatureServe Explorer: An online encyclopedia of life, Version 1.6 (2001). Arlington (Virginie). Application Web : http://www.natureserve.org/explorer (consultée le 9 octobre 2002). White, D.J., et R.V. Maher.1983. Cacalia plantaginea (Raf.) Shinners, Indian-plantain, page non numérotée, in G.W. Argus, K.M Pryer, D.J. White et C.J,. Keddy (éd.). 1982-1987. Atlas des plantes vasculaires rares de l’Ontario.

L’AUTEUR

David J. White détient un B.Sc. en biologie et travaille depuis plus de 25 ans à répertorier les zones naturelles et à évaluer la situation et l’importance des plantes rares. Il a effectué ses premiers relevés en 1972, dans le cadre du Programme biologique international. De 1973 à 1983, il a occupé un poste de technicien de recherche au Musée canadien de la nature. Durant cette période, il a été coauteur de plusieurs publications sur les plantes rares, dont l’Atlas des plantes vasculaires rares de l’Ontario. Depuis 1984, il travaille à son compte à titre de consultant en sciences biologiques sur des projets variés, notamment des inventaires et des évaluations de zones naturelles et des rapports sur les espèces envahissantes. Il est auteur de trois rapports de situation originaux et auteur ou coauteur de dix mises à jour.

13 EXPERTS CONSULTÉS

L’information sur les localités a été fournie par Mike Oldham du Centre d’information sur le patrimoine naturel, à Peterborough (Ontario).

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