PIERRE KLOSSOWSKI PIERRE KLOSSOWSKI

CATHERlNE GRENIER BERNARD BUSTÈNE CLAUDE RITSCHARD PASCAL BONITZER MARIE-DOMINIQUE WICKER

ANTHOLOGIE DES ÉCRITS DE PIERRE KLOSSOWSKI SUR L'ART

FRANCO CAGNETr A ANDRE MASSON PIERRE ZUCCA

L'ÉTAT DES LIEUX LA DIFFERENCE/CENTRE NATIONAL DES ARTS PLASTIQUES Anthologie des écrits de Pierre Klossowski sur l'art La Judith de Frédéric Tonnerre *

Maintes fois traité par le� anciens maitres. quant à la facture et la mise en page. témoigne plus rarement par les modernes jusqu'à dispa­ de l'identité entre la nature et Je style que tous raitre tout à fait. le s'Ujet de Judith et Holo­ les maîtres du genre ont observée.·-- dégageant pheme a été repris par 'fonnerre de façon le style dans la nature en effet. élaborant leur répréhensible. mais avec l'aplomb qui caracté­ vision de la nudité féminine d'après un en­ rise les travaux de sa meilleure quoique brève semble de points de repères émotifs, les

période (1865-73). - si toutefois l'on consent à accentuant tantôt ici. tantôt là selon li! tempéra­ admettre sa manière d'imagier subcil sous son ment et l'humeur. les agençant à la faveur de tel apparente vulgarité, au lieu de condamner en ou tel aperçu du corps dans l'espace. Et il n'y bloc ses travaux comme autant d'appendices aurait point de style :;i les structures naturelles inévolués de la grande peinture, et particulière­ ne coïncidaient. de façon contrariante, éprou­ ment sa Judith. et cela au nom d'une tradition vante pour le savoir-faire de l'artiste, avec les i<:onographiq ue dont ce tableau semble se points de repères émotifs que sont toujours tant réclamer frauduleusement. pour le contemplateur que pour l'artiste. les Le réalisme. tempéré de rêverie et de reflets différentes zones du corps féminin : col. néoclassicistes, qu'il tient d'une triple. succes­ épaules, seins, ventre. flancs. chute des reins. sive influence (Courbet dont il fut l'élève, après cuisses, genoux et mollets, que les attitudes, Chassériau et Ingres) n'en est pas moins soit de tnise en mouvement. soit de repos. soit fortement équilibré par un métier accompli et de la position à la renverse ou de la station sans tricherie. et une franchise pleinement debout. doivent mettre en valeur. Or. dans le éduquée. qui le préserve de tomber dans les Nu-sujet. les attitudes quelles qu'elles soient. déliquescences poétiques où un Gustave Mo­ restent, quant à l'effet totalement subordon­ reau a fini par se complaire. nées à l'ex.pression de la physionomie même en Aussi bien pour juger sa Judith et la décrire. laquelle se reflètent encore une fois toutes les faudrait-il retrouver la sobriété sinon la naïveté nuances d'un état actif ou passif, et qui permet convenue d'un amateur des Salons de Diderot, à pareilles œuvres d'enfermer le contemplateur - d'autant que pareille entreprise ne disposait dans leur nécessité. encore d'aucune théorie ni d'aucune subversion Sur un fond vaporeux de tentures bleu systématique pour se défendre. et ne prétendait sombre se détache, de face. dans toute sa non plus à aucune démonstration académique. nudité, la grande jeune femme accroupie. le si ce n'est d'affirmer avec de solides moyens le front incliné, ceint d'un diadème, couvant du plaisir de représenter ses émotions. regard l'énorme tête de I' Assyrien décapité Et puisque nous avons affaire ici à l'un des qu'elle tient entre ses cuisses - visage de Nus de Tonnerre, - mais quel ! - voyons ce madone aux paupières baissées. les ailes du nez qui empêcherait de ranger cet élève oublié de fortement accusées. humant presque le pos­ Courbet parmi les maitres du Nu traditionnel, thume assouvissement de l'homme puni, mais du Nu en tant que sujet, dès lors que sa Judith, respirant le sien propre. Les fossettes aux joues. la moue de ses lèvres satisfaites plutôt que priantes, l'immodestie de ses triomphants appas, l'indécence de la pos­ ture donnée à cette figure monumentale - si ' ln figv.rt�. septembre 1961. Paris. Holopherne sans tête se fût avisé lui-même de

162 la peindre, l'effet n·en eût pas été plus maléfi­ S'appuyant de la main sur la tête tranchée que! d 'Holopherne. elle est campée, le mollet au Observons l'élan du buste et du torse de ce puissant galbe ramené contre la cuisse. le pied corps féminin. haut et immobile. suivons. dans posé sur le linge du lit, un peu en deçà du ses angles et ses courbes. le mouvement des niveau où gît ia tète de l'homme - ce qui, en bras. qui va s'articulant depui� les doigts de la contraste avec le rayonnant visage qui domine. main écartant le voile jusqu'à l'extrémité de a pour effet d'accentuer le caractère animal de l'autre main. qui repose sur la face d' Holo­ la posture. réservant à la vue en cett:� partie pherne dans la partie inférieure du tahieau. inférieure l'en-dessous de la cuisse écartée dont Et d'abord. la force pleine. comme soupesée. on remonte le muscle en saillie et dont on des épaules et des seins à l'épiderme poli. aux retrouve. sous le mollet. au niveau de la teintes ivoirines. la le gère torsion du cou cheville. le pli sïncurvant à la naissance de la transparent. commandée par l'inclinaison i1 fesse lëgèrement rebondie - là où se renouvel­ peine indiquée du front el du visage aux .ioues lent des nuances de jaune moyen et de veloutées. A hauteur desquelles. perpendicu­ vermillon. tandis que l'autre jambe offre, ù laire. 1 ·avant-hras dres.�e. retournant. vers gauche du tableau. le. volume en fuseau de la l" oreille. la main vue de dos, d'un geste cuis.�e étalée que frôle la chevelure de l'homme. désinvolte de ses doigts effilés re_jetant le voile jusqu·au genou au bord de la couche dont le qui. attaché au diadème. flotte dessus l'épaule. linge forme. la hase du tableau. geste valant un soupçon de coquetterie. dans le Quant à Holopherne. quant à ce qui reste de rapport de la main au contour du visage. lui - plus qu'ailleurs ici la partie vaut le tout ! rehaussant le plein des joues. les arcades des Ouelle lubricité s'en alla avec le tronc. la tête. sourcib. les paupières baissées ; l'intense recti­ par sa seule dimension. en serait le gage. qui. tude du neL. les lèvres bien fendues. . les retranchée dans l'ivresse. en concentre pour fosse.ttes du sourire et la presque vorace lors la sinistre amertume -- sa barbe nous cache fermeté du menton. A quoi s'ajoute la ligne sa plaie : mais, tel quel. réduit ù la seule ondoyante du cou. la rondeur des epaules. expression d'un regard éteint. à rout jamais fixe l'onctueuse sphericité des seins. qui sollicitent a sur la cause même de son extinction. gisant là. ü l'excès la tactilité même du contemplateur. défaut du corps - quel cri véhément frustre sa Le geste de la main écartant le voile haus�e bouche. horriblement béante entre les cuisses légèrement le contour de l'épaule. ménage.ant de sa meurtrière. prompte à noyer dans le sang un vide où se découpe la longue encolure. l'infamie assumee. tant que docile i1 l'odieuse l'autre épaule sïnf!échissant d'un degré dans étreinte ·1 l'allongement du bras gauche, lequeL pressé Or. pareille té.te ne différerait en rien de celle contre le sein. en r.elève un peu le mamelon. plus d'une fois entrevue. livide. dans 1 'iconogra­ mettant une asymétrie dans la disposition de la phie biblique. de Goliath, pendue aux frêles gorge. bien soutenue . en des teintes de jaune phalanges des doigts du pâtre, ni celle du moyen et de Sienne' naturelle. et donnant de Baptiste sur le plat de la - n'était ici l'animation dans la région dessus le dôme du le lieu où Tonnerre a choisi de la disposer et la ventre, d'un ocre scintillant. que. contourne faire figurer sur son tableau. placée sur le linge ravant-bras dessus le pubis sans pour autant le du lit, contre le pubis de son exécutrice. mélant dissimuier. mais avanç

163 Quelle est ici l'idée de Tonnerre ? Quelle est quelques promeneurs dont une famille, përe, cette pudeur inversée de Judith '? Craint-elle mere et enfants. s·attardent devant un mar­ encore d"étre vue par lui davantage qu'elle ne chand de limonade. Cet arriëre-plan de loisirs se montre au contemplateur. ou Holopherne citadins est tracé en retrait sur une ligne voit-il dës ce moment I� ciel ? L'artiste a-t-il d'omhre un peu au-dessus de la partie de la cedé à la tentation de montrer deux choses dans cuisse. cernant l'énorme tète au premier plan. un seul geste. quïl appartient pour lors au comme si la tente se dressait telle une baraque contemplateur de démëler ? N'a-t-il pas voulu foraine en pleine promenade parisienne. trop insister sur un mouvement dans l'âme de la · Est-ce un mouvement d'humeur de !"artiste, justiciëre qui exclurait chez elle la simplicité de un besoin de respirer l'air pur de la banalité l'héroïne, la candeur de la sainte ? Ses doigts quotidienne qui l'a poussé à ouvrir sur des allongés. et peints avec tant de délicatesse. et extérieurs familiers et contemporains une issue qui font de cette main féminine et hardie une à l'insoutenable vision enclose dans le clair­ tache chaude sur le fond cireux de la tëte obscur du tabernacle où s'abrite sa songerie ? exsangue. traduiraient un ultime ressentiment. Je pense bien plutôt qu'il a recherché le l 'omhre d'une émotion que !'Esprit saint aurait moyen de situer exactement la maniëre libre de laissé subsister en elle. à l'intention de la son interprétation : les gens que l'on. distingue peinture peut-être ... là-bas déambulant en toute quiétude (et qui Mettons que Tonnerre se soit ëgaré à choisir nous dit qu'ils ne viennent de traverser la tente ce. sujet biblique pour se livrer à une démons­ d'Holopherne sans se douter de rien) évoquent, tration de ce genre. qu'un autre détail permet­ avec l'aperçu des jardins de la ville. le monde tra peut-être d'éclaircir. Il a voulu rompre avec incrédule et capon pour lequel Tonnerre a la tradition qui nous montrait Judith. vêtue et travaillé. Ce monde-là malgré ses propres vices armée du cimeterre. foulant aux pieds la tête et à cause de sa propre frivolité. marque une d'Holopherne. Mais s'il a voulu exploiter le indifférence si assurée à l'égard d'une sem­ therne légendaire quitte â le défigurer. c'est blable vision, que l'événement qu'elle repré­ qu'il ne pouvait pas non plus se passer de cet sente. pour n'avoir pas été prévu. peut éclater â ëpisode de la Bihle pour faire ce tableau. tout moment avec d'autant plus de force dans Cédant â la magie du titre, dans la crainte de les consciences, d'abord en ruiner quelques­ faire un assemblage de figures qui lui paraiss�it unes et bientôt un plus grand nombre. A autrement ahsurde. il l'a intitulé Judith pour l'opposé de ce monde, le nôtre, en revanche. rendre sa composition viahle pendant qu'il y produit en série des Judith sans Holopherne et travaillait, quand ce titre. au point de départ de des tëtes d'Holopherne sans Judith. à telle son improvisation. la rendait impossible dës enseigne que ces deux noms sont devenus qu'il l'avait achevée. Tout de mëme il retient de totalement superflus. D'où il résulte que de nos la légende biblique les quelques notations jours le sort de Tonnerre ne serait pas plus requises : le fond évoque bien l'intérieur orien­ enviable qu'il ne le fut en son temps. Il avait t:il de la tente assyrienne. mais un rideau de donc raison de peindre son tableau et de cette tente est �;oulevé et laisse entrevoir des l'intituler Judith et Holopherne. Voilà qui lointains qui n'ont plus de rapport aucun avec explique à la fois le caractère provocant de sa l'action du premier plan -- mais plus d'un peinture et son exclusion d'une chance. quelcon­ maître primitif et précisément ces maitres que de succës. Car. quand par ce détail n'ont-ils pas usé maintes fois de pareil contraste apparemment secondaire de sa toile, Tonnerre comme d'un stratagëme pictural et métaphysi­ aurait prétendu amadouer l'improbable ama­ que ? : sous les plis de ce rideau soulevé teur de son tableau. il se serait trompé. apparaît en échappée. haignée de la lumiëre du Incapable. de se soustraire â sa hantise là Dieu couchant, une allée des Champs-Elyséc:s où ne plaise !) mais désireux d'expier sa franchise

164 « oculaire », il a tenu à rappeler que lui non expliquer ni à excuser la complaisan ce e.t la plus n'était pas insensible il c:es divertissements fureur quïl mettait à pein dre des scènes aussi paisible s. Je doute seulement que ceci suffise ;\ épouvanta bit!,\. La décadence du nu *

Quelqu'un nous dira : le Nu est toujours le avons fait du reste une " catégorie ., de l'ex­ Nu. Dans les académies, il y a toujours des pression grâce au surréalisme, qui nous le rend modèles. Quant a savoir si c'est du Nu que l'on parfaitement acceptable - ce mauvais gout y enseigne. qui donc oserait le croire ou le n'en appartient pas moins au " palpahle ., - encore prétendre ? Comment cela fut-il jamais pos­ donc a l'espace où l'éclairage n'est pas la a sible? " clarté diffuse. '" mais conspire lu vision Voilà un genre de question que l'on ne se d'autant plus obsédante qu'elle est convention­ posait évidemment pas aux environs de 1800. nelle de ces formes, oblongues, rondes et qui corps Mais dès 1899. à Munich, Klee. alors élève de courbes con�tituent le féminin. oppo­ à de Une Knirr. avait déja le vague sentiment de perdre sées celles angulaires l'homme. Femme-Homme notoire - on sait l'importance son temps. Au sortir de son apprentissage chez Stuck. venu a Rome avec Haller. il voulut une que les titres allaient prendre dans l'œuvre de « fois de plus s'astreindre a travailler d'après Klee - cette légende" équivoque rend à seule de nature. donc a étudier le Nu. et de retour à compte elle cette affinité profonde Berne, ses scrupules le poussèrent jusqu'ù. e�tre l'artiste et le corps féminin qu'il projette. l'anatomie. Ici, l'androgynie purement anecdotique n'en traduit pas moins une �ynthèse psychique « L'anatomie, cette science affreuse ! " s'é­ il : tait écrié Ingres soixante ans auparavant. sous-jacente. préalable cette circonstance faire du Nu. Nous avons précisément de sa période d'ap­ même Je prentissage a l'atelier Knirr. une esquisse de " De que l'hnmme - note Klee-. tableau lui aussi a un squelette, des muscles. Nu. intitulée : Une Femme-Homme notoire. Dans le contexte de ses aventures d'alors et de une peau. On peut parler d'une anatomie ses tentations érotiques. notées dans son Jour­ particulière du tableau. Un tableau ayant pour �1 selon ;'lal. ce dessin vigoureux . avec la vision du sujet" un homme nu .. n'est pas figurer modèle que caractérise le titre. n'est pas sans l'anatomie humaine. mais selon celle du ta­ bleau. On commence a construire une char­ révéle-r tout un substrat affectif dont Klee voulut par la suite se libérer en même temps pente pour la peinture ;, b:itir. Jusqu'a quel deg ré s'en écarter. voilà qui est facultatif: dès t1ue des moyens plastiques alors enseignés dans ce milieu fort trouble. �;·en débarrasser pour la charpente se peut exercer un effet pictural plus profond qu'a partir de la seule surface. n devenir lui-mème. pour accéder a la « peinture polyphonique "·lui. l'ancien élève de Stuck. de (. Journal). Le cas si particulie.r de Klee. contemporain, �1 ce maitre « dépourvu du sens de la couleur .. ses l'impres­ lequel nous a laissé entre autres ces visions de débuti;, de la seconde periode de femmes lascives accouplées avec des serpents. sionnisme, offre historiquemenl un point de de Et pourtant. le mauvais goût de Stuck - repère premier ordre pour la conception du tahleau " en-soi "· telle. qu'elle s·est imposée " mauvais gout ,, Je cette epoque dont nous aux touks dernières tendances. En 1905. Klee note encore : « � sujet en-soi est définitivement mort. • "'!.;1 déc.idcncc du nu tThc f:illin� Nymphs t .. in ..\ri News Annu:1J n'' '.\. 11167. tcaJuH 10 /.<".< •·uhii·r.t ,/11 ('hemin. C'est la sensibilité qui, n:•lativement au sujet. l•:iri•. (;,,mmanl. 1971>. 111 f.u Rt•.u1•mMum·•". Pierre Kfos. passe ;1u premier plan. La prépondér;mce des "'w'ki. Ed. R�rnin·j1. �far.cille. 1014. �uj ets érotiques qui n-.:st pas un phénomène

106 exclusivement français. dénote plutôt une pré­ d'lngres ou de la Femnu' au perroquet de dilection pour tout ce qui flatte· particulière­ Delacroix ? Evidemment non. ces tableaux ment la sensihilité. La forme extérieure de ce montrent exactement ce que le titre indiqut>. . fait devient particulièrement variahle et se meut L'« anatomie ,, du tahleau est-elle ici distincte sur toute la gamme des tempéraments. Selon la de i·anatomie des femmes représentées '> souplesse de l'index, pourrait-on dire en l'oc­ Au juste. qu'est-ce que la " belle nudité .•.· � currence. Conformément à quoi varient les Ët par rapport à celle-ci. qu·est-ce donc que le techniques de la représentation. L" école du Nu ·.> Terme purement académique propre genre "vieux-maitres .. est certainement liqui­ d'une part à rassurer le contemplateur et dée. ,, d'autre part à garantir des intentions de l'artiste Klee attrihue la variété des moyens techni­ qui plaide son droit d'étudier la " nature '" ques à l'épanouissement de la sensihilité et cet Tout le monde sait. tout le monde savait encore épanouissement�· " la prépondérance de su.jets il y a pius de cent ans. que c'était !"occasion érotiques "pour autant qu ïls flattent la sensihi­ ofrerte. à la faveur des prestiges d'un maître. de lité picturale. C'est ainsi que les moyens mis en considérer une « helle dame nue ». Point de teuvre pour la fin sensihle finissent par l'empor­ vue de lycéen, songerie de puhère. sans doute ter. se suhordonnent la fin, et nous ohtenons la exploitée par une statuaire et une peinture notion intellectualiste du tahleau en soi. L'an::1- douteuses. dénoncée selon le critère du « bon " tomie humaine de la " bdk� nudité ,; se trouve et du « mauvais goût ., (d'après lequel même résorhée dans I«'. anatomie du tableau "· La Delacroix réprouvait certains nus de Courhetj. « bel le nudité ,, (le Nu en tant que sujet) le Mais de nos jours. alors que le renouvellement cède au Nu motif. au Nu fortuit, et ce dernier des techniques dans les arts plastiques a assuré peu à peu, neutralisé d'abord. se désarticule ou l'universalisation du « bon goût », - les se dissout selon les lois propres désormais au « moins de seize ans » savent que pour voir les tableau en soi. bel les nudités, ce n'est pas dans les musées qu ïl Que le nu soit à figurer. non selon l'anatomie faut aller. mais au cinéma. Quel progrès ! humaine mais selon l"anatomie du tableau, cela Après la photographie, le cinéma aura, à plus signifierait simplement que la syntaxe du ta­ forte raison, « libéré la pei nture du besoin bleau - couleurs étalées sur une surface plane d'imiter la nature ». - doit être avant tout respectée indépendam­ Entre 1800 et 1899 cependant. l'artiste. dût-il ment de notre optique naturelle pour traduire se nommer M. Ingres. autant que le contempla­ d"autant mieux notre contenu d'expérience par teur de ses tableaux, garde l'âme du lycéen. des équivalences. Tous les maîtres n'ont-ils pas avec ses songeries de pubère. La désabusée travaillé ainsi '! conclusion des héros de !"Education sentimen­ Mais ce n·est pas simplement cela que Klee tale: " C'est peut-étre ce que nous arnns eu de veut dire : l'anatomie du tableau suppose que le meilleur • - voilà qui forme le fond de la tableau est un en-.wi qui s'anime. qui respire sensibilité, tant à la fin du siècle dernier qu·au selon ses lois propres. peu importe ce qu'on lui début du nôtre. et cela indifféremment. chez les cionne à dévorer pour le sustenter. barbouilleurs, chez les grands maîtres et leurs Est-ce que. par hasard, LJ1 Grande Odalisque publics respectifs. Mais au fur et à mesure que d'lngres ou Les Grandes Baigneuçes de Renoir les crises et les malheurs sociaux menacent, que ne présupposeraient pa s cette anatomie du les convulsions du monde moderne se font de tableau. indépendamment de l'anatomie des pl us en pl us accablantes. la rnau vaise Nus qu'il représente ? Sans aucun doute. conscience attaque cette naïveté et ses forces Allons-nous subtiliser et dire que le tahleau. impulsives tant dans la peinture que partout et. « en-soi ''· donne un Nu qui est un autre ailleurs. Les symptômes que l'on peut relever • en-soi '" dès lors qu'il s'agit d'une Odalisque jusque dans la vision picturale du Nu. de cette

167 ambiance délétère du malheur et de l'angoisse cences pompéiennes dans le nu de La Toilette. de moderne, ces symptômes n'ont rien de Dans le contexte de ce crépuscule de la commun avec ce qui a pu se manifester sous ce légende du corps féminin. le cas de Gauguin est rapport aux époques antérieures. l'agressivité significatif : le type exotique des jeunes filles même d'un Goya se fait complice des malheurs tahitiennes apparaît dans ses nus comme une sociaux jusqu'à exploiter l'angoisse aux fins de réhabilitation de la nature en tant que style. son art. Il se garde d'exprimer cette angoisse Dans quel sens � fit l'émancipation qu'ap­ extérieure dans ses nus si ce n'est par sa propre portait Gauguin pour qui la"' barbarie était un émotion ressentie devant son modèle. rajeunissement "· lui qui disait s'être reculé Tout le contraire se passe pour nous autres, bien au-delà des chevaux du Parthénon. jus­ depuis les quarante dernières années. Scrupules qu'au de son enfance ? Je vais répondre humanitaires. révoltes devant la misère collec­ ici par quelque chose de tout à fait à côté. qui tive se combinant çà et là avec des visions n'a rien à voir avec le renouvellement des individuelles désespérées, tout un climat de techniques picturales. mais tout de même avec revendications ne tolérant plus la vision naïve et le" dada de l'enfance>) : la sérénité animale du immédiate des images de ce. monde. climat type exotique de ses jeunes Tahitiennes marque essentiellement iconoclaste, voil3 qui au lende­ une nouvelle rupture avec un élément impor­ main du modern'style, au crépuscule de l'im­ tant de la vision traditionnelle de la " belle pressionnisme, prépare les conditions favo­ nudité " : à savoir l'auto-exhibitionnisme de la rables à la " nouvelle objectivité », chez des femme, inhérent au Nu traditionnel. Comment tempéraments germaniques notamment. qui remarquer l'absence de cet élément dans les prétendront déceler dans les images d'une tableaux tahitiens de Gauguin ? On touche ici à sérénité révolue, relies qu'elles survivent en­ un complexe spécifiquement occidental dont la core chez quelques derniers maîtres français, peinture moderne a voulu se purger · le des signes de décadence " latine » - tempéra­ complexe du dévoilement. ments qui, avec une disposition innée pour le Les maîtres du Nu traditionnel -- du Nu en cafard. interpréteront Van Gogh à partir du cas tant que sujet distinct du Nu fortuit - ont en pathologique de ce maître. et exploiteront son effet observé dans leur expression picturale trait et sa ligne de manière à prolonger dans l'identité entre la nature et le sryle et dégagé le l'expressionnisme leur propension à la catas­ style dans la nature, élaborant leur vision de la trophe. nudité féminine d'après un ensemble de points De-s nostalgies de. fin de siècle, en particulier de repère émotifs les accentuant tantôt ici, des hantises hermaphrodisiaques. prononcées tantôt là. selon leur tempérament et leur dans l'ornementalisme du modern'style. annon­ humeur, les agençant à la faveur de rel ou tel çaienr chez Beardsley, mais aussi dans la Vierge aperçu du corps dans l'espace. Et il n'y aurait dans l'arbre de Klee, le " Nu angoissé par son point de style si les structures naturelles ne indétermination sexuelle " - expression esthé­ coïncidaient avec des points de repère émotifs, tique des revendications pédérasto-féministes. c'est-à-dire les différentes zones du corps contemporaines des enquètes de Havelock Ellis féminin ; col. épaules, seins. ventre. flancs. -- idéal éphémè.re et inconsistant opposé à chute de reins. cuisses, genoux et mollets que cette C:poque aux fortes et terribles évocations les attitudes soit de mise en mouvement. soit de des " prostituées »de Lautrec. qui. à ce repos. soit la position à la renverse ou la station 1noment. n'avait pas encore déployé les res- debout. doivent mettre en valeur. Mais. par­ 50urces infinies de son artisanale polyvalence. dessus tout. le moyen le plus conventionnel en semble avoir fait ironiquement écho à l'idéal de apparence. mais le plus subtil en réalité quant à ce « Nu angoissé » dans les Deux s<:�urs. l'intention de l'ensemble, résidait dans la quoiqu'il eût d'autre part exprimé des réminis- physionomie du modèle féminin er parfois dans

168 les mains. exprimant chez. la femme la dans une chamhre - de Delacroix. pour autant conscience d"être vue ou de se voir elle-même qu'émerge de l'ohscure intimité de sa chamhre dans le secret. de sïnventmier ou de se faire l'éveil de son animalité sous les prestige� de son voir ou encore de s'ahandonner à une éventelle corps. apparaît sur le tahleau comme un dehors indiscrétion. capté au--dedam de la femme même. Aux époques classiques le genre convention­ Les maîtres modernes. qui ont conservé le nel des scènes légendaires permettait de varier Nu dans sa vision traditionnelle. ohservent en à !"infini la dramaturgie du Nu en tant que sujet effet le style dans la nature, lïdentité entre la (surprise. pudeur. violence) suggérant parfois nature et le style. Mais dans leur représentation toutes les phases de J"hahillé au dévêtement. de la femme nue - qu'il s'agisse d'une jusqu'à la nudité totale. selon les préte xte� dormeuse. d'une haigneuse. ou d'une femm« fournis par les thèmes traités. Avec l"ahandon oisive - c·est toujours d'une manière quelcon­ progressif des thèmes légendaire� pour les que le sentiment de sa propre nudité qui aspects de la vie quotidienne jusqu"à lïnstaura­ culmine dans l'attitude de la tête ou dans tic.in du Nu comme « instantané " · la dmmatur­ l'expression du visage. Or. ce r.entiment gie du Nu s'est intériorisée. après que Frago­ conscient. chez la femme. de sa propre nudilé. nard eut pour sa part développé une mimique que les maitres expriment par un .ieu quelcon­ tour en se jouant des dangers du maniérisme que de physionomie, si111e le moment "ani­ qu'elle risquait d'apporter. Comment dès lors le mal » de sa présence corporelle en tant que Nu. dépourvu de prétextes avouahles autres motif pictural. On touche ici à un ensemhle que celui de !'« étude académique ». aurait-il d'opérations mentales. â un jeu de miroirs sans pu se soutenir sinon traité comme sujet ? lequel le Nu traditionnel, le Nu sujet n·aurait Ce que !"on est convenu de qualifier d'anec­ jamais pu s'e.xpliciter dans la peinture. dotique aujourd'hui. je voudrais l'attrihuer ici Qu'il s'agisse d'un sentiment narcissique ou au contenu dramatique du Nu chez Ingres. d"une joui�sance de sa propre corporéité, c'est Chassériau, Delacroix. Courhet. Manet et Re.­ ce sentiment méme qui. dans la physionomie de noir. Selon cette conception. l'apparence mani­ la femme représentée. reflète le regard ·du feste de la nudité cèle un insaisissahle secret. peintre. Dans l'assoupissement des [)eux amie.�

Dans la peinture traditionnelle le Nu figure de Courhet - Le Sommeil - les visages des hahituellement au-dehors. mais un dehorJ lé· deux fille.s d"expressions très différenies même genduire. imaginatif qui est comme émane de la dans pareil ensommeillement gardent. le mas· vision du Nu (mythologique). Dans la peinture que d"une conscience. d'un état de veille romantique. la nudité réinvestit ce dehors assumé par l"artiste. légendaire dès qu'elle se dévoile dans un e.�pace Autre chose est de reproduire l"ohjet qui clos. émeut. autre chose de reproduire cette émotion Des Nus situés dans un paysage. la peinture même, soit par une vihrarion lumineuse. soit dite"' réaliste "·donc antérieure f1 lïmpression­ même en reconstruisant un ensemhle de cou­ nisme. - je songe à Courhet surtout - ne les leurs qui la signifierait : nous sommes dans un assimile pas dans une lumière diffuse. aux autre monde . où l'on ne communique plus que aspects naturels de l"amhiance, comme le fera par des idéogrammes avec lïncommunicahle la pe.inture de plein air. mais elle a plutôt pour expérience que chacun peut avoir soit de la effet de révéler la nudité comme quelque chose nudité soit de l'univers tout entier. de secret dans l'ouvert du paysage - nu couché Et cepe.ndant il y a eu dans chacun de ce� sur la he.rge, au hord de la mer - ou sous maitres quelque chose d'incommunicahle. une d'épaisses e.t ohscures frondaisons. au-dessus de idiosyncrasie qu'il leur fallait sans doute renon­ ronde. cer à exprimer : c'est peut-être ce renonceme.nt Une nudité féminine dans un e.space clos. - qui rend d'autant plus intenses les accents de

l.6� leur expression sciemment la plus convention­ cette neutralisation n·a été qu'au prix de œ fait nelle. primitif. En tant que contemplateur d'un tableau de C'est dans Je regard profanateur du corps l'un de ces ma"itres je me garderai bien de féminin que consistait la violence primitive dont refaire avec lui les étapes de son élaboration ; œ n'est ici que Je simulacre. En soL le simulacre je la possède du premier coup d'œil dans l'effet est Je fruit du travail : il n'en reste pas moins produit sur moi. Mais. par là j'entends que violence simulée du contemplateur. Le simu­ j'effec.tue le processus inverse et rejoins immé­ lacre est ù la fois en deçà et au-delà de la diatement le point de départ a savoir !"émotion violence. tour entière dans le regard. Mais c'est initiale. Tel est Je résultat même du tableau. par Je regard que le simulacre de la mise ü nu Mais pour que cette émotion me parvienne ou s'approprie le corps de la femme imaginaire et pour que je la trouve il a fallu que le peintre ait que la femme imaginairement réelle, expro­ précisément parcouru les étapes de son élabora­ priée de son corps. se reconstitue imaginative­ tion. Bien entendu il ne s'agit pas ici de tableau ment en tant que nudité sous le regard du ;, ache.vé ,; ou '< inachevé "· La moindre es­ contemplateur. quisse, Je dessin le plus ténu peut le contenir Un tableau dit� érotique .. , représentant une tout entier. scène de viol. n'a cependant rien de commun Je parle ici du tableau en tant que contempla­ avec Je simulacre de l'appropriation du corps teur non prévenu de œ que Je tableau repré­ féminin par sa vision en tant q�e nudité. sente : en l'occurrence une femme nue. Je ne Pareille représentation n'est qu'explication for­ veux du tout savoir que la photographie de La tuite de la violence primitive inhérente au Grande Odalisque, je dirai ici qu'elle m'en­ regard jeté sur la nudité. Le tableau « éroti­ chante presque autant que l'original que je puis que ,, vide et purge le regard de tout le aller voir à chaque instant au Louvre. Mais c'est potentiel explosif dont Je Nu traditionnel reste une pure coïncidence ... toujours chargé. Il était sans doute utile de rappeler que l'art Pour Je public contemporain du l>éjewier sur n'est pas une copie documentaire de la réalité l'herbe •�t de r Olympia. pareille vision équiva­ immédiate à l'instar de la photographie. mais lait encore à une déchirure de la banalité une interprétation. Mais cet argument peut-il quotidienne. donc. à une ouverture sur une encore nous retenir ? Oui ne s'aperçoit. qui ne région interdite. Mais nous autres vivons tout sait aujourd'hui que la photographie est à son entiers dans un ouvert illimité. La peinture tour une interprétation? Ce n'est jamais la aujourd'hui y semble dérouler cette mile sans réalité que l'on appréhende, mais une vue de fin qu'imaginait Delaunay, qui est la négation l'esprit. Le naturalisme en peinture comme en même de la durée implicite à la vision du motif. littérature n'est qu'une forme de lyrisme. implicite. à la vision de la nudité. Dans notre Il s';,gissait hier de réfuter la superstitieuse univers. le principe même du regard est remis objectivité scientifique. Mais que nous importe en cause. aujourd'hui l'objectivité de la représentation� Nous voici loin du fait primitif : Join de cet Le Nu reproduii hier. se représerue au,iourd'hui espace, intérieur au regard. où le motif a été en photographie. appréhendé. senti et conçu. là c)Ù J'œil de La notion même du Nu n'est qu'une 11eutrali­ l'artiste et l'tx:il du contemplateur s'identifient sa1io11 -- un compromis esthétique ec social - un instant ; l'instant de l'émotion initiale. Ici Je d'un fait primil�f et dc>lcmt : c'est contre cette contemplateur comme dans une reminiscence, neutralisation que les tempéraments les plus trouve la référence de son propre trouble dans subversifs de la peinture moderne se sont l'expérience de l'Autre. l'artiste. qui est l'autre insurgés. Résultat étrange : leur insurrection a par excellence. <'!t qui par son témoignage. détruit ce qu'ils voulaient libérer, la rupture de apporte au contemplateur le commentaire

1.70 d'une émotion commune. Cest ce commentaire effet. la réminiscence de la nudité féminine qui. si j'ose dire, fait la rumeur d'un tableau et dans la •· facture " traditionnelle du Nu accom· qui nous retient par la durëe de cette rumeur : plit une fonction analogue à celle de la c'est lâ que s·a ccomplit la réminiscence. Et en ressemblance dam le portrait.

171 On peut toujours dire que le trait ... *

On peut toujours dire que le trait (ou la tache du geste la veut réduire au silence d'un motif de couleur) vaut pour l'artiste ce que la phrase irréductible. Faire voir. et se taire en montrant. vaut pour l"écrivain. Admettons qu'il en soit est une opération incompatible avec faire ainsi : la phrase. sinon un seul mO! ou le entendre et démomrer à condition de ne rien mouvement d'un texte écrit. répondent au mmurt•r. Dans le sens de Nietzsche : " Voir et

mouvement d'une ligne tracée dans un dessin. tout de même ne pas croire. � Pure analogie qui reconnaît la même contrainte L'in.rt.ant spatial (chez l'artiste) n'est que le d'un motif obsessionnel dans des domaines phamasme du corp.I' mème, en tant que foyer d'expression totalement différents. Mais alors d'une résistance corporelle. qu'il projette et le motif obsessionnel serait toujours convertible délimite en tam que lieu conquis sur la �n n'importe quelle expression (voire fabrica­ résistance externe ou au contraire en tant que tion industrielle qui aurait cette vertu expressi­ lieu imposé par l'obsession même : évidence ve), tout de mème que l'espace mental serait irréversible qui fonde le phénomène des arts préalablement dans toutes sortes d'espaces plastiques et que seule escamote l'inversion empiriques réalisant une présence corporelle. pure et simple du faire voir en un faire

soit partout et nulle part. cvmprmdre " pictural »· Les fabrications de H semble que déjâ le choix du mode l'académisme « bourgeois ,, parfaitement " ré­ d'expression dans l'un ou l'autre espace soit trogrades » (quant à toutes les actuelles théo­ déterminé par le motif obsessionnel. Qu'à son ries littéraires et scientifiques néo-bourgeoises tour l'intention de faire voir. plutôt que celle de ou industrialisantes ... ) représentent au mieux faire emendre. suppose. chez l'obsédé, non et dans le pire des cas l'instant spatial obses­ seulement que son obsession est spatiale spéci­ sionnel dans sa nécessité authentique. fiquement, mais que l'espace du faire voir la Ma vision " réaliste " des corps que je rend proprement étrangère â celui du faire dessine reste soumise à la "" syntaxe ,., de entendre. ou bien que la sensation corporelle. l'espace où ces corps se meuvent. autant que les par exemple du toucher. suggérée par le faire mots qu'ils font surgir dans le texte de mes Mir apporte â celui qui la projette par son livres demeurent fonction du mutisme anatomi­ mode d'expression une satisfaction exclusive - que de ces figures. Texte qui a le défaut dès que lui-même n'a d'autre souci que de faire d'inclure la spatialité ta1..ite de ces corps. tout de partager l'évidence incompréhensible de son même que mes dessins seraient discutables en motif. ce qu'ils se chargeraient de la " programma­ Comme c-haque langue oppose à une autre tion » du texte. Et malgré l'apparence du ses propres idiomatismes et que d'un idioma­ contraire. mes dessins se dessinent dans une tisme à un autre il n'y a pas de commune parfaite ignorance du texte écrit ou â écrire. mesure d'expérience. ainsi chaque mode d'ex­ autant que ce texte parle de leurs motifs comme pression oppose son propre idiomatisme à un s'ils n'avaient jamais été dessines par moi­ autre mode : région du geste muet que la parole même. mais étaient susceptibles de l'être par cherche toujours à exorciser, quand le mutisme qui s'abstiendrait de les écrire.

• Préface du catalogue publié par la galerie Andre­ François Petit. Paris. 1971

172 L'on me demandait naguère pourquoi. .. *

L'on me demandait naguère pourquoi je ne hens1on " naturaliste ,, des physionomies -·­ m'en tenais systématiquement au noir et blanc jusqu'au besoin d'imiter la texture de l'épi­ de mes mines de plomb pour mettre en scène derme - besoin exclusif à la fois de tout des situations et des personnages décrits dans commentaire lt'Xtut•I et de toute " innovation » mes livres : car malgré leur caractère anecdoti­ technique. que. ces dessins. exé.cutés en grand format, Or les nuances. les gammes de teinte\; que échappant pratiquement aux normes de l'impri­ j'inclinais a choisir à cet effet, dénotent un oubii merie. prétendaient aux dimensions de pein­ délibéré de toute l'évolution de la peinture tures murales : toutefois. ils se présentaient occidentale depuis le début du siècle : car se moins comme des projets ambitieux de fresques pourrait-il que l'on jugeât autrement une ou de sculptures inexé.cutables que comme des tentative qui ne laisse pas de se ressentir d'une instantanés de séquences du vieux film muet prédile ct icin pour l'idiosyncrasie li né aire dont parfois mon propos était de rendre la d 'Ingres comme aussi d'une. hantise persisrante grisaille argentine : et l'on pensait que je de l'imagerie populaire selon un réalisme n<1ïf, poursuivais de la sorte des matérialisations de brutilak>gu<: puhlic. par la g;olcric Bt•nrnlor. chercher dans celles-là un moyen de survivre et Gt

:;on attitude : de dénégation ? d'aveu l ou La description. 1'.1rgumentation. le récit ré­ valant les deux à lu fois ? pondraient-ils dans mes livres il la dii:­ Deux espaces s·ouvrent id dont l'un semble composition d'un tableau préalahle '? soit \a projection d'une scène. séquem.-e d'une action \'analogue de l'autre. alors qu'ils ne sonr pas intercltangt•ab/es. se déroulant fortuitement mais nécessairement Dilemme : ou bien celui mental de la scène à chaque fois en un seul lieu ? Ou en plusieurs décrite. du dialogue. de \'argumentation - Je se ramenant toujour5 en c<..·lui du tableau ? modèle dé�avouant l'identitii: du portrait. soit sa Certes, si le tableau ne dit pas autrement que par son lieu propre cela même qui �'eut son physionomie et du même coup l'interprétation que les comparses donnent de son gc.�te. ainsi rassemblement de figures. Du point de vu� pictural. les opérations divulgué : ou bien celui de l'espace corporel (soit de la matérielles aboutissant au t;i bleau ne requiè­ statuaire. soit projeté sur le tableau) la scène rent pas seulement des considérations techni­ peinte, qui reproduit dans son mustisme même ques, mais encore subordonnent ces dernières à le geste interprétable, suggérant d'autres gestes des interprétations prévisibles de la part du - possibles et contradictoires. contemplateur : si l'artiste choisit telle techni­ Voilà pour ce qui est du caractère théâtral de que de préférence à une autre. c'est que son mes compositions : une pantomime des esprits. humeur lui fait porter un jugement discrimina­ La présence spatiale du simulacre (au sens de toire sur la manière contemp�raine d'appréhen­ der les objets. Il tient avant tout à justifier sa la statuaire de \'antiquité latine : simulacrum) , évoquée dans Lt' Bain dt• Diane. m'amena peu propre optique. eu égard tant au passé qu"à peu à développer l'acception de ce terme dans l'avenir. à sa signification implicite de simulation - soit Sous ce rapport. la mienne à vrai dire pratiquement à justifier la propension imitative dépendrait entièrement du molif ou sujet qui a de l'art traditionnel. déterminé sa mise en œuvre : à telle enseüine Le terme de simulacre. avant même que je que si le tableau n'avait tout d'abord prév:11u non pas seulement en tant que tableau. mais puisse \'invoquer pour mon propre compte, prète on ne peut plus à confusion. encore par la façon d'en concevoir le mode. Tant dans le langage que dans la figuration donc !"esprit de sa fabrication -- peut-être plastique il y a un rapport variable entre le n'<.mrais-je alors Jamais écrit la Trilogie dt• simulacre et le stéréotype. Roberte ni Le Bain de Diane ni Le Baphomet. Le simulacre au sens imitaci(est actualisation La pensée qui s'y exprime n'est obscure ou . de quelque nicable en soi ou plus généralement abstraite dans ses démons­ chose d'incommu dïrreprésentable : proprement le phantasme trati6ns théoriques que pour la raison qu ·à l'origine s'imposait à moi quelque chose d'aussi dans sa cu11lrainte obseSSÜ)nne\le. Pour ·�n signaler la présence - faste ou concret et inélucidab\e que peut l'être la persistante vision d'un geste. néfaste - la fonction du simulacre est d'abord exorcisante : mais pour exorciser l'obsession ·­ Geste d'une physionomie muette figée dans le simulacre imite ce qu'il appréhende dans le phantasme. Dans cette double fonction relati­ • Préface du c.1tak>guc put>liè par la gakric Le B�ceau­ Diane. ca 1952 vement à ce qu'il tend à reproduire soit Lavoir, hris. !�75 : repris Jans k '"ltfici pîir /:i (œuvr� cri : t')antc:sl galerie L.:n�. Anwrs l9Î7. l'ùzdiâble ou l"immontrahle selon la censure aqu:ircllc. S-i°" �I Clll

174 socitile. religieuse ou momie, comment le pératif de reproduire " ob.iectivement » la " na­ prononce-t-il imitativement � En empruntant. ture " -- besoin d'insister sur le contact du pour les re.tourner au profit de son imitation. le-s corps avec les objets, sur la résistance que lui stéréotypes institutionnels donc conventionnels oppose cfautres corps - tout ceci relève d'une du dicible et du mo ntrable. obsession phantasmatique moderne. Le stéréotype méme répond d"abord aux Le simulacre ne simule efficacement la schèmes normatifs de notre appréhension vi­ contrainte du phantasme qu·en exagérant les suelle. tactile ou auditive . schématisation qui schèmes stéréotypes : renchérir sur le stéréo­ conditionne notre réceptivité premiere. lnstitu­ type et raccentuer c'est y accuser !"obsession tionnalisés selon des motifs sociaux toujours dont il constitue la réplique. Et déjü une science variable�. ces schcmes en t;mt que stéréotypes consommée des stéréotype� caractérise de� serviront ü prévenir leur moindre. altéra tion par génies aussi opposés que le sont Ingres et quelque fait vécu d'une perception ou d'une Courbet. le premier par son exploi ta tion du réceptivité phantasmagorique. monstrueuse ou schème classique. le second ptlI celle de perverse. !"imagerie populaire. Or c'est a partir de cette prévention que La destruction pure et simple du stéréotypt� commence le double jeu du simulacre. dans la peinture au début de notre siècle Toute invention d'un simulacre présuppose le annonce le rejet du rôle imitatif donc exorcisant règne de stéréotypes prévalants : c'est avec les du simulacre et du méme coup !"abandon du éléments décomposés de. ceux-ci que la fabrica­ " su.kt ,., _ Le tableau cesse d'être un simulacre tion d"un simulacre parvient seulement à l'im­ pour devenir un en-soi. poser à son tour comnw un " stéreorype "· Deux observations de Klee sont ici décisives. En effet. au niveau de l'expression tant du qui concernent le stéréotype du " nu " et du langage que de la figuration plastique . - les "genre vieux-maitre ». stéréotypes ne sont que les résidus de simu­ u De même que l"homme. le tableau lui aussi lacres phantasmatiqucs tombés dans l'usage a un squelette. des muscles. une peau. On peut courant, abandonnés il une interprétation com­ p;irler d"une imulacres ? - donc dée. ,. imitan i non plus quelque phantasme intime Ce qui se résume ainsi : la liquidation du mais simulant dans ma sensibilité. objectivant. genre "vieux-maitre"' implique la liquidation critiquant en elle la survivance de stéreotypes même du Nu en· ran r qu e sujet. révolus ? Remarquons-le. Klee attribue la variété des Ainsi transparaîtraient en eux des réminis­ moyens techniques à l'épanouissement de la cences d'une démodée façon " populaire " de sensibilité et cet épanouissement à « la prépon­ faire voir dont je me déclare le contemporain à dérance de sujets érotiques " pour autant qu'ils bon escient L'évocation du fait divers par les . tlattent la sensibilité picturale. C'est ainsi que artistes du Petit Journal et autres affreux les moyens mis en œuvre pour la fin sensible, hebdomadaires de fin de siècle ou du début du finissent par l'emporter, se subordonnent la fin. nôtre, n'es t pas sans avoir contribué à dévelop­ et nous obtenons la notion intellectualiste du per en moi dès l'enfance l'obsession vim elle du tableau en :soi. L'anatomie humaine de la geste muet. Le fa it divers illuscré n'est au fond " belle nudité » se trouve résorbée dans l'ana­ que la mise en scène insinuante de notre tomie du tableau Lu belle n u dité (le Nu en tant discontinuité moderne : subite vision de l'ina­ que sujet) le cède au Nu-motif. au Nu fortuit, et perçu. fait accompli entre avan t et après. Ce qui ce dernier peu à peu. neutralisé d'abord. se exige la reproduction la plus hystériquement désarticule ou se dissout selon les lois propres fidèle du phénomène antinomique implicite au désormais au tableau en soi. faitdi vers : la rupture du quotidien par quelque Le tableau désormais n'est plus le simulacre chose d'apparemment quotidien. exor cisant de quelque obsession phantasmati­ Conçu de la sorte, le tableau convertit le que préexistante. puisqu'il n'imite pai; mais temps en espace vécu où le moment révolu se s'achève dans sa propre «anatomie ». Or. peut perpétuellement revivre : la présence comment nier que les compositions de Klee ne corporelle s'y réactualise toujours dans telle simulent précisément des phantasmes au plus attitude que la simple description abolit après haut degré ? N'a-t-il pas parodié la stéréotypie coup. obsessionnelle avec une céleste ironie ·? Et Tandis que dans son "' cahier de libre nonobstant, il n'est que de constater, dans les examen » (la Révocation de !'Edit de Nan œs ) . générations ultérieures, à quoi devait aboutir Roberte récapitule les sensations diverses qui l'application scolaire de son principe théori­ l'agitaient alors qu'un maniaque l'attachait aux que : une production arbitrair e de phantasmes barres parallèles d'un gymnase à seule fin de lui sans nulle contrainte intérieure et de ce fait. léche r la paume - le fait mental de cette non plus susceptible d'en exercer moralement récapitulation donne lieu à un tableau : l'inci­ aucune . dent (soit le fait accompli) se reconstitue dans Comme il apparaissait que dans mes minei; de ses propres contingences spatiales sous les plomb (avant mes crayons de couleur), je ne espèces qui le composent d'emblée au premier faisais que reprendre certaines situations et les coup d'u:il. Il va sans dire qu'au sens anecdoti­ physionomies que j'avais alternativement com­ que (litt. " ce qui n'est pas donné au dehors ») mentées ou décrites dans rnes livres - l'on se - que parfois l'on reprochait à mes dessins - mettait non pas à regarder la façon dont j'usais les élé.ments du tableau préexistaient à la de mes crayons mais à lire mes compositions description : le commentaire que Roberte comme un supplément graphique de mes élucu­ donne elle-même de son expérience, est main­ brations - sans autrement comprendre ma tenant totalement résorbé dans le regard Je recherche que telle une diversion calligraphi­ l'invisible témoin. li ne s'agissait pas de « retra­ que. Les résultats de mon entreprise seraient duire " en des équivalences de formes et de donc moins des tableaux que des simulacres de tonalités la tournure des phases explicitant les

l76 sensations de Roberte - mais bien de solliciter une fesse - : plutôt dirai-je avant qu'on m'en chez le contemplateur du tableau une double fasse grief. "ceci n 'est pas un tableau » mais intelhgence : celle de lïncongruité de la scène encore une f01s un simulacre de tout ce que je et la façon choisie pour la représenter. Lïmage tiens à montrer selon 1' optique gullivérienne du du lieu. des instruments. des costumes. du geste Doyen de Dublin . - cette optique qui l'a respectif des trois personnages : - le mania­ dégoûtt� de " peindre », mais que j'avais de que. son complice, !"élégante dame attachée longue d11te contractée comme une infirmité, aux lanière� - y compris le détail de li• langue soit une attentio n morbide, d'une insistance sur la paume - tout ceci e.st requis pour disproportio nnée - sans que cette dispropor­ i.ustenter ce que Kiee nomme l'anatomie du tion indiscrète ait jamais pu satisfaire à l'objec­ tableau. tive anatomie du tableau. et tant s·en faut que Aussi n'irai-je pas prévenir le contemplateur celle-ci se soit iamnis confondue assez avec à la manière du subtil Magritte : Ceci n'est pas l'anatomie de Roberte. Roberte et la coiffeuse *

plus par la seule coïncidence du nom. mais Une scène décrne et la même scène en tant comme physionomie. jusqu'alors extérieure à que tableau sont deux modes cLippréhension ce signe. qui l'avait recouverte de son ombre. aussi différents entre. eux que leur objet mème la description de !"ombre même revint à semblera it identique. La description peut se établir les contours de ia physionomie comme développer en commentaires et en discussions sa participation à la réalité extérieure. implicites à la scène et cependant elle nous et cette physionomie sortit comme d'elle­ transporte ailleurs. sur d'autres plans qui n'ont méme de l'ombre portée sur la réalité par le nen de commun avec la scène telle qu'elle se �igne ; présente sur le. tableau. dût-elle dissimuler les d'ou une interférence entre Je signe et la autres plans. Or le tableau ni ne commente ni physionomie . n'énumère de détails puisqu11 les saisit d'em­ soit une inversion de la fonction du sii?ne en blée. dans leur opposition ou leur connexion, tant que nom. remplie jusqu'alors par la pensée de telle sorte que ce lles-(:i ai?issem avec d'au­ de son plus haut degré dïntensité, mais pour tant plus de force qu'elles ci�conscrivent dans lors vacante tant que la physionomie ne la toutes les parties du tableau le silence. soit remplirait pas elle-même. sous ce nom. !'absence du commentaire ainsi refoulé. une inversion de la fonction du nom en tant Et il en est ainsi de l'art dans sa fonction que signe. quand le vocable Roberte ne répon­ imitative parfaitement légitime : car cette dait que de la propriété d'une physionomie : ,, imitation " n'a jamais été documentaire. la physionomie valant désormais pour le comme on a voulu le faire croire. pour des .s'rgne. appeiée \par son nom ) à vérifier elle­ questions de métier et de technique. mais elle. mème les énoncés (gestes, situations. paroles), repose sur une science des stéréotypes telle que soit les qualités que 1 e signe assignait :1 son des maîtres de différentes écoles l'ont pratiquée norn ; - de là le stylt� - et que seul un public ignare quand le nom lui garantissait la propriété de devait compromettre par sa c.onfusion des ces mêmes qualités il l'ombre du signe . stéréotypes aw:c le " principe de réalité "· le �igne œ valant plus que pi>ur œlui d'une De nos jours. l'expulsion du motif revient expropriation de la physionomie tant qu'elle _justement ù réintroduire récriture dans le participait à la réalité extérieure. graphique et le pictural. à assimiler les rè1!les de soit pour une. divulgation des qualités que Je la technique aux règles d1::la syntaxe. don� aussi signe assignait au nom de Robert e. il renouveler la technique conformément à une Perpét�er sa divulgation par ce signe qui syntaxe désarticulée. afin que le tableau soit . 1 expmpne d'elle-même. n'était-ce pas �1ussi ·�ssentiellement un simulacre de réflexion (du préparer cette physionomie il l'imposture ! Dès tableau par le tableau lui-mê:neJ sur �a situa­ lors qu'il est signe de son expropriation. tion déplacée dans le contexte industriel. comment ce nom de Roberte la tiendrait-il Dès que je rne mis :·1 décrire cette physiono­ encore pour êgale ù elle-même sous .:ette mie rn érne dans la not:ition des énoncés dé.cou­ ·) la nt. hors du temps, de ce nom de Roberte. et physionomie Le signe qu'elle était de\'enue donnait au que. dans ces faits discont"m us, elle figura. non nom de Roberte une fonction dévoilante. Dans Roberre. c: e soir se démontre l'étroite ' ln Ol>liqY<'.I'. 11·• 1. numéro,pèc1i1I Strmd�r g. !'173. interdépendance entre (la magie de.) l':irgumen-

178 tation et le rab/eau . lequel ;) la fois se construit à et industna!isantes ... ) representent au mieux et partir d: l'obsession et reconstruit cette der­ dans le pire des cas lïnstant spatial obsessionnel nii:re à mesure que les arguments tour à tour dans sa nécessite authentique. avances sïnfirment ou se confirment. Oue ce Le passage alternatif de l'expression graphi­ premier aspect de Ro bene ait donne lieu il deux que ou picturale à l'ecriture. de celk-,·i à autres versions réside dans la nature méme du celle-là. ne rèvèle pas nécessairement une seule triple rapport (obsession. argume ntation. ta­ propension originaire. mais une manii:re d'é­ bleau). prouver des instants obsessionnels dans deux Dans la réunion des trois versions en forme espaces différents. dût-il s'agir du méme motif de trilogie. Roberte ce soir est au centre en tant provoquant une apprehension differente . que charnière . ser�·anc de réfcrence ;\ la prt:­ Le cas du peintre-ecrivain ou du poètc­ mii:re et it la dernii:re action. Par rapport ii dessinateur. ou graveur. permettrait, en ce quïl rune er ù l'autre. l'action centra le de Roberte ce li de rare ou cft•xceptionnel. de se référer ii soir se caractérise en tant que tableau vivant ou lïnc1dence graphologique. comni<: illustrant. si tableau pur et simple, contenant un portrait. Le _i 'ose dire, !"alternance entre respace du geste portrait a son modèle dans l'une et l'autre chiffre e.t !"espace du geste muet- ne fai!'ait act'lon. lequel. pour désavouer k portrait d'aille urs que symboliser materiellement. a (désaveu . argumentation ) requien des per­ partir du fait primitif de rracer. la rupture de sonnes exterieures à son geste �· interprété par l'habitude fonctionnelle des signes, au profit de l'auteur du portra it. lineaments proprement insignifiants. mais signi­ ()ue l'inswnt spatial (chez ie creaieur) n·est fiable s apri:scoup. Quelle que soit la singularité que le phantasme du corps méme, en tant que graphologiqu e d'une ècriture. cette singularité foyer de cette resistance. qu'il proje.tte et limite reste astreinte automatiquement au trace fonc­ f'.n tant que lieu conqui� �;ur ln résistance tionnel des signes. Or. chez le peintre ou le externe ou au contraire. en tant que lieu impose dessinateur le mém�· tracè graphologique récu­ par l'obse.ssion même, c'est là une evidence. pi:re son autonomie pour se déchaîner " calli­ irrt�versible qui fonde le phenomène des arts graphique.ment " en " caractères '" divagants plastiques et que seuk escamote lïnversion par rapport à ,· eux de l'écriture. Ces caractères pure et simple du faire l'Oir en un faire divaganH;, ce sont c.eux des objets (réels ou comprendre " pictural ». Les fabrications de imaginaires) auxquels s'identifie desormais le l'académisme. « bourgeois " parfaitement ,. re­ tracè dans son mutisme. trogrades ,. (quant il toutes les actuelles theo-

179 Lettre à Patrick Waldberg *

Est-ce bien là ton portrait. tracé par moi voici pompiérisme du plus mauvais aloi - comme près de vingt ans, que tu as chois i de placer en menant un pauvre. désespéré combat d'arrière­ tête de ton ouvrage ? garde i la suite de ce mouvement dont tu Dès que je me mif, â considérer le contour de rassembles depuis un quart de siècle. dispersées ton cràne ovoïde, tes yeux à fleur de peau. <.'â et !à. les prestigieuses reliq ues pour les parfois d'une dureté inquiétante. ces reflets de porter de façon processionnelle à travers le colère contenue, prête à exploser sur le malheu­ monde. reux qui la provoquerait. tout ceci contrastant Chanson de gestes donc. I(! présent recueil, avec. de soudains attendrissements. - je ne pus soit à tout prendre la conversation dt� cet art de me soustraire à une double présence que je .wurds-muet.r que sont les peintres en un texte dénommai aussitôt Néron et Hérode : Néron qui décrit la manière opiniâtre avec laquelle ces dont ton hilarité parodiait la convo itise et hommes ont lié leur sort il celui des simulacres l'exhibitionnisme : Hérode dont l'affliction fabriqués de leurs mains. t semblait par instants baigner ton regard : l'un A lire ton livre. je me suis iden ifié à un et l'autre se disputant l'apparence de ta propre lecteur non prévenu, ignorant tout ce dont tu physionomie ; si l'aplomb de ton buste répon­ parles. pour qui ton exégèse ne serait en fin de dait au premier, toutefois tes yeux si lourds compte que diverses phases de ta propre paraissaient chargés de la terrible expérience du imagination : ces œuvres. ces hommes n'existe­ second - la danse de Salomé au prix de la tète raient pas. en dehors de toi-rnème. confidences de Jean-le- Baptiseur - /'arr au prix de la 1•érité d·un rêve continu au gré de tes nostalgies. tes ou la vérité au prix de /'art ; - avec un je ne sais humeurs. tes répugnances. On devrait même quoi de souveraine obstination il désigner lire ce recu�il sous cet angle, indépendamment du fait que déjà dans !'Antiquité la description envers et contre tout. . en cette époque de totale désorientation. ,, ce qui ne meurt pas • dans d'i.lhjets imaginaires était une forme de rhétori­ l'ordre des visions. cela même qui à chacune de que prétexte â d'intimes aveux. nos rencontres nous ferait éprouver toujours lu En quoi le tableau (de telle ou telle tendance .� olidarité de deux complices. picturale) s'offrait-il comme rïnstrumenr révé­ Or n'est-ce pas avec ce même regard que tu lateur de ce qu'il y a en nous-mêmes d'autre­ as contemplé les œuvres des artistes dont tu ment indicible '? Quelles affinités découvrais-tu nous offres ici la vaste inspection ?Jen'ent rerai avec tes émotions propres chez tel mairre que tu pas dans le débat qu'elle suscitera chez beau­ fréquentais· '? L ·art pictural (ou sculptural) - coup ; je ne discuterai aucune de tes exégès es. pour moi si totalement différent des a:uvres de � Le plus étrange, maintenant que depuis quel­ la parole même. voire radicalement opposé - ques années j'ai renoncé à la syntax e du langage est-il l)U non une façon intrinsèque de rendre pour emprunter celle du tableau , c'est que tu compte de notre univers ? Les deux modes m'aies toi-même contraint it écrire ces lignes de d'expression sont-ib ou non exclusifs l'un de préface à tes Demeures d'f-/ypnos : j'en suis à !"autre '? Contrairement à la conception cou­

ne plus parler qu'en des « semblants ,, de rante qui admet leur complémentarité '? formes et de tonalités que je voudrais d'un On traduit ou commente un texte : on commente. on traduit plus malaisément un poème - en soi intraduisible. Il en va du

• ln I.e..- Demeure.ç d'H_vpnu.1·. La Différence. i97fl. tableau comme du poème : on ne snurajt les

180 reproduire dans un idiome différent de celui de Je touche ici au cœur méme de ta relation : si leur conception première. Traduit dans le phénomene de la peinture au sens tradition· l'idiome du traducteur c'est un nouveau poème. nel n'est point le reflet d'un astre mort . au sein En quel idiome traduirait-on un tableau ? Tel de notre univers industriel - ou plutôt dans autre peintre l'interprétera en le recré ant, et cette absence de " monde " ou de monde re-copié ce sera une œuvre différente dans sa perpétuellement démontable que signif ie l'in· similitude. non moins originale que le modde ; dustrie - sïl a précisément le prestige d'un mais qu"est-ce à dire quïl soit encore nécessaire reflet persistant dont la source n'est nulle part de le commenter ? aille.u rs que dans notre psychisme. occulté dans Que l'inslanl spatial (du peintre comme du sa respiration et son rythme. et que cette sculpteur) n'est d'abord que le phantasme du occultation fas:;e naitre des légions df: phan­ corps méme en tant que foyer de résistance tasmes à la recherche désespérée de le.urs qu'il projette, et qu'il limite en tant que lieu, propres images où pouvoir .'ie loger - la conquis sur la résistance externe. ou imposé par signification dernière du mouvement surréaliste l'obsession mème. voilà une évidence irréver­ aura été, comme tu me le disais un soir à Milan. sible qui fonde le phénomène des arts plasti· d'avoir redressé dan� la peinture figurative les ques, et que seule escamote l'inversion pure et principes légitimes qui lui ont permis de simple du fa ire voir en un faire comprendre surmonter l'intimidation de I' - abstrait " : fa· esthétique, selon les normes de la raison jouterai que sa grande vertu fut de réaffirmer le universelle. caractère " magique "du tableau. ce qu'ailleurs Un tableau étant aussi intraduisible qu'un j'ai nommé sa fonction exorcisante : il est vrai poëme - pour la raison quïl n'y a rien qui qu'aucun de nos collectionneurs ne s'avisera puisse passer d'un idiome à l'autre - alors qu'il jamais de prétendre que des forces maléfiques suffit de le savoir lire dans son idiome propre autant qu(� bénéfiq ues n'y seraient jamais pour lïnterpréter - on peut tout juste dire que réunies ou confrontées - si tant est quïl pour le tableau il existe une univer.'iali.lé du s'agisse non pas d'une construction selon des <'onae1 qui lui as�ure sa jouis.'iance immédiate lois étrangère s à toute errance émotive pour - donc en somme .. animale " - mais que obtenir un objet de tout repos dans son pour le texte en revanche il regne une univer.'iali· indifférence méme, mais bien d'un simulacre lé de /'ub.'itrail qui. s'agissant du poeme, ne fait dont la puissance d'attraction contra ignante que supprimer ses données idiomatique�. En tient i1 ce qu'il s'est élaboré sou� la contrainte sorte qu'un tableau interprété ne peut être de ces forces. prétexte qu'ü une nouvelle invention. ù lïnstar Naguère j'avais signalé à. Breton l'argument du poème. Or pour cc qui est du tableau. de I' Henné.'i Trismégiste : " Dans lïmpossibilité runiversalité du wnae1 chez tout spectateur de créer une âme pour " animer " les simu­ qui le contemple. fût-il le plus inculte. se fonde lacre s des dieux, on invoqua les âmes des sur le potentiel phantasmatiquc de chacun ; démons et des anges et on les enferma dans les non pas en ce sens quïl trouve dans le tableau images saintes, afin que grâce à ces âmes les la concrélisation du méme phantasme, mais la idoles e.ussent le pouvoir de faire le bien et le possibilité de concrétiser le sien propre. Le mal ». table au lui apporte la syntaxe actualisant toute Savoir si à lïnstar de l'antique théurgie. vie phantasmatique : le simufoae. l'artiste moderne viserait à insuffler pareil Mais pour quïl concrétise un phantasme pouvoir à ses propres simulacres : soit ceux qui, particulier, le simulacre n'en obéit pas moins â mutaû.1· mutandis. (plutôt qu'ils ne s'érigent une règle unfrer.'ielle. soit au stéréotype des dans les temples) s'exposent dans nos musées et schemes fondamenwux de notre perception paraissent (toutefois) � s'y .'iatisf'aire du voisi­ sensible. nage de /'homme ,. (nos amateurs ou collection- neurs) : si à leur tour les œuvres d'un Max se nommàt fortuitement Monsieur Ingres. quoi Ernst. d'un Dali. d'un Masson. d"un Giacometti d'étonnant qu'aujourd'hui ce maître - dont on - particulièreme nt d'un DE Chirico ·- elles fit le bouc émissaire de l'académisme " le plus aussi comme ces lointaines idoles . connaissen1 bourgeois " - nous apparaisse comme l'un des l'avenir. l'annoncent par le sort. - frappent les plus " magiques " dans ses simulacres. notam· hommes de maladies er les guérissenl ·- souf­ ment celui de sa Thétis implorant Jupiter '? france et joie selon les mérites .. - voilà de nos N'est-ce pas gràce à !'astrei nte de l'artiste au jours une question totalement aberrante. main­ schéme " néo-classique » du corps féminin que tenant que l°on se moque bien. en la matiére. la puissance démonique vient en disproportion­ d'avoir ou non le discernemenl des esprits . ner d'autant mieux les diverses parties - De l'argument du Trismégiste je retiendrai exaltant ici la hanche. le buste. l'immense col. seulement qu'il refuse au fabricant de simulacre la tl•te à la renverse. l'œil fixe, le bras le moyen d'agir par sa seule subjectivi té (-- de verticalement allongé de la déesse. sa main du · ce point de vue antique qui spatialise notre pouce et de l'index cherchant à émouvoir fatalité « inconsciente ». aucun de nos maitres jusqu'à l'impassible barbe du Père des dieux ? modernes n'auraient pu " mettre son âme dans Concevoir le �imulacre en tant que réplique son œuvre ") - Et en effet comment l'artiste du phantasme serait donc d'origine théologique fabriquerait-il un objet capable d'exercer par au �ens lointain attribué par l"Hermé s Trismé­ son aspect une action morale sur le conte mpla­ giste à la fabrication des idole s : -- ainsi à teur. punitive ou rassérénante. si au préalable il travers les siécles, - depuis le culte. des image s ne s'associait la force " démonique "· - corré­ jusqu'à la notion sécularisée, donc profane. du lative à sa subjectivité. mais extérieure à son tableau-sujet. du motif. subsiste encore et propre vouloir. autant que l'objet qu'il dressera toujours le fait d'une obsession première. aux yeux d'autrui dans l'espace. antérieure à l'exécution du tableau ()U de la Ec cependant. par son prosélytisme. Breton statue. que cette obsession soit religieuse, n'a pas manqué de faire naitre chez beaucoup profane. licencieuse. ou simplement intime. ou l'illusion de pouvoir exploiter à coup sùr leur tout ceci à la fois. donnant lieu à une ambiance monde .., intérieur ,, comme si la seule lucidité à de ·� pénombre ,., voire proprement délirante. l'égard des forces occul tes y suffisait. Risque Obsession qui peut fort bien se confondre avec évident de galvaudage ! mise à l'encan de J'.,. art le souci torturant - Càanne. Van C:iogh - des magique » ! Que de «masques " ainsi taillés moyens choisis pour la reproduire en tant que dans la substance toute marginale des humeurs tableau. Cependant au fond de cette obsession de tel ou tel épigone, qui ne recouvrent qu'un première se décide en effet le parti pris pour le vide et suppléent ù une absence de fatalité, de mode d'expression plastique, spatial spécifique­ délire. En revanche celui à qui cette force ment : soit une opéra tion proprement corpo­ extérieure parce quïrréductible fait subir une relle. incor�mante. donc « animale " et de ce passion intolérable '! trouve du mème coup le fait même " magique :... C'est pourquoi le moyen de la séduire : c'est dans sa réceptivite contact des corps entre eux ou du c.orps avec les mène que se fonde et se forme ce moyen : objets en tant que scéne phantasmatique. /'imitation : en vertu de laquelle ces puissances continue a exiger la reconstitution imitative du viennent " au dedans " de l'artiste elles-mêmes phantasme par le simulacre. Ce dernier imite s'imaginer. mais alors empruntent toujours à la pour e'1orciser, exorcise pour imiter rigoureuse­ rraditi on qui suppose leur présence réelle ces ment. Imiter. encore une fois. signifie : séduire physionomies qui ., se sati.�fo m du volrirwge de le « rnodéle invisible ,, pour l'introduire dans le l'homme '• · simulacre. Lequel pour ce faire s'en tient aux Quant à une époque un peu plus rapprochée �;chèmes les plus naïfs. donc les plus conven· de la nôtre . il arriva que l'homme ainsi avoisiné tionnels de notre appréhension sensible.

182 Jusqu'au moment où le tableau en vient à se bouleve.rsement de fond en comble que les construire en tant qu·c:euvre. opération conditions de la fabrication et des techniques " automne '" en dehors de toute antériorité industrielles ont provoqué dans le domaine de obsessionnelle. à seule finde démontrer l'habi­ la contemplation. La détresse qui en résulte leté de sa technique. Alor� expulsée la " ma­ dans le contexte des convulsions sociales est· gie ». supprimé l'exorcisme. rejeté le � suj et ». elle due ii ce paradoxe que l'iconoclastie commence en fonction du comportement indus­ moderne contrairement il celle de l'antiquité triel de l'homme occidental le règne foisonnant byzantine détruit le sens des images en le� des méthodes. des théories didactiques dans la multipliant ? « Pourquoi vouloir qu'un homme peinture. la sculpture. la fuite en avant de l'art passe plusieurs mois de sa vie a faire à la main abstrait. ou conceptuel ou tout ce que l'on un unique. exemplaire d'une pseudo photo. voudra qui puisse légitimer la création plastique alors quïl est possible d'avoir le méme résultat dans le contexte de la fabrication ustensilaire. en quelques heures et à vingt millions d'exem­ Que l'art serait au prix de la vérité ou la plaires, si on le désire... .. \loilâ ce que dit l'un vérité au prix dt· l'art - voilà le dilem me de nos grands abstraits. prononcé et vécu par Nietzche - dilemme qui Pourquoi le vouloir en effet ? Pourquoi le lentement et sûrement a fini par abîmer la faire ü la main ? Pourquoi y passer des mois de sensibilité occidentale. Nietzsche promettait SJi vie ? A ces trois questions. mon vieux que nous en crèverions. La solution dont nous Patrick. ton livre apporte l'unique, l'irréfutable risquom; de crever en effet. se solde par le réponse. L'indiscernable *

' du portrait et de son modèle - ce qui amène à Du C::1RClJIT o uN BESOIN DE D!VULOlŒR. Monomanie et exhibitionnisme et leurs modes considérer la seconde phrase. J. d'expression. Réf. 2 : Repris par /'expression picturale. le /. Du speaade muet à sa description ; portrait s'exéc:ute des lors selon les règles de la scène décrite à l'inrerprétation morale spéc:1j'i.q 11es du tableau : la ressemblance du des intentions et de�· tU:tes : rnodèle passe au premier plan en tanr qu ·appari­ 2. Des ac:tes interprétés au " tableau anecdoti­ tion matérialisée - ressemblance toutefois insé­ parable du geste qui, au regard du m;nomane. que � : (peint11re de "faiI divers �. � don1- menraire " réveillant dans le s pec:taœur a caractériserait moralement /'attitude dans la� A de dont il ne peut parler). q1telle le modele se présente. partir quoi, sa 3. Du " fa it monomaniaque " sousl'a pparence physionomie, maintenant identifiable, fo urnis­ d'1m fait divers décrit 011 peint, à sa reconsti­ sant la substance non seulement d'un portrait, tution en tant que séqut•nce cinématographi­ mais d'un tableau, soit d'une sc:t!ne oû le mode/e que - soit à sa divulgation par un procédé serait vu aux prises ava d'autres .fïg1ues. -- son industriel. geste cesse t.fêtre fortuit. Une tension laceme s'établit entre le portrait et le modele - les

Dévdoppements. jugements divers du public:. (le portrait scanda­ leux ; c:a/omnieux). Rt(- 1 : Sous l'apparena d'un �fait divers 4, l'inc:1tiena d'un détail enregistré par le regard Et cependant. le tableau ainsi composé. monomaniaque. Référence à l'optique gullivé­ relevant apparemment de l'imaginaire. dùt-il rienne. contenir un portrait, - l'identification du mo­ L'expression (/iuéraire) d'abord descriptive dèle reste fort limitée : la di�ulgation par le d'1m geste fort1ût, attribuable li une ph_vsiono­ visible pictural -- propos de chantage d'1m niie, inrériorisant la ph_vsionomie même à partir méc:hani artiste, ne passe que par l'affi rmation ii de ce geste - élabore au niveau romanesque le d'un style pour s'imposer la vision du spectateur. selon les critères personnels de ce portrait d'un .,. personnage • -·- dont le •. mo­ à dèle ,, n ·a d'autre néassité que l'énergie du texte dernier. si tant est q1lil croie en avoir 011, PhotOl(l"aphie de Pierre Zun"a pour f,a M11n­ naie vivanlt'. 1970 q1û le décrit. Premiëre fals1jïc:ation de l'optique difaut, trouve à son goût ce/iû " mauvais ,, que c:ac:he l'opération du peintre. Donc: dans le gullivérienne qui ne peravait qu'une main. � tneille11r des cas. divulgation déviée au nom de gantée. dégantée - le profil d'un �·isage .: : exhibitionnisme nul - monomanie escamotée. l'art exhibitionnisme�v oilé derechef'. •m ·< • tout p/1L\' objec:tiYée de jaçon épisodique. En revanche, si la monomanie consiste bien (Remarque : inversion possible du processus à mettre inlassablement en i·aleur une seule et thématique. soit : la ph_vsionomie préalahle au mëme chose - exhiber. dans l'expression geste ic:i enregistré ; tel visage .wrail SILYl't!ptible pictluale autant qu 'écrite , une seule ë:t mëme de se prononcer par tel geste, etc:. Rapport social physionomie - voire une seule et mërne scC:ne - soit une série de compositions - au gré des variations infinies déc:ou/ant des problemes inhé­ • • L'indiscernable '" in NRF. juin N78 : repris in t� rents à la structure du tableau - revient alors à Ressemblance. Pierre Klossowski. cd. Ryodn-!i. Marse11ic, !984 résoudre c:es problùnes en l'ertu de la répétition

184 a chaque fois différenciée de cette seule c�t méme infernal des cinéastes où. sans avoir rien de figure. Mais c·est encore une fois • légdimer "la commun avec les ambitions propres aux monomanie par l'art. confondre en l'occurrence hommes du metier, donc sam. aucune nécessité. l'exhibitionnisme ai•ec un métier spécifique, apparente, une frivolité opiniâtre me poussait à soutenir par une " discipline h ce qui n'en relh·e faire rexperience de ma propre manie. _iustement pas . Récapituler les obstacles auxquels infaillible­ ment elle allait se heurter jusqu'au moment où " Qu'avez-v ous besoin de. faire un film sur l'œil de Zucca vint coïncider avec le mien - Roberte '! ,. me demandait un jeune Mexicain, serait oiseux. parfaitement initie quant à lïdentitè du « mo­ Dans cette corporation. certains supposaient dèle " - " n'est-il pas réalisé déjà sur chacun que la visualisation de La Révocation de /'Edit de vos tableaux ,, Ce garçon aussi discre t que '? de Nantes ne m ïnteresserait que par les bené­ compréhensif pensait ainsi honorer I'<· authen­ fice.s sans doute aléacoires de leur entreprise - ticité ,, de ma peinture, à partir de cette pourvu que l'on eût recours aux charmes " ressemblance » confirmée. sans du tout sus­ consacrés de telle ou telle vede.tte de leur choix pecter l'étrange besoin de la réitérer d'un - : malentendu total -- ceux-là décidément tableau a l'autre. n'avaient rien pige quand au fond même du QueI que soit tableau dans quelque . le texte. - mais à tout prendre, bien compréhen­ attilude qu.e. s'y trouve le "· modèle » en tant sible. malentendu : j'avais crée un personnage, que personnage central entouré d'autres imagi­ là s'arrétait mon affaire : libre à eux de le faire naires ou non - tout demeure .imputable au in terpréter par qui bon leur semblerait Pareille seul artiste. Rien ne révèle ce qui le serait au maldonne eût simplement signifie que f échan ­ «modèle '' · geais le. « modèle » contre une quelconque tête d'a ffiche ayant cours sur le marché . " Il faut Ré.f. 3 : Divulgation par un procédé indus­ dépersonnaliser votre personnage >>, osaient me triel : le cinéma. dire quelques-uns qui savaient pertinemment A Mila n. Antonioni in vité à voir mes compo­ qu'il s'agissait d'un ... portrait ». A ce g·enre de sitions : " - Quelle chance vous avez· de propos je flairais le piège que l'on tendait à ma pouvoir exprimer libremeT!l ce qu'il vous im· monomanie : si je cédais. rien ne subsisterait du porte de montrer - me dil /'illustre cinéaste. " style » physionomique de mon " modèle ,, . Nous autres, quel enfer il nous fa w traverser dès lors que quelque nana au goût du jour, pour faire admettre notre vision ! " Lui. l'un des parfaitement ignorante des préalables vécus du premiers maftres du frlm italien, fa isait ainsi « personnage. ,., l'incarne.rait e.t fatalement dé­

allusion aux amditions draconiennes que le truirait I' « original ». monde industriel inflige ait à la réalisation dR son La monomanie n'en a jamais fini de recom­ art : distorsion. -· compromis. correctifs humi· mence.r : toujours au même point de départ, liants pour quiconque tient à faire voir cela seul elle sait attendre : - jusqu'au jour où -- mais quïl voit. - Donc. lutte à mort entre la vision ce jour est déjà venu où l'on a pu me dire : idiosyncrasique propre à un esprit et celle Combien vous avez eu raison ! lucrative. frauduleuse que les gen.I' d'affaires L'introuvable réalisateur qui allait régler sa prétendent lui substituer, pour prévenir et tritu­ caméra selon l'acuité maniaque du regard rer la réceptivité visuelle des millions d'insom­ gu llivérien, Pie.rre Zucca, le seul de. sa corpora­ nieux qui formeraient leur clientèle. Mais cela tion à discerner le contresens que provoquait méme me tentait par un contact plus immédiat et chez ses aînes le secret ressort de mon expres­ moins gratuit avec le monde contemporain. sion romanesque. s'avéra aussi le seul assez C'est à partir de ce.moment que me revint la averti pour savoir reconstituer les éléme.nts plainte. d'Antonioni et que }e connus le circuit primitivem e.nt spectaculair es de rapparition

185 nommée " Roberte " - et ams1 restituer le l'intime dédoublement d'une présence : ainsi caractère discontinu du fait divers aux incidents les regards conjugués du costumier. de la suggérés par la physionomie du « modèle " - maquille use, de l'éclairagiste . chacun étudiant antérieurement a leur description discursive l'allure particulière à cette présence. ses expres­

com me- ·• surve nus ., à son " personnage » -­ sions et ses probables effets - ; enfin l'installa­ tels que " Roberte ., les avoue dans son ca hier tion des lieux par le décorateur achevait, pour de Libre Examen ..A.insi ressortirait. en autant l'étendre à nous tous . l'ambiance de ce dédou­ de séquences . la disco ntinuité de ces faits en blement . jusqu'à devenir topographique . em­ fonction de la discontinuité morale. du compor­ brassant les quartiers parisiens où évoluait cette tement contradictoire. des volte-face de cette physionomie . Ce qui nous faisait vivre sur la physionomie . rive droite allant et venant entre 1 e Marais et le faubourg Saint-Honoré - ici le couturier de la Saisissant au premier coup d'œil . l'avant;1ge rue du Cirque. - là-bas. rue des Francs­ dramatique à tirer du fait que l'héroïne , sujette Bourgeois. les appartements délabrés du vieil â ce genre de situations, s'offrait sous la Hôtel de Jeanne d'Albret, minutieusement physionomie apparemment austère du « mo­ rafraichis, aménagés. où les meubles, les ta­ dèle ., qui les avait suggérées. Pierre Zucca bleaux de la collection du professeur Octave . avait su rendre dans les planches photographi­ les chapeaux de Roberte dans le vestibule . sa ques de La ,a.tonnaie vivante le style inactuel de vaste salle de bains où sur le marbre de la ce visage qui eût trouvé sa place dans l'icono­ coiffeuse elle rédigerait son cahier de Libre �raphï..s de PîetTe 1..ucca pour l..a Mon­ graphie du réalisme académique, au siècle Examen : tous ces accessoires semblaient at­ naie vivante, 1970 dernier. tendre le � retour � du couple , comme s'il y avait vé-cu depuis toujours. Une complicité à cc point solidaire d'une Et durant ces préparatifs. nous traversions monomanie dont le contexte de la stéréotypie parfois le Palais-Royal où cependant aurait lieu indus trielle rendait le projet aléatoire. voulut au moment voulu les préliminaires de la scène qu'il s'engagc:lt à en tenir le pari : compter sur capitale : les réactions - non point concertées d'une - l'incident survenu naguère à « Roberte " actrice - mais imprévisibles du " modèle »au qu'elle m'avait confié succinctement - décrit moment du tournage - donc sur la part de depuis lors de façon circontanciée dans son résistance uu de complaisance que le modèle journal . laisserait tran.�paraître dans les séquences pé­ Or semblable ambiance de dédoublement. nibles ou scabreuses pour autant que sa propre nous l'avions déj à vécue deux ans auparavam " expérience ., y affleurerait. pour avoir filmé sur les lieux le cheminement du Ainsi il me fut donné de vivre la transition de .. modèle " de Roberte sous la colonnade l'invraisemblable vision à la palpable apparence d'Orléans - et maintenant nous appréhendions de l'impossible ; palpable. l'objet des sollici­ la .réitération de cette �;équence . « inimitable ». tudes de toute une équipe de jeunes techniciens dont les phases successives valaient autant zélés. le " modèle » se prêtait a l'actualisation d'« aveux " ·, sauf qu"à cette époque. ne dépen­ de son do�ible qu'ils allaient chacun selon sa dant encore d'aucun contrat -- Pierre Zucca . spécialité. opérer sur sa physionomie : des ayant choisi à bon escient la scène révélatrice circonstances aussi banales que l'essayage chez des Barres parallèles - nous étions pour cet les couturiers . les séances de maquillage, quand essai entre nous assurés de la complicité il s'agissait d'une actrice jalouse de sa carrière. absolue de l'équipe de Zucca non moins que prena ient, â partir d'une inconnue dépou_rvue des deux comparses du " modèle » de Roberte d'ambition. incitée à demeurer telle quelle. le que nul n'avait encore imaginée dans le genre sens singulier de la participation de tous à d'épreuve qui allait s'ensuivre .

186 Aussi bien, inversant l'ordre de la séquence. Exhiber la physionomie du " modèle " d'un Pierre Zucca avait-il d'entrée de jeu commencé personnage n'est e.ncore rien. si, sous le regard par le tournage de ce moment-témoin, quitte à du spectateur, elle ne trahissait pas.. ne fût-ce remettre itU jour suivant les péripéties du début qu'.une seconde par un sourire réprimé. sa (la filature de Roberte par le maniaque le long répugnance a se rt'tr ouvu telle quelle par ses de la galerie Montpensier, aboutissant it U piège propres ressources, dans pareille situation. du sous-sol). Comme en effet cette scè ne est Les émotions feintes et celles physique­ censée se dérouler dans une salle de culture ment voire moralement ressenties par le nw­ phy�ique itU sous-sol d'une boutique de la dèle restent indiscernables : parfois le déséqui­ galerie. faute d'en trouver une. les barre� libre de la démarche ou la gêne augmentent parallèles avaient été dressées ilU gymnase du encore l'impression de justesse -- d'autant piu� Cirque d'Hiver. Là donc s'était accomplie forte que le personnage de Roberte se Citrncté­ l'épreuve : en sorte que le lendemain. le rise lui-même par cette indiscernabilitè.

" modèle " d'une <; Roberte "· consciente de l'avoir subie à souhait aux yeux de tous. ... et œt indisœrnab/e_. pr écisémt•nt, se voie revenue au point de départ de son aventure l'i f' on touchuait du doigt le galbe vivant de la sous la colonnade d'Orléans. sut prendre d'au­ pré.wnce qui rt•n d cet indisœrnah/c> visihle. tant mieux l'allure désirée qu'elle donnait aux Tr:! t•st f'étrangt' t•ffet du procédé auquel j"t•us spectateurs l'impression de s'attendre à quoi recours pour t•xhibu l'in échangt•ab/e physiono­ J"acheminait Sil déambulation. mie : procédé le mieux fait pour compromellrt', A plus forte raison le moment final où. assise parce qu 'industrie/, l'exhibüion qut• ;�· m 'm à la terrasse du café Nemours. Roberte. se pronwllais, l'i du méme coup le plus effi cace : récapitule !'incident, le " modèle. " l'exprimait­ - la caméra. lïn.1·mum•nt, d'abord artisanal. il avec le naturel requis, estimant que son rt'pr oduisant la mouvance dt•s fi gurt'S selon les " excellente mine ,, dissimulait la saveur de sa H:hèmt'.\ normat�fs dt• notre appr éhmsion vi­

" propre honte » - face à la foule des curieux sut•llt'. - qut' la comp/t•x ilé dt• sa structure attirés par les reprises du tournage. prédt•stinait a frxploitation industridle de œ!o Deux ans plus tard. cette impression devait schèmt'S : quilll• à dt•vt•n ir un procédé d'exhibi­ encore s'accentuer, au point que certains impu­ lion des .\'tér éotypt'S convmtionnds - sociaux, tent l'incident des Barrt'S ilU caractère même de moraux ou esthétiqut'S - au gré dt•s interpr éta­ Roberte. La scène. dans la version définitive, se tions du plus grand nombre ..1·d on ü•s rémini\'· tournait pour les mêmes raisons du trucage, œnœs proprt'S à f't•xpérienu· quolidil•nne de non plus au gymnase. mais dans la vétuste usine chacun - h• procédé dût-il coïncider avec la du fabricant de luminaires, dernier occupant de concupÏ.l'œnl<' acuité d'un maniaque . !'Hôtel d'Albret, construit en appentis de Or a procédé indu.1·trù!I lfrxhibition repose !'illustre demeure. Là. les poignets attachés aux spécijïquemenl sur le travail non plus d'un seul barres, prestement déjupée, ne gardant que la mais de plusieurs : sur l'eff"ort d'um' équ ipe de veste de son tailleur noir. son large béret vert à tèchnicim.1· que la poursuiœ de cetu• exhihition voil�tte. tiré de côté sur le front, le " modèle » d'une physionomie in échangcahfr animait d'un de Roberte imprime de nouveaux mouvements t•.1·priz _fratum•l. à se s genoux ... cède " a de nouveaux réflexes -- " Et tout ce fl'muc-ménage pour t'n arriver aux titillements de la langue du maniaque sur sa lti i' le cinéma. l'instrument de votfl' tmmonde paume largement ouverte, -- roulant les yeux. optique gulli11ér imne ? N'a-t·on pas dit naguére s'abandonne. que votre intrigue dt•s Lois de l'hospitalité, Tant s'en faut qu'une actrice de métier tramée sur ce gt'nfl' d'in cidents -· ne nous imaginât seulement lïdé.e de réactualiser un fait concerne pas ? ! Et jauœ de pouvoir lire votre vécu ou supposé. syntaxe décadenœ et bourgeoi1'e, c'est à l'écran

187 qu'o11 verra ., frisso1111er ,, la " peau de Ro­ mode d'expressio11 - rie11 de tout cela avafll berte ? " La preuve ou 11011 de votre ' i11suffi­ d'avoir été, d'être et de rester u11 monornane. �m1ce littéraire » ? - Et 111ai11te11am, 11otre " i11écha11geable ,,, - Re11trez do11c votre mag11éto, mais rere11ez vous la menez aux enchères ! A qua11d la bie11 ceci pow la joie de mes détracteurs : je 11e prochai11e projectio11 ? sui� 11i w1 « écrivai11 ,,., 11i u11 « pe11seur ", 11i u11 - Elle ne sera poim gratuite. Vous payerez " philosophe , - 11i quoi que ce soit dam aucu11 /'i11discemable et e11suite. aile: au diable .1

188 Fragments d'une explication *

Rémy Zaugg et Pierre Klossowski

contradictoire, parce que d'une part je dis que Rémy Zaugg - Les premiers dessins que l'on je veux retrouver l'ambiance des vieilles af­ connait datent de I 953. Jusqu'en 1972. vous fiches de spectacles et que d'autre part. je faites des mines de p lomb. A cette date songe à la peint ure en trompe-l'œil. .re m'en apparaissent les dessins à la mine de plomb tiens à des motifs spécifiquement spectacu­ rehaussés aux crayons de couleur. Cet te phase laires, mais en un sens tout à fait contraires à dure le temps de quelques compositions. Elle l'optique actuelle, avec tous les procédés que correspond à un moment de transition avant les l'on a pour projeter des images, !es holo­ œuvres exécutées exclusivement avec des grammes et les truquages, procédés qui. peut­ crayons de couleur. étre. poursuivent les mémes sensations ou qui Un exemple de dessin rehaussé : Milady et le ont pour o�jet les mêmes phantasmes. bourreau. de Lille. Co mparé aux dessins à la Evidemment. il y a un problème : les cravons mine de plomb. par exemple au Portrait de la de couleur sont complètement disproportio�nés femme de l'artistl! tapant à la machine, ce dessin par rapport aux formats que je traite. Le t.ravail rehaussé . malgré son sujet. est plaisant. très est très lent par la nature des choses. Il me faut belle époque. Il est d'une séduction sécurisante une patience de fou pour obtenir ce que je crois qui vient de la plénitude des formes, mais aussi "-·· pouvoir obtenir tout de méme envers et contre des couleurs et de leur mode d'application. tel _... .::i; ( tout. le jaune du ventre qui semble peint. Na turellement, il y a des gens qui disent : Projet d'illustration pour le mort d• Gt'l�S Pourquoi avez-vous commencé à mettre de la " Mais pourquoi est-ce qu'il ne prend pas des Bataille. <"'.1 l%O couleur 'J Pour traduire une séduction ? Pour x pinceaux. pourquoi est-ce qu'il ne se met pas à min<' dç plomb. 27 21 cm séduire ? faire de la peinture à l'huile '? » Ce ne serait pas Pierre Klossowski -- Un marchand m'avait la méme chose. Et je n'essaie pas. d'ailleurs. dit : " Mais pourquoi est-ce que vous vous parce qu'il faudrait un véritable apprentissage, refusez absolument à la couleur ? Ce serait . _.,7, et que je suis sûr que l'effet ne serait pas le � - quand méme intéressant. " Lui se disait peut­ .i ·:-· même. Quelquefois. je suis tenté de demander \ étre que ce serait plus commercial. Mais sa /f:. t<'.�'. à un artiste de reprendre un motif. de le copier. remarque a éveillé ma curiosité. J'ai effective­ ,: � :,.,.. ·· de le transposer en peinture proprement dite. Il ( ment commencé: à rehausser mes dessins : pour i serait peut-être intéressant de voir ce que ça / voir. Seulement. je ne m'en suis pas tenu à cela. donne. Mais pour moi. c'est trop tard, il n'est J'ai vu. à un moment donné. qu'il fallait plus temps de commencer, de recommencer à recommencer, abandonner tout à fait la mine faire de la peinture. d'autant plus que je croi.� de plomb et travailler comme en peinture. que les crayons de couleur sont un procédé c'est-à-dire considérer tout de suite la composi­ . justifié. Dessiner avec des crayons de couleur. tion du point de vue des teintes. éliminer la ../ c"est aussi mettre de la couleur. ce n'est pas mine de plomb et ne prendre que les crayons de . s implement du dessin. Un ami peintre. qui fait Crf do G•or�s Bataille. l'a mais l'effet est celui de la peinture, comme si on 1960 • ln " Entretien avec Remy Zaug� ». catail)gue Simulo­ mine. de plomb, 27 x :?.! cm cra. Kuns!hallc Berne. !981. avait utilisé un pinceau à la manière d'un

189 crayon . Ce n'est pas du pastel non plus. le bien aux agents physiques et chimiques que la pastel est beaucoup plus salissant. Il existe aussi peinture à l'huile ? Cependant, je ne voudrais des sortes de craies grasses qui ont un diamètre pas recourir aux procédés qu'on utilise actuelle­ beaucoup plus grand que la mine des crayons de ment pour la publicité. tels que la sérigraphie. couleur. Le travail irait plus vite. mais reffet la typographie ou l'offset. Ces sortes de sché­ serait tout autre, si je voulais ensuite gommer, matisations totales n'ont aucune valeur. Certes. impossible ! Et ça. c'est épouvantable ! Déjà vous pouvez reproduire dans toutes les dimen­ avec les crayons de couleur, f ai des difficultés. sions. même en beaucoup plus grand que les La mine de certaines couleurs est composite. originaux si vous Je voulez. comme pour cette hétérogène. Les bruns. par exemple. Si je campagne culturelle que l'on a faite dans les gomme un brun. Je papier devient rougeâtre quartiers de Paris avec des affiches qui repro­ parce que la poudre du crayon se décompose en duisaient L'Oda/isque d'Ingres. des tableaux de noir et en rouge et que la poudre noire s'enlève Manet. de Delacroix. etc. C'étaient simplement plus facilement. Ces incidents sont très désa­ des reproductions de taille énorme. On peut gréables. J'ai ensuite beaucoup de mal à travailler de cette façon-là : naturellement. je retrouver une teinte. une densité. une opacité peux faire des tableaux, garder les originaux. et satisfaisante. Donc il y a Je pour et Je contre. les faire reproduire comme des affiches. Mais Mais me mettre avec une palette. avec des ça ne m'intéresse pas de travailler ainsi. pots de couleur. avec des pinceaux. etc.. c:,

190 Pour la question du crayon de couleur. je ne une main, un bras. un corps et un esprit des plus peux pas vous le dire autrement, je pe.ux attentifs. et parce qu'il fatigue et crispe le corps seulement vous dire : c'est comme ça. de l'esprit. il implique toujours plus de concen­ Rémy Zaugg - Vous venez de faire un tration et toujours plus de rigueur. La discipline parallèle entre votre manière de travailler et la qu'exige le crayon de couleur est apparentée �1 technique de la gravure sur bois. celle de Dürer. Elle est proche de celle de Pierre Klossowski - Pas avec la technique. Cézanne. aussi. comme dans le paysage que j'ai avec le caractère. J'ai dit que .ie retrouve vu hier au Louvre. dans la donation Picasso. où parfois. dans des compositions, certains élé·· ies taches sont ajoutées aux taches, juxtaposées ments qui me rappellent la. gravure sur bois aux taches, superposées aux taches. à un point rehaussée. J'ai des réminiscences de gravure� tel que les lignes apparaissent gravées dans la sur bois coloriées qui me revie nnent quand je matière picturale. Elle est proche aussi de celle travaille un détail, c'est certain, mais jamais je de Seurat qui peignit La Grande Jatte petit ne les exploite directement. point après petit point. Par conséquent. le Rémy Zaugg - Je pensais plutôt à votre crayon de couleur appelle et autorise l'intention manière de faire. il la fabrication et à tout ce intense et l'intensité intentionnelle. que cela implique. Dans la gravure sur bois. la Beaucoup de vos dessins pourraient être des matière résiste. Il faut faire un effort. Vous projets de sculptures. devez vous concentrer sur chaque ligne - Pierre Klossowski - Si vous dites ça. vous comme avec les crayons de couleur. Tandis dites plus que la vérité , vous dites ma nostalgie . qu'en peinture, vous pouvez appliquer la cou­ Si j'en avais les moyens - ce serait horrible­ leur facilement. comme sans y penser. Le ment coûteux -, je réaliserais tous mes pinceau effleure. il glisse. caresse. Il est géné­ groupes en ronde-bosse. Les statues que .Jaime­ reux - un co4p de brosse et déjà la lumière rais faire - des figures de cire. en somme - . j e souligne le pli d'une étoffe. IL est rapide et ne les voudrais d'un réalisme aussi académique fatigue pas la main qui demeure décontractée. que possible, sans aucune autre recherche de

Etudr pour La Bellr VersaDlai... . oi 1954 Il est long et tient à distance le corps souple et style ou d'expression plastique nouvelle, située mine de plomb. 27 ,. 21 cm agile. Il est méditerranéen . peut-être italien. entre l'abstraction et la vision concrète. Donc Rien de tel avec un crayon de couleur. surtout quelque chose de tout à fait conventionnel. devant une immense feuille ck: papier. Le d'aussi conventionnel que possible. Vous avez crayon presse et frotte: sa trace colorée résulte parfaitement raison, mes compositions sont Sa taille virtuellement des projets de sculptures. de l'usure de la mine sur le papier. . modeste, la petitesse de sa pointe colorée et la Rémy Zaugg - Donc vous choisissez dans finesse des traits demandent une vision rappro­ vos livres ou ailleurs des scènes et des situations chée. Le cra yon à vision rapprochée est qui se prêtent à la statuaire : des personnages et analytique. Il s'attarde au détail. le fouille et des objets liés et imbriqués les uns dans les s'enfonce dans l'élaboration. Mais le crayon est autres à la manière du Laocoon. et ceci comme aussi répétitif : il passe et repasse presque aux les auteurs de la comédie grecque qui. entre mêmes endroits, il juxtapose les traits et les tous les métiers. choisissaient des personnages superpose, chacun précisant le ou les précé­ typiques utilisant la parole séductrice ou des dents. Dans son analyse de myope et dans sa stéréotypes ayant tous le caractère théâtral de recherche de la précision . il est laborieux. Et il la flatterie et de la vantardise. bref. des est aussi tenace. opiniâtre. têtu. entêté, mania­ personnages du quotidien taillés sur mesure que peut-être. car il lui faut être constamment pour leur genre théâtral : Je parasite, le courti­ rigoureux et précis, chaque trait restant visible. san ou la courtisane, le cuisinier. le marchand Dans la transparence de sa technique, tout de poi!!ison, le philosophe . Cependant . le motif compte. Le crayon de couleur demande un œil. n'est pas tout : le caractère sculptural de vos

191 dessins provient aussi de votre manière de seur invisible dont on ne perçoit que les mams travailler les personnages et le décor. Chez qui l'empoignent et les pieds qui la talonnent : Bonnard. figures et intérieur sont traités de comme si le spectate ur. ne voyant que ses façon homogène : chaise , lampe, fenêtre, propres mains et ses propres pieds, tenait fe mme assise , nappe. enfant sont les éléments lui-mème cette fe mme par les poignets . Non. je constitutifs égalitaires d'un tout. Dans vos dirais que les personnages que VOUS donnez a dessi ns, les personnages, en gros plan et en voir sont des personnages doués de vie, comme pied. sont très exécutés. alors que le lieu de des acteurs sur une scène de théâtre ou comme l'action est plus suggéré que représenté et est Jacob et l'ange combattant dans le paysage de limité à des indications telles qu'un sol. un plan la fresque pe inte par Delacroix à Saint-Sulpice. vertical. quelques accessoires quotidiens et mais je ne parlerais en aucun cas de poupée s de banals. une rampe d'escalier. une porte. une bois ou de bakélite. fenètre. Les personnages ressortent. Le lie u Pierre Klossowski - Ce qui m'effraie chez semble contingent, tandis que les personnages De lvaux, c'est que ses fe mmes ont une allure de forment une entité . un bloc qui paraît amo­ poupées de bois : comme si le rève s'éteignait vible. La sculpture dessinée donne l'impression dans la matière morte . inerte , Delvaux exagère qu'elle pourrait être transportée ailleurs. terriblement : il peint des paysages. des quar­ Pierre Klossowski - Se ulement on ne pe ut tiers de ville, il trace des avenues, puis il y tout de même pas dire que mes figures sont en dispose des objets qui représente nt des êtres bois. ni que je copie des poupées. Est-ce que vivants, mais qui ne sont que des obj ets. C'est Etude pour Roberteet les

192 significative " a déchiffré un èiel. des arbres et relief le réalisme de la présentation bâloise. des buissons, de l'herbe et de la terre. plus loin Cette présentation est un reflet profane du un obélisque devant un paysage méditerranéen thème de la représentation assimilé à une scène et peut-êtr e en dernier lieu le petit saint Jean quotidienne : la sculpture. des hommes sur une assis au premier plan entre des vestiges anti­ place. est dressée sur une place où sont des ques. Le premier choc a donc été une sensation hommes. Quand vous mette z le tableau reprc>­ colorée et formelle : la signification. l'illusion. sentant des personnages grandeur nature de­ est venue ensuite. J'ai dû chercher la figure qui bout dans une pièce au niveau du sol sur lequel est secondaire et subalterne : je suis allé à elle. se tient le spectateur. le sol réel est une C'est tout le contraire dans vos tableaux : la extension du sol fictif et le sol fictif une figure vient à moi. Le premier choc est donné extension du sol réel, sol réel et sol fictif par les personnages d"une certaine forme et semblent appartenir a une même réalité ambi­ d"une certaine couleur, qui n'émergent pas d'un guë. de même que les personnages tant fictifs jeu de formes et de couleurs qui n'apparaissent que réels. Où est la fiction. où est Je réel ? pas progressivement, mais qui sont constitués et Qu'est-ce que la fiction, qu·est-ce que le réel ? donnés d'emblée, là, présents, en face de moi. Il y a osmose entre les deux.

Avec une petite figure comme celle de saint Pierre Klossowski ·-··· Ou échange. Les per· Jean. ma relation est médiate et inwginaire : sonnages communient immédiatement avec la avec les. grands personnages de vos dessins, elle présence corporelle du spectateur. Les grandes Allitudes !Enlèvement des Sabines). � 1960 est immédiate et imaginaire mais aussi physi­ compositions religieuses. les peintures murales cncTc Cl stylo-bille. 27 x :!I cm que. Vos grandes figures sont des partenaires antiques grandeur nature. ou du moins qui du corps du spectateur. donnent cette impression, mettent le spectateur Pierre Klossowski - Oui, le spectateur ne au niveau de l'action des p.ersonnages en action. peut pas reste r indifférent : ou bien il trouve Le spectateur est dans le méme espace que les que ça ne lui dit rien du tout et il passe outre, ou personnages. Je pense qu'il y a une part de bien ça lui dit quelque chose. il regarde, et il y a censure dans le fait de restreindre les dimen­ une espèce d'échange entre lui et les person­ sions. A l'époque où l'on craignait la censure , nages. C'est du à l'échelle humaine des figures. on trouvait tres dangereux de montrer en Il faudrait qu'un tableau représentant des grandeur nature des choses comme Le petit personnages grandeur nature sur le parquet Rose du Marquis de Sade - évidemment, ce d'une chambre donne l'illusion que ceux-ci sont n'est pas la même chose quand je lis la. scène : �� de plain-pied avec le spectateur. quand je trouve un objet qui représente / l�� Rémy Zaugg - Cest ce que j'appelle une quelque chose de réel. ça reste un objet. On mise en scène réaliste. Vous connaissez peut­ m'a dit : " Vous faites des choses qui sont être Les Bourgeoi:i de Calais de Rodi n. au vraiment très violentes, qui demandent qu'on Musée des Beaux-Arts de Bâle : la sculpture. se jette sur elles si on ne veut pas que les qui montre des bourgeois sur une place . est personnages se jettent sur vous. » Pourquoi posée directement sur les dalles de la cour est-ce que Bellmer n ·a jamais donné lieu à des t�' d'entrée traversée par les visiteurs. Les bour­ scandales ? Simplement parce qu'il fait de geois en bronze sont au milieu des bourgeois de l'orfèvrerie . presque de l'entomologie ou de la chair et d'os, le sol en bronze se confond botanique. �: presque avec le sol dallé de la cour. La . Rémy Zaugg - Les moyens plasti ques ��- '·. confrontation est directe. A Londres, la même conventionnels que vous mettez en œuvre font sculpture est juchée sur un socle d'environ un partie des habitudes visue lles : ils appartien­ mètre de haut dressé au milieu d'une pelouse et nent à la culture de tout un chacun. ils sont Etude pour Diane el Acteon, ca 1955 Le:; bourgeois apparaissent parés de la gloire évidents à tous. ils sont transparents et passent mine de plomh. 7.7 )' 21 cm des martyrs exemplaires et idéaux. Ceci met en pour ainsi dire inaperçus au profit de l'illusion.

193 bref. ils trompent l'œil. Ils contribuent donc Pierre Klossowski - Le spectateur s'actua­ aussi à l'immédiateté de la présence de� lise lui-même en contemplant la figure qui pen;onnages. s'offre à lui comme .sa victime ; mais tJUe le Pierre Klossowski - Oui. cela va de soi. spectateur s'arrête ou non comme le bourreau Seulement on ne peut pas dire que je fais du virtue.l du personnage tJUe lui présente le trompe-l'œil au sens où en font les spécialistes. tableau, c'est son affaire. Mon propos reste Le trompe-rœil. 1:'est toute une technique. toujours de solliciter les réactions du contem­ Ainsi, il y a des tableaux qui sont entièrement plateur et de choisir dans ses propres disposi­ construits en trompe-l'œil. Un tableau peut tions celles qui. grossièrement matérialisées par jouer avec le trompe-l'œil sans n'être que du les moyens les plus conventionne.ls. doivent trompe-J'œil. Certaines surfaces peuvent rester surgir dans son propr e espace et. en l'envahis­ plus ou moins plates. malgré que le volume $Oit . sant. prolonger ce dernier : le contemplateur indiqué ; mais on ne peut pas qualifier cette doit se retrouver face à face avec c.ette région de indication de trompe-l'ceil . même si l'on croit lui-même quïl ne peut reconnaitre que si elle se pouvoir saisir cette main ou cette béquille en la trouv e extérieure â lui-même : tel bras qui voyant. Je ne fais pas du trompe-l'œil comme étreint. c'est le sien : telle partie corporelle. ces techniciens contre lesquels Lhote s'était c'est lui qui la palpe. Donc rien de plus trivial élevé en disant : " C'est tout simplement dou­ en tant que propos ou qu'entreprise. Mais cette bler 1 a nature » - c.e qui me parait complète­ trivialité même ne !;aurait s·'obtenir par des ment faux. car jamais aucun tableau, si realiste moyens primitifs ou abstraitement cultivés qui soit-il. ne sera une doublure. de la nature. Un ne font que détourner le spectateur de ses tableau sera toujours un tableau. il sera tou­ propres dispositions, sous prc!texte de l'elever jours une chose abstraite. Même le trompe-!'œil à un niveau de contemplation désintéressée : est une chose abstraite. puisquïl est en surface. rout l'art moderne se rend ainsi complice de la Il faudrait: dire comme Giacometti : « Pourquoi destruction puritaine de l'idiom atisme animal est-ce que vous parlez tout le temps de figuratif. par les stéréotype s de la fabrication industrielle d'abstrait. etc., puisque dès que vous faites un - par animal. je n'entends pas la bestialité. tableau. vous faites déjà de l'abstraction "? »Ce mais la force impulsive de l'âme. au sens où sont des querelles de cuistres, des débats tout â I' Apôtre dit que l'animal précède le spiritue l. fait académiques. en somme. Il n'est pas moins Laissez-moi vous citer l'Hermès Trismégiste, académique de vitupérer le trompe-l'œil que de même si vous croyez de prime abord que je ne le precher. Courbet. par exemple, ne s'est pas réponds pas à votre question sur la sollicitation gêné de faire du trompe-l'œil quand il le jugeait corporelle du contemplateur par le tableau : nécessaire. e..:.� sont là des discussions absurde.s " Dans l'impossibilité de créer une âme pour -- sauf évidemment si l'on veut absolument animer les simulacres des dieux, on invoqua les rétablir une optique tJUi réponde à une sensibili­ âmes des démons et des anges et on les enferma té différente. dans les images saintes, afin que grâce à ces Rémy Zaugg - Le trompe-l'œil pictural. les àmes les idoles e.ussem le pouvoir de faire le personnages grandeur nature et la mise en bien et le mal. ,. Les démons invoqués ici scene réaliste du tableau sont déterminants seraient. selon la représentation néo-platoni­ pour la présence immediate et agressive des cienne, les natures intermédiaires entre les figure s. ils favorisent la communion entre dieux impassibles et les hommes assujettis aux spectateurs et figures. Le spectateur est entraî­ passions - partageant avec les dieux l'éternité né dans un corps à corps. Vos personnages de leurs corps aériens. avec les hommes appellent la présence du corps du spectateur. l'agitation passionnelle - donc natures contra­ Ne voulez-vous pas solliciter les réactions dic.toires et de ce fait les médiateurs indispen­ morales ou corporelles du contemplateur ·.1 sables aux hommes aupres des divinités inacces-

194 sibles. De là « ces simulacres qui connaissent l"artiste. l'avenir, l'annoncent par le sort. par le devin, Pourquoi interrompre l'ébauche d'un tableau par les songe s .. . qui frappent les hommes de au profit d'un autre à peine commencé ? D'une maladi es et les guérissent "· Formulée voici manière générale. il anive à des artistes de deux millénaires par !'Hermès Trismégiste. trancher par ce réflexe la sorte de dilemme dont cette explication des simulacres fabriques pour ils n'ont pas toujours conscience : ou bien agir moralement sur le comemp/ateur, n'a pas l'artiste entraîné par l'élan ludique de sa cessé de me revenir à chaque fois que je virtuosité, comme se dérobant à la contrainte m'attardais devant quelque œuvre due à cer­ de quelque motif obsédant. en vient à traiter tains de nos maîtres modernes. voire contempo­ son tableau comme pur et simple « exutoire " : rains. qui obéissent encore à la conception ou bie.n il aura depuis trop longtemps accordé traditionnelle de l'art au sens imitatif donc un caractère nécessaire donc réel à cette simulateur. Quel rapport entre pareilles œuvres contrainte pour ne pas savoir y reconnaître la et les idoles '! Comme.nt oser prétendre qu'un sollicitude du malin génie imparti à sa destinée, tableau, qu'une sculpture, aujourd'hui procé­ et dont Tertullien décrit ainsi le stratagème : derait du méme principe ? Question ou suppo­ « Le démon était à la fois dans la chose quïl sition proprement aberrante dans le contexte de faisait voir et dans celui à qui il faisait voir la

. ,- la production contemporaine. Mais pour que chose. » Si donc semblable complicité « démo· vous compreniez mieux en quoi l'argument du nique .... pour autant qu'elle est toujours éprou­ Trismégiste me concerne encore. moi qui vée par ('artiste comme « extérieure » à son fabrique des simulacres à ma manière . j'en vouloir, provoque en lui la vision. obsession­ retiendrai seulement qu'il se fonde sur l'impos­ nelle parce que persistante de quelque chose, sibilité de « créer une âme " propre à anime-r c'est qu'elle suscite chez l'artiste un état auquel robjet inerte qu'est le simulacre : donc quïl répond r aspecz sous lequel l'obsession réappa­ dénie à l'artiste le moyen d'agi r par sa seule raît sur le tableau. mais éveille dans le contem­ subjectivité et n'attribue qu'à la complicité pla1eur un état réponO.am a cet aspect. L'obses­ d'une force démonique l'action morale et sion agit donc simultanément mais différemment l'objet visuel produit par l'artiste. dans l'artiste et son simulacre, dans le simulacre Que les démons " invoqués >.> ne soient que et son contemplateur. Le tableau en tant que les hypostases de forces obsessionnelle s agis­ simulacre ne fait que reproduire le stratagème mustratlon pourln Damnrom.IMs, 1968 santes à partir d'une œuvre plastique ou démonique. Reproduire le stratagème, c'est picturale. importe apparemment fort peu à s1ylo-hilk et mine de plol'Rh. IO >< Hl <"m pour l'artiste exorciser l'obsession. Mais une l'artiste, pourvu qu'il sache obtenir son effet : fois le tableau achevé, qu'est-ce qui sustente mais précisément. qu'il ne puisse l'obtenir que son action ? s'il maintient l'hypothèse d'un monde démoni­ Il en est de la structure d'un tableau comme que analogue à ces forces. au point de traiter de la structure d'une phrase qui disparaît dans tout mouvement de l'àme comme corrélatif à cela même qu'elle donne à comprendre. Dès quelque mouvement démonique - constitue qu'on la désarticule en chacun de ses membres, l'impératif même de la suggestion visuelle qu'il le sens disparait dans l'attention que l'on prête poursuit Ainsi, chaque fois que l'artiste travail­ à chaque mot qui subsiste pour soi. Le lerait à un tableau. quel qu'en soit le « motif ». contemplateur du tableau, tantôt confond à ce serait à contrefaire son modèle invisible - juste titre la- technique qui le structure avec l'analogue démonique de sa propre émotion - l'émotion ainsi procurée ; la technique disparaît donc à le séduire par la « ressemblance 1> de son dans ! 'aspectqu' elle effectue matériellement ­ simulacre et ainsi à le circonscrire par une dans la mesure où elle coïncide avec le « style » figure dont l'aspect agirait sur le contemplateur indissociable de l'aspect sous lequel l'obsession au même titre que son modèle agissant sur première de l'artiste se montre sur le tableau.

195 Tantôt le contemplateur - non moins légitime­ modifiant l'objet contemplé, le débor de tou­ ment - attribue à la technique même l'indiffé­ jours pour ne se confondre jamais avec l'aspect rence où le laisserait le " motif " de l'artiste et de sa contrefaçon '! Toutefois. plusieurs forces bientôc le seul intérèt pour le monde de fabrica­ peuvent ainsi se disputer la réceptivité du tion va dissocier du style la technique qui n'est peintre pour répéter leur « stratagème "• mais plus que le re.sidu inerte de l'obsession jamais aucune ne saura valoir pour l'ensemble première. à l'origine d'un tableau. Qu'est-ce de toutes celles qui alternent dans la « patholo­ donc qui sustente l'action du tableau « ache­ gie » de l'artiste. Ni les obsessions. les jouis­ vé '" si ce n 'est entre l'artiste et son simulacre. sances. les angoisses qu'elles provoque nt n'é­ entre le simulacre et son contemplateur. l'aller puiseront .iamais les divers aspects qu'elles et venir d'une présence " démonique " la­ consentiraient il prendre sur ses tableaux. quelle. de ce fair. intensifiant le regard et

196 Entretien avec Alain Arnaud *

Alain Arnaud - Vous avez longtemps mené vos dessins. Or votre technique picturale est de front écriture et dessin. Certains de vos celle des crayons de couleur. D'un crayon dessins étaient méme joints à vos textes, en l'autre en somme '! frontispice ou en contrepoint. Puis il y eut une Pierre Klossowski - En fait, je suis passé de rupture et l'abandon de l'activité littéraire pour la graphologie â la calligraphie. ou plutôt à ra le seul dessin. Et curieusement. ou symptômati· hieroglyphie. Je traite la peinture comme une quement. certains de ceux qui vous saluaient en hiéroglyphie. La pensée y exerce une surveil­ tant qu'écrivain ont été gênés, dérangés par le lance : le mouvement spontané. est constam­ peintre. Soit qu'ils aient feint de l'ignorer, soit ment. controlé par un ensemble de critères, le quïls aient tenté de réduire vos dessins à une goût. 1 e style .. . Il est certains stéréotypes illustration de vos récits, à la simple traduction auxquels j'obéis. d'autres que je rejette. C'est ou transposition sur la toile. des scènes décrites une autocritique permanente. Je suis parti de dans vos livres. l'idée de peinture murale. avec ce qu'elle Pierre Klossowski - Je n'ai pas mené les comporte de théâtralité, de spectaculaire. Je deux activités de front, mais de manière n'oublie jamais que je travaille sur un mur, en alternative. li y eut la période des dessins à la fonction de sa verticalité. et non à partir mine de plomb qui co-existaient. de fait, avec d'images que je pourrais poser comme on pose l'ecriture. Puis la découverte de la couleur qui a un livre. correspondu à l'abandon de l'écriture. La Alain Arnaud - Conception qui sous-tendait satisfaction que me procurait cette expérience déjà l'écriture. Vos récits relevaient d'une m'amena à lui sacrifier du méme couple temps ecriture du regard, de l'image mentale. plus que qu'elle exigeait. Cette façon de s'exprimer, d'une écriture du son ou du verbe. D'où apparemment primitive parce qu'immédiate rimportance des "tableaux vivants » et de la relativement à l'écriture. ne pouvait souffrir la description minutieus e des coloris. Après la concomitance avec la communication écrite. scène des barres parallèles par exempl e '. qui est toujours indirecte quant à l'émotion postures encore - Roberte se contemple dans vécue. A savoir que le langage. en tant qu'il un miroir avant d'admirer « le glisseme nt de la relève du-sens commun. altère le motif particu· ville ». C'étaient déjà des gestes de peintre. Les lier eu égard à la réceptivité générale. Renon­ mots avaient fonction de reflet. de miroir. Le çant à l'écriture qui prêtait constamment au signe avait partie liée avec lïmage. malentendu, je m'isolais à ne me prononcer Pierre Klossowski - Il y a eu rupture absolue plus autrement que par le tableau. Quitte à avec l'écriture. Passant de la spéculation au faire sentir mes visions à mes contemporains spéculaire . je me trouve en fait sous la dictée de plutôt qu'à les leur taire comprendre. l'image. C'est la vision qui exige que je dise tout Alain Arnaud - Reste que lorsque la ce que me donne la vision. Sans doute ai-je dû couleur apparaît. l'écrit se retire. Comme si les me souvenir de certains auteurs de la dernière figures de vos récits l'avaient cédé à celles de Antiquité helléno-romaine, tel Philostrate de Lemnos. qui avaient imaginé un genre rhétori· que pour évoquer par l'écriture des œuvres plastiques imaginaires. Ainsi d'Apulée décri· t ln Lo quinzaine {iJtiroire. 1-5 noYC111bre 1982 ; repris in Lo Resst:1r1bltJnU, Pierre Klossowsk� Ed. Ryoân-Ji, Mar­ vant une statue de Diane comme œuvre d'art. seille , 1984. J'ai moi-même pensé un moment décrire mes

197 personnages comme autant de statues. de besoin de communiquer et son impossibilité. portraits, de figures de tableau. .. dont ces J'admets les théophanies. je ne cherche pas à personnages eussent été les modèles. Et puis. la approfondir leur énigme. J'ignore si elle est problèmatique morale a pris le dessus. J'étais contraire ou non au christianisme profond. alors en pleine lecture de saint Augustin, donc L'image est pour moi comme la matérialisation dans une situation de drame philosophique de l'idée de délectation morose. une puissance. tournant autour de l'image et des querelles saint Thomas définit l'image. d'une part en tant théologiques touchant la théâtrique. L'image que cho.'le distincte de ce qu'elle représente. et de était pour moi un condensé de l'expérience ce fait, mouvement dans la faculté cognoscive incommuniquée. Nul contenu d'expérience ne et dans la chose représentée : d'autre part, en se peut jamais communiquer qu'en vertu des tant que mouvement dans l'image e t dans La ornières conceptuelles creusées dans les esprits chose même doni elle est l'image. Soit. à la par le code des signes quotidiens. Et inverse­ lettre. un motif.

ment. ce code des signes quotidiens censure Alain Arnaud - Pour rendre ce mouvement tout contenu d'expérience. L'issue : l'image, le de l'im age. vous avez choisi la convention stéréotype. Le stéréotype a une fonction d'in­ académique. Co mme si. paradoxalement, plus terprétation occultante. Mais si on l'accentue la pose est académique, plus el.le offre une jusqu'à la démesure, il en vient à opérer chance de s'approcher de l'incommunicable. En lui-mème la critique de son interprétation somme, la meilleure communication possib le occultante. dans l'impossibilité de communiquer 7 Une Alain Arnaud ·- C'est donc bien à un évidence ressort de vos dessins : ce sont des impératif de figuration. de mise en regard et en poses. des postures de statuaire. Leur mise en postures que se rapporte votre œuvre écrite. espace et en mouvement est celle de groupes . . . L'obsession du signe unique, du nom unique, Pierre Klossowski - Je nourris depuis quel­ serait une obsession de l'image ? que temps le rêve en effet de travailler la cire. Pierre Klossowski - Par sa sonorité. le seul de faire exécuter mes dessins dans la cire� nom de Roberte est une image ! Roberte est Quant à l'académisme voulu des poses, cette d'ailleurs un personnage qui appartenait aux banalité extrême doit permettre de dire ce illustrations de mon enfance. qu'elle cache. Sous cette banalité, un événe­ Alain Arnaud - Vos récits se distinguent ment ! pourtant de vos dessins en un point. Dans Alain Arnaud - D'autant que sous cette l'écriture, le mot, la syntaxe en appellent toujours plus ou moins au pouvoir de significa­ banalité des poses, sous leur aspect figé s'anime une violente dynamique. La banalité appell tion de la langue. En cela, vos récits seraient e­ rait ainsi à « passer derrière "· au sens où vous cette part en vous qui appartient à l'espace écrivez dans Le Sooffleur : « l'effort que j'ai chrétien, avec ce qu'il implique d'attention au sens et à l'herméneu tique. Dans vos dessins par tenté depuis des années, c'était de passer derrière notre vie pour la regarder ?,,, contre. l'image n'est qu'immédiateté, jeu de miroirs dispersant et réfractant le sens à l'infini Pierre Klossowski - L'image est un signe. en postures, mouvements ... On serait ici plus mais ·d'un univers autre que celui des signes proche de votre part païenne. polythéiste. Soit signifiants. Elle est spéculaire et non spécula­ deux approches du problème de la communica­ tion. Dans I' Antiquité, les statues avaient un tion ... rôle tutélaire, mais ne participaient pas à Pierre Klossowski - Il existe un fond l'essence divine. Ce n'est qu'à partir du Chris­ incommunicable. irréductible, que l'on ne peut tianisme. soit. après l'Incarnation, que l'image exprimer et pour lequel on crée des équiva­ exprime le surnaturel dans les réalités charnelles Attltlfde, ca 1956 lents. On suscite ainsi une tension entre le et terrestres qu'elle reproduit. D'où la question c11cre et mine de plolllh. �6.5 1< 21 cm

198 des iconoclastes ! Pour ma part. je m'en tiens à fession de foi pour la démonologie, conç.ue des motifs spécifiquement spéculaires. comme prati que et comme méthode "! Alain Arnaud - Ce qui me paraît répondre à Pierre Klossows ki - Réhabiliter la démono­

1. ··· · logie. c·est avant tout pour moi établir une ' l'objection qu'on vous adresse parfois d'être pathophanie. "un écrivain qui dessine "· comme s1 vous véritable à la fois méthode et énonciez d'abord un texte puis l'illustriez par contestation. Le caractère théâtrique de la des images. Il n'y aurait pas chronologie entre théologie lui venait de sa croyance en l'âme les deux approches. mais synchronie. Vos humaine comme lieu habité par des puissances . dessins naissent non d'un regard qui lit. mai� extérieures autonomes. Soit une topologie bien d'un regard qui voit el transmet des images mentale, le pathos conçu comme un topos. Pour me ntales. fantastiques ou fantasmatiques. que l'artiste parvienne à ses fins. obtienne l'effet qu'il recherche. il faut qu'il maintienne Pierre Klossowski - Non pas fantastiques. l'hypothèse d'un univers démonologique analo­ Ce sont des constructions mentales figurées. gue à ces forces qui l'habitent ; et qu'il traite Mes dessins obéissent à une volonté de figurer. chaque mouvement de son âme comme corréla­ C'est une manière de voir et de se donner à voir tif à quelque mouvement démonique. En ce le pathos. sens, et au-delà même de la question du

Alain Arnaud - Soit la même tension qui « sujet " ou du " motif », le peintre tend à anime vos textes, mais résonnant tantôt en contrefaire son modèle invisible. à le séduire. écriture. tantôt en peinture. En maintenant pour le communiquer par sa ressemblance, son intacte cette tension, en refusant la réconcilia­ simulacre. La peinture est une pathophanie en tion avec les puissances intérieures qui la tant que le. tableau reproduit un stratagème Etude. ca 1960 suscitent. vous tournez le dos aux investigations démonique et par là. exorcise ·e t communique mine de plomh. 27 x 21 cm scientifiques contemporaines. D'où votre pro- l'obsession du peintre.

100 Bibliographie *

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té. modifié et précédé

naire "· en 1987. précédé d"une courte lèbrl's. Genève, Mazenod, 19:"7, ainsi que bibliographie de l'auteur et suivi d'un extrait les Ll'ttrl's dl'J.-G. Hamann et Golgotha l'i de sa lettre â Jean Decottignies contestant Scheblimini, traduits par Pierre Klossowski lïnterprétation qu'en avait donnée ce der­ et déjâ parus in Ll'S Méditations bibliques de nier dans sa monographie : Klossowski. Hama nn. Paris, Ed. de Minuit, 1.948. Paris. Ed. Louis Veyrier. 198:". 2. Tradudions

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" A Desiructive Philosophy �. in · 't'aie French "Le Complot », in Change. n" ·2, .:!" trimestre Studies. n" 35 . New York. déc. 1965. 1969 ; repris in N.

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« Esquisse du système de Sade ". préface aux cée aux décades de Cerisy-la-Salle sur 120 Journées de Sodome. in OC du marquis Nietzsche : paru in Nietzsche. Paris. Chris·

10/18 *' de Sade. Paris, Cercle du Li.vre précie ux. tian Bourgois. coll. " 1973. 1%7. t. XIII. ·• Sous le masque de l'athéisme ». préface aux " F'ragments d'une lettre â Michel Butor ,, . in Crimes de l'amour. in OC du marquis de Les Cahiers du chemin. Paris. Gallimard. Sade. Pl!ris. Cercle du Livre précieux. t. X. oct. 1967 ; repris dans Roberte er Gulliver, 1967. op. cit . « L ·androgyne dans la représentation sadien-

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280 Gachnang Johannes et e.ntretien de Pierre Le Bot Mitre. ,, Les simul acres de Pierre

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Boulanger Nicole. " La semaine de Pierre de saint Nicolas ,.. . L'Oeil. n" 399, Parii;. Klossowski '" Les rende.z-vous du Nouvel 198ï. Observateur. Le Nouvel Observ·ateur, Nuridsany Michel. " Klossowski : l'hum our et 30 janvier-5 fevrier. 1982. l'insolence: , .., Le Figaro, 29 décembre . Cabanne Pierre. " Klossowski à l:i galerie 1.987. Templon ·,, , Le Maiin. 2 mars. 1982. Lascault Gilbert ...Brèves réflexions sur tmi� Hahn Otto. " Le5 plumes de Klossowski "· peintures de Pierre Klossowski " . Cimaise, L 'Express. 1.9 fevrier, 1982. n" 35. janvier-mars , 1988. Lemaire Gérard-Georges. " From the invisible Henrk J acques. " Pierre Klossowski "· Art painting to the mute pocms ». Flash Art. Press . n' " l09. 1989. n' ll4. 198J . Nur idsany Michel. " Kklssowski : sous la d i cté e 4. Filmographie de l'image '" L<' Figaro. 28 mai. La Vorntirum, 1976. d 'après le roman de P. Klossowski. n" 22. 1984. L' Hypothèse du tableau volé. film de Raoul Blistène Bernard. Bonitzer Pascal, Chevrier Rui.z, 197ï. d' après un argument de P. Klos­ Jean-François,catal ogue de l'expositi on Ali­ sowski et R. Ruiz inspiré de La Révocation bis, ü.·ntre Georges Pompidou. Paris. 1 Wl5. de l'édit de Nantes . long métrage. M arcade: Bernard, " Exposition Alibis "· Flash Roberte. film de Pierre Zucca, long. méffage, Arl. n" 120. janvier, 1985. 1979. Pfers mann Andreas . " Le signe unique », Fa/­ Pu�rre Kl<>ssowski-Porirait de l'artiste en souf­ ter, 21 février-6 mars. repris in Les Cahiers f1eur. film de. Alain Fleischer. 52 mm. 1982. pour un temps, Ed. Centre. Georges Pompi­ A Io galerü:. images miroirs. film de. Pic!rre dou. Paris. J 985. Coulibt:uf. 8 mm , 1988. Maestri B. , " Pierre Klo�sowski " . Artfo rum. Les crayons de couleur, film de Pierre Cou[i­ n•· 24. mars. l!J86. beuf. lb mm , 1988.

Abrt'·vwlion� "' . t-ii<:lzch.o ou k c�rck \•1c·ic11' SfD l !n ,,; fu nc,t<· dù'1 r < '1C n:uvrc.:!- cornpldc.::- K 1.� fl.c,... . mhlan<:< Expositions personnelles

1956 Exposition privée. Ü) Ur de Rohan, 1980 Lens Fine Art. Anvers. Paris. PAC (Padiglione d'Atte Contempo· 1967 Le.'i mines de plomb de P. Klôs­ ranea), Milan. sowski, 1981 Galeri e Ponce, Mexico . Galerie Au Cadran Solaire, Paris. Simul ucru. Kunsthalle. Berne .

1968 Galerie Aurora. Genè.ve . 1982 Galerie Te mplon, Paris. 1969 Galerie D Segno. Rome. Musée Jules Cheret. Nice .

1970 Galerie Schwarz. Milan. Lens Fine. Art. Anvers. Ho lly Solomon Gallery, New York. 1971 Des.dm a lu mine de plomb, Galerie André-François Petit. Paris. 1984 Galerie Maeght-Lelong, Paris.

1972 Crayons de couleur, Galerie Bena· 1985 Galerie Beaubourg, FIAC, Cirand dor. Genève. Palais.. Paris. Studio Marconi. Milan. 1973 Librairie Enaudi-Aldrovandi. Milan Galerie Julia, Rome. Galerie Toninelli. Rome. 1986 Galerie Beaubourg. Paris. 1974 Galerie Panero. Turin. l.987 1975 Galeri e Le Bateau Lavoir. Paris. Galerie des Beaux-Arts. Nantes. Galerie de I' Abbaye. Paris. Galerie Beaubourg. Paris.

1977 Lens Fine Art. Anvers. 1988 Galerie Lelong, Zurich. Galerie Beaubourg, Paris. 1978 LA!S Burre.'i purulleles l'i uulres situa­ tions de Robt•rfe. Galerie André­ 1989 Musé.e d' Art Moderne, Tokyo, Kyo­ François. Paris. to. Osaka. .

Expositions collectives

1982 Docu menta 7, Casse l. 1 987 Le regard du dormt•ur, Musée dépar­ temental d·art contemporain, Roche­ 1984 Alibi.'i, Centre Georges Pompidou, chouart. Paris. 1989 1985 Musée des Beaux-Arts. Sydney. Bildt•rsireil. Kolner Messe. Cologne .

1986 Qu·t·.çt-ce que l'artfr ançui.{ ?, CRAC 1990 Lu gut•rre de Troie n·auru pas lit•u. Mi di-Pyrénées. Labège-lnnopole, collections du FNAC. Château d'Oi­ Toulouse. ron.

283 TABLE DES MATIÈRES

Créer un poncif CATHERINE GRENIER ...... 9 Le simulacre comme terme sculptural. entre guille mets BERNARD Bl.ISTt NE ...... 13 Hors texte. hors contexte

CLAUDF.. RITSCl·IARf.> ...... • . . . . 17 Le silence extérieur f'AS<.'AL HONTTZF..R ...... • ...... • ...... 37 Pierre Klossowski entre mémoire et mutisme

MARllo- DOMINIC.)UF. WICKER ...... •...... •...... 43

Œ.llVRES ...... • . . • ...... • ...... 49

' ANTHOLOGIE Dl'-<; TEXTES DE PIERRF. KLOSSOWSKI SUR 1. ART

La Judith de Frédéric Tonnerre ...... 162

La décadence du Nu ...... 166 On peut toujours dire que le trait ...... 172 L'on me demandait naguère pourquoi ...... 173

...... La description . l'argumentation. le récit ...... 174 Rol:lerte et la Coiffeuse ...... 178 Lettre à Patrick Waldberg ...... 180 L'indiscernable ...... 184 Fragments d'une explication (Entretien avec Rémi Zaugg) ...... 189 Entretien avec Alain Arnaud ...... 197

CATALOGUE ...... , ...... 201

De Luxuria spirituali

FRAN('( ) CA

ANDR lo MASS<>N ...... , ...... • ...... 265 La double nature de lïmage

l'IERR" ZllCCA ...... •. . • . • ...... • ...... • ...... • . . . . . • ...... 267 Pierre Klos:;owski ou de l'académisme dt�naturé

ANTONIO !>Hl . (;lJ!-:1(( '10 ...... , , , ...... , ...... , ...... , 27J

BibliographU! ...... 275 l.Jsœde.1 exposilions ...... 283 ACHEVÉ f) IMPRIMER EN OCTOBRE 19'�0 SUR LES PRESSES DE LA GRAF·ART OFFICINE G RAF ICHE ARTISTICHE .À VENARIA (TURIN) ITALIE ISBN : 2-72\11 -0584-!i ISSN : 0985-lloC/5