LeMonde Job: WMQ0809--0001-0 WAS LMQ0809-1 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0363 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

a Au sommaire : Jean-Jacques Schuhl, Lydie Salvayre, Frédéric Beigbeder

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56e ANNÉE – No 17300 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Elf : La panne menace la France accusations b Les patrons routiers défient Lionel Jospin, qui ne veut plus rien céder b Un tiers des dépôts contre de carburant et des raffineries sont bloqués b La pénurie s’installe mais la région parisienne est épargnée b Les agriculteurs de la FNSEA et les chauffeurs de taxi amplifient le mouvement des policiers LA PÉNURIE de carburant s’ins- Unostra ont appelé à continuer le talle dans plusieurs régions, no- mouvement. Lionel Jospin a haus- cambrioleurs tamment Rhône-Alpes et Pro- sé le ton, mercredi, en prévenant vence-Alpes-Côte d’Azur, où les qu’« il n’y aura pas d’autre négocia- PRESS SIPA DES POLICIERS auraient entra- préfets ont réquisitionné et placé tion » et que « le gouvernement vé l’enquête sur l’affaire Elf et pro- sous surveillance policière une n’ira pas plus loin » en faveur des SÉCURITÉ AUTOMOBILE tégé des séjours effectués clandes- vingtaine de stations-service dans routiers. tinement en France par Alfred chaque région pour alimenter les De son côté, après une réunion Sirven, personnage-clé du dossier. professions médicales et les ser- infructueuse avec le ministre de Pneus Deux fonctionnaires seraient ainsi vices publics. L’Ile-de-France est l’agriculture, Jean Glavany, Luc les auteurs du mystérieux cam- épargnée par les blocages, ses dé- Guyau, président de la FNSEA, a briolage des locaux parisiens de la pôts étant sous garde policière. Au « exclu que les agriculteurs lèvent les mortels brigade financière, en 1997, au total, cent deux dépôts ou raffine- barrages ». Des heurts entre agri- Les dirigeants du fabricant de pneu- cours duquel des scellés avaient ries étaient bloqués par les rou- culteurs et forces de l’ordre se sont matiques Firestone et du construc- été dérobés. Ces accusations ont tiers, les agriculteurs et les ambu- produits, jeudi matin, alors que des teur automobile Ford ont dû ré- été portées, mercredi 6 sep- lanciers, jeudi 7 septembre au manifestants tentaient de bloquer pondre, mercredi 6 septembre, aux tembre, devant les juges d’instruc- matin, sur environ trois cents. l’accès au tunnel sous la Manche. A tion Joly et Vichnievsky, par Eric Mercredi, une seule des trois or- Paris, environ quatre mille taxis de questions du Congrès américain. Les Stierlen, incarcéré dans le cadre ganisations patronales du trans- la région parisienne ont procédé à parlementaires veulent notamment d’une affaire relative à une entre- port routier a signé l’accord négo- des opérations-escargots. comprendre comment quatre-vingt- prise de sécurité privée dont il cié avec le ministre des transports, Réunis en urgence, mercredi huit utilisateurs de véhicules Ford Ex- était l’un des dirigeants. Les poli- Jean-Claude Gayssot. Dans un pre- soir, les Verts, hostiles aux conces- plorer ont trouvé la mort sur les ciers mis en cause ne font l’objet mier temps, le projet d’accord sions faites aux routiers, ont de- routes des Etats-Unis avant que le fa- d’aucune procédure et réfutent avait été approuvé par les diri- b Patrons routiers, taxis, agriculteurs : l’état du conflit p. 6 et 7 mandé que leurs deux ministres, ces accusations. geants des trois fédérations du sec- b Les Verts contre la remise en question de la fiscalité écologique p. 8 et 9 Dominique Voynet et Guy Has- bricant de pneumatiques ne se dé- teur (FNTR, Unostra, TLF), mais, b Schizophrénie pétrolière : un point de vue de Dominique Voynet p. 16 coët, soient reçus « rapidement » cide à en rappeler 6,5 millions Lire page 10 devant le rejet de la base, FNTR et b Notre éditorial et la chronique de Pierre Georges p. 15 et 34 par M. Jospin. d’exemplaires. p. 18 Cannibalisme : Dos à la fenêtre, Baltasar Garzon dans la ligne de mire de l’ETA MADRID été, prévoyait qu’un tireur, armé d’un fusil à nisation. Ces mesures ont été présentées la preuve de notre correspondante lunette, se place dans l’appartement d’un cette semaine aux interlocuteurs des forma- L’ETA a voulu tuer Baltasar Garzon. Tout couple de retraités, calle Genova, en plein tions politiques ayant participé aux consulta- POUR la première fois, un in- était prévu pour que les tireurs de l’organisa- centre de la capitale, face au bureau vitré du tions organisées par le ministre de l’Intérieur, a dice irréfutable de l’existence tion séparatiste basque puissent assassiner le juge dans lequel il travaille, dos à la fenêtre. Jaime Mayor Oreja. du cannibalisme vient d’être décou- trop entreprenant juge madrilène, qui, non La police estime que plusieurs personnes Il ne s’agit pour l’instant que d’un projet, vert sur un site précolombien, au content d’avoir fait arrêter, à Londres, il y a proches de l’ETA ont pu fournir des indica- mais celui-ci provoque déjà certaines réti- LOWE PAUL sud-ouest des Etats-Unis. Après deux ans, l’ex-dictateur chilien Augusto Pino- tions sur la configuration des lieux, après cences. Il vise essentiellement à élargir le dé- MÉMOIRE avoir mis au jour plusieurs osse- chet, a porté des coups sensibles à l’ETA. avoir été interrogées dans le bureau du juge. lit d’« apologie du terrorisme » pour pouvoir ments humains portant des traces C’est ainsi que, entre autres, il a fait fermer le Elle a eu vent du projet d’assassinat début sanctionner des manifestations de soutien au de boucherie sur ce site précolom- journal radical Egin et démanteler une aôut. Prévenu, à son retour de vacances, ex- terrorisme, comme cela s’est produit à Bil- Srebrenica bien, les archéologues ont détecté grande partie du système de financement de plique le quotidien El Pais, Baltasar Garzon bao, au mois d’août, après l’explosion d’une une protéine humaine spécifique du l’organisation indépendantiste. aurait proposé de servir d’appât, pour bombe manipulée par quatre « etarras » qui toujours tissu musculaire dans des plats de Depuis lontemps déjà, Baltasar Garzon est prendre au piège les tueurs du « commando ont trouvé la mort à cette occasion. De Cinq ans après la chute de l’enclave cuisson et dans des excréments fos- dans la ligne de mire de l’ETA. Il y a quelques Madrid » de l’ETA. L’idée n’a pas été retenue. même, les peines pour les mineurs qui parti- musulmane, le 12 juillet 1995, et le silisés – preuve manifeste d’une in- semaines, après qu’il se fut efforcé de dé- En revanche, des vitres blindées ont été ins- cipent, à coups de cocktails Molotov, à la gestion de « viande ». Ainsi se montrer que le nouveau journal radical Gara tallées aux fenêtres du bureau du juge et la « lutte des rues », la kale borroka, devraient massacre de milliers d’habitants par les trouve renforcée la conviction des n’était, en somme, que la continuité d’Egin, surveillance du quartier accrue. être fortement accrues, ne relevant plus de la troupes serbes de Ratko Mladic, les ethnologues, pour qui dans de mul- et après avoir fait arrêter seize membres de La nouvelle de ce « projet » de l’ETA, qui législation pour les mineurs mais du code pé- survivants continuent d’être hantés par tiples sociétés, dans presque toutes Xaki, organisation supposée servir de trame s’inscrivait, semble-t-il, dans la grande offen- nal. Enfin, les cas de violence urbaine ne se- ce « cauchemar ». Srebrenica est dé- les régions du monde, on a internationale à l’ETA, les services de sécurité sive d’attentats de cet été, intervient à un raient plus traités par les tribunaux locaux sormais une ville serbe, et les princi- consommé – et on consomme peut- avaient dénoncé une campagne mise en moment où le gouvernement cherche à ren- mais transférés à l’Audience nationale, la plus être encore – de la chair humaine. œuvre par les milieux radicaux pour discrédi- forcer son arsenal de mesures antiterroristes, haute juridiction pénale espagnole. paux coupables courent toujours. La ter le juge. Un attentat aurait alors été prépa- de façon à frapper aussi tout un monde de communauté musulmane dénonce Lire page 25 ré. L’opération, qui aurait dû se dérouler cet radicaux violents qui gravite autour de l’orga- Marie-Claude Decamps l’injustice et lutte contre l’oubli. p. 14 Meurtres La police et la Corse : nouveau cours ?

« ON A le sentiment d’être dans le M. Vaillant est pourtant bel et cière, bien qu’il ait promis la dossier qui pose problème : la au Timor cadre d’une alternance gauche- bien un ministre socialiste. Cette « continuité ». La gestion des dos- Corse, encore la Corse, toujours la droite. » Dans la bouche d’un haut qualité peut difficilement être siers les plus sensibles est l’objet Corse... Sous le ministère de responsable policier, le propos té- mise en doute, au premier coup de toutes les suspicions. Elle va M. Chevènement, les consignes moigne du malaise provoqué par d’œil jeté sur la carrière politique traverser la Seine, estiment les ont été claires et constantes. La ré- le départ abrupt de Jean-Pierre du nouveau ministre, entamée au plus pessimistes des hauts fonc- pression des menées terroristes Chevènement du ministère de l’in- début des années 80. C’est plutôt tionnaires de l’intérieur, déserter des différents groupes nationa- térieur et son remplacement par la proximité du nouvel occupant la rive droite au profit de l’hôtel listes était la priorité, au détriment Daniel Vaillant, et manifeste l’in- de la place Beauvau avec le pre- Matignon. de toute autre considération. quiétude de certains membres de mier ministre, Lionel Jospin, qui De sources policières conver- Cette consigne – jamais démen- la hiérarchie quant à leur avenir. est la source de cette anxiété poli- gentes, il n’y a vraiment qu’un seul tie – a permis, selon les respon- sables policiers, un travail coor-

donné des services et d’aboutir à BARRAGAN FONDATION l’arrestation du groupe soupçonné ARCHITECTURE RICHARD HOLBROOKE d’être responsable de l’assassinat du préfet de région Claude Eri- ALORS que quatre fonction- gnac. Seul Yvan Colonna a échap- Lignes naires du Haut-Commissariat des pé au coup de filet. Cette lutte Nations unies pour les réfugiés contre les nationalistes a toutefois d’émotion (HCR) ont été assassinés au Ti- été menée dans un contexte de mor-Occidental, la partie indoné- guerre féroce entre les services de Le Vitra Design Museum, installé à sienne de l’île, Richard Hol- police et de gendarmerie, et entre Weil-am-Rhein, en Allemagne, rend brooke, ambassadeur américain à les policiers eux-mêmes. Si dans ce hommage jusqu’au 29 octobre, avec l’ONU, dit au Monde l’urgence domaine les résultats ont été pro- une exposition intitulée « La révolution d’un nouveau financement des bants, il n’en a pas été de même en silencieuse », à l’architecte mexicain opérations de maintien de la paix ce qui concerne le grand bandi- Luis Barragan. Ce créateur décédé en de l’organisation. tisme, pourtant présenté comme un véritable fléau. 1988 a livré de nombreux édifices au Mexique et aux Etats-Unis, dont le Lire pages 2 et 3 La donne politique a changé, fixant une nouvelle orientation à Torres Satélite, à Mexico (photo). «Je Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, la stratégie du gouvernement. Au- fais de l’architecture émotionnelle », 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; jourd’hui, il ne s’agit plus de répri- Côte-d’Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; avait-il coutume de dire. p. 29 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bre- mer unilatéralement les fauteurs tagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; de trouble, mais de discuter dans Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; International ...... 2 Carnet ...... 24 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; la transparence de l’avenir de l’île, France ...... 6 Aujourd’hui...... 25 Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. avec toutes les composantes de Société...... 10 Météorologie, jeux .. 28 l’assemblée régionale, y compris Régions ...... 12 Culture ...... 29 les nationalistes. Horizons ...... 14 Guide culturel ...... 31 Entreprises ...... 18 Kiosque...... 32 Pascal Ceaux Communication ...... 20 Abonnements...... 32 Tableau de bord ...... 21 Radio-Télévision...... 33 Lire la suite page 15 LeMonde Job: WMQ0809--0002-0 WAS LMQ0809-2 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0364 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000

NATIONS UNIES L’ouverture ployés du Haut-Commissariat des alors qu’il reste encore une centaine entretien au Monde, à réformer le dez-vous séparés du président Bill du « sommet du Millénaire » à New Nations unies pour les réfugiés de milliers de réfugiés est-timorais mode de financement des opéra- Clinton avec Yasser Arafat et Ehoud York a été marquée, mercredi 6 sep- (HCR) par des miliciens pro-indoné- au Timor-Occidental. b L’AMBASSA- tions de paix. b LE SOMMET de New Barak n’ont pour le moment pas tembre, par l’annonce du meurtre, siens. b L’ONU a immédiatement DEUR américain aux Nations unies, York est l’occasion de nombreuses permis d’entrevoir un nouveau som- au Timor-Occidental, de trois em- décidé d’évacuer ses personnels, Richard Holbrooke, appelle, dans un rencontres entre dirigeants. Les ren- met israélo-palestinien. En plein sommet, l’ONU se retire du Timor-Occidental Les Nations unies évacuent les membres de leurs agences et ceux des organisations non gouvernementales après l’assassinat de trois fonctionnaires du HCR, à Atambua, par des miliciens pro-indonésiens, mercredi 6 septembre. L’enterrement d’un chef de milice a suscité une vague d’émeutes BANGKOK aussitôt procédé à l’évacuation HCR avait été « délibérément atta- Le président Wahid a réagi en ex- tique sur place, si ce n’est d’exciter l’impuissance dont les autorités de notre correspondant des cinquante-cinq membres, dont qué par des miliciens opposés à l’in- primant ses « profonds regrets » et davantage des miliciens qui béné- indonésiennes ont fait preuve dès en Asie du Sud-Est trente-deux blessés, du personnel dépendance du Timor-Oriental », en annonçant l’envoi, sur place, de ficient du soutien d’officiers d’ac- 1999 au Timor-Oriental, quand ce Les miliciens timorais et leurs humanitaire sur place. L’ONU a lequel est placé sous administra- deux bataillons supplémentaires. tive ou en retraite de l’armée indo- territoire a été mis à sac et vidé de protecteurs indonésiens sont en également annoncé l’évacuation tion onusienne transitoire. Voilà plusieurs semaines que la nésienne. sapopulation après un vote massif train de parvenir à leurs fins : le re- du reste de son personnel au Ti- Réuni d’urgence, le Conseil de tension monte sur la frontière Le « pire incident » de l’histoire pour l’indépendance. 270 000 Ti- trait du Timor-Occidental, la moi- mor-Occidental, lequel a aussitôt sécurité de l’ONU a condamné entre les deux Timors. De petits du HCR – selon la Japonaise Sada- morais-Orientaux avaient alors tié indonésienne de l’île, des fonc- été regroupé à Kupang, chef-lieu « cet acte scandaleux et méprisable groupes de miliciens, mieux en- ko Ogata, qui le dirige – est toute- gagné le Timor-Occidental, tionnaires de l’ONU chargés de cette province indonésienne. contre du personnel international traînés que par le passé, se sont in- fois le produit de l’inertie ou de souvent sous la contrainte de mili- d’aider et de rapatrier des dizaines non armé ». filtrés au Timor-Oriental fin juillet ciens et à bord de transports mili- de milliers de Timorais-Orientaux « ACTE MÉPRISABLE » Faisant part de sa « profonde et y ont tué deux casques bleus de taires indonésiens. Depuis cette encore cantonnés dans des camps Ce drame a provoqué l’indigna- tristesse », le président Clinton a l’ONU. 75 humanitaires époque, les forces de l’ordre indo- de réfugiés insalubres. tion à New York, au sommet du « appelé les autorités indonésiennes Fin août, aux prises avec l’agres- nésiennes ont rarement donné Mercredi 6 septembre, l’enterre- Millénaire, auquel participe le pré- à mettre fin à ces abus », tandis que sivité croissante de miliciens qui évacués vers Bali l’impression de vouloir s’opposer ment du chef d’une milice, victime sident indonésien Abdurrahman Madeleine Albright, secrétaire contrôlent les camps de réfugiés et à des milices qu’elles ont levées et d’un règlement de comptes inter- Wahid. Kofi Annan a fait observer d’Etat américaine, jugeait que « les en terrorisent les pensionnaires au L’ONU a décidé mercredi soir qui disposent encore de solides ne, a tourné à l’émeute. Trois une minute de silence à la suite de forces militaires indonésiennes res- Timor-Occidental, l’OMI et le HCR d’évacuer tout son personnel du protections en Indonésie. fonctionnaires étrangers du Haut- cette « tragédie ». Le secrétaire gé- ponsables du maintien de l’ordre ont été contraints de suspendre Timor-Occidental après l’assas- Commissariat des Nations unies néral de l’ONU a ajouté que le manquent à leur devoir de base ». pendant plusieurs jours leurs opé- sinat de trois membres du Haut- DIX-NEUF « SUSPECTS » pour les réfugiés (HCR) ont été as- rations. Des miliciens ont, entre Commissariat des Nations unies Olivio Mendosa Moruk, le chef sassinés à coups de machette dans autres, établi des contrôles sur les pour les réfugiés (HCR). Un pre- de milice dont l’enterrement a leur bureau. Leurs corps, traînés à « Nous attendons cet ennemi, assis comme des appâts » routes d’accès au Timor-Occiden- mier groupe de 75 membres tourné à la tragédie, figurait sur la l’extérieur, ont été brûlés par des tal afin de prévenir des rapatrie- d’agences de l’ONU et d’organi- liste des dix-neuf « suspects », re- miliciens. Il s’agirait d’un Croate, Quelques minutes avant d’être tués par des miliciens, l’un des ments qui ne se faisaient plus, de sations non gouvernementales mise la semaine dernière par le d’un Américain et d’un Ethiopien. trois employés du HCR qui ont péri mercredi à Atambua, au Timor- toute façon, qu’au compte- évacués de Kupang, la capitale procureur général indonésien à la A Atambua, localité proche de la Occidental, Carlos Caceres-Collazo, 33 ans, a envoyé un e-mail à l’un gouttes. du Timor-Occidental, est arrivé justice à propos des exactions frontière entre les deux parties du de ces collègues à Genève. « Des milices sont en route, écrit-il. Je suis jeudi matin à Denpasar, à Bali, a commises voilà un an au Timor- Timor, une foule incontrôlée a certain qu’ils feront tout pour démolir notre bureau. Ces types agissent SOLIDES PROTECTIONS indiqué un responsable d’une Oriental. Il aurait été tué au cours également grièvement blessé, à sans réfléchir et sont capables de tuer un être humain aussi facilement Répondant aux avertissements agence de l’ONU. Un second vol d’une dispute concernant le l’aide de machettes, un employé et froidement que, moi, je tue un moustique dans ma chambre. Tu de- répétés de l’ONU et de plusieurs devait partir de Kupang dans la contrôle d’un racket. du HCR (une Brésilienne) et sacca- vrais voir ce bureau : les gens guettent à travers les rideaux que nous gouvernements, Djakarta a déjà, matinée et acheminer 25 autres Jeudi, l’armée indonésienne gé les bâtiments qui abritaient les avons installés il y a quelques minutes. (...) en août, dépêché sur place un ba- personnes. s’était déployée à Atambua, alors bureaux du HCR et ceux, voisins, Nous attendons cet ennemi, assis comme des appâts, sans armes, en taillon de ses réserves stratégiques La force de l’ONU au Timor- qu’un millier de miliciens au moins de l’Office des migrations interna- attendant que la vague frappe. (...)Je suis content de quitter cette île et annoncé la fermeture, dans un Oriental avait déjà évacué, par s’étaient, selon la police, répandus tionales (OMI). pour trois semaines. J’espère juste pouvoir le faire demain. En atten- délai de trois à six mois, des camps hélicoptère, 54 personnes mer- dans les rues du bourg. En l’ab- Venus du Timor-Oriental voisin dant que les miliciens finissent ce qu’ils ont à faire, je rédige mon rap- où se trouvent encore près de cent credi soir d’Atambua vers Dili, sence de tout témoin étranger. avec l’accord de Djakarta, des héli- port sur la réunion de demain. Carlos » Ce message constitue le der- mille réfugiés. Ces mesures ne capitale du Timor-Oriental. coptères des Nations unies ont nier contact connu avec les membres assassinés du HCR. – (Corresp.) semblent avoir eu aucun effet pra- – (AFP.) Jean-Claude Pomonti A New York, on discute de l’avenir de l’Organisation mais on pense surtout... au Proche-Orient NEW YORK (Nations Unies) tions » mais à « traiter cette déclaration l’équiper pour qu’elle puisse faire ce que chain à Moscou, d’un sommet consacré à « mettre en garde contre le prix qu’il y au- de nos envoyées spéciales comme un plan d’action, et à s’assurer nous lui demandons ». Les échecs enre- ce sujet, visant à éviter que l’espace ne rait à payer si la plus grande partie de l’hu- Comme pour illustrer la nécessité, qu’il y sera pleinement donné suite ». gistrés par l’ONU ces dernières années devienne « la prochaine frontière nu- manité se trouvait marginalisée dans une pour les États-membres, de renforcer « Cela, mes amis, a-t-il conclu, est ce que sur plusieurs terrains d’intervention sont cléaire ». société internationale fondée sur la notion d’urgence la capacité de l’ONU d’ac- les peuples attendent de nous. Ne les déce- enfin pris en compte. Des intervenants, Parmi la soixantaine d’orateurs qui se exclusive du profit ». Et Fidel Castro, qui complir ses missions de maintien de la vons pas. » parmi lesquels Jacques Chirac, ont ap- sont exprimés mercredi, beaucoup s’est tenu aux cinq minutes réglemen- paix, le « sommet du Millénaire » s’est prouvé les recommandations formulées étaient moins soucieux des questions de taires, a été encore plus radical : «Le ouvert, mercredi 6 septembre, sur une BONNES INTENTIONS au mois d’août par un groupe d’experts maintien de la paix et de sécurité que de chaos règne sur notre monde où des lois note dramatique. Annonçant une « tra- Ce genre de réunion, où les orateurs se en faveur d’un renforcement des moyens ce qu’ils ressentent comme une priorité, aveugles sont présentées comme des gédie » au Timor-Occidental, où trois succèdent à la tribune pour des discours de l’ONU dans les conflits. Leur rapport à savoir le danger de marginalisation que normes divines qui devraient apporter la membres du Haut-Commissariat des Na- limités à cinq minutes, est effectivement devait être examiné jeudi lors du sommet la mondialisation fait peser sur de nom- paix, l’ordre et le bien-être. (...) Trois dou- tions unies pour les réfugiés (HCR) ont propice aux déclarations de bonnes in- du Conseil de sécurité. Le premier mi- breux pays. zaines de nations nanties qui monopolisent été assassinés lors d’une attaque de mili- tentions sans proposition concrète. La nistre britannique Tony Blair, évoquant le pouvoir économique, politique et ciens (lire ci-dessus), le secrétaire général première journée de ce sommet « histo- les événements en Sierra Leone où la LE « CRI D’ALARME » DE M. BOUTEFLIKA technologique nous ont rassemblés ici pour de l’organisation internationale à récla- rique » n’a de ce point de vue pas failli à mission de l’ONU « a failli s’écrouler », a Le président iranien Mohammad Kha- nous servir encore plus les mêmes recettes mé une minute de silence à la mémoire la règle. Prenant la parole après le secré- évoqué ce rapport sur un ton particuliè- tami qui, la veille, avait lancé son projet qui n’ont eu pour effet que de nous rendre des victimes. taire général, le président américain Bill rement déterminé, en appelant à mettre de « dialogue entre civilisations », a plaidé plus pauvres, plus exploités, plus dépen- « Cette tragédie, a dit Kofi Annan, sou- Clinton a aussi exprimé sa « tristesse » en œuvre les recommandations qu’il pour que le dialogue fasse place aux rap- dants ». ligne, une fois de plus, les situations dan- après la mort des trois employés de contient « dans les douze mois à venir ». ports de forces dans les relations inter- L’essentiel de cette première journée gereuses dans lesquelles les personnels, l’ONU au Timor-Occidental. Sans propo- S’exprimant pour la première fois à la nationales. « Je déclare devant cette As- s’est passé hors de la salle de l’Assemblée sans armes, des Nations unies ac- ser de mesures concrètes, M. Clinton a tribune de l’Assemblée générale, le pré- semblée, a dit le président iranien, que les générale. L’attente portait essentielle- complissent leur missions ». Évoquant la estimé qu’il fallait fournir à l’Organisa- sident russe Vladimir Poutine a consacré nations ne peuvent plus être exclues ou ment sur le Proche-Orient, chacun guet- déclaration finale du sommet, qui doit tion des Nations unies « les outils » pour la quasi-totalité de son intervention au marginalisées sous des prétextes politiques, tant le moindre élément nouveau qui être adoptée vendredi à la clôture de la accomplir ses missions, notamment des désarmement. Avec comme toile de fond culturels ou économiques ». Le président pouvait sortir des entretiens de Yasser réunion et qui prône l’amélioration du forces pouvant être rapidement dé- le projet américain de bouclier antimis- algérien Abdelaziz Bouteflika, estimant Arafat et Ehoud Barak avec plusieurs di- sort de chacun « où qu’il se trouve », ployées, disposant de l’entraînement et sile NMD, M. Poutine a fait part de ses que « les lois du marché dominent désor- rigeants (lire ci-dessous). M. Annan a exhorté les quelque 150 chefs des équipements appropriés : « Nous ne inquiétudes concernant ce qu’il a appelé mais le champ de la diplomatie tradition- d’État et de gouvernement présents à devons pas demander à l’ONU de faire ce une « militarisation de l’espace ». Il a pro- nelle », a déclaré être venu à New York Afsané Bassir Pour New York à ne pas se satisfaire « d’inten- qu’elle n’est pas équipée pour faire, mais posé l’organisation, au printemps pro- pour « pousser un cri d’alarme » et et Claire Tréan Bill Clinton tente en vain de relancer le processus de paix israélo-palestinien NEW YORK (Nations unies) l’ONU, exhorté les deux diri- de notre envoyée spéciale geants à « prendre le risque de la Plusieurs des dirigeants réunis paix » et tous les autres respon- à New York – Bill Clinton, mais sables présents à « les y aider ». aussi Tony Blair et Jacques Chirac Le premier ministre israélien notamment – ont tenu à ren- s’était adressé pour sa part à Yas- contrer, mercredi, Yasser Arafat ser Arafat en l’invitant à «se et Ehoud Barak pour essayer de joindre à [lui] dans cette étape his- contribuer à débloquer le proces- torique, pour franchir ensemble le sus de paix, à un moment que Rubicon ». M. Barak avait admis tous considèrent comme crucial. le caractère sacré de la ville de Jé- Pour Bill Clinton, qui a eu avec les rusalem pour les Palestiniens : deux hommes des entretiens sé- « Nous reconnaissons que Jérusa- parés d’une heure, il s’agissait lem est également un lieu sacré d’évaluer l’opportunité de convo- pour les musulmans et les chrétiens quer, avec quelque chance de suc- dans le monde et un lieu vénéré cès, un nouveau sommet tripar- par nos voisins palestiniens. » tite avant l’élection présidentielle Lui succédant à la même tri- américaine de novembre. Mani- bune, le chef de l’Autorité palesti- festement en vain. « Je n’ai au- nienne avait assuré qu’il ferait cune avancée à vous annoncer », a « tout ce qui est en son pouvoir » ainsi déclaré laconiquement le pour parvenir à un règlement de porte-parole de la Maison paix « durant la courte période de Blanche, Joe Lockhart, après ces temps à venir ». L’OLP doit se réu- rencontres : « Je n’ai rien d’autre à nir samedi et dimanche pour dé- dire quant à de nouvelles ren- cider d’un éventuel report de la contres, hormis que nous resterons proclamation unilatérale de l’Etat dans le processus tout au long de palestinien, prévue pour le son avancée. » 13 septembre. Dans la matinée, le président Clinton avait, depuis la tribune de C. T. LeMonde Job: WMQ0809--0003-0 WAS LMQ0809-3 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0365 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 3

Un maintien de la paix de plus en plus coûteux

OPÉRATIONS DE MAITIEN DE LA PAIX Lieux et effectifs (planifiés) 1 SIERRA LEONE 12 666 Importante victoire des talibans contre 2 TIMOR-ORIENTAL 10 068 3 SUD DU LIBAN 5 737 4 KOSOVO 4 839 le commandant Massoud en Afghanistan 5 BOSNIE-HERZ. 1 998 6 CHYPRE 1 290 7 IRAK/KOWEÏT 1 166 PERSONNEL ENVOYÉ : 40 371 (Juillet 2000 ; budgété) Leur allié pakistanais les presse de ramener la paix et le développpement 8 GOLAN 1 065 MILITAIRE 9 SAHARA OCCIDENTAL 569 POLICIER Maîtres de la quasi-totalité de l’Afghanistan, les ville de Taloqan. Chef-lieu de la province de Tak- aux talibans. Taloqan est, en outre, un verrou 10 RÉP. DÉM. DU CONGO 375 talibans viennent d’infliger un revers à l’opposi- har, la ville était le quartier général d’Ahmad menant vers le Badakshan, rare province non 11 MOYEN-ORIENT 241 30 393 tion en s’emparant, mercredi 6 septembre, de la Shah Massoud, dernier chef de guerre opposé soumise au nord-est du pays. 12 GÉORGIE 182 7 032 NEW DELHI rieux revers, qui pour l’instant lui 13 INDE/PAKISTAN 70 L'opposition aux talibans perd un verrou stratégique de notre correspondante coupe ses voies de communication 14 CROATIE 30 2 946 en Asie du Sud OUZBÉKISTAN les plus aisées avec l’extérieur. TADJIKISTAN CIVIL Après plus d’un mois d’une of- Seule province restée sous son fensive lancée discrètement pour TURKMÉNISTAN contrôle, le Badakshan, à l’est du Taloqan ZONE éviter l’ire des Nations unies, les CONTRÔLÉE pays, ne lui est pas totalement ac- BADAKSHAN TROIS PAYS SUPPORTENT L'ESSENTIEL DU FARDEAU FINANCIER talibans au pouvoir en Afghanis- Sheberghan Mazar- Nahrin PAR LES quis et dans une guerre où l’argent IRAN i-Sharif tan ont remporté, mercredi 6 sep- ir TALIBANS pour l’achat des commandants • LE BUDGET RÉGULIER DE • LES CINQ MEMBRES Maïmana Pul-i-Khumri sh FONCTIONNEMENT DE L'ONU PERMANENTS tembre, une victoire importante an Asadabad joue un rôle aussi important que Bamiyan P (hors ses agences, qui ont leurs du Conseil de sécurité contribuent pour en s’emparant de Taloqan. Capi- Jalalabad les armes, rien n’est sûr. INDE budgets propres pour les opérations 38,7 % du budget général : tale de la province de Takhar, à Hérat KABOUL Cette victoire des talibans inter- de maintien de la paix) est de • Etats-Unis 25,00 % 256 km au nord de Kaboul, Talo- Peshawar vient aussi au moment où le pré- ISLAMABAD 1,1 milliard de dollars par an. La • France 6,54 % qan était, hors la vallée du Panshir, sident afghan en exil, Burhanud- AFGHANISTAN contribution des pays membres est • Royaume-Uni 5,09 % le quartier général du comman- Farah din Rabbani, s’apprête à intervenir calculée proportionnellement à leur • Russie 1,07 % AFGHANISTAN dant Ahmad Shah Massoud, prin- Kandahar au nom de l’Afghanistan, au som- PNB. • Chine 0,99 % cipal opposant des talibans. PAKISTAN met du Millénaire de l’ONU, ce • LE BUDGET DES OPÉRATIONS DE Taloqan dispose d’une piste aé- que dénonce le régime taliban. Ils contribuent pour 46,88 % du MAINTIEN DE LA PAIX s'est élevé à rienne sur laquelle ce dernier rece- Dans une lettre au secrétaire géné- financement du maintien de la paix : Quetta 1,5 milliard de dollars de juillet 1999 vait son aide du Tadjikistan voisin. 150 km ral des Nations unies, Kofi Annan, à juillet 2000. Il devrait passer à • Etats-Unis 30,28 % • France 7,92 % Ce n’est toutefois pas la première le ministre des affaires étrangères 2,2 milliards l'an prochain. Le barème fois que les combattants islamistes taliban, Wakil Ahmad Muttawakil, des contributions distingue depuis 1973 : • Royaume-Uni 6,16 % à majorité pashtoune s’emparent 30 000 hommes environ, dans une car s’ils ont ramené la sécurité demande à l’ONU • les pays permanents du Conseil de • Russie 1,30 % « de prendre en sécurité (dont la quote-part est plus • Chine 1,20 % de cette ville et seul le temps dira offensive d’été que certains quali- dans les territoires qu’ils compte la réalité et de reconnaître élevée), s’ils peuvent la tenir et conforter fient de la dernière chance. Tradi- contrôlent, ils n’ont apporté ni la les talibans. Rabbani n’est pas en • les pays de l'OCDE, qui contribuent • WASHINGTON DOIT À L'ONU leur emprise sur la région, ce qui tionnel soutien des talibans, le Pa- paix ni le minimum de développe- position d’appliquer la moindre des dans la même proportion qu'au environ 1,8 milliard de dollars : près condamnerait le commandant kistan leur aurait en effet fait ment économique qui permettrait résolutions qui seraient prises à ce budget général, de 500 millions au budget général et Massoud à se replier sur son fief valoir que s’ils ne réussissaient pas à la population de survivre dans sommet », souligne-t-il. S’il est en- • les pays en voie de développement 1,3 milliard pour le maintien de la paix. du Panshir. Pour l’instant, ses cette année à marquer des points des conditions minimales. core trop tôt pour mesurer les en 1973 et dont la part est plus Le Congrès n'est disposé à verser que troupes se sont redéployées à décisifs contre le commandant conséquences de la chute de Talo- réduite. 500 millions de dollars. 5 km de Taloqan, alors qu’il a éta- Massoud qui ne contrôle plus SÉRIEUX REVERS qan, celle-ci pourrait toutefois Source : ONU bli son nouveau quartier général à qu’environ 10 % du pays, il faudrait Habitué des contre-offensives marquer un tournant dans l’his- Farkhar, à 60 km à l’est. envisager d’autres solutions pour spectaculaires, le commandant toire d’une guerre à rebondisse- Cette victoire est, pour l’instant, résoudre la crise. A l’intérieur Massoud n’a sans doute pas dit ments qui dure depuis vingt ans. bienvenue pour les talibans qui même, les talibans commencent à son dernier mot, mais il est certain Richard Holbrooke prône avaient engagé toutes leurs forces, faire face à quelques oppositions que la chute de Taloqan est un sé- Françoise Chipaux une réforme du financement des opérations de paix Le scandale

NEW YORK (Nations unies) sion. Jeudi, les cinq membres per- financier du de nos envoyées spéciales manents du Conseil de sécurité, Richard Holbrooke est de mau- lors de leur réunion au sommet, vaise humeur : il n’a pas réussi à devraient se déclarer favorables à Dôme de Londres convaincre le gouvernement bré- une redéfinition du système des LONDRES silien d’augmenter sa quote-part quote-parts. La Chine, en parti- de notre correspondant pour les opérations onusiennes culier, qui ne contribue qu’à Planté comme un grand chapiteau de maintien de la paix. Pourtant, moins de 1 % au maintien de la blanc à l’entrée de Greenwich, sur les l’ambassadeur américain auprès paix (lire ci-dessus) et qui jusqu’ici bords de la Tamise, « le Dôme du mil- à l’ONU s’était déplacé à Brasilia. refusait tout changement. L’am- lénaire », que Tony Blair voulait sym- « C’est extraordinaire, dit-il (lors bassadeur américain note qu’une bole d’une Angleterre moderne, dy- d’un entretien avec Le Monde le réévaluation des contributions en namique, performante et confiante 5 septembre), le Brésil refuse fonction de la situation écono- en son avenir, est en train de tourner même de modifier la barème des mique de chacun poserait un pro- au désastre. Mercredi 6 septembre, contributions et pourtant se sont blème délicat pour la Russie, qui les médias londoniens consacraient les Brésiliens qui, en 1973, l’ont arriverait derrière « des douzaines largement leurs éditions du jour au proposé... » de pays » alors qu’elle prétend dernier scandale du Royaume. Ce n’est pas pour rien que Ri- être une grande puissance, que Pour rester ouvert, le Dôme et les chard Holbrooke est surnommé tous acceptent comme telle. douze grandes zones d’attractions, « ouragan Dick » : il fonce. Et au- inaugurés par la reine à la Saint-Syl- jourd’hui, seule la réforme du fi- EXTRÊME DÉNOUEMENT vestre, ont dû recevoir une cin- nancement des opérations de Face au Congrès américain, qui quième injection de fonds qui dé- maintien de la paix l’obsède. rechigne, l’administration pourra clenche l’ire de l’opposition et de L’objectif qu’il veut atteindre se prévaloir de la déclaration des plusieurs élus travaillistes. William coût que coûte : parvenir, avant membres permanents s’enga- Hague, chef des tories, a exigé sa fer- la fin de son mandat, le 20 janvier geant à revoir les barèmes des meture immédiate, la démission du 2001, à faire baisser la contribu- contributions « à la lumière des secrétaire d’Etat en charge de l’« élé- tion des États-Unis au budget ré- circonstances nouvelles ». L’objec- phant blanc » — Lord Falconer, un gulier de l’ONU de 25 % à 22 % et tif, cependant, est de renflouer le vieil ami personnel de M. Blair — et celle au maintien de la paix de Département des opérations de l’ouverture d’une enquête officielle. 30 % à 25 %. Sur le maintien de la maintien de la paix, dont l’ex- La grandiloquente « millenium ex- paix, il peut faire valoir certains trême dénuement a été dénoncé perience » tablait sur 12 millions de arguments et ne s’en prive pas. le mois dernier dans un rapport visiteurs payants dans l’année. Mal- L’ambassadeur américain s’est d’experts commandé par Kofi An- gré la baisse de 50 % consentie de- déplacé cette année dans des di- nan. Car si de nombreux pays puis deux mois sur les entrées, il y en zaines de pays pour les sont disposés à réexaminer ce aura au mieux 4,5 millions. L’arrivée convaincre de payer plus, afin budget, ils ne se rallient pas pour en fanfare d’un jeune cadre français que les États-Unis paye moins. autant à une démarche qui n’au- de l’amusement à l’américaine, Avec quelque succès. « Certains rait pour but que d’alléger les Pierre-Yves Gerbeau (ex-EuroDis- nous ont dit qu’ils sont prêt à aug- charges du pays « le plus riche de ney), à la tête de l’opération n’aura menter leur contribution et qu’ils la planète », qui « de toute façon pas permis de sauver les meubles. l’annonceront au sommet ». Il ne paie pas ». Richard Holbrooke Initialement financée à hauteur de s’agit des candidats à l’adhésion à insiste cependant : « le maintien 399 millions de livres (4,5 milliards de l’Union européenne : Chypre, de la paix ne peut être remis en francs) par des fonds publics venus Hongrie, Lettonie, Lituanie, Slo- état tant que les réformes finan- de la loterie nationale, la malheu- vénie, Slovaquie, Malte, Bulgarie, cières n’auront pas eu lieu », dit-il, reuse attraction avait dû réclamer Roumanie et Turquie. D’autres ajoutant que Paris, Londres et 50 millions puis 60 millions de livres – Corée du sud, Singapour, Phi- Washington « auraient le plus à supplémentaires, avant que M. Ger- lippines – acceptent une révision perdre » si l’on faisait l’économie beau tende la sébile, en mai, et ob- du système des « quotes-parts ». de ces réformes. Il souligne l’inté- tienne un prêt spécial de 29 millions Le système actuel a été mis en rêt qu’attachent les États-Unis à de livres pour maintenir ses activités. place en 1973 (après la guerre une bonne coopération avec la En juillet, patatras, le Dôme, tou- d’octobre au Proche-Orient) et France sur les terrains extérieurs, jours au bas du hit-parade des at- n’a plus varié. Devant l’urgence, notant au passage : « la France a tractions londoniennes, obtint une les cinq membres permanents du été exemplaire, elle a toujours payé avance supplémentaire de 43 mil- Conseil de sécurité avaient accep- ses contributions, ce que je ne peux lions. té une participation au budget du pas dire de mon propre pays ». Une nouvelle rallonge de 47 mil- maintien de la paix supérieure à Comme d’autres dirigeants lions a dû être budgétisée en catas- leur contribution au budget gé- réunis à New York, Jacques trophe le 5 septembre, ce qui a néral, et de voir celle des pays Chirac ne manquera pas de faire « beaucoup surpris et choqué » les re- alors en voie de développement allusion aux arriérés américains preneurs potentiels japonais de l’af- minorée. « Parmi ces derniers, qui, depuis des années, plombent faire. Après quelques discrètes réas- certains comptent aujourd’hui le budget général de l’ONU ; et il surances, le consortium conduit par parmi les plus riches du monde », appellera chacun à payer ce qu’il les financiers de Nomura a fait savoir souligne M. Holbrooke. Les doit « sans conditions ». Dans les que les négociations pour le rachat États-Unis n’avaient accepté ce milieux dirigeants français, on du Dôme et de son terrain se pour- système que parce qu’ils le rappelait, à la veille du Sommet, suivaient sur la base de 105 millions croyaient exceptionnel : il aboutit que les Washington doit au bud- de livres. En intégrant tous les coûts, désormais à ce que « huit États fi- get général plus d’un milliard de le projet du millénaire aura coûté pas nancent 90 % des opérations de dollars, soit approximativement loin de dix fois plus. « C’était embar- maintien de la paix et 130 États l’équivalent d’un an de fonction- rassant, cela devient obscène », com- moins de 2 % ». nement de l’ONU. mentait William Hague. Une grande majorité de pays est en fait d’accord pour une révi- A. B. P. et C. T. Patrice Claude LeMonde Job: WMQ0809--0004-0 WAS LMQ0809-4 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0366 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 INTERNATIONAL Le roi du Maroc resserre son gouvernement La Commission européenne réaffirme ses engagements sur l’élargissement pour faire taire les critiques d’immobilisme STRASBOURG. Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, et son commissaire à l’élargissement, Günter Verheugen, ont réaf- firmé, mercredi 6 septembre, à Strasbourg l’« engagement incondition- nel » de l’exécutif européen à continuer, selon le calendrier prévu, sur la L’arrivée d’Abbas El Fassi devrait faciliter la tâche du premier ministre, Abderrahmane Youssoufi voie de l’élargissement de l’Union européenne. Leur intervention avait été réclamée par les présidents des principaux groupes politiques du Par- Attendu depuis plusieurs semaines, un remanie- rahmane Youssoufi, le nouveau gouvernement crétaire général de l’Istiqlal. Aucun des ministres lement, émus par des déclarations de M. Verheugen qui avait souhaité ment ministériel a été annoncé mercredi 6 sep- se caractérise par une réduction du nombre de désignés par le Palais n’a été changé à l’occasion que des questions comme l’élargissement fassent l’objet de référendums tembre. Toujours dirigé par le socialiste Abder- portefeuilles et l’arrivée d’Abbas El Fassi, le se- de ce remaniement. pour tenir compte des préoccupations des opinions. M. Verheugen a affirmé ensuite qu’il n’avait pas voulu imposer de « nou- FAIRE taire les critiques venues mais difficile, le premier ministre Lahlimi, le bras droit du premier pecté dans la nouvelle équipe appe- velle condition politique à l’élargissement », mais seulement insister sur la de la majorité et améliorer le fonc- peut espérer que les critiques de ministre, dont le portefeuille s’élar- lée à rester aux affaires jusqu’aux nécessité de « convaincre que l’élargissement peut apporter des avantages tionnement du gouvernement. son principal allié politique cessent. git considérablement avec les af- élections législatives de 2002. En re- de part et d’autre ». Dans un entretien à l’hebdomadaire Die Zeit, il a ad- C’est à ces deux impératifs qu’obéit faires générales, l’économie sociale, vanche, le poids du palais se fait da- mis : « Cela a été ma bourde de l’année. » – (Corresp.) le remaniement ministériel concoc- PORTEFEUILLES ÉLARGIS et les PME. vantage sentir dans le gouverne- té en petit comité par le premier Trop de ministres, des compé- Le départ de Khalid Allioua ment Youssoufi 2 que dans le ministre socialiste, Abderrahmane tences douteuses pour certains constitue l’une des surprises du re- précédent. Outre les quatre « minis- Les Etats-Unis critiquent les luttes Youssoufi (76 ans) et officialisé d’entre eux, des découpages de por- maniement. Porte-parole du gou- tères de souveraineté » (affaires mercredi 6 septembre par le roi tefeuilles artificiels... Ces critiques vernement (une fonction qui dispa- étrangères, justice, intérieur, af- Mohammed VI. empoisonnaient le gouvernement raît) et chargé du dialogue social, ce faires islamiques) dont tous les titu- anti-sectes menées en Europe Le premier objectif se traduit par « Youssoufi 1» depuis le printemps socialiste compétent paie sans laires – ministres et secrétaires l’entrée au gouvernement d’un des 1998. La nouvelle équipe est donc doute ses relations difficiles avec les d’Etat – sont maintenus, le roi WASHINGTON. Le rapport annuel du département d’Etat américain sur barons de la « majorité plurielle », sensiblement plus réduite : le organisations syndicales. Autre dis- contrôle en effet le secrétariat du la liberté de religion dans le monde, publié mercredi 6 septembre à Was- Abbas El Fassi. Il y a plusieurs mois, nombre de portefeuilles du gouver- parition notable, celle du ministre gouvernement ainsi que le minis- hington, épingle de nombreux pays européens pour leur attitude à l’égard le secrétaire général de l’Istiqlal, le nement « Youssoufi 2»a été rame- de l’agriculture, Habib El Malki. tère chargé de l’administration de la des religions minoritaires et des sectes, en particulier la Russie et d’autres parti historique de l’indépendance, né de 42 à 33, parallèlement à la Souvent critique à l’égard du pre- défense (même si formellement il pays ex-soviétiques, mais aussi la France, l’Allemagne, la Belgique, la Ré- était parti en guerre contre le pre- constitution de quelques gros mi- mier ministre, ce socialiste réputé s’agit d’un ministère délégué auprès publique tchèque et l’Autriche. Ces pays se voient reprocher de « stig- mier ministre socialiste, l’accusant nistères. C’est ainsi que le ministre proche du palais devrait, selon dif- du premier ministre). Au total, le matiser certaines religions en les associant à tort à des sectes dangereuses ». d’immobilisme et lui reprochant socialiste de l’économie et des fi- férentes sources, être nommé à la palais dispose donc de huit repré- En France, la publication en janvier 1996 du rapport parlementaire Gest- son exercice solitaire du pouvoir. nances, Fathallah Oualalou, tire tête du Conseil économique et so- sentants au sein du gouvernement. Guyard, qualifiant de sectes 173 groupes religieux, a « contribué à créer Maintenant que M. El Fassi a rejoint bien son épingle du jeu en recevant, cial. Les socialistes de l’USFP, pourtant la une atmosphère d’intolérance envers les religions minoritaires », estime ce le gouvernement, chargé comme il outre ses précédentes attributions, L’équilibre politique entre les principale composante de la majo- rapport américain, qui déplore l’amalgame entre « des groupes clairement le souhaitait, d’un portefeuille le tourisme et, semble-t-il, les priva- sept formations de la coalition gou- rité, ne sont pas mieux lotis. dangereux » et les autres dont « la plupart sont simplement peu connus ou (l’emploi et le social) important tisations. De même pour Ahmed vernementale est grosso modo res- Ce poids accru du palais risque de impopulaires ». faire grincer des dents dans les rangs socialistes où certains espé- DÉPÊCHES PROFIL tère de l’intérieur et les trafics d’influence, n’avait pas raient que le remaniement serait a ÉTATS-UNIS : une plainte en nom collectif a été déposée contre la été favorable à la formation, l’Istiqlal, un parti at- l’occasion de modifier le « pacte » SNCF, mardi 5 septembre, devant le juge David Trager, du tribunal fédé- UN DIPLOMATE trape-tout de centre-droit, dont il allait prendre la di- non écrit qui lie le palais au gouver- ral pour le district oriental de New York, et envoyée mercredi par courrier rection dans la foulée des législatives. Depuis, tout en nement. A l’évidence l’occasion a recommandé au siège à Paris. La société française est accusée, par des PROCHE DU PALAIS s’efforçant de donner un coup de jeune au parti, cet été manquée. survivants des camps de la mort et leurs enfants, d’avoir activement colla- avocat porteur d’un nom célèbre dans l’histoire du Le fossé risque donc de se creuser boré entre 1942 et 1944 à la déportation d’au moins 75 000 Juifs, a indiqué Sous des manières policées et une politesse exquise, Maroc indépendant, attendait son heure, critiquant davantage entre le premier ministre l’un des avocats des plaignants. – (AFP.) Abbas El Fassi est un animal politique. Ministre de le gouvernement mais sachant jusqu’où ne pas aller Youssoufi et certains courants de a SOUDAN : plusieurs syndicats et associations de défense des droits l’habitat dans les années 70, puis de l’artisanat au dé- trop loin. l’USFP. Depuis plus de dix ans, le civiques ont protesté, mercredi 6 septembre, après la décision annoncée but des années 80, avant de devenir ambassadeur du Proche du Palais, cet ancien diplomate aurait aimé parti socialiste marocain n’a pas te- la veille par le gouverneur de l’Etat de Khartoum, Majzoub Al-Khalifa, royaume en Tunisie puis en France (1990-1994), ce hériter des affaires étrangères, murmure-t-on à Ra- nu de congrès. Jusqu’à ces dernières d’interdire aux femmes certains métiers, jugés « incompatibles avec les va- sexagénaire toujours tiré à quatre épingles, juriste de bat. Le premier ministre lui avait proposé dans un semaines il était question de le leurs et les traditions islamiques », dans les restaurants, les hôtels ou les ca- formation, ne ménageait pas ses critiques contre le premier temps un ministère technique qu’il a refusé. convoquer cet automne. Puis, pour fés. – (AFP.) gouvernement du socialiste Youssoufi qu’il accusait Le voici désormais à la tête d’un portefeuille social. Il cause de ramadan, la date de sa a CAMBODGE : l’ONU s’impatiente devant la lenteur mise par les gou- d’immobilisme. « Le premier ministre m’écoute mais sera chargé de l’emploi. Dans un pays où le chômage convocation a été repoussée au dé- vernants cambodgiens à juger les anciens hauts dignitaires Khmers ne me répond pas » confiait-il, faussement étonné, fait des ravages (plus de 20 %), notamment parmi les but de l’année 2001. Désormais, on rouges devant un tribunal international. « Est-ce que le tribunal sera ins- aux journalistes qu’il rencontrait pour expliquer son jeunes (un sur deux), ce n’est pas une sinécure. Mais évoque son report à 2002. Une ma- tauré ou pas ? », a demandé le secrétaire général, Kofi Annan, au pré- point de vue. ce peut être aussi une chance pour le patron d’un nière pour le premier ministre de ne sident de l’Assemblée nationale, le prince Norodom Ranariddh, qui le Il est probable que M. El Fassi se serait bien vu pre- parti qui entend concurrencer les islamistes sur leur pas affronter les critiques de ses rencontrait pour le sommet de l’ONU à New York. Les députés cambod- mier ministre du gouvernement d’alternance mis en terrain. amis politiques. giens doivent voter un projet de loi instituant la cour spéciale, et la ses- place au printemps 1998 par le roi Hassan II. Mais, aux sion du Parlement, renvoyée de mois en mois, n’est maintenant pas pré- législatives, le résultat des urnes, faussé par le minis- J.-P. T. Jean-Pierre Tuquoi vue avant mi-octobre. – (AFP.) LeMonde Job: WMQ0809--0006-0 WAS LMQ0809-6 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 11:20 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0368 Lcp: 700 CMYK

6 ¼ FRANCE LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000

CONFLIT Les barrages étaient France. L’une des trois organisations Chez les agriculteurs, le président de plus possible aux automobilistes ou gence. b LES CONCESSIONS fiscales maintenus, jeudi 7 septembre au ma- patronales de transporteurs jugeait la FNSEA a appelé au maintien des transporteurs de s’approvisionner à faites aux transporteurs ont amené tin, par les routiers et les agriculteurs, suffisantes les mesures obtenues du barrages. b LA PÉNURIE de carburant Lyon et dans plusieurs grandes villes Dominique Voynet et les Verts à qui bloquaient cent deux dépôts et gouvernement mercredi, les deux menace dans plusieurs régions, l’Ile- du Sud, les ressources disponibles adresser une sévère mise en garde à raffineries de carburant à travers la autres étant réservées ou hostiles. de-France étant épargnée. Il n’était étant réservées aux services d’ur- Lionel Jospin (lire pages 8 et 9). La pénurie de carburant s’étend dans plusieurs régions En dépit des concessions du gouvernement, deux organisations de transporteurs sur trois ont maintenu le blocage des raffineries et dépôts de produits pétroliers, avec le concours des agriculteurs de la FNSEA. L’essence et le gazole manquent dans de nombreuses villes LES BARRAGES étaient main- du secteur, la FNTR et l’Unostra, sur le perron de Matignon. «Il mercredi soir, ils ont demandé que charges des agriculteurs ». En re- des Quinze de décembre 1999 au- tenus, jeudi 7 septembre au matin, les plus présentes sur les barrages, faut que les chefs d’entreprise (...) « leurs » deux ministres, Domi- vanche, ils n’ont rien obtenu sur la torise la France à appliquer des par les routiers et les agriculteurs, ont rejeté l’accord. La première prennent la mesure, s’ils voulaient nique Voynet (environnement) et TIPP. « J’exclus que les agriculteurs taux différentiels de taxation pour qui bloquaient une centaine de réunissait ses organisations dépar- poursuivre le blocage des sites pé- Guy Hascoët (économie solidaire), lèvent les barrages », a indiqué Luc le diesel professionnel, mais pour dépôts de carburants et de raffine- tementales à Paris jeudi matin. troliers, des coups qu’ils porteraient soient reçus « rapidement » par Guyau, président de la FNSEA. la seule année 2000 et à condition ries à travers la France. La pénurie Son président, René Petit, usait à leurs propres entreprises », mais M. Jospin. Mme Voynet a précisé, b D’autres professions mobili- que cette réduction du taux des est manifeste dans plusieurs dé- d’un ton modéré. « On est toujours aussi du « handicap très grave mercredi, sur LCI qu’elle ne ferait sées. Environ quatre mille taxis de accises ne soit pas supérieure au partements. Lionel Jospin avait pour un apaisement, a-t-il assuré qu’ils infligeraient à l’économie « pas de chantage à la démission » la région parisienne ont procédé à seuil de 245 euros pour 1 000 litres, pourtant prévenu, mercredi, que sur France-Info. On a entendu l’ap- française », a-t-il dit. (lire page 8). Soutenant, de son cô- des opérations-escargots à partir, soit 1,60 franc par litre. Une cer- le gouvernement n’« irait pas plus pel au sens des responsabilités du Plusieurs ministres ont relayé, té, le ministre des transports, Ro- notamment, des aéroports d’Orly taine confusion avait régné, mer- loin » que les mesures annoncées, premier ministre. Même s’il n’y a jeudi matin, ce message de ferme- bert Hue, secrétaire national du et de Roissy en direction de la ca- credi, à la Commission, sur le notamment la baisse de 35 cen- plus de négociations, il est impor- té, dont Elisabeth Guigou, mi- PCF, a déclaré sur France-Inter, pitale, jeudi en fin de matinée, où point de savoir si, en accordant times par litre de gazole de la taxe tant que le dialogue puisse se pour- nistre de la justice, et M. Gayssot. qu’« on ne peut pas aller au-delà » ils se sont rassemblés sur le une réduction de la TIPP aux intérieure sur les produits pétro- suivre. » Le ministre des transports a de l’accord. Il en a appelé, d’autre Champ-de-Mars, dans l’attente du transporteurs routiers, la France liers (TIPP) en 2000 (baisse rame- b Le coup de semonce de Lio- confirmé, sur RTL, qu’il est «im- part, à « l’esprit de responsabilité résultat des discussions engagées ne violait pas la loi communau- née à 25 centimes en 2001) (Le nel Jospin. Le premier ministre possible d’aller au-delà » des pro- de toutes les composantes de la ma- avec le ministère de l’intérieur. La taire. Monde du 7 septembre). avait prévenu mercredi, « de façon positions gouvernementales. Pre- jorité plurielle ». Fédération nationale des ambu- b Menace de grève à la SNCF. b Les routiers divisés. Une nette » : « il n’y aura pas d’autre mier secrétaire du PS, François b L’insatisfaction des agri- lanciers privés, deuxième organi- Les syndicats de cheminots (CGT, seule organisation patronale, la négociation », que « le gouverne- Hollande, a indiqué qu’« il faut sa- culteurs. Ministre de l’agriculture, sation du secteur, a appelé ses CFDT, FO, CFTC, UNSA et FGAAC Fédération des entreprises de ment n’ira pas plus loin » en faveur voir arrêter une grève, un blocus ou Jean Glavany a reçu, jeudi matin, adhérents, mercredi, à se mainte- (agents de conduite autonomes) transport et de logistique de des routiers. « Le gouvernement a un blocage ». L’utilisation de la les représentants du Conseil de nir sur les barrages « pour une du- ont demandé à la direction de la France (TLF), qui représente la fait tout ce qui était possible, et force ne peut-être, selon lui, qu’un l’agriculture française (FNSEA, rée indéterminée ». En revanche, SNCF, dans une lettre adressée à moitié du parc de camions, a déci- j’appelle donc ces responsables « ultime recours » en cas de « pa- CNJA, chambres d’agriculture, les organisations du transport de son président, Louis Gallois, la dé de signer l’accord négocié avec d’organisations patronales, ces ralysie complète de l’économie ». mutuelles et coopératives), de la voyageurs ont conclu un accord réouverture rapide de négocia- le ministre des transports, Jean- chefs d’entreprise à la responsabili- b Colère des Verts et apaise- Coordination rurale et de la avec M. Gayssot dans la nuit de tions salariales, faute de quoi un Claude Gayssot. TLF a appelé, té, c’est-à-dire à la levée des bar- ment du PCF. Les mesures en fa- Confédération paysanne. Il devait mercredi à jeudi. préavis unitaire de grève générale mercredi soir, à la levée des bar- rages, à la reprise d’activité », a veur des routiers ont suscité la co- leur annoncer des « réformes so- b Feu vert de Bruxelles. Une serait déposé durant la dernière rages. Les deux autres fédérations ajouté M. Jospin, qui s’exprimait lère des Verts. Réunis en urgence, ciales et fiscales pour réduire les décision du conseil des ministres semaine de septembre. Difficultés d’approvisionnement en Rhône-Alpes et dans le Sud Les taxis parisiens rejouent CENT DEUX DÉPÔTS ou raffineries étaient début de semaine avec la préfecture pour lais- Dans le Vaucluse, les deux dépôts du Pontet bloqués, jeudi 7 septembre au matin, sur un ser sortir un certain nombre de camions-ci- sont bloqués. Une dizaine de stations-service total d’environ 300 points d’approvisionne- ternes destinés aux services d’urgence mais, ont été réquisitionnées. la Bataille de la Marne ment. « désormais les quotas sont atteints, il n’y a plus b Midi-Pyrénées. Les accès aux deux dé- C’EST à leur façon que les arti- embouteillages à partir de la fin b Ile-de-France. La région parisienne est de carburant, pour personne », annonçait, jeudi pôts toulousains de Lespinasse et de Fondeyre, sans-taxis de la région parisienne de matinée. épargnée par les blocages, ses dépôts sous matin, Marc Sonnet, de la FNTR. L’informa- qui desservent la région Midi-Pyrénées, res- ont entendu célébrer, jeudi 7 sep- Une fois parvenus au Champ- bonne garde policière. tion a été confirmée par le préfecture. taient bloqués par des barrages d’une dizaine tembre, le 86e anniversaire de la de-Mars, les artisans-taxis ont re- b Rhône-Alpes. « Plus de carburant » : le b Provence-Alpes Côte d’Azur. Dans les de poids-lourds et de fourgons. Sur ces deux Bataille de la Marne : « Mille taxis çu la consigne de « rester sur place panneau est le même à l’entrée de toutes les Alpes de Haute-Provence, la préfecture a ré- sites, les garagistes et les transporteurs rou- avaient été réquisitionnés, le 7 sep- dans l’attente des résultats des né- stations-service de l’agglomération lyonnaise. quisitionné quinze stations-service et dix-sept tiers ont été rejoints par des agriculteurs, qui tembre 1914, et rassemblés au gociations que nous allons engager Jeudi matin, seuls les véhicules d’urgence au- transporteurs d’essence pour ravitailler les vé- se sont installés avec leurs tracteurs et re- Champ-de-Mars pour transporter avec le ministre de l’intérieur, Da- torisés par la préfecture pouvaient s’approvi- hicules prioritaires, services publics, de se- morques. Sur le site de Port-la-Nouvelle, qui environ dix mille soldats de l’infan- niel Vaillant, en début d’après-mi- sionner. Dix-neuf stations avaient été réquisi- cours, de sécurité et sanitaire. Dans les approvisionne l’Aude, les Pyrénées-Orientales terie en route vers le front, raconte di », a ajouté M. Estival, jeudi ma- tionnées et placées sous surveillance policière Bouches-du-Rhône, cinq raffineries et trois et le nord de Midi-Pyrénées, la situation et la Alain Estival, président de la Fé- tin, alors qu’il s’apprêtait à pour alimenter les professions médicales et les dépôts pétroliers du département sont blo- détermination des manifestants étaient iden- dération nationale des artisans du rencontrer le maire de Paris, Jean services publics. Pour les conducteurs non au- qués. Dix-sept stations-service ont été réquisi- tiques, avec, comme les jours précédents, des taxi (FNAT). Aujourd’hui, c’est plus Tiberi. La FNAT, qui affirme re- torisés, il n’était plus question de faire le plein tionnées. Dans le Var, le dépôt de Puget-sur- barrages d’une vingtaine de camions et d’am- de quatre mille taxis qui devraient présenter quinze mille artisans- dans le centre de Lyon, encore moins de rem- Argens est bloqué. Le préfet a décidé des res- bulanciers privés. converger vers ce lieu chargé d’his- taxis en France, s’est déclarée plir des jerrycans. La situation menaçait de trictions pour les achats : 200 francs de fioul toire, sous la tour Eiffel. » soucieuse d’éviter tout maxima- s’aggraver, car les grévistes avaient négocié en maximum, 150 francs d’essence maximum. de nos correspondants régionaux lisme : « Les taxis parisiens sup- UNE COLONNE DE COLLÈGUES portent chaque année cent cin- Selon le plan de bataille imagi- quante manifestations sur la voie né par la FNAT, deux colonnes de publique. Nous savons la gêne que Les responsables de la droite commencent à sortir de leur réserve taxis parisiens, appuyées par une cela peut occasionner. Nous avons colonne de collègues de la ban- donc la volonté de faire éclater la CONFRONTÉE à un barrage fil- tuation. A lui de savoir comment il la « priorité demeure la baisse des troliers », explique le député de Pa- lieue ouest de la capitale, devaient manifestation pour que les gens trant de routiers à son arrivée à s’en sort », a ajouté Mme Alliot-Ma- charges sociales ». En revanche, ris. Dominique Paillé, député des en effet se diriger à petite allure puissent rentrer chez eux sans trop Brive, en Corrèze, où elle venait rie. Dominique Bussereau, député Deux-Sèvres et délégué général de vers le Champ-de-Mars. Les d’encombre vers 19 h. » En pro- faire campagne pour le quinquen- Jusqu’ici plutôt réservés, de (DL) de Charente-Martime, assure l’UDF, s’interroge sur « l’art de points de départ de cette opéra- vince, les organisations de taxis nat, la présidente du RPR, Michèle nombreux responsables de l’op- que la « sortie de crise ne sera pos- gouverner » de la gauche. « Face tion-escargot ont été fixés, jeudi, ont aussi appelé leurs sympathi- Alliot-Marie, a exprimé des ré- position ont critiqué, mercredi, sible que si le premier ministre ar- aux menaces d’explosion de sa ma- en fin de matinée, aux aéroports sants à se joindre aux barrages serves, mercredi 6 septembre, sur l’action du gouvernement. Le pré- bitre franchement (...) en faveur jorité, Lionel Jospin se montre clai- de Roissy (Val-d’Oise) et d’Orly des chauffeurs-routiers. A Mar- ce type de manifestation. « Je peux sident du groupe RPR de l’Assem- d’une très forte diminution des taxes rement ferme face aux revendica- (Val-de-Marne), ainsi qu’à Ver- seille, l’intersyndicale des taxis comprendre leurs revendications. blée nationale, Jean-Louis Debré, sur le gazole, quitte à envoyer Do- tions de ceux qui menacent de sailles. « Quand les premiers taxis des Bouches-du-Rhône a ainsi Mais je leur ai aussi dit que je re- a affirmé que « M. Jospin récolte les minique Voynet rejoindre Jean- bloquer le pays. Sa crédibilité, dans arriveront au Champ-de-Mars, les réuni quelque 150 taxis du dépar- grette que des Français qui n’y sont fruits de son incapacité à baisser Pierre Chevènement dans une ce nouveau rôle, risque fort, dans derniers seront encore à la périphé- tement, jeudi en début de mati- pour rien soient pénalisés, car dans vraiment les impôts au moment où commune retraite franc-comtoise ». les prochains jours, d’être celle d’un rie de Paris », a pronostiqué née, rejoints par des dépanneuses quelques jours, il n’y aura plus d’es- l’économie française le permet. » Claude Goasguen, porte-parole tigre de papier », ajoute M. Paillé. M. Estival. Des centaines de VRP, et des auto-écoles, entre les sence », a-t-elle expliqué peu de Démocratie libérale, juge que Jeudi sur RMC, François d’Aubert, répondant à l’appel du Conseil abords du Stade vélodrome et la après lors d’une rencontre avec la « CRISE POLITIQUE » « c’est toute la logique du plan Fa- député (DL) de Mayenne, a ironisé national des forces de vente, de- préfecture. A Lyon, des opéra- presse, tout en estimant que le Sur le fond, Jean-François Copé, bius qui est en cause ». « Elle gé- sur le « coup de pied de l’âne » vaient en outre rejoindre, à bord tions-escargot devaient aussi pa- gouvernement « a réagi avec secrétaire national du RPR, estime nère des troubles sociaux impor- donné, selon lui, par les Verts au de leurs véhicules professionnels, ralyser le centre-ville à partir du beaucoup de retard à une hausse qu’il conviendrait de « baisser la tants et des comportements premier ministre, en soulignant le mouvement des taxis. Quatre courant de la matinée. qui dure depuis des mois ». «Le fiscalité de l’essence propre, plutôt inacceptables tels que le blocage qu’il règne « une atmosphère de autoroutes (A1, A4, A6 et A13) de- gouvernement s’est mis dans une si- que d’augmenter le diesel » et que des ports, des routes et des sites pé- crise politique ». vaient ainsi connaître de sérieux Laure Belot et Erich Inciyan Agriculteurs et ambulanciers montent la garde devant la raffinerie de Petit-Couronne ROUEN de Gonfreville-l’Orcher, de celle de cœur. » Les moissons, finies tardive- que si leurs prix sont « théorique- de notre correspondant Notre-Dame-de-Gravenchon (Ex- ment, l’avaient empêché, avec ses ment libres », la quasi-totalité de Avec ses trois raffineries, situées xon-Mobil), et à Petit-Couronne collègues, de manifester avant. Au- leurs prestations est fixée par la sur les ports de Rouen et du Havre, (Shell), les routiers, les ambulanciers jourd’hui, il voit venir avec anxiété CNAM. « On ne peut donc pas réper- la Seine-Maritime est très naturelle- et les agriculteurs poursuivent leur la récolte du maïs, l’arrachage des cuter le doublement de nos charges mouvement. Mercredi après-midi, betteraves, « une période cruciale », de carburant », explique Patrick Si- REPORTAGE Jean-Luc Duval, président national et puis ensuite, l’inévitable réper- mon, vice-président du syndicat des Les motifs de leur du Centre national des jeunes agri- cussion sur les prix des sous-pro- ambulanciers agréés de Seine-Mari- Les derniers culteurs (CNJA), est venu à Gonfre- duits, engrais, phytosanitaires, ali- time. « On est ici pour obtenir une colère sont nombreux, ville-l’Orcher. ments du bétail. Président du CDJA exonération sur la TIPP, et un lissage et ce gazole a agi Devant les grilles du centre d’ex- de Seine-Maritime, Patrice Faucon des prix du gazole », insiste l’ambu- comme un catalyseur pédition de la raffinerie Shell de Pe- se tourne vers le ministre de l’agri- lancier qui « en veut au gouverne- tit-Couronne, dans la banlieue de culture : « On nous baisse le prix des ment parce qu’il ne sait pas réguler ». jours du Koursk Rouen, la nuit se prépare autour céréales, et on augmente nos charges. Les cent vingt-sept entreprises de ment la cible des corporations qui d’un barbecue. Solidaires mais cha- (...). Ça fait deux ans que l’on de- Seine-Maritime participent l’une demandent depuis lundi 4 sep- cun dans leur coin, agriculteurs et mande que l’on s’occupe de nos après l’autre au blocage de la raf- tembre des réductions des taxes sur ambulanciers assurent la garde. Les charges. » Ecotaxe, taxe générale sur finerie, amusées d’être « ici, et en les carburants ou des aménage- motifs de leur colère sont nom- les activités polluantes : les agri- même temps prioritaires pour la four- ments leur permettant de supporter breux, et ce gazole dont le poids culteurs refusent d’admettre que ce niture en carburant ». les augmentations successives de dans les charges a doublé en quel- soit « l’Etat qui ramasse » alors A Petit-Couronne, agriculteurs et leurs charges. Mercredi soir, l’an- que dix-huit mois, a agi comme un qu’eux-mêmes ont « une alternative ambulanciers attendent maintenant nonce d’un accord avec le ministère catalyseur. A la tête d’une exploita- à proposer, le diester », mélange, non les entrevues annoncées pour jeudi des transports n’a pas eu d’effet sur tion de polyculture-élevage depuis polluant, de gazole et d’ester de col- 7 septembre avec leur ministre res- 0123 les patrons des entreprises de trans- quatre ans, à Buchy, au nord de za, dont la fabrication est assurée pectif, et s’étonnent de ne pas être port routier qui ont laissé leurs ca- Rouen, Jean-Marc calcule : «Avec non loin de Petit-Couronne. suivis par les particuliers qui, eux, vendredi 8 septembre mions empêcher l’accès aux dépôts une consommation de vingt mille A quelques mètres des agri- « se sont jetés sur les pompes ». daté 9 de carburant. Devant l’entrée de la litres par an, de 1,65 franc à 3,20 F, culteurs, les ambulanciers ex- raffinerie de Normandie (TotalFina) c’est le double. Et ça fait mal au pliquent au pied de leurs véhicules Etienne Banzet LeMonde Job: WMQ0809--0007-0 WAS LMQ0809-7 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0369 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 7

L'évolution des prix pétroliers PRIX DU GAZOLE DANS L'UNION EUROPÉENNE en francs par litre Les charges des transporteurs ont été fortement 864 moy. 608 603 589 UE 583 565 552 559 551

541 alourdies par le triplement des cours du brut 516 478 466 575 456 409 PRIX LE CHOC PÉTROLIER n’est plus grèves des conducteurs en 1996 et du chiffre d’affaires en moyenne, l’allemand Willy Betz, qui fait rou- TTC ce qu’il était. Depuis la désindexa- 1997. Les 35 heures ont encore pourraient sombrer cette année ler ses camions en quasi-continu en

HT 266 259 257 266 259 250 238 241 240 218 223 225 tion des salaires et la libération des alourdi la note cette année pour les dans le négatif, estiment les repré- les faisant conduire par des équi- 212 188 216 prix et de la concurrence, dans les plus grosses entreprises. sentants des syndicats patronaux. pages de chauffeurs bulgares, qui E E E E E E E E I AL N RG N D U D C RK N années 1980, l’impact d’une flam- « Nous sommes pris dans un effet se relaient au volant. G U N A ÈD RÈCE ICH IQ N AG A E-U TU G LA ITALIE SU bée des cours du brut sur l’écono- de ciseaux, entre une législation so- Malgré tout cela, le transport BO TR EM R FR M ESPAG IRLAN PAYS-BAS AN mie n’est plus le même. L’enchaî- ciale qu’il faut financer et des clients routier demeure, en France, l’un PO AU BELG FIN La libéralisation D YAU XEM ALLEM O nement cours du pétrole-prix de qui ne répercutent pas intégralement des grands secteurs créateurs LU R revient-prix de vente-salaires, qui les hausses des prix, souligne M. Sa- totale du transport d’emplois, bénéficiant à plein de la ÉVOLUTION DES PRIX EN FRANCE en francs par litre alimentait l’inflation, a été brisé. noyault. En moyenne les industriels croissance économique et de l’évo- GAZOLE SUPERCARBURANT SUPER SANS PLOMB 95 Du coup, le choc se concentre sur et les distributeurs ont compensé à routier en Europe, lution technologique (flux tendus, quelques maillons faibles de la hauteur de 3 % à 6 %, mais pas commerce en ligne...). En 1999, 8 chaîne, ceux qui ne peuvent pas se plus. » Le rapport de forces est 10 % des offres d’emplois propo- PRIX en juillet 1998, 7 passer du pétrole comme source d’autant plus défavorable aux sées par les transporteurs n’ont pas TTC d’énergie. Le transport routier est transporteurs que le secteur est été satisfaites. Les besoins sont 6 a compliqué de ceux-là. constitué majoritairement de très évalués à 25 000 postes de conduc- 5 Depuis janvier 1999, les prix de petites entreprises. Près de la moi- un peu plus la tâche teurs cette année. 4 PRIX revient de la profession se sont en- tié d’entre elles comptent moins de Dans le même temps, faute d’in- 3 HT volés de 15 %. Sous l’effet d’un tri- 5 salariés et à peine 5 % dépassent des entreprises frastructures appropriées et d’une 2 plement des cours du brut, qui sont les 50 salariés. plus grande souplesse dans l’orga- 1 passés de 10 dollars à 34 dollars, le Résultat : une bonne partie des nisation du travail des cheminots, litre de gazole a augmenté de 35 %, entreprises n’ont guère de marge La libéralisation totale du trans- le rail ne prend toujours pas le re- 0 soit 1,50 franc en dix-huit mois. Or, de manœuvre pour négocier face à port routier en Europe, en juillet lais du transport routier. Un rap- 1960 70 80 90 00 196070 80 90 00 1990 95 00 le carburant pèse en moyenne pour des clients qui rechignent d’autant 1998, a compliqué un peu plus la port parlementaire, présenté au 20 % dans les coûts des entreprises plus à répercuter la hausse des tâche des entreprises, dans la me- premier semestre par le député COMPOSITION DES PRIX DES PRODUITS PÉTROLIERS routières. Mais d’autres facteurs coûts du transport qu’ils trouvent sure où elle ne s’est pas accompa- communiste de l’Allier, André La- en francs par litre sont intervenus : « En moins de dix toujours quelques sous-traitants gnée d’une harmonisation sociale, joinie, révélait que la part du trans- PRIX FRANCE TTC 7,26 ans, le secteur a connu une véritable pour accepter leurs conditions sans notamment en matière de temps port routier dans l’acheminement 1,19 PRIX FRANCE hors TVA 5,45 révolution culturelle sur le plan so- discuter les prix. « Certains ont ac- de travail. Aujourd’hui, les routiers des marchandises est passée de 0,89 cial », explique Christian Sa- cepté de travailler 10 % en dessous espagnols ou belges, par exemple, 33 % en 1960 à 73,7 % en 1997, au PRIX FRANCE HTT 3,87 noyault, secrétaire général de la des prix du marché ! », se plaint le ont le droit de rouler plus de détriment des voies d’eau mais (hors toutes taxes) 2,57 FNTR Ile-de-France. Au « contrat dirigeant d’une PME de transport 70 heures, contre un maximum de aussi de la SNCF, qui a perdu plus de progrès » signé en 1994, qui ins- de vingt personnes, en Seine-et- 56 heures en France. Le différentiel de la moitié de ses parts de marché, PRIX ROTTERDAM 0,39 0,52 0,42 0,28 Prix Rotterdam : taurait notamment des baisses de Marne. « Pendant un certain temps, avec les pays de l’Est est encore passées de 57 % en 1960 à 17 % en 1,29 1,29 résulte des équilibres PRIX DU BRENT temps de conduite en échange d’al- ce sont les conducteurs qui ont servi plus important. Un chauffeur rou- 1999. Les Verts ont raison : il s’agit SUPER SP 95 GAZOLE de la zone Europe-Amérique lègements de charges, se sont ajou- d’amortisseurs en allongeant leur tier y coûte en moyenne, charges d’un choix de société. Mais, par Source : UFIP tées d’autres avancées sociales, temps de travail. Aujourd’hui cette comprises, 4 500 francs contre... bien des aspects, il paraît déjà ir- Pour le brent, les cours du brut sont passés de 10 dollars le baril en janvier comme la retraite à cinquante-cinq fuite en avant n’est plus possible », plus de 18 000 francs en France ! réversible. 1999 à près de 34,3 dollars actuellement. ans et la revalorisation des ba- explique-t-il. Les marges du sec- Certains transporteurs se sont en- rèmes salariaux, obtenues par les teur, déjà limitées à moins de 2 % gouffrés dans la brèche, comme Stéphane Lauer D’une profession à l’autre, le secteur bénéficie de nombreuses détaxations FACE À la flambée du prix des « professionnel ». Ils ont obtenu carburants, agriculteurs, autoca- un remboursement de la TIPP de ristes, chauffeurs de taxis, auto- 35 centimes par litre de carburant écoles, ambulanciers, profession- à compter du 1er juillet au titre de nels du bâtiment et des travaux l’an 2000, jusqu’à 15 000 litres par publics et bateliers ont emboîté véhicule de plus de 9 places, et, le pas aux routiers. Ces profes- en 2001, de 25 centimes par litre, sions qui, dans la plupart des cas, jusqu’à 30 000 litres. A cette me- bénéficient déjà de détaxations sure s’ajoute un dispositif sur les carburants à titre profes- d’amortissement fiscal des sionnel, réclament des mesures hausses du pétrole. supplémentaires. b Agriculteurs, mariniers, Le mouvement de protestation BTP. Ces professions bénéficient a été lancé par les marins-pê- de l’autorisation d’utiliser, pour cheurs : ceux-ci, qui bénéficiaient leurs engins, du fioul domes- déjà de l’exonération totale de la tique, moins taxé que le gazole, taxe intérieure sur les produits et récupèrent la TVA. La Fédéra- pétroliers (TIPP) ainsi que de la tion nationale des syndicats d’ex- TVA, ont obtenu, le 31 août, ploitants agricoles demande la après plusieurs jours de conflits suppression de la TIPP ainsi que et de blocage des ports, des aides celle sur les activités polluantes. supplémentaires. Pour eux, le Les agriculteurs devaient ren- plan gouvernemental prévoit des contrer jeudi le ministre de l’agri- mesures d’allégement ou de sup- culture Jean Glavany. pression des charges sociales et Les bateliers , qui bloquaient la une prise en charge des coûts Seine mercredi, réclament une portuaires, jusqu’à 100 % pour exonération totale de la TIPP sur certaines entreprises. Les marins- le fioul domestique. Selon eux, la Résultat d’exploitation semestriel : +15% pêcheurs avaient déjà obtenu la baisse de 30 % annoncée la se- prolongation, jusqu’à la fin 2000, maine dernière par le gouverne- du dispositif prévoyant une exo- ment a déjà été effacée par la nération de 50 % de leurs charges hausse du prix des carburants. sociales. b Chauffeurs de taxis. Ils bé- Voici un état des lieux des néficient de la déduction de la autres secteurs professionnels TIPP pour les essences et le ga- bénéficiant de détaxations : zole jusqu’à concurrence de b Transports de marchan- 5 000 litres par an et par véhicule, dises. Les routiers bénéficiaient et pour le GPL jusqu’à jusqu’à présent d’une déduction 9 000 litres. Ils récupèrent la TVA de 8,628 centimes par litre et par sur le gazole uniquement. En or- camion de 7,5 tonnes et plus, pla- ganisant des opérations-escar- fonnée à 50 000 litres par an got, jeudi, La Fédération natio- (remboursement par semestre). nale des artisans du taxi (FNAT), Mercredi 6 août, la Fédération qui affirme représenter 15 000 ar- des entreprises de transport et de tisans en France, demande une logistique de France (TLF) accep- revalorisation des tarifs, rappe- tait la proposition du ministre lant que, « sur une course de des transports, Jean-Claude 100 francs, 35 francs vont à l’Etat, Gayssot, d’une réduction de en impôts, en taxe professionnelle, 35 centimes par litre de la TIPP en cotisations sociales ». Les syn- pour l’ensemble de l’année 2000, dicats CGT, CFTC et FO des taxis ramenée à 25 centimes pour 2001. salariés ne s’associent pas aux En outre, les transporteurs rou- mouvements, estimant que les tiers seront exonérés du plan de patrons « seront les seuls à en re- hausse de la TIPP sur le gazole et cueillir les bénéfices, au détriment éviteront ainsi une progression des chauffeurs ». de 7 centimes par an en 2000 et b Ambulanciers. Les transpor- 2001. Selon M. Gayssot, ces me- teurs sanitaires sont mobilisés sures représentent une enve- pour obtenir une détaxe du car- loppe de l’ordre de 17 500 francs burant et le remboursement de par véhicule pour l’année 2000. sa TVA. Ils estiment être la seule Les deux autres organisations de profession de transport à n’avoir transporteurs, la FNTR et jamais bénéficié d’aides. l’UNOSTRA, ont refusé de signer b Transports aériens. Le l’accord. « carburéacteur » est totalement Avec la nouvelle impulsion générée par le rapprochement b Transports publics de voya- exonéré de la TIPP et de la TVA geurs et éboueurs. Pour le gaz pour les compagnies qui effec- de la Seita et de Tabacalera, Altadis inscrit son activité dans une

de pétrole liquéfié (GPL) et le gaz tuent plus de 80 % de leurs vols à de Tabac Européen Groupe naturel véhicule (GNV), ces deux l’international. trajectoire de croissance. * professions bénéficient de la dé- b Marchands ambulants sur duction de la TIPP, jusqu’à les marchés. Ils bénéficient pour concurrence de 40 000 litres par tous les carburants d’une déduc- an par véhicule. Dans la nuit de tion de la TIPP jusqu’à concur- mercredi à jeudi, les organisa- rence de 1 500 litres par an et par tions professionnelles du trans- entreprise et d’une récupération port de voyageurs ont conclu un de la TVA. accord leur permettant de bénéfi- UNE NOUVELLE IMPULSION cier des avantages d’un gazole Dominique Gallois LeMonde Job: WMQ0809--0008-0 WAS LMQ0809-8 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0370 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 FRANCE

La satisfaction puis Mme Voynet demande un fonctionnement la déception de Jean-Claude Gayssot plus collectif de la majorité La FNTR et l’Unostra n’ont pas été suivies par leur base Les Verts ont vivement contesté, mercredi, les concessions L’accord auquel Jean-Claude Gayssot, ministre des trans- pas reçu l’aval de la base de la FNTR et de l’Unostra. Seule faites par le gouvernement aux transporteurs routiers mais ports, était parvenu avec les fédérations de transporteurs la Fédération des entreprises de transports et logistiques routiers dans la nuit de mardi à mercredi n’a finalement de France a appelé à la levée des barrages. ils ont évité de poser un « ultimatum » à Lionel Jospin ENCORE une crise résolue ! Ce Peu avant 12 h 30, Daniel Chevalier, pas le revirement des autres organi- UN GRAND VENT d’inquiétude pin en sortant. Une réunion de de charges sociales, pour donner mercredi 6 septembre, peu après président de l’Unostra, les rejoint sations ». « Ce qui a été obtenu est si- a soufflé, mercredi 6 septembre, sur l’état-major du parti écologiste est une leçon de « social » à son col- minuit, Jean-Claude Gayssot est fa- enfin. Surprise : alors qu’on attend gnificatif. L’Etat n’est pas en mesure la majorité « plurielle ». Cette fois, convoquée pour la soirée. lègue communiste. Et elle conclut tigué mais satisfait. Après treize les dirigeants de la FNTR, c’est Luc de régler tous les problèmes dûs au ce sont les Verts qui ont branché le Les Verts, qui n’ont pas envisagé par une bordée de flèches pour heures de négociations, le ministre Guyau, président de la Fédération choc pétrolier. A nous, entreprises, de ventilateur. Moins de dix jours sérieusement de sortir du gouver- Laurent Fabius : « Entre l’abaisse- pense avoir mis fin au conflit des nationale des syndicats d’exploi- mettre en place de nouvelles pra- nement, décident de faire un peu de ment de la TIPP et la suppression de transporteurs routiers. En leur ac- tants agricoles (FNSEA), qui, pas- tiques commerciales. » Ces diri- RÉCIT mise en scène. Auparavant, à la vignette, c’était un peu comme cordant 35 centimes de réduction sant par là, se fend d’une déclara- geants appellent donc à la levée des Si la ministre a pris 11 h 30, M me Voynet doit présenter choisir entre la peste et le choléra. » par litre de gazole dès cette année tion, devant les grilles du ministère. barrages. Mais les grandes entre- – ironie du calendrier – la « journée Dans la même semaine, elle a eu les et 25 centimes l’année prochaine, « Si les routiers lèvent leurs barrages, prises qu’ils représentent sont peu bien garde de ne rien sans voiture » du 22 septembre. deux. le ministre a satisfait ses interlo- les agriculteurs, eux, les maintien- présentes dans l’action. Reconver- dire de définitif, ses Tendue, le visage fermé, la ministre C’est sans doute cela qui lui cuteurs (Le Monde du 7 sep- dront s’ils n’obtiennent pas satisfac- ties dans la logistique, elles ont, conseillers cognent sec s’acquitte de sa tâche. Elle est là, donne cette pugnacité ? Sur LCI, la tembre). En plus, il a obtenu de tion » affirme-t-il. contrairement aux artisans de la surtout, pour parler à la presse. Elle ministre renvoie François Hollande Bercy la fin, pour les transports FNTR et de l’Unostra, les moyens soupire en pensant que l’on va en- dans ses buts, qui a prié les Verts, routiers, de la surtaxe de 7 cen- L’APPUI DU PREMIER MINISTRE d’augmenter leurs tarifs. après la démission de Jean-Pierre core lui parler de « couleuvre » ava- dans l’après-midi, d’être « lucides ». times par litre de gazole imposée Pendant ce temps, les dirigeants Peu après, c’est un président de Chevènement, Dominique Voynet lée. Qu’importe, elle a méthodique- « Il faut que François Hollande soit par Dominique Voynet fin 1998. de TLF, de l’Unostra et des repré- l’Unostra fatigué qui s’exprime. «Il s’est offert une vraie-fausse crise de ment bâti son plan médias de la lucide lui-même sur la faiblesse du Devant une poignée de journa- sentants du cabinet de M. Gayssot y a des avancées significatives. Mais colère verte avant que Lionel Jospin journée, pour faire le meilleur usage système de négociation sociale dans listes, les représentants de la Fédé- rédigent la version définitive de les responsables régionaux n’en n’annonce que le gouvernement de cette crise. Elle commence par ce pays. On ne négocie que sous la ration nationale des transporteurs l’accord. Maintenant c’est sûr, la veulent pas et moi, je ne ferai pas de n’ira « pas plus loin » dans ses les radios. Consent quelques pression successive de lobbies ou de routiers (FNTR), de l’Unostra et de FNTR ne viendra pas. Dans un surenchère », explique Daniel Che- concessions aux transporteurs rou- images. Prend le temps de déjeuner catégories », assène-t-elle. Jeudi ma- la Fédération des entreprise de communiqué, elle réclame dix cen- valier. Son supplice sera bref. tiers. avec une partie de la presse écrite. tin, dans le Parisien, M. Hollande transport et logistique de France times de plus pour 2001, une me- M. Gayssot, chemise rose et bre- Mardi 5 septembre, au ministère Le soir, elle sera sur LCI à 18 h 30, n’en rappelle pas moins les Verts au (TLF) tiennent des propos sans am- sure qu’elle sait inenvisageable. telles rouges, s’engouffre dans sa des transports, une longue nuit de sur France 3 à 19 h 30, sur France « principe de réalité ». biguïté : « Avancées positives », « On a essayé de vendre le mieux voiture. Direction : Matignon où, négociations commence pour le mi- deux à 20 h. Mme Voynet prend cependant « sérieux »... la satisfaction est gé- possible des propositions non négli- visiblement soulagé, il reçoit l’ap- nistre communiste Jean-Claude Ses conseillers cognent sec. bien garde de ne rien dire de défini- nérale. La consultation de leurs geables. Mais les gens ne pui du premier ministre. Celui-ci Gayssot. Avenue de Ségur, une « C’est une méthode de gouverne- tif : « Si je ne croyais pas à la possibi- troupes ne sera qu’une formalité. comprennent pas que les aides n’a qu’un message à faire passer : autre veillée attend Dominique ment à la godille, il n’y a pas de vision lité de restaurer un dialogue et des Dès 11 heures, l’accord doit être of- passent de 35 centimes cette année à « Le gouvernement n’ira pas plus Voynet qui met la dernière main à stratégique », se lamente l’un. «Si lieux de décision collective [dans la ficiellement signé devant les camé- 25 centimes l’an prochain. De même loin ». Interrogé sur les Verts, le un texte destiné au Monde (lire page les Verts s’inclinent à chaque fois sur majorité], je claquerais la porte. » ras. ne comprennnent-ils rien à l’amor- premier ministre tourne les talons. 16). Cet argumentaire, credo des des décisions aussi graves, ils dispa- Pour une fois, les Verts sont tous A 8 heures, mercredi, c’est donc tisseur fiscal annoncé même si, ici, on Il reste encore à M. Gayssot à rece- Verts en matière d’énergie et de fis- raîtront du paysage politique », d’accord. A la sortie du dîner de un ministre optimiste qui s’exprime sait que c’est important. Enfin, dans voir les autocaristes et à tenir une calité écologique, la ministre de poursuit un autre. Mme Voynet, elle, l’avenue de Ségur, la communica- sur Europe 1. Il n’a plus besoin de la nuit, le baril a pris dix centimes. conférence de presse. Rappelant l’environnement a eu le temps de le veut « faire état de [son] inquiétude tion est lisse, homogène. Il y a bien parler, comme la veille, en anciens Les gens se disent que les mesures an- que les nouveaux contrats de plan ciseler depuis trois ans. Le lende- et en parler au plus vite avec Lionel une « crise de confiance entre Jospin francs – « un million de centimes » – noncées ne compenseront jamais Etat-régions consacrent dix fois main, elle n’aura aucun mal à le dé- Jospin et Jean-Claude Gayssot ». La et les Verts ». Mais les écologistes, pour impressionner les auditeurs. l’augmentation des charges », ex- plus d’argent au rail qu’aupara- cliner devant les micros. Il n’y a pas ministre écologiste s’indigne que le déjà tentés par la surenchère depuis Dès cette année, les routiers auront plique la porte-parole de la FNTR. vant, il affirme que la politique du que M. Chevènement qui ait des gouvernement puisse « faire face à la démission de M. Chevènement « 17 500 francs environ par ca- Peu avant 16 heures, les fédéra- gouvernement en matière de trans- convictions. une difficulté conjoncturelle en re- (Le Monde daté 3-4 septembre), ne mion ». Pourtant, les choses se tions présentes sortent enfin du mi- ports n’est pas modifiée. Puis il re- Au petit jour, le bilan est morne. mettant en cause trois ans de lutte « [désespèrent] pas de convaincre gâtent. Non seulement les Verts nistère. Les deux co-présidents de trouve les autocaristes. Peu après La patronne des Verts a appris, à contre l’effet de serre ». Lionel Jospin d’infléchir sa poli- montent au créneau, mais les res- TLF – « une fédération qui regroupe minuit, ceux-ci obtiendront des une heure du matin, en regardant La méthode Jospin en prend un tique ». « Il n’y a pas d’ultimatum, ponsables des fédérations patro- 5 000 entreprises, 300 000 salariés et aides équivalentes au transport de LCI, que son plan de 1998, pré- coup. « Je veux souligner la faiblesse nous ne voulons pas ajouter la crise nales, qui ont chauffé leurs troupes la moitié du parc français de ca- marchandises. « Vivement qu’il soit voyant l’augmentation de la taxe in- du mode de direction publique, dit politique à la crise sociale », fait ob- à blanc depuis trois jours, ne par- mions » – expliquent qu’ils ont si- maire de Béziers », soupire un térieure sur les produits pétroliers Mme Voynet. Pourquoi, quand le baril server le secrétaire national, Jean- viennent pas à leur « vendre » l’ac- gné l’accord parce qu’il est « bon et conseiller. (TIPP) de 7 centimes sur huit ans, de pétrole est à 10 francs, n’en pro- Luc Bennahmias. A condition qu’à cord. A 11 h 30, seuls les dirigeants important ». D’ailleurs, « techni- est parti en fumée pendant la nuit. fite-t-on pas pour développer des Lyon, lundi prochain, lors de la de TLF se présentent au ministère. quement », ils ne « comprennent Frédéric Lemaître « On avait fait savoir qu’on était dis- énergies alternatives ? Ou pour conférence sur l’effet de serre, ponibles, tous les conseillers étaient mettre en place une écotaxe ? Ce « Lionel Jospin n’annonce pas des sur le pont. Personne ne nous a appe- n’est évidemment pas du chantage. Je mesurettes ». Stéphane Pocrain, lés. Et on a été obligés de courir après ne claque pas la porte à la moindre porte-parole des Verts, l’assure : l’info, sans résultat », raconte, écœu- difficulté. Mais les Verts ne sont pas « Ce serait vraiment la goutte de ré, un proche de Mme Voynet. Une au gouvernement pour faire le trop. » Noël Mamère ajoute : «On réunion, à laquelle assistent le voy- contraire de ce pour quoi ils ont été fera tout pour que la majorité ne se nétiste Denis Baupin, porte-parole élus », s’écrie la ministre. Elle accuse réduise pas à un face-à-face Jospin- des Verts, et quelques conseillers, M. Gayssot d’avoir « négocié des Fabius. » Mme Voynet, elle, a pris est improvisée. « On n’a jamais été avantages exorbitants » et d’avoir date avec le premier ministre. Par aussi près de se demander ce qu’on « cédé au chantage ruineux de quel- lettre, comme M. Chevènement. faisait dans la majorité “plurielle” ! ques transporteurs routiers ». Elle dé- On est ulcérés ! », s’exclame M. Bau- fend les petits, accablés de dettes et Béatrice Gurrey Frictions avec le PCF sur le nucléaire, la chasse et la voiture LES RELATIONS qu’entre- Pourtant, depuis trois ans de co- avait rebondi sur deux dossiers nu- tiennent Dominique Voynet et Jean- habitation au sein du gouverne- cléaires, l’European Pressurized Claude Gayssot ne sont pas simples, ment, les désaccords n’ont pas man- Reactor (EPR), destiné à remplacer à surtout depuis la marée noire de qué entre les Verts et les terme les réacteurs du parc actuel, et l’Erika, mais elle n’en sont pas moins communistes. Face au premier mi- le mox, combustible à l’uranium cordiales. C’est sans doute à ce titre nistre, ils ont certes été solidaires sur dont l’emploi est contesté par les que le ministre communiste des l’immigration, avec la demande Verts. transports a passé un coup de fil à sa d’abrogation des lois Pasqua-Debré, En février 1998, c’est avec le sou- collègue de l’environnement, mer- et sur le soutien au mouvement des tien du PCF et avec la présence de credi 6 septembre. chômeurs, à l’hiver 1997. En re- nombreux militants que les associa- Après la déclaration de Lionel Jos- vanche, trois dossiers fâchent les tions de chasseurs étaient descen- pin, à 17 heures, et avant sa propre deux familles : le nucléaire, la chasse dues dans la rue à Paris pour s’oppo- conférence de presse, à 18 h 30, il et la voiture. ser au projet de loi sur la chasse de la voulait connaître l’état d’esprit de la ministre de l’environnement. Le ministre Verte et lui expliquer com- LIGNE DE PARTAGE 28 juin 2000, 27 des 35 députés ment il avait agi au nom du gouver- En annonçant, dès le 5 juin 1997, communistes s’étaient finalement nement. « Il a voulu se justifier et s’as- l’abandon du canal Rhin-Rhône et abstenus lors de l’adoption du projet surer que la cohésion de la majorité surtout l’arrêt de Superphénix, Do- de loi à l’Assemblée nationale. n’était pas gravement menacée », ex- minique Voynet a coupé l’herbe Sur la voiture et la fiscalité des plique l’entourage de Mme Voynet. La sous le pied des communistes. En fé- carburants, la ligne de partage est ministre écologiste lui a fait part de vrier 1998, la décision de Lionel Jos- aussi nette. En septembre 1997 déjà, ses inquiétudes quant aux engage- pin de fermer définitivement Super- Mme Voynet estimait que la hausse ments du gouvernement en faveur phénix a provoqué de vives du prix du gazole était « une piste » du transport de marchandises par le réactions de la CGT et du PCF. pour préserver l’environnement. Les rail, après les concessions faites aux M. Hue avait alors rappelé que «le communistes, de leur côté, sont hos- transporteurs routiers. Mais elle lui a Parti communiste est contre la ferme- tiles à toute écotaxe. A l’appui de dit aussi qu’« elle ne l’attaquait pas ture de Superphénix », tandis que le cette position, l’éditorial de l’Huma- personnellement ». S’efforçant de la groupe communiste de l’Assemblée nité assurait, mercredi : « Le prix du rassurer, M. Gayssot lui a répondu nationale, dans le cadre d’un débat super, c’est le prix de la baguette qu’il ne croyait pas qu’« un rééquili- sur la politique énergétique, affir- d’autrefois. » brage rail-route se fasse par une aug- mait son attachement à l’énergie nu- mentation des taxes sur le carbu- cléaire. A l’été 1999, la polémique Alain Beuve-Méry rant ». Sur ce point, Mme Voynet a marqué son désaccord. Pas plus qu’après la démission de Jean-Pierre Chevènement le PCF n’a voulu mettre de l’huile sur le feu. Re- connaissant qu’« il y a des remous » à l’intérieur de la majorité « plu- rielle », Robert Hue a déclaré, mer- credi, sur France Inter, qu’il ne vou- lait pas s’« associer à l’idée qu’il y aurait une crise insurmontable ». Au contraire, le secrétaire national a ap- pelé « toutes les composantes de la majorité “plurielle” », à montrer un « esprit de responsabilité » et a sou- haité que le gouvernement regarde du côté de la taxation des compa- gnies pétrolières, jugée « complète- ment insuffisante ». LeMonde Job: WMQ0809--0009-0 WAS LMQ0809-9 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0371 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 9 La croissance économique a été plus modérée que prévu au cours du deuxième trimestre Le produit intérieur brut a progressé de seulement 0,7 % L’Insee escomptait, dans ses dernières prévi- consommation plus faible que prévu, le résultat dans les prochains mois, ce résultat atteste que sions, une croissance de 1 % au deuxième tri- a seulement été de 0,7 %. Si aucun expert ne la croissance a atteint un palier. Les prévision- mestre 2000. Finalement, compte tenu d’une table sur un ralentissement marqué de l’activité nistes, d’ailleurs, se montrent plus prudents.

LIONEL JOSPIN est optimiste et quêtes auprès des ménages comme leurs achats de textile, mais aussi trimestre, en revanche, celui de veut le rester : vendredi 1er sep- des entreprises restent excellentes de produits agroalimentaires. En l’investissement des entreprises a tembre, à l’occasion d’un déplace- et ne laissent pas percevoir d’in- 2000, la facture pétrolière de la continué à tourner à bon régime. ment à Strasbourg, le premier mi- flexion, même légère, de leur mo- France aura augmenté de 60 mil- Au deuxième trimestre, celui-ci a nistre a pronostiqué une croissance ral. Ce que les chiffres de l’écono- liards de francs, qui auront été, progressé de 1,8 %, soit un rythme de 3,5 % pour 2001. Si personne ne mie française au deuxième pour l’essentiel, supportés par les annuel de près de 8 %. Les entre- prévoit un fort ralentissement de trimestre disent, d’abord, c’est que ménages, via la hausse des prix à la prises continuent à accroître leurs l’activité économique dans les mois la consommation des ménages a consommation. A fin juin, l’infla- capacités, qui sont aujourd’hui très à venir, il n’en reste pas moins été décevante. Elle s’est accrue de tion, en glissement annuel, était de fortement utilisées. « Il se pourrait qu’un léger tassement est attendu 0,2 %, après avoir augmenté de 1,7 %. d’ailleurs qu’il y ait aujourd’hui en dès le deuxième semestre 2000. Il 0,8 % au premier trimestre de l’an- A Bercy, on se veut rassurant : France quelques problèmes d’ajuste- De sérieux coups de canifs semble même qu’il ait commencé née et alors que l’Insee prévoyait « En 2000, nous avons baissé les im- ment de l’offre à la demande, qui ex- un peu plus tôt que prévu. des progressions similaires d’une pôts de 80 milliards de francs, dont pliqueraient, en partie, la relative- D’après les derniers chiffres de période à l’autre. « La suppression 60 milliards pour les ménages. Ce ment faible progression de la dans la fiscalité écologique l’Insee, publiés jeudi 7 septembre, du millésime automobile cet été s’est qui devrait leur permettre d’absorber production manufacturière au le produit intérieur brut (PIB) a traduite par une forte augmentation le mini-choc pétrolier. » D’autant deuxième trimestre (+ 1,1 %) », ex- QUE RESTE-T-IL de la politique néficieront donc à plein de la baisse progressé de 0,7 % au deuxième tri- des ventes de voitures, que nous que les fondamentaux sont bons : plique M. Devilliers. Les entre- écologique que le gouvernement a de la TIPP. Dans ce contexte, pour mestre. Soit autant qu’au premier avons minorée pour qu’elle ne se tra- environ 250 000 emplois ont été prises, en tout cas, doivent satis- voulu mettre en place depuis trois la ministre de l’environnement, ce trimestre, mais nettement moins duise pas par une chute trop impor- créés au premier semestre, et ce faire une forte demande ans ? C’est probablement la ques- que le gouvernement décidera de que ce que l’Insee prévoyait dans tante des ventes au troisième tri- chiffre devrait doubler d’ici à la fin extérieure : les exportations ont tion que se pose aujourd’hui Domi- faire sur la taxe générale sur les ac- sa dernière note de conjoncture mestre », nuance-t-on à l’Insee. de l’année. « En francs constants, en augmenté de 4,1 % au deuxième tri- nique Voynet, au regard du projet tivités polluantes (TGAP), l’autre de juin (1 %). « Pour le deuxième se- 2000, la masse salariale devrait mestre, soit un rythme annuel de d’accord avec les transporteurs jambe de la fiscalité écologique mestre de l’année, on est sur un ryth- LA FACTURE PÉTROLIÈRE croître de 4 %, essentiellement à 16 %. routiers élaboré par Jean-Claude mise en place par le gouvernement me de croissance plus faible, d’envi- « La hausse des prix du pétrole cause des emplois créés qui contri- Quoi qu’il en soit, conclut M. De- Gayssot. Car indéniablement, ce- à partir de 1999, sera décisif. ron 3 %. Mais cela ne remet pas en semble avoir un peu mordu sur la buent à cette progression à hauteur villiers, « le climat a un peu changé. lui-ci ampute considérablement la Cette écotaxe, qui regroupait à cause la durabilité du cycle », consi- consommation », considère-t-on à de 3,5 %. Même à la fin des an- On avait tendance, depuis plus de six « fiscalité écologique » dont Lionel l’origine 5 anciennes taxes fiscales dère Michel Devilliers, de l’Insee. Bercy. Soit directement : l’Insee nées 1980, la masse salariale n’avait mois, à réviser à la hausse nos prévi- Jospin avait fait l’une de ses priori- et parafiscales, et qui a été étendue Que s’est-il donc passé qui ex- constate une baisse de la consom- pas autant progressé », développe sions. Aujourd’hui, il faut peut-être tés à l’occasion du budget 1999. en 2000 à d’autres secteurs (agri- plique cet écart ? A l’Insee comme mation d’énergie. Soit indirecte- Bercy. arrêter ce mouvement ». Celui-ci prévoyait un rattrapage cole, lessive notamment), doit, en au ministère des finances, on a un ment : consacrant plus d’argent à Si le moteur de la consommation progressif de l’écart de taxation principe, toucher les consomma- peu de mal à répondre. Les en- ce poste, les Français ont modéré des ménages a ralenti au dernier V. Ma. entre le gazole et l’essence sans tions intermédiaires d’énergie dès plomb. Objectif : le ramener envi- 2001. Objectif : faire passer son ren- ron de 1,5 franc à 1 franc par litre, dement de 3,2 milliards de francs c’est-à-dire l’aligner sur la en 2000 à 8 milliards en 2001 et moyenne européenne. Pour celà, la 12,5 milliards en 2002. Et financer taxe intérieure sur les produits pé- ainsi une partie des allègements de troliers (TIPP) qui pèse sur le ga- charges liés aux 35 heures. zole devait augmenter de 7 cen- er times par an, à compter de 1999 et 1 semestre 2000 : jusqu’en 2005. Un plan que Domi- Mme Voynet pourrait nique Voynet aurait souhaité plus rapide mais qui répondait à ses at- avoir à lutter sur un hausse du résultat d’exploitation de 15 % tentes. Les transporteurs routiers avaient obtenu des aménagements. autre front : celui du Dans certaines conditions (jusqu’à 50 000 litres par an et pour les ca- nucléaire. La flambée 1 367 Deuxième société de tabac d’Europe continentale par sa capitalisation boursière, le groupe 1 193,4 mions de plus de 12 tonnes), ils ré- Altadis est né du rapprochement de la Seita et de son homologue espagnol Tabacalera. ME cupéraient, par litre, 7 centimes des cours du brut ME moins l’inflation. En 1999 et en Le Groupe Altadis a publié le 1er septembre ses résultats pour le premier semestre 2000. Les trois métiers 2000, le dispositif a été appliqué remet à l’ordre comme prévu. de base du Groupe - cigarettes, cigares et distribution – ont vu leur activité évoluer favorablement ainsi que Jeudi 31 août, alors qu’il présente du jour l’intérêt le montre la croissance de 14,5 % du chiffre d’affaires économique *(1367 millions d’euros). son plan fiscal pour la période L’EBITDA (ou excédent brut d’exploitation) a, quant à lui, progressé de 11,8 % pour s’établir à 367,7 millions d’euros 30/06/99 30/06/00 2001–2003, Laurent Fabius fait une de cette énergie et le résultat d’exploitation de 15,2 % à 295,9 millions d’euros. La marge d’exploitation reste stable à 21,6 %. première entorse à ce programme, Chiffre d’affaires économique* : en annonçant une pause pour 2001. Le résultat net part du groupe a subi l’impact du plan de réorganisation lancé en France avant la fusion et +14,5 % « Il ne s’agit que d’une pause. Dès A Bercy, on s’inquiète des consé- s’établit à 131,4 millions d’euros. Les dépenses exceptionnelles ont atteint 44,1 millions d’euros sur le semestre 2002, nous reprendrons la hausse de quences de cette montée en puis- du fait, principalement, de la prise en compte de provisions pour restructurations en France. Le montant des la TIPP sur le gazole », précise alors sance sur les secteurs intensifs en synergies attendues de la fusion (de 70 à 100 millions d’euros sur les prochains exercices, avec un plein effet 367,7 ME Bercy. Le ministère des finances énergie et on envisage un autre en 2003) est confirmé. 328,9 ME inscrit d’ailleurs dans son tableau scénario : imposer toutes les récapitulatif des baisses d’impôts consommations courantes d’éner- Cigarettes Altadis, 3e fabricant européen de cigarettes, a bénéficié d’une croissance de cette activité, tant une hausse de 2,4 milliards de gie sauf celles qui sont liées au pro- en valeur grâce, à des hausses de prix, qu’en volumes (+2,7 %). Les ventes ont connu une bonne performance francs à la ligne « rééquilibrage de cessus de production. Dans ce cas, en Espagne et une légère diminution en France, en raison du recul des cigarettes brunes. Sur les marchés la fiscalité du gazole » pour les an- l’écotaxe rapporterait à terme un non domestiques, Gauloises Blondes a confirmé son potentiel de développement, avec une progression de nées 2002 et 2003, correspondant, peu plus de 7 milliards de francs 33 % en volume (notamment en Allemagne, où la marque se classe au 6e rang). Au total, l’activité cigarettes pour chacune de ces deux années, à par an, soit 5 milliards de francs de a contribué pour 223,5 millions d’euros à l’EBITDA du groupe (+7,2 %). une hausse de 7 centimes de la moins que le rythme de croisière 30/06/99 30/06/00 TIPP sur le litre de gazole. «Le mé- qu’elle était censée atteindre à par- Cigares Dans le domaine des cigares, où Altadis est n°1 mondial, les ventes ont crû de 15% en valeur, à EBITDA** : canisme de remboursement aux tir de 2002. En contrepartie, les in- 274,4 millions d’euros. Sur le marché américain, qui représente 71 % des ventes du groupe en valeur, +11,8% transporteurs routiers sera renfor- dustriels s’engageraient dans des le semestre a été marqué par la fusion en août de Consolidated Cigar Holdings et de Havatampa au sein cé », développe le ministère des fi- « programmes volontaires de limi- de Altadis USA qui regroupe désormais l’ensemble de leurs activités de production et de commercialisation. nances, laissant à M. Gayssot le tation de leurs émissions ». Un tel Les cigares ont contribué à l’EBITDA du groupe à hauteur de 46,3 millions d’euros (+38 %). 295,9 ME soin de définir, avec les patrons du scénario sera-t-il acceptable pour 256,8 ME secteur, les modalités de ces nou- la ministre de l’environnement ? Distribution La distribution de produits du tabac a bénéficié de la bonne tenue du marché espagnol. velles compensations. Mme Voynet pourrait, en outre, L’activité hors tabac a progressé de 33 % (+14,5 % à périmètre constant**) grâce, notamment, au Jusque là, même si les Verts ma- avoir à lutter sur un autre front : développement de l’activité de grossiste en France et du secteur logistique en Espagne et au Portugal. nifestent leur hostilité au plan fiscal celui du nucléaire. La flambée des L’ensemble de la branche a contribué pour 80,2 millions d’euros à l’EBITDA du groupe (+17,4 %). qui prévoit également la suppres- cours du brut remet à l’ordre du sion de la vignette automobile, jour l’intérêt de cette énergie. Le Perspectives 2000 Mme Voynet ne semble pas considé- parc nucléaire d’EDF assure 80 % rer que la « ligne jaune » a été fran- de la fourniture de courant élec- Pour l’ensemble de l’année 2000, le résultat d’exploitation devrait progresser significativement. Les résultats du 30/06/99 30/06/00 chie. Une semaine plus tard, les trique en France et permet d’éviter groupe Altadis seront également marqués par : Résultat d’exploitation : +15,2 % choses sont différentes. Les rou- l’importation de 100 millions de • des plus-values exceptionnelles issues de la mise sur le marché de 21,7 % de Logista (160,6 millions tiers ont obtenu l’exonération to- tonnes de pétrole par an, soit d’euros), de la vente de 41,2 % de Zabalburu (34,8 millions d’euros) et de la cession de la participation tale de l’alourdissement fiscal au- l’équivalent de la production du du groupe dans Coralma (26,7 millions d’euros) ; quel est voué le gazole, à laquelle Koweït. Cela permet donc aussi, • la finalisation de l’acquisition de 50 % de la société cubaine Habanos, fin septembre ; * Chiffre d’affaires économique s’ajoute une aide supplémentaire dans une période de flambée des • de fortes provisions pour restructurations à la suite des plans lancés en Espagne et aux Etats-Unis. de l’Etat de 21 centimes par litre cours, que la hausse des prix ne se = chiffre d’affaires industriel + marge commerciale pour 2000 et de 11 centimes pour répercute pas sur les tarifs de l’élec- * chiffre d’affaires industriel + marge commerciale sur l’activité logistique de l’activité logistique. 2001. Au total, donc, ils récupére- tricité. ** Les changements de périmètre intervenus au cours du premier semestre concernent Supergroup ** EBITDA : équivalent de l’excédent ront 35 centimes par litre cette an- Jusqu’au début de l’été, les Verts (acquis par la Seita en septembre 1999) et Midesa (fusionné avec Logista en juillet 1999). brut d’exploitation. née et 25 centimes par litre l’an avaient influencé la politique nu- prochain. Et ils ne subiront pas, à cléaire française. En 1997, ils ob- compter de 2002, les nouvelles tiennent l’arrêt du surgénaréteur hausses de 7 centimes de la TIPP Superphénix. Ils convainquent en- sur le gazole . suite M. Jospin de reporter au len- « Cela représente un coût pour demain de l’élection présidentielle L’action Altadis est cotée au Premier Marché de la Bourse de l’Etat d’environ 1 milliard de francs de 2002 la décision de construire le Paris (règlement mensuel étranger, code Sicovam n°12975) et à la Bourse de Madrid, où elle figure à l’IBEX 35 (code ALT.MC). par an », estime Bercy. Au regard futur réacteur franco-allemand des 2,4 milliards d’alourdissements EPR (european pressurized reac- fiscaux prévus en matière de réé- tor). Celui-ci devrait équiper les quilibrage de la fiscalité du gazole, centrales françaises lors du renou- on comprend que Mme Voynet vellement du parc à l’horizon considère que la fiscalité écolo- 2010 et être proposé à l’exporta- Relations actionnaires

gique est aujourd’hui largement tion. A la veille de l’été, la décision Numéro azur : 0 801 56 67 67 (appel tarif local) * de Tabac Européen Groupe amputée. D’autant que les trans- des Allemands d’arrêter progressi- Relations investisseurs : tél : 01 45 56 62 21 porteurs routiers vont bénéficier vement leurs installations nu- http://www.altadis.com d’une autre mesure gouvernemen- cléaires les confortent dans leur tale annoncée le 31 août : la neutra- stratégie. Elle est aujourd’hui me- lisation par la baisse de la TIPP de nacée par le spectre d’un choc pé- l’augmentation des recettes de la trolier. TVA induite par la hausse des prix du baril. Les transporteurs routiers, Dominique Gallois en effet, récupèrent la TVA, et bé- et Virginie Malingre LeMonde Job: WMQ0809--0010-0 WAS LMQ0809-10 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0372 Lcp: 700 CMYK

10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000

POLICE Des policiers auraient par- crètes effectuées récemment, à deux d’instruction Joly et Vichnievsky, par mis en cause ne font l’objet d’aucune gade financière à Paris et sur le vol ticipé au vol de scellés, commis, en reprises, par Alfred Sirven, person- Eric Stierlen, incarcéré dans le cadre procédure et réfutent devant leur de scellés de l’affaire Elf avait mis en 1997, dans les locaux de la brigade fi- nage central de l’affaire Elf. b CES d’une affaire relative à une entre- hiérarchie les accusations portées cause des complicités policières sans nancière. b UN AUTRE FONCTION- ACCUSATIONS ont été portées, mer- prise de sécurité privée dont il était contre eux. b L’ENQUÊTE SUR LE jamais révéler ni l’identité des vo- NAIRE aurait couvert des visites se- credi 6 septembre, devant les juges l’un des dirigeants. b LES POLICIERS CAMBRIOLAGE des locaux de la bri- leurs ni leurs mobiles. Des policiers sont accusés d’avoir entravé l’enquête sur l’affaire Elf La déposition d’un ancien responsable d’une entreprise de sécurité privée, mercredi 6 septembre, devant les juges Joly et Vichnievsky, met en cause des fonctionnaires dans le cambriolage de la brigade financière, en 1997, et dans la protection de voyages secrets en France d’Alfred Sirven UN TÉMOIN inattendu a effec- mandats d’arrêt internationaux. Se- par la voix de l’un de ses avocats, qui se trouvent au cœur d’un autre des derniers jours de rumeurs et terrissait. Il n’a pas non plus été en tué une longue déposition, mercre- lon M. Stierlen, le vol des scellés, Me Guillaume Le Foyer de Costil, épisode de l’affaire Elf. d’informations publiées dans Libé- mesure de décrire le contenu du di 6 septembre, devant les juges qui avait causé un traumatisme au d’« absurde » sa mise en cause dans S’agissant d’Alfred Sirven, le té- ration et L’Express, méritent d’être carton de scellés volés, qu’il dit d’instruction Eva Joly et Laurence sein de la brigade financière (lire ci- un épisode qui « n’a modifié en au- moin a affirmé aux juges qu’en dé- précisés. Pourtant en charge de pourtant avoir aperçu. Vichnievsky, chargées de l’enquête dessous), aurait été commis par cune manière le cours de l’enquête ». pit des recherches dont il est l’ob- l’enquête sur le vol des scellés, la La mise en cause conjointe de sur l’affaire Elf. Détenu à la maison une équipe au sein de laquelle figu- jet, il serait revenu à deux reprises juge d’instruction Marie-Paule Mo- MM. Tarallo et Sirven dans le cam- d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines) raient au moins deux policiers, qu’il CARTON en France. Eric Stierlen n’a pas été racchini n’a pas été associée à l’au- briolage de la brigade financière, dans le cadre d’une affaire relative a nommément désignés : un Devant les magistrates, M. Stier- en mesure de préciser les dates de dition de M. Stierlen, qui semble alors que les deux hommes sont à la gestion d’une entreprise de sé- commandant de l’inspection géné- len a affirmé avoir vu un carton ces visites secrètes. Il a simplement par ailleurs s’être déroulée en pré- toujours apparus ouvertement ri- curité privée dont il était l’un des rale des services (IGS), la « police contenant les fameux scellés dans indiqué que la première d’entre sence de son avocat, Me Bruno Il- vaux et sans que leurs intérêts res- dirigeants, Eric Stierlen a été des polices », chargée des enquêtes l’ancien appartement parisien de elles avait eu lieu entre juin et juil- louz. Incarcéré depuis plus de pectifs dans une telle opération ap- conduit jusqu’au pôle économique administratives sur les fautes des Didier Sicot, son partenaire au sein let 1999, se référant à la publication, quatre mois, M. Stierlen a indiqué paraissent explicables, laissaient et financier du tribunal de Paris fonctionnaires ; et un capitaine af- de Body Sécurité, la société de pro- à la même époque, du deuxième que son témoignage était destiné à perplexes les enquêteurs, au lende- après avoir informé les juges, par fecté à la police de proximité dans tection qui est à l’origine de ses en- livre de Christine Deviers-Joncour. distinguer son cas de ceux de M. Si- main des déclarations de M. Stier- l’intermédiaire de son avocat, qu’il le 16e arrondissement de Paris. nuis judiciaires. Ancien garde du La seconde visite serait postérieure. cot et des fonctionnaires de police len. Aucun des policiers désignés souhaitait leur livrer des informa- Dans ses déclarations, le témoin a corps de Loïk Le Floch-Prigent, A son arrivée, a raconté M. Stierlen, soupçonnés, en démontrant qu’il par lui n’est, par ailleurs, l’objet tions intéressant leur enquête. Té- en outre présenté comme les lorsque celui-ci présidait le groupe M. Sirven aurait été à chaque fois était totalement étranger à cette d’une procédure judiciaire ou ad- moignant sous serment durant près commanditaires du cambriolage le Elf, M. Sicot est lui aussi mis en accueilli par un commandant de partie de l’affaire. Le témoignage ministrative, même s’ils ont déjà de trois heures, M. Stierlen a mis en même Alfred Sirven et un autre an- examen à Versailles (Yvelines) et police du service de protection des de M. Stierlen repose, pour l’essen- été dénoncés pour avoir travaillé cause des policiers dans le cambrio- cien dirigeant du groupe Elf, André écroué dans la même affaire que hautes personnalités (SPHP), dé- tiel, sur les confidences que lui au- clandestinement au service de Bo- lage perpétré en 1997 au siège de la Tarallo. M. Stierlen, dans laquelle est soup- pendant du ministère de l’intérieur. rait faites Didier Sicot. dy Sécurité. Le commandant de brigade financière, au cours duquel Considéré comme le « Monsieur çonnée l’existence d’une filière de Lors de ses déplacements, le fugitif l’IGS désigné aurait indiqué à sa des scellés du dossier Elf avaient Afrique » de la compagnie pétro- recrutement de policiers en fonc- aurait circulé à bord d’une voiture « LA CABALE D’UNE ÉQUIPE » hiérarchie être victime de « la ca- été dérobés. Il a en outre évoqué la lière, M. Tarallo est mis en examen tion pour des missions de protec- de service du SPHP. M.Stierlen a Cette circonstance expliquerait le bale d’une équipe », admettant venue secrète en France d’Alfred à plusieurs titres dans l’affaire Elf. tion et d’espionnage (Le Monde da- affirmé avoir été le témoin direct de manque de précision des propos avoir été en relation avec Didier Si- Sirven, sous la protection de fonc- Les documents dérobés prove- té du 13-14 août). M. Stierlen a conversations téléphoniques entre qu’il a tenus devant les magistrates cot, mais pour l’utiliser comme in- tionnaires du ministère de l’inté- naient d’une perquisition destinée ajouté avoir aperçu, dans le même Alfred Sirven et Didier Sicot, qui et qui devrait en rendre la vérifica- formateur sur le milieu de la sécuri- rieur. Considéré comme le person- à éclaircir le financement de tra- appartement, une des statuettes pourraient attester une relation sui- tion hasardeuse. S’il a indiqué que té privée. nage central de l’affaire Elf, vaux dans ses résidences person- antiques achetées en 1990 par l’an- vie entre les deux hommes. M. Sirven entrait en France par M. Sirven, introuvable depuis deux nelles. Sollicité jeudi 7 septembre cienne compagne de Roland Du- Le contexte et les conditions de avion, il n’a pas précisé par quel Pascal Ceaux ans et demi, est l’objet de plusieurs par Le Monde, M. Tarallo a qualifié, mas, Christine Deviers-Joncour, et cette déposition, précédée au cours type de vols ni à quel endroit il at- et Hervé Gattegno Alfred Sirven, homme-clé Le mobile du cambriolage de la brigade financière reste mystérieux Le mystère de l’affaire Elf des statuettes L’ÉPISODE a laissé comme une blessure ou- information n’avait filtré dans la presse sur les financière afin d’établir un rapport de « constata- Ancien directeur chargé des verte au sein de la brigade financière. Unité dernières découvertes policières. tions » contenant un inventaire sommaire des Surgi au mois de mars 1999 au « affaires générales » d’Elf Aqui- d’élite de la police judiciaire parisienne, le service Le mobile du cambriolage, lui, est resté une pièces saisies. Il avait, à cette occasion, extrait le détour de l’enquête sur l’affaire taine, principal conseiller de l’an- spécialisé dans les enquêtes les plus sensibles, à la énigme. A Saint-Tropez, les enquêteurs s’étaient scellé 10 sans le replacer dans le carton, de sorte Dumas, l’épisode des statuettes cien PDG du groupe, Loïk Le confluence des affaires et de la politique, avait rendus chez un architecte-décorateur, Henri Ga- que les cambrioleurs oublièrent de l’ajouter à leur antiques reste entouré de flou. Floch-Prigent, entre 1989 et 1993, douloureusement vécu, au printemps 1997, le vol, relli, où ils avaient découvert la trace de paie- butin. Selon le descriptif policier, les neuf autres L’ancienne compagne de Roland Alfred Sirven est considéré, depuis dans ses propres locaux, d’un carton de docu- ments effectués par l’un des anciens dirigeants du scellés contenaient, pour l’essentiel, des docu- Dumas, Christine Deviers-Jon- deux ans et demi, comme ments saisis par les enquêteurs de l’affaire Elf. groupe Elf, André Tarallo, à partir d’un compte ments relatifs aux travaux effectués par le déco- cour, avait affirmé avoir payé, l’homme-clé de l’affaire Elf. Soup- D’autant qu’à cette humiliation s’était ajoutée la bancaire suisse dénommé « Colette » – prénom rateur tropézien dans les différentes résidences avec de l’argent d’Elf-Aquitaine, çonné d’avoir été l’opérateur de suspicion : confiée à la juge d’instruction Marie- de son épouse. Mais les éléments essentiels dé- de M. Tarallo (en Corse, à Paris et à Genève) : des un lot de treize statuettes hellé- détournements estimés à près de Paule Moracchini, l’enquête sur le mystérieux couverts sur place avaient été transmis à la juge factures, des extraits de son « compte client », nistiques de grand prix achetées 3 milliards de francs, il disposait cambriolage avait entraîné la convocation et l’in- Eva Joly par télécopie dès le vendredi, au cours de des courriers, des devis et des chèques – parmi au cours d’une vente aux en- d’un titre de résident en Suisse et terrogatoire, sous le régime de la garde à vue, de la perquisition. De sorte que, si les voleurs du car- lesquels trois chèques tirés sur le compte « Co- chères, à la demande de l’ancien vivait à Genève lorsqu’un mandat plusieurs membres de la brigade financière. Des ton espéraient préserver M. Tarallo, leur action lette », ouvert à l’Union bancaire privée (UBP) de ministre. Cinq d’entre elles d’arrêt international avait été lan- perquisitions avaient même été conduites au do- ne pouvait être d’aucune efficacité. Ce constat Genève, qui attestaient l’utilisation, même épiso- étaient visibles sur une photo cé à son encontre, le 13 juin 1997. micile de plusieurs d’entre eux, sans toutefois avait conduit à écarter d’emblée l’hypothèse dique, de ce compte au profit personnel de publiée par Paris-Match, dans Jusqu’à la fin de 1998, il fut régu- permettre la découverte d’un seul indice (Le d’une action commanditée par M. Tarallo, au M. Tarallo. Outre ces pièces, les policiers avaient une vitrine de l’appartement de lièrement aperçu en Suisse et cer- Monde des 23, 24 et 26 avril 1997). point que ce dernier, plusieurs fois mis en exa- emporté le listing informatique du répertoire té- M. Dumas. Mais ce dernier a tains témoins assuraient qu’il se Le malaise s’est pourtant nourri d’une certi- men dans le dossier Elf, n’a jamais été interrogé léphonique de M. Garelli, ainsi que ses agendas toujours affirmé n’avoir pas été rendait encore en France. En fait, tude : il ne fait aucun doute que les voleurs ont dans le cadre de l’enquête sur le vol des scellés. personnels pour les années 1993, 1994 et 1995. destinataire du lot entier, assu- une série de confusions et de re- bénéficié d’au moins une complicité interne pour Aucun autre scénario n’apparaissant s’imposer, la Ces éléments-là n’ont pu être reconstitués. rant que Mme Deviers-Joncour ne tards procéduraux avaient empê- pouvoir localiser et dérober les documents à l’in- possibilité d’un règlement de comptes entre poli- Après la rédaction de cet inventaire, les enquê- lui en avait « offert » qu’une par- ché la diffusion du mandat d’arrêt térieur même de l’immeuble de la sous-direction ciers, voire celle d’une simple provocation desti- teurs chargés de l’affaire Elf n’avaient quitté leur tie, gardant les autres pour elle. dans la zone Interpol : la mise en des affaires économiques et financières, rue du née à discréditer les enquêteurs de l’affaire Elf bureau qu’en fin d’après-midi. Le lundi 21 avril, La présence d’une de ces sta- évidence de ces dysfonctionne- Château-des-Rentiers (13e arrondissement). Plus ont été envisagées, sans convaincre davantage. vers 10 heures, l’un d’eux avait constaté la dispa- tuettes entre les mains de Didier ments, dans Le Monde du 5 janvier encore que l’exécution du vol, dans un bureau rition du carton, qui avait alors été signalée à la Sicot, à l’époque où celui-ci ser- 1999, avait entraîné la généralisa- fermé à clé qui fut pourtant ouvert sans effrac- NEUF SCELLÉS SUR DIX hiérarchie policière, puis à la justice. Les enquê- vait de garde du corps à Mme De- tion effective des recherches. Sui- tion, la précision des informations détenues par L’explication du cambriolage se trouvait peut- teurs avaient alors constaté que plusieurs de leurs viers-Joncour, pourrait accrédi- vant une piste lancée par Paris- les cambrioleurs accréditait ce sentiment : saisis être dans le contenu du carton subtilisé, que les ordinateurs avaient également été « visités ». ter sur ce point la version de Match, les enquêteurs ont retrou- le vendredi 18 avril 1997 par une équipe de la bri- policiers du groupe chargé de l’affaire Elf avaient Deux ans et demi après, l’identité comme l’ob- l’ex-président du Conseil consti- vé aux Philippines une trace du gade financière au cours d’une perquisition à constitué sous la forme de dix scellés. Le samedi jectif des intrus du Château-des-Rentiers restent tutionnel. Ce volet de la procé- fugitif remontant à la fin de 1998. Saint-Tropez (Var), les fameux documents 19 avril 1997, lendemain de la perquisition de mystérieux. dure doit être jugé en même Les recherches sur place sont res- avaient disparu corps et bien entre le samedi soir Saint-Tropez, l’un des policiers – rentrés à Paris temps que celui de l’affaire tées vaines. 19 avril et le lundi matin suivant, alors qu’aucune dans la nuit – s’était rendu au siège de la brigade P. Ce. et H. G. Dumas. L’assassinat d’une femme policier aux assises de Paris Le demandeur d’asile cubain L’AFFAIRE est de celles qui, puis avoir été doublé par un véhi- critères du renseignement de 1997. grand-frère modèle dans sa fa- pour les policiers enquêteurs, te- cule roulant à très vive allure, tous Ancienne prostituée toxi- mille, après que son père eut tué renvoyé à La Havane a été libéré naient à cœur. Il y a plus de neuf feux éteints, occupé par trois comane, aujourd’hui âgée de sa mère en 1983. A toute phrase, il ans, dans la nuit du 19 au 20 fé- hommes et une jeune femme trente-cinq ans, Nathalie Del- se dit prêt « à faire un test ADN » SELON le ministère des affaires étrangères, Roberto Viza Egues, de- vrier 1991, vers 1 h 20, un véhicule blonde. Le passager avant riait. Le homme, alias « Johanna », a re- pour prouver son innocence mandeur d’asile cubain reconduit le 31 août à La Havane (Le Monde de police char- témoin déclarait pouvoir le re- connu lors de sa garde à vue (« Mais pour le comparer à du 6 septembre), a été libéré par les autorités cubaines, mardi 5 sep- gé du contrôle connaître. Hélas ! il décédait en qu’elle se trouvait sur la banquette quoi ? », demande la présidente, tembre. Depuis son arrivée à Cuba, le jeune homme de vingt-cinq ans des vitesses septembre 1992. arrière du véhicule le soir des faits. Martine Varin). Il dit être la vic- était interrogé au siège de la sécurité de l’Etat, poursuivi pour « sortie aux abords du Alors, six années plongèrent Mais ses dépositions n’ont cessé time d’une « rumeur de mère ma- illégale du pays ». Le Quai d’Orsay assure que toutes les charges rete- périphérique, l’affaire au rang des dossiers mys- de varier. Désigné par cette jeune querelle », en l’occurrence «ma- nues contre lui ont été abandonnées. L’association européenne Cuba porte de Cli- térieux non élucidés. Puis, un ren- femme comme étant le tireur po- dame Simone », « la PDG de la rue libre, qui a soutenu en France M. Viza Egues, estime que « cette libé- gnancourt à seignement anonyme, un tentiel, Aziz Oulamara, ancien Saint-Denis », propriétaire de ration n’est pas une garantie. Nous avons déjà vu des cas de personnes Paris, se trou- « tuyau », allait précipiter l’ins- « videur » de trente-neuf ans, cinq nombreux studios loués aux pros- libérées, puis, quelques mois plus tard, exilées ou renvoyées en prison ». vait être la truction. Selon ce renseignement, fois condamné pour des délits tituées, à l’origine du « tuyau » L’association, qui attend toujours des lettres de dissidents cubains at- cible de deux coups de feu tirés obtenu en janvier 1997, le meurtre (vols, proxénétisme), a, lui aussi, policier, semble-t-il, et qui, pour testant l’engagement de Roberto Viza Egues, a pris connaissance du d’une voiture ayant ralenti à son était le fait de deux hommes em- un temps reconnu sa participation ses révélations, bénéficierait de soutien d’une représentante du Congrès américain, Ileana Ros-Lethi- approche. Atteinte aux vertèbres ployés comme « videurs » dans un à l’équipée. Mais il est finalement précieuses protections. nen. Dès le 25 août, elle avait adressé une lettre à l’ambassade de cervicales, Catherine Choukroun, immeuble de prostitution de la rue revenu sur ses déclarations. Enfin, Quant à Marc Petaux, caractère France aux Etats-Unis et à l’ambassade américaine à Paris pour de- gardien de la paix de trente ans et Saint-Denis, à Paris. Circulant à impliqué par Aziz Oulamara, Marc trempé, il réaffirme « ne rien avoir mander à la France de ne pas mère d’un enfant de cinq mois, dé- bord d’une Austin Metro volée, les Petaux, quarante et un ans, neuf à voir avec cette abomination ». Cet renvoyer le jeune Cubain. cédait immédiatement. Emile deux hommes se seraient rendus fois condamné, n’a jamais cessé de ancien engagé au Tchad fait valoir Hubbel, son collègue, était blessé sur les boulevards des Maréchaux clamer son innocence, précisant qu’il n’a été impliqué par Aziz Ou- DÉPÊCHE à l’épaule droite. pour y acheter des stupéfiants des- que « [ses] conneries s’étaient tou- lamara qu’après avoir rapporté a MNEF : les deux administra- Provoquant une grande émo- tinés à la consommation des pros- jours arrêtées à la correctionnelle ». aux policiers des confidences de teurs provisoires de la MNEF, tion – il s’agissait là du premier tituées. Ils auraient tiré sans raison celui-ci selon lesquelles ce dernier retenus depuis lundi 4 sep- meurtre d’une femme policier en sur les gardiens de la paix. A l’ar- « FAIRE UN TEST ADN » était aussi l’auteur du meurtre, en tembre au siège de la mutuelle service –, l’affaire ne devait cepen- rière du véhicule se serait trouvée Crinière rousse, voix fluette, Na- 1987, d’un ancien souteneur de étudiante à Paris, ont été libérés dant déboucher que sur une une certaine « Johanna », en acti- thalie Delhomme est aujourd’hui Nathalie Delhomme. « Propos de mercredi soir. Les représentants maigre récolte d’indices. Le tir : vité dans le même immeuble que « incapable de dire » le pourquoi hâbleur », précise aujourd’hui des salariés de la MNEF ont ob- une cartouche de chasse chargée les deux individus en cause. de ses premières déclarations. Elle Marc Petaux, auprès de qui, à l’au- tenu du ministère de la solidarité de chevrotines. Le véhicule des Renvoyés à partir de mercredi n’aurait pensé qu’à l’avenir de son dience, Aziz Oulamara s’est, en re- la désignation d’un médiateur, agresseurs : une Renault 5, à 6 septembre devant la cour d’as- enfant, qui, selon elle, aurait été tour, confondu en excuses, pour chargé de rouvrir les négocia- moins que ce ne fût une Austin sises de Paris pour assassinat, ten- voué à la DDASS sans ses accusa- l’avoir, dans la présente affaire, in- tions au sujet de l’avenir du ré- Metro, ou bien une Peugeot 205. tative ou complicité, deux tions « souhaitées par les poli- criminé. gime étudiant et de la pérennité Un chauffeur de taxi disait avoir hommes et une femme répon- ciers ». Texte en main, Aziz Oula- des emplois des salariés. entendu les deux détonations, draient ainsi, selon la justice, aux mara se présente comme un Jean-Michel Dumay LeMonde Job: WMQ0809--0011-0 WAS LMQ0809-11 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:40 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0373 Lcp: 700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 11

La personnalité de Louise-Yvonne Casetta La cour d’appel de Paris au centre du procès du financement du RPR doit statuer sur l’instruction Vingt-six autres prévenus comparaissent, depuis mercredi, à Nanterre visant le colonel Kadhafi Un procès mettant en cause le financement du terre (Hauts-de-Seine). Au premier plan, parmi Yvonne Casetta, qui passe pour la banquière du RPR s’est ouvert, mercredi 6 septembre, devant les vingt-sept prévenus de cette audience, qui parti gaulliste. Sa personnalité a été éclairée au la 14e chambre du tribunal correctionnel de Nan- doit durer jusqu’au 22 septembre, figure Louise- cours de la première journée des débats. Un enjeu plus diplomatique que judiciaire ELLE est arrivée en fanfare, riste » comme cela avait pu se dire. oui, parce que je ne savais pas le dans deux sociétés off-shore, Mill- D’ORDINAIRE vouée aux dé- poli, dont l’arrière-plan est autant bronzée et souriante, au milieu des Elle entre au RPR en 1984, faire, a expliqué Jean-François field (enregistrée à Londres mais bats de procédure, la chambre économique que diplomatique. photographes qu’elle a toujours comme assistante du trésorier ad- Donzet. J’ai demandé à Hubert domiciliée au Luxembourg), ou d’accusation de la cour d’appel de Mais elle a provoqué la colère des fuis, et s’est assise d’assez belle hu- joint, file en 1987−1988 à l’agence Baudet. La sagesse aurait voulu que Andstir (domiciliée à Dublin mais Paris devait examiner, vendredi victimes et fait naître l’idée d’une meur dans son tailleur bleu nuit. du développement de l’Oise, avant je les présente et que je me retire ». avec un compte au Luxembourg). 8 septembre, un dossier dont l’en- action judiciaire dirigée contre le Les vingt-six autres prévenus, tous de retourner au RPR, grâce à un «Qui?», sursaute le président Hubert Baudet allait ensuite tran- jeu apparaît hautement diploma- colonel Kadhafi en personne. des hommes cabinet de recrutement, ayant Hayat, l’oreille dressée. «La sa- quillement au Luxembourg retirer tique : le devenir de la plainte dé- en costume- « fait le tour de la situation ». Mise gesse, monsieur le président. » l’argent en liquide et Jean-François posée le 16 juin 1999 contre le « RETARDS OPPORTUNS » cravate, ont le en examen pour « trafic d’in- Donzet le restituait aux entre- colonel Mouammar Kadhafi pour Depuis lors, le défenseur de nez dans leurs fluence » et « recel d’abus de bien prises. Moins 20 %, pour les frais, « complicité d’homicides volon- SOS-Attentats, Me Francis Szpiner, chaussures, on sociaux », elle a été recasée en Les deux hommes mais en acquittant scrupuleuse- taires » par l’association SOS At- soupçonne des « retards oppor- dirait un 1997 à la direction des achats des ment la TVA. tentats et la sœur de l’une des tuns » dans l’audiencement de ce conseil d’ad- services généraux de Havas- ont collecté Les deux hommes, avec un légi- 170 victimes de l’attentat commis dossier. Contre l’avis du parquet, le ministration Voyages, à 35 000 F par mois. Au time souci de discrétion, ont placé en 1989 contre le DC 10 d’UTA. Si juge Bruguière avait accepté d’ins- au lendemain RPR, Louise-Yvonne Casetta 42 millions entre 1986 un homme de paille à la tête de le parquet et le juge d’instruction truire la plainte le 6 octobre 1999. d’un krach boursier. Louise- convient assez vaguement s’être Mythra et Gaïa, Jean-Jacques Sera Jean-Louis Bruguière s’opposent Le procureur avait fait appel de Yvonne Casetta, elle, rayonne. Elle occupé « des services administratifs, et 1992. « C’était Martin, un petit homme falot qui depuis un an sur les suites à don- cette décision dès le 19 octobre, explique dans les couloirs qu’elle de l’intendance ». Et c’est juste- s’occupait surtout de toucher sa ner à cette action, et notamment mais il aura fallu attendre onze n’a rien à faire là et qu’elle dé- ment l’intendance qui préoccupe un truc extrêment commisssion. Le système s’est lé- sur la question de l’immunité dé- mois avant que la chambre d’ac- couvre même avec stupeur ces sor- Jean-Michel Hayat, le président du gèrement sophistiqué par la suite volue au leader libyen, le problème cusation examine les arguments en dides histoires de fausses factures. tribunal. simple et facile en faisant virer l’argent luxem- juridique s’est entre-temps enrichi présence. Elle qui passe pour la banquière L’affaire début à l’été bourgeois à Paris, où un citoyen d’une donnée politique, M. Kadha- Dans son réquisitoire, daté du occulte du RPR s’avoue « sereine » 1995 lorsque le procureur de à l’époque, soupire suisse domicilié à New-York tirait fi passant aujourd’hui pour l’un 6 juin, l’avocat général, Annie quant à l’issue de ce premier pro- Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, attire lui-même le liquide : ces voyages des interlocuteurs essentiels dans Grenier invoque, « le droit coutu- cès des pots-de-vin du parti gaul- l’attention de son collègue de Nan- Jean-François Donzet. au Luxembourg sont toujours un les négociations pour la libération mier international » pour attribuer liste qui s’ouvrait, mercredi 6 sep- terre sur trois étranges sociétés qui peu fatigants. Beaucoup d’entre- des otages détenus à Jolo par les à l’immunité d’un chef d’Etat en tembre, devant la 14e chambre du gravitent autour d’un sieur Don- Je n’ai rien inventé, prises du BTP ont requis les bons rebelles philippins – parmi lesquels exercice une valeur supérieure à la tribunal correctionnel de Nanterre. zet. Jean-François Donzet, offices des trois hommes. Mais figurent encore trois Français. loi française. Répondant à cet ar- Il est vrai que Louise-Yvonne Ca- soixante et un ans, est un grand vous savez » c’est la société Mazzotti qui tient la gument dans un mémoire adressé setta n’avait pas grand-chose à gaillard fatigué qui porte avec au- corde, avec plus de 8 millions de REMERCIEMENTS PUBLICS à la chambre d’accusation, l’avo- craindre de ce premier jour d’au- torité une queue de cheval. Il s’est fausses factures. Son ancien pa- Officiellement, aucune consigne cat de SOS-Attentats affirme que dience, qui consistait en somme à fait un nom dans le financement Hubert Baudet, cinquante-huit tron, Jean-Claude Pittau, est juste- n’a été donnée aux services du la « coutume » ne peut influer que faire connaissance. Elle a résumé (légal) des collectivités territo- ans et familier du système ban- ment le principal accusateur de procureur de Paris par la chancel- sur le droit international public, comme les autres sa vie profes- riales, avant de s’aviser un beau caire, prévenu lui aussi, sait, effec- Mme Casetta, à qui il assure avoir lerie, conformément à la doctrine régissant les relations entre Etats, sionnelle d’une voix claire : elle est jour qu’il y avait des tas de gens tivement, et les deux hommes ont versé 700 à 800 000 francs pour le imposée par Elisabeth Guigou. Les et non sur le droit privé, appli- née il y a cinquante-huit ans en qui avait discrètement besoin de li- collecté 42 millions entre 1986 et RPR, ce que la dame a toujours nié conclusions présentées par le mi- cable dans le cas d’une plainte vi- Bretagne, a suivi après le BEPC et quide. Des chefs d’entreprise, pour 1992. « C’était un truc extrêmement vigoureusement. Le tribunal s’est nistère public pour contester l’op- sant un dirigeant politique à titre l’école Pigier de secrétariat, des payer des politiques et obtenir des simple et facile à l’époque, soupire offert le plaisir de les asseoir l’un à portunité de poursuites contre le personnel. « Le parquet, écrit cours « d’achat et d’approvisionne- marchés. Et des politiques, pour Jean-François Donzet. Je n’ai rien côté de l’autre pendant les trois se- colonel Kadhafi rejoignent néan- Me Szpiner, serait bien en peine de ment » pour travailler dans l’ali- payer leurs campagnes. inventé, vous savez. » Il a créé deux maines du procès. Sans doute pour moins les positions affichées par le citer un seul exemple où la qualité ment du bétail puis le courtage des Le premier à lui en avoir parlé sociétés-taxis, Mythra en 1988, puis qu’ils ne soient pas tentés de Quai d’Orsay pour invoquer l’«im- de chef d’Etat a été un obstacle à oléagineux. Elle a pris ensuite en est Robert Bourachot, le patron de Gaïa en 1992, qui facturaient, s’échanger des billets pendant munité pénale » du maître de Tri- l’instruction et à la poursuite d’un franchise l’un des magasins L’Her- l’entreprise Maillard et Duclos, comme sa propre société, FJM, des l’audience. poli, auquel les autorités françaises crime », rappelant que le statut du bier de Provence, mais elle n’a ja- lourdement condamné à Bourg- prestations fictives aux entreprises ont adressé des remerciements pu- tribunal de Nuremberg, adopté en mais été « ni parfumeuse ni fleu- en-Bresse en 1998. « Je n’ai pas dit complaisantes. L’argent était viré Franck Johannès blics après la libération des pre- 1945, contrevenait déjà à cette miers otages de Jolo. Dépêché à « prétendue coutume », en édic- Tripoli pour représenter le pré- tant : « La situation actuelle des ac- sident de la République et le pre- cusés, soit comme chef d’Etat, soit A Montrouge, les terminales pensent d’emblée au bac, et à l’après mier ministre, le ministre délégué à comme haut fonctionnaire, ne sera la coopération, Charles Josselin, pas considérée comme une excuse POUR bon nombre d’entre eux, cette rentrée prévenues : « Le rythme risque de vous surprendre. 45 thèmes pour un coefficient 7 au bac. Tous les avait ainsi rendu hommage, le absolutoire. » au lycée sera sans doute la dernière. Mercredi En terminale, on n’a pas le temps de revenir sur une quatre ont une idée souvent précise de leur ave- 29 août, au leader libyen et évoqué Rejetant également l’argumen- 6 septembre, à la cité scolaire Maurice-Genevoix partie du programme, il faut avoir terminé début nir : « Je veux être actrice ou artiste », lance Laura. « les efforts qui restent à déployer » taire du parquet sur l’immunité du de Montrouge, les quelque 260 élèves de termi- juin. Alors, mettez-vous tout de suite au travail, car « Plutôt critique de cinéma », espère Izumi. « Mu- (Le Monde du 31 août). Le ministre colonel Kadhafi, Me Szpiner es- nale retrouvent leurs salles de cours. « Le matin, l’année passe très vite. » sicien ou régie son », préfère Jonathan. Si Shiriana des affaires étrangères, Hubert Vé- time les « considérations poli- on est contents de se retrou- Si vite qu’il faut non seulement penser au bac « adore » le théâtre, elle a néanmoins choisi cette drine, a lui-même assuré, dans Le tiques » sur les fonctions effective- ver. Ensuite, on est parfois dé- mais aussi à l’après. « Réfléchissez dès maintenant année de le prendre en option légère pour se re- Figaro du 30 août, que « la norma- ment exercées dans son pays par çus de ne pas être dans la à votre orientation. Allez voir la conseillère », re- mettre aux mathématiques. Car, tout bien réflé- lisation avec la Libye » déjà enga- le leader libyen « sans intérêt » dès même classe qu’un copain. commandent les enseignants. Nadia, Mây et ses chi, elle aimerait travailler dans « le commerce in- gée pouvait « se poursuivre d’au- lors que la Constitution libyenne Après, c’est la découverte des copines ne savent pas encore ce qu’elles veulent ternational », alors que Raphaël a un faible pour tant plus » en raison du contexte ne lui attribue pas explicitement la emplois du temps et de la faire plus tard. « Les profs n’ont pas le temps de les langues et se verrait bien traducteur. philippin. qualité de président. D’évidence dure réalité : il va falloir tra- nous parler des métiers », regrettent-elles. Pour- Parce qu’ils sont primordiaux pour la renom- Or c’est peu dire que l’initiative rédigé avec les services du minis- vailler », résume Vincent, tant, « dans l’ensemble », leurs profs, elles les ai- mée d’un établissement, la proviseur attache une de SOS-Attentats perturbe la ré- tère des affaires étrangères, le ré- qui vise le baccalauréat ment bien. « A part deux ou trois exceptions, ils grande attention aux résultats du bac. « Cette an- conciliation franco-libyenne. L’en- quisitoire se réfère à « l’examen de technologique. Comme beaucoup de ses cama- sont cool. » Dans le langage lycéen, un prof née, nous sommes passés en dessous des 80 % pour quête du juge Bruguière sur l’at- la pratique du pouvoir depuis les rades, il a participé aux derniers mouvements ly- « cool », c’est un enseignant « qui parle à ses la première fois depuis dix ans. Mais un quart de tentat contre le DC 10 avait débuts de la Libye révolution- céens de 1998 et 1999 et a connu la grève anti- élèves, qui n’est pas là que pour faire classe », ré- nos reçus, ceux qui ont le plus travaillé, ont obtenu conduit à la condamnation par naire », ainsi qu’à « la pratique sui- Allègre des enseignants, qui lui a fait perdre sume Vincent. une mention », précise-t-elle devant les termi- contumace, le 10 mars 1999, de vie par la communauté internatio- « presque un mois et demi ». « Ils manifestaient nales. « Alors, tout n’est qu’une question de volon- cinq ressortissants libyens, dont le nale », mentionnant, par exemple, contre un bac trop facile, à l’américaine. Enfin, SURTOUT « PEUR » DE LA PHILO té », conclut-elle. Son adjointe adresse un mes- beau-frère du colonel Kadhafi, Ab- le fait que les lettres de créance c’est ce que j’ai compris de leurs revendications », Elèves en terminale littéraire, option théâtre, sage particulier aux terminales technologiques dallah Senoussi, présenté comme des ambassadeurs étrangers à Tri- se souvient-t-il. Raphaël, Jonathan, Laura, Izumi et Shiriana pour les « mettre en garde sur les petits boulots », le chef des services secrets de Tri- poli sont adressées au « colonel Le « stress » du bac, Nadia, Halia, Mariam et portent eux aussi un regard positif sur leurs profs difficiles à concilier avec les études. « On constate poli. Depuis cette condamnation, Kadhafi, guide de la révolution ». Mây ont le sentiment de le vivre depuis la se- qui « les écoutent toujours ». Loin du stress évo- tous les ans que beaucoup d’entre vous ont un job. la Libye a certes versé les « indem- Evitant prudemment ce débat, conde. Elèves en terminale scientifique, elles en qué par leurs camarades de la filière scientifique, Attention, n’en abusez pas. Si vous êtes en difficulté nités » fixées par la justice fran- c’est d’ailleurs à ce seul titre de ont « marre » d’éprouver « beaucoup de pres- ils parlent avant tout de leur « passion » : « l’op- financière, vous pouvez avoir des aides. Mais vous çaise, mais s’est abstenue de faire « guide » qu’avait fait référence sion » depuis trois ans. Elles gardent néanmoins tion théâtre, c’est notre vie », résume Laura. Quant pouvez aussi cette année moins sortir le soir, moins exécuter la décision de la cour M. Josselin, lors de sa visite offi- un « super-souvenir » du voyage avec leurs en- au bac, ils ont surtout «peur»de la philo. Cette vous acheter de fringues. Vous savez, quand on a le d’assises à l’égard des cinq cielle du 29 août, pour désigner le seignants de première au Futuroscope de Poi- discipline encore inconnue va envahir leur année bac, on est très content. » condamnés. Cette inaction n’a colonel Kadhafi. tiers. « Ça nous a détendues », se rappellent-elles. scolaire. Ils viennent de découvrir qu’ils en auront pourtant pas empêché le rappro- Mais, ce matin, leur professeur principale les a huit heures par semaine, qu’ils devront étudier Sandrine Blanchard chement ostensible de Paris et Tri- Hervé Gattegno LeMonde Job: WMQ0809--0012-0 WAS LMQ0809-12 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 09:58 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0374 Lcp: 700 CMYK

12 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 Le départ de l’opposition fragilise la commission sur la décentralisation Estimant que le gouvernement remet en cause l’autonomie financière des collectivités territoriales, les neuf élus RPR-UDF-DL ont quitté l’instance qui préparait « l’acte II » de la décentralisation. Pierre Mauroy regrette cette « logique politique » RESTER ou partir ? Jusqu’au une dotation d’Etat qui a provoqué gionale de la taxe d’habitation, an- ler des nationalistes ou Pas de mélodrame, pas de grandes aura lieu entre membres de la dernier moment, mercredi 6 sep- cette rupture. Pour eux il s’agit noncée, le 16 mars, au journal de indépendantistes corses », s’insurge déclarations, mais une suspension gauche plurielle, même si le pré- tembre, ils ont tergiversé. Puis les d’un nouvel acte de « recentralisa- 20 heures par le ministre des fi- Adrien Zeller, président (UDF) de qui laisse la porte ouverte : « Nous sident espère tout haut le retour neuf élus de droite membres de la tion ». Remplacer un impôt local nances, a déjà privé les régions de l’Institut de la décentralisation. ne voulons pas passer pour des gens des neuf dans la commission, sans commission installée par Lionel par une dotation revient à priver la possibilité de faire évoluer leurs « Le mépris » envers la commission, qui refusent le débat », décripte Ni- sembler trop y croire. Jospin afin de lancer « l’acte II de la les collectivités locales de leur au- ressources. Cette décision s’ajou- qui n’a jamais été consultée, ni sur colas Dupont-Aignan. A gauche, Amputée de la droite, la commis- décentralisation » ont fini par trou- tonomie financière, expliquent les tait à la réforme de la taxe profes- les mesures fiscales ni sur la Corse. les réactions à cette démission pro- sion perd de fait de sa légitimité. ver un compromis : ils «sus- élus concernés. S’il n’y avait que la sionnelle, qui rognait également « La commission a été tenue à l’écart visoire ont été peu nombreuses, M. Jospin l’avait installée en no- pendent » leur participation aux vignette, la commission Mauroy l’autonomie des assemblées lo- de la réflexion conduite par le gou- l’attitude de M. Fabius dans ce dos- vembre 1999 afin de relancer la dé- travaux. « Jusqu’à ce que le premier aurait sans doute poursuivi son cales. vernement sur l’évolution institution- sier n’ayant été guère appréciée. centralisation. Dans sa lettre de ministre ait précisé, devant le Parle- chemin cahin-caha. Mais cette me- Et puis, pour ces élus, il y a la nelle de l’île » rappellent les repré- mission, le premier ministre indi- ment, sa conception des relations sure vient s’inscrire à la suite méthode : « le mépris ». « Les por- sentants de la droite dans leur quait que « de nouvelles étapes entre l’Etat et les collectivités lo- d’autres qui ont été mal vécues. teurs de pancartes, routiers ou pê- communiqué. « Le mépris » enfin Sa composition avait peuvent être franchies afin que la cales », ont-ils précisé. Ainsi la suppression de la part ré- cheurs, sont mieux traités, sans par- envers Pierre Mauroy lui-même, décentralisation soit plus légitime, La plupart ont attendu la fin de que la droite fait mine de plaindre : été soigneusement plus efficace, plus solidaire ». Sa l’audition du ministre des finances, « Le gouvernement ridiculise un pré- composition avait été soigneuse- Laurent Fabius, sur la suppression Les Français « veulent aller plus loin » sident estimable en le plaçant dans étudiée afin ment étudiée afin de respecter de la vignette (qui rapportait une situation impossible », souligne l’équilibre entre majorité plurielle 13 milliards de francs aux départe- Les Français approuvent massivement la décentralisation, selon Nicolas Dupont-Aignan, maire de respecter (douze membres) et opposition ments) pour annoncer la décision. un sondage commandé à la SOFRES par la commission sur l’avenir (RPR) de Yerres. (neuf représentants). Les grandes Par pure politesse, même si quel- de la décentralisation et rendu public mercredi 6 septembre. En ef- La vignette n’est donc qu’un pré- l’équilibre entre associations d’élus, la plupart ani- ques-uns espéraient peut-être des fet 39 % des sondés souhaient « aller un peu plus loin », et 18 % texte. Les menaces fusaient réguliè- mées par la droite (régions, dépar- gages de M. Fabius. Le ministre n’a « l’amplifier largement ». Si 24 % veulent en « rester à l’état actuel », rement depuis quelques mois. Les majorité plurielle tements, maires...) étaient aussi re- pas cédé d’un pouce. « Il nous a fait 3 % seulement souhaitent « revenir en arrière ». Les sondés sont fa- élus de droite ont attendu que la présentées. un exposé à la Science-Po », mo- vorables à l’élection au suffrage universel des présidents et des commission soit arrivée presque au et opposition Depuis, tout au long des débats, quait Jean-Pierre Raffarin, pré- structures intercommunales (54 %), et 52 % souhaitent que ces struc- bout de ses travaux pour partir : M. Mauroy, initiateur des lois de sident (DL) de l’Association des ré- tures soient un nouvel échelon entre la commune et le département. l’examen du rapport final doit décentralisation de 1982-83 avec gions de France, après sa sortie de Ils sont 53 % à préconiser que chaque collectivité « prélève et gère son commencer dès la mi-septembre, Car, jusqu’ici, les membres de la Gaston Defferre, et qu’alors la la réunion. propre impôt ». Enfin, une majorité des sondés considère que la si- le rapport, contenant environ commission, droite et gauche droite avait vivement combattues, Pas un des contestataires ne tuation matérielle des élus est « assez bonne » ou « très bonne ». 140 propositions, doit être terminé confondue, ne manquaient jamais a cherché à réunir le plus large prend le risque de défendre la vi- Le sondage a été effectué à domicile du 25 au 27 juillet auprès et remis au premier ministre au dé- l’occasion de se féliciter du consen- consensus. Le départ, même provi- gnette automobile. Trop impopu- d’un échantillon national de 1000 personnes, représentatif de la po- but du mois d’octobre. Ils ont tou- sus sur plusieurs axes de réforme, soire, des élus de droite, fragilise laire. C’est son remplacement par pulation française adulte (méthode des quotas). tefois veillé à opérer en douceur. dont la fiscalité locale. M. Mauroy les travaux de la commission et s’est personnellement engagé, à menace de réduire la portée des ré- plusieurs reprises, en faveur de formes qui devaient être rendues l’autonomie fiscale des collectivi- publiques début octobre. Même si tés. Le président se retrouve, une M. Mauroy veut croire encore à la nouvelle fois, dans une situation poursuite des travaux, il a aussi inconfortable, après avoir surmon- « pris acte que la compétition pour té l’obstacle corse. (Le Monde du les prochaines élections est ou- 1er septembre) : « Cette fois-là, verte ». « Chacun cherche le meil- j’avais réussi à les calmer » com- leur positionnement » a-t-il résumé, mente-t-il, désabusé. La vignette stoïque. aura eu raison du pluralisme de la commission. Le débat sur la Corse Ga. D.

Pierre Mauroy, président de la commission de décentralisation « La droite a obéi à une logique politique » « Lionel Jospin voulait, sur la avait été envisagée par la décentralisation, une commis- commission ? sion pluraliste. Le retrait, même – Je ne veux plus parler du can- provisoire, de la droite ne la ton ! Ce débat n’est pas à la hauteur prive-t-elle pas de toute légiti- de l’enjeu. Une réforme sur ce plan mité ? est souhaitable, même si elle n’est – Je ne pense pas. La droite a pas pour demain. La commission d’ailleurs souligné mon impartialité. était, en majorité, favorable à un Nous avons travaillé ensemble pen- changement du mode d’élection dant un an. Les propositions élabo- des conseillers généraux. Nous n’en rées figureront dans le rapport final avons pas rediscuté. Cela reste une de la commission et seront aussi lé- question ouverte. C’est, de toute fa- gitimes que si l’opposition était res- çon, un sujet tout à fait secondaire. tée jusqu’au bout. La droite a obéi à une logique politique. Ils veulent apparaître comme les plus décen- tralisateurs. Ce sera aux Français de juger, le moment venu, qui a le plus fait pour la décentralisation. – La droite reproche au pre- mier ministre d’être favorable à la décentralisation dans le dis- cours et « recentralisateur » dans les faits. Que répondez-vous ? – La France, lorsque la décentrali- PIERRE MAUROY sation n’est pas cultivée, a tendance à se recentraliser d’elle-même, par – Le consensus que vous re- une sorte de mouvement naturel. cherchez fait craindre une cer- En installant la commission, le pre- taine tiédeur. Réformer l’organi- mier ministre avait le souci d’ouvrir sation territoriale de la France une nouvelle étape. Lors de l’offen- est-il impossible ? sive sur la taxe d’habitation, je suis – Vous serez peut-être surprise intervenu personnellement auprès des avancées significatives conte- de lui pour limiter la portée des dé- nues dans nos travaux. Proposer cisions. Quant à la vignette, on ne que les structures intercommunales va quand même rameuter les élus soient élues au suffrage universel de France et de Navarre pour la dé- n’est pas rien ! Il y aura beaucoup fendre ! Cette colère sur la vignette, d’autres propositions novatrices. c’est un coup de la droite. Laurent Nous avons travaillé afin de faire Fabius se disait prêt à recevoir des avancer la décentralisation, mais propositions. Il fallait accepter le sans chambardement. C’est ce que dialogue. D’autant plus qu’il y a souhaitent les Français (lire ci-des- consensus entre nous sur le fait que sus). Les mentalités évoluent, sur les les collectivités doivent rester maî- structures intercommunales par tresses dans le domaine des impôts exemple, mais les Français restent locaux. attachés aux échelons actuels, qu’ils – N’approuvez-vous pas la se sont appropriés, en particulier les droite lorsqu’elle consteste le régions. Quant au département, manque de concertation du gou- nous y sommes favorables. Il est le vernement, en particulier vis-à- territoire où l’Etat exerce ses vis de la commission ? compétences : pour opérer un glis- – J’ai été premier ministre, j’essaie sement vers les régions, c’est l’Etat de comprendre. Lorsque le gouver- qui devrait se réformer. Le départe- nement veut faire une annonce, il ment aura vocation à évoluer si l’in- ne va pas consulter toutes les cor- tercommunalité se généralise, mais porations et tous les élus avant. cela ne sera pas avant plusieurs an- – Le retrait de la droite ne sa- nées. » tisfait-il pas les partisans, de droite comme de gauche, du Propos recueillis par canton, dont la suppression Gaëlle Dupont 14 / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 HORIZONS REPORTAGE

2. NE PAS OUBLIER SREBRENICA Le cauchemar des survivants ISPERSÉS en Bosnie-Herzé- govine, inter- dits de retour à Srebrenica an- crée en Répu- blique serbe, vi- vant dans le souvenir du car- nage qui a suivi la chute de l’encla- Dve en 1995, peinant à accomplir le travail de deuil en l’absence le plus souvent des corps de leurs parents, les survivants de Srebrenica affir- ment vivre un « cauchemar ». Dans le local exigu qui sert de quartier général à l’Association des mères de Srebrenica et de Zepa, dans le quartier de Ciglane à Saraje- vo, Munira Subasic pousse un long soupir. Depuis cinq ans, Munira a réuni plus de huit mille femmes pour lutter ensemble contre l’oubli. « Notre priorité est la recher- che des disparus », murmure-t-elle. La Croix-Rouge a dénombré au moins 7 000 disparus après les tue- ries de Srebrenica. L’association a établi pour sa part une liste de « 10 701 disparus, dont 570 femmes et 1 042 enfants », une précision adressée à ceux qui affirment que les Serbes n’ont abattu que des hommes considérés comme des sol- dats de l’armée bosniaque. «Et dont, précise-t-elle encore, 3 500 s’étaient réfugiés dans la base des Nations unies de Potocari. » Si la principale priorité est la recherche des disparus, une autre est la traque des coupables, ajoute Munira Subasic, des assassins des pères, maris et fils des femmes de Srebrenica. Cinq ans après la chute de l’enclave, les cadavres exhumés des charniers par les enquêteurs du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) sont

méconnaissables, et seules des pro- PAUL LOWE/MAGNUM cédures de recherche par l’ADN Les survivants de la famille peuvent permettre d’identifier les brenica. D’abord parce que la ville gueux, il raconte ses désillusions bosniaque Huric assistent victimes. Des organisations huma- Recherche des disparus, est officiellement dans l’entité ser- successives, puis son drame person- à l’exhumation des corps nitaires ont entrepris ce travail be de Bosnie, et ensuite parce que nel. de proches abattus chez eux long et coûteux, et n’ont à ce jour traque des coupables, les tueurs y font toujours régner « Après une offensive serbe en par des Serbes du village découvert l’identité que de… leur loi. « Je refuse de vivre en Répu- juin 1995, le colonel Karremans, le voisin en 1992, au début soixante-dix cadavres. Cinq ans les habitants de la ville blique serbe. J’envisagerai de rentrer chef du bataillon hollandais de de la guerre civile. plus tard, les tueurs sont en revan- à Srebrenica si la ville appartient à l’ONU, est allé voir le commandant che toujours reconnaissables et martyre réfugiés une Bosnie unifiée, indivisible, la Bos- bosniaque Becirevic. Il a dit : “On identifiables. nie où nous avons vécu ensemble et m’a refusé des raids aériens. Pre- « Les criminels de guerre viennent en Bosnie-Herzégovine où nous vivrons de nouveau ensem- nons donc des dispositions pour ont dit qu’ils allaient de nouveau de vivre cinq années paisibles », ble, débarrassés des criminels. » Cet- contrer une prochaine offensive. réclamer des raids aériens. C’était constate amèrement Munira. Elle sont hantés par te Bosnie à l’image du pays Mes soldats ont des munitions trop tard. Les Serbes étaient déjà évoque les exécutants et les diri- d’avant-guerre, peu croient en sa pour tenir leurs positions autour dans la ville. » geants locaux, qui empêchent le un sentiment d’injustice, renaissance. de l’enclave durant trois jours. Je « Ma mère était venue me voir retour des rescapés à Srebrenica et L’un des rares à avoir la foi en vais autoriser vos combattants à se durant la nuit à la grille de la base, qui ne seront peut-être jamais et l’ONU est poursuivie une réconciliation est Hakija cacher derrière nos postes d’obser- raconte Hasan. Je n’oublierai poursuivis par le tribunal de Merholic, le président de l’associa- vation. Ainsi, si nous devons nous jamais ce moment. J’ai dit : “Ne t’in- La Haye. Radovan Karadzic et par un remords lancinant tion Srebrenica 99 et chef de file du retirer, vous pourrez prendre nos quiète pas maman, j’ai mis mon frè- Ratko Mladic, les ex-chefs politi- Parti social-démocrate au sein de positions avant les Serbes. Et, à par- re à l’abri avec les casques bleus, il que et militaire des séparatistes ser- la communauté des réfugiés tir de maintenant, je ne confisque- sera sain et sauf.” Elle a dit : “Je bes bosniaques, courent toujours. honnêtement, que les soldats de tante – devoir reconnaître le mal – donc opposant radical au prési- rai plus vos armes.” Quand les Ser- n’oublierai jamais ce que tu as fait Radislav Krstic, lui, est en train l’ONU nous défendraient en cas d’of- pour ce qu’il est, et l’affronter non dent Alija Izetbegovic et à son par- bes ont attaqué, en juillet, les Hollan- pour lui. Hasan, merci.” Et puis elle d’être jugé. « Son procès est une fensive serbe. De toute façon, nous pas avec des compromis mais avec ti nationaliste musulman. Hakija dais n’ont pas tiré la moindre balle. est partie. » Hasan Nuhanovic ne mince consolation », dit-elle. Muni- n’avions pas d’autre choix, indique une résistance implacable – reste à Merholic, un gaillard portant tou- Karremans n’a pas tenu sa promesse parvient plus à parler, à poursuivre ra affirme qu’elle croit en la justice Munira. Nous avons rendu nos être pleinement assimilée et appli- jours son revolver à la ceinture, qui de résister durant trois jours. Nos sol- l’histoire de sa famille. Il n’a jamais internationale, puis qu’elle n’y armes et baptisé l’artère principale quée. » Des discours salvateurs fut chef des forces de police de l’en- dats bosniaques se tenaient derrière revu ses parents. Son frère a été croit plus, puis qu’elle ne croit plus de la ville Rue-Filip-Morijon. » pour l’Occident, où les gouverne- clave durant la guerre, pense que le les casques bleus, frustrés, attendant pris par les Serbes dans la base de en rien. « Krstic, c’est un type qui ne Cette blessure-là ne guérit pas ments, notamment en France, refu- pouvoir bosniaque porte sa part de une réaction. » Potocari et a disparu. Comme tant mérite pas de respirer le même air davantage que la blessure pourtant sent toujours d’examiner leur res- responsabilité dans la mort de Sre- « Le soir du 10 juillet, j’ai vu des d’autres, il repose quelque part que nous, de manger du pain le plus atroce de la perte des parents. ponsabilité dans les massacres de brenica : « J’ai parlé à Izetbegovic Serbes dans les collines. J’ai réalisé dans un des charniers de la région. matin, qui ne mérite pas de vivre. » « La communauté internationale a, Srebrenica, mais qui passent ina- après la chute. Je lui ai demandé que Srebrenica allait tomber. J’ai « Depuis cinq ans, je cherche à Et l’association de Munira Subasic tout au long de la guerre, aidé les perçus au sein de la communauté pourquoi nous avions été abandon- immédiatement fait entrer mon frè- découvrir la vérité !… » Hasan par- lutte aussi pour la reconnaissance assassins. D’abord elle a décrété un des survivants. nés. “Parce que Sarajevo n’aurait re dans la base et l’ai accompagné court le monde, des Etats-Unis aux des culpabilités étrangères dans la embargo sur les armes alors que Réfugiée à Vozuca, en Bosnie Pays-Bas, et il enquête, encore et chute de l’enclave. « Cela me rend nous étions désarmés, puis elle a centrale, Anija Mandzic a, elle aus- toujours, sur les responsabilités folle qu’on oublie le rôle de la com- créé des “zones de sécurité” qu’elle si, créé une organisation de sou- « La tragédie de Srebrenica hantera à jamais des uns et des autres. Il critique munauté internationale », assè- n’a pas protégées, pense Kada tien aux femmes de Srebrenica. une communauté internationale ne-t-elle, en colère. Hotic, une militante de l’associa- « Et aux 1 000 enfants qui ont perdu l’histoire des Nations unies » « qui n’est capable de parler que « Morillon et Janvier devraient tion. Le pouvoir bosniaque a certai- leurs pères », ajoute-t-elle. Anija a d’oubli et de pardon », et qui a tenir compagnie à Krstic dans le box nement abandonné aussi Srebreni- perdu son mari, ses deux frères et Kofi Annan, reconnu à Dayton une « Républi- des accusés ! », pense Munira. Les ca, mais sous l’insoutenable pression un fils dans la chute de l’enclave. que serbe bâtie sur le sang et dont les généraux français étaient comman- d’avoir à choisir entre notre enclave « Je n’arrive toujours pas à admettre secrétaire général des Nations unies chefs ont perpétré un génocide ». dants de la Force de protection des et la réunification de Sarajevo. » que des hommes aient fait cela à Hasan, contrairement à Hakija, ne Nations unies (Forpronu), respecti- d’autres hommes », murmure-t-elle veut pas entendre parler de réconci- vement en 1993, lorsque Srebreni- OFI ANNAN, devenu secré- dans un sanglot. Elle revoit, dans pas survécu un quatrième hiver”, jusqu’au bunker où des dizaines de liation en Bosnie-Herzégovine. ca a été déclarée « zone de sécuri- taire général de l’ONU, a ses cauchemars, l’arrivée du géné- m’a-t-il répondu. » « Srebrenica a soldats hollandais tremblaient de « Je ne désire que la vengeance », té » de l’ONU, et en 1995, au Kreconnu dans un rapport, en ral Mladic et de ses combattants à été sacrifiée ! », tonne-t-il de sa peur, poursuit Hasan. A minuit, Kar- dit-il. « Sans vengeance, je ne trouve- moment de la victoire serbe. Com- 1999, les « graves erreurs de juge- la base de Potocari. « Mladic se voix grave. remans a rencontré des officiers bos- rai jamais le repos. » Hasan Nuha- me d’autres responsables de ment » des Nations unies et son tenait à 10 mètres de moi. Il a dit : « Je ne tolère pas que l’on dise niaques, après avoir parlé au géné- novic veut croire en ce tribunal de l’ONU, le général Bernard Janvier « incapacité à comprendre l’am- “N’ayez pas peur, je suis le général qu’Izetbegovic a livré ma famille aux ral français Gobillard du quartier La Haye qui juge Krstic et espère était résolument opposé à l’emploi pleur du mal ». Des erreurs qui, Mladic. Je suis meilleur que votre Serbes, que des Musulmans bosnia- général de la Forpronu à Sarajevo. Il les arrestations de Karadzic et de de la force militaire contre l’armée selon lui, « ont leurs racines dans la Alija [Izetbegovic, le président ques sont responsables de notre tra- a dit : “Gobillard a annoncé aux Mladic. Il affirme qu’il « préfère serbe. Quant à Philippe Morillon, philosophie d’impartialité et de bosniaque]. Les Serbes sont un bon gédie, alors que ce sont des Serbes Serbes que si, à 6 heures du matin, une vengeance légale » qui serait célèbre pour son séjour à Srebreni- non-violence [de l’ONU], philoso- peuple. Je vois que vous avez faim, qui nous ont attaqués et des Occiden- ils n’avaient pas retiré leurs trou- accomplie par les juges internatio- ca en 1993 où il fut retenu prison- phie totalement inadaptée au conflit que votre Alija ne vous a pas don- taux qui n’ont pas tenu leur promes- pes de l’enclave, une cinquantaine naux. Il n’écarte pourtant pas des nier par la population avant de bosniaque ». « Srebrenica cristallise né à manger. Je vais vous donner se de nous protéger ! », s’indigne d’avions de l’OTAN allaient atta- hypothèses plus radicales : « Si les prendre sa défense, « il nous avait une vérité que l’ONU et la commu- du pain, du chocolat.” La caméra Hasan Nuhanovic. Militant infati- quer et raser leurs positions.” Kar- criminels de guerre ne sont pas arrê- promis la fin des souffrances », dit nauté internationale ont comprise de la télévision serbe a filmé les distri- gable du devoir de mémoire et de remans disait que l’OTAN allait tés, si la justice n’existe pas, il y aura Munira. trop tard : la Bosnie-Herzégovine butions de nourriture. Quelques heu- la chasse aux criminels de guerre, transformer le secteur où arrivaient vengeance violente ! Si je découvre « Morillon a hissé le drapeau de était autant une cause morale qu’un res plus tard, ils ont emmené et tué le jeune homme a vécu la chute de les forces serbes en « dead zone ». l’assassin de ma mère et que je vois l’ONU à Srebrenica, il a créé une conflit militaire », pense M. Annan. 3 500 personnes qui s’étaient réfu- l’enclave à un poste d’observation J’étais fou de joie, stupéfait, je n’arri- que personne ne l’arrête et ne le zone démilitarisée, il a pris les armes Pendant les commémorations en giées là, des civils. » « Quelle que privilégié, en tant qu’interprète de vais plus à traduire la conversation… juge, je le tuerai ! A la première de nos combattants, il a promis juillet de la chute de Srebrenica, le soit la condamnation qui sera l’ONU. Il a assisté à des réunions A 6 heures du matin, tous les habi- opportunité, je le tuerai !… » devant 50 000 habitants rassemblés diplomate a de nouveau déclaré peut-être prononcée à l’encontre de entre les casques bleus et les offi- tants de Srebrenica étaient dans les que la guerre était finie. C’est que « la tragédie de Srebrenica han- ces criminels, ce ne sera pas suffi- ciers bosniaques, a vécu les heures rues et sur les balcons pour attendre Rémy Ourdan peut-être étrange, quand on connaît tera à jamais l’histoire des Nations sant. » tragiques de la base de Potocari. Il les avions. Il y avait un incroyable l’impuissance des casques bleus, unies », appelant à en tirer des Anija pense qu’il sera difficile a aussi perdu ses parents et son silence. Les avions n’arrivaient pas. mais nous avons cru sincèrement, « leçons ». « La leçon la plus impor- aux survivants de retourner à Sre- jeune frère. Hanté, passionné, fou- A 7 heures, des officiers hollandais FIN HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 15 Au Pakistan, la force inébranlée des islamistes 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 DIX MOIS après leur coup d’Etat, la volonté récente fatwa du Maulana Sufi Mohammad dit-il – avant toutefois d’ajouter : « Mais cela est Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F d’assainissement et de réformes des militaires dans l’agence de Malakand (frontière de l’Afgha- quasi impossible, car ce gouvernement est soumis Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). pakistanais marque le pas, et la confusion qui nistan) dénonçant comme « prostituée » ou à des pressions de tous les côtés, et il ne sait pas où Internet : http : // www.lemonde.fr règne dans le pays laisse le champ libre aux élé- « agent des juifs » toute femme travaillant il va. » ments les plus conservateurs de la société. pour une ONG n’a provoqué comme seule réac- Les libéraux déplorent les critiques occidenta- ÉDITORIAL Sans enthousiasme pour ce nouveau putsch tion de l’administration que le conseil donné à les faites au Pakistan, en particulier américaines, militaire, le quatrième depuis la création du pays ses administrées de rester chez elles… « Des slo- qui passent sur place pour des interférences en 1947, certains libéraux espéraient au moins gans contre le planning familial professé par la plu- étrangères et fragilisent en fait le régime. Cer- voir, avec l’arrivée de l’armée, la fin d’une dérive part des ONG se sont multipliés dans mon villa- tains milieux religieux, parfois au sein même de La voix des Verts islamiste encouragée par un régime à bout de ge », affirme Nafees, un étudiant de la province l’armée, sont prompts à dénoncer « la trop gran- souffle en quête de soutien. Les premiers pas du du Nord-Ouest, et « personne ne dit rien ». de sensibilité » du général Musharraf à l’opinion OMINIQUE VOYNET consultée et avait déjà mal ressen- général Pervez Musharraf, qui affirmait alors « Récemment, le chef de la police d’Islamabad est occidentale. Alors que la classe politique tradi- avait habitué les Fran- ti la fin de la vignette, a dit que si publiquement son admiration pour Atatürk, qui, venu dans les collèges de filles pour leur conseiller tionnelle est chaque jour dénoncée par le pou- çais à la voir en marty- le sort des entreprises utilisatrices dans son premier discours à la nation, dénonçait de s’habiller décemment, de ne pas rire dans la rue voir, la crainte des libéraux est qu’un éventuel Dre de l’environnement, de gazole était à ses yeux impor- l’exploitation de la religion à des fins particuliè- et de ne rien faire de nature à attirer l’attention », échec du régime militaire, que beaucoup prédi- en avaleuse de couleuvres dont la tants, la lutte contre l’effet de res, laissaient penser à beaucoup qu’une nouvel- affirme une mère d’élève. sent déjà, ne laisse sur la scène que les religieux seule liberté consistait à accompa- serre ne l’était pas moins et faisait le ère de modernisation s’ouvrait. La composi- « Le laxisme démontré à l’égard des religieux est fondamentalistes. « Si le général Musharraf gner de grimaces appuyées les partie des axes de la politique gou- tion du gouvernement, où figurent un certain interprété par eux comme un signe de faiblesse, échoue, ce sera la révolution et elle sera islami- concessions que lui imposait sa vernementale. nombre de représentants de la société civile affirme un observateur, et, visiblement, le gouver- que , se réjouit par avance Sami Ul Haq, car la stratégie d’alliance avec les socia- Lionel Jospin vient d’encaisser ayant travaillé dans des organisations non nement n’a pas de stratégie pour dialoguer avec nation aura pu constater qu’aucun des deux systè- listes. Des OGM à l’enfouissement un affaiblissement de la gauche gouvernementales (ONG), confortait ce senti- eux. » Pour Sami Ul Haq, la tâche du gouverne- mes de pouvoir, le civil puis le militaire, ne fonction- des déchets nucléaires et au projet « plurielle » avec le départ de ment. L’image s’est aujourd’hui brisée, et les ment doit se limiter à la lutte contre la corrup- ne ». de loi sur la chasse, la chef de file Jean-Pierre Chevènement. L’assi- ONG, en proie dans certaines régions du pays tion, dont les religieux ont été exclus, et «àla des Verts et ministre de l’environ- se de son gouvernement dans l’opi- aux accusations ou actions des religieux, dénon- définition d’une politique claire pour le futur », Françoise Chipaux nement n’avait pas manqué d’oc- nion avait déjà été réduite avec le cent les concessions faites à un groupe qui pro- casions pour afficher ses contrarié- départ, il y a un an, de Dominique fesse une idéologie fondamentaliste qui n’a tés. Cette fois, c’est la facilité avec Strauss-Kahn, puis celui de jamais trouvé de soutien lors des différentes laquelle le ministre des transports, Claude Allègre en mars. Mme Voy- consultations électorales. Le Plus Beau Jour de ma jeunesse Jean-Claude Gayssot, ayant reçu net a compris que le moment était « Nous avons perdu tout espoir dans ce gouver- carte blanche du premier minis- propice à une contestation intelli- nement. Il est revenu sur toutes ses déclarations Bernard Faucon, entre 1997 et 2000, a réuni cent jeunes dans vingt pays. tre, a accordé aux représentants gente de l’arbitrage rendu – ou progressistes », affirme Tahira, une activiste des des transporteurs des mesures de accepté – par le premier ministre. Journées de fête durant lesquelles ils ont photographié leur jeunesse. droits de l’homme. La liste des revirements ou détaxation de leur carburant, qui En indiquant qu’il n’irait « pas plus des ajustements pour complaire aux milieux reli- a provoqué la colère des Verts. loin » dans les concessions aux gieux fondamentalistes est en effet longue : Mais l’expérience et la conjonc- transporteurs, M. Jospin a certes recul sur la loi sur le blasphème, que le général ture ont permis à Mme Voynet de voulu éviter d’apparaître comme Musharraf voulait très légèrement modifier tirer le meilleur parti de la mau- sans défense face aux revendica- pour tenter d’en limiter les abus ; recul sur le con- vaise manière qui leur était faite. tions des lobbies, mais, ce faisant, trôle annoncé des madrassas (écoles corani- L’avenir dira s’il convient de il a aussi admis que la critique éco- ques) ; position très rigide du Pakistan sur les dater du 6 septembre 2000 l’appari- logiste était fondée. droits des femmes lors de la conférence de tion d’un nouveau rapport de for- Dans la France de l’an 2000, l’ONU à New York ; aucune suite à l’annonce du ces entre les écologistes et les l’automobile et le camion n’ont général Musharraf de traiter les crimes d’hon- socialistes. Ce jour restera comme pas forcément la voie libre, au neur comme des meurtres ou d’abolir les fers celui où les Verts n’ont pas hésité détriment des transports propres dans les prisons. « Rien de concret sur l’agenda à parler haut et fort, et où ils ont et en imposant silence à ceux qui des droits de l’homme n’a réellement changé », réussi à faire entendre autre chose s’inquiètent du réchauffement cli- commente Mme Shahla Zia, directrice d’Aurat, qu’une plainte. Le ministre matique et de ses conséquences. une ONG militant pour le droit des femmes. communiste, fidèle aux sympa- Les Verts ont fait entendre leurs thies habituelles de son parti pour préoccupations. Ils ont pour eux, « PERSONNE NE DIT RIEN » l’automobile et pour les automobi- cette fois, les engagements inter- « Le général Musharraf est un modéré, mais il listes, respectueux aussi des atten- nationaux de la France. Les n’est ou se comporte que comme le premier parmi tions plus récentes que le PCF accords de Kyoto devraient ame- ses pairs et gouverne par consensus. Il ne fait sans entend manifester aux petits et ner les pays industrialisés à rédui- doute pas tout ce qu’il veut », observe un analys- moyens entrepreneurs, soucieux re leurs émissions de gaz à effet de te. L’inquiétude sourde des milieux religieux au enfin de mériter une fois de plus serre dans les douze années qui lendemain du coup d’Etat a en tout cas disparu, sa réputation d’habile négocia- viennent. Tel est précisément l’ob- et Sami Ul Haq, chef d’une fraction du très fon- teur, a lâché une ristourne de la jet de la conférence de l’ONU à damentaliste Jamiat Ulema-e-Islami (JUI-S), affir- taxe sur les carburants. La laquelle M. Jospin est attendu le me : « Je ne pense pas que ce régime nous créera ministre écologiste, qui n’a pas été 11 septembre à Lyon. des problèmes, et, en tout état de cause, nous som- mes puissants. » Chef d’une des plus grandes 0123 est édité par la SA LE MONDE madrassas de la région, où étudient 2 500 élèves Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani venant de tous les horizons, Sami Ul Haq a été, Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint comme deux de ses pairs, reçu – à la demande de ce dernier, précise-t-il – par le général Mushar- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau raf. Il est visiblement sorti rassuré de cet entre- Directeur artistique : Dominique Roynette tien. « Certaines personnes proches de lui, repré- Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment Rédacteurs en chef : sentantes des ONG, et certains politiciens souhai- Alain Frachon (Éditoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; taient une confrontation, mais le général Mushar- Michel Kajman (Débats) ; Éric Fottorino (Enquêtes) ; raf a vite réalisé le sérieux de l’affaire, et tout Éric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) malentendu a été clarifié », affirme-t-il. En atten- Rédacteur en chef technique : Eric Azan dant, et en l’absence d’alternative pour les plus défavorisés, les madrassas continuent de se déve- Médiateur : Robert Solé lopper ; de nouvelles se construisent et rien de Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg vraiment concret, faute aussi de moyens, n’a été Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; fait pour moderniser leur enseignement. La partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre volonté du régime d’obtenir des madrassas, à la Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président demande des pays voisins, la liste de leurs étu- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), diants étrangers a aussi fait long feu. « Nous André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) n’avons pas d’objection à donner cette liste au gou- vernement , commente Sami Ul Haq, mais le pro- Le Monde est édité par la SA LE MONDE Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. blème, c’est qu’ensuite il l’a communiquée dans les Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, pays d’origine, et nos étudiants sont alors taxés de Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, terroristes, et cela n’est pas possible. » Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. Face aux ONG qui tentent, en particulier dans les campagnes, de faire prendre conscience aux laissés-pour-compte de leurs droits, les religieux LE PLUS BEAU JOUR DE MA JEUNESSE/VU ILYA50 ANS, DANS 0123 trouvent dans l’administration, qui n’aime pas se Oumnast, Maroc. Un village sur les contreforts de l’Atlas. Beaucoup d’abstractions, d’objets mis voir remise en cause, une alliée puissante. Une en scène et Le Livre, dans l’ombre d’un jeune photographe. Lutte contre « les cinquièmes colonnes » opposé les services du premier d’ailleurs été interprétés de maniè- tueuse des relations entre l’Etat et M. RENÉ PLEVEN, samedi 2 sep- deux cent huit étrangers, espa- La police ministre et ceux du ministre de l’in- re négative du côté de l’entourage l’île a bien été tournée ? tembre à Strasbourg, annonçait gnols pour la plupart, mais aussi térieur dans la gestion du dossier de M. Jospin. Il y a d’abord eu l’his- Les suspicions réciproques, les qu’il emploierait « tous les moyens yougoslaves, tchécoslovaques, corse. Si les policiers ont le senti- toire un peu trouble de l’espionna- sous-entendus plus ou moins mal- que donnent les lois pour mettre à la polonais et roumains. Des tracts et et la Corse : ment que l’Histoire leur a donné ge du Parti socialiste bordelais par veillants pourraient bien se révé- raison les cinquièmes colonnes ». différents dossiers de propagande raison – ce sont eux qui ont démêlé les RG locaux. Volonté de nuire ou ler, au bout du compte, une tempê- Une conférence interministérielle, politique ont été saisis. La plupart l’écheveau complexe de l’enquête maladresse administrative, l’affai- te dans un verre d’eau. Daniel hier soir, étudiait les moyens de des personnes appréhendées nouveau cours ? sur l’assassinat du préfet Erignac, re n’a pas réellement été tirée au Vaillant a-t-il vraiment l’intention réprimer avec la plus extrême sévé- feront l’objet d’un arrêté d’expul- et non les gendarmes et le préfet clair. Un peu plus tard, la nomina- de faire souffler le vent du change- rité les menées antinationales, et sion. Suite de la première page Bernard Bonnet, censés avoir tion du patron des RG au poste de ment, dès son installation place plus particulièrement l’action des Dans la région parisienne, de l’oreille de Matignon –, cette victoi- directeur de cabinet du directeur Beauvau ? Il est peu probable que communistes étrangers contre la nombreuses perquisitions et arres- Cette politique a l’appui sans re se révèle, selon eux, contre-pro- général de la police nationale a cho- le nouveau ministre de l’intérieur sécurité du pays. tations ont été menées, notam- réserve du nouveau ministre de l’in- ductive au regard du tournant radi- qué. Ce cumul exceptionnel, sem- choisisse d’agir dans la précipita- Les résultats ne se sont pas fait ment dans un hôtel du 6e arrondis- térieur, comme l’a fait comprendre cal imprimé par M. Jospin. blant donner un pouvoir exorbi- tion. En ce sens, son prédécesseur, attendre. Ce matin le ministère de sement où logeaient des Yougosla- M. Vaillant dès ses premières décla- tant au patron du renseignement, qui succédait quant à lui bel et bien l’intérieur publiait le communiqué ves ; en province les opérations rations publiques. Dans cette nou- RIVALITÉ INATTENDUE qui a duré un peu plus de trois à un ministre de droite, avait don- suivant : « Une opération de police ont été particulièrement importan- velle configuration, quelle est la Deux services ont incarné, mois, a été considéré comme une né l’exemple d’un homme qui a été déclenchée ce matin dans les tes dans le Sud-Ouest, où l’activité place de l’action policière ? Les mieux que tous les autres, les réus- faute par l’entourage du premier prend son temps. La première victi- régions de Paris, du Nord, du politique de nombreux émigrés plus inquiets des hauts fonctionnai- sites de l’investigation et de la ministre. L’affaire du rendez-vous me d’importance du changement Sud-Ouest et du Sud-Est. Elle vise à espagnols avait été récemment res agitent déjà le spectre de la répression : la direction centrale de nationalistes corses avec des dans la hiérarchie policière, le décapiter les cinquièmes colonnes mise en relief ; à Toulouse on a paralysie. Les hommes sur le ter- des renseignements généraux émissaires du Parti socialiste sous directeur central de la sécurité constituées par les partis communis- procédé à des perquisitions au rain, disent-ils, n’oseront plus pren- (DCRG) et la division nationale l’égide de francs-maçons et d’un publique, chargé de la majorité des tes étrangers installés en France. » domicile de ressortissants étran- dre la moindre initiative de peur de antiterroriste (DNAT), sur le plan officier des RG n’a guère amélioré gardiens de la paix, officiers et Cette opération, la plus impor- gers connus pour leurs activités se voir désavoués, tels des empê- de la police judiciaire. Leur action l’image du service. commissaires, n’avait été débar- tante semble-t-il depuis la Libéra- antinationales. cheurs de faire la paix en rond. coordonnée a autorisé la série d’ar- La police judiciaire s’est, quant à quée que près de quatre mois tion, a abouti à l’arrestation de (8 septembre 1950.) Mais ce problème est, à leurs restations des nationalistes soup- elle, vu reprocher ses méthodes après l’entrée en lice du nouveau yeux, secondaire. Il masque une çonnés d’avoir assassiné le préfet parfois brutales d’arrestations mas- gouvernement. Pour le nouveau question qui est au cœur de leurs Claude Erignac. Hier alliés, ils se sives, sans que toutes les interpella- ministre de l’intérieur, il y aura, 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS inquiétudes : la nouvelle politique retrouvent aujourd’hui les acteurs tions ne se concluent forcément au-delà des questions de person- de dialogue, de concertation, d’une rivalité inattendue, où cha- par une procédure judiciaire. Forte- nes, un parti à prendre : la police Adresse Internet : http : // www.lemonde.fr peut-elle s’appuyer sur les mêmes cun suspecte le partenaire de vou- ment incarnée dans un chef par- doit d’abord démontrer son profes- Télématique : 3615 code LEMONDE hommes ? En clair, les policiers et loir l’entraîner dans sa chute éven- fois controversé, elle craint sionnalisme et renoncer à une Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) les services de police qui ont été les tuelle. aujourd’hui des mesures de rétor- dangereuse promiscuité avec la ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) fers de lance de l’action répressive La DCRG pâtit de la méfiance sion pour l’exemple. Une mutation politique, source de multiples déra- peuvent-ils survivre au nouveau avouée de l’Hôtel Matignon à des principaux responsables ne pages qui ont émaillé le passé de Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 cours de l’Histoire ? Ces interroga- l’égard d’un service qu’il soupçon- serait-elle pas un gage donné aux l’institution. tions font évidemment référence ne de ne jamais rechigner aux négociateurs nationalistes, la preu- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 aux tensions multiples qui ont coups tordus. Quelques signes ont ve qu’une page de l’histoire tumul- Pascal Ceaux 16 / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 HORIZONS-DÉBATS Sortir de la schizophrénie pétrolière par Dominique Voynet

A France redécouvre en d’abord de la difficulté à penser tôt pour éviter d’avoir à prendre au-delà de l’affichage, une amorce réponses qui conviennent, faveur de la maîtrise de l’énergie cette rentrée que le pétro- sur le long terme, de la faiblesse sous la pression de mauvaises de rééquilibrage entre le rail et la au-delà des mesures conjonc- avait été abandonnée depuis de le est une matière premiè- de la négociation sociale en décisions. Il consiste aussi à dire à route. Force est de constater que turelles. longues années. C’est un début. Lre qui n’est pas disponible dehors des périodes de tension et nos concitoyens que leurs choix les mesures adoptées n’ont pas La fiscalité doit prendre en Ces efforts doivent être démulti- de façon illimitée, et que son prix des contradictions de la décision d’aujourd’hui conditionnent ceux été à la mesure des enjeux. compte l’évolution des grands pliés, mobilisant l’ensemble des augmente lorsque croît la deman- publique. de demain, et parfois hypothè- Faute de débats clairs et démo- paramètres économiques nous acteurs publics et privés. de. Voilà qui ne devrait pas éton- Evidences simplistes : les diffi- quent l’avenir. cratiques, les pouvoirs publics dit-on, soit ! Le gouvernement a La situation actuelle de croissan- ner ceux qui défendent la supério- cultés rencontrées par les trans- Depuis trois ans, les occasions sont amenés à répondre au coup proposé de mettre en place un ce économique nous offre des rité du marché sur tout autre porteurs routiers ne sont pas dues ont été nombreuses de modifier par coup ; chaque catégorie socia- mécanisme qui stabilise le prix tou- marges de manœuvre pour rattra- mode de régulation de l’écono- d’abord à la fiscalité pétrolière. nos habitudes, et cela d’autant le ne disposant pas des mêmes tes taxes des carburants en cas de per le retard de nos industries et mie. Pourtant, les voilà bien silen- Elles résultent de l’absence d’har- plus aisément qu’une majorité de armes pour se faire entendre, c’est forte hausse du prix du brut. Mais de notre recherche dans les domai- cieux, quand tous se tournent vers monisation sociale et fiscale dans nos concitoyens s’inquiète désor- l’intérêt général qui y perd. Les le raisonnement doit être poussé nes de la maîtrise et de la diversifi- l’Etat pour faire payer la note au ce secteur en Europe et d’une con- mais des conséquences du « tout décisions prises sont souvent coû- jusqu’au bout, et le mécanisme cation des sources d’énergie, pour contribuable. currence féroce, en France même, doit jouer dans l’autre sens, et limi- rééquilibrer les conditions de con- L’augmentation des prix du dans laquelle les plus grandes ter également les baisses brutales currence entre les modes de trans- pétrole ne constitue pas une sur- entreprises utilisent les plus peti- Le courage politique consiste à faire du prix du brut, toujours possibles ports de marchandises, pour être prise pour moi, ni pour le mouve- tes comme sous-traitantes dans conjoncturellement. plus offensifs sur la qualité de l’of- ment auquel j’appartiens. Nous les pires conditions. Elles provien- des choix et à les faire assez tôt pour éviter Et puis, la vraie réponse à la fre des transports collectifs de l’avons sans relâche expliqué, nent de rapports dégradés au sein situation actuelle se trouve dans voyageurs, pour organiser, sans quand le pétrole était bon mar- de la profession d’une part, entre d’avoir à prendre sous la pression un changement de comportement attendre le prochain conflit, la ché : compte tenu de la rareté pré- les transporteurs et leurs don- de chacun d’entre nous, dans la reconversion des personnes mena- visible de la ressource, de la pous- neurs d’ordres d’autre part, qui de mauvaises décisions mise en œuvre des moyens d’une cées par les limites du « tout rou- sée de la demande due à une crois- empêchent de répercuter dans le croissance économe en énergie, tier ». sance vorace en énergie et de l’in- prix du transport l’augmentation qui seule sera durable. Je propose Il est temps d’engager le débat térêt des pays producteurs à des charges. Comment croire que par la route » pour leur sécurité et teuses au regard de leur efficacité aux professionnels du transport sur les grands choix de l’avenir et mieux gérer leur rente pétrolière, les concessions fiscales pour leur santé. Il y a déjà deux réelle. Elles amputent dans l’ins- un contrat de branche en faveur de préparer en conséquence une la hausse du prix des énergies fos- d’aujourd’hui, dans l’hypothèse ans, j’ai proposé de réduire le diffé- tant la marge de manœuvre des d’un plan d’économies d’énergie réforme fiscale qui réduise les iné- siles est inévitable. Tous les scéna- où elles ne seraient pas gommées rentiel de taxation entre gazole et pouvoirs publics. Ne nous y dans ce secteur, dont la mise en galités, encourage l’activité et dis- rios établis par les économistes par les prochaines décisions de essence, à l’époque moins doulou- trompons pas, les recettes publi- œuvre serait assurée par l’Agence suade les pollueurs. Si la baisse tablent sur des prix du pétrole à l’OPEP ou l’évolution des taux de reuse, pour financer un fonds de ques perdues sur la fiscalité pétro- de l’environnement et de la maî- des impôts reste dans ce contexte moyen terme de l’ordre de ceux change, suffiraient à éviter que la modernisation sociale du secteur lière manqueront bien quelque trise de l’énergie (Ademe). une tentation – diablement sédui- que nous connaissons actuelle- même question soit reposée avec routier, soutenir les PME-PME, et part. Sont ainsi annihilés, parfois Au-delà des transports routiers, sante ! – elle ne résume pas notre ment. L’exception, ce n’est pas le la même acuité dans quelques aider les entreprises à tenir leurs pour longtemps, les efforts un programme ambitieux de maî- politique. baril à 30 dollars, c’est le baril à semaines ou quelques mois ? promesses en matière de condi- déployés pour sortir des ornières trise de l’énergie s’impose, et cela 10 dollars. Schizophrénie : on peut voir tions et de durée de travail. Dans et réduire sur le long terme nos dans la durée. Le gouvernement a En disant cela, je ne me pose dans la même édition du journal le même sens, j’ai bataillé ferme vulnérabilités. engagé, à ma demande, des Dominique Voynet est minis- pas en donneuse de leçons. Je suis télévisé un reportage sur le bloca- dans la discussion des contrats de Il est encore temps de poser ces moyens dans ce sens depuis 1997, tre de l’aménagement du territoire sensible aux difficultés des arti- ge des raffineries par les camions, plan Etat-régions pour obtenir, questions, pour y apporter les alors que l’action publique en et de l’environnement. sans camionneurs, comme à celles un autre, très convaincant, sur le des ménages modestes qui, ne danger de l’accumulation de gaz à pouvant trop souvent pas faire effet de serre pour notre planète, autrement qu’utiliser leur voiture un troisième enfin sur le carnage pour aller travailler, subissent de quotidien produit sur nos routes plein fouet la hausse du prix de par la circulation routière. Pour- l’essence… Bien sûr, des mesures tant, aucun lien n’est fait entre ces d’urgence doivent être prises pour trois sujets. Le spectateur est tour leur permettre d’affronter ces diffi- à tour au côté des manifestants cultés. pour une circulation moins chère, Pour autant, je ne veux céder ni convaincu qu’il faut agir vite pour aux évidences simplistes qui nous limiter les risques de bouleverse- sont assénées avec tant de force ment climatique, et scandalisé par aujourd’hui, ni à la schizophrénie la violence routière. ambiante. La crise actuelle, après Le courage politique consiste à beaucoup d’autres, témoigne faire des choix et à les faire assez Faut-il baisser les taxes sur les carburants ? par Jean-Pierre Orfeuil

la presse comme aux poli- l’Etat sur chaque kilomètre parcou- tiques, l’actualité impose ru n’augmente pas : tous véhicules d’aborder les problèmes confondus, elle était de 45 centimes Ade façon sectorielle et à en 1985, 38 en 1990, 37 en 1999 (en court terme. L’automobile en four- monnaie constante). On aimerait nit un bon exemple : on parle des pouvoir dire cela d’autres impôts… méfaits de la voiture en ville lors Il est vrai néanmoins que deux d’un pic de pollution, de l’irrespon- années de hausses successives, sabilité des conducteurs lorsqu’une même si elles font suite à des pério- série meurtrière d’accidents nous y des plus longues de baisse, moins convie, comme au printemps der- médiatisées, provoquent les situa- nier, et l’actualité est aujourd’hui cel- tions que nous connaissons le du prix des carburants. Elle a aujourd’hui. Une baisse artificielle d’abord été portée sur le devant de des prix par le biais d’une baisse des la scène par des marins-pêcheurs taxes sur le carburant ne préparerait qui bénéficient d’un carburant pas l’avenir : avec des pays en déve- détaxé ; aujourd’hui, elle interpelle loppement qui se motorisent et une le gouvernement sur le prix des car- ressource pétrolière qui tendra à se burants routiers, qui a augmenté de reconcentrer au Moyen-Orient, les près de 15 % en un an. cours du pétrole seront probable- Ces niveaux de prix sont-ils excep- ment encore orientés à la hausse. tionnels ? Insupportables pour les Une baisse des taxes est en contra- automobilistes ? Justifient-ils des diction avec le programme national mesures de baisse générale de la fis- de lutte contre le changement clima- calité des carburants ? tique, adopté au premier trimestre Les prix sont élevés, mais moins de cette année par le gouverne- atypiques qu’on ne le dit. Le prix ment. Elle n’aidera pas les construc- des carburants payé par les automo- teurs automobiles à tenir l’engage- bilistes (moyenne des prix du super ment de baisser en quinze ans de et du gazole pondérée par les ven- 25 % les consommations de leurs tes) est de 6,64 francs aujourd’hui voitures, engagement auquel ils ont contre 5,88 francs en 1990 et été fortement incités par les gouver- 7,36 francs en 1985 (en monnaie nements européens. constante). Il y a « du grain à moudre », Ces niveaux sont-ils insupporta- c’est-à-dire des milliards de cadeaux bles pour les ménages ? La part de fiscaux potentiels, ailleurs, qui conci- leur budget consacrée aux carbu- lierait la réponse aux problèmes du rants sera probablement de 2,7 % présent et la préparation de l’avenir. cette année, contre 2,5 % en 1999, La vignette et la carte grise pour- 2,6 % en 1995, 2,7 % en 1990 et 4,5 % raient être gratuites pour les seules en 1985, malgré une très forte aug- voitures peu consommatrices ; la mentation des circulations automo- taxe spéciale sur les assurances pour- biles (+ 45 % depuis 1985). Il n’y a rait être supprimée pour les bons pas de quoi s’alarmer. conducteurs sans accidents depuis Comment explique-t-on cet appa- cinq ans ; les péages d’autoroutes rent paradoxe ? Très simplement : pourraient être réduits pendant les les revenus dont nous disposons périodes de faible trafic, ce qui inci- croissent un peu chaque année, les terait automobilistes et poids lourds constructeurs automobiles, grâce à à utiliser ces infrastructures beau- de meilleures technologies, nous coup plus sûres que les routes natio- proposent des voitures qui consom- nales ou départementales. ment moins, et nous avons appris à maîtriser notre prélèvement fiscal en nous équipant de plus en plus en Jean-Pierre Orfeuil est profes- voitures diesel. seur à l’Institut d’urbanisme de Le gazole étant beaucoup moins Paris (observatoire de l’économie et taxé que l’essence, il en résulte des institutions locales, université d’ailleurs que la taxe prélevée par Paris-XII). HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 17

Concorde : un rêve mort avant l’envol par Marco Morosini N l’an 2000, le supersoni- se, il faut de plus en plus de force, a-t-il aussi des consonances entre truisirent donc dix-sept Tupolev 2008-2012 ; la tendance actuelle lumière trois problèmes qui ne se que civil sera le type d’avi- donc plus d’énergie. Les sciences les destins individuels des malheu- TU 144. L’aventure de ces avions se est à une augmentation de 6 % limitent pas à l’aéronautique : la on le plus vendu dans le écologiques nous avertissent : «Il reux passagers et le destin de cer- termina tragiquement en 1973, lors- dans dix ans. Dans cinq ou dix ans, confiance de masse dans certaines Emonde, prophétisaient n’y a pas de repas gratuits dans la taines options technologiques ? qu’au Bourget le TU 144 s’écrasa il faudra peut-être se demander si technologies, la transparence sur des experts, qui en prévoyaient nature », et il y a des limites – bien Qui étaient les clients de cet avion durant son vol de démonstration. on peut encore accepter des taux les options socio-techniques, le quatre cents. « Arriver avant de par- que difficiles à connaître – aux inutilement rapide, voulant gagner Sur les quarante supersoniques de croissance du transport aérien rêve du luxe pour tous. C’est le tir ! » disait la publicité. Les Con- transformations supportables par quelques heures sur deux semai- construits, seule une douzaine semblables à ceux d’aujourd’hui. principe « jusqu’ici tout va bien » corde ne doivent plus repartir, sou- un système biogéologique en équi- nes de croisière aux Caraïbes ? volait encore en juillet. Cet avion Qu’en sera-t-il alors du projet qui fonde encore la confiance dans tiennent maintenant d’autres libre. « Au-delà de la première classe », coûte trop cher et consomme A3XX, l’avion gigantesque (550 ton- diverses technologies. Une infor- experts. Un rêve mort avant l’en- L’expérience quotidienne nous « le voyage définitif », assénait la trop : environ 1 000 litres de kérosè- nes, 500-800 passagers), dans mation du public complète et loya- vol : telle pourrait être l’épitaphe montre que nous vivons un para- publicité. Dans la presse alleman- ne par passager pour un vol Lon- lequel Airbus a décidé d’investir le est décisive dans une ère de proli- du Concorde, après la tragédie du doxe : d’une part, nous travaillons de, les petites photos de gentilles dres-New York, le triple d’un avion 11 milliards de dollars ? « Seul le fération technologique. Plusieurs 25 juillet. à développer des machines et des familles souriantes et de retraités normal. Il pollue trop, à 16 500 m, temps nous dira à la fin qui a eu rai- autres situations complexes Et pourtant, qui n’a été fasciné systèmes pour gagner davantage aisés émeuvent, suscitent la solida- directement dans la couche d’ozo- son », dit le PDG de Boeing, Philip devraient être considérées comme par la silhouette élégante et les de temps ; d’autre part, malgré une rité. Des personnes comme vous et ne. Il fait trop de bruit, donc il ne Condit, qui estime cette expérimentales : les manipulations prestations exceptionnelles du vie plus libre et plus longue, l’an- moi ; pour certains, c’était le voya- peut pas voler au-dessus de terres option – comme jadis Boeing génétiques des organismes alimen- Concorde ? Ce rêve avait trois com- goisse du manque de temps sem- ge de leurs rêves, avec en plus le habitées. Il a une portée trop cour- jugea celle du Concorde – surdi- taires, l’énergie atomique, une cer- posantes : une extraordinaire auda- te (6 000 km). Sa réserve de carbu- mensionnée pour les marchés taine chimie du chlore, les CFC et ce technique capable d’accomplir rant, pourtant gigantesque, suffit futurs. la couche d’ozone, beaucoup d’em- toujours davantage dans des Malgré une vie plus libre et plus longue, pour l’Atlantique, mais pas pour le Un voyage en avion ne se résu- plois de l’amiante, la maladie de domaines toujours plus spéciali- Pacifique, où il pourrait être com- me pas à un vol : les multiples Creuzfeld-Jacob. Lorsqu’on analy- sés ; la fascination très humaine l’angoisse du manque de temps semble mercialement plus viable. temps morts et transferts sont iden- se les cas les plus célèbres d’échecs pour la vitesse ; la conviction que Pour économiser la moitié du tiques pour un vol à 2 200 km/h ou technologiques, on découvre qu’il le progrès et la croissance économi- croître parallèlement à la diffusion temps, le Concorde consomme à 900 km/h. Le gain réel de temps y a toujours eu des experts pour que doivent être strictement liés à trois fois plus de carburant. Que ce est donc inférieur aux apparences. chercher à analyser, sans catastro- l’augmentation incessante du volu- des machines à épargner le temps soit en argent, en énergie, en usure Quelle erreur que de concevoir des phisme ni euphorie, les différentes me et de la vitesse des transports, de matériaux, en risque ou en supermachines pour des segments options. Mais, une fois une déci- coûte que coûte. dégâts écologiques, le coût des isolés de trajet, et non plutôt un sion prise, les parties critiques des Pour un milliard d’humains, sur ble croître parallèlement à la diffu- frisson du Concorde : beau, coû- incréments de vitesse croissent système intégré de mobilité ! évaluations technologiques arri- les six qui peuplent la Planète, ce sion des machines à épargner le teux (en argent et en nature) et plus rapidement que la vitesse Selon The Guardian (26 juillet), vent très rarement à la connaissan- ne sont ni l’argent ni les biens maté- temps. Poursuivons-nous donc la peu utile, comme tous les luxes, et elle-même, une loi qu’on a ten- « la plus coûteuse expérience de ce du public avec la même clarté riels qui manquent, mais plutôt le bonne stratégie en investissant de pour cela si attrayant. dance à négliger. marketing de l’histoire » devint telle- que celles positives. En 1912, temps. Pour ces hommes, l’idéal de plus en plus de matériaux, d’éner- Dans les années 1960, la France Bien que moins capricieuses, les ment « désespérément antiéconomi- était-ce seulement un iceberg ou la plus grande accélération pour le gie, d’équilibres écologiques rom- et la Grande-Bretagne décidèrent contraintes écologiques risquent que » que les Concorde furent pres- aussi une promesse mensongè- plus grand nombre semble être pus et – surtout – de temps de vie, de construire vingt Concorde. aujourd’hui d’être moins évitables que offerts aux compagnies aérien- re – Titanic l’insubmersible – qui aujourd’hui la version moderne de pour chercher à épargner du Motivation : le prestige, mais aussi que celles qu’imposent les rois du nes, auxquelles on demandait seu- tua 1 500 personnes persuadées l’utilitarisme benthamien. Mais temps ? Combien de temps de vie la mise en place d’une garantie éta- pétrole. Si la tendance actuelle se lement de les faire voler ; le Con- d’être en sécurité ? est-ce vraiment réalisable ? Et sou- nous coûte l’accélération ? Est-ce tique de croissance économique, confirme, il est probable que les corde – « un glorieux anachronisme Enfin, l’illusion du luxe pour haitable ? que le temps épargné est toujours d’emploi et de profits privés. Si émissions de CO2 de l’aviation civi- dès son premier vol » – aurait coûté tous se révèle toujours plus écologi- La physique nous l’enseigne : du temps gagné ? l’Occident le fait, nous devons le le auront triplé en 2050. A Kyoto, aux contribuables français et bri- quement insoutenable et sociale- pour imprimer de plus en plus d’ac- Peut-être l’accident de Roissy faire aussi, décidèrent les Soviéti- l’Europe s’est engagée à réduire de tanniques 200 milliards de francs. ment mensongère. Dans la société célération à de plus en plus de mas- a-t-il été une tragique fatalité. Y ques, plus gros et avant lui. Ils cons- 8 % ses émissions de CO2 d’ici Le bilan économique du TU144 globale, « tous », c’est pratique- soviétique est sans doute aussi ment toujours « tous les membres lourd. Combien de technologies d’une élite ». Et si « tous », c’était modernes et de projets d’intérêt vraiment tous, alors la simple arith- général – par exemple dans les métique nous permettrait de voir énergies renouvelables – auraient les risques ou l’impossibilité de cer- pu être financées avec ce que taines options. l’aventure supersonique a coûté ? Le Times a comparé la tragédie Le rêve des grandes vitesses de Roissy à celle du dirigeable de pour tous s’est réalisé surtout dans Hindenburg en 1937, qui avait clos l’envolée des coûts. Sur la sécurité le chapitre des dirigeables. Dans du Concorde, maints pilotes disent les ateliers de Friedrichshaven, la qu’il s’agit de l’avion le plus sûr patrie des Zeppelin, sur le lac de jamais construit (William Magru- Constance, des dirigeables très der, John Hutchinson), alors que sophistiqués reviennent à la quelques experts parlent de « bom- mode : consommation très rédui- be à retardement volante » (profes- te, faible impact sur l’environne- seur Elmar Giemulla, Cologne), de ment, vitesse modeste. Ils seront « risque non évaluable » et de bientôt utilisés pour transporter « point final » (Hans Ulrich Ohl, des cargaisons, même géantes, ancien directeur de l’Agence fédé- peut-être des passagers. Finale- rale allemande pour la sécurité ment, une vitesse appropriée, aéronautique) ou de « retraite défi- modérée par ses coûts sociaux et nitive » (professeur Bodo Baus, écologiques – une rapide lenteur, Aix). Si l’on considère les heures de diraient certains –, pourrait deve- vol cumulées par les Concorde, on nir un des nouveaux visages du pro- arrive à peine aux heures cumulées grès technologique. par les Jumbo en deux semaines. Vu l’audace du projet et le peu d’ex- périmentations, le rêve du Concor- Marco Morosini est profes- de est peut-être à considérer enco- seur de développement durable à re comme une expérience, y com- l’université d’Ancone, chef de projet pris sur le plan de la sécurité, en auprès du Centre d’évaluation des plus des aspects sociaux, économi- technologies de Stuttgart. ques et écologiques. Traduit de l’italien par Laura L’histoire du Concorde met en Morosini.

AU COURRIER DU « MONDE » l’époque, je ne vois pas comment l’institution judiciaire aurait pu VÉRITÉ PROSAÏQUE découvrir les causes de ces acci- Dans Le Monde du 24 août, l’un dents mieux que ne pouvaient le de vos lecteurs, Jean-Michel faire les professionnels du métier. Cailliau, revient sur la perte de deux Lesquels avaient un intérêt majeur sous-marins français de la classe et évident à le faire : ils naviguaient Daphné, la Minerve et l’Eurydice.A à bord de ces mêmes sous-marins, ma connaissance, et contrairement et c’est donc éventuellement leur à ce qui est indiqué par M. Cailliau, propre sécurité qui était en jeu. dont le père était officier en second Luc de Rabcourt à bord de l’un de ces sous-marins, la capitaine de frégate, ancien marine n’a jamais entretenu de mys- sous-marinier tère autour de ces accidents, que ce (par courrier électronique) soit pour des considérations de secret-défense ou pour toute autre CHASSÉS-CROISÉS raison. L’amiral qui commandait les Les chassés-croisés routiers de forces sous-marines à l’époque était juillet et août, outre qu’ils consti- un homme d’une extrême probité tuent des marronniers de solide et ne l’aurait jamais accepté. tradition, donnent l’occasion aux La vérité, plus prosaïque, est que chroniqueurs de l’audiovisuel de les causes exactes de ces accidents jongler en experts avec le « sens des n’ont jamais pu être déterminées. départs » et le « sens des retours ». La Minerve n’a jamais été retrou- Bien plus qu’une idée jacobine, vée, l’Eurydice avait énormément c’est l’omnipotence de la région souffert de l’impact au fond, et la parisienne qui s’exprime à travers sonde à l’endroit de l’accident ce langage convenu. Il faut nous y rendait de toute manière toute résoudre : quand moins d’un Fran- enquête très difficile, pour des résul- çais sur cinq (le Francilien) part à la tats très incertains. rencontre des autres, nous sommes La cause la plus probable de ces tous dans le sens des départs. accidents tient sans doute au fonc- Quand il revient, nous revenons. tionnement du tube d’air, mais cela Pour un Bordelais se rendant dans n’est pas certain et personne ne le les Alpes et croisant un Lyonnais saura jamais. La Minerve venait parti vers la côte basque, ou pour certes de changer de commandant, un Alsacien filant vers la Bretagne mais celui-ci, tout comme celui de et croisant un Rennais partant sur l’Eurydice, étaient tous deux des les bords du Rhin, nos experts en sous-mariniers expérimentés et, bouchons pourraient-ils nous dire qui plus est, d’une grande valeur qui est dans le sens des départs ou professionnelle et humaine. Enfin, des retours ? Ne parlons pas du Tou- votre lecteur, dont je comprends lonnais qui, un 1er août, décide bête- l’émotion ravivée par la perte du ment d’aller à Paris : roulant à con- Koursk, qui touche tous les tre-courant du sens des départs, il sous-mariniers, regrette qu’aucune ne devra s’en prendre qu’à procédure judiciaire n’ait été dili- lui-même s’il a un accident. gentée. En dehors du fait que cette Charles Bottarelli réaction n’était guère à la mode à Toulon LeMonde Job: WMQ0809--0018-0 WAS LMQ0809-18 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0376 Lcp: 700 CMYK

18 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000

AUTOMOBILE Le Congrès amé- le PDG de Ford, Jacques Nasser, et mort de 88 conducteurs et passagers plaires. b SI LA JOURNÉE d’audition tiques. b AU JAPON, Mitsubishi ricain a entendu, mercredi 6 sep- les responsables de la sécurité rou- de véhicules Ford Explorer sur les n’a pas permis de désigner de cou- devrait être l’objet de poursuites ju- tembre, les dirigeants du fabricant tière. b LES PARLEMENTAIRES ont routes des Etats-Unis avant que le pable, elle a montré que Ford et Fi- diciaires après avoir caché, pendant de pneumatiques Firestone et de sa cherché à comprendre comment des fabricant, Firestone, ne se décide à restone étaient informés, il y a dix- vingt ans, des plaintes concernant maison mère japonaise Bridgestone, pneus défectueux ont pu causer la en rappeler 6,5 millions d’exem- huit mois, de problèmes de pneuma- des véhicules défectueux. Les dirigeants de Ford et de Firestone sur la sellette Le scandale des millions de pneumatiques défectueux prend de l’ampleur aux Etats-Unis. Le Congrès américain soupçonne le constructeur automobile et le fabricant de pneus de s’être entendus pour minimiser l’ampleur du problème NEW YORK prise, est apparu ces derniers jours bricant de pneus de s’être enten- « Ce que veulent savoir mes élec- de notre correspondante dans plusieurs spots télévisés. Es- dus, tacitement ou explicitement, teurs, c’est si chaque fois qu’ils ins- En matière de baptême du feu, timant qu’en cette période de pour minimiser l’ampleur du pro- tallent leurs enfants à l’arrière on fait difficilement mieux. Trois crise, sa place se trouvait plutôt à blème des pneus défectueux d’une Ford Explorer, ils les enfer- semaines après sa prise de fonc- Dearborn, près de Detroit, où se – dont on ignore toujours la cause ment dans un piège mortel », s’est tions à la tête de l’agence fédérale trouve le siège de Ford, qu’à Was- précise – et éviter un rappel géné- exclamé un élu de New York. « Qui américaine de la sécurité routière, hington, Jacques Nasser avait, ral de leurs produits. était au courant de ces problèmes ? Sue Bailey a passé la journée du dans un premier temps, envisagé Plusieurs journaux américains, Depuis quand ? Et pourquoi, bon mercredi 6 septembre face aux ca- d’envoyer l’un de ses adjoints té- dont le Wall Street Journal, ont fait sang, n’a-t-on rien fait ? », a résu- méras à affronter l’ire de membres moigner devant le Congrès. état, mercredi, d’une note interne du Congrès particulièrement an- de Ford, datée du 12 mars 1999, xieux de comprendre comment SOUPÇONS DES LÉGISLATEURS dans laquelle Ford relevait les Déjà en 1978 des pneus défectueux ont pu cau- Mais l’ampleur médiatique et « profondes réserves » exprimées ser la mort de 88 conducteurs et politique prise par l’affaire l’a fi- par Firestone sur l’idée d’un rap- Firestone a déjà connu un cau- passagers de véhicules Ford Explo- nalement convaincu de la nécessi- pel des pneus ATX et Wilderness chemar similaire en 1978, avec le rer sur les routes des Etats-Unis té de se présenter en personne aux équipant les Ford Explorer ven- pneu radial Firestone 500, dont avant que le fabricant, Firestone, auditions du Congrès. « Ford igno- dues en Arabie saoudite, à la suite l’entreprise avait dû rappeler ne se décide à en rappeler 6,5 mil- rait que les pneus étaient défec- d’accidents survenus dans ce pays. 14,4 millions de modèles à la suite lions d’exemplaires. tueux jusqu’à ce que nous arra- La raison invoquée par Firestone, d’un problème qui rappelle étran- Guère plus à l’aise que Mme Bai- chions, littéralement, les données selon cette note, était qu’un tel gement celui d’aujourd’hui : la dé- ley face aux questions des élus, les des mains de Firestone et les fas- rappel devrait inévitablement être chirure de la bande de roulement. dirigeants de Firestone et de Brid- sions analyser par nos propres ingé- notifié au département américain L’entreprise américaine ne gestone, la maison mère japonaise nieurs », a insisté M. Nasser, ajou- des transports, « puisque le même s’était jamais tout à fait relevée de du fabricant de pneus, puis le PDG tant que les 4x4 Explorer équipés produit est vendu aux Etats-Unis ». ce fiasco et fut rachetée par le ja- de Ford, Jacques Nasser, se sont de pneus Goodyear n’avaient ren- En fait, des problèmes structurels ponais Bridgestone en 1988. succédé devant les sous-commis- contré aucun problème particulier. étaient apparus dès 1998 sur la Au lendemain du rappel des sions des transports au Sénat le Le PDG de Ford a défendu sa bande de roulement des pneus Fi- 14,4 millions de pneus, l’adminis- matin, puis du commerce à la marque et la qualité de ses véhi- vendre une Explorer, lui a-t-il lancé, Mais s’il s’est mieux défendu restone équipant les Ford Explo- tration Carter et le Congrès Chambre des représentants cules avec tant de force que le pré- j’en ai déjà une. » La Ford Explorer que les autres, le patron de Ford rer vendues à l’étranger, notam- avaient mis au point un renforce- l’après-midi et le soir. Si cette sident de la sous-commission qui de M. Tauzin est d’ailleurs bloquée n’a pas été épargné par les ques- ment au Proche-Orient et au ment du contrôle fédéral de la sé- journée d’auditions n’a pas encore l’entendait, le républicain Billy dans son garage depuis un mois, tions des législateurs. Ceux-ci Venezuela. curité des pneus et commencé à permis de désigner de coupable, Tauzin, a dû tempérer son ardeur : dans l’attente de pneus de rempla- soupçonnent manifestement le imposer certaines restrictions aux elle a en revanche identifié de « Vous n’avez pas besoin de me cement introuvables. constructeur automobile et le fa- AVERTISSEMENT EXCEPTIONNEL constructeurs automobiles. troublants dysfonctionnements et C’est aussi en 1998 qu’un cher- Mais l’arrivée de Ronald Rea- des lacunes dans l’évolution d’un cheur d’une grande compagnie gan à la présidence en 1980 ac- problème qui, en réalité, était ap- PROFIL Daewoo. Mais surtout, « Jac » Nasser, personne à la télévision américaine d’assurances s’est mis à adresser compagnée d’un vent de dérégle- paru il y a plusieurs années. Ag- cinquante-deux ans, a décidé de faire dans des spots publicitaires. Avec ses par e-mail à la NHTSA les détails mentation a coupé court à ce gravée par la révélation, mercredi UN RÉVOLUTIONNAIRE de Ford plus qu’un fabricant de voi- faux airs de Robert De Niro et un de 21 cas similaires sur des pneus mouvement et l’industrie auto- matin dans la presse américaine, tures en faisant de l’entreprise une accent australien à couper au cou- de Ford Explorer aux Etats-Unis. mobile a retrouvé sa liberté. Le de l’existence de discussions entre À DETROIT société de services. Son obsession : la teau, M. Nasser a tenté de En août 1999, Ford a commencé à budget de l’agence fédérale de la Ford et Firestone sur le problème satisfaction du consommateur. convaincre de la bonne foi de Ford remplacer unilatéralement les sécurité routière, chargée de ces de ces pneus défectueux il y a dix- L’affaire des rappels de pneus Fi- Il y a donc une certaine ironie à ce dans cette affaire. Pour le moment, pneus suspects sur les Explorer contrôles, et aujourd’hui sur la huit mois, à l’insu des consomma- restone constitue la première grosse qu’il se retrouve devant le Congrès la stratégie fonctionne : les ventes vendues dans seize pays étran- sellette, a été réduit de 49 %. Il n’a teurs et des autorités fédérales, la épreuve pour Jacques Nasser, propul- américain pour s’expliquer dans une d’Explorer n’ont chuté que de 0,8 % gers, mais sans en informer les pas été notablement augmenté controverse a désormais un net sé en janvier 1999 à la tête du affaire qui aurait déjà coûté la vie à en août. services américains de la sécurité depuis. parfum de scandale. deuxième constructeur automobile 88 personnes. Le PDG a bien compris Jacques Nasser avait failli routière. Ce n’est qu’en mai 2000 La journée a commencé par des mondial. Jusque-là, tout semblait que ce drame peut avoir des consé- commettre son premier faux pas que, sous la pression de la presse excuses formelles du patron de sourire à cet Australien d’origine li- quences dangereuses pour Ford. Jus- dans cette affaire en refusant de té- et des consommateurs, la NHTSA mé une sénatrice du Maryland. La Bridgestone, Masatoshi Ono, arri- banaise, qui, en trente ans, a gravi qu’à maintenant, il a su manœuvrer moigner en personne devant le a finalement ouvert une enquête directrice de la NHTSA, Sue Bai- vé de Tokyo pour l’occasion. «Je tous les échelons chez Ford. au plus juste. Depuis que Firestone a Congrès. La bronca des parlemen- sur les pneus Firestone concernés. ley, n’a pu qu’aquiescer lorque les suis venu vous présenter mes ex- Depuis, il mène avec un certain rappelé 6,5 millions de pneus le taires américains, vexés de ce dédain, Le 9 août, Firestone annonçait le élus ont reproché à son agence de cuses, au peuple américain, et tout succès une véritable révolution au 9 août, équipant principalement des l’a vite fait changer d’avis. Mais il est rappel de 6,5 millions de pneus. Le ne pas avoir été à la hauteur : les particulièrement aux familles qui sein de la vieille firme de Detroit. Il véhicules tout-terrain Ford Explorer, sur le fil du rasoir. William Clay Ford, 1er septembre, après avoir en vain tests de sécurité qu’elle est chargée ont perdu des êtres chers dans ces est à l’origine d’une ambitieuse stra- la stratégie de M. Nasser a été de président du conseil d’administra- essayé de convaincre Firestone de de réaliser sur chaque nouveau terribles accidents », a déclaré le tégie d’acquisitions, avec le rachat de faire porter la totalité de la responsa- tion, petit-fils d’Henry Ford, pourrait rappeler 1,4 million de pneus sup- type de pneus lancé sur le marché PDG dans un anglais hésitant mais Volvo en 1999, et de Land Rover, bilité sur Firestone. Pour cela, il n’a lorgner sur son poste. plémentaires, la NHTSA diffusait n’ont pas été révisés depuis 1968. contrit. Bridgestone-Firestone a cette année. Enfin Ford est sur le pas hésité à utiliser ses talents de un avertissement exceptionnel à annoncé le rappel, le 9 août, de point de mettre la main sur le coréen communicateur en apparaissant en Stéphane Lauer l’adresse des automobilistes. Sylvie Kauffmann 6,5 millions de pneus, (dont 1,7 million a été remplacé jus- qu’ici), après l’ouverture d’une en- quête formelle par l’agence de la Les dissimulations de Mitsubishi Motors lui coûtent son indépendance sécurité routière, la National Highway Traffic Safety Adminis- TOKYO lieu des 34 % projetés en mars, lors L’affaire, qui a éclaté en juillet, est du constructeur à Tokyo des docu- Aujourd’hui, la situation est ren- tration (NHTSA), et le dépôt de de notre correspondant de la signature de l’alliance. La di- révélatrice des errements d’un ments démontrant sa culpabilité : versée et avec une prise de partici- quelque 1 400 plaintes. La soirée Mitsubishi Motors, qui a reconnu rection de l’entreprise devrait être mode de gestion – dans lequel l’Oc- 65 000 plaintes de clients émises pation supérieure à 38,1 %, le géant s’est terminée, très tard, par une avoir dissimulé pendant vingt ans confiée à des cadres étrangers ve- cident voyait, il y a encore une di- entre avril 1998 et juin 2000 étaient germano-américain deviendra le vigoureuse défense du PDG de des plaintes concernant des véhi- nus de DaimlerChrysler. La démis- zaine d’années, un « modèle » – rangées dans des dossiers estampil- premier actionnaire de Mitsubishi Ford, Jacques Nasser, qui n’a pas cules défectueux, va être poursuivi sion du président de Mitsubishi dont la transparence n’était pas le lés « H » (hitoku : secret). La police, Motors et pourra placer à la tête de hésité à accabler Firestone pour en justice par le ministère des trans- Motors, Katsuhiko Kawasoe, est at- point fort. Pendant plus de vingt qui a perquisitionné à deux reprises l’entreprise un de ses dirigeants, tenter de prouver que le problème ports, pour non-respect de la légis- tendue dès que l’accord aura été ans, le constructeur a dissimulé les au siège de l’entreprise, soupçonne comme l’a fait Renault chez Nis- était bien du ressort du fabricant lation sur les véhicules routiers. conclu. Il sera remplacé par le vice- plaintes de ses clients, préférant ré- que ces dissimulations étaient prati- san, avec Carlos Ghosn. Une me- de pneus et non pas de celui des Autre conséquence de ce dérapage, président, Takashi Sonobe. parer au coup par coup les véhi- quées de manière systématique. sure souhaitée au sein du groupe véhicules 4x4 Ford Explorer, dont le groupe allemand DaimlerChrys- Le scandale qui frappe le qua- cules défaillants plutôt que de rap- Mitsubishi, jusqu’à présent princi- la plupart des modèles sont équi- ler devrait exercer un contrôle plus trième constructeur automobile peler ceux qui l’étaient DÉFAUTS DE FABRICATION pal actionnaire du constructeur, pés de pneus Firestone. étroit que prévu sur son affilié japo- japonais va renforcer la présence potentiellement afin de ne pas ter- Les défauts de fabrication se sont afin de remettre un peu d’ordre « Je suis ici pour répondre à vos nais. étrangère dans un secteur où seuls nir son image de marque. Mitsubis- traduits par six accidents, dont le dans l’entreprise, rapporte le Nihon questions et je resterai jusqu’à ce Des pourparlers dont la conclu- Toyota et Honda restent indépen- hi Motors a dissimulé ces plaintes dernier, en juin, provoqué par une Keizai. La prise de contrôle de Mit- que vous soyez satisfaits », a déclaré sion est prévue vendredi devraient dants : « Où est passé l’empire auto- aux inspecteurs du ministère des défaillance du système de freinage, subishi Motors par DaimlerChrys- d’entrée de jeu aux élus le numéro conduire DaimlerChrysler à prendre mobile japonais ? », titre le quoti- transports et ce n’est qu’en juillet a fait deux blessés. Mitsubishi Mo- ler provoque en revanche une un de Ford qui, pour empêcher une participation de 36 à 38 % dans dien des milieux d’affaires Nihon que ceux-ci, alertés par un client tors a reconnu les faits et a rappelé « contre-attaque » de Volvo, qui l’érosion de l’image de son entre- le capital de Mitsubishi Motors, au Keizai. anonyme, ont découvert au siège 810 000 véhicules, mais l’affaire a détient 5 % du capital de l’entre- profondément déstabilisé l’entre- prise japonaise. Le constructeur prise au moment où elle négociait suédois, qui prévoyait de prendre les derniers détails de son alliance une participation de 19,9 % dans la Les revendications financières d’EADS bloquent le missile M. 51 avec DaimlerChrysler. Outre son ac- filiale poids lourds de Mitsubishi tion en justice pour violation de la Motors, pourrait devenir plus SPÉCIALISÉE dans les missiles faut ajouter une dépense – à ve- 35 heures, et de réviser la « forfai- M. 51 dès que EADS/LV aura mis législation sur les véhicules routiers, « gourmand». stratégiques et les lanceurs spa- nir – de 10 milliards pour financer tarisation » des risques acceptée son offre en conformité avec les le ministère des transports pourrait La tourmente dans laquelle se tiaux, la filiale EADS/LV (European la production. Concernant Aero- par le précédent actionnaire éta- engagements précédents. surseoir à l’octroi de l’autorisation débat Mitsubishi – comme son Aeronautic, Defence and Space spatiale, devenu depuis EADS/LV, tique. En mai, EADS/LV a remis, Devant le comité central d’en- de circuler des nouveaux modèles compatriote Brigestone aux Etats- Company/Launch Vehicle) du le développement du M. 51 s’est avec retard selon la DGA, une treprise, les dirigeants de EADS/LV de Mitsubishi, à moins que l’entre- Unis – porte un coup à l’image de groupe aéronautique et de défense fait, à partir de 1998, sur la base nouvelle offre supérieure de 7 mil- ont expliqué que la situation était prise ne prenne des mesures desti- qualité des produits nippons. Ce européen EADS a annoncé, mardi d’un engagement de 22,5 milliards liards de francs (en augmentation bloquée et qu’ils se trouvaient nées à bannir les pratiques opaques. n’est pas la première fois que le 5 septembre, des mesures de chô- de francs. Un premier contrat de de 40 % à éléments comparables) « sans visibilité » de leur plan de Face à un partenaire affaibli, constructeur est mêlé à une sale af- mage technique suite à un diffé- 3,8 milliards a été notifié en août par rapport aux engagements an- charge en raison de la « rupture » DaimlerChrysler cherche à tirer par- faire : son président, Katsuhiko Ka- rend qui l’oppose, depuis fin août, 1998 pour deux années de dévelop- térieurs. Une proposition récente a de sa couverture par la DGA. La ti de la situation pour prendre le wasoe, a pris ses fonctions en 1997 à la Délégation générale pour l’ar- pement, le renouvellement devant ramené cette hausse à moins de suspension du financement, le contrôle de celui-ci. Jusqu’à ce que à la suite d’un scandale de paie- mement (DGA). Le contentieux se faire en septembre 2000 sur la 15 %. 31 août, les a amenés à prendre des le scandale éclate, le quatrième ment par l’entreprise de maîtres porte sur l’avenir du programme même base. Soit un financement A la DGA, on juge « inaccep- mesures de chômage technique. constructeur japonais entendait chanteurs (sokaiya) afin qu’ils ne de missile M. 51, destiné aux nou- de 18,7 milliards jusqu’en 2005. table » cette évolution des devis, Ainsi 500 salariés, sur les 3 500 conserver l’indépendance de sa ges- dévoilent pas des affaires qui au- veaux sous-marins nucléaires qui concerne un programme avali- dans les usines de Saint-Médard- tion : aux termes de l’accord de raient pu entamer son image... Le après 2008. PROCÉDURE MINOS sé en « cohabitation » par le chef en-Jalles (Gironde) et des Mureaux mars, le groupe germano-américain scandale Mitsubishi n’est sans Le développement de ce pro- Entre EADS/LV et la DGA, le dé- de l’Etat et le gouvernement et par (Yvelines), sont concernés par dix s’était engagé à ne pas accroître sa doute que la pointe émergée d’un gramme de missile balistique a été saccord porte sur l’interprétation le Parlement. On explique ce bras jours de chômage technique et ont prise de participation de 34 % (qui iceberg : d’autres entreprises ont pris à forfait, en 1997, dans le cadre du contenu financier de la procé- de fer par la volonté d’une société été invités à partir en congé. Une lui donnait déjà un droit de veto) aussi des « cadavres dans les pla- de la procédure dite Minos, par la dure Minos. Le nouvel industriel privée, en situation de monopole, centaine d’entre eux seront affec- pour dix ans. DaimlerChrysler, dési- cards ». Mais le fait qu’il ait finale- branche espace et défense du fait observer qu’il convient de tenir de dégager des profits grâce à la tés à d’autres programmes, tel le reux d’entrer sur le marché asia- ment éclaté est peut être le signe groupe Aerospatiale. Soit, à compte du double impact de la dissuasion. La DGA se déclare tou- lanceur civil européen Ariane. tique, n’avait guère d’autre choix d’un salutaire sursaut de l’opinion. l’époque, un investissement global privatisation, intervenue entre- tefois prête à notifier les nouveaux que d’accepter les conditions de de 30 milliards de francs, auquel il temps, et de l’application des contrats de développement du Jacques Isnard Mitsubishi Motors. Philippe Pons LeMonde Job: WMQ0809--0019-0 WAS LMQ0809-19 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0377 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 19 Sans soutien politique, la monnaie européenne La Deutsche Bank s’intéresserait à JP Morgan connaît la plus forte baisse de son histoire LA PREMIÈRE BANQUE privée allemande, Deutsche Bank, aurait entamé des négociations en vue de l’acquisition de JP Morgan, une des principales banques d’affaires américaines. Les deux parties ont refusé, mercredi 6 septembre, de commenter l’information parue L’euro a perdu 27 % face au dollar depuis son lancement dans l’hebdomadaire économique allemand Wirtschaftswoche. Selon ce journal, Rolf Breuer, le patron de l’institut allemand, qui avait écar- L’euro a reculé, mercredi 6 septembre, de plus 0,8630 dollar et 91,45 yens. Ce nouvel accès de mercredi, par la voix d’un de ses porte-parole, té, voilà quelques mois, toute nouvelle acquisition dans ce secteur, de 2 % face aux monnaies américaine et japo- faiblesse fait suite aux déclarations du chance- que le recul de la monnaie unique n’était « pas entend réaliser la transaction par échanges d’actions et s’active en naise, tombant à des planchers historiques de lier allemand, Gerhard Schröder, qui a confirmé, un motif d’inquiétude » conséquence pour faire coter la Deutsche Bank à la Bourse de New York. Après avoir repris un autre grand établissement américain, L’EURO a connu, mercredi 6 sep- fait pas l’unanimité dans son derniers mois. La faiblesse de l’eu- Un soutien trop mou à l’euro Bankers Trust, en 1998, la Deutsche Bank pourrait ressentir le besoin tembre, l’une des pires journées de propre pays, ajoutant au sentiment ro devrait être au centre des dis- risque d’être interprété sur les mar- de se renforcer dans la banque d’affaires pour ne pas être distancée son histoire. Il a perdu, en quelques de confusion. L’Allemagne a «émi- cussions des ministres des finances chés comme une confirmation de par deux rivales suisses, Crédit Suisse et UBS, qui ont récemment an- heures, plus de 2 % face aux mon- nemment intérêt » à ce que l’euro européens, réunis vendredi à Ver- la fragilité structurelle dont souffre noncé la prise de contrôle respective des banques Donaldson, Lufkin naies américaine et japonaise, tom- soit fort, a ainsi déclaré jeudi à sailles. l’euro, à savoir l’absence d’unité and Jenrette, et Paine Webber. bant à des planchers historiques de l’agence Reuters Torsten Albig, politique à l’intérieur de la zone, 0,8630 dollar et 91,45 yens. Exprimé porte-parole du ministère des fi- fragilité que le ministre français de en devise nationale, le billet vert nances. « L’euro présente un fort po- Pour les investisseurs, l’économie et des finances, Laurent Lourde défaite de MP3.com s’établit à 7,58 francs, un niveau in- tentiel de hausse », a-t-il ajouté. Fabius, entend justement réduire. connu depuis 1986. Depuis son lan- Egalement inquiet, le chef écono- le dollar est Déjà pénalisé par l’impression de cement, la monnaie unique a perdu miste de la Bundesbank, Hermann désordre donnée en matière de contre l’industrie du disque 27 % de sa valeur face au dollar et Remsperger, a tenu à souligner le la monnaie de communication, l’euro a été aussi plus de 30 % face au yen. potentiel d’appréciation de la mon- victime, mercredi, de l’annonce LE SITE AMÉRICAIN de musique MP3.com a subi une lourde défaite Ce nouvel accès de faiblesse fait naie européenne, en rejetant toute la nouvelle économie d’une hausse record de la producti- juridique, mercredi 6 septembre, face à l’industrie du disque, qui suite aux déclarations de Gerhard perspective d’essoufflement de la vité au deuxième trimestre risque de se solder par des amendes de centaines de millions de dol- Schröder, qui a confirmé, mercredi, conjoncture de la zone, une hypo- (+ 5,7 %) aux Etats-Unis. Aux yeux lars pour violation des droits d’auteur. « L’accusé a délibérément en- par la voix d’un de ses porte-pa- thèse mise en avant par certains Jeudi matin, le ministre français des investisseurs, cette statistique freint les droits d’auteur des plaignants », à savoir Universal Music, role, que le recul de la monnaie économistes pour expliquer la des affaires européennes, Pierre démontre l’avance considérable (groupe ), a conclu le juge Jed Rakoff, à New York, dans la unique n’était « pas un motif d’in- phase actuelle de baisse : «Plu- Moscovici, tout en affirmant dont dispose l’économie améri- deuxième phase d’un procès intenté en janvier. La notion d’action quiétude ». Le chancelier allemand sieurs éléments montrent que l’évo- qu’« on ne peut se réjouir d’un euro caine dans le domaine des nou- « délibérée » va jouer un rôle fondamental dans le montant des dom- lution économique en Allemagne, et faible », a annoncé que des mes- velles technologies. Plus que ja- mages et intérêts que la start-up californienne devra payer et qui sera Une journée noire également dans l’ensemble des pays sages sur l’euro seraient délivrés à mais, le dollar fait figure de déterminé dans la phase finale du procès, prévue pour novembre. de l’union monétaire, est dans une l’issue de ce conseil. Toutefois, monnaie de la nouvelle économie. MP3.com pourrait avoir à acquitter 125 millions à 250 millions de dol- EURO FACE AU DOLLAR période de croissance durable. » compte tenu des divergences entre L’euro, en revanche, au moment lars (142 à 284 millions d’euros) pour les quelque 5 000 à 10 000 CD 0,895 Ces prises de position plus ou gouvernements européens, les même où la France est menacée de d’Universal « copiés » dans sa banque de musique sur l’Internet. Uni- 0,8680 moins alarmistes surviennent au opérateurs n’attendent pas de prise paralysie en raison du conflit des versal Music avait réclamé des dommages de 450 millions de dollars. le 7 sept. 0,890 moment où la confiance des Alle- de position forte sur la situation routiers, semble plutôt symboliser MP3.com a, par ailleurs, déjà négocié depuis juin un accord à mands semble se réduire à la me- monétaire actuelle. En particulier, l’ancienne. l’amiable avec les quatre autres maisons d’édition musicale qui le 0,885 sure de l’effritement de l’euro sur ils ne prévoient pas l’annonce poursuivaient en justice, Sony Music, Time Warner Music, Bertels- le marché des changes. Un récent d’une intervention imminente sur Philippe (à Francfort) mann BMG et EMI, en versant à chacun quelque 20 millions de dol- sondage révèle que 63 % des Alle- le marché des changes. lars. – (AFP.) 0,880 et Pierre- Delhommais mands interrogés préfèreraient dé- sormais conserver le deutsche- 0,875 mark, en 2002, contre 34 % qui se réjouissent de l’arrivée des billets 0,870 et pièces en euro. Une perte de confiance qui incite l’ancien chan- 0,865

celier social-démocrate Helmut Photo : RMN Schmidt à monter au créneau : 0,860 M. Schmidt appelle, dans un article ACTIONNAIRES 6 SEPT. 7 SEPT. paru jeudi dans l’hebdomadaire 2000 Die Zeit, à arrêter les « jérémiades » Source : Bloomberg sur l’euro, estimant qu’il n’y a « au- cune raison de s’énerver ». « Les ac- DE GROUPE GTM, L'euro a perdu plus de 2 % en moins tions américaines vont retomber un de 24 heures. de ces jours, et le dollar de même : alors l’euro remontera », affirme-t- ENTREZ DANS LE CAPITAL DE VINCI, avait déjà tenu des propos simi- il. laires, lundi 4 septembre et au prin- De son côté, la Banque centrale temps dernier, lorsque l’euro avait européenne (BCE) n’a pas souhaité LE N°1 MONDIAL DE LA CONSTRUCTION atteint des plus bas historiques : réagir au plongeon de l’euro, pas pour le chef du gouvernement alle- plus qu’aux déclarations en prove- mand, ce sont les exportations, et nance de Berlin. Intervenant de- ET DES CONCESSIONS. donc la conjoncture européenne, vant des hommes d’affaires irlan- qui profitent actuellement du taux dais, mercredi soir, son président, de change euro-dollar. La faiblesse Wim Duisenberg, s’est refusé à de l’euro serait en quelque sorte tout commentaire. Il ne fait pour- une aubaine pour l’économie de la tant pas de doute que la situation zone. Bien que la chancellerie ait est suivie de très près par la BCE, tenté, mercredi soir, dans un où l’on se préoccupe du double im- communiqué, de corriger le tir, les pact d’une telle glissade sur l’infla- déclarations de M. Schröder in- tion et sur la confiance des citoyens citent les opérateurs du marché des européens dans leur monnaie. La devises à penser que rien ne sera baisse continue de l’euro a été un entrepris pour voler au secours de des éléments majeurs dans le res- la monnaie unique. serrement du loyer de l’argent mis Le point de vue du chancelier ne en œuvre par la BCE au cours des Les économistes parient sur une poursuite de la dépréciation LA FAIBLESSE persistante de la raison de s’affaiblir. » Pour l’écono- monnaie unique et son nouveau miste en chef de la Dresdner Bank record historique, jeudi 7 sep- à Paris, Nordin Naam, la situation tembre, ont conduit les écono- actuelle des flux de capitaux (les mistes à réviser leurs anticipations flux d’investissements directs et les du taux de change de l’euro contre flux de portefeuille), clairement le dollar. Désormais la nouvelle li- orientée en faveur du dollar, ne mite basse qu’ils fixent pour l’euro permet pas non plus d’anticiper un Jusqu’au 18 septembre 2000, échangez 5 actions Groupe GTM est de 0,85 dollar. Selon eux, la redressement de la devise dans pour 12 actions VINCI, soit une prime de 23%*. monnaie unique pourrait chuter l’immédiat. jusqu’à ce niveau, seuil auquel bon « Avec le retour de la croissance, Cette offre revêt un caractère amical. Elle bénéficie du soutien de nombre d’entre eux s’attendent à les entreprises européennes ont ré- une intervention de la Banque cupéré une marge de manœuvre, et Groupe GTM, qui détient 1,5 % de son propre capital, et de centrale européenne pour soutenir elles se permettent d’investir à nou- Suez Lyonnaise des Eaux, son principal actionnaire avec 49,5 % la devise européenne. veau à l’étranger pour gagner des Au CCF, l’économiste en chef, parts de marché, explique-t-il. De du capital et 65 % des droits de vote. Suez Lyonnaise des Eaux et Antoine Brunet, s’apprête à modi- même, du côté des flux de porte- Groupe GTM apporteront leurs participations respectives à l’offre**. fier à la baisse sa prévision de l’eu- feuille, les investisseurs européens ro, qu’il avait fixée, au début du achètent massivement des titres sur Avec 115 000 salariés dans le monde et 16 milliards d’euros de mois d’août, à 0,90 dollar pour la les marchés obligataires américains chiffre d’affaires, VINCI-GTM*** sera le n°1 mondial de la construction fin de l’année. « Il reste néanmoins du secteur privé. Ces flux ne seront deux fortes incertitudes pour fixer pas remis en cause tant qu’il n’y au- et des concessions et disposera d’un réseau unique de compétences ma nouvelle prévision de l’euro : ra pas de ralentissement prononcé et d’implantations. VINCI-GTM*** réalisera environ 80 % de son d’une part le référendum danois, le de la croissance américaine. » INFORMATION résultat d’exploitation dans des activités à rentabilité récurrente 28 septembre, qui paraît mal enga- Vendredi 25 août, lors d’une Une note d’information visée gé au vu des sondages d’opinion et, conférence sur l’intégration de par la COB (n°00-1362 en date et bénéficiera d’une assise financière de premier ordre. d’autre part, les élections améri- l’économie mondiale à Jackson du 28 juillet 2000) est tenue caines, le 7 novembre ». Pour lui, Hole, Alan Greenspan, le pré- à la disposition du public. Pour l’élection de George W. Bush ferait sident de la Réserve fédérale amé- vous la procurer ou pour tout grimper le dollar. « S’il met en ricaine, avait lui-même pointé du autre renseignement sur l’offre *prime calculée par rapport à la moyenne des cours cotés sur les 6 mois précédant le 11 juillet 2000 œuvre sa promesse électorale de doigt cette situation. « Il est parti- publique d’échange, connectez- (date de suspension des cotations avant le lancement de l’opération). baisser les impôts, au moment où le culièrement cocasse de constater vous au site Internet de VINCI **sous réserve des conditions suspensives mentionnées dans la note d’information visée par la COB. ralentissement économique est en- que les Européens trouvent de plus (www.groupe-vinci.com), ***sous réserve du succès de l’offre. core limité, les anticipations de en plus attirant d’investir aux Etats- ou prenez contact avec votre hausse des taux de la Banque cen- Unis, et comptent pour une part de intermédiaire financier ou avec trale américaine, qui ont quasiment plus en plus importante du montant la direction financière de VINCI disparu, reviendraient, profitant au grandissant de l’investissement (+ 33 1 47 16 35 00). billet vert. D’un autre côté, si Al étranger direct et en portefeuille », À NOUS D’ENTREPRENDRE Gore gagne ces élections, il poursui- avait-il affirmé. vra une politique budgétaire ver- www.groupe-vinci.com tueuse, et le dollar n’aura aucune Cécile Prudhomme LeMonde Job: WMQ0809--0020-0 WAS LMQ0809-20 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0378 Lcp: 700 CMYK

20 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 « Libération » achève son plan de recapitalisation Après le désengagement du groupe Pathé, le quotidien a trouvé de nouveaux actionnaires auprès de la société de capital-risque britannique 3i et d’autres entreprises de presse comme « El Mundo » et « Le Nouvel Observateur ». Le personnel devrait être appelé à se prononcer sur la solution envisagée LES NÉGOCIATIONS ne sont pas hauteur de 20 % –, plusieurs hypo- La restructuration en cours July n’aurait obtenu des assurances des finances. Enfin, pour boucler ce totalement achevées et le plan pas thèses n’ont pas abouti. La première, que pour environ 8 % du capital. tour de table, les amis de Libération, encore tout à fait bouclé. Depuis celle d’une fédération de journaux, CAPITAL ACTUELparts de marché en % PROJET DU NOUVEAU CAPITAL Parmi les groupes de presse les réunis dans la société Communica- mardi 5 septembre, à l’issue d’une français et étrangers, a rapidement SOPARIC SOCIÉTÉ CIVILE ENTREPRISES DE PRESSE plus fréquemment annoncés à Libé- tion et Participation présidée par dernière réunion avec la direction, échoué. L’intervention d’une société Groupe Pathé DES PERSONNELS (El Mundo, Nouvel Observateur) ration, le Nouvel Observateur et le Claude Alphandéry, devraient se les représentants élus du conseil de de capital-risque, à hauteur de 35 %, DE LIBÉRATION entre 11et 15% groupe du quotidien espagnol El maintenir aux 12,5 % qu’ils dé- surveillance de Libération ont dont 15 % pour le compte de tiers Mundo, dont 30 % du capital sont tiennent actuellement. A la faveur commencé à informer les journa- non identifiés, s’est, de son côté, SOC. CAPITAL détenus par le groupe britannique du départ d’un des associés de ce listes et les salariés sur le processus heurtée à un refus catégorique du RISQUE 3i Pearson (Financial Times et Les bloc d’actionnaires, le GAN, Serge entre 20 de restructuration du capital de l’en- conseil de surveillance. 26,88 entre 33 Echos). Le quotidien bruxellois La July et Evence-Charles Coppée de- et 25% treprise. Quatre mois après l’an- Le schéma retenu résulte d’un ACTIONNAIRES et 36% Libre Belgique a également manifesté vraient, à titre personnel, détenir nonce du désengagement partiel du compromis. Sans satisfaire totale- 12,25 INTERNES son intérêt, ainsi, semble-t-il, que le chacun 2 % du capital. Cette condi- groupe Pathé de Jérome Seydoux (Le ment les parties, il se traduit par une 60,87% groupe Amaury (Le Parisien et tion – une exigence formulée par la Monde du 27 avril), actionnaire ma- répartition émiettée du capital en 20% L’Equipe). Ces collaborations sont société de capital-risque 3i pour im- joritaire avec 60,8 % des parts, Serge plusieurs masses. A priori, cette solu- d’autant plus recherchées que Libé- pliquer directement les dirigeants ACTIONNAIRES July, PDG, et Evence-Charles Cop- tion préserve le titre d’une éven- ration envisage d’être présent, avec dans la bonne gestion de la société –, COMMUNICATION entre 12,5 EXTERNES pée, directeur général, ont partielle- tuelle prise de contrôle d’un seul ET PARTICIPATION et 15% d’autres journaux, dans la télévision suscite encore des controverses à ment atteint leur objectif. groupe industriel ou financier. Elle (Amis de Libé) SOPARIC locale parisienne. l’intérieur du journal. Groupe Pathé Selon le terme fixé, soit « avant la devrait aussi garantir le maintien de Le PDG fondateur du titre aurait fin de l’été», ils sont parvenus à éla- la charte d’indépendance adoptée en précisé que sa participation, soit Le nouveau tour de table n'est pas encore totalement arrêté. Les négociations PARFOIS HOULEUX borer les grandes lignes d’un plan de 1995, qui accorde aux salariés un A l’issue des négociations parfois 6 millions de francs, serait pour par- se poursuivent sur les participations de 3i et des dirigeants du journal. recapitalisation qui n’a pas encore droit de veto sur toute modification houleuses, les salariés ont, de leur tie couverte par la cession de stocks- totalement recueilli l’accord du du capital. côté, obtenu une participation qui options du groupe Vivendi. Elles au- conseil de surveillance. La solution La première difficulté aura été de tion évaluée entre 20 et 25 %. Ses di- net.Dans les discussions en cours, les leur assurerait, au minimum, la mi- raient été acquises auprès de Char- retenue, dans son principe, devrait valoriser le capital de l’entreprise. rigeants se seraient également élus du conseil de surveillance sou- norité de blocage. Jusqu’à présent, la geurs, en 1995, lors de la prise de être présentée prochainement aux Son montant a été fixé à 300 millions engagés à financer les investisse- haitent que ce montant reste limité à Société civile des personnels (SCPL) contrôle du quotidien par la société salariés. Ces derniers devront ensuite de francs, une somme qui peut pa- ments futurs : la rénovation du quo- la barre des 20 % , afin de favoriser détenait 26 % du capital, un montant de Jérome Seydoux, puis transfor- se prononcer, à bulletin secret. En raître sous-évaluée, compte tenu du tidien avec, parmi les projets à d’autres solutions de nature « indus- qui, selon la charte d’indépendance mées en actions Pathé et enfin Vi- cas de vote favorable, la version fi- potentiel du journal et de ses déve- l’étude, un cahier multimédia quoti- trielle » avec des entreprises proches adoptée en 1995, pourrait rapide- vendi après l’opération d’entrée dans nale ne serait adoptée qu’à la fin de loppements sur Internet. dien de huit pages et un supplément du quotidien et notamment des ment être porté à 30 %. Par le biais le bouquet de chaînes de télévision l’an 2000. Parmi les intervenants extérieurs, de fin de semaine pour janvier 2001, groupes de presse. Le schéma retenu de fonds communs de placement BskyB. Pour remplacer les 40 % du capital la société de capital-risque britan- ainsi que le développement des édi- prévoit que cette participation puisse auxquels les salariés seront invités à Cette révélation pourrait contri- libéré par Pathé – il restera présent à nique 3i apporterait une contribu- tions électroniques et du site Inter- s’élever à 15 %. Pour l’heure, Serge souscrire, via un plan d’épargne buer à amplifier les réactions de dé- d’entreprise alimenté sur les béné- fiance d’une partie des « histo- fices, cette part pourrait être portée riques » de Libé à l’égard de Serge à 33 % voire à 36 %. Outre l’approba- July. Cette controverse fait partie du tion d’un principe fort éloigné de la dernier point de blocage avec le culture originelle du journal, ce conseil de surveillance. montage, complexe, doit obtenir l’aval du ministère de l’économie et Michel Delberghe

Un bénéfice d’affaires a atteint la même année 537,7 millions de francs (+12 % par de 17,5 millions de francs rapport à 1998) b Recapitalisation :à la suite de b Diffusion: en 1999 , elle s’est l’échec de « Libé III » et face à une établie à 169 427 exemplaires situation financière délicate, un (source Diffusion Contrôle OJD, plan de recapitalisation du journal diffusion totale payée). Elle est de 70 millions de francs, stable par rapport à accompagné d’une réduction des 1998 (169 614 exemplaires). Elle effectifs, a entériné en 1996 la prise était de 170 770 en 1997 et de de contrôle du titre (à 66 %) par le 160 605 exemplaires en 1996 groupe Chargeurs de Jérôme bRésultats : le titre a réalisé Seydoux. Ce groupe a alors signé en 1999 un bénéfice net de un pacte d’indépendance avec 17,5 millions de francs après l’équipe du journal, représentée impôts et provisions pour par la Société civile des personnels investissement. C’est le meilleur de Libération (SCPL) et résultat de son histoire. Le chiffre Communication et Participation. Le Crédit lyonnais souligne la baisse de rentabilité des télévisions payantes APRÈS L’ENGOUEMENT pour la des sociétés européennes de mé- Net économie, analystes financiers dias. Forts de la vigueur du marché et investisseurs paraissent vouloir publicitaire, TF 1, RTL Group, remettre du tangible dans un EMAP ou Carlton figurent au pal- monde trop virtuel à leur goût. Le marès du Lyonnais aux côtés de Crédit lyonnais Securities Europe a StudioCanal, présent grâce à ses développé « un nouvel outil de déci- contenus. sion », baptisé Matrice CSLE, qui, selon Edouard Tétreau, analyste fi- VIVENDI LARGEMENT DÉCOTÉ nancier de la banque, mesure dif- En revanche, BskyB, Vivendi et féremment les résultats et les pers- Canal+ sont largement décotés. Une pectives des sociétés, et marque «le remise en cause justifiée, maintient retour aux critères classiques d’ap- M. Tétreau, car « la télévision à préciation ». L’aveuglement était péage rapporte aujourd’hui six fois tel, selon lui, « qu’au début de 2000, moins qu’hier ». Pour preuve, de- plus une entreprise annonçait son in- puis 1996, la marge de BskyB est tention d’investir massivement dans passée de 30 % à 5 %, tandis que, les secteurs liés à la nouvelle écono- dans le même temps, celle de Ca- mie, plus les investisseurs achetaient nal+ baissait de 23 % à 12 %. Pour ses actions en Bourse ». Edouard Tétreau , « cet effondre- De nombreux médias ont su tirer ment des marges n’est pas lié aux in- parti de cette cécité temporaire. vestissements sur Internet ou le nu- Ainsi, en début d’année, l’opérateur mérique, mais il est dû à la satellitaire britannique BSkyB a su concurrence ». Une compétition qui masquer de mauvais résultats en si- fait notamment monter en flèche gnalant de lourds investissements les prix des droits de retransmis- en direction d’Internet. Cette sion. époque a vécu. Désormais, « numé- La grande victime du nouvel outil rique et Internet ne sont plus des mots de mesure du Crédit lyonnais est magiques », souligne M. Tétreau. Le Vivendi Universal. Pour M. Tétreau, Crédit lyonnais propose à ses la société présidée par Jean-Marie clients de mesurer « l’impact d’In- Messier a payé trop cher le rachat ternet et des nouvelles technologies de Seagram. Il considère que la sur les valorisations des sociétés de prime de 46 % versée aux action- médias européennes ». naires du groupe canadien « est des- Pour la banque, c’est un moyen tructrice de valeur pour l’actionnaire d’essayer de discerner qui seront les de Vivendi ». Pis, l’analyste financier vainqueurs de « la guerre du Net » laisse poindre son pessimisme sur que se livrent les médias européens Vizzavi, portail Internet de Vivendi. à grands coups de fusions. D’em- Avec ses marges rongées par la blée, les chaînes généralistes profi- concurrence des autres plates- tant du boom du marché publici- formes de télé à péage, aspiré dans taire, ou les sociétés détentrices de la spirale risquée du rachat de Sea- contenus, semblent devoir figurer gram par Vivendi, Canal+ conserve au rang des gagnants. En choisis- toutefois des raisons d’espérer. No- sant de largement tenir compte, tamment au travers de CanalSatel- dans les « dix commandements In- lite et StudioCanal, bien noté par le ternet » de sa matrice CSLE, de la Crédit lyonnais. publicité et des contenus, le Crédit lyonnais chamboule le classement Guy Dutheil LeMonde Job: WMQ0809--0021-0 WAS LMQ0809-21 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0379 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS ¼ LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 21

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

UQPTDSS TTWUDIH TVQHDHQ

URSW TWPP

AFFAIRES le géant allemand a annoncé TUWV La croissance à 0,7 % en août, comparé à juillet, portant

UQQW TVHV

jeudi que sa fusion avec TTVT leur hausse annuelle à 1,8 %, selon

UPIW TTWS

l’opérateur de téléphonie mobile TSUR au deuxième trimestre des chiffres définitifs publiés, jeudi,

INDUSTRIE américain VoiceStream a été par l’Office fédéral des statistiques UHWW TSVI

b BAYER : le géant allemand de approuvée par le ministère TRTP de Wiesbaden.

TWVH TRTV

TQSH en France

la chimie et de la pharmacie, a américain de la justice. L’union

TVTH TQSR

présenté, mercredi doit encore être approuvée par la [[[TPQW [[[ [[[LE PRODUIT INTÉRIEUR a ITALIE : le produit intérieur

UtF PStF UƒF UtF PStF UƒF 6 septembre, un projet Commission fédérale des UtF PStF UƒF BRUT (PIB) a progressé de 0,7 % brut devrait augmenter de 3 % en d’investissement de 7 milliard communications, le Comité des au deuxième trimestre, tout 2000, puis de 2,8 % en 2001, selon Indices cours Var. % Var. %

d’euros sur cinq ans dans la investissements étrangers aux Europe 9h57 f se´lection 07/09 06/09 31/12 comme au premier, selon les les prévisions diffusées, mercredi,

HDPH VDPT protection de l’environnement et Etats-Unis ainsi que par les EUROPE EURO STOXX 50 SQHWDTQ chiffres provisoires publiés, jeudi par le Centre d’études de la confé-

± SIPVDII HDHI VDIQ la sécurité de ses usines. En actionnaires de VoiceStream. EUROPE ƒ„yˆˆ SH 7 septembre, par l’Insee. L’investis- dération patronale italienne,

RRPDRU FFFF TDQH quinze ans, les 20 milliards EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR sement des entreprises non finan- Confindustria. Les économistes de

± HDPR SDRW d’euros investis dans ce domaine b TISCALI : la société italienne EUROPE STOXX 653 RHHDQI cières progresse sensiblement, de Confindustria ont relevé à la

TVQHDHQ HDRW IRDTQ auront permis, selon le groupe, des télécommunications et PARIS geg RH 1,9 %, après une croissance de 1,4 % hausse leurs prévisions de crois-

FFFF FFFF FFFF de réduire de 90 % ses émissions d’Internet a annoncé jeudi PARIS wshgeg au premier trimestre. En revanche, sance. Ils tablaient en juin sur une

RTPRDWQ HDQV IRDIP de gaz carbonique depuis 1990. qu’un accord de fusion avec la PARIS ƒfp IPH la consommation des ménages ra- croissance à 2,8 % à la fois pour

e

FFFF FFFF FFFF société néerlandaise World PARIS ƒfp PSH lentit : elle croît de 0,2 % au 2 tri- 2000 et pour 2001. Par ailleurs,

 FFFF FFFF FFFF

b MARIONNAUD : le Online est en voie de finalisation PARIS ƒigyxh we‚gri mestre, après une hausse 0,8 % au Confindustria prévoit une inflation

TWTDQR HDIW QDUI

groupement français de et devrait être annoncé dans la AMSTERDAM eiˆ premier. L’investissement total moyenne de 2,5 % en 2000 puis de

± ± QHVTDVS HDSR UDSW

parfumerie a annoncé mercredi journée. La transaction prendrait BRUXELLES fiv PH (entreprises et ménages) contribue 2 % en 2001.

± UQPTDSS HDHW SDPW

s’être implanté pour la première la forme d’un échange d’actions FRANCFORT heˆ QH le plus à l’évolution du PIB, à hau-

± TTWUDIH HDHR QDQT

fois en Italie, en acquérant, lundi, et donnerait naissance au LONDRES p„ƒi IHH teur de 0,4 point tandis que la a PORTUGAL : le nombre de

± ± IIIWIDUH HDRP QDVT

une chaîne de parfumeries de deuxième fournisseur européen MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi consommation des ménages y chômeurs inscrits dans les centres

± RVQWHDHH HDHW IPDST

Toscane, détenant 35 magasins, de services Internet. MILAN wsf„iv QH contribue pour 0,1 point. Le pour l’emploi a baissé de 7,8 % en

± VIPQDIH HDHV UDQI dont 10 en franchise. ZURICH ƒ€s commerce extérieur y contribue août par rapport au même mois de b SNCF : la compagnie pour 0,2 point. L’investissement 1999, pour s’établir à 312 476, selon b CORDIER-MESTREZAT : la ferroviaire française a indiqué AME´ RIQUES des ménages a progressé de 1,3 % les chiffres de l’Institut portugais société de négoce de vins mercredi que le fret ferroviaire au 2e trimestre après avoir bondi de l’emploi et de la formation pro- bordelaise a annoncé mercredi a enregistré une croissance de NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR de 2,9 % au premier, précise l’Insee. fessionnelle (IEFP) divulgués mer-

que son capital était désormais 9,53 % au premier semestre 2000 credi. Il s’agit de la quarante-qua-

IIQIHDTR RHIQDQR

détenu à 50 % par le groupe par rapport aux six premiers mois HDVTR a ZONE EURO : le président de trième baisse mensuelle

IIQIH RPUR familial libanais TAG, par de 1999. Cette hausse a HDWTR la Banque centrale européenne, consécutive du nombre de chô-

IIIPQ RISI l’intermédiaire d’une de ses notamment été significative pour HDWRR Wim Duisenberg, a appelé, mer- meurs au Portugal, a précisé l’IEFP.

filiales, à la suite d’une le ferroutage (+ 11,18 %), ainsi que credi, les pays de la zone euro à Selon l’Institut portugais de statis- IHWQT RHPV

augmentation réservée de pour le transport de chablis (bois HDWPR prendre des mesures nationales de tique, le taux de chômage a régres-

IHURW QWHR

capital. Le complexe coopératif la tombé ou abattu). HDWHR lutte contre l’inflation pour éviter sé à 3,8 % de la population active

IHSTQ QUVI

Languedocienne-Val d’Orbieu- HDVVR des « déséquilibres exagérés » au au premier semestre 2000, en

IHQUT QTSV

Listel, détient les 50 % restants du b ERICSSON : l’équipementier HDVTR sein de l’Europe. M. Duisenberg baisse de 0,7 % par rapport à la

[[[ [[[ [[[

UtF PStF TƒF UtF PStF TƒF capital. suédois de téléphonie a UtF PStF UƒF n’a pas fait de commentaire sur même période de l’année dernière. annoncé mercredi qu’il signera, l’effondrement, le jour même, de la Indices cours Var. % Var. % b NOVELL : le fabricant vendredi à Stockholm, deux Ame´rique 9h57 f se´lection 06/09 05/09 31/12 monnaie unique européenne, qui a a ROYAUME-UNI : la production

américain de logiciels pour contrats d’une valeur de ´ battu des records de faiblesse face industrielle était inchangée en ± ETATS-UNIS hy‡ tyxiƒ IIQIHDTR HDRR IDTP

réseaux a annoncé mercredi la 550 millions de dollars ´ au dollar et face au yen (lire aussi juillet par rapport à juin, en don- ± ETATS-UNIS ƒ8€ SHH IRWPDPS HDWV IDSU

suppression de 900 postes soit (621 millions d’euros) avec le ´ page 19). nées corrigées de variations sai- ± ± ETATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i RHIQDQR QDIQ IDQV

16 % de ses effectifs. Le groupe, groupe chinois de sonnières, et a crû de 1,1 % en glis- ± TORONTO „ƒi sxhiˆ IIISHDTU IDSU QPDSQ

sévèrement concurrencé par télécommunications Guangdong a DANEMARK : 43 % des Danois sement annuel, a annoncé, SAO PAULO fy†iƒ€e IUSVWDTT HDWS PDWI

Microsoft et Linux, cherche à Corporation. sont prêts à voter « oui » à l’eu- mercredi, l’Office des statistiques ± ± MEXICO fyvƒe QVVDVQ HDSR QDIV

réduire ses dépenses. ± ro, à trois semaines du référendum nationales. BUENOS AIRES wi‚†ev RWTDPT HDIP WDVS

± ± du 28 septembre organisé sur SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev IHH HDSU QHDHU

FINANCE TUTIDIW HDUS PRDUW b ROUSSAL : le géant russe de CARACAS ge€s„ev qixi‚ev l’adhésion du pays à la zone euro, a ÉTATS-UNIS : la productivité a l’aluminium met en place un b ABBEY NATIONAL : la 41 % « non », et 16 % sont encore progressé de 5,7 % en rythme an- programme de modernisation banque britannique a annoncé indécis, selon un sondage Gallup nuel au deuxième trimestre 2000, de ses usines, dans lequel seront jeudi l’acquisition de l’assureur ASIE - PACIFIQUE publié, jeudi, par le quotidien Ber- selon la deuxième estimation pu- investis environ 2 milliards de Scottish Provident pour lingske Tidende. bliée, mercredi, par le département dollars (2,28 milliards d’euros) 1,8 milliard de livres (3 milliards TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN du travail. La première estimation

d’ici à 2010, a indiqué jeudi d’euros), devenant ainsi le a ALLEMAGNE : le gouverne- faisait état d’une hausse de 5,3 % ITQHHDRT WIDTW

l’agence Interfax. numéro un de l’assurance-vie en IURQIDWS ment a annoncé, mercredi, son de la productivité au 2e trimestre. IUTIR IHPDW

Grande-Bretagne. IUWPH intention d’introduire une taxe Les coûts salariaux ont baissé de

IUPPS IHHDT

IURUW sur plusieurs équipements infor- 0,4 % sur la même période, selon la

ITVQS WVDR

SERVICES IUHQV matiques et de télécommunica- deuxième estimation, alors que la

ITRRT WTDI

b NORTEL : l’équipementier de RÉSULTATS ITSWU tions, permettant notamment l’ac- première faisait état d’une baisse

ITHST WQDW télécommunications canadien a FRANCE TÉLÉCOM : l’opéra- ITIST cès à Internet, afin de mieux de seulement 0,1 %.

a signé, jeudi, son second teur de télécommunications protéger la propriété intellectuelle ISTTU WIDT

contrat de réseau téléphonique français a annoncé mercredi [[[ISUIS [[[ [[[et artistique. Ce projet a immédia- a BANQUE MONDIALE - FMI :

UtF PStF UƒF UtF PStF UƒF

de troisième génération en une progression de près de 20 % UtF PStF UƒF tement provoqué une levée de les deux institutions internatio- Europe. Après le britannique BT de son résultat net hors plus va- Indices cours Var. % Var. % boucliers des professionnels du nales ont apporté, mercredi, des Zone Asie 9h57 f se´lection 07/09 06/09 31/12

Cellnet, le second opérateur lues de cession à 1,3 milliard d’eu- secteur qui affirment que le prix précisions sur leur partage des

± ± ITQHHDRT HDTI IQDWI

espagnol, Airtel Movil, lui a ros pour le premier semestre 2000, TOKYO xsuuis PPS des appareils pourraient augmen- tâches et ont appelé les pays riches

± IURQIDWS HDWV PDUU

confié la construction de son en comparaison avec les six pre- HONGKONG rexq ƒixq ter de 30 %, faisant fuir les à ouvrir davantage leurs marchés,

± ± PIRSDVW HDVI IQDRT

réseau UMTS, avec un contrat miers mois de 1999. Le résultat net SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ consommateurs au moment où augmenter leur aide au développe-

´

± ± VIDWW QDPH QTDWR

initial de 100 millions de dollars, part du groupe s’établit à 3,8 mil- SEOUL gyw€yƒs„i sxhiˆ l’Allemagne et l’Europe tentent de ment et alléger le fardeau de la

± SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ QPTTDRH HDRU QDTI

pour une ouverture du réseau en liards d’euros contre 1,1 milliard au rattraper leur retard sur les Etats- dette. Le FMI et la Banque mon-

± ± BANGKOK ƒi„ PHDVW IDQP QWDVU

août 2001. premier semestre 1999. Le chiffre Unis dans la nouvelle économie. diale vont tenir à partir du 19 sep-

± BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ RTQQDVP HDTH UDRQ

d’affaires consolidé a progressé de a Les prix à la consommation en tembre à Prague leurs assemblées

± ± WELLINGTON xƒiERH PHVPDHT HDQH SDTS b DEUTSCHE TELECOM : 18,1 %, à 15,3 milliards d’euros. Allemagne ont diminué de 0,2 % générales annuelles.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 06/09

HDISPRS UDRTII FRANC...... TDSSWSU EURO...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDHSIS

Action Citigroup NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE QDQVUUR VDRIIH

Citigroup s’offre LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ...... QDWRPQV QSDQIPH PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

en dollars à New York WALL STREET a terminé sur des

QDPUIWH IDSTHS

notes divergentes, mercredi 6 sep- ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDQHQP

Associates First 54,92 SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

VDQPVWR PDHTVS 60 tembre. L’indice Dow Jones a fini PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

le 6 sept.

PDWUTTH QQUDWSHH

LE GÉANT financier américain Citi- sur un gain de 0,44 %, à FLORIN NE´ERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NE´ERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU PTIDVUHH FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

11 310,64 points, tandis que l’indice IDIHQPR QDVRRV group renforce sa position sur le MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... marché des particuliers aux Etats- 55 Standard & Poor’s 500, plus large, perdait 0,98 %, à 1 492,25 points. Unis en achetant pour 31 milliards Cours de change croise´s de dollars (35,6 milliards d’euros, L’indice Nasdaq des valeurs de 233 milliards de francs) Associates 50 croissance américaines a plongé Cours Cours Cours Cours Cours Cours 07/09 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.

First Capital, la plus grosse institu- de 3,13 %, pour terminer à DOLLAR ...... FFFFF HDWRPII HDVTRHH HDIQIUS IDRQPIS HDSSVRI

tion spécialisée dans l’émission de 4 013,34 points. YEN ...... IHTDIRSHH FFFFF WIDTWHHH IQDWUSHH ISP SWDPRSHH

45

cartes de crédit, ainsi que dans les EURO...... IDISURI IDHWHTQ FFFFF HDISPRS IDTSVPS HDTRTIH

crédits automobiles et immobiliers. FRANC...... UDSVWWH UDISHSH TDSSWSU FFFFF IHDVUHTH RDPRHTH

Cette acquisition sera payée en ac- TAUX LIVRE...... HDTWVPS HDTSUVH HDTHPVS HDHWPHH FFFFF HDQWHHH FRANC SUISSE ...... IDUWHVH IDTVUHS IDSRUQH HDPQSUS PDSTRHS FFFFF tions, à raison de 0,7334 action Citi- 40 LE RENDEMENT de l’obligation group par action Associate First assimilable du Trésor français (qui valait 28 dollars mardi en clô- émise à dix ans s’inscrivait en Taux d’inte´reˆt(%) Matif ture), offrant une prime de 50 % 35 hausse, à 5,47 %, tandis que celui M A M J J A S Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier aux actionnaires d’Associate First. du bund allemand de même Taux 06/09 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 9h57 f 07/09 prix prix

2000

échéance se situait à 5,29 %. Mer- Notionnel 5,5 RDTV SDRR SDST

Mercredi, après l’annonce de l’opé- FRANCE ...... RDTH

Source : Bloomberg

VTDRT VTDRP

SEPTEMBRE 2000 PSHTU RDUW SDPU SDRQ

ration, le titre Citigroup a perdu credi, outre-Atlantique, le rende- ALLEMAGNE .. RDTI

Euribor 3 mois TDHT SDQI RDTT

4,59 % à 54,92 dollars. Associates First a été créée par Ford ment moyen sur les bons du Tré- GDE-BRETAG. SDQI

xg xg xg RDUS SDTH SDVS ITALIE...... RDTI SEPTEMBRE 2000

HDQP IDWU PDTU Contrairement au marché euro- en 1918 pour aider les ménages sor à dix ans était remonté à JAPON...... HDQH

TDPI SDUP SDUH

péen, le marché américain des ser- américains à financer l’achat des 5,71 %, contre 5,68 %, mardi soir, et E´TATS-UNIS... TDSW

QDRP QDVS RDPP

vices financiers est très fragmenté. Ford T. Elle s’est séparée du celui à 30 ans à 5,70 %, contre SUISSE...... QDQS Pe´trole RDUS SDRS SDSS PAYS-BAS...... RDSV Suite à une législation datant de constructeur automobile entre 1996 5,66 %. Le rendement d’une obli- En dollars Cours Var. % 1933, les banques universelles, exer- et 1998. Elle affiche 100 milliards de gation évolue en sens inverse de f 06/09 05/09

son prix. Matie`res premie`res FFFF çant tous les métiers – de la négo- dollars d’actifs et un bénéfice net BRENT (LONDRES) ...... QRDPV

C HDPW WTI (NEW YORK) ...... HDQS

ciation de titres sur les marchés fi- en 1999 de 1,49 milliard de dollars. Cours Var. % C IDSP LIGHT SWEET CRUDE .... QRDWU nanciers aux crédits en tout genre – Elle dispose de 2 750 agences aux En dollars f 06/09 05/09

ont dû se scinder en entités spécia- Etats-Unis et dans 13 autres pays, MONNAIES ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDIQ

lisées. Depuis une dizaine d’années notamment au Japon, dont pro- L’EURO restait faible, jeudi matin, CUIVRE 3 MOIS...... IWSQDSH Or

C

HDHQ

toutefois, la réglementation a évo- viennent 20 % de ses revenus. Cette après avoir touché un nouveau ALUMINIUM 3 MOIS ...... ITQUDSH

± HDRI

PLOMB 3 MOIS ...... RVP Cours Var %

± HDQT

lué. Le Glass-Steagall Act de 1933 a acquisition devrait permettre à Citi- plus bas niveau historique, à ETAIN 3 MOIS ...... SSQH En euros f 06/09 05/09

±

HDIQ

finalement été remplacé par la loi group, déjà très actif dans les cartes 0,8630 dollar, dans la nuit. La de- ZINC 3 MOIS...... IIWTDSH

C

HDUI

OR FIN KILO BARRE ...... WWUH

±

HDUW NICKEL 3 MOIS ...... VIVS

C

HDQH

Gramm-Leach-Bliley en 1999, auto- de crédit, de conforter sa base de vise européenne s’échangeait à ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE OR FIN LINGOT...... WWWH

FFFF

ONCE D’OR (LO) $ ...... PVVDIS

risant de nouveau les banques à revenus réguliers, les activités de 0,8697 dollar. Les opérateurs sont C

HDIH

ARGENT A TERME ...... S C

HDSQ PIE`CE FRANCE 20 F...... STDVH

C

PDPI

PLATINE A TERME ...... ISVSSSDHH étendre leur domaine d’interven- banque de particuliers étant moins déçus par le manque de soutien de C HDIV PIE`CE SUISSE 20 F...... STDVH

GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU C HDIV

tion. Citigroup, présidé par le mil- volatiles que celles de banque de la monnaie unique par les autori- PIE`CE UNION LAT. 20 .... STDVH

FFFF ´ PRUDSH FFFF

liardaire Sandy Weill, est le groupe marché. Après cette opération, la tés monétaires. Ils mettent égale- BLE (CHICAGO)...... PIE`CE 10 DOLLARS US ... PRH

C C

IVI TVPDUH HDSQ MAIS (CHICAGO)...... PIE`CE 20 DOLLARS US ... QVI

C ± ITTDVH HDIP IDQU le plus avancé en la matière, né de capitalisation boursière de Citi- ment en avant les déclarations du SOJA TOURTEAU (CHG.). PIE`CE 50 PESOS MEX...... QUH

la fusion de l’assureur Travelers group pourrait atteindre 275 mil- chancelier allemand Gerhard SOFTS $/TONNE

C

HDTS

avec la Citibank et présent dans la liards de dollars. Schröder, qui a estimé, lundi, CACAO (NEW YORK)...... UVH

C PDPI CAFE´ (LONDRES) ...... WPS Cotations, graphiques et indices en temps

banque d’investissement, avec qu’un euro faible favorisait les ex- FFFF SUCRE BLANC (PARIS) ... FFFF re´elsurlesiteWebdu«Monde». Schroder Salomon Smith Barney. Sophie Fay portations allemandes. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ0809--0022-0 WAS LMQ0809-22 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:34 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0380 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 ¼ FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

SQHWDTQ

VALEURS EUROPE´ENNES RHHDQI

RHS SRUP

SHWW

b Après les interrogations sur Intel, 3,65 %, à 845 francs suisses, après QVQ RHRDIS SQVWDRV

RUPS la dégradation par plusieurs maisons des résultats semestriels en forte QTI RHQDTI

SQTWDPI RHIDHI RQSP de titres de leur appréciation sur le baisse, en raison du ralentissement QQW RHHDVT SQHWDTQ

fondeur américain Micron Techno- des performances boursières. De SQHH RHHDQI QWUV

logy a frappé, mercredi 6 septembre, nombreux analystes reprochent au QIU SPWVDWR

QTHS

le secteur des semi-conducteurs en groupe sa mauvaise communication PWS [[[[[[[[ [[[[[[[[

†vwwt U ƒi€„F U we‚ƒ U ƒi€„F †vwwt Europe. Infineon a chuté de 5,35 %, et envisagent de revoir à la baisse U ƒi€„F U we‚ƒ U ƒi€„F à 70,17 euros, ARM Holdings a cédé leur notation du titre.

e ± 4,97 %, à 784 pence, et ASM Litho- b L’action Deutsche Bank a aban- ± WDWR FFFF e„ RW HDVI qf QSDUT IDWR

GRANADA GROUP qf BRAU-UNION ASSURANCES COLT TELECOM NE

C C e C e

ISUDSH HDQV qf TDSU HDSH ps PHDQS QDVQ graphy a perdu 6,42 %, à 44,80 eu- donné 2,14 %, à 95,98 euros, sur une HERMES INTL p‚ CADBURY SCHWEPP COMPTEL

± e e C qf QDIS IDSR ± IDSV FFFF hu RHDRV IDQI p‚ WWDSH HDQH

ros. rumeur voulant qu’elle rachète la HPI s„ CARLSBERG -B- AEGIS GROUP DASSAULT SYST./

e e ± xv UWDRS FFFF PWDWS HDIU hu QVDHT FFFF qf WHDQT FFFF KLM xv CARLSBERG AS -A AEGON NV DIALOG SEMICOND

b L’action du réassureur Munich Re banque d’investissements améri- e

± e C ± p‚ ST HDIV QDTQ HDRS qf IDTI FFFF p‚ IVDTT PDPS HILTON GROUP qf COCA-COLA BEVER AGF /RM EADS SICO.

a affiché, mercredi, un gain de caine J. P. Morgan. La Deutsche Bank e C

C e C s„ ISDPP HDIQ ± VVDVS HDWI hu RPDQS HDWT ƒi PPDVW HDUU LVMH / RM p‚ DANISCO ALLEANZA ASS ERICSSON -B-

e C

C e e C e ± hi QWP HDUU IPH PDRR p‚ ISP IDVI ps IHDQH HDRW 5,09 %, à 325,99 euros, après avoir s’est refusée à tout commentaire. MEDION hi DANONE /RM ALLIANZ N F-SECURE

C e C e qf IQDIQ IDSP ± ± SDQQ RDWP q‚ ISDWT HDHW s„ UPDSH IDWT

été choisi par la maison de titre b Le titre Vodafone a perdu 3,42 %, MOULINEX /RM p‚ DELTA HOLDINGS ALLIED ZURICH FINMATICA

e C C C

± xv TPDPS HDPR QDRV HDRU qf WDSH IDSV ƒi WDWW HDSW

Goldman Sachs comme sa valeur à 282 pence, sur des informations se- PERSIMMON PLC qf ASR VERZEKERING GAMBRO -A-

e C C e C e p‚ ITUDSH HDWH QWDPS HDTR q‚ PIDUP HDHU xv THDVS FFFF

préférée parmi les poids lourds du lon lesquelles le conglomérat de PREUSSAG AG hi ELAIS OLEAGINOU AXA /RM GETRONICS

C

C C e ± gr IIQPDWQ HDIU PDUQ IDPP p‚ IHHDIH HDIH hu ITHDIT HDRP RANK GROUP qf ERID.BEGH.SAY / BALOISE HLDG N GN GREAT NORDIC

C e e qf ISDHQ FFFF ± secteur. Hong Kong Hutchison Whampoa se ± VDUH HDSV xv QUDPS HDSQ hi TWDWH HDSU RYANAIR HLDGS si HEINEKEN HOLD.N BRITANNIC INFINEON TECHNO

± ± ± ± qf IUDSW HDQU IUQDUS HDUR q‚ IQDIU HDPP q‚ QVDQP IDQU b Le titre Zurich Financial Services prépare à céder sa part de 3,4 % dans SAIRGROUP N gr HELLENIC BOTTLI CGNU INTRACOM R

e

± C ± ± p‚ QPDPI HDVW WDII IDRS q‚ IQDUQ IDRP qf QRDIU PDVH

a terminé, mercredi, en baisse de l’opérateur britannique. SAS DANMARK A/S hu HELLENIC SUGAR CNP ASSURANCES LOGICA

e

e e ± ± ± iƒ IVDPH PDIS UH PDTR hi PQ FFFF qf IPDHT HDVI SEB /RM p‚ KAMPS CORP MAPFRE R MISYS

e C

C e C e hi IRHDSH HDQT IVWDQH IDTI qf PQDRI FFFF ps SHDVQ IDUT SODEXHO ALLIANC p‚ KERRY GRP-A- ERGO VERSICHERU NOKIA

e e C

± ± q‚ PTDQI IDTT SDWW HDVQ s„ PDQI FFFF qf IHDHP HDWU

TELE PIZZA iƒ MONTEDISON ETHNIKI GEN INS NYCOMED AMERSHA

e C

RTDWS HDQP

BAYER AG hi e ± C C e

± p‚ SHDPH HDSW ISRUDTH HDRT gr PQTVDST HDHQ xv IUDSS IDIQ

Code Cours % Var. THE SWATCH GRP gr NESTLE N EULER OCE

C

ITDSW IDSI

07/09 10 h 06 f BOC GROUP PLC qf e e ± ± hu TWDHP FFFF QIVDRQ FFFF xv SU HDQS s„ QDSW HDVQ

pays en euros 06/09 THE SWATCH GRP gr KONINKLIJKE NUM CODAN OLIVETTI

e

IWDVS FFFF

CELANESE N hi e

± C e e ± fi QQDTU HDSQ

TVDQH HDRR s„ IDSP HDTS xv RVDVV FFFF

THOMSON MULTIME €e PARMALAT FORTIS (B) ROY.PHILIPS ELE

± TSDPR HDRW

CIBA SPEC CHEM gr

e C

C C e s„ QRDQS IDHQ ± IVDQU HDQP p‚ SVDUH HDVT qf PDWU HDSS

AUTOMOBILE VOLVO -A- ƒi / GENERALI ASS ROLLS ROYCE

QVRDQP FFFF

CLARIANT N gr e

e ±

± ± e„ IVIDQH IDRU IVDVR FFFF ps PDWH PDQT qf WDWR PDPT

VOLVO -B- ƒi RAISIO GRP -V- GENERALI HLD VI SAGE GRP

±

ƒi PSDVH HDWI

AUTOLIV SDR e C

QPDVH HDTI

DEGUSSA-HUELS hi

± e C e

± ± q‚ PRDST IDIW

IDPU HDUW qf TDWS QDVT p‚ QQH HDVI

WW/WW UK UNITS s‚ SCOTT & NEWCAST INTERAM HELLEN SAGEM

e C

fi RQDUS HDPQ

BASF AG e C

QRDVT HDSP

DSM xv

C e

± qf WDTW FFFF

IHDQS FFFF qf VDQS HDRH hi PPI RDQQ

WILSON BOWDEN qf SOUTH AFRICAN B IRISH LIFE & PE SAP AG

e C

hi QU IDHW

BMW C

RVSHDUW HDIQ

EMS-CHEM HOLD A gr e

± e

± ± s„ SDVH HDIU

TDHT HDWU qf RDPU FFFF hi PWHDPH HDWT

WM-DATA -B- ƒi TATE & LYLE FONDIARIA ASS SAP VZ

e C

PHDSS HDPR

CONTINENTAL AG hi

UDTR FFFF

ICI qf

C e ±

± qf PDVQ HDSV

PUDTR IDQP qf RDWR FFFF qf IVDQU PDUV

e WOLFORD AG e„ UNIGATE PLC LEGAL & GENERAL SEMA GROUP ±

hi SVDIH IDHP

DAIMLERCHRYSLER e C

TDRH HDQI

KEMIRA ps

e e C e ± ±

s„ IWDIQ HDSV

HDHV xv SPDRH FFFF hi IUWDQH PDIV

f DJ E STOXX CYC GO P IWVDQW UNILEVER MEDIOLANUM SIEMENS AG N

e C

s„ PUDTS HDHR

FIAT C

UDTP HDRQ

LAPORTE qf

e C

C

± hi QQH IDPW

TDWP HDWT qf IQDSP UDWR

e UNILEVER qf MUENCH RUECKVER SMITHS IND PLC

±

IU HDVU

FIAT PRIV. s„

± SRUDHW HDIP

LONZA GRP N gr e

± qf VDIS FFFF

UDTT FFFF hi IR PDUV

e WHITBREAD qf NORWICH UNION MB SOFTWARE

±

QRDII HDPT

MICHELIN /RM p‚

RUDPH FFFF

NORSK HYDRO xy PHARMACIE e

C e

ps RQDIH FFFF ±

HDUR p‚ TSDSH IDSH

f DJ E STOXX F & BV P PQIDWR POHJOLA YHTYMAE STMICROELEC SIC

e C

p‚ PPIDSH QDSH

PEUGEOT e C

ITDRH HDWP

RHODIA p‚

C e

qf ISDTI HDQP ±

e s„ QDWQ HDSI

±

III HDVW

e ALTANA AG hi PRUDENTIAL TECNOST

QDII FFFF

PIRELLI SPA s„ e

± UIDPH HDIR

SOLVAY fi

e C C

s„ IRDHQ IDTU

C ƒi IQDUW HDVU

SHDWQ HDWV

e ASTRAZENECA qf RAS TELE 1 EUROPE

hi RHHH FFFF

DR ING PORSCHE e C

RPDSH IDUH

TESSENDERLO CHE fi ´

± e C

UDRR HDRR

BIENS D’EQUIPEMENT qf SH IDPV e p‚ ±

VPDQH HDWH

AVENTIS /RM p‚ ROYAL SUN ALLIA THOMSON CSF /RM e C

p‚ SQDRH PDRH

RENAULT C

HDIW

f DJ E STOXX CHEM P QUIDIR e

± e

± ps RV IDVP

ps QSDHS HDUR ±

IQHPDIT IDIV gr SAMPO -A-

± TIETOENATOR IPHDRT QDPR

BB BIOTECH gr e C ABB N TIDSS HDHV

VALEO /RM p‚

±

gr PPTQDWP HDSI ± C

hu SRDWS PDIS

QIDVU HDSP qf SWISS RE N

± WILLIAM DEMANT VPTDIP HDIT e GLAXO WELLCOME gr ± ADECCO N SH HDPH

VOLKSWAGEN hi

e

C

€„ SRDSH FFFF

IHTTDSI HDHP ±

C ITUUDRQ HDIW e

gr SEGUROS MUNDIAL f DJ E STOXX TECH P PTDRS IDII

´ NOVARTIS N p‚ C ALSTOM HDPS

f DJ E STOXX AUTO P PQUDQP CONGLOMERATS

± ƒi PQDVR IDPQ

±

PPTDSI HDSW hu SKANDIA INSURAN ±

URTDTU HDSP

e NOVO NORDISK B ALUSUISSE GRP N gr ±

SQDIH IDQW

CGIP /RM p‚

xy UDRS FFFF

e C

C PIDSS PDQV ps STOREBRAND

PIDTR IDII

e ORION B ASSA ABLOY-B- ƒi

±

PUTDUH IDHU

D’IETEREN SA fi

VDPV FFFF

e qf SERVICES COLLECTIFS

±

C SHDSS IDPW xv SUN LF & PROV H

SDSR IDSI

BANQUES e QIAGEN NV ASSOC BR PORTS qf ±

URDIH HDTU

AZEO p‚

C

gr WHIDHS IDHI

± e gr IIQQSDUR HDPV SWISS LIFE REG ±

s„ RDTI IDSH PPDSW FFFF

ROCHE HOLDING ATLAS COPCO -A- ƒi AEM

± IQDVV HDRU

qf e ±

PWP HDQR

ABBEY NATIONAL GBL fi

hu PIDRR FFFF

C

gr WWSWDWS HDUV

TOPDANMARK ± qf VDTW IDIP

PIDSV FFFF

ROCHE HOLDING G ATLAS COPCO -B- ƒi ANGLIAN WATER

e C

PUDVI HDSV

xv e ±

RUDRS HDII

ABN AMRO HOLDIN GEVAERT fi

C

SRWDHP HDSW

e gr ±

C SUDSH IDRT p‚ ZURICH ALLIED N ±

qf QDTH IDVT WDIT HDIT

SANOFI SYNTHELA ATTICA ENTR SA q‚ BRITISH ENERGY

± WDPS IDPQ

qf e

±

QIDSH HDTH

ALL & LEICS HAGEMEYER NV xv

C

RRHDTU HDWH e C

f C hi TIDUS RDQI ± DJ E STOXX INSU P qf QDVI IDQI

VDWP HDIV

SCHERING AG BAA qf CENTRICA

qf ITDPT FFFF

C

RDUI HDUH

ALLIED IRISH BA INCHCAPE qf

C e

qf IRDRR HDII ± ±

s„ IIDRT HDSP TDWS HDRU

SMITHKLINE BEEC BBA GROUP PLC qf EDISON C

q‚ QWDSW HDPT

ITDQS FFFF

ALPHA BANK INVESTOR -A- ƒi

e

± e fi RPDRT HDTV e

± ± fi PQR HDWU

RDHW IDRS

e UCB CIR s„ ELECTRABEL €„ PSDWT FFFF

±

ITDRI HDQT

BPINTOMAYORR INVESTOR -B- ƒi MEDIAS

± e C SRTDPP HDRW

€„ QDSW FFFF

IHDPH HDWV

e f DJ E STOXX HEAL CAPITA GRP qf ELECTRIC PORTUG

e„ TPDSH FFFF

VDQU FFFF

BANK AUSTRIA AG MYTILINEOS q‚

C

e e C ±

qf IWDQR HDPT iƒ PIDWR HDRI

IQDHQ IDVV

CDB WEB TECH IN s„ BSKYBGROUP ENDESA

± qf IIDSS IDIQ

±

QHPDWQ IDRU

BANK OF IRELAND UNAXIS HLDG N gr

e C e

p‚ IVHDWH HDIU s„ RDQT FFFF TRDUQ FFFF

CMG qf CANAL PLUS /RM ENEL

± q‚ IVDSV HDIT

PHDVU FFFF

BANK OF PIRAEUS ORKLA xy ´

ENERGIE e ±

± qf IPDSQ HDQW

e„ QQDWW HDHQ QDQV FFFF

COOKSON GROUP P qf CARLTON COMMUNI EVN C

WDWP HDSH qf e

IDUH FFFF

BK OF SCOTLAND SONAE SGPS €„

e C

qf QTDIR FFFF ps RDHI FFFF

TDHW FFFF hu IPIWTDSW HDSS

e BG GROUP qf DAMPSKIBS -A- DAILY MAIL & GE FORTUM

± iƒ RVDUT HDTW

QDST FFFF

BANKINTER R TOMKINS qf

e C e C C

± xv IRDHR HDQT

iƒ IUDSR PDST IIDHW PDUR hu IQUQUDWP IDRW

BP AMOCO qf DAMPSKIBS -B- ELSEVIER GAS NATURAL SDG C

qf PVDQU HDWR e C

SQDTS HDHW

BARCLAYS PLC E.ON AG hi

e ± e C

± qf IWDVQ IDIS iƒ IPDWS HDQI WDUH HDIH hu IVUTQDWW FFFF

CEPSA iƒ DAMSKIBS SVEND EMAP PLC IBERDROLA e C hi TUDRH HDQH

BAYR.HYPO-U.VER f DJ E STOXX CONG P QPWDWV FFFF

e e

±

±

s„ ISDUV HDQP

SDIU HDIW

e GRUPPO L’ESPRES ITALGAS s„ ±  @€u˜li™iteA WDWH HDSH

BCA AG.MANTOVAN s„

e C

p‚ PSDTH QDPQ VDVU FFFF

HAVAS ADVERTISI NATIONAL GRID G qf e C IVDTI HDII

BCA FIDEURAM s„

e

± s‚ RDQH FFFF UDST HDRQ

´ ´ INDP NEWS AND M NATIONAL POWER qf

e C TELECOMMUNICATIONS RDSU HDTT

BCA INTESA s„

e C e

± p‚ VQ HDRV IHTDRS HDSH

LAGARDERE SCA N OESTERR ELEKTR e„

e C

IHDPV HDUV s„ e

BCA LOMBARDA ± PDSP IDIV

EIRCOM s‚

e C

±

s„ IWDSW IDTT VDSR HDSV

MEDIASET POWERGEN qf

e C

s„ SDQQ HDSU

MONTE PASCHI SI ± IQDWQ HDPR

BRITISH TELECOM qf

e C

±

p‚ SIDSH HDSV VDPS HDPH

e NRJ GROUP SCOTTISH POWER qf

± s„ IWDVW HDHS

BCA P.BERG.-C.V ± PHDRS QDRI

CABLE & WIRELES qf

C

±

qf QQDTS HDQR IIDQR QDRS

PEARSON SEVERN TRENT qf

e C

UDSU HDPT s„ e

BCA P.MILANO ±

RTDPH IDIV

DEUTSCHE TELEKO hi

e

±

±

qf WDVU HDIU IUIDIH HDHT

e REED INTERNATIO SUEZ LYON EAUX/ p‚

± IQDIU HDWV

s„ e

B.P.VERONA E S. ± IVH PDSP

E.BISCOM s„

±

qf PPDTU IDSH IVDIW FFFF

e REUTERS GROUP SYDKRAFT -A- ƒi

± IDQQ HDUS

BCA ROMA s„

RSDIV FFFF

ENERGIS qf

±

±

qf PDWW IDHW IUDVQ HDTT

e TELEWEST COMM. SYDKRAFT -C- ƒi

± ITDWT HDQS

BBVA R iƒ e SPDVH FFFF

EQUANT NV hi

e C C

p‚ VQDIS HDIV IQDSW HDIP

e TF1 THAMES WATER qf

IVDTH FFFF

ESPIRITO SANTO €„

IPDTH FFFF

EUROPOLITAN HLD ƒi

C e

±

qf IRDHT HDUI PHDWQ HDPW

e UNITED NEWS & M FENOSA iƒ ±

iƒ QQDQR HDQQ

BCO POPULAR ESP e C

IRRDTH HDUH

FRANCE TELECOM p‚

e

±

± xv PVDIS RDSV IHDRP HDIT

e UNITED PAN-EURO UNITED UTILITIE qf

€„ RDPH FFFF

BCO PORT ATLANT C PQDSV HDVW

HELLENIC TELE ( q‚

e e

±

xv TIDWH HDVV WIDRS FFFF

e VNU VIVENDI/RM p‚

SDWH FFFF

BCP R €„ e

IHPDTH FFFF

HELS.TELEPH E ps

e C

± xv PQDIR HDTS HDIT

e WOLTERS KLUWER f DJ E STOXX PO SUP P QQSDWS

IHIDSH FFFF

BIPOP CARIRE s„ e IHSDUH FFFF

KONINKLIJKE KPN xv

±

ISDPT PDTP

e WPP GROUP qf

RDHW FFFF

s„ e

BNL ± ITDRH HDQH

LIBERTEL NV xv

±

HDUR

f DJ E STOXX MEDIA P SSTDSW

e C

IHRDSH HDIW

BNP PARIBAS /RM p‚ e PRH FFFF MANNESMANN N hi

e C

IIDWT HDSW

iƒ e BSCH R ± IIQDSH PDHQ MOBILCOM hi

xy SDWT FFFF

CHRISTIANIA BK ± IIDUQ HDQV

PANAFON HELLENI q‚ BIENS DE CONSOMMATION

e C EURO SDWU HDQR COMIT s„ e IPDPP FFFF

PORTUGAL TELECO €„

e ± xv QPDSH IDVR

C ______

SPDUT IDVW q‚ AHOLD COMM.BANK OF GR e C QTDWS HDRI

SONERA ps

e ± iƒ IRDTR HDVI

e C

QRDSS IDIU hi ALTADIS -A-

COMMERZBANK ±

QPHDQU HDVH

SWISSCOM N gr NOUVEAU

C

IRDPW PDQQ

e q‚

± RRDRH HDII p‚ ATHENS MEDICAL

CREDIT LYONNAIS ± UHDQT HDIW

TELE DANMARK -B hu

C

qf QDRV HDWS

± IQSDQU IDWR

DANSKE BANK hu e AVIS EUROPE ISDIW FFFF

TELECEL €„ MARCHE´

e ±

e„ RPDUI HDTI

RDVP FFFF xy e AUSTRIA TABAK A DNB HOLDING -A- ± IQDWV IDIQ

TELECOM ITALIA s„

e

±

III IDQQ

e hi ±

WSDVS HDIT hi e BEIERSDORF AG DEUTSCHE BANK N ± TDTI HDIS

TELECOM ITALIA s„ Cours % Var.

e

±

SQDSH HDPV

e p‚ 07/09 10 h 06

± f IST HDPT

fi e BIC /RM DEXIA ± en euros 06/09 PQDSH IDIV

TELEFONICA iƒ

C

qf UDIT HDPQ

e C

SQDSH IDQQ hi e BRIT AMER TOBAC DRESDNER BANK N ± IHDIH HDRW

T.I.M. s„

e

± p‚ IHU IDQV

± PUDPP HDSW q‚ CASINO GP /RM

EFG EUROBANK e C RT HDII

TISCALI s„ AMSTERDAM

C

gr QIPWDRR HDQQ

C

e C IWDTV PDPQ q‚ CFR UNITS -A- IRVDSH PDWI ƒi FFFF FFFF

e p‚ ERGO BANK ± QQ PDWR xv COFLEXIP /RM DRESDNER TIGER ± IWDQH

VERSATEL TELECO AIRSPRAY NV HDPT

e

fi TIDRH FFFF

e C e RWDTH HDIH e„ DELHAIZE C

xv SU FFFF

C IQDQR HDTP ERSTE BANK qf RDTU HDUI qf DORDTSCHE PETRO ELECTROCOMPONEN FFFF

VODAFONE GROUP HDVS

e

±

p‚ QHW HDQP

±

e C ITDII HDUQ ƒi ESSILOR INTL /R TDUS IDSH

s„ e FOERENINGSSB A ± WUSDSW HDQS IDHI FFFF C ENI p‚ PDIR

f DJ E STOXX TCOM P EUROTUNNEL /RM C/TAC UDIS

e ±

fi RRDSS HDST

C

VDUU HDST qf COLRUYT

WDUU FFFF

HALIFAX GROUP ENTERPRISE OIL qf ± hu IUVDPT HDUS FFFF

GROUP 4 FALCK CARDIO CONTROL S

qf UDRT FFFF

C

C

ITDVR HDUW

qf FREESERVE IPDIQ HDRW

HSBC HLDG HELLENIC PETROL q‚ e PQDWH FFFF ±

PH IDUP

FINNLINES ps CSS

e C

hi WVDSH IDSS e C C

ITDWH HDQH

hi CONSTRUCTION FRESENIUS MED C

PDSQ QDQT

IKB LASMO qf ±

TDTH HDUS

QDVT FFFF

FKI qf HITT NV

C

TDIV HDVH

e qf

±

e C SHDRH HDPH fi GALLAHER GRP

VQDHW HDHV

e e„ KBC BANCASSURAN ±

RHDIQ HDWI iƒ OMV AG

FFFF

ACCIONA PHDVH

± INNOCONCEPTS NV IUDHP HDUV

FLS IND.B hu e

fi RS FFFF C

IHDVQ IDHU qf GIB xy PIDSS FFFF

LLOYDS TSB ± PETROLEUM GEO-S q‚ UDHR RDPQ

FFFF

AKTOR SA e NEDGRAPHICS HOLD PRDIH ±

QVDUH HDUP

FLUGHAFEN WIEN e„

±

gr QHIDWT HDQP

C

e C RIDWH IDRQ q‚ GIVAUDAN N PQDWQ PDQI

e iƒ NAT BANK GREECE ±

IWDRH PDSI ps REPSOL ±

WDSH

UPONOR -A- SOPHEON PDHT

IRDPI FFFF

GKN qf

C

IHDTW RDRW

e qf

±

e C VTDWH HDII p‚ IMPERIAL TOBACC xv UPDSS IDWI

NATEXIS BQ POP. e C ROYAL DUTCH CO iƒ ITDPS HDRW

FFFF

AUMAR R PROLION HOLDING WR

C

SDSV QDHI

HALKOR q‚ e

€„ IQDRH FFFF

±

e C UDSS HDUV ƒi JERONIMO MARTIN TDVI QDIV

NORDIC BALTIC H e s„

WDHT FFFF iƒ SAIPEM

FFFF

ACESA R RING ROSA QDSR

C

TDVS IDUI

HAYS qf e ps IHDTH FFFF

e C

C

PIDQW HDHS s„ KESKO -B- qf IHDIS IDWV

ROLO BANCA 1473 C

TDUV HDUQ qf SHELL TRANSP

FFFF

BLUE CIRCLE IND RING ROSA WT HDHP

e C

hi TPDWH HDTR e

VH FFFF

HEIDELBERGER DR p‚

e C PIDTH FFFF qf L’OREAL /RM p‚ IVRDSH IDWQ

ROYAL BK SCOTL e C UIDUS IDUU p‚ TOTAL FINA ELF/ ± IRDQH

BOUYGUES /RM UCC GROEP NV IDQV

e C

ps QPDUH FFFF PDRT HDTU

e qf

± C

IWDWW HDHS s„ HUHTAMAEKI VAN MORRISON SUPERM QWPDIT IDVW SAN PAOLO IMI ± f RDVT I

BPB qf DJ E STOXX ENGY P

e

e C hi UIDRH FFFF

s„ WDIS HDTT ±

IQDWU HDRP

S-E-BANKEN -A- ƒi e IFIL HENKEL KGAA VZ WDUI FFFF

BRISA AUTO-ESTR €„

±

qf IQDTS IDTT

C C

ITDRR HDPH qf QDUH HDRS qf RECKITT BENCKIS

STANDARD CHARTE e C IMI PLC WDSH HDUR

BUZZI UNICEM s„ BRUXELLES

C

qf RDRV HDQU

e C SERVICES FINANCIERS e

TWDSS HDSI p‚ SAFEWAY ±

iƒ PTDIR HDTS

STE GENERAL-A-/ ± QHDST IDQQ

CRH PLC qf INDRA SISTEMAS

FFFF

ARTHUR W

C

qf TDHS IDIH

±

IVDWH HDTQ ƒi SAINSBURY J. PL

e ± qf PVDQR HDRT QHDRR FFFF SV HANDBK -A- ƒi PRDPH FFFF

CIMPOR R €„ 3I IND.VAERDEN -A-

FFFF

ENVIPCO HLD CT I

qf RDHU FFFF

QDTW FFFF ƒi e SMITH & NEPHEW

e ± C

fi RUDSS IDQS SWEDISH MATCH ± p‚ SW IDRP USDHT HDIV

COLAS /RM ALMANIJ ISS hu

FFFF

FARDEM BELGIUM B PPDHI

±

qf IDIV IDQU

ITRDUI FFFF

gr STAGECOACH HLDG

e C q‚ SHDWH HDSV UBS N ± WDQQ HDPI

iƒ ALPHA FINANCE

PWDSR FFFF

GRUPO DRAGADOS ƒi

FFFF

KINNEVIK -B- INTERNOC HLD IDRH

e C

SQDPS HDTT

e iƒ

±

SDVT HDTV s„ TERRA NETWORKS

e ± qf PPDWH IDWU UNICREDITO ITAL ± IUDRH HDSU

FCC iƒ AMVESCAP hu WQDPV FFFF

FFFF

KOEBENHAVN LUFT INTL BRACHYTHER B II

C

qf QDSV PDQS

VSDUV FFFF hu e TESCO PLC

e ± hi PSDIH HDRH

UNIDANMARK -A- ±

IPTDIH Q

GROUPE GTM p‚ BHW HOLDING AG e

± ps UPDPH HDVP FFFF

KONE B LINK SOFTWARE B U

e C

xv PVDPT HDTI

PHDIP FFFF q‚ e TNT POST GROEP

e C

RDHP FFFF

XIOSBANK €„

IRDVT HDSR

GRUPO FERROVIAL iƒ BPI R e IDQR FFFF ± PIRDRH QDWR

LEGRAND /RM p‚ PAYTON PLANAR

e C

hi QPDPH HDHQ

C

HDIP QSVDRR T-ONLINE INT

± f C TDUS HDPR

DJ E STOXX BANK P qf

TDUH HDRW

HANSON PLC qf BRITISH LAND CO

UDRS FFFF

e C

RVDHS HDUQ

LINDE AG hi e ACCENTIS

ISDVH FFFF

WORLD ONLINE IN xv

e C qf VDIV FFFF TIDVH HDRW

HEIDELBERGER ZE hi CANARY WHARF GR

e C

QPDVH IDVT

MAN AG hi

±

HDPS

f DJ E STOXX N CY G P RWPDIR

qf TDVH FFFF ±

PPDUI HDQP

HELL.TECHNODO.R q‚ CAPITAL SHOPPIN

e

IQDQS FFFF

PRODUITS DE BASE MG TECHNOLOGIES hi

qf IWDIW FFFF ±

IVDPQ HDRV

HERACLES GENL R q‚ CLOSE BROS GRP

e FRANCFORT ± PIDVH HDVT

METRA A ps

e C e

iƒ WDQP HDRQ e s„ IDVP FFFF ±

PQDIH ISDTW

ACERALIA HOCHTIEF ESSEN hi COMPART

FFFF

e UNITED INTERNET IUDPR

±

IQDTH IDVI

e e METSO ps COMMERCE DISTRIBUTION ± ±

iƒ QPDWH HDPI fi UPDWH HDQR ± IQQSDUR PDVU

ACERINOX R HOLDERBANK FINA gr COBEPA

±

IRQDWH

AIXTRON QDUS

RDIP FFFF

qf e

C MORGAN CRUCIBLE RUI FFFF e hi ±

q‚ RTDUP IDPP e hi IQT PDIT ± AVA ALLG HAND.G IQHDRH HDRT

ALUMINIUM GREEC IMERYS /RM p‚ CONSORS DISC-BR

±

IPR

AUGUSTA TECHNOLOGIE RDTP

±

ƒi TQDTI HDQU C

VDRV IDQV e qf ±

± NETCOM -B- TRDUV HDTV qf e iƒ PVDST HDRW

IHDPP FFFF

ANGLO AMERICAN ITALCEMENTI s„ CORP FIN ALBA BOOTS CO PLC

± IDUH

BB BIOTECH ZT-D IPWDUS

e C

C qf SDTU FFFF

C xv QQDPS HDIS

ƒi IUDPR HDQS e gr PQWDWT HDIQ

± EXEL BUHRMANN NV VTDRS HDRH

ASSIDOMAEN AB LAFARGE /RM p‚ CS GROUP N

C

HDQH

BB MEDTECH ZT-D ITDTH

e e C VPDRH HDWV e p‚ ± hu QHHDPP FFFF

C fi SI FFFF hi WRDWH IDWT TDTI SDRP

BEKAERT MICHANIKI REG. q‚ DEPFA-BANK NKT HOLDING CARREFOUR /RM

C

IHDPH

e BERTRANDT AG RDHV

± C PSR HDQS e p‚ ±

qf RDUQ IDHS ± hi SV HDWR ± IUDRV QDPU qf CASTO.DUBOIS /R IDRT IDII

BILLITON PILKINGTON PLC qf DIREKT ANLAGE B EXEL

C

VDIH

e BETA SYSTEMS SOFTWA HDTP

±

e C IRDSH PDQT e iƒ ± e„ QTDRS HDSS p‚ TRH PDIR ±

e C CENTROS COMER P qf IHDPQ HDIT IQDSH HDQU

BOEHLER-UDDEHOL RMC GROUP PLC EURAFRANCE /RM PARTEK ps

±

ITR

e CE COMPUTER EQUIPME HDQH

±

e iƒ IWDIH PDPS ± ±

TDTP HDRW qf e fi QQDTU HDSQ ± ISTDWH HDHT p‚ CONTINENTE

BUNZL PLC FORTIS (B) C IHDHU HDQQ

SAINT GOBAIN /R PENINS.ORIENT.S qf

C

SIDWH

CE CONSUMER ELECTRO QDTQ

C

QDWV HDRI

e qf ±

± C

qf IDIQ IDRQ QQDWS HDUT

xv DIXONS GROUP QWDPQ HDQH

CORUS GROUP ƒi FORTIS (NL) SKANSKA -B- ± VDRV HDIW

PREMIER FARNELL qf

±

QPDIH

CENIT SYSTEMHAUS IDPQ

e C

C RH HDUT e hi

± C q‚ SDIS IDRT p‚ IHS HDIH

PDTT HDTP

ELVAL TAYLOR WOODROW qf GECINA /RM GEHE AG ±

qf ISDVP HDUP

C

WDHW

RAILTRACK DRILLISCH QDQH

e C

qf UDVP FFFF e C C xv UDWS QDWP e UR HDTV

fi GREAT UNIV STOR ISHDSH IDTW

ISPAT INTERNATI TECHNIP /RM p‚ GIMV e

±

xv QHDPH HDIU

±

IVDWS

RANDSTAD HOLDIN EDEL MUSIC IDUI

e C

xv IIIDUS HDTV

C

qf ITDTU FFFF qf TDWS FFFF RSDTW HDWP

JOHNSON MATTHEY TITAN CEMENT RE q‚ HAMMERSON GUCCI GROUP

±

hu UWDVV FFFF

IT

RATIN -A- ELSA IDPQ

e ± C IWDVS HDQH e ƒi

± C

e„ RWDPH IDHI e

UTDPI HDPV xv HENNES & MAURIT PRDPQ HDPI

MAYR-MELNHOF KA WIENERB BAUSTOF e„ ING GROEP

±

TRDPH PDHT

VRDRR FFFF

RATIN -B- hu EM.TV & MERCHANDI

e C

e C hi QU HDPU

±

C ps VDQR IDUI

hu QHDWT HDVT

TDPI IDTI

METSAE-SERLA -B WILLIAMS qf REALDANMARK KARSTADT QUELLE

±

PTDPS HDSU

±

PDSH HDTS

RENTOKIL INITIA qf EUROMICRON

± qf UDWH PDHR ± ± ƒi PUDUH HDVS

qf IPDUS HDVW ± KINGFISHER HDHQ

HOLMEN -B- f DJ E STOXX CNST P PQRDTH LAND SECURITIES

C

IUDVS

GRAPHISOFT NV HDIU ±

RDHU HDVH

REXAM qf e ±

qf QDST HDRT ± ps IHDUS IDVQ VDTI FFFF

OUTOKUMPU LIBERTY INTL qf MARKS & SPENCER

C

IDPU

HOEFT & WESSEL IT e C

WIDUH HDVP

e REXEL /RM p‚ e

e hi RQDSH FFFF ± p‚ SHDVH HDQW ITW FFFF

PECHINEY-A- MARSCHOLLEK LAU hi METRO

C

TDUH

e HUNZINGER INFORMAT QDHV

±

PRDSP IDVH

e e„

IHDHU FFFF

CONSOMMATION CYCLIQUE e qf ± RHI AG ± ps RDSI HDVV IIDVU HDSH

RAUTARUUKKI K MEDIOBANCA s„ NEXT PLC

C

QDRH

INFOMATEC SDRU

± e

gr QUWDIS HDIU ±

p‚ PITDIH HDTH ± qf IVDWQ IDSR C

VDUW FFFF e qf RIETER HLDG N PINAULT PRINT./

RVDWS HDIR

RIO TINTO ACCOR /RM p‚ MEPC PLC

C

IHPDRH

INTERSHOP COMMUNICA HDVH

C

C

C gr PUUDIH HDPQ e gr TUTDWP HDPW ± q‚ SDTS PDIR C

IVDWW IDSH e iƒ SAURER ARBON N VALORA HLDG N TQDRS HDUI

SIDENOR ADIDAS-SALOMON hi METROVACESA

±

SQDSH

e KINOWELT MEDIEN QDTH ±

C e xv ISDIS IDTP ± ± q‚ QTDRH RDVT p‚ VIDIS IDUT

IRDIW HDPQ e qf

± VENDEX KBB NV PUDTS HDUP

SILVER & BARYTE AGFA-GEVAERT fi PROVIDENT FIN SCHNEIDER ELECT

FFFF

LHS GROUP RH

C

C qf SDWH HDPV e C qf PDIV IDSQ e

e xv RQDTS HDTW ± W.H SMITH s„ PDQR FFFF

PPDSH HDUW

SMURFIT JEFFERS AIR FRANCE p‚ RODAMCO CONT. E SEAT-PAGINE GIA

± RTDTS

LINTEC COMPUTER PDRI

e C C

SDWI FFFF e qf ps IIDRH IDVV xv RUDPS HDQP

± WOLSELEY PLC qf RDSQ HDQT ±

PDPV HDUI

STORA ENSO -A- AIRTOURS PLC RODAMCO NORTH A SECURICOR qf

FFFF

LOESCH UMWELTSCHUTZ TDTH

C

e C RHHDUT HDPP

ps IIDPQ HDIV

ITDTQ FFFF e qf f DJ E STOXX RETL P

PDIP FFFF

STORA ENSO -R- s„ SCHRODERS ± PSDUR HDPQ

ALITALIA SECURITAS -B- ƒi C

IVDWH

MENSCH UND MASCHINE IDTI

e ±

±

ƒi PIDWR HDVI UUDWS HDHT e p‚

±

IQDIP HDUT

SVENSKA CELLULO e„ SIMCO N /RM e AUSTRIAN AIRLIN ± hi UV HDTR

SGL CARBON ±

IIRDQH

MOBILCOM IDQR

e ±

hi IUDHT HDSP TDSW FFFF e qf ±

IQDHI HDQI

THYSSENKRUPP AUTOGRILL s„ SLOUGH ESTATES

qf QDUV FFFF C

RPDWS

SHANKS GROUP MUEHL PRODUCT & SERV QDPS

e e HAUTE TECHNOLOGIE ±

± fi QVDQT IDRW C p‚ IUPDSH HDWV

RRDPQ PDIU

UNION MINIERE BANG & OLUFSEN hu UNIBAIL /RM e p‚ UVDVH FFFF

±

IHIDPH

SIDEL /RM MUEHLBAUER HOLDING IDPU

e e ±

±

ps QHDQH HDTT C C UDSS HDTT e iƒ e

PDII HDWT p‚ WQDVS IDRT

UPM-KYMMENE COR BENETTON GROUP s„ VALLEHERMOSO ALCATEL /RM

±

QDHT PVDUR

INVENSYS qf

e e C ±

p‚ IPDQP HDPR C hi PUDQH HDIV

± SDQU IDPI q‚ IPDTI PDTS

USINOR qf WCM BETEILIGUNG

BRITISH AIRWAYS e ALTEC SA REG.

±

TPDSH IDVV

SINGULUS TECHNO hi

C C

q‚ IRDQP P SDWH HDST e qf e

± ± IPDHW HDRI xv RQDQR PDIU

VIOHALCO BULGARI s„ WOOLWICH PLC ASM LITHOGRAPHY e CODES PAYS ZONE EURO

±

ITDRI HDQT

SKF -B- ƒi

e C

± e„ PWDVH HDRU C e QHTDQU HDPQ e

TRDIS HDUI xv PDVH FFFF

VOEST-ALPINE ST CHRISTIAN DIOR p‚ f DJ E STOXX FINS P BAAN COMPANY FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

±

PPDUV IDIT

SOPHUS BEREND - hu

C IUHDSV HDHW

e e C IRS FFFF fi IRVDWH HDTI

f DJ E STOXX BASI P CLUB MED. /RM p‚ BARCO IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande

±

VHUDQW HDQP

e SULZER FRAT.SA1 gr ± PQDVS IDHR qf THDUW FFFF DT.LUFTHANSA N hi BOOKHAM TECHNOL LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche

± SDVT PDWW

ALIMENTATION ET BOISSON T.I.GROUP PLC qf

C IRDVT IDPI qf IUDTT FFFF ELECTROLUX -B- ƒi SPIRENT FI : Finlande - BE : Belgique.

QQDRU FFFF CHIMIE e TOMRA SYSTEMS xy ± ± ± TRDHS PDPW qf SDQT HDTI qf TDQI IDSR EM.TV & MERCHAN hi BAE SYSTEMS

e CODESPAYSHORSZONEEURO ± e„ STDSS HDHW C e C e ± IRUDUH HDIR qf IHDIW FFFF qf TDPR IDHT p‚ UDUP HDQW p‚ VA TECHNOLOGIE

AIR LIQUIDE /RM EMI GROUP ASSOCIAT BRIT F BULL `

e CH : Suisse - NO : Norvege - DK : Danemark ± C e C e xv ISDQH HDQQ RWDWT HDWQ xv IQV FFFF qf IIDPW HDVV qf IRDRP FFFF

xv VEDIOR NV

AKZO NOBEL NV ENDEMOL ENTER BASS CAB & WIRE COMM GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

C e C e e e ± ± RQDUS HDPQ p‚ HDTI IDTI e„ SH FFFF STTDTR HDQT p‚ PPQDIH IDPU BASF AG hi EURO DISNEY /RM BBAG OE BRAU-BE f DJ E STOXX IND GO P CAP GEMINI /RM LeMonde Job: WMQ0809--0023-0 WAS LMQ0809-23 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:34 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0381 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS ¼ LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 23

C ± ± IPQ VHTDVQ RDIQ IPTDSH IQI IQHDRH VSSDQU HDRT IQHDQH IVI IVRDVH IPIPDPI PDIH IUUDVH BAZAR HOT. VILLE ...... IPVDQH IMERYS(EX.IMETAL)...... TOTAL FINA ELF......

± ± SQDSH QSHDWR HDPV SUDIH IWDTP FFFF FFFF FFFF PIDQH USDWS URDWH RWIDQI IDQV TRDWH BIC...... SQDTS IMMEUBLES DE FCE ...... TRANSICIEL # ......

C C ± IHUDQH UHQDVR RDUW WUDWS QPDPH QPDPR PIIDRV HDIP PUDPH TH SVDTH QVRDQW PDQQ RW BIS...... IHPDRH INFOGRAMES ENTER. ... UBI SOFT ENTERTAI ......

C C ± IHRDSH TVSDRV HDIW IHVDSH SPDIS SRDRH QSTDVR RDQI RTDRH IURDPH IUPDSH IIQIDSQ HDWV ITS VALEURS FRANC¸AISES BNPPARIBAS ...... IHRDQH INGENICO ...... UNIBAIL ......

± ± IVSDPH IPIRDVQ FFFF IVT VQ VPDPH SQWDPH HDWT VR IQHDTH IPVDVH VRRDVU IDQV IIUDRH BOLLORE ...... IVSDPH ISIS ...... UNILOG ......

± ± ± QUDRS PRSDTT HDIQ PVRDQH PHDWW PHDWH IQUDIH HDRQ PHDSH IPDQS IPDQP VHDVI HDPR IP BONGRAIN ...... QUDSH KAUFMAN ET BROAD .... USINOR......

C C

± UIDUS RUHDTS IDUU TSDUS IHPDSH IHIDRH TTSDIR IDHU WWDUH TIDSH TIDSS RHQDUR HDHV SVDWS En raison d’un problème technique, la page Bourse BOUYGUES ...... UHDSH KLEPIERRE...... VALEO ......

C ± TPDQH RHVDTT PDIQ TSDPH IQIDWH FFFF FFFF FFFF IQI RUDTQ RUDQH QIHDPU HDTW RVDUS

des valeurs françaises n’est pas parue dans nos pre- BOUYGUES OFFS...... TI LABINAL...... VALLOUREC......

± ± ± UDUQ SHDUI HDPT TDVS VTDVH VTDRS STUDHU HDRH VQDSH QRDWH QRDRH PPSDTS IDRQ QSDTS BULL#...... UDUS LAFARGE...... VIA BANQUE ......

mières éditions du mercredi 7 septembre (daté 8 sep- C ± ± IIVDTH UUUDWU I IHRDSH VPDTH VQ SRRDRR HDRV UHDUS SUDHS STDUS QUPDPT HDSQ SU BUSINESS OBJECTS...... IIWDVH LAGARDERE...... VINCI......

C ± IVHDWH IIVTDTQ HDIU ITI THDRS THDHS QWQDWH HDTT SVDTH WIDRS WIDRS SWWDVU FFFF VIDSS

tembre). Nous prions nos lecteurs de bien vouloir CANAL + ...... IVHDTH LAPEYRE ...... VIVENDI ......

C

± ± PPQDIH IRTQDRR IDPU PHQ SPDIH SIDWS QRHDUU HDPW SPDUH RIDVH RI PTVDWR IDWI QWDTS

nous en excuser. CAP GEMINI ...... PPHDQH LEBON (CIE)...... VIVENDI ENVIRON......

± ± ± SHDSH QQIDPT HDUW RRDSH PPQDPH PIRDRH IRHTDQU QDWR PQTDWH PHDVR PHDIR IQPDII QDQT IVDSH CARBONE-LORRAINE .... SHDWH LEGRAND ...... WANADOO......

C C ± VPDRH SRHDSI HDWV UUDVS IPT IPPDVH VHSDSP PDSR IQPDTH ITDUS ITDUT IHWDWR HDHT ITDQH b Le cours de Bourse de France Télécom était orienté en CARREFOUR ...... VIDTH LEGRAND ADP ...... WORMS (EX.SOMEAL)....

C ± IHTDWH UHIDPP IDRU IHVDSH RRDRH RRDSH PWIDWH HDPQ RS PRU PRU ITPHDPI FFFF PQP

légère baisse, jeudi 7 septembre, au début de la séance, CASINO GUICHARD ...... IHVDSH LEGRIS INDUST...... ZODIAC......

C

±

TWDUH RSUDPH HDPW UH QI QHDRS IWWDUR IDUU QHDPH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

au lendemain de l’annonce de résultats semestriels dans CASINO GUICH.ADP ...... TWDSH LIBERTY SURF ......

C ± PSRDIH ITTTDUW HDQI PSHDUH IIH IIHDPH UPPDVT HDIV IIIDPH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CASTORAMA DUB.(LI..... PSRDWH LOCINDUS......

C IQRDSH VVPDPT HDQU IPRDIH VH VH SPRDUU FFFF VQ FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF le haut de la fourchette des estimations des analystes. Le CEGID (LY) ...... IQR L’OREAL ......

C

± SQDIH QRVDQI IDQW RUDSH VVDHS VVDVS SVPDVP HDWI WH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

titre s’échangeait en repli de 0,77 %, à 142,5 euros. CGIP ...... SQDVS LVMH MOET HEN......

± ± TS RPTDQU HDWI TPDRH VQ VPDTH SRIDVP HDRV VRDHS FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

b L’action Technip se négociait en hausse de 0,74 %, à CHARGEURS...... TSDTH MARINE WENDEL ...... ± ± UR RVSDRI IDWP TVDTH UDVT UDTH RWDVS QDQI UDUH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CHRISTIAN DALLOZ ...... USDRS METALEUROP ......

C ±

TRDIS RPHDVH HDUI TSDRS QRDPH QRDII PPQDUS HDPT QQDPQ FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF 149,1 euros, jeudi, dans les premières transactions. Le CHRISTIAN DIOR ...... TQDUH MICHELIN......

± IIQ URIDPQ FFFF IIPDWH PSDIT PRDVS ITQDHI IDPQ PRDSH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

groupe français d’ingénierie a annoncé avoir dégagé un CIC -ACTIONS A...... IIQ MONTUPET SA......

C ± SSDUH QTSDQU HDVH SS SDHV SDQQ QRDWT RDWP RDSI FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CIMENTS FRANCAIS ...... STDIS MOULINEX ......

± bénéfice net de 55,5 millions d’euros au premier semestre ± IHPDRH TUIDUH HDIW IHI VU VTDWH SUHDHQ HDII VQDUH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CLARINS ...... IHPDTH NATEXIS BQ POP......

C ± IRRDQH WRTDSS HDRV IQWDTH QRDPH QRDPS PPRDTU HDIS QIDHI FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

2000, en hausse de 18,6 %. CLUB MEDITERRANEE .. IRS NEOPOST......

±

QPDPI PIIDPV HDVW QSDSH IUDPI IUDPI IIPDVW FFFF ITDSH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

b Le titre Compagnie générale de géophysique bon- CNP ASSURANCES ...... QPDSH NORBERT DENTRES.# ......

± ± IHTDIH TWSDWU HDVR WTDSH PTDPV PTDIT IUIDTH HDRT PTDHT FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF COFACE...... IHU NORD-EST......

C ± IRVDSH WURDIH PDWI IRQDWH SIDVH SI QQRDSR IDSR RV dissait de 3,18 %, à 81 euros, jeudi matin. Le groupe fran- COFLEXIP...... IRRDQH NRJ GROUP ......

± ± SW QVUDHI IDRP TSDQH PWDUS PWDSH IWQDSI HDVR PR

çais de services pétroliers a accusé une perte nette de COLAS ...... SWDVS OBERTHUR CARD SYS ...

C ± Compen- RQDWS PVVDPW HDII RQ UDSW UDTI RWDWP HDPT UDTV

CPR ...... RR OLIPAR...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

22,1 millions d’euros au premier semestre 2000, en baisse International sation ± f IQDQH VUDPR FFFF IQDHP SI SHDVH QQQDPQ HDQW RVDPU

CRED.FON.FRANCE ...... IQDQH PECHINEY ACT ORD ...... en euros en euros en francs veille

(1)

± ± RRDSH PWIDWH HDPP RUDTH THS THI QWRPDQH HDTT THQDSH de 29,4 % par rapport à celle des six premiers mois de CFF.RECYCLING ...... RRDTH PENAUILLE POLY.CB......

C ± ±

RRDQI PWHDTS HDQI RU SVDPH SVDUH QVSDHS HDVT SVDWH UH TVDVH RSIDQH IDUI TPDVS

1999. CREDIT LYONNAIS...... RRDRS PERNOD-RICARD...... AMERICAN EXPRESS......

C ± ± TT RQPDWQ IDQS SV PIR PPIDRH IRSPDPW QDRT PISDPH QTDQH QTDPW PQVDHS HDHQ QRDSH CS SIGNAUX(CSEE)...... TTDWH PEUGEOT...... A.T.T. #......

b L’action Vivendi cédait 0,66 %, à 90,85 euros, jeudi, en C ± ± UQDRH RVIDRU IDPV USDPH PIUDRH PITDRH IRIWDRW HDRT PHUDSH IVDQH IVDUS IPPDWW PDRT IUDVP DAMART ...... URDQS PINAULT-PRINT.RED..... BARRICK GOLD #......

C ±

ISP WWUDHS IDVI ISSDIH IITDRH IIT UTHDWI HDQR IITDTH IRDTU FFFF FFFF FFFF IRDVU début de matinée. Le bureau d’études Crédit Lyonnais DANONE...... IRWDQH PLASTIC OMN.(LY) ...... CROWN CORK ORD. #....

± ± ± PHTDIH IQSIDWQ IDQW IWSDSH RQDPH RPDRH PUVDIQ IDVS RHVDWH QPDSH QPDIU PIIDHP IDHP QIDHS

Securities Europe a abaissé sa recommandation sur le DASSAULT-AVIATION..... PHW PUBLICIS #...... x DE BEERS # ......

C C C WWDSH TSPDTV HDQH VT QSDSR QTDWH PRPDHS QDVQ QUDWS SQDHS SR QSRDPP IDUW SPDSH DASSAULT SYSTEMES.... WWDPH REMY COINTREAU...... DU PONT NEMOURS # ..

C ± FFFF FFFF FFFF TSDPH SPDIS SQDRH QSHDPV PDRH RVDWW PQDQT PPDWV ISHDUR IDTQ PPDIS titre, en réduisant son objectif de cours de 110 euros à DE DIETRICH...... TWDQH RENAULT ...... ERICSSON # ......

C C C UT RWVDSQ HDRH UPDIH WHDWS WIDWH THPDVP IDHR VVDUS TU TV RRTDHS IDRW TRDIS

83 euros. DEVEAUX(LY)# ...... USDUH REXEL...... GENERAL ELECTR. #......

C C C S QPDVH HDTH SDHT ITDPS ITDRH IHUDSV HDWP ISDTS VRDVH VRDWH SSTDWI HDIP USDUH DMC (DOLLFUS MI)...... RDWU RHODIA ...... GENERAL MOTORS # .....

± ± PVDPV IVSDSH IDIP PVDSH TDVH TDUH RQDWS IDRU TDTW IQ IQ VSDPU FFFF IQDRS DYNACTION...... PVDTH ROCHETTE (LA) ...... HITACHI #......

C C ± TWDSH RSSDVW HDTS TVDSH IIRDTH IIQDUH URSDVP HDUW IHW ISH ISIDIH WWIDIS HDUQ IQTDPH EIFFAGE ...... TWDHS ROYAL CANIN...... I.B.M......

C

± ± IPDQS VIDHI IDPH IPDQS PPTS PPSI IRUTSDSW HDTP PPQW ST SU QUQDWH IDUW SRDRH

RE`GLEMENT MENSUEL ELIOR ...... IPDSH RUE IMPERIALE (LY...... ITO YOKADO #......

C C C

QRDPS PPRDTU IDHQ QRDVH RUDSQ RUDTH QIPDPR HDIS RWDQH PWDWH PWDWW IWTDUP HDQH QHDRH

______ENTENIAL(EX CDE) ...... QQDWH SADE (NY) ...... MATSUSHITA......

C ± ± RUDPQ QHWDVI IDIW RTDTH QQPDUH QQH PITRDTT HDVI PVUDQH QQDWI QRDVQ PPVDRU PDUI QRDUH ERAMET CA EX DTDI...... RUDVH SAGEM S.A...... MC DONALD’S ......

± ± ± IHHDIH TSTDTI HDIH IHH ISU ISTDWH IHPWDPH HDHT ISTDPH UTDRS USDRS RWRDWP IDQI VHDQH ERIDANIA BEGHIN...... IHHDPH SAINT-GOBAIN...... MERK AND CO ......

ti hs U ƒi€„iwf‚i Cours releve´sa` 9h57

± ± ± QHW PHPTDWI HDQP QPS TUDQH TUDPH RRHDVH HDIS TV VDPH VDHI SPDSR PDQP VDPS ESSILOR INTL ...... QIH SALVEPAR (NY) ...... MITSUBISHI CORP.# ......

C C ±

USDPH RWQDPV PDUQ UT SVDQS SUDUH QUVDRW IDII ST IWQ IWSDIH IPUWDUU IDHW ITSDTH ESSO...... UQDPH SANOFI SYNTHELABO ... MORGAN J.P.# ...... viquid—tion X PP septem˜re

± ± SHDPH QPWDPW HDSW SP VPDTH VIDIS SQPDQI IDUT VIDSH IRDIV FFFF FFFF FFFF ISDVU EULER ...... SHDSH SCHNEIDER ELECTRI..... NIPP. MEATPACKER#.....

C ± ± TRH RIWVDIP PDIR SWS RWDTH RWDSH QPRDUH HDPH RTDSH QQDTI QQDTT PPHDVH HDIS QSDIH EURAFRANCE...... TSR SCOR...... PHILIP MORRIS#......

± ± ± HDTI R IDTI HDTP UIDWH UH RSWDIU PDTR SVDQH UQDHS UPDSH RUSDSU HDUS UI EURO DISNEY...... HDTP S.E.B...... PROCTER GAMBLE ......

C Compen- C IDHI TDTQ FFFF IDHI RR RRDQH PWHDSW HDTV RSDTH IPDST IPDWQ VRDVP PDWS IPDSI

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EUROTUNNEL...... IDHI SEITA...... SEGA ENTERPRISES ......

sation C C France f C RIDSH PUPDPP PDVS RIDQH ISDPH ISDPI WWDUU HDHU ISDHU WVDVS WWDVH TSRDTS HDWT WTDWH

en euros en euros en francs veille FAURECIA ...... RHDQS SELECTIBAIL(EXSEL...... SCHLUMBERGER# ...... a

(1)

± ± QPDII PIHDTQ HDUR QPDQS UVDVH UVDVH SITDVW FFFF UUDTS IPQDQH IPP VHHDPU IDHS IIHDUH FIMALAC SA CA ...... QPDQS SIDEL...... SONY CORP.#RGA ......

C ± ± IRHDSH WPIDTP HDQS IRHDSH UV UW SIVDPI IDPV UWDVH IST ISSDUH IHPIDQQ HDIW ISTDSH IRDHI IRDHI WIDWH FFFF IQDWI BNPPARIBAS(TP)84...... IRI FIVES-LILLE...... SILIC CA ...... SUMITOMO BANK #......

C ± ± ± IRVDSH WURDIH HDQR IRUDUH IIH IHUDTH UHSDVI PDIV IHUDVH UV UUDWS SIIDQP HDHT USDQH ITQDTH ITS IHVPDQQ HDVT ITU CR.LYONNAIS(TP) L ...... IRW FONC.LYON.# ...... SIMCO...... T.D.K.#......

C C ± QQQDIH PIVRDWW HDHQ QQHDIH IRQDTH IRRDVH WRWDVQ HDVR IPRDSH ISDWQ ISDUS IHQDQI IDIQ ISDWS RENAULT (T.P.)...... QQQ FRANCE TELECOM...... SKIS ROSSIGNOL......

C C FFFF FFFF FFFF ISVDIH SPR SPW QRUHDHI HDWS SSH TWDPH TWDUS RSUDSQ HDUW TUDSH SAINT GOBAIN(T.P...... ISWDSH FROMAGERIES BEL...... SOCIETE GENERALE......

C

± FFFF FFFF FFFF ISWDSH PPIDSH PPIDQH IRSIDTQ HDHW PQH IVTDQH IVWDQH IPRIDUQ IDTI IUWDVH

THOMSON S.A (T.P) ...... ISR GALERIES LAFAYETT ...... SODEXHO ALLIANCE...... ABRE´VIATIONS

C C ± RVDWH QPHDUT HDHR RV TPDSH TP RHTDTW HDVH THDUH VIDVH VQDPS SRTDHV IDUU VIDIS

ACCOR ...... RVDVV GAUMONT #...... SOGEPARC (FIN) ......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C ± ± STDQH QTWDQH HDQT SUDHS IHSDIH IHS TVVDUS HDIH IHRDWH RUDQH RTDUQ QHTDSQ IDPI RSDSH AGF ...... STDIH GECINA...... SOMMER ALLIBERT ......

C

± ± PPDSH IRUDSW HDUW PHDVS UVDSH VIDWH SQUDPQ RDQQ VQDSS PWDVS PWDSH IWQDSI IDIU PVDPH AIR FRANCE GPE NO ..... PPDTV GEOPHYSIQUE ...... SOPHIA ...... SYMBOLES

C C ± IRUDUH WTVDVS HDIR IQVDUH RPDHS RRDPP PWHDHT SDIT QUDWU WV WSDWH TPWDHT PDIR UVDSH

AIR LIQUIDE ...... IRUDSH GFI INFORMATIQUE...... SOPRA # ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C ± WQDVS TISDTP IDRT VIDTH PTDRH PTDRH IUQDIU FFFF QHDVR WIDWS WH SWHDQT PDIP VP

ALCATEL ...... WPDSH GRANDVISION ...... SPIR COMMUNIC. # ...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C ± ± PTDRV IUQDUH IDPP PRDPH IQT IQS VVSDSR HDUR IQT RIDUH RIDPU PUHDUI IDHQ RH

ALSTOM...... PTDIT GROUPE ANDRE S.A...... SR TELEPERFORMANC .. d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

C C ±

PSV ITWPDQU PDPH PQW UT UTDIS RWWDSI HDPH UUDSH IQDSH IQDUR WHDIQ IDUV IPDIH

ALTRAN TECHNO. #...... PTQDVH GROUPE GASCOGNE ..... STUDIOCANAL (M)...... `

C ± ± DERNIERE COLONNE RM (1) : IISDSH USUDTQ HDQS IIR SSDPH STDRH QTWDWT PDIU ST IUIDPH IUIDIH IIPPDQR HDHT IUQ ATOS CA...... IISDWH GR.ZANNIER (LY) #...... SUEZ LYON.DES EAU .....

C ± ± VPDQH SQWDVS HDWH VIDTS IQH IPTDIH VPUDIT Q IQRDPH VQ VQDPH SRSDUT HDPR UQDSH AVENTIS...... VQDHS GROUPE GTM ...... TF1 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C C ITUDUH IIHHDHR IDHP IUIDIH TT TT RQPDWQ FFFF TSDIS IRV ISI WWHDSH PDHQ IRHDVH AXA...... ITT GROUPE PARTOUCHE ... TECHNIP...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C C ± IISDVH USWDTH HDHW IISDSH WSDUH WS TPQDIT HDUQ WPDRH RWDQU RWDVI QPTDUQ HDVW RVDTV BAIL INVESTIS...... IISDUH GUYENNE GASCOGNE... THOMSON-CSF...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± URDIH RVTDHT HDTU UQDSH PRDVH PSDUH ITVDSV QDTQ PQDRH TV TVDQH RRVDHP HDRR UR AZEO(EXG.ET EAUX)...... URDTH HAVAS ADVERTISING..... THOMSON MULTIMEDI

C ± ± ± ± IPDUW RDVV TH QWQDSU QDPQ SUDSH QUUDIV PDSR IUPDSH IIQIDSQ HDPW IPPDSH VHQDSS IDPR CHEMUNEX # ...... IDWS GUILLEMOT # ...... OLITEC...... ALTEN (SVN)...... GENERALE LOC....

C C C ± IQUDIH ITDII HDRW QDPI FFFF IPDPH VHDHQ QDQW IWR IPUPDST PDPU TSDIH RPUDHQ HDHV CMT MEDICAL...... PHDWH GUYANOR ACTI ... OPTIMA DIREC..... APRIL S.A.#( ...... GEODIS......

C ± ± RHUDTV QDSV WV TRPDVR FFFF V SPDRV PDQP RWDWW QPUDWI FFFF PSDIH ITRDTS HDVQ NOUVEAU COALA #...... TPDIS HF COMPANY ...... OPTIMS # ...... ARES GRPE (S ...... d GFI INDUSTRI......

± ± ± ± ± RHWDWU SDTT IPQDSH VIHDII IDWV IDSW IHDRQ HDTQ WWDIH TSHDHS HDWH US RWIDWU QDPW COHERIS ATIX ...... TPDSH HIGH CO.# ...... OXIS INTL RG...... ARKOPHARMA # .. GO SPORT......

C C ±

ISWDHU TDQU PPVDSH IRWVDVT UDUV IHQ TUSDTR HDWV IQV WHSDPP FFFF TIHH RHHIQDQV FFFF

´ COIL ...... PRDPS HIGHWAVE OPT... PERFECT TECH..... ASSUR.BQ.POP.....d GRAND MARNIE ..d ± ± ± QSSDSQ IDRS QQ PITDRU FFFF IPDQS VIDHI UDRW UPDIH RUPDWR QDVH SSDTH QTRDUI FFFF

MARCHE CONSODATA #...... SRDPH HIMALAYA ...... PHONE SYS.NE..... ASSYSTEM #...... GROUPE BOURB ..d

C C ± ± ± IPUDIW SDRI IHDSH TVDVV TDPS IQH VSPDUR VDQQ PVDPS IVSDQI HDSQ IRWDSH WVHDTT QDHQ CONSORS FRAN ... IWDQW HI MEDIA...... PICOGIGA...... AUBAY ...... GROUPE CRIT ......

C ± ± ± ± PUUDIR IDUR ISVDSH IHQWDTW PDIT UQDHS RUWDIV IPDQV IHQ TUSDTR IDRR IPS VIWDWS PDQR

CROSS SYSTEM .... RPDPS HOLOGRAM IND . PROSODIE # ...... BENETEAU CA#.... GROUPE J.C.D ......

wi‚g‚ihs T ƒi€„iwf‚i

C C C ± ± ITQDWP RDIQ PRDIH ISVDHW QDTH QU PRPDUH PDTI TQDSH RITDSQ HDIT ISUDSH IHQQDIQ HDQV CRYO # ...... PRDWW IB GROUP.COM ... PROSODIE BS...... BOIRON (LY)#...... HERMES INTL ......

C C

± ± RTDSU RDRI TDSH RPDTR FFFF IUDSH IIRDUW RDII SS QTHDUV HDIV PQDTS ISSDIQ HDRP

Cours releve´sa` 18 h 07 CYBERDECK #...... UDIH IDP...... PROLOGUE SOF ... BOIZEL CHANO ... HYPARLO #(LY......

C C C QHUDTR HDVT IDHU UDHP FFFF IDWH IPDRT IDHT IWDRV IPUDUV PDPH QWDRH PSVDRS FFFF CYBER PRES.P ...... RTDWH IDP BON 98 ( ...... d PROXIDIS ...... BONDUELLE ...... I.C.C.#...... d

C ± ± SWDHR FFFF PQDPH ISPDIV TDVQ SDSH QTDHV HDIV WTDSH TQQ FFFF WDPW THDWR HDRQ CYBERSEARCH...... W IGE + XAO ...... QUANTEL ...... BQUE TARNEAU...d IMS(INT.META .....

Cours Cours % Var. C C ± ± ± RS IDSV TUDTH RRQDRQ IDHS R PTDPR IDPU ITDRH IHUDSV HDTI STDTS QUIDTH QDWH

CYRANO #...... TDVT ILOG #...... QUANTUM APPL .. BRICE...... INTER PARFUM....

Valeurs f en euros en francs veille

C ± ± ± IRQ IDVH SDPH QRDII VDWQ PT IUHDSS R RPDUH PVHDHW QDPV TI RHHDIQ FFFF DALET #...... PIDVH IMECOM GROUP . R2I SANTE...... BRICORAMA #...... IPO (NS) # ...... d

± ± ± ± ± ± IRRDQI RDQS PW IWHDPQ HDIU IT IHRDWS TDTS SI QQRDSR HDPH WUDSH TQWDST HDQI TU RQWDRW PDPT ABEL GUILLEM..... PP DATATRONIC ...... INFOSOURCES..... RECIF #...... BRIOCHE PASQ.... JET MULTIMED....

C C C ± ± URDUV QDTR RDIH PTDVW IDPQ UUDVH SIHDQQ PDTW RS PWSDIV PDIS IUDSH IIRDUW IDIT WSDIH TPQDVP FFFF AB SOFT...... IIDRH DESK #...... INFOSOURCE B.... REPONSE #...... BUFFALO GRIL .... L.D.C...... d

C ± ± QRIDUS RDRW HDQI PDHQ FFFF WVDRH TRSDRT IDSS WDSH TPDQP FFFF VRDSH SSRDPV FFFF QI PHQDQS IDTR ACCESS COMME .. SPDIH DESK BS 98...... d INFOTEL # ...... REGINA RUBEN.... C.A. OISE CC ...... d LAURENT-PERR....

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PTDWT IUTDVS HTGHW RVUVDPW HTGHW

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PIVDSH HTGHW

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QPQDRS PIPIDTW HTGHW PQWDUV ISUPDVS HTGHW

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BNP OBLIG. MT C...... IRPDWR COEXIS ...... ACTILION DYNAMIQUE D *. ´ SWQDQV HSGHW

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IHTDUW UHHDSH HTGHW VUUDHI HTGHW

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USSDTU RWSTDVU HTGHW

IIPSDTW HTGHW IUIDTI ´ IQUSDRI HTGHW

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TTRDPP HTGHW

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IVRUDHI ´ IQISDIW HTGHW

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IVIDSP IIWHDTW HTGHW FFFF FFFF ACTILION PRUDENCE C *.... FFFF

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PQWDIW ISTVDWV HTGHW

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24 / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 CARNET

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » – Louis et Arthur, – Le 8 juillet 2000, ses enfants, Naissances Jean-Louis et Margaret Cadoux, Yves NDAM NJOYA ses parents, Anne et Daniel LÉON Simone Cadoux, nous a quittés, victime d’un accident sur Abdul Haris Nasution ont la grande joie d’annoncer la naissance sa grand-mère, une route de la Creuse ; il est parti avec de George F. et Grace Smith, ses grands-parents, Ludovic, Jérémie et Patrick. Esther, Alice, Anne et Elisabeth, Un vétéran de l’indépendance indonésienne ses sœurs, Il aurait eu vingt ans le 9 septembre. le 29 août 2000. Et toute sa famille, Notre chagrin est immense. LE GÉNÉRAL D’ARMÉE indo- guerre mondiale. A la fin des an- Après avoir pris une retraite an- ont la douleur de faire part du décès du nésien Abdul Haris Nasution est nées 40, il est l’un des leaders de la ticipée, il commence à critiquer le 22, rue Pétrelle, Mme Odile Ndam Njoya Martineau, mort mercredi 6 septembre à Dja- lutte armée contre les Hollandais. régime dans les années 70 et signe, 75009 Paris. docteur Georges CADOUX, 3, boulevard Gaston-Doumergue, karta, à l’âge de quatre-vingt-un Après l’indépendance, il est chargé en 1980, la « Pétition des Cin- 44200 Nantes. survenu à Gaillac (Tarn), le 27 août 2000, M. Adamou Ndam Njoya, ans. Vétéran de la lutte contre les d’unifier une armée encore formée quante », manifeste qui dénonce la Gaëlle et Sébastien MAROT, dans sa trente-troisième année. BP 1638 Yaoundé (Cameroun). Hollandais, Nasution est considéré d’unités de guérilla disparates. Il perversion des institutions par Su- ainsi qu’Aimée, comme le père de la dwi fungsi ou s’oppose au système parlementaire harto. Après lui avoir pendant un avec les familles L’inhumation a eu lieu dans l’intimité « fonction dualiste » de l’institu- et encourage Sukarno, le premier temps interdit de se rendre à BRETON, MONSAINGEON, au cimetière de Baulne (Essonne). – Le secrétaire perpétuel, tion militaire, une formule élabo- président de l’Indonésie, à intro- l’étranger, Suharto reçoit Nasution MAROT, LAURENS, Le bureau et les membres de sont heureux d’annoncer la naissance de l’Académie des inscriptions et belles- rée en 1958 après l’échec d’un ré- duire la « démocratie guidée » en en 1993 dans un geste de réconci- – Pierre et Michèle Delclaux, lettres Monique Delclaux, gime parlementaire en Indonésie juillet 1959. Il n’en est pas moins liation. Par la suite, affaibli par la Isaure, ont le très grand regret de faire part du et qui définit la « voie moyenne » mis à l’écart. maladie, Nasution ne s’est plus ses frère, sœur et belle-sœur, décès, survenu le 5 septembre 2000, de Laurence Delclaux, Marie-Pierre adoptée alors par les forces armées En octobre 1965, il échappe à guère manifesté. à Paris, le 24 août 2000. Delclaux et Denis Bernard, Vincent indonésiennes : à mi-chemin entre une tentative d’assassinat tandis Né le 3 décembre 1918 dans le M. Francis SALET, et Martine Delclaux et leurs filles, membre de l’Institut, un rôle de « grande muette » et la que Sukarno est progressivement nord de Sumatra dans une famille Benoît Delclaux, commandeur de la Légion d’honneur, domination de la vie politique, écarté du pouvoir par Suharto et de musulmans pieux, Nasution Mariages ses neveux, nièces et petites-nièces, commandeur de l’ordre Régine Chantraine, « doctrine » imposée pendant les que le Parti communiste est inter- laisse l’image d’une personnalité des Arts et des Lettres, Edith-Marie et Pierre MEYNARD, sa filleule, quatre décennies suivantes. dit. Une vaste répression fait quel- controversée et à l’action indécise. inspecteur général honoraire Françoise et Philippe DEHECQ Les familles Delclaux et de Peretti, des Musées de France, Comme Suharto, qui a géré le ques centaines de milliers de vic- Son principal legs est d’avoir insti- sont heureux d’annoncer le mariage de Et tous ses amis, ancien conservateur du Domaine pays de 1966 à 1968, Nasution a été times à travers l’archipel. Nasution tutionnalisé le rôle politique de ont la douleur de faire part du décès de de Chantilly de l’Institut de France, formé dans l’armée des Indes néer- appuie alors Suharto mais ne joue l’armée, lequel conditionne tou- Aurélie et Bertrand, président d’honneur Jacqueline DELCLAUX, landaises avant d’intégrer la Peta, pas de rôle prédominant dans la jours l’évolution du vaste archipel. de la Société française d’archéologie, célébré le 4 août 2000, à Penmarc’h professeur d’anglais une troupe autochtone levée par mise en place du nouveau régime ancien président de la Société nationale (Finistère). du lycée Claude-Monet de 1969 à 1988, des antiquaires de France, les Japonais pendant la seconde politique, l’Ordre nouveau. Jean-Claude Pomonti membre d’honneur 6, avenue Théodore-Rousseau, survenu le 5 septembre 2000. de la Compagnie des architectes en chef 75016 Paris. des Monuments historiques, La cérémonie religieuse sera célébrée naud, officier mécanicien navigant 7, rue de Furnes, Grand Prix national du patrimoine (1988). LÉGION D’HONNEUR JOURNAL OFFICIEL 59140 Dunkerque. le vendredi 8 septembre, à 10 heures, en sur Concorde, Brigitte Kruse, hô- l’église Saint-Jacques du Haut-Pas, Nous publions la liste des nomi- tesse sur Concorde, Huguette Le Au Journal officiel du jeudi 7 sep- 252, rue Saint-Jacques, Paris-5e. – Il est demandé une pensée à celles et nations dans l’ordre de la Légion Gouadec, chef de cabine sur tembre est publié : – Pour la plus grande joie de leurs à ceux qui ont connu L’inhumation aura lieu dans le caveau d’honneur parues au Journal offi- Concorde, Jean Marcot, officier pi- b Parlement : un décret char- familles, de famille au cimetière de La Châtre Bernard VERDIER, ciel du jeudi 7 septembre. lote de ligne, instructeur sur geant Marcel Cabiddu, député du (Indre). Nathalie et Pascal Sciences-Po Eco Fi 1974, Sont nommés chevaliers : Concorde, Christian Marty, Pas-de-Calais, d’une mission tem- ancien directeur financier Ni fleurs ni couronnes, mais des dons Patrick Chevalier, steward sur commandant de bord sur Concorde, poraire auprès du ministre de s’uniront à Liège, le samedi de Guerlain, Concorde, Florence Fournel, hô- Anne Porcheron, hôtesse sur l’économie, des finances et de l’in- peuvent être faits à la Fondation Curie, 9 septembre 2000. 26, rue d’Ulm, 75005 Paris. tesse sur Concorde, Hervé Garcia, Concorde, tués dans l’accomplisse- dustrie et du secrétaire d’Etat à décédé le 7 août 2000. steward sur Concorde, Gilles Jardi- ment de leur devoir, le 25 juillet. l’industrie. M. et Mme Gérard Incagnoli, Bellevue, 81, rue Gambetta, 24300 Saint-Martial-de-La-Valette. L’enterrement s’est déroulé dans la 78120 Rambouillet. 3, rue Fustel-de-Coulanges, plus stricte intimité familiale, le 22 août. 75005 Paris. Catherine, Félicitations son épouse, – Mme Nicole Battegay, Romain et Perrine, me ses enfants. – A M. et M Gaston Schuhl, Matthieu, Mme Jeanine Schuhl, ses cousines et cousin, Première entrée à l’école, ce jeudi ont la tristesse de faire part du décès de Services religieux 7 septembre 2000. Me Simone GOLDSCHMIDT, – Le Consistoire central de France, avocat à la cour, Le consistoire de Paris, Du haut de tes trois ans, Le Conseil représentatif des institutions sois heureux de connaître notre survenu le 21 août 2000. juives de France (CRIF), merveilleuse école maternelle, qui L’ambassade d’Israël en France, t’ouvre la fenêtre du savoir sur un Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité La famille de S.E. M. Eliahu monde que nous souhaitons meilleur pour familiale. Ben Elissar, tous. vous invitent à participer à la cérémonie des trente jours (chelochim) de la Baisers de grand-mère, qui fait sa – Jean-Luc Gregoris, disparition de dernière rentrée des classes. son mari, Martine et Dominique Pradal, Son Excellence Henriette Nguyen Hue. ses parents, M. Eliahu BEN ELISSAR, Frédéric et Magali, ambassadeur d’Israël en France, ses frère et sœur, Messages Ginette et Joseph Gregoris, le lundi 11 septembre 2000, à 19 heures, ses beaux-parents, en la grande synagogue de la Victoire, L’école Ginette et Bertrand Halle, e 44, rue de la Victoire, Paris-9 . M, ses grands-parents, Ses beaux-frères et belles-sœurs, La parution de ceci dans Le Monde sera Ses oncles et tantes, la preuve qu’il ne s’agit pas du produit Sa famille, Conférences d’un égarement estival. Ses amis, – A l’invitation du Bné-Brit Ben- ont la douleur de faire part de la Gourion, le professeur Maurice-Ruben qui A très vite, please. disparition accidentelle, à vingt-sept ans, HAYOUN consacrera la leçon inaugurale En septembre de du cycle des conférences (2000-2001) au C. thème suivant : « Judaïsme et Caroline GREGORIS PRADAL. ésotérisme : de la Tora à la Kabbale ». Jeudi 14 septembre 2000, à 20 h 15, Décès Ses obsèques auront lieu le vendredi salle des mariages de la mairie du Dossier : L’école qui marche. 8 septembre 2000, à 15 heures, en l’église 16e arrondissement, 71, avenue Henri- marche – Nous sommes priés d’annoncer la de Vebret (Cantal). Martin, 75116 Paris. disparition, par une porte dérobée, à l’âge Inscriptions : 01-40-82-26-33. Des réponses originales de soixante-dix-huit ans, de 41, rue Clément-Bayard, 92300 Levallois-Perret. aux problèmes de l’éducation... 7, rue de la Pierre-Blanche, – Le docteur Ahmad Zewail, Pierre DEDET, 85700 Pouzauges. fondateur en 1947 de K éditeur, Prix Nobel 1999 de chimie, sera Couchal, exceptionnellement présent à Paris les 2, rue des Beaux-Arts, à Paris, 15240 Vebret. Entretien avec Jacques Derrida. continuateur des éditions Le Divan 11, 12 et 13 septembre 2000. après la mort d’Henri Martineau en 1958. Invité par l’Institut du monde arabe, il donnera une conférence sur « L’avenir Les livres sur l’éducation – Grenoble. De la part de de la recherche scientifique dans le font la rentrée. Anne Colin-Dedet, Sa famille et ses amis monde arabe » et parlera également de Zoute Dedet, font part du décès, le 1er septembre 2000, ses découvertes, le mercredi 13 sep- De ses enfants, du tembre, à 18 h 30, entrée libre. Débat : Trop de femmes Yann, monteur en cinématographe, Salle du haut conseil, Ary, guide de ski et de montagne docteur Institut du monde arabe, spécialisé en Groenland, Pierre MARTIN-NOËL. 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, dans l’éducation ? 75005 Paris. Frédérique, chercheuse en télévision, La messe de funérailles a eu lieu le Tél. : 01-40-51-38-38. Nicolas, danseur de rues, Fax : 01-40-51-39-92. Les élèves ont-ils besoin Antonin, premier assistant metteur en mercredi 6 septembre, en l’église scène, Saint-Joseph de Grenoble. de leur mémoire? De ses petits-enfants, L’inhumation a eu lieu le même jour, Deborah et Loïc Walch, montagnards au Perier, par Valbonnais (Isère). Tous les jours avallins, dans le Les comédies musicales ont trouvé Jules Dedet-Granel, calligraphe, Félix Dedet-Roüan, escholier, – Carnoux-en-Provence. « Carnet du Monde » leur public. De ses belles-filles, NAISSANCES, Dina et Marie, Mme Paule Mortier, Et des familles Aubier, Gabail, Roy, née Grunenwald, ANNIVERSAIRES, Van Renthergem, Barqui, Colin. Ses enfants et petits-enfants, MARIAGES, ont la douleur de faire part du décès de LE MAGAZINE DES ENSEIGNANTS QUI AVANCENT L’enterrement civil a eu lieu il FIANÇAILLES, PACS y a quelques jours, entre amis, au joli M. François MORTIER, 550 F TTC - 83,85 ¤ 10 lignes cimetière de Beaurecueil, face à la expert FAO, 65 F TTC - 9,91 ¤ montagne Sainte-Victoire. survenu le 6 septembre 2000, à l’âge de toute ligne suppl. CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX Cet avis tient lieu de faire-part. soixante-treize ans. ట 01.42.17.39.80 Fax : 01.42.17.21.36 Roques-Hautes, Les obsèques auront lieu à Carnoux- e-mail: [email protected]. 13100 Beaurecueil. en-Provence (Bouches-du-Rhône). Rentrée scolaire dans les régions A l’occasion de la rentrée scolaire, les pages Régions du Monde analysent 0123 la situation de cinq académies parmi les plus sensibles : à partir du Montpellier, Rouen, Créteil, Nice et Paris daté 12 Du lundi 11 septembre au vendredi 15 septembre LeMonde Job: WMQ0809--0025-0 WAS LMQ0809-25 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 09:02 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0383 Lcp: 700 CMYK

25 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000

SCIENCES Pour la première fois, 800 à 900 ans. b DANS LES RESTES PRÉSENCE DE MYOGLOBINE HU- la chair a bien été ingérée. b CETTE humaines et ceux qui n’en sup- une preuve irréfutable de pratiques d’un village anasazi, les archéo- MAINE, une protéine du tissu mus- DÉCOUVERTE devrait clore le débat portent pas l’idée. Elle pourrait, sou- anthropophagiques a été décou- logues ont trouvé plusieurs osse- culaire, détectée dans les plats de qui, depuis des décennies, opposent lignent les chercheurs, permettre de verte, sur un site précolombien du ments humains, portant des traces cuisson et dans des excréments fossi- ceux qui acceptent le cannibalisme mieux « étudier son contexte social, sud-ouest de l’Amérique datant de caractéristiques de boucherie. b LA lisés, leur a permis de confirmer que comme une composante des sociétés ses causes et ses conséquences ». L’homme a mangé de l’homme : la preuve par la myoglobine chez les Anasazi Le premier indice irréfutable de l’existence du cannibalisme dans une société ancienne vient d’être trouvé aux Etats-Unis. Cela confirme la conviction des ethnologues pour lesquels cet acte souvent ritualisé et très socialisé a été pratiqué dans presque toutes les régions du monde POURQUOI le village fut-il sou- lettes humains et sur les squelettes Situé au sud-ouest de l’actuel Co- dain déserté ? A combien d’assail- Mesa verde, berceau des communautés anasazis animaux. Plus les dommages subis lorado, le site précolombien par le- P Agriculteurs

lants ses habitants tentèrent-ils l a par les deux types d’ossements quel le cannibalisme est désormais

t e e k

d’échapper, qui partirent en lais- a F k sont analogues, plus la thèse du attesté était occupé par un groupe e a u k et bâtisseurs a sant derrière eux tous leurs biens, LL cannibalisme s’en trouve confor- d’Amérindiens déjà bien connu jo vaisselle, ustensiles et objets pré- a S 4363 tée. des spécialistes : les Anasazi. b COLORADO S Les Anasazi – « anciens » ou a a A n Uncompahgre Mn cieux ? On ne le saura jamais. Mais s ig Composé de trois maisons seule- « anciens ennemis », dans la t ueM n Monticello l i le drame, par sa violence et sa pré- D Ouray ment – des maisons plus ou moins o is TRACES DE DÉCOUPE langue navajo – ont colonisé la 3 463 ap M po Telluride Lake City intm cipitation même, a livré une certi- ent C’est sur de tels arguments creusées dans le sol, ou pit-houses, région aride des « Four Corners » Cr. tude. Il y a huit cents à neuf cents Dove Creek COLORADO qu’une équipe franco-américaine comme on les fabriquait là-bas (Utah, Colorado, Arizona et Nou- ans, dans ce village précolombien Blanding put récemment affirmer que des vers l’an mil –, ce site n’a pas été veau-Mexique) du début de notre D o M Rio Grande Res. situé dans l’ouest de l’Amérique du Do l o n t hommes de Néandertal, vivant il y choisi au hasard. Il fut retenu, avec e loro s S ère jusqu’à la fin du XIII siècle. esre a n Nord, des hommes ont préparé, s J u a cent mille à cent vingt mille ans seize autres villages précolom- McPhee a n Peuple d’agriculteurs, ils seraient Res. 4 295 cuisiné et mangé de l’homme. UTAH Windom Peak dans la grotte de Moula-Guercy biens de la même région (datés de à l’origine de la domestication de CortezDolores Les preuves ? Les ossements de San Cortez a (Ardèche), avaient sans doute 450 à 1280), dans le cadre d’une la dinde et ont développé de re- Ju Vallecitod Res. a a i r n r d sept individus – de tous âges et des o edra consommé leurs semblables (Le vaste étude archéologique. marquables techniques architec- la Piie Mancos loFrid P deux sexes – ont été retrouvés sur F Monde du 4 octobre 1999). Pour Pour autant, les auteurs de l’ar- turales, dont témoignent aussi MESA VERDE s Durango le sol, disloqués, fragmentés. De o s tout matériel, ils disposaient de ticle de Nature ne s’attendaient bien les simples habitations à de- sc a cna s im (parc naturel) an n Durango plus, les reliefs culinaires recueillis MM a A soixante-dix-huit fragments d’os sans doute pas, lorsqu’ils mi souterraines (pit-houses) que

m L i o o s dans les plats de cuisson, passés au n P humain, dont les membres et les commencèrent leurs fouilles, à la construction de maisons en

i S n S A aannJJ o crible de l’analyse biochimique, se ARIZONA uuaann s crânes avaient été brisés, et de faire une découverte de cette por- dur et de villages intégrés en bloc sont révélés contenir de la myoglo- 2 869 multiples restes de gibier (os de tée. Encore moins à ce qu’elle soit Pastora Peak Shiprock dans des falaises. bine humaine, une protéine spéci- Aztec LacNavajo réserve Res. cerf, de bouquetin, de chevreuil et cachée dans un coprolithe mira- Dès 1994, plusieurs équipes fique du tissu musculaire et car- Farmington Navajo de rhinocéros). Etudiés au micro- culeusement préservé. « Peut-être américaines ont décrit de pro- diaque. Kirtland scope électronique, tous ces ves- le seul dans toute l’Amérique du bables cas de cannibalisme dans Enfin, évidence suprême, les Bloomfield tiges montrèrent les mêmes traces sud-ouest, précisent-ils, à avoir été 2 989 ces sociétés anciennes dans la ré- chercheurs de l’école de médecine Roof Butte NOUVEAU-MEXIQUE 25 km de découpe, de percussion et de identifié dans un foyer d’habita- gion de Mesa Verde. Le site de Denver (Colorado), qui ont raclage, marques manifestes d’un tion ». proche de Cowboy Wash, connu conduit ces recherches sous la di- dépeçage. « Si l’on considère que « Il a fallu un concours de cir- sous le sigle de 5MT10010, où la rection de Jennifer et Richard Mar- ne l’acceptant pas, réfutent indéfi- Les marques peuvent avoir été les restes de mammifères sont des constances tout à fait étonnant pour découverte d’un coprolithe vient lar, ont eu la chance de découvrir, niment les arguments des pre- faites par des plantes, des rongeurs reliefs de repas, nous sommes obli- entrer en possession d’un matériel de permettre de confirmer ces sur le lieu du carnage, un copro- miers. Essentielle, et d’autant plus ou des carnivores, la calcination gés d’élargir cette conclusion à pareil », confirme Alban Defleur. pratiques, en fait partie. Les lithe humain. Un excrément de précieuse qu’elle fut terriblement provenir d’un feu accidentel, la l’homme », en avaient déduit les La preuve est là, et il faut s’en ré- restes de douze personnes y 30 grammes conservé par la dessi- difficile à trouver. fragmentation avoir été provo- préhistoriens Alban Defleur (fa- jouir. Car les archéologues le sou- avaient été découverts par Patri- cation, dans lequel fut retrouvée la quée par la chute de blocs de culté de médecine de Marseille, lignent eux-mêmes, en conclusion cia Lambert, Brian Billman et même myoglobine humaine. Or les pierre ou de sédiments. CNRS) et Tim White (université de de leur article : grâce à elle, « nous Banks Leonard. Sept portaient biologistes sont formels : cette Ils ne s’attendaient Et quand bien même une ana- Californie [Berkeley]). Sans avoir espérons que la question ne sera indubitablement des traces protéine ne peut être présente lyse plus fine révèle sans erreur été démentis depuis lors. plus de savoir si le cannibalisme a (corps démembrés, os brisés, dans les selles que si elle a été ava- pas, lorsqu’ils possible des traces de boucherie Restait toutefois à fournir, à par- oui ou non existé, mais d’étudier son marques d’outils, etc.) témoi- lée et assimilée par le système di- effectuées par la main de l’homme, tir d’un site archéologique ou pré- contexte social, ses causes et ses gnant des violents conflits qui, au gestif. La preuve irréfutable, et commencèrent on ne peut toujours pas en déduire historique, la preuve formelle de conséquences ». milieu du XIIe siècle, ont déchiré c’est la première de ce genre, que avec certitude que cet acte fut suivi l’ingestion par l’homme de chair les communautés anasazi et de la « viande » humaine avait les fouilles, à faire de cuisson, et encore moins d’in- humaine. C’est donc chose faite. Catherine Vincent conduit rapidement à leur perte. bien été ingérée par le défécateur. gestion de chair humaine. Il peut Pour de nombreux ethnologues, une découverte aussi relever d’une cérémonie sa- cette découverte, dont les détails crificielle, funéraire (telle une in- sont publiés dans la revue Nature de cette portée humation en deux temps), ou de (datée du 7 septembre), était à tout autre rituel inconnu de nous. peine nécessaire. Des centaines de Pour interpréter au plus juste ce travaux et de témoignages les en Il ne suffit pas, en effet, pour type d’observation, ethnologues et ont déjà convaincus : de multiples conclure à l’anthropophagie, de anthropologues doivent donc se sociétés, dans presque toutes les dénicher dans un site archéolo- faire détectives, et tenir compte du régions du monde, ont consommé gique des ossements humains moindre indice. Consommation – et consomment peut-être en- comportant des stries ou des alimentaire ? Inhumation ? Sur un core –, de manière rituelle, de la traces de carbonisation. Loin de là. site bien préservé, la répartition chair humaine. Une évidence di- Même si ces os présentent des spatiale des ossements peut faire recte, tangible, n’en était pas marques de dépeçage, même si les pencher la balance vers l’une ou moins essentielle. Ne serait-ce que plus longs d’entre eux sont préfé- l’autre des deux hypothèses. Mais pour clore le débat qui, depuis des rentiellement brisés – dans le but le critère le plus déterminant, jus- décennies, oppose ceux qui ad- vraisemblable d’en récupérer la qu’à ce jour, restait la comparaison mettent ces pratiques comme moelle –, ce constat n’atteste pas, – lorsqu’elle est possible – des propres à l’humanité et ceux qui, à lui seul, d’une action humaine. marques retrouvées sur les sque- Le cannibalisme, un interdit qui peut être transgressé à condition d’être accompagné d’un rituel très codifié QU’IL S’AGISSE de notre cousin gnant l’article de Nature. «Le Guinée, c’est l’ennemi que l’on dé- néandertalien ou de nos ancêtres 18 août 1965, alors qu’une douzaine vore, par vengeance, ou pour s’ap- en ligne directe, le cannibalisme de Guinéens et moi-même étions en proprier ses vertus. Ces deux semble inscrit dans le comporte- train de collecter des oiseaux sur un formes d’anthropophagie ne ment de presque toutes les socié- site de fouilles, arriva un homme coexistent jamais au sein d’une tés humaines. Quelles sont leurs que je ne connaissais pas, qui même société, preuve supplémen- motivations ? Pour autant qu’on commença à parler dans le langage taire de leur caractère symbolique puisse en juger, la faim semble ra- Tudawhe à l’un de mes ouvriers, et ritualisé. rement être le facteur détermi- nommé Hinobe. Le lendemain ma- Les Anasazi, qui occupèrent les nant. tin, Hinobe partit, en déclarant que plateaux du Colorado durant le Pour les groupes qui le pra- son frère était malade. Mes autres premier millénaire de notre ère, tiquent, le cannibalisme repré- amis guinéens, qui avaient entendu avaient-ils souvent recours au can- sente le plus souvent un acte hau- la conversation, me révélèrent plus nibalisme ? De multiples indices, tement socialisé. Cet interdit tard la vraie raison de son départ : recueillis ces dernières décennies fondamental se distingue de l’in- son futur gendre venait juste de sur plusieurs sites précolombiens, ceste – dont la prohibition est, elle, mourir, et Hinobe était attendu pour laissent du moins supposer que la universelle – par le fait qu’il peut participer à la consommation du pratique ne leur était pas in- être transgressé, à condition d’être corps. » connue. Un anthropologue de accompagné d’un rituel extrême- l’université d’Arizona, Chris Tur- ment codifié. Loin d’être l’acte de CONFÉRER LE STATUT D’ANCÊTRE ner, a même récemment publié un sauvagerie relaté à l’âge d’or du Chaque jour, à travers le monde, livre entièrement consacré à colonialisme (le terme « canni- des hommes continuent-ils de dé- étayer cette hypothèse (Canniba- bale », né à la fin du XVIIIe siècle, vorer d’autres hommes, comme le lism and Violence in the Prehistoric a pour origine le mot espagnol ca- soutient Martin Monestier, auteur American Southwest, University of nibal, lui-même dérivé de caribal, d’une récente Histoire et bizarreries Utah Press). qui, dans la langue des Caraïbes, de l’anthropophagie d’hier et d’au- Mais les dénégations de certains désigne un homme cruel et fé- jourd’hui (Le Cherche Midi « Do- restent fortes, comme est tenace roce), la consommation de chair cuments ») ? De cette pratique an- l’horreur qu’inspire cette pratique humaine fut toutefois d’autant cestrale, les ethnologues aux Occidentaux. « L’horreur res- moins facile à comprendre qu’elle distinguent en tout cas deux sentie par mes amis de Nouvelle- était sans doute, autant que pos- formes. Dans le cas de l’endocan- Guinée quand je leur décrivais la sible, dissimulée aux Occidentaux, nibalisme (pratiqué, par exemple, circoncision, le traitement réservé qui la condamnaient. par les Guaranis d’Amazonie), on aux Etats-Unis aux personnes âgées « Les difficultés rencontrées pour consomme les défunts de son et nos rites funéraires était aussi prouver le cannibalisme peuvent groupe, ce qui permet d’en main- forte que celle que nous inspire le être illustrées par une expérience tenir l’unité tout en conférant aux cannibalisme », écrit pourtant Ja- que j’ai faite en Nouvelle-Guinée », morts le statut d’ancêtres. Dans le red Diamond. La certitude appor- raconte l’anthropologiste améri- cas plus répandu de l’exocanniba- tée aujourd’hui aidera, peut-être, à cain Jared Diamond (Ecole de mé- lisme, que l’on retrouve aussi bien faire évoluer les mentalités. decine de Los Angeles, Californie), chez les Aztèques que chez les Ca- dans un commentaire accompa- raïbes ou les Baruyas de Nouvelle- C. V. LeMonde Job: WMQ0809--0026-0 WAS LMQ0809-26 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 09:43 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0384 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 AUJOURD’HUI-MODES DE VIE Internet réhabilite le bavardage Les conversations électroniques et les rencontres virtuelles ont envahi la Toile. Mais les nouvelles formes de convivialité qu’offrent chats, salons et forums ne sont pas sans règles ou sans risques PETIT OURS BLANC a Internet est en effet pain bénit. langue et de la culture ». Imaginons seize ans, c’est un garçon qui ha- Abrité derrière un pseudonyme, il que Petit ours blanc trouve, dans bite Paris et passe beaucoup de est possible d’engager les dis- les recoins d’une chatroom, une temps devant son ordinateur, sur cussions les plus cosmopolites, jeune Québécoise l’accusant de le chat de Caramail, un portail sans se soucier des distances ni des « chercher des bibittes ». Compren- d’accès Internet. Quand on lui de- différences d’âge, de genre ou dra-t-il immédiatement qu’elle lui mande ce qui le motive dans la d’appartenance sociale. Petit Ours reproche, traduit en franco-fran- conversation en ligne, il répond blanc a ainsi pu, raconte-t-il, se çais, de « chercher la petite bête », qu’il est en quête de « rencontres » faire une amie australienne avec de « chercher des poux dans la et qu’il est « plus simple d’aborder laquelle il bavarde quotidienne- tête » ? Le malentendu est parfois des personnes qu’on ne voit pas di- ment sur écran : « On part dans des auesp bout du clavier. rectement » puisque, alors, «on délires, on rigole sur des jeux de n’est pas encombré par l’aspect phy- mots, on se raconte notre journée. » LA NET-ÉTIQUETTE DÉBORDÉE sique ». A terme, il espère bien la ren- Il suffit d’ailleurs de se connecter Derrière cette réponse d’une dé- contrer physiquement. pour comprendre que le bavardage électronique n’est pas toujours un univers paisible. Certes, la Net-éti- Chatters et tchatcheurs quette voudrait que les chatters restent courtois, et les providers sti- Le terme anglais chat (prononcer tchat), dont le dictionnaire Har- pulent des « conditions d’utilisa- rap’s shorter nous dit qu’il signifie « petite conversation, causette » (to tion » draconiennes censées ex- chat donnant « causer, bavarder »), ne pouvait pas ne pas entrer en clure tout cyberéchange à collision avec son quasi homophone français « tchatcher ». Le Ro- connotation sexuelle, raciste ou bert précise que l’origine de la tchatche française se trouve dans le violente. Mais, même dans les sa- mot espagnol chacharear, qui, justement, veut dire bavarder. Plus lons et les forums, qui constituent troublant encore, l’anglais to chat up se traduit par « baratiner, dra- des versions spécialisées et filtrées guer », une activité qui, de l’aveu des responsables des portails d’ac- du chat, les débordements ne sont cès, représente environ 80 % des conversations en ligne. Il n’est alors jamais loin. Ainsi, le modérateur pas étonnant que, de plus en plus souvent, les Français familiers du d’un important forum consacré à chat se définissent comme tchatcheurs plutôt que comme chatters. l’information constate qu’il est

« bien difficile d’éviter que les dé- soandsau/PRIMALINÉA.COM biles s’expriment ». sarmante fraîcheur, ce sont bien Pourtant, les choses ne sont pas Au demeurant, l’échange par or- cendant, et les gens intéressants Tatu. Lieu d’échanges entre des net et après ?, estime qu’il « faut au les raisons du succès des commu- toujours si simples, et les chats ne dinateur en temps réel ne peut que s’enfuient. » communautés scientifiques, cultu- bout d’un moment éteindre les ordi- nications médiatisées par ordina- sont pas forcément le cyberparadis pousser à la faute. Comme le re- Si les modernes « cafés du relles ou politiques (les mobilisa- nateurs et sortir » ? A en croire teur en temps réel qui appa- des âmes esseulées. Comme le font marque Jean-Louis Weissberg, commerce » électroniques ne sont tions de Seattle et de Millau contre Jean-Louis Weissberg, la crainte est raissent. Comme le notent valoir Danielle Vierville et Jean- maître de conférences en sciences pas de tout repos, en dépit de leur la globalisation économique ont sans fondement : « Contrairement à Danielle Vierville et Jean-Paul La- Paul Lafrance, la promesse de ren- de la communication et de l’infor- prétention affichée à une commu- été largement préparées dans des une idée commune, l’horizon de la france, deux chercheurs québécois, contres sans frontières bute sur mation à l’université Paris-XIII, au- nication universelle, tranquille et forums ad hoc), ou bien simple es- conversation électronique, c’est la dans L’Art de bavarder sur Internet « l’ancrage géographique » et teur de Présences à distance (L’Har- transparente, leur succès n’en est pace de contacts interpersonnels, rencontre réelle, que celle-ci ait fi- (un article paru dans le numéro 97 « culturel » des chats auxquels se mattan, 1999), « la communication pas moins remarquable. Certes, le la Toile élargit incontestablement nalement lieu ou non. Internet n’est de la revue Réseaux, en 1999), de connectent les intéressés. Pour ac- écrite propre à Internet entraîne une cybermarivaudage (Le Monde du le cercle des rencontres possibles. qu’un outil, au même titre que les telles rencontres « charment crocher l’intérêt de correspon- montée des tensions qu’il n’est pas 11 août) occupe la plus grande par- Mais celle-ci ne sont que virtuelles, messageries Minitel du début des an- d’abord parce qu’elles offrent l’ano- dants, le chatter doit déployer des possible de moduler par une intona- tie du trafic. Mais des rencontres quand bien même les progrès tech- nées 80. » Dans cette mesure, le nymat nécessaire pour discuter en trésors de séduction, dans un tion, une mimique ou un geste ». plus originales se produisent, sur- niques permettent d’ores et déjà à chat apparaît plutôt comme un for- faisant abstraction de l’apparence cyberespace fortement concurren- Modérateur du forum du Monde tout autour des forums et à l’abri l’internaute d’entendre et de voir midable embrayeur relationnel et, physique de leurs utilisateurs ». tiel. Pour y parvenir, il convient en ligne (tout.lemonde.fr), Michel des salons, mais aussi dans les plus son correspondant, en attendant loin d’être le vilain défaut que les Presque mot pour mot, des spécia- non seulement de maîtriser les Tatu confirme l’existence du dan- petits replis des chatrooms. « Il est que des machines plus sophisti- maîtres reprochent à leurs élèves, listes canadiens du Web utilisent le codes en vogue du langage infor- ger : « Il suffit d’un mot de travers fréquent que des chercheurs ou des quées transmettent aussi des le bavardage se trouve justifié. même vocabulaire qu’un ado- matique (abréviations typogra- pour que des polémiques s’en- universitaires testent leurs hypo- odeurs et des sensations tactiles. lescent français. phiques, smileys, etc.) mais aussi clenchent. Sans modérateur, les bar- thèses de travail dans nos forums Faut-il s’en alarmer, à l’instar de Marc Coutty Pour les timides et les solitaires, « une connaissance préalable de la bares risquent vite de prendre l’as- spécialisés », constate ainsi Michel Dominique Wolton, qui, dans Inter- et Françoise Lazare

TROIS QUESTIONS À... voie un message, sans savoir si son interlocuteur ne va pas le laisser Pseudonymes et avatars, les masques du carnaval en ligne SERGE TISSERON tomber, disparaître. Mais cette at- tente est brève, plus courte que ON NE S’AVENTURE PAS dans les chats thenticité de la communication ». La ser la culture du chat. « La webcam est en Psychanalyste, vous venez de dans le cas d’une correspondance sans être masqué et c’est sans doute une des contradiction n’ébranle cependant pas les complète contradiction avec la règle du jeu du 1 publier Petites mythologies traditionnelle, et elle est rarement raisons du succès du cyberbavardage. Comme jeunes chatters. Plus encore, à l’instar de chat, puisque celle-ci privilégie le déguisement d’aujourd’hui, chez Aubier. Le chat dramatique. Pour les jeunes, qui le dit Gilles « Yapadblem », dix-sept ans, qui Gilles, ils revendiquent le pseudonyme et l’anonymat », anticipe ainsi Jean-Louis est-il une nouvelle manière de sont les plus nombreux dans les reconnait être un « accro du Net », « on peut comme partie constituante d’un univers d’hu- Weissberg. Et Serge Tisseron va plus loin en- communiquer ? chats, j’y vois un bon moyen d’ap- se lâcher dans un chat parce qu’on est ano- mour indispensable lorsque l’on se connecte : core, en estimant que « les mordus du chat Je crois plutôt qu’il exalte cer- prendre à accepter l’attente. nyme ». Planqués derrière un pseudonyme et « Pour entrer en contact, on doit se faire remar- pourraient bien refuser les caméras, dans la tains aspects de la communication (ou) un avatar, ces images, symboles ou des- quer. Pour cela, il faut un pseudo rigolo et des mesure où ce qui les excite, c’est de faire durer classique et qu’il met une sourdine Voyez-vous se dégager une sins en deux dimensions qui permettent de se messages qui décoiffent. » Etudiant un chat le moment de la séduction ». à d’autres aspects de celle-ci. Il ra- 3 culture propre au chat ? présenter à l’écran, les chatters se sentent québecois dans une perspective quasi ethno- C’est que le plaisir de la communication in- dicalise les composantes de séduc- Plus généralement, il y a une protégés. graphique, Danielle Verville et Jean-Paul La- formatique en temps réel passe avant tout tion et de dissimulation, en per- culture propre à l’écriture sur cla- Pourtant, comme le remarquent tout au- france confirment que les nouveaux venus par l’écriture et, qui plus est, une écriture mettant aux gens d’utiliser de faux vier, qu’il s’agisse du chat ou de l’e- tant Jean-Louis Weissberg que le psychana- « ont tout intérêt à se munir d’un nom qui se spécifique, « oralisée », remarque Serge Tis- noms, voire de tricher sur leur âge, mail. C’est une écriture où une lyste Serge Tisseron, le recours aux pseudo- prête aux jeux de mots en tous genres » et que seron. Pour séduire dans le chat, pseudo- leur sexe ou leur origine. Mais, communauté se donne ses propres nymes et aux avatars ne tient pas qu’au seul « l’individu en quête d’intégration devra plutôt nymes et avatars ne suffisent pas. Il faut en tout en voulant se présenter sous règles, affranchie des contraintes désir d’anonymat. Le chatter n’est en effet faire preuve d’un bon sens de l’humour ». outre manifester sa pleine maîtrise des signes l’aspect qu’il pense être le plus dé- de l’écrit tel qu’on l’apprend, dou- pas dans la position du militant clandestin, typographiques, des smileys et des raccourcis sirable, le chatter veut aussi trou- loureusement, à l’école. Elle per- obligé de cacher sa véritable identité pour LES WEBCAM CONTRE L’ANONYMAT langagiers ou, mieux encore, en inventer de ver un interlocuteur qui lui corres- met aux gens d’explorer des conte- survivre. « L’utilisation du pseudonyme sur le L’absence de « communication mimo-ges- nouveaux. Le langage phonétique qui déroute ponde absolument. Il y a là une nus psychiques habituellement Web tient plus du carnaval que de l’anonymat tuelle », comme l’indique Serge Tisseron, ren- tant les puristes de la francophonie tient sans contradiction qui rend un peu an- écrasés par l’écriture traditionnelle classique. Le chatter doit se fabriquer un per- force encore la nécessité de déployer un dis- doute moins à la méconnaissance de la syn- goissante l’épreuve de la ren- ou qu’ils écartent d’eux-mêmes sonnage qui tienne le coup, s’il veut accrocher cours de séduction. Avec, à la clé, les dangers taxe et de l’orthographe qu’au rituel propre contre réelle, car alors il faudra ra- dans le langage oral, dont le lieu l’attention et trouver un interlocuteur parmi propres à celui-ci : combien de chatters, pas- aux internautes, à un code qui, tout à la fois, boter les mensonges. d’apprentissage est la famille. De tous ceux qui sont en ligne au même moment sant de la rencontre virtuelle à la rencontre témoigne de l’appartenance à la communauté ce point de vue, Internet offre une que lui », explique Jean-Louis Weissberg. réelle, ont ainsi été déçus lorsqu’ils se sont re- en ligne et permet de se singulariser. Le On peut cependant en rester à nouvelle liberté. Serge Tisseron partage cet avis et trouve trouvés en tête à tête avec leur interlocuteur ? propre du carnaval n’est-il pas d’autoriser et 2 la rencontre virtuelle. que ce « monde de la dissimulation est d’au- De ce point de vue, l’éventuelle généralisa- même de susciter les transgressions ? Dans ce cas, le chatter est tou- Propos recueillis par tant plus paradoxal que les internautes reven- tion des webcam (des caméras vidéos bran- jours en position d’attente. Il en- Marc Coutty diquent le plus souvent la transparence et l’au- chées sur les ordinateurs) risque de boulever- M. C. LeMonde Job: WMQ0809--0027-0 WAS LMQ0809-27 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:27 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0385 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 27 Plus petit budget de D1, Troyes humilie le PSG Lleyton Hewitt met fin tandis que Bordeaux se réveille enfin à Nantes au rêve d’Arnaud Clément Les errances défensives des Parisiens ont été sanctionnées par cinq buts troyens Le jeune Australien a facilement éliminé Lens a conforté sa première place au classement grâce à une victoire sur Auxerre (1-0). Mais les budget de D1 a dominé un prétendant au titre, le Français en quart de finale du championnat de France de D1, mercredi deux matches les plus spectaculaires et surpre- et Nantes-Bordeaux (0-5), première victoire de la 6 septembre à l’issue de la sixième journée, nants ont été Troyes-PSG (5-3), où le plus petit saison pour les Girondins. des Internationaux des Etats-Unis

TOUT ÇA POUR ÇA. D’un côté, Le championnat de France de football de D1 Lensois, à la 5e minute. Les Lensois UNE HEURE et cinquante-deux sa force au cours de la troisième les 500 millions de francs investis de Rolland Courbis comptent deux minutes : c’est le temps qu’il a fallu manche. Mais il était trop tard. A par la direction du club, cet été, 6e JOURNÉE CLASSEMENT points d’avance sur Bastia, le plus à l’Australien Lleyton Hewitt, mer- dix-neuf ans, Lleyton Hewitt dis- pour renforcer l’effectif parisien. proche des poursuivants. credi 6 septembre, en quart de fi- putera pour la première fois une De l’autre, les cinq buts encaissés Monaco-Marseille 0-2 Le deuxième coup d’éclat de la nale du tournoi de tennis de Flus- demi-finale d’un tournoi du Grand Points J G N P Diff. Chgts Séries mercredi St-Etienne-Lyon 2-2 1 Lens 14 6 42 0+ 5 = GNGNG soirée est à mettre à l’actif de Bor- hing Meadow, Chelem. Il affrontera samedi 6 septembre Nantes-Bordeaux 0-5 2 Bastia 12 6 40 2+ 3 3 GPGPG deaux qui a fêté son premier succès pour briser l’Américain Pete Sampras, qui s’est par le Pa- Lens-Auxerre 1-0 3 Lille 10 6 31 2+ 4 1 GGPGP en surclassant (5-0) Nantes sur sa l’ébauche de imposé mercredi face au Néerlan- ris - Saint-Ger- pelouse. L’attaquant portugais rêve américain dais Richard Krajicek en quatre Metz-Strasbourg 1-0 4 PSG 10 6 31 2+ 2 1 NGPGP main sur le ter- Pauleta, qui vient tout juste de dé- du Français sets (4-6, 7-6 (8-6), 6-4, 6-2). 5 Marseille 10 6 31 2+ 2 4 PNPGG rain de Troyes, Guingamp-Toulouse 2-1 barquer en Gironde en provenance Arnaud Clé- Chez les femmes, l’Américaine 6 Nantes 10 6 31 2 - 2 2 GGGNP plus petit bud- Troyes-Paris SG 5-3 de La Corogne (Espagne) moyen- ment, née de Lindsay Davenport a dominé la te- 7 St-Etienne 9 6 23 1+ 3 = GNGPN get de la pre- Bastia-Lille 1-0 nant 80 millions de francs, a réussi ses victoires nante du titre, Serena Williams, en 8 Auxerre 9 6 30 3 0 2 GGPGP mière division. Sedan-Rennes Interrompu un triplé. aux tours pré- deux sets (6-4, 6-2). Elle rencontre- 9 Troyes 8 6 22 2 0 5 NNGPG Moralité : il n’y a pas encore lieu de Le derby entre Saint-Etienne et cédents sur le Roumain Andreï Pa- ra pour une place en finale la 10 Metz 8 6 22 2 0 3 PNGPG désespérer du football profession- LES CARTONS l’Olympique lyonnais s’est soldé vel, le Marocain Hicham Arazi et Russe Elena Dementieva, Rouges Jaunes 11 Monaco 8 6 22 2 - 2 3 PGGNP nel et de sa détestable inclinaison par un résultat nul (2-2) au terme l’Américain Andre Agassi. 25e joueuse mondiale, qui a créé la 2 pour l’argent roi. Avec sa troupe de 12 Sedan 7 5 21 2 0 GNPGP d’une partie de bonne tenue. Battu en trois sets (6-2, 6-4, 6-3), surprise en éliminant l’Allemande vedettes, le PSG a subi mercredi 1. Sedan 0 7 13 Lyon 7 6 14 1 - 1 1 NNPGN « Nous aurions mérité de prendre Arnaud Clément a été totalement Anke Huber (6-1, 3-6, 6-3). une leçon d’humilité. Cette défaite 2. Nantes 0 9 14 Bordeaux 6 6 13 2+ 2 2 PNPNG une rouste », a déclaré l’entraîneur débordé dès le début du match. Par ailleurs, Andre Agassi, te- stupéfiante (5-3) risque d’embru- 3. Guingamp 0 10 15 Rennes 6 5 13 1+ 2 4 NNPGN stéphanois Robert Nouzaret, tout Perdant à deux reprises sa mise en nant du titre à New York, a annon- mer pour un moment les esprits 16. Troyes 2 18 16 Guingamp 4 6 11 4 - 4 2 PPPPG de même bien content de ne pas jeu, il a laissé filer la première cé, mercredi, qu’il renonçait à par- des joueurs de la capitale alors que 17. Strasbourg 3 11 17 Toulouse 3 6 03 3 - 3 2 NNPNP avoir subi le sort de son confrère manche en à peine 29 minutes. Le ticiper aux Jeux olympiques de se profile le premier match de 18. Toulouse 4 22 18 Strasbourg 3 6 10 5- 11 1 PPPGP parisien. Dernier fait marquant de deuxième set, légèrement plus Sydney en raison des cancers dont Ligue des champions à Trondheim cette soirée : le match Sedan- équilibré, ne fut guère plus étiré souffrent sa mère et sa sœur. Gus- LES ATTAQUES 1 Paris SG et St-Etienne 12 buts • 3 Marseille, Nantes et Troyes 10 buts (Norvège), mercredi 13 septembre. Rennes a été interrompu par la (39 minutes), Lleyton Hewitt sor- tavo Kuerten n’ira pas, lui non Malgré la titularisation dans l’axe LES DÉFENSES 1 Lens, Bastia et Lille 4 buts pluie à la 53e minute, alors que le tant vainqueur de longs échanges plus, en Australie. Le forfait du central de Frédéric Déhu, dernière LES BUTEURS 1 Robert (PSG) 5 buts, • 2 Née (Bastia) et Djukic (Troyes) 4 buts score était de un but partout, et de- du fond du court, quand il ne se Brésilien tient à des raisons recrue en date, la défense pari- 7e JOURNÉE : Samedi 9 septembre : Sedan-Monaco ; PSG-St-Etienne ; Lyon-Lens ; vra être rejoué. montrait pas intraitable au service commerciales : un différend avec sienne, très critiquée depuis le dé- Auxerre-Nantes ; Bordeaux-Guingamp ; Lille-Troyes ; Rennes-Metz ; Strasbourg-Bastia. (18 aces). Arnaud Clément recou- sa fédération sur la marque des te- but du championnat, n’a tenu que Dimanche 10 septembre : Toulouse-Marseille. Elie Barth vra un peu de la mobilité qui fait nues à porter. – (AFP.) quarante-deux secondes avant de commettre sa première bourde. d’erreurs. » Un euphémisme qui Laurent Robert perd le ballon et précéderait une redistribution des l’action conduit à un penalty trans- rôles. Ainsi Lionel Letizi succéde- formé par Sladjan Djukic. Dans un rait à Dominique Casagrande dans premier temps, le PSG réagit avec les buts dès le match contre Saint- l’amour-propre d’un champion de Etienne, samedi au Parc des France en puissance : Laurent Ro- Princes. bert marque à deux reprises (23e et 35e minutes). PAS DE SOUCI POUR LENS A la mi-temps, l’affaire semble Quant au système de rotation entendue et même le plus incondi- instauré par Philippe Bergeroo tionnel des supporteurs troyens pour prolonger l’armistice dans n’aurait imaginé le déluge à venir. son effectif pléthorique, il sera Entre la 50e et la 73e minute, les peut-être abandonné au profit modestes footballeurs de l’Aube d’une équipe type afin d’affiner les trouvent l’ouverture à quatre re- automatismes. En attendant, le prises, dont une fois grâce à un but PSG a déjà perdu à deux reprises contre son camp de Robert, héros en six journées et n’a emmagasiné shakespearien de cette rencontre qu’un point à l’extérieur (1-1 à ébouriffante. Le but de Nicolas Rennes). La quatrième place au Anelka (75e), son troisième de la classement général dissimule mal saison, n’y changera rien. la fragilité de la formation et de Tassé sur son banc, Philippe Ber- son secteur défensif en particulier geroo peste en silence en suivant la (déjà dix buts à son débit). rencontre. « Ce revers n’est pas in- Le RC Lens est loin de ces tracas. quiétant sur le vu de nos qualités, a Les Nordistes ont conforté leur commenté l’entraîneur parisien à emprise en s’imposant (1-0) face à l’issue de la défaite. Mais on ne doit Auxerre grâce à un but contre son pas se permettre de faire autant camp de Cyrille Magnier, un ex- David Douillet porte-drapeau de la France à Sydney LE CONSEIL D’ADMINISTRATION du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a désigné, mercredi 6 septembre, David Douillet comme porte-drapeau de la délégation française lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Sydney, qui se déroulera vendredi 15 octobre. Le champion olympique de judo a été élu au premier tour, alors que dix concurrents étaient en lice. Il succède aux escrimeurs Philippe Riboud (1988) et Jean-François Lamour (1992) et à l’athlète Marie-José Pérec (1996), et devient le deuxième judoka français, après Angelo Parisi en 1984, a être porte-drapeau aux Jeux. La Chine exclut vingt-sept athlètes de sa sélection pour les Jeux LA CHINE a exclu vingt-sept athlètes de sa sélection pour les Jeux de Sydney, mercredi 6 septembre, « à la suite de blessures, de mauvaise forme ou de problèmes lors des prises de sang ». L’entraîneur de demi- fond Ma Junren et six de ses athlètes font partie des personnes concernées. Quatre de ces coureuses auraient présenté des taux d’hé- matocrite élevés qui laissent présager un dopage à l’EPO, produit qui sera détecté pour la première fois à Sydney. Cette décision pourrait être liée à la volonté de la Chine de montrer sa bonne volonté en ma- tière de lutte contre le dopage dans l’optique de la candidature de Pé- kin pour les Jeux de 2008. Le directeur de la commission médicale du Comité international olympique a annoncé par ailleurs que vingt contrôles de dépistage de l’EPO avaient été effectués depuis le 3 septembre sur des sportifs arri- vés au village olympique. Enfin, les douanes australiennes ont indiqué jeudi avoir saisi à l’aéroport de Sydney des substances hormonales fi- gurant sur les listes des produits interdits sur un officiel ouzbek.

LOTO a Résultats des tirages no 72 effectués mercredi 6 septembre. Pre- mier tirage : 16, 19, 23, 25, 39, 41 ; numéro complémentaire le 2. Rap- ports pour 6 numéros : 6 013 635 F (916 773 ¤) ; 5 numéros et le complémentaire : 48 600 F (7 409 ¤) ; 5 numéros : 8 040 F (1 226 ¤); 4 numéros et le complémentaire : 346 F (52,75 ¤) ; 4 numéros : 173 F (26,4 ¤) ; 3 numéros et le complémentaire : 34 F (5,2 ¤) ; 3 numéros : 17 F (2,6 ¤). Second tirage : 4, 14, 29, 37, 42, 47 ; numéro complémen- taire le 41. Pas de gagnant pour six numéros. Rapports pour 5 numé- ros et le complémentaire : 302 985 F (46 190 ¤) ; 5 numéros : 8 250 F (1 258 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire : 366 F (55,8 ¤) ; 4 numé- ros : 183 F (27,9 ¤) ; 3 numéros et le complémentaire : 36 F (5,5 ¤); 3 numéros : 18 F (2,7 ¤). LeMonde Job: WMQ0809--0028-0 WAS LMQ0809-28 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0386 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 AUJOURD’HUI ------Publicité Revoilà l’été 08 SEPTEMBRE 2000 Oslo Stockholm Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Une vaste dépres- , Lorraine, Al- vers 12h00 sion est située au nord des îles sace, Bourgogne, Franche- Britanniques. La perturbation Comté. – Malgré quelques déve- Peu associée évolue sur le sud des loppements nuageux, le soleil Belfast nuageux îles Britanniques et n’apportera sera prédominant. Les tempéra- Liverpool Dublin que des nuages bas près des tures maximales avoisineront 22 Varsovie Kiev côtes de la Manche. L’anticy- à 24 degrés. Amsterdam Berlin Brèves clone des Açores se renforce par Poitou-Charentes, Aquitaine, éclaircies le sud-ouest de la France, avec Midi-Pyrénées. – Le soleil brille- Londres 5 o Bruxelles du soleil et plus de chaleur en gé- ra largement sur l’ensemble des 0 Prague néral. régions, avec des températures Couvert Bretagne, pays de Loire, maximales proches de 27 à 30 Paris Strasbourg Vienne Budapest Basse-Normandie. – Près des degrés. Brume côtes de la Manche, les nuages Limousin, Auvergne, Rhône- Nantes Berne brouillard bas resteront nombreux. Ail- Alpes. – Le soleil sera au rendez Bucarest leurs, le soleil sera prédominant. vous, surtout l’après-midi. le Lyon Milan Le vent de sud-ouest sera modé- thermomètre marquera 24 à 27 Belgrade Sofia Averses ré. Les températures maximales degrés. Toulouse Istanbul avoisineront 19 à 23 degrés. Languedoc-Roussillon, Pro- Nord-Picardie, Ile-de- vence-Alpes-Côte d’Azur, Rome Pluie France, Centre, Haute-Nor- Corse. – La journée sera placée Barcelone Naples mandie, Ardennes. – De la sous le signe du soleil. Les tem- 40 o Madrid Haute-Normandie au Nord-Pi- pératures maximales avoisine- Lisbonne Athènes Orages cardie, le ciel sera le plus ront 25 à 29 degrés. Le vent de souvent très nuageux. Ailleurs, nord-est soufflera assez fort près Séville les nuages et les belles éclaircies des côtes corses. Tunis Neige alterneront. Le thermomètre Alger marquera 22 à 25 degrés l’après- midi. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 08 SEPTEMBRE 2000 PAPEETE 19/26 S KIEV 11/14 P VENISE 13/24 S LE CAIRE 21/31 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/31 S LISBONNE 18/32 S VIENNE 10/20 S NAIROBI 16/26 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 19/26 S LIVERPOOL 14/17 C AMÉRIQUES PRETORIA 12/26 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 16/20 C BRASILIA 17/26 S RABAT 21/29 S AMSTERDAM 16/21 N LUXEMBOURG 13/21 C BUENOS AIR. 7/18 P TUNIS 20/27 P FRANCE métropole NANCY 10/23 N ATHENES 20/26 S MADRID 16/33 S CARACAS 26/31 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 17/25 S NANTES 12/24 N BARCELONE 20/25 S MILAN 12/26 S CHICAGO 22/24 C BANGKOK 24/30 C BIARRITZ 15/28 S NICE 19/25 S BELFAST 11/17 N MOSCOU 9/15 N LIMA 14/18 S BEYROUTH 23/29 S BORDEAUX 13/29 S PARIS 12/25 N BELGRADE 12/18 S MUNICH 9/19 S LOS ANGELES 17/26 S BOMBAY 25/30 S BOURGES 10/26 S PAU 12/30 S BERLIN 11/20 C NAPLES 17/24 S MEXICO 10/21 S DJAKARTA 26/31 C BREST 14/20 C PERPIGNAN 19/29 S BERNE 9/21 S OSLO 10/15 S MONTREAL 15/24 S DUBAI 29/38 S CAEN 16/22 C RENNES 12/24 N BRUXELLES 14/22 P PALMA DE M. 18/29 S NEW YORK 16/25 S HANOI 24/29 S CHERBOURG 13/20 C ST-ETIENNE 10/25 S BUCAREST 9/24 S PRAGUE 8/19 S SAN FRANCIS. 14/21 S HONGKONG 26/30 S CLERMONT-F. 10/26 S STRASBOURG 9/22 N BUDAPEST 11/22 S ROME 13/24 S SANTIAGO/CHI 9/16 P JERUSALEM 22/30 S DIJON 10/23 S TOULOUSE 14/29 S COPENHAGUE 14/15 P SEVILLE 20/38 S TORONTO 17/24 C NEW DEHLI 28/33 P GRENOBLE 12/26 S TOURS 11/25 S DUBLIN 10/16 N SOFIA 12/20 S WASHINGTON 13/25 S PEKIN 16/28 S LILLE 14/22 C FRANCE outre-mer FRANCFORT 13/22 P ST-PETERSB. 6/14 S AFRIQUE SEOUL 19/24 P LIMOGES 10/23 S CAYENNE 22/28 P GENEVE 12/21 S STOCKHOLM 10/15 P ALGER 18/28 S SINGAPOUR 27/31 P LYON 13/25 S FORT-DE-FR. 24/30 P HELSINKI 6/13 S TENERIFE 17/23 C DAKAR 27/30 S SYDNEY 13/21 S MARSEILLE 19/28 S NOUMEA 20/25 S ISTANBUL 18/25 S VARSOVIE 7/19 S KINSHASA 20/31 S TOKYO 24/27 P Situation le 7 septembre à 0 heure TU Prévisions pour le 9 septembre à 0 heure TU VENTES Armes à feu et armes de chasse à l’honneur à Sully-sur-Loire

INVENTÉES en Europe vers le armes blanches et à feu. Ce ren- L’inconvénient de l’arquebuse se curvée en bois, terminée par un de l’objet, le perfectionnement du briqués tout au long du XIXe siècle. début du XIVe siècle, les armes à dez-vous a lieu le dimanche 10 sep- situe dans le nombre d’accessoires pommeau où s’inscrivent des dé- mécanisme et la notoriété du fabri- Les estimations se situent ici entre feu n’ont cessé de progresser de- tembre. nécessaires à son maniement : cors incrustés plus ou moins cant. Les nombreux modèles de 3 000-4 000 F (460-610 ¤) et puis, engendrant des types et sys- Une arquebuse de chasse à mèche, poire à poudre, fourquine luxueux en os, ivoire, cuivre, argent cette vente sont annoncés entre 50 000 F (7 620 ¤). Des armes de tèmes de plus en plus précis, d’une rouet, fabriquée en Bavière vers (petite fourche utilisée lors du tir), ou or. La platine et le canon sont 4 000 et 5 000 F (610 et 760 ¤) et chasse modernes, dont certaines diversité surprenante. Anciens ou 1680-1700, intègre un mécanisme bourse, porte-balles et étuis de volontiers ciselés de fins motifs en entre 12 000 et 15 000 F (1 830 et de grande qualité, complètent cet modernes, pistolets, fusils, cara- simple, robuste et bon marché, bois pour les charges de poudre. creux (arabesques, rinceaux, etc.). 2 300 ¤). ensemble. bines ou revolvers séduisent un dont le succès et le perfectionne- En France, les plus riches portent Le fusil, dont l’invention re- grand nombre de collectionneurs, ment restent constants depuis son LARGE CHOIX DE PISTOLETS la signature de Nicolas Boutet monte au XVIIe siècle, se moder- Catherine Bedel en particulier les chasseurs qui invention au XVe siècle. Première Le pistolet, « arme à feu qu’on (1761-1833), dont les armes au style nise à partir de 1840 quand les pla- restent des utilisateurs réguliers et arme à feu d’épaule munie d’une tire d’une main », selon la défini- caractéristique offrent une décora- tines à percussion simplifient la ૽ Château de Sully-sur-Loire (Loi- fervents de l’arme à feu. crosse, elle s’actionne avec une tion du dictionnaire Richelet de tion somptueuse d’esprit néoclas- technique du tir et éliminent pra- ret), dimanche 10 septembre, ex- Chaque année, une vente sur le platine à mèche ou à rouet. Elles 1638, apparaît vers 1520. Sa mise à sique, et des mécanismes parfaits. tiquement les ratés (restés jus- position sur place la veille de 11 à thème de la chasse, organisée au sont souvent ornées de décors gra- feu se fait par divers systèmes suc- A la même période et jusqu’à la fin qu’alors assez nombreux). Ses 17 heures ; le matin de la vente de château de Sully-sur-Loire, pro- vés ou incrustés, comme le modèle cessifs : mèche, rouet, silex, puis à du XIXe siècle travaillent de nom- autres avantages sont la possibilité 10 à 12 heures. Etude Renard, pose différents objets : bronzes, présenté ici, ciselé de personnages percussion au début du breux artisans dont la production de l’utiliser sous la pluie et un prix 45500 Gien, tél. : 02-38-67-01-83. aquarelles, tableaux, équipements, et animaux (de 40 000 à 45 000 F, XVIIIe siècle. Les modèles clas- laisse un large choix de pistolets. de fabrication peu élevé. Des mil- Expert : Jean-Claude Dey, tél. : 01- tenues, appelants et, bien sûr, de 6 100 à 6 860 ¤). siques comportent une crosse in- Leurs prix varient selon la beauté liers de fusils à percussion sont fa- 47-41-65-31.

Calendrier b SENLIS (Oise), armes Vincennes, du vendredi 8 au (Drôme), samedi 9 et dimanche DÉPÊCHES anciennes, du vendredi 8 au dimanche 17 septembre, tél. : 10 septembre, a PUCES RÉGIONALES. Du vendredi 8 au dimanche 10 septembre, COLLECTIONS dimanche 10 septembre, tél. : 02-33-47-56-57. tél. : 04-75-61-66-93. les puces de Dijon accueillent deux cents exposants. Cette manifesta- b MOUGINS (Alpes-Maritimes), 03-44-54-66-06. b PARIS, boulevard de Grenelle, b BORDEAUX (Gironde), tion, appréciée des chineurs, attire aussi de nombreux professionnels. tableaux et livres, du vendredi 8 vendredi 8 et samedi 9 septembre, samedi 9 et dimanche Parc Expo, entrée : 25 F, 3,8 ¤. au dimanche 10 septembre, ANTIQUITÉS-BROCANTE tél. : 01-45-89-32-07. 10 septembre, a BIENNALE DE PARIS. La vingtième Biennale des antiquaires aura tél. : 04-93-75-87-67. b DIJON (Côte-d’Or), du b COMPIÈGNE (Oise), du tél. : 05-45-36-12-33. lieu au Carrousel du Louvre du vendredi 15 septembre au dimanche b SAINT-AFFRIQUE (Aveyron), vendredi 8 au dimanche vendredi 8 au lundi 11 septembre, b LA FERTÉ-SAINT-AUBIN 1er octobre. Pour mettre en valeur les objets réunis par cent vingt pro- cartes postales, du vendredi 8 au 10 septembre, tél. : tél. : 03-44-40-01-00. (Loiret), samedi 9 et dimanche fessionnels du monde entier, un nouveau décor, conçu sur le thème dimanche 10 septembre, 03-80-77-39-00. b AVIGNON (Vaucluse), du 10 septembre, des continents, accueillera les 90 000 visiteurs que les organisateurs tél. : 05-65-49-49-22. b CASSEL (Nord), du vendredi 8 vendredi 8 au dimanche tél. : 02-38-80-02-09. de ce salon attendent. b CAHORS (Lot), livres anciens, au dimanche 10 septembre, tél. : 10 septembre, b PERTUIS (Vaucluse), samedi 9 ૽ 99, rue de Rivoli, 75001 Paris. Tous les jours de 11 à 20 heures. Noc- samedi 9 septembre, 03-28-42-45-90. tél. : 04-90-80-80-72. et dimanche 10 septembre, turne les lundi, mercredi, vendredi jusqu’à 23 heures. Entrée : 75 F, tél. : 05-65-53-20-65. b PARIS, Parc floral de b LIVRON-SUR-DRÔME tél. : 04-75-90-37-82. 11,4 ¤.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 00 - 215 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 186 En collaboration avec

7. Encouragement espagnol. Sur- veille la bande. – 8. Cerne la ville. – Fixer la tradition 9. Fait mal partout. Vont droit aux chœurs. – 10. On lui doit le cata- EN 1857, Charles-Paul Furne et dans un journal, tandis que deux logue des étoiles. Voyelles. Henri Tournier se rendent en Bre- de ses compatriotes, Reeve et Tay- – 11. Marque le coup. Points oppo- tagne et en photographient les lor, circulent en carriole et sés. Sa place est réservée. – 12. Aère sites, les paysages et les habitants, prennent des photos destinées à les longs papiers du Monde. se déplaçant, de Vannes à Saint- illustrer l’ouvrage qui sera publié Malo, à bord d’une carriole amé- en 1859. Philippe Dupuis nagée en chambre noire, tirée par En 1858, le couple impérial était un cheval. venu en Bretagne et, lorsque les SOLUTION DU No 00 - 214 Leur entreprise est peut-être trois Anglais arrivent dans le Mor- motivée par la crainte de voir la bihan, une des villes a été rebapti- HORIZONTALEMENT région changer et perdre sa spéci- sée Napoléonville. Il s’agit de : ficité, crainte exprimée par un I. Effeuilleuse. – II. Mars. Lai- écrivain comme Emile Souvestre : – Auray ? neux. – III. Prêche. Strip. – IV. Ri- « [Sur] le point de voir disparaître – Hennebont ? mai. Fer. Va. – V. Unipare. Emet. – tout un ordre d’idées auxquelles se – Pontivy ? VI. Ne. Atomiseur. – VII. Tendu. Ir. rattachent nos sympathies d’en- Cri. – VIII. Désunira. – IX. Urus. Ti- fance, nos admirations les plus Réponse dans Le Monde du RMN/FRANCK RAUX sonne. – X. Rue. Canetons. vives, et nos plus doux souvenirs, 15 septembre. nous éprouvons le besoin de recueil- Charles-Paul Furne VERTICALEMENT lir jusqu’aux moindres attitudes de Réponse du jeu no 185 paru et Henri Tournier, cette Bretagne qui va périr. » dans Le Monde du 1er septembre. « Rosporden. HORIZONTALEMENT gant. – IX. Font un effet bœuf en 1. Emprunteur. – 2. Farinée. Ru. – Un an après le périple de Furne C’est Charles Errard le Fils Costume de femme », 1857. façade. Echapper à ses responsabi- 3. Frémi. Ndue (dune). – 4. Esca- et Tournier, trois Anglais entre- (1606-1689), un des douze fonda- Série « Vues, monuments I. Dernière, mais toujours à l’ar- lités. – X. Conjonction. Travail sur pades. – 5. Hiatus. – 6. Ile. Ro. Uta. prennent une aventure similaire : teurs de l’Académie, dont le nom et costumes de Bretagne », rivée. – II. C’est le contraire. Auteur le fil. – 7. La. Féminin. – 8. Lise. Irisé. – le révérend Jephson effectue une venait en second dans la liste des no 12. Positif sur papier salé de Propos. – III. Chargé pour plus 9. Entrés. Rot. – 10. UER. Mécano. randonnée pédestre de cinq se- douze « Anciens », après Charles à partir d’un négatif verre de stabilité. Sa boîte permet la pré- VERTICALEMENT – 11. Suiveur. Nn. – 12. Expatriées. maines en Bretagne qu’il relate Le Brun. au collodion, 17,2 × 22 cm, paration des cadres. – IV. Pour la Paris, Musée d’Orsay. montagne. Accepta le point de vue. 1. Toujours prêt pour de nou- A Quimper, au Musée – V. Fruit de la ketmie. Transmettre velles aventures. – 2. Bouffe quand départemental breton, à d’autres. – VI. Bien en place. Le il n’est pas sérieux. En prière. – LE MONDE TELEVISION jusqu’au 29 octobre, prix à payer pour ne pas finir seule. 3. Rend automatique. – 4. De pour l’exposition – VII. Célèbre depuis Bonaparte. bonne heure. Epinceter ou épou- « La Bretagne en relief. Met l’événement en valeur. – tier. – 5. Détériorer. Petite grille. – avec 0123 Premiers voyages VIII. Ruait en tous sens. Le début 6. Dans la gamme. La plus grande DATÉ DIM./LUNDI photographiques de la grande Europe. Bouts de en Suisse. Chez le colporteur. – en Bretagne ». LeMonde Job: WMQ0809--0029-0 WAS LMQ0809-29 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 09:43 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0387 Lcp: 700 CMYK

29 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000

ARCHITECTURE Le Vitra De- tulée « La révolution silencieuse ». tus – étaient les premiers éléments au Mexique comme aux Etats-Unis. (1955) à Tlalpan, la Cuadra de sign Museum, installé à Weil-am- Pour Barragan, l’architecture était de cette « architecture émotion- Il a laissé peu d’œuvres qui ne San Cristobal (1968) à Mexico, Los Rhein (Allemagne), rend hommage d’abord une affaire d’émotion. Les nelle ». Sans avoir engendré d’école soient des chefs-d’œuvre, et plu- Clubes (1964) ou encore Las Arbole- à l’architecte mexicain Luis Barragan aménagements paysagers – fon- au sens strict, son influence se ren- sieurs sont parmi les phares du das (1961), dans la banlieue de la avec une exposition magique, inti- taines, allées, plantations d’eucalyp- contre dans de nombreux édifices XXe siècle : la chapelle des Capucines cabpitale. Luis Barragan, génie secret de l’architecture mexicaine Le Vitra Design Museum montre et démonte habilement l’œuvre d’un des plus importants maîtres d’œuvre mexicains, dans une exposition intitulée « La révolution silencieuse ». Homme de l’épure, des lignes droites, des aplats de couleur, il a livré une « architecture émotionnelle » L’opération se révélera un échec et Luis Barragan, la Révolution si- il devra l’abandonner en 1952, mais lencieuse, Vitra Design Museum, ses marques sont là, et El Pedregal Charles-Eames Strasse, Weil- deviendra l’un des sites de prédilec- am-Rhein (Allemagne). Tél. : 00- tion des architectes et de l’intelli- 49-7621-702-32-00. Du mardi au gentsia mexicaine. dimanche. 10 DM (5,11 ¤) et 6 DM On le voit bien au Vitra Museum, (3,07 ¤). Jusqu’au 29 octobre. Re- dans les grands plans d’aménage- né Burri, Luis Barragan, Phaïdon, ments conservés par la Fondation 80 p., 99 F (15,09 ¤). qui porte son nom. Les aménage- ments paysagers, fontaines, allées, « Je me suis rendu compte qu’une plantations d’eucalyptus, étaient les proportion consternante de textes premiers éléments d’une stratégie consacrés à l’architecture ignore les de séduction. « Je fais de l’architec- mots beauté, inspiration, magie, fas- ture émotionnelle », disait l’homme. cination, enchantement, ainsi que les En clair : l’architecture n’est pas concepts de sérénité, d’intimité et de seulement une affaire de fonction surprise. Tous sont incrustés dans mais aussi d’émotion. Aussi laisse-t- mon âme, et, bien qu’étant pleine- il peu d’œuvres qui ne soient des ment conscient de ne pas leur avoir chefs d’œuvre, et plusieurs qui sont fait complètement justice dans mon parmi les phares du XXe siècle : la œuvre, ils n’ont jamais cessé de me chapelle des Capucines à Tlalpan guider. » Ainsi s’exprime le Mexi- (1955), la Cuadra de San Cristobal cain Luis Barragan en 1980, à Dum- (1968) à Mexico, Los Clubes (1964), barton Oaks (Etat de Washington), un ensemble immobilier qui ne alors qu’on lui remet le prix Pritz- connaîtra pas le sort financier d’El ker, le « Nobel » de l’architecture. Pedregal, Las Arboledas (1961), dans Après Philip Johnson en 1979, il la banlieue de la capitale. Et puis, est la seconde personnalité à obte- en collaboration avec le sculpteur nir ce prix qui honorera Ieoh Ming Mathias Goeritz, Las Torres, tours Pei, Richard Meier, Kenzo Tange, de béton aux couleurs flam- Frank Gehry, Oscar Niemeyer ou, boyantes, qui marquent la présence plus récemment, les Européens Al- d’une ville satellite sur la route de varo Siza, Christian de Portzam- Queretaro (Etat de Mexico). parc, Rafael Moneo. La crème de la crème, comme disent, en français SIMPLICITÉ APPARENTE dans le texte, les Américains. Comment présenter une telle ar- Homme de l’épure, des lignes chitecture, une architecture vivace, droites, des aplats de couleur, de hors de son contexte réel ? Et com- l’émotion brute, Barragan n’était ment faire venir dans la lumière un pourtant guère connu en Europe, génie tel que Barragan, tout en lui où il fait figure d’artiste plus ou gardant son mystère ? Dans l’archi- moins incompris, hybride de tecture du musée, signée Gary et constructeur et de paysagiste. Il ar- donc hostile à l’équerre, l’équipe de ARMANDO SALAS PORTUGAL/BARRAGAN FOUNDATION rive aujourd’hui en pleine gloire Barragan n’était guère connu en Europe, où il fait figure d’artiste plus ou moins incompris, hybride de constructeur et de paysagiste. Federica Zanco a eu l’heureuse idée grâce à une exposition magique du de faire intervenir, comme muséo- Vitra Design Museum. Une exposi- écuries. Mais l’architecture y prend cependant pour l’homme : Barra- lombières, à Menton. Il visite l’Es- position, où le Mexique se cherche graphe, le designer canadien Bruce tion qui montre et démonte le cheval comme ornement, voire gan n’est pas mauvaise bête, il fait pagne, le Maroc, s’imprègne des une nouvelle identité, à la fois mexi- Mau. Il a imaginé un dispositif l’œuvre de Luis Barragan grâce au comme un joyau témoignant de la partager ses enchantements, mais modèles méditerranéens, et revient caine et moderne. Barragan suit, d’une grande simplicité apparente concours d’opportunités habile- gloire du propriétaire. Barragan a la beauté n’est pas donnée : «Ne avec un Barragan première manière mais à travers les jardins, il est qui permet de cadrer et de juxta- ment saisies et de hasards savam- construit, pour lui, pour d’autres, me demandez rien sur tel ou tel édi- qui cherche dans les traditions es- conduit à penser tradition et moder- poser un ensemble d’images d’es- ment dirigés. de nombreuses maisons et des fice, dira-t-il devant un groupe pagnoles les marques d’une archi- nité. » L’architecte regarde alors sences et d’échelles différentes : ranchs dont le cheval est le premier d’étudiants, ne regardez pas ce que tecture mexicaine qui ne soit pas la vers la France et la Californie. projections, agrandissements de RELIGIEUX ET MONDAIN habitant. Le cheval modifie les je fais. Voyez ce que j’ai vu. » En seule expression du vieux génie co- Dans un Mexique qui ne connaît photographies, originaux ténus et Mal connu, Barragan reste l’un échelles, redessine les ouvertures, 1925, après un début d’études d’in- lonial. Deuxième voyage en France, pas la guerre, et où l’architecture fragiles. Toutes les photographies des plus grands architectes du demande des baignoires à sa taille. génieur, le jeune homme, qui lit rencontre inévitable avec Le Corbu- est un instrument de propagande, sont d’Armando Salas Portugal. Ce XXe siècle. Sans avoir engendré Et puis, pourvu qu’on sache en lire Proust dans le texte, part en Europe sier et le fonctionnalisme et retour l’architecte fait une révolution si- dernier était à Barragan ce qu’aura d’école au sens strict, son influence l’anatomie, il interdit les fioritures. où il découvre cette rareté qu’est enfin à Mexico où il s’installe en lencieuse à côté de confrères plus été Lucien Hervé à Le Corbusier : se rencontre dans de nombreux Un cheval sous le joug d’un Gehry, Ferdinand Bac, jardinier poète et 1936 pour inventer un deuxième bruyants. A la fin des années 40, mieux qu’un photographe attitré, édifices au Mexique, comme aux par exemple, cela ferait pléonasme. musicien, à la fois kitch et roman- Barragan. « C’est un moment, dit Fe- tous construisent à tour de bras l’interprète d’une œuvre suivie pas Etats-Unis où son luxe dépouillé est Ce qui vaut pour le cheval vaudra tique, auteur des jardins des Co- derica Zanco, commissaire de l’ex- pour l’Etat. Barragan est dans le à pas, comprise et aimée. On en une bonne carte de visite. Son mouvement : il édifie près de 40 bâ- vient à se demander : sans cet en- œuvre, enfin, se prolonge dans le timents, mais pour le privé, avant semble formidable d’images, Barra- travail de ses collaborateurs avec, Biographie Cuauhtemoc (Mexico). Mères capucines et de décider qu’il sera son propre gan passerait-il le cap ? Mais en tête de liste, Ricardo Legoretta, b 1945-1950 : parc résidentiel restauration du couvent, client. « L’image du poète solitaire, d’autres objectifs ont été confron- le double d’un Barragan qui, en b 1902 : naissance de Luis des jardins de Pedregal, à San Tlalpan. explique Federica Zanco, a mangé tés à son œuvre, comme ceux de passant à l’échelle des monuments Ramiro Barragan Morfin à Angel (Mexico). b 1957 : place des Tours de l’autre, celle d’un mondain sympa- Frédérique Lagrange ou de René modernes (bureaux, bibliothèques, Guadalajara (Mexique). b 1947 : atelier Barragan à Satelite (Naucalpan), avec thique, ouvert, habile en communi- Burri, qui a publié récemment (Le musées), aurait dû faire quelques b 1919-1923 : études à l’Ecole Tacubaya. Mathias Goeritz. cation. » Homme d’affaires, il met Monde du 11 août) une petite mo- concessions au pittoresque du libre d’ingénierie de b 1948-1950 : maisons du parc b 1958-1961 : plan général du au point une stratégie de promo- nographie enrichie de citations temps. Guadalajara. de Pedregal. parc de Las Arboledas. tion, achetant des terrains sur les- dont l’essentiel vient du discours de Luis Barragan est né en 1902 dans b 1925 : visites de la France et b 1951 : conférence Gardens for b 1959-1968 : plan général des quels il construit avant de les re- Barragan lors de la remise du Pritz- une famille jadis riche mais appau- de l’Espagne. Environment ; Jardines del installations hippiques et vendre, et assurant ainsi ker. Des photographies qui expri- vrie, à Guadalajara, ville conserva- b 1926-1936 : premières Pedregal, à Coronado maisons de Los Clubes. l’indépendance financière néces- ment la même force, la même lu- trice autant que catholique, comme réalisations à Guadalajara. (Californie). b 1975 : exposition au Musée saire à son travail d’architecte. Il mière : « La sérénité est le seul vrai il le restera lui-même jusqu’à sa b 1930-1931 : voyages aux b 1952-1953 : visite de l’Europe d’art moderne de New York, construit sa propre maison dans un antidote de l’angoisse et de la peur : mort, en 1988. L’homme est grand, Etats-Unis et en Europe. et de l’Afrique du Nord. sous la direction d’Emilio quartier ouvrier. Ce n’est pas par aujourd’hui plus que jamais, l’archi- élégant et cultivé, religieux et mon- b 1935 : Barragan emménage à Congrès international Ambasz. populisme : le quartier est proche tecte se doit d’en faire un hôte per- dain, célibataire, mais, si on lui Mexico. d’architecture paysage, à b 1980 : Barragan reçoit le de la présidence de la République. manent de la maison, qu’elle soit prête d’autres amours, c’est le che- b 1936-1940 : début de la Stockholm. Pritzker Prize. Sur ce terrain, El Pedregal de San humble ou somptueuse », disait en- val qui restera sa passion officielle. période dite rationaliste. b 1955 : maison Galvez b 1988 : décès dans sa maison Angel, un champ de lave au sud de core Barragan. Il y a dans le monde, au pays des Immeubles d’habitation et à San Angel. de la Calle Ramirez 14, à Mexico, il achète 300 hectares qu’il califes, de célèbres et grandioses ateliers de Colonia b 1952-1955 : chapelle des Mexico. va modeler selon son inspiration. Frédéric Edelmann Un musée aux portes de l’usine À LA JONCTION de la France, de comme des œufs prêts à être artifi- 1996, Vitra crée la Fondation Barra- rence et d’écrits – son souci princi- la Suisse et de l’Allemagne, à Weil- ciellement couvés, une batterie de gan, qui, dès 1997, acquiert des né- pal ayant été de trouver les moyens am-Rhein, où ont été implantées cerveaux planchant sur la produc- gatifs, diapositives et tirages du de comprendre et d’être compris les usines Vitra, le Vitra Design tion future de la marque. Magni- photographe Armando Salas Por- d’ouvriers et d’artisans qui ne sa- Museum n’est pas précisément un fique pour les maniaques, oppres- tugal. Seules échappent à la nou- vaient pas toujours lire –, il faudra trou perdu. Depuis vingt ans, le di- sant pour les esprits bohèmes. velle Fondation la bibliothèque et attendre l’hypothétique ouverture recteur de cette fabrique de chaises les papiers privés de l’architecte, de ses archives personnelles pour et de meubles design, Rolf Fehl- UN TOURNANT restés inaccessibles à Guadalajara. aller peut-être au delà du métier. baum, a installé une collection Vitra organise régulièrement des La Fondation Barragan n’ayant pu L’exposition Barragan ne s’arrê- d’architecture éclectique où l’on expositions, mais celle consacrée à trouver de sponsor autre que... Vi- tera pas à Weil-am-Rhein. Elle sera trouve la griffe de Nicholas Grims- Barragan constitue un tournant. La tra pour ce bel éloge de la révolu- présentée au MAK de Vienne (Au- haw (la première usine), Frank firme de Rolf Fehlbaum a en effet tion silencieuse, elle a dû renoncer triche) de novembre 2000 à janvier Gehry (le musée), Zaha Hadid (une acquis, entre 1994 et 1995, les archi- à publier un catalogue. Mais une 2001, à Londres au Design Museum caserne des pompiers dont les oc- ves de l’agence, léguées par Barra- monographie de plus de 700 pages (de mars à juillet 2001), à Rotter- cupants ont pris la tangente pour gan à son associé, Raul Ferrera. Ce- est attendue aux éditions Skira. Pu- dam, Tokyo et enfin à Berlin, où laisser la place à des meubles plus lui-ci disparu, les archives ont fini bliée sous la direction de Federica Vitra vient d’acquérir un étage stables), Tadao Ando (le centre de par être vendues à la galerie Max Zanco, elle devrait comporter, d’exposition dans une ancienne conférences), Alvaro Siza (la nou- Protetch de New York, aucune ins- outre les photographies et les des- usine. Elle devrait également aller velle usine). Dernière œuvre en titution mexicaine, ni publique ni sins originaux, des textes de Ricar- en Amérique. Le Mexique n’est pas date : l’aménagement des bureaux privée, n’ayant eu le cœur ou les do Legoretta, Alvaro Siza, Kenneth annoncé. Ni la France, où l’on a de la firme par la Britannique Sevil moyens d’en accepter la garde. Le Frampton, Marco de Michelis, Vit- d’autres dinosaures à fouetter. Peach. Celle-ci a créé un plateau prix d’achat de la totalité des archi- torio Lampugani, etc. Barragan paysager, où peut être rangée, ves par Vitra reste inconnu. En étant lui-même économe de confé- F. E. LeMonde Job: WMQ0809--0030-0 WAS LMQ0809-30 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 09:02 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0388 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 CULTURE

Le cinéma français gagne du terrain Films de l’été : PART DE MARCHÉ DES FILMS DU 28 JUIN AU 29 AOÛT en pourcentage et en nombre d'entrées 1999 2000 un bilan français 13,3 % 2,1 % 2 556 328 416 348

en demi-teinte 79,1 % 82,1 % 15 243 186 15 997 301

Le nombre et la part de marché 7,6 % 15,7 % des films français ont doublé cet été, 1 468 922 3 065 692 par rapport à l’été 1999. Si l’on a compté FILMS FRANÇAIS FILMS AMÉRICAINS AUTRES Source : CNC quelques réussites, beaucoup Le doublement de la part de marché des films français pendant l'été 2000 résulte des mesures incitatives prises par le Centre national de la n’ont pas rencontré le public cinématographie durant cette période.

TOUT LE MONDE a pu le et distributeurs de films français parlent d’eux-mêmes. Nombre reste malgré tout déterminante. La constater : il n’y a jamais eu autant pour les entrées enregistrées entre d’entre eux appartenaient, dans la distribution massive et le prestige de nouveaux films dans les salles le 14 juin et le 15 août), afin de grande braderie de ces dernières de la grande forme romanesque que cet été, avec en moyenne une contrer la domination américaine semaines, à la catégorie peu en- pour Pathé (Les Destinées sentimen- quinzaine de titres par semaine. Ce durant cette période, où la fré- viable des « fonds de tiroir », éga- tales), la prudence initiale et la sont les films français, ou de co- quentation, dopée par les multi- lement connus sous le nom désor- réaction bien adaptée au succès production française, qui ont fait la plexes et le raccourcissement des mais officiel de « sorties d’un petit film très original pour différence : vingt-deux avaient été périodes de vacances, est passée de techniques », qu’ils soient d’ail- Océan Film (Le Harem de madame programmés entre le 28 juin et le 17 millions de spectateurs en 1996 à leurs français ou américains. Le pu- Hosmane), enfin le travail de ter- 29 août 1999, on en compte qua- 21 millions en 1998. De plus en plus blic, qu’on voudrait gruger à bon rain et l’accompagnement en pro- rante-deux cette année pour la de distributeurs français, réticents compte, ne s’y trompe pas. vince d’un documentaire plein de même période, sur un total de au départ, ont choisi cette formule. fraîcheur, dopé plutôt que contra- quatre-vingt-dix huit films, dont L’opération est loin d’avoir été STRATÉGIES DE DISTRIBUTION rié par sa diffusion télévisuelle trente-huit de nationalité améri- vaine, puisque, grâce à elle, la part Côté français, si des œuvres mo- préalable (Les Glaneurs et la gla- caine. de marché des films français du- destes et audacieuses comme neuse). Tout le monde l’a constaté, mais rant l’été 2000 a doublé par rap- Confort moderne, de Dominique Evidemment, ces réussites de- pas grand monde n’a eu envie d’al- port à la même période de 1999 Choisy (3 000 entrées sur Paris) ou meurent, dans l’absolu, peu de ler les voir. La part du marché fran- (15,7 % contre 7,6 %). Bien davan- L’Attrape-rêve, d’Alain Ross chose comparées au cumul des çais durant cette période a donc tage que le cinéma hollywoodien, (345 entrées sur Paris) eussent in- scores réalisés par les grosses pro- plafonné à 15,7 % (soit moitié dont la fréquentation reste stable, contestablement mérité mieux, ductions hollywoodiennes. Gladia- moins que la moyenne annuelle), ce sont les cinématographies l’indifférence du public est cepen- tor, de Ridley Scott (4 millions la production hollywoodienne se étrangères non américaines qui dant justifiée dans beaucoup de d’entrées depuis le 20 juin), Mission taillant comme d’habitude la plus font les frais de ce regain français. cas. Ce n’est pas un hasard si les impossible 2, de John Woo (3,8 mil- grosse part du gâteau, en l’espèce L’autre prix de cette opération est trois notables exceptions à cette lions d’entrées depuis le 26 juillet), fâcheusement nommé camembert l’accroissement du nombre de dépression estivale sont Les Desti- X-Men, de Bryan Singer (1,4 million dans la terminologie statisticienne films qui passent rapidement à la nées sentimentales, d’Olivier As- depuis le 16 août), 60 Secondes (voir ci-dessus). trappe. Faut-il estimer, comme le sayas (430 000 entrées depuis le chrono, de Dominic Sena (1,4 mil- fait la ministre de la culture, Cathe- 12 juillet), Le Harem de madame lion depuis le 23 août), En pleine MESURE INCITATIVE rine Tasca, dans Le Journal du di- Hosmane, de Nadir Moknèche tempête, de Wolfgang Petersen Titrant sur « l’été meurtrier du manche du 3 septembre, que l’ef- (46 000 entrées depuis le 12 juillet) (1,2 million, depuis le 9 août), The cinéma français », le quotidien Le fort consenti par l’Etat a porté sur et Les Glaneurs et la glaneuse, Patriot, de Roland Emmerich Parisien, dans son édition du mardi des films « qui n’ont pas bénéficié d’Agnès Varda (30 000 entrées de- (1,2 million depuis le 12 juillet) 22 août, dénombre dans la foulée de la promotion commerciale suffi- puis le 7 juillet). On peut y ajouter s’imposent de manière littérale- les cadavres qui jonchent le champ sante. Ils ont donc cumulé un double Jet Set, de Fabien Onteniente, qui, ment spectaculaire. de bataille, et l’hebdomadaire Le handicap : rupture avec les habi- sorti le 14 juin, avait cumulé Cela n’invalide ni les mesures Film français lui emboîte le pas, le tudes et sélection risquée » ? C’est 1,8 million d’entrées au 23 août, et utiles prises par le CNC, ni les in- 25 août, en constatant qu’on est sans doute attribuer beaucoup de Harry, un ami qui vous du bien, de contestables réussites connues par passé, en matière de programma- mérite à la seule promotion, c’est Dominik Moll, qui, sorti le 15 août, quelques rares films français, qui tion estivale, du « trop peu au trop aussi mettre le doigt sur les failles vient de dépasser 1 million d’en- indiquent la voie à suivre. Sans plein ». Cette embellie ambiguë a d’un système qui, pour indispen- trées. doute faudrait-il à l’avenir cultiver une explication. Il s’agit de la me- sable qu’il soit, favorise, été Pour s’en tenir aux trois pre- la croyance dans le cinéma, en pre- sure incitative prise pour la troi- comme hiver, la multiplication des miers, ce sont des stratégies de dis- nant davantage de vrais risques sur sième année consécutive par le œuvres qui n’ont plus de cinéma- tribution fort différentes qui ont davantage de vrais films. CNC (majoration de 50 % du sou- tographique que le nom. Il ne faut justifié leur succès, par-delà la qua- tien automatique aux producteurs pas se voiler la face, les films lité intrinsèque des œuvres, qui Jacques Mandelbaum Paul Andreu révise à la baisse son projet d’Opéra à Pékin pour désamorcer la contestation

PÉKIN borde la place Tiananmen, au gantisme », source de « gaspil- Paris », objecte Liu Xiaoshi). Quant de notre correspondant cœur de la capitale. Le gros œuvre lage », et son « absence de à la destruction du lacis de hutong Est-ce la fin de l’embourbe- devra être achevé en mai 2002 et le fonctionnalité » (longueur de l’ac- (ruelles) causée par la décision per- ment ? L’architecte français Paul second œuvre en mai 2003, ce qui cès souterrain menant aux salles, sonnelle de l’architecte d’aligner le Andreu veut espérer que son pro- impose à Paul Andreu des délais difficulté d’acheminement du ma- futur Opéra sur l’axe du Palais du jet d’Opéra de Pékin, grandiose serrés. tériel...). « M. Andreu pense être au- peuple (l’essentiel du site était déjà mais controversé (Le Monde du Ce projet se sera trouvé au cœur dacieux, mais son projet soulève des immobilisé de longue date), Paul 21 avril), est enfin sorti de l’ornière. d’une étonnante controverse, où difficultés techniques extrêmement Andreu invoque « l’utilité pu- Plus d’un an après l’annonce de sa se sont mêlées des voix variées difficiles à résoudre. Nous pensons blique. Je n’ai pas le cœur plus sec sélection officielle, la procédure de mais convergentes dans l’hostilité : que nos dirigeants sont mal infor- que les autres, dit-il. Je sais que l’on validation du projet progresse len- mauvais perdants du concours, més, ajoute-t-il. Il est de notre de- peut pleurer quand on quitte un tement, mais dans un contexte vieille garde nationaliste, mais aus- voir de les alerter sur les risques que taudis. De toute manière, quand on compliqué, lourd, marqué par l’op- si esthètes sincèrement heurtés par le projet comporte. » réhabilite, on vide aussi les gens les position d’une partie du monde de l’incongruité de la forme (coupole moins fortunés, car seuls les riches l’architecture chinoise. elliptique de verre et de titane po- peuvent ensuite y habiter ». Parmi A la mi-août, le projet a réussi sée sur un plan d’eau) dans le L’architecte les centaines d’habitants expulsés son examen de passage devant un centre culturel de Pékin, techni- de ce quartier il y a un an, nom- comité d’experts chargé des grands ciens mettant en garde contre la évoque breux sont ceux qui se retrouvent travaux internationaux, un aréo- complexité pratique du dessin, op- aujourd’hui exilés dans la très loin- page de personnalités contesté par posants à l’idée même d’une opé- la « figure taine périphérie de Pékin, à mille les opposants, car il comptait une ration de prestige si coûteuse, mili- lieues des écoles et hôpitaux qui minorité d’architectes parmi de tants de la préservation du rhétorique tissaient jusque-là les réseaux nombreux artistes et futurs utilisa- patrimoine pékinois concassé par d’une sociabilité immédiate. teurs. Pour leur complaire, M. An- les bulldozers... classique » La controverse a perdu en inten- dreu a rétréci son format : la su- Silencieuse dans un premier sité ces dernières semaines, l’es- perficie n’excédera pas temps en raison de la carence d’in- du « dialogue sentiel ayant été dit par chaque 120 000 mètres carrés (contre formations, cette coalition s’est partie. Mais elle laissera des traces, 180 000 mètres carrés dans une manifestée avec une certaine vi- entre contraires » notamment au fil de l’exécution du version antérieure) et le coût sera gueur au printemps, sous la forme projet – s’il est définitivement rete- plafonné à 3 milliards de yuans de deux pétitions exhortant les au- nu. Une des difficultés qui attendra (environ 2,2 milliards de francs). A torités à enterrer le projet, l’une Face à la montée de cette oppo- alors Paul Andreu sera ses rela- cette fin, il aura dû – entre autres – paraphée par une cinquantaine de sition, qui s’exprime aussi sur In- tions avec son sous-traitant, le Bei- supprimer une salle et un étage au membres de l’Académie des ternet, M. Andreu a dû sortir de sa jing Institute of Architectural De- sous-sol. sciences et de l’Académie d’ingé- réserve et répond désormais point sign Research, qui fut, lors du Mais le parcours bureaucratique nierie, l’autre par 108 architectes. par point à ses détracteurs. Il les concours, associé à l’Anglais Terry est loin d’être bouclé. Sur la base L’irruption de ce courant d’op- estime, lui aussi, « mal informés ». Farrel, un rival malheureux. Un du rapport écrit remis par ce comi- posants a même fait planer pen- Il récuse par exemple les objec- bien incommode partenaire en té d’experts, la commission d’Etat dant quelques semaines un doute tions selon lesquelles la coque sera perspective... au développement et à la planifica- sur l’avenir du projet Andreu. Ce souillée par les vents de poussière tion – un superministère – devrait dernier aura eu l’infortune de faire de Pékin (il existe une méthode de Frédéric Bobin se prononcer vers la fin septembre les frais de l’émergence d’un em- lavage) ou qu’il faudra vider le bas- sur la faisabilité du projet. C’est bryon de débat sur les enjeux de sin l’hiver (le gel est possible sans l’instance politique décisive. Une société dans la Chine de la réforme dommages)... Au plan de la sym- réponse favorable de cette économique (patrimoine, environ- bolique culturelle, il conteste l’idée Chaque mardi avec commission d’Etat scellerait la vic- nement, éducation...), même si ce que son projet brise l’harmonie de toire des partisans de l’édifice. Les débat demeure biaisé par un Etat- l’aire de Tiananmen (Cité interdite opposants n’auront plus aucun re- parti acceptant difficilement de re- et Palais du peuple) en évoquant la 0123 cours. Au plus haut niveau, l’Etat venir sur ses options initiales. « figure rhétorique classique » du DATÉ MERCREDI se sera prononcé à titre définitif. Liu Xiaoshi est signataire de « dialogue entre contraires ». Il Au plan pratique, il faudra en- l’une des deux pétitions. Au- compare cette controverse aux po- retrouvez suite attendre quelques semaines jourd’hui à la retraite, il fut archi- lémiques soulevées en leur temps avant que la municipalité de Pékin tecte en chef au bureau du Plan de par le Centre Pompidou, l’Opéra délivre le permis de construire. Le la municipalité de Pékin. Il re- de Sydney ou la Pyramide du creusement des fondations pourra proche au projet de M. Andreu Louvre, parallèles que les oppo- LE MONDE alors commencer sur le site, à tout à la fois d’« attenter à la civili- sants, eux, rejettent (« La Pyramide INTERACTIF l’ouest du Palais du peuple, qui sation du cœur de Pékin », son « gi- du Louvre n’a nullement défiguré LeMonde Job: WMQ0809--0031-0 WAS LMQ0809-31 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:38 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0389 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 31

SORTIR

Un certain cinéma italien, Tueurs de dames d’Alexander PARIS Mackendrick ; le cinéma en région Musique en Seine avec Les Rêves de la main, Chère Ce week-end, la Seine accueille son Alice, E pour eux... Musique, danse, du Sud et tourné vers son passé festival de musique. Pour la théâtre, exposition, écriture... troisième édition de Musique en accompagneront ces quatre jours Seine, parrainée par Jacques Higelin, de fête. La mise en scène de « Il Partigiano Johnny » atteint à une honnêteté rare dans les films de guerre plus d’une trentaine de Rencontres à la campagne, rue de la manifestations sont prévues : Mairie, Rieupeyroux (12). Du 7 au Sud Side Stori, de Roberta Torre, Rosa Tigre, de Festival de Venise proviennent du sud de nombre de films historiques. On retiendra des concerts, de la danse, une 10 septembre. 20 F/soirée, Forfait sans Bernardini, Denti, de Gabriele Salva- l’Italie, de Naples ou de Sicile. Tout autant que surtout la grâce un peu incertaine d’Estate exposition, des spectacles de rue... catalogue 70 F, avec catalogue 80 F, tores... Huit des dix films italiens présentés au ce mouvement géographique, frappe le romana, de Matteo Garrone. L’art n’est pas seul au rendez-vous, catalogue 20 F. Tél. 05-65-65-51-12. d’autres animations viennent E-mail : VENISE laissent le film à l’état de roman- centre de gravité, le film ondule sudiste, Lontano in fondo agli occhi compléter le programme : un mairie-de-rieupeyroux@wanadoo. fr de notre envoyé spécial photo. entre prétention intellectuelle cal- (Loin au fond des yeux), de Giu- concours de pêche, une course de Vue de la Mostra, l’Italie n’est Rosa Tigre, de Tonino Bernardini mement assumée et humour gen- seppe Rocca (Semaine de la cri- bateaux chinois, du ski nautique CHÂTEAUNEUF-SUR-LOIRE (Loiret) plus une botte, mais une chaus- (section Nouveaux Territoires) timent narquois. tique), est une rêverie raisonnée, acrobatique, le marché flottant du sure. Le Nord semble avoir rétréci, montre la migration d’un jeune Des trois films situés en Sicile, il mise en scène avec plus de soin Sud-Ouest... De fer et de rêve et le Sud s’être travesti barbu, de Turin à Naples. n’est guère surprenant que deux que de souffle, autour de la décou- Musique en Seine, port de l’Arsenal, Le Musée de la Marine de la Loire transformé en Tourné en vidéo digitale, partielle- soient consacrés à la Mafia. Mais verte de l’amour chez les adultes Paris 11e. Du 8 au 10 septembre, de retrace l’histoire des constructions grand studio ment improvisé, le film s’autodé- le rapprochement ne s’arrête pas par un petit garçon élevé parmi les 16 heures à 23 heures. Entrée libre. métalliques à de cinéma. truit en permanence par un mon- là, puisque Placido rizzotto de Pas- femmes. Châteauneuf-sur-Loire, histoire liée RIEUPEYROUX (Aveyron) Trois jours tage absurde. Egalement quale Scimeca (Cinéma du Pendant la guerre, les partisans à la ville et au fleuve, mais aussi à un avant la clô- contemporain, Denti (les dents), présent) et I Cento Passi (Les Cent italiens ont lutté contre les fas- Rencontres à la campagne homme et à une famille. C’est en ture, huit des de Gabriele Salvatores (en compé- Pas) de Marco Tullio Gioradana cistes et l’armée allemande, après La naissance du festival Rencontres 1872 que Gorges Arnodin inaugure dix films ita- tition), a la prétention de mêler sont tous deux des hagiographies l’armistice signé par le gouverne- à la campagne est une belle cette tradition, en créant une liens présen- ontologie et odontologie en pei- d’activistes tombés au combat. ment italien avec les Alliés le histoire : jusqu’en 1965, les habitants entreprise qui l’amènera à exporter, tés, toutes compétitions gnant les affres existentielles d’un Placido rizzotto se veut un récit 8 septembre 1943. Il Partigiano de Rieupeyroux, bourgade rurale du dans le monde entier, ses ponts et comprises, ont été projetés, la ma- homme affecté d’une denture peu simple et direct, commémorant le Johnny (Le Partisan Johnny) de Ségala, amateurs de cinéma, se ses brevets et qui donnera naissance jorité provenant de Naples ou de avantageuse. De cabinet dentaire destin de ce syndicaliste paysan Guido Chiesa (en compétition) retrouvaient dans une grange où à une lignée d’ingénieurs. A côté des Sicile. Tout autant que ce mouve- en cabinet dentaire, Antonio (Ser- originaire de Corleone, assassiné suit les pas d’un étudiant en an- étaient projetés des films. Le désir maquettes, photographies et objets ment géographique, frappent le gio Rubini) erre dans des limbes en 1949. Mais de simple à simplet, glais qui quitte la cachette qui le de perpétuer cette tradition de exposés, qui offrent une image nombre de films historiques, ainsi d’alcool et d’antalgiques, ac- il n’y a qu’un pas, que le réalisa- protégeait des rafles pour s’enga- rencontres autour du 7e art est à concrète de ces réalisations, que la difficulté des cinéastes qui compagné par le fantôme tutélaire teur franchit. I Cento Passi est plus ger dans la Résistance. Le film a l’origine de la création de la l’exposition rend également compte, se risquent aux sujets contempo- de sa mère (Anouk Grinberg). complexe. Peppino Impastato fut été accueilli avec tiédeur par la cri- manifestation en 1998. A l’affiche de par des photographies, de la rains à trouver une manière juste assassiné dans la nuit qui précéda tique italienne qui lui a reproché la troisième édition de Rencontres dimension familiale qui s’y attache, d’évoquer leur pays. HAGIOGRAPHIES la découverte du corps d’Aldo Mo- son ambiguïté idéologique et son à la campagne, qui a débuté le et, par diverses représentations, Roberta Torre a voulu traiter de Des films vus jusqu’à présent à ro, le 9 mai 1978. Il avait trente manque de fidélité au roman de 7 septembre, une vingtaine de tableaux ou affiches publicitaires, de l’immigration en réalisant une Venise, on retiendra surtout la ans. Issu d’une famille liée à la Beppe Fenoglio dont il est tiré. séances, avec en avant-première l’inspiration esthétique que ces comédie musicale palermitaine, grâce un peu incertaine d’Estate Mafia, il était toujours resté dans Privé de ce dernier repère, on ne Le Tableau noir de Samira ouvrages ont pu susciter. inspirée de Shakespeare et de romana (« Eté romain », section son village de Cinisi, aux portes de peut s’empêcher d’être frappé par Makhmalbaf. Seront projetés des films Musée de la Marine de la Loire, Bernstein, Sud Side Stori (section Cinéma du présent), le troisième Palerme, et y avait fondé une ra- la rigueur d’une mise en scène qui aux thèmes variés comme la écuries du Château, 1, place Rêves et visions). Romea y est une long métrage de Matteo Garrone. dio libre qui dénonçait les ma- − par la répétition des gestes, l’ac- Méditerranée, avec La Ville de Aristide-Briand, prostituée nigériane, Giulietto un Dans une capitale désertée, quel- fieux. S’il n’échappe pas aux fi- cumulation d’épisodes sans gloire Yousry Nasrallah ou Civilisées de 45110 Châteauneuf-sur-Loire. traîne-savates sicilien. Les person- ques personnages cherchent, l’une gures imposées du film militant, I mais pleins de souffrances − at- Randa Chahal Sabbrag ; le polar, Jusqu’au 30 octobre. Ouvert tous les nages évoluent dans des décors son passé, l’autre à finir à temps Cento Passi réussit à peindre en fi- teint à une honnêteté peu avec La Place du mort de Sébastien jours sauf le samedi de 10 heures à kitsch. La médiocre qualité des un globe terrestre pour une adap- nesse les relations du jeune commune dans les films de guerre. Drouin, Ces Messieurs de la 18 heures. Ateliers pédagogiques pour chansons, le peu de compétence tation scénique de Star Wars. Sans homme avec sa famille, et surtout maréchaussée d’Emmanuel Rigaud, les 4-13 ans sur réservation. Entrée : des acteurs (ou de leur directrice) jamais vraiment trouver son son père. Autre portrait de famille Thomas Sotinel Bloody Angels de Karin Julsrud ou 10 F et 20 F. Tél. : 02-38-46-84-46.

(Publicité) Issoudun révèle les dessins et carnets d’Edouard Pignon dans une œuvre » à propos de laquelle « l’engage- Les Combats de coqs, en 1958, Les Plongeurs, en ÉDOUARD PIGNON : dessins et carnets. Mu- ment politique est encore trop souvent le seul fil 1962, les guerriers et les batailles à plusieurs re- sée Saint-Roch, rue de l’Hospice-Saint-Roch, conducteur du commentaire critique de l’historien prises (un thème protestataire récurrent à chaque 36100 Issoudun. Tél. : 02-54-21-01-76. Du mar- de l’art ». guerre coloniale). Toutes les techniques s’y suc- di après-midi au dimanche, de 10 heures à Sous le titre Dessins et carnets, le musée Saint- cèdent et parfois s’y mêlent, mine de plomb, 12 heures et de 14 heures à 19 heures. Entrée Roch d’Issoudun (Indre) fait événement en pré- crayons de couleur, fusain, encre de Chine, lavis, libre. Jusqu’au 16 septembre. sentant l’ensemble le plus important qui ait jamais pastel, aquarelle et gouache... De page en page, été exposé de ce travail quotidien. Vingt-trois car- le thème est généralement d’abord exposé de fa- LIMOGES nets ont été réunis, soigneusement désossés, les çon statique, souvent frontal, puis, progressive- de notre correspondant pages dégagées une à une de leur reliure en spirale ment, selon la formule de Sophie Cazé, commis- Edouard Pignon résumait ainsi le sentiment de métallique et présentées ensemble en panneaux, saire de l’exposition, « monte dans l’aigu ». liberté que faisait naître pour lui son travail sur ses lisibles d’un seul regard panoramique. Ils sont ac- L’étude documentaire (la précision des gestes carnets : « Ni suite logique, ni déroulement obliga- compagnés de dessins exécutés isolément — un du travail paysan ou ouvrier, les lignes de force toire, ni matériau imposé. » C’était pourtant une grand fusain préparatoire pour L’Ouvrier mort d’un paysage, les troncs d’olivier...) y évolue vers discipline rigoureuse, à laquelle il consacrait quoti- (1952) — et de quelques grandes toiles : La Colline des calligraphies quasi abstraites. Ces carnets diennement beaucoup de temps : parfois six à sept de Bandol, les nus Clair, Gris, A l’olivier, Le Paysage sont autant de petits discours de la méthode. «Je heures de travail. Plus de deux cents de ces carnets à la colline, les portraits de sa compagne, Hélène les regarde journellement, expliquait Edouard Pi- ont été inventoriés, lors de la succession, en 1993. Parmelin, ou de son ami Pablo Picasso. gnon, je les feuillette pendant très longtemps. Cela Et il y en avait d’autres : Edouard Pignon, paraît-il, dure parfois des mois. Et, à un moment, j’ai la vo- GUIDE en offrait parfois. TOUTES LES TECHNIQUES lonté de faire des aquarelles, de reprendre ces dif- Sept ans après la disparition du peintre, cette Cet ensemble met en évidence l’autonomie et férentes réalités et de leur donner une direction plus part importante de son œuvre reste très mé- l’originalité du travail des carnets par rapport à affirmée. Et puis, à un certain moment, j’ai envie de REPRISES CINÉMA 42-50-96-18. Idrissa Diop connue et très sous-estimée. Ces carnets, « peu ex- l’ensemble de l’œuvre. Il ne présente pas des es- faire un tableau à l’huile. » C’est ce lent chemine- Laura Le Baiser salé, 58, rue des Lombards, posés, peu étudiés, peu reproduits », dit Philippe quisses préalables ni des recherches de solution à ment que révèle et détaille l’exposition du Musée er d’Otto Preminger (Etats-Unis, 1944, Paris-1 . Les 8 et 9 septembre, 21 h 30. Boucher, auteur du Catalogue raisonné de l’œuvre un problème graphique posé par le détail d’un Saint-Roch. 1 h 30). 70 F et 90 F. Tél. 01-42-33-37-71. de l’artiste, aident pourtant « à aiguiser un regard grand tableau en cours. Ils sont identifiés chacun Action Ecoles, 23, rue des Ecoles, Trip-Tip Show Batofar, face au 11, quai François-Mau- Paris-5e. Tél. : 01-43-29-79-89. neuf » et ouvrent « la possibilité de multiples entrées par l’approfondissement d’un sujet principal : Georges Chatain riac, Paris-13e . Le 8 septembre, Infidèlement vôtre 21 heures, 50 F. Tél. : 01-56-29-10-00. de Preston Sturges (Etats-Unis, 1948, Paula Tesser 1 h 45). L’Entrepôt, 7-9, rue Francis-de-Pressen- Reflet Médicis, 3, rue Champollion, e e sé, Paris-14 . Le 8 septembre, Une vision du monde solidement littéraire Paris-5 . Tél. : 01-43-54-42-34. 21 heures. 20 F. Tél. : 01-45-40-78-38. FESTIVALS CINÉMA La Cellule, shane cough La Flèche d’Or, 102 bis, rue de Bagno- Open Sound System Is Back let, Paris-20e . Le 8 septembre, La « génération Foucault » au centre de la pièce de Jean-Marie Besset 2L, de Laurent Bouhnik, et French 21 heures, 30 F. Tél. : 01-43-72-04-23. Touch, d’Alexis Bernier et Philippe Le- Alexeï Aïgui Vosges. Conversations de saison ses offensives de femme amou- vy. Le 8 septembre, de 20 heures à Guinguette Pirate, 11, quai François- COMMENTAIRE D’AMOUR, de entre un remixe sur le thème «Le reuse. Elle est là pour éclairer la 21 heures. Mauriac, Paris-13e. Au pied de la BNF. Le 8 septembre, 20 heures, 40 F. Tél. : Jean-Marie Besset. Mise en XXe siècle aura été le siècle du por- confusion des désirs, trancher Lut-S, Pierrolo et Mister J. Le 8 sep- 01-56-29-10-20. scène : Jean-Marie Besset et trait » dominé par une icône dans le vif quand c’est néces- tembre à partir de 21 heures. MK2 Projectcafé, 4 rue Belgrand, La Nueva Ola Gilbert Désveaux. Avec Natha- baconienne et une échappée du saire, se passionner pour l’autre Paris-20e. Entrée libre. Tél. 01-43-49-01- La Java, 105, rue du Faubourg-du- lie Cerda et Laurent Lucas. côté des fonds de pension améri- avec plus d’attention qu’elle ne Temple, 99 ou Internet : www.mk2.com e TRISTAN BERNARD, 64, rue du cains. Un univers familier au paraît s’accorder. Tous deux n’en Paris-10 . Le 8 septembre, 23 heures, TROUVER SON FILM 100 F. Tél. : 01-42-02-20-52. Rocher, Paris, 8e . Tél. : 01-45-22- lecteur des bandes dessinées de disputent pas moins du mot qui Archie Shepp Quartet 08-40. Mo Villiers. De 70 F Régis Franc. pourrait définir leurs relations. Tous les films Paris et régions sur le Mi- New Morning, 7-9, rue des Petites- (10,67 ¤) à 200 F (30,29 ¤). Elle récuse celui de confidente, nitel, 36-15 LEMONDE ou tél. : 08-36- Ecuries, Paris-10e. Le 8 septembre, Durée : 1h 40. Du lundi au sa- 68-03-78 (2,23 F/min). 21 heures. De 110 F à 130 F. Tél. : 01-45- BLESSURE ne peut prétendre à celui 23-51-41. medi à 21 heures. Mais il y a cette blessure, résu- d’amante. Elle est une complice ENTRÉES IMMÉDIATES Ernest (20 heures)et No Bluff Sound mée par le nom de Foucault. Un aussi soumise qu’exigeante, qui (22 heures) Génération Foucault : c’est à héritage peut-être, dont les res- observe, analyse, commente. Le Kiosque-Théâtre : les places de cer- Sentier des Halles, 50, rue d’Aboukir, tains des spectacles vendues le jour Paris-2e. Le 8 septembre. Tél. : 01-42-61- cela que Guillaume et Mathilde capés des jeux de l’avant-sida Sans doute pense-t-elle gagner la même à moitié prix (+ 16 F de commis- 89-96. aimeraient se reconnaître. Indé- rappellent les grandes dates et partie en opposant la durée à sion par place). Talib Kibwe Quartet pendants et interdépendants de- les hauts-lieux, avant de tenter l’immédiat, les mots aux actes. Place de la Madeleine et parvis de la Sunset, 60, rue des Lombards, Paris-1er. puis l’adolescence, ils ont en d’en écrire une suite. A deux. Car Guillaume et Mathilde ont en gare Montparnasse. De 12 h 30 à Le 8 septembre, 21 heures, 80 F. Tél. : 20 heures, du mardi au samedi ; de 01-40-26-46-60. commun la quarantaine en vue. Guillaume, qui n’est pas en reste commun une vision du monde 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Joël Favreau Lui, haut fonctionnaire au minis- avec les envolées sans mesure solidement littéraire. Et se J’adore la vie Tourtour, 20, rue Quincampoix, Paris tère des finances à Paris. Elle, (« Le véritable amour a ceci de révèlent, dans deux beaux de Francis Huster, d’après l’œuvre 4e. 20 heures. Jusqu’au 9 septembre. conservateur, dans quelque mu- commun avec les crimes contre moments, épistoliers d’élite. d’Octave Mirbeau, mise en scène de Tél.: 01-48-87-82-48. 60 F. Francis Huster. Wally sée bruxellois. Amants ratés et l’humanité : il est imprescrip- Leurs élans contradictoires Théâtre de la Porte-Saint-Martin, Le Trianon, 80, boulevard Roche- amis réussis, ils ont été convo- tible »), a un credo pur et dur : sont joliment mis en scène par 16, boulevard Saint-Martin, Paris-10e. A chouard, Paris 18e. Du mardi au same- qués pour vivre sous la conduite « Le sexe d’un homme se lève ou l’auteur, à peine ralentis par d’in- partir du 8 septembre. Du mardi au sa- di, 20 h 30, jusqu’au 30 septembre. Lo- de Jean-Marie Besset « la passion ne se lève pas. Toute la littérature terminables déshabillages-rhabil- medi, à 20 h 45 ; le dimanche, à cation Fnac. De 142 F.Tél.: 15 heures. Tél. : 01-42-08-00-32. De 70 F 0-803-815-803. d’une femme hétérosexuelle pour et l’élévation de sentiments au lages, d’une logique amoureuse à 220 F. Jusqu’au 31 décembre. Stefan Pente, Xavier Le Roy un homme bisexuel à dominante monde ne peuvent rien changer à cependant imparable. Laurent On ne refait pas l’avenir Danse : Extensions 27. homosexuelle ». ce petit levier-là. » Et de confier le Lucas (Guillaume), remarquable d’Anne-Marie Etienne, mise en scène Fondation Cartier, 261, boulevard Ras- e Leur environnement est à la petit levier successivement aux bougon-boudeur, semble pour- de l’auteur. pail, Paris-14 . Le 8 septembre, 17 h 30. Tél. : 01-42-18-56-72. 30 F. mesure du programme. Successi- mains de la très jeune fille d’un suivre, dans une autre vie, le rêve Bouffes-Parisiens, 4, rue Monsigny, Pa- ris-2e. Le 8 septembre, à 20 h 30 ; le vement : soirée veuve Cliquot- milliardaire américain puis à éveillé ouvert sous la conduite de 9 septembre, à 21 heures ; le 10 sep- ANNULATION Ponsardin à Bruxelles ; salle d’at- celles d’un robuste prolétaire l’inquiétant Harry dans le film de tembre, à 15 h 30. Tél. : 01-42-96-92-42. Eric Barret Quartet annule son concert tente de l’aéroport de Dublin ; irlandais. Dominik Moll. Nathalie Cerda De 70 F à 280 F. Jusqu’au 30 décembre. programmé les 8 et 9 septembre au hôtel de charme sur la côte nor- Les désirs de Mathilde sont (Mathilde) trace de sa voix acide Musique à la Sainte-Chapelle Sunset. Il est remplacé par Talib Kibwe. Les Violons de France : Vivaldi, Bach. mande ; plage de Miami ; terrasse moins aisément quantifiables. les contours implacables d’un 19 heures. DERNIERS JOURS de café toute simple à Paris ; Avec Guillaume, elle n’est pas amour qui entend bien avoir le Erik Gorouben (ténor), Bénédicte Ros- chambre 812 de l’hôtel Costes ; hors-jeu, elle est dans une autre dernier mot. taing (harpe) : bel canto italien. Calcinculo pour finir par un pique-nique partie. Elle paraît tout savoir, 21 heures. Parc de La Villette, Grande Halle. Jus- Sainte-Chapelle, 4, boulevard du Pa- qu’au 9 septembre, 20 heures. Tél. : 01- sous le ciel bleu de la place des tout encaisser, avant de lancer Jean-Louis Perrier lais, Paris-4e. Le 8 septembre. Tél. 01- 40-03-75-75. 32 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 EN VUE Un plaidoyer dérangeant pour l’espéranto du médicament a Un ouvrier de Tomblaine, en Meurthe-et-Moselle, a dû être hospitalisé, mercredi 6 septembre, Indépendant de l’industrie pharmaceutique, le mensuel « Prescrire » explique aux médecins et aux pharmaciens après avoir, en aspirant à pleins poumons pour transvaser du pourquoi les prescripteurs ne devraient plus utiliser les dénominations commerciales des substances thérapeutiques gazole dans un camion en panne sèche, bu d’un trait le fond du SI LES MÉDICAMENTS ont tou- ments, environ 6 500 noms de mar- « Il est temps de jeter un pavé dans tuer la DCI au nom de marque et siphon. jours existé, ils ne se sont pas tou- que pour 1 700 dénominations com- la mare des responsabilités des comment la délivrance du médica- jours présentés sous leurs formes munes internationales (DCI), qui dépenses pharmaceutiques et ment correspondant pourra ensui- a La de contrebande a fait d’aujourd’hui. Il fut un temps, pas permettent de désigner d’une autre d’adopter, pour mieux soigner, la te être assurée par le pharmacien plus de 20 000 morts depuis le si lointain et pas encore totalement manière, plus simple, la substance prescription en DCI et un bon d’officine. début de l’année en Russie, sans révolu, où la quasi-totalité des pres- thérapeutique. La DCI paracétamol partage des tâches médecins-phar- compter les trafiquants qui criptions correspondait à des prépa- correspond, par exemple (de l’Afé- maciens, peut-on lire dans l’édito- DOSSIER DÉTAILLÉ s’entretuent pour s’emparer du rations magistrales, effectuées par radol au Sédarène en passant par le rial du mensuel. On comprend bien Officiellement recommandé dans marché. le pharmacien dans son officine. Doliprane et l’Efferalgan), à 19 mar- que les industriels du médicament différents pays européens, le A cette époque, les noms chimi- ques commercialisées en France. défendent leurs spécialités pharma- recours à cet espéranto du médica- a L’armée chilienne applaudit à la ques des substances entrant dans la Pour les responsables du mensuel ceutiques et les noms de marque ment offre, selon eux, de multiples décision du président Ricardo composition de ces préparations et Prescrire, cette situation est qu’ils ont choisis. On conçoit que avantages, qu’il s’agisse de l’amélio- Lagos de supprimer le service les formules du Codex consti- d’autant moins acceptable que les ceux dont la fonction ou les intérêts ration des connaissances du pres- militaire obligatoire d’ici à 2005. tuaient le langage commun des médecins peuvent ne pas rédiger sont liés à ces industriels adoptent le cripteur et du bon usage du médi- prescripteurs, des pharmaciens et leurs ordonnances à partir des déno- même discours. Mais, si l’on n’y pre- cament. Il permet aussi de mieux a L’Armée du salut, qui, depuis sa des malades. Désormais, la pharma- ces marques ne sont pas la seule minations commerciales des médi- nait garde, on finirait par ne penser prendre en compte le patient et, création à l’époque victorienne, copée se résume aux spécialités manière de désigner ces médica- caments. Et cette revue indépendan- les médicaments qu’au travers des libérant le médecin de contraintes n’autorisait ses soldats qu’à se pharmaceutiques, c’est-à-dire à des ments et des marques différentes te des multinationales pharmaceuti- noms de marque au risque de mécon- superflues, autorise le pharmacien marier entre eux, tolère désormais médicaments préparés de manière peuvent correspondre à un même ques lance, dans son numéro de sep- naître leur composition précise. » les à assumer des responsabilités qui l’exogamie : « C’était une terrible industrielle, commercialisées sous principe actif. C’est ainsi qu’il existe tembre, un appel en faveur du responsables de Prescrire expli- ne sont pas sans rappeler celles qui restriction à l’égard de Cupidon », des noms de marque que les fabri- à ce jour en France, selon le fameux recours à la DCI, ce « langage com- quent aux médecins comment ils étaient les siennes du temps des admet le général John Gowans, cants font tout pour imposer. Or dictionnaire Vidal des médica- mun, intelligible et international ». peuvent, en toute légalité, substi- préparations magistrales. Ce dos- membre de l’Etat-Major. sier détaille, d’autre part, les limites de ce système et les situations dans a « Ce sont des photos de très bon DANS LA PRESSE pour leur chantage corporatiste n’en une évidence : la « méthode Jospin » gauche plurielle. Dans cette hypo- lesquelles la DCI doit, pour des rai- goût, qui s’intéressent surtout aux est pas une non plus. (…) Faute (…) n’est plus. Cassant, crispé, Lionel thèse-là (qui n’est pas aujourd’hui sons thérapeutiques, laisser la pla- muscles des filles », se flattent les LIBÉRATION d’avoir clairement marqué ses inten- Jospin, « droit dans ses bottes », sem- la plus probable, mais qui n’est pas ce au nom de marque. cinq skieuses de fond canadiennes Gérard Dupuy tions, mais aussi en intervenant à ble atteint par le syndrome Juppé. non plus inimaginable), Lionel Jos- Prescrire met en cause le secréta- de l’équipe nationale qui ont posé a Jospin s’est créé une obligation de contresens avec la vignette, le gou- pin démissionnerait vraisemblable- riat d’Etat à la santé, qui ferait une nues sur un calendrier pour résultats : que le blocus cesse dans vernement a laissé grossir la boule RTL ment de ses fonctions. lecture erronée de la réglementa- pouvoir payer leur entraînement. un délai raisonnable. Cette attitude de neige jusqu’au point où elle peut Alain Duhamel tion en vigueur. Le mensuel dénon- implique qu’il est prêt à engager devenir avalanche. a Lionel Jospin est pris en sand- LCI ce notamment l’interprétation des a La Chine a exclu de sa pour ce faire la force publique. La wich entre les petits patrons du Pierre-Luc Séguillon textes du code de la santé publique délégation olympique les prestation gouvernementale face à LE FIGARO transport routier et les Verts. Il a a Lionel Jospin a donc eu raison de qu’avait faite devant les députés, coureuses Li Jingnan, Lan Lixin, la colère pétrolière laisse perplexe Alexis Brézet choisi le ton, la posture et la straté- taper du poing sur la table. Il était en novembre 1998, Bernard Kouch- Dai Yanyan et Dong Yanmei car elle a beaucoup cédé sans obte- a L’histoire retiendra-t-elle que les gie de la fermeté, c’est-à-dire le plus que temps. Il s’en est fallu de ner. Alors secrétaire d’Etat à la san- que l’entraîneur Ma Junren dope nir grand-chose en échange. (…) De routiers ont inspiré au chef du gou- quitte ou double. (…) Dans ces con- peu que le premier ministre n’ajoute té, M. Kouchner avait expliqué qu’à au sang frais de tortue. plus, ces subventions perpétuent vernement sa première grande ditions, la marge de Lionel Jospin une crise politique à la crise sociale ses yeux il était impossible aux une organisation archaïque du trans- erreur politique ? En apparaissant est étroite et l’avenir de son gou- qu’il doit aujourd’hui affronter. (…) Il médecins français de prescrire en a Après avoir injecté sans résultat port routier, en entravant des regrou- comme il l’a fait hier soir sur le per- vernement se joue en bonne part va falloir redonner un semblant de DCI. Pour Prescrire, « il serait bien- une solution saline à la mère pements plus rationnels. Le massa- ron de Matignon, (…) Lionel Jospin a dans les heures qui viennent. (…) Si visibilité à une politique gouverne- venu que le ministère de la santé pendant sa grossesse, puis cre à la tronçonneuse libérale des pris un risque incroyable : celui la suite du conflit avec les transpor- mentale qui n’en a plus guère après revoie sa position unique au monde demandé au père, Huang petits patrons routiers n’est pas une d’être dans l’obligation, demain, de teurs routiers aboutissait néan- ce grand cafouillage fiscal. Cela fait et dénuée de bon sens ». Qiunsheng, de tuer le solution, même si certains en rêvent s’asseoir contraint et forcé à la table moins à un départ des Verts du beaucoup pour faire oublier une ren- nouveau-né, deux planificatrices chez les Verts. Mais la complaisance des négociations. Il a aussi manifesté gouvernement, ce serait la fin de la trée ratée. Jean-Yves Nau chinoises chargées d’appliquer la politique de l’enfant unique l’ont arraché des bras de Lui Yuyu, SUR LA TOILE docteur à la retraite qui voulait www.judithdarmont.com l’adopter, pour aller le jeter dans CONCENTRATION une rizière près du village de a Le site de commerce électro- Caidian dans la région du Hubei. Quarante-neuf tableaux figuratifs réalisés entièrement sur ordinateur nique Jungle.com, spécialisé dans les produits informati- a Selon le journal norvégien SARAH, Cigarette, Flou, le Dos, peut-être les femmes sont-elles plus ques, les disques et les vidéos, a Dagsavisen, les autorités d’Oslo Automne, Clara, Songe, Parallèle, expressives. Et puis c’est un sujet que été racheté par Great Universal sous l’égide de la CIA, auraient Frigo, Profil, Eloïse, Nuit, Bar, je connais mieux, parce que, avant de Store, première entreprise bri- testé dans les années 50 et 60, des Mina, Référence… Judith Darmont, commencer un tableau, j’ai toujours tannique de vente par corres- drogues mortelles sur des enfants jeune artiste parisienne, expose sur besoin de me raconter une histoire… pondance. – (Reuters.) nés de père allemand pendant la Internet une sélection de quaran- L’ordinateur reste un médium froid, www.jungle.com guerre, devenus des parias après te-neuf portraits. Le choix de la gale- un outil super-mental. Pour faire pas- 1945, retirés à leur famille et rie virtuelle s’imposait, car il s’agit ser la vie, je dois concentrer l’énergie ALLEMAGNE-ESPAGNE placés dans des institutions d’œuvres numériques, visibles uni- dans les yeux, les regards croisés. » a Le fournisseur d’accès alle- spéciales au titre de « malade quement sur écran : « Je ne fais pas En revanche, les arrière-plans des mand T-Online, filiale de mental ». d’esquisse sur papier, je ne scanne tableaux sont le plus souvent abs- Deutsche Telekom, a racheté rien, je dessine directement avec un traits : « Ils représentent en fait l’inté- la société de prestation Inter- a « Marie-Elodie est en Espagne. stylet sur une tablette graphique, à rieur de mes personnages. » net espagnole Ya.com pour Francis, après avoir stationné main levée. » Pourtant, les tableaux Dix années de travail n’ont pas 550 millions d’euros. Online quelque temps à Gibraltar, se lumineux de Judith Darmont sont suffi à Judith Darmont pour impo- renforce sa position de pre- trouve actuellement au Maroc », très figuratifs, et semblent presque ser cette nouvelle forme d’expres- mier fournisseur européen, précise le communiqué de avoir été peints à l’ancienne : « Jus- sion picturale : « En France, c’est tou- avec 6,4 millions d’abonnés. – l’association Aprecial, à l’origine qu’en 1990, je faisais de la peinture à jours la galère pour les artistes numé- (Reuters.) du programme de suivi et de l’huile. Puis, je me suis emparée de ce riques, nous ne sommes pas recon- recherche de la migration de la nouvel outil, mais je l’ai raccroché à nus. Pour gagner ma vie, je travaille HAUT DÉBIT cigogne blanche. ce que j’avais en tête et je suis restée comme directrice artistique ou je fais a La Corée du Sud compte sur le style que je développais… C’est des illustrations pour la presse. Ce plus de 2,2 millions de foyers a Dans la foule des rats qui génial d’avoir une palette de 16 mil- n’est pas une solution. » Comme abonnés à des services Inter- grouillent sur les murs lépreux du lions de couleurs, si on sait s’en servir. tant d’autres créateurs européens, net à haut débit, ce qui repré- vieux Palerme, parfois l’un d’eux, On me questionne beaucoup sur les elle a décidé de partir à New York, sente le plus fort taux du gros et gras, malhabile, perd aspects techniques, on veut savoir tubes. » Au premier plan de ses pose tantôt quotidienne, tantôt sen- pour un voyage de prospection : monde. A titre de comparai- l’équilibre et tombe au pied d’un quels sont mes logiciels préférés. C’est tableaux, Judith Darmont place suelle ou énigmatique : « On me dit « Là-bas, ils sont plus ouverts à ce son, aux Etats-Unis, seuls passant. sans importance. Personne ne deman- toujours un personnage : parfois un souvent que je me peins moi-même genre d’images, enfin je l’espère. » 2 millions de foyers bénéfi- de à un peintre traditionnel quelle est homme, parfois un couple, mais le partout, mais je ne suis pas d’ac- cient d’un accès haut débit. – Christian Colombani la marque de ses pinceaux ou de ses plus souvent une femme, dans une cord… Ça me vient comme ça, Yves Eudes (Reuters.)

PPDA le rebelle par Luc Rosenzweig IL N’AURA PAS échappé aux et recrute sur place des chauffeurs Maintenant qu’il a fait devant des téléspectateurs que le temps poli- au tarif local. On se demande en millions de téléspectateurs ce qu’il tique et social se gâte. Lionel Jos- revanche ce qu’il faisait là… est chic désormais d’appeler un pin déboule en ouverture du JT Dans ce type de situation (rap- outing, gageons qu’il ne va pas s’ar- de TF 1 en austère qui ne se marre pelons-nous Mai-68), chacun y va rêter en si bon chemin. Que les Mes- pas, mais alors pas du tout, flan- de sa petite révolte, de sa trans- sier, Lagardère et autres Pinault qué d’un Jean-Claude Gayssot qui gression personnelle, qui prouve vont devenir de plus en plus ner- fait semblant de regarder les mou- que l’on n’est pas autant à la botte veux à l’approche de 20 heures. Et ches voler. Noël Mamère frémit des pouvoirs que certains le pen- que même Martin Bouygues et de la moustache, et Dominique sent. Patrick Le Lay sont menacés de s’en- Voynet commence à menacer de Ainsi, aux environs de 20 h 20, tendre dire coram populo, le jour de peut-être, éventuellement, suivre Patrick Poivre d’Arvor mettait en la publication des résultats, évidem- le chemin de Jean-Pierre Chevène- rapport la fin du pompage du ment excellents, de TF 1 : «Ily a ment. Dans ces circonstances, on pétrole de l’Erika et l’annonce des vraiment de quoi financer de nouvel- cherche les phrases historiques, résultats du groupe TotalFina, les fictions, plutôt que d’importer des comme celle de ce Mirabeau des 22 milliards de bénéfices. Com- concepts honteux comme “Qui veut barrages routiers qui répond à l’ul- mentaire de PPDA : « Ils avaient gagner des millions ?” ou timatum de Jospin par un : « Pour vraiment de quoi se payer des pétro- “Survivor”. » S’il n’en était pas ainsi, nous, c’est bloquer ou mourir ! » liers neufs plutôt que des cargos nous serions fondés à nous interro- qui n’augure rien de bon. Nous pourris ! » Bigre, voilà qui est ger sur le sens de cette phrase de pensons néanmoins que le trans- envoyé ! Il y a du José Bové dans PPDA. Un différend avec Thierry porteur allemand Willy Betz, dont cet homme qui paraît si sage ! Desmarest, le PDG de TotalFina ? on pouvait apercevoir l’un des Notre mémoire le concernant Un début de campagne pour les camions bloquant la raffinerie du n’étant qu’une vaste amnistie, cré- municipales dans une commune Grand-Quévilly n’est pas encore à ditons-le d’avoir toujours été (in bretonne qui lui est chère ? Ou sim- l’agonie, vu qu’il immatricule ses petto) un farouche opposant aux plement un propos sans conséquen- centaines de camions en Bulgarie puissances de l’argent. ce d’éditorialiste de zinc ? A suivre… LeMonde Job: WMQ0809--0033-0 WAS LMQ0809-33 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 09:02 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0391 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / 33 JEUDI 7 SEPTEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.30 et 22.55 Palettes, Pierre-Auguste 21.00 Festival Pablo Casals 15.00 Les Gens de la nuit aa TÉLÉVISION ARTE Renoir (1841-1919). Histoire de Prades 99. Mezzo Nunnally Johnson (EU, 1954, v.o., 90 min) &. Ciné Cinémas 3 21.20 L’Immunologie réinventée 21.00 Mozart en tournée, Prague. 22.00 Eau, ressource à préserver. Forum 17.25 Août aa TF 1 19.00 Voyages, voyages. par une hôtesse de bar. Planète Avec Zoltán Kocsis, piano. Les Iles de la mer Baltique. 23.00 Sport, les femmes aussi... Forum Par les Virtuoses de Prague, Henri Herré (France, 1992, 21.55 Taïga, forêt dir. Jiri Belholavek. Muzzik 90 min) &. Cinéfaz 16.40 7 à la maison. 19.45 Météo, Arte info. o MAGAZINES de glace et de feu. Odyssée 22.50 « Requiem », de Brahms. 18.50 Nous avons gagné ce soir aa 17.35 Sunset Beach. 20.15 360 , le reportage GEO. Sauvetages en haute mer. 22.30 Thema. Les Aborigènes. Avec Kathleen Battle, soprano ; José Robert Wise (EU, 1949, N., 18.25 Exclusif. 18.10 et 0.10 Musiques. LCI v.o., 75 min) %. Ciné Classics 20.40 Thema. Les aborigènes, Mabo, le combat d’une vie. van Dam, baryton. Par l’Orchestre 19.05 Le Bigdil. 18.50 N.P.A. L’Art ou les Dollars ? Arte philharmonique de Vienne, dir. 19.25 Quadrille aa l’autre visage de l’Australie. 20.45 Dead Heart Invité : Jean Tiberi. Canal + Herbert von Karajan. Paris Première Sacha Guitry (France, 1937, 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 22.50 Les Africanistes, Film. Nick Parsons (v.o.). 0.30 « Méphistophélès », de Boito. N., 95 min) &. Cinétoile 20.55 Une femme d’honneur. 19.00 Une année de défilés. peintres voyageurs. Odyssée 22.30 Mabo, le combat d’une vie. Prêt à porter automne - hiver Par l’Orchestre et le Chœur du Théâtre 20.30 Kafka aa Mort clinique. 23.15 Le Grand Jeu, URSS - USA : de Gênes, dir. E. Muller. Muzzik 23.55 L’Art ou les Dollars ? 2000 - 2001 de Lanvin. Paris Première Steven Soderbergh (EU, 1991, N., 22.45 Made in America. 0.55 Un amour presque parfait. Beauté criminelle. 20.00 Courts particuliers. 1917-1991. [1/6]. Planète 100 min) %. Ciné Cinémas 1 Téléfilm. Lutz Konermann. Avec Cédric Klapisch. Paris Première 23.30 Irak, 5000 ans TÉLÉFILMS Téléfilm. Christopher Leitch. 20.50 L’Homme le plus dangereux 0.25 Très chasse. 20.05 Temps présent. et 6 semaines. Histoire M6 Liechtenstein : La femme qui en savait 20.55 La Force de l’amour. du monde aa trop.Hôpital... Silence on ferme ! TSR 23.50 Itinéraires sauvages. L’homme Joseph Sargent. &. TMC J. Lee Thompson (Etats-Unis, 1969, 100 min). 13me Rue FRANCE 2 17.25 Code Eternity. &. 20.50 Envoyé spécial. Un été à Paris. qui parlait aux lions. Odyssée 21.05 La Maison des bois. 21.00 Sierra torride aa 18.25 La Vie à cinq. &. Country-music à la française. 0.30 Un siècle d’écrivains. Maurice Pialat [1 et 2/6]. &. Histoire 17.00 Des chiffres et des lettres. 19.20 Dharma & Greg. &. P. - s . : « Octobre Rouge ». France 2 Pierre Louy¨s. France 3 22.45 Beauté criminelle. Don Siegel (Etats-Unis, 1969, 110 min). Paris Première 17.25 Un livre. 19.50 I-minute, Le Six Minutes, Météo. 21.05 Les Aventuriers de la science. Christopher Leitch. TF 1 21.00 Le Journal d’une femme 17.30 Jeux d’espions. 20.05 Notre belle famille. &. Vacances sur un air de science. TV 5 SPORTS EN DIRECT 0.30 Patricia G. Hans Liechti. %. Téva 18.20 JAG. 20.40 Décrochage info, Passé simple. 22.40 Boléro. Invité : Marco Simone. TMC 0.55 Un amour presque parfait. de chambre aa Lutz Konermann. Arte Luis Buñuel (France, 1964, 19.15 Qui est qui ? 20.50 X-Files. Biogenèse & ; 22.50 Zig Zag café. Philippe Joye, mon 19.00 et 1.00 Tennis. US Open (11e jour). La sixième extinction [1 et 2/2] %. A Flushing Meadow. Eurosport N., 95 min) &. Cinétoile 19.50 Un gars, une fille. frère n’était pas le mien. TSR 20.00 Journal, Météo, Point route. 23.30 Poltergeist, 22.10 Science été. LCI SÉRIES 22.10 L’Expédition du Fort King aa DANSE Budd Boetticher (Etats-Unis, 1953, 20.50 Envoyé spécial. les aventuriers du surnaturel. 23.05 Dites-moi. 20.20 Friends. Celui avec George. RTL 9 v.o., 85 min) &. Ciné Cinémas 1 Un été à Paris. Country-music 1.10 Chapeau melon et bottes de cuir. Invité : Patrice van Eersel. RTBF 1 20.50 X-Files. Biogenèse. &. 22.50 L’Impasse tragique aa à la française. « Octobre Rouge ». 23.20 Prise directe. 22.40 « Aunis ». Ballet. 23.05 Nos funérailles aa Chorégraphie de Jacques Garnier. [1 et 2/2]. La sixième Henry Hathaway (EU, 1946, N., Faut-il interdire les sectes ? France 3 ème Film. Abel Ferrara ?. Avec Kader Belarbi. Mezzo extinction. %. M6 v.o., 100 min). 13 Rue RADIO 23.55 Le Club. 20.55 Une femme d’honneur. 0.50 Journal, Météo. Invité : Jacques Rozier. Ciné Classics MUSIQUE Mort clinique. TF 1 1.15 Nikita. %. FRANCE-CULTURE 22.05 Histoires gay 2. [1 et 2/2] ?. Canal + DOCUMENTAIRES 20.00 « Burlesque », de Strauss. 23.30 Le Caméléon. FRANCE 3 19.30 Cas d’école. [2/2]. Instinct naturel (v.o.). Série Club Avec Volker Banfield, piano. 20.30 Fiction 30. Radiodrames. 20.15 360o , le reportage GEO. Par l’Orchestre philharmonique 0.35 Absolutely Fabulous. 17.45 Sur la terre des dinosaures. Charles et Rainer, de Claude Prin. [4/6] Les maîtres du ciel. Sauvetages en haute mer. Arte de Berlin, dir. Elgar Howarth. Mezzo Peur (v.o.). %. Canal Jimmy 21.00 Le Gai savoir. Robert Muchembled. 18.15 Un livre, un jour. 22.12 Multipistes. 18.20 Questions pour un champion. 22.30 Surpris par la nuit. 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 0.05 Du jour au lendemain. Mathieu 20.03 Consomag. Kessler (Le Paysage et son Ombre). 20.05 Tout le sport. 20.20 C’est mon choix pour l’été. FRANCE-MUSIQUES FRANCE 3 ARTE FRANCE 3 20.55 Tatie Danielle Film. Etienne Chatiliez. 18.00 Le jazz est un roman. 17.45 Sur la terre des dinosaures 20.40 Thema : les Aborigènes, 0.30 Un siècle d’écrivains : 22.50 Météo, Soir 3. Erroll Garner [1/4]. Après en avoir livré une version ré- l’autre visage de l’Australie Pierre Louy¨s 23.20 Prise directe. 19.07 A côté de la plaque. Faut-il interdire les sectes ? 20.00 Festival d’été Euroradio. duite, France 3 diffuse du A quelques jours de l’ouverture Son image d’écrivain libertin a 23.05 Nos funérailles aa 0.30 Un siècle d’écrivains. Pierre Louy¨s. Concert donné en direct 4 au 9 septembre l’intégrale, soit des J.O. de Sydney, un film (Dead longtemps caché d’autres aspects Abel Ferrara. du Gewandhaus de Leipzig, Avec Christopher Walken, par l’Orchestre symphonique trois heures de programmes, de ce Heart, de Nick Parsons) et deux de la personnalité de Pierre Louy¨s, Chris Penn (Etats-Unis, 1996, CANAL + de la Radio finlandaise, documentaire de la BBC réalisé par documentaires, l’un sur la résis- dandy qui termina sa vie en pleine 105 min) ?. France 2 dir. Jukka Pekka Saraste. Œuvres 0.05 Khartoum aa 16.50 Les Moissons d’Irlande de Prokofiev, Grieg, Sibelius. Tim Haines, sur des commentaires tance des Aborigènes, Mabo, le folie, s’arc-boutant dans son refus Basil Dearden (Grande-Bretagne, Film. Pat O’Connor &. 22.30 Jazz, suivez le thème. en français d’André Dussolier. combat d’une vie, de Trevor Gra- de voir éditées ses dernières 1966, 120 min) &. Cinétoile f En clair jusqu’à 20.40 Black and Tan Fantasy. 0.20 Qiu Ju, une femme L’occasion de découvrir la vie et la halm, l’autre sur le marché de l’art œuvres. Un portrait de Pierre Du- 18.25 Les Simpson. &. chinoise aaa 18.50 Nulle part ailleurs. RADIO CLASSIQUE mort de ces géants, de leur domi- et de la peinture de ce peuple. Loin mayet et Robert Bober sur cet écri- Zhang Yimou (Chine, 1992, 95 min) &. Cinéstar 1 20.40 Le Schpountz 20.40 Les Rendez-vous du soir. nation sur le monde animal jus- de l’argent et des exploits sportifs, vain libre, auteur de poèmes, de Film. Gérard Oury. &. qu’à leur disparition après plus de un autre regard sur l’Australie, né- romans et de contes, grand admi- 1.35 Requiem aa Le jeune Chopin à Varsovie. Alain Tanner (France - Suisse, 1998, 22.05 Histoires gay. [1 et 2/2] ?. 22.35 Les Rendez-vous du soir... (suite). 160 millions d’années. cessaire. rateur de la Grèce antique. v.o., 95 min) %. Ciné Cinémas 2 23.35 Mon frère. Film. Gianni Amelio &. Œuvres de Mozart, Chopin, Spohr.

VENDREDI 8 SEPTEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.30 et 23.00 Palettes. 14.10 Parfait amour ! aa Catherine Breillat (France, TÉLÉVISION DÉBATS Le sens des sens : MUSIQUE LA CINQUIÈME/ARTE 1996, 115 min) !. Cinéfaz la « Dame à la licorne ». Histoire 21.00 L’Art de la magie. Forum 18.30 Intégrale Chopin. Mezzo 13.50 La Cinquième rencontre... 20.30 Hollywood 26. Ciné Cinémas 14.25 Requiem aa TF 1 22.00 Jeunes des quartiers, 22.30 Jazz Box. Alain Tanner (Fr. - Sui., 1998, L’Espace : Les climats et la météo. 20.30 Trois femmes, v.o., 100 min) %. Ciné Cinémas 2 15.15 Les Passeurs du siècle [5/5]. entre espoir et désillusion. Forum A Montréal, en 1998. Muzzik 13.55 Les Feux de l’amour. un livre, une vie. Odyssée 16.25 Quadrille aa 15.45 Histoire de comprendre. 23.00 Musique brésilienne, 22.50 Eric Clapton 14.45 High Secret City %. 1956, la déstalinisation manquée. 21.00 Intégrales coulisses. Sacha Guitry (France, 1937, musique métisse. Forum Alex Métayer : Famille, and Friends in Concert. N., 95 min) &. Cinétoile 15.45 Les Dessous de Palm Beach %. 16.00 Cinq sur cinq. je vous haime. Paris Première Avec Sheryl Crow ; Bob Dylan ; David 16.15 Jeunesse. Sanborn ; Mary J. Blige. Canal Jimmy 20.30 Anna aa 16.40 7 à la maison. MAGAZINES 21.05 Lucy, Ramsès et Cie. 17.05 Alfred Hitchcock présente. 23.00 Festival Pablo Casals Alberto Lattuada (It., 1951, N., 17.35 Sunset Beach. Spéciale Lascaux. Histoire v.o., 110 min) &. Ciné Classics 18.25 Exclusif. 17.35 100 % question spécial collège. 13.50 La Cinquième rencontre... 21.30 Inde, naissance d’une nation. de Prades 99. Mezzo 18.05 Profond, loin, longtemps. 21.00 Noël chez les Muppets aa 19.05 Le Bigdil. L’Homme et son univers. [1/10]. La veille 23.30 Primavera concertistica Brian Henson (Etats-Unis, 1992, 19.00 Tracks. L’Espace : Les climats de l’indépendance. Odyssée 85 min) &. Cinéstar 2 19.55 Hyper net. et la météo. La Cinquième di Lugano. Avec Teresa Berganza, 19.45 Météo, Arte info. 21.45 Les Grandes Expositions. 20.00 Journal, Météo. 14.10 et 17.10, 21.10 soprano. Par l’Orchestre de la Suisse 21.00 Le Chat aa 20.15 Reportage. Sauvez l’Okavango. Les chevaux de Saint-Marc italienne, dir. N. Bonavolonta. Muzzik Pierre Granier-Deferre (France, 20.55 Le Grand Soir. de Venise. Planète 20.45 Les Vilains. Les Rencontres de l’été. 1971, 85 min) %. Ciné Cinémas 2 Téléfilm. Xavier Durringer. Les expositions de l’été. LCI 21.55 Une courbe 23.15 Sans aucun doute. THÉÂTRE 21.00 Les Gens de la nuit aa Les Dix Commandements. 22.20 Grand format. 14.15 Boléro. Invité : Marco Simone. TMC de légende. Canal Jimmy Nunnally Johnson (EU, 1954, v.o., 1.00 Les Coups d’humour. Des éclairs dans la tête. 18.50 N.P.A. 22.00 Local style. 0.10 Le Riche convoité. 95 min) &. Ciné Cinémas 3 23.50 Le Château de l’araignée aaa Invités : Edward Norton ; Surf en Polynésie. Odyssée Pièce de Carlo Goldoni. Film. Akira Kurosawa (v.o.). Mise en scène de F. Sayad. France 3 21.10 La Main au collet aaa FRANCE 2 Jean-Christophe Grangé ; Alfred Hitchcock (EU, 1955, v.o., 1.35 Le Dessous des cartes. Sona Fariq. Canal + 22.15 Parlez-moi d’amour. [5/5]. Savoir aimer. TV 5 105 min) &. Cinétoile 13.55 Un cas pour deux. 19.00 Tracks. Dream : Sven Väth. TÉLÉFILMS Backstage : Le hip hop allemand. 22.20 Grand format. 22.25 Epouses et concubines aa 14.55 Rex. M6 Vibrations : Le culte de la beauté au Des éclairs dans la tête. Arte Zhang Yimou (Chine - Taïwan, 15.45 La Chance aux chansons. 20.45 Les Vilains. Xavier Durringer. Arte Brésil. Future : Textiles électroniques. 22.55 Les Grands Parcs canadiens. 1991, 125 min) &. Cinéstar 2 17.00 Des chiffres et des lettres. 14.00 Soupçons sur un champion. Téléfilm. Joseph L. Scanlan. &. Live : City Slang fête ses dix ans. Arte Les parcs de la baie 20.50 L’Impure. 22.30 Snake Eyes aa 17.25 et 22.40 Un livre. 19.00 Une année de défilés. de Fundy. Odyssée Paul Vecchiali [1/2]. &. Téva Brian De Palma (Etats-Unis, 1998, 15.35 Code Quantum. &. 97 min) %. Canal + 17.30 Jeux d’espions. Prêt à porter automne-hiver 2000/2001 23.05 Arthur Masson, l’homme 20.50 Tekwar. W. Shatner. 13ème RUE 16.30 M comme musique. de Christian Lacroix. Paris Première 18.20 JAG. qui écrivait des livres. RTBF 1 21.00 Révolte d’un homme traqué. 22.35 Impitoyable aaa 17.25 Code Eternity. &. Clint Eastwood (EU, 1992, v.o., 19.15 Qui est qui ? 19.55 et 23.55 TV 5 l’Invité. Geoff Murphy. %. Canal + Claude Allègre. TV 5 23.35 La Conquête de l’espace. 125 min) %. Ciné Cinémas 3 19.50 Un gars, une fille. 18.25 La Vie à cinq. &. 20.00 Courts particuliers. [2/2]. Objectif Mars. Histoire 22.30 Clichés compromettants. 22.45 L’Idéaliste aa 20.00 Journal, Météo, Point route. 19.20 Dharma & Greg. &. Douglas Jackson. %. Téva Mathilde Seigner. Paris Première 0.20 Paris-musette. Histoire Francis Ford Coppola (EU, 1997, 20.50 Lyon police spéciale. 19.50 I-minute, Le Six Minutes, Météo. 20.55 Thalassa. 23.45 Juste une question d’amour. 135 min) &. Cinéstar 1 L’affaire Paoli [1 et 2/2]. 20.05 Incroyabl’animaux. 0.50 L’Actors Studio. Christian Faure. Festival 22.45 Bouche à oreille. Pêcheurs sous la banquise. France 3 Martin Landau. Paris Première 22.45 Je t’aime, je t’aime aaa 22.50 Bouillon de culture. 20.40 Politiquement rock. 21.05 Top bab. Alex Gopher. Canal Jimmy 0.00 L’Ombre de la mort. Alain Resnais (France, 1967, 90 min) &. Canal + Vert Il y a du génie dans chaque enfant. 20.50 Le Monde perdu de Sir Arthur 22.00 Faut pas rêver. SPORTS EN DIRECT Richard Engel. &. Téva 22.55 La Grande Attaque 0.10 Journal, Météo. Conan Doyle. La Découverte. Madagascar : La demande en mariage. 22.35 Au-delà du réel, France : Les femmes bergers. 19.00 Tennis. US Open. Demi-finale COURTS MÉTRAGES du train d’or aa Belgique : Le cheval Bayard. messieurs. Eurosport Michael Crichton (Grande-Bretagne, FRANCE 3 l’aventure continue. Invitée : Mathilde Seigner. France 3 1979, 110 min) &. Cinétoile 0.25 Spécial Festival de Deauville. 0.30 Histoires courtes. 13.55 C’est mon choix. 22.50 Bouillon de culture. DANSE Au bain... mari ! Pascal Graffin. &. Il y a du génie dans chaque enfant. L’Addition. Gilles Pujol. &. France 2 15.00 Le Pirate. Invités : Nina Bouraoui ; Jean Téléfilm. Ken Annakin [2/2]. RADIO Dutourd ; Ahmadou Kourouma ; 19.30 « A force de partir, SÉRIES 16.35 Les Minikeums. Amélie Nothomb ; je suis resté chez moi ». Ballet. 17.45 Sur la terre des dinosaures [5/6]. Zoé Valdès. France 2 Chorégraphie de Maurice Béjart. FRANCE-CULTURE 19.30 Mission impossible. 18.15 Un livre, un jour. 23.15 Sans aucun doute. Musique de Mahler. Par le Béjart ballet 18.20 Questions pour un champion. Les Dix Commandements. TF 1 de Lausanne. Muzzik La banque. &. Série Club 20.30 Black & Blue. 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 23.25 Zig Zag café. 20.05 « Dionysos », de Maurice Béjart. 20.45 Twin Peaks. Filmant les trios d’Ahmad Jamal. Philippe Joye, mon frère Ballet. Chorégraphie de Maurice Episode 29 %. Série Club 20.05 Tout le sport. 21.30 Cultures d’islam. n’était pas le mien. TSR Béjart. Musique de Hadjidakis. 20.50 Lyon police spéciale. 20.20 C’est mon choix pour l’été. 22.12 Multipistes. Par le Béjart ballet de Lausanne. [1 et 2/6]. L’affaire Paoli. France 2 20.55 Thalassa. 22.30 Surpris par la nuit. DOCUMENTAIRES Avec Michel Gascard Pêcheurs sous la banquise. Techno des villes, techno des champs. (Dionysos). Muzzik 20.50 Le Monde perdu de Sir Arthur 22.00 Faut pas rêver. 17.45 Sur la terre des dinosaures. 21.00 « Casse-Noisette ». Ballet. Conan Doyle. La Découverte. M6 23.00 Météo, Soir 3. FRANCE-MUSIQUES [5/6]. Les lutins des glaces. France 3 Chorégraphie de Pär Isberg. Musique de Tchaïkovski. Par le ballet de l’Opéra 22.35 Au-delà du réel, 23.25 Mike Hammer. 18.00 L’Actors Studio. royal suédois. Avec Jens Rosén (Petter), l’aventure continue. 0.10 Le Riche convoité. 20.00 Les Proms 2000. Concert donné par Martin Landau. Paris Première Alexandra Kastrinos (Lotta), Marie Dos au monde. &. Pièce de Carlo Goldoni. l’Orchestre symphonique de la BBC 18.05 Profond, loin, Lindquist, Anders Nordström Rendez-vous avec la mort. %. M6 écossaise, dir. Osmo Vänskä : œuvres et l’Orchestre de l’Opéra royal suédois, 23.35 Jack l’Eventreur aa CANAL + de Ravel, Weill, Stravinsky. longtemps. La Cinquième dir. Renat Salavatov. Mezzo 23.25 Mike Hammer. Plus ballon Robert S. Baker et Monty Berman. 22.30 Alla breve. que toi, tu meurs ! France 3 Avec Lee Patterson, 20.05 Chroniques d’Hollywood. 22.35 « Rosa ». Ballet. Chorégraphie 13.45 Augustin, roi du kung-fu a 22.45 Jazz-club. Bob Dorough, Rue de la Misère. Histoire Eddie Byrne (GB, 1959, N., piano et chant, avec Clovis Nicolas, d’Anne Teresa de Keersmaeker. 0.00 La Quatrième Dimension. v.o., 85 min) %. Ciné Classics Film. Anne Fontaine &. e contrebasse et Philippe Soirat, batterie. 20.15 Reportage. Musique de Bartok. Avec Fumyo Ikeda, Les fantômes de la 7 cavalerie. &. 15.10 Lexx. [15/33] %. Nordine Benchorf. Mezzo Sauvez l’Okavango. Arte Sonde 7 fort et clair. &. Série Club 16.10 The X-Files, le film Film. Rob Bowman %. RADIO CLASSIQUE f En clair jusqu’à 21.00 20.40 Concert. Donné par l’Orchestre 17.55 Mickro ciné. philharmonique de Saint Pétersbourg, 18.25 Les Simpson. dir. Nikolaï Alexeiev : œuvres 18.50 Nulle part ailleurs. de Stravinsky, Moussorgski et Ravel, Elgar, Tchaïkovski. 20.40 Allons au cinéma ce week-end. ARTE FRANCE 2 ARTE 21.58 Les Rendez-vous du soir. 21.00 Révolte d’un homme traqué. Sextuor à cordes en ré mineur Souvenir 20.45 Les Vilains 20.50 Lyon Police Spéciale 23.50 Le Château Téléfilm. Geoff Murphy %. de Florence op. 70, 22.30 Snake Eyes aa de Tchaïkovski, par le Quatuor « Les Vilains », de Xavier Durrin- Ce nouveau feuilleton a été, évi- de l’Araignée aaa Film. Brian De Palma %. Borodine. ger, ouvre de belle manière le cycle demment, tourné à Lyon, ce qui Deux samouraïs reviennent victo- 0.10 Les Passagers 22.35 Les Rendez-vous du soir... (suite). des « Petits gangsters », une série permet au réalisateur, Bertrand rieux d’une expédition ordonnée Film. Jean-Claude Guiguet &. L’Europe au temps du Caravage. de cinq téléfilms policiers réalisés Arthuys, de nous offrir des plans- par le maître du château de l’Arai- par de jeunes cinéastes français. séquences aériens et des vues gnée. Ils se perdent dans la forêt et SIGNIFICATION DES SYMBOLES Deux générations de voyous pré- plongeantes sur les traboules. L’in- rencontrent une vieille femme en 23.50 Le Château Les codes du CSA Les cotes des films parent le braquage d’une entre- trigue court sur six épisodes. Le train de filer... Le Macbeth de Sha- de l’araignée aaa & Tous publics a On peut voir prise de transport de fonds. Le scénario, l’infiltration d’un réseau kespeare transposé dans le Moyen Akira Kurosawa. % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer Avec Toshiro Mifune, ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique conflit s’installe rapidement. Tout de drogue par un tandem de flics, a Age japonais. Kurosawa a créé une Isuzu Yamada (Japon, 1957, N., v.o., 105 min). Arte ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + est d’une rare justesse, et en pre- le mérite de donner aux femmes atmosphère magistrale, fantas- ! Public adulte DD Dernière diffusion mier lieu les dialogues. Il y a de des rôles moins convenus que tique, de folie et de mort. Fasci- 1.00 Nous avons gagné ce soir aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Robert Wise (EU, 1949, N., v.o., # l’Audiard chez Durringer. d’ordinaire. nant. 70 min) %. Ciné Classics Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ0809--0034-0 WAS LMQ0809-34 Op.: XX Rev.: 07-09-00 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0392 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 Le Grand Orient renouvelle sa direction Et donc par Pierre Georges DONC les Verts l’étaient. De savoureuse, d’une journée sans dans un climat de suspicion rage. Démissionner, ne pas démis- voitures avec voitures ! Donc les sionner ? Telle fut bien la ques- prophètes de la pénurie, les Ma- tion. Donc Jean-Pierre Chevène- dame Irma des gondoles de su- ment l’avait résolue, cette permarchés commençaient à an- Alain Bauer en position de force pour le poste de grand maître question. Franc-comtois rends- noncer que le pire, le vide, était à toi ! Nenni ma foi ! Donc Claude venir. Français, faute d’essence UN MILLIER de « frères » de- moins vingt-six des trente-cinq Grand Orient, pourtant, ne bruit Or le rapport moral de la direc- Allègre courait par monts et par – c’est fait – stockez du sucre, du vaient se retrouver, jeudi 7 sep- membres du « conseil de l’ordre » que de craintes – ou d’espoirs – que tion sortante, soumis au convent vaux vendre ses quatre vérités café, du lait, et du beurre. Conge- tembre, dans un grand hôtel pari- (la direction de l’obédience qui cette belle mécanique s’enraye. Car jeudi, ne revient pas sur cette affaire avec cette fureur éruptive d’un lez, prenez de la peine, c’est le sien, pour participer au convent constitue son collège électoral). le convent va se tenir sur un terrain corse, considérée comme une faute volcan mal éteint. Donc Martine fonds de commerce qui va bientôt – l’assemblée générale annuelle – « Du travail de professionnel, mené miné par l’affaire corse, vieille terre isolée dont le conseil sortant ne Aubry préparait ses malles, tant manquer le plus ! du Grand Orient de France. De de longue date », commente-t-on, y maçonnique dont sont originaires saurait être tenu pour responsable. Lille vaut bien une braderie. Donc Quelle rentrée ! La Bourse de « fraternité », pourtant, on entend compris parmi les partisans de aussi bien Philippe Guglielmi que Beaucoup de francs-maçons, ce- MAM s’en allait faire, en pays de Paris montait vers son Everest, guère parler, depuis des mois, dans l’autre candidat déclaré, Jacques son successeur à l’automne 1999, Si- pendant, estiment qu’elle mérite dé- connaissance politique, cam- 7000 points un de ces quatre, l’Hi- les couloirs de la principale obé- Orifice. mon Giovannaï. Le 22 janvier, ce bat, tant elle serait révélatrice des pagne pour le référendum auprès malaya mon bon, l’Himalaya. La dience française, qui rassemble dernier avait organisé, dans son bu- « magouilles parisiennes » de la di- des barrages des patrons routiers. croissance croissait. Le chômage, quelque 40 000 francs-maçons. Une PROCHES OU OBLIGÉS reau de la rue Cadet, mais sans en rection et de son incapacité à pré- Ce qui était, nettement, à l’inutile nonobstant un léger hoquet de bataille sans merci est engagée pour Membre du conseil de l’ordre et avertir le conseil de l’ordre, une réu- server l’« unité » de l’obédience. joindre l’opportun. saison, baissait. Tout allait bien. la direction du Grand Orient : cou- bras droit de l’ancien grand maître nion avec quatre responsables na- Certains s’apprêtaient à réclamer un Donc tout partait dans tous les Le président avait subventionné verts par le secret maçonnique, tous Philippe Guglielmi entre 1997 et tionalistes corses dont les « sensibi- changement de l’ordre du jour, afin sens. Les autocaristes avaient si- d’abondance l’industrie touris- les coups, manœuvres ou ragots 1999, M. Bauer s’était déjà employé, lités » n’étaient pas représentées d’inclure le dossier corse dans la dis- gné. Les ambulanciers pas. Les au- tique mauricienne. La rentrée des semblent permis. à ce poste, à favoriser l’arrivée de dans les discussions ouvertes par le cussion et le vote sur le rapport mo- to-écolistes faisaient leur rentrée classes s’était faite dans un climat L’enjeu immédiat : l’élection d’un proches ou d’obligés à la direction gouvernement avec les élus de l’île. ral. S’ils y parvenaient et si, alors, le des classes revendicative. les agri- idyllique de langueur monotone. nouveau grand maître. A priori, cha- de l’obédience, lors des précédents Cette initiative, qui se voulait une convent votait contre, tous les équi- culteurs voulaient tout, tout de TF 1 faisait, Valjean-Javert, cun l’admet, les jeux sont faits. Jeudi renouvellements triennaux. Il a en- contribution à la recherche d’une libres concoctés cet été pourraient suite. Et le reste maintenant. Les presque du verlan, des audiences soir, Alain Bauer devait être appelé core renforcé sa position, depuis le solution au problème corse, avait être bousculés ; au terme du règle- taxis, y compris ceux de la Marne, hugoliennes. à présider aux destinées du Grand début de l’été, lors des dix-sept provoqué un tollé dans l’obédience, ment, le conseil sortant, ou son seul engageaient la bataille de Paris. Et Tout allait bien. Ce qui veut dire Orient. A trente-huit ans, cet ancien congrès régionaux, chargés d’élire furieuse que cette affaire ait éclaté bureau, seraient destitués. les bateliers ? Les bateliers, pro- que tout allait mal en une tar- vice-président de l’UNEF-ID dans les représentants des loges au au grand jour, à la suite de fuites sa- Dans ce cas même, M. Bauer fession véritablement sinistrée péienne rentrée. N’allez pas de- les années 80, ex-jeune rocardien conseil de l’ordre. Sur les treize vamment organisées (Le Monde des conservait toutes ses chances : «Il elle, avaient bloqué la Seine, sous mander à un pauvre hère, dépassé passé par Matignon en 1988-1989, postes de conseiller à pourvoir, la 18 et 21 mars). Isolé et écœuré, n’était pas au conseil lors de l’année Bercy, sous le grand paquebot im- par l’ampleur de ce mystère – tout aujourd’hui patron d’une entreprise plupart ont été raflés par les amis de M. Giovannaï démissionnait, le écoulée. Il est donc tout à fait capable pavide des us et tortures fiscales. va mal puisque tout va bien, et in- de conseil en « sûreté urbaine » M. Bauer, et lui-même a été « plé- 14 avril, de ses fonctions de grand de se présenter en “chevalier Quelle rentrée, mais quelle ren- versement – de feindre d’en être pour des municipalités, devait être biscité », avec plus de 60 % des voix, maître, laissant le champ libre à blanc” », analysait l’un de ses dé- trée ! L’euro baissait. Le brut le commentateur avisé. Et encore élu. Selon les pronostics, y compris dans l’une des cinq régions pari- ceux qui, déjà, préparaient sa suc- tracteurs. montait. Hardi donc. Même que moins l’organisateur. C’était ainsi, ceux de ses adversaires, il semblait siennes. cession, au premier rang duquel le bon M. Desmarest, de la Total- la course à l’échalote, à la ca- assuré de recueillir les voix d’au L’affaire paraît donc entendue. Le M. Bauer. Gérard Courtois FinaElf compagnie, était presque gnotte ! La molle révolte contraint de feindre une doulou- d’un septembre de plomb et de reuse surprise pour annoncer des sans-plomb ! bénéfices monstrueux, quoique Et donc en ce climat délétère, roboratifs. Vous savez dans nos volatil comme essence, Lionel Jos- métiers, le bénéfice, cela va, cela pin monta au front et sur le per- vient, un jour bien, un jour mal. ron. Et à ces patrons-routiers qui On en aurait essuyé quelques voulaient le gasole et l’argent du géologiques larmes. gasole, d’accord la nuit, pas d’ac- Donc il n’y avait plus d’essence cord le jour, il lança : « Je veux en France. Nulle part. Sauf à Paris. vous dire de façon nette que le gou- Partout. Mystère d’une guerre de vernement n’ira pas plus loin ». positions féroce, Paris ville et sta- Une phrase nette enfin dans un tions ouvertes ! Ce qui aiderait climat ténébreux. Mais qu’un es- nettement, pour peu que le conflit prit facétieux pourrait interpréter, dure, à l’organisation absolument à la lettre, autrement.

Affaire Borrel : remise en cause de l’impartialité de la juge Moracchini LES AVOCATS de la veuve du Parlos a découvert un mot manus- juge Bernard Borrel, retrouvé mort crit et assez familier de Djama Sou- en 1995 à Djibouti dans des cir- leiman, le procureur de la Répu- constances mystérieuses, ont vive- blique de Djibouti. « Salut ment mis en cause, mercredi 6 sep- Marie-Paule, je t’envoie comme tembre, auprès du garde des convenu la cassette vidéo du trans- sceaux, la juge Marie-Paule Morac- port au Goubet, peut-on lire dans ce chini, dessaisie du dossier au prin- texte. J’espère que l’image sera satis- temps. Celle-ci est accusée par faisante. J’ai regardé l’émission Mes Olivier Morice et Laurent de “Sans aucun doute” sur TF 1. J’ai pu Caunes d’avoir « un comportement constater à nouveau combien parfaitement contraire aux principes Mme Borrel et ses avocats sont décidés d’impartialité et de loyauté » et à continuer leur entreprise de mani- semble avoir omis de coter et de pulation. Je t’appelerai bientôt. Passe transmettre une pièce de procé- le bonjour à Roger [Le Loire] s’il est dure à son successeur. rentré, de même qu’à J.-C. Dauvel Les deux avocats, qui n’avaient [procureur adjoint à Paris]. A très pas été autorisés à se rendre à Dji- bientôt, je t’embrasse, Djama. » bouti en mars pour un second Les avocats de Mme Borrel sont transport sur les lieux, ont deman- évidemment furieux. « Cette pièce dé le 1er août à consulter la cassette démontre l’étendue de la connivence vidéo tournée sur place. Le juge qui existe entre le procureur de Dji- Jean-Baptiste Parlos, chargé de bouti et les magistrats français, as- l’instruction depuis le dessaisisse- sure Me Morice, et on ne peut ment de Marie-Paule Moracchini et qu’être scandalisés. » Ils ont récla- Roger Le Loire le 21 juin, leur a in- mé à Elisabeth Guigou une enquête diqué que la cassette ne figurait pas de l’inspection générale des ser- au dossier et n’était pas « référen- vices judiciaires. La ministre de la cée dans la procédure comme étant justice n’avait pas reçu leur cour- une pièce à conviction ». Le juge a rier, jeudi 7 septembre. Mme Morac- aussitôt appelé sa collègue, qui lui a chini fait déjà l’objet de poursuites remis la cassette dans la jour- disciplinaires devant le Conseil su- née.« Les juges Moracchini et Le périeur de la magistrature (CSM), Loire avaient gardé par devers eux notamment pour la disparition de cette cassette, proteste Me Olivier pièces dans l’instruction du dossier Morice, qu’ils avaient omis de placer de la Scientologie (Le Monde du sous scellés, plus d’un mois après leur 3 juillet). dessaisissement. » Pire, dans l’enveloppe le juge Franck Johannès

DÉPÊCHES a VACHE FOLLE : un nouveau cas d’encéphalopathie spongiforme bo- vine (ESB) a été détecté dans un élevage vendéen comptant 264 bovins destinés à la production de viande. L’ensemble du cheptel sera abattu en fin de semaine. Ce cas porte à 42 le nombre d’animaux atteints de l’ESB détectés depuis le début de l’année en France. a CORSE : la présidente du RPR, Michèle Alliot-Marie, va se rendre à Ajaccio, jeudi 7 septembre, pour participer à la réunion du comité dé- partemental de la fédération RPR de Corse-du-Sud, dont la majorité est hostile aux accords de Matignon, ratifiés par les élus du mouvement ap- partenant à l’Assemblée de Corse (Le Monde du 6 septembre). a PRESSE : les journalistes de L’Equipe et de France-Football (groupe Amaury) ont, à bulletins secrets (207 voix pour et 68 contre), voté un préavis de grève de 24 heures pour des revendications salariales. Cette action pourrait affecter la parution de l’édition du samedi 9 septembre, et dépend du résultat de négociations avec la direction.

Tirage du Monde daté jeudi 7 septembre 2000 : 494 038 exemplaires. 1 - 3 VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 INSOLENCE MOTS D’ESPRIT « 99 francs » La Chronique de Frédéric Beigbeder de Roger-Pol Droit et « L’Amateur page VI de libérines » LE FEUILLETON d’Antoine Buéno DE PIERRE LEPAPE page IV Alain Nadaud LYDIE SALVAYRE LITTÉRATURE ÉCOSSAISE JEAN DELUMEAU page II page III page V page VII Schuhl, l’enchanteur

Schuhl ne « raconte » pas la vie petite fille d’à peine cinq ans, à la chanteuse, D’Annunzio et la Duse, Où est la chanteuse maintenant d’Ingrid Caven, même s’il la partage voix merveilleuse, est emmenée au Autour de la figure aimée Miller et Monroe, Gary et Seberg, qu’est venu le temps « des voix apla- depuis de nombreuses années, après nord, dans le froid, pour chanter Dou- Shepard et Jessica Lange, Philip ties » ? Où sont, dans cette « nouvel- qu’elle eut vécu avec d’autres, dont ce nuit, sainte nuit devant des soldats. d’Ingrid Caven, chanteuse “Portnoy” Roth et Claire “Limelight” le ère glaciaire », les Mazar, les Fass- Rainer Werner Fassbinder, qui, lui Elle s’appelle Ingrid Caven. Que Bloom, les noces du verbe et de la binder ? N’ont-ils comme refuge aussi, irradie ce récit. Schuhl – il fait-on de ce souvenir-là quand on et actrice égérie chair, intrigantes, énigmatiques et que les pages d’un livre, puisqu’on apparaît à travers la figure de Char- devient une chanteuse célèbre, l’égé- tumultueuses ». « veut étouffer, oublier, éliminer, net- l fallait un roman pour clore le les, « juif huguenot fauché snob ! » – rie et la femme d’un cinéaste excep- de Fassbinder, l’écrivain Mais il sait bien qu’on ne peut pas toyer certaines parties du siècle pour siècle. Ou plus précisément sa secon- est une sorte de voyeur sublime, déci- tionnel ? Et comment évite-t-on, ressuscite sublimement se débarrasser ainsi de ce sortilège s’ennuyer plus tranquillement » ? Ide moitié, cette tentative désespérée dé à recréer l’atmosphère de ces plus tard, les dérives qui ont tué qui lui fait avouer : « J’ai peur avant Charles pense que « l’inconnu, l’im- de réinventer la vie, après l’horreur. années perdues, enfouies, mépri- Andreas Baader, Ulrike Meinhof et le début, et aussi pendant le concert, prévu n’ont plus cours, le hasard Il y eut, entre 1960 et 1980, « un autre sées. Avec du style, de l’élégance, et quelques autres ? Les questions sont une époque décriée des fois même je souhaite que ce soit n’est plus de la partie ». La publica- monde qui a peut-être existé ».Une ce qu’il faut de distance et d’ironie. dans le livre, les tentatives de répon- fini ! » S’il s’est résolu à écrire tion de ce roman semble le démen- période qui a inquiété, « un certain se aussi, mais sans com- et méprisée. – « Maintenant, mon cher Charles, il tir. Quoi de plus imprévu que le art de vivre », « une exubérance baro- mentaire ni lourdeur est grand temps de te mettre au tra- retour d’un écrivain après un si que », une « folie » qu’on a dû « net- Josyane Savigneau explicative. Seulement Une période « baroque » vail ! » –, c’est parce que « le mystère, long silence ? A côté de ceux qui toyer » pour fabriquer des gagneurs, dans un geste littéraire très rare, de certaines présences sur tentent de tout oublier, une oreille des performants. Producteurs d’un Pour toutes ces qualités, certains magique, un roman à lectures multi- qui a inquiété. une scène était la chose la plus impor- collée au portable, un œil sur les ennui à masquer à coups de Prozac. n’aimeront pas Ingrid Caven. Mais ples, à double fond, à tiroirs secrets. tante » et que « tous les mots du mon- fluctuations du Nasdaq, ils sont Il n’est pas étonnant que ce roman ceux qui en seront bouleversés On a envie de les ouvrir tous. Mais « Un certain art de sont impuissants à le raconter, ils plus nombreux que Charles ne soit écrit par l’auteur de Rose pous- n’auront qu’une envie : le faire lire, le Schuhl n’autorise pas l’indiscrétion. capitulent » ; les siens, pourtant, ont l’imagine, ceux qui se demandent sière (1), livre culte d’une époque où lire et le relire, pour se soigner à la On voit pourtant entrer Rainer de vivre » réussi à approcher le fameux mystè- encore : « Qu’est-ce que vivre ? », le mot marginalité avait un sens. nostalgie, pour rêver à ceux qu’ils Werner Fassbinder, un jeune hom- re : « Animée, inventée à chaque ins- « Comment vivre ? » Ils se désolent Jean-Jacques Schuhl n’a pas publié auraient voulu connaître, pour rire, me timide « qui veut faire des films ». ceux qui refusent la féminité chez les tant sous les projecteurs comme l’est de ce monde qui veut « des sons, depuis plus de vingt-cinq ans. Et, à pour avoir la gorge serrée, pour ten- Ingrid décline le rôle qu’il lui propo- hommes et ne [peuvent] voir que, une marionnette, sauf qu’elle était plus des voix », des livres, plus des l’approche de la soixantaine, il ter de comprendre cette fameuse se. Deux ans plus tard, se sou- même, seul un homosexuel peut aimer vivante et très vivante et qu’elle passait écrivains. Et c’est pour eux qu’est revient avec un texte magnifique et Sehnsucht allemande, intraduisible vient-elle, « après notre première nuit à ce point une femme de façon exclu- d’ailleurs d’un état à l’autre vite en écrit Ingrid Caven. violent, étrange et dérangeant. Pro- et pourtant si présente, si essentielle ensemble (…) : “Maintenant il faut sive ». Ensuite, il y a les folies, d’hôtel mélangeant la femme et le pantin, et vocant et brutalement émouvant. dans cette histoire. absolument qu’on se marie !” Il disait en hôtel, les excès – tout pour « sau- le pantin c’était elle aussi. Une marion- (1) Gallimard, « Le Chemin », 1972. Qui a simplement pour titre Ingrid Il n’est évidemment pas indiffé- ça sans lever les yeux ». Ceux qui ver la moindre chose du chaotique et nette, un prélat : voici une chose qui Caven – la chanteuse et actrice alle- rent que tout commence en Allema- s’étonnent, sachant que Fassbinder fade ordre naturel ». La cocaïne, bien n’est pas à moi et pourtant je vous la e Un nouvel album d’Ingrid Caven mande en est la principale héroïne. gne, une nuit de Noël 1943. Une aimait les garçons, ont « le sourire de sûr, « brusque décharge de dopami- donne, je l’ai recueillie, je vous l’offre : sortira le 20 octobre chez Tricatel ne, neurotransmetteurs à fond, alluma- une musique, quelques mots et même (www.tricatel.com). ge OK, décollage dans quelques secon- au fond ces gestes je les dépose dans des, fraîcheur instantanée, fraîcheur l’air… C’était ça une interprète, juste INGRID CAVEN de vivre, la Sehnsucht, ce spleen alle- un instrument… “Interprêtre” ? Mer- de Jean-Jacques Schuhl. mand, disparaît ». Et puis la mort, à veilleuse faculté de pouvoir donner ce Gallimard, « L’Infini », 302 p., trente-huit ans, après cinquante- qu’on ne possède pas. » 110 F (16,76 ¤). cinq films, vingt pièces de théâtre, des poésies, des manifestes… Suivent, évoqués avec la même acuité, Andy Warhol, « l’ascétique albinos new-yorkais, qui vivait de pota- ges Campbell, de Coca light et de cre- vettes surgelées » ; un producteur de cinéma désigné comme Mazar – sans doute Jean-Pierre Rassam, lui aussi mort très jeune ; Bette Davis, très vieille – une apparition magistrale ; Yves Saint Laurent, qui se prend de passion pour Ingrid et coupe « direc- tement sur elle » sa robe de scène : « Il cisèle dans le silence, à deux centi- mètres du torse de son modèle impavi- de, tel un microchirurgien pratiquant de savantes incisions cutanées. » La robe de scène conduit directe- ment au cœur de ce livre. On n’ose l’appeler roman d’amour, pour avoir trop lu ce qu’on vend aujourd’hui sous cette étiquette. Il faudrait parler d’enchantement et désigner Schuhl comme un enchanteur, en inventant à ce mot un sens détourné : « Aimer une chanteuse ». Ingrid Caven est sûrement le portrait le plus juste qu’on puisse faire d’une chanteu- se – une femme qui se produit seule sur une scène. Et la description la plus exacte de l’ambiguïté de tout rapport amoureux, privé, avec celle qui, pendant le spectacle, s’abandon- ne – « et il faut pour ça une bonne dose d’isolement sur scène » – à une intimité inédite, sauvage, incompré- hensible. Avec d’autres, invisibles. Dans le roman, Charles vit dans cette contradiction. Il ironise volon- tiers sur « la vieille histoire qui fascine les foules : l’écrivain et l’actrice, ou la

Ingrid Caven dans « Maman Küsters s’en va au ciel », de Rainer Werner

COLL. « CAHIERSFassbinder DU CINÉMA » (1975) II / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 le feuilleton

de Pierre Lepape

b que illusion, il faut traquer le réel dans ses moindres LA FONTE DES GLACES manifestations, dans ses aspects les plus anodins. d’Alain Nadaud. Aucune place ne doit lui être concédée, sous peine de Grasset, 336 p., 125 F (19, 06 ¤). voir vaciller la fantasmagorie au pouvoir. Il ne faut pas seulement, par exemple, que les innocents soient n 1993, Alain Nadaud a publié un essai intitu- déclarés coupables, pas seulement même qu’ils se lé Malaise dans la littérature. L’écrivain s’y déclarent coupables, il faut encore qu’ils rédigent le livrait à un exercice qui n’était plus du tout à La fiction contre roman de leur culpabilité, qu’ils y croient, qu’ils s’en la mode : l’élaboration d’un discours critique convainquent, qu’ils inventent leurs forfaits, qu’ils Esusceptible de penser la crise de notre littérature – et imaginent les preuves des crimes qui leur vaudront la particulièrement celle du roman (1). Crise esthétique, mort. crise historique, crise sociale, crise spirituelle, il dres- sait, à sa manière qui est carrée, une carte où se le mensonge e plus troublant n’est pas encore là. Ces lisaient toutes les impasses présentes, toutes les ter- « confessions » forcées se signalent par leur res arides ou polluées, mais où se dessinaient aussi invraisemblance. Comme de mauvais écri- les chemins à partir desquels la fiction contemporai- vains, les accusés en font toujours trop. Thu- ne pouvait trouver un nouvel élan. reau,L qui rédige la sienne, constate au contraire que C’était un texte discutable, bien sûr, et fait aussi pour ses bourreaux il n’en fait jamais assez. Les limi- pour cela : être discuté, avec sérieux, avec vigueur, tes de la crédibilité sont reculées à l’infini : « La nuan- argument contre argument, livre contre livre, idée ce passe pour suspecte, comme si elle formait le maillon contre idée. Au lieu de quoi, le silence, la léthargie et faible de toute confession et n’était pas là susceptible la paresse ont maintenu notre vie littéraire dans la Dans la liasse de papiers ainsi récupérée figurent les d’ouvrir la voie au reniement. Il semble que plus le trait sereine mollesse où elle macère, au bord tranquille Avec « La Fonte des glaces », interrogatoires de Thureau dans les cachots de la Lou- est appuyé, mieux ça résistera à l’épreuve d’un procès du coma. Chacun est retourné à ses petites affaires. bianka, des lettres envoyées à des amis et intercep- public, comme si j’avais à convaincre une assemblée de Les optimistes nomment cela la paix. Après des siè- qui relate l’enquête d’un homme sur tées par la police secrète, des aveux arrachés par la demeurés ou d’analphabètes, dépourvue du moindre cles de bagarres, de manifestes et de contre-manifes- terreur, le chantage et la torture, des rapports de sur- bon sens. Même un enfant n’avalerait pas ces histoires, tes, d’anathèmes, d’exclusions, de querelles, de provo- le passé de son grand-père, écrivain veillance, des dépositions de mouchards, des docu- tous ces complots tarabiscotés, entreprises machiavé- cations, d’affrontements tribaux où les plumes se pre- ments volés à l’ambassade de France, une longue nou- liques, attentats qui, comme par hasard, échouent tou- naient complaisamment pour des épées, les écrivains et sympathisant communiste, mort sous velle. Les seconds, contemporains, sont des lettres, jours lamentablement. » Il importe peu, en fin de auraient enfin trouvé les recettes du consensus civili- des entretiens, des comptes rendus de conversation compte, que la fiction soit prise pour la réalité. Qui a sé et de la rivalité pacifique, laissant sagement au ver- la terreur stalinienne, Alain Nadaud que le petit-fils de Thureau a collectés auprès de jamais cru sérieusement que les vieux compagnons dict du marché ou à celui de la postérité le soin de témoins, directs ou indirects, de la vie, de l’arresta- de Lénine eussent ourdi un complot pour assassiner trancher des options et des talents. poursuit sa réflexion sur les liens de tion et de la disparition de l’employé d’ambassade. Kirov ? L’essentiel est que l’invention soit assez énor- Les inquiets constatent que cette paix ressemble me, suffisamment massive et compacte pour ne lais- fort à celle des cimetières. Depuis les années 70, l’écrivain avec l’histoire de son époque out cela devrait permettre de reconstituer ce ser aucun espace à la possibilité même d’une vérité. depuis les déchaînements – et les excès sans doute – que fut l’histoire tragique de Xavier Thu- La fiction est totalitaire. Thureau ne pourra même de la théorie littéraire, notre littérature a comme ces- de sa réflexion qu’à ce qu’on nommera, faute de reau, écrivain, sympathisant communiste, pas appréhender la réalité de sa mort. sé de se penser elle-même collectivement. Certes, de mieux, son talent d’écriture. arrêté comme tant d’autres au cours de cet- Il est dès lors illusoire de prétendre rétablir ce qui temps à autre, comme pour se rappeler le bon vieux La Fonte des glaces commence de manière tradition- Tte période sanglante entre toutes de la terreur stali- s’est réellement passé. Tout juste est-il possible de temps où l’on se battait sur les livres et sur la manière nelle ; comme un archétype de la tradition. Un jeune nienne. La biographie d’une victime à la fois presque réécrire autrement le roman. En remplaçant des men- de les faire, on met en scène un remake de scénario homme se rend en Normandie, près du Tréport, dans anonyme et exemplaire d’un effroyable mécanisme songes avérés par l’imagination de ce qui aurait pu polémique. Quelques jeunes gens bien élevés adop- la maison de ses vacances enfantines, pour un adieu à alliant l’exercice le plus exact et le plus efficace de la être ou par des témoignages incertains, des hypothè- tent des manières de voyou ; quelques jeunes fem- sa grand-mère qui vient de mourir. Paysages, souve- cruauté à la perversité la plus délirante. Une sorte de ses contradictoires, des certitudes floues, des histoi- mes se déguisent en pétroleuses. La presse y voit l’oc- nirs, émotions, lignes claires, ombre de Maupassant. vérité, assez banale dans son horreur, commence res qui plaisent au public à qui elles sont destinées. casion d’alimenter sa rubrique « people » et la télévi- Dans une ultime lettre, la défunte demande à son d’ailleurs à se faire jour à la lecture des premiers docu- Un public qui, comme celui d’autrefois, ne demande sion celle de renouveler le cheptel de ses plateaux. petit-fils de se rendre en URSS pour tenter de savoir ments : Thureau est devenu l’amant d’Evguenia qu’à croire aux apparences et qui prend pour argent Mais personne n’y croit vraiment : il y faudrait des ce qu’il est advenu de son premier mari, Xavier Thu- Alexandrovna Staréjov, la fille d’un ponte de la police comptant les « révélations » sorties des archives de idées et des convictions. Et en matière de simulacre, reau, ancien responsable du service de presse de l’am- politique. Pour faire tomber Anatoli Staréjov – qui l’ex-KGB. Comme si la fonte des glaces avait enfin le public est habitué à des spectacles autrement plus bassade de France à Moscou, disparu en octo- sera effectivement destitué et fusillé quelques mois délivré la vérité qui y avait été enfermée. « La fonte réussis que ces guerres villageoises et ces épopées bre 1937 après son arrestation par le NKVD. Nous plus tard – ses ennemis au sein de l’appareil ont trans- des glaces, souligne Nadaud, après le poète Ivan Viat- picrocholines. Il est significatif que, ces dernières sommes en 1989 ; en Union soviétique, Gorbatchev formé les amours coupables de Xavier et de la belle chevik, écrivain disparu, évaporé quelques mois années, le seul débat où les écrivains se sont massive- tente de sauver le système communiste en le réfor- chanteuse en relation d’espionnage. L’affaire ensuite avant la guerre, libère les pestilences. » D’autres men- ment engagés, le seul au cours duquel ils ont équita- mant en profondeur. La chute du mur de Berlin va a suivi son cours normal, si l’on peut dire. La premiè- songes, d’autres leurres, d’autres manipulations. blement échangé arguments et noms d’oiseaux est précipiter la décomposition de l’Etat-parti, facilitant, re fiction a engendré toutes les autres. Dans le dernier court chapitre du livre, tout le fra- celui du droit de prêt dans les bibliothèques. Une que- en principe, la recherche de la vérité sur les person- Car, d’un bout à l’autre, c’est toujours de la fiction gile échafaudage construit par le petit-fils s’effondre, relle de corporation. nes disparues. qu’il s’agit et son extraordinaire capacité à chasser la miné de l’intérieur. De la vie et de la mort de Xavier Faute d’avoir été entendu comme il aurait dû l’être La seconde partie du roman, la plus volumineuse, réalité, fût-elle la plus évidente, la plus brutale, la Thureau, il ne reste définitivement rien d’avéré. Rien, – mais il n’est pas trop tard, et son propos de 1993 n’a est un dossier. Un assemblage de textes clos sur plus violente. A commencer par le plus incroyable sauf cette existence imaginaire, ce roman, fort éloi- pas cessé d’être valide –, Alain Nadaud a poursuivi eux-mêmes. Il est constitué de deux séries de docu- des romans, lequel a tenu sous son charme pendant gné sans doute de la réalité mais qui donne à la per- pour son propre compte sa réflexion sur le statut con- ments, rangés selon une probable chronologie. Les plus d’un demi-siècle des centaines de millions de lec- sonne et au destin de Thureau ce dont l’histoire a vou- temporain de la fiction, sur les liens de l’écrivain avec premiers ont été achetés après de tortueuses démar- teurs subjugués : celui d’une dictature barbare parve- lu le priver, un sens. Poignant et magnifique. l’histoire de son époque. La réussite romanesque écla- ches à des gardiens des archives de l’ex-KGB. C’est un nant à faire croire qu’elle est l’aurore et l’espoir de tante de La Fonte des glaces doit autant à la fertilité petit commerce très actif aujourd’hui à Moscou. l’humanité. Pour maintenir et fortifier cette gigantes- (1) Malaise dans la littérature, Champ Vallon, 1993.

version originale b Thomas Hobbes à dessein uvrant la première édition presque, en bas les symboles des corps tournés vers son visage. tement visible l’idée de souveraineté sophiques et théories politiques. (1651) du Léviathan de pouvoirs séculier (un bras armé Avec ce frontispice, Hobbes don- incarnée dans un corps politique uni- Une étude Anamorphoses, longues-vues et Thomas Hobbes, le lec- d’une épée) et religieux (la crosse nait ainsi d’emblée à voir les fonde- que construit par contrat entre les de Horst Bredekamp kaléidoscopes permettent en effet O teur découvre d’abord d’évêque). Au centre, le titre, les ments complexes de la conception citoyens ou la sécularisation profon- aux polygraphes, historiens et artis- une image, impressionnante, origina- noms de l’auteur et de l’éditeur. En de l’Etat et de la souveraineté déve- de des formes de légitimation de tes du temps de penser à nouveaux le, puissante : le frontispice. Celui-ci s’approchant, le lecteur ne peut que loppés dans son traité, dans l’inten- l’Etat grâce à l’absence de toute figu- sur le frontispice frais le portrait du roi et sa dissimula- représente en haut un géant sur- s’apercevoir que le corps du géant tion sans doute de frapper son lec- re céleste ou symbole de la divinité. tion parfois rendue nécessaire par plombant un paysage, désert ou est composé d’une multitude de teur. L’image, en effet, rendait parfai- On comprend alors l’importance du « Léviathan » et les circonstances. Les jeux de pers- de ce livre clair et dense de Horst Bre- pective ne laissent apercevoir le « roi dekamp qui s’inscrit dans le renou- les stratégies visuelles caché » qu’à ceux qui savent le voir vellement actuel de l’histoire de l’ico- et se prêtent donc aux stratégies de nographie politique. Construit com- du philosophe anglais propagande les plus élaborées. Des me une enquête minutieuse sur les portraits de Charles II circulent ainsi sources iconographiques et textuel- sources visuelles et rhétoriques de dans lesquels le visage du roi n’est les des motifs et thèmes utilisés dans l’image et en décrire le fonctionne- visible qu’à la condition de placer en le frontispice, il prend pleinement au ment effectif. Certes, bien des précé- un point précis un cylindre de métal sérieux la question des « stratégies dents se présentent a priori à l’es- poli, un miroir ou une longue-vue visuelles » de Hobbes et ouvre par là prit : ainsi le corps du géant évoque avec miroirs angulaires. des perspectives stimulantes tant d’autres images de corps composi- Image composite représentant le pour l’interprétation du texte que les tes, comme celles de la Vierge de corps politique comme l’assemblage conditions sociales de sa réception. miséricorde qui abritait les chrétiens des corps des citoyens, le frontispice Il faut donc suivre pas à pas la sous son ample manteau ou les visa- du Léviathan ouvre à l’iconographie démonstration. Le point de départ ges mystérieux de Arcimboldo qui politique une voie singulière, bien en est l’existence d’une version représentait Rodolphe II par un différente de celle empruntée par les manuscrite du Léviathan, achevée en assemblage de végétaux évoquant thuriféraires de la monarchie françai- septembre 1650 et offerte au futur l’ordre de l’univers et l’harmonie des se. Ce n’est ici pas Dieu qui confie les Charles II Stuart ; elle est accompa- saisons. Ces images participaient évi- rênes du pouvoir, mais des sujets gnée d’un superbe dessin d’Abra- demment de l’exaltation du souve- apparemment égaux forgeant eux- ham Bosse en guise de frontispice, rain rassembleur, unificateur, ordon- mêmes le « dieu mortel » auquel ils plus détaillé que ne le seront les ver- nateur, garant de l’équilibre du mon- décident d’obéir. L’image s’avère sions gravées. Les similitudes entre de. Si elles ont très vraisemblable- assez inquiétante, au fond, pour le dessin et la première version impri- ment inspiré Bosse, l’essentiel n’est déplaire aussi bien aux royalistes mée sont pourtant si manifestes que pourtant pas là. L’artiste semble qu’à leurs opposants parlementaires la question de l’auteur de l’image avoir songé aux fonctions d’autres et pour rester sans véritable descen- semble tranchée : c’est Bosse qui l’a types d’images, jouant un rôle de dance. sans doute conçue avec Hobbes, et premier plan dans la philosophie L’iconographie du frontispice ne non Wenzel Hollar comme on l’a politique moderne. Il emprunte à la dit certes pas tout du projet théori- longtemps cru. fois aux effigies des souverains décé- que et politique de Hobbes. Elle lais- Mais la chronologie proposée de dés, rassemblées à Westminster se notamment dans l’ombre la natu- l’élaboration du frontispice n’est pas pour illustrer l’idée de continuité, et re même du contrat et de la déléga- seulement exercice érudit. Elle per- aux automates, qui fascinent alors tion de la souveraineté : cession tem- met aussi de mieux saisir la fonction les milieux cultivés. Fort de ces réfé- poraire ? Aliénation définitive ? L’en- de cette image, bientôt incomprise : rences visuelles, Hobbes peut ainsi quête de Horst Bredekamp n’en forgée dans un moment de crise poli- décrire le Léviathan comme un hom- constitue pas moins un apport tique et d’interruption du pouvoir me artificiel (An Artificial Man), mû important à la connaissance de la royal, la Révolution anglaise, elle par une âme artificielle (An Artificial philosophie politique du XVIIe siècle. veut incarner la continuité de l’Etat Soul), jouissant logiquement d’une Olivier Christin et conjurer la menace du retour de la « éternité artificielle » : un automa- guerre civile. En illustrant le moment te, en somme, doué de raison et THOMAS HOBBES VISUELLE où les sujets concluent le contrat par capable d’agir. STRATEGIEN. lequel ils se soumettent à l’Etat et lui Mais Bosse et Hobbes puisent aus- DER LEVIATHAN : DAS URBILD délèguent la souveraineté, le fiat ini- si à des sources plus inattendues, DES MODERNEN STAATES tial qui voit la naissance du Lévia- comme la philosophie hermétique de Horst Bredekamp. than, elle en affirme la pérennité. et surtout l’optique dont les décou- Werkillustrationen und Portraits, L’auteur peut alors remonter aux vertes alimentent spéculations philo- Berlin, Akademie Verlag, 264 p. littératures LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / III b Avec douceur, Lydie Salvayre pose des bombes… Pour son septième roman, l’auteur de « La Compagnie des spectres » emmène ses lecteurs et quelques touristes pétris de bonne conscience visiter l’Europe des pauvres. L’ambiance est chaude, explosive, dans le bus Real Voyages...

A l’inverse de beaucoup de psy- modifie un peu sa manière, son témoins : le chauffeur, Vulpius, LES BELLES ÂMES chiatres de sa génération, Lydie Sal- angle de vue, donne plus d’exis- Jason, « prononcez Djéson », de Lydie Salvayre. vayre ne s’est pas laissé parasiter tence et des statuts différenciés à « l’agent d’ambiance », « branleur Seuil, 156 p., 89 F (13,57 ¤). par la pensée unique freudienne : ses personnages. « Ici, précise la absolu, intransigeant et fier de « J’ai toujours eu horreur des dis- romancière, je voulais que la langue l’être », qui fume sans cesse des a démonstration sociale cours de perroquet de la psychanaly- classique disparaisse de la surface et joints pour essayer d’apaiser sa de la provocation n’est se. » Et si, dans Les Belles Ames, elle agresse par en dessous. » Pour cela, colère et sa haine universelles, l’ac- jamais de bon augure. On cite, en la modifiant précise-t-elle, elle emprunte et détourne des compagnateur, qui n’est nommé dirait une impuissance et, l’équation lacanienne du fantasme, séquences aux discours de la publi- qu’une fois, sorte de curé défroqué Len même temps, une caricature. c’est pour rire, pour souligner d’un cité, de la télévision ou de la politi- idéaliste, amoureux de la compa- Regardez-moi, semble dire l’activis- trait gras une énorme inadéqua- que. La brutalité est immédiate- gne souffre-douleur de Jason, te mondain et médiatique, par ma tion, un contraste absolu entre ce ment formulée, comme si elle Olympe… seule présence, par la grossièreté que Lacan aurait appelé le réel et n’était pas traduite, convertie par Ah, Olympe ! c’est le centre du calculée de mes paroles et de mon l’imaginaire. La politique, au sens la littérature : « Entre deux solu- roman, sa lumière, sa « contrariété comportement, j’insulte toute bien- militant, ne la sollicite pas davanta- tions, deux expressions, j’ai toujours délicieuse », comme dit joliment séance, je renverse l’ordre… Mais ge, malgré l’imprégnation de l’épo- choisi la pire, la plus dure ; c’était Lydie Salvayre. Pourtant, il ne faut rien ne bouge. A peine a-t-on que – elle avait vingt ans en 1968. dans la logique du récit. » Lydie Sal- attendre de cette frêle et niaise frémi. Elle avoue même « une immense vayre évoque les danseurs aux- jeune fille ni d’ailleurs de celle qui défiance du politique, et des livres quels la chorégraphe Pina Bausch l’a créée et qui intervient dans la Rencontre qui cèdent aux sirènes de la politi- demande d’oublier leur formation narration pour l’encourager « Il n’y a pas d’acte que ». Sa révolte, c’est à l’encre noi- classique pour se déplacer, se lever, (« Olympe, ne souris plus ! Ne souris de pensée sans violence. re de l’anarchie que, bien plus tard, marcher ordinairement. Le résultat plus ! Durcis-toi, merde ! ») aucune elle l’exprimera. La gestation est obtenu est proche, dit-elle, de ce image idéale. « Pièce rapportée », Le geste créateur produit longue, silencieuse : « Je suis sociale- qu’elle cherche. Olympe, qui « a l’air d’un petit ani- une effraction dans ment restée aphasique jusqu’à ce Nous sommes dans un bus de mal » et « qui fait bien plus pitié un univers au repos.» que j’écrive », dit-elle. l’agence Real Voyages, avec une qu’envie », est pourtant le seul hori- C’est seulement en 1990 qu’elle petite dizaine de touristes qui ont zon, la seule et pauvre chance dans Lydie Salvayre, qui est, dans ses publie son premier livre, La Décla- payé pour visiter les marges de ce monde proprement terrifiant livres, d’une radicalité totale, explosi- ration (1). Dès les premières lignes misère de l’opulente Europe. Le qu’observe et stigmatise la roman- ve, qui ne laisse intacte aucune illu- du roman, une voix est trouvée, périple a quelque chose de fantasti- cière. Elle est virginale – « elle n’est sion consensuelle, se présente, dans entre extrême colère et « beau que, de spectral, qui mène de la pas comme Sabrina et Lucile qui cou- la vie, comme une femme d’une langage ». Bloy et Lautréamont, banlieue parisienne à Bruxelles, chent. Olympe ne couche pas » –, courtoisie exquise, d’une réserve plei- Thomas Bernhard et Guy Debord, Berlin et dans un squat de Milan. sans méchanceté ni colère. Elle ne d’humour et sans ostentation. Et de leurs invectives, dessinent le ter- Mais, à l’exception de brèves et obs- semble venir d’un monde d’avant lorsqu’elle affirme qu’il n’y a en elle ritoire littéraire où Lydie Salvayre cènes intrusions dans les bouges l’outrage. A la dernière page du « aucune volonté délibérée de provo- prend ses marques. La misère du malheur réel, presque toute l’ac- livre – l’écrivain ne traîne jamais cation », il faut simplement la pren- humaine y semble vue par un Pas- tion se situe dans l’autocar. Pas de pour conclure, d’où une impres- dre au mot. Et commencer de s’in- cal qui refuserait les secours de paysages, aucune perspective. sion abrupte, de fin sans fanfare –, quiéter. Dieu et de la religion. C’est comme Il y a là notamment : Odile Boi- il y a comme une réconciliation, Fille de républicains espagnols si l’écrivain découvrait d’emblée fard, « puissamment motivée et tor- dans le rire et l’ivresse. Seule Olym- réfugiés en France, Lydie Salvayre une violence énorme partout à turée d’idéal social », « pasionaria pe pleure. Quant à Lydie Salvayre, n’est pas ce qu’on appelle une « héri- l’œuvre, une violence qu’il fallait de stricte observance (…), transpiran- c’est avec un accent étrangement JOHANNE BOUVIER POUR « LE MONDE » tière ». Chez elle, lorsqu’elle était exorciser en l’énonçant, en coulant te de compassion envers les damnés bernanosien qu’elle prend congé enfant, il n’y avait pas de livres. sa démesure dans le moule, les diens : le couple, le bureau, l’usi- vieille femme voit un milicien de de la terre », Lafeuillade, l’homme de ses personnages : « La haine, Après quelques études de lettres, elle règles et les rythmes d’une langue, ne… Elle invente des figures dont Darnand et de Pétain (qu’elle bapti- d’affaires optimiste et blagueur somme toute, est vulnérable, aussi fait médecine, mais pour être psy- elle parfaitement mesurée. Lectrice l’existence entière est exprimée par se « Maréchal Putain »). « dont le bien mal acquis profite vulnérable que les autres senti- chiatre. C’est toujours son métier, passionnée, boulimique, Lydie Sal- la parole, la voix. Deux chapitres Avec le sourire donc, une grande énormément »,Mlle Faulkircher, un ments. » qu’elle exerce dans une institution vayre cite Nietzsche, Kafka et des humanités classiques sont douceur, avec un vrai amour de la peu intellectuelle de gauche et fort Patrick Kéchichian pour enfants de la banlieue est de Deleuze, Danilo Kis et Clément détournés : l’art oratoire et celui de langue française et de ses prestiges, intéressée par Flauchet, l’« homme Paris. « La médecine, pour moi, c’est Rosset… « Il n’y a pas d’acte de pen- la conversation. Dans La Puissance Lydie Salvayre pose des bombes. de lettres », le plus grotesque évi- (1) Julliard, éd. Verticales (1997) et un rapport très libre au corps, à la cor- sée sans violence, dit-elle. Le geste des mouches (2), un meurtrier expli- Non pas des bombinettes symboli- demment, le plus détestable, qui « Points Seuil » (no P 598). poréité, précise-t-elle. Ce qui vient du créateur produit une effraction dans que Pascal à son juge. Dans La Com- ques, mais de vrais bâtons de dyna- prend des notes sur la misère pour (2) Seuil, 1995, et « Points Seuil » corps n’est vulgaire que pour ceux qui un univers au repos. » pagnie des spectres (3), une fille et mite. Dans Les Belles Ames, on peut alimenter son œuvre… A côté de (nº P 316). refusent de le regarder. » En renfort, En sept romans, Lydie Salvayre sa mère agonissent de leur haine même dire qu’elle a forcé sur la ces figures fortement typées, il y a (3) Seuil, 1997, et « Points Seuil » elle cite Rabelais, Céline. visite divers petits enfers quoti- un huissier de justice dans lequel la poudre. Mais, en même temps, elle ceux qui encadrent le voyage, les (nº P 561).

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b PAT, DAVE ET MOI, d’Hélèna Villovitch L’Hexagone de la haine Signes distinctifs de la narratrice : cheveux « crêpés, dressés, gaufrés, gélifiés », vêtements noirs, toujours noirs, comme ses lunettes, quel que soit le temps. Age : fête ses vingt ans au Sur le modèle du « Locataire » de Roman Polanski, Agnès Desarthe a imaginé un immeuble chapitre VII. Occupation : vient de rater les Arts déco pour avoir, sans vergogne, provoqué le jury. Résultat : promène son désœu- à Belleville avec ses habitants en proie au racisme ordinaire vrement et son excentricité dans le « désert culturel et artistique » de sa petite ville de banlieue, en compagnie de Pat, qui ne fait collective lui inspire quelques magni- re à terre s’allie chez elle à un surnatu- Thénardier, ravivent « toutes les crain- rien non plus, et du jeune Dave, qui se fait passer pour une fille. LES BONNES INTENTIONS fiques pages de réflexion, sans indul- rel qui poétise la pire angoisse ou le tes de [son] enfance ». Et (sous-enten- On reconnaît là la veine désinvolte et drôle de Hélèna Villovitch, d’Agnès Desarthe. gence narcissique, sur la tolérance à plus beau sentiment d’élévation. Elle dues) d’autres craintes, liées à la trente-sept ans, qui signait l’année dernière son premier roman Ed. de l’Olivier, 138 p., l’égard de l’odeur des autres, la est hantée par une culture juive d’Eu- Shoah. chez le même éditeur, Je pense à toi tous les jours. On reconnaît 100 F (15,24 ¤). reconnaissance d’un « plus petit com- rope centrale, et par ces nuits «oùla Jean-Luc Douin aussi son héroïne, toujours friande d’improbables expérimen- mun dénominateur », l’art de «la magie et l’horreur quittent les livres de tations artistiques. Entre new wave, punk et musique gothique, égulièrement accusé de cohabitation ». Elle reste déterminée contes pour aller tourbillonner dans les (1) Un secret sans importance, éd. de portrait loufoque des années 80 et d’une génération en quête s’enfermer dans le huis àse« conduire en femme responsa- rues » (1). Entend-elle, ici, parler des l’Olivier, 1996. d’elle-même (éd. de L’Olivier, 142 p., 100 F [15,24 ¤]). Fl. N. clos nombriliste des états ble » et à les comprendre tous : « Les racines identitaires de M. Dupotier d’âme existentiels et Français parce que j’ai lu Balzac, Vic- qu’elle visualise un végétal souter- amoureux,R le roman français lance tor Hugo et Flaubert, les Arabes parce rain, « s’entortillant le long des pieds deux missiles contre les hypocrisies que j’ai été bercée par la voix d’Oum de son lit, creusant le plancher (…), sociales. L’un, ravageur, signé Lydie Kalsoum, les Vietnamiens parce que vers la cave ruisselante de fuites d’eau, Salvayre, vise « Les Belles Ames » qui j’en connais un rayon en souffrance grouillante d’insectes et de rats ».On font mine de s’intéresser à l’Europe génocidaire, les juifs parce que je le n’est pas loin de l’univers fantastique des démunis (voir ci-dessus). L’autre, suis, les catholiques grâce à Flannery d’un Roman Polanski, en particulier d’apparences moins caustiques, O’Connor. Je m’identifie à chacun… » de son film adapté d’un roman de prend pour cible une lèpre difficile à Roland Topor, Le Locataire, chroni- éradiquer : le racisme hexagonal. CALVAIRE que du calvaire d’un Polonais réfugié Au départ, le récit, ironique, Les« bonnes intentions » de Sonia à Paris, entre concierge acariâtre et d’Agnès Desarthe ne suscite que sou- vont la mener en enfer. Son voisin, le voisins hostiles. rires. Récemment installé dans un veuf M. Dupotier, qui marine, « famé- Mais Agnès Desarthe donne cette immeuble de Belleville, un jeune cou- lique, dans un bocal envahi par la ver- fois à son roman une dimension plus ple assiste à une réunion de copro- mine », n’arrête pas de sonner à sa politique. Car à travers leur descrip- priété. La séance permet à Sonia, la porte. Il est seul, il a froid, il a faim ; tion des petits riens de la vie quoti- narratrice, de « croquer » son gérant elle s’occupe de lui. Mais c’est comp- dienne, Les Bonnes Intentions mettent (un vampire rompu au zèle adminis- ter sans Simone, la gardienne aux en question le comportement des tratif et à l’art de la manip), et ses voi- « savates éculées » (« 15 mètres carrés hommes dans la cité. Cette histoire, sins : digne des dessins de Dubout, le avec un chien, des perruches, TF1 à qui va basculer dans un « feu d’artifi- spectacle des Pognon, des Distik, 90 décibels jour et nuit et la puanteur ce de hargne », une « crue d’injures », des Pétronie et des Créton la conduit de douze vaisselles en retard »), et son un relent d’antisémitisme, accuse à penser qu’elle a élu domicile dans frère, l’infâme Simono, au torse nu et une France peuplée de « contractuel- « un hospice, oui, un asile de fous » et en bas de pyjama, « cheveux plaqués le lepéniste », de ripoux, de qu’il faut « se fier toujours au regard au saindoux » et menton de bouledo- sans-cœur et « sacs de haine ». Une des gens, règle juste et absolue ». gue : un ancien flic, l’air d’un type France qui a gardé ses démons et des Au fil des mois, la satire vire à « qui a massacré pas mal de bougnou- réflexes collabos. l’aigre. Sonia, qui a plutôt « tendan- les à sa grande époque ». Ces deux-là Poussée au choix difficile « d’aller ce à (se) retrancher de la vie », à adop- martyrisent M. Dupotier, le battent, vers le plus faible, d’aimer le plus dému- ter « la politique de l’autruche »,à le séquestrent et menacent de repré- ni, d’offrir sa vie pour apaiser les dou- voir les gens du bon côté, à être sailles tout individu qui s’aviserait de leurs des autres », la narratrice mime « curieuse de tout », jusqu’à « risquer fourrer son nez partout, surtout chez la candeur pour mieux dénoncer le sa santé afin d’enrichir sa connaissan- lui. Après qu’elle a offert une part de scandale de l’existence des « loups ». ce et sa compréhension du monde », couscous à son voisin de palier, Sonia Résolue à rassurer son fils qui lui va être confrontée à « la tragédie de découvre une pancarte dans l’esca- demande : « Si l’extrême droite est l’incompréhension ». Dans la rue, lier : « Il est interdit aux personnes de élue, est-ce qu’on partira tout de sui- chez des commerçants du quartier, l’immeuble de nourrir M. Dupotier. » te ? », Sonia adopte un recul humoris- elle entend des propos racistes, elle On a déjà noté dans ses livres pré- tique : elle se rêve en « petit dragon sent monter « une violence, terrifian- cédents combien la tristesse allègre, du genre Bruce Lee », en Zorro ou te, un chagrin inépuisable, une rési- la compassion d’Agnès Desarthe fai- Robin des bois. Elle cultive la fausse gnation infinie ». sait (discrète) référence à l’image candeur, partageant le voisinage « Je me rends compte que l’at- d’« une file indienne d’hommes, de entre « bons » et « méchants ». Au fil mosphère caille certains jours, femmes et d’enfants marchant dans le de ce récit d’éducation, et ignorante écrit-elle, comme un bol de lait dans désert pendant des siècles » (1), à encore de son accablant dénoue- lequel on aurait fait tomber une goutte l’imaginaire d’un Isaac Bashevis Sin- ment, elle s’alarme de ce que ces tor- de citron. » L’apprentissage de la vie ger et d’un Chagall. Le réel le plus ter- tionnaires domestiques, nouveaux IV / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 littératures b Passé amer Les évadés du réel Dans ce récit à deux voix, Pour son deuxième roman, Jean-Hubert Gailliot fait le pari heureux Bernard Galand dit la fièvre d’aimer de la logique onirique

moment-là que j’ai compris que je Graham Ballard et Adolfo Bioy LE FESTIN DE L’OMBRE ne voudrais plus jamais desserrer LES CONTREBANDIERS Casares, tous trois adeptes exem- de Bernard Galand. les dents. » de Jean-Hubert Gailliot. plaires des « zones intermédiai- Denoël, 276 p., 115 F (17,53 ¤). Cette incursion dans sa vie jus- Ed. de l’Olivier, 190 p., 110 F res » qui permettent à l’homme de qu’alors si tranquille va, bien évi- (16,77 ¤). détourner à son profit les convul- ’amour dérange tout, on demment, rejaillir sur son roman sions du monde dont il serait la vic- le sait ; mais Bernard en cours d’écriture. Au-delà de n jeune automobiliste time innocente. Le romancier don- Galand l’écrit mieux que l’intrigue qui se modifie, c’est la (l’adolescent qui, à la ne vie à nos aventures intérieures, quiconque. Si Mélissa structure même du texte qui est fin de son précédent si riches de virtualités. Il n’est pas Lavait valu à cet agrégé de philoso- remise en cause – la dernière récit, roulait à trop vive anodin que nous croisions, démul- phie le prix des critiques en phrase d’un chapitre renvoyant à allureU vers le Sud ?) est le narra- tiplié sous ses masques, Michael 1978 (1), L’Offense – très beau la première du chapitre suivant. teur des Contrebandiers, deuxième Jackson, un des extraterrestres qui récit d’une facture classique paru Bernard Galand s’amuse en effet roman de Jean-Hubert Gailliot. Il circulent depuis longtemps parmi en 1999 chez Denoël – fut étran- à alterner le récit de son nar- défonce la vitrine d’un restaurant nous et auxquels s’adjoindront gement boudé. Bernard Galand y rateur-auteur avec celui de de Málaga où l’on fête le Nouvel bientôt les clones humains, encore racontait, avec une rare justesse, Mickaël, personnage inventé par An. Blessé, l’homme est trans- bloqués en laboratoire. les frustrations, les humiliations ce dernier. Apprenant que sa porté dans un hôpital, où il « fait Roman atypique : Les Contreban- des ruptures, à travers la passion mère est en train de mourir, le mort » et découvre un « inter- diers se dégagent des contraintes dévorante – et impossible – d’un Mickaël cherche à percer le mys- monde » aussi tangible et mou- chronologiques tout en respectant professeur de philosophie tère de la mort de son père. Huit vant qu’une fiction. Les visages un lecteur épris d’évasion mais (Alexandre) et d’une ancienne ans après, il se rend sur les lieux entrevus lors de l’accident et ceux peu disposé à perdre le contrôle motarde (Marie) devenue ferven- du crime : Tahiti, le pays de son des amis perdus rejoignent les de son plaisir. Le roman a l’ambi- te au point de rentrer dans les enfance. Souvenirs et figures du réminiscences artistiques. De ces tion totalisante et révolutionnaire ordres. Il en profitait aussi pour passé resurgissent. Ainsi de la bel- fulgurantes visions, à la fois préci- de la Recherche mais refuse l’ap- décrire le très bel amour qu’une le Heïpu, grâce à qui il comprend ses et fantomatiques, surgissent pui rassurant de la mémoire. Jean- fille peut inspirer à son père. « qu’aucune femme, jamais, ne les personnages du récit, convo- Hubert Gailliot expulse la donnée Dans Le Festin de l’ombre,la pourrait lui donner ce sentiment qués pour jouer dans un film. Les fondamentale du roman, le temps, vierge Marie est remplacée par d’émerveillement, ce moment décors, eux aussi, se superposent : et superpose tous les « présents une femme mariée en proie à des d’exaltation qui bouleverse les plus l’hôtel Alfonso XIII, à Séville, un possibles » comme autant de élans charnels, et le bel Alexan- sceptiques et les pousse à l’impossi- bar branché, El Tubo, et des flashes oniriques d’expériences dre devient un professeur de ble. Comme si le rêve pouvait s’in- flashes de Toulouse où plane le inabouties – débris énigmatiques mathématiques qui doit terminer carner, comme si l’héroïne pouvait souvenir de Flo et d’Angel, compa- du sous-marin englouti qu’est son cinquième roman. Remis, sortir du livre et délivrer le lecteur gnons du premier voyage. notre existence obligatoirement par la force du temps, d’un pre- de sa solitude ». L’auteur- narra- Jean-Hubert Gailliot veut rompre amputée de sa folie. Chaque mor- mier mariage, il mène une exis- teur, pourtant conscient du mira- avec le roman classique et, au nom ceau du puzzle, irradié d’imaginai- tence banale à laquelle il semble ge qu’il est lui-même en train de d’un esthétisme baroque où s’en- re, d’onirisme, magnifié par les ISABELLE WATERNAUX se résigner avec bonne humeur : vivre, se (sur)prend à rêver d’une gouffre sa culture cinématogra- œuvres d’art qui en sont les relais « Au demeurant, je connaissais le fin heureuse pour son roman, phique et littéraire, il recompose devient le sujet d’un film, La Mort bandier de la littérature. Il nous terrestres, comble cela seul qui destin qui m’attendait : celui d’un comme si, écrit-il, « on avait le une histoire crédible entre science- par métal dur, que vont interpréter arrache aux nécessités de la survie compte pour un lecteur : les aspira- vieillard long et sec, guettant droit d’espérer ». Mais il est tou- fiction, fantastique et road movie. Flashy Love, individu déjanté ordinaire, pénètre dans le labyrin- tions potentielles du désir. l’ouverture des restaurants pour jours trop tard, et le mirage tour- Les Contrebandiers sont un roman qu’un psychiatre (ou un chirurgien the de nos rêves et nous propulse Contrebandier certes, mais maî- dîner seul dans une salle encore ne au cauchemar. neuf dont la démesure romanti- esthétique) a transformé(e) en Ber- dans une fiction protéiforme. Il tre à bord d’un roman insolite déserte, finissant son café quand Dans une langue aussi tra- que est parfaitement contenue nadette Gabin, et le héros narra- nous faut donc franchir, sans la nourri aux meilleures sources, les autres en seraient juste à l’apé- vaillée et aussi parfaite qu’une dans la trame d’une écriture grave teur. Occasion pour l’écrivain peur de nous perdre, les frontières Gailliot plaide pour la liberté des ritif. » C’était sans compter avec équation mathématique, Ber- et striée d’humour qui ne craint – marqué par La Nuit américaine – étriquées du quotidien afin d’ali- métamorphoses. Le roman classi- l’arrivée de cette femme, qui, nard Galand dit la fièvre d’aimer, pas les longues phrases lumi- de définir sa conception du menter en produits prohibés la que replâtre d’homogénéité l’inco- d’emblée, installe entre eux une tandis que Mickaël et son auteur neuses. roman : « Chaque récit particulier part illicite qu’exige l’accomplisse- hérence de l’existence, Gailliot fait relation très physique : « Elle sont rattrapés par leur passé. Un Vince et Candy sortent de pri- n’ayant été que l’écho ponctuel, en ment secret de nos jouissances. le pari inverse : il enveloppe d’un s’est déshabillée au pied du lit, passé avec ses mensonges et tra- son après dix-sept ans de déten- un temps et un lieu donnés, d’une Dès son premier livre, La Vie délire fastueux et salvateur l’aven- sans plier ses vêtements, à hisons, ses petits arrangements tion. Dans le fait divers auquel il histoire première, fondamentale, magnétique (1), Jean-Hubert Gail- ture humaine, de nos jours trop l’inverse de certaines femmes qui et larges cicatrices. Un passé au se réfère, le garçon n’avait pas commune à tous, propre à chacun, liot s’était exilé hors du roman psy- souvent réduite à l’obsession de la préparent leur désir comme on goût amer. réchappé à la cavale meurtrière ; et que personne ne peut raconter.» chologique tout en payant tribut à réalité. range du linge (…). J’étais en train Emilie Grangeray dans le roman, les deux adoles- A l’image de ses personnages la littérature et à la musique. Dans Hugo Marsan de lui mordre l’épaule pour avoir cents, enfermés vivants, ont gardé qui colportent nos fantasmes, Les Contrebandiers, il fait référen- le goût de sa peau. C’est à ce (1) Maurice Nadeau. intact leur amour. Leur destin Jean-Hubert Gailliot est un contre- ce à saint Jean de la Croix, James (1) Ed. de l’Olivier.

livraisons b TA CHAMBRE À MOI, de Michael Köhlmeier Au bonheur des pessimistes allègres Tomber quatre fois amoureux en quatre jours n’est pas chose ba- nale. Tomber quatre fois amoureux en quatre jours de la même per- sonne tient du tour de force. C’est ce tour de force que nous racon- Tandis que Frédéric Beigbeder fait ses adieux à la pub à travers un roman loufoque te, sans forcer, ce petit livre exquis. Tout commence dans un train bondé. Une halte intempestive en pleine campagne, une sortie et terrifiant sur cet univers qui l’a fasciné, Antoine Buéno entre en littérature avec la même insolence hasardeuse pour rendre service, le train qui repart, et voilà notre héros seul, en plein hiver, sans papier et sans argent, dans un pays du « premier système de domination page 40. Il n’y a plus de films, puis- vé, subtil, voix douce. Déconcer- dont il ne connaît pas la langue. En se réfugiant dans un immeuble 99 FRANCS de l’homme par l’homme, contre qu’on fait des panels de spectateurs tant. Il ne faut jamais se fier aux en construction, il profite d’une porte restée un instant ouverte de Frédéric Beigbeder. lequel même la liberté est impuissan- pour leur demander quelle fin ils images sociales. Et, enfin une bon- pour se glisser à l’intérieur d’un appartement chaud et douillet, celui Grasset, 282 p., 99 F (15,09 ¤). te. Au contraire, il mise tout sur la préfèrent, plus de journaux puis- ne nouvelle, il vient d’être licencié d’une femme qui est allée descendre sa poubelle. La femme revient, liberté et c’est là sa plus grande trou- qu’il ne faut déplaire à aucun lec- de son agence de publicité. Octave, referme la porte et part travailler. Le piège se referme. Mais c’est un L’AMATEUR DE LIBÉRINES vaille ». teur, plus de pamphlet, puisqu’il est dont le destin n’est pas étranger à piège qui, dans cette situation, ressemble au paradis. A partir de là, d’Antoine Buéno. Octave sait que toute révolte est déjà intégré, soupape de sûreté celui de Beigbeder, écrivait sa con- l’homme va jouer à cache-cache avec cette femme dont il sait, par Gallimard, « L’infini », 124 p., immédiatement récupérée et recy- pour calmer les derniers excités, au fession pour cela, en proclamant certains détails, qu’elle s’est aperçue de sa présence. Chaque nou- 78 F (11,89 ¤). clée, elle est prévue au programme. prix de 99 F. En effet, 280 pages que ça n’arriverait pas. Erreur. On a velle journée est un nouveau coup de foudre, d’autant plus électri- Pourtant, il « y va », ça soulage. plus loin, on est calmé, ou plutôt raison de se révolter. Encore que… sant qu’il ne s’accomplit pas. Michael Köhlmeier, auteur autrichien i vous êtes « scotché » Son premier chapitre commence assommé, après un crime, des Le milieu médiatico-littéraire, né en 1949, s’inscrit dans la veine du fantastique d’E.T.A. Hoff- devant votre téléviseur lors- sur une citation de Fassbin- faux-vrais suicides, un détour par auquel 99 francs lance aussi un défi, mann : « Un récit à la fois très simple et toujours inattendu, parfaite- qu’on passe la série der – « Ce qu’on est incapable de un paradis de pacotille, habité par est plus malin : il vient de mettre ment logique mais décalé », note G. A. Golschmidt dans sa pré- « Urgences » – pour conju- changer, il faut au moins le décri- de « faux morts », disparus volon- Beigbeder sur la liste du Goncourt. face. Au-delà des mots, au-delà des corps, par absence interposée, Srer dans l’humour la vision de l’uni- re » – et le dernier sur un passage taires. Là, ça va être dur de s’en tirer. A ce sont les objets qui marquent la rencontre. On est voyeur sans vers hospitalier dans lequel, sou- moins de l’avoir et de tout raconter, voir ; tout se passe dans l’imagination et pourtant tout est bien dain, votre corps, sa survie, appar- Frédéric Beigbeder selon le principe cher à Octave : réel. Un livre de désir (traduit de l’allemand – Autriche – par I. Mari- tiennent totalement à d’autres –, Frédéric Beigbeder est né le 21 septembre 1965. pour détourner un avion, il faut vin et A. Kukari, éd. Maurice Nadeau, 106 p., 90 F, [13,72 ¤]). P. Ds. alors vous êtes des lecteurs poten- Il a écrit son premier livre à vingt-cinq ans, monter dedans. b GWENDOLEN, de Buchi Emecheta tiels du roman de Frédéric Beigbe- Mémoires d’un jeune homme dérangé (La Table Voilà une mésaventure qui ne ris- Récit d’une émigration de la Jamaïque vers l’Angleterre, le dernier der, 99 francs, une odyssée loufo- ronde). Il a ensuite publié chez Grasset, en 1994 que pas d’arriver au jeune Antoine livre de la romancière nigériane Buchi Emecheta suit une famille lou- que et terrifiante sur la planète des et 1997, Vacances dans le coma et L’Amour dure Buéno, vingt-deux ans. On ne voit foque et banale, poussée au départ par la pauvreté. Entre espoir « nouveaux maîtres du monde », les trois ans. Puis, en 1999, chez Gallimard, Nou- pas qui, dans l’establishment litté- d’une vie meilleure et impossibilité de trouver sa place, la famille publicitaires. Résumer les tribula- velles sous ecstasy et, aux éditions Assouline, raire, va se saisir de ce premier Brillianton dérive. La fille aînée, beau personnage qui donne son tions d’Octave, de Saint-Ger- Barbie. Il travaillait par ailleurs à l’agence de roman insolent, 124 pages d’apoca- nom au livre, est témoin des efforts de ses parents, mais aussi de main-des-Prés à une cellule de mai- publicité Young & Rubicam, dont il vient d’être lypse joyeuse, pour un XXIe siècle leur déséquilibre croissant dont elle sera la victime. Plusieurs épi- son d’arrêt, en passant par l’Afri- licencié pour « faute grave », peu avant la sortie déjà bousillé, où, dit Buéno, citant sodes de cette grande saga ne manquent pas d’humour, comme le que, Miami et les toilettes d’une de son livre. On lui reproche d’être parti en Jean-Didier Vincent, « Je vous récit des conversations du père avec ses collègues africains de chan- multinationale, serait aussi stupide vacances sans prévenir… Il est en outre critique aime » sera remplacé par «Mon tier, faites de fraternité et d’incompréhension, ou encore l’investisse- que de décrire « Urgences » par l’ar- littéraire à « Rive droite, rive gauche », au hypothalamus baigne dans la lulibéri- ment quasi maniaque de toute la famille pour se rendre à l’église sur rivée des ambulances, la pose des « Masque et la plume » et à Voici après que Elle ne ». D’où le titre, L’Amateur de libé- son trente et un (traduit de l’anglais – Nigeria – par Maurice perfusions, sur fond de peines de eut décidé de se passer de ses services. rines. Si Beigbeder, trente-quatre Pagnoux, éd. Gaïa, 336 p., 139 F [21,19 ¤]). C. Ba. cœur du docteur Green… ans, fait ses adieux à un univers qui b LES SECRETS DU MANGUIER, d’Oonya Kempadoo Dans 99 francs, il faut… plonger. de L’Attrape-cœur, de J. D. Salinger. On en a eu pour son argent. Ceux l’a fasciné, Buéno, vingt-deux ans, Lula, la narratrice, est une gamine qui, avec sa bande de copines, est Suivre, à 300 à l’heure. Octave Entre les deux, les aventures d’Octa- qui se piquent de littérature vous lui aussi un pessimiste allègre, fait bien décidée à percer les mystères du sexe. Les fillettes feuillettent Parango, que son nom même dési- ve et de sa boîte de pub. Beigbeder diront qu’ils ont préféré Nouvelles tout pour se rendre odieux tout de les encyclopédies, épient les adultes, observent les animaux pour gne comme un prototype. Il est se paie quelques « pauses de publici- sous ecstasy (très court, donc plus suite, « avant que tout s’effondre ». apercevoir des corps nus et comprendre ce qu’on leur cache. Entre encore jeune – la trentaine –, doué, té ». Il exagère. Pourtant, de slogan cher), moins « vitaminé », à Bret Il désigne ses femmes par numéro. elles, elles s’exercent à simuler des étreintes qui finissent en fous « successful » comme on dit dans en slogan, chacun se reconnaîtra. Easton Ellis (1). C’est même là qu’ils « N˚ 2 était particulièrement pneu- rires. En arrière-plan, Lula raconte ses voisins indiens, noirs, portu- son milieu, où l’on croit que l’an- L’intox par la pub, on croit que ça ont commencé à se dire que ce Beig- matique. J’affectionnais par-dessus gais ou chinois qui cohabitent dans son pays du Guyana (ex-Guyane glais n’est pas une langue mais un n’arrive qu’aux autres… Mais, ne beder, qui travaillait dans la pub, tout ses énormes seins bien gon- britannique). Les adultes, soumis à un régime dur, issu de l’indépen- code de reconnaissance ; il a de l’ar- l’aurait-on pas acheté, ce yaourt avait probablement un vrai désir de flés »… C’est bien écrit, ça va furieu- dance, ont d’autres soucis que de surveiller leurs enfants. Malgré gent, donc toutes les femmes qu’il plus doux que doux… Et ce truc qui littérature. Il avait déjà écrit trois sement déplaire. Surtout, qu’il con- une écriture assez ordinaire et l’abus de clichés exotiques, ce pre- veut – pour ne pas jouir –, un grand lave plus blanc que blanc… Aïe… livres, s’était fait virer du magazine tinue. Regardez Beigbeder : plus les mier roman porte la marque d’une personnalité à suivre (traduit de appartement, le nez bourré de « Ne prenez pas les gens pour des Elle (pas assez prudent) pour deve- journaux ressemblent à ce qu’il l’anglais – Guyana – par Marie-France Girod, Grasset, 248 p., 118 F cocaïne, il s’habille chez APC. Un cons, mais n’oubliez jamais qu’ils le nir critique littéraire à… Voici.Àla dénonce, plus ils lui consacrent un [17,99 ¤]). C. Ba. jour, en pleine conception de la sont », conseille-t-on dans une mul- radio on l’entend au « Masque et la espace considérable. C’est pour- b LE JEU DES ROIS, de Karine Naouri campagne de pub pour « Maigrelet- tinationale. « On ne veut plus vous plume » : un peu facile, pas tou- quoi on va s’arrêter là. On aurait Plongeant dans l’enfer des échecs, l’auteur nous y montre des par- te », de Madone, l’un des plus proposer quoi que ce soit qui puisse jours drôle, c’est l’émission qui veut même dû s’en tenir à 99 lignes, pour ties où l’on joue très gros, des amateurs surdoués, un suicidé qui grands groupes agroalimentaires RISQUER de vous déplaire, dit Octa- ça. A la télé on le voit à « Rive droi- relever son défi, mais il aurait fallu sacrifiait sa dame pour de l’argent et quelques professionnels mani- du monde, il craque. Il décide d’écri- ve. C’est ainsi qu’on tue l’innovation, te, rive gauche ». Péremptoire, sacrifier le jeune Buéno. Or, il faut pulés par un désaxé diabolique : l’Empire du mat. Une belle veuve re « cette confession d’un enfant du l’originalité, la création, la rébellion mais a de l’esprit, probablement. ménager l’avenir. tout entière attachée, une glace sans tain et le faciès d’un grand millénaire », de raconter comment Tout le reste en découle. Nos existen- Qu’il ait de l’esprit, on en est cer- Jo.S. brûlé donnent à cet élégant récit une atmosphère – très visuelle – de des tonnes d’intelligence, d’origina- ces clonées… Notre hébétude som- tain dès qu’on le rencontre. Mais on bande dessinée (éd. Arléa, 156 p., 85 F [12,97 ¤]). J. Sn. lité, d’énergie, sont mises au service nambule… » Tout est dit, c’est à la a devant soi un homme plutôt réser- (1) « Folio », Gallimard, n˚3401. littératures LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / V b L’épopée fantastique de Lanark Désillusions Ecrit entre 1969 et 1981 et devenu un livre culte en Ecosse, cet énorme premier roman d’Alasdair Gray, chef de file de « l’école de Glasgow », est enfin traduit en France écossaises croissante. Le merveilleux du LANARK livre III a fait place aux hallucina- LE CRÉPUSCULE DES PÈRES (Lanark. A Life in Four Books) tions d’un malade et la fuite hors de (Our Fathers) d’Alasdair Gray. Unthank à un suicide en bonne et d’Andrew O’Hagan. Traduit de l’anglais (Ecosse) due forme : toujours un échec, seul Traduit de l’anglais (Ecosse) par Céline Schwaller, lien entre ces deux histoires. Ainsi par Michèle Albaret-Maatsch, éd. Métailié, 650 p., progresse le livre – par rupture, Flammarion, 348 p., 145 F (22,11 ¤). mort, chute ou suicide, ou renaissan- 130 F ( 19,82 ¤). ce, jusqu’à la mort de Lanark, un ne terrasse de café où vieil homme ordinaire qui n’eut orsque j’ai découvert Lanark, personne ne s’assoit jamais son compte d’amour. j’avais quatorze ans. La puis- jamais, des rues Mais au préalable, dans un épilo- sance de ce livre, son ambi- mouillées de pluie, un gue décisif, le personnage affronte tion étaient telles qu’il me cielU sombre, balayé par le vent, des l’auteur, son créateur, afin de discu- Lsemblait présenter la vie en Ecosse sous portes qui battent et ne révèlent que ter avec lui d’une fin qui lui importe un jour et dans un style entièrement des couloirs sans issue… Telle est la au plus haut point, puisque, même nouveaux. » Grand admirateur d’Alas- ville inconnue, aux immeubles vides si c’est celle de l’ouvrage, il ne s’agit dair Gray, Andrew O’Hagan est aussi et aux magasins condamnés, où pas moins de la sienne. Or l’auteur un fils revendiqué de l’école de Glas- débarque Lanark au seuil de ce prétend l’avoir déjà fixée. « Une his- gow, sa ville natale. Pour ce critique roman et au sortir de son train. Chô- toire peut toujours se terminer par un de cinéma au Daily Telegraph, éditeur meurs et amnésiques, les habitants happy end, si l’on l’arrête à un associé de la revue Granta, « l’esprit se rendent régulièrement «au moment gai. » Chargé d’établir le du lieu est tout », et s’il veut désor- bureau des allocs » pour que leur texte, un commentateur érudit se mais élargir le spectre de son travail soit remise la somme modique dont mêle de la partie, établissant annota- aux thèmes « les plus contempo- ils survivent. Pour un peu, Unthank, tions, guide des références et index rains », c’est sans oublier cet métropole privée de la lumière du des plagiats, qui sont de trois sor- « anglais renégat » dont il pimente jour, ressemblerait à Glasgow, la vil- tes ; toute la littérature et la philoso- ses pages : « Ce n’est pas du gaélique, le d’Alasdair Gray, peintre, drama- phie anglaises sont convoquées, c’est une langue démotique, avec les turge et romancier qui, entre 1969 et depuis Bunyan jusqu’à Golding, en rythmes et les mots de la classe ouvriè- 1981, médita, illustra et écrivit cet passant par Hobbes et Hobsbaum, re. » Oui, admet O’Hagan, le roman STÉPHANE DUROY / VU énorme premier roman, appelé mais aussi Heine et Freud, ou Jung, glaswégien est, en un sens, un dans son pays à devenir un livre cul- veilleux. Voici un univers où l’indiffé- A l’autre extrémité, un monde Entre-temps, on aura enfin lu les aux côtés de Walt Disney, de « roman politique », mais « tellement te – de ceux dont la seule mention rence croissante des êtres, la cuiras- tout aussi fou et cruel que le précé- livres I et II, puisque – premier clin Goethe et de James Hadley Chase et plein d’énergie ». constitue un signe de ralliement. se défensive dont ils s’entourent, se dent. Lanark débouche dans un uni- d’œil de l’auteur facétieux – ce de la Gazette écossaise. Les notes pro- Sélectionné pour le Whitbread et Entre la science-fiction, l’utopie et traduit littéralement par la poussée vers médical, concentrationnaire et roman, récit d’une vie en quatre lifèrent, l’invention est de règle et la le Booker Prize, Le Crépuscule des l’allégorie, l’épopée visionnaire et le d’une carapace reptilienne qui bien- cannibale, où l’on entretient les livres, débute par le livre III et l’er- discussion, échauffée. L’auteur nous pères, qui emprunte son titre anglais roman d’initiation réaliste, cet tôt les transforme en dragons ; un corps des malades à la seule fin de rance de Lanark. Le livre I revient révèle que l’aspect « collage » du à une chanson galloise, Land of Our ouvrage relève de tous les genres et monde hiérarchisé entre vertébrés, les utiliser au moment voulu com- aux origines : l’évocation de l’enfan- roman, constitué de deux romans Fathers, est un voyage croisé dans le prolifère dans tous les sens, sans se crustacés, éponges et sangsues, qui me combustible, vêtement ou nour- ce et du passé de Lanark, tels que les distincts, d’histoires imbriquées, de passé d’une famille et dans l’histoire priver des références, jeux sur le tex- emploient leur vitalité à voler celle riture. Tout se recycle. Certains lui révèle la voix désincarnée d’un nouvelles et de fragments – textes de l’Ecosse. Du père alcoolique au te et sur la langue dont est égale- des autres ; un monde où prolifè- accords prévoient même que «la médium narrateur, après avoir retra- visiblement disparates, écrits au fil grand-père socialiste désabusé, ment composé Poor Things, déjà tra- rent sur les corps des bouches tyran- moitié des continents se nourrissent cé sa propre histoire. A la page 150, des années –, peut s’expliquer par Jamie, le narrateur, découvre com- duit en français sous le titre de Pau- niques – voix d’autrui qui à chaque de l’autre moitié ». Ainsi est esquis- le ton change donc subitement. des considérations d’ordre commer- ment meurent les utopies. Métapho- vres Créatures (1). instant retentissent, ne vous laissant sée l’anti-utopie qui, dans le livre Commence un récit purement réalis- cial, un gros premier livre faisant res de la désillusion : les tours des Donc, le décalage avec la réalité plus ni choix ni direction propres. quatre, devient vision d’un futur allé- te qui, en quelque deux cent cin- plus d’effet que deux petits. Gorbals, ces logements populaires est au début léger. Puis, comme Tant et si bien que Lanark, héros gorique : alors, Lanark évolue dans quante pages sans doute autobiogra- Quoi qu’il en soit, le lecteur ne que le grand-père a contribué à cons- dans Le Troisième Policier du grand sans mémoire, voyant un jour les sphères dirigeantes de Unthank phiques, va nous livrer par le menu peut que se laisser emporter, sédui- truire et qui finissent rasées à la fin Flann O’Brien, où l’on croise un uni- s’ouvrir devant lui une bouche retrouvé, une ville totalitaire mainte- l’existence de Duncan Thaw : ses re, bousculer par cette veine d’inven- du roman. Apre et sans concession, jambiste au regard sournois, muni immense qui lui annonce « Je suis la nant, où règne Sludden, l’un de ses frasques d’enfant trop solitaire, ses tion prodigieuse, quitte à s’arrêter la prose d’Andrew O’Hagan est quel- d’une casquette de drap saumon sortie », s’y engouffre malgré sa ter- anciens amis, devenu un politicien premiers émois sexuels ardemment parfois, comme Lanark glissant le quefois piquetée d’humour. Une dis- pâle, ou chez le non moins illustre reur pour y chercher une fin, qui est riche et véreux… Bien entendu, l’uto- combattus par le sens de la faute et long d’un gosier, afin de reprendre tance qui laisse deviner la face cachée Lewis Carroll, qui, pour Alice, inven- peut-être une naissance. Chute pie relève moins de la science-fic- le dégoût de soi, la mort de sa mère un instant son souffle. des individus : « La culture écossaise ta des mondes étranges reliés par dans une obscurité étouffante, che- tion qu’elle ne constitue une parabo- et son inaptitude à rien ressentir, Christine Jordis est duale et contradictoire, songez à d’étroits corridors, l’allégorie prend minement périlleux au long d’un le apocalyptique sur le monde puis sa lutte pour accomplir sa voca- Docteur Jekyll et à M. Hyde… » peu à peu les couleurs du mer- étroit passage de chair. actuel. tion de peintre et une aliénation (1) Rivages, 1993. Fl. N. Glasgow fait toujours école Au début des années 70, le trio formé par Alasdair Gray, James Kelman et Tom Leonard engage la littérature dans l’exploration de la réalité sociale et linguistique de l’Ecosse. Trente ans plus tard, du polar à la science-fiction, l’influence de cette « école de Glasgow » reste forte

i tout était à refaire, il fau- se, Marabou Stork Nightmares –, qu’on a appelé – par commodité, cules journaux universitaires. Aucun Dixon. Aujourd’hui, la crise indus- gue « hors norme », loin des lieux drait commencer par la une grande curiosité s’est fait jour par- bien sûr –, l’« école de Glasgow », manifeste ne nous a jamais unis, et trielle est dépassée. La génération traditionnellement dévolus aux culture. Cette phrase apo- tout dans le monde. On nous deman- ce moment littéraire qui scelle, en nous ne nous sommes jamais considé- des écrivains « chimiques » – ainsi livres : tel est peut-être, trente ans cryphe de Jean Monnet, de à quoi attribuer ce dynamisme lié quelque sorte, cette « spectaculaire rés comme un groupe littéraire, jus- appelés à cause de la quantité de après sa naissance, l’un des legs les l’EcosseS l’a faite sienne. Au moment à l’école de Glasgow et qui irrigue la tradition de désespoir » (4). Devant qu’à ce qu’un jour un critique déclare drogues absorbées par leurs person- plus curieux de cette école de Glas- où elle s’offre un Parlement tout sculpture, la peinture ou la musique une salle comble, l’auteur de Lanark que rien ne valait Glasgow et son éco- nages – a remplacé les peintres gow. Une expérience singulière neuf sur les hauteurs d’Edimbourg, rock. » présente son dernier-né, The Book le d’écriture, qui, d’ailleurs, n’avait hyperréalistes de la déréliction socia- dans l’histoire de la littérature. la patrie de Walter Scott et de A quoi l’attribuer ? « A Mrs That- of Prefaces, une ambitieuse coupe jamais eu l’intention d’en être une. » le. Mais ce qui fascine toujours, c’est Florence Noiville Robert Louis Stevenson – qui s’est cher, plaisante à demi Andrew O’Ha- transversale de la littérature, du VIIe l’expérimentation sur le langage. souvent considérée « colonisée » gan. Elle a été haïe ici à un point tel au XXe siècle, à travers les préfaces VOIX BARBARES Kelman et les autres ont fait scanda- (1) Sunset Song a été publié chez par l’Angleterre – a décidé, pour le qu’elle est devenue une incomparable des plus grands écrivains Ecole ou pas, l’influence de ce trio le en truffant la langue d’expres- Métailié. premier anniversaire de son autono- source d’inspiration pour les roman- anglo-saxons (5). Les mèches en sera déterminante. Trente ans plus sions vernaculaires, en réhabilitant (2) Voir Etudes anglaises, n˚ 2, 1997, et mie, de mettre en lumière la vigueur ciers et les cinéastes – un film comme broussaille, de la couleur sur les tard, qu’ils viennent de la science-fic- le dialecte et l’oralité, ce que Keith Liber, octobre 1995. de sa création littéraire contempo- My Name is Joe, de Ken Loach, qui doigts, Gray, qui est aussi peintre, tion (Iain Banks) ou du polar Dixon appelle « les voix barbares ». (3) Ann Grieve et Marie-Françoise raine. se situe à Glasgow, stigmatise bien cet rappelle non sans ironie la naissan- (William McIlvanney), d’horizons « J’ai voulu décrire ma communau- Cachin, Le Roman britannique depuis En marge du Festival d’Edim- héritage : Margaret est la meilleure ce de cette « école » : « Au début classiques (Andrew O’Hagan), pro- té, tout en en restant membre », dit 1945, Nathan, 1996. bourg s’est donc tenu, du 23 au chose qui pouvait nous arriver. » Plus des années 70, nous formions un petit vocateurs ou branchés (Irvine Kelman. Irvine Welsh ne fait pas (4) G. Wallace et R. Stevenson, The 27 août, une sorte de « Fringe litté- sérieusement, Keith Dixon, spécialis- groupe, James Kelman, le poète Tom Welsh, Alan Warner), beaucoup autre chose lorsque, avec d’autres, il Scottish Novel since the 70’s, Edinburgh raire », organisé par le British te de la culture écossaise et profes- Leonard et moi. Nous habitions tous d’écrivains avouent se situer encore décide de faire des lectures dans des Univ. Press, 1993. Council, le Scottish Arts Council et seur à l’université Lyon-II, distingue près de l’université, venions de dans son sillage. « Même en Angleter- boîtes de nuit pour rencontrer son (5) Londres, éd. Bloomsbury, 640 p., le Festival international du livre et deux temps forts dans la littérature milieux ouvriers ou petits-bourgeois, re, la littérature de rue, comme celle public (6). Des écrivains qui 35 £ (57,9 ¤). rassemblant tout ce que l’Ecosse du XXe siècle en Ecosse. Le premier, échangions des idées et des baby-sit- de John King, est inspirée de ce qui ressemblent à leurs lecteurs et com- (6) « Le Monde des livres » du 14 mai compte de romanciers, de poètes, dans les années 20 et 30, est dominé tings, et étions publiés dans de minus- s’est passé en Ecosse », note Keith muniquent avec eux dans une lan- 1999. d’auteurs de science-fiction ou de par Hugh MacDiarmid et Lewis livres de jeunesse. Phénomène de Grassic Gibbon. Connu sous le nom mode ou hasard des achats de de « Scottish Renaissance », il est droits ? En cette rentrée justement, empreint d’une grande nostalgie les éditeurs français multiplient les pour la ruralité et, hormis l’œuvre traductions : Alasdair Gray, Andrew de Gibbon (1), n’échappe pas à l’em- O’Hagan (lire ci-dessus), mais aussi prise des mouvements autoritaires David Donachie, chez Phébus, bien- qui fleurissent alors un peu partout tôt Jackie Kay, chez Hachette Litté- en Europe (2). Le second naît dans ratures, sans oublier la « Bibliothè- les années 70 et, par réaction, se que écossaise » d’Anne-Marie veut « coupé de tout passé littérai- Métailié, qui promet de s’étoffer re ». Il se donne pour but « l’explora- davantage. tion de la réalité sociale et linguisti- En avant donc kilts, clans et corne- que de l’Ecosse contemporaine ». Il muses ! Mais qu’est-ce que l’identi- décrit les paysages urbains sinistrés, té nationale et le roman peuvent la désindustrialisation, le chômage, fondamentalement avoir à se dire le désespoir des « perdants récidivis- en cette fin de XXe siècle ? Des écri- tes » comme Le Poinçonneur Hines, vains comme Muriel Spark ou de James Kelman (Métailié, 1999). Il William Boyd n’ont-ils pas su s’im- peint le courage de la classe ouvriè- poser en dehors de toute « scottici- re (William McIlvanney), les taudis té » ? Et comment, si elle existe, des bords de la Clyde (Jeff Torring- peut-on définir cette spécificité du ton), la métaphorique « moisissu- roman écossais ? « C’est la question re » qui les gagne (Janice Galloway) qu’on nous pose sans cesse », note et les tentations autodestructrices, Sheila Murray, du British Council alcool en tête, comme chez un per- d’Edimbourg, qui voudrait donner à sonnage d’Alasdair Gray dont les l’Ecosse une image aussi forte en lit- « chaos internes » se traduisent par térature que celle de l’île d’« en « une explosion typographique et face », l’Irlande. « Depuis cinq ans, plusieurs pages blanches » (3). avec les livres d’Irvine Welsh notam- A soixante-six ans, Alasdair Gray ment – Trainspotting, The Acid Hou- est pour ainsi dire le pape de ce VI / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 La chronique

de Roger - Pol Droit b

néant des mots. C’est là un grand cri- MÉTAPHYSIQUE Il fut , sous Louis XVI, me, d’abord presque invisible, com- DU CALEMBOUR la coqueluche de la cour. mis par le langage contre lui-même. ET AUTRES JEUX Métaphysique du calembour On abandonnera donc le marquis SUR LES MOTS D’ESPRIT à ses perruques, ses poudres et son du marquis de Bièvre. Le marquis de Bièvre barbier pour s’intéresser seulement Edition établie et présentée aux conséquences de son détraque- par Antoine de Baecque, avait élevé le calembour ment. Les calembours, de ce point Payot, 158 p., 75 F (11,43 ¤). de vue, sont à placer sous le patro- à la hauteur d’un art. nage de l’immortelle Fée Lure. Cha- ’est d’abord une curiosité. cun d’eux introduit dans le monde Rien ne paraît en effet Simple curiosité ? du sens, apparemment plein, de plus insolite que l’œuvre Succès révélateur minuscules béances. Ruptures C oubliée du marquis de Biè- microscopiques, microfissures, infi- vre. Pur produit de l’Ancien Régime mes ravages. Des courts-circuits déclinant, cet homme a entière- d’une époque ? affectent le réseau des significa- ment consacré sa brève existence tions. Le discours sensé se trouve aux calembours. Il en fut le cham- Ou bien source parasité, paralysé, transi par les dou- pion, le maître incontesté. Il a con- bles sens et les télescopages. L’in- nu grâce à eux une gloire éphémère d’une plus sourde quiétude naît évidemment d’un mais fort vive : pendant quelque soupçon immédiat : ces catastro- temps, il ne fut question dans Paris inquiétude ? phes mineures vont se diffuser en que de ses libelles et de ses saillies. toutes directions, par capillarité. Ses réparties dans les dîners étaient Les phrases minées par les calem- répétées de tout côté, du moins traités de philosophie ou des bours menacent la totalité de la lan- dans le microcosme du bel esprit, mémoires scientifiques, cet impu- gue. Elles insinuent à leur manière qui s’étendait de Versailles au boule- dent jeune homme devient fameux que le sens, ce fameux machin dont vard Saint-Germain. Découvrir ce d’un coup en alignant quelques on a plein la bouche et qu’il con- petit maître, comme nous y invite dizaines d’effarants jeux de mots. vient de considérer d’un air senten- Antoine de Baecque, permet d’en- Ainsi décrit-il les funérailles de l’ab- cieux, n’est en fin de compte rien du trevoir une face cachée du siècle des bé Quille : «… le père Turbateur fai- tout – scintillement de surface, com- Lumières. Georges de Bièvre s’ins- sant office de grand-maître des céré- binaisons arbitraires. En dessous, crit en effet dans la tradition françai- monies, le père Soreille toucha de l’or- l’abîme. se, essentiellement orale, des « bret- gue, le père Pétuel joua du basson, on Les calembours font pressentir, teurs de langue ». Se battre à coups chanta un hymne de la composition même si de telles horreurs ne sont de bons mots, fulgurants, rapides, du père Vers, et le père Oquet pronon- jamais explicitées, combien la blessants, saisir au vol de quoi faire ça l’oraison funèbre. » On laissera langue n’est qu’une mince pellicule mouche, défaire en trois secondes au lecteur le soin de deviner les attri- sur le vide et l’absurde. Couche fragi- une espérance, une réputation, voi- buts de quelques abbés (Cassine, le, sécurité arbitraire, conventions re une amitié, telles furent les activi- Chamel, Tise notamment) et de cer- genre : « De nos pères de bas imitons que entre les philosophes sérieux, dont les excès « dégoûteraient les aléatoires. Il suffit d’un rien, d’une tés favorites, au fil du XVIIIe siècle, tains amis (Graine, Traille), en se la constance », ou bien : « Je ne puis les Encyclopédistes notamment, et plus grands amateurs ». Victor bêtise – « une ode en vers luisants », de quelques dizaines de langues fort contentant d’indiquer que diverses tu le sais vivre sans toi d’ardoise », ces aristocrates amateurs de poin- Hugo, dans Les Misérables, assassi- une facétie de la fée Roce, un vilain aiguisées. On ne s’étonnera donc prières furent adressées par les ou encore : « Ton image en mon tes, défenseurs de la « gaieté » con- ne le calembour, « la fiente de l’es- tour de sainte Axe – pour que se dis- pas d’apprendre que Bièvre apparte- proches du défunt à trois saintes : cœur sera peinte ou chopine » ? A tre des esprits supposés fâcheux. On prit qui vole ». loque l’apparence. Le filet des phra- nait, au moins sur le papier, à la Ure, Onge et Axe. mesure que la lecture avance, un peut aussi s’intéresser à la patholo- Il y a mieux à faire. S’aviser pour ses raisonnables s’emmêle, et finit compagnie des mousquetaires du Succès total. Quinze éditions en indéfinissable malaise progresse. gie de ce marquis : comment faut-il commencer que le calembour, chez par se trouer. Il ne faut donc pas Roi. Propriétaire de quelque huit un an. Le petit marquis publie des On ne sait si l’on se trouve avec Hel- être organisé pour consacrer sa vie les vrais amateurs, ne s’apprécie considérer Bièvre simplement com- cents hectares entre Paris et Ver- suites, notamment Les Amours de zappopin chez Corneille ou avec aux jeux de mots ? Pour imaginer que lamentable. Les meilleurs sont me un bibelot kitsch avant la lettre. sailles, habitant un hôtel particulier l’ange Lure. Son apothéose fut Ver- Racine dans l’Almanach Vermot. de dire à un homme qui monte sur les pires. Cet art est sans retenue, Il conviendrait plutôt de le compren- dans l’actuelle rue Montmartre, tou- cingentorixe, tragédie en un acte et Miné par tant de « maux à double le bûcher : « Tu ne seras plus jamais sans mesure. Il n’y a qu’un usage dre comme l’ancêtre de Charles Fou- jours tiré à quatre épingles et soi- en vers. Ce texte invraisemblable entente », le lecteur finit par vouloir cru » ? Quelle existence mène-t-on immodéré qui convienne. Le faiseur rier, de Raymond Roussel et de quel- gnant fort son apparence, l’homme est un monument d’étrangeté : le s’exclamer, comme les héros de cet- quand on est capable de faire plan- de calembours doit être insensible à ques autres grands déglingueurs de ressemble exactement à ce qu’on mauvais goût y est porté si loin qu’il te tragédie : « Amis, tout mon coura- ter, dans sa propriété de campagne, la honte, oublieux de la décence. Il langue. D’ailleurs, il a sans doute peut imaginer d’un jeune marquis en devient intéressant. Dans le regis- ge est à bout de chandelles »,ou des ifs au nombre de deux fois trois, doit s’appliquer à dire n’importe plus ou moins entrevu que les poudré. tre de la tragédie, les Gaulois assié- encore : « Une secrète horreur me pour dire « Voici l’endroit des six quoi, à toujours oser là où d’autres calembours sont à double tran- Il n’a que vingt-trois ans, en 1770, gés finissent par manger l’un des glace au chocolat.» ifs » ? Ou quand on fait peindre sur renoncent. Alors il devient grand chant, et que leur prétendue gaieté quand la renommée s’empare de sa leurs. Mais le style, on s’en doute, On se trouve alors face à plu- une porte la lettre « i », pour affir- par ses forfaits, exemplaire par son est destructrice. Il n’hésite pas à par- jolie figure. Cause de cette célébrité l’emporte sur tout, en truffant cha- sieurs possibilités. Renvoyer le mar- mer que c’est l’entrée « de la laite- travail de sape. Le calembour, en ler à leur propos de « jouissance du soudaine : quelques pages intitu- que alexandrin d’un calembour quis à l’histoire, en le rangeant dans rie » ? Il est d’usage de se fâcher au effet, n’est pas une activité innocen- néant ». Il leur attribue le pouvoir lées Lettre à Madame la Comtesse « qui n’a pas l’ombre du bon sens ». le cabinet des curiosités, quitte à nom du bon goût. Le baron Grimm te. Sous des airs débiles, futiles, de faire « briller parmi les diseurs de Tation. Quand d’autres rédigent des Que faire de déclarations de ce s’intéresser aux tensions de l’épo- était fort en colère contre Bièvre, pitoyables, il s’emploie à rire du rien ». Plus nihiliste, tu meurs.

livraisons b DU SCRIBE AU SAVANT, d’Yves Gingras, Peter Keating et Saussure déchiffré Le piège Camille Limoges En Mésopotamie et en Egypte ancienne, les premiers porteurs du savoir sont des scribes. Ils occupent des fonctions administratives et Les analyses de Claudine Normand sur les « Cours » et celle de Johannes Fehr religieuses. Sur des tablettes d’argile ou des papyrus, ils consignent un savoir pratique, appelé par les besoins quotidiens et associé aux rites sur l’œuvre du linguiste éclairent une pensée difficile et paradoxale des marges religieux et sociaux. L’astronomie, les mathématiques, la médecine per- mettent d’établir les calendriers, de diviser les terres et de faire face aux chain la publication, par les soins de crits – Claudine Normand est un maladies. Un nouveau mode d’appréhension de la nature apparaît SAUSSURE Simon Bouquet (1), de textes iné- peu rapide. Elle ne pose pas de DU BON USAGE dans les cités grecques. L’idée de preuve et les débats publics émergent. de Claudine Normand. dits. Francis Gandon termine un façon assez serrée le problème des DE L’EXCLUSION Mais la culture du scribe, dont les monastères de l’Occident chrétien Les Belles Lettres, ouvrage sur les anagrammes chez relations entre les deux aspects du de Mgr Albert Rouet héritent, ne s’éteint qu’au début du XVIe siècle, lorsque l’imprimerie 174 p., 39 F (5,95 ¤). Lucrèce. temps chez Saussure : la linéarité (le et de Philippe Caumartin. assure le triomphe de l’humanisme, et qu’une nouvelle figure histori- Autres témoins de cette fas- temps du discours) et la diachronie Desclée de Brouwer, que se profile, celle du savant. (PUF, 362 p., 178 F [27,13¤].) J.-P. Th. SAUSSURE ENTRE cination, le Saussure de Claudine (le temps de l’histoire et du change- 106 p., 72F (10,97 ¤). LINGUISTIQUE Normand et, de Johannes Fehr, Saus- ment). ET SÉMIOLOGIE sure entre linguistique et sémiologie. Johannes Fehr embrasse l’ensem- éalité sociale dramatique de Johannes Fehr. ble de l’œuvre de Saussure : le aux visages multiples, « l’ex- Traduit de l’allemand SUR LA « VULGATE » Cours qu’il cite selon les sources clusion » est devenue un ter- par Pierre Caussat, Les deux livres sont bien diffé- manuscrites, la recherche sur la R me qui catégorise ceux qui PUF, 286 p., 218 F (33,23 ¤). rents. Claudine Normand a décidé légende, les anagrammes – un peu en sont victimes autant qu’il les met à de ne prendre en compte que le négligées – et même les lettres de distance : « Tant de significations hété- aussure n’a pas publié ce Cours et de s’intéresser en priorité à Saussure au psychologue genevois roclites pour un seul mot brouillent tou- qu’il a écrit et n’a pas vrai- la « vulgate » de 1916. Non certes Théodore Flournoy sur des problè- te approche raisonnable. Trop de géné- ment écrit ce qui, après sa qu’elle ignore le reste de l’œuvre, mes de glossolalie. Il vise, en effet, à rosité empressée aveugle le jugement. » S mort, en 1913, a été publié ou qu’elle néglige les divergences « faire apparaître le contexte inter- Mgr Albert Rouet, évêque de Poitiers, sous son nom. Après le génial entre les « sources manuscrites » et ne, la corrélation, dans le contenu et Philippe Caumartin, économiste et Mémoire sur le système primitif des l’édition « standard » : la seconde comme dans les phases temporelles, travailleur social, s’attachent à décryp- voyelles dans les langues indo-euro- partie de son livre nuance, parfois des différents travaux et, par là, ter ce que ce mot recèle de violences péennes, publié en 1879 – l’auteur « brouille », c’est son mot, les analy- esquisser une nouvelle image de Saus- éludées et de bonne conscience. Ils avait vingt et un ans –, puis la brève ses de la première, en tenant comp- sure ». D’où une évidente curiosité, dénoncent aussi bien une société où thèse, modèle d’analyse syntaxique, te des hésitations, remords, contra- bien contrôlée, pour la biographie priment les lois du marché que les pal- sur L’Emploi du génitif absolu en dictions et silences de Saussure de l’auteur, qui reste peu connue. liatifs adoptés pour éviter qu’elle n’im- sanskrit, en 1881, Saussure n’a dans les manuscrits. Son livre se ter- Pour l’essentiel le programme de plose. Autant dire que la charité, chré- publié aucun livre, se contentant de mine sur une citation fortement Johannes Fehr est accompli de tienne ou non, ne trouve pas grâce notes et d’articles, de plus en plus énigmatique : « Il y aurait dispropor- façon très satisfaisante. Les deux aux yeux de l’évêque : « Loin d’insérer brefs et espacés. Deux vastes ensem- tion entre la recherche scientifique de analyses les plus fortes visent l’une dans une société qui exclut, l’humanitai- bles d’écrits – sur les « anagram- ce qui se passe pendant une partie de la genèse du concept de langue com- re adapte à une condition subie. » Les mes » de la poésie latine et sur la jeu et l’. » Personne ne lira jamais le me « système serré », l’autre le signe auteurs réfutent la rassurante distinc- légende germanique – n’ont donné nom laissé en blanc par Saussure et la science qui le prend pour tion entre intégration et exclusion. lieu de sa part à aucun effort de entre l’article et le point final. objet : la sémiologie, mise en place Une civilisation où se conjuguent indi- publication. Ils ont été peu à peu Ainsi nuancé, le parti de revenir à de façon brièvement énergique vidualisme privé et libéralisme public, révélés à partir de 1964. Mais il reste la vulgate est légitime : c’est cette dans la version standard, plus déve- et qui n’envisage l’homme qu’en fonc- de nombreux inédits. Le Cours de lin- version du Cours qui a eu effet sur loppée dans les sources manuscri- tion de sa productivité, porte les guistique générale, publié sous son l’évolution de la linguistique et des tes et dans la recherche sur la légen- mêmes contraintes sur tous : « L’exclu- nom en 1916, est le résultat d’une sciences humaines. C’est elle que de. Un infime reproche : Johannes sion n’est finalement pas existentielle- reconstruction habile, mais parfois citent Lacan, Barthes et Greimas. A Fehr ne connaît pas la bibliographie ment plus violente que l’inclusion. » peu fidèle, à partir de notes prises vrai dire, le texte est en lui-même francophone de façon aussi parfaite Pour sortir de cette impasse, les par les auditeurs des trois cours suc- bien problématique : la distinction que la bibliographie germano- auteurs appellent à « une insurrection cessifs qu’il donna à l’université de de la langue et de la parole, et, par phone. D’où quelques silences. de la pensée ». Genève. A l’époque où il professait là, le problème de la place du sujet, Au-delà d’une apparente transpa- Si le constat dressé est d’une impla- ces cours (1907-1911), Saussure l’arbitraire du signe et, indissoluble- rence d’expression, la pensée de cable rigueur, les évolutions envisa- avait renoncé à écrire l’ouvrage de ment, le lien entre la significa- Saussure est entre toutes difficile et gées mériteraient d’être davantage linguistique générale auquel il son- tion – interne au signe – et la paradoxale. Chacun à sa façon, explicitées. La « transcription sociale » geait dans les années 1890. valeur – produite par les relations Claudine Normand et Johannes de l’expérience des exclus qui, par le En dépit (ou à cause) de ce statut des signes entre eux –, tous les pro- Fehr éclairent, parfois de façon partage, éveillerait une conscience paradoxal de son œuvre, Saussure blèmes litigieux de la linguistique décisive, certains aspects de cette « plus humanisante », la prise en est à coup sûr le linguiste le plus saussurienne – ou de la linguistique pensée. compte de la « fécondité de chaque commenté : les livres se comptent tout court – sont posés par Claudi- Michel Arrivé existence » comme principe de gouver- par dizaines, les articles par milliers. ne Normand avec une grande acui- nement politique sont des issues évo- C’est que l’œuvre – et, pour cer- té. Un seul regret : sur « la question (1) Auteur d’une inestimable Introduc- quées, mais laissées à leur abstrac- tains, l’auteur – continue à fasciner. centrale du Temps » – la majuscule tion à la lecture de Saussure (Payot, tion. On annonce pour un avenir pro- est de Saussure, dans les manus- 1997). Eric Lamien essais LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 / VII b Ciel changeant sur le paradis Le retour Etudiant l’imaginaire paradisiaque, Jean Delumeau scrute les invariants et les transformations qui ont fait l’identité d’un lieu. Ainsi il clôt de fort belle manière un triptyque qui restaure la vraie dimension de l’Eden perdu du Malin tions essentielles que se posent ses soucieux de « purifier » un paradis QUE RESTE-T-IL contemporains : celle du bonheur. trop profane au regard des nouvel- UNE HISTOIRE DU DIABLE DU PARADIS ? Promis sur terre ou différé dans les orthodoxies. La progressive XIIe-XXe siècle de Jean Delumeau. l’au-delà tel que l’a conçu l’Occi- mais irréversible laïcisation des de Robert Muchembled. Fayard, 552 p., 160 F (24,39 ¤). dent chrétien, ce rêve de béatitude cieux est à peine freinée par la for- Seuil, 416 p., 140 F (21,34 ¤). était déjà ébranlé dans les deux pre- te résistance de l’empyrée, notion arpe, luth et psaltérion, miers volets de l’enquête de Jean antique parfaitement recyclée dans l est sans doute bien des vielle – à bras ou à Delumeau. Dressant d’abord l’his- l’orbe chrétien, que soutiennent manières d’écrire l’histoire du roue –, chalémie, orgue torique d’une certitude partagée, poètes et théologiens, et même les diable. Conscient de cette mul- H et trompette, timbales tardivement évanouie, l’auteur du astronomes, dont la science, en I tiplicité, Robert Muchembled et carillons, la musique des sphères Jardin des délices établissait la len- répudiant l’héliocentrisme, ruine la propose « une » histoire du diable, se joue résolument à l’orchestre te, mais sûre, disqualification de doctrine de l’Eglise. Infirmant la ce qui n’empêche pas le grand spé- dans le paradis de l’an 1500. A l’heu- l’Eden, chassé d’abord de la sur- Bible, la nouvelle astronomie cialiste de la sorcellerie de dégager re où la peinture de l’au-delà attes- face terrestre, où d’aucuns crurent rompt le lien clair du paradis au une vue d’ensemble sur la présence te l’intégration des réalités terres- le trouver, havre de grâce dont la monde terrestre. Le ciel des pein- du Malin dans les sociétés occiden- tres (arbres et fleurs, mais aussi nostalgie s’alimentait de cette tres se fait météorologique et la ver- tales et de mettre au jour les ruptu- bâtiments et vêtements) dans l’es- quête même, puis de l’Histoire lors- ticalité célébrée par l’art baroque, res de pente. Mais l’auteur fait aussi pace paradisiaque, l’invasion des que la jeune science des fossiles et vertige ascensionnel dont le point des choix : il privilégie nettement anges musiciens dans sa représen- la critique philosophique ruinèrent de fuite se perd au firmament, dit l’époque moderne au sens large tation figurée ne doit rien au la chronologie biblique admise une aspiration qui ne se localise (XVe-XVIIIe siècle) sur le Moyen Age hasard. De la verrière de la cathé- jusque-là. plus. et accorde une grande importance drale de Sens– à l’instrumentarium Avec Mille ans de bonheur, l’uto- aux œuvres de fiction, de la littératu- inégalement rigoureux – aux pein- pie se double explicitement d’une POÉSIE re au cinéma. tures de l’abside de celle d’Albi – là, uchronie : le bonheur est une espé- Mais au final, Delumeau requali- Robert Muchembled commence des séraphins entonnent un allé- rance à la réalisation imminente. fie en utopie le paradis ainsi perdu son étude au XIIe siècle en considé- luia, accompagnés par des chéru- Périmant la vieille croyance au de vue. De fait, ce dernier volet rant que Satan prend alors une pla- bins instrumentistes –, des anges vieillissement du monde, la notion d’Une histoire de paradis est aussi le ce « décisive » dans l’imaginaire omniprésents dans la Nativité de de progrès projette dans l’avenir livre le plus personnel de l’histo- occidental (la césure mériterait dis- Botticelli, où danses et ronde con- l’ailleurs édénique. Une fois le para- rien. Moins par les écarts sensibles cussion). Cette place se renforce currencent même les acteurs de la dis établi sur terre, l’histoire sera que le lecteur pourra observer encore à la fin du Moyen Age et con- scène terrestre au centre de la toile, accomplie. Mais la lecture de deux entre son regard et celui de ses naît une transformation profonde à à l’incroyable Concert d’anges de siècles d’idéologie contemporaine devanciers, Mc Dannell et Lang (4), partir du XVe siècle avec le dévelop- Gaudenzio Ferrari pour la coupole fait raison de cet élan crédule. auxquels, avec sa coutumière hon- pement d’une science du démon du sanctuaire lombard de Saronno Après la révision symétrique de nêteté intellectuelle, il rend hom- qui élabore un « corps de doctrine (quelque cent quarante partici- la nostalgie et de l’espérance du mage d’entrée, que par le ton et angoissant ». En lien avec la crise de pants !), l’ange musicien envahit paradis sur terre, Jean Delumeau l’implication stylistique, de plus en l’Eglise à cette époque, s’élabore le tout le champ, comme s’il ne pou- s’attelle à l’exploration de plus sensibles dans la seconde par- mythe de la sorcellerie, qui aboutit, vait y avoir d’amour et de félicité l’au-delà, « euphémisme » récent tie du volume, qui font que bien dans l’Europe de la fin du XVIe siè- – terrestres comme célestes – sans du reste (1866) qui tranche sur la souvent, c’est en poète qu’il sem- cle bousculée par la Réforme, à de son concours. C’est l’une des trou- notion – trop « marquée » ? – de ble prolonger la rigueur inentamée grandes chasses aux sorcières. e

vailles les plus sensibles de Jean paradis. Exit le souhait de retrou- NATIONAL GALLERY, LONDRES / BRIDGE ART LIBRARY de sa démarche de chercheur. Don- L’auteur constate, aux XVI et Delumeau qui clôt avec Que reste- vailles terrestres ; désormais, c’est « La Nativité » de Botticelli nant en titre du dernier chapitre les XVIIe siècles, « un véritable raz-de- t-il du paradis ? un triptyque entre- le royaume des cieux, métamorpho- derniers vers d’un très court poè- marée diabolique », tant du côté pris il y a plus de dix ans (1), para- se sereine du jardin d’Eden, et ses de brosser à grands traits une sorte sacré plus qu’ils ne s’en servent. me, composé en 1942, à la veille de catholique que protestant. Mais chevant une longue interrogation « réalités indicibles » qui requièrent de « vie quotidienne au paradis »,le Mais la mère de François Villon, sa mort dans une prison franquiste avec la « civilisation des mœurs », sur l’homme occidental des âges son attention. Sans dévotion ni portrait de ses hôtes, strictement qu’un poème de son chenapan de d’Alicante, par le républicain chère à Norbert Elias, et la montée médiévaux et modernes, harcelé ironie. hiérarchisés, qui contemplent sans fils fait parler, atteste la séduction Miguel Hernandez, et dont il doute du rationalisme, le diable est en dan- par ses peurs (2), combattant le sen- jamais se rassasier la vision béatifi- simple et immédiate d’un refuge qu’il ait été croyant (« Ecris-moi ger. Au milieu du XVIIe siècle com- timent d’insécurité (3) pour finale- UN PARI FOU que réservée aux élus, et dont le harmonieux (« Au moustier voy dans cette terre, je te répondrai. »), mence ainsi un « crépuscule », qui ment élire une espérance de bon- La démarche suivie par l’histo- retable de Gand, l’adoration de dont suis paroisienne/Paradis paint Jean Delumeau entend rendre sa s’accélère dans les premières décen- heur éternel. rien est d’une cohérence indiscuta- l’agneau de Jan Van Eyck (1432), ou sont harpes et lus »). Une invita- part de magie à un sujet arraché au nies du XVIIIe siècle. Progressive- Si le succès de l’entreprise valut à ble. Reprenant le plan de l’Apoca- popularisé sous le nom d’Agneau tion au voyage dans le « saint des sacré pour n’être plus qu’un sujet ment, la figure du démon, à travers Jean Delumeau d’apparaître bien- lypse de Jean même, Delumeau fait mystique, offre un admirable saints » en somme, puisque pour artistique aux yeux d’une large part le fantastique, se détache des lectu- tôt comme « l’historien de la suivre les mille années de félicité regard. l’homme médiéval il y a un pont du public contemporain, handica- res théologiques. Satan devient de peur », il espérait, lui, être au qui annoncent le Jugement dernier Que reste-t-il du paradis ? s’ouvre entre morts et vivants, élus et pé par un déficit culturel sur le cha- plus en plus un « double monstrueux moins autant l’historien du para- de la vision de la Jérusalem céleste. sur le fameux polyptyque, présenté pécheurs, toujours accessible. pitre de la foi et un préjugé tenace qui sommeille en tout homme ».Le dis, cet Eden perdu et inlassable- Ce faisant, il utilise toujours le cor- comme « peut-être la plus riche des La science consommée de Delu- sur le lénifiant ennui prêté à un regain d’intérêt de la fin du XIXe siè- ment rêvé que l’érudition universi- pus des textes saints et savants qui synthèses paradisiaques de la peintu- meau donne un parfum entêtant paradis décidément bien moins cle n’empêche pas le recul fonda- taire négligeait, plus volontiers fondent la croyance mais, sans re occidentale ». Ce gros plan sert à au paradis chrétien, oasis volup- piquant que les affres infernales. mental du XXe. tournée vers le pôle sulfureux de sacrifier à l’exercice de l’historien détailler la complexe élaboration tueuse où l’âme des justes se désal- Si l’on devine que c’est aussi un L’Eglise, qui a depuis longtemps l’enfer, avec son cortège de diable- d’art, il fonde une bonne part de du paradis chrétien, tel que la Genè- tère. Cet essai sur l’imaginaire para- choix de croyant, le paradis annon- perdu sa capacité à imposer le dis- ries, de sabbats et de cruelles son analyse sur les images du para- se et l’Apocalypse bien sûr, mais aus- disiaque – car c’est de cela qu’il cé par l’historien a le mérite de cours dominant en matière démo- répressions, propices à dévoiler les dis telles que les artistes, humbles si La Cité de Dieu d’Augustin (il s’agit – permet ainsi de scruter les nous rendre un des lieux clés de niaque – par une évolution que « normes » du temps. Gageons ou fameux, les ont proposées aux hiérarchise, suivant Paul, trois invariants et les transformations l’imaginaire occidental, jusque-là l’auteur suit avec précision – tente que ce sera bientôt chose faite, fidèles, visions d’espérance et de niveaux de visions, « corporelle », qui font l’identité du lieu, jusqu’à paradoxalement oublié. pourtant aujourd’hui une « revitali- puisque le chantier colossal entre- salut, en réponse au vœu du psal- « spirituelle » et « intellectuelle »), ce que, peu à peu, celui-ci se dissol- Philippe-Jean Catinchi sation de la croyance au diable », pris dès 1989 est aujourd’hui ache- miste : « Qui nous fera voir le voire La Hiérarchie céleste fausse- ve dans un ciel rendu par les astro- sans doute par souci de reconquérir vé. Et l’on découvre au terme de bonheur ? » ment attribuée à Denys l’Aréopa- nomes à d’autres spéculations, laï- des fidèles tentés par les doctrines l’aventure un auteur plus que Ce pari assez fou, Jean Delu- gite ou le Paradis de La Divine comé- ques celles-là. (1) Le Jardin des délices et Mille ans de ésotériques. L’auteur remarque que jamais présent dans sa recherche, meau l’a fait sien ; aussi propo- die de Dante, l’ont construit et fina- Passé l’heure des enivrantes poly- bonheur (Fayard, 1992 et 1995). le Malin « revient en force »,en débordant – avec toutes les garan- se-t-il une sorte d’« état des lement imposé, triomphant, aux phonies des anges musiciens, dont (2) La Peur en Occident et Le Péché et particulier aux Etats-Unis, tradition- ties scientifiques, évidemment – de lieux », avec force détails sur les XVe et XVIe siècles. Il est sans doute les noëls invitent le ciel sur la terre, la Peur (Fayard, 1978 et 1983). nellement plus sensibles aux « pou- sa sphère de prédilection saveurs et les couleurs, les plantes difficile de mesurer l’impact réel la partition entre profane et sacré (3) Rassurer et protéger et L’Aveu et le voirs mauvais ». L’histoire du « prin- (l’« automne médiéval » cher à Hui- et les fragrances d’un jardin écla- d’un programme défendu par les se précise, et avec elle l’éloigne- Pardon (Fayard, 1989 et 1991). ce de ce monde » n’est donc pas zinga et l’ère moderne) pour contri- tant, dont l’ardente lumière ne brû- clercs et rendu sensible par des ment des deux sphères, encouragé (4) Heaven. A History, Yale University terminée. buer à répondre à l’une des ques- le ni ne blesse. Avec, pour achever artistes qui participent au mystère par les mouvements de réforme, Press, 1988. Nicolas Offenstadt VIII / LE MONDE / VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2000 actualités b L’EDITION FRANÇAISE La grande querelle des sociétés Voltaire b La sélection de la Fnac. La Fnac a rendu publique, mercredi 6 sep- Où deux sociétés Voltaire se constituent et s’insultent, à Ferney et en Sorbonne, tembre, sa sélection de rentrée, éta- blie cette année conjointement par tandis qu’une dispute se poursuit entre la Voltaire Foundation d’Oxford et son ancien dirigeant ses libraires et certains de ses adhé- rents. Trente coups de cœur donc l y a une grande querelle chez nant tous les dix-huitièmistes de la s’arrangeaient pas. Pendant ce des œuvres complètes à Oxford ». lors de la création de la SEV : «Làoù pour : Elle Eggels (La Maison des les dix-huitiémistes, qui dure contrée. Une institution prestigieuse temps, René Pomeau vieillissait. Il est Christiane Mervaud en est la pré- nous n’avions vu que des terres en fri- sept sœurs, Denoël), Gisèle Fournier depuis plusieurs semaines et et richement dotée, des spécialistes mort en février, laissant un grand sidente et le successeur de M. Brown che, d’autres ont cru discerner des pla- (Non-dits, Minuit), Percy Kemp qui partage le monde voltai- éminents et enthousiastes : tout allait vide dans le monde voltairien, qui à la Voltaire Foundation, Nicholas tes-bandes bien entretenues – leurs pla- (Musc, Albin Michel), Pascale Kra- rienI en deux sectes opiniâtres : les pour le mieux dans les meilleures uni- s’empressa, pour le combler, de créer Cronk, l’un des vice-présidents. tes-bandes. » Il dénonce la lettre mer (Les Vivants, Calmann-Lévy), partisans de la Société Voltaire de versités possibles. Les œuvres com- en juin et juillet deux sociétés concur- ouverte « diffamatoire » qui montre Camille Laurens (Dans ces bras-là, Ferney et ceux de la Société des étu- plètes suivaient leur train. L’achève- rentes, se réclamant toutes deux de VOLTÉRIENS ET VOLTÉRISTES « la collusion entre Oxford et Paris » et POL), Laurent Mauvignier (Appren- des voltairiennes, créée en Sorbon- ment des travaux est prévu à l’hori- sa mémoire. Les voltairiens ne savent plus à a saisi ses avocats londonien et pari- dre à finir, Minuit), Oscar Peer (Cou- ne. La scène pourrait se retrouver zon 2020, 160 – correspondance com- « Enfin une société Voltaire ! », cla- quelle société se vouer. Ils n’en sien. pe sombre, Zoé), Arno Schmidt (His- dans Zadig ou Micromégas. Elle prise – volumes plus tard. me un premier bulletin d’adhésion avaient pas, ou disons que René Chez les voltairiens, comme chez toires, Tristram), Eric-Emmanuel aurait volontiers déclenché l’ironie envoyé aux voltairiens du monde Pomeau faisait presque office de les voltairistes, c’est la panique ou la Schmitt (L’Evangile selon Pilate, posthume de Voltaire s’il n’était pas CABALE À OXFORD entier : « Le 30 mai 2000, 222e anniver- Société Voltaire à lui tout seul. Et voi- gêne. Presque tous ont peur de ce Albin Michel), Danzy Senna le premier concerné. Mais voilà qu’une violente querelle saire de la mort de Voltaire à Ferney, a là qu’ils en découvrent deux. Quel- qu’ils peuvent dire dans un journal. (Demi-teinte, Métailié), Barbara Tra- Au beau milieu du XXe siècle, un éclata à Oxford. En 1997, le directeur été créée la Société Voltaire, associa- ques semaines plus tard, ils pou- Ils sont conscients du côté parfois pido (L’Epreuve du soliste, Belfond), homme d’affaires suisse fort riche de la Voltaire Foundation fut suspen- tion 1901 à vocation internationale. vaient lire une « lettre ouverte » de ridicule de la situation. Jean Dagen Elizabeth Bélorgey (Autoportrait de s’était entiché de Voltaire, au point du, après des plaintes de l’Université Son but est de susciter, favoriser et coor- Jean Dagen et de José-Michel Mou- reconnaît aujourd’hui que « les voltai- Van Eyck, Fayard), Buchi Emecheta de concevoir le projet insensé d’en sur la gestion de l’institution. La nou- donner toutes études, recherches, publi- reaux, respectivement vice-président ristes auraient dû faire preuve de plus (Gwendolen, Gaïa), Laure Fardoulis publier les œuvres complètes. Il se velle ne fut connue outre-Manche cations et manifestations savantes rela- et secrétaire général de la SEV, adres- de tolérance et d’humour ». André (La Piscine Molitor, Joëlle Losfeld), fâcha avec son pays, se retourna vers qu’un an plus tard, lorsque Andrew tives à Voltaire », en précisant qu’«en sée aux « chers amis voltairistes », Magnan souhaite également sortir Elsa Osorio (Luz ou le temps sauva- la France qui n’aimait pas assez Vol- Brown et son épouse, Ulla Thulving, 1997 René Pomeau avait accepté la attaquant la société de Ferney, en de la polémique et trouver un terrain ge, Métailié), Juan Manuel De Pra- taire pour publier la totalité de ses qui s’occupait de l’édition des présidence d’honneur de cette Société dénonçant « un coup de force », qui d’entente avec la SEV. Mais le conflit da (La Tempête, Seuil), Patrick Ram- écrits, ni même une biographie en œuvres complètes, démissionnèrent Voltaire ». Le président en est André aboutit à la création d’une « société entre Oxford et Andrew Brown pèse baud (Il neigeait, Grasset), Rezvani cinq volumes. Comme Voltaire, Théo- contraints et forcés. Ils s’estiment vic- Magnan et le secrétaire général savante à la sauvette ». Les signatai- lourd. (L’Origine du monde, Actes Sud), dore Bresterman se retrouva en times d’une cabale d’Oxford, dont ils Andrew Brown. res critiquent Andrew Brown, en rap- Pendant ce temps, quelques voltai- Gianni Riotta (Prince des nuées, Angleterre pour publier l’édition criti- ont été chassés comme Candide du Quelques jours plus tard, les pelant ses démêlées avec Oxford et riens s’amusent et s’attristent à la fois Grasset), Manuel Rivas (Le Crayon que de la correspondance (72 volu- château de Thunder-ten-tronck. mêmes voltairiens du monde entier en ajoutant : « Les personnes bien de la situation. Une parodie de la scè- du charpentier, Gallimard), Domini- mes !) et lancer le chantier des Oxford les accusa d’avoir conservé apprennent la création de la Société informées voient très mal comment la ne du souper de Zadig dénonçant que Sampiero (L’Odalisque, Flam- œuvres. Il arrive que les mécènes des documents servants à l’élabora- des études voltairiennes : « C’est à Société Voltaire de Ferney, dont le l’absurdité de la polémique circule. marion), John Updike (Aux confins meurent. Théodore Bresterman con- tion de l’édition. Une partie a été resti- René Pomeau qu’il eût appartenu de secrétaire général a naguère démission- Beaucoup aimeraient que ces émi- du temps, Seuil) et, élus par les deux fia son héritage – son argent et son tuée. La plainte a été retirée. Mais le vous convier à adhérer à la Société des né de son poste de directeur exécutif de nents lettrés se contentent comme jurys : Anouar Benmalek (L’Enfant projet – à la prestigieuse université président de la Voltaire Foundation, études voltairiennes (SEV), dont il avait la Voltaire Foundation, pourrait pleine- Zadig « d’avoir le style de la raison ». du peuple ancien, Pauvert), Rafaël d’Oxford, où siège depuis la Voltaire Robert Stevens, rappelle que « le dif- accepté la présidence le 12 juin 1999. » ment remplir ce rôle fédérateur. » Pour régler la « grande querelle dans Chirbes (La Belle Ecriture, Rivages), Foundation. Tout était pour le mieux férend n’est cependant pas résolu ». « La SEV, association loi de 1901 à André Magnan évoque pour ses Babylone » entre les « deux sectes opi- Philippe Claudel (J’abandonne, Bal- dans le meilleur des mondes possi- A la fin des années 90, l’Etat fran- vocation internationale, s’est donné adhérents « les actions ou réactions niâtres », dont l’une rentrait dans le land), Apostolos Doxiadis (Oncle bles. çais acheta le château de Ferney, pour but de susciter, encourager, coor- diverses d’un “ordre voltairien” insti- temple du pied droit et l’autre du Petros et la conjecture Goldbach, A Paris, un autre lettré fort savant pour en faire un grand centre cultu- donner toutes études, recherches, publi- tué » et parle de « procès, de juge- pied gauche, Zadig sauta à pieds Bourgois), Alice Ferney (La Conver- avait voué sa vie à l’ermite de Ferney. rel, qui abrite une Fondation Voltai- cations et manifestations relatives à Vol- ment, d’exclusion », tandis qu’An- joints. Pour cela, chacun devra faire sation amoureuse, Actes Sud), Voltaire était sa seconde langue. re, et un centre international d’études taire, et tout particulièrement de favori- drew Brown, dans une autre lettre, preuve d’une plus grande, d’une vol- Moses Isegawa (Chroniques abyssi- René Pomeau s’engagea sans comp- du XVIIIe siècle, dirigé par… Andrew ser la réalisation de la grande entrepri- estime que « ce n’était pas la clarté vol- tairienne souplesse. niennes, Albin Michel), Ahmadou ter dans le projet d’Oxford, entraî- Brown. Les relations avec Oxford ne se scientifique qu’est l’édition critique tairienne qui régnait en Sorbonne », Alain Salles Kourouma (Allah n’est pas obligé, Seuil) et Robert Solé (Mazag, Seuil). b Huit romans figurent dans la sélection de rentrée du Goncourt A L’ETRANGER des lycéens, rendue publique mardi b 5 septembre. Voici la liste : Amélie CHINE : le poète chinois Bei Ling expulsé vers les Etats-Unis Nothomb, La Métaphysique des Le poète chinois Huang Beiling, qui publie sous le nom de Bei 00h00 lance des clips et se vend Ling, et qui vit aux Etats-Unis depuis 1988, tout en ayant conservé tubes (Albin Michel) ; Yann Moix, Anissa Corto (Grasset) ; Camille Lau- sa nationalité chinoise, a été arrêté le 11 août alors qu’il se trou- rens, Dans ces bras-là (POL) ; Marie vec 00h00, Jean-Pierre Arbon a réalisé un Celui pour 69 francs est bien sûr efficace : un hom- vait en Chine pour discuter avec des amis écrivains du contenu du Nimier, La Nouvelle Pornographie parcours presque sans faute. Depuis me – joué par le cofondateur de 00h00, Bruno de prochain numéro de la revue qu’il dirige, Tendance. Il était accusé (Gallimard) ; Gérard de Cortanze, mai 1998, il a beaucoup contribué à intéres- Sa-Moreira – se réveille péniblement, avale son petit d’avoir publié dans cette revue des articles non visés par la censure Cyclone (Actes Sud) ; Frédéric Beig- ser les éditeurs traditionnels à l’univers déjeuner en souriant béatement à sa femme, met costu- et de vouloir la faire distribuer illégalement en Chine alors qu’elle beder, 99 francs (Grasset) ; Robert Anumérique. Pendant dix ans, il a été directeur général me et cravate. Au moment où il l’embrasse en lui n’est habituellement diffusée qu’à l’étranger, et en particulier à Solé, Mazag (Le Seuil) ; François Sal- de Flammarion, avant de tenter l’aventure avec un disant « A ce soir, chérie ! », elle le regarde et répond sim- Hongkong, Taïwan et en Europe. Des exemplaires circulent toute- vaing, Parti (Stock). Le lauréat est autre ancien de Flammarion, Bruno de Sa-Moreira. plement « Ben non ! ». Une voix off annonce : « Cette fem- fois dans les milieux littéraires chinois. De nombreuses protesta- choisi par les lycéens. Le prix, remis Avec à peine un million de francs de chiffre d’affaires, il me aurait-elle lu le roman de Frédéric Beigbeder ? » Un slo- tions émanant en particulier du Pen Club, de Reporters sans fron- le 6 novembre, est organisé par la a multiplié les initiatives pour faire parler de sa maison gan apparaît : « Le vingtième siècle a assez duré. » tières ou de personnalités comme l’écrivain Susan Sontag, le Prix Fnac et le ministère de l’éducation et des supports électroniques. Il a sponsorisé le village Beigbeder a mis les pieds dans le plat en intervenant Nobel irlandais Seamus Heaney, ou le dramaturge Arthur Miller nationale, avec l’accord de l’Acadé- e-book, qui a été l’un des événements du dernier Salon lors de la soirée de présentation, mardi 5 septembre, s’étaient élevées dès cette arrestation. Il a été libéré le 26 août mie Goncourt. du livre, et multiplié les colloques sur le sujet. expliquant que c’était « une pub pour le livre », en préci- après une intervention de l’ambassadeur des Etats-Unis en Chine, b Création d’un prix Margue- En deux ans d’activités, Jean-Pierre Arbon a sant que c’était « illégal », au grand dam de son éditeur, Joseph Prueher, et expulsé vers les Etats-Unis. b rite-Duras. Ce prix, qui se veut aujourd’hui la satisfaction de voir des livres coédités et Olivier Nora, PDG de Grasset. Les publicités pour les GRANDE-BRETAGNE : J. K. Rowlings et la presse « indépendant » et refuse « les titres des auteurs qu’il a publiés apparaître en librairie. C’est livres sont interdites à la télévision, pas sur Internet. Mais Les journalistes s’amusent beaucoup à essayer de deviner qui a pu obligés et forcément imposés par le cas de Rouja Lazarova (Cœurs croisés, Flammarion), cette remarque intervenait au moment où l’interdiction servir de modèle au personnage de Rita Skeeter, dans le dernier l’insistance éditoriale ou (et) les de Régis de Sa-Moreira (Pas de temps à perdre, éd. Au suscite des polémiques. Jean-Pierre Arbon affirme qu’il livre paru des aventures de Harry Potter, The Goblet of Fire, l’en- médias », sera alternativement attri- Diable Vauvert) ou encore d’Anne-Cécile Branden- « ne s’agit pas de publicité, mais d’une nouvelle façon de voyée spéciale d’un tabloïd intitulé The Daily Prophet, à la fois bué à un livre (2001), un spectacle bourger (La Malédiction du parasol, chez Florent parler des livres, pour attirer un nouveau public, surtout méchante et malhonnête et qui invente les citations dont elle a dramatique (2002) et un film Massot, version papier du roman interactif Apparitions plus jeune ». besoin… b (2003). Créé à l’initiative du conseil inquiétantes). « C’est ce dont je suis le plus fier », Cette nouvelle initiative intervient au moment où les POLOGNE-ALLEMAGNE : nouveau club du livre général du Lot-et-Garonne, le prix explique-t-il aujourd’hui. éditions 00h00 vont traverser une nouvelle étape de leur Une société commune des maisons d’éditions allemandes Bauer est présidé par le fils de Marguerite A l’exception du dernier, ces livres font partie des courte vie. Jean-Pierre Arbon a décidé de vendre sa socié- et Weltbild Media lancera à l’automne un club du livre, avec vente Duras, Jean Mascolo. Le jury est clips littéraires que 00h00 lance sur son site Internet, té pour pouvoir en assurer le développement. L’annonce par correspondance en Pologne. La société affrontera sur le mar- composé de dix-huit membres, en même temps que celui de Frédéric Beigbeder de la cession devrait intervenir dans les prochains jours. ché polonais les sociétés Swiat Ksiazki (groupe Bertelsmann), « lecteurs privilégiés » de l’auteur de 99 francs (Grasset, lire page IV), dont la version électro- Jean-Pierre Arbon refuse de confirmer la nouvelle et de l’américain Reader’s Digest et l’éditeur local Proszynski. b L’Amant, « aptes à repérer une nique s’appelle 69 francs, et de trois inédits proposés dévoiler le nom du futur acquéreur. Le dossier a été étu- ARGENTINE : autodafé, pour mémoire œuvre que Marguerite Duras aurait uniquement en ligne : Un poisson au bout d’une ligne, dié par de nombreux acteurs de l’édition et d’Internet, La chambre argentine du livre a publié un communiqué pour rap- elle-même aimée ou défendue »,de de Christine Ehm, Le Festin de vase, de Bruno Krebs, et parmi lesquels Hachette ou France Télécom et surtout de peler que le 30 août 1980, la police fédérale argentine avait fait brû- Chantal Chawaf à Daniel Toscan du Acide triptyque, de Lylian Monty. Comme pour beau- nombreux américains, très en pointe dans le numérique. ler, à Sarandí, au sud de Buenos Aires, un million et demi de livres Plantier, en passant par Viviane For- coup d’initiatives dans le multimédia, l’idée est sédui- L’arrivée du bolide Stephen King sur la Toile encourage (œuvres d’écrivains de tous les pays, encyclopédies, collections his- rester, Sylvie Germain, Michael sante, la réalisation parfois décevante. Seuls les clips les éditeurs traditionnels – à commencer par le sien, toriques ou scientifiques). Le communiqué rendait hommage éga- Lonsdale, Dominique Noguez, sur les livres de Beigbeder et de Lylian Monty sortent Simon and Schuster – à accélérer leur stratégie lement à tous les éditeurs, libraires et auteurs qui furent censurés, Patrick Poivre d’Arvor, Raphaël du lot et donnent véritablement envie d’ouvrir numérique. interdits ou portés disparus durant cette dernière période de dicta- Sorin ou Laurent Terzieff. L’admi- l’ouvrage. A. S. ture militaire (1976-1983). b nistrateur du prix est Alain Vircon- ÉTATS-UNIS : le spanglish à l’honneur delet. La remise du prix se fera à Le spanglish – mélange d’anglais et d’espagnol – né dans les com- Duras (Lot-et-Garonne), le munautés hispaniques des Etats-Unis et qui a trouvé un nouveau 25 février 2001. La dotation du prix Didier Eribon (à 19 h 30, 25, rue de Saint-Louis d’Antin organisent terrain d’expression sur Internet va être enseigné au Amherst Col- est de 100 000 francs. AGENDA Chazière, 69004 Lyon, entrée : une journée Jean Sulivan à l’occa- lege du Massachusetts. La chaire est tenue par le professeur Ilan b Prix : le prix Mauri- 50 F ; tél. : 04-78-27-02-48). sion du quatre-vingtième anniver- Stavans, né au Mexique, auteur d’un dictionnaire du spanglish, ce-Edgar-Coindreau est décerné à b LES 9 ET 10 SEPTEMBRE. b DU 27 SEPTEMBRE AU saire de sa mort (à 12 h 45, à l’Espa- qui devrait être publié par Basic Books, en 2001. Anne Damour pour sa traduction EUROPE. A Ferney-Voltaire (Ain), 1er OCTOBRE. CORRESPONDAN- ce Georges-Bernanos, 4, rue du des Heures, de Michael Cunnin- l’Auberge de l’Europe organise un CE. A Manosque (Alpes-de-Hau- Havre, 75009 Paris, tél. : 01-45- gham (Belfond). Le Festival de ban- colloque sur les « hypothèses sur te-Provence), la cinquième Nuit de 26-65-26). de dessinée de Solliès-Ville (Var) a l’Europe », avec Paola Marrati, la correspondance mêle des rencon- b LE 28 SEPTEMBRE. MÉLANCO- remis ses Soleils d’or à Lâchez-moi Simon Crintchley, Denis Guénoun, tres avec des écrivains (Yves Bichet, LIE. A Lyon, la Villa Gillet consacre le slip, le huitième album de la série Eric Michaud, Jean-Luc Nancy, etc. Jean-Claude Pirotte, Hervé Le Tel- une soirée à L’Anatomie de la mélan- Titeuf (Glénat), et à Tibet pour l’en- (Orangerie du château de Voltaire, lier, Jean-Pierre Le Goff, etc.) et des colie, de Robert Burton (éd. José semble de son œuvre. Le grand prix allée du Château, 01211 Ferney- spectacles de Jean-Louis Murat, Corti), avec Michel Crépu, Bernard du Livre insulaire d’Ouessant a Voltaire, rens. : 05-50-40-05-40, Charles Berling, Jacques Gamblin, Hoepffner, André Beetschen et Oli- récompensé à titre posthume l’écri- www.auberge-europe.org). François Cluzet, etc. (11, place de vier Christin (à 19 h 30, 25, rue Cha- vain américain Henry David Tho- b LE 25 SEPTEMBRE. SIDA. A l’Hôtel-de-Ville, 04100 Manosque, zière, 69004 Lyon, tél. : 04-78- reau (1817-1862), pour Cap Cod.Le Lyon (Rhône), la Villa Gillet organi- tél. : 04-92-72-75-81). 27-02-48, entrée : 10 F). prix a été remis à son traducteur, se un débat sur « l’événement du b LE 28 SEPTEMBRE. SULIVAN. b LE 4 OCTOBRE. KAFKA. A Pierre-Yves Pétillon (éd. de l’Impri- sida », avec Philippe Mangeot et A Paris, les Amis de Jean Sulivan et Paris, la Bibliothèque nationale de merie nationale). Le Salon du livre France poursuit son cycle sur les insulaire a remis un prix de la fic- « grandes figures de la littérature tion à Leonardo Padura L’Automne mondiale au XXe siècle », avec une à Cuba (éd. Métailié). Jacqueline conférence de Pierre Pachet sur Kaf- Picard (Guadeloupe) a reçu le prix ka, suivie d’une table ronde avec de la prose narrative pour O fugitif, Georges-Arthur Goldschmidt, Anthologie autour de la figure du Alain Fleischer et Claudine Raboin marron (éd. Caret) et le Mauricien (à 18 h 30, Grand Auditorium, site Khai Torabully le prix de la poésie François-Mitterrand, quai Fran- pour Chair corail (éd. Ibis rouge). çois-Mauriac, 75013 Paris, tél. : Le prix de littérature scientifique a 01-53-79-59-59). récompensé En pays kanak, sous la b LES 6 ET 7 OCTOBRE. CHAR ET direction d’Isabelle Lebic et Alban CAMUS. A Lourmarin (Vaucluse), Bensa (éd. de la Maison des scien- deux jours consacrés aux deux écri- ces de l’homme), tandis que Le vains, avec Raymond Jean, Michel Galion de Damoison et Raphaël Faucheux, Gaston Puel, etc. (à Confiant (éd. Ibis rouge) a reçu le 9 h 30, château de Lourmarin, tél. : prix du beau livre. 04-90-68-15-23).