Zedet TEMUR L'université Francophone De Galatasaray À
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Thèse pour obtenir le grade de DOCTEUR EN DROIT Histoire du droit des institutions et des faits sociaux Zedet TEMUR L’université francophone de Galatasaray à Istanbul Le 24 juin 2011 à 14h30 Mme Nicole DOCKÈS-LALLEMENT, Professeur émérite à l‟Université Jean Moulin Lyon 3, directeur de thèse. JURY M. Louis-Augustin BARRIÈRE, Doyen de la faculté de droit à l‟Université Jean-Moulin Lyon 3. M. Christian CHÊNE, Professeur à l‟Université René Descartes Paris V, rapporteur. Mme Nicole DOCKÈS-LALLEMENT, Professeur émérite à l‟Université Jean Moulin Lyon 3, directeur de thèse M. Éric GASPARINI, Professeur à l‟Université Paul Cézanne Aix-Marseille III, rapporteur. M. Niyazi ÖKTEM, Professeur à l‟Université DoğuĢ Istanbul. Thèse pour obtenir le grade de DOCTEUR EN DROIT Histoire du droit des institutions et des faits sociaux Zedet TEMUR L’université francophone de Galatasaray à Istanbul Le 24 juin 2011 à 14h30 Mme Nicole DOCKÈS-LALLEMENT, Professeur émérite à l‟Université Jean Moulin Lyon 3, directeur de thèse. JURY M. Louis-Augustin BARRIÈRE, Doyen de la faculté de droit à l‟Université Jean-Moulin Lyon 3. M. Christian CHÊNE, Professeur à l‟Université René Descartes Paris V, rapporteur. Mme Nicole DOCKÈS-LALLEMENT, Professeur émérite à l‟Université Jean Moulin Lyon 3, directeur de thèse M. Éric GASPARINI, Professeur à l‟Université Paul Cézanne Aix-Marseille III, rapporteur. M. Niyazi ÖKTEM, Professeur à l‟Université DoğuĢ Istanbul. À mes parents Je tiens tout d’abord à exprimer ma profonde gratitude et mes sincères remerciements à ma Directrice de thèse, Madame le Professeur émérite Nicole Dockès-Lallement, sans laquelle cette thèse ne serait aujourd’hui achevée. Sa patience, sa disponibilité et ses précieux conseils m’ont été d’une grande aide et d’un soutien inestimable. Je remercie également, Messieurs les Professeurs Louis-Augustin Barrière, Christian Chêne, Éric Gasparini et Niyazi Öktem, pour l’honneur qu’ils me font de bien vouloir former le jury auquel je soumets cette thèse. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à Mademoiselle Özge Erin ainsi qu’à l’ensemble du personnel de l’université de Galatasaray pour leur amabilité et leur disponibilité. Je remercie vivement Caroline Marque pour son aide précieuse en informatique. J’adresse enfin mes remerciements à tous ceux qui tout au long de ces années de recherche m’ont soutenue, en particulier ma famille, mes amis. L’Université Jean Moulin Lyon 3, n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les thèses. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. « Galatasaray, université turque francophone créée en 1992, est le fruit de deux folies : celle des Français qui croient en la culture, dans ce qu’elle a aujourd’hui de plus dynamique, celles des Turcs, capables de se fixer un objectif, même sans bien savoir comment ils l’atteindront. Mais sûrs de l’atteindre ». Pierre Dumont Linguiste et spécialiste de la Francophonie en Afrique, recteur adjoint de l‟université de Galatasaray de 1995 à 1998. La politique linguistique et culturelle de la France en Turquie, Paris, L‟Harmattan, 1999. INTRODUCTION La Turquie est un pays encore mal connu en Europe et dans le monde malgré les richesses de son passé historique et sa situation géostratégique sur la scène internationale. Ce pays en « voie de développement », à la croisée des religions et des continents est candidat à l‟entrée dans l‟Union européenne depuis plus d‟une vingtaine d‟années. À 99% musulmane1 et victime de préjugés néfastes, profondément enracinés dans l‟esprit des européens, la Turquie est un pays qui fait peur. Elle est appréhendée à travers différentes qualifications plus ou moins élogieuses. En référence notamment à l‟histoire du pays, on trouve des expressions telles que : « tête de Turc », « fort comme un Turc », « à la Turque », « barbares » en rapport avec les conquêtes ottomanes et la crainte d‟une éventuelle invasion turque qui a marqué l‟Europe depuis le XVIe siècle, ou bien on l‟évoque à travers les célèbres spécialités culinaires du pays telles que : les kebabs, loukoums... D‟une manière générale, la perception occidentale de la chose turque reste assez superficielle, et vraisemblablement les Occidentaux n‟ont pas une connaissance objective de la Turquie, même à l‟époque contemporaine. À cheval entre l‟Europe et l‟Asie, la situation géopolitique de la Turquie témoigne de ses contradictions et de ses enjeux au niveau mondial, et en fait un pays aux caractères uniques. Empreinte de cultures multiples grâce à une histoire tumultueuse, et carrefour d‟influences, la Turquie tente de conserver cette originalité qui a contribué à sa renommée sur le plan international. Sous tous ces aspects, elle constitue un sujet qui a fait et qui continue à faire couler beaucoup d‟encre. Mais, au regard des progrès notables réalisés en matière de démocratie, des droits de l‟Homme et au niveau économique, la Turquie s‟engage sur la voie d‟être une nouvelle puissance montante de l‟Europe en dépit des difficultés auxquelles elle doit faire face, en raison de ses caractéristiques sociopolitiques. 1 Site du ministère français des Affaires étrangères et européennes : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays- zones-geo_833/turquie_242/presentation-turquie_1331/presentation_1139.html 6 Déjà, en 1954, George Duhamel avait une vision optimiste de l‟avenir de ce pays et selon lui : «(…) sur les cendres de l’Empire ottoman, une nation toute nouvelle s’est dressée, … cette nation dispose d’un territoire assez grand et pourtant non démesuré, … cette nation est saine, courageuse, … détient de notables richesses naturelles et … sait les utiliser, … elle est animée tout entière par une force très pure en ce sens qu’elle ne vise pas à la conquête des nations voisines mais à son élévation par le savoir et le travail(…). Les hommes qui n’acceptent pas le désespoir comme une solution savent que la Turquie nouvelle, représente un poids considérable dans les balances de la destinée. Et comme on pourrait le dire autant pour Istanbul que pour le pays tout entier il est le point cardinal entre l’Occident et l’Orient »2. Cette analyse et prédiction laudative remonte à plusieurs décennies et, est, semble-t-il, pertinente pour la Turquie d‟aujourd‟hui, pays engagé sur la voie de la modernité et de l‟ouverture à l‟extérieur, désireux de jouer un rôle actif sur le plan international. Afin d‟appréhender de manière claire ce pays si controversé, un bref retour sur son passé historique s‟avère nécessaire. Nous nous pencherons dans un premier temps sur les origines de la Turquie contemporaine (§ 1) pour cerner au mieux les spécificités de ce pays, puis dans un deuxième temps sur l‟histoire d‟Istanbul (§2), ville d‟une grande importance pour l‟ouverture du pays sur l‟Europe, enfin nous brosserons un rapide tableau des relations entre la France et la Turquie depuis leur origine (§3), sujet au cœur de notre recherche. Paragraphe 1: Les origines de la Turquie contemporaine. Les origines de la Turquie contemporaine remontent à quelques millénaires avant Jésus-Christ avec une des premières grandes civilisations qui nous aient laissé des textes écrits, la civilisation hittite. Les recherches se firent par étapes discontinues en raison de la difficulté à rattacher les découvertes à quoi que ce soit de connu3. Le nom des Hittites nous est transmis par l‟Ancien Testament : deuxième livre des Rois chapitre7, verset 6 « (…) "Le roi d’Israël a pris à sa solde contre nous les rois des Hittites et les rois d’Égypte, pour qu’il marche contre nous" »4. 2 Georges DUHAMEL, La Turquie nouvelle, puissance d’occident, Paris, Mercure de France, 1954, p. 8-9. 3 Isabelle KLOCK-FONTANILLE, Les Hittites, Paris, P.U.F., coll. Que sais-je ?, 1998, p. 3. 4 Isabelle KLOCK-FONTANILLE, op. cit., p. 3. 7 Alors que la Bible met sur un plan égalité, les rois d‟Égypte et les rois des Hittites, ces derniers ne connaissent pas la même postérité5. Les Hittites, peuple indo-européen, envahirent par vagues successives l‟Anatolie centrale et réussirent à s‟imposer auprès du peuple autochtone les Hattis sur lequel les historiens ne savent pas grand‟ chose. Ils n‟étaient ni indo-européens, ni sémitiques et leur langue n‟appartient à aucune des formes linguistiques connues pour cette époque6. Les Hittites cohabitèrent ainsi longtemps avec ce peuple auquel ils empruntèrent nombre de croyances et coutumes7. Polythéistes, ils furent une peuplade de guerriers et de montagnards et laissèrent des écrits dans la pierre et sur des tablettes d‟argile, formés de signes qui ressemblent à des empreintes de pattes d‟oiseaux8. Les premiers peuples connus dans l‟histoire sous le nom de Turcs sont appelés par les historiens chinois les T’ou-kiu, transcription de « türük » (fort)9. Toutefois, notre regard historique sur la Turquie s‟attardera plus précisément aux siècles qui suivirent les périodes hellénistiques et romaines. La période ottomane fut non seulement la plus faste, mais également la plus importante de toute l‟histoire de la Turquie tant elle contribua à forger le visage actuel. Avant toute analyse de cette brillante période, il serait plus sage de rappeler le contexte historique de l‟arrivée des Turcs de l‟Altaï en Asie Mineure, autrefois terres perses, grecques puis romaines et de la fondation de l‟Empire ottoman. Un empire dont le déclin annonça la naissance d‟une république grâce au renouveau kémaliste. A. Les Perses, les Grecs et les Romains L‟Asie Mineure, également appelée Anatolie, constitue la région dans laquelle naquit réellement la civilisation turque. Théâtre de nombreuses guerres, le sol de cette région fut foulé par une multitude de peuples ; les empreintes qu‟ils y laissèrent influencèrent profondément l‟histoire de cette partie du monde.