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Bouclier de

La présence d’un riche patrimoine fortifié dans le Nord- Ouest ardennais peut se résumer et s’expliquer par la règle des 3 f : frontière, féodalité, fronde.

La région de , située sur les contreforts méridionaux du massif ardennais, concentre toute la gamme des types de fortifications : des oppida antiques aux blockhaus des années 1930, en passant par les manoirs, châteaux, églises fortifiées et places bastionnées. Pourquoi une telle densité ?

► La contrée est historiquement une frontière : durant la pé- riode celte, limite entre Rèmes et Tongres ; pendant l’époque gallo-romaine, séparation entre la Belgique seconde et la Ger- manie seconde ; et à la suite des traités de Verdun et de Mer- sen (IXe siècle), zone tampon entre royaume de France et empire germanique.

Véritable boulevard d’invasions, la trouée de l’Oise et des a été la proie de dizaines d’incursions belliqueuses, anglaises, bourguignonnes et liégeoises, durant la guerre de Cent Ans ; espagnoles aux XVIe et XVIIe siècles ; autri- chiennes après 1713 ; anglaises, prussiennes et russes en 1814-1815 ; et allemandes en 1870, 1914 et 1940. Et les grands traités de paix - des Dames ou de Cambrai (1529), de Cateau-Cambrésis (1559) ou des Pyrénées (1659) - échouè- rent à pacifier la frontière.

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Les populations locales furent durablement très éprou- vées et traumatisées par ces combats continuels. Aucun bourg, aucune “cense”, aucun village n’a été épargné. Un grand nombre de bâtis conserve les stigmates de ces heurts violents : pierres noircies ou rougies par les trop nombreux incendies, ou cassées par les boulets d’artillerie.

Inlassablement - et malgré l’insécurité tenace, les massacres d’innocents, les exactions et autres pillages - les paysans, ar- tisans, seigneurs et ecclésiastiques perfectionnent et affinent les moyens de se protéger. Tous s’associent pour accroître les chances de sauver le maximum de vies. Les églises et gentil- hommières sont pourvues de canonnières, bretèches, échau- guettes, poternes… Le roi de France prend part au renforcement de la frontière en ordonnant le bastionnement de deux places fortes : Mau- bert-Fontaine (1545-1550) et Rocroi (1554). Il s’agit de faire face aux places ennemies, toutes proches, de Marienbourg, Philippeville et Charlemont. Au milieu du XVIe siècle, des ingénieurs, notamment flamands et italiens, seront appelés pour moderniser les fortifications

► Dès l’An Mil, la féodalité impose un mode de fortifica- tion, signe de l’appropriation d’un fief par un seigneur : le seigneur s’accapare un fief en construisant son château. Un contrat moral se tisse entre seigneurs et paysans : les popula- tions se voient protégées à l’abri des remparts ; en échange, elles doivent corvées, taxes et autres impôts aux seigneurs. Ainsi, les grandes seigneuries se développent autour de châ- teaux, siège et symbole de pouvoirs féodaux :

Le marquisat de Montcornet-en-Ardenne ; Le marquisat de Wartigny ; Le comté de Porcien ; Le comté de (intégré à la baronnie de Montcornet en 1561) ; La baronnie des Pothées ; La baronnie de Rumigny, le fief de loin le plus vaste ; La châtellenie de Watefale (intégrée au duché de Guise en 1527) ; Terres relevant de la Couronne ; Terres de l’abbaye de Bonnefontaine ; Terres du chapitre Notre-Dame de Reims ; Terres de l’abbaye Saint-Nicaise de Reims ; Terres de l’abbaye Saint-Jean de Laon.

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Le château, symbole du pouvoir seigneurial, sera la proie des pioches révolutionnaires, lors de la Terreur de 1794. Bon nombre de structures fortifiées deviennent alors des carrières destinées à construire des logis ruraux.

► Les guerres civiles, fractures franco-françaises, comme les guerres de Religion (1562-1598) et les Frondes (1648- 1653) sont enfin la dernière raison à l’organisation de struc- tures fortifiées. La guerre dite des Trois Henry (1585-1598), huitième et dernière guerre de Religion entre catholiques et calvinistes, a malheureusement endeuillé plusieurs localités, notamment L’Echelle et Rocroi (1586). Il est probable que des églises se sont vues renforcées lors de ce conflit. Il faut noter la position géographique tout à fait particulière de la contrée, coincée entre les terres contrôlées par la Sainte Ligue des ducs de Guise - Picardie, Mézières, - et les sei- gneuries-refuges de la Réforme protestante : Montcornet-en- Ardenne et Sedan.

Enfin, même s’il subsiste un patrimoine visible conséquent, il est à noter que la majorité des structures fortifiées ont été démantelées, du fait des guerres ou bien à cause des des- tructions ordonnées lors de la Révolution française, afin d’ef- facer des symboles de l’Ancien Régime.

Gérald Dardart

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ANTHENY

M

Eglise Saint-Remi

Jolie église médiévale sou- vent incendiée au fil des siècles. Des arcades romanes, murées, sont aujourd’hui bien visibles. Les bas-côtés, probablement à pans de bois, ont disparu, laissant apparaître un pan d’arcature romane (des voûtes romanes mu- rées sont aussi visibles à Bairon, Malmy, Saint-Laurent...). Le clocher fortifié remonte au XIIIe siècle. Les fenêtres su- périeures ont été bouchées pour des besoins de défense. Une corniche à talon agrémente l’ensemble. La nef, étroite, n’est pas encadrée de bas-côtés. Le village a été incendié par l’envahisseur espagnol en 1653 ; il présente de nombreux éléments de fortification : une tour défensive accolée à une maison, des ouvertures de tir et bre-

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tèches. Les murs extérieurs, face aux jardins et vergers, sont presque aveugles, les baies sont rares… Près de l’église, un édifice présente le millésime “1679”.

La maison forte est ravagée en 1589 par les troupes du ma- Maison forte de Fontenelle réchal de Saint- Paul, gouverneur de la Cham- pagne pour la Ligue. Recons- truite, la struc- ture pâtit de nouveau des incendies pro- voqués par les Espagnols en 1638 et en 1643. Entouré de douves, le bâtiment de pierre blanche consiste en un front d’entrée de structure assez semblable à celui de , comprenant trois pavillons reliés par des bâtiments bas. Les deux pavillons latéraux, placés en forte saillie, sont de plan presque carré. Le troisième, au centre et plus élevé, est tra- versé par le passage charretier. A gauche, vient se rattacher l’amorce d’un corps d’habitation en retour d’équerre sur la cour intérieure. L’absence de bâtis sur l’ensemble du pourtour fragilise la défense du site. Construit en maçonnerie de mœllons, renforcé de chaînes d’angle appareillées en besace, l’édifice ne possède pour tout décor d’architecture qu’une corniche denticulée courant à la base des combles. C’est en s’approchant du beau pavillon- porche que l’on découvre un programme finement sculpté. Autour de la grande arcade surbaissée se détachent des pierres en relief, avec refends, formant bossages sur les côtés et frise au-dessus. Certains bossages sont formés de losanges et de bâtonnets. Au-dessus des piédroits, ou jambages, des consoles supportent des pots-à-feu en amortissement, traités en demi- relief. On remarque de part et d’autre de la grande fenêtre la trace des rainures où venaient se loger les bras de l’ancien pont-levis. Côté cour, la date “1660” est gravée sur une pierre de taille. Sous la corniche à denticules, enfin, les initiales L et M encadrent un cartouche strié d’azur héraldique. Ces ini- tiales doivent être celles du capitaine de cavalerie Louis Mar- tin. Les Martin sont les propriétaires du château jusqu’en 1785. (édifice privé, fermé au public)

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AOUSTE

Eglise Saint-Remi

Belle église de type halle (XVIe-XVIIe s.), fortifiée ; le portail oc- cidental, finement go- thique, est surmonté d’une puissante bre- tèche soutenue par quatre corbeaux et il est flanqué d’une tour re- fuge carrée, la- térale, percée de nombreuses canonnières, ca- chant trois salles superposées (XVe-XVIe s.) et communi- quant avec les combles ser- vant de refuge. Remarquez la puissance des contreforts. Un re- marquable chœur à cinq pans orne l’orient. Le tout est serti d’une dé- licate corniche à mo- dillons, petits élé- C ments de support ou, plutôt, ayant l’apparence d’un sup- port, disposés régulièrement sous la corniche. Le modillon est l’héritier esthétique des chevrons de bois apparents. Les pignons sont décou- verts. Intérieur gothique tardif. Maître-autel de marbre à co- lonnes corinthiennes portant un baldaquin. En juin 1652, les troupes lorraines de Mansfeld brûlent l’église d’. Ici, un culte honorant sainte Philomène a perduré, malgré la dé- cision du pape Jean XXIII de la supprimer du groupe des saints vénérés.

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BOSSUS LÈS RUMIGNY

Eglise Saint-Martin

Elégante église du XVIIe siècle élevée en pierre blanche. Son chevet est protégé de deux tourelles. La tour-porche, mas- sive, carrée et basse, complète l’ensemble fortifié. Des ouvertures de tir assurent la défense du site. La nef est étroite et dé- pourvue de bas-côtés. Remarquez les jolis fonts bap- tismaux à l’entrée. L’édifice cultuel de plan oblong présente des élévations modestes. L’ÉCHELLE

Deux tours des Château XIVe et XVesiè- cles, rondes et imposantes, figurent de chaque côté du logis re- manié au XVIIe siè- cle, sous Louis XIV. Une belle échauguette d’an- gle, ressemblant à celle de Wartigny, por- tée par neuf consoles, dite la “tour du massacre”, évoque un événement tragique de la guerre de Trente Ans. De

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nombreux boulets y ont été découverts. Remarquez les huit boulets de fer enchâssés dans la maçonnerie. Cette échau- guette est millésimée “1604”. Un quart de la population fut exécutée lors du passage des Espagnols en 1643. Une large bretèche, portée par six consoles, surmonte la porte d’entrée de la cour. Une porte au profil surbaissé, encadrée de pilastres toscans, bagués et vermiculés, un fronton échancré pour loger E un tableau nu. S Les ailes sont coiffées de toitures à la Mansart. On remarque dans les tours latérales la présence de plusieurs canonnières, localisées pour la plupart aux niveaux supérieurs et orientées de manière à prendre la façade d’enfilade. Les ouvertures de tir sont fines et élaborées. Les corniches sont à modillons ou à talon (concaves). Sous l’Ancien Régime, le château appartient successivement aux La Marck, Nettancourt, Saint-Léger, Baulmont et Petit. Quant à elle, L’Echelle passa entre les mains des sires de Balham, Suzanne, Menchi, Maulcourt, Antoine de La Marche-le-Comte, calviniste, qui, de 1597 à 1640, gouverna les principautés de Raucourt et de Sedan. En 1719, le colo- nel de Saint- Léger a cédé la terre de l’Echelle au chapi- tre de Reims.

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FLAIGNES-HAVYS

Superbe et original site cultuel. A l’intérieur de l’église, des élé- Eglise ments architectu- Saint-Laurent raux, du début de la période gothique, peuvent être datés entre 1175 et 1220. Remar- quez l’absence de collatéraux, l’étroi- tesse de la nef, l’élégance du chœur gothique, sa piscine dans une niche (pour laver les vases sacrés et préparer le pain et le vin de l’eucharistie), la châsse et la chapelle de saint Laurent. L’église, fortifiée vers 1584, est dotée de combles aménagés en refuge, dans lesquels on accède par la tour située au nord, de nombreuses canonnières ont été percées dans les murs, des bretèches, sou- tenues par des trios de consoles, complétaient le dispositif. La tour ronde, protégeant le transept septentrional, date de 1480, c’est l’une des plus anciennes tours de défense de notre région. Remarquez enfin les belles corniches à modillons.

Brûlée avant la bataille de Ro- croi, en mai 1643, est proté- gée par une tour qui agrémente son mur pignon. Cette tour a subi une réfec- tion, trop moderne et visi- ble, dans sa partie haute. Au niveau du chevet, re- marquez la corniche à modillons, ancienne, dégradée. L’ensemble est protégé par de belles canonnières. Eglise Saint-GorgeryLe cordon de pierre sert de lar- mier pour atténuer les ruissellements d’eau sur le nu du mur.

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FLIGNY

Le 11 avril 1113, une bulle du pape reconnaît Eglise Saint-Etienne que les moines de Saint- Nicaise de Reims pos- sèdent à : le moulin ba-nal, des terres, un pré et le quart des dîmes. L’église, élevée en belle pierre ocre, est fortifiée après les attaques des Impériaux en 1555 et 1637. Une tour renforce la défense de l’église, à son chevet ; cette tour a été arasée. La base de la maçonnerie est édifiée en brique, probablement une réfection ancienne. Un larmier court autour de l’édifice. Des ouvertures pour le guet et la couleuvrine - bouche à feu, fine et longue, souvent sou- tenue par une fourche plantée dans le sol - perforent la mu- raille bien appareillée. Remarquez le renforcement au moyen d’ancres et de tirants en fer forgé. E LAVAL-MORENCY N

Très intéressant site cultuel et fortifié sur les bords de la Sor- monne. L’église fut incendiée en 1622 par les troupes de Mansfeld. Elle fut recons- truite ensuite. Pré- sence de bretèches soutenues Eglise Saint-Etiennepar des trios de consoles, des ouvertures de tir et d’une petite tour d’angle coiffée d’une jolie toiture en poivrière, conique. Les bretèches, sorte de petits mâchicoulis, protégeaient les baies. Beaux pignons décou- verts dont un est couronné par une petite statue de saint.

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LIART

Eglise fortifiée dotée d’une tour-porche en forme de puissant fort à deux étages, percée de fines ouvertures de tir et nantie d’une jolie bretèche soutenue par trois consoles. Le chevet est flanqué de deux tourelles polygonales percées de meur- trières. La reconstruction de l’édifice, au XVIe siècle, commença par le chœur, financé par l’abbaye de tutelle de la paroisse, Saint- Nicaise de Reims, et se poursuivit par le donjon-porche for- tifié, à la charge des habitants du bourg. Entre les deux, la vieille nef fut reconstruite à l’économie. Le donjon-porche prend ici la forme d’un massif barlong et aveugle à étages dont l’étroite porte, surmontée d’une bretèche, est flanquée de deux discrètes embrasures de tir.

L’imposant massif abri- te un escalier desser- vant les chambres de Eglise tir et de refuge et le Notre-Dame clocher. Les com- bles, les élévations en pierre de taille avec larmiers et corniches à mo- dillons, rappel- lent la maison forte de Dou- mely : on peut dater l’ensemble de la fin du XVIe siècle. Le chœur, de peu anté- rieur, possède au-dessus de ses voûtes sa propre salle haute de refuge, desservie par un escalier en vis latéral dont un saillant carré (sacristie) constitue le pendant. Leurs superstructures sont percées de fentes de tir pour le mousquet La nef actuelle a été reconstruite en 1859 par Reimbeau, ar- chitecte à Rocroi.

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MAUBERT-FONTAINE

e siècle Maubert-Fontaine Maubert-Fontaine au XVII a été fondé en 1208 par le cha- pitre de Reims. La Baronnie des Pothées regroupait : Aubigny, , Chilly, Etalle, Laval- Morency, Sévigny-la-Forêt et Maubert-Fontaine. En 1500, il n’existait encore que quelques chaumières construites sur l’extrême limite au nord-ouest de la forêt de Montcornet, en un lieu appelé le Drapeau ; mais, par la charte du 19 mai 1565, publiée le 30 mai 1566, Antoine de Croÿ, prince de Por- cien, souverain des terres d’outre-Meuse, marquis de Regniel, comte d’Eu, baron de La Faulche et de Montcornet, fonde Bourg-Fidèle. Après le siège de Mézières, en 1521, les troupes de Charles Quint commirent les plus grands excès, se débarrassant des hommes, femmes, enfants, vieillards passés au fil de l’épée ; et ce qui ne put être enlevé fut la proie des flammes.

Une des premières places bastionnées de la région Entre 1546 et 1550, Maubert est enserré de remparts et bas- tions ; malgré cette solide défense, en 1589, Maubert tombe aux mains des protestants. En 1591, Henri IV y fait son entrée solennelle. En 1602, Guy de Mailly, écuyer, sieur de Renneville, est gou- verneur de Maubert-Fontaine. En 1643, immédiatement après la prise de Rocroi, l’ennemi espagnol s’empare des châteaux du Châtelet, d’Auvillers et de , ainsi que de la forteresse de Maubert qui ac- quiert une renommée dont les archives s’illustrent au- jourd’hui. Le 31 janvier 1814, Maubert fut occupé par une compagnie de Cosaques.

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Le 19 juin 1815, après la bataille de Waterloo, tandis que l’ar- mée française battait en retraite, le chef de cette armée en dé- route, l’empereur Napoléon, arriva à Maubert, accompagné d’un seul lancier. Il prit, à l’hôtel du Grand-Turc, deux œufs frais pour son déjeuner ; ensuite, il s’accorda deux heures de repos. Son passage n’y a été révélé qu’après son départ et à l’arrivée des officiers de sa suite. En bonne commerçante, la maîtresse de l’hôtel vendit cent fois la table sur laquelle il avait mangé et cent fois le clou où son chapeau avait été ac- croché. Les Prussiens entrent dans la ville le 25 juin 1815. Ces troupes y restent six mois, puis sont remplacées par celles des Russes, jusqu’au moment de l’évacuation du territoire français par les armées alliées.

Entrées royales à Maubert

Une entrée royale, c’est un cérémo- nial im- muable et grandiose : une porte, un arc sont dressés, garnis, selon la saison, de fleurs, de branchages… Les compagnies de jeunesses et milices bourgeoises assurent l’accueil, en or- ganisant le rassemblement, accompagné de chants, de divers hommages… Des salves d’artillerie sont tirées, un dais est confectionné, une harangue est prononcée… Ainsi furent suc- cessivement accueillis : 1464 : Charles le Téméraire, duc de Bourgogne ; 1543 : François Ier ; 1553 : Charles Quint ; 1546 : François Ier visite le château de Montcornet-en-Ar- denne et Maubert-Fontaine (17 novembre 1546) ; 1591 : le 15 septembre, partant de Chauny, Henri IV passe à Crécy-sur-Serre, La Capelle, Rumigny et arrive le 19 à Mau- bert-Fontaine ; il repart le lendemain ; évitant Mézières aux mains des Ligueurs, il traverse Aubigny et se rend à Thin-le- Moutier. Il en profite pour sermonner les cisterciens de Signy. 15 août 1680 : Philippeville accueille Louis XIV.

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MONTCORNET

Le rapport d’Har- mois de l’An II (1794) décrit le château : Le château de Montcornet, situé entre Roc- Libre et Mé- zières, est placé sur la croupe d’une mon- tagne très escarpée. Côté du nord, un petit ruisseau le sépare d’un bois. Comme il y a tout lieu de croire que l’ennemi ne viendra ja- mais se mettre entre deux places fortifiées, ce château ne peut être utile à rien, en ce qu’étant maître de Roc-Libre il tourne- rait nécessairement ce château s’il voulait marcher sur Mé- Château zières ; alors les frais qui auraient été faits pour le mettre en état de défense seraient inutiles. Je conclus à ce qu’il soit démoli ; mais ce ne serait pas sans de très grosses dépenses, vu la solidité avec laquelle il est construit ; car les moindres murs sont de neuf à dix pieds, et beaucoup en ont dix-huit. Les habitants de la com- mune de Montcornet l’ont déjà ruiné en partie du dessus de son cordon et y ont fait de très grandes brèches pour en tirer tant pierres que briques. Il existe encore dans ce château de belles casemates, assez saines ; et d’après le rapport de plu- sieurs habitants de Montcornet et la visite que j’en ai faite, j’ai cru apercevoir des portes de galeries de mine, car il est question de souterrains qui vont à près d’un quart de lieu. En 1965, l’historien Henri Manceau nous livre un commen- taire intéressant :

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On y accède par une avant-cour fortifiée, sorte de barbacane créée par le calviniste Antoine II de Croÿ, prince de Porcien (vers 1560). Aussitôt c’est le donjon massif du XVe siècle, dé- fendu à l’est par deux grosses tours circulaires. Sous le don- jon, une “voûte” tournante permet de passer à la basse-cour. Au sud, se dresse encore sur l’éperon une tour isolée, jadis “Tour Henri”, succédant peut-être à un fortin sur motte du XIIIe siècle. Tel qu’il est, le château est l’œuvre de la dynastie des Croÿ, d’origine picarde. Une branche, celle d’Antoine Ier, opta pour la France en achetant en 1438 le comté de Porcien au gentil poète Charles d’Orléans. Montcornet en Porcien possédait déjà un maître château dont dépendaient 12 sei- gneuries. La fente verticale des arbalétrières au bas de la tour du “Seigneur” est une vieille marque féodale. Vers 1450 et 1480, les Croÿ firent travailler beaucoup à Moncornet. La tour du “Seigneur” - en fait la chapelle - a été chemisée. Moncornet est donc une forteresse moderni- sée dès le XVe siècle pour ré- sister au canon. En 1546, Fran- çois Ier inspecte cette place très importante pour la défense du royaume.

Les seigneurs de Montcornet 1135 : Guillaume de Château-Porcien est le premier seigneur de Montcornet, attesté par les sources archivistiques. Maison de Château-Porcien. 1295 : Maison de Noyers. 1414 : Maison de Mello. 1446 : Maison de Croÿ. Philippe III et Charles II de Croÿ vendent les domaines. 1613 : Maison de Gonzague-Nevers achète le marquisat de Montcornet. 1666 : Maison de Mazarin. Puis, successivement : 1713 : Maison d’Aiguillon. 1800 : Maison de Chabrillan. 1961 : Abbé Bernard Lussigny et ses amis.

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Gouverneurs du château de Montcornet 1339 : Jean de Precy 1474 : Jean de Maillart, seigneur de This 1514 : Jean d’Arras, seigneur d’ 1546 : Claude de Maillart, seigneur de Giromont 1560 : Jean de Maillart 1573 : François de Rincourt 1574 : Pierre, François et Louis de Saint-Vincent 1620 : Jean-Baptiste Galleaz, seigneur de Mances 1665 : Jean Lescuyer, sieur d’Agnicourt et d’Azillemont 1688 : Jean de Saint-Léger, seigneur de L’Echelle 1738 : Jean-Baptiste de Saint-Léger A des périodes différentes, les localités qui ressortaient du marquisat de Montcornet sont : Montcornet, , Montlieu, , Faux, La Bergerie, La Magdelaine, Le Ham, Murtin, La Motte, La Grève, , Basigny, Bogny, Charroué, , Deville, Fray, , la Loge-aux-Bois, Lonny, , Onchamp, Sécheval, Wartigny ; avec les sui- vantes pour partie : , , Bourg-Fidèle, Gué- d’Hossus, , Rouilly, Chaudière, Les Hongréaux, Le Culviseau, Hyraumont et Haudrecy.

Jules Michelet et Montcornet Jules Michelet (1798 - 1874), historien, écrivain et poète, est ardennais par sa mère Constance Millet, de Renwez. Il sé- journa régulièrement dans cette commune de 1816 à 1852, durant ses vacances scolaires et ses voyages. Avec ses oncles et tantes, il découvrit un répertoire inépuisa- ble de chroniques, de légendes et de promenades à travers les Ardennes. Cette expé- rience fût pour lui la ré- vélation matérielle de la vieille France et notam- ment du Moyen-Âge. Les ruines du château de Montcornet, vrai colisée féodal furent une décou- verte totale. Un effet de choc lui révélant le monde féodal et la ré- surrection de la vie inté- grale du passé.

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MURTIN-BOGNY

Deux châteaux existent à Mur- tin- Bogny : le château de Bogny et la maison forte de Wartigny. Dès le 26 mars 1456, un Château de Bognycertain Roland de Bogny se qualifie seigneur de Pavant. Le château de Bogny est détruit par les troupes du comte de Nassau en 1521, puis Jean de Pavant et Jacques de Failly œuvrèrent à sa recons- truction. Deux tours furent abattues sur les quatre que comp- tait le château lors de la Révolution. Les principaux seigneurs de Bogny furent successivement les Pavant, Mortaigne, Failly, Covarruvias, O’Brien, Cauchon et Coulon, ces der- niers, catholiques irlandais dont descend l’écrivain Marcel Brion, de l’Académie française.

Voici une description du château par l’adjudant Harmois dans son rapport de l’an II adressé au district de Charleville : Canton de Rumigny. Commune de Bogny-lez-Murtin. – Il y a, dans cette commune, un château appartenant au citoyen Maximilien, ci-devant marquis de Covarruvias, et occupé par lui. Sur la face, à l’exposition du sud, sont deux tours d’an- gles dudit château, lesquelles sont comprises dans la loi de démolition, ainsi que deux autres à l’exposition du nord. L’entrée principale était autrefois fermée par un pont-levis, dont il existe encore au-dessus de la porte les niches pour loger les flèches dudit pont. Il faut que le couronnement de cette porte soit démoli, de sorte que le comble n’excède point ceux de droite et de gauche. Au pourtour dudit château est un fossé revêtu de maçonnerie à sa contre-escarpe et chemins de ronde à l’escarpe. Il faut que ces fossés soient comblés à droite de la porte de la cour ; et en retour, à l’exposition du midi, sont aussi deux tourelles qu’il faut pareillement démolir comme étant comprises dans la loi. Les créneaux et canar- dières qui se trouvent pratiqués dans les murs de clôture, ainsi que dans le pourtour dudit château, seront bouchés de la manière indiquée plus haut.

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CARTE DES FORTIFICATION

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ONS

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Antoine de Croÿ fait forti- fier cette mai- Maison forte de Wartigny son au tout début du XVIe siè- cle : murs aveugles, culots d’échau- guettes, consoles pour bretèche, belles douves en eau. La bretèche d’angle était très si- milaire à celle du château de l’Echelle. Quatre grands corps de bâtiments encadrent une cour rectangulaire. Les douves sont alimentées par l’Audry. Autrefois, avant 1794, un pont-levis permettait le franchissement des douves, au pied d’une fine tour carrée formant beffroi, couronnée d’une toiture en poivrière. Le marquisat de Wartigny regroupait, pour la justice, des fiefs mouvants de Montcornet, c’est-à-dire : Hyraumont et Hon- gréaux (pour 1/3), Croyville, Archebruyère, Bourg-Fidèle, Bourg d’Arschot. Description du château par l’adjudant Harmois dans son rap- port de l’an II (1794) adressé au district de Charleville : Le château appartenait au citoyen Pioger, ci-devant noble et que l’on dit émigré. Comme ce château n’a plus d’autre pro- priétaire que la République, j’ai vu quels étaient les moyens de concilier ses intérêts, tant en détruisant ses moyens de ré- sistance qu’il offre en ce moment, qu’en le dégageant des signes de féodalité. L’entrée principale de ce château, à l’ex- position du nord, était fermée par un pont-levis, défendu par une meurtrière à laquelle on communique au corps de garde pratiquée au-dessus de l’entrée. Il faut que le couronnement de cette porte soit démoli, de sorte que le comble n’excède pas ceux des bâtiments tant de droite que de gauche. Dans celui à droite, sont trois places à rez-de-chaussée, dont une seule est éclairée sur le fossé ; toutes les autres le sont sur la cour. Un seul escalier à vis, pratiqué dans une petite tourelle et adossé au mur de face sur la cour, exploite les places du premier étage. Ce ci-devant château, dégagé des objets ci- dessus et de ceux-ci-après énoncés, ne doit plus être consi- déré que comme ferme, et cette tourelle se trouve hors la loi. En retour, du côté du couchant, est une écurie avec grange

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au bout et grenier au-dessus ; il y a, aux deux angles de cette aile, deux meurtrières doubles qu’il faut démolir. À gauche de ladite entrée, sont deux autres places, savoir : une au rez- de-chaussée et l’autre au premier étage, à laquelle on com- munique par une échelle seulement, mais qui, au moyen du comble que l’on pratiquerait au-dessus de la porte de com- munication dans le pignon faisant mur de retour avec l’en- trée, pourrait être exploitée par le même escalier que les places de droite. Il y a, à l’angle du côté du Levant, une meur- trière double qu’il faut démolir. L’aile gauche de la cour est en partie démolie. Au pourtour dudit château, est un fossé très large, mais peu profond, auquel on communique du terre- plein par une petite pente. D’après cette considération, je conclus que ce fossé ne peut nuire en rien, vu que lorsque les eaux débordent, ce qui arrive pour le moins une fois l’année, elles y déposent chaque fois environ six pouces de terre, qui, en peu de temps, le combleront, en défendant toutefois qu’il soit recreusé. Les créneaux et canardières qui se trouveront dans ledit château seront bouchés, de même que ceux-ci-des- sus. (édifice privé, fermé au public)

PREZ

Puissante église fortifiée du XVIe siècle, dotée d’un clocher- porche et d’une fine tour de flanquement Eglise Saint-Martincoiffée d’une toiture en poivrière. Remarquez les fins remplages gothiques, belles dentelles de pierre soutenant les vitraux, des baies du chœur, la corniche à modillons ciselés et soignés, les nom- breuses ouvertures de tir. Les réfections furent nombreuses notamment pour le mur pignon et le portail.

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“Le Mapas” est cité dans un bail de la terre des Po- thées en 1559. Le domaine semble appar- tenir à la fin du XIe siècle au maî- tre de forges de , Ni- Maison fortecolas du Brodart.Maipas La maison forte du Maipas est bâtie au début du XVIIe siècle. L’ensemble archi- tectural respecte une absolue harmonie. Le bâti principal est flanqué de deux pavillons respectant un plan losangique, à l’instar de bastions. Cet édifice présente quelques petites si- militudes avec le château de Doumely. Élevée sur deux étages, la façade présente une jolie corniche à modillons, car- rés, enserrant totalement la maison. Des motifs en forme de pommes de pin, symbole antique d’éternité, agrémentent, dans les angles, ladite corniche. La toiture à quatre pentes, impressionnante de par sa hauteur, rappelle les toitures des pavillons de la Place Ducale de Charleville ou des manoirs des crêtes préardennaises (Les Poursaudes). Toutes les fenê- tres portent la trace des solides barreaux. Dans l’axe de l’en- trée s’ouvre un porche charretier en anse de panier, accompagné d’une porte piétonne, l’un et l’autre encadrés de pierres appareillées en bossages, avec décor à refends. Au- dessus de la porte piétonne font saillie trois pierres, dont deux semblent représenter des boulets encastrés. Nous retrouvons ce décor début XVIIe avec ces boulets pour le portail d’entrée du pavillon central. Les boulets esthétiques sont courants pour l’ornement des entrées des gentilhommières du XVIIe siècle. Les familles seigneuriales successives appartenaient aux Bro- dart, Piermez, Saint-Yves et Hulot. (édifice privé, fermé au public)

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REMILLY-LÈS-POTHÉES

Le village possède deux édifices forti- fiés : le château et l’église. La tour- porche, impres- sionnante dans ses proportions, représente un puissant fort carré, Eglise Saint-Martinrefuge pour la population. Les ouvertures de tir, rares, donnent sur la vallée, au nord. Des cordons de pierre - utiles larmiers - rythment la maçonnerie. Beau plan basilical, avec transept et chevet à cinq pans, gothiques. La fragilité du chevet contraste étonnamment avec la puissance de la tour. De re- marquables fonts baptismaux médiévaux.

La maison forte de Remilly do- mine les impres- sionnantes vallées de la et de l’Audry, le territoire dit des Pothées, in potestate (en pro- priété) des évê- ques de Reims durant tout Maison fortel’Ancien Régime. Le château date des an- nées 1575-1577 et fut bâti par Antoine de Rymbert, fils de Jean, seigneur d’Arreux. Le fronton de la porte princi- pale affiche le millésime “1577”. Le château, de plan rectan- gulaire, était flanqué de deux tours rondes, placées sur deux angles opposés, et de deux échauguettes de structure carrée, en encorbellement sur les deux autres angles. Seule la tour

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Est subsiste, forte de murs épais de près de 1,50 m, ainsi que le culot de l’échauguette voisine. La tourelle installée en en- corbellement sur l’angle Ouest remonte aux remaniements des années 1920. La bretèche “Renaissance”, soutenue par de fines consoles, est, elle-aussi, décorative. Description du château par l’adjudant Harmois dans son rap- port de l’an II (1794) adressé au district de Charleville : Il y a, dans la commune de Remilly, un château appartenant au citoyen Rymbert, ci-devant noble. L’entrée du corps de logis, à l’exposition du nord, est défendue par une meurtrière qu’il faut démolir. À gauche de ladite entrée, est une tour en- gagée dans l’angle du logis, laquelle est comprise dans la loi pour la démolition. À l’angle opposé est une meurtrière dou- ble qu’il faut également démolir. Sur la face, à l’exposition du sud, est une tour, à un des angles et à celui opposé est une meurtrière qu’il faut également démolir ; et par la même rai- son que ci-dessus, les créneaux et canardières, s’il s’en trouve ailleurs, seront bouchés de la manière indiquée plus haut. Les destructions proposées n’ont pas été exécutées. (édifice privé)

Au Moyen Age, Hardon- celle dépendait de la châtel- lenie de Watefale près de Saint-Marcel. Le château Château est attaqué par les Liégeois d’Hardoncelle en 1437. La famille d’Argy est propriétaire du château dès 1529. Puis, en 1612, elle fait aveu de sa maison sei- gneuriale à son suze- rain, le duc de Guise, baron de Rumigny. Ensuite, la structure fortifiée passe aux mains des Villelongue de , Verrières, La Salde de Mon- tereau, Pétré, Samboeuf, Voyart, Eslaires, Beffroy de La Grève. A la fin du XIXe siècle, Gustave Gailly, maître de forges et maire de Charleville, ancien député, réside au châ- teau. Son fils, l’historien Charles Gailly de Taurines, achète le domaine. En 1951, le général Roger Noiret, futur député des Ardennes, fait l’acquisition de la propriété et la remet en état.

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Description du château par l’adjudant Harmois dans son rap- port de l’an II (1794) adressé au district de Charleville : A la maison du citoyen Beffroy, ci-devant noble, est une tour qu’il faut démolir, comme étant comprise dans la loi. A l’an- gle opposé, est un pavillon dans lequel sont pratiquées quatre meurtrières qu’il faut pareillement démolir. Les créneaux et canardières, qui se trouvent tant dans les murs du corps de logis que dans ceux d’enceinte, seront bouchés de la même manière que ceux-ci-dessus. (édifice privé, fermé au public)

ROCROI

Joyau du patrimoine urbain et fortifié du XVIe siècle, Ro- croi, cité remar- quablement conservée, mal- gré les affres des invasions successives, abrite en son cœur des bâtis rares donc particulièrement inté- ressants.

Le pays des Rièzes et des Sarts, une trouée hautement stratégique Rocroi a pour origine “Raul-croix” (ou Raulcroit), le carre- four, la croisée des chemins sur la terre de Raoul Ier ou Raal, Raul, fils de Geoffroy II de Grandpré, comte de Château-Por- cien (vers 1200). Martin du Bellay est chargé par François Ier de construire une maison forte près du petit village de “Raulcroix”; c’est, donc, au départ une simple “bicoque”, le mot de bicoque provient de la défaite du chevalier Bayard à La Bicocca, près de Monza, en avril 1552 (en italien, “biccoca” signifie le châte- let. “Biccoca” est à l’origine du mot français “bicoque”, la maison mal tenue).

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Pour répondre aux multiples, récentes et menaçantes créations bastionnées voulues par Charles Quint de Mariembourg en 1546, de Philippeville en 1554, puis de Charlemont sur les hauteurs de en 1555, Henry II fait fortifier le village de Rocroi, en profitant de multiplier par deux sa superficie. En juin 1554, les Français se rendent maîtres de Mariembourg qui devient Henri(en)bourg. La ville réintégrera son patro- nyme originel lors du traité de Cateau-Cambrésis en avril 1559. Le roi charge alors le capitaine de Lalande, gouverneur de Rocroi, de la direction des travaux de la place de Rocroi puisqu’elle doit soutenir celle de Maubert-Fontaine conçue en 1546 sous François Ier. En avril 1555, un marché est conclu à Châlons avec Louis Lenthe, maître maçon à Senlis, afin de mener à bien l’agran- dissement de la place forte. Rocroi était déjà en partie fortifié et ses remparts, alors, ne comprenaient que les terrains où sont l’église, les casernes, les rues du Petit-Fort, du Petit- Quartier, de Bourgogne et Dauphine, et qu’un fossé coupait en deux la place d’armes actuelle, dans la direction du sud au nord, c’est-à-dire en ligne droite, de la rue de l’Hôpital à celle des Flandres ; ce qui laissait alors en dehors de la for- tification une partie de la place et les rues de Montmorency, de France et de Nevers, qui n’existaient point encore.

L’architecte est, vraisemblable- ment, le capi- Fossés de la Porte de France taine italien Jacopo (ou Jacomo) Fusti Cas- triotto, né à Urbino en 1501, dé- cédé à Calais en 1563, ingénieur général des forteresses du royaume. Il fait équipe avec Girolamo Maggi d’Anghiari. Cas- triotto et Maggi ont publié Della fortificatione delle città, De la Fortification de la Cité, à Venise en 1583. Ils ont notam- ment affiné la technique de construction du “boulevard”, an- cêtre du bastion. D’autres noms d’architectes italiens circulent : Francesco Paciotto (1521-1591), au service du duc de Flandres, il travaille à fortifier Béthune, Arras, Grave-

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lines… ; Pierre Strozzi ; ou bien encore, Girolamo Marini (1500-1553), le concepteur en 1545 de Vitry-le-François et de Villefranche-sur-Meuse face à Stenay… Ainsi, Rocroi n’est pas une véritable création ex nihilo, même si son exemplaire plan radioconcentrique pourrait le laisser penser. La superficie de Rocroi est, en effet, très réduite : 6,4 hectares. Il faut la comparer avec celle de Vitry-le-François, fondé en 1545 - pour contrer la destruction de Vitry-en-Per- thois par les Impériaux -, créé sur ordre de François Ier, selon le plan en damier de Girolamo Marini : 37 hectares. Le plan pentagonal est à rapprocher de ceux de Philippeville et de Mariembourg. Toutefois, à Philippeville la place cen- trale est rectangulaire, tandis qu’elle endosse un pourtour pen- tagonal à Rocroi. Le plan radioconcentrique fut adopté la première fois par les Français à Villefranche-sur-Meuse, fon- dée en 1545, par le même Girolamo Marini, pour remplacer Stenay prise par les Impériaux.

Les armoiries de Rocroi nous viennent d’Orient, elles ont été rapportées des croisades. Elles sont ainsi définies : Aux trois croissants d’argent entrela- cées avec trois fleurs de lys d’or, po- sées deux en face et une en chef, le tout sur un fond d’azur, surmonté de la couronne murale, avec cette exergue : Gentillitia insignia civitatis rupes regia (Insignes propres à la ville de Rocroi).

A Rocroi, les 5 bastions à orillons - bastions Dauphin, du Roi, du Petit-Fort, de Montmorency, de Nevers - enserrent une cité abritant 9 îlots trapézoïdaux, peu commodes pour la construc- tion d’hôtels importants dotés d’une architecture remarquable et honorable. Vauban inspecte par trois fois Rocroi, en 1673, 1691 et 1696 : il préconise alors l’émergence de bâtiments, casernes, d’un hôpital militaire, d’un arsenal (pouvant contenir 1 200 fusils), d’ajouter à la halle des écuries et un corps de garde. Le projet principal de Vauban réside surtout dans le fait d’accroître la surface des fortifications en proposant en 1696 un ouvrage à corne et un en couronne (projets avortés faute de subsides). En 1745, Rocroi regroupe 211 maisons (276 en 1770) abritant 270 familles dont 209 hommes, 254 femmes, 597 enfants. Par

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ailleurs, les casernes peuvent contenir entre 1400 et 1800 mi- litaires et les écuries, 500 chevaux. Au XVIIIe siècle, on dénombre 40 cabaretiers, 6 brasseurs, 6 perruquiers, 3 orfèvres, 3 potiers d’étain, 4 chirurgiens, 4 bou- langers… En plus, il faut compter 20 puits, 32 greniers à foin, et près de 100 fours privés et royaux… Mais aucun moulin ! La place forte de Rocroi est démantelée en 1889, quatre ans après celle de Mézières, et près de quinze après celle de Sedan.

Evolution démographique

1554 : moins de 100 habitants 1836 : 3623* 1745 : 1060 habitants 1846 : 2870 1815 : 2869 1898 : 2689 1824 : 3501

* logés dans environ 280 maisons, c’est-à-dire 13 habitants (civils) par maison. A la même période, la surpopulation est plus problématique à Sedan : 24 habitants par maison.

Millésimes gravés dans la pierre ou figés dans le fer forgé Malgré les terribles bombardements de juin 1815, janvier 1871, août 1914 et novembre 1918, de nombreuses bâtisses affichent leurs dates de naissance : 1676, 7, place d’Armes (33 années après la fameuse bataille du 19 mai 1643) 1691, Hôpital militaire (Résidence Vauban) 1692, L’Arsenal, 15, rue Chuquet 1694 et 1714, 19 et 13, rue de Flandre 1733, 5, rue de Flandre 1741, Caserne du Petit-Quartier, 8, rue Arthur-Chuquet “9 AOUST 1764”, 6, rue de Montmorency 1771, 8, rue de Bourgogne 1782, 10, rue de Montmorency “OCTOBRE 1785”, rue de Bourgogne 1788, rue Dauphine 1789, 1, place Verte “L’AN 12”, 10, rue Arthur-Chuquet “JUIN 1805”, 1, rue Dauphine 1822, 20, rue de France 1845, mur de la Courtine, rue du Chemin de Rondes A l’instar de Sabbioneta (1554) et de Palma-Nova (1593), Ro- croi est un exemple remarquable de l’urbanisme bastionné du XVIe siècle en Europe…

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ROUVROY-SUR-AUDRY

Originale église forti- fiée du XVIe siècle implantée à Ser- vion. Edifié en belle pierre ocre, son mur pignon - façade occiden- tale - est flan- qué de deux tours coiffées de toitures en poivrière. Ici, la cor- Eglise Saint-Etienneniche est convexe (corniche à talon). Remarquez les ouvertures de tir. Traces de bretèches. Elle n’est plus destinée au culte et accueille des manifestations culturelles temporaires. Servion dépendait de la châtellenie de Watefale (Saint-Marcel).

Watefale Dès 1235, un arrêt du parlement de Paris fait mention du châ- teau fort de Watefale. Il est le chef-lieu d’une petite châtelle- nie regroupant 8 localités : Bolmont, Giraumont, Hardoncelle, Sonrue, Remilly et Servion. En septembre 1305, la maison forte de Watefale est mentionnée dans les chartes des comtes de Rethel. Gratien de Maillard (né à Saint-Marcel en 1490) fut gouverneur de Watefale. En 1688, le duc de Brunswick acquit cette petite châtellenie. En octobre 1765, le château est encore visible.

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RUMIGNY

La Cour des Prés a été construite en 1546 par Louis Martin, prévôt de Rumigny et maître de forges, sur autori- Maison forte sation royale de François Ier. En de la Cour deseffet, Prés le roi souhaitait que l’on fortifiât la région pour mieux protéger la population des inva- sions des “Impériaux” de Charles Quint. A cette époque, on bâtissait ainsi des éléments de défense autour de sa maison, de son église et même de son village. C’est à Rumigny, près d’un siècle plus tard, en 1643, que la célèbre bataille de Rocroy fut décidée par le futur “Grand Condé”. Deux campagnes de travaux sont visibles : la partie Nord correspond à la maison fortifiée du XVIe siècle, la partie Sud est beaucoup plus récente et fut élevée dans les dernières années du XVIIIe siècle par Jean-Baptiste Piette, descendant de Louis Martin, premier maire de Rumigny élu en 1790, puis membre de la Convention après la mort du roi. Il dut détruire le donjon et le pont-levis pendant la Terreur. Sous le Directoire, il restaura sa maison et lui ajouta une tour au sud. Ce qui en fait aujourd’hui un bel ensemble protégé par deux majestueuses tours, des ouvertures de tirs, des douves…. Plus tard, il aurait caché dans sa maison Lazare Carnot, alors en fuite. Quant à l’aile en retour sur la cour, elle a été réédifiée à la suite de sa complète destruction au cours de la guerre 1914-1918. (édifice privé)

Dans la galerie rassemblant notamment les portraits de sa famille, subsistent ceux de l’abbé Lacaille (buste ci- contre), astronome qui sur détermi- ner, en 1752, la distance entre la Terre et la Lune, et celui d’Edouard Piette, pionnier de la préhistoire.

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SIGNY-LE-PETIT

La fondation du vil- lage de Signy re- monte à l’an 1217. L’édifice cultuel est incendié en 1636 par les Espagnols. Cette église est rebâtie en 1680 à la suite des incur- sions espagnoles, comme en Eglise Saint-Nicolastémoignent trois dates : 1680, en ancres en fer forgé sur la tour ; 1684, à la clef de voûte de la première travée de la nef ; 1686, sur la bretèche (discret balcon défensif) au chevet. C’est plan en croix latine de 36 mètres de long, 10,66 mètres de largeur, 12 mètres de hauteur sous la voûte, sans bas-côtés. Les murs énormes - 3 mètres d’épaisseur à la base de la tour, un mètre à la nef et au tran- sept - sont en schiste quartzeux, sauf les ouvertures dont les pieds-droits sont en calcaire de Bossus. Des éléments de dé- fense sont encore visible : un mâchicoulis, bouché, au-dessus du portail ; deux échauguettes (tourelles saillantes) à dix mè- tres du sol sur la tour-porche, soutenues par de beaux culots moulurés en pierre blanche ; deux petites échauguettes à chaque extrémité du transept ; des traces de bretèches au-des- sus de baies. Remarquez les belles corniches finement appa- reillées en briques. Des maisons sur la place furent elle-aussi reconstruites durant cette période comme le prouvent les mil- lésimes affichés : 1666, 1675…

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TARZY

Tarzy existe déjà en 1132. Lors de l’invasion de 1555, l’église est saccagée. Elle est rebâtie en 1570. Mais en 1636 de nou- Eglise Saint-Cyr veau, l’envahisseur et Sainte-Julitte brûle les églises d’Eteignères, Fligny, La Neuville-aux-Tourneurs, Signy- le-Petit, Saint-Michel et Tarzy. La tour défensive au chevet a été arasée. Les ouvertures de tir, impressionnantes, présentent des embrasures larges. Un larmier court sur la ma- çonnerie, il permet d’atténuer les ruissellements d’eau de pluie sur le nu du mur. Au nord de Tarzy, au lieudit Le Château, s’élevait autrefois un fortin entouré de douves, il semble avoir été détruit en 1638 par les Espagnols. Le fait est qu’à cette époque on y voit un sieur de Villelongue, commandeur pour le prince de Condé. Les Villelongue, grande famille seigneuriale de la Champagne septentrionale, ont concouru aux destinées de plusieurs châteaux ardennais : Wasigny, Guignicourt, Saint- Marceau, Mesmont, Warnécourt,

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GLOSSAIRE

Arbalétrière Archère en forme de croix. Arc de décharge L’arc de décharge, noyé dans un mur, est destiné à reporter à droite et à gauche d’une ouverture la masse de la partie supé- rieure. Archère Ouverture haute et étroite, ébrasée vers l’intérieur, destinée au tir à l’arc ou à l’arbalète.

Bahut Assise supérieure d’un mur de quai ou d’un parapet de pont. Mur bas destiné à porter les arcades d’un cloître, une grille. Baile ou baille Espace ménagé entre deux enceintes fortifiées. Bastion Ouvrage bas, de plan pentagonal, taluté, en saillie sur une en- ceinte, permettant les tirs croisés et la réduction maximum des angles morts. Il est le plus souvent doté d’une puissance d’artillerie importante. Bossage Saillie sur la face de parement d’un bloc de pierre. Cette sail- lie, qui peut aussi correspondre à une étape de taille, a été très utilisée à la Renaissance comme motif décoratif dans l’archi- tecture sous des formes très variées : bossage brut, en table, en pointe de diamant, à vermicules, en chanfrein… Bretèche Petit balcon fermé, supporté par des corbeaux, permettant de protéger une baie, avec ouvertures pour tirer verticalement ou horizontalement. Canonnière Ouverture de tir destinée au tir des armes à feu, ribaudequins, arquebuses, serpentines, canons... Caponnière Petit ouvrage massé de fortification, une sorte de casemate, implanté au fond du fossé et adossé à l’escarpe. Chemise Ouvrage de maçonnerie construit pour renforcer ou en proté- ger un autre, surtout à la suite des perfectionnements de l’ar- tillerie dans la seconde moitié du XVe siècle : tour chemisée, pilier chemisé…

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Chevet Désigne le “chef”, la “tête” d’une église, c’est-à-dire l’extré- mité de la nef assimilée dans son plan à la partie supérieure de la croix où se trouvait la tête du Christ. Synonyme : ab- side. Chœur Partie du chevet où se trouve l’autel. Collatéral Bas-côté parallèle à la nef. Console Organe en saillie sur un mur, destiné à porter charge : balcon, corniche, bretèche… Contrefort Bloc de maçonnerie en saillie sur un mur pour le renforcer à l’endroit des poussées. Cordon Moulure, corps de moulure, bandeau, saillant et horizontal, décoré (cordon de billettes, cordon feuillagé…) ou non. Courtine Muraille aveugle reliant deux tours fortes. Crénelage En fortification, parapet situé au sommet des ouvrages et composé d’une alternance de parties pleines - les merlons - et de parties creuses - les créneaux. Dame Terme d’architecture fortifiée - provenant du néerlandais “dam”, “digue” - qui désigne une petite tour à centre plein, en maçonnerie, posée sur le faîte d’un batardeau de fossé inondé, afin d’empêcher que cette digue ne serve de chemi- nement à l’assiégeant. Douves Fossé protégeant un ouvrage ; elles sont généralement pleines d’eau.

Echauguette Petite tourelle en encorbellement, en surplomb, servant de poste de guet. Embrasure de tir À partir du XVe siècle, le perfectionnement des armes en- traîna une accentuation de l’ébrasement intérieur des fentes de tir, créant un risque de point de rupture. Le double ébrase- ment - intérieur et extérieur - remédiera à cet inconvénient. Escalier à vis S’enroulant autour d’un axe central, il a l’avantage de prendre peu d’espace. Au XIIe siècle, les marches prennent appui dans

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un pilier central, tandis qu’à partir du XIIIe, c’est l’empile- ment de l’extrémité des marches qui forme ce pilier. Escarpe Paroi du fossé du côté de la place forte qui peut être en terre ou parementée, et se trouve donc placé devant la contres- carpe.

Flanquement En architecture militaire, se dit d’un tir parallèle à la ligne des fortifications. Un ouvrage est dit flanqué lorsque les ouvrages voisins permettent de le protéger par des tirs de flanquement. Le flanquement peut être assuré verticalement depuis les “hourds”, “bretèches”, “mâchicoulis”… Ou horizontalement par un ouvrage voisin en avancée comme une tour.

Gâble (ou gable) Motif ornemental triangulaire, souvent ajouré, surmontant les fenêtres, les porches, ou placé à la base des clochers.

Larmier Moulure droite, disposée en saillie au sommet d’un ensemble décoratif, qu’elle préserve de la pluie grâce à une petite rai- nure appelée “coupe-larme”, destinée à arrêter les filets d’eau et à les faire tomber directement sur le sol.

Mâchicoulis Ouvrage en pierre placé le plus souvent au sommet des murs d’une fortification pour en assurer le flanquement vertical. Il est constitué d’un parapet en léger surplomb, d’un sol percé et repose sur des corbeaux. Cela permettait de jeter sur l’as- saillant des projectiles tels des pierres. Mansart (toiture à la) Toiture constituée de deux pentes dont les déclivités sont dif- férentes : le terrasson et le brisis. Le brisis très pentu est la poursuite de la façade maçonnée. Modillon Chacun des petits éléments de support, ou ayant l’apparence d’un support, disposés régulièrement sous la corniche des or- dres antiques et classiques, dorique grec excepté, ainsi que sous les corniches romanes et gothiques.

Narthex Sorte de vestibule ou de portique intérieur placé à l’entrée de l’église, salle d’accueil des catéchumènes.

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Oculus Ouverture circulaire dans un fronton ou au faîte d’un dôme.

Piédroit Montant vertical encadrant un portail. Pilastre Pilier plat, engagé dans un mur. Piscine Une niche percée dans la maçonnerie, contenant une ou deux cuvettes trouées, où se lavent, se rangent les vases sacrés et où se préparent les oblats pour l’offertoire. Poivrière Variété de toit conique. La toiture en poivrière est une toiture pointue de forme conique coiffant des pavillons, tourelles, échauguettes, guettes, accolés ou non à un édifice principal, et nommée ainsi à partir du XVIIIe siècle, par comparaison avec les boîtes munies d’un couvercle conique où il était d’usage à l’époque de conserver le poivre. Au Moyen Âge, le poivre était pré- senté dans la “nef” ou boîte à épices. Par métonymie, la poi- vrière finit par désigner un tout, et pas uniquement une toiture conique : une guérite soutenue par un culot, ou des consoles, petite tourelle saillante, pour surveiller les abords, l’escarpe, les douves. Pomme de pin Dans une corniche ionique, ornement d’encoignure en forme de pomme de pin. Pot à feu Motif ornemental de pierre, en forme de pot d’où sort une flamme, disposé à chaque extrémité d’un fronton ou le long d’un attique. Poterne Petite porte de sortie, percée dans le rempart, servant à assurer en les dissimulant les évacuations.

Toscan (chapiteau de style) Chapiteau composé d’une série de moulures : astragale, gor- gerin, échine, tailloir et abaque.

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