UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ------FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES ------DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ------FORMATION GENERALE

L’EXPLOITATION DE LA MANGROVE ET SON

AVENIR A ANTSAHAMPANO ? (REGION D.I.A.N.A NORD OUEST DE )

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme de Maitrise en Géographie

présenté par Monsieur JACKY RASOLONDRATOVO

Sous la direction de Madame Josette RANDRIANARISON, Professeur Titulaire Enseignant Chercheur au Département de Géographie

Soutenue le 11 Aout 2011 REMERCIEMENTS

Puissent les personnes suivantes trouver ici l’expression de ma sincère reconnaissance et ma profonde gratitude.

Dieu pour son amour et sa bénédiction pour la réalisation de ce mémoire.

Puis, mes remerciements vont à l’endroit de Madame le Président du Jury Joseline RAMAMOJISOA, Professeur Titulaire, et le Juge Madame Ravoniarijaona VOLOLONIRAINY, Docteur en Géographie pour l’attention qu’elles veulent accorder à ce modeste travail. J’adresse également mes vifs remerciements et ma sincère gratitude envers Madame Josette RANDRIANARISON, Professeur Titulaire ; qui a assuré la direction de mon programme d’étude et de recherche.

Et, je remercie beaucoup aussi tous les Enseignants du Département de Géographie, qui m’ont dispensé les savoirs nécessaires pour mener à terme mon projet de mémoire.

Ma famille, pour leur aide tant matériellement que moralement, tout au long de la réalisation de ce mémoire.

Bref, mes amis, toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire.

Encore une fois je vous renouvelle, à tous mes sincères remerciements pour tous vos aides et encadrements

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RESUME

Le village d’Antsahampano se trouve dans la partie littorale de la commune urbaine d’ de la région DIANA, au nord ouest de Madagascar. C’est une zone caractéristique de nord-ouest malgache propice au développement de la mangrove. Cette dernière fournit des ressources importantes pour la population. Depuis quelques années, on assiste à sa dégradation suite à des exploitations abusives et incontrôlées de la part de la population.

Suite à la décentralisation de la gestion des ressources naturelles par la loi 96-025 portant la création de la GELOSE à Madagascar, une association villageoise « FIZAMITI » a été crée pour mettre à fin de cette pratique destructive de la mangrove.

Cette nouvelle structure apporte des résultats positifs pour la régénérescence de la forêt de mangrove. Cependant, cette nouvelle réorganisation de gestion de la mangrove engendre des troubles d’ordre social et économiques dans la région et elle n’a résolu qu’en partie les problèmes de la région.

Bref, cette nouvelle structure est importante pour la conservation de la mangrove mais la mise en œuvre nécessite des mesures d’accompagnement pour quelle effective.

Mots-clefs : Mangroves, tanne, exploitation, conservation, GELOSE, Antsahampano

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LISTE DES ABREVIATIONS :

CLB : Communauté Locale de Base

CSB : Centre de santé de base

FIZAMITI : Fikambanan’ny Zanak’Antsahampano Miaro ny Tontolo Iainana

GDRN : Gestion durable des ressources naturelles

GELOSE : Gestion Locale Sécurisée

GIZC: Gestion Intégrée des Zones Côtières

PAGS : Plan d’aménagement et de gestion simplifié

PCD : Plan communal de développement

PE: Programme Environnemental

PNUD: Programme des Nations Unies pour le Développement

PSDR : Projet de Soutien pour le Développement Rural

PVD: Plan villageois de développement

RNR : Ressources naturelles renouvelables

SAGE : Service d’Appui à la Gestion de l’Environnement

TG: Transfère de Gestion

VOI : Vondron’Olona Ifotony

ZAAP : Zone d’Appui aux Aires Protégées

ZAC : Zone d’aménagement Concertée

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LISTE DES CROQUIS Croquis 1 : Les feuilles et le système racinaire de la mangrove ...... 28

Croquis 2: Les racines, tiges, les feuilles, les fleurs et les fruits des mangroves...... 32

Croquis 3 : Le mode de fonctionnement des filets maillants ...... 47

LISTE DES FIGURES Figure 1 : Carte de localisation du village d’Antsahampano...... 1

Figure 2 : Courbe de la température annuelle à Ambanja en °C ...... 5

Figure 3 : Courbe de la précipitation annuelle à Ambanja en °C (mm) ...... 6

Figure 4 : Carte de la géomorphologique aux environs d’Antsahampano ...... 9

Figure 5 : Occupation du sol dans la région du bas Sambirano ...... 12

Figure 6 : Carte de la répartition de la population dans les trois villages d’Antsahampano ...... 14

Figure 7 : Carte de la répartition de la zone de la mangrove (PAGS)...... 40

Figure 8 : Schéma de la richesse de l’écosystème de la mangrove ...... 66

LISTE DES PHOTOS

Cliché 1 : Les mangroves, formations végétales à l’interface de la terre et de la mer ...... 11

Cliché 2 : Des champs d’ylang ylang à proximité du village ...... 11

Cliché 3 : Antsahampano est équipé d’un centre de santé de base ...... 17

Cliché 4 : Le niveau d’équipement du CSB laisse encore à désirer ...... 17

Cliché 5 : une EPP à Antsahampano ...... 18

Cliché 6 : Une des écoles privées du village ...... 18

Cliché 7 : Les locaux de l’ancienne SOLIMA ...... 19

Cliché 8 : Les dépôts de l’anciennes SOLIMA ...... 19

Cliché 9 : Une des particularités des palétuviers est leurs racines en forme d’échasse qui leur permet de respirer ...... 29

Cliché 10 : Crabes des mangroves ...... 30

Cliché 11 : Crevettes des mangroves ...... 30

Cliché 12 : Poissons marines ...... 30

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Cliché 13 : Les maisons de particuliers clôturés par des bois de palétuviers ...... 34

Cliché 14 : Les bois de palétuviers servent également de supports et de pilotis pour les maisons .... 34

Cliché 15 : Même les écoles sont clôturées par des bois de palétuviers ...... 34

Cliché 16 : Les enclos pour zébus faites avec des bois de palétuviers ...... 34

Cliché 17 : Un vendeur d’alcool traditionnel « trembo » acheminant sa production vers Ambanja 35

Cliché 18 : Ruines d’une ancienne grande compagnie ...... 37

Cliché 19 : Ces ruines de compagnies d’Etat témoignent de la décadence du village d’Antsahampano...... 37

Cliché 20 : Le VOI FIZAMITI qui gère les mangroves à Ambanja est appuyé par l’association SAGE ...... 39

Cliché 21 : Panneau signalétique d’activités de reboisement effectuées à Antsahampano...... 44

Cliché 22 : Les palangres sont les engins de pêche appropriées pour capturer les poissons de fond 46

Cliché 23 : L’utilisation des filets maillants est très courante ...... 46

Cliché 24 : Le VOI a bénéficié de l’appui du GEF PNUD pour la dotation de pirogue ...... 47

Cliché 25 : L’augmentation de la production engendre une hausse des revenus des pêcheurs...... 53

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Caractéristiques des couches de sol (site aux environs d’Antsahampano) ...... 10

Tableau 2 : Familles, espèces et noms locales des espèces de palétuviers présent à Antshampano . 31

Tableau 3 : Familles et noms vernaculaires des espèces d’animaux d’Antsahampano ...... 33

Tableau 4 : Comparaison des éléments naturels avant et durant la période de transfert de gestion des ressources naturelles en faveur du VOI...... 50

Tableau 5 : Comparaison du composant biologique avant et durant la période de TG ...... 51

Tableau 6 : Comparaison pour la pêche de poissons avant et après le transfert de gestion...... 58

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SOMMAIRE INTRODUCTION ...... 2 PREMIERE PARTIE : LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE LA REGION .... 4 CHAPITRE I : LES FACTEURS NATURELS DETERMINANTS DE L’IMPLANTATION DE LA MANGROVE ...... 5

CHAPITRE II : LES RELATIONS ENTRE MILIEU HUMAIN ET LA MANGROVE 13

CHAPITRE III : LA MISE EN VALEUR DE L’ESPACE D’ANTSAHAMPANO 20 CONCLUSION PARTIELLE ...... 25 DEUXIEME PARTIE : LA MANGROVE ET L’APPLICATION DU NOUVEAU SYSTEME DE GESTION (GELOSE) ...... 26

CHAPITRE IV : LES MANGROVES ET LEURS CARACTERISTIQUES ...... 27 CHAPITRE V : LA MISE EN PLACE D’UNE NOUVELLE STRUCTURE DE LA GESTION DE LA MANGROVE D’ANTSAHAMPANO (la GELOSE) ...... 38 CHAPITRE VI: LES APPORTS DE LA GELOSE DANS LA GESTION DE LA MANGROVE ...... 43 CONCLUSION PARTIELLE ...... 48 TROISIEME PARTIE : BILAN ET STRATEGIES POUR LA SECURISATION PERMANENTE DE LA MANGROVE ...... 49 CHAPITRE VII : LES AVANTAGES ACQUIS APRES LA MISE EN ŒUVRE DU TRANSFERT DE GESTION (TG)...... 50 CHAPITRE VIII : LES PROBLEMES ECONOMIQUES ET SOCIAUX DU TRANSFERT DE GESTION AUX VILLAGEOIS ...... 55 CONCLUSION GENERALE ...... 68 BIBLIOGRAPHIE ...... 70 TABLE DES MATIERE ...... 73

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Figure 1 : Carte de localisation du village d’Antsahampano.

Sources : FTM BD 500 IEFN Système de projection : LABORDE Madagascar Edition : auteur, septembre 2010

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INTRODUCTION La mise en valeur des ressources naturelles est une voie possible pour le développement des pays en voie de développement. L’on sait que Madagascar possède beaucoup de ressources naturelles en faveur des communautés.

Cependant son exploitation incontrôlée, au fil des années sans préservation conduit non seulement à sa destruction progressive mais aussi un risque d’épuisement total.

Ces ressources sont assez diversifiées dans le pays, comme celles issues d’écosystèmes marins et terrestres. Madagascar présente un grand handicap quant au problème de conservation et préservation de ces ressources naturelles.

Aujourd’hui, le pays conscient du problème, tente de redresser la situation en mettant en place une nouvelle politique nationale afin d’aborder une fois pour toute et de façon durable la conservation et la préservation intégrées de ces ressources naturelles.

Une des stratégies mise en exergue dans cette politique est la sensibilisation des communautés locales décentralisées pour la prise en charge directe de leurs propres ressources. Cette politique de décentralisation des pouvoirs de gestion et de conservation est marquée par l’adoption d’un outil du transfert en l’occurrence la GELOSE (Gestion Locale Sécurisée) régie par la loi du 96/025 donnant les prérogatives du processus de cette nouvelle orientation de la gestion de proximité dans tout le pays au niveau national.

Les écosystèmes de mangroves, constitue un des écosystèmes les plus riches en biomasse de la planète .On les rencontre en général sur la côte nord-ouest de Madagascar, se développant dans la zone de balancement des marées appelée estran des côtes basses des régions tropicales. Elles peuvent être également rencontrées dans des marais à mangroves de l'embouchure de certains fleuves, milieux ayant une diversité particulière pouvant procurer des ressources forestières et halieutiques aussi importantes qu’indispensables pour la subsistance quotidienne des habitants et de la population de la région.

Le village d’Antsahampano dans la région DIANA est situé dans la partie littorale de la commune urbaine d’Ambanja, abritant 7423 ha de forêts de mangrove qui peut être classé parmi la région qui possède la plus grande zone de mangroves de la partie Nord de l’île.

Depuis quelques décennies, la dégradation de la mangrove est très remarquable et alarmante à Antsahampano, se présentant par la diminution de la forêt en surface et en volume, entrainant ainsi une nette diminution des ressources halieutiques. 2

L’impact de cette dégradation a été ressenti au niveau écologique, économique et social dans la région. Cette situation nous permet d’affirmer que l’avenir de l’exploitation de la mangrove Antsahampano est plus que menacé.

Ainsi, une exploitation rationnelle s’avère par conséquent nécessaire pour la préservation de ces ressources naturelles.

La problématique qui se pose est de savoir « quelles sont les mesures déjà prises et celles à prendre pour que la mise en valeur de la mangrove soit durable ».

Les trois parties du devoir répondent à cette problématique. Car elle concerne respectivement :

➢ Les principales caractéristiques de la région.

➢ La mangrove et l’application du nouveau système de gestion (GELOSE).

➢ Le Bilan et les stratégies pour la sécurisation permanente de la mangrove.

L’approche inductive que nous avons adoptée dans les différentes étapes a permis de délimiter dans un premier temps le terrain ainsi que le secteur de travail et dans un deuxième temps à procéder :

➢ d’une part, à des recherches documentaires et bibliographiques des littératures.

➢ d’autre part, à accomplir des descentes sur site pour travaux de terrain, au cours desquelles des rencontres et entretiens avec les différents responsables et acteurs communautaires ont été privilégiés, pour les enquêtes, ainsi que le taux d’échantillonnage de 10% de ménage de l’élaboration des cartes thématiques pour l’illustration des documents et des travaux de dépouillement destinés à la rédaction du document final.

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PREMIERE PARTIE : LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE LA REGION

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CHAPITRE I : LES FACTEURS NATURELS DETERMINANTS DE L’IMPLANTATION DE LA MANGROVE La mangrove se trouve un peu partout sur le littoral du bas Sambirano. Les conditions naturelles telles que: le climat, la morphologie, ou encore la pédologie sont réunies dans la région et favorables à son développement.

1.1. Un climat tropical humide typique de la région du Sambirano 1.1.1. La température moyenne annuelle La température moyenne annuelle de cette région est environ de 26°C ; à titre de comparaison elle est plus chaude que celle de la côte Est et sud de Madagascar de 24°C environ. Puis, cette région se caractérise également par une faible amplitude thermique. Ceci est expliqué par l’influence modératrice de la mer. La température marine varie entre 28°C (Février) et 25°C (août).

Cette courbe illustre cette faible amplitude thermique de l’ordre de 4°C la région pouvant être expliqué par l’influence modératrice de la mer.

Figure 2 : Courbe de la température annuelle à Ambanja en °C

Source : Batistini, étude géomorphologie de Nosy-Be, sambirano, Ampasindava Réalisation : auteur

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1.1.2. La pluviométrie Le mécanisme du vent contournant le massif du Tsaratanana et la formation de la dépression d’origine dynamique sous le vent provoquent une forte quantité de pluie dans la région du Sambirano et peuvent donner un caractère orageux même pendant la saison sèche.

Figure 3 : Courbe de la précipitation annuelle à Ambanja en °C (mm)

Sources : Batistini, étude géomorphologie de Nosy-Be, sambirano, Ampasindava Réalisation : auteur

Cette courbe de précipitation annuelle à Ambanja est un critère idéal et déterminant pour départager les saisons de la région du Sambirano.

La possibilité de pluie de convection toute l’année : on constate l’existence de la saison sèche d’octobre en avril d’où la moyenne annuelle est de 2196 mm par contre il atteint 541mm en janvier et descend jusqu’à 20mm le mois de juillet.

1.1.3. Un régime du vent très spécifique de la région L’alizé, arrêté par le massif du Tsaratanana, ne se fait pas sentir dans la région de Nossi-Bé et du Bas-Sambirano. Leur absence permet l’établissement d’un régime : le talio et le Varatraza. Ces vents d’origine locale n’ont ni constance, ni violence. Ce sont des vents de

6 force modérée, et qui souffle rarement quelques heures de suite dans la même direction. Le vent violent est très rare dans la région sauf lors du passage de cyclone.

1.2. Le relief deltaïque et le sol alluvionnaire du Sambirano. 1.2.1. Les aspects physiques déterminant l’implantation de la mangrove ❖ Une formation géologique diversifiée - La formation sédimentaire

La région du Sambirano est caractérisée par un rétrécissement de la zone sédimentaire, qui se trouve probablement en majeure partie immergée.

L’Isalo I (Karoo supérieur) reposant directement sur le socle cristallin affleure entre le massif ancien et le delta de Sambirano. Ce sont des grés plus ou moins grossiers, qui présentent parfois une structure entrecroisée, le pendage général est vers le nord-ouest.

Le Lias Supérieur, qui présente les mêmes faciès, constitue le substratum (croquis n° 04).

- La formation intrusive :

Le caractère essentiel de la géologie de la région de Nosy-Be et du Bas Sambirano est l’intrusion à travers les horizons sédimentaires, de nombreuses venues éruptives post- Liasiques. Ces intrusions sont représentées par des granites alcalins (Nosy-Be, Ampasindava), des syénites du type pulaskite et laurivikite, des syenites nepheliniques et des phonolites. Ces roches, qui ont traversé à l’emporte pièce en les déformant localement les horizons sédimentaires du Lias, forment des massifs.

Une récente éruption volcanique, probablement Plio-quaternaire, dont certains volcans ont gardé encore presque intacte leur forme originelle.

❖ Les formes du relief ; La zone étudiée est formée par un bas relief où les mangroves s’y implantent. La morphologie est dominée par une plaine.

Les ruisseaux et les rivières forment des méandres dus à une faible inclinaison de la pente morphologique. A l’Ouest d’Antsahampano dominent les accumulations sableuses où s’étalent les palétuviers. Un autre aspect essentiel de cette côte marine réside dans l’existence des reliefs coralliens de types frangeant. Leur morphologie est très étroitement liée aux deux caractères : raideur fréquente des reliefs précoralliens.

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Le massif corallien d’Ankify (figure N°04°) montre une grande prolifération de coraux et une richesse d’espèces marines. Les principaux caractères morphologiques de ce relief sont la faible largeur du platier, la continuité de la frange corallienne, sans interruption sur 6.5km ; la pente généralement très faible de la bordure externe vivante du récif.

Les formes de l’intrusion :

Le massif d’Ankify est constitué par des roches sédimentaires liastiques et jurassiques truffée par des intrusions des roches éruptives, qui forment l’ossature des massifs. Les crêtes maitresses correspondent dans le massif d’Ankify aux affleurements des roches intrusives. Les points hauts sont constitués par des syénites. On rencontre aussi des filons de microgranite alcalin et le trachyte.

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Figure 4 : Carte de la géomorphologique aux environs d’Antsahampano

Sources : FTM BD 500 IEFN Système de projection : LABORDE Madagascar 9 Edition : auteur, septembre 2010

1.2.2. Un sol à texture alluvionnaire récent. Le sol a une texture particulière que l’on trouve dans les environs d’Antsahampano.

Tableau 1 : Caractéristiques des couches de sol (site aux environs d’Antsahampano) Profondeur en mètre Couche observée

Entre plus 1,50m et moins 2,10m Sable gris limoneux avec les débris de bois Altitude absolue

Vase légèrement sableuse semblable à la vase actuelle moins de 2,10m- moins de 2,70m de la mangrove moins de 2,70m- moins de Vase de mangrove ancienne 10,20m

Sable fin contenant des coquilles marines et des débris Moins 10,20m – moins 13,50m : de coraux

Sources : Batistini : Etude géomorphologie de Nosy-Be, Sambirano, Ampasindava

L’interprétation de ce tableau permet de prouver et d’affirmer que l’érosion causée par le fleuve du Sambirano en amont provoque un dépôt alluvionnaire caractérisé par la présence des matériaux fins comme les argiles, les sables ou limons.

En conséquence, les alluvions sableuses grossières ne sont pas très fréquentes, généralement, elles sont légères, sableuses fines, et fortement micacées présentant des teintes allant du brun- clair au jaunâtre.

Ces sols font partie des conditions favorables au bon développement des mangroves dont ceux qui se trouvent dans les dépressions littorales de couleur foncée, allant de gris au noir car ils sont caractérisés par l’abondance de matières organiques et par la présence de sulfate. Il est à noter qu’à cause de leur haute teneur en sodium, ces sols sont susceptibles de se prêter également aux cultures de cocotiers.

1.3. Des potentiels biologiques importants et une hydrologie fournie 1.3.1. Les formations végétales présentes : Actuellement la région du Sambirano possède des ressources forestières importantes comme: le réserve spéciale de Manongarivo, la réserve naturelle intégrale de Tsaratanana et les différentes forets classées. La mangrove occupe une place importante dans

10 ces formations végétales du fait qu’elle se trouve un peu partout dans la partie littorale du bas Sambirano.

Cliché 1 : Les mangroves, formations végétales à l’interface de la terre et de la mer

Mer Maisons Route Ylang Ylang Foret

Coupe transversal au niveau du village d’Antsahampano

Cliché 2 : Des champs d’ylang ylang à proximité du village

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Figure 5 : Occupation du sol dans la région du bas Sambirano

Sources : FTM BD 500 IEFN Système de projection : LABORDE Madagascar Edition : auteur, 1er octobre 2010 12

1.3.2. Une mer calme en général. Sur la côte nord-ouest de Madagascar la houle est d’origine locale, cette caractéristique la distingue des autres côtes de Madagascar (sud-ouest et Est) dont la houle plutôt lointaine et d’origine australe est très importante.

Le marnage est élevé et la turbidité des eaux marines varie selon leur exposition au cours des différentes saisons de l’année. La plus grande partie des éléments en suspension dans la mer provient des rivières et à plus forte raison, lors des saisons de pluies, elles sont très chargées en particule argileuse provenant des attaques ferralitiques en amont. Les eaux chargées sont généralement rabattues par le vent et le courant vers le fond de la baie, où se produit l’essentiel de la sédimentation vaseuse dans les mangroves.

1.3.3. Un système hydrographique fourni (delta, embouchure) Le Tsaratanana constitue le principal « château d’eau » de la région du Sambirano. Le fleuve Sambirano prend sa source sur le versant Sud de Maromokotra. Les réseaux hydrographiques sont constitués principalement de quelques rivières , Beangona, Antotorogno, Beambahy et Ambahatra qui se jettent toutes dans le fleuve Sambirano. Ce sont ces nombreux cours d’eau qui alimentent les formations de mangroves en eau douce.

CHAPITRE II : LES RELATIONS ENTRE MILIEU HUMAIN ET LA MANGROVE 2.1. La répartition de la population ses caractéristiques. Etymologiquement ; le nom « Antsahampano » vient de deux mots « saha » et « fano » qui veut dire l’endroit ou se trouve la tortue de mer. La zone de mangrove était autrefois un site de ponte des tortues de mer qui se font de plus en plus rare actuellement.Antsahampano fait partie de la commune urbaine d’Ambanja, sa population atteint environ 3480 personnes reparties en quelques hameaux vivant dans la ruralité.

2.1.1. La répartition spatiale de la population Parmi les trois hameaux (Maroakoho, Ambaliha et Antanabe) qui représentent le Fokontany Antsahampano ; le hameau d’Antanabe doté de presque toutes les infrastructures et les équipements urbains comme le port, les infrastructures maritimes, les écoles publiques et privées, le CSB2, l’électricité, le dépôt de SOLIMA, … ; constitue les 80% de la population totale. A Antsahampano les populations se regroupent en grande famille dans laquelle chaque ménage est constitué en moyenne de cinq (5) personnes avec un revenu presque dérisoire. On y compte actuellement 1900 maisons fabriquées en matériaux traditionnels.

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Figure 6 : Carte de la répartition de la population dans les trois villages d’Antsahampano

14 Sources : FTM BD 500 IEFN Système de projection : LABORDE Madagascar Edition : auteur, septembre 2010

Le Fokontany d’Antsahampano a une population très jeune ; plus de 60% de l’ensemble ont moins de 30ans et 10% seulement atteint l’âge de 45ans. Cette jeunesse est une lourde charge sociale au niveau de chaque ménage avec un taux de dépendance assez élevé.

Ce potentiel en ressource humaine sera d’un appui favorable pour l’exploitation de la mangrove et des produits de la mer.

- La religion et l’ethnie Presque toutes les tendances religieuses existant à Madagascar sont rencontrées à Antsahampano et le culte de l’ancêtre prend une place importante. En général ; dans le village, l’islam est le plus pratiqué et la plupart des musulmans sont originaires de Comores qui investissent dans la culture des cocotiers au détriment de la mangrove.

L’ethnie Sakalava représente plus de la moitié de la population ; le reste étant constitué des autres ethnies comme les Tsimihety, les Antaimoro, les Antandroy et les Comoriens.

La boisson alcoolique locale appréciée par la population est un vin de palme traditionnel tiré des fruits du cocotier appelé communément « trembo » ; cette boisson bon marché; est servie au cours des cérémonies et rituelles traditionnelles à l’instar des «joro », mariage, enterrement, fête populaire …., et peut être consommée quotidiennement par tous les amateurs.

La fabrication de « trembo » est très répandue dans le village, c’est une source de revenus pour une certaine couche de la population d’Antsahampano. Ce type de vin est vendu au chef lieu de la commune et Antsahampano est très réputé pour sa qualité ; c’est une raison de plus qui favorise l’implantation de cocotiers à la place de la mangrove.

Le mythe et la croyance de la population considèrent que certaines parties de la forêt de la mangrove sont des lieux sacrés et y aller pour fouler le sol est tabou. Cette superstition a comme avantage la conservation naturelle du périmètre concerné et a permis par la même occasion d’éviter sa dégradation.

2.2. La dynamique et la migration de la population Le taux d’accroissement annuel de la population est de 1,43%. Le taux de natalité relativement élevé de l’ordre de 4,1 % explique cet accroissement tandis que celui de la mortalité infantile reste catastrophique (1,5%).

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L’espérance de vie à la naissance est de 50 ans pour l’homme et 60 ans pour les femmes. La précarité de la situation sanitaire de la population locale demeure un des facteurs de blocage de l’amélioration de l’espérance de vie de la population.

La migration est favorisée par l’existence de la station portuaire marine ainsi que le potentiel en ressources naturelles exploitables constituent entre autres des facteurs de la migration dans le village.

Des migrants saisonniers arrivent régulièrement dans le village pendant la saison de récolte du riz, des cultures de rente, pour le commerce des produits de mer et pour l’exploitation des bois de mangrove.

Les migrants vont jusqu’à s’installer définitivement dans le village exploitant au maximum les produits et ressources naturelles locaux étant ainsi parmi les destructeurs des ressources de la mangrove. L’administration publique par le biais du fokontany n’arrive pas à maitriser le flux humain ni à en faire le contrôle et suivi.

2.3. Les infrastructures sociales ❖ Les centres de santé Malgré l’existence de CSB, la couverture sanitaire de la population d’Antsahampano reste toujours précaire. Le faible pourvoir d’achat de la population locale en est l’une des principales causes entrainant les gens à se tourner vers la médecine traditionnelle par la consultation des tradipraticiens locaux (Tromba ; Mpimasy ; …).

L’accessibilité à l’eau potable par l’insuffisance de bornes fontaines reste encore un grand problème. Ainsi l’assainissement défaillant, le manque d’hygiène pour l’évacuation des égouts et l’insuffisance des toilettes suivant les normes :… facilitent la reproduction des moustiques vecteurs du paludisme qui est une maladie courante de la localité. De même l’accroissement du taux d’insalubrité de la ville entraine la destruction et la perturbation de l’écosystème de la mangrove et de la zone littorale.

Au total, la défaillance au niveau de la santé de la population n’est pas sans conséquence sur la préservation de la biodiversité de la région.

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Cliché 3 : Antsahampano est équipé d’un centre de Cliché 4 : Le niveau d’équipement du CSB laisse santé de base encore à désirer

❖ L’insuffisance des infrastructures scolaires de base Antsahampano possède quelques établissements scolaires dont un seul est public et les autres privés c’est-à-dire payants. Ces derniers se sont installés récemment dans le village pourront contribuer certainement à résoudre le problème de l’analphabétisme.

Cependant, le problème d’accès à l’éducation; la continuité des études à un niveau supérieur et la spécialisation restent un handicap pour fixer l’avenir de l’élève, à cela s’ajouterait encore l’exploitation abusive des ressources naturelles.

La population d’Antsahampano connait un fort taux d’analphabétisme qui touche toutes les tranches d’âge. Ce phénomène est dû à la mauvaise qualité de l’enseignement dispensée dans la localité (insuffisance des infrastructures …) l’incapacité des parents d’élèves à scolariser leurs enfants dans les écoles privées qui sont plus performantes.

Par conséquent, la population par son ignorance, se montre indifférente à la sensibilisation faite dans le sens de la préservation de la conservation qui se répercute sur une exploitation abusive des ressources naturelles de la mangrove.

Il en résulte la chute de la production halieutique dans le village depuis quelques années à la suite d’une exploitation irrationnelle et inconsciente par la population entrainant la dégradation de l’écosystème.

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Cliché 5 : une EPP à Antsahampano Cliché 6 : Une des écoles privées du village ❖ les infrastructures et les équipements existants Dans le district d’Ambanja, Antsahampano est doté d’un port fluvial mais du fait du bas niveau de la marée et de l’ensablement, cet ancien port principal du district, a ainsi perdu sa place par la diminution de ses activités au profit de celui d’Ankify. Cette situation oblige une partie de la population à s’orienter vers d’autres secteurs d’activités comme l’exploitation de la mangrove.

L’accessibilité de la commune d’Antsahampano devient encore plus facile car il n’est pas loin de la ville d’Ambanja, de plus la voie fluviale facilite largement le transport par rapport à la voie terrestre qui n’est dotée que de rares pistes assez praticables menant au chef lieu de la commune ou du district.

En matière d’énergie, le village d’Antsahampano, bénéficiant de l’implantation d’un dépôt de la SOLIMA, est le seul village de la périphérie du district qui dispose de l’électricité ; il ravitaille également par la même occasion la ville d’Ambanja en hydrocarbure.

Néanmoins, l’absence de l’électricité pour certains ménages ou certains lieux du village prouve que le coût de l’électricité n’est pas encore à la portée de tous ; le nombre des abonnés à la JIRAMA reste faible et l’existence de fréquentes coupures intermittentes du courant, ne fait qu’accroitre d’avantage l’insécurité.

La seule source d’énergie accessible pour tous les ménages est le bois de chauffe et/ou le charbon de bois source non négligeable du défrichement et de la déforestation de la mangrove.

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Cliché 7 : Les locaux de l’ancienne SOLIMA Cliché 8 : Les dépôts de l’anciennes SOLIMA La présence de ces installations témoigne de l’ancien gradeur du village d’Antsahampano

❖ Le Niveau de vie de la population Les pêcheurs et les exploitants forestiers ont des revenus plus importants par rapport aux paysans et aux éleveurs ; leurs activités de productions quotidiennes, menacent un épuisement rapide de ces ressources exploitables pour la zone.

En comparant, la population du chef lieu de la Commune (Ambanja) à celle d’Antsahampano celle-ci peut être qualifiée de “Citoyen de seconde zone”. Cette situation s’explique par la présence de tous les méfaits d’un assainissement insuffisant, d’habitation précaire, d’insalubrité et d’encombrement par les eaux de surface polluées, l’éloignement des puits et forages la prolifération et la nuisance des insectes, des rongeurs ; voire des serpents et scorpions, c’est une lieu invivable pour le minimum de confort

❖ Vol et insécurité : Le faible revenu de chaque individu, justifie les infractions comme le vol et la violation des réglementations en général sur l’interdiction de l’exploitation des ressources de la mangrove. Ces pratiques sont monnaie courante et l’insécurité règne dans le village. Il est à noter que le problème de l’électrification, la fermeture des usines de traitement des cultures de rente ont réduit les ouvriers au chômage et surtout l’interdiction de l’exploitation de la mangrove a aggravé la situation.

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CHAPITRE III : LA MISE EN VALEUR DE L’ESPACE D’ANTSAHAMPANO

3.1. La prédominance des activités de pêche Le pèche est la principale activité de la population et constitue une source de revenus journaliers pour la majorité de la population locale. Depuis quelques temps, les pêcheurs se sont groupés en association pour bénéficier des appuis techniques et financiers des organismes et des projets qui travaillent dans le cadre du développement communautaire. Cette initiative a permis d’observer une nette amélioration qualitative des techniques de pêche dans le village.

Malgré, l’acquisition de nouvelles techniques et de nouveaux matériels de pêche beaucoup de pécheurs préfèrent encore l’utilisation des techniques traditionnelles des lignes, filets, nasses, pirogues, et le ramassage.

La remarquable présence d’une grande variété de poissons ; trépangs et crustacés (crabes et crevettes) dans cette zone, attire la population locale et régionale à travailler dans ce secteur comme pêcheurs, collecteurs, mareyeurs et exportateurs.

Les produits cibles sont les ressources immédiatement disponibles et d'accessibilité facile sur le platier récifal, les îlots récifaux…. les poissons de récif comme les Lethrinus chrysostomus, Siganus canaliculatus, Gerres sp, Lutjanus argentimaculatus, Lutjanus vitta, Epinephelus sp sont les plus prisés par les pêcheurs. Les différentes espèces exploitées sont données en annexe 02.

3.2. La production agricole, l’élevage et les autres activités

3.2.1. Une agriculture aux techniques peu évoluées : En matière de travaux agricoles, l’utilisation des matériels de traction mécanique comme la charrue et la herse sont couramment employés pour les travaux de champs.

A cause de leur coût de location les tracteurs et les autres matériels plus modernes sont hors d’atteinte pour les paysans et même certains outils traditionnels rudimentaires peuvent être non accessibles et sujets à des prêts auprès d’entre eux.

Le manque, voire l’inexistence de l’encadrement en matière de techniques agricoles ainsi que l’application de techniques inappropriées donnent de faibles rendements à la production. De plus, les problèmes liés à la baisse et l’instabilité des prix des récoltes découragent beaucoup les paysans.

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Mis en face de ces problèmes, les propriétaires des terres choisissent le métayage. Ce système est pratiqué par plus de la moitié des paysans cultivateurs du fokontany d’Antsahampano c'est-à-dire il y a un accord entre le propriétaire et les cultivateurs sur le partage selon une proportion consensuelle préalable lors de la récolte. Le cas le plus fréquent est que le 2/3 reviennent à l’exploitant et les 1/3 au propriétaire.

Le métayage est le mode d’exploitation traditionnel permis officieusement est une véritable exploitation de l’homme par l’homme. L’afflux des immigrants venus s’installer dans le village, a contribué largement à l’expansion de ce système.

3.2.2. Les différents types de production agricole : Pour la zone côtière, la production agricole représente plus de 25% de surfaces agricoles aménageables et favorables aux différents types de cultures et spéculations.

Dans le Fokontany d’Antsahampano les activités agricoles sont axées principalement sur la culture du riz qui s’implante souvent dans la tanne aux environs du village

Après le riz ; le manioc, le maïs et les autres céréales sont cultivés comme des cultures d’appoint.

Les cultures de rente cacao, vanille, café, girofle, et les plantes à parfum (culture d’ylang ylang) se classent également parmi les activités agricoles caractéristiques et symboliques de la région. Une partie du village d’Antsahampano est occupée par la culture d’ylang ylang.

La présence de cocotiers n’est pas négligeable dans la partie littorale. Dans certaines zone littorale on trouve aussi des cultures fruitières surtout bananiers et agrumes.

Certes la potentialité agricole d’Antsahampano apparait considérable pourtant le village n’est pas encore au stade de l’autosuffisance alimentaire ; c’est ainsi qu’en période de soudure ; l’importation du riz est incontournable.

3.2.3. L’élevage extensif de bovins: La zone côtière en général est largement déficitaire en matière d’élevage car les conditions climatiques (chaleur et humidité) sont inadaptées à l’élevage bovin, porcin ou avicole.

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L’élevage bovin, de type familial existe et il est souvent associé aux activités rizicoles et à la pêche traditionnelle. Dans ce type d’exploitation, le zébu est utilisé comme animal de traction (charrue, charrette) et non comme animal d’abattage. Par conséquent la filière est encore loin de se développer dans la région.

Les problèmes liés au développement de l’élevage dans le village d’Antsahampano sont de toute sorte à savoir l’amélioration génétique, l’insuffisance des provenderies et la promotion de la culture de fourrages, l’inexistence de l’aménagement des abreuvoirs, l’insuffisance d’organisation de marchés bestiaux et des couloirs de vaccination.

Plus particulièrement pour l’élevage avicole, le professionnalisme est loin d’être atteint on pratique l’élevage domestique dont le problème principal est la vaccination.

L’élevage porcin est une activité nouvelle pour la population locale, son avenir reste incertain car la population à majorité musulmane la consommation de viande de porc est taboue.

3.2.4. Les activités artisanales et autres: Dans le village d’Antsahampano, les activités artisanales existent bel et bien et constituent pour la majorité de la population une source importante de revenus, cependant les problèmes restent sur l’aspect financier par le manque de promoteurs, d’encadrement toutefois les artisanats sont avantagés par la présence de l’Ile de Nosy-Be pour écouler facilement leurs produits.

Les artisans utilisent des matières premières locales et s’impliquent dans la fabrication des meubles en bahut, lit, chaises et tables…. dont la matière première est le bois de palissandre.

La fabrication de moyens de transport, la charrette figure parmi les artisanats du village. Sa fabrication nécessite beaucoup de main d’œuvre et surtout du temps. Le village fabrique aussi des pirogues à balancier.

3.3. Les organismes d’aide au développement Le village d’Antsahampano fait partie intégrante de la zone périphérique de l’aire protégée (AP) de « Lokobe ». Nombreux sont les organismes qui ont apporté leur soutien dans différents domaines dont le plus important intègre la gestion durable de l’environnement ainsi que la mise en place de certaines activités alternatives dont l’impact a permis de diminuer notablement les pressions anthropiques sur les ressources naturelles.

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3.1.1. Les organismes œuvrant dans le domaine de l’environnement Antsahampano a eu également l’avantage de faire partie des sites de référence ou sites pilotes pour la mise en œuvre du projet d’appui du GEF/PNUD au PE3 qui se déroulent dans les zones périphériques de l’AP de Lokobe. Ce projet met en œuvre le développement des modèles de gestion durable des ressources naturelles reportables en d’autres lieux et dont l’effet tache d’huile atteindra certainement le village.

Citons en outre que le village d’Antsahampano a pu bénéficier de l’appui des projets et organismes comme :

- Le Société d’Appui à la Gestion de l’Environnement (SAGE) : organisme qui a accompagné la Comité Local de Base (CLB) pour l’application de la gestion durable de l’environnement par le renforcement de la capacité en législation de pêche et de gestion forestière, la mise en place d’un mécanisme de résolution des litiges, en gestion associative et de suivi communautaire des ressources naturelles. - le l’OCC (Ocean Consultant) organisme ayant apporté son soutien à la CLB pour l’augmentation de la production de pèche. En inculquant des formations et d’initiation aux nouvelles techniques de pèche par l’utilisation de nouveaux matériels. Son action étant complémentaire à celles de SAGE. Les accompagnements effectués par ces deux organismes, ont été précédés par la mise en place de référentiels de développement intégrant la dimension environnementale et l’identification participative des filières, objets de ces appuis, dirigé par le PCD (plan communal de développement) Vert concernant toute la commune d’Ambanja. Outre le PE3 (Programme environnementale 3), le SAGE a également par la suite appuyé la CLB pour la communication de l’intérêt du GIZC (Gestion intégrée des zones côtières) dans le cadre du PROGECO financé par l’Union Européenne en 2009.

Le Lions Club a aussi apporté sa contribution dans la sensibilisation et l’encadrement de la CLB pour le reboisement.

3.3.2. Dans le domaine de l’amélioration des revenus De nombreux organismes ont œuvré a Antsahampano pour l’amélioration du niveau de vie citons entre autre :

- Le PSDR (Projet de Soutien pour le Développement Rural) pour l’appui technique, matériel et financiers des quelques bénéficiaires dans les domaines de la pêche et de l’agriculture. 23

- Le MGHC pour la mise en place d’activités génératrices de revenus comme les cultures maraîchères, la riziculture améliorée et l’apiculture. Toutes les initiatives de ces organismes sont sollicitées pour le développement économique, social et surtout environnemental de la région mais leurs activités ne sont pas ressenties au niveau de la couche la plus pauvre de la population et la pérennisation des acquis reste encore un grand problème.

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CONCLUSION PARTIELLE

Les conditions favorables au développement de la mangrove sont réunies dans la Région qui comprend le village d’Antsahampano à savoir le relief, le sol, le climat, l’hydrologie….

Au niveau de l’occupation humaine, les habitants du village sont majoritairement composés de Sakalava. En outre, ce village est marqué par une croissance très rapide de la population qui est due à la natalité élevée et aux migrations incontrôlées.

Malgré l’existence de différentes activités et la mise en valeur de l’espace, la majeure partie de la population exploite les zones de la mangrove comme la source principale de leurs revenus.

Cette ressource n’arrive plus à suivre la pression qui devient de plus en plus accentuée de la part de la population. C’est pourquoi, on assiste à une dégradation de la forêt de mangrove à Antsahampano.

Ce constat nous permet voir les caractéristiques de la mangrove et les états de lieu, puis, les différentes stratégies misent en place pour tenter de sauver la situation.

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DEUXIEME PARTIE : LA MANGROVE ET L’APPLICATION DU NOUVEAU SYSTEME DE GESTION (GELOSE)

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CHAPITRE IV : LES MANGROVES ET LEURS CARACTERISTIQUES

4.1. Les mangroves : un écosystème particulier1

4.1.1. Les caractéristiques physiques de la mangrove La mangrove est un type d’écosystème qui se développe dans un milieu particulier c’est à dire l’interface entre l’écosystème marin et terrestre.

❖ L’adaptation à une salinité élevée : Les arbres tolèrent bien le taux de sel élevé de la mangrove. Ce sont des plantes halophiles ou plus exactement halo-résistantes. Il peut résister à ce taux de salinité grâce à l’imperméabilité de leurs racines et la capacité de stockage de salinité des feuilles de cet arbre. La mangrove est parfaitement adaptée au cycle des marées.

❖ L’adaptation à une faible oxygénation du sol : Le sol de la mangrove est constitué de vase littorale, un milieu qualifié d’anaérobie (rareté de l’oxygène), sauf quand il s'agit du sable. La respiration des arbres est donc assurée grâce à des organes complexes développés dans les racines.

Les palétuviers ont également développé des mécanismes pour limiter la quantité d'eau qu'ils perdent de leurs feuilles par le contrôle de l’ouverture de stomates, des petits pores sur la surface de leurs feuilles qui échangent des gaz et de la vapeur d'eau pendant la photosynthèse.

❖ Le Système de récupération de nutriments : Les systèmes racinaires en forme d'échasses permettent aux palétuviers de récupérer les gaz directement de l'atmosphère et les divers autres aliments, comme le fer du sol inhospitalier. Ils stockent souvent les gaz directement à l'intérieur des racines de sorte qu'ils puissent être alimentés lorsque les racines sont submergées pendant la marée haute.

❖ Évolution des jeunes plantules Les palétuviers évoluent pour assurer le mécanisme d'aide aux jeunes plantules. Tous les palétuviers ont des graines flottantes qui favorisent leur dispersion par l'eau. À la différence de la plupart des plantes, dont les graines germent dans le sol, beaucoup de

1 Sources: wikipedia , http://www.ird. http://www.fao.org/forestry/mangrove/fr/, http://www.futura- sciences.com/fr/definition/t/botanique-2/d/mangrove, http://www.disparition-mangroves, http://www.wrm/deforestation/mangroves, http://cactustour.com/costa-rica/la-nature/la-flore/arbres-et-forets/mangrove …

27 palétuviers (par exemple palétuvier rouge) sont vivipares c'est-à-dire que leurs graines germent sur l'arbre avant de tomber. Une fois que la graine a germé, la plantule se développe dans le fruit ou vers l'extérieur en se servant du fruit comme support. On nomme ce dernier système une propagule. Quand la propagule est mûre, il chute dans l'eau où il peut être transporté sur de grandes distances. Il peut survivre à la dessiccation et rester dormant durant des semaines, des mois, ou même une année jusqu'à ce qu'il arrive dans un environnement approprié. Une fois qu’une propagule est prête à s'enraciner, il changera sa densité de sorte qu'au lieu de faire un système racinaire horizontal favorisant la flottaison, il produit un système racinaire vertical. En cette position, il est prêt s'enraciner dans la boue.

Croquis 1 : Les feuilles et le système racinaire de la mangrove

Sources : www.mangrove.or.jp/mangrove/

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On rencontre à Antsahampano plusieurs types de mangroves qu’on peut différencier par leurs feuilles et leurs systèmes racinaires. Ce dernier, en forme d’échasses, sont une forme d’adaptation des palétuviers à leurs milieux

Cliché 9 : Une des particularités des palétuviers est leurs racines en forme d’échasse qui leur permet de respirer

4.1.2. Un Rôle écologique important La mangrove joue le rôle de barrière contre la houle et les tempêtes. L’énergie d’une vague peut être réduite de 75 %, lorsqu’elle passe à travers 200 mètres de mangrove si cette dernière est en bon état. Grâce à sa capacité à briser la force des vagues, la mangrove protège des vies humaines et les constructions qui se trouvent sur le littoral.

Il est aussi le filtre contre les pollutions ; les différents systèmes racinaires des palétuviers contribuent à la filtration et à la rétention des polluants (métaux lourds et autres toxiques) contenus dans l’eau, de même qu'à la rétention des nutriments et des matières en suspension. Les mangroves préviennent ainsi pour que beaucoup de polluants n’atteignent pas les eaux côtières. La forêt de mangrove est une zone de piégeage de gaz à effet de serre. Le mécanisme de photosynthèse effectué par cette plante permet de séquestrer des gaz à effet de serre à l’image du CO2.

Les mangroves grâce à l’étendue de l’ancrage de leurs échasses protègent l’écosystème marin comme les récifs coralliens de l’érosion terrestre véhiculé par les fleuves et les cours d’eau. Enfin, les mangroves sont d’une importance capitale car elles stabilisent le

29 niveau de la nappe phréatique des terres arables avoisinantes, elles les protègent de la montée des marées.

Les avantages des mangroves ne se limitent pas à ce rôle écologique. La mise en valeur aussi bien des bois de mangroves ou des espèces animales et végétales constituent des rentrées d’argent intéressantes pour les communautés riveraines.

4.1.3. Un milieu qui génère différentes sources de revenu En plus de sa fonction de protection, un des rôles écologiques de la mangrove est un lieu de reproduction des espèces aussi bien animales que végétales. Elle est également le milieu où se rencontre des espèces de poissons, de crustacés, de coquillages, d’oiseaux rares et d’algues. Les troncs et les racines des palétuviers sont des milieux naturels ou se sont adaptés les mollusques et les bivalves. Les vases, riches en éléments nutritifs sont le domaine où l’on trouve des crabes. Les eaux, dans les chenaux hébergent également différentes espèces de poissons et de crevettes au stade juvénile.

Les ressources halieutiques présentes dans les mangroves constituent une ressource commerciale non négligeable en dehors de la consommation locale. Parmi lesquelles figurent les poissons, les crabes et les crevettes...

Cliché 10 : Crabes des Cliché 11 : Crevettes des Cliché 12 : Poissons marines mangroves mangroves Les produits halieutiques abondent dans le village d’Antsahampano L’utilisation de bois de mangrove pour la fabrication de charbon de bois rapporte, le bois de palétuvier est bien connu par ses qualités ; en terme de prix, le charbon de bois de mangrove est le double des autres types de charbons.

On utilise aussi les bois de la mangrove pour construction des maisons, des clôtures des habitations, de fermes pour les animaux domestiques (voir les clichés 13, 14, 15, 16) ; divers types d’artisanat, des pirogues, les mâts des bateaux …

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La mangrove fournit des plantes médicinales pour la pharmacopée aussi bien locale que nationale, à l’image de l’afiafy qui est connu sur toute l’étendue du territoire national pour ses vertus diurétiques.

4.2. Le cas des mangroves de la région d’Antsahampano Les mangroves typiques de Madagascar poussent jusqu’à 6 à 10 m de hauteur et ont un tronc de diamètre compris entre 0,10 m et 0,15 m. Nous supposerons donc qu’un bois de palétuvier aurait un diamètre de 0.10 m et une hauteur moyenne de 8m, soit un volume de 0,0628 m3 ou 475 m3 constitueraient 7564 pieds, soit avec 1200 pieds par ha et l’exploitation de bois de construction serait de 6 ha tous les 3 ans.

Dans la zone littorale d’Antsahampano la forêt de mangroves couvre une surface d’à peu près 7423 ha. Cette forêt d’Antsahampano constitue la plus grande zone de mangroves de la partie Nord de Madagascar (SAGE Madagascar).

4.2.1. Les types de palétuviers et les ressources halieutiques de la zone ❖ Les espèces de palétuviers Les huit espèces de palétuviers qu’on rencontre à Madagascar sont présentes à Antsahampano. Le tableau suivant donne les détails.

Tableau 2 : Familles, espèces et noms locales des espèces de palétuviers présent à Antshampano

Famille Espèce Nom vernaculaire

Rhizophoraceae Rhizophora mucronata Honkolahy

Rhizophoraceae Bruguiera gymnorhyza Tsitoloina

Rhizophoraceae Ceriops tagal Honkovavy

Avenniaceae Avicennia marina Afiafy

Sonneratiaceae Sonneratia alba Farafaka

Meliaceae Capapa obovatta Lantaka talaotra

Steculiaceae Heritiera littoralis Moromony

Combertaceae Lumnitzera racemosa Votsifihonko

Source : CRADES Ambanja 31

Le temps de régénération d’un palétuvier est estimé à huit ans pour qu’il puisse être exploitable pour les bois de construction et de charbon. La forêt de mangrove de la zone est ainsi constituée essentiellement de rhizophoracées, de verbénacées, de sonneratiacées et de sterculiacées. On ne trouve pas les mêmes espèces dans des milieux différents. Le Rhizophoracée sur sédiments vaseux, épaisses et molles, forme un peuplement dense. En arrière des rhizophoracées se trouvent les peuplements très denses des verbenacées, sur sédiments mieux consolidés, mélés à Sonneratia alba et Cériops. Là où l’amplitude des marées se fait moins sentir et où le temps d’inondation est réduit, l’Avicennia. A la lisière interne se trouve l’espèce Heritiera littoralis (CRADES, 2001).

Croquis 2: Les racines, tiges, les feuilles, les fleurs et les fruits des mangroves

On rencontre à Antsahampano 8 espèces de palétuviers qui existent à Madagascar. Les racines, les feuilles, les fleurs et les fruits permettent de différenciers ces espèces les uns des autres comme le démontre le croquis N°03 ci-dessus.

❖ Les différentes espèces animales de la foret de mangrove Les forêts de mangrove constituent un biotope particulier ou se développent et se trouvent les différentes espèces animales. La population locale a identifié beaucoup d’espèces indiquées par le tableau N°03:

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Tableau 3 : Familles et noms vernaculaires des espèces d’animaux d’Antsahampano

Famille Nom vernaculaire

Oiseaux Mantavazagna, Katoto, Sabero, Soimanga, Goaka, Marofalazy, Tsikirikiry, Kilandy, Vintsy, Droviky, Langaroko, Lombokomana

Tontokoko

Les mammifères Jabady, Fanih

Ovipares Tarondro, Antsasaka, Antalabosy

Crustacés Kalafoba, Drakatra, Tsivakiny, Makamba, Dingadingana (trépang

Mollusque Vorohagna (Tsimifitaka), Saja (huîtres

Poissons Kitrantra, Amborodo, Tsivaravarana, Ambariaka, Karara

Sources : Enquête faire avec la population local 4.2.2. Des bois de mangroves aux multiples usages - Le charbon de bois : L’usage des bois de palétuvier pour faire du charbonnage est une pratique très répandue dans le fokontany d’Antsahampano. Le charbon de bois de la mangrove est très connu par sa qualité si bien que son prix est doublé par rapport aux autres charbons de bois et en plus il est très recherché par les ménages. La fabrication du charbon de bois de mangrove a nettement diminué suite à l’interdiction mise en place du DINA par le CLB. Il ne reste que quelques exploitations illicites dans le village - Le bois de construction : Les habitants du le fokontany d’Antsahampano prélèvent des bois de palétuvier pour les différentes constructions comme les maisons, les clôtures, cependant le prélèvement des ménages pour satisfaire leurs besoins sont insignifiants comparés à celui des exploitants professionnels qui travaillent pour sa commercialisation en dehors du village. Actuellement, les exploitants paient des redevances auprès du CLB. Mais les taxes varient selon le statut du demandeur (population locale ou étrangère…), ou encore les quantités de bois prélevées.

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Cliché 13 : Les maisons de particuliers clôturés par Cliché 14 : Les bois de palétuviers servent des bois de palétuviers également de supports et de pilotis pour les maisons

Cliché 15 : Même les écoles sont clôturées par des bois de palétuviers

Cliché 16 : Les enclos pour zébus faites avec des bois de palétuviers

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- Le bois de chauffe : L’utilisation du bois de mangroves pour les besoins ménagers ne constitue pas une pression pour l’écosystème. Les quantités prélevées sont insignifiantes. De plus, les villageois ne prélèvent que des bois morts ou « Ala maiky » qui ont autorisé par le DINA. Cependant, il existe des infractions par rapport à cette règlementation. Les mangroves sont coupées et séchées avant d’être commercialisées comme s’il s’agissait de bois secs. - Les ressources halieutiques : Les principales ressources halieutiques mises en valeur dans le fokontany sont les poissons, les crabes, et les mollusques. Les poissons et les crabes sont les principales ressources pour la population locale. Depuis quelques années, on assiste à la diminution de ces ressources à cause de la destruction de la forêt de mangrove et l’augmentation considérable de nombre de pêcheurs. - L’artisanat et autres : les gens du fokontany d’Antsahampano ne s’adonnent pas beaucoup à l’utilisation des bois pour l’artisanat. Seul l’aménagement des tannes représente l’usage direct de l’écosystème de mangroves. Ces derniers sont aménagés pour la plantation des bois de cocotiers destinés à la fabrication du vin de palme un alcool local, également appelé « TREMBO ».

Cliché 17 : Un vendeur d’alcool traditionnel « trembo » acheminant sa production vers Ambanja

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4.2.3. La dégradation de la mangrove de la région Historiquement, les bois de mangrove ont toujours servi à la population pour subvenir à leur besoins : bois de chauffe, bois de construction ou pour la médecine traditionnelle. L’exploitation proprement dite a commencé pendant la colonisation pour le traitement de produits locaux (le cacao, le café, ou l’ylang ylang). Puis, le bois de palétuvier est connu pour sa haute valeur énergétique.

En 1955, l’Etat, conscient de la dégradation des forêts décide de mettre un terme à cette exploitation des bois de mangrove. Cette activité a repris plus tard, par l’accroissement naturel de la population lié à un taux de natalité élevé, et aussi à l’arrivée massive de migrants, durant les années 70. La population locale s’est trouvée dans l’obligation de faire l’exploitation des bois de palétuvier comme une activité parallèle avec l’agriculture ou l’élevage, ou encore avec un emploi dans les sociétés d’Etat. Cette activité s’est carrément transformée en catastrophe écologique au début des années 80 par la chute des sociétés d’Etat. La faillite de celles-ci les ont conduit à la compression du personnel ou à leurs dépôts de bilan.

Depuis l’année 2001 la mise en place de la GELOSE la dégradation de la forêt de la mangrove Antsahampano a nettement diminué. A la suite des problèmes de CLB avec la commune urbaine d’Ambanja, on assiste à une destruction massive de la forêt de la mangrove à Antsahampano. La commune veut imposer les nouveaux bureaux auxquels les villageois n’acceptent pas cette décision. Ce genre de problème est très courant dans différentes GELOSE à Madagascar.

❖ Les principaux causes de la dégradation Tout d’abord, les écosystèmes de la mangrove sont très fragiles ; c’est pourquoi, il est classé parmi les 11 zones sensibles selon « l’arrêté interministérielle N° 4355/97 du 13/05/97 portant définition et délimitation des zones sensibles à Madagascar »

A ajouter à cette fragilité, d’autres facteurs accélérant la dégradation de la mangrove à Antsahampano. D’abord, la disparition des forêts sur la terre ferme a poussé les gens à se tourner vers les forêts de mangroves pour subvenir à leurs besoins (bois de chauffe, bois de construction…) et aussi la commercialisation de plantes comme source de revenu.

Ensuite, la croissance démographique entraina inexorablement une augmentation des besoins en bois de la population. A ce propos les migrants sont les principaux destructeurs de la

36 mangrove car ils ne respectent pas les dispositifs de protection de la forêt, par exemple le tabou.

En fin, suite à la chute et à la faillite des compagnies locales (MILLOT, CNIA, BIOLANDES, COROA…), bon nombre de la population active est réduite au chômage. Les populations victimes des licenciements se sont rabattues sur l’exploitation des bois de mangrove pour subvenir à leurs besoins.

Cliché 18 : Ruines d’une ancienne grande compagnie

Cliché 19 : Ces ruines de compagnies d’Etat témoignent de la décadence du village d’Antsahampano

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❖ Les conséquences directes de la dégradation de la mangrove Suite à la dégradation de la mangrove, une partie du village d’Antsahampano est exposée à l’action de vagues. Par conséquent, la marée haute menace en permanence les maisons qui se trouvent dans la partie la plus basse du village.

La raréfaction voir la menace de disparition de certaines espèces de la ressource halieutique confirme cette dégradation de la mangrove. En effet, la population a du mal à subvenir leurs besoins quotidiens en plantes de mangrove (voir cliché N°13, 14, 15, 16) et surtout des pertes de revenus conséquents pour les activités qui dépendent de la mangrove.

Sur le plan économique, la dégradation de la mangrove a des impacts négatifs sur les activités portuaires du village. Suite au phénomène de la dérive littorale, des dépôts de sable à l’intérieur appelé « tamboho » réglemente les horaires d’accostage du bateau au port d’Antsahampano. C’est pourquoi les activités portuaires ont nettement diminué au village ; dont les tâches comprennent principalement le transport des marchandises, des matériaux et d’autres produits.

CHAPITRE V : LA MISE EN PLACE D’UNE NOUVELLE STRUCTURE DE LA GESTION DE LA MANGROVE D’ANTSAHAMPANO (la GELOSE)

5.1. La GELOSE outil de gestion de la ressource naturelle

5.1.1. L’origine de la GELOSE (Gestion Locale Sécurisée) L’intervention de l’Etat a un caractère répressif et centralisateur, l’incapacité de l’administration entraine une situation d’accès libre à la dégradation rapide des ressources naturelles. Ce constat de l’échec amène l’Etat malagasy à s’orienter vers une nouvelle politique pour la gestion des ressources. Ce nouveau système est axé sur le transfert de la gestion des ressources naturelles aux populations locales qui doivent se constituer en communautés locales de base communément appelé CLB.

En septembre 1996 fut promulguée la loi numéro 96-025 sur la gestion locale des ressources renouvelables, puis en 1997 à été instituée dans le cadre de la deuxième phase (1997-2001) du Plan d’Action Environnemental une composante « transversale », GELOSE. Cette composante du PE II est chargée de la mise en place des tous les outils institutionnels, réglementaires, fiscaux et économiques nécessaires pour la mise en place, sur l’ensemble de Madagascar, dans un délai raisonnable de 10 à 20 ans, des contrats de transfert de gestion des ressources aux communautés rurales de base (dits « contrats GELOSE »).

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Les contrats GELOSE sont des contrats tripartites, dont les parties contractantes et les signataires sont : les représentants du VOI (Vondron’Olona Ifotony) représentés par l’association FIZAMITI pour le cas d’Antsahampano, les représentants de la collectivité territoriale décentralisée (la commune urbaine d’Ambanja), les services de l’état concernés selon les ressources gérées (la circonscription forestière, les services de pêches) voir annexe 01.

Cliché 20 : Le VOI FIZAMITI qui gère les mangroves à Ambanja est appuyé par l’association SAGE

5.2. Les outils de gestion des ressources naturelles dans le cadre du transfert de gestion

5.2.1. Le plan d’aménagement et de gestion simplifiée (le PAGS) Le plan d’aménagement et de gestion simplifiée est un outil de gestion incontournable quand il s’agit de transférer la gestion des ressources naturelles à une communauté locale de base. Le TG (Transfert de gestion) des mangroves d’Antsahampano n’échappe pas à cette règle. Le document PAGS, pour Antsahampano se divise en plusieurs sections bien distinctes, dont :

• le plan d’aménagement qui présente le zonage de ces ressources, selon des critères bien définis en vue de la gestion durable. • le plan de gestion, qui est une planification des activités en matière de conservation et de valorisation, ainsi que les attributions de tout un chacun dans sa mise en œuvre.

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Figure 7 : Carte de la répartition de la zone de la mangrove (PAGS).

Sources : FTM BD 500 IEFN 40 Système de projection : LABORDE Madagascar Edition : auteur, septembre 2010

La forêt de mangroves d’une superficie de 7423 ha a été morcelée en quatre sections distinctes :

o Section 1 : allant du village d’Ankonkomatsoraka jusqu’à l’estuaire d’Andranomiherina, elle couvre une superficie de 2500 ha est classée zone de conservation.

o Section 2 : composée de deux zones de plages longeant la côte à Ankonkomatsoraka faisant chacune 80 m et 50 m de long. Cette section couvre une superficie totale de 290 ha est classée zone récréative.

o Section 3 : composée de deux zones de forêts, l’une à Ampasimangitana et l’autre à la digue Bologno. La section couvre une superficie totale de 1500 ha est classée zone d’exploitation

o Section 4 : à Ampikahia, allant de Marovovo jusqu’au sommet d’. Elle couvre une superficie de 2000 ha est classée zone de reboisement et zone agricole.

L’utilisation des ressources en bois ou halieutiques des mangroves est réglementée comme suit dans les zones d’exploitation :

- Le prélèvement des types de ressources suivantes est libre : viko, vonjihoko, dara, varo, jingoma, hareza, vahimpagnamo, tsihitafototra, dingadingana, lalandagna, felitsira

- Le prélèvement de ressources mentionnées ci-après fait l’objet d’une demande auprès du CLB : honko vavy, honko lahy, tsitolomigny, madiro, mosotry, farafaka, latakantalaotra, moromony.

5.2.2. Les textes et les DINA Le DINA peut être traduit par pacte social. Il établit les règlementations pour la gestion durable des ressources naturelles. Les règlementations dans les DINA doivent être en conformité avec la législation en vigueur.

Le DINA comprend une multitude d’articles subdivisées en plusieurs chapitres dont le contenu peut se résumer comme suit.

La première partie rend compte sur les points suivants :

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o les forêts de mangroves, les espèces animales et végétales sont comprises dans les ressources naturelles renouvelables (RNR)

o la communauté locale de base, à l’instar de l’association FIZAMITI par son statut est une association à but non lucratif.

o Les buts du présent contrat de transfert de gestion sont de contrôler la gestion et la valorisation des ressources naturelles, en vue d’une gestion durable, d’où les règlementations stipulées par le présent pacte social (DINA).

La deuxième partie, nous informe sur les modalités de gestion et de valorisation proprement dite des ressources naturelles transférées, dont la délimitation des différentes zones et leurs utilisations (carte N°04). Elle rend compte des différentes réglementations mises sur pied pour la gestion durable : la taille ou l’âge des espèces exploitables, les normes à respecter concernant les matériels (la taille des mailles des filets par exemple. Les détails sur le DINA sont donnés en annexe 04.

5.2.3. Les forces et les faiblesses du VOI Les faiblesses du VOI, au départ est l’absence de fond. Selon l’estimation, les frais de démarrage comprenant le coup de la mise en place et le budget de fonctionnement du CLB d’Antsahampano est trop important, voit annexe 03.

De plus, la mise en place de cette nouvelle structure se confronte aussi aux problèmes sur :

- Le manque de vision large sur la ZAAP (Zone d’appui aux aires protégées) : le site d’Antsahampano fait partie de la ZAAP Lokobe dont en fait aussi partie aussi le site de référence d’Antsatrana.

- L’insuffisance de partage des informations, qui ne passent pas bien tant au sein du VOI qu’avec les partenaires comme les services techniques.

- La faible connaissance de la GDRN (Gestion durable des ressources naturelles), de la collectivité locale et la population.

- Le non maitrise des textes et réglementations sur la gestion des ressources naturelles.

❖ Les forces du VOI

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- La gestion de proximité et participative des ressources naturelles par la communauté locale.

- Le désengagement de l’Etat et la mise en œuvre d’une décentralisation effective de la gestion des ressources naturelles

- L’harmonisation des textes concernant la ressource naturelle et l’institutionnalisation de pacte sociale « DINA ».

- La participation de la population locale, qui est une procédure pour légaliser le pouvoir légitime de la communauté locale dans la gestion de ses propres ressources.

- La prise en considération des produits locaux en vue d’une amélioration de la qualité et du prix.

CHAPITRE VI: LES APPORTS DE LA GELOSE DANS LA GESTION DE LA MANGROVE

Le reboisement est l’une des activités principales de l’association ; c’est un reboisement systématique et périodique, environ 10 fois par an avec le soutien des partenaires technique, financier et autorité administrative. Ce reboisement de la mangrove d’Antsahampano prend une envergure régionale et nationale, par exemple, le 16 février 2010 le reboisement de l’année pour la région DIANA est consacré au reboisement de la mangrove à Antsahampano, puis cette année 2011, le reboisement de la mangrove à Antsahampano a été dirigé par Monsieur le Ministre Chargé de l’environnement (source journal Express de Madagascar) du 04 avril 2011

Ce comité a aussi travaillé pour les œuvres sociales comme la construction des puits, la réhabilitation des hôpitaux et des écoles.

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Cliché 21 : Panneau signalétique d’activités de reboisement effectuées à Antsahampano

6.1. L’identification des filières de la biodiversité et l’élaboration de plans de gestion Dans sa deuxième phase, après la mise à disposition de ces référentiels de développement, le programme PE III met l’accent sur l’amélioration des conditions de vie des populations locales de base. Cette amélioration doit se manifester par une augmentation conséquente des revenus des membres des communautés locales.

Un moyen pour y parvenir est l’identification et la structuration des filières potentielles, de la production jusqu’à la vente. Mais ces filières doivent répondre à des critères précis pour ne pas nuire à l’environnement. Les étapes franchies pour l’identification des filières ont été :

o L’étude scientifique de la disponibilité de la ressource prise en compte et de son rythme de régénération, pour éviter son épuisement et déterminer l’intensité de son exploitation. Cette étude aboutit à l’identification de la pêche au large, et la restructuration de la pêche aux crabes dans les mangroves.

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o La structuration de la filière d’amont en aval, c'est-à-dire de la production à la vente pour assurer les débouchés. Ainsi, des contrats doivent être établis entre les mareyeurs et les communautés locales. Ces deux parties s’engagent à respecter des engagements selon lesquels le CLB doit fournir la quantité demandée par les mareyeurs quand ils passent et pour sa part les mareyeurs s’engagent à respecter les délais de temps déterminés par les contrats pour acheter la production des communautés locales de base. L’indentification de la filière porteuse doit être suivie par les actions concrètes et la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie :

❖ Le renforcement de capacités des CLB (Comité Locale de Base) en matière organisationnelle, en connaissance des différents textes et législations en vigueur concernant l’exploitation des ressources naturelles en général, et de cette filière en particulier…

❖ Dotation en matériels et suivi technique de l’apprentissage dans le but d’augmenter la qualité et la quantité de production.

6.2. L’amélioration de leur capacité socio-organisationnelle et de gestion Les thèmes de renforcement de capacité les plus pertinents pour la redynamisation du CLB ont été la gestion associative et la tenue des différents cahiers de gestion.

6.2.1. La gestion associative Ce volet consiste à former les membres de bureaux et les simples membres sur ces attributions au sein du CLB. Le président a été initié aux techniques de leadership, le secrétaire aux techniques de secrétariat et la rédaction de lettres administratives, le trésorier en comptabilité simplifiée.

6.2.2. La tenue des différents cahiers de gestion Ces cahiers sont des outils de gestion utiles pour gérer la vie de l’association, qui sont :

❖ Le cahier des membres ; contient la liste des membres actuels et pour des nouveaux membres au sein du CLB.

❖ Le cahier d’enregistrement des infractions concernant toutes les infractions constatées et les mesure prises pour leur gestion.

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❖ Le cahier des rentrées et sorties d’argent, pour enregistrer les gains du CLB provenant du paiement des sanctions des DINA.

6.3. L’amélioration des techniques d’exploitation

6.3.1. Les palangres de fond (pour la pêche au large) et les filets à poissons Croquis N°04: les palangres de fond

Cliché 22 : Les palangres sont les engins de pêche Cliché 23 : L’utilisation des filets maillants est très appropriées pour capturer les poissons de fond courante

Les palangres sont des lignes munies d’hameçons reliés au corps de ligne par des émerillons. L’ensemble hameçon et émerillon est appelé avançon. le palangre est constituée de nombreux avançons. A l’aide d’ancrages et de flotteurs, elles peuvent être posées sur le fond ou à proximité du fond.

Comme dans le cas des filets maillants, on peut les laisser dériver à proximité de la surface ; elles sont alors appelées palangres dérivantes. Cette dernière technique est utilisée pour capturer les thons et les espadons.

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Cliché 24 : Le VOI a bénéficié de l’appui du GEF PNUD pour la dotation de pirogue

6.3.2. Les caractéristiques des filets de pêche Croquis 3 : Le mode de fonctionnement des filets maillants

Source : SAGE

Les filets maillants sont constitués d’une ou plusieurs nappes rectangulaires de filet, déployées verticalement dans l’eau. Des flotteurs sont fixés dans la partie supérieure et du lest dans leur partie inférieure, ce qui maintient les filets à la verticale.

Dans les filets maillants le poisson se piège généralement au niveau des ouïes. Un poisson trop petit peut passer librement à travers le filet. Un poisson trop grand entre en contact avec le filet mais il ne peut pas repartir car il est trop gros pour se prendre dans les mailles. Ce type de filet sélectionne bien une gamme de tailles de poissons.

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CONCLUSION PARTIELLE

Le développement économique, social et culturel du village d’Antsahampano est lié étroitement à l’existence de la mangrove. La zone de mangrove dispose d’une diversité biologique importante et indispensable pour la population. Cependant, les besoins croissants de cette dernière ont entrainé une mise en valeur accrue de l’écosystème de la mangrove.

Des conséquences ont été alors ressenties au niveau écologique, économique et social de la population locale. En revanche, une association villageoise « FIZAMITI » a été créée pour restaurer l’équilibre entre la société, l’économie et la ressource naturelle en mangrove.

Le DINA et le plan d’aménagement et de gestion simplifiée (le PAGS) sont les outils principaux de l’association.

Malgré, les résultats positifs surtout au niveau écologique ; l’application du DINA et du PAGS entraîne des troubles économiques et sociales dans le village. Cependant, on doit maintenir et renforcer cette structure en place et donner des nouvelles suggestions pour une exploitation rationnelle et durable de la mangrove.

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TROISIEME PARTIE : BILAN ET STRATEGIES POUR LA SECURISATION PERMANENTE DE LA MANGROVE

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CHAPITRE VII : LES AVANTAGES ACQUIS APRES LA MISE EN ŒUVRE DU TRANSFERT DE GESTION (TG).

7.1. Au niveau de la ressource naturelle

7.1.1. Une amélioration des conditions naturelles de la région L’identification des impacts environnementaux du transfert de gestion a été effectuée à partir d’une matrice des impacts complétée au cours des enquêtes et concertations auprès de la population d’Antsahampano.

Tableau 4 : Comparaison des éléments naturels avant et durant la période de transfert de gestion des ressources naturelles en faveur du VOI.

SANS TG AVEC TG Composantes Exploitation physique Exploitation totale Conservation rationnelle

Qualité de l’air Emanation de fumée (charbon) Amélioration Amélioration

(Hauteur de la Haute mer à 10 m Haute mer à 2 m des maisons Haute mer à 10 m marée) des maisons

Erosion Peu importante Réduit Réduit

Source : enquête près de la population locale Dans ce tableau 04, on constate une amélioration des composantes naturelles de la zone d’Antsahampano. La fabrication de charbon de bois est interdite par le DINA ; par conséquent, l’émanation de fumée est presque inexistante dans la région. Puis, la reconstruction de la mangrove lui a permis de jouer son rôle de protection contre les actions des vagues et marées ; ce qui permet à la population de ne plus s’inquiéter d’une menace de la marée haute. Grace à ce système de protection, la partie littorale d’Antsahampano n’est plus érodée par l’action des vagues.

Bref, l’analyse de cette matrice a permis de dégager plusieurs points importants en matière d’impacts environnementaux positifs, générés par le transfert de gestion de la forêt de mangrove. Ces impacts ont aussi des résultats convaincants sur la biodiversité marine et côtière de la région.

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7.1.2. Régénération des espèces biologiques Tableau 5 : Comparaison du composant biologique avant et durant la période de TG

SANS TG AVEC TG Composantes Exploitation biologique Exploitation totale Conservation rationnelle

Augmentation du Faune aquatique Régression importante Exploitation rationnelle nombre d’individus

Flore aquatique Disparition Régénération Régénération

Flore terrestre Dégradation importante Reboisement Exploitation rationnelle

Source : enquête près de la population locale

Il est évident que par suite des dispositifs mis en place par la GELOSE, des résultants probants sont obtenus pour la biodiversité marine et côtière d’Antsahampano. Ce tableau montre l’augmentation et la régénération de la faune et flore d’Antsahampano. Ce résultat pourrait résoudre certains problèmes de menace de disparation des espèces du récif d’Antsahampano c’est le cas des Chanos chanos (Vango) et Scomberomorus commerson (Ango) sur le cas du récif d’Antsahampano en voie de disparition selon une étude par l’Océan consultant en 2007.

On peut ajouter que l’utilisation des nouvelles techniques de pêche a contribué largement à l’obtention de ces résultats

En somme, la mise en place du transfert de gestion résout en grande partie les problèmes de destruction des ressources naturelles en général, et l’écosystème de la mangrove en particulier. Suite à ce propos les retombées économiques devraient être envisagées

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7.2. Les avantages économiques de la mise en place du transfert de gestion de la mangrove 7.2.1. Au niveau de la population

L’amélioration des produits en terme de qualité fait partie des priorités du CLB. Cette communauté est chargée d’assister la population pour transformer les activités traditionnelles locales au stade plus professionnel, en respectant les normes et les qualités. Grâce à des réglementations mises en œuvre par le CLB, le prix du bois connaitra une hausse remarquable. Par conséquent, c’est la relance de cette filière qui contribue au développement durable de la région.

Comme la majorité de la population d’Antsahampano sont des pêcheurs, ce secteur a pu bénéficier des aides et des encadrements. Les techniciens ont organisé des descentes fréquentes et périodiques pour former les pêcheurs à maitriser l’utilisation des nouveaux matériels distribués. Les pêcheurs peuvent aller au large pour capturer les poissons et le résultat est encourageant en termes de qualité et de quantité des poissons capturés. En effet, le prix du poisson connait aussi une hausse. Des résultats ont obtenus par les enquêtes et les fiches des pécheurs consultés lors de notre descente sur terrain.

D’une manière générale le soutien de la GELOSE a apporté des résultats concrets pour les pêcheurs :

❖ Augmentation des produits capturés, qui varient de 5 à 70 kg de poisson par jour. En réalité, tout dépend des lieux de la pêche, et de sa durée, de la maîtrise des nouvelles techniques et aussi du mouvement des marées et des vents.

❖ L’amélioration des produits, tant au niveau de la taille, qu’au niveau des espèces.

❖ Les prix sont satisfaisants d’après les pêcheurs. De ce fait, beaucoup d’entre eux comptent ouvrir un compte auprès de l’OTIV.

L’adoption de ces nouvelles techniques de pêche performantes respecte l’environnement et relance de nouveau l’activité dans le village. L’augmentation des retombées de la pêche est un signe positif pour le développement économique durable de la région, étant l’activité principale du village.

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Cliché 25 : L’augmentation de la production engendre une hausse des revenus des pêcheurs

7.2.2. Augmentation des revenus de la communauté La communauté locale a mis un droit d’usage ou redevances pour chaque bois de mangrove coupé pour renforcer la caisse de l’association. Cette dernière est utilisée pour le fonctionnement de l’association et une partie est aussi destinée aux travaux d’intérêt public et social. Ces redevances sont différentes selon les utilisateurs et les qualités des produits.

Pour les usagers traditionnels, les sommes à payer sont :

- 02 Ariary par pied pour le bois de clôture.

- 10 Ariary par pied pour les bois ronds de moyenne dimension.

- 20 Ariary par pied pour les bois ronds de grande dimension.

Pour les exploitants, le prix de l’exploitation du bois est défini comme suit :

- Bois de clôture : 60 Ariary

- Bois rond de moyenne dimension : 100 Ariary

- Bois rond de grande dimension : 3 000 Ariary

Le calcul relatif aux bois de construction exploité sera basé sur ces prix relatifs à la commercialisation.

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7.3. Les intérêts sociaux

7.3.1. Changement de comportement des villageois L’association a sensibilisé la population locale d’abandonner les pratiques traditionnelles qui peuvent porter atteinte à l’environnement et aux ressources naturelles. Parmi ces comportements destructeurs figure l’utilisation de Kaokobe par les pêcheurs. A ce propos, le CLB aves ses partenaires organisent la formation des pêcheurs ; dès le début de la formation, un propriétaire de Kaokobe (Mr Judicaël) accepte de remplacer la maille de ses engins par celle proposée par les formateurs, dans une lettre d’engagement volontaire. Cette initiative a été suivie par d’autres propriétaires de Kaokobe. Les propriétaires des Kaokobe deviennent de plus en plus convaincus d’abandonner leurs engins classiques dont l’utilisation est sévèrement sanctionnée d’après les textes réglementaires, car classés parmi les engins les plus destructifs, selon les propos recueillis auprès de la présidente du CLB. Par effet de tâche d’huile l’objectif de ce projet de formation et d’aide est « de réduire à zéro » l’utilisation de Kaokobe.

Le résultat est encourageant mais l’objectif n’est pas encore atteint, car il y a toujours des dizaines de pêcheurs traditionnels récalcitrants. Les pêcheurs acceptent aussi l’utilisation des fiches de suivi des captures. Les fiches permettent de suivre l’évolution de la production des produits halieutiques ainsi que les revenus des pêcheurs.

7.3.2. Le renforcement de capacité Les dirigeants du comité local ont bénéficié, des volets de formation avec des thèmes bien précis

Les volets de formation axés sur le leadership sont :

❖ ressources humaines

❖ gestion financière simplifiée

❖ procédures administratives simplifiées

❖ élaboration de plan de travail et établissement de rapport d’activités

❖ technique de négociation avec les partenaires techniques et financiers.

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Le deuxième volet formation en matière de la protection de l’environnement et des ressources naturelles est axé surtout sur la compréhension du texte régissant la ressource naturelle en milieu littoral, la planification participative de la gestion durable des ressources naturelles renouvelables et le suivi communautaire.

Les objectifs et les résultats obtenus par ces formations sont:

❖ Acquisition progressive des capacités en gestion adaptative

❖ Expérience confirmée de la CLB en gestion de conflit

❖ Maîtrise progressive par tous les membres de la CLB des textes sur la TGRN (Transfert de Gestion des ressources naturelles) et la charte de responsabilité de ces derniers.

❖ Maîtrise progressive de la technique de restauration des mangroves

❖ Crédibilité de la CLB vis-à-vis des autres parties prenantes

7.3.3. L’aide publique par le CLB Le CLB se tourne aussi vers l’œuvre sociale et publique. La population locale a su apprécier les réalisations de la CLB en termes de bienfaits et d’amélioration des conditions de vie de la communauté. La CLB a pris en charge tous les travaux nécessaires pour entretenir et assurer la sécurité des infrastructures publiques et communautaires comme l’EPP, le CSB locale.

Depuis sa mise en place, les activités de la CLB ont apporté des avantages socio-économiques et environnementaux non négligeables.

CHAPITRES VIII : LES PROBLEMES ECONOMIQUES ET SOCIAUX DU TRANSFERT DE GESTION AUX VILLAGEOIS

8.1. Les problèmes économiques L’économie de la région est basée sur l’exploitation des ressources naturelles provenant de la zone de mangrove. La mise en place de ce nouveau système d’exploitation et de valorisation de ces ressources perturbe le mécanisme économique du village, entrainant un ralentissement des activités qui se traduit par la baisse du taux de la productivité de la région

55 surtout au début. Différents secteurs ont été touchés après la mise en place de cette nouvelle structure.

8.1.1. La filière charbon D’après nos enquêtes le charbonnage fait vivre plus de quarante ménages dans le village d’Antsahampano. Un ménage charbonnier produit environ 60 sacs par an. Il travaille 20 jours par mois pendant toute l’année.

Une étude à été effectuée dans le village par CRADES, la production de charbon permettait de gagner autour de 80 000 Ariary / ha de bénéfice net. Comparé aux autres activités, le coût de production est relativement faible, car les bénéfices générés par cette activité sont plus profitables. (Voir tableau en annexe 04)

D’après les enquêtes et les constats faits par les anciens charbonniers eux-mêmes, la perte de revenu est environ de 111 000 000 Ariary (tableau annexe 04)

C’est une des filières la plus pénalisée par le nouveau système de gestion. à cause de l’interdiction de la fabrication de charbon sanctionnée par une amende de 100 000 ariary selon le DINA. Les activités ont presque disparu sauf pour quelques exploitants illicites. Par l’existence du DINA et l’application des lois régissant l’exploitation des ressources, la situation a été bouleversée, cette activité est passé dans l’illégalité, obligeant les charbonniers à se cacher pour l’effectuer, ils sont estimés au nombre de cinq dans le village, d’après nos enquêtes sur place.

Bref, la mise en place du CLB a supprimé la source principale de revenu de ceux qui ont pratiqué le charbonnage et le charbonnier n’est pas la seule victime de l’intervention du comité.

8.1.2. Les exploitants du bois de construction Les bois de la mangrove de la région sont destinés à des multiples usages : la construction d’habitation ainsi que les clôtures, grâce à ses qualités, les bois trouvent facilement des preneurs.

Les exploitants professionnels vendent leurs produits en dehors du village et surtout dans l’ile de Nosy-Be. Les autorités villageoises estiment à 10% de la superficie totale, la surface exploitée chaque année pour le bois de construction, dont 10 % sont des perches et 10 % des

56 gaulettes. Cette activité est une source de revenu très important pour les villageois, toutefois elle est destructrice car elle entraine le défrichement de 1240 ha/ an de mangroves.

La mise en œuvre du PAGS (figure N°07) d’où la zone de mangrove a été subdivisée en quatre parties ; sur 7423 ha de forêt de mangrove, il ne reste que 1500 ha pour l’exploitation. Une bonne partie de la forêt devient inaccessibles. Les contraintes ne restent pas seulement au niveau de la surface exploitée, mais aussi au niveau de la taxe exigée pour pouvoir s’adonner à ces types d’activité. En allant dans la forêt, les exploitants n’ont pas de moyens financiers et pourtant, ils sont taxés avant même de vendre leur production. C’est ainsi que les mesures prise empêchent les exploitants de faire librement ces activités et de grossir le nombre de chômeurs. Ils rencontrent aussi certains problèmes de reconversion vers d’autres activités pour les quelles ils n’ont ni compétence, ni aptitude, ni motivation pour les faire.

Par conséquent, les problèmes des charbonniers et des exploitations du bois de mangrove se répercutent sur les autres activités qui semblent bien marcher comme la pêche, après la mise en place de cette nouvelle structure.

8.1.3. La situation des activités de pêche La filière pêche est considérée comme la plus avantagée par cette nouvelle gestion de la mangrove. Cependant quelques problèmes existent dans ce secteur après la mise en place de ce transfert de gestion. Comme nous venons de le dire, plusieurs exploitants de la forêt de mangrove : (charbonniers, exploitant du bois) ont été obligés d’arrêter leurs activités ; ces derniers se sont convertis immédiatement en pêcheurs. Une activité pour laquelle ils n’ont ni l’expérience ni les techniques appropriées ; en somme, ils sont non qualifiés pour travailler dans le secteur.

Les ressources halieutiques sont de ce fait surexploitées. Par rapport aux produits halieutiques disponibles, le nombre de pêcheurs est trop élevé ; même s’il y a une augmentation de recettes annuelles grâce à l’augmentation des prix, il apparait que les avantages financiers générés par l’adoption des nouveaux matériels et techniques ne se font pas ressentir au niveau des ménages car l’augmentation de la recette globale annuelle est atténuée par une augmentation considérable du nombre de pêcheurs.

D’autres problèmes persistent car un certain nombre de pêcheurs ont vigoureusement refusé l’application des textes sur la suspension de l’utilisation de l’engin de pêche KAOKOBE, super moustiquaire, le plus destructeur des ressources naturelles et de l’habitat

57 marin et côtier. Dans le village, lors de notre passage dans la région, il a été enregistré plus d’une dizaine de propriétaires de KAOKOBE à Antsahampano. Le service compétent n’a pas trouvé jusqu’à maintenant des mesures appropriées pour mettre fin à l’utilisation de cet engin, malgré les textes qui sont très stricts en terme de sanction.

Tableau 6 : Comparaison pour la pêche de poissons avant et après le transfert de gestion

AVANT TG APRES TG

Nombre d’exploitants 28 112

Nombre de barques 7 16

Quantité pêchée /barque/j (kg) 150 50

Quantité pêchée /j (kg) 1050 800

Quantité pêchée /an 252000 192000

Prix/kg (Ariary) 400 800

Recette totale annuelle (Ariary) 100 080 000 153 600 000

Coût de production/j/pers (Ariary) 1 500 2 500

Coût de production totale/an (Ariary) 10 80 000 67 200 000

Coût d’entretien /an/barque 600 000 840 000

Coût d’entretien total /an 4 200 000 13 440 000

Coût de location 141 750 000 246 857 000

Coût total annuel 196 950 000 597 137 000

Bénéfice total/an (Ariary) 61 410 000 34 172 600

Bénéfice actualisé (Ariary) 81 736 710 34 172 600

Perte de revenu (Ariary) 47 564 110

Source : CLB Antsahapano

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Ce premier tableau montre la complexité du problème apporté par le transfert de gestion dans l’activité de pêche des poissons. Après le transfert, le nombre de pêcheurs augmente quatre fois plus, les coûts de production et d’entretien ont augmentés aussi. La recette globale augmente grâce à la hausse du prix du produit, pourtant les pertes de revenus du ménage de pêcheur sont considérables (au total 47 564 110 Ariary) à cause de l’augmentation du nombre de pêcheurs, quatre fois plus élevé.

Tableau N°07: Comparaison pour la pêche de crabe avant et après le transfert de gestion.

AVANT TG APRES TG

Nombre d’exploitants 20 05

Quantité ramassée/j/pers (kg) 10 03

Quantité ramassée /j 200 15

Quantité ramassée/an 36000 2700

Prix/kg (Arary) 400 1 000

Recette totale annuelle (Ariary) 14 400 000 2 700 000

Coût de production/j/pers (Ariary) 1 500 2 500

Coût de production totale/an (Ariary) 5 400 000 2 250 000

Bénéfice total/an (Ariary) 9 000 000 450 000

Bénéfice actualisé (Ariary) 11 979 000 450 000

Perte de revenu (Ariary) 11 529 000

Sources : CLB Antsahampano Pour les crabes : le prix de la production augmente jusqu’à 150% toutefois les quantités ramassées sont très réduites de l’ordre de 15 kg par jour. Selon ce tableau, la perte pour le village atteint 11 529 000 Ariary.

D’après nos enquêtes, le village comptait auparavant sept (7) barques reparties pour les 28 pêcheurs. Leur recette journalière oscillait autour de 1050 kg de poissons aux quels s’ajoutaient 200 kg de crabes ramassés.

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Après le transfert, la maille des filets était réglementée à un minimum de 32mm, les ressources s’amenuisent. Maintenant le village d’Antsahampano ne collecte plus qu’environ 800 kg de poissons et 15 kg de crabes par jour. Toutefois, ils ont remarqué une nette hausse de la quantité de crabes disponibles. A ce rythme, ils pensent que la restructuration de la forêt leur permettra d’atteindre l’ancien rendement après 5 ans.

D’après une étude faite par l’ONG SAGE, la perte de revenus est de 200 000 000 ariary environ après la mise en place du transfert de gestion. Plusieurs activités économiques dans le village sont touchés (charbon, exploitation des palétuviers, pêche…)

8.2. Les problèmes sociaux D’après tout ce que nous venons de voir, presque toutes les aides financières et techniques sont centrées sur les activités de pêche. Cette inégalité entraine une frustration, un mécontentement de ceux qui s’estiment lésés par cette pratique, comme les exploitants de bois et les charbonniers. Le niveau de vie de ces derniers a chuté considérablement et la reconversion vers d’autres activités s’avère difficile. Ces derniers entrent alors en conflit avec les membres du CLB, surtout les dirigeants qu’ils estiment responsables de tous ces changements. Ce conflit s’est accentué par le fait que le transfert favorise l’activité de pêche en pénalisant les leurs.

Mais, même s’ils se reconvertissent à l’activité de pêche, ils rencontrent les mêmes problèmes que les pêcheurs, à savoir la difficulté de l’acquisition de nouveaux matériels. L’utilisation des anciens comme le Kaokobe étant prohibée par le DINA et les textes en vigueur, il se trouve que le prix des matériaux de pêche sont chers. Ils sont alors réduits comme les migrants à l’utilisation des anciens matériels.

Pour la mise en place d’une bonne gestion de la ressource par la population locale, différentes formations ont été dispensées avant et pendant la période de transfert de gestion. Mais seulement un nombre réduit de la population jouit de cet avantage. La masse populaire est mal formée, il n’y a pas de formation en cascade qui arrive jusqu’à la base. Par conséquent il y a un décalage du niveau de compréhension parmi la population locale, en matière de ressources exploitables.

En plus de toutes les troubles d’ordre économique et social qui se manifestent dans le village après la mise en place de la GELOSE, l’association n’a pas d’autonomie financière ; elle dépend beaucoup des bailleurs, des ONG et des partenaires financiers. Ces derniers

60 imposent leurs directives à l’association villageoise. De plus, tous ces financements ont des durées bien déterminées qui pourraient poser beaucoup de problème. En outre ces financements dépendent beaucoup de la situation politique et économique du pays.

Pour éviter les éventuels problèmes, nous devons apporter des suggestions et des recommandations afin de résoudre d’une manière durable la conservation de la mangrove, d’envisager la croissance économique et de maintenir l’ordre social du village.

CHAPITRE IX: SUGGESTIONS, PROJECTIONS ET PERSPECTIVES D’UN AVENIR MEILLEUR DE LA MANGROVE D’ANTSAHAMPANO.

9.1. Perspectives d’amélioration

9.1.1. Amélioration de la structure mise en place Le CLB FIZAMITI a effectué différentes activités qui méritent d’être renforcées et améliorées pour qu’il y ait un avenir prometteur de développement et d’amélioration des conditions de vie de la population locale. Tout d’abord, l’augmentation du taux d’adhésion de la population locale au sein de la CLB est importante pour augmenter la légitimité de cette structure. Pendant l’entretien avec la présidente du CLB le taux d’adhésion ne cesse d’augmenter ; elle estime à 50 % actuellement. A ce propos, on peut penser à l’intensification de la sensibilisation de toutes les entités pour avoir des résultats concluants qui contribuent largement à la protection de la mangrove.

Puis, la mise à jour systématique des outils de gestion s’avère nécessaire pour actualiser ou améliorer le système de gestion. D’ailleurs, le zonage du PAGS devrait être en évolution selon les états de lieu de la mangrove. Le cahier de charge et le DINA peuvent le modifier en suivant l’évolution de la forêt et le changement de comportement de la population vis-à-vis de la mangrove.

9.1.2. Les activités alternatives Comme dans tous les cas de la conservation de la forêt, le projet de sauvegarde social est nécessaire pour que la population trouve d’autres activités sources de revenu à fin de réduire les pressions sur les ressources naturelles locales. En particulier, les anciens charbonniers et les ex-exploitants du bois de mangrove pourront profiter de cette opportunité

Dans ce cadre, on propose de développer les activités existantes dans le village, par exemple l’apiculture et l’aviculture. Ces dernières ne sont pas des activités nouvelles pour la

61 population d’Antsahampano mais on doit les restructurer ; de faire en sorte qu’ils deviennent une activité génératrice de revenu importante pour les ménages qui les pratiquent. La sensibilisation, l’encadrement et la recherche de débouchés sont des conditions nécessaires pour la promotion des filières apiculture et l’aviculture

D’après les caractéristiques physiques (température, précipitation, nature du sol…), Antsahampano est une région à vocation agricole. En effet, le développement de l’agriculture est une solution efficace et durable pour la protection de l’environnement en général et de la mangrove en particulier. Les formations et les encadrements des agriculteurs sur la maitrise de l’eau (irrigation, drainage), la maitrise des techniques culturales (rotation de cultures, l’association de cultures), l’accessibilité aux facteurs de productions (engrais, semences et les matériaux de productions) sont indispensables pour le développement de l’agriculture à Antsahampano. Le District d’Ambanja est un de trois districts qui possèdent un lycée Agricole à Madagascar ; l’existence de ce Lycée agricole pourrait contribuer au développement de l’agriculture à Antsahampano.

9.2. Projection dans l’avenir

9.2.1. Vers un développement durable de la région ✓ L’écologie : Les responsables du CLB sont très optimistes ; avec le rythme de la régénération actuelle, la forêt de la mangrove peut se constituer en 10 ans. D’autres analyses ont été avancées par les différents services techniques (pêche et forêt) et les ONG (SAGE, Océan Consultant…) ainsi interviennent dans la région ; la CLB d’Antsahampano a franchi une étape importante en matière de protection de la mangrove et le résultat est encourageant pour l’avenir de la mangrove dans la région. Grace aux reboisements, à la mise en ouvre de PAGS, à l’application de DINA et au respect de cahiers de charge que ces résultats ont été obtenus. Bref, à ce rythme actuel, l’écosystème de la mangrove d’Antsahampano pourrait retrouver son équilibre.

✓ L’économie : l’utilisation des techniques et matériels appropriées pour la pêche, le respect des calendriers de pêche et les réglementations du DINA permettront la reproduction des espèces marines et côtières de la région. On y ajoutant la nouvelle réglementation de l’exploitation du bois de mangrove aboutira à une amélioration de la qualité de bois vendu et l’augmentation de la demande.

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En effet, le village connaitra un nouveau démarrage de l’économie grâce à l’exploitation de la mangrove.

✓ Le social : Dans le village d’Antsahampano, malgré des troubles économiques et sociaux début de la mise en place du transfert de gestion. Actuellement un démarrage économique respectant l’environnement, et assurant une hausse progressive du revenu des ménages grâce à l’augmentation du prix des productions (bois, poisson, crabe….). De plus, les populations ont également les soutiens des divers partenaires techniques et financiers.

9.3. Un avenir prometteur L’exploitation durable et rationnelle de la mangrove est un axe important pour le développement durable de la région, car il assure :

o une gestion durable de l’environnement, en vue d’un développement économique harmonieux et une meilleure qualité de vie.

o la valorisation du potentiel agro-alimentaire de la région par la pêche et les ressources halieutiques.

o l’exploitation de tous les potentiels existants, afin d’optimiser les retombées économiques relatives au développement.

9.3.1. Des projets de développement sont également à envisagés ❖ La Mise en place du projet de l’aquaculture Les conditions favorables sont réunies pour la réussite de l’aquaculture dans la localité. Des sociétés industrielles reconnues dans l’exploitation de l’ « or rose » ont déjà effectué des activités de prospection et d’étude de faisabilité comme le Groupement des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes de Madagascar (GAPCM). Ce dernier pourra également proposer cette activité aux partenaires techniques et financiers.

Pour le cas d’Antsahampano les débouchés potentiels seront : la pêcherie de Nosy-Be, les marchés locaux et nationaux et même internationaux.

L’aquaculture de crevette sera ainsi une source importante de recettes en devises de l'Etat, contribuant au développement du pays et un moyen efficace pour lutter contre la pauvreté par la création d’emplois à Madagascar.

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❖ Développement de produits pharmaceutique : En plus de toutes les richesses, les plantes de la mangrove possèdent aussi des qualités pharmaceutiques très importantes. Une étude faite en Indonésie a estimé que les mangroves procurent un bénéfice net de 1500 dollars par km2 du fait des plantes médicinales qu'elles abritent. De même, le développement et la recherche en produits sanitaires et pharmaceutiques pourraient s’effectuer dans la région.

Pour sa réalisation leur développement doit être soutenu par les autorités hiérarchiques du pays ainsi que la recherche des partenaires. Le soutien pourrait se faire sous diverses formes : la mise en place d’une ligne budgétaire, l’implantation des infrastructures comme un laboratoire de recherche mis à la disposition des chercheurs.

Ce projet est intéressant pour résoudre le problème sanitaire qui existe dans notre pays car la santé est l’une des bases de développement durable d’un pays.

❖ La promotion de tourisme de la région La promotion de l’écotourisme a un grand avenir pour le développement de la région. Les mangroves ne sont pas traditionnellement perçues comme des sites propices à la récréation, ceci est en train de changer rapidement dans certaines localités mondiales. Les gens prennent conscience du fait que cet écosystème peut procurer une expérience éducative et de recherche hors du commun, par les espèces peu communes qui peuvent y être facilement observées. Les différentes formes de paysages, la richesse biologique, marine, et terrestre de la région attire les chercheurs et les visiteurs de la nature. Pour promouvoir cet écotourisme de la région il faut former des acteurs valables pour travailler dans ce secteur. Les manques de ressources matérielle, financière et humaine doivent être surmontées, car la population a besoin des aides au niveau du financement, des matériaux et de la formation des futurs acteurs.

9.3.2. L’intensification du rôle écologique de la mangrove ❖ Entretenir l’existence du microclimat de la région. Le rôle de la mangrove est de tout ordre. Les mangroves étant des formations végétales jouent un grand rôle dans l’absorption du carbone ; les différents systèmes racinaires des palétuviers contribuent à la filtration et à la rétention des polluants (métaux lourds et autres toxiques) contenus dans l’eau, de même qu'à la rétention des nutriments et des matières en suspension. Les mangroves luttent contre la pollution dans les eaux côtières.

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C’est une zone de piégeage des gaz à effet de serre, car les émissions de dioxyde de carbone par la combustion des énergies fossiles et les modifications dans l'aménagement des sols sont les causes principales de l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Les forêts, les cultures, les sols et la matière organique piègent le carbone et aident aussi à réduire la vitesse du changement climatique. Les mangroves fixent des quantités importantes de carbone.

Le microclimat de la région est bien maintenu grâce aux différentes actions jouées par la mangrove.

❖ Conserver l’endémicité et la richesse de la biodiversité marine de la région Comme nous avons indiqué tout au long de notre étude, la partie littorale d’Antsahampano est très riche en biodiversité. D’une part, la plupart des espèces palétuviers existant à Madagascar se trouve dans la région, c'est-à-dire huit sur neuf des espèces palétuviers de Madagascar existent à Antsahampano.

D’autre part, les espèces de palétuviers d’Antsahampano sont l’habitant de deux catégories de faune :

• La faune résidente incluant celle terrestre, localisée dans la canopée des palétuviers (les mammifères, reptiles, certains oiseaux nicheurs, les insectes) et la faune aquatique représentée par les animaux qui se localisent dans les zones d’estuaires, chenaux et vasières (poissons, crabes, mollusques, crustacées) ;

• La faune non résidente, c’est à dire non fixée dans la zone intertidale ou la zone de balancement des marées, comme les oiseaux migrateurs et les animaux euryhalins qui passent une partie de leur cycle biologique dans les écosystèmes de mangroves ; citons pour cela les crustacés et beaucoup de poissons.

Il a été identifié plusieurs oiseaux endémiques de Madagascar trouvés dans les régions côtières occidentales qui emploient le palétuvier et les habitats associés de marécage. Ces espèces sont : le héron de Madagascar (humbloti d'Ardea, vu), la sarcelle d'hiver de Madagascar (bernieri d'ana, en), pluvier de Madagascar (thoracicus de Charadrius, vu), et l’aigle de poissons de Madagascar (vociferoides de Haliaeetus, CR) (Stattersfield et autres 1998). Le martin-pêcheur de Madagascar (vintsioides d'Alcedo) est censé également se reproduire dans les palétuviers. Cet habitat est important pour des espèces d'oiseau migrateur,

65 tels que le gravelot commun (hiaticula de Charadrius), le pluvier de crabe (ardeola de Dromas), le pluvier gris (squatarola de Charadrius), la spatule africaine (Platalea alba) et le grand héron blanc (Egretta alba).

La mangrove est ainsi un noyau de toutes les richesses de faune dont l’endémicité mérite d’être conservée. Sources (http://www.pnae.mg/ie/tbe/national/littoral/donnees/mangrove.htm

Figure 8 : Schéma de la richesse de l’écosystème de la mangrove

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Sources : www.mangrove.or.jp/mangrove/ ❖ Une ressource renouvelable pour la population locale et régionale Le schéma de la figure N°08 montre que la mangrove possède des ressources importantes et renouvelables de la région sous trois formes. D’abord l’environnement biotique se composant de tous les éléments vivants de la mangrove ; qui procurent presque toutes les sources de revenus à la population locale. Ensuite, la forêt de mangrove, riche en plantes importantes et de haute qualité depuis leurs feuilles, en passant par le tronc, jusqu'à leurs racines. En fin, la terre où s’implante ce type de végétation est fertile et favorable à d’autres cultures. Les débris de végétaux et animaux dûs à l’érosion, les matériaux organiques alimentant la zone de mangrove et les éléments biotiques de l’intérieur bouclent le cycle de l’écosystème. Enfin, une exploitation rationnelle de la mangrove nous a permis d’indiquer les ressources renouvelables de la mangrove pour la population locale.

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CONCLUSION GENERALE Cette étude, s’inscrit dans le cadre du concept et différentes idées concernant l’environnement et l’exploitation de la mangrove

Avant d’aborder les caractéristiques générales de la mangrove et celle d’Antsahampano en particulier, ainsi que la mise en place des structures de la GELOSE (Gestion Locale Sécurisé), la région du bas Sambirano par ses conditions naturelles, sa population et ses activités ont été présentées

L’exposé du bilan de la mise en œuvre de la nouvelle structure de gestion, et l’action conjointe des associations communautaire et villageoise avec la population ont permis de constater que : l’implication de certaines stratégies, en l’occurrence Le DINA, le PAGS au niveau de la communauté locale a apporté des résultats positifs, concrets et bénéfiques pour la population de la région sur trois points :

▪ La régénérescence de la forêt et des espèces biologiques marines et côtières, sur le plan de la conservation des ressources naturelles.

▪ l’évolution des techniques de pêche qui a permis et entrainé une amélioration de la production des ressources halieutiques des produits de mer de qualité conforme aux normes et à un meilleur prix, permettant une augmentation de sources de revenus de la communauté locale, sur le plan économique.

▪ du point de vue social, on observe le renforcement de capacité sur les compétences techniques et pratiques en gestion communautaire et en gestion des ressources naturelles, entrainant le changement de comportement de chaque individu dans l’initiative de la préservation de l’environnement en général, et de la gestion de la forêt de Mangrove en particulier,

Néanmoins, au début de son application, certaines mesures prises par la communauté locale dans la politique de la mise en œuvre des nouvelles directives de gestions de la mangrove est conçue comme des mesures pratiquement draconiennes vis-à-vis de la population, dont l’instauration des taxes et redevances pour l’obtention d’un permis d’exploitation des bois issus de la mangrove, l’interdiction de la fabrication du charbon de bois, ainsi que la limitation des autres exploitations des plantes à d’autres fins. Certes les applications ont provoqué des instabilités et troubles socio-économiques, sur la vie de la

68 population, par les pertes de revenus, les chômages, les conflits internes entre individus et les membres de la GELOSE.

La mise en place du transfert de gestion est une mesure adéquate et indispensable pour la protection de la mangrove. Cependant la prise de décision nécessite des mesures d’accompagnement afin d’atténuer les contraintes des changements sur la vie quotidienne de la population locale. Pour la prospection d’une gestion de la mangrove d’Antsahampano dans l’objectif d’une exploitation durable, quelques perspectives d’amélioration sont recommandées selon les directives axées sur les points suivants :

➢ L’amélioration de la structure en place (adhésion, communication, représentativité)

➢ Mise en œuvre d’un projet de développement spécifique comme le projet d’aquaculture de crevette, le développement et l’exploitation contrôlée de fabrication de produits pharmaceutiques, la promotion du tourisme écologique spécifique de la région.

➢ Sensibilisation de la population pour entrer dans les activités agricoles alternatives et spéculative de l’agriculture, au profit des cultures vivrières et des cultures d’exportation.

La conservation, la protection, la gestion et l’exploitation rationnelle de la mangrove reste un rude combat à mener à cause de sa vulnérabilité et de son importance, par rapport aux écosystèmes de la région.

Dans cette perspective que la préservation de la mangrove pourrait constituer un potentiel et un atout important, base et point de départ d’un développement durable pour la région d’Antsahampano et voire pour le pays tout entier.

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BIBLIOGRAPHIE Ouvrages généraux sur la géographie

BATTISTINI (R) Paris 1986: Géographie de Madagascar.. 187 pages.

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BEAU, J F : L’environnement. Edition Nathan. 2002. 160 pages.

ONE : Vers la gestion locale communautaire des ressources renouvelables : proposition d’une politique de décentralisation de la gestion des ressources renouvelables. Résultat des séminaires régionaux 46 pages (mai 1995).

RANDRIANASOLO (J) (Programme de développement rural) : Rapport sur les mini ateliers relatifs au transfert de gestion de forêts dans les zones d’intervention du SAHA ; 29 pages (août 2001).

Sous la direction de GENY (P), WAECHTER (P) et YATCHINOVSKY (A) : Environnement et développement rural : guide de la gestion des ressources naturelles Edition FRISON- ROCHE Agence de coopération culturelle et technique, ministère de la coopération et du développement. Paris 1992 .418 pages.

Sous la direction de Hervé (D) et Michel (P) Environnement et population : la durabilité en question. Edition l’Harmattan, collection population 2004. Paris 225 pages.

La gestion publique des projets forestiers. Paris 1986 OCDE 110 pages.

Evaluation et perspective de transfert de gestion des ressources naturelles dans le cadre du PE3-Rapport final de synthèse- 60 pages.

Ouvrages spécialisés sur la zone d’étude.

SAGE : Plan Communal de Développement de la commune urbaine d’Ambanja. 2006. 97 pages

SAGE : Plan GIZC de la partie Nord-Ouest de Madagascar. 2007. 140 pages

SAGE : document de synthèse et d’analyse des divers dispositifs opères pour la gestion durable des ressources naturelles avec propositions d’ajustements et autres recommandations dans les 13 sites de référence du projet d’appui du GEF/PNUD au PE 3. 2009. 64 pages

SAGE : Rapport de synthèse et d’analyse du suivi communautaire et évaluation des résultats avec les communautés et propositions dans le sens de la gestion participative dans les 13 sites de référence du projet d’appui du GEF/PNUD au PE 3. 2009. 53 pages

71

SAGE : Rapport de synthèse et d’analyse sur la gestion des ressources et la résolution des litiges dans les sites de référence et dans les zaap dans le contexte de mise en place des filières dans les 13 sites de référence du projet d’appui du GEF/PNUD au PE 3. 2009. 56 pages

Site web http://fr.wikipedia.org/wiki/Mangrove http://www.fao.org/forestry/mangrove/fr/ http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/botanique-2/d/mangrove_192/ http://www.pnae.mg/ie/tbe/national/littoral/donnees/mangrove.htm http://www.freemag.fr/disparition-mangroves-s566316.htm http://www.wrm.org.uy/deforestation/mangroves/bookfr4.html http://cactustour.com/costa-rica/la-nature/la-flore/arbres-et-forets/mangrove/ http://www.ird.nc/actualites/090810%20mangrove.pdf http://wrmbulletin.wordpress.com/2008/08/21/etat-actuel-et-conservation-des-mangroves-de- lafrique-vue-densemble/ http://www.actualites-news-environnement.com/23114-mangroves-Afrique-Ouest.html

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TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS ...... i RESUME ...... ii LISTE DES ABREVIATIONS : ...... iii LISTE DES CROQUIS ...... iv LISTE DES FIGURES ...... iv LISTE DES PHOTOS ...... iv LISTE DES TABLEAUX ...... v SOMMAIRE ...... vi INTRODUCTION ...... 2 PREMIERE PARTIE : LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE LA REGION .... 4 CHAPITRE I : LES FACTEURS NATURELS DETERMINANTS DE L’IMPLANTATION DE LA MANGROVE ...... 5

1.1. Un climat tropical humide typique de la région du Sambirano ...... 5 1.1.1. La température moyenne annuelle ...... 5

1.1.2. La pluviométrie ...... 6

1.1.3. Un régime du vent très spécifique de la région ...... 6

1.2. Le relief deltaïque et le sol alluvionnaire du Sambirano...... 7 1.2.1. Les aspects physiques déterminant l’implantation de la mangrove ...... 7

1.2.2. Un sol à texture alluvionnaire récent...... 10

1.3. Des potentiels biologiques importants et une hydrologie fournie ...... 10 1.3.1. Les formations végétales présentes : ...... 10

1.3.2. Une mer calme en général...... 13

1.3.3. Un système hydrographique fourni (delta, embouchure) ...... 13

CHAPITRE II : LES RELATIONS ENTRE MILIEU HUMAIN ET LA MANGROVE ...... 13

2.1. La répartition de la population ses caractéristiques...... 13 2.1.1. La répartition spatiale de la population ...... 13

2.2. La dynamique et la migration de la population ...... 15 2.3. Les infrastructures sociales ...... 16 CHAPITRE III : LA MISE EN VALEUR DE L’ESPACE D’ANTSAHAMPANO 20

3.1. La prédominance des activités de pêche ...... 20 3.2. La production agricole, l’élevage et les autres activités ...... 20 3.2.1. Une agriculture aux techniques peu évoluées : ...... 20

73

3.2.2. Les différents types de production agricole : ...... 21

3.2.3. L’élevage extensif de bovins: ...... 21

3.2.4. Les activités artisanales et autres: ...... 22

3.3. Les organismes d’aide au développement ...... 22 3.1.1. Les organismes œuvrant dans le domaine de l’environnement ...... 23

3.3.2. Dans le domaine de l’amélioration des revenus ...... 23

CONCLUSION PARTIELLE ...... 25 DEUXIEME PARTIE : LA MANGROVE ET L’APPLICATION DU NOUVEAU SYSTEME DE GESTION (GELOSE) ...... 26

CHAPITRE IV : LES MANGROVES ET LEURS CARACTERISTIQUES ...... 27

4.1. Les mangroves : un écosystème particulier ...... 27 4.1.1. Les caractéristiques physiques de la mangrove ...... 27

4.1.2. Un Rôle écologique important ...... 29

4.1.3. Un milieu qui génère différentes sources de revenu ...... 30

4.2. Le cas des mangroves de la région d’Antsahampano ...... 31 4.2.1. Les types de palétuviers et les ressources halieutiques de la zone ...... 31

4.2.2. Des bois de mangroves aux multiples usages ...... 33

4.2.3. La dégradation de la mangrove de la région ...... 36

CHAPITRE V : LA MISE EN PLACE D’UNE NOUVELLE STRUCTURE DE LA GESTION DE LA MANGROVE D’ANTSAHAMPANO (la GELOSE) ...... 38

5.1. La GELOSE outil de gestion de la ressource naturelle ...... 38 5.1.1. L’origine de la GELOSE (Gestion Locale Sécurisée) ...... 38

5.2.1. Le plan d’aménagement et de gestion simplifiée (le PAGS) ...... 39

5.2.2. Les textes et les DINA ...... 41

5.2.3. Les forces et les faiblesses du VOI ...... 42

CHAPITRE VI: LES APPORTS DE LA GELOSE DANS LA GESTION DE LA MANGROVE ...... 43

6.1. L’identification des filières de la biodiversité et l’élaboration de plans de gestion 44 6.2. L’amélioration de leur capacité socio-organisationnelle et de gestion ...... 45 6.2.1. La gestion associative ...... 45

6.2.2. La tenue des différents cahiers de gestion ...... 45

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6.3. L’amélioration des techniques d’exploitation ...... 46 6.3.1. Les palangres de fond (pour la pêche au large) et les filets à poissons ...... 46

6.3.2. Les caractéristiques des filets de pêche ...... 47

CONCLUSION PARTIELLE ...... 48 TROISIEME PARTIE : BILAN ET STRATEGIES POUR LA SECURISATION PERMANENTE DE LA MANGROVE ...... 49 CHAPITRE VII : LES AVANTAGES ACQUIS APRES LA MISE EN ŒUVRE DU TRANSFERT DE GESTION (TG)...... 50

7.1. Au niveau de la ressource naturelle ...... 50 7.1.1. Une amélioration des conditions naturelles de la région ...... 50

7.1.2. Régénération des espèces biologiques ...... 51

7.2. Les avantages économiques de la mise en place du transfert de gestion de la mangrove52 7.2.2. Augmentation des revenus de la communauté...... 53

7.3. Les intérêts sociaux ...... 54 7.3.1. Changement de comportement des villageois ...... 54

7.3.2. Le renforcement de capacité ...... 54

7.3.3. L’aide publique par le CLB ...... 55

CHAPITRES VIII : LES PROBLEMES ECONOMIQUES ET SOCIAUX DU TRANSFERT DE GESTION AUX VILLAGEOIS ...... 55

8.1. Les problèmes économiques ...... 55 8.1.1. La filière charbon ...... 56

8.1.2. Les exploitants du bois de construction ...... 56

8.1.3. La situation des activités de pêche ...... 57

8.2. Les problèmes sociaux ...... 60 9.1. Perspectives d’amélioration ...... 61 9.1.1. Amélioration de la structure mise en place ...... 61

9.1.2. Les activités alternatives ...... 61

9.2. Projection dans l’avenir ...... 62 9.2.1. Vers un développement durable de la région ...... 62

9.3. Un avenir prometteur ...... 63 9.3.1. Des projets de développement sont également à envisagés ...... 63

9.3.2. L’intensification du rôle écologique de la mangrove ...... 64

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CONCLUSION GENERALE ...... 68 BIBLIOGRAPHIE ...... 70 TABLE DES MATIERES ...... 73 ANNEXE 01 : STRUCTURE ET COMPOSITION DE LA CLB ANTSAHAMPANO ...... 77

ANNEXE 02 : ESPECES/FAMILLES CIBLEES DES RESSOURCES HALIEUTIQUES A ANTSAHAMPANO ...... 81

ANNEXE 03 : LES DIFFERENTS COUTS DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA TRANSFERT DE GESTION (source Document CLB) ...... 83

ANNEXE 04 : L’EXTRAIT DU DINA ...... 88

ANNEXE 05 CAHIER DE CHARGE ...... 91

ANNEXE 06 : ARRETE INTERMINISTERIEL PORTANT DEFINITION ET DELIMITATION DES ZONES SENSIBLES ...... 95

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ANNEXE 01 : STRUCTURE ET COMPOSITION DE LA CLB ANTSAHAMPANO

La communauté locale de base (CLB) ou Vondron’Olona Ifotony (VOI), chargée de la gestion des ressources est dénommée : « Fikambanan’ny Zanak’Antsahampano Miaro ny Tontolo Iainana (FIZAMITI) ». Peuvent être membre de la CLB, toutes personnes au-dessus de 18 ans résidant à Antsahampano.

a) Historique et la démarche de la mise en place

La création du FIZAMITI fait suite au constat que les forêts de mangroves peuvent être détruites si on ne prend pas les mesures nécessaires pour leur gestion durable. Pour gérer les mangroves à Antsahampano selon le décret n°2000-027 du 13/01/2000. Le FIZAMITI a officiellement vu le jour le 20/09/2009 et a obtenu l’aval de la commune urbaine d’Ambanja selon l’arrêté municipale n° 789/CU/AJA/2000 du 22/O9/2000. Etant un contrat tripartite, les contractants ont été : - Le président de la CLB dénommée Fikambanan’ny Zanak’Antsahampano Miaro ny tontolo iainana (FIZAMITI) - Le représentant de la commune urbaine d’Ambanja - Le représentant des eaux et forêts d’Ambanja Les principales étapes pour la mise en place du transfert de gestion des ressources naturelles doit suivre un processus. De la déposition de la demande à l’officialisation du contrat, les étapes qu’on doit respecter sont Les étapes préliminaires ✓ L’aval du maire concernant la mise en œuvre des enquêtes préliminaires ✓ Les enquêtes locales sur la disponibilité des ressources et leurs mises en valeur actuel ✓ L’obtention de l’aval du sous-préfet ✓ L’acceptation des services des eaux et forêts ✓ L’acceptation de la collectivité territoriale décentralisée représentée par la commune - La signature du contrat par les trois parties concernées : la CLB, le CTD et les services de l’Etat

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✓ La planification des activités de gestion des ressources naturelles transférées avec l’ l’appui du médiateur environnemental ✓ Mise sur pied du cahier du charge qui détermine les attributions de tout un chacun dans la mise en œuvre des activités de gestion durable des ressources naturelles ✓ Signature du contrat de transfert de gestion - Remise officielle et ritualisation du contrat de transfert de gestion : ✓ L’acceptation du ministère ✓ Le discours ou l’affichage officiel faisant état de l’acceptation du transfert de gestion ✓ Remise officielle du contrat concrétisée par la ritualisation du contrat

✓ La sortie dans le journal officiel, de la décision de transfert de gestion des ressources naturelles à Antsahampano.

b) Composition

Elle est composée membres de bureau et de simples membres

Les membres de bureau permanent sont: le président, les deux vice-présidents, le Secrétaire général, le Secrétaire général adjoint, le Trésorier, le Trésorier adjoint, les deux Vérificateurs et les huit Conseillers.

Pendant l’assemblé général il organise en deux commissions :

- Communication IEC (information, éducation, communication) environnementales,

- Planification et Gestion des conflits

Comme moyen le CLB possèdent les ressources humaines, de Référentiel de développement (Plan Communal de Développement PVD, monographie villageoises…), et des dossiers sur les transferts de gestion des ressources naturelles.

c) Les Acquis du VOI

La contribution aux différentes enquêtes villageoises dans le cadre des projets de développement et de GDRN (Plans villageois et communaux de développement, Plan de Gestion des Zones côtières, identification des filières potentielles, analyse économique des potentialités en ressources,) Pour mieux travailler le CLB doit suivre une certaine formation à savoir : le planification du développement, le gestion des conflits liés à la GDRN, le montage

78 institutionnel et notion de leadership, le suivi évaluation des projets, la gestion des ressources humaines au sein d’une organisation ou association, la technique de communication, de lobbies et de plaidoirie, la connaissance générale sur les textes relatifs à la GDRN. Tous ces renforcements de capacité doit être assuré par la mise en place de programme PE3 et le SAGE.

Le SAGE, à travers le PE3 joue le rôle de facilitateur et médiateur pour le CLB. Sur ce plan, des différents activités et négociations ont été faite. Parmi ces actions, il y a :

➢ l’information, la sensibilisation, l’éducation des communautés sur les textes et réglementations relatifs à la GDRN ➢ la communication et l’éducation environnementale de la masse rurale (tapage médiatique télé, radio) ➢ la contribution au contrôle forestier et suivi des activités menées sur le littoral (réglementation sur le défrichement des mangroves) avec CEF (Cantonnement de l’Environnement et des forêts) ➢ la promotion des activités de restauration (repeuplement des palétuviers à Antsahampano…) et de reboisement communautaire ➢ la facilitation de la négociation avec les bailleurs de fond pour l’acquisition du financement pour le développement de pêche traditionnelle et artisanale sur le littoral d’Ambanja ; ➢ la résolution de litige interne des CLB ➢ l’uniformisation de mode d’application des réglementations locales sur la GDRN à l’intérieur du District d’Ambanja ➢ la médiation environnementale en cas de conflits

d) Mandat du VOI

La Fédération vise la gestion durable des ressources marines et côtières et l’amélioration des conditions de vie des populations locales du littoral d’Ambanja Ses mandats consistent à :

➢ la protection de l’environnement,

➢ la conservation de la biodiversité marine et côtière,

➢ la mise en cohérence de la procédure d’application des réglementations sur la gestion durable des ressources naturelles renouvelables

79

➢ l’uniformité des plans d’aménagement et de gestion simplifiée, ainsi que les conventions sociales appliquées

➢ la gestion des conflits liés à la GDRN ;

➢ défendre les intérêts de toutes les CLB du District d’Ambanja

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ANNEXE 02 : ESPECES/FAMILLES CIBLEES DES RESSOURCES HALIEUTIQUES A ANTSAHAMPANO Types d’engins Espèces/familles ciblées Noms vernaculaires

Pêche aux poissons

Lethrinus chrysostomus Kotrokotro

Siganus canaliculatus Henjy

Gerres sp Ambariaka

Rastrellinger kanagurta Mahaloky Filet senne (Kaokobe) Carangidae Kikao

Lutjanus argentimaculatus Tsivaravara

Strongylura sp Tseradovo

Lutjanus vitta Kitrangy

Lutjanidae Simboto

Lethrinus chrysostomus Kotrokotro

Siganus canaliculatus Henjy

Carangidae Kikao

Ligne Lutjanus argentimaculatus Tsivaravara

Epinephelus longispinis Alovo

Lutjanus vitta Kitrangy

Lutjanidae Simboto

Lethrinus chrysostomus Kotrokotro

Nasse Siganus canaliculatus Henjy

Carangidae Kikao

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Lethrinus harak Tamporoha

Lutjanus vitta Kitrangy

Lutjanidae Simboto

Scomberomorus commerson Ango

Pêche aux crabes

Crochet Scylla serrata Drakaka Ligne- palangrotte

Source : Ocean Cosultant, 2007

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ANNEXE 03 : LES DIFFERENTS COUTS DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA TRANSFERT DE GESTION (source Document CLB)

COUT D’INVESTISSEMENT DE L’INVESTISSEMENT

Désignations Coût (fmg) Intervenants Préparation du contrat 1 150 000 Structures de concertation (CRADES, PFED) SAGE Service Pêche Service eaux et forêts Journaliste Mise en place de la structure 4 150 000 Structures de concertation de base (CLB) et IEC sur la (CRADES, PFED) GELOSE SAGE Service Pêche Service eaux et forêts Frais médiateurs 5 400 000 Trois médiateurs Personnes ressources 4 680 000 SAGE, Maire, adjoint sous- préfet, service pêche, service eaux et forêts, service des domaines Appui, encadrement 3 000 000 SAGE Ritualisation 3 500 000 SAGE, Commune, CLB, Bailleurs TOTAL 21 880 000

LES COUTS ADDITIONNELS Désignations Coût (fmg) Intervenants Evaluation PEII 19 000 000 SAGE, Bailleurs Evaluation GELOSE (3 ans) 7 000 000 SAGE, Consultant Préparation contrat (10ans) 5 400 000 Médiateurs TOTAL 31 400 000

LES COUTS RECURRENTS ANNUELS Désignations Coût (fmg) Observations Fonctionnement CLB 4 800 000 Fournitures, réunions, déplacements, indemnités, suivi et contrôle Reboisement 10 500 000 Ce coût augmentera lorsque la valorisation du bois de mangroves débute Formations 5 000 000 Deux formations locales Appui, encadrement, Suivi 4 680 000 Moyenne de 6 fois par an de descente des techniciens TOTAL 24 980 000

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RECAPITULATIF DES COUTS DIRECTS coût de l’investissement 21 880 000 coûts additionnels 31 400 000 coûts récurrents annuels 24 980 000 TOTAL 78 260 000 LA FILIERE CHARBON AVANT TG APRES TG

Nombre d’exploitants 40 5

Superficie exploitée (ha/exp) 26 4

Superficie totale exploitée/an 1040 20

Nombre de sacs/ha 60 60

Prix/sac (fmg) 8 000 20 000

Recette totale/an (fmg) 499 200 000 24 000 000

Coût de production/j/pers 7 500 12 500 (fmg)

Coût de production totale/an 72 000 000 15 000 000 (fmg)

Bénéfice total/an (fmg) 427 200 000 9 000 000

Bénéfice actualisé (fmg) 568 603 200 9 000 000

Perte de revenu (fmg) 559 603 200

LA FILIERE BOIS DE CONSTRUCTION AVANT TG APRES TG

Superficie exploitée (ha/an) 1240 400

Densité (pieds/ m2) 1200 1200

Nombre de pieds exploités/an 1488000 480000

Nombre de pieds (perche) 148800 48000

Prix/pied (fmg) 1 500 1 500

Recette perche 223 200 000 72 000 000

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Nombre de pieds (gaulette) 1339200 432000

Prix/pied (fmg) 300 300

Recette gaulette 401 760 000 129 600 000

Recette totale/an (fmg) 624 960 000 201 600 000

Coût de production/j/pers 7 500 12 500 (fmg)

Coût de production totale/an 72 000 000 15 000 000 (fmg)

Bénéfice total/an (fmg) 552 960 000 186 600 000

Bénéfice actualisé (fmg) 735 989 760 186 600 000

Perte de revenu (fmg) 549 389 760

RECAPITULATIF DES COUTS D’OPPORTUNITE Désignations Coût (fmg) Perte de revenu en exploitation du charbon 559 603 200

Perte de revenu en exploitation du bois de 549 389 760 construction Perte de revenu de la filière pêche 295 465 550

1 404 458 510

LES BENEFICES DIRECTS Désignations Bénéfice (fmg) Observations Exploitation du Charbon 9 000 000 Ce bénéfice augmentera après le renouvellement du contrat car la CLB commencera l’exploitation rationnelle (Tableau 7) Exploitation du bois de 186 600 000 construction Exploitation ressources 170 863 000 halieutiques (poissons) Exploitation ressources 2 250 000 Cette valeur tend à augmenter halieutiques (crabes) dans le temps car les ressources augmentent selon la qualité des mangroves (l’augmentation est estimée à 10%/an) TOTAL 368 713 000

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LE BENEFICE INDIRECT DE LA PRODUCTION DE BOISSONS ALCOOLISEES (TREMBO) APRES TG

Nombre d’exploitants 30

Production moyenne/j/pers (l) 60

Production totale/j (l) 1800

Prix /l (fmg) 750

Recette /j 1 350 000

Recette totale annuelle (fmg) 492 750 000

Coût de production /l/j (fmg) 200

Coût de production totale/an 131 400 000 (fmg)

Coût d’entretien des digues/an 2 000 000

Coût total annuel (fmg) 133 400 000

Bénéfice total/an (fmg) 359 350 000

Jours de travail annuel = 365 j

Désignations Bénéfice (fmg) Observations Valeur des ressources 3 023 313 670 62.66$/ha (Contaza et al) halieutiques Exploitation du vin de palme 359 350 000 La fonction de protection des mangroves permet l’aménagement des tannes pour cette activité TOTAL 3 382 663 670

ANALYSE COUT-BENEFICE Coût/Bénéfice actualisés sur 15 ans avec un taux Montant en FMG de 10%

Coût de l’investissement 21 880 000

Coûts additionnels 31 400 000

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Coûts récurrents 24 980 000

Revenus perdus du charbon 559 603 200

Revenus perdus de l’exploitation de bois de 549 389 760 construction

Revenus perdus par la pêche (poissons) 237 820 550

Revenus perdus par la pêche (crabes) 57 645 000

Coût total 1 482 718 510

Bénéfices directs 368 713 000

Bénéfices indirects 3 382 663 670

Bénéfice total 3 751 376 670

VAN (15ans)

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ANNEXE 04 : L’EXTRAIT DU DINA

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ANNEXE 05 CAHIER DE CHARGE

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ANNEXE 06 : ARRETE INTERMINISTERIEL PORTANT DEFINITION ET DELIMITATION DES ZONES SENSIBLES NOTE DE PRESENTATION

Le décret nº95.377 portant refonte du décret nº92.926 du 21 octobre 1992 relatif à la Mise en Compatibilité des Investissements avec l’Environnement (MECIE) a énuméré une liste de zones dites sensibles, c’est à dire des zones dont l’équilibre écologique est facilement ou déjà perturbé. Afin d’assurer une protection particulière de ces zones dont les fonctions écologiques sont importantes, le décret suscité préconise que des études préliminaires d’impact sur l’environnement soient exigées systématiquement à chaque fois que ces zones seraient envisagées comme lieu d’implantation de toute activité de quelque nature que ce soit. Afin de prévenir tout problème d’interprétation et en conformité avec le décret, le présent arrêté définit de manière précise, chaque type de zone ainsi que ses délimitations précisions chaque fois que cela est possible.

Arrêté interministériel nº4355 /97 Portant définition et délimitation des zones sensibles

- Le Ministre de l’Environnement, - Le Ministre des Eaux et Forêts - Le Ministre de l’Industrialisation et de l’Artisanat - Le Secrétariat d’Etat près du Ministre des Forces Armées chargé de la Gendarmerie. - Vu la constitution du 18 Septembre 1992 - Vu la loi constitutionnelle nº95.001 du 13 octobre 1995 portant révision des articles 53, 62, 74, 75, 90, 91 et 94 de la constitution du 18 Septembre 1992 - Vu la loi nº90.033 du 21 décembre 1990 portant Charte de l’Environnement Malgache ; - Vu le décret nº97.128 du 21 Février 1997 portant nomination du Premier Ministre, Chef du Gouvernement ; - Vu le décret nº97.129 du 27 Février portant nomination des Membres du Gouvernement ; - Vu le décret nº95.377 du 23 mai 1995 relatif à la Mise en Compatiblité des Investissement avec l’Environnement ; - Vu le décret nº97.355 du 10 avril 1997 fixant les attributions du Ministre de l’Environnement ainsi que l’organisation générale de son Ministère ; - Vu le décret nº97.281 du 07 Avril 1997 fixant les attributions du Ministre des Eaux et Forêts ainsi que l’organisation générale de son Ministère ; - Vu le décret nº97.209 du 25 Mars 1997 fixant les attributions du Ministre de l’Industrialisation et de l’Artisanat ainsi que de l’organisation générale de son Ministère ; - Vu le décret nº97.284 du 07 Avril 1997 fixant les attributions du Secrétaire d’Etat près du Ministre des Forces Armées chargé de la Gendarmerie ainsi que de l’organisation générale de son Ministère ;

ARRETENT

Article premier : . Le présent arrêté s’inscrit dans le cadre de l’application du décret nº95-377 relatif à la Mise en Compatibilité des Investissements avec l’Environnement. . Il a pour objet la définition et la délimitation des zones particulièrement sensibles conformément aux dispositions des articles 1, 2 et 35 dudit décret

Article 2 : est dite sensible une zone constituée par : . un ou plusieurs éléments de nature biologique, écologique, climatique, physico-chimique, culturelle, socio-économique caractérisée par : . une valeur spécifique et une certaine fragilité vis-à-vis des activités humaines et des phénomènes naturels susceptibles de modifier lesdits éléments et /ou de dégrader voire de détruire ladite zone

Article 3 : sont considérées comme zones sensibles : les récifs coralliens, les mangroves, les îlots, les forêts tropicales, les zones sujettes à érosion, les zones arides ou semi-arides sujettes à désertification, les zones marécageuses, les zones de conservation naturelle, les périmètres de

95 protection des eaux potables, minérales ou souterraines, les sites paléontologiques, archéologiques, historiques ainsi que leurs périmètres de protection Les zones abritant les espèces protégées et/ou en voie de disparition sont fusionnées avec les zones de conservation naturelle à l’intérieur desquelles elles se trouvent.

Article 4 : Chaque zone sensible fait l’objet en annexe d’une définition et d’une délimitation Spécifiques

Article 5 : Sont abrogées les dispositions contraires au présent arrêté.

Article 6 : Le présent arrêté sera publié, enregistré et communiqué partout où besoin sera.

Fait à Antananarivo le 13 mai 1997 Le Ministre des Eaux et Forêts Le Ministre de l’Environnement Le Ministre de l’Industrie Le Secrétariat d’Etat près et de l’Artisanat du Ministre des Forces Armées Chargé de la Gendarmerie

ANNEXE I. Les récifs coralliens

1. Définition Sont zones sensibles les zones récifales qui comprennent les zones incluant les récifs coralliens, définis comme des formations massives biogéniques calcaires, ainsi que leurs zones d’influence ;

2. Délimitation Les principales zones récifales, au sens du présent arrêté, sont définies entre autres dans le tableau ci-après :

No de la zone Nom de la région Délimitation

1 Sud-Ouest Environ de Toliara Limite N-Embouchure du Mangoky Limite S – Embouchure du Linta 2 Nord-Ouest (environ de Nosy-Be y compris les îles Nosy Komba, Sakatia, Grand Mitsio Limite S – Lohatanjon’I Maromony Limite N – Cap d’Ambre 3 Nord-Est Péninsule de Masoala, Nosy Boraha (Ste Marie), Grand récif de Toamasina Limite N – Embouchure de la Lohoko Limite S – Embouchure de l’Ivondro La zone d’influence du récif corallien comprend les formations naturelles éventuellement associées audit récif corallien, dont les mangroves, les lagons, les estuaires, les plages et les cours d’eau en remontant jusqu’à 5 km de l’embouchure ; Les autres zones terrestres et marines se trouvant à une distance de moins de 5 km du récif corallien et recevant des activités susceptibles de l’affecter sont aussi comprises dans la zone d’influence ; Toutefois dans le cas où l’existence de relations fonctionnelles particulières sont évidentes, l’administration par décision motivée, à la faculté d’étendre les limites de la zone d’influence. Peuvent être assimilées aux récifs coralliens les formations rocheuses non coralliennes pour lesquelles on peut démontrer une relation fonctionnelle avec lesdits récifs

Les Mangroves

1. Définition sont sensibles les mangroves qui sont des forêts littorales tropicales se développant dans les zones de balancement des marées, des cotes plates et abritées ainsi que leurs zones d’influence

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2. Délimitation est considérée comme critère de délimitation de la zone de mangrove, la présence simultanée ou facultative des éléments de paysage de mangrove suivants : 1-la zone de mangrove vive à palétuviers 2-le tanne nu ou herbacé 3-le réseau de chenaux plus ou moins régulièrement inondés par la marée. La sensibilité des zones de mangrove sera approuvée par l’insertion des zones d’influence dans cette délimitation que l’administration a la faculté d’étendre selon le cas : -Toute espace de 10 km au moins en amont à partir de la limite interne (co-terrestre) de la mangrove -Les zones de pêche crevettière, les zones récifales et les herbiers en aval

Les îlots

Définition -sont sensibles tous les îlots qui comprennent toutes les formations insulaires, maritimes et estuairennes ainsi que leurs zones d’influence. -sont exclues les îles qui sont sièges d’une circonscription administrative de niveau départemental

1. Délimitation -sont incluses dans la zone de délimitation les autres zones sensibles éventuellement associées à l’îlot. -sont dites zones d’influence, les zones terrestres et maritimes recevant des activités susceptibles d’affecter les îlots (surexploitation halieutique et forestière, établissements halieutiques à terre, extraction minière « guano », exploitation industrielle, exploitation hotellière et touristique, navigation de plaisance, rejets en mer et dégazage, accidents de navigation « marée noire », forages en mer, prélèvements scientifiques et incontrôlés, établissements stratégiques, projets agricoles) et les formations naturelles en relation fonctionnelle avec eux et qui leurs sont par conséquent associées.

Les forêts tropicales

Définition Sont sensibles les zones de forêts tropicales comprenant les surfaces couvertes d’arbres ou de végétation ligneuse, autre que plantées, les terrains dont les fruits exclusifs ou principaux sont des produits forestiers, les terrains dont la vocation naturelle principale ou exclusive est forestière telle que les définit la réglementation forestière en vigueur.

1. Délimitation La délimitation des forêts tropicales est déterminée dans la définition même. Néanmoins les critères de gestion à utilisation sont pris en considération notamment : . Classement des forêts . Écosystème forestier à usage multiple (ESFUM) . Les aires protégées Peuvent être assimilées au forêt tropicales les zones suivantes : . Les surfaces occupées par les arbres et les buissons situés sur les berges des cours d’eau, des lacs et sur les terrains érodés ; . Les surfaces non boisées des bien-fonds forestiers telles que les clairières ou surfaces occupées par des routes forestières, construction et installation nécessaires à la gestion forestière, notamment pour la conservation et la restauration des sols, la conservation de la biodiversité, la régulation des systèmes hydriques ou l’accroissement de la production forestière dès qu’ils auront fait l’objet d’un classement ; . Les terrains déboisés n’ayant pas fait l’objet d’autorisation de défrichement prévu. Les marées et les plans d’eau situés à l’intérieur d’une forêt ou sur un terrain ou surface répondant aux qualifications sus-annoncées. Les peuplements naturels d’Aloès : . Les peuplements naturels d’arbres produisant des fruits, tels que les manguiers, les palmiers et les anacardiers ; . Les mangroves, les bois sacrés, les raphières . Les dunes littorales de protection

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Les zones sujettes à érosion

1. Définition sont sensibles les zones sujettes à érosion présentant une vulnérabilité caractérisée par une perte visibles ou reconnue du sol et/ou du sous-sol susceptible d’être aggravée et/ou accélérée par les activités humaines

2. Délimitation sont incluses dans les zones sujettes à érosion toutes régions présentant des signes extérieurs de dégradation telles que les lavaka, mouvement de masse (affaissement, éboulement) dont l’analyse des caractères pédologiques, géomorpholigiques, pluviométriques, des couvertures végétales confirmeront ou non les caractères de vulnérabilité et ce, tout en se référant aux données et ce, tout en se référant aux données relatives à l’érosion et à la conservation des sols (1) se trouvant dans le documents utilisés dans le cadre du Plan d’Action Environnementale (PAE)

Les zones arides et semi-arides sujettes à désertification

1. Définition Sont sensibles les zones arides, semi-arides sujettes à désertification se caractérisant par un déficit hydrique naturel qui se traduit par une propension à la salinisation des eaux et du sol et où dont les activités humaines sont suceptibles d’aggraver le processus de dégradation des terres et des eaux

2. Délimitation La zone sujette à désertification est délimitée à la région climatique aride mégathermique définie selon la méthode de Thornthwaite (1) – Les facteurs anthropiques suivant les régions, in Rapport des travaux du groupe « Erosion et conservation des eaux » - La délimitation des zones prioritaires, in Rapport des travaux du groupe « Erosion et conservation des sols et des eaux » - La répartition géographique des sols malgaches in Roederer p. 1972-SOMADEX, 1990 - La carte des zones de dégradation de Madagascar (PAE 1988)… - L’évaluation des besoins de conservation des différentes régions de Madagascar (PAE 1988)

Les zones marécageuses

1. Définition sont sensibles les zones humides suivantes : les lagunes, les plaines alluviales, les zones lacustres (lacs et étangs) et palustres (marais, tourbières, marécages, forêts marécageuses) habituellement inondées ou gorgées d’eau douce, salée ou saumatre de façon permanente ou temporaire.

2. Délimitation Les zones humides considérées dont la zone marécageuse qui est un écosystème de plus d’un hectare répondant à la définition ci-dessus. Les zones humides sont délimitées soit par la présence d’eau permanente ou temporaire au-dessus du sol, soit satisfaisant aux deux des trois critéres suivants : - la présence de la zone de saturation jusqu’à une profondeur n’excédant pas 30cm, pendant 30 jours conécutifs au minimum - la prédominance (+50% en surface) des sols hydromorphes identifiés dans la liste établie par la commission française de pédologie et de cartographie des sols (2) - la prédominance (+50% de la vétation émergée) de l’une au moins des espèces de plantes hydrophytiques identifiées et définies par Bernacsek, Ranarijaona et consorts (3). Autour des limites de la surface répondant au minimum à l’un de ces critères, une zone d’au moins 80m est considérée comme partie intégrante de la zone sensible. Néanmoins, si la zone marécageuse est contigue à un cours d’eau, la limite de la zone sensible est le chenal du cours d’eau, la limite de la zone sensible est le chenal du cours d’eau si la largeur est supérieur à 80m.

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(2) liste des sols hydrophormes : 1. les sols peu évolués non-climatique d’apport alluvial (Groupe II.42) 2. les sols hydrophormes (classe XI) à l’exclusion dus sous-groupe des sols humides salés à gley (sousgroupe XI.211). Comme définit par la classifiaction des sols établie par la commission Française de pédologie et de cartographie des sols (3) liste des plante hydrophytiques Les familles Les genres Les espèces Ceratophyllacées Cressa Athrocnemum indicum Eriocaulacées Crinum Ascolepis brasiliensis Lemnacées Cyperus Chara zeylanica Naiadacées Drosera Commelina cyperoides Nymphaeacées Kyllingia Cynodon dactylon Polygonacées Pandanus Digitaria humbertii Pontederiacées Phragmites Eleocharis plantaginea Potamogetonacées Rorippa Floscopa glomerata Salviniacées Salicornia Fuirena umbellata Typhacées Sphagnum Mariscus albescens Utricularia Pistia stratiotes Restio madagascariensis

Les zones de conservation naturelle

1. Définition Sont sensibles les écosystèmes présentant un habitat ou un ensemble d’habitat nécessaire à la préservation des vestiges et/ou des diversités biologiques originelles

2. Délimitation La définition des zones de conservation naturelle au sens du présent arrêté rejoint celle donnée par les instances internationales en ce qui concerne les réserves : « zones soumis à des mesures efficaces juridiques ou autres, visant à protéger la diversité biologique et assurer le maintien des fonctions écologiques ». Elles comprennent : . Toutes aires protégées et leurs zones tampons délimitées de façon légale . Toutes réserves de chasse et leur zone d’influence . Tous sites d’intérêt biologique lesquels sites étant matérialisés ou en cours de matérialisation, classés ou en cours de classement. Les critères d’intérêt biologique sont principalement : - le corridor de migration - le site de reproduction ou d’alimentation - le site abritant des formes relictes Toutefois en l’absence d’un tel classement, d’une telle matérialisation ou d’un tel statut, il est fait obligation à tout promoteur de prendre des mesures conservatoires immédiates en cas de découverte d’une espèce ou d’un site invoqué comme d’intérèt biologique, et d’en informer les autorités compétentes. Peut-être assimilée à une zone de conservation naturelle, une zone abritant des espèces protégées.

Les périmètres de protection des eaux potables, minérales ou souterraines

1. Définition Sont sensibles les périmètres destinés à protéger les captages collectifs d’eau de surface et souterraine pour l’alimentation ou l’approvisionnement contre tous risques de contamination (puits, sources et forage) 2. Délimitation les périmètres de protection sont définis cas par cas après études hydrogéologiques et ce, dans la limite du bassin immédiat de réalimentation présumé ou invoqué comme tel de la ressource en eau concerné par le captage

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Les sites paléontologiques, archéologiques, et historiques

1. Définition Sont sensibles les sites comportant des vestiges d’occupation humaine, des fossiles, des subfossiles en milieu terrestre et/ou aquatique présentant un intérêt scientifique culturel et/ou esthétique ainsi que leurs périmètres de protection ;

2. Délimitation Le périmètre de protection d’un site paléontologique, archéologique et historique est défini comme zone nécessaire à sa bonne gestion. Ce périmètre sera fixé cas par cas suivant un arrêté pris par les autorités compétentes après accord des services techniques concernés

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