Loiret Montbarrois Canton Malesherbes, arrondissement , 304 habitants

4. Façade nord 5. Façade nord-est

où des arcs formerets ont été simulta- Flanqué au sud par une tourelle d’ escalier d’ éclairage en arc brisé qui le surmonte. nément lancés au-dessus des baies. Des donnant accès aux combles, l’ imposant C’ est également le cas de la voûte d’ ogives, voûtes d’ ogives ont été, par conséquent, clocher-porche qui précède la nef à l’ ouest à clé annulaire, qui en couvre l’ intérieur. 1. Façade ouest 2. Façade sud projetées. On y renonça finalement dans est épaulé jusqu’ au faîte par des contre- Ses arcs à profil prismatique retombent en les deux cas, au profit de voûtes en berceau forts à angles droits et à retraites succes- pénétration dans des colonnes engagées en plâtre sur lattis, laissant apparente une sives formant autant de glacis. Son origine dépourvues de chapiteaux. L’ accès usuel église Saint-Martin-et-Saint- partie de la charpente. De curieux départs paraît ancienne et il pourrait remonter au de l’ église ne s’ effectue plus de nos jours Bond relevait au xviiie siècle du de doubleaux à profil rectangulaire furent xiie ou au début du xiiie siècle. Cependant, par le portail du clocher, mais par une diocèse de Sens, dont l’ archevêque entre-temps ajoutés au-dessus des piles le rez-de-chaussée a été intégralement petite porte à arc surbaissé débouchant L’possédait le droit de nommer à la cure. dans le bas-côté, sans se raccorder harmo- repris en sous-œuvre à l’ occasion des sur l’ extrémité ouest du collatéral, qu’ un Les vastes proportions qu’ elle avait alors nieusement aux amorces existantes. L’ idée travaux qui ont abouti à la création de modeste porche en charpente protège des atteintes révèlent l’ importance passée de de voûter en maçonnerie cette partie de l’ unique collatéral de l’ église. À cette intempéries. la paroisse, sans commune mesure avec l’ édifice ne fut donc définitivement aban- même campagne appartiennent en effet celle du village d’ aujourd’ hui. donnée que dans un troisième temps. le portail en plein cintre et la petite baie

L’ édifice actuel résulte d’ une longue histoire. La partie la plus ancienne est la nef, dont le mur sud conserve deux petites fenêtres hautes en plein cintre et à claveaux étroits et, en partie basse, des assises en arête-de-poisson, datables du xie siècle au plus tard. Comme l’ atteste la corniche d’ origine, intégrée dans la maçonnerie, ce mur a été ensuite rehaussé. Trois fenêtres basses ont égale- ment été percées de part et d’ autre des baies romanes à des époques différentes, comprises entre le xiiie et le xvie siècle. 3. Façade est L’ élévation de la façade nord de l’ église est, en revanche, homogène. Rythmée Sa construction a entraîné la démoli- retombe en pénétration dans des piles par trois contreforts et quatre fenêtres en tion intégrale du mur gouttereau de la rondes à base polygonale. L’ amorce d’ un arc brisé et à double ébrasement concave, nef romane. Il communique avec la nef arc doubleau au profil semi-circulaire elle résulte de l’ ajout d’ un collatéral à par l’ intermédiaire de quatre grandes s’ observe sur chacune de ces piles, tant du la fin du xve ou au début du xvie siècle. arcades en arc brisé, dont la mouluration côté de la nef qu’ à l’ intérieur du bas-côté, 6. Plan

212 Cahier 27 La Sauvegarde de l’Art Français 213 Loiret Loiret Le Moulinet-sur-Solin Canton , arrondissement , 133 habitants

7. Vue de la nef et du chœur

De la campagne de travaux de la fin du maître-autel primitif et à l’ époque où siècle dans une baie de la nef (Crucifixion) xve ou au début du xvie siècle relèvent aussi celui-ci y était adossé. Ayant pu faire fonc- et une autre, dans le collatéral (saint Jean les voûtes d’ ogives à profil prismatique des tion, dans un premier temps, de taber- l’ Évangéliste ?). En outre, l’ un des départs deux travées du chœur. Elles se raccordent nacle, il est surmonté d’ un arc trilobé en de doubleaux de la nef porte une croix de maladroitement à des colonnes engagées relief qui s’ inscrit dans un tympan en consécration peinte qui paraît ancienne. flanquées chacune de deux colonnettes, arc brisé. Lui était associée une piscine Elle pourrait avoir suivi de peu l’ impor- supports dont les tailloirs s’ ornent d’ un ménagée, à peu de distance, dans le tante campagne de travaux de la fin du 1. Vue générale de l’ église tore. Toutefois, là encore, cette partie de mur sud de la seconde travée du chœur. xve ou du début du xvie siècle, dont il a été l’ édifice pourrait être bien antérieure, Pourvue de deux cuvettes quadrilobées question à plusieurs reprises. entionnée pour la première deux gros contreforts et dont le soubasse- L’ édifice est profondément transformé une fenêtre en arc brisé, conservée dans le avec trous d’ évacuation et d’ une tablette fois en 1159, la paroisse relève, ment est délimité par un bandeau en saillie à l’ époque gothique. Des collatéraux mur nord de la première travée, pouvant à plate-bande et chanfrein, celle-ci affecte Pour la réfection des enduits extérieurs du jusqu’ à la Révolution, de la puis- à motifs en « dents de scie », qui se répètent sont ajoutés à la nef et le chœur, agrandi, parfaitement remonter au xiiie siècle. Le la forme d’ une niche en arc tiers-point. S’ y clocher, du chœur et du pignon de la nef, la Msante abbaye bénédictine de Saint-Benoît- sur le portail en arc brisé dont l’ archivolte à prend la forme d’ une abside à pans. Cet remplage, très sobre, de la baie d’ axe, n’ est inscrivait autrefois une arcature trilobée à Sauvegarde de l’ Art français a apporté une sur-Loire, qui, peu de temps auparavant, boudin retombe sur deux colonnettes aux état subsiste jusqu’ à l’ époque révolu- pas d’ origine. Il a sans doute été refait au claire-voie, dont les redents ont été bûchés. contribution d’ un montant de 15 000 € avait fait l’ acquisition de l’ important chapiteaux ornés de feuilles s’ enroulant en tionnaire. Après une période d’ abandon, cours de la seconde moitié du xixe siècle, L’ esthétique de ces deux accessoires litur- en 2016. domaine du Moulinet. Cette dépendance volutes. De cet état primitif, témoignent l’ église menace ruine. En 1829, des pierres lorsqu’ ont été posés les vitraux actuels. giques, qui relève du gothique rayonnant, pourrait expliquer le choix du vocable de encore, dans la nef, les colonnes enga- tombent des voûtes de la nef et du chœur. Production de l’ atelier Lobin à Tours, apporte un indice supplémentaire mili- Gilles Blieck l’ église, dédiée à saint Philippe, patron peu gées prévues pour recevoir les extrémités Elle échappe finalement, mais de peu, à ils figurent, dans l’ oculus, une Vierge à tant en faveur de la nette antériorité du honoré dans le diocèse, le roi Philippe 1er, des arcs doubleaux de la voûte ; leurs la démolition, mais non à des travaux de l’ Enfant, puis dans chacune des deux chœur sur l’ époque du voûtement dont il qui régna de 1060 à 1108, ayant élu sa sépul- chapiteaux sont décorés, selon les cas, grande ampleur ; entrepris au cours de lancettes, saint Martin et, non pas saint est couvert. Enfin, toujours dans le chœur, ture dans le chœur de l’ abbatiale. de feuillages, de figures, ou d’ animaux la première moitié du xixe siècle, ceux-ci Bond, mais saint Vincent, qui semble avoir une porte en plein cintre, percée dans le fantastiques. Rien ne prouve cependant en changent, une nouvelle fois, radicale- détrôné, dans le cœur des paroissiens, le mur opposé à la piscine, donne accès à la Fondée vers la fin duxii e siècle, l’ église fut que la nef ait été réellement couverte, à ment l’ aspect. second patron officiel de la paroisse. sacristie du xixe siècle. Abbé Y.-B. Patron, Recherches historiques modifiée à plusieurs reprises. À l’ origine, l’ origine, d’ une voûte en berceau, car seule sur l’ Orléanais, t. II, Orléans, 1871, p. 360-361. elle se composait d’ une simple nef voûtée une voûte lambrissée, laissant apparaître Ne demeurent plus, en 1845, que la nef et Un placard eucharistique a été creusé Outre une abondante statuaire, en majorité E. Michel, « Montbarrois, église de Saint-Martin », en berceau et terminée par un chevet plat les entraits et les poinçons de la charpente, la façade occidentale de l’ état précédent. e dans Monuments religieux, civils et militaires dans le mur du chevet, sous le niveau du xix siècle, l’ église conserve quelques du Gâtinais depuis le xie jusqu’ au xviie siècle, ou, plus vraisemblablement, une abside. En est mentionnée dans les descriptions que Le chœur et les bas-côtés gothiques ont de l’ appui de cette baie, au voisinage du fragments de vitraux figuratifs du xvie Lyon-Orléans-Paris, 1879, p. 165. subsiste la façade occidentale, épaulée par l’ on possède pour le xixe siècle. été supprimés, et les grandes arcades de

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