archevêque d’Avignon Mgr Entretien avec ISSN 0015-9506 FRANCE doit-il revoir L’enseignement doit-il revoir L’enseignement Catholique

Catholique82 Cattenoz FRANCE ème année -Hebdomadaire catholique catholique CD Bach àWeimar CD par votre ➦ Offert de journaux, sa copie? sa copie? n°3046 marchand EVANGELISATION Le Le - 10 novembre2006 congrès ce www.france-catholique.fr de 3:HIKLMI=YUW^U[:?d@a@o@q@a; M 01284 Bruxelles -3046 pour l’Amour F: et laVérité 2,90 Un hebdo 2, E engagé 90 € BREVES

l’Union européenne suspendues. terdits. 72 employés musulmans de l’aé- MONDE ECOLOGIE : La revue Science a publié un roport de Roissy se sont vus retirer leur NICARAGUA : Daniel Ortega, 60 ans, qui a rapport alarmant de scientifiques améri- badge d’accès aux zones sensibles par la troqué le langage marxiste par un dis- cains pronostiquant la disparition de tous préfecture de Seine-Saint-Denis, en rai- cours chrétien (il a promis à l’Eglise d’a- les poissons d’ici un demi-siècle en raison son de leurs liens possibles avec des isla- bolir les lois légalisant l’avortement) de la pollution des océans et de la sur- mistes. Des organisations syndicales et semblait, lundi, être arrivé en tête de l’é- pêche. La FAO (organisation des Nations musulmanes vont porter plainte pour dis- lection présidentielle du 5 novembre avec Unie pour l’alimentation) a contesté ces crimination religieuse. 40% des voix ce qui lui assurerait l’élec- prédictions. ECONOMIE : Le groupe français Vivendi a tion au premier tour. ENERGIE : Une erreur dans la gestion de fait l’objet récemment d’une offre de ra- IRAK : Le Haut tribunal pénal irakien a la répartition de l’électricité en Alle- chat pour 50 milliards de dollars par le prononcé, le 5 novembre, une peine de magne a provoqué une vaste panne élec- fond d’investissement américain KKR. mort par pendaison à l’encontre de Sad- trique qui a touché plus ou moins grave- Offre qui a été repoussée. dam Hussein et de deux de ses sept coac- ment dix pays d’Europe et du Maghreb. FAITS DIVERS : Une mère célibataire de cusés : son demi-frère Barzan Ibrahim al- Cinq millions de Français ont été privés 19 ans, a été mise en examen pour l’as- Tikriti, ancien chef des services secrets, et de courant pendant moins d’une heure, sassinat de son garçon de 14 mois, re- Awad Ahmed al-Bandar ancien président dans la soirée du 4 novembre. Il y a un trouvé mort le 2 novembre dans un étang du tribunal révolutionnaire. Les autres déficit de production d’électricité en Eu- de Redon (Ille-et-Vilaine). Une Toulou- accusés ont été condamnés à de la pri- rope et une trop grande fragilité des ré- saine de 39 ans, élevant 4 enfants, a été son, l’ancien vice-président, Taha Yassine seaux d’interconnexion. arrêtée le 2 novembre, pour avoir tué sa Ramadan, à perpétuité, et les autres à de DARFOUR : Après une trêve de six mois dernière fille à la naissance, juste après longues peines, sauf un qui a été ac- les milices musulmanes des djandjawids avoir accouché toute seule. Elle avait quitté. L’affaire jugée concernait le mas- ont repris leurs raids meurtriers au Dar- conservé le cadavre dans son congé- sacre par le régime baassiste de 148 four depuis une quinzaine de jours. lateur... chiites du village de Doujaïl en 1982. Des SOMALIE : Les forces des “tribunaux isla- “L’Express” a révélé qu’un rapport de crimes autrement plus importants à l’é- miques”, qui contrôlent le sud du pays et l’Igas a conclu que l'hôpital Saint-An- gard de la population kurde restent à Modagiscio depuis juin, ont lancé une toine à avait conservé une “collec- juger, [commis en 1988 à l’aide de gaz offensive, à 500 km au nord de la capi- tion” de 331 fœtus dans des conditions moutarde, ils auraient fait 180.000 morts tale, sur l'enclave du Puntland, après l’é- illégales comparables à celle de l’hôpital civils]. Selon l’actuel code pénal irakien, chec de négociations avec le gouverne- Saint-Vincent-de-Paul entre 1984 et la peine de mort et la prison à vie don- ment transitoire de Baïdoa. l’été 2005. nent lieu à une procédure d'appel auto- INDE : Une trentaine de personnes au- MARSEILLE : La chambre régionale des matique. Si la peine de mort était confir- raient été tuées, le 5 novembre, dans comptes (CRC) de Paca a souligné, dans mée, elle devrait être appliquée dans les deux attentats à la bombe simultanés à un rapport que la ville de Marseille devra 30 jours. Les associations internationales Guwahati, dans l’Etat d’Assam (nord-est mobiliser vingt ans d'épargne pour rem- de défense des droits de l’homme pro- de l'Inde) en proie à des rébellions sépa- bourser sa dette. La hausse de l'endette- testent contre un procès jugé par elles ratistes et musulmanes. ment sur la période 1997-2005 serait inéquitable. KIRGHIZIE : 2000 opposants occupent la due à «la progression des dépenses de GAZA : Alors que les négociations avec le place principale de Bichkek, face au siège fonctionnement, plus particulièrement Hamas pour libérer le soldat Gilad Shalit du gouvernement, où ils ont planté leurs des charges de personnels» (1.200 agents sont dans l’impasse, l’armée israélienne a tentes depuis une semaine pour réclamer et 3.600 vacataires) qui n’ont pas été re- entrepris début novembre une opération une réforme constitutionnelle et la dé- déployés malgré des transferts de militaire baptisée “Nuage d’automne” sur mission du président Kourmanbek Bakiev. compétences à d’autres structures. la bande Gaza pour tenter de faire cesser AUTOMOBILE : Le constructeur automo- OGM : José Bové a subi 30 heures de d’incessants tirs de roquettes. Une cin- bile japonais Toyota prévoit d’annoncer garde-à-vue après que, au cours d’une quantaine de Palestiniens ont été tués en un bénéfice record de près de 15 mil- opération de sabotage d’un silo de maïs quatre jours dont un certain nombre de liards d’euros. transgénique en Gironde, il avait essuyé femmes qui tentaient de s’interposer en INTERNET : On estime à 100 millions le un tir de sommation de la part du pro- manifestant contre les chars. nombre de sites internet dans le monde. priétaire. GEORGIE : Continuant ses pressions sur la C’est deux fois plus qu’en 2004. LETTRES : L’écrivain et chroniqueur litté- Géorgie, confrontée au séparatisme os- raire duNouvel ObservateurBernard Frank sète, Moscou a annoncé un doublement est mort à 77 ans le 3 novembre. du prix du gaz vendu par Gazprom à la FRANCE Le prix Goncourt a été attribué le 6 petite république caucasienne. novembre à l’Américain Jonathan Littell CHYPRE : Le 7 novembre, le président du SECURITE AERIENNE : De nouvelles res- pour “Les Bienveillantes” qui avait déjà Parlement européen, Josep Borrell, a rap- trictions sur les bagages personnels ad- reçu le Grand Prix du roman de l'Aca- pelé à l’ordre la Turquie qui doit lever son mis en cabine sont entrées en vigueur en démie française. embargo maritime contre Chypre sous Europe le 6 novembre : les liquides, gels, www.france-catholique.fr peine de voir toutes négociations avec poudres, médicaments, etc. sont in- www.monde-catholique.com

2 FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 SOMMAIRE EDITORIAL ACTUALITÉ 4 ETATS-UNIS Objectif 2008 Yves La Marck 5 CHIRAC Tout est possible Alice Tulle L’Eglise DOSSIER vue de Lourdes 6 L’école catholique doit-elle revoir sa copie ? n des avantages du journaliste présent à Lourdes, pour les travaux Mgr Jean-Pierre Cattenoz / Ludovic Lécuru et Ivana Brandao de l’Assemblée des évêques de France, consiste dans la proximité 12 Un enseignement catholique est-il possible ? amicale des pasteurs de notre Eglise. Pour qui ne serait pas habitué Gérard Leclerc à de tels contacts, ce serait l’heureuse découverte d’hommes cor- ESPRIT diaux et directs, dont la franchise - contrairement à une réputation Uencore établie - défie les langues de bois et autres doubles langages. Cela dit, 14 MEMOIRE DES JOURS Muhammad Yunus, sans aucune flagornerie. Toute la presse est pleine de rumeurs sur un désac- Anna Politkovskaïa cord - une brouille même - entre notre épiscopat et Rome ? Les évêques, ici, Robert Masson s’en expliquent, sans forcément vous confier des secrets, mais en abattant 15 EVANGELISATION Le Congrès de Bruxelles toutes les cartes. Nous avons pu, nous-même, obtenir du cardinal Ricard des Hervé-Marie Catta précisions factuelles - sur les négociations entreprises avec les groupes tradi- 19 LECTURES Assister au sacrifice de la Messe tionalistes - qui permettent de mieux comprendre des difficultés réelles. Père Michel Gitton Sûrement pas aussi grandes qu’on l’affirme ici ou là, mais assez sérieuses pour qu’on prenne le temps de revenir sur les développements historiques, les évo- MAGAZINE lutions récentes et la nature exacte des malentendus ou même des désaccords. 20 IDEES Le dialogue avec les musulmans Oui, il y a une réelle tension dans l’Eglise de France en ce moment, à pro- Don Patrick de Laubier pos du dossier des traditionalistes. Autant la plupart sont disposés à un dia- 23 LIVRES Un autre regard sur l’Opus Dei logue et à un accueil, autant une arrogance, et parfois une violence dans les François Gondrand paroles publiques - sur les sites internet notamment - sont mal reçues. Une 24 ORGUE Redécouvrir Bach à Weimar réconciliation suppose une volonté réciproque de s’entendre et de vivre la Vincent Genvrin communion ecclésiale. Donner l’impression 26 CINEMA "Les fragments d’Antonin", de réinvestir la maison avec une mentalité de “Le dalhia noir”,"Nouvelle chance" vainqueurs n’est pas acceptable. L’obstination “Désaccord parfait” à refuser le contenu de textes aussi impor- Marie-Christine Renaud d’André / Marie-Lorraine Roussel tants que Nostra Aetate et la déclaration sur 28 EXPOSITIONS Du portrait royal la liberté religieuse sont considérés par les au portrait de famille Ariane Grenon évêques comme des obstacles radicaux à une 32 THEATRE “La traversée de la nuit” réconciliation. Ne pas admettre la liberté reli- Pierre François gieuse, c’est non seulement nier l’exigence de 33 THEATRE “Planète à vendre” lois positives dans ce domaine mais, plus Alain Solari encore, méconnaître la liberté de conscience par Gérard LECLERC 34 B.D. Avec Jean-Paul II et Benoît XVI (24/36)

qui fonde la liberté de l’acte de foi. On re- © YVES DELAUNAY Dominique Bar - Guy Lehideux trouve ainsi une des principales querelles qui avait agité l’opinion au moment 35 TELEVISION "Des fleurs pour Algernon" du concile et qui détermina pour une part importante l’attitude d’opposition “Petits meurtres en famille”, “Elizabeth Ière” de Mgr Marcel Lefebvre. Marie-Christine Renaud d’André Il n’est pas interdit de reprendre la question, comme ont su le faire les reli- 36 TELEVISION Votre début de soirée gieux dominicains de Chéméré-le-Roi qui, après une longue contestation, M.-Ch. R. d’A. quasi-schimastique, ont reconnu le bien-fondé de la déclaration conciliaire et 38 BLOC-NOTES Vie associative et d’Eglise ont demandé pardon de leur incompréhension. Mais on doit se demander aussi Brigitte Pondaven dans quelle mesure des blocages psychologiques et idéologiques n’inter-

Couverture : dessin © Chaunu, photo © L.. Lecuru viennent pas dans beaucoup de cas pour empêcher un échange réciproque qui permettrait de mieux cerner l’enseignement de Vatican II. Si l’Eglise s’est faite www.france-catholique.fr www.monde-catholique.com conversation, ainsi que le désirait ardemment Paul VI, on ne voit pas pourquoi elle refuserait un dialogue sérieux avec ses enfants “en délicatesse” avec elle. C’est en tout cas dans cet esprit que nous avons accepté de participer, à l’in- A nos actionnaires : vitation de l’abbé de Tanouärn, à une réunion d’explication réciproque qui doit L’Assemblée générale bientôt se tenir à la salle de la Mutualité à Paris. Des laïcs, qui comme Jean- de S.P. France Catholique Pierre Denis, directeur de La Vie et nous-même, parleront sans mandat et aura lieu à Paris le 4 décembre 2006. n’engageront que leur seule responsabilité. Est-ce pécher par excès d’opti- Pensez à remplir un pouvoir misme que penser que ce type d’initiatives peut rendre service à la cause de l’u- nité ? Toujours est-il que l’Assemblée de Lourdes aura donné à beaucoup si vous ne pouvez pas venir. d’entre nous le sentiment que nous étions encouragés à sortir d’un climat né- faste de suspicion pour progresser ensemble dans la communion et la vérité. I

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 3 ACTUALITE ETATS-UNIS par Yves LA MARCK Objectif 2008 Avec les élections au Congrès du 7 novembre, la campagne présidentielle pour la succession de Bush est ouverte. ’annonce d’un succès dé- l’électorat dit de mocrate aux élections à la droite reli- la Chambre des Repré- gieuse est, selon sentants et au Sénat les observa- L n’est peut-être pas une teurs, en régres- aussi bonne nouvelle pour le sion, mais aussi parti dans la perspective des parce que les élections présidentielles de candidats 2008. En effet, il sort d’une pé- démocrates se riode d’opposition de douze ans démarquent (car il était déjà minoritaire au du "libéra- cours du second mandat Clinton) lisme" de la pour assumer le premier rôle lé- ligne du parti et gislatif. Dans le système consti- ne se veulent pas tutionnel américain, marqué par moins religieux une rigide séparation des pou- que leurs concur- voirs, la Maison Blanche peut rents républicains, faire porter sur le Capitole la res- particulièrement dans ponsabilité de l’obstruction et le Sud (l’élection programmée d’un réciproquement. Au lieu que noir-américain dans le Tennessee). gramme d’un candidat considéré tendu (mais pas par tous) n’a dans la situation actuelle où le Les effets de la mondialisation, comme d’extrême-droite (Bucha- pensé, depuis qu’elle est séna- président contrôlait la majorité par exemple dans l’industrie auto- nan) il y a quelques années, s’il teur, qu’à s’intégrer dans le sys- des deux chambres du Congrès, mobile, font revenir au parti n’avait voulu trouver un dériva- tème (elle a approuvé la guerre le public n’avait pas à se deman- démocrate les cols bleus passés tif à l’opposition qui le submerge. en Irak). Il n’est pas si évident der qui est responsable. La majo- au républicanisme sous Reagan Bref, si Bush est ouvertement qu’elle triomphe de toutes les rité démocrate va à l’inverse (par exemple en Ohio). En revan- rejeté, ses partisans déçus sont étapes de l’investiture démo- pouvoir récupérer des positions che, l’Irak est un sujet que les allés trop loin avec lui pour crate, ni qu’elle soit nécessaire- stratégiques à la tête des com- deux partis abordent avec opérer un subit tête-à-queue. ment la candidate préférée de missions dont on connaît le pou- précaution. Il n’existe pas de ligne Pour qu’ils changent de camp, son mari (ou qu’elle veuille voir d’enquête. L’hallali ne de partage claire sur la question jusqu’à faire confiance aux dé- passer pour telle). Le jeu est devrait pas tarder à sonner. du retrait car chacun pressent mocrates, encore faudrait-il d’autant plus ouvert que c’est la Contre Bush certes, mais au que les sacrifices seront doulou- qu’apparaisse du côté de ces der- première élection " libre " depuis profit de qui ? reux. Ils souhaiteraient que le niers les prémices d’un renou- la guerre, sans un président ou Aucun des deux partis ne président sortant les débarrasse veau. un vice-président sortant candi- s’est encore entendu ni sur un de ce fardeau dans les deux ans John MacCain, qui avait déjà dat. Autant de points de compa- programme ni sur un candidat. qui viennent. Le syndrome du connu un bon départ il y a huit raison avec la situation française Démocrates et républicains sont Vietnam ressurgit. ans face à George Bush dans les telle qu’on la décrit aujourd’hui. des appellations assez imprécises Reste à s’emparer du dossier primaires, part à nouveau favori N’imaginons toutefois pas d’in- qui recouvrent des marchandises aussi scabreux de l’immigration. chez les républicains. Hillary fluence de l’une sur l’autre, tant très variées : du conservatisme Bush ne se serait pas laissé aller Clinton est plus crédible auprès les situations respectives des au progressisme (qualifié outre- à autoriser la construction d’un des médias étrangers que dans deux pays sont différentes. Il Atlantique de "libéral"), des "fau- mur sur la frontière du Mexique, son propre parti. Elle qui pour- reste que les successeurs issus cons" aux "colombes". Le poids de c’est-à-dire à reprendre le pro- rait incarner le changement at- des urnes de 2007 en France et de 2008 aux Etats-Unis seront tous deux appelés à faire chemin L’hallali ne devrait pas tarder à sonner. ensemble jusqu’en 2012. Cela ( Contre Bush certes, mais au profit de qui ? mérite d’y réfléchir. I

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par Alice TULLE Tout estCHIRAC possible Les récentes déclarations de Jacques Chirac n’ont pas eu bré la réussite des Plans de cohé- sion urbaine et sociale, souligné grand écho. Elles marquent cependant une étape vers une les progrès accomplis dans les candidature qui n’est plus au catalogue des folles hypothèses. banlieues défavorisées un an après les émeutes, évoqué la trange situation : le chef réforme de la justice, la sécurité de l’Etat accorde un long sur la voie publique et la répres- entretien au Figaro (1), sion des infractions – distribuant évoque nombre de au passage des bons points à ses thèmes importants et principaux ministres pour bien E montrer qu’il était et qu’il enten- s’exprime sur son éventuelle candidature sans que les médias dait demeurer jusqu’au bout le et la classe politique trouvent seul maître à bord. dans ces déclarations matière à Quant à l’élection présiden- réflexion. tielle, Jacques Chirac n’a pas été Au contraire, le président de moins clair : "Je me prononcerai la République subit une opéra- le moment venu, c’est-à-dire au tion peu commune : alors qu’il 1er trimestre 2007". Point de dé- est toujours en fonction et part annoncé, pas le moindre voyage en Chine, on tente de le dauphin désigné mais au statufier de son vivant (2), comme contraire une possibilité haute- si cet hyperactif était déjà entré ment revendiquée. Puis le prési- dans l’histoire de la Ve République. dent de la République a précisé, C’est que, pour les principaux sur une question relative aux médias, les jeux sont faits : le "primaires" à droite, qu’il n’avait président est en fin de règne et pas à "s’immiscer" dans la vie l’attention doit tout entière se des partis. Lui prendra "un critère porter sur les deux seuls candi- tout simple : l’idée que je me fais dats crédibles : Nicolas, Ségo- de l’intérêt de la France". lène… C’est signifier au ministre de Bien entendu, c’est là un l’Intérieur que les pré-candida- scénario probable. Mais en ex- c’est là un excellent atout : savoir son mandat, présenté sous un jour tures n’ont pas à ses yeux l’inté- cluant les autres hypothèses, on rester le sage au-dessus de la d’autant plus favorable que les rêt qu’on leur prête et que le prend un risque certain comme mêlée. D’où son mot d’ordre : statisticiens venaient d’annoncer congrès de l’UMP ne sera pas on l’a vu en 1995, lorsque "Pour l’intérêt du pays, ce que je que le taux de chômage, "priorité décisif pour l’élection de mai Edouard Balladur fut réputé élu veux, c’est l’action avant tout". absolue", était descendu sous la puisque "l’élection présidentielle six mois avant d’être battu par Aussi le Président a-t-il pris soin barre des 9%. Cette amélioration, c’est une rencontre entre un Jacques Chirac. Et le naufrage de de détailler le programme gou- a estimé le président, permet à la homme et un peuple". toutes les prévisions en 2002 est vernemental pour les prochains France de se donner de nouvelles Il semble qu’à l’Elysée, un encore dans toutes les mémoires. mois : "prévention de la délin- ambitions : "je pense notamment homme soit prêt pour cette nou- Or les récentes déclarations quance, parité en politique, ré- à la nécessaire augmentation du velle rencontre. Reste à savoir de Jacques Chirac montrent que forme des tutelles, protection de pouvoir d'achat des Français". comment réagirait le peuple le président a soigneusement l'enfance, loi sur l'audiovisuel C’est sans aucun doute logique. français. I balisé son terrain selon les plans pour permettre le passage au nu- C’est aussi priver la gauche de sa déjà tracés le 14 juillet dernier. mérique dans de bonnes condi- plus forte promesse : ce qu’elle (1) Edition du 30 octobre 2006.

Le chef de l’Etat entend assu- tions". annonce, Jacques Chirac est en (2) Cf. sur France 2 le documen-

rer sa tâche de président le plus Auparavant, Jacques Chirac mesure de le faire ! taire que Patrick Rotman a consa- longtemps possible – donc de- avait esquissé un premier bilan de Jacques Chirac a aussi célé- cré à "Chirac" les 17 et 24 octobre. meurer en dehors des polémiques ( et des jeux électoraux. C’est res- pecter la lettre de la Constitution C’est là un excellent atout : savoir rester – le rôle arbitral du président – et le sage au-dessus de la mêlée

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Après plusieurs mois de I Monseigneur, en annonçant une charte de l'ensei- gnement catholique pour votre diocèse, vous avez concertation, l'archevêque d'Avignon provoqué la surprise. Vous en ête forcément cons- a fait parvenir, l'été dernier, aux cient ? responsables de l'enseignement Je ne cherche pas la polémique. Beaucoup de catholique de son diocèse, un projet personnes ont en effet réagi, ce qui a conduit à de charte triennale pour l'école. des conversations passionnantes, que je n’avais jamais réussi à avoir depuis quatre ans. À partir La publication du texte définitif de de là, j’ai d’ailleurs compris qu’il fallait réécrire la cette charte est annoncée pour première partie de la Charte et présenter les mo- janvier prochain. Mais ce qui a été tifs de l’orientation que je veux donner à l’ensei- gnement catholique dans mon diocèse. Cette lu ou dit des premières rédactions a Charte finalisée ne sortira des presses qu'en jan- déjà fait débat dans des associations vier prochain. de parents d'élèves, ou dans les médias catholiques, que ce soit pour I Quelles sont vos intentions en promulguant une s'en réjouir ou s'en scandaliser. telle Charte diocésaine ?

D'autant plus que les évêques de En cette perspective de début de millénaire, France réunis à Lourdes du 4 au 11 je vous avoue que je songeais depuis longtemps novembre ont eu à examiner les à un débat de fond sur le caractère propre de l’enseignement catholique... en posant tout sim- conclusions d'un groupe de travail plement cette question : quelle est la raison d’ê- présidé par l'évêque de Versailles, tre de cet enseignement ? Mgr Aumonier, sur "la mission de Un document de la Congrégation pour l’en- seignement catholique, signé en 1977 par Mgr l’enseignement catholique dans Garrone, archevêque de Toulouse, affirme que l’Église et dans la société". "l’Église catholique, fidèle à son projet éducatif, est amenée à une autocritique permanente et à C'est à la veille de cette réunion un retour régulier aux principes et aux motifs de que Mgr Cattenoz nous a accordé son inspiration". Le but que je me propose est une entrevue pour préciser justement cette autocritique permanente pour un retour à la source de ce qu’est l’école ca- son point de vue. tholique tout en opérant un examen des diverses définitions données à l’école.

Retrouvez dès cette semaine cet entretien de Mgr Cattenoz I Dans votre projet de charte, vous regrettez que la sur la “webTV” "spécificité des établissements catholiques" soit de Cançao Nova : "de plus en plus ambiguë et mal définie". Que vou- www.webtvcn.fr lez-vous dire ?

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Propos recueillis par le Père Ludovic LÉCURU olique et Ivana BRANDAO voir sa copie ? © CANCAO NOVA Il est clair qu’aujourd’hui le "caractère propre" I Vous parlez, à propos de ces orientations, d’"un est flou pour les politiques, voire les juristes, mais humanitarisme bon teint qui relève plus de la phi- déjà pour les enseignants eux-mêmes ! Souvent, Je dénie aux losophie des Lumières que d’une authentique vie à c’est autour de "valeurs" que l’ensemble des par- la suite du Christ". Le constat est sévère. tenaires se retrouvent. Les associations de parents philosophes d’élèves se gardent bien de se dire parents d’élè- Mon rôle d’évêque m’a donc amené à cons- ves de l’enseignement catholique, mais préfèrent le droit de tater que l’enseignement catholique défend des "parents d’élèves de l’enseignement privé qui doit me dire qui "valeurs" et non plus la Personne de Jésus respecter toutes les orientations"... Or, à force de Christ. Et qu’à force de défendre des valeurs respecter toutes les orientations, on a dénaturé la est l’homme humanitaristes, on est en train de s’éloigner de foi en Jésus-Christ qui est le cœur même de la vie la foi catholique. Or, en étant un peu provoca- de l’Église et des écoles catholiques. teur pour le coup, je dénie aux philosophes le

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droit de me dire qui est l’homme. Les philosophes ne peuvent travailler que sur un homme défiguré, abîmé par le péché alors que, lorsque je regarde le Christ ou la Vierge Marie à un autre niveau de créature, je découvre enfin l’homme tel qu’il avait été voulu par Dieu à l’aube de la création. Mais si les "valeurs" occultent la rencontre et la vie avec le Christ, je ne suis plus d’accord.

I Voulez-vous dire que des valeurs bonnes en soi mais finalement très horizontales se sont substituées au message de l’Évangile ?

C’est en tout cas ce que je constate souvent. Je le répète, la notion de "valeurs" est devenue comme le credo absolu de beaucoup d’établisse- ments. On me dit : "Monseigneur, ici nous dé- fendons la fraternité, ou la solidarité, ou l’huma- nisme, etc." Tout cela est très beau, je ne le re- mets pas en cause. Mais parle-t-on d’abord de la Personne même de Jésus qui est pour nous le cœur de la foi chrétienne ? Les "valeurs" sont de- venues premières et non plus le Christ qui en est la Source. Il y a un établissement où je souhaitais voir un tabernacle dans la chapelle. On m’a répondu : "ça ne nous intéresse pas". La déchristianisation de notre jeunesse, la crise de nos banlieues et d’autres aspects de la dégradation de notre socié- té française nous demandent d’avoir l’audace d’une autocritique. On a parlé du "mammouth" de l’enseignement public qu’il fallait "dégraisser"... sans que rien de concret ne puisse vraiment être fait, semble-t-il. Et chez nous ? Serions-nous frappés du même immobilisme, et pour les mêmes raisons corporatistes, à cause du même désintérêt des parents ? Je ne le crois pas. Mises à part cinq ou six lettres violemment contre ma proposition de Charte, la plupart des lettres qui continuent à m’arriver me disent combien beau- coup de gens sont heureux de voir le chantier de l’école catholique relancé aujourd’hui par les

© CANCAO NOVA évêques.

Conception chrétienne de la réalité I L’école a pour rôle de transmission des connais- Ce qui définit l’école catholique, c'est sa référence à la conception chrétienne sances. N’est-ce pas trop lui demander que de lui de la réalité. C'est Jésus-Christ qui est le centre de cette conception. C'est le attribuer comme priorité l’évangélisation ? Christ qui est aussi, par conséquent, le fondement du projet éducatif de l'école Catholique : Il révèle le sens nouveau de l'existence et transforme cette existence en rendant l'homme capable de vivre d'une manière divine, c'est-à- Je pense qu’il n’est pas imaginable qu’un dire de penser, vouloir et agir selon l'Evangile, faisant des béatitudes la loi de sa chrétien qui possède le trésor de l’Évangile le vie. C'est proprement dans cette référence explicite à la vision chrétienne garde pour lui. À l’heure actuelle, on annonce à partagée - bien qu'à des degrés divers - par tous les membres de la communauté toute vitesse des informations parfois futiles, on scolaire que l'école est catholique, car ainsi les principes évangéliques inspirent fait des leçons de “morale” insignifiantes à pro- son projet aussi bien comme motivations que comme finalités. pos de tout, mais on dirait qu’il ne faut surtout pas parler de Jésus-Christ qui est venu nous sau- Cardinal Gabriel-Marie Garrone, document "L’École Catholique" de la Congrégation pour l’Enseignement catholique, 19 mars 1977, §§ 33-34. ver. Je souhaite que les baptisés redécouvrent ce dynamisme missionnaire inhérent à la grâce bap-

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tismale. Et je ne peux pas imaginer que la lu- mière du Christ ne soit pas là pour éclairer le rôle et la mission de l’enseignement catholique.

I La parution prochaine de votre Charte a donc suscité l’intérêt de parents. En revanche, certains profes- sionnels de l’enseignement y voient un réquisitoire contre leur travail. Que leur répondez-vous ?

Je ne dresse certainement pas un réquisitoire contre les enseignants qui ont mon immense res- pect et ma reconnaissance pour le travail accom- pli dans des conditions souvent de plus en plus difficiles. Mais j’ai mon travail d’évêque à mener aussi, chacun peut le comprendre... Votre question m’amène à reprendre la genèse de cette Charte dont l’interrogation initiale est la suivante : peut-on donner aujourd’hui une défini- tion du caractère propre de l’enseignement catho- lique ? Une équipe de professionnels de l’en- seignement catholique du sud-est de la France a essayé durant plus de trois années de répondre à cette question capitale. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut balayer d’un revers de polémique ! Leurs réflexions ont Le témoignage donné naissance à un premier projet de Charte, est le que j’ai signé, et que je présente comme "feuille deuxième de route" ad experimen- élément de tum pour trois ans au nouveau directeur de © LUDOVIC LECURU l’évangélisation l’enseignement diocésain d’Avignon. Je n’agis pas sans prudence, mais avec respect des personnes et Faire connaître le mystère du Christ des fonctions de chacun ! J’ai reçu un grand nomb- L'école catholique apprend aux jeunes à entrer en dialogue avec Dieu dans les re de réactions de chefs d’établissement de mon diverses situations de leur vie personnelle. Elle les incite à vaincre l'individualisme et diocèse, me disant être au fond d’accord avec le à découvrir à la lumière de la foi la vocation spécifique qu'ils sont appelés à vivre en toute conscience et responsabilité en union avec les autres. Elle les aide à trouver, en contenu de ce projet de Charte, même si telle ou tant que chrétiens, dans la trame même de l'existence humaine une invitation à telle formule mérite à leurs yeux d’être revue, ce s'engager au service de Dieu en faveur de leurs frères et à transformer le monde en que j’admets parfaitement. C’est pourquoi, d’ail- une demeure digne des hommes [...] leurs, je travaille à la réécriture de l’ensemble de ce L'école catholique leur enseigne à interpréter le langage de l'univers qui révèle le texte accompagné d’un éclairage vraiment biblique Créateur et, à travers les progrès de la science, à mieux connaître Dieu et l'homme. sur le sens de l’enseignement catholique. Dans la vie journalière de l'école, l'élève apprend que son activité dans le monde est destinée à devenir expression de l'amour de Dieu à l'égard de tous les hommes parce qu'elle fait partie de l'histoire du salut qui reçoit son sens ultime du Christ, Sauveur I Quel est cet éclairage biblique ? de tous les hommes. Consciente qu'il ne suffit pas d'avoir reçu le baptême pour être chrétien, mais qu'il faut vivre et agir en conformité avec l'Evangile, l'école Ce sont les certitudes que saint Paul exprime catholique se propose de créer en son sein une atmosphère dans laquelle l'élève se à plusieurs reprises dans ses épîtres : "Je ne veux sente invité à une foi toujours plus vivante et plus mûre pour parvenir graduellement rien savoir, parmi vous, sinon Jésus Christ et à des dispositions grâce auxquelles il pourra assumer les responsabilités de son Jésus Christ crucifié" (1 Cor, 2-2) et "Malheur à baptême [...] Le cœur de l'action éducative de l'école catholique, c'est le Christ, qui est le modèle sur lequel le chrétien doit configurer sa vie. C'est en cela que l'école moi si je n’évangélise pas" (1 Cor, 9-16). catholique se distingue de tout autre école qui se limite à former l'homme ; elle se propose de former le chrétien et de faire connaître aux non-baptisés, à travers son enseignement et son témoignage, le mystère du Christ. I Vous émettez également le souhait que la commu- nauté éducative soit une "cellule d’évangélisation". Cardinal Gabriel-Marie Garrone, "L’École Catholique", document de la Congrégation pour l’Enseignement catholique, 19 mars 1977, §§ 45-46. Qu’entendez par cette expression ?

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 9 DOSSIER

Jean François Jouy Il me semble qu’à partir du moment où une a choisi le métier de chef Charte définit les orientations de fond de l’ensei- d’établissement gnement catholique, toute l’équipe éducative essentiellement pour doit adhérer à ce projet, tout en respectant bien la mission éducative sûr le cheminement personnel de chacun. et pastorale. Père de L’évangélisation repose sur deux piliers que nous 5 enfants, il dirige, à Joigny, dans l’Yonne, l’institution retrouvons au début des Actes des Apôtres Saint-Jacques composée de deux écoles maternelle et lorsque le jour de la Pentecôte saint Luc nous dit primaire, d’un collège et d’un lycée professionnel, que, dans le Cénacle, "ils" étaient réunis. Un "ils" soit 860 élèves. Dans un contexte démographique qui indique qu’il s’agit en fait de tous les disciples difficile, huit classes sur cinq ans ont été ouvertes. de Jésus présents à cet endroit et à ce moment. "Ils reçoivent" l’Esprit Saint et La lettre "ils proclament les merveilles Travailler ensemble de Dieu". Au cœur de l’ensei- L’annonce de Jésus-Christ par un établissement scolaire, de mission de gnement catholique, je reste comme pour une personne, passe par la prière (cachée), persuadé que la première chose par les actes (le plus souvent implicites) et par les paroles l’enseignement qui unira l’équipe pédagogique (explicites) dès que l’occasion est là. Je sème et catholique se est de proclamer les merveilles j’encourage mon équipe à participer aux semailles. Tel un de Dieu. tuteur, j’essaie aussi d’accompagner ce qui germe pour le trouve dans Annoncer ces merveilles aux rendre plus fort. Je vois parfois quelques fruits mais jeunes, réunifier une équipe jamais autant que je le voudrais ! Dans ce domaine, plus l’Evangile pédagogique autour de tout ce encore que dans tout autre, la décision du jour ou de qu’il y a de beau, de mer- l’heure ne nous appartient pas. Notre impatience n’est veilleux dans l’Évangile d’abord, dans le monde pas la patience de Dieu... Ni la semence, ni le terrain, ni ensuite, permet d’élaborer un enseignement qui, ce qui peut l’encombrer ne m’appartiennent (Mt 13, 1-9). même humainement, est acceptable par tous. Avec courage, respect et humilité annonçons ! Il ne nous est pas toujours possible de recruter des enseignants prêts à s’engager dans une démarche I d’évangélisation. Dans mon travail et l’accompagnement Les enseignants doivent-ils être des témoins ? de son équipe, j’ai aussi beaucoup à former pour conduire. Mais celui qui veut construire trouve toujours, Oui, car vous savez que ce même jour de la quel que soit le terrain, des points d’appui solides pour Pentecôte, Pierre prend la parole et témoigne que bâtir. Jésus est vivant dans leur vie : "De tout cela nous Les attentes des familles, sur bien des points, notamment sommes les témoins", dit-il à la foule. Le témoi- celui de la pastorale, sont très hétérogènes et parfois gnage est le deuxième élément de l’évangé- excessives. On ne peut pas tout demander à l’école. Elle lisation : "Jésus change notre vie, j’en suis a une obligation de moyens, pas de résultats. Cela se témoin. Savez-vous qu’il pourrait changer la vérifie aussi en famille : une même éducation ne donne vôtre aussi ?" Si nous revivons dans nos établis- pas, selon les enfants, les mêmes fruits. Même dans une sements ces deux éléments de base, proclamer société aux influences négatives, le résultat peut être les merveilles de Dieu et témoigner que Jésus est bon, voire excellent - sur le plan scolaire, humain et vivant et Sauveur, c’est-à-dire la louange et le chrétien - chaque fois que la triple relation jeune-famille- kérygme, je pense que nous donnerions un nou- équipe éducative est établie de façon étroite et veau dynamisme missionnaire à nos établisse- confiante. Là encore il nous faut travailler ensemble. I ments.

Un lieu ecclésial I Lorsque l’on sait que seuls 25% d’enseignants affir- La complexité du monde contemporain nous convainc de la nécessité de ment avoir choisi l’enseignement catholique par redonner consistance à la conscience de l’identité de l’École catholique. […] Elle conviction religieuse, votre objectif est-il viable ? partage la mission évangélisatrice de l’Église et est un lieu privilégié où se réalise l’éducation chrétienne. Les écoles catholiques sont à la fois lieux d’évangélisation, d’éducation intégrale, d’inculturation et d’apprentissage du Oui, car tout pédagogue sait bien que si vous dialogue de vie entre jeunes de religions et de milieux sociaux différents. Le dites à un enfant que ce qu’il fait est bien, cet caractère ecclésial de l’école est donc inscrit au cœur même de son identité enfant sera heureux de progresser. Je repars de la d’institution scolaire. Elle est vraiment un lieu ecclésial. Cette dimension ne personne du Christ en souhaitant que les 25% constitue pas une caractéristique surajoutée, mais est une qualité propre et d’enseignants chrétiens le rencontrent toujours spécifique qui pénètre et façonne chaque instant de son action éducative. plus. À eux d’oser demander au Christ que ce soit à sa lumière qu’ils accomplissent leur mission et Cardinal Pio Laghi, L’école catholique au seuil du troisième millénaire, lettre circulaire de que le Christ puisse devenir peu à peu la lumière la Congrégation pour l’enseignement catholique, du 28 décembre 1998, §§ 11 et 12. de tous les enseignants.

10 FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 Un enseignant qui, par exemple, a la joie de faire découvrir la beauté d’un texte de littéra- ture et la beauté de l’inspiration de son auteur, permet de rejoindre Dieu qui est la source de toute beauté. Dieu est présent dans cette inspi- ration. Or, pour beaucoup de chrétiens, Jésus est au Ciel. Point. Il faut redire que le Christ est présent au milieu de nous et qu’il nous montre le chemin, lui le vrai Pédagogue. Je voudrais permettre aux enfants qui sont dans nos éta- © CANCAO NOVA blissements de faire l’expérience d’une rencon- la lumière de toutes les institutions. Si cette tre avec le Christ et ses disciples. Il faut que lumière d’en haut inspire la mission de l’ensei- gnement catholique, alors l’école jouera son nous soyons rôle dans l’édification d’une civilisation de l’a- I Au fond, la lettre de mission de l’enseignement nous-mêmes mour au service de la famille. I catholique se trouve dans l’Évangile.

Absolument. Marie-Hélène Bredeaux est mariée et mère de deux enfants. Directrice depuis 2002 de l’École Notre-Dame à Orbec, dans le diocèse de Bayeux-Liseux, son établissement compte I Des élèves d’autres confessions fréquentent les 730 élèves de la maternelle à la troisième. Il s’agit à la fois, écoles catholiques, notamment juifs et musul- d’une petite structure et d’un assez gros établissement pour la zone rurale dans laquelle il est implanté. mans. Faut-il leur parler du Christ ?

En Afrique, j’ai vécu au milieu de peuples Formation chrétienne, formation humaine entièrement musulmans. Nous avons pu parta- ger notre foi. À partir du moment où des L’établissement que je dirige est sous la tutelle de la Congrégation Notre- parents musulmans inscrivent leurs enfants Dame, fondée en 1597 par Pierre Fourier et Alix Le Clerc. Tous deux dans nos écoles parce qu’il y a une dimension souhaitaient lutter contre les injustices de la société en annonçant qui dépasse tout simplement l’enseignement, il l’Évangile. Nous continuons en menant de front éducation chrétienne et faut que nous soyons nous-mêmes. formation humaine. Que penser des propos de Mgr Cattenoz qui affirme Une question que je me pose, en passant, est que la spécificité de l’école catholique est aujourd’hui mal définie ? Nous de savoir si les collèges musulmans sauront vivons dans un monde où la déchristianisation a gagné du terrain. Nous ne accueillir des petits catholiques en respectant le vivons pas très bien dans certaines de nos paroisses, alors, je ne vois pas leur foi. Nos écoles sont tout à fait prêtes à res- pourquoi l’école catholique échapperait au malaise. Nous sommes de plus pecter la foi de nos frères musulmans. Mais à en plus sollicités par des familles qui nous semblent bien loin de notre partir du moment où des parents musulmans préoccupation d’éducation chrétienne. Mais tout parent qui fait le choix nous demandent d’accueillir leur enfant, je pense d’un établissement catholique pour son enfant est respectable. A nous d’entamer le dialogue sur autre chose que ce que font nos collègues du qu’il doit être clair que nous avons le devoir de public, mais il faut insister sur cette notion d’échange et de respect. Il y a leur annoncer qui est le Christ et de les accueillir quatre cents ans déjà, Pierre Fourier, en pleine période de la contre- au non de notre identité chrétienne. Réforme recommandait aux religieuses de la congrégation d’accueillir avec respect et bienveillance les jeunes élèves protestantes. Aujourd’hui, nous accueillons toujours des élèves de confessions différentes, et surtout I Comment voyez-vous l’avenir de l’enseignement des élèves qui ne croient et qui pensent ne croire en rien, mais ce serait catholique ? tomber dans un cruel défaitisme de penser que nous n’avons pas un rôle à jouer aussi pour eux. Je souhaite que tous les chrétiens redé- Il serait présomptueux d’affirmer que nous aidons nos élèves à entrer en couvrent la grandeur de l’Évangile. Tant que dialogue avec Dieu dans les diverses situations de leur vie personnelle. notre Église, en l’occurrence celle de France, Néanmoins, depuis que j’ai accepté ma mission de chef d’établissement aura cette difficulté à goûter et à annoncer la dans l’enseignement catholique, ma responsabilité pastorale a donné le parole de Dieu, la tolérance ne sera qu’un syn- cap à tous les projets que nous avons mis en œuvre avec les élèves, dans crétisme où tout est mis au même niveau, un souci constant de "Faire Grandir" chacun d’entre eux, aussi bien sur le notamment à l’école. plan éducatif que spirituel. Nos "couleurs" sont donc clairement affichées ! Plus j’entends Jésus me poser la question : De là à estimer que ce qui est fait est suffisant ! S’il y a un domaine où "Pour vous, qui suis-je ?", plus je l’entends me l’évaluation est difficile à réaliser, c’est bien celui-là. Au collège, nombre poser en fait trois questions : "Pour toi, qui est de nos adolescents sont dans une période de doute et de fragilité malgré Dieu ? Pour toi, qui est l’homme ? Pour toi, leurs dehors parfois rebelles… Il faut parfois attendre plusieurs années pour apprendre que tel ou tel jeune a finalement intégré la proposition de quelle est la vocation de l’homme ?" Ma mis- la Foi que nous lui avions faite quelques années auparavant… I sion d’évêque est de rappeler que le Christ est

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 11 DOSSIER Un enseigneme par Gérard LECLERC e ’intervention de Mgr Jean-Pierre Catte- dans le processus de ce qu’on appelle la séculari- noz, à propos de l’enseignement catho- sation, qui affecte l’ensemble de la vie civile. C’est lique de son diocèse, ne doit pas être l’époque où la CFTC dans sa majorité se déconfes- comprise comme une action de franc- sionnalise pour devenir la CFDT. L’idéologie du tireur qui isolerait son auteur de l’en- temps veut la disparition des institutions chré- Lsemble de l’épiscopat et de l’Eglise de France. tiennes. Celles-ci, dans le climat post-conciliaire, L’assemblée de Lourdes 2006 est saisie du même ont souvent peu de moyens de défense, voire son sujet et on peut faire confiance à Mgr Eric Aumo- tentées par une sorte d’autodissolution. Pour nier, en charge de ce secteur, pour ne rien éluder résister, il eut fallu un ressourcement, un mouve- des difficultés dont fait état l’archevêque d’Avi- ment de fond comme celui de la contre-réforme gnon. Cependant, si l’on peut se féliciter de la aux XVIe-XVIIe siècles. Le temps n’en était peut- résolution de l’épiscopat, il convient de ne pas être pas encore venu. Manquait l’équivalent des sousestimer la véritable gageure que constitue grandes figures de l’Ecole française de spiritualité l’affirmation d’une différence significative de la ou d’un saint Jean-Baptiste de La Salle et d’un part d’un enseignement de plus en plus pris dans Ignace de Loyola. Mais quand on vous explique, les tenailles de l’Education nationale. Chacun sait sur tous les tons, que le déclin est sans remède qu’en quelques décennies, un phénomène consi- parce que l’évolution sociologique est inéluctable, dérable s’est produit, qui rend problématique un il n’y a plus qu’à se laisser aller ou consentir à sa renouveau de l’école chrétienne, à savoir la quasi fin. disparition des congrégations enseignantes qui Nous sommes Les congrégations disparaissent donc et un laï- furent à l’origine de nos établissements “privés” dans le cat souvent incertain prend la relève. L’incertitude actuels. s’explique par les idéologies ambiantes, qu’elles Depuis la loi Debré, au début de la Ve Répu- processus de concernent le destin de la foi ou le rôle de l’école. blique, le paysage a complètement changé. A par- L’humanisme moderne suppose, dans la logique de tir des années 70, on assiste à l’érosion rapide de ce qu’on désenchantement du monde, que la foi se refugie ces congrégations dont le vieillissement (qui s’ex- appelle la dans l’intimité de la conscience. De telle sorte que plique par le tarissement des vocations) oblige à son attestation publique devienne tout à fait mo- remplacer religieux et religieuses par un personnel sécularisation deste. Dans la même ligne, on s’interroge sur les enseignant laïc dont les convictions religieuses vertus de l’identité chrétienne alors que l’indivi- sont loin d’être avérées. On s’en aperçoit dès que dualisme ambiant détruit les appartenances trop le recrutement devient massif. Dans le passé, les contraignantes. Lorsque les droits de l’homme enseignants laïcs, minoritaires dans les écoles semblent structurer la conscience de l’homme congréganistes, avaient eux aussi une véritable moderne, la formation évangélique n’est plus vocation au sens religieux du terme. Leurs condi- conçue que sous un mode très auxiliaire. Le fait tions matérielles étaient très inférieures à celles est que, dans les écoles chrétiennes, ces dernières de leurs collègues du public, et il fallait même un décennies, on peine à définir des projets éducatifs véritable héroïsme pour vouer sa vie à l’école originaux. L’évangile est encore invoqué comme chrétienne dans les conditions les plus précaires. un climat qui doit imprégner la vie de l’établisse- Avec la possibilité de signer des contrats avec ment. Mais il n’est plus possible de vivre comme à l’Etat, la donne change puisque désormais les en- l’époque où la liturgie, la prière dans les classes, seignants du Privé sont salariés par l’État. La gé- les heures soutenues de catéchisme et jusqu’à nération du baby boom en recherche d’emploi va l’enseignement d’une culture explicitement chré- trouver là une filière bienvenue. Même si beau- tienne constituaient un cadre communautaire où coup choisissent le privé par affinité, un certain tous vivaient d’une même foi. nombre déjà ne fait plus guère la différence avec Les religieux ne sont plus là. La chapelle n’est le public. Le phénomène s’amplifie à la suite de la plus le centre visible de l’établissement. Dans bien crise des années 60-70 où les convictions reli- des écoles, son espace a été progressivement gieuses vont se trouver malmenées. Nous sommes réduit, sinon supprimé pour être affecté à d’autres

12 FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 DOSSIER nt catholique st-il possible ? fonctions : salle de sport, réfectoire... Par ailleurs, niste d’Afrique du Nord - et aujourd’hui encore le public scolaire a aussi changé. Au fur et à dans des pays comme l’Egypte - les enfants mu- mesure que la pratique religieuse nationale bais- sulmans ont toujours été les bienvenus et se sont sait, les motifs d’inscrire les enfants dans l’ensei- montrés heureux de ce contact avec le christia- gnement privé changeaient de nature. Le consu- nisme. Aujourd’hui, la donne est différente car, mérisme scolaire affirmait ses prétentions. faute de religieux, l’identité n’est plus avérée et il Consommateurs d’école, les parents voulaient y a risque d’indifférenciation d’un enseignement désormais pour leurs enfants un modèle qui ré- public ou privé qui obéit d’ailleurs à la même ponde à leurs aspirations. La logique de marché règle édictée par Michel Debré : un établissement bouleversait le cadre d’un service public unifié et sous contrat doit être ouvert à tous. homogène. La notion de carte scolaire n’était pas L’Eglise de France qui a subi tant d’évolutions admissible eu égard à son depuis un demi-siècle, ne caractère rigide. Pour les peut se ressaisir du dossier consommateurs d’école, de l’enseignement catho- le caractère propre reli- lique qu’avec des yeux gieux n’est qu’une des neufs. Beaucoup de respon- données de l’identité de sables de cet enseignement l’école privée. On apprécie nous ont dit leur satisfac- son caractère convivial, tion des déclarations de ses dimensions souvent Mgr Cattenoz et des inten- plus réduites, la participa- tions affirmées par l’épisco- tion associative à la mar- pat. Parfois, ils regrettent che des établissements, que nos évêques inter- l’autonomie pédagogique viennent si tardivement. qui permet aux directeurs Mais ils s’interrogent sur- de sélectionner ses ensei- tout sur les capacités de

gnants. Une polémique ne © PLR l’institution à retrouver ses tardera pas à naître de la part de ceux qui dénon- marques. Comment revendiquer une liberté d’ac- cent la ségrégation sociale d’un enseignement tion alors que le cadre administratif s’est rigidifié privé réservé aux catégories favorisées. Il y a une au fur et à mesure de nouvelles lois et d’accords part de vérité dans un tel grief. Mais il faut le dangereux avec la puissance publique. relativiser pour deux raisons. La première est liée Comment organiser la cohérence d’une équipe à l’implantation ancienne des écoles qui n’ont pu pédagogique lorsqu’une partie d’entre elle est ré- - faute de moyens d’investissement - aller dans L’incertitude tive à l’identité religieuse et parfois même hos- les quartiers neufs et les banlieues à risque. Mais tile ? Il ne s’agit pas de partir vaincu d’avance. quand des écoles catholiques, sont malgré tout s’explique par C’est déjà un énorme progrès que les questions de présentes dans ce type d’urbanisme, il faut noter les idéologies fond soient mises en évidence. Si l’enseignement que les élèves n’y sont pas différents de ceux de catholique redevient une préoccupation d’Eglise, l’école publique. Que ce soit à Marseille ou dans ambiantes si l’on s’attache à réinventer son identité, il n’y a les bassins industriels du Nord, une majorité, pas de raison pour qu’on ne découvre pas de nou- quand ce n’est pas la totalité, d’élèves musulmans veaux moyens et surtout pour que de nouvelles est inscrite sans problème par les parents dans vocations n’apparaissent pas au sein des généra- l’enseignement catholique. tions issues des JMJ. Celles qui sont acquises à Mais ce fait indéniable illustre avec force l’é- l’espérance de la Nouvelle Evangélisation. Sans volution sociologique dont nous parlions. Quelle doute verra-t-on plus clair à la suite des délibéra- éducation religieuse donner à des élèves musul- tions de l’épiscopat à Lourdes. Ce qui est certain, mans dans une école catholique ? Ce n’est pas en c’est que l’indifférence et l’abandon à la fatalité soi un fait inédit. Dans l’enseignement congréga- ne sont désormais plus de saison. I

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 13 ESPRIT En mémoire des jours

les démunis de sa terre na- scepticismes affichés au dé- une femme de courage et qui Banquier tale où il revint dans les part. Le taux d’échec des l’avait montré en maintes des pauvres années 70 au prix d’un re- remboursements n’est, par circonstances. Elle avait été noncement personnel. Le exemple, que de 2%. Ce qui menacée, battue, avait subi poste d’enseignement qu’on a de quoi faire envie aux une tentative d’empoison- lui offrait à Dacca, la capi- puissances établies dans l’u- nement sans se laisser im- tale du Bengladesh, était nivers financier. pressionner. Lors des prises assorti d’un traitement infé- Les jurys d’Oslo ne se sont d’otages, à Beslan comme rieur de 50 fois à celui qu’il pas trompés en accordant, le auparavant dans un théâtre percevait aux Etats-Unis. 13 octobre, le prix Nobel de de Moscou, elle s’était même Son propos n’avait rien la paix à Muhammad Yunus. offerte pour parler avec les de théorique. Il créa de ses Celui-ci n’est pas un théori- preneurs d’otages, afin d’évi- Par propres deniers une petite cien, mais un vrai serviteur de ter le pire qu’elle avait bien Robert Masson structure, la Grameen Bank, la paix. Parce qu’il est logique des raisons de craindre. Ce appelée à un grand dévelop- avec lui même, le récipien- n’était pas de sa part vain pement. On parlait alors de daire affecte la totalité de son dénigrement. n l’appelle le “banquier “banques de village”, ce qui prix aux justes causes que sa Les tueurs - qui étaient des pauvres”, un titre disait assez le souci de ses banque aura à connaître. bien commandités par quel- O quelque peu inhabituel promoteurs de se tenir au qu’un - ne lui ont pas laissé la dans le monde de la banque plus près des besoins effec- moindre chance dans cet où on ne prête qu’aux riches tifs des petits artisans ou En tenue ascenseur où elle aurait reçu ou, à tout le moins, à ceux paysans jusqu’alors soumis à quatre balles. Quoi qu’en dise qui ont des garanties à pré- la loi des usuriers. de service Monsieur Poutine, ce n’était senter. Ce n’est évidemment Les prêts consentis étaient pas un être politiquement pas le cas le plus courant au le plus souvent modestes, et n serait-on revenu en insignifiant. Elle est l’honneur Bengladesh où le revenu mo- on parla de “micro-crédit”, Russie au temps des de sa profession et de son yen par personne ne dépasse mais leur faible taux ouvrait E samizdats quand l’infor- pays. L’héritière aussi de tant pas 200 euros l’an. Faute de la voie à un “développement mation libre n’avait d’autre d’autres qui ont donné leur mise de départ, l’initiative durable”, comme on dit main- voix que celle transmise par vie pour répondre de la vérité économique y devient impos- tenant. Ce système connut des feuilles clandestines dont des hommes. sible. Le pari de Muhammad un succès inattendu, bien les éditeurs encouraient des Connaîtra-t-on un jour Yunus, ce fut de faire confian- au-delà du Bengladesh. Des mois de déportation pour ceux qui ont ordonné ce mas- ce. Crédit : ce mot qui sup- banques des pauvres ont atteinte à la sécurité de sacre ? Ce n’est pas sûr. Des pose un minimum de foi en ouvert leurs guichets dans l’URSS ? Certaines mises au années après, la mort du Père l’autre. plus de 60 pays et comptent pas ont de quoi inquiéter Alexandre Men - lâchement Muhammad Yunus est désormais des millions d’usa- ceux qui se souviennent des assassiné lui-aussi, au coin lui-même natif de ce pays de gers. Il ne s’agit pas d’assis- temps obscurs. d’un bois - n’a jamais été la misère qui fait du Ben- tance humanitaire, mais L’assassinat d’une journa- éclaircie. On ne sait toujours gladesh un des lieux les plus d’une entreprise viable qui liste russe le 7 octobre der- pas sous quels coups il est démunis du monde. L’homme permet la création d’unités nier à Moscou, dans des tombé. Saura-t-on un jour qui n’est pas sans connaissance de production souvent très conditions de pure horreur, a tué Anna Politkovskaïa, du réel économique. Il a eu la modestes et parfois plus est à l’évidence un grave cette femme qui se savait chance de naître dans une conséquentes : de quelques signal d’alarme. Cette femme exposée et qui n’en est pas famille relativement aisée centaines d’euros prêtés pour de 48 ans n’avait contre elle moins allée jusqu’au bout de qui ne comptait pas moins l’achat d’une machine à cou- qu’un sens du service des son devoir ? de 14 enfants, donc 5 mou- dre, à la mise en place d’une plus faibles. La guerre que rurent de manière prématu- pêcherie ou la gestion d’une son gouvernement conduit rée. Des études de haut ni- université. C’est de l’écono- en Tchétchénie lui paraissait Les livres d’Anna Politkovskaïa, veau, d’abord dans son pays, mie appliquée au meilleur insoutenable. Plus de qua- "Tchétchénie, le déshonneur puis aux Etats-Unis lui ou- sens du mot. Le nom du pro- rante fois elle avait enquêté russe", "Douloureuse Russie : fesseur Yunus avait d’ailleurs sur place, toujours au péril Journal d'une femme en co- vrirent des perspectives de lère", “La Russie selon Poutine", carrière enviables. Son avenir été évoqué pour un prix No- de sa vie. Elle s’apprêtait à “Voyage en enfer, journal de personnel était assuré, mais bel d’économie. Les résultats publier un article très docu- Tchétchénie”, sont parus en il n’oubliait pas pour autant sont là et ils démentent les menté sur la torture. C’était France chez Buchet-Chastel.

14 FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 ESPRIT LE CONGRES D’EVANGELISATION Toussaint Bruxelles par Hervé-Marie CATTA DR

Et de quatre ! Après Vienne, Paris et Lisbonne, Bruxelles accueillait un grand congrès d’évangélisation. Une formule désormais rodée, même si on ne peut jamais savoir d’avance comment elle sera reçue… Des jeunes Témoignage. évangélisent sur la Grand-Place ntre le 28 octobre et le 5 no- vembre, quelque chose a bougé à Bruxelles : les quotidiens belges commencent à parler du renouveau de l’Eglise. Ils avaient Eabordé ce Congrès avec un regard d’habitude : l’Eglise en Belgique ne pou- vait être que vieillotte, la transforma- DR tion de cette image les a surpris. Ils s’é- taine d’églises de la ville et des commu- taient endormis sur des clichés d’hier, ils nes associées du grand Bruxelles. Et pas se réveillent devant un surgissement seulement à l’intérieur des églises, car nouveau. Hé bien, ils en sont heureux ! les chrétiens sont sortis. Sur les places, Comme doit l’être aussi le Bourgmestre aux sorties des métros des groupes de Bruxelles. Celui-ci avait bu le cham- associés de jeunes et d’adultes se sont pagne à l’annonce de la mort de Jean prêtés au jeu des questions, ont offert, Paul II. Il souhaitait ces dernières se- en quelques mots, leur témoignage de maines, probablement devant les mani- joie et d’espérance. festations d’islamisme, que l’Eglise Les gens sont venus de plus en plus catholique soit plus présente dans les nombreux, et aussi peu à peu, les rues de sa capitale ; ça a été fait… prêtres, de tout le pays : le clergé se Le Congrès de Bruxelles Toussaint dégèle et s’ouvre, confiait le cardinal s’est en effet tenu à la fois à la Basi- Danneels. Les familles, avec enfants et lique du Sacré Cœur de Kookelberg, même tous petits enfants sont pré- mais aussi dans la Cathédrale Saint sentes, tant néerlandophones que fran-

Michel & Sainte Gudule, dans une cen- DR cophones. Des délégations sont venues

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 15 d’Autriche, de France, du Portugal, où avaient eu lieu les précédents congrès, mais aussi de la Hongrie, où aura lieu le prochain. Des Canadiens avec les cardi- naux Turcotte, archevêque de Montréal, et Ouellett de Québec (voir l’entretien avec le cardinal Ouellett) ont voulu eux aussi venir voir. "Dieu est de retour", a dit le cardinal Danneels au cours d’un débat télévisé.

Ce retour était visible à Bruxelles de DR mille façons et à deux cents endroits. Le roi Albert et la reine Paola et un mi- nistre ont assisté à la soirée d’ouverture, où l’on a donné la Cantate de l’Apoca- lypse, d’André Gouze. Interprétation exceptionnelle de qualité, d’après les spécialistes, mais tous étaient boulever- sés de l’amplitude, de la beauté des chœurs. "Ce sera comme cela au Ciel", me disait ma voisine, une Flamande. Congrès réussi, à n’en pas douter ; avant même la fin du Congrès, on esti- mait que plus de 100.000 personnes avaient participé à l’une des manifesta- tions, encore n’était-il pas possible de comptabiliser tout ce qui s’est passé dans les paroisses modestes, et encore moins d’évaluer le nombre des gens avec qui les jeunes ont engagé des dis- © THIERRY DU BOIS cussions dans la rue ou dans les Concert concerts sur les places. Parmi les ren-

© THIERRY DU BOIS contres qui ont le plus marqué, les soi- rées de prière de l’Emmanuel le soir de Café-philosophie la Toussaint, et de Taizé le vendredi, à la Dans le cadre du Congrès d’Evangélisation de Bruxelles, deux cafés-philosophie ont Cathédrale. réuni des intervenants croyants et non-croyants dans l’un des cafés les plus branchés Les cardinaux et archevêques ont de Bruxelles, le lundi 30 octobre. Ces rencontres ont mis en œuvre un débat entre été pleins de verve et d’à-propos au des chrétiens et des non-croyants, suite à l’appel au dialogue lancé par un étudiant cours de leur table ronde, interviewés de l’Institut de Théologie de Bruxelles (IET) dans le grand quotidien la Libre Belgique par une journaliste. A celle-ci, qui (24 octobre p.29). remettait plusieurs fois sur le tapis "les Le premier thème abordé, "Croire ou penser, faut-il choisir ?" a donné lieu à un débat interdictions de l’Eglise en matière de animé entre les intervenants et la salle. Ceux-là, à savoir Bernard Pottier, président de sexualité", Mgr Vingt-Trois a répondu : l’IET, philosophe et théologien ainsi que Jean-François Stoffel, historien et philosophe des "Mais ce n’est pas l’Eglise qui est sciences se sont appliqués à répondre aux questions du public. Les membres du Cercle du obsédée par ces questions, au contraire Libre Examen (cercle d’étudiants "Libre Pensée" et donc très hostiles à l’Eglise) étaient très ce sont les médias, et tous ceux qui bien représentés et ont posé de nombreuses questions. L’ambiance chaleureuse et confusément ne sont pas trop sûrs de DR conviviale a permis des échanges animés mais toujours courtois et respectueux. bien faire, et qui voudraient obtenir de La deuxième rencontre portait sur un thème plus "existentiel" : "Faut-il parler de la nous une approbation". Quant au cardi- mort". Celle-ci a réuni trois conférenciers très différents, Alain Mattheeuws, nal Danneels, il se disait prêt à se laisser théologien moraliste de l’IET, Marie Frings, médecin spécialiste des soins palliatifs et Baudouin Decharneux professeur de philosophie à l’Université Libre de Bruxelles. La inviter à de grandes émissions de télévi- richesse du panorama des intervenants a donné lieu à un débat aux questions sion pour parler du sens de la vie, mais multiples et aux thèmes divers. Des questions de société (suicide ou euthanasie) aux non pas être le clown en faire-valoir. questions existentielles (si je dois mourir, que me conseillez-vous pour bien vivre ?) Comme on lui demandait ensuite si le un large champ de réflexion a donc été couvert. Les intervenants eux aussi sont tous Congrès n’avait pas été surtout intra, il repartis heureux. B. Decharneux a été très content d’entrer en dialogue avec un estimait que cette très large participa- professeur de théologie catholique. Le public (80 personnes environ dont une large tion des croyants avait été pour eux majorité d’étudiants de l’ULB) est reparti enthousiaste avec le désir de continuer une l’occasion de retrouver la joie d’être telle expérience. chrétiens, et qu’à partir de cette joie, ils Nathanaël GARRIC pouvaient témoigner de leur espérance.

16 FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 Les cardinaux Erdö, Schönborn, Danneels, Polycarpo et Mgr Vingt-Trois

Le Père Nicolas Butet

Le roi Albert et la reine Paola

Veillée de la Toussaint dans la cathédrale La reine Fabiola St-Michel - Ste Gudule

Un séminariste très engagé dans les Sans doute le comité du Congrès, qui consignes absurdes, comme celle de missions et contacts dans la ville nous avait dû négocier avec des autorités laï- l’interdiction d’annoncer la possibilité déclarait que réellement cette évangéli- cardes, avait-il cru devoir être très pru- des confessions au cours des grandes sation ad extra avait été à son avis dent ; peut être trop. Il était interdit de veillées de prière, alors que de nom- beaucoup plus vaste que les réunions du descendre évangéliser dans les stations breux prêtres étaient venus se rendre Congrès. Nous pouvons aussi en témoi- de métro, malgré parfois des déluges de disponibles ! gner pour ce que nous avons vu, car il pluie ; mais à l’extérieur, quand la pluie Officiellement il ne fallait pas pro- était impossible de tout voir. L’accueil s’arrêtait, les gens stationnaient pour noncer le mot "évangélisation", mais on aux évangélisateurs était beaucoup plus voir, écouter les chants, poser leurs ques- avait sans doute oublié de prévenir le favorable que ne craignaient les organi- tions, prendre des brochures et des tracts. cardinal Schönborn, de Vienne, qui dans sateurs, y compris parmi les francs- Il n’est pas évident de mener un si son homélie en a parlé avec force et maçons ou les musulmans (voir repor- grand ensemble, et l’on doit féliciter les chaleur. De jour en jour le souffle de tage sur le Café-philo). organisateurs, tout en regrettant des l’Esprit s’est fait plus fort, emportant les

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 17 ESPRIT

objections de certains théologiens. Au CARDINAL MARC OUELLETT fond, commencé timidement, ce congrès est devenu un impressionnant élan d’é- vangélisation dans Bruxelles, un élan que les observateurs s’attendent à voir Pourquoi se prolonger durablement en Belgique. A côté de la profonde catéchèse sur l’Eucharistie, de Nicolas Buttet, les je suis venu Belges se souviendront avec humour des souhaits du "libéral" ministre Piquet, à la soirée d’inauguration, qui a souhaité qu’il y ait liberté pour toutes les cro- à Bruxelles yances, mais que ces croyants se re- groupent si possible autour d’institutions I Monsieur le Cardinal, vous êtes venu du identifiables qui aient la sagesse pour les Canada pour ce Congrès, pourquoi ? conduire et les aider à discerner… Je m’intéresse à cette expérience des Le soir du 2 novembre, dans une Congrès internationaux d’Evangélisation dans église du quartier nord difficile à trou- les grandes métropoles depuis le début à ver, Notre-Dame de Laeken, une messe Vienne ; je connais très bien le Cardinal était dite aux intentions des morts de Schönborn, ainsi que les autres cardinaux l’année, et en souvenir du roi Baudouin. impliqués, et j’avais confiance. Je savais aussi Autour de quelques notables, des que l’Emmanuel, que je connaissais également, humbles et des handicapés que la reine

était très impliqué. Je suis venu pour DR Fabiola saluait avec beaucoup d’atten- encourager l’expérience, qui donne de bons fruits partout et apprendre à voir comment ça tion et de gentillesse. Et ensuite, une se déroule. Et puis aussi, j’ai emmené une petite équipe de 3 personnes qui aura en charge prière auprès du tombeau de celui qui avec moi le Congrès eucharistique de Québec en 2.008 pour comparer les questions les avait défendus et aimés. C’était d’organisation. comme une présence très discrète du Ce Congrès eucharistique de Québec va toucher la ville mais aussi la grande province saint roi, qui a sans doute contribué au de Québec, tout le Canada, et même les Etats-Unis ; nous espérons de 10.000 à 15.000 caractère mystique et à l’indiscutable congressistes. Ce sera donc encore plus grand que le Congrès de Bruxelles. succès du Congrès d’Evangélisation de Je suis enchanté de ce que j’ai vu. La journée de la Toussaint a été très festive, avec une Bruxelles. très belle liturgie dans le cadre de cette cathédrale illuminée. 20.000 croyants ont défilé dans la J’ai beaucoup aimé également la soirée de prière de la Toussaint, une très bonne ville jusqu’à la cathédrale pour l’envoi introduction par la louange dans le sens de la fête de tous les saints, le choix des saints qui final. Le cardinal Danneels, avait dans étaient évoqués, les témoignages. Tout cela préparait bien l’adoration et la bénédiction du son sermon de la Toussaint souhaité que Saint Sacrement porté dans toute l’église. C’était là une forte motivation pour l’exercice de la foi. les chrétiens aient des visions, "une Parmi les conférences, celle de Nicolas Buttet sur l’Eucharistie était d’une belle vision de Dieu" pour l’apporter au profondeur théologique, avec clarté d’exposition ; j’ai été touché aussi par le témoignage monde. Il a voulu aussi que l’annonce de très fort de la Burundaise : paradoxalement, d’une tragédie est née une vocation. la bonne nouvelle et l'engagement pour Maintenant je veux aller voir les évangélisations des jeunes à Sainte Catherine [autour les pauvres soient associés. Il a conclu d’une église en plein centre de Bruxelles]. en annonçant que des bâtiments dispo- nibles dans les services ecclésiaux allaient être reconvertis et offerts en I Et pour revenir au Congrès eucharistique de Québec ? logements pour les pauvres. I Ce Congrès eucharistique sera précédé comme habituellement par un Symposium théologique. Le thème : L’Eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde. Vous savez que la devise de la ville de Québec est "Don de Dieu feray valoir". Et nous avons eu depuis le début du Pontificat de Jean-Paul II jusqu’à maintenant 14 canonisations et béatifications de saints du Québec… L’eucharistie fait l’Eglise. Le don de Dieu, c’est lui-même. Le premier don au monde avec l’eucharistie, c’est l’Eglise, c’est un mystère d’alliance pour la vie du monde. On a tendance à faire du moralisme, au lieu de voir un lien intrinsèque avec l’eucharistie. Le sommet de la kénose, de l’abaissement de Dieu, c’est l’eucharistie. Ainsi Dieu lui-même s’engage, et nous nous engageons avec lui, à sa suite. Il y aura dans le Congrès une montée vers l’adoration, qui sera fortement présente le jeudi, et cela culminera avec le témoignage de la famille chrétienne et de la vie consacrée. Historiquement, ce sera le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec [1608]. Pour les chrétiens canadiens ce sera aussi le 300e anniversaire de la mort de Mgr Laval, premier évêque du Canada. DR

18 FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 LECTURES

32e dimanche du temps ordinaire - année B Assister au sacrifice par le Père Michel GITTON de la Messe l (le Christ) n’a pas à recommencer plusieurs fois son sacrifice", nous " dit l’épître aux Hébreux, dans la lecture de cette semaine. Eh ! Quoi ! I Le sacrifice de la messe n’est-il pas celui du Christ ? On le renouvelle bien chaque dimanche et même chaque jour. Alors, où est l’erreur ? Il n’y a pas d’erreur, les deux sont vrais, mais pas sur le même plan. Le Christ n’a pas à refaire ce qu’il a merveilleusement fait, un jour du temps : monter sur la croix, offrir sa vie en sacrifice pour les hommes, s’abandonner au Père jusqu’au dernier râle, attendre l’heure choisie par celui-ci, visiter les âmes des défunts morts avant lui et finalement recevoir la Résurrection bienheureuse, puis monter au ciel pour jouir de son triomphe. Cela, il l’a accompli une fois pour toutes, comme nous le dit l’Epître aux Hébreux, il n’y a rien à y ajouter et, jusqu’à la fin du monde, le Père en voyant son Fils verra une humanité belle et réussie. Mais, pendant ce temps, il y a nous et notre histoire qui continue. Et pour nous, il est important que la puissance du sacrifice du Christ vienne nous rejoindre de façon sensible, que le don fait une fois pour toutes nous devienne présent et actuel. Et c’est pour cela que le Christ nous a laissé le don de son eucharistie. Celle-ci est certes sa présence vivante parmi nous, mais ce corps est "offert", ce sang est "versé". Pas moyen d’avoir Jésus au milieu de nous sans qu’il soit là dans l’acte d’offrande par lequel il a résumé toute sa vie. Si lui qui est au ciel a voulu visiter notre terre, ou, pour dire plus juste : s’il nous a permis, à nous qui sommes sur terre, de nous unir à lui au ciel, c’est pour nous faire entrer dans la réalité de son sacrifice. Et pas seule- ment de nous en faire goûter les fruits, mais, d’une certaine manière, de nous trouver à la source, dans le jaillissement éternel de son offrande, qui s’accom- plit pour nous ce jour-là, à cet endroit-là, dans l’offrande de telle messe. La série indéfinie des messes qui se célèbrent partout dans le monde est le signe de la fécondité de cet unique sacrifice, qui se réalise au ciel et sur terre à la fois. Tout est fait et tout reste à faire : le Christ a tout donné, mais il nous reste à tout recevoir, ce qui ne se fait que progressivement, dans une pluralité d’occasions, surtout sacramentelles, qui nous sont données. Ce petit rappel (nous avions déjà parlé du sacrifice eucharistique à l’occasion de la Fête Dieu de cette année) est là pour nous aider à participer à la messe, dans sa régularité qui peut paraître banale. N’oublions jamais que derrière les rites, les prières, les chants, qui se répètent plus ou moins, se cache une réalité mystérieuse, qui se passe au ciel, bien plus que sur terre. Nous sommes invités à un spectacle grandiose qui n’est pas de ce monde, où les anges eux-mêmes sont associés. Nous sommes conviés à assister à l’offrande de l’Agneau sans tache, qui, dans un acte toujours actuel, se présente à son Père avec ses blessures devenues glorieuses et qui lui dit : "Père, tout ce que j’ai fait, c’est pour ces hommes qui sont là, regarde-les comme tu me regardes, je me donne pour eux. Si tu vois en eux des péchés qui t’offensent, lave-les dans mon sang". On a trop dit qu’on n’assistait pas à la messe, mais qu’on y participait, surtout par la communion. Sans doute celle-ci est bien l’achèvement de tout le mouvement, c’est vers elle que tend la célébration de l’eucharistie, pourtant elle n’est pas toujours possible, il y a des cas où tel ou tel n’est pas en situation de pouvoir la recevoir avec fruit. Il y a déjà grand intérêt, dans ces cas-là, à avoir pu assister au "saint sacrifice de la messe", comme on disait naguère. Le fait d’être présent à cet acte immense qui embrasse la terre et le ciel est déjà une grâce insigne. Adhérer de toute sa foi à ce qui se célèbre, c’est déjà rejoindre le don de Dieu, et en recevoir la réverbération. Comme je comprends les moines qui, ayant déjà dit la messe, viennent se recueillir à celle d’un de leurs frères, à genoux, à l’écart, la tête dans les mains, éperdus d’adoration... I IDEES NOTIONS GENERALES Le dialogue avec

Même si Mahomet sait guère 15% en Europe. On vérifie nisme qui demande aux disciples du cette estimation dans les crises qui Christ de verser leur sang plutôt que a rencontré plus de juifs jalonnent l’histoire du christianisme et celui des autres. que de chrétiens, c’est la sécularisation actuelle des régions La décadence politique de l’Islam anciennement christianisées nous per- au XIXe siècle peut être comparée à dans la confrontation au met de chiffrer avec précision ce celle de la Chine à la même époque. christianisme que l’islam noyau. Les expériences des pays totali- Les Ottomans et les Mandchous se s’est d’abord affirmé. Que taires au XXe siècle nous ont démontré virent distancés par le monde occiden- qu’une population pouvait en quelques tal et, durant environ deux siècles, faut-il en déduire sur les années adopter des idéologies contrai- l’Occident en voie de sécularisation conditions d’un dialogue res à des traditions fort anciennes. étendit sa domination sur le monde. L’islam s’est étendu en Asie cen- Aujourd’hui le réveil de la Chine et le pour aujourd’hui ? trale, en Inde et même jusqu’en Chine réveil de l’Islam mettent en lumière, et le sud–est asiatique avec un ex- avec des populations numériquement e Coran est pour les musul- traordinaire succès alors que le chris- comparables, la différence des situa- mans la Parole divine et, selon tianisme, qui eut des missionnaires dès tions. La Chine a adopté le marxisme l’expression de Louis Massi- l’époque apostolique, y reste très mi- devenu un "marxisme de marché" qui gnon, le code révélé d’un Etat noritaire. Comment peut-on l’expli- est d’abord un phénomène écono- supranational, alors que le quer ? mique. Les pays islamiques, dont cer- Lmonothéisme de la révélation abraha- Mahomet enseigne un monothéis- tains sont riches de leurs réserves de mique se présentait d’abord comme me strict qui pourrait bien avoir des pétrole et les autres accablés par la l’héritage du peuple juif. La dimension racines naturelles fort anciennes. Sa pauvreté, se caractérisent surtout par missionnaire universelle de l’Islam grande idée de Dieu s’accompagne leur pratique religieuse, fût-elle socio- pourrait être rapprochée du christia- d’une conception de la vie familiale logique. Dans les deux cas on constate nisme. Le Coran emprunte largement à moins exigeante que le judaïsme et a un déficit de la liberté qui a un lien la Bible hébraïque et au Nouveau fortiori que le christianisme. De plus avec leurs anthropologies respectives Testament. l’utilisation de la contrainte est justi- aussi différentes soient-elles.Tant que Depuis plus de treize siècles, et fiée dans une perspective missionnaire. l’Occident se réclame, explicitement ou sept siècles après le christianisme, l’is- En un siècle, les cavaliers d’Allah, se implicitement, du christianisme, le per- lam s’est donc étendu principalement sont déployés de Maroc aux confins de sonnalisme de la déclaration des droits en Asie et en Afrique. Au VIIe siècle la Chine et, contrairement aux inva- de l’homme a un fondement métaphy- dans les régions christianisées la divi- sions mongoles dont les conséquences sique et même religieux, mais aujour- sion théologique et politique des chré- furent éphémères, l’islam s’est enraciné d’hui le relativisme européen donne tiens a rendu possible les succès fou- dans ces régions jusqu’à nos jours. aux musulmans, qui considèrent la droyants des premiers califes. Les L’Ancien Testament avait justifié la déclaration universelle des droits de conversions de chrétiens à l’islam, violence au profit du Peuple élu, dans l’homme de 1948 incompatible avec la souvent spontanées par haine de l’attente messianique interprétée le charia, des arguments éthiques pour Byzance, solidarité arabe ou intérêt plus communément au sens politique. dénoncer la décadence occidentale. matériel, ont manifesté une réalité qui Jésus, roi des Juifs et Fils du Très haut, vaut pour toute l’histoire de l’Eglise à Dieu Lui-même, a proclamé les béati- Le dialogue interreligieux savoir que les croyants convaincus ne tudes et déclaré que son royaume n’é- sont jamais qu’une minorité. Gabriel tait pas de ce monde. Si les chrétiens Dans sa conférence de Ratisbonne Lebras suggérait qu’à l’apogée du ont utilisé la violence, ils l’ont fait en Benoît XVI a insisté sur la nécessité de Moyen Age cette minorité de dépas- contradiction avec l’esprit du christia- la raison pour protéger la religion du fanatisme. Dans le cas de l’islam, on sait que les grands philosophes musul- Un déficit de la liberté qui a un lien mans, comme Averroès et Avicenne ( avec leurs anthropologies ont été d’éminents commentateurs

20 FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 IDEES les musulmans par Don Patrick de LAUBIER

déclaration Nostra aetate du Concile : L’Eglise regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu un, vivant et subsistant, miséricor- dieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se sou- mettre de toute leur âme aux déc- rets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volon- tiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète, ils honorent sa Mère virginale Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes ressuscités. Ainsi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne. On voit dans ce texte ce que l’islam a retenu du judaïsme et du chris- tianisme et ce qui le distingue de d’Aristote, mais à partir du XIe siècle d’un Islam orthodoxe, dogmatique, l’hindouisme ou du bouddhisme. Il on assista à une transformation que rigide, mais idéologiquement efficace... faut souligner l’absence d’un magistè- Mohammed Arkoun a décrite en ces (M. Arkoun Ouvertures sur l’Islam, re et la grande variété des manières de termes : Granger 1992 p.138-139. L’auteur est vivre l’islam. Par ailleurs le phénomène A partir du XIe siècle, la montée des professeur à la Sorbonne.) migratoire récent vers l’Occident in- périls a menacé la vie des cités, déjà Cette crise de la raison dans le troduit une variante considérable, car fragilisées par l’environnement noma- monde musulman remonte donc à ce ne sont plus des heurts d’empires de ou paysan mal contrôlé, la recher- près d’un millénaire, mais elle n’appa- avec croisades et conquêtes, ni la che scientifique a laissé place, peu à raît toujours pas résolue. Les causes colonisation qui a caractérisé le XIXe, peu, au discours mobilisateur de l’idéo- n’en seraient-elles pas plus profondes mais l’arrivée d’une population géné- logie de combat. Contre la Reconquista qu’un conditionnement sociopoli- ralement pauvre venant chercher du en Espagne, les croisades en Palestine, tique ? travail notamment en Europe. Ce flux, les invasions turques puis mongoles en La position des catholiques vis-à- pratiquement impossible à contrôler, Iran-Irak, il a fallu rassembler autour vis de l’islam a été formulée dans la fait que dans l’Union Européenne les

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 21 IDEES

musulmans sont peut-être 15 millions, forte minorité de population d’origine bien état de la responsabilité de cha- autant qu’en Russie. L’adhésion de musulmane (5 ou 6 millions ?). cun et le jugement dernier, selon le nouveaux pays balkaniques augmente Pour dialoguer, les déclarations de Coran, s’adresse à des personnes et leur nombre. L’acceptation de la bonnes intentions ne suffisent pas, non pas à une collectivité car les fins candidature turque, avec près de 70 même si elles constituent un progrès dernières dépendent du comportement millions d’habitants, ferait croître par rapport à des périodes antérieures. de chaque fidèle. singulièrement la proportion de mu- Il convient de savoir sur quelles bases On a fait remarquer que la déclara- sulmans dans l’Union européenne. on se place. Le P. Antoine Massouli, tion conciliaire Nostra aetate ne s’a- Une des conséquences de cette lazariste libanais évoquait en ces ter- dresse pas à l’islam s’exprimant dans nouvelle situation est de changer les mes ses interrogations : le Coran, mais aux musulmans. conditions concrètes du dialogue. Par Pourquoi le musulman, qui m’est si C’est le calife Othman (656) 24 ans exemple de faciliter des conversions proche, devient-il si lointain, lorsqu’il après la mort de Mahomet qui a codi- chez les migrants éloignés de leur se retrouve perdu dans l’anonymat de fié le Coran dont les manuscrits les encadrement traditionnel. Mais les la collectivité ? Et pourquoi cette pres- plus anciens datent du XIe. L’islam conversions peuvent aussi se faire sion insupportable de la collectivité sur commença par être compris par les dans l’autre sens. l’individu ? Pourquoi le Coran cultive-t- chrétiens comme une hérésie chré- il parfois un langage double ? Et pour- tienne, un arianisme radical, avant de Le monde de l’islam aujourd’hui quoi n’accepte-t-on pas de le faire se présenter comme une religion nou- plier à l’épreuve de la critique et de velle, c’est d’ailleurs ce qui explique Sur le plan international, particu- l’herméneutique ? Pourquoi sacralise- l’accueil que tant de chrétiens lui lièrement important ici, le Moyen t-on la langue arabe ? Et pourquoi le réservèrent en Egypte et en Syrie. Les Orient est un cas unique car trois terme même de progrès (bida) est-il monophysites passèrent d’un extrême religions y ont leurs sanctuaires et devenu synonyme d’hérésie ? Pourquoi à l’autre et dans ces deux positions l’Etat d’Israël y joue un rôle décisif. les Etats musulmans sont-ils réfractai- c’est l’Incarnation de Dieu qui n’est Même au Liban les chrétiens sont des res à l’adoption de la déclaration uni- plus reçue. minorités dont les conditions sont verselle des droits de l’homme de toutes différentes de celles qui exis- l’ONU ? Et pourquoi dans les sociétés Conclusion tent en Europe. En Afrique, l’islam et islamiques ne réclame-t-on jamais les le christianisme se partagent un im- droits pour l’individu mais toujours Les réactions suscitées par le dis- mense continent dont les frontières pour les communautés ? cours de Ratisbonne ont une consé- religieuses ne cessent de se modifier. L’idée de la personne humaine est quence positive, elles révèlent des L’islam africain a ses spécificités, mais d’origine judéo chrétienne, les Grecs questions de fond qu’il importe d’a- l’influence des Arabes d’Afrique du ne l’ont pas pensée et en Occident la border malgré les difficultés. L’impos- nord et d’Arabie saoudite peut être notion de personne se perd lorsque le sibilité d’un magistère islamique mise en parallèle avec celle des mis- christianisme n’est plus là pour la fon- autrement que purement juridique, sions chrétiennes s’appuyant sur les der, il ne reste alors que l’individualis- renvoie les chrétiens comme les mu- Eglises d’Europe. En Asie centrale et me et le collectivisme, qui sont de fait sulmans au seul Coran ce qui risque orientale, où se trouvent de très par-delà le personnalisme d’inspiration non pas de fournir une base de discus- grands pays musulmans non arabes, chrétienne. L’Islam serait plutôt dans sion, mais d’empêcher le dialogue lui- l’islam est confronté à l’hindouisme - la pratique en deçà du personnalisme. même qui ne peut avoir lieu qu’entre qui a toutes les formes du polythéis- Abd el Kader écrivait à propos du des personnes et non pas avec un livre, me avec sa mythologie indo-euro- croyant : fût-il sacré. péenne - et au bouddhisme - sagesse Lorsqu’il récite le Coran, il voit que Benoît XVI en demandant que la plutôt que religion, mais vécu sou- celui qui parle est Dieu et que celui à raison et la religion ne soient pas sé- vent, non sans paradoxe, comme un qui il est parlé est Dieu aussi. Lorsqu’il parées pose les conditions du dialogue apparent polythéisme - qui contras- écoute le Coran, il voit que la parole est qui doit éviter aussi bien le relativisme tent avec le monothéisme strict des Dieu, et que, et que l’auditeur est Dieu. que le fondamentalisme. C’est un dia- musulmans. Car il voit Dieu par Dieu - mais prends logue humain sur des réalités natu- En Europe, le fait islamique est en garde de croire qu’il s’agit là d’incarna- relles et surnaturelles. Face à la vio- train de modifier la perception de la tion, d’union, d’infusion ou d’engendre- lence se réclamant souvent, et à tort, religion qu’une conception laïciste ment : je désavoue tout cela. de la religion, le Pape réaffirme sa imposait de plus en plus dans les ins- Où est la personne ? Comment au- volonté de chercher les voies de ré- tances dirigeantes de l’Union euro- rait-elle des droits et même des de- conciliation, afin de vivre dans le res- péenne, sous l’influence de la France voirs ? Notons cependant qu’au plan pect de l’identité et de la liberté de notamment qui compte d’ailleurs une eschatologique la foi islamique fait chacun en vue d’une collaboration fructueuse au service de l’humanité tout entière. (allocution de Castel Gandolfo Pour dialoguer, les déclarations de le 25 septembre 2006 devant des représen- ( bonnes intentions ne suffisent pas tants du monde musulman). I

22 FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 LIVRES EGLISE Un autre regard sur l’Opus Dei par François GONDRAND On a pu lire beaucoup gèrent de façon professionnelle et auto- nome. Au demeurant cette estimation d’approximations hostiles globale se révèle fort décevante pour sur l’Opus Dei. Elles ont eu ceux qui pensent que "l’Opus Dei est riche". Même calculés ainsi, ses reve- le mérite de titiller la nus au plan mondial, représenteraient curiosité journalistique pour l’auteur, l’équivalent de ceux d’un dont naissent de grosses diocèse américain de taille moyenne. Deux surprises attendent le lecteur. enquêtes comme celle de La première émane de témoignages en J.L. Allen, titrée “Opus Dei”. faveur de l’Opus Dei de personnalités qu’on n’attendait pas là : le P. Cardon- e sous-titre de cet ouvrage est nel, Mgr Koch, évêque de Bâle, et sur- Un regard objectif sur les mythes tout Mgr Romero. Le martyr du Salvador et les réalités de la puissance la a parlé de façon émouvante de ce que plus mystérieuse de l’Église ca- la spiritualité de saint Josémaria et les tholique. Correspondant à Rome prêtres de l’Opus Dei lui ont apporté. Ldu National Catholic Reporter, de CNN Quand on sait qu’on a opposé la béatifi- et du réseau américain de radio pu- cation rapide d’Escriva au retard de l’in- blique NPR, l’auteur a accumulé 300 troduction de la cause de Romero, la heures d’interviews de membres de connivence spirituelle entre les deux est l’Opus Dei et de témoins divers, positifs état d’expériences vécues, positives ou inattendue. La deuxième surprise tient ou critiques sur cette institution de l’É- négatives dont il a eu connaissance. au résultat d’un test de cinq “mar- glise, qui compte aujourd’hui plus de L’enquête est typiquement anglo- queurs” de conservatisme appliqué à 85.000 membres sur les cinq continents. saxonne : parole donnée à "la défense", l’Opus Dei. La conclusion négative en Rien n’est laissé dans l’ombre, ni la puis à "l’accusation", confrontation des déroutera plus d’un. profonde originalité du message du fon- points de vue. Les conclusions, mesu- Allen tente une intéressante inter- dateur, saint Josémaria Escriva, qui a rées et argumentées, vont plutôt dans le prétation "conspirationniste" des accu- prêché l’appel de tous à la sainteté, sens d’une démythification, d’autant sations portées contre l’Opus Dei. Sur ce dans leur état et dans les circonstances plus sereine que l’auteur ne se sent pas point Patrice de Plunkett va plus loin ordinaires de leur vie, ni la spiritualité personnellement attiré par l’Opus Dei, dans un excellent essai paru juste avant et le style de vie qu’il a proposé, ni l’or- qu’il compare à une bière forte, donc celui-ci, au titre révélateur : Opus Dei, ganisation de cette prélature person- pas forcément du goût de tout le enquête sur "le monstre" (Presses de la nelle de l'Église (figure née de Vati- monde. Renaissance), fruit lui aussi d’une inves- can II), ni l’examen des principaux On passera sur le travers, très améri- tigation minutieuse, rendue sous une soupçons dont elle fait l’objet : culte du cain, consistant à élaborer des estima- plume alerte, et appuyée sur des témoi- secret, volonté d’influence dans les tions chiffrées, à l’échelle du monde, gnages puisés en France pour la plupart. sphères dirigeantes, incursions dans la d’un patrimoine immobilier qui n’en est Les conclusions de l’ancien directeur du politique au temps du franquisme, pres- pas vraiment un, si l’on sait que des Figaro Magazine rejoignent celles de sions sur les membres, obéissance aveu- membres de l’Opus Dei prennent per- son confrère américain : beaucoup de gle, dolorisme, minoration du rôle des sonnellement l’initiative de créer des bruit pour rien autour de l’Opus Dei, femmes, etc. Sur chaque point John résidences d’étudiants, des centres de cette planète qu’il vaut pourtant la Allen ne se contente pas d’étudier les formation, des établissements universi- peine d’explorer à l’heure de la nouvelle textes fondateurs et officiels, mais fait taires, des dispensaires, etc., qu’ils évangélisation. I

Culte du secret, volonté d’influence dans les John Allen, Opus Dei, Sanké, Québecor Media, ( sphères dirigeantes, incursion dans la politique 512 pages, 26 €.

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 23 MUSIQUE ORGUE Redécouvrir Bach à par Vincent GENVRIN

Alors que tant de disques moins solennel, plus fantaisiste, Malheureusement, cette chronologie semblent parler un autre langage. est difficile à établir, même à l’aide des ont été enregistrés, Bach, Bach les avait réunies dans un épreuves matérielles du graphisme, de de par sa manière de recueil qui fut peut-être destiné à la l’histoire des manuscrits, voire des fili- publication. Un tel retour sur le passé granes de papier ! composer, réserve mille est en contradiction avec notre image L’histoire des Chorals de Leipzig, possibilités de renouveler romantique du génie construisant son avant leur ultime révision, est obscure. Il la manière dont on œuvre. Imagine-t-on Brahms épousse- existe plusieurs versions probablement tant quelques pièces de jeunesse pour antérieures. Rien ne permet d’affirmer découvre sa musique. son dernier opus, ou Wagner composant que le recueil de Leipzig ne soit pas la Parsifal en adaptant des fragments de consignation d’un travail effectué de- orsque en 1717 J.-S Bach est Rienzi ? puis de longues années, ni qu’il n’ait nommé Kappelmeister à la cour Mais Bach, lui, a passé presque existé d’autres versions intermédiaires, de Cöthen, il met fin à une autant de temps, dans son activité de aujourd’hui perdues. Dans ces condi- longue période d’activités consa- compositeur, à revoir, modifier, adapter tions, il n’est pas interdit d’imaginer que crées principalement à l’orgue. Il des œuvres existantes, qu’à en écrire de Bach, s’il avait vécu quelques années de Lne se désintéressera pas pour autant de nouvelles. Cette technique peut être plus, n’aurait pas hésité à remanier son instrument de prédilection, en rapprochée de bien d’autres procédés encore ces pièces. La version "définitive" continuant à donner des concerts, à qui, tous, consistent à utiliser la matière ne serait alors que la dernière en date... pratiquer des expertises d’orgues et à musicale comme un matériau brut sans Pour Bach, la naissance d’une œuvre composer quelques pièces. cesse retravaillé : transcription d’œuvres n’est que la première étape d’une exis- Les toutes dernières années de sa vie personnelles ou d’autres compositeurs, tence agitée. Un certain temps écoulé semblent cependant marquer un regain pastiche (stile antico), exercices de style ne saurait remettre en question la ma- d’intérêt pour l’orgue. Il entreprend alors (danses françaises), correction d’œuvres tière musicale, qui acquière ainsi des une vaste révision des œuvres qu’il avait écrites par des élèves, etc. vertus d’intemporalité. En revanche, sa composées pour son instrument, alors De telles pratiques allaient donner mise en forme se doit d’être enracinée qu’il était Hoforganist à la cour de du fil à retordre aux musicologues. A dans le présent. Les circonstances, Weimar. C’est sous cette forme révisée quelle version donner la préférence, modes passagères, contraintes maté- que nous connaissons ces pièces univer- quelle place accorder aux transcriptions rielles... donnent à l’œuvre un nouveau sellement célèbres, en particulier les dans l’œuvre d’un auteur, à qui attribuer visage. La cohérence d’une œuvre ne dix-huit chorals dits "de Leipzig". tel devoir d’élève revu et corrigé par le serait donc pas à rechercher dans ces Les versions primitives sont connues Maître ? Questions brûlantes qui rap- multiples transformations, mais plutôt par différents manuscrits, mais elles pellent les problèmes posés, dans le dans les relations qu’elle entretient avec sont peu jouées, car on les considère domaine pictural, par les œuvres "d’ate- d’autres, composées ou retravaillées à la comme moins abouties sur le plan du lier". La manière la plus commode de ré- même époque. La composition devient style et de l’écriture. Il nous a semblé soudre ces problèmes est bien sûr d’i- ainsi totale entre l’ancien et le nou- pourtant intéressant de mêler ces ver- maginer un auteur en quête de perfec- veau : il est impossible de distinguer sions avec d’autres œuvres, écrites éga- tion, soucieux de livrer une œuvre défi- une pièce plus ancienne "travestie". lement à Weimar, mais n'ayant pas été nitive à la postérité. Pour justifier une Les versions dites "originales" ou transformées par la suite, pour mieux telle conception, il faudrait que la chro- "intermédiaires" sont par conséquent connaître ce que fut le Bach "de Wei- nologie des différents états d’une œuvre d’une grande importance. Elles ne sont mar". Replacées dans le contexte de leur puisse être établie, de l’ébauche à la en aucun cas des ébauches, des essais création, ces œuvres, caractérisées par version ultime, celle-ci d’une qualité précédant la mise en forme définitive. une plus grande concision, un style nettement supérieure. Elles participent à un ensemble qui ex- prime une cohérence stylistique, une Les versions "intermédiaires" ne "tranche de vie" musicale. En réunissant les Chorals de Leipzig, ( sont en aucun cas des ébauches dans leur version antérieure, et d’autres

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œuvres, composées à la même époque, mais n’ayant pas connu les honneurs d’une révision ultérieure, on donne vie au Bach de Weimar. L’effet produit individuellement par chaque pièce se révèle fort différent, tout comme l’impression d’ensemble : ils manifestent toute la juvénile ardeur de leur auteur. Au contraire, ces mêmes chorals dans leur version leipzigeoise semblent une œuvre de pleine maturité, expri- mant une majesté tranquille, toute l’as- surance d’un génie parvenu à une totale maîtrise. Le matériau musical est pourtant, à peu de choses près, le même. Quelques dissonances ajoutées ou retranchées, En CADEAU pour nos ACHETEURS AU NUMÉRO une ornementation renouvelée, la trans- formation du profil d’un thème, et A vous qui venez d’acheter France Catholique, nous offrons le CD l’œuvre change de visage, prête à s’inté- “Bach à Weimar”. L’offre est limitée aux 200 premières réponses, grer à un nouveau contexte. postées avant le 18 novembre, à condition que votre marchand de Ce qui frappe chez Bach, c’est la dis- journaux ait bien voulu apposer sur le bon ci-dessous, ou sur un ticket proportion entre l’effet ainsi obtenu et de caisse, le tampon de sa société comme preuve d’achat. L’offre est le petit nombre de modifications ap- ouverte également à nos abonnés, à condition qu’ils nous fournissent portées à la pièce. Au-delà du créateur, le ticket de caisse faisant preuve d’un achat de ce numéro chez un on devine un artiste profondément diffuseur de presse, et dans les mêmes conditions de délai et de attentif au présent, instrumentiste, im- nombre. Un seul CD par famille [=Même nom, même adresse]. Au cas où nous recevrions provisateur, transcripteur, sans cesse plus de 200 réponses un autre CD de musique religieuse permettrait cependant de confronté aux désirs immédiats d’une récompenser nos amis qui s’intéressent à la vente en kiosques de France Catholique en société avide de musique, et qui n’i- allant établir en notre nom un contact direct et cordial avec certains de nos diffuseurs. gnore rien de la difficulté de la matière musicale. Bon à découper Voilà qui n’est pas sans susciter l’é- et à retourner tonnement, à notre époque qui accorde à France Catholique, tant de prix à l’acte créatif pour lui- 60, rue de Fontenay même. Pourtant, en se livrant à ce tour 92350 Le Plessis-Robinson de passe-passe, Bach avait sans doute l’impression de faire, tout simplement, son métier. I Avec, votre nom, prénom et adresse très lisibles (sur une feuille à part) "Bach à Weimar", J.-S. Bach (1685-1750), par Vincent Gen- vrin, sur l’Orgue Grenzing, Salle Le cachet du dépositaire Xavier Darasse, CNSM de Lyon, de presse (ci-contre et/ou 19,90 €, en vente sur le site in- ternet www.france-catholique.fr, un ticket de caisse) boutique Musique Hortus.

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 25 CINEMA

Le dahlia noir LES FRAGMENTS D’ANTONIN par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ Dans les années 40, à Los Angeles, une starlette a été assassinée dans des conditions atroces. Les inspecteurs Bucky et Lee, chargés de mener Les blessures de l’âme l'enquête, vont être ébranlés par cette affaire. cation de son comportement et à lui Le roman très noir de James Ellroy ne faire revivre les moments les plus dou- pouvait qu'inspirer Brian De Palma, l'un des loureux qu'il a connus pendant la guerre, afin qu’il parvienne à se libé- maîtres de l'horreur et du suspense. Cette rer. plongée dans une période tourmentée de la cité C'est avec beaucoup de so- des anges ne manque pas d'allure. Sa briété que Gabriel Le Bomin aborde reconstitution n'est pas tant marquée par un ces conséquences méconnues de «la souci de réalisme que par une volonté de rendre Grande Guerre». Par une succession de hommage aux grands films noirs qu'il flash-back nous découvrons le par- affectionne. Malgré de bonnes idées de mise en cours d'Antonin, qui s’est retrouvé scène et quelques morceaux de bravoure, le film Grégori Derangère parvient spectateur et acteur d’une violence dont il n’avait pas idée. Chaque per- ne convainc pas complètement, car le récit reste à faire passer énormément trop confus et certaines scènes outrancières. d'émotions par la seule force Gabriel Le Bomin a Meurtre, pornographie, corruption, de son regard. réalisé plusieurs longs vengeance, tous les ingrédients du genre sont e bilan humain de la Première métrages sur l'histoire réunis, avec des images peu discrètes à l'appui Guerre mondiale - que l’on évo- de l'armée française et quelques plans très «gore». Dans cet univers L quera une fois encore en ce 11 ( sordide et malsain, seule la lueur de certains novembre - fut lourd de conséquences sonnage, replacé dans un contexte dramatiques dans la vie des nations bien précis ou dans son histoire per- regards nous dévoile leur détresse contenue. sonnelle, est dessiné avec soin. La M.-L. R. comme dans celle des individus. Cer- tains soldats, ayant survécu à l'enfer distribution est magnifique, chaque Policier américain acteur trouvant le ton juste. (2005) de Brian De des tranchées, gardèrent de profondes Palma, avec Josh séquelles psychologiques. C'est à ces Seuls l'amour qu'Antonin a Hartnett (Bucky connu pour une femme semble laisser Bleichert), Scarlett traumatisés de la guerre que Gabriel Le Johansson (Kay Bomin, qui réalise son premier long- entrevoir l'espoir qu’il retrouvera une Lake), Aaron Eckhart métrage, a voulu rendre hommage. vie normale. Le professeur Labrousse (Lee Blanchard), tente de faire le deuil de son fils en Hilary Swank En 1919, le professeur Labrousse (Madeleine Linscott) tente de soigner les soldats qui ont aidant les blessés de la guerre. I (2h) (Adultes). Sortie subi un lourd choc traumatique et qui Les fragments d’Antonin. Drame français (2005) de le 8 novembre 2006. ne parviennent plus à vivre au sein de Gabriel Le Bomin, avec Grégori Derangère (Antonin Verset), la société. Parmi eux se trouve An- Anouk Grinberg (Madeleine Oberstein), Aurélien Recoing (pro- Nouvelle chance fesseur Labrousse), Niels Arestrup (professeur Lantier), Yann tonin, un ancien instituteur, qui répète Collette (capitaine Orlac), Laure Duthilleul (Marie), Pascal Un jeune homme tente de monter un spectacle inlassablement cinq gestes. Le profes- Demolon (lieutenant Ferrou), Jean-Baptiste Iera (Mazard) avec une ancienne actrice d'opérette. seur cherche à comprendre la signifi- (1h30). (Adolescents). Sortie le 8 novembre 2006. Après «Augustin, roi du Kung-fu», retrouve l'étonnant acteur Jean- Désaccord parfait Chrétien Sibertin-Blanc et renoue avec la comédie fantaisiste. C'est léger, souvent drôle et Un célèbre cinéaste français et son actrice fétiche poétique, même si la dernière partie faiblit par se retrouvent trente ans après leur séparation. rapport à la saveur des premières séquences. , qui s'aventure pour la première Cette œuvre sur le temps qui passe fois dans le registre de la comédie sentimentale, semble met en scène des personnages attachants. avant tout vouloir mettre en valeur le charisme de Charlotte M.-L. R. Rampling et de Jean Rochefort. Cette histoire de retrouvailles Comédie française (2006) de Anne Fontaine, ne manque pas de piquant, mais l'ensemble reste assez superficiel et parfois lourd. avec Jean-Chrétien Malgré les aventures de l'un et le mariage de convenance de l'autre (le mari d'Alice est Sibertin-Blanc (Augustin Dos Santos), Danielle homosexuel), ces deux êtres n'ont sans doute jamais cessé de s'aimer. Une scène de nudité. Darieux (Odette Saint- Marie-Lorraine ROUSSEL Gilles), Arielle Dombasle (1h30). (Adolescents) Comédie française (2006) de Antoine de Caunes, avec Charlotte Rampling (Alice d'Abanville), Jean Rocherfort (Louis Ruinard), Isabelle Nanty Sortie le 8 novembre (Rageaud), Ian Richardson (Lord Evelyn Gaylord), Simon Kunz (Randall), James Thierrée (Paul Gaylord), Raymond Bouchard (Gilbert Carrington) 2006. (1h31). (Grands adolescents). Sortie le 8 novembre 2006.

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EXPOSITIONS GALERIES NATIONALES DU GRAND PALAIS Du portrait royal au portrait de 140 peintures et sculptures, En suivant ce cheminement, on rencontre d'abord Marie-Antoinette, reine de France : un au Grand-Palais sont autant marbre blanc, taillé par Louis Simon Boizot qui de rencontres, les yeux dans restitue à merveille la grâce de la jeune reine, de Un certain sa coiffure surtout avec les plis magnifiques du les yeux, avec l’image que linge qui enveloppe sa natte. l’élite d’une société en pleine désir de Les grands de ce monde apparaissent à ses évolution, voire révolution, réalisme côtés : un "Georges Washington" de Gilbert Stuart, peint dans l'esprit de van Dick, est en a voulu donner d’elle-même. apparaît, pied, entouré des accessoires du pouvoir dont un même quand gros volume : la Constitution des Etats-Unis. A ntre public et privé, l'art du portrait côté, le roi Georges III, est lui aussi peint debout change dans les dernières années du il s'agit de par Thomas Lawrence qui souligne l'aura sacrée XVIIIe siècle et, passant la Révolution, de la monarchie britannique avec un beau ciel jusqu'aux trois premières décades du XIXe célébrer d'orage ! siècle. Le portrait peint, une mode dans la gloire En France, Ingres représente Napoléon sur son Eles pays anglo-saxons, est peu apprécié en trône impérial, comme une allégorie hiératique France où l'Académie n'admire que la peinture des grands parée du mouvement, splendide au demeurant, d'histoire... Mais il va se développer ainsi que le de son manteau de velours pourpre garni d'her- portrait sculpté, avec une demande croissante, de ce monde mine. David peu après, le montre dans son cabi- publique et privée. Après l'apparat des codes net de travail, valorisant le jeune homme d'Etat aristocratiques, d'autres règles vont apparaître et moderne et plein d'allant ! démocratiser ce "genre". Cependant un certain désir de réalisme appa- raît, même quand il s’agit de célébrer la gloire des grands de ce monde. Goya peignant "Fer- dinand VII en costume royal", restauré sur le trône d'Espagne après la chute de Napoléon, refuse toute exaltation. Le fonds est noir et nu, le visage plutôt laid et même inquiétant. L'homme est là. Et il a accepté cette image de lui-même... Quant au pape Pie VII, Lawrence le peint, tou- jours sur fond orageux, maigre et le visage in- quiet, avec une telle liberté que l'on croirait voir un Delacroix ! Le portrait de "condition" est assez charmant et d'un aspect spontané : tel celui que dresse madame Vigée Lebrun du jeune Charles de Ca- lonne, pourtant déjà contrôleur général des Finances ! Le "sentiment" fait réellement son apparition avec les femmes. La délicieuse "Mrs Abington" peinte par Reynolds est une célèbre actrice an- glaise avec laquelle le peintre peut se jouer des codes de la mondanité. Sa coiffure légère fait comme une brume autour de son visage, son re- Mrs Abington Joshua Reynolds gard est charmeur et ses deux poignets enserrés 1771 dans des rubans de velours noir, retiennent un

© RMN - NEW HAVEN, YALE CENTER FOR BRITISH ART YALE © RMN - NEW HAVEN, Huile sur toile pouce hésitant sur le bord de sa lèvre. Alors que

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par Ariane GRENON famille primesautière elle s’assoit à califourchon et s'ac- coude au dossier de sa chaise ! A côté, on peut voir le romantisme naissant avec l'extravagante toile de Reynolds, peignant "Les Sœurs Montgomery". Du "grand style" à la Poussin. Des marbres délicieux ponctuent ce par- cours, jusqu'au saisissant "Voltaire nu" - ou Marie-Antoinette, reine de France. presque ! - que Pigalle nous propose âgé, avec son regard malicieux et ses linges en désordre... Louis-Simon Boizot, L'individu psychologique règne désormais sur 1781. ces tableaux ainsi que l'amour de la nature que Buste, marbre, prône Rousseau. Les élites sont vues en plein air, sur piédouche, en marbre blanc. tel le fameux "Bonaparte" que David représente "franchissant les Alpes au Grand Saint-Bernard". Idéalisation d'un héros au sein d'un spectacle USÉE DU LOUVRE,

naturel à la hauteur ! N - PARIS,ENT MDES SCULPTURES Dans le registre dramatique, voici "Marat © RM DÉPARTEM assassiné" ; dont le même artiste fait un portrait terriblement réaliste, bien que le fait lui même aurait pu bénéficier d’une "peinture d'histoire"…! Admirons parmi les portraits de famille, celui de "Manuel Osorio Manrique de Zuniga" que © RMN - LONDRES, NATIONAL GALLERY © RMN - LONDRES, NATIONAL GALLERY OF ART NATIONAL © RMN - WASHINGTON, © RMN - WINDSOR CASTLE, THE ROYAL COLLECTION, HER QUEEN MAJESTY ELIZABETH II © RMN - WINDSOR CASTLE, THE ROYAL Louis-Auguste Schwiter Le Pape Pie VII Napoléon dans son cabinet de travail aux Tuileries Eugène Delacroix, 1826-1830, Huile sur toile. Thomas Lawrence, 1819, Huile sur toile. Jacques-Louis David, 1812, Huile sur toile.

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 29 EXPOSITIONS © RMN - NEW YORK, THE METROPOLITAN MUSEUM OF ART THE METROPOLITAN © RMN - NEW YORK, © RMN - WINDSOR CASTLE, THE ROYAL COLLECTION, HER QUEEN MAJESTY ELIZABETH II © RMN - WINDSOR CASTLE, THE ROYAL Charles-Alexandre de Calonne, Manuel Osorio Manrique de Zuniga Elisabeth-Louise Vigée Le Brun, Francisco de Goya y Lucientes, 1788, 1784. Huile sur toile. Huile sur toile.

Goya peint tout enfant, minuscule extravagant à l’Antique qui offre les dans son bel habit rouge et argent, traits du modèle sous le harnache- tenant son chat. Et l’on devine qu’il ment d’un empereur romain ! fait là sans doute, ses premiers Puis la nature et la grâce ont of- pas… Ou le joli marbre qui repré- fert leur séduction avec l’apparition sente la nièce de Napoléon, une de personnages dans un paysage. enfant timide dont la main repose Les temps changent quand le sur la tête de son lévrier. XIXe est bien installé dans son Terminant en fanfare cette siècle. De nouvelles conventions se brillante exposition, le fameux font jour, relatant des postures et "Louis-François Bertin" d’Ingres des spécificités individuelles ; ainsi nous regarde, fort, puissant, auto- des portraits de familles idéalisées ritaire… L’homme désormais s’af- ou de génies romantiques livrés aux firme dans sa fonction. tourments de leur inspiration… Ce pittoresque tour de piste de Dans ce panorama international, différents états de la société fran- véritable anthologie des grands per-

çaise, espagnole ou anglo-saxonne, DES CHÂTEAUX DE MALMAISON ET BOIS-PRÉAU © RMN - RUEIL-MALMAISON, MUSÉE NATIONAL sonnages du temps, le portrait proli- se fait avec les meilleurs artistes de ce temps là, Bonaparte fère en s’éloignant de l’apparat et du prestige, Reynolds, Gainsborough, Goya, Houdon, Canova, franchissant les Alpes avec des formes artistiques nouvelles. Il est deve- au Grand Saint-Bernard David, Prud’hon, Lawrence, Ingres, Delacroix… nu le "genre" favori des temps modernes dans la Jacques-Louis David, I Avec les souverains et les chefs d’Etat, la 1800-1801, société occidentale ! société se met en représentation. Pour les autres, Huile sur toile. le portrait révèle avant tout la condition des per- sonnes mais dérive déjà vers le portrait de fa- "Portraits publics, portraits privés. 1770- mille… avec cette parenthèse expérimentale 1830" jusqu’au 8 janvier 2007. Galeries qu’est le portrait d’artiste. nationales du Grand Palais. Entrée Porte Clemenceau, place Clemenceau. Tous les Avec le temps, l’art cherche à révéler un jours (sauf mardi) de 10h à 20h, le mercre- idéal : on met l’accent sur qui incarne l’histoire di jusqu’à 22h. Fermé le 25 décembre. ou sur l’homme de culture… Avec ce retour Tél. 01.44.13.17.17, www.rmn.fr/portraits

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THEATRE "LA TRAVERSEE DE LA NUIT" Dignité contre barbarie, mémoire contre oubli par Pierre FRANÇOIS A Ravensbrück déjà Geneviève était obligé d’aller à l’essentiel". C’est- à-dire "respecter au plus près la vérité de Gaulle fait preuve de la dans toute son horreur", et se refuser générosité qui la fera connaître tout effet théâtral. L’option première de la mise en scène a donc été celle plus tard. Elle se soucie de ses de la sobriété. "On ne se met pas en compagnes d’infortune valeur sur un texte comme celui-là, comme de transmettre aux sur un Molière oui, mais pas sur ça", dit-elle. C’est au point qu’elle a refusé générations futures la notion qu’on distingue son visage sur l’affi- de la dignité, qui vainc che. D.R. Les déportées survivantes sont toutes les barbaries. venues voir le spectacle. Et Esmeralda Kroy de raconter comment nombre d’entre elles sont l y a des textes de pièce qui surprennent. La revenues, comment d’aucunes riaient à certains traversée de la nuit (1), de Geneviève de moments, comment les relations entre la comé- Gaulle-Anthonioz, en est. Pourquoi avoir dienne et l’une ou l’autre sont allées jusqu’à la choisi une autobiographie qui n’a jamais complicité. Comment enfin toutes ont été heu- été pensée pour la scène ? Comment la reuses de voir quelqu’un dire ce qu’elles ne pou- Imonter alors que les ayants-droit n’ont autorisé vaient raconter à leur entourage, même le plus sa représentation qu’à condition de ne pas y immédiat. changer un iota ? De fait, en allant voir la pièce, on repère Esmeralda Kroy, la comédienne, explique Une rencontre quelques places réservées et de belles femmes de qu’en lisant cet ouvrage, elle a vécu une ren- 80 ans s’y installer, bien droites ("on a l’impres- contre. Qui a abouti au désir de transmettre ce vécue par la sion qu’elles sont plus fortes que la vie", disait qu’elle avait ressenti, et de faire comprendre ce E. Kroy en entretien). On s’aperçoit que la so- qui avait été vécu, consciente qu’elle était de ne comédienne briété annoncée est au rendez-vous sur la scène. pouvoir faire vivre l’événement. Ce faisant, elle Et que le texte est mis en valeur par un dialogue veut lutter contre l’oubli et responsabiliser le entre les répliques données sur le plateau et une public. Tout en le respectant autant que le texte : voix hors champ. Le procédé est très efficace, et "je ne démontre rien, je ne prouve rien", dit-elle. on se lasse d’autant moins que le jeu de la comé- L’obligation de se conformer à l’œuvre origi- dienne touche. Elle qui avait l’ambition de n’être naire lui a posé "tellement de contraintes qu’on qu’une voix au service du texte et de l’émotion qui la traverse y parvient parfaitement. On est Francophonie bien dans l’exercice de mémoire, aucun jugement ne vient troubler la réceptivité qui s’installe, L’Académie française a couronné Jonathan Littell, 40 ans, pour "Les Bienveillantes". Ce globe trotter polyglotte et organisé utilise l’anglais , "plus rapide, plus précis" même lorsque Geneviève de Gaulle-Anthonioz pour ses travaux préparatoires : ses repérages et organigrammes pour analyser la explique devoir rechercher son reste d’énergie réalité du meurtre d’Etat en Ukraine, en Tchétchénie, au Congo... dans la foi ou attribue les soins dont elle bénéfi- Il pensait écrire sur la bureaucratie de l’horreur, vue du côté du bourreau depuis 15 cie à son nom. I ans, quand il a commencé à travailler dans l’humanitaire. S’il a rédigé, c’est parce que son passeport américain lui posait de plus en plus de problèmes pour trouver du travail et que la France lui avait refusé par deux fois sa nationalité. Alors, en janvier (1) La traversée de la nuit, de Geneviève de Gaulle Anthonioz. Avec Esmeralda Croy 2001 ce bilingue traducteur de Sade et de Genet arrête tout et commence à écrire. mise en scène par Cesare Capitani. Du En français. "C’est certainement dû à ma tradition littéraire qui est plus française mercredi au samedi (20h30), le dimanche qu’anglo-saxonne", explique-t-il. (17h30), à l'Espace Georges Bernanos, 4 Ceux qui lui ont refusé notre nationalité deux fois en avaient-ils conscience ? I rue du Havre, 75009 Paris, tél. 01.48.78. 28.15.

32 FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 THEATRE THÉÂTRE ADYAR Planète par Alain SOLARI à vendre Dieu n’est pas content de la terre. Il envisage de la céder au diable. "Planète à vendre" n’est pas un traité de théologie, loins de là, mais une gentille comédie superficielle.

es anges musiciens entrent en scène, la pièce commence et, surprise, on dé- couvre le sexe des anges : ce sont des femmes, dont les interventions donnent au spectacle sa respiration et ponc-

Dtuent les modifications du décor. "Oh là là Dieu D.R. n’est pas content, qu’au paradis on ait si peu d’en- qui est loin d’être une sainte, mais qui est prête à trants. Oh là là Dieu est contrarié…" Si l’auteur, tout pour son fils, que le rebondissement final, Jacques Lafarge, a été éduqué chez les Oratoriens, plein d’humanité, intervient. on comprend tout de suite que sa pièce "Planète à Dans l’ensemble les comédiens, Herrade Von vendre", donnée au Théâtre Adyar, ne prétend pas Meier (Jeanne d’Arc), Laurent Meunier (lucifer), constituer une somme théologique. Dieu s’adresse Morgane Lombard (Sarah), Badr Boukikaz à Siddhârta Gautama, dit Bouddha : "Mahomet et (Siddhârta) Jean-Pierre Thiercelin (Yasser et Lao Jésus ne sont pas avec toi ?". Bouddha répond : Tseu)…, sont à la hauteur, même si l’on sent qu’ils "ils sont débordés par le Jugement dernier". Le ton n’ont pas tous une égale expérience. On regrettera est donné. toutefois qu’Alain Lahaye, sur qui repose le rôle L’action se situe au royaume des Cieux. En- principal (Dieu) peine à trouver le ton juste au touré des principaux prophètes (sic), Jésus, Une action début de la représentation. La mise en scène, que Mahomet, Siddhârta et Moïse, auxquels il faut l’on doit à Catherine Chevallier, est bonne. Et si le ajouter Lao Tseu et Jeanne d’Arc, plus quelques au royaume rythme faiblit parfois, on le doit sans doute au anges atypiques, Dieu gère la terre comme il peut. des Cieux texte de Jacques Lafarge qui, jouant le plus sou- Mais les hommes sont insupportables. Ils trouvent vent dans le registre de la pochade enlevée, faiblit toujours le moyen de faire une guerre, ou de se parfois en abordant un ton trop démonstratif. En plaindre d’un tremblement de terre. "Si c’est moi tout cas, le thème ne manque pas d’originalité et qui décide de tout ce qui arrive, qu’en reste-t-il de s’il n’est ni très "catholique", ni très "orthodoxe", leur liberté ? Ce dont ils ont le plus peur, c’est de son traitement ne sombre jamais dans le mauvais la liberté". Et surtout, sur terre, la rentabilité n’est goût. Après tout, il n’est pas interdit de penser que pas bonne : le nombre d’entrées au Paradis ne Dieu a aussi le sens de l’humour ! Au total, "Pla- cesse de baisser. "Autant tout recommencer à zé- nète à vendre" est une sympathique comédie qui, ro". Or, Lucifer, que l’on n’appelle pas pour rien le si elle n’est pas exempte de défauts, prête souvent matin, lui propose de reprendre la terre en échan- à sourire et parfois à rire, pas de Dieu, mais des ge d’une planète vierge. Les "prophètes" s’émeu- hommes. I vent et Jeanne d’Arc, qui n’est pas une petite ber- gère innocente, pique un coup de sang ! Yasser, un avocat palestinien athée, va plaider la cause des "Planète à vendre", au Théâtre Adyar, 4 hommes. Sans grand succès. Pourtant, "en me square Rapp, 75007 Paris, tél. 01.46.45.50. 90, jusqu’au 29 novembre. Points de rappelant que je les ai faits à mon image, tu les as vente : FNAC - Carrefour, tél. 0892.68.36. bien défendus", lui dit Dieu. Mais c’est avec Sarah, 22 (0,34€/min.).

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 33 par 24/36 Dominique Bar, Avec Jean-Paul II et Benoît XVI Guy Lehideux Le Vent de l'Histoire © Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris

FRANCE CATHOLIQUE à suivre... TÉLÉVISION

Petits meurtres en famille (1/4) Des fleurs pour Algernon par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ Julien Boisselier, il parvient à rendre cré- dible l’inimaginable. Surtout, il montre bien que l’intelligence n’est pas tout et que, sans la sensibilité, elle ne sert pas à grand-chose. Le héros le comprend bien qui reconnaît qu’il était trop sensible et pas assez intelligent, lorsqu’il était plus jeune, et qu’aujourd’hui, c’est le contraire. Sans temps morts, cette histoire poignante Une passionnante réflexion se déroule jusqu’à son terme, et l’on se sépare avec regret de son héros atypique. sur l’intelligence et sa place La reine britannique du crime, Agatha Christie, On regarde, le cœur serré, cette dans une vie d’homme. histoire bouleversante qui montre à quel est une mine d’or pour les scénaristes de ciné- orsque les scénaristes de télévision ma comme de télévision, tant ses romans re- font preuve d’imagination, ils pro- Un handicapé mental cèlent de mystères, de personnages bien dessi- Lduisent des œuvres de grande quali- touchant, interprété nés et d’atmosphères singulières et oppressantes. té, qui savent émouvoir tout en faisant de façon magistrale Simon Le Tescou a toujours régné en despote réfléchir. Charles est un handicapé mental ( par Julien Boisselier sur sa famille, ce qui fait que tout le monde le de 32 ans qui vit seul et travaille dans un déteste plus ou moins, ce dont il ne se soucie lycée comme homme de ménage. Les point les scientifiques mesurent rarement guère. Pour ses 70 ans, il a demandé à ses quolibets des jeunes ne l’atteignent pas, les conséquences de leurs expérimenta- car il ne les voit pas. Un jour, un groupe de tions. Surtout, l’homme ne peut se réduire trois fils et à une de ses petites-filles, qu’il n’a scientifiques lui propose de participer à à sa seule intelligence, il est beaucoup jamais vue, de venir le voir dans son superbe une expérience qui peut le rendre intel- plus complexe que cela. Un constat château breton. Mais, le soir de son anniver- ligent. Il accepte avec joie. En quelques réconfortant que la fin vient, fort à pro- saire, il est assassiné. Seule une personne pré- mois, il fait des progrès étonnants, car sa pos, confirmer. Quelques images un peu sente lors de cette soirée a pu commettre le soif d’apprendre est immense. sensuelles. I crime. C’est du moins l’avis du commissaire Avec beaucoup de délicatesse, Larosière qui est chargé de l’enquête. sans jamais insister, David Delrieux ra- Des fleurs pour Algernon. Téléfilm français (2006) de conte l’histoire peu ordinaire d’un homme David Delrieux, avec Julien Boisselier (Charles Gaessler), Hélène Après les feuilletons de l’été, voici le de Fougerolles (Alice), Marianne Basler (Sonia Brugère), Frédéric qui va passer, en quelques mois, d’un QI de feuilleton de l’automne. Pendant quatre se- Van Den Driessche (Jean-Pierre Nemur), Olivier Perrier (Monsieur 60 à un QI de 160, voire plus. Grâce au Pernot), Véronique Mattana, François Florey (1h35). Diffusion le maines, on va suivre les remous d’une enquête travail tout en finesse et en retenue de mercredi 15 novembre, sur France 2, à 20h50. policière menée de main de maître par une Agatha Christie en pleine forme. Edwin Baily Elizabeth Ière fait revivre avec faste la vie de château à la Elle est demeurée dans notre histoire comme veille de la guerre de 39-45, et il a su s’entou- celle qui consolida la rupture avec l’Église rer d’une brochette d’excellents comédiens qui commencée par son père Henry VIII et qui fit semblent prendre beaucoup de plaisir à mettre à mort Marie Stuart, la catholique reine brouiller les pistes. Et l’histoire est émaillée d’Écosse. Mais, pour les Britanniques, d’un humour souvent ravageur. Elizabeth Ière fut l’un de leurs plus grands sou- Ils ne sont guère brillants, tous ces per- verains. Ce téléfilm retrace une partie de sa vie. sonnages habités par de vilaines rancœurs et Il faut être Anglais pour reconstituer de méchants secrets ! Mais, sans cela, pas de avec autant de soin, de respect et de liberté de ton la vie d’un personnage historique. On retrouve avec plaisir la grande Helen Mirren (elle crime ni d’intrigue policière. Si les deux pre- est aussi l’interprète d’Elizabeth II, dans «The queen», de Stephen Freard), sensationnelle dans miers épisodes ne posent pas de gros problèmes, le rôle de cette souveraine intraitable, mais passionnée. Car c’est, surtout, de ses amours que le troisième est illustré d’une scène très sug- traite ce téléfilm de qualité, au détriment des aspects politiques de son règne. L’humour rava- gestive. geur de la souveraine vient détendre une atmosphère souvent lourde et violente. Téléfilm français (2006) de Edwin Baily, d’après Agatha Christie, Celle que l’on appela «la reine vierge» avait un cœur d’artichaut et s’enflammait bien avec Robert Hossein (Simon), Elsa Zylberstein (Edith), Bruno vite. Mais elle fut surtout une grande et impitoyable reine (les catholiques s’en souviennent Todeschini (Edouard), Antoine Duléry (le commissaire Larosière), Grégori Derangère (Victor), Marius Colucci (Emile), Marie Bunel, encore !), ce qui est illustré par quelques images très dures (tortures, exécutions, etc.). Mathias Mlekuz, Jean-Marie Winling (4 x 1h30). Diffusion mardi 14 Téléfilm britannique (2005) de Tom Hooper, avec Helen Mirren (Elizabeth Ière), Jeremy Irons (le comte Leicester), Jérémy Covillault (le duc d’Anjou), novembre, sur France 2, à 20h50. Hugh Dancy (le comte d’Essex), Toby Jones (1h40). Diffusion le vendredi 17 novembre, sur Canal +, à 20h50.

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 35 TELEVISION

Samedi 11 novembre Dimanche 12 novembre Lundi 13 novembre Mardi 14 novembre

TF1 TF1 TF1 TF1 20.50 Les 100 plus grandes sur- 20.50 Bad boys 2 GA. Policier 20.50 Alice Nevers, le juge est prises. Divertissement présenté (2003) de Michael Bay, avec une femme «Mince à mourir» GA. par S. Quétier et C. Dechavanne, Martin Lawrence, Will Smith Téléfilm avec Marine Delterme, avec Michèle Bernier, Arthur et (2h27) 2. ឭឰ Conventionnel et Arnaud Binard, Jérôme Anger. ឭ Michel Boujenah. très violent. Très moyen et peu crédible. 23.10 New York, unité spéciale. 23.25 187 code meurtre A. 22.35 Confessions intimes.

Série avec Christopher Meloni 3. Drame (1997) de Kevin Reynolds, Magazine présenté par Isabelle TF1 - E George 2 France 2 avec Samuel L. Jackson (1h55) . Brès. 20.50 Astérix et Obélix «Mission ឭឭឰ Intéressant, mais très France 2 Cléopâtre» J. Comédie (2001) de 20.50 Rugby «Test match : ambigu. Alain Chabat, avec Christian France/Nouvelle-Zélande». 20.50 Le bonheur est dans le France 2 Clavier, Gérard Depardieu, Jamel 23.05 On n’est pas couché. pré A. Comédie (1995) de Étienne Debbouze, Monica Bellucci Magazine présenté par Chatiliez, avec Michel Serrault, (1h47). ឭឭឭឰ Hilarant et Laurent Ruquier, avec la colla- Émissions religieuses : Eddy Mitchell, Sabine Azéma ឭឭឰ bourré de clins d’œil anachro- boration de Michel Polac, Éric 08h30 Émissions religieuses : «Voix boud- (1h42). Réjouissant, niques, mais c’est souvent mala- Zémour, Florence Foresti, etc. dhistes», «Islam», «À Bible ouverte», «Chré- mais un peu lourd et graveleux. droit et gros. 22.45 Complément d’enquête France 3 tiens orientaux», «Présence protestante» - 22.45 Vis ma vie. Magazine. 10h00 Le jour du Seigneur «Tout à la fois : «Les chrétiens face à l’islam». 20.50 Famille d’accueil «La Magazine présenté par Benoît France 2 mauvaise pente» GA. Téléfilm Les saints» - 11h00 Messe, en direct de l’église Saint-Michel, à Dijon (21). Duquesne. 20.50 Petits meurtres en famille avec Virginie Lemoine, 00.50 ឭឭឰ Musiques au cœur (1/4) GA. Téléfilm avec Robert Christian Charmetant. 20.50 FBI, portés disparus : «Disque, disque, rage…». Magazine Hossein, Elsa Zylberstein, Bruno Sympathique et bien fait, mais un «Addictions», «Règlements de présenté par Ève Ruggiéri. Todeschini, Antoine Duléry, peu facile. comptes». Série avec Anthony France 3 Grégori Derangère (1h35). (Voir 22.55 Personnel et confidentiel LaPaglia, Marianne Jean-Baptiste. notre analyse page 35) 20.55 Histoires d’aujourd’hui «, une histoire françai- 22.20 Urgences : «La vie à deux», 22.40 Matrix revolutions GA. se». Documentaire. «Où se cacher ?». Série avec Laura «Rêves de fans». Documentaire. Science-fiction (2003) de Larry et 23.55 La case de l’oncle Doc Innes 3. 22.50 Ce soir ou jamais. Andy Wachowski, avec Keanu «Dina Vierny : Une vie pour l’art». 00.00 New York 911. Série 3. Magazine présenté en direct par Reeves, Laurence Fishburne, Carrie Frédéric Taddéi. (et à 23h25) 3 ឭឭឭឰ Arte France 3 Anne Moss (2h04) . 00.35 NYDP blue. Série avec C’est très brillant, mais cette Mark-Paul Gosslaar. débauche d’effets spéciaux finit Arte par devenir lassante. 20.40 Sous le sable A. Comédie France 3 dramatique (2000) de François 20.50 The closer : «Un arrière Ozon, avec Charlotte Rampling, FR3 - G Tartrou DR ឭឭឰ goût», «Un cadavre disparaît» GA. 20.50 Penn sardines GA. Téléfilm Bruno Cremer (1h35). Série avec Kyra Sedgwick, J. K. 20.40 L’aventure humaine Prenant, mais pénible. 2 ឭឭ ឭឭឭ avec Carole Richert, Vincent Simmons, Corey Reynolds . «Expédition Bismarck» J. Winterhalter. ឭឭឰ Une intéres- Le seconde épisode est excellent. Passionné par cette histoire, le sante reconstitution de la grande 22.30 Ce soir ou jamais. cinéaste James Cameron a réalisé grève des sardinières de 1924. Magazine présenté en direct par un documentaire aussi superbe Mais c’est un peu caricatural. Frédéric Taddéi. (et à 23h25) qu’émouvant. 23.15 France Europe Express. 00.35 NYDP blue. Série avec 22.10 Lady Macbeth de Mzensk . 01.00 Les croix de bois J. Drame Mark-Paul Gosslaar. Opéra de Dmitri Chostakovitch, DR de guerre en NB (1931) de Arte avec le Royal Concertgebouw Raymond Bernard, avec Charles 22.15 Grand format «Kigali, des Orchestra et les Chœurs de Vanel (1h40). ឭឭឭ Un drame de images contre un massacre» GA. La guerres des générations l’Opéra d’Amsterdam, sous la la guerre poignant. Documentaire de J.-C. Klotz. (Voir aura-t-elle lieu ? direction de Mariss Jansons, avec notre analyse ci-contre) 20.40 La génération flouée J. Arte ឭឭឰ Eva-Maria Westbroek, Ludovit M6 Intéressant, mais le choix Ludha, Anatoli Kotcherga (2h41). Les bagnes des intervenants n’est pas neutre. 20.50 Les évadés GA 00.55 Metropolis. 20.45 Luke la main froide GA. . Drame 21.40 Le cauchemar des retrai- (1994) de Frank Darabont, avec M6 Aventures (1967) de Stuart tes. Documentaire. Rosenberg, avec Paul Newman, Tim Robbins, Morgan Freeman 22.15 Débat. Soirée spéciale Laurent Gerra 2 ឭឭឰ George Kennedy (2h05). ឭឭឰ (2h16) . Original et bien 22.45 Les Pygmées de Carlo GA. 20.50 Laurent Gerra fait son Bien fait, mais très dur. fait, mais très dur. Téléfilm avec Yves Verhoeven, show 23.30 Le frère du guerrier . Divertissement présenté 22.50 Les ombres du bagne GA. A/Ø. Sonia Rolland (1h41). ឭឭឰ par Laurent Boyer, avec Laurent ឭ Des témoignages émouvants. Aventures (2001) de Pierre Jolivet, Cocasse, mais un peu trop long. Gerra, Eddy Mitchell, Henri 23.45 avec Vincent Lindon, Guillaume 00.40 Les damnés de la terre 2 ឭឭឰ Exhibition «L’électricité». Salvador, Michel Sardou, etc. GA. ឭ Terrible. Canet (1h49) . Réussi, 23.30 Le meilleur de Laurent mais violent et érotique. M6 M6 Gerra «Bienvenue chez Laurent Canal + 20.50 Recherche appartement Gerra». 20.50 Capital «Entreprise : Les ou maison. Divertissement. Soirée Joyeux Noël Canal + femmes meilleures que les hom- 22.50 T’empêche tout le monde mes ?». Magazine. 20.50 Joyeux Noël GA. Drame de dormir. Magazine présenté par 20.50 Robots T. Animation (2005) 23.00 Enquête exclusive «Police (2005) de Christian Carion, avec Marc-Olivier Fogiel. de C. Wedge, avec les voix de Vin- 93». Magazine. Diane Kruger, Guillaume Canet cent Cassel, Monica Bellucci (1h26). (1h51) 2. ឭឭឰ Un beau sujet, Canal + ឭឭឭ Superbe et charmant. Canal + mais c’est inégal et caricatural. 20.50 Prisons «La honte de la 21.00 Football «Lille/Marseille». République». KTO KTO 20.50 VIP «Georges Moustaki». KTO 20.50 La vocation de l’écoute. KTO 21.50 Buxtehude «Membra Jesu 20.50 La foi prise au mot Musique et spiritualité se rencon- 20.50 Quand on est mort, c’est Nostri», avec la Schola Cantorum «Handicap», avec H.-J. Stiker. trent sur lîle d’Orta, en Italie. pour combien de dodos ? Basiliensis, sous la direction de 21.40 Un jour, une foi «La vie des 22.15 KTO magazine «Le phéno- 22.10 La foi prise au mot René Jacobs. diocèses». mène des crémations». «Handicap».

36 FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 TELEVISION Mercredi 15 novembre Jeudi 16 novembre Vendredi 17 novembre RADIOS TF1 TF1 TF1 RCF Samedi 11 novembre 20.50 Football «Match amical : 20.50 Commissaire Moulin, 20.50 Star Academy. 12h Face aux chrétiens "Le Car- France/Grèce», en direct du Stade police judiciaire «Tensions» GA. Divertissement présenté par Nikos dinal Ricard" (archevêque de Bor- de France. Téléfilm avec Yves Rénier, Aliagas. deaux, président de la Conférence des 23.00 Preuve à l’appui «Le profa- Natacha Amal, Clément Michu, 23.20 Sans aucun doute. Evêques de France), un forum animé nateur». Série avec Jill Hennessy. Bernard Roselli 2. Un épisode Magazine présenté par Julien par Frédéric Mounier. ancien jamais diffusé qui ne Courbet. 14h30 Equateur, "Quelques conseils France 2 utiles pour économiser votre fac- convainc guère. En prime, il y a France 2 20.50 Des fleurs pour Algernon beaucoup de violences et une fin ture énergétique". GA. Téléfilm avec Julien Boisselier, peu vraisemblable. Une soirée de polars 19h30 Il était une foi "Dieu est-il 20.50 Maigret Hélène de Fougerolles, Marianne 22.30 La méthode Cauet. «Maigret chez le un père pour nous ?", avec Chris- Basler, Frédéric Van Den Driessche docteur» GA. Téléfilm avec Bruno tiane Grimonprez Divertissement présenté par Lundi 13 novembre (1h35). (Voir notre analyse p. 35) Cauet. Cremer, Monique Chaumette, 22.40 L’arène de France. Lionel Abelanski (1h30). 10h A votre service "Le retour du Magazine présenté par Stéphane France 2 Une histoire bien ficelée et un tricot", avec Marilène Vial (Vos Bern. 20.55 À vous de juger. Magazine bon suspense, mais un rythme appels au 04.72.38.20.23) 14h Musiphonie "Interprètes re- France 3 présenté par Arlette Chabot. languissant et un détournement connus, ils sont aussi compositeurs 23.05 Infrarouge : «Prestige : de mineure. 20.50 Des racines et des ailes [De Robert Casadesus à Pierre Anatomie d’une marée noire», «Le 22.35 La Crim’ «La part du Diable» Sancan]" (1/5, tous les jours à 14h) «Le musée des Arts décoratifs». dragon des mers». Documentaires. GA. Téléfilm avec Jean-François Magazine présenté par Louis 14h30 Halte spirituelle "L'accom- France 3 Garreaud, Didier Cauchy (0h52). pagnement : un chemin pour gran- Laforge. Prenant, mais affreux. dir", avec Laurent Lemoine (domi- 22.50 Ce soir ou jamais 20.55 Les pleins pouvoirs . A. 23.30 Esprits libres. Magazine nicain) - (1/5, tous les jours à 14h30, Magazine présenté en direct par Policier (1996) de et avec Clint présenté par Guillaume Durand. 20h45 ou 23h) Frédéric Taddéi. (et à 23h25) Eastwood, et avec Gene Hackman, 22h Il était une foi "Dieu est Amour" 3 01.40 À la Maison-Blanche. 00.35 NYDP blue. Série avec Ed Harris, Laura Linney (2h01) . Série. Mardi 14 novembre Mark-Paul Gosslaar. Un solide policier, conduit 20h Parcours santé "Comment en- France 3 tretenir sa mémoire ?", avec le Pr Arte de main de maître. Mais on regrette une scène suggestive et 20.55 Thalassa «Une saison dans François Piette (gériatre) et Colette des personnages peu recomman- les îles : Les îles de la Madeleine». Fabrigoule (Docteur d'Etat en Neuro- dables. Magazine de Georges Pernoud 2. sciences) (Rediffusion vendredi à 13h) Mercredi 15 novembre 22.55 Ce soir ou jamais. 23.25 La vie comme un roman 16h Perspectives "Programme vo- Magazine présenté en direct par «China blue». Documentaire. lontaire Assomption : une année Frédéric Taddéi. (et à 23h25) Arte pour discerner une année de 00.35 NYDP blue. Série avec volontariat au service de l'Eglise",

DR Mark-Paul Gosslaar. avec Didier Remiot (Assomptioniste) Arte Jeudi 16 novembre 20.40 Mercredis de l’histoire «Le 13h30 Visages "L'appel du Bronx", siècle de Verdun» GA. Le thème avec le Père Pierre Raphaël est bien choisi, mais son traite- Vendredi 17 novembre ment manque cruellement de 10h A votre service "Pauvreté : com- rythme. DR ment réagir contre l'isolement ?", 21.35 Arte reportagge. 20.40 Le naufrage du Pamir GA. avec le Secours catholique (Vos 22.25 Le dessous des cartes DR Téléfilm avec Klaus J. Behrendt, appels au 04.72.38.20.23) «Asie centrale : (3) La Ferghana». 20.40 Le massacre de Fort Jan Josef Liefers, Herbert Knaup, 13h30 Biblica "Le massacre des Magazine présenté par Jean- Apache J. Western en NB (1948) Max Riemelt, Peter Becker (3h17). saints innocents", avec Fabrice Hadjadj (philosophe et dramaturge) Christophe Victor. de John Ford, avec John Wayne, Une reconstitution inté- 20h 24 images seconde, le maga- 22.40 Les gants magiques. Henry Fonda, Shirley Temple, John ressante d’un fait divers allemand. zine des nouveautés cinématogra- Comédie dramatique en VO Agar, George O’Brien (1h27). Mais c’est bien long. phiques. (2003) de Martin Rejtman, avec Un des grands chefs- Sexe : La révolution venue du froid M.B. Gabriel Fernandez, Valeria d’œuvre du western, avec une 23.45 Moi, roi du X «La vie tumul- Bertucelli, Fabian Arenillas (1h30). interprétation sensationnelle. tueuse de Lasse Braun». sur Arte 22.30 La vie en face «Cinq Documentaire. Lundi 13 novembre, à 22h15 M6 Grand format hommes et un garage» J. 00.55 Scandinaves, le sexe sim- 20.50 Jeff et Léo, flics et Pas mal, mais sans plus. plement. Documentaire. «Kigali, des images jumeaux : «La beauté du Diable», contre un massacre» GA «Il faut sauver Alice». Série avec M6 M6 Jean-Christophe Klotz a été l’un des Olivier Sitruk, Emma Colberti, 20.50 Incroyable talent. 20.50 NICS, enquêtes rares reporters présents en 1994, Didier Cauchy, Alicia Alonso. Divertissement présenté par spéciales : «Puzzles», «Les fan- lors des massacres du Rwanda. 22.50 Il faut que ça change ! Alessandra Sublet. tômes du passé. Série avec Douze ans plus tard, il revient sur «Parents, ados : Un face à face 22.45 Killer instinct. Série avec Michael Weatherly, Pauley place pour confronter les images explosif». Magazine. Johnny Messner, Kristin Perrette, Mark Harmon 2. d’hier et celles d’aujourd’hui. 3 Canal + Lehman . 22.30 Numb3rs. Série avec Rob Cette poignante réflexion Morrow. sur les raisons qui ont poussé la 20.50 7 ans de séduction Canal + GA. 23.25 Sex & the City. Série 2. communauté internationale à Comédie (2005) de Nigel Cole, 20.50 Desperate housewives (21 Canal + abandonner le Rwanda à son sort avec Ashton Kutcher, Amanda et 22/24) A. Série avec Teri tragique est accompagnée d’une 2 20.50 Elizabeth 1ère Peet (1h43). Une petite Hatcher . Le rire n’est pas A. Téléfilm réflexion sur le travail des journa- comédie romantique sans grande souvent au rendez-vous et l’his- avec Helen Mirren, Jeremy Irons, 3 listes. C’est bouleversant, malgré originalité dont l’action se déroule toire devient de plus en plus tra- Hugh Dancy (1h40) . (Voir notre quelques images terribles. sur fond de licence de mœurs. gique et dure. analyse page 35) T : Tout public Repères KTO KTO J : Adolescents KTO 20.50 God spell, au rythme des 20.50 KTO magazine «Dieu der- GA: Grands adolescents 20.50 Un travail simple. Le tra- chœurs. Voyage au cœur du rière les barreaux». Comment A : Adultes vail en entreprise des handicapés gospel, à New York. vivre sa foi du fond de sa cellule ? Ø : Œuvre (ou scène) nocive mentaux. : Elément positif 22.10 Buxtehude «Membra Jesu 22.10 Le Puy-en-Velay, sur les 22.15 VIP «Georges Moustaki». Nostri». chemins de Saint-Jacques. : Elément négatif

FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 37 BLOC-NOTES

Paris père Michel Gitton, (17h) Vêpres vail, Eglise du Saint-Sacrement, Moselle ✔ Le Salon des écrivains catho- animées par la communauté Aïn 23 avenue de Friedland, 75008 ✔ Les Amis de la Providence, liques, vente-dédicace des auteurs Karem. Rens. à Résurrection, 28 Paris, [email protected] 57930 Saint-Jean-de-Bassel, membres de leur association, aura rue de la Convention, 75015 prévoit une soirée d'enseigne- ✆ 03.87.03.00.50, fax 03.87.03. lieu le 22 novembre (14h30- Paris, ✆ 01.60.58.46.50. Parti- ment, de partage et de prière, le 7 00.51, proposent une rencontre 19h30) à la Mairie du VIe arron., cipation à ces journées 10 €. décembre "Le charisme de Saint le 19 novembre (14h-17h) "Tout place Saint-Sulpice, 75006 Paris. Site : www. mouvement-resur- Pierre-Julien Eymard : l'Eucharistie est don, tout est grâce. Rendre Association des écrivains catho- rection.org dans toute notre vie". (18h) grâce", par Sœur Madeleine liques 82 rue Bonaparte 75006 ✔ Xavier Mirabel (président de conférence par un Père du Saint- Obry. Paris, ✆ 01.43.29.03.65. l'Alliance pour les Droits de la Vie) Sacrement, (19h) messe, (19h45) ✔ La Maison Saint Conrad, 2 rue ✔ Les 18 et 19 novembre, 50e donnera une conférence sur le dîner, échanges (20h45) louange, des Capucins, 57230 Bitche, anniversaire de Résurrection. A thème "Comment mettre le res- prière d'intercession, possibilité ✆ 03.87.96.06.12, fax 03.87.96. l'institut Bossuet, 6 rue Guynemer, pect de la vie au cœur de la so- de rencontrer un prêtre, (22h30) 07.52, propose une récollection 75006 Paris, le 18 : (9h) conféren- ciété ?", le 29 novembre (20h30 nuit d'adoration eucharistique le 23 novembre (9h-16h) pour ce de Luc Perrin "50 ans de la précises), à l'ASIEM, 6 rue Albert aux intentions du monde du tra- une Entrée en Avent "L'Evangile, revue Résurrection au milieu de de Lapparent, 75007 Paris. Rens. vail, (8h) laudes, (8h15) petit dé- un appel à la foi et à la liberté", 50 ans de la vie de l'Eglise), ✆ 01.45.23.08.29. jeuner, (8h45) départ. animée par le père Charles Fri- (11h30) Messe d'action de grâces ✔ L'association l'Union pour la Drôme son. ✔ présidée par le cardinal Philippe Vie (31 rue Rennequin, 75017 ✔ Le Foyer de Charité, B.P. 11, A l'Ermitage Saint-Jean, 7 rue Barbarin, à la Chapelle St-Joseph Paris, ✆ et fax 01.47.66.21.91, 85, rue Geoffroy de Moirans, des Moulins, 57160 Moulins-lès- ✆ des Carmes, 70 av. de Vaugirard, [email protected]) organise 26330 Châteauneuf-de-Galaure, Metz, 03.87.60.02.78, fax 03. 75006 Paris, (14h) colloque sur un colloque "Fin de vie... fin de ✆ 04.75.68.79.00 / foyer.de. 87.60.06.33, des petits-déjeuners les "Enjeux d'une pensée tout ?" Quand il n'y a plus rien à [email protected] "Théologiques" sont prévus chrétienne", à l'institut Bossuet, faire, tout reste à faire, le 20 propose une retraite "Nous (9h30-11h30), le 18 novembre avec le père Jean-Robert Ar- novembre (18h30-22h), salle Ros- allons vers le Père par le Fils dans "Secrets de famille...", le 2 dé- mogathe, Jean-Luc Marion, Rémi sini, 8 rue de l'Annonciation, l'Esprit", du 27 novembre au 3 cembre "Libres ou enchaînés...". Brague... et le 19 (8h) Offices des 75016 Paris, avec le père Brice de décembre, avec le Père Bernard Egalement des ateliers sont orga- matines et des laudes, crypte du Malherbe (enseignant à la Faculté Michon. nisés (9h30-11h30) : le 18 no- Sacré Cœur de Montmartre, près Notre-Dame de Paris), Elisabeth Hautes-Pyrénées vembre "Les couleurs de l'instant de la tombe de Mgr Charles, Bourgois (écrivain et infirmière). ✔ Un colloque sur les pratiques présent", animé par Danièle (9h30) à St-Ferdinand des Ternes, ✔ Le Cercle catholique syriaque actuelles du sacrement de ré- Lacrabère (artiste plasticienne, art- 27 rue d'Armaillé, 75017 Paris, organise, le 6 déc. (20h), une conciliation est prévu les 23 et thérapeute), le 25 novembre "De conclusion du colloque en pré- conférence sur le thème "L'Orient 24 novembre, organisé par les l'art d'être soi", animé par Marie- sence de Mgr André Vingt-Trois, Chrétien au IVème siècle", qui sera Sanctuaires Notre-Dame de Claire Eskénazi (psychanalyste). (11h) Messe, (14h) table ronde, donnée par Mr Christian Mesnard Lourdes, 1 av. Mgr Théas, 65108 Pas-de-Calais ✔ dans la crypte de St-Ferdinand des (membre du Cercle), en l'Eglise Lourdes Cedex, en partenariat La Maison diocésaine d'ac- Ternes, animée par Samuel Pruvot Saint-Ephrem le Syriaque, 17 rue avec le service National de pas- cueil "Ave Maria", 5, La Place, ✆ "De la Sorbonne à Sarcelles : des Carmes, 75005 Paris, Rens. torale liturgique et sacramentelle. 62120 Wardrecques, 03.21. quelles perspectives pour l'évan- ✆ 06.87.71.17.58. Avec conférences, débats, travail gélisation ?", avec Anne-Marie ✔ Le Mouvement de Spiritualité en ateliers... Courriel : Mennesson, Jean Duchesne et le du Travail, Communion du Tra- [email protected] ✂Abonnez-vous ! FRANCE Offrez un abonnement ! à CatholiqueCatholique HEBDOMADAIRE chèque à l’ordre de FRANCE CATHOLIQUE 60 rue de Fontenay - 92350 Le Plessis-Robinson

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93.55.48, propose du 24 (18h) à un concert spirituel sur le thème ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE au 26 novembre (16h) une ses- du baptême "Nés de l’Eau et de France, 6 mois : 58 € / 1 an (47 numéros) : 110 € / Etranger, 1 an : sion "Le corps et la prière", avec l’Esprit". Une méditation alternant 122 €. Abonnement soutien : 250 €. Pour la Belgique, virements à Michèle Flament (professeur de chants et lectures sur la vocation l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, yoga). du baptisé. Par La Schola Saint tél. 056.330585, compte bancaire : 275.0512. 029.11. ✔ Au Foyer de Charité, 19, rue Martin, sous la direction de Dani Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux Sacriquier, BP 105, 62240 Cour- de Guibert, musique d’André sur notre compte chèque postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien set, ✆ 03.21.91.62.52, fax 03. Gouzes, il aura lieu le 12 novem- par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques ban- 21.83.87.13, une session est pré- bre (16h30), en l’église Saint caires libellés en euros et payables en France ou par chèques ban- caires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 €, ou par vue les 18 et 19 novembre Martin, 78350 Jouy-en-Josas. carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr "Homme et femme à l'image de Entrée libre. Quête au profit du Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de Dieu", par le père Xavier Géron service diocésain des vocations, l'abonné / Ne paraît pas en août. (accueil des enfants à partir de 4 du Séminaire et de la Maison ans). Et aussi une retraite est orga- Saint Jean Baptiste. Rens. Michel PETITES ANNONCES ✆ nisée du 27 novembre au 3 de Guibert, 01.69.31. 45.82, Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. 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Paris et région parisienne, enga- Jean Huttard, 10 route du Vin, 68340 Zellenberg, 90, fax 04.94.69.64.91, sanctuaire gées dans la vie active, étudiants tél. 03.89.47.90.49, fax 03.89.47.90.32, courriel : @nd-de-graces.com propose les ou retraités, désirant être témoins [email protected] 18 et 19 novembre, une session de l’espérance de l’Evangile, se L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. "Découvrir la Parole de Dieu". relaient au téléphone dans une Inscriptions auprès de Marion à écoute active et non-directive FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire l’Association. pour accueillir les questions, les N° Commission Paritaire de la Presse : 1006 I 85771 en cours de révision Yvelines détresses et les solitudes. Pour CNIL : 6778405 ✔ Une soirée-conférence organi- faire face à une demande crois- 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson sée par l’Association Familiale sante, l’Association cherche des Téléphone : 08.75.69.14.92 - 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64 Catholique de Viroflay est prévue bénévoles. La prochaine session Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X sur le thème "L’Enseignement d’initiation à l’écoute active, non- édité par la Société de Presse France Catholique, Social de l’Eglise, pour quoi faire ? directive, aura lieu à Paris, les 11 s.a. au capital de 327.136 euros. - 418 382 149 R.C.S. Nanterre Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06. quels enjeux ?", par le père Pa- et 12 novembre. Si vous êtes inté- 08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Editorialiste : Gérard Le- trick de Laubier, le 14 novembre ressé, envoyez une lettre de moti- clerc - Rédaction : Anne Montabone - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Grégoire (20h45), à la Crypte de l’Eglise vation à : SOS Chrétiens à l’écou- Coustenoble - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven - Abonnements/Compta- Notre-Dame du Chêne, 28 rue te (Boîte postale) 22, rue d’Arcueil bilité : Marie-José Carreira. ✆ Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres Rieussec, 78220 Viroflay, gare 75014 Paris, 01.45.35.55.56. Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés. SNCF : Viroflay Rive gauche, par- Pour passer un communiqué, contactez : France Catholique est une marque déposée à l'Inpi. king rue Costes et Bellonte. 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FRANCECatholique N°3046 10 NOVEMBRE 2006 39