FOOD AND ORGANISATION ORGANIZACION AGRICULTURE DES NATIONS DE LAS NACIONES ORGANIZATION UNIES POUR UNIDAS PARA OF THE L’ALIMENTATION LA AGRICULTURA UNITED NATIONS ET L’AGRICULTURE Y LA ALIMENTACION

Représentation au

Unité de Coordination des Urgences Agricoles

Note sur la campagne agricole et pastorale 2005 et perspectives post crise

Octobre 2005

10, Avenue du Fleuve Niger B.P. 11246 , Niger – Téléphone 72 29 62/39 65 – Fax 72 47 09 E-mail: [email protected]

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Sommaire

Introduction ...... 3 Zones visitées ...... 4 1.1. Evolution de la situation agricole et pastorale ...... 4 1.1.1. Situation agricole...... 4 1.1.1.1. Contexte du déroulement de la campagne agricole 2005...... 4 1.1.1.2. Situation pluviométrique et situation des semis...... 4 1.1.1.3. Situation hydrologique ...... 5 1.1.1.4. Situation phytosanitaire...... 5 1.1.1.5. Etat des cultures et tendance des superficies et rendements ...... 5 1.1.1.6. Perspectives de récoltes...... 6 1.1.2. Situation pastorale...... 7 1.1.2.1. Situation des pâturages et des points d’eau et niveau de couverture des besoins 7 1.1.2.2. Etat actuel du cheptel et degré de redressement (estimation des pertes, situation sanitaire, embonpoint, valeur marchande, critères de vulnérabilité)...... 9 1.1.3. Situation alimentaire ...... 10 1.1.3.1. Des ménages agricoles ...... 10 1.1.3.2. Des ménages pastoraux ...... 13 1.2. Perspectives de sortie de crise...... 14 1.2.1. Au niveau agricole ...... 14 1.2.2. Au niveau pastoral...... 15 1.2.2.1. Dans l’immédiat (octobre – décembre 2005)...... 15 1.2.2.2. En 2006 ...... 16 Conclusion...... Error! Bookmark not defined.

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Introduction

Dans le cadre de la mise en œuvre de ses activités de terrain, l’Unité de coordination des urgences agricoles de la FAO (ECU) a effectué une mission du 11 au 15 octobre 2005 dans les principales régions agricoles et pastorales du pays. A cet effet, trois équipes incluant des experts de l’Unité, des fonctionnaires du MDA, du MRA et un membre d’une association villageoise ont été constituées autour de 3 itinéraires.

- La première équipe s’est rendue dans les zones agricoles des régions de Dosso, , et Maradi. - La seconde équipe a sillonné les zones pastorales de Zinder, , Tahoua et Maradi. - La dernière équipe s’est rendue dans la région de Tillabery où elle a collecté des informations aussi bien sur la situation agricole que pastorale.

Outre l’appréciation de la situation agricole et pastorale, les termes de référence de la mission incluaient les activités suivantes :

- préparer le démarrage des cultures de contre-saison : finalisation des fiches techniques (zones ciblées, nombre de bénéficiaires, critères de sélection et appui technique/encadrement) ; - faire le point sur la collecte des données de l’opération niébé et récupérer les fiches de suivi ; - faire le point sur la situation agricole : tendance des rendements, des superficies emblavées, perspectives de production ; - faire le point sur la situation pastorale : situation des pâturages, situation des zones déficitaires, embonpoint et état sanitaire du cheptel, situation des pertes… - dégager les perspectives de post-crise (actions à mener) à court et moyen terme. - élaborer un rapport de mission présentant les observations, conclusions et recommandations de la mission.

Le présent document constitue une note de synthèse de la mission. Il est structuré autour de deux parties : la situation agro-pastorale et les perspectives de sortie de crise. Les données présentées ont été collectées auprès des services techniques, des associations de producteurs et d’éleveurs et à partir d’observations directes de l’équipe. Il s’agit surtout d’une dernière appréciation qualitative avant l’évaluation quantitative qui sera faite par une mission conjointe FAO/PAM. Cependant, quelques données quantitatives relatives à la pluviométrie et à la situation sanitaire seront rapportées à titre illustratif.

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Zones visitées

La mission a visité plusieurs départements du pays et a eu des séances de travail avec les équipes des directions régionales et départementales de l’agriculture et des ressources animales de Maradi, Zinder, Tahoua, Agadez et Tillabéry. Elle a par ailleurs exploité les documents techniques sur le suivi de la campagne au niveau des régions de Dosso et . Les zones visitées sont résumées dans le tableau suivant :

Tableau 1 : Liste des zones visitées Régions Zones visitées Agadez , Agadez commune, Amataltal, Maradi Tahoua , Keïta, Tahoua, Tamaya, Tillabéri , Téra, Filingué, Tillabéri Zinder Zinder, , Abouzak

A l’issue des différentes rencontres et visites, et de l’exploitation des données issues des rapports techniques sur le suivi de la situation agricole et pastorale, les conclusions suivantes ont été dégagées par la mission. 1.1. Evolution de la situation agricole et pastorale

1.1.1. Situation agricole

1.1.1.1. Contexte du déroulement de la campagne agricole 2005

La campagne agricole s’est déroulée dans un contexte de crise alimentaire très aigue dans beaucoup de localités du pays. En effet les stocks paysans dans la plupart des localités visitées, étaient épuisés juste au début de la campagne. Cela a eu des effets négatifs sur les moyens de productions, notamment la main d’œuvre agricole et les intrants agricoles. Les semences ont le plus manqué et même quant elles étaient disponibles, le prix était hors de portée des paysans. Beaucoup de villageois ont dû quitter le terroir pour aller à la capitale et dans les pays côtiers. Plusieurs producteurs ont dû abandonner les champs ensemencés en pleine culture pour se consacrer à la recherche de travail comme main d’œuvre agricole salariée auprès d’exploitants plus nantis pour subvenir aux besoins alimentaires de la famille.

Les discussions engagées avec les différents partenaires ont laissé percevoir un certain niveau d’endettement des producteurs, qui aura pour effet l’hypothèque d’une partie de leur production en 2005/2006.

1.1.1.2. Situation pluviométrique et situation des semis

La situation pluviométrique a été favorable et les pluies ont été régulièrement réparties sur l’ensemble du pays jusqu’à la fin du mois d’août. Au cours des deux premières décades de septembre, les hauteurs de pluies tombées ont été faibles à modérées sur l’ensemble de la zone agricole du pays, avec par moments des ruptures allant de 10 à 20 jours voire plus dans certaines localités de Dosso, Keita , Téra , Ouallam etc.

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La plupart des postes pluviométriques suivis par les services agricoles ont enregistré des excédents pluviométriques par rapport à la campagne 2004. Notons cependant qu’au début de la première décade de septembre et jusqu’à la fin, on a enregistré de faibles cumuls pluviométriques dans plusieurs localités du pays. Dans l’ensemble, les cumuls observés sur le plan pluviométrique laissent présager une bonne campagne agricole dans la plupart des régions. A la fin du mois de septembre, selon la météorologie nationale, plus de 75% des postes pluviométriques suivis enregistrent des excédents pluviométriques par rapport à la campagne 2004 et à la moyenne 1971-2000. Quelques poches de pluie continuent à être enregistrées au cours du mois d’octobre.

Malgré la précocité de l’installation des pluies dans plusieurs localités du pays, des semis tardifs ont toutefois été observés dans certaines localités dont notamment les districts de kabléwa ( Nguigmi) et le sud à Mainé, les zones nord des départements de Gouré, de Tanout, Tahoua, le nord et l’est de Doutchi à Dosso, le nord Ouallam et Fillingué. Notons aussi qu’il y a eu des inondations sur le sorgho ainsi que des bandes d’ensablement notamment dans les départements de Bouza, Keita, , Illéla.

1.1.1.3. Situation hydrologique

Sur le plan hydrologique, l’accroissement important du débit du fleuve Niger ayant occasionné des inondations, accuse une baisse sensible actuellement. La pointe de débit qui était de 1740 m-3 en août est tombée à 1340 m-3 en septembre selon la Direction des Ressources en Eau. Ce niveau de débit est nettement supérieur à celui observé en 2004, à la moyenne établie sur 10 ans, mais inférieur à celui de record de 1998 (1514 m-3 ).

1.1.1.4. Situation phytosanitaire

La situation phytosanitaire a été assez calme sur l’ensemble du pays. Les attaques ayant occasionné le plus de dégâts sur les cultures ont été celles des cicadelles sur le sorgho de vallée notamment au niveau de la région de Tahoua (Keita, Bouza, Tahoua). Ceci étant des éclosions de sauteriaux, les insectes floricoles, la chenille mineuse de l’épi et les oiseaux granivores ont été observées par endroits dans plusieurs régions.

Des poches de criquets sénégalais ont été signalées dès le mois de mai entre la frontière du Nigeria et le Sud du département de en direction du Nord-Est. Au cours de la même période, des essaims composés d’individus matures ont été signalés dans le Nord–Est du département de Tanout. Actuellement aucune menace de ce déprédateur n’est perceptible.

1.1.1.5. Etat des cultures et tendance des superficies et rendements

Au 10 octobre, la majorité des cultures est en maturité. Environ 80% des cultures de mil sont à maturité, le sorgho est un peu en retard avec des degrés divers de niveau de maturité variant entre 30 et 40% en fonction des localités.

La récolte se poursuit sur l’ensemble du pays. Les ruptures de pluies intervenues au début de la 1ère décade de septembre ont ralenti par endroits la progression de la maturité dans plusieurs localités. Les poches concernées par cette rupture sont concentrées dans les parties 6 nord et centrales de la région de Dosso, le nord des départements de Téra, Tahoua, Fillingué, Ouallam, Keita, Bouza.

De l’avis des responsables régionaux et départementaux chargés du suivi de la campagne agricole, les superficies cultivées en mil connaîtront une baisse sensible à cause des effets conjugués ci-après :

• insuffisance de la main d’œuvre liée à la situation de crise alimentaire ; • abandon de parcelles ensemencées envahies par les mauvaises herbes du fait de l’abondance des pluies selon les localités.

Par contre les rendements connaîtront une amélioration sensible sauf dans certaines zones localisées soumises aux effets conjugués de la sécheresse (Dosso, Loga, Keita, Diffa), de la mineuse de l’épi et de l’engorgement des sols (Zones dallols, Boboye, vallée de la maggia). Les superficies de sorgho restent sensiblement les mêmes que celles observées en année normale. Par contre les rendements seront affectés à cause de l’incidence des cicadelles surtout dans les régions de Tahoua, et de l’ensablement surtout dans les zones de vallées.

Les superficies emblavées en légumineuses (niébé, arachide) connaîtront une augmentation sensible à cause des incertitudes occasionnées par les ruptures de pluies et qui a incité les producteurs à s’orienter davantage vers ces cultures, mais par contre les rendements risquent de connaître une chute avec les ruptures de pluies observées au cours du mois de septembre.

1.1.1.6. Perspectives de récoltes

Dans l’ensemble les perspectives de production sont assez favorables. Les récoltes ont commencé dans toutes les régions, notamment la bande sud et le nouveau mil commence à être consommé et à être timidement vendu sur les marchés.

De l’avis de tous les directeurs régionaux et départementaux rencontrés au cours de la mission, les estimations de production seraient légèrement supérieurs à la moyenne régionale ou départementale observée au cours des 5 dernières années sauf dans les régions de Dosso (réduction de l’ordre 30%.), Diffa, Tillabéry et certains départements comme Keita à Tahoua. Dans tous les départements visités de Tillabéry, les producteurs parlent d’une production moyenne. Elle sera certainement meilleure que celle de l’année passée mais sera en deçà de la production d’une année normale dans les départements de Téra, Ouallam et elle équivaudrait à celle d’une année normale pour Filingué et Tillabéri. Le tableau ci après indique les productions moyennes des 10 dernières années au niveau régional.

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Tableau 2 : Production en mil et sorgho de 1994 à 2004 (en tonnes)

Année National Agadez Diffa Dosso Maradi Tahoua Tillabéry Zinder 1994 2368538 1542 32756 368685 570429 445119 466440 491038 1995 2034983 1481 8880 339927 549752 400927 344671 391421 1996 2172213 1859 37104 349985 472439 499100 363109 447716 1997 1641530 6681 3953 260802 452371 317147 180853 426024 1998 2894013 5872 44762 378750 724448 510398 644938 588282 1999 2772346 25906 49273 453849 557562 531293 538424 687996 2000 2049890 15193 5430 334554 497621 408198 339067 514335 2001 3022350 5070 38504 425100 549251 465433 479822 608261 2002 3236927 1802 42116 474228 667208 459298 509265 603852 2003 3502464 1802 36274 451307 751360 564105 558144 611666 2004 2637242 901 8119 465621 525295 368077 365282 513762 Moyenne 2575681 6192 27925 391164 574340 451736 435456 534941

Sources : DA/MDA : résultats définitifs des campagnes agricoles1 994 à 2004

En prenant en compte le poids de chaque région dans la production nationale de mil et sorgho et en les mettant en corrélation avec l’appréciation qualitative qui se dégage des résultats de terrain, on peut s’attendre cette année à une production de céréales supérieure à la moyenne.

Tableau 3: Poids des régions dans la production nationale de mil et sorgho

Région Poids en % Appréciation pr2005 Agadez < 1 normale Diffa 1-2 moyenne Dosso 15 moyenne Maradi 24 sup moyenne Tahoua 19 sup moyenne Tillabéry/NY 18 moyenne Zinder 22 sup moyenne Niger 100 sup moyenne

1.1.2. Situation pastorale

1.1.2.1. Situation des pâturages et des points d’eau et niveau de couverture des besoins

Le mois d’octobre a été marqué dans la plupart des régions par un arrêt progressif des pluies, ce qui permet de faire une première appréciation de la situation pluviométrique comparée des différents postes pluviométriques. Ainsi, plus de 60% des postes pluviométriques suivis en zone pastorale sont excédentaires par rapport à l’année 2004. Ces chiffres sont de 79, 96 et 63% respectivement pour les régions de Zinder, Maradi et Agadez. Le tableau ci-dessous présente la situation pluviométrique des régions dont la situation était disponible lors du passage de la mission.

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Tableau 4 : Situation pluviométrique par région Régions Cumul élevé Excédent maxi Déficit maxi Zinder 629,9 234 201,3 Maradi 693,5 399,5 62,5 Agadez 212,9 23,5 65,1 Tahoua 543,1

Cette bonne situation pluviométrique a eu des répercussions favorables sur les pâturages au niveau de l’ensemble des régions. Sur le plan de l’évolution phénologique, toutes les plantes ont bouclé leur cycle végétatif et sont en voie de sèchement. Les premières graminées (Tragus sp) observées lors des premières précipitations du mois de juillet ont disparu au profit d’autres graminées telle que Aristida sp.

En fonction des topo séquences et de la nature du sol, on a observé une variation de la composition floristique des pâturages. La mission a remarqué que les pénéplaines sableuses de Tanaout (Zinder) sont à dominance Cenchrus biflorus et Aristida sp, alors que les formations de Tiguidit (Agadez) restent à dominance Panicum turgidum et Lasirus hirsitus. Les plaines de l’Irhazer (Agadez) ont montré trois variétés principales à savoir Penisetum sp, Panicum turgidum et Aristida sp, les formations dunaires localisées entre Tamaya (Tahoua) et Abalak (Tahoua) sont à dominance Cenchrus biflorus et Aristida mutabilis.

Par rapport à l’estimation quantitative du pâturage, certains éleveurs et techniciens de suivi comparent la production de biomasse de cette année à celle de 1994 (qui a été particulièrement excédentaire) où il a été enregistré en moyenne une tonne de matière sèche à l’hectare. De toute façon, la biomasse disponible permettra de supporter le cheptel jusqu’à la période de soudure pour certaines zones, jusqu’en début de la prochaine saison des pluies pour d’autres. Cependant, le mauvais maillage en point d’eau rend une bonne partie de cette biomasse inaccessible au bétail dès la fin de l’hivernage. Il existe également des poches à risque au niveau de chaque région (Cf tableau 5).

Tableau 5 : Situation des zones déficitaires par région Régions Zones déficitaires Appréciation Agadez Commune d’Agadez, Injigran, Mararaba, Gani, Médiocre à passable Irhazer, Aïr, Est et nord PA d’Aderbissinat Diffa N’gourti Pâturage médiocre à nul Tahoua Département de : Amoulal, médiocre Akayass, Amassaklo, Chinzigaren, Egawane, entre Akayass et Télemcès Département de Tahoua : Takanamatt Département de Keïta : Laba, Tamaské Tillabery Département de Ouallam : , Kokorbé Pâturage médiocre à et Nord ouest Mangaïzé nul Zinder Yogoum, Téjira, Nord et extreme Est de Pâturage médiocre à Tanout Termit nul 9

Différentes stratégies sont déjà mises en œuvre pour sécuriser le cheptel telle que le transfert de biomasse par les vendeurs de fourrage. La mission a remarqué un flux important de biomasse sur la commune d’Agadez, zone considérée comme déficitaire cette année.

Les points d’eau restent encore à un bon niveau de remplissage, ce qui permet aux animaux de continuer à s’abreuver au niveau des mares. Toutefois, l’assèchement d’ici le mois d’avril pour la plupart des points d’eau semi permanents va contraindre les éleveurs à amorcer leur descente vers le sud. Cette descente est pour l’instant impossible à cause des champs qui ne sont pas encore libérés. Même si les travaux de récolte, ont commencé et sont avancés dans beaucoup de régions, les dates de libération ont été fixées entre décembre-janvier (Maradi) et février (Zinder). Cette libération tardive des champs peut être une source potentielle de conflit entre agriculteurs et éleveurs.

1.1.2.2. Etat actuel du cheptel et degré de redressement (estimation des pertes, situation sanitaire, embonpoint, valeur marchande, critères de vulnérabilité)

L’état général des animaux est satisfaisant. La croissance compensatrice a permis au bétail de reprendre de l’embonpoint. Des mises bas sont également enregistrées mettant à la disposition des éleveurs du lait pour la consommation familiale.

En revanche, on note une augmentation des foyers au niveau des régions comme l’illustre le tableau 5. Zinder détient le nombre élevé de foyers de maladies soit 93 foyers faisant au total 1 066 malades dont 505 morts.

Tableau 6 : Situation des foyers de maladies par région Régions Nombre de foyers Malades Morts Zinder 93 1 066 505 Agadez 33 437 56 Dosso 59 253 134

Une analyse des affections objet de ces foyers révèle une recrudescence de la pasteurellose avec 43 foyers dont 25 pour la pasteurellose bovine et 18 pour la pasteurellose des petits ruminants dans seulement deux régions (Dosso et Zinder) faisant respectivement 56 et 60 morts. La péripneumonie contagieuse bovine affection redoutée par les éleveurs, sur deux foyers déclarés à Dosso a entraîné la mort de 57 bovins sur les 60 qui ont manifesté la maladie. Même si les données quantitatives ne sont pas encore disponibles pour les autres régions (Tillabéri, Diffa, Maradi et Tahoua), les informations font état de foyers de pasteurellose, de piroplasmose, de clavelée et de charbon bactéridien.

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Tableau 7 : Situation des affections par région Nombre Régions Nombre de de Nombre Taux de Affections Espèces foyers malades de mort mortalité Zinder et Pasteurellose Dosso Bovine 25 101 56 55% Zinder et Petits Pasteurellose Dosso ruminants 18 66 60 91% PPCB Dosso Bovine 2 60 57 95%

Si des mesures de protection sanitaire du cheptel ne se mettent pas en place immédiatement (dès le mois de novembre), ces foyers risqueraient de transformer en de véritables épidémies pour deux raisons majeures :

1) l’affaiblissement très marqué des animaux du fait de l’ampleur de la crise les a rendus vulnérables aux maladies. 2) La forte mobilité qui caractérise le cheptel offre des risques sanitaires. En effet, un troupeau atteint d’une maladie dissémine l’agent pathogène le long de son parcours entraînant la contamination des troupeaux sains.

La collecte des données pour l’estimation des pertes subies par les éleveurs se poursuit. En plus des services techniques, le recensement général de l’agriculture et du cheptel entreprend une vaste investigation pour chiffrer ces pertes subies. Les données seront disponibles incessamment.

1.1.3. Situation alimentaire

1.1.3.1. Des ménages agricoles

Sur le plan alimentaire, à la faveur des nouvelles récoltes la tension alimentaire s’amenuise. On note une baisse du prix du mil sur tous les marchés, même si le niveau de prix reste encore élevé par rapport aux cours habituels observés à la même période. De l’avis de tous les responsables rencontrés, la production de cette année ne pas permettre de juguler les séquelles de la crise 2005. Parmi les raisons évoquées on note un niveau d’endettement très important des producteurs au sortir de cette crise.

Malgré cette tendance générale favorable, les informations collectées auprès des services agricoles font état de l’existence de poches de déficit céréalier parfois assez marqué localement. L’examen de la situation par région nous donne les zones de concentration ci- après : Tableau 8 : Zones déficitaires répertoriées au 10 octobre 2005

Régions Zones ou localités couvertes Ampleur du déficit Causes principales Agadez PM Déficit structurel normal Diffa Bosso : Nord et ouest ; Gueskérou: Est et centre ; Chétimari : sud ; Déficit structurel Sécheresse et déprédateurs amplifié Goudoumaria : sud ; Mainé : sud ; Nguigmi : sud ouest et nord est. Dosso BOBOYE : , , Birni et Sécheresse prononcée (plus d’un DOSSO : Mokko, Tombo koiré, Goroubankassam, Tessa. Réduction de 25 à 30% mois pour certaines localités), mineuse de l’épi (Dosso, Douthi, DOUTCHI : Doutchi, Koré MaϨroua, , Kiéché, , du niveau de production moyen dans ces zones Loga), lessige et engorgement des . ; LOGA : Loga et Sokorbé ; Boboye sols dans le Boboye.

Maradi G.ROUMDJI : Guidan Roumdji, Saé Saboua, , G. Sory, Réduction de l’ordre de Mineuse de l’épi, retard de semis, Tibiri ; Aguié : Gangara, Aguié ; : , B. Lallé, Goula, 10 à 20% du niveau de sécheresse, abandon de parcelles à Soly ; : Serkin Yamma, Djirataoua ; : production moyen dans causes de l’envahissement par les Kanembakaché, Mayahi ; Tessaoua : ; ces zones mauvaises herbes lié au manque de main d’œuvre ; Tahoua Tchintabaraden /Abalak Déficit très marqué dans Retard de semis, sécheresse, cicadelles sur le sorgho, BOUZA : Canton de Bouza surtout et moindre à Déoulé les zones de Keita,Bambey, Kaoura ensablement et engorgement de ILLELA : , Badiguichiri, Tajaé nomade ; Dan Gona Abdou( Badiguichiri) et vallées suite aux inondations. Keita : canton de Keita ( Gadamata), (fararat, dans le canton de Bouza . Tchimbabatan), Tamaské( sakolé,Agouloum). les niveaux de réduction des productions peuvent MADAOUA : Sabonguida (zone de Tambeye) atteindre 80% dans les 12

Tahoua : canton de Tahoua, Nord Bambey et localités précitées. Konni : canton de Konni et doguéraoua Tillabery Département de Ouallam : Banibangou, Kokorbé et Nord ouest Ampleur très variable en Sécheresse, oiseaux granivores Mangaïzé ; Fillingué : répartis dans tous les cantons fonction des localités. Retard de semis Tillabéry : répartis dans tous les cantons Dans la majorité la majorité des zones Téra : répartis dans tous les cantons concernées, le niveau de réduction des productions se situe dans une fourchette de 25 à 35%. Zinder Gouré : , Kellé ; Magaria : canton de Mallaoua, Doungas, Ampleur des déficits très Sécheresse en début de campagne et ; Kantché à ; : , Moa, D. moyens : réduction de en septembre, retard de semis, Takaya, Zermou, Dogo ; Tanout : Canaton de Tanout, sud Gangara, l’ordre de 10 à 15% du mineuse de l’épi. nord Olléléwa. niveau de production moyen de la zone sauf à Mallawa, Canton de Tanout, Dan Bartho où les niveaux sont plus élevés

1.1.3.2. Des ménages pastoraux

En fonction des pertes subies par les éleveurs, une typologie a été construite pour apprécier le pouvoir d’achat et la sécurité alimentaire des ménages pastoraux d’une part et proposer les actions à envisager d’autre part.

Tableau 8 : Situation alimentaire et vulnérabilité des ménages Types Pertes Sécurité alimentaire Localités touchées d’animaux (en % du troupeau) Eleveurs très > 50 - Pouvoir d’achat très faible - Dokoro vulnérables - Difficulté de subsistance - Diffa - Impossibilité de recapitaliser - Gouré par leurs propres moyens

Eleveurs Entre 30 et 50 - Pouvoir d’achat faible - Dokoro vulnérables - Risque de décapitalisation - - Difficulté de recapitaliser par - Diffa leurs propres moyens - Agadez commune

Eleveurs à < 30 - Pouvoir d’achat peu affecté Toutes les régions risques - Faible risque de décapitalisation - Possibilité de reconstitution de le cheptel

Eleveurs à 0 - Pouvoir d’achat pas affecté Toutes les régions sécuriser - Absence de risque de décapitalisation

Cette typologie montre à l’évidence que la situation alimentaire reste toujours difficile pour beaucoup d’éleveurs. Alors que les prix des céréales sont encore élevés. Cependant, le prix des animaux connaît une nette amélioration par rapport à la décade précédente contrairement au prix de denrées alimentaires qui ne fait qu’augmenter.

Selon le dernier rapport du SIM bétail (du 11 au 17 octobre), les transactions dans les marchés à bétail connaissent un léger ralentissement qui se traduit par une baisse de l’offre et de la demande chez toutes les espèces. Cependant, à la faveur d’une demande supérieure à l’offre et de l’embonpoint appréciable des animaux, les prix moyens sont en hausse par rapport à la semaine passée et à la même semaine de l’année dernière. Ceci a amélioré les termes de l’échange par rapport à la semaine passée et par rapport à la même semaine de l’année dernière. Ainsi, l’équivalent céréalier est de :

- 1 taureau pour 14 sacs de mil ; - 1 vache pour 8 sacs de mil ; - 1 bélier pour 3 sacs de mil ; - 1 bouc pour 1.2 sacs de mil ; - 1 chèvre pour 1.1 sac de mil.

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L’année dernière à la même période, ces taux étaient de 1 taureau pour 13 sacs de mil ; 1 vache pour 7 sacs de mil ; 1 bélier pour 3 de mil ; 1 bouc pour 1.1 sacs de mil ; 1 chèvre pour 1 sac de mil.

Figure 1 : Prix moyen des bovins Figure 2 : prix moyen de petits ruminants Source : Sim bétail (rapport du 11 au 17 octobre)

1.2. Perspectives de sortie de crise

1.2.1. Au niveau agricole

Malgré ces perspectives favorables sur l’issue de la campagne d’hivernage 2005, les séquelles de la crise 2005 ne pourront pas être résorbées de si tôt. Par conséquent des mesures d’accompagnement de la post crise s’imposent à très court terme (octobre à décembre 2005), et à court et moyen terme (2006 et années suivantes).

Les axes répertoriées au cours de la mission peuvent se résumer comme suit :

A très court terme (Octobre à décembre 2005) :

Le renforcement des cultures de contre saison en mettant l’accent sur les tubercules (patate douce, manioc, pomme de terre), le fonçage de puits maraîchers et le surcreusage des mares ; Le renforcement des banques de céréales et d’intrants agricoles ; La généralisation du warrantage ; Organisation de foires aux intrants maraîchers

A court terme (2006) :

Mise en œuvre d’opération de semences d’urgence de qualité ; Mise en œuvre de travaux de haute intensité de main d’œuvre ; Mise en œuvre d’activités génératrices de revenus : transformations de produits agricoles ; Mise en œuvre d’études spécifiques en vue d’analyser les contours de l’endettement des producteurs ; Mise en place de jardins scolaires et potagers au niveau des centres de récupération nutritionnelle.

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• Actions déjà engagées sur le terrain par différents partenaires

Stratégies de sécurisation des ménages pauvres : Octroi d’une subvention de 2500Fcfa aux ménages vulnérables femmes en vue de procurer des condiments (Croix rouge Suisse et Anglaise à Tanout), octroi d’une subvention de 80 dollars US par ménage vulnérable en vue de subvenir aux besoins essentiels sous forme de bons valeur (ONG GOAL dans le département de Mirriah) ; Mise en valeur de sites maraîchers par différents projets : PIP2, PSSA, PADAZ etc dans leur zone d’intervention

1.2.2. Au niveau pastoral

Les activités de sortie de crise concernent aussi bien les éleveurs, le cheptel que les ressources pastorales. Elles sont envisagées pour l’immédiat (octobre - décembre 2005) et à court terme c'est-à-dire pour l’année 2006.

1.2.2.1. Dans l’immédiat (octobre – décembre 2005)

Dans l’immédiat, les actions à conduire pour la post-crise porteront le plus vite possible sur l’aménagement des pare-feux et la protection sanitaire du cheptel.

• Aménagement des pare-feux

Les feux de brousse constituent le deuxième facteur de déficit des ressources fourragères au Niger, surtout en année de pluies abondantes et donc de pléthore de pâturages secs. Cette année, le pâturage est caractérisée par une quantité importante de biomasse herbacée composée en majeure partie d’espèces graminéennes facilement inflammable (Aristida sp) ce qui accentue les risques de feux de brousse. A l’heure actuelle, quatre feux de brousse ont déjà été signalés dévastant plusieurs hectares de pâturage.

Tableau 10 : Situation des feux de brousse par région Régions Nombre de Localités feux de brousse Zinder 3 - Bouloum - Tesker - Téjira - Gouré

Agadez 1 - Abouzal - Aderbissinat

Les risques de voir le nombre de feux de brousse augmenté s’accentueront avec la descente des éleveurs vers le sud. D’où l’impérieuse nécessité de mettre en place les pare-feux dans les meilleurs délais. De nombreuses requêtes ont été formulées par les associations d’éleveurs, les services techniques et le Ministère des Ressources Animales précisant l’urgence de cette action.

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1.2.2.2. En 2006

En 2006, les actions de post-crise à mettre en place devront toucher les éleveurs, les ressources pastorales et le bétail.

• Les éleveurs

L’insécurité alimentaire qui caractérise ces ménages doit être prise en compte par des actions de post-crise. Il s’agit d’offrir des moyens de subsistance alternatifs à ces éleveurs pour leur permettre d’échapper à l’insécurité alimentaire et accroître leur chance de réintégrer l’économie pastorale par la suite. Habituellement, les travaux d’intérêt général, les systèmes de rémunération du travail, la migration assistée et les activités locales génératrices de revenus constituent autant de stratégies de sortie de crise dans les régions pastorales.

• Protection du cheptel

L’affaiblissement des animaux dû à la crise les prédispose à des risques sanitaires. Pour palier cela, des actions d’immunisation massive contre les principales maladies endémiques s’avèrent nécessaires. Cette action doit démarrer dès le mois de novembre et couvrir toute la période froide (fin mars). A court terme, des actions visant la mise en place de services vétérinaires de proximité sont à mettre place pour rendre les soins de base et les médicaments essentiels accessibles aux éleveurs. Ainsi les animaux affaiblis par les infestations parasitaires pourront être déparasités.

Tableau 11 : Résumé des actions d’urgence à mettre en place Pôle Echéance Type d’action Objectifs Modalités d’intervention Fourrage Immédiatement Aménagement de Préserver le pâturage contre les Food or cash for pare-feux feux de brousse ; work (octobre à décembre 2005) Bétail Immédiatement Vaccination et Protéger les animaux contre les et à moyen déparasitage maladies endémiques du terme cheptel ; (octobre à mars ; juin à octobre 2006) Eleveurs Immédiatement Redistribution Reconstitution du cheptel Distribution de et à moyen sociale du cheptel petits ruminants (1

terme mâle et 2 femelles)

(octobre 2005 à mars ; juin à décembre 2006) Immédiatement - Travaux d’intérêt Lutter contre l’insécurité Food or cash for et à moyen général alimentaire ; work terme

(octobre 2005 à mars ; juin à décembre 2006)

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En conclusion, les tendances de la situation agro-pastorale sont bonnes. Une évaluation quantitative de la campagne agricole et pastorale par une équipe conjointe PAM-FAO et Fewsnet a déjà commencé. Les données seront disponibles très prochainement et fera l’objet d’une présentation à la réunion du groupe sectoriel élevage/agriculture. Même si cette année est favorable, les actions de sortie de crise doivent rapidement être mise en place pour permettre aux ménages vulnérables de revenir à une vie normale.