PARC NATUREL RÉGIONAL DES MARAIS DU COTENTIN ET DU BESSIN

La baie des Veys Côté nature CONNAISSANCE

des Marais du Cotentin et du Bessin Dépôt légal à parution : - Tirage : ex. Imprimé sur du papier PEFC avec des encres végétales par l’imprimerie.

www.parc-cotentin-bessin.fr Baie d’Ecalgrain La baie des Veys est l’estuaire de quatre fleuves, la Douve, la Taute d’une part, la Vire et l’Aure, d’autre Rade de Cherbourg part, drainant un important bassin- CHERBOURG-OCTEVILLE versant de 3 400 km2 qui s’étend des portes de Cherbourg jusqu’au

Anse de Vauville sud de Vire et au secteur de Cau- mont-l’Eventé. Elle est formée de deux zones natu- SAINT-VAAST-LA-HOUGUE relles visuellement distinctes : les

Anse du Cul T I N de Loup herbus et les vasières recouverts à E N La Sinope chaque marée. Les digues des pol- O T C ders et les portes à flots délimitent Anse de Sciotot VALOGNES précisément cette entité dans sa partie avale.

Frontière naturelle et difficilement MANCHE U T A H B E A C H franchissable entre le Cotentin et le Bessin, elle a peu à peu été amé-

La Douve La nagée. Plus de 2 300 ha ont ainsi été gagnés sur l’estran entre 1856 baie des et 1972 pour créer des polders. Havre de Carteret A l’amont de la baie, des portes à Veys O M A H A B E A C H flot empêchant l’eau salée de péné- Sommaire trer dans les marais intérieurs ont

Havre de Portbail été peu à peu édifiées à partir de La Douve L’Aure La Sèves 1708. CARENTAN ISIGNY-SUR-MER L’ÉVOLUTION DE L’ESTRAN DE LA BAIE DES VEYS > 4 Havre de Surville La baie des Veys n’en reste pas moins un haut lieu de nature re- LES VÉGÉTATIONS DE LA BAIE DES VEYS > 8 connu à divers titres (convention de LES LIMICOLES MIGRATEURS ET HIVERNANTS > 12 Havre de Lessay Ramsar, Natura 2000...).

MANCHE L’Ay B E LE PHOQUE VEAU-MARIN > 18 L’Elle S S I N Ce livret se propose d’explorer La Taute La Drome quelques facettes de cette éton- La Terrette LES INVERTÉBRÉS DES PRÉS SALÉS > 22 La Vire nante biodiversité.

Le Lozon LES USAGES > 25

Havre de Geffosses Lexique, index des espèces > 26 SAINT-LÔ Auteurs, Pour en savoir + > 28

Havre de Blainville COUTANCES

La Sienne Limites du Parc naturel régional

La Soulles

Havre de Regnéville Baie d’Ecalgrain

Rade de Cherbourg

CHERBOURG-OCTEVILLE Anse de Vauville

SAINT-VAAST-LA-HOUGUE

Anse du Cul T I N de Loup E N La Sinope O T C Anse de Sciotot VALOGNES Portes à flot

Les Grougins (2 m.)

MANCHE Carte d’identité RAVENOVILLE Le Grand Marais (2 m.) GOLLEVILLE FOUCARVILLE Surface totale (dont prés salés) : 4 700 ha

2 U T A H B E A C H Bassins versants drainés : 3 400 km : la Douve, la Taute, l’Aure et la Vire Marais d’Aureville, (5 m.) SAINT-GERMAIN-DE-VARREVILLE les Marchals (3 m.) Surface des Polders : 2 300 ha SAINT-MARTIN-DE-VARREVILLE Marais de Neuville (2 m.) Marnage* : 7 mètres les Croisés (3 m.) La Douve La AUDOUVILLE-LA-HUBERT Inscriptions réglementaires : Natura 2000, Directives Habitats et Oiseaux, RAMSAR, OSPAR, ZNIEFF de l'Ile (2 m.) types I et II SAINTE-MERE-EGLISE Pièce Joret (2 m.) Espaces naturels protégés : Domaine de Beauguillot, Polders de la Pointe de Brévands, Polders de Réserve Naturelle du Domaine de Beauguillot Sainte-Marie-du-Mont, Dunes d’Utah-Beach 20 000 limicoles présents l’hiver 200 hectares de parcs à huîtres, 19 km de parcs à moules SAINTE-MARIE-DU-MONT Portes à flot Havre de Carteret de la Grande Crique le Marais (1 m.) baie des Veys GRANDCAMP-MAISY le Véret (3 m.) le Petit Marais (2 m.) BRUCHEVILLE O M A H A B E A C H Les Mielles (10 m.) le Grand Marais (3 m.) Marais des Mottes (4 m.) VIERVILLE GEFOSSE-FONTENAY Les marais salés... L’Anse de Catteville Polder du Rouff (5 m.) Réserve Naturelle de la Sangsurière La terminologie se rapportant aux marais salés est vaste et précise à la et de l'Adriennerie (6 m.) Ile de Canada (3 m.) fois ! Au sens strict, les marais salés représentent l’espace végétalisé se Polder du Grand St-André (3 m.) ANGOVILLE-AU-PLAIN Polder Frémont (5 m.) Polder Tesnière (3 m.) développant dans une zone précise, soumise uniquement aux submer- SAINT-COME-DU-MONT sions par les marées de vives eaux. Des marais ainsi déterminés par des Polder Fortin (5 m.) le Marais (2 m.) marées, mais aussi par un faible relief du littoral, une faible profondeur BREVANDS Havre de Portbail Portes à flot d’eau, à l’abri des houles et favorisant une sédimentation abondante. de la Barquette OSMANVILLE Néanmoins, ce terme, traduction de l’expression anglaise «salt marsh», Polder du Flet (3 m.) L’Aure peut également s’appliquer à des marais salés intérieurs, en Lorraine par Marais du Rivage (1 m.) Portes à flot La Douve Marais des Salines (3 m.) le Bas-Pays (2 m.) exemple. L’expression « marais maritimes » peut donc être préférée, mais LES VEYS La Sèves CATZ elle peut alors exclure de son champ les marais estuariens… Marais de Donville (1 m.) ISIGNY-SUR-MER le Grand Marais (2 m.) le Pont du vey (6 m.) Marais Suhard (2 m.) SAINT-HILAIRE-PETITVILLE Le terme « pré salé » est habituellement réservé à des marais salés inter- CARENTAN Portes à flot Portes à flot SAINT-PELLERIN tidaux* pâturés (ou éventuellement fauchés). TREVIERES Havre de Surville Marais du Mesnil (2 m.) Les mots néerlandais sont couramment utilisés, et ce depuis plusieurs

Marais de St-Hilaire (2 m.) siècles. Ainsi, le mot wadden, dans son sens large, recouvre à la fois la Tourbière de Baupte Vire La Maraos de Rouxeville (3 m.) partie supérieure de l’estran végétalisée et incisée par de nombreux che- naux, également appelée herbus ou « schorre » (à ne pas confondre avec Marais de St-Anne Marais du Tot (3 m.) (2 m.) le shore, la ligne de rivage en anglais !) et la partie inférieure de l’estran le Gravier (4 m.) Marais de Cap (1 m.) pratiquement dépourvue de végétation. Cette partie étant ensuite discrimi-

La MaraisTaute du Fetz (1 m.) née par le substrat : vase (slikke), tangue (tanguaie) ou sable. (Cf. schéma p. 9.) Les marais salés constituent l’un des habitats* naturels les moins présents Marais de Brébeuf le Grand Marais (4 m.) à la surface de la planète, très riche biologiquement et donc d’un grand Marais de la Petite Commune (2 m.) (2 m.) intérêt de conservation. Marais de Penême (2 m.) Marais de Gruchy (2 m.) Marais Marais des Défends (1 m.) Marais de la Barre aux Francs (2 m.) de la Vente Havre de Lessay Les Aubrées (4 m.) (2 m.) * Cf lexique p 26 Marais de la Grande 3 Portes à flot Commune (2 m.) le Marais de Haut (1 m.) MANCHE L’Ay Réserve Naturelle Marais de Fresnay (2 m.) de tourbière de Mathon B les Rouges Pièces (4 m.) E Grand Marais (2 m.) L’Elle S S I N La Drome

La Terrette Marais du Hommet (4 m.)

Marais Saint-Clair (3 m.)

Le Lozon

Havre de Geffosses

SAINT-LÔ

Havre de Blainville COUTANCES

La Sienne

La Soulles

Havre de Regnéville L’évolution de l’estran de la baie des Veys ème < Carte du 19 siècle < Coques < Bernache cravant

La zone de balancement des globaux, l’évolution du trait de Des prés salés en progression taxons* différents ont été identi- envasés constituent une res- (Zostera noltii) depuis le début marées représente une surface côte, les ressources alimentaires fiés dans la baie, parmi lesquels source alimentaire importante des années 2000. Les zostères d’une trentaine de kilomètres des oiseaux, des poissons, des Une plante pionnière, la spartine, se retrouvent principalement des pour de nombreux prédateurs naines sont des sortes de grami- carrés lors des périodes de plus stocks de pêche, la conservation permet la colonisation des zones mollusques (coquillages), des tels que les oiseaux limicoles qui nées présentes uniquement sur forts coefficients. La baie s’ouvre d’habitats naturels... Leur répar- sableuses et vaseuses. Une fois annélides (vers) et des crusta- les capturent pendant la marée l’estran. Elles sont donc immer- au nord-est vers le milieu marin tition dans les estuaires est liée installée, elle permet à d’autres cés (crabes...). L’espèce la plus basse. Les poissons peuvent gées à chaque marée haute. sur la partie occidentale de la à l’évolution du milieu. espèces de se développer. Cette grande est la mye (Mya arena- également venir s’alimenter avec Leur développement favorise la baie de Seine. Le régime de dynamique permet à la végéta- ria), un mollusque bivalve qui la marée haute, en particulier présence d’autres espèces qui Un suivi des habitats naturels est marée est dit macrotidal* avec tion de progresser de façon géné- vit enfoui dans la vase, parfois en consommant les abondants peuvent se fixer dessus et favo- réalisé à partir de photographies un marnage de l’ordre de 7 rale dans la baie. Cependant, sur à plus de 50 cm de profondeur crustacés amphipodes* du genre rise la sédimentation fine locale. aériennes et de campagnes d’ob- mètres. le flanc ouest des prés salés de et qui atteint la surface grâce Orchestia associés à la végéta- Cette espèce constitue un élé- servation in situ depuis 1972. Les invertébrés marins vivant en Brévands, une zone de régression à son siphon. Sa coquille peut tion des prés salés. ment important du régime ali- Elles permettent notamment de relation avec le substrat* consti- de cette végétation est observée mesurer jusqu’à 15 cm de long. mentaire de la bernache cravant mettre en évidence la progres- tuent la faune benthique*. Ils depuis plusieurs années, en rai- C’est également dans ces zones C’est également sur ce subs- (Branta bernicla), qui hiverne sion des prés salés dans la baie sont très étudiés pour des raisons son du déplacement du tracé du envasées que les plus grandes trat envasé à proximité des également dans la baie. des Veys. prés salés que s’est développé variées : le suivi de la qualité envi- chenal de Carentan. Deux mares densités d’animaux peuvent être Actuellement, il est également un habitat particulier et pro- ronnementale, les changements de gabions* se retrouvent main- rencontrées. Il s’agit majoritaire- possible d’observer des algues tenant sur la plage alors qu’elles ment d’animaux de petite taille tégé : l’herbier à zostère naine étaient initialement installées vivant à la surface du sédiment. dans les prés salés. La production biologique de ces zones vaseuses est très forte, en La vase support de vie raison, notamment, de l’impor- tante production primaire locale. En limite de ces prés salés, le En effet, ce type de substrat sédiment est plus envasé, abri- abrite une grande quantité de tant une faune adaptée à la vie microalgues en surface. Ces der- dans un environnement enrichi nières constituent une ressource en matière organique. Les ani- alimentaire pour de nombreux maux benthiques s’y déplacent invertébrés herbivores. Les zones peu et peuvent atteindre des les plus riches en microalgues, tailles importantes. Parmi ces sont également les plus riches invertébrés benthiques, tous les en coques (Cerastoderma edule) groupes zoologiques sont repré- qui les consomment. Les ani- sentés. Aujourd’hui, plus de 150 maux vivant dans ces sédiments

4 < Zostères < Barre sableuse rentrant dans la baie à l’Ouest 5 * Cf lexique p 26 Progression des herbus en baie des Veys - programme BRANCH rouges du genre Gracilaria se annélides polychètes* forment baie des Veys dans les années développant sur des hauteurs l’essentiel de cette faune. La 1990 et 2000. Le développe- de l’ordre de 50 cm. Leur pré- coque est également présente en ment de cet habitat était alors sence en Basse-Normandie a grande quantité dans ce milieu. en compétition avec le maintien été signalée récemment et des pratiques conchylicoles. Il a fait encore l’objet d’interro- Les lanices vont et viennent depuis disparu même si l’espèce gations. L’espèce en cause à l’est est toujours présente, affichant n’a pas encore été identifiée des densités moindres (quelques et il est possible qu’elle déve- Sur le flanc est de individus par mètre loppe un caractère invasif. la baie des Veys, carré contre plu- < Spartine Toutefois, les vasières de la le substrat est sieurs milliers dans baie des Veys occupent des également sableux le passé). Ce type de surfaces faibles et sont en mais présente un développement est régression en raison de la envasement crois- encore impossible à des dunes de la côte Est du combinaison du développe- sant à proximité anticiper; les raisons Cotentin a tendance à pénétrer ment des prés salés et du des concessions de la disparition des dans la baie en suivant un long comblement de la baie par conchylicoles. banquettes à lanices cordon qui longe les prés salés < Banquette à lanice les apports de sédiments Certains animaux restent encore mal et les vasières qui, elles, tendent marins. L’absence de vasière vont pouvoir profi- connues. à régresser. Cette partie de la importante dans la baie est ter de ces condi- baie abrite aussi un gisement de probablement liée à la che- tions particulières coques. nalisation des rivières. pour proliférer. Parmi ces der- A l’ouest, le sable Un milieu sous haute niers, le lanice Au centre, le sable progresse surveillance (Lanice conchile- Entre ces deux chenaux et ga), un annélide Sur le flanc ouest de Avec l’émergence de la réflexion les prés salés de Brévands, polychète qui la baie des Veys, l’es- sur l’impact des changements au « centre » de la baie des construit des tubes tran de la Réserve climatiques sur le littoral, la Veys, le sédiment est consti- à partir du sable Naturelle Nationale connaissance de l’évolution pas- tué de sable, pouvant consti- et de son mucus, du Domaine de sée de la côte bas-normande tuer par endroit des succes- peut créer des < Lanice Beauguillot abrite prend plus d’intérêt. Il devient sions de barres formées par banquettes (récifs) des habitats de en effet important de distin- le courant. Les limites de ce à l’origine d’une substrat sableux guer les évolutions naturelles du secteur sont variables dans le sédimentation accrue. Le Lanice relativement diversifiés devant milieu des effets du changement temps en fonction des mou- est une espèce ingénieure : elle les prés salés. A la limite entre climatique (hausse du niveau vements des grands chenaux. modifie son environnement en les deux, dans le sable, proli- moyen des mers, acroissement Leur divagation crée une construisant des récifs dits bio- fèrent les talitres (Talitrus salta- des tempêtes...). Aujourd’hui, zone dans laquelle le sédi- géniques*. L’envasement de ce tor, crustacé amphipode, la puce ce secteur littoral est le mieux ment est fortement remanié ; secteur permet également le de mer) qui profitent de la laisse connu de Basse-Normandie en les espèces qui s’y trouvent développement de microalgues de mer. L’estran est ensuite com- raison d’études commencées à sont rares et peu abondantes. dans le sédiment et augmente posé d’une succession de barres l’époque de la dernière poldé- Il s’agit surtout d’animaux donc la production primaire sableuses dont les peuplements risation de la baie des Veys, en mobiles capables de nager et dans cette partie de la baie des sont proches de ceux observés 1972 et peu après le début de de s’enfouir rapidement. Les Veys. De tels récifs ont existé à dans la partie centrale de la l’exploitation conchylicole du crustacés amphipodes* et les proximité des parcs à huîtres en baie. Le sable issu de l’érosion site.

6 * Cf lexique p 26 7 Les végétations de la baie des Veys

< Spartine anglaise

Le marais salé est installé dans sans épine. Elles forment dès très efficace par la dispersion de les secteurs plus ou moins fré- la fin du mois de juin, soit des rhizomes. quemment inondés par la mer, végétations denses et drues, soit Il s’agit d’une herbe robuste là où le flot arrive atténué, sur des petites touffes éparses sur adaptée aux variations d’immer- le pourtour intérieur de la baie. les premiers bancs de sable ou sion et de salinité qui présente Disposition schématique des habitats en baie des Veys Il est composé de plantes spéci- de vase. un rendement photosynthétique fiques qui peuvent se développer Les zostères et les salicornes plus élevé que la grande majorité maritima), espèce annuelle sur des sols salés : ce sont des sont installées sur la slikke, par- des plantes de nos contrées. comme la salicorne, dresse halophytes. tie de la baie quotidiennement Dans la baie des Veys, installée durant la belle saison, ses tiges submergée par la marée où la depuis plus de 100 ans, la spar- entourées de feuilles étroites végétation est peu développée. De l’herbu aux assiettes Les pieds dans l’eau tine recouvre près des 2/3 de la et rigides. L’aster maritime surface du marais salé et fait (), plus Dans le marais salé, on compte Au cœur de la baie, au niveau des Les hybrides prospèrent aujourd’hui partie intégrante de tardif, porte en fin d’été ses de nombreuses espèces appar- sédiments vaseux très fréquem- la végétation. Elle a joué un rôle inflorescences jaune et bleu vio- tenant à la même famille bota- ment inondés, pousse une frêle La baie des Veys héberge une important et structurant dans la lacé semblables à celles des nique des Chénopodiacées : graminée maritime : la zostère population très importante d’une progression de ce marais vers la marguerites. la soude, les salicornes, la naine (Zostera noltii). Mollement plante que l’on peut qualifier mer : c’est en effet un puissant < Aster maritime Sur le schorre de niveau moyen, bette maritime, l’obione et étalée sur la vase à l’air libre, de nouvelle espèce : la spartine piège à sédiment, actif même le marais prend la couleur les arroches. Nombre de nos elle constitue un gazon ondoyant anglaise (Spartina X anglica). l’hiver. gris-vert de l’obione (Atriplex espèces potagères font égale- sous l’eau. C’est en effet en 1906 que Louis portulacoides). Il s’agit d’un ment partie de cette famille : Plus en amont, poussent les Corbière, botaniste normand, En poursuivant la remontée petit arbuste, prostré au sol, la betterave, les épinards, les salicornes annuelles, curieuses identifie pour la première fois vers le continent portant des feuilles ovales un arroches, le quinoa, les ama- cette espèce dans les estuaires du * Cf lexique p 26 plantes aux allures de cactus ranthes etc. En baie des Veys, nord de la France et notamment On atteint le schorre. A cette on répertorie plusieurs autres en baie des Veys. Il s’agit d’un hauteur le sédiment totalement espèces dont l’arroche du lit- hybride formé spontanément en toral ( ) espèce recouvert de végétation se sta- Atriplex littoralis milieu naturel entre la spartine protégée en Basse-Normandie bilise. La diversité en nombre alterniflore Spartina( alterniflora) du fait de sa rareté. Son milieu d’espèces augmente notable- espèce américaine et la spartine de vie est en effet étroit puisque maritime (Spartina maritima), ment. La puccinellie maritime cette arroche ne s’installe que espèce européenne. Par dupli- (Puccinellia maritima), commu- sur les sables dénudés des cation chromosomique*, cet nément appelée herbe à mou- fonds de baie ou d’estuaire. hybride est devenu fertile, mais ton, est une graminée d’aspect il se propage également de façon classique. La soude maritime (Suaeda 8 < Salicorne < Obione

10 < Chou marin < Guimauve officinale 11 Les limicoles migrateurs et hivernants

< Tournepierre à collier < Avocette élégante < Bécasseau variable < Bécasseau Sanderling

Zones de nidification A marée montante, les vastes Rechignant à abandonner leur observées. Outre le courlis cen- Une étape de choix (Islande, Groenland) reproduction et d’hivernage, ils

étendues de vases et de sables zone d’alimentation, ils ne dré (Numenius arquata), l’huî- Zones de nidification constituent à la fois une halte (Europe du Nord, Sibérie) sont progressivement recou- battent en retraite que lorsque trier pie (Haematopus ostrale- Espèces migratrices, les limi- migratoire pour les oiseaux hiver- vertes par le flot. Les pêcheurs l’eau rend l’accès à leurs proies gus) ou la barge rousse (Limosa coles présents sur le littoral nants plus au sud et un lieu d’hi- France à pied et les promeneurs épars impossible. C’est ainsi que, limosa), on rencontre également métropolitain empruntent la vernage pour les autres. contraints par le rythme des voie de migration dite « Est- ont déserté les lieux. Seuls les le pluvier argenté (Pluvialis marées, les limicoles côtiers squatarola), l’avocette élé- Atlantique ». Les zones de Zones de oiseaux occupent encore large- migration et exploitent les importantes res- gante (Recurvirostra avosetta), reproduction sont situées essen- d'hivernage ment la place. A la recherche Sur le trajet aller sources alimentaires disponibles le bécasseau variable (Calidris tiellement dans les régions arc- de nourriture, les limicoles en baie des Veys. alpina), le chevalier gambette tiques et boréales, depuis l’est C’est au mois de juin, en pleine s’égrainent sur presque toutes (Tringa totanus) et le courlis cor- du Canada jusqu’à la Sibérie période de reproduction, que les les surfaces encore émergées. Une quinzaine d’espèces de limi- lieu (Numenius phaeopus)… centrale. Les limicoles profitent effectifs de limicoles sont les coles côtiers sont régulièrement alors de l’abondance des res- plus faibles en baie des Veys. sources alimentaires pour élever Moins d’un millier d’individus leurs jeunes. Après la période de sont alors présents (huîtrier pie et reproduction, de courte durée courlis corlieu essentiellement). Un peu d’étymologie sous les hautes latitudes, ils Si des mouvements se font déjà Les oiseaux désignés par le terme rejoignent leurs quartiers d’hiver sentir au mois de juillet, le pic de limicoles, du latin limus (li- qui s’étendent de l’Europe de de migration postnuptiale, c’est mon, boue) et cola (qui habite, l’Ouest à l’Afrique de l’Ouest, -à-dire après la reproduction, est exploite), sont de petits échas- voire l’Afrique du Sud. généralement atteint au mois siers souvent inféodés aux zones La baie des Veys, et le litto- géographique particulière sur d’août ou au début du mois de humides. Ils appartiennent à ral métropolitain en général, cet axe de migration. Situés à septembre. Les effectifs aug- l’ordre des Charadriiformes. On bénéficient d’une situation mi-parcours entre les sites de mentent alors sensiblement qualifie de « côtiers » les limi- coles fréquentant, pendant la migration et l’hivernage, le litto- ral maritime. Ils se différencient des limicoles continentaux, plus terrestres, qui sont plus inféodés aux zones humides d’eau douce. C’est le cas par exemple des vanneaux ou des bécassines.

12 < Huîtrier pie < Grand gravelot < Huîtrier pie < Chevalier Arlequin 13 chevalier gambette et le cheva- limicoles se concentrent sur des sur- considérés comme des sentinelles lier arlequin (Tringa erythropus). faces de plus en plus réduites. Puis ils du changement climatique dont les Par ailleurs, la baie des Veys se finissent par rejoindre, le reposoir de effets impacteront plus particulière- place dans les dix premiers sites marée haute, une zone hors de portée ment les milieux littoraux. pour l’hivernage des limicoles des flots. En baie des Veys, le princi- Les limicoles côtiers méritent à ce côtiers en France. pal reposoir de marée haute est situé titre une attention particulière. sur la Réserve Naturelle Nationale du Domaine de Beauguillot. Deux C’est dans le cadre d’un réseau local Sur le trajet retour fois par jour, au rythme de la marée, « Limicoles côtiers », auxquels plu- la quasi-totalité des limicoles côtiers sieurs partenaires apportent leur Dès la fin de l’hiver, les station- s’y concentrent et viennent ainsi contribution, qu’un suivi de ces nements chutent rapidement < Courlis corlieu trouver refuge en haut de plage, au espèces a été initié en baie des Veys avec le départ des hivernants. pied du cordon dunaire. C’est une dès 1999. A raison d’au moins un Seules les migrations prénup- phase de repos indispensable pour comptage par mois, bénévoles et pro- tiales, marquent, aux mois d’avril fessionnels s’engagent dans un suivi < Chevalier gambette et huîtrier pie les oiseaux, et l’intérêt du reposoir de et de mai, un net rebond des des haltes migratoires, le rythme marée haute sera d’autant plus grand sur le long terme des peuplements de effectifs. Si au cœur de l’hiver de leurs activités (repos, alimenta- que le dérangement y sera minime. A limicoles côtiers. Aujourd’hui éten- les effectifs sont plus spectacu- tion…) dépend étroitement de celui ce titre, la Réserve Naturelle possède due à de nombreux autres secteurs pour atteindre 3 000 à 5 000 les limicoles côtiers hivernants. laires, les périodes de migration, des marées. C’est particulièrement une forte responsabilité pour main- du littoral métropolitain, le dispo- oiseaux comptés. L’huîtrier pie Cette importance s’accroît lors en particulier au printemps, sont vrai pour l’accès à leurs proies, tenir des conditions d’accueil opti- sitif est intégré au volet « limicoles et le grand gravelot (Charadrius des hivers rigoureux. Les hiver- celles où la diversité des espèces constituées majoritairement de males pour les limicoles. côtiers » de l’Observatoire Patrimoine hiaticula) composent la majeure nants plus nordiques se réfugient observées est la plus importante. macrofaune benthique, qui ne sera Naturel du Littoral animé par Réserve partie du peuplement. alors sur nos côtes. On parle de Le mois de juin est de retour accessible que lorsque les bancs de Naturelle de France et soutenu par refuge climatique. et avec lui, la fin d’un cycle sable ou de vase seront découverts. A Des oiseaux aux premières loges l’Agence des Aires Marines Protégées. marée basse, les limicoles occupent L’hiver s’installe annuel… alors une grand partie du temps dis- Dépendants des écosystèmes côtiers Avec plus de 1% de leur popu- ponible pour rechercher leur nourri- Puis les hivernants arrivent pro- Une vie rythmée par les et estuariens pendant une grande lation comptée en France à la ture. Si elle est généralement pré- gressivement pour prendre leur partie de l’année (hivernage et migra- mi-janvier, la baie des Veys est marées sente en abondance, une certaine quartier d’hiver. Les effectifs les tion), et situés en bout de chaîne ali- également reconnue d’impor- spécialisation leur permet de limiter plus élevés sont relevés entre le mentaire, les limicoles côtiers sont tance nationale pour l’huîtrier Que les limicoles côtiers fré- la concurrence. Et ce d’autant plus mois de décembre et de février. pie, le courlis cendré, le pluvier quentent la baie des Veys pour qu’en période de froid, les besoins Nous sommes alors au cœur de argenté, le bécasseau sanderling plusieurs mois d’hivernage, ou énergétiques sont importants. Le l’hivernage… Entre 15 000 et (Calidris alba), la barge rousse, le seulement quelques jours lors courlis cendré, doté d’un long bec 20 000 limicoles côtiers y sont arqué vers le bas, peut déloger ses dénombrés avec un peuplement proies en profondeur comme c’est le caractérisé par le bécasseau cas pour l’arénicole (Arenicola mari- variable, le courlis cendré et na). A l’opposé, les gravelots, dotés l’huîtrier pie. Le pluvier argenté d’un appendice beaucoup plus court, et la barge rousse sont également se contenteront de la faune proche présents avec des effectifs par- de la surface. Quant à l’avocette fois remarquables, en particulier élégante, elle préférera balayer les lors de vagues de froid. Avec plus vases liquides avec son bec filiforme de 20 000 limicoles comptés, la et incurvé vers le haut. baie des Veys est alors un site d’importance internationale pour A mesure que la marée monte, les

14 < Tournepierre et bécasseau variable < Courlis cendré < Barge rousse 15 16 17 La mue au soleil Le phoque veau-marin change de pelage tous les ans. Le phé- Le phoque veau-marin nomène de mue se déroule de juin à septembre et présente des différences de durée selon les colonies, la latitude, l’âge des individus, leur statut repro- d’Isigny-sur-Mer où il pêche, de trois colonies : en baie de ducteur et le taux d’hormones 1888, ce naturaliste écrit, dans ce sont les bancs de sable et Somme, avec plus des deux- sexuelles dans le sang. Ainsi, sa «Faune de Normandie», que les berges des canaux exondés tiers des effectifs français, en les jeunes de l’année muent les cette espèce est exceptionnelle à marée basse, appelés « repo- premiers, suivis des femelles, sur les côtes normandes… baie des Veys (125 individus en soirs », qu’il recherche. Ces 2013) et en baie du Mont Saint- puis des mâles immatures et, reposoirs doivent être faciles Michel (76 individus en 2013). enfin, des mâles matures. Un pinnipède d’accès, à l’abri de toutes formes Quelques animaux sont plus ou En se hissant sur les reposoirs, de dérangement et permettre moins régulièrement observés les phoques augmentent la Le phoque veau-marin, encore une fuite rapide dans l’eau. ailleurs sur nos littoraux. La baie température superficielle de appelé phoque commun, est Une opération de télémétrie* des Veys se situe en limite sud- leur fourrure en passant d’une un carnivore pinnipède (pieds conduite en 2007 a permis de ouest de répartition de la popu- température de l’eau entre 9 en forme de nageoires) comme préciser que le domaine vital lation européenne. et 15°C, à une température de les otaries et les morses. Il des phoques de la baie des Veys l’air de 20 à 30°C. Cette aug- a été identifié et décrit pour Après une période de relative s’étendait de l’anse du Cul-de- mentation de la température la première fois par Linné en stagnation, la population de Loup à Saint-Vaast-la-Hougue, à entretient l’épiderme et assure 1758 sous le nom scientifique phoques de la baie des Veys, l’estuaire de l’Orne, en incluant un meilleur déroulement de la de Phoca vitulina qui signifie à l’instar de celle de Picardie, les îles Saint-Marcouf et la côte marque une nette augmentation mue. « phoque veau » probablement Est du Cotentin. au regard de la couleur de son du nombre de ses effectifs à par- pelage qui rappelle parfois celui Phoques d’ici et d’ailleurs tir de 1993. de bovins, en passant du gris clair au brun foncé ou noir, au Le phoque veau-marin est le pin- Des mentions anciennes le nom de tigre marin. Cet amphi- rouge brique, avec des taches nipède qui occupe la plus vaste bien était d’une longueur de 1,50 ou des marbrures plus ou moins aire de répartition, couvrant Si l’existence de mammifères mètre et pesait 25 kilogrammes marquées. l’ensemble des régions froides marins est attestée depuis l’An- […] » (Le Journal d’Avranches, C’est une espèce protégée à et tempérées de l’hémisphère tiquité sur le littoral de ce qui n°14, 21 octobre 1849). Toutefois, plusieurs titres (réglementa- nord. Ses effectifs mondiaux deviendra la Normandie, la pre- l’espèce ne sera réellement tion française, conventions sont estimés à environ 600 000 mière mention de la présence identifiée, comme phoque veau- internationales). individus. de phoques en baie des Veys marin, qu’à l’automne 1855 En Europe, l’espèce se ren- ne remonte qu’à octobre 1849 : par Henri Gadeau de Kerville, Un vaste domaine contre des côtes hollandaises à « […] le 6 de ce mois, un pêcheur à la suite de l’échouage d’un la Mer Baltique, avec plus de d’Isigny a tué dans la baie des individu vivant sur le rivage En baie des Veys, si l’ 90 000 individus. En France, Veys, d’un coup de fusil, un de la Dune, sur la commune peut être observé dans l’eau le phoque veau-marin se dis- phoque de l’espèce connue sous de Sainte-Marie-du-Mont. En des chenaux de Carentan et tribue essentiellement au sein 18 19 au sein de cette colonie. in utero*, contrairement à celui Au moment du rut, les mâles du jeune phoque gris qui naît en défendent un territoire aqua- hiver. Le jeune peut nager dès sa tique, dépourvu de ressources ou naissance. d’avantages (lek*), proche des En général, les femelles sites de parturition. De leur côté, n’ont qu’un seul petit par an. les femelles défendent l’espace L’allaitement dure un mois, à autour de leur nouveau-né. La l’issu duquel le jeune s’éman- parade et l’accouplement ont cipera pour parfois s’éloigner lieu dans l’eau, début septembre. considérablement de son lieu de La copulation est suivie d’une naissance. implantation différée de l’oeuf d’environ 70 à 75 jours. Ce phé- Régime poisson Calendrier d’activités nomène permet aux jeunes de naître en période favorable et à la Dès sa naissance, le jeune phoque Les phoques utilisent les repo- mère de faire sa mue et de recons- doit se gaver de lait maternel, soirs toute l’année, en groupe tituer des réserves. La mise-bas, très nutritif, pour se constituer mixtes (sexes et âges mélangés) sur terre ou plus rarement dans une épaisseur de lard qui pour- sur près de 20 % de leur temps, l’eau, intervient au terme d’une ra atteindre 5 centimètres en et de façon privilégiée entre mars gestation réelle de 7 mois, entre moyenne chez l’adulte. Après et septembre avec une fréquen- la fin-mai et début août. Le jeune l’allaitement, le jeune apprend tation accrue de juin à août. Ce nouveau-né mesure 1 mètre en à se nourrir de crustacés, de comportement est dicté par des moyenne pour un poids de 15 céphalopodes (seiches et cal- exigences physiologiques parti- kilogrammes. Il porte générale- mars) et de poissons. Ces der- culières à cette saison, comme ment un pelage identique à celui niers constitueront par la suite la parturition (mise-bas), l’allai- des adultes. En effet, le premier son alimentation préférentielle. tement, la mue (renouvellement pelage blanc (lanugo) est perdu Ainsi, en baie des Veys, l’étude * Cf lexique p 26 du pelage), la thermorégulation*, l’économie de calories et le stoc- kage de l’énergie sous forme de graisse. D’autre part, lors de la < Densité d’utilisation de l’espace marin par période d’utilisation plus inten- les phoques veau-marin. du régime alimentaire a révélé que les notre littoral, le phoque commun occupe la planche à voile, du kite-surf, du jet-ski sive des reposoirs, les effectifs (Calculée à partir des localisations GPS de 12 phoques poissons plats (flet, plie) étaient numé- le sommet des réseaux trophiques : c’est et de la chasse, semblent systématique- maximaux sont enregistrés au suivis en 2007-2009) riquement les plus prélevés mais que les un super-prédateur. ment entraîner l’abandon du secteur, de moment où l’heure de la basse- Source : SMRU/ Université de la Rochelle/ CNRS mulets en constituaient, en poids, l’élé- manière plus ou moins prolongée, en mer coïncide le plus avec le ment dominant. En baie des Veys, les embarcations qui fonction de l’intensité du dérangement. zénith solaire. empruntent le chenal de Carentan ne D’après certains auteurs, ils pourraient Une espèce sensible provoquent aucune réaction chez les être à l’origine de la disparition de cette phoques si elles se déplacent à allure espèce de plusieurs sites. En baie des Veys, la reproduction Les prédateurs naturels des phoques modérée. En revanche, les animaux sont de l’espèce est suspectée depuis plus sensibles au déplacement d’un * Cf lexique p 26 veaux-marins sont les orques (Orcinus 1956 mais il faut attendre juin objet ou d’un homme progressant rapi- orca) et les requins. Ces espèces ne se 1991 pour en obtenir la certi- dement dans leur direction et à la pré- tude. Depuis lors, des jeunes rencontrent que très occasionnellement au large, elles ne peuvent donc avoir sence de promeneurs ou de pêcheurs à phoques naissent chaque année proximité des reposoirs. La pratique de Zones préférentielles de réel impact sur la colonie. Ainsi, sur 0 5 10 20 20 Espace vital Kilomètres 21 Une puce… très utile ! En raison de leurs grandes densités en marais salés (plusieurs centaines d’indivi- Les invertébrés dus par m2 !), les amphipodes* constituent une proie importante pour plusieurs espèces de poissons, surtout à des stades juvéniles (bar, mulet, gobies,…), qui s’en nourrissent à marée haute lorsque la mer recouvre les marais. Ces puces de mer (surtout représentées par des espèces appartenant au genre Orchestia) des prés salés se nourrissent essentiellement de feuilles d’obione et de diatomées (genre de < Puce de mer petites algues). En dégradant une bonne partie de la matière végétale produite dans le marais, elles sont indirectement responsables de leur export vers les eaux côtières, potentiellement très important pour le fonctionnement des milieux littoraux. Si la première fonction remplie par les amphipodes (celle de servir de Résidents et colonisateurs à la submersion. Ces espèces est possible par « ballooning* » souvent communes dans le nord ressource alimentaire importante pour les poissons) est bien reconnue et est (par exemple l’araignée-loup (dispersion aérienne) ou par voie de l’Europe ; certaines ont d’ail- actuellement étudiée sur plusieurs sites de la façade Atlantique et de la Manche, Les marais salés abritent à la fois Pardosa purbeckensis) sont fina- terrestre pour les espèces vivant leurs des noms évocateurs tels la contribution des marais salés à l’enrichissement des eaux côtières est moins des espèces hautement spécia- lement minoritaires par rapport au sol ou les deux. Les espèces que Erigone psychrophila, qui évidente, et reste à (dé)montrer car les marées sont moins fréquentes en Europe lisées et d’autres qui colonisent au nombre total d’espèces pou- halotolérantes incursives dispa- veut dire « aimant le froid », ou qu’aux États-Unis où ce phénomène a été décrit. le marais depuis des habitats vant utiliser le marais, souvent raissent à la marée suivante, ne encore Erigone arctica. adjacents pour l’utiliser comme de manière temporaire. Entre laissant dans le marais que les terrain de chasse. Les paysages deux grandes marées, la salinité espèces résidentes. Coléoptères, araignées et donc des puces de mer, vers du sol tend à décroître, ce qui autres marins, coquillages et autres permet des incursions occasion- Un milieu de vie difficile crabes qui fréquentent à l’occa- nelles ou régulières d’espèces Parmi les invertébrés terrestres qui fréquentent les marais salés, sion ces habitats mi-terrestres, halotolérantes depuis des éco- Les marais salés peuvent paraître mi-marins !), citons les papillons systèmes adjacents (de la digue, pauvres en espèce. Cette appa- les coléoptères carabiques et les araignées forment les groupes de de nuit (dont les chenilles se des polders, voire du bocage rente pauvreté (flagrante quand nourrissent des feuilles d’espèces quand il est présent). C’est par on compare le nombre d’espèces exemple le cas de Alopecosa de ces milieux à ceux obser- < Amara (Amara) spreta pulverulenta, Pardosa pullata et vés en landes, forêts ou même en tourbières) cache en réalité importante car d’autres groupes, < Enochrus bicolor des espèces très spécialistes, plus petits par leur taille, sont sus- souvent rares et à forte valeur ceptibles d’abriter également un conservatoire, et capables de grand nombre d’espèces, mais ils environnants vont donc en par- résister à tous les stades de leur sont souvent moins bien connus tie déterminer les assemblages cycle aux perturbations induites car moins étudiés au niveau de par les marées. Il est à noter qu’à leur diversité (les acariens et les d’espèces présents, en particu- < Erigone longipalpis lier les « opportunistes ». de rares exceptions près, ces collemboles, par exemple). Ces < Saldula Les peuplements sont influencés espèces sont d’affinité nordique, araignées et carabiques, sont des groupes assez homogènes : par les marées de par la salinité < Pardosa purbeckensis macro-arthropodes terrestres les grasses comme l’obione, en les « qu’elles entraînent, mais égale- exclusivement prédateurs pour minant »), les punaises Saldidae plus abondants et les plus diversi- les aranéides et prédateurs ou ment par la capacité des espèces fiés. « Macro-arthropode » est un (aisément reconnaissables à à supporter une immersion. Les phytophages* selon les espèces leur grande vitesse de déplace- Zelotes electus, araignées vivant terme tout relatif car il concerne pour les carabiques. Ils inté- espèces résidentes de marais les « insectes, arachnides et ment au sol, et à leurs grands salés sont alors définies comme sur la digue, et qui apparaissent ressent donc à ce titre l’écologue, yeux, qui indiquent un régime en petits nombres deux à trois autres crustacés » au sens large en plus du naturaliste. Parmi les les espèces halophiles* ou halo- de plus de 2 millimètres ; cette alimentaire de prédateurs), ou tolérantes* capable de résister semaines après une grande autres groupes aisément visibles encore les staphylins, petits marée. Une telle recolonisation distinction est néanmoins d’invertébrés terrestres (en plus 22 23 < Calathus (Neocalathus) mollis * Cf lexique p 26 coléoptères souvent ternes, au S’adapter au sel et à l’immersion. Un espace aussi riche a bien sûr de tout temps attiré corps allongé et laissé découvert les hommes. Si de nombreux usages ont disparu (voie de Si tout un cortège d’espèces ne se retrouve que dans les zones salées, les stratégies par leurs élytres tronqués. Chez Les usages communication entre le Cotentin et le Bessin, salines...), adoptées par ces dernières pour lutter contre une salinité élevée et une immersion ces groupes, comme chez les la diversité des acteurs reste importante. régulière ne sont pas toujours bien connues. L’essentiel des publications scientifiques araignées et les carabiques, il est concerne les araignées et les carabiques. Sous l’effet de la marée, les réactions sont possible d’identifier des espèces relativement diverses en fonction des espèces : spécialistes, quoique ces der- nières sont très mal connues. • comportementales : modifications des rythmes d’activité chez des adultes de cara- L’activité conchylicole (mytiliculture et Dans ces habitats dominés par biques ; migration le long des tiges végétales durant la montée des eaux chez des surtout ostréiculture) s’est implantée en les plantes crassulescentes et les araignées ou vers le haut du marais pour les espèces volantes, mise à profit de baie des Veys à partir des années 1960. graminées, et cernés par les pol- l’oxygène séquestré dans les interstices du sol lorsque l’individu s’enfouit, Elle est présente sur le flanc est (Grand- ders et la mer, les pollinisateurs • morphologiques : principalement imperméabilisation du tégument* chez des cara- camp-Maisy, Géfosse-Fontenay) et sur Les marins-pêcheurs sont relativement rares et se biques, la marge nord-ouest (Sainte-Marie-du- fréquentent peu concentrent sur les rares fleurs • et/ou physiologiques : osmorégulation* chez les araignées et les collemboles no- Mont). l’estuaire, même si disponibles, tels que les inflo- tamment. certains viennent y rescences d’aster. Le filet fau- En 2014, 84 entreprises ostréicoles sont Deux autres modes de résistance à la marée sont soupçonnés, mais rien ne permet de réparties sur 206 ha, soit 22 % de la tota- chercher des mulets choir peut permettre de capturer ou des civelles. de belles espèces de diptères dire s’ils sont utilisés par les espèces de marais salés. La possibilité de faire des réserves lité de la production d’huîtres de Basse- comme l’asilide (Leptogaster d’air a été suggérée chez des punaises (espèces de la famille des Saldidae) et chez cer- Normandie. Les 19 km de parcs à moules cylindrica ) ou le spécialiste stra- taines espèces d’araignées d’écosystèmes submergés par de l’eau douce. La réduction sont répartis entre 77 exploitants. tiomyide des marais ( du métabolisme* est également une stratégie de résistance à l’immersion. notatus), alors que la chasse à Chez les crustacés, comme les crabes et crevettes, et autres organismes marins, les vue au sol (surtout après une mécanismes de lutte contre la salinité sont assez bien connus, et sont en grande partie marée recouvrante, quand tout obligatoires, car sans sel, l’organisme continue de réagir comme s’il était entouré d’eau Des gisements naturels de coques sont ce petit monde s’active), en salée et meurt, en partie vidé de son eau. On parle alors d’adaptation. exploités par des pêcheurs professionnels soulevant les laisses de mer Mais cette faculté peut être simplement due à une capacité temporaire à mieux suppor- (250 pêcheurs déclarés). Les gisements et la canopée des arbrisseaux ter un stress par rapport à d’autres espèces (on parle alors de plasticité). Des travaux sont situés sur le flanc ouest de la baie, d’obione, permettra d’observer récents ont en effet montré que plusieurs espèces d’araignées spécialistes des marais dans les parties sableuses du « centre » la faune vagile* de ces milieux. salés survivaient mieux sans sel qu’avec ! de la baie et dans les zones les plus va- seuses le long des prés salés de Brévands. Depuis la synthèse de William Foster et John Treherne en 1976, peu de nouveaux tra- Les vers de vase sont également exploi- vaux ont été menés sur les effets salinité/immersion. L’un d’entre eux, quelques 25 ans tés par des pêcheurs professionnels (59 plus tard avoue : « Nous ne connaissons à peu près rien des adaptations des insectes licences accordées pour une production et des arachnides à la vie en marais salés » ! de 30 tonnes).

La chasse sur le Domaine Public Des Associations Maritime est adjudiquée à deux asso- De l’autre côté des digues, pâturages Syndicales regrou- ciations de chasse maritime. Les et cultures se partagent l’espace avec pant les propriétaires adhérents y pratiquent la chasse aux quelques gabions. de ces terres ont la limicoles en profitant de leurs mouve- responsabilité des ments liés à la marée ou aux canards ouvrages hydrau- à partir des gabions répartis dans les liques et des digues prés salés. de défense contre la mer. 24 < Stratiomyidae < Arctosa leopardus < Asilidae 25 Lexique Tableau des espèces végétales Tableau des espèces animales Citées et/ou représentées Amphipodes : crustacés de taille de l’ordre du centimètre. Très abondants dans le milieu marin, ils colonisent également les eaux sau- Citées et/ou représentées mâtres, les eaux douces et même le milieu terrestre. Les puces de mer et les gammares sont les espèces les plus connues. Annélide polychète : classe de vers dont le corps est couvert de nombreuses soies. On les distingue des oligochètes (ex : lombrics) et Arroche hastee Atriplex hastata p.10 Avocette élégante Recurvirostra avosetta P.12, 13, 15 des adètes (ex : sangsues). Arroche Littorale Atriplex littoralis p.9 Barge rousse Limosa limosa p.12, 14, 15 Aster maritime Tripolium pannonicum p.9 Bécasseau variable Calidris alpina p.12, 13, 14 Ballooning : mode de déplacement fréquent chez les araignées qui consiste à se faire emporter par le vent suspendu à un amas de soies. Céleri sauvage Apium graveolens p.10 Bécasseau sanderling Calidris alba p. 13, 14 Cela peut entraîner certaines araignées à plus de 4 km d’altitude ou 300 km de distance. Centaurée p.11 Bernache cravant Branta bernica p.5

Benthique : dérive de benthos et s’emploie pour les espèces vivant dans la zone de fond marin, soit à proximité du fond (organismes Chiendent maritime Agropyrum pungens p.10 Chevalier arlequin Tringa erythropus p.14

vagiles), soit directement sur le substrat (épibenthique), soit même dans celui-là (endobenthique). Il s’oppose à pélagique qui se rapporte Cochléaire anglaise Cochlearia anglica P.10 Chevalier gambette Tringa totanus p.12, 14 aux organismes vivant dans la colonne d’eau. Crambe maritime Crambe maritima p.11 Courlis cendré Numenius arquata p.12, 13, 14, 15

Biogénique : se dit d’un habitat naturel produit par des espèces vivantes. Glaux maritime Glaux maritima p.11 Courlis corlieu Numenius phaeopus p.12, 13, 15 Duplication chromosomique : mutation génétique caractérisée par le doublement du matériel génétique sur un chromosome. Grande guimauve officinale Althea officinalis p.11 Grand gravelot Charadrius hiaticula p.13, 14 Gabion : abri construit par des chasseurs pour la chasse de nuit du gibier d’eau. Jonc de Gérard Juncus gerardii p.11 Huîtrier pie Haematopus ostralegus p.12, 13, 14 Jonc maritime Juncus maritimus p.11 Phoque veau-marin Phoca vitulina p.18, 19, 20, 21 Habitat : un milieu qui réunit les conditions physiques et biologiques nécessaires à l’existence d’une espèce (ou d’un groupe d’espèces) Lotier p.11 Pluvier argenté Pluvialis squatarola p.12, 14 animale(s) ou végétale(s). Obione Atriplex portulacoides p.9, 10 Tournepierre à collier Arenaria interpres p.12, 14 plante ou animal habitant de façon exclusive ou préférentielle des milieux salés. Halophile : Oenanthe de Lachenal Oenanthe lachenalii p.10 Halotolérant : organisme capable de s’adapter à de très fortes concentrations en sel. Avec les halophiles stricts, c’est-à-dire ceux qui ne Orchidée p.11

peuvent se développer en dehors des milieux salés. Ils forment les halophiles au sens large. Orpin p.11 Invertébrés

Intertidal : partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marées. Ce terme est synonyme d’estran, Phragmite Phragmite australis p.10 Annelides Arenicola marina p.15

de zone de marnage ou de zone de balancement des marées. Plantain maritime Plantago maritima p.10 Lanice conchilega p.7 In utero : en biologie, les phénomènes qui se déroulent dans l’utérus en gestation (du latin signifiant littéralement « dans l’utérus »). Puccinellie maritime Puccinellia maritima p.9 Araignées Alopecosa pulverulenta p.22 Potamot pectiné Potamogeton pectinatus p.11 Lek : aire de parade nuptiale. Arctosa leopardus p.24 Ruppie maritime Ruppia maritima p.11 Erigone Arctica p.23 Macrotidal : milieu subissant des amplitudes de marée importantes (plus de 4 à 5 mètres de maranage). Salicorne p.8 Erigone longipalpis p.23 Marnage : différence de hauteur entre les plus hauts niveaux de la mer et les plus bas. Scirpe maritime Scirpus maritimus p.10 Erigone psychrophila p.23

Métabolisme : ensemble des réactions chimiques qui se déroulent au sein d’un être vivant pour lui permettre notamment de se maintenir Spartine alterniflore Spartina alterniflora p.8 Pardosa pullata p.22

en vie, de se reproduire, de se développer. Spartine anglaise Spartina anglica p.8, 10 Pardosa purbeckensis p.22 Osmorégulation : maintenance des fluides internes du corps à une pression osmotique différente (généralement plus haute) que de celle Spartine maritime Spartina maritima p.8 Zelotes electus p.22 Spergulaires Spergularia marina/ media p.10 de l’environnement externe aqueux. L’osmorégulation est réalisée par divers organes selon les espèces. Insectes Amara (Amara) spreta p.23 Soude maritime Suaeda maritima P.9 Phytophage : organisme se nourrissant de végétaux. Asilidae p.24 Trocart maritime Triglochin maritimum p.10 Substrat : support ou base sur lequel peuvent se développer les végétaux ou les animaux. Ce peut être aussi bien des sédiments, de la Calathus (Neocalathus) mollis p.22 Vulpin bubeux Alopecurus bulbosus p.10 vase, des roches… Enochrus bicolor p.22 Zanichellie des marais Zanichellia palustris p.11 Leptogaster cylindrica p.24 Taxon : entité conceptuelle qui regroupe tous les organismes vivants possédant en commun certains caractères. Il est parfois utilisé pour Zostère naine Zostera noltii p.5, 8 Nemotelus notatus p.24 agréger les notions d’espèces, sous-espèces ou de genre (quand par exemple un individu n’a pu être identifié qu’au niveau du genre). Talitrus saltator p. 7, 22 Tégument : enveloppe externe des arthropodes et des nématodes. De manière plus générale l’ensemble du revêtement externe des ani- Saldula pilosella p.23 maux (écailles, poils, plumes, épiderme, cheveux, ongles, etc.) et des plantes. p.24

Télémétrie : technologie qui permet d’acquérir des données à distance. Mollusques Mya arenaria p.5 Thermorégulation : mécanisme qui permet à un organisme de conserver une température constante. Coque Cerastoderma edule p.5 Vagile : organisme benthique capable de se déplacer sur le fond (marche, reptation, saut…) ou de nager à son voisinage immédiat.

26 27 Auteurs Pour en savoir +

Les marais salés p. 3 Le projet « Littoraux et Changements Côtiers » LiCCo est un projet partenarial Transmanche accompagnant Julien Pétillon – GRoupe d’ETude des Invertébrés Armoricains les populations côtières pour comprendre, se préparer et s’adapter aux effets du changement climatique, de l’élévation du niveau de la mer et de l’érosion sur leur littoral. Plusieurs organismes partenaires du Site Internet : www.gretia.org Devon, du Dorset et de Normandie ont travaillé ensemble sur ce projet européen porté par l’Environment Agency. Le projet a commencé en avril 2011 et s’est terminé en décembre 2014. L’évolution de l’estran de la baie des Veys p. 4 à 7 Informations : www.licco.eu et www.csln.fr Pascal Hacquebart - Groupe d’Etude des Milieux Estuariens et Littoraux de Normandie Site Internet : www.gemel-normandie.org/

Les végétations de la baie des Veys p. 8 à 11 Catherine Zambettakis – Conservatoire Botanique National de Brest – antenne de Basse- Normandie Site Internet : www.cbnbrest.fr

Le phoque veau-marin Natura 2000 Les limicoles migrateurs et hivernants p. 12 à 15 Collection « Connaissance » Collection « Connaissance » Mickaël Blond – Réserve Naturelle Nationale du Domaine de Beauguillot Ces publications sont disponibles gratuitement à la Maison du Parc et en téléchargement sur www.parc-cotentin-bessin-fr, rubrique: « téléchargements/documents ». Le phoque veau-marin p. 18 à 21 Jean-François Elder – Réserve Naturelle Nationale du Domaine de Beauguillot des Marais du Cotentin et du Bessin Dépôt légal à parution : février 2015 - Tirage : 800 ex. Les invertébrés des prés salés p. 22 à 24 Julien Pétillon – GRoupe d’ETude des Invertébrés Armoricains Crédits photos : François Levalet : couverture et p. 5, 16-17 ; GEMEL : p. 4, CBNB : p. 8, 9, 10 ; Jean-Marc Lefèvre (Pnr MCB) : p. 11 ; Maurice Guérard : Site Internet : www.gretia.org p. 5, 12, 13, 15 ; Pascal Hacquebart : p. 7; François Mordel : p. 12, 13, 14, 18, 19, 20, 21 ; Christophe Pérelle : p. 15 ; Céline Lecoq : p. 19 ; François Nimal : p. 5, 7, 10, 22, 23, 24 ; Nicolas Fillol (Pnr MCB) : p. 8, 25 et dessin p. 9 ; Thierry Houyel : p. 25 ; Odile Pierre (Pnr MCB) : p. 3 ; M.Buschmann - WIKIPEDIA (Lanice) : p. 7. Les usages p. 25 Carte p. 4 : Bibliothèque Nationale de France. Nicolas Fillol, Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin Carte p. 6 : GEMEL 2007, GRESARC; Carte p. 11 : Pnr MCB- CBNB-BN - DREAL - BD CARTO® IGN. Cartes 2nde de couverture et p. 2 : Pnr MCB, Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres - 2009, Conservatoire Botanique Natio- nal de Brest - 2010, Tâche urbaine - BDTU © AUCAEN DREBN - 2004, extraits issus de fichiers BD TOPO®, BD CARTHAGE®, BDALTI® - © IGN - 2015. Autorisation n° 43-15009 - reproduction interdite.

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