GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Janvier 2004

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Observatoire de la gestion des ressources publiques (OGRP)

DIX ANS DE GESTION DES 5% DE REVENUS PETROLIERS DESTINES A LA REGION PRODUCTRICE DE DOBA Etat des lieux, leçons apprises et perspectives

Crédit photo (GRAMP/TC, Octobre 2013

Mars 2014

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1 Table des matières  Equipe de rédaction du rapport...... 4  Sigles et abréviation ...... 4  Liste des tableaux ...... 5  Liste des graphiques ...... 5 Remerciements ...... 7 Avant-propos ...... 9 Introduction ...... 11 1. Contexte du rapport ...... 11 2. Problématique ...... 11 3. Objectifs ...... 13 4. Intérêts du rapport ...... 13 5. Démarche méthodologique ...... 13 Chapitre 1. Contexte, fondements et justifications des 5% de revenus pétroliers alloués à la région productrice de Doba ...... 15 Section 1. Contexte, fondements légaux et institutionnels des 5% ...... 15 1.1. Contexte du projet pétrolier de Doba ...... 15 1.1.1. Historique et données de base du projet ...... 15 1.1.2. Situation régionale et allocation des 5% ...... 16 1.2. Justifications des 5% ...... 17 1.2.1. Justifications politiques des 5%...... 17 1.2.2. Justifications sociales et environnementales des 5% ...... 17 1.2.3. Justifications socioéconomiques ...... 18 Section 2. Cadre légal et institutionnel de l’affectation des 5% ...... 18 2.1.Les bases constitutionnelles et légales ...... 19 2.2. Les institutions chargées de contrôle et de la gestion des revenus pétroliers...... 20 2.2.1. Le Comité provisoire de Gestion des 5% de Revenus Pétroliers affectés à la Région 2 Productrice (CPGRP) ...... 20 A.1. Fonctionnement du CPGRP...... 20

A.2. Du Secrétariat Permanent ...... 22

2.2.2. Les relations ou rapports (CPGRP, CCSRP, Ministère de l’Economie et des Finances). 22 La gestion des 5% dans une perspective de la décentralisation ...... 24 2.3. Procédures de contrôle et de suivi de la gestion des 5% ...... 24 Chapitre 2. Flux des revenus des 5% affectés à la région productrice de Doba ...... 27 Section 1. Flux globaux des revenus de 5% de 2004 à 2013 ...... 27 Chapitre 3. Allocation des revenus de 5% aux différents secteurs socioéconomiques de la région productrice ...... 33 GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014

2 Section 1. Allocation des revenus de 5% aux différents secteurs socioéconomiques de la région productrice ...... 33 1.1. Les crédits ...... 33 1.2. Les infrastructures socioéconomiques ...... 34 1.3. Présentation des allocations sectorielles par département ...... 37 1.4. Situation des allocations sectorielles dans le département de la Pendé ...... 37 1.5. Situation des allocations sectorielles dans le département des Monts de Lam ...... 38 1.6. Situation des allocations sectorielles dans le département de la Nya-Pendé ...... 39 1.7. Situation des allocations sectorielles dans le département de la Nya...... 40 1.8. Situation des allocations sectorielles dans le département de Kouh-Est ...... 41 1.9. Situation des allocations sectorielles dans le département de Kouh-Ouest ...... 41 Section 2. Analyse de la répartition des allocations sur les 5% aux différentes localités de la région productrice ...... 42 Section 3 : Présentation de la répartition des microcrédits dans la région productrice ...... 45 1.1. Répartition interdépartementale des crédits ...... 46 Chapitre 4. Equité et durabilité des allocations et gestion des revenus issus des 5% ...... 49 Section 1. Analyse de l’équité géographique et intersectorielle de l’allocation et de la gestion des revenus ...... 49 1.1. Analyse de l’équité régionale ...... 49 1.2. Analyse de l’équité intersectorielle...... 50 Section 2. Efficacité des allocations et durabilité des infrastructures réalisées ...... 52 2.1. Efficacité des investissements sur les 5% ...... 52 2.2. Analyse de la durabilité des infrastructures réalisées ...... 55 Conclusion ...... 57 Bibliographie ...... 60 ANNEXES ...... 61 Annexe 1 : Situation globale des investissements dans la région productrice du sur la période 2004-2013 ...... 62 3 Annexe 2 : Répartition des investissements par département et par sous-préfecture...... 65 Annexe 3 : Tableau récapitulatif des crédits accordés entre 2011 et 2012 ...... 66 Annexe 4 : Tableau synoptique des crédits accordés par canton et département ...... 67 Annexe 5 : Récapitulatif des crédits distribués entre 2011 et 2012 ...... 69

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3  Equipe de rédaction du rapport Ont participé et contribué à l’élaboration de ce rapport :

N° Nom et prénoms Fonction

1 Dr. MAOUNDONODJI Gilbert Coordonnateur du GRAMP/TC

2 Dr. DOUDJIDINGAO Antoine Responsable du Département Etude et Politique Publique du GRAMP/TC

3 Mme NZEUYANG Responsable du Suivi des Politiques Publiques du NZOUCKIO Carine Flore GRAMP/TC

4 MANGA Jean Bosco Responsable de Monitoring, Appuis, Conseils et Accompagnement au GRAMP/TC

5 Dr. YODE Miangotar Chercheur associé au GRAMP/TC

6 ALLARASSEM GUIRBAYE Stagiaire à la Coordination du GRAMP/TC Médard

7 BENDOUNGA Patrice Chargé des programmes et projets du GRAMP/TC

 Sigles et abréviation

APLFT : Association pour la Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad CCSRP : Collège de Contrôle et de Surveillance des Ressources Pétrolières CCSRP : Collège de Contrôle et de Surveillance des Ressources Pétrolières CLAC : Centre de Lecture et d’Animation Culturelle 4

CPGRP : Comité Provisoire de Gestion des Revenus Pétroliers DEP : Document d’Evaluation du Projet GBM : Groupe Banque Mondiale GRAMPTC : Groupe de Recherches Alternatives et de monitoring du Projet Pétrole Tchad- Cameroun IBP : International Budget Partnership OGRP : Observatoire de la Gestion des Ressources Publiques

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4  Liste des tableaux

Tableau 1: Flux de revenus pétroliers de 2003 à 2013...... 27

Tableau 2: Répartitions des crédits selon les départements ...... 34

Tableau 3:Répartition des investissements par département sur la période 2005-2013 ...... 34

 Liste des graphiques

Graphique 1: Montant de fonds reçus par an entre avril 2004 et juillet 2013 ------28

Graphique 2: Répartition des allocations par secteur ------35

Graphique 3: Répartition des forages scolaires par département ------36

Graphique 4: Répartition des investissements en électrification des principales villes de la région --- 37

Graphique 5: Répartition des investissements par secteur dans la Pendé------38

Graphique 6: Répartition des investissements dans le département des Monts de Lam ------38

Graphique 7: Répartition des allocations sectorielles dans le département de la Nya-Pendé ------39

Graphique 8: Répartition des investissements par secteur et par sous-préfecture dans la Nya------41

Graphique 9: Répartition des investissements dans le département de Kouh-Est ------42

Graphique 10: Evolution des investissements des 5% de 2005 à 2013 ------42

Graphique 11: Répartition des investissements par département ------43

Graphique 12: Répartition des allocations par localités de la région productrice ------43

Graphique 13: Allocations dans le département de la Nya ------44 5 Graphique 14: Allocations dans les localités de la Pendé ------44

Graphique 15: Allocation dans le département de la Nya-Péndé ------44

Graphique 16: Allocations dans le département de Kouh-Ouest ------44

Graphique 17: Allocations dans les localités de Kouh-Est ------44

Graphique 18: Allocations dans le département des Monts de Lam------44

Graphique 19: Répartition des crédits selon les départements ------45

Graphique 20: Répartition sectorielle dans le département de la Nya ------47

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5 Graphique 21: Répartition sectorielle dans le département de la Pendé ------47

Graphique 22: Répartition sectorielle dans le département de la Nya-Pende ------47

Graphique 23: Répartition sectorielle dans le département de la Kouh-Est ------47

Graphique 24: Répartition sectorielle dans le département de la Kouh-Ouest ------48

Graphique 25: Répartition sectorielle dans le département de la Monts de Lam ------48

Graphique 26: Répartition des crédits par département ------50

Graphique 27: Part des investissements socioéconomiques dans les dépenses des 5% ------51

Graphique 28: Composantes des investissements à caractère socioéconomiques dans la région productrice ------51

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6 Remerciements

Ce rapport est réalisé grâce aux appuis financiers de Secours Catholique (Caritas France) et le Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) de l’Ambassade de France au Tchad, qui ont assuré respectivement le financement de la production et le cofinancement de l’édition.

Nous tenons à remercier tout particulièrement ces deux partenaires pour leurs contributions déterminantes, non seulement dans le cadre de ce rapport, mais plus largement pour leurs appuis aux actions de développement au Tchad.

Le rapport a été enrichi par les données collectées auprès des différentes institutions à savoir le Collège de Contrôle et de Surveillance des Revenus Pétroliers (CCSRP), le Ministère des Finances et du Budget, le Comité Provisoire de Gestion des 5% des Revenus Pétroliers affectés à la Région productrice (CPGRP). Le Vice-président du CPGRP, l’Expert Chargé des Microcrédits ont bien voulu nous mettre des données nécessaires à notre analyse. Nous tenons donc à les remercier sincèrement pour leur collaboration et leur participation sans oublier tous ceux qui ont collaboré à faciliter l’accès à ces différentes informations.

Enfin, nous ne saurions oublier nos partenaires techniques et financiers institutionnels, à savoir Cordaid (Pays-Bas), Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD-Terre Solidaire, France), Agence Française de Développement (AFD) dont les soutiens multiformes rendent possible un travail indépendant et citoyen de suivi de la gestion des ressources nationales et des politiques publiques. Qu’ils reçoivent ici l’expression de toute notre gratitude.

Dr DOUDJIDIGAO Antoine, Responsable du département des Etudes 7 Economiques et Politiques Publiques

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8 Avant-propos

La mise en place des 5% a suscité beaucoup d’espoirs au sein des populations de la Région du Logone Oriental. Cette région, deuxième plus peuplée du Tchad après N’Djaména d’après les résultats du recensement de la population et de l’habitat de 2009, a accueilli le plus grand projet et l’un des plus historique qui n’ait jamais suscité autant de débats.

Mais très vite, cet espoir a commencé à céder place au doute et au désespoir. Les premiers projets financés sur ce fonds ont été vivement contestés au point de faire changer l’équipe en charge des 5%. Les critères d’attribution des microcrédits, de répartition des investissements sociaux entre départements, les types de projets financés, leur qualité ainsi que leur opérationnalité et leurs coûts n’ont pas fait l’unanimité parmi les populations bénéficiaires.

Aux deux foras sur la gestion des 5% organisés par le GRAMP/TC en 2008 et 2013, des voix se sont levées pour dénoncer certains aspects de ces investissements.

Des recommandations ont été formulées par les différents acteurs pour améliorer les actions futures de ce fonds, surtout dans la perspective de l’aboutissement du processus de la décentralisation en cours.

Ce rapport qui s’inscrit dans la droite ligne de ces actions se veut, un instrument de plaidoyer et de réflexion sur la gestion des 5% affectés à la région productrice du Logone Oriental, présente la situation des investissements dans la région, tout en interpellant les responsables de la gestion de ce fonds ainsi que les acteurs de développement à faire de celui-ci, un véritable levier de développement de la région.

De même, en soulevant des questions liées aux différents maux nés de l’allocation, de la répartition et la gestion de ce fonds, le rapport constitue une base de réflexion pour une gestion plus efficace et efficiente des 5% afin de transformer le visage de la pauvreté au sein 9 de cette communauté très affectée par les impacts de l’exploitation du pétrole.

Dr MAOUNDONODJI Gilbert Coordonnateur GRAMP/TC

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9 Résumé

Les 5% de revenus pétroliers ont été institués par la 002/PR/06, du 11 janvier 2006, portant gestion des revenus pétroliers au Tchad. Un comité a été mis en place par le décret n°457/PR/MEF/2004 pour investir rapidement ces fonds au profit des bénéficiaires. Ce Comité est composé de neuf (9) membres dont 3 députés, 2 représentants de la société civile, 2 représentants des autorités traditionnelles, 2 représentants de l’Etat. Il a pour mission de : i) Identifier, sélectionner et approuver les projets d’intérêt régional, en cohérence avec la stratégie nationale de développement ; ii) Programmer les projets susceptibles d’être financés ; iii) Décider de l’exécution des projets et ; iv) Veiller à la mise en œuvre, à l’exécution et à la supervision des projets. A côté du Comité, existe une équipe technique, le Secrétariat Permanent, dont le personnel a été recruté par voie de concours pour aider le Comité dans l’accomplissement de sa mission. A partir de juillet 2004, le CPGRP a encaissé les premiers revenus issus de la vente du pétrole dont le montant cumulé, entre le 09 juillet 2004 et le 24 juillet 2013, se chiffre 81 081 181 902 francs CFA. Quatre catégories d’actions ont été retenues. Il s’agit des Champs écoles, des Microcrédits, des fonds de solidarités et des travaux de génie civile consistant en la construction et l’équipements des écoles, centres de santé, châteaux d’eau, l’électrification, les adductions, les marchés modernes, etc. Depuis lors, 62 576 307 211 de francs CFA, soit 77,18% de ce fonds ont été consacrés à l’investissement dans les infrastructures socioéconomiques dans les six départements que comporte la région bénéficiaire. Les données disponibles font ressortir que plus d’un tiers (34,162%) de ce fonds ont été investis dans la région de la Pendé, 17,48% aux Monts de Lam, 16,75% à la Nya, 14,63% dans le département de Kouh-Est, 10,79% à la Nya-Pendé et 5,72% à Kouh-Ouest. Sur le reste, 1 milliard de francs CFA, 900 millions de francs CFA au projet Champs- écoles1,1 218 390 000 francs CFA ont été distribués sous formes de microcrédits à quelques 1.364 opérateurs économiques de la région productrice. 10 Dans ce rapport, nous avons analysé la répartition géographique, intersectorielle et l’équité ainsi que la durabilité et l’efficacité de la gestion de ce fonds. Le rapport a fini par quelques recommandations adressées aux différents acteurs afin d’améliorer la gestion future de ce fonds.

1 C’est un projet novateur qui vise à améliorer la production agropastorale par l’adoption des techniques agricoles et d’élevage améliorées et pour lutter contre l’appauvrissement des sols.

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10 Introduction

1. Contexte du rapport Au titre de l’article 8, alinéa b) de la Loi 002/PR/2006 du 11 janvier 2006, portant gestion des revenus pétroliers, 5% des redevances provenant de l’exploitation du pétrole des bassins de Miandoum, Bolobo et Komé sont accordées à la région productrice, circonscription administrative du Logone Oriental. L’allocation de ce fonds traduit les dispositions de l’article 212 alinéa 7 de la Constitution de la République du Tchad qui dispose que « Les ressources des Collectivités Territoriales Décentralisées sont constituées notamment par (….) le pourcentage sur le produit des ressources du sol et du sous-sol exploité sur leur territoire ». Le processus de décentralisation enclenché depuis dix ans n’étant pas arrivé à terme pour mettre en place les collectivités territoriales décentralisées qui devraient gérer ces fonds, un Comité provisoire a été mis en place par le décret n°457/PR/MEF/2004 pour investir rapidement ces fonds au profit des bénéficiaires. Ce Comité est composé de neuf (9) membres dont 3 députés, 2 représentants de la société civile, 2 représentants des autorités traditionnelles, 2 représentants de l’Etat. Il a pour mission de : 1. Identifier, sélectionner et approuver les projets d’intérêt régional, en cohérence avec la stratégie nationale de développement ; 2. Programmer les projets susceptibles d’être financés ; 3. Décider de l’exécution des projets ; 4. Veiller à la mise en œuvre, à l’exécution et à la supervision des projets. A côté du Comité, existe une équipe technique, le Secrétariat Permanent, dont le personnel a été recruté par voie de concours pour aider le Comité dans l’accomplissement de sa mission.

2. Problématique D’octobre 2003 à juillet 2013, en tout 81 081 181 902 francs CFA correspondant au 5% de revenus directs engrangés par le Tchad ont été transférés dans le compte du Comité Provisoire 11 de Gestion des 5% de Revenus Pétroliers affectés à la Région Productrice (CPGRP) du Logone Oriental pour être investi au profit des populations locales. L’objectif des 5% des revenus pétroliers est d’atténuer les impacts de l’exploitation du pétrole sur les populations de la région et contribuer ainsi à lutter efficacement contre la pauvreté dans cette région. Ainsi, les populations bénéficiaires et les différents acteurs de Développement dans la Région du Logone oriental doivent être impliqués afin de participer dans toutes les étapes de la mise en œuvre des projets financés par les 5%. Ces fonds ont été investis fondamentalement dans trois domaines à savoir : les infrastructures socioéconomiques (écoles, centres de santé, l’électricité, hôpitaux, adduction d’eau potable, châteaux d’eau, marchés modernes, stades, etc. ), le fonds de solidarité, les champs écoles et les microcrédits.

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11 Au cours des dix années, 62 401 307 728 francs CFA ont été alloués aux investissements en infrastructures socioéconomiques, le fonds de solidarité a reçu 1 milliard de francs CFA , le projet champs écoles2 a bénéficié de 900 millions de francs CFA. Par ailleurs, 1 218 390 000 francs CFA ont été distribués sous forme de microcrédits à quelques 1 364 opérateurs économiques de la région productrice. En dépit de la mobilisation depuis 2004 des ressources issues des 5% des revenus pétroliers, la Région productrice du Logone Oriental est placée troisième parmi les régions les plus pauvres au Tchad (64,7% des pauvres) derrière le Moyen Chari (69,3% des pauvres) et le Mayo Kebbi (71,7% des pauvres)3. Le constat général est que ces énormes ressources investies dans la région productrice ont des impacts ambigus sur les conditions de vie des populations de la région productrice qui continuent à vivre dans la précarité. C’est donc ces constats qui ont amené le GRAMP/TC à se poser la question de savoir : pourquoi, les dépenses effectuées sur ces fonds n’ont pas d’effets notables sur les populations bénéficiaires ? Quel est le montant exact des fonds mobilisés depuis lors et quelles sont les différentes réalisations qui en sont faites ? Quels sont les mécanismes de gestion, d’allocation, d’identification des besoins et des projets, de répartition des investissements et de leur suivi- évaluation ? Pourquoi le comité provisoire de gestion a été dissout à mainte reprise ? Quels sont les problèmes qui minent le fonctionnement des organes chargés de la gestion de ce fonds ? Les fonds de 5% sont-ils substantiels pour prendre en compte tous les besoins socioéconomiques de la région productrice ? Quelles sont les leçons apprises de la gestion des 5% ? Ce rapport n’a pas pour ambition d’apporter de réponses tranchées à toutes ces questions. En se voulant un instrument d’analyse et de réflexion sur la gestion des revenus pétroliers destinés à la région productrice du Logone Oriental, il fournit quelques éléments de réponses basées sur les faits et les données en vue de nourrir les débats sur la gestion de ce fonds et pour inspirer la gestion des 5% que les autres régions s’apprêtent à recevoir et gérer dans le cadre de l’exploitation du pétrole au Tchad. Il s’agit en outre, de soulever des questions relatives aux différentes critiques adressées aux acteurs impliqués dans ce processus et de formuler des pistes de solutions pour une gestion efficiente de ce fonds. Notre postulat de départ est que les problèmes nés de la gestion des 5% sont liés à la faiblesse du mécanisme de leur gestion ainsi qu’à l’absence d’un dialogue suffisant et une implication 12 insuffisante des bénéficiaires dans le processus d’identification, de sélection, d’allocation des ressources, de répartition régionale des projets et de suivi évaluation et de contrôle des réalisations.

2 C’est un projet novateur qui vise à améliorer la production agropastorale par l’adoption des techniques agricoles et d’élevage améliorées et pour lutter contre l’appauvrissement des sols. 3 Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté, SNRP2 2008 – 2011.

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12 3. Objectifs L’objectif principal de ce rapport est de faire la lumière sur le fonctionnement des dix années d’existence des 5% des revenus pétroliers attribués à la zone productrice du pétrole. De manière spécifique, il s’agit de:  Faire un état des lieux du mode de gestion des 5% ;  Déterminer le montant exact reçu durant les dix années d’exploitation du pétrole ;  Identifier les différents types de réalisations en termes de projets sociaux dans la zone ;  Vérifier le respect des engagements de départ par rapport à la gestion de ce fonds au regard des faits stylisés ;  Vérifier si les attentes des populations ont été prises en compte à travers l’utilisation de ce fonds ;  Identifier les problèmes qui entravent la bonne gestion de ces ressources et proposer des pistes de solutions pouvant aider à améliorer ;  Présenter le niveau d’équité dans la répartition des 5% ;  Proposer quelques pistes de solutions pour améliorer les actions futures.

4. Intérêts du rapport L’intérêt de ce rapport est triple. Il s’agit de :  Adresser une question d’intérêt national qui est celui de la gestion des ressources publiques mais surtout la gestion des 5% dont l’attribution a soulevé un grand espoir au sein des populations bénéficiaires ;  D’éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur les impacts réels de l’utilisation de ce fonds sur les conditions de vie des populations bénéficiaires ;  Témoigner l’engagement des organisations de la société civile en général et du GRAMP/TC en particulier d’informer d’une manière indépendante et objective l’opinion publique de la gestion des ressources publiques d’une part et, d’autre part, d’améliorer les pratiques en vue de mettre les mécanismes de gestion des 5% des ressources pétrolières sur le sentier de transparence.

5. Démarche méthodologique 13 Notre démarche a consisté tout d’abord à faire une revue documentaire sur le sujet en parcourant les différents rapports du CPGRP, du CCSRP et les différentes lois de finances du Tchad sur la période. Les données du Ministère de Mines et du Pétrole, les différentes Lois de Finances Initiales et Révisées du Ministère des Finances et du Budget ainsi que les rapports d’exécution du Budget de l’Etat ont été également utilisés. Le rapport a été enrichi par les information issues des rapports de l’Association pour la Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad (APLFT) sur l’impact du projet pétrolier sur les femmes de la région ainsi que des informations complémentaires provenant des échanges avec les hauts cadres et les personnes ressources de la région sur la question. L’ensemble des informations et des données recueillies a permis d’organiser le rapport en deux parties. La première présente une analyse institutionnelle et contextuelle de GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014

13 l’exploitation du pétrole. Elle expose un les éléments de contexte et justification de l’allocation des 5% (chapitre 1) et les Flux des revenus des 5% affectés à la région productrice de Doba (chapitre 2). La deuxième fait un état des lieux de la gestion des 5% de revenus pétroliers. Elle présente et analyse l’allocation des 5% de revenus pétroliers aux différents secteurs socioéconomiques de la région productrice (chapitre 3) avant d’analyser l’équité et la durabilité des allocations et de la gestion des revenus issus des 5% (chapitre 4).

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Partie I. Analyse institutionnelle et contextuelle de l’exploitation du pétrole

Chapitre 1. Contexte, fondements et justifications des 5% de revenus pétroliers alloués à la région productrice de Doba

Dans ce premier chapitre, nous présenterons le contexte, les fondements et justifications de l’affectation des 5% des revenus pétroliers du bassin de Doba à la région productrice du Logone Oriental.

Section 1. Contexte, fondements légaux et institutionnels des 5% La région productrice du Logone Oriental, a accueilli pour la première fois, depuis les indépendances du Tchad, un important projet de mise en valeur des ressources pétrolières dont les travaux ont effectivement commencé en 2000.

1.1. Contexte du projet pétrolier de Doba

1.1.1. Historique et données de base du projet A l’origine, le bassin pétrolier de Doba était censé produire, grâce à ses 301 puits initialement estimés, une quantité journalière d’environ 225.000 à 250.00 barils de brut et ceci, sur une période de 25 ans. Selon les prévisions initiales, le Tchad percevrait une somme de 1,7 milliards de dollars américains sur 25 ans soit, 850 milliards de francs CFA. Le coût global du projet est de 4,3 milliards de dollars.

Les projections financières du Document d’Evaluation du Projet (DEP) préparé en 2000 par le Groupe Banque Mondiale (GBM) a indiqué que le Projet générerait environ 1,7 milliards de $US en redevances, recettes fiscales et dividendes pour le Tchad, et quelques 505 millions de 15 $US pour le Cameroun sous forme de redevances de transit, d’impôts et de dividendes, pendant la période de production pétrolière d’environ 25 ans. Cette projection est faite sur l’hypothèse qu’un baril de Brent, brut de référence, couterait 15,25 $US. Les productions concernaient les trois champs de Bolobo, Komé et Miandoum. Mais selon les données récentes, la production journalière moyenne entre 2007 et 2011 oscillerait entre 115 000 à 122 500 barils selon les données du consortium alors que le nombre de champs est passé à huit et celui des puits a presque quadruplé (1112 puits selon le dénombrement par sondage)4.

4 Ces données sont collectées par le GRAMP/C dans la zone productrice à l’occasion de l’établissement des cartes communautaires des terroirs entre 2010 et 2011. GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014

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Carte des cantons et champs pétroliers

1.1.2. Situation régionale et allocation des 5% L’allocation des 5% de revenus pétroliers à la région productrice du Logone Oriental intervient dans un contexte marqué par une pauvreté extrême dans le pays et particulièrement dans la zone productrice. C’est ainsi que, tenant compte de l’aggravation potentielle de cette situation de vulnérabilité locale que pourrait occasionner la mise en exploitation du brut dans 16 cette région et conformément aux dispositions de la constitution de la République du Tchad, le gouvernement a accordé, dans le cadre du programme de gestion des revenus pétroliers, 5% des revenus directs à la région productrice de Doba.

Du 10 octobre 2003, date à laquelle a eu lieu l’ouverture officielle de la vanne pétrolière à ce 30 juin 2013, le Tchad a engrangé plus de 6.000 milliards de francs CFA. Les données disponibles indiquent qu’une part de 5% des revenus directs représentant 81 081 181 902 francs CFA et a été transférée dans le compte du Comité Provisoire de Gestion des 5% de Revenus Pétroliers affectés à la Région Productrice (CPGRP) du Logone Oriental pour être investi au profit des populations locales.

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16 1.2. Justifications des 5% Des raisons d’ordre politique, sociale et socioéconomique ont justifié l’allocation des 5% des revenus pétroliers à la région productrice du Logone oriental comme il le sera pour les autres localités accueillant les projets pétroliers et miniers.

1.2.1. Justifications politiques des 5% C’est une mesure d’ordre politique qui tire les leçons des expériences négatives des autres pays riches en ressources naturelles. En effet, le fait que les populations des zones d'exploitation des ressources ne perçoivent pas les bénéfices des revenus tirés de l'exploitation des ressources de leur terroir est à l'origine de frustrations, d'exclusions et d'injustice et pousse à des mouvements de révoltes, des mouvements insurrectionnels voire sécessionnistes (guerre du Biafra, Conflit au Soudan ayant entraîné l’éclatement du pays en deux et ailleurs).

La situation qui prévaut actuellement dans le Delta du Niger est révélatrice et symptomatique des injustices et frustrations malgré que le Nigeria alloue 13% des revenus à cette région. En outre, pour rendre la paix au Sud Soudan possible, le partage équitable des revenus pétroliers a été au Cœur de l’Accord de Naivasha. Enfin, l’un des enjeux de la crise du Darfour dont le Tchad connaît les répercussions négatives est l’exclusion des populations de cette région du partage des ressources nationales.

L’article 211 de la Constitution vise donc à prévenir ces genres de situation. En instituant par la loi les 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice, le législateur n’a fait que se conformer à cette disposition constitutionnelle.

1.2.2. Justifications sociales et environnementales des 5% Les populations riveraines de la zone d’exploitation sont les plus directement touchées et affectées par les impacts socio-économiques et socio environnementaux négatifs (pollution, perte des terres, propagation des maladies, inflation, dégradation de leurs conditions de vie et écosystèmes, etc.). Certains de ces impacts sont irréversibles et peuvent affecter les 17 communautés locales durant toute leur vie. L’allocation des 5% des revenus pétroliers vise donc à atténuer les impacts néfastes des grandes exploitations sur les populations des Régions qui en sont dotées. Les élus de la Région peuvent en témoigner.

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17 1.2.3. Justifications socioéconomiques En dépit des réalisations déjà faites par le CPGRP et d’autres investissements en cours, les besoins et attentes des populations de la Région sont immenses. Que ce soit lors de la campagne de la communication sociale organisée par le Comité dans toute la région que lors des différentes missions de suivi ainsi que du Forum bilan de la société civile sur les 5%, les attentes des communautés locales sont immenses à la lumière des problèmes de développement de la région. Dans les Encadré 1 : Les décrets d’application de la différentes recommandations, les loi 001/PR/99 portant modalités de gestion populations de cette région ont demandé des revenus pétroliers modifié par la loi 016/PR/2000 du 18 août 2000 constamment l’augmentation des 5%. 1. Décret 238 du 1er juillet 2003 portant mécanisme de stérilisation des revenus Section 2. Cadre légal et institutionnel pétroliers ; de l’affectation des 5% 2. Décret 239 du 1er juillet 2003 portant mécanisme de stabilisation des dépenses L’affectation des 5% à la région productrice financées par les revenus pétroliers ; du Logone Oriental est régie par un cadre 3. Décret 240 du 1er juillet 2003 organisation et fonctionnement et conditions légal spécifique et encadrée par un cadre du contrôle et de surveillance du CCSRP en institutionnel approprié. remplacement du décret 168/PR/MEF/01, portant organisation et fonctionnement du CCSRP ; 4. Décret 095 du 18 mars 2005 portant modalités transitoires de gestion des redevances pétrolières à la région productrice ; 5. Décret 096 du 18 mars 2005 portant modalités de gestion du Fonds des Générations Futures.

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2.1.Les bases constitutionnelles et Encadré 2 : Lois et textes réglementaires portant gestion des revenus légales pétroliers  La Loi n°001/PR/ 99 du 11 janvier 1999, portant Gestion des Revenus L’allocation de ce fonds Pétroliers ; est conforme aux  La Loi n°016/PR/2000, portant modification de la Loi n°001/PR/99 du 11 dispositions de l’article janvier 1999 portant Gestion des Revenus Pétroliers ; 212 alinéa 7 de la  le Décret n°579/PR/2000 du 14 décembre 2000, portant liste des membres Constitution de la du CCSRP ; République du Tchad,  Décret n°238/PR/MEF/03 du 1er juillet 2003, portant mise en place du modifiée par la Loi mécanisme de stérilisation des revenus pétroliers provenant de constitutionnelle de 2005 l’exploitation des trois champs de Komé, Miandoum et Bolobo ; en article 211, lequel  Décret n°239/PR/MEF/03 du 1er juillet 2003, portant mise en place du dispose que « Les mécanisme de stabilisation des dépenses financées au moyen des ressources des revenus pétroliers ; Collectivités Territoriales  Décret n°240/PR/MEF/03 du 1er juillet 2003, portant organisation, Décentralisées sont fonctionnement et conditions du contrôle et de surveillance du CCSRP ; constituées notamment  Décret n°095/PR/MEF/04 du 18 mars 2004, portant modalités transitoires par (….) le pourcentage de gestion des redevances pétrolières affectées à la région productrice ; sur le produit des  Décret n°096/PR/MEF/04 du 18 mars 2004, portant modalités de gestion ressources du sol et du du Fonds pour les Générations Futures(FGF) ; sous-sol exploité sur leur  Loi n°002/PR/2006, portant amendement de la Loi n°001/PR/99 du 11 territoire ». janvier 1999 portant Gestion des Revenus Pétroliers et la Loi n° 016/PR/2000 du 18 août 2000 ;

 Protocole d’Accord du 13 juillet 2006 entre le Groupe Banque Mondiale et Du point de vue légal et le Gouvernement de la République du Tchad ; réglementaire, c’est la loi  Décret n°253/PR/MFI/O7 du 29 mars 2007 portant mécanisme transitoire 001/PR/99, portant de gestion de l’excédent budgétaire 2007 ; modalités de gestion des  Décret n°277/PR/PM/MFI/07 du 16 avril 2007 portant modification du revenus pétroliers de Décret n°240/PR/PM/MEF ; Komé, Miandoum et  Décret n°442/PR/PM/MFI/07 du 22 mai 2007 portant transferts et 19 Bolobo et ses cinq décrets virements des crédits 2007 ; d’application (Cf.  Décret n°533/PR/PM/MFI/2007 du 13 juillet 2007 portant réorganisation du Encadré 1). Celle-ci a été Comité Provisoire de Gestion de 5% des Ressources Pétrolières affectées modifiée par la loi à la Région Productrice ; 016/PR/2000 du 18 août  Protocole d’Accord du 16 septembre 2008 entre l’Etat et le Consortium 2000 en son article 16 qui constitué d’Esso Exploration et Production ChadInc (Esso), a accordé quatre places à PetronasCarigali (Chad EP) Inc. Et Chevron PetroleumChadCompany la société civile au lieu de Limited ; deux, et ceci, en lieu et  Décret n°1124/PR/PM/MP/2008 du 19 septembre 2008 portant approbation place du Directeur du du Protocole d’Accord entre l’Etat et le Consortium constitué d’Esso Pétrole et celui de la Exploration et production Chad Inc (Esso), PetronasCarigali (Chad EP) Inc. Et Chevron Petroleum Chad Company Limited. GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014

19 Planification et du Développement. Les décrets d’application précisent les modalités pratiques de gestion des 5% de la Région Productrice, la gestion des Fonds des Générations Futures (FGF), le mécanisme de stérilisation et de stabilisation.

La loi 001/PR/99 du 11 janvier 1999, modifiée par la Loi 002, portant gestion des revenus pétroliers définit la clé de répartition des revenus pétroliers de la manière suivante : 65% destinés aux secteurs prioritaires, 30% sont réservés au fonctionnement de l’Etat et 5% de revenus pétroliers sont alloués à la Région productrice. Ces derniers devraient être gérés par les collectivités territoriales décentralisées. En l’absence de celles-ci, un comité provisoire de gestion a été créé par Décret n°457/PR/MDMEF/2004 du 20 septembre 2004.

La nouvelle loi portant gestion des revenus pétroliers, votée et promulguée en janvier 2014 a maintenu le statu quo en ce qui concerne les 5% alors même que pour les populations de la région productrice, ce pourcentage devait être revu à la hausse.

2.2. Les institutions chargées de contrôle et de la gestion des revenus pétroliers Quatre institutions sont impliquées dans la gestion et le contrôle des revenus pétroliers. Il s’agit de : Collège de Contrôle et de Surveillance des Ressources Pétrolières (CCSRP), créé pour la circonstance comme acteur principal ; la Direction du Contrôle Financier du Ministère des Finances et du Budget, la Chambre des Comptes de la Cour Suprême et l’Assemblée Nationale. A ces quatre institutions, s’ajoute la mise en place, en 2004, du Comité provisoire de Gestion des 5% de Revenus Pétroliers affectés à la Région Productrice (CPGRP).

Au risque de simplifier, nous n’aborderons ici que le rôle du CPGRP, institution qui joue un rôle centrale dans le processus de gestion des 5%.

2.2.1. Le Comité provisoire de Gestion des 5% de Revenus Pétroliers affectés à la Région Productrice (CPGRP) Le CPGRP est institué par le décret N°457/PR/MEF/2004, du 29 septembre 2004, portant 20 création du Comité Provisoire de Gestion des Revenus Pétroliers destinés à la Région productrice. Il est assisté d’un Secrétariat Permanent (article 8).

A.1. Fonctionnement du CPGRP Placé sous la tutelle du Ministère de Finances et du Budget, le CPGRP n’a pas une personnalité morale. Il a reçu le mandat de réaliser les objectifs qui lui sont assignés par le décret N°457/PR/MEF/2004 du 29 septembre 2004 en son article 5 et qui consistent à :  Identifier, sélectionner et approuver les projets d’intérêt régional, en cohérence avec la stratégie nationale de développement ;  Programmer les projets susceptibles d’être financés ;

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20  Décider de l’exécution des projets, après visa du Collège de Contrôle et de Surveillance des Revenus pétroliers (CCSRP) ;  Veiller à la mise en œuvre, à l’exécution et à la supervision des projets.

A l’image du Collège de Contrôle et de Surveillance de Revenus Pétroliers, le CPGRP est composé de neuf (9) membres dont :  3 Députés issus de la région productrice ;  2 représentants de la société civile ;  2 représentants des autorités traditionnelles et coutumières de la région productrice ;  2 représentants de l’Etat.

Selon le manuel de procédure du CPGRP, les membres sont désignés par leurs pairs. Toutefois, le Comité peut faire appel à toute personne dont la compétence lui parait nécessaire pour l’aider dans l’accomplissement de sa tâche.

Le bureau du Comité, dont font partie le Président et le Vice-Président, est élu par l’ensemble des membres désignés par leurs pairs, pour une durée de deux ans renouvelable. Ces derniers sont élus au bulletin secret, au scrutin majoritaire à un tour par leurs pairs.

Le Président du Comité convoque les membres du Comité Provisoire de Gestion à se réunir au moins une fois par mois. Les convocations doivent être accompagnées des documents nécessaires afférents à cette réunion. Des sessions extraordinaires peuvent être tenues à l’initiative de tout membre.

Pour délibérer valablement en session extraordinaire, le Comité Provisoire de Gestion doit réunir au moins les deux tiers des membres présents ou représentés. Ces délibérations sont adoptées à la majorité des membres présents ou représentés. En cas d’égalité des voix, celle du Président est prépondérante.

Si une réunion ne s’est pas tenue faute de quorum, la date de la nouvelle réunion retenue est communiquée à tous les membres dans les délais d’urgence. 21

En cas d’absence ou d’empêchement, un membre du Comité Provisoire de Gestion peut donner procuration écrite à un autre membre afin de le représenter à une réunion du Comité. Aucun membre du Comité ne peut détenir plus d’une procuration et chaque procuration n’est valable que pour une seule réunion du Comité.

Le Comité Provisoire de Gestion peut admettre à ses réunions toute personne dont il estime la présence nécessaire. Elle a alors la voix consultative.

Le Comité est assisté d’un Secrétariat Permanent qui l’aide dans l’accomplissement de sa mission. GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014

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A.2. Du Secrétariat Permanent Le Secrétariat Permanent du CPGRP est mis en place par l’arrêté n°743/PM/MEF/2005 du 23 mars 2005 du Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Et du ministre de l’Economies et des Finances. L’article 2 de cet arrêté circonscrit la composition des membres. Il est composé de:  Un Secrétaire Permanent ;  Un (1) Assistant chargé de la gestion administrative et financière du Comité Provisoire ;  Un (1) Assistant chargé du suivi des programmes et projets ;  Deux (2) Experts techniques chargés de l’analyse, de la présélection, du conseil et du suivi de l’exécution des projets sur financement des 5% alloués à la Région Productrice.

Le Secrétariat Permanent peut faire appel à des compétences spécifiques au besoin. Ses attributions sont définies par les articles 3, 4,5 et 6 de l’arrêté sus visé. Sous la supervision du Comité Provisoire de Gestion, assure les fonctions suivantes :  la coordination des activités du Secrétariat Permanent ;  la communication permanente entre les membres du Comité ;  la diffusion et de la communication sur ordre du Président, des informations relatives au Comité Provisoire de Gestion et du suivi des résultats et résolutions des délibérations du Comité ;  la finalisation des rapports trimestriels, semestriels et annuels du Comité ;  la rédaction des comptes rendus et communiqués de presse du Comité ;  l’élaboration du budget en collaboration avec les experts ;  le Secrétariat des réunions du Comité.

Le rôle de chacun des membres du SP est défini dans le manuel de procédure.

2.2.2. Les relations ou rapports (CPGRP, CCSRP, Ministère de l’Economie et des 22 Finances) Le cadre juridique de la gestion des revenus pétroliers ainsi que le manuel de procédures circonscrivent les relations ou rapports entre le CPGRP et le CCSRP ainsi que le Ministère de l’Economie et des Finances.

Si les lois, les décrets ainsi que les arrêtés constituent le cadre juridique et réglementaire de la gestion de 5% des revenus pétroliers destinés à la région productrice, le manuel est un document de référence du Comité Provisoire de Gestion qui décrit son cadre d’intervention, son organisation et son fonctionnement. Son objectif principal est, d’une part, de permettre à ses membres de mieux comprendre leurs responsabilités et leurs devoirs, et d’autre part,

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22 d’expliquer aux responsables de l’administration de l’Etat le rôle et le cadre opérationnel du Comité.

La relation qui lie le CPGRP aux autres institutions est régie par l’article 14 de la loi n°016/PR/2000 qui stipule que le contrôle de la mobilisation et de l’utilisation des revenus pétroliers est effectué séparément ou conjointement par le contrôleur Financier du Ministère des Finances et de l’Economie, le CCSRP, la chambre des Comptes de la Cour Suprême et le Parlement.

Il y a le décret n°095/PR/MEF/04, portant modalités transitoires de gestion des Redevances pétrolières affectées à la région productrice, stipule en son article 5 que « les décaissements des fonds déposés sur le Compte de la Région productrice doivent être effectuées conformément aux procédures prévues par la loi de finance et être soumis à l’autorisation préalable du Collège de Contrôle et de Surveillance des Revenus Pétroliers. »

Le décret 457 dans son article 7 précise encore un type de relation qui existerait entre le comité de gestion, le Ministère des finances et le CCSRP en ces termes : « le budget de fonctionnement du CPGRP, alimenté par le compte de la région productrice, à la BEAC, doit être approuvé par le Ministre des Finances et du Budget, après avis du CCSRP. » Selon le manuel de procédure, le CPGRP est placé sous la tutelle du Ministère des finances et de l’Economie qui gère les 5% selon les règles et procédures conformément au manuel de Procédure du Comité. Ce dernier, en sa qualité de responsable de la tutelle est sensé faire auditer annuellement toute la gestion du Comité Provisoire de Gestion dans le cadre de l’utilisation des 5%.

De son côté, le Collège de Contrôle et de Surveillance des Ressources Pétrolières (CCSRP) doit s’assurer que les allocations des 5% sont équitablement réparties et que la région productrice est bien destinataire des fonds prévus conformément au Programme de Gestion des Recettes Pétrolières. Il émet un avis sur tout mouvement de fonds en direction du Comité Provisoire de Gestion notamment les décaissements et les approvisionnements. Il vérifie et autorise tous les engagements et les décaissements qui lui sont soumis par le Comité 23 Provisoire de Gestion.

Il est tenu de se prononcer par avis motivé écrit dans un délai de cinq (5) jours ouvrés à partir de la date de réception par ses services du bordereau portant l’acte à viser. Passé ce délai et en l’absence de refus écrit, l’accord du Collège est considéré comme ayant été obtenu.

En ce qui concerne les dépenses de fonctionnement et d’équipement du Comité Provisoire de Gestion et de ses organes, et, dans un souci de souplesse, le Collège admet, un contrôle à posteriori qu’il effectuera tous les trimestres, sur pièce et sur place.

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23 Les dépenses relatives aux projets et programmes sont contrôlées par le Collège au vu de la situation des engagements établie, par le Comité Provisoire de Gestion, et des pièces de dépenses y relatives tous les dix jours de leurs réalisations.

Le Collège reçoit du Comité Provisoire de Gestion, son plan d’engagement annuel, son plan annuel de passation des marchés ainsi que leur mise à jour périodique. Il reçoit tous les mois le tableau d’exécution des budgets. Il reçoit également de l’Organe chargé des Marchés Publics, l’ensemble des documents afférents à l’attribution des marchés relatifs à des dépenses financées sur le compte de la Région productrice de Pétrole, à chaque étape de la procédure d’attribution, y compris le document d’Appels d’Offres et les soumissions faites.

Sans préjudice des contrôles effectués par les autres Institutions de l’Etat, le Collège peut effectuer des inspections sur sites ou confier cette tâche à un cabinet spécialisé pour s’assurer que les travaux ont bien été effectués ou bien que les biens et services ont bien été livrés et peut également faire auditer les marchés correspondants.

La gestion des 5% dans une perspective de la décentralisation Etant donné que le CPGRP est un service déconcentré sous tutelle du ministère de l’économie et de finances (Article 1er du décret 457), il est important que ce dernier s’interroge sur ce qu’il pourrait envisager de faire pour les préparatifs de la mise en place des collectivités décentralisées.

Dans ce sens, la société civile, au sein du CPG a commencé dès 2007 à poser la question relative à insiste beaucoup sur l’approche de développement décentralisé et participatif qui est un concept important dans les préparatifs de la mise en place des collectivités décentralisées. Ce concept repose sur cinq piliers suivants :

 Renforcer les moyens d’action des communautés ;  Renforcer les moyens d’action des collectivités ;  Repositionner le rôle du pouvoir central ;  Renforcer le contrôle citoyen pour l’action publique ; 24  Renforcer les capacités grâce au processus d’apprentissage par la pratique.

Pour le renforcement des moyens d’action des communautés, il est important de les préparer et les aider à mettre en place un processus de décision participatif, inclusif ; favoriser la mise en œuvre par la communauté, organiser un suivi/ évaluation participatif pour une mise en responsabilité et une transparence complètes.

2.3. Procédures de contrôle et de suivi de la gestion des 5% L’intégration des revenus pétroliers dans le budget de l’État s’inscrit dans le cadre de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté au Tchad. Leur gestion est régie par la loi

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24 organique n°11-62 du 11 mai 1962 modifiée par celle n°20/PR/2004 du 24 décembre2004 relative aux lois des finances.

Dans ce sens, le mécanisme de gestion des comptes dédiés aux revenus pétroliers obéit à l’orthodoxie budgétaire de l’État à savoir le respect des procédures d’approbation, de décaissement, de suivi et de contrôle du budget général de l’État (art. 10 de la loi 001.). La loi n° 240 du 1er juillet 2003 portant organisation, fonctionnement et conditions du contrôle et de surveillance du CCSRP prévoit (art. 13) que les demandes de décaissement de l’Ordonnateur Principal du budget Général de l’État soient soumises à l’autorisation expresse du CCSRP qui a compétence (art. 21 de la loi N°001/PR/99) de contrôle des revenus directs et indirects en provenance des champs de Komé, Miandoum et Bolobo ainsi que leur utilisation. Cela consiste pour le CCSRP à vérifier la conformité des engagements sur les comptes spéciaux avec la loi des finances, autoriser et contrôler les décaissements des comptes spéciaux et l’affection des fonds (art18 loi 001).

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Chapitre 2. Flux des revenus des 5% affectés à la région productrice de Doba Dans ce chapitre, nous présenterons tout d’abord les flux globaux des revenus de 5% de 2003 à 2013 avant d’en analyser l’évolution sur la période considérée.

Section 1. Flux globaux des revenus de 5% de 2004 à 2013

Les revenus du pétrole destinés à la région productrice sont mis à la disposition de l’organe de gestion, le CPGRP, suivant une procédure d’appel à fonds. Les montants transférés dans le compte du CPGRP de 2004 à 2013 sont présentés dans le tableau ci-après.

Tableau 1: Flux de revenus pétroliers de 2004 à 2013

Années Nombre d'appels Montant de fonds reçus 2004 4 2 228 323 152 2005 13 5 864 861 148 2006 7 7 639 524 500 2007 12 6 625 481 995 2008 10 11 901 473 376 2009 6 4 348 233 156 2010 9 9 272 257 702 2011 9 11 547 423 772 2012 6 12 826 602 870 2013 (Juil2013) 7 8 827 000 231 Total 76 81 081 181 902 27 Source : CPGRP, 2011-2013

Il faut relever que les revenus affectés à la région productrice dépendent d’une part des prix pétroliers eux-mêmes tributaires des chocs économiques sur le marché international. Les crises économiques et les conflits dans les principaux pays pétroliers du Moyen Orient et du Golf ne sont pas neutres dans cette explication. Ces ressources sont investies dans la construction des hôpitaux, des écoles, collèges et lycées, l’Université de Doba, les marchés modernes de Doba et Bébédjia, l’électrification de quelques villes. Une part importante des revenus a été accordée sous forme de microcrédits aux producteurs locaux pour développer des activités génératrices de revenus. Dans la section suivante, nous

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27 analyserons les facteurs explicatifs de l’évolution globale des flux des revenus issus des 5% de revenus pétroliers allant à la région productrice.

En fait, comme on pourrait le constater, les revenus de 5% dépendent de ce que l’Etat reçoit sur cette ressource au cours des 10 dernières années. Ces ressources sont-elles mêmes tributaires de beaucoup de facteurs. Ce qu’on retiendra c’est que les revenus ont été virés régulièrement selon la clé de répartition définie dans la Loi 002/PR/2006. Le graphique suivant en donne une tendance.

Graphique 1: Montant de fonds reçus par an entre avril 2004 et juillet 2013

Le graphique 1 fait ressortir que les ressources des 5% sont très volatiles et suivent, comme nous l’avions relevé ci-dessus, de la conjoncture du le marché pétrolier. C’est le cas en 2009 où les prix pétroliers ont baissé de moitié par rapport à leur niveau prévisionnel, faisant baisser les recettes à 412 milliards 600 millions de francs CFA contre 885 milliards 718 millions de francs CFA initialement prévues dans la loi de finances initiale. De même, le 28 boom pétrolier de 2012 avec l’augmentation du prix du Brent à 114 dollars a fait remonter le montant reçu du fonds à son niveau record de 12.826.602.870 francs CFA juste devant celui de 2008 évalué à 11.901.473.376 francs CFA. Cette volatilité des ressources pétrolières ne va pas sans conséquences sur les projets financés sur ce fonds qui ont dû trainer sur plusieurs années. Le chapitre qui suit présente un bref état des lieux des allocations des revenus sur la période 2004 et 2013 et en donne une brève analyse.

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28 Section 2. Modalités d’exécution des projets financés sur les 5% Aux termes de l’article 5 alinéa 3 et 4 du décret N°095/PR/MEF/04 portant modalités transitoires de gestion des Redevances pétrolières affectées à la région productrice, le CPGRP décide de l’exécution des projets après visa du Collège de Contrôle et de Surveillance des Revenus Pétroliers. Il veille à la mise en œuvre, à l’exécution et à la supervision des projets à travers ses différents organes constituant son Secrétariat Permanent.

Mais la coordination de l’exécution et de suivi des projets et programmes est assurée par le Secrétariat Permanent selon l’article 3, alinéa 8 du décret N°743/PM/MEF/2005, portant organisation et attribution du Secrétariat Permanent du CPGRP.

Les revenus affectés à la région productrice sont logés dans le compte ouvert au nom de la région auprès de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale. Pour les mobiliser, le CPGRP doit élaborer chaque année, un budget qu'il soumet à l’approbation du ministère de finances et du budget. Dans ce budget, les fonds des 5% destinés à la région productrice sont répartis selon deux emplois en fonctionnement du CPGRP et en financement des projets et programmes au profit de la région productrice.

Dans le budget de l’Etat, la part des 5% de revenus pétroliers affectés à la région productrice est inscrite au titre de transferts. Les modalités de sa gestion et donc d’attribution des marchés y relatifs sont les mêmes que celles portant sur les autres ressources de l’Etat.

2.1. Modes d’attribution des marchés financés sur les 5% ainsi que les entreprises habilitées à postuler aux appels d’offre de ces marchés et les bénéficiaires ;

Il y a deux modes d’exécution des projets financés sur les 5% : les marchés ou les bons de commande administratifs.

A. Les marchés Les critères à remplir par les marchés financés sur les 5% sont définis par le manuel de procédure du CCSRP. Les montants de ceux-ci sont fixés à :

 50. 000. 000 fcfa pour les travaux de construction, d’aménagements, etc. ;  30. 000. 000 fcfa pour les fournitures diverses. 29 Les dépenses qui sont égales ou supérieures à ces montants sont effectuées sous forme de marché. Le processus de passation de ces marchés est le suivant :

- Préparation des dossiers d’appel d’offre par l’expert Technique du CPGRG chargé de la passation des marchés ; - Soumission du dossier à l’Organe Chargé des Marchés publics (OCMP) et au Collège de Contrôle et de Surveillance des Revenus Pétroliers; Ce dossier doit comporter tous les documents exigés par le Code des Marchés Publics du Tchad. Pour sélectionner une entreprise qui doit exécuter le marché, le CPGRG doit obligatoirement publier le dossier ainsi constitué et appelé dossier d’appel d’offre. Ce dossier doit être publié dans les colonnes de la presse nationale et internationale selon qu’il s’agisse d’un petit marché ou d’un marché qui demande une compétence internationale.

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29 Les dossiers soumis par les entreprises sont examinés lors des séances consacrées à cet effet, par une commission particulière d’ouverture d’offres composée de :

- Président : un Représentant du Ministre de l’Economie et de Finances ; - Vice-Président : un représentant des services du Gouverneur ; Membre :

Vice-Président du CPGRG ;

- Délégué Régional des Fiances ou son représentant ; - Représentant du ministère prioritaire dont le secteur est concerné par le marché ; - L’expert Technique en Charge des marchés du CPGRG. - Un rapporteur. Après examen, la Commission d’Ouverture et de Jugement des Offres (COJO) sélectionne le/les dossiers qui satisfont les meilleurs conditions de prix telles que ressorties dans les panels de prix recensés. Il(s) doive(nt) être conformes aux spécifications techniques établies par l’expert technique en la matière. La commission attribue alors le marché à l’entreprise qui présente le meilleur dossier. Après cette attribution, on passe alors à l’approbation du marché.

Si le montant de ce marché est :

- de 20.000.000 à moins de 50.000.000 de FCFA (TTC), il est approuvé par le Gouverneur du Logone Oriental ; - de 50.000.000 à 100.000.000 FCFA, il est approuvé par le Président de la République et par délégation, le Ministre de l’Economie et de Finances. Le marché est alors signé par le fournisseur et le Président du CPGRG. Le comptable du CPGRG engage le marché et son exécution est faite dès la signature de validation.

Le Comité Provisoire de Gestion donne donc l’ordre d’exécution des projets approuvés et en suit l’exécution à travers les visites sur les sites et les évaluations périodiques. La mise en œuvre des projets peut être sujette à l’exigence d’une caution bancaire équivalente au montant du contrat, payé par l’exécutant.

La mise à disposition des partenaires d’exécution ou des bénéficiaires des fonds ne peut excéder une semaine après approbation du projet par le Comité Provisoire de gestion. Une série d’avance et d’acompte est mise à la disposition de l’exécutant pour lui permettre de commencer les travaux en 30 fonction des justificatifs fournis. Celle-ci est couverte par une caution bancaire.

2.2. L’exécution des dépenses par les bons de Commande Administratifs (BCA)

L’exécution des dépenses peut se faire directement sur la base d’une facture pro forma obtenue de trois fournisseurs différents. Un fournisseur proposant le prix le plus faible et un bon service est alors choisi et procédera à la livraison du bien en question. Etabli par le CPGRG en deux exemplaires, le BCA est visé par le comptable qui vérifie sa conformité et le retourne au CPGRG qui invitera le fournisseur à livrer le service ou les biens demandés.

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30 Après réception, le CPGRG établit un procès-verbal de réception, le joint au BCA visé et procède à la liquidation et à l’ordonnancement de la dépense puis à son paiement au fournisseur.

Les personnes impliquées dans ce type de contrat sont les services du Délégué Régional des Finances dont la présence à la réception est obligatoire ;

Signalons que les projets concernés par ce type de contrat sont ceux dont le montant maximum est de 10 millions de FCFA. Ce maximum est fixé par le Code des Marchés Publics.

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32 Partie II. Etat des lieux de la gestion des 5% de revenus pétroliers

Chapitre 3. Allocation des revenus de 5% aux différents secteurs socioéconomiques de la région productrice

Comme indiqué dans le chapitre précédent, quelques 81 081 181 902 de francs CFA des revenus pétroliers directs constitués essentiellement des redevances ont été transférés dans le compte dédié aux 5% de la région productrice sur la période allant d’avril 2004 à juillet 2013. Sur ce montant, 62 401 307 728 francs CFA (Cf. Annexe 1) ont été alloués aux investissements en infrastructures socioéconomiques, 1 milliard de francs CFA, 900 millions de francs CFA au projet Champs-écoles5,1 218 390 000 francs CFA ont été distribués sous formes de microcrédits à quelques 1 364 opérateurs économiques de la région productrice. Ce qui fait environ 63 619 697 728 francs CFA sur 81 081 181 902 francs CFA (Cf. Tableau 2) reçus, soit 78,46%. En particulier, ce sont, les adductions et forages d’eau potables, les marchés modernes, l’électricité, l’éducation et la santé qui ont été retenus pour recevoir des allocations sur les 5% des revenus pétroliers. Les sections suivantes donnent les détails des allocations et en analysent les disparités géographiques et sectorielles.

Section 1. Allocation des revenus de 5% aux différents secteurs socioéconomiques de la région productrice

1.1. Les crédits Les données globales des fonds font ressortir qu’une grande part a été consacrée aux infrastructures (76,96%). Les activités génératrices de revenus financées sur le fonds ne représentent que 1,50% du montant total reçus sur la période 2004-2013. Le tableau 3 présente la situation globale des crédits accordés entre 2011 et 2012.

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5 C’est un projet novateur qui vise à améliorer la production agropastorale par l’adoption des techniques agricoles et d’élevage améliorées et pour lutter contre l’appauvrissement des sols.

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33 Tableau 2: Répartitions des crédits selon les départements

Années Nombre Montant reçus Intérêts Apports des bénéficiaires Nya 205 225 360 000 6 760 800 11 183 570 Pendé 296 248 280 000 7 211 400 12 866 000 Nya-Pendé 315 241 280 000 7 238 400 13 675 500 Kouh-Est 198 185 400 000 5 562 000 9 209 000 Kouh-Ouest 132 120 300 000 3 609 000 6 125 000 Monts de Lam 218 197 770 000 5 717 100 2 990 000 Total général 2011-2012 1 364 1 218 390 000 36 098 700 56 049 070 Total général 2011 35 69 000 000 2 070 000 2 790 000 Total général 2012 1 329 1 149 390 000 34 028 700 53 259 070 Source : CPGRP, 2013 Ce tableau présente la situation globale des deux années. Les données antérieures ne sont pas disponibles. Mais sur la base de celles-ci, il apparait donc que le montant des microcrédits accordés en 2011 est négligeable par rapport à 2012. Ce sont, en effet, 35 personnes qui ont bénéficié des microcrédits en 2011 contre 1329 en 2012. L’octroi de ces fonds est conditionné par l’apport d’une contribution de la part du bénéficiaire. Les critères les plus couramment utilisés sont, entre autres, la solidité du dossier de demande de crédit, la rentabilité du projet et la garantie/caution donnée par le bénéficiaire. Les fonds octroyés sont remboursés avec un intérêt annuel de 3%. La somme totale prévisionnelle des intérêts s’élève à 36.098.700 francs CFA et les apports des bénéficiaires, 56.049.070 francs CFA. Les délais de remboursement sont variables et dépendent des montants demandés par les bénéficiaires. Les apports doivent représenter en général 5% du montant demandé. Ils sont évalués en moyens de production existant si le promoteur est déjà en activité ou en apport divers (financiers et matériels) lorsque les fonds doivent financer une première activité. 1.2. Les infrastructures socioéconomiques 34 Tableau 3:Répartition des investissements par département sur la période 2005-2013

Départements Montants Kouh-Est 9 156 145 183 Kouh-Ouest 3 576 917 014 Nya 10 481 338 152 Nya-Pendé 6 754 578 870 Monts de Lam 10 940 330 502 Pendé 21 666 997 490 Total régional 62 576 307 211 Source : CPGRP 5%, 2013 GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014

34 Concernant les infrastructures, c’est en 2005 que les premiers investissements ont été réalisés. A l’époque, ces investissement ont soulevé assez de polémiques tant à cause de leurs choix par rapport aux priorités de la région que par leurs coûts. De cette période à juillet 2013, ce sont environ 62.579.307.210 francs CFA qui ont été consacrés aux investissements divers dans la région.

Ces montants sont répartis en infrastructures, en adduction d’eau, forages, la construction des écoles primaires et secondaires, des centres de santé, des hôpitaux de district, des marchés, etc. (Cf. graphique 2).

D’après le graphique 2 ci-dessous, l’investissement dans le secteur de l’éducation a absorbé 34% contre 22% pour la construction des marchés modernes, 17% pour l’électrification de quelques villes de la région productrice. Les secteurs de la santé et de l’hydraulique viennent en dernière position avec 12% et 14% respectivement. Il faut signaler cependant que les forages réalisés au sein des écoles primaires sont considérés ici comme des dépenses du secteur éducatif. Il en est de même pour les investissements en infrastructures destinées aux Centres de Lecture (CLAC).

Graphique 2: Répartition des allocations par secteur

35

Source : D’après le rapport d’activité 2013 du CPGRP.

De même, la composition des dépenses en eau potable dans la région productrice était constituée de 24 forages scolaires de 219 449 040 F.CFA (Cf. Graphique 3).

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Graphique 3: Répartition des forages scolaires par département

Source : D’après le rapport d’activité 2013 du CPGRP.

De plus, le secteur de l’énergie électrique qui a pris la troisième place concerne l’installation des réseaux électriques de cinq (5) principales villes de Bébedjia, Baïbokoum, Goré, Bodo et Béboto. Le montant total consacré à ces investissements s’élève à 8 245 748 320 F.CFA soit 13,24% du montant global des investissements6. Il est réparti selon le graphique suivant (Graphique 4).

36

6 Ce chiffre ne prend pas en compte l’électrification du centre de santé de Gaki à Doba, département de la Pendé. GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014

36 Graphique 4: Répartition des investissements en électrification des principales villes de la région

Source : D’après le rapport d’activité 2013 du CPGRP. Le plus remarquable des investissements réalisés sur les 5% est la construction des marchés et l’assainissement de ceux-ci. Les données disponibles révèlent que 5 427 940 349 F.CFA soit 8,70% du montant des investissements ont été consacrés à la construction de deux marchés modernes dans deux villes à savoir Doba (3 173 282 269 F.CFA) et Bébedja (2 254 658 080 F.CFA). La situation ci-dessus porte sur les allocations sectorielles prises globalement. Elle montre une disparité intersectorielle et départementale tant en termes de montants investis qu’en termes de secteur pris en compte. Pour mieux visualiser la situation intra-départementale, il importe d’aller un peu plus loin.

1.3. Présentation des allocations sectorielles par département Au niveau départemental, le secteur de l’éducation occupe également une place de choix. Il est suivi du secteur de la santé et de la construction des marchés modernes. Cependant, les marchés ne concernent que deux villes à savoir Doba et Bébedjia. 37 1.4. Situation des allocations sectorielles dans le département de la Pendé De manière générale, le département de la Pendé absorbe plus d’1/3 des investissements (34,72%) sur les 5%, loin devant les Monts de Lam (1/6ème), la Nya (16,51%) et le département de Kouh-Est (14,67%). La Nya-Pendé et Kouh-Ouest restent les orphelins avec 10,82% et 5,73% respectivement. On relèvera que les 21,667 milliards allant à ce département ont été investis dans les gros ouvrages à savoir la construction de l’hôpital régional (4,985 milliards de F.CFA), de l’université scientifique (3 ,335 milliards de F.CFA), le Marché moderne (3,173 milliards de F.CFA) et le stade omnisport (2,354 milliards de F.CFA) ainsi que l’Ecole Normale des Instituteurs (1,623 milliards de F.CFA). Ce qui place l’éducation en tête (38%) suivie de la santé (25%), de la construction des marchés (15%) et du stade omnisport (11%). GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014

37

Graphique 5: Répartition des investissements par secteur dans la Pendé

Source : D’après le rapport d’activité 2013 du CPGRP.

1.5. Situation des allocations sectorielles dans le département des Monts de Lam

C’est le deuxième département derrière la Pendé. Comme c’est le cas dans la Pendé, les investissements réalisés dans le département des Monts de Lam sont constitués essentiellement des écoles (45%), l’adduction d’eau (30%), l’électrification de la ville de Baïbokoum et la santé (12%) (Cf. Graphique 6).

Graphique 6: Répartition des investissements dans le département des Monts de Lam

38

Source : D’après le rapport d’activité 2013 du CPGRP.

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38 Ce sont en tout, un lycée moderne, 14 écoles primaires, 3 adductions d’eau potable et 4 centres de santé et un hôpital de district qui ont été construits au profit du département. A cela s’ajoutent l’extension du Lycée d’Italie de Baïbokoum et la réhabilitation de l’adduction d’eau potable de Baïbokoum. Il faut relever que les écoles d’Oudoumian et de Boro n’ont pas reçu d’équipements. De même, les forages réalisés dans les écoles de Mbaidogolo, Dolao, Koumao, Pandzangué, Manang, Mbaikoro et de Boi-Bessao n’ont pas donné de l’eau.

1.6. Situation des allocations sectorielles dans le département de la Nya-Pendé

Dans le département de la Nya-Pendé, l’éducation prend également le dessus avec 33% des allocations sur les 6 754 578 870 F.CFA investis dans le département. Là également, on dénombre la construction d’un nouveau lycée, huit écoles primaires, une adduction d’eau, trois centres de santé et un hôpital de district, la construction des bureaux et résidences du Préfet de Goré et du Sous-préfet de Yambodo ainsi que sept forages dans les écoles primaires. Le reste des investissements concernent la réhabilitation de l’adduction d’eau (Graphique 7) à Goré. Signalons que le marché de forage d’eau potable affecté à l’école primaire de Bekan en 2010 n’a pas été exécuté. De manière générale, Goré et Yamodo sont favorisés par rapport aux autres localités de la Nya-Pendé.

Graphique 7: Répartition des allocations sectorielles dans le département de la Nya-Pendé

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Source : Construit par l’auteur

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39 1.7. Situation des allocations sectorielles dans le département de la Nya

Avec ses 10 303 338 671 F.CFA d’investissement, le département de la Nya vient en quatrième position après le département des Monts de Lam. Ces investissements concernent en particulier, un marché moderne et l’électrification dans la ville de Bébedjia, 16 écoles primaires, trois centres de santé, un hôpital de district, 6 forages dans les écoles primaires 4 adductions d’eau potables et quelques travaux de clôture d’écoles, d’assainissement pluvial du marché de Bébedjia et l’achat de 132 tables-bancs (72,500 millions de F.CFA soit 549 242 F.CFA par table-banc). Il faut relever que 6 des écoles primaires construites et/ou réhabilitées ne sont pas équipées. Sur la base de ces répartitions, il ressort que la sous-préfecture de Miandoum reste le plus défavorisée tandis que celle de Béro n’a bénéficié d’aucun investissement. Le graphique 8 ci-dessous montre que Bébedjia reste en tête du peloton avec un taux d’investissement élevé dans tous les secteurs (Cf. Annexe 3).

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40 Graphique 8: Répartition des investissements par secteur et par sous-préfecture dans la Nya

Source : D’après le rapport d’activité 2013 du CPGRP.

Les gros montants relatifs à l’électrification et au marché moderne ont placé Bébedjia, chef- lieu du département de la Nya en tête de tous les autres départements.

1.8. Situation des allocations sectorielles dans le département de Kouh-Est

Dans ce département, 9 156 145 183 F.CFA soit, 14,63% ont été investis par le CPGRP. Il s’agit de la construction de 4 écoles primaires, d’un lycée, d’un hôpital de district, de l’électrification de Bodo, de 3 adductions d’eau potable, de la construction du bureau et de la résidence du Préfet de Bodo, de 2 centres de santé ainsi que de la clôture d’une école primaire. Les gros investissements sont réalisés essentiellement dans la ville de Bodo. Il s’agit 41 de l’hôpital de district, du lycée moderne et de l’électrification.

1.9. Situation des allocations sectorielles dans le département de Kouh-Ouest

Ce département a reçu 9,156 milliards de francs CFA d’investissements soit, 14,63% du total. Ces investissements se déclinent en deux écoles primaires à Baké et Dobiti et un centre de santé et l’électrification de la ville de Béboto. Aucun investissement n’a été réalisé dans les autres secteurs dans ce département (Graphique 9). Par ailleurs, l’école primaire de Békoura n’a pas été équipée tandis que l’hôpital de district de Béboto n’a pas été réceptionné définitivement.

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41 Graphique 9: Répartition des investissements dans le département de Kouh-Est

Source : D’après le rapport d’activité 2013 du CPGRP.

Section 2. Analyse de la répartition des allocations sur les 5% aux différentes localités de la région productrice

De 2005 à 2013, les montants des investissements réalisés sur les 5% ont été très volatiles. Les montants les plus élevés ont été consacrés en 2007 (12,654 milliards de FCFA), 2010 (12,817 milliards de F.CFA) et 2013 (11,042 milliards de F.CFA). Ces années fastes ont été suivies de 2008 et 2009 avec 8,687 milliards de F.CFA et 8,048 milliards de F.CFA respectivement. Ils ont drastiquement diminué en 2011 et 2012 en raison de la conjoncture internationale sur les marchés pétroliers (Graphique 10).

Graphique 10: Evolution des investissements des 5% de 2005 à 2013 42

Source : Construit par l’auteur

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42 Par ordre d’importance, les trois départements de la Pendé, Monts de Lam, Nya et Kouh-Est sont les plus privilégiés en termes d’investissement sur les 5% (Graphique 11).

Graphique 11: Répartition des investissements par département

Source : D’après le rapport d’activité 2013 du CPGRP.

Une analyse intra-régionale révèle de nombreuses disparités. Ainsi, les localités de Doba urbain, Bodo, Bébedjia, Baibokoum, Goré et Béboto viennent en tête tandis que Donia, Miandoum, Bekan, Baké et Dobiti sont les plus défavorisées (Graphique 12).

Graphique 12: Répartition des allocations par localités de la région productrice

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Source : D’après le rapport d’activité 2013 du CPGRP.

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43 Dans chacun des six départements, il apparait que Bébedjia dans la Nya est venu en tête avec 64% suivi de loin par Bédoni, 18%. Au niveau de Pendé, c’est Doba urbain qui prend la tête avec 82%. Dans le département de la Nya-Pendé, c’est Goré, 51% et Yamodo 33% qui sont venues en tête. A Kouh-Est, c’est Bodo (83%) qui est la plus favorisée tandis que le département de Kouh-Ouest a révélé une place d’honneur à Béboto avec 80% du montant total consacré audit département (Cf. Graphiques 13, 14, 15, 16, 17 et 18).

Graphique 13: Allocations dans le Graphique 17: Allocations dans le département de la Nya département de Kouh-Ouest

Graphique 14: Allocations dans les localités Graphique 18: Allocations dans les localités de la Pendé de Kouh-Est

44

Graphique 16: Allocation dans le département de la Nya-Pendé

Graphique 15: Allocation dans le département de la Nya-Pendé Graphique 19: Allocations dans le département des Monts de Lam GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014

44 Comme nous l’avions indiqué, environ 1 154 251 821 FCFA issus des fonds de 5% sont accordés en microcrédits aux petits producteurs de la région pour développer les activités génératrices de revenus. La section suivante permettra de présenter comment ces fonds sont répartis dans les différentes localités.

Section 3 : Présentation de la répartition des microcrédits dans la région productrice

Rappelons que c’est en 2011 que le CPGRP a commencé à accorder de microcrédits aux populations de la région productrice sur les fonds de 5%. Sur la période de 2011-2013, les données disponibles indiquent que, ce sont 69 millions qui ont été distribués en 2011 contre 1 149 390 000 FCFA en 2012 (Annexe 4). Comme on peut le constater, les montants des crédits accordés varient d’un département à l’autre comme le montre le graphique suivant (graphique 19).

Graphique 20: Répartition des crédits selon les départements

45

Source : CPGRP, 2013

Ce graphique montre que, par ordre d’importance, la Pendé, la Nya-Pendé et la Nya sont les départements les plus privilégiés en matière de crédits. Ces trois départements sont suivis des Département de Monts de Lam et de Kouh-Est. La situation à l’intérieur de chacun des six départements est plus inégale comme le montrent les graphiques 20 à 25. Ces graphiques font ressortir trois principales observations. Premièrement, alors que le département de la Pendé occupe la première place devant la Nya-Pendé en termes de

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45 montants de crédits distribués (374 492 400 FCFA contre 261 993 900 FCFA), il est déclassé par celui-ci en nombre de bénéficiaires (315 contre 296). Deuxièmement, les plus gros montants de crédits sont plutôt observés dans le département de la Nya-Pendé où le montant de crédits par canton varie de 15 800 000 FCFA à 80 580 000 FCFA.

46

1.1. Répartition interdépartementale des crédits

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Graphique 21: Répartition sectorielle dans le Graphique 23: Répartition sectorielle dans le département de la Nya département de la Nya-Pende

Graphique 22: Répartition sectorielle dans le Graphique 24: Répartition sectorielle dans le département de la Pendé département de la Kouh-Est 47

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Graphique 25: Répartition sectorielle dans le Graphique 26: Répartition sectorielle dans le département de la Kouh-Ouest département de la Monts de Lam

Troisièmement, enfin, les plus petits montants de crédits sont observés dans le département des Monts de Lam et dans deux cantons de la Pendé (Mongo et Koutoutou).

De manière générale, il existe une grande disparité en termes de montants de crédits distribués au sein des départements et des cantons. Certains cantons peu peuplés reçoivent de gros montants alors que d’autres abritant un grand nombre de populations reçoivent de faibles montants.

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Chapitre 4. Equité et durabilité des allocations et gestion des revenus issus des 5%

Le chapitre précédent fait ressortir que la répartition des fonds de 5% n’est pas basée sur un critère objectif. Il fait ressortir des problèmes d’équité géographique et intersectorielle. Il s’agit d’aborder dans ce chapitre, les deux aspects de la question.

Section 1. Analyse de l’équité géographique et intersectorielle de l’allocation et de la gestion des revenus

Pour mieux cerner cette analyse, il conviendrait de distinguer ici l’équité géographique de l’équité intersectorielle dans la répartition des revenus pétroliers affectés à la région productrice du Logone Oriental.

1.1. Analyse de l’équité régionale

En termes d’équité régionale la répartition des 5% inégalement répartie à l’intérieur des différents départements, sous-préfectures et cantons. Les villes sont les mieux loties que les autres localités. Il en est ainsi de Doba-Urbain, Bodo, Bébedjia et Baïbokoum qui ont reçu à elles seules 61,58% des revenus totaux affectés à la région. De même, certains départements ont reçu plus d’investissements que d’autres. Il en est ainsi de la Pendé (34%), de la Nya (17%) et des Monts de Lam (17%) qui ont cumulé à eux seuls, 69% des 62 576 307 211 de francs CFA consacrés à l’investissement dans la région productrice.

On relèvera par ailleurs que les différents types d’investissements à savoir, les forages scolaires, les infrastructures scolaires, sanitaires et des adductions d’eau sont également inégalement réparties. Il en est de même pour les crédits commerciaux accordés aux 49 populations bénéficiaires pour créer des activités génératrices de revenus.

On remarquera que les grosses infrastructures sont essentiellement concentrées dans le chef- lieu de la région (Doba). Il en est ainsi de l’hôpital régional, de l’université scientifique, de l’ENI, du stade omnisport, des marchés modernes, des gares routières et des aménagements des rues.

En ce qui concerne les microcrédits, la situation n’est pas différente des autres. En l’absence d’une clé de répartition objective et claire, certaines localités ont reçu plus d’argent que d’autres. Il en est ainsi de la Pendé, de la Nya-Pendé et de la Nya suivies de très loin par les

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49 Monts de Lam. Les départements de Kouh-Est et Kouh-Ouest tiennent la queue. De plus, les populations des grandes agglomérations sont privilégiées au détriment des populations riveraines des installations pétrolières qui subissent et ressentent directement les impacts des activités pétrolières dans leur vécu quotidien. Le tableau suivant (Graphique 26) présente les disparités en matière de répartition des crédits.

Graphique 27: Répartition des crédits par département

Source : CPGRP, 2013

Cette situation est également observée lorsqu’on examine l’équité intersectorielle.

1.2. Analyse de l’équité intersectorielle.

Selon les secteurs, on a observé que les infrastructures ont absorbé plus de 76,96% des 50 ressources allouées à la région. Les champs écoles 900.000.000 francs CFA (1%) et les microcrédits ont reçu 4.530.000.000 francs CFA dont 2.835. 603.400 francs CFA soit 3,5% effectivement distribués, les fonds de solidarité ont reçu 1.000.000.000 de francs CFA, soit 1% seulement de l’ensemble des allocations. Le graphique suivant met en évidence la proportion des fonds de 5% investis dans les projets à caractères socioéconomiques (graphique 27).

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50 Graphique 28: Part des investissements socioéconomiques dans les dépenses des 5%

Mais de façon intra-sectorielle, la répartition des investissements socioéconomiques est disproportionnelle. Les infrastructures occupent une grande place, loin devant tous les autres types d’investissements (graphique 28).

Graphique 29: Composantes des investissements à caractère socioéconomiques dans la région productrice

Champs écoles Fonds de 1% solidarité 2% 7 Microcrédits 4% 51

Infrastructures 93%

Source : CPGRP, 2013

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51 De manière générale, une part importante des investissements est allée aux infrastructures éducatives à 34,85%. Les dépenses en santé et en eau potable sont venues très loin avec 18,36% et 16,74% des dépenses respectives. Relevons tout de même que les infrastructures électriques et les marchés modernes ont reçu une part non négligeable de revenus (21,94%). Il en est de même pour les infrastructures administratives (3,97%).

Section 2. Efficacité des allocations et durabilité des infrastructures réalisées

En terme d’efficacité et d’efficience, on notera tout d’abord que l’utilisation des revenus pétroliers n’a pas acquis l’unanimité au sein de la population bénéficiaire locale, ni de la classe politique et des intellectuels et acteurs de la région. Dans le cadre de ce rapport, il serait ambitieux de faire une analyse d’efficacité et d’efficience pertinente de la gestion de ce fonds. Cependant, les informations disponibles permettent de tirer quelques leçons utiles en termes d’efficacité et de durabilité, du moins, pour certains aspects de cette dépense.

2.1. Efficacité des investissements sur les 5%

Par définition, l’efficacité représente l’écart entre les résultats prescrits et les résultats atteints. En ce qui concerne les revenus affectés à la région productrice, l’analyse des données actuelles montre une efficacité relativement faible à la fois en termes des résultats attendus de la dépense (impacts) et de la définition et choix d’investissements.

En ce qui concerne les impacts, il conviendrait de dire que malgré leur caractère modeste, les fonds de 5% représentent tout de même une manne pour la région. Cependant, alors que quelques infrastructures ont été implantées dans les différentes localités de la région, les populations ressentent faiblement les impacts. Plusieurs facteurs l’expliquent.

Premièrement, les infrastructures réalisées ne répondent pas aux priorités des populations. Selon les résultats des entretiens avec les différents acteurs, selon que l’on demande aux 52 autorités locales ou aux populations, le choix de ce qui parait être prioritaire n’est pas le même (Référence). Alors que les populations d’une ville ou d’un village aimeraient avoir de l’eau potable, les autorités et les autres choisiraient la construction d’un marché moderne (cas de Doba et Bébedjia) ou d’une école/dispensaire.

Deuxièmement, la plupart des hôpitaux, des centres de santé et d’écoles construits sur le fonds de 5% ne sont ni équipés ni opérationnels (Références). Beaucoup d’infrastructures hydrauliques réalisées tombent en panne peu de temps après leur mise en place. Pire, certaines d’entre elles fournissent une eau de mauvaise qualité. Ainsi faute d’analyse systématique de la

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52 qualité de l’eau avant leur mise en service, certains forages peuvent créer des problèmes de santé.

Sur la base des données que nous avons recueillies sur le terrain, il est ressorti que certains hôpitaux ne répondent aucunement aux normes en la matière. Des salles en forme de magasins sont construites puis réaménagées pour faire office de salle d’opération ou de chirurgie alors même que de telles salles devraient respecter au départ des normes spécifiques. Beaucoup de localités manquent d’eau potable et leurs populations continuent de boire l’eau des marres alors que des dépenses de prestige sont opérées sur les 5% (Cf. Figures 1 et 2).

Photo 1 et 2 : Populations de Béro (à gauche) et Miandoum (à droite) à la recherche de l’eau

A voir ces femmes et enfants se livrer à la consommation de l’eau impropre, il apparait inconcevable qu’un marché soit construit et abandonné en pleine brousse comme c’est le cas dans la figure 3.

53

Photo 3 et 4 : A gauche, les élèves de l’école officielle de Boro en récréation et à droite, le marché

de Madana inutilisé depuis sa construction.

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En ce qui concerne les microcrédits accordés sur les 5%, il est également ressorti que, tant le processus que le mécanisme d’octroi ne favorise par l’atteinte des populations les plus vulnérables. Une étude menée par l’Association pour la Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad (APLFT) en 2013, a montré que la complexité des procédures d’accès et le clientélisme qui entoure l’octroi de ces crédits ont contribué à en exclure une grande partie des personnes vulnérables. Même s’ils sont octroyés sur la base des études de dossiers, les crédits jusque-là distribués semblent ne pas contribuer véritablement à l’atteinte des résultats attendus de cette initiative qui vise à promouvoir les activités génératrices de revenus pour lutter contre la pauvreté. Beaucoup de personnes qui empruntent ces fonds l’investissent dans les achats-ventes des produits céréaliers et autres produits vivriers. Très peu de bénéficiaires l’ont investi dans une véritable capacité de productions maraichères, ou agricoles. Pourtant, avec la disponibilité de l’université et de l’usine de production de jus de fruits dans la région, on s’attendrait à une forte demande de fruits pour l’usine et des produits alimentaires pour alimenter le restaurant universitaire.

Le secteur de PMI et notamment de la transformation reste mal perçu faute d’orientation politique et d’encadrement des bénéficiaires dont certains accèdent au crédit mais ne savent pas trop comment les utiliser pour générer des bénéfices nécessaires aux remboursements subséquents. Au stade actuel, on dénombre 2.388 projets financés de (2007 à 2013) pour un montant total de 2.835.603.400 francs CFA. Mais seulement 692 150 532 francs CFA ont été remboursés (23,70%) avec un taux d’intérêt de 3%, rapportant des intérêts de 85.068.102 francs CFA. Les encours impayés sont encore évalués à 2.228. 520. 970 francs CFA.

Pour les responsables du CPGRP, le faible remboursement des crédits ainsi distribués est dû à la mauvaise influence qu’exercent certains cadres et hommes politiques de la région sur les bénéficiaires. Ces derniers auraient dit aux bénéficiaires de ne pas rembourser les crédits car, c’est leur part de pétrole.

Globalement, l’efficacité et les impacts de l’utilisation actuelle des fonds pétroliers restent un 54 sujet de préoccupation. Car, après dix ans d’exploitation du pétrole, le Logone Oriental figure parmi les régions les plus pauvres du pays (Batha, Chari Baguirmi, Ouaddaï, , Lac, Logone Oc. Guéra, etc.). Les 5% sont une manne mais, ils sont loin de répondre aux immenses besoins de la région. Car, sur plus de 1027 villages que compte la région productrice, à peine 3% ont bénéficié des investissements issus des 5%.

Il importe donc qu’une réflexion profonde soit entreprise pour rectifier les erreurs. Les acteurs doivent prendre au sérieux les critiques et recommandations du forum multi-acteurs organisé à Bébedjia du 3 au 4 octobre 2013 à l’occasion des 10 années de l’exploitation du pétrole.

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54 2.2. Analyse de la durabilité des infrastructures réalisées

En termes de durabilité, les infrastructures réalisées sur les fonds de 5% ainsi que celles réalisées sur les autres ressources au plan national restent un sujet de grande préoccupation. De nombreuses infrastructures présentent des fissures alors même qu’elles viennent d’être mises en place. Les rapports du Collège de contrôle ont mis en évidence que des constats de mal façon ont été faits mais aucune mesure corrective rigoureuse n’a été prise pour améliorer les autres infrastructures.

Sur ce point, nous recommanderons une étude de terrain pour bien apprécier la durabilité et la pérennité des actions mises en œuvre jusque-là avec les fonds des 5%.

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56 Conclusion

L’exploitation du pétrole de Doba a eu de nombreuses retombées sur la région et sur l’ensemble du territoire dans la mesure où les ressources générées ont permis de mettre en place de nombreuses infrastructures socioéconomiques pour lutter contre la pauvreté.

La région du Logone Oriental est l’une des plus chanceuses à recevoir les 5% représentant plus de 81 milliards de francs CFA investi çà et là dans des projets et infrastructures à caractère social et économique.

Cependant, la gestion de ce fonds ne s’est pas faite sans critiques dont certaines s’ajoutent à notre propre constat de terrain pour attirer notre attention.

Premièrement, les dépenses actuelles ne s’inscrivent pas véritablement dans les priorités locales. Des besoins importants en eau potable et de médicaments alors que des marchés et des stades ont été construits çà et là. Alors que les investissements sur les fonds de 5% semblent se substituer aux investissements de l’Etat dans la région, une ponction a été faite sur les 5% pour construire des bureaux et résidences des autorités administratives qui sont des représentants de l’autorité centrale.

Deuxièmement, les dépenses sur les 5% sont constituées essentiellement des investissements en infrastructures. Malgré leur importance économique, ces investissements risquent de devenir une véritable occasion de rechercher de la rente pour les acteurs. De plus, le fait que les marchés de ces infrastructures soient attribués de la capitale peut aggraver la corruption et amoindrir le contrôle local des réalisations.

Troisièmement, on observe que les dépenses sur les 5% ont tendance à privilégier les villes au détriment des campagnes avec des déséquilibres importants entre les différentes localités. De ce fait, les populations riveraines et les producteurs ruraux de la région ne ressentent pas 57 l’impact des 5%. Il est donc nécessaire que des critères objectifs, tenant compte des besoins existant et du nombre de populations, soient retenus afin de corriger les inégalités observées.

Quatrièmement, il est à observer une tendance actuelle à l’abus dans le recours au fonds de solidarité (dixit CPGRP) alors que ce fonds ne devrait être utilisé qu’en cas de situation d’urgence.

D’une manière générale, les 5% ont des retombées positives dans le domaine des infrastructures routières, de l’hydraulique pastorale et villageoise au niveau régional. Mais ces efforts restent mitigés en raison de la non-implication des bénéficiaires dans la préparation et

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57 la mise en œuvre des projets ; ce qui aboutit à des oublis importants, des insuffisances et la non utilisation immédiate des ouvrages. De nombreuses faiblesses sont apparues en matière de planification et gestion des fonds et de leurs impacts au niveau régional à long terme

Il est difficile d’observer des impacts positifs significatifs des retombées des investissements des 5% dans la vie des populations locales après ces dix années d’exploitation pétrolière comme l’ont relevé certains acteurs du projet pétrole. Mais le problème de la gouvernance doit être réexaminé avec sérénité en vue de la prise en compte des activités réalisées par le CPGRP dans le financement par les ressources pétrolières des investissements afin que ces fonds soient une véritable opportunité de développement au niveau local.

De ce qui précède, il est important de présenter quelques éléments de recommandations en vue d’améliorer la gestion de ce fonds.

 Recommandations Ces recommandations s’adressent aussi bien au Gouvernement qu’au CPGRP et aux autorités société civile et autres acteurs.

 Au Gouvernement de :  Faire bénéficier à la région productrice des 50% de revenus pétroliers affectés aux investissements des secteurs prioritaires au même titre que les autres régions du pays ;  Veiller à ce que les ressources pétrolières soient réparties de manière juste et équitable dans toutes les régions du pays ;  Ne pas s’immiscer dans l’attribution des marchés financés par les 5% et laisser les populations choisir les projets qu’elles jugent vraiment prioritaires ;

 Au CPGRP de :  Privilégier les entrepreneurs locaux qui ont fait leurs preuves dans la réalisation des infrastructures socioéconomiques dans l’attribution des marchés ; 58  Prioriser les localités les plus affectés par les effets négatifs du projet pétrole dans la programmation et l’octroi des crédits et des subventions ;  Assurer la répartition équitable des réalisations dans tous les départements de la zone pétrolière ;  Impliquer davantage les populations bénéficiaires dans l’identification, le choix, la réalisation et le suivi des projets à réaliser ;  Réactualiser et mettre en application le Plan de Développement Régional (PDR) du Logone Oriental qui souffre dans les tiroirs ;  Appuyer les communautés à l’élaboration de leurs Plans de Développement Local pour qu’ils constituent un cadre d’investissements dans leurs localités;

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58  Informer régulièrement les populations bénéficiaires des différents flux de revenus encaissés et dépensés en vue de dissiper les spéculations ;  Privilégier les petits ouvrages comme les petits ponts, les forages d’eau, les pistes rurales pour désenclaver les grands centres de production ;  Former et impliquer les bénéficiaires dans la réalisation, la gestion et le suivi des ouvrages en mettant à leur disposition les contrats des marchés et les plans d’exécution;  Accorder sans discrimination et esprit partisan, les microcrédits en respectant la stratégie nationale de la micro finance validée ainsi que le manuel de procédure de micros crédits de CPGRP;  S’investir dans le développement rural en accompagnant les filières porteuses à la production, au stockage et à la commercialisation de ces produits qui constituent une alternative au coton ;  Elaborer les modalités de gestion des fonds de solidarité afin d’éviter les situations conflictuelles dans les communautés.

 Aux autorités administratives et locales  Créer des comités de suivi pour prendre contact avec les entrepreneurs chargés d’exécuter la réalisation des infrastructures financés sur les 5% ;  Exiger du CPGRP des informations sur la nature des infrastructures et le délai d’exécution et veiller au respect et à l’application des textes et procédures administratives concernant CPGRP 5% en vigueur ;  Veiller à la pérennisation des acquis des projets financés sur les 5%.

 Aux organisations de la société civile et aux ONG de développement de la région du Logone Oriental  Former les populations de la région en général et encadrer plus particulièrement les femmes dans les techniques de transformation des produits locaux et leur apporter des financements conséquents pour générer ces activités ; 59  Apporter un appui conséquent aux associations féminines dans la création et la gestion des activités génératrices de revenus ;

 Au GRAMP/TC  De multiplier des foras, appui-conseils et accompagnements en vue de contribuer à renforcer la capacité des acteurs de développement de la région ;  Contribuer à la bonne gestion des 5% par des appuis-conseils au CPGRP.

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Bibliographie

1. Ministère de Finances et du Budget, Loi de finances rectificatives, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 ; 2. Collège de Control et de Surveillance des Revenus Pétroliers : Rapports annuels 2004, 20052006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012 ; 3. Comité Provisoire de Gestion des 5% de revenus Pétroliers affectés à la région productrice : Rapports d’activités 2011, 2012 ; 4. Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques, Mars 2013, Profil de Pauvreté au Tchad en 2011 ; 5. ITIE- Tchad, Octobre 2012, Rapport de l’Administrateur indépendant de l’ITIE pour les revenus de l’année 2007 ; 6. ITIE- Tchad, Octobre 2012, Rapport de l’Administrateur indépendant de l’ITIE pour les revenus de l’année 2008 ; 7. ITIE- Tchad, Octobre 2012, Rapport de l’Administrateur indépendant de l’ITIE pour les revenus de l’année 2009 ; 8. ITIE- Tchad, Mai 2013, Rapport de l’Administrateur indépendant de l’ITIE pour les revenus de l’année 2010 ; 9. ITIE- Tchad, Mai 2013, Rapport de l’Administrateur indépendant de l’ITIE pour les revenus de l’année 2011 ; 10. Présidence de la République du Tchad, 1999 ; Loi 001/PR/99 du 11 janvier 1999, portant gestion des revenus pétroliers ; 11. Présidence de la République du Tchad, 1999 ; Loi 002/PR/2006 du 11 janvier 2006, modifiant la loi 001/PR/99, portant gestion des revenus pétroliers.

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ANNEXES

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61 Annexe 1 : Situation globale des investissements dans la région productrice du Logone Oriental sur la période 2004-2013

Total général Adduction Forage Infrastructures Sous-Préfecture Santé Marché Electricité Transports Sports Education par sous- d'eau potable école administratives préfecture

Bébedjia 0 0 914033576 2254658080 0 1770769173 0 0 1 631 902 965 6 571 363 794

BEBONI 476748591 36574840 228169942 0 0 0 0 0 1 117 291 927 1 858 785 300

KOME NDO 517085098 9143710 114084971 0 0 0 0 0 189 016 951 829 330 730

MBIKOU 476748591 9143710 0 0 0 0 0 0 189 016 951 674 909 252

MIANDOUM 0 9143710 0 0 0 0 0 0 359 805 885 368 949 595

Total département de la Nya 1 470 582 280 64 005 970 1 256 288 489 2 254 658 080 - 1 770 769 173 - - 3 487 034 679 10 303 338 671

DOBA URBAIN 491 297 361 - 4 984 613 780 3 173 282 269 498 194 032 17 554 223 6 742 725 2 354 000 000 6 145 955 151 17 671 639 541

DOBA RURAL - 9 143 710 139 016 587 - - - - - 1 108 179 375 1 256 339 672

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62 MADANA 748 682 000 ------186 314 055 934 996 055

KARA 801 824 594 9 143 710 291 377 847 - - - - - 701 676 071 1 804 022 222

Total département de la Pendé 2 041 803 955 18 287 420 5 415 008 214 3 173 282 269 498 194 032 17 554 223 6 742 725 2 354 000 000 8 142 124 652 21 666 997 490

BAIBOKOUM 1 948 608 086 9 143 710 977 216 484 - - 1 336 444 401 - - 2 313 759 668 6 585 172 349

LARAMANAYE 670 971 350 27431130 123330302 - - - - - 802922723 1 624 655 505

BESSAO 688 718 000 18 287 420 123 330 302 - - - - - 596 594 739 1 426 930 461

MBAIKORO - 18 287 420 114 084 991 - - - - - 1 174 199 775 1 306 572 186

Total Monts de Lam 3 308 297 436 73 149 680 1 337 962 079 - - 1 336 444 401 - - 4 887 476 905 10 943 330 501

GORE 4 779 000 18 007 250 795 617 358 - 697 290 331 1 335 845 124 - - 585 965 685 3 437 504 748

GORE RURAL - 18 007 250 119 628 939 - - - - - 390 643 790 528 279 979

DONIA - 9 003 625 119 628 939 - - - - - 165 203 387 293 835 951

YAMBODO 740 819 340 9 003 625 - - 509 116 131 - - - 942 183 145 2 201 122 241

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63 BEKAN - 9 003 625 119 628 939 - - - - - 165 203 387 293 835 951

TOTAL NYA PENDE 745 598 340 63 025 375 1 154 504 175 - 1 206 406 462 1 335 845 124 - - 2 249 199 394 6 754 578 870

BODO 1 510 115 176 - 1 362 890 922 - 772 121 042 1 893 012 179 - - 2 060 873 190 7 599 012 509

BEDJO 625 084 171 ------186 807 795 811 891 966

BETI 745 240 708 ------745 240 708

TOTAL KOUH-EST 2 880 440 055 - 1 362 890 922 - 772 121 042 1 893 012 179 - - 2 247 680 985 9 156 145 183

BAKE 0 - 0 - - - - - 366019400 366 019 400

BEBOTO - - 933 029 915 - - 1 910 510 388 - - - 2 843 540 303

DOBITI ------367357310 367 357 310

TOTAL KOU-OUEST 0 - 933029915 - - 1 910 510 388 - - 733 376 710 3 576 917 013

TOTAL GENERAL 10 446 722 066 218 468 445 11 459 683 794 5 427 940 349 2 476 721 536 8 264 135 488 6 742 725 2 354 000 000 21 746 893 325 62 401 307 728

GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014

64 Annexe 2 : Répartition des investissements par département et par sous-préfecture

Départements Sous-préfectures Montants En % Nya Bébedjia 6 749 363 273 64,39% Bédoni 1 858 785 302 17,73% KOME NDO 829 330 730 7,91% MBIKOU 674 909 252 6,44% Miandoum 368 949 595 3,52% Total Bébedjia 10 481 338 152 100,00% Pendé Doba Urbain 17 671 639 541 81,56% Doba rural 1 256 339 672 5,80% Madana 934 996 055 4,32% Kara 1 804 022 222 8,33% Total Pendé 21 666 997 490 100,00% Monts de Lam Baibokoum 6 585 172 349 60,19% Laramanaye 1 624 655 506 14,85% Bessao 1 426 930 461 13,04% Mbitoye 0 0,00% Mbaikoro 1 303 572 186 11,92% Total MDL 10 940 330 502 100,00% Nya-Pendé Goré 3 437 504 748 50,89% Goré rural 528 279 979 7,82% Donia 293 835 951 4,35% YAMBODO 2 201 122 241 32,59% Bekan 293 835 951 4,35% Total Nya-Pendé 6 754 578 870 100,00% Kouh-Est Bodo 7 599 012 509 82,99% BEDJO 811 891 966 8,87% BETI 745 240 708 8,14% Total Kouh-Est 9 156 145 183 100,00% Kouh-Ouest Baké 366 019 400 10,23% BEBOTO 2 843 540 303 79,50% DOBITI 367 357 311 10,27% Total Kouh-Ouest 3 576 917 014 100,00% Total régional 62 576 307 211 100,00%

GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014 65 Annexe 3 : Tableau récapitulatif des crédits accordés entre 2011 et 2012

Années Nombre Montant reçus Intérêts Apports des bénéficiaires 2011 7 19 000 000 570 000 800 000 2012 198 206 360 000 6 190 800 10 383 570 Total Nya 205 225 360 000 6 760 800 11 183 570 2011 12 20 000 000 600 000 1 000 000 2012 284 228 280 000 6 611 400 11 866 000 Total Pendé 296 248 280 000 7 211 400 12 866 000 2011 4 8 000 000 240 000 200 000 2012 311 233 280 000 6 998 400 13 475 500 Total Nya-Pendé 315 241 280 000 7 238 400 13 675 500 2011 8 14 000 000 420 000 425 000 2012 190 171 400 000 5 142 000 8 784 000 Total Kouh-Est 198 185 400 000 5 562 000 9 209 000 2011 1 1 500 000 45 000 75 000 2012 131 118 800 000 3 564 000 6 050 000 Total Kouh-Ouest 132 120 300 000 3 609 000 6 125 000 2011 3 6 500 000 195 000 290 000 2012 215 191 270 000 5 522 100 2 700 000 Total Monts de Lam 218 197 770 000 5 717 100 2 990 000 Total général 2011 35 69 000 000 2 070 000 2 790 000 Total général 2012 1 329 1 149 390 000 34 028 700 53 259 070 TOTAL REGIONAL 1 364 1 218 390 000 36 098 700 56 049 070 2011-2012

GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014 66 Annexe 4 : Tableau synoptique des crédits accordés par canton et département

Canton Nombre Montant reçus Intérêts Apports des Total bénéficiaires Bébedja 59 56 410 000 1 692 300 2686070 60 788 370 Komé 29 23 850 000 715 500 1192500 25 758 000 Béro 28 45 400 000 1 362 000 1295000 48 057 000 Miandoum 24 19 600 000 588 000 1030000 21 218 000 Beboni 19 25 800 000 774 000 1290000 27 864 000 Mbikou 39 35 300 000 1 059 000 1890000 38 249 000 total Nya 198 206 360 000 6 190 800 9383570 221 934 370 Doba Commune 146 123 040 000 3 691 200 6 594 000 133 325 200 Doba Canton 28 22 650 000 679 500 1 315 000 24 644 500 Nassian 16 15 500 000 465 000 860 000 16 825 000 Mbaibombaye 25 18 950 569 1 010 000 1 029 519 Mbeuri 19 20 400 000 612 000 945 000 21 957 000 Kara 33 21 740 000 652 200 1 137 000 23 529 200 Mongo 8 7 400 000 222 000 370 000 7 992 000 Koutoutou 9 5 700 000 171 000 285 000 6 156 000 Nankessé 12 115 500 000 3 465 000 570 000 119 535 000 Total Pendé 296 331 948 950 9 958 469 13 086 000 354 993 419 Goré 112 80 580 000 2 417 400 5 025 500 88 022 900 Timbéri 46 35 000 000 1 050 000 1 815 000 37 865 000 Kabarouanga 45 42 400 000 1 272 000 2 140 000 45 812 000 Békan 54 37 100 000 1 113 000 2 080 000 40 293 000 Yambodo 21 15 800 000 474 000 790 000 17 064 000 Donia 37 30 400 000 912 000 1 625 000 32 937 000 Total Nya-Pendé 315 241 280 000 7 238 400 13 475 500 261 993 900 Bodo 35 35 200 000 1 056 000 1 819 000 38 075 000 Bepara 16 19 900 000 597 000 970 000 21 467 000 Bembaitada 11 8 800 000 264 000 405 000 9 469 000 Takapti 15 12 500 000 375 000 730 000 13 605 000 Bekpnda 15 10 300 000 309 000 540 000 11 149 000 Béti 75 56 050 000 1 681 500 2 887 500 60 619 000

GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014 67 Bedjo 23 28 650 000 859 500 1 432 500 30 942 000 Total Kouh-Est 190 171400000 5142000 8784000 185 326 000 Béboto 69 64 900 000 1 947 000 3 405 000 70 252 069 Baké 45 38 300 000 1 149 000 1 885 000 41 334 045 Dobiti 18 17 100 000 513 000 805 000 18 418 018 Total Kouh-Ouest 132 120 300 000 3 609 000 6 095 000 130 004 132 Baibokoum 22 21 670 000 650 100 - Mbaissaye 4 3 500 000 105 000 Bidanga 5 4 400 000 132 000 Baikoro 11 6 700 000 201 000 Miladi 20 29 600 000 888 000 Boro 15 10 600 000 318 000 Boi Bessaou 12 12 600 000 378 000 Bessaou 25 17 400 000 522 000 Gadjibian 13 10 700 000 321 000 Oudoumian 6 5 300 000 159 000 Laramanaye 15 16 200 000 486 000 Pao 13 11 000 000 330 000 Pandzangué 11 7 300 000 219 000 Loumbogo 13 8 400 000 252 000 Mbouroum 6 8 000 000 240 000 Andoum 24 17 900 000 537 000 Total Monts de Lam 215 191 270 000 5 738 100 Total régional 1 346 1 262 558 950 37 876 769 50 824 070 1 154 251 821

GRAMPTC, Dix ans de gestion des 5% de revenus pétroliers destinés à la région productrice de Doba : Etat des lieux, leçons apprises et perspectives, Rapport d’étude-OGRP, Série Economique, Mars 2014 68 Annexe 5 : Récapitulatif des crédits distribués entre 2011 et 2012

Années Nombre Montant de Intérêts Apports des crédits bénéficiaires Nya 205 225 360 000 6 760 800 11 183 570 Pendé 296 248 280 000 7 211 400 12 866 000 Nya-Pendé 315 241 280 000 7 238 400 13 675 500 Kouh-Est 198 185 400 000 5 562 000 9 209 000 Kouh-Ouest 132 120 300 000 3 609 000 6 125 000 Monts de Lam 218 197 770 000 5 717 100 2 990 000 Total général 2011 35 69 000 000 2 070 000 2 790 000 Total général 2012 1 329 1 149 390 000 34 028 700 53 259 070 Total général 2011-2012 1 364 1 218 390 000 36 098 700 56 049 070 Source : CPGRP, 2012

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1. GROUPE DE RECHERCHE ALTERNATIVES ET DE MONITORING DU PROJET PETROLE TCHAD-CAMEROUN (GRAMPTC) 1. Identité organisationnelle Le Groupe de Recherches Alternatives et de Monitoring du projet Pétrole Tchad-Cameroun (GRAMPTC) est une association sans but lucratif, créée le 21 août 2001 et autorisée à fonctionner par le ministère de l’Intérieur le 05 décembre 2001 sous le folio N°1226. C’est une organisation non gouvernementale de la société civile. Sa création intervient dans le contexte de l’exploitation du pétrole de Doba.

1.1. Vision et buts de mission Faire de la Recherche-Action pour le développement économique, social et humain durable grâce à l’exploitation rationnelle des ressources naturelles. Le GRAMP-TC veut contribuer à la promotion d’une gouvernance responsable dans les affaires publiques ainsi qu’à la gestion transparente et équitable ainsi qu’à une meilleure allocation des ressources nationales afin d’assurer le développement humain et social durable du Tchad.

1.2. Objectifs stratégiques Le GRAMPTC se fixe comme objectifs stratégiques de : . Contribuer à la transparence et à la bonne gouvernance au Tchad, notamment dans la gestion des ressources nationales en général et les revenus pétroliers en particulier. . Assurer le Monitoring des impacts sociaux, économiques et environnementaux des projets de développement en général et d’industries extractives en particulier . Mener des études et recherches sur l’impact des politiques publiques et celles touchant les personnes démunies en vue de fournir une base de données objectives pour servir de support de plaidoyer aux autres OSC nationales ; . Collecter, traiter, analyser et disséminer les informations relatives à la gestion des ressources budgétaires en vue de susciter la participation et le contrôle citoyen dans la gestion des ressources publiques ; . Apporter des conseils et appuis techniques aux acteurs locaux concernés par le projet pétrole et aux autres Organisations de la Société Civile de base. . Faire le Lobbying et le Plaidoyer pour influencer les politiques et pratiques en vue d’une exploitation responsable des ressources naturelles et gestion équitable des revenus qui en découlent

2. Réseautage et partenariats du GRAMPTC Le GRAMPT fait partie d’un vaste réseau international et national. Il a des partenaires techniques, financiers et institutionnels tant privés que publics.

2.1. Niveau international Le GRAMPTC fait partie d’un vaste réseau international des organisations qui œuvrent pour la transparence des industries extractives, la transparence budgétaire et la gouvernance des revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles. A ce titre, il est membre de la Coalition internationale « Publiez Ce Que Vous Payez » qui regroupe aujourd’hui plusieurs coalitions nationales sur les différents continents. Il est également membre fondateur du Mouvement mondial sur la Gestion Transparence, Responsable et Participative des budgets publics. Enfin, le GRAMPTC est membre de l’Association ITIE (Initiative de Transparence des Industries Extractives)

2.2. Niveau national Le GRAMPTC est le « think thank » ou « Laboratoire d’idées » des organisations de la société civile qui œuvre pour la gestion responsable et durable des ressources naturelles. Ses principaux partenaires sont les réseaux des Commissions Permanentes Pétroles (CPP), les organisations communautaires de base. Il a également développé un réseau des Comités de Suivi Budgétaires (CSB) qui sont présents dans dix des vingt et trois régions administratives du Tchad. Pour accompagner les communautés riveraines à exiger le respect de leurs droits et penser leur développement à long terme, le GRAMPTC a mis en place un réseau des Leaders Communautaires Para-Juristes (LCPJ) avec des représentants présents dans les différents sites pétroliers et miniers. Ces derniers travaillent avec les membres des Cadres d’Action pour le développement durable et la défense des intérêts des populations riveraines des sites extractifs (CADDIPOR).

3. Partenaires stratégiques du GRAMPTC Il s’agit des partenaires financiers et techniques qui soutiennent ses programmes et projets. Il y a également les partenaires institutionnels tels que le Ministère de l’Energie et du Pétrole (MEP), le Ministère des Finances et du Budget (MFB), le Ministère de l’Environnement et des Ressources Halieutiques (MERH), le Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération Internationale (MEPCI), l’Assemblée Nationale (AN), le Collège de Contrôle et de Surveillance des Ressources Pétrolières (CCSRP), le Comité Provisoire de Gestion des Revenus Pétroliers (CPGRP), les Universités et autres instituts de recherches.