De Mogador à : Genèse d’une ville Une ville ancienne est un corps vivant, modelé par une multitude de générations.

Mina El-Mghari IURS Université Mohammed V, , Maroc

Situation et environnement Mogador, plus connue aujourd’hui sous le nom d’Essaouira1 ou Swira, est située sur la côte atlantique, au sud-ouest du Maroc, dans la région de Haha. La ville d’Essaouira, ex-Mogador, s’élève sur une pointe rocheuse avancée dans la mer. Grâce aux contours de ses rivages, une rade naturelle présentant des profondeurs assez importantes permet un accostage sûr durant toutes les saisons de l'année. A 1500m du rivage, se trouve la grande île de Mogador (périmètre :1800m. et hauteur : 29m). Ouverte sur l’océan, Essaouira s’élève blanche et haute au milieu d’une vaste lande de sable. Elle se trouve ainsi « entourée d’un double océan constitué d’eau et de sable »2. Mogador : histoire d'un toponyme Le toponyme de Mogador nous est parvenu sous plusieurs formes : Mogodor, Mongador, Mougador, Mougadouro, Mogadou, Mogader, … Certains auteurs ont vu dans ce mot une très ancienne transcription portugaise ou espagnole d’un vieux toponyme berbère. S’agit-il de (mougadir? Littéralement entouré de murailles). C'est sur les anciennes cartes, comme la carte pisane de 1311, que l'on rencontre cette transcription. Les écrits arabes, dès le Moyen Age, nous informent de Amgdoul. Ainsi, Al Bekri3et Al Idrissi qui ont essayé de tracer dans leurs descriptions un certain nombre d’itinéraires reliant l’intérieur du Maroc à l’océan, citent le mouillage de Amgdoul/Megdoul. Amgdoul/Megdoul est aussi le nom attribué au saint patron de Mogador dans la région du village Dyabat. Ce toponyme a suscité plusieurs interprétations. Quelques investigations dans ce sens permettent d'approcher sa signification. Les habitants n'arrivent pas vraiment à définir qui était Sidi Megdoul. Pour quelques-uns il s'agit d'un navigateur étranger, un Portugais ou un Anglais. Pour d’autres, ce serait plutôt le Fils de Sidi Ouasmine, un des sept patrons de Regraga4. Les informations restent, jusqu'à présent, très confuses. C'est vraiment invraisemblable qu'un saint vénéré à la fois par

1 Le toponyme a été écrit sous plusieurs formes: Al-Saweera , Al-Suwayra, Swira , Souira, Essaouira… L'interpretation a aussi varié selon les écrivains. D'après une tradition orale il s'agirait de "petit tableau" Comme l'auteur d'al Shumus al Munira. Cf. Al Ragragui, Al Sumus al munira fi akhbari madinati al sawira .Rabat, 1935. p.10 D'autres tendent vers une explication plus plausible: Petite Forteresse . Cf Al Siddiqi (Muhammed ibn said), Iqaz al-Sarirah li -Tarikh al-Sawirah.Matbaat dar al-Kitab;. p.7 2 Paul-Eugene Bache, "Souvenirs d'un voyage à Mogador" in Revue Maritime et coloniale; Janv.Fev. 1861. pp. 81-99 3 Al Bekri ( Abu Obeid), Description de l’Afrique septentrionale. Trad. Slane, 1913,p.175 4 La confrérie des Regraga s'étendait dans la région de Jabal al hadid (région de Haha) . Sur cette confrérie, cf. H.de Castries,"Les sept patrons de Merrakech"; in Hespéris , t.IV, 1924, pp.252-258. Doutté , En tribu; Paris , 1904 ,pp.360-361.

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les musulmans et les juifs de Mogador demeure difficile à identifier. Sidi Megdoul a -t-il vraiment existé ? La piste hagiographique n'étant pas concluante, l'explication linguistique nous paraît plus prometteuse. En phénicien d'abord, le Megdoul ou Migdoul désigne le mot "tour". Il est très probable que cette tour a engendré le nom de Sidi Megdoul appelé également Sidi Megddour. C’est d’ailleurs dans les mêmes parages que se trouvent la tombe du saint supposé et les restes d’une grande tour gisant sur la plage en face du village de al Dyabat. Quant au berbère, la signification du mot semble suivre la même logique ; le mot dérive du verbe GDL qui signifie protéger, préserver5. Mogador, Mougadir, Megdoul en langue amazighe évoquent le sens de "protection "et de "muraille"6. D'où une signification de muraille protectrice. Nous y voyons le nom ancien de la tour carthaginoise dont les vestiges gisent encore sur la plage aux environs immédiats de Dyabat7. Ces ruines ont été jusqu’à présent considérées comme témoins archéologiques d’époque portugaise. Mais l’examen du matériau de construction permet un rapprochement avec des bâtisses carthaginoises et non portugaises. Les formes rencontrées du toponyme intermédiaire entre Mogdul et Mogador inclinent à penser que le second dérive du premier. Ce toponyme est d'ailleurs une forme très répandue dans la région. Plusieurs agglomérations de l'arrière-pays portent des toponymes similaires et de même famille : les agadirs (forteresses). La ville est appelée en arabe "souira" ou al Sawira8depuis sa reconstruction par Sidi Mohammed ben Abdallah entre 1760-64. Nous y voyons une continuité du toponyme berbère qui fait référence à "muraille".9 Il est d'ailleurs souvent utilisé par les berbérophones de la région sous la forme « Tasourt", qui veut dire "petite muraille". Plusieurs sites de l'arrière-pays portent des dénominations pareilles. A titre d’exemples, Souira mramer et Souira al qadima10 (ou Agawz) devenues respectivement sous les Portugais Castello de Miravel et Castello d'Agawz (fort de Miravel et Fort d’Agawz). L'idée de fortification est très présente dans ces toponymes, comme d'ailleurs dans celui de Mogador qui est tout simplement une déformation du berbère Mogadir, la ville fortifiée. Quelles sont les principales étapes de l'histoire de Mogador ?

5 Destaing (S-E), Vocabulaire Français Berbère. Paris, 1920.p.234. 6 Chaker Said, “Langue bèrère à travers l’onomastique médiévale”in Revue de l'Occident du Monde Musulman; n°31,1981-2. p.129 Amegdul, Megdul, “lieu protégé défendu” Cf également: Marcy Georges; "Notes linguistiques autour du périple de Hannon" in Hespéris XX; 1935 p.44 7 Le village de Dyabat est à 3km de Mogador près de l'embouchure de O.el Ksob. L'historien Muhammed Ibn said Al Siddiqi ,natif de la ville d'Essaouira, nous apprend que ce village a été construit trois années avant la construction d 'Essaouira par Sidi Mohammed ben Abdallah. Cf. Al Siddiqi (Muhammed ibn said), Iqaz al-Sarirah li -Tarikh al-Sawirah.Matbaat dar al-Kitab;Casablanca. p.40 8 Le nom Al sawira est devenu officiel à partir de 1957.Avant cette l'administration du Protectorat français au Maroc utilisait Mogador (documents concernant les Municipalités in B.G.A.R cartons Mogador n° 922 et n°717 ). Quant au toponyme Al sawira, il a été utilisé dans les écrits makhzeniens à partir de l'époque de Sidi Mohammed ben Abdallah lors de la reconstruction de la ville. En berbère c'est Tassurt. Les vieux souiris continuent d'ailleurs d'utiliser le nom sous cette forme. 9 La dénomination primitive est ainsi reproduite après deux millénaires écoulés.Nous y voyons une démonstration linguistique de la permanence séculaire du rôle historique de certains sites historiques marocains. 10 Il s'agit de l'ancienne sucrerie aux environs de Mogador appelée également Tasourt Taqdimt située à 30Km..

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Mogador une cité gorgée d'Antiquité

La position privilégiée de Mogador a fait d'elle, durant sa longue histoire, un lieu d'accostage des navires marchands et des frégates conquérantes. Pour la période antique, remarquons que les renseignements puisés dans les sources de l'époque sont très lacunaires et prêtent à confusion. "Le périple de Hannon", vers 450 av. J.C, mentionne des comptoirs au long de la côte atlantique parmi lesquels Karikon Teikos (le mur du carien ).11 L'antiquisant G. Marcy 12 soutient que cet établissement a été fondé sur le site même de Mogador. Quant à Ptolémée (II siècle av.J.C) indique Suriga13que certains auteurs assimilent à Mogador. Plus tard, Pline l’ancien (1er s J.C), cite des îles Purpuraires en face des habitations des Autololes14dans la région de Haha15. Les toponymes cités dans les sources et dans les relations de voyage de l'époque ont provoqué une certaine confusion chez les antiquisants. Ces derniers ont trouvé maintes difficultés pour localiser ces sites. Une chose est certaine, le mouillage de Mogador, vu sa position stratégique, a attiré très tôt les navigateurs phéniciens, carthaginois, grecs et romains. Par conséquent il n'est que logique qu'une cité port apparaisse très tôt dans cette région. Si les sources restent avares et imprécises quant à l'emplacement de différents comptoirs sur la côte, les fouilles permettent d'attester la présence de vestiges phéniciens et romains sur l'île et aux environs de la ville ; spécialement à Tafelney au sud de Mogador. C'est en 1950 que des prospections ont commencé. Ensuite, des fouilles ont été entreprises sur la grande île de Mogador. Les fouilles menées par Cintas en 1951 ont mis à jour un niveau punique et ceux de Desjacques et de Koberlé,16 ont révélé d'autres vestiges attribués à la fois aux phéniciens et romains. Ils citent également des vestiges dans les environs immédiats de la ville. Cinq niveaux d'occupation y ont été mis à jour dans la grande ile. On y trouve des ouvrages cimentés alimentant des citernes. Ces ouvrages, dans leur technique de construction, sont très voisins de ceux étudiés à Carthage ou à Tyr. Des vestiges de céramique rouge ont été également trouvés sur les rivages de Mogador. Nous ignorons cependant beaucoup de détails sur cette époque ainsi que sur les relations entre les occupants et les habitants de la région. Très peu d'attention a été accordée aux vestiges des "indigènes", comme le cas de céramique modelée qui n'a pas été classée17; la région a été pourtant habitée depuis la préhistoire18. Pendant la période romaine, Juba II développa une industrie locale de pourpre19.

11 Georges Marcy; "Notes linguistiques autour du périple de Hannon" in Hespéris XX; 1935 p.25. P.Bach, précise que les cariens étaient les plus anciens peuples de la mer. Cf. Bach (P), Petite histoire de Mogador .Manuscrit à la bibliothèque de la Source de Rabat. p.3 12 Georges Marcy; op.cit.; pp 44-45 13 CharlesTissot ; La géographie comparée de la Maurétanie tingitane.Imprimerie nationale,Paris, 1876,p. 253 14 Pline l'ancien cité par: M. Besnier ,"Géographie ancienne du Maroc " in Archives Marocaines, 1904,p. 315 15 Jacques Desanges ," Autolalae,Autololes,Autotels"in Encyclopédie berbère.T.VIII Edisud.1996,p.1176. 16 Desjaques et Koberlé , " Mogador et les îles purpuraires." in Hespéris T.XL II,1955pp.193-202. 17 Ce genre de céramique a été découvert dans d'autres sites (Tanger, Lixus..) et, il est presque certain qu'il s'agit de céramique locale. Des photos représentant des exemples de cette céramique ont été publiées par A. Jodin Cf. André Jodin, Op.Cit.pp.166-169. Pl. XLVI à XLIX. 18 Louis Gentil lors d'une prospection a découvert des outils préhistoriques attestant la présence d'habitants depuis la préhisoire. Cf Louis Gentil ; Dans le bled al Siba ed Masson. 1906. p.62 19 André Jodin , Les établissements du roi Juba Iiaux îles purpuraires, Mogador fouilles du service des Antiquités Maroc.Tanger, 1967.

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D'après les fouilles, il nous semble tout à fait plausible que les romains continuèrent la fabrication de la pourpre sur des installations déjà existantes et continuèrent à faire du commerce avec des caravanes qui venaient du sud puis avec Lixus et Sala. La présence romaine fut effacée par l'invasion vandale de 429 J.C. La région de Mogador resta entre les mains des habitants locaux jusqu'à l'arrivée de l'islam.

Mogador au Moyen Age

A l'exception de quelques informations éparses dans les célèbres sources de la période médiévale, nous ne disposons pas de détails. En outre, la région de Mogador n'a pas connu, hélas, jusqu'à présent de fouilles archéologiques concernant l'époque islamique. Amegdoul20, cité au XI par le géographe Al Bekri dans sa description de l‘Afrique septentrionale21, servait de port aux régions du Souss et de Haha22. Ce port23 devait constituer une des ouvertures sur l’océan. Aguz24 recevait les produits d'exportation de la ville d’Aghmat qui était jusqu’à l’époque almohade très prospère25. Al Idrissi explique que la rade d'Amegdoul/Mogador est un mouillage sûr et très fréquenté ; il offrait un abri naturel durant presque toute l'année. Il s'agissait d’un port naturel, de dimensions modestes ? 26 Des vestiges d'anciennes tours attestent surtout le rôle de Mogador en tant que port de Haha. Au XII siècle, Mogador devient comme Safi un port pour Marrakech.

Le Castello Réal portugais C'est à partir du XIV ème siècle27 que l'on voit fréquemment le toponyme de Mogador sur les cartes et sur les gravures, et ce sous différentes transcriptions : Mogdul, Migdoul, Mogadouro, Mogadoiro, Mogadou, Mongador, Mogader etc. Le Château et l'île de Mogador à l'époque portugaise auraient à leur voisinage immédiat le Castello Real (château royal) dont la construction a été ordonnée par le roi Emmanuel 1er en 150628. L'auteur

20 Pierre de Cenival ”Mogador” in Sources Inédites de l ‘histoire du Maroc.T.I 1ère Série.1934, Portugal (dynastieSaadienne). p.120 21 Abu Obeid, Bakri, Abu Ubayd Abd Allah ibn Abd al-Aziz. Kitab al-Mughrib fi dhikr bilad Ifriqiyah wa-al-Maghrib: wa-huwa juz min ajza al-kitab al-maruf bi-al-Masalik wa-al-mamalik. Alger: Imprimerie du gouvernement, 1857. Description de l’Afrique septentrionale. Trad. Slane, 1913,p.175 22 Ibid. Ed. Dar Al Muthanna, Baghdad, p.86 23 Picard, Christophe. L'océan Atlantique musulman: de la conquête arabe à l'époque almohade: navigation et mise en valeur des côtes d'al-Andalus et du Maghreb occidental (Portugal-Espagne-Maroc). Paris: Editions Maisonneuve & Larose: Editions UNESCO, 1997.p.39 Il y voit le Marsa al Ghayt cité par al Idrissi. 24 Bernard Rosenberger,"Note sur Kouz un ancien port à l'embouchure de l'oued Tensift"in Hespéris.T.VIII.1967.pp.23-66 25 Ibn Said ,Kitab al Jughrafiya, Beyrouth, 1970. p123-124 26 En l'absence de prospections archéologiques, l'histoire urbaine marocaine présente plusieurs difficultés . Jusqu'à présent il est très difficile d'identifier un certain nombre de sites relatés par les chroniques.S'agissait il de petite villes, de bourgs ou de simples hameaux? 27 A titre d'exemple nous citons: Petro visconte, La carte pisane en 1311. La carte de Charles V en 1375 citée par : Massignon (L), Le Maroc dans les premieres annéesdu XVI. Ed. Adolphe Jourdan . Alger. 1906.p 59-60 Sanson d'Aberville, Carte des estats et Royaume de Fès et Maroc dfarha et Segelmesse/ sanson d'aberville geographe ordinaire du Roy 1655. 28 Cette information est donnée par le célèbre cosmographe Portugais Duarte Pacheco Pereira dans son document intitulé "L'Esmeraldo de situ Orbis"..Cf.Prosper Ricard ; "La côte atlantique au début du XVI d'après les instructions nautiques portugaise" in Hespéris.T.VII. 1927.p229-

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portugais Duarte Pacheico Pereira nous apprend combien les pilotes portugais étaient soucieux de la signalisation des repères en reliefs sur les côtes qu'ils visitaient. Plusieurs tours de signalisation sont mentionnées sur les gravures anciennes de Mogador. Avec les Portugais Mogador a acquis une nouvelle physionomie. Les entreprises lusitaniennes y furent nombreuses. Dioggo D’Azambuja 29 s’occupa des travaux en 150630. Le même personnage devint, juste après, le gouverneur du Castello Real. Le fort avait sous sa suzeraineté un rayon de trois lieues portugaises (17km environ). C'est bien sur la terre ferme que le castello Real a été construit, en face de l'île et non dans l'île. Il devait être à notre avis du côté de la sqala de mer. L'architecture de cette partie de la ville, les graffitis et décors sur les portes, très différentes des autres monuments de la ville, permettent de pencher vers cette possibilité. Les Portugais construisirent vite leur fort. Une construction digne de l'architecture portugaise de l'époque. Le roi Emmanuel employait des maîtres 31qui ont créé un style dit "style des découvertes maritimes "ou style manuélin. Des architectes célèbres, comme les frères Arruda32, étaient alors employés sous les ordres d'Emmanuel 1er. De Cenival dit avoir vu un plan levé en octobre 1629 par l'ordre de Razilly indiquant l'emplacement du Castello portugais. De Cenival le plaça "au bord de la passe Nord, en face de l'île, sur la pointe rocheuse qui supporte le môle ouest du port actuel"33.. Il devait y avoir une nette séparation entre la zone portuaire et la ville. Très soucieux de l'approvisionnement en eau, les Portugais établirent un système d'adduction provenant de l'oued El Ksob. Il semblerait que ce système ait été repris par le Moulay Abd al Rahman au dix-neuvième siècle34. Mais la construction du fort portugais ne semble pas s'être faite aisément. Une "multitude de Berbères et d'Arabes se réunirent pour attaquer ceux qui vinrent construire cet édifice", nous dit Duarte Pacheica. C'est probablement la confrérie des Regraga,35 vieille confrérie maraboutique de la région, qui s’opposa fermement à cette occupation36. Mais si, comme l 'a affirmé l’auteur de l'Esmeraldo, "la construction se fit malgré eux", les Portugais, durent quitter leur fort après une dure attaque vers 1512.

Un port de plus en plus convoité

Après le départ des Portugais, Mogador redevient une Qasba marocaine sous laquelle on mouille comme l'attestent diverses sources. Les navigateurs étrangers avaient pris l'habitude de faire leur provision d'eau à son voisinage37. L'embouchure de l'oued El Ksob était beaucoup plus proche de la

cité également par De Cenival ,”Mogador” in Sources inédites de l Histoire du Maroc,1ere série Portugal dynastie saadienne; paris,1934 .p. 120 29 Sur ce personnage voir: Cordeiro, Luciano. Descobertas e descobridores: Diogo d'Azambuja. Mémoria apresentada a 10. [Superscript a] sessao do Congresso internacional dos orientalistas. Sociedade de geographia de Lisboa. [Publicacoes avulsas]. Lisboa, Imprensa nacional, 1892. 30 Viterbo, Sousa. Diccionario historico e documental dos architectos, engenheirose constructores portuguezes ou a servico de Portugal. Lisboa, Impr. Nacional,1899-1922.document XLI .p.457 cité également par De Cenival ,”Mogador” in Sources inédites de l' Histoire du Maroc,1ere série Portugal dynastie saadienne;Paris,1934 .p. 120 31 Sur les architectes portugais des employés au Maroc cf. Viterbo, Sousa. Diccionario historico e documental dos architectos, engenheirose constructores portuguezes ou a servico de Portugal. Lisboa, Impr. Nacional,1899-1922. 32 Santos , L'art Portugais . "le style manuelin"pp.12-20 33 DeCenival (P) "Mogador" In E.I p.622 34 Al Siddiqi, op.cit…p. 45 35 sur la signification du mot : cf. Ahmed Toufiq ; At Tasawwuf Ila Rijal Al Tasawwuf,1984. p. 86 note 13 36Robert Montagne ; "Coutumes et légendes de la côte berbèredu Maroc"in Hesperis,1924,T.IV,p.110 37 Oued el Ksob aux environ s du village al- diyyabat constitue le point d'eau ou les navigateurs s'approvisionnaient.

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ville.38 Ce n'est qu'après des pluies diluviennes en novembre 1891 que le cours de l'oued a été transformé. Une agglomération modeste continuait de vivre sur le même site. Les marins locaux pratiquaient la course.

Les Portugais se préparaient probablement à revenir puisque, comme l'atteste une gravure publiée par Juan Bautista Vilar39, ils débarquèrent sur l'île après 1542 et y construisirent un petit fort en étoile40 comme celui de Mazagan.

Les Européens commencèrent tôt leurs efforts d'implantation aux environs du port. Des rapports d'agents explorateurs permettent de suivre leur activité maritime et leur intérêt de plus en plus grand pour ce port. D’après les rapports des différents agents (français, espagnols et portugais), Mogador et son île située entre cap de Ghir et cap Cantin, était composée d'une forteresse avec des habitants à la fois musulmans, juifs et chrétiens. Et bien que petite et peu connue, la ville disposait d'un port très important. Il était de dimensions vastes, facile à défendre, et offrait une sortie et entrée sûre pour les gros vaisseaux. Il pouvait être également une étape principale sur la route des Indes. Une gravure anglaise, exécutée lors d'un voyage du capitaine Windham41, qui avait entrepris deux séjours au Maroc en 1551 et en 1552, représente une forteresse entourée de murailles surplombant le port. Mogador était alors une sorte de petite fortification qui menait une vie tranquille. Le 25 décembre 1577, un autre voyageur anglais, Drake, qui entreprit son voyage à la tête de cinq bateaux avec 150 hommes à leurs bords, accoste au port de Mogador et reçoit à bord "les notables de la ville "42. Drake avait pour mission de faire de l'île de Mogador une colonie britannique43.

Nous avons consulté un certain nombre de cartes datées d’à partir de 159544. Plusieurs parmi elles signalent sur le site deux points : la ville (Mogador) et l'île (Domégador)45. Vers 1620, les Espagnols et les Anglais ont tenté de s'emparer de la forteresse pour faire échec à l'activité des corsaires de la région. Ce refuge de pirates,46 considéré comme un Alger sur l 'Atlantique47, offrait une bonne base pour protéger la route des Indes. Le site bénéficia de l'intérêt des deux saadiens Moulay Zidan (1611) et de son fils Abd al Malik (1629) qui entreprirent de le fortifier. C'est Abd al Malik qui y conduisit des chrétiens pour le restaurer.48

38 Miège (J-L), Le Maroc et l'Europe 1830-1894. T.III.ed.Laporte, Rabat.1989.p.65 note 3 39 Vilar Juan Bautista, Mapa, planos y fortificaciones hispanicos de Marruecos (s.XVI- XX),Instituto de Cooperacion con el Mundo Arabe, Madrid, 1992. Voir: gravure: "Plano del Puerto de Mogador en la costa de de Beruera".p. 457 40 Dès 1542 les portugais faisaient venir d'Italie des ingénieurs experts en fortifications comme Benito de Ravenne. Ils introduisent le nouveau tracé des forts"en étoile" comme on les appelait dont le nom est resté . cf. Farinha, Antonio Dias. Plantas de Mazagao e Larache no inicio do seculo XVII. Serie Separatas / Centro de Estudos de Historia e Cartografia Antiga; 187. Lisboa: Instituto de Investigacao Cientifica Tropical, 1987. Gravure de Mazagao 41 sur les voyages du capitaine Windham Kerr Robert. Voyages and Travels . 1812 p. 213 et ss. 42 Ibid, p.272. 43 Lebel (R )"Le Maroc et les voyageurs anglais "in Hespéris T.IX, 1929. p.269-270 44Pinson, Mark. Maps of : a list of holdings of the Harvard Map Collection and other maps. Cambridge, MA: M. Pinson, 1989. Cf carte de Abraham Ortelius "Fes Sae et Marocchi.Regna africae. Coll. Pusey Library.n° 2414-1595 45 Domégador signifie en berbère sous Mogador. 46 selon une lettre de l'Amirauté de Rotterdam adressée aux Etas Généraux 18 avril 1620 in S.I. série Pays Bas .T. III p.121 47 cf "mémoire sur les présidios d'Afrique"in Sources inédites de l'histoire du Maroc. série France. Dynastie saadienne.T.III p.77 48 C'était entre 1625 et 1629. Cf Lettre du père Joseph aux Capucins captifs au Maroc. In Sources Inédites de l'histoire du Maroc. T.III dynastie saadienne. p. 176.

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"Le sultan saadien envoya 300 captifs à Mogador devançant le sultan Sidi Mohamed ben Abdallah de plus de 100 ans".49

Le commandant Razilly sous Louis XIII avait un projet d'occupation. Son expédition contre les pirates de Mogador eut lieu en 1629. C'est d'une petite agglomération qu'il parlait avec des constructions certes, mais non denses sur la cote50. Nous avons une description partielle de cette forteresse grâce à un mémoire sur le Maroc51daté de 1631: “ Le troisiesme chasteau est Mogadou, situé sur le bord de la mer en la mesme coste. Le chasteau est fort petit et foible, habité par quelque quatre-vingt hommes ; le roy l’a faict réparer et habiter depuis trois ans,pour empescher le traffic des Chrestiens avec les Alarbes et le sancton de ce pais qui lui sont rebelles. Il y a une isle inhabitée demi lieue à la mer ; l'isle commande le chasteau et le port, car elle est tellement située que d'un bout elle commande audict fort et peut le battre en ruine, et de l'autre elle commande dans le port qui est la retraite ordinaire des forbans pendant l'hyver. Il y'a une rivière d'eau douce d'où les navires prennent de l'eau en dépit de tous les Maures […]”

D’autres documents attestent une forteresse commandant le port de Mogador.52

L'image de la forteresse, nous a été fournie par le graveur Adrian Matham53. La visite de ce dernier à la ville en compagnie de l'ambassadeur des Pays Bas (A Liedekerke)54eut lieu en janvier 1641. Selon une description très détaillée, la muraille de Mogador ressemble à celle des fours hollandais. Matham fut surpris par le fait que la population de la ville vaquait trois fois par semaine : le vendredi pour les musulmans, le samedi pour les juifs et le dimanche pour les chrétiens.55 L'existence de la Qasba56 est attestée au moins jusqu'en 1737 puisque à cette date, elle est reproduite dans une gravure d'un capitaine des Provinces Unies nommé Martin Lambrechts57. Ainsi, le site de Mogador a connu des établissements épisodiques depuis l'antiquité. Ce n'est donc pas un espace vide que choisit le sultan Sidi Mohammed ben Abdallah (1754-1790) pour construire le port d'Essaouira.

Le port « sultanien » de Sidi Mohammed Ben Abdallah

Pendant la deuxième moitié du XVIII ème siècle, Mogador, zone de contact avec l'ennemi, avait besoin d'être fortifiée une fois de plus. Le sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdallah, passionné de

49 Penz ( Ch), Les captifs français du Maroc au XVII 1577-1699. Rabat, 1946.. 50 Document XXII, Lettre adressée a Richelieu daté du 26 Nov.1626 51 Document XLVII, “Mémoire sur le Maroc” in Sources inedites de l’Histoire du Maroc, 1ere serie, France,T.III. pp 358- 368. 52 Selon la relation de Tomas Legendre 1665, Souss avait pour ports: Sainte croix, Mogador et Messe (Messa). Cf.DocumentCXXIX, in Sources Inédites de l'Histoire du Maroc.Série France T.III 53 .Sa gravure constitue un document très important pour l'évolution urbaine de Mogador. Cf.Gravure de Mogador in Sources Inédites de l'histoire du Maroc. 1ère Série Pays-, Bas T.IV.p.591-92.et pl. XIV 54 Liedekercke, ambassadeur des pays bas, commandait le gelderbandt le 7juin 1639 , 55 Sources Inédites de l'histoire du Maroc. 1ère Série Pays Bas T.IV.p.591-92. 56 En 1709 on parlait d'une forteresse de 200 bonnes pieces de cannons cf Document LXXIII in Sources Inédites de l'histoire du Maroc. Dynastie filalienne. 2 ème Série France.p.428-429. 57 Copie de la gravure du capitaine Lambrechts à la Bibliothèque Générale et Archives de Rabat (B.G.AR) document non classé.

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commerce, était à la quête d'un point stratégique qu'il pouvait facilement contrôler. Il lui fallait également une rade sure qui n’a pas beaucoup souffert du séisme de Lisbonne, survenu en 1755 avait beaucoup déformé les rades naturelles de la côte atlantique. Le roi choisit le site d’Al Sawira. Al Qadiri nous apprend que ce fut sur l'emplacement d’une ancienne cité au nom de Suriya58. L'emplacement du port fut choisi par Sidi Mohammed Ben Abdallah lui-même. Les travaux commencèrent dès 1760. C'est cette même date qu'on lit sur une inscription sur la porte de la qasaba,59 au pied de l’horloge. Dans un de ses articles, Pierre de Cenival avance que le château-fort portugais "survécut jusqu'en 1764 ou 1765 et ne fut détruit qu'au moment où l'on construit la ville"60. Que restait-il de Suriya relatée par al Qadiri ? Et le Castello Réal portugais, était-il en ruine comme le signale Froideveaux61 ?

Cornut : un collaborateur européen parmi tant d'autres

Un récit de Louis Chénier, nous parle d’un certain "Cornut62 des environs d'Avignon qui courant après la fortune, jeta les fondements de la ville de Mogador mais après avoir servi dix ans retourna en France aussi pauvre qu'il en était parti."63 Cet ancien dessinateur du Roussillon était arrivé à Marrakech en 176564, et aurait quitté le Maroc peu de temps après, au début de 176765. Le passage de ce personnage à Mogador reste encore un mystère. Ingénieur, architecte ou simplement dessinateur comme il se prétend lui en personne. Host, affirme que Cornut n’est arrivé au Maroc qu’en 1765 les travaux de construction avaient déjà commencé à Essaouira depuis cinq ans. En outre, aucune source historique marocaine connue ne rapporte le nom de cet « architecte ». Le colonel H. De Castries également rapporte "c'est vainement que nous avons recherché sa trace dans les documents d'archives de provenance diverses que nous avons consulté"66 Sur la porte de la Marine, une inscription mentionne le nom de Ahmed al ‘alj quelle était donc exactement l’apport de Cornut ?

Nos différentes investigations aussi bien dans les sources, que dans la ville et ses monuments permettent d’affirmer une seule chose : le sultan a fait appel à Cornut pour les fortifications d'Essaouira67. Mais les ouvrages étaient au de la de ses compétences il s’est donc enfui après avoir

58 Al Qadiri, Nashr al Mathani.Al Qism al Rabi.Etude et annotation de M.Hajji et A. Toufiq; In Dictionnaire des célebrités marocaines.T.VI . Etabli et coordonné par M. Hajji.Dar al Gharb al Islami.1996. p. 2223 59 Cette porte est dite Bab al Magana (porte de l'horloge) ou bab al Sbaa (porte du lion) 60 Cenival (Pierre de ),"Mogador" in Encyclopédie de l'Islam. 1ere ed; Paris, 1936. p 622 61 Froideveaux , Op.cit. p.394. 62 Sur ce personnage, Benoit Fernand a écrit: " Ce fut à un ingénieur originaire de l'Etat pontifical d'Avignon, T.Cornut, qu'il confia le soin , peu après 1763, de tracer le plan de la nouvelle ville de Mogador,de son port et de ses défenses.Cornut avait quelques titres:employé par louis XV au dessin des fortifications du Roussillon, il était ensuite passé au service de l'Angleterre pendant la guerre de sept ans ." cf Benoit Fernand ; L'Afrique mediterranéénne; Algérie-Tunisie-Maroc, Paris 1931. p. 69 63 Louis Chénier , Recherches historiques sur les maures.Paris, 1787 T.III ; p. 40 Host Georg ,Nacrichten von Marokos und Fès im land selbste gesammelt in denJahren1760 bis 1768 p. 65-66 Host, op.cit. p. 65-66 64 Host, op.cit. p. 65-66 Host était facteur de l'Afrikanske à Safi puis à Salé . Puis il devint consul du Danemark au Maroc entre 1767 et 1768. 65 Bidé de Maurville était officier de Marine . Il fut prisonnier après l'affaire de Larache en 1765 Bidé de Maurville; Relation de l'affaire de Larache;Amsterdam,1778. p. 78 66 H de Castries"Le Danemark et le Maroc (1750-1767)"in Hespéris; 1926 T. VI. P. 344 et note 4 67 Host Georg ,Nacrichten von Marokos und Fès im land selbste gesammelt in denJahren1760 bis 1768 p. 65

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provoqué le mécontentement du sultan68. C'est sur son chemin de retour dans la ville de Cette qu’il a dessiné son célèbre dessin daté d'octobre 1767 et qu'il adressa au duc de Choiseul, alors ministre de la Guerre.

Le dessin de Cornut reste très précis. Plusieurs parties de la ville semblent, selon la légende, exister déjà ; d'autres sont citées comme "projetées par le roi". Cornut n'aurait-il été qu'un collaborateur européen parmi tant d'autres auxquels le Sultan a eu recours pour l'exécution de son ouvrage ?

Sidi Mohammed Ben Abdallah, pour la reconstruction de sa nouvelle ville, avait eu recours en effet à des ressortissants de plusieurs nations. L'aménagement et la reconstruction de la ville ont été confiés à des techniciens, architectes et ingénieurs européens. Ainsi, par ordre de Frederik V arrivaient à Marrakech avec Host, agent de la compagnie africaine danoise et vice-consul à Mogador, Wilhem Shroeder69; l'architecte qui a dessiné la maison danoise. Shroeder est cité également comme entrepreneur. Il était accompagné de Lambrecht, le tailleur de pierres et de Dendas, le peintre. Le roi d'Angleterre avait également envoyé un ingénieur et quelques charpentiers70 .

Nous rencontrons aussi des noms d'ouvriers d'art, ici et là dans certains écrits, comme Boisselin, Petrobelli, Pietro Muti71. Un ingénieur génois contribua également aux fortifications. Le célèbre Ahmed al Alj, renégat génois, a probablement construit la sqala en face de la mer.

Des m'allem marocains contribuèrent aussi aux travaux de Mogador. Ainsi, pour sa résidence dans la région de Dyabbat, appelée Dar Al-Baïda (maison blanche), Sidi Mohammed employa un m'allem marocain du nom de Houbane72. Pour le problème de l'alimentation d'eau, il a fait appel à l'architecte Hadj Mohammed al Souiri. Bien d'autres artisans venus de Fès, d'…sont relatés par les chroniques. Budgett Meakin nous apprend le sultan, pour encourager les gens à contribuer à son ouvrage, a participé lui-même à la construction de la muraille73. Ce geste symbolique rappelle celui de Moulay Idris pendant la construction de Fès et celui Yusuf ben Tachfine pendant la fondation de Marrakech.

La cité-port de Sidi Mohammed Ben Abdallah était rapidement dotée d'un chantier naval, et de fortifications sur les façades maritimes. " Un quartier du roy"74 avait été réservé par le sultan pour y aménager une administration makhzénienne. A travers les épîtres sultaniennes et les différentes notes des diplomates on comprend l'objectif de cette reconstruction. Poussé par une volonté de politique d'ouverture vers les pays occidentaux le sultan était en train de créer une marine d'état. C'est ainsi qu'il encouragea les négociants européens à construire leurs filiales dans la ville75. Le premier consul à s'y

68 Bidé de Maurville, op.cit. p. 79 69 L'architecte danois Shroeder était le chef d'une comission d'artisans demandée par le sultan Sidi Mohammed ben Abdallah au roi FrederickV après la signaturedu traité de paix de 1753. Copie de la lettre de Sidi mohammed au roi Frederick. B.G.A.R archives non classés. 70 Host Georg ,Nacrichten von Marokos und Fès im land selbste gesammelt in denJahren1760 bis 1768 p. 160-161. Nous remercions le Professeur Rauchenberger qui a eu l'amabilité de nous traduire quelques passages du livre de Host qui comporte de précieux témoignages concernat les débuts du port sultanien. 71 Bach (P), Petite histoire…p. 18 72 Al Siddiqi , op. cit. p. 56 73 Budgett Meakin; The Land of the Moors. A comprehensive description; London, 1901, p. 209 74 c'est ainsi qu'il fut dénommé dans le plan de Cornut. 75 En 1780 la ville comptait une douzaine de maisons commerciales.

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installer était le Danois Barisen, selon une lettre du sultan datée de janvier 1765.76 Il fut bientôt suivi par les représentants d'autres nations européennes, comme le montre gravure publiée par Host77.

Les maisons des consuls étaient enserrées à l'intérieur des murailles de la Qasba déjà existante. Cet endroit, fortifié par ses murailles, était idéal pour abriter et regrouper les consuls et les Tujjar al Sultan (courtiers juifs). Très réputés par leur dynamisme en matière de commerce. C'est dans le "quartier du roy" que se trouvait Bayt al Mal (le Trésor). La première monnaie fut frappée à Essaouira en 1180h/1766-6778.

La ville a joué pendant plus d'un siècle l'avant-port de Marrakech. Elle a constitué pour toutes les régions méridionales de l'Atlas une escale. Les denrées du Souss et du Draa étaient dirigées d'abord à Mogador avant d'être expédiées à l'étranger. Mogador a été le principal port du sud marocain et du Sahara du nord-ouest. Cependant, Essaouira dut petit à petit céder sa place à Safi qui retrouvait son rôle de port du sud. Plus tard, sous le Protectorat français, ce fut la revanche d'Agadir. Aujourd’hui, Essaouira est un petit port sans grande activité économique. Pourtant, ici et là dans la ville, nombreux sont les témoignages du passé qui rappellent la prospérité de jadis.

Figure 1 : plan de la grande Isle de Mogador et de ses environs de la rade,du château et de la nouvelle ville de Suera en Barbarie . BN de France Plans et cartes Portefeuille 110 division 4 P 11 II

76 Copie de la lettre de Sidi Mohammed adressée de Marrakech le 21 janvier 1765 in B.G.A.R. non classée. 77 Cf Tab. IV, Gravure d'après le dessin original exécuté par Heine et gravé par PeterHaas. Y sont représentés le consulat d'Angleterre et les comptoirs anglais, hollandais, français , espagnol et danois. 78 Cette date coincide avec la réforme de la monnaie au temps de Sidi Mohammed ben Abdallah. Cf. Omar AFA- Al Nuqud al Maghribiyya fi al Qarn al Thamin Ashar. Anzimatuha wa awzanuha fi Mantaqat Souss; Publications de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat, 1993, p. 58

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Figure 2 : Plan de la baye et de la ville de Mogadore ( en anglais),BN de France , SH. Plans et cartes Portefeuille 110.Div 4 P12 II. Le plan montre l’extension de la ville qui s’est faite en rapport de la tour qui surveillait l’entrée sud de la baie.

Figure.3: Plan of the Town of Mogador par James Craig en 1860 publié in Arthur Leard, Morocco and the Moors Being an account of Travels with a General Description of The Country and its People, London,1876. p. 68

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