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Le grand fabulateur In the Mouth of Madness de Marco de Blois

Le montage Number 77, Summer 1995

URI: https://id.erudit.org/iderudit/25096ac

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Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

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Cite this review de Blois, M. (1995). Review of [Le grand fabulateur / In the Mouth of Madness de John Carpenter]. 24 images, (77), 52–52.

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LE GRAND l'horreur, encouragés par ceu x qui la commercialisent. Ob ­ FABULATEUR sédant cerclevicieu xqu i prend dans le film une form e dé ­ par Marco de Blois mesurée, exagérée jusqu'au cauchemar, jusqu'à l'angoisse. L'inquiétude est suscité e de lafaço n laplu s simplement — et admirablemen t — ciné­ ohn Carpenter est l'auteur de films matographique qui soit . Pa r J d'horreur et de science-fictio n qui fi­ exemple,cett escèn e étonnante gurent parmi les plu s marquants de ces et minimale dans son exécu­ vingt dernières années (on retient entre tion,o ùun e bicyclette aperçue autres lepremie r ). Bienqu'o n l e sur une route d e campagne , la qualifie habituellement de «petit maître», nuit, revient régulièrement s e il occupe une place stratégique sur l'échi­ braquer àtroi s reprises devant quierd u cinémaaméricain . Plusqu'u n pion, les phares d'une voiture. Les il est comme un cavalier, louvoyant dis­ seuls effets sonores consistent crètement pour atteindre sa proie. So n alorse nu n lége r cliquetis de s œuvre, d'une macabre poésie, stigmatise chaînes et celui de cartes à aveclucidit é la sociét éaméricain e tout en s e jouer qui, attachées àl a four ­ conformant aux loi s du genre. Or,s i son che, percutent les rayons d e la opus précédent, Tassez mièvre Memoirso f Sam Neill. roue.C emomen t d'une poésie an Invisible Man, enavai t déçu plusieurs, étrangees t d'autant plus trou­ il nousrevien t aujourd'hui engrand e forme blant qu'il ne s' y pass epresqu e avecc efilm exigeant ,distanci é danss amis e les gens se battent, s'entretuent presque, rien.D e fait, leplu s terrifiant dans l'œuvre en scène, qui pose la question de l a réalit é pour obtenir copie d e so n dernier roman. À du cinéaste est souvent provoqué par et del a subjectivité tout en s'interrogeant lafin, l a structur e narrative se referme sur l'absence: l'instant desuspensio nentr e c e qu i sur la plac e de l'horreu r dans notre société. elle-même lorsque In the Mout h of Mad­ vient d'arriver et cequ i v a s e produire, l a Carpenter prouve qu'il croit en l'intelli­ ness — le filmqu e noussomme s en train d e caméra qui avanc e et ne découvr e rien... gence du spectateur. voir—est présentédan su nciném ad e l a vill e Dansl e mêm eesprit , l a musiqu e qu'il com­ pose pour ses films consiste en une simple Il explore cequ i constitue son thème dévastéepa r unehécatombe .Neill ,qu iassist e pulsion inlassablement répétéequ i donnea u deprédilection , laparanoïa .L'intrigu e prend seul à cett e projection, est pri s de démence récit sa fluidit é sèche en ne soulignan t pas place par contr e dans un context e pour le en se voyan t mis e n scène dans cequ i est l'action àgro s traits.Quan d il a recour sà d e moins inusité, puisque la menace surna­ montré comme l'adaptation du roman tant lourds effets spéciaux, on sent alors un e turelle qui bouleverse ici l'humanité , ce ne attendu de Sutter Cane. impression d'écrasement, comme si lecour s sont ni le sextraterrestre s (), ni les Cette façon de s'intéresser aux effets de la narratio n se trouvai t bloqué parun e fantômes (TheFog) , nil eGran d Satan (The sociaux de l'horreu r n'est pas san s rappeler exhibition naïve.C'es t dansd etel s moments Prince ofDarkness) , mais l'épouvante elle- le récent Wes Craven's New Nightmare. que In the Mout h of Madness trouvese s même, le culte de l'horreur. Le récit, Signede s temps,assurément . Maiss il epèr e quelques faiblesses, ses chutes de tension. extrêmement fascinant et touffu, y fait de Freddy adoptait unto nd e répliqu e pré­ plusieurs allers-retours dans le temp s pour cise t articulé ,élaboran t lathès equ e l'épou­ Carpenter signe ici u n film agressi f qui repartir parfois dans des direction s dif­ vante,genr e noblepossédan t sesclassiques , nous fait entrer dans l'imaginaire peu ras ­ férentes, nous entraînant dans un parcour s pouvait même avoir des effets thérapeu­ surant d'un maîtr e de l'horreur . Qu'on se le ludique bourré de surprises. Un agent tiquessu r lajeunesse , Carpenter traite plutôt dise: les mécréants , les sceptique s et les d'assurance (Sam Neill) est charg é par un de l'impact de so n travail avec désinvolture cyniques ne peuven t rien contre ce genr e éditeur deretrouve r Sutter Cane, romancier et une ironi e grinçante. Dans une entrevue d'une force quasi surnaturelle. • spécialisé dans l'art de faire peur dont o n récente accordée àl a revu e Positif, il faisait attendait impatiemment ledernie r manus­ cette révélation: «En tant qu'artiste, jeserai s 1. L'entretien accordé à Miche lHenr yes tpar udan s crit. Il croit d'abord que cette disparition capable de peindr e un nu magnifique: je le numéro de mar s 1995. n'est qu'un simple coup d e marketing . So n vous garantis qu'il vous ferait de l'effet. enquête le fai t pourtant pénétrer dans u n Mais,s ie nsortan t del'atelier ,vou sallie zvio ­ IN THE MOUT H OF MADNESS univers angoissant dont il découvre qu'il ler une femme, c'est vousqu i seriez respon­ États-Unis 1995. Ré. : JohnCarpenter . See. : Michael n'existe que dan s la tête de l'auteur. Le sable.» ' Voic i résumée nquelque s motsso n De Luca. Ph.: Gary B. Kibbe. Mont.: Edward A . monde entier s'apprête alorsà bascule r dans point de vue : s i l'horreu r atan t d'effet, c'est Warschilka. Mus.: John Carpenter,Ji m Lang. Son: OwenA . Langevin .Int. : SamNeill ,Juli e Carmen, leprochai n roman deCane ,sort ed e Stephen parce que lesgen s sont malades. Et comme Jurgen Prochnow,Charlto n Heston,Davi d Warner. King àl a puissanc e treize, s i populair e qu e les gens sont malades, ils consommen t de 95 minutes. Couleur. Dist.: Alliance.

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