Blaye Côtes de et Côtes de Bourg

Ces deux régions situées sur la rive droite de la produisent ensemble plus de vins que toutes les appellations communales du Médoc. Le Bourgeais fait face à Margaux et le Blayais, région viticole la plus septentrionale du bordelais, est plus proche de Saint-Julien. Au sud les deux régions sont séparées du libournais par une vaste étendue de vignobles classés en bordeaux générique. Depuis le Moyen-Age d’importants vignobles se sont développés autour des deux cités portuaires que sont Blaye et Bourg-sur-Gironde. Leur production ont longtemps alimenté le marché britannique et tout deux connurent une activité relativement importante jusqu’au début du XXème siècle. Comme tout le bordelais en général, la production a longtemps été dominée par le vin blanc, et le Blayais notamment, produisait de grande quantité de vin destiné à la distillation. La reconversion a été systématique et les surfaces consacrées au vin blanc ont quasiment disparu du Bourgeais et ont été sensiblement réduites dans le Blayais.

Les appellations Le Blayais s'étend sur une vaste zone d'environ 6700 ha, essentiellement situé à flanc de coteaux et quelques secteurs en plaine et sur des plateaux. Il existe deux appellations, Blaye Côtes de Bordeaux (en blanc et rouge), et Blaye réservée aux vins rouges avec des conditions de production plus sévères. Le merlot, assemblé aux cabernets, forge le caractère des vins rouges et le sauvignon blanc celui des vins blancs.

Le Bourgeais possède une appellation unique, Côtes de Bourg, consacrée à 95% au vin rouge. L’appellation s’étend sur 3900 hectares avec un encépagement dominé par le merlot (70%) devant le cabernet-sauvignon, le cabernet franc et le malbec. Sa morphologie est complexe et se compose de trois lignes de coteaux orientées sud sud-ouest, parallèlement aux bords de la Dordogne puis de la Gironde. La vigne s’appuie sur une assise calcaire atteignant jusqu’à 20 m d’épaisseur, couverte d’un épais manteau argileux qui diminue en allant vers l’Est. Sur les hauteurs, on trouve des dépôts de graves rouges caractéristiques provenant du Massif Central

La production Les structures de production sont celles de la rive droite en général. Ici peu de grands domaines sur le modèle médocain. Si les plus grandes propriétés du blayais peuvent atteindre une vingtaine d’hectares, c’est la règle de l’exploitation familiale qui prévaut, notamment dans le bourgeais où les propriétés sont particulièrement morcelées. La tradition coopérative est forte : 6 coopératives comptent chacune une centaine d’adhérents à Blaye, les 4 plus importantes de Bourg vinifient ensemble le quart de la production.

Les vins Le style des rouges oscille des vins colorés, puissants et fruités à des vins possédant une belle dimension d’élégance, avec davantage de structure et de finesse qui les prédispose à une plus longue garde. Globalement, le style rustique des vins d’hier cède progressivement le pas à des cuvées plus modernes et charnues. Bien que rares, les vins blancs peuvent séduire par leur fraîcheur et leur parfum empruntés au sauvignon blanc.

Bordeaux - Bordeaux Supérieur

Plus d’un bordeaux sur deux est issu d’une de ces appellations qui vendent chaque jour dans le monde près d’un million de bouteilles. L’aire de ces deux appellations (67 000 ha) couvrent l’ensemble de la Gironde viticole. Selon le cas, elles occupent en exclusivité certaines zones ou se partagent le territoire avec d'autres AOC du Bordelais. Les plus vastes étendues sont situées dans la région de l’Entre-Deux-Mers, entre Dordogne et Garonne. Cette vaste sous-région a longtemps produit des vins de qualité courante essentiellement destinés à la distillation. Au cours du XX ème siècle, suivant la demande des marchés, le vignoble s’est convertit successivement à la production de vins blancs doux et, plus récemment, à celle de vins rouges qui sont aujourd’hui nettement majoritaires. Les deux appellations partagent le m^me territoire mais l’appellation Bordeaux Supérieur prévoit des contraintes un peu plus sévères en matière de rendement, de maturité et d’élevage (minimum de 12 mois).

Jusqu’à récemment l’image des appellations Bordeaux Supérieur et Bordeaux était surtout celle du « petit bordeaux » plus ou moins bien vinifié et de qualité aléatoire, mais depuis 15 ans la donne a changé. Les progrès ont porté sur tous les aspects (rendements, maturité à la récolte, élevages plus soignés…) de telle sorte qu’aujourd‘hui coexistent des niveaux de qualité très disparate, du petit vin à des cuvées plus ambitieuses qui ont calqué leur méthode de production sur celles des appellations plus prestigieuses de la région. Outre les vins rouges, souvent issu d’assemblages dominés par le merlot, l’appellation Bordeaux produit également des vins blancs secs, des rosés ainsi que des clairets (Bordeaux Clairet), spécialité bordelaise, sorte de rosés colorés et vineux issus de macération prolongée.

Francs Côtes de Bordeaux

Le nom des côtes de Francs tire son origine du début du VI ème siècle. Après la bataille de Vouillé en 507, Clovis battit Alaric II, roi des Wisigoths et s’empara de l’Aquitaine. Le lieu où se fixa alors un détachement de l’armée Franque fut appelé en latin « Ad Francos », « aux francs », devenu plus tard « Francs ». La commune est située dans le Libournais à environ 15 km de Saint-Emilion. C’est une jeune appellation, créée en 1967, qui est aussi l’une des plus petites de Gironde avec 525 ha répartis sur le territoire des communes de Francs, Saint-Cibard et Tayac, touchant celle de Castillon au nord. Son vignoble occupe les coteaux les plus élevés de Gironde, entre les rivières Isle et Dordogne. Son sol argilo-calcaire est similaire à celui d’autres appellations de la rive droite, avec une orientation majoritairement est.

On produit essentiellement des vins rouges à partir d’assemblages dominés par le merlot et complétés par les cabernets et parfois par un peu de malbec. Leur style les rapproche des Côtes de Castillon voisines, c’est à dire des vins assez fruités avec des structures qui oscillent du léger au plus corsé. Cas unique dans le Libournais, l’appellation produit aussi quelques vins blancs (5% de la production soit 50 hl) dominés par le sémillon ainsi que de très rares liquoreux. Quelques 80 viticulteurs se partagent les 525 hectares de vignes. La particularité des propriétés est leur petite taille : 54 viticulteurs exploitent moins de 5 hectares et seulement 2 propriétés dépassent 30 hectares. Ces petits producteurs apportent leur récolte aux trois coopératives locales, dont la plus importante est le Cellier des Côtes de Francs. Le reste de la production est vinifié en cave particulière.

Castillon Côtes de Bordeaux

Cette appellation porte le nom de la ville de Castillon-la-Bataille qui se trouve sur la rive droite de la Dordogne, à l’extrémité orientale de la Gironde. Elle doit sa notoriété à la bataille de 1453 qui clôtura la Guerre de 100 ans et qui vit Charles VII vaincre le général anglais Talbot. Il s’agit d’une vieille terre à vigne qui est restée dans l’ombre de son illustre voisin, Saint-Emilion. Longtemps les vins de la région ont été connus sous le nom de « près Saint-Emilionnais » puis « Bordeaux Supérieur Côtes de Castillon », enfin « Côtes de Castillon » depuis le décret de 1989.

L’appellation de 3000 hectares est formée de coteaux dont l’altitude peut dépasser 100 mètres et qui protègent les vignobles cultivés sur leurs flancs. Elle est limitée à l’ouest par le saint-émilionnais, au sud par la Dordogne et à l’est par le département de la Dordogne. Dans cette partie orientale de la Gironde, les influences océaniques sont un peu moins marquées que dans les régions plus proches de l’Océan. Le climat est donc un peu plus chaud et sec. Les sols sont plutôt graveleux en bordure de la Dordogne, argileux en pied de coteaux et calcaires dans le nord de l’appellation. Sur certaines collines la roche mère affleure contraignant les viticulteurs à faire sauter les dalles de calcaire pour y planter la vigne. On compte aujourd’hui 370 viticulteurs dont 240 récoltent et vinifient eux- mêmes leurs propres vins. Les domaines restent de taille relativement modeste et la majorité n’atteint pas 10 hectares. Une grande coopérative, l’Union des Producteurs, regroupe 130 viticulteurs et assure près de 15% de la production de l’appellation.

Cépages : Comme dans la plupart des appellations voisines on produit exclusivement des vins rouges à partir d’un cépage dominant, le merlot, qui couvre 70% des surfaces. Le cabernet franc (20%), le cabernet sauvignon et plus rarement le malbec complètent les assemblages. Difficile de définir un style unique pour les vins de cette appellation même si le merlot apporte nécessairement de la rondeur et de la chair. Certains vins peuvent être tendres et souples, à boire dans leur jeunesse, d’autres au contraire apparaîtront plus austères, puissants et structurés, exigeant du temps en bouteille.

Fronsac et Canon Fronsac

Probablement créé par les romains, le vignoble de Fronsac a longtemps vécu un destin parallèle à celui de Saint-Emilion. Exportés depuis le port de , les vins prenaient au Moyen-Age la direction de l’Angleterre. Au XVII è siècle, la famille Richelieu se rend acquéreur de la seigneurie de Fronsac. Louis-François Armand, petit neveu de Richelieu aurait introduit les premiers vins de Fronsac à la cour de Louis XV contribuant à la belle réputation qu’ils acquièrent au XVIII ème siècle. L’embellie dura jusqu’au phylloxéra. Au XX ème siècle, Fronsac met longtemps à sortir de l’ombre de ses prestigieux voisins ( et Saint-Emilion) mais, depuis les années 1990, propriétaires et investisseurs ont contribué à redorer le blason de ces vins dont la notoriété est aujourd’hui bien établie.

Les appellations Fronsac et Canon Fronsac, qui se chevauchent, sont situées sur la rive droite, blotties dans l’angle formé par la Dordogne et l’un de ses affluents, l’Isle. Elles tirent leur nom de deux éminences qui dominent le paysage : le tertre de Canon qui culmine à 60 mètres et le tertre de Fronsac haut de 76 mètres. Les AOC Fronsac et Canon-Fronsac couvrent respectivement 840 et 280 hectares plantés que se partagent une centaine de châteaux et une coopérative. La superficie moyenne d’une propriété est de moins de 8 hectares. La production est exclusivement rouge. L’encépagement est dominé par le merlot, complété par les cabernet-sauvignon et cabernet franc. Les prescriptions réglementaires appliquées à chacune des deux appellations sont identiques : titre alcoolique minimal de 11°, limitation des rendements établie à 42 hectolitres. L’existence ou plutôt la persistance de deux appellations s’explique essentiellement par des raisons d’ordre historiques même si Canon-Fronsac forme un ensemble homogène sur le plan géologique.

La topographie est assez inhabituelle pour la région bordelaise : paysages de collines boisées qui s’élèvent à des altitudes surprenantes si près de l’estuaire de la Gironde. Bien que légèrement plus bas que ceux du plateau de St. Emilion, les coteaux du Fronsadais frappent par leur pente et par la variété de leur exposition. La région comporte toute une gamme de sols, des alluvions fertiles de la plaine bordelaise jusqu’aux mélanges plus pauvres d’argile, de calcaire et de sable qui recouvrent les coteaux et le sommet de Canon, ainsi que les tertres de Fronsac et de Saillan. Sur le plan du méso-climat, la présence des deux cours d’eau préserve le vignoble des gelées printanières. Les vins des appellations apparaissent assez charnus et tanniques et le chêne neuf y joue un rôle dans leur élevage, notamment dans des cuvées de prestige qu’un assez grand nombre de domaines propose. Les meilleurs vins des appellations sont des vins de garde qui conserveront leurs qualités pendant une vingtaine d’années.

L’appellation Graves

Depuis la sécession de -Léognan en 1987, l’appellation Graves s’étend sur 3800 hectares situés sur la rive gauche de la Garonne, au sud de Bordeaux. Il s’agit du plus ancien vignoble girondin, créé par les romains au 1er siècle après JC. L'ensemble du vignoble des Graves, de Bordeaux à Langon, peut produire des vins d'appellation Graves mais l'essentiel provient de la zone qui s'étend entre la Brède et Langon, en contournant les appellations Barsac et Sauternes. La surface plantée en cépages rouges, en progression constante depuis les années 50, représente aujourd’hui près des deux tiers de l'appellation. Le tiers restant de la production se partage entre vins blancs secs et vins blancs moelleux (Graves Supérieures). On compte plus de 300 viticulteurs et près de la moitié des exploitations ne dépassent pas 5 hectares.

Le terme de graves renvoie à un type de formation géologique caractérisé par une présence importante de cailloutis ou « graves ». Cet élément est constitutif de certaines autres appellations bordelaises, surtout dans le Médoc, mais aussi localement à Saint- Emilion. Sur la rive gauche, en amont de Bordeaux, cette formation est si abondante que, cas unique en , elle a donné son nom à l’appellation. Les sols sont ainsi constitués de galets, cailloux, graviers plus ou moins gros, mêlés à des limons et argiles. Ces sols pauvres, drainant et chauds, contribuent à une bonne maturation des cépages rouges et en particulier au cabernet-sauvignon plus exigeant. Les vins assemblent cabernet-sauvignon et merlot, parfois complété par un peu de cabernet franc ou de petit verdot. Le plus souvent élevés en fûts, ils font généralement preuve de davantage de souplesse que les médocs. Les vins blancs secs proviennent d’un assemblage traditionnel de sémillon et de sauvignon avec une proportion de plus en plus importante de vins élevés en fûts. Comme dans le Sauternais voisin, les moelleux proviennent essentiellement du sémillon, récolté en surmaturation et vendangé par tries successives manuelles.

Le Haut-Médoc

La région s’est éveillée relativement tardivement à la vigne. Durant tout le Moyen-Age et l’ère moderne, seuls quelques petits vignobles produisaient un vin destiné à l’autoconsommation ou au marché local. A partir du XVII ème siècle, M. de Pontac à Haut- Brion, dans l’actuelle appellation Pessac-Léognan, met à la mode outre-Manche les « new french claret », des vins plus corsés issus de sols pauvres et graveleux. Le Haut-Médoc connaît alors un développement rapide et les grandes propriétés se multiplient sur l’initiative des bourgeois et parlementaires bordelais. Une « fureur de planter » qui transforme radicalement les paysages de la région. Le découpage législatif Médoc/Haut- Médoc date de 1935. Mais, dès 1815, un courtier des Chartrons, qui faisait autorité, mentionnait des grands vins rouges du Haut-Médoc. Le même courtier bordelais révélait que les milieux d’affaires des Chartrons et les grands propriétaires bordelais avaient établi une sorte de hiérarchie des paroisses où les communes de l’aire viticole de l’actuelle appellation Haut-Médoc faisaient bonne figure.

L’appellation Le vignoble du Haut-Médoc (4550 ha) court sur une soixante de kilomètres, sur la rive gauche de la Gironde, entre les communes de Blanquefort, juste au nord de l’agglomération bordelaise, et de Saint-Seurin de Cadourne, près de Saint-Estèphe. Au- delà il cède la place à l’AOC Médoc. A l’est, l’aire d’appellation du Haut-Médoc jouxte la Garonne puis l’estuaire de la Gironde, « à l’exclusion de toutes les parcelles situées sur alluvions modernes et sables sur sous-sols imperméables", et qui appartiennent à l’aire d’appellation Bordeaux. A l’ouest le vignoble vient butter sur la forêt des Landes. Les appellations « communales » (Margaux, Moulis, Listrac, Saint-Julien, et Saint- Estèphe) sont en quelques sorte des incrustations au sein de ce vaste ensemble.

En matière de climat, l’océan atlantique et le fleuve jouent un rôle de régulateur et atténuent les menaces de gel. En moyenne les saisons sont tempérées, sans excès, et les amplitudes de température raisonnables. Les précipitations moyennes sont de l’ordre de 950 mm par an et les étés sont chauds mais rarement caniculaires, autour de 26° en août. Comme dans tout le Bordelais, les millésimes se suivent sans se ressembler et le caractère des vins reflètent largement les irrégularités du climat. L’appellation repose sur des sols d’une grande qualité. La prédominance de croupes de graves du Quaternaire donne une certaine unité à l’ensemble mais la diversité des terroirs est nécessairement de mise sur un aussi vaste ensemble. Le Haut-Médoc compte 392 viticulteurs dont 150 coopérateurs. Cinq de ses châteaux ont rang de cru classé.

Cépages et vins Au-delà des différences, les vins partagent un certain air de famille. On ne produit que des vins rouges issus majoritairement du cabernet-sauvignon, en assemblage avec du merlot et du cabernet franc. Parmi les autres cépages autorisés, le carménère et le malbec ont quasiment disparu mais le petit verdot complète parfois utilement les assemblages. Généreux mais sans excès de puissance, équilibrés, dotés de tanins généralement fins, ces vins savent développer au fil des années une belle complexité.

Lalande de Pomerol

L’appellation (1100 ha) est située au nord de Pomerol et de Saint-Emilion, séparée par un petit ruisseau, la Barbanne. Proche du confluent de la Dordogne et de l'Isle, elle est protégée sur son flanc sud-ouest par la tertre de Fronsac. La vigne y est présente depuis l’Antiquité mais c’est aux Chevaliers de Malte qui s’y réfugièrent au X ème siècle que l’on doit l’extension du vignoble.

L'appellation créée en 1936 est exclusivement réservée aux vins rouges. Les seuls cépages autorisés sont le merlot, largement dominant, le cabernet franc, le cabernet sauvignon et le malbec. On compte une grande variété de sols, plus divers qu’à Pomerol. A l’est, les sols sont essentiellement argileux et argilo-graveleux, à l’ouest sableux, et au nord à dominante graveleuse. Le tissu viticole est constitué d’exploitations familiales (4 ha en moyenne).

Nombreux sont les viticulteurs (200 en tout) possédant qu'un hectare et assez rares sont les propriétés de plus de dix hectares. La plupart des vins sont vinifiés en caves particulières et il n’existe pas de coopérative. Les meilleurs parmi les vins de cette appellation atteignent facilement le niveau d'un bon vin de Pomerol. Ce sont des vins qui ont une vocation à être bus entre cinq et sept ans et se prêtent rarement à un long vieillissement.

Les « satellites » de Saint-Emilion

Les « satellites » désignent les quatre appellations situées à la périphérie nord de Saint- Emilion. Comme leur « astre », elles produisent uniquement des vins rouges à partir d’un encépagement dominé par le merlot. Le style des vins s’en inspire aussi largement avec des variations qui tiennent aux nuances du terroir et aux vinifications.

Montagne Saint-Emilion : 1600 ha Entre Pomerol à l’Ouest et Saint-Emilion au Sud, le vignoble de Montagne Saint- Emilion est le plus étendu parmi les satellites. Les sols sont essentiellement argilo- calcaires avec quelques zones argilo-sableuses à l’ouest ou graveleuses le long de l’ancienne route nationale 89. L’appellation compte 220 viticulteurs dont 20 adhèrent à la coopérative locale. Outre le merlot (75%) et le cabernet franc (15%), l’encépagement comprend un peu de cabernet sauvignon, de malbec et de petit verdot.

Puisseguin Saint-Emilion : 730 ha Limitrophe à l’ouest des Côtes-de-Castillon, le vignoble de Saint-Emilion s’étend sur la commune du même nom. Le mot "Puy" signifie "Mont" et "Seguin" fut le nom d'un lieutenant de Charlemagne. Nombreuses sont les exploitations de petite taille (entre 5 et 10 hectares) et près de la moitié des viticulteurs vinifient leurs vins à la cave coopérative. Exposé sud ou sud-ouest, le vignoble est assis sur un sol argilo-calcaire et calcaire reposant sur un soubassement pierreux.

Lussac Saint-Emilion : 1500 ha Cette appellation tire son nom d’un gallo-romain, Luccius qui bâtit ici au IV è siècle, une grande villa. Elle est la plus septentrionale des satellites et son terroir se divise entre coteau, plateau et bas de pente. On oppose les vins souples du plateau aux vins plus structurés qui naissent sur les coteaux calcaires et argilo-calcaires. Les petites exploitations à caractère familial, de 5 à 8 hectares, dominent la production. La coopérative regroupe 1/5 des viticulteurs.

Saint-Georges Saint-Emilion : 200 ha Cette petite appellation fait face au plateau de Saint-Emilion, de l’autre côté de la Barbanne. Son aire d’appellation est incluse dans celle de Montagne Saint-Emilion et ses vins, pour des questions de notoriété, sont souvent commercialisés sous le nom de cette dernière. Compte tenu de sa faible superficie, elle possède une forte homogénéité géologique avec des sols presque exclusivement argilo-calcaires et des pentes uniformes et bien exposées.

MARGAUX

Histoire Margaux, comme toutes les autres communes viticoles du Médoc, s’est éveillé relativement tard à la vigne. Durant tout le Moyen-Age et l’ère moderne, seuls quelques petits vignobles produisaient un vin destiné à l’autoconsommation ou au marché local. A partir du XVII ème siècle, suivant l’exemple de M. de Pontac à Haut-Brion, on prend conscience du potentiel des sols pauvres et graveleux du Médoc. Le vignoble de Margaux connaît un développement rapide et les grandes propriétés se multiplient à l’initiative des bourgeois et parlementaires bordelais. Une « fureur de planter » qui transforme radicalement les paysages de la commune. Le classement de 1855 décidé par Napoléon III et établi par des courtiers, consacre Margaux. Les communes qui formeront plus tard l’appellation classent par moins de 22 de leurs crus, qui sont présents à tous les niveaux de la hiérarchie. A la fin du XIX ème siècle les maladies de la vigne (oïdium, mildiou et phylloxéra) puis les effets conjugués de la première guerre mondiale et de la crise de 1929 plongent durablement la région dans un profond marasme. Après le gel de 1956, le vignoble renaît peu à peu en s’appuyant sur la législation née des crises antérieures, et notamment l’appellation d’origine contrôlée définie en 1954. Les surfaces plantées s’accroissent à nouveau, tandis que les propriétaires consentent à des investissements importants. Les années 1980 marquent le retour en grâce des grands vins de Margaux.

L’appellation L’appellation Margaux est la plus méridionale des appellations communales du Médoc. Située à une trentaine de kilomètres au nord de Bordeaux, face à la Garonne, elle s’étale sur plus de 1490 hectares, répartis sur le territoire de cinq communes : , , Cantenac, Margaux et . Elle forme un vaste plateau de 6 kilomètres de long sur un peu plus de 2 kilomètres de large, bordé à l’est par les terres basses de l’estuaire. Au-delà d’une réelle diversité de matériaux, calcaires, sables et argiles, Margaux tire sa personnalité de ces croupes de graves qui accueillent les meilleurs domaines de l’appellation. Il existe plusieurs terrasses successives qui s’abaissent vers le fleuve, chacune correspondant à un tracé ancien et dégradé de la Garonne. Les graves qui les constituent sont de nature diverse, plus ou moins épaisses, et permettent un bon drainage des sols. En période de maturation, elles emmagasinent la chaleur solaire pendant la journée et la restituent à la plante pendant la nuit, assurant ainsi une maturation progressive des raisins. Le cabernet-sauvignon, cépage tardif, a besoin de ces conditions pour donner sa pleine mesure. Il est largement le plus planté, suivi du merlot et du cabernet franc. Parmi les autres cépages autorisés, le carménère et le malbec ont quasiment disparu mais le petit verdot complète parfois utilement les assemblages. L’appellation compte 74 viticulteurs, tous indépendants (pas de coopérative). Elle compte 21 crus classés, soit davantage que les autres AOC communales du Médoc.

Les vins On a souvent dit que les vins de Margaux sont les plus féminins du Médoc. Façon de parler ! Ce commentaire doit plus à la sonorité vaguement féminine du nom de Margaux qu’à la réalité gustative du vin. Une dégustation ambitieuse fut même organisée, dans les années 1980, pour tenter de valider l’hypothèse de la féminité des vins de margaux. On avait réuni pour l’occasion toute la production margalaise et un bel échantillonnage d’experts venus du monde entier. A la fin de la journée, on a du admettre qu’il y avait autant d’écart entre deux vins de Margaux qu’entre un Margaux et un Pauillac. Est-il vrai que les vins de Margaux sont plus « tendres » que ceux de son voisin septentrional, Saint-Julien ? Ou qu’ils évoluent plus rapidement, à cause d’une structure tannique moins importante ? Peut-être, mais cela ne rend pas plus aisé la définition d’un style qui serait typiquement margalais.

Pauillac

Pauillac, comme toutes les autres communes viticoles du Médoc, s’est éveillé relativement tard à la vigne. Durant tout le Moyen-Age et l’ère moderne, seuls quelques petits vignobles produisaient un vin destiné à l’autoconsommation ou au marché local. A partir du XVII ème siècle, suivant l’exemple de M. de Pontac à Haut- Brion, on prend conscience du potentiel des sols pauvres et graveleux du Médoc. Le vignoble de Pauillac connaît un développement rapide et les grandes propriétés se multiplient à l’initiative des bourgeois et parlementaires bordelais. Une « fureur de planter » qui transforme radicalement les paysages de la commune. Aux XVIII ème et XIX ème siècles le port de Pauillac devient le débouché naturel des cantons environnants et la cité prospère tout au long de la période. Succède à cet un âge d’or un demi-siècle de difficultés qui voit la vigne régresser et les marchés se fermer sous les effets conjugués des maladies de la vigne, des guerres et des crises économiques. Les années 1960 marquent le renouveau du Médoc et de Pauillac qui retrouve sa place de première appellation du Médoc par la qualité de ses crus.

Pauillac reste aujourd’hui l’un des plus prestigieux vignobles de Bordeaux. Une réputation qui tient d’abord à un terroir de grande qualité qui repose sur un modelé graveleux particulier : des croupes nombreuses, très mamelonnées, constituées de graves garonnaises que l’érosion a lentement disséqué. Ces graves, maigres, bénéficient d’un drainage naturel extrêmement efficace et, par accumulation de la chaleur, permettent au cépage cabernet sauvignon d’atteindre un niveau de maturité optimal. Majoritaire, il donne ici des vins corsés, denses avec des tanins puissants et une structure qui les rend apte à un long vieillissement. Ils acquièrent avec le temps toute leur complexité.

L’appellation Pauillac couvre aujourd’hui 1210 hectares. Statut Nb Le cabernet sauvignon domine, suivi du merlot et du Premiers crus 3 cabernet franc. Les autres cépages autorisés (carménère Deuxièmes crus 2 et malbec) ont quasiment disparu excepté le petit verdot Troisièmes crus 0 qui complète parfois les assemblages. Pauillac est Quatrièmes crus 1 exceptionnel par son niveau de qualité : les 18 crus Cinquièmes crus 12 classés représentent ensemble 88% de la production. Suivent 16 crus bourgeois (8% de la production) et 7 autres crus.

Pessac-Léognan

Histoire La vigne s’est développée à proximité de l’antique cité de Burdigala au cours du premier siècle après Jésus-Christ. Dès son origine le vignoble a une vocation commerciale, vers Rome tout d’abord où, selon Ausone, les vins de Bordeaux étaient servis à la table des Césars, puis vers les îles britanniques. Après des siècles difficiles, la région connaît un essor sans précédent au XIII ème siècle grâce aux britanniques qui importent massivement des vins clairets, c’est à dire rosés. Au XVII ème siècle Arnaud de Pontac au Domaine Haut-Brion inaugure un vin d’un nouveau style, issu de terroirs de graves, plus foncé, et que les britanniques adoptent aussitôt, le baptisant « new french claret ». Ce nouveau style fait des émules dans le Médoc et dans la région des graves. Après des XVIII et XIX èmes siècles florissants la région est durement touchée par les maladies de la vigne. Au XX ème siècle, le contexte international va longtemps empêcher la renaissance du vignoble qui intervient après les années 1970. Pessac- Léognan exporte aujourd’hui 70% de ses vins.

L’appellation Cette appellation, née en 1987, occupe le nord de la région des Graves juste au sud de Bordeaux. Le vignoble en production s’étend sur plus de 1600 hectares dont 80% sont consacrés aux cépages rouges. Les possibilités d’extension sont de fait réduites car la ville continue à se déployer et il s’agit aujourd’hui de l’appellation la plus urbanisée de France. Elle doit sa renommée à la présence sur son sol de la totalité des crus classés en 1953. Ce classement, revu pour la dernière fois en 1959, regroupe 15 domaines, auxquels il faut ajouter Haut-Brion, qui pour des raisons historiques figure au coté des Médoc depuis 1855. En tout ce sont 21 crus qui ont été retenus, puisque certains châteaux sont classés à la fois en rouge et en blanc. On notera d’ailleurs que ce sont là les seuls blancs secs du bordelais à avoir été retenus dans un classement.

Les sols sont essentiellement formés de dépôts de graves (quartz, jaspes, silex…) constitués en croupes bien orientées et suffisamment pentues pour assurer un bon drainage naturel. La vigne se plaît sur un tel type de sol où rien d’autres ne pousse. Les graves s’imprègnent de la chaleur diurne et la restituent à la plante pendant la nuit, assurant ainsi une maturation lente et régulière des baies. Le cabernet-sauvignon trouve ici de bonnes conditions de mûrissement.

Les cépages On retrouve dans les graves l’encépagement classique du bordelais : cinq variétés en rouge et trois en blancs. En rouge le cabernet-sauvignon constitue la base de l’encépagement. On lui consacre généralement les sols « chauds », les plus graveleux. Assez ferme dans sa jeunesse il déploie un bouquet tout en finesse à maturité. Le merlot et le cabernet franc complètent les assemblages des vins rouges. Ils interviennent dans des proportions variables en fonction des domaines et peuvent exceptionnellement devenir majoritaires. Le merlot affectionne les sols d’argiles et de calcaires. Le cabernet- franc partage les caractéristiques du cabernet-sauvignon mais avec une évolution plus rapide. Quelques rares domaines intègrent également de petites quantités de malbec et de petit verdot. Les vins rouges possèdent l’accent de la rive gauche, avec ce juste équilibre entre fruit, fraîcheur et tanins mais avec peut-être moins d’austérité que dans le Haut-Médoc. Un peu plus tendres en structure, plus aimables dans leur jeunesse, ils offrent le même raffinement aromatique avec des notes fumées souvent perceptibles.

Les vins blancs sont issus en majorité du sémillon et du sauvignon. Dans les graves on leur consacre souvent les sols sableux ou calcaires. Le sémillon s’exprime bien sur des sols pauvres et apporte du volume et des arômes suaves. Il se marie bien au sauvignon blanc, plus exubérant et tonique. La muscadelle, très parfumée, a quasiment disparu du vignoble en raison de sa grande fragilité. L’appellation peut se targuer de produire les vins blancs secs les plus accomplis, et réputés, de Bordeaux, supportant sans mal une vinification sous-bois. Les meilleurs sont des monuments de finesse.

Pomerol

Pomerol est un vieux témoin de la civilisation romaine. Son plateau était sillonné jadis par deux voies antiques, dont l’une était suivie par le poète Ausone, lorsqu’il se rendait du port de Condat, près de Libourne, à sa villa de Lucaniac. Ce furent d’abord les Romains, puis les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem qui cultivèrent la vigne dans cette paroisse. Dévastés et abandonnés pendant la guerre de Cent Ans, les vignobles furent reconstitués au cours des XV et XVI èmes siècles. La notoriété des vins de cette petite appellation a émergé au XIX ème siècle pour se confirmer dans la dernière moitié du XX ème siècle. Ils sont aujourd’hui parmi les plus recherchés du bordelais et Pomerol constitue l’une des plus belles réussites commerciales de la région. Contrairement à Saint-Emilion ses vins n’ont jamais fait l’objet d’un classement officiel.

L’appellation Le vignoble de Pomerol couvre 800 hectares, soit sept fois moins que Saint-Emilion. Seuls les territoires délimités de la commune de Pomerol ainsi que quelques parcelles de la commune de Libourne sont englobés dans cette appellation. Mis à part quelques propriétés plus conséquentes, le tissu viticole est constitué de petits domaines ne couvrant que quelques hectares. Cette mosaïque de petites propriétés dont la production se vend cher présente un avantage certain : une conduite des vignobles plus facile, des vendanges rapides et des vinifications soignées et souvent luxueuses. Sur une aussi petite surface le vignoble bénéficie d’une grande unité hydrographique et géologique. Situé sur un plateau, le vignoble descend en terrasses successives vers la vallée de l’Isle et de la Dordogne. Le cœur du vignoble est constitué d’un plateau d’argile lourde, sur lequel sont situés les plus grands crus de l’appellation. Mais l’une des originalités des sols est constituée par la présence d’alios dans le sous-sol, une sorte de grès tendre ferrugineux, nommé localement la « crasse de fer ». On rencontre également des sols sableux et quelques secteurs de graves à l’est et à l’ouest de l’appellation.

Cépages et vins Pomerol ne produit que des vins rouges à partir d’un cépage dominant, le merlot qui couvre près des deux tiers de la surface plantée. Le cabernet franc est le second cépage, apportant aux assemblages davantage de structure. Quant au cabernet-sauvignon, sa maturité tardive n'est adaptée ni au sol ni au meso-climat local et on le trouve qu’en très faibles quantités dans les secteurs des graves. Le malbec, jadis majoritaire dans la région, vient parfois compléter les assemblages. De façon générale les vins sont caractérisés par une couleur foncée, une chair généreuse et une structure plutôt souple. Les pomerols tendent à être plus tendres que les médocs mais la diversité est de mise et certains vins montrent des structures tanniques parfois imposantes. En général ils sont de consommation plus rapide, notamment ceux issus de vignes cultivées sur des sols sableux, mais les plus puissants peuvent vieillir trente ans et plus. L’appellation Saint-Estèphe

Saint-Estèphe est l’une des appellations communales du Médoc. Elle couvre 1214 hectares, soit 7% du vignoble médocain. Le vignoble, séparé de Pauillac au sud par la jalle du Breuil, s’étend vers le nord jusqu’à Saint-Seurin-de-Cadourne et occupe une succession de croupes bien dessinées. L’appellation se distingue par une grande variété géologique. Les nappes profondes sont principalement argileuses tandis que la basse terrasse est graveleuse et la haute terrasse, sablo-graveleuse. A l’est de l’appellation, le calcaire marin dit de « Saint-Estèphe » personnalise la région avec ses spécimens de mollusques caractéristiques. A l’ouest, la terre légère et sableuse mêle quartz et grès, au sud les marnes dominent en sous-sol. Comme le Médoc dans son ensemble, Saint-Estèphe produit exclusivement des vins rouges, à partir d’assemblages dominés par le cabernet-sauvignon qui affectionne les sols de graves mais avec une proportion de merlot plus importante que dans les autres AOC communales du Médoc. Le cabernet franc et le petit verdot peuvent venir compléter les assemblages. Bien que les généralités soient rarement très opérantes, St-Estèphe produit plutôt des vins puissants et structurés dans leur jeunesse qui gagnent en finesse et en complexité avec le temps. L’appellation compte 126 viticulteurs, dont 80 affilés à la coopérative, et une cinquantaine de châteaux. Cinq d’entre eux ont été classés en 1855 : Cos d’Estournel (2 e CC), Montrose (2 e CC), Calon-Ségur (3 e CC), Lafon-Rochet (4 à CC° et Cos Labory (5 e CC).

Sauternes et Barsac

Les appellations Barsac et Sauternes apparaissent comme deux enclaves dans la région des graves. Situées à 25 kilomètres au sud de Bordeaux, bordées par la Garonne à l’est, et traversées par un petit affluent, le Ciron, elles produisent des vins liquoreux qui atteignent une expression inégalée. Les spécificités de ces appellations ont émergé lentement au fil des siècles. Si on produit des vins doux dans cette région depuis le XVI ème siècle, les premiers vins réellement botrytisés sont apparus à la fin du XVIII ème siècle.

Géologie Au nord du Ciron s’étend l’appellation Barsac qui couvre 600 hectares en production. Le relief y est doux et bascule imperceptiblement vers l’est. Elle s’appuie sur une couche de calcaire à astéries que l’érosion a lentement fissurée assurant un bon drainage en profondeur. La configuration est différente sur la rive droite du Ciron. L’appellation Sauternes englobe outre la commune du même nom les villages de Fargues, et , soit en tout près de 1550 hectares. Le sous-sol est également constitué d’une plaque calcaire mais recouverte de terrasses graveleuses érodées au fil du temps. Ces terrasses, au nombre de quatre, s’abaissent d’ouest en est et constituent en elle-même des petites mosaïques aux orientations et aux pentes très variables.

Le botrytis Le botrytis est un champignon dont les effets peuvent être bienveillants ou malveillants (pourriture grise) selon les circonstances. Dans le Sauternais, les conditions climatiques particulières de la fin d’été, avec une alternance de brumes matinales et d’après-midi bien ensoleillés, sont propices à la version « noble » du botrytis. Le champignon se développe par poussées successives, attaque le raisin, perce sa pellicule entraînant l’évaporation de l’eau qu’il contient. Les baies se recroquevillent en s’asséchant et leur teneur en sucre s’élève à mesure que l’eau disparaît. Il devient fripé puis « rôti », donnant le signal de la vendange qui se fera par tries (passages) répétés dans le vignoble.

Les cépages et les vins Ce sont les aptitudes des différents cépages à ce phénomène qui ont progressivement déterminé l’encépagement du Sauternais. Le sémillon est de loin le plus répandu avec 80% des surfaces. Il y est présent depuis au moins quatre siècles et son profil correspond bien aux exigences de la pourriture noble. Le sauvignon blanc vient souvent en complément, parfois avec une touche de muscadelle appréciée pour ses arômes. Au-delà de leur diversité, ces vins liquoreux comptent parmi les plus puissants et concentrés de France. Souvent vinifiés et élevés en fût, ils offrent des arômes confits et les notes typiques du botrytis, une matière ample, avec un équilibre sucre/acidité très variable selon les châteaux. Leur concentration naturelle en fait des vins de longue ou de très longue garde.

Saint-Emilion

Saint-Emilion étend ses 5400 hectares sur la rive droite de la Dordogne, à 50 km à l’est de Bordeaux. En dehors des appellations génériques (Bordeaux et Bordeaux Supérieur) il s’agit de la plus étendue des appellations bordelaises Elle est bordée à l’est par les coteaux de Castillon et à l’ouest par le vignoble de Pomerol et la ville de Libourne. Au sud, la Dordogne fait office de frontière tandis qu’au nord l’un de ses petits affluents, la Barbanne, marque la limite entre Saint-Emilion et ses satellites. Le vignoble représente 5,5 % du vignoble girondin et une proportion à peu près équivalente de sa production.

Le vignoble La géologie de l’appellation est complexe mais on peut dégager trois grands ensembles : le plateau, la côte et la plaine. 1 - Le plateau calcaire qui culmine à 90 mètres d’altitude autour de la ville de Saint- Emilion est recouvert d’un sol très mince d’argile et de sable. Pauvreté du sol, capacités de drainage naturel et variété des expositions, tout concourt à faire du plateau calcaire l’un des meilleurs sites viticoles de Saint-Emilion. 2 - Depuis ce haut-plateau les côtes diffèrent suivant les orientations. Au sud la côte s’abaisse brutalement. Il s’agit globalement d’un terroir privilégié avec une mention spéciale pour les hauts de côte qui bénéficient de la meilleure combinaison de drainage et d’exposition. Vers le nord-ouest, le plateau s’incline progressivement sous une couche de sols sableux. A proximité de Pomerol, les sols sont recouverts par une épaisse couche de graves apportées par l’Isle qui confère à ce secteur une parenté très forte avec les sols de la rive gauche. Il accueille un petit nombre de domaines, parmi les plus prestigieux de l’appellation. 3 - Au sud du plateau s’étend la plaine méridionale qui s’abaisse lentement vers la Dordogne. Elle est constituée d’un mélange de graves, de sables et d’alluvions, et courre d’ouest en est, en épousant peu ou prou le cours de la Dordogne jusqu’aux limites communales de Castillon-la-Bataille.

Les cépages Les variétés blanches jadis très répandues ont disparu au cours du XIX ème siècle et aucun vin blanc ne porte l’appellation Saint-Emilion. Le merlot a peu à peu colonisé le vignoble de Saint-Emilion, trouvant dans l’élément argilo-calcaire un socle à sa mesure. Il représente globalement 60% de l’encépagement de la région mais sa participation dans les assemblages peut atteindre et dépasser les 80%. Sa rondeur fruitée donne aux vins de Saint-Emilion leur personnalité. Le bouchet, ou cabernet- franc, vient en complément dans les assemblages, et apporte acidité et tanins. Sur les sols de graves du nord-ouest de l’appellation il peut même devenir majoritaire. Le cabernet-sauvignon intervient en toute petite quantité et vient parfois renforcer la structure des vins. Enfin le malbec, ou « noir de Pressac », s’il a eu son heure de gloire au XIX ème siècle, n’est plus présent qu’à l’état résiduel, les viticulteurs lui reprochant sa sensibilité à la coulure et au mildiou. Le style des vins oscille du souple

et fruité dans les terroirs fertiles de la plaine au plus dense et structuré sur le plateau et les côtes.

Appellations et classements Il existe deux appellations : Saint-Emilion et Saint-Emilion Grand Cru, avec pour cette dernière des mentions possibles obtenues à l’issue d’un classement (« grand cru classé » ou « premier grand cru classé »). Peu de choses distinguent les deux appellations. On exige pour les « Grand Cru » un titre alcoométrique minimal de 11,5°, une mise en bouteilles au château et un vieillissement d’au moins 18 mois. Plus que la législation c’est le style de vin qui importe : le « grand cru » étant généralement élevé en fût et apte à un plus long vieillissement. Les termes de « Grand Cru Classé » et de « Premier Grand Cru Classé (A ou B)» sont devenus des mentions réservées aux domaines ayant bénéficié d’un classement.

Le premier classement des Grands Crus de Saint-Emilion est intervenu en 1958, soit un siècle après celui des crus du Médoc. Il est actuellement le seul classement bordelais régulièrement révisé (presque tous les 10 ans). Les dernières moutures du classement, dont celle de 2006, ont donné lieu à un véritable imbroglio juridique et judiciaire. Le dernier en date, celui de 2012 officialisé en septembre 2012, a aussi été attaqué par des propriétaires déchus. Ces classements tiennent compte d’un ensemble de critères parmi lesquels la dégustation, l’assise foncière, la réputation et la régularité, les prix du marché, la conduite de l’exploitation sur le plan viticole et œnologique, ainsi que des critères d’image et de capacité d’accueil. La hiérarchie compte 3 niveaux : Premier Grand Cru classé A (4), Premier Grand Cru classé B (14) et Grand Cru classé (65).

Evolution de la catégorie des premiers grands crus classés (A & B)

Classements de 1958 et 1969 (12) Classement de 1996 (13) Château Ausone (A) Château Ausone (A) Château Cheval Blanc (A) Château Cheval Blanc (A) Château Beauséjour (Duffau - Lagarrosse) Château Angélus Château Beau-Séjour-Bécot Château Beau-Séjour-Bécot Château Belair Château Beauséjour (Duffau - Lagarrosse) Château Canon Château Belair Château Figeac Château Canon Château La Gaffelière Château Figeac Château Magdelaine Château La Gaffelière Château Pavie Château Magdelaine Château Trottevieille Château Pavie Clos Fourtet Château Trottevieille Clos Fourtet

Classement de 1986 (11) Classement de 2006 (15) Château Ausone (A) Château Ausone (A) Château Cheval Blanc (A) Château Cheval Blanc (A) Château Beauséjour (Duffau - Lagarrosse) Château Angélus Château Belair Château Beau-Séjour Bécot Château Canon Château Beauséjour (Duffau-Lagarosse) Château Figeac Château Belair Château La Gaffelière Château Canon Château Magdelaine Château Figeac Château Pavie Château La Gaffelière Château Trottevieille Château Magdelaine Clos Fourtet Château Pavie Château Pavie-Macquin Château Troplong-Mondot Château Trottevieille Clos Fourtet

LES VINS

Château Villemaurine, Grand Cru Classé, 1998 Villamaurine est situé à proximité de la ville de Saint-Emilion. Son vignoble s'étend sur 8 hectares de terres argilo-calcaires. Le château vient de perdre son statut de grand cru classé lors de la dernière révision. L'encépagement est composé de 70 % de merlot, et d’une proportion inhabituelle de cabernet-sauvignon (30%). Le vin est élevé 18 mois en fût.

Château Belair, Grand Cru Classé B, 1998 En 1802, ce château fut le premier de la rive droite à mettre son vin en bouteille, à une époque où la région ne connaissait pas la notoriété de la rive gauche. Il est aujourd’hui la propriété de Pascal Delbeck. Le vignoble, d'une superficie totale de 12.5 hectares, s'étend sur le plateau calcaire et la côte sud de la butte de Saint- Emilion. L ‘encépagement comprend 80% de merlot et 20% de cabernet franc.

Château Magdelaine, Grand Cru Classé B, 1998 Le château fut acquis par les établissements Jean-Pierre Moueix en 1952. 6 des 11 ha du vignoble sont situés sur la côte. L’assemblage comprend 90% de merlot, proportion plus importante que la plupart des autres crus classés. Le vin bénéficie d’un long élevage (20 mois), sous bois (50% de bois neuf).

Château Troplong Mondot, Grand Cru Classé B, 1998, Le château qui doit son nom à deux propriétaires successifs, fût bâti au XVIII ème siècle par la famille de Sèze. Depuis 4 générations il appartient à la famille Valette. Ses 33 ha en font un « grand » domaine à Saint-Emilion, réparti sur le coteau et le plateau. L’assemblage est constitué de 90% de merlot et 10% des deux cabernets. Elevage entre 12 et 24 mois dont 75% en fût neuf.

Château la Gaffelière, Grand Cru Classé B, 2001 La Gaffelière porte le nom d'une maladrerie médiévale où l'on soignait les lépreux appelés aussi, plus communément "gaffets". Depuis le XVIe siècle une présence permanente en ces lieux fait de la famille Malet Roquefort l'une des plus anciennes actuellement à Saint-Emilion. Le château est au centre de ses 22 hectares de vignes. L’assemblage associe 2/3 de merlot et 1/3 des deux cabernets. L’élevage dure 18 mois, en barriques neuves.

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St. Julien

Saint-Julien, comme toutes les autres communes viticoles du Médoc, a connu son essor au XVIII è siècle avec la mode des « new french claret » lancé par la famille de Pontac à Haut-Brion. Si Saint-Julien a pu « souffrir » de n’accueillir aucun des premiers crus classés de 1855 sur son territoire 11 de ses châteaux ont été retenus dans les autres strates de la hiérarchie. Sur le plan géographique, Saint-Julien se trouve au cœur du Médoc, entre Margaux et Pauillac. Avec moins de 1000 hectares de vignes, sa surface est plus réduite que celle de Saint-Estèphe, Pauillac ou Margaux. Les communes concernées sont Saint-Julien et son voisin du sud, Beychevelle. Au nord, l’appellation jouxte celle de Pauillac. Au milieu, le vignoble est coupé en deux par une petite « jalle » (ruisseau) qui se jette dans la Gironde. Au sud, une étendue de vignes classées en Haut-Médoc sépare Saint-Julien de Margaux. Présents sur deux des six terrasses graveleuses présentes en Médoc, reposant sur un substrat argileux, les vignobles de l’appellation épousent un modelé de croupes disséquées par l’érosion et idéalement drainé grâce à un réseau complexe d’axes creux ensablés.

Les vins Saint-Julien produit uniquement des vins rouges à partir d’un assemblage dominé par le cabernet-sauvignon qui affectionne les sols de graves, épaulé par le merlot surtout et plus rarement par les cabernet franc et petit verdot. Les idées reçues veulent que Saint-Julien produise des vins qui seraient une sorte de synthèse entre la « féminité » des margaux et la « masculinité » des pauillacs. En tout cas il s’agit de vins qui vieillissent admirablement, dégageant progressivement une série d’arômes de crayon, de cigare, de vieux cuir, après une jeunesse faite de fruits sauvages et de toutes sortes de plantes. La texture et la structure de ces vins est probablement ce qui les personnifient le plus. « Main de fer dans un gant de velours » dans leur jeunesse, ils s’enrobent d’un velouté suave d’une rare profondeur au fur et à mesure qu’ils prennent de l’âge. La longévité, la finesse et l’équilibre des meilleurs sont exceptionnels.

Sainte-Foy-Bordeaux

La petite ville de Sainte-Foy-la-Grande a prêté son nom à cette appellation qui se situe sur la rive gauche de la Dordogne, dans la partie orientale de la région d’Entre-deux- Mers. Elle borde ainsi les appellations de Bergerac et de Duras. Si l’aire totale (plantée) s'étend sur environ 7000 ha à l'extrémité orientale de la région bordelaise, la majorité des producteurs déclare leurs vins en Bordeaux ou Bordeaux Supérieur. L’appellation Sainte-Foy-Bordeaux est plus exigeante sur le plan des normes de production, et, bien que très petite (environ 350 hectares), elle recueille bon nombre des meilleurs vins du secteur. Les vins rouges représentent 86% de la production, les blancs secs 10% et les moelleux moins de 4%. La qualité des rouges peut être impressionnante et certains blancs secs évoquent de bons graves ou pessac-léognans. Les moelleux, majoritairement issus du sémillon, donnent des vins plutôt légers, comparables aux cadillacs même si certaines cuvées possèdent davantage d’étoffe. Une quarantaine de domaines produit des vins d’appellation Sainte-Foy auxquels il faut ajouter les coopératives.

Inscrite dans un paysage de collines basses, que séparent des vallées irriguées par des rivières et des ruisseaux, la vigne alterne avec bois et prés. Les sols sur lesquels elle repose sont très variés et présentent globalement une bonne aptitude viticole : terres fortes argilo-calcaires (boulbènes) ou terres douces sablo-graveleuses qui reposent sur des sous-sols graveleux dans les vallées, argilo-graveleux ou argilo-calcaires sur les parties plus élevées. Seuls les palus en bordure de la Dordogne ne se prêtent pas à la viticulture. Sur ces sols plutôt chauds, qui définissent un terroir globalement précoce, les raisons bénéficient de bonnes conditions de maturation et donnent des vins plutôt ronds et séveux. En rouge le merlot domine les assemblages, complété par les cabernet franc et cabernet-sauvignon. En blanc, les vins sont issus des cépages traditionnels, sémillon et sauvignon, parfois complétés par une touche de muscadelle.