n° 5 (02-2008)

Toponymie et recomposition territoriale au Maroc : Figures, sens et logiques BOUJROUF Saïd [email protected] HASSANI Elmostafa [email protected]

LERMA et Département de Géographie, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Cadi Ayyad, Marrakech

Résumé Toponymy and Territorial restructuring in : Cet article travail présente les repères qui permet- Figures, Meaning and Logics tent de comprendre la recomposition territoriale au Maroc en rapport avec la toponymie utilisée. Il adop- This paper is an attempt at providing helpful refe- te une démarche interactive, interrogeant les politi- rences to understand the evolution of territorial ques territoriales et les corpus toponymiques liés. restructuring in Morocco in relation with the type of Il traite des mécanismes et des processus complexes toponymy in use. To do so, we propose an interacti- de production des nouvelles mailles et des topony- ve approach in order to scrutinize territorial policies mes en interpellant les formes et les sens véhiculés and toponymic data. This paper also studies the me- afin de déchiffrer les finalités, les logiques, les en- chanisms and complex processes of creation of new jeux, les concurrences et les compromis dans la pro- territorial units by analysing the forms and meanings duction toponymique territoriale au Maroc. transmitted, in order to decipher the purposes, the logics, the stakes, the competition and at last the Mots-clés compromises occurring in the context of territorial toponymic production in Morocco. Toponymie, toponyme, onomastique, néo-topony- mie, recomposition territoriale, Maroc, régionalisa- Key words tion, municipalisation, Marketing territorial Place-names, toponymy, territorial restructuring, re- gionalization, Morocco, territorial marketing

40 Boujrouf Saïd et Hassani Elmostafa: Toponymie et recomposition territoriale au Maroc : Figures, sens et logiques

Introduction tant que moyen dans sa démarche publique d’ins- truction civique. Mais la toponymie fait partie, en Le Maroc présente sans aucun doute un patrimoine fait, de ses instruments utilisés dans ses différentes toponymique riche du fait de la diversité des réfé- stratégies pour conquérir, dominer et contrôler les rents et des références utilisés dans la nomination territoires. A chaque fois, le recours à des mécanis- de ses lieux et de ses territoires. La variété des com- mes appropriés se fait selon la particularité de la si- posantes naturelles et humaines, conjuguée aux tuation politique et la complexité territoriale. multiples influences étrangères, témoigne d’une personnalité toponymique marocaine marquée par Le maillage administratif relevant soit de la régio- 1 un processus de recomposition inachevé. Ce pro- nalisation, instaurée entre 1912 et 1948 , ou de la cessus est chargé de sens et figures et la production provincialisation, appliquée après 1956, établit une des toponymes, quant à elle n’est pas sans enjeux, administration centrale et puissante en s’appuyant conflits et compromis. sur des relais urbains qui représentent manifeste- ment des lieux de pouvoir politique et de contrôle La toponymie n’est aucunement une donnée fortuite social. Les toponymes des mailles administratives et neutre, mais souvent pensée et sciemment utili- traduisent effectivement le recours à des références sée, tandis qu’elle qualifie et fonctionnalise l’espace. à l’urbain, par opposition à la terminologie tribale De ce fait, elle est utilisée dans les recompositions dominante à l’époque utilisée jadis par les pouvoirs 2 territoriales au Maroc tantôt pour dominer et maî- traditionnels , même si le Makhzen résidait et opé- triser l’espace et tantôt pour le promouvoir et le dé- rait toujours depuis la ville. velopper. Le découpage du Protectorat instaura, à partir des 3 Le territoire marocain a connu au cours du siècle découpages makhzaniens ou tribaux , des mailla- dernier des recompositions territoriales incessantes, ges administratifs caractérisés par la hiérarchie et faisant appel conjointement aux découpages et aux l’emboîtement pour assurer un pouvoir central fort toponymies basées sur des logiques et des finalités et de contrôle de proximité. Ces nouveaux décou- complexes. Comment les pouvoirs publics ont-ils pages se référèrent dans leur néo-toponymie à une utilisé alors la toponymie dans ces découpages ? terminologie à la fois « jacobine », coloniale et mi- Autrement dit, quelles sont les références justifiant litaire : région (civile ou militaire), territoire, cercle, le recours à une néo-toponymie ? La nomination circonscription, annexe, poste et zone de sécurité. des lieux et des espaces intègre-t-elle les références Dans leur quête de domination et de restructuration identitaires et les signes de la conscience territoriale de l’espace, les pouvoirs du Protectorat modifièrent collective ? Quelles en sont les fonctions, les logiques la toponymie en relation avec différentes mesures et les mécanismes d’utilisation ? d’aménagement et de contrôle : La toponymie territoriale - changement des lieux d’un bon nombre de mar- entre logiques politiques, chés hebdomadaires comme le cas de Khemis Ait économiques et spatiales Messat (, le jeudi de la tribu Aiit Messat), qui devient Khemis Azilal (l, le jeudi de la nouvelle localité d’Azi- lal), ou bien le changement de jours de leur dérou- La logique toponymique de domination lement et de ce fait de leurs noms comme dans le politique : hiérarchisation de la soumission cas de quelques souks du versant nord du Haut-Atlas et centralisation de l’allégeance central (Ouaouizeght qui passe du vendredi Jemâat Ouaouizeght, au mercredi : Larbâa Ouaouizeght et L’État au Maroc est incontestablement le principal Anergui qui passe du mercredi Larbâa Anergui au producteur de la toponymie territoriale. Il l’utilise en jeudi : Khemis Anergui) 4;

41 n° 5 (02-2008)

- appui à la sédentarisation en créant de nouveaux pour désigner la commune en tant que collectivité lieux et centres et par conséquent la production de locale tandis qu’El Aounate est le nom de la tribu nouveaux toponymes comme c’est le cas de Ouarza- concernée. zat, El Hajeb, Chemmaïa, etc. ; Dans le contexte marocain, la langue est un vecteur - établissement d’une nouvelle architecture et carte d’appropriation des territoires dans la pratique des de l’infrastructure routière et administrative faisant recompositions territoriales (tableau n°1). Dès la appel à un corpus qui n’avait jamais été utilisé aupa- mise en place du Protectorat, la dénomination euro- ravant (route nationale n°…, route régionale n°...) ; péenne des lieux et des territoires était devenue courante du fait d’une francisation ou d’une hispani- - réorientation des flux d’approvisionnement en -af sation partielle de la dénomination des lieux. fectant les bons de distribution des denrées à des localités choisies par l’administration, ce qui a donné L’acte d’usage, voire d’imposition, d’exonymes était lieu à une polarisation organisée et à une signali- indiscutablement subversif de la part des envahis- sation toponymique adéquate. En parlant de Souk seurs qui, outre leur propre système de repérage et Khemis d’Aghbala dans le couloir de l’Oued El Abid, leur ancrage symbolique dans l’espace, visaient la Jean Célérier (1926) signale que « le ravitaillement domination des territoires et l’assujettissement des pouvait se faire par Fès, il venait de Marrakech par populations. En cela, le Maroc incarne un exemple Ouaouizeght : l’occupation d’Ouaouizeght gène for- typique de la politique toponymique coloniale. tement la contrebande » ;

- création de nouvelles villes liées à l’extraction mi- nière telles que Louis Gentil redevenue Youssoufia, Khouribga et Jerada.

Cette logique a perduré après l’indépendance en 1956. La production des provinces en tant que nou- velles mailles administratives donnait la priorité à la toponymie se référant toujours aux villes malgré la petitesse de leur taille démographique.

Après l’instauration du système administratif mo- derne et dans sa quête de légitimité, le Makhzen a constamment essayé d’utiliser la toponymie territo- riale afin de garantir sa domination politique et sa pérennité territoriale en créant de nouvelles échel- les de consensus politique et de configurations spa- tiales appropriées telles que les collectivités locales. Cette néo-toponymie, dans ses termes utilisés, évo- que par ailleurs des compromis entre les différents référents en composant entre les noms locaux et les noms publics tels que dans la « Jemàa d’El Aounate » — littéralement la commune d’El Aounate. Dans ce toponyme officiel, la notion traditionnelle deJemàa signifiant, jadis, assemblée délibérante de la tribu a été reprise, dans le cadre de la décentralisation,

42 Boujrouf Saïd et Hassani Elmostafa: Toponymie et recomposition territoriale au Maroc : Figures, sens et logiques

Toponyme avant la Toponyme colonial Toponyme de colonisation l’Indépendance Marrakech Marrakech (méedina/ville Marrakech nouvelle) Fès Fès (méedina/ville nouvelle) Fès Rabat Dar El Baida Mahdia Port Lyautey Kenitra Petit Jean Sidi Kacem Al Jadida Mazagan Essouira Mogador Fedala Fedala Mohammadia Larache Marchand Rommani Ksar es Souk Ksar es Souk Errachidia Louis Gentil Youssoufia Arcila Açila Villa Sanjurjo Al Hoceima Castillojos Ksar Seghir El Rincon Mdiq Xauen Chefchaouen

Tableau 1. Evolution de la toponymie urbaine au Maroc (en alphabet européen)

Au lendemain de l’indépendance du pays, la ré-ara- La toponymie marocaine de l’Indépendance ma- bisation de la toponymie a progressivement restauré nifestait une certaine hiérarchisation des noms en sa place perdue à la langue arabe dans la nomina- fonction de l’importance des lieux et équipements tion des lieux et des espaces. Le changement de la urbains en affectant par exemple les noms des Rois toponymie voulait manifester l’ancrage de la dynas- et Princes aux lieux centraux comme les boulevards, tie dans la sphère arabo-musulmane en affichant les universités et les hôpitaux ; en donnant les noms ses référents à l’arabité et à la marocanité au mo- des résistants, des savants et écrivains, d’événe- ment des contestations politiques. Des villes comme ments, de chefs de pays étrangers amis, de capitales Ksar Es Souk, Louis Gentil ou encore Fedala ont été étrangères… aux lieux intermédiaires ; et en donnant renommées par référence à une toponymie chéri- enfin des noms plus neutres (mais en référence au fienne (Sultan Moulay Rachid, Moulay Youssef, ; Mo- patrimoine national) d’objets, de fleurs, de villes ma- hammed V) pour devenir simultanément Errachidia, rocaines… aux lieux périphériques (figure n°1). Youssoufia et Mohammadia.

L’ancrage de la dynastie devient également un but éminent dans la toponymie des grands équipements et infrastructures (boulevards, universités, hôpitaux, etc.). Les langues utilisées sont l’arabe et le français en utilisant successivement et en même temps les al- phabets arabe et latin sur les plaques signalétiques.

43 n° 5 (02-2008)

Figure 1. Types de toponymies et degré de centralité des lieux au Maroc

Lieux de toponymie périphérique

Lieux de toponymie intermédiaire :

Lieux centraux

de toponymie monarchique : Mohamed V, Hassan II, Mohamed VI …

Objets, villes, plantes….

La logique toponymique de d’appliquer leurs politiques de développement so- rationalisation économique cio-économique du pays. La toponymie de l’époque reflète amplement les attentes des pouvoirs dans la recherche d’espaces économiques viables, soit au Après le départ des Français du Maroc, les pouvoirs niveau communal soit au niveau régional. Les ré- publics allaient mettre en place une carte adminis- gions et communes devaient alors porter des noms trative assurant une couverture spatiale hiérarchi- fonctionnels relatifs au milieu, aux ressources et aux sée adaptée à la nouvelle situation du pays. À part villes chefs-lieux et n’ayant aucune signification eth- la première carte administrative composée alors de nique ou tribale. préfectures et provinces 6 constituées elles-mêmes Dans le premier découpage communal de 1959, la de subdivisions, de cercles et de caïdats, le décou- plupart des communes rurales ont pris le nom du page communal de 1959 7, créa à son tour et pour la jour de leur souk hebdomadaire ou le nom de leur première fois au Maroc de petites unités territoria- chef-lieu. L’objectif principal était essentiellement la les de proximité. La régionalisation de 1971 8 repré- promotion de l’activité commerciale et de la centra- senta, quant à elle, le cadre dans lequel s’emboîtent lité économique et urbaine au détriment de la cen- les provinces et les communes dans un souci de pro- tralité ethnique. Il s’agissait aussi, parallèlement, de mouvoir le développement économique sur le plan vider le cadre tribal de son sens politique et adminis- territorial. tratif. La commune était envisagée désormais com- me un espace commercial viable capable de réunir Les finalités recherchées dans ces découpages parfois plusieurs fractions et même plusieurs tribus, étaient de mettre en place une couverture -élabo voire d’en démembrer certaines, comme en l’occur- rée et efficace au service des pouvoirs publics afin

44 Boujrouf Saïd et Hassani Elmostafa: Toponymie et recomposition territoriale au Maroc : Figures, sens et logiques

rence les grandes tribus des et Abda dont démocratique au pouvoir et à l’alternance politique, les territoires ont été répartis entre plusieurs com- des réformes qui ont appuyé la régionalisation et munes rurales. L’exemple de la tribu des Aounate la décentralisation, en reconnaissant les régions en est à ce titre éloquent : son espace est actuellement tant que collectivités territoriales. L’élaboration de partagé entre cinq communes (Aounate, Metrane, la charte communale et la réalisation des élections Khémis Ksiba, Beni Tsiris et Oulad Nacer). de 1976 ont marqué le début timide du processus de décentralisation qui a mis en place un nouveau Le découpage régional de 1971 prêchait pour l’ap- système d’association des élites locales à la gestion proche économique afin de faire face aux déséqui- économique et sociale locale et régionale. libres territoriaux hérités de la période coloniale et résultant de la concentration des efforts de dévelop- Dès le début des années 1990, il est toutefois devenu pement dans la partie Nord-ouest du pays. Cette -ex nécessaire pour approfondir ce processus de recom- périence s’est basée sur des repères géographiques poser le territoire national aux échelles communales pour « neutraliser » essentiellement le développe- et régionales. Un nouveau découpage communal in- ment économique régional de toute forme d’inter- tervint en 1992 et un découpage régional en 1997. prétation politique ou ethnique et de promouvoir Comment, alors, ces découpages ont-ils traduit au ainsi ces régions en tant que supports efficaces du niveau de la toponymie territoriale les sens et les développement économique. De ce fait, la topony- représentations contenus dans ces recompositions mie des sept régions créées (Région du Centre, Ré- politiques et territoriales. Autrement dit : comment gion du Nord-ouest, Région de Centre-Nord, Région la toponymie va-t-elle véhiculer et promouvoir les de l’Orient, etc.) consacra des noms se référant à territorialités locales ? l’orientation géographique. Seule la septième ré- gion, celle de Marrakech, prit le nom de son grand Découpage communal de 1992 : une bassin de Tensift. Par ce découpage et cette topony- néotoponymie « reconnaissant » les mie on a voulu masquer aussi l’aspect hétéroclite et l’incohérence de ces régions créées de toute pièce, territoires locaux loin de toute complémentarité territoriale ou d’ho- mogénéité géographique. En manquant de réalisa- Le découpage de 1992 était une nécessité non seu- tions concrètes du fait d’une mauvaise conjoncture lement pour « rapprocher l’administration des admi- nationale et internationale pendant les années 1970 nistrés », mais aussi pour diminuer le poids démo- et 1980, la régionalisation de 1971 n’a pas pu ancrer graphique des communes devenu pesant à cause de cette toponymie cardinale d’une façon durable dans la croissance démographique rapide, pour renforcer l’imaginaire collectif des Marocains. Les noms artifi- la viabilité économique ou encore pour élargir la ciels de ces régions, sont restés mort-nés dans les re- participation démocratique des populations locales. présentations spatiales effectives. La mobilisation de De tels impératifs ont nécessité la recomposition des l’histoire et de la géographie s’imposait pour mettre territoires communaux en augmentant le nombre en place une nouvelle territorialité. de communes de 859 à 1544. De ce fait, la déter- mination des chefs-lieux et les noms des nouvelles La logique toponymique territoriale communes ont revêtu un intérêt considérable. C’est pourquoi une circulaire du Ministre de l’intérieur 9 relative à ce sujet a indiqué aux autorités provincia- Le Maroc des années 1990 retrouve à nouveau la les les critères pour identifier ces communes. notion du territoire mais sous sa forme publique et démocratique. Cette ouverture démocratique trou- Si la dénomination du territoire communal doit re- ve son origine dans les réformes constitutionnelles fléter en principe l’identité locale et l’appartenance de 1992 et 1996 relatives aux préparatifs de la mo- géo-administrative des citoyens; elle devrait faire narchie pour la participation des partis de la Koutla

45 n° 5 (02-2008)

obligatoirement « référence à l’histoire, à la géogra- souk 10, synonyme à leurs yeux, de la ruralité et du phie ou à la sociologie… à la source dominante, et à sous développement. Il s’agit d’un certain nombre défaut par un choix novateur motivé ». Bien que ces de communes qui ont vu leurs souks donner nais- règles toponymiques insistent sur la promotion du sance à des centres urbains importants, à travers la « local » et son instauration comme domaine public diffusion d’équipements et infrastructures de base privilégié, elles n’indiquent en aucune manière le re- assurant un service minimum pour les populations, tour aux liens de nature ethnique tribal abandonnés le développement des activités commerciales sé- en 1959. Les toponymes produits à l’occasion se réfè- dentaires, l’immigration…etc. rent aux notions de la tribu, de la fraction, des saints, du relief, des oueds, comme le cas de la commune La prédominance de l’urbain et de l’économique d’Abachkou (village) devenue Aît Bou Oulli (tribu), de dans les identifications communales, n’exclue pas Ahl Tifnout découpée en trois nouvelles communes : du tout le recours aux toponymies religieuse, tribale Ahl Tifnout (tribu), Toubkal (le massif le plus élevé au et naturelle pour renforcer l’identité territoriale de Maroc) et Iguidi (le sable) …et moins aux jours des quelques communautés rurales à la recherche de marchés hebdomadaires, ainsi la majorité des nou- facteurs commun à leurs unités 11. velles communes de 1992 ne portèrent plus l’indica- tion de ces jours dans leurs dénominations officielles Le découpage régional de 1997 comme c’était le cas pour les communes de 1959. Le Dahir (loi relative à l’organisation de la région au Dans les cas de la reprise du toponyme tribal, la Maroc 12, donne à la région, pour la première fois, revivification du système tribal n’est plus à l’ordre le statut constitutionnel de collectivité territoriale. du jour, et du coup, elle a servi de décor, sinon de Elle a vocation à être un espace de développement « folklore » patrimonial sans âme. Le système tribal socio-économique en tant qu’« entité formant un rappelons-le a été vidé de son contenu surtout poli- ensemble intégré et vivant ». La région est censée tique depuis la colonisation du pays. Dans bien des donner à son territoire les moyens et les compéten- cas et par crainte de revivifier l’ancien régime tribal, ces nécessaires à son développement. Le législateur la toponymie ethnique est utilisée avec une extrême marocain a caractérisé les régions créées par des to- prudence, et du coup, elle a servi de décor, sinon ponymes spécifiques ou locaux en optant pour des de folklore patrimonial sans âme. Cette démarche noms de tribus, de rivières, de villes...etc. L’enjeu es- du retour au local sans trop creuser dans la charge sentiel était la recherche de la cohésion territoriale ethnique, traduit en réalité la volonté de réduire les au niveau de chaque région, en réunissant plusieurs territoires locaux aux aspects patrimoniaux et leur communautés disparates, parfois concurrentes et reconnaître uniquement une dimension culturelle, même vivants en conflit latent13 . occultant ainsi leur dimension politique éventuelle- ment déstabilisatrice. Le développement régional est donc plus que ja- mais territorial donnant lieu à une mise en valeur de Les références ethniques se sont trouvées effective- l’identité collective, aux représentations sociales vé- ment dépassées dans plusieurs dénominations com- hiculées et à la toponymie redéfinie à partir du vécu. munales. La référence à l’urbain domine en effet le Dès lors, la logique prédominante met en exergue la processus de dénomination soit par l’utilisation des territorialité régionale pour donner un coup de fouet noms des centres urbains ou de centres ruraux pro- au développement recherché et accélérer l’intégra- mus municipalités. La néo-toponymie territoriale ex- tion régionale. La toponymie s’avère alors un enjeu prime également le désir des élus locaux d’afficher, majeur tant pour les pouvoirs publics que pour les par le biais des noms choisis, la citadinité acquise. communautés locales concernées. D’une part, l’Etat C’est pourquoi certaines communes ont changé qui cherche à donner aux régions des noms cohé- leurs noms en délaissant le qualificatif du jour de rents sous lesquels toutes les communes s’identi-

46 Boujrouf Saïd et Hassani Elmostafa: Toponymie et recomposition territoriale au Maroc : Figures, sens et logiques

fient et se retrouvent. D’autre part, chez les acteurs que leur identification toponymique soient signalées locaux comme les parlementaires qui exigent tous et reconnues en tant que telles.

Carte 1. Le découpage administratif du Maroc

Parmi les seize régions créées à l’occasion du der- composite lorsque le nom des régions est composé nier découpage régional (carte n°1), le législateur n’a de trois voire, même quatre composantes, comme donné un nom simple qu’à deux régions seulement par exemple le cas de la région « Rabat-Salé-Zem- (tableau n°2) : « Casablanca » comme grande mé- mour-Zaer ». L’accumulation de référents indique tropole et « l’Oriental » comme indication de l’orien- une certaine concurrence entre communautés riva- tation géographique. Dans le premier cas, l’Etat n’a les, en l’occurrence pays et villes qui veulent tous se trouvé aucune difficulté à nommer cette région, vue mettre en valeur ou défendre leur intégrité, d’où l’in- la continuité et la compacité du phénomène urbain flation des composantes constituant le nom d’une métropolitain du . Dans le deuxiè- seule région. Il s’agit en fait d’une difficulté de trou- me cas, l’Oriental rassemble communautés dispa- ver un compromis sur un nom simple, significatif, rates et espaces de contrastes sous cette bannière et fédérateur. Un nom qui porte en lui les prémices neutre, faute d’éléments fédérateurs majeurs. d’une cohésion de groupe et communauté à l’inté- rieur d’une région à construire. La toponymie régionale devient plus complexe et

47 n° 5 (02-2008)

Le classement des mots à l’intérieur du nom glo- régionale hors de leurs territoires, d’où le choix de bal fait partie aussi du jeu de concurrences et des les placer en tête de la suite de référents toponymi- compromis. Le siège de la région (ville), figurant au ques qui constituera le nouveau nom de région, c’est premier plan s’impose généralement. Un compro- le cas pour les régions de Doukkala-Abda (le chef- mis sous forme de compensation toponymique doit lieu est Safi capitale des Abda) et Tanger-Tétouan être trouvé pour les régions où les communautés qui (le chef-lieu est Tétouan, ville moins importante que veulent être reconnues malgré le choix de la capitale Tanger).

Région du Protectorat de Région économique de Région collectivité territoriale de 1948 1971 1997 Rabat Salé Zemmour Zaer Région Civile de Rabat Nord Ouest Tanger Tetouan Gharb Chrarda Beni Hssen Région Militaire de Fès Centre-Nord Taza Al Hoceima Taounate Fès Boulmane Région Militaire de Centre-Sud Meknes Tafilalet Région Civile d’Oujda Oriental L’Oriental Grand Casablanca

Région Civile de Casablanca Centre Chaouia Ourdigha Tadla Azilal Doukkala Abda Région Militaire de Tensift Marrakech Tensift Al Haouz Marrakech Souss Massa Draa

Région Militaire d’Agadir et Sud Guelmim Es Semara confins Laayoune Boujdour Sakia El Hamra Oued Eddahab Lagouira

Tableau 2. Succession des toponymes régionaux au Maroc

48 Boujrouf Saïd et Hassani Elmostafa: Toponymie et recomposition territoriale au Maroc : Figures, sens et logiques

Une néotoponymie entre - dans le domaine des infrastructures de base, com- fonctionnalisme et marketing me pour le cas du port international Tanger-Med, on territorial. choisi des toponymes novateurs. Le but est de véhi- culer au travers de ce nom la dimension méditerra- Dans le cadre des différentes politiques de dévelop- néenne à ce grand port international censé drainer pement menées par l’Etat depuis l’Indépendance, les marchandises essentiellement en transit entre on a fait appel à une toponymie différenciée selon l’Europe, l’Asie et l’Amérique ; les époques pour désigner les ouvrages et les projets territoriaux. Mais on peut distinguer globalement Les deux cas examinés ci-dessus montrent, entre deux types de toponymies : autres, la volonté des pouvoirs publics à travers la toponymie d’intégrer les territoires locaux dans le 1-Une toponymie fonctionnelle qui sert à distinguer processus de la mondialisation, de la concurrence et des ouvrages et infrastructures de base. Il s’agit de la compétitivité en vue d’attirer plus de touristes, d’une toponymie muette se référant à un classe- de capitaux et d’entrepreneurs. ment numérique comme celle affectée aux routes : routes nationales (RN1, RN2…), routes régionales La production de la toponymie territorialisante au (RR1…), routes provinciales (RP1…), ou bien faisant Maroc ne relève pas d’un seul acteur, ni d’une ré- appel, pour les autoroutes, aux noms des grandes férence unique, elle émane d’un processus de régu- agglomérations urbaines en tant que points - d’ex lation socio-politique qui fait du territoire un enjeu trémité (Casablanca-Rabat, Casablanca-Marrakech, de maîtrise, de domination, de recherche de légi- Rabat-Fès…). Cette toponymie correspond à une ap- timité politique et d’appropriation de l’espace. Ces proche techniciste, menée depuis longtemps par les processus de marquage des territoires sont parfois ingénieurs essentiellement des Ponts et Chaussées, lents et suivent une démarche procédurale bien dé- préconisant la rationalité économique et la rigueur finie et établie comme c’est le cas pour nommer les géométrique. communes, mais ils sont parfois rapides et sponta- nés comme c’est le cas pour commémorer un événe- 2- Une toponymie de marketing qui est mise au ser- ment national ou pour rendre hommage à une gran- vice du développement des territoires. Le Maroc a de personnalité ayant joué un rôle important pour eu dernièrement recours, et dans plusieurs cas, à la nation. Les toponymes choisis collent tantôt aux des dénominations sous forme de labels dont le but réalités territoriales et sont donc appropriés et uti- est de promouvoir les territoires et leurs productions lisés largement, et tantôt ne correspondent pas aux en renforçant leur image de marque : réalités perçues ou vécues et finissent souvent par être de purs maquillages délaissés par une majorité - dans le domaine touristique, l’exemple du plan Azur d’habitants. Il arrive quelque fois que les autorités confirme le retour dans la majorité des dénomina- compétentes optent pour des toponymes alors que tions des nouvelles stations balnéaires à des noms les populations optent pour d’autres; la municipalité composites qui rassemblent des toponymes actuels de Marrakech a donné à un quartier du Nord-Ouest avec des noms utilisés jadis dans l’histoire comme de la ville le nom de Hay Hassani (Quartier de Has- pour les stations de « Larache- », « El Jadida- sani), alors que la population continue à l’appeler Mazagan » et « Essaouira-Mogador ». Ce choix mon- Diour Massakine (Maisonnettes des Misérables) ; la tre le souci de donner une dimension patrimoniale municipalité de Sidi Bennour a appelé un quartier à ces sites en faisant appel à des noms se référant Derb Mekka (Quartier de la Mecque), tandis que la à la période coloniale ou à la période préislamique population le reconnaît sous le nom de Deb Jrane (le (phénicienne, romaine…), tout en cherchant à jouer quartier des Grenouilles), toponyme qui en reflète la carte d’une toponymie accrocheuse et promotion- l’état marécageux. nelle.

49 n° 5 (02-2008)

Dans la production de la toponymie territorialisante, Quartier du Progrès ou Quartier du Bonheur… les acteurs ne sont point les mêmes, leur diversité dépend de l’importance des espaces à nommer, ain- Les amicales et coopératives d’habitat proposent les si que de l’enjeu de l’intervention en question. Offi- noms de leurs lotissements et les noms des rues au ciellement, il semble que la démarche respecte bien conseil municipal. Par le poids croissant de ces nou- les règles démocratiques de la prise de la décision veaux acteurs sur l’échiquier électoral local, leurs territoriale, mais l’arbitrage et le choix final ressor- choix finissent généralement par être acceptés. tent généralement des autorités provinciales. Comme la majorité écrasante des bénéficiaires est issue de la classe moyenne lettrée, les noms choi- L’Etat intervient directement lors des découpages sis riment avec les idéaux du savoir, de la liberté, de provinciaux pour donner les noms qui lui convien- l’espoir … nent, il intervient plus indirectement, lors des dé- coupages régionaux, pour accompagner le choix des Les acteurs économiques sont très attachés souvent, noms de régions, tandis qu’il se réserve le droit de dans la nomination de leurs entreprises, à des noms choisir les toponymes des communes lors décou- accrocheurs. Leurs choix s’expliquent bien évidem- pages communaux après avoir mené une enquête ment par des motivations purement commerciales auprès des élus et notables locaux sur les noms les et de marketing publicitaire. Jusqu’aux années 1980, plus utilisés « chez eux ». Il ne reste aux présidents la majorité des noms de cafés, restaurants, magasins des communes que le droit d’adresser requêtes aux … portèrent des noms arabes, mais depuis lors et autorités compétentes. L’Etat intervient également, sous l’influence de la mondialisation, ces établisse- en la personne des autorités provinciales et locales, ments commerciaux portent des noms et utilisent dans la nomination et la renomination des odony- des slogans en langues étrangères, en français bien mes (boulevards, avenues, etc.) et noms de quartiers évidemment mais de plus en plus en anglais… Sous en inspirant aux autorités municipales des topony- l’influence identitaire, apparaissent également de mes tels que les noms des Rois et Princes. plus en plus de noms amazigh sur la place publique 14. Les communes sont légalement les dépositaires de ce droit ; le conseil délibère souverainement des Les communautés déracinées des quartiers périphé- choix proposés par les différents partenaires socio- riques sont les plus réalistes et les plus spontanées administratifs et finit par se décider librement. Ces parmi les acteurs producteurs de la toponymie ter- décisions doivent avoir l’aval des autorités de tutelle ritorialisante. La majorité de leurs espaces résiden- pour devenir définitives. Mais c’est ce passage obligé tiels portent des noms péjoratifs qui expriment leur qui influence les choix des élus pour les « faire tom- désarroi, leur désespoir et leur lassitude devant des ber » dans les choix des pouvoirs publics. Ceci dit, le situations alarmantes et des environnements dégra- conseil municipal reste, tout de même, plus ou mois dants : des noms comme Douar Lahouna (le Quartier libre dans la détermination des noms des espaces des Exclus), Douar Adlam (le Quartier des Ténèbres), secondaires et primaires (rues, quartiers périphé- Douar Al Khanz (le Quartier nauséabond), ou Souk riques, petits quartiers, établissements socio-édu- Al Kalb (le Marché du Chien) … Ces choix expriment catifs …). Les noms choisis coïncident parfois avec une certaine lucidité vis-à-vis de leur condition… Ces des réalités socio-spatiales et parfois sont loin de les toponymes sont également un appel de protestation refléter ; les espaces de haut standing portent des et d’indignation aux autorités locales et municipales noms de verdure et jardinage comme Quartier l’Oa- contre la précarité et l’exclusion sociale et spatiale sis, Quartier Agdal, Quartier des Orangers. D’autres dont souffrent les populations de ces quartiers. portent des noms tapageurs étrangers comme Ca- lifornie ou Bourgogne, alors que d’autres quartiers mal équipés et mal lotis portent des noms comme

50 Boujrouf Saïd et Hassani Elmostafa: Toponymie et recomposition territoriale au Maroc : Figures, sens et logiques

Conclusion NOTES

1 L’année 1912 était une année charnière dans l’édification du La production de la toponymie territorialisante au Maroc Moderne, et l’époque coloniale une étape décisive pour le Maroc est, plus que jamais, un champ de domination passage d’un Maroc makhzanien et tribal, utilisant une toponymie et d’appropriation de l’espace. On est aujourd’hui spécifique, simple et élémentaire, à un Maroc centralisé et maillé faisant appel à une toponymie de plus en plus complexe. loin de l’époque où les territoires s’inspiraient spon- tanément, dans leurs nominations, des conditions 2 Comme l’indique Mimoun HILALI (1994), l’importance de la naturelles du milieu, de la généalogie tribale et du toponymie dans la société locale de langue berbère fait que le parler berbère est oral, obligeait (et oblige encore dans certaines vécu au quotidien, à une époque où cette production régions), les hommes à recourir sans cesse à un marquage systé- est devenue un enjeu et un champ d’intervention de matique de l’espace et à un usage approprié des symboles, des plusieurs acteurs et l’interaction d’une multitude de signes et surtout des noms. Les cinq types relevés par le même auteur sont : 1-les toponymes à signification géo-topographique logiques. Parmi ces logiques (ethnique, politique, tels que Ighil (massif allongé), Azaghar (plaine) ; 2-les noms bio- commercial, technique…), c’est la logique politique géoraphiques généralement liés à la nature et à son aspect syl- vo-climatique du milieu comme Assameur et Amalou désignant de domination de l’espace et de la population qui Adret et Ubac ; 3-les noms géographiques indiquant la présence prédomine. Il s’agit du choix délibéré d’user de la d’une faune ou flore comme Bouigadre (espace aux aigles) et toponymie territoriale, dans le cadre de la construc- M’Iaaraar (région aux thuyas) ; 4-les toponymes de référence his- torique comme le cas d’Oued Srou (dérivé du nom du frère du tion d’un Etat moderne et du renforcement de la Sultan Moulay Hassan Premier, Moulay Sourour) et de Timahdit monarchie sur l’échiquier politique national, comme (de l’arabe Hadi signifiant poste de surveillance) ; et enfin 5-les un moyen d’agencement spatial et une force symbo- toponymes de signification inconnue. lique d’aliénation et de subordination des territoires 3 La trame tribale était, avant l’instauration du Protectorat fran- locaux. çais, bien structurée et les organes du Makhzen et ceux représen- tatifs des communautés (Jmâa) bien ancrés dans leurs territoires. Les nouveaux pouvoirs de l’époque ne pouvaient pas se départir Le contraste reste tout de même flagrant entre une de ces structures et organes en tant que supports et agents d’ap- pratique toponymique officielle, superficielle et- par pui dans le contrôle el l’administration de l’espace. fois anachronique qui propose un habillage territo- 4 BOUJROUF S., Espace commercial et structuration régionale : le rial clé en main, et une pratique toponymique po- versant septentrional du Haut Atlas central marocain, Thèse de pulaire et pragmatique. La prédominance de l’Etat, Doctorat, IGA, Université de Grenoble 1, 1990, 364, page 98. à travers ces différentes instances, en tant qu’acteur 5 L’Oued El Abid, Hespéris, T. VI, 2 et 3ème trimestre 1926. et producteur de la toponymie territoriale témoigne de l’intérêt que représente l’emprise publique sur 6 Le Maroc était composé en 1959 de seize provinces et deux pré- les territoires dans l’objectif de neutraliser la société fectures. malgré le retour annoncé du local. La toponymie lo- 7 Le découpage communal de 1959 instaura 801 communes rura- cale est loin d’être un objet anodin et neutre. les et urbaines.

8 Elle créa 7 régions économiques. Les recompositions territoriales incessantes qu’a connu le Maroc, depuis le début du vingtième siè- 9 Circulaire du Ministre de l’Intérieur n° 128/DCL du 16 juin 1987 adressée aux Walis et aux Gouverneurs du Royaume au sujet de la cle, ont produit des toponymies instables qui ont révision du découpage communal du pays. généré à leur tour des difficultés aux territoires pour se construire une identité propre et une territorialité 10 Voici quelques exemples de communes ayant enlevé le nom souk de leur toponymie territoriale : Sebt Ait Daoud, Arbaa As- appropriée. sads, Tlata Tasrirt devenu successivement Ait Daoud, Assads et Tasrirt.

11 La commune de Tidili Fetouaka, référence tribale, est éclatée en 1992 en trois communes : Tidili Fetouaka, Sidi Yacoub et Sidi Boulkhelf à référence de la sainteté et la commune de Kariat Bamhamed, référence de localité (Kariat : village) devenu com- munes de Kariat Bamhamed, de Moulay Abdelkarim à référence de la sainteté et Bni Snouss à référence tribale.

51 n° 5 (02-2008)

12 Bulletin Officiel n°4470 du 3 avril 1997. LAOUST E., 1942, Contribution à une étude de la toponymie du Haut Atlas, Adrar-N-Dern, d’après les 13 La Région de Marrakech Tensift Al Haouz compose des topony- cartes de Jean Resch, Paris, Librairie Orientaliste Paul mes se référant à l‘urbain pour le cas de Marrakech, à la notion de bassin hydrographique de Tensift et à la plaine autour de Mar- Geuthner. rakech appelée Al Haouz et aussi à la province d’Al Haouz domi- nant les territoires de piémont et de la montagne du Haut Atlas occidental. La Région de Gharb Chrarda Beni Hssen regroupe une référence topographique de la plaine du Gharb et celle tribale de deux tribus concurrentes, celle des Chrarda et celle des Beni Hs- sen.

14 Café Achkid (viens), hôtel Tikida (caroubier), hôtel Agdal (pâtur- age), boulangerie Itrane (étoiles).

Références BOUJROUF S., 1990, Espace commercial et structuration régionale : le versant septentrional du Haut Atlas central marocain, Thèse de Doctorat, IGA, Université de Grenoble 1.

BOUJROUF S., 2005, «Innovation et recomposition territoriale au Maroc : une mise en perspective géo- historique». In : Antheaume B., Giraut F. (dirs.), Le territoire est mort : vive les territoires !, Paris, IRD, p.133-156.

CELERIER J., 1926, «L’Oued El Abid», Hespéris, T. VI, 2 et 3ème trimestre, p.271-311.

HART DM, 1960, «Tribal and Place Names among the Arabo-Berbers of North-western Morocco: A preliminary Statistical Analysis» Hesperis I/3 (Rabat 1960), p.457-511.

HART DM, 1992, « Arabic and Berber Names on the the Tribal Map of North-west Africa: A Statistical Evaluation », Awraq: Estudios sobre el Mundo Arabe e Islamico Contemporaneo XIII (Madrid, 1992), p. 157-204.

HILALI M., 1994, “Les noms géographiques d’origine berbère : miroir culturel et mémoire ethnologique, in « Le nom géographique : patrimoine et communication”, Actes du premier colloque national sur les noms géographiques, Institut Universitaire de la Recherche Scientifique et Division de la Conservation Foncière et des Travaux Topographiques, Rabat, pp.133-147.

HOFFMAN K.E., 2006, « Berber language ideologies, maintenance, and contraction : Gendered variation in the indigenous margins of Morocco », Language and Communication, vol. 26, p.144-167.

52