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CHRONIQUE THIONVILLOISE : JANVIER 1964 A JANVIER 1968

1) Musée et expositions a) Du 25 janvier au 2 février 1964, exposition « Un demi-siècle d'archéologie au Pays de », au Beffroi de Thionville (Ville de Thionville et section locale de la S.H.A.L.) ; succès consi­ dérable, sans doute déterminant pour accélérer le réaménagement du Musée de la Tour aux Puces (1). Le 24 janvier 1964, brillante conférence de J ..J. Hatt au Beffroi sur l'évolution stylistique de la sculpture gallo-romaine. b) Le 4 juin 1966, réouverture du Musée de la Tour aux Puces (2) , dans le cadre des manifestations du deuxième centenaire du rattachement de la à la ; le même jour, inau­ guration de l'exposition «Industrie et artisanat en Lorraine au XVIII• siècle » (3) ; au cours de cette manifestation, remise de la médaille des Grands Jours de Lorraine à M. le Préfet Lapor te et à Maître Ditsch, maire de Thionville, par M. Pierre Lyautey, prési­ dent du comité de coordination pour la célébration du bicentenaire. c) Le peintre thionvillois Pol Wachs a présenté une série exceptionnelle d'aquarelles, gouaches et dessins le 15 décembre ] 967 au Casino municipal de Thionville, dont un certain nombre de paysages thionviUois, la Ville de Thionville en a acquis quelques exemplaires ; il serait souhaitable qu'elle acquière également cer­ tains paysages thionvillois du regretté Hervé Thuillier, et du peintre malgache Raoul Rabemananjara (qui fit son service militaire à Thionville en 1966 et fut très inspiré par notre ville) .

2) Paléontologie Le Musée a acquis en mai 1967 la défense de mammouth trouvée au printemps 1961 à la base des alluvions quaternaires de la sur le chantier de Sollac à Daspich (don Sollac). La tête de mégacéros, trouvée dans la sablière de en fin octobre 1966, a été acquise par le Musée peu après.

(1) Catalogue édité par la Ville de Thionville, 7 pages. 14 vitrines présen· tées. Le Musée de avait prêté l'admirable ensemble d'objets dit «la cachette du marchand » trouvé à Basse- vers 1900 (Bronze final). (2) Guide provisoire édité par la Ville de Thionville : 1re édition 1966, 15 pages ; 2" édition 1967, 40 pages. (3) Catalogue édité par la Ville de Thionville, 13 pages. 179 documents présentés. Concours important des Arch. Dép. , du Musée Lorrain, de la Maison Pellerin d'Epinal, des Archives de la Ville de Metz, etc. La mise en exposition fut pratiquement assurée par Roger Gœdert. 76

3) Préhistoire Au Pays d', continuant ses prospections, André Lepape a fouillé un site important sur le plateau entre Saint-Nicolas-en­ Forêt et , avec fonds de foyer, vaUum de défense, etc., au printemps 1967 ; le site fut aussi occupé par une civilisation rusti­ que gallo-romaine au n· siède après J.-C. (bâtiments à pavage sommaire) ; André Lepape, qui a aussi prospecté la terrasse à ga!lets taillés de Sainte-Agathe, a sous presse actueHement une publica­ tion : « Stations préhistoriques et enceintes fortifiées des vaHées de la Fensch et de l' ». D'autre part, M, Bruant a donné au Musée de la Tour aux Puces un outil néolithique trouvé près de Haute-Kontz (juin 1967). 4) Gallo-romain a) La route romaine Metz-Trèves, de rive gauche de la Moselle, le Kem, a été identifiée en plusieurs endroits ; en 1964, Louis Becker identifie une courte section du Kem, près du carrefour de la route de Guentrange et de l'actuelle « route des Romains » : à 8 mètres de cette dernière, donc en direction de Guentrange, au niveau -0,40 m, un cailloutis de 35 cm d'épaisseur, légèrement bombé, correspondant à une route de 5 m de large. Toujours en 1964, Louis Becker découvre sur le chantier des citernes du nouvel hôpital de Thionviile, à l'orée des bois de Lagrange, près du Crèvecœur, une couche de tessons n· et III" siècles après J.-C., peut-être consécutifs à une auberge installée à 40 m du Kem ; M. Cuisinier signale alors qu'en 1962, quand il bâtissait sa vala dans la rampe du Crèvecœur, il était tombé sur le hérisson du Kem en creusant ses fondations. Découverte plus importante encore, en juin 1967, Georges Martig, à l'occasion de gros travaux à TerviHe, entre le carrefour de la route d'Hayange et l'embranchement du chemin du cimetière, put faire re·lever les mesures du Kem, bien conservé, sauf le dallage, sous une couche moderne de 20 cm, et coïncidant cette fois avec la « route des Romains » actuelle : le hérisson en pierres plates avait 25 à 30 cm d'épaisseur et reposait sur un cailloutis de graviera de Moselle de 30 ·cm d'épaisseur ; le Kem était mis à jour sur 320 mètres de long, il faisait 4,70 m de large ; sur 18,50 m de long, le Kem présentait une couche d'incendie entœ le cailloutis et le héris­ son ; en coupe transversa'le, le hérisson était légèrement bombé. b) Dans l'été 1964, découverte d'une stèle avec bas-relief de la déesse Epona, dans le quartier de la Cité Solvi à Ebange-Daspich sur un terrain Sollac ; la ViHe de a prêté la stèle au Musée. En novembre 1962, André Lepape avait trouvé dans le bois de Saint-Hubert, non loin du Kem, un linteau de pierre orné de plu­ sieurs petites Epona sculptées ; ce linteau avait été découvert en 1960 par des ouvriers dans un puits à section carré·e, à que'lques mètres du Kem, et il pourrait s'agir d'un linteau de porte de bâti- 77

ment de « mansio » ou « mutatio » en rapport avec la route romaine. Toujours dans le domaine du Kem et des divinités, R.-C. Jacques a donné au Musée au début de 1965 la stèle avec dédicace à Mercure, qu'il avait pu sauver pendant la démolition de l'ancienne église romane de Boussange, on se rappelle que le Kem franchissait l'Orne au pied des terrasses de Boussange (4). c) En octobre 1965, découverte d'une tombe à puits gallo­

romaine sur la terrasse de la Briquerie, au lieu-dit « Tafeld », entre ThionviHe et Guentrange. d) En juillet 1966, au cours des travaux de creusement du parking de la place Turenne à ThionviHe, découverte d'une petite nécropole du début du rr siècle après J.-C. sur un rivage fossile d'un marais ou d'un ancien bras de Ia Moselle, au niveau -1,50 m.

Le mobilier funéraire comprenait des céramiques grises « belges >> ,

des céramiques roses « italiques » ou imitées de l'italique, des céramiques gallo-ro m: aines lisses ou sablées ; les formes julio­ claudiennes étaient nombreuses ; ce mélange de céramiques est caractéristique d'une civilisation locale tiraillée entre les persis­ tances celtiques et la latinité envahissante. Fouilles de J.-C. Wax, dépôt de la trouvaille au Musée en 1967 (5). e) Le� 14 et 15 mai 1967, une fouiLle d'urg•ence fut menée dans un temps ·record à Ebange sur le terrain Sol'Iac proche de la

Cité Solvi, non loin du sondage de J,.J, Hatt en 1962 (6) et à 32 m du Kem ; le four de potier, remarquablement bien conservé dans ses formes mais très friable dans son matériau, avait une forme légèrement elliptique, la sole de la chambre inférieure était au niveau -2,11 m, un système de carneaux pratiquement intacts trouait régulièrement la sole de la chambre supérieure comme dans les fours découverts non loin de là par J.-J. Hatt en 1961 de l'autre côté du Kem ; 'le tunnel pour alimenter la chamb:œ inférieure en bois et fagots était bien conservé, avec la grosse pierre plate pour régler la ventilation venant d'oues•t ; un dépotoir encombrait d'ail­ leurs les approches du tunnel. Les tessons très nombreux indiquent une chronologie fin 1er siècle après J.-C. (mortiers gris en céramique

<< belge » ou en ordinaire rouge avec lèvres de préhension perpen­ diculaires au rebord supérieur) , mais aussi 11• siècle après J.-C.

( 4) Description de la stèle de Boussange par R.-C. Jacques dans « Cahiers lorrains » 1938, p. 68 à 70. (5) Deux céramiques sont estampillées, l'une CIRUCA, d'autre IULIUS ; la petite nécropole julio-claudienne découverte en septembre 1959 à Basse-Yutz chez M. Hollaender, présentait également un certain mélange des civilisations, voir l'article de J .• J. Hatt dans « Gallia » 1960, p. 221. (6) Sur les fouilles de J .•J. Hatt à Ebange et Daspich, en particulier sur le terrain près de la Cité Solvi, voir « Cahiers lorrains » 1963, p. 1 à 3. « Sollac-Magazine », dans son n° 9-10 de 1967, a présenté deux belles pages avec photos, sur le four de potier d'Ebange de mai 1967 et sur la défense de mammouth de Daspich de 1961 (Henry Salembier). 78

(mortier en ordinaire rouge avec lèvres de préhension déjà recour­ bées, écueHes et grands vases en ordinaire rouge). Fouille assurée par Gabriel Sti'ller et tout l'équipe André Lepape ; M. Billoret, directeur des services archéologiques de la s· circonscription, char­ gea son assistant, M. Bertaux, après inspection du four, d'en fabri­ quer la maquette pour le Musée de la Tour aux Puces. f) Les usines SoHac, qui ont toujours accordé très aimablement toute permission pour les fouilles de la Circonscription sur leurs terrains, ont donné également aux Archives de la Ville de Thion­ ville l'étude métallurgique de P. Hocquet sur le fer à cheval gallo­ romain d'Ebange, trouvé par J.-J. Hatt en 1960 ; la teneur relative­ ment é·levée en phosphore, le forgeage à haute température et très

énergique, une technique d'élaboration du fer proche du « cinglage ,; , telles sont, entre autres, les connaissances nouvelles acquises sur la métallurgie à Ebange au n· siècle après J.-C. ( 1) . g) En décembre 1967, découverte de la «meta » d'une meule

de moulin gallo-romain, au lieu-dit « Pentzbourgberg » à par M. G. Mourraux. h) Marcel Lutz a consacré plusieurs pages à I'officinP, de céra­ mique de Haute-Yutz dans une étude récente, notant l'influence directe de l'officine de BlickweHer et du groupe Satto-Saturninus sur l'œuvre du potier principal de Haute-Yutz, ainsi que le cas intér·essant du potier argonnais Gesatus (8). Marcel Lutz a également retrouvé des tessons de sigillée, type Gesatus ou Censor, fort pro­ ches de ceux de Haute-Yutz, dans son étude sur les tessons de la villa de Grémecey (9). Dans une autre étude faite en 1967, Marcel Lutz évoque les estampilles anépigraphiques, dont 8 modèles de Haute-Yutz (9*). i) Les fouilles de l'Association des Amis de l'Archéologie Mosellane, à Bass·e-Ham, dans la sablière de MM. Denz et Lafay, de l'automne 1966 à l'été 1967, ont révélé un site initialement néo­ lithique (très beaux tessons de céramique danubienne), puis gallo­ romain (III" et IV" sièc·les après J.-C., detix remarquables puits gallo-romains à section ronde maçonnée, avec une cruche rouge décorée à la barbotine blanche, IV• sièc'le après J.-C.), puis marqué

(7) Exaamen métallurgique d'un fer à cheval de l'époque romaine, par P. Rocquet, 29 août 1961. 22 photos pour les diverses analyses et réactions. Arch. Thionville. (8) Marcel Lutz : Etat actuel de nos connaissances sur la céramique sigillée de la Gaule de l'Est, dans « Revue Archéologique du Centre » , n° 18, 1966, p. 130 à 157. (9) Marcel Lutz : la Céramique de Grémecey, dans « Annuaire Soc. Hist. Arch. Lorraine », t. LXVI, p. 11 à 39. (9•) Marcel Lutz : Les estampilles anépigraphiques sur vases sigillés de la Gaule de l'Est, dans «Cahiers alsaciens d'Archéologie, d'Art et d'Histoire ..,, Strasbourg 1967, p. 201 à 210. Estampilles de Haute-Yutz sur la planche 1, p. 203. 79 par les premieres invasions germaniques (sépultures de la fin du ° IV" siècle après J.-C.) (1 ) ; une vitrine « Fouilles de Basse-Ham » a été promise par l'Association au Musée. j) Le Musée a pris une part importante à l'exposition «Vingt ans d'archéologie en Alsace et en Moselle », présentée par J ..J. Hatt au Musée des Rohan à Strasbourg, en avril et mai 1967. Le Musée de Metz a présenté une reconstitution de la pyxide paléo-chrétienne de Basse-Yutz, dans son exposition «Les origines du Christianisme dans l'ancien évêché de Metz » (11) .

5) Moyen·Age a) Le Musée de expose un moulage de la pierre indicatrice du « Bedgau » de Roussy (VII• ou VIII" siècle) et livrera un moulage identique au Musée (12) . b) Dans le catalogue de l'exposition « Karl der Grosse » à Aix-la-Chapelle, en l'été 1965, Thionville est signa,lé comme lieu de séjour de avec sept séjours, venant après Aix-la­ Chapeile (27), Worms (16) et Herstal (12) (13). Les membres du Chantier de la cathé,drale d'Aix-la-Chapelle ont tenu à visiter la Tour aux Puces le 23 août 1966, sous la conduite du Dr F. Kreusch et de Mgr Stephany, accompagnés de M. F. Hellmann, ancien Thion­ villois et directeur de l'Institut Français d'Aix-la-Chapelle. Pour ce qui est du grand Capitulaire de Thionville de 805, il faut signaler l'étude de Fritz Timme sur l'interdiction d'exporter des armes chez les Slaves et A vars (14) . La célèbre « Divisio Regno­ rum » édictée à Thionville en 806 par Charlemagne, est désormais à la portée du grand public en texte intégral, cependant que Robert Folz, faisant la synthèse des notions, donne une interprétation inté­ ressante de la « Divisio Regnorum » en y voyant un compromis entre la notion, traditionnelle chez les Francs, de partage, et l'idée c a rolingienne d'unité inaliénable de l'Empire. Cette hantise de l'unité explique pourquoi Louis le Pieux fait prêter serment aux Grands à Thionville en 821 à l'« Ordinatio lmperii » de 817 ; quand

(10) Association des Amis de l'Archéologie Mosellane, Fiche d'Information n• 2 et 3 de 1967 : le site de Basse-Ham. 20 planches hors texte. (11) Exposition : Les origines du Christianisme dans l'ancien évêché de Metz. Mai-juillet 1966 au Musée de Metz ; n• 41 du catalogue, p. 41. (12) A. Pax et M. Heuertz : Une pierre indicatrice du << Bedgau >> (Pagus Bedensis) à Roussy (Moselle). Annuaire Soc. Hist. Arch. Lorraine, t. LXIV, p. 79 à 83. (13) Exposition : Charlemagne - Œuvre, rayonnement et survivances. Aix­ la-Chapelle 1965 ; catalogue p. 13 et 14 avec carte détaillée. (14) Fritz Timme : Scheessel an der Wümme und das Diedenhofener Capi­ tulare vom J ahre 805, Blatter für deutsche Landesgeschichte, 100. J ahrgang 1964, Selhstverlag des Gesamtvereins der deutschen Geschichts- und Altertumsvereine . 80 le partage devient inévitable, c'est encore de Thionville, en fin 842, que les trois frères envoient les « missi » pour rassembler les archi­ ' es de l'inventaire général de l'Empire ( « Descriptio ») né

(15) Robert Folz : Le couronnement impérial de Charlemagne, Gallimard 1964, p. 197 à 199. La traduction du texte intégral de la « Divisio Regnorum ,, est désormais accessible au grand public dans l'ouvrage de G. Tessier : Charle· magne, collection Le Mémorial des Siècles, Albin Michel 1967, p. 349 à 355. (16) Exposition : Les origines du christianisme dans l'ancien évêché de Metz. Mai-juillet 1966 au Musée de Metz ; article de Gaston Hocquard dans le catalogue de l'exposition : Saint Chrodegang et le chant liturgique, p. 24 à 28. (17) Adrien Printz : La Chapelle de Morlange, Région de Thionville • Etu· des historiques, n° 24, 1967. Photos : André et Jean-Pierre Lepape. 59 pages. Une interprétation de certains thèmes d'origine celtique serait souhaitable, en particulier les serpents ondulants du fronton sud : la lune (ou la coupe) est simplement remplacée par une croix grecque cerclée, rappelant la croix celtique. (18) Gérald Collot, conservateur des Musées de Metz : Contribution à l'étude de l'architecture civile de Metz et de sa région, de l'époque médiévale à la Renaissance, Annuaire Soc. Hist. Arch. Lorraine, t. LXVI, p. 94, et carte p. 97 ; le Musée de la Tour aux Puces a gardé également des fenêtres à tympan cintré, XIII• siècle, tout à fait semblables au modèle a (maison de la Citadelle de Metz) signalé p. 88 et p. 84, héritières directes d'un type de fenêtres romanes. 81

bourgeoises (Henri le Blondel, 1247 à 1281, et Ermesinde, ll96 à 1247), quelques pièces de l'atelier de Kreuznach, du Mans et de Saint-Louis. Au tota'l 4 ou 5 kg de deniers d'argent, essentiellement de la première moitié du XIII" siècle. Mm• Weber a donné au Musée la grosse jarre et un petit échantillonnage de deniers, en particu­ lier d'Henri le Blondel, sire de Thionville, qui accorda la charte de 1239 (19). e) La colonne torse (flamboyant tardif) qui ornait le fond de la Cour du Mersch a été acquise par le Musée en 1966 (20) . f) Le Dr J.-C. Loutsch, de Luxembourg, a publié une étude de généalogie extrêmement commode à consulter sur la famiHe des , dont certains membres ont joué un grand rôle dans le Pays de Thionvil'le au Moyen-Age et XVI" siècle, en particulier Georges de Ravil-le, prévôt de ThionviHe en 1440 ; signalons ici que l'hôtel des Raville à Thionville, avec sa tourel'le et ses fenêtres XV" siècle, existe toujours, abritant les bureaux des Services Techniques de la Ville de Thionville, mais non classé (21).

g) Sur Gilles de , échevin ou justicier à Luxembourg (fin XIV" et début XV" siècle), Johan «d'es Kelners son » et Hein­ rich von Boler, échevins de Cattenom au début du XV" siècle, quel­ ques renseignements dans l'étude de Robert Matagne (22) ; un des actes cités mentionne Y s'enbart de Schifflange, échevin de Thion­ vi'lle (1425) , un autre acte décide que l'Ordre Teutonique gardera son château de Cattenom (1440) , et nous apprenons qu'en 1443, après la prise de Luxembourg par Philippe le Bon, les Bourguignons occupent également la partie du château de Cattenom appartenant aux chevaliers teutoniques. L'auteur explique que si l'Ordre Teuto­ nique avait reçu nombre de donations au Luxembourg, c'est qu'an­ térieurement Jean L'Aveugle avait eu besoin de son alliance pour enlever la Silésie à la Pologne. Renseignements égal.ement sur le voyage d'Elisabeth de Gœrlitz, de Thionville à Nuremberg au prin­ temps 1430, pour y être reçue par l'Empereur Sigismond.

(19) R. Heinrich : classement par ongme de 1 805 pièces de monnaies du trésor de Malling, avec deux planches de photos des principaux types de mon· naies de Malling, Arch. Thionville. Maître Eiselé : article sur les monnaies du trésor de Malling (18 pages) dans fiche n° 2 de l'Association des Amis de l'Archéologie Mosellane, .1965 ; de Maî· tre Eiselé également : Circulation monétaire dans l'Est de la France, la Trou­ vaille de Malling, dans « Cahiers numismatiques », mars 1965, p. 100 à 103. (20) Modèle identique exposé au Musée national de Luxembourg. (21) Docteur J.-C. Loutsch : La famille de Raville, dans l'Intermédiaire des Généalogistes, n°8 83, 84, 85 et 86. (22) Robert Matagne : Philippe d'Elvange, échevin de Luxembourg et com­ mandeur de l'Ordre teutonique, dans « Hémecht >> 1966, p. 213 à 225. 82

h) L.a Vierge à l'enfant, statue polychrome de la fin du Moyen­ Age ou du début du XVI" siècle, a été replacée dans une petite chapelle de l'église d·e , après les travaux de réfection de l'église, au printemps 1966 (23).

Le château de Meinsberg, Ia plus belle ruine médiévale du pays, attend toujours des travaux de consolidation ; un chemin d'accès a été inauguré en fin 1965 (24).

6) xvr siècle a) Maître Marx, notaire à Thionville, membre de la S.H.A.L., a fait don en fin 1965 de la magnifique cheminée Renaissance tar­ dive, qui ornait la cuisine de sa vieiUe maison de la rue de la Vieille-Porte ; cette maison a été rasée au début 1966 pour établir la percée entre l'avenue Clemenceau et la rue de Jemmapes ; la cheminée a été remontée à la Tour aux Puces, sous les voûtes de la saUe du XVI" siècle (25). Dans l'été 1966, le comte de Mortemart a décidé de faire res­ taurer la chapelle du château de Hombourg-Budange ; on peut y admirer la pierre tombale sculptée de Wirich de Créhange-Pittange, gouverneur de Thionville sous Charles-Quint, de 1541 à 1542 (26). b) R-C. Jacques a donné une intéressante interprétation de la taque représentant Ia chasse au dragon, parodie burlesque de l'Amadis de Gaule ; l'exemplaire du Musée est signa·lé dans l'ar­ ticle (27) .

7) XVII" siècle

a) Pour le Siege de 1643, deux documents nouveaux : une lettre du Grand Condé à Mazarin, du 9 juillet 1643, signalant qu'il a commencé les véritables travaux du siège de Thionville (28) , une lettre de sauvegarde du dernier gouverneur de la période espagnole de Thionville, Mortuez de la Prelle, pour des viHages messins, à peu près contemporaine de la lettre du Grand Condé (29).

(23) « Rép. Lorrain », 22 avril 1966. (24) « Rép. Lorrain », 3 novembre 1965. (25) La maison avait été complètement reconstruite au XVIII" siècle, mais en conservant la cheminée Renaissance. (26) « Rép. Lorrain », 24 août 1966. (27) R.-C. Jacques : La chasse au dragon, dans le Vieux Papier, 1966, p. 394. (28) Lettre acquise par les Archives Dép. Moselle en fin 1967. (29) Lettre acquise par leb Archives Ville de Thionville en 1966. 83

b) A , la « pierre des Croates » n'a nullement disparu ; lors de la reconstruction de la maison n• 99 de la rue Clemenceau, M. Roda, libraire, a fait encastrer la pierre dans le mur extérieur du nouvel immeuble. On lit :

1636. IST. DIES. DORFF. DURCH. DIE. CROATEN. GA NTZ. ABGEBRANT. WORDN. 1650. IST. DIES. HAUS. DURCH. N. SCHARF. VON. DIEDEN HOBEN. ERBAUT. WORDEN.

Nicolas Scharf (ou Scharff) a été échevin de Thionville en 1658 et 1659, justicier de Thionville du 15 septembre 1663 au 2 octobre 1664. Il avait des biens au pays d'Algrange, car en 1679 sa veuve Marguerite Bock obtient du Bailliage de Thionville le droit de per· cevoir le prix du bail de la cense de Batzendhal, mais le Parlement de Metz annule cette sentence (30) .

c) La revue « Hémecht » a consacré de nombreuses pages de ses numéros de 1966 à l'histoire de l'institution du pèlerinage de Notre-Dame des Affligés à Luxembourg au XVII" siècle ; un des premiers promoteurs de cette institution si caractéristique de la Contre-Réforme ·et de l'action des Jésuites dans les Pays-Bas espa­ gnols et au Luxembourg, était le Père Jacques Broquardt, né à Thionville en 1588 dans une famiUe bourgeoise très connue {mer­ ciers, commerce de vin, grains et salpêtre) ; Jos·eph Maertz (31) situe bien l'œuvre du Père Broquardt dans le climat général de désarroi (guerres interminables entre l'Espagne et la France, p·este, etc.) ; à noter aussi le « Mirakelbuch » de 1648, qui n'est pas sans rappeler 'les grands afflux de piété que la Lorraine crucifiée connaît au même moment à Benoîte-V aux, à Sion, à Bon-Secours près de

(30) Archives, Ville de Thionville, fonds Braubach B, fichier des échevins et fichier des richter ; Arch. Dép. Moselle, H, Villers-Bettnach 1762. (31) ]oieph Maertz : Entstehung und Entwicklung der Wallfahrt zur Triiste­ rin der Betrübten in Luxemburg, 1624-1666, dans « Hémecht » 1966, en particn­ iier page 54 (die Gründung), pages 55 et 56 (die Pest von 1626 : maladie et gué­ rison du Père Broquardt), page 76 à 87 (das Mirakelbuch). Détails intéressants sur la peste de 1626, elle est signalée dès 1623 à Thionville, et en 1626, la Ville de Luxembourg, affolée, fait clore la porte de Thionville, surveille sévèrement les voyageurs, la corporation des cordonniers se plaint au Conseil Provincial de ce que des cordonniers d', Bastogne, Vianden et Echternach auraient fré­ quenté les marchés pestiférés de Thionville et Sierck (page 55), 84

Nancy, à Salivai (32) . Thionville n'a gardé pour sa part qu'un témoi­ gnage artistique de l'iconographie de Notre-Dame de Lmœmbourg, c'est un bas-relief de style très populaire, sans doute xvn· siècle, encastré dans la façade du no 8 de la place du Marché, car la taque de Notre-Dame de Luxembourg au Musée de la Tour aux Puces n'est qu'une copie (33) .

d) Sur une taque rarissime aux armes du maréchal de Grancey, gouverneur de ThionviHe de 1655 à 1680, intéressant article de R.-C. Jacques (34). Une copie, de très peu postérieure à l'original, d'un des premiers actes du gouverneur Grancey à ThionviUe (1656), a été donnée au Musée par Georges Martig en 1966.

e) Le D' J.-C. Loutsch mentionne av,ec détails de nombreuses familles de Thionv1ille à la fin du XVII" siècle, dans un de ses récents travaux d'héraldique (entre autres : Blouet, Bock, Bonjean, de Bonnefoy, Broquard, Gelie de Beaulieu, de Gevigny, Girault de la Roche, Helminger, Hilt, Hue de Saint-Remy, Larminat, de la Touche, Scharff, SouceHer, Thieriat d'Espagne, Wolter, etc.) (35).

f) Les Archives de la Ville d'e Thionville ont acquis un état de la compagnie de 200 Suisses du capitaine Salzgueber, en garnison à Thionville, du 22 novembre 1669 ; le pont-couvert en bois cons­ truit sur la Moselle par le capitaine Salzgueber en 1673, a été reconstitué en maquette au 1/50 par le Service du Plan et de l'Urbanisme de la Ville de Thionville pour 1le Musée (G. Marteaux et J.-P. Bleuse, en 1966 et 1967) (36) .

(32) René Taveneaux : le Jansénisme en Lorraine, page 74 et suivantes (les formes traditionnelles de dévotion affective). (33) Antoine Hirsch et Nicolas Van Werwecke : L'Art des Plaques de Four­ neau et de Cheminée, La Collection, Ed. Metz, Revue Technique Luxembour­ geoise 1929, taque n° 24 de la série Ill, datée 1690 ; très beau modèle de cette taque à Luxembourg, à l'Institut Pédagogique (ancien collège des Jésuites), planche dans l'article de Joseph Maertz. (34) R.-C. Jacques : Taques de cheminées, IV, Rouxel de Médavy-Grancey, dans Vieilles Maisons Françaises, octobre 1964, p. 60 et 61 ; taque datée 1658. Grancey était gouverneur de Thionville depuis 1655 et la taque pourrait avoir été coulée dans notre région. (35) D' J.-C. Loutsch : Complément à l'Armorial des Duché de Luxembourg et Comté de Chiny, Extrait de l'Armorial Général de France dressé en 1697 par Charles-René d'Hozier, dans Public. - Section Hist. Institut Grand-Ducal de Luxembourg, volume LXXXI, Luxembourg 1966, p. 43 à 88, avec 11 planches de blasons en couleur. (36) Beaucoup de renseignements sur le capitaine Salzgueber et ses soldats existent dans la série GG 40 (actes religieux de la paroisse de Thionville) des Archives de la Ville de Thionville. Un petit article sera publié à ce sujet dans un des prochains << Cahiers lorrains ». 85

g) Intéressant article de Paul Margue sur la fixation des fron­ tières sud de l'actuel Grand-Duché de Luxembourg, en particulier pour la région au nord de Thionville : après la Paix des Pyrénées (1659), Louis XIV mène une politique d'annexion systématique contre les seigneuries au nord de Thionville et se rapproche dange­ reusement de la ville de Luxembourg ; les procédés d'intimidation sont parfois brutaux (cas à Hesp,erange en 1679), c'est la « franzo­ sische Gewaltpolitik » du roi-soieil alors en pleine phase de succès. La frontière au nord de Thionville sera fixée définitivement en 1769 par traité avec l'Autriche. Les cartes en couleur sont excellentes {et intéressent aussi le pays de Montmédy, Marville, Carignan, etc.) (37).

G. STILLER

(A suivre)

(37) Paul Margue : Wie uusere Südgrenze entstand, dans << Hémecht » 1964, p. 321 à 325, avec 4 cartes en couleur.