ADLFI. Archéologie de la - Informations une revue Gallia

Provence-Alpes-Côte d’Azur | 2007

Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/adlf/331 ISSN : 2114-0502

Éditeur Ministère de la Culture

Référence électronique -Alpes-Côte d’Azur, 2007, ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], consulté le 15 juin 2021. URL : https://journals.openedition.org/adlf/331

Ce document a été généré automatiquement le 15 juin 2021.

© ministère de la Culture et de la Communication, CNRS 1

SOMMAIRE

Résultats significatifs en région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour l’année 2007 Xavier Delestre

04 – Alpes de Haute-Provence

Allemagne-en-Provence – La Moutte Daniel Mouton

Céreste – Saint-Pierre Vanina Susini

Forcalquier – Église Saint-Mary Mariacristina Varano

Manosque – Rue Sans Nom Christophe Voyez et Émilie Léal

Moustiers-Sainte-Marie – Font Collomb Jean Gagnepain

Riez – Collège Maxime Javelly Philippe Borgard, Cécile Allinne et Fabienne Gallice

Riez – Groupe épiscopal Philippe Borgard et Caroline Michel d’Annoville

Riez – La Rouguière III Lucas Martin et Stéphane Fournier

Riez – Rue Hilarion Bourret Lucas Martin et Stéphane Fournier

Valensole – Baisse de Sainte-Anne Anne Richier

Verdaches – Saint-Domnin Vanina Susini et Daphné Deverly

Grand canyon des gorges du Verdon Jean Gagnepain

05 – Hautes-Alpes

Ancelle – Faudon François Ricou

L’Argentière-la-Bessée – Mines d’argent de Fournel Bruno Ancel

Baratier – Clapier des Monges Maxence Segard

La Bâtie-Montsaléon – Le Comte Lucas Martin et Stéphane Fournier

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 2

Briançon – Place d’Armes Émilie Léal et Christophe Voyez

Crots – Commune Carine Déal

Crots – Abbaye de Boscodon (lavabo) Nathalie Nicolas

Embrun – Église Saint-Donat Daphné Deverly et Xavier Margarit

Embrun – Îlot du Théâtre 2 Christophe Voyez et Émilie Léal

Embrun – Réseau DCAN Jean Vandenhove et Xavier Margarit

Embrun – Parking Pasteur Émilie Léal

Freissinières – Les mines métalliques de Faravel et de Fangeas Bruno Ancel, Vanessa Py et Sylvain Burri

Le Glaizil – Château de Lesdiguières Nicole Michel d’Annoville et Pascal Boucard

La Grave – Plateau d’Emparis Éric Thirault et Pierre Rostan

Molines-en-Queyras – Vallon du Longis Laurent Carozza, Benoît Mille et Pierre Rostan

La Motte-en-Champsaur – Hameau de Molines Céline Laforest

Les Orres – Église Sainte-Marie-Madeleine Xavier Margarit

Pelvoux – Haute vallée de l’Eychauda-Chambran Florence Mocci

Saint-André-de-Rosans – Prieuré : église prieurale et cellier Marie-Pierre Estienne

Saint-Julien-en-Beauchêne – Chartreuse de Durbon Nathalie Nicolas

Saint-Maurice-en-Valgodemard – Église Église Lucas Martin et Xavier Margarit

Le Saix – Barnèche 2 Alexandre Morin

« Édifices religieux » Régine Broecker

Identification et échantillonnage d’une matière première : la stéatite (Parc naturel régional du Queyras) Jérôme Rigaud

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 3

06 – Alpes-Maritimes

Antibes – La Courtine, Pré aux Pêcheurs Isabelle Daveau et Olivier Sivan

Antibes – Place Mariejol Philippe Mellinand

Cannes – Île Saint-Honorat-de-Lérins : cloître et chapelle Saint-Sauveur Yann Codou

Cannes – Zone nord, aéroport de Cannes-Mandelieu Laurence Lautier, Olivier Sivan et Emmanuel Pellegrino

Cipières – Église Saint-Mayeul Fabien Blanc

Les Ferres – Place du Château Laurence Lautier

Grasse Bruno Belotti

Mougins – Château-Curault Frédéric Conche, Suzanne Lang-Desvignes et Olivier Sivan

Les Mujouls – Col d’Adon (ou d’Abdoun) Raphaël Golosetti

Nice – Grotte du Lazaret, unité archéostratigraphique UA27 Henry de Lumley, Emmanuel Desclaux et Patricia Valensi

Nice – Place du Monastère Marc Bouiron et Alain Grandieux

Nice – Tramway Marc Bouiron, Karine Monteil et Grégory Vacassy

Nice – Place Garibaldi Marc Bouiron

Nice – L’occupation militaire du mont Alban et du mont Boron Henri Geist

Nice – Carrière de marbre au mont Boron Henri Geist

Commune de Péone Claude Salicis, Céline Winschel, Germaine Salicis et Thierry Schwab

Sainte-Agnès – Château Michel Lapasset et Fabien Blanc

Séranon – Chapelle Notre-Dame de Gratemoine Fabien Blanc, Émilie Cavanna, Gwenhael Georget, Franck Suméra et Stéfan Tzortzis

Sospel – Grotte de l’Albaréa Pierre-Élie Moullé, Patrick Simon et Guillaume Porraz

Tende – Mont Bego : attelages de la zone IV, secteur des Merveilles Henry de Lumley, Annie Echassoux et Odile Romain

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 4

Commune de Tende Prospection inventaire (2007) Silvia Sandrone, Nathalie Magnardi et Pierre Machu

Commune de La Tour-sur-Tinée Prospection inventaire (2006-2007) Romuald Mercurin

Tourette-Levens – Grotte du Merle Emmanuel Desclaux et Patricia Valensi

Valdeblore – Plateau d’Anduébis Éric Gili

Vallauris – Les Encourdoules Suzanne Roscian

Bassins versants du Loup, de la Cagne et du Malvan Cédric Lepere, Laurence Lautier et Emmanuel Pellegrino

Département des Alpes-Maritimes Prospection inventaire (2007) Stéphane Fulconis

13 – Bouches-du-Rhônes

Aix-en-Provence : actualité de la recherche Stéphane Bonnet et Núria Nin

Aix-en-Provence – 7 avenue d’Indochine Jean-Jacques Dufraigne

Aix-en-Provence – ZAC Sextius-Mirabeau, secteur Pompidou Audrey Copetti, Céline Huguet, Thomas Navarro et Nicolas Portalier

Aix-en-Provence – Collège Mignet Antoine Ratsimba et Stéphane Bonnet

Aix-en-Provence – Collège Mignet Nicolas Rouzeau

Aix-en-Provence – 8 rue des Bœufs Claire Auburtin

Aix-en-Provence, Gardanne, Meyreuil – Le Montaiguet Claire Auburtin et Sandrine Claude

Aix-en-Provence – Entremont Patrice Arcelin

Arles – 40 avenue Édouard-Herriot Jean-Jacques Dufraigne

Arles – Tour de Roland (théâtre antique) Vanessa Eggert

Arles – Enclos Saint-Césaire Marc Heijmans et Alain Genot

Cabriès – Chamfleury à Calas Valérie Diez et David Thomason

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 5

La Ciotat – Chapelle Sainte-Anne Émilie Léal

Fos-sur-Mer – L’Estagnon Frédéric Marty

Istres – Sivier Frédéric Marty et Robin Furestier

Istres – Le Castellan Ian Armit, Tim Horsley et Frédéric Marty

Jouques – Grotte du Mourre de la Barque Samuel Van Wiilligen

Lançon-Provence – Oppidum de Constantine Florence Verdin

Marignane – ZAC des Florides Jean-Philippe Sargiano et Véronique Rinalducci

Marseille – Oppidum du Verduron Loup Bernard

Marseille – Boulevard Charles Nédélec, rue Bernard-du-Bois Ingrid Sénépart, Éric Bertomeu et Colette Castrucci

Marseille – Voie Nouvelle Denis Dubesset, Brigitte De Luca et Éric Bertomeu

Marseille – Place de l’îlot Madeleine Lucien-François Gantès

Marseille – Rue de la République, surverse du Vieux-Port Bernard Silano, Florence Parent et Nicolas Weydert

Marseille – Fort Saint-Jean (projet Mucem) Françoise Paone, Brigitte Vasselin et Nadine Scherrer

Martigues – Ponteau-Gare Xavier Margarit et Clara Piatscheck

Mouriès – Les Caisses de Jean-Jean Yves Marcadal et Jean-Louis Paillet

Peynier – Vallon de l’Homme Mort Christophe Vaschalde

Peynier – Four à chaux du vallon de l’Homme Mort Christophe Vaschalde

Peyrolles-en-Provence – Chapelle Notre-Dame d’Astor Françoise Paone et Philippe Mellinand

Le Puy-Sainte-Réparade – Les Amajons Philippe Chapon, Patrick Reynaud et Xavier Milland

Puyloubier – Richeaume XIII Florence Mocci, Bérengère Perez et Vincent Dumas

Saint-Mitre-les-Remparts – Place Neuve Jean Chausserie-Laprée et Gwenhael Georget

Saint-Paul-lès-Durance – ITER-Cadarache Lucas Martin et Stéphane Fournier

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 6

Saint-Paul-lès-Durance – La Verrerie-Cadarache Gérald Bonnamour

Saint-Rémy-de-Provence – Abri Otello Philippe Hameau

Saint-Rémy-de-Provence – Le macellum de Glanum Jean-Louis Paillet, Yves Marcadal et Gilles Velho

Tarascon – Le Pas de Bouquet Frédéric Raynaud

Vauvenargues – Prieuré de Sainte-Victoire Liliane Delattre

Vernègues – Château-Bas Sandrine Agusta-Boularot, Alain Badie et Marie-Laure Laharie

Saint-Martin-de-Crau et Istres – La Crau Clara Piatscheck

Berre-l’Étang et Velaux – Tracé linéaire de la RD10 (tranche 1) Véronique Rinalducci

Ensuès-la-Redonne et Gignac-la-Nerthe – Les Aiguilles Jean-Philippe Sargiano

83 – Var

Les Arcs-sur Argens – Saint-Pierre Jean-Pierre Bracco, Catherine Richarté et Frédéric Conche

Le Cannet-des-Maures – Les Termes Frédéric Martos

Le Cannet-des-Maures – Font Murade Frédéric Martos et Christian Plé

Le Cannet-des-Maures – Les Blaïs Frédéric Martos, Gaëtan Congès et Christian Pré

Le Castellet – La Roche Redonne Sylvain Burri

Le Castellet – La Font de Mars A Sylvain Burri

Cavalaire-sur-Mer – Centre-ville Jean-Marie Michel

Cavalaire-sur-Mer – Avenue du Port Frédéric Conche, Suzanne Lang-Desvignes et Olivier Sivan

Cavalaire-sur-Mer – Avenue Pierre et Marie Curie Aurélie Dumont et Jean-Marie Michel

La Celle – Ancien prieuré Raymond Boyer

Châteauvert – Domaine de Doumet Jean-Marie Michel et Michel James

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 7

Châteauvert – Chapelle San Peyre Jean-Marie Michel et Michel James

Draguignan – Parking Bontemps Aurélie Dumont et Jean-Marie Michel

Fayence Marc Borréani

Fox-Amphoux – La Jeansarde Florence Parent et Corinne Bouttevin

Fréjus – Les Claus 2 Pierre Excoffon

Fréjus – La Cigale d’Or Pierre Excoffon et Raphaële Guilbert

Fréjus – Amphithéâtre Michel Pasqualini et Robert Thernot

Fréjus – 43 avenue du XVe corps Kelig-Yann Cotto

Fréjus – Résidence du Théâtre romain Lucien Rivet et Sylvie Saulnier

Fréjus – Avenue de Provence : l’Avant-Scène Pierre Excoffon

Fréjus – Chemin de la Lanterne Jean-Marie Michel et Karine Georges

Fréjus – Chemins de Valescure Kelig-Yann Cotto

Fréjus – Quartier de Villeneuve, villa Romana Pierre Excoffon

Fréjus – Caves du centre-ville Hélène Garcia

Fréjus – Les Horts Aurélie Dumont

Fréjus – La Madeleine Kelig-Yann Cotto

Fréjus – Hôtel de la Poste, rue Gallus Kelig-Yann Cotto

Fréjus – CHI Bonnet Kelig-Yann Cotto

Gonfaron Marc Borréani

Grimaud – La André Falconnet

Hyères – Olbia-de-Provence Michel Bats

Méounes-lès-Montrieux – Les Ferrages Florence Parent et Pascale Chevillot

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 8

Le Muy – Rocher de Roquebrune Richard Vasseur et Jacques Bérato

Le Muy – Les Planettes Richard Vasseur et Jacques Bérato

Pontevès – Les Muets Jean-Marie Michel

Pourrières – Place du Château Florence Parent, Émilie Léal et Corinne Bouttevin

Saint-Maximin-la-Sainte-Baume – Le Puits de Marine David Ollivier

Vieille Église de Saint-Raphaël : étude monumentale et documentaire Nathalie Molina

Solliès-Toucas – Le Castellas Pierre Excoffon

Tourves – Le Peiron Marc Borréani

Tourves – La Blanque Marc Borréani

84 – Vaucluse

Apt – Caves du centre historique Patrick de Michèle

Bollène – Le Nogeiret, Grand-Galap Joël-Claude Meffre et Jean-Luc Blaison

Buoux – Le Fort Christian Markiewicz et Andreas Hartmann-Virnich

Cadenet – Oppidum de Castellar Delphine Isoardi, Dominique Garcia et Florence Mocci

Carpentras – La Quintine Joël-Claude Meffre et Xavier Milland

Cavaillon – Place Philippe de Cabassole Patrick de Michèle

Cavaillon – Les Hauts-Banquets Patrick Reynaud, Gilles Ackx et Renaud Lisfranc

Cavaillon – Impasse Viala, rue Dupuy-Montbrun François Guyonnet

Cavaillon – Les Vignères Kateline Ducat

Cavaillon – Mikvé (ou bain rituel juif) François Guyonnet

Lauris – Terrasses du Château Christian Markiewicz

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 9

Malaucène – Saint-Martin Vanessa Léa

Monieux – Coulet des Roches Évelyne Crégut-Bonnoure

Monieux – Aven Souche Évelyne Crégut-Bonnoure

Orange – Théâtre Jean-Charles Moretti, Alain Badie et Dominique Tardy

Orange – Rue de la Concorde Jean-Marc Mignon

Orange – Îlot Pontillac Jean-Marc Mignon

Vaison-la-Romaine – Quartier Baye Joël-Claude Meffre

Vaison-la-Romaine – Quai de Verdun Joël-Claude Meffre et Robert Gaday

Valréas – Clos Saint-Vincent, chemin des Estimeurs sud Patrick de Michèle, Daphné Deverly et Isabelle Doray

Velleron – Sylvestre Anne Roth Congès et Dominique Carru

Arrondissement de Carpentras Claude Ayme

Interdépartemental

Détermination des formations siliceuses en Luberon (Alpes-de-Haute-Provence et Vaucluse) Ludovic Slimak

Occupation et exploitation temporaire des massifs de l’arrière-pays marseillais et toulonnais Sylvain Burri

Fréquentation et exploitation des sources salées (Var et Vaucluse) Audrey Boutet

Projets collectifs de recherche

Riez et le territoire riézois : approches diachroniques

La colline du Château de Nice, des origines à nos jours Marc Bouiron, Mara de Candido, Romuald Mercurin et Philippe Rigaud

Archéologie urbaine à Marseille : publication de fouilles récentes Marc Bouiron

Marseille – L’occupation du sol dans le bassin de Marseille de la Préhistoire à l’époque moderne Sophie Collin-Bouffier

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 10

Les formes de l’habitat durant l’âge du Fer dans le Var Jacques Bérato et Richard Vasseur

Occupation du sol et patrimoine archéologique dans la basse vallée de l’Argens Frédérique Bertoncello

Les carrières de pierre de Caromb Philippe Bernardi, Jean-Marc Mignon et Philippe Bromblet

Topographie urbaine de la Gaule méridionale Marc Heijmans

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 11

Résultats significatifs en région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour l’année 2007

Xavier Delestre

1 Les recherches se sont poursuivies dans la grotte du Lazaret à Nice (Alpes-Maritimes) avec la fouille de l’unité archéostratigraphique UA 27 de l’ensemble dépositionnel C II. Cette dernière a livré trois foyers ainsi que des accumulations non aléatoires de vestiges fauniques (bois de cervidés) ainsi que de certains mobiliers lithiques (bifaces entiers et fragmentaires). La poursuite des travaux sur ce site majeur contribue à alimenter notre réflexion et notre compréhension des évolutions tant bioclimatiques que technoculturelles qui marquent la transition entre le Paléolithique inférieur et le Paléolithique moyen.

2 Dans les Alpes-Maritimes, à Tourrette-Levens, la reprise des recherches sur un site anciennement et partiellement exploré, la grotte du Merle, a permis de rectifier le référentiel chronostratigraphique du gisement, notamment par la mise en évidence de plusieurs niveaux anthropiques (Gravettien et Aurignacien) dont certains ont livré des vestiges osseux attribuables à Homo sapiens.

3 Sur la commune des Arcs (Var) au lieu-dit Saint-Pierre, un diagnostic d’archéologie préventive a mis en évidence une occupation que l’on peut rattacher à un faciès chronoculturel du Paléolithique supérieur extrêmement peu documenté dans notre région : un Épigravettien ancien dans sa phase moyenne ou récente (post pointes à crans), entre 18 000 et 16 000 BP. Cette découverte est à mettre en relation avec les résultats de la fouille de sauvetage menée en 2006 sur le site des Vaugreniers, sur la commune voisine du Muy. Une fouille préventive a été prescrite suite à ce diagnostic.

4 À Cavalaire (Var), un diagnostic d’archéologie préventive effectué dans le centre-ville a révélé l’existence d’une occupation du Néolithique ancien attribuable, d’après la céramique mise au jour, au Cardial.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 12

5 L’exploration de la stratigraphie néolithique de la cavité du Mourre de la Barque à Jouques (Bouches-du-Rhône) a été poursuivie. Elle montre une succession de dépôts de fumiers et de niveaux cendreux étudiés par micromorphologie.

6 Dans le même département, à Marseille, l’étude du matériel prélevé lors de la fouille du niveau chasséen découvert dans le dépôt de pente de la Gare Saint-Charles a été commencée.

7 Enfin, les descriptions d’art rupestre dans l’abri Otello à Saint-Rémy-de-Provence ont conduit à des interprétations innovantes accompagnées d’un catalogue descriptif et diachronique des dessins.

8 À Malaucène (Vaucluse), la première année de fouille programmée sur le site de Saint- Martin a mis en évidence un niveau dont l’importante densité en vestiges lithiques a nécessité la mise en place d’un protocole spécifique. De l’approche définie pour la poursuite des opérations sur ce site dépend en effet notre capacité à mieux comprendre l’exploitation, la production et la diffusion du silex bédoulien au Néolithique moyen.

9 À La Motte-du-Caire (Alpes-de-Haute-Provence), un dolmen sous cairn composé d’une chambre de 2 m de longueur a été découvert fortuitement. Le fond du dolmen, dégagé pour un usage particulier, est dallé.

10 Dans le même département, à , une opération de diagnostic a livré une série céramique à bourrelets de haut de panse du Néolithique final dans un niveau de foyers qui contenait de longues lames de silex de .

11 Dans les Bouches-du-Rhône, sur le site de PonteauGare (Martigues), les découvertes concernent la caractérisation de zones d’activités, la précision de la forme de l’habitat et l’évolution typologique du Couronnien, principale culture de la fin du Néolithique en Provence.

12 À Cabriès (Bouches-du-Rhône), une fouille préventive a été réalisée avant construction d’un lotissement à Calas, quartier Chamfleury. Le terrain concerné, d’une superficie de 5 ha, était contigu à la villa antique de la Trébillanne, repérée en prospection aérienne. Un décapage général a mis en évidence un paléochenal, des systèmes de fossés superposés datés du Néolithique final ou du début de l’âge du Bronze, ainsi qu’un ensemble de traces agraires (champs de vignes) témoignant de la mise en valeur des terres dépendant de la villa. Enfin, une stèle portant une dédicace et plusieurs fragments d’autel miniature ont été découverts dans un fossé.

13 Dans les Hautes-Alpes, où la thématique minière constitue toujours un point d’intérêt particulier, notamment à Freissinières, les principaux acquis concernent la mise en évidence d’un site protohistorique de traitement du minerai à Molines-en-Queyras. Ce site doit permettre de compléter, et de relancer, notre connaissance de la paléométallurgie dans le secteur de Saint-Véran.

14 2007 voit s’achever la fouille exhaustive de l’oppidum du Verduron à Marseille (Bouches-du-Rhône), habitat de petites dimensions dont l’originalité du plan, mis en évidence par S. Clastrier dès les années 1905, a depuis longtemps interpellé la communauté archéologique. Les travaux qui se sont échelonnés sur près d’une décennie ont livré des informations inédites tant sur la mise en place et l’évolution de l’urbanisme, très concentré, que sur son système défensif ou les modes d’occupation des cases. Occupé au IIIe s. av. J.-C., cet ensemble devrait faire l’objet prochainement d’une publication couronnant le travail remarquable réalisé sur ce terrain ingrat.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 13

15 Dans le Vaucluse, à Cadenet, la fouille de l’oppidum du Castellar a confirmé l’aménagement d’un agger contre au moins une partie du rempart, dispositif jusqu’ici isolé en Provence.

16 Dans les Alpes-Maritimes, à Antibes, un diagnostic réalisé place Mariéjol (montée Dor de La Souchère), au cœur de l’assiette de la ville antique, a montré une grande densité de vestiges mobiliers et immobiliers, échelonnés sur une période d’environ dix siècles, depuis la Protohistoire jusqu’au Bas-Empire. Si les niveaux anciens (VIe ou VIIe s. av. n. è.) sont de façon générale relativement mal conservés, des structures d’habitat datées du Ve s. av. n. è. ont été mises en évidence : substructions en pierre comportant probablement à l’origine des élévations en adobe associées à des lambeaux de sol. Par ailleurs d’autres structures d’habitat datées des IIe et Ier s. av. n. è. ont été mises au jour. Leur association aux maçonneries antiques conservées en élévation dans les soubassements du château Grimaldi reste cependant à vérifier.

17 Toujours à Antibes, un autre diagnostic réalisé en bordure du Port-Vauban, sur le parking du Pré aux Pêcheurs a permis de compléter les données acquises lors des fouilles de Port-Prestige en 1998, en particulier en ce qui concerne la nature et l’organisation géométrique des différents ensembles sédimentaires comblant l’anse Saint-Roch. L’opération a permis d’individualiser un niveau à céramique témoignant de l’activité portuaire antique, en particulier pour ce qui concerne la période républicaine (IIe s. av. n. è.).

18 Depuis plusieurs années, dans le Var, au Cannet-des-Maures (les Blaïs), l’agglomération secondaire antique de Forum Voconii fait l’objet d’opérations programmées. Cette année, l’exploration d’un îlot situé en bordure sud de la voie principale a mis en évidence trois espaces essentiellement consacrés aux activités métallurgiques. Dans l’un des espaces, plusieurs fosses carrées ou rectangulaires ont sans doute servi à l’extraction du métal tandis que la pièce mitoyenne, dotée d’une enclume, était vouée au travail de la forge. Ces installations datent de la fin du Ier s. av. n. è.

19 Trois chantiers urbains d’importance se sont déroulés à Marseille (Bouches-du-Rhône).

20 La fouille de sauvetage de la place de l’îlot Madeleine a livré des éléments décisifs sur la mise en place des îlots urbains d’époque archaïque et notamment d’une rue nord-sud dont le tracé imprime durablement la cadastration.

21 Les travaux de réfection des égouts de la rue de la République/surverse Vieux-Port ont été l’occasion d’effectuer d’importantes observations sur les occupations antiques d’une zone jusqu’alors mal connue s’inscrivant entre les fouilles de la Bourse et celles de la place Villeneuve-Bargemon. Les travaux archéologiques, réalisés dans des conditions très éprouvantes, ont révélé notamment une succession de quais allant de la période hellénistique jusqu’à l’époque moderne. Les ouvrages les plus remarquables et inattendus sont ceux édifiés au Ier s. apr. J.-C. Il s’agit d’un ensemble de trois quais construits en grand appareil dont la disposition nous indique que deux d’entre eux correspondent vraisemblablement à un môle délimitant un canal dont nous ignorons encore l’articulation avec les structures portuaires reconnues de part et d’autre. Quelle que soit l’époque, l’envasement rapide du fond du Lacydon a fait que les quais successifs ont connu une durée d’utilisation assez courte.

22 Outre la stratigraphie préhistorique, les fouilles du boulevard Nédélec ont été l’occasion d’étudier la mise en place et l’évolution de parcelles de cultures antiques.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 14

Implantées à proximité du rempart, et montrant une remarquable pérennité tout au long de l’Antiquité, il y fut pratiqué la culture de la vigne entre les Ve et IIe s. av. J.-C. Durant le Haut-Empire l’occupation des lieux n’a laissé que des traces diffuses. Le paysage se structure de nouveau au cours de l’Antiquité tardive autour d’un chemin que l’on peut mettre en relation avec le développement de faubourgs mis en évidence un peu plus au sud. Enfin, l’époque moderne se signale sur ce chantier par les structures tout à fait spectaculaires des fours de la manufacture royale de soufre. Cette industrie, installée à la fin du XVIIe s. et ayant fonctionné jusque dans les années 1920, témoigne d’un patrimoine industriel intra muros dont il reste beaucoup à apprendre et dont une première publication vient d’être livrée dans le no 15 de la revue Industries en Provence.

23 Dans le même département, à Aix-en-Provence, l’un des derniers programmes de fouilles de la Zac SextiusMirabeau, voie Pompidou, a porté sur un secteur particulièrement intéressant à la charnière entre les domus urbaines romaines déjà reconnues rue de la République, dont les limites de l’une d’elles ont été perçues lors de cette fouille, et le rempart antique qui n’avait plus été observé dans ce secteur depuis près d’un siècle. Bien qu’intra muros cette emprise se caractérise par une occupation très lâche, en vastes parcelles dont l’une d’elles était dévolue à partir des premières décennies du Ier s. apr. J.-C. à l’industrie de la terre cuite, signalée ici par des carrières d’argile et des rebuts de céramique. Plusieurs fois remaniés ces espaces clos, séparés par un chemin implanté suivant la trame urbaine, semblent abandonnés après le IIe s.

24 Dans le Var, à Fréjus, une opération de diagnostic archéologique réalisée sur une superficie restreinte au 43 avenue du XVe Corps, a permis de découvrir des aménagements de grande qualité datés du Haut-Empire, qui pourraient se rattacher à une riche domus ou à un monument public. Cet ensemble compte un bassin pavé de carreaux blancs et noirs en marbre et ardoise, une pièce où subsistent encore les traces d’une mosaïque qui comporte un dispositif de captage d’eau, un autre espace pavé d’ardoise et de marbre et ce qui pourrait être interprété comme un péristyle. La fouille a livré un fut de colonne en granit, des éléments sculptés en marbre et trois fragments d’inscription monumentale en marbre. Une autre opération de diagnostic archéologique à Fréjus, avenue du Théâtre romain, a permis de découvrir un tronçon du decumanus maximus qui suit l’orientation du réseau B de la ville, un portique et une esplanade surélevée. Ces aménagements datent du premier tiers du Ier s. de n. è.

25 Toujours dans le Var, une opération de diagnostic archéologique menée dans le centre- ville de Cavalaire, avenue Pierre-et-Marie-Curie, a permis de découvrir un nouvel îlot d’habitation appartenant à l’agglomération secondaire d’Heraclea Caccabaria. Les vestiges, mis en évidence sous un épais remblai récent à environ 1 m NGF, constituent un ensemble de constructions antiques dont la trame est identique à celle des îlots fouillés au nord-est en 2002. Les murs, constitués de blocs liés à la terre et conservés sur quatre assises au maximum, sont installés dans une couche de limons sableux. Le mobilier céramique se place entre le Ier s. de n. è. et les IVe-Ve s.

26 Une opération de sondages a permis de caractériser le site de la Blanque, sur la commune de Tourves. Une villa gallo-romaine, constituée de plusieurs bâtiments implantés autour d’une cour, couvre une superficie d’environ 3 000 m2. À proximité de l’ensemble thermal, bien conservé, se trouve un grand bassin de 6,90 x 11,80 m pour 1,50 à 1,60 m de profondeur interprété comme la natatio. En marge des sondages deux

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 15

aqueducs ont été repérés à flanc de colline ; l’un d’eux servait à l’alimentation de la villa.

27 Une fouille d’archéologie préventive, menée sur une superficie de 4 000 m2 à proximité des thermes antiques de Villeneuve à Fréjus, a permis d’étudier l’évolution d’une zone littorale progressivement gagnée sur la mer. Au Ier s. av. n. è. ce secteur correspond à une plage émergée puis, à partir du changement d’ère, à une zone cultivée protégée de la mer et du sable par de longs murs qui traversent l’ensemble du terrain. Différents aménagements caractérisent cette zone de culture, en particulier une noria des Ier-IIe s. et un bassin en bois des IIIe-VIe s. réalisés en éléments de coque de bateau. Le site semble abandonné entre le Ve s. et le XVe s. marqué par le creusement de deux puits sur sablières de bois et de fossés.

28 Dans les Hautes-Alpes, pour la période antique, il convient de signaler la caractérisation d’un édifice atypique à Baratier et la découverte des premiers niveaux et des premières structures gallo-romaines de la ville d’Embrun, ancienne capitale de la province des Alpes Maritimae.

29 Dans les Bouches-du-Rhône, à Fos-sur-Mer, une fouille de sauvetage urgent au lieu-dit L’Estagnon a révélé l’existence d’aménagements destinés à assainir et à gagner du terrain sur une zone palustre. Vers 60-80 de notre ère, des caissons de bois constitués de poutres et de pieux en sapin sont installés ; leur sommet, constitué d’un blocage de pierres et de chaux, constitue le sol de circulation. L’un de ces caissons comportait un remplissage d’amphores complètes.

30 Dans le même département, au Puy-Sainte-Réparade, au lieu-dit Les Amajons, une fouille préventive a été réalisée sur le tracé d’un pipeline. Elle a permis de mettre en évidence une voie antique et un ensemble de bâtiments contigus organisés autour d’une cour centrale. La présence d’un chai, l’abondance de fragments d’amphores ainsi que l’organisation des bâtiments et leur position en bordure de voie incitent à les interpréter comme une auberge, fréquentée aux Ier et IIe s. de n. è.

31 À Vaison-la-Romaine (Vaucluse), les investigations menées dans le cadre des travaux de restauration du théâtre antique ont apporté des précisions significatives sur une partie des voies d’accès à l’édifice. D’autre part, deux diagnostics ont repéré les vestiges d’une villa tardive à mosaïques et confirmé la présence d’un établissement thermal près des quais de I’Ouvèze.

32 La seconde année de fouille programmée sur les vestiges de la vaste église paléochrétienne de l’enclos Saint-Césaire, à Arles (Bouches-du-Rhône), découverte en 2003, a permis de compléter le plan de la remarquable travée de chœur au sol décoré de marbre. Celle-ci se prolonge en direction de l’est par des aménagements en gradins successifs, dont l’articulation, partiellement masquée par les constructions contemporaines, est encore difficilement perceptible. Cet ensemble aboutit à l’ouest sur une structure arrondie – un ambon ? – qui, si l’interprétation se trouve vérifiée lors de la prochaine campagne de fouille, confèrerait au dispositif liturgique une ampleur exceptionnelle. Le gigantisme de l’ensemble est également suggéré par une série de sondages pratiqués sur l’aile sud qui indiquent que la largeur de l’église pourrait atteindre au moins 53 m. Enfin, en prévision des réaménagements imminents du couvent Saint-Césaire, le ministère de la Culture (Drac) a engagé un programme de relevé numérique de l’intégralité des structures qui devrait permettre à terme de disposer d’une documentation graphique de haute qualité sur ces vestiges.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 16

33 Les fouilles de la cathédrale de Riez (Alpes-de-Haute-Provence) ont permis d’appréhender l’évolution de l’édifice aux époques les plus tardives, à la fin du Moyen Âge et durant la période moderne. Les investigations sur le baptistère se sont également poursuivies.

34 Dans le même département, s’est prolongée cette année l’étude de la motte féodale de la Moutte (Allemagne-en-Provence). La succession de constructions en un laps de temps rapide ponctué de dates 14C facilite la compréhension du site. La série d’objets métalliques et céramiques, bien relevés dans la chronostratigraphie, représente un intérêt majeur du point de vue typologique. Enfin, toujours dans les Alpes-de-Haute- Provence, le chantier de fouille d’urgence du cimetière de a été entrepris à la demande du SRA par deux étudiantes. La mission consistait à observer la coupe offerte par l’élargissement de la voirie, qui présentait des restes d’ossements. Le travail effectué dans l’éboulis d’une fine bande de terre très en pente est appréciable et a dégagé 33 inhumations médiévales qui ont été étudiées du point de vue anthropologique.

35 Dans le Vaucluse, à Cavaillon, les fouilles conduites à proximité de la chapelle du hameau des Vignères ont mis au jour les vestiges de plusieurs bâtiments pouvant remonter au XIe s. et des sépultures, en sus de traces d’activités artisanales. Le bain rituel juif a fait l’objet d’une première étude.

36 Dans les Bouches-du-Rhône encore, l’extension du parking souterrain Mignet, à Aix- en-Provence (Bouches-du-Rhône), à l’origine de la découverte en 1990 d’occupations préhistoriques ainsi que d’une partie de l’enclos du couvent de Notre-Dame-de- Nazareth a permis, à l’occasion d’une fouille, d’en appréhender les limites ouest et sud. La zone investie se situe au contact des communs du couvent du XIVe s. et d’espaces ouverts. Les bâtiments ont été érigés au cours de deux grandes phases entre lesquelles ont été réalisés d’importants aménagements hydrauliques visant à assainir cette zone humide. L’occupation éphémère de ce couvent marque une étape encore mal documentée de l’histoire urbaine aixoise déjà documentée par les fouilles antérieures pratiquées dans l’enceinte du collège Mignet ainsi que par celles réalisées non loin, musée Granet.

37 Enfin signalons que le dépôt de fouille de Riez dans les Alpes-de-Haute-Provence a fait l’objet d’une opération de reconditionnement des objets de fouille et d’un enregistrement sur base de données qui a permis la requalification du matériel métallique pour sa transmission au musée de la ville de Riez.

AUTEUR

XAVIER DELESTRE Drac PACA (service régional de l’archéologie)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 17

04 – Alpes de Haute-Provence

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 18

Allemagne-en-Provence – La Moutte

Daniel Mouton

Identifiant de l'opération archéologique : 7445 et 8245

Date de l'opération : 2007 - 2008 (FP)

1 La campagne 2007 sur la motte castrale de la Moutte devait être la dernière d’une fouille programmée triannuelle. Une découverte essentielle lors de la dernière semaine oblige à envisager une fouille supplémentaire en 2008.

2 La motte se présente sous la forme d’une butte tronconique d’environ 37 m de diamètre à la base pour environ 6 m de hauteur. Elle était isolée du plateau par un fossé rectiligne, orienté approximativement est-ouest, au profil en V irrégulier large d’environ 8 m à l’ouverture pour une profondeur de 3,50 m. Le fond du fossé se trouvait en fait à 5,50 m au-dessous de la première plate-forme et 7,20 m au-dessous de l’autre.

3 Le chantier a permis, comme on l’espérait, de compléter les découvertes antérieures. On a ainsi pu terminer la fouille de la maison rectangulaire de 8,85 m x 6,15 m et avoir des indications complémentaires sur le mode de construction. Cette maison, non protégée par un rempart ou une palissade, occupait approximativement le centre de la plate-forme circulaire au diamètre d’environ 12 m. L’occupation s’est terminée, dès les premières décennies du XIe s., par un incendie qui a carbonisé de nombreuses pièces de bois très bien conservées. Les murs reposaient sur une sablière de bois (chêne) et étaient montés à l’aide d’assises parallèles de galets locaux avec un remplissage de terre. À l’extérieur et à l’intérieur, un enduit d’argile donnait à l’édifice une apparence de maison de terre. La partie ouest de la pièce abritait un foyer rectangulaire de 1,29 m x 1,05 m délimité par une assise de galets. À moins de 1 m, une structure de bois carbonisée et en place, de 1,35 m x 0,35 m, est un assemblage de trois poutres, larges d’environ 0,15 m, posées au sol, sur lesquelles venaient s’insérer des pièces verticales. À chaque extrémité les assemblages sont très sophistiqués et ont pu être observés de façon précise. Leur complexité et leur finesse nous mettent en présence de véritables pièces d’ébénisterie qui appartenaient sans doute à un meuble. À proximité immédiate, a été mis au jour un mortier réalisé dans un très beau chapiteau corinthien

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 19

d’époque romane. Le matériel abandonné lors de l’incendie est très riche : plusieurs céramiques complètes, faune et mobilier métallique abondant. Parmi celui-ci, outre des carreaux d’arbalète, on note la présence de trois très beaux éperons de cavaliers – dont une paire – et d’une hache d’arme. Les monnaies et le radiocarbone permettent de dater la construction de l’édifice vers 980 et son abandon autour de 1010.

4 À 2,20 m au-dessous du niveau d’occupation, un autre édifice a été mis au jour (Fig. n°1 : Plan de la motte, maison de l'état 1). Le mode de construction était le même : bois, galets et terre.

5 Cette première maison reste en grande partie à explorer mais on sait déjà qu’elle était presque carrée (5 m x 5,60 m) avec des dimensions proches de la moitié de celles de la suivante. Les murs sont conservés, par endroits, jusqu’à 1,70 m de hauteur. À l’intérieur, on a mis en évidence un plancher sur poteaux.

6 La motte étant un tronc de cône, à ce niveau plus bas correspond une plate-forme nettement plus grande (380 m2 au lieu de 113 m2). La maison elle-même, un peu moins de 28 m2, était plus petite que la suivante si bien que l’organisation générale du site était différente. Dans le premier état, l’espace disponible à l’extérieur atteignait un peu plus de 350 m2. On y remarque la présence de plusieurs appentis domestiques en bois dont l’organisation reste à définir. Lors de l’occupation suivante, seuls des silos avaient été installés à l’extérieur, le reste des activités se déroulant à l’intérieur de la maison.

7 Le mobilier de cette première occupation est abondant mais moins spectaculaire que celui de la maison suivante car l’abandon et la destruction par le feu de la première maison ont été volontaires et soigneusement préparés par des apports de remblais. Les deux établissements se sont succédé sur une période courte centrée, sans doute, sur la seconde moitié du Xe s., ce qui montre, une fois encore, que les mottes sont apparues en Provence nettement plus tôt que dans d’autres régions.

8 Ces deux exemples de simples maisons non fortifiées, mais tout de même perchées sur motte, s’ajoutent à celle déjà observée à (Alpes-de-Haute-Provence), également datée de la seconde moitié du Xe s., pour apporter la preuve qu’il a existé un type de "proto-motte" qui correspond sans doute à ce que les textes provençaux des environs de l’an Mil nommaient la sala.

9 Mouton Daniel

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 20

Fig. n°1 : Plan de la motte, maison de l'état 1

Auteur(s) : Mouton, Daniel. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

DANIEL MOUTON SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 21

Céreste – Saint-Pierre

Vanina Susini

Identifiant de l'opération archéologique : 8421

Date de l'opération : 2007 (SU)

1 Le site de Saint-Pierre a été découvert sur la commune de Céreste de façon fortuite en juin 2004 par le propriétaire du terrain, des squelettes en connexion étant apparus à cause d’une phase d’érosion liée à la pluie et à la pente. Il se situe sur un chemin d’accès à l’est de la ferme près d’un enclos de pâturage et d’un hangar, à quelques mètres de la maison.

2 La fouille a eu lieu du 26 juin au 2 juillet 2007 dans le cadre d’une opération préventive nécessitée par l’urgence absolue. L’objectif était tout d’abord de sauvegarder les éléments visibles soumis à l’érosion et de pouvoir avoir une première idée de la datation du site.

La découverte

3 La fouille n’a concerné que les tombes révélées par l’érosion (huit sépultures). Certaines tombes n’ont pu être fouillées par manque de temps : elles ont été découvertes en cherchant la limite des autres sépultures

4 Trois typologies ont pu être clairement établies et une reste à confirmer : rupestre avec couverture (dalles ou lauzes), une rupestre mais d’architecture inconnue avec un dallage de fond, coffrage ovale, coffrage rectangulaire Les tombes rupestres avec couverture sont les n° 3 (dallage de pierres taillées, assemblées) et n° 4 (couverture de lauzes).

5 Le dallage concerne la tombe 6 [ (Fig. n°1 : Sépulture n° 6) et (Fig. n°2 : Fond de fosse de la sépulture n° 6)], qui était très arasée : il n’est pas possible de savoir si une couverture était présente ; néanmoins au nord de celle-ci, la roche forme une butte qui pourrait correspondre au calage d’une couverture comme dans la tombe 3. Deux formes sont observées pour les fosses : deux (3 et 6) sont anthropomorphes avec une alvéole interne

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 22

et la sépulture 4 a une fosse rectangulaire. Cette typologie a une datation entre le Xe s. et le XIIIe s. et la typologie des tombes rupestres semble être la même que dans les tombes constituées avec d’autres matériaux (Démians d’Archimbaud, 1996). Une autre observation concernant ces tombes est très importante ici. En effet, elles sont toujours retrouvées dans un contexte ad santos. Les tombes rupestres sont essentiellement représentées en Provence occidentale.

6 Une seconde typologie (à coffrage ovale) a été observée dans la sépulture 2. Sa datation va du Xe s. au XIe s. Ce type de tombe est systématiquement placé près d’un lieu de culte (Démians d’Archimbaud, 1996).

7 La troisième typologie est une sépulture rectangulaire : son recoupement ne permet pas de voir si la zone sépulcrale est étroite ou large.

8 La tombe 5 est rupestre mais traitée à part car sa phase d’arasement est consécutive à l’érosion du terrain, ce qui n’a laissé comme seule trace qu’une cuvette.

9 L’érosion avait perturbé et abîmé les sépultures, mais plusieurs données étaient visibles : la présence de linceuls et d’habits (dans la tombe 6) et celle d’immatures et d’adultes.

Conclusion

10 En l’absence de mobilier, la datation des sépultures découle de la typologie : du Xe s. au XIIIe s.

11 Le site est proche d’un site plus connu, l’abbaye de Carluc. Le lieu est associé encore de nos jours à une grande ferme où une petite chapelle est encore mentionnée sur le cadastre de 1834. Le nom de Saint-Pierre à proximité de Carluc a été traité par une étudiante qui suppose qu’une confusion aurait pu se produire entre le Saint-Pierre identifié à Carluc et celui-ci (Vermot-Gauchy, 2007). Il n’est pas possible d’étayer ou d’infirmer cette hypothèse pour le moment.

12 SUSINI Vanina

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 23

Fig. n°1 : Sépulture n° 6

Auteur(s) : Susini, Vanina. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Fond de fosse de la sépulture n° 6

Auteur(s) : Susini, Vanina. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

VANINA SUSINI AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 24

Forcalquier – Église Saint-Mary

Mariacristina Varano

Identifiant de l'opération archéologique : 8240

Date de l'opération : 2007 (FP)

1 La quatrième campagne de fouille de l’église Saint-Mary de Forcalquier, « concathédrale » du diocèse de dès le milieu du XIe s., a permis d’agrandir la surface fouillée vers le sud, à savoir vers le mur de façade. Les nouvelles données intègrent, en les précisant, les résultats des années précédentes, éclairant notamment les diverses modulations des espaces et les phases de construction de l’édifice.

2 À l’issue de cette campagne, l’église semble bien enserrée par une terrasse exiguë, presque disproportionnée au regard de la monumentalité des constructions. La longue nef unique (30 m x 8,5 m), composée de trois travées de dimensions inégales prolongées par un chœur allongé, se développe suivant un axe nord-ouest – sud-est, sur le flanc oriental de la butte de Forcalquier.

3 La première travée, encore enfouie sous les couches de destruction, est très courte. En effet, la construction du mur de façade semble avoir abrégé l’ouverture de cet espace. Ce constat renforce l’idée qu’une anomalie s’est produite lors de l’achèvement méridional du monument, comme le montrent les traces conservées sur l’élévation du mur gouttereau occidental.

4 La deuxième travée, plus longue que la précédente, a été entièrement mise au jour (Fig. n°1 : Deuxième travée de l'église, vue du mur de terrasse qui délimite le site à l'ouest). Délimitée par des piliers vraisemblablement tous à redents (seuls les deux piliers sud sont conservés en fondation), la travée devait être couverte par une voûte assez haute, probablement en berceau brisé. En effet, la puissance des piliers et les traces des retombées des arcatures aveugles sur le mur gouttereau ouest soulignent une monumentalité recherchée au niveau du voûtement.

5 Les destructions modernes, qui ont endommagé surtout l’intérieur de l’église, n’ont cependant pas effacé la totalité des témoignages.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 25

6 Au milieu de cette deuxième travée, une cavité creusée dans le substrat, en partie comblée par quelques blocs liés au mortier, décrit un rectangle large de près de 3,50 m (largeur nord-sud). Ce réseau rectangulaire devait vraisemblablement se développer davantage vers l’est. Mais à cet endroit, la profonde tranchée de fondation du mur gouttereau détermina un fort dénivelé entre l’intérieur et l’extérieur de l’édifice, produisant une interruption brusque des aménagements préexistants. L’impact de cette tranchée sur les vestiges de la nef avait été déjà souligné dans la dernière campagne. En effet, elle compromettait la lecture de la terminaison orientale de la canalisation qui longeait le parement méridional du mur arasé est-ouest séparant la deuxième et la troisième travée.

7 Quoi qu’il en soit, cette profonde tranchée fut pratiquée exclusivement pour la mise en place de ce segment du mur gouttereau oriental, se prolongeant vraisemblablement dans la première travée. Un changement du mode de construction, qui se traduit également par une amélioration conséquente de la qualité des matériaux mis en œuvre, se remarque immédiatement au sud du pilier et du contrefort séparant la première et la deuxième travée.

8 Vers le sud de cette dernière, de part et d’autre du mur gouttereau est, deux espaces ont été retrouvés. Les parements en fondation de ce mur et des courts murets construits sommairement en tout-venant et à la va-vite en constituaient les limites. Les fosses ainsi obtenues furent sans doute destinées à accueillir des ossuaires, bien que seul le volume occidental en ait gardé la trace. Des réductions de sépultures y ont été installées dans des caisses de bois, vraisemblablement entre la fin du XIVe s. et le début du XVe s.

9 Toujours dans la deuxième travée, au centre de la nef, deux caveaux voûtés ont été découverts. De dimensions légèrement différentes, les deux volumes, malgré un léger décalage, s’alignaient suivant l’axe longitudinal de l’église. Cela montre qu’au moment de leur réalisation, l’envergure de la nef était encore perceptible. Leurs extrados ont été transpercés à une époque incertaine, offrant un accès à l’heure actuelle, mais seul le caveau sud a fait l’objet d’une fouille partielle concernant les premiers niveaux de remblais. Une grande quantité d’ossements, sans doute introduits par l’accès d’origine situé sur le côté sud, a été mise au jour. Les parois des caveaux, taillées dans le substrat (les marques d’outils sont parfois visibles), soutiennent les voûtes sans doute très récentes, notamment à cause de l’utilisation d’un mortier utilisé couramment dans les constructions modernes. Les données recueillies et les observations d’ensemble permettent d’envisager une construction ayant fait l’objet de plusieurs campagnes, comportant des réfections – reconstructions, mais étalées sur une période difficile à préciser.

10 Enfin, les destructions successives au Moyen Âge semblent avoir produit moins de dégâts à l’extérieur de l’édifice. Plusieurs sépultures, retrouvées intactes contre le parement extérieur (en fondation) du mur gouttereau oriental de l’église, le prouvent. Le long de cet axe, les sépultures, toutes orientées avec la tête au sud, n’ont pas été atteintes – ou seulement de manière superficielle – par les destructions. Les squelettes des tombes 8, 9 et 10, retrouvées physiquement superposées l’une à l’autre au cours de cette campagne, présentaient une détérioration progressive de ceux du bas vers le haut. Cet état de conservation inégal traduisait ainsi le négatif des fosses, donnant un aperçu du mode de destruction de ce secteur de l’église.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 26

11 La troisième travée est à son tour plus grande que la deuxième, mais n’est que partiellement visible à l’heure actuelle. Cependant, le décalage d’environ 0,25 m entre les deux niveaux de sol, les matériaux utilisés dans chacun d’eux et l’imposant mur est- ouest les séparant semblent prouver un projet de distinction volontaire des deux espaces

12 .Enfin, le chœur présente un plan allongé par rapport aux dimensions générales du monument. Long d’environ 6 m, cet espace, construit par la superposition d’un mur semi-circulaire et d’un mur à pans coupés, paraît le résultat d’un seul projet de construction mais dont la réalisation a fait l’objet de plusieurs campagnes, d’où certains décalages entre les deux constructions.

13 VARANO Mariacristina

ANNEXES

Fig. n°1 : Deuxième travée de l'église, vue du mur de terrasse qui délimite le site à l'ouest

Auteur(s) : Varano, mariacristina. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 27

AUTEURS

MARIACRISTINA VARANO AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 28

Manosque – Rue Sans Nom

Christophe Voyez et Émilie Léal

Identifiant de l'opération archéologique : 8065

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Léal Émilie (INRAP)

1 Un projet d’aménagement sur la parcelle BR 235, située entre la rue des Potiers et la rue Sans Nom, a donné l’opportunité de réaliser un diagnostic archéologique dans ce secteur localisé en bordure extra-muros de la ville médiévale. L’étude d’un secteur de 1 000 m2 a permis de dévoiler plusieurs occupations conservées – néolithique, médiévale et moderne – réparties sur la totalité de ces lieux. L’épaisseur de la séquence stratigraphique est préservée sur près de 1,50 m dans la partie orientale du terrain et sur une hauteur supérieure à 6 m dans son extrémité occidentale.

Néolithique

2 Deux fosses creusées au toit d’un sol pédologique conservé ont été repérées. Elles sont associées à des fragments de poterie non tournée, lames et éclats de silex, restes osseux (mouton, porc, bœuf et chien).

Moyen Âge

3 Deux phases d’occupation au cours de cette période ont été identifiées.

4 La première concerne l’implantation d’une aire d’ensilage datable des IXe s. et Xe s., matérialisée par la présence de fosses de stockage (silos) reconverties en fosses dépotoirs. Quatre silos et trois fosses ont été mis au jour. La fouille de quelques-unes d’entre elles a livré un abondant mobilier constitué de déchets d’origine domestique : fragments de céramique culinaire (pégau, couvercle, cruche, assiette, etc.) dont une grande quantité de tessons résiduels datés des IVe s. au VIe s., restes alimentaires

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 29

(mouton, bœuf, coquillage, etc.) ainsi que des poches de cendres et de charbons de bois, rejets des aires de cuisine.

5 La seconde phase voit la transformation de ce secteur en zone de culture aménagée en terrasses durant tout le XIVe s. Elle se caractérise par des aménagements d’ampleur destinés à palier le pendage du versant par la mise en place de murs de terrasse. On voit alors se développer, au sein de ces espaces ou planches de cultures, des sédiments, organiques et sans doute amendés, identifiables comme terres de jardin. Il est par conséquent probable que le réaménagement de ces terres s’accompagne d’une mise en culture qu’il reste à définir.

Moderne et contemporain

6 Cette parcelle est modifiée, à partir du XVIIe s., avec l’apport de remblais de nivellement atteignant par endroits près de 3,60 m de hauteur dans toute la partie occidentale du terrain.

7 Deux éléments sont construits : un probable pilier et un mur de terrasse de direction nord-sud. La période contemporaine montre quelques maçonneries appartenant à l’ancien couvent des Sœurs Sans Nom, établi au début du XIXe s., et des zones de jardins.

8 LÉAL Émilie et VOYEZ Christophe

AUTEURS

CHRISTOPHE VOYEZ INRAP

ÉMILIE LÉAL INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 30

Moustiers-Sainte-Marie – Font Collomb

Jean Gagnepain

Identifiant de l'opération archéologique : 8510

Date de l'opération : 2007 (SU)

1 Le site de Font Collomb fut découvert et signalé le 14 octobre 2007. Une opération de fouille urgente fut réalisée dès le 18 octobre et dura cinq jours. L’intervention a été motivée par la découverte de structures anthropiques (bases de murs modernes et / ou contemporains, fosses) et de mobilier néolithique, céramique et lithique.

2 La campagne de terrain et les prospections pédestres du secteur ont permis de mettre en évidence deux fonds de fosses très érodées contenant du mobilier néolithique, une base de cabanon et un mur interprété comme une restanque, ainsi que diverses structures en creux dont l’interprétation demeure incertaine. Quinze artéfacts lithiques, un outil poli en jadéitite, douze pièces céramiques néolithiques en stratigraphie (fosse 1) ont ainsi été récoltés pour la période néolithique. L’attribution chronoculturelle demeure incertaine – Néolithique final probable – même si le Néolithique moyen ne peut être exclu.

3 L’opération a confirmé la forte anthropisation de cette aire géographique, marquée par la présence d’éléments géologiques remarquables : l’arc alpin, la formation détritique de , la plaine de Sainte-Croix, le Verdon et le Grand Canyon, la dépression de Moustiers-Sainte-Marie, des sources abondantes, tout cela à quelques mètres ou centaines de mètres du secteur.

4 Cette richesse naturelle incroyable a ainsi attiré les hommes depuis les périodes les plus reculées de la Préhistoire. Des outils lithiques du Paléolithique sont retrouvés régulièrement sur le sol (un élément lors de cette campagne) et les indices d’implantations néolithiques sont abondants (ici les deux fosses et le mobilier lithique et céramique). Les établissements romains, médiévaux, modernes ou contemporains sont eux aussi présents.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 31

5 L’opération de Font Collomb, malgré la forte dégradation due au marnage important à cette cote, apporte ainsi une confirmation et des données complémentaires aux connaissances de ce secteur géographique. L’estimation du grand nombre d’informations perdues chaque année implique un suivi plus régulier des rives du lac et nous remercions une nouvelle fois l’ensemble des informateurs qui nous signalent rapidement leurs découvertes et observations, le Service régional de l’Archéologie et EDF qui nous permettent des interventions rapides sur le terrain.

6 Les résultats seront insérés au vaste programme de prospection-inventaire du Grand Canyon du Verdon initié à partir de l’année 2007 par le Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon.

7 GAGNEPAIN Jean

8 Avec la collaboration de Yann Dedonder, Jean-François Devos, Isabelle Dubset, Caroline Luzi, Vincent Meyer, Laurence Mombel et Jean-Luc Ramu.

AUTEURS

JEAN GAGNEPAIN COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 32

Riez – Collège Maxime Javelly

Philippe Borgard, Cécile Allinne et Fabienne Gallice

Identifiant de l'opération archéologique : 8361

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Allinne Cécile (SUP) ; Gallice Fabienne (MUS)

1 Une ultime campagne a été conduite en 2007 dans la cour principale du collège Maxime Javelly, à l’emplacement d’un vaste édifice tardif dont l’existence avait été pressentie dès 1967. Sa localisation ainsi que son organisation se sont peu à peu précisées entre 2003 et 2005, grâce à l’étude des vestiges antiques malmenés, mais pour partie conservés, visibles dans les sous-sols de l’établissement scolaire (Fig. n°1 : Plan général de l'édifice funéraire).Cette campagne reprend et complète un sondage entamé en 2006 au terme duquel une lecture renouvelée de la topographie tardive de la ville semblait pouvoir être proposée (voir BSR PACA 2006 : 38).

2 Par ailleurs, deux autres interventions effectuées dans la cour de service orientale du même établissement, destinées à compléter les données altimétriques et planimétriques anciennement recueillies, ont permis de retrouver les limites exactes de deux des tranchées d’expertise ouvertes en 1967, ainsi que certains des aménagements antiques trop rapidement aperçus lors de ces premières investigations.

3 L’ensemble des travaux réalisés en 2007 modifie l’image de la ville antique jusqu’alors retenue, dans le secteur du collège. La présence au IIe s., en partie centrale du site, d’un chenal artificiel de direction est-ouest, exutoire canalisé du ruisseau du Valvachère, est confirmée. Plusieurs égouts, dont le sens d’écoulement est opposé selon leur localisation, viennent s’y déverser. En revanche, la pente des terrains environnants apparaît beaucoup plus douce qu’on ne pouvait le croire. Les sols des constructions du Haut-Empire édifiées sur l’une et l’autre rive présentent un niveau sensiblement identique et globalement horizontal. Il se situe entre 522,05 m et 521,80 m NGF sur la rive méridionale ; il est très voisin de 521,10 - 521,20 m NGF (sol surélevé des pièces thermales excepté) sur la rive septentrionale.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 33

4 C’est sur cette rive septentrionale qu’est édifié dans le courant de l’Antiquité tardive, à une date encore incertaine, le vaste bâtiment déjà évoqué dont la vocation funéraire est désormais bien établie (Fig. n°2 : Mur gouttereau nord de l'édifice funéraire et sarcophage du premier niveau de sépultures, vus depuis l'est). On notera que son sol primitif se situe lui aussi vers 521,10 m NGF et que l’orientation de ses murs est conforme à celle des constructions du Haut-Empire.

5 Deux niveaux de sépultures se superposent à l’intérieur de l’édifice. De nombreuses tombes apparaissent à son entour. Guy Barruol, dans la seule emprise des sondages de 1967, avait identifié trois regroupements de bâtières mais un diagnostic archéologique récent, conduit par Lucas Martin sur les pentes voisines de l’Hubac-de- Saint-Jean (voir notice : Riez, rue Hilarion-Bourret), illustre mieux encore le pouvoir attractif de l’édifice : dans son voisinage, toute la partie orientale de l’agglomération du Haut-Empire est, peu ou prou, occupée par des tombes.

6 La typologie des sépultures est homogène : tombes en bâtière ou, plus rarement, en pleine terre, sarcophages quadrangulaires, coffrages réalisés à l’aide de grandes dalles de récupération (également utilisées comme couvercles de sarcophages) se développent à l’intérieur comme à l’extérieur de la construction.

7 La campagne de 2007, limitée pour l’essentiel – comme les précédentes – à la réouverture des sondages de Guy Barruol, ne permet pas de restituer le plan complet de l’édifice. Du moins, les grandes lignes de son organisation sont désormais connues. En l’état des recherches, le monument se présente sous la forme de deux espaces accolés, de plan apparemment rectangulaire.

8 Le plus grand de ces espaces, et le plus septentrional, mesure près de 7 m de large hors murs. Il s’étend sur une longueur minimale de 10 m. Le second espace, dont la limite orientale est légèrement décalée vers l’ouest, possède une largeur hors murs de 3,40 m et une longueur minimale voisine. Il est tentant de restituer, au nord de l’espace principal, une annexe symétrique identique. Toutefois, l’extension limitée des zones accessibles à la fouille ne permet pas de valider cette hypothèse. Pour la même raison, nous ne savons pas restituer dans la totalité de son développement l’aspect du mur de limite oriental de l’espace principal : « chevet » plat ou autre.

9 Quelles que soient les solutions retenues, la massivité de l’édifice s’impose. Ses murs atteignent une largeur de 1,60 m au niveau des fondations. Si leur profondeur reste modérée, leur ancrage à la surface d’une dense nappe de cailloutis est vraisemblablement volontaire. De plus, deux forts piliers rectangulaires, l’un mis au jour en 2007 et l’autre révélé dès 1967, semblent signaler un alignement de supports, sans doute originel, qui pourrait s’étendre tout au long du parement interne du mur nord de l’espace principal. Ces retombées probables d’arcatures aveugles (également présentes contre le mur opposé ?) porte la largeur des murs « gouttereaux » à plus de 2 m.

10 L’ensemble de ces constatations nous encouragent à restituer un édifice couvert.

11 L’extrême pauvreté du matériel associé au monument, aussi bien dans ses niveaux de construction et d’utilisation que dans les tombes aménagées dans son emprise, n’autorise pas de datation précise. L’un des deux sarcophages étudiés lors de la fouille a cependant livré, posée sur le corps le plus récemment enseveli, une agrafe de linceul attribuable – de façon large – à l’Antiquité tardive (Fig. n°3 : Agrafe de linceul à double crochet).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 34

12 Faute de pouvoir caractériser parfaitement l’édifice nouvellement découvert, on retiendra qu’il s’agit d’une construction tardive à vocation funéraire et, plus précisément, d’un vaste et solide édifice, de plan orienté, très probablement couvert. Du moins son existence même relance le débat sur l’organisation de la ville tardive, pour partie établie, dès le VIe s. au plus tard, sur les hauteurs de la colline de Saint- Maxime, mais pour partie aussi demeurée attachée au site de la ville basse du Haut- Empire.

13 Les dernières recherches mettent l’accent sur la fonction funéraire du site de plaine. Pendant un certain temps, toutefois, son rôle ne s’est pas réduit à cela.

14 En complément de nos travaux, les sondages récemment ouverts par Tomoo Mukaï au centre du Pré Blanchon, c’est-à-dire à moins de 200 m au nord du groupe épiscopal, au- delà de la dépression du Valvachère mais sur le même côté occidental de l’ancien cardo, révèlent les prémices de ce qui dut être l’habitat contemporain, établi dans les ruines réaménagées de riches constructions du Haut-Empire aux sols jadis couverts de mosaïques. Le matériel observé témoigne de l’occupation de cette partie de la vallée jusque dans la seconde moitié du Ve s. au moins.

15 BORGARD Philippe, ALLINNE Cécile et GALLICE Fabienne

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 35

Fig. n°1 : Plan général de l'édifice funéraire

Auteur(s) : Chardon, Francis ; Deschaume, Mauricette ; Gallice, Fabienne. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Mur gouttereau nord de l'édifice funéraire et sarcophage du premier niveau de sépultures, vus depuis l'est

Auteur(s) : Borgard, Phillippe. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 36

Fig. n°3 : Agrafe de linceul à double crochet

Auteur(s) : Borgard, Philippe. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

PHILIPPE BORGARD CNRS

CÉCILE ALLINNE SUP

FABIENNE GALLICE MUS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 37

Riez – Groupe épiscopal

Philippe Borgard et Caroline Michel d’Annoville

Identifiant de l'opération archéologique : 8244 et 8245

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : D'Annoville Caroline Michel

1 Le programme d’étude et de mise en valeur du groupe épiscopal primitif de Riez (Fig. n°1 : Vue générale du groupe épiscopal depuis l'est), codirigé par le CNRS (UMR 6573) et la DRAC-PACA, constitue l’une des composantes du « Plan État-Région pour le Patrimoine Antique ». À terme, l’essentiel de l’insula dans laquelle s’inscrit l’ensemble cathédral devrait être aménagé et ouvert au public.

2 La partie archéologique de ce programme s’est traduite en 2007, comme en 2006, par la réalisation de deux campagnes de fouilles, consacrées à la cathédrale d’une part (Caroline Michel d’Annoville) et au baptistère d’autre part (Philippe Borgard), édifices initialement accolés que sépare aujourd’hui la route départementale RD 952.

3 En outre, le baptistère a fait l’objet d’une première campagne de sondages verticaux : les enduits à la chaux – ou au ciment – qui occultent les parements internes du monument ont été décapés en partie basse des murs, au niveau de sa façade méridionale et de ses absides nord-est et sud-est.

4 Les grandes phases d’occupation du site se précisent chaque année davantage. Nous savons que le groupe épiscopal est implanté dans des thermes publics du Haut-Empire, sans doute au début du Ve s., peu de temps avant que la population de la ville basse ne commence à se replier sur les hauteurs de la colline de Saint-Maxime. Puis l’édifice subit des transformations dans le courant du Moyen Âge, notamment aux XIIe s. et XIIIe s., au moment où l’agglomération se développe de nouveau dans la plaine. Il disparaît à la fin du XVe s., volontairement réduit au rôle de carrière de pierres. Seul le baptistère est respecté dont la silhouette se dresse, désormais isolée, aux portes de la ville (Fig. n°2 : Plan général du site du groupe épiscopal, toutes périodes confondues).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 38

La cathédrale

5 Sur le site de la cathédrale, la poursuite du programme de recherche (voir BSR PACA 2006 : 35-37) s’est tout d’abord traduite par un remodelage et une régularisation de l’emprise de la fouille, assimilable désormais à un vaste quadrilatère, plus satisfaisant d’un point de vue scientifique (adaptation au plan des vestiges en cours d’étude) comme sur un plan strictement esthétique. Ces modifications permettront de compléter les relevés établis par Guy Barruol (1967-1972) qui n’avait pas pu fouiller au sud de la nef, ni dans la partie méridionale du chœur.

6 La campagne 2007 a permis d’appréhender les niveaux les plus tardifs de l’édifice, correspondant au Moyen Âge et aux Temps Modernes. En revanche, les niveaux les plus anciens, relevant du Haut-Empire, de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge, ne sont apparus que très sommairement. De ce point de vue, les bribes d’informations nouvellement rassemblées ne font que confirmer ce que nous avions vu l’année précédente.

7 Notons cependant que la période du haut Moyen Âge est marquée par de forts colluvionnements, lesquels recouvrent certains murs anciens en voie d’arasement. Ces coulées pourraient correspondre à un temps de délaissement de l’édifice, antérieur à la seconde moitié du XIIe s.

8 La période suivante est au contraire une période de grands travaux. Durant les XIIe s. et XIIIe s., la cathédrale fait l’objet de consolidations, d’embellissements, et surtout de réaménagements, qui en modifient le plan. Nous avons retenu que l’église est alors pourvue d’un transept saillant. La puissance des murs laisse penser que ces espaces récemment aménagés supportaient peut-être des tours, hypothèse étayée par un texte de l’érudit Jean Solomé, au XVIIe s., qui évoque une tour-clocher méridionale.

9 Les fouilles des années 1960 mettent en évidence que l’espace intérieur recomposé connaît un nouvel usage : il est désormais entièrement occupé par des tombes. Celles-ci appartiennent à des types différents. Certaines sépultures n’avaient pas de contenant visible mais Guy Barruol évoque par ailleurs un grand caveau de la fin du Moyen Âge, ou du début de l’époque moderne, situé dans le croisillon nord.

10 L’existence de tels aménagements s’est, cette année, pleinement confirmée. Deux autres caveaux ont été fouillés, tous deux placés à l’est de l’abside, l’un d’eux dans une position privilégiée puisque bâti entre celle-ci et le prolongement du mur méridional de la nef. Aucune datation exacte ne peut être proposée, car le matériel n’a pas été encore étudié, mais il semble bien que ces dispositifs appartiennent plutôt à la fin du Moyen Âge qu’aux Temps Modernes (XIVe s. ?).

11 On peut noter que tous deux diffèrent sensiblement : l’un, au contact de l’abside, n’a qu’une cellule et sa construction est particulièrement soignée tandis que le deuxième, beaucoup plus vaste, est divisé en plusieurs chambres. Sa maçonnerie est en revanche médiocre. Ces différences architecturales sont-elles attribuables à des périodes différentes de construction ? Une certitude est acquise : des adultes comme des enfants y ont été inhumés, certains d’entre eux ayant dû effectuer le pèlerinage de Saint- Jacques-de-Compostelle comme l’atteste la présence de plusieurs coquilles.

12 En l’état d’avancement de la fouille, bien des questions demeurent en suspens, et notamment celle de l’insertion du second caveau à l’extrémité d’un éventuel bas-côté sud, dont l’existence demande encore à être validée.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 39

13 Outre ces caveaux, la campagne 2007 a permis de reconnaître un ensemble de tombes plus récentes, établies à un niveau superficiel, postérieurement au démantèlement de l’édifice. De toute évidence, après les destructions de la fin du XVe s. et l’abandon de l’espace jadis occupé par les bâtiments épiscopaux, le Pré de Foire continue à être un lieu d’inhumation. Les tombes frustes, sans contenant visible, se multiplient. Or, les textes nous apprennent qu’au tout début du XVIIe s., le 27 décembre 1600, l’endroit est concédé aux Protestants pour qu’ils puissent y établir un cimetière. L’austérité des pratiques religieuses et la simplicité des sépultures, bien perçue lors de la fouille, pourraient s’accorder avec une telle identification.

Le baptistère

14 Sur le site du baptistère, les recherches, toujours pénalisées par les bouleversements résultant des recherches anciennes (celles, en particulier, du XIXe s.), ont au contraire essentiellement porté sur des niveaux du Haut-Empire.

15 Sans que l’organisation générale des thermes décrite en 2006 ait été remise en question (voir BSR PACA 2006 : 37), le plan de l’édifice a été complété et certains détails techniques de son organisation ont été mieux perçus. Ainsi le mode de construction du mur septentrional du frigidarium, alliant chaînages de grand appareil à chaque croisée de murs, insertion d’une assise de réglage en moyen appareil au niveau des sols et petit appareil régulier pour le reste de l’ouvrage est désormais bien compris. De même, le pavement originel du frigidarium (ou du moins le support de ce sol, vraisemblablement mosaïqué), établi sur une très imposante fondation, a pu être dégagé sur plusieurs mètres carrés devant la façade orientale du baptistère. Enfin, l’existence d’un long et étroit espace dallé, accolé au parement septentrional du même édifice, a été confirmée. Il faut sans doute l’identifier comme étant des latrines.

16 Pour la période immédiatement postérieure, correspondant à la mise en place du groupe épiscopal, l’apport essentiel de la campagne 2007 résulte du décapage des enduits internes du baptistère. Ce décapage a révélé un excellent état de conservation des murs, épargnés par les remaniements dont leur face externe a été victime. Il est vraisemblable que les élévations primitives sont ici conservées sur une hauteur de plusieurs mètres. D’ores et déjà deux portes anciennes – dont l’une au moins, ouverte dans l’abside nord-est, pourrait appartenir à l’édifice de la fin de l’Antiquité – ont été reconnues.

17 Enfin, bien que très remaniées, des sépultures médiévales ont également été identifiées, situées de part et d’autre du prolongement oriental du mur nord du baptistère.

18 Les unes, placées au sud de ce mur étaient probablement situées dans un espace couvert, dans une sorte de narthex précédant le baptistère, tandis que les autres, au nord du même mur, relevaient plus probablement d’un espace ouvert.

19 Tout comme les tombes contemporaines fouillées sur le site de la cathédrale, elles témoignent sans ambiguïté du changement de statut de l’édifice, doté désormais du titre d’église paroissiale (et funéraire), au moment où l’habitat se développe de nouveau dans la plaine, c’est-à-dire à partir de la seconde moitié du XIIe s.

20 La poursuite du programme d’étude et de mise en valeur du groupe épiscopal devrait bénéficier, à moyen terme, du déplacement de la route départementale. Le projet

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 40

définitif de présentation de l’édifice pourrait ainsi être affranchi de la contrainte qui, depuis le milieu du XIXe s., remet en question l’intégrité du site.

21 BORGARD Philippe et D’ANNOVILLE Caroline Michel

ANNEXES

Fig. n°1 : Vue générale du groupe épiscopal depuis l'est

Auteur(s) : Allinne, Caroline. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 41

Fig. n°2 : Plan général du site du groupe épiscopal, toutes périodes confondues

Auteur(s) : Chardon, Francis ; Deschaume, Mauricette ; Baudoin, Bruno. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

PHILIPPE BORGARD CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 42

Riez – La Rouguière III

Lucas Martin et Stéphane Fournier

Identifiant de l'opération archéologique : 8332

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Fournier Stéphane (INRAP)

1 La construction d’un lotissement de huit maisons a entraîné la réalisation de sondages sur une parcelle de 11 479 m2 dans la vallée du Colostre, en bordure de la voie Aix- Castellane et à 200 m en amont de la nécropole à incinération antique fouillée en 2004 le long de cette voie (voir BSR PACA 2003 : 20 et 2004 : 39-41). Ils ont permis de localiser un dépôt funéraire, peut-être isolé, et qui témoigne des probables limites de cette nécropole à incinération à quelque 800 m du cœur de la cité antique. Aucun enclos funéraire n’a pu être déterminé.

2 La seule découverte tangible est une fosse profondément enfouie contenant deux vases ainsi qu’un coffre incinéré ; des os humains calcinés accompagnaient le dépôt. À proximité (2 m) se trouvait une fosse foyère. Les céramiques, des communes claires récentes, proposent une datation dans une fourchette large comprise entre le Ier s. et le IIIe s. de notre ère.

3 Les investigations complémentaires, en particulier celles menées le long du chemin, en limite nord du terrain, n’ont pas permis de trouver d’autres incinérations. Ces sondages suggèrent que la nécropole se termine dans cette parcelle ou du moins que les incinérations se raréfient dans ce secteur.

4 Par ailleurs, l’opération confirme le potentiel archéologique de la parcelle immédiatement à l’ouest qui devra être sondée si elle fait l’objet d’un projet immobilier, ce qui est probable à court terme.

5 MARTIN Lucas et FOURNIER Stéphane

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 43

AUTEURS

LUCAS MARTIN INRAP

STÉPHANE FOURNIER INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 44

Riez – Rue Hilarion Bourret

Lucas Martin et Stéphane Fournier

Identifiant de l'opération archéologique : 8447

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Fournier Stéphane (INRAP)

1 Le projet de construction d’une maison sur les parcelles D 724 et D 725, rue Hilarion Bourret, quartier de l’Hubac Saint-Jean, a conduit à la découverte d’une extension de la nécropole tardive de Riez située dans le périmètre de la basilique funéraire découverte sous le collège (voir BSR PACA 2003 : 23 ; 2004 : 37 ; 2005 : 37 et 2006 : 38).

2 Les trois sondages ont recoupé diverses structures funéraires dont quatre sarcophages (trois inviolés), quatre tombes en bâtière et six tombes en pleine terre (Fig. n°1 : Tombe avec son couvercle réutilisant une colonne retaillée en forme de toit à deux pentes).Ces inhumations paraissent appartenir à la fin de l’Antiquité. Les vestiges, dans la pente ou en pied de pente, sont assez profondément enfouis (1 m à 2 m de profondeur).

3 Ce secteur n’était pas connu pour receler aussi des constructions, pourtant des occupations plus anciennes (Haut-Empire) ont été repérées en deux points de la parcelle. La présence d’inhumations ou d’incinérations contemporaines de ces constructions n’est pas à exclure. Ce terrain très densément occupé devrait faire l’objet de recherches plus approfondies après les sondages préventifs.

4 MARTIN Lucaset FOURNIER Stéphane

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 45

ANNEXES

Fig. n°1 : Tombe avec son couvercle réutilisant une colonne retaillée en forme de toit à deux pentes

Auteur(s) : Maziers, T. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

LUCAS MARTIN INRAP

STÉPHANE FOURNIER INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 46

Valensole – Baisse de Sainte-Anne

Anne Richier

Identifiant de l'opération archéologique : 8029 et 8275

Date de l'opération : 2007 (SU)

1 Le site est localisé au nord du village de Valensole, sur une butte aplanie surplombant la route de Digne-les-Bains et à la croisée de six chemins, d’origine sans doute ancienne.

2 Jusqu’en 1809, une chapelle portant le vocable de Sainte-Anne, d’où le toponyme du lieu, se dressait à l’angle du rayonnement, à une dizaine de mètres du site exploré. Cette chapelle, doublée d’un oratoire lui faisant face, a été construite dans le courant du XVIe s., mais ses origines sont peut-être plus anciennes.

3 Au début du XIXe s., date du démantèlement de la chapelle et de l’oratoire, une vaste calade a été aménagée afin de constituer une aire de battage de blé, utilisée jusqu’à la dernière guerre.

4 Le dépôt par des particuliers de plusieurs demandes de permis de construire sur le site a généré deux opérations de diagnostic archéologique effectuées en 2006, révélant la présence d’une nécropole de l’Antiquité tardive (voir BSR PACA, 2006 : 42).

5 La fouille de trois parcelles contiguës a été réalisée au printemps 2007 par une équipe de l’INRAP. La surface totale fouillée correspond à 972 m2 et a confirmé la présence d’une nécropole datant de l’Antiquité tardive représentée par soixante-dix- sept sépultures à inhumation ainsi que huit fosses d’époques diverses.

6 La nécropole se développe sur une aire de 474 m2, selon une régularité et une densité notables (Fig. n°1 : Plan d'ensemble de la nécropole). Les limites nord et est de la zone funéraire ont manifestement été atteintes, celles-ci n’étant pas matérialisées mais se marquant par une interruption brutale des fosses. Les sépultures, toutes à inhumation, sont orientées de façon assez stricte et se répartissent selon des rangées plus ou moins parallèles dans le sens nord-sud, avec des espacements variant entre 0,50 m et 2 m. Le site étant largement arasé, surtout dans la partie septentrionale où le substrat affleure, aucune voie de cheminement, aucun élément de signalisation n’ont pu être mis en

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 47

évidence. Quelques recoupements de fosses sont présents, mais de façon anecdotique, alors que les superpositions et/ou réoccupations sont fréquentes.

7 Dans la majorité des cas, les sépultures sont de simples fosses en pleine terre, toutefois une trentaine contient également des aménagements, employant des galets ou des tuiles (tegulae et imbrices). Quelques sépultures ont des aménagements internes assez élaborés : murets de galets disposés le long des bords longitudinaux des fosses, tegulae de chant aux deux extrémités des creusements, fonds aménagés, tuiles en bâtière, etc. Aucun indice de cercueil ou coffre de bois n’est notable, mais des systèmes de couverture en matériau périssable ainsi que des linceuls sont fréquemment restituables. Les sujets, dont l’étude est en cours, sont au nombre de cent vingt-neuf, de nombreuses tombes recélant plusieurs sujets, placés de manière simultanée ou différée.

8 Les deux dépôts simultanés correspondent à une association femme-enfant (Fig. n°2 : Sépulture double) tandis que les dépôts différés, comportant ou pas des réductions, concernent toutes les classes d’âge et les deux sexes. Les réductions sont très fréquentes (trente-six sépultures), les restes perturbés étant toujours réintroduits dans la sépulture, soit groupés, souvent aux pieds du nouveau sujet, soit installés sur le pourtour de la fosse.

9 D’autres sépultures montrent,en outre, une réouverture et une introduction de nouveaux sujets dans la fosse, ce qui est surprenant eu égard au type de tombes en pleine terre (cette pratique se rencontrant plus fréquemment dans les sarcophages que l’on peut aisément rouvrir) et renseigne sur la visibilité et la signalisation initiales des sépultures.

10 Les premiers résultats concernant la population montrent un recrutement comportant des biais : absence de sujets morts entre 0 et 1 an, très faible proportion de sujets immatures en général (représentant à peine 14 % de l’ensemble), forte proportion de sujets adultes de sexe féminin (70 % des sujets actuellement sexés, ce ratio étant appelé à être modifié lorsque l’étude sera aboutie).

11 L’étude des facteurs de biais et de l’état sanitaire de la population livrera des résultats particulièrement intéressants à mettre en relation avec les données archéologiques.

12 Dans quatre sépultures des dépôts d’offrandes sont présents, matérialisés par des monnaies, pots en céramique commune, lampe à huile et tige en fer. Il est à noter que, dans trois d’entre elles, les sujets étaient orientés, contrairement à la majorité, tête à l’est.

13 Un premier examen de ces objets permet une datation entre la fin du IIIe s. et le début du IVe s., ce qui est tout à fait compatible avec les débuts de l’occupation funéraire, à une époque où la pratique païenne de dépôt d’offrandes est encore en usage. Dans quinze autres sépultures, des éléments de parure ou pièces d’habillement sont présents (Fig. n°3 : Offrandes de la sépulture SP 226). Il s’agit, dans la majorité des cas, de boucles et plaques-boucles de ceintures (en bronze ou en fer, souvent décorées), agrémentées parfois de lames de couteaux, tiges et fermoirs d’aumônière. Dans quelques cas des bagues portées étaient présentes ainsi que des boucles d’oreille ou des boucles de chaussures. Les premiers éléments de datation de ces objets – l’étude étant en cours – les placent entre le IVe s. et le VIe s., voire le début du VIIe s.

14 Outre l’intérêt intrinsèque de ces objets – les nécropoles de cette période riches en mobilier étant rares en Provence –, leur présence permet d’ores et déjà de proposer une fourchette d’occupation de la zone funéraire assez précise, entre l’extrême fin du IIIe s.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 48

et le début du VIIe s. Il s’agit d’une période charnière, marquée par l’émergence du christianisme dans une société fortement romanisée, encore empreinte d’habitudes et de rites païens. Ainsi, la position de la nécropole, à l’extérieur du vicus et en bord de voie ainsi que le dépôt d’offrandes dans les sépultures (pratiques romaines) côtoient une stricte orientation des sujets et l’abandon rapide de dépôt d’offrandes (pratiques chrétiennes).

15 Les quelques fosses présentes sont en majorité postérieures à la nécropole et recoupent souvent les sépultures. L’une d’entre elles, un silo, recelait des tessons attribuables au VIIe s., soit à une époque marquée par l’abandon de la zone funéraire.

16 Une autre fosse, située à l’extrémité orientale de la zone explorée, est toutefois attribuable à la Protohistoire (tessons de céramique non tournée).

17 RICHIER Anne

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan d'ensemble de la nécropole

Auteur(s) : Biuol, Catherine ; Guériel, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 49

Fig. n°2 : Sépulture double

Auteur(s) : Barbier, Sylvain. Crédits : ADLFI (207)

Fig. n°3 : Offrandes de la sépulture SP 226

Auteur(s) : Barbier, Sylvain. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 50

AUTEURS

ANNE RICHIER INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 51

Verdaches – Saint-Domnin

Vanina Susini et Daphné Deverly

Identifiant de l'opération archéologique : 8272

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Deverly Daphné (AUT)

1 Le cimetière de la chapelle Saint-Domnin à Verdaches a été découvert de façon fortuite en mai 2004, par des travaux sur la voie d’accès à la chapelle. Le cimetière médiéval daté du XIIe s. et XIIIe s. a fait l’objet en 2006 d’une fouille de sauvetage (voir BSR PACA 2006 : 43-45).

2 La première campagne ayant laissé des questions en suspens, une fouille programmée a été organisée en 2007 ; elle a duré quinze jours avec une équipe de huit personnes et l’aide de la mairie. Le manque de temps et d’argent a induit les choix méthodologiques : le secteur US 8 a eu une méthode non intrusive, alors que la partie déjà explorée en 2006 a été favorisée (Fig. n°1 : Implantation des sondages 2006 et 2007 et des US).

Les découvertes

3 Le fort pendage du terrain et le type de sédiment rendent la fouille très difficile. De nombreuses perturbations des couches ont aussi été observées suite au glissement général du terrain ; la gélifraction de la terre de remplissage des tombes empêche toute lecture des limites de fosses et fausse souvent le jugement sur la présence du substrat.

4 L’ensemble sépulcral est très homogène : vingt-deux faits ont été découverts, mais certains n’ont pu être caractérisés. Une seule typologie de tombes a été observée (coffrage en lauzes sans fond) et l’occupation est courte (XIIe s. et XIIIe s.). La profondeur des creusements est la même (environ 80 cm par rapport au niveau de sol actuel) et suit le pendage du terrain. Les tombes sont placées sur des aplats créés dans la pente. Deux orientations sont visibles : nord-sud (tête au nord ou au sud) et ouest-est (tête à l’ouest). Les défunts sont placés sur le dos, les bras le long du corps ou fléchis, les jambes en extension.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 52

5 Deux des unités stratigraphiques mises au jour sont relatives à des phases de destruction de l’église : l’US 7 est constituée de déblais de l’église et de lauzes, de céramiques et d’une monnaie (XIes. au XVIIe s.) ; l’US 8, non datée pour le moment, comportait un pierrier de plus grande densité, formé en majorité de lauzes, de moellons, d’ardoises et de clous (ancienne toiture de l’église).

Le mobilier céramique

6 La collection recueillie en 2006 et 2007 forme un ensemble homogène de céramiques à pâte grise, de type pégau. On note particulièrement deux cruches entières et une fragmentaire ; certains tessons ont été découverts dans des faits (27 et 48, US 9) et dans l’US 7.

7 Deux types de production se distinguent, comme en 2006.

8 La première production est locale avec une pâte beige à dégraissant (faits 41-36 et 48, US 9). La seconde est d’importation, à pâte grise kaolinitique que l’on pourrait rapprocher des productions de l’Uzège ou de la vallée du Rhône (fait 3).

9 Deux céramiques sont décorées à la roulette (faits 3 et 41). Les décorations à la roulette sont réalisées autant sur la céramique locale (fait 41) qu’importée (fait 3) et sont très différentes. Il apparaît que le potier de la céramique du fait 3 aurait utilisé deux roulettes différentes, contrairement à celle du fait 41. Le fait 41 a un décor important avec neuf lignes qui vont en se resserrant.

10 Ces caractéristiques orientent vers la comparaison avec le niveau 3 des céramiques de Notre-Dame-du-Bourg à Digne-les-Bains (Terres de Durance 1995), datable du XIIe s. au début du XIIIe s.

Les monnaies

11 Plusieurs monnaies ont été trouvées sur le site. Une première identification a été réalisée par D. Mouton (LAMM-UMR 6572, Aix-en-Provence) qui procédera à une étude en 2008.

12 La première, en cuivre, était dans l’US 7. Une des faces est décorée avec trois fleurs de lys, l’autre est très abîmée sans aucun décor. Il s’agit d’un double-tournois (Collin, Lecomte-Collin, 1990), daté du règne de Louis XIII (1601-1643).

13 La seconde a été trouvée dans une sépulture (fait 36), placée dans le fond de fosse au niveau du thorax. Cette monnaie est de petite dimension, en argent. C’est une obole, qui correspond à la moitié d’un denier de base. En France, la royauté n’en fit plus frapper après le règne de Louis XI (1461-1483). Le décor est bien conservé, une croix est positionnée au centre avec entre les bras des formes géométriques. La datation n’est pas encore déterminée.

Conclusion

14 Le mode d’inhumation est difficile à appréhender.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 53

15 Aucune épingle de linceul n’a été retrouvée, aucun objet servant à l’habillement non plus. Les individus n’étaient pas pour autant enterrés nus et certaines « compressions » sont lisibles notamment au niveau des bras et des pieds. Ceci irait dans le sens d’un linceul cousu, ce qui se retrouve à cette époque (Bonnabel, Carré, 1996). D’une manière générale, la conservation est mauvaise : intense fragmentation à cause des lauzes et destruction de la corticale par les racines.

16 Sur les deux opérations de fouille, quarante-neuf faits ont été observés : vingt-quatre sépultures, quinze réductions et neuf faits non caractérisés (ossements ou éléments d’architecture isolés). Cet ensemble regroupe soixante-deux individus : dix-neuf immatures et quarante-trois adultes. Le nombre d’individus sexés est faible car peu de squelettes complets ont pu être fouillés. Concernant les pathologies, elles restent assez courantes : arthroses, fractures ou encore carences alimentaires.

17 SUSINI Vanina et DEVERLY Daphné

ANNEXES

Fig. n°1 : Implantation des sondages 2006 et 2007 et des US

Auteur(s) : Chardon, Francis ; Deschaume, Mauricette ; Zenouda, M. ; Sereni, P.-F. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 54

AUTEURS

VANINA SUSINI AUT

DAPHNÉ DEVERLY AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 55

Grand canyon des gorges du Verdon

Jean Gagnepain

Identifiant de l'opération archéologique : 8316

Date de l'opération : 2007 (PI)

1 En 2007, le Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon a initié un programme de prospection-inventaire sur le territoire du Grand Canyon des Gorges du Verdon. Ce programme, planifié sur plusieurs décennies, intègre des opérations de fouille ou de sondage plus ponctuelles, comme en 2006 au dolmen des Pierres Blanches à Castellane (voir BSR PACA 2006 : 24-26) ou à Moustiers-Sainte-Marie en 2007.

2 Les communes concernées par la prospection sont Moustiers-Sainte-Marie, La Palud- sur-Verdon, et Castellane dans les Alpes-de-Haute-Provence et Le Bourguet, Trigance, Comps-sur-Artuby et Aiguines dans le Var. La première phase du programme concerne les communes de la rive droite (Alpes-de-Haute-Provence), avec un accent particulier mis dans un premier temps sur Moustiers-Sainte-Marie.

3 Sur un plan méthodologique, trois approches seront développées :

4 La recherche bibliographique a été entamée et se poursuivra dans les années futures ; de nombreux témoignages ont été consignés et répertoriés, avec plusieurs visites des sites à Castellane, La Palud-sur-Verdon ou Moustiers-Sainte-Marie. Certains témoignages et déplacements sur site ont été suivis d’opérations de terrain en sauvetage urgent : site de Font Collomb à Moustiers fin 2007 (structures et mobilier néolithiques et modernes) et sépulture gallo-romaine de la Campagne de Serre prévue en janvier 2008.

5 La prospection pédestre n’a concerné en 2007 que la commune de Moustiers-Sainte- Marie. Elle a débuté en avril par la zone de plateau (limite orientale de la formation de Valensole) et les champs de lavande et s’est poursuivie à l’automne par les rives du lac de Sainte-Croix, au niveau particulièrement bas (Fig. n°1 : Prospection pédestre sur les rives du lac de Sainte-Croix). Outre du matériel épars, quinze sites ont été mis en évidence, dont quatorze à priori inédits (quatorze fiches de découverte, une fiche de révision pour l’établissement gallo-romain de Saint-Saturnin).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 56

6 Différentes phases chronologiques sont représentées : Préhistoire (quatre sites), Antiquité (trois sites), époque moderne (un site), époque moderne/contemporaine (cinq sites), époque contemporaine (deux sites).

7 La plupart du temps, la présence de structures (surtout des structures en élévation, mais aussi des structures en creux) est à l’origine du repérage des sites (onze fiches). Il s’agit majoritairement de vestiges attribués, d’après le mobilier associé (céramique vernissée à décor d’engobe rapporté), à l’époque moderne/contemporaine : cinq habitats et un oratoire inédit présentant un bénitier en façade (zone de Saint-Pons) ainsi que, plus récentes, deux carrières d’exploitation des galets du poudingue situées en bordure sud-est du plateau de Valensole. On recense par ailleurs deux sites d’âge gallo-romain (dolium, amphore, céramiques sigillée et claire récente), d’organisation plus ou moins complexe (Saint-Saturnin et les Pradelles), et un site néolithique caractérisé par des fosses contenant des pans de céramique néolithique moyen/final (pointe de Font Collomb).

8 Des concentrations de mobilier lithique ou céramique ont également été repérées (quatre fiches). Elles permettent d’ajouter à l’inventaire des découvertes un site gallo- romain (Godemar 1) et trois occupations d’âge préhistorique : deux stations paléolithiques – Godemar 2 et Cap de la Borne (?) – et une nappe de vestiges céramiques néolithiques (plage de Saint-Saturnin).Trois secteurs ont particulièrement livré des concentrations de vestiges :

9 En conclusion, nous pouvons souligner les résultats très positifs de cette première année de prospection, avec une forte anthropisation diachronique des secteurs inventoriés et une grande variété de sites et de typologies de structures et de mobilier.

10 Les relations très positives avec les entités administratives territoriales et avec la population locale laissent augurer d’une relation fructueuse avec l’équipe de recherche et donc de résultats conséquents.

11 GAGNEPAIN Jean

12 Cette opération a été conduite avec la collaboration de Yann Dedonder, Jean-François Devos, Isabelle Dubset, Caroline Luzi, Vincent Meyer, Laurence Mombel et Jean-Luc Ramu. Nous tenons particulièrement à remercier les services de l’État (SRA DRAC- PACA), le Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, la commune de Moustiers- Sainte-Marie, le Parc naturel régional du Verdon ainsi que Sébastien Molinatti.

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 57

Fig. n°1 : Prospection pédestre sur les rives du lac de Sainte-Croix

Auteur(s) : Gagnepain, Jean. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

JEAN GAGNEPAIN COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 58

05 – Hautes-Alpes

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 59

Ancelle – Faudon

François Ricou

Identifiant de l'opération archéologique : 8248

Date de l'opération : 2007 (SD)

Depuis 2005 nous avons commencé le relevé topographique systématique de toutes les structures visibles sur le site de Faudon ; en 2006, nous avons ouvert trois sondages pour tenter de préciser la chronologie de son occupation (voir BSR PACA 2005, 49 ; 2006, 53.). Ils ont montré la difficulté à mettre en évidence des couches d’occupation, les blocs de démolition de grande taille rendant la fouille difficile dans un sondage de 2 m x 1 m. Le choix a donc été fait en 2007 d’ouvrir un seul sondage, plus grand, positionné dans l’une des structures les mieux conservées (C5) avec trois murs présentant une élévation de près de 2 m. Malgré la superficie, l’interprétation reste peu aisée. En effet, une épaisse couche (US 102 à 104) formée après l’abandon a livré en quantité assez importante de la céramique à pâte sableuse ou kaolinique, relativement fine, qui peut être datée du Xe s. - XIe s. Les restes de faune sont aussi présents : si l’analyse n’est pas réalisée à ce jour, on peut noter la présence d’os de petite taille, très fragmentés. Du mobilier métallique est présent avec en particulier une petite clé à anneau losangique avec des gouttelettes sur trois sommets ; ce type apparaît au XIIe s. Deux molettes complètent ce mobilier. Cette couche est postérieure à la construction des murs qui sont posés sur un chaos de blocs dans lequel nous avons recueilli deux petits fragments de céramique sigillée luisante. L’absence de sol d’occupation nous interroge toujours. Tout se passe comme si un déblayage avait eu lieu à l’intérieur des trois murs nord, est et ouest, évacuant toute trace, puis les US 102, 103 et 104 ont été mises en place. Le « mur » sud a ensuite été construit pour fermer la structure ; son élévation n’a pas dû excéder 1 m, pour un usage sans doute différent de la vocation première du lieu, peut-être par des bergers pour parquer un petit troupeau.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 60

Ce sondage apporte une première chronologie au site avec une dernière phase d’occupation entre le Xe s. et le XIIe s. En outre, la présence de quelques fragments de céramique (Protohistoire, Antiquité, Antiquité tardive) atteste encore une fois une fréquentation antérieure. Toutefois nous ne pouvons associer formellement, pour le moment, aucune structure à ce mobilier. En marge de cette opération, nous avons pu identifier un des objets conservés au musée départemental et provenant des fouilles de Jean Brenier en 1907 : il s’agit d’une griffe de templet (pièce d’un métier à tisser, Faure-Boucharlat 2001, 274-275). De nouvelles constructions ont été découvertes sur les marges nord, ouest et sud de la zone prospectée jusqu’ici, agrandissant encore le site. Le patient travail topographique conduit par Francis Chardon devra donc se poursuivre pour permettre d’avoir une vision complète de l’implantation des vestiges et du réseau viaire. RICOU François

AUTEURS

FRANÇOIS RICOU AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 61

L’Argentière-la-Bessée – Mines d’argent de Fournel

Bruno Ancel

Identifiant de l'opération archéologique : 8232

Date de l'opération : 2007 (FP)

1 Un diagnostic archéologique ayant montré en 1991 l’intérêt patrimonial des anciennes mines d’argent du Fournel, la commune de L’Argentière-la-Bessée a créé, dès 1992, un centre de culture scientifique, technique et industrielle, mis en place un programme d’études scientifiques et élaboré un projet de mise en valeur touristique. Comme les années précédentes, la campagne 2007 a concerné deux des trois facettes du patrimoine minier du Fournel : l’exploitation médiévale et le réseau souterrain moderne (voir BSR PACA 2005, 50 ; 2006, 54).

2 L’étude du réseau souterrain moderne s’est poursuivie grâce à l’important travail de décombrage mené chaque été dans le cadre des chantiers de jeunes bénévoles. Le désensablage du niveau de la Rebaisse est terminé. Un montage vers la mine Saint- Pierre a été ouvert après cinquante journées de décombrage, malheureusement le niveau de galerie atteint est très effondré.

3 Les chantiers noyés du district du Nord sont en cours de nettoyage et une opération de pompage a été testée avec succès ; il est donc possible d’engager la fouille de la pompe et du plan incliné d’extraction.

4 Des fouilles ont été développées sur les travaux médiévaux du secteur Combe Blanche, caractérisé par un démarrage de l’exploitation par galeries successives et puits de recherche. La zone d’entrée a été mise en sécurité par des confortements en béton armé. L’exploration du chantier souterrain vertical a été commencée sur une tranche de 2 m.

5 La recompilation des archives modernes, avec constitution d’une banque de données sur les techniques minières à travers les traités anciens et l’iconographie, se poursuit,

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 62

en particulier sur la technique d’abattage par le feu, dans le cadre du programme sur l’histoire des « savoir brûler » au Moyen Âge, piloté par le LAMM d’Aix-en- Provence.

6 Les expérimentations de creusement d’une galerie au moyen du feu continuent également.

7 ANCEL Bruno

AUTEURS

BRUNO ANCEL COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 63

Baratier – Clapier des Monges

Maxence Segard

Identifiant de l'opération archéologique : 8424

Date de l'opération : 2007 (FP)

1 L’opération réalisée durant trois semaines en juillet-août a permis de prolonger l’enquête commencée en 2005 par des tranchées de diagnostic du site, suivie d’une première fouille en extension en 2006 (voir BSR PACA 2005, 52-53 ; 2006, 55-56). Elle a été réalisée en collaboration avec le Department of Classics de Tufts University.

2 La campagne 2006 s’était concentrée au nord-est du long mur 3 percé d’une porte (Fig. n°1 : Plan général des vestiges). Des peintures murales en place et un sol en béton avaient été découverts, et cet espace avait été interprété comme une cour bordée d’un auvent abritant le mur et les peintures.

3 La fouille réalisée cette année a porté pour des raisons pratiques (accès à la parcelle et évacuation des déblais) sur l’autre côté du mur 3. Un important travail réalisé à la pelle mécanique a permis d’évacuer les déblais de la fouille qui avaient été entreposés de ce côté, puis d’entreprendre un décapage de tout ce secteur.

4 Le décapage a été suivi d’un nettoyage manuel qui offre une meilleure lecture d’ensemble, même si les vestiges observés (murs) ne sont visibles qu’en surface et que ce secteur n’a pas été entièrement fouillé. L’enseignement principal est la relation, peu douteuse mais désormais assurée, entre les vestiges mis au jour depuis 2005 et les maçonneries importantes visibles dans la pente en contrebas du replat où la fouille est menée.

5 Le plan global permet maintenant de mieux comprendre l’organisation du site. Deux pièces de 25 m2 et 35 m2 (pièces 2 et 3) sont délimitées par deux longs murs de 13 m de long (M3 et M4). Le mur 5 qui ferme la pièce 3 a été cette année raccordé à la partie de la maçonnerie de forme semi-circulaire. Il est par ailleurs assuré que l’espace compris entre le mur 5 et les maçonneries n’est pas plein (hypothèse d’une terrasse maçonnée avancée en 2006), mais qu’il s’agit d’une ou plusieurs pièces (pièce 4). Ce secteur est

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 64

encore entièrement comblé par des galets. On n’en sait pas davantage sur l’espace situé au nord-est du mur 3, notamment sur le prolongement du mur 6.

6 La fouille elle-même a concerné un espace d’environ 20 m2 situé au sud du mur 3. La stratigraphie s’y est révélée plus complexe que celle observée en 2006, en raison d’une phase de récupération des matériaux (y compris la toiture) sans doute très peu de temps après l’abandon du site. Sous plusieurs niveaux d’abandon et de démolition des murs, un sol en béton identique à celui observé en 2006 a été mis au jour. Très bien conservé, il a cependant été l’objet d’une destruction sous la forme de trois tranchées en étoile (Fig. n°2 : Hypocauste à canaux rayonnants et tranchée de récupération).

7 Ces tranchées permettent de parfaitement observer un système de chauffage sur hypocauste très bien préservé, dont le foyer était aménagé dans le mur 4. Les blocs qui en formaient l’encadrement ont été récupérés, à l’exception des deux blocs de base en cargneule rougis par le feu. L’hypocauste n’est pas sur pilettes, mais à canaux rayonnants : le sous-sol n’est pas entièrement vide, mais s’appuie sur un socle qu’il n’a pas été possible de bien observer (maçonnerie assez friable semble-t-il). L’air chaud circulait sous le sol uniquement par des canaux délimités par des murets de briques et tegulae. Ces canaux sont très mal conservés, en dehors des parties situées à proximité des murs de la pièce (canaux vers le nord-ouest et le nord-est ; le canal se dirigeant vers le sud-est n’a pas été dégagé). La partie située entre le foyer et la séparation en trois canaux a été entièrement démolie lors de la phase de récupération. Bien que l’ensemble de l’hypocauste n’ait pu être observé, on note l’absence de chauffage par les murs et l’absence de système d’évacuation des fumées.

8 Il faut par ailleurs remarquer que ce type de chauffage assure une chaleur assez modérée par rapport à un hypocauste sur pilettes. Il est assez rare en dehors d’exemples très précoces (Ier s. av. J.-C. en Narbonnaise) et d’un exemple tardif (pièces chauffées du IVe s. à Loupian).

9 La campagne de 2007 a permis de compléter de façon importante notre connaissance du site. Bien qu’il ne s’agisse que d’une hypothèse, le plan général des vestiges évoque une partie thermale dont la pièce à abside pourrait être un bassin de caldarium. On sait par ailleurs, par la présence abondante dans les niveaux de surface (clapier, matériaux perturbés lors des aménagements récents) de fragments de tubuli, qu’il existe d’autres pièces chauffées. L’incertitude demeure par ailleurs sur la chronologie, même si deux tessons (DS.P. et sigillée africaine) dans le comblement de la tranchée de récupération donnent un terminus post quem à cette phase, qui va dans le sens du grand nombre de monnaies des IVe s. et Ve s. découvertes à proximité.

10 La poursuite de la fouille dans ce secteur (pièces 3 et 4) et de l’autre côté du mur en 2008 permettra de tester ces hypothèses sur la fonction du site.

11 SEGARD Maxence

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 65

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan général des vestiges

Auteur(s) : Segard, Maxence ; Potin, J. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 66

Fig. n°2 : Hypocauste à canaux rayonnants et tranchée de récupération

Auteur(s) : Segard, Maxence. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

MAXENCE SEGARD AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 67

La Bâtie-Montsaléon – Le Comte

Lucas Martin et Stéphane Fournier

Identifiant de l'opération archéologique : 8483

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Fournier Stéphane (INRAP)

1 Le projet de construction d’une maison individuelle au lieu-dit Le Comte a motivé des sondages qui se sont révélés négatifs malgré la proximité d’incinérations antiques découvertes en 2003 par Maxence Segard (voir BSR PACA 2003, 34-35.).

2 Toutefois, cette opération a permis de localiser deux bornes à croix de Malte qui témoignent du bornage d’un domaine hospitalier dans un terrain au toponyme évocateur : la terre de la Commanderie. Ces bornes semblent proches de leur position d’origine selon leur propriétaire. Elles limitaient une parcelle d’environ 3 ha.

3 Le secteur a gardé le souvenir d’autres toponymes suggestifs : la Condamine, le Comte, la Commanderie.

4 MARTIN Lucas et FOURNIER Stéphane

AUTEURS

LUCAS MARTIN INRAP

STÉPHANE FOURNIER INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 68

Briançon – Place d’Armes

Émilie Léal et Christophe Voyez

Identifiant de l'opération archéologique : 8486

Date de l'opération : 2007 (EX)

1 Un diagnostic archéologique a été réalisé dans la vieille ville fortifiée de Briançon dans le cadre du projet de réaménagement de surface de la place d’Armes et de la remise en service d’un puits citerne construit au temps de Vauban (1692).

2 Les sondages ont permis de montrer l’absence de niveaux conservés de la période médiévale. En revanche, la phase des Temps Modernes y est largement représentée, notamment le XVIIe s. : la place a connu au début de ce siècle de nombreux réaménagements liés à son entretien. De nouveaux sols de circulation en terre battue ont été aménagés (cumulant près de 1,60 m d’épaisseur), entretenus et nettoyés régulièrement ; rare est le mobilier céramique dans ces niveaux. Seuls quelques ossements alimentaires de petite taille et des éléments ferreux (scories, clous…), enfoncés par le piétinement dans la plupart des sols, ont été découverts. Un niveau très charbonneux intercalé entre deux sols, identifié en plusieurs points de la place, correspond vraisemblablement à la catastrophe de 1624, d’après les textes anciens qui font état d’un incendie qui ravagea les trois quarts de la ville.

3 Le puits – condamné depuis le XIXe s. – n’a livré aucun aménagement périphérique, de type pavage en pierre, comme mentionné pourtant dans les textes anciens. Seuls quelques éléments en pierre issus de la margelle ont été retrouvés en remploi dans le blocage sommital du couvrement du puits.

4 LEAL Émilie et VOYEZ Christophe

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 69

AUTEURS

ÉMILIE LÉAL INRAP

CHRISTOPHE VOYEZ INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 70

Crots – Commune

Carine Déal

Identifiant de l'opération archéologique : 8604

Date de l'opération : 2007 (PI)

1 Une opération de prospection-inventaire a été réalisée en 2007 sur la commune de Crots afin de compléter la carte archéologique et de prendre en compte des indices archéologiques observés par les habitants de la commune (réalisée par Éric Conrad et Carine Deal, convention et cofinancement : État, Conseil général des Hautes-Alpes et l’APA).

2 Délimité au nord par la retenue de Serre-Ponçon, le territoire de Crots a la particularité d’être fortement dénivelé, puisqu’il s’étend entre 778 m et 2896 m d’altitude. Par ailleurs il est en grande partie recouvert de forêts (forêts de Boscodon et bois de Morgon notamment), ce qui nous a conduit à mener les recherches majoritairement en milieu forestier. Ces conditions de prospection expliquent la nature des résultats : très peu de mobilier prélevé et un nombre important d’enregistrements de vestiges immobiliers, bien visibles et conservés par le couvert végétal.

3 Six sites ont été révisés et vingt-quatre nouveaux sites ou indices de sites répertoriés. Les découvertes antérieures concernant les périodes préhistorique et protohistorique n’ont pas été enrichies au cours de cette prospection. Quelques indices ont été relevés pour l’Antiquité (notamment des découvertes de monnaies faites par les habitants). Cependant, la majeure partie des résultats concerne les périodes médiévale, moderne et contemporaine. Outre les monuments et vestiges médiévaux déjà connus, nous avons observé la présence d’une probable motte castrale au lieu-dit La Moutte. Par ailleurs, certains hameaux en ruine enregistrés lors de la prospection sont attestés dès le Moyen Âge. Pour les périodes moderne et contemporaine, nos observations ont concerné des hameaux abandonnés et des structures agropastorales (cabanes, enclos, anciens parcellaires, anciens chemins) ainsi que des chapelles. Ce travail sur le terrain a été complété par une recherche aux Archives départementales et sur l’ancien cadastre (1812).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 71

4 DEAL Carine

AUTEURS

CARINE DÉAL AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 72

Crots – Abbaye de Boscodon (lavabo)

Nathalie Nicolas

Identifiant de l'opération archéologique : 8492

Date de l'opération : 2007 (SD)

1 La fouille du lavabo de l’abbaye de Boscodon a été réalisée cet automne sous la tutelle de la Conservation régionale des Monuments historiques (Fig. n°1 : Plan et emplacement des sondages). L’emplacement du lavabo, dans l’angle sud-ouest du cloître, était connu et certaines structures avaient même été repérées fortuitement lors de travaux de reconnaissance du plan du cloître, en 1982 (aile des Officiers et aile des Convers).

2 Le lavabo a sans doute été détruit à la fin du Moyen Âge et seules les structures enterrées et condamnées ont été conservées, notamment le réservoir et sa canalisation d’évacuation. La canalisation d’amenée d’eau avait été coupée et seule la canalisation mise au jour en 1994 dans le mur oriental de l’aile des Officiers est un indicateur fiable de l’arrivée d’eau en amont (voir BSR PACA 1994, 44).

3 La fouille de cette année se solde par des résultats mitigés : les superstructures du lavabo n’ont pas été retrouvées et la restitution architecturale du lavabo médiéval devra reposer sur l’analyse des pierres de taille collectées au cours des fouilles antérieures (fragments appartenant à un hypothétique bassin, éléments de canalisation et de couverture du lavabo, en cargneule) et sur des hypothèses.

4 Les vestiges mis au jour sont ceux du réservoir voûté (dimensions intérieures : 2,81 m x 1,06 m) qui était sous pression, d’après les concrétions calcaires qui recouvraient ses parois intérieures et même les intrados de la voûte. Par ailleurs, les têtes de claveaux de la voûte du réservoir, à sa sortie, étaient aussi concrétionnées. La canalisation d’évacuation a été partiellement mise au jour : large de 0,55 m, elle était couverte de dalles. Or, elles ne couvrent pas le canal jusqu’au réservoir : s’il est possible d’admettre qu’une dalle ait pu être récupérée, ce négatif peut également indiquer qu’il y avait une structure en bois ou en métal, comme une « martelière », pouvant

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 73

commander le remplissage du réservoir et donc le jaillissement de l’eau dans un bassin, puis évacuer l’eau qui, en cas de trop-plein, devait déborder.

5 Des comparaisons pertinentes ont été effectuées avec les fouilles des abbayes cisterciennes de Maubuisson et de Fontenay : le lavabo est un espace généralement couvert, de plan circulaire ou quadrangulaire, mais pas nécessairement fermé. F. Flavigny, architecte en chef des Monuments historiques, a également proposé des comparaisons avec l’abbaye cistercienne de Mazan (Ardèche), tant pour la galerie du cloître, fermée par des volets, que pour le lavabo couvert.

6 Même si la fouille n’a pas apporté de réponse définitive sur la présence de murs ou de galeries à claire-voie fermant l’espace du lavabo de Boscodon, cette opération a permis d’étudier, fait rare, le procédé du jaillissement de l’eau dans le lavabo.

7 NICOLAS Nathalie

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan et emplacement des sondages

Auteur(s) : Nicolas, Nathalie. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 74

AUTEURS

NATHALIE NICOLAS MUS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 75

Embrun – Église Saint-Donat

Daphné Deverly et Xavier Margarit

Identifiant de l'opération archéologique : 8282

Date de l'opération : 2007 (SU) Inventeur(s) : Margarit Xavier (COL)

1 La communauté de communes de l’Embrunais a racheté en 2005 l’ancien cinéma- théâtre d’Embrun afin d’y établir une Maison de produits de pays. Ce bâtiment était à l’origine celui de l’église Saint-Donat, l’une des sept églises paroissiales de la ville médiévale et moderne. À la suite d’une erreur administrative de la DDE, le dossier d’instruction des travaux n’a malheureusement pas été transmis au Service régional de l’Archéologie alors que l’édifice est situé dans le zonage archéologique communal.

2 Cet oubli, suivi de l’engagement des travaux, a entraîné la destruction de niveaux archéologiques et de sépultures sur tout le collatéral sud ainsi que la mise au jour de nombreux ossements qui ont amené l’entrepreneur et la communauté de communes de l’Embrunais à alerter le SRA. Les travaux ont été interrompus et, compte tenu de l’impossibilité pour l’aménageur de répondre aux contraintes financières et aux délais relatifs à l’organisation d’une fouille sur la centaine de mètres carrés préservés, une solution technique de conservation, par surélévation du sol, a été imposée.

3 L’implantation en profondeur de deux piliers de la mezzanine sur le collatéral nord ne pouvait pas cependant être évitée. L’emprise a été limitée par l’installation d’une longrine et a fait l’objet d’une fouille d’urgence sur deux carrés de 1 m de côté situés à 1,50 m l’un de l’autre et localisés dans le quart nord-ouest de l’église, le long du mur nord de la nef (Fig. n°1 : Plan du bâtiment avec localisation des sondages).

4 Bien que restreinte en délais, moyens et superficie, cette fouille de sauvetage a mis au jour une couche de destruction moderne, un ossuaire, des sépultures tardo-médiévales en cercueil ainsi qu’une tombe de l’Antiquité tardive. Cette dernière – un coffrage en tuiles sous bâtière liées au mortier – est la première des Hautes-Alpes à être bien documentée, et la plus ancienne structure archéologique retrouvée jusqu’à présent à Embrun (Fig. n°2 : Vue de la tombe en coffrage en tuiles sous bâtière).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 76

5 En raison de la remontée de la nappe phréatique et du peu de temps disponible pour une fouille fine, le contenu de la sépulture a été prélevé en trois blocs (zones ouest, centre et est de la tombe) afin d’être analysé en laboratoire. Ce prélèvement en zones n’a malheureusement pas apporté de renseignements sur la position primaire des ossements, mis à part qu’il y a eu perte totale d’organisation suite aux mouvements d’eau. La stagnation des os en milieu aqueux a formé de nombreuses concrétions calcaires sur la surface corticale et a perturbé l’ensemble de la sépulture. D’après l’étude des os présents, généralement bien conservés, et celle des appariements, la tombe contenait un individu complet (adulte féminin de plus de quarante ans) et des réductions partielles, plutôt de la moitié inférieure du corps, d’au moins trois autres individus.

6 Ces résultats relatifs à la localisation d’un probable cimetière antique sont très intéressants pour l’histoire et la topographie urbaine d’Embrun. Ils témoignent aussi de la haute ancienneté du caractère funéraire et sacré de ce lieu, ce qui est tout à fait cohérent avec l’ancienneté du vocable Donatus. La tombe sous bâtière a été restaurée et remontée par Pascal Boucard ; elle est actuellement exposée à la Maison de produits de pays d’Embrun, sur le lieu de sa découverte.

7 DEVERLY Daphné et MARGARIT Xavier

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan du bâtiment avec localisation des sondages

Auteur(s) : Deverly, Daphné. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 77

Fig. n°2 : Vue de la tombe en coffrage en tuiles sous bâtière

Auteur(s) : Deverly, Daphné. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

DAPHNÉ DEVERLY AUT

XAVIER MARGARIT COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 78

Embrun – Îlot du Théâtre 2

Christophe Voyez et Émilie Léal

Identifiant de l'opération archéologique : 8127

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Léal Émilie (INRAP)

1 Une série de sondages archéologiques a été réalisée suite à un projet immobilier dans l’îlot du Théâtre, localisé en bordure intra-muros du tracé ancien du rempart de la vieille ville d’Embrun. Ce diagnostic a concerné l’expertise d’un terrain de 910 m2 dont près de la moitié de la superficie avait malheureusement été « labourée » en profondeur lors de l’enlèvement des fondations d’un bâtiment que portait le terrain. Trois états d’occupation ont été reconnus.

Antiquité

2 La période antique est représentée par une série de trois murs parallèles conservés en fondation, un sol de circulation d’un espace ouvert rechargé ponctuellement par de gros fragments de tegulae et imbrices et une inhumation en pleine terre. La nature de l’occupation n’est pour l’instant pas clairement définie du fait de la disparité des vestiges. Dans le cas d’une contemporanéité de la tombe et des murs, la possibilité de la présence d’un mausolée doit être évoquée. La datation du mobilier céramique récolté permet de proposer une occupation dans la seconde moitié du Ier s. perdurant jusqu’à la première moitié du IIIe s. de notre ère.

Post-antique à moderne

3 Le réinvestissement de ce secteur n’a pu être daté faute de mobilier céramique. L’orientation de quelques murs en galets témoigne d’un parcellaire divergent de celui de la période antique, mais conforme à l’actuel. Ces constructions n’en restent pas moins inédites, car elles ne sont mentionnées sur aucun plan ou gravure. Leur

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 79

antériorité à 1580 est d’ores et déjà avérée : cette date est celle de la construction des bastions intérieurs de la ville – entreprise par le maréchal Lesdiguières – bastions dont deux murs massifs ont également été retrouvés.

4 LÉAL Émilie et VOYEZ Christophe

AUTEURS

CHRISTOPHE VOYEZ INRAP

ÉMILIE LÉAL INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 80

Embrun – Réseau DCAN

Jean Vandenhove et Xavier Margarit

Identifiant de l'opération archéologique : 8392

Date de l'opération : 2007 (SU) Inventeur(s) : Margarit Xavier (SRA)

1 Des travaux de réseau consistant en creusement de tranchées ont été réalisés par la ville d’Embrun dans le secteur de l’ancienne Direction des camps de l’aéronavale (DCAN), entre la rue de Lattre-de-Tassigny, la porte du Traître et le parking Delaroche, sans que la consultation préalable, pourtant obligatoire, du service régional de l’Archéologie n’ait été faite.

2 Cette zone, en effet très sensible archéologiquement, correspond à celle de l’ancien palais Delphinal médiéval ainsi que, pour l’époque moderne, à celle de la place d’Armes et des dépendances, cour ou jardin, de la chapelle des Capucins.

3 Les travaux ont été suspendus afin qu’une fouille de sauvetage puisse être réalisée avant le comblement des tranchées.

4 Cette opération a été confiée à Jean Vandenhove, président de l’association d’étude et de sauvegarde du patrimoine de l’Embrunais. Elle a essentiellement consisté à échantillonner et relever les vestiges archéologiques mis au jour.

5 Dans la cour de l’ancienne DCAN, d’une superficie d’environ 900 m2, les creusements ont perforé le sommet de la voûte d’une importante citerne de 8 m de côté, correspondant à celle implantée au XIXe s. pour l’alimentation de la caserne Delaroche et du pavillon des Officiers.

6 L’arase d’un mur postérieur, recouvrant partiellement cette voûte, a été observée ainsi que quatre autres bases de murs parallèles, d’orientation nord-sud, non datés. Le socle géologique du roc poudingue, aplani par les dynamiques glaciaires, mais ayant pu également correspondre à un niveau de place aménagé, a été suivi sur une importante superficie et sous un recouvrement homogène graveleux d’environ 0,50 m d’épaisseur.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 81

7 La tranchée située devant et au nord de la cour n’a pu faire l’objet que d’observations ponctuelles qui n’ont révélé aucun vestige.

8 En revanche, celle située au niveau de l’actuelle place d’Armes et de l’espace Delaroche, dont le diagnostic a également été très superficiel, a révélé la présence de murs et d’une sépulture indéterminée devant la porte de la chapelle des Capucins.

9 Le mobilier archéologique recueilli, exclusivement céramique à l’exception d’un double tournois de 1621 découvert sur le substratum de la cour, n’est pas antérieur à l’époque moderne. Les deux éléments les plus anciens concernent, en effet, un fragment de bol arabesque à traits verts et graffite sur émail, imitation italienne du Val de Durance du XVIe s., et un probable fond de cruche, à vernis jaune interne et externe, également du Val de Durance, pouvant remonter au XVIe s., XVIIe s. ou XVIIIe s.

10 Les résultats de ce sauvetage, imposé par des travaux intempestifs et particulièrement restreint en délais et en moyens, sont donc très limités, puisque aucun vestige médiéval ou antique n’a pu être mis en évidence.

11 Néanmoins, si la zone de la cour de la DCAN a révélé une séquence archéologique plutôt homogène et de faible amplitude, on ne peut en dire autant du secteur de l’actuelle place d’Armes, insuffisamment diagnostiquée, et donc encore potentiellement riche en informations.

12 VANDENHOVE Jean et MARGARIT Xavier

AUTEURS

JEAN VANDENHOVE ASS

XAVIER MARGARIT SRA

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 82

Embrun – Parking Pasteur

Émilie Léal

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 83

Identifiant de l'opération archéologique : 8364

Date de l'opération : 2007 (EX)

1 L’opération de diagnostic effectuée au parking Pasteur a été prescrite en raison d’un projet d’aménagement urbain du boulevard qui prévoit la construction d’un parking enterré sur une superficie de 1 634 m2, en bordure extérieure des tracés supposés des remparts médiévaux et antiques.

Période antique

2 L’occupation antique a été identifiée à une altitude de 860,90 m NGF. Il s’agit d’une vaste dépression comblée progressivement par sédimentation naturelle et rejets volontaires, mise en évidence dans les deux sondages réalisés sur la terrasse inférieure du parking. Les niveaux hydromorphes très organiques qui comblent cette dépression sont riches en charbons de bois et en mobiliers céramiques datables des IIe s. et IIIe s. de notre ère.

Période moderne

3 Une portion des fortifications modernes a été découverte dans le sondage 1 sous la forme d’un puissant mur. Sa structure n’est pas homogène et révèle différentes phases de construction. Un recalage de ces vestiges sur les cadastres napoléonien et contemporain indique qu’ils se trouvent à l’emplacement de la demi-lune dite Royale de la ligne de bastion mise en place sous les ordres du maréchal Lesdiguières, entre 1580 et 1590.

4 LÉAL Émilie

AUTEURS

ÉMILIE LÉAL INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 84

Freissinières – Les mines métalliques de Faravel et de Fangeas

Bruno Ancel, Vanessa Py et Sylvain Burri

Identifiant de l'opération archéologique : 8429 et 8430

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Py Vanessa (EDU) ; Burri Sylvain (EDU)

1 Des recherches en archéologie minière sont conduites dans la montagne de Dormillouse depuis maintenant quatre ans. Les principaux travaux miniers, prospectés par le BRGM en 1962, avaient fait l’objet d’une première reconnaissance en 1992 (Ancel 1997 ; 2006, 159-176). Dix ans plus tard, la dynamique de recherches dans les Alpes du Sud, impulsée par le PCR « Occupation du sol et pastoralisme de la préhistoire au Moyen Âge sur le versant sud des Alpes françaises » et par le PEVS « La forêt et le troupeau dans les Alpes du Sud du Tardiglaciaire à l’époque actuelle, à l’interface des dynamiques naturelles et des dynamiques sociales », a ranimé l’intérêt des archéologues pour les mines de haute montagne (Walsh et al. 2005, 25-44).

2 En 2003 et 2004, deux campagnes de fouilles avaient permis de caractériser les ouvrages miniers du secteur de Faravel (2 000-2 200 m d’altitude) et leur impact sur l’évolution des écosystèmes entre la fin du IXe s. et le XIIIe s. (Py, Ancel 2007, 83-93 ; Durand, Py 2008, 32-35). En 2005, les investigations ont été poursuivies sur le secteur de Fangeas (1 900 m d’altitude). Les fouilles ont permis de mettre au jour des équipements en bois parfaitement conservés dans la cavité ennoyée d’un chantier subvertical (Grande Fosse) et dans la fosse d’un puits (Grand Puits). La reprise des prospections sur ce secteur ont conduit à la découverte, à 320 m au nord-ouest des travaux de Fangeas, d’un nouveau réseau (1 970-1 980 m d’altitude, voir BSR PACA 2004, 56-58 ; 2005, 56-57).

3 En 2007, les recherches ont porté sur le réseau inédit de la Cascade, le plancher en bois de la Grande Fosse et les abords extérieurs du Grand Puits.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 85

Le réseau de la Cascade

4 L’observation naturaliste et le relevé en plan au 1/200e du réseau de la Cascade ont permis de caractériser cette exploitation dans ses grandes lignes. Les travaux concernent concrètement une petite lentille minéralisée en plomb et/ou en cuivre qui a été exploitée sur une surface de l’ordre de 60 m2. Les remblais ne semblent pas masquer d’ouvrages stratégiques. Cependant, la zone foudroyée pourrait cacher des travaux plus importants. Les petits gabarits des ouvrages et leurs parois lisses et concaves témoignent du recours à l’abattage par le feu (Fig. n°1 : Réseau de la cascade : vue du niveau supérieur vers l'entrée éboulée). Leur ressemblance avec les travaux médiévaux de Fangeas et de Faravel prône pour leur correspondance chronologique. Or, même si cela est peu probable, nous ne pouvons pas exclure totalement une phase d’exploitation plus ancienne, attestée par l’analyse isotopique des tourbes du plateau de Fangeas, qui serait par ailleurs suggérée par la présence de percuteurs en grès (abattage protohistorique ?). La galerie ouverte dans la halde et les blocs foudroyés qui camouflent la zone d’entrée de l’ancienne exploitation souterraine sont probablement des indices d’une reprise récente (XVIIIe s. et XIXe s. ?) – épisode attesté par des traces de fleuret à Faravel. Cet ensemble pourrait constituer, comme à Fangeas et à Faravel, un petit secteur d’exploitation du district minier médiéval de Faravellum mentionné dans les sources écrites au XIIe s. (Py, Ancel 2007, 83-93).

La Grande Fosse

5 La fouille des bois de la Grande Fosse a permis de reconstituer l’histoire du plancher en bois dont la partie supérieure avait été mise au jour en 2005 (Fig. n°2 : Relevé en coupe de la Grande Fosse et du plancher en bois). Cette structure a probablement été construite au moment où les mineurs ont étendu le chantier vers la montagne. Elle n’a pas vraiment été conçue à l’origine pour stocker des remblais mais plutôt pour constituer une protection contre les chutes de blocs depuis le jour et l’accumulation de neige en hiver. En profondeur, le plancher repose soit sur un gradin du chantier, soit sur un autre plancher en bois. Entre les deux zones de remblais, un passage vertical forme une sorte de « coulisse » dont la configuration exacte reste à reconstituer avec la poursuite de la fouille en 2008.

6 Le chantier ayant été approfondi, au minimum, jusqu’à 8 m de profondeur, d’autres planchers ont peut-être été construits pour faciliter la circulation verticale. La plupart des bois utilisés par les mineurs ont été coupés et grossièrement blanchis à la hache. Le mode de débit des plateaux et des planches doit encore être caractérisé. L’irrégularité des pièces indiquerait l’utilisation d’une scie grossière ou d’un outil de la famille de la doloire.

7 Situées à plus de 1 900 m d’altitude, ces mines posent le problème de la période et du rythme de leur exploitation. On peut supposer leur abandon saisonnier avec les premiers frimas de l’hiver.

8 Cette problématique est intimement liée à celle de la localisation des « cabanes » de mineurs qui pourra être concrètement abordée avec la mise en place d’un PCR « Habiter et exploiter la haute montagne alpine au Moyen Âge et à l’époque moderne » prévue pour la fin de l’année 2008.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 86

9 L’abandon saisonnier des travaux pose un certain nombre de problèmes techniques (l’exhaure par exemple), qui ont des répercutions sur l’équipement et l’aménagement de la mine.

10 À cet égard, le plancher présente différentes phases de réparations et d’arrangements dont l’époque de réalisation (pendant l’exploitation et/ou après une reprise) doit être déterminée grâce aux analyses dendrologique et dendrochronologique. L’histoire de cette structure se termine par le déversement volontaire d’une grande quantité de blocs dans la fosse.

Le Grand Puits

11 La fouille extensive des abords du Grand Puits, réalisée cette année sur une superficie d’une cinquantaine de mètres carrés, a autorisé une première approche de l’aménagement de l’espace extérieur et de l’histoire de l’exploitation de ce secteur. Une date dendrochronologique (après 1183) obtenue à partir de l’analyse d’un des poteaux du Grand Puits (fouille 2005) a démontré que la construction des équipements de treuillage est postérieure de plusieurs années au remblaiement, confirmant qu’une partie des déblais extérieurs a été remobilisée pour boucher le puits d’extraction. Comme dans la Grande Fosse, un épisode de comblement volontaire des mines a eu lieu à un moment qui reste à déterminer.

12 Enfin, la présence d’une enclume suggère qu’une première étape de traitement mécanique s’effectuait sur le carreau de la mine, réduisant considérablement la masse de minerai à transporter en laissant sur place la majeure partie de la roche stérile. Il s’agira en 2008 de poursuivre la fouille en se focalisant sur les traces d’aménagement des abords directs du Grand Puits pour préciser l’articulation des espaces de travail entre eux et leur chronologie.

13 Cette nouvelle campagne de fouille offre un bilan très positif. La poursuite des travaux devrait permettre d’améliorer nos connaissances sur l’histoire et la dynamique d’exploitation des mines mais aussi sur l’articulation des espaces de travail et les savoir-faire miniers et forestiers, qui s’avèrent intimement imbriqués.

14 PY Vanessa, ANCEL Bruno, BURRI Sylvain, avec la collaboration de ÉDOUARD Jean- Louis.

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 87

Fig. n°1 : Réseau de la cascade : vue du niveau supérieur vers l'entrée éboulée

Auteur(s) : Ancel, Bruno. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Relevé en coupe de la Grande Fosse et du plancher en bois

Auteur(s) : Ancel, Bruno. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 88

AUTEURS

BRUNO ANCEL COL

VANESSA PY EDU

SYLVAIN BURRI EDU

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 89

Le Glaizil – Château de Lesdiguières

Nicole Michel d’Annoville et Pascal Boucard

Identifiant de l'opération archéologique : 8375 et 8442

Date de l'opération : 2007 (SD) ; 2007 (SU) Inventeur(s) : Boucard Pascal (AUT)

1 L’opération archéologique effectuée cette année au château de Lesdiguières (convention et cofinancement entre l’État, le Conseil général des Hautes-Alpes et l’APA) a permis de restituer deux éléments inédits : une porte ménagée dans le rempart sud et une caponnière construite dans le fossé oriental.

La porte sud

2 Les vestiges de cette porte en surplomb sur le fossé sont situés dans l’axe des bâtiments résidentiels, conformément à la mise en scène qui régit l’entrée des châteaux (Fig. n°1 : À droite de la chapelle accolée à la tour sud-ouest, l'emplacement de la baie sud avant intervention : on distingue la base encore en place du pied-droit côté est de l'ancienne porte (vue prise de l'est)). Aujourd’hui, le site est desservi par une porte, dite porte centrale, implantée sur son côté est (voir BSR PACA 2005, 59).

3 La porte sud, très mal conservée, est amputée de ses parties hautes. Son seuil a été arraché. À l’est, la hauteur du piédroit est limitée à une dizaine d’assises ; à l’ouest, il est détruit jusqu’à sa base.

4 Les parties dégagées restituent une embrasure de 2,40 m de largeur dont la feuillure est constituée d’un ressaut de 0,24 m de profondeur (largeur : 0,27 m). La base des piédroits est munie de deux trous d’encastrement. L’un d’eux conserve une pellicule de mortier de scellement marquée de stries, sans doute l’empreinte des veines du bois de la poutre qui l’a occupé (Fig. n°2 : La porte dégagée, on distingue le trou de poutre dans le pied- droit côté oriental ainsi que l'évacuation du caniveau (vue prise du sud - sud-est)).

5 Côté cour, les abords ont été bouleversés et aucune trace de chaussée n’a été repérée sur l’emprise du sondage (largeur 1,80 m). Côté fossé, la feuillure de l’embrasure et les

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 90

trous d’encastrement de poutre laissent supposer que la porte était munie d’un pont- levis.

6 À une date inconnue, cette porte a été condamnée et murée. Plus tard, l’emplacement a servi d’appui pour construire une rampe d’accès qui distribuait une terrasse, selon les plans du XIXe s. (Janson, 1827). Le plan cadastral reproduit un tracé perpendiculaire à la porte sud qui évoque un ancien itinéraire (Fig. n°3 : L'angle dégagé du pied-droit côté est de la porte. On distingue la feuillure et le trou de la poutre et au fond, la porte sud (vue du sud - sud-ouest)). La désaffection de ce secteur a pu intervenir lors d’un remaniement qui a déplacé les accès à l’est.

La caponnière

7 La fonction d’organe de flanquement de la structure voûtée implantée dans le fossé oriental a été déterminée en 2006 (voir BSR PACA 2006, 63-64). Jusque-là, la caponnière était évaluée comme simple souterrain construit pour supporter le guichet contigu à la porte centrale, à l’ouest. Avant l’évidage partiel des effondrements qui l’obturaient et la réalisation d’un sondage jusqu’au niveau de fondation, à 4 m au dessous de la voûte, son agencement était illisible.

8 Les résultats obtenus permettent de restituer une structure de plan rectangulaire de 21 m2 (longueur : 5,20 m ; largeur : 4,10 m) élevée sur deux niveaux. Le sol de fonctionnement a été repéré à 3,65 m de profondeur, sous la voûte. Initialement, les niveaux étaient séparés par un plancher signalé par six trous de poutre répartis sur les murs nord et sud. L’étage supérieur est couvert d’une voûte en plein cintre d’axe nord- sud. Il conserve une meurtrière ménagée au sud, sous l’arc de la voûte, à 0,82 m au- dessus du niveau planchéié. Lors d’un remaniement caractérisant le deuxième état du site, le fossé est désaffecté pour implanter des bâtiments. La meurtrière est obturée par les nouvelles constructions.

9 Le rare mobilier archéologique prélevé sur le sol de fonctionnement est composé de deux tessons de poêlon en céramique de l’Uzège (XVIIe s.) et de fragments de décor provenant de la dégradation de la porte centrale.

10 Hormis les nouvelles données concernant le plan et ses remaniements, la mission a montré que la caponnière est fondée à 2 m au-dessous du niveau actuel du fossé ; ce qui donne une indication sur sa profondeur d’origine.

11 MICHEL d’ANNOVILLE Nicole et BOUCARD Pascal

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 91

Fig. n°1 : À droite de la chapelle accolée à la tour sud-ouest, l'emplacement de la baie sud avant intervention : on distingue la base encore en place du pied-droit côté est de l'ancienne porte (vue prise de l'est)

Auteur(s) : Boucard, Pascal. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : La porte dégagée, on distingue le trou de poutre dans le pied-droit côté oriental ainsi que l'évacuation du caniveau (vue prise du sud - sud-est)

Auteur(s) : Boucard, Pascal. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 92

Fig. n°3 : L'angle dégagé du pied-droit côté est de la porte. On distingue la feuillure et le trou de la poutre et au fond, la porte sud (vue du sud - sud-ouest)

Auteur(s) : Boucard, Pascal. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

NICOLE MICHEL D’ANNOVILLE MUS

PASCAL BOUCARD AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 93

La Grave – Plateau d’Emparis

Éric Thirault et Pierre Rostan

Identifiant de l'opération archéologique : 8357

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Rostan Pierre (AUT)

1 L’usage du quartz hyalin dans les Alpes et dans les Préalpes est attesté depuis l’Azilien jusqu’au Néolithique moyen : les cristaux sont débités selon diverses modalités pour obtenir des éclats et des lames dont le tranchant n’a rien à envier au silex. Le recours à ce matériau est loin d’être anecdotique puisque dans certaines régions proches des sources, tel le Valais, la proportion de quartz hyalin dans l’outillage atteint 90 à 100 %. Au Néolithique final et au début de l’âge du Bronze, l’utilisation du quartz hyalin semble disparaître rapidement dans les Alpes françaises, sauf pour de petits cristaux façonnés en éléments de parure. Il faut attendre l’Antiquité et le Moyen Âge pour voir de nouveau des cristaux employés à divers usages, dont la réalisation de récipients. Après un regain à l’époque Moderne, autorisé par l’usage de la poudre pour le creusement des gîtes, l’industrie du quartz hyalin est définitivement tarie avec l’invention du cristal synthétique et, aujourd’hui, seule la recherche pour collections minéralogiques est attestée dans les Alpes.

2 La recherche de terrain sur la problématique de l’exploitation des cristaux de quartz hyalin a débuté depuis maintenant plus de cinq ans dans la haute vallée de la Romanche (Oisans) avec des opérations de prospections thématiques menées par P. Rostan dans les départements des Hautes-Alpes et de l’Isère. Ces travaux ont permis d’identifier de très nombreux sites d’extraction des cristaux (près de deux cents actuellement) avec des travaux en fosses ou en boyaux, parfois creusés au feu et toujours limités à l’emprise des cavités géodiques. Certains comportent des phases de reprise tardive à la poudre. Ces prospections se poursuivent ponctuellement et, en 2007, deux nouveaux champs d’extraction ont été inventés en Isère.

3 Le plateau d’Emparis, sur la commune de La Grave (voir BSR PACA 2004, 68-69 ; 2006, 64), comporte une vaste zone de travaux, le champ filonien des Lacs Cristallins, avec

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 94

dix-huit filons exploités par fosses étroites dans un secteur à faibles dénivelés compris entre 2200 m et 2400 m d’altitude. De plus, le secteur a permis d’observer plusieurs aires de tri des cristaux avec la présence de blocs rocheux martelés à rôle d’enclume. L’outillage comprend des éclats de percuteurs en pierre ainsi qu’un percuteur sphéroïdal découvert sur une fosse.

4 Parmi ces travaux, le filon de Lac Cristallin 13 présente des travaux bien développés et individualisés avec la fosse LC13-3 en particulier. Avant fouille, l’intérêt de ce site résidait dans l’absence de travaux postérieurs et dans l’existence d’un outillage lithique (percuteurs et éclats) à son voisinage immédiat ; il présentait une fosse d’extraction particulièrement nette avec des limites franches creusées dans le filon. Une probable aire de tri (LC13-4) occupait sa bordure, traduite par un horizon de limons bruns riche en éclats de cristaux particulièrement limpides, visible dans un piochage récent réalisé par des prospecteurs de cristaux.

5 En 2006, un premier sondage a été effectué à cheval sur la fosse d’extraction et l’aire de tri, sur 1,30 m de large. Devant l’intérêt des découvertes, le sondage a été agrandi en 2007 et, ainsi, une petite zone de fouille de 2,30 m de large x 4 m de long a été ouverte à travers la fosse et sa bordure sud.

6 Les acquis de ces travaux, réalisés en 2006 sans aide matérielle et en 2007 avec une subvention de l’État, dans des conditions météorologiques défavorables, sont les suivants :

7 • Existence d’une fosse d’extraction de plus de 1 m de large, où le filon de quartz massif est entièrement dépilé. La profondeur est inconnue, mais dépasse 1,50 m et l’extraction suit les filons cristallisés au sein de la gangue. Son remplissage est complexe et encore difficile à interpréter, en l’absence d’une stratigraphie intégrale. Plusieurs phases de creusement et de comblement sont probables.

8 • Au sud de la fosse, ce qui avait été interprété comme une aire de tri s’avère plus complexe : si un niveau très riche en cristaux brisés ou malvenus peut toujours être considéré comme une aire de tri, d’autres niveaux biseautés ou postérieurs se rapprochent plus de la définition d’une halde, dont bien peu subsiste aujourd’hui. La stratigraphie de ces dépôts reflète probablement plusieurs phases dans l’extraction et le traitement des cristaux.

9 • L’examen attentif des extractions adjacentes au filon LC13 a permis d’identifier une très probable attaque au feu, décelable par la géométrie de l’extraction et par la présence de charbons de bois dans le talus subséquent. Le fait est important, puisqu’il s’agit de la première identification de cette technique extractive, omniprésente en Oisans, sur le site. Il existe donc deux techniques en présence : en fosses ouvertes « à la main » (à la pioche, au pic ?) et par chocs thermiques. La question est de connaître leur relation chronologique.

10 • Un sondage de 1 m2 ouvert au nord de la fosse LC13-3 a permis de démontrer l’existence d’une autre aire de tri ou de stockage des cristaux. Ce sondage devrait être achevé en 2008.

11 • Un relevé topographique du filon LC13 a révélé l’existence de dépressions suspectes, qui pourraient bien être des fosses d’extraction comblées, ce qui multiplierait le nombre d’extractions sur ce filon. Il est probable que les fosses se suivent en chapelet, voire, dans certains cas, se rejoignent sous le sol.

12 Trois éléments autorisent la datation du champ extractif :

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 95

13 • Un fragment proximal d’éclat laminaire découvert lors de la fouille 2007 sur LC13 3/4 se rapporte, sous réserve, à un Néolithique ancien/moyen.

14 • La stratigraphie de la bordure sud de la fosse démontre que le niveau interprété comme aire de tri repose directement sur le sol périglaciaire, ce qui constitue un fort indice d’ancienneté, contemporain ou antérieur à l’optimum atlantique. Sur le champ minier (de cuivre) des Grandes Rousses, dans le massif adjacent à l’ouest, les sondages réalisés dans les haldes du Bronze ancien montrent en effet que les extractions ont fossilisé un sol végétal qui peut être rapporté à l’Atlantique (travaux inédit, 2006/2007, M.-C. Bailly-Maître, T. Gonon, B. Moulin, É. Thirault et J. Vital).

15 • Une date 14C a été réalisée, sur fonds privés, sur un petit lot de microcharbons prélevés en 2006 dans une possible aire de tri colluvionnée qui recouvre l’extraction LC13-7. Le résultat [Lyon-3976 (GrA) : environ 4250-4000 av. J.-C. cal] fournit un ancrage chronologique pour l’extraction au feu sur le plateau.

16 On retiendra donc que la datation préhistorique du champ d’extraction est désormais assurée, avec une phase d’extraction au feu, peu développée, attribuable au Néolithique moyen en première analyse. La datation de la phase d’extraction « à la main » est encore incertaine, mais très probablement antérieure : cela expliquerait la raison d’une faible emprise des travaux au feu entrepris sur un champ d’extraction déjà bien épuisé auparavant.

17 ROSTAN Pierre et THIRAULT Éric

AUTEURS

ÉRIC THIRAULT AUT

PIERRE ROSTAN AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 96

Molines-en-Queyras – Vallon du Longis

Laurent Carozza, Benoît Mille et Pierre Rostan

Identifiant de l'opération archéologique : 8260

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Mille Benoît (MCC) ; Rostan Pierre (AUT)

1 Le site du vallon du Longis, à Molines-en-Queyras, a été repéré lors de prospections pédestres conduites en 1994 par Pierre Rostan. La présence de scories plates et d’un fragment de tuyère avait alors attiré l’attention du prospecteur qui en a signalé l’existence dans les actes du colloque de Tende, tenu en 2000 (Rostan, Rossi, Gattiglia, 2002). Dès la publication de cet article et dans l’énoncé de la problématique à l’origine de nos sondages, nous avons mis en avant l’intérêt de ce gisement en regard de l’exploitation minière de Saint-Véran, située sur le versant opposé du massif de Château Renard culminant à près de 2989 m d’altitude.

2 Les premiers sondages réalisés sur ce site ont mis en évidence un site daté de la fin du troisième millénaire avant notre ère (2210-2130 BC). La présence de scories, découvertes lors de prospections mais également lors de la fouille, démontre que ce site est lié au complexe d’exploitation et de traitement des ressources métallurgiques de la zone de Saint-Véran. La typologie des scories mises au jour sur le site du Longis, mais également leur composition, démontre une parfaite analogie avec celles reconnues sur les sites des Clausis et en d’autres points du territoire minier et métallurgique

3 La trouvaille, dans le sondage 1, d’un petit fragment de tuyère vient appuyer cet argumentaire et renforcer les liens chronologiques et technologiques qui unissent les sites du complexe minier et métallurgique. La découverte d’un fragment de paroi de four sous-tend grandement l’hypothèse selon laquelle des opérations de métallurgie extractive ont été pratiquées sur le gisement dès le Bronze ancien.

4 Cet indice nous renseigne de manière indirecte sur l’existence de structures bâties dévolues aux activités pyrométallurgiques et le site pose la question de l’exportation

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 97

plus ou moins lointaine du minerai par rapport aux sites d’extraction, déjà soulevée par d’autres sites préhistoriques de l’arc alpin.

5 CAROZZA Laurent, MILLE Benoît et ROSTAN Pierre avec la participation de BOURGARIT David, COQUINOT Yvan et QUERRE Guirec

AUTEURS

LAURENT CAROZZA INRAP

BENOÎT MILLE MCC

PIERRE ROSTAN AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 98

La Motte-en-Champsaur – Hameau de Molines

Céline Laforest

Identifiant de l'opération archéologique : 8243

Date de l'opération : 2007 (PT)

1 Une campagne de prospection thématique a été menée en juillet-août 2007 autour du hameau de Molines-en-Champsaur, entre 1000 m et 1600 m d’altitude, sur la commune de La Motte-en-Champsaur. Le site est la propriété de l’Office national des forêts, sous la juridiction du Parc national des Écrins. Géologiquement la zone se situe sur la bordure occidentale du massif du Pelvoux, un massif cristallin externe des Alpes occidentales.

2 Cette prospection thématique sur les carrières de pierre et de marbre de ce hameau a consisté, d’une part, à vérifier les cinq carrières mentionnées dans des documents de la série 8S des Archives départementales des Hautes-Alpes et, d’autre part, à repérer de nouveaux sites (sous la direction de Laforest Céline, avec la participation de Decrouez Danielle et Tritenne Dominique).

Historique et intérêt des recherches

3 Une carrière de marbre blanc a été découverte à Molines par Dominique Tritenne en juin 1996. Les recherches en archives ont révélé une grande exploration des vallées du Valgodemar et du Champsaur dans les années 1850, dont les richesses minéralogiques ont été appréciées par de nombreux ingénieurs et géologues au cours du XIXe s. et au début du XXe s.

4 Lors de quelques repérages depuis juillet 2005, nous avons pu comprendre l’importance de ce secteur et l’intérêt d’y programmer des opérations archéologiques. En effet, au moins une des carrières comporte des caractéristiques d’exploitation qui pourraient

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 99

être antiques et représenter un ensemble très intéressant pour l’étude de l’exploitation de la pierre et du marbre des Alpes.

5 Sur le plan régional, cette étude s’inscrit dans la problématique d’un doctorat « Marbres et pierres d’apparat dans les Alpes du XVIe s. au XIXe s. ».

6 Sur le plan national, un intérêt particulier est représenté par l’implication de Dominique Tritenne, président du Conservatoire national des Pierres et des Marbres, qui s’intéresse à la recherche et à la valorisation des carrières, en permettant la diffusion de l’information scientifique sur le sujet. De plus, il a une véritable expérience des carrières anciennes et récentes. Sur le plan international enfin, depuis 1988, Danielle Decrouez, directrice du Muséum d’histoire naturelle de Genève, développe avec l’Institut de géologie de l’université de Berne un programme de recherche sur l’origine des marbres blancs employés dans l’Antiquité pour la sculpture et l’architecture.

Méthodologie et résultats de l’opération

7 Après une étude préliminaire comprenant recherche documentaire et enquête orale, la prospection s’est faite dans un rayon de 2 km autour du hameau de Molines. Une information orale sur une carrière de marbre noir au-dessus du village nous a poussés à une extension exceptionnelle de la prospection jusqu’à celle-ci.

8 La zone d’étude a été découpée en zones homogènes pour rendre la prospection plus efficace par rapport au dénivelé et aux zones rocheuses. Après l’identification des principaux sites de carrières, l’étude s’est appuyée sur des photographies associées à un zonage pour affiner le repérage sur le terrain. Au cours de la prospection, des échantillons ont été prélevés sur chacun des sites de carrières découverts, puis analysés par le Muséum d’histoire naturelle de Genève, partenaire du projet. L’opération a consisté à prendre des éclats ou des pierres d’environ 100 mm x 50 mm x 30 mm sur le terrain afin de réaliser des lames minces en laboratoire pour des observations sur les microfaciès et la cathodoluminescence.

9 Parallèlement nous avons fait l’inventaire des utilisations des marbres de Molines au niveau local (stèles funéraires, statues, oratoires, etc.).

10 Cette prospection thématique a ainsi aidé à préciser les accès aux carrières, estimer les quantités extraites, déterminer les voies d’extraction de la pierre et les modes de transport utilisés.

11 LAFOREST Céline

AUTEURS

CÉLINE LAFOREST AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 100

Les Orres – Église Sainte-Marie- Madeleine

Xavier Margarit

Identifiant de l'opération archéologique : 8493

Date de l'opération : 2007 (SU)

1 L’église paroissiale Sainte-Marie-Madeleine des Orres, attestée au Moyen Âge, a fait l’objet de restaurations ponctuelles sous la maîtrise d’oeuvre de Sylvestre Garin, architecte du Patrimoine et sous le contrôle de la Conservation régionale des monuments historiques. Une surveillance archéologique a été prescrite dans ce cadre, en raison d’un impact limité de ces travaux sur la partie méridionale du sous-sol extérieur de l’édifice.

2 Le décapage, de 15 m2 de superficie et de 25 cm à 35 cm d’épaisseur, réalisé pour préparer la réfection du niveau de circulation devant l’entrée principale et latérale de l’église, a mis au jour trois fosses, emplies d’ossements humains. Celles-ci, dont le niveau d’ouverture n’a été affecté que superficiellement par les travaux, correspondent à des fosses ossuaires, contemporaines ou de la fin de l’époque moderne comme l’indiquent les rares vestiges mobiliers recueillis. Elles résultent très certainement de la réinhumation secondaire d’ossements issus du remaniement de sépultures plus anciennes. La principale fosse, d’environ 4 m de circonférence, est exactement située dans l’axe de passage, devant l’entrée de l’édifice.

3 Par ailleurs, deux trous d’implantation de piliers situés à l’extérieur de l’église, parallèlement au mur sud de la nef, ont permis la découverte d’une maçonnerie coïncidant peut-être à l’arase d’un ancien mur très large. Elle atteste la présence d’une structuration archéologique, certes indéterminée, mais potentiellement d’un grand intérêt pour l’histoire d’un édifice et d’un secteur de haute montagne encore méconnu.

4 MARGARIT Xavier

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 101

AUTEURS

XAVIER MARGARIT SRA

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 102

Pelvoux – Haute vallée de l’Eychauda-Chambran

Florence Mocci

Identifiant de l'opération archéologique : 8520

Date de l'opération : 2007 (PR)

1 Dans la continuité des opérations archéologiques entreprises depuis 1998 sur les hauts massifs alpins de l’Argentiérois/Vallouise dans le Parc national des Écrins, une campagne de prospection-inventaire diachronique a été réalisée en juin 2007 dans la haute vallée de l’Eychauda-Chambran (1 700 m-2 980 m d’altitude), à l’extrémité nord de la commune de Pelvoux.

2 Aucun site archéologique n’était répertorié sur ce secteur. Une couverture végétale relativement importante pour la saison jusqu’à plus de 2 500 m d’altitude a nui à une bonne lisibilité du sol. Aucun mobilier archéologique, notamment lithique, n’a été recueilli sur ce secteur. La superficie totale prospectée correspond à 102 ha.

3 Au total, vingt-trois sites ou indices de sites ont été recensés, entre 2 053 m et 2 570 m d’altitude, en bordure de plateau, dans des vallons ou des petites dépressions ou dans des zones d’éboulis en marge des axes de circulation.

4 Ces vestiges bâtis, souvent arasés, correspondent à des structures pastorales (enclos, cabanes, abris sous roche) dont une dizaine pourrait témoigner d’une occupation ancienne (antérieure à la période médiévale).

5 MOCCI Florence avec la collaboration de DUMAS Vincent, GOLOSETTI Raphaël et VIDAL J.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 103

AUTEURS

FLORENCE MOCCI CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 104

Saint-André-de-Rosans – Prieuré : église prieurale et cellier

Marie-Pierre Estienne

Identifiant de l'opération archéologique : 8520

Date de l'opération : 2007 (SU)

1 Dans le cadre de la restauration du prieuré de Saint-André-de-Rosans, classé au titre des Monuments historiques, et de la présentation dans l’aile occidentale des pavements de mosaïques découverts en 1986-1987 dans l’église prieurale, une surveillance archéologique avait été prévue parallèlement à l’enlèvement de remblais archéologiques situés contre le mur septentrional de l’église (voir NIL PACA 3, 1986, 34-37 ; 4, 1987, 41-42 ; BSR PACA 1992, 58-59 ; 1993, 32-34).

2 Suite à un décaissement intempestif à la pelle mécanique, opéré sans surveillance contre le mur nord de l’église prieurale, une réunion s’est tenue sur place en octobre 2007 afin d’organiser une opération de sauvetage (convention entre l’État, le Conseil général des Hautes-Alpes et l’APA) qui a suivi une double orientation (Fig. n°1 : Relevé de l'architecte en chef M. Naviglio, avec localisation et zone d'intervention).

3 La préoccupation première a été de rassembler les données liées au décaissement dans la zone Prieuré nord et d’effectuer :

4 • les relevés d’une partie du mur nord de l’église prieurale, mis au jour par le décaissement ;

5 • un relevé et nettoyage de la coupe ainsi constituée par l’arrêt du décaissement en extérieur nord au niveau du troisième pilier (XIIe s. ; interne, entre troisième et quatrième travée) ;

6 • une prospection dans les remblais déversés chez un privé et l’organisation du rapatriement des moellons, pierres de taille et autre mobilier archéologique.

7 Le deuxième pôle d’intervention a touché l’extrémité sud de l’aile occidentale (cellier, cave cuisine) :

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 105

8 • surveillance du creusement d’une tranchée effectuée par l’entreprise pour pouvoir introduire verticalement les morceaux de pavements restaurés dans la salle prévue ;

9 • une stratigraphie a pu être relevée au contact et de part et d’autre du mur édifié après la ruine partielle de la partie sud de l’aile occidentale.

10 Nous en avons profité pour orienter l’aménagement muséographique des pièces lapidaires et participer à leur rangement dans la réserve, située également dans le cellier.

Mur nord de l’église prieurale

11 • Le mur nord externe, ainsi mis à nu sur plus de 2,50 m d’élévation au niveau de la première et deuxième travée jusqu’à l’angle nord-ouest de la façade occidentale, révèle la présence d’un parement de petits moellons bien assisés, construit dans la tradition du XIe s. (Fig. n°2 : Relevé du mur nord de l'église prieurale). On note un élément particulièrement intéressant : la base et l’arrachement d’un pilastre engagé jouant le rôle de contrefort, destiné à recevoir l’arcade en saillie externe, élément architectonique jadis relevé par G. Barruol sur l’élévation sud de l’église prieurale côté cloître et sur la façade ouest, lecture désormais effacée par la restauration des Monuments historiques (Société d’études des Hautes-Alpes 1989, p. 125 et fig. 22 et 24, p. 133, fig. 30).

12 Leur édification s’inscrivait dans le projet de voûtement (fin XIe s.) de l’église prieurale charpenté, projet avorté avant la construction au XIIe s. de la voûte en berceau semi- brisé : « Les contreforts extérieurs ont bien été construits au sud, reliés par des arcs en plein-cintre ; arcs et contreforts ont disparu mais leurs arrachements sont bien visibles » notent Y. Esquieu et J. Ulysse.

13 • La berme artificielle du remblai décaissé dessine une coupe nord-sud contre le mur nord, au niveau du deuxième pilier interne du XIIe s. Le nettoyage sur une bande de 0,50 m de large, au pied de la berme laissée à la fin du décaissement, a mis au jour un niveau de pierres plates bien disposées à plat sur un niveau non fouillé. Ces dernières présentent des traces de surchauffe et correspondent à un niveau de sol, type pavement de carreaux taillés dans le grès, qui a subi un incendie. Bien qu’étrangement situées dans un espace jusque là interprété comme extérieur à l’église, elles sont très semblables à celles retrouvées dans la deuxième travée et fouillées dans la partie méridionale de la nef.

14 Il faudra dans de prochaines études replacer l’interprétation de ce sol dans la logique de la circulation et de l’évolution de cet ensemble prieural bénédictin.

15 L’étude de ce niveau de sol exigera vigilance et analyse lors de toute intervention à venir, comme celle du niveau qui le gèle : un remblai de 0,80 m d’épaisseur, révélant en coupe la présence d’ossements humains, de fragments de tegulae et de verre très fin, d’un tesson de céramique de commune grise. L’ensemble était recouvert par plusieurs remblais (destruction, stockage de pierres par les Monuments historiques et niveau de chantier de restauration en 1990).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 106

L’aile occidentale

16 La pièce aménagée dans l’aile ouest, vaste vaisseau couvert d’une voûte en berceau semi-brisée, abritait cave, cellier et cuisine du prieuré ; elle fut reconvertie en mairie et école à la Révolution, avant la construction de l’actuelle mairie-école édifiée en 1883. Dès lors, cette aile abrite le four communal toujours conservé. L’arrachement de voûte rappelle que l’espace aujourd’hui en extérieur correspondait à un espace intérieur, le mur sud médiéval s’alignant plus au sud, sur le mur méridional du réfectoire (voir textes de 1511).

17 Les deux US inférieures mises au jour dans la tranchée appartiennent à un temps d’utilisation antérieur à la reconversion des lieux et sont sans doute à rattacher – au vu du matériel trouvé – au dernier temps d’occupation de la salle en tant que cellier médiéval :

18 • destruction partielle (surchauffe et matériaux de construction) ;

19 • niveau le plus profond atteint (- 1 m) correspondant sans doute à un niveau de sol.

20 Les trois US supérieures correspondent au temps d’utilisation du cellier réduit dans ses dimensions suite à sa reconversion :

21 • l’US 013 (niveau de grès décomposé avec blocs de grès grossièrement équarris, 25 cm x 8 cm x 15 cm) comprend deux tessons de céramique vernissée (glaçure jaune interne sur engobe), à paroi épaisse. Elle se trouvait accolée au mur à 0,46 m sous la pierre du seuil (XVIIe s. et XVIIIe s.) ;

22 • une calade composée de petites pierres calcaire (US 012), noyées dans une terre noire (US 011), installée au-dessus devant la porte d’accès ;

23 • l’ensemble était recouvert d’une terre rapportée par le piétinement et le ravinement par l’eau de pluie (US 010).

24 À l’intérieur, le niveau de sol de l’aile ouest en carreaux de terre cuite correspond à la dernière utilisation de cette aile reconvertie ; il repose sur un remblai de tout-venant comprenant des matériaux de construction : tuiles, imbrices, fragments de carreaux, mortier.

25 Cette opération souligne l’importance des dégâts causés par un décaissement sans surveillance archéologique dans un monument classé ; elle souligne le potentiel encore important susceptible d’être révélé par ce monument, bien au-delà d’une « simple » étude de bâti.

26 ESTIENNE Marie-Pierre

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 107

Fig. n°1 : Relevé de l'architecte en chef M. Naviglio, avec localisation et zone d'intervention

Auteur(s) : Naviglio, M. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Relevé du mur nord de l'église prieurale

Auteur(s) : Estienne, Marie-Pierre. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

MARIE-PIERRE ESTIENNE AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 108

Saint-Julien-en-Beauchêne – Chartreuse de Durbon

Nathalie Nicolas

Identifiant de l'opération archéologique : 8218

Date de l'opération : 2007 (PT)

1 La fouille de la maison haute de la chartreuse de Durbon s’inscrit dans l’étude globale sur les ordres érémitiques comme l’ordre cistercien et l’ordre chalaisien, respectivement fondés en 1098 et en 1124. L’ordre cartusien est même plus ancien (1084). La chartreuse de Durbon, fondée en 1116 et abandonnée en 1790, a été relativement préservée d’aménagements parasites et l’importance de ce site repose sur l’existence de bâtiments conventuels anciens. Cette chartreuse est par ailleurs l’une des plus anciennes : c’est la quatrième fondation et la première créée dans la province de Provence.

2 Les opérations de terrain ont commencé en 2002. L’année 2007 fut une année sans fouille archéologique puisqu’il a été décidé d’avancer les relevés d’élévation des vestiges de l’église et du parvis de l’église. Parallèlement, un inventaire des pierres collectées sur le site depuis une dizaine d’années a été réalisé : l’analyse de cette collection a été également initiée. Au sein du groupe principalement constitué de moulures, de piédroits de portes, de claveaux, de linteaux et autres corbeaux, deux ensembles semblent se dessiner : l’un appartenant à la chartreuse médiévale, l’autre à la chartreuse largement réaménagée au cours du XVIIe s.

3 Il est à noter que de magnifiques fûts de colonnes cylindriques et torsadées provenant du choeur ont été récupérés.

4 Les sondages et fouilles antérieurs (voir BSR PACA 2005, 62-63 ; 2006, 67-68.) ont montré l’importance scientifique du site tant par la variété de ces vestiges que par la qualité des élévations conservées. C’est ce que laisse entrevoir le dégagement du mur gouttereau nord de l’église Notre-Dame qui fut consacrée en 1121 et reconstruite au bas

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 109

Moyen Âge et dont on voyait encore en 1880 la naissance des voûtes d’ogives qui reposaient sur des colonnes engagées polygonales ou cylindriques.

5 Le mur gouttereau nord de l’église a été dessiné au 1/20e sur environ 11,40 m, depuis la façade jusqu’à la naissance d’un ressaut délimitant l’abside d’une chapelle latérale. Il s’agit d’un mur intérieur dont quelques assises seulement ont été dégagées lors du décapage de la zone (Fig. n°1 : Relevé du mur gouttereau nord).

6 D’une manière générale, les parements sont assez réguliers, bien que non réglés : les assises les plus hautes atteignent 0,32 m à l’est. De nombreuses ouvertures animent ce mur, d’est en ouest : la première, large de 0,94 m, a été rebouchée sommairement avec des pierres de blocage. Pour l’heure, il est impossible de dire s’il s’agit d’une porte, d’une niche ou d’une fenêtre. On note que cette ouverture est située légèrement plus haut que l’archivolte de la porte décrite ci-après. Plus loin se trouve également une niche assez grande (l : 1,12 m) dont l’allège est faite de pierres de taille extrêmement soignées. Il semble que cette niche soit aménagée au-dessus d’une autre ouverture dont les piédroits sont espacés de 0,97 m.

7 Enfin, l’archivolte d’une petite porte en arc plein-cintre a été dégagée. Dans la nef de l’église, il existe d’ailleurs une autre porte d’un module identique à l’est. Elle est percée dans le parement sud de ce même mur gouttereau mais elle n’apparaît pas encore sur le côté nord.

8 Outre la poursuite du dégagement de ce mur, un important travail de caractérisation de la pierre sera mené en 2008.

9 NICOLAS Nathalie

ANNEXES

Fig. n°1 : Relevé du mur gouttereau nord

Auteur(s) : Nicolas, Nathalie. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

NATHALIE NICOLAS COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 110

Saint-Maurice-en-Valgodemard – Église Église

Lucas Martin et Xavier Margarit

Identifiant de l'opération archéologique : 8363 et 8380

Date de l'opération : 2007 (EX) ; 2007 (SD)

1 Le projet de pose d’un drain autour de l’église paroissiale de cette petite commune d’altitude a entraîné la réalisation par l’INRAP de quatre sondages au nord et à l’ouest de l’église.

2 Nous avons pu observer une grande densité de tombes en coffres formés par des lauzes de schiste. Orientées est-ouest, et très faiblement enfouies (de 20 cm à 80 cm), elles enserrent le monument sur les côtés expertisés. La morphologie de ces tombes renvoie à la période de création de l’église, soit vers les XIIe s. et XIIIe s. D’autres tombes en cercueil ou en pleine terre viennent recouvrir ces premières inhumations jusqu’à l’horizon du cimetière paroissial actuel.

3 L’étude a été l’occasion de retrouver aux archives départementales les prix-faits d’une réfection au XVIIe s. de l’église qui a alors subi de profondes transformations de son plan (renseignements : Pierre Faure.). Cette opération réalisée en coordination avec l’architecte des Monuments historiques a permis de modifier le projet initial afin de sauvegarder le cimetière médiéval.

4 MARTIN Lucas

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 111

AUTEURS

LUCAS MARTIN INRA

XAVIER MARGARIT SRA

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 112

Le Saix – Barnèche 2

Alexandre Morin

Identifiant de l'opération archéologique : 8223

Date de l'opération : 2007 (SD)

1 Le site de Barnèche 2 est implanté à 847 m d’altitude dans la petite vallée du torrent de Barnèche, affluent du torrent de la Maraize, sur la commune du Saix.

2 Ce site, découvert par Henri Faure, a fourni lors des ramassages de surface plusieurs centaines de pièces, essentiellement des silex taillés, se rapportant à des ambiances chronoculturelles néolithiques. La cartographie des ramassages montre que le site s’étend sur une superficie importante (au moins 2 500 m2).

3 Le sondage, d’environ 5 m2, a été implanté en bordure de la zone qui a fourni une forte concentration de pièces. L’objectif de cette opération est d’obtenir à terme, sur des sites d’habitat de plein air, des données sur la caractérisation et la périodisation des ambiances chronoculturelles du Néolithique dans les Alpes du Sud, secteur qui accuse un important retard, notamment sur le Néolithique final/Bronze ancien. Un premier bilan de l’opération a été réalisé dans le cadre du rapport scientifique. En voici, brièvement, les principaux points.

4 Les observations géomorphologiques et sédimentologiques préliminaires, réalisées par Cl. Boutterin, O. Sivan et C. Miramont, indiquent que le site est implanté sur un vaste glacis cône de déjection, hérité du torrent de Barnèche, probablement stabilisé autour de 6 000/7 000 cal. BP, moment où la sédimentation torrentielle s’arrête dans toute la région. À l’abri des crues torrentielles et probablement boisées, les sols limono-argileux de ces formations sont riches, donc propices à l’établissement humain. La séquence 1 (US 1) est complètement remaniée et appartient au niveau agricole actuel.

5 Entre la séquence 1 et la séquence 2 (US 2 et US 3), il y a la présence d’un joint stratigraphique induré correspondant à un « dallage » en profondeur. Les sédiments situés en deçà – dont l’US 2 correspondant au niveau archéologique – ne semblent pas remobilisés depuis leur dépôt. Les analyses granulométriques témoignent de dynamiques de sédimentations faibles et peu organisées responsables de dépôts

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 113

successifs de 10 cm à 15 cm d’épaisseur. Ils correspondent à des dynamiques de sédimentations colluviales successives dont les surfaces, relativement indurées, sont assimilées à des surfaces de piétinement et d’occupation.

6 Le sondage s’est donc révélé positif. A été mis en évidence, à environ 25 cm à 30 cm de profondeur, un niveau archéologique constitué de mobilier – céramiques et silex – de quelques restes de faune et de charbons, avec au moins une structure et une anomalie sédimentaire témoignant de la présence d’un habitat (Fig. n°1 : Le sondage au terme de la fouille).

7 La faune se limite à neuf restes. Deux taxons ont été reconnus : le Boeuf domestique et un Ovicapriné. L’acidité du sol limono-argileux semble peu favorable à la conservation des restes fauniques. Ceci pourrait en partie expliquer le nombre réduit de vestiges osseux recueillis lors du sondage.

8 Le mobilier découvert est essentiellement de la céramique qui se caractérise par une forte fragmentation limitant l’identification des formes.

9 Les éléments typologiques recueillis – essentiellement des bords – montrent la présence d’au moins une vingtaine de récipients. Au sein d’un corpus céramique très ubiquiste et encore limité, seuls les cordons appliqués présents dans le haut de l’US 2 apportent un modeste élément de datation.

10 Parmi les cinquante-trois silex taillés, la présence de deux pôles typotechnologiques est probable, certainement en relation avec les différents types de silex identifiés par C. Bressy.

11 L’interprétation chronoculturelle du mobilier, et donc de(s) occupation(s) préhistorique(s) du site, reste, au terme de ce sondage, encore approximative.

12 Les raisons principales sont : la faible superficie fouillée, l’aspect « condensé » du niveau archéologique (US 2), la présence d’une anomalie sédimentaire difficile à interpréter et dans laquelle se trouve une part importante du mobilier et enfin la forte fragmentation de la céramique. Nous en restons à la diagnose provisoire suivante : probable indice chasséen (dans le bas de l’US 2 ?) et un pôle à placer entre le Néolithique récent et le Bronze ancien (dans la partie supérieure de l’US 2).

13 Au terme de l’étude préliminaire des résultats obtenus, le site de plein air de Barnèche 2, malgré certains handicaps, offre un potentiel certain pour travailler sur la caractérisation et la périodisation des ambiances culturelles néolithiques, dans les Alpes du Sud.

14 Compte tenu des données géomorphologiques déjà disponibles dans le torrent de Barnèche et des premières observations sédimentologiques sur la fouille, la possibilité d’insérer ce site dans un contexte paléoenvironnemental proche et dans une dynamique régionale, où se jouent les interactions homme-milieu, est envisageable.

15 MORIN Alexandre

16 Cette opération s’inscrit dans le cadre de la convention archéologique signée entre l’État (SRA DRAC-PACA), le Conseil Général des Hautes-Alpes et l’APA (Association Provence Archéologie) et est le fruit de la collaboration entre Alexandre Morin et Clément Boutterin, Olivier Sivan, Cécile Miramont, Céline Bressy et Christophe Griggo, également signataires de cette notice.

17 Les auteurs tiennent à remercier : Rémy André, Xavier Margarit, Luc André, Henri Delaye, Yvette Barnier, Régis Picavet, l’Association Provence Archéologie, son président

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 114

Gaëtan Congès et sa secrétaire Lucienne Ferreri, et enfin tout particulièrement Henri Faure, Loïc Serrières et Pierre André.

ANNEXES

Fig. n°1 : Le sondage au terme de la fouille

Auteur(s) : Morin, Alexandre. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

ALEXANDRE MORIN CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 115

« Édifices religieux »

Régine Broecker

Identifiant de l'opération archéologique : 8391

Date de l'opération : 2007 (PI)

1 Dans le cadre de l’inventaire des édifices religieux de quatre cantons des Hautes-Alpes, présenté en 2006, le travail a été poursuivi dans deux directions (voir BSR PACA, 2006 : 69-70).

Canton de Guillestre : commune de Ceillac

2 Visite et étude des églises Sainte-Cécile (Moyen Âge, Moderne), Saint-Sébastien, Saint- Jean-Baptiste (XVIIIe s., XXe s.), Saint-Roch (XVIIIe s.), Saint-Pierre et Saint-Paul, Rabinoux, Saint-Barthélemy, Sainte-Barbe.

Recherches documentaires sur les cantons de La Bâtie-Neuve et de Saint-Firmin

3 Le dossier préliminaire à la prospection de ces deux cantons a été achevé.

4 Cependant, plusieurs journées ont été consacrées aux Archives départementales de Gap en vue du dépouillement exhaustif des cadastres napoléoniens du canton de Saint- Firmin (communes : Aspres-les-Corps, Villar-Loubière, Saint-Maurice-en-Valgodemard, Saint-Firmin, Saint-Jacques-en-Valgodemard, Chauffayer, Le Glaizil). Des clichés significatifs ont été pris et l’examen correspondant des matrices a été commencé (commune de Chauffayer).

5 Une investigation identique a été menée pour le canton de La Bâtie-Neuve (communes : La Bâtie-Neuve, La Rochette, La Bâtie-Vieille, Rambaud, Montgardin, Avançon, Saint- Étienne-le-Laus, Valserres). Le récolement des indices mis en évidence par les toponymes des matrices est également effectué.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 116

6 BROECKER Régine

AUTEURS

RÉGINE BROECKER SRA

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 117

Identification et échantillonnage d’une matière première : la stéatite (Parc naturel régional du Queyras)

Jérôme Rigaud

Identifiant de l'opération archéologique : 8202

Date de l'opération : 2007 (PT)

1 Dans le cadre des activités de recherche du musée Muséum départemental de Gap et de l’étude de ses collections, un travail portant sur les objets en stéatite a été mis en place. Afin de répondre à certaines questions concernant la matière, nous avons réalisé une prospection thématique dans le Parc naturel régional du Queyras (communes d’Abriès, Ristolas, Molines-en-Queyras, Saint-Véran), région connue pour sa tradition du travail artisanal de la pierre ollaire.

2 Les résultats issus de la prospection ne sont en rien des éléments d’identification de sites d’acquisition ou de sites d’extraction de la matière, mais viennent compléter l’ensemble des données accumulées lors de diverses campagnes d’échantillonnage en vue d’une étude pétrochimique comparative. Les échantillons identifiés et prélevés proviennent principalement des affleurements de serpentinites schistosées, proposant une matière homogène et exploitable pour la réalisation d’objets. Cette prospection, qui n’a pu être exhaustive, devra être complétée et menée sur l’ensemble du massif alpin franco-italien.

3 Ce fut aussi l’occasion d’identifier, dans les zones qui nous concernent, des marqueurs d’anthropisation non référencés parmi lesquels des structures pastorales, enclos, cabanes – à première vue modernes – ainsi qu’une structure (site Petrosino d’Agnel) apparentée à un coffre funéraire.

4 RIGAUD Jérôme

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 118

AUTEURS

JÉRÔME RIGAUD COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 119

06 – Alpes-Maritimes

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 120

Antibes – La Courtine, Pré aux Pêcheurs

Isabelle Daveau et Olivier Sivan

Identifiant de l'opération archéologique : 8394

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Daveau Isabelle (INRAP) ; Sivan Olivier (INRAP)

1 La mairie d’Antibes projette la construction d’un parking souterrain en bordure du port Vauban, au pied de la Courtine. L’ampleur du projet, couvrant une superficie de près de 16 000 m2 sur 12 m de profondeur, et sa localisation à l’emplacement du port antique ont motivé une intervention de diagnostic archéologique. Afin d’appréhender la totalité de la séquence sédimentaire touchée par les travaux, inaccessible du fait de sa profondeur au moyen de sondages classiques, une campagne de carottages a précédé l’ouverture des tranchées.

2 Les sept carottages réalisés ont permis de préciser la nature et l’organisation géométrique des principaux corps sédimentaires qui comblent, dans ce secteur, l’anse Saint-Roch. Ils sont localisés de manière à obtenir un long transect est-ouest et deux transects nord-sud. Les forages atteignent le substrat s’abaissant d’est en ouest entre ‑4 m et ‑8 m NGF, soit entre 5,50 m et 10,50 m sous la surface du sol actuel.

3 La séquence de référence fait écho à celle observée en 1998 lors des fouilles de Port- Prestige (BSR PACA, 1998 : 45). Elle se compose de quatre principales unités sédimentaires.

4 • Au toit du substratum rocheux se développe une première unité argileuse brune, massive et compacte de 0,60 m à 3,5 m de puissance selon les secteurs. Localement, des passages sableux, gravillons et cailloutis s’insèrent dans le dépôt. La texture du sédiment plaide en faveur d’une sédimentation de mode calme type décantation. Les microrestes végétaux (oogones et tiges de charophytes) et la microfaune (ostracodes) présagent d’un milieu lagunaire. Les inclusions de cailloutis peuvent être la signature de dynamiques de versants comme d’une présence humaine aux abords du plan d’eau.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 121

5 • D’une puissance de 3 m à 5 m, le deuxième ensemble sédimentaire se compose, pour l’essentiel, de sables homogènes à structure particulaire. À différents niveaux, cet ensemble laisse apparaître des microstratifications sablolimoneuses, des lits de posidonies (fibres, aegagropiles), des passages coquilliers et des concentrations de débris végétaux. Le milieu est dorénavant clairement ouvert sur la mer. Les fonds sont sableux et visiblement colonisés par un herbier de posidonies. En l’attente des résultats des datations 14C pratiquées sur les carottes du Pré aux Pêcheurs, il est probable, par analogie avec les séquences sédimentaires datées de Port-Prestige, d’attribuer le passage d’un milieu lagunaire à un milieu ouvert sur la mer à la transition Néolithique final - Bronze ancien.

6 Il est possible d’individualiser, au sein des sables, un niveau incluant des fragments de céramiques antiques. Ces éléments, déposés sous une bathymétrie d’environ 2 m, témoignent d’une activité portuaire. L’occupation du milieu est aussi perceptible à travers la concentration inhabituelle de noyaux, coquilles de noix, pépins de raisins et autres graines.

7 • L’unité suivante se compose de sables et de limons finement lités. Localement riche en matière organique, sa puissance est comprise entre 0,30 m et 0,60 m. Ces dépôts, dont l’altitude s’échelonne entre ‑0,10 m et ‑0,50 m NGF, correspondent, vraisemblablement, à des niveaux de plages qui viennent mourir contre le rempart moderne.

8 • Enfin, la séquence de référence se termine par 1,50 m à 2,50 m de remblai contemporain, signant l’atterrissement définitif du secteur.

9 La présence de mobilier dans les carottes permet de localiser la surface du niveau antique entre ‑1,50 m et ‑3,50 m NGF, soit à une profondeur s’abaissant d’est en ouest de 4 m à 6 m sous la surface du sol actuel. La séquence, constituée de sédiments marins depuis la Protohistoire jusqu’à l’époque contemporaine, indique que nous nous trouvons en milieu immergé sur l’ensemble de la surface, la ligne de rivage et les aménagements de quai antique devant se trouver plus en retrait, en direction du sud et de l’est, conformément aux observations ponctuelles réalisées par J.‑H. Clergues.

10 Cinq larges tranchées talutées devaient être pratiquées afin de préciser les premières données. Compte tenu de la totale absence de cohésion des sables, il s’est immédiatement avéré impossible d’atteindre les niveaux antiques dans des conditions décentes d’observation, à plus de 4 m de profondeur, et 2 m sous le niveau de la nappe. Nous avons dû nous contenter de récolter le matériel remonté dans le godet de la pelle mécanique, sans pouvoir le positionner avec certitude, les effondrements de paroi provoquant le mélange des couches.

11 En bout de flèche, à environ 4,80 m à 5 m de profondeur, le godet a remonté un lot de céramiques républicaines, prises dans la matte de posidonies. Constitué d’amphores italiques, de campanienne, de céramique grise catalane etc., l’ensemble est homogène et daté du IIes. av. J.‑C. Concrétionnés au cours de leur séjour sous-marin, les tessons ne sont cependant pas roulés, et les formes peu fragmentées. Il ne s’agit donc pas de mobilier charrié par la houle, mais d’éléments rejetés depuis une source proche. Nous pourrions ainsi nous trouver à proximité d’un quai, sur un lieu de mouillage, ou encore directement sur une épave. Quelques pièces de bois travaillé ont été récoltées dans le sondage. Leur attribution stratigraphique est incertaine, de même que leur origine. Les morceaux appartiennent à des planches, leur tranche ne présente pas les mortaises caractéristiques de l’assemblage des bordés des navires antiques.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 122

12 Devant le caractère éminemment destructeur de ce type de sondage pratiqué en aveugle et au regard de la faible précision des informations recueillies, il a été décidé, en concertation avec le service régional de l’archéologie, d’interrompre la campagne de sondage mécanique et de concentrer les efforts sur l’étude des carottes. Une série de datations 14C a été lancée, qui permettra de préciser le calage chronologique de la séquence afin, notamment, de définir la topographie du fond du port antique.

13 Une dernière tranchée, ouverte à l’ouest de l’emprise, a permis de reconnaître la position exacte du Bastion de la Marine, démantelé à la fin du XIXe s.

14 DAVEAU Isabelle et SIVAN Olivier

AUTEURS

ISABELLE DAVEAU INRAP

OLIVIER SIVAN INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 123

Antibes – Place Mariejol

Philippe Mellinand

Identifiant de l'opération archéologique : 8304

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Mellinand Philippe (INRAP)

1 Dans le cadre de travaux de réfection de la place Mariejol, au coeur du vieil Antibes, entre le château Grimaldi et la cathédrale et à proximité immédiate de murs romains en élévation, une série de sondages a été réalisée permettant pour la première fois depuis un demi-siècle de reconnaître le sous-sol de ce secteur.

2 Si le rocher affleure de part et d’autre de la place, la partie centrale a livré une importante stratigraphie couvrant dix siècles d’histoire antiboise.

3 Les constructions les plus anciennes, un ensemble de murs liés à la terre, avec éventuellement des élévations de terre crue, et directement installés sur le rocher semblent correspondre à des structures domestiques de la première moitié du Ve siècle avant notre ère. Il est vraisemblable de restituer ces vestiges dans le cadre d’un « habitat indigène de hauteur », à l’instar des découvertes réalisées quelques dizaines de mètres plus au nord (Bats, 1990 : 221), mais la densité des céramiques importées témoigne ici cependant de liens privilégiés avec Marseille.

4 Ces constructions sont abandonnées à la fin du Ve siècle de notre ère ou au cours du IVe siècle de notre ère.

5 Dans l’angle sud-ouest de la place, un habitat associant murs enduits, seuil monolithe et sols dallés a été partiellement fouillé : bien conservé, il est daté des IIe et I er siècles avant notre ère et apparaît quelques décimètres sous le niveau actuel de la place.

6 L’antiquité romaine, illustrée par les nombreuses maçonneries en élévation autour du château, est moins présente dans les sondages et seuls un ouvrage hydraulique ainsi qu’un caniveau ont été découverts, témoignant éventuellement de l’emplacement d’un axe viaire.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 124

7 Ces différents vestiges apparaissent dérasés durant l’Antiquité tardive, soit lors de travaux de nivellement, soit lors de la spoliation d’aménagements ayant eux-mêmes déjà consacré l’abandon de l’habitat.

8 MELLINAND Philippe

AUTEURS

PHILIPPE MELLINAND INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 125

Cannes – Île Saint-Honorat-de- Lérins : cloître et chapelle Saint- Sauveur

Yann Codou

Identifiant de l'opération archéologique : 8289

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Codou Yann (SUP)

1 L’île Saint-Honorat de Lérins constitue l’un des tout premiers établissements monastiques d’Occident. Depuis 2004, l’équipe des médiévistes de Nice a engagé un programme de recherches historiques et archéologiques concernant cette île monastique qui présente le grand intérêt de pouvoir être étudiée dans la longue durée, depuis l’arrivée d’Honorat et de ses compagnons, au début du Ve s. apr. J.-C., jusqu’à la fin du Moyen Âge (BSR PACA, 2006 : 76-77.).

L’ensemble abbatial et l’étude du cloître roman

2 L’ensemble monastique était composé de deux lieux de culte étroitement liés : l’église majeure, dédiée à Honorat, se trouvait au centre tandis que, vers le nord, s’élevait l’église Sainte-Marie, reliée à Saint-Honorat par une longue salle qui assumait des fonctions funéraires. À l’ouest, s’étendait le cloître avec les bâtiments de la vie commune.

3 C’est sur le cloître qu’a porté l’essentiel de notre étude des élévations. L’analyse montre que l’on réutilise dans le cloître du second âge roman des élévations préexistantes. Au nord, la galerie utilise le mur gouttereau sud de l’église Saint-Honorat. Ce mur se distingue par son appareil de moellons équarris, assisés, aux joints gras. Ce même appareil se retrouve dans le mur de la galerie occidentale, ce qui le rattache au chantier de l’église Saint-Honorat. Enfin, à l’est, à l’intérieur de la salle du chapitre, le mur

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 126

occidental, dans ses parties basses, a une élévation comparable. Ces trois murs, de facture identique, permettent ainsi de restituer des constructions qui peuvent appartenir au même chantier que l’église Saint-Honorat. À ces monuments qui se structurent autour d’un espace central ouvert peut se relier un mur, composant les parties inférieures du mur sud de la galerie septentrionale, qui pourrait correspondre au stylobate d’un premier cloître.

4 Les observations et relevés apportent aussi des informations sur le chantier du cloître du second âge roman. Divers indices – qualité de la pierre, techniques de taille, module, voûtements, variations dans les factures des baies – permettent de distinguer plusieurs équipes et au sein de certaines de ces équipes d’établir un phasage du chantier.

5 Les données tirées de l’analyse architecturale et les nouveaux apports de l’étude des textes permettent d’établir une chronologie des chantiers. L’église abbatiale a été réalisée, au moins en partie, sous l’abbatiat d’Aldebert I, dans le troisième quart du XIe s. C’est lors de la prise de fonction de son successeur, Aldebert II, en 1088, qu’a lieu la dédicace. Par la suite, Aldebert II, à l’extrême fin du XIe s., poursuit l’oeuvre de son prédécesseur et organise l’espace claustral donc on conserve certaines élévations dans le cloître actuel. Un chantier du second âge roman édifie le cloître que l’on peut observer aujourd’hui. Ce chantier se déroule sans doute sur une assez longue durée. Pour ce qui est de la datation, la réalisation du cloître se rattache à des travaux de la fin du XIIe s. et de la première moitié du XIIIe s.

La chapelle Saint-Sauveur

6 Outre le centre monastique formé par l’ensemble abbatial et la tour, un ensemble de sept chapelles délimite l’espace insulaire.

7 C’est sur la chapelle Saint-Sauveur que nous avons concentré notre recherche. Elle est difficile à analyser dans ses élévations du fait de l’enduit qui recouvre le monument. C’est un lieu de culte qui a déjà attiré l’attention en raison de son plan centré qui s’avère original par rapport au corpus des édifices médiévaux conservés en Provence. Extérieurement, l’édifice correspond à un octogone, d’environ 8 m de diamètre, doté d’un chevet semi-circulaire. Intérieurement, les pans de l’octogone sont pourvus de niches semi-circulaires. Le pan oriental a reçu une abside qui fait face à l’entrée pratiquée dans la partie occidentale. La singularité de ce plan ne permet pas d’avancer des arguments en faveur d’une datation satisfaisante.

8 Nos travaux archéologiques, qui ont touché l’intérieur de l’édifice (Fig. n°1 : Saint- Sauveur. Vue d'ensemble de la fouille), ont dans un premier temps mis en lumière l’existence de fouilles antérieures (réalisées successivement par L. Lebel et G. Vindry). De ces fouilles, aucun rapport précis ne nous est parvenu, mais il ne semble pas qu’elles aient abouti à des résultats significatifs. En ce qui concerne l’édifice en élévation, nous n’avons pas obtenu beaucoup d’informations. Le sol, après la construction, n’a pas connu de recreusement remarquable (mis à part les sondages anciens). Seule une sépulture a été dégagée dans la partie orientale : il s’agit de la tombe d’un prêtre, à situer sans doute à la fin du Moyen Âge, si ce n’est à la période moderne.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 127

Un premier lieu de culte

9 C’est sur les origines de la chapelle que la fouille s’est avérée capitale. Dans la partie méridionale sont apparus les restes d’un lieu de culte de petite dimension.

10 C’est un édifice de plan simple composé d’une nef unique terminée par une abside semi-circulaire, dont est conservée la partie septentrionale. Le reste a été endommagé à l’est, au sud et à l’ouest par la construction de l’édifice actuel qui est venu se fonder sur les murs du premier lieu de culte (Fig. n°2 : Plan d'ensemble de la chapelle Saint- Sauveur présentant une proposition de restitution de l'église originelle). La longueur interne est de 6,60 m. Il s’agit d’une longueur minimale puisque nous ne connaissons pas l’emplacement de la façade occidentale, qui doit se trouver sous le mur de façade de l’église actuelle. La largeur interne de la nef est de 3 m. L’abside à l’est est surélevée par rapport à la nef. Une fosse circulaire est bien visible vers la partie centrale de l’abside. Il s’agit d’une fosse correspondant à la base . du support d’autel.

11 L’emmarchement peut être restitué à l’avant du choeur. Le dénivelé entre la nef et l’abside était assez réduit. À l’origine, on avait sans doute deux marches. L’emmarchement avait alors une profondeur de 0,44 m, distance correspondant à l’espace compris entre le pilastre de l’arc triomphal et l’arrêt du sol en béton de la nef. À la suite de la réalisation d’un nouveau sol dans la nef l’emmarchement empiéta sur la nef de 0,25 m.

12 Dans la nef, plusieurs sols successifs sont identifiables. Le dernier sol en usage correspond à un sol de terre battue. Au nord, il était en contact avec des sols en béton antérieurs. Ces sols sont conservés le long de l’emplacement du mur gouttereau nord (aujourd’hui disparu), sur une faible largeur. Dans l’état actuel, on observe une succession de trois sols différents.

13 Vers le nord est apparue la tranchée de fondation du mur gouttereau de l’église ainsi que de l’abside. Ce mur a été presque totalement démantelé. Seul un lambeau de fondation reste perceptible dans son extrémité ouest. Néanmoins, la qualité argileuse du substrat fait que le tracé reste bien lisible. Au-delà, en plusieurs points, les négatifs permettent de restituer les moellons utilisés dans les fondations. La largeur de la tranchée,0,82 m, conduit à restituer un mur d’une épaisseur importante au regard des dimensions générales du bâtiment. Les murs – mur gouttereau et mur de l’abside – étaient en continuité, sans décrochement. Intérieurement, la base d’un pilastre qui soutenait l’arc triomphal est bien lisible. À la lecture de son négatif, le parement extérieur du mur gouttereau comportait des décrochements qui permettent de restituer des pilastres méplats ou lésènes. Une de celles-ci est identifiable très précisément sur le mur gouttereau nord. La présence d’une seconde lésène est restituable au droit du pilastre de l’arc triomphal.

14 Si nous ne pouvons pas encore avancer de datation précise, il semble probable que l’édifice retrouvé est antérieur à l’an Mil. Ces premiers résultats de la fouille de Saint- Sauveur offrent, pour la première fois dans l’étude archéologique de l’île Saint- Honorat, des informations remarquables sur l’occupation monastique du haut Moyen Âge. La poursuite de la fouille en 2008 permettra sans nul doute de proposer des datations plus précises.

15 CODOU Yann

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 128

ANNEXES

Fig. n°1 : Saint-Sauveur. Vue d'ensemble de la fouille

Auteur(s) : Codou, Yann. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 129

Fig. n°2 : Plan d'ensemble de la chapelle Saint-Sauveur présentant une proposition de restitution de l'église originelle

Auteur(s) : Codou, Yann. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

YANN CODOU SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 130

Cannes – Zone nord, aéroport de Cannes-Mandelieu

Laurence Lautier, Olivier Sivan et Emmanuel Pellegrino

Identifiant de l'opération archéologique : 7896

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Lautier Laurence (AUT) ; Sivan Olivier (INRAP) ; Pellegrino Emmanuel (AUT)

1 Ce diagnostic archéologique effectué par l’Inrap a été accompli en amont d’un projet immobilier de la chambre de Commerce et de l’Industrie qui vise à aménager la zone nord-est circonscrite dans l’aéroport.

2 Les parcelles étudiées se situent au voisinage d’une vaste zone où des recherches ont mis au jour depuis le XIXe s. tout un ensemble de structures et d’artefacts témoignant d’une occupation de la plaine de la Siagne du Néolithique au Moyen Âge (Fig. n°1 : Localisation des découvertes effectuées depuis le XIX e s. dans la plaine de la Siagne et autour de la butte Saint-Cassien ). La chapelle, dressée sur la butte de Saint-Cassien, a une histoire des plus intéressantes. Datée dans sa forme actuelle de la fin du XVIIIe s., elle a pu recouvrir un lieu de culte beaucoup plus ancien, dont les textes mentionnent la fondation entre 611 et 616. Par la suite, le couvent de Saint-Étienne, dépendant de l’abbaye de Lérins, semble être devenu le centre de l’agglomération d’Arluc qui n’a pour l’heure pas été localisée.

3 Au pied de la butte, plusieurs sondages ont livré quelques témoins sporadiques du Néolithique, du Bronze moyen récent et du Bronze final, mais également d’importantes quantités de céramiques du premier âge du Fer, ainsi que du mobilier du IIe s. et Ier s. av. J.‑C. L’époque antique est également représentée avec des céramiques du Haut-Empire et de l’Antiquité tardive.

4 De l’autre côté de la plaine à l’ouest de l’aéroport, du mobilier et des structures découvertes lors de sondages ainsi que des traces de bâtiments visibles sur les photos aériennes témoignent de la présence, sous le terrain de sport qui jouxte l’aérodrome,

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 131

d’un établissement antique occupé du Ier au VIe siècle de notre ère, voire peut-être dès la fin de l’âge du Fer.

5 Enfin, plusieurs aires funéraires ont été mises au jour. Au sud de la butte, un enclos funéraire abritait un grand nombre de sépultures sous tuiles en bâtière et des incinérations (de la fin du Ier s. à la fin du IIIe s.). D’autres sépultures isolées (pour certaines datées du IIe s.) et une épitaphe du IIIe s. ont été retrouvées à l’est et à l’ouest de ce monument. Un second ensemble funéraire a été mis à mal sous le terrain de sport contigu à l’aérodrome : au moins une dizaine de sépultures sous tuiles ont été détruites pendant les travaux d’aménagement.

6 Le diagnostic a révélé un certain nombre d’éléments qui viennent compléter nos connaissances sur cette partie de la plaine.

Les aménagements les plus récents

7 La dernière occupation du site est liée à l’installation de l’aéroport de Cannes- Mandelieu qui, construit en 1930, a été agrandi et concédé à la chambre de Commerce et de l’Industrie en 1966. D’anciens niveaux de sol sur lesquels étaient entreposés les avions scellent un remblai massif, présent sur toutes les parcelles diagnostiquées et dont l’épaisseur varie entre quelques dizaines de centimètres, au plus près des pistes d’envol, et 3 m à l’est et au nord. Constitué majoritairement de matériaux de démolition, il a visiblement été apporté au moment de l’agrandissement de l’aéroport, afin de niveler et probablement assainir le terrain (La proximité de la nappe phréatique peut expliquer cette nécessité.).

8 Plusieurs tranchées essentiellement dans la partie occidentale ont révélé la présence ponctuelle de lambeaux de sols alluviaux récents sous des remblais peu épais. Ce phénomène semble témoigner d’un décaissement de la zone, sur une grande ampleur, préalable à l’agrandissement de l’aéroport, qui pourrait expliquer l’absence de stratigraphie ancienne.

L’occupation antérieure à l’implantation de l’aéroport

9 Les coupes stratigraphiques montrent les derniers mètres du remplissage holocène. De part et d’autre de la RN 7, deux grandes séquences sédimentaires de référence se distinguent.

10 Au nord de la route, les séquences témoignent d’un engorgement progressif du milieu. Ceci peut être la conséquence de débordements successifs et du maintien d’une zone humide à l’abri de bourrelets de berges ou à la faveur d’une petite dépression dans la plaine alluviale. Les derniers sols alluviaux ont livré un peu de mobilier (clou, verre, céramiques vernissées) contemporain des dernières activités agropastorales de la plaine, datées de la seconde moitié du XIXe s. [Le cadastre napoléonien daté de 1826 témoigne ainsi de l’utilisation des terres pour la culture (laboures), ainsi que pour l’élevage (pâture, pré)].

11 Au sud de la route les stratigraphies sont plus homogènes. La texture du sédiment est essentiellement sableuse, avec quelques niveaux plus limoneux, et les dépôts témoignent de la proximité du lit mineur du Béal. La plaine alluviale s’exhausse progressivement sous le contrôle, en aval, d’une élévation lente du niveau marin depuis

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 132

la période antique et, à l’amont, d’arrivées de matériaux, fruits de l’activité érosive sur les versants.

12 Dans ce contexte d’exhaussement il est normal de retrouver, dans cette basse plaine alluviale, une mosaïque de paysages structurée par des zones engorgées, des secteurs mieux drainés à proximité immédiate des principaux cours d’eau, ou des étendues colonisées par une ripisylve.

Les aménagements en bordure du Béal

13 À proximité de l’ancien lit de la Siagne renommé aujourd’hui Béal, la présence d’un ponton et d’une calade indique que la rivière, qui serpente aujourd’hui à une trentaine de mètres, était – avant sa canalisation – bien plus large.

14 Le ponton, observé sur 6,50 m, est constitué d’un alignement de pieux ou de poteaux de bois (près d’une vingtaine) qui soutenaient des planches dont quatre ont été conservées. Il semblerait que le bois utilisé ait été du pin. On accédait à cet aménagement en empruntant une calade de petits galets placés de manière linéaire sur une longueur minimale de 2,50 m et une largeur de 0,80 m à 1 m, empilés sur une épaisseur de 0,30 m à 0,40 m (Fig. n°2 : Aperçu du ponton et de la calade aménagés en bordure de l'ancien lit de la Siagne). La découverte d’un fragment de fond d’assiette en porcelaine commune indique peut-être une création, ou une fréquentation de l’aménagement de cette berge jusqu’à une date récente (seconde moitié du XIXe s.).

Les axes de circulation

15 Un empilement de niveaux de circulation a été mis au jour dans deux tranchées localisées sur l’ancienne RN 7, témoignant ainsi d’une pérennisation de la voie à cet emplacement (Fig. n°3 : Coupe nord-sud des axes de circulation conservés sous l'ancien tracé de la RN 7).

• Les axes de circulation modernes et contemporains

16 Sous deux niveaux de bitume (18002 et 18004), on observe un revêtement de couleur rouge qui repose lui-même sur un niveau de galets consolidés par un mortier très compact (radier ou réel espace de circulation ?). Sous ces aménagements, se développe une épaisse séquence limonosableuse, hétérogène, d’une cinquantaine de centimètres d’épaisseur (18010). Nous ignorons si cet apport est d’origine anthropique, afin de niveler la route, ou s’il s’agit d’un dépôt alluvial ponctuel laissé par les crues. Cette couche, qui marque peut-être un abandon momentané ou une déviation de cet axe de circulation, recouvre une épaisse chaussée (0,40 m environ) de galets liés au mortier de chaux très compact (18011), dont la fondation est creusée dans une couche limoneuse (18014).

17 Située à 3,55 m NGF, il est tout à fait possible que cette chaussée corresponde à la voie royale représentée sur la carte de Cassini.

18 Sur la carte de l’arrondissement de Grasse (datée de 1845) elle est dénommée « Route Royale 97 », sur la carte de Provence de Guillaume Delisle (1715),

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 133

« Chemin Aurélien » et, enfin, sur le cadastre napoléonien, « Grande route d’Italie ». Ce chemin est installé sur un niveau limoneux (18015 : ép. 0,40 m à 0,50 m) dont la partie inférieure semble avoir fait l’objet d’une pédogénèse importante et pourrait correspondre à un sol alluvial qui illustre, là encore, l’abandon ou plutôt la déviation de la chaussée, vers une autre partie de la plaine de la Siagne.

• La voie antique

19 Sous ce dépôt, nous avons pu mettre au jour une structure linéaire, à 2,60 m NGF, que ses caractéristiques et le mobilier permettent d’interpréter comme une voie antique. Implantée sans aucun doute possible dans une zone humide qui a peut-être fait l’objet à cette époque de tentatives d’assèchement (le limon 18026 sur lequel s’installe la voie est nettement hydromorphe), la voie se présente sous une forme bombée afin de permettre l’écoulement des eaux pluviales et le partage des courants du trafic.

20 Sa surface de roulement (18017) se compose d’une fine couche d’un enduit de chaux maigre qui recouvre partiellement une couche de petits galets et de cailloux compactés, d’une dizaine de centimètres d’épaisseur, qui égalisent la surface. Cette couche de cailloux concassés et damés repose sur un hérisson de blocs bruts de taille, de 0,20 m à 0,40 m, mélangés à des nodules de terre cuite qui servent de radier afin d’établir une assise solide et d’assurer le drainage des eaux de ruissellement (18022). Sous ce radier, on observe la présence d’un limon argileux de couleur grise, provenant visiblement du substrat (18023). Il repose sur une couche sableuse destinée à niveler le sol de la voie, au sein de laquelle se distinguent de véritables concentrations charbonneuses (18024). Au-dessous, enfin, on retrouve une couche de galets et de cailloux anguleux, de petit module, insérés dans un liant de terre limoneuse. Nous n’avons pu déterminer s’il s’agissait de la première surface d’installation de la voie, ou d’un axe de circulation antérieur, aménagé en terre battue (18025).

21 L’ensemble de ces recharges se déploie sur une épaisseur d’une cinquantaine de centimètres. On les suit, dans la tranchée 18, sur une largeur de 3,60 m. Nous possédons la limite septentrionale du bombement de la chaussée et pouvons donc envisager un ajout de 2 m à 3 m supplémentaires, ce qui constituerait un axe d’au moins 6 m de large.

22 La découverte dans la tranchée 18 de fragments d’amphore Dr. 2-4 a permis de dater sa construction de l’époque augustéenne (25 av. J.‑C. - 25 apr. J.‑C.). Sur les parties mises au jour, en revanche, nous n’avons pas pu observer de recharges plus tardives.

23 Plusieurs éléments incitent à rattacher ce tronçon à la voie transversale qui relie les Alpes-Maritimes au Rhône et qui est connue sur l’Itinéraire d’Antonin sous le nom de voie aurélienne (ce toponyme perdure dans la cartographie d’époque moderne.). Bien que pérennisant un tracé plus ancien, que l’érudition moderne a groupé sous le nom de « voie Héracléenne », sa construction, à l’instigation d’Auguste, est attestée par les milliaires en 13 av. J.‑C.

24 LAUTIER Laurence, SIVAN Olivier et PELLEGRINO Emmanuel

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 134

ANNEXES

Fig. n°1 : Localisation des découvertes effectuées depuis le XIX e s. dans la plaine de la Siagne et autour de la butte Saint-Cassien

Auteur(s) : Lautier, Laurence. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Aperçu du ponton et de la calade aménagés en bordure de l'ancien lit de la Siagne

Auteur(s) : Lautier, Laurence. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 135

Fig. n°3 : Coupe nord-sud des axes de circulation conservés sous l'ancien tracé de la RN 7

Auteur(s) : Lautier, Laurence. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

LAURENCE LAUTIER AUT

OLIVIER SIVAN INRAP

EMMANUEL PELLEGRINO AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 136

Cipières – Église Saint-Mayeul

Fabien Blanc

Identifiant de l'opération archéologique : 8119 et 8187

Date de l'opération : 2007 (SU) Inventeur(s) : Blanc Fabien (AUT)

1 L’église paroissiale de Cipières fait l’objet, depuis plusieurs années déjà, de projets de restauration à l’initiative de la municipalité suite à un état général de dégradation de l’édifice. La première tranche de restauration concernait les sols qui présentaient à plusieurs endroits des déformations dues à la présence sous-jacente de plusieurs caveaux alors scellés par un carrelage récent. Parallèlement, le déplacement pour restauration d’une grande partie du mobilier nécessitait une surveillance. Enfin, les fondations du mur gouttereau septentrional, en cours de diagnostic de la part de l’architecte en charge du projet, risquaient de faire l’objet d’une consolidation par micropieux. Suite à un premier diagnostic, un sauvetage urgent a été décidé pour accompagner cette phase d’aménagement qui touchait aussi bien les sols que les élévations. Les éléments mis au jour et les informations collectées ont déclenché deux mois plus tard un nouveau sauvetage plus important.

2 En plan, l’église Saint-Mayeul dessine une croix latine longue intérieurement d’environ 36 m et large de 9 m (16,5 m au niveau du transept). L’abside est voûtée en cul-de-four de même que les deux croisillons. Le pignon déborde légèrement la construction au sud pour former un contrefort à cet endroit. À l’extérieur, hormis le pignon et l’abside entièrement composés d’un moyen appareil de pierres de taille, les murs sont entièrement enduits de même qu’à l’intérieur. Le millésime de 1572 est porté par une pierre de taille scellée dans la façade au-dessus d’une rosace. La première mention de Cipières dans les sources écrites date du XIe s. alors que l’église n’est citée qu’au cours du siècle suivant.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 137

Succession de plusieurs édifices

3 Les écroûtages et sondages réalisés ont mis en évidence la succession de plusieurs édifices partiellement conservés en élévation ou enfouis dans la moitié nord de l’église. La première construction est représentée par un pan de mur conservé sur plus de 4 m de hauteur et autant de longueur, pour une épaisseur de 1,33 m [ (Fig. n°1 : Plan schématique général de l'église mis au jour), I]. Il s’agit d’un moyen appareil de pierres de taille parfaitement jointives qui présente un très bon état de conservation. Sa fonction (autant que sa datation) ne peut pas être précisée en l’état des recherches, aucun sondage n’ayant été réalisé à cet endroit (seul un caveau a été vidé). Directement à l’est de ce même mur, un autre le poursuit en en reprenant à la fois l’épaisseur et tracé. Il est conservé sur un peu moins de 13 m de long et inégalement en hauteur, de 2 m à 4 m [ (Fig. n°1 : Plan schématique général de l'église mis au jour), II]. Il se compose de pierres de taille issues du précédent mur qu’il remploie et constitue le mur gouttereau nord de l’ancienne église dont les vestiges de l’abside ont été mis au jour dans le dernier tiers oriental de l’actuelle nef.

4 Le sondage réalisé à cet endroit a permis de mettre en évidence que les sols de l’édifice précédent se trouvent à environ 1,20 m de profondeur. Du mobilier liturgique (Fig. n°2 : Vue d'une partie du mobilier lithurgique sur le sol du chœur de l'ancienne église : chandelier en fer et couvercle d'encensoir en cuivre) a été collecté sur le sol en béton de chaux du choeur. Les premiers éléments indiquent qu’il s’agissait d’un édifice classique présentant une nef terminée à l’est par une abside semi-circulaire (L. = 18 m ; l. = 6 m intérieurement).

5 On note la présence de deux portes : l’une, étroite, sous linteau droit directement à la naissance de la travée de choeur et ouvrant au nord sur un espace sans doute clos (aujourd’hui le clocher) dont il ne subsiste aujourd’hui aucun vestige apparent ; l’autre, plus large, avec arc plein cintre située à l’extrémité occidentale du gouttereau nord et servant soit d’entrée principale, soit d’entrée secondaire.

6 Malgré l’état d’arasement de l’ancienne abside, il est d’ores et déjà possible de dire que le choeur était clos par un autel-retable [ (Fig. n°1 : Plan schématique général de l'église mis au jour), A7] ; l’accès au choeur se faisant par un espace laissé ouvert, peut-être pourvu d’une porte, à l’extrémité méridionale. L’ancienne église a été, pour son abside et son gouttereau méridional, entièrement démantelée. Les matériaux de construction, les pierres de taille en particulier, ont été récupérés avant que l’espace ne soit remblayé. Il ne s’agit ainsi probablement pas d’un effondrement, mais bien d’une démolition.

7 L’opération de démolition - reconstruction de l’édifice a été réalisée entre 1517 (monnaie sur le sol du choeur) et 1569 (inscription scellée dans un mur de la nouvelle église). Le relèvement des sols qui a pu être mis en évidence n’a pas seulement concerné l’intérieur du nouvel édifice mais également l’extérieur sur ses flancs septentrionaux et occidentaux au moins. Au sud, il ne semble pas que le sol ait été exhaussé étant donné la présence du cimetière (situation altimétrique confirmée par les détails contenus dans les visites pastorales des XVIIe s. et XVIIIe s.). Les traces laissées au sol par la construction du nouvel édifice ont permis de restituer une partie de la chaîne opératoire. Le comblement de l’ancien édifice a entraîné la création d’une pente régulière ouest-est destinée à créer une rampe aménagée pour acheminer les matériaux pour la construction de l’abside et du transept. Durant cette phase de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 138

travaux, la petite porte septentrionale a continué d’être utilisée. Son exiguïté ne permet pas d’envisager un rapport direct avec le chantier lui-même. Elle montre simplement que le bâtiment adjacent n’était pas encore condamné - détruit. Le mur gouttereau nord, à la jonction de l’ancienne abside, a par ailleurs été conforté par l’installation d’une contrefiche dont l’ancrage et l’orientation ont été préservés.

8 Lorsque cette partie de l’édifice a été achevée, deux caveaux au moins ont été creusés puis maçonnés (l’un sous le transept [ (Fig. n°1 : Plan schématique général de l'église mis au jour), C8], l’autre dans la nef [ (Fig. n°1 : Plan schématique général de l'église mis au jour), C7] en même temps que la petite porte a été condamnée.

9 Le sol a été ensuite nivelé soit par apport de sédiment, soit par enlèvement de matière en fonction de la pente de la rampe. Le sol du nouvel édifice est formé par une calade avec des différences de niveaux entre la nef, le transept et le choeur.

Des caveaux dans la nef

10 Plusieurs autres caveaux [ (Fig. n°1 : Plan schématique général de l'église mis au jour), C1-C6] ont été répertoriés dans la nef, mais strictement implantés dans sa moitié nord (correspondant à l’espace de l’ancienne église) et dont la chronologie est peut-être plus tardive pour certains.

11 Le plus occidental n’était plus accessible, sa voûte s’étant effondrée et l’ensemble comblé [ (Fig. n°1 : Plan schématique général de l'église mis au jour), C1]. Il a été presque entièrement vidé et ne présente qu’une fine couche irrégulière (0 m à 0,50 m) d’ossements qui ont été recouverts dans l’attente d’une fouille. Le caveau du transept avait été entièrement vidé et ne présentait plus qu’un cône de gravats récents. Son sol est exceptionnellement formé de briques qui feront l’objet d’analyses archéomagnétiques dans la mesure où l’altitude coïncide précisément avec le sol extérieur de l’église antérieure. Le caveau central n’a lui sans doute jamais servi, sa voûte s’étant effondrée précocement (aucun os retrouvé dans le fond sous la voûte effondrée).

12 Le remblai de nivellement qui a servi à établir la rampe et enfouir les vestiges de l’ancienne église présentait un abondant mobilier de céramiques romaines non mêlées à de la céramique médiévale ou moderne. Malgré un taux de fragmentation important, toutes les époques depuis le Ier siècle jusqu’au VIIe siècle de notre ère sont représentées (identifications et datations effectuées par E. Pellegrino, Cépam). La qualité du mobilier et l’important lot d’ossements humains associés et recueillis permettent d’envisager la présence d’une nécropole à proximité. Ces éléments indiquent nettement que l’occupation de l’actuel village de Cipières a été continue dans le temps. Le parcellaire du village laisse d’ailleurs penser qu’il s’est structuré en fonction d’une voie de communication qui le traverse d’est en ouest.

13 Les perspectives de recherche sur ce site sont considérables, mais doivent d’abord faire l’objet d’une réflexion approfondie, coordonnée avec les restaurations en cours. Il a d’ores et déjà été décidé de mettre en valeur les vestiges de l’ancienne abside dans le cadre du projet de restauration qui a été de fait entièrement modifié.

14 BLANC Fabien

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 139

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan schématique général de l'église mis au jour

Auteur(s) : Blanc, Fabien. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Vue d'une partie du mobilier lithurgique sur le sol du chœur de l'ancienne église : chandelier en fer et couvercle d'encensoir en cuivre

Auteur(s) : Blanc, Fabien. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 140

AUTEURS

FABIEN BLANC AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 141

Les Ferres – Place du Château

Laurence Lautier

Identifiant de l'opération archéologique : 8103

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Lautier Laurence (AUT)

1 En préalable des travaux destinés à aménager la place du Château et créer un parking, un diagnostic a été effectué afin d’évaluer le potentiel archéologique de cette zone, nommée sur le cadastre napoléonien « Le Château ».

Le contexte

2 Avant le début du XIe s., le territoire des Ferres semble rattaché, avec la seigneurie de Conségudes, au territoire de Roquestéron - Grasse dénommé L’Olive. La première mention du castrum des Ferres date de 1232 (Bouche, 1664 : 281).

3 Au début du XIIIe s., sans doute dans le contexte de guerres violentes que connaît la Provence, les seigneurs de Conségudes (peut-être des vicomtes de Nice), afin de protéger leurs terres, dressent sur le mont Saint-Michel qui domine le village actuel le premier château des Ferres dont quelques ruines sont encore visibles aujourd’hui (Fig. n°1 : Vue du village en 1926, prise du col des Ferres. On aperçoit, en haut du village, le château avant sa démolition, ainsi que la butte du mont Saint-Michel, lieu d'implantation du premier château qui surplombe les Ferres).

4 À la fin de cette période de troubles, la population de Conségudes se scinde et crée un nouveau village, soit autour du château édifié sur le mont Saint-Michel, soit dès cette période à l’emplacement du village actuel. Avant la fin du XIVe s., la place fortifiée du mont Saint–Michel est abandonnée et soigneusement arasée. Le château – associé ou non à son village – descend, en se rapprochant du col, des terres agricoles plus fertiles et des axes de circulation (Poteur, 2003).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 142

5 Ce bâtiment de trois étages qui figure sur de nombreuses cartes anciennes perdure jusqu’au milieu du XXe s. Il est installé sur une plate-forme aménagée par des murs de soutènement de plusieurs mètres de haut.

6 Après plusieurs décennies d’abandon et une utilisation,entre autres, comme lieu de stockage, son délabrement, le pillage des matériaux, les chutes régulières de pierres sur les habitations et vraisemblablement le manque de moyens financiers destinés à sa consolidation rendirent nécessaire sa démolition, effectuée autour de 1950.

7 Les déblais les plus importants furent nettoyés à ce moment-là. C’est dans ce contexte que se situe cette intervention archéologique destinée, d’une part, à déterminer le plan de cette demeure et, d’autre part, à mettre en évidence des structures susceptibles de remonter à la fin du XIVe s.

Les résultats

8 Une exploration de près de 75 m2 a permis de dresser partiellement le plan des caves de ce qui pourrait être le second château des Ferres (Fig. n°2 : Plan des structures découvertes). Édifiés directement sur l’affleurement marnocalcaire local, plusieurs murs maçonnés délimitent le plan de deux pièces contiguës. Très arasés, ils ont été au mieux conservés sur une hauteur de 1,30 m et sont constitués de blocs et de moellons parfois taillés, le plus souvent équarris, très grossièrement assisés, et liés entre eux par un mortier de chaux. L’absence de tranchée de fondation et la rareté du mobilier archéologique ont rendu la datation de ces aménagements difficile ; toutefois, l’organisation des maçonneries révèle deux états dans la construction.

9 Un dallage composé de blocs de calcaire ou de grès émoussés a été observé dans la pièce méridionale. Les pierres sont posées sur une épaisse couche de mortier. L’ensemble est installé sur un remblai de nivellement qui comble les irrégularités du substrat. Enfin, on remarque que cet espace de circulation englobe un mur d’orientation nord-sud, soigneusement arasé au moment de l’installation du dallage et qui a fonctionné dans un second temps avec ce dernier.

10 Toutes ces constructions sont recouvertes par 1,40 m de matériaux provenant de la destruction ou des remblais rapportés, amoncelés depuis 1950. Par ailleurs, trois claveaux de la voûte qui couvrait la pièce ont été retrouvés écrasés sur le sol.

11 LAUTIER Laurence

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 143

Fig. n°1 : Vue du village en 1926, prise du col des Ferres. On aperçoit, en haut du village, le château avant sa démolition, ainsi que la butte du mont Saint-Michel, lieu d'implantation du premier château qui surplombe les Ferres

Auteur(s) : Béranger, C. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 144

Fig. n°2 : Plan des structures découvertes

Auteur(s) : Fabry, C. ; Lautier, Laurence. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

LAURENCE LAUTIER AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 145

Grasse

Bruno Belotti

Identifiant de l'opération archéologique : 8325

Date de l'opération : 2007 (PI) Inventeur(s) : Belotti Bruno (EDU)

1 Après les deux opérations réalisées en 2003 et 2004 et trois années d’interruption, une nouvelle prospection inventaire a débuté fin 2006-début 2007. La première campagne était consacrée à l’étude des sources historiques et au dépouillement des ouvrages essentiels sur Grasse ; la deuxième a permis d’élargir la recherche documentaire grâce à la consultation des archives municipales et départementales et d’élaborer une base de données informatisée afin de compiler les informations les plus importantes (BSR PACA, 2003 : 61-63 ; 2004 : 84-85, et DFS correspondants déposés au SRA DRAC-PACA.).

2 La reprise de la prospection-inventaire en 2007 a été stimulée par la révision complète de l’ancien plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) de Grasse qui datait de 1991. Le nouveau PSMV a non seulement aidé à croiser nos informations avec celles des autres membres de l’équipe (urbanistes, paysagistes, historiens et architectes), mais également à collaborer avec des structures municipales qui, jusque-là, n’étaient pas convaincues de l’utilité d’une étude du patrimoine (équipe d’archéologues : B. Belotti, F. Blanc et É. Cavanna).

3 Cette nouvelle recherche s’est donc intéressée plus particulièrement au bâti et aux vestiges matériels (visibles ou non) du centre historique de Grasse couvert par les limites du PSMV.

4 Les investigations sur la ville se sont articulées autour de cinq axes.

5 La ville et son emprise : quel rôle les fortifications ont elles joué dans la définition et l’évolution de l’assiette urbaine de Grasse ? La reconstitution des différentes fortifications de Grasse restait encore délicate, que ce soit sur le plan du parcours des enceintes ou sur la datation des différents états.

6 La ville et son statut politique : quels sont les bâtiments reflétant les différents statuts revêtus par la ville ? La ville de Grasse a connu une histoire mouvementée : de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 146

sa naissance comme bourg castral à son intégration dans le domaine royal, elle a revêtu une multitude de réalités que l’on pouvait peut-être mieux appréhender.

7 La ville et son statut religieux : quel est le rôle des ordres séculier et régulier dans la structuration de l’espace urbain ? La ville, simple paroisse à l’origine, se voit promue au XIIIe s. au rang de centre épiscopal. Elle s’enrichit en même temps de nombreuses fondations conventuelles. Ces créations, qui viennent s’intégrer dans le tissu urbain et le dynamiser, ont laissé des traces encore en partie visibles.

8 La ville et ses activités économiques : peut-on restituer les types d’activités et la spécialisation économique de certains quartiers ? Bien documentés par les textes, les aménagements liés aux activités (places, rues, canaux, carrières, caves, etc.) n’étaient pas ou peu connus. Une relecture s’imposait donc avec une confrontation indispensable entre les données archéologiques et les sources écrites.

9 La ville et les pulsations de l’espace urbain : peut-on deviner une planification originale de l’assiette urbaine et suivre son évolution ? La ville est un organisme vivant dont les bâtiments, les rues et les places ont connu de nombreuses modifications : de cette évolution, certaines étapes pouvaient être identifiées ou du moins précisées.

10 Une fois les objectifs fixés, le travail sur le terrain a consisté en une visite systématique des immeubles, notamment les caves, les rez-de-chaussée et les étages 1 et 2, les niveaux supérieurs étant le plus souvent (mais pas systématiquement) des adjonctions récentes, etc. Les visites étaient accompagnées de la prise de clichés et de la compilation d’une fiche réalisée à cette occasion : elle comprenait en premier lieu l’individualisation des superstructures (religieuses, militaires ou privées), des infrastructures (routières, hydrauliques) et des aménagements du relief et du sous-sol ; un second volet traitait des caractéristiques archéologiques (chronologie relative ou absolue des immeubles dans la trame du bâti) ; un troisième évoquait les interventions possibles (néant, relevé, diagnostic, fouille) et, enfin, la fiche se concluait sur une note de visite rappelant les éléments essentiels découverts. La nomenclature utilisée reprend les critères élaborés par le centre national d’Archéologie urbaine (CNAU).

11 Une centaine d’immeubles ont été visités sur les six cent soixante que compte le centre ancien de Grasse. Nous ne nous sommes pas intéressés aux immeubles inscrits ou classés protégés au titre des Monuments historiques, mais aux immeubles touchés par des travaux de rénovation et de réhabilitation dont les réfections auraient masqué des éléments architecturaux importants. Nous avons également étudié les immeubles ayant fait l’objet d’un arrêté de péril afin d’établir un diagnostic sur l’intérêt des structures. Enfin, nous avons investi surtout les bâtiments appartenant soit à la commune, soit à la SEM Grasse Développement pour des raisons de commodité d’accès mais aussi pour avoir une lecture plus complète à l’échelle d’un îlot. Ce fut le cas notamment sur deux îlots où la maîtrise de la SEM était importante : îlot des Moulinets et îlot du Four de l’Oratoire.

12 D’ores et déjà des découvertes notables sont à signaler. Deux tours de l’enceinte du XIIe s. et XIIIe s. encore en place ou démantelées ont été repérées : la tour Ayguière citée en 1230 dont un chaînage d’angle est conservé sur 20 m de hauteur ; et une autre tour (inconnue) présentant les mêmes caractéristiques que la tour précédente mais détruite. Un autre soubassement attribuable à la tour de la Foux beaucoup plus tardive a également été identifié.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 147

13 En outre, des pans entiers de remparts appartenant à deux phases de fortification ont été également rencontrés dans les caves d’édifices, sans qu’il soit pour l’instant possible de proposer une datation plus précise.

14 Des restes de bâtiments religieux dépendant du clergé régulier ont pu être interprétés comme l’abside de l’église de l’ordre des Augustins sur le boulevard du Jeu de Ballon ou les vestiges de la chapelle Saint-Martin, appartenant aux Templiers, sur le Puy.

15 Les demeures privées ont également été inspectées : des surélévations de la voirie ont pu être observées ainsi qu’une avancée des bâtiments sur les rues à une époque encore indéterminée. Ces deux aménagements se réalisent en deux temps et concernent au moins trois rues importantes (rues de l’Oratoire, Tracastel et Répitrel).

16 Enfin, une carrière de tuf a été découverte à proximité de la cathédrale au 4-6 rue Petit- Puy dans les étages inférieurs d’un immeuble : des traces d’extraction (blocs en partie dégagés), des traces d’outils et un ciel de carrière ont déjà fait l’objet d’un relevé (cet immeuble fait l’objet d’une opération de fouille qui est encore en cours).

17 La ville de Grasse, dont on pressentait à l’origine de ces travaux le fort potentiel archéologique, n’a pas déçu nos attentes. L’étude simultanée des textes et du bâti a permis une relecture de la physionomie urbaine et si beaucoup de questions restent sans réponse une partie du voile a été levée... Les premiers résultats ont été présentés par ailleurs sous la forme de posters aux rencontres « Archéologies transfrontalières » à Nice, en décembre 2007.

18 BELOTTI Bruno

AUTEURS

BRUNO BELOTTI EDU

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 148

Mougins – Château-Curault

Frédéric Conche, Suzanne Lang-Desvignes et Olivier Sivan

Identifiant de l'opération archéologique : 8064

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Conche Frédéric (INRAP) ; Lang-Desvignes Suzanne (INRAP) ; Sivan Olivier (INRAP)

1 Cette troisième phase de diagnostic due à l’aménagement de la ZAC Plan-Saint-Martin confirme et rehausse nos connaissances archéologiques du secteur (BSR PACA, 2004 : 89 ; 2006 : 81-82 et DFS correspondants déposés au SRA DRAC-PACA).

Phase I

2 La première implantation, dans la seconde moitié du IIIe s., d’un bâti comprenant des murs maçonnés et en pierres sèches est susceptible de se déployer vers le sud-est. Cependant la somme des structures bâties et des fosses associées dans le temps en phase I n’autorise aucune lisibilité dans l’espace quant à la représentativité fonctionnelle de l’ensemble.

Phase II

3 Concernant la phase II (Ve et VIIe siècles de notre ère), les vestiges du bâtiment abordé en 2004 se sont substantiellement étoffés (Fig. n°1 : Plan du bâtiment de la phase II). L’ensemble compte au moins quatre salles abritant des sols et des structures bâties dont le rôle n’est pas clairement établi. En outre les limites d’emprise du bâti demeurent floues vers le nord-ouest, si bien qu’il est difficile d’associer un quelconque mur de façade de ce côté et d’estimer l’emprise occupée par ce bâtiment. Néanmoins, il se dévoile comme une entité architecturale homogène sans lien avec l’occupation antique. Les deux états d’aménagement perçus entendent une évolution, sans doute

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 149

lors de réfections, peut-être d’extensions et plus vraisemblablement de mise en place d’installations techniques dont la fonction ne se révèle pas à ce stade de l’étude.

4 En tant que rare habitat rural connu pour cette période, son statut de bâtiment représentatif d’une propriété domaniale peut-être dotée d’une partie résidentielle et agricole s’impose maintenant à l’habitat groupé d’une communauté, seconde hypothèse formulée en 2004.

Phase III

5 Pour la phase III (époque moderne), les murs de terrasses et les drains illustrent de lourds investissements mis en oeuvre pour donner valeur au terroir de la bastide de Château-Curault (XVe s. et XVIe s.). On en retiendra certains aspects techniques très élaborés en particulier en matière de drainage et d’irrigation. D’autre part, un secteur voué à l’extraction de pierres à bâtir semble se confirmer. Bien que la datation de cette modeste carrière fasse défaut, un approvisionnement en matière première aurait pu intervenir dès le stade de construction de la Bastide, ou plus tard pour l’aménagement des murs de terrasses par exemple.

6 CONCHE Frédéric, LANG-DESVIGNES Suzanne et SIVAN Olivier

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 150

Fig. n°1 : Plan du bâtiment de la phase II

Auteur(s) : Chaudefaux, X ; Conche, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

FRÉDÉRIC CONCHE INRAP

SUZANNE LANG-DESVIGNES INRAP

OLIVIER SIVAN INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 151

Les Mujouls – Col d’Adon (ou d’Abdoun)

Raphaël Golosetti

Identifiant de l'opération archéologique : 8235

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Glosetti Raphaël (AUT)

1 L’opération réalisée en 2007 s’est concentrée sur le versant nord-est du col. Les sondages (sous forme de deux tranchées reliées par la suite par un sondage transversal dans leur partie nord) ont été implantés dans la presque totalité de la largeur d’une terrasse moderne soit sur environ 20 m de long pour la tranchée la plus longue. Cette terrasse présentait une pente nord-sud d’un dénivelé supérieur à 4 m. Les tranchées ont été effectuées à quelques mètres du lieu de remploi de l’autel antique dans un secteur croisant un certain nombre d’indices archéologiques (mobilier de surface, microtopographie, etc.), (BSR PACA, 2006 : 82).

2 La campagne 2007, première fouille sur le col d’Adon, a livré des résultats intéressants. L’établissement antique, jusqu’à présent uniquement soupçonné, a ainsi été localisé précisément pour la première fois. Cette fouille a également permis de démontrer une conservation des vestiges particulièrement intéressante malgré les réaménagements importants des versants jusqu’à la période moderne. Enfin, la mise au jour de niveaux en place (notamment de destruction) conduit à une première approche chronologique jusque-là uniquement fondée sur du matériel de surface. Dépassant les buts initiaux, la qualité de conservation a permis de développer une première réflexion sur une définition fonctionnelle, certes très limitée et provisoire, des espaces découverts.

3 Au moins cinq espaces ont été reconnus correspondant, dans l’état actuel de la documentation, à un seul état de construction malgré un plan des structures non orthonormé. Il s’agit de murs maçonnés de petits moellons liés avec un abondant mortier de chaux, et les parois de plusieurs espaces sont recouvertes d’un enduit mural blanc composé de chaux lissée. Un réaménagement interne semble apparaître par la

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 152

mise en place d’une cloison en matériaux périssables type torchis pour obturer le seuil mis en évidence entre les espaces 3 et 4. Cette cloison permettrait de comprendre la mise en place d’un dolium, conservé intact et en place dans l’angle nord-ouest de l’espace 3, alors que celui-ci pouvait gêner la circulation, et surtout la présence en face du seuil d’une structure en bois découverte carbonisée (non fouillée). Il faut ajouter dans ce même espace la conservation in situ de la moitié inférieure d’un second dolium de dimensions bien supérieures (Fig. n°1 : L'espace 3 depuis l'ouest après dégagement du niveau de destruction).

4 Sur des niveaux probablement liés à l’abandon du site, des couches ayant livré un grand nombre de tegulae et imbrices correspondant à la destruction du site, et notamment de sa toiture, ont été reconnues sur la quasi-totalité des espaces à l’exception de l’espace 1. On situe cette destruction dans la seconde moitié du IIe s. ou le début du IIIe s. apr. J.–C.

5 Le matériel découvert dans les différentes couches du site révèle une occupation du Ier s. apr. J.–C., voire antérieure, mais aucun indicateur chronologique évident net ne vient assurer une implantation avant le changement d’ère.

6 Ce site a dû s’implanter en terrasse comme le laissent suggérer à la fois la mise au jour d’un mur de terrasse au sud de la tranchée orientale, l’observation, dans la coupe ouest de la tranchée ouest, d’un paléosol horizontal venant à la base d’un mur de l’établissement ainsi que les données géoarchéologiques (étude K. Walsh).

7 Il est intéressant de noter que les niveaux supérieurs ont livré quelques fragments de céramique (DS.P., brune de l’Antiquité tardive, pierre ollaire) témoignant d’une occupation vers la fin du IVe s. et le Ve s. apr. J.–C., donc bien postérieure à l’abandon des espaces dégagés.

8 Les éléments mobiliers découverts en place (dolia) ou recueillis dans les couches de destruction (meule, pierre à aiguiser, etc.) orientent vers des espaces de stockage et à vocation très probablement domestique.

9 Seule une poursuite des fouilles permettra d’établir avec certitude la date d’implantation de l’établissement tout autant que son extension, aujourd’hui impossible à estimer.

10 GOLOSETTI Raphaël

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 153

Fig. n°1 : L'espace 3 depuis l'ouest après dégagement du niveau de destruction

Auteur(s) : Golosetti, Raphaêl. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

RAPHAËL GOLOSETTI AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 154

Nice – Grotte du Lazaret, unité archéostratigraphique UA27

Henry de Lumley, Emmanuel Desclaux et Patricia Valensi

Identifiant de l'opération archéologique : 7880

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : De Lumeley Henry (CNRS) ; Desclaux Emmanuel (COL) ; Valensi Patricia (COL)

1 La grotte du Lazaret, située sur les pentes du mont Boron à Nice, livre une succession d’occupations humaines attribuées aux Anténéandertaliens (derniers Homo erectus d’Europe) (Lumley et al., 2004). Le chantier de fouille s’étend sur environ 90 m2 et se situe en arrière du porche de l’entrée, dans la partie est de la caverne. La campagne de fouille de 2007, qui fait partie du programme triennal 2006-2008, a concerné le décapage du 27e niveau d’occupation humaine (unité archéostratigraphique UA 27), (encadrement des fouilles : BSR PACA, 2006 : 83-84).

2 Le dégagement de ce niveau UA 27 n’est pas terminé et de nombreux vestiges sont toujours en place sur le sol.

Le sol d’occupation de l’UA 27

3 Le sol archéostratigraphique UA 27 est très riche en matériel archéologique et durant la campagne 2007 nous avons coordonné près de 5 000 restes de faune et 1 500 pièces d’industrie lithique. À cela s’ajoutent les microvertébrés (oiseaux, amphibiens, reptiles, rongeurs, insectivores, etc.) et les invertébrés, issus du tamisage des terres.

4 Les fouilles ont mis en évidence une concentration nette du grand outillage (biface, chopper et chopping-tool) vers l’entrée principale de la grotte. Plusieurs bifaces et fragments de bifaces y ont été notamment découverts, associés à des restes de grande faune. Les ossements de grands mammifères sont présents dans toutes les zones fouillées, mais ils s’accumulent préférentiellement à l’entrée ou vers le fond de la

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 155

grotte, et surtout le long de la paroi est, considérée comme une aire de rejets culinaires. D’autre part, des concentrations de cendres noires et/ou grises associées à des charbons de bois, de petites esquilles brûlées voire des pierres brûlées semblent indiquer la présence d’au moins trois petits foyers sur le sol UA 27.

5 Les données stratigraphiques et granulométriques nous permettent de situer l’unité archéostratigraphique UA 27 au sommet de l’ensemble stratigraphique CII inf. Par rapport aux niveaux d’occupation sus-jacents de l’ensemble CII sup., S. Khatib souligne une augmentation relative des éléments grossiers (blocs et cailloux) accompagnée d’une diminution de proportions des galets karstiques et une présence plus significative des plaquettes qui semblent indiquer un climat plus frais et moins humide.

6 Le niveau UA 27 appartient à l’ensemble stratigraphique CII inf., daté par V. Michel, d’environ 160 000 ans par la méthode combinée ESR/U-Th sur émail dentaire de cerfs (Lumley et al., 2004).

L’industrie lithique de l’UA 27

7 Au cours de l’année 2007, près de 1 500 pièces d’industrie lithique ont été mises au jour dans la grotte du Lazaret et étudiées par D. Cauche et M. Mhamdi. Comme dans les niveaux sus-jacents situés dans l’ensemble CII, on constate une bonne représentation des outils caractérisant les cultures acheuléennes, à savoir les bifaces et les hachereaux (dix-huit pièces au total).

8 En revanche, la présence d’autres outils façonnés – choppers, chopping-tools ou autres outils de percussion – est beaucoup plus discrète. Le débitage des roches est important, comme en témoignent les nombreux produits et résidus de débitage, tels qu’éclats, débris et nucléus. Le petit outillage est constitué de racloirs et dans une moindre mesure de pointes retouchées et de quelques outils à encoche (Fig. n°1 : Petit outillage de l'UA 27). Les principales matières premières lithiques utilisées par les artisans tailleurs acheuléens au Lazaret sont les calcaires, le silex, les quartzites et les roches volcaniques. Il est important de constater cette année la présence d’un racloir sur éclat en jaspe rouge de très bonne qualité.

Les faunes de l’UA 27

9 Parmi les amphibiens et les reptiles étudiés par S. Bailon, on note l’absence de taxons méditerranéens et l’abondance de taxons médioeuropéens, vivant aujourd’hui dans les zones de moyenne et haute montagne. Les conditions climatiques semblent donc être relativement fraîches et humides. Parmi les 300 restes d’oiseaux coordonnés cette année, T. Roger dénote, à côté du cortège classique du Lazaret (pigeon biset, corvidés, galliformes tels la perdrix et la caille), la présence de l’outarde canepetière, la halerde boréale et le tétras lyre. Parmi les rongeurs, deux espèces prédominent : Microtus arvalis (plus de 50 %) et Apodemus sylvaticus (27,5 %). La présence de Pliomys boronensis (espèce fossile et endémique) souligne que la région a été une zone-refuge au Pléistocène moyen. D’après C. Hanquet, les rongeurs donnent l’image d’un paysage dominé par des espaces relativement secs et ouverts soumis à des températures plus fraîches qu’aujourd’hui et ponctués de zones boisées à caractère humide et tempéré.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 156

10 Le niveau UA 27 a livré cette année plus de 7000 restes de lapins dont l’origine est attribuée d’après K. El Guennouni aux activités humaines (les os de lapins se caractérisant par des diaphyses tubulaires, avec stries de découpe et traces de brûlures) mais aussi à des rapaces nocturnes. Concernant les grands mammifères, Patricia Valensi a identifié cette année, à côté des taxons classiques pour le site du Lazaret (cerf élaphe, bouquetin des Alpes, loup, renard, ours des cavernes) (Fig. n°2 : Crâne de bouquetin (capra ibex) sur le sol UA 27), des espèces plus rares tels le mégacéros, le daim, le chamois et le cheval de Taubach.

11 L’association de cette faune et le stade d’évolution de certaines espèces permettent d’attribuer l’ensemble de ces faunes à la fin du Pléistocène moyen, et plus précisément à la période glaciaire du stade isotopique 6. L’unité archéostratigraphique UA 27, comme celle sus-jacente UA 26 appartenant à l’ensemble CII inf. présente un cortège faunique plus frais que les unités UA 24 et UA 25 de l’ensemble CII sup.

Perspectives

12 La partie inférieure du remplissage de la grotte du Lazaret (CII inf.) semble être atteinte par les fouilles depuis environ trois années. Ce sont les unités UA 26 et UA 27. De nouveaux changements climatiques apparaissent, marqués par un climat nettement plus frais que dans l’ensemble CII sup. La richesse et la diversité des faunes de la grotte du Lazaret permettent de reconstituer de façon précise les caractéristiques du climat et de l’environnement, contribuant ainsi grandement à la connaissance de la dynamique climatique de cette région au cours du Quaternaire.

13 L’étude des industries lithiques révèle d’importants changements culturels au sein de la séquence stratigraphique. Les industries lithiques récoltées dans les ensembles stratigraphiques CIII et CII du remplissage révèlent une transition culturelle entre un Acheuléen terminal riche en bifaces (CII) et un Moustérien plus riche en petit outillage (CIII). La poursuite des fouilles a pour but d’approfondir nos connaissances sur l’évolution du comportement et du mode de vie des derniers Homo erectus de la région, dans un contexte environnemental et chronologique bien défini.

14 LUMLEY Henry de, DESCLAUX Emmanuel et VALENSI Patricia

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 157

Fig. n°1 : Petit outillage de l'UA 27

Auteur(s) : Montesinos, Magali. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Crâne de bouquetin (capra ibex) sur le sol UA 27

Auteur(s) : laboratoire de préhistoire du Lazaret. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 158

AUTEURS

HENRY DE LUMLEY CNRS

EMMANUEL DESCLAUX COL

PATRICIA VALENSI COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 159

Nice – Place du Monastère

Marc Bouiron et Alain Grandieux

Identifiant de l'opération archéologique : 8516

Date de l'opération : 2007 (SU) Inventeur(s) : Bouiron Marc (COL) ; Grandieux Alain (MUS)

1 La ville de Nice a fait effectuer une excavation pour la mise en place d’un conteneur à ordures enterré sur la place du Monastère de Cimiez. Alertés, nous n’avons pu effectuer qu’une observation sur les coupes laissées en place : toute la fosse (7 m x 2,70 m en surface pour 3 m de profondeur) avait déjà été creusée avant notre intervention.

2 La stratigraphie montre clairement plusieurs phases. En partie haute, ce sont des terres de jardin ou de culture et l’ancien mur du cimetière (à l’ouest). À environ 2,20 m - 2,30 m sous le niveau actuel, apparaît une stratification importante de l’époque antique, surmontée d’une phase de destruction. Du mobilier a été recueilli dans ces niveaux ; il est en cours d’étude.

3 Plusieurs murs apparaissent dans les coupes est et ouest. Parallèles ou perpendiculaires entre eux, ils devaient former plusieurs pièces car la stratigraphie apparaît clairement différenciée. Dans la coupe nord, un amas de pierres forme une structure peu compréhensible (récupération de mur ? radier de fondation ?).

4 Dans tous les cas, ces vestiges appartiennent clairement au milieu urbain de la cité antique de Cemenelum à Nice - Cimiez.

5 BOUIRON Marc, avec la collaboration de GRANDIEUX Alain

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 160

AUTEURS

MARC BOUIRON COL

ALAIN GRANDIEUX MUS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 161

Nice – Tramway

Marc Bouiron, Karine Monteil et Grégory Vacassy

Identifiant de l'opération archéologique : 7280

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Bouiron Marc (COL) ; Monteil Karine (INRAP) ; Vacassy Grégory (INRAP)

1 La fouille du tramway de l’agglomération niçoise s’est poursuivie en 2007 avec la fin de la fouille du Pont-Vieux en février et la fouille complexe de la Porte Pairolière en deux grandes phases, avant et après la construction de la plate-forme du tramway (BSR PACA,2004 : 92-96 ; 2006 : 84-86).

Le Pont-Vieux

2 La fouille du Pont-Vieux, d’une superficie de 260 m2, a permis d’observer les vestiges médiévaux et modernes du seul ouvrage d’art permettant, entre le XIIIe s. et le XIXe s., de franchir le Paillon, fleuve côtier bordant au nord-ouest la ville de Nice.

3 Le pont médiéval, grossièrement orienté nord-sud, a été retrouvé dans la rue du Pont- Vieux sur une longueur de 8,70 m environ, à la limite du Vieux-Nice. Son élévation n’a pu être étudiée, des constructions postérieures étant venues s’accoler de part et d’autre. Par chance, une cassure dans la voûte de la première arche a permis d’identifier l’ouvrage et de mieux observer son mode de construction. L’arche et les écoinçons sont en moellons de calcaire finement équarris, liés au mortier. Un important blocage de cailloux et galets pris dans un bain de mortier charge les reins de la voûte.

4 Le tablier du pont est conservé à son extrémité sud, sur une longueur de 1,5 m. Sa largeur est de 2 m. Il est constitué de dalles dont la surface est usée. La présence d’ornières profondes montre l’intense fréquentation de cet axe, un des principaux points d’entrée dans la ville. L’ensemble de ces structures pourrait dater de la fin du Moyen Âge (XIVe s. au XVe s.).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 162

5 Aucune trace de la fortification médiévale n’a été reconnue en fouille. L’étude en cours permettra peut-être d’y rattacher certaines maçonneries observées très partiellement.

6 Au début du XVIe s. une nouvelle enceinte est construite plus en avant de la précédente dont l’une des phases de (re)construction est datée par une inscription découverte in situ, de l’année 1516. Le pont médiéval est en partie détruit à cette occasion, au moins la deuxième arche, mais il est possible que les piles de l’ouvrage aient été conservées. Le pont en liaison avec cette nouvelle courtine, découvert sous le boulevard Jean-Jaurès, est plus tardif et correspond certainement à la dernière des reconstructions de l’ouvrage attestées au milieu du XVIe s.

7 Les vestiges de la culée et du départ de la première arche moderne en sont particulièrement bien conservés. L’élévation du tympan est faite de moellons en calcaire froid de dimensions variables, disposés en assises irrégulières et liés au mortier. Des fragments de tuiles servent de blocage. La première arche, construite en grande partie avec des briques, présente le profil d’un arc segmentaire à double rouleau et à un ressaut. Le parapet oriental est constitué de trois assises de moellons équarris liés au mortier posés en assises régulières. Seule la face amont semble avoir été recouverte d’un enduit de surface. De part et d’autre de l’élévation, les vestiges de deux arcatures latérales évasant l’extrémité du pont sont le signe d’un élargissement postérieur de son accès.

8 Cet ouvrage sera utilisé jusque dans le deuxième quart du XVIIe s. date à laquelle le bastion du Pont, construction indépendante située plus au nord, est considérablement agrandi et vient englober l’extrémité du pont pour mieux protéger ce point faible de la fortification. Pour conforter la construction et mieux résister aux fortes poussées engendrées par le Paillon, des murs de refend servant d’entretoises sont régulièrement disposés. L’avancée maximale du bastion dans le lit du fleuve est située en limite nord de la fouille. Le départ du pont au-delà de la construction ne nous est donc pas connu.

La porte Pairolière

9 La fouille de la porte Pairolière est d’une toute autre ampleur puisqu’elle couvre environ 2 000 m2 (Fig. n°1 : Plan du site de la porte Pairolière). Située sur le chemin critique de la livraison de la voie du tramway, cette fouille a dû s’adapter aux contraintes de réalisation du génie-civil.

10 La première partie de la fouille s’est déroulée à l’air libre, jusqu’à la mi-mars 2007. Les vestiges dégagés dans cette phase correspondent aux vestiges les plus récents, postérieurs à la destruction de la fortification ordonnée par Louis XIV en 1706 ou aux éléments de la fortification elle-même. Après une interruption pour réaliser la couverture de la fouille, celle-ci a repris pour atteindre 5 m à 6 m sous le sol actuel.

11 Les vestiges les plus anciens s’ordonnent autour de l’ancienne porte Pairolière, déjà citée en 1323 sous le nom de porte des Augustins. Il s’agit de l’entrée principale de la ville en direction du Piémont et de l’Italie. Elle n’est que partiellement incluse dans la fouille car trop proche des immeubles actuels. Les murs dégagés témoignent d’une belle mise en œuvre datant de la fin du Moyen Âge. À cette époque là, le passage hors de la ville se faisait au moyen d’un pont-levis qui se prolonge par une partie fixe avec un pont de pierre. L’arche de ce pont enjambe un fossé en eau qui doit venir rejoindre le Paillon et dont on a retrouvé les vestiges sur la fouille.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 163

12 Du côté du Paillon, la porte est accolée à une très large tour (plus de 8 m de diamètre en partie haute) qui s’évase en partie basse. Cette tour reste présente dans le paysage jusqu’à la démolition de la fortification du début du XVIIIe s. ; elle a toutefois perdu un réel usage militaire au début du XVIe s., lorsque l’on vient construire le bastion Pairolière destiné à renforcer la défense de la porte. La tour, creuse, a englobé des vestiges plus anciens, probablement liés à des états antérieurs de la fortification.

13 La porte est renforcée au XVe s. par la création d’un ravelin, ouvrage de fortification avancée situé au-delà du fossé et destiné à protéger le pont qui le franchissait. Il comporte de très nombreuses fenêtres de tir dont on retrouve mention dans des textes des années 1490-1510 (on nous parle d’arbalétrières).

14 Ce ravelin a été construit sur l’ancienne voie qu’il a fallu déplacer vers l’est. Des murs apparaissent de part et d’autre de celle-ci ; ils appartiennent aux vestiges d’un faubourg médiéval assez mal conservé : seule une partie intacte a été fouillée, entre la voie et le Paillon, au nord du ravelin.

15 On sait qu’il existe hors les murs une chapelle Saint-Sébastien. Elle est attestée pour la première fois en 1488, dans un texte mettant en situation un jardin à l’extérieur du rempart, ce qui la situe hors de la porte Pairolière, proche du carrefour de chemins menant à Turin, Villefranche et à la plaine de Lympia. Des enduits peints retrouvés dans des remblais liés à la construction du second bastion pourraient provenir de cette chapelle.

16 La fortification est renforcée à nouveau au début du XVIe s. – au contact du ravelin – en suivant la nouvelle forme italienne : un bastion en forme d’as de pique protège désormais la porte d’accès à la ville.

17 Le bastion Saint-Sébastien existe en tant que Bastiun della Pairoliera avant le siège des Français et des Turcs en 1543. Sa construction entraîne ainsi la disparition du ravelin et du fossé ; la porte et la tour ne servent alors que de passage vers le bastion et se trouvent dans la partie arrondie du bastion, appelée « orillon ».

18 Le mur du bastion est particulièrement imposant : sa face nord, sur la place Garibaldi, est protégée par un mur de plus de 4 m de large, comportant un cordon mouluré qui devait probablement rejoindre celui de la tour.

19 L’ensemble du site est recoupé, vers 1560 (?), par la création d’un aqueduc chargé d’alimenter en eau les jardins du palais ducal. Cette conduite longe l’intérieur de la fortification du côté du Paillon et traverse le bastion Pairolière ; bien conservée dans la fouille, elle a détruit une partie de la stratification ancienne.

20 Le bastion est agrandi avant la fin du XVIe s. Le mur extérieur du second bastion a été retrouvé très dégradé en partie haute par la destruction de 1706. À la sortie du bastion se trouve une deuxième porte, la porte Saint-Sébastien située hors des limites de la fouille. On notera, à titre d’anecdote, la présence en 1656 d’une tête de marbre placée à la porte Saint-Sébastien figurant la légendaire Catarina Segurana. Cette porte apparaît sur un certain nombre de vues, comme le tableau montrant l’entrée du duc de Savoie Victor-Amédée II en 1689.

21 Après une longue période d’interruption dans les textes d’archives, la chapelle Saint- Sébastien est à nouveau citée en 1581. Le retour du culte de Saint-Sébastien se trouve confirmé avec la probable reconstruction de la chapelle au contact de la tour.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 164

22 Un nouveau fossé est attesté dans les textes à partir de 1616. Le pont qui traverse ce fossé avait été retrouvé lors du diagnostic archéologique ; il a conditionné la limite de fouille à l’est et se retrouve particulièrement bien préservé en sous-sol. Ce pont était pourvu de deux ponts-levis (signalés à partir de 1634).

Une crypte archéologique

23 La fouille en deux phases a permis de mettre en place rapidement la voie du tramway mais également de conserver les vestiges présents dans le sous-sol. Le tramway passe en effet ici sur une dalle de béton portée par un système de poutres reposant sur de larges parois de béton. De fait, les vestiges sont conservés dans le sous-sol, même si leur partie haute a dû être écrêtée par la pose des poutres et de la dalle de surface. Une présentation des vestiges devient possible, en suivant un cheminement à la fois géographique et chronologique, de la tour Pairolière au fossé du deuxième bastion.

24 BOUIRON Marc, MONTEIL Karine et VACASSY Grégory

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan du site de la porte Pairolière

Auteur(s) : Bouiron, Marc. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 165

AUTEURS

MARC BOUIRON COL

KARINE MONTEIL INRAP

GRÉGORY VACASSY INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 166

Nice – Place Garibaldi

Marc Bouiron

Identifiant de l'opération archéologique : 8488

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Bouiron Marc (COL)

1 L’aménagement de la place Garibaldi par la communauté d’agglomération Nice-Côte d’Azur (CANCA), directement au contact des vestiges de la porte Pairolière (notice N2007-PR-0054 sur le Tramway de Nice), risquait d’entraîner l’arasement de vestiges de la fortification moderne.

2 Neuf tranchées ont été réalisées au sud de l’axe rue de la République – chapelle des Pénitents. Elles ont toutes révélé les niveaux d’aménagement de la place, qui avaient déjà été reconnus lors du diagnostic du Tramway ou fouillés dans la fouille de la porte Pairolière. Seule la tranchée la plus proche de la rue Ségurane a livré une maçonnerie qui a pu appartenir à un contrefort du bastion de Sincaïre.

3 Deux terrassements profonds préalables à la création d’un local technique ont en outre été surveillés.

4 Celui situé dans le quart sud-est a simplement révélé l’existence d’épais niveaux limoneux dus aux débordements du Paillon.

5 Le second, situé au sud-ouest de la fontaine Garibaldi, a recoupé en fond de fouille (environ 4,50 m sous le TN) des maçonneries qui peuvent appartenir aux bâtiments de la fin du Moyen Âge situés hors les murs. L’absence de mobilier archéologique ne permet toutefois pas de confirmer cette hypothèse.

6 BOUIRON Marc

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 167

AUTEURS

MARC BOUIRON COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 168

Nice – L’occupation militaire du mont Alban et du mont Boron

Henri Geist

Identifiant de l'opération archéologique : 8250

Date de l'opération : 2007 (PT) Inventeur(s) : Geist Henri (ASS)

1 Le mont Alban et le mont Boron forment un promontoire rocheux d’une longueur de 2 200 km, du col de Villefranche (149,60 m) à la mer, entre le cap de Nice et la pointe des Sans-Culottes. Le mont Alban, qui culmine à 222,20 m, et le mont Boron, à 191,10 m, dominent, à l’est la rade de Villefranche et, à l’ouest, le château de Nice et la plaine marécageuse de Lympia, avant la construction du port à partir de 1749. La distance à vol d’oiseau entre le château de Nice et le mont Alban est d’environ 1 600 m et de 900 m avec la citadelle de Villefranche. Du mont Boron, le château de Nice est à 1 750 m environ (Fig. n°1 : Vue générale du site).

2 La situation géographique de ce relief est évidemment une position stratégique que les militaires mettent modestement à profit à la fin du XIVe s., avec une tour de guet installée au sommet du mont Boron (Thévenon, 1999 : 69).

3 L’histoire montre que de 1543, lorsque les Franco-Turcs font le siège de Nice et de son château, à 1800, date à laquelle les Français reconquièrent aux Autrichiens les Alpes- Maritimes, ce lieu est le théâtre d’épisodes militaires.

L’enceinte du mont Alban

4 Sur une carte au 1 : 5000 de l’IGN de 1954, paraît un tracé en pointillé dessinant la même figure géométrique que l’enceinte représentée en 1799 et ayant comme légende « murs en ruine », jusqu’ici non encore identifiée sur le terrain.

5 Grâce à cette carte nous avons retrouvé en grande partie cette enceinte qui ceinture le fort au nord, à l’ouest et au sud, sur une longueur approximative de 1 200 m. À l’est,

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 169

l’escarpement rocheux du mont Alban fait office de rempart. Les murs, en pierres sèches, sont à double parement et remplissage. Leur épaisseur va de 1,50 m à 2 m et leur hauteur, variable selon l’épaisseur et l’importance qu’ils ont dans la ligne défensive, peut atteindre 2,50 m, à partir de leur base visible. Un mur épais possède une banquette de tir et, s’il ne l’est pas, sa hauteur est celle d’un homme en position de tir – 1,50 m sans banquette et plus de 2 m avec banquette.

6 Cette enceinte, conçue spécialement pour protéger le fort, se développe à partir de sa face sud jusqu’à une distance d’environ 200 m. À la fin du XVIIIe s., les canons avaient une portée utile de 600 m en trajectoire (tir courbe) et de 50 m pour des tirs de destruction (tir en brèche). Il était donc nécessaire d’empêcher au sud, où la pente est la plus douce, l’approche de toute artillerie. L’ensemble de 1705 est un front bastionné qui débute vers l’angle sud-ouest du fort en se composant de neuf segments de mur d’une longueur totale d’environ 340 m. Cet ensemble est constitué d’une crémaillère, d’un demi-bastion à l’ouest, d’une courtine et d’un demi-bastion au sud. En 1792, l’enceinte est amplifiée par son prolongement à l’est par un autre demi-bastion, suivi de deux crémaillères venant se rattacher à l’angle sud-est où se trouvait une porte de secours ouverte dans le mur permettant, par un chemin bâti qui existe encore, de descendre discrètement et rapidement à la citadelle de Villefranche. À l’ouest de la crémaillère, un long mur et une autre crémaillère se dirigent vers le col de Villefranche, en se refermant par une tenaille et une queue d’aronde, barrant l’accès par le nord. Enfin, nous avons retrouvé, figurant sur le plan de 1705, un long mur bastionné de communication entre le port et la plaine de Lympia. Ce mur, en pierres sèches, d’environ 3 m d’épaisseur sur 3 m de hauteur par endroits, faisait partie du système défensif du fort et de la stratégie de la prise du château de Nice, dont les occupants n’avaient aucune possibilité de fuite, ni l’espoir d’une contre-attaque par voie terrestre.

Les structures du mont Boron

7 Sachant que des canons avaient été placés sur le mont Alban et positionnés, d’après les plans de 1705, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’enceinte sur la façade occidentale et qu’en 1774, 1792 et 1800 il en fut de même, nous avons essayé de trouver trace de l’emplacement de ces batteries.

8 Les canons étant dirigés vers le château de Nice et la plaine de Lympia, nous avons recherché leurs plates-formes sur et sous la ligne de crête du mont Boron au mont Alban, sur environ 700 m d’un terrain rocailleux, légèrement en pente.

9 Nous avons repéré deux ensembles distincts de structures à 50 m puis à 100 m au nord de la maison forestière.

10 Le premier (A) consiste essentiellement en murets de soutènement en pierres sèches, dont le plus important ceinture une cuvette elliptique de 26 m de grand axe sur 17 m de petit axe ; on observe des banquettes doublant par endroits le mur d’enceinte de la cuvette ; à son extrémité un affleurement de pierres (épais de 0,55 m) forme un rectangle de 6,40 m x 3,90 m avec enduit d’étanchéité. Sur le second (B), à une cinquantaine de mètres au nord-ouest en contrebas, un terre-plein de 9,20 m sur 7 m de profondeur a été aménagé avec deux ou trois plates-formes que l’on ne peut attribuer à

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 170

un aménagement touristique du site (Fig. n°2 : Ensemble des murets bordant le terre- plein).

Réflexions

11 Nous avons ainsi localisé deux ensembles pouvant correspondre à l’emplacement de canons et d’installations militaires. Si c’est le cas, on notera que, selon la disposition des murets et de leur perpendiculaire, le second était une batterie de trois canons et que leurs tirs auraient porté en mer vers le pied du château et Lympia. Les canons ne pouvant pas bombarder le château qui a été rasé en 1706, il faut donc écarter les deux sièges de 1691 et de 1705.

12 En revanche, du mont Alban en 1744, des canons tirent sur les Franco-Espagnols et en 1800 sur les Autrichiens. Il est certain que d’autres batteries installées plus au nord pouvaient viser le château, mais en tout cas pas celle-ci.

13 Le cadastre de 1872 mentionne un réservoir de 38 m2, que l’on ne retrouve pas sur le cadastre de 1812. Comment interpréter la présence d’un réservoir qui ne pouvait être rempli que directement par de l’eau pluviale canalisée ? Si la structure A correspondait à un campement militaire, cette mare bâtie pouvait alors être un abreuvoir pour des mulets et des chevaux parqués dans la cuvette ceinturée par un muret.

14 Des investigations plus approfondies permettront peut-être de mieux comprendre ces vestiges anonymes du mont Boron situés dans le prolongement de l’enceinte extérieure du fort du mont Alban.

15 GEIST Henri

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 171

Fig. n°1 : Vue générale du site

Auteur(s) : Geist, Hanri. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Ensemble des murets bordant le terre-plein

Auteur(s) : Geist, Henri. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

HENRI GEIST ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 172

Nice – Carrière de marbre au mont Boron

Henri Geist

Date de l'opération : 2007 (DF) Inventeur(s) : Geist Henri (ASS)

1 En 1729, les collines environnant Nice possédaient leurs bandites, c’est-à-dire des terres souvent incultes, des pâtis, pâturages d’hiver pour des ovins descendus de la montagne. Ces bandites appartenaient à des particuliers ou à des communes, comme celle du mont Boron à la ville de Nice (Casimir, 1919).

2 Un manuscrit de 1729 évoque cette bandite où l’on trouve des « veines de marbre » que des ouvriers exploitent sans autorisation. Les consuls, magistrats municipaux, font partir les tailleurs de pierre en leur interdisant d’emporter ce qu’ils nomment des marbres qui seront retirés aux frais de la ville et ils prolongent l’interdiction d’extraire des pierres. D’autre part, à la demande des pères Dominicains et du prieur de la Compagnie du Corpus Domini de Sainte-Réparate, le Conseil leur accorde l’extraction de marbre nécessaire pour leur autel respectif : un qui se trouvait dans l’église des Dominicains, à l’emplacement actuel du palais de Justice et l’autre pour la chapelle du Saint-Sacrement du transept nord de la cathédrale Sainte-Réparate (Thévenon, 1999 : 30-301 ; Scoffier, Blanchi, 1998 :47 ; Doublet, 1934 : 85-86).

Le marbre

3 Ainsi, grâce à des documents, nous apprenons que sur le mont Boron, il y a 278 ans, on extrayait du « marbre ». Si l’appellation de marbre peut étonner ici, cela est dû à l’aspect grisâtre et non blanchâtre des roches qui constituent le mont Alban et le mont Boron, de formations calcaires et dolomitiques du Jurassique supérieur (Portlandien– Berriasien).

4 L’affleurement du mont Boron est une pierre marbrière qui donne un marbre de substitution de couleur blanc cassé, beige très clair, ayant un joli poli lustré.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 173

La carrière

5 Nous avons découvert ce lieu d’extraction à la lisière du mont Alban et du mont Boron, à 180 m d’altitude [Équipe de terrain : Roland Dufrenne et Christian Pucci, Cercle d’histoire et d’archéologie. Remerciements : Michel Dubar, CNRS et Bénédicte Lacavalerie pour leur analyse géologique]. Son épaisseur est d’environ 5 m, sa plus grande hauteur ne dépasse pas 6 m et l’aspect général représente une masse rocheuse fortement diaclasée sans stratification du fait de sa dolomitisation. Sur 20 m de long et 5,50 m de haut, ce « chaos » de roche présente un abrupt régulier caractéristique d’un front de carrière dont on ne distingue aucune trace particulière de la méthode d’extraction de la pierre (Fig. n°1 : Masse rocheuse totalement diaclasée). Cette carrière étant relativement réduite, on peut supposer que son exploitation fut de courte durée pour façonner des objets ou des petits éléments ornementaux. En effet, la difficulté dans ce type d’affleurement marmoréen est d’obtenir des gros blocs compacts, sans défaut, qui étant rares, ont dû être rapidement utilisés. Cette carrière est sans doute aujourd’hui telle qu’elle était lorsqu’elle fut abandonnée.

L’extraction

6 La méthode d’extraction paraît évidente. L’affleurement rocheux, de la même hauteur qu’aujourd’hui (environ 6 m), est attaqué au bord de son faîte. Progressivement, des roches sont détachées (les diaclases facilitant l’arrachement) avec une aiguille (barre de fer pointue à un bout) ou avec des coins en fer et s’écroulent. Récupérées et, sans doute, éloignées des points de chute, elles seront dégrossies et façonnées. De nombreux déchets de taille se trouvent amassés et bloqués derrière des murets à quelques mètres de la carrière. Nous ignorons si ces aménagements sont dus aux carriers ou leur sont postérieurs. L’extraction se poursuit du haut vers le bas par petits paliers successifs. Ainsi, au fur et à mesure, le front de la carrière recule jusqu’à sa limite actuelle où, à son sommet, on remarque nettement des traces de l’arrachement des dernières pierres.

7 Deux sentes aménagées de part et d’autre du front de la carrière permettent une communication entre sa base et son sommet.

Utilisation

8 En observant ce front de taille avec ses nombreuses cassures, on s’interroge sur la dimension maximale que l’on aurait pu donner à un objet. Trouver aujourd’hui un bloc sans défaut de 2 m à 3 m de long sur plus de 1 m de large est difficile. Comment ont été réalisés les autels des Dominicains, dont on ignore les dimensions ? Monolithiques ou en plusieurs éléments agrafés ? Est-ce qu’au début de son exploitation l’affleurement ne présentait pas cette structure autant fracturée ? Très probablement, les pierres extraites ne devaient être destinées qu’aux habitations (linteaux, encadrements, décor intérieur, carreaux, petit mobilier d’église, etc.) qui demandent des pierres de petits ou moyens formats, comme on en voit dans le Vieux-Nice, mais pas identifiées comme provenant du mont Boron (Ungar, Moulinier, 1993).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 174

9 Autour de la carrière, on ne retrouve aucune ébauche abandonnée, donc aucun indice sur un type d’objet, excepté quelques pierres partiellement équarries employées dans des murets.

10 Cette proéminence rocheuse, intégrée dans le paysage boisé du mont Boron, passe presque inaperçue. On peut la côtoyer avec indifférence. Il faut ramasser une pierre, observer sa texture, la polir, pour comprendre le texte de 1729 (Fig. n°2 : pierre marbrière : côté brute et côté poli). Cette petite carrière exploitée depuis trois siècles mériterait un classement comme site géologique, historique et archéologique, au titre de la technique d’exploitation particulière dont elle témoigne et de son lien avec la cathédrale de Nice.

11 GEIST Henri

ANNEXES

Fig. n°1 : Masse rocheuse totalement diaclasée

Auteur(s) : Geist, Henri. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 175

Fig. n°2 : pierre marbrière : côté brute et côté poli

Auteur(s) : Geist, Henri. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

HENRI GEIST ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 176

Commune de Péone

Claude Salicis, Céline Winschel, Germaine Salicis et Thierry Schwab

Identifiant de l'opération archéologique : 8331

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Salicis Claude (ASS) ; Winschel Céline (ASS) ; Salicis Germaine (ASS) ; Schwab Thierry (ASS)

1 Très peu de sites étaient recensés sur la commune de Péone. Hormis les époques moderne et contemporaine récemment mises en lumière sous un aspect essentiellement ethnographique (Gourdon, Gourdon 2000), seul le château du XIIIe s., niché dans les « aiguilles » du village, est cité au sein d’une bibliographie pauvre et essentiellement consacrée aux périodes postmédiévales. Georges Barbier évoque toutefois la présence de fragments de tegulae, mais leur localisation imprécise, « dans le secteur de la Gombe » (Barbier, 1993), demeure à ce jour non confirmée et se trouve infirmée par les habitants actuels des quartiers concernés. La base de données Patriarche comptait uniquement deux fiches (mine de plomb datée du XIXe s. au quartier Saint-Pierre et site de hauteur du Chastellan, dont la datation et la fonction ne peuvent être assurées). Des trouvailles ponctuelles, qui nous ont été signalées, seraient les seuls témoins des premières présences humaines protohistoriques. Par ailleurs, seul un broyeur percuteur, trouvé sur le territoire de la commune sans autre précision (Salicis, 2003), permet d’y entrevoir une présence préhistorique.

2 Les prospections effectuées ont été accompagnées et complétées, de façon quasi systématique, d’informations orales déterminantes recueillies auprès des habitants et ont permis la relecture de sites ponctuellement signalés antérieurement. Toutes les découvertes, structures et mobilier, ont fait l’objet d’un relevé au GPS.

3 Péone est située à une centaine de kilomètres de Nice, dans la haute vallée du Cians, en bordure méridionale du Parc national du Mercantour (PNM) qui en occupe une petite enclave septentrionale. La commune couvre une superficie de 4 859 ha, parcourue par deux vallons principaux :

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 177

4 Dans son ensemble, le réseau hydrographique, complété par des canaux d’irrigation, est satisfaisant et de très nombreuses sources sont aménagées ou captées sur tout son territoire. Les sols sont constitués de grès, relativement stables, mais également de cargneules et de marnes noires particulièrement sensibles aux éboulements et aux ravinements. Les effondrements du Réal, à l’ouest, et de la Culasse, à l’est, sont de bons exemples de cette instabilité géologique. Les altitudes varient de 950 m à 2 580 m, soit une amplitude de 1 630 m le long desquels se développe une végétation à la fois méditerranéenne (épineux, chênes, pins) et alpine (sapins, mélèzes). L’économie variée de la commune – culture des céréales, apiculture, chanvre et élevage jusqu’au siècle dernier – se tourne aujourd’hui de plus en plus vers le tourisme.

5 Plusieurs sites d’extraction ont été recensés et explorés : carrières de pierres, mine de plomb, gisement de gypse pour la fabrication du plâtre.

6 Les témoins militaires du second conflit mondial sont nombreux (pistes, postes d’observation, casemates, blockhaus, bâtiments) notamment dans la partie septentrionale de la commune, y compris dans l’enclave du PNM.

7 Un quattrino, petite monnaie en bronze de la fin du XVIIe s. ou du tout début du XVIIIe s. frappée à Milan, a été trouvée au pied d’un rocher surmonté d’une croix, dans le vallon de l’Alp, en bordure du grand chemin « de Péone à Saint-Étienne » passant par le col de Crous, témoin des échanges commerciaux avec l’Italie ; il peut s’agir d’une perte de passage ou d’une offrande faite à l’occasion des déplacements des bergers ou des artisans locaux dont les draps et les couvertures étaient appréciés tant en Provence qu’au Piémont.

8 Aucun des nombreux hameaux de la commune n’a livré de vestiges antérieurs à la fin du XVIIe s., mais il est probable que certaines granges, plusieurs fois restaurées, aient une origine plus ancienne. Parmi les constructions recensées dans ces hameaux, on signalera un moulin à eau, un moulin à vent, des vestiges de moulins à foulon, quelques fours de cuisson, de nombreux fours à plâtre, des ruchers placards, un pigeonnier rucher.

9 De nombreuses granges isolées, utilisées pour les mises en culture saisonnières éloignées (fourrages, céréales, légumes), gravitent autour de ces hameaux. Plus haut, entre 1 600 m et 1 800 m, plusieurs bergeries (« cabanes »), avec enclos attenants, annoncent les grands alpages.

10 Le patrimoine religieux est composé en majorité de nombreux oratoires, en sursis pour la plupart (plusieurs ont disparu), de quelques chapelles et de l’église du village, l’ensemble ne remontant pas au-delà du XVIe s. : la date 1550 est gravée sur le linteau d’une porte condamnée de l’église Saint-Vincent (ex Saint-Jacques et Saint-Arige), au village (première mention d’une église au XIVe s.).

11 Quelques fermes isolées, certaines avec enclos, la plupart perdues en forêt et en état de ruine avancé malgré des murs massifs en pierre sèche, semblent signaler une implantation agropastorale extérieure au village dès avant les XVIe s. et XVIIe s.

12 Le village intra-muros recèle de très nombreux éléments en remploi (colonnes, bassins, linteaux, éléments décoratifs). Des soubassements en gros blocs et des pans de murs aux moellons calibrés pourraient appartenir aux premiers édifices datés des XIVe s. et XVe s.

13 Les vestiges du château, ou des constructions qui en auraient fait office, sont encore visibles mais leur état d’arasement, favorisé par le contexte géologique, est très

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 178

important ; les murs en élévation ont été régulièrement emportés par les effondrements des aiguilles dolomitiques ; seules subsistent les parties ancrées dans les sols et entre les blocs rocheux ainsi qu’une citerne peut-être plus tardive. Le plateau méridional du quartier du Plan, situé au nord-ouest, cote 1309, en aurait été le cimetière aujourd’hui disparu ; plusieurs ossements y auraient été exhumés.

14 Nous avons trouvé au pied méridional des aiguilles du château, dans les remblais effondrés d’un mur de terrasse longeant l’habitat troglodytique de la Thébaïde, un fond de poterie en céramique modelée. À lui seul, ce tesson ne permet pas d’envisager une occupation du site de hauteur à une époque antérieure au Moyen Âge.

15 De nombreux fragments de tegulae rouge foncé et d’imbrices sont répartis sur un seul secteur de la commune allant du quartier des Amignons au hameau de Charvin. Trois sites, dont un grand complexe pastoral, la doline de Chabaud, en sont pourvus ; tous ces vestiges proviennent vraisemblablement de la butte, sorte de grand pierrier, située à l’arrière de la chapelle Saint-Sauveur des Amignons. Le contexte de la découverte, uniquement des tuiles sans autre céramique, n’autorise pas à rattacher de façon certaine ce mobilier à une occupation antique.

16 En revanche, nous avons pu récolter sur et en bordure de plusieurs chemins, dont les grands axes de circulation de direction nord-sud passant par le col de Crous et par le col de Crousette, quelques clous de semelles à tête décorée (croix et quatre globules) et de rares fragments de céramique modelée. Une hypothèse antique, basée sur ce mobilier, semble ici plus forte mais pourrait également être élargie à l’Antiquité précoce et au haut Moyen Âge.

17 En l’absence de structures observées, il semble possible de considérer le territoire de Péone comme un simple lieu de passage, une étape entre, au sud, la mansio supposée du col de Roua (La Croix-sur-Roudoule) et, au nord, le Chastellaras des Nabines (Saint- Étienne-de-Tinée) au pied oriental duquel passe le GR 5 qui permet les liaisons vers l’ouest et vers l’est, et ce en dépit de nombreux sites naturels (les Corbières, Valleiroune, les Nanis, Septenne Sud, le Cougne, Picougul, etc.) aux fortes potentialités géomorphologiques (pitons, bords de plateau, éperons) et environnementales (visibilité, accès, source) pour une installation. Au mieux, quelques murs, pas uniquement de terrasses, restent les seuls témoins d’une activité, agropastorale en grande partie, non datable.

18 Malgré un réseau de communication bien développé, comprenant notamment le tracé de direction ouest-est du GR 52A, Péone ne semble que se trouver sur l’axe reliant les deux vallées du Var, à l’ouest, et du Cians, à l’est, où se sont développés les deux pôles importants que sont les actuelles communes de Guillaumes et de Beuil qui l’enserrent, secteurs dont les atouts naturels évidents (forêts, bois, vertes vallées, larges plateaux, grands terroirs, cours d’eau, chemins) étaient sans nul doute beaucoup plus attractifs.

19 On peut s’interroger sur la réalité d’une occupation sur le piton du Chastellan qui pose déjà le double problème de sa fonction et de sa datation. Muni d’un petit plateau sommital rocheux sans structure et, à son pied, d’une vague enceinte symbolique constituée des éboulements de ses flancs et de quelques blocs vaguement agencés, il pourrait appartenir à la famille des lieux cultuels préromains (Salicis, 2007) et, par conséquent, n’être, lui aussi, qu’un lieu de passage, sans doute saisonnier, situé sur l’axe ouest-est et/ou sur celui des grands cols septentrionaux. Outre les quelques débris

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 179

de céramique modelée signalés et ceux récoltés, nous avons trouvé deux fragments de roches exogènes ayant peut-être appartenu à des outils de broyage.

20 Au sommet de l’Aire Dorette, sur un large plateau bordé à l’est par un vieux chemin reliant les deux vallons du Tuébi et de l’Aygue Blanche, deux amas tumulaires, dont l’un d’un diamètre d’environ 15 m, font penser à des tumulus ; un seul fragment de céramique non tournée a été trouvé sur ce site dont la nature funéraire doit être confirmée malgré la découverte de ce tesson.

21 Un habitant nous a signalé qu’il avait recueilli de nombreux éléments métalliques apparus au fil des ans à l’occasion de ses labours au quartier Le Serre, au pied occidental du Chastellan, que nous avons pu étudier et photographier : scories (bronze, plomb, fer), un petit disque troué en plomb, une pointe de couteau en bronze avec nervure, deux fragments de bracelets en bronze, l’un, une armille sans décor, l’autre, plus massif, à section triangulaire et à décors géométriques proches d’objets de l’âge du Bronze final trouvés dans les Alpes-Maritimes , à Ascros (Vindry, 1962) ou à Clans (Garcia, 2003). Quelques ratés de coulée en bronze, alliés aux scories découvertes, laissent supposer l’existence in situ d’une petite forge rurale.

22 Enfin, les hautes crêtes herbeuses et boisées de la commune, aux accès multiples, tout comme l’enclave septentrionale du PNM essentiellement vouée à l’élevage du mouton (le Mourre Rous ou le Rouge de Péone) relayent depuis longtemps les pâturages des terrains et des flancs inférieurs. De très nombreux enclos d’altitude, simples ou multiples, certains avec abris, situés entre 1 920 m et 2 110 m d’altitude, montrent une activité pastorale des plus développées qui se poursuit sur Guillaumes et Beuil.

23 En marge d’un de ces ensembles structurés, sur un petit mamelon, une concentration de galets de quartz, extraits de leur environnement géologique gréseux local (grès d’) et dont plusieurs montrent des traces nettes de percussions, fait penser à une petite station, peut-être du Néolithique. Cette hypothèse pourrait trouver un écho intéressant avec la découverte, au pied méridional de cette même crête de Rougnous à l’est immédiat du col de Ségilière (Guillaumes), d’un fragment d’outil poli en pierre verte. C’est d’un de ces sites réservés au pastoralisme de hauteur que pourrait être issu le broyeur percuteur signalé (voir supra).

24 Hormis quelques anfractuosités aménagées récemment, aucune grotte, aucun abri naturel ayant pu être occupé par l’homme, n’a été trouvé à Péone.

25 En conclusion, cette prospection systématique confirme l’extrême rareté des éléments qui permettraient de mieux connaître les communautés humaines qui empruntaient, utilisaient et / ou occupaient son territoire avant le XIIIe s. Les quelques vestiges observés ou recueillis attestent néanmoins, si ce n’est d’installations, de présences (bergers, artisans, troupes, commerçants), peut-être uniquement saisonnières ou sous la seule forme ponctuelle de passages, mais bien réelles. On observera enfin que ce territoire, très souvent remanié, pour ne pas dire dévasté, par la nature elle-même, l’est également par l’homme de façon certaine depuis plus de huit siècles. Ces actions, rudes et répétées, ont pu favoriser, dans une hypothèse d’occupations, une disparition plus rapide et plus radicale qu’ailleurs, au moins en surface, des constructions et des vestiges matériels d’une longue période qui reste mal connue.

26 SALICIS Claude avec la collaboration de WINSCHEL Céline, SALICIS Germaine et SCHWAB Thierry

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 180

AUTEURS

CLAUDE SALICIS ASS

CÉLINE WINSCHEL ASS

GERMAINE SALICIS ASS

THIERRY SCHWAB ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 181

Sainte-Agnès – Château

Michel Lapasset et Fabien Blanc

Identifiant de l'opération archéologique : 8217

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Lapasset Michel (EDU) ; Blanc Fabien (EDU)

1 La campagne 2007 sur le site de Sainte-Agnès (Alpes-Maritimes) est la poursuite du travail entamé sur le corps castral (BSR PACA, 2006 : 93-94). Après avoir étudié l’évolution des accès au bloc central l’année précédente, c’est la tour maîtresse qui a été fouillée (Fig. n°1 : Vue de la tour maîtresse de Sainte-Agnès). Une première campagne avait déjà été engagée en 2001 sur les niveaux superficiels pour faciliter et prévenir une opération de restauration (BSR PACA, 2001 : 71-72). Elle avait mis notamment en évidence une réoccupation de l’édifice dans le courant du XVIIIe s. Les aménagements qui avaient alors été réalisés ont eu un impact majeur sur les stratigraphies sous- jacentes puisque toutes les couches médiévales postérieures au XIIIe s. ont disparu.

2 Environ 0,80 m au maximum de sédiment étaient conservés inégalement en fonction de la topographie du rocher. Depuis l’entrée actuelle jusqu’au centre de l’édifice, une fosse du XVIIIe s. a été creusée jusqu’au roc. Son remplissage était de même nature que le sédiment supérieur. La raison d’être de cette fosse n’a pu être déterminée.

3 La majeure partie des stratigraphies rencontrées consiste en un remblai homogène de sédiment argileux noirâtre et compact. Il a été rechargé à plusieurs reprises afin de constituer un niveau plan qui coïncidait avec de petits trous de poutres destinés sans nul doute à recevoir un plancher. Le mobilier contenu dans ce remblai consiste essentiellement en un lot homogène de céramiques de type pégau et trompes (d’appel ?). L’important taux de fragmentation et l’absence d’éléments complets indiquent que les céramiques ont été charriées en même temps que le remblai et qu’elles n’ont ainsi pas été utilisées dans la tour. Ce remblai a été mis en place lors de l’édification du corps de bâtiment adjacent qui a vu l’implantation d’un habitat d’élite, daté par confrontation des sources écrites, de la fin du XIIe s. ou début du XIIIe s. La tour

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 182

a alors également subi une restauration en élévation et a vu son accès méridional condamné.

4 Le seul sol d’occupation en place, présentant un mobilier de même nature que précédemment, venait sceller l’arasement d’un four à chaux contemporain de l’édification de la tour (Fig. n°2 : Vue des vestiges du four à chaux). La fouille de cet ensemble a montré que trois fours à chaux, d’une capacité d’environ 1 m3 chacun, se sont succédé simultanément. Si les fours ont été vidangés sur place comme en atteste la présence d’importantes rubéfactions sous de petits paquets de chaux, cette dernière a été vraisemblablement éteinte ailleurs. Le mortier a également été préparé dans une autre zone. La datation de cet ensemble, et par extension de l’édification de la tour, est en cours. Le mobilier céramique ne permet d’envisager que des fourchettes larges allant de la fin du Xe s. jusqu’au début du XIIIe s.

5 Néanmoins, deux monnaies indiquent pour le moment que ces aménagements ont été réalisés durant le premier quart du XIe s., vieillissant de plus d’un siècle les datations jusqu’alors établies d’après les sources écrites. Deux autres datations au radiocarbone sont également en cours. La prochaine campagne concernera le reste du corps central et mettra ainsi un terme aux investigations dans cette zone.

6 BLANC Fabien et LAPASSE Michel

ANNEXES

Fig. n°1 : Vue de la tour maîtresse de Sainte-Agnès

Auteur(s) : Blanc, Fabien. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 183

Fig. n°2 : Vue des vestiges du four à chaux

Auteur(s) : Blanc, Fabien. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

MICHEL LAPASSET EDU

FABIEN BLANC EDU

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 184

Séranon – Chapelle Notre-Dame de Gratemoine

Fabien Blanc, Émilie Cavanna, Gwenhael Georget, Franck Suméra et Stéfan Tzortzis

Identifiant de l'opération archéologique : 8413

Date de l'opération : 2007 (SU) Inventeur(s) : Blanc Fabien (EDU) ; Cavanna Émilie (EDU) ; Georget Gwenhaël (EDU) ; Suméra Franck (SRA) ; Tzortzis Stefan (SRA)

1 La chapelle Notre-Dame de Gratemoine devait recevoir un éclairage extérieur destiné à sa mise en valeur. L’installation des éclairages impliquaient la réalisation de tranchées tout autour de l’édifice parfois à moins de 1 m de distance. La présence d’une zone funéraire à proximité de l’abside avait déjà été mise en évidence lors de travaux de restauration dans les années 1970. Par ailleurs, des microreliefs laissaient entrevoir la possibilité d’un enclos funéraire dans la même zone.

2 Un décapage a ainsi été effectué au sud-est de l’abside (Fig. n°1 : Vue depuis le sud-est) afin de vérifier l’extension de la zone funéraire, la présence potentielle d’un enclos et l’état de conservation des sépultures. Parallèlement, deux tranchées perpendiculaires aux deux gouttereaux actuels de l’édifice ont été ouvertes. Enfin, une tranchée parallèle au pignon, mais perpendiculaire aux anciens gouttereaux dont il ne subsiste aujourd’hui qu’une partie au sud, a également été réalisée.

3 La chapelle Notre-Dame de Gratemoine est citée dans les sources écrites au tournant du XIe s. D’abord église paroissiale appartenant à l’abbaye Saint-Honorat de Lérins, elle cède sa place à l’église Saint-Michel de Séranon implantée au vieux Séranon au moins au début du XIIIe s. Située en fond de vallée et en bordure d’une ancienne voie romaine, la construction a subi de nombreuses campagnes de modifications jusqu’à récemment. Le décapage réalisé a confirmé la présence d’autres sépultures en pleine terre. Un ossuaire a également été mis au jour. L’extension de l’ensemble n’a cependant pas pu être précisée pour des raisons de temps. Le décapage a également démontré que les

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 185

fondations de l’abside et celles du petit édifice contigu au sud sont contemporaines sans que l’on puisse pour le moment avancer de datation.

4 La tranchée perpendiculaire à ce dernier édifice a mis en évidence une importante couche de démolition (environ 1 m) postmédiévale qui reposait directement sur le roc avec un léger pendage nord-sud. Cette disposition indique que le sol naturel a été utilisé jusqu’à l’effondrement d’une partie du petit édifice. La tranchée septentrionale a confirmé la présence d’un bâtiment accolé au flanc nord de la chapelle. Une sépulture d’enfant était présente sous la couche superficielle directement contre le gouttereau nord (orientation ouest-est). La longue tranchée nord-sud implantée dans l’ancien espace de la nef a révélé la présence d’un espace funéraire postmédiéval dont l’extension et la datation ne peuvent encore être précisées. Pareillement, il faut s’attendre à trouver ici le sol de l’ancienne nef à une profondeur nettement plus importante que la chapelle actuelle.

5 Ce même sondage a été prolongé au-delà de l’ancien gouttereau sud vers l’extérieur de l’édifice. Il a montré que le mur encore en élévation présente une conservation nettement plus importante que ce qu’on en voit aujourd’hui (environ 1 m). Par ailleurs un mur perpendiculaire, postérieur, et une couche de tuiles, sur laquelle le sondage a été arrêté, indiquent la présence d’un bâtiment annexe.

6 Pour l’heure, la mise en lumière de la chapelle a été interrompue pour préserver l’ensemble dans l’attente d’une éventuelle fouille.

7 BLANC Fabien, CAVANNA Émilie et GEORGET Gwenhaël

8 Avec la collaboration de SUMÉRA Franck et TZORTZIS Stefan

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 186

Fig. n°1 : Vue depuis le sud-est

Auteur(s) : Blanc, Fabien. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

FABIEN BLANC EDU

ÉMILIE CAVANNA EDU

GWENHAEL GEORGET EDU

FRANCK SUMÉRA SRA

STÉFAN TZORTZIS SRA

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 187

Sospel – Grotte de l’Albaréa

Pierre-Élie Moullé, Patrick Simon et Guillaume Porraz

Identifiant de l'opération archéologique : 8239

Date de l'opération : 2000 - 2007 (SD) Inventeur(s) : Moullé Pierre-Élie (MUS) ; Arellano Almudena (MUS) ; Desclaux Emmanuel (SUP) ; Hanquet Constance (SUP) ; Bailon Salvador (SUP)

1 Un sondage avait été commencé sous le porche d’entrée de la grotte de l’Albaréa à Sospel en 2000 (BSR PACA, 2000 : 59-60). Il a été achevé en 2007. L’étude préliminaire du matériel paléontologique découvert en 2007 a été réalisée avec la collaboration d’Almudena Arellano, du musée de Préhistoire régionale de Menton, et d’Emmanuel Desclaux, Constance Hanquet et Salvador Bailon du laboratoire départemental de Préhistoire du Lazaret à Nice.

2 Les trois zones de 1 m2 ouvertes en 2000 ont été fouillées jusqu’à 1 m de profondeur au maximum. L’ours de cavernes (Ursus spelaeus) a fourni le plus grand nombre des ossements découverts (Fig. n°1 : Mandibule gauche d'ours des cavernes (Ursus spelaeus)). Quelques restes de hyène (Crocuta crocuta spelaea) sont également présents. Les herbivores sont représentés par un Rhinocérotidé, le cheval (Equus ferus), le bouquetin (Capra ibex), le chamois (Rupicapra rupicapra), le chevreuil (Capreolus capreolus). Le cerf (Cervus elaphus) avait été déterminé en 2000. La marmotte est également présente. Les microvertébrés (rongeurs) n’ont pas apporté d’informations biochronologiques et paléoenvironnementales. Il est probable que la majorité des restes déterminés soient subactuels ou actuels.

3 Trois industries lithiques, des lamelles à dos en silex (Fig. n°2 : Lamelle à dos (ProtoAurignacien, Aurignacien ?)) attribuables au Paléolithique supérieur, ont été découvertes (une première lamelle à dos avait été trouvée en 2000, mais dans un niveau remanié récent).

4 Elles permettent d’évoquer une occupation de la grotte par l’Homme au Protoaurignacien ou à l’Aurignacien et au Gravettien ou à l’Épigravettien. La présence

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 188

humaine est également attestée par une prémolaire supérieure attribuée à Homo sapiens.

5 Les matières premières des industries sont à rechercher au nord du département du Var (60 km à vol d’oiseau de la grotte de l’Albaréa). Elles témoignent d’activités cynégétiques liées à l’exploitation du milieu de moyenne montagne au sein duquel se trouve la grotte. Cet environnement est à resituer dans un espace plus vaste dans lequel évoluaient les hommes du Paléolithique supérieur. Rappelons que la grotte de l’Albaréa se trouve à 9 km à vol d’oiseau des grottes de Grimaldi (Vintimille, Italie).

6 Les objets découverts lors du sondage sous le porche d’entrée de la grotte de l’Albaréa ne sont pas en position primaire. Ils proviennent de niveaux déplacés (solifluxion). Ils témoignent d’une occupation du site par l’Homme au Paléolithique supérieur et par l’ours des cavernes et la hyène au Pleistocène supérieur (période contemporaine du Paléolithique supérieur ?).

7 MOULLÉ Pierre-Élie, SIMON Patrick et PORRAZ Guillaume

8 Avec la collaboration de ARELLANO Almudena

ANNEXES

Fig. n°1 : Mandibule gauche d'ours des cavernes (Ursus spelaeus)

Auteur(s) : Moullé, Pierre-Élie. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 189

Fig. n°2 : Lamelle à dos (ProtoAurignacien, Aurignacien ?)

Auteur(s) : Musée anthropologie préhistorique, Monaco.

AUTEURS

PIERRE-ÉLIE MOULLÉ MUS

PATRICK SIMON MUS

GUILLAUME PORRAZ CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 190

Tende – Mont Bego : attelages de la zone IV, secteur des Merveilles

Henry de Lumley, Annie Echassoux et Odile Romain

Identifiant de l'opération archéologique : 7881

Date de l'opération : 2007 (RE) Inventeur(s) : De Lumeley Henry (CNRS) ; Échassoux Annie (SUP) ; Romain Odile (MUS)

1 Le relevé des gravures rupestres de la région du mont Bego entrepris par Henry de Lumley, sur un territoire d’environ 2 000 ha à l’est de Tende, est en cours de vérification (BSR PACA, 2006 : 94-96). Chaque année de nouvelles roches, généralement peu gravées, s’inscrivent dans le corpus : il s’agit souvent d’un groupe de cupules éparses, d’une petite barre ou d’un corniforme, qui apparaissent grâce à un éclairage particulièrement favorable. Quelques figures viennent aussi s’ajouter à celles déjà observées sur certaines roches.

2 Mais la vérification permet surtout de compléter quelques figures, d’en préciser le contour et d’ajouter les éléments naturels faisant manifestement partie de la composition. La fiabilité des relevés s’en trouve accrue et certains détails, à peine soulignés par les graveurs, permettent de mieux caractériser les représentations correspondant à des objets réels comme les armes ou les araires.

Les attelages de la zone IV

3 La zone IV, en cours de vérification, comprend 732 roches, situées entre 2 125 m et 2 560 m d’altitude, sur lesquelles sont gravées 4 351 figures. Comme dans les zones III et XII, déjà publiées, les figures peuvent se regrouper selon cinq grands thèmes iconographiques : • les corniformes, • les armes et outils,

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 191

• les anthropomorphes, • les attelages, • les figures géométriques.

4 Les représentations d’attelages présentes sur 32 roches, sont en très faible proportion : 43 sur 4 351, c’est-à-dire à peine 1 % des figures relevées dans cette zone, alors que dans la totalité du secteur des Merveilles la proportion est de 7,5 % et de 12 % dans le secteur de Fontanalba. Quatre d’entre eux sont doubles : les bœufs sont attelés à la file et par couple.

5 Sur sept roches, l’attelage est le seul thème gravé : il est isolé sur cinq roches et multiplié sur deux autres roches. Les compositions de ces deux roches comprennent chacune un ou deux attelages doubles (deux paires de corniformes) avec joug et timon, surmontés d’un attelage avec joug seul.

6 Sur douze roches, seul le thème du corniforme accompagne l’attelage.

Les corniformes attelés

7 Sur les roches du mont Bego, le corniforme est toujours symétrique et peut se résumer à deux traits distinctifs du bovin (taureau, vache ou bœuf ?) : son corps et ses deux cornes, même si parfois lui ont été ajoutés des pattes, des sabots, une queue ou des oreilles. Le bovin n’est jamais représenté de profil comme sur les roches et les stèles du Val Camonica.

8 Sur les quarante-trois attelages, quatre ne présentent qu’un joug seul, sans timon, et six un joug lié à un timon, sans araire, ni travois, ni char.

9 Sur trente et un attelages, et en particulier sur les attelages doubles, les deux (ou quatre) corniformes sont de forme et de taille identiques ou presque. Sur les autres représentations ils peuvent être très différents de type comme de taille (Fig. n°1 : Attelages doubles).

10 Sur sept attelages, au moins un des corniformes présente des cornes sinueuses ou en lyre (Fig. n°2 : Cornes sinueuses ou en lyre). Ces cornes ne reflètent pas le réel, ils font partie d’un langage symbolique.

Les araires

11 Trente-trois attelages sont complets : deux (ou quatre) bœufs, un joug, un timon et un araire. Sur les vingt-six araires les mieux dessinés on peut observer un mancheron rectiligne, presque toujours perpendiculaire au timon, avec poignée de manœuvre pour une seule main.

12 Dans seize cas, le mancheron est dans le même axe que le sep/soc, l’araire est dit de type manche sep (Fig. n°3 : Le mancheron est dans le même axe que le soc, l'araire est dit de type manche sep) ; dans les autres cas, il en est plus ou moins dissocié.

13 Comme le remarquait Henri Pellegrini en 1989 sur l’ensemble des araires de Fontanalba (NIL PACA, 1989 : 74-78), les araires représentés en zone IV sont de type manche sep ou dental hybride, légèrement différent du type dental classique. Ces araires conçus pour des terrains caillouteux évoqueraient, nous dit-il, ceux de la plaine Padane et d’Étrurie, comme le montre la statuette du laboureur d’Arezzo (Fig. n°4 : La statuette du

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 192

laboureur (Arezzo), araire conçue pour les terrains caillouteux) conservée à la Villa Giulia à Rome, datée du IVe s. av. J.-C.

Techniques agraires

14 Avec les représentations d’attelages de la zone IV, deux idéogrammes très soigneusement gravés sur une même roche de la zone X et uniques dans le secteur des Merveilles, apportent des précisions sur la technique du labourage. Le premier démontre le lien entre le réticulé, le corniforme et l’araire : un réticulé au contour rectangulaire, à cinq rangées de cases, dont deux lignes longitudinales sont interrompues (Fig. n°5 : Technique de labourage : réticulé encadré par un araire et un corniforme), est encadré par un araire et un corniforme liés à son contour.

15 Le réticulé est manifestement le champ cultivé où sont pratiqués des labours croisés en boustrophédon, comme le confirme l’attelage placé non loin de cette figure où les corniformes sont attelés en sens inverse l’un de l’autre (Fig. n°6 : Les corniformes sont attelés en sens inverse l'un de l'autre). Jean-Louis Durand voit dans cette activité de l’araire une prise de possession de l’espace par les hommes : « les bœufs en sens contraire semblent décrire clairement un parcours ininterrompu […] Le labour se définit ainsi comme une façon de dessiner sur une surface les quatre directions et en même temps un moyen de parcourir une surface toute entière, d’en prendre possession par ce parcours » (Durand, 1986).

Les associations de figures

16 Un attelage est souvent associé : • à un corniforme placé devant (Fig. n°7 : Un attelage est associé à un corniforme placé devant) • ou bien à plusieurs corniforme (Fig. n°8 : Attelage associé à plusieurs corniforme).

17 Quand ils entrent dans des compositions à plusieurs thèmes, les attelages peuvent être associés à des poignards, à des hallebardes, à des réticulés ou à des orants. Mais, comme dans tout le secteur des Merveilles, il n’y a jamais de personnage tenant la poignée du mancheron de l’araire, ni même placé devant ou derrière l’attelage, comme c’est souvent le cas dans le secteur de Fontanalba.

18 Dans douze compositions, les attelages sont à proximité d’un ou plusieurs poignards ou d’une hallebarde.

19 Sur la roche 9 E1, zone IV, groupe III, l’attelage est oblique, placé sous la lame d’une hallebarde (Fig. n°9 : Attelage oblique, plaçé sous la lame d'une hallebarde).

20 Sur la roche 16 F, zone IV, groupe III, chaque corniforme de l’attelage est surmonté d’un poignard (Fig. n°1 : Attelages doubles0).

21 Sur la roche 20 A, zone IV, groupe II, l’un des corniformes présente un poignard entre les cornes. Le soc/sep de son araire atteint la périphérie d’un réticulé à deux cases auquel il semble lié (Fig. n°1 : Attelages doubles1).

22 La roche 13 B, zone IV, groupe III, présente une figure unique : l’attelage d’un corniforme avec un orant (Fig. n°1 : Attelages doubles2). Ils sont liés par un joug seul. Au-dessus de l’orant est placé un autre corniforme lui-même associé à un deuxième

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 193

orant. Ce groupe de gravures est placé à côté d’une association bien connue de deux corniformes en file dont il est séparé par un poignard représenté la pointe vers le bas.

23 Les attelages du mont Bego par la précision de leur tracé et par leurs traits distinctifs répétitifs sont de véritables idéogrammes dont la signification ne peut être que « envisagée » tant le bœuf comme l’araire ont occupé une place de choix dans la pensée méditerranéenne entre le IIIe millénaire et le Ier millénaire avant notre ère. Ils nous indiquent au moins que les graveurs du mont Bego connaissaient la traction animale, savaient adapter leurs outils à leur environnement, pratiquaient le labourage en boustrophédon et savaient le dire en utilisant des représentations symboliques. Dans quel but ? Agriculture et rites de fondation restent pour l’instant les hypothèses privilégiées.

24 LUMLEY Henry de, ÉCHASSOUX Annie et ROMAIN Odile

ANNEXES

Fig. n°1 : Attelages doubles

ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 194

Fig. n°2 : Cornes sinueuses ou en lyre

ADLFI (2007)

Fig. n°3 : Le mancheron est dans le même axe que le soc, l'araire est dit de type manche sep

ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 195

Fig. n°4 : La statuette du laboureur (Arezzo), araire conçue pour les terrains caillouteux

ADLFI (2007)

Fig. n°5 : Technique de labourage : réticulé encadré par un araire et un corniforme

ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 196

Fig. n°6 : Les corniformes sont attelés en sens inverse l'un de l'autre

ADLFI (2007)

Fig. n°7 : Un attelage est associé à un corniforme placé devant

ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 197

Fig. n°8 : Attelage associé à plusieurs corniforme

ADLFI (2007)

Fig. n°9 : Attelage oblique, plaçé sous la lame d'une hallebarde

ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 198

Fig. n°10 : Chaque corniforme de l'attelage est surmonté d'un poignard

ADLFI (2007)

Fig. n°11 : Corniforme présentant un poignard entre les deux cornes

ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 199

Fig. n°12 : Attelage et corniforme avec un orant, lié par un joug. Au dessus de cet orant se trouve un autre corniforme associé à un deuxième orant

ADLFI (2007)

AUTEURS

HENRY DE LUMLEY CNRS

ANNIE ECHASSOUX SUP

ODILE ROMAIN MUS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 200

Commune de Tende Prospection inventaire (2007)

Silvia Sandrone, Nathalie Magnardi et Pierre Machu

Date de l'opération : 2007 (PI) Inventeur(s) : Sandrone Silvia (MUS) ; Magnardi Nathalie (MUS) ; Machu Pierre (MUS)

1 Les campagnes de prospection-inventaire menées depuis 2002 sur le territoire communal de Tende, à 80 km au nord de Nice, à la frange orientale du parc national du Mercantour non loin du Piémont italien (haute vallée de la Roya), ont eu pour but la révision et la vérification des données de la carte archéologique nationale et pour effet la découverte de vingt-et-un nouveaux sites (seize en 2002 et cinq en 2003). Campagnes de prospection menées en 2002-2003 sous la responsabilité scientifique de Pierre Machu (BSR PACA, 2002 : 67 ; 2003 : 83‑84). Ces découvertes, confirmées par des prospections au sol, ont été possibles grâce à l’étude de publications anciennes (notamment italiennes) et par le recueil d’informations orales auprès d’habitants de la commune. De plus, les informations fournies par Livio Mano, conservateur du musée de Cuneo (Piémont, Italie) malheureusement décédé en juin 2007, se sont révélées très précieuses.

2 En 2007, ce travail d’inventaire a été poursuivi par l’équipe scientifique du musée départemental des Merveilles : J.-M. Strangi (cartographie, positionnement GPS, cadastre, traitement informatisé des données) et S. Sarda (réalisation du fichier informatique). Le conseil général des Alpes-Maritimes, à travers le musée départemental des Merveilles de Tende, a été confirmé comme organisme de rattachement de la campagne de prospection qui s’est déroulée du 14 août au 29 octobre.

3 L’analyse des sites révisés ou repérés lors des campagnes 2002‑2003 a conduit à réfléchir sur le lien existant entre témoignages archéologiques et dynamiques de déplacement (relations avec les cols et les lieux de passage). En partant des sites répertoriés précédemment, nous avons procédé à la vérification par zones des territoires plus directement liés à la ligne frontière entre la France et l’Italie. Nous

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 201

avons révisé six sites déjà connus, tout en procédant à l’étude du matériel archéologique déposé au musée, et recensé huit nouveaux sites.

4 Vers le col du Sabion, deux habitats et enclos pastoraux d’époque historique (Barchenzane inférieur, Barchenzane supérieur) ont été découverts. L’ensemble dit Barchenzane supérieur montre différentes phases de construction et des structures (fond de cabane circulaire, enclos ovale) qui pourraient dater des premières époques historiques, remaniées ou améliorées par la suite.

5 Un peu plus loin, nous avons vérifié l’état de conservation des structures pastorales saisonnières et des gravures protohistoriques de la Vallette du Sabion (BSR PACA, 2001 : 78‑79). Les premières sont en bon état de conservation, tandis que les motifs piquetés (corniformes, figures géométriques et plages de cupules), datés de l’âge du Cuivre et de l’âge du Bronze ancien en comparaison avec ceux de la région voisine du mont Bego, montrent une évidente dégradation de la surface rocheuse.

6 Dans la zone du lac des Grenouilles (ou lac de Fontanalba inférieur) nous avons vérifié l’état de conservation du site protohistorique (BSR PACA, 1994 : 71-72). Parmi les presque cent soixante tessons de céramiques modelés relevés, quelques fragments de bords (toujours avec cordon lisse appliqué), deux de fond plat légèrement débordant et deux d’anses en ruban illustrent l’assez grande homogénéité d’une culture matérielle datée de la fin du Chalcolithique à l’âge du Bronze ancien. La position du site, dans une zone ouverte aux pâturages aisément accessible, proche d’un lac, était probablement favorable à une occupation humaine saisonnière, notamment dans un but pastoral.

7 À proximité du lac, nous avons aussi repéré quatre structures pastorales d’époque historique (enclos ovale, couloir, habitat pastoral, enclos et habitat pastoral, le tout à fonction saisonnière) ainsi qu’un long mur de pierres sèches, destiné peut-être à éviter la dispersion des troupeaux vers la pente, le long du sentier qui descend à Casterino (cote 1 859 m).

8 Dans le vallon de Réfrei, à proximité du sommet Castel Tournou, nous avons vérifié et analysé plus précisément les abris Cragnou (supérieurs, inférieurs et pente). Les nombreux tessons de céramiques modelées de nouveau repérés et récupérés en surface, à pâte grossière et gros dégraissant ou à pâte plus fine et bien lustrée, datent de la transition entre le Chalcolithique et l’âge du Bronze ancien.

9 Nous avons en même temps découvert (cote 1 137 m) un habitat agropastoral permanent complexe, avec un superbe rucher muré à plusieurs niveaux (Granges de Cragnou ou Maison Gallo). À l’entrée du même vallon (cote 851 m) la grotte murée appelée « Le Colombier », habitat troglodytique de l’époque moderne, sert de lieu d’élevage de pigeons, comme de nombreuses niches semblent l’attester.

10 La prospection du bâtiment La Cà, sur l’ancienne route menant au col de Tende, a révélé une situation plus préoccupante car ce relais de poste à fonction d’auberge et d’hospice voit sa toiture monumentale s’effondrer, les ronces envahir sa cour, les pierres vertes taillées volées. Enfin nous avons révisé tout le matériel archéologique de l’ancien col de Tende (BSR PACA, 1997 : 52-53) qui avait été déposé au musée depuis 1994 : nombreux tessons du deuxième âge du Fer et de la période romaine, avec une singulière imitation (probablement Ier s. apr. J.-C.) de la précédente production « ligure ». De plus, la découverte de trente- quatre pièces de monnaies du Ier s. au IVe s. apr. J.-C. témoigne d’une fréquentation continue du col durant tout l’Empire romain.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 202

11 Étagés de la Protohistoire au XIXe s., les sites et bâtiments recensés lors de ces prospections dans la haute vallée de la Roya, quoique assez nombreux, se caractérisent par des occupations saisonnières (abris sous roche ou campements de plein air), des lieux de passage ou des constructions légères (bois et pierre) ayant laissés peu de traces au sol et un mobilier souvent peu abondant et peu varié. Certains d’entre eux sont malheureusement soumis à des dégradations et à des destructions de nature anthropique très importantes (fréquentation touristique, travaux d’aménagement…).

12 Cependant ces opérations permettent d’ores et déjà d’avoir une idée assez claire de l’importance de cette vallée comme lieu de communication et de contact entre le littoral méditerranéen et la plaine du Pô avec ces habitats temporaires, d’étape ou saisonniers, placés le long des voies de passage ou d’échange et des chemins de transhumance situés à mi-pente, en altitude ou en crêtes. Les prospections à venir visent à une cartographie du patrimoine archéologique et historique de la haute vallée de la Roya de plus en plus complète enrichissant la carte archéologique nationale.

13 SANDRONE Silvia, MAGNARDI Nathalie et MACHU Pierre

AUTEURS

SILVIA SANDRONE MUS

NATHALIE MAGNARDI MUS

PIERRE MACHU MUS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 203

Commune de La Tour-sur-Tinée Prospection inventaire (2006-2007)

Romuald Mercurin

Identifiant de l'opération archéologique : 7963

Date de l'opération : 2006 - 2007 (PI) Inventeur(s) : Mercurin Romuald (BEN)

1 La révision de l’inventaire archéologique de la commune de La Tour-sur-Tinée a été poursuivie en 2007 dans les mêmes conditions que l’année précédente (BSR PACA, 2006 : 97-98). Près de trente sites ont fait l’objet d’une prospection sur le terrain. Parallèlement, a été poursuivie la recherche documentaire, avec notamment le dépouillement de plusieurs documents d’archives. Une masse relativement importante de données a donc été récoltée cette année. Leur traitement a été entamé mais devra se poursuivre au cours de l’année 2008.

2 Neuf nouveaux sites ont pour l’instant fait l’objet d’une fiche détaillée, montant à trente-quatre le nombre total de sites ou indices de sites déjà inventoriés.

3 Les périodes de la Préhistoire et de la Protohistoire restent toujours non documentées sur le territoire de la commune.

Période antique ou médiévale

4 Trois des sites datés de la période antique et inscrits dans la base de données Patriarche ont été révisés : Le Renoou (anc. La Condamine), Le Villars et Rigagnon 1 (anc. L’Agadge). La présence exclusive, sur les trois sites, de fragments de tuiles plates à rebord remployés dans l’appareillage des murs de terrasses ou de structures plus récentes, empêche de confirmer une datation antique. Ces vestiges permettent cependant d’envisager une occupation des secteurs concernés antérieure aux Temps Modernes. Les trois indices de sites ont donc été attribués à la période antique ou

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 204

médiévale, l’absence de fossiles directeurs clairement identifiables et/ou de structures associées ne permettant pas d’être plus précis.

Période des Temps Modernes

5 C’est à nouveau la période des Temps Modernes qui s’est révélé la plus prolixe, avec cinq nouveaux sites dont l’église paroissiale Saint-Martin, datée sur la base de critères stylistiques du début du XVIe s. L’édifice, classé aux Monuments historiques, reste cependant mal connu et mériterait une étude approfondie. La découverte d’une salle située sous la chapelle du Saint-Esprit (adjointe au corps principal au XVIIe s.), à l’extérieur de l’église, permet d’envisager l’existence de souterrains sous la nef. À noter que la présence religieuse est attestée à La Tour dès le XIIe s., ce qui pose la question d’un édifice plus ancien.

6 Trois sites d’habitats témoignent des différentes modalités d’occupation des sols et d’exploitation du terroir aux XVIIe s. et XVIIIe s. Les demeures de Lubac (1680) et du Collet des Padres illustrent un habitat dispersé voué à l’exploitation agropastorale des versants surplombant la Tinée. La présence, au Collet des Padres, de tessons de céramique pisane du début du XVIIe s. et de céramique d’Albisola du XVIIIe s., pris dans la maçonnerie d’une des pièces, offrent d’intéressants éléments de datation. L’habitat groupé est représenté par le hameau de Ripert, dont l’existence au XVIIIe s. est assurée par sa mention sur la carte de F. Prato.

7 Enfin, le moulin à huile Audisio ne peut être daté avec certitude de la période des Temps Modernes mais pourrait être antérieur à la Révolution selon Luc Thévenon (1994).

Temps modernes ou époque contemporaine

8 Aucun site n’a été attribué avec certitude à l’époque contemporaine, mais le complexe agropastoral (habitat, bergerie, grange, bassin) de l’Ubac du Chianet peut être rattaché soit à cette période, soit à la période des Temps Modernes.

9 L’année 2008 sera entièrement consacrée au travail de post-prospection avec la réalisation des fiches concernant les autres sites prospectés cette année (dont plusieurs chapelles et les inscriptions militaires gravées de la route des Granges de la Brasque) et le traitement des sources écrites.

10 MERCURIN Romuald

AUTEURS

ROMUALD MERCURIN BEN

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 205

Tourette-Levens – Grotte du Merle

Emmanuel Desclaux et Patricia Valensi

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 206

Identifiant de l'opération archéologique : 8227

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Desclaux Emmanuel (SUP) ; Valensi Patricia (SUP) ; Cauche Dominique (SUP) ; Hanquet Constance (SUP) ; Lecervoisier Bertrand (SUP) ; Moussous Abdelkader (SUP) ; Simon Patrick (MUS) ; Jourdain Lucien (MNHP) ; Carles Lionel (MNHM)

1 La grotte du Merle est une petite cavité située sur la rive droite du Riou, petit affluent du Paillon, connue pour son intérêt préhistorique par les fouilles intensives de deux amateurs locaux, Bernard Bottet et Henri Stecchi (1950) et par une révision plus récente de la série lithique par Gérard Onoratini et André Raux (1992).

2 Suite à deux opérations de sondage en 2004 et 2006 (BSR PACA, 2004 : 103 ; 2006 : 99), une petite campagne de fouille a été réalisée cette année. Plusieurs travaux ont été effectués : le nettoyage du fond de la grotte, la mise en place d’un carroyage, des fouilles localisées sous le porche de la grotte (sur 3 m2) et au fond de la grotte (sur 1 m2) et l’élaboration d’une stratigraphie du remplissage.

3 Plus de deux cents objets (faune, industrie lithique et éléments de parure) ont été coordonnés permettant de proposer une interprétation stratigraphique du site (Fig. n°1 : Coupe stratigraphique J-K).

4 C’est dans l’ensemble stratigraphique moyen, constitué de sédiments sablolimoneux, que trois niveaux d’occupation anthropiques (B, C et D) ont été individualisés.

5 La reprise de la fouille de la grotte du Merle souligne que ce gisement a conservé un potentiel préhistorique non négligeable, susceptible d’avoir enregistré diverses occupations humaines de cultures différentes. L’objectif principal est de récolter une documentation plus importante afin de préciser l’attribution chronologique et culturelle de chacun des niveaux.

6 DESCLAUX Emmanuel et VALENS Patricia

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 207

Fig. n°1 : Coupe stratigraphique J-K

Auteur(s) : Lecervoisier, Bertrand. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

EMMANUEL DESCLAUX SUP

PATRICIA VALENSI SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 208

Valdeblore – Plateau d’Anduébis

Éric Gili

Identifiant de l'opération archéologique : 8459

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Gili Éric (ASS)

1 En 2007, l’association Montagne et Traditions (AMONT) a lancé une vaste étude concernant l’ensemble de la vallée de la Vésubie et les anciens cadastres. Celle de Saint- Martin-Vésubie a été réalisée, Utelle, Venanson et Lantosque sont en cours.

2 Une campagne de relevés et un sondage ont été réalisés sur une structure en pierres sèches du plateau d’Anduébis (commune de Valdeblore), à 1 800 m d’altitude. L’opération, financée par le parc national du Mercantour, s’est déroulée au mois de juillet et août 2007.

3 Au total, 140 m2 ont été relevés pierre à pierre (Fig. n°1 : Relevé pierre à pierre de la structure). La structure s’appuie sur un rocher erratique orienté nord-sud et de forme rectangulaire (environ 120 m3). Elle possède une voûte en encorbellement s’appuyant sur un mur de soutènement (1,50 m d’épaisseur) formant un demi-cercle à l’est de la roche. Son ouverture est située au sud. Un deuxième mur d’« enceinte » (1 m d’épaisseur dans sa partie nord, 2 m au sud) sert de contrefort à l’est. Un massif de pierres, au fruit très prononcé, soutien l’ensemble au sud. La structure est soumise à un phénomène érosif dynamique. Seule la moitié de la surface interne de la structure a fait l’objet d’un sondage, soit 7 m, selon un découpage nord-sud.

4 Un premier sol (US 1) a été identifié (terre marron foncé très compacte). Il correspond aux périodes contemporaines. Un rocher en place sépare l’intérieur de la structure en deux. Des traces de foyers et des tessons de poteries de Vallauris (XIXe s. ou début XXe s.) sont à mettre en relation avec cette couche. Un seuil a été réalisé dans la dernière phase d’utilisation. Un seul tesson pourrait renvoyer à une datation médiévale (à confirmer). L’US 1 possède un pendage nord-ouest – sud-est important (environ 7 %) qui ne recouvre que très légèrement un deuxième sol (US 2 : terre jaune plus légère).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 209

5 Des galets (10 cm x 20 cm) émergent à la surface de ce sol et s’organisent en demi-lune au nord du sondage. Un foyer a été mis au jour à ce niveau, mais la surface n’a pas été entamée : l’autorisation de sondage arrivait à expiration et la découverte d’un galet original recommandait la prudence. Il s’agit d’une pierre exogène, polie, remisée sous la roche erratique. Ses dimensions (20 cm de long, 2 cm d’épaisseur, 5 cm et 4,5 cm de largeur à ses extrémités) en font un outil avec une surface de préhension. Ses arêtes sont légèrement abrasées deux à deux en opposition sur chacune de ses faces. Le contexte dans lequel il a été trouvé semble pourtant récent et appelle de nouvelles analyses (traçabilité ?).

6 Il conviendrait de terminer le sondage en 2008 et d’étendre les prospections aux différentes structures repérées à proximité afin de répondre à la question de la nature du site et de cette structure en pierres sèches.

7 GILI Éric

ANNEXES

Fig. n°1 : Relevé pierre à pierre de la structure

Auteur(s) : Gili, Éric. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 210

AUTEURS

ÉRIC GILI ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 211

Vallauris – Les Encourdoules

Suzanne Roscian

Identifiant de l'opération archéologique : 8366

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Roscian Suzanne (CNRS)

1 L’agglomération secondaire des Encourdoules a fait l’objet, sous la direction de Michiel Gazenbeek (CÉPAM), de trois campagnes de fouilles de 2003 à 2005. Sur une superficie de 660 m2 ont été mis au jour deux îlots d’habitats entièrement consacrés à l’activité de pressage du vin et/ou de l’huile.

2 Un protocole de protection et de mise en valeur du site (BSR PACA, 2005 : 100) a été établi et a donné lieu à l’établissement d’un partenariat avec la municipalité de Vallauris, le Conseil général des Alpes-Maritimes, le CÉPAM et le ministère de la Culture et de la Communication.

3 Une première opération de relevé scanner 3D et orthographique a été réalisée grâce à un financement du ministère de la Culture et de la Communication. La société ATM3D a livré le plan en trois dimensions du site (Fig. n°1 : Plan en trois dimensions de la zone 12 (ATM3D)).

4 Les vestiges sont aujourd’hui protégés par du géotextile en attendant le programme de consolidation et de mise en valeur qui débutera en 2008.

5 ROSCIAN Suzanne

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 212

Fig. n°1 : Plan en trois dimensions de la zone 12 (ATM3D)

Auteur(s) : SRA-DRAC-PACA. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

SUZANNE ROSCIAN CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 213

Bassins versants du Loup, de la Cagne et du Malvan

Cédric Lepere, Laurence Lautier et Emmanuel Pellegrino

Identifiant de l'opération archéologique : 8453

Date de l'opération : 2007 (PC) ; 2007 (PI) Inventeur(s) : Lepère Cédric (AUT) ; Lautier Laurence (AUT) ; Pellegrino Emmanuel (AUT)

1 Une campagne de prospection inventaire a été effectuée pendant trois mois, dans les bassins-versants de la Cagne, du Loup et du Malvan qui regroupent les communes de Cagnes-sur-Mer, Villeneuve-Loubet, La Colle-sur-Loup, Saint-Paul-de-Vence, Vence, Saint-Jeannet, Bezaudun, Tourrettes-sur-Loup, Roquefort-les-Pins, Le Rouret, Bar-sur- Loup, Gourdon, Courmes, Course-goules, Gréolières, Cipières, Caussols et Andon.

2 Cette opération s’inscrit dans le cadre du programme de recherche « Histoire et modélisation des dynamiques socioenvironnementales holocènes des paysages fluviaux de la Côte d’Azur » (ATIP Jeunes Chercheurs du CNRS), coordonné par Frédérique Bertoncello. Son objectif est de retracer l’évolution des hydrosystèmes de l’Argens (Var) et du Loup, de la Cagne et du Malvan (Alpes-Maritimes) afin d’appréhender, d’une part, les répercussions de la mobilité des paysages sur l’occupation humaine et, d’autre part, l’impact de l’occupation humaine sur les paysages et les écosystèmes.

3 Afin de comprendre les dynamiques du peuplement de la Préhistoire à l’époque moderne et d’élaborer une base de données centrée sur les bassins du Loup, de la Cagne et du Malvan, nous avons prospecté les sites déjà inventoriés, de manière à vérifier leur localisation, préciser leur superficie, découvrir du mobilier permettant d’affiner leur datation et améliorer leur description. Parallèlement, le mobilier conservé dans les dépôts du musée d’art et d’histoire de Provence de Grasse, du CÉPAM et de l’IPAAM, a été revu et inventorié.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 214

4 Sur les dix-huit communes prospectées, nous avons pu vérifier onze sites occupés au Paléolithique, soixante-douze au Néolithique, quatre à l’Épipaléolithique, un au Mésolithique, vingt à l’âge du Bronze, trente-sept à l’âge du Fer, quarante-huit au cours de l’Antiquité, vingt au Moyen Âge et cent vingt-trois durant les périodes moderne et/ ou contemporaine.

5 LAUTIER Laurence, LEPÈRE Cédric et PELLEGRINO Emmanuel

6 Nous remercions Frédérique Bertoncello, coordinatrice de l’ATIP, Michel Dubar (CÉPAM), Thibault Lachenal et Jean-Claude Poteur (inventaire du Patrimoine du Conseil général des Alpes-Maritimes) qui ont déterminé les matériaux de mouture, les céramiques de l’âge du Bronze et les céramiques médiévales et modernes, Suzanne Roscian pour son aide dans l’élaboration de la base de données, Joëlle Dujardin et Claude Salicis qui nous ont facilité l’accès au mobilier.

AUTEURS

CÉDRIC LEPERE AUT

LAURENCE LAUTIER AUT

EMMANUEL PELLEGRINO AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 215

Département des Alpes-Maritimes Prospection inventaire (2007)

Stéphane Fulconis

Identifiant de l'opération archéologique : 8336

Date de l'opération : 2007 (PI) Inventeur(s) : Fulconis Stéphane (BEN)

Andon Voie la Siagne - le Loup

1 Cette année, le terminus amont de la voie a été reconnu jusqu’à sa jonction avec la via Ventiana. La voie descend vers la rivière depuis le sommet en rive droite du Loup. Ce trajet, aménagé en corniche, long d’environ 1 km, est quasiment rectiligne.

2 Le tracé a été réutilisé à l’époque moderne sur 600 m jusqu’à un point où la voie est recoupée par un chemin médiéval venant de Saint-Vallier par Baoussa-Claoussa (BSR PACA, 2006 : 102) et descendant en lacets vers le Loup.

3 La voie antique continue vers l’ouest, puis traverse la rivière à gué immédiatement à l’est du vallon de Cabreiret. Elle remonte ensuite la rive gauche vers l’est, en pente douce, sous la route départementale RD 79, pendant 200 m puis est empruntée par la route moderne. 200 m plus à l’est, le chemin médiéval recoupe à nouveau la voie pour remonter vers le nord en direction du castellaras de Thorenc (fortification établie au XIe s.). Le tracé antique remonte aussi vers le nord, aménagé sur la crête d’une élévation de terrain quasiment rectiligne longue de 1 km. À son terminus, la voie rejoint la via Ventiana à l’est de la ferme de la Haute-Valette. Le point exact de jonction est difficile à déterminer, la zone ayant été réaménagée en terrasses.

4 Curieusement, le chemin médiéval a été aménagé en contrebas ouest de la voie romaine, le long d’un vallon sujet au ravinement. Un gros caniveau empierré dans la

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 216

partie nord de ce chemin atteste une fréquentation importante de cet itinéraire médiéval.

Cabris Tumulus de Cartinet 2, de Clauds et de Pomeiret

5 Le quartier du Pomeiret est situé 1 km au nord-ouest de Cabris. De nouvelles prospections dans ce secteur ont permis d’identifier précisément trois tombes fouillées par Casimir Bottin avant 1899 (Gassin, 1986 : 113 et 116-117). • Tumulus de Cartinet 2 : retrouvé en 1986 sur la colline de Cartinet (Jacob et al., 1987-88 : 210). À l’époque, ce tumulus avait été confondu avec celui de Pomeiret. Il s’agit d’une tombe à chambre circulaire de 2,50 m de diamètre, aménagée sur une base vaguement rectangulaire de 7 m x 6 m (Fig. n°1 : Tumulus de l’âge du Fer). Casimir Bottin y avait trouvé deux squelettes humains ainsi qu’une bague et un anneau en bronze. Trois petits clous en fer dans les déblais indiquent une utilisation à l’âge du Fer. • Tumulus de Clauds : retrouvé en 1986 en bordure sud de la colline de Pomeiret (Jacob et al., 1987-88 : 210). C’est un tumulus de 7 m de diamètre avec au centre un creux de 2 m de diamètre et profond de 1 m qui marque l’emplacement de la fouille de Casimir Bottin. Il y avait trouvé des ossements brisés et une épingle en bronze. Une pointe de javelot conique en fer a été ramassée sur le tumulus en 2007, indiquant une utilisation à l’âge du Fer. Il semble avoir été fouillé très incomplètement. • Tumulus de Pomeiret : retrouvé en 2007 sur la colline de Pomeiret. C’est un gros tumulus rectangulaire de 19 m x 17 m, haut de plus de 2 m. Au sommet, un creux de 6 m x 2 m, profond de 0,50 m, marque l’emplacement de la fouille de Casimir Bottin. Il y avait trouvé des ossements, une agrafe en bronze et des tessons évoquant le Bronze final. Aucun nouveau matériel n’y a été découvert. Ce tumulus semble aussi très incomplètement fouillé.

Saint-Cézaire Avens 117-J1 et 117-K7

6 Ces deux petits avens sont situés en bordure ouest du quartier des Clapiers (grosse station en plein air chalcolithique), dans une zone de gros lapiaz, 2 km au nord de Saint-Cézaire. Les numéros de ces deux cavités sont ceux attribués par le comité départemental de spéléologie. • L’aven 117-J1 ou aven du Puy d’Estève : découvert par le club Martel en 1972, il est profond de 8 m. Une petite salle ébouleuse de 5 m x 3 m est accessible par deux entrées au plafond. Au point bas de cette salle, une tentative de désobstruction profonde de 1 m a atteint un niveau d’occupation. Quelques tessons y ont été ramassés, dont un petit cordon digité et un chevron incisé évoquant l’âge du Bronze. Il ne semble pas s’agir d’une cavité sépulcrale. • L’aven 117-K7 : situé 15 m au sud du trou Camatte, petit aven sépulcral utilisé au Bronze final et à l’âge du Fer (Gassin, 1986 : 86-87), il a été désobstrué entre 2002 et 2007. Une galerie basse, située à 3 m de profondeur, a servi de cavité sépulcrale. Quelques ossements humains appartenant à un sujet jeune étaient associés à deux gros tessons lissés évoquant l’âge du Bronze. Cette cavité a subi des phénomènes de vidange et de concrétionnement postérieurement à son utilisation. Une partie du remplissage a été entraîné vers le point bas

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 217

de la cavité, à 7 m de profondeur. Un demi-bassin humain masculin a notamment été ramassé en ce point.

Saint-Cézaire Le Bastidon nord

7 Ce site se trouve sur un petit mamelon situé 100 m au-dessus de la Siagne et 100 m au nord de la voie romaine la Siagne–le Loup. Une grosse bastide datable du XVIIIe s. et toujours habitée, la ferme du Bastidon, se trouve 50 m au sud. Ce site comprend un petit abri sous roche suivi d’un aven, une bastide en ruine et un aven. La bastide a été en partie affouillée par un engin de terrassement en 2007. L’abri, de 3 m x 1 m, est inclus dans les aménagements de la bastide. Une désobstruction au fond, en 1993, a donné accès à un aven se développant sous la ruine (117-T4), à une dizaine de mètres de profondeur. Un gros fragment d’élément de broyage trouvé dans l’abri et des fragments de tegulae en remploi dans les murs de la bastide indiquent une occupation antique du site. Un important matériel céramique attribuable au XVIIe s. a été ramassé dans les déblais de terrassement, permettant de dater la ruine. Il s’agit d’un bâtiment maçonné à la chaux, de 7 m x 6 m, haut de 2,50 m. Dans la partie sud semblait exister un sous-sol de 3 m de profondeur : • 2m au sud du bâtiment se trouve un four circulaire maçonné à la chaux et couvert de tuiles qui fut utilisé jusque dans la première moitié du XXe s (Fig. n°2 : Four maçonné du XVII e s. ). • 20 m au nord de la bastide, l’aven 117-Z2 a servi de dépotoir jusqu’à la même époque. À 15 m de profondeur, l’éboulis contient du matériel essentiellement céramique datable du XVIIe s. au XXe s. L’abandon de la bastide semble dû à l’instabilité du terrain provoqué par la présence de l’aven sous-jacent. Une trémie débouchant dans l’aven 117-T4, sous la ruine, contient quelques fragments de tegulae et des tessons du XVIIe s.

Le Tignet Le vieux village

8 Le vieux village du Tignet, anciennement nommé quartier de la Chapelle, est un petit village postmédiéval toujours habité. Il est situé à mi-pente de la bordure sud du plateau de Saint-Cézaire – Saint-Vallier. Une église désaffectée, l’église Saint-Hilaire, dont l’origine semble remonter au XVIe s., y est visible. Ce site est connu par des découvertes anciennes : buste antique en marbre trouvé au début du XXe s. et trésor de quarante-quatre monnaies en bronze d’Auguste à Valens rassemblées dans un fond de vase (Froeschlé-Chopard, 2004 : 181). Une visite des lieux après des travaux de voirie a permis de localiser le site antique. Il se trouvait au sud du village, sur un mouvement de terrain formant un promontoire occupé au nord par l’église et au sud par une habitation du début du XXe s. Des fragments de tegulae ont été observés dans des déblais de terrassement au sud de l’habitation. Un élément de broyage a été ramassé dans ce secteur. Une petite coupe de terrain, remaniée, contre la façade sud de l’église, a donné quelques tessons se rapportant à l’âge du Fer, à l’Antiquité gallo-romaine et au Moyen Âge. Six blocs antiques en remploi ont été observés immédiatement à l’est de cette façade, en remploi dans un mur de soutènement édifié à la fin du XIXe s. La présence du

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 218

buste en marbre et des blocs antiques permet d’envisager la présence d’un établissement différent d’un simple habitat rural. Ce site semble malheureusement détruit ou très remanié.

Le Tignet Le Petit Apié

9 Ce lieu-dit se trouve sur le versant de rive nord de la Siagne, 100 m au-dessus de la rivière, sur une pente accidentée. Un petit bâtiment ruiné y a été visité en 2007. Ses dimensions sont modestes : 4 m x 3 m, pour 4 m de haut. Les murs sont maçonnés à la chaux. Il ne comporte qu’une ouverture : une porte d’accès à l’ouest (Fig. n°3 : Rucher du XVII e s. ). Il n’y a aucune trace de couverture de l’édifice. Il est porté sur le cadastre de 1819. L’habitation la plus proche située sur ce même cadastre est située 1 500 m au nord-est. Du matériel céramique attribuable au XVIIe s. a été ramassé aux alentours immédiats.

10 La toponymie et l’architecture de ce bâtiment permettent d’y voir un rucher du XVIIe s. Son implantation dans un secteur inhabité semble avoir été déterminée par la végétation caractéristique de ces terrains primaires en bordure du massif du Tanneron. Le couvert végétal très dense est essentiellement constitué d’arbousiers, de bruyères et de mimosas. L’apiculture est d’ailleurs toujours pratiquée intensivement dans cette zone.

11 FULCONIS Stéphane

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 219

Fig. n°1 : Tumulus de l’âge du Fer

Auteur(s) : Fulconis, Stéphane. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Four maçonné du XVII e s.

Auteur(s) : Fulconis, Stéphane. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 220

Fig. n°3 : Rucher du XVII e s.

Auteur(s) : Fulconis, Stéphane. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

STÉPHANE FULCONIS BEN

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 221

13 – Bouches-du-Rhônes

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 222

Aix-en-Provence : actualité de la recherche

Stéphane Bonnet et Núria Nin

Date de l'opération : 2007 (PT) ; 2007 (EX) Inventeur(s) : Bonnet Stéphane (COL) ; Nin Núria (COL)

1 L’année 2007 a été, pour Aix-en-Provence, particulièrement riche au plan de l’activité archéologique. Outre une campagne de prospection-inventaire menée sur le massif du Montaiguet, au sud de la commune, l’agglomération a, en effet, été le théâtre de sept opérations préventives :

2 • trois diagnostics :

3 • ainsi que quatre fouilles qui ont été menées par la Mission archéologique de la ville. La Mission archéologique est agréée comme opérateur en archéologie préventive, depuis le 6 octobre 2006, pour les périodes comprises entre la Protohistoire et l’époque contemporaine. Depuis le 25 janvier 2007, la Ville a pris en charge la réalisation systématique des diagnostics pour une durée de trois ans :

4 Leurs résultats n’ont pas seulement contribué à éclairer l’histoire de sites et de monuments particuliers (domus, fortification, limites urbaines et structuration des quartiers périphériques de la ville romaine, zone d’activité potière antique sur Pompidou ; couvent royal des Dominicaines du XIVe s. à Mignet), ils ont aussi mis en relief des périodes d’occupation anciennes peu connues voire inconnues jusqu’alors : Néolithique moyen avec des niveaux attribuables au Chasséen méridional, structures datées du Bronze final III (au 8 de la rue des Bœufs) où ont également été mises en évidence, aux alentours de l’an mil, des structures de drainage témoignant de l’exploitation agricole des terrains situés aux abords immédiats de la ville des Tours.

5 Surtout ces fouilles, qui incluaient une approche paysagère, ont permis de reconnaître l’évolution des milieux, grâce notamment à des études paléoenvironnementales multiproxi-systématiques, regroupant géomorphologie, malacologie et palynologie.

6 Les résultats obtenus en 2007 grâce à ces études ont d’abord permis de valider la proposition d’évolution paysagère formulée pour la première fois en 2004 par

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 223

Christophe Jorda et Sophie Martin à partir des données exhumées lors des fouilles de l’îlot A de la ZAC Sextius-Mirabeau. La corrélation des informations paléoenvironnementales avec l’ensemble des conclusions issues des différentes interventions archéologiques a d’autre part permis de prendre conscience que des phénomènes taphonomiques encore mal compris et répartis de manière inégale au sein du centre-ville ont pu masquer la présence de vestiges.

7 L’étude paléotopographique menée sur les séquences sédimentaires de l’îlot A, en 2004, avait conduit à l’hypothèse de la présence, au cœur du centre ancien de la ville, de deux paléovallons colmatés, d’orientation nord-est – sud-ouest, résultant probablement de la divagation de la Torse, cours d’eau le plus proche, et à l’origine d’une humidité récurrente de ces zones dépressionnaires. La fouille réalisée cette année sur le site du collège Mignet, qui se trouve sur l’axe d’une des deux dépressions, a démontré que cette zone était bien affectée par une hydromorphie constante. De plus, elle a permis la découverte de la signature sédimentaire de deux organismes hydrologiques d’époques différentes. Cela confirme que ces paléovallons (ou du moins l’un d’entre eux) correspondent bien à la mise en place de dynamiques et processus fluviatiles, vraisemblablement depuis le Pléistocène. Il est toutefois impossible, en l’état actuel des connaissances, de savoir si ces formes ont permis la divagation des chenaux ou bien si elles proviennent d’une incision due à la constitution des talwegs.

8 L’intégration systématique des disciplines paléoenvironnementales a également fait prendre conscience que les archéologues ont longtemps désigné sous le terme de substrat géologique des strates qui n’en étaient pas. Ce qui explique la découverte, au moment des fouilles, de niveaux archéologiques anciens, restés insoupçonnés lors des diagnostics (site néolithique de l’îlot A, sites néolithiques et protohistoriques de la rue des Bœufs, niveaux préhistoriques de Mignet). Face à ce constat, une méthodologie et une terminologie ont été élaborées afin de déterminer les couches de sédimentation ancienne, probablement pléistocène, non anthropisée (substrat archéologique) et de les différencier des formations proprement géologiques (substrat géologique). La volonté d’atteindre le substrat géologique s’est concrétisée par la découverte, lors du chantier Pompidou 3, d’un paysage particulier de bad land inscrit au sein de marnes tertiaires, comblé durant l’Holocène récent. Elle a permis également de cerner la grande diversité des formations géologiques affleurant durant les périodes historiques (Pompidou 3, ZAC Sextius-Mirabeau 2000).

9 Cette meilleure définition des zones sources permettra de mieux comprendre les stratigraphies des futurs chantiers et d’appréhender de nouvelles problématiques tel que le calcul des volumes érodés du bassin-versant par exemple.

10 BONNET Stéphane et NIN Núria

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 224

Fig. n°1 : Localisation des opérations archéologiques en 2007

Auteur(s) : Nin, Núria. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

STÉPHANE BONNET COL

NÚRIA NIN COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 225

Aix-en-Provence – 7 avenue d’Indochine

Jean-Jacques Dufraigne

Identifiant de l'opération archéologique : 8050

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Dufraigne Jean-Jacques (INRAP)

1 L’intervention est localisée au nord-est de la ville d’Aix-en-Provence, non loin du carrefour de l’avenue du Maréchal de Lattre-de-Tassigny avec la rue de la Molle, sur une zone pavillonnaire, dans l’îlot délimité par la rue Marcel-Provence à l’est, l’avenue du Tonkin au nord, l’avenue d’Indochine à l’ouest et la rue de la Molle au sud. Elle a eu lieu sur un terrain occupé au nord par une grande maison construite en 1952 et au sud par un jardin arboré, où est prévu le projet d’aménagements comprenant une maison (90 m2) flanquée au sud-ouest d’un garage (56 m2) et à l’est d’une petite piscine (29 m2). Les investigations menées dans l’emprise à la fois de la maison et de la piscine témoignent d’une occupation antique dense.

Des vestiges de l’Antiquité

2 On a aperçu les vestiges d’une première phase antérieure au dernier quart du Ier s. au sud-est du sondage 1, au fond de la fosse FS111 [ (Fig. n°1 : Implantation des sondages et des vestiges) et (Fig. n°2 : Vue générale des vestiges dans le sondage 1, vue de l’est)] : ils se matérialisent par un fragment de mur orienté nord-ouest – sud-est (MR128), dégagé sur 0,70 m de long. De 0,70 m de large, il est construit en moellons calcaires liés par un mortier de chaux rosâtre. À l’est, des fragments d’adobes l’accompagnent.

3 Puis, dans une seconde phase entre la fin du Ier s. et le milieu du IIIe s., une domus est édifiée. On observe l’installation et le fonctionnement d’un ensemble bâti (SB100), repéré seulement à l’ouest (il se poursuit vers le nord sous la berme), et qui a été détruit en partie à l’est par des fosses postérieures (FS111 et FS113). Il est formé de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 226

l’angle d’une structure dégagée sur 2,75 m de long, 2 m de large et 0,54 m de hauteur légèrement orientée nord-est – sud-ouest. Cette dernière est constituée d’un alignement de dalles en pierre froide quadrangulaires, de grandes dimensions (1,30 m x 0,40 m x 0,16 m) s’appuyant sur un mur de moellons liés par un mortier de chaux rosâtre. La base d’une colonne en calcaire blanc, de style attique, ne dépassant pas 0,30 m de diamètre et 0,34 m de hauteur, repose sur l’angle sud-ouest.

4 À l’intérieur de la structure, le fond est formé de dalles de pierre froide très endommagées dont l’une présente une petite rigole. Vers l’extérieur, dans l’angle sud- est du sondage, il reste un lambeau de sol de limons cendreux avec des charbons de bois, tandis qu’à l’ouest, le long des dalles, on remarque un curieux aménagement, se compose d’un alignement de tegulae retenant une couche de limons sableux grisâtres.

5 Encore plus à l’ouest, à 1 m environ de la structure SB100, on observe un creusement en U, légèrement orienté nord-est – sud-ouest, et ainsi parallèle à cette structure. Sa largeur de 0,60 m (MR115) et son comblement hétérogène de pierres, d’enduits, de nodules de mortier, noyés dans des limons sableux brun clair font songer à la récupération d’un mur ayant pu fonctionner avec elle. En l’absence de la fouille des niveaux liés à l’installation de cet ensemble, seul le mobilier le plus ancien recueilli dans la destruction permet de proposer pour son édification la fin du Ier s. (bords d’urnes de céramique commune brune, et Drag. 24-25, 33 pour la sigillée sud-gauloise). Quant à sa destruction, elle aurait eu lieu à partir de la seconde moitié du IIIe s. (fragment de coupe de céramique à vernis argileux Desbat 14 en sigillée claire B).

6 On a identifié dans le sondage 2 l’angle nord-est d’un espace fermé (Fig. n°1 : Implantation des sondages et des vestiges) comme en témoignent les récupérations de deux murs qui ont conservé en partie leurs enduits peints. Le mur occidental MR201 semble suivre la même orientation nord-est – sud-ouest que l’ensemble SB100 et le mur MR115 (sondage 1). Un petit sondage le long du mur nord MR200 a permis d’atteindre un sol (SL202) d’argile salie par des cendres et recouvert de mobilier céramique écrasé in situ (essentiellement une amphore gauloise) au milieu de fragments de tuile. Le mobilier recueilli sur ce sol ainsi que dans la destruction placerait la dernière occupation de cette pièce entre le dernier quart du IIe s. et la seconde moitié du IIIe s. (fragment d’olla en céramique commune grise et fragments d’amphore africaine de type 1).

7 Enfin, dans une troisième phase remontant au IVe s., les éléments architecturaux sont récupérés [ (Fig. n°1 : Implantation des sondages et des vestiges) et (Fig. n°2 : Vue générale des vestiges dans le sondage 1, vue de l’est)]. Deux fosses ont en effet endommagé à l’ouest la structure bâtie SB100. La plus ancienne (FS111), au creusement ovale (au moins 1,80 m x 1,50 m x 0,55 m) et au profil en U, dont le remplissage de limons grisâtres a livré du mobilier céramique et des tuiles, a permis la récupération d’une des dalles de la structure bâtie SB100. La fosse la plus récente FS 113 a recoupé le bord septentrional de la fosse précédente. Cette dernière, en partie dégagée, probablement ovale avec une longueur supérieure à 2,10 m et une largeur à 1,70 m, présente un comblement de limons bruns contenant des blocs de calcaire dur (pierre froide) ou tendre, de moellons, de tuiles et de céramique noyés. La datation de ces fosses est donnée par des fragments de céramique sigillée claire D, assiette Hayes 61a (FS111) associés à des céramiques à pâte kaolinitique et à de la DS.P.

8 Ces vestiges de l’Antiquité seront recouverts sous des niveaux de jardins dont certains remontent au XIXe s. (un fragment de céramique d’Albisola par exemple).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 227

Les vestiges dans le contexte urbain d’Aquae Sextiae

9 En raison d’une information très restreinte due au type d’opération, on ignore si l’on a dégagé de la domus une partie du péristyle d’une cour intérieure ou une partie du bassin (impluvium) d’un atrium, comme le laisseraient plutôt supposer la dalle entamée d’une rigole, les dimensions de la base de la colonne et, enfin, la présence potentielle d’une citerne, suggérée par le creusement des fosses. Ce dispositif bassin d’impluvium et citerne est par ailleurs en effet bien connu dans les atria des domus de Pompéi ou d’Herculanum comme, par exemple, dans ceux de la maison de Trebius Valens (Adam, 1995 : 328, fig. 692) ou bien de la maison de la Cloison de bois (Adam, 1995 : 323, fig. 681).

10 D’autre part, on se trouverait plutôt dans la partie méridionale de la domus, si elle suit le plan des maisons de ce secteur de la ville antique. En effet, il a été observé que celles situées au nord-est de cette intervention (rue de Sontay) possédaient, au nord, une pièce d’apparat autour de laquelle se distribuaient des salles de dimensions réduites et qui s’ouvrait vers le sud sur une cour entourée de portiques et agrémentée d’un bassin (Guyon et al., 1998 : 55). Les données actuelles ne s’opposent pas à de telles hypothèses : on sait, en effet, qu’au nord-ouest de cet ensemble architectural s’étendait une pièce dont le mur ouest-est était jouxté au sud par un pavement de mosaïque blanche à petits cubes (Guyon et al.,1998 : 40) et, qu’immédiatement à l’ouest, se trouvait au moins une pièce décorée d’enduits peints (sondage 2). De plus, on remarque que les structures dégagées s’intègrent dans la trame urbaine de ce secteur de la ville, puisqu’elles suivent les mêmes orientations que les autres ensembles découverts, habitations et monuments publics.

11 Quant à la chronologie de la domus, elle s’insère dans celle du quartier de la ville antique. André Kauffmann (Guyon et al.,1998 : 58) avait constaté dans des ensembles bâtis un peu plus au nord-est (à l’ouest de la traverse Sylvacane) qu’un nouveau bâti succédait dans la seconde moitié du Ier s. à un premier état remontant au tournant de notre ère, que le IIe s. marquait l’acmé de l’occupation du quartier et que ce dernier était fréquenté jusque dans le IVe s. avant d’être abandonné jusqu’à une époque très récente.

12 D’après nos observations, on pourrait ajouter qu’une phase de construction a pu avoir lieu vers la fin du Ier s., qu’une destruction s’est produite dans la seconde moitié du IIIe s. et qu’enfin le démantèlement des demeures aurait pu se poursuivre pendant tout le IVe s.

13 DUFRAIGNE Jean-Jacques

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 228

Fig. n°1 : Implantation des sondages et des vestiges

Auteur(s) : Fabry, Bruno ; Barbier, Sylvain. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Vue générale des vestiges dans le sondage 1, vue de l’est

Auteur(s) : Dufraigne, Jean-Jacques. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 229

AUTEURS

JEAN-JACQUES DUFRAIGNE INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 230

Aix-en-Provence – ZAC Sextius- Mirabeau, secteur Pompidou

Audrey Copetti, Céline Huguet, Thomas Navarro et Nicolas Portalier

Identifiant de l'opération archéologique : 7775

Date de l'opération : 2007 (SP) Inventeur(s) : Copetti Audrey (COL) ; Huguet Céline (COL) ; Navarro Thomas (COL) ; Portalier Nicolas (COL)

1 Dernières opérations du programme d’aménagement de la ZAC Sextius-Mirabeau, la création de la future voie Georges-Pompidou et la construction de deux immeubles ont donné lieu à un diagnostic conduit en 2005 par Robert Thernot de l’INRAP (BSR PACA, 2005 : 109-110), et à une fouille préventive qui a été réalisée en deux tranches : la première a été dirigée par Thomas Navarro du 20 novembre 2006 au 3 mars 2007 ; la seconde en 2007 par Nicolas Portalier du 22 octobre au 21 décembre.

2 Les parcelles concernées se trouvent dans la partie sud-ouest de la ville antique, au sud du decumanus maximus et à proximité immédiate du tracé méridional de l’enceinte antique.

3 L’opération 2 a fourni des informations sur la fortification antique et l’urbanisation du secteur. L’occupation se caractérise par un site d’extraction d’argile, la mise en place d’un parcellaire conforme à la trame urbaine et l’aménagement de terrasses. Pour les données géomorphologiques, voir supra le texte d’introduction sur l’activité archéologique à Aix-en-Provence.

La courtine sud de la fortification antique

4 La découverte, en rive nord de la rue Irma-Moreau, d’une portion de la courtine méridionale du rempart antique met un terme définitif aux dernières objections qui persistaient encore sur l’existence de la fortification. Reconnu sur 41 m et en grande partie épierré, le rempart se présente sous la forme d’un massif de fondation de 2,30 m

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 231

de large, composé d’un blocage de moellons calcaires et d’un mortier sableux rose reposant sur un lit de chaux et un hérisson de blocs calcaires. Outre la courtine, la fouille a révélé l’amorce d’une tour qui est la première reconnue à ce jour. Mesurant 5 m de diamètre, cette tour est intégrée à la courtine et son type pédonculé lui donne un aspect d’autant plus particulier que les murs de l’enceinte qui l’enserrent ne sont pas dans le même axe (Fig. n°1 : Vue depuis le sud de la tranchée d’épierrement de la courtine et de la tour). La tour se trouve en effet à un point d’inflexion de la courtine qui suit une orientation de 22° vers le sud-ouest, à l’ouest, et de 10° vers le sud-est, à l’est.

5 Ces données fournissent une information majeure sur le tracé méridional de la courtine, qu’il faut désormais restituer dans l’axe de la rive nord de la rue Irma- Moreau, soit un peu plus au sud qu’on ne l’imaginait.

6 S’il se maintient plus à l’ouest encore, comme on peut s’y attendre, ce nouveau tracé intègrerait intra-muros le cellier mis au jour en 1986 au numéro 16 du boulevard de la République (Nibodeau, Nin, Richarté, 1989 ; Guyon et al., 1998 ; Nin, 2006), dont l’orientation est en parfaite cohérence avec celle de la courtine.

7 Cette hypothèse donnerait du coup un terminusante quem à la construction du rempart, à savoir l’époque augustéenne, date à laquelle le cellier a été construit.

La genèse de l’occupation des terrains

8 Les vestiges les plus anciens mis au jour sur le site témoignent d’une activité artisanale liée à la fabrication de céramique, qui semble s’être cantonnée dans la partie nord-est des terrains (Fig. n°2 : Plan des vestiges mis au jour sur le site de la future voie Georges- Pompidou). S’y rapportent trois grandes fosses d’extraction d’argile, réutilisées par la suite comme dépotoirs et qui ont livré un important lot de surcuits et de rebuts de cuisson. Fabriqués dans une pâte calcaire, ces objets illustrent un large répertoire : amphores, vaisselle et terre cuite architecturale (tuiles, antéfixes, etc.).

9 Daté entre les dernières décennies du Ier s. av. J.‑C. et le changement d’ère, le matériel céramique exhumé est identique à celui qui a été découvert aux 38-42 boulevard de la République (Nin, Pasqualini, Pesty, 2003), ce qui laisse penser que les deux collections sont issues d’une même entité artisanale, qu’il reste toutefois à découvrir.

10 Sous les règnes de Tibère et de Claude, l’espace se structure en deux parcelles par la construction des murs 2 et 35, montés en petit appareil (Fig. n°3 : Vue du mur 2). Reconnu sur 46 m de long, le mur 2 qui suit la même orientation que la partie ouest de la courtine devait délimiter une lice intérieure de faible largeur (2 m environ). Le mur 35, qui lui est perpendiculaire, s’inscrit dans la trame imposée par le decumanus maximus.

11 À l’ouest de ces deux murs semblent s’être déployés des espaces ouverts, à vocation probablement agricole (présence de drains). À l’est en revanche, l’aménagement d’une terrasse, au nord, a permis la construction de bâtiments formant une trame orthonormée dense. Il s’agit sans doute de vestiges appartenant à la domus 2 mise au jour au 38-42 boulevard de la République, dont ils devaient constituer l’aile ouest.

12 Cette habitation fut peut-être desservie par le chemin 101 (Fig. n°4 : Vue du nord de la voie en tuiles 101), pavé de fragments de tegulae, qui débouchait, au sud, soit à la hauteur de l’enceinte, sur la lice intérieure, à travers une baie aménagée dans le

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 232

mur 55, qui prolonge, vers l’est, le mur 2. En ce point, cette voie était encadrée par les murs 67 et 70, sur lesquels a été mise en évidence une élévation en bauge 3. Cette technique architecturale se retrouve également sur le mur 55.

13 Entre MR 2 et MR 55, parallèle au rempart et percé d’au moins deux baies, se développait une zone tampon qui permettait d’assurer la transition entre la trame urbaine adoptée au nord et l’orientation de la courtine, qui dévie vers le sud à partir de la tour.

14 Par la suite, cette zone tampon a fait l’objet d’un important remblaiement qui a entraîné le bouchage des ouvertures ménagées dans MR 55 et le recouvrement de la voie. Sur cette terrasse qui s’étendait vers l’ouest jusqu’au mur 09, ont été établies deux constructions (MR 1 et 19 ; MR 88 et 76).

15 Dans le courant du IIe s. apr. J.‑C., une deuxième carrière a été exploitée dans la partie centrale de la parcelle sud. On note ainsi un déplacement de l’activité d’extraction du nord vers le sud.

16 L’image qui se dégage de ce site est celle d’une succession plutôt que d’une juxtaposition des fonctions artisanales puis résidentielles du site. Il est difficile de dater précisément le moment où ce secteur, un peu marginal, a cessé d’être fréquenté et celui où la fortification a été démembrée. Si l’essentiel du mobilier recueilli dans les remblais d’abandon n’excède pas la fin du IIe s., quelques monnaies attestent toutefois une présence sur le site jusque dans la seconde moitié du IVe s. (monnaie de Valentinien I datée de 364-367).

17 COPETTI Audrey, HUGUET Céline, NAVARRO Thomas et PORTALIER Nicolas

18 Responsable de secteur : Audrey Copetti ; Céramologues : Céline Huguet et Mélissa Savanier ; Géomorphologue : Stéphane Bonnet ; Dessinateur-topographe : Marc Panneau ; Archéozoologue : Charlotte Méla ; Techniciens : Ariane Aujaleu, Jeanne Belgodère, Aurélie Bouquet, Marine Buisson, Marie Dumay, Aline Lacombe, Sophie Ledrole, Caroline Lugaro, Jérémie Mathet, François Rizzi, Clément Rouvière et Sabrina Save. Stagiaires : Nicolas Aouizerate, Carine Cenzon, Christopher Courault, Bérengère Guillon, Cécile Nony, Georges Petrelis, Jean Baptiste Queyras, Camille Verdier.

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 233

Fig. n°1 : Vue depuis le sud de la tranchée d’épierrement de la courtine et de la tour

Auteur(s) : Navarro, Thomas. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Plan des vestiges mis au jour sur le site de la future voie Georges-Pompidou

Auteur(s) : Panneau, Marc. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 234

Fig. n°3 : Vue du mur 2

Auteur(s) : Portalier, Nicolas. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°4 : Vue du nord de la voie en tuiles 101

Auteur(s) : Portalier, Nicoles. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

AUDREY COPETTI COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 235

CÉLINE HUGUET COL

THOMAS NAVARRO COL

NICOLAS PORTALIER COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 236

Aix-en-Provence – Collège Mignet

Antoine Ratsimba et Stéphane Bonnet

Identifiant de l'opération archéologique : 8299

Date de l'opération : 2007 (SP) Inventeur(s) : Ratsimba Antoine (COL) ; Bonnet Stéphane (COL)

1 Le projet d’extension du parking souterrain Mignet a entraîné la prescription d’une fouille préventive qui s’est déroulée du 9 avril au 12 juillet (BSR PACA, 2006 : 114). Cette opération fait suite à deux opérations préventives qui ont été réalisées dans l’enceinte du collège Mignet, en 1990 (dir. R. Chemin, AFAN ; NIL PACA,1990 : 68-69) puis en 2001 (dir. C. Richarté, INRAP ; BSR PACA, 2003 : 94-96 ; Richarté, 2005 : 32-36). Ces deux campagnes avaient révélé des vestiges du couvent royal médiéval de Notre-Dame-de- Nazareth, édifié à la fin du XIIIe s. par Charles II, roi de Sicile et comte de Provence, pour accueillir une centaine de religieuses issues de la noblesse provençale : au sud- ouest du site, avait été mise au jour une zone de jardins perforée de fosses dépotoirs (1990) et, au nord, plusieurs bâtiments du couvent (vaste salle de réfectoire ou du chapitre (?), cuisines et puits monumental). Le site avait également livré des traces d’occupations néolithiques, du Bronze final III et antiques.

2 En 2007, la prescription du SRA a privilégié deux axes de recherches : l’évolution du paysage de la Préhistoire à l’époque moderne et l’étude de l’établissement conventuel médiéval des Dominicaines.

Étude géomorphologique

3 Les observations géomorphologiques, malacologiques et paléoenvironnementales ont mis en évidence la persistance d’écoulements au sud de la ville probablement depuis le Pléistocène. Cela se traduit par une succession d’organismes hydrologiques de type et de nature différents. À la base des stratigraphies, une formation alluviale hétérogène interstratifiée témoigne de la présence d’un cours d’eau temporaire qui a connu de nombreuses phases d’arrêt et de réactivation des processus hydrosédimentaires, de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 237

type torrentiel. La carbonatation très importante au sein de ces dépôts, sous forme de poupées carbonatées, suppose une évolution longue, probablement antérieure à l’Holocène.

4 Dans un deuxième temps, s’est (ou a été) constitué un chenal ou fossé, qui a favorisé le drainage des eaux de la ville antique vers le sud. Les dynamiques sédimentaires observées au sein de ce milieu semblent également avoir beaucoup évolué. L’éloignement de ce cours d’eau par rapport à notre site d’étude est à l’origine de la mise en place d’un milieu de plaine d’inondation enrichi en colluvions.

5 À partir du Moyen Âge et durant les Temps Modernes, l’urbanisation du site ainsi que son exhaussement sédimentaire ont engendré un mauvais drainage des sols, qui se traduit par des indices d’hydromorphie très marqués.

Une occupation préhistorique

6 Deux sondages profonds ont révélé la présence d’artefacts lithiques dans les couches inférieures (deux nucléus à éclats, un galet aménagé, un galet, un fragment de galet et un éclat de galet) et les tests de tamisage ont livré un nombre important d’éléments centimétriques ou infracentimétriques en silex ayant subi une combustion très importante (un test sur six litres de sédiments a livré cinquante-cinq silex mesurant entre 5 mm et 20 mm). L’origine de cet impact thermique ne peut être précisée actuellement.

7 Les analyses paléoenvironnementales et les datations en cours devraient préciser la chronologie de cet ensemble. Cette découverte a donné lieu à une seconde campagne de fouille qui a été confiée à Nicolas Rouzeau (SRA DRAC-PACA, voir infra).

Période antique

8 Durant la période antique, le site se trouve extra-muros de la ville romaine, dont il est distant d’environ 350 m. Les indices de fréquentation consistent en quelques fragments de céramique recueillis dans plusieurs strates de remplissage du chenal (ou fossé) cité supra. La présence de ce mobilier place aux Ier s. et IIe s. apr. J.‑C. le fonctionnement de cette structure, dont le creusement n’est pas précisément daté et l’origine anthropique pas avérée.

Période médiévale

9 Limitée à une soixantaine d’années entre 1291 et le troisième quart du XIVe s., l’occupation médiévale s’organise en deux zones : • à l’ouest de la parcelle explorée, une aire de rejet caractérisée par la présence exclusive de fosses dépotoirs ; • au nord-est, un réseau de murs dessinant l’extrémité méridionale d’un bâtiment appartenant au couvent de Notre-Dame-de-Nazareth. Si les travaux de récupération de matériaux de construction, qui ont affecté l’ensemble du couvent juste après son abandon, n’ont épargné aucun niveau d’occupation, la conservation d’un système de gestion des eaux usées a permis de dégager une succession de phases relatives à la construction et aux

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 238

différentes évolutions du couvent des Dominicaines (Fig. n°1 : Plan phasé des vestiges du couvent des dominicaines de Notre-Dame-de-Nazareth).

Phase 1

10 Dans un premier temps ont été construits trois puissants murs de moellons liés au mortier, formant un espace quadrangulaire de 12 m x 8 m, qui accueille, dans sa partie orientale, un caniveau permettant d’évacuer les eaux usées au travers du bâti (Fig. n°2 : Vue depuis le sud de la canalisation 32). Ce premier système hydraulique est composé d’une canalisation maçonnée de 1,40 m de large (CN 32), qui se poursuit par deux drains provisoires se jetant dans une fosse 5 m plus au sud.

Phase 2

11 La deuxième phase est marquée par plusieurs aménagements : l’édification d’un mur de clôture qui ceint, à l’est, l’ensemble conventuel ; la construction de murs qui délimitent un espace non couvert de 130 m2 au sud du bâtiment antérieur (cour) ; enfin, l’aménagement d’un second système hydraulique provisoire, au sud de CN 32, sous forme d’un fossé permettant la récupération des eaux usées et leur circulation vers l’est et vers l’ouest.

Phase 3

12 La troisième phase est caractérisée par la mise en place d’un système hydraulique plus élaboré (Fig. n°3 : Vue de la dérivation en Y des caniveaux 50 et 78. Ce dernier traverse le mur de clôture du couvent). Deux canalisations d’eaux usées (CN 92 et CN 93), symétriques et orientées est-ouest, sont greffées sur la sortie méridionale de CN 32. Elles forment chacune un coude, vers l’ouest pour CN 93 et vers l’est pour CN 92.

Phase 4

13 La quatrième phase, qui correspond à la seconde grande étape de la construction du bâtiment, est marquée par une extension de l’édifice vers l’est, jusqu’au mur de clôture, et l’abandon du premier réseau hydraulique, qui est remplacé par un nouveau système entièrement maçonné, disposé le long du mur d’enceinte. Parallèlement, dans l’espace ouvert au sud du bâti, sont aménagés de petits loculi. Le décalage de l’ensemble du système hydraulique montre un changement radical de l’organisation de cette partie du couvent. Il s’agit donc de grands travaux d’agrandissement.

14 Une fois désaffecté, le couvent s’est rapidement transformé en carrière de matériaux. Le travail méthodique de récupération a ainsi entraîné l’éradication de la majeure partie de ses maçonneries et de ses sols.

15 Concernant le matériel découvert dans les comblements des canalisations et de la zone de rejet, la qualité de la céramique et la part carnée de l’alimentation des nonnes confirment la richesse du couvent royal des Dominicaines de Notre-Dame-de-Nazareth.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 239

Temps Modernes

16 La zone reste en milieu rural jusqu’à la création du quartier Mazarin, en 1646. Plusieurs vestiges modernes ressortissent aux XVIIe s. et XVIIIe s. : niveaux de construction de la nouvelle enceinte de la ville, niveaux de rue et murs de clôture des couvents des Ursulines (1666) et des Bénédictines (1680).

17 RATSIMBA Antoine et BONNET Stéphane

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan phasé des vestiges du couvent des dominicaines de Notre-Dame-de-Nazareth

Auteur(s) : Panneau, Marc. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 240

Fig. n°2 : Vue depuis le sud de la canalisation 32

Auteur(s) : El Amouri, Mourad. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°3 : Vue de la dérivation en Y des caniveaux 50 et 78. Ce dernier traverse le mur de clôture du couvent

Auteur(s) : El Amouri, Mourad. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 241

AUTEURS

ANTOINE RATSIMBA COL

STÉPHANE BONNET COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 242

Aix-en-Provence – Collège Mignet

Nicolas Rouzeau

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 243

Identifiant de l'opération archéologique : 8452

Date de l'opération : 2007 (SU) Inventeur(s) : Rouzeau Nicolas (SRA)

1 Le Service régional de l’archéologie est intervenu sur le site du collège Mignet à la suite d’une fouille préventive portant sur les dépendances d’un couvent (XIIIe s. aux XVIe s.) à l’issue de laquelle l’opérateur a défini des niveaux d’occupation du Pleistocène moyen accompagnés d’outils.

2 La fouille menée durant les mois d’août et septembre (Fig. n°1 : Vue générale du chantier en cour de fouille) a montré l’inadéquation entre la stratigraphie observée, qui se développe sur 3 m, et les niveaux et éléments « Paléolithique » redisposés.

3 Les objets (lithiques), repris dans une couverture colluviale mise place à de nombreuses reprises depuis le Néolithique, se sont déplacés jusqu’aux périodes romaine et médiévale sous des coulées boueuses consécutives à des épisodes de pluies intenses.

4 Le décapage extensif a permis de dégager un double niveau limono-argileux noir, interstratifié de lentilles discontinues de limons sableux carbonatés qui semble s’être mis en place par l’érosion d’horizons humiques de sols suite à un incendie violent qui pose question.

5 Sous cet horizon, des niveaux díalluvions et de colluvions contiennent des éléments classés de silex brûlés (jusqu’à 80 % des unités) sur 1,30 m, arrêt du sondage.

6 Quelques pièces taillées semblent devoir attribuer cet événement à l’Holocène.

7 C’est pourquoi il a été confié à Marie‑Agnès Courty et Nicolas Fédoroff une étude visant à en préciser le contexte archéostratigraphique pour adapter les stratégies de fouille à la réalité des enregistrements dans ce genre de problème récurrent.

8 L’ensemble de la stratigraphie va désormais être analysé en lame mince à haute résolution de manière à établir un référentiel régional à l’usage des archéologues.

9 ROUZEAU Nicolas

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 244

Fig. n°1 : Vue générale du chantier en cour de fouille

Auteur(s) : Hussy, Christian. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

NICOLAS ROUZEAU SRA

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 245

Aix-en-Provence – 8 rue des Bœufs

Claire Auburtin

Identifiant de l'opération archéologique : 8204

Date de l'opération : 2007 (SP) Inventeur(s) : Auburtin Claire (COL) ; Piatscheck Clara (AUT) ; Delaunay Gaëlle (AUT)

1 Le projet de construction d’un immeuble au numéro 8 de la rue des Bœufs a entraîné la prescription d’une fouille préventive du 11 juin au 16 août. Cette intervention fait suite au diagnostic réalisé en 2006 par Véronique Rinalducci (INRAP), qui avait révélé les indices d’une présence humaine à l’époque protohistorique ou préhistorique sous la forme d’un aménagement (mur) et de mobilier (silex et céramique non tournée) et, pour l’Antiquité, des aménagements parcellaires ainsi qu’une zone de dépotoir (IIe s. et IIIe s.) voir BSR PACA, 2006 : 112-113. Les fouilles préventives réalisées par la Mission archéologique municipale en 2007 ont confirmé, d’une part, l’ancienneté de l’occupation du site, qui remonte au Néolithique, avec une occupation chasséenne qui était jusqu’à présent uniquement illustrée à Aix-en-Provence par les sites de la rue Montmajour et du collège Mignet et, de l’autre, sa vocation agricole, de l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge (Fig. n°1 : Coupe stratigraphique nord-sud, secteur 1).

Néolithique - Chasséen méridional (4600 av. J.-C. à 3500 av. J.-C.)

2 Les niveaux d’occupations néolithiques sont caractérisés par deux empierrements anthropiques constitués d’un lit de cailloux compact et puissant. Formant une surface aplanie et horizontale, ils ont vraisemblablement été aménagés pour assainir un terrain hydromorphe. À la surface de ces empierrements ont été recueillis des fragments de céramiques, des outils en silex (lamelles, burins, armatures) et des éclats que leurs modes de production rapprochent du Chasséen méridional (Fig. n°2 : Industrie lithique et céramique). Bien que la fragmentation des pièces céramiques n’ait pas permis une

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 246

étude typologique très poussée, a pu être reconnu un fragment de panse sur lequel est disposée une prise multiforée à dépression à quatre perforations transversales, traditionnellement nommée « anse en flûte de pan ».

3 Aucune autre structure n’a été mise en relation avec ces empierrements dont l’emprise totale excède celle de la zone de fouille. Leur présence suppose cependant la proximité d’un noyau d’habitat (BSR PACA, 2002 : 89).

Âge du Bronze final III

4 Entre cette phase ancienne et l’époque romaine s’intercalent des colluvions au sein desquelles se trouvait un alignement de cinq foyers à pierres chauffées, orienté nord- sud. Ces foyers présentent un plan similaire, subquadrangulaire (longueur comprise entre 1,50 m et 1,90 m, largeur environ 0,80 m) avec des angles arrondis (Fig. n°3 : Vue d’un alignement de fosses à pierres chauffées. Les deux fosses au premier plan conservent encore leur remplissage, la fosse visible à l’arrière-plan a été vidée).

5 Le fond des fosses est recouvert d’une couche de cendres et de charbons de bois et les parois présentent des traces de rubéfaction. Un niveau de galets de couleur noirâtre et très fragmentaires comble systématiquement les fosses.

6 Aucun niveau d’occupation n’a pu être mis en relation avec ces aménagements qui appartiennent vraisemblablement au même ensemble chronoculturel. Ils rappellent les fours analogues découverts en 2005 sur la ZAC Ravanas (fouille préventive de Christophe Voyez, INRAP) qui ont été datés du début de l’âge du Fer (VIIe s. av. J.-C. ; BSR PACA, 2005 : 108-109). Ces structures ont par la suite été recouvertes par d’importantes couches de colluvionnement.

Antiquité (dernier tiers du Ier s. au IIIe s.)

7 Durant l’Antiquité, le site se trouve en périphérie sud-ouest de la ville et sans doute tout près de sa fortification, que l’on restitue traditionnellement à la hauteur de la rue des Bœufs.

8 Malgré la proximité de l’aire urbanisée, ce secteur extra-urbain semble avoir conservé une vocation strictement agricole. Les aménagements qui y ont été reconnus sont similaires à ceux mis au jour en d’autres points de la partie méridionale de l’agglomération antique, à l’occasion des fouilles menées sur la ZAC Sextius-Mirabeau : il s’agit de fosses et de fossés qui participent à un assèchement des terres en vue de leur mise en valeur, entre la fin du Ier s. et le début du IIIe s.

Moyen Âge

9 Au Moyen Âge, le site a conservé sa vocation agricole comme en témoigne la présence de plusieurs fosses et d’un réseau de drains construits, datés des environs de l’an 1 000. Ces derniers devaient être destinés à assainir les terres situées à proximité de l’un des trois noyaux urbains qui constituent Aix à cette époque, à savoir la ville des Tours, que l’on situe plus au nord, à l’emplacement de l’actuel site de la Seds. Il s’agit là des

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 247

premiers indices d’exploitation des sols reconnus extra-muros pour cette période à Aix- en-Provence.

10 Le terrain exploré conserve cette vocation agricole aux Temps Modernes avant que le quartier ne devienne, à partir du XIXe s., le pôle manufacturier d’Aix-en-Provence, en relation avec la gare de marchandise aujourd’hui disparue.

11 AUBURTIN Claire

ANNEXES

Fig. n°1 : Coupe stratigraphique nord-sud, secteur 1

Auteur(s) : Bouquet, Aurélie. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 248

Fig. n°2 : Industrie lithique et céramique

Auteur(s) : Delaunay, Gaëlle ; Piatscheck, Clara. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°3 : Vue d’un alignement de fosses à pierres chauffées. Les deux fosses au premier plan conservent encore leur remplissage, la fosse visible à l’arrière-plan a été vidée

Auteur(s) : Auburtin, Claire. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 249

AUTEURS

CLAIRE AUBURTIN COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 250

Aix-en-Provence, Gardanne, Meyreuil – Le Montaiguet

Claire Auburtin et Sandrine Claude

Identifiant de l'opération archéologique : 8324

Date de l'opération : 2007 (PI) Inventeur(s) : Auburtin Claire (COL) ; Claude Sandrine (COL)

1 À la suite de l’incendie qui a ravagé une partie des collines boisées du Montaiguet, en août 2005, la Mission archéologique d’Aix-en-Provence a sollicité une autorisation de prospection-inventaire en vue de compléter les connaissances sur l’occupation humaine d’un secteur situé au sud-est d’Aix-en-Provence, aux confins des communes de Gardanne et de Meyreuil, et jamais réellement exploré (disparition de 520 ha de couvert végétal au total, respectivement 260 ha sur Aix-en-Provence, 190 ha sur Gardanne et 70 ha sur Meyreuil). En dépit des contraintes imposées par la topographie encaissée et par le manque de lisibilité de certaines zones du massif, l’enquête de terrain a néanmoins confirmé la présence d’une zone de concentration de vestiges déjà évoquée par S. Clastrier en 1909, au lieu-dit Bompart. Il s’agit vraisemblablement d’un petit établissement agricole établi au début du Ier s., sur les hauteurs du Montaiguet, et orienté vers la plaine d’exploitation de Gardanne.

2 Pour le Moyen Âge, les seules informations recueillies sont issues de l’étude d’archives menée à cette occasion ; elles confirment la fréquentation du site et sa mise en valeur viticole dans le courant du XIVe s.

3 Les implantations de la période des Temps Modernes et contemporaine reconnues l’ont été à proximité des seuls bassins de terres cultivables, à Bompart et au Chicalon, qui jouxtent des espaces majoritairement incultes.

4 Sur cette période, l’enquête d’archives a essentiellement porté sur la portion du Montaiguet située dans la commune de Meyreuil. Elle a mis en évidence, pour la période entre le XVIe s. et le XIXe s., une persistance des modes d’occupation des sols et

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 251

des cultures, que se partagent principalement les terres céréalières, la vigne, les bois et les garrigues et, semble-t-il plus tardivement, l’olivier.

5 Cette mise en valeur agricole et/ou pastorale du massif encadrée par la création de bastides semble avoir été lente et être restée confinée à des secteurs arrosés, initialement le bassin de l’Arc.

6 L’exploitation des autres terres, à l’évidence peu rentables et éloignées des principales zones d’habitat, a toujours gardé un caractère non systématique et peu intensif, à l’image des données de terrain recueillies pour le même quartier sur la commune d’Aix- en-Provence.

7 AUBURTIN Claire et CLAUDE Sandrine

AUTEURS

CLAIRE AUBURTIN COL

SANDRINE CLAUDE COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 252

Aix-en-Provence – Entremont

Patrice Arcelin

Identifiant de l'opération archéologique : 8281

Date de l'opération : 2007 (PC) Inventeur(s) : Arcelin Patrice (CNRS)

1 Après le bilan du rapport triennal achevé fin 2006 (BSR PACA, 2006 : 107-108), le PCR de publication vient d’amorcer en 2007 une nouvelle programmation triennale (coordination Patrice Arcelin et Gaëtan Congès). Les travaux de l’année écoulée ont débouché sur un rapport intermédiaire qui rend compte de l’avancement des recherches sur trois aspects du site, ceux de sa structuration architecturale, de sa chronologie relative et de ses mobiliers.

Publication

2 L’axe directeur des travaux des années 2007-2009 est celui de la publication des fouilles postérieures à 1976, moment de l’arrêt des interventions de R. Ambard et de l’amorce des recherches de nouveaux chercheurs (Gaëtan Congès, J. L. Charrière et l’association des Amis d’Entremont).

3 Poursuivant une rédaction déjà amorcée en 2006, Gaëtan Congès a complété la publication des recherches 1984-1990 dans l’habitat 1 (alors réalisées avec M. Willaume). Les secteurs étudiés sont ceux de l’îlot 33 (notices sur les espaces 1, 2 et 5) ainsi que des deux rues proches 19 et 30.

4 Au sein de l’habitat 2 exploré de 1976 à 1999 (Gaëtan Congès, J. L. Charrière, Patrice Arcelin, Jean Jacques Dufraigne, Philippe Chapon), c’est l’îlot 8 et son environnement qui ont fait l’objet des premières publications.

5 La puissance des dépôts de ces quartiers bas du site comme la complexité stratigraphique observée déterminent une publication par tronçons de voie et espaces bâtis.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 253

6 L’ampleur prévisible de la documentation rédactionnelle (avec un catalogue résumé des US, distribuées par phases) comme celles de nature graphique (plans des espaces par phases, de certains aménagements spécifiques, des coupes stratigraphiques et des arborescences phasées) et photographique (des sols avec leurs structures conservées et des particularités architecturales) a entraîné la mise au point lors de cette première année d’un protocole rédactionnel précis et de normes pour l’illustration (formats, échelles). Après avoir réuni l’ensemble de la documentation sur l’îlot 8 et les rues voisines, deux notices ont été intégralement rédigées sur l’espace 7 et la rue 9, préparées au format de la future édition envisagée.

Étude des céramiques

7 Le second volet concerne l’étude d’un aspect des céramiques du site, processus déjà amorcé en 2006 par M. Gillot sur les productions régionales non tournées des fouilles anciennes de l’habitat 2, dans le cadre d’un master universitaire (Dominique Garcia dir.). L’inventaire de cette vaisselle par îlots et espaces a été bien avancé et un premier aperçu sur sa composition comme sur ses singularités techniques est désormais clairement établi.

Dernière phase

8 La dernière partie des travaux de 2007 concerne le mobilier lithique des deux habitats. Il s’agit d’abord d’un rappel des résultats obtenus par J. L. Reille sur l’origine probable des boulets de baliste en basalte, recueillis par R. Ambard (rédigé par Gaëtan Congès). Ensuite un premier bilan technique et typologique concerne les meulesrotatives, provenant également pour l’essentiel des fouilles anciennes. L’inventaire, dirigé par Fr. Boyer et B. Triboulot, est désormais achevé, avec une couverture photographique et des relevés graphiques normalisés.

Le futur

9 La seconde année du PCR portera en 2008 sur cinq thèmes : • la poursuite de l’inventaire et de l’analyse des petits objets (verre, os, corail) (J. P. Guillaumet dir.) ; • la rédaction du chapitre sur la typologie fonctionnelle des meules rotatives (Fr. Boyer et B. Triboulot) ; • l’achèvement du chapitre sur la numismatique (J. Cl. Richard, Patrice Arcelin et Gaëtan Congès) ; • la poursuite et l’achèvement de la publication sur les céramiques non tournées de l’habitat 2 (M. Gillot) ; • enfin la poursuite de l’analyse et de la publication des données architecturales et stratigraphiques des fouilles de 1976 à 1999, avec Gaëtan Congès sur les habitats 1 (secteurs 34 et 39) et 2 (espace 12 de l’îlot 11 ; espaces 1 et 2 de l’îlot 3 ; espace 10 et l’îlot 1), Patrice Arcelin sur l’îlot 8 de l’habitat 2 et la rue 4, et Jean Jacques Dufraigne avec Philippe Chapon sur l’îlot 1 et la rue 4.

10 ARCELIN Patrice

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 254

AUTEURS

PATRICE ARCELIN CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 255

Arles – 40 avenue Édouard-Herriot

Jean-Jacques Dufraigne

Identifiant de l'opération archéologique : 8414

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Dufraigne Jean-Jacques (ASS)

1 Cette intervention sur l’emprise de construction d’une villa se situe à l’ouest de la ville, au sud-est du quartier de Trinquetaille qui s’étend au sud du confluent du Petit Rhône avec le Grand Rhône. La zone à sonder, proche de la rive droite de ce dernier, occupe le centre d’une parcelle limitée au nord par une résidence (Le Saint-Gilles), à l’est par des pavillons, au sud par le boulodrome municipal et à l’ouest par l’avenue Édouard- Herriot.

2 Trois sondages ont été effectués, dans lesquels ont été repérées des couches d’occupation antiques à 1,80 m sous le niveau du sol actuel. La stratigraphie inférieure de deux des sondages est constituée par des alluvions du Rhône qui ont pu se déposer – selon le mobilier céramique – entre la première moitié du IIIe s. et la fin du Ve siècle de notre ère. Celle du troisième sondage comporte une couche de destruction remontant probablement à la fin du IIe siècle de notre ère. Malheureusement, des contraintes techniques n’ont pas permis de déterminer à quel type d’occupation elle appartient.

3 DUFRAIGNE Jean-Jacques

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 256

AUTEURS

JEAN-JACQUES DUFRAIGNE ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 257

Arles – Tour de Roland (théâtre antique)

Vanessa Eggert

Identifiant de l'opération archéologique : 8303

Date de l'opération : 2007 (PT) Inventeur(s) : Eggert Vanessa (ASS) ; Dantec Erwan (ASS)

1 L’étude archéologique des élévations de la tour de Roland, située au théâtre antique d’Arles, a été réalisée dans le cadre de la restauration du secteur sud du théâtre romain (plan Patrimoine antique). Les travaux ont nécessité la pose d’un échafaudage entourant la totalité de la tour de Roland, rendant accessibles toutes les élévations extérieures et intérieures. Avant l’intervention de restauration et de consolidation (microsablage, purge des joints, rejointoiement et bouchage des fissures), il a été jugé opportun de réaliser une étude archéologique de l’édifice, permettant de le documenter dans son état avant intervention. La maîtrise d’œuvre a été assurée par François Botton, architecte en chef des Monuments historiques. Les travaux de maçonnerie étaient confiés à l’entreprise Mariani. L’équipe de relevé et d’étude était formée de deux personnes, salariées par l’association Le Céraphin : Vanessa Eggert et Erwan Dantec.

2 L’étude archéologique du bâti s’est déroulée en trois étapes :

Synthèse des principaux résultats

3 Le relevé de la tour a permis d’étudier le seul vestige des trois niveaux d’élévation de la façade extérieure du théâtre romain et de documenter l’occupation du théâtre après l’Antiquité.

4 Des vestiges de l’élévation antique du théâtre sont conservés sur les quatre faces de la tour, principalement sur la face sud (Fig. n°2 : Vue de la face sud de la tour de Roland) – qui correspond à une travée de la façade extérieure – et sur la face ouest – qui

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 258

correspond à la limite entre la cavea et la basilica sud. Le relevé et les observations à partir de l’échafaudage ont permis de s’intéresser aux décors, principalement les frises doriques séparant les trois niveaux de la façade sud ; ils ont été réalisés après le montage des blocs de pierre et ne prennent pas systématiquement en compte les hauteurs d’assises ; la qualité et les dimensions des éléments sculptés diminuent avec la hauteur. Le relevé a également été l’occasion de repérer des différences dans les techniques de construction sur la façade sud, qui dévoilent l’organisation du chantier avec des équipes distinctes travaillant sur différents secteurs du monument.

5 À la fin de l’Antiquité, la partie sud du théâtre a été intégrée dans la nouvelle enceinte réduite bâtie au Ve s., entraînant le bouchage des arcs de la façade sud. Lors de la construction de la tour dite de Roland, la partie sud du théâtre romain devait être en état de ruine partielle car les élévations médiévales s’appuient à l’est et au nord sur des élévations romaines conservées qu’au rez-de-chaussée.

6 Les élévations médiévales, datables des XIIe s. et XIIIe s. sont bâties en moellons équarris avec des chaînes d’angles en pierre de taille, et étaient percées de plusieurs petites baies barlongues couvertes de linteaux et d’une baie couverte d’un arc en plein cintre taillé dans un linteau. Les ouvertures permettent de restituer trois niveaux au-dessus des arcades antiques en rez-de-chaussée. La fonction de la tour n’a pas encore été déterminée.

7 À la fin du Moyen Âge et des Temps Modernes, la tour connaît quelques remaniements, principalement des bouchages d’ouvertures accompagnés de percements de nouvelles baies. Les élévations antiques sont consolidées et restaurées dans les diverses campagnes de travaux qui ont concerné le théâtre pendant les XIXe s. et XXe s.

8 EGGERT Vanessa

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 259

Fig. n°1 : Relevé de la face nord de la tour de Roland

Auteur(s) : Eggert, Vanessa ; Dantec, Erwan. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Vue de la face sud de la tour de Roland

Auteur(s) : Eggert, Vanessa. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 260

AUTEURS

VANESSA EGGERT ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 261

Arles – Enclos Saint-Césaire

Marc Heijmans et Alain Genot

Identifiant de l'opération archéologique : 8431

Date de l'opération : 2006 - 2007 (PC) Inventeur(s) : Heijmans Marc (CNRS) ; Genot Alain (MUS)

1 Découverte en 2003 (BSR PACA, 2003 : 107-109), puis fouillée très partiellement en 2004 (BSR PACA, 2004 : 139-141), l’église paléochrétienne de l’enclos Saint-Césaire fait depuis 2006 l’objet d’une étude globale, prenant en compte non seulement l’édifice religieux lui-même, mais également l’évolution de ce secteur jusqu’à la Révolution, et en particulier les vestiges du couvent médiéval (BSR PACA, 2006 : 118-119). Afin de coordonner ces études archéologiques et historiques, un projet collectif de recherche a été créé en 2006, confié à Marc Heijmans et qui réunit archéologues et historiens, antiquisants et médiévistes, avec la participation notamment du service archéologique du musée départemental Arles Antique.

2 La campagne de fouille 2007 marque la deuxième année du triennal ; elle a concerné une surface totale de 165 m2 répartis sur plusieurs sondages (Fig. n°1 : Plan du site, avec implantation des sondages réalisés en 2006 et 2007).

3 Les sondages S1 et S4 ont été réalisés dans la partie occidentale du site, où la fouille de 2007 a mis au jour une construction carrée de grandes dimensions. Sur la base d’une étude au radar du sous-sol, on avait soupçonné la présence d’un pilier comparable plus à l’ouest. La fouille de cette partie (S4) a en fait retrouvé, au lieu d’un autre pilier, deux niveaux de sol de béton superposés, ainsi qu’un stylobate, sur lequel on aperçoit l’empreinte circulaire de la base d’une colonne (Fig. n°2 : Stylobate avec l’empreinte circulaire de la base d’une colonne).

4 Au nord (S1), au-delà du sol de tuileau déjà observé en 2006, on trouve un autre sol en béton de tuileau qui montre, dans l’axe de l’église, un aménagement arrondi, partiellement reconnu, que l’on peut probablement rapprocher des certaines installations liturgiques connues sous le nom de « ambon » (Fig. n°3 : Aménagement arrondi : « ambon » ?).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 262

5 Le sondage S3 concerne l’agrandissement d’un sondage entamé l’année dernière. Il a montré, sous le mur est, le retour de la barrière de chancel, qui se trouve dans la chapelle moderne (S2), dont l’exploitation n’a pas été poursuivie cette année. Directement devant ce retour, se trouve un autre sol en béton de tuileau, situé à un niveau intermédiaire entre celui du sondage S1 et le sol en marbre de S2. Un autre mur, fait de blocs de remploi posé sur un sol de béton appartenant à un édifice antérieur, limite cet espace au sud.

6 Directement à l’est de la chapelle moderne, un sondage technique (S5) a été ouvert au pied du mur oriental de cet espace, qui avait d’abord pour but d’étudier les fondations de ce mur. De surface limitée, ce sondage a toutefois permis de fouiller le lit de pose des dalles de marbre du presbyterium, déjà entrevu en 2003. D’autre part, le mur est de la chapelle n’est pas directement fondé sur ce niveau, mais s’arrête un peu au-dessus.

7 Ce sondage a été l’occasion de retrouver le mur nord-sud, sur lequel s’appuie l’abside dans un second temps, et qui est peut-être le début du transept.

8 Enfin, deux interventions ont concerné le bâtiment sud du couvent, où aucune exploration archéologique n’avait été prévue à l’origine.

9 D’abord, nous avons poursuivi un sondage technique, réalisé il y a dix ans par une entreprise chargée d’étudier les fondations des murs du couvent (sondage S6A). Or, sans le savoir, les ouvriers avaient alors perforé une dalle de béton de tuileau, soutenue par des pilettes en pierres monolithes, et limitée au nord par un mur en petit appareil. La fouille a permis de relever ces vestiges et de fouiller le sol sur lequel les pilettes étaient posées.

10 La deuxième intervention avait pour but de suivre le plus loin possible le mur du transept vers le sud, afin de pouvoir estimer la largeur de l’édifice (sondage S6B). Cette entreprise a été en partie vaine car, bien que nous ayons suivi le mur sur encore 7,50 m, le retour ne s’amorce pas. On note, en revanche à l’extrémité sud, la présence d’un seuil. Contre le parement ouest de ce mur vient s’appuyer un sol en béton de tuileau.

11 Les résultats de cette longue campagne sont nombreux et importants.

12 Le plan a pu être complété, notamment par la mise en évidence d’une série d’espaces aux sols bétonnés qui précèdent le sanctuaire vers lequel on accédait par des paliers successifs.

13 L’interprétation de la structure arrondie comme « ambon » paraît la plus probable, mais seule la poursuite de la fouille pourra dire comment cet élément s’articule avec le reste de l’église.

14 La découverte du stylobate permet de compléter nos connaissances sur les bas-côtés, mais la restitution demeure incertaine. En tout cas, les investigations dans la partie sud montrent l’étendue de l’église, dont la largeur peut être estimée, par symétrie, à au moins 53 m. Il faut enfin signaler la présence d’une salle chauffée, dont on ne peut que regretter qu’il n’ait pas été possible d’en poursuivre l’étude.

15 Enfin, quelques données sur l’occupation antérieure à la construction de l’église ont pu être recueillies ; on note la présence d’un mur en pierres sèches, posé directement sur le rocher, qui a été atteint pour la première fois dans ce quartier. D’autre part, le sol en béton blanc, aperçu l’année dernière, a été retrouvé plus à l’ouest, dans le sondage S4, peut-être avec un mur au milieu ; dans le sondage S3, le sol en béton de tuileau du premier état, peut-être un bâtiment public du Ier s., a été suivi sur toute la surface du

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 263

sondage ; enfin, dans le sondage 1, on a observé sur une superficie très réduite, un niveau damé, peut-être une rue ou une cour.

16 Quant à la datation de l’église, on dispose toujours de très peu de données pour un premier état du IVe s., d’autant plus que les sondages profonds ont été réduits. Le sol en béton de tuileau qui s’appuie contre le mur de transept remonte peut-être à cette période. En revanche, l’importance de la période césairienne (première moitié du VIe s.) a été confirmée ; c’est la datation de la construction de la salle chauffée dans le sondage 6A, mais également pour le sol de béton du sondage S3. Les autres sols, dont celui autour de « l’ambon », n’ont pas été datés, mais ils doivent être contemporains.

17 L’essentiel de l’édifice, tel que nous pouvons l’entrevoir actuellement, remonte donc à l’époque de Césaire, ce qui n’est pas sans poser d’autres problèmes historiques et topographique. La question se pose en effet de savoir si cette église est encore la cathédrale au VIe s., contrairement à ce qu’on pense d’habitude. D’autre part, étant donné les dimensions de l’édifice, il reste peu de place pour le monastère que l’évêque a fondé dans ce secteur de la ville et que l’on situe traditionnellement près de la tour des Mourgues, où se trouve une autre chapelle paléochrétienne.

18 HEIJMANS Marc et GENOT Alain

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 264

Fig. n°1 : Plan du site, avec implantation des sondages réalisés en 2006 et 2007

Auteur(s) : Heijmans, Marc. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Stylobate avec l’empreinte circulaire de la base d’une colonne

Auteur(s) : Heijmans, Marc. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 265

Fig. n°3 : Aménagement arrondi : « ambon » ?

Auteur(s) : Heijmans, Marc. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

MARC HEIJMANS CNRS

ALAIN GENOT MUS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 266

Cabriès – Chamfleury à Calas

Valérie Diez et David Thomason

Identifiant de l'opération archéologique : 8115

Date de l'opération : 2007 (SP) Inventeur(s) : Diez Valérie (ASS) ; Thomason David (SUP)

1 Dans le cadre d’un projet de construction d’un lotissement et suite au diagnostic effectué en 2006 (BSR PACA, 2006 : 121-122), des fouilles ont été réalisées sur le site du quartier Champfleury, situé en limite du village de Calas (commune de Cabriès), à environ 20 km au sud d’Aix-en-Provence. L’emprise de la fouille, qui a eu lieu entre août et novembre 2007, représentait une superficie de 5 ha et était localisée à environ 150 m au nord-ouest d’une villa antique repérée en prospection aérienne mais non fouillée à ce jour.

2 Un ensemble de vestiges, essentiellement attachés aux époques préhistorique récente et gallo-romaine, a été découvert.

3 L’excavation a mis en évidence un paléochenal à son extrémité sud-est et, le long du côté ouest, des systèmes de fossés superposés que l’on fait remonter aux Néolithique Final – âge du Bronze I. Aucune trace d’habitat auquel ce système parcellaire fragmenté pourrait être rattaché n’a pu être mise en évidence.

4 Durant la fouille, nombre de traces agraires sont apparues, dont plusieurs champs de vignes, peut-être contemporains de la villa et faisant partie de son territoire agricole. D’autres vestiges agraires plus éphémères sont à noter, sans lien direct avec le complexe de la villa.

5 Un des fossés gallo-romains, qui semble marquer une limite de champ, a livré une pierre votive avec une inscription de dédicace ainsi que plusieurs fragments d’autel miniature. Cette découverte suggère la présence d’un sanctuaire ou d’un temple, probablement associé à la villa, à proximité du site.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 267

6 Des drains d’époque plus récente (Temps Modernes et époque contemporaines) ont également été mis au jour, démontrant une utilisation agricole continue du site, probablement à partir du Néolithique final.

7 DIEZ Valérie et THOMASON David

AUTEURS

VALÉRIE DIEZ ASS

DAVID THOMASON SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 268

La Ciotat – Chapelle Sainte-Anne

Émilie Léal

Identifiant de l'opération archéologique : 8369

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Léal Émilie (INRAP)

1 Cette opération de diagnostic s’inscrit dans le projet de restauration de la chapelle Sainte-Anne. Les sondages ont été réalisés à l’emplacement du drain qui doit être mis en place le long du mur gouttereau nord, côté place Kranj.

2 Le site est localisé dans le centre ancien, à proximité immédiate de l’ancienne porte de Cassis construite au XVIe s.

Antiquité tardive

3 Cette courte campagne de reconnaissance a permis de mettre clairement en évidence la présence de niveaux d’occupation des Ve s.-VIe s. et de confirmer l’extension de la ville de l’Antiquité tardive sur ce site.

4 Ces niveaux se présentent sous la forme de remblais riches en mobilier céramique, associés à de puissantes constructions dont la fonction reste inconnue. L’épaisseur stratigraphique de cette période, qui se développe directement au-dessus du substrat gréseux, est de l’ordre de 1 m.

Temps Modernes

5 La séquence des sondages 1 et 2 témoigne d’une importante lacune stratigraphique entre l’Antiquité tardive et l’extrême fin du Moyen Âge où ces terrains, libres de pression immobilière, sont dévolus à des espaces de jardins jusqu’en 1630, date à laquelle intervient la construction de la chapelle Sainte-Anne et de ses bâtiments annexes matérialisés par les murs MR1 en sondage 1 et MR16 en sondage 2.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 269

6 LEAL Émilie

AUTEURS

ÉMILIE LÉAL INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 270

Fos-sur-Mer – L’Estagnon

Frédéric Marty

Identifiant de l'opération archéologique : 8399

Date de l'opération : 2007 (SU) Inventeur(s) : Marty Frédéric (COL)

1 Sur la parcelle diagnostiquée en 2006 par Brigitte De Luca (BSR PACA, 2006 : 123 124), des travaux de construction d’un immeuble ont détruit une grande partie des niveaux antiques.

2 Une fouille de sauvetage urgent, menée en douze jours, a permis d’explorer une excavation de 1 110 m2 (partiellement sondée dans son tiers occidental) et de mettre en évidence une bonification antique liée à la cité portuaire.

3 L’étude géomorphologique qui a été entamée par Claude Vella révèle, avant les aménagements d’époque romaine, l’existence d’un marais plus ou moins colmaté naturellement qui fait suite à des dépôts marins littoraux ou lagunomarins stériles en mobilier archéologique.

4 Dans les années 1960-1980, environ, se met en place un programme de bonification destiné à gagner du terrain sur la zone palustre et à l’assainir pour créer des espaces de circulation et d’activité.

5 Les vestiges rencontrés consistent en caissons de bois constitués de poutres en sapin calés par des pieux en sapin (deux pieux sont marqués), formant des quadrilatères d’environ 7 m à 8 m de côté, alignés selon un plan prédéfini et séparés par des canaux (largeur : 1 m).

6 À l’intérieur de ces caissons, deux techniques de remplissage ont été mises en évidence.

7 Un autre agencement d’amphores complètes a également été entrevu de manière très partielle : trois amphores Dressel 20 vides (sans sédiment à l’intérieur), jointives, couchées dans la même direction. Parmi la soixantaine retrouvées groupées dans un caisson, une dizaine porte des tituli picti et nombreuses sont celles qui contiennent

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 271

encore des restes de contenu primaire ou secondaire (pépins de raisin, noyaux d’olives et de prunes, pignon de pin, poissons, etc.).

8 L’étude pluridisciplinaire actuellement en cours montre l’importance du site pour divers domaines de la recherche : paléogéographie littorale, niveau marin, techniques antiques, dendrochronologie, commerce du bois, commerce amphorique, ichtyologie et botanique, etc.

9 MARTY Frédéric

ANNEXES

Fig. n°1 : Angle de caisson en bois et blocage de pierres interne

Auteur(s) : Marty, frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 272

Fig. n°2 : Amphores disposées à l’intérieur d’un caisson drainant

Auteur(s) : Marty, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

FRÉDÉRIC MARTY COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 273

Istres – Sivier

Frédéric Marty et Robin Furestier

Identifiant de l'opération archéologique : 8270

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Marty Frédéric (COL) ; Furestier Robin (UNIV)

1 Suite aux sondages effectués en 2006, deux zones de fouille ont été ouvertes à l’emplacement des sondages 2006-1 (zone 1 : 100 m2) et 2006-4 (zone 2 : 125 m2) afin de mieux caractériser les niveaux néolithiques et de vérifier l’existence d’une nécropole gallo-romaine (BSR PACA, 2006 : 125-126).

Zone 1

2 La fouille a confirmé l’existence de niveaux appartenant probablement au Néolithique moyen, ce que corrobore une première datation radiocarbone réalisée sur des ossements de l’US 2010 (sondage 2006-2). Nous obtenons la date de 5345 BP ± 35 BP (Ly 3975), soit un âge calibré de 4321av. J.-C. à 4045 av. J.-C. pour le niveau le plus ancien. À cette occupation sont associés un trou de poteau carbonisé et probablement une structure en pierre (bloc posé de chant) liée à un empierrement homogène. Les deux murs formant un angle droit découverts l’année dernière ne fonctionnent visiblement pas ensemble. Le premier n’est pas encore clairement rattaché à un contexte, tandis que le second s’avère être un mur de terrasse du Haut-Empire. Un deuxième mur parallèle, situé en amont, correspond au prolongement d’un mur de terrasse détruit durant l’Antiquité tardive, entrevu dans le sondage 2006-2. Ces réoccupations et réaménagements du terrain ont parfois bouleversé les niveaux plus anciens rendant plus complexe leur lecture. Malgré ces perturbations, un niveau marquant le pendage initial du site a été localisé sur la majorité de la fenêtre ouverte dans cette zone.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 274

3 Le mobilier – essentiellement céramique et lithique – permet d’attribuer ce niveau à un horizon néolithique moyen chasséen. Une moindre perturbation au nord de la zone fouillée permet d’entrevoir une bonne conservation de l’habitat.

Zone 2

4 Des structures en pierre d’âge néolithique (moyen ou final ?) ont été mises en évidence (Fig. n°1 : Vue générale des structures en pierre néolithiques de la zone 2). Elles dessinent deux alignements parallèles (distants de 1,85 m) de lauzes et de dalles initialement orthostates ainsi qu’un troisième alignement, perpendiculaire et joint au premier, constitué de dalles et de blocs partiellement superposés.

5 Un quatrième alignement parallèle à ce dernier est également visible dans un sondage situé à 3,70 m. La nature et la fonction de cet aménagement restent à préciser bien qu’une fonction domestique soit probable.

La tombe à incinération

6 En ce qui concerne la nécropole du dernier quart du Ier s. av. J.-C., dont on devinait l’existence grâce à la découverte d’une tombe à incinération secondaire, deux structures viennent compléter son organisation. La première est une fosse charbonneuse et la seconde une fosse bûcher. Cette dernière (1,69 m x 0,65 m ; prof. : 0,72 m) contenait les restes osseux très fragmentés d’un individu de taille adulte (424,9 g) dont la plus grande partie a été prélevée, probablement pour être enfouie ailleurs. Du bûcher, constitué en grande partie de pin, d’olivier et, plus modestement, de chêne à feuilles persistantes, restaient deux planches carbonisées horizontales, jointives. Posée dessus, une urne complète CNT-ALP 1a3 (Fig. n°2 : Urne CNT-ALP 1a3 de la fosse bûcher), fragmentée lors de la crémation, contenait encore quelques restes de coquilles de moules brûlées. Quelques fragments de pulpe et d’amandes de fruits indéterminables constituent également de probables offrandes alimentaires. Le mobilier métallique est composé d’un fragment de fibule en bronze partiellement fondu, huit clous robustes en fer, treize clavettes et vingt fragments de clavettes ainsi que vingt-quatre fragments de fer informes.

7 MARTY Frédéric et FURESTIER Robin

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 275

Fig. n°1 : Vue générale des structures en pierre néolithiques de la zone 2

Auteur(s) : Marty, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Urne CNT-ALP 1a3 de la fosse bûcher

Auteur(s) : Marty, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 276

AUTEURS

FRÉDÉRIC MARTY COL

ROBIN FURESTIER UNIV

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 277

Istres – Le Castellan

Ian Armit, Tim Horsley et Frédéric Marty

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 278

Identifiant de l'opération archéologique : 8341

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Armit Ian (SUP) ; Horsley Tim (SUP) ; Marty Frédéric (COL)

1 Une campagne de prospection géophysique a été conduite sur l’habitat gaulois du Castellan à Istres 1 afin de déterminer la validité des méthodes mises en œuvre pour les habitats groupés de l’âge du Fer, dans la région (Fig. n°1 : Plan du site du Castellan avec localisation de la campagne de prospection géophysique).

2 La prospection électrique a révélé plusieurs anomalies de résistivité positives dont la plupart sont orientées parallèlement ou perpendiculairement aux autres.

3 Celles-ci correspondent au type de réponse que l’on attend de la part de murs en pierre et de fondations enfouis. Cette interprétation est avérée sur la marge occidentale du site, où les murs qui affleurent sont alignés sur les anomalies. Ces données suggèrent l’existence d’une trame urbaine composée d’espaces bâtis et d’espaces viaires sur la colline. Un bâtiment particulièrement important a été identifié au centre du secteur d’étude, grâce à la présence d’une anomalie de résistivité élevée, de forme rectiligne et très distincte. Cette anomalie correspond, très probablement, aux vestiges d’une structure en pierre comportant trois pièces. L’incertitude demeure quant aux raisons liées à cette différence de détection. L’intensité du signal indique, peut-être, que la structure se trouve plus près de la surface du sol actuel que les autres. À moins qu’il ne s’agisse d’une construction plus imposante.

4 La prospection magnétique a été entravée par des difficultés techniques. Par conséquent, seulement un très petit secteur a pu être couvert par cette méthode. En revanche, les résultats démontrent les potentialités offertes pour des recherches de plus grande envergure.

5 ARMIT Ian, HORSLEY Tim et MARTY Frédéric

6 v

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 279

Fig. n°1 : Plan du site du Castellan avec localisation de la campagne de prospection géophysique

Auteur(s) : Armit, Ian. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

IAN ARMIT SUP

TIM HORSLEY SUP

FRÉDÉRIC MARTY COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 280

Jouques – Grotte du Mourre de la Barque

Samuel Van Wiilligen

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 281

Identifiant de l'opération archéologique : 7838

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Van Wiilligen Samuel (AUT)

1 (l’ensemble de l’article doit impérativement figurer AVANT la table des illustrations)

2 Le travail de démontage de la stratigraphie de la grotte s’est poursuivi en 2007 avec la fouille de niveaux attribuables au Néolithique moyen et ancien.

3 Peu riches en mobilier, les niveaux du Néolithique moyen ont cependant livré quelques éléments caractéristiques du Chasséen. Un niveau intercalé entre le Chasséen et le Néolithique ancien a livré quelques éléments d’un petit vase sphérique à anse large et décoré d’une frise de triangles hachurés réalisés dans la technique du sillon d’impression (Fig. n°1 : Vase sphérique à anse large et décoré d’une frise).

4 Un mobilier relativement abondant attribuable au Cardial ainsi qu’une grande quantité de faune ont été découverts dans les niveaux sous-jacents. Leur étude permettra de mieux caractériser l’occupation du site au Néolithique ancien. La fouille des derniers niveaux du Néolithique ancien dans le secteur situé sous l’entrée actuelle, prévue pour 2008, devrait permettre de terminer le démontage de la stratigraphie interne.

5 Parallèlement, les travaux commencés en 2005 à l’extérieur de la grotte, en contrebas de l’entrée actuelle, ont mis en évidence une série d’occupations attribuables au Néolithique final et au Néolithique moyen. Certains indices – dont la découverte des fragments d’un même vase à l’intérieur de la grotte et dans la galerie basse mise au jour en 2006 – nous permettent d’envisager que cette même galerie basse communiquait avec l’intérieur de la grotte encore au Néolithique moyen.

6 VAN WILLIGEN Samuel

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 282

Fig. n°1 : Vase sphérique à anse large et décoré d’une frise

Auteur(s) : Van Willigen, Samuel. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

SAMUEL VAN WIILLIGEN AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 283

Lançon-Provence – Oppidum de Constantine

Florence Verdin

Identifiant de l'opération archéologique : 7489

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Verdin Florence (CNRS)

1 La campagne 2007 sur l’oppidum de Constantine marque la fin d’une programmation triannuelle (BSR PACA, 2006, 129-130) qui avait commencé par le décapage du secteur situé au sud du sanctuaire, autour de la fondation d’une nouvelle construction en grand appareil. La fouille du sanctuaire est achevée depuis 2003, mais les relevés de l’architecture se sont poursuivis sous la direction de V. Dumas (CNRS-CCJ), avec la collaboration de P. Groscaux (CNRS-CCJ) et de A. Badie (CNRS-IRAA). À l’occasion d’un nouveau nettoyage du parement extérieur en grand appareil, un torse de statue masculine a été découvert dans une cavité laissée par l’arrachement de l’angle d’un bloc. Les recherches dans le quartier sud ont permis de mettre en évidence plusieurs phases d’occupation à l’intérieur des deux grandes périodes principales, la période gauloise ou antique et la période tardo-antique, grâce à une stratigraphie bien conservée.

2 La ténuité des vestiges de la phase 1A (première moitié du IIe s. av. J.–C.) n’autorise aucune interprétation quant à la fonction des espaces. Pour les deux phases suivantes (2B et 2C), les monuments en grand appareil témoignent d’un développement urbain qui, dans l’état actuel de nos connaissances, ne connaît aucun équivalent sur les autres établissements de hauteur. Le seul parallèle reste, toutes proportions gardées, Glanum. Il importe par conséquent de poursuivre le dégagement des structures pour en préciser le plan et la fonction. La phase 1B n’est pas datée alors qu’elle semble correspondre à la construction du sanctuaire. L’une des priorités de la campagne 2008 sera donc de fouiller les niveaux de cette phase. Si la phase 1C est aujourd’hui datée avec précision de 40-20 av. J.‑C., la difficulté réside dans la datation de l’angle de construction en grand appareil dit « monument 4 ». Si l’organisation du plan invite à y voir le

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 284

soubassement d’un péristyle situé au coeur d’un grand bâtiment de 700 m2 (monument public ou domus ?), l’absence de relation stratigraphique avec les ailes nord et ouest rend l’interprétation hypothétique.

3 La réoccupation du site à partir de la fin du Ve s. fait suite au démantèlement complet des monuments antérieurs. Les modalités de la reconstruction du quartier (phase 2A) ont pu être étudiées précisément et montrent la planification extrême de ces travaux de grande envergure qui tirent parti de façon pragmatique des vestiges préexistants.

4 La fouille de ce secteur permet de documenter, pour la première fois, l’organisation d’un quartier urbain dans une agglomération de hauteur tardo-antique. Les constructions sont en pierre, mais les plans sont parfois difficiles à restituer en raison d’un grand nombre de réfections qui ne trouvent pas toujours de correspondance dans la stratigraphie. Il semble que les unités d’habitation se composent de deux ou trois pièces ouvrant sur des espaces de circulation ou des cours.

5 L’étude typochronologique des mobiliers a été commencée par C. Moreau et poursuivie par G. Duperron. L’occupation a pu être datée entre la fin du Ve s. et le milieu du VIe s., période qui correspond à la réoccupation de nombreux sites de hauteur.

6 VERDIN Florence

AUTEURS

FLORENCE VERDIN CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 285

Marignane – ZAC des Florides

Jean-Philippe Sargiano et Véronique Rinalducci

Identifiant de l'opération archéologique : 8059

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Sargiano Jean-Philippe (INRAP) ; Rinalducci de Chassey Véronique (INRAP)

1 La première tranche du diagnostic archéologique de la ZAC des Florides a sondé soixante-deux parcelles, totalisant une superficie de 23,7 ha. L’opération a apporté des renseignements sur le patrimoine archéologique de la ville de Marignane : en effet, elle a permis de recenser des occupations relatives aux périodes antique, moderne et contemporaine.

2 Ce diagnostic a permis de recenser un grand nombre de structures, assez uniformément réparties, à l’exception du quart nord-est de la zone assez pauvre en vestiges. Ce sont principalement des fossés, des drains et des fosses (ainsi que quelques trous de poteaux et traces agraires, un foyer et une « sépulture » de caprin).

3 Une douzaine de creusements relate d’une occupation du terrain à des fins agricoles lors de l’Antiquité (de la période républicaine jusqu’au Haut-Empire) et quatre vestiges peuvent remonter à la première partie de la période moderne (XVIe s. ou XVIIe s.).

4 Mais la plupart des structures mises au jour et datées montrent un parcellaire agraire du XVIIIe s. et du XIXe s. Ceci est confirmé par le mobilier céramique trouvé en dehors des ensembles clos. Les vestiges sont répartis sans regroupement particulier sur tout le terrain sondé. Ainsi, d’après les éléments recueillis lors de ce diagnostic, l’exploitation agricole de grande envergure de cette partie de la plaine semble avoir commencé à partir du XVIIIe s. De plus, la comparaison avec le cadastre napoléonien semble montrer une faible évolution du parcellaire depuis le premier quart du XIXe s. : la plupart des faits agraires, se trouvant parallèle aux limites relevées, semble obéir à l’orientation générale napoléonienne.

5 Si l’opération n’a pas permis d’identifier de réseau majeur antérieur aux temps modernes, elle sous-entend néanmoins que l’aménagement agricole de la plaine de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 286

Marignane a été lié à la pression démographique dans les campagnes à partir du XVIIe s. Les défrichements locaux, l’évolution de l’occupation humaine et des techniques de mise en valeur agricole (dont l’apogée se situe au milieu du XIXe s.) façonnent un type d’occupation du sol qui a perduré jusqu’aux années 1950-1960.

6 SARGIANO Jean-Philippe et RINALDUCCI de CHASSEY Véronique

AUTEURS

JEAN-PHILIPPE SARGIANO INRAP

VÉRONIQUE RINALDUCCI INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 287

Marseille – Oppidum du Verduron

Loup Bernard

Identifiant de l'opération archéologique : 7238

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Loup Bernard (SUP)

1 Les campagnes de 2007 ont visé à finaliser la fouille des niveaux archéologiques restants, afin de disposer de données exhaustives sur cet habitat [BSR PACA, 2005 : 125-126 (notamment le plan fig. 60) et 2006 : 137-138]. Deux pièces qui semblaient intactes ont été fouillées et ont permis de comprendre le plan général. D’autres ont fait l’objet de sondages, afin de déterminer si des lambeaux de sols ont pu survivre à une exposition aux intempéries d’un siècle. La ruelle ouest a été fouillée, en une fois, afin d’avoir une vue d’ensemble de l’utilisation de ces espaces dans l’habitat. Parallèlement, nous avons procédé au démontage d’un certain nombre de bermes qui avaient été conservées (surtout des conteneurs en terre crue) : les résultats se sont avérés pauvres en mobilier comme en enseignements.

2 Le paléomagnétisme des foyers a fait l’objet d’études par Ian Armit et Cathy Batt (University of Bradford) ; cette étude permettra de disposer d’une base statistique et pourra permettre par la suite de tester le synchronisme de la destruction des sites de la fin du IIIe s. av. J.‑C. et de disposer à terme de datations absolues sur les sites de cette période.

3 Les deux pièces qui semblaient préservées (Z4 C5 et Z4 C6) ont livré une stratigraphie complexe et se sont révélées décevantes à la fouille. Comme les autres cellules des îlots latéraux, elles sont accolées au rempart, or à cet endroit le rempart présente une faiblesse : un grand bloc (0,80 m x 1,00 m environ) dont le pendage file vers la pente. Le rempart s’est écroulé à cet endroit, peu de temps après sa construction probablement, emportant avec lui les murs et sols de ces pièces. Dans la foulée, les habitants ont construit hâtivement un contrefort à l’extérieur du rempart, puis ont rattrapé le niveau de sol en y déposant ce qu’il restait du mobilier initial probablement des deux cellules. Cette poche de mobilier concorde au niveau typologique avec celui du reste du site, elle

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 288

s’étendait à cheval sur les deux pièces et avait coulé sur le rempart, sans qu’il soit possible de dater précisément ce dernier mouvement taphonomique avant ou après la destruction antique de l’établissement.

4 Le niveau de la pièce la plus au nord a été remonté d’une trentaine de centimètres, ce qui correspond au petit lambeau de sol mis au jour dans l’angle nord-ouest de la pièce. Du sol original, dont seul le seuil a pu être retrouvé, nous n’avons rien en place, pas plus que sur le deuxième niveau. Ce second niveau a été remblayé, d’abord avec les ruines des deux pièces originales, puis par un rajout de « grave antique », cette terre jaune sableuse avec des inclusions de pierres anguleuses qui a servi sur tout le site à drainer les niveaux de fondation.

5 L’érosion récente du site nous a malheureusement privés des informations liées à la fonction de la première pièce après sa reconstruction et n’a livré aucun élément quant à une possible remise en service de la seconde.

6 La fouille de pièces très érodées, dégagées il y a de cela un siècle par Stanislas Clastrier, n’a livré ni structure ni mobilier en place ; en revanche un effet de paroi permet de proposer l’existence d’une pièce supplémentaire au nord-ouest de l’îlot central.

7 Le reste de travaux effectués concernait la fouille des ruelles, qui n’a fourni que peu de mobilier antique, et le démontage de différentes bermes (principalement des conteneurs en terre crue).

8 Ces résultats permettent de compléter le plan du site et de réfléchir à l’organisation spatiale générale de l’habitat. Hors rempart, un certain nombre de tranchées a permis de contredire le sondage de 2000 qui nous avait semblé attester l’existence d’un fossé en amont du site, vers le nord. La manière dont le substrat rocheux « remonte » pour atteindre le niveau de fondation des remparts exclut la présence d’un fossé.

9 LOUP Bernard

AUTEURS

LOUP BERNARD SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 289

Marseille – Boulevard Charles Nédélec, rue Bernard-du-Bois

Ingrid Sénépart, Éric Bertomeu et Colette Castrucci

Identifiant de l'opération archéologique : 7652

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Sénépart Ingrid (COL) ; Bertomeu Éric (INRAP) ; Castrucci Colette (INRAP)

1 La fouille d’archéologie préventive du boulevard Charles-Nédélec - rue Bernard-du-Bois fait suite à une série de diagnostics conduits par l’INRAP à partir de 2002 sur une parcelle de 4 000 m2 environ sise sur la ZAC Saint-Charles (Fig. n°1 : Emplacement des zones A-J et plan de l’îlot), aménagée et coordonnée par l’établissement public Euroméditerranée.

2 La fouille proprement dite concerne la partie basse de la parcelle sondée, soit un îlot de 2 300 m2, encadré par le boulevard Nédélec au nord, la rue Longue-des-Capucins à l’est et la rue Bernard-du-Bois au sud. L’ensemble est loti par l’entreprise Constructa. La partie la plus occidentale de la parcelle a été transformée en réserve archéologique. Les sondages ont en effet montré que les niveaux toutes périodes confondues étaient très profondément enfouis. Les aménagements modernes et les traces agraires grecques ont fait l’objet d’une première notice (voir BSR PACA, 2006 : 141-143). Le texte ci-après complète cette première approche. L’analyse des sols néolithiques étant toujours en cours, on se contentera ici d’une analyse très préliminaire.

Conditions d’intervention

3 Les opérations de fouilles se sont déroulées en deux étapes. La première a concerné le relevé et l’enregistrement complet des structures de la manufacture de soufre et de salpêtre – dont certaines parties en sous-sols étaient bien conservées – et qui s’étendait sur plus de 1 800 m2. Cette étape, rendue nécessaire sur le plan technique pour

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 290

atteindre les niveaux antiques et néolithiques, a été entreprise de septembre à décembre 2006. Les tranchées de fondation et les longrines d’un bâtiment des Télécom construit en lieu et place de la manufacture au cours du XXe s ont été également vidées. Après enlèvement des vestiges de la manufacture, le terrain restant est apparu extrêmement morcelé. Il a été distribué en zones pour la fouille des sols témoins des occupations antiques et modernes [ (Fig. n°1 : Emplacement des zones A-J et plan de l’îlot), de A à J]. La deuxième tranche de fouille s’est déroulée de janvier à mai 2007.

Géomorphologie de la colline Saint-Charles

4 Le sous-sol géologique de la colline est constitué de poudingues associés à des marnes de couleur jaune. L’ensemble appartient aux formations détritiques oligocènes (étage du Stampien) que l’on retrouve également dans la plus grande partie de la ville de Marseille.

5 D’une manière générale, l’altération de la partie sommitale de ce substrat a abouti à la formation d’une altérite qui a alimenté en matériaux grossiers et fins des séquences torrentielles, alluviales et/ou colluviales présentes dans le secteur oriental de la colline Saint-Charles. La disposition, l’orientation (est-ouest) et le faciès de ces dépôts évoquent des épisodes d’écoulements torrentiels déplaçant une charge de fond grossière héritée du démantèlement des poudingues et des grès stampiens. Leur présence souligne l’existence d’un paléotalweg important orienté est-ouest, mis au jour en contrebas de la zone de fouille et sans doute aujourd’hui fossilisé sous l’actuel boulevard Nédélec, et d’un autre actuellement sous le boulevard Bourdet. Ils témoignent d’une morphogenèse et d’un hydrodynamisme importants à une période qui reste indéterminée, en l’absence d’éléments archéologiques. La puissance des sédiments qui surmontent ces formations s’accroît en descendant les pentes de la colline pour atteindre plus de 8 m dans les derniers sondages effectués dans le bas de la colline. Ils résultent d’une série d’occupations anthropiques.

La stratigraphie

6 L’ensemble de la séquence, qui se développe sur plus de 1,50 m dans les zones les mieux conservées de la partie orientale du site, se décompose en trois horizons appartenant successivement au Néolithique moyen, à l’Antiquité et à la période moderne. Le Néolithique moyen est lié à un sol brun foncé d’une puissance de 0,50 m en moyenne. Ce niveau a toutefois tendance à s’épaissir en fonction d’un pendage assez fort vers le sud lié à la présence de l’ancien paléochenal. Du côté nord, les niveaux sont très arasés. L’horizon intermédiaire est à attribuer aux occupations antiques. Elles sont principalement représentées par des traces agraires grecques qui entament directement le substrat. Leur remplissage va du jaune pour les plus récentes à un brun bigarré pour les plus anciennes. Le sommet des couches antiques a été profondément arasé et/ou perturbé par les aménagements modernes et contemporains.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 291

Le Néolithique moyen

7 L’occupation du Néolithique moyen déjà reconnue et fouillée en 2005 sur deux emprises proches du site (DFS 2006 DRAC-PACA) se poursuit sur l’ensemble de la parcelle exploitée. Il s’agit d’un Néolithique moyen final ou d’un Néolithique récent que les études lithiques et céramiques en cours devraient permettre de mieux déterminer.

8 La succession de sols met en évidence une permanence de l’habitat sur une longue période avec, selon les secteurs, une plus ou moins grande densité de mobilier. Ce dernier est composé de céramiques, d’industrie lithique et surtout de coquillages qui continuent à être bien représentés dans ce nouveau secteur de fouilles. On note surtout la présence majoritaire des murex (Trunculariopsis trunculus), des bigorneaux (Monodonta turbinata) et des cérithes (Cerithium) (détermination Nicolas Weydert, Inrap). Cette association rappelle celle déjà rencontrée pour la même période sur le site Bernard-du-Bois. On constate également la présence de fragments de tritons-conques (Charonia variegata) en plus grand nombre que sur le sommet de la colline.

9 La faune est absente alors même qu’elle est bien conservée dans les niveaux antiques. Il ne s’agit donc pas de mauvaises conditions de conservation.

10 Des structures en creux associées aux sols en place ont été reconnues sur l’ensemble de la zone de fouille. On distingue principalement des trous de piquets ou poteaux et des fosses de petites dimensions et peu profondes. Aucune grande fosse comme celle découverte sur la fouille de la rue Bernard-du-Bois - rue Longue des Capucins conduite par Jean-Philippe Sargiano n’a été mise au jour.

11 À priori, ces fosses n’ont pas de fonction de dépotoir. On y trouve fréquemment des fragments de grands vases qui laissent imaginer qu’elles ont pu servir à caler des récipients. La découverte d’un vase entier effondré dans l’une de ces fosses va dans ce sens.

12 Les trous de piquets sont souvent groupés et alignés. Leur disposition pourrait évoquer, au moins dans le secteur B, une palissade plusieurs fois réinstallée au même endroit (Fig. n°2 : alignement (Néolithique moyen) de trous de piquets dans le secteur B). Cette structure est située au niveau de la rupture de pente côté sud. Un second alignement a été reconnu dans le secteur G, en partie basse du secteur de fouille [calages, (Fig. n°3 : Calages dans le secteur G)]. Là encore, cet ensemble de trous de piquets est creusé au niveau de la rupture de pente. Ce même type d’agencement a été reconnu sur le site de Bernard-du-Bois. Enfin, la répartition des trous de piquets et des fosses met en évidence des espaces vides où le matériel est moins présent. La plupart de ces structures en creux appartiennent aux niveaux de base de la séquence.

13 De nombreux ethnofaciès et anomalies sédimentaires ont été reconnus. Une partie pourrait résulter de structures en terre effondrées. À Bernard-du-Bois, les études micromorphologiques ont démontré que des résidus d’architecture de terre étaient présents dans les niveaux archéologiques du Néolithique moyen. Un peu plus bas, la fosse F1021 (rue Bernard-du-Bois - rue Longue-des-Capucins) a été interprétée comme pouvant être une fosse d’extraction d’argile. Un certain nombre d’éléments présents sur la colline Saint-Charles conduisent à penser que la terre a joué un rôle dans l’habitat. Les analyses micromorphologiques des échantillons du site de Nédélec devraient donc permettre de reconnaître sous quelle forme elle a pu être utilisée.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 292

14 Le type de site rencontré sur la colline Saint-Charles ne trouve pas d’équivalent pour l’instant dans le sud-est de la France. Le site, par exemple, n’a livré aucune structure empierrée comme celles que l’on trouve fréquemment sur les sites de plein air de la basse vallée du Rhône, du Languedoc ou du Toulousain (Le Gournier, Saint-Paul-les- Moulins, Villeneuve Tolosanne) ni de fosses dépotoirs, ni de sépultures. Il ne semble donc pas avoir rempli de fonctions équivalentes à ces grands gisements. La présence des coquillages pourrait faire penser à un habitat saisonnier mais les premières conclusions issues des fouilles de Bernard-du-Bois ne vont pas dans ce sens. L’absence de référent en matière d’habitat ne facilite pas son interprétation. Les exemples les plus proches de structure d’habitat sont situés à quelques centaines de mètres sur le site de Bernard-du-Bois. Le sommet de la colline a en effet livré au moins deux surfaces d’activités associées à des fosses et des trous de piquets évoquant plutôt un habitat léger. Cependant, à Bernard-du-Bois, on ne trouve pas l’équivalent des fosses de calage de vases. Il faut attendre que l’ensemble des données archéologiques soient synthétisées pour émettre des hypothèses relatives à la fonction de ce site.

Les niveaux antiques

15 La vocation agricole de la parcelle étudiée est confirmée. Cette fouille fait suite aux découvertes de mêmes vestiges faites sur les chantiers précédents, situés le long de la rue Bernard-du-Bois.

16 L’interprétation des fosses de plantation comme vignoble ne fait aucun doute. Ce terroir ne reçoit quasiment aucune construction jusqu’à la période moderne, où de profonds remaniements successifs affectent les couches anciennes. La séquence stratigraphique est tronquée au sommet et les niveaux archéologiques antiques sont parfois très arasés.

17 La découverte de ces traces d’activité agricole fait aussi écho aux importants vestiges de même nature révélés sur le chantier de l’Alcazar, situé à vol d’oiseau à quelque 300 m plus au sud (voir BSR PACA, 1999 : 95-95 ; 2000 : 115-116 et DFS 2001 DRAC-PACA).

18 Cette opération montre une séquence d’occupation rurale durant les époques grecque, romaine et de l’Antiquité tardive.

19 Ces vestiges se présentent sous la forme de creusements de différentes formes. Ce sont des tranchées parallèles assez profondes et nettement marquées dans les sédiments encaissants. Des séries de fosses de plan ramassé ou longilignes, parfois disséminées, jointives ou non, marquent parfois des alignements réguliers. Nous avons aussi observé quelques fosses curvilignes dont l’orientation est aléatoire. Certains creusements nous ont paru marquer des limites parcellaires. Les hiatus dans le plan général, occasionnés par des vastes oblitérations dues aux époques postérieures, empêchent une bonne lisibilité d’ensemble des structures notamment en termes de parcellaire et de limites de cultures.

L’époque grecque

20 Le vignoble dont il est question ici se développe durant l’époque grecque (Fig. n°4 : Les traces agraires grecques, relevé secteur G et vue du secteur A), entre le Ve s. et

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 293

le IIe siècle avant notre ère. et montre trois états distincts, en termes d’orientation des réseaux, de morphologie des fosses et dans une moindre part de datation des fosses (Ve s. et IVe s. d’une part et IIIe s. et IIe s. d’autre part). S’il ne fait pas de doute que l’on est en présence d’un vignoble, la cohabitation de la vigne avec d’autres cultures est toutefois très possible. Ceci expliquerait par exemple l’existence d’espaces vierges de traces : peut-être l’indice d’une mise en culture différente ne nécessitant pas de creusements de fosses (céréales par exemple). L’existence de concentration ponctuelle de traces curvilignes associées à des trous de poteaux est un autre indice de diversité des cultures. Ces aménagements pourraient correspondre à des mises en culture particulières ou à des échalas.

L’époque romaine

21 L’époque romaine est représentée par une tranchée (d’épierrement de mur ?). C’est le seul vestige de cette époque découvert sur le site. Elle est isolée de tout contexte archéologique contemporain. Elle est comblée de matériaux de destruction d’architecture en terre. Son orientation reprend celle du dernier état de traces agraires. Cette tranchée a pu appartenir à un bâtiment totalement oblitéré par le creusement du sous-sol de l’usine de raffinage au XIXe s. Il semble très improbable qu’il s’agisse d’un mur de terrasse.

L’Antiquité tardive

22 L’Antiquité tardive voit se développer un chemin traversant tout le site du nord au sud selon un axe sans équivalent aux périodes antérieures. La couche sommitale est scellée par un niveau daté du VIIe s. Cet aménagement se trouve lui aussi coupé de tout contexte archéologique contemporain. Il est à rapprocher de la découverte, lors de l’opération de diagnostic de 2004, de cuves de même datation, situées à quelques décamètres vers l’ouest, en dehors de l’emprise de la fouille.

23 Les découvertes faites sur le site renvoient au contexte archéologique environnant. Le site proche à l’est (35-45 rue Bernard-du-Bois et 90-94 rue Longue-des-Capucins) montre un drain et des traces agraires de même orientation que le réseau de l’état 3 de Nédélec.

24 La proximité et la similitude d’orientation indiquent que ces deux découvertes peuvent appartenir à un même ensemble. Un peu plus à l’est, la fouille Bernard-du-Bois conserve des traces agraires plus haut sur le versant). Le site de l’Alcazar, situé au piémont de la butte Saint-Charles, montre de grandes similitudes avec la fouille Nédélec : une parcelle cultivée dès le Ve s. av. J.-C., avec des réseaux de tranchées de même orientation que le dernier état de la fouille Nédélec.

25 Ce site révèle aussi la présence d’un chemin de l’Antiquité tardive toujours de même orientation (DFS : 299) ; celui-ci est ici associé à un niveau de culture. En revanche sur ce site, et à la différence de ce que nous avons pu observer sur le site Nédélec, les réseaux et aménagements successifs du terroir conservent la même orientation durant toute l’Antiquité.

26 Ces orientations peuvent s’insérer dans un système de direction cardinale déjà observé de ce côté de la ville, le système S4 défini lors du colloque de Marseille en 1999

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 294

(Moliner, 2001). Ce système est orienté nord-sud avec quelques variantes vers l’est ou l’ouest ; il est présent dans la partie est de la ville (la Bourse et les Carmes) donc géographiquement voisin du site Nédélec. Il est représenté très largement dans la période antique marseillaise.

27 Les éléments épars interprétés comme limites ne permettent pas à ce stade de l’étude de dégager un module de base du parcellaire. Si l’on se réfère à la fouille de l’Alcazar, un des modules déterminés, prenant en référence un pied de 0,296 m, donne un module de parcelle de 17,75 m de côté. Nous remarquons que cette distance correspond sur le site Nédélec à celle qui sépare les tranchées est-ouest aux extrémités nord et sud du secteur B. Les éléments manquent pour l’instant pour approfondir la réflexion sur ce thème.

28 Les récentes et multiples découvertes de traces d’agriculture et d’éléments de parcellaire de l’Antiquité sur ce coteau de la butte Saint-Charles méritent une étude ainsi qu’une cartographie globale et synthétique qui permettraient d’en appréhender l’ensemble.

La manufacture royale de soufre et de salpêtre

29 La découverte, sur le site de Nédélec, des vestiges d’une raffinerie de soufre et salpêtre a mis en lumière un pan de l’activité industrielle historique de Marseille dans un secteur stratégique : la production des composants nécessaires à la fabrication de la poudre noire.

30 L’usine est installée à la fin du XVIIe s. et fonctionnera jusqu’en 1922, date à laquelle elle cesse son activité. La destruction des bâtiments désaffectés interviendra en 1926. Cette raffinerie alimentera en salpêtre la poudrerie de Saint-Chamas, créée elle aussi à la fin du XVIIe s., et en soufre la totalité des poudreries françaises au XIXe s.

31 L’usine est implantée intra-muros, après l’agrandissement de la ville de 1666, entre la rue Bernard-du-Bois et la lice intérieure du nouveau rempart, sur un terrain apparemment vierge de constructions depuis l’Antiquité. Elle connaîtra tout au long du XVIIIe s. et jusqu’au milieu du XIXe s. une évolution foncière liée aux améliorations technologiques, s’agrandissant régulièrement.

32 Au XIXe s., la lice intérieure est devenue boulevard de la Paix après le démantèlement de la fortification de Louis XIV. Ce boulevard, dont le tracé garde le souvenir de celui du rempart, est réaligné un peu avant le milieu du XIXe s., devenant l’actuel tracé du boulevard Charles-Nédélec. Ceci est l’occasion d’un ultime agrandissement foncier de l’usine ainsi que d’un profond remaniement immobilier. L’usine est reconstruite sous la forme qu’elle gardera jusqu’à la fin de l’activité en 1922.

33 La fouille, qui ne concerne pas la totalité de l’emprise de l’usine, révèle une partie de son dernier état. Ce sont les unités fonctionnelles de raffinage du salpêtre et du soufre à partir de 1824.

34 Elles se répartissent entre deux bâtiments distincts où des fourneaux étaient installés et dont seuls ceux dédiés au traitement du salpêtre sont conservés (Fig. n°5 : Vue des fours, manufacture royale de soufre et de salpêtre).

35 Les terrains reconstruits après la désaffectation et la démolition de l’usine ont été terrassés plus bas que le niveau de rez-de-chaussée. Des trois quarts est des bâtiments, il ne reste que les fondations, les conduits enterrés et le fond de quelques bassins. On a

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 295

pu restituer le niveau de sol de l’usine sur un seul plan à 31,80 m NGF. Dans le quart ouest du chantier, l’unité du salpêtre étant dotée d’un sous-sol (soutes à charbon et pièce d’accès aux foyers des fourneaux), d’importantes élévations y ont été conservées.

36 L’étude archéologique a montré que ces constructions appartiennent à un état cohérent : très peu d’indices de chronologie relative y sont apparus.

37 Ce sont les recherches en archives qui ont montré l’évolution des procédés et des infrastructures. Il apparaît que ces évolutions faisaient à chaque fois table rase des bâtiments antérieurs. Pour le XIXe s., on retiendra deux dates : autour de 1805 avec la création de la raffinerie de soufre sous brevet Michel et l’application de nouveaux procédés de raffinage pour le salpêtre, puis 1824 où les deux usines de salpêtre et de soufre sont complètement remodelées.

38 L’utilisation des brevets Michel, puis Dejardin sur le site, montre l’apport technologique extérieur d’entrepreneurs privés de l’industrie du soufre, en plein essor à Marseille au XIXe s. À contrario, le raffinage du salpêtre a bénéficié de longues recherches appliquées conduites par des scientifiques sous l’impulsion du pouvoir politique, en particulier à partir de la création en 1775 de la régie des poudres et salpêtres.

Conclusion

39 On soulignera en conclusion l’originalité des fouilles de la colline Saint-Charles qui, contre toute attente, n’ont pas livré de vestiges urbains antiques ou médiévaux mais des éléments en grande partie inattendus.

40 Ces découvertes ont contribué à la promotion de l’archéologie industrielle à Marseille, au développement de l’archéologie agraire dont Marseille est une des pionnières, et elles ont relancé une archéologie préhistorique sur le territoire de la commune.

41 L’ensemble des données issues des fouilles de Nédélec complétées par les résultats des opérations antérieures permettront à terme de reconstituer l’histoire plurimillénaire de la colline Saint-Charles.

42 Occupée dès les débuts du Néolithique par des populations agropastorales, elle connaît par la suite un long passé agricole et agreste avant d’être lotie assez tardivement, à partir de l’agrandissement de 1669.

43 La vocation pré-industrielle du quartier débute tôt avec l’installation de la manufacture de soufre et de salpêtre et s’amplifie durant le XIXe s.

44 SÉNÉPART Ingrid, BERTOMEU Éric et CASTRUCCI Colette

45 Avec la collaboration de Jean COLLINET, Brigitte DE LUCA, Michel MAURIN et Nicolas WEYDERT (INRAP Méditerranée).

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 296

Fig. n°1 : Emplacement des zones A-J et plan de l’îlot

Auteur(s) : Sénépart, Ingrid. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : alignement (Néolithique moyen) de trous de piquets dans le secteur B

Auteur(s) : Parent, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 297

Fig. n°3 : Calages dans le secteur G

Auteur(s) : Parent, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°4 : Les traces agraires grecques, relevé secteur G et vue du secteur A

Auteur(s) : Parent, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 298

Fig. n°5 : Vue des fours, manufacture royale de soufre et de salpêtre

Auteur(s) : Parent, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

INGRID SÉNÉPART COL

ÉRIC BERTOMEU INRAP

COLETTE CASTRUCCI INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 299

Marseille – Voie Nouvelle

Denis Dubesset, Brigitte De Luca et Éric Bertomeu

Identifiant de l'opération archéologique : 7651

Date de l'opération : 2007 (SP) Inventeur(s) : Dubesset Denis (INRAP) ; De Luca Brigitte (INRAP) ; Bertomeu Éric (INRAP)

1 À Marseille, à proximité de la porte d’Aix, entre la rue Bernard-du-Bois et le boulevard Nédélec, s’est déroulée une opération de fouille de sauvetage à l’occasion de l’aménagement d’une voie. Le site est mitoyen de la fouille de Nédélec qui a révélé une stratigraphie sensiblement identique (BSR PACA, 2006 : 141-143). Les investigations concernant la Voie Nouvelle, effectuées sur une moindre superficie, visaient à compléter l’état des connaissances sur les différentes périodes déjà individualisées lors des recherches antérieures.

2 L’opération de terrain s’est déroulée du 24 septembre au 16 novembre. Sur la totalité de l’emprise de construction, environ 300 m2 de niveaux archéologiques étaient menacés sur une profondeur n’excédant pas 2 m.

3 Suite au décapage d’une faible épaisseur de remblais (environ 0,5 m), les vestiges relatifs à toutes les phases d’occupation ont été découverts sur une même surface. Les périodes chronoculturelles en cause sont représentées par les vestiges d’une raffinerie de salpêtre et de soufre d’époque moderne, un aménagement agraire classique et hellénistique ainsi qu’une occupation du Néolithique moyen.

4 Le substrat sur lequel s’installent les niveaux archéologiques correspond au complexe détritique oligocène du Stampien. Deux paléovallons fortement encaissés encadrent le site au nord sous le boulevard Charles-Nédélec et au sud vraisemblablement au niveau de la rue Bernard-du-Bois. La fouille est localisée sur un épaulement entre ces paléotalwegs.

5 Les observations géomorphologiques montrent en outre que les niveaux archéologiques anciens ont sans doute été érodés ou tronqués par les occupations postérieures. Des phases d’écoulement concentrées liées à une succession

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 300

d’événements hydromorphologiques et des dynamiques de versant colluviotorrentielles ont également perturbé les niveaux.

L’occupation contemporaine

6 Les constructions qui ont succédé à la raffinerie sont composées de murs et alignements de piliers en béton armé, appartenant à un bâtiment, vraisemblablement un vaste hangar. Il est disposé transversalement par rapport au plan de l’ancienne usine.

L’occupation moderne : une raffinerie de soufre et de salpêtre

7 Le chantier de la Voie Nouvelle se trouve dans le prolongement sud-est du chantier Nédélec où ont été mis au jour les vestiges remarquables d’une raffinerie royale de soufre et salpêtre. Ce complexe occupe la pointe occidentale de l’îlot encadrée par le boulevard Charles-Nédélec et la rue Bernard-du-Bois.

8 Cette manufacture qui est construite vers la fin du XVIIe s., au pied de la colline Saint- Charles, alimente en salpêtre la poudrerie de Saint-Chamas et en soufre l’ensemble des poudreries françaises. Elle est en activité jusqu’en 1922, puis détruite.

9 Le chantier Nédélec a permis de reconnaître les installations de raffinage ; la présente opération a dégagé partiellement deux entrepôts. L’un est un « magasin au salpêtre brut », l’autre un bâtiment destiné à « l’enfonçage » des barils de soufre et salpêtre raffiné.

10 Cette fouille a ainsi contribué à compléter notre connaissance de la manufacture qui, jusqu’à un passé récent, a participé au développement industriel de Marseille.

L’occupation antique : une exploitation agraire

11 L’opération a révélé la continuité des traces de viticulture de la période grecque déjà individualisées précédemment sur le site de Nédélec. Ces vestiges d’exploitation ont été observés sous la forme, courante et désormais bien connue à Marseille, de fosses organisées en réseau.

12 Ce vignoble semble témoigner de trois phases importantes, marquées par des changements de direction. La plus ancienne (classique ?) fait état d’une appropriation de la colline en recomposant fortement le paysage. Une seconde phase intermédiaire, localisée sur le secteur est de l’opération, serait le témoin du renouvellement périodique et de l’entretien du vignoble. Enfin une phase récente, datée de la période hellénistique, correspondrait à une reprise générale du vignoble, selon un axe perpendiculaire au précédent.

13 Le morcellement extrême de l’espace fouillé et le fait que le sommet de la séquence stratigraphique soit tronqué aux époques postérieures ne laissent que peu de place aux hypothèses de restitution de ce vignoble. Tout au plus, cette fenêtre supplémentaire sur l’occupation de la colline Saint-Charles, continue à révéler la couverture viticole de ce versant au début de l’existence de la ville.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 301

Une occupation Néolithique moyen

14 Les vestiges de cette période ont été en partie perturbés et terrassés par les labours de la période antique. Une quantité conséquente du mobilier archéologique récolté provient de ce contexte où se mêlent du matériel néolithique et antique. En ce qui concerne les niveaux sous-jacents, une succession de décapages fins a permis la découverte de nombreuses structures en creux. Compte tenu de la faible profondeur de ces dernières et de l’absence de sol archéologique associé, il s’agit vraisemblablement de fonds de fosses dont les niveaux d’ouverture ont disparu.

15 La plupart sont des trous de poteaux et des fosses renfermant peu ou prou de matériel. Le comblement de certaines contenait néanmoins des éléments de céramique pseudo en place moins fragmentés pour lesquels il sera possible, après étude, de proposer une attribution chronologique fine. L’industrie lithique se résume à quelques fragments de lamelles débités sur silex dont l’origine vraisemblablement allochtone reste à déterminer précisément.

16 Les premières observations permettent de proposer une datation dans une phase récente du Chasséen. L’étude de la céramique et des modes de débitage du silex ainsi que deux datations au 14C permettront d’affiner cette proposition chronologique.

17 Le site, à l’instar de ceux qui ont été fouillés précédemment, n’a pas fourni de restes de grande faune mais un corpus relativement important en malacofaune marine. De la même manière le matériel de mouture ainsi que l’industrie lithique polie sont très peu représentés.

18 Ces données posent le problème du statut de cet établissement (BSR PACA, 2005 : 123-125).

19 Les découvertes occasionnées par cette opération sur la Voie Nouvelle ont permis d’étoffer les données déjà disponibles sur l’industrialisation de Marseille et l’étendue de l’implantation agraire grecque. L’étude des artefacts et des structures relatives à l’occupation du Néolithique moyen permettront, à terme, d’affiner les propositions chronologiques et de dégager des éléments d’interprétations concernant ce type de site particulier. En outre, l’analyse de l’ensemble des données des opérations effectuées à ce jour sur la ZAC Saint-Charles permettra de synthétiser l’état des connaissances concernant ce type d’établissement unique en Provence.

20 DUBESSET Denis, De LUCA Brigitte et BERTOMEU Éric

AUTEURS

DENIS DUBESSET INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 302

BRIGITTE DE LUCA INRAP

ÉRIC BERTOMEU INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 303

Marseille – Place de l’îlot Madeleine

Lucien-François Gantès

Identifiant de l'opération archéologique : 8295 et 8335

Date de l'opération : 2007 (SP) ; 2007 (SU) Inventeur(s) : Gantès Lucien-François (COL)

1 Une opération de fouille préventive nécessitée par un projet d’aménagement urbain (requalification de la place existante) dans l’emprise de la place de l’îlot Madeleine (îlot 7), quartier du Panier, a été réalisée par le Service archéologique municipal (SAM, Atelier du patrimoine de la ville de Marseille) de janvier à mai 2007.

2 Le projet est situé au centre de la vieille ville, entre la Charité et la place des Pistoles, au nord et la place des Moulins au sud-est. La place de l’îlot Madeleine, aujourd’hui place Jean-Claude-Izzo, a été ouverte en 1998 sur l’emplacement d’un ancien îlot délimité au nord par la rue des Repenties, au sud par la rue Fontaine de Caylus, à l’est par la traverse Fontaine de Caylus et à l’ouest par la traverse de la Madeleine. La zone de fouille occupe notamment la partie septentrionale de l’îlot en service jusque dans les années 1998. Elle concerne 200 m2 (Fig. n°1 : Vue oblique à très basse altitude de la fouille, prise de l'est).

3 Une campagne de diagnostic archéologique réalisée entre septembre et décembre 2006 par le SAM avait permis d’établir le potentiel archéologique et de vérifier l’ancienneté des stratifications archéologiques (VIe s. av. J.‑C.).

Paléotopographie

4 Les cinq zones fouillées ont permis d’établir le relevé du substrat stampien (marne, grès ou conglomérat).

5 Depuis le sommet de la place des Moulins situé à 40,72 m à l’est, le sol naturel descend vers le nord et vers l’ouest. La pente correspond au piémont de la butte des Moulins. Les formations superficielles (paléosol) observées correspondent à un horizon brun

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 304

stérile (sol brun), à une altération du substrat et à des apports colluviaux scellés par les vestiges les plus anciens datés du début du VIe s. av. J.‑C.

Trois phases d’occupation

6 Plusieurs phases d’occupation étagées entre 600 av. J.‑C. et 1998 ont pu être appréhendées sur l’ensemble du site.

Première phase : les vestiges de l’époque grecque (600 av. J.-C. à 100 ? av. J.-C.)

7 Dans l’état actuel de l’exploitation des données archéologiques, les traces de fréquentation ou d’occupation les plus anciennes remontent au premier quart du VIe s. av. J.‑C. Elles correspondent à des niveaux charbonneux et coquilliers (huîtres) conservés au centre de la fouille. Quelques aménagements (trous de poteaux, rigole est- ouest, sol en terre battue et soubassements de pierre) témoignent de l’existence en surface du paléosol d’un premier état (état IA) daté en chronologie absolue par un plat étrusco-corinthien à décor figuré du « peintre sans incision », une amphore à tableaux attique à figures noires du style de Sophilos et des coupes ioniennes à vernis noir Villard et Vallet B1.

8 À partir du second quart du VIe s. av. J.‑C. le secteur est totalement restructuré (état IB) : aux traces de fréquentation précoce du premier quart du VIe s. av. J.‑C. (état IA) se substitue une architecture en pierre et en terre au plan orthonormé qui est conservée sur presque toute l’emprise. Ces aménagements qui concrétisent une occupation importante suivent le pendage naturel nord-sud et est-ouest de la colline.

9 Deux îlots aménagés en terrasses sont séparés par une rue : une terrasse basse (ou îlot A à l’ouest) et une terrasse haute (ou îlot B à l’est) ont été observées très partiellement. L’espace médian d’axe nord-sud correspond à une voie dont la largeur totale mesure 6,50 m à 6,75 m.

10 La terrasse basse (îlot A) est constituée de deux pièces accolées. Seule la limite orientale des pièces (mur de façade) a été observée sur une longueur de 9 m. Elle est bâtie à double parement avec des blocs, des moellons et des galets liés à la terre et est coupée au nord et au sud par les murs de l’îlot moderne. Une cloison en blocs et moellons de direction est-ouest séparait les deux pièces. Dans la pièce septentrionale, un aménagement intérieur a été observé : il s’agit d’une structure de cuisson domestique (?) en briques crues très partiellement conservée (0,68 m x 0,76 m) et accolée au parement interne du mur de façade. Trois zones rubéfiées de forme ovalaire se trouvaient dans la pièce méridionale à même le sol composé d’argile jaune. Un état postérieur subsistait dans les deux pièces. Les céramiques retrouvées dans les couches d’occupation sont du second et du troisième quart du VIe s. av. J.‑C. (coupes des petits maîtres attiques à figures noires et coupes ioniennes à vernis noir Villard et Vallet B2 et B3).

11 La terrasse haute (îlot B) est délimitée à l’ouest par un mur double de direction nord- sud large de 0,75 m à 1,00 m. À l’est, est construite dans le sol naturel une habitation de module rectangulaire large de 5 m qui a été observée sur près de 4 m de long. Le mobilier situe l’occupation vers le milieu du VIe s. av. J.‑C.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 305

12 La voie revêtue d’une calade de galets est en pente vers le nord. Un aménagement accolé perpendiculairement au mur de la terrasse haute est matérialisé par une rangée de blocs (long de 2,50 m et large de 0,75 m). Il délimitait au nord une couche dépotoir renfermant du mobilier varié et abondant daté du milieu du Ve s. au début du IVe s. av. J.‑C. (céramique attique à figures rouges et à vernis noir). À l’ouest, une petite construction en pierre orientée nord-sud (peut-être un caniveau ?) semble avoir été aménagée au centre de la rue aux IIe-Ier s. av. J.‑C.

La seconde phase : les périodes romaine et antique tardive (100 av. J.-C. à 500 ou 600 ? apr. J.-C.)

13 Entre l’époque hellénistique et la période romaine (époque augustéenne ?) les îlots sont reconstruits. Le nouveau mur de façade de l’îlot A, large d’environ 0,75 m, avance vers l’est de 1,50 m en empiétant sur la voie. Reconnu sur 6 m, il forme un retour vers l’ouest (longueur : 3,50 m) constitué de blocs taillés en remploi et de moellons. À l’intérieur des deux murs, un sol damé de brasier blanc (cour ?) fonctionne durant le Haut-Empire, entre la fin du Ier s. av. J.‑C. et le IIe s. apr. J.‑C. L’îlot B est recouvert par un bâtiment de 5 m de large, muni d’un sol en opus signinum (bassin ?).

14 La voie d’origine (calade de galets), marquée par deux ornières, est réduite à une largeur de 4,25 m.

15 Le mur romain de l’îlot A est épierré durant l’Antiquité tardive.

16 On note, d’un point de vue topographique, que l’axe de circulation n’est plus documenté pour les périodes postérieures mais on ne peut savoir à quel moment il disparaît ensuite du paysage urbain.

17 Les rues que l’on retrouve à l’est (traverse Fontaine de Caylus) et à l’ouest (traverse de la Madeleine) semblent appartenir au parcellaire moderne.

La troisième phase : les périodes moderne et contemporaine (1570 ou 1600 à 1998)

18 L’époque médiévale n’est pas documentée sur le site car les niveaux ont pu avoir été arasés lors de la construction, vers les années 1570-1600, de l’ancien îlot Madeleine qui sera démoli en 1998 pour permettre l’aménagement de la place actuelle.

19 GANTÈS Lucien-François

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 306

Fig. n°1 : Vue oblique à très basse altitude de la fouille, prise de l'est

Auteur(s) : Blazy, C. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

LUCIEN-FRANÇOIS GANTÈS COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 307

Marseille – Rue de la République, surverse du Vieux-Port

Bernard Silano, Florence Parent et Nicolas Weydert

Identifiant de l'opération archéologique : 7548

Date de l'opération : 2007 (SP) Inventeur(s) : Silano Bernard (INRAP) ; Parent Florence (INRAP) ; Weydert Nicolas (INRAP)

1 La surverse est un canal souterrain qui, partant du bassin de stockage situé sous la place Sadi-Carnot, suit l’axe de la rue de la République pour se jeter dans le Vieux-Port. Large de 3,50 m et profonde de 6 m à 2 m, la tranchée n’affecte pour l’essentiel que le substrat, déjà largement entamé lors du percement de la rue au XIXe s. Compte tenu du résultat très positif des sondages (BSR PACA, 2004 : 160-161), l’aménageur, la communauté urbaine Marseille Provence Métropole a préféré décaler le tracé vers celui d’un ancien collecteur afin de s’affranchir d’une fouille. Au sud, cependant, une surveillance de travaux a été programmée afin d’étudier les niveaux conservés sous le réseau, en dessous du 0 NGF. Enfin, à proximité du Vieux-Port, dans les terrains gagnés sur la mer à la fin de l’Antiquité, le tracé est peu perturbé par les réseaux et une fouille a été mise en place.

2 Ces opérations ont apporté un éclairage nouveau sur les aménagements portuaires de la ville de l’Antiquité à l’époque contemporaine (Fig. n°1 : La rive nord-est du port de l'Antiquité à nos jours. Restitution des lignes de rempart médiévales d'après les textes).

3 La plus ancienne structure mise au jour, antérieure au milieu du IVe s. av. J.-C., est formée de trois blocs en travertin qu’il est difficile d’orienter. Des sables marins infralittoraux qui s’y appuient de part et d’autre incitent à y voir un môle. Son abandon – et sans doute la récupération de sa superstructure – serait à situer dans la période hellénistique, sans plus de précision. Au-dessus de ces blocs se situe la première des constructions romaines, composée de blocs en calcaire détritique burdigalien de La

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 308

Couronne, dont seule une assise a été retrouvée. Elle est édifiée vers 40-20 av. J.-C. et suit une orientation sud-est – nord-ouest.

4 Il semble qu’il s’agisse d’un aménagement de rivage rudimentaire car le module des blocs est irrégulier et leur disposition est assez peu soignée. La faible quantité d’animaux marins (balanes, vermets, etc.) fixée sur la face sud du quai implique une durée d’utilisation assez courte.

5 Dans le courant du Ier s. apr. J.-C. est construit, 3 m plus au sud et suivant la même orientation, un second quai en grand appareil de La Couronne dont cinq assises ont été reconnues sans que la base de la construction ait été atteinte. Sa face méridionale est rongée par des éponges perforantes et des lithophages et couverte des vermets, balanes, huîtres, moules et autres bryozoaires, ce qui implique une utilisation longue, confirmée par la datation d’une couche liée à la récupération du quai entre 175 apr. J.- C. et 230 apr. J.-C.

6 Douze mètres plus au sud, une construction similaire, perpendiculaire à la première, comporte au moins six assises dont la face nord est baignée par la mer (Fig. n°2 : Le quai du I er s. apr. J.-C. vu du nord ).

7 Six mètres plus au sud encore, un troisième tronçon similaire a été très sommairement observé ; on sait cependant que sa face sud était immergée. L’assise supérieure, à 0,30 m de profondeur, rongée sur toutes ses faces, témoigne de son immersion après abandon.

8 Implanté entre les deux derniers quais, un semis de pieux croisés de chevrons horizontaux pourrait être une ossature stabilisant l’ensemble ou la fondation d’un édifice, extrémité du rempart de la Bourse ou bâtiment portuaire.

9 Les blocs 5, pour partie en remploi, sont pour la plupart taillés selon un module de 2 x 1,5 x 1, l’unité étant la coudée, soit environ 0,50 m. Leur dimension varie cependant selon la position de l’assise, les éléments les plus volumineux étant placés à la base. Ils sont très soigneusement ajustés au moyen d’une pince à crochet qui s’insère dans une entaille coudée à la base du bloc et permet par va-et-vient d’abraser la surface et d’uniformiser le contact. Les blocs sont généralement en panneresse, mais certains, plus longs, sont de boutisse ; l’arrière est alors soutenu par un dé de pierre ou par un pieu.

10 Si les deux quais septentrionaux sont abandonnés et leurs assises supérieures récupérées au début du IIIe s. apr. J.-C., en relation avec l’édification du quai dit de la Samaritaine plus à l’ouest, nous ne pouvons en dire autant du quai méridional. L’absence d’une structure plus récente au sud permet de supposer que son utilisation se maintient au Bas-Empire.

11 La ligne de rivage suivante que nous avons pu observer, sans pouvoir affirmer qu’il n’y a pas eu d’autres phases intermédiaires peu structurées, remonte au XIe s. Elle est matérialisée par un mur épais de 0,90 m, construit en moellons réguliers (Fig. n°3 : Le mur d'enceinte du XI e s., vu du sud ), qui correspond à l’enceinte de l’îlot des Templiers et au pied duquel un dallage massif et pentu, immédiatement sous le 0 NGF, pourrait être assimilé à une cale de hallage. Au XIIIe s., le rivage est repoussé jusqu’à une limite qu’il conserve jusqu’au début du XVIIIe s., ménageant une voie de plus de 6 m de large. Le premier aménagement conservé, un quai en grand appareil renforcé par une maçonnerie en retrait, n’a pu être daté, mais correspond probablement aux constructions du début du XVIe s. (Fig. n°4 : Le quai du début de l'époque moderne, vu du sud). Repris dans la deuxième moitié du XVIIe s., avec des blocs en remploi, il

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 309

disparaît ensuite derrière la palissade Sainte-Anne, édifiée vers 1730. Celle-ci est réalisée avec des madriers en sapin et des pieux en pin, écrêtés pour recevoir un parement en pierre malheureusement disparu.

12 Deux études d’archives complémentaires ont également apporté des informations sur le mode de construction des quais médiévaux et des Temps Modernes, sur les possessions des Templiers et les fortifications environnantes.

13 SILLANO Bernard, PARENT Florence et WEYDERT Nicolas

14 Avec la collaboration de : J. M. Bécar, É. Bertomeu, N. Bourgarel, C. Chappuis, P. Dufour, R. Lisfranc, M. Maurin, D. Michel, F. Moroldo, A. Richier.

15 S. Lang-Desvignes (mobilier céramique antique), R. Thernot et M. Vacca-Goutouli (mobilier lapidaire), P. Rigaud (archives médiévales), J. Cuzon (archives modernes)

ANNEXES

Fig. n°1 : La rive nord-est du port de l'Antiquité à nos jours. Restitution des lignes de rempart médiévales d'après les textes

Auteur(s) : Sillano, Bernard. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 310

Fig. n°2 : Le quai du I er s. apr. J.-C. vu du nord

Auteur(s) : Weydert, Nicolas. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°3 : Le mur d'enceinte du XI e s., vu du sud

Auteur(s) : Parent, Florence. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 311

Fig. n°4 : Le quai du début de l'époque moderne, vu du sud

Auteur(s) : Sillano, Bernard. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

BERNARD SILANO INRAP

FLORENCE PARENT INRAP

NICOLAS WEYDERT INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 312

Marseille – Fort Saint-Jean (projet Mucem)

Françoise Paone, Brigitte Vasselin et Nadine Scherrer

Identifiant de l'opération archéologique : 8006

Date de l'opération : 2006 - 2007 (EX) Inventeur(s) : Paone Françoise (INRAP) ; Vasselin Brigitte (INRAP) ; Scherrer Nathalie (INRAP)

1 Dans le cadre du futur Mucem (musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) qui sera implanté en partie au fort Saint-Jean, une campagne de diagnostics archéologiques a été programmée en partie sur l’année2006 et sur 2007 et réalisée par une équipe INRAP (BSR PACA, 2006 : 148-149). L’opération a porté sur plusieurs zones.

2 Deux sondages ont été effectués sur la plate-forme supérieure, dans le bastion de la Mer et la place d’Armes. Un simple repérage portait sur un secteur des ateliers militaires. Dans la cour inférieure, à l’emplacement de la commanderie de Saint-Jean-de- Jérusalem, les sondages ont permis de documenter l’ensemble et de montrer la densité des vestiges et leur affleurement. Il nous a été demandé de documenter d’autres zones concernées par les futurs réaménagements en reprenant les données issues de campagnes archéologiques antérieures.

3 Les données issues du bastion de la Mer montrent qu’il est difficile de restituer l’état primitif du bastion et que l’évolution rapide du mur d’escarpe traduit un renouveau constant du système défensif dans cette zone. L’existence d’un premier chemin de ronde a pu être établie, puis son comblement rapide dès le début du XVIIIe s. précède la mise en place d’une série d’embrasures dont quelques-unes sont encore conservées dans la bordure nord du bastion. Enfin, l’ajout de petits cloisonnements vraisemblablement au XIXe s. crée au sein du bastion de nombreux désordres.

4 Le sondage placé dans l’axe de la galerie drainante a montré la conservation de séquences archéologiques du Moyen Âge et du XVIe s enfouies finalement peu

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 313

profondément. Cependant la faible superficie dégagée n’a pas permis de déterminer la nature des occupations.

5 Dans la cour inférieure, deux zones distinctes ont été abordées. Au nord, le dégagement partiel du mur gouttereau très arasé et d’un pilastre permet de restituer la largeur de la salle gothique. Malheureusement aucun sol contemporain de cette construction n’est conservé à l’extérieur. L’un des piliers de l’entrée monumentale de la montée des canons a également été découvert.

6 À l’emplacement du futur centre des ressources sont apparues plusieurs structures appartenant à la commanderie des Hospitaliers ainsi qu’une partie du cimetière. L’espace funéraire composé de caveaux et de tombes en pleine terre devait se développer au sud de la chapelle entre le mur de clôture oriental accolé contre la tour Maubec et le palais du Commandeur dont l’un des murs a été dégagé. Un tronçon du rempart côté mer ainsi qu’un mur totalement inconnu et parallèle à l’enceinte ont également été mis au jour. Certaines maçonneries médiévales ont perduré au sein du bâtiment qui intégrait des logements des officiers du fort, à l’étage. Une partie du rez- de-chaussée de ce bâtiment, qui accueillait au XVIIe s. la cantine, a été dégagée : sont apparus des sols carrelés, des foyers de cheminée et plusieurs cloisonnements.

7 Sur les différents secteurs appréhendés durant cette opération, il apparaît que le projet du Mucem a un impact sur le potentiel archéologique du site.

8 PAONE Françoise, SCHERRER Nathalie et VASSELIN Brigitte

AUTEURS

FRANÇOISE PAONE INRAP

BRIGITTE VASSELIN INRAP

NADINE SCHERRER INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 314

Martigues – Ponteau-Gare

Xavier Margarit et Clara Piatscheck

Identifiant de l'opération archéologique : 8523

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Margarit Xavier (SRA) ; Piatscheck Clara (SUP)

1 C’est dans le cadre d’un nouveau programme triennal que se sont poursuivies cette année les fouilles néolithiques de Ponteau-Gare (BSR PACA, 2006 : 150-151). Celui-ci doit permettre de développer et d’homogénéiser l’emprise des recherches afin d’assurer la cohérence spatiale nécessaire à la compréhension globale de la partie septentrionale de l’habitat préhistorique. Conformément à nos attentes, et aux objectifs qui avaient été définis, la campagne 2007 a permis de progresser considérablement dans notre connaissance de cet établissement.

2 Nos investigations se sont développées sur trois zones particulières, situées respectivement au centre, à l’est et à l’ouest du site.

3 • En zone 6, dans un secteur circonscrit par le principal mur au coeur de l’habitat, une nouvelle stratégie a été engagée. En effet, compte tenu de la complexité des imbrications sédimentaires, il a été décidé de fouiller des ensembles de 4 m2 en quinconce et de privilégier la modélisation des unités stratigraphiques ; cette approche s’est avérée remarquablement bien adaptée à la caractérisation des vestiges et des couches. Plusieurs indices d’une zone d’activité potentiellement dévolue à la mouture ont été mis en évidence, et de très intéressants résultats sur la nature des dépôts, qui devront être confirmés pour être ultérieurement présentés, ont été obtenus par l’analyse géoarchéologique d’unités stratigraphiques bien spécifiques.

4 • En zone 8, dans la partie orientale du site, une concentration de foyers qui doit également correspondre à une aire spécialisée a été notamment mise en évidence, ainsi que deux trous de poteaux particuliers. L’un semble pouvoir participer au prolongement vers le sud du bâtiment qui avait été précédemment mis en évidence en zone 7 : les dimensions de celui-ci s’en trouveraient considérablement élargies. L’autre

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 315

correspond à une dépression circulaire de morphologie inédite, dont le creusement dans le rocher est si élaboré qu’il a permis le dégagement d’un rebord.

5 • En zone 12, enfin, en limite occidentale de la fouille et du site, une imbrication de structures en pierre, associée à des niveaux particulièrement bien conservés, confirme le développement de modules d’habitats au-delà du mur principal qui ne circonscrit donc pas le site.

6 D’une façon générale, les nouvelles structures identifiées, parmi lesquelles huit trous de poteaux ou fosses, trois murs ou indices de murs, trois foyers, une meule en place, etc. témoignent, si besoin était, de l’énorme potentiel de ce site pour appréhender de façon globale la forme et l’organisation de l’habitat de la fin du Néolithique. De même, les répartitions de vestiges mobiliers (concentrations d’industrie osseuse, identification de poteries cassées sur place) vont permettrent de développer plusieurs hypothèses argumentées relatives à la présence de zones d’activités, de modules d’habitats ou de bâtiments.

7 Quant à l’aspect chronoculturel, la campagne 2007 nous a permis de documenter de façon substantielle les couches de base du Néolithique récent ou final, encore méconnues, et de confirmer les influences du Rhône-Ouvèze sur les niveaux récents de la séquence néolithique. Ces derniers résultats nous ont amenés à proposer, par le rapprochement typologique de séries traditionnellement attribuées au Couronnien ou au Rhône-Ouvèze, une évolution du découpage chronoculturel du Néolithique final régional impliquant une partition du Couronnien dans son acception actuelle.

8 MARGARIT Xavier et PIATSCHECK Clara

AUTEURS

XAVIER MARGARIT SRA

CLARA PIATSCHECK SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 316

Mouriès – Les Caisses de Jean-Jean

Yves Marcadal et Jean-Louis Paillet

Identifiant de l'opération archéologique : 8228

Date de l'opération : 2006 - 2007 (FP) Inventeur(s) : Mercadal Yves (SUP) ; Paillet Jean-Louis (SUP)

1 La fouille commencée en 2006 sur le rempart principal (R1) de l’oppidum, dans la zone 06, a été poursuivie cette année, affectant le revers oriental de ce rempart, orienté vers l’habitat situé à l’intérieur de l’oppidum (BSR PACA, 2006 : 158). Ses résultats apportent des données supplémentaires sur l’occupation du site durant le premier âge du Fer et la fin du deuxième âge du Fer.

Le premier âge du Fer

2 D’ouest en est se succèdent les faits archéologiques suivants : • Les premiers remparts de l’oppidum, correspondant à la phase de la première phase d’urbanisation du site. Le premier (R100), trop profond, n’a pu être daté. Mais il a été partiellement entamé pour construire plus solidement le suivant (R110), large de 2,50 m. Les céramiques retrouvées permettent de le dater du dernier quart du VIe s. av. J.‑C., mais il comprend aussi dans son implectum des tessons de céramique modelée du VIIe s. av. J.‑C., ce qui montre que le site est déjà fréquenté durant cette période. De nombreuses stèles en molasse travaillée, provenant d’un sanctuaire plus ancien que le rempart, sont déjà remployées dans son parement extérieur. • Un important talus formé par des strates d’argile de couleur variée, surmonté par des lits de blocs et accumulé contre le parement intérieur. Il provient de la destruction des superstructures de ce rempart dont le sommet devait comporter une élévation en briques d’adobe. • Une pièce rectangulaire de petites dimensions, appuyée sur ce talus, datée du Ve s. av. J.‑C. • Un important tertre de cendre, haut de 1,20 m, qui recouvre cette construction. Ses limites, situées en dehors du périmètre de fouille, ne peuvent pas encore être précisées. Sa structure

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 317

stratifiée, où les couches de cendre sont séparées par des lits de terre argileuse provenant du rempart R110 (dont la destruction se poursuit toujours), montre qu’il a été exhaussé à plusieurs reprises. Les très nombreux tessons de céramique (notamment de la céramique non tournée des rives de l’étang de Berre), associés à des débris de cuisine (ossements portant des traces de découpe), permettent de le dater pour l’essentiel du Ve s. av. J.‑C. Sa fonction ne peut encore être déterminée dans l’état d’avancement actuel de la fouille.

3 Cette zone restera ensuite inoccupée jusqu’à la fin de l’âge du Fer.

L’époque augustéenne

4 Durant le dernier quart du Ier s. av. J.–C. de nouvelles constructions sont établies contre le rempart, dans cet espace resté jusqu’alors disponible. Dans la zone de fouille, il s’agit de l’extrémité d’un îlot dont le mur oriental, orienté du nord - nord-ouest à l’est - sud- est et parallèlement aux remparts les plus anciens, a conservé une des directions de l’ancienne trame urbaine de la fin du premier âge du Fer.

5 Cette construction est formée par deux pièces juxtaposées (E1 et E2), dont l’accès se fait par un large couloir latéral (E3). Pour les édifier, il a fallu construire des fondations très profondes au travers du tertre de cendre antérieur. Une de ces pièces (E2), de forme trapézoïdale, a été partiellement fouillée. Elle servait de magasin pour de grands dolia, enterrés presque totalement, et dont le négatif subsiste toujours.

6 Au tout début du Ier siècle de notre ère (vers 5-10 apr. J.‑C.), la pièce est abandonnée et les dolia sont récupérés.

7 Puis cet endroit servira de décharge pour des matériaux divers provenant de la démolition d’autres constructions (par exemple des fragments d’enduit mural peint) et les murs finiront de s’écrouler. Cette zone ne sera plus occupée par la suite.

8 MARCADAL Yves et PAILLET Jean-Louis

AUTEURS

YVES MARCADAL SUP

JEAN-LOUIS PAILLET SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 318

Peynier – Vallon de l’Homme Mort

Christophe Vaschalde

Identifiant de l'opération archéologique : 8220

Date de l'opération : 2007 (PT) ; 2006 (SD) Inventeur(s) : Vaschalde Christophe (AUT)

1 Le vallon de l’Homme Mort est situé au sud-ouest de la commune de Peynier, en limite avec les communes de Belcodène et de La Bouilladisse. Grâce à l’étude des archives, ce secteur est connu pour avoir accueilli diverses activités liées à l’exploitation de la forêt et de ses ressources. En 1347, la communauté de Peynier fait du bois du vallon de l’Homme Mort un défens dans lequel les productions de chaux et de charbon de bois, ainsi que la pâture des troupeaux sont réglementées. En 1479, le prieur de Saint-Victor passe un contrat d’accapte en faveur d’un habitant de Peynier, qui pourra ainsi y installer des cultures pendant quelques années, ce qui atteste la présence d’une exploitation agricole au moyen de brûlis dans ce secteur. Enfin, en 2006 une opération de sondage avait été effectuée sur un four à chaux du XVIIe s. (four PEY1 A5), accompagné d’une place de charbonnière, d’une cabane d’artisan et de divers points d’extraction de pierre calcaire (BSR PACA, 2006 : 160).

2 Avant le Moyen Âge, une occupation protohistorique est connue grâce à la présence de quatre tumuli du premier âge du Fer, faisant partie de la nécropole de la Sérignane (Verdin, 1995, III : fiche n° 95 ; Mocci, Nin, 2006 : 601-602), qui n’avaient pas été signalés par Henry de Gérin-Ricard au début du XXe s. (Gérin-Ricard, 1909 ; Gérin-Ricard, 1910).

3 La prospection de 2007 portait sur une parcelle (AH 92) de 82 ha. Elle a révélé presque exclusivement la présence de structures artisanales (Fig. n°1 : Répartition des structures repérées) Chaque type de site est désigné par une lettre différente :

4 A : four à chaux ;

5 B : four à plâtre ;

6 C : four à poix ;

7 D : four à cade ;

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 319

8 E : place de charbonnière ;

9 F : cabane ;

10 G : point d’extraction de matière première, etc.

Les fours à chaux

11 Onze fours ont été repérés. Ils se présentent tous sous la forme de « trou de bombe » avec, en général, la présence de chaux carbonatée et de terre rubéfiée ou cuite à proximité. L’implantation en fond de vallon est exclusive, avec une gueule, lorsque les vestiges en sont visibles, orientée vers l’aval du vallon. À proximité se trouve souvent une place de charbonnière. Les deux derniers fours à chaux ayant fonctionné dans ce secteur ont été implantés en 1885 et 1887 par André Blanc, habitant de La Bourine (actuellement La Bouilladisse).

L’extraction de pierre calcaire

12 L’alimentation des fours à chaux a nécessité une extraction du calcaire, abondamment présent dans le vallon (calcaire portlandien). Cette activité était probablement réalisée au moyen de barres à mine et de leviers, ce qui expliquerait l’absence de fronts de taille stricto sensu. Seulement quatre points d’extraction ont été identifiés de manière certaine. Ceux-ci étaient incontestablement plus nombreux, mais il est souvent malaisé de les différencier des affleurements naturels de calcaire.

Les places de charbonnières

13 Ces structures sont les plus fréquentes : dix-huit ont été repérées. Ce sont des replats circulaires aménagés qui forment une anomalie dans le relief, mesurant environ 8 m de diamètre. Pour la plupart implantées en fond de vallon, elles sont repérables grâce à la présence d’une couche de terre noire très charbonneuse en surface.

Les cabanes

14 Les vestiges de l’habitat des artisans sont présents, bien qu’en nombre plus restreint que les structures de production de chaux et de charbon. Sept cabanes ont été découvertes. Généralement de petite dimension, leur plan peut être circulaire ou quadrangulaire. Les murs sont en pierre sèche, tandis que la couverture, probablement construite en matériau périssable, n’existe plus.

Datation

15 La datation de ces structures n’est pas sans poser de problèmes. Si les activités de production de chaux et de charbon sont attestées au moins depuis le XIVe s. dans ce secteur, aucun marqueur chronologique ne permet de dater chacune des structures repérées. Eu égard au bon état de conservation de certaines de ces structures, il faut

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 320

probablement envisager une datation relativement récente, dans le courant de l’époque des Temps Modernes.

16 Les derniers fours à chaux traditionnels semblent fonctionner dans le courant du XIXe s., tandis que les derniers charbonniers exercent leur activité à Peynier jusqu’après la seconde guerre mondiale.

17 VASCHALDE Christophe

ANNEXES

Fig. n°1 : Répartition des structures repérées

Auteur(s) : Vaschalde, Christophe. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

CHRISTOPHE VASCHALDE AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 321

Peynier – Four à chaux du vallon de l’Homme Mort

Christophe Vaschalde

Identifiant de l'opération archéologique : 8219

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Vaschalde Christophe (AUT)

1 Faisant suite à l’opération de sondages effectuée en 2006 (BSR PACA, 2006 : 160), la fouille programmée qui s’est déroulée au mois d’août 2007 avait pour but, d’une part, de mettre au jour l’intégralité du four à chaux PEY1 A5 et, d’autre part, d’effectuer des prélèvements anthracologiques sur la place de charbonnière voisine PEY1 E26 (Fig. n°1 : Plan du site du four à chaux PEY1 A5 et de la charbonnière PEY1 E26).

2 La numérotation du four est établie sur le principe suivant :

3 PEY : Commune de Peynier ;

4 1 : zone 1 : vallon de l’Homme Mort ;

5 A : four à chaux ;

6 5 : numéro de la structure selon son ordre de découverte.

Charbonnière

7 La place de charbonnière a été fouillée en suivant un protocole bien établi pour ce type de structure : des prélèvements tous les 5 cm par carré de 50 cm de côté sur le rayon de la charbonnière et sur une partie du bord, de manière à former un transect.

8 La couche de charbons ne mesurait que 5 cm à 12 cm et reposait sur une couche de sédiments homogènes en partie rubéfiés au centre de la place, apportés par colluvionnement. En l’absence de matériel archéologique, des charbons de la base de la couche feront l’objet d’une datation par radiocarbone.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 322

Four à chaux

9 La fouille du four à chaux a été divisée en deux secteurs.

10 Au nord, le secteur A avait pour but de mieux comprendre la nature du tertre en forme de « trou de bombe » qui entoure la structure. Il s’est avéré que ce tertre est constitué essentiellement d’une puissante couche de pierres calcaires d’un module pouvant atteindre jusqu’à 80 cm. Cette couche formait une couronne tout autour du four, sur laquelle est venue se déposer, probablement pendant le défournement, une couche de chaux carbonatée.

11 Le secteur B se situe à l’emplacement même du four à chaux. En l’absence de moyen mécanique du fait des problèmes d’accès au site, toute la structure n’a pas pu être dégagée, mais la fouille manuelle en a mis à jour l’essentiel. Le four est en partie creusé dans le sol et en partie bâti. Le fond se situe à 3 m du niveau d’arasement.

12 Le four est circulaire et mesure 5,70 m de diamètre. Les parois sont construites en pierres calcaires liées à l’argile, laquelle a cuit pendant le fonctionnement du four. Ces parois sont doublées par une couche de petites pierres mal calcinées recouvertes de chaux carbonatée, couche que l’on retrouve dans tout le four sauf au pied de la gueule, mais qui ne permet pas de trancher en faveur d’une réfection lors d’une réutilisation. En revanche, elle permet de distinguer aisément le négatif de la sole du four au niveau du seuil de la gueule.

13 La gueule du four et l’aire de travail ont été retrouvées. La gueule est bâtie avec un linteau et un seuil en calcaire, tandis que l’un des piédroits est en grès (roche absente aux alentours du site). Elle mesure 0,40 m x 0,50 m. Un des murs de soutènement qui délimitent l’aire de travail est conservé sur 1,80 m de hauteur. Ils sont construits en pierre sèche à gros moellons. L’aire de travail, matérialisée par une couche de cailloutis calcaire, était en partie recouverte de chaux carbonatée, d’une manière similaire à ce qui a été mis en évidence dans le secteur A.

14 À l’intérieur, la stratigraphie est typique des fours à chaux, avec une succession, depuis le fond du four, de couches de charbons, de cendres, de chaux carbonatée et de sédiments de remblai. Les restes du foyer forment un tas de 1,35 m d’épaisseur au pied de la gueule, laquelle se trouve à 2 m au-dessus du fond du four qui ne possède aucun évent. Lorsque la gueule a été fouillée, elle était fermée par un dispositif de pierres calcaires sur lesquelles est venue se déposer la chaux carbonatée laissée par les chaufourniers après la cuisson.

Datation

15 En 2006, une datation AMS avait été effectuée sur les quelques charbons pulvérulents qui avaient été prélevés dans le sondage A. Les quatre pics de probabilité de la datation se succédaient entre le milieu du XVIIe s. et le milieu du XXe s.

16 En 2007, un tesson de tasse (forme entière) des productions de Moustiers ou de la vallée de l’Huveaune a été découvert lors de la fouille de l’aire de travail. Celui-ci date du milieu ou de la seconde moitié du XVIIes.

17 En vue d’affiner les connaissances sur ce four, il est envisagé d’effectuer des datations au 14C sur les charbons du foyer et de la place de charbonnière, et une datation

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 323

archéomagnétique sur les parois en argile cuite du four. De même, des analyses anthracologiques seront réalisées sur les restes du foyer et de la place de charbonnière, afin de mieux comprendre les modalités de gestion des ressources en combustible et de déterminer si la proximité des deux structures de cuisson est un gage de concurrence lors de leur fonctionnement.

18 VASCHALDE Christophe

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan du site du four à chaux PEY1 A5 et de la charbonnière PEY1 E26

Auteur(s) : Vaschalde, Christophe. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

CHRISTOPHE VASCHALDE AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 324

Peyrolles-en-Provence – Chapelle Notre-Dame d’Astor

Françoise Paone et Philippe Mellinand

Identifiant de l'opération archéologique : 8120

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Paone Françoise (INRAP) ; Mellinand Philippe (INRAP)

1 Ce diagnostic s’inscrit dans le cadre de travaux de restauration de la chapelle Notre- Dame d’Astor à Peyrolles.

2 Deux problématiques ont été abordées : la réalisation de sondages archéologiques afin d’établir les cotes d’apparition du cimetière médiéval et l’étude succincte des élévations de la chapelle pour déterminer les différentes étapes de construction.

3 L’opération d’une durée de quatre jours a réuni deux à trois archéologues sur le terrain.

Historique

4 Différents éléments (des fragments de sculpture dont certains en remploi, trois gros blocs de calcaire coquillier présentant des trous de louve) permettent d’attester une occupation antique à proximité immédiate de la chapelle.

5 La période médiévale n’est que très mal documentée par les sources écrites. La chapelle est datée des XIe s. ou XIIe s. par I. Gilles (1904, p. 100) grâce au « cintre de la porte d’entrée et par des arcades à baies géminées », et si sa construction est également située aux XIIe-XIIIe s. par le service de l’Inventaire, la première mention relative à cette chapelle n’apparaît qu’au milieu du XVe s. et concerne « des travaux réalisés sous l’épiscopat de Mgr Grimaldi ».

6 En 1582, « l’église Notre Dame d’Astours dépend de la chapellenie Saint Ambroise, laquelle église est ruinée, ne y ayant que les quatre murs ». Cette mention semble pouvoir être à l’origine d’une datation de la construction de l’édifice au XVIe s. reprise

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 325

par plusieurs auteurs. La voûte aurait été reconstruite au XVIIe s., selon le service de l’Inventaire, et une datation similaire est attribuée au premier état des enduits décorant l’intérieur et correspondant à une composition en trompe-l’oeil associant notamment balustrades et tentures sur les murs et caissons sur les voûtes.

7 Dans son état actuel, la chapelle se présente comme un bâtiment orienté de plan rectangulaire de 16 m de long et 7 m de large, avec un chevet plat contre lequel est accolé un presbytère s’étendant sur 5 m.

8 Cette chapelle, à l’origine romane, est caractérisée par plusieurs reprises de maçonnerie en partie haute et est flanquée d’un ensemble de huit contreforts à l’époque moderne.

Les sépultures

9 Quatre sondages ont été répartis à l’ouest et au sud de l’édifice dans des zones susceptibles d’être terrassées lors des travaux d’assainissement. Tous ont livré des sépultures, attestant ainsi l’étendue et la variété des architectures des tombes.

10 Bien que toutes les tombes n’aient pas été ouvertes et que, par conséquent, on n’en connaisse qu’imparfaitement l’architecture intérieure, plusieurs séries homogènes se dégagent. Des sépultures construites, anthropomorphes, sont bâties au moyen de moellons et dalles, majoritairement de tuf, disposées verticalement, soigneusement agencées, et fermées à la tête et aux pieds par un moellon disposé transversalement.

11 Ces sépultures correspondent au type H ou 13 défini par Michel Colardelle et daté du XIIe s. ou du XIIIe s. (Colardelle, 1983).

12 D’autres sépultures, maçonnées, ne peuvent être attribuées à un type précis, car non ouvertes. Le mortier utilisé incite cependant à les considérer comme chronologiquement très proches du type précédent.

13 Certaines tombes construites ont une couverture constituées de dallettes disposées bout à bout, sans liant. Enfin des architectures plus légères, cercueils, coffres de bois ou pleine terre sont un mode d’ensevelissement également attesté, bien que de façon plus limitée. Les deux seules tombes dont l’emplacement du crâne a été dégagé ont livré l’une un vase de type pégau et la seconde un couteau en fer. Ce récipient correspond à des types de pégaus mis au jour à ou Digne et datés du XIIe s.

Les élévations

14 Une première étude des élévations avant toute restauration des maçonneries a également été menée et a permis de distinguer les états médiévaux préservés des reprises d’élévation modernes ainsi que de proposer un plan initial de la chapelle.

15 Sur l’ensemble de l’édifice, la façade occidentale (entrée) est celle qui conserve le plus d’éléments architecturaux rattachables au Moyen Âge. Deux structures illustrent plus particulièrement cet état. Tout d’abord, la porte d’entrée est composée de piédroits en blocs taillés alternativement en calcaire coquillier et grès, le tout disposé en besace ; les joints sont fins et pleins. Les montants supportent un linteau en grès monolithe, sur lequel des traces de layage sont visibles, ainsi qu’un arc de décharge qui reprend l’alternance chromatique. Ce traitement décoratif est également utilisé pour la baie

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 326

géminée dont les arcs en plein cintre reposent sur un chapiteau corinthien établie sur une pile cannelée. L’appareil médiéval est formé d’une alternance d’assises de moellons en boutisse et carreaux de tuf et autre mollasse ainsi que de différents calcaires. L’essentiel du parement est recouvert en partie centrale d’un enduit rendant illisible l’appareil originel. La mise en oeuvre des murs gouttereaux laisse apparaître quelques différences. La partie basse de la façade septentrionale est formée d’un petit appareil réglé de moellons équarris essentiellement de tuf et de calcaire coquillier. Le gouttereau sud présente également quelques assises disposées en épi. Enfin l’observation du mur de chevet conduit à penser que l’édifice originel était pourvu d’une abside semi-circulaire, conformément au plan de chapelle classiquement rencontré pour le style roman provençal. En effet, l’aspect du mur du chevet dont le parement est ondulant, la reprise totale de l’angle nord-est de la chapelle et surtout des traces d’arrachement de maçonnerie étayent cette hypothèse.

16 Les reconstructions du XVIe-XVIIe s. concernent pour l’essentiel les parties hautes de la chapelle, la mise en place de nouvelles baies (les ouvertures romanes ayant totalement disparu) et surtout la reprise totale du choeur avec la création du chevet plat. Ces travaux sont justifiés par l’état de ruine de la chapelle qui, en 1582, est signalée comme n’ayant que « quatre murs ». La restauration a dû être effectuée entre la fin du XVIe s. et la première moitié du XVIIe s.

17 PAONE Françoise et MELLINAND Philippe

18 Avec la collaboration de Guériel Frédéric (dessin et PAO), Parent Florence (céramologie), Fabry B. et Vallière L. (topographie).

AUTEURS

FRANÇOISE PAONE INRAP

PHILIPPE MELLINAND INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 327

Le Puy-Sainte-Réparade – Les Amajons

Philippe Chapon, Patrick Reynaud et Xavier Milland

Identifiant de l'opération archéologique : 8315

Date de l'opération : 2007 (SP) Inventeur(s) : Chapon Philippe (INRAP) ; Reynaud Patrick (INRAP) ; Milland Xavier (INRAP)

1 Cette fouille préventive résulte du diagnostic effectué en février 2007 sur le tracé du pipeline SAGESS au lieu-dit : Arnajons. Sur le tracé initial, un chemin empierré perpendiculaire à l’axe du projet avait été mis en évidence sur environ 7 m de long. Les éléments céramiques découverts avaient permis de dater la structure du Haut-Empire.

2 Alors que le principe d’une fouille archéologique avait été décidé sur l’emprise du projet, le maître d’ouvrage a proposé une déviation du tracé initial afin d’éviter les vestiges d’un dolmen attribué au Néolithique mis au jour à environ 350 m plus à l’est lors de la même opération de sondages. Des tranchées complémentaires ayant été effectuées sur le nouveau tracé, le chemin antique a encore été rencontré 20 m plus au nord, cette fois accompagné des vestiges d’un bâtiment interprété comme un chai à dolia. Le projet de fouille archéologique a donc été réévalué d’après ces dernières découvertes et le champ d’investigation a été porté à environ 600 m2 permettant ainsi le dégagement de la voie sur la largeur de l’emprise (18 m) et l’exploration des bâtiments contigus (Fig. n°1 : Plan d'ensmble des vestiges).

3 D’après l’agronome latin Columelle, « le voisinage d’une voie n’est pas favorable à l’emplacement d’une ferme, à cause des brigands, des passages de soldats et de la tradition hospitalière qui finit par être ruineuse ». L’ensemble de bâtiments découvert aux Arnajons étant en liaison directe avec la chaussée qui, loin d’être un chemin privé menant à ce site, se poursuit de part et d’autre, la fonction de complémentarité entre ces deux ensembles paraît pourtant devoir être envisagée.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 328

4 Bien entendu l’aspect partiel de la fouille, qui n’a porté que sur l’emprise du pipeline, ne permet pas une interprétation fiable du bâti, exploré de manière trop ponctuelle. On peut pourtant affirmer que l’on accédait à cet ensemble par une vaste porte cochère donnant sur une chaussée descendant du val de Ribière et menant vers la Durance.

5 Cet accès, qui ressemble en tout point à l’entrée de la villa Régine, établissement rural fouillé à moins de 1 km, donne sur une cour centrale autour de laquelle se distribue une série de bâtiment dont un chai de petites dimensions (BSR PACA, 1999 : 113-115 ; 2000 : 132-133 ; 2001 : 138).

6 Les structures fouillées ne sont pas isolées : un vaste dépôt charbonneux, témoignant d’un artisanat, et une fosse comblée d’éléments de démolition ont été mis en évidence à quelques dizaines de mètres sur le tracé initial du pipeline, et à ces éléments il faut ajouter les indices montrant la présence d’une villa à 200 m de là. Cet ensemble bâti suit l’évolution chronologique de la chaussée et les deux éléments paraissent indissociables : début de la fréquentation au milieu du Ier siècle de notre ère, abandon vers la fin du IIe s. et au plus tard au début du IIIe s., fréquentation ponctuelle et destruction durant la seconde moitié du IVe s., ce qui encore une fois montre des analogies fortes avec le site du quartier Régine.

7 Certains établissements ont été interprétés comme auberge ou relais d’après des caractéristiques communes, parmi lesquelles se distinguent la présence d’une cour fermée dotée d’entrée charretière et la surreprésentation des fragments amphoriques par rapport à la vaisselle de table. Tous ces éléments incitent à classer le site des Arnajons dans cette catégorie et, dans le cadre d’une publication, l’approfondissement de certains éléments – étude archéozoologique et documentaire, comparaison des lots de matériels – permettront de mieux affiner cette hypothèse.

8 CHAPON Philippe

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 329

Fig. n°1 : Plan d'ensmble des vestiges

Auteur(s) : Guériel, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

PHILIPPE CHAPON INRAP

PATRICK REYNAUD INRAP

XAVIER MILLAND INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 330

Puyloubier – Richeaume XIII

Florence Mocci, Bérengère Perez et Vincent Dumas

Identifiant de l'opération archéologique : 8278

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Mocci Florence (CNRS) ; Perez Bérengère (CNRS) ; Dumas Vincent (CNRS)

1 Le site de Richeaume XIII est implanté à l’ouest de la commune de Puyloubier, sur une des terrasses caillouteuses (nappe fluviatile torrentielle) surplombant, en rive gauche, le ruisseau de la Naïsse et la villa de Richeaume située 200 m plus au sud-ouest.

2 Ce site a fait l’objet, en 2004, d’une opération archéologique de sauvetage (BSR PACA, 2004 : 186-187 ; Mocci, Nin, 2006) et, en 2007, d’une première campagne de fouille programmée. Parallèlement, une prospection géophysique (Fig. n°1 : Plan de localisation de la prospection géophysique 2007) accompagnée de mesures de susceptibilité magnétique et de prélèvements sur une crémation (Inc.5) et sur un certain nombre d’US a été réalisée.

3 Trois aires de fouille ont été ouvertes sur une superficie totale de 103,45 m2. Un certain nombre de vestiges funéraires et bâtis confirment, entre 0,27 m et 0,90 m de profondeur, la présence d’une nécropole liée à la villa antique de Richeaume et à une occupation plus tardive : crémation et vaste bâtiment funéraire du Haut-Empire, inhumations sous bâtière de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge. L’analyse stratigraphique a confirmé ou révélé la présence de plusieurs phases de nivellement de la terrasse durant l’Antiquité.

Le bâtiment funéraire E1 (alt. : 325,50-326,06)

4 L’angle sud-est d’un bâtiment funéraire (E1, M2-M3) a été dégagé, sur 9,59 m2, dans la zone 2. L’angle sud-ouest (M1-M2) avait été reconnu partiellement lors de la fouille de sauvetage de 2004. Le plan de ce bâtiment orienté nord-ouest – sud-est a été révélé lors de la prospection géophysique de septembre 2007 (Fig. n°1 : Plan de localisation de la

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 331

prospection géophysique 2007) : il correspond à une structure carrée d’une superficie totale de 155 m2 environ (surface interne 130,85 m2). Seuls trois côtés de cet édifice ont été partiellement mis au jour (M1, M2, M3). Ces murs ne présentent qu’un parement externe, appareillé en opus caementicium avec des joints tirés au fer et un blocage fait de tout-venant, partiellement lié au parement par un mortier (Fig. n°2 : Vue depuis le sud du parement externe du bâtiment E1). Élevés comme des murs de terrasse, ils ne comportent pas de parement interne. Seule la tranchée de fondation interne a été atteinte. L’espace E1 a été construit dans les formations caillouteuses de la terrasse, entaillées pour permettre l’érection des murs. Ce décaissement est bien attesté dans l’espace interne alors que la question subsiste à l’extérieur du bâtiment. Le relevé architectural de cet édifice et son étude ont été réalisés Par Pierre Étienne Mathé, Jérôme Gatecceca et P. Dussouillez (CEREGE, UMR 6635, technopole de l’Arbois, Aix-en- Provence).

5 - Deux états de construction ont été distingués.

6 Le premier état (a) est caractérisé par l’usage de moellons équarris, d’assises régulières et de joints tirés au fer.

7 Le second état (b) correspond à l’usage de moellons plus ou moins équarris, débordants du mur de l’état 1, conservés sur deux assises, dont une seule en parement.

8 La différenciation se fait également au niveau du mortier employé pour la construction, plus fin et résistant pour le premier état, caillouteux, épais et friable pour le second. Le premier état, à rattacher au Haut-Empire, pourrait être contemporain de la construction de la première villa de Richeaume (état IIIa : fin Ier s. à la première moitié du IIe s.). Aucun élément de datation n’est apporté, pour l’heure, pour l’état b (Antiquité tardive, haut Moyen Âge ?). Le niveau de circulation extérieur à ce bâtiment n’a pas été clairement identifié pour ces deux états.

9 - Le mur M2, d’une largeur moyenne de 0,50 m à 0,60 m, a été mis en évidence sur six assises (soit une hauteur de 0,80 m), sur 2,50 m de long. La dernière assise (M2b) a été en grande partie détruite. Le parement externe du mur M2a est constitué de cinq assises de moellons (hauteur : 0,75 m). Le mur M3 mesure 0,50 m de large et a été reconnu sur six assises dont deux appartenant à l’état b, sur 3,80 m de long.

10 - L’espace interne à l’édifice E1, dégagé sur 6,82 m2 environ, ne comporte aucune sépulture, ni aucun aménagement. Une incinération (Inc.1) était en revanche visible en 2004, en coupe, dans l’angle sud-ouest du bâtiment. La tranchée de fondation des murs M2-M3, large de 0,50 m a été creusée dans le substrat caillouteux. La face interne, construite comme un mur de terrasse, est constituée par trois assises régulières de galets liées par un sédiment meuble, argilo-sableux avec cailloutis. Le seul mobilier céramique correspond à trois fragments de céramique commune à pâte claire recueillis à la base du niveau de galets.

Les sépultures

11 Plusieurs gisements funéraires distincts par leur mode de dépôt et le traitement des défunts ont été mis au jour ou partiellement dégagés : une sépulture primaire à inhumation d’immature d’époque mérovingienne, déposée sur le dos et orientée ouest- est (Sp.2) ; une structure à crémation du Haut-Empire, orientée ouest-est (Inc.5 ; fosse-

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 332

bûcher) ; une sépulture remaniée en fosse orientée sud-ouest – nord-est (Fs2) ; une probable sépulture sous bâtière orientée est-ouest visible seulement en coupe (Sp.3). • L’inhumation primaire d’immature (Sp2) avait partiellement été dégagée lors de la campagne de 2004. Aménagée en bâtière de safre et de tegulae, elle contenait le corps d’un immature (classe des 5-9 ans) en position dorsale. Assez profonde depuis la surface du sol (plus de 0,60 m), la bâtière se composait de quatre blocs de safre plus ou moins équarris de dimensions variables complétés à l’extrémité nord-est par deux fragments retaillés de briques claveaux quadrangulaires à tenons (utilisés généralement dans les thermes). Un calage constitué de trois gros blocs non équarris déposés contre les dalles de safre maintenait la bâtière en place dans sa partie inférieure droite. Elle était clôturée à l’ouest et à l’est (au niveau de la tête et des pieds) par une tegula de chant. Le corps du défunt reposait directement sur un dallage composé de cinq blocs de safre non équarris d’une épaisseur de 0,055 m et de dimension assez homogène (Fig. n°3 : Vue depuis l'est du squelette d'un immature (Sp2) après dépose de la bâtière). L’ensemble reposait au fond d’une fosse en cuvette arrondie (longueur à la base : 1,32 m ; largeur : 0,55 m et au sommet longueur : 1,40 m ; largeur : 0,72 m) dont les limites est avaient été endommagées en 2004 par la tranchée de canalisation. En revanche, les limites sud de sa fosse étaient matérialisées en surface par un ensemble de galets et de petits blocs alignés. Au nord, la limite était marquée par la présence de deux autres fragments retaillés de briques claveaux. Le mobilier archéologique se résume à quatre fragments de céramique non tournée recueillis dans des remblais antérieurs ou recouvrant la sépulture Sp2 mais surtout à une agrafe de linceul à double crochet avec décor de cercles oculés, tracés au drille. Très bien conservé, cet accessoire vestimentaire découvert à l’arrière du bloc crânio-facial contre la paroi de l’occipital est généralement associé aux inhumations mérovingiennes des VIIe s. au IXe s. (Fig. n°4 : Agrafe de linceul à double crochet avec décor de cercles oculés, tracés au drille). • La fosse de crémation (Inc.5 : 1,40 m x 0,54 m) sans contenant funéraire (type vase-ossuaire ou urne cinéraire) a été aménagée dans des remblais de nivellement, au sud du bâtiment E1. Ses contours étaient rubéfiés de façon homogène sur l’ensemble des parois et son remplissage se composait de cendres, de résidus charbonneux, de fragments de tegulae et d’os brûlés circonscrits uniquement le long de bûches carbonisées en place. Les os recueillis présentaient une fragmentation très élevée qui a constitué un obstacle à leur identification. Le décompte et l’observation des pièces osseuses ont néanmoins permis d’identifier la présence d’un seul individu de taille adulte dont le poids total du volume osseux (refus de tamis compris) s’élevait à 480,7 g. À peine plus de 10 % du poids total attendu étaient donc conservés dans cette structure. Une telle constatation est souvent interprétée dans le sens d’une collecte partielle après la crémation. Aucun mobilier céramique ne lui était associé. En revanche, une datation 14C réalisée sur l’une des bûches carbonisées identifiée comme du Pinus halepensis, seule espèce utilisée comme combustible à la crémation correspond à une période comprise entre 129 et 264 de notre ère. (1795 ± 35 ; Pa 2466). Cette datation correspond à l’état IIIb de la villa de Richeaume. • Au sud-est de la crémation Inc.5, une fosse (2 m x 0,48 m) a été creusée dans les formations caillouteuses de la terrasse. Recoupée et perturbée dans sa partie supérieure par des sillons de labours modernes, la majeure partie de son comblement contenait une importante quantité d’ossements épars. L’examen détaillé des pièces osseuses a permis la détermination d’un seul individu de taille adulte. Tous les os longs des membres ainsi que les os « volumineux » étaient absents tandis que les côtes, les vertèbres, les os de la main (carpe, phalanges) et du pied (tarse, phalanges) composaient les parties anatomiques les plus représentées. Aucune connexion anatomique stricte n’était visible à la fouille, néanmoins

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 333

l’examen de la répartition des différents vestiges osseux dans la fosse a permis de mettre en évidence une certaine « logique anatomique » : os du crâne (à l’extrémité ouest) suivis des côtes et des vertèbres ; puis des os des mains et de la ceinture pelvienne (à quelques exceptions près) et enfin des os des pieds à l’est de la fosse (à l’opposé des os du crâne). C’est cette organisation anatomique toute relative qui nous pousse à envisager l’hypothèse d’une sépulture bouleversée dans ces niveaux supérieurs et par une utilisation postérieure (réouverture ? remploi de fosse ? vidange de fosse ? remploi de tegulae ?). Le mobilier recueilli dans le comblement n’apporte pas une datation précise (rares fragments de céramique sigillée sud-gauloise, de céramique commune à pâte claire et une soixantaine de fragments ou d’éclats de tegulae).

12 MOCCI Florence, PEREZ Bérengère et DUMAS Vincent

13 Avec la collaboration de BARTETTE Titien, CENZON-SALVAYRE Carine, MATHÉ Pierre Étienne et GATTECECCA Jérôme

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan de localisation de la prospection géophysique 2007

Auteur(s) : Mathé, Pierre-Étienne ; Gattececca, Jérôme ; Dumas, Vincent. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 334

Fig. n°2 : Vue depuis le sud du parement externe du bâtiment E1

ADLFI (2007)

Fig. n°3 : Vue depuis l'est du squelette d'un immature (Sp2) après dépose de la bâtière

Auteur(s) : Groscaux, P. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 335

Fig. n°4 : Agrafe de linceul à double crochet avec décor de cercles oculés, tracés au drille

Auteur(s) : Damelet, Loic. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

FLORENCE MOCCI CNRS

BÉRENGÈRE PEREZ CNRS

VINCENT DUMAS CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 336

Saint-Mitre-les-Remparts – Place Neuve

Jean Chausserie-Laprée et Gwenhael Georget

Identifiant de l'opération archéologique : 8334

Date de l'opération : 2007 (SU) Inventeur(s) : Chausserie-Laprée Jean (COL) ; Georget Gwenhaël (CNRS)

1 C’est à l’occasion de travaux de terrassement préalables à l’aménagement par la commune de la place Neuve, au nord-est et au pied des fortifications du village, que les vestiges d’un ancien cimetière communal ont été mis au jour fortuitement en février 2007.

2 Missionné sur le terrain, le Service archéologie de la ville de Martigues a opéré en mars et avril 2007 la fouille de sauvetage de ce cimetière, avec le concours d’une anthropologue recrutée à cette occasion par la ville de Saint-Mitre-les-Remparts, Gwenhaël Georget. Nous avons bénéficié sur le terrain du concours de l’archéologue de Port-de-Bouc, Hélène Marino, et du soutien précieux de l’équipe du Service d’anthropologie biologique de la Faculté de médecine de Marseille (CNRS), sous la direction de Michel Signoli.

3 L’intervention archéologique n’a pas pu couvrir la totalité de la surface touchée par les travaux d’aménagement de la place. Ayant dû se concentrer principalement sur les parties centrale et septentrionale de la place, elle a concerné au total une superficie d’environ 350 m2, où nos travaux ont non seulement mis en évidence la présence de sépultures d’époque des Temps Modernes, mais aussi diverses structures liées aux travaux et à l’utilisation de cet espace après son abandon comme cimetière communal au début du XIXe s. (Fig. n°1 : Vue aérienne en fin de chantier depuis l'est).

4 Nos recherches ont mis en évidence que la totalité de la place actuelle se trouvait comprise dans l’enceinte de l’ancien cimetière communal.

5 Celui-ci se trouvait au pied des remparts nord du village, depuis une période qui n’a pu être précisément déterminée, mais qui remonte au moins au début du XVIIe s., si l’on en

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 337

croit une monnaie (double tournois) de 1633 associée à une des sépultures mises au jour.

6 À l’inverse, on connaît la date de la fin de l’utilisation de ce cimetière, d’après des documents conservés aux archives municipales de Saint-Mitre. La décision de transfert du « champ de repos », selon la terminologie de l’époque révolutionnaire, date exactement du 16 floréal an II, soit le 5 mai 1794, mais on n’a cessé d’y inhumer les défunts qu’en mai 1810, après la mise en service d’un nouveau cimetière sur le site de la Croix d’Aymard.

7 On sait même qu’en mai 1822 l’ancien cimetière est dans un état d’abandon avancé qui détermine la municipalité à faire procéder au transfert intégral des terres et ossements qu’il contenait, soit, d’après la délibération municipale, 488 m3de terre transportées !

8 On pouvait ainsi procéder à la construction d’un nouveau quartier bâti hors les murs de la ville autour d’une place, « la place Neuve », appelée ainsi dès 1832.

9 Précédant notre intervention, d’autres travaux ont affecté aux XIXe s. et XXe s. cette place et contribué à bouleverser, supprimer ou seulement masquer les vestiges de ce cimetière. Il faut en particulier mentionner le réaménagement complet entrepris en 1984 qui, d’après divers témoignages oraux de riverains, a mis au jour et détruit un nombre important de sépultures.

10 Il ressort de ces éléments que les fouilles d’urgence entreprises en 2007 sur ce site n’ont pu découvrir qu’un nombre très restreint des sépultures par rapport à celui qu’il contenait initialement. N’ont en définitive été explorées que les sépultures qui se trouvaient encore enfouies entre le niveau géologique du Miocène, qui affleure parfois très vite, et le sol d’utilisation de la place Neuve avant ces travaux de réaménagement.

Premier bilan des modes d’inhumation

11 Au total, les fouilles ont permis de dénombrer et d’étudier cent vingt-quatre individus inhumés. Il s’agit généralement de sépultures primaires orientées ouest-est, la tête des défunts, qui reposent tous en décubitus dorsal, se situant pour la majorité à l’ouest. Les tombes sont le plus souvent individuelles, mais on note la présence de quelques sépultures multiples, doubles voire dans un cas triple.

12 Selon les secteurs, la densité d’occupation est forte et les recoupements entre les différentes sépultures particulièrement nombreux et importants. De ce fait, quantité d’ossements se retrouvent en position secondaire, sur et autour les inhumations primaires, ou encore sous forme de réductions d’os et de fragments d’ossements, alors mêlés à la terre de comblement.

13 Conformément aux pratiques habituelles de la période des Temps Modernes, la plupart des inhumations ont été réalisées en pleine terre (56 %), parfois après le creusement du substrat de marne ou calcaire coquillier selon les secteurs. Cette pratique permet de classer quelques sépultures de ce cimetière dans la catégorie des tombes rupestres.

14 On atteste aussi la pratique du dépôt du corps dans un cercueil (19 %), marqué par la présence de clous de fer et plus rarement de restes ligneux. Le mobilier associé aux sépultures est très rare, se limitant pour l’essentiel à quelques chapelets et bagues.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 338

Premières observations anthropologiques

15 Encore en cours, l’étude anthropologique indique qu’à peine 16 % des sépultures correspondent à un sujet immature, mais il faut garder à l’esprit que les strates supérieures de ce cimetière ont été détruites.

16 Or c’est précisément ces niveaux qui contiennent généralement le plus grand nombre de sépultures d’immatures, souvent enterrés moins profondément que les autres sujets. La répartition des immatures en classes quinquennales reste cependant assez conforme aux chiffres attendus avec peu d’adolescents retrouvés. Concernant la population adulte, on constate un nombre important de sujets âgés.

17 Enfin, les premières observations paléopathologiques indiquent un état dentaire assez mauvais, avec de nombreuses et importantes caries. Des insertions musculaires marquées, un nombre important d’entésopathies sur différents sujets sont les traces d’une activité physique relativement intense. Des traumatismes ont également été repérés : fractures, arthroses secondaires, du coude notamment, luxation du poignet, etc.

18 Quelques cas infectieux et inflammatoires sont également à l’étude.

Quelques vestiges de l’ancienne place Neuve

19 Les fouilles ont aussi permis de retrouver quelques traces des aménagements et usages qui ont suivi aux XIXes. et XXe s. l’abandon du terrain comme cimetière : on peut signaler l’utilisation d’une partie de l’espace comme zone de dépotoir domestique, marqué par la présence de verreries (bouteilles, une dame-jeanne) et poteries régionales (cruches, coquetiers, assiettes, marmites, tians, etc.) ou étrangères (céramique d’Albisola).

20 On a également mis au jour les structures de calage de plusieurs poteaux et piquets et, parmi eux, de deux mâts de fort diamètre, que l’on peut interpréter soit comme des mâts de cocagne, soit comme des « arbres » de la Révolution symboliques.

21 Enfin divers aménagements spécifiques de l’ancienne place Neuve ont été identifiés, par exemple le creusement de profonds trous pour la plantation d’arbres ou encore la construction en 1887 d’un puits public.

22 CHAUSSERIE-LAPRÉE Jean et GEORGET Gwenhaël

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 339

Fig. n°1 : Vue aérienne en fin de chantier depuis l'est

Auteur(s) : Chausserie-Laprée, Jean. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

JEAN CHAUSSERIE-LAPRÉE COL

GWENHAEL GEORGET CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 340

Saint-Paul-lès-Durance – ITER- Cadarache

Lucas Martin et Stéphane Fournier

Identifiant de l'opération archéologique : 8134

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Martin Lucas (INRAP) ; Fournier Stéphane (INRAP)

1 Le projet ITER concerne le terrassement complet de plus de 100 ha de forêt domaniale située à Cadarache, commune de Saint-Paul-lès-Durance. Il s’agit d’une ancienne forêt royale qui fournissait les bois de la marine de Toulon. Gérée depuis par les Eaux et Forêts, puis l’ONF, elle recelait encore des chênes verts ou des chênes blancs multiséculaires.

2 Les sondages archéologiques, réalisés en plusieurs phases entre janvier et avril 2007, ont concerné dans un premier temps 70 ha.

3 Ils ont démontré l’ancienneté de cette forêt qui ne recouvre pas de terroir antérieur moderne. Les sols présents sont uniquement forestiers. Les datations radiocarbones indiquent une installation de ces horizons au début des Temps Modernes. Les éléments diagnostiqués sont tous liés à l’exploitation forestière : des charbonnières, un four à chaux, une verrerie moderne (voir notice sur « La Verrerie-Cadarache »).

4 Un prélèvement de cent trente tranches d’arbres anciens a été mené dans l’optique de dater la forêt, d’en faire l’histoire et d’établir une chaîne de datation dendrochronologique basée sur les chênes. Cette source documentaire n’existait pas pour la Provence. Elle vise à donner à terme une référence chronologique utilisable pour toutes les datations sur les bois provençaux (meubles, poutres, statues en bois, sites avec pieux de chênes, épaves). Elle permettrait de recaler des prélèvements stockés à la chronologie aujourd’hui flottante car on peut espérer remonter dans le temps entre 300 ans et 500 ans, voire plus.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 341

5 C’est aussi une source pour des études précieuse dans les domaines climatiques car les cernes de croissance enregistrent avec finesse les variations annuelles de pluviométrie, les crises, l’impact du CO2 sur la croissance de l’arbre.

6 MARTIN Lucas et FOURNIER Stéphane

AUTEURS

LUCAS MARTIN INRAP

STÉPHANE FOURNIER INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 342

Saint-Paul-lès-Durance – La Verrerie-Cadarache

Gérald Bonnamour

Identifiant de l'opération archéologique : 8461

Date de l'opération : 2007 (SP) Inventeur(s) : Bonnamour Gérald (AUT)

1 L’étude de bâti et la fouille préventive du site de la Verrerie, au sein de la forêt domaniale de Cadarache (commune de Saint-Paul-lès-Durance), se sont déroulées du 26 novembre au 21 décembre 2007. Elles répondaient à un diagnostic réalisé par l’INRAP au début de l’année (voir a notice sur « l’ITER »). La zone de fouille concernait une superficie de 400 m2. Outre la fouille des structures enfouies, l’intervention comprenait l’étude d’un bâtiment encore en élévation et dénommé La Verrerie sur le cadastre napoléonien. La phase de terrain a mobilisé six personnes, dont Mathilde Tissot qui s’est chargée de l’étude des élévations.

2 Le bâtiment se présente sous la forme d’un édifice rectangulaire d’une quarantaine de mètres de long et d’une quinzaine de mètres de largeur. Il est orienté nord-sud et est scindé en deux parties. La partie sud, édifiée en parpaings de ciment, correspond à une phase ultime de remaniements du XXe s. La partie nord est un bâtiment quadrangulaire construit en petit appareil de moellons grossièrement équarris et chaînés aux angles. Le toit en bâtière est soutenu par trois piliers. Le parement interne sud correspond en fait au parement externe d’un premier bâtiment qui se développait sous l’édifice en parpaings. La fouille a permis, par ailleurs, de mettre en évidence un prolongement vers l’ouest de ce mur. Les trois autres murs délimitent un édifice de 6 m de haut environ, espace vraisemblablement subdivisé à l’origine par un plancher. Ensuite, deux pièces furent aménagées dans le quart sud-est de cet ensemble : une cave voûtée semi- enterrée et une pièce à l’étage. Un crépi recouvre aujourd’hui l’ensemble des murs et des contreforts en béton rythment le pourtour de l’édifice.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 343

3 La fouille a mis au jour un bâtiment de plan quadrangulaire, accolé à la façade ouest, et dégagé sur une élévation de plus de 1 m. Les couches de démolition comprenaient de nombreux fragments de parois de terre cuite vitrifiées et des déchets de fabrication du verre. D’importants niveaux de chaux ont été identifiés aux abords immédiats de cette structure. À l’ouest de l’édifice en parpaings, un drain en pierre d’orientation sud-est - nord-ouest a été dégagé. Au-delà, vers le sud, une vaste calade reposant sur des niveaux naturels s’étend sur toute la zone. Enfin, une seconde extension a été dégagée à l’est de la Verrerie. Elle renfermait un four qui fut en partie détruit lors de la construction d’un escalier.

4 L’étude du mobilier et le traitement post-fouille à venir devraient permettre de préciser la datation et la fonction de ces vestiges manifestement associés au travail du verre. Des recherches en archives et une étude dendrochronologique apporteront aussi des renseignements quant aux liens entre les activités artisanales et l’exploitation de la forêt de Cadarache.

5 BONNAMOUR Gérald

AUTEURS

GÉRALD BONNAMOUR AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 344

Saint-Rémy-de-Provence – Abri Otello

Philippe Hameau

Identifiant de l'opération archéologique : 8356

Date de l'opération : 2007 (RE) Inventeur(s) : Hameau Philippe (SUP)

1 L’abri Otello (du prénom de son inventeur, Otello Badan) a fait l’objet d’une seconde campagne de relevés assortis d’une prospection des combes et crêtes avoisinantes. Le site comprend deux espaces superposés : une esplanade (abri inférieur) et un porche à 8 m au-dessus de la première (abri supérieur) constitué d’un couloir et d’une salle représentant un espace de 12 m de long sur 3 m de large en moyenne. L’accès de l’un à l’autre abri se fait en escaladant une rampe pentue et étroite.

2 L’intervention de 2006 avait consisté à relever les figures peintes de la paroi nord de l’abri supérieur. Il s’agit d’un panneau continu de 8 m de long environ comptabilisant une centaine de figures appartenant au corpus schématique du Néolithique. Les superpositions sont nombreuses et permettent de supposer quatre principaux épisodes graphiques et une progression de l’utilisation du support de la droite vers la gauche (BSR PACA, 2006 : 162-163).

3 En 2007, les nouveaux relevés ont porté sur les figures de la paroi sud du même abri supérieur, celles du couloir et de l’esplanade. La densité des éléments peints ou gravés y est plus faible. La diversité des corpus iconographiques est plus perceptible. L’extrémité occidentale de la paroi nord et l’ensemble de la paroi sud sont des zones peu propices à l’ornementation.

4 Sur les quelques zones planes et protégées des ruissellements les Préhistoriques ont laissé quelques peintures, au doigt ou au pinceau, dans des tonalités essentiellement rouges. Les figures conservées sont généralement cruciformes (Fig. n°1 : Signe cruciforme réalisé à la brosse avec un mélange pâteux, zone E, fig. 3). Nous les interprétons comme des signes anthropomorphes masculins.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 345

5 On note aussi, dans le fond de l’abri, l’existence d’une concrétion rehaussée de rouge (nouvel exemple d’une attention portée aux écoulements périodiques de l’eau) et d’une stalactite creuse coupée longitudinalement (peut-être une concrétion sonore à l’origine).

6 Les autres figures de la paroi sud sont tracées au bâton de colorant : des signes cruciformes ou des traits non organisés. Une main négative est observable en hauteur, son contour étant assuré par le frottement de la paroi avec un galet calcaire. Une quinzaine de figures ont également été observées dans le couloir, uniquement sur sa paroi sud : quelques taches de peinture rouge et des traits au bâton de colorant.

7 L’esplanade a peut-être été ornée à l’origine. Dépourvue d’auvent, elle n’a pas pu conserver d’éventuelles figures. On note cependant un regroupement de neuf cupules très faiblement marquées (érodées) sur l’une des parois et un alignement vertical de plusieurs signes au bâton de colorant dans un joint de strate, sur la paroi opposée. Une marelle et un signe en sablier y sont identifiables. Quatre mètres au-dessus de ces derniers, au-dessus d’une étroite corniche suspendue, nous avons pu relever une figure peinte, en forme de T.

8 Les figures au bâton de colorant représentent sans doute la version picturale de l’art schématique linéaire. Sablier, marelles, croix et traits sans organisation apparente sont quelques-uns des éléments de ce corpus que l’on ne sait pas dater plus précisément que sous le terme d’époque historique. Initiales, millésimes, dessins de palmes au charbon de bois, sont récents.

9 Dans l’hypothèse d’abris peints au Néolithique en relation avec des pratiques rituelles de passage, nous avons dégagé et relevé les rochers qui ferment le chemin d’accès à la combe orientale, sous l’abri Otello. Ces rochers pourraient avoir servi de « seuils ».

10 À 500 m environ à l’est du site orné, un abri exprime la même configuration : deux espaces superposés, des parois rubéfiées, une orientation au sud-est. Il ne porte pourtant aucune figure d’aucun corpus iconographique, ce qui nous fait penser que seul l’ample abri Otello a représenté pour les peintres et graveurs, à toutes les époques, le seul support sélectionnable. C’est aussi la seule cavité dont les strates inférieures recèlent des matières colorantes. À ce titre, une nouvelle série d’expérimentations pigmentaires (à la suite de celles menées en 1999 à la Bergerie des Maigres, à Signes dans le Var) est en projet.

11 HAMEAU Philippe

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 346

Fig. n°1 : Signe cruciforme réalisé à la brosse avec un mélange pâteux, zone E, fig. 3

Auteur(s) : Hameau, Philippe. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

PHILIPPE HAMEAU SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 347

Saint-Rémy-de-Provence – Le macellum de Glanum

Jean-Louis Paillet, Yves Marcadal et Gilles Velho

Identifiant de l'opération archéologique : 8264 et 8365

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Paillet Jean-Louis (CNRS) ; Marcadal Yves (CNRS) ; Velho Gilles (SUP)

1 La campagne de fouille 2007 a été consacrée à l’exécution de quelques sondages complémentaires (BSR PACA, 2005 : 143 ; 2006 : 164-165) dans le macellum de Glanum (Fig. n°1 : Numérotation des espaces et des sondages) :

Pièce F, sondages S1 et S11

2 L’achèvement du sondage S1 a permis de compléter l’information sur la mise en place d’une canalisation d’évacuation des eaux pluviales et usées issues de la cour du macellum. Cette canalisation serait postérieure à la construction initiale du monument et antérieure à la mise en place d’un terrazzo dans toute la surface de la pièce F. Ce sol aurait ensuite été perforé par une grande fosse dont le but aurait été de tenter de remettre en service la canalisation colmatée. Au fond de la fosse a été observée la présence d’un mur d’un habitat antérieur à la construction du macellum dont les axes sont les mêmes que ceux de l’urbanisme en grand appareil de tradition hellénistique.

3 Le sondage S11 a été effectué dans des couches qui étaient scellées par le terrazzo. Il a été possible d’observer la qualité et la profondeur de la fondation des murs de l’angle sud-ouest du macellum, les différentes couches contemporaines et antérieures au terrazzo ainsi que les couches encaissantes de la tranchée de fondation des murs du macellum. Cette dernière a sectionné, dans le sens de la longueur, un autre mur indigène d’axe est-ouest et construit en terre compactée.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 348

Rue et entrée, sondages S2 et S12

4 Les sondages S2 et S12 ont été exécutés au droit d’une autre canalisation dont les parois latérales sont constituées de dalles sciées et dont les extrémités présentent une feuillure verticale destinée à l’assemblage des dalles entre elles.

5 Le sondage S2 montre que cette canalisation a été détruite par la mise en place du bloc servant de base au piédroit nord de la porte d’entrée du macellum.

6 Le sondage S12, situé à l’intérieur du vestibule d’entrée, n’a été qu’entamé. Il sera poursuivi et achevé en 2008.

7 Le problème de la chronologie relative de ces deux canalisations se pose. S’il n’est pas résolu par l’achèvement de la fouille de ce sondage S12, nous serons contraints d’en exécuter un autre au point de convergence des deux canalisations.

Boutiques A et C, sondages S5 et S6

8 Les sondages S5 et S6 avaient pour but d’étudier la structure et la profondeur de deux angles de murs intérieurs et extérieurs du macellum dans les boutiques A et C. Nous sommes désormais sûrs que l’espace du macellum a fait l’objet d’un vaste décaissement préalable à son installation.

9 Le substrat géologique, composé de cailloux aux angles usés de calcaire du Crétacé emballés dans du sable, apparaît aujourd’hui à quelques centimètres en dessous du niveau du sol d’occupation des boutiques.

10 En cet endroit, toutes les couches d’occupation antérieures à la construction du macellum ont été déblayées pour servir de remblai dans la moitié orientale du monument.

Datation

11 Le matériel recueilli dans ces sondages est en cours d’étude et nous espérons qu’il permettra de préciser la chronologie des différents états du monument dont l’étude architecturale a apporté le témoignage.

12 Toutefois, et sous réserve d’un examen complet de l’ensemble du matériel, il nous est possible de proposer la succession des séquences suivantes : • traces d’occupation de la fin du Néolithique sur le substrat colluvial du comblement géologique du vallon ; • absence de trace d’occupation de l’âge du Bronze ; • présence de traces d’occupation continue à partir du VIe s. av. J.‑C. ; • présence d’un habitat de la fin de l’âge du Fer sous le macellum dont les axes urbanistiques ont été conservés lors de la construction du macellum ; • la construction du macellum doit vraisemblablement être placée au cours des premières années du Ier s. av. J.‑C. et non plus à la fin du second siècle avant J.‑C. ; • les dates de la destruction de ce premier macellum et de sa reconstruction en petit appareil ne peuvent pas être précisées à cause des fouilles antérieures conduites par P. de Brun et H. Rolland. Il se pourrait cependant que la canalisation qui traverse l’espace F ait été construite à ce moment-là ;

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 349

• la transformation du tiers sud de l’espace commercial en sanctuaire de la Bona Dea semble avoir eu lieu à l’extrême fin du Ier s. apr. J.‑C. L’ultime transformation marquée par l’installation des corniches posées à l’envers pour servir de gradins doit être située dans le courant du IIe s. apr. J.‑C. ; • les dates de l’abandon et de la destruction définitive du monument ne peuvent pas être précisées pour les mêmes raisons que précédemment.

13 En 2008, nous avons projeté d’achever le sondage S12 sur la canalisation qui a été détruite par la mise en place du piédroit nord de la porte d’entrée du macellum, de pratiquer un microsondage au pied du pilier situé dans l’angle intérieur nord-ouest du vestibule d’entrée et d’exécuter un ultime sondage au point de convergence des deux canalisations identifiées dans le but de préciser leur chronologie relative et absolue. Après cela, nous affecterons toute notre énergie à la préparation de la publication de nos recherches.

14 MARCADAL Yves, PAILLET Jean-Louis et VELHO Gilles

ANNEXES

Fig. n°1 : Numérotation des espaces et des sondages

Auteur(s) : paillet, Jean-Louis. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 350

AUTEURS

JEAN-LOUIS PAILLET CNRS

YVES MARCADAL CNRS

GILLES VELHO SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 351

Tarascon – Le Pas de Bouquet

Frédéric Raynaud

Identifiant de l'opération archéologique : 8011

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Raynaud Frédéric (INRAP)

1 Au nord de Tarascon, le site archéologique du lieu-dit Le Pas de Bouquet est localisé sur un petit plateau bordant la rive gauche du lit majeur du Rhône, qu’il domine à l’ouest par une paroi verticale et surplombé par une crête rocheuse à l’est.

2 Des vestiges ont été repérés sur plus de 20 ha et s’étendent jusqu’au sommet de la crête où un rempart a été observé.

3 Un diagnostic archéologique a été réalisé sur la parcelle B2 909. Des fouilles, dans les années 1970, avaient mis en évidence trois périodes d’occupation :

4 Quinze tranchées ont été implantées sur l’ensemble de la parcelle analysée ; elles ont toutes livré des vestiges correspondant à une ou plusieurs des trois périodes précédemment reconnues. Le terrain ayant fait l’objet d’un sous-solage agricole profond, les structures des niveaux supérieurs ont été fortement fragilisées. Des sondages ponctuels ont permis d’atteindre le substrat géologique en plusieurs points répartis sur l’ensemble de l’emprise.

Les découvertes

5 Des vestiges attribuables, grâce au mobilier recueilli, au premier âge du Fer (deuxième quart du VIe s. av. J.-C. au dernier quart du Ve s. av. J.-C.) ont été repérés dans trois sondages. Au nord, le bord d’une grande excavation réalisée dans un niveau d’accumulation détritique pourrait correspondre à un fossé ou une grande fosse. Au centre, un niveau de sol chargé de cendres a été ponctuellement observé. Au sud-est, un contexte particulier se caractérise par un mur de moellons liés à la terre, axé nord- est – sud-ouest (87° Est), associé à un niveau de sol de terre battue.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 352

L’occupation du deuxième âge du Fer

6 L’occupation du deuxième âge du Fer (dernier quart du IIIe s. av. J.-C. et le deuxième quart du Ier s. av. J.-C.) est matérialisée par des structures de pierres sèches : au sud- ouest, deux murs, orientés est-ouest, associés à un niveau de sol ; au nord-ouest, un mur axé nord-est – sud-ouest (45° Est) semble réalisé avec des blocs de rocher brut liés à la terre. Il est associé à un niveau de sol de terre battue, réalisé sur un remblai chargé de nodules de terre crue, rubéfiées. Au nord-est, deux niveaux de sols ont également été observés. Au sud-est, une structure est constituée par un alignement de quatre blocs bruts, associés à un petit bloc portant une perforation quadrangulaire sur sa face supérieure, inséré dans un niveau de sol de terre battue.

Période romaine

7 Des vestiges de la période romaine ont été observés sur l’ensemble de la parcelle. L’important espacement entre les fenêtres d’observation ne permet pas de restituer une organisation architecturale. Les constructions sont réalisées en pierres sèches avec des chaînages d’angle en grands blocs de calcaire froid. Les sols observés sont tous de terre battue. Seules deux parois, observées à l’ouest, sont recouvertes d’enduits peints en blanc. Différentes orientations ont été relevées : 6° Est et 8° Est, dans le secteur nord-est et est ; 12° Est, au centre de l’espace et jusqu’à 20° Est dans le cas d’un mur au centre. Ces vestiges contrastent avec ceux observés dans les années 1970, qui se caractérisent par la présence de mortier de chaux et de sols plus élaborés.

8 Dans un contexte antique, un monolithe, grande dalle plate au sommet arrondi, en calcaire burdigalien, retrouvé gisant sur un niveau de démolition du IIe s. apr. J.-C., semble être une stèle d’époque gauloise (Fig. n°1 : Monolithe in situ).

9 RAYNAUD Frédéric

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 353

Fig. n°1 : Monolithe in situ

Auteur(s) : Raynaud, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

FRÉDÉRIC RAYNAUD INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 354

Vauvenargues – Prieuré de Sainte- Victoire

Liliane Delattre

Identifiant de l'opération archéologique : 8398

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Delattre Liliane (ASS)

1 En 2006, une première opération archéologique dans l’enceinte du prieuré de Sainte- Victoire avait essentiellement concerné la « fosse », création du XVIIe s. au sud de l’esplanade, destinée à préserver l’accès à la chapelle médiévale ainsi qu’à l’escalier menant vers une grotte et, de là, vers le jardin des moines (BSR PACA, 2006 : 166-167).

2 En 2007, l’intervention s’est aussi inscrite dans le projet d’aménagement et de valorisation de ce site. Dans le secteur supposé de la chapelle médiévale Sainte- Venture, une fouille très limitée visait à rendre possible l’installation d’une passerelle.

3 Avant le comblement de l’espace dans les années 1960, un mur avec amorce de voûte était visible, qui a toujours été attribué à l’ancien édifice religieux. Le sondage a permis la remise au jour partielle de ce vestige très endommagé et fragile. Il a également été l’occasion de dégager le parement extérieur du mur sud du monastère et d’y observer deux états de construction, là où tout laissait penser au seul grand programme du XVIIe s. En 2008, après la pose de la passerelle, la fouille pourra reprendre et être menée jusqu’au sol de la chapelle.

4 L’intervention a aussi concerné l’escalier créé au XVIIe s. pour relier l’esplanade à la fosse. Deux marches, mises au jour en 1964, attestent un bel escalier conçu en pierres de taille moulurées. D’anciennes gravures apportent le témoignage d’un encadrement de l’ouvrage par deux hauts murs pleins. La fouille a révélé que, non seulement les blocs utilisés pour les murs ont disparu, mais également l’ensemble des marches de l’escalier. Seuls subsistent les murs d’échiffre et les limons, qui seront utilisés et mis en valeur par la restauration de l’ouvrage. La canalisation en pierres de taille, conçue au XVIIe s. pour évacuer l’excédent des eaux pluviales de l’esplanade, est restée intacte

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 355

dans l’emprise de l’escalier, sous le niveau des marches, mais elle a été récupérée en amont et en aval. Le projet d’aménagement prévoit sa remise en fonction avec l’adjonction des raccordements nécessaires.

5 La découverte la plus inattendue dans l’escalier s’avéra être l’utilisation d’une portion d’un mur plus ancien, construit en arc de cercle. Relayée par la découverte de deux autres murs antérieurs au programme du XVIIe s., également situés sur l’esplanade, cette mise au jour révèle que les constructions médiévales ne se limitaient pas à la seule chapelle Sainte-Venture, contrairement à l’hypothèse généralement admise.

6 Au XVIIe s., le grand programme de travaux, bien connu et bien documenté, a réuni l’abbé Jean Aubert et Honoré Lambert pour créer le prieuré, tel que nous le connaissons. Ainsi les actes qui mentionnent la restauration de l’ancienne chapelle par l’abbé Aubert ont-ils fait penser que là se situait l’origine de la dévotion et que l’occupation se réduisait à ce petit édifice religieux, destination du pèlerinage annuel de la confrérie de Pertuis. Les mêmes actes permettent de supposer que le site présentait une pente plus ou moins régulière du nord vers le sud et que les travaux du XVIIe s. sont à l’origine d’un remodelage profond du paysage sur un substrat vierge de construction. L’archéologie vient démentir cette vision et, même si les données sont lacunaires, elles laissent présager la possibilité d’une implantation médiévale élargie à l’ensemble du site.

7 La prochaine intervention devrait désormais se concentrer sur la fouille exhaustive de deux secteurs : l’escalier aménagé dans une faille naturelle pour permettre l’accès vers la grotte et la chapelle Sainte-Venture. Cette phase se déroulera en concomitance avec les travaux d’aménagement afin que les entreprises compétentes puissent assurer les restaurations ou les mises en sécurité au fil de la progression des découvertes archéologiques.

8 DELATTRE Liliane

AUTEURS

LILIANE DELATTRE ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 356

Vernègues – Château-Bas

Sandrine Agusta-Boularot, Alain Badie et Marie-Laure Laharie

Identifiant de l'opération archéologique : 8234

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Agusta-Boularot Sandrine (CNRS) ; Badie Alain (CNRS) ; Laharie Marie-Laure (CNRS)

1 L’opération programmée cette année sur le sanctuaire romain avait deux objectifs :

2 La chambre de captage des eaux et l’aqueduc, qui en est issu, ont déjà fait l’objet d’un article (Agusta-Boularot, Fabre, 2005-2006). En revanche, les installations alimentées par cet aqueduc n’avaient bénéficié que de sondages très ponctuels (BSR PACA, 2000 : 138-139). Or, bien que ces installations se trouvent hors des limites du sanctuaire, leur étude est indissociable de celle du temple puisque l’eau qui les alimente provient de la chambre de captage située sur la terrasse inférieure du temple. L’étude de ces installations a pour but d’améliorer notre compréhension de la place et du rôle de l’eau dans ce sanctuaire, dont la fonction demeure énigmatique en raison de sa localisation à l’écart des grands centres urbains.

3 Immédiatement au nord du sanctuaire est visible un « bassin », que l’on trouve déjà sous le nom de « Fontaine » sur le cadastre napoléonien dressé en 1826 sur la commune de Vernègues. Ce bassin, de 10 m x 11,50 m, est situé au débouché de l’aqueduc antique. Le jardinier du château nous a informé que, depuis deux ans, il n’y avait plus d’eau dans l’aqueduc, mais que, jusqu’à cette date, l’aqueduc alimentait, par des canalisations souterraines, différentes installations du parc de Château-Bas (le grand bassin, une fontaine) et servait largement à l’arrosage du jardin. Le « bassin » était donc destiné à recevoir un éventuel trop-plein de l’aqueduc. Pour notre part, depuis 1999, nous n’avons jamais vu d’eau dans ce bassin. Il remonte au moins à la fin du XVIIIe s. Il est manifeste que ce bassin était à l’origine destiné à recueillir l’eau amenée par l’aqueduc avant que ne soient installées des canalisations souterraines. La présence dans ses murs de blocs de toute évidence antiques laissait supposer que ce bassin, en usage à l’époque moderne et contemporaine :

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 357

4 Sur la base de ces données, il nous a semblé utile cette année de prolonger le sondage réduit effectué en 2000 (2007.1) et d’en ouvrir un nouveau (2007.2) (Fig. n°1 : Les sondages 2007). Ces sondages ont été menés en cinq jours, grâce à une minipelle mécanique qui a permis d’enlever rapidement les couches qui avaient livré en 2000 du matériel contemporain.

5 Les découvertes de 2007 confirment l’existence d’un bassin antique de grandes dimensions. Les sondages ont permis de dégager partiellement une partie du dallage du fond du bassin et son mur nord, longé par un caniveau en pierre qui devait servir à évacuer l’eau provenant soit d’une surverse, soit des récipients au moment du puisage, soit d’un toit si le bassin était couvert.

6 Les matériaux et les techniques de construction mis en œuvre pour ce bassin laissent penser qu’il est contemporain du temple et s’inscrit dans le projet monumental d’ensemble du sanctuaire.

7 Par ailleurs, une cuve monolithe a été mise au jour au nord du caniveau. Telle qu’elle a été découverte, il semble qu’elle était destinée à recevoir de l’eau provenant du bassin antique et du caniveau. Il s’agit manifestement d’un aménagement postérieur à la construction du bassin, mais il ne nous est pas possible d’en proposer une datation dans l’état actuel de la fouille.

8 Au sud du mur et au-dessus des dalles qui constituent le fond du bassin, on observe plusieurs blocs en parfait état de conservation pris dans l’épaisse couche de remblai postérieure à l’abandon. Ces blocs, provenant peut-être des murs du bassin ou du sanctuaire au-dessus, semblent avoir été abandonnés là, en cours de démontage des structures. On a là un bel exemple de « chantier de démolition » des monuments antiques que l’exiguïté du sondage n’a permis que d’entrevoir.

9 La poursuite des opérations nécessitera le recours à une minipelle assez puissante pour lever ces blocs afin de mieux comprendre l’abandon du site, et son démontage. La céramique (sigillée africaine) et une monnaie en cours d’identification (mais, à première vue, du IVe s.), semblent indiquer que, dès l’Antiquité tardive, le sanctuaire servait déjà de carrière de matériaux pour d’autres constructions. Rappelons que lors des sondages effectués, en 2004, sur le triportique de la terrasse inférieure (BSR PACA, 2004 : 190), une monnaie du IVe s. avait déjà conduit à une conclusion similaire.

10 AGUSTA-BOULAROT Sandrine, BADIE Alain et LAHARIE Marie-Laure

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 358

Fig. n°1 : Les sondages 2007

Auteur(s) : Badie, Alain ; Laharie, Marie-Laure. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

SANDRINE AGUSTA-BOULAROT CNRS

ALAIN BADIE CNRS

MARIE-LAURE LAHARIE CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 359

Saint-Martin-de-Crau et Istres – La Crau

Clara Piatscheck

Identifiant de l'opération archéologique : 8174

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Piatscheck Clara (AUT)

1 En 2006, Otello Badan, (gardien au parc national de Camargue), qui sillonne inlassablement le pays provençal à la recherche d’indices de fréquentation humaine, nous a confié un ensemble de ramassages constitués sur plus de vingt ans de prospection et supposés d’affinité Néolithique. Ces assemblages proviennent de quarante-trois points de ramassage distincts les uns des autres (Fig. n°1 : Localisation des découvertes) dont la quasi-totalité se trouve sur les communes de Saint-Martin-de- Crau et d’Istres.

Composition des assemblages

2 La nature du sol de la plaine de la Crau est peu propice à la conservation de matériaux périssables. Aussi, à l’exception du site de la Carougnade qui recèle plus de cent soixante fragments de céramique et de Redorcarmin 2 qui en possède un – ainsi que quelques vestiges osseux –, les assemblages sont essentiellement constitués de vestiges lithiques. Les assemblages sont ainsi représentés par une à une centaine de pièces, plus ou moins bien conservées : elles sont fréquemment patinées et en cas de longue exposition à la surface du sol, elles ont été livrées aux phénomènes d’éolisation.

Datation des vestiges

3 L’absence de céramique rend délicate l’attribution de ces assemblages au Néolithique. Car bien qu’ils soient parfois constitués de plusieurs dizaines d’éléments de silex, ils ne

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 360

comptent que rarement des individus typologiquement ou technologiquement représentatifs d’une période. De plus, lorsque ces derniers sont présents, ils ne se comptent souvent que par unité et ne permettent pas, en raison de la faiblesse numérique des corpus, de tester l’homogénéité des collectes d’un point de vue chronoculturel.

4 Seuls trois points de ramassage, dont la richesse de mobilier indique la présence de réelles implantations, ont donc permis, d’après le type de matériel collecté, de proposer une fourchette chronoculturelle fiable. Il s’agit des sites de la Carougnade, Redorcarmin 1 et Redorcarmin 2. Le premier, grâce à la conservation exceptionnelle de céramique, permet de rattacher le mobilier au Campaniforme de type rhodano- provençal et au Bronze final 2B.

5 Quant aux deux sites de Redorcarmin, distants de quelques dizaines de mètres seulement, le mobilier, exclusivement lithique, indique pourtant bien, pour l’un (Redorcarmin 1), une occupation de la phase récente du Néolithique moyen. L’attribution du site de Redorcarmin 2, en revanche, pose un problème en ce sens que le corpus de silex présente des éléments dont la production peut être, pour une partie, rattachée au Néolithique moyen (présence de lamelles et lames en silex gris et blond du Crétacé), et l’autre au Néolithique final (présence de lames en silex brun rubané de l’Oligocène). Une telle mixité des productions n’est néanmoins pas impossible dans le cas d’un assemblage du Néolithique final. Occupation unique à corpus original, occupation unique avec récupération d’éléments de l’implantation de Redorcarmin 1, ou occupations successives ? Seuls de futurs travaux de terrain devraient permettre de répondre.

6 Bien que son aspect désertique incita longtemps les préhistoriens à le croire, cet ensemble d’indices de fréquentation ou d’implantations humaines prouve que la plaine de la Crau ne fut pas évitée par l’homme. Au contraire, la présence d’un mobilier très riche à diverses périodes montre que les implantations humaines n’étaient pas marginales, mais bien intégrées dans les réseaux d’échange et de circulation.

7 PIATSCHECK Clara

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 361

Fig. n°1 : Localisation des découvertes

Auteur(s) : Piatscheck, Clara. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

CLARA PIATSCHECK AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 362

Berre-l’Étang et Velaux – Tracé linéaire de la RD10 (tranche 1)

Véronique Rinalducci

Identifiant de l'opération archéologique : 7307

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Rinalducci de Chassey Véronique (INRAP)

1 Le projet de déviation de La Fare-les-Oliviers consiste en une extension de l’actuelle RD 10 sur un tracé linéaire de plus de 4 km. Il se divise en deux tranches d’expertise archéologique distinctes. La première, qui nous concerne ici, correspond aux deux tiers sud-ouest du tracé implanté sur les communes de Berre-l’Étang et Velaux, au cœur de la basse plaine alluviale de l’Arc, en rive gauche du fleuve (Fig. n°1 : Emplacement des sites archéologiques). La seconde, initialement prévue en fin d’année 2008, portera uniquement sur celle de La Fare-les-Oliviers, en rive droite de l’Arc.

2 Sur cette première partie de l’intervention, le tracé comporte deux types d’emprises : l’une parcellaire, qui comprend des implantations larges de type échangeur, bassin de rétention, rond-point, ou encore site d’implantation du viaduc ; l’autre, plus étroite et linéaire qui correspond au tracé routier. Sur la commune de Berre qui regroupe deux lieux-dits : Notre-Dame à l’extrémité sud-ouest du tracé et La Garanne au nord-est, la majeure partie de l’emprise est parcellaire ; elle représente un petit peu plus d’un tiers de la longueur de la tranche 1 soit environ 1,10 km. À Velaux, le futur ruban routier serpente, sur 1,50 km environ, en territoire plus rural et traverse de grandes parcelles implantées sur un seul lieu-dit : La Bastide Neuve.

3 Au total, cent une tranchées numérotées de 1 à n ont été ouvertes, pour une superficie de 5 903 m2 explorée sur plus de 10 ha 1. Six sites archéologiques illustrant des périodes comprises entre le Néolithique et/ou la Protohistoire et l’Antiquité tardive ont été mis au jour.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 363

Berre-l’Étang : villa gallo-romaine de La Garanne 1

4 Considérée comme l’une des deux plus grandes villae gallo-romaines du territoire de Berre, avec celle du Clos de Galleigne, la villa de La Garanne est signalée dès le premier quart du XIXe s. (Villeneuve, 1824, vol. 2 : 427) et à de nombreuses reprises par Gérin- Ricard et Arnaud d’Agnel (1907). Ces auteurs avaient insisté sur l’importance des vestiges repérés anciennement sur ce site : « grandes mosaïques, aires construites », fragments de colonnes et autres débris de statues.

5 L’ensemble des prospections pédestres, soit celles menées par Marie Christine Mansuy (Mansuy, 1988), soit celles réalisées par nos soins en amont de ce diagnostic, a réuni un important mobilier de fragments d’amphores, céramiques communes et fines, tronçons de colonnes, tesselles de mosaïque en calcaire ou en pâte de verre datant une occupation entre la fin du Ier s. av. J.-C. et le IVe s. apr. J.-C.

6 Les vestiges de la villa s’étendent sur environ 1,2 ha dans la plus grande extension observée, avec un épicentre de constructions avoisinant 0,5 ha. Une dizaine d’espaces (ou pièces) de la villa ont pu être mis en évidence dont une moitié semble caractériser l’habitat résidentiel proprement dit ou pars urbana. Environ 277 m2 ont donc été exhumés en cinq sondages distants de 10 m minimum et 28 m maximum les uns des autres. Les vestiges affleurent parfois à 0,50 m du sol actuel, mais la hauteur des constructions ou de la stratigraphie a pu être observée à deux reprises sur plus de 2 m.

7 La quasi-totalité des murs sont bâtis en pierre et liés au mortier et au moins deux d’entre eux présentaient un appareil de moellons régulier très soigné. Un seul mur en terre revêtu de mortier en parement a été relevé. Les sols sont construits en mosaïque, en marbre ou en béton de tuileau. Au moins deux salles étaient revêtues d’un sol en mosaïque. D’autres tesselles de facture et de module différents, ramassées lors de la prospection semblent indiquer qu’il en existerait peut-être une troisième, à moins que les tesselles colorées figurent l’emblema de l’une de celles observées.

8 La plus grande mosaïque, conservée sur environ 20 m2, occupe la partie sud-est d’une salle vraisemblablement orientée nord-ouest – sud-est, comportant dans l’angle sud-est un épaulement semi-circulaire construit lors d’une seconde phase (Fig. n°2 : Vue du sol en mosaïque SL 53005, depuis l’ouest). Le tapis noir et blanc est une composition orthogonale de cercles sécants faisant apparaître des quatre-feuilles et déterminant des carrés concaves chargés d’un chevron 3. La mosaïque réserve le long du mur nord-est un cadre rectangulaire (1,37 m de largeur totale pour 2,40 m de longueur partielle observée) sur fond blanc bordé par des bandes noires, correspondant à l’emplacement d’un lit. Les trois murs délimitant la salle du côté sud conservent leur élévation peinte jusqu’à 0,40 m de hauteur.

9 Il n’est pas possible pour l’heure de dégager l’organisation générale du plan de cette villa, mais trois secteurs semblent relever de destinations différentes.

10 Le secteur nord-ouest, qui englobe la salle à mosaïque et enduits peints, comporte une autre salle qui devait être orientée nord-est – sud-ouest dont seul le mur sud a pu être dégagé. La totalité du parement nord de ce mur s’est effondré sur place au-dessus d’un sol en terre battue à l’intérieur d’un espace qui pourrait peut-être correspondre à une galerie.

11 Le secteur le plus au nord a fait apparaître plusieurs espaces dont les sols sont en béton et les parements intérieurs des murs recouverts d’un enduit blanc non décoré. Trois

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 364

fonds de dolia ont été retrouvés sur l’un des sols en béton, ce qui laisse présumer d’une fonction domestique de l’espace, du moins dans son dernier état.

12 Enfin, le secteur méridional, qui comporte les élévations les mieux conservées, a reçu d’épaisses couches de béton de tuileau au sol et en parement interne des murs. La partie basse de l’élévation externe de l’un de ces murs s’est vue enveloppée d’un épais chaperon en béton de tuileau comprenant une évacuation horizontale en terre cuite qui devait se jeter dans l’un des caniveaux conservés en contrebas à l’extérieur. La nature et la configuration de ces aménagements, qui pourraient s’apparenter à un espace thermal et/ou des bassins extérieurs, restent à confirmer.

Étude de la céramique et datation

13 (SuzanneLang-Desvignes)

14 Une quantité de mobilier recueilli lors du dégagement d’une grande fosse comportant plusieurs comblements bien distincts propose une occupation continue du site entre le début du Ier s. et le milieu du IIe siècle de notre ère. Un second contexte touche le matériel trouvé sur la mosaïque et concerne ainsi son abandon au IIe siècle de notre ère. Les productions de sigillée claire B et de B-luisante montrent la continuité du site durant les IIe s. et IIIe s., et une marmite à pisolites du Languedoc ainsi que la céramique grise assurent des activités du Ve s. jusqu’au début du VIIe siècle de notre ère.

Velaux, La Bastide Neuve I : traces agraires antiques ?

15 (VéroniqueRinalducci et KarineGeorges)

16 Distant d’environ 460 m à vol d’oiseau des vestiges les plus proches de la villa gallo- romaine de La Garanne (à Berre), un ensemble d’une vingtaine de traces agraires a été repéré en bas de pente au nord-ouest des bâtiments modernes de la bastide éponyme. Les traces rectilignes et parallèles, d’une largeur variable de 0,25 m à 0,30 m, ont été observées partiellement sur 110 m2 pour un espace de culture estimé à 1 800 m 2 minimum. Elles suivent une orientation nord-est – sud-ouest et sont espacées d’environ 1,10 m à 1,15 m les unes des autres, entraxe connu dans les vignobles. En revanche, les rares sondages exécutés à l’intérieur des traces présentent un profil en cuvette à fond concave qui ne cadre pas avec le profil carré à angle droit et fond plat habituellement rencontré dans la culture de la vigne. Cependant, la ponctualité de ces sondages ne saurait servir de référence en l’état pour l’ensemble des structures et la fouille n’a pas pu être menée de façon suffisamment fine pour percevoir des traces d’outil. Par ailleurs, à défaut de céramique permettant de dater ces structures, ce sont l’analyse stratigraphique et l’étude géomorphologique fondées sur le niveau de creusement des traces (entre 0,65 m et 1,65 m du sol actuel en pente), au seuil d’une pédogenèse actuelle, qui tendent vers une datation antique de la mise en culture. L’hypothèse reste à vérifier car il conviendrait de ne pas sous-estimer la place des époques moderne et contemporaine dans l’élaboration du paysage actuel : les ruines du chai du XIXe s. appartenant à La Bastide Neuve sont encore en élévation à 50 m de là, au-dessus du champ.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 365

Velaux, la Bastide Neuve II : structures de l’âge du Bronze ancien

17 (JeanPhilippeSargiano et T.Lachenal)

18 Il s’agit de quatre fosses dont une contenant des silex, des ossements, un fragment de coquillage, ainsi que des pierres, des graviers et des charbons en très grande quantité. Cette structure comportait également un nombre conséquent de tessons de céramique (quatre-vingt-un tessons dont dix-neuf éléments typologiques), notamment des fonds plats, des anses en ruban, un cordon de section triangulaire placé sous la lèvre d’un vase, une carène et un fragment de buse de soufflet (Fig. n°3 : La Bastide Neuve II : les pièces caractéristiques du mobilier de la fosse FS 4901). La découverte de cet élément à Velaux apporte des données inédites concernant la première métallurgie du Bronze dans le sud-est de la France : en effet elle implique une activité de refonte du métal (nous excluons une activité métallurgique primaire car il n’y a pas de gîtes de métaux dans les environs), ce qui est inédit pour un site de cette période dans notre région.

Velaux, La Bastide Neuve III : foyers à pierres chauffantes

19 (Jean Philippe Sargiano et Véronique Rinalducci)

20 Plusieurs fosses et foyers ont été relevés, à environ 200 m en ligne droite, à l’est du site précédent. L’aire concernée par l’ensemble des vestiges s’est limitée dans le cadre de l’expertise à environ 200 m2.

21 Deux foyers à pierres chauffantes espacés de 6 m l’un de l’autre ont été fouillés en priorité.

22 De forme rectangulaire aux angles arrondis, ils sont presque alignés suivant une orientation nord-est – sud-ouest. Dégagés à 0,40 m du sol actuel, leur longueur avoisine 2 m et leur largeur 0,85 m à 0,90 m pour une profondeur observée de 0,30 m maximum. Les parois verticales et le fond sont partiellement rubéfiés. Le comblement de chacun de ces foyers se résume à une couche supérieure contenant des galets bleuis par la chaleur, qui recouvre une couche charbonneuse renfermant des bûches calcinées associées à de la céramique modelée pour le foyer FY 5801 (Fig. n°4 : La Bastide Neuve III : le foyer FY 5801 en cours de décapage, vu depuis le nord).

23 Ces deux foyers sont environnés par trois autres structures en creux : un foyer circulaire qui contenait aussi des pierres bleuies, une fosse irrégulière et un trou de poteau.

24 Pour conclure, les structures mises en évidence lors du diagnostic caractérisent un site d’habitat, dont les foyers rectangulaires à pierres chauffantes, qui sont assez, voire très rares en Provence.

25 Ces derniers sont généralement interprétés comme des fours destinés à la cuisson à l’étouffée. Ils existent depuis le Paléolithique moyen jusqu’à l’âge du Fer, néanmoins la présence de céramique élimine une attribution au Paléolithique et au Mésolithique.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 366

26 Si le mobilier ne permet pas encore de dater l’occupation, une fouille permettrait à la fois de mettre en évidence d’autres structures de ce site et de le caractériser chronologiquement et culturellement.

Velaux, la Bastide Neuve IV : zone artisanale antique

27 (Véronique Rinalducci et Suzanne Lang-Desvignes)

28 Située à mi-chemin entre les deux sites d’habitats gallo-romains de La Garanne (à Berre) et de La Joséphine (à Velaux, un bâtiment rural antique supplémentaire vient d’être mis au jour au cours d’un diagnostic tout récent sur le site même de La Bastide Neuve qui doit accueillir la future école départementale de formation des sapeurs- pompiers. La phase de post-fouille n’étant pas commencée, cette découverte figurera dans le prochain BSR PACA. Ce bâtiment se situe à environ 300 m au sud-ouest de la zone artisanale antique de la Bastide Neuve IV.), un ensemble de vestiges se rapportant à la fabrication de tuiles et vraisemblablement aussi d’amphores a été dégagé le long d’un bosquet, en limite de l’emprise de la future déviation. Le ramassage de plusieurs fragments de tegula et de céramique avait déjà permis de pointer la zone durant la phase de prospection pédestre. Ce site composé de plusieurs entités, repérées soit par sondage soit par prospection, pourrait recouvrir une aire supérieure à 5 000 m2. De nombreux fragments de sole de four, de moutons de tegulae (rebuts de cuisson) ainsi qu’une importante quantité de tessons d’amphores sont encore conservés au sein d’un amas pierreux, à même le sol, sous les frondaisons du petit bois. Sans être concerné par les travaux de voirie, ce bois qui devrait quand même être intégré à titre d’aménagement paysager au sein du projet, n’a pu faire l’objet de sondages puisque l’aménageur est censé conserver la végétation en place. Les deux tranchées réalisées à la lisière sud du bosquet ont révélé respectivement la présence d’une grande fosse comblée de tessons d’amphore et de céramique fine et de deux bacs de décantation d’argile. Le mobilier contenu dans la fosse, partiellement fouillée, constitue le lot le plus important issu d’un contexte sur l’ensemble du tracé. Il est principalement représenté par une grande majorité d’amphores et de céramiques gauloises, ensemble homogène montrant une pâte assez claire dont la datation se situe vers le début du IIe s. apr. J.-C.

29 À 40 m à l’est de la fosse, se trouvent deux bassins de décantation d’argile construits en tegulae.

30 De forme rectangulaire, ils sont orientés nord-ouest – sud-est. Le plus grand, dégagé sur trois côtés mesure 3,70 m de largeur sur 6,40 m de longueur soit un peu plus de 23,50 m2 de surface totale pour une hauteur conservée de 0,37 m maximum (Fig. n°5 : La Bastide Neuve IV : sondage effectué à l’angle nord-est du plus grand bassin). Le bassin est construit avec des tegulae entières posées à l’envers (membrons des tuiles tournés vers l’extérieur), à plat sur le fond et de chant sur les parois verticales. Le décapage de surface partiel du second bassin montre que sa largeur totale semble se limiter à 2,50 m, sa longueur n’ayant pu être observée. Une grande fosse circulaire de 1,60 m de diamètre est reliée à un étroit fossé se dirigeant vers l’est : ils sont sans doute à associer aux bassins, mais nous ignorons leur destination à ce stade du diagnostic.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 367

Velaux, la Bastide Neuve V : occupation de l’âge du Bronze final ou du premier âge du Fer

31 (JeanPhilippeSargiano et VéroniqueRinalducci)

32 Un nouvel ensemble de six structures en creux, conservées dans deux tranchées voisines (TR 85 et 74) se trouve à moins de 70 m à l’est du site antique précédemment décrit. Le fossé rectiligne et les cinq fosses circulaires ou ovales ont été creusés dans le même encaissant, leur comblement est inférieur à 0,20 m de profondeur.

33 Le diamètre des fosses varie de 0,85 m à 1,40 m ; leur profil et leur comblement sont souvent comparables, notamment pour les trois fosses de la TR 85. Dans la TR 74, les deux fosses se distinguent par la présence d’un comblement de pierres et des nodules d’argile ayant subi l’action du feu dans l’une (FS 7401), tandis que la fosse FS 7402 contenait les fragments d’un grand vase sur lequel se développe un décor constitué d’une file d’impressions ovales surmontée de cannelures larges. Ce type d’ornement trouve des parallèles dans des ensembles du Bronze final IIIb, comme aux Ribauds à Mondragon (Vaucluse) et semble perdurer au premier âge du Fer, comme en témoignent les vases de la Bâtie à Lamotte-du-Rhône (Vaucluse), ou du tumulus de la route de Rians à Pourrières (Var).

34 Les quelques autres fragments de céramique non tournée recueillis au sein des fosses ne permettent pas d’affiner la datation proposée.

35 RINALDUCCI DE CHASSEY Véronique

36 Avec la collaboration de GEORGES Karine, LANG-DESVIGNES Suzanne et SARGIANO Jean-Philippe

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 368

Fig. n°1 : Emplacement des sites archéologiques

Auteur(s) : Guériel, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Vue du sol en mosaïque SL 53005, depuis l’ouest

Auteur(s) : Rinalducci de Chassey, Véronique. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 369

Fig. n°3 : La Bastide Neuve II : les pièces caractéristiques du mobilier de la fosse FS 4901

Auteur(s) : Lachenal, T. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°4 : La Bastide Neuve III : le foyer FY 5801 en cours de décapage, vu depuis le nord

Auteur(s) : Rinalducci de Chassey, Véronique. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 370

Fig. n°5 : La Bastide Neuve IV : sondage effectué à l’angle nord-est du plus grand bassin

Auteur(s) : Rinalducci de Chassey, Véronique. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

VÉRONIQUE RINALDUCCI INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 371

Ensuès-la-Redonne et Gignac-la- Nerthe – Les Aiguilles

Jean-Philippe Sargiano

Identifiant de l'opération archéologique : 8058

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Sargiano Jean-Philippe (INRAP)

1 La première tranche du diagnostic archéologique de la ZAC des Aiguilles a été réalisée sur six zones de différentes superficies, totalisant 8,2 ha, réparties principalement dans la moitié orientale de la ZAC.

2 L’ancienne exploitation d’une carrière de sable en partie sud de l’emprise de la future ZAC explique des résultats très inégaux en termes de vestiges archéologiques selon les zones. En effet, seulement trois secteurs ont révélé des structures, dont un seul en nombre conséquent, celui situé le plus au nord (il y a des fossés, des drains et des fosses carrées dans sept tranchées de sondages sur dix). Les deux autres parcelles comprenant des structures en comptent respectivement deux et six (dont cinq traces agraires). Toutefois, quelle que soit la zone, aucun mobilier n’a été recueilli en surface, lors du creusement des sondages, de la mise au jour des structures ou de la fouille partielle de certaines d’entre elles.

3 SARGIANO Jean-Philippe

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 372

AUTEURS

JEAN-PHILIPPE SARGIANO INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 373

83 – Var

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 374

Les Arcs-sur Argens – Saint-Pierre

Jean-Pierre Bracco, Catherine Richarté et Frédéric Conche

Identifiant de l'opération archéologique : 8080

Date de l'opération : 2007 (EX)

1 Suite à l’intervention de 2006 sur le site de Saint-Pierre et la mise en évidence d’un petit lot de pièces lithiques présentant des caractères permettant une éventuelle attribution au Paléolithique supérieur (BSR PACA, 2006 : 176), un complément de diagnostic a été prescrit afin de recueillir de plus amples données.

2 La présence d’une couche archéologique avec du mobilier lithique fut confirmée sur une surface maximale de 400 m2 à partir de 0,80 m de profondeur, sur une trentaine de centimètres d’épaisseur en moyenne, corroborant certaines caractéristiques du niveau observé en 2006.

3 La séquence sédimentaire comble un paléochenal, mais ce niveau paléolithique semble avoir subi des perturbations post-dépositionnelles sous l’effet de la pédogenèse et des bioturbations. Brassage de matériel, déplacements latéraux importants voire dilatation d’un ou plusieurs horizons.

4 L’analyse technologique du matériel lithique plaide toutefois pour la présence d’un seul niveau :

5 - absence de nucléus pyramidaux, présence importante au contraire du débitage sur des nucléus à surface de débitage étroite et cintrée « type burin » pour deux catégories de lamelles ;

6 - présence de grands supports laminaires, en silex allochtone, et produits probablement à l’extérieur du gisement. Utilisation pour ces pièces de la percussion organique ;

7 - présence de deux populations bien identifiées de lamelles, des microlamelles d’une part, de grandes lamelles d’autre part.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 375

8 Ces trois éléments peuvent être combinés pour proposer l’hypothèse d’un Épigravettien « ancien » provisoirement daté dans sa phase moyenne ou récente comprise à peu près entre 18 000 BP et 16 000 BP.

9 Les rares traces mobilières d’une occupation au premier âge du Fer, matérialisées par de la céramique erratique, pourraient, sous toute réserve, correspondre suivant la stratigraphie générale du site à un lambeau de sol et à une base de foyer très érodés.

10 Ces témoins ténus d’occupation sembleraient s’articuler avec un fond de fosse et un secteur épargné par les défonçages agricoles, abritant quelques alignements de trous de poteau, à moins qu’ils ne rentrent en résonance avec le très rare mobilier lithique attribué au Néolithique.

11 Cette seconde intervention nous a aussi offert l’opportunité d’enrichir les données sur l’occupation du haut Moyen Âge dont les témoins mobiliers et immobiliers (fosses, forge, sol et trou de poteau) groupés présagent d’installations à caractère durable, du type atelier dans l’orbite d’un habitat.

12 Si cette expertise a également démontré l’absence d’une ramification des bâtiments antiques de la villa des Laurons située à 150 m au sud, elle a cependant permis de mettre en perspective une petite partie du terroir et les cultures du Haut-Empire vraisemblablement relatives à l’exploitation domaniale.

13 Il s’agit principalement d’alignements de fosses de plantation de vignes, circulaires à ovalaires. Un autre espace cultivé rassemble des fosses de plus grandes dimensions, alignées et parallèles dont la forme spécifique indique la technique du marcottage, tout au moins pour certaines.

14 La découverte d’une série paléolithique demeure, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, exceptionnelle.

15 La proposition d’un Épigravettien ancien postpointes à cran, si elle se confirme, renforce considérablement son intérêt. Période très mal connue en France, il s’agirait là du second gisement témoin avec celui de Vaugreniers (Le Muy, Var), voir BSR PACA, 2006 : 197-198.

16 De même, la rareté des sites d’habitat rural connus et fouillés pour le haut Moyen Âge revêt ici un grand intérêt, au regard de la problématique posée par le peuplement des campagnes parallèlement aux pratiques culturales à des fins vivrières et aux types d’infrastructures d’exploitation concordantes. N’oublions pas, cependant, la question partiellement résolue du devenir des sites domaniaux après le Bas-Empire qui, avec la proximité de la villades Laurons, se pose ici comme une exceptionnelle possibilité de recueillir des informations et de croiser des données.

17 CONCHE Frédéric, RICHARTÉ Catherine et BRACCO Jean-Pierre

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 376

AUTEURS

JEAN-PIERRE BRACCO SUP

CATHERINE RICHARTÉ INRAP

FRÉDÉRIC CONCHE INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 377

Le Cannet-des-Maures – Les Termes

Frédéric Martos

Identifiant de l'opération archéologique : 8112

Date de l'opération : 2007 (SU) Inventeur(s) : Martos Frédéric (COL)

1 Le site de la nécropole de Forum Voconii, au Cannet-des-Maures, dont l’existence connue de longue date a été confirmée à l’occasion de sondages réalisés par le Centre archéologique du Var, était menacé de destruction par un projet de plantation agricole (BSR PACA, 2006 : 178). Une campagne de fouilles archéologiques de sauvetage d’une durée de huit mois a donc été organisée sur ce gisement de première importance. La direction scientifique du chantier a été confiée par le service régional de l’archéologie à un archéologue départemental (Frédéric Martos, service archéologique départemental, conseil général du Var), sur un projet porté par le centre archéologique du Var. La fouille a bénéficié du soutien financier et technique du ministère de la Culture, du conseil général du Var et de la ville du Cannet-des-Maures.

Une nécropole le long de la voie aurélienne

2 La nécropole a été implantée le long d’une voie provenant de l’agglomération antique de Forum Voconii.

3 De part et d’autre de cette voie, la fouille de deux cent une sépultures à inhumation et incinération (Fig. n°1 : SP 900 219, sépulture à incinération, urne en grès) datables du Ier s. au IIIe s. apr. J.-C. permet de récolter de précieuses informations sur les pratiques funéraires dont l’étude est en cours (Fig. n°2 : SP 906 039, bustum). Les incinérations représentent 84,5 % des sépultures exhumées, les 15,5 % restant étant des inhumations.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 378

Une équipe pluridisciplinaire

4 L’équipe scientifique regroupe un ensemble de chercheurs spécialisés.

5 Paul Bailet (laboratoire d’anthropologie de Draguignan) est spécialisé dans l’étude des crémations funéraires antiques et Michel Signoli (centre hospitalier universitaire Nord à Marseille) est chargé de l’étude des inhumations.

6 Le travail de ces deux laboratoires permettra d’acquérir une meilleure connaissance sur l’état sanitaire des populations antiques.

Des perspectives nouvelles pour l’étude de Forum Voconii

7 L’étude de cette nécropole s’intègre dans celle, plus générale, de Forum Voconii. Il s’agit de la première fouille d’envergure d’un site funéraire à proximité immédiate de l’agglomération. Elle a en outre permis l’exploration du prolongement de la voie principale traversant les deux quartiers de l’agglomération.

8 On observe une succession de réaménagements, notamment au niveau des fossés drainants, qui plaide en faveur d’une utilisation précoce de cette voie, au plus tard à la période augustéenne.

9 MARTOS Frédéric

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 379

Fig. n°1 : SP 900 219, sépulture à incinération, urne en grès

Auteur(s) : Martos, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : SP 906 039, bustum

Auteur(s) : Martos, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

FRÉDÉRIC MARTOS COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 380

Le Cannet-des-Maures – Font Murade

Frédéric Martos et Christian Plé

Identifiant de l'opération archéologique : 8135

Date de l'opération : 2006 - 2007 (SU) Inventeur(s) : Martos Frédéric (COL) ; Plé Christian (COL)

1 Implantée 300 m au sud du tracé de la RN 7, au lieu-dit Font Murade, une campagne de sondages réalisés d’octobre 2006 à janvier 2007 par le service archéologique départemental (conseil général du Var) et le centre archéologique du Var a permis de localiser les vestiges d’une villa gallo-romaine datable du Ier s. au IVe s. apr. J.-C.

2 De part et d’autre d’un caniveau se déversant dans une fosse creusée dans le substrat, les sondages ont mis en évidence, au nord, des fragments de sol en béton de tuileau. Ce sol comportait, dans ses portions les mieux conservées, l’empreinte du tracé fait par le maçon de l’emplacement des pilettes d’hypocauste, permettant ainsi d’identifier les thermes de la villa.

3 Par ailleurs, au sud de cette piscine, un ensemble bâti à vocation viticole a pu être dégagé. On observe la présence de deux fonds de cuves à décantation en béton de tuileau, ainsi que celle d’un chai de taille modeste avec des dolia (Fig. n°1 : Vue du chai).

4 L’apparition uniforme du grès permien à une très faible profondeur a malheureusement constitué un facteur expliquant, avec les labours agricoles, l’arasement du site. La stratigraphie est, à de rares exceptions près, totalement perturbée.

5 On notera que cette opération aura toutefois permis de localiser un établissement rural situé à 400 m de l’agglomération antique de Forum Voconii. En outre, le mobilier céramique et monétaire plaide en faveur d’une fréquentation longue de quatre siècles, qui semble donc perdurer de plus d’un siècle après l’abandon des quartiers de l’agglomération explorés à ce jour.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 381

6 MARTOS Frédéric et PLÉ Christian

ANNEXES

Fig. n°1 : Vue du chai

Auteur(s) : Martos, Frédéric. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

FRÉDÉRIC MARTOS COL

CHRISTIAN PLÉ COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 382

Le Cannet-des-Maures – Les Blaïs

Frédéric Martos, Gaëtan Congès et Christian Pré

Identifiant de l'opération archéologique : 8262

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Martos Frédéric (COL) ; Congès Gaëtan (ASS) ; Pré Christian (COL)

1 Menée par le service archéologique départemental (conseil général du Var) avec la participation du centre archéologique du Var, la campagne 2007 a permis de compléter l’exploration du quartier sud, dans son angle nord-est, et de mieux connaître les niveaux médiévaux recouvrant la voie antique à proximité du bâtiment transformé en bergerie à l’époque moderne.

2 Les niveaux supérieurs des trois espaces fouillés cette année (zone II, secteurs 2, 3 et 4) avaient été dégagés en 2005 ( BSR PACA, 2005 : 159-160).

3 Situés en bordure sud de la voie principale de l’agglomération (VO2), ces espaces s’ouvrent largement sur celle-ci dans une première phase, avant que ces ouvertures soient bouchées ou seulement munies de seuils bâtis lors de l’exhaussement du niveau de la voie. Cette évolution est à situer entre l’époque d’Auguste et la seconde moitié du Ier s. de notre ère.

4 Les recherches de 2007 montrent que ces trois espaces étaient consacrés essentiellement à des activités métallurgiques liées à diverses phases du travail du fer. Les sols sont souvent très charbonneux, ou cendreux, avec des fréquentes fosses comblées de terre très riche en charbons de bois. Une certaine spécialisation semble pouvoir être distinguée.

5 Une installation typique de gorge a été retrouvée dans le quart nord-ouest de la pièce, avec large foyer, amphore décolletée enfoncée dans le sol pour recevoir l’eau de trempage, enclume formée d’un gros galet de serpentine dans lequel est scellé au plomb un « tas » de fer constituant l’enclume elle-même, tubulure de bronze avec collerette appartenant probablement à un système de soufflet. Des installations antérieures sont visibles par des zones de terre rubéfiée.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 383

6 Plusieurs fosses carrées ou rectangulaires de moins de 1 m de côté, aux parois parfois rubéfiées et comblées de charbons de bois et de scories ferreuses se sont succédé dans la pièce.

7 La datation de cette activité métallurgique est à fixer dans la fin du Ier s. av. J.‑C. et sous le règne d’Auguste (monnaies tardives de Marseille, petits bronzes d’Antibes, quinaire ou demi-as de Nîmes).

8 Ces installations recouvrent ou détruisent des aménagements de la première phase liés à la gestion des eaux de ruissellement ou à leur récupération (caniveau détruit ou recouvert, bassin partiellement conservé dans le secteur 3). Elles sont recouvertes par des installations moins caractéristiques datables du milieu du Ier s. apr. J.‑C., avec notamment un grand foyer bâti dans le secteur 3.

9 MARTOS Frédéric, CONGES Gaëtan et PLÉ Christian

AUTEURS

FRÉDÉRIC MARTOS COL

GAËTAN CONGÈS ASS

CHRISTIAN PRÉ COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 384

Le Castellet – La Roche Redonne

Sylvain Burri

Identifiant de l'opération archéologique : 8221 et 8291

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Burri Sylvain (AUT)

1 Le site de la Roche Redonne se situe dans une cuvette au débouché d’un talweg en bordure du plateau karstique du Camp. Ce secteur avait déjà montré son potentiel archéologique lors de la prospection menée en 2002 après incendie par l’équipe du centre archéologique du Var (BSR PACA, 2002 : 170).

2 Le site a été repéré lors d’une prospection en 2006 par la présence d’un mur en pierre sèche conservé sur quelques assises, d’un fragment de jarre à cordons pincés en pâte grise (catégorie B3 d’après la typologie de Rougiers : Démians d’Archimbaud, 1980) et de nombreux fragments de jarres à cordons pincés en pâte rouge. Certains d’entre eux comportaient des traces de liant, souvent liquéfié, suggérant un remploi dans une construction ayant très fortement chauffé. L’hypothèse d’un éventuel four a alors été émise. S’y trouvaient associés des tuiles (tegulae et imbrices), quelques tessons de dolia et des morceaux de basalte. Le site a été interprété comme un lieu de production de poix avec une construction correspondant à un habitat temporaire. Bien que le contexte céramique semble le dater de la fin du Moyen Âge – début des Temps Modernes, l’intérêt de l’étude était de pouvoir analyser les liaisons qu’entretenaient l’habitat temporaire et les structures de production.

3 La cabane a fait l’objet d’un sondage (SD 1) de 5 m (nord-sud) sur 4 m (est-ouest) dont l’emprise a été définie par le plan hypothétique de la cabane que laissait transparaître les vestiges de surface. En effet, la courbe du mur MR 1 semblait indiquer qu’il se poursuivait et se refermait contre la paroi rocheuse verticale à l’est. Aussi le sondage a été implanté de façon à englober l’ensemble de la structure, voire même une partie de l’extérieur, afin de voir s’il existait un aménagement spécifique de l’espace extérieur.

4 Antérieurement à la construction de la cabane, un épisode de fort colluvionnement a provoqué un glissement de sédiments issus de niveaux médiévaux (XVe s. et XVIe s.), le

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 385

long du talweg jusque dans le creux où sera implantée la cabane. Cependant, la présence d’une anse d’amphore italique et d’un bord de dolium vient perturber ce contexte et rend particulièrement difficile l’interprétation de la présence de céramique modelée : est-elle antique ou bien médiévale ? La nature de cette occupation reste problématique.

5 La fouille a permis de confirmer la nature du site, à savoir un habitat temporaire. Celui- ci est construit et occupé aux Temps Modernes, comme l’étude du mobilier céramique retrouvé dans le sol d’occupation le montre. En effet, le rare mobilier est constitué de fragments de tuiles et de jarres à cordons pincés à pâte claire ainsi que d’une anse de cruche à passant qui tendent clairement vers le XVIIe s.

6 Une restitution du plan peut être proposée en fonction de l’angle de la courbure du mur pignon ouest MR 1, de la marche et de la paroi rocheuse MR 2 (Fig. n°1 : Sondage 1, US 5, 6, 10). La cabane revêt un plan oblong d’environ 3 m de long sur 2 m de large (mesures internes). La surface habitable de la cabane serait alors d’environ 6 m2. Le mode de construction est de type mixte, avec un mur pignon en pierre sèche (MR 1) bloqué par des cailloutis dont l’épaisseur ne devait pas excéder 1 m, alors que les murs gouttereaux étaient sans doute construits en matériaux périssables (qui n’ont laissé aucune trace archéologique).

7 En raison du plan et du mode de construction, l’entrée de la cabane devait être percée dans le mur gouttereau sud et de préférence en contact avec le mur MR 1 pour plus de solidité. Cette hypothèse est étayée par le fait que la zone de distillation avec ses fours est située au sud et qu’il est donc logique que la porte de la cabane donne sur la zone de production. Ainsi l’artisan peut, en cas d’intempéries, surveiller l’avancée de la distillation à l’abri depuis l’intérieur de la cabane. La cabane n’a fait l’objet que d’une seule occupation visible à la fouille. Cependant, étant donné le caractère saisonnier et cyclique de la production de poix, la cabane a pu être réoccupée plusieurs fois, mais dans un laps de temps assez court.

8 L’espace domestique interne est structuré par l’aménagement d’un foyer contre la paroi interne du mur MR 1. Une fois effondrée, la cabane totalement en ruine a servi d’abri pour un forestier qui a aménagé alors une banquette au fond de la cabane contre la paroi rocheuse.

9 Le sondage 2, correspondant à la zone de production, a eu lieu en parallèle du premier (SD 1) et avec la même emprise. Son emplacement a été défini en fonction de la problématique sous-jacente, c’est-à-dire fouiller un four et son proche environnement afin de trouver les traces d’un éventuel dispositif de protection contre le vent et la pluie. Cette fouille a été particulièrement difficile à mener et à comprendre en raison de la complexité des unités stratigraphiques et des rapports chronologiques qui les unissent. De plus, le site semble avoir subi une destruction importante qui a largement bouleversé les niveaux archéologiques.

10 Deux vestiges de fosses, dans lesquelles a eu lieu une activité de carbonisation, ont été découverts ainsi que de très nombreux fragments de jarres à cordons digités. L’interprétation du site comme aire de distillation de bois devra être confrontée à une fouille extensive sur l’ensemble de la zone suspectée comme étant la zone de production qui, seule, pourra confirmer ou infirmer celle-ci.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 386

11 La nature des occupations antérieures – antiques et médiévales – n’a pas pu être déterminée. À cette fin, sera demandée en 2008 une nouvelle autorisation de fouille sur le plateau d’où proviennent les sédiments emprisonnant ce matériel archéologique.

12 BURRI Sylvain

ANNEXES

Fig. n°1 : Sondage 1, US 5, 6, 10

Auteur(s) : Galia, M. ; Corbineau, R. ; Burri, Sylvain. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

SYLVAIN BURRI AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 387

Le Castellet – La Font de Mars A

Sylvain Burri

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Burri Sylvain (AUT)

1 Le site de la Font de Mars A est un habitat temporaire lié à la pratique d’artisanats forestiers. Il prend place dans le massif de Conil, théâtre de nombreuses activités forestières, artisanales et pastorales, au Moyen Âge. Il est aménagé à flanc de colline, à proximité d’une source, au lieu-dit La Font de Mars, connu dans le cadastre de 1594 pour ses « bois à fere la poix » à la fin du XVIe s.

2 L’étude des archives communales et des archives notariales nous a permis de remonter la trace de cet artisanat de distillation de bois de pin destiné à produire de la poix jusqu’au XVe s.

3 Nous retrouvons la trace de la pratique de cet artisanat dans un acte de vente de dix- huit quintaux (poids du Castellet) de poix passé le 8 mai 1446 entre Bertrandus Juvenis, habitant du Castellet et Rostagnus Bandonini, habitant d’Ollioules, au prix de neuf gros le quintal (ADVar, 3 E 3299, notaire Portal Jean, f° 34r°- 35v°).

4 Des vestiges de cette activité ont été repérés lors d’une prospection par le centre archéologique du Var (BRS PACA, 2002 : 170).

5 En effet, de nombreux fragments de jarres à cordons digités (XIIIe s et XIVe s.) de catégorie B 3 (Démians d’Archimbaud, 1980 : 305, fig. 263) présentant des résidus organiques de distillation de bois de pin ont été découverts à la Font de Mars, à proximité de l’habitat temporaire. Les références à des habitats temporaires, liés à la pratique de distillation du bois, sont aussi rares dans la bibliographie que dans les sources écrites.

6 Dans l’ensemble des sources étudiées, seul un document, du XVIIIe s., atteste l’existence d’habitat temporaire dont la durée de vie correspond à la durée d’exploitation. Il s’agit d’une licence à faire de la poix à La Môle (Var) délivrée en faveur de deux péguiers de Claviers (Var) où il est spécifié qu’il leur sera permis de couper du bois « seulement pour cuire ladite poix et pour faire une cabane pour leur logement ».

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 388

7 Ainsi, la fouille est encore le seul meilleur moyen d’appréhender réellement ce qu’est un habitat temporaire. La cabane de la Font de Mars a déjà fait l’objet d’un sondage archéologique en 2006 (BSR PACA, 2006 : 178-179). La fouille avait mis en évidence deux occupations successives : la première de la première moitié du XVe s. (La datation après calibration est 1407-1445 apr. J.‑C.) et la seconde du XVIIe s. L’organisation de la cabane reste inchangée pendant les deux occupations. Seul le mur MR 1 semble avoir été en partie remonté avec de gros blocs de calcaire lors de la réoccupation moderne.

8 La fouille programmée de 2007 a concerné la moitié nord de l’habitat et avait pour objectif de répondre à plusieurs questions laissées en suspens à la fin de campagne 2006 : la question du plan complet de l’habitat, du mode de construction (mur nord bâti ou creusé dans le substrat ? Négatifs de trou de poteau supportant une faîtière pour la couverture ?) et de la vocation de l’espace (une zone de litière ?). La fouille a été élargie à l’extérieur de l’habitat afin de comprendre l’aménagement de l’entrée et localiser d’éventuelles zones de rejet domestique.

9 La structure est semi-enterrée, creusée dans le substrat calcaire. Elle présente un plan rectangulaire d’environ 4,30 m (sud-ouest – nord-est) de long sur environ 3,30 m de large (nord-est – sud-ouest) (Fig. n°1 : Plan de l’US 5, XV e s ). Les murs MR 1 (mur pignon sud) et MR 3 (mur gouttereau ouest) sont bâtis en pierre sèche avec des blocs de calcaire local, non équarris, tandis que les parois rocheuses forment les murs MR 2 et MR 4. Bien qu’aucun trou de poteau pouvant servir de soutien à une poutre faîtière n’ait été mis au jour, l’hypothèse privilégiée est celle d’une couverture en matériaux périssables.

10 En s’appuyant sur les sources ethnographiques, nous pouvons imaginer une couverture végétale de branchages et feuillages reposant sur armature de bois composée d’une poutre faîtière reposant sur les deux murs pignons et de chevrons attachés à celle-ci.

11 L’entrée est ouverte en chicane à l’angle sud-ouest de la cabane dans le mur gouttereau ouest (MR 2). Ce type de porte s’explique du fait même de l’organisation de l’espace domestique. En effet, les foyers domestiques (FY 1 et FY 2) étant aménagés contre le mur MR 1 donc dans l’axe de la porte, ces derniers sont ainsi à l’abri des forts courants d’air tout en permettant une meilleure évacuation des fumées, la porte étant généralement la seule ouverture. L’espace domestique se structure autour du foyer.

12 Ce foyer est un foyer lenticulaire, posé à même le sol contre le mur pignon MR 1. Les résultats préliminaires de l’analyse anthracologique (A. Durand, CNRS, LAMM) pose le problème de la sélection des essences. En effet, dans le cas d’un foyer sans sélection, nous devrions retrouver toutes les essences caractéristiques de la garrigue, or il est composé majoritairement de genévrier. La localisation du foyer peut donner des indices sur l’organisation de l’espace domestique de la cabane. En effet, l’espace fouillé en 2007 pourrait être apparenté à une zone de repos ; malheureusement les analyses palynologiques et sédimentologiques prévues n’ont pas pu être réalisées en raison de bioperturbations trop importantes.

13 La fouille n’a pas permis de prouver le lien entre cet habitat temporaire et une activité artisanale en l’absence d’outils ou d’autres indices archéologiques. Cependant, des hypothèses fondées peuvent être émises.

14 Si l’on considère l’approximation des datations relatives par cette céramique, la première occupation (en raison de sa datation : première moitié du XVe s.) pourrait être rattachée à la céramique retrouvée aux alentours montrant une fréquentation dans le

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 389

courant du XIVe s. Elle serait ainsi liée à une activité de distillation de bois comme en témoignent les résidus encore présents sur les fragments de jarres. La seconde occupation est datée du XVIIe s. par le mobilier archéologique : deux fragments d’écuelles vernissées à pâte rouge de production locale.

15 À proximité de la cabane, a été fouillé un replat de charbonnière moderne sans structure d’habitat temporaire apparente. Peut-être faut-il voir dans cette réoccupation celle d’un charbonnier préférant réoccuper une structure déjà existante plutôt que construire une nouvelle cabane ?

16 Aucun élément ne peut cependant le prouver.

17 BURRI Sylvain

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan de l’US 5, XV e s

Auteur(s) : Corbineau, R. ; Burri, J. ; Burri, Sylvain. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 390

AUTEURS

SYLVAIN BURRI AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 391

Cavalaire-sur-Mer – Centre-ville

Jean-Marie Michel

Identifiant de l'opération archéologique : 8192

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Michel Jean-Marie (INRAP)

1 Le projet d’élever un ensemble immobilier doté d’un parc automobile souterrain au centre de la ville de Cavalaire a nécessité, du fait de la présence proche de vestiges antiques, une opération de diagnostic archéologique.

2 Sur l’ensemble du terrain concerné, situé en pied de butte, un mobilier très roulé provenant probablement de la hauteur, atteste une fréquentation des lieux au cours de l’âge du Fer et de l’Antiquité (rapports 2002 de Marc Borréani et rapport d’Aurélie Dumont 2007, déposés au SRA DRAC-PACA, et BSR PACA, 2002 : 149-151).

3 Dans la partie sud, à des profondeurs de 1,50 m et 2,80 m, des traces de foyers d’époque néolithique ont été mises au jour et, dans un cas, des tessons de céramiques à décor cardial ont été trouvés à l’intérieur d’un petit chenal naturel situé à proximité d’un des foyers.

4 L’étude géomorphologique, celle du mobilier céramique et les analyses anthracologiques ont été effectuées par une équipe du Cépam, sous la direction de Didier Binder. Des analyses au 14C ont été réalisées sur divers prélèvements. Elles confirment deux phases d’occupations : le Néolithique Cardial ancien et le Néolithique moyen I.

5 Ces informations suggèrent que cette zone, située à quelques dizaines de mètres de la mer, a été fréquentée à plusieurs reprises au cours du Néolithique. Mais nous ignorons tout du type d’occupation dont il s’agit – permanent ou temporaire – ainsi que de son importance.

6 MICHEL Jean-Marie

7 Équipe de fouille Inrap : Corinne Aubourg et Jean-Marie Michel.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 392

8 Équipe Cépam, UMR 6130 du Cnrs et Université de Nice Sophia-Antipolis : Jean- François Berger, Didier Binder, Alain Carre, Lorène Chesnaux, Claire Delhon, Louise Purdue, Justine Vorenger et Aurélie Zémour.

AUTEURS

JEAN-MARIE MICHEL INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 393

Cavalaire-sur-Mer – Avenue du Port

Frédéric Conche, Suzanne Lang-Desvignes et Olivier Sivan

Identifiant de l'opération archéologique : 7925

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Conche frédéric (INRAP) ; Lang-Desvignes Suzanne (INRAP) ; Sivan Olivier (INRAP)

1 Ce diagnostic mené par l’INRAP (titulaire de l’autorisation : Frédéric Conche avec la collaboration de M. Taras-Thomas.) aura permis d’estimer plus précisément les limites septentrionales de l’antique agglomération de Heraclea Caccabaria, en abordant l’espace rural où furent distinguées des traces de plantation d’un vignoble sans doute cultivé pendant les trois premiers siècles.

2 L’activité potière, décelée à partir de rebuts de cuisson du Bronze final ou du premier âge du Fer, met en exergue un dépotoir sans doute associé à un secteur d’installations techniques (four ou fosse de cuisson, aire de séchage, stockage, modelage, etc.), vraisemblablement conservées dans la parcelle voisine.

3 Enfin, ces sondages ont offert l’opportunité d’atteindre le substratum rocheux dont le toit passe sous le niveau 0 NGF et arbore un pendage vers la mer.

4 L’absence de niveau marin et de mobilier infirme l’emplacement de la zone portuaire antique vers le sud-est de l’agglomération mais n’apporte pas d’informations nettes quant à la remontée de la mer depuis l’Holocène.

5 CONCHE Frédéric, LANG-DESVIGNES Suzanne et SIVAN Olivier

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 394

AUTEURS

FRÉDÉRIC CONCHE INRAP

SUZANNE LANG-DESVIGNES INRAP

OLIVIER SIVAN INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 395

Cavalaire-sur-Mer – Avenue Pierre et Marie Curie

Aurélie Dumont et Jean-Marie Michel

Identifiant de l'opération archéologique : 8314

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Dumont Aurélie (INRAP) ; Michel Jean-Marie (INRAP)

1 Une opération archéologique a été menée avenue Pierre-et-Marie-Curie dans le cadre d’un projet immobilier [ (Fig. n°1 : Localisation des découvertes antérieures (B : rue du Port ; C : rue Charles-de-Gaulle) et implantation des tranchées 2007 (A : avenue Pierre- et-Marie-Curie)), A]. Le terrain se situe en zone urbaine au sud-est du centre ville, à proximité du port de plaisance, à une altitude de 2,90 m NGF. À ce jour, les principales découvertes faites dans le centre ville de Cavalaire et dans l’emprise du port sont d’époque romaine.

2 Une villa viticole [ (Fig. n°1 : Localisation des découvertes antérieures (B : rue du Port ; C : rue Charles-de-Gaulle) et implantation des tranchées 2007 (A : avenue Pierre-et-Marie- Curie)), B], située rue du Port et occupée de la fin du Ier s. ou du début du IIe siècle de notre ère. jusqu’au IVe s., a été fouillée dans les années 1990 (SRA DRAC-PACA, Aix-en- Provence ; Brun, Oberti, 1993 ; 1999 : 330-331).

3 Au cours de l’année 2002, à l’angle de l’avenue Charles-de-Gaulle et de la rue du Port, trois îlots d’habitations, avec rue et passage datés de la fin du Ier siècle de notre ère et du début du IIe siècle de notre ère, ont été mis au jour [ (Fig. n°1 : Localisation des découvertes antérieures (B : rue du Port ; C : rue Charles-de-Gaulle) et implantation des tranchées 2007 (A : avenue Pierre-et-Marie-Curie)), C].

4 L’occupation du quartier dure jusqu’à la fin du IIIe siècle de notre ère. Et dans le courant des IVe s. et Ve s., deux sépultures sont installées dans les ruines du quartier.

5 La découverte de ces îlots a permis d’identifier l’agglomération d’Heraclea Caccabaria, portus signalé dans l’Itinéraire maritime d’Antonin et d’y rattacher les aménagements viticoles de la rue du Port (BSR PACA, 2002 : 149-151).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 396

Continuité avec le site de la rue Charles-de-Gaulle

6 Un long mur MR10 orienté est-ouest a été suivi sur près de 38 m [ (Fig. n°1 : Localisation des découvertes antérieures (B : rue du Port ; C : rue Charles-de-Gaulle) et implantation des tranchées 2007 (A : avenue Pierre-et-Marie-Curie)), TR6 à TR8 et TR11] ; sa limite occidentale n’a pas été trouvée et il semble se poursuivre en dehors de l’emprise de la parcelle sondée. Cette fondation de mur est faite de blocs de pierres brutes locales (micaschistes et gneiss). Aucun liant de chaux n’a été observé et c’est plutôt un liant de terre qui assemble les structures.

7 Au nord de cette construction, à une distance d’un peu plus de 5 m est établi un autre mur MR11 d’orientation similaire ; ce dernier n’a été observé que dans l’espace du sondage TR7 et n’a été recoupé dans aucune autre tranchée (notamment la TR9). Une seule assise de 0,57 m de large a été dégagée ; elle conserve dans son blocage quelques éléments de tegulae. Un troisième mur MR13 est apparu dans le sondage TR9. Il a une orientation différente, plutôt nord-nord-est – sud-sud-ouest.

8 Aux extrémités des tranchées TR7 et TR9, deux structures ST12 et ST16 ont été observées. Elles sont formées de gros blocs de pierres brutes recouvertes et bordées du remblai de terre US06 empli de nombreux fragments de tuiles antiques, d’amphores et de céramiques communes. Ces constructions ont été différenciées dans un premier temps, mais il peut s’agir d’une seule et même structure dont les limites n’ont pas été déterminées car seuls le bord méridional pour ST12 et le bord oriental pour ST16 ont été mis au jour dans le cadre du présent diagnostic.

9 Il est à noter que le sédiment qui recouvre en partie la structure ST16 est de teinte très noire et comprend de nombreux morceaux de charbons de bois. Un fragment de meule rotative (meta) en rhyolite a été extrait de la construction ST16.

10 La plupart des constructions observées sont établies dans le niveau limoneux jaune US05. Seul le mur MR11 semble fondé dans une couche de remblai antérieure US14. Enfin, l’ensemble de l’occupation disparaît sous le remblai plus ou moins épais, déjà mentionné, US06.

Des éléments de datation

11 Les principaux éléments de datation sont fournis par le matériel issu de la couche de remblai US06 qui vient sceller l’ensemble des vestiges et qui offre une fourchette chronologique large allant du Ier siècle de notre ère aux IVe s. et Ve siècle de notre ère.

12 Les Iers. et IIe siècle de notre ère sont représentés par des fragments de sigillées sud- gauloise, des bols de type Drag. 37 essentiellement et des lèvres de claire A de type Hayes 8A (100-160). Les exemplaires d’amphores proviennent d’origines diverses avec des fragments d’amphores de Tarraconaise (Dressel 2/4), de Bétique (Dressel 20) et de Gaule (G8 par exemple). Des amphores d’origine africaine, avec l’africaine IB et l’africaine IIIC (Bonifay, 2004), indiquent une chronologie plus tardive, de la fin du IIe s. et IIIe siècle de notre ère et des IVe s. et Ve siècle de notre ère.

13 Ces datations s’accordent avec celles du site de l’avenue Charles-de-Gaulle qui fait état d’une première occupation de la fin du Ier siècle de notre ère avec l’installation de la voie à laquelle se rattache le long mur MR10 de l’avenue Pierre-et-Marie-Curie, puis

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 397

d’une deuxième phase qui comprend la construction des îlots I, II, III ; ici ce sont les murs MR11 et MR13 qui peuvent s’inscrire dans cette période des IIe s. et IIIe s. En revanche, dans le cadre du diagnostic, la phase tardive représentée par les inhumations n’est ici attestée par aucune construction.

Conclusion

14 Cette opération archéologique confirme la présence de vestiges antiques qui se rattachent au quartier d’habitations limitrophe de la rue Charles-de-Gaulle avec la continuité notamment du mur de soutènement de la voie et la présence de murs qui poursuivent le plan des pièces d’habitat organisées en îlots. Ces nouvelles découvertes offrent une vision plus ample de l’emprise de l’agglomération d’Heraclea Caccabaria.

15 DUMONT Aurélie et MICHEL Jean-Marie

16 Avec la collaboration de LAURIER Françoise (Cépam) et BORRÉANI Marc (SRA)

ANNEXES

Fig. n°1 : Localisation des découvertes antérieures (B : rue du Port ; C : rue Charles-de-Gaulle) et implantation des tranchées 2007 (A : avenue Pierre-et-Marie-Curie)

Auteur(s) : Bioul, Catherine ; Laurier, Françoise. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 398

AUTEURS

AURÉLIE DUMONT INRAP

JEAN-MARIE MICHEL INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 399

La Celle – Ancien prieuré

Raymond Boyer

Identifiant de l'opération archéologique : 8267

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Boyer Raymond (CNRS)

1 La fouille programmée d’une sépulture a été effectuée dans le cloître de l’ancien prieuré de Bénédictines de La Celle, monument classé, propriété du conseil général du Var. Ces travaux ont été réalisés par le titulaire de l’opération, Raymond Boyer, chercheur émérite au CNRS, Gilles Grévin, ingénieur anthropologue au CNRS (CÉPAM, UMR 6130) et Paul Bailet, anthropologue au laboratoire d’anthropologie de Draguignan.

2 Une épitaphe latine est inscrite sur le mur nord de la galerie septentrionale du cloître (Fig. n°1 : L'épitaphe. Champ épigraphique 0,285 m x 0,315 m). Elle se compose de deux vers très élaborés ; elle est anonyme et non datée, mais l’étude épigraphique permet de la situer au XIIe s., probablement dans la première moitié ou vers le milieu. Le texte signale qu’« ici est inhumée une reine » qualifiée de « bienheureuse » ; puis, suit une formule laissant entendre que la défunte avait embrassé l’état monastique.

3 La fouille (2 m x 2 m) a été pratiquée au pied de l’épitaphe en évitant un drain moderne. Le sol actuel en ciment et son substrat de cailloux, posés vers 1950, couvrent un pavement ancien, difficile à dater, constitué de pierres calcaires polies par l’usure, de diverses formes polygonales et de dimensions diverses. Ce pavement repose sur le terrain naturel, compact, sans matériel archéologique.

4 Le pavement avait disparu sur 2 m, le long du mur, et sur une largeur de 0,80 m environ. À cet emplacement, le sol moderne et son substrat recouvraient la terre, peu compacte, de comblement d’une fosse de 2 m x 0,70 m et 0,80 m de profondeur. Au fond de cette fosse se trouvaient des vestiges du coffrage d’une tombe : deux grandes pierres plates et un bloc parallélépipédique alignés à 0,50 m du mur (type de coffrage connu et répertorié).

5 La terre de comblement contenait :

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 400

6 En conclusion, la sépulture trouvée au pied de l’épitaphe devait être assez remarquable pour avoir été signalée par une épitaphe ; c’est le seul cas dans le prieuré de La Celle. Cette tombe a dû être violée ou « fouillée » – l’intention étant différente – à une époque assez récente, semble-t-il, en raison de la faible compacité de la terre de comblement de la fosse. Dans l’épitaphe, le mot latin regina a pu susciter soit des convoitises soit la curiosité d’un des érudits locaux qui se sont intéressés au prieuré de La Celle au XIXe s. et au début du XXe s.

7 Une étude très documentée sur cette épitaphe et sur un sarcophage médiéval sculpté lié à l’histoire du prieuré de La Celle est en préparation.

8 BOYER Raymond

ANNEXES

Fig. n°1 : L'épitaphe. Champ épigraphique 0,285 m x 0,315 m

Auteur(s) : Boyer, Raymond. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 401

AUTEURS

RAYMOND BOYER CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 402

Châteauvert – Domaine de Doumet

Jean-Marie Michel et Michel James

Identifiant de l'opération archéologique : 8189

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Michel Jean-Marie (INRAP) ; James Michel (COL)

1 Dans le cadre de l’opération de prospection sur « l’occupation du sol dans la zone du massif du Bessillon » (Centre-Var), une construction antique a été découverte sur le domaine de Doumet.

2 Établie sur une butte, en bordure d’une petite vallée cultivable, orientée est-ouest, elle est placée à l’intersection de deux voies de passage, ancienne voie royale, nord-sud et est-ouest. Un établissement rural (Doumet 2) se trouve à environ 400 m à l’ouest ; le matériel qui s’y trouve atteste une occupation au Haut-Empire et durant l’Antiquité tardive.

3 Les contours d’un bâtiment de plan rectangulaire, d’une longueur de 31 m et d’une largeur de 6,80 m, axé est-ouest, apparaissent dans un bois (Fig. n°1 : Plan du bâtiment découvert ).

4 L’espace intérieur est divisé en cinq pièces de volumes variables, qui sont en grande partie vides de démolition ; à l’extrémité orientale, un amas de pierres recouvre une surface d’environ 30 m2. L’espace central, le plus conséquent, présente une superficie de 42 m2. Les

5 deux pièces situées de part et d’autre de ce dernier mesurent entre 11,60 m2 et 34 m2. Aucun seuil, ni passage entre elles, n’a été retrouvé.

6 Les rares débris de construction suggèrent des élévations en torchis, excepté dans la partie est, où une élévation en dur est envisageable. La présence de tegulae indique une toiture faite de tuiles.

7 Le seul mobilier récolté en contrebas de l’édifice se résume à quelques fragments de céramiques, sigillée de la Gaule du sud et dolium. Une ferme, organisée selon ce type de plan mais d’une taille bien plus conséquente, a été fouillée au « Perron » à Saint-

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 403

Sauveur en Isère (Klijn, 1994‑1995). La taille réduite de l’installation et la céramique laissent supposer qu’elle pouvait être une dépendance du site proche de Doumet 2 durant le Haut-Empire, par la suite abandonnée.

8 MICHEL Jean-Marie et JAMES Michel

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan du bâtiment découvert

Auteur(s) : Michel, Jean-Marie. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

JEAN-MARIE MICHEL INRAP

MICHEL JAMES COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 404

Châteauvert – Chapelle San Peyre

Jean-Marie Michel et Michel James

Identifiant de l'opération archéologique : 8189

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Michel Jean-Marie (INRAP) ; James Michel (COL)

1 C’est à la suite de travaux de dégagement d’un cabanon appuyé contre la façade sud de la chapelle San Peyre, sur la commune de Châteauvert, que l’abside de cette dernière est apparue. Le plan d’ensemble a pu être réalisé, permettant une tentative de restitution (la construction étant encore recouvert aux deux-tiers de matériaux).

2 Cet édifice dépendant de l’abbaye de Correns, filiale de Montmajour (Colin, 1980) au cours des XIe s. et XIIe s., est placé sur un petit promontoire proche de la limite des diocèses d’Aix et Fréjus.

3 C’est un monument à nef unique, orienté nord-ouest - sud-est, avec une abside en cul- de-four et probablement trois travées. Les mesures internes sont d’environ 14,80 m sur 5,40 m. Les parements des murs sont construits avec un petit appareil assisé, excepté la partie basse et intérieure de l’abside qui utilise le grand appareil dressé. Les matériaux employés sont le calcaire froid et le travertin, probablement pour le voûtement. Le plan de la première travée, complété par la forme de l’amas de décombre situé sur la partie occidentale, a permis d’en envisager deux autres. Quatre pilastres, entre lesquels des arcatures aveugles se développaient, étaient placés sur les faces internes. Le seuil n’apparaît pas ; il devait se trouver dans le mur sud qui donne sur une terrasse.

4 MICHEL Jean Marie et JAMES Michel

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 405

AUTEURS

JEAN-MARIE MICHEL INRAP

MICHEL JAMES COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 406

Draguignan – Parking Bontemps

Aurélie Dumont et Jean-Marie Michel

Identifiant de l'opération archéologique : 8314

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Dumont Aurélie (INRAP) ; Michel Jean-Marie (INRAP)

1 Une opération de diagnostic a été menée sur le parking Bontemps, rue Pierre-Clément à Draguignan, à l’occasion d’un projet de réaménagement du lieu et de la construction d’une partie souterraine.

2 Le terrain se trouve hors des remparts de la ville médiévale dans les faubourgs alors qu’il se situe dans l’emprise de l’enceinte moderne (avenue Jean-Jaurès) et à proximité d’une maison aristocratique du XVIIIe s.(hôtel de La Motte) transformée en couvent au cours du XIXe s.

Un fossé de la fin du Moyen Âge

3 Un fossé d’orientation nord-ouest/sud-est a été dégagé sur une longueur de 4 m. Le creusement est établi dans un sédiment argileux et recouvert par un niveau de remblai. Le fossé a servi de dépotoir et contient de nombreux tessons de céramique et des ossements de bovidés.

4 Les éléments de vaisselle datent l’ensemble du début du XIVe s. avec la présence de fragments de céramique d’importation ligure, des écuelles à marli à sgrafitto ligure et des cruches majoliques pisanes ; s’y ajoutent des céramiques glaçurées régionales, marmites, écuelles et cruches.

Une construction et un jardin d’époque moderne

5 Un ensemble de murs en fondation (une assise) a été dégagé à l’extrémité nord-est du terrain. Ils forment un espace de deux pièces, dont les limites septentrionales n’ont pas

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 407

été observées, mais qui couvre une superficie de 90 m2 avec une pièce principale (de 8 m de large) bordée à l’ouest par un espace plus étroit (large de 2 m).

6 Cette construction est datée de l’époque moderne. Il est vrai que très peu de céramique moderne a été retrouvé sur le site, hormis dans le comblement de deux fosses qui recèlent un mobilier des XVIe-XVIIIe s. et XIXe s., car les niveaux de cette période semblent avoir été décapés lors de la réalisation du parking actuel. Mais à la lecture du cadastre napolénien du début du XIXe s., l’on observe que la parcelle est occupée par un « sol d’écurie et grenier à foin » ou encore « pavillon et patèques » auxquels l’on peut rapprocher l’ensemble décrit ci-dessus.

7 Dans la partie méridionale du terrain, des murets en pierres sèches évoquent par leur aspect un aménagement de jardin. L’un d’eux représente notamment une petite allée (d’une largeur de 0,60 m), orientée sud-ouest - nord-est, qui conserve une surface de circulation faite de pierres et de fragments de terre cuite délimitée par deux bordures de pierres. Un second mur en pierres sèches a été suivi sur une longueur de 16 m.

Conclusion

8 L’opération archéologique dans l’emprise du parking Bontemps a mis en évidence une occupation de la fin du Moyen Âge sous la forme d’un fossé, dans cette partie de la ville sise extra-muros à l’époque. Enfin, les principaux vestiges concernent des dépendances et des jardins de propriétés de l’époque moderne en relation avec, d’un côté, la demeure aristocratique de la famille de La Motte puis du couvent qui lui fait suite et, de l’autre, avec des habitations qui s’établissent à partir du XVIe s. à l’intérieur de la nouvelle enceinte.

9 DUMONT Aurélie et MICHEL Jean-Marie

AUTEURS

AURÉLIE DUMONT INRAP

JEAN-MARIE MICHEL INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 408

Fayence

Marc Borréani

Identifiant de l'opération archéologique : 8327

Date de l'opération : 2007 (PI) Inventeur(s) : Borréani Marc (COL)

1 L’opération de prospection-inventaire menée sur la commune de Fayence permet de proposer une carte archéologique comprenant vingt-trois sites (équipe de prospection : Louis Berre, Michèle Berre, Marc Borréani, Gabriel Chabaud, Patrick Digelmann et Françoise Laurier).

Néolithique

2 Deux stations néolithiques (les Grès et Camandoule) sont localisées dans la plaine ainsi que des traces à Saint-Christophe.

Âge du Fer

3 Deux habitats fortifiés de hauteur sont datables de l’âge du Fer.

4 Celui de la Péjade, découvert anciennement par Adrien Guébhard, a été localisé. Il occupe non pas le sommet de la colline, mais une petite avancée de celle-ci, protégée au sud par un à-pic rocheux. Le matériel trouvé en prospection, qui se résume à des fragments de dolium, ne permet pas de préciser la chronologie du site.

5 Le site de la Colle de Gagnore, nouvellement identifié, occupe le sommet de cette colline située entre Fayence et Seillans. Le système défensif est mal conservé, mais le mobilier, abondant, permet de dater l’occupation des IIe s. et Ier s. av. J.‑C (campanienne, amphore italique, modelée, meules va-et-vient en rhyolite).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 409

Époque romaine

6 Dix sites appartiennent à cette époque.

7 Deux sont des villae : le site de Notre-Dame des Cyprès et celui de la Bégude.

8 Sur le site de Saint-Christophe, on a découvert un contrepoids de treuil.

9 Le site de la Bégude ouest, où l’on observe plusieurs blocs taillés (seuil, chaperon de mur, etc.), correspond à une probable dépendance de la villa de la Bégude, tandis que le site des Hautes Suanes apparaît comme relativement étendu.

10 Les sites des Claux, du Moulin de Camandoule et de Prébarjaud correspondent à de petites installations.

11 Les traces de possibles tombes sous tuiles proviennent du site de Notre-Dame, proche de Notre-Dame des Cyprès.

Antiquité tardive

12 Les deux villae de Notre-Dame des Cyprès et de la Bégude ainsi que le site de la Bégude ouest sont occupés à cette période.

13 Un petit site, Moréry, l’est également, ainsi que le site de Saint-Christophe et peut-être le site des Hautes Suanes.

Époque médiévale

14 À la Bégude ouest, un grande quantité de céramiques grises des Xe s. et XIe s., certaines mal cuites ou déformées, indique à cet emplacement une installation de potiers. Il s’agit là d’une activité située sur le territoire de la villa de Saint-Julien, mentionnée au XIe s. (CSV 248, 544, 545, 1074).

15 Des fours de potiers sont d’ailleurs attestés par la toponymie, puisqu’il est fait mention de l’église Saint-Julien d’Oules en 1274. Par ailleurs un four, daté du XVIe s., a été identifié à proximité, sur la commune de Seillans, lors d’un diagnostic réalisé par l’INRAP (responsable Lucas Martin : BSR PACA, 2005 : 180-181).

16 Le village de Fayence (Fagentia est mentionné en 909) s’est développé et fortifié au Moyen Âge autour du château, mentionné au XIIIe s. De ce dernier, rien ne subsiste, tandis que l’enceinte du village et ses portes sont partiellement conservées.

17 L’église Notre-Dame des Cyprès est un bel édifice roman, étudié en détail par Yann Codou (Codou, 1997 : 207-209). Il existait une autre église, Saint-Christophe, mentionnée au début du XVe s. Cet édifice a disparu, mais il est encore indiqué sur le cadastre napoléonien et marqué sur place par un petit terre-plein.

18 BORRÉANI Marc

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 410

AUTEURS

MARC BORRÉANI COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 411

Fox-Amphoux – La Jeansarde

Florence Parent et Corinne Bouttevin

Identifiant de l'opération archéologique : 8037

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Parent Florence (INRAP) ; Bouttevin Corinne (INRAP)

1 Une demande d’autorisation de lotir, au lieu-dit La Jeansarde, à Fox-Amphoux, a motivé la prescription d’un diagnostic archéologique, sur une parcelle d’une superficie de 11 785 m2.

2 La commune de Fox-Amphoux est située à une trentaine de kilomètres au nord de Saint-Maximin et à une vingtaine de Brignoles. De nombreux sites y sont déjà recensés (Brun, 1999 : 411-417) : habitats de l’âge du Fer perchés ou en plaine, villae et habitats ruraux d’époque romaine et temple, sépultures romaines à proximité du site de diagnostic, ainsi qu’une chapelle médiévale.

3 L’opération, d’une durée de trois jours, s’est déroulée en juillet 2007 et dix-sept sondages ont été ouverts à l’aide d’une pelle mécanique. Le substrat rocheux a été atteint très rapidement dans toutes les tranchées. Il se présente soit sous forme de calcaire dur, formant des bancs rocheux « fissurés », entre lesquels les colluvions se sont immiscées, soit sous forme de calcaire tendre très érodé. Les deux faciès peuvent se rencontrer dans une même tranchée. Ce substrat est recouvert par une couche de limons brun clair, mêlés de cailloux et cailloutis calcaire, pouvant être assimilés à des colluvions. Ces limons, dont l’épaisseur de sédimentation varie de 0 m en haut de pente (rocher affleurant) à 0,30-0,35 m à mi-pente, n’ont livré aucun mobilier archéologique, de quelque période que ce soit.

4 Dans les tranchées 5 et 15, la surface du substrat calcaire révèle des traces agraires longilignes (sillons), vraisemblablement récentes, au vu de leur position stratigraphique.

5 Seule la tranchée 2 a livré les restes d’une sépulture, accompagnée d’un dépôt de céramiques, datées du premier âge du Fer, dont une urne archéologiquement complète de type CNT-PRO U4a (Arcelin, 1993 : 324), à l’épaulement peu marqué souligné d’une

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 412

ligne de poinçons triangulaires. Si d’autres sépultures ont existé à cet endroit, aucune ne subsiste. En effet, comme le montrent les autres sondages, le site a subi une très forte érosion, qui en aura fait disparaître toute trace. Notre découverte a sans doute été préservée uniquement car elle entaillait légèrement le substrat rocheux. Nous ne sommes donc pas en mesure de déterminer s’il s’agit d’une tombe isolée ou des maigres vestiges d’une nécropole protohistorique.

6 PARENT Florence et BOUTTEVIN Corinne

AUTEURS

FLORENCE PARENT INRAP

CORINNE BOUTTEVIN INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 413

Fréjus – Les Claus 2

Pierre Excoffon

Identifiant de l'opération archéologique : 8408

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Excoffon Pierre (COL)

1 En préalable à la construction d’une maison individuelle dans le quartier du théâtre romain (Fig. n°1 : Plan et topographie des découvertes), au 174, avenue du Théâtre romain, un diagnostic archéologique (les Claus 2) a été réalisé par le service du patrimoine de la ville de Fréjus. Celui-ci a permis de mettre en évidence trois phases d’occupation.

Phase I

2 La plus ancienne (phase I), remontant à la Protohistoire, a révélé la trace d’une occupation proche datable de l’âge du Bronze. C’est la découverte de soixante-treize tessons peu érodés de céramique modelée, dont deux bords d’urne et d’écuelle à gros dégraissant, qui a mis en évidence cette occupation. Toutefois, la surface très réduite du dégagement a empêché de découvrir des structures associées, ni même de sol défini. Il s’agit, pour ce quartier de Fréjus, de la première attestation claire d’une occupation protohistorique. Jusqu’à présent, seuls quelques rares vestiges et quelques tessons découverts sur la Butte Saint-Antoine permettaient de témoigner d’une occupation protohistorique à l’emplacement de la ville antique.

Phase II

3 La deuxième phase correspond à l’organisation urbaine de la colonie de Fréjus dans le courant de la première moitié du Ier s. apr. J.‑C. Au moment de l’installation des colons, la zone du théâtre est simplement marquée par une butte de marne du pliocène,

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 414

recouverte d’un apport limoneux brun. La morphologie et la topographie de la zone vont alors être profondément transformées.

4 La zone étudiée présente essentiellement des aménagements urbains : le decumanus maximus [ (Fig. n°1 : Plan et topographie des découvertes), A], un portique (B) et une esplanade surélevée (C). Dans ce secteur de la ville, le decumanus suit exactement l’orientation du réseau B de la ville, soit 38,5°ouest/NL. La partie mise au jour se situe à l’extrémité nord-est de la rue, à seulement quelques mètres de la porte de Rome.

5 Le niveau de circulation n’a été perçu que sur une fenêtre de moins de 1 m2, mais de dimensions suffisantes pour y réaliser un sondage. Le revêtement est constitué par le compactage d’une couche argilolimoneuse brune comprenant de très nombreux éclats de calcaire constituant également la surface de roulement. Celle-ci apparaît alors très compacte. Sous cette couche se trouvait un remblai plus épais (environ 0,50 m) à dominante argilolimoneuse, de teinte plus claire et comprenant de nombreux cailloux. Dans ce niveau ont également été découverts de nombreux tessons de céramique. L’ensemble repose sur un niveau de sable grossier d’une dizaine de centimètres, recouvrant le substrat d’argile jaune.

6 La voie est bordée au nord par un portique qui a été dégagé sur toute sa largeur et sur une longueur de plus de 1,50 m. La largeur du portique, trottoir compris depuis le nu du mur, mesure 4,44 m ; il en va de même pour tous les autres portiques connus à Fréjus.

7 Au nord, la bordure du trottoir est faite de gros blocs de grès gris-brun assemblés à joints vifs. Huit ont été dégagés sur une longueur de 8,50 m. Les dalles ont été mises en place sur une fondation légèrement plus étroite, composée de six assises, les trois dernières étant particulièrement soignées.

8 Le trottoir fait aussi fonction de stylobate pour les piliers du portique, dont les bases d’ancrage de trois d’entre eux ont été observées. Il s’agit d’une encoche carrée de 0,47 m x 0,32 m démaigrie à la surface des blocs. Ainsi on peut restituer des piliers carrés de la même dimension. Ces traces permettent de restituer un entraxe de 3,30 m à 3,40 m. Ailleurs à Fréjus, elles mesurent généralement 4,45 m environ (Rivet et al., 2000 : 369). Les piliers étaient donc ici plus resserrés qu’ailleurs.

9 Le sol du portique est constitué de terre battue compactée. La couverture a été retrouvée effondrée sur le sol et de nombreuses tegulae et imbrices ont été découvertes en connexion, témoignant d’un effondrement brutal de l’ensemble de la structure.

10 La toiture prenait appui au nord sur le mur (MR1006). Il s’agit d’un mur en petit appareil de 1,15 m de large, servant de soutènement à une terrasse située à près de 1,50 m au-dessus du sol du portique. Celle-ci est constituée de remblais rapportés après l’édification du mur. Il s’agit d’éléments divers, notamment des amas d’argile jaune issue des phases de creusement et de modélisation de la butte originelle. Elle est limitée, au sud, par le mur de soutènement MR1006 localisé sur 17,64 m de longueur et, à l’est, par le mur MR1010. L’orientation de ce dernier permet de restituer son contact avec le mur MR1006, toujours selon l’orientation du réseau B. Sur la terrasse, aucune construction n’a été mise en évidence sur la surface sondée.

11 Le mobilier découvert pour l’essentiel dans les niveaux de construction de la voie remonte au premier tiers du Ier s. apr. J.-C.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 415

Phase III

12 Après l’abandon du quartier, une sépulture est installée dans les niveaux de destruction du portique (phase III).

13 EXCOFFON Pierre

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan et topographie des découvertes

Auteur(s) : Roucole, Sylvestre. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

PIERRE EXCOFFON COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 416

Fréjus – La Cigale d’Or

Pierre Excoffon et Raphaële Guilbert

Identifiant de l'opération archéologique : 8307

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Excoffon Pierre (COL) ; Guilbert Raphaële (INRAP)

1 En amont d’un projet immobilier, une campagne de diagnostic archéologique sur un terrain de 22 580 m2 a été réalisée dans le quartier de Caïs. À proximité de cette zone, assez mal connue, des traces d’occupation de l’âge du Bronze étaient anciennement répertoriées (Gassin, 1986, 199, n° 216). Le lieu-dit Caïs est situé au sein d’un petit talweg orienté est-ouest, perpendiculairement à la vallée du Reyran. La configuration du terrain est aujourd’hui modelée en terrasses de culture qui divisent la parcelle en deux parties.

2 De faibles indices ont révélé la présence d’une occupation protohistorique. En effet, trois tessons de céramique modelée probablement de l’âge du Bronze ont été retrouvés dans le fond du vallon. Si aucun autre vestige ne vient confirmer cette occupation (foyer, sol, etc.), c’est que le talweg a été fortement érodé au cours des périodes historiques. Dès lors, et quelle que soit la discrétion de ces vestiges, ils nous permettent de constater une présence humaine et ancienne dans des secteurs pourtant considérés comme vierges de toute occupation.

3 En résumé, les traces de fréquentation pré- ou protohistoriques dans le secteur ont été confirmées par la présence de quelques rares tessons. Topographiquement situés en contrebas du secteur du Colombier où cette présence avait été mise au jour anciennement, nous pourrions nous situer aux abords d’un site d’occupation relativement important compte tenu des découvertes réalisées en 2005 (BSR PACA, 2005 : 161).

4 En revanche, la fréquentation romaine parait réelle, mais très superficielle et occasionnelle.

5 Enfin, les périodes les plus récentes ont révélé, d’une part, des traces de sillons agraires probablement des XVIIe s. et XVIIIe s. et, d’autre part, un petit foyer.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 417

6 EXCOFFON Pierre et GUILBERT Raphaële

AUTEURS

PIERRE EXCOFFON COL

RAPHAËLE GUILBERT INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 418

Fréjus – Amphithéâtre

Michel Pasqualini et Robert Thernot

Identifiant de l'opération archéologique : 7973

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Pasqualini Michel (COL) ; Thernot Robert (INRAP)

1 Les recherches menées sur l’amphithéâtre de Fréjus dans le cadre du Plan patrimoine antique se sont poursuivies cette année (BSR PACA, 2004 : 206-210 ; 2006 : 181-185).

2 Nous avons appliqué un phasage commun à toute la fouille. Les données stratigraphiques sont réparties de la manière suivante :

3 Il faut cependant garder à l’esprit que cette organisation reste formelle et qu’il s’agit, en fait, de reconstituer une histoire du monument à partir de données de fouilles parfois difficiles à interpréter.

4 Malgré tout, l’étude de la stratigraphie et du mobilier céramique retrouvé nous a permis de placer des jalons fiables pour la restitution que nous proposons ici.

Phase I : le site avant la construction de l’enceinte (première moitié du Ier siècle de notre ère)

5 Cette phase a été essentiellement repérée dans la partie sud-ouest de la zone 1 et en partie nord-est du site (Fig. n°1 : Plan de l'amphithéâtre avec les zones fouillées).

État a : couches naturelles et colluvionnements stériles

6 Des couches géologiques naturelles et altérées ont été retrouvées dans l’ensemble nord- est et sud-est. Dans la zone sud-ouest de la piste, une série de couches de colluvionnement témoigne sans doute d’une activité érosive importante occasionnant un transport accru de sédiment vers le bas de pente. Ces couches ne contenant aucun

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 419

matériel céramique, il apparaît toutefois difficile de déterminer la cause de cette érosion qui peut être due tant à des causes naturelles qu’à une mise en culture ou à une occupation plus dense en haut de pente.

État b : fréquentation du site

7 Un changement dans le mode de sédimentation intervient : l’érosion est toujours très active mais on observe un phénomène de décantation. En effet, au bas de la pente naturelle suivie par les précédentes sédimentations, un creux s’est formé, permettant ainsi un dépôt lent des matériaux, peut-être provoqué par une crue du Reyran. On note la présence de quelques couches faiblement anthropisées retrouvées à la fois en bas de pente, au sud-ouest de la piste, mais aussi en haut de pente, au nord-est du monument. Le peu de matériel présent dans ces couches indique que ce secteur constitue un simple lieu de passage ou se trouve à proximité d’une zone occupée. Cette phase de sédimentation semble débuter au moins aux environs du changement d’ère en bas de pente, au sud-ouest de la piste. En revanche, au nord-est du monument, la rareté du matériel ne permet pas de dater précisément ce phénomène qui pourrait tout de même lui être contemporain.

État c : occupation du site

8 Cet état ne se retrouve que dans la zone 1.

9 Le premier aménagement que l’on pourrait rattacher à une occupation pérenne des lieux est un lit d’amphores couchées retrouvé dans la moitié sud-ouest de la piste. Il s’agit probablement d’un système de drainage que recouvre un remblai de sol. L’association des types d’amphores présentes dans ce dépôt nous donne une datation dans le cours du premier tiers du Ier siècle de notre ère. Les liens stratigraphiques avec les aménagements environnants n’ayant pas pu être observés, nous ne pouvons pas avoir de certitude quant à la fonction de cet aménagement, même si l’hypothèse d’un drainage reste la plus vraisemblable.

État d : désertion momentanée

10 L’endroit subit alors une désertion partielle ou totale comme en témoigne une couche où l’on observe de nombreux réseaux racinaires. Le système de drainage n’est probablement plus en fonction à cette période et la zone délaissée est favorable à la repousse de la végétation.

Phase II : l’implantation de l’enceinte (courant du Ier s.) État a : réoccupation du secteur sud-ouest de la piste

11 Sans que nous puissions véritablement en identifier la fonction, un coffrage en tegulae comblé par du sable fin témoigne d’une réoccupation du secteur à une époque indéterminée.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 420

12 Les interventions incessantes dans cette zone, jusqu’au diagnostic réalisé en 2004, et son exiguïté ne permettent pas de comprendre précisément l’enchaînement des événements et rendent parfois aléatoires les relations qui ont pu exister entre la stratigraphie et les constructions.

État b : réaménagements

13 La construction d’un mur vient condamner l’ouverture du coffrage en tegulae en le recouvrant de sa maçonnerie. Son mauvais état de conservation et la vision partielle que nous en avons eue ne nous permettent pas de nous avancer sur sa fonction. Un tuyau en plomb plonge sous ce mur d’est en ouest.

État c : construction de l’enceinte

14 Le dégagement du rempart et des vestiges de la tour nous a donné une idée assez précise de leur mode de construction.

15 La portion d’enceinte conservée au niveau de l’amphithéâtre est longue de 35 m au maximum.

16 La tour et l’élévation du rempart sont chaînées et c’est le comblement de la tranchée de fondation de la tour qui nous donne une datation : entre 40 et 100 de notre ère. L’absence de matériel plus pertinent ne permet pas d’affiner cette fourchette chronologique.

17 À l’intérieur de la ville un caniveau a été installé, perpendiculaire au rempart. Une ouverture traversant dès l’origine la maçonnerie de l’enceinte laisse penser que le transport de l’eau était organisé de l’intérieur de la ville vers l’extérieur. Les parois étaient couvertes d’épais dépôts.

État d : fréquentation postérieure à la construction de l’enceinte

18 Une période d’abandon intervient sans doute, caractérisée par une couche de dépôts successifs qui recouvrent les aménagements observés dans le secteur 1 de la zone 1.

19 Cette période, postérieure à la construction de l’enceinte voit également la constitution de dépôts à l’extérieur du rempart au cours de la seconde moitié du Ier s. Ces couches sont ensuite recoupées par la mise en place d’un caniveau qui vient s’appuyer contre l’enceinte.

Phase III : l’amphithéâtre, de sa construction à son abandon (fin du Ier s. au IVe s.) État a : construction du monument

20 Les indices chronologiques et stratigraphiques laissés par la construction de l’amphithéâtre convergent tous vers une fourchette chronologique très étroite, située

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 421

entre la fin du Ier s. et le début du IIe s. Les diverses couches de construction et surfaces de travail observées sont autant de témoins du chantier dont le déroulement est précisé par l’étude architecturale du monument.

21 Plusieurs aménagements des espaces intérieurs de l’amphithéâtre peuvent être considérés comme intervenant lors de la construction : le creusement de la galerie axiale, l’excavation au débouché du conduit de la loge consulaire et la construction d’un mur de refend à l’intérieur de la pièce sous les gradins sud.

État b : période de fonctionnement de l’amphithéâtre

22 Les données stratigraphiques sur l’utilisation de l’amphithéâtre sont rares et surtout le plus souvent indirectes. Cela s’explique par les nombreux remaniements qui ont affecté le site depuis son abandon jusqu’à la période contemporaine. Il faut notamment rappeler les nombreuses fouilles et restaurations qui ont concerné l’édifice et sur lesquelles nous n’avons parfois que peu de documentation.

État b1 : à l’intérieur de l’amphithéâtre

23 Des niveaux d’utilisation de l’amphithéâtre sont cependant identifiables de façon indirecte : les dépôts vaseux retrouvés au fond de la galerie ; le creusement dans le dépôt d’amphores ; les niveaux retrouvés dans l’entrée. C’est en raison de leur position stratigraphique et parce que le matériel retrouvé correspond au tournant des Ier s. et IIe s. que ces couches sont associées au fonctionnement de l’amphithéâtre. Ces niveaux ne couvrent cependant pas la totalité de sa période de fonctionnement et les indices sont très localisés, toujours en raison des nombreuses interventions antérieures.

État b2 : entre l’enceinte et l’amphithéâtre

24 En dehors de l’amphithéâtre, les indices de fréquentation des espaces se concentrent au nord-est, entre le monument et l’enceinte antique.

25 En zone 4, un caniveau est installé le long de l’enceinte et affecte un pendage vers le sud. Il est ensuite comblé au IIIe s.

État b3 : réaménagements entre l’enceinte et l’amphithéâtre

26 Dans une seconde phase d’aménagement, un nouveau caniveau vient se superposer au précédent, mais en suivant un pendage inverse, vers le nord. Au départ de ce conduit, un bassin a été construit pour recueillir, semble-t-il, les eaux provenant de l’intérieur de la ville (il est situé au niveau de l’ouverture dans le rempart correspondant au caniveau 5039).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 422

État b4 : à l’intérieur de la ville

27 À l’intérieur de la ville, les espaces subissent aussi des réaménagements. Une phase de nivellement, à la fin du IIe s., précède la construction d’un caniveau parallèle au rempart et l’installation de murs de refend contre l’enceinte. C’est peut-être aussi à cette période que le caniveau perpendiculaire au rempart est remanié pour établir le lien avec le bassin implanté à l’extérieur de la ville.

État c : abandon du monument

28 Vers la fin du IIIe s. les caniveaux ne sont plus en fonction et la galerie axiale est comblée. Si l’on associe à ces indices les données liées au contexte d’abandon général qui caractérise Fréjus à cette période, il apparaît que l’amphithéâtre et ses abords souffrent d’une désaffectation très cohérente avec ce que l’on connaît du contexte global.

État d : spoliation de l’édifice et occupation du site État d1 : récupération des matériaux

29 De même que les autres monuments de Fréjus, l’amphithéâtre a servi de carrière de matériaux et les traces de ces récupérations sont encore visibles : des tranchées creusées pour enlever les blocs de grand appareil, des remblais de destruction et aussi l’absence de matériaux nobles (éléments sans doute récupérés en priorité). Il faut noter ici, que les destructions liées à la spoliation du monument se sont sans doute poursuivies durant une période assez longue.

État d2 : fréquentation postérieure à l’abandon

30 Même après son abandon comme amphithéâtre, le monument est resté un lieu fréquenté et occupé, comme en témoignent un creusement dans le comblement de la galerie axiale effectué au IVe s. et un sol de fréquentation installé par-dessus, en fonction au Ve s. En partie haute du secteur, plusieurs remblais de destructions ont également été observés. On peut noter la présence d’un amas important de céramique très localisé dans un creux du rocher, sur la pente menant de l’entrée principale à la zone nord-est.

Phase IV : le site aux Temps Modernes et époque contemporaine (à partir de la fin du XVIe s.) État a : l’installation du couvent

31 À la fin du XVIe s. un couvent dominicain s’est installé dans la partie sud-est (l’entrée principale), s’appuyant contre l’amphithéâtre. Certains des murs de l’établissement religieux ont été mis au jour dans le prolongement des murs rayonnants.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 423

32 Dans l’alvéole 15, on a pu repérer des niveaux d’utilisation correspondant à cette période : deux sépultures ont été creusées dans les niveaux antiques encore présents.

33 Quelques remblais portent les traces de la destruction du couvent opérée au XIXe s.

État b : perturbations contemporaines

34 Le XXe s. a apporté de nombreuses perturbations. Cette période est présente sur l’ensemble du site et consiste principalement en deux types d’interventions : les divers sondages et fouilles archéologiques effectués depuis le XIXe s., ainsi que les aménagements liés à la mise en valeur touristique du site (réseau électrique pour l’éclairage du monument, réseau d’eau).

35 PASQUALINI Michel et THERNOT Robert

36 La fouille a été exécutée avec la collaboration de Hélène Garcia, Jean-Marie Michel, Bruno Fabry, Lise Damotte, Pierre Excoffon, Xavier Chadefaux, Joris Pâques et Isabelle Rodet-Bélardi.

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan de l'amphithéâtre avec les zones fouillées

Auteur(s) : Pâques, Joris ; Fabry, Bruno. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 424

AUTEURS

MICHEL PASQUALINI COL

ROBERT THERNOT INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 425

Fréjus – 43 avenue du XVe corps

Kelig-Yann Cotto

Identifiant de l'opération archéologique : 8022

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Cotto Kelig-Yann (COL)

1 La construction par un particulier d’une maison au 43, avenue du XVe corps à Fréjus ayant entraîné la prescription d’un diagnostic, le service du patrimoine est intervenu en septembre 2007.

2 La tranchée, réduite en raison de la présence d’espaces verts classés et de l’exiguïté de la parcelle, a mis au jour d’importants vestiges antiques, conservés par endroits sur 0,50 m d’élévation. Deux fenêtres perpendiculaires à la tranchée initiale ont par la suite été ouvertes. La profondeur des vestiges ne pouvant motiver une fouille au vu du projet déposé, une exploration plus approfondie a été entreprise.

3 Le terrain d’investigation a été divisé en cinq espaces et deux phases ont été déterminées. L’étude céramologique est en cours.

Phase 1

4 La première phase correspond au Haut-Empire.

5 L’espace 1 qui correspond à la partie la plus méridionale de la tranchée est marqué par la présence d’un bassin en béton de tuileau recouvert d’un placage de marbre et d’ardoise bien conservé en son fond (Fig. n°2 : Vue du bassin avec placage de marbre et d’ardoise) et [ (Fig. n°1 : Plan des cinq secteurs avec indication des découvertes), A]. Deux orifices ont été retrouvés. L’un, au sud, conserve encore la charnière en bronze d’un clapet. Ce dispositif ainsi que sa situation au point le plus bas du bassin le désigne comme un trou d’évacuation. L’autre, au centre, est situé à contre-pente : il s’agit sans doute au contraire d’une alimentation, peut-être d’un jet. Ce bassin dont trois bords ont pu être observés a été fouillé sur 3 m2. Il est précédé au sud d’une sorte d’avant-

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 426

bassin (B), lui aussi plaqué de marbre, large d’une soixantaine de centimètres mais peu profond.

6 Un sol en tuileau lui fait suite (C) dont un bouleversement en partie nord laisse apparaître la structure composée de couches de tegulae noyées dans le béton. La surface de ce sol est piquetée par les empreintes en négatif des tesselles dont la présence originelle est attestée par quelques centimètres carrés de mosaïque encore en place. De larges blocs de grès (D) creusés d’une cavité centrale sont intégrés à ce sol, lesquels ménagent une large rigole conduisant à un trou d’évacuation. On y reconnaît un dispositif de recueillement et d’acheminement des eaux ruisselantes à l’aplomb d’une toiture vers une citerne ou une évacuation. La première hypothèse est la plus vraisemblable en raison du mode de construction du sol en tuileau, la présence de plusieurs épaisseurs de tegulae rappelant furieusement un sol en suspension.

7 Le mur, qui longe à l’ouest cette rigole, a été interprété comme la fondation d’un stylobate (E) : un regard a, en effet, été aménagé dans ce mur pour observer et/ou faire passer un système d’adduction en plomb (F) dont la mise en place correspond à une étape ultérieure. Le sol, perturbé par une fosse, retrouvé à l’ouest de ce mur (G) serait donc celui d’un portique, lui aussi recouvert d’une mosaïque dont une trace a été retrouvée sous la forme de quatre petites tesselles encore en place (espace 2). Un fut d’une colonne en granit de 0,36 m de diamètre a été retrouvé dans la berme. Il est possible qu’elle ait appartenu au portique en question. Dans cet espace le tuyau de plomb prend une courbe très prononcée avant qu’un arrachage le fasse disparaître. Se dirigeant vers le nord, il semble avoir été plaqué tout contre le mur et désigne, par cet axe, le vide ménagé dans l’espace 5 entre le sol et le mur comme une sorte de coffrage (H). Une inscription a été observé de chaque côté du tuyau : « L.O.L.F. »

8 L’espace 3 fait suite au nord à l’espace 1. Il en est séparé par un mur large (0,90 m) en grande partie récupéré (I). Les traces d’un sol de béton ont également été retrouvés. Très bouleversé, ce dernier n’était conservé que sur une dizaine de centimètres de large. Cette conservation était suffisante cependant pour constater qu’à l’instar de l’espace 5 un vide a été intentionnellement ménagé entre le mur et le sol ; l’exploration de cet espace n’a cependant pas été conduite plus en avant.

9 Dans l’espace 4, un sol en tuileau conserve en négatif l’empreinte de carreaux disposés pointes-à-pointes sur le modèle du pavement retrouvé au fond du bassin (J). Ce rapprochement ne s’arrête pas là : les dimensions des carreaux sont semblables, de même que l’alternance du marbre et de l’ardoise comme en témoignent un fragment d’ardoise encore en place et les fragments de carreaux de marbre recueillis. L’élévation est ici conservée sur plus de 0,50 m mais l’absence d’enduit hydraulique empêche d’y voir une structure analogue au bassin de l’espace 1.

10 L’espace 5, enfin, correspond à une pièce dont la particularité réside dans l’aménagement d’un espace creux au droit de la fondation que ne vient pas recouvrir le sol en béton (H). L’intention de cet aménagement est soulignée par un muret soutenant le sol à son aplomb qu’un mortier de chaux vient réunir, à sa base, à la fondation du mur. La direction prise par le tuyau de plomb dans l’espace 2 suggère qu’il s’agit là d’un aménagement qui lui était destiné avant que ce dernier soit récupéré par une spoliation dont la stratigraphie a gardé trace.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 427

Phase 2

11 Les traces d’une réoccupation du site à l’Antiquité tardive ont été repérées à la fois dans les espaces 1, 2 et 5. Il s’agit en premier lieu d’un four à sole suspendue très mal conservé ayant pris place dans le bassin de l’espace 1. Son bouleversement est accompagné d’un comblement de la structure avec des niveaux très riches en faune et en matériel qui, en l’état actuel de l’étude, indique la fin du IVe s. apr. J.‑C. Des sols en terre battue ainsi qu’un mur de l’espace 2 semblent être rattachables à cette phase.

Conclusion

12 L’étroitesse de la tranchée n’a pas permis de caractériser suffisamment le site. L’alternative oscille entre un habitat privé de grande qualité et un possible monument public. Les arguments en faveur de cette dernière hypothèse sont l’épaisseur des murs, l’homogénéité des pavements, l’importance des éléments sculptés en marbre retrouvés et surtout la collecte de trois fragments d’inscription monumentale en marbre (lettres de 0,18 m de haut). À contrario, la logique urbaine induite par la taille des îlots interdit de voir en l’espace 1 une cour de grande dimension ou un vaste péristyle. Seules les investigations futures à proximité de cette fenêtre permettront de préciser l’une ou l’autre de ces hypothèses.

13 COTTO Kelig-Yann

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan des cinq secteurs avec indication des découvertes

Auteur(s) : Roucole, Sylvestre. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 428

Fig. n°2 : Vue du bassin avec placage de marbre et d’ardoise

Auteur(s) : Cotto, Kelig-Yann. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

KELIG-YANN COTTO COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 429

Fréjus – Résidence du Théâtre romain

Lucien Rivet et Sylvie Saulnier

Identifiant de l'opération archéologique : 8212

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Rivet Lucien (CNRS) ; Saulnier Sylvie (ASS)

1 Au nord-est de la ville antique, deux sondages ont été réalisés sur la parcelle limitée au nord par l’enceinte et au sud par le mur de dérivation de l’aqueduc. La problématique était de tenter de mieux dater la construction de l’un et l’autre de ces murs (Rivet et al., 2000 : 384).

2 À l’origine, il s’agit d’une butte rocheuse montrant un fort à-pic au nord (4 m environ) et en légère pente du nord (33,40 m NGF) vers le sud (peut-être à 31,80 m), sur laquelle ont été déposés des sédiments, constituant ainsi un terrain plat sur lequel a été érigée la courtine.

Sondage 1

3 Le premier sondage a été implanté perpendiculairement au parement interne de l’une des portions actuellement conservées du rempart élevé au niveau de l’à-pic.

4 La courtine a été mise au jour sur 1,60 m de long, la largeur n’étant pas intégralement préservée car la partie extérieure s’est effondrée dans la pente. Le mur est construit en petit appareil de grès brun et les joints sont grossièrement lissés au fer. Le parement indique clairement une inclinaison des assises du nord-est vers le sud-ouest (1 à 2 degrés) et laisse voir une fine lézarde qui s’ouvre à hauteur de l’arase, traverse les trois assises supérieures et se poursuit à angle droit vers l’ouest à ce même niveau. Une jonchée de chaux est associée au ressaut de fondation (à 33,80 m) ; cette dernière, peu profonde, repose sans enracinement sur la surface du rocher, délité, à la cote 33,39 m ;

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 430

elle est débordante, maçonnée dans une tranchée étroite et faite de blocs non équarris de tailles inégales.

5 L’enceinte est la première construction reconnue sur le site ; elle est dotée de tours et percée d’une poterne (dont le niveau du seuil, actuellement inaccessible, est estimé à la cote 33,30 m) qui confirme que le niveau de circulation était établi à 33,80 m environ.

Sondage 2

6 Un autre sondage, appuyé au mur de dérivation de l’aqueduc, livre des informations sur les techniques de construction employées.

7 Le parement nord (Fig. n°1 : Parement septentrional du mur de dérivation de l'aqueduc construit en élévation : remarquer les joints beurrés) est dérasé (34,76 m) à un niveau inférieur à celui du sommet conservé du canal proprement dit (35,25 m). La maçonnerie montre dix assises construites en élévation (pour une hauteur de 1,02 m) faite d’un petit appareil de moellons de grès verts liés à la chaux. Les joints sont lissés et beurrés (débordant sur les moellons) puis ensuite incisés du tranchant de la truelle pour dessiner des lignes pseudo-rectilignes, horizontales et verticales. À la cote 33,74 m s’amorce la fondation faite de blocs irréguliers ennoyés dans un mortier de chaux et construite en bourrage de tranchée.

8 Au revers de l’emplacement du sondage est visible l’ensemble de la face sud de la maçonnerie, la fondation ayant été déracinée à une époque indéterminée ; elle est exclusivement constituée de blocs non équarris de nature volcanique.

9 Érigée à partir du niveau de circulation initial reconnu sur le site, cette dérivation de l’aqueduc rend possible un remblaiement de toute la surface désormais ceinte de tous côtés, rendant obsolète la poterne et conduisant à la situation actuelle. Pour quelle raison ce remblaiement durant l’Antiquité ? On l’ignore.

10 C’est dans ces terres qu’est établi un bassin quadrangulaire à proximité de la courtine.

11 Les dimensions sont modestes (1,95 m dans œuvre pour le seul côté intégralement reconnu). La hauteur conservée est de 0,76 m entre l’arase de l’enduit du mur le mieux préservé et le sol attenant, 1,06 m entre la même arase et le point le plus bas, c’est-à- dire le fond de la cuvette centrale. Les murs qui l’encadrent ont une largeur irrégulière, variant entre 0,38 met 0,48 m, l’œuvre extérieure correspondant à une installation en fondation, d’ailleurs relativement peu profonde au vu de sa base qui a été repérée dans l’angle nord-ouest (33,65 m NGF). Les maçonneries sont exclusivement constituées d’une alternance de fragments de tegulae noyés dans d’épaisses couches de chaux (souvent plus épaisses que les tuiles elles-mêmes), parfois aussi d’imbrices ou de blocs de pierres en périphérie. Les parements internes sont revêtus d’un béton lissé pauvre en tuileau, épais de 0,05 m environ ; à la base, un bourrelet d’étanchéité arrondi (solin) fait la liaison avec le sol qui est en pente sensible vers le centre de l’ouvrage où se développe une cuvette de décantation de 0,94 m de diamètre, profonde de 0,15 m.

12 Au final, si les aménagements reconnus à la faveur de ces sondages ne posent pas de problèmes d’interprétation particuliers, pas plus d’ailleurs que les séquences stratigraphiques, c’est la carence en mobilier datant qui est à souligner.

13 Le premier acquis que l’on puisse mettre en avant se formule à titre d’hypothèse : si l’on admet que le remblaiement de l’esplanade est opéré d’un seul jet et est de même

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 431

nature, et donc que la situation est la même entre les sondages ouverts à 15 m de distance, il est possible d’utiliser les données de l’un pour palier les lacunes de l’autre ; ainsi pourrait être utilisé un élément chronologique récolté sous le niveau « théorique » d’aménagement de l’enceinte (une coupe en sigillée du sud de la Gaule) pour placer celle-ci après le règne de Tibère.

14 En second lieu, la même réserve prévaut quant à la chronologie de l’établissement du mur de dérivation de l’aqueduc contre lequel un remblai a livré du matériel (deux tessons de sigillée claire A non précoce, l’un de Hayes 9, l’autre Hayes 14) : sa construction pourrait se placer postérieurement aux années 120 à 130, comme le bassin dont les maçonneries sont encaissées dans le même remblai.

15 RIVET Lucien et SAULNIER Sylvie

ANNEXES

Fig. n°1 : Parement septentrional du mur de dérivation de l'aqueduc construit en élévation : remarquer les joints beurrés

Auteur(s) : Rivet, Lucien. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 432

AUTEURS

LUCIEN RIVET CNRS

SYLVIE SAULNIER ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 433

Fréjus – Avenue de Provence : l’Avant-Scène

Pierre Excoffon

Identifiant de l'opération archéologique : 8133

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Excoffon Pierre (COL)

1 En préalable à la construction d’un immeuble avec parking souterrain, un diagnostic archéologique a été réalisé par le service du patrimoine de la ville de Fréjus en décembre 2007. Il a été effectué sur la parcelle jouxtant celle du théâtre d’Agglomération où le rivage antique, sous la forme d’une côte rocheuse, avait été découvert en 2005 à l’occasion d’un diagnostic archéologique 1 (Excoffon, Devillers, 2006 : 163-164).

2 L’absence de système d’épuisement de nappe n’a pas permis, comme en 2005, d’atteindre les niveaux profonds, mais la non-présence de la côte rocheuse à cet endroit a été mise en évidence. En effet, celle-ci doit suivre le contour de la Butte Saint-Antoine et donc remonter au nord. En revanche, un large fossé d’environ 10 m de large, traversant tout le terrain dans le sens nord-est – sud-ouest a été découvert (Fig. n°1 : Vue verticale et oblique du fossé depuis le sud-est. La partie ennoyée par la nappe phréatique correspond au fond du fossé).

3 Son comblement est en cours d’étude, mais l’on peut déjà situer son fonctionnement dans le courant des Ier s. et IIe s. apr. J.‑C. Son rapport avec le port, situé à moins de 200 m au nord, et le rivage positionné plus au sud n’est pas encore déterminé. Enfin, sa mise en place dès le Ier s. pour des raisons qui restent à démontrer permet tout de même de rendre compte de la rapidité du phénomène de progradation du rivage à cet endroit.

4 EXCOFFON Pierre

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 434

ANNEXES

Fig. n°1 : Vue verticale et oblique du fossé depuis le sud-est. La partie ennoyée par la nappe phréatique correspond au fond du fossé

Auteur(s) : Excoffon, Pierre. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

PIERRE EXCOFFON COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 435

Fréjus – Chemin de la Lanterne

Jean-Marie Michel et Karine Georges

Identifiant de l'opération archéologique : 8110

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Michel Jean-Marie (INRAP) ; Georges Karine (INRAP)

1 Cette opération de diagnostic a été réalisée dans la partie méridionale de la ville de Fréjus, en préalable à un projet immobilier. Le port antique et ses relations avec la mer ont fait l’objet de nombreuses recherches, anciennes et récentes dans cette zone, avec une problématique récurrente, présence d’un canal d’accès ou chenal (Février, 1963 ; Béraud, Gébara, Rivet, 1998).

2 Les sondages ont permis de déterminer la longueur d’une construction bâtie imposante, découverte lors d’une opération AFAN en 1998 (rapport 1998 de Jean-Jacques Dufraigne, déposé au SRA DRAC-PACA et BSR PACA, 1998 : 129-130), orientée nord-ouest - sud-est, de 32,50 m de longueur sur 4,25 m de largeur et d’observer le soubassement qui semble non lié au mortier et large de plus de 5,50 m. Les prélèvements de faune effectués sur les côtés oriental et méridional (l’extrémité) indiquent que ces derniers étaient baignés par la mer, alors que celui réalisé côté occidental ne l’était pas. Ces observations suggèrent que nous sommes en présence du môle du port antique et d’une passe qui ouvrait directement sur la mer.

3 MICHEL Jean-Marie et GEORGES Karine

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 436

AUTEURS

JEAN-MARIE MICHEL INRAP

KARINE GEORGES INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 437

Fréjus – Chemins de Valescure

Kelig-Yann Cotto

Identifiant de l'opération archéologique : 8306

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Ctto Kelig-Yann (COL)

1 La Société d’économie mixte « Fréjus-Aménagement » ayant en projet la construction d’une vaste zone de logements au lieu-dit Chemins de Valescure, elle a, en 2007, saisi la DRAC d’une demande anticipée de réalisation de diagnostic.

2 Celui-ci a porté sur une surface d’environ 3 ha. Seule la partie sud s’est révélée positive, permettant la mise au jour d’une vaste zone archéologique d’environ 7 000 m2 organisée en trois bandes orientées ouest-est.

3 Au sud les sondages ont rencontré une très grande structure (Fig. n°1 : Vue du grand bâtiment) et [ (Fig. n°2 : Relevé topographique de l'ensemble du secteur), A] construite en petit appareil de type opus vittatum. Elle semble traverser la parcelle sur toute sa largeur et se poursuivait sans doute sous l’actuelle avenue André-Léotard. De larges portes (de 1,91 m à 2,20 m) percent son long mur septentrional et ouvrent sur un espace empierré qui correspond certainement à une voie ou à une sorte d’esplanade. Des murs de refend ont été suivis sur près de 7 m, tandis que des élargissements semblant correspondre à des piliers engagés ont été remarqués. Aucun sol construit n’a été rencontré : seule une couche argileuse mêlée à du matériel extrêmement roulé témoigne des niveaux d’occupation correspondants.

4 Immédiatement au nord et au contact du ressaut de fondation du long mur s’étend une zone caillouteuse sur une largeur de près de 12 m [ (Fig. n°2 : Relevé topographique de l'ensemble du secteur), B], à la base de laquelle une tegula posée à plat a été repérée.

5 Compacte et ayant elle aussi livré du mobilier très roulé, cette couche est indiscutablement d’origine anthropique. Elle dessine en plan une bande orientée ouest- est, parallèle au bâtiment méridional.

6 Plus au nord enfin s’étendent sur une vaste surface plusieurs structures d’apparence légère, construites en matériaux de récupération [ (Fig. n°2 : Relevé topographique de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 438

l'ensemble du secteur), C]. Aucun indice tangible permettant d’identifier la fonction originelle de ces bâtiments n’a cependant été mis au jour.

7 Le rapprochement est tentant avec le site voisin de Valescure 1, distant d’environ 200 m, organisé de part et d’autre d’une voie de plus petites dimensions que les fouilleurs interprètent comme un diverticule d’un axe routier plus imposant (Fig. n°2 : Relevé topographique de l'ensemble du secteur). Un grand hangar au sud traversait lui aussi toute la parcelle suivant une orientation similaire au "grand bâtiment" des Chemins de Valescure (107° est/NL). La limite nord de la zone caillouteuse semble s’aligner sur le mur sud du hangar de Valescure 1, ce qui suggère de faire correspondre cette étendue avec une voie dont la largeur (12 m) indique l’importance.

8 L’orientation concordante de ces deux sites met en évidence l’existence dans ce secteur d’un axe structurant antique. Celui-ci, repéré donc sur plus de 200 m, donne une nouvelle vigueur aux études paysagères, confirmant une partie des observations de Chérine Gébara et Gérard Chouquer (la réalité de FRÉJUS A) et en infirmant d’autres (la présence dans ce secteur d’un réseau dit FRÉJUS C) (Gébara, Chouquer 1996 : 101, fig. 6).

9 Les observations faites dans les coupes et la réalisation de deux carottes permettent d’ores et déjà de formuler quelques hypothèses sur le contexte environnemental du site.

10 L’occupation antique est en fait interstratifiée entre deux séquences d’ensablement correspondant vraisemblablement à deux phases d’alluvionnement. La proximité de Valescure n’est sans doute pas étrangère à cette dynamique et, si l’origine de ces séquences se trouvait confirmée, la présence de vestiges témoignerait d’une phase de stabilisation du milieu.

11 Le mobilier archéologique, toujours très roulé, se situe dans une fourchette allant de la fin du Ier s. av. J.‑C. à la fin du Ier s. apr. J.‑C., voire au début du IIe s.

12 COTTO Kelig-Yann

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 439

Fig. n°1 : Vue du grand bâtiment

Auteur(s) : Cotto, Kelig-Yann. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Relevé topographique de l'ensemble du secteur

Auteur(s) : Cotto, Kelig-Yann ; Riaudel, L.

AUTEURS

KELIG-YANN COTTO COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 440

Fréjus – Quartier de Villeneuve, villa Romana

Pierre Excoffon

Identifiant de l'opération archéologique : 7918

Date de l'opération : 2006 - 2007 (SU) Inventeur(s) : Excoffon Pierre (COL)

1 De novembre 2006 à mars 2007, le service du Patrimoine de la ville de Fréjus a réalisé une opération préventive préalable à une construction immobilière, sur le terrain jouxtant au sud-est les bâtiments thermaux romains de Villeneuve, classé monument historique.

2 Les fouilles, qui ont porté sur 4 000 m2, ont montré un espace progressivement gagné sur la mer et consacré jusqu’à nos jours, essentiellement à des activités agricoles. Le mur romain faisant limite au nord de la fouille, se raccorde directement au complexe thermal. Six phases ont été mises en évidence.

Phase I

3 La première phase correspond aux niveaux immédiatement antérieurs aux premières traces d’occupation en milieu hors d’eau et à la constitution d’une plage émergée. Quelques aménagements ont été découverts, dont un alignement de piquets en chêne et un amas de gros blocs. À cette époque, que l’on situe au milieu du Ier s. av. J.‑C., le rivage est à situer à l’emplacement de la fouille.

Phase II

4 Après cette phase, où l’action humaine n’a laissé que peu de traces, l’ensemble du site est alors constitué par un haut de plage émergée, la phase II.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 441

5 Sur celui-ci sont construits plusieurs longs murs, d’orientation est-ouest, marquant les limites d’un espace voué à des plantations, situé dans le tiers nord du chantier. Le tout couvre une superficie de 1 400 m2 et ne constitue qu’une partie d’un ensemble plus vaste.

6 Il se matérialise par la présence d’une cinquantaine de fosses circulaires creusées dans le sable et d’un puits pourvu de marches (Fig. n°1 : Alignements de fosses de plantation). Au moins six fosses contenaient des demi-amphores remployées comme vases horticoles, perforés ou fendus à la base pour éviter la stagnation de l’eau. Une conduite en terre cuite est également aménagée. Cette phase se situe entre la fin du Ier s. av. J.‑C. et le milieu du Ier s. apr. J.‑C.

7 On peut supposer que ce jardin était en relation avec un bâtiment situé plus au nord, antérieur aux thermes.

Phase III

8 La phase III correspond à une transformation importante des lieux et à la construction des thermes voisins. Deux murs sont entièrement épierrés et récupérés, et un long mur est construit. Celui-ci pouvait séparer au nord l’extension ouverte des thermes (palestre, campus, etc.) d’une zone au sud où se trouvaient encore quelques plantations. Cette phase est à situer dans la seconde moitié du Ier s. apr. J.‑C.

9 Durant cette même phase, un puits rectangulaire est creusé au centre de la zone et pourrait correspondre à une noria (Fig. n°2 : Puits rectangulaire avec cuvelage en bois). Il est fait d’un cuvelage issu de la récupération d’une coque de navire. C’est également durant cette phase qu’est édifié un passage maçonné, découvert au sud du terrain, et dont l’extrémité sud avait été trouvée deux ans auparavant sur la parcelle voisine.

10 La fin de cette phase se situe vers la fin du IIe s. apr. J.‑C.

Phase IV Phase IVA

11 La phase IVA se caractérise par l’aménagement d’une bande de terrain cultivée dans la partie sud sur 11,5 m de large et 93 m de long, creusée dans le sable (Fig. n°3 : Lanière mise en culture avec fossés et fosses). Deux murs de soutènement sont alors édifiés pour retenir les levers de sable au sud et au nord.

12 Une tranchée est-ouest rectiligne, sur laquelle plusieurs creusements perpendiculaires viennent se connecter, est aménagée. Situés bien en dessous de la nappe phréatique actuelle, ces niveaux ont conservé de nombreux restes organiques : sarments de vignes, branches, noyaux, graines, etc.

13 Les études carpologique, anthracologique et palynologique montrent une culture diversifiée mêlant viticulture, arboriculture et culture potagère. Un bassin dont les parois étaient coffrées avec des bois de récupération, parmi lesquels les morceaux d’un bateau, a aussi été fouillé.

14 L’activité essentielle de cette phase se situe dans le courant du IIIe s. et une partie du VIe s.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 442

Phase IVB

15 Par la suite, une reprise de l’activité agricole parait s’opérer lors du Ve s., où plusieurs fosses de plantation sont creusées (phase IVB).

Phase V

16 Suit une longue période d’abandon jusqu’à la fin du Moyen Âge. La reprise d’une occupation se situe à la fin du XVe s. (phase V). Elle est marquée par la récupération des murs antiques, le creusement de deux puits sur sablières en bois et la remise en culture de l’ensemble de la parcelle.

17 Peu après, deux larges fossés repérés sur toute la longueur du site sont creusés. La ferme située à l’emplacement des bâtiments thermaux est construite à la fin du XVIIe s. Enfin, durant le XIXe s. et surtout le XXe s., la zone est à nouveau consacrée à l’agriculture.

18 EXCOFFON Pierre

ANNEXES

Fig. n°1 : Alignements de fosses de plantation

Auteur(s) : Altivue ; Ville de Fréjus. Crédits : ADFLI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 443

Fig. n°2 : Puits rectangulaire avec cuvelage en bois

Auteur(s) : Excoffon, Pierre. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°3 : Lanière mise en culture avec fossés et fosses

Auteur(s) : Excoffon, Pierre. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 444

AUTEURS

PIERRE EXCOFFON COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 445

Fréjus – Caves du centre-ville

Hélène Garcia

Identifiant de l'opération archéologique : 8320

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Garcia Hélène (COL)

1 Notre étude sur les caves du centre-ville de Fréjus s’est déroulée en deux phases : la compilation de toutes les données documentaires existant sur les vestiges repérés dans ce secteur (documentation : cartes anciennes, cadastre napoléonien et actuel, l’Atlas topographique (Rivet et al., 2000) et l’inventaire général du patrimoine de Fréjus dressé par Geneviève Négrel en 1986) la recherche sur le terrain (collaboration de Pierre Excoffon et Kelig-Yann Cotto).

2 Cette prospection s’est limitée dans un premier temps aux limites de la ville médiévale matérialisées par la rue Jean-Jaurès, la rue Grisolle, la rue Aristide-Briand et la place Paul-Vernet. Elle a permis de se faire une idée du potentiel archéologique des caves du centre-ville et de mettre au point, avec la collaboration de Kelig-Yann Cotto, un système d’enregistrement de données évolutif afin d’intégrer les découvertes qui seront faites à l’avenir.

3 D’une manière générale, les caves visitées possèdent les mêmes caractéristiques architecturales, indépendamment de leur situation à l’intérieur ou à l’extérieur de la ville médiévale, et semblent appuyer l’idée d’une campagne de creusements aux alentours du XVIe s. lorsque la ville déborde de son enceinte. Les murs sont construits en appareil assisé et les voûtes en blocage avec des empreintes de couchis sur leurs chapes. Seules deux caves se démarquent par un mode de construction différent et s’apparentent à des citernes antiques.

4 Concernant les vestiges de la période médiévale, ils sont rares et semblent tardifs : un recoupement avec les archives sera nécessaire pour affiner leur datation. Une campagne de relevés topographiques sera entreprise l’année prochaine afin d’établir le relevé des caves aux élévations remarquables mais aussi les vestiges partiels qui ont été repérés au sol.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 446

5 GARCIA Hélène

AUTEURS

HÉLÈNE GARCIA COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 447

Fréjus – Les Horts

Aurélie Dumont

Identifiant de l'opération archéologique : 8045

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Dumont Aurélie (INRAP)

1 Une opération de diagnostic a été entreprise au 139 de la rue Einaudi, dans le quartier des Horts à Fréjus, à l’est du centre-ville.

2 Le site est implanté dans la plaine au pied du rempart de la cité romaine et à une centaine de mètres du port romain, à une altitude de 3 m NGF.

3 Les précédentes opérations réalisées dans ce secteur ont mis au jour des vestiges d’époque antique avec la découverte, aux abords du port ancien, de fragments architecturaux (rapport de Chérine Gébara, 1983, déposé au SRA DRAC-PACA.) ainsi que des éléments de canalisation à l’angle de la rue du Thoron et de l’avenue de Lattre de Tassigny (rapport d’Isabelle Béraud et Albert Conte, 1994, déposé au SRA DRAC-PACA.).

4 Cette nouvelle opération archéologique dans le secteur des Horts a permis de mettre en évidence un ensemble de traces agraires (fossés, fosses, traces de labour et puits) établies dans les niveaux de sable ainsi que le tracé d’un ancien béal qui attestent la mise en culture de cette partie de la ville à l’époque moderne, du XVIe s. au XIXe s.

Le béal

5 Un large fossé ou béal est apparu à une profondeur de 1 m (0,80 m NGF), sur plus de 20 m. Le fossé présente une orientation nord-est - sud-ouest ; il est d’une largeur de 3,60 m et d’une profondeur de 0,80 m.

6 Son comblement se compose d’un limon argileux brun- gris à noir à l’aspect vaseux recouvert d’une seconde couche plus argileuse de couleur brune ; une série de pieux concentriques en bois est plantée contre les parois sableuses du petit béal. De semblables consolidations de berges de fossés avec implantation de pieux en bois ont

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 448

également été observées à Fréjus pour l’époque moderne sur le site du Clos des Vignes- Magali (rapport d’Aurélie Dumont, 2004, déposé au SRA DRAC-PACA.) et de Villeneuve (rapport de Jean-Marie Michel, 2005, déposé au SRA DRAC-PACA. ).

7 Les quelques céramiques extraites du comblement situent le fonctionnement du fossé à l’époque moderne, entre le XVIe s. et le XVIIIe s. Il s’agit pour l’essentiel de productions de Fréjus, des fragments de bols et de jarres glaçurés.

Les aménagements agraires

8 Les principales traces de cultures sont représentées par des structures en creux avec la présence de quatre fossés aménagés dans le niveau de sable. Ces derniers traversent le terrain du nord-ouest au sud-est en direction du béal. Un drain de pierre ainsi qu’une canalisation en terre cuite complètent l’ensemble.

9 Enfin quelques traces de cultures de type fosses et une bande de labour suivie sur une quinzaine de mètres attestent la présence de plantations sur le site.

10 Les éléments de datation pour l’ensemble rassemblent des fragments de céramiques glaçurées modernes, des XVIe-XVIIIe s. Seule une petite fosse circulaire creusée dans le sable (à 0,57 m NGF) contient des éléments antiques datés du IVe s. avec deux tessons de sigillée claire C (Hayes 50), un fragment de céramique commune et une panse d’amphore indéterminée.

Des constructions : un mur et un puits

11 Un mur maçonné a été dégagé sur une longueur de 8 m. Il est orienté nord-est - sud- ouest et vient se fonder dans le comblement du fossé. La construction de ce mur se fait à un moment où le béal n’est plus en circulation, sans doute à la fin de l’époque moderne, dans le courant du XIXe s. En tout cas, il n’est pas visible ni mentionné dans le cadastre napoléonien de 1826.

12 Un puits a également été découvert sur le site (d’un diamètre de 2 m). Cette construction n’apparaît sur aucun plan ou cadastre ancien et les quelques fragments de céramique glaçurée évoluent du XVIIe s. au XIXe s.

Conclusion

13 Cette opération archéologique a permis de mettre en évidence dans cette partie du quartier des Horts un ensemble d’aménagements agraires d’époque moderne. La lecture de plans anciens comme le « plan anonyme de la ville et du port » de 1650 et le « plan de la ville et des environs de Fréjus » par Volaire Ainé, daté de 1753, atteste bien l’existence d’une zone de culture dans cette partie de la ville jusque dans le courant du XIXe s. (cadastre napoléonien de 1826).

14 La proximité du port antique de Forum Julii n’a pas suscité, dans cette partie du quartier des Horts, d’aménagements particuliers liés à la zone. Seule une fosse datée du IVe s. évoque une probable occupation agraire à la fin de l’Antiquité.

15 DUMONT Aurélie

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 449

AUTEURS

AURÉLIE DUMONT INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 450

Fréjus – La Madeleine

Kelig-Yann Cotto

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 451

Identifiant de l'opération archéologique : 8352

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Cotto Kelig-Yann (COL)

1 Un projet immobilier déposé par un particulier a été l’occasion pour le service du patrimoine de la Ville d’effectuer un diagnostic au lieu-dit La Madeleine dans un secteur relativement peu connu sur le plan archéologique.

2 Située à l’extérieur de la ville antique et au nord-est du port, cette zone a livré quelques découvertes archéologiques éparses par le passé, principalement antiques et liées à des activités artisanales (dépotoirs) ou funéraires.

3 Au nord de l’emprise du diagnostic est apparue une structure creusée dans le sable, grossièrement circulaire et bordée à l’intérieur d’assises de pierres maintenues par endroits par des piquets (Fig. n°1 : Vue de la structure découverte).

4 Elle correspond sans aucun doute à un puits permettant l’accès à la nappe toute proche. Le comblement de cette structure a livré un tesson de sgraffito archaïque et deux fragments des productions d’Uzège.

5 Plus au sud les sondages ont coupé un réseau de fossés parallèles correspondant selon toute vraisemblance à des plantations.

6 Explorés en sous-œuvre, ces fossés ont également livré de la céramique d’Uzège et deux fragments de céramique pisane.

7 Tous ces éléments semblent désigner une mise en exploitation agricole se plaçant dans la seconde moitié du XIIIe s. Ces résultats, pauvres sur le plan des vestiges, constituent néanmoins un indice important d’une présence rurale médiévale dont les témoins sont particulièrement rares sur le territoire de Fréjus, et jusque-là insoupçonnée à cet endroit.

8 COTTO Kelig-Yann

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 452

Fig. n°1 : Vue de la structure découverte

Auteur(s) : Cotto, Kelig-Yann. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

KELIG-YANN COTTO COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 453

Fréjus – Hôtel de la Poste, rue Gallus

Kelig-Yann Cotto

Date de l'opération : 2007 (DF) Inventeur(s) : Cotto Kelig-Yann (COL)

1 L’hôtel de la poste, hôtel particulier daté du XVIIIe s., situé au croisement de la rue Général‑de‑Gaulle et de la rue Gallus a fait l’objet en 2007 d’une procédure d’acquisition par les propriétaires de l’actuel hôtel-restaurant Arena en vue de l’agrandissement de leurs capacités d’hébergement. Le projet de l’architecte prévoyait la démolition d’un bâtiment flanquant l’arrière de cet hôtel afin de constituer une façade donnant sur jardin.

2 L’allure de ce bâtiment, dont les murs élevés et aveugles ne présentent ni « coup de sabre » ni reprises – si ce n’est au contact de la toiture –, et son positionnement très proche du tracé supposé de l’enceinte du XVIe s. ont conduit l’architecte des Bâtiments de France à se rapprocher du service du patrimoine afin que celui-ci effectue une visite et une enquête documentaire.

3 Seul le dernier étage occupé par une vaste pièce aux murs très élevés s’est révélé accessible. La présence d’un enduit de ciment recouvrant les murs n’a pas permis une lecture du bâti. En revanche, la conservation sur le côté nord de quelques lambeaux d’un enduit plus ancien à base de chaux et d’argile, de couleur brune à lie-de-vin, a permis d’observer quelques graffitis dont l’un évoque avec précision une galère moderne (Fig. n°1 : Graffiti : galère moderne).

4 Ce navire qui dispose à la fois de rames et d’un mât, a été identifié comme une fuste ou une galiote par Philippe Rigaud, consulté à cette occasion. Son mât unique, portant une hune pour l’observation, est tenu par des haubans. Son antenne (le trait oblique en travers du mât) devait porter une voile latine. À l’arrière, malgré l’altération du dessin, apparaît le carosse, autrement dit l’espace couvert par une tente réservé à l’état-major du navire et au pilote. L’arc-de-cercle qui se situe dans le prolongement de la coque représente le timon axial (« à la mode de Bayonne » ou « à la mode de Navarre ») qui fait son apparition sur les galères provençales dès le milieu du XIVe s. Sur la proue enfin est figurée une bombarde dans l’axe du navire, ce qui situe ce navire au-delà de 1380,

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 454

date à laquelle l’artillerie fait son apparition sur les galères de Marseille. Toutes ces indications permettent de supposer à ce navire une datation autour des XVIe s. ou XVIIe s.

5 La présence de ce graffito permet donc d’étayer l’hypothèse d’une ancienneté relative du bâtiment qui le porte et donc de son antériorité à l’hôtel de la poste. Il ne semble pas lié directement à la fortification moderne, le tracé de celle-ci passant vraisemblablement plus à l’ouest au niveau d’un des murs de l’hôtel qui en a gardé le fruit caractéristique. Il pourrait correspondre toutefois à une structure haute figurant sur le plan de J. Maretz (1633), en arrière de la fortification mais au droit de la porte Saint-Pons.

6 COTTO Kelig-Yann

ANNEXES

Fig. n°1 : Graffiti : galère moderne

Auteur(s) : Cotto, Kelig-Yann ; Thernot, Robert ; Pâques, J. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 455

AUTEURS

KELIG-YANN COTTO COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 456

Fréjus – CHI Bonnet

Kelig-Yann Cotto

Identifiant de l'opération archéologique : 8191

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Cotto Kelig-Yann (COL)

1 Le projet d’installation d’une structure de petite enfance au sein de l’hôpital intercommunal Bonnet a entraîné l’organisation d’un diagnostic archéologique, motivée par la présence à proximité d’aménagements et de structures liés à des ateliers de potiers.

2 Les sondages ont rapidement atteint le substrat géologique, que l’exploration en profondeur dans un secteur limité a permis de caractériser comme résultant du remplissage d’une ancienne ria.

3 Les seuls vestiges archéologiques repérés prennent la forme d’un drain agricole dont la fouille a livré plusieurs formes correspondant au corpus des productions fréjusiennes du XVIe s.

4 COTTO Kelig-Yann

AUTEURS

KELIG-YANN COTTO COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 457

Gonfaron

Marc Borréani

Identifiant de l'opération archéologique : 8328

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Borréani Marc (COL)

1 La prospection de la commune de Gonfaron a essentiellement permis de compléter les données des sites déjà inventoriés, le nombre de nouveaux sites trouvés étant faible. À l’issue de ce travail, l’inventaire comporte trente fiches.

Néolithique

2 Cette période est documentée par trois grottes sépulcrales situées sur la colline de la Roquette : la grotte des Perles, la grotte de la Roquette 1/2 et la grotte de la Roquette 3.

3 L’occupation de plaine reste assez méconnue pour cette période, hormis des traces ténues repérées à Beaumet, à la Ferme Saint-Jean, à Saint-Jean et des haches polies signalées à Gasqui.

Âge du Bronze

4 Du mobilier de cette période est signalé dans la grotte de la Roquette 3.

Âge du Fer

5 Outre l’habitat de hauteur fortifié la Roquette qui est connu depuis longtemps et dont le système défensif est aujourd’hui très détérioré, une occupation en plaine est attestée à la Ferme Saint-Jean pour l’âge du Fer 1 et aux Capelles, à Beaumet, à Fouant Croutado, à Gasqui D - Saint-Michel et à la Ferme Saint-Jean pour la fin de cette période.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 458

Romain

6 Parmi les dix sites appartenant à cette période nous trouvons :

7 • une villa certaine à Gasqui D - Saint-Michel et deux possibles aux Capelles et à Beaumet, site d’où proviennent des pierres de pressoir et une inscription funéraire ;

8 • trois autres habitats (Ferme Saint-Jean, Saint-Sépulcre et Font Croutado), dont un avec pressoir ;

9 • une occupation indéterminée (cimetière) ;

10 • trois emplacements de sépultures à incinération (Gasqui C, Gasqui E et Gasqui G). Gasqui C correspond à un enclos ou mausolée funéraire et de Gasqui E provient une inscription funéraire dédiée à un soldat de la 21e légion.

11 Il faut y ajouter une inscription funéraire réemployée en contrepoids, retrouvée anciennement sur le site du castrum de Cagnosc et dont la provenance exacte est inconnue, ainsi qu’un chaperon de mur de mausolée signalé à proximité de la source de Font d’Aille (emplacement exact inconnu).

12 La prospection a permis de différencier nettement les trois sites proches des Capelles, de Fouant Croutado et de la Ferme Saint-Jean, qui étaient jusqu’à présent amalgamés en un seul gisement et considérés ainsi à tort comme correspondant à un possible habitat groupé.

13 Sur le plateau de Gasqui - Saint-Michel, déjà reconnu comme domaine antique, nous avons précisé l’emplacement de la villa à Gasqui D - Saint-Michel grâce à la découverte de briques (une carrée et une en portion de cylindre) et d’un fragment de bloc calcaire mouluré. Malheureusement, le refus du propriétaire ne nous a pas permis de revoir les autres sites du domaine de Gasqui.

Antiquité tardive

14 L’habitat des Capelles, la villa de Gasqui D - Saint-Michel et le site de la Ferme Saint-Jean continuent d’être occupés à cette période.

15 Des tombes à inhumations sous tuiles ont été anciennement détruites sur le site des Capelles.

Moyen Âge

16 Du castrum de Gonfaron, il ne subsiste rien du château qui se situait sur la butte dominant le village actuel, où la chapelle moderne Saint-Quinis reprend l’emplacement d’une église antérieure, et très peu de l’habitat villageois et de son enceinte.

17 Quant à l’église paroissiale primitive Saint-Pons, remplacée au XIXe s. par l’actuelle église, et indiquée sur le cadastre napoléonien, elle a totalement disparu.

18 Les ruines de l’église rurale Saint-Michel ont été retrouvées à l’emplacement du site de Gasqui D - Saint-Michel tandis que l’église Saint-Sépulcre a été transformée en habitation.

19 Ces deux édifices font sans doute partie des églises de Gonfaron dont la possession par la collégiale de Pignans est confirmée par le pape Eugène III en 1152.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 459

20 La chapelle Notre-Dame du Figuier, implantée dans les Maures, aurait repris l’emplacement d’un édifice médiéval (Codou, 1997 : 231).

21 Le territoire actuel de la commune a intégré l’espace dépendant du castrum déserté de Cagnosc. Les ruines de ce castrum et de son église Saint-Jacques sont conservées au nord de la commune.

22 En revanche, l’église Saint-Jean de Cagnosc, située dans la plaine, a disparu, ne laissant pour traces que les toponymes Saint-Jean et les Capelles.

23 BORRÉANI Marc

24 Équipe de prospection : Louis Berre, Michèle Berre, Marc Borréani, Élodie Jaget, Julien Jaget, Tristan Jaget et Françoise Laurier.

AUTEURS

MARC BORRÉANI COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 460

Grimaud – La Castellane

André Falconnet

Identifiant de l'opération archéologique : 8258

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Falconnet André (ASS)

1 La commune de Grimaud couvre 4 458 ha sur la rive nord du golfe de Saint-Tropez et le long de la Giscle.

2 En 1964, suite à la découverte de « poteries romaines », à l’occasion de travaux agricoles dans le quartier de la Castellane, Jacques Gautier, alors âgé de 16 ans, avait effectué une « fouille d’urgence » de 48 heures. Un caniveau romain formé d’une superposition de tegulae a ainsi été mis au jour sur 1 m de long et 0,29 m de large ainsi que du matériel préhistorique (lames, grattoirs et burins en silex) et antique (sigillée décorée, kaolinitique, pâte claire et DS.P.).

3 Quarante-trois ans plus tard, la moitié de la vigne étant arrachée, Jacques Gautier a attiré l’attention sur ce site. Un échantillonnage important de tessons d’amphores, vaisselle romaine, tegulae, meules, dolia, indiquant une occupation apparemment longue, a été retrouvé en prospection.

4 Dans la coupe d’un fossé apparaissait une couche de terre noire avec une concentration de débris. Sur la partie haute du terrain, près d’un puits moderne, des tessons modernes en quantité plus importante que les tessons antiques indiquaient une occupation humaine plus récente, à proximité d’un habitat rasé au début du siècle dernier.

5 Les sondages sur la partie basse du terrain n’ont pas mis en évidence des mur ou de sols en place, mais ils ont permis de faire une très riche collecte de tessons antiques couvrant une période du début du Ier s. apr. J.‑C. au premier quart du VIIe s. : amphore et vaisselle africaines, italiques, bétiques, tarragonaises, gauloises ; céramique modelée locale, à pâte claire, kaolinitique, sigillée sud-gauloise, sigillée africaine, luisante, DS.P., grise commune et tardive ; urnes, cruches, bassines, bols, flacons, assiettes, plats, mortiers, verre à pied, gobelet en verre, etc.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 461

6 Ont été également recueillis pesons, carneaux, tuyaux en céramique, morceau de vitre au bout arrondi, fusaïole, plomb, anneau de bronze, meules en ryolite et basalte, éléments de colonnes en brique, deux monnaies du IVe s. ainsi qu’une marque de tuile assez rare : l. savf.phoebi, datée du premier quart du Ier s. apr. J.‑C.

7 Le caniveau entrevu en 1964 a pu être dégagé sur 10 m de long. Orienté au nord à 25°, il est composé de deux parties :

8 – au sud, une structure bâtie sur un sol bien en place de 3,50 m de long, ses bords reposant sur une assise de pierres surmontée de trois rangées de tegulae de couleur jaune (prof., 0,29 m ; larg. 0,30 m pour le canal) ;

9 – au nord, une prolongation du canal taillé à même la roche (micaschistes), recouvert de tegulae à l’origine et dont ne subsistent que quelques fragments. Plus haut, les labours ont détruit ce canal dont la direction s’oriente vers le courant d’eau alimentant un puits, en amont.

10 Le puits a été vidé totalement de son contenu (eau, pierres et céramique dont une jarre du XIXe s.). L’édification de ce puits est à mettre en relation avec une habitation toute proche cadastrée et détruite au siècle passé. L’étude du mobilier, effectuée par Jean Petrucci. (cruches, bols, assiettes, toupins, cafetières, marmites de Vallauris, de Saint-Zacharie à Marseille, de la vallée de l’Huveaune, du Haut-Var, de Moustiers et une pierre à fusil en silex blond du XVIIIe s.) confirme une datation du XVIe s. au XXe s.

11 Malgré l’absence de structures, ce sondage confirme, à La Castellane, la présence d’une longue occupation essentiellement romaine, avec une réoccupation moderne.

12 FALCONNET André

AUTEURS

ANDRÉ FALCONNET ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 462

Hyères – Olbia-de-Provence

Michel Bats

Identifiant de l'opération archéologique : 7936

Date de l'opération : 2006 - 2007 (FP) Inventeur(s) : Bats Michel (CNRS)

1 Rappel : avant sa restructuration complète vers 40-30 av. J.‑C. (phase 6), les modifications qui ont affecté l’îlot VI, depuis sa fondation au cours du dernier quart du IVe s. av. J.-C., ont été effectuées au même rythme au cours de trois phases principales (Le lecteur se reportera aux plans parus dans le BSR PACA, 2005 : fig. 91 et 92) :

2 La fouille 2007 a définitivement confirmé la division de l’îlot VI en trois modules de dimensions équivalentes, grâce au dégagement du mur MR61324 sur la totalité de sa longueur dans le sud du secteur 8.

Module Nord Phase 9

3 L’organisation interne de ce module pendant la phase 9 reste encore à préciser, cependant certaines observations ont déjà pu être effectuées. • L’angle nord-est du module était occupé par une pièce au sol bétonné SL61366, dont les limites seront mises au jour lors de la campagne 2008. • Le tiers sud du module était délimité – partiellement ou sur toute la largeur de l’îlot (la campagne 2008 le déterminera) – par un mur d’orientation est-ouest MR61314, parallèle au mur du tiers de l’îlot MR61324 et à 2,40 m au nord de celui-ci.

4 Un seul niveau d’occupation appartenant à cette phase a été totalement dégagé en 2007 dans ce module nord, dans le secteur 8c : un sol de terre battue (61476) avec des recharges de sable, marqué par des charbons et des cendres. Sur ce sol, dans l’angle

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 463

nord-est de la pièce, reposent plusieurs adobes posées à plat (61462) qui correspondent à un aménagement du type banquette ou paillasse.

Phase 8

5 Dans la pièce d’angle nord-ouest de l’îlot (secteur 9b), une série de fosses creusées jusque dans le substrat révèle une activité métallurgique.

6 Tout au nord, on trouve une fosse-foyer circulaire avec des parois rubéfiées, FY61463, dont le fond comportait une épaisse couche de battitures mêlées de charbons (61469), surmontée d’un fragment de plaque foyer en argile. À l’est de celle-ci, à une vingtaine de centimètres, on trouve une fosse rectangulaire allongée (0,88 m x 0,16 m), FS61458, creusée dans le substrat sur environ 0,08 m de profondeur présentant deux parois verticales parallèles, rubéfiées par endroits, qui étaient tapissées d’une fine couche de battitures.

7 Environ 1,50 m au sud de ces structures se situent deux fosses accolées, tout près du mur de façade ouest : une fosse circulaire (diamètre : 0,53 m à 55 m), FS61461, dont le comblement était fait de terre, se trouve à proximité immédiate d’une fosse-foyer rectangulaire (0,52 m x 0,24 m), FY61460, creusée dans le substrat sur environ 0,12 m de profondeur, avec des parois rubéfiées et dont le fond présentait un amas de charbons (61470). À 1 m environ à l’est de ces fosses ont été fouillées deux petites dépressions, l’une remplie de sable et l’autre de terre argileuse.

8 Le sol de fonctionnement de ces structures de forge (61480) n’a pas été véritablement retrouvé puisqu’il se situe directement au contact du substrat dans toute cette zone.

Phase 7

9 Dans la partie centrale du secteur 8, le mur d’orientation est-ouest MR61314 est épierré sur toute sa longueur et est comblé par un remblai de terre (61407, 61408, 61411) fait d’un limon sableux de couleur orangé. Les remblais d’installation de limon sableux (61402, 61403) des sols SL61302 et SL61301 sont alors mis en place (BSR PACA, 2006 : 193-195 ; rapport final d’opération 2006 déposé au SRA DRAC PACA).

10 Dans la partie orientale du secteur 9 (secteur 9a), on a pu observer les premières phases de fonctionnement de la forge qui avait commencé à être dégagée en 2006. Divers réaménagements ont permis de restituer trois états de fonctionnement successifs du grand foyer de forge FY61365 dégagé en 2006, dont l’activité métallurgique a été mise en évidence par l’abondance des scories et des battitures découvertes dans les couches de fonctionnement et de comblement de ces structures (Fig. n°1 : Module nord, secteur 9 : atelier de forgeron. Au premier plan, secteur 9b en phase 8 ; à l’arrière-plan, secteur 9a, en phase 7 ; à droite, secteur 8). • Dans un premier état, ce foyer (FY61448) est strictement rectangulaire (1,16 m x 0,50 m) d’orientation nord-ouest–sud-est ; il tranche verticalement de façon nette les couches de sédimentation 61383 et 61424, ainsi que le sol de béton SL61366 ; ses parois faiblement rubéfiées semblent indiquer une utilisation relativement courte. Au sud-est du foyer, une fosse circulaire, FS61392, d’un diamètre moyen de 0,90 m et d’une profondeur de 0,12 m, comportait, sur le fond, deux trous de poteaux accolés avec leur calage de pierres.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 464

• Un nouveau foyer (1,87 m x 0,80 m) (FY61365), d’orientation est-ouest, est ensuite aménagé, en utilisant une partie de la fosse-foyer précédente : sa partie nord est comblée avec une terre compacte rouge orangée comprenant de nombreux cailloutis, des fragments rubéfiés et quelques charbons, tandis qu’on creuse une fosse plus large, aux parois légèrement plus évasées, et avec un surcreusement pseudo-circulaire à l’ouest qui servira d’aire de combustion. Les parois rubéfiées se poursuivent sans solution de continuité sur l’ensemble du pourtour de ce nouveau foyer, montrant bien l’abandon total de la partie nord du foyer précédent. Le foyer, dans cet état, avait donc une forme rectangulaire à laquelle on aurait accolé un triangle sur le petit côté est ; dans cette extrémité est, on note un trou de poteau. Un creusement (61479), découpé dans le sol de béton SL61366, d’un peu plus de 0 ?35 m de large, s’étend comme une sorte de canal à l’ouest du foyer FY61365, quasiment dans le même axe et débouche presque au milieu de la paroi. Peut-être avons-nous là l’empreinte du système de soufflerie ? Ce creusement a malheureusement été recoupé par le bassin 61102 (de la phase 6) au centre de la pièce, ce qui ne nous permet pas de connaître sa forme complète, et donc sa fonction exacte. Le comblement en était compact, voire parfois très compact, mêlant de nombreux cailloutis et charbons à des battitures et quelques fragments de terre cuite, sans doute issus des diverses réfections des parois du foyer FY61365. • Dans un troisième et dernier état de fonctionnement (le mieux documenté), ce grand foyer est réduit grâce à neuf blocs de pierres (61426) installés le long de la paroi nord qui délimitent un rectangle d’environ 1,60 m x 0,35 à 0,40 m. Une couche de terre rubéfiée contenant, outre des charbons et des cailloutis, de nombreuses battitures et quelques scories (61427) tapisse le fond, les parois est et ouest et, de façon plus importante, le côté sud.

Module central

11 Dans le secteur 32, l’ensemble du substrat (61416=61198) a été dégagé : il est marqué par un paléosol argileux, rouge vif, percé dans la partie sud-est par deux trous de poteaux, vestiges vraisemblables de la période de mise en place de l’îlot.

12 Dans les secteurs 31-33, une intervention ponctuelle a permis de dégager la totalité des sols des phases 9 et 8 fouillés en 2003-2004.

13 Dans la pièce d’angle sud-est (= secteur 7A au cours des phases 8-6, voir BSR PACA, 2005 : 168), on a procédé à l’enlèvement complet du sol de béton 61115, construit à la phase 8. À l’origine, l’espace est occupé par deux pièces (secteurs 28 et 30). Le secteur 28 est, en phase 9, une pièce de 6,50 m sur 2,60 m communiquant au nord avec la pièce 30 par la porte PR61332 aménagée dans le mur MR61236. Seule la partie ouest a pu être fouillée jusqu’au substrat. Sur le substrat se forme un paléosol d’argile brun-rouge (SL61421) sur lequel est installé un foyer à plat (FY61420) et mise en place une structure N-S (61419) de moellons de grès et gros galets liés à la terre, large de 0,60 m, qui divise la pièce en deux parties inégales (2,50 m à l’ouest ; 3,40 m à l’est). À l’est de cette structure, au-delà d’une paroi de pierres et terre argileuse, on trouve un important foyer, FY61297, dont on a fouillé les deux derniers états : composé d’une sole d’argile (61465) de forme rectangulaire à profil en cuvette et encadrée par trois parois de brique crue, il évoque en fait un four fermé sur trois côtés plutôt qu’un foyer de cuisson à plat. Les résidus étaient évacués aux abords immédiats du foyer : au sud, les rejets viennent remplir un cendrier (61451) installé entre la paroi du foyer et une brique crue placée de champ (61472). Mais il repose sur un monticule de terre

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 465

cendreuse, constitué de couches émanant pour l’essentiel de rejets de foyers antérieurs, allant jusqu’à obstruer la porte PR61332.

14 BATS Michel

15 Avec la collaboration de DÉAL Carine, JONCHERAY Claire, OLLIVIER David, ROURE Réjane et SALLE Valérie.

ANNEXES

Fig. n°1 : Module nord, secteur 9 : atelier de forgeron. Au premier plan, secteur 9b en phase 8 ; à l’arrière-plan, secteur 9a, en phase 7 ; à droite, secteur 8

Auteur(s) : Bats, Michel. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

MICHEL BATS CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 466

Méounes-lès-Montrieux – Les Ferrages

Florence Parent et Pascale Chevillot

Identifiant de l'opération archéologique : 8355

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Parent Florence (INRAP) ; Chevillot Pascale (INRAP)

1 Une demande d’autorisation de lotir quatorze maisons individuelles a motivé la prescription d’un diagnostic archéologique au lieu-dit Les Ferrages à Méounes-lès- Montrieux.

2 En effet, les parcelles concernées par ce projet sont situées en contrebas d’une colline sur les pentes de laquelle s’accroche la chapelle Saint-Lazare, aujourd’hui reconvertie en habitation privée, au nord-ouest de laquelle ont été découverts en 1996 les restes d’une villa romaine (Brun, 1999 : 511-512).

3 Le site, présentant un léger pendage nord-est - sud-ouest, est longé à l’est par le ruisseau du Naï et en partie au sud-ouest par un ru.

4 Les quatre parcelles représentent une superficie de 17 356 m2 où dix-sept sondages ont été ouverts. Leur positionnement a été essentiellement conditionné par la végétation du terrain tout en se voulant perpendiculaire à l’axe du ruisseau du Naï.

5 Hormis un lambeau de mur de berge de chronologie indéterminée dans le sondage S.11, les investigations n’ont dégagé que des sédiments provenant de l’activité des ruisseaux en bordure ; ils ont permis, grâce à la géomorphologie, de visualiser l’évolution et de mesurer l’impact des deux ruisseaux sur la formation du paysage sur le lieu-dit Les Ferrages.

6 PARENT Florence et CHEVILLOT Pascale

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 467

AUTEURS

FLORENCE PARENT INRAP

PASCALE CHEVILLOT INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 468

Le Muy – Rocher de Roquebrune

Richard Vasseur et Jacques Bérato

Identifiant de l'opération archéologique : 8208

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Vasseur Richard (ASS) ; Bérato Jacques (ASS)

1 L’habitat groupé et fortifié de hauteur du lieu-dit Le Rocher de Roquebrune est situé à l’extrémité sud ouest du massif du Rocher de Roquebrune. Il domine la dépression permienne au nord et un large plateau cultivable au sud. Il occupe les flancs d’un large talweg ouvert vers le nord. Sa superficie interne est d’environ 4 ha. Des sondages ont été effectués en 1966-1967 sous la direction de J. Liégois (rapport de 1967 de J. Girard et J. Liégeois, déposé au SRA DRAC-PACA).

Le système de défense

2 L’enceinte unique est de type appui sur à-pic. Le mur d’enceinte qui n’est pas fondé est simple, constitué d’un parement intérieur et extérieur avec blocage interne de pierraille. Les blocs sont de formes et de dimensions irrégulières, les gros blocs sont souvent calés par des pierres de petit module. Il n’y a pas de lit de pose horizontal et pas d’assises régulières. Le matériau utilisé est majoritairement l’arkose locale, mais quelques fragments de tuf ou de calcaire sont épars à l’intérieur du site. L’épaisseur de l’enceinte varie entre 2 m et 4 m. Aucune élévation conservée n’est supérieure à 2 m. Sur certains segments il existe un fruit de 10 à 20° d’angulation.

3 L’enceinte ouest possède une porte à recouvrement, longue d’environ 12 m, large d’environ 2,50 m et qui ouvre à gauche. Le mur externe en élévation est épais de 2 m. Le mur interne est en soutènement dans sa partie basse. Au sud et au sud-est, des segments de l’enceinte, le plus souvent en élévation, bouchent des failles rocheuses. Une porte frontale, large d’environ 2 m, est protégée en entrant à droite par une tour carrée pleine adossée au mur d’enceinte. Elle permet l’accès au site vers l’est par la Draille du Facteur qui traverse le massif du nord au sud. Au nord des segments

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 469

d’enceinte barre le talweg et des failles rocheuses. Ailleurs, le site est naturellement protégé par de hautes falaises.

4 Un avant-mur barre le col au nord-ouest, entre le site et celui de la Croix-Boeuf. Deux autres avant-murs barrent l’accès par l’ouest. Dans l’avant-mur externe une porte à recouvrement, longue d’environ 20 m, large de 4 m et qui ouvre à gauche, utilise une faille rocheuse comme ouverture interne. Un avant-mur barre l’accès au nord. Ces avant-murs, de même structure que l’enceinte, sont en élévation ou en soutènement et se situent aux endroits les plus facilement accessibles.

L’habitat interne

5 L’habitat interne s’organise sur les flancs d’un large talweg. À l’ouest les cases s’implantent sur de petites zones naturellement planes ou sur de longues terrasses soutenues par des murs perpendiculaires au sens de la pente. À l’est les cases reposent sur des podiums individuels. Une trentaine de cases, dont les bases des murs sont encore visibles, sont disposées sans plan d’urbanisme précis, en raison d’un relief irrégulier. À l’ouest, si certaines cases sont mitoyennes, la plupart sont individuelles. Elles sont environnées par des espaces vides, correspondant à des voies de circulation, avec des intersections à angles plus ou moins droits. À l’est, les cases sont toutes individuelles séparées par de vastes espaces libres et disposées selon deux rangées de tracé irrégulier.

6 Le plan des cases est généralement de forme quadrangulaire irrégulière, mais quatre cases à l’est et une à l’ouest ont un petit côté arrondi, absidal. La base des murs est constituée de dalles posées de chant, sur deux rangées parallèles avec blocage interne de pierraille. La partie supérieure des murs devait être édifiée en argile crue, car il n’y a pratiquement pas d’éboulis ou de matériaux dispersés pouvant servir à la construction d’élévations en dur. L’écartement entre les blocs de chant pouvait servir à caler des poteaux porteurs consolidant des élévations en torchis sur clayonnage, dont des fragments brûlés ont été découverts.

7 Les dimensions des cases varient pour la longueur entre 5 m et 9 m et oscillent autour de 5 m pour la largeur. Les portes sont uniques et frontales et s’ouvrent plutôt sur un long côté dans la zone ouest. Leur orientation est indifférente. À l’est les portes sont toutes situées sur un petit côté. Elles sont construites en forme de couloir, long de 2 m à 2,50 m et large d’environ 1,50 m. Elles s’ouvrent sur le milieu ou latéralement sur un petit côté. Une case possède deux entrées parallèles en couloir sur un petit côté. Elles sont orientées au sud, sauf une au nord-est. Les murs des couloirs sont montés en dalles posées de chant, sur deux rangées parallèles avec blocage interne. Ce type de construction est original et n’est retrouvé nulle part ailleurs dans le Var.

Datation

8 Le matériel couvre une très large période du premier âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. J.‑C. L’habitat de l’âge du Fer est précédé par une fréquentation du Néolithique final, évoquée par un bord droit légèrement rentrant de récipient avec cordon sous le bord externe, un tenon de préhension en forme d’oreille, des éclats et des lames de silex.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 470

9 Ce site est un apport original à la connaissance de l’habitat de l’âge du Fer. L’oppidum est distant de 1 km de l’habitat groupé et fortifié de hauteur de la Croix-Boeuf occupé au premier et second âge du Fer et de 1,7 km d’un site complexe dit Les Planettes. La proximité de ces sites pose le problème des relations entre habitat groupé et fortifié de hauteur et de proches habitats ouverts.

10 VASSEUR Richard et BÉRATO Jacques

AUTEURS

RICHARD VASSEUR ASS

JACQUES BÉRATO ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 471

Le Muy – Les Planettes

Richard Vasseur et Jacques Bérato

Identifiant de l'opération archéologique : 8209

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Vasseur Richard (ASS) ; Bérato Jacques (ASS)

1 Une prospection a été menée au lieu-dit Les Planettes, sur un flanc collinaire entre le fleuve Argens et le sommet de la Croix Boeuf, dans la partie nord du massif des Maures, où se situe un habitat groupé et fortifié de hauteur de type figure géométrique fermée (âge du Fer 1 et 2).

Un enclos quadrangulaire

2 Un enclos quadrangulaire y est situé sur un replat. Les murs sud et ouest sont montés avec des parements interne et externe en gros blocs posés à plat. Le mur sud, qui mesure environ 12 m de long, est épais de 1 m. Il s’appuie à l’est sur un rocher. Le mur ouest a une longueur d’environ 15 m. Du mur est ne subsistent que deux blocs, tandis que le mur nord est peu visible. La superficie interne est d’environ 250 m2. L’intérieur est en légère pente du sud-est vers le nord-ouest. En raison du lessivage du sol après un incendie de forêt, le rocher affleure par endroits. Le site est en danger car des structures encore bien visibles en 2005 ont déjà totalement disparu. Dans l’angle des murs sud et ouest ont été observés un abondant matériel céramique et des fragments de torchis sur clayonnage, évocateurs d’une case.

3 Le matériel découvert en prospection comporte de la céramique grise monochrome, modelée indigène sans forme identifiable, de l’amphore étrusque et italique. Le tout évoque une occupation durant l’âge du Fer.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 472

Un ensemble bâti

4 Cet enclos est associé, à 120 m en aval et au nord-ouest, à un ensemble comportant un mur de direction est-ouest d’environ 21 m de long et 0,90 m d’épaisseur à parements de blocs plantés de chant. À son extrémité ouest, retour à angle droit d’un mur épais de 0,80 m et long de 6 m. À 8 m et 13,50 m à partir de cet angle vers l’est, départ de deux murs de 1,50 m et 1,80 m de long. Seule de la céramique modelée a été découverte.

Un petit habitat groupé et fortifié de hauteur

5 À l’ouest à environ 320 m, un petit habitat groupé et fortifié de hauteur de l’âge du Fer a aussi été découvert, Les Planettes 1. Il s’agit d’une enceinte unique de type éperon barré. Cet éperon rocheux, d’environ 350 m2, domine la rive droite de l’Argens. Son accès est barré par un talus d’une dizaine de mètres et large de 2 à 3 m, mêlant petites pierres et terre. Il précède un fossé large d’environ 7 m. Le mur d’enceinte, long d’environ 15 m, est monté partiellement en gros blocs posés de chant de 0,25 m de large, 1,40 m de long et 0,60 m de hauteur environ. En arrière de ces structures, sur des replats de petites dimensions adossés à des reliefs rocheux, des fragments de torchis et de céramique modelée de l’âge du Fer sans forme déterminable, indiquent l’emplacement d’habitations sur environ 150 m2.

Des terrasses aménagées

6 Sur le bord de plateau situé au sud-est de l’éperon rocheux des Planettes 1, dans la pente, sont aménagées des terrasses soutenues par des murets en pierres sèches dont quatre au moins sont encore bien visibles. Des tessons épars de céramique modelée de l’âge du Fer, sans forme déterminable, et un fragment de meule à va-et-vient en rhyolite attestent un habitat ouvert : Les Planettes 2.

7 Cet ensemble de quatre sites, d’une superficie d’environ 1 ha, réalise une occupation originale et dense d’un flanc collinaire, à 500 m en contrebas de l’oppidum du Rocher de Roquebrune, et pose le problème des relations entre les habitats groupés et fortifiés de hauteur et de proches habitats ouverts.

8 VASSEUR Richard et BÉRATO Jacques

9 Équipe de prospection : Marc Borréani, Françoise Laurier, Jacques Bérato, Jean- Paul Thoury et Richard Vasseur.

AUTEURS

RICHARD VASSEUR ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 473

JACQUES BÉRATO ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 474

Pontevès – Les Muets

Jean-Marie Michel

Identifiant de l'opération archéologique : 8189

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Michel Jean-Marie (INRAP)

1 Dans le cadre de l’opération de prospection sur « l’occupation du sol dans la zone du massif du Bessillon » (Centre-Var), un site, placé sur un replat en surplomb du vallon de Grand-Gorgue et en bordure d’une plaine cultivable étendue, a fait l’objet d’un relevé. Plusieurs domaines vinicoles exploitent ce bassin, auprès desquels des établissements ruraux antiques ont été repérés.

2 L’installation est composée d’un bâtiment de plan rectangulaire, orienté est-ouest, à partir duquel un mur suit la pente nord et s’interrompt arrivé à un chemin, qui l’a probablement détruit (Fig. n°1 : Plan de la construction). L’ouvrage sommital est large de 3,85 m et conservé sur une longueur de 10 m ; aucune cloison interne ni seuil ne sont visibles. Les parois sont élevés au mortier et devaient être bâties de moellons, du fait de la présence de nombreux blocs, et la toiture était recouverte de tegulae.

3 Le mur nord, d’une longueur conservée de 9,50 m est composé d’un double alignement de gros blocs plantés de chant, d’une facture qui rappelle celle de structures trouvées sur des installations de l’âge du Fer (BSR PACA, 2006 : 204-205).

4 Un bloc dressé de grande taille (1,40 m sur 0,60 m et 0,26 m d’épaisseur) a été découvert en contrebas : il conserve les traces d’aménagements divers et il a été interprété comme un possible élément d’un atelier vinicole ou oléicole, transformé par la suite en seuil.

5 Le mobilier découvert est peu abondant ; il comprend des céramiques du Haut-Empire et de la DS.P.

6 Il doit s’agir d’un petit établissement artisanal, qui suggère une présence saisonnière en relation avec une des fermes repérées dans la plaine pour lesquelles l’occupation peut être placée par le mobilier au cours des deux premiers siècles de notre ère.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 475

7 MICHEL Jean-Marie

8 Avec la collaboration de JAMES Michel, BROQUIER Danielle, JERPHANION Guillaume de, et CELLIER René.

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan de la construction

Auteur(s) : James, Michel. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

JEAN-MARIE MICHEL INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 476

Pourrières – Place du Château

Florence Parent, Émilie Léal et Corinne Bouttevin

Identifiant de l'opération archéologique : 8078

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Parent Florence (INRAP) ; Léal Émilie (INRAP) ; Bouttevin Corinne (INRAP) ; Lefévre Lydie (INRAP)

1 Un projet de dissimulation du réseau Basse Tension par la société SYMIELEC, corollaire du réaménagement de surface d’une place publique, est à l’origine de la campagne de reconnaissance archéologique sur la place du Château, à Pourrières. Cette place, appartenant au domaine public, couvre une superficie de 1 113 m2. L’opération s’est déroulée entre le 28 février et le 16 mars 2007. Cinq sondages ont été ouverts, de taille variable suivant la densité des vestiges qu’ils recelaient et la profondeur du substrat, rencontré partout (Fig. n°1 : Hypothèse de restitution du périmètre du château à partir du cadastre napoléonien, des vestiges présents et de ceux découverts en sondages).

2 Les structures révélées appartiennent vraisemblablement à l’ancien château du village, château détruit à la Révolution française et dont la trace était quasiment perdue, si ce n’est dans la toponymie et dans quelques vestiges de constructions intégrés dans le mur de soutènement oriental de la place.

3 Dans les sondages S.2 et S.3, les vestiges affleurent sous la surface, parfois à moins de 0,30 m, et sont conservés, en moyenne, sur 2,20 m de haut, posés directement sur le substrat. Un mur périmétral, dégagé à l’ouest (S.2) et au sud (S.3), a été construit dans la seconde moitié du XIIIe s., au moins, voire dans le courant du siècle suivant. Une portion de tour a également été dégagée en S.2, qui appartient à la même phase de construction. Les sols médiévaux mis au jour au contact du mur et de la tour pourraient correspondre à un espace de circulation, permettant d’accéder à une petite ouverture (porte secondaire ?), pratiquée contre cette tour, et donc à l’intérieur du château. Les aménagements intérieurs de cette époque n’ont pas été discernés, mais rien n’indique qu’il n’en soit pas conservé sous le reste de la place.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 477

4 Ce monument a vraisemblablement subi plusieurs réfections, mais seules sont conservées, et donc observées, celles opérées à partir de la seconde moitié du XVIIe s., qui semblent affecter tout l’intérieur du bâtiment, occultant les aménagements antérieurs. À l’ouest (S.2), un écoulement d’eau est construit, un probable escalier permettant d’accéder à la tour est réaménagé, et un espace non couvert (cour ?) est pavé. Au sud (S.3), une salle rupestre est aménagée, ou réaménagée, et voûtée. Une deuxième salle identique semble se développer immédiatement au nord. L’édifice était surélevé d’au moins un étage, comme le montrent les différents murs dégagés au- dessus de la salle de S.3. En revanche, toute la partie orientale du bâtiment n’a pu être explorée, mais son état de conservation doit être identique à celui des vestiges observés à l’ouest, hormis, peut-être, à l’emplacement d’une habitation et d’un réseau existant.

5 À l’extérieur de l’édifice (S.1, S.4 et S.5), à l’exception de l’emplacement du supposé axe de circulation, des remblaiements massifs, qui n’ont pu être datés précisément, semblent avoir servi à créer une esplanade artificielle au sud et l’est du château, tout en permettant de compenser les déclivités du substrat.

6 La Révolution française entraîne l’arasement complet du château dans les années 1790. Les différents sondages ont montré que les décombres servent à combler ce qu’il reste des différentes pièces, ou sont étalés alentour en surface de l’esplanade, créant ainsi l’actuelle place.

7 PARENT Florence, LEAL Émilie et BOUTTEVIN Corinne

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 478

Fig. n°1 : Hypothèse de restitution du périmètre du château à partir du cadastre napoléonien, des vestiges présents et de ceux découverts en sondages

Auteur(s) : Parent, Florence. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

FLORENCE PARENT INRAP

ÉMILIE LÉAL INRAP

CORINNE BOUTTEVIN INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 479

Saint-Maximin-la-Sainte-Baume – Le Puits de Marine

David Ollivier

Identifiant de l'opération archéologique : 8128

Date de l'opération : 2007 (SP) Inventeur(s) : Ollivier David (ASS)

1 Les sondages réalisés en 2006 par l’INRAP au lieu-dit Le Puits de Marine, à la périphérie nord-est de Saint-Maximin, avaient mis en évidence deux fours de petites dimensions et trois fosses dont les comblements ont livré une grande quantité de céramique non tournée datant pour l’essentiel du premier âge du Fer (rapport de de diagnostic archéologique 2006 de Patrick Raynaud, déposé au SRA DRAC-PACA et BSR PACA, 2006 : 203).

2 La fouille préventive prescrite par le service régional de l’archéologie a été conduite en avril 2007 par le centre archéologique du Var. Le décapage de 780 m2 de terrain a permis de localiser une grande fosse au nord-ouest de la zone liée à l’activité artisanale du site et une petite fosse située entre les deux fours.

3 De forme grossièrement oblongue (3,15 m de longueur sur 2,70 m de largeur), la fosse, creusée dans le substrat, atteint par endroit une profondeur conservée de 0,30 m environ.

4 Le comblement de la fosse est composé d’une première couche d’argile brune épaisse en moyenne de 0,10 m, puis d’une seconde couche de terre ayant livré plusieurs dizaines de fragments de céramique et d’éléments en torchis (fragments de parois et de sole trouée).

5 La petite fosse découverte entre les deux fours présente un diamètre moyen de 0,50 m. Elle a révélé un type de comblement identique à celui de la fosse principale : couche d’argile brune couvrant le fond, recouverte d’une couche de rejet de cuisson.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 480

6 Le matériel céramique présente un faciès homogène caractéristique du premier âge du Fer (VIe-Ve s. av. J.‑C.) : urnes en céramique modelée et céramique grise monochrome de Marseille.

7 La présence d’une fosse partiellement comblée par de l’argile pure indéniablement importée sur les lieux ainsi que l’abondance du matériel, qu’il soit céramique ou lié à l’outil de cuisson (superstructures en torchis), tend à conforter l’hypothèse de l’identification du site comme un lieu de production de céramique modelée datant du premier âge du Fer.

8 OLLIVIER David

AUTEURS

DAVID OLLIVIER ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 481

Vieille Église de Saint-Raphaël : étude monumentale et documentaire

Nathalie Molina

Identifiant de l'opération archéologique : 7488

Date de l'opération : 2007 (PC) Inventeur(s) : Molina Nathalie (INRAP)

1 Après une interruption en 2006, le projet collectif de recherche a été repris en 2007. L’objectif de ce PCR est de compléter les résultats de la fouille du sol de l’église afin de présenter une étude monographique complète de l’édifice. Une recherche dans les archives et la bibliographie ancienne devait éclairer l’histoire de cet édifice. L’étude des plans et des élévations (XIe s.-XIXe s.), bien que non exhaustive, permettra de replacer les connaissances issues de la fouille (sols, tranchées de fondation, aménagements liturgiques) dans leur contexte architectural.

Études 2007 Bibliographie

2 Tous les ouvrages connus concernant l’église ont été consultés à l’exception des guides de tourisme nombreux depuis les années 1890, qui ne concernent pratiquement jamais le centre ancien de Saint-Raphaël.

Archives

3 Pour la période moderne, Colette Castrucci a fini l’exploration prévue dans les archives départementales du Var et les archives communales de Saint-Raphaël. Les résultats

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 482

n’ont pas été à la hauteur des espérances, notamment dans les registres notariaux que Colette Castrucci a pourtant pris le temps de sonder. Les quelques indications recueillies sont cependant très utiles puisque nous ne connaissions quasiment rien avant ces recherches. Pour la période médiévale, les traductions et analyses des archives déjà connues par ailleurs sont en cours.

Pétrographie

4 Nous avons eu la chance d’intéresser à notre recherche Karine Georges, géomorphologue de l’INRAP, qui a fait ses études sur la vallée de l’Argens et qui connaît donc parfaitement la région. Elle a pris contact avec Jacques Poujol, géologue de formation responsable de l’association de Préhistoire de Saint-Raphaël, avec lequel elle a travaillé sur les carrières et la pétrographie du monument. Tous deux présentent donc une réflexion qui dépasse le cadre de l’étude de l’église et qui fait le point sur les carrières connues et moins connues sur le territoire de Saint-Raphaël. Cette première approche pourrait servir de base à une étude pétrographique des murs romans de l’église.

Étude des reliques

5 Au cours des travaux de restauration, Francesco Flavigny a fait démonter l’autel moderne qui se trouvait dans l’abside nord de l’église. Nous avons constaté l’existence de reliques dans la cavité creusée dans la base de l’autel, sous la table d’autel. L’étude de ces reliques nous a été confiée. La lipsanothèque a été fouillée. Une demande de moyens a été faite pour 2008 afin d’analyser les différents éléments contenus dans la boite en plomb : os, tissus, matières organiques diverses.

Relevés d’architecture

6 Silvestre Roucole et Bruno Fabry ont continué leurs relevés, le premier manuellement, le second à partir de photo-relevés. Leurs dessins et montages photos bruts sont présentés dans le rapport 2007. Ils serviront de base au travail d’analyse futur.

Le vocable de saint Raphaël

7 Aucune étude de synthèse n’existe, à notre connaissance, sur le vocable de saint Raphaël et sur la dévotion à cet archange au cours du Moyen Âge. Nous avons donc assemblé le résultat d’une partie de nos recherches sur ce thème. Le sujet est vaste et nous n’avons pas encore exploité toutes les informations recueillies au cours des deux dernières années.

Études prévues en 2008

8 Une autorisation d’une année supplémentaire a été demandée pour 2008, le programme ayant imprudemment été prévu au départ pour ne durer que deux ans. Beaucoup des

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 483

études décrites ci-dessous ont été largement amorcées, mais n’ont pu être présentées dans le rapport 2007.

Étude documentaire (fin)

9 Les centres d’archives parisiens (Archives nationales, Bibliothèque nationale et Médiathèque du Patrimoine) n’ont pu être exploités. Ils le seront en 2008. Quelques incursions dans les archives du XXe s. sont encore à faire. En ce qui concerne l’iconographie ancienne, nous cherchons maintenant à obtenir des copies de bonne qualité des documents les plus significatifs déjà inventoriés. Les cartes postales anciennes n’ont pas non plus toutes été retrouvées. Anne Joncheray, conservatrice du Musée de Saint-Raphaël, possède une collection personnelle qu’elle mettra à notre disposition en 2008.

Analyse des reliques

10 Des analyses scientifiques ont été demandées. Si elles sont acceptées, elles seront effectuées en 2008 par le Laboratoire de restauration et de conservation des métaux de Draguignan qui coordonnera les différents intervenants scientifiques pour l’étude des tissus, des résines et de matières organiques non identifiées. L’étude anthropologique sera faite par l’INRAP. L’analyse de l’ensemble sera effectuée par Nathalie Molina avec l’aide de Yumi Narasawa, spécialiste des autels, qui rejoindra le PCR en 2008.

Relevés architecturaux

11 À partir des photo-relevés déjà réalisés, un dessin pierre à pierre, complété d’observations sur le terrain, sera nécessaire. Nous cherchons toujours une solution pour faire le relevé le plus complet de l’abside préromane.

Étude du bâti

12 L’étude qui doit être faite en collaboration avec Andréas Hartmann (professeur à l’université de Provence, UMR 6572) et Francesco Flavigny (architecte en chef des Monuments historiques) et qui a été à peine amorcée en 2007, devra s’achever notamment par un rendu en trois dimensions des édifices, qui devrait permettre de mieux comprendre les problèmes de circulation interne. Un travail sur les plans de l’édifice roman réalisé par Nathalie Molina et Jérôme Isnard (INRAP), encore non exploité, servira de base aux travaux sur les phases de construction.

Étude du mobilier lapidaire

13 L’étude de huit fragments de lapidaires de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge trouvés au cours des différents travaux de restauration et de fouilles dans l’église ainsi que celle des trois bases d’autels en place seront effectuées par Yumi Narasawa,

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 484

étudiante doctorante de Michel Fixot. Elle participera aussi à l’exploitation des résultats de l’analyse scientifique des reliques.

Exploitation des archives et analyses historiques

14 Ce travail historique réalisé par Nathalie Molina à partir de l’analyse des archives et de toute la documentation assemblée, largement amorcé, sera présenté.

Table ronde

15 Enfin, une table ronde devrait réunir fin 2008 tous les acteurs de la recherche liés à la Vieille Église de Saint-Raphaël, qu’ils soient intervenus dans le cadre du PCR ou dans celui de la fouille, afin notamment de proposer un mode de publication en adéquation avec le sujet (monographie ou études particulières).

16 MOLINA Nathalie

AUTEURS

NATHALIE MOLINA INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 485

Solliès-Toucas – Le Castellas

Pierre Excoffon

Identifiant de l'opération archéologique : 8345

Date de l'opération : 2007 (FP) Inventeur(s) : Excoffon Pierre (COL)

1 En 2007, la fouille a consisté au dégagement des niveaux situés en avant des cases fouillées les années précédentes (BSR- PACA, 2004 : 229-231 ; 2005 : 182-183 ; 2006 : 204-205). Il s’agit donc d’un espace probablement public situé immédiatement après la porte d’accès sud.

2 Une séquence stratigraphique de près de 1 m d’épaisseur a ainsi été dégagée, livrant des données chronologiques précieuses et un lot de céramiques plus important que les trois années précédentes cumulées.

3 La fouille des niveaux situés à l’aplomb du rempart jusqu’au rocher naturel a permis de mettre en évidence la construction du parement interne du rempart qui, au niveau du piédroit, n’est pas directement construit sur le rocher, mais sur une semelle de terre de 3 cm à 5 cm permettant la construction sur un niveau horizontal.

4 À partir de la porte, un chemin a été découvert, permettant de relier l’ensemble de cases à l’ouverture par une pente douce. Il est délimité au sud par un aménagement de gros cailloux. Ce chemin était constitué par une terre argileuse mêlant de gros cailloux et des tessons de céramiques. Deux niveaux successifs permettent de déterminer au moins un rechapage.

5 Depuis la porte, le chemin marque un virage vers l’est pour se diriger vers la case la plus étroite (I, 2). L’idée qu’il devait s’agir d’une rue entre deux cases avant d’être transformée en pièce d’habitation paraît donc se confirmer. La rampe permet ainsi de niveler par une pente douce la succession de bancs rocheux de calcaire Hettangien (Fig. n°1 : Vue depuis le nord de la porte sud du rempart et de la succession naturelle des bancs de calcaire).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 486

6 En bordure du chemin et contre le rempart ont été découverts les restes d’un foyer très abîmé, mais qui constitue la seule trace d’une activité probablement domestique en position initiale.

7 Cette dernière année, qui conclut une campagne de quatre années de fouille, a mis en lumière de nombreux éléments chronologiques ainsi que des données sur des aménagements extérieurs aux habitations elles-mêmes.

8 EXCOFFON Pierre

9 Équipe de fouille : ARDISSON Sandrine, BERRE Michèle et Louis, BORRÉANI Marc, BUIS Jean‑Claude et Liliane, CAMPILLO Jacques, CARLIER Raphaele, CRUCCIANI Michel, EXCOFFON Pierre, FOURNIER Odile, GUITONNEAU Jean-Claude, LAGRUE Laurent, LAURIER Françoise, ORTIZ‑VIDAL Roger, SPERANDIO Emeline.

ANNEXES

Fig. n°1 : Vue depuis le nord de la porte sud du rempart et de la succession naturelle des bancs de calcaire

Auteur(s) : Excoffon, Pierre. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 487

AUTEURS

PIERRE EXCOFFON COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 488

Tourves – Le Peiron

Marc Borréani

Identifiant de l'opération archéologique : 8346

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Borréani Marc (COL)

1 Lors de travaux de nivellement réalisés par la commune de Tourves au quartier du Peiron et destinés à l’aménagement d’un terrain de sport, les vestiges d’un mur associé à du matériel antique sont apparus.

2 Prévenu de la découverte par Claude Arnaud, le service régional de l’archéologie a alors décidé la réalisation de sondages. L’intervention s’est déroulée du 21 au 25 mars 2007 et a été possible grâce à la mise à disposition durant deux jours d’un tractopelle par la commune de Tourves et à la mobilisation des bénévoles de l’Association d’Histoire Populaire Tourvaine.

3 Le gisement est implanté en bordure nord de la petite plaine drainée par le Caramy, située au sud-est du village de Tourves.

4 La présence d’un mobilier résiduel (céramique campanienne A, modelée, amphore italique) atteste une occupation du site dès la fin de l’âge du Fer (IIe et Ier s. av. J.‑C.), sans structures correspondantes.

5 La première implantation d’époque romaine correspond à un bâtiment aux murs liés à la terre, très mal conservé et sans élément précis de datation.

6 À ce premier bâtiment succède un assez vaste ensemble, dont on a pu dégager le mur sud, bâti à la chaux, d’une longueur de 52,80 m, ainsi que les départs des murs ouest et est, bâtis à la terre. Les murs sont dérasés jusqu’au niveau des fondations et les sols ont disparu.

7 Cet ensemble se prolongeait au nord sous la route et le terrain situé au-delà, secteur où une construction en ruine réemploie de nombreux fragments de tuiles, de dolium ainsi que du béton de tuileau. Il pourrait s’être étendu sur une superficie d’environ 2 000 m2.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 489

Le plan de la partie sondée permet de restituer la présence de deux corps de bâtiment ouvrant sur une cour fermée dans laquelle se trouve un puits.

8 Le rare mobilier observé dans les couches remaniées et celui d’un petit dépotoir situé à l’extérieur du bâtiment, au sud-est, permettent d’avancer une fourchette chronologique large couvrant les Ier et IIe s. L’occupation du site est encore attestée au début du IIIe s., par la présence d’un as de Caracalla trouvé en surface (identification par Guy Lovisolo).

9 Cet établissement correspond sans doute à une ferme exploitant la petite plaine située au sud.

10 BORRÉANI Marc

11 Équipe de fouille : Claude Arnaud, Catherine Arnoux, Jean Bard, Marc Borréani, Jean- Pierre Ferro, Patrice Garnero (tracto-pelle), Jean-Bernard de Gasquet, Françoise Laurier, Henri Moniez et Roger Ortiz-Vidal.

AUTEURS

MARC BORRÉANI COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 490

Tourves – La Blanque

Marc Borréani

Identifiant de l'opération archéologique : 8339

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Borréani Marc (COL)

1 Le site de la Blanque est implanté au sein d’une étroite cuvette agricole, orientée nord- ouest ‑ sud-est, communiquant au sud-est avec la plaine du Caramy. Cette cuvette est traversée par un ruisseau canalisé provenant de la source de Beou Mouroun, située à 400 m au nord-ouest. Le site est adossé à une petite colline qui ferme la cuvette à l’ouest.

2 Le but des sondages était de confirmer la nature supposée du site, une villa antique, et d’en déterminer l’emprise ainsi que l’état de conservation.

3 Ils ont montré une occupation dès l’âge du Fer, puis l’implantation de la villa, le site étant occupé jusqu’à l’Antiquité tardive.

Une occupation de l’âge du Fer

4 Hormis de nombreux éléments résiduels, du mobilier de cette période provient des couches de colluvion argileuse qui se sont accumulées au pied de la colline calcaire.

5 Cela indique la proximité d’une installation, en pied de colline, et montre également une forte activité érosive postérieure à cette période. Il est possible que, sous les bâtiments de la future villa, deux structures et deux foyers correspondent à cette phase.

6 S’il est impossible de préciser la durée de cette occupation, celle-ci est bien attestée aux IIe s. et Ier s. av. J.‑C.

Une villa romaine

7 Les vestiges de la villa couvrent entre 2 500 m2 et 3 000 m2

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 491

8 L’ensemble dégagé correspond à plusieurs bâtiments et à des thermes, organisés autour d’une cour fermée au sud-est par un mur de clôture, et dans laquelle se situe un grand bassin. Un autre mur de clôture en petit appareil limite la villa au sud-ouest. Un accès à la cour est restituable entre ce mur et les thermes.

Les thermes

9 Ils comportent, à l’ouest, un frigidarium à piscine quadrangulaire et schola labri (type 2b d’Alain Bouet ; Bouet, 2003 : 28-29). Dans le tepidarium, les pilettes carrées de l’hypocauste sont conservées ainsi qu’une partie, effondrée, de la suspensura. L’hypocauste du tepidarium communique avec celui du caldarium par un passage qui était couvert d’un bloc de grès, effondré avec la suspensura. Quelques pilettes sont conservées dans l’hypocauste du caldarium.

10 Le praefurnium se situe au nord du caldarium. L’hypocauste du tepidarium est comblé d’une épaisse couche de terre et de cendres, correspondant à l’abandon sur un comblement charbonneux d’utilisation.

11 La présence de céramique luisante (Lamb. 45-Pernon 40) et de claire C (Hayes 50) indique un abandon à la fin du IIIe s. ou du IVe s.

La cour et le bassin

12 La cour est limitée au sud-est par le mur de clôture.

13 Celui-ci a subi une importante déformation et s’est retrouvé penché vers le sud-est sur une partie de son tracé.

14 Le bassin (Fig. n°1 : Vue du bassin) est situé dans l’angle sud de la cour, à proximité des thermes. Il mesure 6,90 m x 11,80 m pour une profondeur conservée de 1,50 m à 1,60 m, soit une contenance minimale de 130 m3. Ses parois sont enduites d’un béton de 0,02 m d’épaisseur ; le fond est bétonné et les angles renforcés par des boudins d’étanchéité. Dans l’angle oriental se situe une évacuation en partie basse, qui se prolonge par un tuyau en plomb d’un diamètre de 0,10 m. Elle communiquait avec un regard. Dans l’axe du mur nord du bassin se trouve le départ d’un escalier, dont trois marches, recouvertes d’un béton de tuileau ont été dégagées.

15 Il faut certainement interpréter ce grand bassin comme la natatio des thermes.

Le bâtiment nord-est

16 Ce bâtiment vient s’accoler au mur de clôture, en formant un angle légèrement aigu. Il comporte quatre pièces.

Les bâtiments nord-ouest

17 Cet ensemble est traversé par un aqueduc, provenant du pied de la colline, où il est détruit. Celui-ci est constitué d’un specus en béton de tuileau puis d’une conduite, dont

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 492

le fond est en tegulae et les parois en moellons bruts. Ces parois sont couvertes de concrétions calcaires déposées par l’eau. L’aqueduc alimentait notamment le bassin.

18 Au nord de l’aqueduc, une pièce, divisée par une cloison, possède un réduit au sol de galets. Les autres pièces livrent essentiellement des remblais argileux, avec parfois un lambeau de sol.

19 Au sud, seule la pièce 8 a livré une stratigraphie. Son sol argileux, qui est au niveau du ressaut de fondation des murs de la pièce, repose sur un remblai. Scellant ce sol, plusieurs niveaux d’abandon ou de destruction ont été fouillés. Le mobilier de ces couches est datable des IIe s. et IIIe s.

Antiquité tardive

20 Les structures pouvant se rattacher à l’occupation tardive proviennent de l’ensemble thermal.

21 Il s’agit d’un mur, constitué d’éléments de récupération (moellons, marbre, dolia), aménagé dans les ruines du caldarium et d’un autre mur à liant de terre, construit contre l’angle nord des thermes et réemployant en particulier de l’amphore africaine.

22 Cette période est également documentée par le mobilier des couches d’abandon.

Deux aqueducs (antiques ?)

23 En marge des sondages, deux aqueducs ont été repérés au bas de la petite colline située au nord-ouest des vestiges.

L’aqueduc supérieur

24 L’aqueduc supérieur, d’abord implanté sur un terre-plein artificiel d’orientation nord- ouest ‑ sud-est, se dirige ensuite vers le sud. Il n’est pas assuré que cet aqueduc soit contemporain de la villa.

25 Le premier tronçon est constitué d’un canal de 0,30 m de profondeur et 0,33 m de large. Les parements sont en blocs bruts maçonnés et l’enduit du canal est constitué de chaux rose.

26 Le second tronçon, à flanc de colline, n’a conservé que son parement ouest, le radier du fond et la première assise du parement est, le canal ayant disparu.

27 Un troisième tronçon, dont il ne reste que le parement ouest et une partie du radier du fond, est localisé au-dessus des vestiges de la villa.

L’aqueduc inférieur

28 L’aqueduc inférieur est très mal conservé.

29 Il est implanté à flanc de colline, sur le terre-plein situé en contrebas de celui de l’aqueduc supérieur. Il subsiste quelques tronçons de son specus en béton de tuileau, le canal n’étant quasiment pas conservé.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 493

30 C’est cet aqueduc qui alimentait la villa.

Un moulin d’époque indéterminée

31 Par ailleurs, des ruines encore visibles le long du ruisseau, correspondent sans doute à un moulin. Il s’agit d’un long bâtiment d’une largeur de 6,50 m à l’est et d’au moins 7 m à l’ouest pour une longueur minimum de 22 m. Les murs, en moyen appareil, ont une largeur de 0,70 m. À son extrémité orientale, ce bâtiment possède deux contreforts liés au mur sud et un autre lié au mur nord.

32 Le mur nord est muni de boulins assez régulièrement répartis, dont huit sont visibles. Le boulin, situé contre le contrefort, présente des concrétions internes, également visibles le long du contrefort. Celles-ci indiquent que l’intérieur du bâtiment a connu une circulation d’eau. Le mur sud possède deux boulins, dont l’un est en partie colmaté par des concrétions.

33 L’ensemble de ces boulins peut correspondre à l’aménagement d’un plancher sur solives.

34 Le mur oriental intègre dans sa partie basse une construction dérasée. À ce niveau, le mur est muni d’une ouverture de 0,20 cm de large.

35 On peut, à titre d’hypothèse, considérer que le bâtiment correspond au réservoir, et le bâtiment dérasé au moulin lui-même, à roue horizontale, alimenté depuis l’ouverture visible dans le mur est.

36 Aucun élément ne permet de dater cet ensemble, qui est soit antique soit médiéval.

37 BORRÉNI Marc

38 Équipe de fouille : Abdessemamyeno Bernadette, Abenoza Sabrina, Amic Bernadette, Arnaud Claude, Arnoux Catherine, Aycard Philippe, Bard Jean, Berre Louis, Berre Michèle, Bonnefoi Valérie, Castangia Anne-Marie, Careghi Chantal, Césaire Lionel, Ciccione Juliane, Dadone Serge, D’Attainville Christiane, De Gasquet Jean-Bernard, Digelmann Patrick, Disableu Lucien, Dol Magali, Dupuy Sylvie, Egalon Marie-Alice, Ferro Jean-Pierre, Galindo Bernard, Gilbert Pierre Marie (conducteur du tracto-pelle intérimaire), Guillemette Pierre, Hermand Christian, Hivert Jacques, Jaget Elodie, Jaget Julien, Jaget Tristan, Laurier Françoise, Magne Anne-Marie, Marseille Véronique, Moniez Henri, Moniez Andrée, Ortiz-Vidal Roger, Paul Michel, Poletti Fabienne, Rauner Daddy, Rauner Fred, Rogeat Jacqueline, Roses Alain, Sanna Hélène et Thiry Jean.

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 494

Fig. n°1 : Vue du bassin

Auteur(s) : Borréani, Marc. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

MARC BORRÉANI COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 495

84 – Vaucluse

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 496

Apt – Caves du centre historique

Patrick de Michèle

Identifiant de l'opération archéologique : 8508

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : De Michèle Patrick (COL)

1 C’est à l’occasion de la remise en état de plusieurs caves sises dans le centre ancien, qui durant l’été 2007 avaient subi d’importants dégâts des eaux, que l’opportunité de pouvoir en visiter plusieurs, inédites, s’est présentée à nous. Certaines de ces caves devant faire l’objet d’une remise en état complète, plusieurs propriétaires ont pu, ainsi, être alertés sur la fragilité du potentiel archéologique qu’elles pouvaient receler.

2 Il est donc apparu d’une grande importance de procéder à une surveillance de ces divers travaux, afin d’en garantir le bon déroulement et par la même occasion de réaliser une étude architecturale complémentaire qui permettrait d’appréhender, comme pour le théâtre antique, l’emprise du centre monumental gallo-romain (BSR PACA, 2006, 2005, 2004, 2003, 2002, 2000 et 1999 ; voir rapports afférents à ces opérations déposés au SRA DRAC PACA).

3 En l’état de nos connaissances, l’architecture monumentale d’Apt est caractérisée par deux ensembles bâtis qui s’organisent de part et d’autre de la rue des Marchands, cette artère principale étant par tradition identifiée au decumanus maximus antique.

Au nord de la rue des Marchands : le théâtre

4 Au nord de la rue des Marchands et au nord de la cathédrale, les vestiges du théâtre occupent la quasi-totalité de l’espace. Ils s’inscrivent à l’intérieur d’une zone quadrangulaire bornée au sud par le massif de la cathédrale, à l’est par la rue Sainte- Delphine, à l’ouest par la rue Estienne-d’Orves et au nord par l’arc grossier que dessine la rue de la Juiverie. Ces vestiges architecturaux, répartis dans plusieurs espaces de caves, se caractérisent également par leur enfouissement qui les place entre 4 m et 5 m sous le niveau de circulation actuel (De Michèle, 2003).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 497

Au sud du théâtre : cour à portiques

5 Au sud du théâtre, la zone où se trouve actuellement la cathédrale était probablement occupée par un vaste espace pouvant correspondre à une cour à portiques telle que la décrit Vitruve : porticus post scaenam (Vitruve, De architectura, livre IV, ch. VI : 204-206).

6 Les deux niveaux de la crypte de la cathédrale située dans la partie médiane de cet espace épousent un mur circulaire dont plusieurs auteurs pensent qu’il pouvait appartenir à un bâtiment absidial (Barruol, 1968 : 105-116).

Au sud de la rue des Marchands : trois nefs

7 Au sud de la rue des Marchands, un ensemble bâti, composé de plusieurs travées parallèles se développe d’ouest en est sur près de 65 m, de la cave Viguier à l’ouest à un groupe de caves situé à l’est (actuellement en cours d’étude).

8 Ce vaste ensemble d’une grande homogénéité architecturale, se refermant à l’ouest et à l’est par deux murs puissants bordant deux axes de voirie nord-sud, l’un à l’ouest de la cave Viguier, l’autre place Jean-Jaurès, constituait un îlot monumental créant un effet de parfaite symétrie par rapport à l’axe du théâtre.

9 Au centre de l’îlot, dans les caves Guigou se trouve un ensemble de trois nefs remarquablement conservées, voûtées en plein cintre et d’égales dimensions (Fig. n°1 : Plan des structures antiques découvertes).

10 Nous sommes ici en présence de l’un des plus beaux ensembles conservés de l’Antiquité à Apt avec plus de 150 m2. L’axe central de direction nord-sud partageant de façon équidistante ces trois espaces s’inscrit parfaitement dans le prolongement exact de celui du théâtre et passe par le centre de la porte royale (valva regia), scindant de manière remarquable l’édifice de spectacle en deux zones parfaitement symétriques.

11 Les travaux de réfection engagés à l’intérieur de ces trois espaces, qui ont consisté pour l’essentiel en une évacuation de la boue qui avait envahi les caves, ont permis de progresser dans l’analyse des maçonneries, particulièrement au niveau des murs de cloisonnement antique. Nous avons retrouvé, comme pour le théâtre, quelques murs en opus caementicium dotés de blocs en grand appareil aux extrémités et au niveau des assises de fondation. Les parements de ces murs sont également réalisés avec des moellons de même nature et de mêmes dimensions ; les joints sont aussi soulignés au fer avec le même soin.

12 Les premiers éléments de datation (céramiques) issus des fondations de cet édifice placent le commencement des travaux durant la même période que ceux du théâtre, ce qui dans ce cas indique que cet ensemble appartient bien à un ensemble monumental dont la construction concertée est attribuable au début du règne des Julio-Claudiens.

13 Cet ensemble de trois nefs peut être interprété comme le probable soubassement (ou comme le podium) d’un temple, peut-être le Capitole dominant le forum de la cité.

14 DE MICHÈLE Patrick

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 498

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan des structures antiques découvertes

Auteur(s) : De Michèle, Patrick. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

PATRICK DE MICHÈLE COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 499

Bollène – Le Nogeiret, Grand-Galap

Joël-Claude Meffre et Jean-Luc Blaison

Identifiant de l'opération archéologique : 7915

Date de l'opération : 2006 - 2007 (EX) Inventeur(s) : Meffre Joël-Claude (INRAP) ; Blaison Jean-Luc (INRAP)

1 L’implantation d’une ZAC à l’ouest de la commune de Bollène, dans les quartiers de Nogeiret et de Grand-Galap, a entraîné une opération archéologique, menée par l’INRAP en décembre 2006 et janvier 2007.

Quartier de Nogeiret

2 La première phase d’intervention concerne un ensemble de parcelles du quartier du Nogeiret, à 200 m environ à l’est du ruisseau le Lauzon. Elles sont localisées dans la plaine du Rhône, dans une zone de limons très fertiles (cultures céréalières), constitués de dépôts de débordement anciens du Rhône et du Lauzon. Une cinquantaine de tranchées ont été réalisées dans les différentes parcelles, qui ont mis en évidence le principe de sédimentation du secteur ainsi qu’une zone concentrée d’occupation humaine datable du premier âge du Fer, sur une superficie d’environ 2 000 m2 ; elle doit s’étendre vers l’ouest, et notamment sous les parcelles sud.

3 Plusieurs structures d’occupation ont bien été identifiées, il s’agit de foyers constitués de radiers de galets circulaires (deux exemples) et de plusieurs fosses : une fosse avec pierres chauffantes, trois fosses dont une a été fouillée et comportait des dépôts de charbons et de céramique non tournée. On note aussi la présence de deux fours dont l’un, de petite taille, a été fouillé par moitié, sans qu’il ait livré de mobilier résiduel. L’autre four semble de grande taille ; un sondage a permis de récolter un abondant mobilier céramique ainsi que de nombreux restes de parois rubéfiés en torchis avec lissage. De nombreux trous de poteaux ont été repérés dont une série de six décrivant un arc de cercle.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 500

4 Enfin, dans une tranchée, quelques vestiges osseux humains semblent avoir appartenu à une sépulture.

5 Tous ces vestiges sont installés à 1,30 m de profondeur, sur un paléosol constitué d’une croûte de carbonate de chaux qui s’est développée sur les limons et qui offre une surface régulière et plane. Les vestiges protohistoriques ont été ensuite recouverts par des limons fins historiques gris et beiges.

Quartier de Grand-Galap

6 Dans les parcelles attenantes, vers l’ouest, quartier de Grand-Galap, les tranchées n’ont révélé que de très faibles traces d’occupation humaine, dans un niveau de limons d’apport du Lauzon. Elles prennent place dans une fourchette d’occupation atribuable à la Protohistoire, déjà largement attestée dans cette zone limitée de la moyenne vallée du Rhône, avec des vestiges du Bronze final, du premier âge du Fer et du second âge du Fer.

7 Les vestiges mis en évidence au cours de cette opération présentent sans nul doute un véritable intérêt archéologique qui est caractérisé par la diversité des structures (foyers, fosses, vestiges humains, fours, trous de poteau) et par leur concentration.

8 MEFFRE Joël-Claude et BLAISON Jean-Luc

9 Avec la collaboration de Dufraigne Jean-Jacques

AUTEURS

JOËL-CLAUDE MEFFRE INRAP

JEAN-LUC BLAISON INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 501

Buoux – Le Fort

Christian Markiewicz et Andreas Hartmann-Virnich

Date de l'opération : 2007 - 2008 (PC) Inventeur(s) : Markiewicz Christian (UNIV) ; Hartmann-Virnich Andreas (UNIV)

1 Deux importantes campagnes de déblaiement suivies d’une session d’étude ont inauguré en 2007 le programme de recherche pluriannuel et le projet de restauration du Fort de Buoux. Vaste ensemble défensif médiéval juché dans un contexte géologique grandiose sur un éperon détaché du Luberon, le Fort fut conçu selon les règles de l’éperon barré et offre un dispositif très élaboré qui associe, au sein d’une organisation cohérente, un système défensif complexe à un habitat semi-rupestre qui forme un des plus importants ensembles de son genre dans la région. Cédé à la commune à une date récente, le monument classé ruiné constitue à ces égards un fleuron du tourisme régional et un sujet d’étude encore largement inédit. Ce constat a incité la commune à inaugurer un ambitieux programme de mise en valeur et de restauration, soutenu par l’État et le département [programme confié à Didier Repellin. Parallèlement, Étude archéologique des vestiges est assurée par le LAMM UMR 6572, codirection de Christian Markiewicz, et Andreas Hartmann-Virnich. Pour la partie technique, architectes archéologues du bâti allemands (Institut für Architekturgeschichte, université de Stuttgart. Direction : Heike Hansen, Tilman Riegler) et d’ingénieurs de l’IGN (direction Daniel Schelstraete)].

2 La première année d’intervention s’est concentrée sur le secteur de l’église qui a fait l’objet d’un important travail de déblaiement, préalablement aux restaurations qui seront engagées en 2008. Durant quatre mois, une équipe constituée de techniciens archéologues a mené les opérations qui ont bénéficié de l’aide de nombreux bénévoles (association ARCHIPAL notamment) et d’un groupe d’adultes en réinsertion (Mission locale du Pays d’Apt) contractualisés par la commune.

3 Les travaux ont permis de mettre en évidence des interventions anciennes (XVIIIe s.) destinées à récupérer les matériaux de construction nobles. Ajoutées aux déblaiements réalisés dans les années 1970-1980 par des équipes de bénévoles, ces interventions expliquent l’absence presque totale de matériaux en connexion provenant de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 502

l’effondrement des parties supérieures au XIXe s. Quelques rares photographies datées des années 1960 témoignent de la conservation dans la nef de la corniche moulurée supportant le départ de la voûte.

Évolution et transformations au Moyen Âge

4 À l’issue des déblaiements, l’étude des élévations de l’église a donné lieu à de nombreuses observations qui mettent en lumière l’évolution progressive d’une église de la fin du premier âge roman dont le mur gouttereau nord prend appui sur un pan de mur appartenant à un édifice antérieur, attribuable à une phase plus précoce du XIe s., encore indéterminée (Fig. n°1 : La nef de l'église à l'issue des déblaiements). Construit en petit appareil irrégulier aux joints beurrés, ce vestige intègre une petite baie à ébrasement en pierre de taille soigneusement dressée et assemblée à joints fins.

5 Longue de 17 m et large de 5,70 m dans oeuvre, l’église qui vint remplacer ce prédécesseur énigmatique possédait une nef dont les murs en petits moellons assisés étaient percés de deux larges portes latérales, en l’absence d’une porte occidentale. Ces accès, murés postérieurement au gré des transformations de l’édifice, semblent avoir été surmontés d’un arc de décharge et d’un linteau supportant une maçonnerie, comme l’indique le portail nord, en meilleur état de conservation. Vers le sud, l’ouverture jouxtait probablement un édicule, dont l’existence présumée est suggérée par le départ d’un arc, et qui préfigure l’adjonction plus tardive d’une chapelle latérale.

6 À l’est, l’abside terminale semi-circulaire conserve un pavement dont la datation n’est pas établie avec certitude. L’épaisseur réduite des murs (0,60 m pour les murs gouttereaux et la façade ouest, 0,88 m pour le mur de chevet) et l’absence de renforts externes et internes incitent à restituer une charpente pour la nef et un cul-de-four en blocage sur coffrage pour l’abside.

7 Dès avant une importante transformation entreprise au XIIIe s. pour voûter la nef, l’édifice fit l’objet de plusieurs modifications suggérant une hiérarchisation des espaces intérieurs. Dans un premier temps, peu après l’achèvement de l’église de la fin du premier âge roman, l’ajout de deux piles adossées aux murs gouttereaux, destinées sans doute au soutien d’un arc triomphal, vint marquer la séparation d’une travée de choeur (Fig. n°2 : La travée du choeur fermée par le mur transversal et la chapelle latérale au second plan). C’est dans ce même contexte qu’il faut situer, dans le courant du XIIe s., l’adjonction d’une chapelle latérale au sud de la travée orientale de l’église, et dont la courte nef et l’absidiole bâties en appareil mixte ont été conservées sur une hauteur de près de 2 m sous les remblais. La création de cette annexe ouverte sur l’église par un passage aménagé dans le mur gouttereau témoigne d’une évolution des fonctions liturgiques, et soulève la question du statut de l’ensemble ecclésial pour lequel une double fonction, paroissiale et castrale, pourrait être envisagée. Cette chapelle latérale était ouverte dès sa création vers le sud, où elle conserve une porte étroite surélevée de près de 1 m par rapport au sol intérieur, car relié à un niveau de sol extérieur d’époque médiévale qui a été reconnu sous les pierriers.

8 L’élargissement à 3 m du passage de la chapelle à l’église nécessita le percement en sous-oeuvre du mur gouttereau pour créer un portail puissamment renforcé par des chemisages appareillés. Un double arc renforçait la structure et contribua à magnifier la chapelle dont l’importance est illustrée par la couverture en pierre de taille de l’absidiole, dont les dalles imbriquées et soigneusement agencées ont été retrouvées

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 503

dans les remplissages. L’extension de la surface du choeur rendue possible par l’adjonction des chemisages participe à la mutation. De cette phase datent le socle de l’autel retrouvé in situ ainsi que la table brisée (Fig. n°3 : Le choeur de l'absidiole et le socle de l'autel in situ).

9 De nouvelles transformations s’annoncent, avec l’ouverture d’une seconde porte dans la façade occidentale de la chapelle, suivie de l’adjonction dans le prolongement de la chapelle d’une grande salle voûtée, adossée à la nef romane de l’église sur toute la longueur de cette dernière. Dotée de quatre petites lucarnes, accessible à partir d’une porte créée dans l’angle sud-ouest et dépourvue d’un enduit étanche, cette vaste salle en partie enfouie et creusée dans la roche ne saurait été interprétée comme une citerne, à la différence de l’avis de différents auteurs, et doit plutôt être reliée à l’environnement qui suggère une fonction religieuse annexe (sacristie, espace prioral, salle d’accueil, salle des morts liée directement à une nécropole ?).

10 L’existence de ces constructions adossées au sud de l’église apporte un élément de chronologie relative. Elle explique l’absence de contreforts rendus indispensables lors de la construction de la voûte au XIIIe s. Au nord, ce sont en revanche quatre puissants massifs qui renforcent la superstructure romane et complètent dans le dispositif les chemisages intérieurs en pierre de taille, rythmés par des piles à ressauts qui supportent les arcatures aveugles brisées à double rouleau et les arcs doubleaux.

11 Lors de cette nouvelle transformation de l’église, les portes anciennes sont murées et un nouveau portail percé dans la façade occidentale partiellement remontée. Surélevé de 1,50 m par rapport au sol rocheux de la nef par l’intermédiaire d’un escalier interne, il nous informe à nouveau sur la topographie médiévale.

12 L’ouverture est surmontée d’un arc mouluré et les découvertes récentes permettent de restituer un larmier de belle facture.

13 En 1848, à l’occasion de l’effondrement de la porte, les historiens ont relevé une inscription gravée sur trois claveaux, qui a disparu depuis cette date.

14 La découverte de nouveaux éléments du portail met toutefois en question cette localisation de l’inscription dont le lien avec un des états successifs de l’édifice reste encore incertain. La construction de la voûte fut l’occasion de diviser l’espace en trois travées. L’absence de baies latérales, à l’exception de la lucarne dans le pan de mur primitif au nord, dut réduire l’éclairage aux seules fenêtres axiales, dont il ne reste toutefois aucune trace. Les matériaux en connexion provenant de la voûte, dont le sommet d’un arc doubleau et des lauses de la toiture, n’ont été observés que dans la travée occidentale et permettent de restituer le profil brisé du couvrement construit en pierre de taille et protégé par un couvrement lithique. Par ailleurs, un certain nombre de blocs moulurés découverts dans les déblais et aux abords appartiennent à la corniche qui marquait le départ de la voûte.

15 Le pavement conservé dans la travée de choeur, et limité exclusivement à cet espace de la nef, conforte l’idée d’une hiérarchisation. Le sol suggère l’existence d’une rupture de niveau délimitant la partie dallée qui a pu être protégée symboliquement d’une barrière liturgique légère. Le dallage a pu être créé au XIVe s. comme le suggèrent le mobilier céramique extrait des terres emplissant les joints ainsi qu’une monnaie pontificale.

16 Les dernières années d’utilisation de l’église pour l’époque médiévale sont illustrées par les vestiges d’un nouveau bâtiment adossé contre la façade occidentale et l’un des

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 504

contreforts. La porte de cette construction annexe communique directement avec l’entrée de l’église et le seuil est à nouveau surélevé par rapport à la surface du rocher qui constituait le sol de la pièce.

Époque moderne

17 Plusieurs témoignages archéologiques témoignent d’une activité au XVIe s., époque au cours de laquelle le Fort connut des troubles incessants pendant les conflits religieux. Un dépotoir observé devant l’entrée de la chapelle latérale, et répandu à la surface du sol médiéval, date de cette période.

18 Au cours de l’époque moderne, la construction d’un épais mur transversal à l’intérieur de l’église divise définitivement la nef en deux volumes distincts.

19 Cette construction énigmatique était vraisemblablement enduite ou masquée par des stalles de bois dans la partie orientée vers le choeur, comme le prouvent des incisions verticales d’accroche ou de scellement observées dans les piles latérales. Ce mur semble une nouvelle fois confirmer le statut privilégié de la travée de choeur définitivement cloisonnée. Elle pourrait toutefois également témoigner d’une réduction de la surface utile au cours d’une ultime période de présence sur le site, ou encore être lue comme un étrésillonnement de la construction, par ailleurs déjà renforcée à une date ancienne à la liaison du choeur et de la nef.

Bilan et perspectives

20 Les résultats des investigations archéologiques confirment le grand intérêt de l’église du Fort dont l’étude en cours sera suivie de nouvelles investigations indispensables préalablement aux travaux de restauration dont la nature sera précisée dans le cadre d’un Plan d’aménagement territorial et qui sont programmés pour les prochains mois.

21 La richesse des informations recueillies fait désormais apparaître l’édifice largement inédit sous un nouveau jour. Les nombreuses périodes de construction et de transformation qui s’enchaînent dans un temps relativement court posent en outre la question du statut de l’église. Si une fonction priorale, suggérée par l’organisation générale du complexe, reste plausible, on est tenté d’envisager une double utilisation castrale/nobiliaire et paroissiale, conformément à la distinction des espaces liturgiques. L’enquête sur ces thèmes majeurs souffre toutefois du manque de textes, les archives de la commune ayant été totalement détruites au XIXe s.

22 À terme, l’étude de l’église apportera des éléments essentiels à une meilleure connaissance du Fort dans son ensemble. L’ampleur de la tâche est grande et justifiera, au même titre que les restaurations, des années d’investigation. Les grandes fractures dans la chronologie, pressenties par les différents chercheurs et historiens qui ont étudié le site, sont désormais attestées et offrent un cadre de recherche d’un grand intérêt. L’église et ses bâtiments adjacents témoignent clairement d’une activité importante et vraisemblablement antérieure à la date de construction de la citadelle actuelle dont l’étude constructive, formelle et chronotypologique vient d’être reprise dans le cadre d’un travail de master.

23 Dédié presque exclusivement à la surveillance de la seule voie traversant le Luberon dans la région, le fort-citadelle apparaît avant tout comme une création isolée, doté de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 505

ses propres moyens de subsistance, de représentation et de défense qui lui confèrent les caractéristiques d’un village perché, tel qu’il apparaît en pays d’Apt dès la fin du Xe s. pour les mieux attestés. À ces thèmes de recherche s’ajoute la question d’une présence dès l’époque antique ou paléochrétienne, suggérée pour l’heure par un mobilier céramique caractéristique (DS.P.) et par de nombreux fragments de tegulae extraits des remblais. On ne pourra s’empêcher, à ce titre et à terme, de rapprocher le Fort et son église du site de Saint-Germain situé au pied de la falaise, qui a livré des témoignages évocateurs dont l’autel tabulaire daté du haut Moyen Âge qui est actuellement conservé dans l’église du village.

24 HARTMANN-VIRNICH Andreas et MARKIEWICZ Christian

ANNEXES

Fig. n°1 : La nef de l'église à l'issue des déblaiements

Auteur(s) : Markiewicz, Christian. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 506

Fig. n°2 : La travée du choeur fermée par le mur transversal et la chapelle latérale au second plan

Auteur(s) : Markiewicz, Christian. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°3 : Le choeur de l'absidiole et le socle de l'autel in situ

Auteur(s) : Markiewicz, Christian. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 507

AUTEURS

CHRISTIAN MARKIEWICZ UNIV

ANDREAS HARTMANN-VIRNICH UNIV

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 508

Cadenet – Oppidum de Castellar

Delphine Isoardi, Dominique Garcia et Florence Mocci

Identifiant de l'opération archéologique : 8237

Date de l'opération : 2007 - 2008 (FP) Inventeur(s) : Isoardi Delphine (AUT) ; Garcia Dominique (COL) ; Mocci Florence (CNRS)

1 Les premières fouilles archéologiques sur l’oppidum du Castellar ont débuté en juin 2007, faisant suite à la campagne 2006 de relevé des vestiges du rempart (BSR PACA, 2006 : 216-217). La responsabilité administrative et scientifique a été confiée à Delphine Isoardi (doctorante, université de Provence sous la direction de Dominique Garcia).

2 L’oppidum du Castellar est connu depuis le XVIIe s. par la découverte de vestiges de l’âge du Fer (stèles en gallo-grec et/ou empreintes de pieds, pilier à entailles céphaloïdes, monnaies), de la période romaine (notamment des dédicaces envers différentes divinités, dont des divinités locales, Dexiva et les Caudellenses, et un trésor de monnaies et parures : autant d’indices laissant envisager l’existence d’un sanctuaire sur le site).

3 Plusieurs sondages et tranchées de diagnostics ont été implantés sur des endroits stratégiques.

4 À ce jour, en combinant les données anciennes (mobiliers, éléments d’architecture et épigraphie) et les découvertes récentes (hors contexte ou en stratigraphie), l’occupation du site peut désormais plus précisément être circonscrite au IIIe s. et plus sûrement dès le IIe s. av. J.‑C. jusqu’aux Ier-IIe s. apr. J.–C. (voire le IIIe s. apr. J.–C.). Les datations radiocarboniques sont cohérentes d’une extrémité à l’autre du site (zone 5000/us 5012 : 200-20 av. J.–C. - zone 4000/us 4014 : 200-30 av. J.‑C.). On peut envisager un lotissement complet du site, avec mise en place du rempart et des structures dans un même temps. Notre déception vient de l’absence d’identification de structures bâties dans les zones sondées. L’hypothèse d’une occupation domestique reste à valider.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 509

5 L’objectif de 2008 sera de mettre au jour ces structures (de même, la question du temple à Dexiva se pose toujours) et également de continuer à documenter la fortification et ses composantes (dont la tour ronde du nord-est et le fossé) par de nouvelles excavations.

6 ISOARDI Delphine, GARCIA Dominique et MOCCI Florence

7 Des membres universitaires ou du CNRS ont collaboré à ces travaux : Dominique Garcia, Florence Mocci, Vincent Dumas, Maxime Dadure, Kevin Walsh. L’équipe de terrain était composée d’un panel varié d’étudiants en archéologie : Raphaël Golosetti, Maée Le Hir, Bérengère Pérez, Éric Pons, Jonhattan Vidal. Des fouilleurs bénévoles ont également participé à cette campagne (G. Perdreau).

ANNEXES

Fig. n°1 : Tranchée 1000 dans l'agger (extrémité nord-est, intra-muros)

Auteur(s) : Isoardi, Delphine. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 510

Fig. n°2 : Zone 7000 : courtine orientale, extrémité nord

Auteur(s) : Isoardi, Delphine. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°3 : Zone 8000 : fondations de la courtine orientale, extrémité nord

Auteur(s) : Isoardi, Delphine. Crédits : ADLFI (207)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 511

AUTEURS

DELPHINE ISOARDI AUT

DOMINIQUE GARCIA COL

FLORENCE MOCCI CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 512

Carpentras – La Quintine

Joël-Claude Meffre et Xavier Milland

Identifiant de l'opération archéologique : 8283

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Meffre Joël-Claude (INRAP) ; Milland Xavier (INRAP)

1 C’est en novembre 2007 qu’un diagnostic archéologique exécuté par l’INRAP a permis d’explorer une zone située au sud-ouest de la ville de Carpentras, en rive droite d’un cours d’eau nommé l’Auzon, occupant le milieu d’un petit bassin-versant très ouvert (alt. env. 60 m) et encadré de plateaux (quartiers de Marignane au nord et des Croisières au sud). Il s’agissait d’effectuer une série de sondages à la pelle mécanique sur plusieurs parcelles formant un seul ensemble plan en rive droite du ruisseau, dans une zone agricole caractérisée par la présence de l’arboriculture, de maraîchers et de pieds mères viticoles.

2 Vingt-quatre tranchées ont été réalisées, d’une vingtaine de mètres de longueur chacune pour une profondeur oscillant entre 1,10 m et 1,80 m, qui ont mis en évidence plusieurs séquences sédimentaires constituées de dépôts de limons fins gris à gris clair sur 1 m reposant sur des limons et argiles plus anciens, beige à jaune clair. Des graviers fluviatiles situés à partir de 2 m de profondeur ont été aperçus, notamment dans les sondages de l’est.

3 Il s’agit d’une zone humide qui a été progressivement colmatée durant la période historique par des apports latéraux provenant sans doute du versant nord. L’occupation humaine dans ce secteur reste très faible.

4 On notera cependant que dans la partie centrale du terrain la tranchée 8 a montré, sous le sous-solage agricole (à une profondeur moyenne de 0,80 m), l’existence d’une zone restreinte (10 m2) de quatre structures composées d’aménagements circulaires de galets et de cailloux avec rares charbons de bois, comportant des artefacts du Néolithique final : tessons de céramique – dont plusieurs formes : bords, panses avec préhensions – et silex taillés (lames, burin, grattoirs). La structure centrale (n° 1), excédant à peine 1 m de diamètre, a été en partie vidée de son contenu limoneux et a

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 513

montré qu’il s’agissait d’une fosse à fond plat ; elle était flanquée d’une petite concentration de tessons très abîmés par le sous-solage (n° 2) ; la structure occidentale (n° 3) présentait de nombreux galets brûlés ; enfin, la structure orientale (n° 4), offrant un agencement de galets et circulaires, elle a été partiellement vidée : elle contenait plusieurs meules dormantes en pierre et un broyeur. Ces structures étaient recouvertes d’un dépôt de limons remaniés ensuite par le sous-solage.

5 Une telle occupation humaine doit être mise en relation avec d’autres occupations semblables répertoriées dans la même région géographique.

6 MEFFRE Joël-Claude et MILLAND Xavier

AUTEURS

JOËL-CLAUDE MEFFRE INRAP

XAVIER MILLAND INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 514

Cavaillon – Place Philippe de Cabassole

Patrick de Michèle

Date de l'opération : 2007 (DF) Inventeur(s) : De Michèle Patrick (COL)

1 C’est en visitant les caves sud du restaurant le Pantagruel, situé 5 place Philippe de Cabassole à Cavaillon, que nous avons découvert en octobre 2007 les substructions d’un ensemble architectural gallo-romain en place. Une assise de fondation en grand appareil constituée de cinq blocs parfaitement alignés selon la direction est-ouest de la ville est apparue à la base du mur méridional de la cave (Fig. n°1 : Les structures antiques en place). Ces blocs, d’une épaisseur moyenne de 0,44 m, sont liés à joints secs et caractérisés par la présence de cadres d’anathyrose à leurs extrémités. Le premier bloc situé à l’est, noyé sous le mur oriental de la cave, a pour longueur lisible 0,79 m et dépasse du mur méridional d’environ 0,45 m.

2 Le second a pour longueur 1,10 m et dépasse du mur méridional de 0,55 m.

3 Le troisième bloc, qui mesure 0,75 m de longueur pour un dépassement du mur méridional de 0,49 m, présente un trou de louve sur sa face supérieure (7 cm x 11 cm).

4 Le quatrième bloc, lui aussi pourvu d’un trou de louve (7 cm x 11 cm), mesure 1,23 m de long et dépasse d’environ 0,62 m du mur sud de la cave.

5 Le cinquième et dernier bloc, enchâssé dans le mur occidental, mesure 0,43 m de long, dépasse du mur méridional de 0,43 m et présente également un trou de louve (7 cm x 11 cm).

6 Au total, cet alignement mesure donc environ 4 m.

7 Une assise d’élévation composée de deux blocs est conservée côté est.

8 Le premier bloc, engagé dans l’angle sud-est de la cave, conserve 0,60 m de hauteur et mesure 1,05 m de long ; il dépasse du mur méridional de 0,34 m.

9 Le second mesure 0,72 m de longueur et 0,69 m de hauteur, il dépasse du mur méridional d’environ 0,42 m.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 515

10 Cet ensemble monumental affleure vraisemblablement à 4 m sous le niveau de la ville moderne, ce qui indéniablement le rapproche des niveaux communément admis de la cité antique.

11 La zone urbaine – où se trouvent ces vestiges et l’immeuble Pantagruel qui les abrite – appartient au secteur historique le plus dense de la ville de Cavaillon avec, immédiatement au nord, la proximité de la cathédrale et de son quartier canonial, mais également la présence de vestiges antiques situés de part et d’autre de ce secteur : vestiges de l’axe nord-sud de la cité antique sous la Grand-Rue, vestiges de quartiers antiques à vocation résidentielle sous la place du Cloître et immédiatement au sud-est de l’immeuble Pantagruel.

12 La présence dans les caves du Pantagruel de ces éléments antiques inédits atteste l’existence à Cavaillon d’un ensemble monumental antique.

13 Même si, pour l’instant, cette zone n’a pas fait l’objet d’un recensement systématique du type prospection thématique comme par exemple la cité voisine d’Apt, il faut néanmoins souligner l’intérêt qu’apportent la visite et l’étude des espaces de caves, qui permet de rester vigilant quant à la conservation des vestiges antiques et d’inciter la population au respect ce patrimoine inconnu.

14 De MICHELE Patrick

ANNEXES

Fig. n°1 : Les structures antiques en place

Auteur(s) : De Michèle, Patrick. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

PATRICK DE MICHÈLE COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 516

Cavaillon – Les Hauts-Banquets

Patrick Reynaud, Gilles Ackx et Renaud Lisfranc

Identifiant de l'opération archéologique : 7997

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Reynaud Patrick (INRAP) ; Ackx Gilles (INRAP) ; Lisfranc Renaud (INRAP)

1 Le projet d’implantation d’une zone d’activités commerciales, au lieu-dit Les Hauts Banquets situé à 2 km au sud-est du centre de Cavaillon, a entraîné la mise en place d’une campagne de sondages archéologiques qui s’est déroulée du 9 juillet au 17 août 2007.

2 Cette opération concerne une emprise de 24 ha de plaine agricole durancienne, au nord de laquelle sont attestées des sépultures isolées, en particulier celles du chemin du Midi (BSR PACA, 2005 : 206-207 et rapport d’opération de Bruno Portet 2005, déposé au SRA DRAC-PACA) (Tallah, 2006 : 61-62).

Fosses à incinération

3 Dans la zone nord, les vestiges se rapportent au moins à trois fosses à incinération datables de la période augustéenne. La fouille exhaustive et l’étude archéoanthropologique d’une fosse a permis d’attester la présence d’un individu incinéré en place et le prélèvement probable d’une partie des résidus de crémation.

Puits, drains, fossés

4 Toujours dans cette même zone, plusieurs structures de datation incertaine (antique ?), parmi lesquelles un puits, trois drains empierrés et deux fossés orientés nord-sud (dont un situé en bordure des sépultures), ont été également repérées.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 517

Indices isolés

5 Des indices isolés attribuables à la période romaine sont aussi présents dans la zone sud. Ils concernent un fossé orienté nord-ouest–sud-est, un drain empierré est-ouest et des rejets de matériaux concentrés à l’intérieur et aux abords d’une dépression. Un petit lot de tessons de céramique et d’amphore, recueilli dans les sondages, situe le contexte aux Ier et IIe s. apr. J.‑C.

6 Bien que particulièrement diffuses, il faut signaler des traces d’occupations antérieures qui sont peut-être protohistoriques et/ou préhistoriques. Elles se rapportent à de menus fragments de céramique modelée appréhendés localement au sud-ouest de la zone méridionale. Dans ces secteurs, la nature des dépôts sédimentaires, accumulés dans de profondes cuvettes, évoque un milieu humide (marécage ?).

7 Enfin, un réseau de tranchées linéaires parallèles et des groupes disséminés de petites fosses, relatifs aux cultures d’époque moderne (et/ou contemporaine), ont été mis en évidence dans un grand nombre de parcelles.

8 REYNAUD Patrick, ACKX Gilles et LISFRANC Renaud

AUTEURS

PATRICK REYNAUD INRAP

GILLES ACKX INRAP

RENAUD LISFRANC INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 518

Cavaillon – Impasse Viala, rue Dupuy-Montbrun

François Guyonnet

Identifiant de l'opération archéologique : 8469

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Guyonnet François (COL)

1 Un projet de construction d’un foyer-logement pour personnes handicapées est à l’origine de sondages d’évaluation effectués par le Service d’archéologie du département de Vaucluse les 22 et 23 octobre 2007 dans une parcelle bordée par l’impasse Viala et la rue Dupuy-Montbrun.

2 Le site se trouve au coeur du centre ancien de Cavaillon, à proximité immédiate de la Grand’Rue dont l’axe est supposé être celui du cardo antique. Les découvertes archéologiques du début des années 1990 ont largement contribué à accroître nos connaissances sur les origines de la ville de Cavaillon. La meilleure illustration de cet apport de l’archéologie est la fouille de la place du Cloître, distante d’environ 100 m au nord de l’impasse Viala. Sur ce site, des niveaux d’occupation antérieurs à la conquête romaine ont été découverts et ont permis de relancer le débat sur le développement de la ville. Ainsi, l’idée reçue d’un abandon de l’oppidum de la colline Saint-Jacques au Ier s. av. J.‑C. au profit d’une agglomération de plaine créée ex nihilo est désormais écartée. Par conséquent c’est avec un certain optimisme que nous avons effectué quatre sondages sur un terrain d’une superficie d’environ 250 m2 (Fig. n°1 : Plan général du site).

3 Signalons que le site avait malheureusement fait l’objet de terrassements sur une profondeur de 1 m après la démolition des maisons implantées sur cette parcelle. La plupart des niveaux médiévaux et la partie supérieure de la stratigraphie antique ont pâti de ce décaissement sans surveillance archéologique, rendant désormais difficile l’analyse du site pour les périodes de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 519

Aire d’ensilage médiévale et jardin antique

4 Hormis un sondage négatif dont le résultat se limite au repérage d’une ancienne cave comblée, trois autres excavations ont livré des vestiges archéologiques assez surprenants.

5 Dans la partie méridionale du site, deux sondages ont fait apparaître des silos dont l’abandon pourrait être daté du XIe s. Ces seuls vestiges du Moyen Âge repérés sur le site peuvent être mis en perspective avec les observations de la place du Cloître où une vaste aire d’ensilage avait été exhumée en 1993. On peut légitimement se poser la question de la présence d’importantes aires de stockage dans ce secteur de la ville autour de l’an Mil (entrepôt privé, réserves collectives, etc.).

6 Les indices stratigraphiques et chronologiques concernant ces deux sondages sont très pauvres et n’apportent que peu d’informations pour les périodes antérieures au XIe s. Jusqu’à une profondeur conséquente (69,40 NGF ; 3 m sous le niveau de la rue), on rencontre une alternance de séquences stériles et de remblais qui auraient parfaitement pu s’adapter à une mise en culture.

7 Un constat s’impose : cette partie du site est probablement toujours restée libre de toute construction. Des jardins ont pu se développer à cet emplacement, subissant parfois les crues de la petite rivière du Calavon dont on peut reconnaître les dépôts alluvionnaires.

La voirie antique

8 Le quatrième sondage, implanté au nord du site, perpendiculairement à l’impasse Viala se démarque des deux précédents par la qualité des vestiges découverts. Un mur construit avec des blocs en grand appareil, disposés maladroitement sur une fondation de moellons liés à la terre, bordait une rue d’orientation nord-ouest – sud-est.

9 Cette rue, identifiée par ses imposantes recharges de gravier, est pourvue en son centre d’un collecteur principal, recouvert de dalles épaisses (Fig. n°2 : Rue antique avec collecteur central). Un égout secondaire, traversant la fondation du mur, vient se jeter dans le collecteur.

10 Ces aménagements de voirie et d’assainissement semblent avoir été réalisés aux environs du changement d’ère et ont nécessité la démolition de constructions préexistantes – peut-être des habitats protohistoriques – comme en témoigne un mur détruit et recouvert par la rue. Le mur bordant la voie est peut-être celui d’un bâtiment ou d’une construction annexe placée dans un jardin repéré plus au sud. Néanmoins, des enduits peints mouchetés, placés sur le parement intérieur, démontrent un grand soin apporté à la décoration de ce mur.

11 L’utilisation de cette rue ne paraît pas avoir dépassé le Ier siècle de notre ère puisque d’importants remblais viennent sceller l’ensemble pour une remise en culture du terrain. On peut s’étonner d’une durée si brève d’utilisation de cet axe mais qui corrobore – ou presque – les données apportées par des fouilles antérieures.

12 À l’évidence, dès le IIe s., la ville antique se rétracte et la plupart de ces quartiers septentrionaux sont abandonnés. Dans ce cas de figure, le processus serait plus précoce et inexpliqué. Un autre point, certainement plus intéressant, doit être souligné en

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 520

raison de son incidence sur les recherches concernant le réseau viaire antique. En effet, l’orientation de cet axe découvert n’est absolument pas conforme au schéma directeur défini à partir des fouilles anciennes.

13 La rue n’est pas perpendiculaire à la Grand’Rue ni à la voie découverte sur le site de la place du Cloître. Il ne s’agit pas d’une trame urbaine antérieure car la voie découverte au Cloître est en activité du IIe s. av. J.‑C. au IIe s. apr. J.–C. Dès lors, on peut s’étonner de cette surprenante découverte qui vient compliquer notre réflexion sur l’urbanisme antique de Cavaillon.

14 Dans le cadre d’une poursuite des investigations, il conviendra de répondre à quelques interrogations sur le tracé de cette voie : peut-elle correspondre à un second tracé directeur des rues antiques de Cavaillon ou s’agit-il d’un cas isolé de voie desservant une parcelle ou un îlot privilégié ?

15 GUYONNET François

16 Avec la collaboration de D. Carru, I. Doray, V. Faure, B. Portet et N. Duverger.

ANNEXES

Fig. n°1 : Plan général du site

Auteur(s) : Guyonnet, François. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 521

Fig. n°2 : Rue antique avec collecteur central

Auteur(s) : Guyonnet, François. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

FRANÇOIS GUYONNET COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 522

Cavaillon – Les Vignères

Kateline Ducat

Identifiant de l'opération archéologique : 8195

Date de l'opération : 2007 (SP) Inventeur(s) : Ducat Kateline (PRI)

1 Suite à un projet de lotissement dans le hameau des Vignères à Cavaillon, la proximité de la chapelle Notre-Dame, fondée au XIe s. et classée monument historique, a motivé en grande partie une fouille archéologique sur 825 m2.

Remploi de vestiges antiques et protohistoriques

2 Un remploi important de blocs calcaires équarris et la présence de terre cuite architecturale fragmentée indiquent l’existence de vestiges antiques (du type villa ?). De la céramique attribuée au second âge du Fer, prélevée dans un sondage au sein d’un horizon alluvionnaire – nous sommes ici à 3 km au nord du cours actuel de la Durance –, ne permet pas toutefois d’affirmer l’existence d’une occupation gauloise.

Occupation médiévale

3 Cette intervention a surtout mis au jour la partie occidentale d’une occupation médiévale datée des Xe et XI e s., concentrée à moins de 25 m de Notre- Dame des Vignères.

Bâtiment circulaire

4 Cette occupation se matérialise tout d’abord par une section de bâtiment de tracé circulaire. Il s’agit d’une élévation composite, formée d’un soubassement de pierres renforcé par des sablières basses sur lequel viennent se ficher des potelets verticaux

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 523

servant de support à une élévation de terre et bois. Des sépultures étaient disposées de part et d’autre du mur circulaire.

5 Si le mode constructif a été globalement compris, la question de la fonction d’un tel aménagement reste floue.

6 L’hypothèse d’un édifice lié à la fondation de la chapelle peut être avancée ; il peut aussi s’agir d’un habitat ou de tout autre bâtiment associé à l’exploitation rurale médiévale bien attestée par la fouille.

Bâtiment quadrangulaire

7 Un second ensemble est composé d’un bâtiment quadrangulaire en matériaux périssables d’abord, puis maçonné sur deux côtés, lié à l’artisanat, abritant des foyers successifs, auquel une aire d’ensilage peut être associée. Ces structures en creux ayant été vidangées, le mobilier céramique issu de leur comblement ne permet pas de connaître la nature de leur contenu, mais de dater leur abandon aux Xe et XIe s.

8 Le mobilier archéologique est rare et les sépultures étaient vierges de toute offrande. Il ressort toutefois une grande cohérence pour l’ensemble des objets recueillis et notamment des céramiques communes (grise diverse et à pâte rouge, claire engobée et kaolinitique) qui permettent de dater une occupation principale du site des Vignères autour de l’an Mil.

9 L’emploi de vaisselle en bois à cette période pourrait expliquer le peu de céramiques retrouvées. S’ajoutent à cela quelques pesons, fusaïoles, fragments de tabletterie, du verre, le tout venant confirmer la même fourchette chronologique. La nature du mobilier témoigne de l’activité de tissage et la présence de structures de combustion appuie l’idée d’une communauté rurale bien établie, vivant en partie de l’agriculture. Plusieurs phases de l’exploitation céréalière sont représentées sur le site : le séchage ou grillage du grain par l’intermédiaire d’aires de combustion, le stockage en milieu confiné dans des fosses silos, et la cuisson de pain par la présence de foyers.

10 En complément des céréales, la population des Vignères semble bénéficier d’une alimentation carnée diversifiée, grâce à l’élevage (moutons principalement, chèvres, éventuellement bovins et volailles) dont elle sait tirer profit des produits dérivés (lait, peaux, os pour la tabletterie).

11 Pour le coeur du Moyen Âge, deux fragments de cruche (type Uzège) associés à un solin peuvent être rapprochés de l’occupation des XIIIe et XIVe s. par les hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, époque où un hôpital est installé à côté de la chapelle.

12 Enfin, de la faïence fine du XIXe s. et de la céramique engobée et glaçurée en petit nombre dans les couches supérieures attestent la fréquentation du lieu aux époques modernes et contemporaines, sans toutefois qu’on puisse en préciser davantage. On sait par ailleurs d’après les textes anciens que le village renaît au XIXe s.

13 Cette fouille a permis d’apprécier un mode de construction élaboré à travers le large solin en quart de cercle portant des négatifs de matériaux périssables, ce qui souligne une certaine monumentalité de ce bâtiment comparativement à celui dédié à l’artisanat. Plus généralement, cette opération a su renseigner sur les abords de la chapelle Notre-Dame des Vignères à une époque qui n’a laissé que des empreintes fugaces dans les sources écrites locales. En ce sens, le site des Vignères constitue un

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 524

apport non négligeable de connaissances d’une occupation rurale du haut Moyen Âge dans la vallée de la Durance, jusque-là archéologiquement peu documentée.

14 Enfin, l’objectif premier qui était d’appréhender la genèse et le développement de l’habitat autour de Notre-Dame des Vignères à la charnière de l’an Mil a pu être atteint, même s’il subsiste de nombreuses interrogations. Seuls des sondages dans le périmètre immédiat de la chapelle seraient en mesure d’évaluer précisément l’emprise et la densité de cette occupation médiévale, pour laquelle cette opération a d’ores et déjà livré d’éloquents vestiges.

15 DUCAT Kateline

AUTEURS

KATELINE DUCAT PRI

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 525

Cavaillon – Mikvé (ou bain rituel juif)

François Guyonnet

Identifiant de l'opération archéologique : 8367

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Guyonnet François (SRA)

1 Dans le centre ancien de Cavaillon, en bordure d’étroites ruelles piétonnes, subsiste un ensemble remarquable de constructions, ultime témoin de la présence d’un quartier juif.

2 Au fond d’une rue au nom évocateur de « rue Hébraïque », s’élèvent encore plusieurs bâtiments de l’ancienne « carrière » de la communauté judéo-comtadine de Cavaillon. On peut encore admirer une splendide synagogue, l’une des plus anciennes de France, achevée en 1774 et classée monument historique ainsi que deux immeubles mitoyens presque contemporains.

3 C’est sous une cour située à proximité de la synagogue, qu’un couple d’érudits, les Jouve, a identifié au début du XXe s. un mikvé, ou bain rituel juif. Aujourd’hui le bain est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques et va prochainement faire l’objet d’une procédure de classement.

4 Pour les besoins du dossier de protection, une première étude archéologique a été confiée au service d’Archéologie du département de Vaucluse. Celle-ci, réalisée en mars 2007, propose de premières hypothèses sur la chronologie du bain rituel et la restitution de son architecture. Désormais il est admis que le mikvé de Cavaillon a été construit au Moyen Âge – un constat qui permet de s’interroger sur les origines du quartier juif.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 526

La communauté juive de Cavaillon

5 Dans les réserves du musée municipal est conservé l’un des plus anciens témoignages d’une présence juive en France : découverte à Orgon d’une lampe à huile antique, décorée d’une menorah qui pourrait être mise en relation avec une vieille légende médiévale selon laquelle des exilés juifs palestiniens auraient abordé les côtes de Provence après la destruction du temple de Jérusalem en 70 apr. J.‑C.

6 Si des populations juives vivent en Provence depuis au moins le Ier siècle de notre ère, il faut attendre le XIIIe s. pour qu’une telle confirmation soit assurée, lorsqu’une enquête sur les biens d’Alphonse de Poitiers, entreprise entre 1268 et 1269, révèle la présence de Juifs dans plusieurs localités du Comtat dont Cavaillon.

7 À la différence d’Avignon ou de Carpentras, tout porte à croire que le quartier juif de Cavaillon a toujours été à son emplacement actuel puisque aucun transfert n’est connu. Dans la topographie de la ville aux XIIe s. et XIIIe s., la juiverie de Cavaillon se situait intra-muros, en bordure orientale du centre, près de l’enceinte romane. Cependant, le quartier n’est pas exclusivement réservé aux juifs ; des chrétiens peuvent y demeurer et réciproquement des juifs possèdent des maisons en d’autres points de la ville.

8 À partir du XIVe s., la vie du quartier est ponctuée d’émeutes anti-juives qui vont pousser les autorités pontificales à réactualiser une règle de séparation stricte entre chrétiens et juifs. C’est à Cavaillon en 1453 qu’eut lieu dans le Comtat la première délimitation précise de l’habitat juif groupé autour de la rue de la Juiverie (rue Hébraïque) désignée comme la « carrière des juifs ». Dès lors, ce terme de « carrière » (rue en provençal) va désigner le quartier juif et la communauté qui l’habite.

9 Le choix de ce regroupement forcé a vraisemblablement porté sur la rue dans laquelle se trouvaient la plus grande concentration de familles juives et les équipements rituels. C’est dans cette carrière surpeuplée que se déroulera la vie de la communauté juive de Cavaillon jusqu’à la Révolution.

Le bain rituel ou mikvé

10 Le mikvé (en hébreu, mikva ou mikveh) est en théorie le premier aménagement cultuel qu’une communauté juive doit établir près de son lieu de vie. En comparaison, la synagogue semble secondaire puisque n’importe quel espace assez vaste peut être utilisé pour le culte.

11 Dans la législation rabbinique, le bain est lié à la notion de pureté et d’impureté dont l’origine remonte aux temps bibliques lorsque le grand prêtre du temple de Jérusalem devait accomplir ses fonctions dans un état de pureté parfaite.

12 C’est vers 200 apr. J.‑C. que se développent dans la législation de la Mishnah les instructions précises pour la purification. Les femmes en âge de procréer doivent impérativement s’immerger complètement dans le bain sept jours après la fin de leurs menstruations. Ainsi, elles redeviennent pures grâce à ce rituel de l’immersion qui symbolise la renaissance du corps et de l’esprit et peuvent à nouveau s’offrir à leur conjoint.

13 Le mikvé de Cavaillon se présente actuellement sous la forme de deux caves lugubres, dont la première est située sous la cour et la seconde disposée partiellement sous une

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 527

maisonnette construite à la fin du XIXe s. Ces caves, voûtées en berceau et édifiées avec une maçonnerie de qualité médiocre, sont des pièces annexes (vestiaires) du mikvé moderne.

14 Probablement bâties au XVIIIe s. lorsque la communauté a entrepris la reconstruction de la synagogue et de plusieurs immeubles limitrophes, ces deux pièces conservent en élévation des vestiges plus anciens.

15 On distingue, d’une part, un mur pouvant appartenir à des pièces annexes antérieures et plusieurs puits dont certains pouvaient avoir une fonction rituelle. D’autre part, au fond de la première salle, se trouve le bain de plan presque rectangulaire (4 m x 2 m).

16 La majeure partie de la superficie du bain est occupée par deux volées d’escalier dont les degrés proviennent de la récupération d’un escalier à vis (Fig. n°1 : Vue du bain).

17 La descente dans le bain s’effectue jusqu’à une profondeur de 4,70 m par rapport au sol de la pièce et l’escalier était à l’origine à moitié immergé. Les degrés en remploi indiquent une reconstruction de l’escalier dont l’emplacement n’a cependant pas varié.

18 Trois des murs latéraux du bain conservent une partie d’élévation médiévale en pierre de taille où l’on observe deux marques lapidaires, maladroitement gravées dans le calcaire coquillier jaune provenant des carrières des Taillades.

19 Le mur nord du bain présente le plus d’intérêt pour l’architecture d’origine : un important dénivelé entre les parties est et ouest du mur atteste l’invariabilité de la pente d’escalier. En outre, une trace d’arrachement placée au centre indique qu’il existait une séparation interne dans le bain, probablement percée d’une arcade, qui permettait également d’établir deux niveaux distincts de couverture. Ce décrochement dans les élévations en pierre de taille pourrait également s’expliquer par la destruction de deux voûtes en berceau, dont le départ aurait pu se situer sur la dernière assise conservée. La première aurait couvert la partie la plus profonde du bain, tandis que l’autre, d’une moindre ampleur, aurait couvert la deuxième partie de l’escalier.

20 L’analyse des élévations du mikvé médiéval de Cavaillon est encore très difficile (Fig. n°2 : Relevé des élévations du bain). Néanmoins les quelques pistes de recherche développées au cours de cette étude pourront à l’avenir être prolongées lors d’investigations complémentaires.

21 La ville de Cavaillon possède un des plus anciens mikvés conservés sur le territoire national ; désormais un travail de comparaison avec d’autres bains médiévaux, en particulier avec celui de Montpellier (XIIe s. et XIIIe s.), pourra s’effectuer.

22 GUYONNET François

23 Avec la collaboration de LAVERGNE David et PORTET Bruno

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 528

Fig. n°1 : Vue du bain

Auteur(s) : Guyonnet, François. Crédits : ADLFI (2007)

Fig. n°2 : Relevé des élévations du bain

Auteur(s) : Guyonnet, François. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

FRANÇOIS GUYONNET SRA

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 529

Lauris – Terrasses du Château

Christian Markiewicz

Identifiant de l'opération archéologique : 8425

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Markiewicz Christian (SUP)

1 La campagne de sondages archéologiques réalisée sur le site des terrasses du château de Lauris entre dans le cadre d’une étude pluridisciplinaire confiée, après consultation par la commune, à une équipe d’experts dirigée par Claude Pribetich-Aznar, architecte du patrimoine.

2 Initiée par un programme de restauration des abords du château, de remise en fonctionnement des fontaines et bassins et de développement du conservatoire des plantes tinctoriales, l’étude a réuni des historiens des jardins, des architectes du patrimoine, des hydrogéologues et des archéologues.

3 L’intérêt prioritaire de la mission a résidé dans la nécessité de renseigner les partenaires sur la question des réseaux hydrauliques, (re)créés au XVIIIe s. à l’emplacement de jardins puis remaniés plus récemment durant l’occupation du site par une communauté religieuse. La localisation des sondages a été précisée par le cabinet Hydrosol Ingénierie intégré à l’étude.

4 La campagne a permis de réaliser, à l’aide d’une minipelle, dix-huit sondages ou tranchées de faible longueur. La profondeur est réduite en raison de la masse des comblements géologiques stériles utilisés principalement pour constituer les terrasses. Les résultats obtenus sont globalement positifs et permettront de mieux appréhender la question des réseaux du XVIIIe s., malgré les transformations récentes qui ont, dans certains cas, effacé les traces anciennes.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 530

Les réseaux hydrauliques

5 La zone intéressée par les investigations couvre les trois terrasses supérieures soutenues par de puissants murs de soutènement.

6 La terrasse supérieure est dominée sur toute sa longueur par l’escarpement naturel sur lequel est juché l’ancien village médiéval. Latéralement, la maison Aubert avec sa façade écran du XVIIIe s. limite la parcelle et répond en vis-à-vis au château (Fig. n°1 : L’ensemble des terrasses vues depuis le château, au second plan la façade écran du XVIIIe s. de la maison Aubert). Un bassin collecteur circulaire matérialise le point de départ sur cette terrasse supérieure du dispositif hydraulique.

7 Sous la rampe d’accès conduisant à la seconde terrasse, un bassin ovale et une première fontaine monumentale occupent la partie nord-ouest.

8 En contrebas et vers le sud-est, le réseau aboutit en fin de parcelle à une seconde fontaine murale qui surplombe d’une dizaine de mètres la parcelle mitoyenne. Un dénivelé de 13 m est mesuré entre le collecteur principal et cette fontaine.

9 Sur la troisième terrasse, qui marque la limite de la zone sondée, une série de quatre bassins complète le dispositif : ils sont alignés selon un axe nord-ouest – sud-est et sont adossés au soutènement maintenant la seconde terrasse.

10 Les données restent trop lacunaires pour restituer avec précision le fonctionnement du système et le choix de positionnement des sondages prévus pour cette opération archéologique modeste, autant que leur taille, n’ont pas toujours permis d’éclaircir les questions. Au final, les observations ciblent deux secteurs majeurs qui sont situés aux extrémités des jardins et qui nous renseignent sur le captage général des eaux, leur répartition à partir du collecteur principal puis l’évacuation par le biais d’une surverse située en fin de parcours. Chaque secteur met en évidence deux réseaux.

11 Au départ, les canalisations parallèles en terre cuite alimentent les réservoirs et bassins situés en aval. À l’extrémité du dispositif, une canalisation assurait l’alimentation de la fontaine inférieure ornée d’un masque de Neptune et achève le schéma en partie inférieure. Une seconde canalisation avait une fonction d’évacuation et aboutissait à un drain positionné au bas de la terrasse intermédiaire. On peut penser que cette double fonction caractérise le dispositif et permet d’envisager un système relativement simple constitué d’un nombre limité de conduites doublées de regards répartiteurs situés à des points-clés et d’une surverse placée en fin de tracé.

12 Les différents aménagements ont renseigné sur la question des niveaux de sol

13 Sur la terrasse intermédiaire, la recharge est peu importante et résulte de la création récente du jardin des plantes tinctoriales ayant nécessité un apport en terre végétale. Le niveau de sol du XVIIIe s. est clairement identifiable dans les sondages et peut être restitué à moins de 50 cm sous le niveau actuel.

14 Sur la terrasse supérieure, le regard découvert à l’occasion du creusement des trous de plantation se situe à 64 m sous la surface. La restitution du niveau de sol du XVIIIe s. permet de connaître l’aspect initial de la terrasse haute.

15 Outre la hauteur plus importante du parapet de protection, il est possible de reformuler l’image de la façade écran de la maison Aubert dont les portes jumelles, partiellement enfouies, ont été redécouvertes en janvier 2007 à l’occasion des premiers terrassements.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 531

16 MARKIEWICZ Christian

ANNEXES

Fig. n°1 : L’ensemble des terrasses vues depuis le château, au second plan la façade écran du XVIIIe s. de la maison Aubert

Auteur(s) : Markiewicz, Christian. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

CHRISTIAN MARKIEWICZ SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 532

Malaucène – Saint-Martin

Vanessa Léa

Identifiant de l'opération archéologique : 8211 et 7863

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Léa Vanessa (CNRS)

1 Le bilan documentaire réalisé dans le cadre du PCR « Sites producteurs et sites consommateurs durant le Chasséen en Vaucluse : gestion des silex bédouliens / périodisation chronoculturelle » (2003-2007) a permis de cibler les sites les plus à même de répondre aux problématiques développées au sein du projet (Léa, 2005). Ces questionnements ont trait au développement des spécialisations artisanales et abordent les contextes de production des industries lithiques spécialisées qui ont diffusé dans tout le midi de la France et ses marges pendant le Chasséen.

2 L’un des objectifs était de trouver un site producteur et exportateur d’industrie lithique, site alors totalement inconnu (Léa, 2004 ; Léa et al., 2004 ; 2007).

3 C’est ainsi que l’étude de l’ancienne collection de L. Gauthier au lieu-dit Saint-Martin, détenue à la mairie de Sainte-Cécile-les-Vignes, nous a alerté sur la présence d’un atelier producteur dont la bonne conservation et le potentiel ont été évalués lors de l’opération de sondages menée en 2006 (rapports sous la direction de Vanessa Léa déposés à la DRAC SRA-PACA, et BSR PACA, 2006 : 237).

4 En 2007, une première campagne de fouilles a été réalisée sur le site de Saint-Martin. Celui-ci prend place sur le versant de la rive droite de la petite rivière du Groseau, en contrebas de la route menant de Malaucène à Vaison-la-Romaine. Le bassin-versant de ce cours d’eau s’inscrit à cet endroit dans les séries sédimentaires essentiellement sableuses et marneuses du Miocène. Quelques kilomètres plus au sud s’élèvent, avec le mont Ventoux, les calcaires du Crétacé inférieur. Le site s’étend sur plus de 1 ha et les niveaux chasséens apparaissent entre 0,80 m et 2 m sous la surface du sol, expliquant l’extraordinaire état de conservation des paléosols (étude de J.‑L. Brochier). L’épaisseur de l’horizon sédimentaire chasséen varie entre 0,40 m (dans la partie haute du champ) et 0,65 m (dans la partie médiane du champ).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 533

5 Cette année, une fenêtre de 100 m2 a été ouverte dans la partie médiane du champ. Elle se situe entre les sondages IX et X réalisés en 2006 et qui avaient révélé la présence d’une part d’un niveau exceptionnellement riche en lithique (sondage X) et d’autre part d’un four polynésien (sondage IX). Sur la presque totalité de la surface décapée, un niveau extrêmement riche de mobilier lithique et céramique, comportant de la faune, du matériel de broyage et de l’industrie polie, a été découvert. Deux briquettes de terre crue (en cours d’analyse) ont de même été identifiées. Les limites de ce niveau semblent apparaître vers l’ouest. Pour l’heure, il semble difficile d’interpréter ce niveau riche de matériel archéologique (s’agit-il d’un radier ?).

6 La fouille plus poussée d’une bande de 11 m de long orientée ouest-est a permis de montrer la présence, sous ce niveau, dans la partie est de la fenêtre, d’une structure en creux scellée par des meules brûlées et brisées. Cette structure pourrait annoncer une sépulture comme cela est parfois le cas sur les sites chasséens de la Drôme (travaux d’A. Beeching). Sa fouille est prévue en 2008. Une autre structure en creux a été mise au jour dans la partie ouest. La quantité de mobilier prélevée est très importante (inventaire en cours). Il est intéressant de noter la présence de plusieurs préformes correspondant à celles identifiées dans la collection des prospections de L. Gauthier. Ces éléments sont donc pour la première fois retrouvés en contexte.

7 La campagne de 2007 a confirmé la présence d’un site très bien conservé. Les déchets de l’atelier de production sont extrêmement bien représentés et leur étude apportera des informations totalement inédites sur les processus de fabrication des industries lithiques spécialisées chasséennes. Des témoins d’un habitat ont de même été mis au jour : céramique, faune, matériel de broyage, briquettes en terre crue, etc. Ces indices sont primordiaux pour la compréhension des contextes de production. Il semble que nous ayons en effet là les éléments de réponse à l’une des questions posées concernant les contextes de production : l’activité de production lithique spécialisée s’intègre-t-elle dans le cadre de l’exploitation des terroirs agropastoraux ? Or, Saint-Martin est le premier site de ce type qui pourra être fouillé pour alimenter ces problématiques.

8 LÉA Vanessa

9 PCR coordination : V. Léa. Membres du PCR : D. Binder, B. Gassin, C. Lepère, L. Bouby, J.- L. Brochier; I. Carrère, M. Castan, F. Convertini, C. Devalque, K. Gernigon, É. Thirault, C. Georjon, M. Grenet, S. Renault et I. Sénépart.

AUTEURS

VANESSA LÉA CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 534

Monieux – Coulet des Roches

Évelyne Crégut-Bonnoure

Identifiant de l'opération archéologique : 8280

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Crégut-Bonnoure Évelyne (MUS)

1 Le Coulet des Roches, localisé en bordure des hauts plateaux du Vaucluse (Monieux), est situé à un peu plus de 3 km au nord-ouest du village de Sain-Jean-de-Sault. Cet aven s’ouvre à 788 m d’altitude, dans une zone karstique riche en cavités spéléologiques, archéologiques et paléontologiques. Il a été vidé de son contenu dans les années 1970.

2 S’ouvrant directement à même le sol par une ouverture d’environ 4 m x 2 m, il s’élargit rapidement. Son développement vertical atteint 9 m au centre d’une grande salle de 10 m de long sur 5 m de large en moyenne orientée nord-est – sud-ouest. Vers le sud se trouve un puits étroit de 7 m menant au point bas de la cavité qui est à 16,50 m de profondeur.

3 Une visite de ce site a permis de repérer du matériel fossile ainsi que deux couches encore en place. La campagne 2007 permet de mieux préciser l’histoire du remplissage et de le situer chronologiquement.

Le remplissage

4 Les observations des spéléologues, l’étude géologique des deux coupes nord et sud laissées par leurs travaux de désobstruction ainsi que l’analyse d’un important placage sur la paroi ouest indiquent qu’au moins quatre types de dépôts ont existé dans le site. • à la base, un éboulis rocheux stérile (ensemble 3) est constitué à partir des parois de l’aven. • Un ensemble moyen (ensemble 2) ayant envahi le précédent est formé essentiellement par l’accumulation de fragments de calcaire de petite granulométrie. Il subsiste sur une surface d’environ 25 m2. • Un ensemble supérieur (ensemble 1) conservé dans le secteur sud et sud-ouest, subdivisé en deux niveaux. L’inférieur est le plus visible en raison de sa couleur noirâtre liée à

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 535

l’abondance des charbons ; il s’étendait largement sur une grande partie de la surface de l’aven comme le laisse supposer sa trace sur la paroi ouest. Il présente localement une organisation nette (cellules formant un maillage) dont l’origine reste à éclaircir (fentes de rétraction dues à des combustions ? fentes de dessiccation ?). La composition du niveau supérieur varie en fonction de sa position dans l’aven. À proximité des parois, il est formé presque uniquement de blocs provenant du délitage de la roche et souvent fortement concrétionnés ; la phase de concrétionnement est donc postérieure au dépôt de la couche noire. Lorsqu’on s’éloigne des parois, ce niveau supérieur se charge en limons argileux apportés par des ruissellements extérieurs. • Un ensemble terminal constitué de blocs rocheux, totalement enlevé par les spéléologues correspond à une obstruction artificielle en relation avec l’exploitation agricole du propriétaire du terrain. Il s’étendait en profondeur jusqu’à 5 m.

5 Le sondage réalisé à l’aplomb de l’ouverture, dans l’ensemble moyen, a mis en évidence un niveau fossilifère entre les cotes -2,08 m et -2,18 m. Il peut être repéré latéralement au niveau des coupes.

Les déblais extérieurs

6 Les déblais ont été répartis par les spéléologues en trois tas à proximité de l’ouverture de l’aven. Deux d’entre eux représentent l’ensemble terminal et ont livré de la faune domestique récente. Le tas le plus grand, bordant l’ouest de l’ouverture, est constitué par les sédiments des ensembles 1 et 2.

7 Son tamisage a fourni de nombreuses pièces paléontologiques, une riche microfaune ainsi que des tessons de céramique.

La céramique

8 Une dizaine de tessons de céramique non tournée a été découverte dans la partie basale du cône de déblais ouest, dans la couche « terreuse ». Un examen préliminaire a permis de reconnaître deux éléments caractéristiques : • le premier correspond à un fragment de panse qui présente un mamelon de préhension ovalaire assez bien dégagé, de 2 à 3 cm, typologiquement assez spécifique du Néolithique régional. • le second correspond à deux fragments d’un bord de récipient dont la délinéation de la lèvre présente un grande irrégularité ; cette céramique, qui présente un cordon pré-oral digité, évoque les périodes protohistoriques au sens large (âge du Bronze ou premier âge du Fer).

9 Ces éléments sont malheureusement insuffisants pour définir le type d’utilisation de cet espace naturel par l’Homme.

La faune

10 Un total de 54 taxons (29 mammifères, 5 amphibiens, 11 reptiles, 9 oiseaux) a pu être identifié. • L’ensemble 1 a fourni 25 restes de mammifères, 5 d’amphibiens, 11 reptiles, 9 oiseaux :

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 536

11 Homo sapiens (homme), Canis lupus (loup), C. familiaris (chien), Vulpes vulpes (renard), Mustela nivalis (belette), Mustela foina (fouine), Meles meles (blaireau), Lynx sp. (lynx), Felis silvestris (chat sauvage), Sus scrofa ssp. (sanglier ou cochon), Cervus elaphus (cerf élaphe), Capreolus capreolus (chevreuil), Bos sp. (boeuf domestique ou sauvage), Ovis aries (mouton), Lepus europaeus (lièvre), Oryctolagus cuniculus (lapin), Chionomys nivalis (campagnol des neiges), Arvicola terrestris (campagnol terrestre), Microtus sp. (campagnol), Apodemus sylvaticus (mulot sylvestre), Eliomys quercinus (lérot), Glis glis (loir), Sciurus vulgaris (écureuil roux), Sorex araneus (musaraigne carrelet), Talpa europea (taupe), Oiseaux, Salamandra salamandra (salamandre tachetée), Pelodytes punctatus (pélodyte ponctué), Bufo bufo (crapaud commun), B. calamita (crapaud calamite), Ranidae (groupe des grenouilles vertes et brunes), Lacerta (Timom) lepida (lézard ocellé), Lacerta bilineata (lézard vert), Lacertidae indéterminé, Chalcides cf. striatus (seps strié), Anguis fragilis (orvet), Malpolon monspessulanus (couleuvre de Montpellier), Coronella cf. girondica (coronelle girondine), cf. Rhinechis scalaris (couleuvre à échellons), Natrix natrix (couleuvre à collier), Natrix cf. maura (couleuvre vipérine) et Vipera aspis (vipère aspic), vautour indéterminé, Tetrao urogallus (grand tétras), Perdix perdix (perdrix grise), Columba sp. (pigeon), Hirundo sp. (hirondelle), Turdus sp. (merle), Passériformes indéterminés (taille Fringillidés et Sylviidés), Corvus sp., Pyrrhocorax graculus (chocard à bec jaune), Gastéropodes. • De l’ensemble 2 proviennent 6 grands mammifères et 1 oiseau :

12 C. lupus (loup), Equus sp. (cheval sauvage), C. elaphus (cerf élaphe), Capra ibex (bouquetin), Rupicapra rupicapra (chamois), Marmota marmota (marmotte), P. pyrrhocorax (crave à bec rouge).

13 Il faut ajouter des restes de Chiroptères pour l’instant non repérés en stratigraphie : Rhinolophus ferrumequinum (grand rhinolophe), Myotis myotis (grand murin), Myotis myotis / blythii (grand / petit murin), Barbastella barbastellus (barbastelle), Myotis sp. (murin indéterminé de taille moyenne).

14 D’un point de vue biochronologique, l’ensemble 2 montre des analogies avec la couche E du site de l’aven des Planes, distant de 3 km, par la présence du cheval, daté de 13 600 BP et de la marmotte (BSR PACA, 2005 : 210 ; 2006 : 224-225). Il s’en distingue par l’absence du renne et par l’existence du bouquetin et du chamois : une différence d’âge entre les niveaux de base de ces deux localités pourrait en être la cause mais le paramètre géographique peut aussi être incriminé : le Coulet des Roches se trouve en bordure du Vallat du Loup et des gorges de la Nesque qui présentent des parois escarpées favorables aux espèces rupicoles tandis que l’aven des Planes se trouve sur le plateau du Défens, en bordure du fossé de Sault, deux milieux peu accidentés et appréciés par les espèces « de plaine » telle le renne. Il semblerait qu’à l’aven du Contadoux, localisé à l’ouest du Coulet, à environ 3 km, un niveau comparable a dû exister du fait de la présence de cheval et de marmotte.

15 Pour l’instant, l’hypothèse la plus vraisemblable est que cet assemblage date du Tardiglaciaire.

16 En effet, la morphologie dentaire du bouquetin est distincte de celle des individus mésolithiques de Gramari, plus compatible avec le morphotype de l’Adaouste caractérisant les populations contemporaines de la culture magdalénienne. La présence d’Equus arcelini confirme cette datation.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 537

17 L’association cheval-marmotte tout comme celle du bouquetin et du chamois est symptomatique d’un environnement ouvert et d’un climat frais. Les rares données sur la flore vont dans ce sens.

La flore

18 Des données sur la végétation sont aussi disponibles grâce aux analyses palynologiques et anthracologiques.

19 Dans l’ensemble 1 ont pu être identifiés : Quercus (chêne) caducifolié, Juniperus communis (genévrier commun), Sorbus aria (alisier blanc), Acer campestre (érable champêtre) et Pinus type sylvestris (pin du groupe anatomique du pin sylvestre), noisetier (Corylus avelana), l’orme (Ulmus), le tilleul (Tilia) et le bouleau (Betula). Il faut noter la présence discrète d’Ephedra.

20 Dans l’ensemble 2 s’observe une surabondance de Cichorioideae pouvant traduire un paysage très dénudé sous des conditions climatiques rigoureuses.

Conclusion

21 En dépit des nombreuses interrogations qui demeurent, l’opération 2007 est relativement fructueuse et permet de mieux situer dans la chronologie du Quaternaire le remplissage subsistant dont la base est contemporaine de la fin du Pléistocène (Tardiglaciaire) et le dessus du début de l’Holocène (Néolithique, âge du Bronze ou premier âge du Fer).

22 Tout comme l’aven des Planes 1 et l’aven du Contadoux, c’est un piège naturel mais à la différence de ces deux localités, une partie du remplissage est encore existant et un horizon fossilifère est clairement identifiable dans l’unité la plus ancienne. D’ores et déjà, le site a livré des taxons rares pour la zone géographique : loup, bouquetin, chamois, marmotte pour les niveaux les plus anciens, loup, lynx, chat sauvage, belette pour les plus récents. C’est aussi la seule localité à livrer des informations sur les amphibiens et les reptiles du début de l’Holocène.

23 CRÉGUT-BONNOURE Évelyne

24 Avec la collaboration de : Jacqueline Argant, Salvador Bailon, Niclas Boulbes, Alexandre Bournery, Évelyne Debard, Frédéric Laudet, Xavier Margarit, Julien Opliger et Michel Thinon.

AUTEURS

ÉVELYNE CRÉGUT-BONNOURE MUS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 538

Monieux – Aven Souche

Évelyne Crégut-Bonnoure

Identifiant de l'opération archéologique : 8266

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Crégut-Bonnoure Évelyne (MUS)

1 L’aven Souche, en bordure des hauts plateaux du Vaucluse, est situé à l’ouest du village de Monieux, sur le plateau des Défends. Cet aven s’ouvre à 788 m d’altitude, dans une zone karstique riche en cavités spéléologiques, archéologiques et paléontologiques. Il avait donné lieu dans les années 1970 à un début de désobstruction au cours de laquelle des ossements humains et une faune sauvage et domestique avaient été collectés.

2 Il se présente sous la forme d’une dépression en pente douce vers le sud-ouest, délimitée à l’est par une diaclase. Sa longueur est d’environ 5 m et sa largeur maximale de 3 m. Le sondage a été entrepris dans la partie sud-ouest, creusée par les spéléologues.

3 Le remplissage est constitué par une accumulation de blocs rocheux et de fragments plus ou moins grossiers dont les interstices sont remplis d’un sédiment terreux devant plus argileux vers la base. La progression du sondage a été arrêtée sur d’importants blocs d’effondrement.

4 Le matériel exhumé comporte des tessons de céramiques, de l’industrie lithique, des ossements humains, des charbons de bois et des restes de faune. Si l’on excepte l’industrie lithique, le matériel est fragmenté et les ossements sont très altérés. Une importante dispersion verticale des vestiges peut être mise en évidence.

Le lithique

5 L’ensemble des pièces lithiques a fait l’objet d’une identification détaillée (par Stéphane Renault, MMSH Aix-en-Provence).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 539

6 La série se compose de vingt-cinq pièces dont la plupart sont des éclats de taille. Toutes les pièces déterminées, sauf une, ont été réalisées par percussion à la pierre. La présence d’éclats laminaires bruts et d’éclats de taille, parfois retouchés, témoigne d’une activité de taille réalisée sur place mais dont le produit est absent et sans doute destiné à un autre lieu. En effet, seules trois pièces se détachent du lot identifié par leur nature et leur fonction. La première est un fragment de nucléus qui présente des traces de chauffe, la seconde est un nucléus marqué par deux phases d’utilisation distinctes (une fonction de débitage et une fonction d’outil en tant que grattoir ou racloir). Enfin, la dernière pièce, lame retouchée sur bords gauche et droit, présente un matériau différent des précédentes pièces et des traces de rubéfaction, de chauffe de support qui permettent de la rattacher au Néolithique moyen.

La céramique

7 Le mobilier céramique se compose de 157 tessons, dont 30 sont remaniés.

8 La série est globalement mal conservée mais ses caractéristiques physiques et technologiques sont homogènes : teintes variant du beige au rouge, cuisson en atmosphère oxydante, même pâte dégraissante (calcite grossièrement pilée). Certaines pâtes céramiques contiennent également du quartz roulé, naturellement présent dans l’argile, et des carbonates.

9 La série compte seulement douze éléments typologiques, dont quatre fragments de bord (Fig. n°1 : Céramique de l'aven Souche). Il s’agit d’une lèvre plane débordante digitée, de deux fragments de lèvres planes de section triangulaire appartenant vraisemblablement au même vase et de la partie supérieure d’une jarre munie d’un cordon triangulaire étiré sur lequel a été appliquée une prise ovale. Il faut également mentionner la présence de cinq fonds plats dont trois possèdent un talon légèrement dégagé. Les éléments plastiques sont représentés par deux cordons appliqués et digités, pouvant provenir du même vase. Enfin, un fragment de col concave complète la série.

10 La jarre à cordon triangulaire surmonté d’une prise trouve des parallèles dans la céramique commune du campaniforme rhodano-provençal comme à la grotte Murée à Montpezat (Alpes-de-Haute-Provence) (Lemercier, 2004). La forme perdure cependant au début de l’âge du Bronze ancien. On la retrouve ainsi sur le site éponyme du Camp de Laure au Rove (Bouches-du-Rhône) ainsi qu’à Roynac-Le Serre 1 (Drôme) (Courtin, 1975 ; Vital, 2004).

Les ossements humains

11 À l’occasion du travail de dégagement de l’aven ont été découverts, à la profondeur de 2,70 m, 92 ossements épars dont l’état de conservation est relativement bon et qui sont représentatifs de deux individus adultes. Aucune donnée de fouille n’existant, on ne peut définir les connexions anatomiques ainsi que le caractère primaire ou secondaire de ce dépôt dont la nature funéraire n’est pas attestée.

12 La campagne de sondage 2007 a mis au jour (de 2,15 m à 2,38 m depuis la surface du sol), sur plusieurs niveaux de sédimentation, une série de 28 éléments, mal conservés, dont un nombre important de vestiges dentaires. Elle paraît être le complément de la série de 1973.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 540

13 La répartition des dépôts ainsi que leur agencement ne présentent pas d’organisation osseuse particulière. Les os longs des membres supérieurs et inférieurs sont mélangés à ceux du thorax, de la ceinture scapulaire ou des dents sans tenir compte d’un regroupement ostéologique organisé. Il ne semble pas non plus que les dépôts osseux aient un lien direct avec le mobilier céramique ou les vestiges lithiques, témoins d’une occupation du site.

14 L’utilisation d’espaces naturels (avens, abris-sous-roche et grottes) à des fins sépulcrales est un phénomène relativement fréquent dans toute la Provence et les Alpes méridionales.

15 L’interprétation de ces dépôts reste cependant difficile dans la mesure où la présence d’ossements souvent épars, isolés et sans connexion anatomique est généralement insuffisante pour établir le fait sépulcral (Perez, 2007).

La faune

16 Un total de 313 restes représentant 7 mammifères, 1 amphibien et 2 reptiles sont identifiables : renard (Vulpes vulpes), chat sauvage (Felis silvestris), sanglier (Sus scrofa scrofa), boeuf (Bos taurus), mouton (Ovis aries), lapin (Oryctlagus cuniculus), lièvre (Lepus europaeus), crapaud commun (Bufo bufo), lézard vert (Lacerta viridis), vipère aspic (Vipera aspis). De nombreuses coquilles de Gastéropodes sont aussi à signaler.

17 L’origine anthropique de cette accumulation n’est pas attestée. Les marques observées indiquent qu’elle résulte en partie de l’action de renards.

Les charbons

18 Seulement 3 taxons ont été identifiés.

19 Ce sont par ordre d’abondance : Quercus (chêne caducifolié), Sorbus domestica (cormier) et Acer campestre (érable champêtre).

20 Les espèces identifiées indiquent un milieu dont les conditions physiques sont sensiblement identiques à celles d’aujourd’hui. Le chêne, vraisemblablement le chêne pubescent, est dominant tandis que la présence du cormier, espèce plutôt héliophile, indique que le couvert arborescent n’est pas totalement continu.

21 La céramique et le lithique permettent de déceler deux occupations humaines : une au Néolithique moyen et une au Bronze ancien. Il est en revanche impossible d’attribuer un âge aux restes humains, tout comme leur nature funéraire ne peut être attestée du fait de l’absence de regroupement ostéologique organisé.

22 Les sites de proximité que sont l’aven des Planes et le Coulet des Roches ayant été détruits par les activités spéléologiques, le gisement est à ce jour le seul encore intact. Il mériterait d’être fouillé par des archéologues.

23 CRÉGUT-BONNOURE Évelyne

24 Opération menée avec la collaboration de Salvador Bailon, Thibault Lachenal, Bérengère Perez et Michel Thinon.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 541

ANNEXES

Fig. n°1 : Céramique de l'aven Souche

Auteur(s) : Lachenal, Thibault. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

ÉVELYNE CRÉGUT-BONNOURE MUS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 542

Orange – Théâtre

Jean-Charles Moretti, Alain Badie et Dominique Tardy

Identifiant de l'opération archéologique : 8252

Date de l'opération : 2007 (PC) Inventeur(s) : Moretti Jean-Charles (CNRS) ; Badie Alain (CNRS) ; Tardy Dominique (CNRS)

1 L’étude des blocs de marbre provenant de la décoration du front de scène a été poursuivie au début de l’année 2007. L’interdiction de loger dans le dépôt archéologique d’Orange n’a pas permis de la continuer durant le reste de l’année. Après le classement par séries de l’ensemble des blocs de marbre ornés, nous avons entrepris un nouvel examen systématique des séries restituées au théâtre. Une approche globale ne laisse plus douter de la date du premier état du front de scène : la fin de l’époque augustéenne. Mais les réfections partielles ont été nombreuses au cours du Ier et du IIe s.

2 La campagne de 2007 a été consacrée aux deux ordres de la partie centrale du front de scène.

3 En 2006 avait été établi l’ensemble des plans, coupes et élévations de l’état actuel des parties sommitales des murs encadrant la scène du théâtre (BSR PACA, 2005 : 215-217 ; 2006 : 225-226).

4 Ces relevés avaient pu être effectués grâce à l’intervention d’une équipe de l’IRAA sur un échafaudage mis en place du mois de mars au mois de mai 2005, dans le cadre d’une opération de relevé archéologique préalable à la construction d’une nouvelle toiture sur la scène du théâtre antique.

5 En 2007 les relevés des parties sommitales, dont l’étude n’avait pas été programmée avant le début des travaux de couverture de la basilique occidentale et de construction d’un ascenseur dans la cage d’escalier orientale, ont été mis au propre. En effet, l’importance de ces aménagements supplémentaires et les destructions qu’ils allaient occasionner avaient rendu nécessaire une intervention d’urgence, entre octobre 2005 et mars 2006, cette fois-ci non plus en amont des travaux dans le cadre d’une opération

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 543

préventive mais pendant le chantier de construction. Ont été alors dressées à l’échelle du 1/20 six élévations de l’état actuel de ces parties.

6 BADIE Alain , MORETTI Jean-Charles et TARDY Dominique

7 Ont aussi participé aux travaux : Magali Cabarrou et Sandrine Dubourg (École d’architecture de Strasbourg), Barbara Hofmann (master à Lyon 2), Amélie Perrier (thèse à Paris 4) et Stéphanie Zugmeyer (architecte d.p.l.g., vacataire pour des mises au propre de relevés).

AUTEURS

JEAN-CHARLES MORETTI CNRS

ALAIN BADIE CNRS

DOMINIQUE TARDY CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 544

Orange – Rue de la Concorde

Jean-Marc Mignon

Identifiant de l'opération archéologique : 8381

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Mignon Jean-Marc (COL)

1 Une opération préventive de diagnostic a été réalisée préalablement à la construction d’un ensemble de trois bâtiments résidentiels à l’emplacement de l’ancienne filature de Loye, au nord-est d’Orange, dans un secteur relativement mal connu du point de vue archéologique, mais intéressant par sa situation périurbaine antique, entre l’aqueduc au nord et l’enceinte au sud.

2 Sans révéler avec certitude un espace mis en culture dans l’Antiquité, les sondages ont néanmoins permis de repérer sur la totalité de la zone sondée une couche de terre argileuse de couleur gris-brun, incluant des nodules de terre cuite, des fragments de céramique et autres résidus épars de constructions antiques, qui pourrait être interprétée comme une couche de terre arable. En pente légère du nord vers le sud et reposant directement sur le substrat, ici constitué d’un cailloutis compacté, cette couche se situe entre 41,85 m et 41,15 m NGF, soit à une profondeur de 2 m environ sous le sol actuel.

3 Dans l’angle sud-ouest de la zone sondée ont par ailleurs été repérés des vestiges de constructions antiques. Mal conservés ou de nature fruste, ces vestiges sont dérasés au niveau de la couche de terre arable mentionnée ci-dessus et n’autorisent aucune interprétation. Une des structures bâties, large de 0,80 m, constituée de moellons remployés sans liant de mortier et naturellement arasée, aurait pu former la fondation d’un stylobate. La portion dégagée ne permet pas de confirmer cette hypothèse. Il est toutefois intéressant de rapprocher cette découverte de vestiges bâtis comparables, repérés en 1987 à l’occasion d’un diagnostic réalisé sur le terrain voisin.

4 L’enfouissement important et le caractère fruste des vestiges antiques repérés sur ces terrains constituent un obstacle à leur interprétation. Leur intérêt est essentiellement topographique puisqu’il permet, en les rapprochant de diagnostics anciens réalisés

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 545

dans ce même secteur, de mieux appréhender l’aspect antique de cette portion nord- ouest de la périphérie de la ville antique, peut-être mise en culture et accueillant quelques bâtiments pour l’heure non qualifiables installés dans le secteur sud-ouest de la zone, soit dans une relative proximité de l’enceinte et de la voie d’Agrippa, à la sortie nord de la ville.

5 Ces sondages ont par ailleurs permis de faire de nouvelles observations sur les fondements de l’aqueduc, relativement mal conservé dans cette zone.

6 MIGNON Jean-Marc

AUTEURS

JEAN-MARC MIGNON COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 546

Orange – Îlot Pontillac

Jean-Marc Mignon

Identifiant de l'opération archéologique : 8529

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : Mignon Jean-Marc (COL)

1 Lors de l’étude architecturale et archéologique des îlots d’habitations des rues Pontillac et Ancien Collège, en 1994 et 1995, il avait été découvert dans une des caves des immeubles une portion de pavement mosaïqué polychrome de grande qualité, figurant deux centaures adossés, de part et d’autre d’un canthare (BSR PACA, 1994 : 252-254 ; 1995 : 289-290). Depuis cette date, le pavement était demeuré in situ, dans l’attente d’un projet de réhabilitation permettant d’envisager les conditions de sa conservation.

2 C’est dans le cadre du projet de réhabilitation partielle des immeubles et au vu des travaux d’infrastructure projetés dans cette partie des bâtiments (fondation d’un escalier) qu’il a finalement été décidé, en accord avec le nouveau propriétaire des lieux, la ville d’Orange et le Service régional de l’archéologie, de procéder à la dépose du pavement mosaïqué.

Les caves des immeubles du centre ancien

3 Suivant un phénomène courant à Orange, les caves des immeubles du centre ancien ne résultent pas d’une programmation initiale mais ont été aménagées à l’intérieur de bâtiments existants.

4 Ces caves, liées à la culture de la vigne, ont été réalisées aux XVIIe s. et XVIIIe s. dans des immeubles dont la construction remontait au bas Moyen Âge. Les excavations, souvent conséquentes, ont entraîné la perforation des couches ou niveaux et la destruction des structures bâties antiques en fonction de l’enfouissement plus ou moins important des vestiges.

5 Dans quelques cas rares, des sols maçonnés antiques ont été conservés car leur altitude correspondait à peu près au niveau de sol de la cave projetée. C’est ainsi que le dallage

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 547

de pierre du forum constitue encore de nos jours le sol des caves du musée d’Orange et d’un immeuble voisin. C’est ainsi également que plusieurs pavements mosaïqués ont constitué les sols de caves de maisons d’habitation du centre ancien, assurant tout à la fois leur postérité archivistique et leur destruction physique.

Le pavement mosaïqué

6 Dans le cas qui nous intéresse, et qui appartient à la majorité des situations rencontrées lors de prospections dans les caves du centre ancien, l’enfouissement trop faible des structures antiques n’a pas permis leur remploi et le sol maçonné partiellement revêtu de mosaïque a été perforé dans le but d’établir le sol de la cave, quelque 0,50 m au- dessous. Les observations se sont ainsi limitées dans un premier temps à la tranche d’un pavement mosaïqué, lisible dans l’angle nord-est de la cave. La visite et le relevé des caves des maisons adjacentes a permis de mettre en évidence un sol maçonné se développant sur 8 m de long dans le sens est-ouest et 10 m de large dans le sens nord- sud, correspondant à une salle d’apparat. Principalement décoré d’un opus signinum (béton blanc parsemé de cabochons noirs), le pavement comportait à peu près au centre de la pièce un panneau polychrome utilisant l’opus tessellatum et l’opus sectile. Un dégagement très partiel et en sape à l’aplomb de cette portion noble du pavement avait alors permis de mettre au jour une bande mosaïquée large de 0,60 m environ et conservée sur une longueur de 2,10 m figurant deux centaures en mouvement et portant des plateaux, adossés et disposés de part et d’autre d’un canthare dans lequel était planté un cyprès et d’où s’échappaient des rinceaux de lys.

7 La qualité de la représentation tenait au dessin (tracé, modelé et ombres), à la petite taille des tesselles, et surtout à la variété des teintes, résultant de l’utilisation de pierres telles que le marbre (blanc, bleu, gris bleuté ou rosé), la serpentine, le schiste, ou de fragments de terre cuite apportant une gamme très complète d’ocres.

8 Le fragment de mosaïque mis au jour en 1995 se trouvait au-dessous de deux murs se coupant à angle droit délimitant trois maisons médiévales au sud-ouest, au nord-ouest et au nord-est et une cour au sud-est, et n’était visible qu’à partir de la cave de la maison sud-ouest. Une visite des maisons situées au nord-ouest et au nord-est avait révélé que le pavement avait été détruit lors de l’aménagement des caves ; par ailleurs, des fosses septiques maçonnées, justement construites dans les angles sud-est et sud- ouest des deux caves, interdisaient l’accès au pavement seulement conservé sous les murs. L’exiguïté des lieux et l’accès unique au pavement mosaïqué constituant un obstacle technique à la dépose du pavement, il a finalement été envisagé de réaliser un sondage dans le secteur sud-est où se trouvait initialement une cour et où il était donc permis de penser que le pavement n’avait pas été détruit.

Le sondage et la dépose

9 Le sondage, de 2,60 m à 3,40 m de long dans le sens est-ouest et 2,70 m de large dans le sens nord-sud était profond de 1,70 m. Il a nécessité une réduction de sa longueur, permettant à terme de dégager le pavement antique sur une surface de 2,30 m x 1,50 m.

10 Malgré d’importantes perturbations liées à la construction dans cet angle de la cour d’une galerie à arcades et d’un escalier en vis au XVIe s., il a pu être identifié à la surface

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 548

du pavement une couche d’abandon résultant de la destruction par incendie des superstructures du bâtiment antique.

11 De nombreux fragments d’enduits peints brûlés se mêlaient à des amas de terre argileuse rubéfiée résultant de la fonte des adobes des murs.

12 Le pavement lui-même présentait un bon état de conservation et, comme cela avait déjà été observé en 1995, comportait une réparation antique. Il s’agit d’une bande de mosaïque, large de 0,75 m environ et visiblement postérieure au pavement en opus signinum et à son décor central polychrome en opus tesselletum et opus sectile. Cette réparation utilise des tesselles de gros calibre et de teintes beige et noir dessinant un appareil isodome décoré de croisettes. La poursuite du dégagement en sape de la bande de mosaïque polychrome a mis en évidence l’angle sud-est du panneau et le retour vers le nord du décor.

13 Le pavement a été déposé dans les derniers jours du mois de décembre et l’opération doit s’achever au début du mois de janvier 2008 par la réalisation d’un sondage de taille limitée au-dessous du pavement, permettant de décrire les dispositions constructives du pavement et, le cas échéant, d’apporter quelque indice de datation.

14 MIGNON Jean-Marc

AUTEURS

JEAN-MARC MIGNON COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 549

Vaison-la-Romaine – Quartier Baye

Joël-Claude Meffre

Identifiant de l'opération archéologique : 8088

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Meffre Joël-Claude (INRAP)

1 C’est au quartier Baye, au nord de la ville, qu’au mois de mai et juin 2007 ont été mis au jour sur environ 2 000 m2 les vestiges d’un établissement gallo-romain dont on avait déjà observé la présence lors de prospections de surface dans les années 1990. Une série de tranchées ont permis de se faire une idée de la nature des vestiges et de leur extension.

2 L’établissement antique est situé à l’ouest de la parcelle. Il se caractérise par une vingtaine de murs parementés très arasés appartenant à au moins trois états constructifs différents.

3 Le mobilier céramique est assez représentatif surtout de la période du Bas-Empire et de l’Antiquité Tardive. Parmi ce mobilier ont note une série de formes spécifiques des Ve s. et VIe s.

4 Cet établissement peut être identifié sans nul doute à une villa suburbaine, située non loin du théâtre et de la rue des Boutiques. Elle devait être réservée à l’otium, car il ne semble pas qu’elle ait comporté de pars agraria. Elle était bordée à l’est par plusieurs murs de clôture qui délimitait un grand quadrilatère réservé à un espace de jardin.

5 Cet établissement prend place dans l’organisation des campagnes antiques et leur occupation périphérique en relation étroite avec les activités de la ville. Il est proposé une zone de protection pour ces vestiges immobiliers qui occupe l’ouest de la parcelle sur environ 1 300 m2.

6 MEFFRE Joël-Claude

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 550

AUTEURS

JOËL-CLAUDE MEFFRE INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 551

Vaison-la-Romaine – Quai de Verdun

Joël-Claude Meffre et Robert Gaday

Identifiant de l'opération archéologique : 8147

Date de l'opération : 2007 (EX) Inventeur(s) : Meffre Joël-Claude (INRAP) ; Gaday Robert (INRAP)

1 Un diagnostic archéologique réalisé en octobre 2007 a porté sur une zone restreinte sise au sud de la ville, en rive gauche de l’Ouvèze et en contrebas ouest de la Haute-Ville, quartier dit de Saint-Laurent, actuellement nommé Quai de Verdun. Dans les parcelles situées au sud de la route départementale, à l’emplacement des locaux des Services techniques municipaux actuellement démolis, un projet d’immeuble a permis à l’INRAP de réaliser un diagnostic archéologique sous la forme de quatre tranchées effectuées à la pelle mécanique.

Bâtiment thermal

2 Dans les deux tranchées occidentales, sous 3 m d’épaisseur de gravats modernes et de colluvions stériles, a été mise au jour l’existence des vestiges de ce qui semble correspondre à bâtiment thermal qui a été entièrement démantelé : il était situé autour de la cote NGF 194 m (niveau supérieur du terrain actuel : 197 m), soit au minimum 3 m de profondeur.

3 Il ne subsistait plus que des sols en béton de tuileau d’une épaisseur de 0,30 m, pouvant délimiter trois salles séparées par des murs entièrement arrachés. Dans la salle III, le sol était encore conservé sous une couche unique de fragments de dalles en béton de tuileau appartenant vraisemblablement à la suspensura d’une salle chaude, auxquels étaient mêlés de très nombreux restes de tubuli et de pilettes d’hypocauste. Le tout était scellé par une couche épaisse de 1 m, noire, riche en matériaux de construction détruits.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 552

Bâtiment quadrangulaire post-antique

4 Après arasement général, la partie nord de ce bâtiment thermal a été réinvestie par un autre bâtiment, de forme apparemment quadrangulaire, dont trois murs seulement ont été observés, ancrés dans les ruines des thermes.

5 Ces murs appartiennent à la période post-antique (haut Moyen Âge ?). On n’en connaît ni l’extension ni la forme réelle. Aucun sol en place n’a été observé ni aucun artefact céramique susceptible d’apporter des précisions chronologiques.

6 Ces vestiges ne seront pas touchés par les travaux d’infrastructure du futur immeuble.

7 MEFFRE Joël-Claude et GADAY Robert

AUTEURS

JOËL-CLAUDE MEFFRE INRAP

ROBERT GADAY INRAP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 553

Valréas – Clos Saint-Vincent, chemin des Estimeurs sud

Patrick de Michèle, Daphné Deverly et Isabelle Doray

Identifiant de l'opération archéologique : 8305

Date de l'opération : 2007 (SD) Inventeur(s) : De Michéle Patrick (COL) ; Deverly Daphné (AUT) ; Doray Isabelle (COL)

1 C’est un projet de lotissement qui est à l’origine de la découverte d’une série de tombes sur la commune de Valréas. Une opération d’urgence s’est déroulée du 7 au 9 février 2007.

2 L’intervention s’inscrit dans un environnement archéologique assez sensible. En effet, la proximité immédiate d’une chapelle bénédictine, aujourd’hui intégrée dans une habitation, ainsi que la découverte dans les années 1950 lors de travaux agricoles d’une nécropole d’époque romaine devaient inciter à la prudence.

3 Seuls deux des douze sondages implantés en fonction du plan de masse du lotissement ont été positifs.

Le sondage 2

4 Le sondage 2 (L., 15,80 m ; l., 1,60 m ; prof., 1,42 m ; sol géologique atteint à 1,25 m du sol naturel). Deux lots de céramiques résultant certainement pour le premier d’un épandage et pour le second d’une fosse dépotoir, à l’ouest du sondage, ont été recueillis. Ce mobilier céramique associe différentes productions, pour l’essentiel de la DS.P. et de la céramique commune grise. L’ensemble peut être daté des Ve s. et VIIe s, et plus probablement du VIe s. de notre ère. Un fait remarquable est à signaler : enchâssé à l’intérieur du sol naturel constitué par un limon sablonneux argileux, un vase sphérique à épaulement et col tronconique rectiligne, d’environ 0,35 m de diamètre a été repéré. Caractérisé par une pâte épaisse de couleur rougeâtre à gros grains de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 554

calcite utilisés comme dégraissant, il s’agit sans doute d’une production du Néolithique moyen, peut-être du Chasséen (il est conservé au dépôt d’Orange).

Le sondage 3

5 Le sondage 3 (L., 10,50 m ; l., 1,64 m ; prof., 0,70 m ; le sol géologique n’a pas été ici atteint du fait de la présence dans ce sondage des sépultures). Plusieurs crânes déposés en vrac comblaient la partie sud du sondage ; nous avons choisi, du fait du peu de temps qui nous était imparti, de ne pas la fouiller.

6 En revanche deux tombes ont été en partie étudiées.

Sépulture 1

7 Cette tombe, se situait en limite de tranchée et n’a donc pas été entièrement fouillée. La limite de fosse est apparue aux pieds du défunt, arrondie à l’extrémité et mesurant environ 0,45 m de large de part et d’autre des jambes. Seule la moitié inférieure du corps de l’individu était visible, déposé sur le dos, la tête à l’ouest. Aucun élément mobilier n’a été retrouvé en association avec l’inhumation et aucun effet de paroi n’a été observé, ce qui permet de conclure que la sépulture était en pleine terre. Les jambes et les pieds avaient subi une légère rotation vers l’extérieur qui pourrait traduire la présence de chaussures.

8 Le défunt était un adulte de sexe masculin d’après la morphologie des os coxaux. Sa stature est estimée à 171,67 cm ± 3,74 cm ; aucune pathologie ou variation anatomique n’a été observée.

Sépulture 2

9 Cette tombe se situait au même niveau que la sépulture 1, à environ 1 m au sud. Elle se trouvait comme elle en limite de tranchée et n’a donc pas été entièrement dégagée. Aucune limite de fosse n’a pu être matérialisée. L’individu était représenté par le thorax (à partir de la troisième vertèbre thoracique) et les membres supérieurs fléchis, les mains ramenées sur le thorax et l’abdomen. Comme pour la sépulture 1, les indices archéologiques et taphonomiques indiquent une inhumation en peine terre.

10 Le défunt était un adulte de sexe féminin d’après la morphologie des os coxaux. Sa stature est estimée entre 140 cm et 145 cm. Aucune pathologie ou variation anatomique n’a été observée.

11 DE MICHELE Patrick, en collaboration avec DEVERLY Daphné et DORAY Isabelle

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 555

AUTEURS

PATRICK DE MICHÈLE COL

DAPHNÉ DEVERLY AUT

ISABELLE DORAY COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 556

Velleron – Sylvestre

Anne Roth Congès et Dominique Carru

Identifiant de l'opération archéologique : 8401

Date de l'opération : 2006 - 2007 (SD) Inventeur(s) : Roth Congès Anne (CNRS) ; Carru Dominique (COL)

1 Des travaux agricoles effectués en 2006 à Velleron, chemin de la Sylvestre, avaient mis au jour une centaine de blocs en calcaire local pour la plupart informes.

2 Parmi eux se trouvaient :

3 Quatre sondages ont été ouverts en bordure d’un canal artificiel, affluent de la Sorgue de Velleron, avec l’aide de fouilleurs bénévoles (association archéologique vauclusienne en particulier).

4 Au-dessus de la nappe phréatique proche ont été enlevées des couches d’origine marécageuse et sablo-argileuses, et mis au jour un niveau de circulation aménagé avec des rebuts de taille, une tranchée de drainage d’environ 0,30 m de largeur, des épandages de blocs taillés ou non : parmi eux, deux couronnements finement moulurés (Fig. n°1 : Éléments moulurés en cours de dégagement), l’un d’un socle rectangulaire (1,31 m x 0,76 m x 0,55 m), l’autre d’un élément circulaire (diamètre : 1,16 m ; hauteur : 0,48 m).

5 Le caractère inachevé de plusieurs blocs architecturaux, la présence de rebuts, l’absence d’organisation des dépôts lapidaires montrent qu’on a affaire à des épandages probablement destinés à consolider – au Moyen Âge ? – les berges de ce qui a pu constituer l’ancien cours de la Sorgue ; on a pour cela utilisé des matériaux de récupération, rebuts de carrière et de taille pour la plupart, certains pouvant provenir cependant de monuments ou de nécropoles.

6 CARRU Dominique et ROTH CONGÈS Anne

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 557

ANNEXES

Fig. n°1 : Éléments moulurés en cours de dégagement

Auteur(s) : Roth Congès, Anne. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

ANNE ROTH CONGÈS CNRS

DOMINIQUE CARRU COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 558

Arrondissement de Carpentras

Claude Ayme

Identifiant de l'opération archéologique : 8475

Date de l'opération : 2007 (PR) Inventeur(s) : Ayme Claude (ASS)

1 En 2007, les bonnes conditions climatiques de début d’année nous ont permis de reprendre la prospection sur plusieurs anciennes stations (BSR PACA, 2006 : 236-237). Nous avons ainsi prospecté la deuxième station en termes d’importance de notre zone (Fontainiers st. 2) et réexaminé l’ensemble du mobilier que nous y avions découvert auparavant.

La station des Fontainiers 2 (Carpentras / Mazan)

2 Située de part et d’autre de la départementale RD 974 sur les communes de Carpentras et de Mazan, à une altitude de 135 m, cette station est au coeur de la basse terrasse (Würm de la chronologie alpine) du bassin de Carpentras/Mormoiron.

3 Positionnée sur un replat dominant au sud le ruisseau de l’Eyguette et au nord le ruisseau de la Combe d’une dizaine de mètres, cette station a livré, sur une dizaine de parcelles, 641 artefacts de facture paléolithique dont 231 pièces, 103 nucléus et 307 éclats. Trois concentrations principales sont apparues dont une particulièrement dense sur un rectangle de 130 m x 30 m.

4 L’indice Levallois de 27,1 % est comparable à l’indice le plus bas que nous ayons jusqu’à présent identifié (Station du Bois à Caromb) parmi les stations des basses terrasses du bassin de Carpentras / Mormoiron (entre 26,6 et 35,4 %). L’industrie récoltée est de débitage Levallois non trié. L’indice de facettage de 30,5 % est assez élevé : les talons facettés sont surtout présents sur les supports Levallois. L’indice laminaire est, comme à la station du Bois 1, assez faible (6,9 %).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 559

5 Comme sur de nombreuses autres stations du bassin de Carpentras, les nucléus sont nombreux (16,1 % du total des grands éclats), traduisant ainsi une conservation différentielle importante.

6 Sur les 97 nucléus entiers, les nucléus Levallois sont dominants (42,3 %), suivis par les nucléus globuleux présentant de nombreux enlèvements (113 %), les nucléus à une seule surface d’exploitation (10,3 %), les nucléus informes (7,2 %), les nucléus à deux surfaces d’exploitation (6,2 %). Les nucléus prismatiques rares (2,9 %) et de mauvaise facture (négatifs d’enlèvement courts) sont en concordance avec l’indice laminaire bas. À signaler également la présence d’une dizaine de blocs testés (percuteurs ?) présentant un ou deux enlèvements de peu d’étendue.

7 Parmi les 41 nucléus Levallois, nous dénombrons 10 nucléus à éclats Levallois préférentiel (7 à éclat préférentiel quadrangulaire, 3 à pointe Levallois), 30 à méthode récurrente (6 à méthode unipolaire, 11 à méthode bipolaire, 13 à méthode centripète) et 1 mixte à éclat préférentiel sur une face et à méthode récurrente unipolaire sur l’autre. Trois de ces nucléus Levallois ont été réalisés sur la face inférieure d’éclat. Cinq autres nucléus réalisés sur la face inférieure d’éclats et ne présentant qu’un ou deux enlèvements ont été considérés comme des nucléus Kombewa (un seul éclat Kombewa a été découvert).

8 La présence de ces nombreux nucléus, de nombreux éclats corticaux à cortex résiduel et de couteaux à dos naturel témoigne d’une activité de débitage sur le site comme sur la quasi-totalité des stations du bassin de Carpentras.

9 Parmi les éléments différenciant cette station, plusieurs points apparaissent : • Deux nucléus Levallois ont été repris en outils : racloir. • De nombreux nucléus (Levallois et Kombewa) ont été réalisés sur éclat épais. • Dans le même cadre d’utilisation de face inférieure d’éclats, dix pièces présentent un amincissement. Cinq amincissements latéraux correspondent à un racloir sur face plane, à un racloir à dos aminci, à deux encoches et à un perçoir. Cinq bases amincies correspondent à une pièce multiple (racloir à retouche biface et grattoir), à deux encoches sur la face supérieure, à l’enlèvement d’un bulbe proéminent sur une lame Levallois et à la mise en place sur un éclat Levallois épais d’un « pédoncule » ayant probablement facilité la préhension de cette pièce [ (Fig. n°1 : Station des Fontainiers 2, mobilier lithique), 1].

10 Parmi les pièces, nous dénombrons de nombreux éclats Levallois, quelques rares lames Levallois [ (Fig. n°1 : Station des Fontainiers 2, mobilier lithique), 3 et 4] et cinq pointes Levallois. Le fort concassage rendant très difficile la lecture des retouches et la détermination des outils, nous avons tout de même pu identifier dix-huit racloirs réalisés pour les deux tiers d’entre eux sur support non Levallois. Parmi les cinq racloirs réalisés sur support Levallois, trois, peu concassés, ont pu être déterminés [ (Fig. n°1 : Station des Fontainiers 2, mobilier lithique), 3].

11 Le réexamen de cette série nous a permis de mettre en évidence une utilisation de la technique d’amincissement par retouches inverses sur éclat plus fréquente sur cette station que sur les séries préalablement étudiées. La poursuite de cette analyse dans les mois qui viennent devrait nous permettre de confronter les particularités de celle-ci avec d’autres stations non encore étudiées sur notre zone.

12 AYME Claude

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 560

ANNEXES

Fig. n°1 : Station des Fontainiers 2, mobilier lithique

Auteur(s) : Ayme, Claude. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

CLAUDE AYME ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 561

Interdépartemental

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 562

Détermination des formations siliceuses en Luberon (Alpes-de- Haute-Provence et Vaucluse)

Ludovic Slimak

Identifiant de l'opération archéologique : 8321

Date de l'opération : 2001 - 2007 (PR) Inventeur(s) : Slimak Ludovic (CNRS)

1 Les prospections en cours dans la vallée du Largue s’inscrivent dans un programme développé depuis 2001 et visant à appréhender la diversité des formations de silex de l’Oligocène en Luberon. Ce programme a été développé initialement à partir des fouilles de la Combe Joubert (commune de Céreste) et de la nécessité de déterminer l’origine des silex exploités dans un gisement préhistorique attribué à une installation de l’Acheuléen supérieur (Slimak et al., 2004). Outre la mise en évidence de l’ensemble des roches exploitées, ces travaux ont permis de structurer une démarche heuristique associant les savoir-faire de chercheurs d’horizons divers (Slimak et al., 2005).

2 Un programme de détermination exhaustive des formations siliceuses s’est alors structuré sur cette base empirique. Après les premières recherches centrées sur la région de Céreste puis , sur les calcaires de Reillanne (g3a), les travaux se sont déployés de plus en plus vers l’est, dans la vallée du Largue. Outre l’étude des variations latérales, l’objectif était d’aborder les formations à silex Oligocène, dans leur ensemble, depuis les calcaires de Reillanne (g3a) jusqu’aux calcaires de Campagne Calavon (g2a).

3 Le choix de la vallée du Largue s’est imposé pour des questions d’accessibilité des silex et de lisibilité des coupes stratigraphiques géologiques. Par ailleurs, le Largue montre le développement des calcaires et lignites de (g2s) vers l’est, au sein de la série des marnes de Viens (g2d) offrant un terrain approprié à la compréhension de la variabilité de ces silex dans ces formations géologiques. L’analyse géologique dans cette aire montre deux faisceaux de calcaires de Sigonce intercalés dans les marnes de Viens.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 563

Un faisceau supérieur directement sous les calcaires de Reillanne et un faisceau inférieur qui jouxte les calcaires de Vachères par l’intermédiaire de la récurrence d’un petit niveau des marnes de Viens.

4 En 2007, les prospections se sont articulées sur trois zones contiguës, la vallée de la Doua, la région d’Apt et la colline de Péréal et le fossé de Murs, zones choisies aussi car présentant le meilleur potentiel dans le cadre de relevés de logs exhaustifs, tels qu’ils ont pu être établis dans les secteurs de Céreste, Reillanne et de la vallée du Largue.

5 La vallée de la Doua a livré quelques formations siliceuses de moindre qualité et qui ne peuvent en l’état être replacées dans des stratigraphies précises. On note, en effet, dans ces secteurs la rareté de séquences longues permettant de replacer chaque accident siliceux suivant sa position stratigraphique. Les résultats les plus complets ont finalement été obtenus au sein des formations tertiaires du vallon de Sénanque et du bassin de Murs.

6 Ces zones ont livré vingt niveaux à accidents siliceux qui on pu être corrélés entre eux et replacés en stratigraphie. Deux grandes coupes discontinues ont été établies, comprenant chacune dix niveaux à silex. Certaines de ces formations livrant des nodules très homogènes, de grandes dimensions et présentant d’excellentes qualités au débitage (Fig. n°1 : Nodule de silex tertiaire en stratigraphie de la région de Murs. Matériau de très grande qualité au débitage).

7 Des formations éocènes présentent par ailleurs localement l’originalité de livrer des accidents siliceux crétacés, par remaniement.

8 On relèvera enfin la présence de plusieurs niveaux d’opalites particulièrement aptes à une exploitation en débitage.

9 En l’état, les recherches sur les formations tertiaires du Luberon nous ont permis de relever plus de cent vingt formations siliceuses en microstratigraphie et d’établir les particularités de chacune de ces roches et d’évaluer les causes de la variabilité des roches (évolutions latérales et/ou stratigraphiques).

10 Une première synthèse de ces recherches exhaustives s’avère désormais possible, après vérification de certains secteurs et extension aux marges de ces formations tertiaires, du côté des calcaires de Campagne Calavon à Vachères et surtout au sein des formations éocènes et oligocènes entre Pernes-les-Fontaines et Mormoiron.

11 SLIMAK Ludovic

12 Opération menée avec la collaboration de BRESSY Céline, GUENDON Jean-Louis, MONTOYA Cyril, OLLIVIER Vincent et RENAULT Stéphane.

ANNEXES

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 564

Fig. n°1 : Nodule de silex tertiaire en stratigraphie de la région de Murs. Matériau de très grande qualité au débitage

Auteur(s) : Slimak, Ludovic. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

LUDOVIC SLIMAK CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 565

Occupation et exploitation temporaire des massifs de l’arrière- pays marseillais et toulonnais

Sylvain Burri

Identifiant de l'opération archéologique : 8291

Date de l'opération : 2007 (PT) Inventeur(s) : Burri Sylvain (AUT)

1 Cette prospection thématique avait pour but de recenser les structures d’habitat temporaire liées à la pratique d’un artisanat forestier du bois et de ses produits dérivés (charbon de bois, poix, huiles végétales, etc.).

2 Cette année plusieurs zones de test de prospection ont été choisies afin de sonder et d’évaluer le potentiel archéologique des différents massifs forestiers de l’arrière-pays marseillais et toulonnais. Ces zones d’essai sont : le massif de Conil et le plateau du Camps (communes de Ceyreste, de La Cadière, du Castellet (voir les deux notices consacrées au Castellet, Var.), du Beausset), le piémont sud du massif de la Sainte Baume (communes de Cuges-les-Pins et Gémenos), le massif du Gros Cerveau (communes de Sanary-sur-Mer, du Castellet, d’Ollioules et d’évenos) et enfin le massif de l’ancienne Montanea de Cepet (communes de Six-Fours-les-Plages et de La - sur-Mer). Ce travail de prospection répond à une étude historique avec le dépouillement des fonds d’archives concernant l’exploitation et la gestion des ressources forestières au Moyen Âge.

3 Ces prospections ont visé le recensement des structures d’habitats temporaires ainsi que des structures artisanales (charbonnières, fours à chaux, fours à poix, fours à cade, etc.) souvent non datables en l’absence de mobilier archéologique associé. Cependant, la majorité des sites sont rattachables à l’époque moderne et contemporaine soit par leur bon état de conservation soit, quand on a de la chance, par du mobilier céramique. Trois sites ont livré du mobilier céramique médiéval (marmites et couvercles en pâte

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 566

grise d’Ollières ; jarres à cordons digités de catégorie B3 médiévaux). Deux indices de fréquentation protohistorique ont été repérés. Tous les autres vestiges sont modernes et contemporains.

4 On ne peut tirer de conclusions de cette première campagne de prospection dont l’objectif, je le rappelle, était d’évaluer le potentiel de certains secteurs forestiers en amont d’un véritable travail de prospection systématique mais surtout du fait du problème épineux de la visibilité des vestiges en milieu forestier et de garrigue.

5 BURRI Sylvain

AUTEURS

SYLVAIN BURRI AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 567

Fréquentation et exploitation des sources salées (Var et Vaucluse)

Audrey Boutet

Identifiant de l'opération archéologique : 8216

Date de l'opération : 2007 (PT) Inventeur(s) : Boutet Audrey (AUT)

1 Cette opération de prospection thématique s’inscrit dans le cadre de nos travaux de recherche concernant l’exploitation du sel en Gaule méridionale de la fin de l’âge du Bronze à l’Antiquité tardive, effectués depuis deux ans dans le cadre d’un master et poursuivis depuis cette année dans le cadre d’un doctorat à l’université d’Aix-en- Provence (centre Camille-Jullian).

2 Le sel est un produit indispensable à l’homme et a été exploité dès le Néolithique. Les sites d’exploitation du sel, marin ou de sources salées, sont bien connus en Gaule septentrionale mais très peu dans les régions méridionales (Boutet, 2006). Pourtant, le midi de la Gaule possède de riches ressources salifères et notamment de nombreux gisements de sel dans l’arrière-pays (sources salées principalement). La découverte récente d’aménagements néolithiques dans le puits salé de (Alpes-de-Haute- Provence) a sur ce point démontré le potentiel régional pour une archéologie du sel continental (BSR PACA, 1999 : 30-32).

3 Le choix de notre étude s’est porté sur deux départements, le Var et le Vaucluse, qui possèdent un fort potentiel.

Département du Var

4 Des travaux documentaires avaient permis de montrer la richesse des ressources en sel continental du département, qu’il s’agisse de sources salées (communes de Barjols, Draguignan, du Cannet-des-Maures et de Correns), d’étangs salés (Tourves) ou même de terres salées (Correns).

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 568

Commune du Cannet-des-Maures

5 La commune du Cannet-des-Maures a été choisie pour effectuer les prospections thématiques. La source salée jaillit au lieu-dit Viouret, dans la plaine des Maures à 4 km au sud-est de la ville. Elle a été aménagée par un puits à une date inconnue. L’utilisation de la source salée pour abreuver les troupeaux est mentionnée au XVIIIe s. par un document d’archive. Un certain nombre de sites archéologiques sont connus sur la commune du Cannet-des-Maures, mais aucune découverte n’avait été réalisée dans la zone de la source. Il s’agissait donc à la fois de compléter la carte archéologique de la commune et de déterminer d’éventuels regroupements de sites autour de la source salée.

6 Les prospections menées de septembre à novembre 2007 ont permis de découvrir quatorze sites ou indices de sites archéologiques dans les champs de vigne dans un rayon de 200 m à 2 km autour de la source salée, aux lieux-dits Riautord, Bastide Neuve et Font Salade. Nous exposons les résultats ci-après en distinguant chaque phase chronologique.

Préhistoire

7 Le Paléolithique moyen est représenté par un racloir au lieu-dit Riautord.

8 Trois sites d’habitat vraisemblablement néolithiques ont été découverts aux lieux-dits Font Salade, Riautord et Bastide Neuve. La datation de ces sites repose essentiellement sur l’association de céramique non tournée et de nombreux silex taillés dont certaines pièces sont datables du Néolithique moyen (à Riautord) (détermination des pièces lithiques effectuée par S. Renault et M. Bailly, ESEP).

9 Pour ces trois sites, le très mauvais état de la céramique ainsi que l’absence de forme caractéristique ne permettent aucune détermination. Un indice de site de la même période est matérialisé par deux silex isolés (lieu-dit Font Salade).

Protohistoire

10 Un fragment de grès de forme atypique a été ramassé à Riautord. Une cupule y a été aménagée. Cet objet fait penser à un fragment de moule de bronzier. En effet, les moules en pierre de l’âge du Bronze sont souvent façonnés dans du grès, qui résiste bien aux fortes chaleurs. La cupule pourrait renvoyer au système permettant de maintenir face à face les deux parties du moule. Cependant, en l’absence de tout autre mobilier de l’âge du Bronze ou d’autres témoins du travail de ce métal, cet objet est à prendre avec beaucoup de prudence.

11 Deux indices de sites protohistoriques sont représentés par quelques tessons de céramique non tournée isolés au lieu-dit Bastide Neuve. Une prospection fine aux abords n’a pas permis de cerner de concentration de mobilier.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 569

Antiquité

12 Deux indices d’occupation antique sont représentés par des fragments de tegulae isolés aux lieux-dits Bastide Neuve et Font Salade. Trois concentrations plus denses de tegulae et imbrices en association avec quelques tessons de céramique commune à pâte claire pourraient renvoyer à des sites d’habitats antiques aux lieux-dits Font Salade, Bastide Neuve et Riautord. Ce dernier site comprend quelques fragments de tegulae surcuites et pourrait donc évoquer la présence d’un atelier de tuilier en association avec un habitat.

Conclusion

13 Ces découvertes permettent donc d’enrichir la carte archéologique de cette zone de la plaine des Maures où l’on avait jusqu’alors recensé peu de sites.

14 En outre, la densité d’occupation diachronique mise en évidence aux alentours de la source salée du Cannet-des-Maures est encourageante pour envisager son exploitation durant les périodes anciennes, qu’il s’agira de démontrer en 2008 grâce à des opérations de carottages.

Département du Vaucluse

15 Des travaux documentaires avaient permis de montrer la richesse des ressources en sel continental du département, qu’il s’agisse de sources salées (communes de Beaumes- de-Venise, Malaucène), d’étang salé (Courthézon) ou même de terres salées (Monteux).

Commune de Beaumes-de-Venise

16 La commune de Beaumes-de-Venise a été choisie pour effectuer les prospections thématiques. Quatre sources salées jaillissent dans la vallée de la Salette à 2 km au nord de la ville. L’une d’entre elles a fait l’objet d’une tentative d’exploitation du sel au XVIIIe s. Un certain nombre de sites archéologiques sont connus sur la commune de Beaumes-de-Venise, mais aucune découverte n’avait été réalisée jusqu’alors dans les environs immédiats des sources. Il s’agissait donc à la fois de compléter la carte archéologique de la commune et de déterminer d’éventuels regroupements de sites autour des sources salées.

17 Les prospections menées de septembre à novembre 2007 ont permis de découvrir neuf sites ou indices de sites archéologiques dans les champs de vigne dans un rayon de 10 m à 3 km autour des sources.

Préhistoire

18 Les prospections aux alentours moins immédiats des quatre sources de Beaumes-de- Venise ont révélé quelques indices d’occupation. Un fragment de nucléus et un fragment d’éclat de silex préhistorique ont été découverts sur la montagne de Coyeux, dominant à l’ouest la vallée de la Salette.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 570

Antiquité tardive

19 Un site d’habitat de l’Antiquité tardive a été découvert à une dizaine de mètres seulement de l’une des sources salées au lieu-dit Le Coulet. Il s’agit d’un mur situé à l’angle d’un chemin et d’un petit vallon, en bas de la colline de la Font Valet. Il est constitué d’un petit appareil irrégulier lié au mortier, incluant aussi une couche de tegulae. Les abords de la structure ont fourni quelques tessons de céramique de l’Antiquité tardive ainsi que des tegulae. La présence de ce site à proximité immédiate d’une des sources salées de Beaumes-de-Venise est donc un facteur plutôt positif pour envisager une exploitation ancienne du sel.

Diachronique

20 Les recherches sur le plateau de Saint-Sauveur (lieu-dit Piberat), dominant au sud le débouché de la vallée de la Salette, à environ 3 km des sources salées, ont montré une occupation allant de la Préhistoire à l’époque moderne. Il s’agit d’éclats de silex préhistoriques, d’un tesson de céramique non tournée protohistorique, de tuiles et de quelques tessons de céramique antiques, et enfin de tuiles modernes dont un raté de cuisson. Une parcelle en contrebas du plateau a également fourni deux indices de sites préhistorique et antique. Enfin, au même endroit, des traces d’araire d’époque indéterminée sont visibles sur un affleurement rocheux.

Conclusion

21 Ces découvertes permettent donc d’enrichir la carte archéologique de Beaumes-de- Venise, et d’envisager une relation entre certains sites archéologiques et les sources salées de la commune. Des résultats encourageants pour envisager une exploitation du sel durant les périodes anciennes, qu’il s’agira de démontrer en 2008 grâce à des opérations de carottages.

22 BOUTET Audrey

AUTEURS

AUDREY BOUTET AUT

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 571

Projets collectifs de recherche

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 572

Riez et le territoire riézois : approches diachroniques

Date de l'opération : 2003 - 2007 (PC)

1 Au terme de quatre années d’existence, le collectif de recherche réuni autour du site de Riez n’est certainement pas venu à bout des différentes « approches diachroniques » que ses différents membres ont successivement entrepris de développer.

2 Il nous est toutefois apparu qu’un temps de réflexion devait être marqué afin de dresser un bilan du travail accompli.

3 Pendant quatre ans, les champs de réflexion abordés ont été à la fois éclectiques et complémentaires : ils touchent au patrimoine, à son étude, à sa sauvegarde et à sa mise en valeur, sous des aspects variés.

4 Nous nous sommes, dans le même temps, préoccupés du renouveau du dépôt archéologique de Riez, abordé sur un plan scientifique (inventaire raisonné de l’ensemble des collections départementales) comme sous un aspect pratique (réactivation de la maison de fouille, organisation du dépôt et des collections). Le PCR est désormais relayé en cela par Nicolas Rouzeau (SRA), responsable du département des Alpes-de-Haute-Provence, qui, depuis sa nomination, s’est fortement investi dans la gestion des équipements riézois.

5 Quatre principaux domaines ont été abordés par le PCR.

6 Outre celui des collections archéologiques, déjà évoqué, nos interrogations ont porté sur la ville de Riez et son cadre naturel, abordés sous un angle topographique et diachronique. Elles ont également concerné le territoire de la ville de Riez – étudié par le biais de prospections et de fouilles ponctuelles – et enfin le patrimoine archéologique riézois en lui-même, composante incontournable de tout projet actuel de développement local.

7 Différents rapports d’intervention, plusieurs mémoires universitaires constituent autant de synthèses provisoires portant sur l’un ou l’autre des sujets abordés. Citons seulement les mémoires en cours de rédaction, réalisés par Émilie Porchet (« L’agglomération secondaire du Bourguet, à l’Escale, et la voie durancienne »),

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 573

Raphaël Golosetti (« Le sacré et les espaces du sacré ») et surtout la synthèse régionale qui, sous peu, sera soutenue par Bruno Baudoin, dressant un bilan de l’ensemble des prospections réalisées au cours de ces dernières années sur le territoire de Riez.

8 Un premier compte-rendu de ces travaux a été présenté lors des rencontres qui, depuis 2004, se tiennent chaque année dans une commune différente de la région riézoise. Cette approche a été complétée cette année par quatre synthèses traitant respectivement de Riez et de son territoire à l’époque romaine (Philippe Borgard, Caroline Michel d’Annoville), autour de l’an Mil (Daniel Mouton), au début du bas Moyen Âge (Thierry Pécout) et durant l’époque moderne (Régis Bertrand).

9 Ces analyses, reprises et complétées, éclairées par l’ensemble des travaux des membres du projet collectif, constitueront la base d’un colloque annoncé l’an dernier, qui formalisera en 2009 le bilan scientifique définitif de cette première étape de la recherche.

10 COLLECTIF

11 L’équipe du PCR est composée de Cécile Allinne, Maxime Amiel, Guy Barruol, Bruno Baudoin, Jean-Claude Béal, Régis Bertrand, Véronique Blanc-Bijon, Agnès Bonnet, Philippe Borgard, Emmanuel Botte, Pascal Boulhol, Audrey Carreras-Meyer, Cécile Carrier, Francis Chardon, Jacques Cru, Patrick Digelmann, Vincent Dumas, Pierre Excoffon, Francesco Flavigny, Souen Deva Fontaine, Vassiliki Gaggadis-Robin, Jean Gagnepain, Fabienne Gallice, Dominique Garcia, Raphaël Golosetti, Jean-Louis Guendon, Christiane Guerrini, Frédéric Guibal, Myette Guiomar, Jean Guyon, Marc Heijmans, Fabienne Heullant, Michel Heymés, Maurice Jorda, Lucas Martin, Vincent Meyer, Caroline Michel d’Annoville, Florence Mocci, Abderrahmane Moussaoui, Daniel Mouton, Tomoo Mukaï, Yumi Narasawa, David Ollivier, Thierry Pécout, Dominique Peyric, Emilie Porcher, Bernadette de Rességuier, Anaïs Roumégous, Brigitte Sabattini, Alain Sehet, Sylvaine Sénéca, Vanina Susini, Claire Trillot, Edmond Vigorito, Kevin Walsh et Roger Zérubia.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 574

La colline du Château de Nice, des origines à nos jours

Marc Bouiron, Mara de Candido, Romuald Mercurin et Philippe Rigaud

Identifiant de l'opération archéologique : 7859

Date de l'opération : 2007 (PC) Inventeur(s) : Bouiron Marc (COL) ; de Candido Mara ; Mercurin Romuald (ASS) ; Rigaud Philippe (ASS)

1 L’année 2007 a été marquée par un approfondissement des axes de travail qui avaient été définis en 2006 lors de la première année de ce PCR (BSR PACA, 2006 :88-89).

2 La recherche sur l’iconographie ancienne a bénéficié d’un financement de la ville de Nice, qui a permis à Mara de Candido de constituer un répertoire des documents conservés dans les différents fonds d’archives de Turin. En parallèle, la base de données sur l’iconographie ancienne de Nice, constituée par la Mission archéologique de la ville, enregistre désormais plus de 860 documents, dont 368 intéressent la colline du château.

3 Les archives anciennes ont été en partie dépouillées par Philippe Rigaud, qui a porté son attention sur le riche fonds des Archives camérales conservé aux Archives départementales des Alpes-Maritimes.

4 Pour les périodes récentes (XIXe s. et XXe s.), un dépouillement presque complet des fonds des Archives municipales a permis de retrouver trace des différents aménagements récents de la colline et d’alimenter la connaissance sur les fouilles anciennes avec la découverte d’un plan des fouilles en 1859.

5 La reprise des données issues des fouilles anciennes s’est accompagnée d’une relecture totale de la documentation aidée par la mise en fiches de l’ensemble des unités stratigraphiques, des murs et des tombes par Marc Bouiron et Romuald Mercurin (sur financement de la ville de Nice), en utilisant le système des bases de données mises au point pour l’archéologie préventive.

6 L’interprétation des fouilles anciennes a porté dans un premier temps sur les fouilles du XIXe s. La compréhension de la fouille de Philippe Gény a suivi, prolongée par les

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 575

différentes campagnes de Fernand Benoit qui, paradoxalement, ne sont pas toujours les opérations les mieux renseignées. La connaissance des fouilles réalisées dans la seconde moitié du XXe s. est de façon générale très lacunaire. Nous avons à notre disposition plusieurs sources, plus ou moins fiables, pour la plupart conservées au musée archéologique de Cimiez. Des notes ou des cahiers de fouille existent pour quelques campagnes. Des courriers de Fernand Benoit adressés soit au maire de Nice soit au directeur général de l’Architecture (sorte de rapports de fouille à usage administratif extrêmement concis) complètent ces informations. Pour les campagnes de 1963 et 1964, un rapport de fouille plus développé a été rédigé par Danièle Mouchot.

7 Nous avons utilisé également les photographies conservées au musée de Cimiez. Certaines portent la mention de dates (mais parfois avec des erreurs), d’autres ont pu être rattachées à des séries et datées en fonction du sujet et du format du négatif. L’ensemble des archives photographiques ainsi que les photographies numériques prises sur le terrain en 2007 ont été enregistrées dans un fichier (239 fiches) croisé aux données de terrain.

8 Le plan de tous les murs et structures disparus a été ajouté à celui créé par Fabien Blanc sur la base du relevé topographique de la ville de Nice. Il reste encore à rajouter une série de caveaux présents dans la seconde travée de la cathédrale et détruits vers 1962.

9 Cette relecture des données, faite en aveugle aussi bien par les spécialistes du mobilier que par les archéologues de terrain, permettra l’année prochaine de proposer une véritable publication des fouilles des XIXe s. et XXe s.

10 Fabien Blanc a entrepris (sur financement de la ville de Nice) d’étudier l’ensemble des maçonneries de la cathédrale, en réalisant de façon systématique des orthophotographies des murs ou piliers conservés (Fig. n°1 : Orthophotographie du mur gouttereau nord (face sud)).

11 Son travail, exemplaire à plus d’un titre, permet une nouvelle lecture de l’édifice. Surtout, il s’accompagne d’un phasage enfin rigoureux des différentes maçonneries et de la mise en évidence de trois grands états de la cathédrale subdivisés en phases.

12 L’étude du mobilier issu des fouilles anciennes a bien avancé en 2007 avec le tri et l’inventaire de la quasi-totalité du mobilier et des analyses par période qui s’affinent. Cette année, la céramique modelée de l’âge du Bronze a été examinée ainsi qu’une partie du mobilier du premier âge du Fer (l’étude en sera fournie l’année prochaine) ; pour la céramique antique, il ne reste qu’une partie des amphores à étudier. Enfin le mobilier céramique médiéval et moderne est presque entièrement étudié. Des listings complets sont à présent disponibles. Emmanuel Pellegrino a fourni également un nombre important de dessins du mobilier céramique antique qui permet de progresser dans la définition des phases d’occupation du site. Une séquence très nette apparaît autour du Ve s. de notre ère.

13 Le reste du mobilier a fait l’objet d’études spécifiques (monnaies par Claude Salicis, tabletterie par Isabelle Rodet-Belarbi, petit mobilier par Carole Cheval).

14 Plusieurs études ont été réalisées, portant sur l’ensemble de la colline du Château. Pour l’Antiquité, ce sont les inscriptions qui ont été revues par Nicolas Katarzynski, étudiant de doctorat à l’université de Nice ; son texte sera complété l’année prochaine par le travail de Frédéric Gayet. La relecture des fouilles anciennes amène des précisions qui seront intégrées l’année prochaine. Alain Venturini a bien voulu donner ici une partie de ses études de l’école des Chartes avec la description des biens relevant du comte de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 576

Provence décrits dans les enquêtes angevines. Enfin Henri Geist donne le résultat de ses travaux de prospection sur le front nord de la fortification. Là encore cette étude reste à développer l’année prochaine, vraisemblablement avec l’apport d’étudiants en master de l’université de Nice.

15 Le croisement de l’ensemble des données sur la cathédrale reste à faire ; ce sera l’objet du travail de l’année 2008.

16 BOUIRON Marc

ANNEXES

Fig. n°1 : Orthophotographie du mur gouttereau nord (face sud)

Auteur(s) : Blanc, Fabien. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

MARC BOUIRON COL

ROMUALD MERCURIN ASS

PHILIPPE RIGAUD ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 577

Archéologie urbaine à Marseille : publication de fouilles récentes

Marc Bouiron

Identifiant de l'opération archéologique : 7506

Date de l'opération : 2007 (PC) Inventeur(s) : Bouiron Marc (COL)

1 L’objectif du projet collectif de recherche est de publier trois grandes opérations de fouille archéologique réalisées par l’AFAN-INRAP en relation avec la Ville de Marseille : l’Alcazar, le tunnel de la Major et la place Bargemon (hors période antique et antique tardive), (BSR PACA, 2006 : 148-149).

2 Cette année a permis de travailler sur un premier volume, fusion des deux volumes initialement prévus sur Marseille médiévale et moderne. Les moyens accordés par l’INRAP dans le cadre des projet d’action scientifique ne permettaient pas en effet de mettre en oeuvre, dans des délais raisonnables, le projet tel qu’il était conçu à l’origine.

3 Le plan de ce nouveau volume se compose de deux parties :

4 La moitié de l’ouvrage est d’ores et déjà rédigé ; il devrait être achevé à la fin de l’année 2008. En parallèle sera défini le plan détaillé d’un second volume.

5 BOUIRON Marc

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 578

AUTEURS

MARC BOUIRON COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 579

Marseille – L’occupation du sol dans le bassin de Marseille de la Préhistoire à l’époque moderne

Sophie Collin-Bouffier

Identifiant de l'opération archéologique : 7934

Date de l'opération : 2007 (PC) Inventeur(s) : Collin Bouffier Sophie (SUP)

1 Le travail de l’année 2008 s’est concentré sur deux sites : le Roc de la Croix, identifié en 2004, et le dit « oppidum » de Marseilleveyre, respectivement localisés dans les parties sud-est et sud du bassin. Les prospections elles-mêmes n’ont pas conduit à la découverte de nouveaux sites, mais ont conforté les résultats des années précédentes (BSR PACA, 2006 : 149-150 et 2004 : 193.).

Marseilleveyre

2 À Marseilleveyre, nous avons confirmé les observations faites depuis un siècle par les différents chercheurs (Rothé, Tréziny, 2005) bien que les trouvailles en surface se soient raréfiées et que l’on ne constate plus aujourd’hui de structures en place. Ainsi les vestiges de murs apparus sur le plateau oriental du site n’existent plus de nos jours, probablement enfouis sous une dense végétation de maquis ou aplanis par les diverses interventions modernes. Mais le mobilier, que nous avons généralement peu ramassé, est analogue à celui qu’avait publié notamment Lucien-François Gantès : céramique non tournée, amphore étrusque, fragments de meules. Les balles de fronde sont également très abondantes, à proximité des limites de l’oppidum, sous les falaises orientales ainsi que de part et d’autre de la fortification occidentale du site.

3 La partie la plus notable du travail a consisté à dresser le relevé du site sous la conduite et la responsabilité de Vincent Dumas pour une éventuelle intervention archéologique.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 580

Roc de la Croix

4 Sur le Roc de la Croix, nous avons conduit une campagne de sondages plus étendus pour tenter de mettre au jour des structures d’habitat qui auraient pu nous échapper auparavant vu les faibles dimensions des fouilles entreprises. Nous avons ainsi ouvert toute la terrasse supérieure, sur laquelle nous avions découvert un mobilier intéressant du début du VIe s. voire du VIIe s. av. J.‑C. , certains tessons de céramique non tournée et à décor incisé pouvant remonter assez haut dans la chronologie. L’investigation n’a pas livré les résultats escomptés : nous n’avons découvert aucune structure en dur, aucun trou de poteau. Seule la présence relativement abondante de fragments de torchis rubéfié suggère l’existence d’un habitat en matériaux périssables. Il semble également que l’occupation durable du site ait été limitée à sa partie supérieure.

5 Les sondages réalisés sur les terrasses inférieures n’ont donné aucun résultat. La plate- forme supérieure, d’une superficie totale d’environ 35 m2, n’a été « bâtie » que sur une partie très réduite, au centre nord de la terrasse. On ne peut déterminer la typologie, ni la superficie, ni même la fonction de l’éventuel bâtiment.

6 Les seules informations nous sont données par le mobilier céramique qui date la terrasse, comme l’ensemble du site, de la première moitié du VIe s. av. J.‑C.

7 La découverte de nombreuses balles de frondes dans la partie d’éboulis située en aval de la terrasse à l’est suggère que le site a été détruit violemment. Les traces d’incendie visibles sur les morceaux de torchis confortent cette hypothèse. En revanche, l’apparente absence de fortification suppose que les occupants du site se satisfaisaient des défenses naturelles du Roc de la Croix.

8 La présence de fragments de meule en basalte incite également à supposer que le site a été occupé durablement, même si sa chronologie ne dépasse guère, semble-t-il, une cinquantaine d’années. Les habitants du Roc de la Croix transformaient les céréales qu’ils produisaient vraisemblablement sur les terrasses et versants alentour. Le faciès céramique du site, qui comporte 75 % de céramique locale non tournée et 25 % de céramique importée, en majorité étrusque, montre que le Roc de la Croix était habité par des indigènes en contact avec les trafiquants méditerranéens.

9 Le rôle de Marseille dans la redistribution des produits méditerranéens, notamment étrusques, est désormais avéré et la présence discrète de céramique massaliète fine sur la terrasse supérieure incite à supposer l’existence de contacts entre les Grecs du Vieux-Port et les habitants du Roc de la Croix.

10 COLLIN BOUFFIER Sophie

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 581

AUTEURS

SOPHIE COLLIN-BOUFFIER SUP

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 582

Les formes de l’habitat durant l’âge du Fer dans le Var

Jacques Bérato et Richard Vasseur

Identifiant de l'opération archéologique : 8207

Date de l'opération : 2007 (PC) Inventeur(s) : Bérato Jacques (ASS) ; Vasseur Richard (ASS)

1 Dans le Var, aucune étude synthétique concernant les caractéristiques diachroniques de l’habitat de l’âge du Fer et leur éventuelle spécificité ne pouvait servir de base référentielle. De ce constat est né ce projet collectif de recherche.

2 Nous avons réalisé en 2007 la bibliographie, une typologie diachronique de la céramique modelée en l’absence d’uniformisation dans la typologie des formes et commencé la mise à jour des 1192 fiches concernant l’âge du Fer. Les prospections ont été limitées aux communes du Muy et de Roquebrune-sur-Argens.

3 Ont été recensés soixante-douze sites de l’âge du Fer, dont la majorité est située en zone collinaire, dans le massif rhyolithique de la Colle du Rouet et du Coulet Redon, ainsi que dans la partie septentrionale du massif des Maures.

4 La dépression permienne apparaît peu occupée, les alluvions récentes devant masquer des sites.

Les habitats groupés et fortifiés de hauteur

5 Dix-huit habitats groupés et fortifiés de hauteur sont recensés selon trois types d’enceintes : • enceinte de type appui sur à-pic : neuf sites, dont deux sont composés de trois enceintes concentriques et sept d’une enceinte unique. Il existe quatre avant-murs au Rocher de Roquebrune-sur-Argens.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 583

• enceinte de type éperon barré : cinq sites, dont quatre avec un mur unique et un avec trois murs successifs. • enceinte de type figure géométrique fermée : quatre sites avec une enceinte unique ; un seul avant-mur.

6 On est frappé par le peu d’espace à l’intérieur de l’enceinte compatible avec l’habitat sur les sites des Enfers et des Tilleuls, établis sur un éperon rocheux escarpé et chaotique. Les vestiges de murs de cases sont à parement interne et externe avec le plus souvent les blocs plantés de chant. Au Rocher de Roquebrune, leur plan est original, avec parfois un côté absidal et systématiquement une porte en couloir perpendiculaire à un petit côté en blocs plantés de chant.

7 L’habitat groupé et fortifié de hauteur est présent dès le premier âge du Fer. Les occupations de la fin de l’âge du Fer sont les plus nombreuses. Le second âge du Fer est le moins représenté. Les portes à recouvrement (quatre) sont présentes dès le premier âge du Fer.

Les habitats ouverts

8 Les habitats ouverts sont principalement situés en zones collinaires de part et d’autre de la dépression permienne.

9 Un type d’occupation se caractérise par des enclos de dimensions variables.

10 Aux Déguiers et aux Preyres, des zones avec de riches concentrations en mobilier, séparées par de larges espaces stériles, suggèrent des habitats groupés.

11 Sur le rocher de Roquebrune se retrouvent deux habitats de hauteur groupés et ouverts.

12 Une majorité de sites ouverts est datée globalement de l’âge du Fer grâce à la présence de céramique modelée, sans que l’on puisse apporter plus de précision en l’absence de forme identifiable. Les enclos sont présents du premier à la fin de l’âge du Fer.

13 Les sites ouverts de la dépression permienne sont pour la plupart encore occupés après le changement d’ère. En revanche, les habitats groupés et fortifiés de hauteur et les occupations ouvertes collinaires sont tous abandonnés avant le dernier quart du Ier s. av. J.‑C.

Les abris-sous-roche

14 Deux abris-sous-roche au Muy, le Saint-Trou et San Luen, sont occupés à la fin de l’âge du Fer.

Les tumulus

15 Deux tumulus sont signalés sur la commune de Roquebrune-sur-Argens.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 584

Conclusion

16 On ne relève pas, durant tout l’âge du Fer, de grands bouleversements de la culture matérielle dans le Var.

17 L’habitat groupé et fortifié de hauteur, qui apparaît dès le premier âge du Fer indépendamment de toute influence étrangère et avant toute importation de produits allogènes, est présent jusqu’au troisième quart du Ier s. av. J.‑C. La technologie des moyens de défense, qui n’est adaptée qu’à une poliorcétique indigène, ne connaîtra que quelques rares nouveautés à la fin de l’âge du Fer.

18 Pour l’édification des cellules de vie on passe, à la charnière entre le premier et le second âge du Fer, de la construction en matériaux périssables à un autre type – où leur usage ne peut être que partiel – avec apparition de bases de murs en pierres avec parement intérieur et extérieur, dont les blocs sont souvent montés de chant.

19 En milieu ouvert l’habitat individuel ou groupé, avec un type particulier d’enclos avec pièce de vie, est présent durant tout l’âge du Fer.

20 Les phases de passage entre les trois grands faciès des productions de céramique modelée sont progressives et ne correspondent pas à des changements brutaux sociologiques, bien que les dernières productions coïncident avec l’affirmation de la présence romaine.

21 Durant tout l’âge du Fer, le nombre des habitats groupés et fortifiés de hauteur est inférieur à celui des habitats ouverts groupés ou dispersés.

22 Il existe au second âge du Fer une légère baisse du nombre de sites occupés par rapport au premier âge du Fer. Son explication peut être en relation avec des causes multiples, qui peuvent d’ailleurs interférer entre elles – baisse démographique, appauvrissement des sols agropastoraux avec diminution de la production vivrière, diminution des échanges et rareté du matériel marqueur.

23 À la fin de l’âge du Fer, il y a une forte augmentation du nombre des habitats groupés et fortifiés de hauteur, dont certains sont paradoxalement créés alors que la présence romaine est effective, ainsi que des habitats ouverts groupés ou dispersés, très vraisemblablement liée à une poussée démographique et à une volonté de se rapprocher des terres cultivables de plaine et de piedmont.

24 Une nouvelle appréhension de la structuration du paysage et des formes de l’habitat, durant l’âge du Fer, ressort de notre enquête.

25 BÉRATO Jacques et VASSEUR Richard

26 Équipe prospection : J. Bérato, R. Vasseur, J.‑P. Thoury, L. et M. Berre.

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 585

AUTEURS

JACQUES BÉRATO ASS

RICHARD VASSEUR ASS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 586

Occupation du sol et patrimoine archéologique dans la basse vallée de l’Argens

Frédérique Bertoncello

Identifiant de l'opération archéologique : 7852

Date de l'opération : 2007 (PC) Inventeur(s) : Bertoncello Frédérique (CNRS)

1 Le projet collectif de recherche s’est poursuivi en 2007 avec deux opérations relevant de l’étude paléogéographique de la basse vallée de l’Argens (BSR PACA, 2004 : 235-236 ; 2005 : 186-187 ; 2006 : 210.).

Prospection géophysique

2 La première est une prospection géophysique effectuée en collaboration avec Thomas Lebourg, géophysicien à l’UMR 6526 Géoscience Azur (GÉOAZUR, CNRS- Université de Nice Sophia-Antipolis), avec le concours du Service du patrimoine et des Services techniques de la Ville de Fréjus.

3 Destinée à appréhender la paléotopographie de la ria de l’Argens, non seulement au niveau des formations superficielles mais aussi du substrat (mesures de la résistivité jusqu’à 127 m de profondeur), cette prospection s’est développée en travers de la basse vallée le long de trois transects totalisant une longueur de 3 km.

Prélèvement d’un nouveau carottage

4 La seconde opération correspond au prélèvement d’un nouveau carottage dans la basse vallée, plus profond que ceux réalisés précédemment, de manière à disposer d’un enregistrement détritique continu sur la longue durée, pouvant servir de référence

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 587

pour l’établissement des relations stratigraphiques et des isochrones entre les différents carottages.

5 Réalisé avec G. Lopez et F. Feau du CETE Méditerranée, le carottage a été implanté au quartier de La Palissade (Fréjus) dans un secteur au coeur de la très basse vallée pour lequel nous n’avions pas d’enregistrement sédimentaire. Il se trouve entre les carottages des Esclapes et de Villepey, de manière à servir de jalon pour la spatialisation des paléoenvironnements repérés sur ces deux sites. En dépit de conditions de forage peu favorables, une colonne sédimentaire de 20 m de profondeur a été prélevée.

6 L’étude de ces prélèvements a débuté par les analyses sédimentologique et ostracofaunistique (A. Carré, CÉPAM-UMR 6130, Valbonne ; B. Devillers, INRA Orléans ; S. Bonnet). L’étude de la carotte PL1, entamée en 2006, a également été poursuivie cette année : une analyse pollinique préliminaire a été effectuée par S. Guillon (CÉPAM- UMR 6130, Valbonne), tandis que l’étude ostracofaunistique était complétée (S. Bonnet).

7 Ces compléments d’analyse, couplés aux neuf datations radiocarbones obtenues sur la carotte, permettent d’en préciser l’interprétation et en font un jalon essentiel dans la restitution de la dynamique des milieux.

8 BERTONCELLO Frédérique

AUTEURS

FRÉDÉRIQUE BERTONCELLO CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 588

Les carrières de pierre de Caromb

Philippe Bernardi, Jean-Marc Mignon et Philippe Bromblet

Identifiant de l'opération archéologique : 8265

Date de l'opération : 2007 (PC) Inventeur(s) : Bernardi Philippe (CNRS) ; Mignon Jean-Marc (SAR) ; Bromblet Philippe (COL)

1 Le projet de ce PCR est de suivre l’évolution de la production des carrières de Caromb sur la longue durée (de l’Antiquité à l’époque contemporaine), par l’apport conjoint d’études archéologiques, archivistiques et géologiques. Il entend cerner une exploitation importante par sa durée et par son rayonnement, à travers une appréhension plus fine des qualités de cette pierre comme de ses emplois et de sa commercialisation.

2 La combinaison d’une approche historique avec une thématique de conservation et de restauration permettra, à terme, de mieux appréhender les altérations du matériau pour y remédier ou rechercher, parmi les roches actuellement en exploitation, un substitut possible.

Volet archéologique

3 L’enquête archéologique a consisté, au cours de cette première année, en un repérage des traces d’extraction sur les parcelles du lieu-dit Les Peyrières appartenant à la commune de Caromb. Un relevé topographique, commandé dans cette optique à un cabinet de géomètre-expert, nous a permis de positionner précisément une série de fronts rocheux taillés dont nous avons effectué le relevé photographique (Fig. n°1 : Vue d’une partie des fronts de taille dégagés) et graphique. Les fronts rocheux semblent globalement parallèles et de direction est-ouest. En partie basse du site, il apparaît nettement que les fronts rocheux correspondent à une réouverture à l’exploitation de zones anciennement utilisées puis abandonnées. La surface rocheuse est, en effet, recouverte d’un épais remblai constitué de déchets de taille mêlés à des éléments

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 589

assimilables à des blocs d’architecture abandonnés en cours d’exécution et, dans plusieurs cas, cette couche de remblai a été entaillée lors de la réalisation des fronts (Fig. n°2 : Vue de détail du front est de la zone).

4 La surface du banc rocheux conserve, en outre, les traces nettes d’une exploitation ancienne. Parmi les éléments recueillis au cours de ces premiers relevés et repérages, quelques-uns concourent à proposer une exploitation de la carrière dès l’Antiquité. Si la présence d’un fragment d’amphore gauloise (Ier-IIIe s. apr. J.‑C.) dans les déblais ne suffit pas à caractériser une exploitation antique, la présence de traces d’escoude à deux dents paraît attester avec plus de solidité une telle datation.

L’étude des textes

5 À ce jour, le corpus réuni se compose de plus de deux cent soixante-dix mentions relatives à la pierre, aux carriers ou aux carrières de Caromb. Nous avons pu retrouver l’identité de soixante et un carriers, entre 1338 et 1883, ce qui permet d’entrevoir trois phénomènes majeurs : le caractère presque familial du métier ; l’importance des associations ; le rôle probable des tailleurs de pierre de Caromb dans la diffusion ou la mise en valeur du matériau.

6 Au-delà du quartier des Peyrières où des exploitations sont attestées du XIVe s. au XIXe s., d’autres zones d’extraction se font jour : dans les quartiers voisins de la Tuilière, sur le territoire du Barroux, ou des Nauds, directement au sud des Peyrières.

7 Cette enquête confirme que la pierre de Caromb est souvent employée en raison de sa relative imperméabilité mais souligne également la production de blocs de très grandes dimensions (jusqu’à 2 m voire 4-5 m selon un auteur du XIXe s.).

8 La multiplication de mentions d’usage conjoint de pierres d’origines différentes sur un même chantier amène à s’interroger sur ces « alternatives » à la pierre de Caromb. Leur analyse fine devrait contribuer à mieux cerner les qualités reconnues à la pierre de Caromb et aider à la replacer dans un contexte de production régional.

9 L’enquête a permis, en outre, d’établir des fiches sur les différents sites d’emploi de ce matériau pour guider les futures campagnes de prélèvements.

L’étude géologique

10 Nous avons, dans ce premier temps, engagé l’étude comparative des propriétés (capillarité, porosité, vitesse de séchage, vitesse du son, résistance mécanique, cinétique d’évaporation) de la pierre de Caromb et de la pierre de Crillon (encore en exploitation) utilisée en remplacement de la pierre de Caromb dans les restaurations des monuments régionaux.

11 Une série de carottages a été effectuée dans les différents faciès observables à Crillon afin de nous permettre de caractériser la roche. Les sections polies et les lames minces nécessaires à ces analyses sont actuellement en cours de réalisation au CICRP.

12 Parallèlement, nous poursuivons l’analyse des échantillons prélevés à Caromb avec, notamment, l’étude du mécanisme d’altération de cette pierre. Nous menons, dans cette optique, une série de tests de manière plus ou moins expérimentale : analyses minéralogiques par DRX qualitatives globales et de la fraction argileuse ; estimation de

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 590

cette dernière et mise en évidence de phases argileuses de type gonflant dans celle-ci ; mesure de dilatation hygrique.

13 BERNARDI Philippe, MIGNON Jean-Marc et BROMBLET Philippe

14 Participent également à ce PCR : Lise Leroux (LRMH), Jean-Marc Vallet (CICRP) et Élydia Barret (LAMM).

ANNEXES

Fig. n°1 : Vue d’une partie des fronts de taille dégagés

Auteur(s) : Bernardi, Philippe. Crédits : ADLFI (2007)

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 591

Fig. n°2 : Vue de détail du front est de la zone

Auteur(s) : Bernardi, Philippe. Crédits : ADLFI (2007)

AUTEURS

PHILIPPE BERNARDI CNRS

JEAN-MARC MIGNON SAR

PHILIPPE BROMBLET COL

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 592

Topographie urbaine de la Gaule méridionale

Marc Heijmans

Identifiant de l'opération archéologique : 6987

Date de l'opération : 2007 - 2009 (PC) Inventeur(s) : Heijmans Marc (CNRS)

1 L’année 2007 marque la première année du sixième programme triennal de recherche (2007-2009) du groupe de travail sur la « Topographie urbaine de Gaule méridionale », qui regroupe depuis le début des années 1990 des chercheurs de trois régions (Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes) issus des universités, du CNRS, de l’INRAP, des collectivités territoriales et des associations (BSR PACA, 2006 : 249). Du fait de son interrégionalité, le PCR est financé à tour de rôle par l’une des trois régions concernées ; pour le triennal 2007-2009, c’est la région Languedoc-Roussillon.

2 Rappelons que l’objectif du PCR est la publication de fascicules d’un Atlas topographique des villes de Gaule Narbonnaise – c’est-à-dire d’abord des chefs-lieux de cités antiques des provinces augustéennes de Narbonnaise et des Alpes Maritimes –, qui comprennent à la fois un jeu de feuilles représentant sur un fond cadastral simplifié à échelle 1/1000e tous les vestiges cartographiables, assorties d’un commentaire pour chaque feuille et suivies d’une synthèse générale sur l’histoire et la topographie de la ville, pour une période allant des origines à l’entrée des deux anciennes provinces romaines dans le regnum Francorum.

3 Deux volumes ont été publiés jusqu’à présent, le premier consacré à Aix (1998), le second à Fréjus (2000) ; ils ont paru dans la collection des suppléments de la Revue archéologique de Narbonnaise. Le manuscrit de l’Atlas de Saint-Paul-Trois-Châteaux est achevé et la publication doit intervenir au cours de l’année 2008.

4 La préparation des autres villes en cours (comme Orange ou Vienne) s’est poursuivie et, grâce à la réponse favorable à la demande faite auprès de l’INRAP pour permettre à ses

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur 593

agents de participer à ce PCR par le biais des PAS (projet d’activité scientifique), d’autres atlas comme ceux de Nîmes, Alba ou Valence ont pu être relancés.

5 HEIJMANS Marc

AUTEURS

MARC HEIJMANS CNRS

ADLFI. Archéologie de la France - Informations , Provence-Alpes-Côte d’Azur