Secrétariat général

Paris, le 13 novembre 2020

Direction des affaires juridiques La ministre Sous-direction des affaires juridiques de l’environnement, de l’urbanisme et de l’habitat à Bureau des affaires juridiques des risques pour l’environnement Madame la présidente de la cour administrative d’appel Affaire suivie par : DREAL Nouvelle-Aquitaine de Bordeaux

Contact DAJ : Coralie Guerreiro

Objet : Instance n° 19BX04024 - Société Ferme éolienne de Liglet contre l’arrêté de la préfète de la du 2 septembre 2019 portant refus d’autorisation unique d’installer et d’exploiter un parc éolien sur la commune de Liglet – Mémoire en défense

PJ : Selon bordereau

Par un courrier du 23 décembre 2019, vous m’avez transmis la requête, enregistrée le 23 octobre 2019, par laquelle la Société Ferme éolienne de Liglet demande à votre cour :

- d’annuler l’arrêté en date du 2 septembre 2019 par lequel la préfète de la Vienne a refusé de lui délivrer l’autorisation unique qu’elle a demandée pour l’installation et l’exploitation d’un parc éolien sur la commune de Liglet ;

- de lui délivrer l’autorisation sollicitée, subsidiairement, d'enjoindre à la préfète de la Vienne de reprendre l’instruction de sa demande, dans le délai d’un mois à compter de l’arrêt à intervenir et de statuer à nouveau sur la demande d’autorisation ;

- en toute hypothèse, de mettre à la charge de l'Etat le paiement de la somme de 3 000 euros au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative.

Cette requête appelle de ma part les observations suivantes.

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I. RAPPEL DES FAITS ET DE LA PROCEDURE

La Société Ferme éolienne de Liglet a déposé, le 31 mars 2016, un dossier de demande d’autorisation unique pour l’installation et l’exploitation d’un parc de dix éoliennes de 180 mètres en bout de pales et d’une puissance unitaire de 3,45 MW et de deux postes de livraison, sur la commune de Liglet.

Un relevé d’insuffisances a été adressé le 18 juillet 2016 au demandeur.

Après dépôt de compléments le 14 novembre 2016, le dossier a été déclaré recevable par l’inspection le 24 janvier 2018.

Par courrier du 2 février 2018, le pétitionnaire a ensuite demandé une suspension d’instruction, puis le 19 avril 2018 la reprise de l’instruction et la saisine de la MRAe (Pièce jointe n° 1 : lettre de la préfecture du 12 juin 2018). Le dossier a ensuite été soumis aux consultations administratives et à enquête publique.

Le 27 juin 2018, la Mission régionale de l’autorité environnementale (MRAe) a émis un avis sur le dossier.

A l’issue de l’enquête publique qui s’est déroulée du 9 octobre au 9 novembre 2018, le commissaire enquêteur, « prenant en compte les impacts négatifs de ce projet sur la qualité de vie des riverains et sur la faune par rapport à ses effets positifs sur l’environnement », a rendu, le 13 décembre 2018, un avis défavorable au projet.

Le 2 septembre 2019, la préfète de la Vienne a signé un arrêté portant refus d’autorisation de la demande d’autorisation unique.

Par une requête enregistrée au greffe de votre juridiction sous le numéro 19BX04024, la société Ferme éolienne de Liglet a contesté cette décision.

C’est sur cette requête que portent les présentes observations.

II. DISCUSSION

II.1 – Sur la légalité externe : sur le moyen tiré de l’insuffisance de motivation

La société requérante affirme que l’arrêté serait entaché d’insuffisance de motivation à double titre :

- il ne préciserait pas quelles éoliennes seraient en covisibilité avec le monument historique cité ;

- il n’indiquerait pas en quoi le prétendu impact paysager imputé à quelques éoliennes justifierait le refus de l’ensemble du projet.

Le moyen manque en fait. A cet égard, l’arrêté indique clairement que le monument historique classé concerné est l’abbaye de Villesalem, sur la commune de , dont la co-visibilité avec cinq des dix éoliennes que compte le projet est avérée.

L’arrêté est ainsi suffisamment motivé.

J’ajoute, à propos de la co-visibilité du projet avec l’abbaye de Villesalem, que l’étude paysagère relève, pour le point de vue 45 ( Pièce jointe n°2 1 : Dossier d’étude d’impact-Volet Paysage Pièce n°4 Annexe 3, page 163) : « Depuis ce point de vue plus en retrait du hameau de Villesalem, le prieuré et le haut des pales de 3 éoliennes seront co-visibles; le reste du projet étant dissimulé par la présence de boisements. Ce point de vue se présente comme celui étant le plus sensible au regard de ce site patrimonial. »

Ce point a par ailleurs été relevé par l’autorité environnementale qui note dans son avis du 27 juin 2018 (Pièce jointe n°3 ) que le prieuré de Villesalem fait partie des principaux enjeux identifiés dans l’aire

1 L’étude paysagère produite par la société requérante n’étant pas celle dont dispose l’administration, la pièce produite à l’appui du présent mémoire diffère quelque peu de celle produite par la SFE de Liglet

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2 d’étude rapprochée mais pour lequel le porteur de projet n’a apporté aucun élément d’évitement, de réduction ou de compensation.

L’AE note par ailleurs que le porteur de projet conclut à un impact résiduel « faible » mais qu’il n’a procédé à aucune hiérarchisation des enjeux.

Le moyen tiré de l’insuffisance de motivation sera écarté.

II.2 – Sur la légalité interne

L’arrêté de refus serait, selon la société Ferme éolienne de Liglet, entaché d’erreur de droit et d’erreur d’appréciation.

II.2.1- Sur le moyen tiré de l’erreur de droit

La requérante remarque qu’à la date de l’arrêté de refus, aucune nouvelle zone tampon n’a été définie. La décision du Comité du Patrimoine Mondial de l’UNESCO (CPM) du 4 juillet 2018 n’ayant aucune valeur normative (elle ne serait pas plus opposable au pétitionnaire que l’étude sur laquelle elle s’appuie) ne pouvait servir de fondement au refus. Seul un document d’urbanisme pourrait imposer une conformité de l’arrêté au règlement et à ses documents graphiques ou une compatibilité avec ses orientations d'aménagement et de programmation.

Il convient toutefois de souligner que, lors de l’instruction du dossier de demande d’autorisation unique, le PLUi de la Communauté de Communes Vienne & Gartempe (CCVG) était encore en cours d’élaboration afin de permettre la prise en compte des remarques des services de l’État.

Le PLUi de la CCVG n’a pas encore été adopté, car l’État a émis un avis défavorable. La Communauté de communes est donc en train de revoir son projet. Néanmoins, dans la mesure où il y a eu un projet établi, les orientations ne pouvaient être ignorées même si juridiquement elles n’étaient pas définitives.

Une des orientations du PADD de ce PLUi est de « protéger, valoriser et aménager le patrimoine bâti et vernaculaire » et il prévoit de « préserver le contexte autour de l’Abbaye de Saint Savin, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO » et d’interdire toutes installations pouvant nuire à son rayonnement.

La définition de la zone tampon du site autour de l'Abbaye de St Savin a été validée par les services de L’État et les collectivités et doit être présentée, pour approbation, le 28 juillet à l'UNESCO.

L'étude paysagère définissant cette zone tampon s'appuie sur la différence de topographie des lieux et les différentes vues :

« La zone tampon actuelle, très réduite, est liée aux critères i 2et iii 3d’inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’abbaye et des fresques justifient un périmètre centré autour du Monument. L’ajout de la flèche gothique dans la Déclaration de Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE) rétrospective implique de prendre en compte l’inscription de la flèche culminant à plus de 80 mètres dans le paysage et nécessite une augmentation du périmètre de la zone tampon afin de maintenir la VUE. L’élargissement du périmètre de la zone tampon prend en compte l’intégralité du territoire en lien visuel avec la flèche gothique de l’abbaye (perspectives lointaines, parcours d’approche, chemins touristiques) et permet de maintenir l’émergence de la flèche gothique dans le paysage, sans autres constructions concurrentielles à proximité qui pourraient venir perturber la lecture. Mais au-delà de l’aspect visuel, la zone tampon proposée permet de prendre en compte la logique d’implantation de l’abbaye dans son contexte géographique (une vallée encaissée avec de part et d’autre des plateaux dégagés) et la préservation d’ensemble des richesses des secteurs alentours (, Antigy, Nalliers), villes portes qui participent de la valeur patrimoniale d’ensemble du territoire.

L’étude de définition de l’aire de sensibilité paysagère réalisée en 2013 a permis de définir des périmètres de visibilité de la flèche gothique dans le paysage, avec un repérage des vues majeures,

2(i) représenter un chef-d'œuvre du génie créateur humain 3(iii) apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue

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3 des seuils et des secteurs d’approches, permettant ainsi de s’appuyer sur ce repérage pour prendre en compte dans la définition de la zone tampon la déclaration de valeur universelle du Bien « La flèche gothique surmontant l’abbatiale marque le paysage environnant par sa silhouette élancée . »

Détail du tracé du périmètre:

- A l’ouest, le périmètre intègre l’ensemble de la ligne de crête des coteaux de la vallée de la Gartempe. Il inclut des visibilités très lointaines et les perspectives majeures, notamment depuis les axes d’approche tel que la D951 en provenance de Paisay-le-Sec. Le paysage très agricole de ce secteur, avec de grandes parcelles ouvertes issues d’anciens remembrements, offre des panoramas larges sur la vallée et sur le clocher qui justifient l’extension de la zone tampon jusqu’à ces secteurs.

- A l’est, le périmètre intègre l’ensemble de la ligne de crête des coteaux de Saint Germain, permettant de prendre en compte les perceptions du clocher depuis les points hauts, mais aussi depuis les parcours d’approche, autant piétons (ancienne voie ferrée, GR 48), que routes (D951 en provenance d’Ingrandes). La prise en compte de la logique géographique et historique permet dans ce secteur de dépasser le simple critère de visibilité.

- Au Sud, le périmètre se base sur la limite des vues entrantes sur la flèche gothique. Le périmètre prend appui sur le tracé du GR 48 qui relie Villememort à Antigny en offrant des perspectives lointaines sur la flèche gothique de St Savin. Il s’agit d’un axe de découverte important et fréquenté du territoire qui relie deux ensembles patrimoniaux forts (église de Villememort et lanterne des morts d’Antigny). La zone tampon intègre également le tracé de l’ancienne voie romaine qui traverse le territoire de St Germain et St Savin, et qui constitue un axe majeur ayant joué un rôle important dans la localisation de l’implantation de l’abbaye et qui témoigne des échanges qui ont eu lieu dans ce territoire depuis l’Antiquité.

- Au nord, le périmètre s’appuie sur la limite de visibilité de la flèche gothique, tout en intégrant le centre-bourg de Nalliers, qui n’est pas en relation visuelle directe, mais participe à la richesse patrimoniale de la vallée et à la mise en réseau historique (important patrimoine avec l’église et le pont dominant la Gartempe). » extrait du rapport remis à l'Unesco en décembre 2019

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4 Selon la volonté des collectivités, la zone tampon pourrait être gérée en site classé dans le cadre de l’instruction gouvernementale du 18 février 2019 relative à la liste des sites majeurs d’intérêt national à classer dont fait partie l’ensemble de la vallée de la Gartempe. Les services de la DREAL ont déjà travaillé sur des périmètres de sites classables par communes à proposer aux collectivités.

La communauté de communes Vienne Gartempe a aussi validé, dans le cadre de son Plan Climat Air Energies Territorial, la réalisation d’un Plan Paysage budgétisé sur 2020/2021 (pour un montant de 100 000 €). Ce Plan paysage, qui va participer à l’appel à projet national, a pour but de concilier développement et protection des patrimoines dans le cadre d’une révision ultérieure du PLUi. Ce plan s’inscrit dans une vision à long terme de la collectivité qui permettra d’identifier des secteurs patrimoniaux remarques, à les protéger et à les valoriser dans son offre touristique.

Le guide « Eolien et urbanisme guide à destination des élus » publié par le ministère de la transition écologique en novembre 2019 indique, en page 9, que les schémas régionaux éoliens (SRE), même s’ils ont été annulés, restent des documents utiles à prendre en considération. Le SRE Poitou Charentes indiquait, certes, que la commune de Liglet faisait partie des communes où le développement de l’éolien était possible mais mentionnait aussi, en page 45, qu’elle figurait dans les principales vallées du territoire et page 55 dans les sites Natura 2000. Page 85 il était également indiqué que « Au-delà du périmètre de protection des monuments historiques (généralement 500 mètres), la sensibilité paysagère s'étend sur un « cercle de sensibilité » autour des monuments historiques inscrits ou classés, dont le rayon est à déterminer en fonction de la visibilité du monument protégé, et pourra aller jusqu’à 10 kilomètres ou plus lorsque la protection des cônes de vues le justifiera. (source : circulaire du 15 septembre 2008 sur le rôle des SDAP dans la préparation des ZDE) ».

La protection des monuments historiques situés dans le secteur est donc réaffirmée par le ministère via ce guide. La préfète de Charente n’a donc pas commis d’erreur de droit en refusant le projet de la société Ferme éolienne de Liglet, puisque l’objectif recherché en refusant l’autorisation d’exploiter, était de préserver le patrimoine bâti et paysager, que cette volonté est réaffirmée par le ministère et que le porteur de projet, comme relevé dans l’avis de l’autorité environnementale, n’a pas hiérarchisé les enjeux.

Le commissaire enquêteur note par ailleurs, en page 88 de son rapport ( Pièce jointe n°4 ) « Concernant la covisibilité, lors d’une visite avec les représentants du porteur de projet, j’ai constaté des covisibilités avec le parc éolien de Lussac-les-Eglises situé à environ 15 km. Les photomontages indiquent que des covisibilités seront avérées avec ce projet et le parc éolien de -Coulonges-les-Hérolles (19 éoliennes) se trouvant à environ 6 km. » Il apparaît donc bien qu’un parc éolien situé à 15 kilomètres est visible. Le projet de Liglet se situe à 1,5 km du prieuré de Villesalem et à 12 km de l’Abbaye de Saint- Savin.

Le moyen tiré de l’erreur de droit sera écarté.

II.2.2 – Sur le moyen tiré de l’erreur d’appréciation

La requérante relève que l’arrêté de refus est fondé sur des atteintes portées par les éoliennes à plusieurs monuments historiques inscrits, classés ou en cours d’instruction dans un rayon de quinze kilomètres autour du projet de parc.

Or, le projet doit, selon elle, s’implanter sur un site déjà anthropisé et dépourvu de tout caractère remarquable (plateau de cultures céréalières, paysage bocager), qui ne présenterait pas d’intérêt justifiant une protection particulière et ne fait d’ailleurs pas l’objet d’une protection réglementaire.

Les vues sur le site seraient limitées par la topographie (relief : altitude variant de 95 à 190 mètres) et par de nombreux filtres visuels.

Toutefois, s’il est effectivement possible de constater que « la zone d'implantation se situe à la transition des entités paysagères des terres de brandes et des terres froides sans réelle identité forte », la proximité de certains lieux, notamment la vallée de la Gartempe et le Site Patrimonial Remarquable de Saint Savin, permet bien de considérer que le site présente des caractéristiques paysagères remarquables auxquelles le projet de parc est susceptible de porter atteinte.

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5 Du fait de ses caractéristiques paysagères remarquables, la vallée de la Gartempe a été identifiée, dès 2009, comme site potentiellement classable (au titre du critère pittoresque). L’Instruction gouvernementale du 18 février 2019 vient d’ailleurs conforter cette volonté en inscrivant la vallée de la Gartempe dans la liste des sites majeurs restant à classer au titre des articles L. 314-1 et suivants du code de l’environnement.

Si le classement de la Gartempe ne peut pas être engagé directement sur l’ensemble de la vallée, deux secteurs ont déjà fait l’objet d’un classement : à Lathus-Saint-Rémy en 1997 et à et en 2007. Par ailleurs quatre sites ont été inscrits le long de la rivière entre 1934 et 2006 (Saint-Pierre de Maillé, Saint-Savin, Leignes-sur-Fontaine et ). En application de la réglementation en vigueur, le classement du site pourrait être un outil de gestion, favorisant la concertation entre la collectivité et l’Etat, adapté au territoire et à la problématique.

Un projet de 7 aérogénérateurs sur les communes de Jouhet, Journet et Montmorillon a d’ailleurs été abandonné pour des raisons d’atteinte de façon irrémédiable à la vue panoramique accessible depuis le site classé de la vallée de la Gartempe et à la protection des monuments historiques (voir jugement, devenu définitif, n° 1702648 du 14 mars 2019 du TA de rejetant la requête de la société Res contre le refus d’autorisation unique pour le parc Cabarette).

Concernant le Site Patrimonial Remarquable de Saint Savin , une extension de la zone protégée du site est envisagée. Elle permettait de réglementer la qualité architecturale des constructions (matériaux, implantation, volumétrie, abords) et la mise en valeur du patrimoine bâti et des espaces naturels et urbains. En délimitant les immeubles, les espaces publics, les monuments, les sites, les cours et jardins, les plantations et mobiliers urbains à conserver, mettre en valeur ou requalifier, ce dispositif élargi permettrait une protection optimale d’une partie des espaces situés à l’intérieur de la zone tampon.

La requérante considère que la circonstance qu’un site présente un intérêt d’un point de vue paysager et patrimonial n’interdit pas, par principe, l’implantation d’éoliennes et rappelle que le schéma régional éolien (SRE) du Poitou-Charentes n’avait pas identifié la zone d’implantation du projet comme présentant une sensibilité patrimoniale particulière.

Or, la notion de patrimoine bâti n’avait pas été suffisamment prise en compte lors de l’élaboration du SRE du Poitou-Charentes. Ainsi, bien qu’étant en dehors des espaces culturels et paysagers emblématiques, les monuments historiques se situent dans l’aire d’étude intermédiaire du parc éolien au même titre que le Parc Naturel Régional de la Brenne. Dans ces espaces culturels et paysagers emblématiques, la topographie des lieux, côté ouest de la vallée de la Gartempe, offre des vues très lointaines.

Concernant Saint-Savin, l’impact visuel principal se situe sur la route départementale venant de Poitiers où la vision sur le clocher sera brouillée par le parc éolien en arrière-plan, de jour comme de nuit. A cet égard, il sera relevé que les photomontages de l’étude d’impact se situent dans le fond de vallée.

A Montmorillon, la Maison-Dieu, classée monument historique depuis 1840, est située en belvédère sur le coteau ouest dominant la ville et présentant des vues lointaines. Le projet éolien aura donc un impact visuel sur le futur institut Robuchon véritable levier économique pour la ville.

Le château de Chazerat se trouve en première ligne. Ce domaine appartient à l'Académie de sciences (Institut de ) qui souhaite développer le projet Villa Lépinay « lieu de réflexion pour les chercheurs en résidence et de découverte pour le public dans un cadre naturel et paysager de grande qualité ». Le parc du château présente de nombreux ouvrages hydrauliques complexes conçus par monsieur Godin de Lépinay ingénieur des Ponts et Chaussées, auteur du tracé du Canal de Panama. L’ambition de l’académie est de faire reconnaître le site comme « maison des illustres » et elle projette de demander le classement du site. Bien qu’étant situées à 7,65 km, les éoliennes de 180 mètres, implantées à une altitude topographique de 140 mètres environ, auront une incidence sur le parc du château qui, lui, est à 120 mètres d’altitude.

Les altitudes sont identiques pour l’abbaye de Villesalem, mais dans ce cas, la distance entre les éoliennes et le monument n’est que de 2,1 km. Les éoliennes de 180 mètres vont écraser le secteur et seront visibles malgré la présence de bosquets.

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6 La requérante affirme que le paysage est déjà anthropisé et, qu’en particulier, les lignes électriques et les tours de refroidissement de la centrale nucléaire de affectent la qualité du paysage. Or, d’une part, les pylônes et lignes électriques dont la situation n’est pas précisée mais dont les caractéristiques, notamment de hauteur, ne sont pas susceptibles de créer une rupture importante dans la perception du paysage contrairement aux éoliennes de 180 mètres, objets en mouvement et hors d’échelle et, d’autre part, les tours de la centrale nucléaire de Civaux sont seulement rendues visibles dans le paysage par les panaches de fumées qui s’en échappent.

Le moyen sera donc écarté.

Il résulte de tout ce qui précède que la requérante n’est pas fondée à demander l’annulation de la décision qu’elle conteste. Sa requête sera donc rejetée, y compris ses conclusions aux fins d’injonction et d’application de l’article L. 761-1 du code de justice administrative.

III. CONCLUSION

Pour l’ensemble de ces motifs, je conclus au rejet de la requête de la société Ferme éolienne de Liglet.

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