Dom Antoine-Joseph Pernety.

Dictionnaire Mytho-Hermétique.

Dans lequel on trouve Les Allégories Fabuleuses des Poètes, les Métaphores, les Enigmes et les Termes barbares des Philosophes Hermétiques expliqués.

Chez Bauche. Paris.

1758 .

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D I C T I O N N A I R E MYTHO-HERMETIQUE,

DANS LEQUEL ON TROUVE

LES ALLEGORIES FABULEUSES DES POETES, LES METAPHORES, LES ENIGMES ET LES TERMES BARBARES DES PHILOSOPHES HERMETIQUES EXPLIQUES.

Par Dom ANTOINE-JOSEPH PERNETY, Religieux Bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur. ------Sapiens animadvertet parabolam & interpretationem, verba sapientum, & aenigmata eorum. Prov. I. V. 6. ------

A PARIS, Quai des Augustins. Chez B A U C H E, Libraire, à Sainte Genevieve & à S. Jean dans le Désert. ======M. DCC. LVIII. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI.

P R E F A C E.

Amais Science n'eut plus besoin de Dictionnaire J que la Philosophie Hermétique. Ceux dans les mains de qui tombent les Livres faits sur cette ma- tiere, ne sçauroient en soutenir la lecture une demi- heure seulement; les noms barbares qu'on y trou- ve, semblent vuides de sens, & les termes équivo- ques qui sont placés à dessein presque dans toutes les phrases, ne présentent aucun sens déterminé. Les Auteurs avertissent eux-mêmes qu'on ne doit pas les entendre à la lettre; qu'ils ont donné mille noms à une même chose; que leurs Ouvrages ne sont qu'un tissu d'énigmes, de métaphores, d'allé- gories, présentées même sous le voile de termes ambigus, & qu'il faut se défier des endroits qui pa- roissent faciles à entendre à la premiere lecture (1).

(1) Nolite in lectione | mysticis nominibus, & ar- meorum scriptorum inhae- | canis operationibus; in obs- rere syllabis, sed legendo | curis enim veritas delitescit, utiquè considerate naturam, | nec unquam dolosius quam & ejusdem possibilitatem. | quûm apertè, nec veriùs Cosm. Praef: in Aenigma. | quam cum obscurè scribunt Veritatis amator paucos | Philosophi. Arcan. Hermet. autores, sed optimae notae | Philos. opus, can. 9. & exploratae fidei manibus | A multiplici verborum si- terat; facilia intellectu sus- | gnificatione studiosus lector pecta habeat, maximè in | caveat, dolosis enim anfrac- a iij

ij P R E F A C E.

Ils font mystere de tout, & semblent n'avoir écrit que pour n'être pas entendus. Ils protestent cepen- dant qu'ils n'écrivent que pour instruire, & pour instruire d'une Science qu'ils appellent la clef de toutes les autres. L'amour de Dieu, du prochain, de la vérité leur met la plume à la main: la recon- noissance d'une faveur si signalée que celle d'avoir reçu du Créateur l'intelligence d'un mystere si re- levé, ne leur permet pas de se taire. Mais ils l'ont reçue, ajoutent-ils, dans l'ombre du mystere; ce seroit même un crime digne d'anathême que de lever le voile qui le cacha aux yeux du vulgaire. Pouvoient-ils se dispenser d'écrire mystérieuse- ment? Si l'on exposoit au grand jour cette Science dans sa simplicité, les femmes, les enfans même voudroient en faire l'épreuve: le Paysan le plus stupide quitteroit sa charrue pour labourer le champ de Mars comme Jason: il cultiveroit la terre phi- losophique, dont le travail ne seroit pour lui qu'un amusement, & dont les moissons abondantes lui procureroient d'immenses richesses, avec une vie très-longue, & une santé inaltérable pour en jouir. Il falloit donc tenir cette Science dans l'obscu- rité, n'en parler que par hiéroglyphes, par fictions, à l'imitation des anciens Prêtres de l'Egypte, des Brachmanes des Indes, des premiers Philosophes de la Grece & de tous les pays, dès qu'on sentoit la nécessité de ne pas bouleverser tout l'ordre & l'har-

tibus, & ancipiti oratione, | adulterandae veritatis studio; imò plerumque contrariâ, | ideo ipsorum scripta voci- ut videtur Philosophi myste- | bus ambiguis & homony- ria sua explicant, implican- | mis abundant. Ibid. Can. dae & occultandae, non | 15.

P R E F A C E. iij monie établis dans la société civile. Ils suivoient en cela le conseil du Sage (1). Mal à propos traite-t-on de fous les Philosophes Hermétiques: n'est-ce pas se donner un vrai ridicule que de décider hardiment que l'objet de leur Science est une chymere, parce qu'on ne peut pas le péné- trer, ou qu'on l'ignore absolument? C'est en juger comme un aveugle des couleurs. Quel cas les gens sensés doivent-ils donc faire des jugemens critiques de quelques Censeurs sur cette matiere, puisque tout le mérite de ces jugemens consiste dans le froid assai- sonnement de quelques bons mots à l'ombre des- quels ils cachent leur ignorance, & qu'ils sement faute de bon grain, pour faire illusion à des Lecteurs imbéciles, toujours disposés à leur applaudir. Mé- ritent-ils qu'on fasse les frais d'une réponse? Non: on peut se contenter de les envoyer à l'école du Sage (2). Moins dédaigneux & moins méprisant que ces Censeurs bouffis d'orgueil & d'ignorance, & aveuglés par le préjugé, Salomon regardoit les hiéroglyphes, les proverbes, les énigmes & les paraboles des Philosophes comme un objet qui méritoit toute l'attention & toute l'étude d'un homme sage & prudent (3). Je voudrois qu'avant que d'étaler leur mépris

(1) Sapientes abscondunt | Sapientiam omnium anti- scientiam. Prov. c. 10. v. 14. | quorum exquiret sapiens, & (2) Homo versutus celat | in Prophetis vocabit.... in scientiam. Ibid. c. 12. v. 23. | versutias parabolarum simul (3) Sapiens animadvertet | introibit; occulta proverbio- parabolam & interpretatio- | rum exquiret, & in abscon- nem, verba sapientum & | ditis parabolarum conversa- aenigmata eorum. Ibid. c. 1. | bitur. Ecclesiastici, cap. 39. a iv

iv P R E F A C E. pour la Philosophie Hermétique, ils prissent la peine de s'en instruire. Sans cette précaution ils s'attireront à bon droit le reproche, que les insensés méprisent la science & la sagesse, & qu'ils ne se re- paissent que d'ignorance; & je leur dirai avec Ho- race: Odi prophanum vulgus & arceo. C'est en effet au sujet de ces mêmes mysteres que les an- ciens Prêtres disoient: Procul ô procul este pro- phani. Mon Traité des Fables Egyptiennes & Grecques développe une partie de ces mysteres. De l'obliga- tion dans laquelle j'étois de parler le langage des Philosophes, il en est résulté une obscurité qu'on ne peut dissiper que par une explication particu- liere des termes qu'ils employent, & des méta- phores qui leur sont si familieres. La forme de Dic- tionnaire m'a paru la meilleure, avec d'autant plus de raison qu'il y peut servir de Table raisonnée, par les renvois que j'ai eu soin d'inférer, quand il a été question d'éclaircir des fables déja expli- quées. Beaucoup de gens regardent la Médecine Para- celsique comme une branche de la Science Hermé- tique; & Paracelse son auteur ayant, comme les Disciples d'Hermès, fait usage de termes barbares, ou pris des autres langues, j'ai cru rendre service au Public d'en donner l'explication suivant le sens dans lequel ils ont été entendus par Martin Rul- land, Johnson, Planiscampi, Becker, Blanchard & plusieurs autres. Si je n'ai pas toujours cité ces Auteurs, non plus que les Philosophes Herméti- ques, je les ai rappellés assez souvent pour con- vaincre le Lecteur que je ne parle ordinairement

P R E F A C E. v que d'après eux. Ceux qui les ont lus avec atten- tion, les y reconnoîtront aisément. Afin que le Lecteur puisse juger que mes expli- cations des termes & des métaphores des Philoso- phes, ne sont pas arbitraires & de mon invention, je rapporterai ici quelques-uns de leurs textes avec lesquels il pourra les comparer. Il y verra d'ailleurs qu'ils sont tous d'accord entr'eux, quoi- qu'ils s'expriment différemment. Les Sages, dit Isaac Hollandois, ont donné beau- coup de noms différens à la pierre. Après qu'ils ont eu ouvert & spiritualisé la matiere, ils l'ont ap- pellée une Chose vile. Quand ils l'ont eu sublimée, ils lui ont donné les noms de Serpent & des Bêtes venimeuses. L'ayant calcinée, ils l'ont nommée Sel ou quelqu'autre chose semblable. A-t-elle été dissoute, elle a prit le nom d'Eau, & ils ont dit qu'elle se trouvoit par-tout. Lorsqu'elle a été ré- duite en huile, ils l'ont appellée une Chose vis- queuse, & qui se vend par-tout. Après l'avoir con- gélée, ils l'ont nommée Terre, & ont assuré qu'elle étoit commune aux pauvres & aux riches. Quand elle a eu acquis une couleur blanche, ils lui ont donné le nom de Lait Virginal, & ceux de toute autre chose blanche que ce puisse être. Lorsque de la couleur blanche elle a passé à la rouge, ils l'ont nommée Feu & de tous les noms des choses rou- ges. Ainsi dans les dénominations qu'ils ont don- nées à la pierre, ils ont eu égard aux différens états où elle se trouve jusqu'à sa perfection. Liv. I. ch. 126. de ses oeuvres sur les Minéraux. Ce mêlange de trois choses s'appelle Pierre bé- nite, minérale, animale, vegétale, parce qu'elle

vi P R E F A C E. n'a point de nom propre. Minérale, parce qu'elle est composée de choses minérales; végétale, parce qu'elle vit, & végéte; animale, parce qu'elle a un corps, une ame & un esprit, comme les animaux. De son ventre noir on l'appelle Noir fétide. On la nomme encore dans cet état, Chaos, Origine du monde, Masse confuse, pour moi je l'appelle Terre. Notre eau prend les noms des feuilles de tous les arbres, des arbres-mêmes, & de tout ce qui pré- sente une couleur verte, afin de tromper les in- sensés. On l'appelle aussi Eau bénite, la tempé- rance des Sages, Vinaigre très-aigre, Corps disso- luble, Gomme des Philosophes, Chose vile, chere, précieuse, Corps dur & opaque, mol & transparent, Exaltation de l'eau, Angle de l'oeuvre. Observez qu'on appelle le Soleil & la Lune le pere & la mere de la pierre dans la composition de l'élixir, ce que dans l'opération de la même pierre, on ap- pelle Terre ou Nourrice. Arnaud de Villeneuve, Comment. sur Hortulain, pag. 25. & 35. La pierre des Philosophes est une, mais on lui donne une infinité de noms, parce qu'elle est aqueuse, aërienne, terrestre, ignée, phlegmati- que, colérique; elle est soufre & argent-vif; ses superfluités se changent en une véritable essence, avec l'aide de notre feu: & qui veut en ôter quel- que chose, ne parviendra jamais à la perfection de l'oeuvre. Les Philosophes n'ont jamais dévoilé ce secret. Pontanus, Epître. Notre pierre se nomme d'une infinité de ma- nieres, car elle prend les noms de toutes les choses noires. Lorsqu'elle quitte la noirceur, les noms qu'on lui donne rappellent les choses dont la vûe

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égaie & fait plaisir, comme les blanches & les rouges. Ce n'est cependant qu'une seule chose. Ri- plée, ch. 3. du Supplément. Si vous l'appellez eau, vous dites vrai, si vous dites qu'elle n'est pas eau, vous ne le niez pas à tort. Ibid. pag. 139. Lorsqu'on cuit ces principes avec prudence & sagesse, on en fait une chose qui prend beaucoup de noms. Lorsqu'elle est rouge, on l'appelle Fleur d'or, Ferment de l'or, Colle d'or, Soufre rouge, Orpiment. Quand elle est encore crue, on la nomme Plomb d'airain, Verge & Lame de métal. Les Phi- losophes appellent l'airain Monnoye, Ecu; & la noirceur Plomb. Ibid. pag. 142. Notre eau s'appelle Eau de vie, Eau nette, Eau permanente & perpétuelle, & d'une infinité d'au- tres noms. On la nomme Eau de vie, parce qu'elle donne la vie aux corps morts, & qu'elle purifie & illumine ce qui est corrompu & souillé. Arnaud de Villeneuve, Miroir d'Alchymie, pag. 11. & 27. L'argent vif est appellé le Pere dans la généra- tion des métaux, la Véritable vigne, Plomb, Phé- nix, Pelican, Tantale, Dédale, Serpent, Fon- taine, Puits, Porte, Argent-vif des Philosophes, Présure, Lait, Ferment, Serf fugitif & de beau- coup d'autres noms. Desiderabile, pag. 71. Pendant que l'oeuvre est encore crud, notre argent-vif s'appelle Eau permanente, Plomb, Cra- chat de la Lune, Etain. Lorsqu'il est cuit il se nomme Argent, Magnésie, Soufre blanc. Quand il a pris la couleur rouge, on lui donne les noms d'Orpiment, de Corail, d'Or, de Ferment, de Pierre, d'Eau lucide. Ibid. pag. 22. Notre eau prend quatre couleurs principales; la

viij P R E P A C E. noire comme du charbon, la blanche comme la fleur de lys, la jaune semblable à la couleur des pieds de l'émerillon, & la rouge pareille à la cou- leur du rubis. On appelle la noire Air, la blanche Terre, la jaune Eau, & la rouge Feu. Ibid. p. 100. Le suc de lunaire, l'eau de vie, la quintessence, le vin ardent, le mercure végétable ne sont qu'une même chose. Le suc de lunaire se fait de notre vin, connu de peu de personnes; c'est avec lui que nous faisons notre dissolution & notre or potable; sans lui nous ne pouvons rien faire. Rosarium. Notre pierre est comme les animaux, composée d'un corps, d'une ame & d'un esprit. Le corps im- parfait s'appelle Corps, le ferment Ame, & l'eau Esprit. Le corps imparfait est pesant, infirme & mort; l'eau le purge & le purifie en le subtilisant & en le blanchissant; le ferment donne la vie au corps, & lui donne une meilleure forme. Le corps est Vénus, ou la femelle; l'esprit est Mercure, ou le mâle, & l'ame est composée du Soleil & de la Lune. Ibid. L'eau des Philosophes s'appelle le Vase d'Her- mès; c'est d'elle qu'ils ont dit, toutes les opéra- tions se font dans notre eau; sçavoir, la sublima- tion, la , la calcination, la solution & la . Elles se fond dans cette eau comme dans un vase artificiel: ce qui est un grand secret. Ibid. pag. 193. Cambar, Ethelia, Orpiment, Zendrio, Ebse- meth, Magnésie, Chuhul sont des noms de notre argent-vif sublimé du Cambar. Lorsqu'il est par- venu au blanc, on l'appelle Plomb d'Eburich, Ma- gnésie, Airain blanc. Sentent. 54.

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Les Philosophes ont donné beaucoup de noms différens à cette pierre, afin d'obscurcir la science; car lorsqu'elle a été mise dans le vase physique, elle prend différens noms suivant les diverses couleurs qui lui surviennent: pendant la putréfaction elle se nomme Saturne, & après Magnésie. Miroir d'Ar- naud de Villeneuve. Terre feuillée, Soufre blanc, Fumée blanche, Orpiment, Magnésie & Ethel signifient la même chose. La Tourbe. On appelle le corps Fer, Mars, Carmot, Al- magra, Vitriol, Sang, Huile rouge, Urine rouge, Jeunesse, Midi, Eté, Mâle, & de plusieurs autres noms qu'on lui a donné respectivement à sa couleur & à ses propriétés. Ibid.

D E S O P E R A T I O N S.

Notre magistere se fait d'une seule chose, par une seule voye, & par une même opération. Lilium. Vous n'avez besoin que d'une chose, sçavoir no- tre eau; & d'une seule décoction, qui est de cuire: il n'y a qu'un seul vase pour le blanc & pour le rouge. . Quoique les Sages parlent de beaucoup de choses & de divers noms, ils n'ont cependant entendu parler que d'une seule chose, d'une seule disposi- tion, & d'une seule voye. Morien. Le blanc & le rouge sortent d'une même racine, sans mêlange de choses d'une autre nature. Nous n'y ajoutons rien d'étranger, & nous n'en ôtons rien, sinon les superfluités pendant la préparation. Ibid.

x P R E F A C E.

Rhasis après avoir dit la même chose, ajoute: Cette matiere se dissout elle-même, se marie, se blanchit, se rougit, devient noire, safranée, & se travaille elle-même jusqu'à la perfection de l'oeuvre. Sçachez que si vous prenez autre chose que notre airain, & que vous le travailliez avec autre chose qu'avec notre eau, vous ne réussirez pas. La Tourbe.

Du nombre des Matieres qui composent le Magistere.

Notre pierre doit se faire du Soleil & de la Lune: de ces deux l'un doit être un mâle rouge, & une femelle blanche. Isaac Hollandois, liv. 1. ch. 61. La conjonction du Soleil & de la Lune fait notre pierre; le Soleil tire la substance de la Lune, & lui donne sa propre couleur & sa nature. Ce qui se fait par le feu de la pierre. Raymond Lulle, Codicille. Notre pierre ne se fait pas d'une chose indivi- duelle, mais de deux choses, qui étant de même nature n'en sont qu'une seule. Le même. Le Soleil est son pere, & la Lune sa mere. Le vent l'a porté dans son ventre. Hermès. Il n'entre dans notre magistere que le frere & la soeur, c'est-à-dire, l'agent & le patient, le soufre & le mercure. Aegidius de Vadis. Notre argent-vif est une eau claire, notre arsenic est un argent pur, & notre soufre un or très-pur. Toute la perfection du magistere consiste dans ces trois choses. Il n'y a qu'une pierre; cette chose unique n'est pas une en nombre, mais en genre; comme le

P R E F A C E. xj mâle & la femelle sont seuls suffisans pour engen- drer, de même la pierre des Philosophes se fait de deux choses, de l'esprit & de l'ame, qui sont le Soleil & la Lune; on y ajoute un troisiéme, le corps métallique, sans que ce nombre de deux en soit augmenté, parce que ce corps métallique est com- posé des deux autres. Scala Philosophorum. Dans notre composé se trouvent le Soleil & la Lune en vertu & en puissance, & le mercure en nature. Ludus puerorum, pag. 137. Joignez votre fils très-cher à sa soeur blanche par parties égales, & donnez leur un breuvage d'a- mour, dont ils boiront jusqu'à s'enivrer, & jusqu'à ce qu'ils feront réduits en poudre très-subtile. Sou- venez-vous cependant que les choses pures & nettes ne s'unissent qu'à celles qui le sont: sans cette atten- tion, ils engendreroient des enfans différens d'eux- mêmes, & impurs. Aristote le Chymiste. Le Dragon ne meurt que mêlé avec son frere & sa soeur. Rosarium. Trois choses suffisent pour tout le magistere, sçavoir la fumée blanche, l'eau céleste, & le Lion vert, c'est-à-dire, l'airain d'Hermès, & l'eau fétide qui est la mere des métaux, avec laquelle on fait l'élixir depuis le commencement jusqu'à la fin. Ibid. La matiere des Philosophes est eau, mais une eau composée de trois choses: le Soleil est le mâle, la Lune est la femelle, & le Mercure est le sperme. Car pour engendrer, outre le mâle & la femelle, il faut une semence. Ibid. Il n'entre qu'un seul corps immonde dans notre magistere, les Philosophes l'appellent communé-

xij P R E F A C E.

ment Lion vert. C'est le milieu ou moyen pour joindre les teintures entre le Soleil & la Lune, Ces deux principes matériels & formels doivent être dissous. Riplée. Rien n'est engendré que par son espece, & les fruits ne produisent que des fruits semblables. L'eau des Philosophes est le ferment des corps, & les corps sont leur terre, même après qu'ils sont devenus noirs par la préparation du feu. Les Philosophes leur donnent alors le nom de Feu noir; & dans la seconde opération, ceux de Charbon de la mon- tagne, Poix, Antimoine, Alkali, Sel alchali, Marcassite, Magnésie, Argent-vif extrait de Cam- bar, leur Chaux, Verre & Eau mondifiée. Rosinus à la fin du premier livre à Euthicte. Joignez un mâle vivant avec une femelle vi- vante, afin qu'ils forment un sperme, & qu'ils en- gendrent un fruit de leur espece. Cosmopolite. Notre eau est une eau céleste, qui ne mouille pas les mains; ce n'est pas l'eau vulgaire, mais elle semble presque l'eau de pluye. Le corps est l'or qui donne la semence. La Lune (qui n'est pas l'argent vulgaire) reçoit la semence de l'or. Le même.

Des Opérations.

Les noms de décoction, commixtion, mêlange, sublimation, contrition, desséchement, ignition, déalbation, rubification, & de quelqu'autre nom qu'on puisse appeller l'opération, ce n'est qu'un seul régime qu'on nomme simplement décoction & contrition. Alanus. Sçachez que toutes les opérations appellées pu- tréfaction,

P R E F A C E. xiij tréfaction, solution, coagulation, ablution & fixa- tion, consistent dans la seule sublimation, qui se fait dans un seul vase, & non dans plusieurs, dans un seul four. Arnaud de Villeneuve. Résoudre, calciner, dissoudre, sublimer, tein- dre, laver, cuire, rafraîchir, arroser, extraire, coa- guler, humecter, imbiber, fixer, broyer, réduire en poudre, distiller, dessécher, sont une même chose. Le même. Gardez-vous bien de penser que lorsque nous parlons de sublimation, ou que nous sublimons en effet, nous entendions parler de séparation de la matiere qui est au fond du vase d'avec celle qui est au-dessus. Dans notre sublimation les parties fixes ne s'élevent pas, mais seulement les volatiles. Alanus. L'ingression, la submersion, la conjonction, la complexion, la composition & le mélange ne sont, dans notre Art, qu'une même chose. Avicenne.

Du Feu.

Souvenez-vous de donner toujours un feu très- doux, l'ouvrage pourra en être plus long. Isaac Hol- landois, liv. 1. ch. 9. Toutes les fois que la pierre changera de couleur, vous augmenterez le feu peu à peu, jusqu'à ce que tout demeure fixe dans le fond. Le même. Notre feu est minéral & égal; il est continuel; il ne s'éleve point en vapeurs à moins qu'on ne l'ex- cite trop; il participe du soufre; il se prend d'ail- leurs que de la matiere; il dissout tout, détruit, congele, calcine; & ce feu, avec un feu doux,

xiv P R E F A C E. acheve l'oeuvre. Pontanus. Le Trevisan dit la même chose en mêmes termes. Le feu du premier degré est semblable à celui de la poule qui couve ses oeufs pour faire éclorre des poussins, ou comme la chaleur naturelle qui digere la nourriture pour la tourner en substance des corps, ou comme celle du fumier, ou enfin comme celle du Soleil dans Aries. C'est pourquoi quelques Phi- losophes ont dit qu'il falloit commencer l'oeuvre le Soleil étant dans ce signe, & la Lune dans celui du Taureau. Ce degré de feu doit durer jusqu'à la blan- cheur; lorsqu'elle paroît, on augmente le feu peu à peu jusqu'à la parfaite dessication de la pierre: cette chaleur est semblable à celle du Soleil lors- qu'il passe du signe du Taureau à celui des Gemeaux. La pierre étant desséchée est réduite en cendres, on fortifie le feu jusqu'à ce qu'elle devienne parfaite- ment rouge, & qu'elle prenne le manteau royal. Cette chaleur se compare, & est la même que celle du Soleil dans le signe du Lion. Scala Philoso- phorum, pag. 107. Le mercure est un feu; ce qui a fait dire au Phi- losophe: Sçachez que le mercure est un feu, qui brûle les corps beaucoup mieux que le feu com- mun. Rosarium. La chaleur de votre feu doit être celle de la cha- leur du Soleil au mois de Juillet; afin que par une douce & longue cuisson, votre eau s'épaississe, & se change en terre noire. Le même. Notre argent-vif en un feu qui brûle tout corps avec plus d'action que le feu commun; il les mor- tifie en même tems; il réduit en poudre, & tue tout ce qu'on mêle avec lui. La Tourbe.

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Du Vase.

Le vase des Philosophes est leur eau. Hermès, Ludus puerorum. Nous n'avons besoin que d'un vase, d'un four- neau, & d'une seule opération ou régime; ce qui doit s'entendre après la premiere préparation de la pierre. Flamel. L'Auteur du Rosaire s'exprime ab- solument dans les mêmes termes. Les vases requis pour l'oeuvre s'appellent Alu- del, Crible, Tamis, Mortier, parce que la matiere s'y broye, s'y purifie & s'y perfectionne. Calid. Le vase doit être rond, avec un cou long, un orifice étroit, fait de verre, ou d'une terre de même nature, & qui en ait la compacité; l'ouverture sera scellée. Bachon.

Du Tems.

Il nous faut un an pour parvenir au but de nos espérances. Nous ne saurions en moins de tems former notre chaux. Riplée. Le tems requis pour la perfection de l'élixir est au moins d'un an. Rosaire. Les Philosophes ont déterminé plusieurs durées de tems pour la cuisson de notre Art. Quelques-uns l'ont fixée à un an, d'autres à un mois, d'autres à trois jours, d'autres enfin à un seul. Mais de même que nous appellons un jour la durée du tems que le soleil met à parcourir le ciel depuis l'orient jus- qu'à l'occident, les Sages ont nommé un jour l'in- tervalle qui s'écoule depuis le commencement de la cuisson jusqu'à la fin. Ceux qui parlent d'un

xvj P R E F A C E. mois, ont égard au cours du Soleil dans un signe du Zodiaque. Ceux qui font mention de trois jours, considérent le commencement, le milieu & la fin de l'oeuvre: & ceux enfin qui fixent ce tems à un an, le disent eu égard aux quatre couleurs qui for- ment leurs quatre saisons. Anonymus.

Des Couleurs.

Quand vous verrez la noirceur, soyez assuré que la véritable conjonction est faite. Avant que la vé- ritable couleur blanche se manifeste, la matiere prendra toutes les plus belles couleurs du monde en même tems. Vous verrez sur les bords de la matiere de la pierre, comme des pierres précieuses orientales, & comme des yeux de poissons. Alors soyez assuré que la véritable blancheur ne tardera pas à paroître. Isaac Hollandois. Le secret de notre véritable dissolution est la noirceur de charbon faite du Soleil & de la Lune: cette noirceur indique une conjonction & une union si intime de ces deux, qu'ils seront à l'ave- nir inséparables: ils se changeront en une poudre très-blanche. Raymond Lulle. Au bout de quarante jours que la matiere aura été mise à une chaleur lente & médiocre, elle de- viendra noire comme de la poix, ce que les Phi- losophes appellent Tête de corbeau, & le Mercure des Sages. Alanus. La chaleur agissant sur l'humidité produit pre- mierement la noirceur, puis la blancheur, de cette blancheur la couleur citrine, & de celle-ci la rouge Arnaud de Villeneuve.

P R E F A C E. xvij

Quelques-uns ont dit qu'on voyoit pendant le cours de l'oeuvre toutes les couleurs qu'on peut ima- giner; mais c'est un sophisme des Philosophes, car les quatre principales seulement se manifestent. Ils ne l'ont dit que parce que ces quatre sont la source de toutes les autres. La couleur rouge signifie le sang & le feu; la citrine la bile & l'air; la blanche le phlegme & l'eau; la noire la mélancholie & la terre. Ces quatre couleurs sont les quatre élé- mens. Rosaire.

Du style énigmatique.

Ce seroit une folie de nourrir un âne avec des laitues ou d'autres herbes rares, disent plusieurs Philosophes, puisque les chardons lui suffisent. Le secret de la pierre est assez précieux pour en faire un mystere. Tout ce qui peut devenir nuisible à la So- ciété, quoiqu'excellent par lui-même, ne doit point être divulgué, & l'on n'en doit parler que dans des termes mystérieux. Harmonie Chymique. Notre Science est comme une partie de la Ca- bale, elle ne doit s'enseigner clairement que de bouche à bouche. Aussi les Philosophes n'en ont-ils traité que par énigmes, par métaphores, par allé- gories, & par des termes équivoques: on en devi- neroit autant dans le silence de Pythagore, que dans leurs écrits. Aegidius de Vadis, cap. 10. Les secrets prophétiques, naturels, spagyriques & poë- tiques sont pour la plupart cachés sous le même voile. Ibid. La plupart des Traités composés sur cette Science (Hermétique) sont si obscurs & si énigmatiques

xviij P R E F A C E. qu'ils sont inintelligibles à tout autre qu'à leurs Auteurs. Margarita Novella. Celui qui se dégoûtera aisément de la lecture des livres des Philosophes, n'est pas fait pour la Science & n'y parviendra pas. Un livre en éclaircit un autre; l'un dit ce que l'autre a omis. Mais il ne faut pas s'imaginer qu'une lecture d'un même livre suffise pour en avoir l'intelligence, deux, trois & même dix fois répétée elle n'est pas capable de mettre au fait de ce qu'on desire apprendre. Bacaser in Turba. Cette Science est un don de Dieu, & un mystere caché dans les livres des Philosophes, sous le voile obscur des énigmes, des métaphores, des paraboles & des discours enveloppés, afin qu'elle ne vienne pas à la connoissance des insensés qui en abuse- roient, & des ignorans qui ne se donnent pas la peine d'étudier la Nature. Ceux qui desirent y par- venir doivent s'appliquer à éclaircir leurs esprits en lisant avec attention, & en méditant les textes & les sentences des Philosophes, sans s'amuser à la lettre, mais au sens qu'elle renferme. Aurora Con- surgens. Recourez à Dieu, mon fils, tournez votre coeur & votre esprit vers lui, plutôt que vers l'Art; car cette Science est un des plus grands dons de Dieu, qui en favorise qui il lui plaît. Aimez donc Dieu de tout votre coeur & de toute votre ame, & votre prochain comme vous-même; demandez cette Science à Dieu, avec instance & persévérance, & il vous l'accordera. Alanus. Toute sagesse vient de Dieu, & a été avec lui de toute éternité. Celui donc qui desire la sagesse doit la chercher dans Dieu, & la lui demander;

P R E F A C E. xix parce qu'il la distribue abondamment, sans repro- che. Il est le principe & la fin, la hauteur & la pro- fondeur de toute science, & le trésor de toute sa- gesse; car de lui, dans lui & par lui sont toutes choses, & sans lui on ne peut réussir à rien de bien. A lui donc soit honneur & gloire dans tous les sié- cles des siécles. Albert le Grand dans la Préface de son Traité d'Alchymie. J'aurois pu multiplier le nombre de ces textes des Philosophes: on en trouveroit plus qu'il n'en faut pour former un gros volume; mais ceux-là suffiront pour mettre le Lecteur au fait de la ma- niere de s'expliquer de ceux qui ont écrit sur la ma- tiere & les procédés de la Science Hermétique. Ce nuage épais qu'on trouve répandu dans tous leurs ouvrages, cette obscurité affectée, ce mystere que si peu de gens peuvent pénétrer, sont sans contredit la véritable raison qui a fait & fait encore regarder la Pierre Philosophale comme une chymere, mal- gré le témoignage de tant d'Auteurs, & les faits comme certains qui déposent en faveur de sa réalité. Les Sçavans, dit-on, la traitent d'extravagance & de folie. Que conclure de-là? Ne seroit-ce pas une preuve, que ceux qu'on appelle Sçavans, sont bien éloignés de tout sçavoir? & qu'ils pourroient dire d'eux à plus juste titre ce qu'un ancien Sage de la Grece disoit de lui-même: J'ignore tant de choses, que je puis dire, je sçais seulement que je ne sçai rien. Ignore-t-on d'ailleurs que les découvertes ex- traordinaires, telles, par exemple, que celle de la poudre & de ses effets, n'ont d'abord trouvé dans les Sçavans-mêmes que des railleurs & des incré- dules? Ce qu'on nomme la science a souvent ses

xx P R E F A C E. préjugés infiniment plus difficiles à vaincre que l'ignorance même. Il me semble que plus un homme a d'étendue de génie & de connoissances, moins il doit nier, & plus il doit voir de possibilité dans la Nature. A être crédule il y a plus à gagner qu'à perdre. La crédulité engage un homme d'es- prit dans des recherches qui le désabusent, s'il étoit dans l'erreur, & qui toujours l'instruisent de ce qu'il ignoroit.

DICTIONNAIRE

D I C T I O N N A I R E M Y T H O - H E R M E T I Q U E

ABAM est Amethée & Nonius; d'au- le même que tres, avec Claudien (lib. 1. plomb. de raptu Proserpinae), en AABARTA- admettent quatre, Aethon, MEN. Voyez Orphné, Nycté & Abastor. Saturne. Ruland. Leurs noms seuls déclarent ABADIR. Pierre que ce qu'on entendoit par ces Rhée substitua à Jupiter chevaux, c'est-à-dire, la pu- qu'elle venoit de mettre au tréfaction & la volatilisation monde, & qu'elle présenta de la matiere des Philoso- à Saturne qui devoit le dé- phes dans le vase, pendant vorer. Priscien. que cette matiere est au noir, Dans le systême des Phi- ou qu'elle a atteint la couleur losophes Hermétiques, c'est noire, signe de la véritable la fixation de la matiere, qui dissolution. L'un de ces noms commence au regne de Ju- signifie noir, l'autre obscur, piter, après la couleur noire. le troisiéme nuit, &c. Voyez Voyez Jupiter, Satur- les Fables Egyptiennes & ne, Rhée, Regne, & le Grecques dévoilées, liv. 3. livre 3. des Fables Egyp- chap. 6. tiennes & Grecques dévoi- ABESAMEN est la boue lées, chap. 3. & suiv. ou le cambouis qui s'atta- ABASTER, ABAS- che aux essieux des roues. TOR. Nom d'un des che- Johnson. vaux qui tiroit le char de ABLUTION en termes Pluton. Les uns n'en ont de Philosophie Spagyrique, compté que trois, Abaster, ne signifie pas l'action de la- A

2 AB AB ver quelque chose avec de tion sur Abramane & Zo- l'eau ou autre liqueur; mais roastre. Elle a pour titre: purifier la matiere qui est en Eloge du Poëme lyrique de putréfaction, au moyen d'un l'Opera de Zoroastre. A Pa- feu continué sans interrup- ris, chez d'Houry fils, 1750. tion, jusqu'à ce que la ma- Voyez Amelite. tiere de noire devienne blan- ABREUVER, c'est di- che. Voici les termes de l'un gérer, cuire la matiere du d'entr'eux. Ablution est une grand oeuvre. On dit abreu- abstersion ou lavement de la ver, parce que cette matiere noirceur, tache, souillure, en se volatilisant, monte en puanteur, &c. de la matiere, espece de vapeurs, qui re- par la continuation du se- tombent sur la terre demeu- cond degré du feu d'Egypte. rée au fond du vase. Voyez Anonymus Epist. ad Nort- Laver, Lavemens. man. filium dilectum. ABRIC, c'est le soufre Le même dit ailleurs que des Philosophes, non le sou- les Philosophes entendent fre du vulgaire, ou tout autre aussi par les eaux, les rayons soufre minéral ou métallique & la lueur de leur feu. naturel. Voyez Soufre. Les Anciens ont caché ABSEMIR, un des noms cette ablution sous l'énigme que les Philosophes ont don- de la Salamandre, qu'ils di- né à la matiere de l'Art. sent se nourrir dans le feu ; & ABSYRTHE, frere de du lin incombustible, qui s'y Médée, qu'elle coupa en purifie, & s'y blanchit, sans morceaux, & dont elle dis- s'y consumer. persa les membres sur le ABNELEITEM, c'est chemin qu'elle prit, en s'en- l'alun. fuyant avec Jason. Cette fa- ABOIT ou ABIT, c'est ble ne signifie autre chose la céruse. que la dissolution de la ma- ABRAMANE est un tiere dans la seconde opéra- nom supposé pour former la tion de l'oeuvre. Voyez les fiction de Zoroastre sur la Fables dévoilées, liv. 2. c. 1. création du monde, & la ABYLA, montagne d'A- manifestation de la lumiere. frique auprès du détroit de Un Auteur anonyme, qui Gibraltar. C'est une des co- s'arroge le nom de Philoso- lomnes d'Hercule. On la phe Hermétique sans l'être nomme aujourd'hui Almi- en effet, a fait une disserta- na. Voyez les Fables Egyp-

AC AC 3 tiennes & Grecques dévoi- de ce que, par sa vertu acti- lées, liv. 5. ve, il purifie leur leton, & ACAID. C'est un des le fait passer de la couleur noms barbares que les Chy- noire à la blanche, qu'ils ap- mistes ont donné au vinai- pellent lumiere. gre. ACHAMECH. Quel- ACALACH, ou le Sel, ques Chymistes ont donné suivant la façon de s'expri- ce nom aux scories de l'ar- mer des Sectateurs de la Phi- gent. Johnson. losophie Spagyrique. Pla- ACHELOYS, Fleuve niscampi. de la Grece, que les Poëtes ACALAI, c'est le Sel. ont feint être fils du Soleil & ACANOR, pot de terre de la Terre, ravageoit tou- percé de plusieurs trous dans tes les terres qu'il arrosoit; son fond & dans ses côtés. Hercules le lia. Johnson, & Paracelse. Cet Acheloys, selon les ACARTUM, est un des Philosophes Spagyriques, noms du minium. D'autres est le Mercure philosophi- le nomment Azimar. que dont les esprits consu- ACATO, ou la Suye. ment & dissolvent tout ce ACAZDIR ou ALCA- qu'on y met. Le Philosophe, NI, ou ALOMBA. C'est comme un autre Hercule, le la même chose que le Jupiter lie, c'est-à-dire, fixe & coa- des Chymistes, ou l'étain. gule ces esprits selon l'Art; Johnson. & par ce moyen lui arrache ACCATUM, signifie le une corne, qui devient corne clinquant, l'oripeau. d'abondance, c'est-à-dire, ACEDIA, ou ACADIA en fait la pierre philosophale, suivant Planiscampi. Four- qui, par sa & neau en usage dans la Spa- sa , enrichit & pro- gyrique, ainsi nommé de ce duit l'abondance de toutes qu'il ne demande que très- sortes de biens. Voyez les peu de soins pour y entrete- Fables Egypt. & Grecques nir le feu. dévoilées, liv. 5. ACETUM ACERRI- ACHERON, Fleuve de MUM, Eau mercurielle des l'Enfer, le premier qui se Sages. présentoit aux ombres qui ACHACHI, ou Eau de descendoient dans l'Empire lumiere: c'est le Mercure des de Pluton. C'est la premiere Philosophes, ainsi nommé putrefaction de la matiere A ij

4 AC AC avant l'entiere dissolution. qui a donné occasion à plus Les Poëtes ont feint en con- d'un Chymiste de chercher séquence que les eaux de la pierre philosophale dans ce fleuve prétendu étoient l'acier, métal que l'on em- puantes, ameres & de très- ploye à faire des outils; mais mauvais goût. Ce qui a fait en vain travaillent - ils sur dire aux Philosophes Her- ce métal comme sur les au- métiques, que leur eau mer- tres. L'acier des Sages est la curielle dans cet état, est mine de leur or philosophi- amere, sentant l'odeur des que, un esprit pur par-dessus cadavres, & très-venimeuse. tout, un feu infernal & se- Voyez les Fables Egypt. & cret, très-volatil dans son Grecq. dévoilées, l. 3. c. 6. genre, & receptacle des ver- ACHERUSE, marais tus supérieures & inférieu- ou lac de la Tesprotie, par res, le miracle du monde, lequel passe le fleuve Ache- que Dieu a scellé de son ron, qui de-là va se précipi- sceau, enfin la clef de tout ter dans les Enfers. C'est par- l'oeuvre philosophique. C'est là que Pluton se sauva quand la partie la plus pure & vo- il enleva Proserpine. Voyez latile de la matiere, dont les l'explication de cette fable Sages font le grand oeuvre. dans le livre 4e des Fables Il n'a point d'autres noms Egypt. & Grecq. dévoilées, dans aucune langue, qui ne chap. de Cerès. signifie la quintessence des ACHILLE, fils de Pélée choses de l'Univers. Les Phi- & de Thétis, Héros sans losophes lui ont donné le lequel les Grecs n'auroient nom d'acier, parce qu'il a pu s'emparer de la ville de une telle sympathie avec la Troie, Voyez cette fable & terre d'où on l'extrait, qu'il son explication dans tout le y est sans cesse rappellé, cours du livre 6e des Fables comme à son Aiman. Egypt. & Grecq. dévoilées. ACORDINA, c'est la ACIDE, Or philosophi- Tuthie. que, souphre des Sages, ou ACRISE, pere de Da- le magistere parvenu à la naé mere de Persée, qui cou- couleur rouge. pa la tête de Méduse, dont ACIER. Les Philosophes le seul aspect transformoit ont beaucoup parlé de leur tous les êtres vivans en ro- acier, entr'autres le Cosmo- chers. Voyez cette fable & polite & le Philalethe. Ce son explication chymique

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dans le 3e livre des Fables ADARNECH, ou Egypt. & Grecq. dévoilées, ADARNETH, ou AZAR- chap. 14. § 3. NET. C'est l'orpiment, en ACSUO. Terme de la termes de Chymie. Philosophie Spagyrique, ADARRIS. La fleur ou qu'on emploie pour signifier l'écume salée de l'eau de la le coral rouge. mer. ACUREB, veut dire du ADDITION. Voyez Verre. Planiscampi. Ajouter. ACUSTO, signifie le ADEBESSI. C'est la tor- Nitre. tue des Philosophes, c'est-à- ADABISI ou ADE- dire l'écorce qui renferme la BEZI. Tortue des Philoso- vraie matiere du mercure phes Spagyriques. des Sages. Un Auteur inter- ADAM est un nom que rogé qu'elle étoit la matiere les Philosophes ont donné à crue de l'Art, répondit: c'est leur magistere lorsqu'il est la tortue avec la graisse de la parfait au rouge, parce que vigne; & un emblême phi- leur matiere étant la quin- losophique représente Basile tessence de l'Univers & la Valentin apprêtant une tor- premiere matiere de tous les tue avec du vin. individus de la Nature, elle ADEG. Lait aigri. Johns. a un parfait rapport avec ADECH. Les Philoso- Adam, dans lequel Dieu ra- phes Hermétiques donnent massa la plus pure substance ce nom à la partie de l'hom- de tous les êtres, & que d'ail- me que nous nommons com- leurs Adam, qui signifie rou- munément l'aine; quelque- ge, exprime la couleur & les fois ils entendent aussi l'es- qualités du magistere. prit, qui se forme des idées ADAMITE. Espece de communes des choses pour tartre blanc, ou terre feuil- les imiter dans les ouvrages lée, que les Philosophes Her- de ses mains. métiques ont nommé Terre ADEHEM ou ALHO- Adamique, Tartre, Terre HONEC. Lame de fer, de vierge, Adamita, &c. cuivre ou d'autres matieres. ADAPTATION. Voyez Johnson. Convenance. ADER, ou ADO, ou ADARIGE. Nom que ADHO. Lait frais & nou- quelques Chymistes ont veau duquel on a enlevé la donné au sel armoniac. On crême. Johnson. dit aussi Adirige. A iij

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ADES. Voyez Pluton. ADMETE, Roi de Thes- ADHAEC. Esprit qui en- salie, dont Apollon, après tretient la vie & le mouve- avoir été chassé du Ciel, gar- ment dans le corps des ani- da les troupeaux. Apollon maux. Les Philosophes Her- en ayant été bien traité, ob- métiques distinguent dans tint des Parques qu'il ne l'homme trois parties qui mourroit pas, s'il trouvoit constituent son humanité; quelqu'un qui voulut bien sçavoir, l'ame, l'esprit & le s'offrir à la mort pour lui. corps. L'ame immortelle & Alceste son épouse & son spirituelle qui se nourrit & amante se présenta, & fut s'entretient de Dieu même, sacrifiée. Hercules descendit comme en étant une espece dans le ténébreux séjour de d'extension, suivant ce qu'en Pluton, & en ayant délivré dit Hermès dans son Ascle- Alceste, il la rendit à Ad- pius; l'esprit qui tient com- mete son ami. Voyez Al- me le milieu entre l'ame & ceste. le corps pour les unir en- ADMINISTRER. Don- semble, & qui se nourrit de ner, fournir, procurer. ce qu'il y a de plus subtile ADMISURAB. C'est la dans la nature, & de la quin- terre philosophique. tessence des élémens, au ADO. Voyez Ader. moyen de la respiration ; & ADONIADES ou enfin le corps crasse & ter- ADONIENNES. Fêtes en restre, qui se nourrit de terre l'honneur d'Adonis. Voyez & d'eau, comme en ayant son article. été composé. Voyez le Trai- ADONIS. La Fable nous té de Physique dans le pre- rapporte qu'Adonis fut aimé mier volume des Fables de Vénus; qu'il fut tué à la Egyptiennes & Grecques chasse par un sanglier fu- dévoilées & réduites au mê- rieux, & que Vénus en étant me principe, dont ce Dic- informée, accourut à lui pour tionnaire n'est qu'une espece le secourir; elle rencontra de Table raisonnée. dans son chemin un rosier à ADHEBE, même chose fleurs blanches, aux épines qu'Adec. duquel s'étant piquée le pied, ADHO. Voyez Ader. il en sortit du sang qui chan- ADIBAT. Mercure des gea en rouge la couleur blan- Philosophes Hermétiques. che des fleurs. Les Syriens ADIRLAPIS, C'est le adoroient particulierement Sel armoniac.

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Adonis, comme les Egyp- cuisson des Philosophes n'est tiens Apis; l'un & l'autre si- qu'une pure conti- gnifioient la matiere Philo- nuée au même degré du feu sophique, qui aimée de Vé- des Sages. nus, c'est-à-dire de la Lune ADRAM, ou Sel gem- Philosophique, se réunissent me. ensemble & se prêtent un ADRARAGI. L'un des secours mutuel. Isis & Osiris noms que les anciens Chy- étoient le mari & la femme, mistes ont donné au safran le frere & la soeur, le fils & commun, & que les Chy- la mere; & les deux histoi- mistes Hermétiques donnent res sont tout-à-fait sembla- à la matiere de leur Art, bles. Un sanglier tue Ado- quand elle est parvenue par nis, Vénus y court; Typhon la cuisson à la couleur sa- tue Osiris, Isis y accourt: frannée. celle-ci ramasse les membres ADRASTE'. Nymphe dispersés d'Osiris, Vénus ca- aux soins de laquelle Rhée che Adonis blessé sous une confia l'éducation de son fils laitue. Tout cela représente Jupiter, après l'avoir sauvé allégoriquement ce qui se de la voracité de Saturne. passe dans le vase Philoso- Voyez les Fables Egypt. & phique, comme le sçavent Grecques, liv. 3. chap. 4. les Adeptes. Voyez l'expli- ADROP. Nom que les cation de cette fiction dans Philosophes Hermétiques les Fables Egyptiennes & ont donné à la matiere qu'ils Grecques dévoilées, T. 2. employent dans le grand ADORAT. Terme bar- oeuvre. Guy du Mont (Gui- bare de Chymie, qui signi- do de Monte) a fait un Traité fie le poids de quatre livres. qui a pour titre de Philoso- ADOS ou ADOT. Eau phico Adrop, inséré dans le ferrée. Elle se tait en faisant VIe tome du Théatre Chy- rougir au feu un morceau de mique. fer plusieurs fois, & qu'on ADSAMAR. On trou- éteint autant de fois dans de ve ce terme dans quelques l'eau pure. Alchymistes, pour signifier ADOUCIR, c'est le urine. même que cuire. C'est dans ADULPHUR. Cendre, ce sens que Raymond Lulle ou sable. dit, que leur feu adoucit les ADUMA. La pierre choses aigres & ameres. La des Philosophes parvenue A iv

8 AE AE au rouge, avant qu'elle soit Fables Egypt. & Grecques élixir. dévoilées. AEAQUE. V. Eaque. AETHNA. Montagne de AEEA. Isle où Circé fai- la Sicile, qui vomit toujours soit son séjour. Voyez le li- des flammes ou de la fumée. vre 2. chap. 7. des Fables Les Poëtes ont feint que Ju- Egyptiennes & Grecques piter renferma dessous un des dévoilées. Géans qui vouloient chasser AELLO. L'une des Har- les Dieux du ciel; que les pies. Voyez les Fab. Egypt. tremblemens de terre, que & Grecq. dévoilées, liv. 3. l'on ressent dans les envi- chap. 1. rons, sont occasionnés par AESON, pere de Jason les mouvemens que se don- selon la Fable, fut rajeuni ne ce Géant, pour choisir par Médée, après quelle une situation moins gênante, l'eut fait couper en petits & que les flammes & la fu- morceaux, & fait cuire dans mée qui sortent par le som- une chaudiere. Cette fable, met de cette montagne, sont selon les Chymistes, signifie celles de la forge de Vul- que la matiere du grand oeu- cain, que ce Dieu, forge- vre semble mourir dans le ron des foudres de Jupiter vase par la putréfaction, & & des armes des Héros, a puis revit, & pour ainsi dire, établie dessous. Quelques rajeunit en devenant poudre Chymistes donnent à leur au blanc & puis au rouge. feu le nom d'Aethna, parce C'est ce qu'on peut voir dans que c'est un feu concentré tous les livres des vrais Phi- & naturel qui agit perpétuel- losophes. Voyez les Fables lement, & n'est pas toujours citées dans l'art. précédent. manifeste. AESPHARA. Incinéra- AETHON. L'un des che- tion de la chair ou de la subs- vaux qui traînoient le char tance du corps des animaux. de Pluton. V. Abaster. Planiscampi. AETHRA ou ETHRE. AETE'S, Roi de Colchos, Fille de Pithée, femme d'E- pere de Médée, possesseur gée, & mere de Thésée. de la toison d'or, que les Ar- Voyez les Fables Egypt. & gonautes lui enleverent. Il Grecq. dévoilées, l. 6. c. 3. étoit fils du Soleil. Voyez AFFAX & AFFARIS. ce que signifie cette fiction, Toutes sortes d'attramens. dans le liv, 2, chap. 1. des AFFENIQUE ou AF-

AF AG 9

FENICUM. Johnson dit & ce qu'elles signifient chy- que les Chymistes donnent miquement, dans tout le li- ce nom à l'ame des choses. vre 6. des Fables Egypt. & AFFEOS ou AFFROS. Grecques dévoilées. Mot corrompu du mot grec AGAR. Nom donné à la aphros, écume. Les Chy- chaux des Philosophes par mistes le prennent dans le les Alchymistes, & à la même sens. chaux commune par quel- AFFERMER. Assurer, ques anciens sectateurs de la donner pour certain. Chymie vulgaire. Ils l'ont AFFIDRA. C'est la cé- aussi appellée Algit, & Al- ruse. gerit. AFFLAMBER. Voyez AGAZOPH. Voyez Pe- Enflamber. riminel. AFFORMAS. Ancien AGE D'OR ou SIE'CLE terme chymique, qui veut D'OR. Tems du regne de dire du verre. Saturne. Voyez ce qu'on AFFRAGAR. C'est le doit entendre par l'âge d'or, minium selon Rullandus, & dans le liv. 2. chap. 6. des le vert-de-gris suivant Pla- Fables Egypt. & Grecques niscampi. dévoilées. AFFRENGI. C'est en- Age signifie aussi regne, core le minium. chez les Philosophes. Voyez AFFRODINE. Nom Regne. que les Chymistes ont cor- AGENOR, Pere de Cad- rompu du grec Aphrodite, mus & d'Europe. Voyez & par lequel ils entendent l'explication des fables in- Vénus, & le cuivre. ventées sous leurs noms, AFFROTON. Ecu- liv. 3. ch. 14. §. 5. des Fab. meux. Voyez Affeos. Egypt. & Grecq. dévoilées. AFFROP. Nom que AGENT. L'Alchymie les Philosophes Spagyriques reconnoît plusieurs agents donnent à la matiere du dans l'opération de l'oeuvre, grand oeuvre. deux en puissance, & deux AGALLA. Sel préparé, actuels, qui mettent en ac- suivant Planiscampi. tion ceux qui n'étoient d'a- AGAMEMNON. Chef bord agents qu'en puissance. de l'armée des Grecs qui fi- Les deux agents actuels rent le siége de Troie. Voyez sont le feu céleste & le feu sa généalogie & son histoire, central, qui préparent la ma-

10 AG AG tiere à l'Artiste. Après la pré- tinuel, qu'il ne produit point paration de la pierre faite par de vapeurs, s'il n'est excité l'Artiste, ces deux agents se avec trop de violence; qu'il réduisent en un seul, qui est participe du soufre, qu'il n'est le feu philosophique. point pris ou tiré de la ma- Les deux agents en puis- tiere, qu'il dissout & ramas- sance sont le soufre & le feu se, qu'il calcine, congele & inné de la matiere, qui pour coagule tout; qu'il s'acquiere devenir agents actuels n'ont par industrie & par l'art, & besoin que d'être excités par qu'il coûte peu de frais, s'il le feu philosophique. Il y a en coûte quelques-uns. encore un autre agent sur AGNEAU est aussi un lequel les Philosophes ont des noms de la matiere que presque tous gardé le silen- les vrais Chymistes em- ce, & le rejettent même en ployent pour faire la pierre apparence; c'est le feu élé- Philosophale. Quand cette mentaire qu'ils ne nomment matiere a passé par les diffé- jamais, & dont ils ne par- rentes préparations requises lent que par énigmes, pour pour la purifier de ses parties tromper & donner la tor- hétérogênes, on lui donne ture à ceux qui veulent en- quelquefois le nom d'agneau treprendre le grand oeuvre. sans tache, agnus immacu- Après la connoissance de la latus, comme on peut le matiere, tout le secret gît voir dans le livre qui a pour dans l'administration & le titre: Enarratio methodica régime de ce feu. trium Gebri verborum, com- Agent. L'agent interne posé par Philalethe. des Alchymistes est le feu AHOT. Nom donné au inné de la matiere, qui étant lait des Philosophes, qu'ils excité par l'externe, digere, appellent lait de la Vierge, putréfie, & cuit cette ma- & que les Chymistes vul- tiere beaucoup mieux que le gaires donnent au lait com- feu élémentaire ne sçauroit mun. faire. Cet agent est le plus AHUSAL. C'est le sou- grand secret de l'Art; & pour fre Philosophique, & non l'obtenir, il faut se comporter le soufre vulgaire, comme comme Thetis avec Achille. l'ont mal interprêté la plû- Un des Ecrivains modernes part des Chymistes; qui l'ont sur cet Art (Pontanus) dit, aussi nommé Akibot, Al- qu'il est minéral, égal, con- chimit.

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AIAR, ou Pierre Bori- matiere en le réincrudant. que. Chaque sublimation, sui- AIARAZATH. Voyez vant Philalethe, est une ai- Alahabar. gle; & quoique sept suffi- AJAX. Héros Grec qui sent, on peut les pousser jus- se signala au siége de Troie, qu'à dix. Ainsi quand ils di- & qui ayant violé Cassan- sent qu'il faut mettre sept ai- dre dans le temple de Mi- gles pour combattre le lion, nerve, fut foudroyé par cette nous n'entendons pas, dit le Déesse en punition de son même Auteur, qu'il faille crime. Voyez son histoire, mettre sept parties de mer- liv. 6. des Fables Egyptien- cure ou de volatil contre le nes & Grecques dévoilées. lion ou une partie du fixe, Il y avoit au même siége mais notre mercure sublimé un autre Héros du même & exalté sept fois. Plus il y nom, fils de Telamon & aura d'aigles contre le lion, d'Hesione; il disputa avec dit Basile Valentin, moins Ulysse pour avoir les armes le combat sera long. Tour- d'Achille. Voyez le livre ci- mentez le lion, ajoûte le té ci-devant. même Auteur, jusqu'à ce AIBACHEST ou AI- que l'ennui le prenne & qu'il BATHEST. Nom que quel- desire la mort. Faites - en ques Chymistes ont donné à autant de l'aigle jusqu'à ce la matiere de la pierre puri- qu'elle pleure; recueillez ses fiée de ses parties hétérogê- larmes & le sang du lion, & nes; & parvenu au blanc mêlez-les ensemble dans le après la putréfaction. vase philosophique. Tout ce- AIDONE'E. Voyez Plu- la ne signifie que la dissolu- ton. tion de la matiere, & sa vo- AIGLE. Nom que les latisation. Philosophes Hermétiques L'Aigle étoit un oiseau ont donné à leur mercure consacré à Jupiter, par la après sa sublimation. Ils raison que le Mercure des l'ont ainsi appellé, premie- Sages se volatilise, & em- rement à cause de sa volati- porte le fixe avec lui, dans lité ; secondement, parce que le tems que le Jupiter des comme l'aigle dévore les au- Philosophes, ou la couleur tres oiseaux, le mercure des grise, succéde à Saturne, ou Sages détruit, dévore, & ré- à la couleur noire. L'aigle duit l'or même à sa premiere que Jupiter envoya pour dé-

12 AI AI vorer le foye de Promethée, mie vulgaire, & volatilisa- ne signifie aussi que l'action tion de la matiere dans le du volatil sur le fixe ou pierre sens Hermétique. ignée, qu'ils ont appellé mi- Aigle volante. Mercure niere de feu céleste. C'est des Philosophes. pourquoi on a feint que Pro- AIGU. C'est le magistere methée avoit volé le feu du au rouge. ciel; & que pour le punir, AIMAN. Les Sages n'ont Jupiter le fit attacher à un pas fait moins d'éloges de rocher, qui désigne la pierre leur aiman que de leur acier. fixe des Sages, & que son Mais il ne faut pas s'imagi- foye, la partie la plus chaude ner que cet aiman soit l'ai- de l'homme, y étoit conti- man vulgaire. Ils ne lui ont nuellement dévoré par un donné ce nom qu'à cause de aigle, quelques-uns ont dit sa sympathie naturelle avec un vautour, ce qui revient ce qu'ils appellent leur acier. au même. Cette aigle étoit Celui-ci est la mine de leur dite, pour cette raison, fille or, & l'aiman est la mine de de Typhon & d'Echidna, leur acier. Le centre de cet c'est-à-dire de la putréfac- aiman renferme un sel ca- tion de la matiere. Voyez ché, un menstrue propre à les Fables Egypt & Grecq. calciner l'or philosophique. dévoilées, liv. 5. ch. 17. Ce sel préparé forme leur Les Spagyriques appel- mercure, avec lequel ils font lent Aigle le sel armoniac, le magistere des Sages au & le mercure sublimé, à blanc & au rouge. Il devient cause de la facilité avec la- une mine de feu céleste, qui quelle ils se subliment. Mais sert de ferment à leur pierre, ce n'est ni du mercure vul- pour la multiplier, en faire gaire, ni du sel armoniac des l'élixir, la poudre de projec- Droguistes qu'on doit l'en- tion, & la médecine univer- tendre, c'est de ceux des selle. Et tout cela se fait par Philosophes. une opération simple, sans Aigle dévorant le lion. beaucoup de frais, mais dans Expression Hermétique, qui un tems un peu long. Les exprime la volatilisation du Sages donnent aussi le nom fixe par le volatil, ou du sou- d'aiman à leur mercure déja fre par le mercure des Sages. fait, & à la partie fixée de Aigle étendue. Sel ar- la matiere qui fixe la vola- moniac sublimé dans la Chy- tile.

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AJOUTER. On ne doit duquel, en continuant l'opé- pas, par ce terme, penser ration, on fait la terre, & de que les Philosophes préten- cette terre le feu. Et ainsi dent qu'il faille ajouter une nous convertissons les élé- matiere nouvelle à celle qui mens l'un en l'autre; car en est déja dans le vase, mais convertissant les élémens on seulement qu'il faut conti- trouve ce qu'on cherche. nuer à cuire. Et quand ils di- L'air des Philosophes n'est sent nous n'ôtons rien, ni donc qu'une eau coagulée nous n'ajoutons rien à la par le feu, & réduite en pou- pierre, il faut les entendre à dre ou fleurs blanches très- la lettre ; mais quands ils di- subtiles. sent ensuite, nous en ôtons AIRAIN D'HERME'S. seulement le superflus, & Terme de Chymie, dont se nous lui ajoutons ce qui lui servent les Philosophes Her- manque, c'est-à-dire que métiques, pour signifier le nous lui donnons la perfec- corps imparfait dont ils doi- tion qu'elle n'avoit pas, au vent se servir pour l'oeuvre moyen des opérations du de la pierre. Ils lui donnent magistere. également ce nom, avant AIR, est aussi un nom qu'il soit purifié de ses hété- que les Chymistes Hermé- rogénéités, comme pendant tiques donnent à leur mer- la putréfaction & la décoc- cure subtilisé, & sublimé en tion continuée qu'il lui faut fleurs blanches, ou terre très- pour le rendre soufre incom- tenue, qu'ils appellent aussi bustible. Ils le nomment aussi l'Oiseau d'Hermès, l'Aigle, Laiton, Orpiment, Lion vert, &c. Alexandre dit dans la Arsenic, & de divers autres Tourbe, ou Code de vérité, noms qu'on peut voir au ter- quand vous aurez tiré l'eau me Matiere, & dans les ar- de l'air, l'air du feu, & le ticles qui les concernent. feu de la terre, vous aurez Airain NOIR. Matiere fait tout l'oeuvre. Aristote le des Philosophes pendant la Chymiste dit aussi: il faut putréfaction, ou leur laiton changer l'air en eau, con- qu'il faut blanchir. vertir cette eau en feu, de Airain BLANC. C'est le ce feu extraire l'air; car c'est laiton blanchi, ou la pierre du feu chymique fixé, & de au blanc. notre eau que l'on fait l'air, Airain INCOMBUSTI- qu'il faut convertir en feu, BLE, Magistere au rouge

14 AI AL parfait, parce qu'alors il ne ALCEANI. Terme de craint plus les atteintes du science Hermétique. C'est le feu. changement de la forme su- AIRAZAT. Quelques perficielle des métaux, com- Chymistes ont donné ce me la déalbation de Vénus, nom au Saturne, mais il faut qui est une fausse teinture de l'entendre de celui des Phi- Lune ou argent, &c. Pla- losophes. niscampi. AITMAD. C'est l'anti- ALAFAR. C'est le vase moine vulgaire suivant les Philosophique, & non le Chymistes, l'antimoine Sa- vase de verre qui renferme turnial, ou Philosophique, la matiere de l'oeuvre. quand on le prend Hermé- ALAFARANGI. Action tiquement. Voyez le livre de laver & d'épurer le plomb d' à ce sujet. brûlé. Planiscampi. AIZOI. Johnson donne ALAFOR, ou le Sel al- ce nom à la joubarbe, dans kali. son traité de Lue Hungaricâ, ALAHABAR ou A- pag. 100. LOOC. Même chose qu'A- AKEM. Paracelse a em- labari. ployé ce terme pour signi- ALARTAR. C'est l'aes- fier du beurre cuit. Johnson. ustum, ou cuivre brûlé. AKIBRIT. Voyez Al- ALASALET. Quelques kibric. Chymistes ont donné ce AKILIBAT ou ALO- nom au sel armoniac. TIN. C'est la térebenthine, ALASTROB. Voyez suivant Planiscampi. Alabahi. ALABARI ou AIRA- ALATANS. Nom que ZAT. Plomb des Philoso- quelques-uns ont donné à la phes, qu'ils ont aussi appellé litharge. Johnson. Coeur de Saturne. C'est pro- ALAURAT. C'est le prement la matiere de l'Art, nitre des Philosophes, & qui se tire de la race de Sa- non le salpêtre vulgaire, sur turne. lequel tant de Chymistes se ALACAB. Sel armoniac sont exercés à pure perte. Philosophique, que les Chy- ALAZER. Soufre vif, mistes vulgaires interpretent ou Ambrosien. Il est rou- du sel armoniac commun. geâtre, transparent, & res- ALACAP. Voy. Aigle semble beaucoup à l'orpi- des Philosophes. ment fixé. Quelques Chy-

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mistes peu versés dans le vé- sont incombustibles. Les an- ritable sens des Auteurs Her- ciens se servoient de la scis- métiques, particulierement sile, qui ressemble à l'alun de Geber, ont pris ce soufre de plume, pour faire une pour celui des Philosophes, toile dans laquelle ils brû- qui n'est autre que leur ma- loient les corps des morts, tiere parvenue à la couleur pour en conserver les cen- de ce soufre Ambrosien, au dres. On trouve ces deux moyen de la cuisson Philo- sortes d'amianthes sur les sophique. montagnes des Pyrenées. Il ALBAIT ou ALFURA. y croît aussi une plante, si Un des noms de la céruse. nous en croyons Pomet, qui ALBANUM. Sel d'urine. mise dans l'eau pour y être ALBARAS. Arsenic. roüie comme le chanvre, & ALBAR AERIS. Terre ensuite travaillée de même, feuillée des Philosophes, ou produit une toile incombus- leur laiton blanchi, leur Lu- tible. ne, leur Diane nue; enfin ALBETUD. Les Chy- leur matiere parvenue au mistes ont quelquefois don- blanc. né ce nom au galbanum. ALBERICK. Cuivre dé- ALBIFICATION. cappé & blanchi par quel- Voyez Blanchir. ques opérations chymiques. ALBIMEC. C'est l'orpi- On y réussit avec l'arsenic, ment. mais le cuivre reste cassant, ALBOR. Urine. & comme régulifié. ALBORACH. Matiere ALBESTOS. Matiere des Philosophes parvenue à onctueuse, & bitumineuse, la blancheur. combustible, & de couleur ALBORCA. V. Mer- de fer. On la trouve dans cure Philosophique. l'Arcadie, & Johnson dit ALBOS. Creuset. qu'on ne peut l'éteindre ALBOTAR. Céruse. quand elle est allumée. Je ALBOTIM, ALBO- croirois que cet Auteur se TAI, ALBOTRA. Même trompe, & qu'il a pris le sens chose que Albotar, ou cé- contraire, de celui qu'il fal- ruse. loit, parce que la pierre ALBUSAO. C'est le amianthe, qui est de deux soufre des Sages; quelques especes, se nomme Albestes Chymistes ont donné ce & Albeston. L'une & l'autre nom au soufre commun.

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ALCABRICK. V. Al- dire qu'en termes de Philo- kibrick. sophie Hermétique, lait ai- ALCADY. Vitriol ou at- gri & mercure des Sages ne trament blanc, ou sel blanc sont qu'une même chose. des Sages. ALCEBRIS VIF. C'est, ALCAFIEL. Antimoine en Chymie, le soufre vif Philosophique ou matiere ou naturel; mais dans l'art Saturnienne propre à l'oeu- Hermétique, c'est la pierre vre des Sages. ignée, la matiere parvenue ALCALHAL. Vinaigre au rouge dans la premiere en termes de Chymie vul- opération des Philosophes. gaire; mais ce vinaigre n'est ALCE'E. V. Hercule. pas celui des Philosophes, ALCESTE, fille de Pe- qui n'est autre chose que leur lias & femme d'Admete, eau pontique, ou leur mer- offrit sa vie pour sauver celle cure dissolvant. de son mari. Hercules des- ALCALIGATAM. cendit aux Enfers; après y Composition chymique fai- avoir lié le Cerbere, il ra- te avec de la mumie & de mena Alceste dans le séjour l'esprit alkali; si l'on y ajoute des vivans, & la rendit à son du mercure doux, c'est, dit époux. Voyez le liv. 5. ch. Planiscampi, un admirable 21. des Fables Egypt. & remede pour la goutte, & Grecques dévoilées. sur-tout si elle procéde d'un ALCHABRIC. Voyez reste de maladie vénérienne. Alkibric. ALCAMOR. V. Ala- ALCHAEST. Voyez habar. Alkaest. ALCANI. V. Acazdir. ALCHARIT ou ZAI- ALCANNA ou ALCO- BACH. C'est le mercure, NA. Espece de canne ou mais celui des Philosophes. arbrisseau creux & noueux, ALCHAZANON. Boue dont les Arabes se servoient qui tombe des meules à ai- autrefois pour faire des pi- guiser. On en fait un mastic ques. On l'employe aujour- excellent. Johnson. d'hui dans la médecine au ALCHIERAM. Nom lieu de gayac. Johnson. que quelques Chymistes ont ALCAOL signifie quel- donné à la tête morte qui quefois du lait aigri, & d'au- reste au fond de la cucurbite tres fois du mercure. John- après la distillation. Rullan- son. Cet Auteur auroit dû dus. ALCHI-

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ALCHITRAM, le mê- La fausse Alchymie ne me qu'Alchieram. On trou- peut mieux se définir, que ve ce nom dans quelques l'art de se rendre misérable Chymistes, pour signifier tant du côté de la fortune l'huile de genievre, la poix que de la santé. liquide, & Rullandus le don- La vraie consiste à per- ne à l'arsenic préparé. fectionner les métaux, & à ALCHITURA. C'est la entretenir la santé. La fausse poix liquide. à détruire l'un & l'autre. ALCHONOR. V. Ala- La premiere emploie les habar. agens de la Nature, & imite ALCHYMIE. Presque ses opérations. La seconde tous les Auteurs varient sur travaille sur des principes la définition de cette science, erronnés, & emploie pour parce qu'il y en a de deux agent le tyran & le destruc- sortes, l'une vraie & l'autre teur de la Nature. fausse. La premiere se défi- La premiere, d'une ma- nit, selon Denis Zachaire, tiere vile & en petite quan- une partie de la Philosophie tité, fait une chose très-pré- naturelle, qui apprend à faire cieuse. La seconde, d'une les métaux sur la terre, en matiere très-précieuse, de imitant les opérations de la l'or même, fait une matiere Nature sous terre, d'aussi très-vile, de la fumée & de près qu'il est possible. Para- la cendre. celse dit que l'Alchymie est Le résultat de la vraie est une science qui montre à la guérison prompte de tou- transmuer les genres des mé- tes les maladies qui affligent taux l'un en l'autre. l'humanité. Le résultat de la Mais la vraie définition fasse sont ces mêmes maux, qu'on peut tirer de tout ce qui surviennent communé- que les bons Auteurs disent ment aux souffleurs. de la vraie Alchymie, est L'Alchymie est tombée telle: l'Alchymie est une dans le mépris, depuis que science, & l'art de faire une le grand nombre de mauvais poudre fermentative, qui Artistes en ont imposé aut transmue les métaux impar- gens trop crédules & igno- faits en or, & qui sert de re- rans, par leurs supercheries. mede universel à tous les L'or est l'objet de l'ambition maux naturels des hommes, des hommes; les dangers des animaux & des plantes. auxquels l'on est obligé de B

18 AL AL s'exposer sur mer & sur terre, couvertes utiles à la société. pour se procurer ce précieux Les vrais Alchymistes ne métal, ne rebutent que peu font point trophée de leur de gens. Un homme se pré- science; ils ne cherchent pas sente; il sçait, dit-il, le à excroquer l'argent d'au- moyen de faire croître dans trui, parce que, comme di- votre propre maison la mi- soit Morien au Roi Calid, niere de tous les trésors, sans celui qui possède tout, n'a d'autres risques que celui besoin de rien. Ils font part d'une partie de ceux que de leurs biens à ceux qui en vous possédés. Sur son ver- manquent. Ils ne vendent biage, dont on ne connoît point leur secret; s'ils en pas le faux, parce qu'on communiquent la connois- ignore le procédé de la Na- sance à quelques amis, ce ture, on se laisse gagner, on n'est encore qu'à ceux qu'ils seme son or, & l'on ne re- croient dignes de le posséder cueille que de la fumée; on & d'en faire usage selon le se ruine, on finit enfin par bon plaisir de Dieu. Ils con- détester l'imposteur, & dou- noissent la Nature & ses opé- ter de la vérité de l'existence rations, & se servent de ces de l'Alchymie, parce qu'on connoissances, pour parve- n'est pas parvenu au but nir, comme dit S. Paul, à qu'elle se propose en pre- celle du Créateur. Qu'on lise nant un chemin opposé à ce- les ouvrages d'Hermès Tris- lui qui y conduit. mégiste leur chef, ceux de Il est peu d'Artistes vrais Geber, de Morien, de Saint- Alchymistes; il en est beau- Raymond Lulle, du Cosmo- coup qui travaillent selon les polite, de d'Espagnet, & de principes de la Chymie vul- tant d'autres Philosophes Al- gaire. Ces derniers puisent chymistes. Il n'en est pas un dans leur art des sophistica- seul qui ne prêche sans cesse tions sans nombre; c'est lui l'amour de Dieu & du pro- qui fournit tous ces impos- chain, qui ne déclame con- teurs, qui après s'être rui- tre les faux Alchymistes, & nés, cherchent à ruiner les qui ne publie hautement que autres. C'est lui que l'on de- les procédés de la vraie Chy- vroit mépriser par ces rai- mie ou Alchymie sont les sons, si l'on n'en avoit de mêmes que ceux que la Na- plus fortes de l'estimer, par ture emploie, quoiqu'abbré- le grand nombre de ses dé- gés par le secours de l'Art;

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mais absolument différens les opérations alchymiques, de ceux qui sont en usage n'est pas le feu vulgaire de dans la Chymie vulgaire. nos cuisines, connu sous le Qu'on ne se flatte donc pas nom de feu élémentaire. d'y parvenir par son moyen; C'est un feu céleste répandu & qu'elle serve de pierre de par-tout, qui est la princi- touche à ceux qui seroient pale cause de la pierre, tant exposés à être trompés par vantée des Philosophes, dont des charlatans & des impos- ils disent qu'il est le pere. Et teurs. ce feu n'agiroit cependant Le type ou modéle de pas, s'il n'étoit excité par un l'art Alchymique ou Hermé- feu céleste volatil, qui se tire tique, n'est autre que la Na- par la distillation philosophi- ture elle-même. L'Art plus que d'une terre connue des puissant que la Nature, par Philosophes, qu'ils appellent les mêmes voyes qu'elle lui la mere de leur pierre. Be- marque, dégage, en certains cher a pris la défense & dé- cas, plus parfaitement les montré l'existence de l'Al- vertus naturelles des corps chymie, dans son Supplé- des prisons où elles étoient ment de sa Physique. renfermées; il amplifie leur ALCIMAD. Voyez Al- sphere d'activité, & rassem- timad. ble les principes qui les vivi- ALCIMEDE, femme fient. d'Eson & mere de Jason. Les opérations de la Na- Voyez les Fables Egypt. & ture ne différent qu'en ter- Grecques dévoilées, liv. 2. mes seulement des opéra- chap. 1. tions de l'Alchymie, qui sont ALCMENE, femme au nombre de sept; sçavoir, d'Amphytrion, fut trompée calcination, putréfaction, so- par Jupiter, sous la forme de lution, distillation, sublima- son époux, & avec le secours tion, conjonction, coagula- de Mercure sous la figure de tion ou fixation. Mais ces ter- Sosie; il en naquit Hercu- mes doivent s'entendre phi- le. Les Alchymistes disent losophiquement, c'est-à-dire qu'Alcmene représente l'eau conformément au procédé métallique, qui est mariée de la Nature, qu'il faut bien avec l'or des Philosophes, connoître avant de vouloir sous le nom d'Amphytrion; l'imiter. Jupiter qui est le symbole du Le feu qui sert le plus dans soufre, se joint à cette eau B ij

20 AL AL par l'adresse du Chymiste, tiles, telles que la fleur de ou Sosie, & de cette union farine, quand elles sont sans naît Hercule, ou le mercure mélange. Mais ce terme ne Philosophique. Voyez les s'applique gueres aujour- Fables Egypt. & Grecques d'hui par les Chymistes qu'à dévoilées, liv. 5. ch. 1. & l'esprit de vin rectifié. suivans. Alcool Minéral. Subs- ALCOB. C'est l'aes- tance très-pénétrante, & la ustum. Quelques-uns l'in- plus subtile partie des élé- terprétent du sel armoniac; mens, très-fixe, & extrê- mais il doit s'entendre du mement digérée par un feu mercure des Philosophes. astral & invisible. Cette ALCOFOL. Voy. Ati- substance se trouve dans tous mad. On dit aussi Alcosol. les mixtes; mais l'art l'extrait . C'est l'an- d'un seul pour la faire entrer timoine. dans la composition de la ALCOL. Quelques Chy- pierre philosophale, & de mistes ont donné ce nom au l'élixir universel, qui sert de vinaigre. médecine à toutes les mala- ALCOLISME. Action dies des trois regnes. de triturer, broyer, corro- ALCOOLISATION. der, réduire en poudre. Réduction d'un corps en ses ALCONE. Oripeau, plus petites parties; c'est la laiton, en fait de Chymie; même chose, selon les Phi- mais en termes Herméti- losophes Spagyriques, que ques, c'est le laiton des Phi- calcination philosophique; losophes, qu'il faut blanchir. car ils se servent indifférem- ALCOOL Glaceati Cor- ment de l'un & de l'autre de neoli. Poudre de cristal, très- ces termes pour exprimer la subtile & impalpable. même chose. II ne faut ce- Alcool est le nom que pendant pas confondre l'al- les Chymistes donnent à coolisation avec la calcina- toutes les substances pures, tion des Chymistes vulgai- extraites par , ou res; car dans la science Her- autrement, des corps des métique, on ne se sert de ce animaux, végétaux ou miné- dernier terme que par simi- raux. C'est ce que d'autres litude. appellent Esprits. ALCOPHIL NOIR, Al- Paracelse donne aussi ce cophil nigra. C'est un des nom aux poudres très-sub- noms que les Alchymistes

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ont donné à l'antimoine. On Alectorius. Espece de pierre dit aussi Alcophit. brillante & presque transpa- ALCORE. C'est le talc. rente comme du cristal, de ALCUBRIT ou ALCU- la grosseur d'une féve. On BRITH. V. Alkibric. la trouve dans le ventricule ALCUR. Soufre. des vieux chapons & des ALEBION, frere de Li- vieux coqs, si l'on en doit bys, tué par Hercule. Voyez croire Albert. Les anciens les Fables Egypt. & Grecq. disoient que l'alectorie ren- dévoilées, liv. 5. chap. 12. doit l'homme qui la portoit ALEC. C'est le sel. courageux, très-fort; & lui ALECH. Même chose procuroit beaucoup de ri- que vitriol. chesses. C'est pour cela, di- ALECHARIT. Mercure soient - ils, que Milon Cro- commun & non vulgaire, toniate sortoit toujours vic- mais celui des Philosophes. torieux du combat. Ils la re- ALECHIL. Nom que gardoient aussi comme un quelques Chymistes ont philtre, & lui donnoient la donné au trépied sur lequel propriété de modérer la soif. on pose quelque vase, pen- Johnson. dant les opérations chymi- ALEFANTES. C'est le ques. Flos solis. ALECTO. L'une des Fu- ALEMBACI. Plomb ries, qui avec ses deux soeurs brûlé ou calciné. Tysiphone & Mégere, filles ALEMBIC. Les Philoso- de l'Acheron & de la Nuit, phes Hermétiques donnent selon quelques-uns, filles de quelquefois ce nom à leur Jupiter, selon d'autres, fu- mercure, parce que c'est par rent constituées pour tour- son moyen qu'ils font leurs menter les ombres dans le prétendues distillations, su- royaume de Pluton. Elles blimations, &c. représentent l'action de l'eau ALEMBROTH. Nom mercurielle appellée Dra- que les Philosophes Spagy- gon, sur la partie fixe de la riques ont donné quelque- matiere, pendant la putré- fois au sel de leur mercure, faction & la volatilisation. qu'ils appellent aussi le sel Voyez le livre 3. des Fables des Philosophes, & la clef Egypt. & Grecq. dévoilées, de l'Art. chap. 6. Alembroth est encore ALECTORIE, Lapis le nom que quelques Chy- B iij

22 AL AL mistes ont donné au sel de en fait de Chymie vulgaire; tartre, qu'ils ont aussi ap- & l'aigle des Philosophes, pellé le Magistere des Ma- quand il s'agit de science gisteres. Johnson. Rull. Hermétique. ALEMZADAR. Sel ALFUR. Safran com- armoniac. mun pour les Chymistes, & ALERNET. Orpiment. safran des Sages, ou la ma- ALES. Tout sel composé tiere des Philosophes parve- du mêlange de plusieurs au- nue, par la digestion, à la tres sels. couleur de safran. ALETH. Jupiter des ALFURA ou ALBAIT. Philosophes, & l'étain des La céruse; ou la matiere de Chymistes. l'oeuvre parvenue au blanc. ALEUSANTI. Voyez ALFUSA. C'est la tu- Alosanti. thie. ALEXANTHI. Fleurs ALGALI. Nitre. En ter- d'airain. mes de science Hermétique, ALEXIR. Toute méde- c'est la premiere matiere de cine chymique. l'oeuvre. ALEZARAM. Lavure de ALGAMET. Charbon. plomb, ou Saturne des Phi- ALGATIA. Civette. losophes nettoyé & blanchi. ALGEROTH. Poudre ALFACIO. V. Atimad. du mercure de vie. ALFACTA ou ALFA- ALGIBICH. Voyez Al- TA. C'est le même que dis- kibrick. tillation. ALHENOT. V. Ala- ALFADIDAM. Scories, habar. écume de fer, non celles ALHOFOL. Antimoine. qui restent dans la fournaise ALHOHONEC, Voyez mais celles qu'on appelle Adehem. aussi pailles de fer, qui tom- ALHOHONOC. Voyez bent auprès de l'enclume, Alahabar. quand on y bat le fer au ALIAS. Même chose que marteau. Vase. ALFATIDA. Cuivre ALIBA. Une des colon- brûlé. Il signifie aussi limaille nes qu'Hercule planta aux de cuivre. confins de la Mauritanie. ALFIDUS. Le même que Voyez les Fables Egypt. & Céruse. Grecques dévoilées, liv. 5. ALFOL. Sel armoniac. chap. 12.

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ALIGULE. Toute con- livre 2. de Nat. rerum. fection chymique. Martin Rullandus dit que ALIMENT de la Pierre. l'Alkaest est un mercure pré- C'est le feu. paré, non du tartre, com- ALINZADIR & ALIN- me quelques-uns l'ont cru, ZIADIR. C'est le sel armo- trompés par un endroit de niac. Van-Helmont, où il dit en ALIOCAB. Sel armo- parlant de l'Alkaest: Si vous niac. ne pouvez parvenir à décou- ALISTITES. Sel armo- vrir ce secret du feu, appre- niac. nez au moins à rendre le sel ALIX. Sel commun pré- de tartre volatil, pour fai- paré. re vos dissolutions par son ALKAEST. Liqueur moyen. Van-Helmont, de qui, selon Paracelse & Van- Febribus. Helmont, dissout tous les Michel Toxite dit aussi corps visibles, & les réduit que l'Alkaest est un mercure à leur premiere matiere. Il préparé pour les maladies du differe de ce que les vrais foye. Chymistes appellent leur Plusieurs Chymistes ont Mercure. Cette dissolution prétendu que l'Alkaest ne est naturelle, douce, sans différoit point du grand & du corrosion; elle conserve la petit circulé de Paracelse, semence des corps, la dis- fait avec l'esprit de sel com- pose à la génération; au lieu mun; d'autres ont cru l'avoir que les dissolutions des Chy- trouvé dans l'étimologie du mistes ordinaires se font par nom même Alkali est, com- des eaux fortes, qui partici- me si l'on disoit c'est du sel pent, dans leurs effets, du alkali; mais comme les sels feu élémentaire qui détruit alkalis des cendres, de la & tue, au lieu de vivifier. soude, du tartre, &c. ne C'est pourquoi les Philoso- produisoient pas l'effet de phes hermétiques disent: l'alkaest, on imagina d'alka- Les Chymistes détruisent, liser le nitre en le fixant. nous édifions; ils brûlent Glauber en fit son sel, au- par le feu, nous par l'eau; quel il donna le nom de sel ils tuent, nous ressuscitons. admirable. Mais ni les uns ni Ils lavent par l'eau, nous par les autres n'ont réussi. Un le feu, &c. Paracelse en dé- Auteur, dont je ne me rap- crit la préparation dans son pelle pas le nom, dit que B iv

24 AL AL c'est une liqueur très-com- tiere philosophique parve- mune chez les Arabes. Para- nue à la couleur de pourpre celse ni Van Helmont n'ont dans la premiere prépara- pas expliqué assez claire- tion. Alors c'est leur soufre ment ce qu'ils entendoient vif, leur or, leur Apollon, par cette liqueur dissolvante, leur miniere de feu céleste, pour qu'on puisse la deviner leur Promethée, leur Osi- par la lecture de leurs ouvra- ris, &c. ges. Il differe du dissolvant ALKIN. Cendres gra- des Philosophes, en ce que vellées, ou cendres des Phi- celui-ci s'unit inséparable- losophes, qu'il ne faut pas ment à ce qu'il dissout, & mépriser, dit Morien, parce l'autre s'en sépare sans dimi- qu'elles contiennent le dia- nution. dême de leur Roi, leur Bac- ALKAL. Cendres gra- chus, leur Esculape, &c. vellées ou clavellées. ALKIR. C'est la fumée ALKALAC. Sel fixe. & les charbons. ALKALAP. Etain, Ju- ALKOEL. Johnson dit piter. que c'est une espece de ALKALAT. Fleur de plomb très-fin, tiré des mi- sel, ou sel sublimé. nes où l'on trouve le lapis ALKALID. V. Allor. lazuli; quelques-uns ont ap- ALKALIE. Vase des pellé ce plomb Antimoine. Philosophes. ALKOOLISER. Voyez ALKANT. Mercure des Alcoolisation. Sages. ALKOSOR. Camphre. ALKARA. Cucurbite. ALKY-PLOMB. Voyez ALKASOR. Pierre au Altey-Plomb. rouge, ou le soufre. ALLABOR, ALCA- ALKAUT. Mercure, ou MOR, ALCHONOR, argent vif. ALLARINOCH, ALRA- ALKAUTUM. Nom CAS. Tous ces noms signi- que quelques Chymistes ont fient la même chose qu'A- donné à l'arsenic; d'autres au lahabar. cuivre brûlé ou aes-ustum. ALLOR. Aes-ustum en Johnson. grenailles. ALKIBERT. Voyez Al- ALLUTEL. V. Alu- kibric. del. ALKIBIC, ALKIBRIC. ALMACAUDA, Li- Soufre des Sages, ou la ma- tharge.

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ALMAGRA. Les Chy- ALME ou ALMA. Eau mistes ordinaires donnent ce philosophique. nom au bol, au cuivre, au ALMECHAFIDE. Cui- laiton ; mais les Philosophes vre, airain. Chymistes ne l'entendent ALMENE. Sel gemme. que de la matiere de leur ALMETAI. Scories de pierre. O! bon Roi, vous fer. devez sçavoir parfaitement ALMIBA. Etain, Jupi- avant toutes choses, que la ter. fumée rouge, & la fumée ALMISA. C'est le musc, blanche, & le lion vert, & si nous en croyons Planis- almagra, & l'immondice de campi. la mort, & le limpide, & le ALMISADIR ou AL- sang, & l'eudica, & la terre MIZADIR. Vert-de-gris, foetide, sont des choses dans rouille de cuivre. Paracelse lesquelles consiste tout le semble l'entendre dans ce magistere. Morien. Alma- sens-là, quand il s'écrit par gra est le laiton que j'ai nom- un Z. au lieu d'un S. Mais mé ci-dessus la terre rouge. les Philosophes appellent Idem. C'est-à-dire le soufre leur sel armoniac Almisa- Philosophique. dir, Almisadit, & quelque- ALMAKIST. Litharge. fois Almisadu. ALMARAGO. Corail. ALMISARUB. Terre ALMARCAT. Lithar- philosophique, qu'il faut ge, ou scories de l'or. cultiver, pour y semer le ALMARGAZ. Plomb grain d'or qui doit produire réduit en litharge dans la au centuple, & davantage. coupelle. Voyez Terre Feuillée. ALMARGEN & AL- ALNEC ou ALLENEC. MARGOL. Corail. Etain, Jupiter. ALMARKASITE. ALO. Sel commun pour Voyez Mercure. la Chymie, & sel des métaux ALMARTACK. Lithar- dans le sens Hermétique. ge calcinée. ALOCAF. Sel armo- ALMARZIDA. Lithar- niac. ge d'argent. ALOFIL. Bande de lin- ALMAT. Céruse, ou ge, qu'on employe pour rouille de plomb. sceller les vases. Johnson. ALMATKASITE. Ar- ALOMBA. V. Alaha- gent vif. bar, Acazdir.

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ALOMBARI. Plomb ALTIMION. Scories de brûlé. Planiscampi. plomb. ALOOC. Voyez Ala- ALTINGAT. Vert-de- habar. gris, rouille de cuivre. ALOS. Sel en général. ALTINURAUM. Vi- ALOSANTHI. Fleurs triol, attrament. de sel. ALTIT. Assa foetida. ALOSET. Mercure des ALTOFET. Anti- Philosophes. moine. ALOTIN. Voyez Aki- ALUACH ou ALU- libat. HEC. Jupiter, étain. ALOUS. Fils du Soleil ALUDEL ou ALU- & d'Antiope. Voyez les Fa- TEL. Vase requis pour le bles Egypt. & Grecques, grand oeuvre. Geber le dé- liv. 3. chap. 14. §. 6. crit ainsi dans la 4e partie ALRACHAS. Voyez du liv. 1. de sa Somme de Alahabar. la perfection. L'Aludel doit ALSECH. Alun. être fait d'un verre épais éga- ALSELAT. Cuivre brû- lement par-tout; toute autre lé, aes-ustum. matiere ne vaut rien pour cet ALSUFIR. Couleur rou- effet, à moins qu'elle ne soit ge qui survient au magistere d'une substance qui ait beau- des Sages à la fin des opé- coup d'affinité avec le verre, rations. Calid, chap. 1. des telle que celle des cailloux. Secrets de l'Alchymie. Car le verre seul est propre ALTAFOR. Camphre. par sa consistance & sa subs- ALTAMBUS. Pierre tance inaltérable à retenir les rouge, ou pierre du sang- esprits ténus & subtils des humain; c'est l'élixir Philo- mixtes, qui s'évaporeroient sophique. par les pores des autres ma- ALTARA. Cucurbite. tieres. Les métaux même ne ALTEY-PLOMP. Sel valent rien pour cela; parce de Saturne, ou matiere dou- que l'affinité qu'ils ont avec ce, extraite du plomb au les esprits minéraux & mé- moyen du vinaigre. John- talliques, en feroient une son. Voyez Ame de Sa- réunion, au lieu de les laisser turne. sublimer. ALTHANACA. Orpi- Mais Geber comme les ment. autres Philosophes n'enten- ALTIMAR. Aes-ustum, dent pas toujours le vase de cuivre calciné.

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verre, par le terme Aludel; pas l'alun vulgaire, mais un souvent, & le plus commu- sel principe de l'alun, des nément, ils désignent sous ce autres sels, des minéraux & nom le vase philosophique, des métaux. qu'il ne faut pas confondre Alun ALAFURI. Sel avec le vase dans lequel on alkali. renferme la matiere. C'est Alun DE ALAP. Sel de pourquoi quand ils disent de Grece. Planiscampi. sceller hermétiquement l'A- Alun ALKALI. C'est le ludel, cela veut dire, qu'il nitre fixé. faut fixer le mercure des Sa- Alun ALKORI. Nitre ges. Voyez Vase. simple. Les Chymistes vulgaires Alun MARIN. Esprit ont interprêté Aludel par humide de l'air, qui vivifie fourneau, cucurbite; lors- tous les êtres sublunaires, que les Adeptes en parlent par la chaleur qui l'accom- en semblant indiquer un pagne. fourneau, il faut l'entendre Alun SYRACH, Alun de leur fourneau secret, qui ALKOKAR, Alun ALFU- quelquefois se prend pour la RIN. Alun calciné. matiere de laquelle ils ex- ALUNIBUR. Argent, trayent leur mercure; d'au- Lune des Philosophes, leur tres fois, de leur soufre ani- pierre au blanc parfait. mé, vif, ou pierre ignée, ALUNSEL. Quelques qui entretient & conserve le Chymistes appellent ainsi feu interne & agissant de les goutes qui tombent du l'oeuvre. Aludel se prend en- chapiteau de l'alembic dans core pour le mercure même le récipient. Rullandus. animé. ALUSAR. Manne. ALUDIT. Mercure des ALUSEN. Toute ma- Sages. tiere soufrée. ALUECH. Jupiter, ALUSIR. Nom que étain purifié. quelques Adeptes ont don- ALUMBOTI. Plomb né à la pierre fixée au rouge calciné. de couleur de pourpre. ALUMONODIG. Sel ALZAFAR. Cuivre armoniac. brûlé. ALUN. Nom que les Phi- ALZEGI. Attrament. losophes ont donné quel- ALZEMAFOR. Cinna- quefois à leur sel, qui n'est bre.

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ALZERNAD. Magiste- prit le nom de corne d'abon- re au rouge. dance. Voyez-en l'explica- ALZILAT. Poids de tion chymique, liv. 3. ch. 4. trois grains. Johnson. & ailleurs, des Fables Egyp- AMALGAMER. Faire tiennes & Grecq. dévoilées. la réunion du mercure phi- AMAZONNES. Les losophique avec le soufre ou histoires anciennes sont plei- l'or des Sages; non pas à nes des actions de ces fem- la maniere des Chymistes mes guerrieres ainsi nom- vulgaires, en broyant dans mées. On compte au nom- un mortier ou autrement, bre des travaux d'Hercule une matiere solide avec un la victoire qu'il fut obligé de corps liquide; mais en con- remporter sur elles, pour duisant le feu des Philoso- pouvoir enlever à Hyppo- phes, suivant le régime pres- lite leur Reine, un baudrier crit; c'est-à-dire, en perfec- orné de diamans & de rubis tionnant l'oeuvre par la cuis- qu'Euristhée avoit demandé son ou digestion continuée, à Hercule. Après que celui- au feu égal, sulfureux, en- ci eut pris cette Reine, il la vironné & qui ne brûle pas. donna à Thésée qui l'avoit Voyez Artephius, sur le ré- accompagné, & porta le gime du Feu. baudrier à Euristhée. AMALGRA ou AL- Les Philosophes Hermé- MAGRA. Soufre des Phi- tiques expliquent ce travail losophes, ou pierre au rouge. d'Hercule dans le même sens AMAR. Vinaigre des que ses autres travaux. Cest Sages, & leur dissolvant. une allégorie, disent-ils, de Les Chymistes vulgaires ont la perfection du grand oeu- quelquefois donné ce nom vre de la pierre, & de la au vinaigre commun. médecine parfaite au blanc AMALTHE'E. Chévre & au rouge, réprésentée par qui fournit le lait dont les ce baudrier, orné de rubis & Nimphes nourrirent Jupiter. de diamans; parce qu'il n'y Ce Dieu la transporta au a rien au monde de si pré- ciel, & fit présent à ses nour- cieux que cette médecine rices d'une des cornes de universelle. Voyez les Fa- cette chévre, à laquelle il bles Egypt. & Grecq. dé- donna la propriété de pro- voilées, liv. 5. curer à ces Nimphes tout ce AMBROSIE. Nour- qu'elles desireroient; elle en riture des Dieux; c'est le

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mercure des Philosophes pellicule de couleur d'arc- Hermétiques, principe de en-ciel, que vous enleverez tous les métaux. adroitement avec une cuil- AME. Magistere parfait ler de verre ou d'ivoire, & au rouge; parce qu'alors il la mettrez dans un vase ou est proprement le ferment creuset, qui puisse résister qui anime la pierre pour en au feu. Après avoir enlevé faire l'élixir. cette premiere, vous agite- Les Chymistes donnent rez l'eau, & quand elle sera aussi ce nom au soufre reposée, il se formera une moyen, parce que de même seconde pellicule, que vous que l'ame conserve le corps enleverez comme la pre- par une chaleur & un hu- miere. Vous continuerez mide radical qui empêchent l'opération jusqu'à ce qu'il la dissolution des parties, de ne s'en formera plus. Cette même le soufre moyen, Ame de vitriol mise à un feu comme un baume, aglutine violent, devient rouge com- les parties, en conserve l'u- me du sang, & ne s'y con- nion & la cohésion. sume pas. Lorsque les vases Ame DE SATURNE. sont à l'air, il faut les garan- Anima Saturni, ou Althea tir de la pluie & de la pous- plumbi. Terme de Chy- siere. Cette poudre rouge, mie. Douceur très-suave du mélée en petite quantité plomb, extraite avec le vi- avec du cuivre décapé & li- naigre, puis précipité avec quefié, y fait un effet sur- l'eau commune. Planisc. prenant, de même qu'avec Ame DU VITRIOL. les autres métaux. Minsych. Soufre vitriolique que l'on Ame SENSIBLE. C'est le extrait de la façon suivante. sel armoniac, suivant Man- Ayez des terrines vernissées, get. tenant environ quatre pin- AMELITE. Les Egyp- tes chacune, mettez-y trois tiens donnoient ce nom à la bonnes pintes d'eau de pluie femme imaginaire de Zo- filtrée, & trois poignées de roastre, & n'entendoient vitriol commun en poudre; par-là que l'humidité de l'air remuez bien le tout, & lais- subtile, extrêmement raré- sez dissoudre le vitriol, après fié, servant de véhicule au avoir mis les vases à l'air ou feu céleste signifié par Zo- au soleil; il se formera sur roaste, qui faute de cet air la superficie de l'eau une pur & délié, ne pourroit

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se manifester sensiblement. autre. Ainsi un métal n'est Leur union indivisible, qui pas propre à perfectionner fait la vie de tous les êtres un végétal, & un végétal le de la Nature, a été de tous seroit encore moins à l'égard les tems le digne objet de du minéral. Mais comme la l'attention & du culte des nature tend toujours à la per- anciens Philosophes Natu- fection des êtres, & qu'elle ralistes, ainsi que l'Histoire employe les voyes les plus nous l'apprend en traitant simples & par degrés; le des religions les plus accré- regne minéral ayant été en ditées. L'on feint qu'Abra- quelque façon créé le pre- mane ou Denis, Prince des mier, a pu servir de base au ténébres, est opposé à Zo- regne végétal; & le regne roastre, auquel ce premier animal, comme le plus par- déclare une guerre ambi- fait, ayant été formé des tieuse, dont l'evénement ne deux autres, se nourrit & peut être qu'à la gloire de s'entretient d'eux; sans ce- Zoroastre, c'est-à-dire à celle pendant qu'ils puissent se ser- de la lumiere, puisque les vir mutuellement de semen- ténébres ne sont qu'une pri- ce; parce que chaque regne vation de lumiere, & qu'une a la sienne spécifiée & dé- privation n'a point d'exis- terminée. II faut donc pren- tence. dre celle du minéral pour AMENDER. On trou- faire l'oeuvre des Philoso- ve ce terme dans presque phes, & non celles des deux tous les Auteurs Chymi- autres regnes. ques, pour signifier perfec- AMENE. Sel marin ou tionner. La nature s'amende commun. en nature; nature amende AMENTUM. Alun. nature: ils entendent par ces AMETHE'E. Nom d'un termes, que la nature se sert des chevaux qui tiroient le toujours dans ses opérations char de Pluton. V. Abas- de choses homogênes pour ter. perfectionner ses ouvrages, AMIANTHE. Pierre & que les parties de matiere incombustible. Voyez Al- qui composent les individus bestos. Les Philosophes d'un regne, sont plus propres ont donné le nom d'A- à perfectionner les individus mianthe à leur pierre, parce de ce même regne, que cel- qu'elle résiste aux atteintes les qui seroient prises d'un du feu le plus violent.

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AMISADIR. Voyez Al- les-mêmes au son de sa lyre; misadir. Mercure avoit été son maî- AMISADER & AMI- tre de musique. Voyez les SADIR. Sel armoniac phi- Fables Egypt. & Grecques losophique. dévoilées, liv. 3. chap. 14. AMITHAON. Fils de §. 6. Créthée & oncle de Jason. AMPHYTRION. Epoux Voyez les Fables Egypt. & d'Alcmene, selon la Fable. Grecq. liv. 2. chap. 1. Voyez ce qu'il signifie selon AMMON. Le même l'explication des Alchymis- que Jupiter, Dieu des Egyp- tes dans l'art. Alcmene. tiens. Voyez le livre 1. des AMYCUS, Roi de Be- Fables Egypt. & Grecques brycie, fils de Neptune & dévoilées, sect. 3. chap. 8. de la Nymphe Melie, dé- Ammon fut adoré en Li- fioit les étrangers aux pa- bye sous la figure d'un be- lets; Pollux, un des Argo- lier, soit parce que Jupiter nautes, accepta le défi, & en se sauvant avec les au- tua Amycus. Fables Egypt. tres Dieux en Egypte, pour & Grecq. dévoilées, liv. 1. se soustraire à la poursuite chap. 1. des Géants, prit la forme AN. Soufre des Philoso- de cet animal; soit, comme phes, ainsi nommé, parce le disent d'autres, que Jupi- qu'étant en même tems leur ter sous la figure d'un belier, Apollon, leur Soleil, il di- ait fait soudre une fontaine, rige ensuite les opérations pour desaltérer l'armée de de la pierre pendant le cours Bacchus. des quatre saisons de l'année AMNIS ALKALISA- philosophique, requises pour TUS. Quelques Chymistes la perfection de l'oeuvre. Spagyriques ont ainsi nom- C'est pourquoi ils l'ont aussi mé les sources d'eau, qui en appellé le Pere de la pierre. passant & se filtrant à travers ANACAB. Sel armo- les terres calcaires, se sont niac des Sages. imprégnées de sels alkalis. ANACHRON. Voyez AMOGABRIEL. Cin- Anathron. nabre. ANATHRON. Espece AMPHION. Fils de Ju- de sel qui croit sur les pier- piter & d'Antiope. Il bâtit res; & qui différe du salpê- la ville de Thebes, & les tre. Quand on le fait cuire, pierres s'arrangeoient d'el- il devient une espece d'alun

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acide. Si l'on pousse le feu, ANCHRE. C'est la il prend la forme de la trans- chaux, ainsi nommée à cau- parence du verre, & laisse se de sa propriété qu'elle a de une écume, que les Anciens fixer les choses volatiles. regardoient faussement com- ANCINAR. Borax. me un fiel de verre. Ils l'ap- ANCOSA. Lacque. pelloient Foex Vitri. Planis- ANDENA. Chalyps campi. Orientalis, est un acier Rulland le nomme Sagi- qu'on nous apporte de l'O- men vitri Baurac. rient. Il se liquéfie au feu, ANATON, signifie comme les autres métaux, quelquefois l'écume ou sel & peut être jetté en moules. de verre; mais ordinaire- Rulland. ment on le prend pour le sel ANDROGINE ou nitre. HERMAPHRODITE. ANATOSIER. Sel ar- Nom que les Chymistes moniac. Hermétiques ont donné à ANATRIS. Mercure. la matiere purifiée de leur ANATRUM, Verre co- pierre, après la conjonction. loré de différentes couleurs. C'est proprement leur mer- On l'appelle plus commu- cure, qu'ils appellent mâle nément Terre sarrasine ou & femelle, Rebis, & de Smaltum. tant d'autres noms, qu'on ANATUM. Coque peut voir dans l'article Ma- d'oeuf. tiere. ANCE'E, fils de Nep- Ils l'ont nommé ainsi, par- tune & d'Astipalée, fut un ce qu'ils disent que leur ma- des Argonautes; il succéda tiere se suffit à elle-même à Typhis dans la conduite pour engendrer, & mettre du navire Argo. Fabl. Egyp- au monde l'enfant royal, tiennes & Grecques dévoi- plus parfait que ses parens. lées, liv. 2. Chap. 1. Que leur matiere est une; ANCHISE, pere d'E- c'est leur , duquel ils née, qui le sauva sur ses épau- répétent souvent que l'azoth les de l'embrasement de la & le feu suffisent à l'Artiste; ville de Troye, après que que néanmoins elle conçoit, les Grecs s'en furent rendu elle engendre, elle nourrit, les maîtres. Fables Egypt. elle manifeste enfin ce Phé- & Grecq. dévoilées, Des- nix tant désiré, sans addition cente d'Enée aux Enfers. d'autre matiere étrangere. Il

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Il faut cependant sçavoir que Hermétique, c'est le soufre leur matiere est composé de fixe & incombustible des deux & même de trois, sel, Philosophes, qui fixe le mer- soufre & mercure; mais que cure, & en fait l'élixir pro- tout n'est autre que le fixe pre à fixer en or les métaux & le volatil, qui étant joints imparfaits. & réunis dans les opéra- ANGES. Les Philoso- tions, ne font plus qu'une phes Chymiques donnent matiere qu'ils appellent alors quelquefois ce nom à la ma- Androgine, Rebis, &c. tiere volatile de leur pierre. ANDROMEDE, fille Ils disent alors que leur corps de Cephée & de Cassiopée, est spiritualisé; & qu'on ne fut exposée à un monstre ma- réussira jamais dans le grand rin, & délivrée par Persée oeuvre, si on ne corporifie qui l'épousa. La Fable feint les esprits, & ne spiritualise que tout cela se passa en les corps. Cette opération Ethiopie, parce que les Phi- est la sublimation philoso- losophes employent l'allé- phique; & l'on doit sçavoir gorie des dragons qui com- que le fixe ne se sublime battent entr'eux, ou qui sont jamais, s'il n'est aidé du vaincus par des Héros, pour volatil. exprimer le combat du fixe ANGLE. La chose a trois & du volatil dans le tems angles. Terme de science que la dissolution de la ma- Hermétique. Les Philoso- tiere la rend noire comme phes disent que leur ma- de la poix fondue. Voyez tiere, ou le mercure philo- les Fables Egypt. & Grecq. sophal, est une chose qui a liv. 3. chap. 14. §. 3. trois angles en sa substance, ANDURAC. Orpiment quatre en sa vertu, deux en rouge. sa matiere, & une en sa ra- ANERIC. Soufre. cine. Ces trois angles sont ANERIT. Soufre vif. le sel, soufre & mercure; ANFAKA. Presure, ma- les quatre sont les élémens; tiere fixe des Sages. les deux, le fixe & le vola- ANFICARTO-ES- til; & une, c'est la matiere PRIT. Esprit de sel. éloignée, ou le chaos d'où ANFIR-FILS. Mercure tout a été fait. philosophique. ANIADA. Terme de ANFUKA. Matiere coa- Philosophie Spagyrique, qui gulée. En termes de science veut dire les forces & les C

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vertus des astres, dont, di- tion, & qu'elle a une ame sent-ils, nous recevons les de couleur sanguine, à sça- influences célestes par l'ima- voir l'esprit invisible de vi- gination & la fantaisie. Dans triol. Joan. de Rupe Scissa. le sens moral, ce sont les ANIMATION, en graces que nous recevons termes de science Herméti- par les Sacremens. Rulland. tique. Donner au mercure ANIADIN signifie lon- un esprit métallique, qui le gue vie, selon les Philoso- vivifie, pour ainsi dire, & phes Chymiques. Planis- le rend propre à produire campi. le soufre philosophique. Le ANIADUM, selon le Philalethe & Bernard Tré- sens moral des Philosophes visan ont beaucoup parlé de Hermétiques, veut dire les cette animation. Le Trévi- graces que le Saint - Esprit san l'appelle alors, Mercure infuse en nous. Ou, selon double. Quelques Chymis- Ruland, c'est l'homme mê- tes ont entendu les paroles me spirituel, régéneré en de Philalethe, comme s'il nous, après qu'on a dé- parloit du mercure vulgaire, pouillé l'homme terrestre ou mêlé avec l'or aussi vulgai- le vieil Adam. re; mais il faut l'expliquer ANIMAL. Les Philoso- du mercure & de l'or vif des phes Hermétiques ont don- Philosophes. né ce nom à leur matiere, ANIMER. Donner au après qu'elle a passé par la mercure philosophique une putréfaction. Son nom na- ame métallique. Voyez Ani- turel est Animal; & quand mation. elle a ce nom, elle sent bon, ANNEAU du Souverain & il ne demeure ni obscu- Lien. Termes de Philoso- rité, ni mauvaise odeur en phie Chymique, qui signi- elle. Morien. fient les différentes liaisons Animal est aussi un des des quatre élemens qui sem- noms que les Philosophes blent faire une chaîne dont Hermétiques ont donné à la le mercure philosophal est matiere préparée de la pier- le produit, & comme l'an- re. Prenez, avec la béné- neau qui les unit. diction de Jésus-Christ, l'a- Anneau d'Or couvert nimal avec tout son sang. d'argent. C'est la pierre au On l'appelle Animal, parce blanc, qui dans son extérieur qu'elle croît dans la sublima- est blanche, & cache l'or,

AN AN 35 ou la rougeur dans son inté- ordre, & même de l'année rieur. Quelques - uns l'ont philosophique. C'est dans le dit du nitre. même sens qu'il faut expli- ANNE'E. Les Philo- quer Pline, lorsqu'il dit, que sophes ont un calcul diffé- l'année philosophique est le rent du calendrier vulgaire, mois commun, il falloit ajou- quand il s'agit de compter ter philosophique. D'autres leurs années, leurs mois, disent que l'année philoso- leurs semaines & leurs jours. phique est de sept ans & Ils comparent le tems qu'il neuf mois. Au bout des trois faut pour parfaire l'oeuvre, premieres années le mercure à l'année commune, parce ou vinaigre philosophique qu'ils partagent leurs opéra- devient médecine; après tions en quatre tems, com- cinq ans, le mercure ne l'est me l'année commune en plus, c'est la terre feuillée; quatre saisons. Ils ont adop- & sept ans expirés parfont té les mêmes dénomina- le magistere & la médecine tions, & on les trouvera universelle, auquel tems il expliquées dans leurs arti- faut encore ajouter neuf mois cles. pour l'élixir ou poudre de Philalethe dit que les Sa- projection. ges réduisent les années en On peut dire en général, mois, les mois en semaines, que l'année des Philosophes & les semaines en jours; n'est pas déterminée par le mais cette réduction n'est nombre des jours. Si l'agent pas encore une régle géné- ou le feu philosophique est rale, suivant laquelle on bien administré suivant les doit s'imaginer que les Phi- régles de l'art, l'oeuvre sera losophes travaillent; puis- plutôt finie. Mais quelque que l'Adepte, qui fit la pro- nombre de jours que l'on jection devant Helvetius le employe, l'année Hermé- pere, lui dit que l'oeuvre tique sera toujours complet- pouvoit se faire en quatre te; parce qu'elle aura eu ses jours. On peut consulter là- quatre saisons. L'hiver qui dessus le Vitulus Aureus du est le commencement de même Helvetius. l'oeuvre, dure jusqu'après Philalethe fait même re- la putréfaction: le printems marquer qu'il faut entendre commence lorsque la ma- cette réduction de l'année, tiere sortant de la putréfac- de la médecine du troisiéme tion se volatilise, & passe de C ij

36 AN AN la couleur noire à la blan- ANODE. Urine. che; l'été dure depuis que la ANONTAGE. Pierre couleur blanche se change philosophale. en couleur orangée jusqu'au ANOXADIC. Sel ar- rouge de rubis. Alors c'est moniac. l'automne, tems où l'Artiste AN-PERE, ou PERE recueille les fruits de ses tra- DE L'ANNE'E. C'est le vaux. soufre des Philosophes, ou Ainsi quand les Philoso- leur Soleil, ainsi nommé de phes disent qu'il faut trois ce qu'il dirige le cours de ans pour parfaire l'oeuvre, l'année Hermétique dans la ils ont raison dans leur sens; seconde opération & les sui- mais il ne faut pas l'entendre vantes. de trois années vulgaires: ANTARIC, ANTA- c'est des trois opérations re- RIS, ANTARIT, sont trois quises: la premiere, pour termes qui ne signifient que faire leur soufre ou miniere la même chose; c'est-à-dire du feu; la seconde, pour la le mercure des Sages. pierre ou l'élixir; la troisié- ANTHOS. Fleur de me, pour la multiplication: Romarin. Rosmarinus. Pa- & comme on peut répéter racelse a transporté cette si- la multiplication jusqu'à sept gnification aux métaux, & fois, quelques-uns ont dit s'est servi de ce terme pour qu'il falloit neuf ans, d'au- signifier leur quintessence, tres douze. Ce qui ne doit ou l'élixir aurifique. Voyez s'entendre que de la réité- les Archidoxes, & son traité ration de chaque opération; de Natura rerum. puisque Morien nous assure ANTHE'E, fils de Nep- que la seconde est une ré- tune & de la Terre, géant pétition de la premiere. Phi- d'une prodigieuse grandeur. lalethe a nommé les trois Il faisoit son séjour dans les premieres opérations, les deserts de la Lybie, où il médecines du premier, du obligeoit les passans de lut- second & du troisiéme ordre ter contre lui, & les étouf- de Géber. Voyez Tems. foit. Hercule le combattit, ANNORA. Terme de & vint à bout de l'étouffer Chymie, qui signifie en gé- entre ses bras, après l'avoir néral de la chaux vive; mais soulevé & lui avoir fait per- plus particulierement de la dre terre. Voyez ce que l'on chaux de coquilles d'oeufs. doit entendre Hermétique-

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ment, liv. 5. chap. 15. des tes les propriétés de la pierre Fables Egypt. & Grecques Philosophale, tant pour la dévoilées. guérison des maladies du ANTICAR. Borax. corps humain, que pour ANTIMOINE. Nom la transmutation métallique. que les Philosophes ont don- Voyez son Triomphe de né à la matiere sulfureuse l'Antimoine. mercurielle qui fait partie du ANTIMUM. Miel du composé philosophique. printems. Tout le secret donc de ce ANTIOPE. Fille de vinaigre antimonial, con- Nyctée, & femme de Ly- siste en ce que par son moyen cus, qui la répudia & la nous sçachions tirer du corps chassa pour épouser Dircé, de la magnésie l'argent vif parce qu'il apprit que Jupi- qui ne brûle point. C'est-là ter, métamorphosé en Sa- l'antimoine & le sublimé tyre, avoit joui d'Antiope. mercuriel. Artephius. Amphion & Zéthus nâqui- Les Chymistes se trom- rent de ce commerce. Lors- pent quand ils prennent l'an- qu'ils furent devenus grands, timoine vulgaire pour la ma- ils vengerent leur mere en tiere des Sages. La chose à faisant périr Lycus & Dircé. laquelle les Philosophes don- Voyez les Fables Egypt. & nent le nom d'antimoine est Grecques, liv. 3. chap. 14. leur eau permanente, leur §. 6. eau céleste, en un mot, leur Antiope, que quelques- mercure; parce que celui-ci uns nomment Hippolite. nétoye, purifie & lave l'or une des Amazonnes que philosophique, comme l'an- combattit Thésée. Voyez timoine commun purifie l'or les Fables Egypt. & Grecq. vulgaire. dévoilées, liv. 5. ch. 13. & Basile Valentin dit que 22. & liv. 6. ch. 3. l'antimoine préparé spagy- ANUBIS, Dieu des riquement, est un antidote Egyptiens, étoit le symbole contre tous les venins. Il de Mercure. On l'adoroit l'appelle le grand Arcane, sous la figure d'un homme la Pierre de feu; & avance ayant une tête de chien, & qu'il a tant de vertus qu'au- un caducée à la main droite. cun homme n'est capable de Voyez ce qu'on entendoit les découvrir toutes: & que par Anubis, Fables Egypt. peu s'en faut qu'il n'ait tou- & Grecq. dév. liv. 1. ch. 8. C iij

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ANUCAR. Borax. chant, que les Prêtres nour- APHEBRIOCK. Soufre rissoient dans le temple de philosophique. Vulcain, auquel ils le sacri- APHIDEGI. Céruse. fioient au bout de quelques APHRODISIE. Les années, en le noyant, & lui Adeptes donnent quelque- donnoient ensuite le nom de fois ce nom à leur matiere, Serapis. Ils faisoient après au tems où la pierre est par- un grand deuil de sa mort venue à être ce qu'ils appel- jusqu'à ce qu'ils en avoient lent Vénus, & disent qu'elle trouvé un semblable pour lui a pour lors atteint l'âge de être substitué. Ce boeuf, se- Vénus, c'est-à-dire, la cou- lon l'explication des Philo- leur orangée. sophes Spagyriques, porte APHRODITE. Voyez par sa couleur noire & blan- Venus. che, le vrai caractere de la APHRONITUM. Ecu- matiere de leur oeuvre, & le me de nitre. II y a beaucoup symbole d'Osiris & d'Isis. de relation & de rapport en- Ce que les Grecs ont ensuite tre l'écume du nitre & le ni- imité par la fable du Mino- tre même, comme le sel avec taure, les boeufs de Geryon, son écume. L'écume du nitre les boeufs de Jason & les au- est la même chose que la tres. Voyez les Fab. Egypt. fleur des pierres & des mu- & Grecq. dévoilées, liv. 1. railles; c'est une matiere lé- section 3. chap. 1. gere, friable, âcre. Il faut APOLLON, fils de Ju- choisir celle qui tire sur la piter & de Latone; selon couleur de pourpre. L'écu- Hérodote, fils de Dionysius me du nitre varie selon les & d'Isis. Mais il importe matieres & les lieux où elle peu de qui Apollon soit né, croît. L'aphronitum differe s'il faut rapporter cette fa- de la fleur des pierres d'Asie ble comme une allégorie du en ce qu'il n'est point brûlé; grand oeuvre, suivant le sen- s'il étoit résout au feu, il au- timent des Philosophes Her- roit les mêmes propriétés & métiques. Car, selon eux, les mêmes vertus. Rul. il faut entendre la même APIS, chez les anciens chose par Osiris & par Ju- Egyptiens, étoit un boeuf piter, par Latone, Isis & Ju- noir par-tout le corps, ex- non. Cependant il semble cepté une tache blanche en qu'il convient mieux de dire forme de croissant ou appro- que Latone fut sa nourrice

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& sa mere en même-tems. par l'apposition du mercure On prend communément citrin pour passer de la cou- Apollon pour le soleil qui leur blanche à la rouge, cette nous éclaire, & les Chymis- façon de parler ne doit pas tes pour leur soleil ou partie s'entendre d'une addition de agente de leur oeuvre, com- mercure à la matiere qui est me ils prennent leur lune dans le vase, puisqu'ils ont pour la femelle ou la partie soin d'avertir qu'elle a en patiente. C'est pourquoi ils elle tout ce qui lui est né- expliquent & appliquent aux cessaire pour sa perfection. opérations de leur Art toutes Ces termes signifient seule- les choses que la Fable nous ment qu'il faut continuer la a appris d'Apollon, & de ses cuisson, pour que la couleur fils Orphée, Hymenée & citrine succéde à la blanche, Jaleme qu'il eut de Calliope, puis l'orangée, & enfin la Delphus qu'il eut d'Acachal- rouge, au moyen de la di- lide, Coronus de Chrisorte, gestion du mercure des Phi- Linus de Terpsichore, Es- losophes. Voyez Ajouter. culape de Coronis. Voyez AQUALA. Arsenic phi- les Fables Egypt. & Grecq. losophique. dévoilées, liv. 3. chap. 12. AQUAOLVES. Vinai- Apollon est regardé com- gre distillé. Les Chymistes me le maître des Muses, l'in- employent quelquefois ce venteur de la Médecine, terme pour signifier l'eau- comme Devin, Oracle & forte. Johnson. Poëte, & comme Guerrier AQUASTRE. Nom que armé d'arc & de fléches, Paracelse a donné à ce que puisque c'est lui qui tua le nous appellons esprit, tant serpent Typhon, dit Python celui que nous entendons par anagramme. par ame, que l'esprit pure- APOSPERMATIS- ment animal. Il l'appelle MUM DRACONIS. Mer- ainsi, parce qu'il est dit dans cure de Saturne. l'Ecriture, que l'esprit de APPAREILLER. Ap- Dieu étoit porté sur les prêter, disposer, mettre une eaux. chose avec une autre. Voyez AQUILENA. C'est un l'article suivant. nom que Paracelse a donné APPOSITION. Lorsque à la plante connue sous ce- les Chymistes Hermétiques lui de consoude-royale, ou disent qu'il faut commencer pied-d'alouette. C iv

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ARACAB. Aigle des l'autre lunaire, c'est-à-dire, Philosophes. dont l'un produisoit de l'or, ARACEUM. Lut pour & l'autre de l'argent. sceller les vases. Planis C. Arbre D'ARGENT. Ma- ARANCON. Laton, ou gistere au blanc, ou la ma- matiere de l'oeuvre en pu- tiere après la putréfaction. tréfaction. Arbre D'OR ou SOLAI- ARAXOS. Suie. RE. C'est la pierre au rouge. ARBRES. Arbores. Pa- Arbre DE MER. C'est racelse a donné ce nom aux le corail, & les madrepores. tumeurs & aux marques qui Arbre DE VIE. Nom ternissent & défigurent la que les Philosophes Hermé- couleur vive & naturelle de tiques ont donné quelque- la peau; & il ne les appelle quefois à leur mercure; mais ainsi que dans leur commen- plus communément à leur cement, & avant qu'elles élixir, parce qu'il est alors soient tournées en ulceres. la médecine des trois regnes, Arbre est aussi le nom ou leur panacée universel- que les Philosophes ont don- le; qu'il ressuscite les morts, né à la matiere de la pierre c'est-à-dire les métaux im- philosophale, parce qu'elle parfaits, qu'il éleve à la per- est végétative. Le grand ar- fection de l'argent, s'il est bre des Philosophes, c'est au blanc, & à celle de l'or, leur mercure, leur teinture, s'il est au rouge. Ils l'ont leur principe, & leur raci- aussi appellé Bois de vie. ne; quelquefois c'est l'ou- ARCALTES. Paracelse vrage de la pierre. Un Au- nomme ainsi le fondement teur anonyme a fait à ce de la terre, ou la colomne sujet un traité intitulé: de par laquelle il suppose allé- l'Arbre Solaire, de Arbore goriquement qu'elle est sou- Solari. On le trouve dans le tenue. Il la nomme aussi Ar- 6e tome du Théatre Chy- chaltes, & Rulandus Ar- mique. Le Cosmopolite, chates. dans son Enigme adressée ARCANE. (Médecine.) aux Enfans de la vérité, sup- Paracelse dit qu'on entend pose qu'il fut transporté dans par ce terme une substance une Isle ornée de tout ce que incorporelle, immortelle, la nature peut produire de fort au-dessus des connois- plus précieux, entr'autres de sances des hommes, & de deux arbres, l'un solaire & leur intelligence. Mais il

AR AR 41 n'entend cette incorporéité nouvelle, en consumant tou- que relativement, & par tes leurs impuretés, en y in- comparaison avec nos corps; troduisant de nouvelles for- & il ajoute que les arcanes ces, & un baume plein de sont d'une excellence fort vigueur, qui fortifie la nature au-dessus de la matiere dont humaine. nos corps sont composés; Le mercure de vie fait à qu'ils différent comme le peu près le même effet, en blanc du noir; & que la pro- renouvellant la nature il fait priété essentielle de ces ar- tomber les cheveux, les on- canes est de changer, alté- gles, la peau, & en fait re- rer, restaurer & conserver venir d'autres à la place. nos corps. L'arcane est pro- La teinture montre ses ef- prement la substance qui fets à la maniere de Rebis, renferme toute la vertu des qui transmue l'argent & les corps, dont elle est tirée. Le autres métaux en or. Elle même Paracelse distingue agit de même sur le corps deux sortes d'arcanes, l'un humain; elle le teint, le qu'il appelle perpétuel, le purge de tout ce qui peut le second pour la perpétuité. Il corrompre, & lui donne une subdivise ensuite ces deux pureté & une excellence au- en quatre, qui sont, la pre- dessus de tout ce qu'on peut miere matiere, le mercure imaginer. Elle fortifie les or- de vie, la pierre des Philo- ganes, & augmente telle- sophes, & la teinture. ment le principe de vie, Les propriétés du pre- qu'elle en prolonge la durée mier arcane ou de la pre- fort au-delà des bornes or- miere matiere, sont de ra- dinaires. Idem. jeunir l'homme qui en fait Arcane se prend aussi usage, & de lui donner une pour toutes sortes de tein- nouvelle vie, comme celle tures tant métalliques, que qui arrive aux végétaux, qui végétales ou animales. Pa- se dépouillent de leurs feuil- racelse l'a employé plusieurs les tous les ans, & se renou- fois dans ce sens-là. vellent l'année d'après. Arcane, en termes de La pierre des Philosophes science Hermétique, doit agit sur nos corps comme le s'entendre de l'eau mercu- feu sur la peau de la sala- rielle épaisse, ou mercure mandre; elle en nétoye les animé par la réunion du sou- taches, les purifie & les re- fre philosophique.

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ARCHE'E DE LA ARE'S, en termes de NATURE. Les Physiciens science Hermétique, signifie & particulierement les Phi- le dispensateur de la Nature, losophes Spagyriques appel- caché dans les trois princi- lent ainsi l'agent universel, pes, soufre, sel & mercure, & particulier à chaque in- dont ils disent que tout est dividu; ce qui met toute la composé dans le monde. Ils Nature en mouvement, dis- ajoutent que ce dispensateur pose les germes & les se- donne la forme aux indivi- mences de tous les êtres dus, & en diversifie les es- sublunaires à produire & à peces, de maniere que l'un multiplier leurs especes. ne prenne point la matiere ARCHEMORE, fils de spécifique de l'autre. Arès Lycurgue, fut nourri par n'est point cependant l'Ar- Hypsiphile, & mourut tout chée de la Nature ou Iliaster, jeune de la morsure d'un ser- dont voyez l'article; mais pent. On institua en son après que celui-ci a tout dis- honneur les jeux Néméens. posé pour les genres, Arès Voyez les Fables Egypt. & succéde & arrange les for- Grecques dévoilées, liv. 4. mes & les especes des in- chap. 8. dividus. ARCHILAT. C'est la ARE'TON. Laiton des pesanteur ou le poids de Philosophes. trois grains. ARETHUSE, fille de ARCOS. Aes-ustum, Nérée & de Doris, com- cuivre brûlé. pagne de Diane, fut chan- ARE'CIE. Isle où abor- gée en une fontaine du mê- derent les Argonautes dans me nom. Voyez les Fables leur voyage de la Colchide, Egypt. & Grecq. dévoilées, pour la conquête de la toi- liv. 4. chap. 3. son d'or. Voyez les Fables ARFARD. Arsenic phi- Egypt. & Grecq. dévoilées, losophique. liv. 2. cha. 1. ARFIORA. Céruse. En AREMAROS. Cin- termes de science Herméti- nabre. que, c'est le Saturne des Sa- ARENA. Matiere de la ges, ou la matiere parvenue pierre dissoute & en putré- au blanc après avoir passé faction. par la putréfaction. C'est ce ARENAMEN, ARE'- que les Adeptes appellent NARMEI. Bol Armene ou aussi leur Diane nue, leur d'Armenie. Lune, &c.

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ARGENT. Lorsque les mence des métaux, au lieu Philosophes disent, notre que le vulgaire est un mé- Argent ou notre Lune, ce tal déja fait. Ils lui ont donné n'est pas de l'argent vulgai- le nom d'argent-vif, parce re, dont on fait les ustensi- qu'il est volatil, blanc, clair, les, les meubles & la mon- froid, humide, coulant, & noye, qu'ils parlent, c'est de susceptible de coagulation leur matiere quand elle est comme le vulgaire, dont il parvenue au blanc parfait est la semence. Voyez Mer- par le moyen de la cuisson. cure Philosophique. Ce terme s'entend aussi de Argent-VIF. Ce terme leur eau mercurielle, qu'ils signifie quelquefois non le appellent aussi Femelle, Be- mercure des Sages, mais ja, Sperme, &c. Quelques- leur magistere au blanc qui uns le nomment Or blanc, en est composé. Les Philo- Or crud. sophes lui ont donné ce nom Argent COMMUNI- par équivoque, pour le dis- CANT. Les Philosophes ont tinguer de l'argent commun donné ce nom au sel qui & vulgaire, qu'ils appellent entre dans la composition Argent-mort. de la pierre philosophale. Argent-VIF EXALTE'. . Lune des Philosophes, ainsi Argent DE MERCURE. nommée de ce que ce mer- Elixir au blanc, ainsi nommé cure est purifié & poussé à de ce qu'il est composé du un degré de perfection qu'il mercure philosophique. n'avoit pas avant d'être par- Argent DU PEUPLE. venu au blanc. Quelques Chymistes ont Argent-VIF ANIME'. donné ce nom au sel. Johns. Mercure des Sages après son Argent-VIF des Phi- union avec la pierre ignée, losophes. Il faut faire atten- le soufre philosophique. tion qu'argent-vif & vif- Argent-VIF COAGU- argent n'est pas la même LE' ou PURIFIE'. C'est le chose. Le vif-argent est le magistere au blanc. mercure vulgaire, & l'ar- ARGO. Nom que la gent-vif est celui des Phi- Fable a donné au navire losophes Hermétiques. Ils que montoit Jason, quand s'expriment ainsi pour mar- il fut à la conquête de la toi- quer l'action & la vie de son d'or avec Hercule, Hy- leur mercure, qui est la se- las, Orphée, Etalide, Am-

44 AR AR phion, Augias, Calaïs, Cas- vellus ou Toison d'or, pour tor, Pollux, Céphée, Iphi- expliquer chymiquement cle, Eson, Lyncée, Mopse, cette expédition. Il est peu Méléagre, Pélée, Télamon, d'Auteurs Alchymiques qui Zetis & plusieurs autres. n'en ayent parlé. Et à dire la Les Alchymistes expli- vérité, l'étimologie du nom quent cette expédition com- de Jason, qui veut dire art me une allégorie de la pierre de guérir, suffiroit seule pour Philosophale, & particulie- rendre vraisemblable l'expli- rement parce que la navire cation des Philosophes Her- étoit fabriquée des chênes métiques. Voyez les Fables parlans de Dodone. V. Ja- Egyptiennes & Grecques, son, Argonautes, & le liv. 2. chap. 1. traité des Fables Egypt. & ARGUS (Yeux d'). Les Grecques dévoilées, liv. 2. Chymistes Hermétiques ont chap. 1. dit que les yeux d'Argus fu- ARGONAUTES. Hé- rent transportés sur les plu- ros qui, selon la Fable, ac- mes de la queue du Pan, compagnerent Jason pour pour signifier les différentes faire la conquête de la toi- couleurs qui surviennent à son d'or. Quelqu'explication la matiere de la pierre pen- morale ou physique qu'on dant la coction. ait voulu donner à cette Fa- ARIADNE, fille de Mi- ble, on n'a pû réussir à en nos & de Pasiphaé, favorisa faire d'application plus juste Thésée dans son entreprise qu'en la regardant, avec les contre le Minotaure, & lui Alchymistes, comme une donna un peloton de fil, au allégorie du grand oeuvre de moyen duquel il sortit du la médecine universelle, ou labyrinthe après qu'il eut pierre philosophale. Tous les vaincu ce monstre. Thésée Chefs de cette expédition l'enleva & l'épousa. Arrivés ont vécu, selon la Fable, dans l'isle de Naxo, Thésée dans des tems si éloignés les y laissa Ariadne, que Bac- uns des autres, qu'il n'est pas chus épousa dans la suite. possible de donner la moin- Voyez les Fables Egypt. & dre vraisemblance à leur réu- Grecques dévoilées, liv. 3. nion, Aloysius. ch. 1. & liv. 5. ch. 14. §. 2. Martianus, outre plusieurs ARIES ou BELIER. autres, a fait un volume en- Ces termes sont mystérieux tier sous le titre de Aureum dans les écrits des Philoso-

AR AR 45 phes Chymiques; ils disent sublimé. On dit aussi Arca- que leur matiere se tire du nec, & Artenech. Johnson. ventre d'Aries. Quelques- ARSENIC, en termes uns, prenant ces termes à la de Chymie Hermétique, se lettre, ont cru que cette ma- prend tantôt pour le mer- tiere étoit de la fiente de cure des Sages, tantôt pour Belier; mais les Philosophes la matiere dont il se tire, & parlent du Belier signe du tantôt pour la matiere en pu- Zodiaque, & non du Belier tréfaction. Quelques - uns animal. ayant trouvé dans les vers ARIDURA ou SECHE- d'une des Sybilles, que le RESSE, est un des noms nom de la matiere d'où se que Paracelse a donné à la tire le mercure philosophal, maladie que nous appellons étoit composé de neuf let- Phtysie, & les Anglois Con- tres, dont quatre sont voyel- somption. les, les autres consonnes, ARLES CRUDUM. Pe- qu'une des sillabes est com- tites goutes d'eau qui tom- posée de trois lettres, les bent au mois de Juin, en autres de deux, ont cru forme de rosée, semblable avoir trouvé cette matiere à celle du mois de Mai. Rul. dans Arsenicum, d'autant D'autres, selon le même Au- plus que les Philosophes di- teur, les appellent Hydatis, sent que leur matiere est un Stalagnei, Stagen, Straax. poison des plus dangereux; AROP. V. Adrop. mais la matiere de la pierre AROPH. Mandragore. est celle-là même dont l'ar- Paracelse dit que l'aroph senic & les autres mixtes ont guérit la pierre des reins & été formés, & le mercure la gravelle. des Sages ne se tire pas de ARROSER Cuire, di- l'arsenic; puisque l'arsenic gérer la matiere philosophi- se vend chez les Apoticaires que. Ce terme ne doit s'ap- & les Droguistes, & la mi- pliquer qu'au tems où la ma- niere du mercure se trouve tiere se sublime en vapeurs par-tout, dans les bois, sur & retombe sur la matiere en les montagnes, sur les val- forme de goutes de pluie & lées, sur l'eau, sur terre, & de rosée, c'est-à-dire, après par-tout pays. la putréfaction. Philalethe & plusieurs au- ARSAG. Arsenic. tres Philosophes ont aussi ARSANECK. Arsenic donné le nom d'arsenic à

46 AR AR AS leur matiere en putréfac- Pythagore consentit à souf- tion, parce qu'alors elle est frir la circoncision pour y un poison très-subtil & très- être initié. S. Clement Alex. violent. Quelquefois ils en- l. 1. Strom. tendent par arsenic leur prin- ARUERIS. Dieu d'E- cipe volatil, qui fait l'office gypte. Sa mere vint au mon- de femelle. C'est leur Mer- de enceinte de lui. Voyez cure, leur Lune, leur Vé- les Fables Egypt. & Grecq. nus, leur Saturnie végétale, dévoilées, liv. 1. leur Lion vert, &c. Ce nom ARUNCULA GRAN- d'arsenic lui vient de ce qu'il DE. C'est la matiere de la blanchit leur or, comme l'ar- pierre des Sages. senic vulgaire blanchit le ASABON. Savon. En cuivre. fait de science Hermétique, ART SACERDOTAL. c'est l'azoth des Philosophes étoit, chez les Egyptiens, avec lequel ils blanchissent celui que nous appellons leur laiton. actuellement la Philosophie ASABUM. Etain, Ju- Hermétique. Voyez l'Intro- piter des Sages. duction du liv. 1. des Hiéro- ASAGEN. Sang de glyphes Egyptiens. Alkan- dragon. di cité par Kirker. ASAGI. Vitriol, ou at- Cet art consistoit dans la trament rouge. connoissance parfaite des ASAMAR. Vert-de-gris. procédés de la Nature dans ASMON. Sel armoniac. la production des mixtes, & Voyez Almisadir. ne s'enseignoit que par des ASCALAPHE, fils du hiéroglyphes & des termes fleuve Acheron & d'Orphné mystérieux, dont on ne don- Nymphe des Enfers, fut noit la véritable explication changé en hibou, pour avoir qu'à ceux qu'une épreuve accusé Proserpine d'avoir très-longue faisoit juger di- mangé trois grains de gre- gnes d'être initiés dans un si nade. Homere dit Ascala- grand mystere. Les Prêtres phe fils de Mars & d'Astio- étoient obligés de garder le ché. Voyez l'explication de secret sous peine de mort à cette fiction dans le liv. 4. ceux qui le violeroient. Il ne chap. 3. des Fables Egypt. se communiquoit que dans & Grecques dévoilées. le Sanctuaire. Saint Justin, ASCLEPIOS. V. Es- quaest. ad Ortod. culape.

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ASDENEGI. Pierre qu'il en a l'odeur, lorsqu'il Ematite. est nouvellement extrait de ASEB ou ASEP. Alun. sa miniere. Cette odeur, dit ASED. Lion des Philo- Raymond Lulle, est des plus sophes. fortes; mais par la circula- ASENEC. Soleil ou or tion elle se change en une des Sages. quintessence d'une odeur la ASFOR. Alun. plus suave, & devient une ASINAT. Nom Arabe médecine contre la lépre & donné à l'antimoine. Basile les autres maladies. Valentin, dans son Char ASSAGEAI. Sang de triomphal de ce minéral. dragon. Planiscampi. ASINGAR. Vert-de-gris. ASSATION. Action de ASMAGA. Alliage des digérer, cuire, sublimer, vo- métaux. latiliser, fixer la matiere de ASMARCECH. Li- l'oeuvre. tharge. ASTIOCHE'. Mere ASMUM. Poids pour pe- d'Ascalaphe & d'Ialmenus, ser; tels sont, la livre, l'on- qu'elle mit au monde dans ce, le gros, &c. la maison d'Actor. Voyez ASOPE, fils de l'Océan les Fables Egypt. & Grecq. & de Thetis, fut pere d'E- liv. 4. chap. 3. Astioché fut gine, enlevée par Jupiter aussi mere de Tlepoleme, transformé en feu. Asope qu'elle avoit eu d'Hercule. poursuivant Jupiter, fut mé- ASTRE, en termes de tamorphosé en fleuve par Chymie, est la substance ce Dieu. Voyez les Fables ignée, fixe, principe de la Egypt. & Grecq. dévoilées, multiplication, extension & liv. 3. ch. 14. §. 6. génération de tout. Cette ASOPER. Quelques substance tend toujours d'el- Chymistes ont ainsi appellé le-même à la génération; la suye. mais elle n'agit qu'autant ASROB. Matiere des qu'elle est excitée par la cha- Philosophes en putréfaction, leur celeste, qui se trouve leur Tête de Corbeau, leur par-tout. Saturne. ASTRUM. Terme dont ASSA-FOETIDA. Les les Philosophes chymiques Philosophes Hermétiques se servent pour signifier une ont donné ce nom à leur plus grande vertu, puissan- mercure, dit Riplée, parce ce, proprieté, acquise par la

48 AS AT AT préparation qu'on a donné à musoit à les ramasser l'une une chose. Comme astrum après l'autre, Hyppomenes du soufre, ou astrum sulphu- avançoit toujours chemin, ris, signifie le soufre reduit & trouva par ce moyen ce- en huile, dont les vertus sur- lui de l'atteindre. Etant un passent de beaucoup celles jour lasse de la chasse, elle du soufre en nature. Astrum donna un coup de poin- salis ou du sel, c'est le sel çon dans un rocher, placé réduit en eau ou en huile. auprès d'un temple d'Escu- Astrum mercurii ou du mer- lape, & en fit sortir une fon- cure, c'est du mercure su- taine, de l'eau de laquelle blimé. On donne ce nom elle se désaltera. aux alcools, aux quintessen- Atalante, disent les Phi- ces des choses. losophes Spagyriques, n'est ASUB. Terme Arabe autre que la matiere volatile que les Latins expriment par du grand oeuvre qui ne peut Alumen, & les François par être arrêtée que par la ma- Alun. tiere fixe signifiée par les ASUBEDEGI. Johnson pommes d'or, puisqu'il n'y explique ce terme de Para- a rien de plus fixe que la ma- celse par Caillou taillé pour tiere radicale de l'or. Quand couper les autres pierres, on dit qu'elle fit sortir une comme le diamant pour cou- fontaine du rocher, c'est que per le verre. la pierre philosophale donne ASUGAR. Vert-de-gris. de l'eau, dont on fait de la ATAC. Nitre, ou sal- terre, puis encore de l'eau, pêtre philosophique. &c. On ajoute qu'Atalante ATALANTE, fille de coucha dans le temple de sa Schaenée, avoit une agilité mere avec Hyppomenes; si grande à la course qu'on c'est qu'on met dans le vase ne pouvoit l'égaler; ce qui philosophique le fixe & le engagea son pere à ne vou- volatil, dont on fait comme loir la donner en mariage le mariage, dont il est tant qu'à celui qui l'atteindroit. parlé dans les livres des Phi- Après que plusieurs l'eurent losophes. Voyez les Fables tenté inutilement, Hyppo- Egypt. & Grecq. dévoilées, menes, par le conseil de Vé- liv. 2. ch. 3. nus, prit trois pommes d'or Il y a une autre Atalante, qu'il jettoit après elle en la fille de Jasius, qui se trouva suivant; pendant qu'elle s'a- à la chasse de Calydon, elle fut

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fut changée en lionne. L'une par un feu philosophique, & l'autre ne sont chymique- inné dans cette matiere, mais ment que la même person- qui y est engourdi, & ne ne, & par conséquent la peut se développer que par même chose. l'art. Voyez Fourneau, ATEBRAS. Vaisseau Feu. sublimatoire des Chymistes. ATIMAD ou ALCO- Johnson. PHIL. Antimoine. On dit ATHAMAS, fils d'Eole, aussi Alcimad, Alfacio. épousa Néphelé, de laquelle ATLAS, fils de Jupiter il eut Phrixus & Hellen, qui & de Clymene, ou de la donnerent occasion à l'ex- Nymphe Asie, fut averti par pédition des Argonautes. l'Oracle de se donner de Voyez liv. 4. chap. 9. des garde d'un des fils de Jupi- Fables Egypt. & Grecques ter. Persée en ayant été mal dévoilées. accueilli, lui présenta la tête ATHANOR. En termes de Méduse, qui le métamor- de Chymie vulgaire, est un phosa en la montagne qui fourneau ayant la forme porte le nom d'Atlas. Voyez d'un quarré, ou d'un quarré- les Fables Egypt. & Grecq. long, auprès duquel est une dévoilées, liv. 3. c. 14. §. 3. tour, qui communique à un ATTRAMENT. Vi- des côtés par un tuyau. On triol. remplit de charbons cette Attrament FUSIBLE. tour, on l'allume, & la cha- Alcali. leur se communique au four- ATRE'E, fils de Pelops & neau par le tuyau. Je ne d'Hyppodamie, pere d'A- m'arrêterai pas à en faire une gamemnon & de Menelas, description plus détaillée, fut ennemi juré de Thyeste parce que chaque Chymiste son frere, & faisant semblant le fait faire à sa guise. On lui de se réconcilier avec lui, il a donné le nom d'Athanor l'invita à un repas, où il lui par similitude au fourneau présenta en mêts deux de ses secret des Philosophes, qui enfans, dont le Soleil eut conserve son feu continuel- tant d'horreur qu'il retourna lement & au même degré. en arriere. Cette fable ne Mais ce dernier n'est pas un signifie autre chose chymi- fourneau de l'espece de celui quement, que la réincruda- des Chymistes. Leur Atha- tion de l'or des Philosophes, nor est leur matiere animée qui par la dissolution re- D

50 AT AV AV AY tourne à sa premiere matie- Grecques dévoilées, liv. 5. re. Voyez le reste de cette chap. 8. fable expliquée dans le li- AVORA. Chaux d'oeufs. vre 3. ch. 14. §. 4 des Fa- AURANCUM & AU- bles Egyptiennes & Grec- RANEUM. Paracelse & ques dévoilées. plusieurs autres ont ainsi ap- ATROP. V. Adrop. pellé les coques d'oeufs. ATTINGAT ou ATIN- AURARIC. Mercure GAR. Vert-de-gris. des Philosophes. ATTINGIR. Cucurbite AUTEL. Quelques de terre. Johnson. Adeptes ont donné ce nom ATTREMPENCE à leur mercure, & à leur ma- D'ALPHIDIUS. Terme tiere dans le vase pendant de Philosophie chymique. les opérations. Voyez-en un C'est le mercure philoso- exemple, Fables Egypt. & phal, dans lequel on dispose Grecques dévoilées, liv. 3. par la cuisson l'équilibre des chap. 14. §. 3. quatre élémens, de maniere AUTOMNE. Tems où qu'ils ne puissent plus se sur- l'Artiste recueille les fruits monter, & fassent par leur de ses travaux. Il est d'une union un mixte incorrup- complexion froide & séche. tible. Souvenez-vous donc bien ATUREB. Verre. qu'il faut dissoudre en hiver, AVERICH. Soufre. cuire au printems, coaguler AUGIAS, fils du Soleil en été, & cueillir les fruits & de Naupidame. Eurystée en automne, c'est-à-dire, ordonna à Hercule de né- donner la teinture. toyer l'étable où Augias te- AUVER. Eau douce. noit ses boeufs, qui étoient Paracelse, dans son traité de en grand nombre. Augias la Nature des choses. promit pour récompense à AYBORZAT. Galba- Hercule, de lui donner la num. dixiéme partie de ses bes- AYCAFORT. Voyez tiaux. Hercule accepta l'of- Alartar. fre, & nétoya l'étable en y AYCOPHES & AY- faisant passer le fleuve Al- CUPHER. Cuivre brûlé. phée. Augias refusa de tenir AYMAN ou AIMAN. sa promesse, & Hercule le Matiere au moyen de la- tua pour s'en venger. Voyez quelle les Philosophes sça- les Fables Egyptiennes & vent extraire leur eau mer-

AZ AZ 51 curielle, qui ne mouille pas c'est le minium des Philo- les mains, des rayons du sophes, ou la pierre parve- soleil & de la lune. Sçachez nue au rouge. que l'arbre solaire tire son AZET. Voyez Azoth. origine de cette eau, dit le AZIMAR, selon Ru- Cosmopolite, qu'elle seule land, veut dire du vert-de- est capable de le dissou- gris ou fleur-d'airain, ou dre, & qu'elle s'extrait des même de l'aes-ustum; & se- rayons du soleil & de la lon Planiscampi, il signifie lune par la force de notre du minium. aiman, que j'ai ci-devant AZINABAN. Terme nommé acier. Philalethe s'en dont les Philosophes Spagy- est servi dans le même sens. riques ont usé pour signifier Voyez Aiman. les féces, ou l'impur qu'ils AZAA. Matiere de la séparent de la matiere pure pierre des Sages. des Sages. AZAMO. Chaleur In- AZOC. Mercure des dienne. Termes dont se sont Philosophes. Ce n'est pas le servis quelques Alchymistes mercure vulgaire crud, tiré pour déterminer un degré du simplement de sa mine; mais feu propre à l'oeuvre philo- un mercure extrait des corps sophique. Voyez Feu des dissous par l'argent-vif. Ce Philosophes. qui fait un mercure bien plus AZAPHORA. Cuivre mûr. Bern. Trévisan, Epit. brûlé, ou aes-ustum. à Thomas de Boulogne. AZARNET. V. Adar- C'est avec ce mercure que nech. les Philosophes lavent leur AZEC. Attrament, vi- laiton; c'est lui qui purifie le triol. corps impur avec l'aide du AZECI. Vitriol philoso- feu; & par le moyen de cet phique. azoc on parfait la médecine AZEDEGIM. Pierre propre à guérir toutes les Ematite. maladies des trois régnes de AZEG. Vitriol. la Nature. Cet azoc doit se AZEGI. Attrament vi- faire de l'élixir. Ibid. triolique. AZOCH. V. Azoth. AZEL. Alun. AZOG. V. Azoth. AZEMASOR. Cinna- AZOGEN. Sang de dra- bre, quelquefois le minium; gon. C'est la pierre au rou- mais dans ce dernier cas, ge, parce qu'elle est formée D ij

52 AZ AZ du mercure des Philosophes, rée, & bien purifiée, ou le qu'ils appellent Dragon. mercure philosophal suffi- AZOMAR & AZI- sent à l'Artiste pour le com- MAR. Cinnabre, suivant mencement & la perfection quelques Chymistes; & le de tout l'oeuvre; mais le mer- minium, selon d'autres. cure doit être tiré de sa mi- Johnson. niere par un artifice ingé- AZOMSES. Mercure nieux. Bernard Trévisan dit, des Philosophes. (la parole délaissée) que AZON. Mercure des Sa- tout le monde voit cette mi- ges purifié & travaillé. niere altérée & changée en AZONEC. Sel armo- une matiere blanche & sé- niac, ou l'Aigle philosophi- che, en maniere de pierre, que. Voyez Mercure. de laquelle l'argent-vif & le AZOTH. Nom que les soufre philosophiques sont Philosophes Hermétiques extraits par une forte igni- ont donné plus communé- tion. Les Philosophes ont ment à leur mercure. Ces donné beaucoup de noms à choses sont en la miséricorde cet Azoth; Quintessence- de Dieu, & nous avons seu- astrale, Serf-fugitif, Esprit- lement besoin dans notre animé, Ethelia, Auraric, oeuvre de l'azoth & du feu. &c. Voyez Mercure & Basile Valentin. Le feu & Matière. l'azoth lavent & nétoyent le Azoth, selon Planiscampi, laiton, c'est-à-dire la terre signifie moyen d'union, de noire, & lui ôtent son obs- conservation, ou médecine curité. Clang. Bucc. Le feu universelle. Il fait aussi re- & l'eau, qui est l'azoth, la- marquer que le terme Azoth vent le laiton & le nétoyent doit être regardé comme le de sa noirceur. Arn. de Vill. principe & la fin de tout Il faut faire deux parts du corps, & qu'il renferme tou- corps coagulé, dont l'une tes les propriétés cabalisti- servira d'azoth pour laver & ques, comme il contient la mondifier l'autre, qui s'ap- premiere & la derniere let- pelle laiton, qu'il faut blan- tre des trois langues matri- chir. Nic. Flam. ces, l'Aleph & le Thau des Quand les Philosophes di- Hébreux, l'Alpha et l'O- sent que l'azoth & le feu suf- mega des Grecs, l'A & le Z fisent pour l'oeuvre, c'est-à- des Latins. dire que la matiere prépa- Azoth est aussi le nom que

AZ BA BA 53 quelques Chimistes vulgai- Bacche. Voyez les Fables res ont donné à un précipité Egypt. & Grecq. dévoilées, de mercure commun, ou liv. 3. ch. 14. §. 2. & liv. 4. vulgaire, fait (comme ils le ch. 1. disent) per se. On en trouve BACCHUS. Fils de Ju- la maniere dans la Chymie piter & de Sémelé, fille de Médecinale de M. Malouin, Cadmus. La Fable dit qu'il T. II. pag. 196. On a aussi nâquit des cendres de sa nommé ce précipité de mer- mere, comme Esculape. El- cure, Azoth de Heslingius, le nous le représente aîlé, & Or horizontal, parce que ayant des cornes, une tête sa couleur est d'un rouge de taureau, mâle & femelle, jaunâtre approchant de la jeune & vieil, barbu, & couleur aurore. sans barbe. C'est le même AZUB. Alun. que les Egyptiens nom- AZUBO. Vase Hermé- moient Dionysius. Toutes tique. les histoires que l'on fait de AZUC. Corail rouge. lui, ne sont, au sentiment AZUMEN. Terme des Philosophes Spagyri- arabe employé par quel- ques, qu'une allégorie des ques Chymistes pour signi- opérations de leur Art, qu'ils fier poids. appellent par excellence le grand oeuvre. Bacchus est le

B. même, selon eux, qu'Ado- nis, Apollon, le Soleil, Osi- BACAR, signifie un ris & tant d'autres, comme poids, suivant Rulland. le témoigne Orphée dans BACCHANALES. Fê- son Hymne à Adonis, où il tes instituées en l'honneur dit que tous ces noms diffé- de Bacchus. V. Orgies, rens n'indiquent que la mê- Dyonisiennes. me personne. On le feint BACCHANTES. Prê- quelquefois aîlé pour dési- tresses de Bacchus, qui cou- gner le moment de sa volati- roient de nuit vêtues de lisation; ayant une tête de peaux de pantheres, de ti- taureau ou de bouc, parce gres, les cheveux épars, des que ces animaux lui étoient torches & des flambeaux al- consacrés comme à Osiris; lumés à la main. Elles dan- mâle & femelle, à cause que soient au son des tambours, la matiere des Philosophes, en criant souvent: Euhoê ou leur Rebis, est androgine; D iij

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jeune & vieil, parce que faire circuler dans l'oeuf. cette matiere semble rajeu- BAIGNER. Remarquez nir dans les opérations, que calciner, teindre, laver, comme on peut le voir dans blanchir, baigner, &c. sont l'article Vieillard. Voyez les une même chose, & que Fables Egypt. & Grecques tous ces mots veulent dire dévoilées, liv. 3. c. 14. §. 2. seulement cuire la matiere, BAGEDIA. Poids de jusqu'à ce qu'elle soit par- douze onces, ou d'une li- faite. . vre, selon l'usage de la Mé- BAIN. Vinaigre des Sa- decine. ges, avec lequel ils lavent BAIAC ou BEIAC. Cé- leur laiton; c'est leur dissol- ruse. vant, qu'ils appellent leur BAIGNER. Les Philo- Mercure. sophes Chymiques disent Bain DE DIANE. Voyez qu'ils préparent un bain pour Mercure Philosophi- le Soleil & la Lune, pour le que. Roi & la Reine, &c. Dans Bain DU ROI. Eau per- les figures d'Abraham Juif, manente, ou mercure des rapportées par Flamel, est Sages, à laquelle ils ont don- un Roi, dit celui-ci, ayant né le nom de Bain du Roi, un grand coutelas, qui fait parce que leur or est lavé & tuer en sa présence par des baigné par cette eau qui s'en Soldats, quantité de petits distille & s'y recohobe sans enfans, les meres desquels cesse, jusqu'à ce que la su- pleuroient aux pieds des im- blimation l'ait desséchée. pitoyables Gendarmes, & Bain DU SOLEIL. C'est ce sang étoit puis après mis la même chose que bain du dans un grand vaisseau, Roi, parce que l'or est le dans lequel le Soleil & la Roi des métaux, & que ce Lune du Ciel se venoient bain ou mercure des Sages baigner. Cette fontaine est mondifie l'or philosophique. seulement pour le Roi du Bain-MARIE, en ter- pays, qu'elle connoît bien, mes de Science Herméti- & lui elle; & est dedans que, est le fourneau des Sa- icelle fontaine à se baigner ges, le fourneau secret, & deux cens quatre vingt deux non celui des Chymistes vul- jours. Trévisan. Ils enten- gaires. On donne quelque- dent quelquefois par bai- fois ce nom au mercure phi- gner, cuire la matiere, la losophal. Ce qu'ils appellent

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Bain s'entend aussi d'une même la poudre de projec- matiere réduite en forme de tion faite de la pierre au liqueur, comme quand on blanc, ou au rouge, & pro- veut faire la projection sur jettée sur le mercure ou les un métal, ils disent qu'il doit autres métaux, les tue, pour être au bain, c'est-à-dire en ainsi dire, en les fixant, & fusion. les change en argent ou BALITISTERE. Terre en or. rouge, ou matiere de l'oeu- BASSAD. Corail. vre parvenue à la couleur BASURA. Semence. rouge par la digestion du feu BATITURA - RAMI. philosophique. Ecailles ou scories de cuivre. BALZIAM. Féves. Batitura de l'airain se prend BARACH du Pain. C'est aussi pour les scories de quel- le nitre tiré du sel. Johnson. que métal que ce soit. Johns. BARCATA. Ouvertu- BATTRE, en termes de re, crevasse par où la cha- science Hermétique. Agiter leur d'un fourneau peut s'é- trop fort la matiere, donner chapper. un feu trop violent. Quand BARDADIA. Le poids les esprits sont trop battus, d'une livre. disent les Philosophes, ils BARNA. Vase de verre. soutiennent impatiemment BARNAAS, BARNA- le choc, ils s'élevent & cas- BAS, BARNABUS. Sal- sent le vaisseau, ou se brû- pêtre des Philosophes, ou lent. leur vinaigre très-aigre. BATTUS ou BATTE. BARURAC. Verre. Berger changé en pierre de BASED ou BESED. touche par Mercure, pour Corail. avoir violé la promesse qu'il BASILIC. Les Philoso- lui avoit faite de ne pas dé- phes Chymistes ont donné couvrir le vol des boeufs quelquefois ce nom à leur d'Admete, de la garde des- mercure, parce qu'il dissout quels Apollon s'étoit char- tout. Quelques-uns l'enten- gé. Voyez les Fables Egypt. dent de la pierre au blanc, & Grecq. dévoilées, liv. 3. & d'autres de la pierre au ch. 14. §. 1. rouge; parce que comme les BAUDRIER. On compte Anciens disoient que le Ba- parmi les travaux d'Hercule silic tuoit par sa seule vûe la victoire qu'il remporta sur ceux sur qui il la fixoit, de les Amazonnes, à la Reine D iv

56 BA BA desquelles il enleva le bau- & une terre vierge, adami- drier garni de diamans & que, vitriolique, feuillée, de rubis. Les Alchymistes qui se tire du centre de la disent que par ce baudrier, terre, & qui néanmoins se il faut entendre la pierre phi- trouve par toute la terre losophale & la médecine au habitée. Voyez Raymond blanc & au rouge, signifiée Lulle & les autres Philoso- par la blancheur des dia- phes, dans la Bibliotheque mans & la couleur rouge curieuse Chymique de Man- des rubis. get. C'est la pierre au blanc. BAUL. Urine. Baurac se prend aussi BAUME UNIVERSEL pour toute espece de chose DE LA NATURE. C'est, salée. selon les Philosophes Spa- BAYDA. Cucurbite. gyriques, leur élixir au blanc BDELLERUM. Sangsue. ou au rouge, qui guérit tou- BDOLA. Soufre. tes les infirmités des trois BELIER. Soufre des Phi- régnes de la Nature, & per- losophes parfait au rouge. Il fectionne tous ses individus. a pris ce nom de sa qualité Baume EXTERNE DES chaude & séche, comme ELE'MENS. Quintessence de celle du bélier. Les Adeptes mercure. disent qu'ils tirent leur acier BAURAC. Les Chy- du ventre du bélier, & ils mistes vulgaires ont inter- appellent aussi cet acier leur prêté ce terme, l'écume du aiman. Voyez Aries. Mais verre. Mais les Philosophes quand le Cosmopolite & Hermétiques l'entendent de Philalethe s'expriment ainsi, la matiere de la pierre phi- ils entendent parler de la ma- losophale, qui ne se tire pas tiere même de l'oeuvre, de des fèces du verre ni de son laquelle ils font leur soufre. écume, mais d'une matiere BELISIS, Corail des Phi- qui renferme les quatre élé- losophes. mens sous deux choses visi- BELLEROPHON, fils bles, l'eau & la terre ; non de Glauque, après divers l'eau de pluye, de fontaine, exploits, combattit la Chi- de mer ou aucune eau sem- mere, & s'en défit au moyen blable; ni une terre telle que des secours que les Dieux lui celle sur laquelle nous mar- donnerent. Voyez les Fables chons; mais une eau céleste, Egypt. & Grecq. dévoilées, vive, permanente & séche, liv, 3. chap. 14. §. 3.

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BELLONE. Déesse de de son eau, comme le beurre la guerre, confondue sou- du petit lait. vent avec Minerve & Pal- BHACTA. Terre rouge. las, dont voyez les articles. BIARCHETUNSIM. BEMBEL ou BENIBEL. Céruse. Terme de science Herméti- BICHE. Les Poëtes ont que. Mercure philosophal, feint qu'Hercule avoit pris à ou l'ouvrage de la pierre des la course & tué une Biche, Sages. Dict. Herm. dont les pieds étoient d'airain BERINBRUCH. Pierre & les cornes d'or. C'est une qu'on trouve aux environs fable bien visible, puisqu'on de Spire & dont les effets sur- ne vit jamais un tel ani- prenans sont rapportés dans mal, & les Philosophes Spa- les ouvrages de Duchêne, gyriques prétendent qu'elle de la Violette, dit Querce- renferme les opérations du tan, dans ceux d'Anselme grand oeuvre; que sous le de Boot, & de Crollius. nom de cette Biche, il faut BESEC. Mercure des entendre le suc métallique, Sages. ou la partie volatile du mer- BESED. Corail. cure, que la partie plus sul- BE^TE VENIMEUSE fureuse arrête & précipite DES SAGES. Les Philo- dans le fond du vase, & la sophes Hermétiques pren- coagule avec lui, d'où lui nent ces termes tantôt pour naissent des cornes d'or; le mercure & tantôt pour la c'est-à-dire, la pierre philo- pierre parfaite. Dans le pre- sophale. Voyez les Fables mier sens, c'est parce que Egypt. & Grecques dévoi- le mercure est un dissolvant lées, liv. 2. ch. 4. universel; & dans le second, BIEN DES BIENS. Pier- parce que la pierre parfaite re philosophale, dont l'ac- au blanc ou au rouge change quisition emporte avec elle la nature des métaux, les dé- tous les biens de ce monde, truit, pour ainsi dire, pour les richesses & la santé. leur donner une nouvelle Bien A PLUSIEURS forme intrinséque, en les NOMS. Mercure animé. transmuant en or ou argent. BILADEN. Acier. BEURRE. Matiere des BIMATER. V. Bac- Sages, qu'ils ont nommée chus. beurre, parce qu'elle est vis- BITRINATI, Tout vase queuse, & qu'elle se sépare de verre.

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BLACINAL. Plusieurs LAIRE. Elle précéde la par- métaux fondus ensemble. faite blancheur dans l'oeuvre BLANC-ESPRIT. Mer- de la pierre philosophale. Ce cure des Sages. sont des especes de petits fi- Blanc DU NOIR. Ma- lamens blancs qui paroissent gistere au blanc parfait, qui à mesure que la noirceur ou n'a pû parvenir à la blan- le régne de Saturne passe, cheur qu'en passant par la & que le régne de Jupiter couleur noire, vrai indice de lui succéde. la parfaite putrefaction. Le BLANCHIR des BLANCHEUR. Les Philosophes. C'est cuire la Philosophes disent que lors- matiere jusqu'au blanc par- que la blancheur survient à fait. Blanchissez le laiton & la matiere du grand oeuvre, déchirez vos livres, crainte la vie a vaincu la mort, que que vos coeurs ne soient dé- leur Roi est ressuscité, que chirés par l'inquiétude. Code la terre & l'eau sont de- de Vérité. venues air, que c'est le ré- BODID. Oeuf des Phi- gime de la Lune, que leur losophes. enfant est né, & que le Ciel BOEUF. Animal adoré & la Terre sont mariés; par- en Egypte. Voyez Apis, ce que la blancheur indique Serapis. La Fable feint le mariage ou l'union du fixe qu'Hercule enleva les boeufs & du volatil, du mâle & de de Geryon, Mercure ceux la femelle, &c. qu'Apollon gardoit pour Ad- La blancheur après la pu- mete. Voyez l'explication tréfaction est un signe que de ces fictions dans les Fa- l'Artiste a bien opéré. La bles Egypt. & Grecques dé- matiere a pour lors acquis voilées, liv. 1. chap. 1. & un degré de fixité que le feu suiv. liv, 2. chap. 14. §. 1. ne sçauroit détruire; c'est & liv. 5. ch. 12. pourquoi il ne faut que con- BOF. Chaux vive. tinuer le feu pour perfection- BOIS. Voyez Arbre. ner le magistere au rouge; Bois d'Or. Arbre so- & lorsque l'Artiste voit la laire des Philosophes. parfaite blancheur, les Phi- Bois DE PERROQUET. losophes disent qu'il faut dé- C'est l'aloës. chirer les livres, parce qu'ils Bois DE PARADIS. deviennent inutiles. Aloës. BLANCHEUR CAPIL- Bois DE VIE. C'est la

BO BO BR 59 pierre parfaite, qui devenue mis & inséré dans le col d'une médecine universelle, gué- autre. rit toutes les infirmités du BOUC. Animal adoré corps humain, & conserve chez les Egyptiens. Ces peu- l'homme en santé jusqu'au ples l'avoient consacré à Osi- terme prescrit par la Sagesse ris, & les Grecs à Bacchus, divine. comme étant le symbole du BOITEUX (le). C'est, principe fécondant de la na- en termes de Chymie Her- ture, ce feu inné qui vivi- métique, Vulcain ou le feu, fie tout. Voyez les Fables que la Fable nous représente Egypt. & Grecq. dévoilées, sous la forme d'un homme liv. 1. sect. 3. chap. 5. boiteux. Basile Valentin l'a Le Bouc servoit aux Egyp- représenté ainsi dans la plan- tiens dans leurs figures hié- che qui est à la tête de la pre- roglyfiques pour signifier la miere de ses douze Clefs. partie de la matiere de la BOL JUDAIQUE. pierre philosophale, que les Guimauve. Alchymistes nomment leur BOLESIS. Le même soufre; c'est pourquoi les que Belisis. Egyptiens avoient consacré BOLESON. Baume. cet animal à Bacchus, qui BORADES. Limaille n'étoit autre chez eux qu'O- des métaux. siris, à qui ils avoient aussi BORAX. Pierre des Phi- donné les noms d'Apollon, losophes au blanc. Adonis, &c. BORE'E, fils d'Astrée, BOUE. Les Philosophes enleva Orithie, dont il eut ont quelquefois donné ce Calaïs & Zethe. Voyez les nom à leur matiere, ce qui Fables Egypt. & Grecques a induit en erreur plusieurs dévoilées, liv. 2. ch. 1. Chymistes, qui ont travaillé BORIN. Vinaigre téré- sur la boue & le limon. Mais benthiné, ou alcalisé. Philalethe nous apprend BORITIS. C'est la ma- qu'on ne doit appliquer ce tiere des Sages en putréfac- nom de boue que lorsque la tion ou au noir. matiere est en putréfaction. BOTRACHIUM. Ache BRACIUM. Cuivre, de Sardaigne, appellée par Vénus. les Botanistes Apium risus. BRARICIA. Verre. BOTUM BARBA- BRASE. Charbons. TUM. Col d'une cucurbite BRETAN. Bois de Bresil.

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BRIARE'E, fils du Ciel un brouillard, qui s'éleve de & de la Terre, le plus ter- la matiere, & se condense rible & le plus redoutable dans l'air des Philosophes, de tous les Géans. Tous les d'où elle retombe pour ar- noms des Géans signifient roser leur terre, la purifier quelque chose qui tend à la & la féconder. destruction, comme la tem- BROYER, en termes de pête, la fureur, le tonnerre, Chymie, c'est cuire la ma- les vents impétueux, &c. tiere, & non la piler dans un On peut voir là-dessus l'His- mortier, ou autrement. toire du Ciel de M. Peluche, BRULER, Assare, en qui en donne les étimolo- termes de Philosophie chy- gies fort au long. Voyez ce mique, ne doit pas se pren- qu'ils signifient chymique- dre pour calciner ou mettre ment dans les Fables Egypt. au feu; mais cuire simple- & Grecq. dévoilées, liv. 3. ment la matiere dans son ch. 2. 3. & 4. vase, & à feux doux. BRISE'IS, fille de Brisès, BRUMAZAR. Nom que se nommoit d'abord Hippo- quelques Philosophes Chy- demie. Lorsque les Grecs miques ont donné à leur s'emparerent de la ville de mercure. C'est une vapeur Lyrnesse, Briséïs captive grasse, onctueuse, dont l'Au- échut par le sort à Achille. teur de Clangor Buccinae Agamemnon la lui ayant parle en ces termes: Le pain enlevée de force, Achille en fermenté & cuit est dans son conçut un tel dépit qu'il cher- degré de perfection: de mê- cha tous les moyens de s'en me l'or quand il est purifié venger, & ne voulut pren- par le feu, est un corps fixe, dre les armes contre les & n'est plus susceptible de Troyens, que pour venger fermentation, s'il n'est mêlé la mort de son ami Patrocle. avec Brumazar, c'est-à-dire Voyez les Fables Egypt. & la premiere matiere des mé- Grecques dévoilées, liv. 6. taux, dans lequel il se résout C'est par la colere d'Achille en cette premiere matiere. qu'Homere commence son Prenons donc cette premiere Iliade. de laquelle l'or est composé, BROMIUS. Surnom de & au moyen de l'art nous Bacchus. Voyez Bacchus. en ferons le ferment philo- BROUILLARD. Va- sophique. Becher. peur épaisse, ressemblant à BUBASTE. V. Diane.

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BURAC. Toute espece CABEL. Excrément hu- de sel. main. BURINA. Poix. CABET. Ecailles du fer. BUSIRIS, Roi d'Egyp- CABIRIA. Surnom de te, tuoit & massacroit ses Cérès. Voyez Cerès. hôtes. Hercule le vainquit CACHYMIA. Ecume & le tua. Ce Busiris, selon ou scorie d'argent. les Alchymistes, est le sou- CACUS, fils de Vulcain fre incombustible & les im- selon la Fable, est, suivant puretés qui enveloppent la l'explication des Alchymis- vraie matiere de la pierre, tes, le feu commun. Cacus & la tiennent comme dans représenté comme un mons- un état de mort. L'Artiste tre terrible, demi-homme, détruit par le feu ces impu- & vomissant toujours du feu, retés, & en délivre par ce ce sont les fourneaux des moyen l'Egypte, qui re- Chymistes ordinaires & des présente la terre philoso- Fondeurs, qui vomissent sans phique. cesse un feu contre nature, D'autres expliquent cette qui ravage tout ce qu'on lui fable différemment. Busi- présente, qui le détruit, & ris, selon eux, est pris pour en change toute la nature. le mercure philosophique, Ce Cacus est vaincu par Her- dont l'activité des esprits dis- cule, le symbole du mercure sout, putréfie, & donne, des Philosophes, qui dans la pour ainsi dire, la mort à transmutation corrige ce que tous les métaux avec les- Cacus avoit gâté, en enle- quels on le mêle. L'Artiste vant les troupeaux d'Hercu- dans les opérations de la le, c'est-à-dire en rendant les pierre philosophale, fixe & métaux ordinaires sans vie, coagule ces esprits mercu- & en leur ôtant cette qualité riels. générative que l'on trouve

C. dans la matiere métallique qui sert de base à toutes les CAB. Or philosophi- opérations du grand oeuvre. que. Quelques Alchymistes don- CABALATAR & CA- nent à leur soufre le nom de BALATUR. Sel nitre des Cacus, & celui d'Hercule à Sages. leur sel. Voyez les Fables CABEBI. \ Egypt. & Grecq. dévoilées, CABEH. / Mâchefer. liv. 5. chap. 20.

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CADEGI. Voyez Ma- loir couper les jambes & les labathron. aîles à Mercure. Voyez son CADIMA AURI. Li- origine, ses propriétés & son tharge d'or. usage dans les Fables Egypt. CADMIE est un des & Grecques dévoilées, ar- noms que les Philosophes ticle de Mercure, liv. 3. ch. Hermétiques ont donné à la 14. §. 1. On a aussi donné matiere de leur pierre. Quel- le caducée à Bacchus. ques-uns ont aussi nommé Le caducée étoit composé Cadmie les parties hétéro- de trois parties, de la tige gênes de cette matiere, qu'il d'or surmontée d'une pom- ne faut point faire entrer dans me de fer, & de deux ser- l'oeuvre. C'est proprement pens, qui semblent vouloir la pierre au rouge. se dévorer. L'un de ces ser- CADMUS, fils d'Age- pens représente la partie vo- nor Roi de Phénicie, fut en- latile de la matiere philoso- voyé par son pere à la pour- phique, l'autre signifie la suite d'Europe sa soeur, en- partie fixe qui se combattent levée par Jupiter métamor- dans le vase; l'or philoso- phosé en taureau blanc. Il phique dont la tige est le bâtit la ville de Thebes, symbole, les met d'accord épousa Hermione ou Har- en les fixant l'un & l'autre, monie, fille de Mars, & fu- & en les réunissant en un seul rent l'un & l'autre changés corps inséparablement. en serpens. Voyez les Fa- CAFFA. Camphre. bles Egypt. & Grecques dé- CAGASTRUM. Terme voilées, liv. 1. sect. 4. que Paracelse a inventé pour CADUCE'E. Les Philo- signifier l'image de quelque sophes chymiques ont don- chose de réel, ou une chose né à leur dissolvant le nom de qui n'est telle qu'en appa- Caducée de Mercure, parce rence. C'est le contraire d'y- qu'ils prétendent que les in- liastrum. Il dit que cagastrum venteurs de la Fable avoient est ce que le sel nitre est à la intention d'indiquer ce dis- premiere matiere de tout, solvant par le Caducée. C'est ou comme la chair de l'hom- pourquoi Abraham Juif met me à sa premiere matiere. La dans sa premiere figure hié- chair d'Adam, après le pé- roglyfique un Mercure te- ché, devint Cagastrique. Il y nant son caducée, & Saturne a de même deux sortes de avec sa faux qui semble vou- vie, l'une est yliastrique ou

CA CA 63 celle de l'esprit, & l'autre la matiere, & les effets par cagastrique ou celle de la la putréfaction. partie animale. Paracelse, CAL. Arsenic philoso- de Azoth. phique, ou la matiere des CAGASTRIQUE. Ce Chymistes Hermétiques, qui n'est pas nécessaire dans tant pendant sa dissolution, le corps de l'homme, & ce parce qu'alors elle est un qui n'y est quasi mis par la grand poison, que lorsqu'elle Nature que comme un or- est parvenue au blanc. Voyez nement; tels sont les che- Arsenic. veux, la barbe, le poil, les CALAIS, fils de Borée, mammelles, &c. au con- & l'un des plus célebres Ar- traire de ce qui y est yliastri- gonautes, poursuivit, avec que, comme le coeur, les son frere Zethès, les Harpies parties nobles, &c. qui désoloient le bon homme CAHOS & Tombeau Phinée. On les représentoit où doit sortir l'Esprit. Les avec des aîles & des che- Physiciens Chymistes en- veux azurés. Hercule les fit tendent par ces termes la périr. Voyez les Fab. Egypt. matiere de la pierre pendant & Grecq. dévoilées, liv. 2. le tems de la putréfaction, chap. 1. lorsqu'elle est noire, & que CALAMBAC. Aloës. les élémens semblent alors CALCADIN. Colcotar, confondus ensemble. ou matiere des Philosophes CAILLE'. Matiere des parvenue au rouge. Sages coagulée. CALCADIS. Vitriol. CAIN. Nom que les Phi- Quelques Chymistes ont losophes ont donné à leur donné ce nom au sel alkali. matiere en putréfaction & CALCATON. Trochis- parvenue au noir, peut-être que d'arsenic. Johnson. à cause de la malédiction CALCHAS. Devin fa- que Dieu prononça contre meux de l'armée des Grecs, lui au sujet du meurtre qu'il qui, aidés de ses conseils, avoit commis envers son fre- firent de grands exploits con- re Abel, ou parce que les tre les Troyens. Il indiqua désordres de ses descendans aux premiers le moyen d'ap- furent la cause du déluge paiser le couroux de Dia- qui fit périr presque tout le ne, & prédit que la ville de genre humain. Ce déluge est Troye ne pourroit être prise figuré par la dissolution de qu'après la neuviéme année

64 CA CA du siége, sur ce qu'un dra- phique se fait avec le feu hu- gon avoit dévoré en leur mide, ou eau pontique des présence neuf petits moi- Sages, qui réduit les corps neaux & leur mere. Cal- à leurs premiers principes, chas mourut de chagrin pour sans détruire leurs vertus sé- avoir trouvé un certain Mop- minales & germinatives; au se plus habile que lui dans lieu que la calcination faite l'art de deviner. Voyez les par le feu vulgaire, détruit Fables Egypt. & Grecques, les semences des corps, ce liv. 6. qui lui a fait donner le nom CALCINATION. Puri- de Tyran de la Nature. fication & pulvérisation des II y a deux sortes de cal- corps par le moyen du feu cinations vulgaires; l'une extérieur qui en désunit les qui se fait à feu ouvert, telle parties en séparant ou éva- que celle de la cendre; & porant l'humide qui les lioit, celle qui se fait dans des va- & en faisoit un corps solide. ses fermés. Dans la premiere Les Philosophes Spagyri- les parties sulfureuses vola- ques se servent quelquefois tiles s'envolent en partie, & indifféremment des termes privent par-là les sels d'une de calcination, corruption, force & d'une vertu, qu'ils & putréfaction, pour signi- conservent dans la seconde fier la même chose. Ils en- espece de calcination. Tous tendent cependant plus sou- les sels tirés des cendres de vent par le terme de calci- celles-ci se cristallisent, & nation, l'opération qui suit il n'en est pas de même des celle de la rubification de la autres, qu'on ne peut avoir pierre. Il y a encore une au- que par l'évaporation de tre calcination proprement l'humidité poussée au sec. dite, & telle qu'on l'entend Il y a diverses sortes de communément, qui est re- calcinations. Les unes qu'on quise dans la préparation de appelle séches, les autres hu- la matiere. C'est une purifi- mides, les unes corrosives, cation ou mondification de les autres qui ne le sont point. cette même matiere, que Les calcinations humides quelques-uns appellent recti- sont vaporeuses ou immer- fication, d'autres ablution, sives. d'autres séparation, dont Les vaporeuses se font en voyez les articles. exposant des corps métalli- La calcination philoso- ques ou autres, à la fumée ou

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ou à l'exhalaison de quelque CALCINATUM MA- matiere. Les immersives se JUS. Tout ce qui est adouci font en mettant le corps par l'Art chymique, & qui qu'on veut calciner dans des n'a pas cette douceur de sa liqueurs corrosives, comme nature, comme le mercure eaux fortes ou esprits ar- doux, l'ame du plomb, le dens, de maniere qu'elles y sel & autres semblables pré- soient submergées. parations. Planiscampi. Les calcinations séches Calcinatum MINUS. sont proprement ce qu'on Tout ce qui est doux natu- appelle Cémentations, dont rellement. voyez l'article. CALCITARI. C'est l'al- On appelle aussi calcina- kali en général. tion séche, celle qui se fait CALCITEA. Traga- par le feu, telle que celle de canthe. la chaux à bâtir, de la sou- CALCITHEOS. Li- de, des sels qu'on blanchit tharge, ou laiton blanchi dans des creusets, des cen- des Philosophes. dres qui viennent du bois CALCITIS. V. Cal- brûlé ou d'autres matieres. cadin. Dans ces calcinations sé- CALCOCOS. Cuivre ches, on distingue encore brûlé, ou aes-ustum. celles qui se font à feu ou- CALCOKEUMENOS. vert, à feu clos, & à feu de Aes-ustum. reverbere. Voyez Feu, Re- CALCOTA. Colcotar verbere. philosophique. Quelquefois calciner la CALCUTIUM. Cuivre matiere, c'est la blanchir & brûlé. la purger de sa noirceur par CALDAR. Etain, ou l'art, le feu philosophique, Jupiter. & l'azoth. Le signe de la CALGFUR. Terme parfaite calcination est la arabe, dont quelques Chy- blancheur. mistes se sont servis pour CALCINER, en termes dire du gerofle. de Philosophie chymique. CALIDE. Trochisque Voyez Calcination. d'arsenic. CALCINATOIRE. Le CALIDITE'. Qualité de vaisseau calcinatoire des Phi- la matiere fixe des Philoso- losophes Hermétiques n'est phes. Ils ont donné ce nom autre que l'oeuf des Sages. de calidité à leur mâle, ou E

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fixe. Le premier est appellé Sages parvenue à la blan- calidité & siccité, ou soufre; cheur. le dernier, argent-vif, ou CAMBIC-SUC. C'est frigidité & humidité. Flam- la gomme Gutta-gamba. mel. CAMBILL. Terre rouge CALIETTE. Champi- des Philosophes. gnon du genevrier. CAMBYSE, Roi de CALIX CHYMICUS. Perse, s'étant emparé de l'E- Verre d'antimoine. gypte, tua le boeuf Apis, se CALLECAMENON. mocqua des Dieux de l'E- Cuivre brûlé. gypte comme fabuleux, & CALLENA. Salpêtre. envoya son armée pour dé- CALLIRHOE'. Fille de truire le temple de Jupiter l'Océan, & femme de Chry- Ammon. Il retourna dans saor. Voyez l'article de ce son pays avec des richesses dernier. immenses. Voyez les Fables CALMET. Antimoine Egypt. & Grecques dévoi- des Philosophes. lées, liv. 1. sect. 2. CALPE'. Montagne éle- CAMERETH. Mercure vée sur les confins de l'Es- des Philosophes fixé au rou- pagne du côté de l'Afrique, ge, ou le soufre des Sages. vers le détroit de Gibraltar. CAMES & CAMET. Les Poëtes ont feint qu'Her- Argent, ou matiere philo- cule la sépara d'une autre sophique poussée au blanc. qui est vis-à-vis en Afrique, CANCINPERICON. & nommée Abyla. Ces Fumier ou ventre de cheval, deux avant cette séparation échauffé. n'en faisoient qu'une. Ce CANCRE ou CAN- sont ce qu'ils ont aussi ap- CER. La pierre des Philo- pellé les Colonnes d'Her- sophes fixée au rouge, ainsi cule. Voyez les Fab. Egypt. nommée à cause de sa com- & Grecq. dévoilées, liv. 5. plexion chaude & sèche, & chap. 12. de sa vertu ignée, qui l'a fait CALTICIS. V. Cal- nommer Pierre de feu, Mi- cadin. niere de feu céleste. CALUFAL. C'est l'huile CANICULE (Feu de). des Indes. Quelques Philosophes Her- CALUSA - CYPTAS. métiques ont ainsi appellé Cristal. leur troisiéme feu, ou degré CAMBAR. Matiere des de feu, par comparaison à

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la chaleur de la Canicule, afin de les en séparer, & de qui est la plus forte de toute les avoir purs. On tire les l'année. Ce n'est pas qu'il métaux de leurs capes au faille augmenter le feu ex- moyen du repassement. térieur au troisiéme degré, CAPRICORNE. Man- puisqu'ils disent qu'il doit get dit que quelques Chy- être égal & continu pen- mistes ont donné ce nom au dant tout le cours de l'oeu- plomb. Il auroit dit vrai s'il vre: cette augmentation doit l'avoit expliqué du plomb ou s'entendre du feu intérieur. Saturne des Philosophes; & Cette équivoque a induit ils l'ont ainsi appellé, parce beaucoup de gens en erreur. que le Capricorne désigne le CANOPE. L'un des solstice d'hiver, comme la Dieux adorés en Egypte. Il matiere de l'oeuvre parve- étoit représenté sous la figure nue au noir, ou Saturne des d'un vase ovale posé sur une Philosophes, indique leur de ses pointes; l'autre oppo- hiver. sée portoit une tête d'hom- CARAB. Gousse des lé- me; & sur le vase étoient gumes. figurés plusieurs hiérogly- CARAHA. Nom que les phes. Voyez ce qu'on doit Alchymistes ont donné à un entendre par Canope dans de leurs vaisseaux philoso- le livre 1. ch. 9. des Fables phiques; c'est le premier: le Egypt. & Grecq. dévoilées. second se nomme Aludel, CANTACON. Safran dont voyez l'article. des Philosophes. Quelques CARDEL. Moutarde. Chymistes l'ont interprêté CARDIR. Jupiter, ou du safran commun. l'étain. CANZE, CANNA, CARDIS. Mars, ou le fer. CARNIT. Vase chymique. CARENA. La vingt- Johnson. quatriéme partie d'une gout- CAPE. Terre minérale te. Johnson. qui fait corps & compose les CARMITI. La pesanteur pierres métalliques avec le d'une obole ou d'une maille. métal, & qui n'est point mé- Johnson. tal elle-même. C'est cette CARUMFEL. Gerofle. matiere pierreuse qui occa- CARSUFLE'. V. Cor- sionne les opérations qu'il suflé. faut nécessairement faire CASIBO. Cyprés. pour tirer l'aloi des métaux; CASMET. Antimoine. E ij

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CASPA. La matiere phi- CATHOCHITES. losophique au blanc. Substance gommeuse & glu- CASSIBOR & CAS- tineuse, qui se trouve dans SIDBOTT. Coriandre. l'isle de Corse, selon Soli- CASSIOPE'E, femme de nus & Pline. Johnson dit Céphée Roi d'Ethiopie, s'é- qu'elle a la propriété d'attirer tant vantée d'être plus belle la chair & les mains, aux- que les Néréïdes, en fut pu- quelles elle s'attache forte- nie par l'obligation où elle ment, comme l'aiman attire se trouva d'exposer sa fille le fer, l'ambre les pailles, Andromede pour être dévo- &c. rée par un Monstre marin. CATILLIA ou CAR- Persée tua ce Monstre, & la TILIA. Poids de neuf on- délivra. Voyez les Fables ces. Egypt. & Grecques dévoi- CATMA. Nom que lées, liv. 3. ch. 14. §. 3. quelques Chymistes ont don- CASTOR & POLLUX. né à l'or en limaille. Johnson. Freres jumeaux, fils de Ju- CATROBIL. Terre piter & de Léda, femme de commune chez les Chymis- Tyndare. Jupiter changé en tes vulgaires, & terre des cigne, ayant eu commerce Philosophes chez les Adep- avec Léda, elle accoucha de tes. deux oeufs, chacun desquels CAUCASE. Montagne renfermoit deux jumeaux; d'Asie, sur laquelle la Fable de l'un sortirent Pollux & dit que Jupiter fit attacher Hélene, de l'autre Castor & Prométhée, & lui faisoit dé- Clytemnestre. vorer le foye par une aigle, Castor & Pollux accom- en punition de ce qu'il avoit pagnerent Jason dans son ex- dérobé le feu du Ciel. Sui- pédition de Colchos pour la vant le sens des Chymistes conquête de la toison d'or, Hermétiques, le mont Cau- où Pollux tua Amycus. Cas- case n'est autre que le mont tor ayant été tué par Lyn- Philosophique, ou le vase de cée, Pollux obtint de Jupi- l'Art & de la Nature, parce ter de pouvoir communiquer qu'à ce dernier est attaché & son immortalité à Castor, & lié le feu des Philosophes, ils en jouissoient alternati- que d'Espagnet & plusieurs vement. Voyez les Fables autres appellent Miniere de Egypt. & Grecques, liv. 2. feu céleste. Voyez les Fables ch. 1. liv. 3. ch, 14. §. 4. & Egypt. & Grecq. dévoilées, liv. 6. cha. 3. liv. 5. ch. 17.

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CAUDA VULPIS RU- admet deux, l'une fille d'At- BICURDI. Minium du las, laquelle eut commerce plomb. avec Jupiter; l'autre étoit CECROPS, Fondateur une des Harpies, fille de Ju- du Royaume d'Athènes, piter & de la Terre. Les étoit originaire d'Egypte Poëtes, & ceux qui ont dit d'où il porta le culte des après eux que les sept filles Dieux dans la Grece. La Fa- d'Atlas ont formé les sept ble dit qu'il étoit moitié Pleyades, & que chacune homme & moitié serpent. d'elles a un rapport avec une Voyez les Fables Egypt. & des planétes, donnent Ce- Grecques, liv. 1. sect. 4. leno à Saturne. On diroit CEDUE. L'air. qu'ils ont consulté les Adep- CEINTURE DE VE'- tes pour donner cette expli- NUS, appellée CESTE. cation; elle ne pouvoit en Elle avoit, selon la Fable, effet y mieux convenir, puis- la propriété non-seulement que Celeno vient d'un mot de rendre aimable celle qui grec qui signifie obscurité, la portoit, mais encore de noirceur, & le Saturne des rallumer les feux d'une pas- Philosophes n'est autre que sion éteinte; c'est pourquoi la matiere de l'oeuvre parve- Junon, brouillée avec Jupi- nue au noir pendant qu'elle ter, emprunta de Vénus cet- est en putréfaction. On peut te ceinture, pour captiver la voir dans l'article Harpie bienveillance de ce Dieu. ce qu'elle signifie de plus. Mercure étant encore en- Voyez aussi les Fabl. Egypt. fant, joignit à ses autres fri- & Grecq. dévoilées, liv. 2. ponneries le vol de cette chap. 1. mystérieuse ceinture. Voyez CELOPA ou CHELO- les Fables Egypt. & Grecq. PA. Jalap. dévoilées, liv. 3. chap. 14. CENDRE. Les Secta- §. 1. & liv. 6. teurs de la science Hermé- Les Philosophes Hermé- tique appellent souvent cen- tiques expliquent cette cein- dre la matiere de la pierre ture du petit cercle de cou- putréfiée dans l'aludel, par- leurs différentes qui se forme ce que la chaleur extérieure autour de la matiere à cha- agissant sur le mixte du vais- que fois qu'elle commence seau en sépare l'humide qui à changer de couleur. en lioit les parties, & après CELENO, La Fable en l'avoir desséché, laisse le E iij

70 CE CE mixte comme une poudre, cule vint après, & acheva ou cendre, & la matiere de les détruire. dans cet état est en putré- Le mariage de Pyrithoüs faction ou corruption; car avec Déidamie est celui des l'un & l'autre terme le pren- Philosophes, qui se fait dans nent indifféremment pour si- le vase avec le fixe igné & gnifier la même chose. le volatil mercuriel. Avant Les Philosophes Hermé- la parfaite réunion des deux, tiques disent qu'il ne faut pas il se fait un combat de l'un mépriser la cendre, & Mo- & de l'autre, qui produit la rien dit qu'elle est le dia- dissolution & la volatilisa- dême du Roi. Il faut enten- tion indiquées par les Lapi- dre ces termes de la matiere thes, dont le nom signi- après qu'elle a été en putré- fie s'élever avec arrogan- faction; parce qu'alors elle ce. Voyez l'explication plus semble de la cendre & que étendue dans le liv. 5. ch. 6. de cette cendre doit sortir le des Fables Egyptiennes & soufre philosophique, qui est Grecques dévoilées. le diadême du Roi. CENTRE DU MON- Cendre DE TARTRE. DE. C'est la matiere de la Soufre des Philosophes par- pierre des Philosophes, & la fait au rouge. pierre même quand elle est CENIOTEMIUM. dans sa perfection. Les Phi- Mercure préparé pour la vé- losophes l'ont ainsi nommée, role. parce qu'ils disent que toutes CENTAURES (Les) les propriétés de l'Univers y étoient fils d'Ixion & d'une sont comme réunies. nuée, excepté le Centaure Centre DE L'OEUF. Chiron, qui fut fils de Sa- C'est le jaune. turne & Phillyre. Ils avoient CEPINI. C'est le vi- la partie supérieure du corps naigre. de forme humaine, & de- . Tems où puis la ceinture jusqu'au bas la matiere passe de la cou- de la forme d'un cheval. leur noire à la grise & puis Ayant été invités aux noces à la blanche; ce qui se fait de Pyrithoüs, ils y cherche- par la seule digestion & rent querelle aux Lapithes, cuisson continuées sans ad- & il y eut un sanglant com- dition de quoique ce soit. bat entr'eux, où les derniers CERAUNO-CRYSON. resterent vainqueurs. Her- Or fulminant.

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CERBERE. Dans le chymistes vomissent du feu, sens des Chymistes vulgai- comme ceux des Chymis- res, c'est le nitre; mais les tes ordinaires; car le feu de Philosophes entendent bien la Philosophie Spargyrique autre chose par le Cerbere de n'est pas le feu vulgaire, la Fable. Les Poëtes Philo- mais le feu de la nature, un sophes ont imaginé qu'un feu qui échauffe sans brûler. chien à trois têtes, la gueule Et qui connoîtra ce feu, & béante, gardoit la porte des la maniere de le graduer, est Enfers, & qu'il y étoit en- bien avancé dans la science chaîné par une chaîne triple. Hermétique. Que celui qui Les Alchymistes prétendent veut étudier cette science ait que toutes les fables des an- donc Hercule, & sçache le ciens Poëtes ne sont que des marier à propos avec Thésée énigmes, dont ils se sont ser- son compagnon inséparable, vis pour cacher les opéra- il aura bientôt le secret des tions de la pierre philoso- trois régnes. phale. Ils disent en consé- CERCLE, en termes de quence qu'il faut entendre science Hermétique, signi- par Cerbere ce chien à trois fie circulation de la matiere têtes, ou la matiere de la dans l'oeuf des Philosophes. pierre philosophale compo- C'est dans ce sens qu'ils sée de sel, de soufre & de appellent leur opération le mercure, renfermée dans le mouvement des cieux, les triple vase des Philosophes, révolutions circulaires des qui sont les trois chaînes qui élémens, & qu'ils nomment lient Cerbere; ou que la ma- aussi le grand oeuvre la Qua- tiere est elle-même le palais drature du cercle Physique. de Pluton Dieu des Enfers, Michel Majer a fait un petit & que le triple vaisseau est traité sur ce sujet, qui a pour le chien à trois têtes qui gar- titre: De Circulo quadrato de la porte du palais & en Physico, sive de Auro. empêche l'entrée. Cette der- Ils divisent aussi la prati- niere explication me paroît que de la pierre philosophale plus vraisemblable; car il est en sept cercles ou opérations; dit que ce Cerbere vomissoit & tout consiste cependant à du feu; ce qui est le propre dissoudre & à coaguler. Le des fourneaux. On ne doit premier cercle est la réduc- pas cependant entendre par- tion de la matiere en eau. Le là que les fourneaux des Al- second est de coaguler cette E iv

72 CE CE CH eau en terre fixe. Le troi- convertie en air, on l'appelle siéme est la digestion de la Cerveau; lorsqu'elle est de- matiere, qui se fait très-len- venue feu, on lui donne le tement; c'est pourquoi les nom de Coeur de cerf: Quel- Philosophes disent que les ques Alchymistes disent révolutions de ce cercle se qu'alors le cerf est livré aux font dans le fourneau secret. chiens, pour être dévoré. Elle cuit la nourriture de C'est-à-dire qu'on l'expose à l'enfant des Sages, & la con- l'action du feu pour y être vertit en parties homogênes, digérée & fixée. comme l'estomac prépare les CERVELLE DE alimens pour les tourner en BOEUF. C'est, en termes la substance du corps. D'Es- de Chymie, du tartre brûlé. pagnet n'admet que trois cer- Johnson. cles, par la répétition des- CE'RUSE. (Sc. Herm.) quels on parvient, dit-il, à Quelques Chymistes se sont réduire l'eau en terre, & à imaginé que la céruse étoit concilier les ennemis, c'est- la matiere des Philosophes, à-dire, le volatil avec le fixe, parce qu'elle est faite du l'humide avec le sec, le froid plomb, & que les Adeptes avec le chaud, l'eau avec le disent que leur Mercure est feu. fils de Saturne, mais, si l'on CERDAC. Mercure. s'en rapporte à Philalethe, CE'RE'S. Fille de Saturne ils entendent par céruse le & d'Ops, & soeur de Jupi- magistere au blanc; comme ter & de Neptune, de Pluton on peut le voir dans son trai- & de Junon. Cérès fut re- té qui a pour titre: Enarra- gardée comme mere de Plu- tio methodica trium medici- tus & de Proserpine; Pluton narum Gebri. enleva celle-ci & la consti- CESTE DE VE'NUS. tua Reine des Enfers. Voyez Voyez Ceinture. cette fable & son explica- CEXIM. Vinagre. tion chymique dans les Fa- CHAIA. Matiere des bles Egyptiennes & Grec- Philosophes parvenue à la ques dévoilées, liv. 4. ch. 2. couleur blanche. & 3. CHACEF. Vase de terre. CERVEAU ou COEUR Johnson. DE CERF. Terme de Chy- CHALEUR. Action du mie. C'est la matiere des feu, qui produit sur les corps Philosophes; quand elle est un effet plus ou moins vif,

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selon que les parties ignées leur naturelle surmontée, sont en plus grande ou moin- abandonne la circonférence dre quantité, & plus ou & se retire au centre ; alors moins agitées. Lorsque cette les parties éloignées privées action du feu est modérée, du lien qui les unissoit, se elle est proprement dite cha- séparent de proche en pro- leur; lorsqu'elle est violente che changent de confor- jusqu'à causer la séparation mation organique; & cette des parties des corps sur les- chaleur ne trouvant plus la quels elle agit, on doit l'ap- même matiere disposée com- peller adustion, ignition. me elle doit l'être pour être Nous ne jugeons des de- animée, agit sur elle diffé- grés de chaleur que par les remment. Elle fait comme sens, & par ses effets. On un effort dans le centre; les distingue plusieurs sortes de parties voisines trop violem- chaleurs, la naturelle & l'ar- mens agitées, communi- tificielle, l'interne & l'ex- quent leur mouvement im- terne. modéré à celles qui les tou- La naturelle est l'effet du chent, celles-ci aux autres, feu inné dans tous les Etres, d'où naît la fermentation, à qui fut implanté & commu- celle-ci succéde la corrup- niqué à la matiere dès la tion, enfin une nouvelle gé- création, lorsque l'esprit de nération. Dieu étoit porté sur les eaux. Le froid n'est pas toujours Cette chaleur donne la vie à nécessaire pour causer la dis- tout, parce qu'elle est une solution des parties des mix- émanation du principe de la tes: la chaleur innée aug- vie par essence. Dès que cet- mentée au-delà du degré re- te portioncule de vie aban- quis pour l'entretien de la vie donne un sujet, la dissolu- du corps qu'elle vivifie, en tion des parties succéde à cet cause aussi la destruction. abandon, parce qu'elle en Les parties fatiguées par étoit le lien. trop de mouvement, se dé- Deux causes contraires tachent, se dérangent, & produisent cet effet; le froid ouvrent un passage libre à ce son ennemi lorsqu'il domi- feu, qui s'évanouit pour ainsi ne, & l'action même de ce dire, & laisse après lui des feu poussée à un degré trop marques funestes de son ac- violent. tion & de son absence. Cette Par le premier, cette cha- chaleur naturelle est propre-

74 CH CH ment celle que nous appel- CHANGER LES NA- lons interne. TURES. Voyez Nature. Il y a une autre chaleur CHANQUE. Nitre des naturelle, celle du soleil. Philosophes. L'interne, dont nous ve- CHAOS veut dire con- nons de parler, semble n'ê- fusion & mélange. C'étoit, tre qu'une chaleur en puis- selon les Anciens, la matiere sance, qui n'agiroit point, si de l'Univers avant quelle elle n'étoit excitée par la eut reçu une forme déter- chaleur naturelle externe, minée. Les Philosophes ont ou par la chaleur artificielle. donné par similitude le nom On l'appelle artificielle, de Chaos à la matiere de parce que l'art la manifeste, l'oeuvre en putréfaction, par- l'augmente ou la diminue, ce qu'alors les élémens ou & la dirige à son gré. Les principes de la pierre y sont Artistes lui donnent plusieurs tellement en confusion, que noms pris des matieres qu'ils l'on ne sçauroit les distin- employent, ou des opéra- guer. Ce chaos se dévelop- tions qu'ils sont par son pe par la volatilisation, cet moyen. On trouvera tous abysme d'eau laisse voir peu ces noms expliqués dans à peu la terre à mesure que l'article Feu. l'humidité se sublime au haut CHALCOS. Cuivre. du vase. C'est pourquoi les CHALCUTE. Aes- Chymistes Hermétiques ont ustum, ou cuivre brûlé. crû pouvoir comparer leur CHAMBAR. Magnésie oeuvre, ou ce qui s'y passe philosophique. pendant les opérations, au CHAMBELECH. Elixir. développement de l'Univers CHAMPS E'LISE'ES. lors de la création. Lieu de repos, où les Poëtes CHAPITEAU. Quel- ont feint que Mercure con- ques Chymistes ont ainsi ap- duisoit les ames des Héros pellé la lessive, & l'eau de & des Justes après leur mort. savon. Johnson. Voyez ce qu'on doit enten- Chapiteau D'ALEM- dre par les Champs Elisées, BIC. Les Philosophes ont dans l'explication de la Des- donné ce nom à la matiere cente d'Enée aux Enfers, à de l'oeuvre parvenue au noir. la fin des Fables Egyptien- CHARBON. Presque nes & Grecques dévoilées. tous les Philosophes disent CHANDEL. Coloquinte. que leur feu n'est point un

CH CH 75 feu de charbon; & ils disent l'oeuvre. II faut du charbon, vrai, parce qu'ils ne regar- mais dans un tems seule- dent pas le feu de nos cui- ment, qui est celui de l'é- sines, ou des laboratoires preuve. chymiques, comme leur feu. Charbons DU CIEL. Quand il s'agit du régime du Ce sont les étoiles. feu, il faut l'entendre du ré- Charbons HUMAINS. gime du feu philosophique, Excrémens des hommes. & non du feu de charbon. CHARIOT DE PHAE- Philalethe & plusieurs au- TON. C'est un des noms tres, comme Denis Zachai- que les Philosophes Chymi- re, parlent du feu de char- ques ont donné au grand bon comme d'un feu néces- oeuvre. Phaëton est le sym- saire à l'oeuvre. Ce dernier bole des mauvais Artistes, dit entr'autres, que ses pa- qui ayant tout ce qu'il faut rens voyant la quantité de pour faire la pierre, igno- menus charbons dont il avoit rent le feu philosophique, fait provision, lui disoient ou ne sçavent pas le con- qu'il seroit accusé de faire la duire, & brûlent la matiere, fausse monnoye. Philalethe représentée par la Terre à dit que celui qui entreprend laquelle ce fils du Soleil mit l'oeuvre ne doit pas être du le feu pour n'avoir pas sçu nombre des pauvres, à cause conduire le chariot de son des dépenses de vases & de pere. charbons dont il faut faire CHARON, fils de l'E- usage. Il réduit même la rebe & de la Nuit, selon quantité qu'il en faut pour Hésiode, étoit le Nauton- tout l'oeuvre, à cent mesures nier des Enfers; il passoit les pour les trois ans entiers. ames séparées des corps par Voyez sur cela son ouvrage les trois fleuves, l'Acheron, qui a pour titre: Enarratio le Styx & le Cocyte. Les methodica trium medicina- Chymistes Hermétiques re- rum Gebri. On ne doit ce- gardent Charon comme le pendant pas prendre toutes symbole de la couleur grise ses paroles à la lettre, car qui n'est qu'un passage de la d'Espagnet que Philalethe a noire à la blanche; & les suivi pas à pas, dit qu'il reste trois fleuves sont les putré- très-peu de dépenses à faire factions qui arrivent dans les à celui qui a les matieres trois opérations de l'oeuvre, préparées & convenables à que Geber a nommé la Mé-

76 CH CH decine du premier, du se- que en effet des vicissitudes cond & du troisiéme ordre. de grandeur dans la prunelle Dans chacune la matiere des yeux de cet animal. Elle doit se dissoudre & se putré- se conforme aux change- fier, & parvenir à la couleur mens des phases de la Lune. noire, à laquelle succéde la Elle augmente lorsque cette grise, qui est Charon; c'est planette est dans son crois- pourquoi on le dit fils de sant; elle diminue lorsque la l'Erebe & de la Nuit. Pen- Lune est dans son déclin. dant cette couleur grise la CHAUX, en termes de matiere se volatilise, l'esprit Chymie, se dit de toutes sor- se sépare du corps, & le lai- tes de corps réduits en pou- ton philosophique se blan- dres impalpables, soit par chit: voilà le passage des l'action du feu, soit par les ames par les trois fleuves eaux fortes. Quelques-uns pour parvenir aux champs prétendent qu'on ne doit Elisées, représentés par la donner le nom de chaux blancheur. Voyez les Fables qu'aux poudres des corps Egypt. & Grecq. dévoilées, métalliques ou des miné- liv. 3. ch. 6. raux; & que celles des au- CHARTRE DES PHI- tres doivent se nommer cen- LOSOPHES. C'est la Ta- dres. On dit chaux de Lune ble d'Emeraude d'Hermès, ou d'argent, chaux de Sa- ainsi nommée, parce que turne ou de plomb, &c. c'est le premier écrit connu Chaux DES PELERINS. sur la Pierre philosophale. C'est le tartre. Quelques-uns ont pris ces Chaux-VIVE est aussi termes dans le sens de pri- un terme de Science Her- son, & ont entendu le four- métique, que les Sages ont neau & l'oeuf des Philoso- employé pour signifier la phes. matiere au blanc. CHAT. Cet animal étoit CHEF-D'OEUVRE DE un symbole hiéroglyphique L'ART. C'est la pierre des chez les Egyptiens, qui l'a- Philosophes, l'élixir parfait doroient sous le nom d'Ae- au rouge. Quelques Chy- lurus. Il représentoit la Lune mistes lui ont donné ce nom ou Mercure philosophique, avec raison, puisque c'est la parce que le Chat semble plus excellente chose que ressentir les effets des in- l'homme ait pû imaginer fluences lunaires, On remar- pour son bien être.

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CHEIZI ou CHEIRI. Pa- pour cela qu'ils ont imaginé racelse le prend pour le mer- anciennement des chevaux cure quand il parle des miné- pour traîner le char du So- raux, & pour des fleurs lors- leil & des Dieux. Laomedon qu'il est question des végé- refusa à Hercule les chevaux taux. Ainsi lorsqu'il dit, de la qu'il lui avoit promis pour fleur cheizi ou cheiri tirée de récompense de ce qu'il avoit l'argent, il faut entendre l'é- délivré Hésionne. Hercule lixir philosophique au blanc. fit manger Diomede à ses Quelques autres le prennent propres chevaux. Voyez les pour l'antimoine, d'autres Fables Egypt. & Grecques pour l'or potable. Johnson. dévoilées, l. 5. c. 11. & 14. CHELOPA. Jalap. CHEVEUX. C'est le CHE^NE CREUX. Rebis philosophique. Fourneau des Sages. La Fa- CHE'VRE AMAL- ble parle d'un chêne creux THE'E. V. Amalthée. contre lequel Cadmus perça La Chévre étoit adorée en le dragon qui avoit dévoré Egypte comme le Bouc, ses compagnons. La lance dont voyez l'article. qu'employa Cadmus est le CHIBUR ou CHIBUT. feu, le serpent signifie le Soufre des Sages quand il est mercure. Le chêne creux parvenu à la couleur rouge. étant le fourneau secret des CHIEN. Cet animal étoit Sages, on voit pourquoi les en grande vénération chez Anciens l'avoient consacré à les Egyptiens sous le nom Rhéa femme de Saturne. d'Anubis. Il étoit chez eux CHESEP. L'air que nous le symbole du Mercure des respirons; c'est aussi celui des Sages; aussi les Anciens l'a- Philosophes. Si vous ne ti- voient-ils consacré à ce Dieu rez l'eau de l'air, la terre de aîlé. Plusieurs ont donné le l'eau, & le feu de la terre, nom de Chien à la matiere vous ne réussirez point dans du grand oeuvre. L'un l'ap- l'oeuvre, disent Avicenne & pelle Chien d'Arménie, l'au- Aristote. tre dit que le Loup & le CHEVAL. Les Chy- Chien se trouvent dans cette mistes Hermétiques ont sou- matiere; qu'ils ont une mê- vent pris cet animal pour le me origine, & néanmoins symbole des parties volatiles que le Loup vient d'Orient de leur matiere, à cause de & le Chien d'Occident. Ra- sa légereté à la course. C'est sis. L'un représente le fixe

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& l'autre le volatil de la ma- lées, dans les articles des tiere. Dieux & des Héros susnom- Chien D'ARME'NIE est més. un des noms que les Philoso- CHISIR MINE'RALE. phes Hermétiques ont donné Soufre principe des métaux. à leur soufre, ou au sperme CHISTI PABULUM. mâle de leur pierre. Urine d'un enfant. CHIENNE DE CO- CHOP-CHINA. C'est RASCENE est un des noms le Kina. que les Philosophes chymi- CHOSE VILE. Lorsque ques ont donné à leur mer- les Philosophes ont dit que cure, ou sperme féminin de leur matiere est vile, mépri- leur pierre. sée, jettée dans les rues & CHIMERE (la), fille sur les fumiers, ils ont parlé de Typhon & d'Echidna, sincérement, parabolique- étoit un monstre ayant la ment, & allégoriquement. tête & la poitrine du lion, On la jette réellement, par- le ventre & le train de der- ce qu'on en ignore le prix; riere d'une chévre, & une mais quand ils l'appellent queue de dragon. Bellero- une chose vile, c'est qu'on phon fut envoyé pour com- ne jette communément que battre la Chimere, & de- les choses viles & méprisa- meura vainqueur avec le se- bles & que leur matiere en cours du cheval Pégase, & putréfaction ressemble à tout les armes dont les Dieux lui ce qui est putréfié, que l'on avoient fait présent. Voyez jette sur le fumier à cause de les Fables Egypt. & Grecq. sa puanteur, & qu'on regar- dévoilées, liv. 3. c. 14. §. 3. de non-seulement comme CHIRON le Centaure inutile, mais comme dom- fils de Saturne & de Phil- mageable. Il ne faut donc lyre. Chiron devint le maître pas s'imaginer que la ma- d'Esculape, de Jason, d'A- tiere des Sages, quoique si chille, &c. S'étant blessé par commune dans son principe mégarde avec une des flé- que tout le monde peut l'a- ches d'Hercule son disciple, voir, se trouve toute prépa- la playe s'envenima au point rée en mercure. On donne qu'il en mourut, après avoir à la vérité ce soin à la Natu- obtenu cette grace de Jupi- re, mais il faut l'aider, en lui ter. Voyez les Fables Epyp- fournissant ce qui est requis, tiennes & Grecques dévoi- & de la maniere requise.

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Ceux qui prennent le mer- elle est feu, elle est air, & ne cure vulgaire pour cette cho- ressemble à aucun de ces élé- se vile, se trompent donc mens. Comme elle renferme bien lourdement. Paracelse les propriétés & les vertus dit au sujet de cette matiere, des choses superieures & in- que la pierre qu'une femme férieures de l'Univers, on jette à sa vache, vaut sou- lui donne à juste titre les vent mieux que la vache noms de tous les individus, même. sans qu'elle soit nullement Chose (la) qui a les spécifiée à aucuns d'eux en pieds noirs, le corps blanc particulier. Cette diversité & la tête rouge. C'est, en de noms a trompé, & induit termes de Science Hermé- tous les jours en erreur un tique, l'ouvrage de la pierre; grand nombre de gens qui parce que la matiere devient cherchent la pierre; mais d'abord noire dans la putré- elle n'a proprement qu'un faction, puis blanche dans nom connu de tout le mon- la régénération, enfin rouge de, des hommes comme des dans la fixation. Les Philo- femmes, des vieux comme sophes ne parlent gueres que des enfans, des sçavans com- de ces trois couleurs, parce me des ignorans; parce que, qu'elles sont les principales, comme dit Morien, elle est & que les autres durent fort pour le riche comme pour le peu. pauvre, pour l'avare com- Chose UNIQUE. Ma- me pour le prodigue, pour tiere des Philosophes après les vieux & les jeunes, pour sa conjonction de l'esprit & ceux qui sont debout comme du corps, ou mercure animé pour ceux qui sont assis; & des Sages. Cette matiere est comme dit Basile Valentin, véritablement unique dans qu'elle renferme toutes cho- son espece, quoique fort ses, parce qu'elle est toutes commune, & que personne choses. ne puisse s'en passer, mais Il faut bien distinguer la elle acquiert encore mieux maniere des Sages avant la cette qualité d'unique après putréfaction & après la pu- sa putréfaction. Elle contient tréfaction. Dans le premier tout, quoiqu'elle ne ressem- cas, elle est telle que je l'ai ble proprement à rien de ce décrite lorsque j'ai dit qu'elle qui existe dans le monde. étoit pour tout le monde; Elle est eau, elle est terre, dans le second, elle est pro-

80 CH CH CI prement la matiere des Sa- signifie cette fiction dans le ges; elle est leur mercure, livre 6. des Fables Egypt. & la miniere de leurs mé- & Grecques dévoilées. taux; & c'est d'elle qu'ils di- CHRYSE'S. Voyez l'ar- sent, que leur mercure ren- ticle précédent. ferme tout ce que cherchent CHRYSOCALCOS. les Philosophes. C'est leur Oripeau. azoth qui suffit avec le feu. CHRYSOR. Vulcain CHRONOS. Voyez Sa- des Phéniciens. Voyez Vul- turne. cain. CHRYSAOR. Fils de CHYBUR. Soufre. Pa- Neptune & de Méduse, se- racelse dit (Lib. de Nar. lon quelques-uns; & selon rerum) qu'il n'y a point de d'autres, né du seul sang qui meilleur remede que le Chy- coula de la blessure faite à bur, pour les maladies du Méduse par Persée. Chry- poulmon, quand il est pré- saor fut pere de Geryon. paré & sublimé trois fois Voyez cette fiction expli- avec des chaux minérales. quée dans les Fables Egypt. CHYLE. Matiere des & Grecq. dévoilées, liv. 3. Philosophes en putréfaction. ch. 14. §. 3. CIBATION. Nutrition CHRYSE'IS, fille de de la matiere séche des Phi- Chrysès Prêtre d'Apollon, losophes avec son propre échut par le sort à Agamem- lait, donné modérément. non, Chef de l'armée des Riplée. Si l'on donne ce lait Grecs qui alloient faire le en trop grande abondance, siége de la ville de Troye, l'enfant deviendra hydropi- Chrysès la demanda à Aga- que, & la terre sera submer- memnon, qui la lui refusa, gée par le déluge. Il faut Ce pere désolé s'adressa à donc l'administrer peu à peu Apollon; & ce Dieu, pour & avec proportion. venger son Prêtre, suscita CIBUR & CHIBUT. une peste effroyable dans le Voyez Chybur. camp des Grecs. Calchas CICEBRUM. C'est l'eau consulté, répondit qu'il fal- des Philosophes. loit rendre Chryséis à son CIDMIA. Litharge. pere, & que la peste cesse- CIEL. Ce terme a diffé- roit. Agamemnon s'y déter- rens sens chez les Philo- mina quoique malgré lui, & sophes Hermétiques. Il se la peste cessa. Voyez ce que prend en général pour le vase

CI CI 81 vase des Sages dans lequel l'Epoux & l'Epouse qui s'em- font leur séjour Saturne, brassent très-étroitement; Jupiter & tous les autres parce que l'esprit volatil ne Dieux. sert de rien s'il n'est rendu Ciel VE'GE'TABLE. C'est fixe en la nature duquel il leur eau mercurielle, leur doit passer. quintessence céleste tirée du CIMME'RIENNES vin philosophique. Christo- (Ombres). Ce sont les brouil- phe Parisien. lards qui s'élevent dans le Ciel DES PHILOSO- vase philosophique pendant PHES se prend aussi pour la la putréfaction. quintessence ou matiere plus CINNABRE. Matiere épurée des élémens. Telle métallique, de laquelle on est la pierre philosophale & tire le mercure vulgaire. l'élixir parfait au rouge. Pa- Les Anciens donnent aussi racelse a fait un ouvrage ce nom au sang de dragon. qui porte pour titre: Coelum Pline, liv. 33. c. 7. de son Philosophorum. II y traite Histoire Naturelle, l'appelle de tous les métaux sous les Cinnabre des Indes, pour le noms des planettes, & il y distinguer du métallique; & dit dans l'article de Saturne: ajoute qu'il se forme du sang que si les Alchymistes sça- des dragons qui se battent voient ce qu'il contient, ils contre les éléphans, dont ne travailleroient que sur cet- l'énorme poids les accable, te matiere. quand l'éléphant tombe sur Ciel. Les Philosophes eux en mourant. Hermétiques ont aussi don- On trouve aussi le nom né ce nom au feu céleste qui de Cinnabre dans plusieurs anime les corps élémentés. Auteurs, pour dire Minium. Les corps sont plus forts ou Plusieurs Chymistes ont plus foibles, selon qu'ils con- mal-à-propros pris le cinna- tiennent plus ou moins de bre vulgaire & naturel pour ce feu; & leur longue durée la matiere de l'oeuvre des dépend de la forte union de Philosophes; on ne sçauroit l'esprit céleste avec l'humide en tirer que du mercure com- radical. Cette union est ce mun, ou argent-vif vulgaire. que les Philosophes appel- Le cinnabre des Sages est lent le Ciel & la Terre réu- leur mercure sublimé, puri- nis & conjoints, le Frere & fié, fixé au rouge, qu'ils ap- la Soeur, Gabritius & Beja, pellent soufre. C'est alors ce

82 CI CL serviteur rouge dont parle CLARETE. Blanc Trévisan. d'oeuf. CINYRAS est accusé CLARTE', en termes de par les Poëtes d'avoir com- Science Hermétique, signi- mis un inceste avec sa pro- fie la blancheur qui succéde pre fille Myrrha, & de cet à la noirceur de la matiere inceste, disent-ils, nâquit en putréfaction. Adonis. Voyez ce que signi- CLEF. Terme de Scien- fie cette fiction dans les Fa- ce Hermétique, qui signifie bles Egypt. & Grecques dé- tant la connoissance de la voilées, liv. 4. ch. 4. matiere propre à l'oeuvre, CIRCE' l'Enchanteresse, que la maniere de la travail- fille du Soleil & de la Nym- ler. Il se prend aussi pour les phe Perseïs; elle étoit soeur marques de l'ouvrage bien d'Aetès Roi de Colchos. Ja- ou mal conduit. Dans ce son & Medée se retirerent dernier sens, la premiere clef chez elle, après qu'il se fut est la noirceur qui doit pa- emparé de la toison d'or. roître au plus tard après le Voyez les Fables Egypt. & quarantiéme ou quarante- Grecques dévoilées, liv. 2. deuxiéme jour, faute de la- chap. 1. quelle couleur l'Artiste doit CIRE. Matiere des Sages croire qu'il n'a pas bien opé- poussée au blanc. ré, & il faut alors recom- CIRCULATION est un mencer. Basile Valentin, terme de Science Herméti- Religieux Bénédictin, a fait que, qui outre le sens chy- un ouvrage sur la pierre phi- mique, signifie encore la réi- losophale, intitulé les Douze tération des opérations du Clefs. Georges Riplée, An- grand oeuvre pour la multi- glois, en a fait un sur le même plication de la quantité & sujet qui a pour titre, les des qualités de la pierre. Douze Portes. CISEAUX. C'est le feu CLIBANIQUEMENT, des Philosophes, de même suivant la proportion du four- que la lance, l'épée, &c. neau. Flamel dit d'après Ca- CIST ou KIST. Mesure lid, si ton feu n'est mesuré des liquides, contenant deux clibaniquement; c'est-à-dire, pintes ou quatre livres. John- avec poids & mesure des ma- son. tieres, qui ne sont que le sou- CLANCHEDEST. fre & le mercure des Philo- Acier. sophes.

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CLOUER. Fixer la ma- parable du fixe & du volatil tiere volatile, par la diges- en une masse si fixe qu'elle tion que l'on en fait quand ne craint point les atteintes elle est mêlée avec la fixe. du feu le plus violent, & CLYTEMNESTRE, communique sa fixité aux fille de Jupiter & de Léda, métaux qu'elle transmue. & femme d'Agamemnon, COAGULE. Presure. qu'elle fit mourir après son COAGULER, en ter- retour de la guerre de Troye, mes de Chymie Herméti- pour jouir plus à son aise de que, signifie donner une con- son amant Egysthe. Oreste, sistence aux choses liquides, fils d'Agamemnon, vengea non en en faisant un corps la mort de son pere, & fit compacte, ou dont les par- périr sa mere avec Egysthe ties seroient liées comme dans le temple d'Apollon. celles du lait devenu fro- Voyez les Fables Egypt. & mage, mais en les desséchant Grecques dévoilées, liv. 3. de leur humidité superflue, chap. 14. §. 4. & en réduisant le liquide en COAGULATION. poudre, & puis en pierre. Terme de Physique & de Les Philosophes chymi- Chymie. C'est le lien de la ques appellent aussi coagu- composition des mixtes, qui ler, cuire la matiere jusqu'à fait le mutuel attouchement la perfection du blanc ou du des parties. La coagulation rouge. n'est que le rudimeut de la COBALES. Voyez Sa- fixation. Il y a deux sortes de tyres. coagulations, comme deux COBASTOLI. Cendre. sortes de solutions. L'une se COCILI0. Poids de fait par le froid, l'autre par onze onces. Johnson. le chaud, & chacune se sub- COCYTE. L'un des divise encore en deux, l'une fleuves ou marais de l'Enfer. est permanente, l'autre ne Voyez Pluton, Enfer. l'est pas. La premiere s'ap- COELUS. Voyez Ciel. pelle fixation, & l'autre sim- COEUR. Quelques Chy- plement coagulation. Les mistes ont donné ce nom au métaux sont un exemple de feu, d'autres à l'or quand ils celle-là, les sels le sont de ont parlé des métaux. Johns. celle-ci. COHOB. Sable. La Coagulation philoso- . Di- phique est la réunion insé- gestion & circulation de la F ij

84 CO CO matiere dans le vase, pen- pressé, il briseroit les portes dant lesquelles la partie vo- de sa prison, & s'enfuiroit latile monte au haut du vase, sans espérance de le rattrap- & en retombant elle se mê- per; c'est-à-dire qu'il ne faut le, pénétre, & se cohobe pas trop pousser le feu, afin d'elle-même avec la partie que le mercure, ou esprits fixe qui se trouve au fond. volatils de la matiere, ne Telle est la cohobation phi- casse pas le vase; ce qui ar- losophique; terme employé riveroit infailliblement sans seulement par similitude, & cette attention: ou si le vase par comparaison avec la co- étoit assez fort pour résister, hobation prise dans le sens le mercure se brûleroit & de- des Chymistes vulgaires. viendroit inutile. COHOBER est aussi un Quelques Adeptes ont terme de Science Herméti- donné le nom de colere à la que, qui se dit dans le même matiere parvenue à la cou- sens des Chymistes, mais leur orangée. cependant sans addition de COLLE. On trouve ce nouvelle matiere, & sans le terme dans quelques Chy- secours de l'Artiste. mistes, pour signifier le fiel COHOPH. Paracelse se de taureau. Johnson. sert souvent de ce terme au Colle D'OR. Borax lieu de cohober, cohobation. ou chrysocolle des Anciens. COHOS. Toutes les par- Colle d'or, dans le sens Her- ties du corps renfermées sous métique, veut dire la ma- la peau. Quelques Chymis- tiere des Philosophes en pu- tes l'ont employé par allu- tréfaction après le mêlange sion au terme de cahos, & du mercure & de l'or des pour faire voir le contraste de Sages. Cette réunion a pris l'ordre & de l'arrangement chez eux le nom de Ma- des parties du corps humain, riage. avec la confusion du cahos. COLOMBE. D'Espa- COLERE. Les Philo- gnet & Philalethe ont em- sophes Hermétiques disent ployé l'allégorie de la Co- qu'il faut bien prendre garde lombe pour désigner la par- de ne pas trop pousser Vul- tie volatile de la matiere de cain, de peur d'irriter Mer- l'oeuvre des Sages. Le pre- cure, dont la colere est fort mier a emprunté de Virgile à craindre pour l'Artiste, (Eneid. liv. 6.) ce qu'il dit parce que se trouvant trop de celle de Vénus, pour le

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tems de la génération du fils COMIDI & COMISDI. du Soleil ou régne de Vénus Gomme arabique. philosophique. Le second a COMMIXTION. Quel- dit que les colombes de Dia- ques Philosophes ont substi- ne sont les seules qui soient tué ce terme à ceux de con- capables d'adoucir la féro- jonction, mariage, union. cité du dragon; c'est pour le La commixtion se fait pen- tems de la volatilisation, où dant la putréfaction, parce les parties de la matiere sont que le fixe & le volatil se dans un grand mouvement, mêlent alors pour ne plus se qui cesse à mesure que la cou- séparer. leur blanche, ou la Diane COMPAGNON. Mer- Hermétique se perfectionne. cure philosophique animé Les Souffleurs doivent bien de son soufre, & poussé au faire attention à cela, s'ils blanc. ne veulent pas perdre leur COMPAR. Les Adeptes argent à faire des mêlanges entendent par ce terme le fous d'argent vulgaire avec fixe & le volatil, mercure & d'autres matieres pour par- l'or des Sages, qui agissent venir au magistere des Phi- successivement dans l'oeu- losophes. vre; le mercure ou la fe- COLONNES D'HER- melle prend d'abord la do- CULE. Ce sont deux mon- mination, jusqu'à la fin de tagnes situées au détroit de la putréfaction; lorsque la Gibraltar; l'une est appellée matiere commence à se des- Calpé, du côté de l'Espagne; sécher & à blanchir, l'or celle qui est à l'opposite en prend le dessus. Ils travail- Afrique, se nommoit Abyla. lent ensuite de concert à la Voyez ces deux articles. perfection de l'oeuvre. COMBUSTION. Vieux COMPLEXION. Tems mot que l'on trouve dans les où la matiere est dans une ouvrages de quelques Chy- parfaite dissolution, ce qui mistes, pour signifier l'action est indiqué par une couleur trop violente du feu sur la très-noire. Le terme de com- matiere. plexion signifie le même que COMERISSON est un putréfaction, submersion, des noms de la pierre des mixtion. Sages parvenue à la blan- COMPOSE'. Le composé cheur. des Philosophes est ce qu'ils COMETZ. Une demi- appellent aussi leur compôt., goute. F iij

86 CO CO leur confection. Donc cette la naissance de l'homme & noirceur de couleur ensei- des animaux. gne qu'en ce commence- CONCIERGE DU PA- ment la matiere ou le com- LAIS. (Sc. Herm.) Plu- posé commence à se pourrir, sieurs Chymistes ont inter- & se dissoudre en poudre prété ce terme de l'Artiste; plus menue que les atomes mais Bernard, Comte de la du soleil, lesquels se chan- Marche Trévisanne, connu gent ensuite en eau perma- sous le nom du bon Trévi- nente. Flamel. san, l'entendoit du mercure COMPOSITION. Mé- ou eau philosophique, qui lange des principes matériels administre au fourneau se- de l'oeuvre. Ce terme veut cret la chaleur requise, parce dire la même chose que mix- que ce fourneau secret & le tion, assemblage de plusieurs vase philosophique ne sont choses, mais de même na- autre que cette eau, comme ture; c'est-à-dire l'union du on peut le voir dans les ar- mercure & du soufre des ticles Vase, Fourneau, secret. Philosophes, qui, quoique CONDER. Encens mâ- deux choses différentes, sor- le, Oliban. tent néanmoins de la même CONFECTION. Mê- racine, comme les feuilles & lange de plusieurs choses, les fleurs d'une plante. c'est-à-dire du mercure & du COMPOST, en termes soufre philosophiques. L'oeuf de Philosophie chymique, des Philosophes, dit Flamel, signifie la matiere de la pierre est un matras de verre, que au noir; parce qu'alors les tu vois peint en forme d'é- quatre élémens sont comme critoire, & qui est plein de unis. confection de l'Art, c'est-à- CONCEPTION. Ma- dire, de l'écume de la mer riage, union qui se fait du rouge, & du souffle du vent volatil & du fixe de la ma- mercuriel. tiere des Philosophes pen- CONFITURE. Elixir dant qu'elle est en putréfac- des Philosophes. Qu'il soit tion. Les Chymistes Her- fait confiture composée d'es- métiques disent que la con- pece de pierre, & qu'il en ception du fils du Soleil & soit fait une medecine pour de leur jeune Roi se fait dans guérir, purger & transmuer ce tems-là. Ce terme a été tous corps en vraie Lune. employé par comparaison à Flamel.

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CONGE'LATION, en tion des principes. Riplée. termes de Science Hermé- II y a trois especes de con- tique, signifie la même chose jonctions. La premiere est que coagulation. C'est pro- appellée double. Elle se fait prement un endurcissement entre l'agent & le patient, d'une chose molle, par le le mâle & la femelle, la for- desséchement de l'humidité me & la matiere, le mercure & la fixation du volatil. C'est & le soufre, le subtil & l'é- dans ce sens qu'Hermès a pais. dit, que la force de la ma- La seconde s'appelle tri- tiere sera parfaite, si l'eau est ple, parce qu'elle réunit trois réduite en terre; parce que choses, le corps, l'ame & tout le magistere consiste à l'esprit. Faites donc en sorte réduire la matiere en eau par de réduire la trinité à l'unité. la solution, & à la faire re- La troisiéme est dite qua- tourner en terre par la coa- druple, parce qu'elle réunit gulation. Congéler, teindre les quatre élémens en un & fixer ne sont que la même seul visible, mais qui ren- opération continuée dans le ferme les trois autres. Sou- même vaisseau. venez-vous, dit Riplée, que CONGE'LER signifie le mâle a cinq vaisseaux re- faire le mariage, réunir le quis pour la fécondité, & volatil au fixe, joindre les la femelle quinze. Sçachez natures, faire la paix entre donc que notre Soleil doit les ennemis; ce qui se fait avoir trois parties de son d'abord par la solution, & eau, & notre Lune neuf. puis par la coagulation. Conjonction signifie CONJONCTION. Réu- aussi l'union du fixe & du nion des natures répugnan- volatil, du frere & de la tes & contraires en unité soeur, du Soleil & de la Lu- parfaite. Cette conjonction ne. Elle se fait pendant la les convertit tellement l'une noirceur qui survient à la en l'autre, qu'elle en fait un matiere pendant la putréfac- mariage indissoluble même tion. Les Philosophes l'ap- à la plus grande violence pellent aussi Conception, du feu. Les Philosophes dé- Union des élémens, Com- finissent encore cette con- mixtion. jonction, un assemblage & Conjonction DE une réunion des qualités sé- L'AME AVEC LE CORPS. parées, ou une adéqua- Expression Hermétique, qui F iv

88 CO CO signifie le moment où la ma- CONVERSION DES tiere parvient au blanc. A E'LE'MENS. (Sc. Herm.) l'heure de la blancheur, ou Ceux qui prennent à la let- de la conjonction de l'ame tre les termes des Philoso- avec le corps (dit Philale- phes Hermétiques se sont the) on verra de grands mi- imaginés que leurs élémens racles; c'est-à-dire, toutes étoient en effet quatre cho- les couleurs imaginables. ses distinctes & séparées, Conjonction TE'- qu'il falloit extraire d'une TRAPTIVE. Mêlange in- matiere, & qu'il falloit en- time des principes du com- suite convertir l'une en l'au- posé des Sages. tre; c'est-à-dire, faire par CONNEXION. Voyez exemple de l'huile de l'eau, Composition, Mix- & de la terre du feu, ou du tion. feu faire de l'air, & de l'air CONTRITION, en faire de l'eau, & de l'eau termes de Philosophie chy- faire de la terre. Par les opé- mique, signifie réduire en rations de la Chymie vul- poudre, mais seulement en gaire on extrait de chaque desséchant l'humidité de la mixte quatre choses, un es- matiere par le régime du prit, une eau flegmatique, feu, & non pas qu'il faille une huile, & une terre ap- la broyer dans un mortier pellée caput mortuum ou tête ou autrement. morte. D'autres ont nommé CONVENANCE ou ces quatre choses un sel, un ADAPTATION, est lors- soufre, un mercure, & une que la projection se fait sur terre damnée, ou inutile. un métal en fusion, ou ré- Ceux qui se sont imaginés duit en forme coulante ou parvenir au magistere des mercurielle; alors on dit que Philosophes par ces opéra- ce métal a de la convenance, tions de la Chymie vulgaire, ou similitude de nature avec ont donné le nom d'air à l'élixir fait du mercure des l'huile, que d'autres ont ap- Sages. Les Philosophes re- pellée soufre, celui de feu à commandent aussi de choisir l'esprit, celui d'eau à l'eau pour faire l'oeuvre une ma- flegmatique, & enfin celui tiere qui ait de la convenance de terre les uns au sel, les avec le métal; parce que autres à la terre damnée. d'un arbre on ne fait pas un Mais les élémens des Phi- boeuf, ni d'un boeuf un métal, losophes sont tout-à-fait dif-

CO CO 89 férens; leurs opérations sont lange du fixe & du volatil, celles de la Nature & non que les Adeptes appellent de la Chymie vulgaire; leur mâle & femelle. feu est renfermé dans leur COQ. Animal que les terre & ne s'en sépare point, Anciens avoient consacré à & leur air est contenu dans Minerve & à Mercure. Les leur eau. Ils n'ont donc que Chymistes Hermétiques ont deux élémens visibles, dont comparé leur feu au coq, à il faut faire la conversion; cause de sa vigueur, de son c'est-à-dire que leur eau activité & de son ardeur, & change leur terre en sa na- ont donné en conséquence ture liquide d'eau, & qu'en- le nom de Coq à leur soufre suite tout le composé qui parfait au rouge. étoit devenu eau, doit de- CORAIL ROUGE est venir terre; en devenant eau un des noms que les Phi- tout devient volatil, & étant losophes ont donné à leur réduit en terre tout devient pierre quand elle est fixée fixe. Ainsi quand ils parlent au rouge, qui est le degré du froid & de l'humide, il de sa perfection. C'est sans faut entendre leur eau, & le doute pour cette raison que chaud & le sec sont leur les Anciens ont feint que le terre. corail s'étoit formé comme CONVERTIR LES Ckrysaor, du sang répandu E'LE'MENS. Terme de de la blessure que Persée fit Chymie Hermétique. Dis- à Méduse; puisque les Phi- soudre & coaguler; faire le losophes Hermétiques ont corps esprit, & l'esprit corps, pris également Chrysaor & le volatil fixe, & le fixe vo- le corail pour symbole de latil: tout cela ne signifie que leur soufre parfait. la même chose. La Nature CORBATUM. Cuivre. aidée de l'Art, le fait dans CORBEAU, en termes le même vase des Philoso- de Science Hermétique, si- phes par la même opération gnifie la matiere au noir continuée. Lorsque la ma- dans le tems de la putré- tiere est bien purifiée & scel- faction. Alors ils l'appellent lée dans l'oeuf, il s'agit seu- aussi la Tête du corbeau, qui lement de conduire le feu. est lépreuse, qu'il faut blan- COPHER. Bitume ou chir, en la lavant sept fois Asphalte. dans les eaux du Jourdain, COPULATION, Mé- comme Nahaman. Ce sont

90 CO CO les imbibitions, sublima- de corps parfaits & de corps tions, cohobations, &c. de imparfaits. On ne réussira ja- la matiere, qui se font d'el- mais à faire une bonne mul- les-mêmes dans le vase par tiplication, si l'on ne réduit le seul régime du feu. les corps parfaits en leur pre- CORBINS. Ouvrage de miere matiere, c'est-à-dire la pierre des Philosophes. en mercure. Parce que dès Dict. Herm. qu'ils sont parfaits, on ne CORDUMENI. Carda- peut rien en faire de plus mome. tant qu'ils resteront dans cet CORNE D'AMAL- état de perfection. THE'E. Les Philosophes Corps se prend aussi par Hermétiques disent que cet- les Chymistes pour le sel te fable doit s'expliquer de philosophique, ou leur terre la pierre philosophale, parce feuillée, qui s'impreigne du qu'outre les biens de la for- soufre & du mercure com- tune, elle donne tous les me d'une ame & d'un esprit. biens capables de satisfaire Vous ne réussirez jamais, les desirs de l'homme dans disent-ils, si vous ne spiri- ce monde. Voyez les Fables tualisez le corps, & ne cor- Egypt. & Grecques dévoi- porifiez l'esprit; c'est-à-dire, lées, liv. 3. ch. 4. si vous ne rendez le fixe vo- Corne DE CERF. Bec latil, & le volatil fixe. Ils ap- du chapiteau des alembics, pellent aussi corps leur ma- selon quelques Chymistes. gnésie, leur ferment, leur COROCRUM. Fer- teinture; & ils disent en con- ment de la pierre. séquence, que le corps ne CORONIS. La Fable en pénétre point les corps sans nomme deux, l'une comp- le secours de son esprit. tée parmi les Hyades, l'au- Corps IMPARFAIT. tre mere d'Esculape; celle- C'est l'arsenic des Philoso- ci périt de la main d'Apol- phes, leur Lune, leur fe- lon, & fut changée en cor- melle. Dès le commence- neille. Voyez les Fables ment de l'oeuvre, il faut cal- Egypt. & Grecques dévoi- ciner le corps parfait en le lées, liv. 3. ch. 12. §. 2. mariant avec le corps impar- CORPS. Les philoso- fait. Phil. On doit aussi pu- phes appellent corps ce qu'ils rifier ce corps en lui ôtant nomment aussi métaux. C'est tout son soufre superflu, brû- pourquoi ils parlent souvent lant & combustible, & ma-

CO CO 91 nifester ce qu'il a dans son monte au ciel, pour y être intérieur. Le signe de sa par- glorifié. Pour le dire sans faite sublimation ou dépura- énigme, c'est le soufre par- tion, est une couleur blan- fait au rouge, qui doit être che, céleste, éclatante com- dissout par le mercure, dont me celle de l'argent le plus il a été formé; & lui-même fin bien bruni, & dans ses forme l'Androgine ou Rebis cassures l'éclat du marbre ou des Philosophes après son de l'acier le plus poli. Alors union avec le mercure. cette femme prostituée est Corps BLANC. Terre rétablie dans son état de vir- feuillée des Philosophes, ou ginité intacte, & peut être magistere au blanc. donnée en mariage au Soleil Corps IMPROPRE- terrestre, quoiqu'elle soit sa MENT DIT. Magistere ou mere, & sa soeur. Philal. mercure des Sages, lorsqu'il Corps DISSOLUBLE. n'est pas encore entierement C'est la miniere même du fixe. mercure dissolvant des Sa- Corps LE PLUS VOI- ges. C'est le corps terrestre SIN. Les Philosophes ont que ce mercure doit laver & ainsi appellé leur magistere purifier. Ce qui a engagé les au blanc, parce qu'il est dans Philosophes à dire, que le un état qui approche le plus mercure engrosse sa propre de la fixité parfaite, qui est mere, qu'il la fait mourir, leur magistere au rouge. qu'il la purifie, la ressuscite Corps IMMONDE. C'est enfin avec lui-même, parce le mercure avant sa prépa- qu'il s'y unit si intimement ration; quelquefois dans le qu'il ne s'en sépare jamais. tems de sa putréfaction dans Ce corps est fixe, & le mer- l'oeuf philosophal, & alors cure est volatil. Il doit subir on l'appelle aussi Corps mort. la torture du feu & de l'eau, Corps CONFUS. Voyez mourir & renaître par l'eau Corps Immonde. & l'esprit, pour parvenir en- Corps MIXTE. Matiere fin à un repos éternel. Phi- au noir. lalethe dit que la couleur de Corps NET ET PUR. ce corps est brune, un peu Matiere au blanc. rougeâtre & sans éclat; qu'il Corps PROPRE DE doit être dissout & exalté; L'ART. C'est la pierre au il faut ensuite qu'il subisse la rouge, ou l'or des Philo- mort, qu'il ressuscite, & qu'il sophes.

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Corps ROUGE. Voyez cipitation se fait par la fixa- Corps Propre. tion de ce soufre volatil, Corps MORT. La ma- cette fixation par la conden- tiere au noir pendant la pu- sation, cette condensation tréfaction, appellée aussi par la réfrigération intrinsé- Mort, Nuit, Ténébres, Sé- que, & cette réfrigération pulchre, Tombeau, &c. par l'addition des sels lixi- CORRECTUM. Vinai- vieux. gre distillé. On doit conclure de là CORROSIF. Les Philo- que plus on raréfie un esprit sophes rejettent de l'oeuvre ardent, tel, par exemple, toute eau forte, ou autre dis- que celui du vin, plus on a solvant corrosif. Ceux-là se un corrosif violent; ou un trompent donc bien fort, soufre ou un sel mercuriel de qui tourmentent les métaux, plus en plus corrosif, selon l'or, l'argent, le mercure, qu'il est plus rectifié par les par les eaux fortes pour en distillations réitérées. faire le dissolvant philosophi- CORSUFLE' ou CAR- que, ou pour en tirer le sou- SUFLE'. Soufre des Philo- fre & la teinture aurifique. sophes fixé au rouge. Le mercure des Sages doit CORTEX MARIS. dissoudre l'or (des Philoso- Mercure des Sages. phes) sans corrosion, com- CORUSCUS. La pilo- me l'eau chaude dissout la selle. glace. CORYBANTES. Prê- CORROSION. Action tres de Cybele, mere des du sel & du soufre mercu- Dieux. Ils solemnisoient les riels, volatils & très-raréfiés fêtes de cette Déesse au son de certains corps, qui par du tambour, & dansoient au leur pénétration & sulfuréité son des flûtes, des trompet- brûlent & désunissent les par- tes, en faisant un grand bruit ties des corps avec lesquels avec leurs armes. C'est par ils sont mêlés. On remarque ce moyen qu'ils empêche- cette action dans l'eau-forte, rent Saturne d'entendre les qui prouve cette définition cris du petit Jupiter, que quand on altére son activité Rhée avoit confié à leurs par la précipitation de ce soins. Voyez ce qu'on doit soufre mercuriel. Elle perd entendre par les Corybantes, alors toute son ignéité & sa Fables Egypt. & Grecques vertu corrosive. Cette pré- dévoilées, liv, 3. chap. 4.

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COS. Isle qu'Hercule ra- que l'on donne en général vagea, selon la Fable; parce à tous les remedes faits pour qu'Eurypile, Roi de l'Isle, corriger les défauts de la ne l'avoit pas bien reçu. Les peau, & entretenir la beau- Philosophes Spagyriques re- té, ou la procurer. Ce terme gardent l'Isle de Cos com- a été fait de Cosmet, Anti- me le symbole de leur ma- moine, parce que les An- tiere mise dans le vase pour ciens employoient beau- y être digérée. Si l'on y met coup ce minéral à l'usage trop de mercure, qui n'est dont nous venons de parler. autre chose qu'Hercule, le L'Ecriture sainte en parle en vase se brisera, toute la ma- plus d'un endroit. tiere se répandra ou se dis- COSUMET. Voyez sipera ; & c'est le ravage Cosmec. qu'Hercule fit dans l'Isle de COTONORIUM. Li- Cos. II faut donc avoir grand queur. soin de ne pas verser trop COULEUR. Les cou- abondamment le mercure leurs des choses, & parti- sur la matiere contenue dans culierement des fleurs, ont le vase, elle en seroit inon- leur principe dans le soufre dée. Si l'on en met trop peu, & le sel mercuriels des corps le feu y prendra, le vase se colorés. Une preuve bien brisera, & tout sera perdu. convaincante, c'est qu'à me- Il faut arroser souvent & peu sure que ces parties volatiles à peu. C'est cette précaution s'évaporent, la couleur s'é- manquée, qui fait que beau- vanouit, du moins son éclat coup d'Alchymistes ne réus- & sa vivacité, & fait place sissent pas, quoiqu'ils tra- à une autre couleur moins vaillent d'ailleurs sur la vraie vive, composée d'un soufre matiere, & qu'ils se servent plus terrestre & moins subtil. des fourneaux & du feu phi- Il est d'ailleurs certain qu'on losophique requis dans les ne trouve point de couleurs opérations du grand oeuvre. dont le sujet ne soit gras, COSMAI. Teinture ou oléagineux & très-combus- eau de safran. tible. COSMEC & COS- Couleur. Les Philoso- MET. Antimoine des Phi- phes Hermétiques regardent losophes, & des Chymistes les couleurs qui surviennent vulgaires. à la matiere pendant l'opé- COSMETIQUE. Nom ration du grand oeuvre,

94 CO CO comme les clefs de cet Art, solution de la matiere. Elle & les indices certains de la doit toujours précéder la vérité & bonté de la matie- blanche & la rouge. re, & du bon régime du feu. La blanche marque la Ils en comptent trois princi- fixation bien avancée de la pales qui se succédent, mais matiere; & la rouge sa fixa- dont la succession est inter- tion parfaite. rompue par quelques autres Toutes ces couleurs doi- couleurs passageres & de vent reparoître dans l'opé- peu de durée. La premiere ration de la multiplication; principale est la couleur noi- mais elles sont d'une durée re, qui doit le faire voir au d'autant plus courte, qu'on quarante-deuxiéme jour au réitére plus souvent les opé- plus tard. Elle disparoît peu rations pour perfectionner à peu, & fait place à la blan- & multiplier la quantité & che. A celle-ci succéde la les qualités de la pierre. citrine, qu'ils appellent leur Lorsque la matiere est Or. Enfin, la couleur rouge comme de la poix noire fon- se montre, & c'est la Fleur due, ils l'appellent le Noir de leur or, leur Couronne plus noir que le noir-même, royale, &c. Les couleurs leur Plomb, leur Saturne, passageres sont la verte, qui leur Corbeau, &c. Et ils di- marque l'animation & la vé- sent qu'il faut alors couper gétation de la matiere; la la tête du Corbeau avec le grise, ou le régne de Jupi- glaive ou l'épée, c'est-à-dire ter, qui suit immédiatement avec le feu, en le continuant la noire, ou le régne de Sa- jusqu'à ce que le Corbeau se turne; les couleurs de la blanchit. queue du paon. La couleur Ces différentes couleurs, Tyrienne, ou couleur de que la matiere prend en se pourpre, indique la perfec- cuisant, ont donné lieu aux tion de la pierre. Philosophes d'appeler cette Si la couleur rouge paroît matiere de presque tous les avant la noire, c'est un signe noms des individus de la Na- qu'on a trop poussé le feu, ture. Son odeur & ses pro- & que l'ouvrage ne réussira priétés lui en ont fait don- pas. Il faut alors recommen- ner quelques autres; & ils cer. avouent dans leurs Ouvra- La noire est un indice de ges, qu'ils n'ont jamais nom- putréfaction & d'entiere dis- mé cette matiere par son

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nom propre vulgaire, au LESTE, Corona Coelica, moins lorsqu'ils en ont parlé en termes d'Alchymie, si- pour la désigner. On peut gnifie Esprit de vin. Mais voir une partie de ces noms quand Raymond Lulle & dans l'article Matiere des les autres Philosophes par- Philosophes. lent de l'esprit de vin, du COULEUVRE. Serpent vin blanc, du vin rouge, il ou reptile honoré par les ne faut pas les prendre à la Payens comme représentant lettre; ils entendent par ces Esculape. Voyez Escula- termes le mercure rouge & pe. Les Poëtes ont feint que le mercure blanc qu'ils em- les Gorgones & les Furies ployent dans le grand oeu- avoient des couleuvres en- vre. trelassées dans leurs che- Couronne ROYALE. veux. Voyez Méduse. On C'est la pierre parfaite au représentoit Saturne ayant à rouge, & propre à faire la la main une couleuvre qui pierre de projection. dévore sa queue. Voyez Sa- Couronne VICTO- turne. RIEUSE. C'est la même Les Philosophes Hermé- chose que Couronne royale. tiques ont donné le nom de Quelques Philosophes ont Serpent & de Couleuvre à la cependant donné ce nom à matiere de leur Art. Voyez la matiere lorsqu'elle com- les Figures d'Abraham Juif, mence à sortir de la putré- dans Flamel. faction, ou de la couleur COUPER avec des ci- noire, parce qu'ils disent seaux ou tout autre instru- qu'alors la mort est vaincue, ment, signifie cuire, digérer & que leur Roi triomphe la matiere sans ouvrir ni re- des horreurs du tombeau, muer le vase. Ainsi couper de l'empire des ténébres. la tête du corbeau, veut dire COUVERCLE DU continuer la cuisson & la di- VASE. C'est le noir plus gestion de la matiere de l'oeu- noir que le noir-même, ou vre parvenue à la couleur la matiere parfaitement dis- noire, pour la faire passer à soute, & dans une entiere la grise, & de-là à la blan- putréfaction. che. Les ciseaux, l'épée, la CRACHAT DE LA lance, sont le feu philoso- LUNE. C'est la matiere de phique. pierre Philosophale avant sa COURONNE CE'- préparation. Les Sages don-

69 CR CR nent aussi ce nom à leur mer- dissolution, l'eau dans la- cure préparé. quelle se résout cette matie- Plusieurs Chymistes ont re, paroît de couleur bleu donné le nom de Crachat de céleste, puis violette, ensuite la Lune, ou Sputum Lunae, rouge, pourprée, & s'éclair- au flos coeli, & ont travaillé cissant après cela, elle de- avec lui, comme sur la vé- vient couleur d'aurore, & ritable matiere du grand oeu- enfin ambrée couleur d'or. vre; & il est vrai que ce flos La pellicule surnage très- coeli est bien capable d'in- long-tems dans cette eau; & duire en erreur. Il est assez il se précipite au fond du ma- difficile de décider de sa na- tras dès le commencement ture. C'est une espece d'eau de la dissolution, une espece congélée, sans odeur & sans de poudre blanche comme saveur, ressemblant à une de l'amidon. Mais pour cela fraise de veau verte, qui sort il faut avoir cueilli le flos de terre pendant la nuit, ou coeli avant le lever du soleil, d'abord après la cessation & l'avoir nétoyé exacte- d'un grand orage. Dans les ment, morceau à morceau, plus grandes chaleurs, cette de toute la terre & autres ma- matiere conserve une froi- tieres étrangeres qui pour- deur très-grande quand on roient s'y être attachées. Plu- la tient à l'ombre. Sa matiere sieurs personnes m'ont assuré aqueuse est très-volatile, & qu'on faisoit avec le flos coeli s'évapore à la moindre cha- un excellent remede pour leur à travers une peau ex- guérir un nombre de mala- trêmement mince qui la con- dies. Il faut avoir soin de ne tient. Elle ne se dissout, ni point toucher ni cueillir le dans le vinaigre, ni dans flos coeli avec aucun métal, l'eau, ni dans l'esprit de vin; mais seulement avec du bois mais si on renferme le flos ou du verre. coeli tout nouveau dans un CRAYE BLANCHE. vase bien scellé & luté, il s'y Matiere de l'Art parvenue dissout de lui-même en une au blanc. eau extrêmement puante, Craye NOIRE. Matiere sentant comme les excré- pendant la putréfaction. mens humains très-corrom- CRETE (Isle de) dans pus, ce qui manifeste une laquelle fut élevé Jupiter. abondance de soufre volatil. Voyez les Fables Egypt. & Au commencement de la Grecq. dévoilées, liv. 3. c. 4. CRETHE'E,

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CRETHE'E, fils d'Eole, me, qui étant devenu éper- pere d'Eson & d'Amythaon. dument amoureux de la Voyez le liv. 2. ch. 1. des Nymphe Smilax, fut chan- Fables Egypt. & Grecques gé en une plante que nous dévoilées. nommons safran. Les Chy- CRIBLE. Les Philoso- mistes Hermétiques ont quel- phes ont donné ce nom à quefois appellé Crocus, ou leur aiman ou corps impar- safran, leur matiere fixée au fait, qu'ils ont aussi appellé rouge-orangé. Argent-vif d'Occident, & CROIX. Les croix, en assez souvent Mercure des Chymie vulgaire, sont des Philosophes coagulé & non caracteres qui indiquent le fixe; c'est la même matiere creuset, le vinaigre, & le qu'ils ont nommée Dragon vinaigre distillé. Mais en fait Babylonien, Lion vert, Vi- de Science Hermétique, la naigre très-aigre, Eau de la croix est, comme chez les mer, Feu secret, Saturnie Egyptiens, le symbole des végétable, Herbe triom- quatre élémens. Et comme phante qui croit sur les mon- la pierre philosophale est, tagnes; mais proprement disent-ils, composée de la leur Lune, Soeur & femme plus pure substance des élé- du Soleil, son Ombre, Eve, mens grossiers, c'est-à-dire, Beya, Fille de Saturne, & de la substance même des Vénus, enfin leur Femelle. élémens principes, ils ont CRIBLER. C'est cuire la dit: in cruce salus, le salut matiere, & la purifier par la est dans la croix ; par simili- sublimation philosophique. tude du salut de nos ames CROCODILE. Les rachetées par le sang de Je- Chymistes Hermétiques, à sus-Christ attaché sur l'arbre l'imitation des Egyptiens, de la croix. Quelques-uns ont mis le crocodile dans d'entr'eux ont même poussé leurs hiéroglyphes, pour la hardiesse plus loin, & symbole de la matiere de leur n'ont pas craint d'employer oeuvre; parce qu'il vit sur les termes du nouveau Tes- terre & dans l'eau, & que tament pour former leurs al- leur matiere est aussi eau & légories & leurs énigmes terre alternativement. Jean de Roquetaillade, con- CROCOMMA. Marc nu sous le nom de Jean de de l'huile. Rupe Scissa, & Arnaud de CROCUS. Jeune hom- Villeneuve disent dans leurs G

98 CR CR ouvrages sur la composition fait sur la maniere de procé- de la pierre des Philosophes: der dans les opérations du il faut que le Fils de l'Homme grand oeuvre. Ce sont eux qui soit élevé sur la croix avant ont inventé les caracteres qui que d'être glorifié; pour dé- sont en usage encore aujour- signer la volatilisation de la d'hui dans les livres de Chy- partie fixe & ignée de la ma- mie, pour signifier tant les tiere. Jean de Dée, Anglois, drogues que les opérations a fait dans son traité de l'oeu- requises pour leurs prépara- vre des Sages, une compa- tions. On trouve ces caracte- raison très-étendue de la res chymiques, avec leur ex- pierre philosophale, avec le plication, dans presque tous mystere de notre Rédemp- les ouvrages modernes qui tion. Son traité a pour titre; traitent de la Chymie vulgai- Monas Hieroglyphica. re; je crois qu'il est inutile de CRYBTIT. Soufre. les rapporter ici, d'autant plus Voyez Kybric. qu'on les trouve rarement CRYPTOGRAPHIE. dans les traités Hermétiques Art d'écrire en caracteres qui nous restent. Mais com- non apparens, ou inconnus, me on y voit quelquefois ou défigurés, qu'on appelle d'autres caracteres, & des communément écriture en manieres d'écrire & de s'ex- chiffres. Cette maniere d'é- primer qui ne sont pas ordi- crire est en usage particulie- naires, j'en inférerai quel- rement parmi les Ambassa- ques exemples dans cet ar- deurs des Princes, afin que ticle. si leurs lettres étoient inter- Premier exemple. ceptées, on ne pût pas dé- Antimoine. chiffrer ce qu'elles contien- Asphalte ou bitume. nent. Chacun peut se former Orpiment. une cryptographie à sa guise. Sel armoniac. Cardan, Tritheme, Schot, Or. Kircher, Porta et plusieurs Orpiment rouge. autres ont fait des traités sur Vitriol Romain. cet Art. Soufre. Les Philosophes Hermé- Alun. tiques toujours attentifs à ca- Alun de plume.

cher le secret de leur Art, ont Sel nitre. quelquefois usé de ce moyen Mercure. dans les ouvrages qu'ils ont Mercure.

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Second exemple. métiques ils ont fait usage des planettes & des signes.

Les opérations de l'oeu- vre exprimées par les douze 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. signes. ou

La calcination. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.

La congélation. La fixation. 9. 10. 11. 12. La dissolution. Ou

La digestion. La distillation. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.

La sublimation. La séparation. 8. 9. 10. 100. 200. L'incération. La fermentation. Quelques-uns ont em- La multiplication. ployé les caracteres chymi- La projection. ques au lieu des lettres de l'alphabet, de la maniere D'autres ayant égard aux qu'on le trouve expliqué influences des signes & des dans le Bouquet Chymique planettes sur les membres & de Planiscampi. parties du corps humain, On y trouve aussi des ont substitué les noms de ces chiffres au lieu de lettres, membres aux noms des si- ainsi: gnes par lesquels ils signi- 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. fioient les opérations, ou les a. e. i. o. u. l. m. n. r. choses dont nous venons de ou parler. Ils en ont même for- 9. 8. 7. 6. 5. 4. 3. 2. 1. mé divers alphabets tels que a. e. i. o. u. l. m. n. r. les suivans .

Ou avec tout l'alphabet a b c d e f g h mêlé avec des chiffres, de la

maniere suivante: i l m n o p q r

l.b.c.d.2.f.g.h.3.k.6.7. s t u x y z. a.b.c.d.e.f.g.h.i.k.l.m. Quand il s'est agit d'ex- 8.4.p.q.9.s.t.5.x.y.z. primer des nombres arith- n.o.p.q.r.s.t.u.x.y.z. G ij

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Autrement en changeant Quelques-uns ont écrit à les lettres, & les substituant rebours à la maniere des Hé- les unes aux autres; prenant, breux, ainsi: par exemple, l'n pour l'a, ainsi: Prenez la matiere que vous sçavez; faites-en le mercure a.b.c.d.e.f.g.h.i.l.m. selon l'art, & de ce mercure n.o.p.q.r.s.t.u.x.y.z. vous ferez l'oeuvre.

On prend dans l'exemple Zenerp al ereitam euq suou précédent l'a pour l'n, le b zevacs; setiaf-ne el erucrem pour l'o, & ainsi de suite. Et noles tra'l, te ed ec erucrem par conversion l'n pour l'a, suou zeref ervuoe'l. l'o pour le b, &c. On en voit qui ont pris les Ceux qui ont voulu mieux caracteres des planettes pour cacher la chose, ont ajouté indiquer les sept jours de la une lettre inutile au com- semaine, par les noms qui mencement, au milieu, & à leur conviennent; & les ont la fin de chaque mot. Exem- aussi appliqués aux sept opé- ple: rations de l'art Hermétique, L'azoth des Philosophes est sçavoir, à la dissolution, pu- leur mercure. tréfaction, calcination, dis- Ml'abzothi adoesp uphi- tillation, coagulation, subli- loqsophesa lesati pleruri mation, & fixation. Ils ont imeracuret. donné aussi les douze con- sonnes b, c, d, f, g, l, m, Ces exemples doivent suf- n , p, r, s, t, aux douze fire pour montrer les diver- mois de l'année, aux douze ses façons d'écrire en ma- signes, & aux douze régimes niere cachée; mais ils ont de l'Art. Et q, x, z, k, aux employé aussi des figures quatre élémens, aux quatre symboliques & des hiéro- saisons, aux quatre vents car- glyphes sur lesquels on ne dinaux, aux quatre humeurs peut donner aucune régle du corps humain; ils ont ré- certaine, parce que chaque servé l'h pour exprimer l'es- Philosophe les a imaginés à prit universel du monde, sa fantaisie, comme on peut parce que c'est une lettre as- le voir dans les Figures de pirée, & que cet esprit du Senior, d'Abraham Juif, de monde se trouve dans l'air Flamel, de Majer, de Basile plus particulierement. Valentin, & de tant d'autres.

CU CY 101

CUBIT. Terre ou soufre parce qu'elle avoir mis quel- rouge des Sages. ques obstacles à l'enleve- CUCURBITE. Four- ment de Proserpine. Voyez neau secret des Philosophes; les Fables Egypt. & Grecq. quelquefois le vase qui con- dévoilées, liv. 4. ch. 3. tient la matiere du fourneau CYANE'ES. Deux Isles secret, dans lequel se cuit & autrement appellées Sym- se digére la matiere de l'art plegades, qui se trouvent à Hermétique. l'entrée du Pont-Euxin. Les CUIRE. C'est laisser agir Argonautes passerent entre la matiere unique dans son ces deux écueils, qui se heur- unique vase, par le feu phi- toient l'un contre l'autre, à losophique, sans jamais y ce que dit la Fable. Voyez toucher, jusqu'au point con- les Fables Egypt. & Grecq. nu des Sages; c'est-à-dire dévoilées, liv. 2. ch. 1. jusqu'à la perfection de cha- CYBELE. Mere des que opération, ou disposi- Dieux & des Hommes. Hé- tion, pour s'expliquer com- siode la fait fille du Ciel & me Morien. de la Terre, & femme de CUIVRE & LAITON, Saturne. Cette Déesse avoit ou LETON. Matiere au plusieurs noms; on l'appel- noir, qu'il faut blanchir. loit Ops, Proserpine, Cérès, CURCUM. Curcuma. Isis, Rhée. On la représen- CURETES. Peuples de toit ayant une couronne sur l'Isle de Candie, qu'on nom- la tête formée de plusieurs moit autrefois l'Isle de Crete. tours, & une clef à la main, On a souvent confondu les assise dans un char traîné par Curetes avec les Coryban- quatre lions. Voyez Isis, tes & les Dactyles; on les a Cérès, Rhée, dans les Fables aussi appellés Idéens, à cause Egypt. & Grecques dévoi- du fameux mont Ida qui se lées, liv. 1. c. 4. liv. 4. c. 2. trouve dans cette Isle. Com- & 3. liv. 3. c. 4. me les Anciens entendoient CYCIMA. Litharge. par les Curetes la même CYCLOPES. Géans nés chose que par les Coryban- du Ciel & de la Terre, se- tes, voyez l'article de ces lon Hésiode; de Neptune & derniers. d'Amphitrite, suivant Euri- CYANE, Nymphe de Si- pide. Les Poëtes nous les cile, fut changée en la fon- ont représentés comme mi- taine de ce nom par Pluton, nistres de Vulcain pour le G iij

102 CY CY service de sa forge. Ils n'a- gnes, parce que tant dans la voient qu'un oeil rond au premiere operation que dans milieu du front. la seconde, la matiere doit Apollon pour se venger passer du noir à la couleur de ce qu'ils avoient forgé les blanche. Dans la premiere foudres dont Jupiter frappa opération se fait la métamor- Esculape, les tua à coups de phose du fils de Neptune, & fléches, ce qui fut cause que dans la seconde celle du frere Jupiter le bannir du Ciel. de Phaëton. Voyez les Fables Egypt. & Il y a encore un troisiéme Grecques dans les chapitres Cygnus, fils de Mars. Her- de Vulcain & d'Apollon. cule tua celui-ci, & emmena CYDAR. Etain, ou Ju- son fils Hylas dans le tems piter. de l'expédition pour la con- CYGNE. Oiseau dont le quête de la toison d'or. Tuer plumage est d'une blancheur ou fixer le volatil sont une éblouissante. Il étoit consa- même chose dans le sens des cré à Vénus & à Apollon. Philosophes. Ainsi changer Les Philosophes Herméti- le fils de Neptune en cygne, ques l'ont très souvent pris ou tuer Cygnus, ne sont pour le symbole de leur ma- qu'une & même chose, par- tiere parvenue au blanc. ce que la couleur blanche ne CYGNUS. La Fable fait se manifeste que lorsque la mention de plusieurs person- matiere se fixe dans la pre- nages de ce nom, l'un frere miere opération. Dans la se- ou proche parent de Phaë- conde, le fixe qui avoit été ton, l'autre fils de Neptune, volatilisé par la dissolution & tous deux changés en cy- la putréfaction, se fixe une gnes. Ce qui signifie la même seconde fois en parvenant au chose quant au sens hermé- blanc. Hercule emmene avec tique; puisque, comme fils lui Hylas dans la conquête de Neptune, il est sorti de de la toison d'or; cet Hylas l'eau mercurielle, ou mer est l'enfant philosophique, philosophique, qui étant le dont Hercule prend soin jus- principe de l'Apollon des Sa- qu'à la perfection de l'oeu- ges, pere de Phaëton, le frere vre, qui est proprement la de celui-ci ne sçauroit man- conquête de la toison d'or. quer d'être aussi très-proche CYLLENE. Montagne parent du premier. On les d'Arcadie sur laquelle Maia dit tous deux changés en cy- mit Mercure au monde, d'où

CY DA DA 103 il fut nommé Cyllenien. On dit qu'ils montrerent les Voyez les Fables Egypt. & premiers à mettre le feu en dévoilées, liv. 3. c. 14. §. 1. usage pour les besoins & les CYNNABAR. Cin- commodités de la vie, & nabre. que c'est à eux à qui l'édu- CYNOCEPHALE. Es- cation de Jupiter fut confiée. péce de singe ayant la tête On les appelloit aussi Cure- de chien. Les Egyptiens ré- tes, & Corybantes. Voyez véroient beaucoup ce mons- le chapitre de Jupiter dans tre, parce que les Prêtres les Fables Egyptiennes & leur faisoient entendre que Grecques dévoilées. c'étoit Osiris; pendant que DAENECK Voyez ces mêmes Prêtres ne re- Duenez. gardoient Osiris que comme DAIB. Or philosophi- le symbole de la partie de que. la matiere du grand oeuvre DAIMORGON. La plu- qu'ils appelloient le Mâle, le part des Anciens donnoient Soufre, le Soleil, &c. Mais ce nom à ce qu'ils appel- ils n'en agissoient ainsi que loient le Génie de la Terre, pour cacher au vulgaire les ce que ce même nom signi- mysteres de ce prétendu Osi- fie; mais les philosophes ris, qui leur étoient confiés Hermétiques l'entendoient sous peine de la vie. C'est ce du feu qui anime la Nature, qui engagea Démocrite Ab- & dans le particulier cet es- déritain de se faire recevoir prit inné & vivifiant de la au nombre de ces Prêtres, terre des Sages, qui agit dans pour apprendre les secrets tout le cours des opérations de la vraie Chymie, cachés du grand oeuvre. Quelques- sous les figures hiéroglyphi- uns l'ont nommé Demorgon. ques des Egyptiens. Voyez Raymond Lulle a fait un les Fables Egypt. & Grecq. traité des opérations de la dévoilées, liv. 1. sect 3. c. 7. pierre, qu'il a intitulé: De- morgon. Ce traité est en for-

D. me de dialogue, & Demor- gon est un des interlocu- DABAT. C'est le gui teurs. de chêne. DAMATAU. Gomme DABESTIS. Tortue. des Philosophes. DACTYLES. Peuples DANAE'. La Fable dit que qui habitoient le Mont Ida. Jupiter voulant jouir de Da- G iv

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naë renfermée dans une tour, de tout cela dans les Fables s'y introduisit sous la forme Egypt. & Grecq. dévoilées. d'une pluie d'or. Selon les DANATI. Poids de six Philosophes Spagyriques, il grains. faut expliquer cette fable des DANAUS. Voyez Da- opérations de la pierre Phi- naides. losophale. La tour où Da- DANIC ou DANICH. naë étoit renfermée, est l'a- Terme arabe que quelques thanor ou four philosophi- Médecins & quelques Chy- que fait en forme de tour, mistes ont employé pour dans lequel on met l'oeuf, & signifier une demi-dragme; dans cet oeuf le mercure, re- Fernel pour six grains seule- présenté par Danaë, avec ment, Agricola & d'autres lequel on fait la jonction, pour huit. ou, comme ils disent, le ma- DANSIR. Sable. riage du soufre représenté DAPHNAEUS. Surnom par Jupiter. Voyez les Fa- d'Apollon. V. APOLLON. bles Egypt. & Grecques, DAPHNE', fille du fleu- liv. 3. ch. 14. §. 3. ve Pénée, en fuyant pour se DANAIDES, filles de soustraire aux poursuites d'A- Danaüs, au nombre de cin- pollon, eut recours à son pe- quante, mariées aux cin- re, qui la changea en laurier. quante fils d'Egypte. Da- Voyez les Fables Egypt. & naüs ayant appris de l'Ora- Grecques dévoilées, liv. 3. cle qu'un de ses gendres le chap. 12. feroit périr, il engagea ses DARAU. Gomme des filles à tuer chacune son Philosophes. mari la premiere nuit de DARDANIE. Premier leurs noces. Hypermnestre nom de la ville de Troye, fut la seule qui épargna le qui lui fut donné de son fon- sien nomme Lyncée, qui en dateur. effet tua dans la suite Da- DARDANUS, fils de naüs, & s'empara de ses Jupiter & d'Electre, ayant Etats. La Fable dit que pour mis à mort son frere Jasius, punition de leurs maricides, s'enfuit en Samothrace, & les Danaïdes furent con- de-là en Phrygie, où il bâtit damnées par les Dieux à la ville de Dardanie. Voyez verser de l'eau dans un vase les Fables Egypt. & Grecq. percé, jusqu'à ce qu'il fût dévoilées, liv. 6. cha. 1. & plein. Voyez l'explication suivant.

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DATEL ou TATEL. cembre E, ce terme signifie Stramonium, ou Morelle fu- le magistere au blanc, parce rieuse. que la neige tombe au mois DAVERIDON. Huile de Décembre, & que la ma- d'aspic. tiere au blanc est comme de DAVITI. Poids de six la neige; les Adeptes l'ont grains d'orge. même quelquefois appellée DAURA. Quelques-uns de ce nom. ont employé ce terme ara- DE'CEPTE, DE'CEP- be pour signifier l'ellebore, TION. Vieux mots que l'on d'autres l'or en feuilles. Rul- trouve assez souvent dans land & Planiscampi. & dans DE'AB. Or vulgaire chez Flamel, pour signifier trom- les Chymistes, & or philo- perie des Souffleurs, des sophique quand il s'agit de Charlatans. science Hermétique. DE'CEVEURS. Trom- DE'ALBATION. Ter- peurs, affronteurs. Ce terme me de science Hermétique. est gaulois, & se trouve sou- Cuire la matiere jusqu'à ce vent dans ses Auteurs que qu'elle ait perdu sa noirceur j'ai cités dans l'article précé- & qu'elle soit devenue blan- dent. che comme la neige. On DE'COCTION, en ter- l'appelle autrement lotion mes de Chymie Herméti- ou lavement; & c'est dans que, signifie l'action de di- ce sens que les Philosophes gérer, circuler la matiere disent: lavez le laiton jusqu'à dans le vase, sans addition ce que vous lui ayez ôté d'aucune chose étrangere. toute son obscurité. Voyez Cuire. DE'BESSIS. Tortue. DECUIRE, signifie faire DE'CEMBRE. Magistere retrograder une chose cuite au noir, ou tems de la putré- du degré de cuisson qu'on faction de la matiere, ainsi lui avoit donné; mais en ter- nommé de ce que les Phi- mes de Chymie Herméti- losophes donnent le nom que, quelques Philosophes d'Hiver à cette opération, l'ont employé pour signifier & que le mois de Décembre la digestion, la cuisson de la est le commencement de la matiere des Sages. Voyez saison ou la Nature paroît Cuire. oisive, engourdie & endor- DECOMPOSITION. mie. Quand ils disent Dé- Séparation des parties d'un

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mixte pour en découvrir les crate. Ce corps s'y résout en principes; c'est proprement liqueur, & tombe dans le l'analyse. Mais en fait de récipient mis au-dessous. Philosophie Hermétique, il La seconde est la défail- ne signifie autre chose que lance vaporeuse; elle se fait la réduction du corps de l'or à l'air ouvert, qu'on appelle des Sages à sa premiere ma- sub dio. tiere, ce qui se fait par la dis- La troisiéme est celle que solution au moyen du mer- Rulland appelle Deliquium cure des Philosophes. embapticum, défaillance par DEDALE, le plus sça- immersion. Elle se fait de vant Artiste de la Grece, ha- deux manieres: la premiere, bile Architecte, ingénieux en mettant le corps qu'on Sculpteur, étoit fils d'Hyme- veut faire résoudre en eau, tion, petit-fils d'Eupoleme. dans un vase à travers les Dédale fit le célébre laby- pores duquel l'eau dans la- rinthe de Créte, dans lequel quelle il est plongé ne puisse il fut renfermé avec son fils passer, ou dans une vessie, Icare, & duquel ils se sau- ou dans un vase de cire, afin verent au moyen des ailes que l'eau du bain puisse pé- qu'ils se fabriquerent. Voyez nétrer & suinter. les Fables Egypt & Grecq. Si la liqueur dans laquelle dévoilées, liv. 3. c. 14. §. 5. on plonge ces sortes de va- DEEB. Pierre au rouge. ses est chaude, c'est ce qu'on DEFAILLANCE, De- appelle défaillance au bain- liquium, en termes de chy- marie. Lorsque la défaillance mie, est une résolution en se fait dans l'eau froide, elle liqueurs d'un corps sec & retient le nom de deliquium coagulé. Les corps qui par- ou défaillance. ticipent du sel sont les seuls La seconde maniere se fait qui tombent en défaillance. aussi par immersion, mais le Il y a trois sortes de défail- corps mis seulement dans un lances. L'une appellée des- sachet de toile, ou plongé à cension froide, qui se fait en nud dans quelque liqueur exposant dans une cave, ou pour l'y laisser résoudre; autre lieu humide & frais, comme comme l'on fait aux gom- un corps coagulé ou calci- mes, aux sucs coagulés, au né, sur un marbre, une table sucre, &c. Dans ce dernier de pierre ou de verre, ou cas particulierement, il faut dans une chauffe d'Hippo- choisir pour son opération

DE DE 107 des liqueurs par le moyen suivie en mariage par le desquelles on fait la défail- fleuve Acheloüs: Hercule lance, qui puissent être aisé- en étant aussi devenu amou- ment séparées du corps dis- reux, combattit pour l'avoir sout, en cas qu'on veuille contre Acheloüs, & l'ayant l'avoir tel; parce que la li- vaincu, il s'empara de Dé- queur dissolvante & le corps janire. Dans le tems qu'il dissout ont quelquefois des l'emmenoit, il trouva sur son qualités contraires. chemin un fleuve large & DEGEGI. Poule, ou profond qu'il lui falloit tra- chaleur de la poule qui cou- verser: ne pouvant le faire, ve, c'est-à-dire, la chaleur il confia Déjanire au Cen- naturelle à la chose. Ainsi taure Nessus pour la passer à quand les Philosophes re- l'autre bord. Nessus le fit & commandent de donner au l'ayant transportée de l'au- régime du feu de l'oeuvre le tre côté, il voulut lui faire degré de la chaleur d'une violence. Hercule s'en étant poule qui couve; ce n'est pas apperçu, décocha une fléche de faire un feu artificiel au à Nessus, qui en mourut. degré de cette chaleur d'une Pour se venger d'Hercule, le poule, mais de laisser agir la Centaure dévêtit sa robe nature avec le feu inné & toute ensanglantée, la donna implanté dans la matiere, à Déjanire, en la priant de feu naturel pour le minéral, la remettre à Hercule, & de comme celui de la poule l'est l'engager à la vêtir. Hercule, pour l'animal. pour complaire à Déjanire, DEGRE'S DE FEU. la reçut, s'en vêtit, fut sur- V. Inspissation. pris d'une sueur qui tenoit DEHAB, DEHEB & de la rage, construisit un bu- DEHEHEB. Or des Philo- cher & s'y brûla, d'où il fut sophes. transporté an Ciel, & mis au DEHENE. Sang. rang des Dieux. Cette fable DEHENES. Attrament. expliquée par les Alchymis- DEHENEZ. Vitriol Ro- tes, est le symbole de la der- main. On l'a ainsi appellé niere opération du grand oeu- Decenec. vre, c'est-à-dire, de la per- DEHIM, DEHIN, & fection de la pierre. Déjanire DEM. Sang humain. signifie la nature métalli- DEJANIRE, fille d'Oe- que, le Centaure la matiere née Roi d'Etolie, fut pour- purifiée devenue terre feuil-

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lée, ou au blanc, & Hercule DELEGI-AZFUR. Mi- le mercure philosophique. rabolans. Lorsque la matiere est par- DELIER LE CORPS, venue au blanc, & qu'elle a en termes de science Her- passé par toutes les couleurs, métique, c'est tirer le mer- elle n'a plus que le rouge, cure de sa miniere, où il est ou la couleur de sang à pren- retenu comme par des liens dre, qui est celle de sa per- formés par les parties hété- fection. Lorsqu'elle est dans rogênes avec lesquelles il est son état de blancheur, si on mêlé. Il se dit aussi de la pu- l'enivre de l'eau mercurielle, tréfaction de la matiere après & que l'on augmente le de- sa dissolution. V. Ouvrir. gré du feu, comme celui de DELUGE. Les Philoso- la canicule, Hercule alors, phes entendent par ce terme ou le mercure, prend le vê- la distillation de leur matie- tement du Centaure teint de re, qui après être montée sang, c'est-à-dire la couleur en forme de vapeurs au haut rouge, qui est celle d'un du vase, retombe sur la terre homme en fureur, & se Vi- comme une pluie qui l'inon- trifie, qui est le dernier de- de toute entiere. gré de perfection. DEM. Sang humain. DEIDAMIE, fille DEMORGORGON. de Lycomede chez lequel Voyez Daimorgon. Achille se cacha déguisé en DENEQUAT. Borax. femme, pour ne pas aller au DENOQUOR. Borax. siége de Troye. Achille de- DENSIR. Sable. vint amoureux de Déidamie, DENTS DU SER- obtint ses bonnes graces, & PENT. La Fable dit en eut Pyrrhus. Voyez ce que Cadmus sema dans le que signifie cette fiction dans champ de Mars les dents les Fables Egypt. & Grecq. du Dragon qui avoit dévoré dévoilées, liv. 6. ses compagnons. Philalethe DEIPHOBE', fille de recommande à l'Artiste de Glauque, autrement nom- s'instruire de ce que c'est que mée Sibylle de Cumes. Ce ces dents & les compagnons fut elle que la Fable suppose de Cadmus. Quelques-uns avoir conduit Enée dans sa expliquent cette action de descente aux Enfers. Voyez Cadmus de la premiere pré- à la fin du 6e liv. des Fables paration de la matiere des Egypt. & Grecq. dévoilées. Sages, & Flamel en fait

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l'application à la seconde, parties hétérogênes, qui s'en c'est-à-dire à ce qui se passe séparent & se précipitent au dans le vase après la putré- fond du vase dans lequel est faction. Celui qui lave, ou renfermée la liqueur. On dit plutôt ces lavemens, qu'il cette liqueur dépose, pour faut continuer avec l'autre dire que ce qu'on y avoit moitié, ce sont, dit Flamel, mêlangé se précipite en for- les dents de ce Serpent que me de sédiment. Les eaux le sage Opérateur sémera minérales déposent; les si- dans la même terre, d'où rops mal cuits déposent le naîtront des Soldats qui s'en- sucre, &c. tretueront eux-mêmes. Ce DEPOUILLER. Purifier sont donc les imbibitions du la matiere, séparer le pur mercure. d'avec l'impur. Il faut faire DENUDATION. Pu- boire à outrance le vieux tréfaction de la matiere, & Dragon par le nombre ma- sa dissolution. De-là, dit Fla- gique de trois fois sept. Il dé- mel, sont sorties tant d'allé- pouillera pour lors ses vieil- gories sur les morts, les sé- les écailles qui le couvrent, pulchres, les tombes. Les & il quittera cette lépre qui autres l'ont nommée calci- l'infecte, comme Naaman se nation, dénudation, sépara- lava sept fois dans les eaux tion, trituration, assation. du Jourdain. D'Espagnet. Dénudation PHILO- DERAUT. Urine. SOPHIQUE. Les Chymistes DERQUET. Voyez Hermétiques ont employé Vernis. ce terme, pour dire la puri- DERSES. Les Alchy- fication de leur matiere; c'est mistes entendent par ce ter- dans ce sens qu'ils ont dit: me les vapeurs terrestres qui O qu'heureux est celui qui a forme la séve, d'où naissent pû voir la Diane toute nue; tous les végétaux. Rulland. c'est à-dire, leur matiere pu- DESCENSION. Distil- rifiée de toutes hétérogénéi- ler par descension, c'est pro- tés: ou leur matiere dans le prement la des li- régne de la Lune, c'est-à- queurs, mais en termes de dire, au parfait blanc. Flam. science Hermétique, c'est la DENYS. V. Bacchus. circulation de la matiere. DEPOSER, en termes DESENI. Mirabolans. de Chymie, signifie une li- DESSECHER. Cuire la queur empreinte de quelques matiere, la fixer par la cir-

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culation, jusqu'à la perfec- ce de bruit ou de sifflement tion du soufre ou de la pierre. qui se tait quand les parties DESSICATION. Coa- volatiles de quelques mê- gulation & fixation de l'hu- langes sortent avec impétuo- midité mercurielle. sité, ou sont fixées par l'aide DESSOUS. Mettre des- d'un feu vif. Ce sifflement sous ce qui est dessus, & arrive, suivant les Philoso- dessus ce qui est dessous, c'est phes, dans le moment de la spiritualiser les corps & cor- projection sur le mercure. porifier les esprits; c'est-à- DEUE. Matiere due, re- dire, en termes de Chymie quise & véritable. Trévisan Hermétique, fixer le volatil, dit qu'il travailla quarante & volatiliser le fixe. Ce qu'on ans sur diverses matieres, appelle aussi la Conversion qu'il nomme, & qu'il ne put des élémens. V. Conver- réussir, parce qu'il n'opéroit tir. pas sur la matiere dûe. Les Philosophes disent aussi DEVERIDEN. Huile de que ce qui est dessous est sem- nard ou de lavande. blable à ce qui est dessus, DIACELTATESSON. pour signifier que la partie Spécifique pour les fiévres, volatile de la matiere est de inventé par Paracelse. même nature que la fixe, DIADE^ME. Couleur qu'au commencement tout rouge qui survient à la ma- est venu d'une seule & uni- tiere de la pierre, à la fin de que matiere, & que tout chaque disposition ou opé- c'est-à-dire le volatil & le ration. Ne méprisez pas la fixe, retourneront à un, & cendre, car le diadème de ne feront plus qu'un corps. notre Roi y est caché. Mo- DESTRUCTION, en rien. termes de science Herméti- DIAMANT. Pierre par- que, signifie la dissolution venue au blanc. radicale des corps dans le DIAMASCIEN. Fleurs mercure philosophal; ou la de cuivre. réduction des métaux à leur DIAMETRE SPAGY- premiere matiere, qui est le RIQUE. Equilibre ou tem- mercure des Sages. pérament des élémens dans Destruction signifie la pierre. aussi la noirceur, la putré- DIANE, fille de Jupiter faction de la matiere. & de Latone, & soeur d'A- DETONATION, Espe- pollon, naquit dans l'isle de

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Délos, & quoique soeur ju- donnent le nom de Lune, ils melle d'Apollon, elle servit entendent leur eau mercu- de Sage-femme à Latone rielle. D'Espagnet dit que pour qu'elle mit son frere au l'enseigne de Diane est la monde. Elle se plaisoit beau- seule capable d'adoucir la coup à la chasse, où elle se férocité du Dragon philoso- faisoit accompagner par plu- phique. Philalethe appelle sieurs Nymphes. Un jour cette enseigne de Diane, ou qu'elle se baignoit avec el- la couleur blanche, les Co- les, Actéon l'ayant vûe nue lombes de Diane. Voyez une dans le bain, cette Déesse plus ample explication dans pour le punir de la témérité les Fables Egypt. & Grecq. avec laquelle il s'en étoit ap- dévoilées, liv. 3. ch. 13. proché, le changea en cerf. DIAPENSIA. Plante Alors ses chiens qui le mé- connue sous les noms de connurent, se jetterent sur Pied-de-lion & Alkimilla. lui & le dévorerent. Diane DIATESSADELTON. devint enfin amoureuse du Précipité du mercure. Berger Endymion, & alloit DICALEGI. Etain, ou souvent lui rendre visite, Jupiter des Philosophes. malgré le projet qu'elle avoit DICTE'. Antre où nâquit formé de conserver toujours Jupiter. C'est le vase philo- sa virginité. On la représen- sophique. toit avec un arc & un car- DIEUX. Nombre d'Au- quois plein de fléches; quel- teurs ont supposé que les quefois avec une torche al- Dieux du Paganisme avoient lumée, montée sur un char été des hommes que leurs tiré par des biches, ou par belles actions, & les services un cerf & un taureau. qu'ils avoient rendus à l'hu- Les Anciens lui donnoient manité, avoient fait déïfier; particulierement trois noms; mais quand on remonte à au ciel ils l'appelloient Lu- l'origine des premiers Dieux cine, en terre Diane, & Pro- connus du Paganisme, on serpine aux enfers. voit clairement, quand on Diane est proprement la n'est pas aveuglé par le pré- matiere au blanc, couleur jugé, qu'ils prirent naissance qui paroît dans l'oeuvre avant chez les Egyptiens. Héro- la rouge appellée Apollon. dote nous l'assure en plus Alors c'est Diane toute nue. d'un endroit de son Histoire. Quand les Philosophes lui Philon de Biblos, traducteur

112 DI DI de Sanchoniaton, semble l'une à l'autre, n'est inventée donner à entendre que ces que pour cacher au vulgaire Dieux, pour la plupart, les mysteres de la vraie Chy- avoient été des hommes tels mie, de même que les tra- qu'Osiris, Isis, Horus; mais vaux d'Hercule, la conquête quand on l'examine de près, de la Toison d'or, le jardin on voit bientôt qu'il pensoit des Hespérides, le siége de comme Hermès dans son Troye, les voyages d'Osi- Asclepius, c'est-à-dire, que ris, de Dionysius ou Bac- ces Dieux n'avoient pas été chus, l'histoire de Cadmus, hommes, mais fabriqués par celle de Thésée, d'Amphi- des hommes. L'idolâtrie a trion, en un mot, tout ce fait naître tous ses Dieux du qu'Orphée, Homere, Hé- mariage prétendu de la Ter- siode, Hérodote, Virgile & re & du Ciel, & puis de les autres nous ont laissé sur Vulcain & Mercure, ce qui les Dieux, les Demi-Dieux a fait dire aux Alchymistes & les Héros; les Métamor- que toute la Fable n'est qu'u- phoses d'Ovide même bien ne allégorie des opérations entendues, conduisent au de la pierre philosophale, même but. On peut en ju- parce que Mercure & le Feu ger par les écrits des Philo- représenté par Vulcain, sont sophes Spagyriques, qui ont les principes de tout, l'un employé très-souvent ces actif & l'autre passif. Les fables pour rendre obscurs Egyptiens n'entendoient au- leurs écrits, comme avoient tre chose par Isis & Osiris, fait les Anciens. Voyez mon comme on peut le voir dans Traité des Fables Egypt. & leurs lieux, & c'est des Egyp- Grecques dévoilées. tiens que les autres Nations DIGESTION. Action ont tiré leur culte; il n'y a par laquelle on met un corps eu que les noms de changés. liquide avec un fluide pour Les principaux, au nombre en faire le mêlange en tout de douze, étoient six Dieux ou en parties, pour en ex- & six Déesses, sçavoir, Ju- traire la teinture, pour les piter, Neptune, Mars, Mer- disposer à la dissolution, à la cure, Vulcain & Apollon, putréfaction, pour les faire Junon, Vesta, Cérès, Vé- circuler, & par ce moyen nus, Diane & Minerve. volatiliser le fixe, & fixer le L'histoire de chacun prise à volatil, au moyen d'une cha- part, & relativement même leur convenable. Presque toutes

DI DI 113 toutes les opérations du par les chevaux, dissolvent grand oeuvre se réduisent à & mettent, pour ainsi dire, la digestion, que les Philo- à mort les métaux avec les- sophes ont appellée de di- quels on amalgame ce mer- vers noms, suivant ce qu'ils cure; & qu'Hercule, qui est ont remarqué qui se passoit le symbole du soufre fixant dans le vase pendant tout & coagulant, donne le mer- le cours de l'oeuvre. Ainsi cure philosophique à dévorer quand ils usent des termes à ses esprits dans l'oeuf phi- de distillation, sublimation, losophique. Fabri. Mais il imbibitions, cération, ins- me semble qu'Hercule seroit pissation, descension, cuis- plutôt le symbole de l'Ar- son, solution, coagulation, tiste qui travaille sur ce mer- &c. ils n'entendent autre cure philosophique. Selon ce chose qu'une & même opé- dernier sens, on peut expli- ration, ou la digestion répé- quer les hôtes & les étran- tée dans les médecines du gers qui vont voir Diomede, premier, du second & du par cette troupe de mauvais troisiéme ordre. Alchymistes qui travaillent DIKALEGI. Etain phi- sur le mercure, représenté losophique. par Diomede, & qu'il fait dé- DIMENSION. Les vorer par ses chevaux, c'est- Adeptes disent que leur à-dire, par ses esprits volatils pierre a les trois dimensions qu'ils cherchent à fixer, & des autres corps, sçavoir la qui se ruinent dans la pour- hauteur, la largeur & la pro- suite de ce dessein, & se trou- fondeur. Voyez-en l'expli- vent comme dévorés. Il n'en cation dans leurs articles. est pas de même d'un vrai DIOMEDE, Roi de Philosophe représenté par Thrace, selon la Fable, étoit Hercule; il dompte le mer- si cruel qu'il faisoit dévorer cure & le donne à dévorer par ses chevaux les étrangers à ses propres chevaux, & en qui venoient chez lui. Her- fait sortir un nouveau Roi, cule y fut, s'en saisit, & le fit ou la pierre de projection, manger lui-même par ses qui est le vrai or, & qui au propres chevaux. Les Philo- lieu de tyranniser ses hôtes sophes Hermétiques disent les reçoit si bien qu'il en fait que Diomede représente le des Rois semblables à lui. mercure philosophique, dont Il y avoit un autre Dio- les esprits corrosifs, signifiés mede, fils de Tydée & de H

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Déiphile, qui fut un des plus deux ou trois parties de l'ar- célébres des Héros qui le senic, qui fait l'office de la trouverent dans l'armée des femelle, & quatre parties ou Grecs au prétendu siége de plus, jusqu'à douze, de l'eau Troye. Voyez les Fables de la mer des Sages. Que le Egypt. & Grecq. dévoilées, tout étant bien mêlé, on le liv. 5. ch. 11. & livre 6. mettra dans le vase, lequel DIONYSIAQUES. Fê- ayant été bien scellé, on le tes célébrées en l'honneur de mettra dans l'athanor, & on Bacchus. Voyez le 4e livre lui donnera le régime re- des Fables dévoilées. quis. DIONYSIUS ou DIO- DISQUE DU SOLEIL NYSUS. V. Bacchus. Les Chymistes Hermétiques DIRCE', femme de Ly- ont quelquefois donné ce cus, exerça de grandes cruau- nom à leur mercure mêlé tés envers Antiope, premiere avec l'or philosophique. femme de ce Lycus, qui la DISSOLVANT. Les répudia & la chassa pour Dir- Philosophes Hermétiques cé. Les enfans d'Antiope, donnent à leur mercure le Zethès & Amphion, venge- nom de dissolvant universel, rent les insultes faites à leur que Van-Helmont & Para- mere en attachant Dircé à celse ont donné à leur al- la queue d'un taureau in- kaest. L'Anonyme, connu dompté, qui la mit en pie- sous le nom de Pantaleon, ces. Les Dieux par commi- dit que l'alkaest peut se tirer, sération, la changerent en & se tire de la même miniere fontaine. Voyez les Fables que le mercure des Sages, dévoilées, liv. 3. c. 14. §. 6. mais par des manipulations DISPOSITION. Com- différentes, & qu'ils diffé- posé philosophique, appellé rent en ce que l'alkaest ne par Morien disposition, par se mêle jamais avec les corps Trévisan poids ou propor- qu'il dissout, au lieu que le tion, & par d'autres compo- mercure s'y mêle si intime- sition. C'est le mêlange des ment qu'il ne peut plus en trois principes combinés phi- être séparé par aucun arti- losophiquement. Philalethe fice. Ce dernier Auteur est dans son Vade mecum, dit singulierement estimé par les qu'il faut prendre une partie Alchymistes; ses ouvrages du corps rouge ou blanc, au nombre de quatre se trou- qui font la fonction de mâle; vent dans le second volume

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de la Bibliotheque de Chymie duction des corps en leur curieuse de Manget. premiere matiere; c'est-à- DISSOLUTION. dire, l'or & l'argent des Phi- Les Philosophes chymiques losophes en leur mercure, n'entendent pas par ce ter- duquel ils avoient été for- me la réduction simple d'un més. Dissoudre & coaguler corps dur en liquide; mais deux ou trois fois font toutes la réduction d'un corps en les opérations de l'art des sa premiere matiere; c'est- Sages, ou Prêtres de l'E- à-dire, en ses principes élé- gypte. mentés, & non pas élémen- DISTILLATION (la) taires; car ils n'ont jamais est le cinquiéme degré pour prétendu réduire l'or, par parvenir à la transmutation exemple, en air, eau, terre des choses naturelles. Plu- & feu, mais en mercure, sieurs Chymistes compren- composé de ces quatre élé- nent sous le terme de distil- mens; quoiqu'il participe lation, l'ascension, la coho- plus de l'eau & de la terre bation, l'ablution, la fixa- que des deux autres, com- tion & l'imbibition. Cette me tout le régne minéral. opération subtilise toutes les Ils distinguent plusieurs eaux & les huiles. On tire dissolutions dans l'opération par son moyen l'eau des li- de la pierre philosophale; queurs & l'huile des corps l'une imparfaite, & l'autre gras. parfaite: la premiere est celle La distillation fixe beau- qui précéde la putréfaction; coup de choses quand elle parce que la dissolution pro- est réitérée après la cohoba- prement dite, ne se fait que tion des liqueurs sur les féces. dans le tems que la matiere Tous les minéraux aqueux est au parfait noir. Tout leur se fixent par ce moyen. Elle oeuvre, disent-ils, consiste change la nature & les pro- dans la dissolution & la coa- priétés des choses, d'ameres gulation réitérées plus d'une elle les rend douces, & de fois. douces ameres; cela n'arrive DISSOUDRE. Réduire cependant pas toujours. un corps solide en matiere Distillation, en ter- liquidé. On appelle aussi mes de Philosophie chymi- cette opération, décomposi- que, ne se dit que par simi- tion; & en termes propres litude avec la distillation des de science Hermétique, ré- Chymistes vulgaires, Le vo- H ij

116 DI DI DO latil de leur matiere emporte gure d'un alembic pour dis- & fait monter avec lui le tiller en descendant; mais fixe, ce dernier à son tour quand il s'agit de science fait descendre le volatil; & Hermétique, les termes de cette circulation, qui se fait Distiller en montant ou en dans le vase scellé herméti- descendant ne doivent s'en- quement, est proprement la tendre que de la circulation distillation philosophique, à des matieres dans le vase laquelle ils donnent aussi les scellé. noms de conversion des élé- DITALEM. Jupiter des mens, circulation, cohoba- Philosophes. tion, ascension, descension, DIVISER. V. Cuire sublimation, &c. qui ne sont la Matiere. qu'une & même opération DIVISION. Lorsque les dans le même vaisseau, sans Philosophes disent diviser, qu'on le remue aucunement, partager en deux ou plu- depuis que la jonction & le sieurs parties, il ne faut pas mêlange de l'or a été fait les entendre d'une division avec le mercure préparé. ou séparation faite avec la Distillation DES SA- main, mais de celle qui se GES. Ce n'est autre chose fait dans le vase, par l'aide que la circulation de la ma- du feu. C'est la putréfaction. tiere appellée Rebis. DOAL. Or hermétique. DISTILLER EN MON- DOLET. Vitriol rouge, TANT. C'est faire monter ou colcotar. Rulland. Ou les vapeurs des matieres au plutôt la pierre au rouge, chapiteau qui couvre la cu- qui est le colcotar des Phi- curbite, au moyen du feu losophes. administré dessous l'alembic. DON CE'LESTE. Distiller en descendant, c'est Terme de science Herméti- mettre le feu au-dessus de la que. C'est la matiere du ma- matiere; il l'échauffe, raré- gistere, que Morien appelle fie les vapeurs, qui trouvant le don de Dieu, le secret des moins de résistance dans le secrets du Tout-puissant, bas, s'y portent & tombent qu'il a révélé à ses saints Pro- dans les vases placés des- phetes, dont il a mis les ames sous. On appelle cette opé- dans son Paradis. Entret. ration Distillation contre na- du Roi Calid. ture. Géber dans son Traité DONNER un feu doux; des Fourneaux, donne la fi- c'est-à-dire, administrer

DO DR DR 117 faire un feu doux & lent. tout venin, & guérit toutes Donner à boire est la même morsures de bêtes venimeu- chose que digérer, faire cir- ses. Quelques-uns préten- culer la matiere dans le vase, dent qu'on trouve de ces sor- de maniere qu'après s'être tes de pierres dans la tête des élevée en vapeurs, elle re- serpens, des viperes & au- tombe sur la terre qui est au tres reptiles, & qu'elles ont fond du vaisseau, pour l'ab- la même vertu que les Dra- breuver. V. Inspirer. conites. DORIPE. Nymphe qui DRAGON. Les Philo- eut commerce avec Anyé, sophes chymiques indiquent fils de Staphyle. Trois en- assez communément les ma- fans en vinrent, Oeno, Sper- tieres du grand oeuvre par mo & Elaïs. Voyez les Fa- deux dragons qui se combat- bles Egypt. & Grecques dé- tent, ou par des serpens, voilées, liv. 1. ch. 14. §. 2. l'un aîlé, l'autre sans ailes, DOUBLE (Mercure). pour signifier la fixité de l'u- C'est le Rebis, ou le mercure ne, & la volatilité de l'autre. des Sages animé par l'or des Les Egyptiens peignoient Philosophes. ces serpens tournés en cer- DOUCEUR DE SA- cle, se mordant la queue, TURNE. C'est la céruse, pour signifier, dit Flamel, selon quelques-uns; & le qu'ils sont sortis d'une même sel de Saturne, suivant d'au- chose, qu'elle se suffit à elle- tres. même, & qu'elle se parfait DOVERTALLUM, ou par la circulation, indiquée DIVERTALIUM, ou DI- par le cercle. Ce sont ces VERTALLUM. Généra- dragons que les Poëtes ont tions des mixtes par la com- feint être les gardiens du jar- binaison des parties des élé- din des Hespérides & de la mens. Toison d'or; Jason, selon la DRACONITES. Pierre Fable, répandit sur ces dra- que les Anciens disoient être gons le jus préparé par Mé- formée dans la tête des dra- dée. Ce sont ces serpens en- gons, d'où on ne pouvoit voyés par Junon au berceau l'avoir qu'en leur coupant la d'Hercule, que ce Héros, tête pendant qu'on les sur- encore enfant, déchira. Ce prenoit endormis. Elle est, berceau signifie le berceau selon Rulland & Albert, de de l'oeuvre ou son commen- couleur blanche, elle chasse cement. Ce sont ces deux H iij

118 DR DR

serpens du caducée de Mer- frere & sa soeur, c'est-à-dire, cure, avec lequel il faisoit s'il n'est mêlé dans le vase des choses si surprenantes, philosophique avec le soufre & au moyen duquel il chan- son frere, & l'humeur radi- geoit de figure quand il vou- cale innée, ou eau mercu- loit. Flamel dit avoir été dé- rielle, qui est sa soeur, qui terminé à peindre les deux par sa volatilité le rend vo- matieres de l'oeuvre sous la latil, le sublime, lui fait chan- figure de deux dragons, par ger de nature, le putréfie, & la grande puanteur qu'elles ne fait plus ensuite qu'un exhalent, & parce qu'elles corps avec lui. Quand il sont un très-violent poison; n'existe plus sous la forme mais il ajoute que l'Artiste de terre ou dragon, alors la ne sent point cette puanteur, porte du jardin des Hespé- parce qu'elle est renfermée rides est ouverte, & l'on dans le vase. peut y cueillir sans crainte Dragon A TROIS les pommes d'or, de la fa- GUEULES. C'est le même çon que l'expliquent les li- mercure lorsqu'il est animé, vres des vrais Philosophes parce qu'il contient alors les Spagyriques. trois principes chymiques, Dragon AI^LE'. C'est sel, soufre & mercure. leur mercure, ou sperme fé- Le Dragon EST MORT. minin; le volatil de leur ma- Expressions qui signifient la tiere, qui combat contre le putréfaction de la matiere, fixe, & qui doit enfin deve- lorsqu'elle est parvenue au nir fixe comme lui. noir très-noir. Dragon SANS AI^LES. Le Dragon gardien du C'est le sperme masculin, le jardin des Hespérides, re- soufre, ou le fixe. présente la terre, cette masse Dragon DE'VORANT informe & indigeste qui ca- SA QUEUE. C'est la matiere che dans son sein la semence de la pierre lorsqu'elle cir- de l'or, qui doit fructifier par cule dans le vaisseau philo- les opérations de l'Alchymie sophique. Les Sages em- représentée par le jardin des ployent ce terme dans beau- Hespérides. C'est ce dragon coup de circonstances diffé- représenté si souvent dans rentes des opérations du ma- les figures symboliques de la gistere. Lorsqu'il est préparé Philosophie Spagyrique, qui avant la jonction avec le fixe, ne peut mourir qu'avec son ils l'appellent Dragon vo-

DR DU DU EA 119

lant, Dragon igné, dont il DUAMIR. Rullandus dit faut incorporer le sang avec que c'est une espece de ser- le suc de la Saturnie végéta- pent qui entre dans la con- ble. Dragon qui veille sans fection de la thériaque. cesse à la garde de la toison DUDAIM. Mandragore. d'or, ou de la porte du jar- DUELECH. Espece de din des Hespérides; parce tartre qui se forme dans le que le mercure philosophal corps humain, & s'y pétrifie étant très-volatil, est très- dans quelques uns en pierre difficile à endormir, c'est-à- spongieuse, particulierement dire à fixer; & l'on ne peut dans les reins & dans la ves- le faire qu'avec le secours du sie, & chez d'autres dans la suc des herbes que Médée poitrine; c'est pourquoi on indiqua à Jason. en a vû qui crachoient des Dragon DE'VORANT, pierres. lorsqu'après avoir été mêlé DUENECH. Nom que avec l'or, il le dissout, & le quelques Chymistes Hermé- réduit en sa premiere ma- tiques ont donné à leur ma- tiere. tiere au noir, qu'ils appellent Dragon ADOUCI. encore le Laiton qu'il faut Mercure doux. Rulland. blanchir. On le nomme aussi Les deux Dragons de Fla- Duenech vert ou Antimoine. mel, sont le fixe & le vo- DUENEGE. C'est le latil. vitriol. Le Dragon IGNE' dont DUENEZ ou DAE- le sang s'incorpore avec la NECK. Limaille de fer. Saturnie végetale, c'est le DUNEQUER. Borax. soufre des Philosophes qui DUZAMA. Ouvrage de s'unit avec le mercure. la pierre. Dragon VOLANT. DYAMASSIEN ou Voyez Dragon Ailé. DIAMASCIEN. Fleur Le Sang du Dragon. d'airain.

C'est, chez les Chymistes E. vulgaires, la teinture d'an- timoine. EACUS ou EAQUE. Dragon dit simplement. Un des Juges des En- C'est le mercure. fers, fils de Jupiter & d'E- DRIFF. Van-Helmont a gire, fille du fleuve Asope, donné ce nom-là au sable obtint de son pere le repeu- & à la terre vierge. plement de son pays dénué H iv

120 EA EA de sujets, qui étoient morts Eau FE'TIDE. Aqua Foe- de la peste, en changeant tida. C'est le mercure phi- des fourmis en hommes. losophique. Voyez l'explication de cette Eau CORRODENTE. fiction dans les Fables Egyp- C'est le vinaigre & toute li- tiennes & Grecques dévoi- queur corrosive. lées, liv. 3. ch. 14 §. 5. Eau HOLSOBON. C'est EAU. Les Philosophes l'eau du sel extrait du pain. chymiques se servent sou- Eau DE LIS. Aqua Lilii. vent de ce terme, non pas C'est l'eau d'orpiment. pour signifier l'eau commu- Eau DE MERCURE. ne, mais leur mercure. Ils y C'est le mercure même des joignent ordinairement quel- Philosophes. ques adjectifs, comme Eau PHILOSOPHIQUE. Eau CE'LESTE. Aqua C'est, selon quelques-uns, le Coelestis. C'est l'eau-de-vie vinaigre sublimé; selon d'au- rectifiée, non l'eau-de-vie tres, l'esprit de vin circulé, ordinaire, mais leur quin- enfin leur eau permanente & tessence mercurielle. mercurielle, qui ne mouille Eau DU CIEL. Aqua point les mains. Coelestina. C'est leur mer- Eau PALESTINE. C'est cure même. Quelquefois ils la fleur d'airain, ou le vert- entendent par ce mot l'esprit de-gris. de vin bien rectifié, parce Eau DE PLUYE. Aqua qu'il est d'une nature si lé- Pluvialis. C'est l'eau douce gere & si facile à se subli- commune. mer, qu'il semble participer Eau ROUGE. C'est l'eau de celle du Ciel. Rulland de vitriol ou de leur soufre; Eau D'ALREGI. C'est qu'ils appellent aussi Aqua l'eau de chaux. megi, Aqua segi. Eau DU CERVEAU. Eau DES PHILOSOPHES. Aqua Cerebri. En termes de Voyez Mercure des Phi- Chymie, c'est de l'huile de losophes. Quelques Chy- tartre par défaillance. mistes ont cru mal-à-propos Eau D'ELSABON. C'est que c'étoit du vinaigre dis- le sel commun réduit en eau tillé, d'autres l'eau-de-vie par l'humidité de l'air. du vin, ou l'esprit de vin Eau DES FE'CES DU rectifié, sur ce que Raymond VIN. C'est l'huile de tartre Lulle dit que leur quintes- par défaillance. sence est tirée du vin, &

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qu'il l'appelle quelquefois Chymistes entendent par ces Vin; mais ils auroient vû termes, tantôt l'esprit de ni- leur erreur, s'ils avoient fait tre, tantôt le sel alkali, & attention que Raymond Lul- tantôt l'eau-forte. le lui-même, dit qu'il ne faut Eau PERMANENTE. pas l'entendre à la lettre, & Nom que les Philosophes que quand il dit que les Phi- Hermétiques ont donné à losophes tirent leur mercure leur mercure. du vin, il ne parle que par Eau VENIMEUSE. Lune similitude; & que ce mer- des Sages. cure, ou eau philosophique, Eau ARSENICALE. Lion s'extrait de la mer rouge des vert des Philosophes. Voyez Philosophes. Voyez le Tes- Arsenic. tament de Raymond Lulle, Eau ROUGE, Eau SA- & son traité de la Quintes- FRANNE'E, Eau MORTE. sence. Eau du soufre des Philoso- Eau PURIFIE'E. Ma- phes. gistere au blanc. Eau DES DEUX FRERES Eau-FORTE. Aqua for- EXTRAITE DE LA SOEUR. tis. Les Philosophes Hermé- C'est le sel armoniac phi- tiques n'entendent pas par losophique. ces termes l'eau-forte com- Eau-FORTE ou DE SE'- mune, ni l'eau-régale des PARATION. Lorsque les Chymistes ordinaires, mais Chymistes Hermétiques di- leur mercure, qui dissout sent dans leurs écrits, qu'il tous les corps d'une dissolu- faut dissoudre tel ou tel corps tion naturelle, sans corro- dans l'eau-forte, ils enten- sion, & sans détruire la se- dent leur vinaigre très-aigre, mence germinative des mé- leur eau pontique, leur mer- taux & des autres corps cure, & non les eaux-fortes sublunaires; parce qu'ils pré- composées par la Chymie tendent que ce mercure est ordinaire; parce que les Sa- le principe de ces mêmes ges demandent une dissolu- corps. tion radicale des corps, & Eau MARINE, en ter- non une dissolution impar- mes de science Hermétique, faite, telle que celle des signifie leur mercure; parce eaux-fortes ou eaux-régales qu'il est extrait de ce qu'ils dont on se sert communé- appellent leur Mer rouge. ment. Eau DE NITRE. Les Eau-DE-VIE. C'est le

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mercure même des Philoso- eaux-fortes; telles sont les phes, leur quintessence, & eaux ou esprits de miel, de non l'eau distillée du vin. la corne de cerf, des ani- Quelquefois ils donnent ce maux, des plantes mêmes, nom à des eaux composées comme le vinaigre distillé, d'esprit de vin & de plusieurs l'esprit de vin rectifié. Les drogues propres à guérir di- eaux-fortes sont ordinaire- verses maladies. ment composées de miné- Eau SALMATINE. C'est raux corrosifs, & ne font ja- l'eau de mer. mais une dissolution radi- Eau SATURNIENNE. cale. Ce sont des especes de Aqua Saturnia. C'est celle limes qui réduisent les corps qui contient la nature des en poudre, mais non en leur trois premiers principes, telle premiere matiere. que celle des bains chauds, Eau SE'CHE, qui ne les eaux minérales, qui sont mouille point les mains. A naturellement médicinales. cet égard il faut faire atten- Quelques-uns entendent par tion que ceux d'entre les Sa- Eau Saturnienne, celle qui ges qui donnent ce nom à se filtre par les pores de la leur mercure, suivent la voie terre, & dont se font les pier- séche dans l'opération du res précieuses transparentes. magistere; parce que ceux Rulland. qui suivent la voie humide, Eau DE MEGI. Voyez comme Paracelse, Basile Va- Eau Rouge. lentin, &c. appellent leur Eau DE SEGI. Voyez mercure Lait de vierge, à Eau Rouge. cause qu'il est en liqueur Eau DISTILLE'E. Les Phi- blanchâtre, & qui mouille losophes Hermétiques en- les mains, au lieu que l'au- tendent souvent par ces ter- tre est un mercure coulant, mes, tantôt de l'eau simple de la nature du mercure vul- distillée de quelque matiere gaire. que ce puisse être, tantôt des Eau VENIMEUSE, parce eaux-fortes & de dissolution. qu'il semble tuer les métaux Sous les eaux simples distil- par son venin, en détruisant lées, ils comprennent cer- leur configuration extérieure tains secrets spécifiques pour & en les réduisant à leur pre- dissoudre les corps sans cor- miere matiere; ce qu'ils ont rosion; elles ont plus de feu dit par similitude avec les & moins d'acrimonie que les venins qui tuent le corps hu-

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main, après la mort duquel qu'elle a en effet une odeur ils le réduisent à ses premiers de pourriture comme l'assa- principes, qui est la cendre. foetida. Eau DE MER ou Eau Eau MINE'RALE; parce SALE'E DES SAGES. Voyez qu'elle est tirée du régne mi- Mercure Chymique. néral, & qu'elle est métal- Quelques Chymistes pre- lique. nant ces termes à la lettre, Eau DE CE'LESTE GRA- ont cru que la matiere d'où CE; parce que la science qui les Sages tirent leur mercure apprend à extraire ce mer- étoit l'eau de la mer propre- cure de sa miniere, est un ment dite mais ils doivent don de Dieu & une faveur avoir appris que les Philo- céleste. sophes ne s'expriment dans Eau DES EAUX; parce leurs Livres que par simili- qu'elle est en effet une eau tude, & par énigmes. principe qui contient la subs- Eau DE NUE'ES. Voyez tance des quatre élémens. Mercure. Eau MONDIFIE'E DE LA Eau-DE-VIE DES PHI- TERRE; parce que le mer- LOSOPHES. Quelques-uns cure en est la plus pure par- trompés par les expressions tie. Mais ce nom lui est par- de Jean de Rupe Scissa, & ticulierement donné lorsque de Raymond Lulle, qui par- la matiere est parfaite au lent de leur mercure comme blanc. s'il étoit extrait du vin, ont Eau DE VIE DES SAGES cru mal-à-propos que le mer- se dit aussi de leur élixir par- cure philosophique en étoit fait, & dans l'état qu'il doit une quintessence, ou un sel être pour servir de méde- de tartre; mais ils auroient cine soit au corps humain, dû faire attention que les An- soit aux métaux imparfaits. ciens ne connoissoient peut- Eau PONTIQUE est en- être pas l'esprit de vin, qui se core un des noms du mer- fait par des distillations qui cure des Sages, qu'ils ont leur étoient inconnues, & appellé ainsi à cause de sa qui n'ont été cependant in- ponticité, qui l'a encore fait ventées depuis, que sur les nommer Vinaigre très-aigre. réceptes mal-entendues & Eau CE'LESTE & ELE- répandues çà & là dans leurs MENTAIRE; parce que le écrits. mercure est, selon les Phi- Eau PUANTE; parce losophes, le fils du Soleil &

124 EA EA de la Lune, & la quintes- qu'il lui donna. Enchyridion sence coagulée des élémens. Physicae. Eau DE FEU ou IGNE'E; Eau DORE'E, lorsque le parce que ce mercure con- mercure est parfait au rouge. tient le feu de la Nature, lors- Eau RADICALE DES qu'il est animé, & qu'il a ME'TAUX; parce qu'elle en alors tout ce qui est néces- est la racine & le principe. saire pour être cuit, digéré, Eau VEGETABLE; c'est & pour communiquer en- l'eau-de-vie, ou esprit de suite à l'or une vertu multi- vin rectifié. plicative que ce métal n'au- Eau DE LA MER SALE'E. roit pas par lui-même Voyez Urine. Eau DOUCE, à cause de Eau DES MICROCOS- sa propriété pour dissoudre MES. C'est l'esprit de nitre. l'or & l'argent sans corro- Dict. Herm. sion. Eau DES EQUINOXES. Eau SECONDE; parce C'est proprement la rosée que le mercure est une es- du printems & celle de l'au- pece d'eau-forte, mais dou- tomne, dont les propriétés ce, & qui dissout les métaux sont admirables pour la gué- sans corrosion. rison de beaucoup de mala- Eau ANTIMONIALE- dies, lorsqu'elles sont tra- SATURNIALE-MERCU- vaillées par une main ha- RIELLE; parce que l'anti- bile dans la Spagyrique. Les moine participe beaucoup Philosophes ont donné ce du plomb, appellé Saturne nom à leur mercure pour par les Chymistes, & qu'ils tromper les ignorans; quel- disent que leur Mercure est ques-uns d'entr'eux ayant petit-fils de Saturne. pris ces expressions à la let- Eau DE BLANCHISSE- tre, ont cru que c'étoit la MENT; parce que c'est leur matiere d'où il falloit extraire azoth, avec lequel ils disent le mercure des Sages, & ont qu'il faut blanchir le laiton, perdu leurs peines & leur & lui ôter son obscurité. argent. Eau BENITE; parce Eau EPAISSIE. Mercure qu'ils disent que le secret des Philosophes, dans son pour faire ce mercure est un état de conjonction de l'es- don du Ciel, & que c'est prit avec le corps, ou tel celle que Jacob souhaitoit à qu'il est lorsque les Sages di- Joseph dans la bénédiction sent que le mercure renferme

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tout ce que cherchent les Phi- Eau E'TOILE'E. losophes. Quand l'esprit & Eau FEUILLE'E. le corps sont réunis, & qu'ils Eau AZOTHIQUE. composent ce mercure, on Eau DE VIE METAL- ne les distingue plus par des LIQUE. noms différens, & l'on ne Eau PONDEREUSE. leur donne plus qu'un & seul Eau DU STYX. nom de Mercure, parce qu'il Dans les opérations de la est alors proprement le mer- médecine du troisiéme or- cure animé, ou mercure des dre, ils l'ont nommé Sages. Eau SULFUREUSE. Eau QUI BLANCHIT LA Eau DIVINE. PIERRE INDIENNE. Ma- Eau DES NUE'ES. gistere au blanc. Eau VENENEUSE. Eau DE MONDE. C'est Eau D'OR. le mercure dans l'opération Eau DU PHLEGETON. de la médecine du premier Préparation alchymique du ordre, ou la premiere pré- tartre. Pl. Campi. paration pour le magistere, Eau DE CHASTETE'. Eau de même que les eaux sui- composée dont se servent vantes. ceux qui veulent garder la Eau E'LEVE'E. continence avec plus de fa- Eau EXALTE'E. cilité. On en trouve la ré- Eau DE L'ART. cepte dans le livre d'Adrien Eau ARDENTE. Mynsicht, pag. 286. Eau DE FONTAINE. Eau DES DAMES ou DE Eau MONDIFIANTE. FARD, est une eau qui adou- Eau PREMIERE. cit la peau, la blanchit, & Eau SIMPLE. donne un teint frais. Voyez Eau DE SANG. Mynsich, pag. 189. Lorsque les Philosophes Eau D'AMOUR. Nom ont donné le nom d'Eau à que Beguin, dans sa Chy- ce mercure dans le tems de mie, a donné à une eau ex- la seconde préparation ou la traite du sang humain, au médecine du second ordre, moyen de laquelle il pré- ils l'ont appellé: tendoit composer un philtre Eau PESANTE. propre à concilier & conser- Eau DE TALC. ver l'amour entre les époux. Eau DE VIE. Eau DE SANTE', est une Eau D'URINE. eau distillée du sang hu-

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main, des fleurs de cheli- ou Enigme du Cosmopolite. doine, du miel vierge, & ECHEL. Matiere de l'oeu- de plusieurs aromates. Pa- vre au noir très-noir, ou en racelse appelle cette eau, putréfaction parfaite. Baume sur tout autre bau- ECHIDNA. Femme de me; & le recommande beau- Typhon, & mere du dragon coup dans la Médecine. Python, qui n'est autre que EBDANIC. Le Mars l'anagramme de Typhon; ou le fer. elle engendra aussi le dragon EBEL. Semence de la qui gardoit le jardin des Hes- sauge, suivant quelques-uns; pérides, celui qui défendoit & les bayes de genievre, l'entrée de la forêt de Mars si nous en croyons Rullan- où étoit suspendue la toison dus. d'or. Typhon & Echidna EBISEMET. Randeric. n'ont engendré que des dra- EBISEMETH. Matiere gons ou des serpens; ce qui des Chymistes Hermétiques a fait croire aux Philosophes dans le tems de sa putré- Hermétiques que toutes les faction. fables que l'on rapporte sur ECHENEIS. Petit pois- le compte des uns & des au- son de la forme d'une grande tres, ne sont que des allégo- limace, lequel, si nous en ries des opérations de la croyons Pline le Naturaliste, pierre philosophale. Echid- a la vertu d'arrêter subite- na, selon eux, dénote la ment les plus gros vaisseaux substance froide & humide, qui voguent à pleines voiles, qu'ils employent, & qu'ils dès qu'il s'y attache. Cet Au- nomment la Lune, la Soeur, teur dit que Marc-Antoine à la Femme, la Femelle, la bataille d'Actium, & Ca- Beïa, &c. & Typhon est ligula en éprouverent mal- l'autre partie de leur matiere heureusement les effets. Liv. qu'ils appellent leur Soleil, 9. ch. 25. & liv. 32. ch. 1. le Mâle, le Feu, Gabri- Quelques Philosophes Her- tius, Kibrik, &c. mais dans métiques ont donné le nom le tems de la putréfaction d'Echeneis à leur matiere des ingrédiens ou principes fixe, parce qu'elle fixe celle philosophiques de l'oeuvre. qui est volatile, en se réu- Voyez les Fables Egypt. & nissant avec elle, pour ne Grecques dévoilées. faire plus qu'un corps insé- Echidna est aussi un parable. Voyez la Parabole nom de la vipere femelle.

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ECHIS. C'est la vipere EDETZ. Or vulgaire mâle. préparé hermétiquement. ECLIPSE DU SOLEIL EDIC & EDICH. Le ET DE LA LUNE. Les Mars, ou le fer. Philosophes Chymistes di- EDIR. L'acier philoso- sent que le Soleil & la Lune phique, & l'acier fin. sont éclipsés, lorsque leur EDULCORER. Laver matiere est dans une entiere une matiere salée, jusqu'à dissolution, & qu'elle res- en ôter tout le sel. Ce terme semble à de la poix fondue; vulgairement pris, signifie parce qu'ils appellent leur aussi adoucir l'âcreté & la matiere Soleil & Lune, & propriété corrosive des sels, que dans l'état de putréfac- esprits ou autres matieres. tion, qui est un état de téné- Raymond Lulle a employé bres, leur matiere a perdu plus d'une fois ce terme pour son éclat. signifier la cuisson ou diges- ECORCE DE LA MER. tion du mercure des Philo- C'est le vinaigre antimonial- sophes jusqu'à sa fixation. saturnien d'Artephius, le vi- EFFERVESCENCE. naigre très-aigre des Philo- Terme de Physique, qui si- sophes, ou leur mercure. gnifie l'action de deux mix- Ecorce NOIRE. C'est tes, qui, en se pénétrant, l'écorce de mer en putré- produisent de la chaleur, faction. comme il arrive dans pres- ECUME DE LA MER que tous les mêlanges des ROUGE. Matiere des Phi- acides & des alkalis, & la losophes préparée pour l'oeu- plupart des dissolutions mi- vre, ou miniere de leur mer- nérales. Homberg. cure. Flamel est le premier EFFUSION. Premiere qui ait donné ce nom à cette purification de la pierre des miniere. Sages, ou la médecine du Ecume DES DEUX premier ordre. DRAGONS. C'est la matiere EFFYDES ou EFFI- au noir. Quelques Chymis- DES. Céruse. tes ont donné ce nom au EGE'E. Fils de Pandion, beurre d'antimoine Roi d'Athènes, pere de Thé- Ecume DE VERRE. Sel sée qu'il eut d'Ethra. Pour de soude, ou sel qui surnage remplir les conditions d'un le verre pendant sa fusion. traité que les Athéniens EDES. Or de Sages. avoient fait avec Minos,

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Roi de Candie, Egée y en- ils avoient conspiré. Ho- voyoit tous les ans sept jeu- mere, Iliade, liv. 1. nes gens qui y devoient com- Les Dieux lui donnoient le battre le Minotaure renfermé nom de Briarée, & les hom- dans le labyrinthe; le sort mes celui d'Egeon. Voyez échut sur Thésée à la qua- Briarée, Géants. triéme année. II partit avec EGIALE'E. Frere de des voiles noires, suivant Médée, autrement nommé l'usage; & en cas qu'il revînt Absyrthe, dont voyez l'ar- victorieux, Thésée devoit ticle. substituer des voiles blan- EGILOPS. Fétu. ches aux noires lorsque son EGINE. Fille d'Asope & vaisseau seroit parvenu à la mere d'Eaque. V. Eaque. hauteur de l'Attique. Thé- EGISTHE, fils de sée oublia de faire ce chan- Thyeste & de Polopeie sa gement de voiles, dont il fille, tua son oncle Atrée, étoit convenu avec son pe- devint amoureux de Cly- re; celui-ci ayant apperçu temnestre, & fit mourir Aga- de loin les voiles noires du memnon son époux. Oreste, vaisseau de Thésée, crut qu'il fils de ce dernier, vengea la avoit péri comme les autres mort par celle d'Egisthe & dans le combat du Minotau- de Clytemnestre. Voyez ce re; le désespoir le prit, & il que signifient ces crimes pré- se précipita du haut du ro- tendus, dans les Fab. Egypt. cher où il étoit, dans la mer. & Grecq. dévoilées, liv. 3. Voyez l'explication de cette chap. 14. §. 4. fiction dans les Fables Egyp- EGLE'. L'une des Hespé- tiennes & Grecques dévoi- rides, filles d'Hesper. Voyez lées, liv. 5. ch. 22. & liv. 6. les Fables Egypt. & Grecq. ch. 3. dévoilées, liv. 2. ch. 2. EGEON ou BRIARE'E. ELAIS. Voyez Doripe. Géant d'une grandeur énor- ELANULA. Alun des me, fils du Ciel & de la Philosophes. Terre. Les Poëtes ont feint ELAQUIR. Couperose, qu'il avoit cent bras & cin- ou vitriol vert. quante ventres; qu'il com- ELEAGNON. Arbris- battit contre les Dieux, & seau appellé Agnus Castus. les mit en déroute; ce qui ELECTRE. Les Philo- les obligea de faire la paix sophes ont ainsi appellé une avec Jupiter contre lequel de leurs matieres; Paracelse

EL EL 129 la nomme Electre immeur. Electre. Mêlange des C'est la même qu'Artephius sept métaux fondus ensem- nomme moyenne substance ble pour n'en faire qu'un entre la mine & le métal. même composé. Théophr. Elle est une chose ni tout-à- C'est d'une semblable com- fait parfaite, ni tout-à-fait position qu'étoit faite la clo- imparfaite. Elle étoit en voie chette de Virgile du tems du de perfection; mais la Nature Roi Artus, par le son de ayant trouvé des obstacles laquelle l'histoire rapporte dans ses opérations, l'a lais- qu'il précipitoit du haut d'un sée imparfaite; c'est pour- pont dans la riviere, tous quoi les Philosophes disent ceux qui passoient sur ce qu'il faut commencer où la pont, coupables d'adulteres, Nature a fini. Cet Electre hommes ou femmes. Rull. est de race de Saturne, c'est Paracelse rapporte qu'il a vû pourquoi quelques-uns l'ont un Espagnol ayant une clo- appellé Vénus qui a été sur- chette semblable, sur la- prise par Vulcain en adul- quelle il y avoit divers ca- tere avec Mars. D'autres racteres gravés, & qu'au son l'ont nommé Diane, parce de cette clochette l'Espagnol qu'il a un bois qui lui est con- faisoit paroître & disparoître sacré. C'est dans cette forêt des spectres, & d'autres pro- qu'étoit suspendue la toison diges, à sa volonté. d'or. Il est nommé Electre, Electre. Fille d'Atlas, parce qu'il est composé de l'une des Pleyades. Voyez deux substances; & Electre Atlas. immeur, parce qu'il doit ve- Il y eut une Nymphe de nir à sa maturité par les opé- ce nom, fille de l'Océan & rations de l'Artiste. Cet Elec- de Thétis; celle qui fut fille tre est proprement la Lune d'Atlas devint mere de Dar- des Philosophes, qu'ils ap- danus, par le commerce pellent quelquefois Eau, qu'elle eut avec Jupiter. quelquefois Terre, Plante, Voyez le liv. 6. des Fables Arbre, Dragon, Lion vert, Egypt. & Grecq. dévoilées. Ombre du Soleil, &c. ELECTRUM SUCCI- Electre est aussi un des NUM. C'est, suivant Pla- noms que les Philosophes niscampi, une espece d'am- Hermétiques ont donné à bre artificiel, ou matiere mé- leur magistere parvenu à la tallique composée de quatre couleur blanche. parties d'or le plus fin, &

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d'une cinquième d'argent le physique, ou mathématique. mieux coupellé. Les vases Physiquement, en tant qu'ils qu'on en forme, dit le même produisent les corps, les Auteur, manifestent le ve- nourrissent, les conservent, nin ou poison qu'on y auroit ou les détruisent. Ils les con- versé, mêlé avec quelque li- sidérent mathématiquement, queur que ce soit: cette ma- en tant qu'ils servent aux usa- tiere fait alors un bruit com- ges méchaniques, comme à me si le vase craquoit & brûler le bois, aux impul- éclatoit, & forme une es- sions, à la navigation, au pece d'arc très-visible. mouvement. 4 . Ils le pren- ELEI ou ELEIXIR. Mé- nent souvent pour l'essence decine Hermétique, ou or & la substance même des potable. individus, & pour leur for- ELEISIR. Elixir philoso- me; comme l'élement de phique parvenu au blanc. Vénus est la substance du ELEMENT. On a dis- cuivre, c'est-à-dire, les prin- puté long-tems sur le nom- cipes; de même que l'on dit bre & les qualités des éle- les Elemens d'une Science, mens. Les Péripathéticiens pour dire les Principes de en admettoient quatre, le cette Science. feu, l'air, la terre & l'eau, Il n'y a point d'élement auxquels ils attribuoient des simple; la terre, par exem- qualités séches ou humides. ple, est un composé de ter- C'étoient, selon eux, des re, d'eau, d'air & de feu. Il corps simples, & néanmoins en est de même des autres principes de tous les êtres trois; & on donne à chacun composés, selon la diversité le nom de celui qui y do- de leur mélange. mine. L'excès y cause de Les Chymistes prennent l'altération, & la proportion ce terme en quatre sens dif- dûe du mêlange y occasion- férens. 1 . Dans le sens d'A- ne du repos. Ils agissent tous ristote, pour un corps sim- les uns sur les autres; & si ple, principe constituant c'est directement, ils s'alté- avec le ciel toute la masse rent. Le feu agit sur l'eau par du monde. 2 . Pour le prin- le moyen de l'air, sur la terre cipe des mixtes, existant en au moyen de l'eau; s'il y agit puissance ou en acte dans immédiatement, il la brûle. tous les corps sublunaires. L'air est la nourriture du feu, 3 . Suivant son existence l'eau sert d'aliment à la terre,

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& tous agissent de concert ELIDRION. C'est le pour la formation & la com- mercure. position des mixtes. Voyez ELIDRIUM. Mastic. le Traité de Physique gené- ELIOS ou LE SOLEIL. rale, dans la premiere partie Un des huit grands Dieux des Fables Egypt. & Grecq. de l'Egypte, suivant Héro- dévoilées. dote. Voyez Apollon. ELEMPTIS. Or ou So- ELIXIR. (Sc. Herm.) leil des Sages. L'élixir n'est autre chose, se- ELEPHAS SPAGYRI- lon le bon Trévisan, que la QUE. Eau-forte. réduction du corps en eau ELERNA. Mine de mercurielle, & de cette eau plomb. on extrait l'élixir, c'est-à- ELESMATIS. Plomb dire un esprit animé. Le ter- brûlé. me Elixir vient étimologi- ELEUSIS, Roi d'une quement de E & lixis, c'est- Ville de même nom dans à-dire, de l'eau; parce que l'Attique, accueillit très-gra- dans l'oeuvre tout se fait avec cieusement Cérès dans le cette eau. tems qu'elle cherchoit sa fille L'Elixir est la seconde Proserpine que Pluton lui partie, ou la seconde opéra- avoit ravie. Cérès par recon- tion de l'oeuvre des Sages, noissance, facilita les cou- comme le Rebis est la pre- ches d'Ione, épouse d'Eleu- miere, & la Teinture la troi- sis, & se chargea de nourrir siéme. D'où l'on doit con- Triptoleme qu'Ione mit au clure que l'azoc n'est point monde. Pendant le jour elle requis pour l'élixir, puisqu'il lui donnoit de l'ambrosie, & se tire de l'élixir même. Il pendant la nuit elle le ca- y a trois sortes d'élixirs dans choit sous le feu allumé. le magistere. Le premier est Ayant été découverte, Cé- celui que les Anciens ont ap- rès se retira, & apprit à Trip- pellé Elixir des corps. C'est toleme l'agriculture, qu'elle celui qui se fait par la pre- lui ordonna d'enseigner aux miere rotation, qui est pous- hommes. C'est dans cette sée jusqu'au noir. Le second Ville que furent instituées les se fait par sept imbibitions, fêtes célébres de Cérès, ap- jusqu'au blanc & au rouge. pellées Mysteres Eleusiens. Le troisiéme, appellé Elixir Voyez les Fables Egypt. & des esprits, se fait par la fer- Grecq. dévoilées, l. 4. c. 2. mentation. Ce dernier se I ij

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nomme aussi Elixir du feu. mentation causée par la pou- C'est avec lui que se fait la dre de projection, qui y sert multiplication. comme de levain à la pâte, Elixir PARFAIT AU & y occasionne ce change- BLANC. Termes dont les ment subit qui du plomb, Chymistes Hermétiques se mercure, cuivre, &c. fait servent pour exprimer l'état un or vrai, & même plus de leur matiere cuite, digé- parfait que l'or des mines. rée & calcinée à blancheur. Cet Elixir est aussi mé- Lorsqu'elle est jointe à son decine pour le corps hu- ferment & qu'elle a atteint main; Raymond Lulle s'é- ce degré de perfection, elle tend fort au long sur les pro- convertit en argent tous les priétés de cette panacée, & métaux imparfaits sur les- dit avoir été tiré des portes de quels elle est projettée. Elle la mort par son secours. Her- est alors également méde- mès l'appelle la Force de tou- cine pour les végétaux & les te force, & les Alchymistes minéraux; elle est propre à Or potable, dont voyez l'ar- faire les pierres précieuses, ticle. les perles. C'est la vraie huile Elixir COMPLET. de Talc tant vantée des An- Teinture corporelle extraite ciens. Quelques Philosophes des corps parfaits métalli- ont prétendu qu'elle étoit ques, au moyen d'une vraie aussi médecine pour le corps dissolution, & d'une natu- humain, mais particuliere- relle & parfaite congélation. ment pour les femmes; par- D'autres le définissent un ce qu'étant moins ignée que composé des especes lim- lorsqu'elle est parfaite au rou- pides & les plus pures des ge, elle est plus tempérée, choses, d'où il en résulte un & plus propre aux maladies antidote ou médecine, qui du sexe féminin. purge & guérit les animaux Elixir PARFAIT AU de toutes leurs maladies. ROUGE. Ouvrage de la Cet Elixir est composé pierre poussée à sa perfec- de trois choses, sçavoir de la tion. Les Philosophes lui ont pierre lunaire, de la solaire donné le nom d'Elixir, ter- & de la mercurielle. Dans la me arabe qui signifie fer- lunaire est le soufre blanc, ment, parce que dans la dans la solaire le soufre rou- transmutation des métaux ge, & la mercurielle con- imparfaits il se fait une fer- tient l'un & l'autre.

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ELKALEI. Marais, métiques. Virgile entr'autres étang, mer des Sages. en a fait un détail très-cir- ELMANTES. Vers de constancié dans son récit de terre. la descente d'Enée aux En- ELOANX. Orpiment. fers. On peut voir l'explica- ELOME. Orpiment. tion que j'en ai donnée à la ELOPITINUM. Vitriol. fin du 6e livre des Fables ELOS-MARIS. Plomb Egypt. & Grecq. dévoilées. brûlé. ELZARON. C'est le sel ELPIS. Scorie d'argent. des Sages, qu'ils appellent ELPOSILINGI. Ecume leur corps, leur gomme. Pre- ou écaille de fer. nez le corps clair, pris sur les ELQUALITER. Vitriol petites montagnes, qui ne se vert. fait point par la putréfaction, ELTZ. Fleurs d'airain. mais par le seul mouvement. ELURUS ou le Dieu Broyez ce corps avec la Chat. Dieu des Egyptiens. gomme Elzaron & les deux Voyez Chat. fumées. Car la gomme Elza- ELYSE'ES (les Champs). ron est le corps qui saisit l'es- Lieu de retraite & de délices prit. Marie, Epit. à Aros. que les ames des justes al- ELZIMAR. Fleurs d'ai- loient habiter après la mort, rain. pendant que celles des mé- EMA. Sang. chans alloient subir dans le EMBLEGI. Mirabolans. Tartare les tourmens & les EMBLE^ME. Les Philo- supplices auxquels Minos, sophes Hermétiques se sont Eaque & Rhadamante les expliqués plus souvent par condamnoient. Les Poëtes emblémes & par énigmes Grecs & Latins ont tâché de que dans des discours suivis nous donner des Champs & à la portée de tout le Elysées l'idée la plus flatteu- monde. D'Espagnet prétend se, la plus attrayante, & la même qu'il est plus aisé de plus aimable. La description pénétrer leurs pensées & de qu'ils en font est à peu près dévoiler leurs sentimens dans la même que celle de l'isle leurs emblémes que dans de Nisa, où ils disent que leurs écrits. Michel Majer a Bacchus fut nourri, & celle- fait un traité entier d'Emblê- ci est très-conforme à la des- mes Hermétiques, qui a pour cription que les Philosophes titre: Athalanta fugiens. Ce font de l'isle des Sages Her- même ouvrage est connu I iij

134 EM EM sous le titre Secretissimorum par allégories. C'est lui que Naturae secretorum scruti- la Fable nous représente sous nium. D'Espagnet dit qu'on le voile de la naissance de y voit les secrets des Adep- Bacchus, d'Esculape, d'A- tes presqu'aussi clairement chille; & la maniere de le représentés que dans un mi- faire, par le récit de l'éduca- roir. C'est aux amateurs de tion que Chiron le Centaure cette Science à décider si ce leur a donné. Apollon & témoignage est mérité. Diane freres jumeaux, en- EMBRYON. Les Philo- fans de Jupiter & de Latone, sophes chymiques donnent sont cet embryon devenu en- aussi ce nom à leur mercure fant, puis en âge d'homme; avant qu'il soit extrait de sa & lorsque la Fable ajoute miniere, & à leur soufre lors- que Diane servit de sage- qu'il n'est pas encore mani- femme pour mettre au jour festé. Michel Majer dans ses Apollon, c'est que le soufre Emblêmes chymiques les re- rouge ne doit jamais paroî- présente sous la forme d'un tre avant le blanc: ce der- enfant placé au nombril d'un nier s'appelle le régne de la homme qui a les bras éten- Lune, & l'autre celui du So- dus, & dont les doigts & les leil. Ainsi la Fable s'expli- cheveux brûlent & exhalent que fort aisément suivant les une épaisse fumée, avec ces interprétations des Philoso- termes au-dessous: Le vent phes chymiques, comme on l'a porté dans son ventre. peut le voir dans les articles Dans un autre emblême, Jupiter, Esculape, Apol- une femme ayant un globe lon, &c. au lieu de poitrine, sur le- EMERAUDE DES quel s'élevent deux mam- PHILOSOPHES. Nom melles alaite un enfant, qu'ils ont donné au flos coeli, qu'elle soutient de la main & quelques-uns à la rosée droite, avec ces paroles: La des mois de Mai & de Sep- Terre est sa nourrice, le So- tembre. Ils regardent cette leil est son pere, & la lune derniere comme le mâle, sa mere. parce qu'elle est plus cuite & Toutes ces expressions doi- digérée par les chaleurs de vent être prises à la lettre, & l'été; & l'autre ils l'appellent ne sont point énigmatiques. femelle, parce qu'elle est plus Mais lorsqu'ils parlent de froide, plus crue, & qu'elle leur soufre, ils ne le font que participe plus de l'hiver.

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Quelques Chymistes pre- trême qui lui survient dans nant ces paroles à la lettre, cet état de putréfaction. ont crû que la rosée étoit la ENDE'IDE ou EN- matiere dont les Philosophes DE'IS. Mere de Pelée, Hermétiques firent leur mer- pere d'Achille. V. Pelée. cure, parce qu'ils disent sou- ENE'E, fils de Vénus & vent dans leurs livres que le d'Anchyse, fut un des prin- mercure est mâle & femelle; cipaux Héros qui défendi- & se sont imaginés en con- rent la Ville de Troye con- séquence que l'union de la tre les Grecs, qui ne s'en rosée de Mai avec celle de rendirent maîtres qu'au bout Septembre formoit le ma- de dix ans de siége. Enée se riage si recommandé par les réfugia en Italie, & pendant vrais Chymistes. Mais ils au- son voyage il fit sa descente roient dû faire attention que aux Enfers, accompagné de la matiere de leur mercure la Sibylle, qui lui servit de doit être minérale, parce guide. Voyez à la fin du 6e que d'un boeuf il ne naît livre des Fables Egypt. & qu'un boeuf, d'un homme un Grecques dévoilées. homme, & que l'on se trom- ENESTRUM. C'est, dit peroit lourdement si d'un ar- Planiscampi, le firmament bre ou d'une plante on vou- perpétuel aux élémens qua- loit faire un métal. druples, ou esprit prophéti- EMPATER. Congéler, que, qui par des signes pré- fixer la matiere volatile de cédens, présage assurément l'oeuvre des Sages. le futur. ENCARIT. Chaux vive; ENFANT. Les Chy- mais c'est celle des Philoso- mistes Hermétiques donnent phes, & non la chaux avec assez souvent ce nom à leur laquelle on bâtit. soufre, & quelquefois à leur ENCE'LADE. Géant mercure. Les quatre enfans que l'on a souvent confondu de la Nature sont les quatre avec Typhon. Il fut fou- élémens, desquels elle se sert droyé par Jupiter dans le pour former tous les êtres combat des Géants contre sublunaires. Les Alchymis- les Dieux. V. Géants. tes disent que deux de ces ENCRE. Matiere de élemens sont mâles & deux l'oeuvre dans le tems de sa femelles, deux pesans & parfaite dissolution, ainsi deux légers. Les Philosophes nommée de la noirceur ex- chymistes trouvent cet en- I iv

136 EN EN fant formé par la Nature, & ter le degré outre mesure. tout leur secret consiste à le On y voit aussi le terme Af- tirer de sa matrice ou mi- flamber, dans le même sens. niere; ils le nourrissent en- ENGENDREMENT suite d'un lait qui lui est pro- ET NOCES. C'est le tems pre, le même que Thétis où le volatil & le fixe de la donnoit à Achille, & ils en matiere de l'oeuvre se dissol- forment leur soufre. Cet en- vent ensemble, & se réunis- fant est, selon eux, plus no- sent pour n'être plus séparés. ble & plus parfait que ses De ces deux il s'en forme pere & mere, quoiqu'il soit par conséquent un troisiéme, fils du Soleil & de la Lune, qu'on dit engendré, parce que que la Terre ait été sa pre- les Philosophes donnent le miere nourrice. nom de mâle au fixe, & ce- ENFER. Les Philosophes lui de femelle au volatil. Hermétiques appellent de ce ENGENDRER. Voyez nom le travail inutile, & l'article précédent. pour ainsi dire éternel, des E'NIGME. Discours allé- faux Alchymistes, qui sont gorique, qui sous une enve- continuellement au milieu loppe de mots ambigus & des fourneaux allumés, & équivoques, renferme un qui ne voyent jamais Dieu, sens vrai. Les anciens Phi- quoiqu'ils le desirent sans losophes ont enseigné leur cesse; c'est-à-dire, qui ne Philosophie naturelle & chy- parviennent point à la per- mique sous des emblêmes, fection du grand oeuvre, qui des figures hiéroglyphiques leur donneroit tout ce qui & des énigmes, afin que le peut satisfaire le coeur hu- vulgaire & même les sça- main dans cette vie. Quel- vans, qui ne seroient pas ini- quefois ils appellent du nom tiés dans leurs mysteres, n'y d'Enfer leur matiere en pu- comprissent rien. Les Al- tréfaction, parce que le noir chymistes modernes suivent est l'image des tenébres, & en cela les anciens. que l'Enfer est un lieu de té- ENNA. Prairies où Pro- nébres & d'horreur. serpine cueilloit des narcisses ENFLAMBER. Vieux dans le tems que Pluton l'en- mot que l'on trouve dans les leva. V. Proserpine. ouvrages de Flamel & du ENNEMI. L'un des noms Trévisan, pour signifier don- que les Philosophes ont don- ner trop de feu, en augmen- né à leur matiere au blanc;

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mais en général ils ont ap- science Hermétique. C'est pellé Ennemis le fixe & le un reproche que les Philo- volatil, parce qu'ils sem- sophes se font les uns aux blent se combattre perpé- autres sur le style énigma- tuellement, au moins jusqu'à tique, les sophistications & ce que l'un des deux ait ab- les allégories qu'ils ont ré- solument vaincu l'autre, & pandues dans leurs livres l'ait rendu de sa propre na- pour tromper les ignorans. ture. Quand le fixe a fixé le Ce terme doit s'entendre volatil après avoir été lui- dans le sens que l'on dit, un même volatilisé, les Adep- homme est jaloux de son se- tes disent qu'ils ont fait la cret, il le tient caché. Il est paix entre les ennemis, parce à remarquer que ceux qui qu'alors ils deviennent telle- font de tels reproches aux ment unis qu'ils sont insépa- autres Philosophes méritent rables. très-souvent ce nom à plus ENTALI. Alun de plu- juste titre, & dans les en- me. droits mêmes où ils parois- ENTRANT. Qui péné- sent parler avec la plus gran- tre, qui a de l'ingrès. Les de ingénuité, c'est alors qu'il Philosophes disent que leur faut se défier le plus de leurs poudre de projection est par- discours. Car toutes leurs ré- faite, lorsque par la cuisson cettes sont communément elle est devenue entrante, ce qu'on appelle de la graine fondante & tingente; parce pour les sots; c'est dans les qu'alors elle a toutes les pro- endroits les plus obscurs & priétés requises pour la trans- énigmatiques que la vérité mutation. est cachée. Il faut d'ailleurs ENVIE. En fait de scien- sçavoir qu'ils n'ont presque ce Hermétique, ce terme ne jamais tout dit de suite, & signifie pas jalousie du bien que le plus grand nombre d'autrui, & desir de le lui n'a parlé que de la seconde enlever, mais une discrétion opération. poussée à outrance à l'égard ENUR. Vapeur de la du secret de la pierre, c'est- terre qui sert de semence & à-dire, de sa matiere & des de nourriture aux pierres. procédés qu'il faut tenir pour EOUS. Un des chevaux la faire. du Soleil. ENVIEUX. Terme fort EPAPHUS, fils de Ju- usité dans les ouvrages de piter & d'Io, eut dispute

138 EP EP avec Phaëton sur la vérité EPHIALTE & OTUS. de sa race; celui-ci piqué, Deux freres Géants, fils de voulut lui prouver qu'il étoit Neptune; ils firent la guerre véritablement fils du Soleil, Dieux. V. Géants. & pour cet effet demanda EPHODEBUTS. Quel- avec beaucoup d'instances à ques Chymistes ont donné son pere de lui laisser con- ce nom à leur pierre parfaite duire son char un jour seule- au rouge, à cause de la cou- ment. Il l'obtint; mais mal- leur de pourpre du vêtement heureusement pour lui, il le qui portoit autrefois ce nom. mena si mal qu'il auroit in- La Fable dit qu'Apollon en cendié toute la terre, si Ju- prit un semblable, quand il piter ne l'avoit précipité dans chanta sur sa lyre la victoire le fleuve Erydan. Voyez ce que Jupiter remporta sur les que signifie cette fiction dans Géants. les Fables Egypt. & Grecq. EPIPOLAPSIS. Subli- dévoilées, liv. 3. chap. 12. mation philosophique. & suivans. EPOSILINGI. Mâche- EPAR. Plusieurs Chy- fer. mistes ont donné ce nom à EPOSILINGUA. Ecu- l'air. Johnson. me de fer. EPE'E. C'est le feu des EPOUSE. Mercure ou Philosophes, de même que eau mercurielle & volatile la lance, le cimeterre, la des Philosophes, qu'ils ont hache, &c. aussi appellée Soeur, Fem- EPERVIER. Oiseau de me, Beja, &c. proye carnacier & d'une na- Epouse ENRICHIE DES ture chaude & ignée. Les VERTUS DE SON EPOUX. Egyptiens l'avoient en con- (Sc. Herm.) Expressions séquence consacré à Osiris, dont Solomon s'est servi dans & les Philosophes Hermé- le Code de Vérité, pour signi- tiques l'ont employé dans fier la pierre au blanc. So- leurs hiéroglyphes pour si- lomon ajoute, que la puis- gnifier leur matiere fixe so- sance, l'honneur, la gloire, laire, qu'ils ont aussi appel- la force & la royauté lui ont lée Miniere de feu céleste. été données; que sa tête EPHESE ou BAIN. Se- est ornée d'une couronne conde opération de la pierre, rayonnante de sept étoiles, dans laquelle le feu humide & qu'il est écrit sur ses ha- dissout le feu sec. bits: Je suis la fille unique

EP ER ER 139 des Sages, entierement in- rieux, qu'il porta tout vivant connue aux fols. à Eurysthée. Voyez l'expli- EPOUSER. Action par cation de cette fable dans laquelle le fixe & le volatil l'article Eurysthée. de la matiere des Philoso- ERYPILE, l'un des Hé- phes se réunissent insépara- ros Grecs qui firent le siége blement. Ces noces se font de Troye, eut pour sa part dès le tems de la dissolution, des dépouilles de cette Ville & l'union s'acheve dans le un coffre dans lequel étoit tems de la fixation. une statue de Bacchus de la EPOUX. C'est l'or phi- main de Vulcain, que Jupi- losophique. ter avoit donnée à Darda- EQUIVOQUE. Les nus. Erypile ayant ouvert Chymistes Hermétiques se ce coffre & jetté les yeux sont appliqués à embrouiller sur cette statue, devint fu- le sens de leurs paroles, en rieux. Dans un de ces mo- choisissant les termes qui mens d'intervalle que la fu- sont susceptibles de divers reur lui laissoit, il alla con- sens, non pas pour tromper sulter l'Oracle de Delphes, & induire en erreur, puis- qui lui répondit qu'il devoit qu'ils en avertissent le Lec- s'arrêter dans un lieu où il teur, mais pour rendre leurs trouveroit des gens prêts à pensées plus difficiles à pé- offrir un sacrifice barbare, y nétrer. déposer le coffre, & y éta- EREBE, Dieu né du Ca- blir son domicile. Erypile hos & des Ténébres, épousa se rembarqua, se laissa aller la Nuit, & en eut divers en- au gré des vents, & aborda fans, Voyez Enfer. à la côte de Patras, où étant ERICHTONIUS. Fils descendu dans le tems qu'on de Dardanus, Roi de Troye. alloit immoler un jeune gar- Voyez le livre 6. des Fables çon & une jeune fille à Dia- Egypt. & Grecq. dévoilées. ne Triclaria, il se présenta ERIDAN. Fleuve d'Ita- avec son coffre; on inter- lie dans lequel Phaëton fut rompit le sacrifice, & on ou- précipité, pour avoir mal vrit le coffre, persuadé qu'il conduit le chariot du Soleil y avoit dedans quelque Di- son pere. V. Phaëton. vinité. Ils reconnurent Bac- ERYMANTHE. Mon- chus, & instituerent une fête tagne d'Arcadie sur laquelle annuelle en son honneur, Hercule prit un sanglier fu- & le nommerent Bacchus

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Esymnete. Erypile guérit de toute son histoire fabuleuse sa fureur, & fixa sa demeure n'est qu'une allégorie des dans ce pays-là. Voyez les opérations & de la matiere Fables Egypt. & Grecques, de la Médecine universelle. liv. 3. ch. 14. §. 2. & liv. 6. Sa naissance seule suffiroit ERYX fut vaincu par pour le prouver; car il est Hercule. Voyez le livre 5. dit qu'il fut tiré des cendres des Fables Egypt. & Grecq. de sa mere par Mercure, & dévoilées. que le pere de Coronis s'ap- ES ou AES, ou AIRAIN. pelloit Phlegye, du grec Voyez Corps ou Terre Phlegein, en françois Brû- des Philosophes. Lai- ler. ton. D'ailleurs la Fable dit que ESCULAPE, fils d'A- Jupiter eut affaire avec Lato- pollon & de la Nymphe ne, d'où nâquirent Diane & Coronis, fille du Roi Phle- Apollon, & d'Apollon Escu- gyas, fut tiré par Mercure lape; parce que la blancheur du ventre de sa mere après précéde toujours le rouge, qu'elle eut été tuée par Dia- après lequel vient Coronis ne, & consumée sur le bû- ou le noir, d'où sort ensuite cher où elle avoit été mise. Esculape ou cette médecine Il fut nourri par Trigone, & dorée & universelle dont les élevé par le Centaure Chi- effets sont si surprenans tant ron, qui lui apprit la Méde- sur les corps humains que cine dans une perfection si sur les métaux. Voyez: une grande, que par son moyen explication plus étendue de la Fable dit qu'il ressuscita cette fiction dans le 3e livre, Hypolite dévoré par ses chap 12. §. 2. des Fables propres chevaux. Esculape, Egypt. & Grecques dévoi- selon quelques-uns, eut pour lées. femme Epione, & pour en- ESEBON ou ALSA- fans Machaon & Podalire, BON. Sel commun. Jaso & Hygiée. On le re- ESON, fils de Crethée, présentoit un bâton à la & frere de Pelias qui le dé- main, avec des serpens qui trôna. Eson étant devenu l'environnoient, & il fut tou- vieil & caduque, fut rajeuni jours honoré par les Payens par Médée que Jason avoit comme le Dieu de la Méde- amenée avec lui à son re- cine. C'est pourquoi les Al- tour de la conquête de la toi- chymistes prétendent que son d'or. Voyez les Fables

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Egygt. & Grecq. dévoilées, cure, quoiqu'il soit un corps liv. 2. ch. 1. métallique; mais ils appel- ESPRIT. Les Philoso- lent esprit tout ce qui n'est phes Hermétiques n'enten- pas dur, compacte, solide; dent pas par ces termes une & corps tout ce qui forme substance immatérielle, mais une masse coagulée & fixée, une substance extrêmement dont les parties sont difficiles tenue, subtile, pénétrante, à séparer. Tout ce qui est li- répandue dans tous les mix- quide & volatil est esprit, tes, & spécifiée dans chacun quand il participe du mer- d'eux suivant sa nature, ses cure commun. Tout ce qui qualités, & le régne de la est compacte & fixe est Nature auquel il appartient. corps. Tels sont les métaux Ils reconnoissent aussi un parfaits, & le fixe des im- esprit universel physique, parfaits, les sels fixes des igné, répandu dans tout l'U- trois régnes. L'ame est le mi- nivers, qu'il vivifie par son lieu ou le lien qui lie le fixe action continuée sans inter- avec le volatil. ruption: ils lui donnent le Les Chymistes ont aussi nom d'Archée de la Nature, appellé leur mercure: & le regardent comme le Esprit DE MERCURE. principe indéterminé de tous Esprit CRUD, Esprit les individus. Voyez les DU CORPS CUIT, signifient Principes généraux de Phy- la même chose que Mercure sique dans les Fables Egypt. dissolvant des Philosophes. & Grecques dévoilées. Esprit DE VIE, parce Quelquefois les Chymis- qu'il vivifie les métaux qui tes Hermétiques appellent sont comme morts dès qu'ils aussi Esprit leur mercure, à ont perdu, en sortant de la cause de sa volatilité. Ils don- mine, cet esprit qui les y vi- nent encore ce nom à leur vifioit, & leur donnoit une matiere parvenue au blanc. vertu multiplicative. Mais communément ils joi- Esprit DES PHILOSO- gnent une épithete à ce ter- PHES, parce que les Sages me Esprit, comme on peut seuls ont le secret de le ren- le voir dans les articles sui- dre esprit en le délivrant de vans. la prison ou corps dans le- Esprit FUGITIF. Nom quel la Nature l'avoit ren- que les Philosophes Hermé- fermé. tiques ont donné à leur mer- Esprit UNIVERSEL.

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C'est proprement le nitre ré- ticuliers de chaque régne de pandu dans l'air, impregné la Nature. de la vertu des astres, & qui Essatum VINUM. Es- animé par le feu de la Na- prit de vin rectifié, au moyen ture, fait sentir son action duquel on extrait les teintu- dans tous les êtres sublu- res, les odeurs & les essen- naires. Il est leur aliment, il ces des corps. leur donne la vie, & les en- ESSENCE. Matiere des tretient dans cet état autant Philosophes parvenue à la de tems que son action n'est couleur blanche. Les Adep- point empêchée par le dé- tes lui ont aussi donné le nom faut des organes, ou par la d'Essence blanche. Voyez désunion des parties qui les Quintessence. composent. ESSENSIFIER. Cuire, Esprit VEGETABLE, en digérer la matiere de l'oeu- termes de Chymie, signifie vre pour en faire l'essence soufre. des Chymistes Hermétiques. Esprit PUANT. Terme ESTIBIUM. Antimoine. de science Hermétique, qui ESTOMAC D'AU- signifie la même chose que TRUCHE. Les Philoso- soufre philosophique. C'est phes Chymiques donnent ce aussi la matiere au noir & le nom à leur dissolvant, ou mercure en putréfaction. mercure philosophique; & Esprit SUBLIME'. Mer- les Chymistes ordinaires l'in- cure des Sages extrait de sa terprêtent de l'eau-forte miniere & purifié. commune. Esprit DE L'OR, ou ETAIN. Métal blanc, OR EN ESPRIT. Mercure auquel les Chymistes ont des Philosophes Herméti- donné le nom de Jupiter, ques. fils de Saturne. En termes Esprit DE MIEL. de Philosophie Hermétique, Glazer dit qu'il réduit tous c'est la couleur grise, qui les métaux en vitriol, c'est- dans les opérations de l'oeu- à-dire, en mercure; mais la vre, succéde immédiatement chose est fausse. à la couleur noire appellée ESSATTA. Art de tirer Saturne, ou Laiton qu'il faut les essences des mixtes. blanchir, Plomb livide, &c. ESSATUM ESSEN- Etain CALCINE'. C'est TIEL. Vertus, propriétés la pierre parvenue au blanc, essentielles aux mixtes par- que les Philosophes appel-

ET ET 143 lent aussi Chaux d'étain, Ciel sur un char de feu; car Lune dans son plein, Diane alors paroîtra la rougeur, qui nue, &c. L'étain vulgaire a sera permanente dans toutes une propriété qu'on ne re- les révolutions faites par cinq marque pas dans les autres cuissons après la vraie blan- métaux, c'est d'augmenter cheur. de poids quand on le calci- ETHEB. Terme de ne, au lieu que les autres Science Hermétique, qui si- métaux diminuent. On di- gnifie parfait; ainsi lorsque roit qu'il absorbe les parties les Philosophes disent que ignées des charbons, ou que leur poudre convertit tant sa chaux est un aiman de ou tant de parties de plomb, l'esprit universel qui se cor- étain, &c. en étheb, il faut porifie avec lui. entendre en or ou en argent, Etain DES PHILOSO- qu'ils regardent comme des PHES, ou leur Plomb blanc. métaux parfaits. C'est leur mercure dépouillé ETHEL est un des noms de sa noirceur, avant qu'il que les Philosophes ont don- soit parvenu au blanc par- né à leur vase ou oeuf des fait. Sages. Lorsque le corps sera E'TE'. Matiere au blanc réduit en poudre impalpa- ou régime du feu du troi- ble, il faut le sublimer dans siéme degré. Sa complexion l'éthel, avant de le mêler est ignée. Ce troisiéme de- avec notre airain; & ce qui gré fixe le mercure, & sa empêcheroit la teinture & chaleur est semblable à celle l'ingrès, demeurera au fond du soleil dans le signe du de l'éthel. Auriga Chemicus. Lion. Il faut le continuer ETHELIA est, selon les jusqu'au rouge. Lorsque ce Philosophes Spagyriques, rouge est absolument digé- cette ame cachée & métal- ré, il est si fixe qu'il ne craint lique, ou ce soufre de nature plus le feu. Notre Dragon, concentré dans les métaux dit Philalethe, est alors dé- imparfaits, que leur eau mer- coré de toutes les vertus cé- curielle extrait & sépare des lestes & terrestres. Souve- impuretés terrestres qui l'en- nez-vous aussi que chacune veloppent, & qui la tiennent de ces chaleurs doit être le comme en prison. double de l'autre. C'est dans Ethelia est aussi un ce régime que les fruits ap- des noms qu'ils ont donné à paroissent, & qu'il monte au leur matiere en putréfaction

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qui forme ce qu'ils appellent grand oeuvre des Philoso- leur Saturne, leurs métaux phes Chymiques. O bon imparfaits, leur corps im- Roi, dit Morien, vous devez monde, leur laiton qu'il faut sçavoir parfaitement avant blanchir. toutes choses, que la fumée ETOILES DES PHI- rouge, & la fumée blanche, LOSOPHES. Ils donnent & la fumée orangée, & le communément ce nom aux Lion vert, & Almagra, & couleurs qui surviennent l'immondice du mort, & dans le vase pendant les le limpide, & le sang, & opérations du grand oeuvre. l'Eudica, & la terre fétide, Mais ils prennent ordinaire- sont des choses dans lesquel- ment les termes de Planettes les consiste tout le magiste- & d'Etoiles pour signifier re. Morien explique dans la leurs métaux; ou les planet- suite ce que c'est qu'Eudica. tes terrestres, c'est-à-dire les Eudica, dit-il, est la chose métaux vulgaires. la plus secrete de toutes cel- Etoile AU COU- les que je viens de nom- CHANT. Sel armoniac. mer. On l'appelle autrement Etoile DE LA TERRE. Moszhacumia, ce qui signi- Talc. fie féces ou immondices du EVAN. Surnom de Bac- verre. Il ne faut cependant chus. pas s'imaginer que Morien EVAPORATION. Sé- entende par ces termes, les paration des esprits ou ma- excrémens ou superfluités tiere spiritueuse des corps, hétérogênes qui se trouvent par l'action de l'air ou du dans les creusets des Verre- feu. Le mercure des Sages ries: c'est la base de tous les a deux taches originelles, dit êtres, & par conséquent du d'Espagnet; la premiere est verre. C'est la pierre au une terre impure, sulfureuse blanc. que l'on en sépare par le bain Eudica. (Sc. Herm.) humide; la seconde est une Eau mercurielle des Philo- humidité superflue qui s'est sophes, faite pour défendre nichée entre cuir & chair, & le corps de la terre de com- qui le rend hydropique; il bustion, ce qui lui a fait don- faut la faire évaporer par le ner par Morien le nom de bain sec du feu doux & be- fiel ou féces de verre, parce- nin de la Nature. que les féces de verre mê- EUDICA. Matiere du lées avec les métaux en fu- sion,

EU EU 145 sion, empêchent qu'ils ne mistes Hermétiques à la ma- soient brûlés. C'est cet Eu- tiere du grand oeuvre parve- dica qui accoutume la ma- nue à la couleur blanche. tiere aux atteintes du feu. EUROPE, soeur de Cad- C'est ce serviteur rouge qu'il mus & fille d'Agenor, fut faut marier avec sa mere odo- enlevée par Jupiter changé rante; ce Pyrrhus, fils d'A- en Taureau blanc. Il en eut chille, aux cheveux rouges, Minos & Rhadamanthe. aux yeux noirs, & aux pieds Voyez l'explication de cette blancs. Ce Chevalier armé fiction, liv. 3. ch. 14. §. 5. pour combattre le Dragon, EURYDICE. Voyez & lui arracher la vierge in- l'article d'Orphée. tacte Beja, ou blanche; Per- EURYSTHE'E, Roi de sée qui en présentant la tête Mycenes, ayant obtenu le de Méduse, défend Andro- pouvoir de commander à mede, fille de Cassiope & Hercule, il l'obligea d'aller de Céphée Roi d'Ethiopie, tuer un Sanglier furieux qui contre le Monstre marin, la ravageoit toute la montagne délie des chaînes qui la re- d'Erymanthe; Hercule y tenoient, & la prend pour fut, s'en saisit & le porta tout épouse. vivant à Eurysthée. Cette Eudica. Quelques-uns fable selon l'explication des croyent qu'il faut entendre Alchimistes ou Philosophes ce terme de la matiere au Spagyriques, est le symbole blanc; d'autres, avec le Phi- du grand oeuvre. Le mont lalethe, l'expliquent de la Erymanthe signifie le vais- matiere en putréfaction. seau philosophique, qu'ils EVE. Magistere des Sa- appellent assez communé- ges, lorsqu'il est parvenu à ment Montagne. Le Sanglier la blancheur. est le mercure philosophi- EUPHEMUS. L'un des que, dont les esprits corro- Argonautes, & leur Pilote. sifs détruisent tout ce qu'on C'est à lui que Triton donna leur donne à dissoudre. Her- une motte de terre, dont la cule est l'Artiste qui travaille signification est expliquée ce mercure, le lie en le dans le liv. 2. chap. 1. des fixant; & après l'avoir ani- Fables Egypt. & Grecques mé de son soufre, en fait la dévoilées. pierre philosophale, & la EUPHRATE est un des médecine universelle repré- noms donnés par les Chy- sentée par Eurysthée. K

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Fabri dit que cette fable vaux d'Hercule expliqués dévoile ce que les Philoso- dans le 5e livre des Fables phes se sont toujours efforcés Egypt. & Grecq. dévoilées. de cacher, c'est à-dire la ma- EURYTHUS, Roi tiere de leur pierre, & l'en- d'Oechalie, avoit une fille droit où l'on doit chercher vierge qu'il refusa de donner cette matiere. Voici com- en mariage à Hercule. Celui- ment il s'explique dans son ci ravagea toute l'Oechalie, livre intitulé: Hercules Pio- tua Eurythus, & se maria chymicus. Sous cette fable, avec Iole sa fille. Eurythus, dit-il, est caché le plus ex- selon les Alchymistes, signi- cellent & le plus admirable fie l'esprit minéral & les par- secret de la Chymie; car ties hétérogenes qui noircis- elle nous découvre ce que sent & corrompent la ma- les Philosophes ont enve- tiere chymique qui renferme loppé du ténébreux voile de cette terre vierge dont Iole l'énigme. Elle nous montre est le symbole. Hercule ou quel est, & en quel lieu l'on le mercure philosophique trouve ce Sanglier d'Ery- cherche à s'unir avec cette manthe, qui est le vrai mer- terre vierge, mais Eurythus cure des Philosophes; car de s'y oppose par ses parties hé- la fleur de Vénus & du mer- térogênes. Le mercure phi- cure vulgaire, préparés com- losophique putréfie Eury- me il faut, l'on tire cette va- thus, le tue, pour ainsi dire, peur onctueuse dont les Phi- & par ce moyen obtient Iole losophes font tant de cas. On par force, s'unit avec elle, & le voit par le terme d'Ery- en la sublimant, l'éleve au manthaeus, qui ne signifie haut du vase, que les Alchy- autre chose que fleur de Vé- mistes nomment le Ciel, & nus; car Erycine étoit un en fait une terre feuillée, d'où surnom de Vénus, & An- doit naître ce fils admirable thos en grec, signifie Fleur qui fait la joie de l'Univers, en françois. Je laisse au Lec- & sa félicité. teur sçavant dans la Philo- EXALTATION. Voyez sophie Spagyrique à juger si Sublimation. Fabri étoit Philosophe, ou Exaltation D'EAU. s'il en donne à garder, com- C'est la fixation du mercure me ces Messieurs ont cou- des Sages en pierre; parce tume de faire. On trouve qu'alors l'eau mercurielle est cette fable & les autres tra- exaltée en perfection com-

EX EX 147

me dit Hermès dans la Table feu philosophique, au moyen d'Emeraude. duquel une couleur succéde Exaltation. Les Phi- à une autre. C'est dans ce losophes Hermétiques com- sens qu'ils disent, qu'il faut ptent l'exaltation entre les extraire la rougeur de la sept opérations du grand oeu- blancheur, parce que la blan- vre; c'est la sublimation phi- cheur doit toujours précéder losophique prise dans le sens la rougeur de la matiere: de sublimation ou perfection. c'est pourquoi la Fable dit EXALTER, en termes que Diane, soeur d'Apol- de Science Hermétique. Su- lon, servit de sage-femme à blimer, perfectionner. Lors- sa mere, pour lui aider à que les Philosophes disent mettre au monde Phoebus, que leur matiere est exaltée, qui est le même qu'Apollon il faut entendre, ou qu'elle ou le Soleil; & que les Phi- est subtilisée par la sublima- losophes Chymiques appel- tion, ou qu'elle a déja acquis lent Diane nue, Lune, Or le degré de perfection qu'elle blanc, leur matiere au blanc doit avoir pour être élixir au parfait; & qu'ils nomment blanc ou au rouge. Soleil, Apollon ou leur Or, Exalter. Perfectionner; la matiere parfaite au rouge. ce qui se fait non par les opé- Quand on dit qu'il faut com- rations de la Chymie vul- mencer l'oeuvre par l'extrac- gaire, mais par la simple di- tion du mercure, on doit en- gestion à l'aide du feu phi- tendre ce terme dans sa signi- losophique. Lorsque l'oeuvre fication vulgaire. est parfaite, ils donnent à EXTRAIRE LE SUC leur poudre le nom de Pierre DE LA SATURNIE VE'- exaltée. GE'TABLE. C'est tirer le EXCRE'MENT DU mercure de sa miniere. SUC DU PLAN DE Extraire LES E'LE- BACCHUS. C'est le tartre. MENS. Continuer le régime EXTRACTION, en du feu pour les opérations. termes de Chymie Hermé- Si vous ne sçavez pas ex- tique, ne signifie pas, comme traire l'eau de l'air, la terre dans la Chymie ordinaire, de l'eau, & le feu de la terre, une expression du suc de vous ne réussirez pas dans quelque plante, ou de quel- l'oeuvre, dit Aristote le Chy- que animal, &c. mais une miste. C'est-à-dire, qu'il faut continuation du régime du continuer les opérations du K ii

148 EX EZ FA magistere de maniere que & sa parfaite fixation; c'est- vous réussissiez à voir le ré- à-dire, le mercure crud & gime des couleurs dans leur la poudre de projection. ordre; d'abord le noir, qui EYEB. Or. est une preuve de la disso- EZEPH. Soleil des Phi- lution de la matiere en eau; losophes. ensuite le blanc, qui est la EZIMAR. Fleurs d'ai- terre feuillée des Philoso- rain. phes; enfin la couleur rou- F. ge, qui est le feu des Sages ou la miniere de leur feu, FABA. Le tiers d'un scru- c'est-à-dire, leur soufre vif pule. & animé. FABA AGRESTIS. EXTRE^MES. Les extrê- Lupins. mes de l'oeuvre sont les élé- FABIOLA. Fleurs de mens principes de tout, & féves. l'or perfection de l'oeuvre. FABLES. On s'est beau- Il ne faut point prendre les coup tourmenté l'esprit pour élémens ni l'or pour la ma- trouver des systêmes au tiere de l'oeuvre, mais une moyen desquels on pût ex- matiere qui participe des pliquer les Fables anciennes élémens principes, ou ma- qu'Homere, Hésiode & plu- tiere seconde des mixtes mé- sieurs autres nous ont trans- talliques. De même que pour mises. Les Mythologues les faire du pain, on ne prend ni ont regardées comme des du pain cuit, ni l'eau & la leçons de morale, d'autres terre qui sont les principes comme des explications de du froment; mais la farine physique, quelques-uns n'y même du froment. voyent que des traits de la EXTRE'MITE'S DE LA politique la plus rafinée, PIERRE. Philalethe les ap- quelques autres pensent y pelle dimensions, & dit que trouver l'histoire entiere des le mercure en est une & l'é- tems qu'ils appellent néan- lixir complet l'autre. Les mi- moins fabuleux, & malgré lieux sont les corps ou mé- toute la torture que tous ces taux philosophiques impar- Sçavans ont donné à leurs faits. Les deux extrémités esprits, ils n'ont pû réussir à dans l'oeuvre sont la trop les expliquer de maniere à grande crudité de la matiere satisfaire les gens sensés & avant qu'elle soit préparée, les moins difficiles. Il ne fal-

FA FA 149 loit pour y réussir, que re- tres sous peine de la vie à monter jusqu'à la source des celui qui le révéleroit. On Fables, suivre leur naissance sçait d'ailleurs qu'ils se le & leurs progrès; on auroit transmettoient sous le voile vû que les Fables Grecques des fables & des hiérogly- n'étoient qu'une imitation de phes. En falloit-il davantage celles des Egyptiens. Les pour fixer les idées sur l'ob- plus anciens Auteurs ont eu jet des fables? Je crois avoir même soin de nous avertir prouvé, je dirois même de- que Musée, Orphée, &c. montré que les fables n'en les avoient puisées en Egyp- avoient point d'autre, dans te, & les avoient transpor- mon traité des Fables Egyp- tées dans la Grece. tiennes & Grecques dévoi- Le lieu de leur naissance lées & réduites au même une fois trouvé, il ne s'agis- principe. C'est donc dans la soit plus que de découvrir le matiere & les procédés de pere de tant d'enfans; on au- cet art Sacerdotal ou Her- roit vû que ce fut Hermès métique qu'il falloit chercher Trismegiste, ce grand hom- & puiser les explications de me, cet homme célébre dont ces fables, & non dans l'his- la mémoire sera éternelle- toire, la morale ou la poli- ment en vénération. Exami- tique. Je l'ai fait dans le Traité nant ensuite quel but il pou- que je viens de citer, & dans voit se proposer en les in- les différens articles de My- ventant, on auroit trouvé thologie insérés dans ce Dic- qu'il avoit rassemblé un cer- tionnaire, où, pour abréger, tain nombre d'hommes choi- je me contente le plus sou- sis de sa main comme capa- vent de renvoyer au Traité bles d'être instruits des scien- ci-dessus. ces qu'il vouloit leur appren- FACCA DE MALA- dre, & de garder le secret QUA. Anacardes. sur cet art Sacerdotal, qu'il se FACINUM. Airain. proposoit en conséquence de FACTION. Action de leur enseigner par des énig- faire, maniere de procéder à mes, des paraboles, des al- une chose. Faction de notre légories & des fables qu'il divin oeuvre. Zachaire. inventa pour cet effet. Pres- FADA. Matiere de l'oeu- que tous les Auteurs anciens vre parvenue à la blancheur. ont parlé de ce secret qui FAIM DES PHILOSO- étoit recommandé aux Prê- PHES. Desir ardent d'ap- K iij

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prendre tout ce qui regarde au blanc, qui indique le prin- l'art Hermétique, & les con- tems philosophique; parce noissances que l'on peut ac- que la couleur noire qui la querir par son moyen. précéde, annonce la mort FAISAN D'HERME'S. du sujet, & le froid de la ma- Nom que quelques Philoso- tiere qui semble alors dans phes Chymiques ont donné l'inaction, comme la Nature au mercure des Sages, tant paroît y être pendant l'hi- à cause de sa volatilité, qu'à ver. cause des différentes couleurs FAUX DE SATURNE qu'il prend dans le cours des qui coupe les ailes & les jam- opérations du grand oeuvre. bes à Mercure. Expressions FALCANOS. Arsenic. des Philosophes, par lesquel- FALEX. Fer. les ils entendent la partie fixe FASDIR ou SASDIR. de la matiere de l'oeuvre qui Etain, Jupiter. fixe la volatilité du mercure FAUFEL. Aréca & Ca- des Sages. techu. nous a conservé une figure FAULEX. Acier. symbolique d'Abraham Juif, FAUNES, qu'on appelle où Saturne est représenté aussi Satyres, Sylvains. Ils sous la figure d'un vieillard habitoient les bois & les fo- caduque, la bouche béante rêts. Voyez ce qu'ils signi- & une faux à la main, pour- fient dans l'article de Bac- suivant Mercure. chus. FEBLECH. Fer ou acier FAVONIUS. Vent qui des Philosophes. souffle de l'endroit du ciel où FEBUS. Enfant vierge le soleil se couche au tems FECES. Terme de scien- des équinoxes. Les Anciens ce Spagyrique, pris du latin l'appelloient le Vent de gé- foeces. Il signifie crasse, lie, nération & de production, impuretés, limon, ordure, le Zéphir ou Porte de vie excrément, & les parties les parce qu'il souffle plus com- plus grossieres, impures & munément au printems, lors- étrangeres qui se précipitent que la Nature semble se re- au fond des vases, & que nouveller & prendre une l'on appelle autrement rési- nouvelle vie. Les Philoso- dence, particulierement lors- phes Hermétiques ont don- qu'il s'agit des liqueurs quand né le nom de Favonius à la elles se purifient d'elles-mê- matiere de l'oeuvre parvenue mes, comme le vin.

FE FE 151

FECES DU NITRE. melle, ou androgine; mais Salpêtre. lorsqu'ils parlent en particu- FECLA. Lie de vin. lier de femelle, ils entendent FEDEUM ou FEDUM. leur mercure, & par mâle le Safran. soufre. FELDA. Argent, Lune Femelle BLANCHE. des Philosophes. C'est le mercure au blanc. FEL VITRI. Ecume de FER DES PHILOSO- verre. PHES. Magistere parvenu FEL DRACONIS. au rouge couleur de rouille Mercure de l'étain. de fer, parce qu'alors sa cou- FEMME. Les Chymis- leur approche de celle du tes Hermétiques ont donné Crocus Martis. On appelle communément le nom de cette circonstance de l'oeu- Femme ou de Femelle à leur vre le Regne de Mars. Voyez Lune, ou mercure des Phi- Règne. losophes; quelquefois aussi FERMENT, en termes à leur matiere volatile dans d'Alchymie, est une matiere tous les états où elle se trouve fixe, qui, mêlée avec le mer- pendant le cours des opéra- cure, le fait fermenter & tions du magistere. C'est ce lui donne sa propre nature, qui la leur a fait personnifier comme le levain fait à la pour en composer les an- pâte. ciennes fables tant Grecques Ferment. (Sc. Herm.) qu'Egyptiennes, dans les- Il y a plusieurs sortes de fer- quelles on lui a donné les mens; les uns sont simples, noms de Cybele, Cérès, les autres composés. Les sim- Isis, Latone, Coronis, Eu- ples sont ceux qui sont homo- rope, Léda, &c. Quand ils gênes & sans mêlanges, tels l'ont appellée Femme blan- que les élémens & les ames che, ils avoient en vûe la cir- extraites de leurs corps. Les constance où cette matiere composés sont ceux qui ont est parvenue au blanc. été mêlés avec d'autres, tels Femme DES PHILOSO- que les corps réduits en na- PHES. C'est le mercure; & ture de soufre, & joints avec l'homme, ou le mâle, est le leur huile. Il y a aussi des soufre. fermens sulfureux des corps FEMELLE. Les Philoso- imparfaits; on les appelle fer- phes Chymiques disent que mens moyens. Mais si l'on leur mercure est male & fe- ignore la façon de réduire les K iv

152 FE FE métaux parfaits en leur pre- mortifier & à endurcir; car miere matiere; c'est-à-dire, sans cela on ne pourroit la en leur mercure, on tentera fixer. La cendre d'argent en vain de parvenir à la fin est ferment dans l'oeuvre au de l'oeuvre, parce qu'on ne blanc, & la cendre d'or dans pourra faire ni ferment sim- l'oeuvre au rouge. L'or & ple, ni ferment composé, en l'argent des Philosophes est quoi consiste le secret de l'é- leur eau, & cette eau est le lixir. ferment du corps; ces corps Il faut observer de plus sont leur terre; le ferment qu'il y a deux sortes de ma- de cette eau divine est une tiere premiere: l'une est pro- cendre, parce qu'elle est fer- chaine, l'autre éloignée. La ment du ferment. prochaine est l'argent-vif, Il faut donc joindre l'ar- l'éloignée est l'eau; car l'ar- gent avec l'argent, & l'or gent-vif a été premierement avec l'or; c'est-à-dire, l'eau eau, puis terre, ensuite eau, avec la cendre, ou le fer- & enfin eau séche. La ré- ment avec le ferment. Tout duction des corps parfaits en cela s'entend de la médecine mercure, ou en leur premiere du second ordre, qui consiste matiere, n'est qu'une résolu- à joindre l'humide avec le tion d'une matiere parfaite, sec, d'abord après leur pré- fixe, blanche, rouge & con- paration. L'humide est l'es- gélée. prit liquide purgé de toute Les fermens doivent être impureté, & le sec est le très-bien préparés avant de corps pur & calciné. les employer pour la fer- Lorsque le magistere est mentation. Cette prépara- parvenu à un certain degré tion consiste à les faire passer de perfection, il faut y ajou- par tons les principaux ré- ter un ferment, qui est l'or, gimes du magistere; c'est-à- afin qu'il change toute la dire, qu'ils doivent premie- matiere en sa propre nature, rement ressembler à de la & détermine le magistere à poudre calcinée au moyen la nature métallique, qui de la liquéfaction, ensuite avant ce mêlange étoit in- devenir une poudre dissoute, déterminé. Après que ce mê- puis une poudre congélée, lange a fermenté, toute la & enfin une poudre subli- pierre est tellement fixe, mée & exaltée. qu'elle devient ferment, & Tout le secret consiste à principe de fixité pour tous

FE FE 153 les métaux sur lesquels elle ces métaux, & confondu sera projettée. Quand on avec des parties hétérogê- veut s'en tenir au blanc, il nes & terrestres diversement faut prendre la Lune pour combinées entr'elles, de ma- ferment, & bien prendre niere que la différence des garde à ne pas s'y tromper. combinaisons faisoit la di- Quelques-uns donnent le versité des métaux, dont le nom de ferment au mercure, principe est le même, mais quand on en fait les imbibi- la cuisson & la digestion dif- tions pour la multiplication férentes. Ce ferment ne fait de la pierre. La pierre phi- qu'achever & perfectionner losophale parfaite n'est pro- en peu de tems cette cuisson, prement qu'un ferment qui que la Nature n'auroit pû se mêle & s'insinue dans tou- faire que dans la durée de tes les parties des métaux plusieurs siécles; & qu'elle imparfaits sur lesquels on la n'auroit même jamais fait projette en très-petite quan- dans les métaux imparfaits, tité, à proportion du degré faute d'un agent assez actif de perfection qu'on lui a pour en séparer l'impur qui donné par les opérations réi- s'y mêle sans cesse par le dé- térées sur la même matiere. faut de la matiere où ils sont Elle en sépare tout l'impur renfermés. & l'hétérogêne, & s'appro- FERMENTATION, en priant tout ce qui est de sa terme de Physique, est une nature, en fait de l'or si le séparation naturelle de la ferment est or, de l'argent si matiere sulfureuse d'avec la le ferment est argent. C'est saline dans un corps, ou lors- donc mal-à-propos qu'on dit que par la jonction de ces que les Alchymistes cher- deux matieres, il se compose chent à faire de l'or; la pre- naturellement un mixte. miere intention des vrais Phi- Fermentation. Action losophes est de trouver un de l'air sur les mixtes, qui en remede contre les maux qui s'y raréfiant, en altére la affligent la nature humaine; forme, en désunit les parties la seconde est de trouver un sans y produire une dissolu- ferment, qui, mêlé avec les tion entiere comme la pu- métaux imparfaits, puisse tréfaction. La fermentation manifester ce qu'ils contien- tient le milieu entre la liqué- nent d'or, qui avant la pro- faction & la putréfaction, jection étoit renfermé dans Toutes trois font des effets

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de la raréfaction; mais la pu- sure que l'air, qui y est en- tréfaction introduit des par- fermé, s'y raréfie. On voit ties aqueuses dans les pores aussi cette ébullition ou gon- des mixtes, la fermenta- flement dans les mélanges tion des parties aëriennes, des matieres minérales. Lors- la liquéfaction des parties que, par exemple, on verse ignées. Il y a trois especes de l'huile de tartre sur de de fermentations; celle qui se l'alun. La même chose ar- fait par enflure, gonflement, rive, si après avoir fait sécher tuméfaction, ébullition, & la chaux des métaux faite à inflammation ou échauffe- l'eau forte, on jette un peu ment interne du mixte; la de cette chaux dans de l'huile seconde est proprement la de tartre. Glauber. fermentation; & la troisiéme Les gens qui ferment le est l'acétification ou aigreur foin avant qu'il soit bien sec, survenante au mixte. La pre- ont, malheureusement pour miere se voit dans toutes les eux, une funeste preuve de enflures qui surviennent aux cette ébullition ou échauffe- parties molles des animaux, ment; le fumier de cheval quand ils ont pris du venin, s'échauffe aussi par lui-mê- ou qu'ils ont reçu quelque me. Cette ébullition qu'on coup un peu violent, ou appelle aussi effervescence, qu'elle est occasionnée & est comme une préparation causée par quelque maladie; à la fermentation & à la pu- tels sont les boutons avant tréfaction. qu'ils soient purulens, les La fermentation propre- bubons, les pustules de la ment dite, est la raréfaction petite vérole, des maux vé- d'un corps dense, par l'in- nériens, &c. On dit alors terposition de l'air dans ses que le sang fermente, & il pores. Le trop grand froid, faudroit plutôt dire qu'il y a la trop grande chaleur, & ébullition dans le sang. Be- l'empêchement de l'accès li- cher. Cette ébullition ou gon- bre de l'air ou de son action flement se fait aussi remar- sont des obstacles à la fer- quer dans les viandes qu'on mentation. Elle doit donc se appelle venteuses, ou fla- faire dans un vase ouvert, tueuses, telles que les pois ou dans lequel il y ait assez & autres légumes sembla- de vuide pour que l'air puisse bles; lorsqu'on les fait cuire, s'y raréfier. Au commence- on les voit se gonfler à me- ment de la fermentation le

FE FE 155 mouvement du vaisseau y est l'odeur, & le supplément des contraire; sur la fin il y aide, êtres. Et tout cela ne signifie pourvû qu'il ne soit pas trop que la réduction de puissance violent. Lorsque la fermen- en acte du corps qui donne tation se fait dans un vase le teinture & de celui qui la ouvert, le corps fermenté a reçoit. beaucoup moins de force Si vous ne sçavez donner que lorsqu'elle est faite dans le feu au feu, le mercure au un vase fermé ou bouché, ce mercure, vous ne réussirez que l'on remarque dans les jamais; c'est en quoi consiste vins qu'on appelle foux. Le toute la perfection du ma- levain fait fermenter la pâte. gistere & la médecine du se- L'acétification ou aigreur cond ordre. Il faut aussi sça- est le commencement de la voir que tous les termes ci- fermentation, comme elle en après se rapportent à cette est une espece quand elle est médecine; inspirer, vivifier, complette; & cette aigreur semer, mettre, mêler, join- a la raréfaction pour cause. dre, infuser, incorporer, ma- L'élevation & évaporation rier, donner, épouser, fer- des parties subtiles & sulfu- menter, tuer, mortifier, con- reuses des liqueurs est la cau- géler, fixer & teindre. se de l'aigreur; & si la fer- La fermentation est une mentation se fait dans un vase des opérations que les Phi- clos, elle sera beaucoup plus losophes ont tenu des plus longue; par cette raison l'ai- secrettes, & n'en ont parlé greur en sera plus forte, & que par énigmes & parabo- ne succédera à la fermenta- les fort obscures, afin de ne tion que lorsque les parties point en découvrir le secret, grossieres auront enveloppé lequel si l'on ignore, on tra- & condensé les parties sub- vaille en vain. Hermés dans tiles. Les vins les plus vio- le 7e livre de ses Traités, en lens sont les meilleurs pour parle plus clairement qu'au- faire le vinaigre. cun autre Philosophe, lors- Fermentation. (Sc. qu'il dit que les fermens sont Herm.) Philalethe définit la composés de leur propre pâ- fermentation Hermétique, te; il ajoute ensuite que les dans la médecine du second fermens blanchissent le com- ordre, l'incorporation de ce- posé, l'empêchent d'être brû- lui qui anime, la restauration lé, retardent le flux de la tein- de la saveur, l'inspiration de ture, consolident les corps,

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& en augmentent l'union. La fermentation se fait ainsi, Ceux qui cherchent le fer- suivant Philalethe: Prenez ment dans les minéraux sont une partie de ce soufre igné dans l'erreur. & trois parties d'or très-pur, Ce que les Philosophes faites fondre le soleil dans un appellent proprement fer- creuset neuf, & quand il sera mentation est l'opération de liquéfié, jettez-y votre sou- l'élixir. Il ne suffit pas pour fre, prenant bien garde qu'il parfaire le grand oeuvre, de n'y tombe aucun charbon. pousser le magistere au rou- Quand ils seront fondus en- ge. La pratique de la pierre, semble, jettez le tout dans dit d'Espagnet, s'acheve par un vase de terre, ou dans un deux opérations; l'une con- autre creuset, & vous aurez siste à créer le soufre ou ma- une masse très-rouge & fria- gistere, l'autre à faire l'élixir, ble. Prenez une partie de & ce dernier se fait par la fer- cette masse en poudre fine, mentation. En vain tenteroit- que vous mêlerez avec deux on la projection, si la pierre parties de mercure philoso- n'est fermentée. Le magis- phique. Mêlez bien le tout, tere au rouge est un soufre & l'ayant mis dans l'oeuf, ou une terre très-subtile, ex- recommencez la premiere trêmement chaude & séche; opération, avec le même ré- elle cache dans son intérieur gime; vous pourrez réitérer un feu de nature très-abon- cette fermentation, si vous dant, qui a la vertu d'ouvrir le voulez. & de pénétrer les corps des FERMENTER. Les métaux, & de les rendre Philosophes recommandent semblable à elle; ce qui lui très-souvent de fermenter la a fait donner le nom de pere matiere; mais ils n'enten- & de semence masculine. dent pas toujours la même Mais de ce soufre il faut en chose. Quelquefois ils par- créer un second, qui pourra lent de la fermentation pour ensuite être multiplié à l'in- la confection de l'élixir, & fini. Ce soufre se multiplie quelquefois de la continua- de la même matiere dont il tion du régime pour passer a été fait, en y ajoutant une d'une couleur à une autre; petite partie du premier, & c'est dans ce dernier sens fermentant le tout avec le qu'il faut les entendre, lors- ferment rouge ou blanc, se- qu'ils disent qu'il faut épais- lon l'intention de l'Artiste. sir, teindre & fermenter la

FE FE 157 premiere composition. C'est de quantité contre quelque la même chose que semer corps que ce soit, le péné- l'or dans la terre blanche tre, le traverse, & en désu- feuillée. Philalethe l'expli- nit les parties à peu près de que ainsi dans son traité la même maniere que nous De vera Confectione Lapidis voyons agir le feu ordinaire. Philosophici. Semez votre Ces deux feux n'agissent pas or, dit-il d'après Hermès, par le même moyen. Le feu dans une terre blanche feuil- du soleil agit par lui-même, lée. Semez, c'est-à-dire, joi- il est poussé par cet astre seul, gnez, fermentez; votre or, il agit également dans le vui- c'est-à-dire, l'ame & la vertu de comme dans l'air libre. tingente; dans une terre feuil- Notre feu ordinaire n'agit lée, c'est-à-dire, dans votre que selon les loix de l'équili- matiere dépouillée de toutes bre des liqueurs. L'air plus ses superfluités. pesant que la flamme, la FERMER. Coaguler, pousse selon ces loix, sans remettre en corps, fixer une quoi elle seroit sans mouve- matiere liquide ou volatile. ment, & peut-être sans ac- FERU. Jupiter, ou étain. tion; car elle ne sçauroit sub- FEU, en termes de Phy- sister ni agir dans un lieu sique, matiere de la lumiere. vuide d'air. Les effets de ces C'est le Feu proprement dit. deux feux sont en consé- Le feu ordinaire tel que ce- quence un peu différens. Un lui de nos fourneaux & de métal fondu avec un verre nos cheminées, est un liquide ardent, & coagulé après, a composé de la matiere de la les pores & les interstices lumiere & de l'huile du bois, plus serrés que le même mé- du charbon, ou des autres tal qui auroit été mis en fu- matieres combustibles & in- sion par notre feu ordinaire, flammables. parce que les parties de ce- Le feu du soleil n'est que lui-ci qui se sont engagées & la simple matiere de la lu- qui ont pénétré dans les in- miere répandue dans l'air, terstices de ce métal, sont sans le mêlange d'aucune plus grossieres & ont laissé matiere huileuse du bois, ou des passages plus ouverts. semblable, poussée par le De-là vient aussi que les dis- soleil. Cette matiere étant solvans ordinaires des mé- réunie par un verre ardent, taux agissent moins sur ces & poussée en assez gran- métaux mis en fusion par le

158 FE FE feu du soleil, que sur ceux contient la matiere sur la- qui l'ont été par le feu com- quelle on opére; tel est le feu mun. de fusion, qui est de deux Feu, en termes de Chy- sortes: mie, se dit également de tout Le feu de charbons & ce- ce qui fait l'office du feu élé- lui de flammes. L'un & l'au- mentaire. Ils le réduisent ce- tre servent aux fusions, cé- pendant à plusieurs sortes, mentations, épreuves, cal- qui sont: cinations, reverberes. Celui Le feu naturel inné dans de flammes se nomme feu la matiere, dont chaque in- vif; il sert particulierement dividu a une portion, qui agit pour le reverbere. plus ou moins, selon qu'il est Quelques-uns employent excité par le feu solaire, ou aussi des mottes de Tan- le feu de cendres, qui con- neurs pour avoir un feu doux siste à mettre des cendres & égal. dans un vase, où l'on met le Les Philosophes Hermé- vaisseau qui contient les ma- tiques ont aussi leur feu, au- tieres sur lesquelles on fait quel ils donnent des proprié- des opérations, & l'on en- tés tout-à-fait opposées au tretient le feu vulgaire des- feu élémentaire dont nous ve- sous, qui échauffe les cen- nons de parler. dres, & les cendres le vais- Riplée distingue quatre seau avec la matiere conte- sortes de feux: le naturel, nue. Le feu de cendres a une l'innaturel, le feu contre na- chaleur moyenne entre le ture, & le feu élémentaire. feu de sable & le bain-marie. Raymond Lulle ne le divise Le feu de sable n'est autre qu'en trois: le feu naturel, que le sable substitué à la le non naturel, & le feu con- cendre. Sa chaleur tient le tre nature; mais tous disent milieu entre le feu de sable & que le feu qu'ils appellent le suivant. philosophique n'est pas le feu Le feu de limailles, que vulgaire; & que tout le se- l'on met au lieu de sable, cret de l'Art consiste dans la quand on veut avoir une cha- connoissance de la matiere leur plus vive. Ce feu appro- de l'oeuvre & dans le régime che beaucoup de celui qu'on du feu. appelle feu ouvert ou feu li- Pontanus dit qu'il ne se tire bre, c'est-à-dire, qui agit im- point de la matiere de la pier- médiatement sur le vase qui re; qu'il est ingénieux, &

FE FE 159 qu'il a travaillé trois ans sur qu'il est excité par l'exté- la vraie matiere, sans pou- rieur. voir réussir, parce qu'il igno- Ce feu est celui qu'ils ont roit le feu philosophique, appellé naturel, parce qu'il dont il a été instruit par la est dans la matiere; & contre lecture du livre d'Artephius, nature, parce que c'est une (Clavis major). Christophe eau qui fait de l'or un esprit, Parisien, dans son traité de ce que le feu vulgaire ne sçau- Arbore Solari, fait un paral- roit faire. Les Philosophes lele du feu vulgaire & du feu nomment aussi feux contre philosophique, où il en mar- nature toutes les eaux-fortes que toutes les différences. vulgaires, par opposition à Bernard Comte de la Mar- leur eau qui vivifie tout, au che Trévisanne, connu sous lieu que les eaux-fortes dé- le nom du Bon Trévisan, dit truisent la nature. dans son traité de la Parole Le feu des Sages se gradue délaissée: Faites un feu non comme celui des Chymistes de charbons, ni de fient, mais vulgaires, mais d'une ma- vaporant, digérant, conti- niere bien différente. Le pre- nuel, non violent, subtil, en- mier degré est celui du so- vironné, environnant, ae- leil en hiver, c'est pourquoi reux, clos, incomburant, al- ils disent qu'il faut commen- térant. cer l'oeuvre sur la fin de l'hi- Pontanus dit que ce même ver; le second est celui d'A- feu est métallique & qu'il ries ou du printems; le troi- participe du soufre. siéme est celui du mois de Il faut distinguer chez les Juin; & le quatriéme celui Sages deux sortes de feu, le du mois d'Août. Ils ont don- feu inné de la matiere, & le né divers noms à ces degrés feu externe & excitant. Ils de feu: Feu de Perse, Feu donnent aussi le nom de feu d'Egypte, Feu des Indes, &c. à leur mercure ou eau cé- Ils semblent même se con- leste; & quand ils partent de tredire ouvertement entre ce dernier, ils disent comme eux. Lorsque l'un dit, il faut Van-Helmont: les Chymistes augmenter le feu à chaque vulgaires brûlent & calcinent mutation de couleurs (Arn. avec le feu, & nous avec l'eau. de Villeneusve); l'autre dit, C'est ce feu en puissance qui il faut toujours un feu du ne brûle pas les mains, & qui même degré. Mais on doit manifeste son pouvoir lors- sçavoir que l'un parle du feu

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extérieur, & l'autre du feu lent les Philosophes pour interne. s'accommoder à la maniere Chaque régne de la Na- de penser & d'agir des Chy- ture a son feu analogue, dont mistes vulgaires, il est bon il faut faire usage dans les d'avertir qu'il ne faut pas se opérations philosophiques. laisser tromper par leur in- Lorsqu'ils se servent du ter- génuité apparente sur cet ar- me Popansis, ils entendent ticle, & quoique Basile Va- la coction qui meurit la ma- lentin nous dise que le feu tiere par la chaleur naturelle; des Philosophes est le feu Epsesis ou Elixation, c'est vulgaire, on ne doit cepen- par leur mercure & leur cha- dant l'entendre que du feu leur humide; Opsesis ou As- commun à tout le monde, sation, c'est la coction qui c'est-à-dire, du feu de la Na- se fait par la chaleur séche. ture qui est répandu dans tous Gaston le Doux. les individus, & qui leur Feu DE SUPPRESSION donne la vie. Il est aisé de ou AZOTIQUE. C'est celui s'en convaincre quand on suit qui environne tout le vais- les Philosophes pas à pas, & seau. qu'on les lit avec attention; Feu MATE'RIEL. C'est deux exemples suffiront pour celui de cendres. cela. D'Espagnet dit, en par- Feu VE'GE'TAL. C'est le lant de l'extraction du mer- tartre. cure des Sages: Plusieurs ont Feu INFERNAL. C'est un cherché notre mercure dans lieu médiocrement chaud. le vitriol & le sel, quelques- Feu AZOTIQUE. Voyez uns dans la matiere du verre, Feu de Suppression. parce qu'elle a une humeur Feu SECRET. C'est ce- radicale si opiniâtrement at- lui du mercure des Sages. tachée & adhérente aux cen- Feu HUMIDE. C'est dres, qu'elle ne céde qu'à la l'azot. plus grande violence du feu; Feu DIT SIMPLEMENT. mais notre mercure se mani- C'est le soufre. feste par le doux feu de la Feu ET EAU. C'est le sou- Nature, qui a la vérité agit fre & le mercure. beaucoup plus lentement. Il Feu CENTRAL. C'est le ajoute même: Fuyez le fra- soufre de la matiere. tricide, fuyez le tyran du Après avoir rapporté quel- monde, de qui il y a tout à ques-uns des feux dont par- craindre dans tout le cours de

FE FE 161 de l'oeuvre. Philalethe s'ex- propre à mêler les matieres plique ainsi, dans son ou- & à exclure le froid. vrage qui a pour titre; Enar- Feu ARTIFICIEL. C'est ratione methodica trium Ge- le mercure dissolvant des Phi- bri medicinarum, feu de vera losophes. Lapidis philosophici confec- Feu CORRODANT. Mer- tione. Après avoir parlé des cure dissolvant des Sages. différens régimes qu'on doit Feu CONTRE NATURE. observer pendant les quatre C'est le même que Feu cor- saisons philosophiques, on rodant. voit clairement par ce que Feu HUMIDE. Voyez nous venons de dire, que Feu Artificiel. quoiqu'il n'y ait qu'une seule Feu. Très-souvent les operation pour la confection Chymistes donnent ce nom de notre pierre, sçavoir une aux huiles, & aux liqueurs seule décoction avec le feu na- fortes, ardentes & brûlantes. turel, l'état de la chaleur va- Le Feu de Venus est l'huile rie cependant de trois ma- extraite du soufre du cuivre. nieres. On l'appelle aussi Etre ou Il est bon de remarquer Essence de Vénus. qu'il y a un feu extérieur ex- Feu. (Sc. Herm.) Mer- citant, c'est-à-dire, que la cure des Sages. Il faut l'en- matiere doit être conservée tendre aussi de la matiere au dans un degré de chaleur noir. Feu étranger, Feu de continuelle; mais que ce feu charbons, Feu de fumier, Feu ne doit être, comme le dit le innaturel, Feu de putréfac- Trévisan, qu'un garde froi- tion. Toutes ces expressions dure; & l'Auteur du Grand sont allégoriques, & Phila- Rosaire recommande un feu lethe dit qu'elles ne signifient extérieur d'une chaleur si autre chose que la matiere tempérée, qu'elle ne doit des Philosophes poussée au point excéder la chaleur in- noir. térieure de la matiere. Feu SAINT-ANTOINE. Que l'on fasse donc un feu Quelques Chymistes se sont administré proportionnelle- encore servi de ces termes ment à celui de la Nature, pour exprimer la chaleur na- un feu subtil, aërien, clos, en- turelle. Johnson. vironné, persévérant, cons- Feu E'TRANGER. Mer- tant, évaporant, digérant, cure des Sages après la reu- humide, pénétrant, altérant, nion du corps & de l'esprit, L

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Feu INNE'. Voyez Feu lorsqu'on ensevelit le vase Etranger. dans du charbon, de ma- Feu HUMIDE, s'entend niere qu'il en soit environné aussi de la chaleur du fumier dessus, dessous & par les cô- & du bain de vapeur. Il se tés. On l'allume peu à peu prend quelquefois pour le dessous, & on l'entretient Bain-marie. lorsque les charbons sont Feu DE PUTRE'FAC- tous enflammés, en y ajoû- TION. V. Feu Humide. tant de nouveaux à mesure Feu DE FIENT ou DE que les autres se consument, FUMIER. C'est lorsqu'on si l'opération le demande. enterre le vase où est la ma- Feu LIBRE est celui tiere dans du fumier chaud dont la chaleur frappe im- de cheval. Cette chaleur est médiatement la matiere ou d'un grand usage pour la di- le vaisseau qui contient cette gestion des matieres, & leur matiere. C'est en quoi il dif- putréfaction. fere des bains. Feu DIGE'RANT. Cha- Feu EMPE^CHE' ou DE leur douce, soit séche, soit MILIEU, est celui qui ne se humide, à laquelle on expose fait sentir à la matiere, ou au la matiere qu'on veut faire vase qui la renferme, qu'au digérer, renfermée dans un moyen d'un autre vase dans vaisseau clos ou non. lequel celui-ci est contenu. Feu DE CHARBONS. Les bains de sables, de cen- C'est lorsqu'on met la ma- dres, &c. sont des Feux de tiere seule, ou dans un vase, milieu, ou empêchés. sur des charbons allumés. Feu DE NATURE. Ra- Feu DE FLAMMES. Cha- cine ou principal ingrédient leur la plus violente de tou- du composé philosophique. tes, particulierement si on Riplée l'appelle Pere du troi- l'excite avec des soufflets. siéme menstrue. C'est propre- C'est lorsqu'on expose la ma- ment le soufre mûr & digéré tiere nue, ou dans un vase, de l'or des Sages. à l'ardeur de la flamme. Elle Feu DE LA TERRE. C'est est d'usage pour les calcina- le soufre ou phlogistique. tions, fusions des matieres Feu CONTRE NATURE. dures & compactes. Elle est C'est un des principes maté- la plus usitée pour le rever- riels du composé des Philo- bere. sophes. C'est par la réunion Feu DE ROUE. C'est de ce feu avec celui de na-

FE FE 163 ture qu'il en résulte un troi- est le feu de lampe, qui est siéme appellé Feu innaturel. un feu continuel, humide, Feu INNATUREL. Ré- vaporeux, aërien, & il y a sultat de la réunion du feu de l'artifice à le trouver. Il de nature & du feu contre s'explique peu après en ces nature des Philosophes. Ce termes: Le second est le feu feu innaturel est la cause de de cendres..... ou, pour la putréfaction, de la mort mieux dire, ce feu est cette du composé, & de la vraie chaleur fort douce, qui vient & parfaite solution philoso- de la vapeur tempérée de la phique. Ces feux ne sont lampe. Philalethe le dit en- donc point, comme les Phi- core plus clairement, dans losophes l'assurent avec rai- son traité qui a pour titre: son, un feu de charbons, de Manuductio ad rubinum Coe- cendres, de sable ou de lam- lestem. Notre eau, dit-il, n'est pe, & ce sont proprement pas le mercure vulgaire, c'est ce feu de nature, &c. qu'ils une eau vive, claire, bril- appellent leur Feu secret, lante, blanche comme la nei- leur Feu philosophique. C'est ge, chaude, humide, aërien- de ces feux qu'il faut enten- ne, vaporeuse & digérante. dre tout ce qu'en ont dit Ar- C'est cette chaleur de la téphius, Pontanus, Riplée lampe qui étant administrée & tous les autres Philoso- avec douceur, & étant tem- phes; & lorsque Pontanus pérée, entourera la matiere dit qu'il se tire d'ailleurs que & la cuira, jusqu'à ce que de la matiere, il faut l'enten- par la calcination, elle pro- dre du feu de nature miné- duise le feu de cendres. C'est ral & sulfureux qui se trouve dans ces feux que le vase est dans le principe essentiel, scellé hermétiquement. Cet- dont le poids de la matiere te eau est notre vase, & dans n'est pas augmenté. elle se trouve notre fourneau Feu DE LAMPE. Eau ou secret, la chaleur duquel doit mercure des Philosophes, & être modérée & administrée non le feu d'une lampe or- en proportion géométrique dinaire, comme quelques- pour que l'oeuvre réussisse. uns l'ont conclu des paroles Feu DE CENDRES. Se- d'Artéphius, lorsqu'il dit: cond feu requis, selon Ar- Nous avons proprement trois téphius, pour la perfection feux, sans lesquels l'art ne du magistere. Mais on ne peut être parfait. Le premier doit pas l'entendre du feu de L ij

164 FE FE cendres de bois ou autre ma- jusqu'à ce que la matiere ne tiere, tel qu'est le feu de cen- distille plus rien. dres des Chymistes. Les Phi- Feu DE REVERBERE. losophes Hermétiques l'en- Voyez Reverbere. tendent de la vapeur douce, Feu DE GE'NE'RATION. tempérée du Feu de lampe, C'est le feu philosophique. dont voyez l'article. Feu CE'LESTE. C'est le Feu EXTERNE. Le feu mercure des Philosophes, des Philosophes qu'ils appel- quand il s'agit de Science lent externe, ne s'entend pas Hermétique. En Physique, du feu extérieur, mais du feu c'est le feu solaire. étranger à celui de la matiere Feu CE'LESTE ENCLOS du magistere. C'est de ce feu DANS UNE EAU. C'est le externe qu'ils parlent, lors- mercure philosophique. qu'ils disent qu'il faut donner Feu DRAGON. Voyez le feu au feu, & le mercure Feu Céleste. On l'ap- au mercure. Ce que Majer pelle Dragon, parce qu'il a représenté dans ses Emblê- dévore tout ce qui est cor- mes, par un homme tenant rompu. un flambeau allumé qu'il ap- Feu DE LA MATIERE proche d'un feu allumé dans est ce qu'ils ont appellé leur une forge, & par un Dieu Or vif, leur Feu secret & leur Mercure qui va joindre un Agent, &c. autre Mercure. Ce feu est Feu DE LION. C'est appellé par quelques-uns l'élément du Feu, appellé Feu occasionné, Ignis occa- Aether. sionatus. Ce feu sert aussi de On distingue ordinaire- nourriture à l'Enfant philo- ment dans le feu quatre de- sophique. grés de chaleur. Le premier Feu ALGIR, en termes est celui du bain, du fumier, d'Alchymie, est le feu le ou de digestion. C'est le plus plus vif qu'on puisse avoir. doux, & ce que nous appel- Feu E'LEMENTAIRE est lons tiéde. Il se connoît par quelquefois pris par les Chy- le tact, & par les effets. Il mistes pour le soufre. Rull. faut pour le tact, que la main Feu SANS LUMIERE. puisse soutenir l'effet du feu C'est le soufre des Philoso- sans une sensation vive; elle phes. ne doit faire qu'une douce Feu DE CHASSE. C'est, & légere impression. Le feu en Chymie, un feu continué vaporeux des Philosophes est

FE FE 165 de ce genre; ils le compa- taux. Lorsqu'on dit aussi que rent à la chaleur qu'éprou- le premier degré est celui du vent les oeufs lorsque la poule bain d'eau, il faut encore les couve, ou à celle que faire attention que l'eau s'é- l'on sent lorsqu'on applique chauffe par différens degrés, la main sur la peau d'un le premier est lorsqu'elle homme sain. commence à tiédir, le se- Le second degré est celui cond quand elle fume & se du bain de cendres; il est fait notablement sentir, le plus vif que celui du bain troisiéme lorsqu'elle altére d'eau tiéde, ou du bain va- les organes, & le quatrié- poreux; mais il doit être me lorsqu'elle commence à néanmoins si modéré, qu'en bouillir, qui est son plus se faisant sentir plus vive- grand degré de chaleur, qui, ment, les organes n'en soient selon les observations, n'aug- point altérés. mente plus pendant l'ébul- Le troisiéme est une cha- lition. Ces degrés sont en- leur qu'on ne doit pas pou- core plus aisés à observer voir supporter sans se brûler, dans l'huile que dans l'eau. telle que celle du bain de sa- Feu PHILOSOPHIQUE. ble, ou de limaille de fer. Les propriétés de ce feu sont Le quatriéme est une cha- telles: c'est avec lui que les leur aussi violente qu'on Sages lavent leur matiere, puisse la donner, c'est celle ce qu'ils ne disent que par des charbons ardens & de la similitude, parce que ce feu flamme, qui sépare, désunit purifie leur mercure. les parties des mixtes, & les Il fait tout & détruit tout. réduits en cendres ou en fu- Il congéle le mêlange de la sion. Tel est le feu de ré- pierre. Il corrige le froid de verbere. la terre & de l'eau, & leur Tous ces degrés ont ce- donne une meilleure com- pendant encore chacun leurs plexion. Il lave les impuretés degrés d'intensités, & lors- de l'eau, & ôte l'humidité qu'on les compare entr'eux superflue de la matiere. Lui rélativement aux corps sur seul change la nature & la lesquels la chaleur agit, ce couleur de l'eau & de la ter- qu'on regarderoit comme le re. Il vivifie & illumine le quatriéme degré par rapport corps, lorsqu'il se mêle avec à une plante, ne seroit que le lui. Ce feu putréfie, & fait premier eu égard aux mé- ensuite germer de nouvelles L iij

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& différentes choses. Il fer- soleil, dont la chaleur vivi- me les pores du mercure, lui fiante animoit toute la Na- donne du poids, & le fixe. ture. Les noms les plus con- Sa vertu aigue & pénétrante nus sous lesquels le Feu étoit est si active, que rien ne l'é- adoré, sont Vulcain & Vesta. gale quand il s'agit de puri- On peut voir ce qu'on en- fier les corps. II conduit à tendoit chez les Egyptiens maturité tout le compôt, il & les Grecs par ce Dieu & le subtilise & le rubéfie. Il cette Déesse, dans les Fables ôte tout le venin & la mau- Egypt. & Grecq. dévoilées. vaise odeur de la matiere. Il FEVE est le nom que quel- change la qualité de la pierre ques Chymistes ont donné & en augmente la quantité. à la troisiéme partie du poids Il est enfin comme un juge d'un scrupule. qui discerne & sépare le bon FIDA. Or des Philoso- du mauvais. II faut remar- phes. quer, suivant Philalethe, que FIDDA. Argent des tout ce que nous venons de Chymistes Hermétiques. dire du feu, regarde la mé- FIDER.+ Céruse. decine du premier ordre. FIDEUM. Safran. Feu SACRE'. Les Chal- FIDEX. Céruse. déens adoroient le Feu, & FIDHE'. Lune des Phi- la ville d'Ur prit son nom de losophes. là: ils y entretenoient per- FIDO. Argent-vif des pétuellement un feu. Les Sages. Perses étoient encore plus su- FIEL DU DRAGON. perstitieux sur ce sujet que les Mercure de l'étain. Chaldéens; ils avoient des Fiel DE VERRE. Ecume temples qu'ils nommoient de verre, ou sel qui se sépare Pyrées, destinés uniquement & surnage le verre pendant à conserver le Feu sacré. Les qu'il est en fusion. Grecs, les Romains, les FIENT ou FIENT DE Gaulois avoient aussi une CHEVAL. Matiere de grande vénération pour le l'oeuvre au noir, ou en pu- feu. Son culte subsiste mê- tréfaction. me encore aujourd'hui dans FILLE DE PLATON. les Indes & en plusieurs Nom que quelques Philoso- pays de l'Amérique. Quel- phes chymiques ont donné ques Auteurs ont prétendu au mercure des Sages. que ce n'étoit qu'à cause du Fille D'HIPPOCRATE.

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C'est la pierre au blanc par- Fils DE SATURNE. fait. Dict. Herm. Mercure des Philosophes. Fille DU GRAND SE- FILS D'UN JOUR. CRET. C'est la pierre philo- C'est la poudre de projec- sophale que tant de monde tion. Quelques-uns ont don- cherchent, & que si peu trou- né ce même nom à l'oeuf des vent, à cause du grand se- oiseaux, quand il est frais. cret que les Philosophes chy- FILTRE DES PHILO- miques ont gardé sur les dif- SOPHES. C'est leur mer- férentes opérations nécessai- cure. res pour y parvenir. Filtre DE LA NATURE. FILLETIN. Ce sont des C'est l'air. lames de fer. Rulland. FILUM ARSENICALE. FILS DU SOLEIL ET Arsenic sublimé. DE LA LUNE. C'est le FIREX. Huile en gé- mercure des Sages. Son pere néral. est le Soleil, & sa mere est FIRMAMENT. Quel- la Lune. Hermès. ques Chymistes ont donné Fils DE LA VIERGE. ce nom à la pierre appellée C'est le même mercure, ap- Lapis lazuli, à cause de sa pellé ainsi, parce qu'il s'ex- couleur bleue, parsemée de trait d'une terre vierge, vi- petits brillans qui y forment triolique & adamique, qui n'a comme des étoiles. encore rien produit. Quand Firmament, en termes les Philosophes Hermétiques de science Hermétique, c'est parlent de terre, il ne faut le haut du vase. pas s'imaginer qu'ils enten- FIRSIR ou FIRSIT. dent la terre sur laquelle nous Chaleur ou feu chymique. marchons, quoiqu'ils disent FIXATION. Action ou qu'on la foule souvent aux opération par laquelle on pieds. rend fixe une chose volatile Fils DES PHILOSO- de sa nature. Le principe de PHES. Ce sont les enfans la fixation est le sel fixe, & de la Science, ceux qui y la digestion à un feu Conve- sont parvenus par la lecture nable. Les Chymistes Her- des livres ou par les instruc- métiques disent que la per- tions verbales des Adep- fection de la fixation ne peut tes. s'obtenir que par les opéra- Fils DE VE'NUS. C'est tions & les procédés de la l'oripeau, ou le laiton. pierre des Philosophes, que L iv

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leur matiere seule en est sus- de résistance, & lui donne ceptible, & qu'elle a atteint ordinairement une direction ce degré lorsque par la cuis- qui l'éloigne de la terre. Les son elle est poussée jusqu'à la petites parties de la flamme couleur rouge de rubis. Cette sont si menues, qu'elles sont opération se fait par un feu capables de passer à travers philosophique du troisiéme les corps les plus solides en degré. s'insinuant dans leurs inters- FIXER, en termes de tices, lorsqu'elle est poussée science Hermétique, c'est violemment contre ces corps cuire la matiere après qu'elle par l'air, dont le pressement est devenue noire par la pu- est plus ou moins violent, tréfaction, jusqu'à parfaite selon que cet air est plus ou blancheur, & enfin jusqu'à moins condensé par le froid, la rougeur de rubis. Elle est par le vent, ou par un souffle alors tellement fixe, qu'elle artificiel, tel que celui des résiste à l'action du feu le soufflets, des chalumeaux, plus violent. Fixer est pro- &c. Le passage violent de prement changer un sel vo- la flamme au travers des latil en sel fixe, & de ma- corps qui en sont pénétrés, niere qu'il ne s'évapore, ni dérange & désunit les par- ne se sublime plus. Le volatil ties de ces corps. Cette désu- ne se fixe jamais par lui- nion produit dans les uns une même, comme le fixe ne se décomposition presqu'entie- volatilise point seul; mais ce- re de leurs parties, comme lui qui domine sur l'autre, il arrive à tous les corps qui change le plus foible en sa se réduisent en cendres; dans propre nature. les autres, elle ne produit FIXION signifie même qu'une simple fusion, com- chose que fixation. me dans les métaux & dans FLAMME. Liquide com- les corps qui se vitrifient, posé de la matiere de la lu- dont les petites parties se réu- miere & de l'huile des ma- nissent & redeviennent un tieres combustibles. Elle est corps solide dès que la vio- beaucoup plus légere que lence de la flamme com- l'air qui nous environne. Cet mence à cesser. air qui la presse inégalement, Flamme est aussi un ter- la fait vaciller dans la direc- me de science Hermétique, tion qu'il lui donne, la pousse qui doit s'entendre d'une hu- du côté où il trouve moins midité décuite par la cha-

FL FL 169 leur, faite onctueuse & aë- PHILOSOPHES. C'est la per- rienne par la continuation du fection de la pierre. feu. Elle paroît comme une Fleur DE L'OR.+ C'est lumiere, tantôt plus claire, tantôt le mercure des Phi- tantôt plus colorée ou plus losophes, & tantôt la cou- obscure, selon le plus ou le leur citrine. moins de pur ou d'impur Fleur DE LA SAGESSE. dont elle est composée. Elle C'est leur élixir parfait au est la source des couleurs blanc, ou au rouge. tant vantées par les Philo- Fleur DE PE^CHER. sophes chymiques. Diction. C'est le mercure philoso- Hermétiques. phique. FLE'CHES (les) d'Apol- Fleur SATURNIENNE. lon & celles d'Hercule ne V. Fleur de Pêcher. sont autre chose que le feu Fleur DE L'AIR. En des Philosophes, suivant Fla- termes de Chymie, c'est la mel dans les explications de rosée. ses Figures hiéroglyphiques. Fleur DE L'EAU. C'est FLEURS. Les Philoso- la fleur du sel. phes Hermétiques donnent Fleur DE LA TERRE. ce nom aux esprits enclos C'est la rosée & la fleur du dans la matiere. Ils recom- sel. mandent très-expressément Fleur DU CIEL, Flos de donner toujours un feu Coeli. C'est une espece de doux, parce que ces esprits manne, que l'on trouve ra- sont tellement vifs qu'ils cas- massée sur l'herbe au mois de seroient le vase, quelque fort Mai particulierement; elle qu'il fût, ou se brûleroient. differe de la manne, en ce Ils expriment aussi par ce que celle-ci est douce, & se nom de Fleurs, les différen- recueille sur les feuilles des tes couleurs qui surviennent arbres en forme de grains; à la matiere pendant les opé- le flos coeli au contraire se rations de l'oeuvre. Ainsi la trouve sur l'herbe & n'a pres- Fleur de Soleil, c'est la cou- que point de saveur. On tire leur citrine-rougeâtre, qui par l'art chymique une li- précéde la rougeur de rubis. queur du flos coeli, dont les Le lys c'est la couleur blan- propriétés sont admirables. che, qui paroît avant la ci- Quelques Chymistes se sont trine. imaginés que c'étoit la ma- Fleur DU SEL DES tiere dont le servent les Phi-

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losophes Hermétiques pour ont inventé les Fables, ont le grand oeuvre, mais mal- pris très-souvent les fleuves à-propos. & les rivieres pour signe al- Fleur DES MURAIL- légorique de leur mercure LES. Salpêtre. ou eau mercurielle ; & en Fleur simplement dit, personifiant ces fleuves, ils ou Fleur D'AIRAIN. C'est les ont fait peres de plusieurs la matiere de l'oeuvre sur la Nymphes, dont ils ont aussi fin de la putréfaction, dans employé les noms suivant ce le tems qu'elle commence à qu'ils vouloient désigner de blanchir. volatil dans la matiere du Fleur DE CHEIRI. grand oeuvre. Tels sont le Essence de l'or. fleuve Achéloüs, le fleuve Fleur DU SOLEIL. Asope, le Scamandre, le Blancheur étincelante & Xanthe, &c. On peut voir plus brillante que celle de l'explication Hermétique de la neige même lorsque le so- ces fictions, dans les Fables leil darde ses rayons dessus: Egyptiennes & Grecques c'est celle de la matiere de dévoilées. l'oeuvre Hermétique parve- FLOS ROSINAE ME- nue au blanc. TALLICAE. Fleur de sou- Fleur DE SAPIENCE. fre. Elixir parfait au rouge. Flos SALIS ou Flos Fleur DE L'OR. Corps MARIS. Blanc ou sperme fixe du magistere; ce qu'il de baleine. ne faut pas entendre d'au- Flos SECTAE CROAE cunes fleurs ou teintures ex- ou CROCEAE. Quelques traites de l'or commun, mais Chymistes ont ainsi appellé de l'or Philosophique, c'est- la fleur de safran, l'extrait à-dire, de la partie fixe du de la fleur de chelidoine. composé du magistere, au D'autres ont donné ce nom moyen de laquelle on fixe à la fleur de muscade. l'autre partie volatile, par la FLOX. C'est la flamme. seule cuisson gouvernée avec FOEDULA. Toute es- prudence & le régime re- pece de mousse. quis. On appelle aussi Fleur FOENIX. V. Phenix. d'or la couleur citrine qui FOLIER. Cuire, digérer suit la blanche. la matiere du grand oeuvre FLEUVE. Les anciens pour parvenir à en faire la Philosophes Hermétiques qui terre feuillée des Philoso-

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phes, dans laquelle il faut vent la voye humide pour semer le grain de l'or. l'ouvrage du magistere, com- FONDANT, qui aide à me ont fait Paracelse, Ba- la fusion des choses avec les- sile Valentin, Aegidius de quelles il est mêlé. En ter- Vadis & quelques autres. mes de science Hermétique, Quelquefois ils donnent aussi fondant veut dire qui est le nom de Fontaine à leur d'une très-facile fusion. Un mercure, comme font ceux des signes de la perfection qui suivent la voye séche, de l'élixir philosophique & tels que Géber, Bernard de la poudre de projection, Trevisan, d'Espagnet, le est qu'ils soient fondans com- Cosmopolite, le Philalethe, me de la cire quand on la &c. présente au feu, & qu'ils se Fontaine DU TOR- fondent & se liquéfient dans RENT. C'est la même chose. toutes sortes de liqueurs. Fontaine DE JOU- FONDEMENT DE VENCE. Les Alchymistes L'ART. Les uns donnent prétendent que quand les ce nom au mercure préparé Anciens parlent de cette fa- des Philosophes, d'autres à la meuse fontaine & de celle matiere parvenue au blanc. d'Hyppocrêne, on doit l'en- FONDRE, en termes de tendre de l'élixir parfait du science Hermétique, c'est magistere des Philosophes purifier & cuire la matiere Hermétiques, parce qu'ils jusqu'à ce qu'elle se réduise disent que cet élixir est un en eau épaisse, & noire com- baume vital, & un remede me de la poix. Quelquefois universel qui conserve en san- les Philosophes se servent de té, & fait même, pour ainsi ce terme au lieu de faire dis- dire, rajeunir ceux qui en font soudre, réduire en eau, sub- usage, en renouvellant leurs tiliser, volatiliser. forces & en les conservant FONTAINE, en termes fort au-delà des bornes com- de Philosophie chymique, munes de la vie humaine. Ar- signifie communément la tephius, qui passe parmi les matiere d'où l'on extrait le Alchymistes pour un Adep- mercure sous la forme d'une te, dit d'un grand sang froid eau laiteuse & pondereuse, au commencement de son que les Alchymistes appel- livre qui a pour titre Clavis lent Lait virginal. Ce mer- major, qu'il l'a composé à cure est pour ceux qui sui- l'âge de mille ans, & que se

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voyant près de sa fin, il a FORCE. Ils entendent par bien voulu laisser ce gage de cette expression, l'élixir par- son amour aux enfans de la fait au rouge, ou leur poudre Sagesse. de projection, qui vient à Fontaine DE FLAMEL. bout de surmonter toutes les C'est le vase qui renferme la maladies des trois régnes, matiere de l'oeuvre. C'est quelques opiniâtres qu'elles aussi le mercure. puissent être. Fontaine DES ME'- FORE^T. Lorsque les Phi- TAUX. Argent-vif des Sa- losophes Hermétiques disent ges. que leur matiere se trouve Fontaine DU TREVI- dans les forêts, il ne faut pas SAN. Mercure des Philoso- prendre les choses à la lettre, phes. & aller chercher cette ma- Fontaine DES PHILO- tiere dans les bois; elle y est SOPHES. Quelquefois ils en- à la vérité, mais comme elle tendent par ces termes la est partout, & non pas plu- matiere de laquelle ils tirent tôt dans les bois qu'ailleurs. leur mercure; mais plus or- Ils entendent par le terme dinairement le mercure lui- de forêt, la matiere terrestre même. dans laquelle leur vraie ma- FORCE est aussi un ter- tiere prochaine est comme me de science Hermétique, confondue, & d'où il faut la qui doit s'entendre tant de la tirer comme d'un cahos & propriété agissante du mer- d'une confusion, où elle est cure des Philosophes, que si bien cachée aux yeux du des esprits qu'il renferme. vulgaire, que les seuls Phi- Quand ils disent donc que losophes l'y apperçoivent, toute sa force est convertie en quoiqu'un nombre infini de terre, c'est-à-dire qu'il est réel- personnes s'en servent assez lement devenu terre blanche communément, qu'elle se fixe à toute épreuve. Pren- vende publiquement & à un dre la force des choses supé- prix très-modique, & même rieures & inférieures, c'est qu'elle ne coûte rien, se trou- faire l'extraction du mercure, vant par-tout. C'est cette & le mettre ensuite, bien pu- matiere terrestre & superflue rifié, en digestion pour le dont il faut la dégager, que faire circuler, & enfin le fixer tous les Philosophes, tant an- en terre au fond du vase. ciens que modernes, enten- Force DE TOUTE dent par leurs forêts, les lieux

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sombres, ombrageux, obs- est appellée Microcosme, de curs, leurs cavernes, &c. même que l'homme. C'est aussi sur ce principe Forme DE LA FEMME. qu'ils disent: Fac manifestum Pierre au blanc. Quelque- quod est occultum. Mettez à fois on entend par ce terme découvert ce qui est caché. l'eau séche ou mercurielle, Forêt NE'ME'ENNE. Les la Lune des Philosophes. Poëtes ont feint qu'Hercule FOUDRE (la) DE JU- y tua un Lion d'une gran- PITER, forgée par les Cy- deur énorme, qui y rava- clopes sous la direction de geoit tout. Les Philosophes Vulcain, est le feu des Phi- Spagyriques prétendent que losophes, qui, par sa pro- cette forêt est le symbole de priété résolutive, dissout d'a- la matiere de la pierre phi- bord les corps imparfaits losophale, & que le Lion qui dans l'oeuvre; & par la vertu y fut tué par Hercule, est le fixative, les réduit ensuite en sel fixe que cette matiere poudre ou cendre qui se fixe contient. Ce sel métallique de maniere à ne plus crain- qu'ils appellent aussi Lion dre les atteintes du feu le vert, a tant de force qu'il plus violent. convertit tout dans sa pro- FOURMIS RON- pre nature, & dévore tous GEANTES. C'est une les métaux. Hercule, qui est maladie appellée aussi For- le mercure, le coagule, & mica repens; elle est connue par-là semble le tuer; il en plus particulierement sous le prend même la peau, c'est- nom de Herpes. à-dire, il en prend la forme FOURNAISE. (Science qu'il ne quitte plus. Herm.) Fourneau philoso- FORME DE L'HOM- phique, ou fourneau secret, ME. Soufre des Philosophes qu'ils ont appellé Vaisseau- parfait au rouge. On lui a triple, Athanor, Crible, Fu- donné ce nom, parce que mier, Bain-marie, Sépulcre, l'homme, en qualité de mâle, Urinal, Lion-vert, Prison; donne la forme humaine à & Flamel, la Maison & l'Ha- la semence qui produit l'en- bitacle du poulet. Il faut bien fant dans le ventre de la remarquer que le fourneau mere, comme le soufre phi- secret des Philosophes, n'est losophique à l'égard de la fe- pas le fourneau extérieur melle ou mercure des Sages, que Trévisan appelle Garde- & que la pierre philosophale froidure, mais la matiere qui

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conserve le feu des Philo- ” pieds ou environ; l'on sophes. ” adaptera au milieu une FOURNEAU. Les Phi- ” plaque de fer ou de cui- losophes chymiques ont aussi ” vre, percée de quantité de leur fourneau, dont ils font ” trous, soutenue de quatre un grand secret. D'Espagnet ” ou cinq broches de fer, en- qui passe entr'eux pour véri- ” chassée dans les parois du dique, le décrit ainsi. ” Ceux ” fourneau. Le diametre de ” qui sont expérimentés dans ” cette plaque aura près d'un ” les opérations du magiste- ” pouce de moins que le dia- ” re, ont appellé Fourneau ” metre interieur du four- ” ou four le troisiéme vase ” neau, afin que la chaleur ” qui renferme les autres & ” puisse se communiquer plus ” conserve tout l'oeuvre, & ” aisément, tant par les trous ” ils ont affecté de le cacher ” que par l'espace qui reste ” fort secrettement. Ils l'ont ” vuide entre la plaque & les ” nommé Athanor, parce ” parois. Au-dessous de la ” qu'il entretient comme un ” plaque sera pratiquée une ” feu immortel & inextin- ” petite porte pour adminis- ” guible; car il administre ” trer le feu, & au-dessus ” dans les opérations un feu ” une autre pour examiner ” continuel, quoiqu'inégal ” les degrés du feu avec la ” quelquefois, selon la quan- ” main. Vis-à-vis de cette ” tité de la matiere & la gran- ” derniere on pratiquera une ” deur du fourneau. ” petite fenêtre close avec ” On doit le faire de bri- ” du verre, afin de pouvoir ” ques cuites, ou de terre ” par là voir les couleurs qui ” glaise, ou d'argille bien ” surviennent à la matiere ” broyée & tamisée, mêlée ” pendant les opérations. Le ” avec du fient de cheval & ” haut du fourneau doit être ” du poil, afin que la force de ” fait en dôme, & la calotte ” la chaleur ne le fasse point ” doit être amovible, pour ” crevasser: les parois au- ” pouvoir mettre les vases ” ront trois ou quatre doigts ” contenant la matiere sur le ” d'épaisseur, pour pouvoir ” trépied des arcanes, qui ” mieux conserver la cha- ” sera posé précisément au ” leur, & résister à sa vio- ” milieu de la plaque. Lors- ” lence. ” qu'on a posé ainsi les vases, ” Sa forme sera ronde, sa ” on met la calotte sur le ” hauteur intérieure de deux ” fourneau, & on en lute

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” les jointures de maniere tre pour les calcinations, un ” que tout ne fasse plus qu'un troisiéme pour la fusion, un ” corps. Il faut aussi avoir quatriéme pour le reverbere, ” soin de bien clorre les pe- un autre pour les digestions, ” tites fenêtres, pour empê- plusieurs enfin pour les di- ” cher que la chaleur ne s'ex- verses distillations. Tous les ” hale. ” Philosophes chymiques s'ac- Philalethe en donne une cordent tous à dire qu'il n'en description à peu près sem- faut qu'un seul qui sert à tou- blable. tes ces différentes opérations Quoique les Philosophes qui se font toutes dans le mê- chymiques n'ayent pas com- me vase sans le changer de munément divulgué la cons- place. Ce qui a fait dire au truction du fourneau dont Cosmopolite, connu sous le nous venons de parler, ce nom de Sendivogius: Si Her- n'est cependant pas celui mès, le pere des Philosophes, qu'ils appellent leur Four- ressuscitoit aujourd'hui, avec neau secret; ils entendent le subtil Géber, le profond souvent par-là le feu de la Raymond Lulle, ils ne se- Nature, qui agit dans les mi- roient pas regardés comme nes pour la composition des des Philosophes par nos Chi- métaux; & plus souvent leur mistes vulgaires, qui ne dai- eau céleste ou leur mercu- gneroient presque pas les re, c'est pourquoi Philalethe mettre au nombre de leurs (Fons Chemicae Philosophi- Disciples, parce qu'ils igno- cae) dit: Nous n'avons donc reroient la maniere de s'y qu'un vase, qu'un fourneau, prendre pour procéder à tou- qu'un feu, & tout cela n'est tes ces distillations, ces cir- qu'une chose, sçavoir notre culations, ces calcinations & eau. toutes ces opérations innom- Si la Chymie Hermétique brables que nos Chymistes est vraie, ceux qui cherchent vulgaires ont inventées pour la pierre philosophale par les avoir mal entendus les écrits vases de la Chymie vulgaire, allégoriques de ces Philoso- ont donc grand tort de faire phes. construire tant de différens Fourneau DE PARESSE fourneaux, suivant les opé- se dit, en termes de Chy- rations différentes auxquel- mie, d'un fourneau fait de les ils veulent procéder. L'un telle façon, qu'avec peu de pour les sublimations, un au- feu & peu de travail, il s'é-

176 FR FR chauffe & communique sa l'argent, Venus & Mars, Ju- chaleur à plusieurs autres. piter & Saturne, & Mercure On l'appelle aussi Henri le en est dit le pere. Voyez Paresseux. Manget. Rulland. FRAPPER, en termes de Frere. Magistere au Chymie Hermétique, signi- rouge. Aristée, dans le Code fie conduire le régime du de Vérité, dit au Roi: Don- feu. Frapper trop les esprits, nez-nous le frere & la soeur, c'est donner un trop grand ou Gabricius & Beïa, pource feu. qu'il ne se peut faire de gé- Frapper DU GLAIVE. nération véritable sans eux, Cuire la matiere. On dit dans ni ne se peut aucun arbre le même sens, frapper avec multiplier.... le frere mene l'épée, le sabre, le marteau. sa soeur, non pas le mari sa FRERES. Les Philoso- femme; & quand ils seront phes chymiques donnent ce devenus un, ils engendreront nom aux métaux, & appel- un fils plus parfait qu'eux- lent les Freres estropiés tous mêmes. les métaux imparfaits, dont FRIDANUS. Mercure les impuretés contractées dissolvant des Sages. dans la mine, qui leur sert FROMENT est un nom de matrice, doivent être pu- que les Philosophes Hermé- rifiées par l'élixir parfait au tiques donnent par allégorie blanc, si la transmutation à leur mercure, parce que doit se faire en argent; ou de même que, selon la pa- par l'élixir au rouge, si l'on role de J. C., le grain de veut leur donner la perfec- froment ne produit rien, s'il tion de l'or. Voyez l'Azoth ne pourrit en terre, le mer- de Basile Valentin. cure des Sages ne donnera Freres (les deux). Quel- jamais le soufre aurifique, ques Chymistes ont donné s'il n'est putréfié dans le vase ce nom aux planettes qui & parvenu au noir très noir, sont également éloignées du vrai signe de putréfaction & Soleil; ainsi Saturne & la dissolution entiere. Lune ont été appellés les FRUIT. Magistere au deux freres, Jupiter & Mer- rouge, ainsi nommé de ce cure, Mars & Vénus. D'au- qu'il est proprement le fruit tres leur ont donné ce nom des travaux de l'Artiste. à cause de l'affinité qu'ils ont Fruit A DOUBLES ensemble, comme l'or & MAMMELLES. C'est la pierre

FR FR 175 pierre au blanc & au rouge germer & fructifier dans la parfaite, qui l'une & l'autre Nature. Ils entendent ce- sortent d'une même racine, pendant plus spécialement la c'est-à-dire, le mercure des vapeur qui s'éleve de la ma- Philosophes. tiere renfermée dans le vase Fruit SOLAIRE ET LU- philosophique, & retombe NAIRE. Même chose que sur la matiere, parce qu'elle fruit à doubles mammelles; ne trouve point d'issue. C'est ou le soufre blanc & le sou- celle dont Hermès a voulu fre rouge produits par les ar- parler dans sa Table d'Eme- bres solaire & lunaire, dont raude, lorsqu'il dit: Le vent, parle Cosmopolite dans son c'est-à-dire l'air, l'a porté Enigme aux Enfans de la dans son ventre. Ce qui s'ex- Science. plique aussi du mercure des FULIGO METALLO- Sages. RUM. Arsenic. Fumée ou FUME'E FULMEN HOC LO- IGNE'E. Matiere en putré- CO. Fleurs de l'argent cou- faction. On le dit aussi du pellé. Planiscampi. dissolvant des Philosophes. FULMINATION, en Fumée TRE'S-FORTE. termes de l'art métallique, C'est le soufre. signifie dépuration graduée Fumée AQUEUSE ou des métaux. On a donné ce simplement Fumée. Ma- nom, parce que les métaux tiere des Sages après la réu- deviennent brillans & jet- nion de l'esprit & du corps. tent de tems en tems des es- Fumée ARABIQUE. peces de clartés comme des Lieu médiocrement chaud. éclairs, pendant qu'on les Dict. Hermétique, purifie; & qu'il se forme par- Fumée BLANCHE. (Sc. dessus une pellicule rougeâ- Herm.) C'est avec raison, tre, qui, quand elle dispa- dit Riplée, que les Philoso- roît, laisse voir par interval- phes ont donné ce nom à les des petites lueurs éblouis- leur mercure; car en le dis- santes. Rulland. tillant il paroît d'abord com- FUME'E DES PHILO- me une fumée blanche, qui SOPHES. Nom que quel- monte avant la teinture rou- ques Chymistes Herméti- ge. Adrop. Phil. ques ont donné aux vapeurs Fumée ROUGE. Nom qui s'élevent de la terre, & que les Philosophes Hermé- y retombent, pour faire tout tiques ont donné à leur ma- M

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tiere quand elle est purifiée FURIES. Déesses infer- & a pris la couleur rouge. nales, filles de l'Acheron & Morien dit que la fumée rou- de la Nuit. On les nommoit ge est l'orpiment rouge; mais aussi Erynnes, Euménides, cela doit s'entendre de l'or- & Dires. Elles étoient trois, piment des Philosophes, Megere, Tisiphone & Alec- comme lorsqu'il ajoute que to. Voyez les Fables Egypt- la fumée blanche est l'argent- & Grecq. dévoilées, liv. 3. vif, & la fumée orangée, le chap. 6. soufre orangé. FUSIBILITE'. Qualité Pour dire la vérité, la fu- qu'ont certains corps de se mée rouge est l'or ou la pierre fondre à la chaleur. Ce ter- au rouge, la fumée blanche me ne se dit gueres que des est la pierre au blanc, ou la métaux. Cette qualité leur Lune, ou le mercure philo- vient du mercure; car ceux sophique. qui abondent plus en mer- Un Auteur dit que fumée cure, ont plus de fusibilité; rouge signifie la même chose ceux qui en ont le moins, que sang du Lion vert. ont plus de dureté & résis- FUMER LA TERRE. tent davantage à l'action du C'est cuire le compôt, pour feu. Bien des Chymistes me servir des termes de Fla- trompés par une expérience mel, jusqu'à ce que la ma- commune, ont attribué cette tiere soit en putréfaction. fusibilité au soufre, sur ce FUMIER DE CHE- que le soufre ajouté au fer VAL. Matiere au noir. rouge le met en fusion; mais FUMIGATION. Opé- ils auroient dû faire attention ration chymique, par la- que le charbon ou le soufre quelle on rend les métaux qu'on ajoute, n'accélerent la friables, en les exposant à la fusion que parce qu'ils ab- vapeur du plomb fondu, ou sorbent les esprits & sels aci- du mercure. des. Becher. FUMIGER. Exposer un FUSIBLE. Qui est sus- corps à la fumée d'un autre, ceptible de fusion. Plus les pour lui en faire éprouver les métaux abondent en mer- impressions. cure, plus ils sont fusibles. FURFIR. Couleur rouge Dans quelques-uns, tels que qui survient à la matiere de le fer & le cuivre, ce mer- l'oeuvre par la continuation cure est si embarrassé de par- seule de la cuisson. ties terrestres, acides & hé-

FU FY GA 179 térogênes, qu'ils sont très- FYADA. Fumée blan- difficiles à mettre en fusion, che des Philosophes. sans addition de quelques fondans, tels que l'antimoi- G. ne, le borax ou d'autres sels. Le verre est aussi fusible, les GABERTIN. Partie fixe sels, les cailloux & toutes de la matiere du grand les matieres vitrifiables. On oeuvre; la volatile se nomme rend le sel de tartre fusible & Beja. pénétrant, en le mêlant bien GABRICIUS. Soufre avec de l'esprit de vin en des Philosophes. quantité à peu près égale. GABRIUS. Même chose On y met ensuite le feu. que Gabertin. Après que l'esprit de vin est GALA. Lait. consumé, on réitére l'opé- GAMATHEI. Pierres ration jusqu'à trois ou quatre sur lesquelles on a gravé des fois, & alors ce sel devient figures pour en faire des Ta- si pénétrant que mis sur une lismans. plaque de fer rougie au feu, GANNANA-PERIDE. il se fond comme de la cire, C'est le Kina-kina. & la perce en laissant après GANYMEDE, fils de lui une trace blanche, qui Tros Roi de Troye, fut en- approche beaucoup de la levé au ciel par Jupiter, qui couleur de l'argent. Les avoit pris pour cela la figure Chymistes Hermétiques di- d'un aigle. Les Philosophes sent que leur élixir doit être Hermétiques expliquent cet- fusible comme de la cire, & te fable comme une allégorie pénétrant jusqu'aux intimes de leur grand oeuvre. Ga- parties des métaux impar- nymede est la partie fixe de faits sur lesquels on en fait leur matiere, mise dans l'oeuf la projection. philosophique avec la partie FUSION. Liquéfaction volatile, appellée Aigle, qui des corps solides par l'action enleve au ciel, c'est-à-dire du feu. Plus les métaux abon- au haut du vase, la partie dent en humidité onctueuse, fixe, & retombent enfin tou- plus la fusion en est facile. tes deux au fond, pour s'y Le fer n'est susceptible de fixer en matiere solide, qu'ils fusion qu'à un très-grand feu, appellent Pierre philosopha- ou mêlé avec l'antimoine. le. Quand on dit que Gany- Voyez Fusible. mede, après avoir été enlevé M ij

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au ciel, devint l'Echanson aux pommes qui cuisent au de Jupiter; c'est pour expri- feu.... C'est lui qui rend les mer cette pluie formée par vins violens quand il est re- la matiere volatilisée, qui en tenu par force dans des ton- tombant, abreuve la matiere neaux. C'est lui qui donne la grise appellée Jupiter, qui se force à la poudre à canon. trouve au fond du vase. Ce gas se manifeste dans GAS. Terme dont s'est l'huile chaude où l'on jette servi Van Helmont pour ex- du vin ou de l'eau en petite primer la substance spiri- quantité, ou sur du plomb tueuse & volatile qui s'éva- fondu. Van-Helmont pré- pore des corps. Son Tra- tend par-là, que ce gas dif- ducteur l'appelle un esprit fere de l'air. Voyez ses Prin- sauvage. cipes de Physique, 1. part, Pour mieux faire conce- chap. XV. voir ce qu'il entend, voici GATRINUM. Cendres l'exemple qu'il apporte de ce clavellées. gas. Que l'on brûle soixante- GAZAR. Galbanum. deux livres de charbon, il ne GAZARD. Laurier. restera gueres plus d'une li- GE'ANS. Enfans du vre de cendres, Donc, dit- Ciel & de la Terre. Ils firent il, le surplus ne sera qu'es- la guerre aux Dieux & vou- prit. Cet esprit ou gas ne lurent détrôner Jupiter, qui peut pas être détenu dans les foudroya tous. J'ai expli- des vaisseaux, ni être réduit qué ce qu'on doit entendre en corps visible, que sa vertu par ces Géans dans les Fa- séminale ne soit préalable- bles Egyptiennes & Grec- ment éteinte. Les corps le ques dévoilées, liv, 3. ch. 3. contiennent, & souvent s'en & 4. Les Philosophes n'ont vont tout en cet esprit..... en effet eu d'autre intention C'est un esprit coagulé cor- en inventant la fable des porellement, qui est excité Géans, que d'exprimer la par une acquisition de fer- dissolution de la matiere du ment, comme on voit au grand oeuvre, & le combat pain, vin, hydromel, &c. qui se fait alors entre la par- Ou par quelque addition tie volatile qui dissout, & la étrangere, comme par le sel fixe qui est dissoute en eau, armoniac avec l'eau-forte; mais qui remporte enfin la ou par quelque disposition victoire en fixant son enne- altérative, comme on voit mie, qui étoit une eau mer-

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curielle. L'étimologie seule GEMMA TARTAREA. des noms donnés aux plus Pierres qui s'engendrent dans fameux de ces Géans, suffit le corps des hommes. pour confirmer dans cette GE'NE'RATION est idée. Briareus dérive de Be- aussi un terme du grand Art. ri, subversa; Othus de Onit- Les Philosophes Herméti- toth, tempestatum vices; ques le comparent à la géné- Ephialtes de Evi ou Ephi, ration de l'homme. La pre- nubes, & de Althah, caligo, miere partie de cet Art, c'est ou nubes caliginis, ou nubes l'accouplement, la seconde horrida; Encelade de Ence- la conception ou génération, led, fons temporaneus, tor- la troisiéme la grossesse, la rens, le ravage des eaux; quatriéme l'enfantement, la Porphyrion de Phour, fran- cinquiéme la nourriture. S'il gere, frustulatim difringere; n'y a donc point d'accouple- Mimas de Maim, grandes ment, il n'y aura pas de gé- pluyes; Rhaecus de Rouach, nération, d'autant que l'or- le vent. M. Peluche en me dre des opérations du ma- fournissant ces étymologies gistere ressemble à la pro- dans son Histoire du Ciel, duction de l'homme. Mor. tom. 1. pag. 107. & 108. ne La génération, dans le grand s'imaginoit certainement pas oeuvre, se fait lorsque la ma- approcher si près du but sans tiere est dans une entiere dis- le sçavoir; car la dissolution solution, qu'ils appellent pu- de la matiere, sa volatilisa- tréfaction, ou le noir très- tion & sa chûte en pluye y noir. sont manifestement décla- GENRE COMMUN. rées. C'est, en Chymie, le sel GELAPO. Jalap. marin; quelques-uns don- GELE'E DU LOUP. nent ce nom au nitre, d'au- Nom que quelques Chy- tres au vitriol; mais on doit mistes ont donné à la tein- l'entendre du sel universel ture congélée de l'antimoi- répandu dans tous les indi- ne, parce qu'ils appellent vidus sublunaires, parce qu'il Loup ce minéral. est la base de tous les corps, GELSEMIN. Jasmin. & comme leur premier prin- GELUTA, GELUTE, cipe. sont des noms que Paracelse GENTARUM. Succin, a donné à une plante con- ou ambre. nue sous celui de Carline. GEPSIN. Plâtre. M iij

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GERME. Mercure des GIT. Chaux vive. Philosophes, principe & se- GITENON. Colle de mence de tous les métaux, farine. sans être métal lui-même GLACE DE MARIE, actuellement, mais seule- Glacies Mariae. Talc & ment en puissance. pierre arabique. GERSA. C'est la céruse. GLACIES DURA. GERYON, fils de Chry- Cristal. saor, étoit un géant à trois GLAIVE. Les Philoso- têtes ou trois corps. Il avoit phes ont donné ce nom à en sa possession les plus leur feu, comme celui de beaux boeufs du monde; Eu- sabre, épée, cimeterre, ha- rysthée ordonna à Hercule che, lance, marteau, &c. de les enlever à Geryon, & Glaive NU RESPLEN- de les lui amener; Hercule DISSANT. C'est la matiere obéit, tua Geryon & em- parvenue à la blancheur. mena ses boeufs. Voyez l'ex- GLESSUM. Ambre, plication de cette fiction dans succin. les Fables Egypt. & Grecq. GLISOMARGO. Terre dévoilées, liv. 5. ch. 12. de Crete. GESOR. Galbanum. GLUTEN. C'est le fiel GI. Terre. de taureau. Il s'entend aussi GIALAPPA. Jalap. de la sinovie de Paracelse, GIBAR. Toute méde- qui est semblable au blanc cine metallique. d'oeuf. Planiscampi. GIBUM. Fromage. GLUTINIS TENACI- GICH. Plâtre. TAS. Résine minérale. GILLA VERGRIL- GOBEIRA. Poussiere. LUS. Sel de vitriol, ou GOMME DU SOLEIL. calcantum. Matiere de l'oeuvre parve- GIR. Chaux vive. nue au blanc. GIRGIES. Cailloux Gomme DE L'OR. C'est blancs. le soufre qui fait partie de GIRMER. Tartre. la matiere du grand oeuvre. GISENTERE. Nom Gomme DES SAGES. que quelques Chymistes ont Terme de Science Hermé- donné aux vers de terre, tique. C'est le mercure en comme si l'on disoit intestins putréfaction. Quelquefois ils de la terre. l'entendent, comme Mo- GISISSIM. Gomme. rien, du soufre parfait au

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blanc, qu'ils appellent Gom- entendent par goufre la ma- me blanche; & du soufre par- tiere au noir très noir. fait au rouge, qu'ils nom- GRAISSE Matiere des ment Gomme rouge. Philosophes au noir, ainsi Gomme BLANCHE. Ma- nommée parce qu'elle res- tiere de la pierre, lorsque semble à de l'huile noire. le magistere est parfait au GRANDE-MERE. Sur- blanc. nom donné à Cybele, ou la Gomme ROUGE. Ma- Terre, parce qu'on la regar- tiere au rouge, ou le sou- doit comme la mere & le fre des Philosophes. principe de tout ce qui existe. Gomme DU PEROU, GRAND OEUVRE est Gomme DE GAMANDRA, un des noms que les Philo- Gomme DE JENU. Gomme sophes chymiques ont donné gutte. à leur Art, à cause de la diffi- GOPHRITH. Magistere culté de l'apprendre, d'y au rouge. réussir, & des deux grands GORGONES, filles objets qu'ils se proposent, de Phorcis, nommées Eu- l'un de faire un remede uni- ryale, Sthenyon & Mé- versel pour les maladies des duse. Elles avoient la pro- trois régnes de la Nature; & priété de pétrifier tous ceux l'autre, plus particulier, de sur qui elles jettoient la vûe. transmuer les métaux im- Voyez ce qu'elles signifient parfaits en or, plus pur mê- dans les Fables Egypt. & me que celui des mines. Grecques dévoilées, liv 3. GRANULER. Réduire ch. 14. §. 3. un métal fondu en grenailles. GOTNE. Coton. GRANUS. Pierre de GOTNE MSEGIAR. porphyre pour broyer les in- Coton. grédiens des composés chy- GOUFRE, en termes de miques. Science Hermétique, signi- GRASSA. Borax. fie tantôt le mercure parfait GRASSALE. Terrine ou des Sages, parce qu'il est un écuelle de terre. Dict. Herm. dissolvant universel, dans le- GRE'ES. Nom des Gor- quel les métaux particulie- gones. Voyez Gorgones. rement semblent s'englou- GRENADE. Pierre au tir, pour ne plus reparoître rouge. ce qu'ils étoient auparavant. GRIFFON. Les Phi- Quelquefois les Philosophes losophes Hermétiques ont M iv

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donné ce nom à leur ma- DRA, GUTTA GAM- tiere, parce que les Anciens BA, GUTTA GAUMA, ont feint que le Griffon étoit GUTTA GENU. Gomme un animal qui avoit la tête gutte.

& la poitrine d'un Aigle, & H. le reste du corps comme un Lion. C'est pourquoi ils di- H ABIT TE'NE'- sent qu'il faut mettre ensem- BREUX. Couleur ble le Lion & l'Aigle, & les noire qui survient à la ma- faire combattre jusqu'à ce tiere de l'oeuvre pendant la qu'ils ne fassent qu'un, c'est- putréfaction. à-dire, qu'il faut mêler le HABITACLE DU volatil avec le fixe, & les POULET. Vase Hermé- faire circuler ensemble jus- tique. V. Fournaise. qu'à ce que tout demeure en HABRAS. Plante con- un corps fixe. Voilà l'ani- nue sous le nom de Staphi- mal fabuleux de Pline & des sagria ou Herbe aux poux. autres Naturalistes, qui en HACHE. Feu des Phi- ont pris l'idée des Chymistes losophes. Frapper avec la Hermétiques, qui disoient hache, c'est cuire la ma- qu'il veilloit à la garde des tiere. trésors, & qu'il étoit consa- HACUMIA. Même cré au Soleil. chose qu'Eudica, suivant L'Auteur du Dictionnaire Morien. Hermétique dit mal-à-pro- HADID. Fer, acier des pos que le Griffon des Phi- philosophes. losophes est l'antimoine. HAE. Pierre au blanc. GRILLER. Cuire. HAGAR. Pierre Armé- GUININA. Magistere nienne. au blanc. HAGER. Pierre d'Ar- GUMA. Mercure des ménie. Philosophes, ou leur Lune. HAGER ALIENDI. Guma DE PARADIS. Pierre Judaïque. Orpiment. HAGER ARCHTA- Guma GUMI. Ferment MACH. Pierre d'Aigle. des Sages. HAGER ALZARNAD. GUMICULA. Valériane. Mercure des Sages digéré GUMMI. Gomme des & cuit au rouge de pavot. Philosophes. HAL. Terme emprunté GUTTA GAMAN- de l'arabe, dont plusieurs

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Chymistes se sont servi pour plication de la fiction dont signifier le sel. il fut le sujet, dans les Fa- HALCAL. Vinaigre. bles Egyptiennes & Grec- HALCYONIUM. Ecu- ques dévoilées liv. 1. me de la mer. HANDAL & HAN- HALEINE. Ce mot si- DEL. Coloquinte. gnifie quelquefois de la fu- HARA. Genievre. mée. Johnson. Et quelque- HARMALA. Rue sau- fois le fumier de cheval, que vage. les Chymistes appellent ven- HARMAT. Bayes de tre de cheval. Mais en termes genievre. de Science Hermétique, il HARMEL. Semence de veut dire la matiere de l'oeu- la rue sauvage. vre en putréfaction. HARMONIAC (Sel). HALEREON. Aigle des (Sc. Herm.) Quelques Phi- Philosophes. losophes ont donné le nom HALIACMON. Fleuve de Sel harmoniac à leur ma- de la Macédoine, qui a la tiere, non que le sel qui porte propriété de faire devenir communément ce nom, soit blanches les brebis qui ne le naturel ou artificiel, doive sont pas, quand elles boi- être regardé comme la ma- vent de son eau. Pline, liv. tiere des Philosophes; mais 31. ch. 2. On dit en consé- parce que cette matiere est quence en maniere de parler une espece de sel composé dans l'art Hermétique, qu'il par combinaisons harmoni- faut faire boire le Dragon & ques, comme disent Ray- le Corbeau philosophiques mond Lulle & Riplée. Voy. dans le fleuve Haliacmon, Armoniac. pour dire qu'il faut blanchir HARMONIE ou HER- le laiton, ou faire passer du MIONE, fille de Mars & noir au blanc la matiere de de Vénus, épousa Cadmus l'oeuvre. On écrit aussi Aliac- fils d'Agenor. Cadmus eut mon. d'elle entr'autres enfans, Se- HALIMAR. Cuivre. melé, mere de Bacchus. HALLE. De la glu. Voyez l'explication de cette HAMMON. Un des fable dans les Fables Egypt. plus grands Dieux de l'E- & Grecq. dévoilées. Voyez gypte, aussi nommé Jupiter. aussi l'article de Cadmus. On le représentoit avec une HARPOCRATE. Fi- tête de bélier. Voyez l'ex- gure ou statue d'un homme

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tenant deux doigts sur la Phinée, & infectoient ceux bouche fermée, & cachant qu'elles y laissoient. Zethès de l'autre main ce que la & Calaïs, fils de Borée, l'en pudeur ne permet pas de délivrerent, & les chasserent montrer. Cette statue se trou- jusqu'aux isles Plotes. Voyez voit dans tous les temples les Fables Egypt. & Grecq. Egyptiens, qui l'appelloient dévoilées, liv. 2. ch. 1. le Dieu du silence. On le HASACIUM. Sel armo- mettoit ainsi dans tous les niac. temples pour faire souvenir HAUTEUR. (Science les Prêtres qu'ils devoient Herm.) Dimension allégo- garder le silence sur les se- rique & mystérieuse de la crets cachés sous leurs fi- pierre des Sages. Si nous en gures hiéroglyphiques. Ces devons croire Philalethe, la secrets, selon que l'a très- hauteur n'est autre chose que bien expliqué Michel Majer ce que la matiere des Phi- dans son Arcana Arcanissi- losophes présente à nos yeux ma, n'étoient autre que ce- dans le tems de sa prépara- lui de la vraie Chymie, que tion. Par exemple, le corps l'on vante tant sous le nom ou la matiere de notre Art, du grand oeuvre, ou de la dit-il dans son traité De vera Pierre philosophale. On peut confectione Lapidis Philoso- voir les applications heureu- phici, est noir dans sa pre- ses des fables Egyptiennes miere disposition, qui se fait aux opérations de cet Art, par la putréfaction; cette dans le livre des Fables noirceur qui frappe nos yeux Egypt. & Grecques dévoi- & que nous appellons froide lées, liv. 1. chap. 7. & humide, est ce qui se ma- HARPYES. Monstres en- nifeste à notre vûe; & cette fans de Neptune & de la disposition est ce que nous Terre. Elles avoient la tête appellons hauteur de notre d'une femme, avec un visage corps. pâle & blême, le corps d'un HE'BE', Déesse de la jeu- vautour, des aîles de fer nesse, fille de Jupiter & de des griffes aux pieds & aux Junon, suivant Homere; ou mains, & un ventre énorme de Junon seule, sans avoir par sa grandeur. On les nom- connu d'homme, mais pour moit Ocypeté, Aello, Ce- avoir mangé beaucoup de laeno. Elles enlevoient les laitue dans un festin où Apol- mêts de dessus la table de lon l'avoit invitée, Hébé fut

HE HE 187 constituée Echansonne de & Achille lui ôta la vie. Jupiter, & donnée ensuite Hector étoit le symbole de en mariage à Hercule après la partie fixe de l'oeuvre Her- son apothéose. métique, & Achille celui de Hébé signifie proprement l'eau ignée mercurielle. C'est la médecine Hermétique, pourquoi on a feint qu'A- donnée en mariage à Her- pollon, Diane, Vénus & cule, c'est-à-dire mise entre Mars avoient pris le parti les mains de l'Artiste après d'Hector; & Junon, Thetis, sa perfection, afin qu'il en le fleuve Scamandre, Mer- fasse usage pour la santé du cure & Minerve celui d'A- corps humain, la guérison chille. Il n'étoit pas possible des maux qui l'affligent, & de réussir à s'emparer de la son rajeunissement pour le- ville de Troye, c'est-à-dire quel on invoquoit Hébé. à parfaire l'oeuvre, si l'on ne HEBRIT. Soufre rouge dissolvoit, & si l'on ne faisoit des Philosophes. tomber en putréfaction la HE'CATE, Déesse des partie fixe par l'eau mercu- Enfers, fille de Jupiter & de rielle, ce qui étoit faire mou- Cérès, selon Orphée; de Ju- rir Hector. Voyez l'explica- piter & d'Astérie, selon d'au- tion plus développée de cette tres. Hécate présidoit aux ac- fiction, dans le 6e livre des couchemens & aux songes. Fables Egypt. & Grecques Elle est la même que Diane, dévoilées. qui se nommoit la Lune dans HE'CUBE, fille de Dy- le Ciel, Diane sur la Terre, mas, & femme de Priam & Hécate dans les Enfers. Roi de Troye, ayant vû im- Voyez Diane. moler sa fille Polixene sur le HECTOR, fils de Priam, tombeau d'Achille, & son fut un des plus grands Héros fils Polydore massacré par la entre ceux qui défendirent trahison de Polymestor, elle la ville de Troye contre les en conçut un tel dépit qu'elle Grecs. La destinée de cette creva les yeux à Polymes- ville étoit attachée à la vie tor; & dans le tems qu'elle d'Hector. Jupiter le prit sous se sauvoit pour se soustraire sa protection, & le soutint aux poursuites des Grecs qui long-tems contre les pour- s'étoient emparés de la ville suites de Junon qui vouloit de Troye, elle fut changée le faire périr; mais enfin il en chienne. Voyez le 6e livre l'abandonna à sa destinée, des Fables Egypt. & Grecq.

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HEDELTABATENI. mari Tlepolème tué au siége Térebenthine. Planiscampi. de Troye, envoya dans le HEL. Vinaigre. Johnson bain où étoit Helene, deux & Planiscampi. femmes de chambre qui la HELCALIBAT. Tére- pendirent à un arbre. Voyez benthine. les Fables Egypt. & Grec- HELE ou HELLE. ques dévoilées, liv. 6. Gui de chêne. HELIADES, filles du HELEBRIA. Ellebore Soleil & de Clymene, & blanc à fleurs rouges. soeurs de Phaëton. Voyez HELENE, fille de Jupi- Phaëton. ter & de Leda, soeur de HELICON. Montagne Castor, de Pollux & de de la Gréce, située près de Clytemnestre, fut la plus celle du Parnasse, l'une & belle femme du monde. Mé- l'autre consacrées à Apollon nelas l'épousa; & Pâris, fils & aux Muses. Voyez Mu- de Priam, ayant adjugé la ses. pomme d'or à Vénus com- On voyoit autrefois dans me à la plus belle des Dées- la Macedoine un fleuve qui ses, Vénus lui mit Helene portoit le nom d'Helicon entre les mains pour récom- La Fable dit que les femmes pense de ce qu'il avoit porté de la Thrace mirent en pie- son jugement en sa faveur. ces Orphée sur son rivage, Pâris enleva Helene, & & furent toutes noyées dans l'emmena à la cour de Priam. les eaux de ce fleuve. Voyez Ménelas pour s'en venger Orphée. mit dans ses intérêts tous les HELICONIADES. Sur- Princes de la Gréce, & con- nom des Muses. duisit contre Priam une ar- HELIOTROPIUM. mée formidable qui fit le sié- Mélisse de Théophraste. Pa- ge de Troye. Au bout de racelse. dix ans les Grecs s'empare- HELLE', fille d'Athamas rent de cette ville, & Mé- & de Néphele, s'enfuit en nelas ramena Helene avec Phrygie avec son frere Phri- lui. Après la mort de Mé- xus, pour se soustraire aux nelas les Lacédémoniens la mauvais traitemens de sa chasserent de leur ville: elle belle-mere. Ils monterent se retira à Rhodes chez Po- l'un & l'autre sur un mouton lixo, qui pour venger, dit à toison d'or, & voulurent Hérodote, la mort de son ainsi traverser la mer; mais

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Hellé effrayée par les flots, & douce au toucher. tomba dans l'eau & s'y On trouve de l'Hematite noya. Voyez les Fables noire en Egypte, en Perse, Egypt. & Grecques dévoi- en Allemagne. Quand elle lées, liv. 2. ch. 1. est infusée, elle teint l'eau HELMINTHICA. Tout en couleur de safran. Rul- médicament vermifuge. land dit qu'on en trouve aussi HELNESED. Corail. de verte. HELSATON. Sel dé- Sérapion, Pline, Dios- crépité. coride, parlent beaucoup de HELSEBON & HEL- l'Hematite, & en font un SOBON. Sel commun pré- grand éloge. paré. HEMIOBOLON. La HELUNHAI. L'anneau douziéme partie d'une drag- dit de Salomon. me. HOEMATITES (Pierre) HEMIOLIUM. Les uns ou Pierre sanguine, ou Fe- employent ce mot pour si- ret d'Espagne, est une pierre gnifier une demie once; les pesante, participant du fer, autres, avec Blancart, pour des mines duquel elle se le poids de douze gros, ou tire. Il y en a de plusieurs une once & demie. especes. Celle qu'on appelle HEMIPAGIA. Migrai- Feret est dure, de couleur ne. brune-rougeâtre, mais de- HENRI ROUGE. Colco- venant rouge comme du tar. sang à mesure qu'on la met Henri LE PARESSEUX. en poudre. Elle est disposée Athanor. en aiguilles pointues. La HERBE BLANCHE qui plus estimée est nette, pe- croît sur les petites monta- sante, dure, avec des lignes gnes; ces expressions en noirâtres par dehors, & termes du grand art ne si- comme du cinabre en de- gnifient autre chose que la dans. La sanguine nous vient matiere cuite & parfaite au communément d'Angleter- blanc. On ne trouve ces ter- re, elle n'est point en ai- mes que dans le Dialogue guilles; on la taille au couteau de Marie & d'Aros, où pour en faire des crayons, Marie la nomme Herbe blan- appellés crayons rouges. On che, claire & honorée. Quel- doit la choisir rouge brune, ques-uns l'ont expliqué du pesante, compacte, unie, mercure des Sages, d'autres

190 HE HE de la miniere d'où on l'ex- tiere aux travaux d'Hercule, trait; mais la circonstance à cause de la difficulté que où Marie l'employe désigne l'on trouve à y réussir. la matiere au blanc, parce HERCULE est aussi le que les Philosophes donnent nom que les Alchymistes quelquefois le nom de pe- donnent à leurs esprits mé- tites montagnes à leur four- talliques, dissolvans, digé- neau & à leur vase. rans, sublimans, putréfians Herbe PHILOSOPHALE. & coagulans. Ils regardent Herbe saturnienne & Her- les travaux d'Hercule com- be médicinale. Termes du me le symbole du grand grand art, qui signifient la oeuvre, ou des opérations même chose, c'est-à-dire, de la pierre philosophale. le mercure des Sages; quel- On peut voir à ce sujet le quefois la miniere d'où se Traité de Pierre-Jean Fabre tire ce mercure. Les Chy- Médecin de Montpellier, mistes lui donnent ce nom qui a pour titre: Hercules générique d'herbe, à cause Piochymicus, imprimé à de sa qualité végétative. Toulouse en 1634. Il y ex- Herbe TRIOMPHANTE plique les travaux d'Hercule, (Sc. Herm.). Matiere mi- par le rapport qu'ils ont avec nérale faisant partie du com- les opérations de l'Alchymie, posé des Philosophes. C'est avec tant de vraisemblance, celle qu'ils appellent leur qu'on peut assurer avec lui, Fmelle, leur Crible, dont que presque toute la Fable voyez l'article. n'est qu'un tissu de symboles Herbe POTAGERE. énigmatiques du grand oeu- Pierre au blanc. vre; ceux qui sont au fait Herbe SATURNIENNE, en feront aisément l'appli- ou Saturnie végétable. Ma- cation. Anthée, par exem- tiere de laquelle les Philo- ple, ce Géant si redoutable, sophes Hermétiques sçavent fils de la Terre, qu'Hercule extraire leur mercure. ne put vaincre tant qu'il tou- HERCULE se prend cha la Terre sa mere; mais le plus souvent pour l'artiste qui fut suffoqué dès qu'il fut laborieux, & sçavant dans élevé en l'air, représente la l'art chymique; ce qui a en- terre métallique grossiere, gagé la plûpart des Auteurs & qui ne peut devenir pro- qui en ont traité, à compa- pre à la teinture des métaux, rer la préparation de la ma- qu'après avoir été sublimée

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par le mercure ou les esprits posé à s'y baigner aussi. Elle métalliques sublimans repré- le sollicita avec beaucoup sentés par Hercule. Cette d'instances, & ne pouvant terre après avoir été subli- l'engager à seconder ses de- mée doit mourir ou être sirs amoureux, elle courut à étouffée dans les airs, c'est- lui pour l'embrasser, & pria à-dire, doit changer de fi- en même tems les Dieux de gure, de forme & de na- lui accorder que de leurs ture, doit être changée en deux corps il ne s'en fit vapeur aqueuse, & puis re- qu'un; ce qui lui fut accordé. tomber pour être putréfiée, Hermaphrodite obtint alors & ensuite ressusciter de ses que tous ceux qui se baigne- cendres comme le phoenix. roient dans cette fontaine, Tous les livres des Philoso- soit homme ou femme, par- phes le disent, entr'autres ticiperoient à l'un & à l'au- Clangor Buccinae, p, 482. tre sexe. La matiere de l'art Celui qui sçaura convertir Hermétique tient de Mercu- notre terre en eau, cette eau re & de Vénus, & porte en air, cet air en feu, ce feu elle-même le nom de Mer- en terre, possedera le ma- cure des Philosophes: plus gistere d'Hermès, qui n'est d'un Adepte lui ont donné le autre que la pierre Philoso- nom de Vénus, & c'est en phale. Mais le plus commu- effet de l'un & de l'autre nément Hercule est le sym- qu'elle est composée. Il est bole de l'artiste qui em- à remarquer que ce fils de ploye le mercure philoso- Mercure & de Vénus ne de- phique pour faire tout ce vint Hermaphrodite qu'a- qu'on lui attribue. Voyez les près son union avec la Nym- Fables Egypt. & Grecques phe Salmacis, & la matiere dévoilées, liv. 5e. où l'on ne prend aussi le nom de explique tous les travaux Rebis & d'Hermaphrodite d'Hercule. qu'après la jonction du sou- HERMAPHRODITE, fre & du mercure des Sages fils de Mercure & de Vé- dans leur fontaine, qui est, nus, se promenoit dans un dit Trévisan, la fontaine où lieu solitaire, où il y avoit le Roi & la Reine se bai- une fontaine. La Nymphe gnent, comme le firent Sal- Salmacis qui s'y baignoit, macis & Hermaphrodite. La fut éprise de la beauté du propriété qu'acquit alors cet- jeune homme qui s'étoit dis- te fontaine de rendre parti-

192 HE HE cipans des deux sexes tous & particulierement celui de ceux qui s'y baigneroient, tous les individus du regne & précisément la propriété minéral. de l'eau mercurielle des Phi- HERME'TIQUE. Ter- losophes, qui est prise pour me de Chymie. La science la femelle, & qui ne fait Hermétique reconnoît Her- plus qu'un corps des corps mès pour son propagateur, qu'on y baigne, parce qu'ils & quelques-uns le regar- s'y dissolvent radicalement, dent comme le premier qui & s'y fixent ensuite de ma- y ait excellé; ce qui lui a niere à ne jamais pouvoir fait donner son nom. Le être séparés. C'est pour cette grand art, la Philosophie raison que quelques Philo- Hermétique, le grand oeu- sophes ont donné le nom vre, l'ouvrage de la pierre d'Hermaphrodite à leur ma- philosophale, le magistere tiere fixée au blanc. des Sages, sont toutes ex- HERME'S surnommé pressions synonymes de la Trismégiste, ou trois fois science Hermétique. La Phy- grand, est regardé comme sique Hermétique dépend de le pere de l'Alchymie, qui cette science, qui fait con- de lui a prit le nom d'Art sister toue les êtres sublunai- Hermétique. Il étoit Egyp- res dans trois principes, le tien, & le plus sçavant hom- sel, le soufre & le mercure, me connu jusqu'à présent. & rapporte toutes les mala- Voyez son histoire & les dies au défaut d'équilibre fables qu'on a inventées à dans l'action de ces trois prin- son sujet dans le premier li- cipes; c'est pourquoi elle se vre des Fables Egyptiennes propose pour objet la re- & Grecques dévoilées. cherche d'un remede, qui Hermès est aussi le nom entretienne cet équilibre que quelques Chymistes ont dans les corps, ou qui y re- donné au nitre. Blancart. mette ces trois principes, Hermès ODORANTE. lorsque l'un d'eux vient à C'est le Kermès, suivant dominer avec trop de vio- Raymond Lulle. lence sur les autres. Le se- Hermès est encore un cond objet de cet art, est des noms, & le nom pro- de composer ce qu'ils ap- pre du mercure des Philo- pellent élixir au blanc ou sophes, parce qu'il est en au rouge, qu'ils nomment effet le mercure des corps, aussi poudre de projection, ou

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ou pierre philosophale: ils ou autres; ce qui se fait en prétendent avec cet élixir les bouchant de maniere changer les métaux impar- qu'ils ne laissent échapper faits en argent avec l'élixir aucune des parties volatiles au blanc, ou en or avec des corps qu'ils renferment. l'élixir au rouge. On a re- Pour y parvenir, on fait rou- gardé dans tous les tems gir le haut du col du vais- comme des foux ceux qui seau, & on en rapproche les se sont adonnés à ces re- bords jusqu'à ce qu'ils soient cherches, quoiqu'ils se nom- collés ensemble. Quelque- ment les vrais Sages & les fois on y met un bouchon vrais Philosophes, à qui seuls de verre, lorsque le vase est la Nature est connue. Ils de cette matiere, & ayant prétendent que les Philoso- mis du verre pilé sur les phes de l'Antiquité, Démo- joints, on le fond à la lampe crite, Platon, Socrate, Py- d'émailleurs. On dit aussi thagore, &c. étoient tous sceller du sceau des Philo- initiés dans les secrets de sophes, des Sages; mais cette science, que les hié- quand on le dit des opéra- roglyphes des Egyptiens & tions du grand oeuvre, on toutes les fables qui compo- ne doit pas l'entendre du sent la Mythologie, n'ont vase qui contient la matiere; été inventés que pour ensei- mais du sceau secret avec gner cette science. Voyez lequel ils scellent la matiere sur cela les Fables Egypt. même; c'est la fixation du & Grecques dévoilées. volatil. HERME'TIQUE (Sceau) . HERMIONE ou HAR- Voyez Sceau. MONIE, fille de Mars & HERME'TIQUE (Mé- de Vénus, & femme de decine). Elle réduit toutes Cadmus. Ces deux derniers les causes des maladies au furent changés en serpens sel, au soufre & au mercu- ou dragons. Voyez Cad- re; & les guerit par des re- mus. medes travaillés hermétique- HERMIONE, fille de ment, & extraits des trois Ménélas & d'Helene, fut regnes. Blancart. d'abord fiancée à Oreste, HERME'TIQUE- fils d'Agamennon; Pyrrhus MENT. Ce terme ne se l'épousa à son retour de dit que de la maniere de Troye. Mais Oreste sans sceller les vases chymiques doute du consentement N

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d'Hermione fit massacrer dans les matieres terrestres. Pyrrhus dans le Temple Apollon & Neptune en de- d'Apollon. V. Oreste. sirent ardemment le sacrifi- HERMOGE^NE. Nom ce, c'est-à-dire, que l'hu- que Basile Valentin a donné mide & le chaud inné de au mercure des Philosophes, chaque chose, désirent leur comme principe, & pere réunion avec cette terre vier- de la pierre des Sages. Ce ge, pour produire quelque sçavant homme a composé chose de pur, & donner la le symbole de sa dixieme liberté à cette matiere ignée Clef de l'oeuvre Herméti- & cet humide radical, qui que, d'un triangle qui ren- se trouvent emprisonnés dans ferme deux cercles concen- les matieres grossieres de la triques, à l'angle droit est la terre. Fabri. Le monstre ma- figure chymique du Soleil, rin est une humidité super- à l'angle gauche celle de la flue, qui semble noyer, & Lune, à l'angle du bas celle comme vouloir dévorer Hé- de Mercure. Sur chaque fi- sionne. Voyez les Fables gure & au milieu du cercle dévoilées, liv. 5. ch. 14. sont des mots hébreux que HESNIC. Le poids d'un je n'entends pas. Au-dessus quarteron, ou la quatriéme du côté qui forme le haut partie d'une livre. du triangle est écrit: Je suis HESPE'RIDES, filles fa- né d'Hermogêne; le long du buleuses, que les Poëtes ont côté gauche: Hyperion m'a feint avoir un jardin, dans choisi, & le long du côté lequel croissoient des pom- droit: Sans Jamsuph je suis mes d'or. Ce jardin, selon contraint de périr. l'explication des Philosophes HERNEC. Orpiment Spargyriques, est le sym- des Philosophes. bole de l'Alchymie, par les HE'SIONNE, fille de opérations de laquelle on Laomédon Roi de Troye, fait germer, croître, fleurir selon la Fable, fut exposée & fructifier cet arbre solai- pour être dévorée par un re, dont le fruit surpasse l'or monstre marin, qu'Hercule commun en beauté & bon- tua. Les Philosophes ou té, puisqu'il convertit les au- Adeptes disent qu'Hésionne tres métaux en sa propre na- est cette terre vierge qui ture; ce que ne peut faire renferme leur eau mercu- l'or vulgaire. Le Dragon qui rielle, & qui est cachée gardoit le jardin des Hespé-

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rides, est le symbole des HIE'ROGLYPHES. difficultés qu'il faut surmon- Caracteres mystérieux in- ter pour parvenir à la per- ventés par Hermès Trismé- fection de la pierre philoso- giste, & employés par les phale, & en même tems Egyptiens particulierement celui de la putréfaction du pour enseigner l'art sacerdo- mercure. tal. Voyez cet article. Dans Les Hespérides étoient les quatre sortes d'hiérogly- trois soeurs, filles d'Hespé- phes en usage chez les Egyp- rus, frere d'Atlas. Elles se tiens, la seconde étoit la nommoient Eglé, Aréthuse seule usitée quand il s'agis- & Hespéréthuse. Ceux qui soit de parler des mysteres seront curieux d'en voir une de la Nature, & de ceux de application plus détaillée, l'art Sacerdotal ou Hermé- peuvent consulter mon traité tique. Abénéphi. Presque des Fables Egypt. & Grec- tous les Alchymistes ont ques dévoilées, liv. 2. ch. 2. imité les Egyptiens. Ils ne HESPERIS, espece de se sont expliqués que par giroflier ou violier, ainsi symboles, allégories, mé- nommé, de ce que ses fleurs taphores, fables & énigmes. ont beaucoup plus d'odeur HIE'ROPHANTES. le soir que pendant le reste Prêtres célébres à Athènes, de la journée. Blancard. chargés d'enseigner les cho- HE'TE'ROGE^NE. Qui ses sacrées, & les mysteres n'est pas de même nature. à ceux qui vouloient être La matiere des Philosophes initiés. Ils avoient soin des est mêlée de beaucoup de Temples. Voyez les Fables parties hétérogênes qu'il faut Egypt. & Grecques dévoi- en séparer pour avoir le mer- lées, liv. 4. cure des Philosophes pur & HILLA. Boyau jejun- sans tâches. non. HEXAGIUM. Poids de HILLUS ou HILUS, fils quatre scrupules, suivant d'Hercule & de Déjanire, quelques-uns, & d'une épousa Jolé, & tua dans la dragme & demie, suivant suite Eurysthée, pour ven- d'autres. Blancard. ger son pere des maux que HIDROS. Sueur. lui avoit suscité ce Roi. HIDROTIQUES (Mé- Voyez Hercule. dicamens) ou sudorifiques. HIMEN ou HYMEN. HIDUS. Vert-de-gris. Nom que Raymond Lulle a N ij

196 HI HI donné a l'unique vase que les maus à la course du char. Philosophes employent pour C'étoit la condition que ce faire le magistere des Sages. Roi d'Elide imposoit à ceux HIN. Assa foetida. qui demandoient sa fille en HIPPOCENTAURES. mariage. V. Oenomaus. Monstres demi hommes & HIPPODAMIE ou demi chevaux, que les Poë- DE'IDAMIE, fille du Roi tes ont feint avoir habité au- d'Argos, prit pour mari Pi- trefois près du mont Pélion. rithous. Celui-ci invita les Ces monstres sont de la na- Centaures à ses nôces; ils y ture des autres de la Fable, exciterent du trouble; Her- c'est-à-dire, imaginés pour cule & Thésée, amis de Pi- symbole de la dissolution de rithous, prirent son patri, la matiere de l'oeuvre Her- attaquerent les Centaures, métique. Ce qui est assez en tuerent un grand nom- clairement déclaré par la si- bre, & mirent les autres en gnification étymologique du fuite. Voyez les Fables dé- lieu de leur habitation pré- voilées, liv. 5. ch. 22. tendue; car Pelos veut dire Les nôces de l'oeuvre se noir, d'où on a fait Pélion. font pendant la putréfaction On sçait que la couleur noire de la matiere signifiée par est la marque & le signe de les Centaures. Hercule ou la putréfaction & de la dis- l'Artiste de concert avec solution parfaite de la ma- Thésée, ou le mercure des tiere. Voyez Centaures. Philosophes achevent la dis- HIPPOCRE^NE. Fon- solution, désignée par la taine située près du mont mort des Centaures, & pro- Hélicon en Béotie, & con- cure la volatilisation indi- sacrée aux Muses. Les Poë- quée par ceux qui prennent tes ont feint que le cheval la fuite. Pirithous est la ma- Pégase la fit sourdre en frap- tiere fixe, Hippodamie est pant la terre avec le pied. la volatile. Voyez l'explication de cette HIPPOLITE, fils de fable dans les Fables Egypt. Thésée & d'Hippolite, Rei- & Grecques dévoilées, liv. ne des Amazonnes, eut une 3. ch. 14. §. 3. si grande passion pour la HIPPODAMIE, fille chasse, qu'il en étoit unique- d'Oenomaus, épousa Pélops, ment occupé. Phédre sa bel- après que celui-ci eût par le-mere devint amoureuse stratagême vaincu Oeno- de lui, & ne pouvant le faire

HI HI 197 consentir à ses désirs, elle Sages, & y meurt, c'est-à- s'en vengea en l'accusant au- dire qu'il s'y fixe; car mou- près de Thésée d'avoir voulu rir & se fixer sont deux ter- attenter à son honneur. Thé- mes synonimes en fait de sée trop crédule chassa Hip- science Hermétique, comme polite son fils de sa présence. volatiliser signifie donner la Celui-ci en fuyant la colere vie. Voyez dans le liv. 3. de son pere étoit monté sur ch. 12. §. 2. des Fables dé- un char pour s'éloigner de voilées ce qu'il faut enten- lui; comme il passoit sur le dre par la résurrection d'Hip- rivage de la mer, Neptune polite, faite par l'art d'Es- suscita un monstre marin, qui culape. s'étant présenté aux chevaux Hippolite ou ANTIO- d'Hippolite, les effraya, leur PE, Reine des Amazonnes, fit prendre le mords aux épousa Thésée après sa dé- dents, & les obligea de traî- faite. Voyez le liv. 5. c. 13, ner le char à travers les ro- des Fables Egypt. & Grecq. chers, où il se fracassa; Hip- dévoilées. polite culbuta, & y périt. HIPPOMENE, fils de Esculape le ressuscita. La Macarée, se mit sur les rangs passion d'Hippolite pour la pour épouser Atalante. Il la chasse, est la disposition de vainquit à la course par le la matiere à être volatilisée; moyen de trois pommes d'or cette volatilisation marque qu'il jetta successivement une espece d'éloignement & derriere lui, & qu'Atalante d'aversion pour l'union avec s'amusa à ramasser. Voyez la terre qui reste au fond du les Fables dévoilées, liv. 2. vase, indiquée par Phédre chap. 3. mariée avec le mercure re- HIPPURIS. C'est la présenté par Thésée. Com- prêle, la queue du cheval, me c'est le mercure lui-même en latin Equisetum. qui est cause de la volatilisa- HIRUN DINARIA. tion, on a feint que Thésée Dompte venin, Asclepias. avoit chassé son fils de sa pré- HISMAT. Scories d'ar- sence. Il est en effet son fils gent. puisqu'il est fait du mercure HISPANACH. Epinars. même. Après sa volatilisa- HIVER. Les Sages ont tion, il retombe dans la mer donné quelquefois ce nom à des Philosophes, où se forme leur mercure; mais ils s'en le rocher ou la pierre des servent communément dans N iij

198 HI HO un sens allégorique, pour si- cure se mortifie, que la terre gnifier le commencement de conçoit & qu'elle change de l'oeuvre, ou le tems qui pré- nature. céde la putréfaction. C'est HOLCE. Dragme. pourquoi ils disent commu- HOLSEBON. Sel com- nément, qu'il faut commen- mun décrépité. cer par l'hiver, & le finir par HOMERE, Poëte Grec, l'automne; parce que de peut-être le plus ancien, a même que la nature semble composé divers ouvrages; il morte en hiver & ne pro- nous reste entr'autres son duit encore rien, de même Iliade, son Odyssée & quel- le mercure des Sages dispose ques Hymnes. On l'appelle seulement à la génération, le Prince des Poëtes, tant à qui ne peut se faire sans cor- cause du sublime de la Poë- ruption, & la corruption ne sie, que parce qu'il semble survient que par la putré- être la source dans laquelle faction. Le régime du feu les autres ont puisé; c'est est alors du premier degré. pourquoi Pline l'appelloit la Le mercure dissout son corps. Fontaine des beaux esprits. Et les Philosophes disent que Homere avoit voyagé en ce degré du feu doit être Egypte, & y avoit appris semblable à la chaleur d'une les mysteres de l'Art Sacer- poule qui couve; d'autres à dotal. Il imagina la fiction la chaleur de l'estomac, à la de la guerre & du siége de chaleur du fumier; d'autres Troye pour traiter cet Art enfin à une chaleur sembla- allégoriquement; ce qu'il a ble à celle du soleil au mois fait dans son Iliade. Il fit aussi de Mars, ou dans le signe son Odyssée, ou les Erreurs d'Aries. C'est pour cela d'Ulysse, pour représen- qu'ils ont dit qu'il falloit ter les erreurs où tombent commencer l'oeuvre au signe les Philosophes Hermétiques du Belier, pendant que la avant de parvenir à la con- Lune est dans celui du Tau- noissance du véritable secret reau. Et tout cela ne signifie de cet Art. On y voit clai- autre chose que la chaleur rement les procédés faux & modérée philosophiquement erroneux (pour me servir des au commencement de l'oeu- termes-mêmes des Philoso- vre. phes) de ceux qui n'étant C'est dans ce tems d'hiver pas encore initiés dans ces philosophique que le mer- mysteres, font des chûtes

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presqu'à chaque pas qu'ils torture sans réussir à expli- font. Ulysse est le véritable quer Homere d'une maniere portrait de ces Chymistes satisfaisante, s'ils supposent qui ayant une fois adopté un à ce Poëte d'autres idées que systême & une recette, la celles-là. travaillent conformément à HOMME. La plûpart leurs préjugés, malgré que des Philosophes ont com- la Nature s'offre à eux com- paré la confection du ma- me Calypso, & ils l'aban- gistere à la génération de donnent ensuite de la ma- l'homme, & ont en consé- niere que fit Ulysse. Ils s'ins- quence personnifié les deux truisent comme Ulysse le fut parties ou ingrédiens de l'oeu- par Tyresias; mais toujours vre, le fixe & le volatil. Ils indécis, ils font mille opéra- ont appellé le fixe mâle, & lui tions sur des recettes diffé- ont donné des noms d'hom- rentes, comme Ulysse abor- mes; & le volatil femelle, & da en différens pays sans se l'ont indiqué par des noms fixer à aucun. de femmes. C'est de cette Riplée, Trévisan, Za- maniere que les Egyptiens chaire ont imité Homere; ils & les Grecs anciens, initiés ont fait le détail des erreurs dans les mysteres de l'Art où ils sont tombés avant de Sacerdotal ou Hermétique, réussir, & ont donné ensuite ont inventé les fables. métaphoriquement & allé- Homme dit simplement, goriquement la véritable ma- signifie le fixe. niere de procéder aux opé- Homme E'LEVE' s'entend rations du grand oeuvre. Il de la matiere des Philoso- ne faudroit que donner une phes digerée, dissoute & en édition commentée d'Ho- putréfaction. mere faite par un Philosophe Homme ARME' DE CAS- Hermétique, pour prouver QUE signifie le mercure di- au Public la vérité de ce que géré & parvenu à la couleur j'avance. Le peu d'explica- noire. C'est une dénomina- tions que j'ai données de tion tirée par comparaison l'Iliade dans le 6e livre des de la figure du Dieu Mer- Fables Egyptiennes & Grec- cure, représenté avec un cas- ques dévoilées, suffisent pour que en tête, tenant son ca- donner une idée claire du ducée, autour duquel deux reste. Les Mythologues se serpens entortillés semblent donneront éternellement la se combattre. N iv

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Homme ROUGE. C'est qu'il est le principe & la base le soufre des Philosophes, de l'or philosophique. ou le magistere au rouge. HORIZONTIS. Or po- HOMOGE^NE. Qui est table. de même nature, qui est HORUS ou ORUS, fils composé de parties absolu- d'Osiris & d'Isis, fit la guerre ment similaires entr'elles, & à Typhon, & le fit périr avec qui peuvent, étant rappro- l'aide d'Isis. Horus mourut chées, s'unir intimement. cependant, mais sa mere le Telles sont les parties de ressuscita, & le rendit im- l'eau, qui mêlées avec de mortel. Horus succéda à sa l'eau, ne peuvent plus en mere, qui avoit elle même être distinguées. Tel est l'or succédé à Osiris son époux; pur mêlé avec d'autre or pur. mais Horus fut le dernier Un métal ne peut se mêler, des Dieux qui régnerent en comme on dit, per minima Egypte. Voyez ce que signi- ou intimement avec un vé- fient ces fictions, dans les gétal; mais seulement avec Fables Egypt. & Grecques quelques parties de ce végé- dévoilées, liv 1. ch. 5. tal quand elles sont métalli- HUCCI ou HUNC. ques de leur nature. On en C'est l'étain, ou Jupiter. trouve dans plusieurs plan- HUILE, quoique simple- tes, & dans différens arbres ment dit, n'est pas une ma- lorsqu'ils croissent sur des tiere dont on doive se servir mines, On prétend même pour la confection de l'oeu- que les Chinois sçavent ex- vre; ils ont donné ce nom à traire du mercure vulgaire la matiere même lorsqu'elle coulant du pourpier sauvage. a pris une couleur & une vis- L'expérience a prouvé qu'on cosité huileuse, pendant la trouve dans le chêne des par- putréfaction dans l'oeuf phi- ties ferugineuses. La cendre losophique. Tabula Scientiae de pavôt cornu se mêle avec majoris. Par l'huile les Phi- les métaux en fusion. losophes désignent souvent HOREUM. Miel tiré de le feu secret des Sages. la ruche pendant l'été. Huile BE'NITE. Huile HORIZON. Nom que incombustible. C'est leur quelques Chymistes ont don- soufre. Ils donnent quelque- né au mercure de l'or; & les fois ce nom à leur pierre Philosophes Hermétiques au parfaite au blanc ou au rou- mercure des Sages, parce ge, parce qu'elle coule & se

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fond au feu comme le beurre mistes ont mis en oeuvre tout ou l'huile figée. leur sçavoir pour la compo- Huile DE LA NATURE. ser; ils ont calciné, purifié, C'est le premier sel qui sert sublimé, &c. cette matiere, de base à tous les autres. On & n'en ont jamais pû ex- l'appelle Huile, parce qu'il traire cette huile si précieuse, est onctueux, fondant & pé- C'est que les Anciens n'en nétrant; Huile de la Nature, ont parlé que par allégorie, parce qu'il est la base de tous & que sous ce nom ils ont les individus des trois régnes, entendu l'huile des Philoso- & qu'il en est aussi le conser- phes Hermétiques, autre- vateur matériel & le restau- ment leur élixir au blanc par- rateur. C'est le meilleur, le fait, au lieu que les Chy- plus noble, le plus fixe, & mistes modernes ont pris les en même-tems le plus vo- termes des Anciens à la let- latil avant sa préparation. tre, & ont perdu leurs pei- Lorsque l'Art veut l'em- nes, parce que le talc n'est ployer, il doit de fixe le ren- pas la matiere d'où cette dre volatil, & puis de volatil huile doit s'extraire. fixe; le résoudre & le coa- Huile DE MARS. (Sc. guler, c'est tout l'oeuvre. Herm.) Soufre des Philoso- Huile ESSENTIELLE. phes parfait au rouge. C'est le soufre volatil des Huile INCOMBUSTI- métaux philosophiques; c'est- BLE. (Sc. Herm.) Magistere à-dire, leur ame, ou le mâ- au rouge; on l'appelle in- le, le soleil, l'or des Sages. combustible, à cause de sa Huile DE SATURNE. fixité. (Sc. Herm.) Matiere des Huile ROUGE. Voyez Philosophes au noir, ainsi Huile de Mars. nommée, parce qu'ils ap- Huile VIVE. Magistere pellent Plomb leur matiere au blanc. en putréfaction. Huile VE'GE'TALE. Huile Huile DE SOUFRE. du tartre des Philosophes, (Sc. Herm.) Matiere au & non du tartre vulgaire. noir. Huile HE'RACLIENNE. Huile DE TALC. Les Huile extraite du bois de Anciens ont beaucoup parlé gayac, ou du bouis. Il est de cette huile, à laquelle ils bon contre l'épilepsie & les attribuoient tant de vertus maux de dents. que presque tous les Chy- HUMATION. Action

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par laquelle l'on met dans le ce que la fixation du volatil vase la matiere de la pierre est une espece de mort, & des Sages, pour l'y faire pu- que ce qui étoit eau pendant tréfier. Quelques Chymistes la dissolution, devient terre ont comparé cette action à en se fixant. la sépulture de Jesus-Christ, HUMECTATION. (Sc. parce qu'on scelle le vase Herm.) Donner à la pierre aprés y avoir mis la matiere, son humidité, lorsqu'elle est comme on scella le tombeau parfaite, & qu'on veut la de notre Sauveur; & que la multiplier. V. Imbibition, matiere ne s'y dissout, ou Multiplication. putréfie, que pour ressusciter. HUMECTER. Cuire, Plusieurs d'entre les Philoso- digérer. V. Imbibition. phes Chymiques ont trouvé HUMEURS. Paracelse tant de ressemblance dans la ne vouloit pas qu'on dît d'un vie, la passion, &c. de Jesus- homme, qu'il est sanguin, Christ, avec les opérations ou mélancolique, ou pitui- du grand oeuvre des Sages, teux; parce que tout homme qu'ils n'ont point fais diffi- est sanguin, mélancolique & culté de se servir des termes flegmatique tout ensemble; mêmes de l'évangile pour ex- mais il vouloit qu'on appel- primer allégoriquement tout lât la bile soufre rouge, le leur procédé; parce que, phlegme soufre blanc im- disent-ils, Dieu a institué le pregné de sels, & la mélan- grand oeuvre pour le salut colie mercure. de nos corps, comme il a HUMIDE IGNE'. Mer- envoyé son Fils pour le salut cure des Sages animé de son de nos ames. Ils ajoutent, soufre. Quelquefois les Phi- que la science Hermétique losophes entendent par ce jette sur les mysteres de la terme la matiere de l'oeuvre religion Chrétienne, un jour au noir. si grand, qu'il n'est pas pos- Humide RADICAL DE sible d'être Philosophe Her- LA NATURE, ou l'humidité métique, sans être bon Chré- visqueuse. C'est le mercure tien. des Philosophes, qui est la HUMATION, en ter- base de tous les individus des mes de science Hermétique trois regnes de la Nature; signifie proprement la pu- mais qui est plus particulie- trefaction de la matiere; & rement la semence & la base quelquefois sa fixation, par- des métaux, quand il est

HU HU HY 203 préparé philosophiquement font d'elles-mêmes, lorsque pour faire l'oeuvre Hermé- cette même humidité retom- tique. be sur la terre qui est demeu- HUMIDITE' dit simple- rée au bas. ment, signifie le mercure, Humidité VISQUEUSE. dissolvant universel des Phi- Voyez Humidité de la losophes. Pierre. Humidité DE LA PIER- Humidité AQUEUSE. RE. C'est aussi le mercure Mercure après la putréfac- qui est une eau séche, qui tion de la matiere. ne mouille point les mains, Humidité BRULANTE. & qui ne s'attache qu'à ce Mercure des Sages, ainsi qui est de sa nature. Ceux nommé de ce qu'il a plus qui prétendent qu'il y a deux d'action & de force sur l'or voyes, la séche & l'humide même que le feu élémen- pour faire le magistere, ap- taire. C'est pourquoi les Phi- pellent humidité de la pierre losophes disent, nous brû- l'eau permanente des Sages lons avec l'eau, & les Chy- sous forme d'eau laiteuse, mistes avec le feu. nommée lait de vierge, hu- Humidité PERMANEN- midité visqueuse. Ceux qui TE. V. Eau Permanente. n'admettent que la voye sé- HUNC ou HUNT ou che, l'appellent eau séche HUCCI. Etain, Jupiter. simplement. Mais c'est un HUSACE. Sel armo- leure que ces deux voyes; niac. les uns & les autres suivent HUVO. \ Jupiter des la même sous deux noms HUUT. / Chymistes. différens; ils n'ont égard HYACINTHE, fils d'A- dans ces dénominations micle, fut tué par Apollon, qu'aux différentes formes qui l'aimoit beaucoup. Ce sous lesquelles se montre leur Dieu en jouant au palet le mercure dans le cours des fit tomber par mégarde sur opérations. la tête d'Hyacinthe, qui pé- Rendre à la pierre son hu- rit du coup. Les Poëtes ont midité, c'est faire les imbi- feint qu'Apollon le changea bitions, c'est-à-dire, conti- en la fleur d'Hyacinthe, & nuer le régime du feu philo- que l'on voit encore sur cette sophique, qui fait sublimer fleur ces deux lettres A, I, cette humidité au haut du qui composent l'exclamation vase, d'où les imbibitions se lamentable que fit ce Dieu

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après cet accident. Voyez subit une espece de mort, ce que signifie cette fable & semble acquérir à chaque dans l'article d'Apollon. instant un nouveau genre de HYADES, filles d'Atlas vie par les différens dégrés & d'Ethra, furent, selon de perfection qu'elle prend, quelques-uns les nourrices de même que l'hydre pre- de Bacchus. On en nomme noit dix nouvelles têtes six, Eudore, Ambrosie, quand Hercule lui en cou- Prodice, Coronis, Phileto poit une; ce qui est très- & Poliso: d'autres y ajou- clairement le symbole de la tent Thionne. Ces préten- multiplication de la pierre. dues filles d'Atlas ne sont Car autant de fois que l'on autres que les vapeurs mer- recuit & que l'on dissout la curielles qui montent au haut pierre avec du nouveau mer- du vase, & retombent en cure, elle acquiert le décu- pluye sur la matiere fixe si- ple de vertu, & a dix fois gnifiée par Bacchus. Le nom autant de force transmuta- seul d'Hyades, qui veut dire toire qu'elle en avoit avant pluvieux, exprime suffisam- cette nouvelle décoction. ment la chose. Voyez les Fables Egypt. HYARIT. Argent, Lune & Grecq. dévoilées, liv. 5. des Philosophes. chap. 4. HYDATIS. V. Arles HYDRE. Les Sages ont Crudum. comparé leur élixir à l'hy- HYDATODES VI- dre, parce que la pierre se NUM. Vin trempé d'eau. renouvelle & augmente en HYDEROS. Hydropi- quantité & en qualité à cha- sie. que fois qu'on répéte l'opé- HYDRARGIROSIS. ration sur le même élixir, Onction mercurielle. & que dans chaque opéra- HYDRE. Serpent à plu- tion la putréfaction survient; sieurs têtes qu'Hercule tua ce qui est une espece de dans le marais de Lerna. mort, ils disent qu'alors l'ar- Les Philosophes Spargyri- tiste coupe la tête à l'Hydre, ques disent que l'hydre re- & qu'il en renaît dix à la présente la semence métal- place; parce qu'à chaque lique, laquelle si l'on digére, réitération de l'oeuvre sur la & si l'on cuit dans le vase même pierre, sa vertu aug- philosophique, s'altére & se mente de dix dégrés par pro- change de maniere qu'elle gression, c'est-à-dire, que

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si après la premiere opéra- mé d'Hercule, qui tua Théo- tion l'élixir étoit assez par- damas pour enlever le fils. fait pour qu'une de ses par- Hercule en allant à la con- ties en pût transmuer en or quête de la Toison d'or, dix d'un métal imparfait aborda avec les autres Ar- après la seconde opération, gonautes en une terre où & une partie en transmuera Hylas disparu ayant été cher- cent, &c. ché de l'eau. On feignit que Hydre. Matiere du ma- les Nymphes l'avoient en- gistere avant la déalbation. levé. Hercule courut les bois ” Notre Lion, dit Philale- en cherchant & appellant ” the, étant mis dans notre son cher Hylas; mais inu- ” mer devient notre Hydre: tilement. Voy. l'explication ” elle mange ses têtes & sa de cette fable dans le liv. 5. ” queue. Et sa tête & sa ch. 14. des Fables Egypt. ” queue sont son esprit & & Grecq. dévoilées. ” son ame. Cette ame & cet HYLE'. Terme pris du ” esprit sont sortis de la boue, grec ÝlÅ, & qui signifie fo- ” dans laquelle sont deux rêt, cahos, confusion. C'est ” choses contraires, l'eau & aussi le nom que la plûpart ” le feu. L'un vivifie l'autre, des Alchymistes donnent à ” & celui-ci tue celui-là. Il la matiere de la pierre phi- ” faut les plonger dans notre losophale. ” Hydre, & puis sept fois Hylé. (Science Herm.) ” dans notre mer, jusqu'à Quelques-uns disent qu'il ” ce que tout soit absolu- faut entendre par ce terme ” ment sec, c'est-à-dire la matiere d'où les Philoso- ” jusqu'au blanc. “ phes tirent leur mercure; HYDRELOEUM. Mix- d'autres, qu'il signifie la mê- tion d'eau & d'huile. me matiere au noir, & Phi- HYDRIA. Dieu de l'Eau lalethe dit qu'on donne le chez les Egyptiens. Voyez nom de Hylé à la matiere Canope. parvenue au blanc. Voyez HYDROPEGE. Eau de son Traité De vera confec- fontaine. tione lapidis Phici, ou Enar- HYGIEIA, fille d'Escu- ratio methodica trium medi- lape, Déesse de la Santé. cinarum Gebri, pag. 38. Voyez Esculape. Hylé. Matiere premiere HYLAS, fils de Théo- substance radicale, humide damas, fut extrêmement ai- radical, dernier aliment, se-

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mence prolifique, sont des les des eaux ou esprits avec expressions presque synony- lesquels ces huiles passent mes d'une même chose dans dans le récipient pendant la chaque regne. Le Breton. distillation. HYLEC. Voyez Hylé. HYPOGLOSSIS ou HYLLUS, fils d'Hercule. BATRACHION. Rainet, Voyez Hillus. tumeur de grenouille, & le HYMEN. Voy. Himen. remede qui guerit cette ma- HYPECOON. Cumin ladie, de même que l'as- sauvage: d'autres préten- prété du larynx. dent que ce terme doit s'en- HYPOGLOTTIDES. tendre d'une espece de pa- (Pilules) Ce sont des con- vot cornu. Plancard. serves, des pilules qu'on laisse HYPE'RION, pere du fondre sur la langue pour Soleil, selon la Fable, si- adoucir la toux. gnifie le Mercure philoso- HYPOPHE'ON. Voyez phique, pere de l'or; car Hypecoon. rien n'est plus subtil que le HYPOPHORES. Ulce- mercure. Et Théja regardée res fistuleux. comme la mere du Soleil, HYPOPYON. Oeil pu- doit s'entendre du soufre. rulent. Olaus Borrichius. HYPOSPHAGMA. Oeil HYPERMNESTRE. meurtri. L'une des filles de Danaüs, HYPOSTASE. Matiere fut la seule des cinquante qui de l'oeuvre au blanc. ne suivit pas les ordres de son HYPSIPHILE, fille de pere, qui consistoient à tuer Thoas Roi de Lemnos, sau- chacune son mari la pre- va la vie à son pere, contre miere nuit de leurs noces. la résolution que les femmes Hypermnestre épargna le de cette isle avoient prise de sien nommé Lincée, qui dans tuer tous les hommes qui y la suite fit mourir Danaüs. habitoient. Elle se sauva de Voyez Danaüs. l'isle après que Jason l'eut HYPNOTICA. Médi- connue, & laissée enceinte. camens soporifiques. Elle eut de lui deux enfans, HYPOCHOERIS. Lai- Thoas & Euneus. Licurgue tron épineux. Roi de Thrace, reçut Hyp- HYPOCLAPTIQUE. siphile chez lui, & la fit nour- (Vase) Espece d'entonnoir rice de son fils Archemore. à séparer les huiles essentiel- Etant un jour dans un bois

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avec son nourrisson, des des Fables Egyptiennes & Grecs extrêmement pressé Grecques dévoilées. de la soif, la prierent de leur JANUS à deux visages donner quelques secours: signifie, selon les Alchymis- elle le fit, & les conduisit à tes, la matiere de la pierre une fontaine qui n'étoit pas philosophale, qu'ils nom- loin de là. Son zéle fut si ment Rebis, comme faite & grand, que pour aller plus composée de deux choses. Il vite, elle laissa le petit Ar- font regner ce Janus avec chemore seul sur l'herbe. Saturne, parce que cette Elle s'amusa à raconter en matiere mise dans le vase peu de mots son histoire aux prend d'abord la couleur Grecs, & retourna où elle noire attribuée à Saturne. avoit laissé le jeune Prince. Voyez une explication plus Pendant ce tems-là un ser- étendue de Janus & de ses pent lui avoit ôté la vie, & attributs dans le liv. 3. ch. 3. il venoit d'expirer. Les Grecs & suiv. des Fables Egypt. affligés de cette funeste aven- & Grecques dévoilées. ture tuerent le serpent, firent JAPET, fils du Ciel & à cet enfant de superbes fu- de la Terre, eut de la Nym- nerailles, & instituerent des phe Asie Hesper, Atlas, Jeux en son honneur, qui Epiméthée & Prométhée. devoient se célébrer dans la Voyez Atlas. suite tous les trois ou tous JARDIN. Le Jardin des les cinq ans. Ce sont ceux Philosophes est le vase qui que l'on appella Jeux Né- contient la matiere du grand méens. Voyez les Fables oeuvre. Les couleurs sont les Egypt. & Grecques dévoi- fleurs de ce Jardin, que le lées, liv. 4. ch. 8. & liv. 2. feu de la Nature, aidé du ch. 1. feu artificiel, fait naître &

J. éclore. Le Dragon des Hes- pérides veille à la porte du J A, fille d'Atlas & soeur Jardin des Sages, dont il de Maïa, mere de Mer- garde l'entrée. D'Espagnet cure. Voyez Maïa. donne ainsi la description de JABORA. Mandragore. ce Jardin. IACCHOS. L'un des Lorsqu'on a trouvé le noms de Bacchus. Voyez ce moyen d'ouvrir la porte du qu'il signifie dans le liv. 3. Jardin des Philosophes, on ch, 14. §. 2, & liv. 4. ch, 2, trouve dès l'entrée une fon-

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taine d'eau très-lympide qui d'autres, dorées comme la sort de sept sources, & qui premiere. Vous trouverez l'arrose tout entier. Il faut y ensuite de beaux lys, d'un faire boire le Dragon par le blanc éclatant, & enfin l'im- nombre magique de trois mortelle amaranthe d'une fois sept, jusqu'à ce qu'il en belle couleur de pourpre. soit tellement enyvré, qu'il Tout ce que nous venons de dépouille ses vêtemens. Mais rapporter d'après d'Espa- on n'en viendra jamais à gnet, doit s'entendre de la bout si Vénus porte-lu- seconde opération, que pres- miere, & Diane cornue ne que tous les Philosophes ap- nous sont propices & favo- pellent la premiere, parce rables. On doit chercher qu'ils supposent qu'on a le dans ce Jardin trois sortes mercure tout préparé. Cette de fleurs, qu'il faut néces- préparation est cependant ce sairement y trouver pour qu'il y a de plus difficile, réussir. Tout auprès du seuil puisqu'ils l'ont appellée les de la porte se voyent des travaux d'Hercule. Mais violettes printemnieres, qui peu d'entr'eux en ont parlé, arrosées par des petits ruis- parce que tout leur secret gît seaux, formés par des sai- presque dans cette opéra- gnées faites au fleuve doré, tion; la seconde, qui est la font prendre à ces violettes formation du soufre lunifi- une couleur brillante d'un que & solifique, est appel- saphir foncé. Le soleil vous lée un ouvrage de femmes servira de guide. Vous ne & un jeu d'enfans. séparerez point ces fleurs de La fontaine que l'on trou- leurs racines jusqu'à ce que ve à l'entrée du Jardin, est vous en composiez votre le mercure des Sages, qui pierre, parce qu'elles don- sort des sept sources, parce nent plus de suc & de tein- qu'il est le principe des sept ture, lorsqu'elles sont fraî- métaux, & qu'il est formé chement cueillies: alors vous par les sept planettes, quoi- les cueillerez d'une main sub- que le Soleil seul soit ap- tile & ingenieuse: ce que pellé son pere, & la Lune vous ferez très-aisément, si seule sa mere. Le Dragon votre mauvais destin ne s'y qu'on y fait boire, est la pu- oppose: lorsque vous en au- trefaction qui survient à la rez cueilli une, la racine matiere, qu'ils ont appellé vous en produira bientôt Dragon, à cause de sa cou-

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leur noire & de sa puan- Voyez les Fables Egypt. & teur. Ce Dragon quitte ses Grecques dévoilées, liv. 4. vêtemens, lorsque la cou- ch. 2. & 3. leur grise succéde à la noire. JASO, fille d'Esculape Vous ne réussirez point si & d'Epione, que quelques- Vénus & Diane ne vous uns nomment Lampotie, eut sont favorables, c'est-à-dire, pour freres Machaon & Po- si, par le régime du feu, dalire, & pour soeurs Hy- vous ne parvenez à blanchir giéa, Eglé & Panacéa. Jaso la matiere qu'il appelle dans fut regardée comme Déesse cet état de blancheur, le de la Médecine, aussi son regne de la Lune, auquel nom veut-il dire guérison, succéde celui de Vénus, puis comme celui de Panacéa si- celui de Mars, enfin celui du gnifie Médecine universelle. Soleil. Vous ne séparerez Voyez les Fables Egypt. & point ces fleurs de leurs ra- Grecques dévoilées, liv. 3, cines, &c. c'est-à-dire, qu'il chap. 12. §. 2. ne faut rien ôter du vase, JASON, selon la Fable, alors vous les cueillerez d'u- étoit fils d'Eson & de Poly- ne main subtile & ingénieu- mede fille d'Autolicus. Il eut se; non pas qu'il faille alors Créthée pour ayeul, Eole ôter quoique ce soit de pour bisayeul, qui étoit fils l'oeuf, ni même l'ouvrir; de Jupiter. Eson avoit pour mais faire succéder les cou- frere un nommé Pélias, sous leurs les unes aux autres, au la tutelle duquel il mit Ja- moyen du régime du feu. son; mais la mere de celui-ci Par ce moyen on aura d'a- le mit entre les mains de Chi- bord les violettes de couleur ron pour y apprendre la Mé- de saphir foncé, ensuite le decine. Etant devenu grand lys, & enfin l'amaranthe, & bien instruit, il redeman- ou la couleur de pourpre, da à Pélias le Royaume que qui est l'indice de la perfec- son pere Eson lui avoit laissé tion du soufre aurifique. en mourant. Pélias ne vou- JASION, fils de Jupiter lut consentir à cette restitu- & d'Electre, fille d'Atlas, tion, qu'à condition que Ja- épousa Cybele, dont il eut son iroit préalablement faire un fils nommé Corybas. Cé- la conquête de la Toison rès, dont il fut très-aimé, lui d'or. Ce que Jason exécuta, donna Plutus: & Jasion fut après s'être associé cinquante enfin mis au rang des Dieux, braves compagnons presque O

210 JA JA tous descendus des Dieux Jason ne fut jamais Médecin comme lui. Ayant donc pré- ou Chirurgien, puisqu'il n'a paré tout ce qu'il crut né- jamais existé en réalité; mais cessaire pour cette expédi- la Fable dit qu'il fut instruit tion, Pallas lui conseilla la par Chiron, le même qui construction & la forme de instruisit aussi Hercule & la navire, dont le mât fut Achille. Chiron lui apprit fait d'un chêne pris dans la donc l'expérience manuelle, forêt de Dodone. Il aborda Médée la théorie nécessaire d'abord à Lemnos pour se pour la perfection de l'oeu- rendre Vulcain propice, puis vre. Jupiter un de ses ancê- à Marsias, à Cius, en Iberie, tres; & Médée, femme de à Bébrycie & vers les Syrtes Jason, étoit petite-fille du de Lybie, où ne pouvant Soleil & de l'Océan, & fille passer, ses compagnons & d'Aeéte, dont les soeurs lui porterent la navire Argo étoient Circé l'Enchanteres- sur leurs épaules pendant se, & Pasiphaé qui engen- douze jours, & la remirent dra le Minotaure. La mere en mer; & après avoir vain- de Médée fut Idie, aussi En- cu tous les obstacles qui s'op- chanteresse, par où l'on peut posoient à leur dessein, ils juger que cette parenté ne arriverent enfin à Colchos, pouvoit pas mieux convenir où par l'art de Médée, ils qu'à Jason, qui devoit être vinrent à bout d'enlever la un grand Médecin, & un Toison d'or. grand Scrutateur des cho- Si peu que l'on veuille ses naturelles. Il se choisit faire d'attention à cette his- cinquante compagnons de toire fabuleuse, & que l'on voyage, tous issus des Dieux. soit instruit des mysteres de On en peut voir les noms l'art Chymique, si peu même dans l'histoire de la Fable. que l'on ait lû les livres des La navire Argo fut construite Auteurs qui en traitent, l'on des chênes de Dodone, qui reconnoîtra aisément que donnoient des oracles. Cette cette prétendue histoire n'est grosse & grande masse fut qu'une allégorie du grand portée par cinquante hom- oeuvre, comme on va le voir mes dans les déserts de la par l'explication suivante. Lybie pendant douze jours; Jason tire son étimologie Orphée son Pilote ne la gou- du grec, & ne veut dire autre vernoit que par sa musique chose que l'Art de guérir. & son chant; enfin cette na-

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vire périt de vieillesse, en- perfection, & n'a presque sevelit Jason sous ses débris, plus d'écueils à craindre. & fut mise au rang des astres. Ceux qui desirent une ex- Que veulent dire tous ces plication chymique plus dé- lieux où aborda la navire? taillée, trouveront de quoi Pourquoi d'abord à Lemnos se satisfaire amplement dans pour se rendre Vulcain fa- le chapitre 1. du livre 2. des vorable? Pourquoi Euripyle Fables Egypt. & Grecques donna-t-il de la terre en pré- dévoilées. sent à Jason? C'est qu'Euri- JASSA. Herbe de la Tri- pyle étoit fils de Neptune, nité. que de l'eau on fait de la JAUNE D'OEUF. (Sc. terre, & que de cette terre Herm.) Beaucoup de Chy- il faut faire de l'eau; c'est mistes ont travaillé sur les aussi de cette terre que Mé- jaunes d'oeufs comme sur la dée augura bien de l'expédi- matiere des Sages, quoique tion. Ce n'est pas aussi sans presque tous disent ouverte- raison que Phinée fut délivré ment que ce n'est point cela. des Harpies par Calaïs & Leur jaune d'oeuf est leur Zetès, tous deux fils d'Eole; magistere au rouge. puisque Basile Valentin dit IBERIS. Espece de cres- dans sa sixiéme Clef, que son, ou de cardamine, ou deux vents doivent souffler, lepidium, appellé sisymbrium l'un le vent d'orient, qu'il par Dioscoride. appelle Vulturnus, & l'autre IBIGA. Chamaepytis. le vent du midi, ou Notus. IBIS. Oiseau aquatique Après que ces deux vents qu'on ne trouve que dans auront cessé, les Harpyes se- l'Egypte. Il ressemble à la ront mises en fuite, c'est-à- cigogne, & il y en a de deux dire les parties volatiles de- especes, l'une noire & l'au- viendront fixes. tre blanche. Ils se nourrissent Ils trouverent aussi sur leur de serpens, de chenilles, de route les deux rochers Cya- sauterelles. Les Egyptiens nées, dont il faut éviter l'é- employerent la figure de cet cueil au moyen d'une co- oiseau dans leurs hiérogly- lombe; cette colombe que phes, pour signifier en pre- signifie-t-elle autre chose que mier lieu une partie de la la matiere parfaite au blanc? matiere du grand oeuvre; Ce qui marque infaillible- parce que l'Ibis étant un ment que l'oeuvre tend à sa grand destructeur de ser- O ij

212 JC ID pens, il devenoit le symbole Son poil est dur comme ce- de cette partie volatile qui lui du loup, blanchâtre ou dissout & volatilise la fixe, jaunâtre; son museau est assez souvent désignée par noir & ressemble à celui du des serpens. Quelquefois cochon; ses oreilles sont pe- l'Ibis blanc indiquoit la ma- tites, rondes; ses dents & sa tiere au blanc, & I'Ibis noir langue approchent de celles la matiere en putréfaction. du chat; ses jambes sont noi- ICARE, fils de Dédale, res; sa queue est longue & voulut se sauver de l'isle de grosse par le bout d'en haut. Créte, où Minos le tenoit On trouve cet animal au renfermé avec Dédale son bord du Nil en Egypte; il pere. Celui-ci fabriqua des est amphibie, & connu sous ailes pour lui & pour son fils. les noms de Rat d'Egypte Ils prirent leur vol; mais ou de Rat d'Inde. Il se nour- Icare n'ayant pas suivi les sa- rit de petits rats, de serpens, ges conseils de son pere, qui de lezards, de limaçons, de lui avoit recommandé de vo- grenouilles; il ronge le ven- ler toujours bas, s'éleva trop tre des crocodiles pendant haut; l'ardeur du soleil fon- qu'ils dorment, pour en man- dit la cire dont ces aîles ger le foye & les intestins, étoient formées, & Icare & casse aussi leurs oeufs. tomba dans la mer, où il se Cet animal étoit autrefois noya. Dédale & Icare sont en grande vénération chez le symbole de la partie fixe les Egyptiens, qui l'em- du magistere, qui se volati- ployoient dans leurs hiéro- lise. Dédale représente le glyphes dans le même sens premier soufre, d'où naît le que l'Ibis. second, qui après s'être su- IDA. Deux montagnes blimé au haut du vase, re- ont porté ce nom, l'une en tombe dans la mer des Phi- Phrygie, l'autre dans l'isle losophes. Le labyrinthe où de Créte. C'est sur le mont ils étoient renfermés est le Ida que Jupiter se reposoit symbole de la matiere en pendant que les Dieux com- putréfaction, comme on peut battoient entr'eux, les uns le voir expliqué dans l'article pour les Grecs contre les Minotaure. Troyens, les autres pour les ICHNEUMON. Animal Troyens contre les Grecs. à quatre pieds, grand com- Voyez le liv. 3. ch. 4. & le me un chat; mais plus long. liv. 6. des Fables dévoilées.

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IDA étoit aussi une des Eole, en l'honneur de Me- Nymphes qui nourrirent Ju- licerte. D'autres disent que piter. C'est de là qu'il por- ce fut Thésée, & non Sisy- toit le nom d'Idoeus. Voyez phe, qui les institua. Le sen- Jupiter. timent le plus commun par- IDAEA. Victorialis, ou mi les Mythologues, est que Allium Alpinum. Thésée ne fit que les renou- IDYIA, fille de l'Océan veller. Voyez le liv. 4. ch. 9. & femme d'Aeetès, fut mere des Fables Egypt. & Grecq. d'Absyrthe & de Médée. dévoilées. Voyez Médée. Jeux NE'ME'ENS, insti- JESSEMIN. Jasmin pe- tués, selon les uns, par Her- tit arbrisseau. cule, après qu'il eut délivré JET D'E'TOILES. la forêt de Némée de ce Lion Voyez Nostoch. si célébre dans la Fable; se- JEU D'ENFANS. Les lon d'autres, par Adraste & Philosophes ont donné ce ceux qui l'accompagnoient nom à l'ouvrage de la pierre, dans l'expédition de Thebes. après la préparation du mer- Ils furent institués en l'hon- cure, parce que la Nature neur d'Archemore, fils de fait presque tout, & qu'il ne Lycurgue. Voyez le ch. 8. faut qu'avoir soin d'entrete- du liv. 4. des Fables Egypt. nir le feu, néanmoins selon & Grecques dévoilées. certaines régles. Voyez Oeu- Jeux OLYMPIQUES, les vre. plus célébres & peut-être les JEUX. Sortes de specta- plus anciens de la Grece, fu- cles que la Religion avoit rent institués par Hercule. consacrés & qu'on donnoit Pausanias dit que quelques- dans la Grece dans les tems uns en attribuoient l'institu- les plus reculés, & qui pri- tion à Jupiter même, après rent naissance dans les tems qu'il eut remporté la victoire fabuleux. Aussi les suppose- sur les Titans; qu'Apollon y t-on pour la plûpart institués disputa & remporta le prix par des Dieux ou des Héros de la course sur Mercure, & de ce tems-là, descendus des celui du pugilat sur Mars. Dieux du Paganisme. Les Voyez le liv. 4. ch. 6. des principaux étoient les sui- Fables Egypt. & Grecques vans: dévoilées. Jeux ISTHMIQUES insti- Jeux PYTHIQUES ou tués par Sisyphe, fils du Dieu PYTHIENS, institués en O ij

214 JE IG IL IM l'honneur d'Apollon, on ne ILIASTRE. Cahos, ou sçait pas trop par qui, mais les trois principes, soufre, cependant en mémoire de sel & mercure des Philoso- la défaite du serpent Python phes chymiques, réunis dans par ce Dieu. Voyez le ch. 7, la miniere de laquelle ils les du liv. 4. des Fables dév. extrayent. Ils ont aussi donné Il y avoit une infinité d'au- ce nom à leur matiere en pu- tres Jeux, mais ceux dont je tréfaction, parce que ces viens de parler sont connus trois principes y paroissent de la plus haute antiquité. alors confondus. Les Philosophes Herméti- ILLECH ou ILECH. ques prétendent que ces Jeux V. Cahos, Hylé. & bien d'autres dont nous ILLECH CRUD. Mixte ne faisons pas mention, fu- composé des trois principes, rent institués en vûe du grand soufre, sel & mercure, dont oeuvre, & de ce qui se passe tout être sublunaire & ma- dans les opérations de cet tériel a été fait. Art. Voyez les Fables dé- ILLEIAS. Premiere ma- voilées citées ci-devant. tiere de tout. JEUNESSE. Magistere ILLEIDOS. Air élé- des Philosophes parfait au mentaire qui entretient la vie rouge. de tout. On dit aussi Illeidus. IFFIDES. Céruse. ILLIASTER, ILLIAS- IGNE'. Qui est du feu, TES, ILLIADUM. Voyez qui participe du feu. Basile Iliastre, Illinctus ou Valentin appelle pierre ignée Eclegma. Look. ou de feu, la pierre qui ré- ILUS, fils de Tros Roi sulte des opérations qu'il rap- des Troyens, & pere de porte dans son Char Triom- Laomedon, donna le nom phal de l'Antimoine. Les d'Ilion à la ville de Troye. Philosophes Hermétiques Voyez les Fables Egypt. & donnent souvent cette épi- Grecques dévoilées, liv. 6. thete à leur matiere fixe, IMBIBER. Cuire, digé- leur soufre. rer la matiere de l'oeuvre IGNIS LEONIS. Feu Hermétique, la faire subli- du soufre des Sages. mer en vapeurs de maniere IGNIS PRUINUS qu'elle retombe en espece ADEPTUS. Quintessence de pluie qui abreuve & im- du vitriol rectifiée avec le bibe la terre philosophique tartre. Planiscampi. restée au fond du vase.

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IMBIBITION, en ter- le met dans un creuset sur mes de Philosophie Hermé- un feu très-doux, & on l'im- tique, est la même chose que bibe goutte à goutte avec son distillation, & souvent aussi huile rouge jusqu'à ce que la même que sublimation & tout fonde & coule sans fu- cohobation. Elle se fait lors- mée. D'Espagnet dit qu'il ne que la matiere enfermée faut point craindre que le dans l'oeuf se sublime & mercure s'évapore, parce monte en forme de vapeurs que la terre, qui est très fixe, au haut du vase, où ne trou- le boit avec avidité. C'est vant point d'issue, elle est alors que l'élixir a toute la obligée de retomber sur elle- perfection dont il est suscep- même, jusqu'à ce que fixée, tible. elle ne circule plus. Les Philosophes nomment Imbibitions PHILOSO- aussi Imbibition les vapeurs PHIQUES. On a donné ce qui montent au haut du vase nom à la maniere d'humecter pendant que la matiere cir- la matiere des Philosophes, cule, parce que ces vapeurs après qu'elle est devenue retombent gouttes à gouttes soufre blanc ou soufre rouge, sur la terre qui reste au fond pour la multiplier en quan- du vaisseau ou oeuf philoso- tité & en qualités. Ces im- phique. Il faut bien prendre bibitions se font goutte à garde de ne pas se mépren- goutte jusqu'à ce que la ma- dre dans les imbibitions, & tiere n'ait plus soif. Quand ne pas les faire avec le blanc on veut multiplier le soufre pour le rouge, ou avec le blanc, on fait le même com- rouge pour le blanc. me au rouge. IMBLEGI. Mirabolans. Il y a encore une autre IMMERSION. Action imbibition pour la perfection par laquelle on met un mé- de l'élixir. Après avoir fait tal dans un dissolvant, pour un amalgame avec trois par- qu'il s'y réduise en chaux. ties de terre rouge ou fer- On le dit aussi de tout corps ment rouge pour la pierre mis dans un liquide, ou mêlé solifique, le double d'eau & avec quelque poudre séche, d'air pris ensemble, & que soit pour ôter à ce corps une cette matiere, au moyen de acrimonie nuisible, soit pour la digestion, est parvenue au ramollir son écorce trop du- rouge parfait & diaphane, re, soit enfin pour en corro- on en prend à volonté, on der le superflu. Blancard. O iv

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IMMONDICE DU leurs semences avec impé- MORT. (Sc. Herm.) Ma- tuosité; elles s'embarrassent tiere des Philosophes au dans les doigts, & les salis- noir. sent. C'est de là qu'on lui a IMPARTIBLE. Les donné les noms d'Herbe im- Chymistes appellent leur patiente, & de Noli me tan- mercure le seul impartible gere, M. Tournefort l'a ap- connu des Sages. Diction. pellée Balsaminea lutea. Herm. IMPREGNATION. Il IMPASTATION. Lors- n'y aura point d'impregna- que la matiere tombe en pu- tion, s'il n'y a point de con- tréfaction dans l'oeuf, & jonction, dit Morien, c'est- qu'elle est devenue noire, à-dire, que si l'on ne fait elle s'est épaissie en consis- pas le mariage du mâle & tence de poix noire coulan- la femelle, ou ce qui est la te; alors elle est comme de même chose, du fixe & du la pâte, ou comme de la volatil, ils ne pourront agir boue: ce qui a fait nommer l'un sur l'autre, & produire cette opération Impastation. un troisiéme corps qui par- IMPATIENTE (Herbe). ticipera des deux. Cette im- Espece de balsamine qui pregnation se fait dans le pousse une tige à la hauteur tems que le volatil & le fixe d'un pied & demi, tendre, sont dans une dissolution en- lisse, luisante, verte, vuide, tiere, parce qu'alors ils se rameuse. Ses feuilles sont pénétrent per minima, & se rangées alternativement, confondent, pour ainsi dire, semblables à celles de la l'un dans l'autre, de maniere mercuriale, mais un peu plus qu'après avoir circulé, ils de- grandes, dentelées; les fleurs viennent inséparables. sont jaunes, marquées de On dit aussi impregnation points rouges, comme cel- en Chymie, pour signifier la les de la balsamine: elles communication des proprié- sont attachées à des pédi- tés d'un mixte faite à un au- cules qui sortent des aisselles tre de quelque maniere qu'on des feuilles. Il leur succéde la fasse. Par exemple, quand des fruits longs, menus, on donne au tartre la vertu noueux, d'un blanc verdâ- émétique de l'antimoine, ce tre, rayé de lignes vertes. qui le fait appeller Tartre Quand ils sont mûrs, & stibié. qu'on les touche, ils jettent INCENDIE. Les Philo-

IN IN 217 sophes Hermétiques appel- le même mercure, dont on lent Incendie le dégré du feu s'est servi dans la composi- trop vif & trop violent don- tion de la pierre. Avec le né à la matiere. Alors elle mercure rouge si la pierre a se brûle, & ne peut plus ser- été poussée au rouge, & vir de rien. Fuis le tyran du avec le mercure blanc si on monde, le fratricide qui cause ne l'a cuite qu'au blanc. des incendies. D'Espagnet. Les Philosophes ont donné C'est-à-dire, qu'il faut con- le nom d'Incération à plu- duire le feu extérieur avec sieurs opérations; mais l'in- beaucoup de prudence, il cération proprement dite est, l'appelle Fratricide, parce selon Philaléthe, celle qui se qu'il éteint le feu intérieur de fait dans la multiplication en la matiere; & Tyran du mon- quantité, lorsque l'on mêle de, parce qu'il détruit tout de l'or avec l'élixir pour le dans la Nature. L'impatience rendre fondant comme la fait que bien des Artistes ne cire, & le déterminer plus réussissent pas; la vertu con- particulierement au métalli- traire est nécessaire au Phi- que. Ce mêlange est pres- losophe. Tous la recomman- qu'absolument nécessaire; dent, & disent que la préci- car Riplée assure que sans lui pitation vient du diable. bien des Artistes ont perdu INCE'RATION. Action leur poudre de projection, par laquelle on met peu à parce qu'ils la projettoient peu du mercure sur la ma- d'abord sur des métaux im- tiere devenue soufre, soit parfaits. pour la multiplier, soit pour INCESTE. (Sc. Herm.) rendre l'élixir parfait. Voyez Les Philosophes disent que Imbibition. le grand oeuvre se fait par L'Incération rend la pierre l'inceste du frere & de la philosophale fusible, fon- soeur. Les disciples de Py- dante comme cire, aigue, thagore disent (Epître d'A- pénétrante. Elle se fait par rislée, à la fin de la Tourbe imbibition des choses humi- des Philosophes au Roi des des sur la matiere pulvérisée; côtes de la mer: Vos sujets en réitérant plusieurs fois n'engendrent point, parce cette imbibition qui se fait que vous conjoignez les mâ- goutes à goutes, & qu'il faut les avec les mâles; & le Roi dessécher autant de fois. Cet- dit: Quelle chose est con- te humidité n'est autre que venable à conjoindre? Aris-

218 IN IN lée répondit: Amenez-moi me du Roi. La cendre des Gabertin votre fils & sa soeur Philosophes est leur terre Beya; elle est de matiere feuillée, dans laquelle ils substantielle de Gabertin; & jettent la semence aurifique, par leur mariage, nous serons qui doit produire au centu- hors de tristesse, & non au- ple, un fruit plus beau & trement. Et incontinent que plus parfait que n'étoit celui Beya eut accompagné son qui a fourni la semence. mari & frere Gabertin, & INCOMBUSTIBLE qu'il fut couché avec elle, il (Soufre). Les Chymistes mourut, & perdit sa vive Hermétiques donnent le couleur. D'Espagnet en par- nom d'Incombustible à leurs lant de ce qui précéde cette soufres, parce qu'ils sont si opération, dit que Beya a fixes que le feu ne peut plus pu sans crime, & sans don- leur faire sentir ses atteintes ner atteinte à sa virginité, tyranniques & destructives. contracter un amour spiri- INCORPORER. Voyez tuel avant de donner sa foi Inspirer. à Gabritius, qui est le même INCUBE. Quelques Phi- que Gabertin, afin d'être losophes ont donné ce nom plus blanche, plus alerte, à leur Lune, qu'ils ont aussi & plus propre aux actes du appellée femme du Soleil. mariage qu'elle doit contrac- Rullandus. Les Anciens ont ter avec lui. aussi donné le nom d'Incu- Les Adeptes disent aussi bes aux Faunes & aux Sa- que dans cette union du tyres. mâle & de la femelle, se INCUDA. Voy. Beya. trouve l'inceste du pere & INFINI. Soufre des Phi- de la fille, de la mere & du losophes, ainsi nommé, de fils: parce que dans cette ce qu'il peut être multiplié à opération les corps retour- l'infini. nent à leur premiere matiere, INFLUENCE. Les composée des élémens & Adeptes expliquent toutes des principes de la Nature, les productions minérales & qui semblent s'y confondre. végétales par les influences INCINE'RATION. Ac- des astres, particulierement tion par laquelle on réduit du Soleil & de la Lune. Ces un corps en cendres. Ne influences sont portées dans méprisez pas la cendre, dit l'air par l'action du feu; l'air Morien, car c'est le diadê- qui est comme le médiateur

IN IN 219 entre le feu & l'eau, les com- les corps jusques dans leurs munique à ce dernier élé- plus petites parties. C'est ment, celui-ci à la terre, qui pourquoi elle est esprit & leur sert de matrice. Les po- corps, ou corps spiritualisé; res de la terre donnent à ces car pour réussir dans le ma- influences la liberté de péné- gistere, il faut spiritualiser les trer jusqu'au feu central, qui corps & corporifier les es- les repousse, & en les subli- prits, ou, ce qui est le même, mant les renvoye par d'au- volatiliser le fixe & fixer le tres pores jusqu'à la superfi- volatil. Tout cela se fait dans cie, où le froid les condense une même opération après en pierres, gravier, cailloux, la jonction ou le mariage du &c. si elles n'ont pas trouvé mâle & de la femelle. Le un soufre métallique qui les Dragon aîlé de Flamel em- ait accrochées en chemin. porte avec lui le Dragon sans Celles qui poussent jusqu'à aîles, & celui-ci à son tour la superficie, & qui y ren- ramene à terre le Dragon contrent des semences végé- aîlé. Michel Majer a repré- tales propres à se dévelop- senté cette opération dans ses per, elles les fécondent, les Emblêmes par un nid d'oi- ouvrent, & par leur aiman seau, d'où s'envole un petit, naturel attirent de l'air des qu'un autre demeuré dans le parties semblables, qui se nid retient. Le fixe ne se vo- joignant à celles qui sont déja latiliseroit jamais seul, & le dans la terre, s'amassent peu volatil ne se fixeroit point par à peu, & par l'action du feu lui-même. élémentaire & la réaction du Le soufre philosophique feu central font une espece donne l'ingrès à la pierre, de circulation, qui produit c'est son feu, dit d'Espagnet. tout dans les deux regnes Elle tire sa teinture & sa fixité minéral & végétal. Voyez du ferment, & sa fusibilité d'Espagnet Enchyrid. Phy- du mercure, qui est le me- sicae restitutae. dium au moyen duquel se INGRE'S. Propriété pé- fait l'union des teintures du nétrante. Les Philosophes soufre & du ferment. Le sou- chymiques disent que leur fre est un enfant de l'art Her- pierre est entrante, tingente métique, le ferment est fils pénétrante, ou qu'elle a de la Nature. C'est pour cela de l'ingrès; c'est-à-dire que que les Philosophes disent quoique corps, elle pénétre que leur matiere ne se trouve

220 IN IN point dans les boutiques des Beya d'Arislée, qui tue son Droguistes, ni dans les au- frere & mari Gabertin, & tres; & que Marie dit, l'un ce même Gabertin qui res- s'achete & l'autre se fait; suscite dans son fils, plus parce qu'elle parle de la con- beau & plus parfait qu'il n'é- fection de l'élixir, & non de toit auparavant. La femelle celle du soufre qu'elle sup- est le volatil, & le mâle est pose fait. L'ingrès s'entend le fixe. Le Dictionnaire Her- de la faculté pénétrante de métique & les autres Lexi- la poudre pour la transmu- cographes d'après lui, disent tation. mal-à-propos que l'ingrossa- INGRESSION. Action tion est la même chose que par laquelle les matieres se la conversion des élémens mêlent de maniere à ne pou- bas & grossiers en ceux qui voir plus être séparées. La sont hauts & légers; car putréfaction opere ce mé- quoique l'ingrossation se fasse lange dans le tems que la dans le tems que le fixe se dissolution est parfaite, & volatilise, la conversion des que la matiere est au noir. élémens est encore autre Les Auteurs du Dictionnaire chose. C'est, selon Aristote de Trévoux & de l'Encyclo- le Chymiste & tous les Phi- pédie ignoroient ce que c'est losophes, la conversion de qu'ingression quand ils l'ont la terre en eau, de l'eau en confondu avec ingrès. air, de l'air en feu, & du INGROSSATION. tout en terre, selon ce qui Action par laquelle le volatil est dit: Vous êtes terre, & & le fixe de la matiere des vous retournerez en terre. Et Sages se mêlent intimement, Hermès dans la Table d'E- après avoir long-tems com- meraude: Sa puissance sera battu ensemble. La femelle, parfaite, si elle est réduite en dit d'Espagnet, prend d'a- terre. bord le dessus du mâle, & INHUMATION. (Sc. le domine de maniere à le Herm.) C'est à peu près la changer dans sa propre na- même chose qu'Humation, ture; elle ne le quitte point dont voyez l'article. Quel- qu'elle ne soit devenue gros- ques-uns cependant l'enten- se. Alors le mâle reprend dent du tems de la putréfac- vigueur, & gagne le dessus tion; parce qu'alors, selon à son tour. Il la domine & la d'Espagnet, l'esprit est com- rend semblable à lui. C'est me mort & enseveli dans la

IN IN 221 terre. C'est ce que les Phi- INSPIRER. Joindre losophes appellent Tête du l'ame à son corps, ou blan- corbeau, régne de Saturne, chir la matiere, ce qui se fait Dragon Babylonien, &c. avec une seule matiere dans c'est-à-dire la matiere en un seul vase, sans y toucher putréfaction, ou le noir très- de la main. noir. Ils l'ont nommé Inhu- INSPISSATION. Opé- mation, parce que la ma- ration qui suit celle de la dis- tiere putréfiée a l'odeur des solution des corps, & qui corps morts, que le noir re- cependant n'est en effet que présente le deuil, & le séjour la même, puisque le corps ténébreux du tombeau où les ne se dissout ou ne se spiri- corps se pourrissent, & que tualise point, que l'esprit ne la matiere est fermée dans se corporifie. L'inspissation un vase scellé. se fait par un feu du second INO, fille de Cadmus & degré. On remarquera à ce d'Hermione ou d'Harmonie, sujet que quand les Philoso- épousa Athamas après qu'il phes parlent des degrés de eut répudié Néphélé. Elle leur feu qu'il faut administrer eut de très-mauvaises façons à leur matiere, ils n'enten- pour les enfans de Néphélé, dent pas qu'il faille augmen- ce qui fit entrer Athamas ter ou diminuer le feu com- dans une fureur si violente me le font les Chymistes qu'il arracha d'entre les bras vulgaires dans leurs four- d'Ino un de ses enfans, & le neaux, au moyen des régis- fit périr en le brisant contre tres, ou des soufflets, ou une pierre. Ino saisie de peur, d'une plus grande quantité s'enfuit avec son fils Meli- de charbons; mais qu'il faut certe, & se précipita dans la augmenter le feu secret ou mer avec lui. Neptune les de la matiere, par une di- reçut, & mit Ino au rang des gestion; à mesure que la ma- Déesses marines, sous le nom tiere devient plus fixe, son de Leucothoé, & Melicerte feu augmente par degrés, & au nombre des Dieux après ces degrés se mesurent par l'avoir nommé Palémon. les couleurs qu'elle prend. Voyez le liv. 4. ch. 9. des INTERMEDE. Troi- Fables Egypt. & Grecques siéme matiere que l'on ajoute dévoilées. à deux autres dans les opé- INSIPIDE. Magistere au rations chymiques, ou mé- blanc. chaniques, soit pour les réu-

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nir, soit pour les séparer, forme. Ovide dit qu'elle soit enfin pour les mettre en épousa dans la suite Osiris action. Les sels différens en- Roi du pays, & qu'après sa tr'eux, ne se joignent jamais mort elle y fut adorée sous si bien que par un intermede le nom d'Isis. Voyez les Fa- terreux. Mém. de l'Acad. de bles Egypt. & Grecq. dé- 1702. page 48. voilées, liv. 1. ch. 4. liv. 3. Les Philosophes donnent chap. 4. le nom d'intermede à leur JOBATE, Roi de Ly- mercure, & l'appellent aussi cie, reçut Bellerophon chez philtre ou breuvage d'amour, lui, & l'envoya combattre lien & moyen propre à join- la Chymere. Après avoir dre les teintures inséparable- éprouvé sa probité & son ment. courage, il lui donna sa fille INTUBUM & INTU- Philonoé en mariage. Voyez BUS. Endive, espece de Bellerophon. chicorée. JOCASTE, fille de IO, fille du fleuve Ina- Créon Roi de Thebes, épou- que. Jupiter en étant devenu sa Laïus & en eut Oedipe, amoureux, la changea en qui dans la suite tua son pere, vache, pour tromper la ja- & épousa sa mere Jocaste lousie de Junon. Cette Dées- sans la connoître, parce que se trop clairvoyante avoit si Créon l'avoit promise à celui bien éclairé les pas de Jupi- qui devineroit l'énigme pro- ter qu'elle découvrit ses allu- posée par Sphinx. Oedipe en res, & lui demanda cette eut deux garçons & deux vache. Après qu'elle l'eut filles. Mais ayant reconnu obtenue, elle la mit sous la son erreur, & découvert le garde d'Argus, qui avoit cent mystere de sa naissance, son yeux. Jupiter donna ordre à parricide & son inceste, il se Mercure de se défaire d'Ar- creva les yeux, & Jocaste se gus. Mercure exécuta sa fit mourir de désespoir. commission; mais Junon ir- Toute cette fable ne signi- ritée, envoya contre Io des fie autre chose que l'inceste thaons qui la piquerent sans dont parlent si souvent les relâche. Pour s'en débarras- Philosophes dans leurs ou- ser Io se jetta dans la mer, vrages. On y voit également qu'elle traversa à la nage, & des parricides, & tous ces fut aborder en Egypte, où crimes prétendus de la Fable Jupiter lui rendit sa premiere se trouvent expliqués chy-

JO JO 223 miquement dans les Fables ne font pas les mêmes que Egypt. & Grecq. dévoilées, les jours ordinaires. Leur an- liv. 3. ch. 14. §. 4. liv. 4. née, selon Pline, est d'un chap. 4. & dans une infinité mois seulement, quelques- d'autres endroits. uns disent que c'est d'un mois JOINDRE. Assembler, commun, d'autres disent d'un mêler, réunir une chose à mois lunaire, d'autres d'un une autre. V. Inspirer. mois à la maniere de comp- IOLAS, fils d'Iphiclus & ter des anciens Egyptiens. neveu d'Hercule, qu'il ac- La preuve que leur année compagna dans le tems que n'est pas l'année commune, ce Héros combattit l'Hydre c'est qu'ils expliquent la du- de Lerne. Iolas avoit du feu, rée des voyages d'Isis & de avec lequel il brûloit les bles- Bacchus, & celle du tems sures qu'Hercule faisoit à qu'il falloit aux vaisseaux de l'Hydre, pour empêcher que Salomon pour aller chercher les têtes qui renaissoient aux & rapporter l'or d'Ophir, mêmes endroits ne pullulas- comme d'une même durée, sent de nouveau. Voyez les quoique les premiers em- Fables Egypt. & Grecques, ployoient douze ans pour liv. 5. ch.4. chaque voyage, & les vais- IOLE', fille d'Euryte Roi seaux de Salomon n'étoient d'Oecalie, fut promise en ma- absens que trois ans. Michel riage à Hercule, qui en étoit Mayer dans son livre Arca- devenu amoureux. Euryte na Arcanissima, dit que qui la lui ayant ensuite refusée, sçait combiner & réduire à Hercule tua Euryte, & en- la même durée ces différens leva Iolé. Voyez Euryte. laps de tems, sçait compter IOS. Toutes sortes de à la maniere des Philosophes venins. Rullandus. Hermétiques. Ios est aussi le nom d'une Leurs saisons ne s'enten- isle de la mer Egée, l'une dent pas non plus de nos sai- des Sporades, près de l'isle sons ordinaires. Les leurs se de Candie. Elle devint fort passent dans le vase philo- célebre par la tradition qui sophique. Ils commencent y assignoit le tombeau d'Ho- leur opération en hiver & la mere. Pline, liv. 4. ch. 12. finissent en automne. Mais JOUR. Les jours des leur hiver est le tems de la Chymistes Hermétiques se putréfaction, ou la matiere comptent différemment & au noir; parce qu'elle est

224 JO IP alors comme dans un état de tous les Philosophes disent mort, & qu'elle se dispose à que c'est le tems de la joye, la génération, à peu près parce qu'ils voyent Diane comme fait la Nature pen- toute nue, & qu'ils ont évité dant les frimats & les gla- tous les écueils de la mer. çons. Leur printems est le Le Code de vérité dit: Blan- régne de Jupiter, ou lorsque chissez le laton, & déchirez la matiere se dépouille de la vos livres; ils vous sont inu- couleur noire, qu'ils appel- tiles alors, ils ne vous cau- lent tête de Corbeau, écaille seroient que de l'embarras, du vieil Dragon, &c. Leur des doutes, des inquiétudes, été est le tems de la blan- & vous ne devez avoir que cheur, ou le régne de la de la joye. C'est que lorsque Lune; & leur automne est la matiere est au blanc, il le tems de la rubification ou faut être mal-adroit pour ne de la perfection de l'élixir; pas réussir à la conduire au parce que de même que l'au- rouge parfait, puisque tout le tomne est le tems de cueillir volatil est alors fixé de ma- les fruits, la perfection de niere à pouvoir souffrir le feu l'élixir est celui où l'Artiste le plus actif & le plus vio- jouit des fruits de ses tra- lent. vaux. IPHIANASSE. Voyez JOURDAIN, (Science Iphigénie. Herm.) est un nom que les IPHICLUS, fils d'Alc- Philosophes ont donné à leur mene & d'Amphytrion, mercure dissolvant; parce frere jumeau d'Hercule, né que ce mercure doit laver d'Alcmene & de Jupiter, sept fois le corps dissoluble doit s'entendre, selon les pour le purifier, comme l'E- Philosophes Spagyriques, de criture rapporte que Naha- l'humeur aqueuse qui se trou- man se lava sept fois dans les ve toujours mêlée avec le eaux du Jourdain pour être mercure représenté par Her- guéri de la lépre. cule. Il faut séparer cette hu- JOYE DES PHILOSO- meur aqueuse du mercure, PHES. Lorsque la pierre ou quand on veut le mettre en la matiere des Philosophes usage. est parvenue au blanc par- Hésiode parle d'un Iphi- fait, qui est leur or blanc, clus qui étoit si léger à la leur soufre blanc, l'Eudica course, qu'il alloit sur les de Morien, leur cigne, alors eaux comme sur terre, & qu'il

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qu'il marchoit sur les épics CIDOS. Barbe de bouc. de bleds sans les faire pan- IPPIA. Surnom de Mi- cher. Ce qui est dit pour nerve. marquer la grande volatilité IRIO ou IRION. Vêlar. de l'eau mercurielle des Phi- Tortelle, Erysimum. losophes. IRIS, fille de Thaumas IPCACIDOS. Plante & d'Electra, & soeur des appellée Barbe-de-bouc. Harpyes, selon Hésiode. IPHIGE'NIE, fille d'A- Electra étoit fille de l'O- gamemnon & de Clytem- céan, & Thaumas fils de nestre, fut désignée pour être Pontus & de la Terre. Iris sacrifiée à Diane, afin d'ap- étoit la Messagere de Junon, paiser le courroux de cette comme Mercure fut celui de Déesse irritée contre les Jupiter, l'un & l'autre por- Grecs qui alloient faire le toient sur la terre les ordres siége de Troye, parce qu'A- de ces Divinités. Elle étoit gamemnon avoit tué un cerf vêtue d'une robe de diffé- qui lui étoit consacré, elle rentes couleurs, & ne quit- excitoit des tempêtes perpé- toit presque jamais Junon; tuelles. L'oracle décida que & Apollonios de Rhodes Diane ne seroit appaisée que nous apprend qu'elle l'en- par le sang de celui qui avoit voya à Thétis. Quelquefois, tué le cerf. Il fut résolu de mais rarement, Jupiter l'em- sacrifier Iphigénie. Diane ploya. Homere en donne émue de pitié enleva Iphi- plus d'un exemple. L'em- génie de dessus l'autel, & y ploi le plus important d'Iris substitua une biche. Elle étoit d'aller couper le che- transporta Iphigénie dans la veu fatal des femmes qui al- Tauride, où elle fut Prê- loient mourir, & de délivrer tresse de la Déesse. Oreste leurs ames de leurs corps, y étant venu pour se purger comme Mercure le faisoit à de son parricide, Iphigénie l'égard des hommes. qui étoit sa soeur, le reconnut, Les Philosophes Hermé- lui sauva la vie, & s'enfuit tiques donnent par similitude avec lui, emportant la statue le nom d'Iris à leur matiere, de la Déesse. Voyez les Fa- quand après la putréfaction bles Egyptiennes & Grec- elle prend les couleurs de ques dévoilées, liv. 3. chap. l'arc-en-ciel. Ils prétendent 14. §. 4. que tout ce que la Fable a IPOACIDOS ou IPCA- imaginé sur les emplois d'Iris P

226 IS IS auprès de Junon, doivent mysteres d'Isis. C'est une s'entendre de ce qui se passe grande plaque de cuivre gra- dans le vase Hermétique: vée au premier burin. Sur ce que délivrer les ames des fond de cuivre ou de bronze corps des femmes, c'est pré- étoit un émail noir, entre- cisément sublimer la partie mêlé avec art de petites ban- volatile de la matiere qui des d'argent. Lorsqu'en 1525 demeure au fond; ce qui se le Connétable de Bourbon fait à point nommé dans le prit la ville de Rome, un tems que les couleurs de l'I- Soldat qui s'en étoit saisi dans ris se manifestent sur cette le pillage, la vendit à un Ser- matiere; qu'Iris par ce moyen rurier. Elle passa de-là dans devient en effet la Messagere les mains du Cardinal Bem- de Junon, parce que Junon bo, & puis au Duc de Man- est prise pour l'humidité va- toue, qui heureusement la poreuse de l'air renfermé fit graver dans toute sa gran- dans le vase, & qui occupe deur, & avec beaucoup tout le vuide qu'y laisse la d'exactitude, par un nommé matiere. La généalogie d'I- Enée Vico de Parme; car ris l'indique assez, puisqu'on l'original s'est perdu. Je n'en la dit petite-fille de Pontus donnerai pas ici la descrip- & de la Terre, c'est-à-dire, tion; ceux qui seront curieux de la mer ou eau mercu- de la voir, la trouveront dans rielle, & de la terre philo- l'ouvrage de Pignorius, in- sophique. titulé: Mensa Isiaca, qui fut ISCHOEMON. Espece imprimé à Amsterdam en de gramen, auquel on a sans 1669. Le P. Kirker en a parlé doute donné ce nom, de ce dans son Oedipus Aegyptia- qu'il est propre à arrêter les cus. Il a cru y appercevoir hémorragies. les mysteres les plus cachés ISCHAS. Figue sé- de la Théologie Egyptien- che. ne, & est entré dans un très- ISIAQUE. Table Isia- grand détail à ce sujet. Pi- que. Monument de l'Anti- gnorius semble n'avoir eu quité, où l'on trouve Isis, pour objet que la description Osiris, & presque tous les méchanique de cette Table. Dieux de l'Egypte, avec On en trouve aussi la repré- leurs symboles. On lui a sentation dans l'Antiquité donné le nom d'Isiaque, expliquée de D. Bernard de parce qu'elle renferme les Monfaucon, & dans le Re-

IS IT JU 227

cueil d'Antiquités de M. le du Paganisme, mais honorée Comte de Caylus. sous des noms différens. Cé- Tout y paroît mystérieux res, Junon, la Lune, la & énigmatique, suivant le Terre, Proserpine, Thetis, génie des Egyptiens; & il la Mere des Dieux ou Cy- faudroit un ouvrage entier bele, Vénus, Diane, Hé- pour en donner une expli- cate, Rhamnusia, &c. la Na- cation suivie & détaillée. Il ture même n'étoient qu'une sera plus aisé d'en trouver le même chose avec Isis. Ce dénouement en puisant ces qui lui fit donner le nom de explications dans la Philo- Mirionyme, ou la Déesse à sophie Hermétique, qui étoit mille noms. Aussi les Philo- proprement celle des Egyp- sophes Hermétiques d'après tiens; puisqu'Isis, Osiris & Hermès, qui avoit donné ce les autres Dieux du pays nom Isis, n'entendoient au- n'étoient que des Dieux Her- tre chose par cette Déesse, métiques, comme il est aisé que la partie volatile, hu- de s'en convaincre par les mide, froide, patiente & fe- preuves rapportées dans le melle de l'art Hermétique Traité des Fables Egypt. & ou Sacerdotal, comme on Grecques dévoilées, liv. 1. peut le voir clairement au & liv. 4. livre 1. des Fables Egypt. ISIR. L'Auteur du Dic- & Grecq. dévoilées, ch. 1. tionnaire Hermétique dit que 2. 3. & 4. les Philosophes entendent ISTHMIQUES (Jeux). parce terme l'élixir au blanc, V. Jeux Isthmiques. & que les Sages le nomment ITERATION. Opéra- ainsi lorsqu'on veut le multi- tion de la médecine du troi- plier; mais je crois que les siéme ordre, ou de l'ordre Philosophes se servent de ce supérieur, que l'on appelle nom pour signifier la même communément la multipli- chose que ce qu'ils expri- cation. ment par Isis, dont voyez JUGEMENT. Raymond l'article. Lulle a donné ce nom à la ISIS étoit une des princi- projection de la poudre Her- pales Déesses de l'Egypte & métique sur les métaux im- de beaucoup d'autres pays. parfaits; parce que c'est dans Beaucoup d'Auteurs l'ont cette occasion où l'artiste est regardée, & avec raison, jugé sur les opérations; & comme la Déesse universelle que par la réussite ou non P ij

228 JU JU réussite, il juge s'il a bien ou grands & riches royaumes mal opéré, & qu'il est alors pour se la faire adjuger: ces recompensé suivant ses oeu- belles propositions ne lui fi- vres. rent pas la même impression JUGES. Les Poëtes ont que les promesses de Vénus, feint que Pluton avoit établi à laquelle il l'adjugea. Elle pour Juges des Enfers son conçut de là une haine im- empire Eaque, Minos & placable contre les Troyens, Rhadamante. Voyez leurs & engagea la guerre qui fit articles. périr Pâris & la ville de JUNON, fille de Saturne Troye. Toute cette fiction & d'Ops, épousa Jupiter se trouve expliquée dans le son propre frere jumeau. chapitre 5. du liv. 3. des Elle fut nourrie par les Nym- Fables Egypt. & Grecques phes, filles de l'Océan. Ju- dévoilées. piter avant de l'épouser la JUNONIS ROSA. Les trompa sous la forme du anciens Poëtes ont feint que coucou. Elle devint mere de Junon ayant répandu de son Mars, d'Argé, d'Illithye & lait sur la terre, il en sortit d'Hébé. Elle eut aussi Vul- la plante connue sous le nom cain, mais sans avoir eu af- de Lys. Ce même lait ré- faire à aucun homme. Elle pandu dans le ciel y forma fit toujours un fort mauvais aussi cette multitude d'étoi- ménage avec Jupiter, qui à les, qui composent la voye la vérité lui fournissoit sans lactée, comme on peut le cesse des sujets de jalousie, voir dans le ch. 1. du liv. 5. par la quantité de Nymphes des Fables Egyptiennes & avec lesquelles il s'amusoit. Grecques dévoilées. Jupiter perdit un jour pa- JUPITER, pere des tience, & irrité des mau- Dieux & des hommes, com- vaises façons de Junon, il me l'appellent les Poëtes, la suspendit avec une chaîne manqua de périr dès sa nais- d'or, & lui attacha un en- sance. Saturne son pere clume de fer à chaque pied. avoit fait un traité avec son Les Dieux & Déesses inter- frere Titan, par lequel il céderent pour elle, & Ju- s'étoit obligé à faire périr piter se laissa fléchir. Elle tous les enfans mâles qui lui fut une des trois Déesses qui naîtroient; & pour observer disputerent la pomme d'or; ce traité Saturne dévoroit ses elle promettoit à Paris de enfans à mesure qu'ils ve-

JU JU 229 noient au monde. Rhée son dans le Tartare. Ainsi pos- épouse le trompa quand il sesseur tranquille de l'Uni- fut question de Jupiter. Sitôt vers, il en fit le partage avec qu'il fut né, elle enveloppa ses deux freres Neptune & un caillou dans des langes Pluton; il donna les eaux & & le présenta à Saturne, qui la mer à Neptune, les enfers ne soupçonnant point de su- à Pluton, & se réserva le percherie, avala le caillou; ciel & la terre. mais comme il se trouva de Il soutint une seconde trop dure digestion, il le vo- guerre contre les Géans, mit. qu'il foudroya tous, & dé- Ce n'étoit pas assez d'a- livra par là tous les habitans voir ainsi trompé Saturne, il de l'Olympe des craintes & falloit soustraire Jupiter à sa des frayeurs que ces fils de vûe, & aux attentions cu- la Terre leur avoient impri- rieuses des Titans. Rhée mées. Ce Dieu bienfaisant pour cet effet le fit porter voulut alors mériter le titre chez les Corybantes, qui glorieux de pere des Dieux faisoient retentir sans cesse le & des hommes qu'on lui son bruyant de plusieurs ins- donna dans la suite; il com- trumens d'airain, pour em- mença à tromper sa propre pêcher qu'on entendit les soeur jumelle, & pour cela cris. A ce bruit les mouches il se changea en coucou, & à miel accoururent, & four- feignant d'être poursuivi par nirent tout ce qui dépendoit un oiseau de proie, il se ré- d'elles pour la nourriture de fugia entre les bras de Ju- cet enfant. Les Nymphes, non, qui le cacha dans son les Nayades, une chevre sein. Jupiter saisit l'occasion même, tout s'empressoit en- favorable, reprit sa premiere fin de contribuer à sa conser- forme, & ne trouva pas Ju- vation. non rebelle. Il l'épousa dans Quand Jupiter fut devenu la suite. grand, & qu'il eut appris que L'humeur amoureuse de Saturne & les Titans avoient Jupiter ne lui permit pas de conspiré sa perte dès sa nais- s'en tenir à cette épouse. Il sance même, il chercha tous prit tous les moyens imagi- les moyens de s'en venger. nables de satisfaire sa passion Il leur fit la guerre; & les pour les femmes; ce qui ayant vaincus, il mutila son brouilla les époux plus d'une pere, & précipita les Titans fois, & leur fit faire un très- P iij

230 JU JU mauvais ménage. Soit pour rent cependant toujours dans ne pas irriter la jalousie de les fables qu'ils imaginerent Junon, soit pour venir plus au sujet de ce Dieu, à l'objet facilement à boue de ses qu'avoient eu en vûe les Phi- desseins amoureux, Jupiter losophes de l'Egypte, lors- prit mille formes différentes qu'ils inventerent celles de quand il voulut avoir affaire leur Jupiter. Cet objet caché avec les beautés humaines. à presque tous les Mytholo- Il se présenta à elles tantôt gues, se trouve éclairci avec sous la forme d'un cygne, les fictions auxquelles il a tantôt sous celle d'un tau- donné lieu, dans le 3e liv. reau, puis sous celles d'un chap. 4. & suiv. des Fables satyre de feu, de pluye Egyptiennes & Grecques d'or, & d'une infinité d'au- dévoilées. tres manieres; Sémélé fut la Jupiter. Les Chymistes seule qui pour son malheur donnent ce nom au métal le reçut avec toute sa gloire que nous appellons commu- & sa majesté. On trouve ces nément Etain; mais les Al- différentes métamorphoses chymistes entendent souvent dans le quatorziéme livre de autre chose, comme dans l'Iliade d'Homere, & dans l'explication qu'ils donnent le sixiéme des Métamorpho- de la fable d'Amphytrion & ses d'Ovide. d'Alcmene, où Jupiter est De toutes ces visites nâ- pris pour cette chaleur céleste quirent une infinité d'enfans, & ce feu inné qui est la pre- qui devinrent tous des Dieux miere source, & comme la ou des Héros, tels que Bac- cause efficiente des métaux, chus, Esculape, Castor, c'est pourquoi ils disent que Pollux, Thésée, Persée & le mercure, qui est leur pre- tant d'autres. Les Egyptiens mier & principal agent du qui le mettoient au nombre grand oeuvre, est représenté de leurs plus grands Dieux, sous le nom d'Hercule, en- ne lui donnoient pas un si gendré d'Alcmene & de Ju- grand nombre de descen- piter, parce qu'Alcmene est dans; les Grecs qui avoient pris pour le symbole de la empruntés ce Dieu des Egyp- matiere terrestre & séche, tiens, lui en adjugerent sui- qui est comme la matrice de vant leur fantaisie; mais les l'humidité métallique sur la- plus anciens de leurs Philo- quelle agit Jupiter. sophes Poëtes se conforme- Jupiter EN PLUYE

JU JU IX 231

D'OR. (Sc. Herm.) Voyez tous les métaux sur lequel Danaé. agit le feu de la Nature pour Jupiter converti en ai- les former; la Fable dit que gle, & qui enleve Ganime- Mercure étoit fils & ambas- de, ne signifie autre chose sadeur de Jupiter. Jupiter a que la purification de la ma- le ciel pour sa demeure or- tiere par la sublimation phi- dinaire, & la terre pour le losophique. lieu de ses plaisirs; c'est que L'Auteur du Dictionnaire cette chaleur de la Nature de Trevoux n'avoit guéres semble venir du ciel, & lû les Auteurs qui traitent de qu'elle lui est communiquée la pierre philosophale, ou en partie par le Soleil. Si les du grand art, quand il dit Philosophes disent que Jupi- que les Philosophes appel- ter a choisi la terre pour le lent Jupiter leur or phi- lieu de ses plaisirs, c'est que losophique. Ils disent par- la terre est la matrice dans tout que leur mercure a le laquelle s'enfantent tous les Soleil pour pere, & la Lune êtres sublunaires des trois pour mere. Ils regardent Ju- regnes, par l'activité géné- piter comme le pere & le rative de cette chaleur na- maître des Dieux, non pas turelle dénommée Jupiter parce que l'or est le plus par- par les Anciens, qui ont fait des métaux, & qu'ils donné à la Terre différens appellent leur or Jupiter; noms, tels que Cerès, Da- mais parce que Jupiter, se- naë, Sémélé, &c. dont voy. lon eux, n'est autre chose les articles. que la chaleur générative & JUSSA ou JUISA. innée des corps, au moyen Gyps, plâtre. de laquelle les métaux se for- IXIA. Espece de char- ment dans la terre; c'est dans don, appellé Carline. Il y ce sens que la Fable dit, que en a de deux sortes, l'une Jupiter est pere d'Apollon que l'on appelle Caméléon & de Diane, de Mars, de blanc, qui est le plus estimé, Vénus, de Mercure, &c. l'autre Caméléon noir. parce que sous le nom d'A- IXION étoit fils de pollon ou du Soleil, les Chy- Phlégias; d'Antion, suivant mistes entendent l'or, sous Diodore de Sicile, quelques- celui de Diane ou la Lune, uns le nomment Aetion. Il l'argent, &c. & comme le épousa Dia ou Clia, fille mercure est le principe de d'Eionée ou Deionée, dont P iv

232 IX IX il eut Pyrithoüs. Il se brouil- d'autres. Les Centaures pri- la avec son beau-pere, pour rent naissance de ce phan- n'avoir pas voulu donner à tôme, & Jupiter se contenta sa fille ce dont ils étoient pour lors de chasser Ixion de convenus. Ixion le fit périr la cour céleste. Mais ce té- misérablement, & n'ayant méraire n'en devint pas plus pu trouver personne qui vou- sage; il osa se vanter d'avoir lût l'absoudre de ce crime, deshonoré le maître des & en faire l'expiation, il Dieux, qui pour le punir de eut recours à Jupiter. Ce son insolence, le précipita Dieu en eut pitié, le reçut d'un coup de foudre dans le dans le ciel, & lui permit Tartare, où Mercure eut même de manger à la table commission de l'attacher à des Dieux. Ce bienfait si- une roue environnée de ser- gnalé ne servit qu'à en faire pens, qui devoit tourner sans un ingrat, & un téméraire. relâche. Ixion frappé des charmes de Les Philosophes Hermé- Junon, eut l'insolence de la tiques interprétent cette fa- solliciter à satisfaire sa pas- ble des Souffleurs & autres sion. Cette sévere Déesse Artistes ignorans, qui veu- offensée d'une telle téméri- lent entreprendre de faire té, en informa Jupiter, qui l'oeuvre sans le sçavoir; & regarda d'abord cette accu- passent tout leur tems à éle- sation comme un piége qu'on ver des fourneaux & à les lui tendoit contre Ixion, qui abbattre, à suer sang & eau passoit pour son fils. Il vou- dans l'exécution de mille pro- lut s'éclaircir par lui même. cédés ruineux, au bout des- Il convint avec Junon qu'elle quels ils n'embrassent que de permettroit à Ixion un en- la fumée, qui leur laisse des tretien particulier avec elle. soufres impurs & des cendres Pour l'instant du rendez- inutiles: qui enfin comme vous, Jupiter forma avec Ixion attachés à une roue une nuée un phantôme qui laborieuse de travaux fati- ressembloit parfaitement à guans, font & recommen- Junon. Ixion épris de plus en cent une infinité d'opéra- plus ne put se contenir, & tions sans jamais en avoir Jupiter vit bien qu'il ne tenoit une heureuse issue, Voyez pas à Ixion que le pere des les Fables Egypt. & Grec- Dieux ne reçût l'affront qu'il ques dévoilées, liv. 5. ch. avoit fait à Tyndare & à tant 22.

KA KE KI KO 233

KIBRICH ou KIBRITH.

K. Terme de Science Hermé- tique, dont se sont servis KAB. Lait aigri. John- quelques Chymistes pour son. signifier le soufre philoso- KACHIMIE ou KAKI- phique. Il faut rectifier sur MIE. Minéral qui n'est pas ce corps Kibrich, & Zu- encore venu à sa perfection, beth, c'est-à-dire, les deux ou demi-métal, qui est en- fumées, qui comprennent & core dans sa matrice comme qui embrassent les deux lu- l'enfant dans le ventre de la minaires, & mettre dessus mere aux premiers mois de ce qui les ramollit, & qui sa grossesse. est l'accomplissement des KAIB. C'est du lait cail- teintures & des esprits, & lé, aigri. les véritables poids de la KALD. Voyez Vinai- Science. Marie. gre. KIMENNA. Une grosse KALNOS. Fumée. bouteille. KAMAR ou CAMAR. KIMIT E'LEVE'. Blanc Argent. de cinnabre. Planiscampi. KAMBAR. Voy. Cam- KIRATH. Poids de qua- bar. tre grains. KAMIR. Levain, fer- KIST. Oppoponax. Ce ment des Philosophes. terme signifie aussi un poids KANECH. Roseau. de quinze grains: quelques- KANFOR. Etain, Jupi- uns l'entendent de quatre li- ter. vres, d'autres de deux me- KAPRILI. Soufre. sures de vin. Planiscampi. KASAM. Fer. KOMA & KOMAR- KAYL. Lait aigre. TOS. Chaux vive. KAYSIR. Ecume de la KONIS. Cendre. mer. KOST. Bois de hêtre. KAZDIR, KASDIR KUHUL. Plomb des Phi- KACIR, KACISSEROS. losophes; laton qu'il faut Etain, ou Jupiter. blanchir; ou la matiere de KEIRI ou KEIRIM. l'oeuvre en putréfaction, & Narcisse, suivant quelques- parvenue au noir très-noir. uns; & violier ou géroflée KUKUL. V. Kuhul. jaune, suivant d'autres, qui KUMEN. Union, lien des l'écrivent aussi Cheiri. parties des corps. Rulland

234 KY LA LA

KYBRIUS. Arsenic. modéle du labyrinthe qu'il KYMENNA. Matras, fit construire dans l'isle de bouteille de verre. Créte, & qui devint si célé- KYMIT SUBLIME'. bre par la fable du Mino- Cinnabre. taure. Le troisiéme fut fait KYMOLEA. Boue. dans l'isle de Lemnos; on y voyoit 150 colonnes de mar-

L. bre. Porsenna fit bâtir le qua- LABOS BALSAMUM. triéme en Italie dans le lieu Eau dans laquelle on a où il fut inhumé. Pline fait la éteint un métal. description de ces quatre la- LABRUM VENERIS. byrinthes dans le livre que Chardon à Bonnetier. j'ai cité ci-devant. LABRUM on LABIUM. La Philosophie Herméti- Vase dans lequel on met que qui imagina la fable de l'eau pour distiller au bain- Thésée & du Minotaure, prit marie. occasion du labyrinthe de LABYRINTHE. On Créte pour embellir cette entend par labyrinthe, une fiction, & indiquer en même espece d'édifice rempli de tems les difficultés qui se pré- chambres & d'avenues, dis- sentent dans les opérations posées de maniere que l'on du grand oeuvre, par celles entre de l'une dans l'autre, qu'il y avoit à se tirer du la- sans pouvoir retrouver la byrinthe quand on s'y étoit sortie. Les Auteurs font men- engagé. Il ne faut pas moins tion de quatre principaux. que le fil d'Ariadne, fourni Le premier & le plus céle- par Dédale même, pour y bre se voyoit en Egypte, réussir; c'est-à-dire qu'il faut dans le district de la ville ap- être conduit & dirigé par un pellée par quelques-uns Hé- Philosophe qui ait fait l'oeu- racléopolis; on le regardoit vre lui-même. C'est ce que comme une des merveilles Morien nous assure dans son du monde, & Pline (liv. 36. Entretien avec le Roi Calid. ch. 16.) l'appelle Potentissi- Voyez les Fables Egypt. & mum humani opus. Hérodote Grecques dévoilées, chapi- dit qu'un nombre de Rois tre de Thésée. d'Egypte y avoient fait tra- LAC. Les Philosophes vailler successivement avec ont souvent donné ce nom des frais immenses. On pré- à leur vase & au mercure qui tend que Dédale le prit pour y est renfermé; parce que

LA LA 235

c'est une eau qui n'a point avoit été donné au mercure d'issue, comme celle d'un lac à cause de sa ressemblance qui communément n'a point en fluidité & en blancheur de communication qu'avec avec le lait vulgaire, & ont les rivieres qui s'y jettent. cru avoir trouvé cette eau Mais ordinairement les Phi- mercurielle dans l'eau blan- losophes ont ajouté des épi- che du mercure vulgaire tra- thetes au terme de Lac, afin vaillé chymiquement; mais de désigner les changemens Zachaire les désabuse, en as- qu'éprouve leur eau mercu- surant que ce nom ne lui a rielle pendant le cours des été donné que parce que le opérations. Ils l'ont nommé mercure des Philosophes se Lac bouillant, lorsque cette caille & se coagule au moyen eau mercurielle est animée du corps fixe, qu'il nomme par le soufre philosophique; Coagule pour cette raison. Lac plein d'eau croupie, pour Lait VIRGINAL. (Sc. indiquer le tems de la putré- Herm.) C'est le mercure des faction; & Lac desséché, dans Sages, sous la forme d'eau le tems que leur eau mercu- laiteuse dans la voye hu- rielle est changée en terre. mide. Quelques-uns lui ont Lac puant signifie la même donné ce nom dans la voye chose que la dissolution de la séche, lorsqu'il est cuit au matiere, qui n'est parfaite blanc. que lorsque cette matiere est Lait DE LA VIERGE ou absolument putréfiée; c'est Lait DES PHILOSOPHES. le menstrue puant. C'est la même chose que lait LACHANUM. Herba- virginal. Lorsque les Sages ges, légumes. disent qu'il faut nourrir la LACHESIS. L'une des pierre de son lait, cela doit Parques, fille de Jupiter & s'entendre dans deux sens de Thémis, ou de la Nuit & différens, ou du feu externe de l'Erebe. Voyez Enfer. qu'il faut entretenir pour LACINIAS. Filtre de pousser la pierre à sa perfec- laine. Planiscampi. tion, ou du mercure même LACUNE. Terre sigil- dont elle est composée; & lée. On dit aussi Latuné. dans ce dernier sens, il s'agit LAIT. (Sc. Herm) Eau de la multiplication ou de la mercurielle des Philosophes. confection de l'élixir. Voyez Quelques Chymistes se sont Elixir, Multiplica- imaginés que ce nom de lait tion, Feu.

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Cuire le lait, c'est-à-dire avec l'huile ou l'esprit de cuire le mercure des Sages, vin; leur feu de lampe est autrement la pierre au blanc, celui de leur matiere. Voyez pour la pousser au rouge. Artephius, sur les Feux. La pierre se nourrit de son LUNARIA. Plante ap- lait, c'est-à-dire de son eau pellée Savonaria en latin, ou sperme dont elle a été & Savoniere en françois. faite, qui n'est autre que le LANCE. Terme de mercure Hermétique. science Hermétique, qui si- Lait DE LA LUNE. Res- gnifie le feu dont les Artistes cemberg a donné ce nom à se servent pour l'ouvrage de l'espece d'agaric qui naît sur la pierre des Sages. La hache les rochers. qui servit pour fendre la tête LAMAC. Gommé ara- à Jupiter, & le faire ainsi ac- bique. coucher de Pallas, l'épée de LAMARE. Soufre. Jason, la massue d'Hercule, LAMATI. Gomme ara- les fléches d'Apollon, &c. bique. Johnson. signifient la même chose. LAMERE'. Soufre vif. LANGAGE. (Sc. Herm.) LAMIES. Monstres que Les Philosophes n'expriment la Fable nous a peints ayant point le vrai sens de leurs la tête semblable à celle d'u- pensées en langage vulgaire, ne très-belle femme, & le & il ne faut pas les interprê- reste du corps comme celui ter suivant les idées que pré- d'un serpent. On feignoit sentent les termes en usage qu'ils dévoroient les enfans. pour exprimer les choses Ils ne signifient autre chose communes. Le sens que pré- que l'eau mercurielle appel- sente la lettre n'est pas le lée femme avant la putréfac- leur. Ils parlent par énig- tion, qui lui fait donner le mes, métaphores, allégo- nom de serpent pendant ce ries, fables, similitudes, & tems-là. Leur cruauté indi- chaque Philosophe les tourne que la dissolution. suivant la maniere dont il est LAMPACOS. \ affecté. Un Adepte Chy- LAMPATAN. / China. miste explique ses opéra- LAMPE. (Sc. Herm.) tions philosophiques en ter- Lorsque les Philosophes par- mes pris des opérations de lent du feu de lampe comme la Chymie vulgaire; il parle de leur feu, il ne faut pas les de distillations, sublima- entendre d'un feu de lampe tions, calcinations, circula-

LA LA 237 tions, &c. des fourneaux, Merlin & Denis Zachaire des vases, des feux en usage exposent l'oeuvre sous l'allé- parmi les Chymistes, com- gorie d'un Roi qui arme con- me ont fait Géber, Para- tre ses ennemis, le premier celse, &c. Un homme de pour combattre, le second Guerre parle de siéges, de pour soutenir un siége. Mer- batailles, comme Zachaire. lin dit que le Roi, avant de Un homme d'Eglise parle monter à cheval, demanda en termes de morale, com- à boire de l'eau, qu'il aimoit me Basile Valentin dans son beaucoup; qu'il en but tant, Azoth. Ils ont en un mot qu'il en fut incommodé jus- parlé si obscurément, en des qu'à la mort, & qu'une mé- termes si différens, & en des decine l'ayant ressuscité, il styles si variés qu'il faut être monta à cheval, combattit au fait pour les entendre, & ses ennemis & les vainquit. qu'un Philosophe seroit très- Cette eau n'est autre que le souvent embarrassé pour en mercure des Philosophes, expliquer totalement un au- que leur or, appellé Roi, tre. Les uns ont varié les boit avec ardeur; parce qu'ils noms, changé les opéra- sont de même nature, & que tions; les autres ont com- comme disent les Philoso- mencé leurs livres par le mi- phes, nature aime nature, lieu des opérations, les au- nature se réjouit en sa na- tres par la fin; quelques-uns ture; & selon le proverbe ont entremêlés des sophisti- vulgaire, chaque chose aime cations; celui là a omis quel- son semblable. Le mercure que chose, celui-ci a ajouté philosophique est une eau du superflus. L'un dit prenez dissolvante; la dissolution est telle chose, l'autre dit qu'il une espece de mort, puis- ne faut pas prendre cette qu'elle ne se fait parfaitement même chose. Rupescissa sou- que dans la putréfaction; voi- tient que le vitriol Romain là la mort du Roi. Ce Roi est la vraie matiere des Phi- ressuscite, parce que la pu- losophes; & ceux qui re- tréfaction est le principe de la connoissent Rupescissa pour génération, corruptio unius Adepte, vous recomman- est generatio alterius. Ce qui dent de ne point prendre le se prouve par beaucoup de vitriol Romain ni tout autre. textes d'autres Philosophes. Nous allons expliquer tout Bassen, dans la Tourbe, cela par des exemples. dit: Mettez le Roi dans le

238 LA LA bain, afin qu'il surmonte na- la plus haute de toutes, deux ture. Cette eau est la fon- plantes d'une propriété & taine du Trévisan, où le Roi d'une vertu supérieure à tou- entre seul, & où il se baigne tes les autres plantes. Il lui pour se purifier; il y meurt, en apporta, elle s'en ceignit, & y ressuscite; car la même & se trouva dès le moment eau tue & vivifie. Les Phi- guérie de toutes ses infirmi- losophes ont même donné le tés. Elle reconnut ce service nom de vie & de résurrection de son Médecin, par des ri- à la couleur blanche qui suc- chesses infinies. céde à la noire, & ils ont Hermès, ou quelqu'un sous appellé mort cette derniere. son nom, a parlé de l'oeuvre Denis Zachaire s'est ex- en style problématique, & pliqué allégoriquement plus a dit: J'ai considéré le rare au long dans le siége de & admirable oiseau des Phi- ville qu'il suppose, il parle losophes, qui vole perpé- de la matiere sous le nom de tuellement au signe d'Aries. celui qui soutient le siége, & Si on le divise, si on le dis- de ceux qui le font, & donne sout en beaucoup de parties, une idée des couleurs qui quoique petit, & que son surviennent à cette matiere obscurité soit dominante, il successivement, en indiquant te demeurera, comme étant les couleurs des étendarts & de tempérament & de com- des drapeaux des uns & des plexion terrestre. Lorsqu'il autres. se manifeste sous diverses D'autres se sont expliqués couleurs, il est appellé ai- paraboliquement. Le Roi Ar- rain, plomb, &c. Etant en- tus, par exemple, dit dans suite brûlé à un feu violent la Tourbe: Une grande Tré- au nombre moindre quatre soriere tomba malade de di- jours, au moyen sept, & au verses maladies, pâles-cou- plus grand dix, on le nomme leurs, hydropisie, paralysie. terre d'argent; elle est en Elle étoit extrêmement jau- effet d'une grande blancheur ne depuis le haut de la tête & s'appelle air, gomme d'or jusqu'à la poitrine; depuis la & soufre. Prends une partie poitrine jusqu'aux cuisses elle d'air, & la mets avec trois étoit blanche & enflée, & parties de l'or apparent; le paralytique jusqu'en bas. El- tout mis au bain au nom- le dit à son Médecin de lui bre moindre vingt jours, au chercher sur une montagne moyen trente, au plus grand

LA LA 239

quarante, te donnera ton ai- toutes les tempêtes de la rain, vrai feu des Teintu- mer, nous fîmes appeller le riers, réconciliant les Péle- Roi, & nous lui rendîmes rins, appellé feu d'or, &c. son fils vivant, de quoi nous Cet excellent soufre doit être rendîmes louanges à Dieu. gardé soigneusement, car il Toutes ces manieres de sert à beaucoup de choses. s'expliquer forment un lan- Arislée s'explique en style gage extrêmement difficile typique, lorsqu'il dit: En à entendre; mais quelques nous promenant sur les bords Philosophes pour voiler en- de la mer, nous vîmes que core mieux leur oeuvre, ont les habitans de ces côtes cou- employé l'énigme. Le Cos- choient ensemble, & n'en- mopolite entr'autres en a mis gendroient pas; ils plantoient une très-longue à la suite de des arbres & semoient des ses douze Traités. Il suppose plantes qui ne fructifioient que voyageant du pôle Arcti- pas. Nous leur dîmes alors, que au pôle Antarctique, il s'il y avoit un Philosophe fut jetté sur le bord de la parmi vous, vos enfans en- mer; une rêverie l'y saisit gendreroient & multiplie- pendant qu'il y voyoit les roient, vos arbres fructifie- Melosines qui y voltigeoient roient & ne mourroient pas, & les Nymphes qui y na- vos fruits se conserveroient, geoient. Il étoit attentif pour & vous seriez des Rois vail- découvrir s'il ne verroit point lans qui surmonteriez tous de poisson Echénéis dans vos ennemis. Nous deman- cette mer. Il s'endormit sur dâmes au Roi son fils Gaber- ces entrefaites, & le vieillard tin, & sa soeur Beya, qui Neptune lui apparut avec étoit une fille belle & très- son trident. Ce Dieu lui blanche, délicate & parfai- montra deux mines, l'une tement aimable; nous joi- d'or, l'autre d'acier; puis gnîmes le frere & la soeur, deux arbres, l'un solaire, & Gabertin mourut pres- l'autre lunaire; & lui dit que qu'aussi-tôt. Le Roi voyant l'eau pour les arroser & les cela, nous emprisonna; & faire fructifier, se tiroit du So- à force de prieres & de sup- leil & de la Lune au moyen plications ayant obtenu sa d'un aiman. Saturne prit la fille Beya, nous fumes 80. place de Neptune, & mit jours dans les ténébres de la dans cette eau le fruit de l'ar- prison, & après avoir essuyé bre solaire, qui s'y fondit

240 LA LA comme la glace dans l'eau noît s'il a bien ou mal opéré. chaude. Cette eau, ajouta- Plusieurs Philosophes ont t-il, lui sert de femme, & a joint un discours à ces hiéro- la propriété de le perfection- glyphes, mais cette explica- ner de maniere que lui seul tion apparente est toujours suffira sans qu'il soit besoin aussi difficile à entendre que d'en planter d'autres. Car le symbole même, souvent quand ils se sont perfection- davantage. Tels sont ceux nés l'un & l'autre, ils ont la de Nicolas Flamel, de Sé- vertu de rendre tous les au- nior, de Basile Valentin, tres semblables à eux. ceux de Michel Major, quoi- Les Anciens employoient que d'Espagnet dise que ces communément les fables, & derniers font comme des es- celles des Egyptiens & des peces de lunettes qui nous Grecs n'ont été inventées découvrent assez clairement qu'en vue du grand oeuvre, la vérité que les Philosophes si nous en croyons les Phi- ont cachée. losophes qui les ont souvent LANS. Argent qui a souf- rappellées dans leurs ouvra- fert la fonte, & que les Phi- ges. C'est en suivant leurs losophes appellent argent idées que je les ai expliquées mort. dans le Traité que j'ai donné LAOC ou LAOS. Etain, au Public, sous le titre de: Jupiter. Les Fables Egyptiennes & LAOCOON, fils de Grecques dévoilées. Priam & d'Hécube, & Prê- Quelques Philosophes ont tre d'Apollon, fit tout son employé un langage muet possible pour dissuader les pour parler aux yeux de l'es- Troyens d'admettre le che- prit. Ils ont présenté par des val de bois, que les Grecs symboles & des hiérogly- feignirent être un présent phes à la maniere des Egyp- qu'ils offroient à Minerve. tiens, tant les matieres re- Les Dieux contraires à la quises pour l'oeuvre, que conservation de cette ville leurs préparations, & sou- le punirent, en envoyant vent jusqu'aux signes dé- deux serpens marins qui le monstratifs, ou les couleurs dévorerent dans le Temple, qui surviennent à cette ma- lui & ses deux enfans. Ces tiere pendant le cours des serpens marins sont les ser- opérations; parce que c'est pens sortis de la mer des à ces signes que l'Artiste con- Philosophes, qui dissolvent

LA LA 241

la partie fixe dans le vase, monstre. Hercule s'offrit à la temple de l'Apollon Her- délivrer moyennant un pré- métique. Voyez les Fables sent de quelques chevaux. Egyptiennes & Grecques Hercule tua le monstre, & dévoilées, liv. 6. délivra Hésione; mais Lao- LAODICE, soeur de medon refusa de donner à Laocoon, se précipita du Hercule les chevaux qu'il haut d'un rocher dans la lui avoit promis. Hercule tua mer. C'est la pierre volati- Laomedon, & donna Hé- lisée qui retombe au fond du sione en mariage à Télamon vase pour s'y fixer avec l'eau qui l'avoit accompagné dans mercurielle appellée mer. son expédition. Voyez les LAOMEDON, fils Fables Egypt. & Gr. dévoi- d'Ilus, Roi de Troye, ac- lées, liv. 5. ch. 14. & liv. 6. cueillit très-bien Neptune & LAOS ou LAOC. Ju- Apollon, qui furent lui ren- piter des Sages. dre visite sous un habit dé- LAPIS DES PHILO- guisé. Ils lui offrirent de bâtir SOPHES. Soufre ou ma- les murs de sa ville, moyen- tiere de l'oeuvre fixée, que nant certaines conditions, les Chymistes Hermétiques desquelles il convint avec ont aussi appellée Sel de l'or. eux. Ils éleverent les mu- LAPIS GALISEUS- railles de Troye, & Lao- TAIN. Vitriol romain. medon refusa de les payer LAPIS ARENOSI. Ju- suivant leurs conventions. piter. Planiscampi. Ces Vieux irrités de son LAPIS lNFERNUM. procédé l'en punirent. Apol- Pierre ponce. lon en envoyant une peste LAPIS PORCINUS. très-meurtriere, qui faisoit Bardanne. périr beaucoup de monde LAPITHES. Voyez Py- dans la ville, Neptune inon- ritous. da le pays, & fit sortir de LAPPAGO. Grateron, la mer un monstre qui rava- Reble, Aparine. geoit tous les environs de LARGEUR. Les Philo- Troye. On consulta l'Ora- sophes donnent à leur ma- cle sur les moyens de faire tiere trois dimensions, com- cesser ces fléaux: il répondit me les Géométres aux corps qu'il falloit pour cela exposer ordinaires. Ce que les pre- Hésione, fille de Laomedon, miers appellent largeur, est pour être dévorée par ce la préparation de la matiere Q

242 LA LA au moyen de laquelle ils en qu'il est devenu blanc, on font la médecine. La hau- est assuré de réussir. Il prend teur est, selon eux, ce qu'il alors les noms de laton blanc, y a de manifeste dans leur or blanc, terre feuillée, dans matiere, & la largeur est le laquelle il faut semer l'or, moyen que l'on prend pour c'est-à-dire, la couleur rou- parvenir à ce que ce mani- ge. Quand il a acquit cette feste tient caché. La hauteur couleur rouge, c'est leur la- étoit froide & humide, & ton rouge, leur soufre aurifi- par le changement de dispo- que, leur Salamandre, leur sition la largeur succéde, Apollon. c'est-à-dire, le chaud & le LATON IMMONDE. sec, parce que le manifeste C'est la matiere en dissolu- cache toujours son contraire. tion & en putréfaction, à la- LARON. Mercure des quelle les Adeptes donnent Sages. aussi les noms de terre sépul- LARUSUS. Piloselle. chrale, corps immonde, LASER. Suc ou gomme dragon Babylonien, tête de de benjoin. corbeau noir plus noir que LATERIUM. Lessive ou le noir même. capitel. Planiscampi. LATON NON NET. LATHYRIS. Esule gran- Voyez Laton Immonde. de, ou Epurge. LATONE, fille de Coée LATHYRUS. Espece de le Titan, de Phoebé, selon légume appellée Gerres. Hésiode & Ovide, ou de LATON ou LAITON, Saturne, suivant Homere, ou LETON des Philoso- tenoit un rang distingué par- phes. Mercure des Sages, mi les douze Dieux hiéro- ou leur matiere considérée glyphiques des Egyptiens. pendant la putréfaction. Ce Elle venoit immédiatement terme de laton s'entend plus après Vulcain, & ces peu- généralement du fixe dissout ples lui avoient élevé un avec le volatil. C'est pour- Temple couvert d'or & dé- quoi ils disent: Blanchissez coré du même métal, com- le laton, & déchirez vos li- me étant la mere d'Apollon vres, de peur que vos coeurs & de Diane. ne soient déchirés par l'in- La Fable dit que Jupiter quiétude. Le mercure, qui en étant devenu amoureux, est le volatil & leur azot, est eut commerce avec elle. Ju- ce qui blanchit le laton. Lors- non jalouse envoya le ser-

LA LA 243 pent Python contre Latone, la circulation de la matiere laquelle pour éviter sa dent dans le vase. Elle s'éleve en meurtriere prit la fuite, & vapeur au haut de l'oeuf, s'y erra long-tems sur la terre condense, & retombe com- & sur la mer, elle aborda me une rosée sur la matiere enfin à l'isle de Délos, qui qui reste au fond, cette pluie n'étoit pas encore fixée. Nep- la blanchit, de noire qu'elle tune l'affermit alors contre étoit pendant le regne de Sa- les flots, dont auparavant turne; c'est le lavement des elle étoit le jouet, & Latone Philosophes, & ce qu'ils ap- y accoucha premierement pellent blanchir le laton ou de Diane, qui servit de sage- leton. femme à sa mere, pour lui LAUDANUM. Nom aider à mettre au monde que Paracelse donnoit à une Apollon son frere jumeau. composition d'or, de corail, Apollon devenu grand tua de perles, &c. C'étoit un le serpent Python à coup de spécifique pour les fiévres. fléches. Voyez cette fiction LAUDINA. Angélique. expliquée dans le liv. 3. ch. LAVEMENT DES 12 & 13. des Fables Egypt. PHILOSOPHES. Voyez & Grecques dévoilées. Lavandier. Latone. Les Alchymis- LAVER LE LATON. tes disent qu'il faut laver le Voyez Blanchir le La- visage de Latone; c'est-à- ton. Les Philosophes disent dire, qu'il faut extraire l'eau qu'il faut laver le leton sept de leur terre vierge par la fois dans les eaux du Jour- dissolution, & se servir de dain, pour lui ôter sa lépre, cette eau pour blanchir la comme l'Ecriture dit que terre même, qui est leur La- l'on fit à Nahaman; c'est-à- tone. Ils nomment cette eau dire, qu'il faut le faire passer le sang de Latone. par les regnes des sept Pla- LATRO. Mercure des netes; ou par les sept diffé- Philosophes. Philaléthe. rentes opérations ou cercles, LAVANDIER DES qui se succédent les uns aux PHILOSOPHES. Nom autres. que les Chymistes Hermé- Laver. Lorsque les Phi- tiques ont donné à Jupiter, losophes Hermétiques se lorsque le tems de son regne servent de ce terme pour est en vigueur pendant les exprimer une opération de opérations de la pierre. C'est l'oeuvre, quand la matiere Q ij

244 LA LE est dans l'oeuf philosophique; mas & d'Ino, fut tué par son on ne doit pas entendre qu'il pere, qui le froissa contre faut tirer la matiere de son une pierre. Voyez. Ino. vase, & la laver dans l'eau LEDA, femme de Tyn- ou autre liqueur; mais qu'il dare, ayant eu commerce faut entretenir ou augmenter avec Jupiter changé en cy- le dégré du feu, qui purifie gne, accoucha de deux oeufs, beaucoup mieux les choses desquels nâquirent Castor & qu'aucune liqueur. Ainsi Pollux, Helène & Clytem- quand ils disent: Lorsque nestre. Voyez les Fables l'Artiste verra la noirceur Egypt. & Grecques dévoi- nager dessus la matiere, cette lées, liv. 3. ch. 14. §. 4. & noirceur est une terre noire, liv. 6. ch. 2 & 3. puante, sulphurée, infecte, LEFFAS. Van-Helmont corrompante, qu'il faut sépa- a adopté ce nom de Para- rer d'avec le pur, en lavant celse, pour exprimer la séve & relavant tant de fois avec des plantes. Planiscampi écrit la nouvelle eau, que la ma- Lossas; mais il s'est trompé, tiere devienne toute blanche. ou son Imprimeur. Cela signifie seulement qu'il LEMNOS. Isle de la mer faut entretenir le feu dans le Egée, autrefois célébre dans même dégré jusqu'à la blan- les Fables, parce qu'on fei- cheur de la matiere. gnoit que Vulcain y avoit Laver AU FEU. Les établi ses forges. On lui don- Philosophes donnent le nom noit aussi le nom d'Ophieu- de Feu à leur mercure, qui sa, d'Ophis, serpent, à cause par sa circulation blanchit de la quantité de serpens leur laton. Ce qui leur a fait qu'on y trouvoit. C'est dans dire, les Chymistes lavent cette isle qu'aborderent d'a- & blanchissent avec l'eau, bord les Argonautes qui s'y & nous avec le feu. arrêterent deux ans, & Ja- Laver ou SION. Be- son leur Chef y courtisa Hyp- cabunga, plante aquatique. siphile, dont il eut des en- LAUM. Amandes ame- fans. Voy. les Fables Egyp- res. tiennes & Grecques dévoi- LAXA CYMOLEA. Sel lées, liv. 2. ch. 1. qui se forme sur les pierres. LEMPNIAS. Orpiment. LAZULE. Voyez Lapis LE'PHANTE ou LE'- des Philosophes. PHANTES. Premier tartre, LE'ARQUE, fils d'Atha- ou bol tenant le milieu entre

LE LE 245 la pierre & le lut. Planis- la galle de Mars. L'hydro- campi. pisie du mercure consiste LE'PRE (Gr. Art.). Par- dans son trop d'aquosité & ties hétérogênes, impuretés de crudité, qui lui viennent terrestres que les métaux con- de la froideur de sa matrice; tractent dans la mine, & que ce vice est un péché origi- la seule poudre de projection nel qu'il communique & est capable de guérir. Geber transmet à tous les métaux & quelques autres Chymis- qui en sont engendrés. tes ont décrit fort au long les Quoique le Philosophe vices des métaux imparfaits. ait nommé le mercure une L'argent est parfait, l'or l'est quintessence faite par la Na- encore davantage; ils ont ture, il est néanmoins si cependant leurs infirmités & aqueux & si froid, qu'il ne leurs maladies. Il y en a de peut être guéri que par un deux sortes dans les métaux: soufre bien puissant. Le sou- la premiere, qu'on appelle fre interne prédominant au originelle, & qu'on regarde mercure, le cuit, le digére, presque comme incurable, l'épaissit, & le fixe en un vient du premier mélange corps parfait; & le soufre des élémens en l'argent-vif externe, adustible, & sépa- ou mercure qui est leur prin- rable de la vraie substance cipe. La seconde se trouve des métaux suffoque l'inter- dans l'union du soufre & du ne, lui ôte son activité, & mercure. Plus les élémens mêle ses impuretés avec cel- sont donc épurés, plus ils les du mercure; ce qui pro- sont proportionnellement duit les métaux imparfaits. mêlés & homogênes, plus La maladie des métaux n'é- ils ont de poids, de malléa- tant qu'accidentelle, elle bilité, de fusion, d'exten- peut donc être guerie; c'est sion, de fulgidité & d'incor- pourquoi nous voyons que ruptibilité permanente. la Nature commence tou- Cette seconde maladie, jours par l'imparfait pour ten- qui vient du soufre plus ou dre à la perfection. moins impur, fait l'imper- Les causes de ces mala- fection des métaux, sçavoir dies sont la terrestréité, l'a- la lépre de Saturne, la jau- quosité, la combustibilité, nisse de Vénus, l'enrhume- l'aéréité des élémens en leur ment ou le cris de Jupiter, mêlange. La premiere em- l'hydropisie de Mercure, & pêche l'union des substances; Q iij

246 LE LE la seconde les rend crues; l'eau rendent le plomb pe- la troisiéme inflammables, sant, mol, noir & impur. & la quatriéme volatiles. La L'air & l'eau font l'étain premiere empêche la péné- blanc, mol, aigre, léger & tration & l'ingrès; la secon- fusible. Le feu & la terre de est un obstacle à la di- font le fer rouge, pesant, gestion, & la sublimation de dur, impur & de difficile fu- la matiere; la troisiéme em- sion. L'eau & l'air mêlés d'un pêche son incorruptibilité, peu de terre, font le mercure & la quatriéme s'oppose à sa froid, fluide, aqueux, pe- fixation. sant & vaporeux. Le feu & L'impureté de la terre doit l'air rendent le cuivre jaune être lavée par l'eau, la froi- & rouge, combustible, vo- deur de l'eau est corrigée par latil & impur. La terre, l'eau l'air, la volatilité de l'air est & l'air mêlés proportionnel- fixée par le feu. L'art doit lement, font la perfection imiter la Nature; laver la de l'argent, de même que le terre métallique par sa pro- mêlange proportionné de la pre eau; chauffer & digérer terre, de l'eau, de l'air & l'aquosité de l'eau par l'air, du feu fait celle de l'or. & congéler l'humidité vo- La chaleur & la sécheresse latile de l'air par le feu. du fer doivent être tempé- La chaleur & la sécheresse rées par l'humidité de l'ar- prédominantes au fer, le gent-vif. La froideur de Sa- rendent chaud & colérique. turne par la chaleur du cui- La froideur & la sécheresse vre. L'humidité & la chaleur font le plomb pesant & mé- de Jupiter par la sécheresse lancolique. La chaleur & & la froideur de l'arsenic; l'humidité font l'étain jovial & l'humidité & la froideur & sanguin. L'humidité & la de Mercure par la chaleur froideur font l'argent fleg- & la sécheresse du soufre matique. propre & convenable. En L'humidité & la chaleur deux mots, il faut décaper mêlées imparfaitement, font Vénus par son savon, ôter le cuivre plein d'une teinture le cris à Jupiter par son blanc imparfaite, & les qualités d'oeuf, les ailes au vieillard de l'une & de l'autre mêlées Saturne par un fin acier, la- proportionnellement, font ver Mars dans le bain où le tempérament de l'or & Vulcain lava le Soleil, don- sa perfection. La terre & ner à boire à Mercure un bon

LE LE 247 soufre, & retrécir la Lune mier & le moins usité est avec un bon sel ou une bon- proprement le sens propre ne terre vierge. de levain qui fait fermenter, LERNE ou LERNA. & cela lorsqu'ils comparent Marécage dans lequel habi- leur oeuvre aux métaux; par- toit l'Hydre qu'Hercule tua, ce que de même que le le- & de laquelle les têtes re- vain aigrit la pâte & la chan- naissoient à mesure qu'il les ge en sa nature, de même la coupoit. Ce marais a pris son poudre de projection, qui nom de Lernax qui en grec est un vrai or, fait fermenter signifie un vase. Ce vase est les métaux imparfaits & les celui de l'art Hermétique, change en or. dans lequel est renfermée la Le second sens de ce ter- matiere de l'oeuvre signifiée me levain, est qu'il faut l'en- par l'Hydre. Elle s'y pu- tendre, suivant Zachaire, du tréfie, & enfin s'y fixe au vrai corps & de la vraie ma- moyen du feu philosophi- tiere de l'oeuvre. ” Mais faut que indiqué par le flambeau ” être soigneux & vigilant, du compagnon d'Hercule. ” ajoute le même Auteur, Voyez les tables Egypt. & ” pour ne point perdre la Grecques dévoilées, liv. 5. ” propre heure de la nais- chap. 4. ” sance de notre eau mer- LESSIVE. Azoth des ” curielle, afin de lui con- Philosophes, ainsi nommé ” joindre son propre corps, de ce qu'il blanchit le laiton ” que nous avons ci-devant des Sages. ” appellé levain, & mainte- LETA. Couleur rouge. ” nant l'appellons venin. ” Manget. Les Philosophes entendent LETHE'. L'un des fleu- ordinairement par levain, le ves qu'il faut passer avant soufre rouge ou l'or des Sa- d'arriver à l'Empire de Plu- ges, & le soufre blanc ou ton. En le passant on bûvoit leur Lune. Quand il s'agit de son eau, & l'on oublioit de la multiplication en quan- absolument tout ce qu'on tité pour la projection, ils avoit appris, vû & fait dans entendent l'or & l'argent le cours de la vie. Voyez vulgaires. Enfer, Pluton. LEUCASIE. Chaux LEVAIN. Les Philoso- vive. phes ont pris ce terme en LEUCELECTRUM. deux sens différens. Le pre- Ambre blanc. Q iv

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LEUCOENUS. Vin LIEN. Onctuosité des blanc. corps qui en lie les parties, LEUCOLACHANUM. réunir le volatil avec le fixe, Valériane sauvage. empêche l'évaporation des LEUCOPHAGUM. esprits, & forme le composé Blanc-manger, remede pour des êtres sublunaires. guérir la phtysie. Il se fait Lien DES TEINTURES. avec de la chair de chapon Mercure des Philosophes, & de perdrix broyée dans appellé Medium conjangendi un mortier, & arrosée avec tincturas. du lait d'amandes. Lien DE L'ARGENT-VIF. LEUCOSIS. Action par C'est l'or philosophique, ou laquelle on blanchit le lai- la fixation du mercure: ce ton philosophique: ce qui qui arrive lorsque la matiere se fait par la circulation de de l'oeuvre est parvenue à l'azoth dans le vase des Phi- la couleur rouge. losophes. V. Déalbation. LIER. Réunir, rappro- LEUCOTHE'E. Voyez cher, rendre adhérentes les Ino. parties séparées d'un corps. LEVIGER. Réduire un C'est proprement coaguler. corps dur & solide en pou- En termes de Philosophie dre impalpable. Hermétique, lier signifie or- LIAB. Vinaigre. dinairement fixer, comme LIBANOTIS. Romarin. délier veut dire dissoudre, vo- LIBER. Surnom de Bac- latiliser. chus. LIGATURE. Voyez LIBYS ou LYBYS, frere Sceau. d'Alebion tué par Hercule. LIGNE est un des noms Voyez les Fables Egypt. & que les Philosophes ont don- Grecques dévoilées, liv. 5. né à la matiere du grand chap. 12. oeuvre. Voyez Poule. LICHAS, domestique LIGNI HE'RACLEI. d'Hercule, lui porta la robe Bois de noyer; quelques- teinte du sang du Centaure uns ont donné ce nom au Nessus. Hercule étant entré bouis. Planiscampi. en fureur après l'avoir prise, LILI. L'Auteur du Dic- jetta Lichas dans la mer. tionnaire Hermétique dit que Voyez Lychas. Lili est en général toute ma- LICURGUE. Voyez tiere propre à faire quelque Lycurgue. teinture excellente; antimoi-

LI LI 249 ne ou autre chose. C'est sans LIMODORUM. Oro- doute de là que Paracelse a banche. donné à l'extraction d'une LIMPIDE. Morien don- teinture des métaux le nom ne ce nom à une des choses de Lilium. Mais quant au qui entrent dans la compo- terme Lili, cet habile hom- sition du magistere. C'est le me entendoit tout autre cho- mercure. V. Almagra. se, comme on peut le voir LINCTUS. Looch. dans son traité de la Trans- LINE'AIRE (Voye). mutation des métaux, & (Gr. Art.) Les Philosophes dans celui du Fondement de Hermétiques emploient sou- la Sagesse & des Sciences. vent ces termes dans leurs LILIUM. Teinture phi- écrits, pour exprimer la sim- losophique, ou l'élixir par- plicité des procédés du grand fait de l'art Hermétique. oeuvre. Ils disent qu'il faut Lilium INTER SPINAS. suivre la voye linéaire de la Chevrefeuille. Nature; c'est-à-dire qu'il ne LIMBE DE LA NA- faut point s'amuser aux cal- TURE. Corps réduit en ses cinations, sublimations, dis- premiers principes élémen- tillations & autres opérations tés, & non élémentaires. Il de la Chymie vulgaire, mais faut observer que lorsque les agir tout simplement comme Chymistes Hermétiques di- la Nature fait, sans multipli- sent, qu'il faut réduire les cité de fourneaux & de vases. corps à leur premiere ma- LION. Les Philosophes tiere, ils ne prétendent pas Chymistes employent sou- les réduire à l'état des élé- vent ce terme dans leurs ou- mens du feu, de l'air, de vrages, pour signifier une l'eau & de la terre; mais à des matieres qui entrent dans la premiere matiere compo- la composition du magistere. sée de ces élémens. A cette En général c'est ce qu'ils ap- matiere qui constitue la base pellent leur Mâle ou leur So- de tous les corps des trois leil, tant avant qu'après la régnes animal, végétal & confection de leur mercure minéral. animé. Avant la confection, LIMER. Dissoudre la c'est la partie fixe, ou ma- matiere de l'oeuvre, ce n'est tiere capable de résister à autre chose que la cuire, la l'action du feu. Après la con- digérer jusqu'à ce qu'elle se fection, c'est encore la ma- réduise en poudre. tiere fixe qu'il faut employer,

250 LI LI mais plus parfaite qu'elle n'é- me Auteur, quelques pages toit avant. Au commence- après, explique ce qu'il en- ment c'étoit le Lion vert, tend par Lion vert. elle devient Lion rouge par Lion (le Vieil). Partie la préparation. C'est avec le fixe de la pierre, appellée premier qu'on fait le mercu- vieille, parce qu'elle est le re, & avec le second qu'on principe de tout. fait la pierre ou l'élixir. Lion VERT. (Sc. Herm. Lorsqu'on trouve dans les Matiere que les Philosophes écrits des Philosophes le ter- Chymiques employent pour me de Lion employé sans faire le magistere des Sages; addition, il signifie le soufre cette matiere est certaine- des Sages, soit blanc, qu'ils ment minérale, & prise du appellent aussi Or blanc, soit regne minéral. Elle est la rouge, qu'ils nomment sim- base de tous les menstrues plement Or. dont les Philosophes ont par- Quelquefois ils donnent lé. C'est de cette matiere le nom de Lion à la poudre qu'ils ont composé leur dis- de projection, parce qu'elle solvant universel, qu'ils ont est or parfait, plus pur que ensuite acué avec les essen- l'or même des mines, & ces des végétaux, pour faire qu'elle transforme les mé- le menstrue végétal; avec les taux imparfaits en sa propre essences des animaux, pour substance, c'est-à-dire en or, le menstrue animal; & avec comme le Lion dévore les les essences des minéraux, autres animaux, & les tourne pour le menstrue minéral. en sa substance, parce qu'il Ils ont donné le nom de s'en nourrit. Lion vert à cette matiere Lorsqu'ils se servent du pour plusieurs raisons, dit terme de Lion pour signifier Riplée: 1 . parce que c'est leur mercure, ils y ajoutent par lui que tout reverdit & l'épithete qualificative de croît dans la nature. 2 . Par- vert, pour le distinguer du ce que c'est une matiere en- mercure digéré & fait sou- core acide & non mûre, fre. C'est dans ce sens qu'il bien éloignée de la perfec- faut entendre ces expressions tion de l'or vulgaire; mais de Morien: ” Prenez la fu- qui par le secours de l'art, ” mée blanche, & le Lion devient infiniment au-dessus ” vert, & l'Almagra rouge, de ce Roi des métaux: c'est ” & l'immondice. “ Le mê- un or verd, un or vif, encore

LI LI 251 imparfait, & qui par cette mond Lulle, Géber & tant raison a la faculté de réduire d'autres nomment Esprit tous les métaux en leur pre- puant, Spiritus foetens, ou miere matiere, & de vola- Sang du Lion vert. Par le tiliser les plus fixes. 3 Parce sixiéme ils entendent le vi- que le mercure qu'on extrait triol commun, qu'ils nom- de cette matiere rend sem- ment Lion vert des fols, blable à lui-même, & détruit quelquefois le vert-de-gris. tous les autres corps, com- Le septiéme est le mercure me le Lion fait des autres vulgaire sublimé avec le sel animaux. 4 . Enfin, parce & le vitriol, mais qui n'est qu'il donne une dissolution point la vraie matiere des verte. Sages. Riplée appelle quel- On doit aussi faire atten- quefois ce Lion vert, Seri- tion, dit Jean Seger Wein- con. On en tire deux esprits denfeld (de Secretis Adepto- visqueux; le premier blanc, rum), que les Philosophes opaque, ressemblant à du distinguent plusieurs sortes lait, ce qui lui a fait donner de Lions verts. Par le pre- le nom le Lait de la vierge, mier ils entendent le soleil & par Paracelse Colle de ou l'astre qui nous éclaire, l'aigle, Gluten aquilae. Le se- & qui fait tout végéter dans cond esprit est de couleur le monde. Par le second, le rouge, très-puant, appellé mercure, non le vulgaire, communément Sang du Lion mais celui qui est commun vert. Ce sont ces esprits que à tous les individus, & par les Philosophes, à l'imitation conséquent plus commun de Raymond Lulle, ont ap- que l'argent-vif ou mercure pellé Vin blanc & Vin rouge, commun; ce qui a fait dire ce qu'il ne faut point enten- aux Philosophes, que leur dre du vin blanc ou vin rouge mercure se trouve par-tout communs. & dans tout. Par le troisiéme Lion ROUGE. Les Phi- ils entendent la dissolution losophes Spagyriques appel- même de leur matiere, qu'ils lent ainsi la matiere terrestre appellent aussi Adrop. Par le & minérale qui demeure au quatriéme, c'est cet Adrop fond du vase après la subli- ou vitriol Azoquée, appellé mation des esprits qui en sont Plomb des Sages. Par le cin- sortis, & qu'ils appellent Ai- quiéme, c'est leur menstrue gles. Ce Lion rouge est aussi puant, que Riplée, Ray- ce qu'ils nomment Laton.

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Lion VOLANT, Lion une espece de désunion de RAVISSANT. V. Mercure leurs parties, qui les font li- des Sages. Il est appellé quéfier & fluer au feu. Be- volant, parce qu'il est vola- cher. til; & ravissant, parce que LIQUE'FACTION PHI- c'est le dissolvant universel LOSOPHIQUE. Matiere de de la Nature. l'oeuvre en putréfaction. Elle Lion NE'ME'EN. Animal est alors dans une véritable fabuleux descendu de l'orbe liquéfaction, parce que la de la Lune, & envoyé par putréfaction est le principe Diane pour ravager la forêt de la dissolution. de Némée. Hercule entre- LIQUEUR VE'GE'- prit de le prendre, & de le TALE. Mercure des Phi- mener à Eurysthée. Il y losophes, ainsi nommé, non réussit, comme on le voit de ce qu'il soit en effet une dans le ch. 2. du liv. 5. des eau ou un suc extrait des vé- Fables Egypt. & Grecques gétaux, mais parce qu'il a en dévoilées. lui un principe végétatif, & LIQUE'FACTION. Il y qu'il est primordialement le a trois sortes de liquéfactions principe de la végétation. dans les minéraux. Quel- Liqueur VE'GE^TABLE ques-uns ont des parties ter- CRUE. C'est le mercure des restres, ce qui les fait dissou- Sages avant sa préparation. dre dans leur continu, les Liqueur VE'GE'TABLE fait liquéfier & fluer d'un SATURNIENNE. Matiere sa- flux mercuriel. Les corps line qui entre dans la com- qui fluent ainsi s'appellent position du mercure des Sa- mercures, quoiqu'impropre- ges. Elle se tire de la plante ment; car lorsque le plomb que les Philosophes appel- flue ainsi, il faudroit l'appel- lent aussi Saturnienne; non ler plomb-vif, & non argent- que ce soit proprement une vif. plante, mais ils en parlent D'autres minéraux ont des par similitude & par allégo- eaux dans leurs pores; ils se rie. ” On trouve dans les dissolvent au feu: ce sont les ” lieux Saturniens, dit Phi- eaux minérales. ” lalethe, une certaine herbe D'autres enfin contiennent ” appellée Saturnienne, dont de l'air & des parties ignées ” les branches paroissent sé- dans leurs pores, ce qui oc- ” ches, mais sa racine est casionne leur dilatation, avec ” pleine de suc. Recueillez

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” cette herbe avec sa racine, mercure dont il s'agit, n'est ” & portez-la jusqu'au pied pas le mercure vulgaire, c'est ” de la montagne de Vénus, celui, dit Planiscampi, qui se ” où ayant creusé par l'aide trouve en quantité dans le ” de Vulcain, vous y enter- Téréniabin & le Nostoch. ” rerez votre herbe, dont ESSENTIALIS. ” la vapeur ouvrira & péné- Substance nutritive des ali- ” trera les pores de la terre. “ mens. Planiscampi. Quelques Chymistes ont Liquor MUMIA DE appellé le vin Liqueur végé- GUMMI. Huile des gom- table, mais les Philosophes mes. Planiscampi. Hermétiques ne l'entendent Liquor AQUILEGIUS. pas ainsi. Eau-de-vie. Liqueur DE MUMIE. Liquor MICROCOSMI. Paracelse a donné ce nom à Mumie, ou extrait de Mu- la graisse humaine. mie. Quelques uns donnent LIQUIDITE'. Etat d'un ce nom au sang humain & à corps dont les parties qui le son essence. constituent ne sont pas ad- Liquor SALIS. Esprit hérentes. Il y a deux sortes de sel préparé philosophi- de liquidité, l'une qui mouille quement, appellé par Para- les mains, comme celle de celse Baume de nature. l'eau, & l'autre qui ne mouil- LIRION. La plante ap- le pas les corps sur lesquels pellée Lys. est le fluide, telle est celle LITHARGE D'AR- du mercure commun & de GENT. Matiere de l'oeu- celui des métaux. Cette der- vre parvenue à la blancheur niere fluidité a sa cause dans par la cuisson des Sages. les parties terrestres qui se Litharge D'OR. Pierre sont insinuées dans les pores au rouge, ou soufre des Phi- des métaux en plus grande losophes. quantité qu'elle n'étoit re- LIXANDRAM. Sel ar- quise. Beccher. moniac. LIQUIDUM DE RE- LOBUS. Plante appellée SOLUTO. Tout ce qui est Phaséole. liquide de sa nature, comme LOFFAS. Voyez Lef- l'eau, le mercure. fas. LIQUOR MERCURII. LOMENTUM. Farine Baume presqu'universel pour de féves. la guérison des maladies. Le LOT. Urine.

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LOTON. V. Laton. que pour la perfection de & Leton des Philoso- l'oeuvre. phes. LOTIUM. Urine d'en- LOTONE'. Poids d'une fant. once. LOTUS. Arbre consa- LOTION. Circulation cré à Apollon & à Vénus. de la matiere dans le vase Les Egyptiens faisoient en- des Philosophes; elle monte trer dans leurs hiéroglyphes en vapeurs, & retombe en la plante appellée Lotus, & pluie sur le terrestre qui de- représentoient Horus, fils meure au fond, le blanchit d'Osiris & d'Isis, assis sur & le purifie, comme la rosée cette plante; ils la mettoient sur les toiles neuves dans les aussi quelquefois à la main Blanchisseries. d'Isis. Elle étoit consacrée à La lotion des Philosophes Horus, parce que ce Dieu n'est qu'un terme appliqué ne différoit pas de l'Apollon par similitude. Ils lavent avec Egyptien ou Hermétique. le feu, comme ils brûlent Voyez les raisons de tout avec l'eau. Leur lotion n'est cela dans le premier livre des qu'une purification de leur Fables Egypt. & Grecques matiere faite par le feu phi- dévoilées. losophique. Qu'on ne se lais- LOUP. Cet animal étoit se donc point tromper par consacré à Apollon, & étoit l'Auteur qui dit: Allez voir en grande vénération chez les femmes qui font la lessive, les Egyptiens. Voyez pour- & qui blanchissent le linge, quoi, dans le liv. 1. ch. 8. voyez comment elles font, & des Fables Egypt. & Grec- faites comme elles. Il veut ques dévoilées. dire simplement, ôtez à la Loup. Quelques Chy- matiere ses impuretés, & mistes ont donné ce nom à cela par le feu philosophi- l'antimoine; mais il doit s'en- que ou le feu même de la tendre du mercure des Sa- matiere; car un autre Auteur ges. Prends un Loup affamé nous assure qu'elle se dissout, & ravissant, sujet, à cause se purifie, se congéle, se de l'étimologie de son nom, noircit, se blanchit ou se ru- au guerrier Mars; mais de béfie d'elle-même; qu'on race tenant de Saturne; n'en ôte rien, & qu'on y comme étant son fils. Bas. ajoute simplement dans un Valent. Le mercure est dit certain sens ce qui lui man- petit-fils de Saturne.

LO LU LU 255

Loup GRIS. Anti- miere à leur soufre rouge; moine. parce qu'ils l'appellent aussi LUBEN. Encens. Soleil, & que le soleil nous LUBRICUM. Ma- transmet la lumiere. tiere de l'oeuvre parvenue au LUMINAIRE. Les deux blanc. grands luminaires des Sages LUCIFER. Magistere sont l'or & l'argent des Phi- lorsqu'il sort de la putréfac- losophes; c'est-à-dire la ma- tion. Il est ainsi nommé de tiere de l'oeuvre parvenue à ce que les Philosophes ap- la couleur blanche qu'ils ap- pellent lumiere la matiere pellent Lune, & le magistere parvenue au blanc, & que au rouge qu'ils nomment So- cette blancheur est annon- leil. cée par un petit cercle blanc LUNAIRE. (Gr. Art.) qui se forme sur le noir au- Les Philosophes ont donné tour de la matiere. le nom de Suc de Lunaire à LUDUS. Paracelse & leur mercure, qu'ils ont aussi Crollius ont employé ce ter- appellé Crachat de la Lune, me pour signifier le sédiment Fils du Soleil & de la Lune; qui s'attache au fond des non que ce mercure soit en pots de chambre. effet le suc d'une plante ap- Ludus PUERORUM. pellée Lunaire, dont les Bo- Ouvrage de la pierre après tanistes reconnoissent deux sa premiere préparation. especes, la grande & la pe- LULFAR ou ALIOFAR. tite; mais parce qu'ils nom- Perles. ment Lune leur mercure; que LUMIERE. Les Chy- Marie, soeur de Moïse, dit mistes Hermétiques donnent être deux plantes blanches ce nom au mercure quand il que l'on cueille sur les petites blanchit après la putréfac- montagnes, & que Philale- tion; & c'est alors que se fait the appelle Herbe Satur- la séparation des ténébres & nienne. de la lumiere. Ils nomment Lunaire LUXURIEUSE. aussi Lumiere la poudre de C'est le même mercure ap- projection, parce qu'elle pellé femelle, que les Phi- semble éclairer les métaux losophes disent être si luxu- imparfaits, quand elle les rieuse, qu'elle agace le mâle transmue en or ou argent. & ne le quitte point qu'elle Les Philosophes ont quel- ne soit devenue grosse. Voy. quefois donné le nom de Lu- d'Espagnet, Can. 22.

256 LU LU

Lunaire ou LUNARIA. pourquoi Apulée l'a appel- Soufre de nature. lée la Nature, & lui fait dire LUNE (la) étoit une des qu'elle est une & toutes cho- grandes Divinités des Egyp- ses. C'est de cette Lune que tiens, connue sous le nom se forme l'autre, ou l'Isis, d'Isis. Macrobe & Vossius soeur & femme d'Osiris, réduisent à la Lune presque c'est-à-dire cette même eau toutes les Divinités du sexe mercurielle volatile, réunie feminin révérées dans les avec son soufre, & parve- tems de l'idolâtrie. Cérès, nue à la couleur blanche Diane, Lucine, Vénus, après avoir passé par la cou- Uranie, la Déesse de Syrie, leur noire ou la putréfaction. Cybele, Isis, Vesta, Astar- Considérée dans ces deux té, Junon, Minerve, Libi- états, elle prend tous les tine, Proserpine, Hécate & noms que nous avons rap- plusieurs autres qui n'étoient portés ci-devant. Les Philo- formées que d'après l'Isis des sophes Chymiques ne lui Egyptiens, ne sont que des donnent communément que noms différens donnés à la ceux de Lune, Diane, Diane Lune. Ces deux Auteurs ont nue, & quelquefois Vénus. raison, & ils ont entrevu la Lune. Ce terme se prend vérité sans la connoître, ou en plusieurs sens; tantôt les du moins sans pénétrer l'in- Philosophes entendent leur tention de ceux qui ne con- mercure simple, tantôt leur noissoient qu'une même cho- matiere au blanc, & tantôt se sous ces différens noms. l'argent vulgaire. Lorsqu'ils Comme ces Divinités pré- disent que leur pierre est faite tendues n'avoient d'autre avec le Soleil & la Lune, on origine que l'Isis des Egyp- doit l'entendre de la matiere tiens, il auroit fallu les ex- volatile pour la Lune, & de pliquer de la même maniere la fixe pour le Soleil. Ils ap- & dans le sens des Prêtres pellent aussi Lune leur sou- d'Egypte, qui étoit celui fre blanc, ou or blanc. Le d'Hermes leur premier insti- regne de la Lune arrive dans tuteur. les opérations, lorsque la La Lune Hermétique est matiere après la putréfaction de deux sortes. La premiere change sa couleur grise en est leur eau mercurielle ap- blanche. pellée Isis, la mere & le Quand les Sages parlent principe des choses; c'est de leur Lune dans cet état, ils

LU LU 257 ils l'appellent Diane, & di- ont donné une infinité de sent qu'heureux est l'homme noms, dont quelques-uns qui a pû voir Diane toute semblent se contredire; mais nue; c'est-à-dire la matiere il faut faire attention que ces au blanc parfait. Il est heu- noms sont relatifs soit aux reux en effet, parce que la opérations, soit aux couleurs perfection du soufre rouge, de l'oeuvre, soit aux qualités ou or philosophique, ne dé- de cette matiere. Ils l'ont ap- pend plus que de la conti- pellée tantôt eau & tantôt nuation du feu. terre. Respectivement au L'éclipse du Soleil & de corps parfait, elle est un es- la Lune est le tems de la pu- prit pur; & relativement à tréfaction de la matiere, ou l'eau minérale elle est corps, la couleur noire. Diane, se- mais un corps hermaphro- lon la Fable, est soeur d'A- dite. Respectivement à l'or pollon; elle est l'aînée, & a & à l'argent, c'est un mer- servi de sage-femme à sa cure vif, une eau fugitive. Si mere, pour mettre son frere on la compare au mercure, au monde. C'est que la cou- elle paroît une terre, mais leur rouge, prise pour le So- une terre adamique, un ca- leil, ne paroît qu'après la hos; elle est un vrai Prothée. blanche, que l'on nomme Lune FEUILLE'E. Pierre Lune. au blanc. Lune DES PHILOSO- Lune CORNE'E. Les PHES. (Sc. Herm.) Matiere Chymistes donnent ce nom des Philosophes, non uni- à la chaux d'argent faite par que, mais faisant partie du l'eau-forte de la façon sui- composé. Ce n'est pas l'ar- vante. Faites dissoudre dans gent vulgaire, ni le mercure deux onces d'eau-forte une extrait de l'argent: c'est la once d'argent fin; lorsque la Saturnie végétable, la fille dissolution est achevée jet- de Saturne, appellée par tez-y de l'esprit de sel com- quelques-uns Vénus, par mun, qui fera précipiter l'ar- d'autres Diane, parce qu'elle gent dissout. Vous édulco- a une forêt qui lui est con- rerez ensuite cette chaux, & sacrée. L'argent vulgaire fait vous aurez la Lune cornée. l'office de mâle dans les opé- Lune RESSERRE'E. Ar- rations de l'oeuvre, & la gent de coupelle. Quand les Lune des Philosophes fait Chymistes lui donnent le l'office de femelle. Ils lui nom de Luna compacta, ils

258 LU LY entendent parler de la Lune doivent passer de l'un dans philosophique, ou matiere l'autre, ou y circuler, ne se de l'oeuvre parvenue à la dissipent & ne s'évaporent. blancheur, & alors ils l'ap- LYCHAS. Domestique pellent aussi Or blanc, & d'Hercule. V. Lichas. Mere de la pierre. LYCIUS. Surnom d'A- Lune, chez les Chymistes pollon. vulgaires, signifie propre- LYCOCTONUM. Aco- ment l'argent dont on fait la nit. monnoye & les meubles. LYCOMEDE, Roi de LUPINUS. Poids d'une Scyros, nourrit & éleva dans demi-dragme. Fernel le sa Cour Achille fils de Thé- prend pour six grains, & tis. Il s'y cacha sous l'habit Agricola pour huit. de femme pour ne pas se LUPULUS. Plante con- trouver au siége de Troye. nue sous le nom d'Houblon. Ulysse l'y découvrit, & le LUPUS RECEPTI- mena à ce siége, parce que TIUS, LUPUS SALIC- cette ville ne pouvoit être TARIUS. V. Lupulus. prise sans la présence d'A- LUT. Voyez Sceau chille. Voyez les Fables d'Hermès. Dans les opé- Egypt. & Grecq. dévoilées, rations les vaisseaux doivent liv. 6. Fatal. 1. être tellement lutés, qu'il ne LYCURGUE, pere s'y rencontre aucune ouver- d'Archémore, confia l'édu- ture par où les esprits puis- cation de cet enfant à Hyp- sent s'évaporer. S'il s'y en siphile, fille de Thoas qui trouvoit l'oeuvre périroit, ou regnoit à Lemnos. Pen- le vase se briseroit. dant qu'Hypsiphile étoit allé Le lut est proprement une montrer à des Princes Grecs espece de mortier composé une fontaine pour les désal- de différentes matieres, dont terer, un serpent mordit & les Artistes se servent pour fit périr de sa morsure le pe- enduire ou encroûter les vais- tit Archémore. Les Grecs seaux de verre, afin qu'ils ré- par reconnoissance institue- sistent mieux à l'action du rent des jeux en l'honneur feu. Le lut sert aussi à join- d'Archémore, & leur don- dre les ouvertures de deux nerent le nom de Jeux Né- vaisseaux, ou leurs becs de méens. V. Hypsiphile. communication, pour em- LYCUS, Roi de Thebes, pêcher que les esprits qui ayant voulu faire violence à

LY LY MA 259

Mégare, Hercule vint au se- dans la suite la mort de ses cours de celle-ci & tua Ly- freres par celle de Danaüs. cus. C'est le précis de la V. Hypermnestre. fable, que les Alchymistes LYSIDICE, fille de expliquent ainsi. Lycus veut Pelops & d'Hippodamie, dire en grec la même chose épousa Electrion, selon quel- que Loup en françois. Tous ques-uns, & en eut Alcmene les Philosophes Spagyriques mere d'Hercule. D'autres di- & particulierement Basile sent qu'Alcmene fut fille d'E- Valentin, Religieux Béné- lectrion & d'Anaxo. Voyez dictin en Allemagne, enten- Alcmene, Hercule. dent par le Loup l'esprit mé-

tallique. Toute matiere mé- M. tallique est composée d'un corps, d'une ame & d'un M ACEDO, Dieu des esprit. Mégare est l'ame, & Egyptiens, que ces Hercule est le corps. L'esprit peuples représentoient sous comme le plus vif, est féroce la figure d'un loup, comme & vorace, & pendant la pu- Anubis sous celle d'un chien. tréfaction il veut attenter sur Quelques Auteurs disent l'ame & la corrompre; mais qu'ils accompagnerent l'un comme elle est hors de ses & l'autre Osiris dans ses atteintes à cause de sa se- voyages. Voyez comment mence ignée & de son abon- on doit interprêter chymi- dance d'éther, le combat qui quement cette fable, dans le se fait entr'eux est très-vif & livre 1. des Fables Egyp. très-long, le corps alors se & Grecq. dévoilées, ch. 8. saisit de l'esprit, le coagule, MACE'RATION. Atté- le fixe, & le tue, pour ainsi nuation d'un mixte faite par dire. sa propre humidité, ou dans LYNCE'E, fils d'Egyp- quelque menstrue étranger. tus, ayant épousé Hyperm- La macération précéde la nestre fille de Danaüs, celui- putréfaction & y dispose le ci ordonna à toutes ses filles, mixte. au nombre de cinquante, de MACHA. Ver volant. tuer leurs époux la premiere Rullandus. nuit de leurs nôces. Toutes MACHAL. Toute ma- obéirent, excepté la seule tiere fixe. Rullandus. Hypermnestre. Lyncée son MACHAON, fils d'Es- époux se sauva, & vengea culape & d'Epione, se trouva R ij

260 MA MA avec Podalire son frere à la choses surprenantes & ad- guerre de Troye, & y fut mirables. Ils sçavoient faire blessé d'une fléche. Voyez jouer tous les ressorts de la les Fables Egypt. & Grecq. Nature, & de leur action dévoilées, liv. 3. chap. 12. mutuelle il en résultoit des §. 2. & liv. 6. prodiges que l'on prenoit MACHINAR. Matiere pour des miracles. dont on vernit les pots de Les Mages croyoient la terre. Johnson. résurrection des corps & MACRA. De la terre l'immortalité de l'ame. Ils rouge. Johnson. faisoient profession de la Ma- MADIC. Petit lait sor- gie, mais de cette Magie tant du beurre. sublime, & pour ainsi dire MAGALE. Terme latin céleste, exercée par les plus qui signifie une hute, une ca- grands hommes de l'Anti- bane en françois; mais Pa- quité, à laquelle on a donné racelse par ce terme enten- dans la suite le nom de Théur- doit toutes sortes de parfums gie, pour la distinguer de la faits avec des minéraux. Magie superstitieuse & con- MAGES. Philosophes, damnable qui s'exerce par Prêtres & Sacrificateurs de l'abus des choses naturelles la Perse, qui se rendirent & des choses saintes, avec autrefois célébres par leur l'invocation des esprits ma- science & leur sagesse. Leur lins; au lieu que la Théurgie doctrine étoit la même que consiste dans la connoissance celle des Prêtres d'Egypte & la pratique des secrets les successeurs d'Hermès, la mê- plus curieux & les moins me que celle des Brachma- connus de la Nature. nes chez les Indiens, des MAGISTERE. C'est Druides chez les Gaulois, l'opération du grand oeuvre, des Chaldéens chez les Ba- la séparation du pur d'avec byloniens, des Philosophes l'impur, la volatilisation du chez les Grecs, &c. Philon fixe, & la fixation du volatil nous apprend dans son livre l'un par l'autre, parce qu'on des Loix particulieres, que n'en viendroit jamais à bout leur science avoit pour objet en les travaillant séparément. la connoissance de la Nature Les Philosophes disent que & de son Auteur; & que leur magistere a pour prin- cette connoissance leur étoit cipe un, quatre, trois, deux si familiere qu'ils faisoient des & un. Le premier un est la

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premiere matiere dont tout distillations réitérées on fait a été fait: quatre sont les perdre la mauvaise odeur quatre élémens formés de aux huiles des animaux ou cette premiere matiere: trois des végétaux. sont le soufre, le sel & le Magistere DES FIXES, mercure, qui sont les trois lorsque des corps volatils & principes des Philosophes: spiritueux on en fait des corps deux c'est le Rebis, ou le fixes par la circulation, ou volatil & le fixe; & un est que l'on durcit les corps mols la pierre ou le résultat des de leur nature. opérations, & le fruit de Magistere DE CON- tous les travaux Herméti- SISTENCE, quand on coa- ques. Quelquefois les Phi- gule ou qu'on épaissit une losophes appellent Magistere chose liquide, soit pour la chaque opération, qui sont conserver sans altération, soit la préparation du mercure, pour lui donner plus de pro- la fabrication du soufre, la priétés. Tels sont les extraits, composition de l'élixir. les cristallisations des sels, En fait de Chymie vul- &c. gaire il y a trois sortes de ma- Magistere DE COU- gisteres, qui prennent leurs LEUR, lorsqu'on ajoute une dénominations des motifs couleur étrangere à un corps, qui les font entreprendre. ou que l'on manifeste une Les uns regardent la qualité couleur intrinseque. Tel est des mixtes, les autres leur le sel de tartre qui est blanc substance, leurs couleurs, extérieurement, & rouge en odeurs, &c. On dit: puissance, de même que le Magistere D'ODEUR, nitre. On fait paroître la cou- lorsque par le secours de l'art leur rouge du premier en y on ôte d'une confection, d'un mêlant de l'esprit de vin. Ce remede, &c. une odeur dé- terme se dit aussi des cou- sagréable & dégoûtante, en leurs que l'on donne aux mé- leur conservant leurs pro- taux. priétés, comme lorsque l'on Magistere DE POIDS, mêle autant pesant de feuil- quand on augmente le poids les de grande-scrophulaire naturel des corps sans en aug- que de sené dans une mé- menter le volume. decine, pour ôter au séné Magistere DES POU- son odeur désagréable & son DRES, lorsqu'on réduit un goût dégoûtant, Quand par corps en poudre impalpable, R iij

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soit par la trituration, soit par corrige, par exemple, une la calcination, soit par la pu- âcrimonie. Tout l'art des tréfaction, soit enfin par la Cuisiniers consiste dans ces dissolution. opérations. Magistere DES PRIN- Magistere DU SON, CIPES, lorsqu'on décompose quand on donne aux corps les corps, & qu'on les ré- une liaison de parties qui les duits à leurs principes. Les rend plus sonores qu'ils ne Chymistes vulgaires préten- le sont naturellement; tel est dent faire cette opération par le métal des cloches: le cui- la force du feu élémentaire, vre & l'étain pris séparément au moyen des distillations, & en même masse, ne don- sublimations, &c. Ils tirent neroient pas le même son du phlegme, de l'esprit, de qu'ils font quand ils sont réu- l'huile, du sel, & le caput nis. La différente cuisson de mortuum ou tête morte; mais la brique, des métaux leur ils se trompent, puisque leurs donne un son plus parfait, & prétendus principes peuvent on juge souvent de la per- encore se réduire en d'autres fection ou de la bonté des que le feu élémentaire ne métaux & de certains corps sçauroit séparer, ou qu'il dé- par leur son. truit. Pour réduire les corps Magistere DU VOLA- à leurs premiers principes, TIL, lorsque d'un corps fixe on ne peut le faire que par on le rend volatil. Les Phi- un agent naturel tiré de ces losophes Hermétiques disent mêmes principes. Si le corps vous ne réussirez point, si est très-sulfureux, il faut vous ne spiritualisez les corps un dissolvant mercuriel, qui & ne corporifiez les esprits; prenne le dessus sur le soufre c'est-à-dire, si vous ne ren- Becher. dez volatil le fixe, & fixe le Magistere DE QUA- volatil. LITE', lorsqu'on ôte à un MAGMA. Marc, ce qui mixte une mauvaise qualité, reste au fond d'une cucurbite comme lorsque d'un poison après la distillation. On l'ap- on en fait un baume. pelle plus proprement Tête Magistere DE SA- morte. Le terme Magma se VEUR, lorsqu'on donne une dit aussi plus particuliere- saveur agréable à ce qui en ment de ce qui reste après avoit une dégoûtante, ou qui l'expression d'un suc, d'une n'en avoit pas; ou quand on liqueur.

MA MA 263

MAGNE'S. Le Cosmo- dit-il, notre magnésie dans polite s'est servi de ce terme laquelle consiste tout notre pour signifier la matiere du secret; & notre secret final mercure philosophique. Il est la congélation de notre dit qu'elle a une vertu aiman- argent-vif dans notre ma- tive qui attire des rayons du gnésie au moyen d'un cer- Soleil & de la Lune le mer- tain régime. cure des Sages. V. Aiman. Magnésie DES PHILO- Magnès ARSENICAL, SOPHES est le nom que Pla- est une poudre faite avec de niscampi donne à un amal- l'arsenic cristallin, du soufre game fluide d'argent & de vif & du soufre cru, parties mercure. égales; elle est admirable, Magnésie LUNAIRE est dit Planiscampi, pour l'at- le régule d'antimoine, de traction du venin pestifere, même que la appliqué sur la tumeur. Magnésie SATUR- Magnès VITRARII. Sel NIENNE, qui est aussi ap- alkali. pellée Plomb des Philoso- MAGNE'SIE. Matiere phes & le premier Etre des d'où les Philosophes ex- métaux. trayent leur mercure. Sou- MAGNESIS MA- vent ils donnent ce nom de GNENSIUS est le sang Magnésie à leur plomb, ou humain réduit en poudre la matiere au noir pendant par une opération philoso- la putréfaction, quelquefois phique. à leur mercure préparé. MAGNETICUS TAR- Magnésie BLANCHE, TAREUS. Pierres qui se c'est le soufre ou or blanc, forment dans le corps hu- la matiere dans le vase pen- main. dant le regne de la Lune. MAGOREUM. Médi- Magnésie ROUGE, cament qui agit sans qu'on c'est le soufre rouge des Phi- puisse en découvrir la cause losophes, leur or, leur So- physique, telle est la pou- leil. dre de sympathie, l'unguen- Raymond Lulle (Theor. tum armarium de Paracel- cap. 30.) donne le nom sim- se, &c. ple de Magnésie à la terre MAGRA. Terre rouge. feuillée des Philosophes, ou MAIA, fille d'Atlas & leur matiere parvenue à la mere de Mercure. Voyez blancheur. Cette terre est, Mercure. R iv

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MAIN DROITE. Ma- de couleur orangée, avec un gistere au rouge, ainsi ap- rouleau sur lequel est écrit: pellé de ce que sans lui on Dele mala quae feci. Il ex- ne peut réussir à faire l'oeu- plique lui-même ces paroles vre. Philalethe. en ces termes: Otes-moi ma Main GAUCHE. Magis- noirceur. Car mal signifie tere au blanc. par allégorie la noirceur. On MAISON DE VERRE. trouve le même terme pris Oeuf ou vase philosophique, au même sens dans la Tour- qu'ils ont aussi appellé Pri- be: Cuis jusqu'à la noirceur, son du Roi qui est mal. MAISON DU POULET MALADORAM. Sel DES SAGES. C'est le four gemme. ou fourneau appellé Atha- MALARIBIO. Opium. nor; mais plus particuliere- MALARIBRIC. Voyez ment le vase qui y est ren- Malaribio. fermé. MALE. (Sc. Hermet.) MAIUS NOSTER. Magistere au rouge. Il faut C'est la rosée philosophique bien prendre garde, quand & l'aiman des Sages. on lit les ouvrages des Phi- MAL. Terme métapho- losophes, par quel endroit rique qui signifie la putré- des opérations ils commen- faction & la dissolution de cent à parler. Un grand nom- la matiere des Sages dans bre ont omis le magistere & l'oeuf Hermétique. Les Phi- le supposent déja fait. C'est losophes ont employé ce pourquoi ils disent: Prenez terme, parce que l'idée qu'il le mâle & joignez-le à sa présente est toujours un prin- femelle. Ils parlent alors du cipe de destruction ou une magistere parfait au rouge. destruction même d'un être; MALCHORUM ou c'est dans ce sens que l'on MALEHORUM. Sel dit, la mort est le plus grand gemme. des maux, parce que la mort MALECH. Sel com- est une dissolution des corps. mun. La fiévre est un mal, parce MALICORIUM. Ecor- qu'elle est une cause ou prin- ce d'orange. cipe de destruction. MALINATHALLA. Flamel dans ses Figures Plante appellée en françois hiéroglyphiques représente Souchet, en latin Cyperus. un homme habillé de noir & MALTACODE. Médi-

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cament dans lequel il entre phes ont donné ce nom à de la cire. Blanchard. leur Saturnie végétable, par MAMOLARIA. Plante comparaison avec le marbre connue sous le nom de Bran- dont les Peintres se servent che Ursine. pour broyer leurs couleurs, MANBRUCK. Argent parce que ce marbre philo- commun & vulgaire. sophique broye, divise & at- MANDELLA. Semence tenue l'or des Philosophes. d'ellebore noir. Voyez Crible. MANHEB. Scories des Le marbre des Sages Her- métaux. métiques est proprement leur MANNA CHYMICO- mercure; mais ils ont aussi RUM ou MANNA MER- donné le même nom à leur CURIALIS. C'est un pré- matiere parvenue au blanc cipité blanc de mercure, par la cuisson, parce qu'elle qu'on fait ensuite passer par est alors éclatante comme le l'alembic sous forme blan- marbre blanc poli. che comme la neige. On lui MARCHED. Litharge. donne aussi le nom d'Aqui- MARCASSITE. Matie- la coelestis. Blanchard. re minérale dont il y a beau- Beguin dit, dans sa Chy- coup d'especes, car toutes mie, que cette manne se fait les pierres qui contiennent en dissolvant le mercure dans peu ou beaucoup de métal de l'eau-forte, qu'il faut en- sont appellées de ce nom. suite le précipiter avec l'eau On le donne même à plu- de mer, ou salée, & puis sieurs pierres sulfureuses dont distiller ce précipité d'abord on ne peut tirer aucun mé- à petit feu. tal; il suffit pour cela qu'el- MANNE. Mercure des les contiennent beaucoup de Philosophes. Ils l'ont aussi soufre ou de vitriol: dans ce appellé Manne divine, parce dernier cas on devroit plu- qu'ils disent que le secret de tôt les nommer simplement l'extraire de sa miniere est un Pyrites. Plusieurs Chymis- don de Dieu, comme la ma- tes ont pris les marcassites tiere même de ce mercure. pour la matiere du grand oeu- MANUS CHRISTI. Su- vre; ils n'avoient pas lû sans cre perlé. doute les ouvrages de Ber- MARATHRUM. Fe- nard Comte de la Marche nouil. Trévisanne, qui dit claire- MARBRE. Les Philoso- ment que les marcassites ne

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sont pas la matiere requise. pur, si l'on veut que le fils MARGA est une cer- qui naîtra de ce mariage ait taine matiere un peu grasse un degré de perfection qu'il & onctueuse que l'on trouve puisse communiquer à tous dans quelques pierres; ce qui ses freres & sujets. lui a fait donner le nom de Mariage DU FRERE Moëlle des cailloux. ET DE LA SOEUR signifie, MARIAGE. Rien n'est en termes de Science Her- plus usité dans les écrits des métique, le mélange du sou- Philosophes que ce terme. fre & du mercure dans l'oeuf Ils disent qu'il faut marier le philosophique. C'est ce qu'ils Soleil avec la Lune, Gaber- appellent aussi la copulation tin avec Beya, la mere avec du mâle & de la femelle. Et le fils, le frere avec la soeur; quand les Philosophes disent & tout cela n'est autre chose que de ce mariage naît un que l'union du fixe avec le enfant beaucoup plus beau volatil, qui doit se faire dans & plus excellent que son le vase par le moyen du feu. pere & sa mere, ils enten- Toutes les saisons sont dent par-là l'or ou la poudre propres à faire ce mariage; aurifique, qui transmue les mais les Philosophes recom- métaux imparfaits en par- mandent particulierement le faits; c'est-à-dire, en or ou printems, comme celle où la argent. Nature est plus disposée à la Mariage. Les Chy- végétation. Basile Valentin mistes Hermétiques ont don- dit que l'époux & l'épouse né aussi ce nom à l'union du doivent être dépouillés de fixe & du volatil dans le tems tous leurs vêtemens, & être de leur mélange avant la su- bien nets & lavés avant d'en- blimation, c'est alors le ma- trer au lit nuptial. D'Espa- riage de Beya & de Gaber- gnet & tous les autres assu- tin, du frere & de la soeur, rent que l'oeuvre ne réussira du Soleil & de la Lune; & pas, si le mâle & la femelle dans le tems de l'union par- ne sont tellement purifiés faite qui se fait par la subli- qu'il n'y reste aucune partie mation, c'est le mariage du hétérogêne. Tout le secret Ciel & de la Terre, d'où de la préparation du mercure sont sortis tous les Dieux des consiste dans cette purifica- Payens. C'est la réconcilia- tion. Le ferment ou levain tion des principes contraires, doit être aussi parfaitement la régénération du mixte, la

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manifestation de clarté & Thrace. Mars étoit un des d'efficace, la couche nup- douze grands Dieux de l'E- tiale d'où doit naître l'enfant gypte. Homere le dit fils de royal des Philosophes, plus Jupiter & de Junon; les puissant que ses peres & me- Grecs l'appelloient Arès, & res, & qui doit communi- les Latins sont les seuls avec quer son sceptre & sa cou- Apollodore qui l'ayent dit ronne à ses freres. C'est ce fils de Junon sans la partici- que les Chymistes ont ap- pation d'aucun homme. Le pellé l'inceste du pere & de caractere féroce du Dieu la fille, du frere & de la soeur, Mars ne l'empêcha pas d'ê- de la mere & du fils. tre sensible aux appas de MARIS. Poids de 83 li- Vénus: il la courtisa, & en vres & 3 onces. Blanchard. obtint des faveurs. Le Soleil MARISCA. Figue. qui s'en apperçut, en avertit MARMORARIA. Vulcain époux de Vénus, Acanthe ou Branche-ursine. qui les prit sur le fait, au MARS. Quelquefois les moyen d'un rêts de métal Philosophes Hermétiques qu'il forgea, ce Dieu boi- prennent ce terme dans le teux exposa ensuite sa fem- sens ordinaire des Chymis- me & Mars à la risée des tes; mais quand ils parlent Dieux, & ne les délia qu'à de leur Mars, c'est de la ma- la sollicitation de Neptune. tiere digérée, & cuite à un Voyez ce que signifient ces certain degré; ils disent alors fictions, dans les Fables qu'elle passe par le regne de Egypt. & Grecq. dévoilées, Mars. C'est quand elle com- liv. 2. ch. 8. & 10. mence à rougir. Quand il s'agit de Chy- Mars, Dieu de la guer- mie vulgaire, Mars signifie re & des combats, nâquit l'acier, le fer. de Junon sans connoissance MARTACH ou MAR- d'homme. Piquée & jalouse THAT. Litharge. de ce que Jupiter avoit en- MARTECH. Les Chy- fanté Minerve sans son se- mistes Hermétiques ont don- cours, elle médita le moyen né ce nom à leur matiere de concevoir sans Jupiter; considérée dans le tems de Flore indiqua pour cet effet la putréfaction. une fleur à Junon, qui en fit MARTHEK. Quelques- usage; elle conçut & mit uns expriment par ce terme Mars au monde dans la la pierre au rouge, le fer-

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ment de l'oeuvre; mais Luc, créés, parce qu'elle contient, dans le Code de Vérité, dit: disent-ils, en puissance tou- Prenez Marthek & le blan- tes les qualités & proprié- chissez; ce qui signifie le la- tés des choses élémentaires. ton, ou la matiere au noir. C'est un cinquiéme élément, MARUCH. Huile. John- une quintessence, le principe son. & la fin matériels de tout. MASAL. Terme em- dit que c'est ployé dans quelques ouvra- la matiere-même dont les ges Chymiques, pour signi- cieux sont composés, que fier du lait aigri. c'est la quintessence de notre MASARDEGI. Plomb. matiere sublunaire, incor- MASAREA. Piloselle. ruptible, & conservatrice de MASELLUM. Etain, ce bas monde, le vrai végé- Jupiter. tatif, l'ame des élémens, qui MASTACH. Prépara- préserve de corruption tous tion d'opium fort en usage les corps sublunaires, & leur chez les Turcs. Quelques- donne le degré de perfection uns l'appellent Ansion, ou qui convient à chaque es- Amphion. pece: qu'avec l'aide de l'Art MASSALIS. Mercure on peut l'en séparer & la des Philosophes. communiquer aux trois re- MASSE DE COQUE- gnes animal, végétal & mi- MAR. Matiere de l'oeuvre. néral: que cette matiere en- MASSERIUM. Mercure fin est ce que les Alchymistes Hermétique. appellent l'Oiseau d'Hermès MATERSYLVA. Che- qui descend continuellement vrefeuille. du ciel en terre, & y remonte MATIERE, en termes sans cesse. On peut voir tous de Philosophie Hermétique, les autres éloges qu'il lui est le sujet sur lequel s'exerce donne dans son Traité de cette Science pratique. Tous Lapide Metaphysico. Mais ceux qui ont écrit sur cet Art la matiere des cieux differe- se sont appliqués à cacher le t-elle de celle de la terre? vrai nom de cette matiere, Est-elle nécessaire pour la parce que si elle étoit une végétation, la conservation, fois connue, on auroit la & l'altération des corps su- principale clef de la Chy- blunaires? Peut-elle être la mie. Ils l'ont nommée de matiere prochaine de l'art tous les noms des individus Chymique? Je laisse les deux

MA MA 269 premiers à décider aux Phy- matiere des Chymistes, dans siciens Naturalistes, & le laquelle ils distinguent la se- troisiéme point aux Alchy- mence mâle qui tient lieu de mistes, dont la vraie matiere forme, & la semence femelle premiere n'est autre que les qui est la matiere propre à accidens de la premiere ma- recevoir cette forme. C'est tiere des Sectateurs d'Aristo- pourquoi lorsque les Chy- te. Les Chymistes prennent mistes parlent de leur pre- cette matiere, parce qu'elle miere matiere, ils entendent est la semence des choses le plus souvent la semence & que la semence de chaque femelle, quoiqu'ils parlent être est sa premiere matiere quelquefois de l'une jointe qui nous soit sensible. Toutes avec l'autre. Alors ils disent les fois donc que les Philo- qu'elle a tout ce qui lui est sophes Hermétiques parlent nécessaire, excepté le feu ou de leur premiere matiere, on agent extérieur, que l'Art doit toujours l'entendre de la fournit à la Nature: comme semence des corps. le dit Empedocles dans le Il y auroit beaucoup de Code de Vérité. choses à observer sur cette Il n'est pas rare aussi de premiere matiere des Chy- voir dans les livres d'Alchy- mistes; mais c'est à ceux qui mie, tout ce qui produit se- font des Traités du Grand mence être pris pour la ma- oeuvre, à en parler avec tiere du grand oeuvre, de la toute l'étendue qu'elle mé- même maniere que l'on peut rite. Je me contenterai donc dire l'homme & les animaux de dire avec Becher (Oedi- composés des plantes, parce pus Chymicus) que tous les qu'ils s'en nourrissent. Ils corps ne sont point en tota- s'expriment ainsi en parlant lité cette premiere matiere de la matiere éloignée, com- tant recherchée; mais qu'ils me ils parleroient de la pro- la contiennent, & qu'ils la chaine, de la puissance com- sont en effet quant à la puis- me de l'acte, de la cause sance; ce qui doit même comme de l'effet; ce qui ne s'entendre des métaux, qui contribue pas peu à faire ne peuvent être censés cette prendre le change aux lec- premiere matiere qu'après y teurs qui ne sont pas versés avoir été réduits. dans cette Science. C'est donc la semence des Cette matiere ne se trouve corps, qui est la premiere donc que dans la semence

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des corps, & dans le point posent chaque individu de de perfection propre à la gé- ces trois regnes. nération; c'est-à-dire, quand La premiere matiere, des elle n'a pas été corrompue Chymistes, éloignée est une ou altérée par la Nature ou eau pondereuse produite par l'Art: & quand on la prend une vapeur mercurielle; la telle, elle a la puissance prochaine est eau mercu- d'engendrer, qui n'attend rielle qui ne mouille point qu'à être réduite à l'acte au les mains, comme le dit Saint moyen du feu. Si on la prend Thomas dans son Commen- généralement, sans avoir taire sur le 3e livre d'Aris- égard à la forme, elle se tote touchant les Météores. trouve dans tous les corps, La fin que se proposent les mais non pas prise comme Chymistes dans la pierre phi- matiere ayant forme chy- losophale étant d'élever les mique. Dans les animaux métaux imparfaits à la per- elle s'appelle Menstrue, dans fection de l'or, au moyen de les végétaux Eau de pluye, sa forme & de sa matiere; il & dans les minéraux Eau faut donc que l'une & l'autre mercurielle. Elles partent soient métalliques & miné- toutes d'une même racine, rales. & composent cependant, Les Alchymistes ne sçau- selon Becher, trois matie- roient réussir dans leur des- res tout-à-fait différentes, sein, si, comme dit Aristote quoiqu'elles ayent beau- le Chymiste, ils ne réduisent coup d'affinité entr'elles, les corps en leur premiere n'étant qu'une eau subtile & matiere, c'est-à-dire en leur visqueuse; mais comme el- matiere séminale, & ne la les différent par leur propre mettent ensuite dans une ma- substance, il n'est pas possi- trice propre à y produire des ble à l'Art de les changer fruits si désirés. l'une en l'autre. Celle des Pour le premier article, animaux semble être faite tout le monde sçait que les pour l'union, celle des vé- choses ne se détruisent que gétaux pour la coagulation, par les contraires; c'est le & celle des minéraux pour soufre qui donne la forme, il la fixation; ce que l'on re- faut donc se servir de mer- marque aisément dans la dif- cure pour le dissoudre, & férence de l'union & de la après cette dissolution, on liaison des parties qui com- ajoutera un soufre pour coa-

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guler & fixer le mercure, du soufre qui y est mêlé, & en en faisant le mariage dans par conséquent toutes ces le vase propre à cet effet. sortes de sels ne doivent être Les Philosophes Hermé- regardés que comme des tiques ont toujours parlé de mixtes, & non des sels prin- cette matiere & des opera- cipes. Le sel des Philosophes tions de l'Art dans des ter- doit se comprendre abstrac- mes allégoriques & énigma- tivement de ce soufre, & ils tiques. Le soufre & le sel, ne l'ont ainsi nommé que comme les deux principes parce que sa forme acciden- constituant de cette matiere, telle lui donne souvent l'ap- ont été nommés, le premier parence de glace, ou de sel Roi, Mâle, Lion, Crapaut, coagulé, ou qu'il se résout feu de nature, Graisse du en eau aussi aisément que le Soleil, le Soleil des corps, sel. le Lut de sagesse ou sapience, C'est ce sel qu'ils appel- le Sceau d'Hermès, le Fu- lent proprement la matiere mier & la Terre des Philoso- propre à recevoir la forme. phes, Huile incombustible, C'est pourquoi ils l'ont nom- Mercure rouge, & une infi- mé Humide radical, Mens- nité d'autres noms même de true, Corps en puissance, diverses langues, qui tous Chose ou Substance capable cependant signifient quelque à recevoir toutes sortes de for- matiere fixe, coagulante ou mes, Reine, Femelle, Aigle, glutineuse; parce qu'ils attri- Serpent, Eau céleste, Ecume buent au soufre, la forme, la de la Lune, Clef, Mercure chaleur innée, le sperme, blanc, Mercure des Philoso- l'ame, l'odeur, la couleur, phes, Eau de vie & de mort, la saveur, la fixité, & tout Cire où l'on imprime le sceau ce qui est capable de causer d'Hermès, Eau de glace, la cohésion des parties des Playe des Philosophes, Fon- corps. taine, Bain du Roi, Bain Le second principe, ou sel, des corps, vinaigre très- qui comprend toutes les eaux aigre, Savon, & tant d'au- différentes dont nous avons tres noms qu'on trouvera ci- parlé, comme semences des après par ordre alphabeti- trois regnes, n'est pas le sel que, & dont la plûpart se- commun, ou le sel des corps, ront expliqués dans les arti- acide, ou qui brûle la lan- cles qui les concernent. gue; car cette saveur vient La plus grande partie des

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Philosophes pensent que tout Voici une partie des noms a pour principe une eau sa- que les Philosophes Hermé- voneuse, c'est-à-dire, com- tiques ont donné à leur ma- posée de deux substances, tiere. La plûpart sont expli- l'une saline & l'autre oléa- qués dans ce Dictionnaire, gineuse, appellée Cahos, & parce que, disent Morien & propre à recevoir quelque Raymond Lulle, c'est dans forme que ce puisse être; l'intelligence de ces noms si que Dieu l'a divisée en deux différens d'une même chose, parties, en eau grossiere, & que consiste tout le secret de en eau subtile; la premiere l'Art. Les uns sont tirés du visqueuse, huileuse ou sulfu- grec, les autres de l'hébreu, reuse, la seconde saline, sub- quelques-uns de la langue tile & mercurielle. Il les sub- arabe, plusieurs du latin & divisa encore en trois parties du françois. générales; de la plus subtile il forma les animaux, de la Absemir. plus crasse les métaux, & de Acier. celle qui participe des deux Adam. il en composa les végétaux; Adarnet. de maniere que celle d'un Adrop. regne ne sçauroit être trans- Affrop. muée radicalement en un Agneau. autre regne, par aucune opé- Aibathest. ration de l'Art. La pratique Aigle. de la Chymie prouve à ceux Aigle des Philosophes. qui douteroient de ce systê- Aigle volante. me, dit Becher, qu'il n'est Aiman. pas la production d'un cer- Air. veau creux. Le soufre agit Airain. sur le sel en l'agglutinant & Airain brûlé. lui donnant ainsi la forme: Airain incombustible. le sel agit sur le soufre en le Airain noir. dissolvant & le putréfiant; Alartar. & l'un joint avec l'autre en Albar Aeris. quantité proportionnée, con- Albira. stituent une eau visqueuse & Alborach. vitriolique, qui est la pre- Alchaest. miere matiere de la Nature Alcharit. & de l'Art. Alcophil, Alembroth.

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Alembroth. Azoch. Aloeam. Azoth. Alkusal. Almagra. Bain. Almizadir. Bain de Diane. Alocines. Bain du Roi. Aludel. Bain du Soleil. Alun. Bain-Marie. Alus. Bain Vaporeux. Alzernad. Beïa. Alzon. Berbel. Amalgra. Beurre. Ame. Bien. Ame de Saturne. Bien Communicatif. Ame des Elémens. Blanc du Noir. Ame du Monde. Blancheur. Anachron. Bois. Anathuel. Bois de Vie. Anathron & Anatron. Bois d'Or. Androgine. Borax. Antimoine. Boritis. Antimoine des parties de Borteza ou Boreza. Saturne. Brebis. Antybar. Brouillard. Arbre. Arbre Lunaire. Cadmie. Arbre Philosophique. Caducée. Arbre Solaire. Caïn. Arbre Métallique. Cambar. Arémaros. Camereth. Argent. Cancre. Argent-vif. Caspa. Argent-vif coagulé. Caspachaïa. Argyrion. Cendre. Arneth ou Zarnich. Cendre de Tartre. Arsenic. Cendre Fusible. Asmarcech. Cendre Incombustible. Astima. Cendre Noire. Atimad. Chaï. Aycafort, Chaïa. S

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Crachat de la Lune, Corps Immonde. Chameau. Corps Impropre. Champ. Corps Noir. Chaos. Corps Mixte. Chaux. Corps Confus. Chaux Vive. Corps Imparfait. Chemin. Corsufle. Ches. Couronne du Roi. Chesseph. Couteau. Chesseph Hai. Crapau. Chibur. Cristal. Chien. Crible. Chien Corascénien. Chienne d'Arménie. Dangereux. Chose croisée ou tour- Décembre. mentée. Décembre E. Chose vile. Deeb. Chyle. Dehab. Ciel. Diabeste. Ciel moyen. Dispositif Moyen. Ciel des Philosophes. Douceur du Beurre. Clarté du Soleil. Duenech. Clef des Métaux. Dragon. Clef de l'Oeuvre. Dragon Volant. Coeur de Saturne. Dragon Rampant. Coeur du Soleil. Dragon Babylonien. Colcotar. Colere. Eau Ardente. Colle d'Or. Eau Azotique. Compagnon. Eau de Talc. Compar. Eau de l'Art. Compost. Eau de Sang. Composé. Eau de Fontaine. Confection. Eau de Vie. Contenant. Eau d'Urine. Contenu. Eau Etoilée. Coq. Eau Feuillée. Corbeau. Eau Hyléale. Corps Blanc. Eau Mondifiante. Corps Contraire. Eau Brûlante.

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Eau Pesante. Femelle. Eau Pondereuse. Femme. Eau Premiere. Fer. Eau Séche. Ferment. Eau Simple. Ferment Sublimé. Eau Visqueuse. Fécès Calcinées. Eau du Styx. Fécès Dissoutes. Ebemich. Femme prostituée. Ebesemeth. Feu. Elément. Feu Naturel. Elément cinquiéme. Feu contre Nature. Elixir. Feu Innaturel. Elsaron. Feu Aqueux. Enfer. Feu Liquide. Estomach d'Autruche. Feu de Cendres, Embrion. Feu de Sable. Ennemi. Feu de Lampe. Epée. Feu Artificiel. Epouse. Feu Corrodant & non Espatule. Corrosif. Esprit. Feu Humide. Esprit Crud. Fiel. Esprit Universel. Fils béni du Feu. Esprit Corporifié. Fils du Nil. Esprit Cuit. Fils (petit) de Saturne. Esprit de la Clarté, Fils du Soleil & de la Esprit Pénétratif. Lune. Etain. Flegme. Eté. Fleur d'Airain. Ethélie Blanche. Fleur du Soleil. Etoile Scellée. Fontaine. Etre Métallique. Fontaine du Roi. Euphrate. Forme. Eudica. Forme de l'Homme. Eve. Frere. Excrément du Verre. Frere du Serpent, Fridanus. Favonius. Fruit. Fada. Fruit de l'Arbre Solaire. Faucon. Fumée Blanche. S ii

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Fumée Citrine. Iris. Fumée Rouge. Jud he voph hé. Fumier. Karnech. Gabertin. Kenchel. Gabritius. Kibrich. Gabrius. Kinna. Giumis. Glace. Lac Bouillant. Gomme Blanche. Lac Desséché. Gomme Rouge. Lait. Gomme d'Or. Lait de Vierge. Gophris. Laton. Granusae. Lazul. Gur. Lessive. Ligne. Hageralzarnad. Lion. Hebrit. Lion Rouge. Hermaphrodite. Lion Vert. Hirondelle. Larmes de l'Aigle. Homme. Liqueur Végétable. Huile. Litharge. Huile de Mars. Loup. Huile Incombustible. Lucifer. Huile Rouge. Lumiere. Humide Blanc. Lumiere du Plomb. Humide Radical. Lune. Humidité. Lune Feuillée. Humidité Brûlante. Hydre de Lerne. Magnès. Hylé. Magnésie. Hypostase Blanche. Magnésie Blanche. Hyver. Magnésie Rouge. Main Gauche. Jaune d'oeuf. Main Droite. Immondice du Mort. Mal. Infini. Mâle. Insipide. Marbre. Jour. Marcassite. Jourdain. Marcassite du Plomb.

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Mars. Occident. Martheeka. Oeil des Poissons. Marthek. Oeuf. Masse de Coquemart. Oeuf des Philosophes. Matiere. Oingt. Matiere de la Matiere. Oiseau d'Hermès. Matiere de toutes formes. Olive. Matiere Lunaire. Ollus. Matin. Ombre. Médaille de Fauheh. Ombre du Soleil. Médecine de l'Esprit. Or. Médecine des trois ordres. Or de Gomme. Mélancholie. Or Ethée. Menstrue Animal. Or Feuillé. Menstrue Minéral. Or d'Orient. Menstrue Végétal. Or du Bec. Mer. Or du Corail. Mercure. Or Romain. Mere. Orient. Mere des Métaux. Orpiment. Mere de l'Or. Mesure Pere. Microscome. Pere unique de toutes Midi. choses. Miel. Phénix. Miniere. Phison. Miniere de l'Or. Pierre. Ministere. Pierre Animale. Mizadir. Pierre Ardente. Mort. Pierre Etoilée. Mort Amere. Pierre des Philosophes. Mozhacumia. Pierre comme dans les chapitres des Livres. Nature. Pierre non Pierre. Neusi. Pierre Indienne. Noir plus noir que le noir- Pierre Indrademe. même. Pierre Minérale. Nuée. Pierre Métallique. Nutus. Pierre Rouge. Nature cinquiéme. Pierre Végétale. S iij

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Plomb. Salive de la Lune. Plomb Blanc. Salive des Champignons. Plomb des Philosophes. Salive Incombustible. Poil Humain. Salive Précieuse. Point. Sang. Poisson Echénéis. Sang de Dragon. Poudre. Sang du Lion. Poudre tirée de la cendre. Sang de la Salamandre. Poule. Sang Humain. Poussin d'Hermogêne Sang Spirituel. Présure du Lait. Saumure. Printems. Saumure Marine. Prison. Savon. Pureté du Mort. Savon des Sages. Prostituée (la). Saturne. Sébleinde. Queue de Paon. Secret de l'Ecole. Sedena. Raceen. Seigneur des Pierres. Racine des Métaux. Sel Alkali. Rameau d'Or. Sel Alvisadir. Rarum. Sel des Sages. Randerich. Sel de Lunaire. Rayon du Soleil. Sel Fusible. Rayon de la Lune. Sel Nitre. Récon. Sel d'Urine. Réhéson. Sel des Sels. Résidence. Sel Solaire. Risoo. Sel Alembroc. Roi. Sel des Pélerins. Rose dans les épines. Semence. Rosée. Sentier. Rosée de Mai. Sépulchre. Rougeur. Sérinech. Rubis. Séricon. Sable. Serpent. Safran. Serpent dévorant sa queue. Salamandre. Serpent Ailé. Salé. Serpent sans Aile. Salpêtre. Serpent de Cadmus.

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Serviteur. Témaychum. Serviteur Fugitif. Ténébres. Serviteur Rouge. Terre. Seth. Terre Adamique. Smeratha. Terré de Reste. Sodo des Philosophes. Terre Feuillée. Soeur. Terre Glaise. Soeur Premiere. Terre Grasse. Soeur du Serpent. Terre des Tombeaux. Soir. Terre Puante. Soleil. Terre Rouge. Soleil Terrestre. Terre Vierge. Soleil Eclipsé. Terre Damnée. Solution Fixe. Tête de Corbeau. Solution Volatile. Tête morte du Corbeau. Soufre de Nature. Tévos. Soufre Ambrosien. Thabritis. Soufre Rouge. Thélima. Soufre Incombustible. Thériaque. Soufre Zarnet. Theta ou Thita. Soufre des Métaux. Thion. Sperme des Philosophes. Timar. Sperme du Mercure. Toarch. Sperme de tout. Troisiéme. Sperme des Métaux. Tuchia. Splendeur. Splendeur de la Mer. Vaisseau. Splendeur du Soleil. Vaisseau des Philosophes. Sublimé. Vaisseau Scellé. Suc de Lunaire. Vapeur. Sueur du Soleil. Vautour. Syrop de Grenades. Venin. Venin Mortifere. Talc. Venin Teignant. Tamuae. Vent. Tartare ou Enfer. Vénus. Tartre. Verre de Métal. Taureau. Verjus. Teinture d'Hermès. Verre. Teinture des Métaux. Vert-de-gris. S iv

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Vertu des Astres. L'on connoît les vrais Phi- Vertu Minérale. losophes à la matiere qu'ils Vie. employent pour le magiste- Vieille exténuée. re. Ceux-là sont dans l'er- Vieillesse. reur qui se servent de diver- Vierge. ses matieres pour composer Vigne des Sages. leur mercure, c'est-à-dire de Vin Blanc. matieres de diverses natures. Vin Rouge. Elle est une, & quoiqu'elle Vinaigre. se trouve par-tout & en tout, Vinaigre des Philosophes. elle ne peut se tirer que de sa Vinaigre très-aigre. propre miniere. C'est une Vipere. eau visqueuse, un esprit cor- Virago. porifié. Elle est la même ma- Virilité. tiere que celle dont la Nature Visitation de l'Occulte. se sert pour faire les métaux Vitriol. dans les mines; mais il ne Vitriol Romain. faut pas s'imaginer que ce Vitriol Rouge. sont les métaux-mêmes, ou Union des Esprits. qu'elle s'en tire; car tous Urine d'Enfans. les Philosophes recomman- Vulphi. dent de laisser les extrêmes Vulpes. & de prendre le milieu; comme pour faire du pain Xit. on ne prend, dit Philalethe, ni le grain, ni le son, mais la Yharit. farine. On ne fait pas non Ylé. plus du pain avec du pain cuit. Il ne faut pas aussi cher- Zaaph. cher à former une matiere Zahav. des quatre élémens, qui sont Zaibac. les principes principians de Zéphyre. tout; mais une matiere élé- Zibac. mentée, qui contienne en Zink. elle-même les quatre élé- Zit. mens, & qui soit la semence Ziva. des métaux. Cette matiere Zotichon. a été voilée par les Anciens Zumech. sous diverses fables, mais Zumelazuli. plus particulierement sous

MA MA 281 celles d'Hercule & d'An- posée. Notre eau, dit Phi- thée, de Pyrrha & de Deu- lalethe, est composée de calion. Mais si quelqu'un plusieurs choses, c'est-à-dire veut réussir dans les opéra- d'une seule & unique chose tions du magistere, qu'il ap- faite de diverses substances, prenne auparavant, dit Phi- mais d'une & même essence. lalethe, ce qu'on entend par Il faut que dans notre eau il les compagnons de Cadmus, se trouve un feu, une liqueur quel est le Serpent qui les saturnienne-végétable, & un dévora, ce que c'est que le lien du mercure. Ce feu est chêne creux contre lequel il minéral-sulfureux, sans être transperça ce Serpent; ce proprement minéral, loin qu'on entend par les Colom- d'être métallique. C'est un bes de Diane, qui surmon- cahos ou esprit, sous la for- tent le Lion en l'amadouant; me d'un corps, qui n'est ce- ce Lion vert, qui est un vrai pendant pas corps, puisqu'il Dragon Babylonien, dont est tout volatil, & qui n'est le venin fait tout mourir: ce pas aussi absolument esprit, que c'est que le caducée de puisqu'il ressemble à un mé- Mercure, &c. tal liquifié. Cette matiere est appellée Quelquefois les Philoso- vile, & Philalethe entr'au- phes ont restraint le nom de tres dit que le prix des prin- Matiere à leur mercure ani- cipes matériels de l'oeuvre ne mé, & non à la matiere d'où passe pas trois louis d'or. Il il est extrait. ajoute que quant à la fabri- Matiere VRAYE DES que de l'eau séche des Sages, ME'TAUX. C'est, selon les deux écus suffisent pour en Philosophes, le mercure des faire une livre. Il assure de Sages impreigné & animé de plus qu'on peut avoir autant son soufre. C'est une eau vis- de matiere principe de cette queuse, & une vapeur qui eau, qu'il en faudroit pour se congele & se fixe plus ou animer deux livres de mer- moins, selon le degré de cure. coction qu'elle reçoit. Cette Plusieurs Philosophes di- vapeur est un argent-vif, non sent que les pauvres ont au- le vulgaire. La pierre philo- tant de cette matiere que les sophale est composée de cet riches; mais il faut l'enten- argent-vif cuit, digéré & dre de la matiere principe exalté: c'est pourquoi il pé- dont celle des Sages est com- nétre les métaux, acheve de

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les cuire, & leur donne la C'est la violette, selon Blan- perfection de l'or; parce qu'il chard, qui pense qu'on lui a est or lui-même, & un or donné ce nom de la suavite vif, animé, infiniment plus de son odeur, qui la fait tant parfait que l'or vulgaire. rechercher des Dames. Matiere LUNAIRE. MAZA. Macarons. Blan- Dissolvant des Sages. chard. Matiere UNIQUE DES MECAL ou MEKAL. ME'TAUX. Magistere au Poids. blanc. MECERI. Opium. MASSE CONFUSE. MECON. Pavot. Voyez Laton. MECONIUM. Extrait MATHEDORAM. Sel de pavot noir, & condensé gemme. en masse. MATIN. Magistere au On donne aussi le nom de rouge, appellé Matin par Meconium aux premiers ex- les Philosophes, parce que crémens noirs comme de la sa couleur est d'abord au- poix, que rend un enfant rore avant d'être parfaite au après être sorti du ventre de rouge. sa mere. Ces excrémens sé- MATRICE. (Sc. Herm.) chés & réduits en poudre, Les Philosophes donnent ce guérissent l'aveuglement qui nom à la miniere de leur n'est pas de naissance, si on mercure, & à leur vase. Le met de tems en tems de cette premier, parce que c'est dans poudre dans l'oeil. Il faut la miniere où il se corporifie conserver cette poudre bien & se forme; & le second, séche dans un flacon bien parce que le vase fait la fonc- bouché, & dans un lieu sec. tion de la matrice des ani- ME'DECIN DES PLA- maux où se parfait la géné- NETTES. Ce n'est pas le ration. mercure des Philosophes La matrice de la matiere comme le dit l'Auteur du d'où les Philosophes ex- Dictionnaire Hermétique, trayent leur mercure, est la c'est le Philosophe lui-même terre, selon Hermès, dans sa qui employe le mercure des Table d'Emeraude. Quel- Sages pour guérir l'imper- ques Chymistes disent que fection des métaux, qu'ils le sel marin est la matrice de appellent Planettes. la nature métallique. La médecine guérit & ce MATRONALIS FLOS. Médecin l'administre. La

ME ME 283 pierre des Philosophes ou la pour une maladie bien re- poudre de projection sont connue, mais qui très-igno- cette médecine qui perfec- rans d'ailleurs, regardent ces tionne les métaux, & guérit spécifiques comme des re- les maladies des trois regnes medes à tous maux, & les de la Nature. administrent à tort & à tra- ME'DECINE. Art d'in- vers aux risques de la vie des venter, de connoître, de malades qui tombent entre préparer & d'administrer les leurs mains. remedes propres à guérir les On a donc tort de crier si maladies qui affligent le fort contre les Médecins, & corps humain, & à le con- ceux-ci n'ont pas plus de rai- server dans un état de bonne son de s'élever si hautement santé. Les uns disent que cet contre les Empyriques; si Art est long & très-difficile on vouloit être de bonne foi, à apprendre, les autres avec on avoueroit qu'il y a au Paracelse assurent qu'il est moins autant de charlatanis- court & très-aisé. Les pre- me dans l'exercice de la Mé- miers considérent sans doute decine Galénique, que dans la Médecine suivant les prin- celui de la Médecine Em- cipes de l'Ecole Galénique; pyrique. Il se trouve de part c'est celle que professent au- & d'autre de beaux diseurs jour-d'hui les Médecins que & de très-mauvais Méde- l'on appelle Docteurs en cins. Décrier tous les Empy- Médecine, dont les princi- riques comme on fait ordi- pes soumis aux systémes que nairement, & vouloir leur chacun imagine à sa fantai- refuser l'administration de sie, font de la Médecine Ga- leurs remedes, c'est priver lénique une science conjec- le Public d'une ressource qu'il turale dont la pratique est ne trouve pas très-souvent souvent très-périlleuse pour dans ceux que le titre de les malades qui y ont re- Docteur leur présente com- cours. Mais il faut cepen- me d'habiles gens. Tout le dant avouer qu'il vaut encore monde sçait que le remede mieux s'adresser à ceux que de la bonne femme tire com- l'expérience annonce dans le munément d'affaire la plû- Public pour des Médecins part de ceux que toutes les habiles, qu'à ces Empyri- drogues de la Pharmacie ques ignorans, qui peuvent employées doctoralement avoir des secrets spécifiques avoient peut-être mis dans

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le mauvais état où ils sont, voye ceux qui seroient tenté au lieu de les guérir. Non d'avoir recours aux ouvrages omnia possumus omnes. On de Paracelse, que j'ai inséré n'ignore pas qu'un Médecin & expliqué dans ce Diction- ne peut pas lui seul sçavoir naire un grand nombre de tous les remedes propres à termes Paracelsiques. Plu- guérir toutes sortes de ma- sieurs Auteurs en ont fait une ladies; loin donc de se dé- étude particuliere, tels que créditer en permettant à ses Beccher, Rullandus, John- malades, en ordonnant mê- son, &c. & c'est dans les me des remedes indiqués par ouvrages de ces Sçavans que d'autres, il gagneroit une j'ai puisé mes explications. confiance plus grande, ap- Le vrai & unique moyen prendroit des remedes qu'il de remédier à tous ces in- ignore, & en feroit usage convéniens, seroit de publier dans des cas semblables. le procédé de ce qu'on ap- Paracelse réduisoit tout pelle la Médecine universelle, l'art de guérir à des principes ce seul remede guériroit tou- très-simples pour la théorie tes les maladies; mais ceux & la pratique. Avoit-il rai- qui passent pour l'avoir sçu son? Je serois tenté de le & mis en pratique, décla- croire. Toujours est-il vrai rent qu'il en résulteroit en- qu'il faisoit des cures admi- core de plus grands incon- rables, & qu'il se fit une véniens pour la société, à grande réputation. S'il avoit cause des abus qu'en feroient écrit ses ouvrages d'une ma- les méchans. Ils ne l'ont donc niere plus intelligible, peut- enseigné dans leurs Traités être qu'aujourd'hui on lui sur cette matiere que d'une rendroit la justice qu'on lui maniere énigmatique, allé- refuse. Il a fait mystere de gorique, métaphorique, &c. tout; il a employé des noms afin, disent-ils, qu'elle ne de- étrangers pour exprimer des vienne intelligible qu'à ceux choses connues: on a pris le que Dieu voudra en favori- change; on a mal composé ser. C'est pour la leur ren- ses remedes; ils n'ont pas eu dre moins difficile, qu'après tout le succès qu'on en de- avoir combiné ces Auteurs voit espérer sur sa parole, & entr'eux, & recueilli les di- l'on en a conclu que Para- verses explications qu'ils celse n'étoit qu'un Charlatan. donnent les uns des autres, C'est pour remettre dans la je les ai insérées dans ce

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Dictionnaire. Heureux ceux posé; elles affoiblissent en qui à la foible lueur de ce évacuant, elles ruinent le flambeau pourront décou- tempérament, & conduisent vrir la vérité cachée dans enfin au tombeau, quand la l'obscurité & les ténébres nature n'a pas la force de ré- dont ils ont enveloppé leurs sister au poisson qu'elles con- ouvrages. tiennent & que l'on donne Médecine. Les Philo- avec le baume. sophes distinguent plusieurs Les Philosophes donnent sortes de médecines, quoi- encore le nom de Médecine qu'elles ayent toutes un mê- aux différentes opérations du me objet, qui est la guérison grand oeuvre, c'est pourquoi des maladies qui surviennent ils en comptent de trois sor- aux individus des trois re- tes. La premiere est celle gnes de la Nature. Ils appel- qu'ils appellent Médecine du lent Médecine de l'ordre su- premier ordre. C'est, selon le périeur, leur élixir quand il Philalethe, la préparation de est parfait pour la guérison la pierre, qui précéde l'opé- des maux du corps humain, ration de la préparation par- & pour la transmutation des faite; elle s'appelle propre- métaux imparfaits en or. Ils ment la séparation des élé- lui ont quelquefois donné ce mens, & la purification de nom quand leur pierre est chacun d'eux par eux-mêmes seulement parfaite au blanc. selon que l'exige la Nature. Leur Médecine de l'ordre in- Le magistere se fait par cette férieur est leur élixir projetté préparation, que les Philoso- sur un métal imparfait; il de- phes ont déguisée sous plu- vient pur par cet élixir, & sieurs noms qui ne signifient peut servir, après la cuisson, presque que la même chose, pour projetter sur les autres & qui se fait par un même métaux imparfaits. Cette régime, c'est-à-dire cuire le médecine n'est point propre compôt. Ainsi quand ils di- pour les maladies du corps sent distiller à l'alembic, sé- humain. Celle de l'ordre su- parer l'ame de son corps, périeur les guérit en le con- rôtir, abreuver, calciner, fortant, ou le rajeunissant. frotter, nourrir, ajuster en- Médée s'en servit pour le semble, manger, assembler, pere de Jason. Les médecines corriger, cribler, couper que l'on prend chez les Apo- avec des ciseaux, blanchir, ticaires ont un effet tout op- dessécher, distiller, diviser,

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unir les élémens, les séparer, à leur premiere matiere. les corriger, les purifier, les Les Philosophes ont ap- changer l'un dans l'autre, les pellé cette médecine le Jour extraire, exalter, folier, fon- du jugement. Laissez les fols dre, engendrer, frapper d'un chercher notre oeuvre, & glaive de feu, puiser, hu- tomber d'erreurs en erreurs mecter, imbiber, empâter, en le cherchant, ils ne par- ensevelir dans le fient, incé- viendront jamais à sa per- rer, laver, aiguiser, polir, fection jusqu'à ce que le So- limer, frapper du marteau, leil & la Lune soient con- mortifier, noircir, putréfier, vertis en un seul corps; ce arroser, tourner en rond, ru- qui ne pourra se faire avant bifier, dissoudre, sublimer, le jour du jugement. Morien. broyer, réduire en poudre, On lui a donné ce nom, dit tous ces termes appartien- Philalethe, parce que dans nent à la médecine du pre- cette conjonction parfaite, mier ordre, & signifient une ou vrai mariage, se fait la & même opération. séparation des élus & des La Médecine du second or- damnés, c'est-à-dire de la dre est cette préparation de terre grossiere & impure, la pierre, qui suit immédia- appellée damnée par les Chy- tement celle dont nous ve- mistes mêmes vulgaires, & nons de parler. Elle se nom- de la plus pure substance de me la préparation parfaite. la matiere de la pierre. Cette On l'appelle aussi fixion, substance n'est autre que la fermentation, création de la poudre qui monte des féces pierre, & conjonction par- s'en sépare. C'est la cen- faite des élémens. Géber la dre de la cendre, la terre ex- nomme l'oeuvre courte, opus traite, sublimée, honorée & breve. élue. Ce qui reste au fond Cette médecine prépare est la cendre des cendres, donc parfaitement la pierre, une terre damnée, rejettée, elle la fixe, & la fait fermen- les féces & scories des corps, ter. Le ferment de la pierre qu'il faut rejetter, parce qu'el- se fait de la pure matiere des les n'ont aucun principe de métaux, c'est-à-dire du sou- vie; & tout ce qui ne sera fre de nature & de la vapeur pas de la vraye pureté des des élémens, & ce ferment élémens sera détruit au jour ne devient tel, que lorsque la du jugement. Raim. Lulle. Lune & le Soleil sont réduits Alors les élémens qui se

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trouveront purs, élevés au- les poids, les mesures du dessus des fixes & resplen- tems & du feu, sans quoi il dissans comme le cristal; perdra son travail & ses pei- parce qu'ils seront devenus nes. Philalethe. terre incorruptible, qui ne La premiere médecine mon- craindra point les atteintes difie & teint les corps, mais du feu. Id. Elle se fait par cette teinture n'est qu'appa- une même opération, d'une rente, & s'en va dans la même chose, & dans un seul coupelle. La seconde fait le vase. Ainsi le but de cette même effet, mais la teinture médecine est de convertir la qu'elle donne est permanen- pierre en terre fixe, spiri- te & fixe, quoique sans uti- tuelle & tingente. lité. La troisiéme pousse la Médecine DU TROI- pierre à sa perfection, & la SIE'ME ORDRE. C'est la pré- multiplie en quantité & en paration de la pierre que les qualité. Philosophes appellent Mul- La premiere est l'oeuvre tiplication. de la Nature, la seconde est Il faut sçavoir cinq choses l'oeuvre de l'Art, & la troi- à l'égard de cette médecine: siéme l'est de l'Art & de la 1 . Que les Philosophes ré- Nature, & se nomme aussi duisent les années en mois, la Médecine de l'ordre supé- les mois en semaines, les se- rieur. maines en jours, & les jours Médecine UNIQUE. en heures. 2 . Que toute Pierre au blanc. chose séche boit avidement ME'DE'E, fille d'Aeetes toute humidité de son espe- Roi de Colchos, fils du So- ce. 3 . Qu'elle agit sur cette leil, eut pour mere Idyia, humidité beaucoup plus vite fille de l'Océan. Jason étant qu'elle ne faisoit auparavant. arrivé à Colchos pour la 4 . Que plus il y a de terre, conquête de la toison d'or, moins il y a d'eau, & que la Médée devint amoureuse de solution s'en fait mieux & lui. Elle fit usage de son art plus promptement. 5 . Que enchanteur pour favoriser toute solution se fait selon la l'entreprise de son amant. convenance de la chose à Au moyen des pharmaques dissoudre; & que tout ce qui qu'elle lui donna, il dompta dissout la Lune dissout aussi les taureaux qui jettoient du le Soleil. Si l'Artiste veut feu par les narines, tua le donc réussir, il doit sçavoir dragon qui gardoit la toison

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d'or, en sema les dents dans que le feu en sortit dès que le champ de Mars, d'où nâ- Glaucé l'eut ouverte. D'au- quirent des hommes armés tres enfin ont dit que c'étoit qui s'entretuerent, & il s'em- une robe. para de la toison d'or. Médée ne se contenta pas Après cette expédition de cette vengeance, elle Médée se sauva de chez son massacra devant Jason mê- pere avec Jason, qui l'épou- me deux enfans qu'elle avoit sa. Quand ils furent arrivés eu de lui, & se sauva dans en Thessalie, Médée rajeu- l'air sur un char attelé de nit Eson, pere de Jason. Les deux dragons ailés. Voyez filles de Pélias ayant vû ce ces fictions expliquées dans prodige, désirerent que Mé- le premier chapitre du se- dée rendit le même service à cond livre des Fables Egypt. Pélias; celle-ci feignant d'y & Grecques dévoilées. consentir, trouva le moyen MEDIMNUS. Mesure de venger Jason des mauvais contenant cent huit livres, procédés que Pélias avoit eu ou six boisseaux. Blanchard. pour Eson. Elle engagea les MEDIUM ou SUBS- filles de Pélias à le couper TANCE MOYENNE en morceaux & à le faire DES CORPS. C'est le cuire dans une chaudiere mercure des Sages; parce avec un mêlange de Plantes que la matiere d'où il se tire aromatiques. Le secret pré- n'a pas reçu de la Nature tou- tendu n'eut pas le succès te la perfection dont elle est qu'elles en attendoient. capable; l'Art la prend dans Jason étant ensuite devenu cet état, & acheve ce que la amoureux de Glaucé, fille Nature avoit commencé. de Créon, répudia Médée. Médium ENTRE LE ME'- Celle-ci sçut dissimuler son TAL ET LE MERCURE. dépit, & sous prétexte de C'est, selon Synésius, la faire présent à Glaucé d'une vraie matiere de l'oeuvre. couronne, elle la composa Artéphius dit que c'est le de maniere que le feu prit à mercure même des Philoso- la tête de sa rivale dès qu'elle phes. l'eut mise sur sa tête, & elle MEDULLA LACTIS fut consumée. Quelques Au- ou MOELLE DU LAIT. teurs disent que c'étoit une C'est le beurre & la crême, petite cassette que Médée di- qu'on appelle aussi Fleur du soit être pleine de bijoux, & lait. MEDUSE,

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ME'DUSE, fille de Phor- Mel ROSCIDUM ET cys & de Céto, avoit deux AEREUM. Manne. soeurs auxquelles on donna Mel SATURNI, ou Miel le nom de Gorgones de mê- de Saturne. C'est le sel de me qu'à Méduse. Neptune plomb, qu'on appelle aussi devint amoureux de celle-ci Beurre & Sucre de Saturne. qui étoit très-belle, & eut MELA. Plomb. commerce avec elle dans le ME'LANCHOLIE signi- temple même de Minerve. fie la putréfaction de la ma- Cette Déesse indignée de la tiere. Les Philosophes ap- profanation de son temple, pellent aussi cette opération changea en serpens les che- calcination, incinération, veux de Méduse, & lui pregnation. On a donné ce donna la propriété de mé- nom à la matiere au noir, tamorphoser en pierre tous sans doute parce que la cou- ceux qu'elle regarderoit. Per- leur noire a quelque chose sée suscité par Pallas qui lui de triste, & que l'humeur du prêta son bouclier & sa lan- corps humain appellée mé- ce, & aidé des talonnieres lancholie, est regardée com- de Mercure, fut attaquer Mé- me une bile noire & recuite, duse & lui coupa la tête. Du qui cause des vapeurs tristes sang qui sortit de sa blessure & lugubres. nâquirent Chrysaor, pere de MELANGE. Conjonc- Géryon, & le cheval Pé- tion combinée de deux ou gase. La tête de Méduse con- plusieurs corps, d'où il ré- serva encore après sa mort sulte un composé qu'on ap- sa propriété de changer en pelle mixte. Ces différentes pierre ceux qui la regar- combinaisons font différens doient, Persée en fit usage mixtes, & puisque de huit contre Atlas, qui l'avoit mal corps on peut combiner reçu. Voyez les Fab. Egypt. 40320 mixtes, on ne doit & Grecq. dévoilées, liv. 3. pas être surpris de la diver- chap. 14. §. 3. sité infinie qui s'en trouve MEL JUNIPERINUM, dans la Nature. ou Miel de genievre. C'est Il y a deux sortes de mê- l'extrait de genievre. langes ou mixtions, l'une Mel NOVUM, ou Miel que Becher appelle superfi- nouveau. C'est la quintes- cielle, & l'autre centrale. sence d'antimoine. Planis- Le mêlange superficiel est campi. celui qui se fait de maniere T

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que les parties des corps mê- secs avec ceux qui sont hu- langés puissent se séparer de mides. Il est cependant bon nouveau, comme si l'on mé- de sçavoir que l'extrême- le de l'absynthe avec de l'es- ment humide & l'extrême- prit de vin, après une longue ment sec sont les deux con- digestion, ces deux corps traires, & ne s'unissent pres- font un mêlange superficiel, que jamais ensemble. parce que en mettant le ME^LANGE (Sc. Herm.). tout dans l'alembic, on sé- Lorsque les Sages parlent de pare l'esprit de vin de l'ab- mêlange, il ne faut pas s'i- synthe qui reste dans le cu- maginer qu'ils entendent curbite en forme d'extrait. parler de l'union des deux Le mêlange centrale se fait, choses différentes, & prises par exemple, lorsque l'eau hors du vase. C'est une & de pluye se mêle avec les même chose qui se sépare en semences de maniere qu'elle deux, & qui par la coction devient un corps homo- se réduit à une. Voilà le vrai gêne avec elles, & qu'on mêlange, qui se fait précisé- ne peut plus les séparer. Tou- ment dans le tems de la pu- tes les dissolutions dans l'eau tréfaction. forte sont des mêlanges su- MELANOPIPER. Poire perficiels. Le mêlange des noire. alimens avec notre propre MELANOS MEGMA. substance, font des mêlanges Savon noir. centraux. La base de ce der- MELANTER. Opium. nier mêlange, est la sympa- MELANZANA. Pom- thie, qui se trouve entre me d'amour. l'humide & le sec. La base ME'LAONES ou ME'- du mêlange superficiel n'est LONES. Petits vers de terre que la densité & la rareté des noirs qui en sortent au mois différens corps qui compo- de Mai dans les prairies, sent le mêlange. D'où l'on & qui exhalent une odeur peut conclure que le magné- agréable, quand on les écra- tisme de la Nature a comme se. On a donné ce même deux pôles, où tendent les nom à une espece de petit mêlanges des corps compo- scarabé de couleur verte do- sés. Les corps rares recher- rée. Rulland. chent, ont une espece d'ap- ME'LE'AGRIS. Plante pétence ou sympathie avec appellée Fritillaire, peut les corps denses, & les corps être nommée Méléagris, de

ME ME 291 ce que sa fleur est tachetée MELOCARPUS. Fruit comme un oiseau appellé en de l'Aristoloche. latin Meleagris. C'est une MELUSI. Mercure. espece de perdrix qui se trou- MEMBRANE DE LA ve dans la Barbarie. TERRE. Matiere de la- MELECH. Sel commun. quelle les Philosophes ex- ME^LER. Voyez Mê- trayent leur mercure. lange. MENALIPPE. Reine MELGA. Salamandre. des Amazones, fut prise MELIA. Frêne. dans un combat par Hercu- MELIBOEUM ou ME- le, qui garda son baudrier & LIBOCUM. Cuivre. ses armes pour les porter à MELICERTE, fils d'A- Eurystée. Voyez Amazo- thamas & d'Ino. En se sau- nes. vant avec sa mere pour se ME'NE'LAS, fils d'Atrée soustraire aux mauvais trai- & d'Erope, selon Homere, temens d'Athamas, ils se épousa Helene, fille de Ju- précipiterent dans la mer. piter & de Léda. Pâris la lui Les Dieux par commiséra- ayant enlevée, tous les Prin- tion changerent Ino en Dées- ces de la Gréce prirent parti se marine sous le nom de pour lui, & assemblerent Leucothoé, & Mélicerte en une armée formidable pour Dieu marin sous le nom de le venger. Ils assiégerent Palémon. C'est en l'honneur Pâris & Helene dans la ville de celui-ci qu'on institua les de Troye où ils s'étoient re- Jeux Isthmiques. Voyez les tirés. La ville se rendit au Fables Egypt. & Grecques bout de dix ans de siége. dévoilées, liv. 4. ch. 9. Pâris fut tué, & Ménélas re- MELICRATUM. Hy- prit Helene. Voyez les Fa- dromel qui se fait d'une par- bles Egypt. & Grecq. dé- tie de miel sur huit parties voilées, liv. 6. d'eau. MENFRIGE. Mastic. MELIPHYL- \ MENSIRACOST. LUM. > Manne. MELISSO- > Mélisse. MENSTRUE. C'est PHYLLUM. / proprement dans le regne MELLISODIUM. animal un sang qui s'écoule Plomb brûlé. tous les mois par les parties MELLOSE. Vers de naturelles des femmes, & terre. des femelles de quelques T ij

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animaux. Michel Schot dit ner pris des animaux, com- dans son Traité de Physio- me la fiente de brebis, sur nomie, que les hommes Juifs ce qu'il est écrit que cette y sont aussi sujets. On a aussi matiere est animale, & que donné le nom de Menstrue, quelques-uns ont dit com- quoiqu'improprement, aux me Aristote & Riplée, que eaux végétales & métalli- c'est terminus ovi, le Cos- ques, qu'on regarde comme mopolite, qu'elle se tire du le principe féminin de ces ventre du bélier. On en a deux regnes, & dans les- vû aussi distiller, circuler, quelles on met quelque chose digérer, &c. l'eau de rosée, à dissoudre. parce qu'elle se cueille aux Menstrue DES PHI- équinoxes, & que quelques LOSOPHES. Voyez Mer- Philosophes lui ont donné cure des Sages. Quel- ce nom; mais tous ces Chy- ques Chymistes ignorans les mistes ont pris mal à propos principes de la Nature & du les écrits des Sages selon le grand oeuvre, ont regardé sens que présente la lettre; diverses choses comme men- puisqu'ils ont soin d'avertir strue des Philosophes, ou qu'ils ne parlent que par comme matiere, d'ou l'on analogie & similitudes. doit extraire ce mercure. Les Menstrue. Le menstrue uns ont travaillé sur les sels, des Philosophes est propre- sur les minéraux, sur les ter- ment leur mercure; cepen- res de différentes especes; dant ils prennent souvent ce parce que les Sages disent terme pour la matiere qui que leur matiere est miné- contient ce mercure. L'eau rale; d'autres ont employé est le menstrue qui contient pour cet effet les végétaux, le semence des choses, & la grande & la petite lu- les porte dans la terre en naite, la chélidoine, &c. s'insinuant par ses pores. La parce qu'ils avoient lu dans terre qui leur sert de matri- les livres des Adeptes que ce, les couve, les digére, cette matiere est végétale. tant par la chaleur propre D'autres enfin ont travaillés au sperme, qu'avec l'aide sur les oeufs, les cheveux, du feu céleste, & met enfin la corne, les menstrues des au jour les individus qui doi- femmes, les secondines, vent en venir selon l'espece l'urine, le sang humain, & déterminée du sperme. Le tout ce qu'ils ont pû imagi- sperme différe du menstrue

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en ce que celui-ci n'est que ce n'est pas le mercure des le receptable de l'autre. Sages. D'Espagnet. Menstrue SECOND. Menstrue BLANCHI. C'est le laton des Philoso- Mercure Hermétique qui phes. contient les deux Dragons MER. La mer des Phi- de Nicolas Flamel. losophes est bien différente Menstrue PUANT ou de cet amas d'eau salée, sur EAU FOETIDE. C'est ce que laquelle s'exposent si témé- Géber & Raymond Lulle rairement la plûpart des appellent Esprit foetide, ou hommes pour chercher les le soufre des Sages; nous richesses du Potozi & des n'avons besoin dans tout autres contrées. Leur mer se l'oeuvre que de l'eau vive & trouve par tout; & les Sages de l'esprit foetide. Ce mens- y navigent avec une tran- true puant est la matiere en quillité qui n'est point alté- putréfaction. rée par les vents, ni les tem- Menstrue ESSENTIEL, pêtes. Leur mer en général sans lequel on ne peut rien sont les quatre élémens, en faire; c'est la même cho- particulier c'est leur mercu- se. re; quelquefois la matiere Menstrue VE'GE'TAL. d'où il faut l'extraire, parce Raymond Lulle dit que le que Flamel appelle ce mer- menstrue des Sages s'acue cure l'Ecume de la mer Rou- avec les végétaux; mais non ge, & le souffle du vent mer- que leur menstrue soit pro- curiel; ce qui est la même prement végétal. Quelques- chose que le serviteur rouge uns donnent ce nom à l'es- du Trévisan. C'est en s'ex- prit de vin rectifié sept fois posant sur cette mer, pleine par l'alembic, ou à la manie- d'écueils pour les mauvais re qu'enseignent Raymond Chymistes, qu'un si grand Lulle & Jean de Roque- nombre d'entr'eux font nau- taille, connu sous le nom frage, & perdent leur for- de Jean de Rupeseissa; par- tune en courant après un or ce qu'ils prétendent que cette qu'ils ne sçavent pas tirer de eau ardente a la propriété de sa miniere. tirer la teinture de l'or, & Mer SE'CHE. C'est ce de produire des choses mer- qu'ils appellent aussi eau sé- veilleuses. C'est en effet une che, eau permanente, eau bonne quintessence; mais astrale, & leur mercure. T iij

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Mer REPURGE'E. Ma- Mercure. Vapeur mi- gistere parvenu à la blan- nérale, onctueuse, visqueu- cheur. se, crasse, congélée dans les MERADUM. V. Al- pores de la terre en une li- mizadir. queur homogêne & incom- MERCURE ou AR- bustible. Basile Valentin & GENT VIF. Métal coulant Sendivogius définissent le composé d'une terre métal- mercure, un sel acide de na- lique & d'une terre fluidifi- ture minérale. Ces défini- cante; c'est pourquoi il y a tions conviennent au mer- autant de mercures que de cure, principe des métaux métaux, qui peuvent être & du mercure vulgaire, con- mêlés avec cette terre flui- nu sous le nom de vif-argent, dificante. Il y a une si grande qui est un vrai métal. On sympathie entre cette terre doit donc distinguer deux mercurielle ou fluidificante, sortes de mercure, le vul- & les métaux, que quand gaire, & le mercure princi- elle y est une fois mêlée, pe. Le premier est mort, elle s'y accroche si ferme- quand il est hors de sa mine, ment, qu'elle si coagule plu- parce que son feu interne est tôt que de s'en laisser sépa- assoupi, & qu'il ne peut plus rer. C'est dans cette admi- agir, s'il n'est mis en action rable sympathie que consiste par le mercure principe. Le tout le secret de la Philoso- second est appellé, non pas phie Hermétique, ou du vif-argent, mais argent-vif grand oeuvre: c'est-à-dire, par les Physiciens Chymis- à avoir cette terre mercu- tes, pour le distinguer du rielle, pure, & dans l'état où commun, & marquer sa elle se trouve avant d'être mê- puissance vive, qui agit dans lée avec aucun métal. C'est les mines; ou qui hors des en cela que consiste la diffé- mines n'attend que d'être ex- rence du mercure commun cité par les mains d'un ha- d'avec le mercure des Philo- bile Artiste, pour agir en- sophes. Le premier est com- core avec plus d'effet sur les posé de cette terre mercu- métaux. rielle & d'une terre métalli- Le mercure paroît à nos que; le second n'est pro- yeux sous trois voiles diffé- prement qu'une terre mer- rens, dont la Nature l'a ha- curielle ou fluidificante. Bec- billé; 1 . sous la forme d'un cher. fluide, qui ne mouille pas

ME ME 295 les mains, quand on le tou- cahos. C'est une matiere mi- che; c'est le vif-argent vul- nérale. Le Philaléthe définit gaire, qu'on appelle mercure ce mercure une eau ou va- vierge, quand il sort de la peur séche, visqueuse, rem- mine, & que l'avarice ne l'a plie d'acidités, très-subtile, pas altéré par quelque mé- se dissipant aisément au feu, lange: 2 . sous la figure de qui dissout les métaux par cinabre: 3 . sous celle d'ar- une dissolution naturelle, & senic ou réagal. Le mercure qui réduit leur esprit de puis- principe est celui que les Phi- sance en acte. losophes Hermétiques van- Le mercure composé est tent tant, & le mercure vul- celui dont nous venons de gaire est celui dont se servent parler, auquel on a ajouté communément les Chymis- une seconde matiere, & tes ordinaires & les Méde- qu'en conséquence ils ap- cins. pellent rebis, laton, airain Mercure DISSOLVANT, des Philosophes, &c. Pres- dont les Philosophes Spagy- que tous les Philosophes ne riques se servent pour réduire parlent que de celui-ci dans les métaux, les minéraux, leurs ouvrages. Nous avons les végétaux & tous les corps déjà défini le mercure com- à leur premiere matiere. Il mun. y a trois sortes de mercure Mercure BLANC DES dans le sens des Alchymis- SAGES. C'est la pierre au tes: le mercure dissolvant blanc. simple; le mercure dissolvant Mercure ROUGE. C'est composé, qui est propre- le magistere au rouge par- ment leur vrai mercure, & fait. le mercure commun, ou ce- Mercure UNIVERSEL. lui qui se tire des métaux. C'est l'esprit répandu dans Le mercure simple est une tout l'Univers pour l'animer. eau extraite selon les prin- Mercure CRUD. C'est cipes de leur Art, d'une ma- le dissolvant des Sages, non tiere dont ils ont eu grand pas l'argent vif vulgaire, ap- soin de taire le vrai nom, & pellé mercure crud par les à laquelle ils en ont donné Chymistes. une infinité que l'on peut Mercure PRE'PARANT voir dans l'article Matiere. (Sc. Herm.). Dissolvant des Ils l'appellent plus commu- Philosophes, qui prépare le nément magnésie, plomb, corps dissoluble, pour par- T iv

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venir à la perfection du ma- tiere, comme le pensent pres- gistere. que tous les faux Adeptes. Mercure DU COU- Le mercure est volatil, & ne CHANT. Pierre au blanc. sert de rien s'il n'est fixé au Mercure E'PAISSI. V. blanc ou au rouge. Abra- Eau Epaissie. ham a représenté un Vieil- Mercure DES MINE'- lard, pour signifier la lon- RAUX ET DES ME'TAUX. gueur du tems nécessaire C'est le Mercure des Philo- pour cette opération. sophes. Le Mercure extrait du Mercure STE'RIL. (Sc. Serf rouge, est proprement Herm.). C'est le mercure le mercure des Sages dans le pris abstractivement de son tems de sa premiere prépa- soufre, parce que la femelle ration. représentée par leur mercure Le mercure rubifié, est la est toujours stérile sans la pierre au rouge, appellée conjonction & l'action du aussi mercure animé. mâle signifié par le soufre. Mercure COURONNE'. Le mercure des Philosophes C'est l'élixir parfait des Sa- ne se trouve point sur la terre ges, qu'ils appellent leur des vivans; c'est-à-dire, tout Roi, dont la tête est ornée préparé. Mais il se tire de la d'un diadême à trois cou- terre même des vivans, & ronnes, pour manquer son de la terre vierge qui est au pouvoir sur les trois regnes centre, & dans l'intérieur de de la Nature. cette terre des vivans; & Mercure SULPHURE' cela par un artifice ingé- est le vrai mercure des Sa- nieux, très-simple, mais seu- ges, qui différe du vulgaire lement connu des Sages. Le en ce que celui-ci n'a point Cosmopolite dit, que cela se un soufre qui l'anime, & fait par le moyen de leur l'autre en a un inséparable, acier, & le Philaléthe par qui n'attend que d'être ex- leur aimant. cité. Mercure, à qui le vieil- Mercure ANIME' (Sc. lard veut couper les pieds Herm.). C'est le mercure avec sa faulx, est un emblê- double des Sages. Pantaléon me qu'Abraham Juif, a em- prétend que Bernard, Comte ployé pour signifier la fixa- de la Marche Trévisane, est tion du mercure des Sages, le premier d'entre les Philo- & non pour signifier la ma- sophes, qui ait introduit le

ME ME 297 mercure animé dans le grand dens, discrets, craignans oeuvre; que d'Espagnet, Dieu, enfin tels qu'ils les Philaléthe l'ont imité, & souhaitent pour être initiés que tous les Philosophes dans les mysteres du grand modernes y ont applaudi. oeuvre. C'est le mercure des Sages Mercure CRISTAL- animé du soufre métallique, LIN, est du mercure sublimé par le moyen rapporté dans plusieurs fois, & réduit en la Philosophie des Métaux forme de cristaux transpa- du Trévisan, dans l'endroit rens. où il parle de la fontaine Mercure CORALLIN, dans laquelle il vit dissoudre est du mercure auquel on a son livret d'or, comme la donné la couleur rouge avec glace fond dans l'eau chau- de l'huile d'oeufs, ou autres de. eaux. Ruland. Mercure DOUBLE. V. Mercure, fils de Ju- Mercure Animé. piter & de Maïa, nâquit sur Mercure DEUX FOIS le mont Cyllene dans l'Ar- NE'. C'est le même. cadie, Junon oublia sa ja- Mercure VEGETAL. lousie à l'égard de ce fils de Voyez Menstrue Végé- Jupiter; elle prit même tant tal. d'intérêt à sa conservation, Mercure DE VIE (Sc. qu'elle se chargea de le nour- Herm.). C'est l'élixir des rir de son lait. D'autres pen- Sages composé de leur mer- sent que ce fut Ops. cure. Ils le nomment ainsi, Mercure étoit presqu'en- parce qu'il transmue les mé- core au berceau qu'il mon- taux imparfaits, qu'ils ap- tra son penchant pour le pellent morts; & que ce vol. Etant entré dans la for- mercure est en effet le prin- ge de Vulcain, il lui vola cipe de la génération, & de ses outils; & le jour même la conservation des indivi- il vainquit à la lutte Cupi- dus de la Nature. don. Il enleva le sceptre de Mercure MYSTE- Jupiter, & la peur du feu RIEUX. C'est encore le fut la seule raison qui lui même: ainsi nommé, parce empêcha de voler aussi ses que tous les Adeptes en font foudres. un vrai mystere à tous ceux Jupiter l'employa dans qui ne le sont pas, à moins ses messages; il le chargea qu'ils ne les trouvent pru- de balayer la salle d'assem-

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blée des Dieux, & l'occu- eut touché, ils furent d'ac- poit en qualité de son Echan- cord. Mercure s'en servoit son avant l'enlevement de pour pacifier les différens, Ganymede. & pour rendre amis les en- On lui avoit donné des nemis. aîles qu'il avoit attachées à Jupiter voulant soustraire son chapeau & aux talons Io changée en Vache, à la de ses souliers; elles lui ai- garde scrupuleuse d'Argus, doient à expédier plus chargea Mercure de le dé- promptement ses messages. faire de ce gardien; ce qu'il Il ne dormoit ni jour ni exécuta. Voyez l'explica- nuit, parce qu'il étoit char- tion de ces fictions & des gé de recevoir les ames des autres qu'on a inventées à mourans, & de les con- son sujet, dans le liv. 3e. duire au séjour de Pluton, chap. 14. §. 1. des Fables & aux Champs-Elisées. Il Egyptiennes & Grecques portoit à la main une verge dévoilées. d'or, autour de laquelle Mercure TRISME'- étoient deux serpens entor- GISTE, le plus ancien des tillés, qui sembloient vou- Philosophes connu. C'est de loir se dévorer; mais la ver- son nom grec Hermès que ge avoit la propriété de les ceux qui sçavent le grand concilier. oeuvre, ont pris le nom de Lorsqu'Apollon fut chassé Philosophes Hermétiques. du Ciel, & qu'il se rendit Voyez Hermès. gardien des troupeaux d'Ad- Mercurialis SEVA. mete, Mercure vola les Eau naturelle & primitive boeufs qu'il gardoit. Il eut de l'alun, que Planiscampi même l'adresse d'enlever dit être le principe du mer- l'arc & les fléches d'Apol- cure. lon, pour empêcher ce Dieu Mercurii ASTRUM. de les faire servir à sa ven- Mercure sublimé, ou sa geance. quintessence. Mercure inventa la lyre, Mercurius LAXUS. & l'échangea avec Apollon Turbith minéral. pour le caducée qu'il porta Mercurius CORPO- toujours dans la suite. Mer- RALIS METALLORUM. cure en essaya la vertu sur Mercure des métaux préci- deux serpens qui se bat- pité. toient, aussi-tôt qu'elle les Mercurius MINERA-

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LIUM. Oléaginosité ex- qu'ils appellent Lune, soient traite de la mine d'or ou les matieres qu'il faut pren- d'argent. Planiscampi. dre pour faire le grand oeu- Mercurius REGENE- vre. RATUS, ou Mercure régé- Mere DE LA PIERRE. néré. C'est le premier être Matiere de l'oeuvre parve- ou principe du mercure. nue au blanc; ce même nom Mercurius A NATU- convient mieux à l'eau mer- RA COAGULATUS. Tout curielle, puisque c'est d'elle métal solide. que se forme la matiere de Mercurius METHEO- la pierre. RISATUS. Mercure de vie. Mere DE TOUS LES Mercurius CRISTAL- ELE'MENS. C'est le cahos, LINUS. Mercure sublimé Hylé, la matiere premiere plusieurs fois, & rendu par dont les Elémens ont été ce moyen clair & transpa- faits, & des Elémens toutes rent comme du cristal. choses. Mercurius CORAL- Mere DE TOUS LES LINUS. Précipite rouge de ME'TAUX. Les Sages ont mercure. donné ce nom à leur mer- MERDASENGI. Pou- cure, parce qu'ils disent qu'il dre de plomb brûlé. est le principe des métaux; MERE. Les Philosophes ce que quelques Chymistes Spagyriques donnent quel- ont interprété du mercure quefois le nom de Mere au vulgaire. vase qui renferme la matiere La mere a mangé son en- du grand oeuvre; mais ils fant. Expressions allégori- disent plus communément ques employées par quel- que le Soleil est le pere de ques Philosophes, pour dire la pierre, & que la Lune en que la terre philosophale a est la mere, parce que, se- bû toute son eau, qui en lon eux, la matiere de la étoit sortie; c'est ce qu'ils pierre, comme de toute au- appellent Cohobation. tre chose, est engendrée des Mettre ou sceller la mere quatre élémens, mêlés & sur le ventre de son enfant. combinés par les influences C'est nourrir l'enfant philo- de ces deux luminaires; & sophique, qui est le soufre, & non pas que l'or ordi- avec le lait virginal, duquel naire qu'ils appellent aussi il a été formé, le soufre ou Soleil, & l'argent vulgaire l'enfant fixe alors avec lui

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ce lait virginal, qui étoit vo- qu'ils ne divulgueront jamais latil: fixer, c'est sceller. qu'à ceux qu'ils veulent bien MERLE DE JEAN. initier? Quelques-uns ont Un Philosophe s'est exprimé appellé le mercure des Phi- ainsi, pour signifier le noir losophes la Merveille du qui survient à la matiere par monde. la putréfaction. Merle blanc; MESBRA. Tuthie. c'est la pierre au blanc, la MESEL. Etain, Ju- Lune des Sages, Diane, &c. piter. MERLE BLANC, ou MESSAGER DES BLANCHI. Matiere de l'oeu- DIEUX. C'est l'esprit uni- vre, après que les régnes de versel répandu dans toute la Saturne & de Jupiter ont nature, ou le mercure des fait place à celui de la Lune. Philosophes, qui en est for- MERVEILLE DES mé. MERVEILLES (Scien- MEST. Lait aigri. ce herm.). C'est le vrai nom MESTUDAR, ou de l'élixir parfait, parce que NESTUDAR. Sel ar- rien sur la terre n'est plus moniac. merveilleux; c'est pourquoi MESURE DES SA- la plupart des Philosophes GES. Le Dictionnaire her- nomment le grand oeuvre, métique cite Alphidius, & l'Oeuvre de la sagesse divine. dit en conséquence que le Y a-t-il rien de plus admi- mercure des Sages est leur rable en effet, que de voir mesure; il auroit mieux dit un peu de poudre changer s'il l'avoit expliqué du poids. un poids immense, de quel- Philalethe ne parle que de que métal imparfait que ce la mesure du tems, & ajoûte soit, en or? guérir toutes les que si l'on ignore le poids, maladies du corps humain la mesure du tems & le feu, & des animaux, celles mê- on perdra son tems & ses me que la Faculté de Méde- peines; ce qui doit s'enten- cine regarde comme incura- dre de la multiplication. bles? faire produire en vingt- ME'TAL. Les métaux quatre heures des feuilles, des Philosophes sont cette des fleurs & des fruits, pen- matiere de laquelle on ex- dant que la nature ne le fait trait l'esprit, & duquel qu'en des années entieres? esprit on fait la pierre au & enfin bien d'autres choses blanc & la pierre au rouge. que les sages sçavent, mais Leurs métaux parfaits sont

ME MA 301 ces pierres mêmes; souvent porifie dans les entrailles de ils les appellent Corps. la terre, à mesure que le Les anciens Chymistes feu central la sublime vers ont donné aux métaux les la superficie; elle devient noms des sept Planétes, une eau visqueuse, qui s'al- parce qu'ils ont cru y remar- lie avec différens soufres; quer des propriétés & des elle se cuit & se digere avec couleurs analogues à celles eux, d'une maniere plus ou que l'Astrologue reconnoît moins parfaite, suivant le dans les Planétes. Ils ont plus ou moins de pureté de nommé en conséquence le la matrice où les métaux se plomb Saturne, l'étain Ju- forment. piter, le fer Mars, l'or le Métal COULANT. C'est Soleil, le cuivre Vénus, le mercure. l'argent vif Mercure, & l'ar- ME'TAS, ou ME'TAL. gent Lune. Quelques Chymistes ont On distingue les métaux donné ce nom au poids que en parfaits, qui sont l'or & nous appellons communé- l'argent; & en imparfaits, ment un gros, une dragme. qui sont le cuivre, le fer, le ME'TAUX. (Science plomb, l'étain & le mercure. herm.) Lorsque les Sages Les Philosophes appellent parlent des métaux, ils n'en- aussi Métaux imparfaits la tendent pas communément matiere de l'oeuvre, lorsque ceux qui sont en usage dans pendant les opérations elle le commerce de la vie; il ne est affectée d'autres couleurs faut les expliquer dans ce que de la blanche & de la sens que lorsqu'ils parlent de rouge. Ces deux dernieres la transmutation des métaux composent les régnes du So- imparfaits en or ou en ar- leil & de la Lune, les autres gent. Leurs métaux ne sont font les régnes des autres autres que les différens états Planétes. de leur mercure pendant les La plupart des Chymistes opérations du magistere. Ces ne comptent pas le mercure états sont au nombre de sept, parmi les métaux, & pré- comme il y a sept Planétes tendent qu'il n'en est que la & sept métaux communs; semence; mais la vraie ma- c'est pourquoi ils donnent le tiere des métaux n'est, à régime de leur oeuvre aux proprement parler, qu'une sept Planétes, qu'ils disent vapeur, un esprit qui se cor- dominer à chaque état, &

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chaque domination se mani- Les Poëtes ont donné à ce feste par des couleurs diffé- laton le nom de Latone, me- rentes. Le premier régime re de la Lune & du Soleil; est celui du mercure, qui pré- parce que le régime de la céde la couleur noire. Le se- lune est une suite de l'a- con est celui de Saturne, qui blution du laton, qui par là dure tout le tems de la pu- devient blanc, & d'une blan- tréfaction, jusqu'à ce que la cheur éclatante comme celle matiere commence à deve- de la Lune. Vénus domine nir grise; c'est alors que les ensuite, & c'est dans le tems Sages appellent leur matiere, que la matiere prend une plomb des Philosophes. Le couleur citrine, qui tire sur troisiéme est celui de Jupiter, un rouge plombé, ou de fils de Saturne, qui fut sous- rouille de fer, & pour lors trait, selon la Fable, à ton vient le régime de Mars ami pere vorace, que Jupiter mu- de Vénus, qui dure jusqu'à tila pour lui ôter la faculté la couleur orangée, repré- d'engendrer: des parties mu- sentée par l'aurore avant- tilées & jettées dans la mer, couriere du soleil. Phoebus nâquit Vénus; ce qu'il faut frere de Diane, paroît enfin entendre de la couleur noire sous la couleur de pourpre. qui ne reparoît plus dans le Les Poëtes ont feint que magistere. Et dès lors Jupi- Diane sa soeur servit de sage- ter est le pere des Dieux, femme à sa mere Latone lors- avec Junon représentée par qu'elle mit le soleil au mon- l'air renfermé dans le vase, de, parce que le rouge vrai & l'humidité qui s'y est mê- or & vrai soleil des Philoso- lée. phes, ne paroîtroit jamais, Tout le régime de Jupiter si le blanc ou Diane n'avoit est employé à laver le laton; paru auparavant. L'on voit ce qui se fait par l'ascension par là combien les Mytho- & la descension successives logistes se trompent dans les du mercure sur sa terre. Cette explications arbitraires qu'ils eau représente la mer, dont donnent de la Fable, qui le flux & reflux est marqué n'est qu'une allégorie mul- par ces ascensions & descen- tipliée du grand oeuvre. sions continuelles. Mais les L'Adepte est seul capable de Philosophes ont une autre donner aux fables la vérita- mer, qu'on verra expliquée ble explication qui leur con- dans son article. vient. Les incestes, les adul-

ME ME 303 teres, & les autres crimes ai fait le détail dans l'article que les Poëtes ont imputés Lepre. aux Dieux, ne seront alors ME'TEMPSYCOSE. que des opérations de la Translation de l'ame d'un science hermétique, personi- être vivant dans le corps d'un déifiées, pour allégoriser tout autre être qui n'étoit vivant ce qui se fait successivement qu'en puissance. On dit que dans le grand oeuvre. Pythagore avoit puisé le sen- Les souffleurs & les Chy- timent de la Métempsycose mistes vulgaires ne se trom- chez les Prêtres d'Egypte, pent pas moins lourdement & cela est vrai, mais les sec- lorsqu'ils travaillent sur les tateurs de la Philosophie her- métaux communs, dans la métique prétendent qu'on a pensée qu'ils parviendront au mal expliqué ce systême de magistere par leur moyen. Pythagore, & qu'on lui a Car quoique d'eux soit l'en- prêté un sens qu'il n'avoit trée de notre oeuvre, dit le pas. Les Sages d'Egypte bon Trévisan, & que notre apprirent à Pythagore la matiere, par tous les dits des transmutation métallique, Philosophes, doit être com- que ce Philosophe traita en- posée de vif-argent, & vif- suite énigmatiquement dans argent n'est en autres choses ses Ouvrages. Ceux qui n'é- qu'ès métaux..... Toute- toient pas au fait du grand fois ne sont-ils pas notre oeuvre entendirent tout ce pierre tandis qu'ils demeu- qu'il avoit écrit selon le sens rent en forme métallique; que la lettre présentoit, & car il est impossible qu'une non selon l'esprit. L'idée de matiere ait deux formes. No- Pythagore n'étoit autre que tre pierre est une forme di- de donner à entendre que gne moyenne entre métal l'esprit, ou ce qui constitue & mercure. Le même Au- l'ame des métaux parfaits, teur parle fort au long des passoit par la transmutation métaux dans son Ouvrage dans le plomb, le fer, & les sur la pierre, auquel, pour autres métaux imparfaits, & cette raison, il a donné le ti- les rendoit autres qu'ils n'é- tre de Philosophie des mé- toient auparavant. Ol. Ber- taux. richius. Les Chymistes & Métal- Les Académiciens n'en- lurgistes disent que les mé- tendoient pas par Métemp- taux ont des maladies; j'en sycose la translation de l'ame

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intellectuelle de l'homme peut être converti en agneau, dans le corps d'un autre hom- l'agneau en loup; le foin en me, d'un animal, ou d'une boeuf, le boeuf en homme, plante; mais seulement la l'homme en foin, &c. Car translation, ou plutôt la con- l'élixir ou humide radical de version de l'ame animale chaque mixte, rempli des es- elixirielle, en une autre, pour prits de ce mixte, est appellé lui donner la vie animale; ame, parce que c'est le sujet c'est de cette façon que la immédiat de l'ame vivante, nature agit sans cesse. La comme l'esprit en est la cause dissolution du corps des ani- efficiente; c'est en ce sens maux laisse évaporer les es- que le grand monde est dit prits volatils de cet animal, animé. l'esprit fixe se mêlant avec ME'TIS. Jupiter posses- ceux de la terre; les uns & seur paisible de l'Olympe, les autres séparés de la sub- après avoir foudroyé les stance terrestre qui les te- Géants, épousa Métis, Dées- noient emprisonnés, agissent se dont la connoissance étoit magnétiquement sur leurs supérieure à celle de tous les semblables, qui agissent éga- Dieux & de tous les hom- lement de leur côté. La na- mes. Mais dans le tems ture, par leur réunion, forme qu'elle étoit prête d'accou- de nouveaux mixtes, ou cher de Minerve, Jupiter ins- semblables, ou différens, se- truit qu'elle étoit destinée à lon la matrice où ils se ren- être mere d'un fils qui de- contrent. Des excrémens des viendroit le souverain de animaux, ou de leurs corps l'univers, avala la mere & tombés en putréfaction en- l'enfant, afin qu'il pût ap- tiere, des plantes se nourris- prendre d'elle le bien & le sent, d'autres animaux se mal. Ce fut par le conseil nourrissent de ces plantes, de Métis que Jupiter fit pren- & par un cercle continuel, dre à son pere Saturne un les uns se métamorphosent breuvage qui lui fit vomir, dans les autres; ce qui fait premierement la pierre qu'il que rien ne périt dans le avoit avalée, & ensuite tous monde, & que son volume ses enfans qu'il avoit dé- n'augmente pas, malgré vorés. l'augmentation possible & Quelque tems après que même réelle de ses individus Jupiter eut avalé Métis, il spécifiques. Ainsi le loup se sentit saisi d'une grande douleur

ME MI 305 douleur de tête; il eut re- même chose qu'enfantement, cours à Vulcain, qui d'un dont voyez l'article. coup de hache lui fendit la Mettre EN POUDRE. tête. Minerve sortit toute C'est dissoudre philosophi- armée par la blessure, & quement la matiere de l'oeu- même dans un âge fort avan- vre dans le vase. Cette dis- cé. Voyez l'explication chy- solution se fait au moyen de mique de tout cela dans les la putréfaction; elle réduit Fables Egypt. & Grecques le compost, dit Flamel, en dévoilées, Liv. 3. chap. 4. une poudre impalpable, & & 9. aussi subtile que les atômes METOPIUM. Gal- qu'on voit voltiger aux rayons banum. Blanchard. du soleil. METROS. Pierre au MEZERAEUM. Espéce rouge parfait. de plante qui est de la classe METTRE. (Sc. Herm,) du lauréole; quelques-uns Lorsque les Sages disent dans la nomment Chamelée. leurs livres, mettez ceci, ajoû- MICHA & MICHACH. tez cela, il ne faut pas croire Cuivre, Vénus. Rullandus qu'ils recommandent d'ajou- MICLETA. Médica- ter ou de mettre quelque ment propre à arrêter les chose d'étranger ou même hémorragies. d'analogue à ce qui a été MICROCOSME. mis une fois dans le vase; On donne ordinairement à ils entendent seulement qu'il l'homme ce nom, qui signi- faut continuer de cuire le fie petit Monde; parce que compost, à qui il ne manque l'homme est l'abrégé du rien que la coction, sans cesse grand. Les Philosophes le entretenue jusqu'au blanc ou donnent aussi à leur magis- au rouge. tere, parce qu'il contient, Mettre dessous ce qui disent-ils, toutes les vertus est dessus, & ce qui est dessus des choses supérieures & in- dessous. C'est ce que les Phi- férieures. losophes appellent convertir MIDAS, Roi de Phry- les élémens, changer les na- gie, & fils de Cibele, cher- tures; c'est-à-dire, rendre cha à gagner la bienveillance volatil le fixe, & fixer le vo- de Bacchus, en faisant bon latil. accueil à Silene. Un jour Mettre AU MONDE. que ce pere nourricier du Expression qui signifie la Dieu du vin s'étoit enyvré, V

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& dormoit près d'une fon- le punir d'avoir si mal jugé, taine, Midas le fit lier avec lui fit croître les oreilles en une guirlande de fleurs. On forme d'oreilles d'âne. Voy. le conduisit dans cet état au l'explication de cette fable Palais du Roi, qui le traita dans le Livre II. des Fables parfaitement bien, & le fit Egyptiennes & Grecques ensuite mener à Bacchus. Ce dévoilées, ch. 5. Dieu fut charmé de le voir; MIDI. Soufre parfait & pour récompenser Midas, des Philosophes. Ils lui ont il lui offrit de lui accorder donné ce nom, parce qu'ils sans exception tout ce que l'ont appellé Soleil, & que ce Roi lui demanderoit. Mi- cet astre est dans son plus das, sans trop de réflexion, haut dégré lorsqu'il est au demanda que tout ce qu'il midi. toucheroit fût changé en or. MIEL Dissolvant des Bacchus lui donna cette pro- Philosophes. priété. Lorsque Midas vou- MIFRES. Asphalthe. lut manger, il fut fort étonné MIGMA. Mêlange de de voir les viandes même différens simples, pour en qu'il touchoit, changées en former un médicament. or, & par conséquent hors MILCONDAT. Sang d'état d'en faire sa nourriture; de dragon. & craignant de mourir de MILIEU DU CIEL. faim, il eut recours à Bac- Quelques Auteurs Hermé- chus, & le pria instamment tiques ont appellé ainsi la de le délivrer d'un don si matiere dissolvante du grand funeste. Bacchus y consen- oeuvre, parce qu'ils disent tit, & lui ordonna pour cet que le vent a porté leur eau effet d'aller se laver dans le séche, leur mercure, dans fleuve Pactole. Midas y fut, son ventre, & qu'il se trouve & communiqua aux eaux de en principes dans l'air. ce fleuve la propriété qui lui Milieu ENTRE LA étoit si onéreuse. MINE ET LE METAL. C'est Il survint dans la suite un la matiere de l'oeuvre. Mi- différend entre Apollon & lieu pour réunir les teintu- le Dieu Pan, sur le chant & res, c'est le mercure philo- la Musique. Midas fut choisi sophique. Milieu entre le pour arbitre, & jugea sotte- métal & le mercure, c'est ment que Pan chantoit mieux le soufre parfait. qu'Apollon. Ce Dieu pour MILITARIS, ou

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STRATIOTES. Joubarbe qu'il la conserve bien pré- aquatique, ainsi nommée de cieusement. Il n'y a rien dans sa vertu pour arrêter le sang le monde de si excellent. des blessures. On a aussi don- MINE'RAL. Mixte par- né le même nom à la plante ticipant des principes des connue sous celui de Mille- métaux. Les minéraux mé- feuilles. talliques sont composés de MINA ou MNA. Sui- parties très-simples & homo- vant Dioscoride, c'étoit au- gênes, ce qui en rend le mê- trefois un poids de seize on- lange très-fixe, & presqu'in- ces, ou 128 dragmes. La capables de corruption. Leur mine Attique pesoit douze base est une terre grossiere onces & demie, la Romaine & vitrifiable; & comme ils douze onces, & celle d'A- n'ont pas des organes de lexandrie vingt onces, ou même que les végétaux & 160 dragmes. Blanchard. les animaux, ils se forment MINE. Matiere de la- par simple accrétion, & ont quelle se forment les métaux tous une même forme, ou, & les minéraux dans les en- pour mieux dire, n'en ont trailles de la terre. Cette ma- point de déterminée, com- tiere, suivant les principes me l'a chaque espece des de la Philosophie Herméti- deux autres regnes de la Na- que, n'est d'abord qu'une va- ture. Ils ont cependant aussi peur que les élemens pous- une semence, mais là même sent avec l'air & l'eau dans pour tous, qui ne consiste les entrailles de la terre. Le pas dans l'assemblage de di- feu centrale la sublime vers verses parties mais dans un la superficie; elle se digere & sujet très-simple, auquel sont se cuit avec le soufre qu'elle conjointes & adhérentes rencontre, & suivant le de- beaucoup d'autres parties gré de pureté du mêlange & qui en constituent la forme de la matrice, les métaux se apparente. forment plus ou moins par- Il entre trois ingrédiens faits. dans le composé minéral, Mine DE FEU CE'LESTE. une semence, une humidité Magistere au rouge, ou sou- onctueuse qui s'y attache, fre des Philosophes. Que ce- & enfin un humide mer- lui qui a eu le bonheur de curiel qui l'augmente & le parvenir à faire cette mine nourrit. La semence est la de feu céleste, dit d'Espagnet, même pour tous les miné- V ij

308 MI MI raux & les métaux; mais biens. Il est surprenant que comme tous les enfans que tous les Philosophes répétant feroit un même homme avec sans cesse que leur matiere une ou plusieurs femmes, ou leur mercure ne se tirent seroient presque tous diffé- point de ces choses, il se rens. trouve cependant un si grand Les minéraux différent nombre de gens qui ne veuil- aussi entr'eux, selon la ma- lent pas les croire. Leur ma- trice où la semence est dé- tiere est minérale, mais elle posée & prend accroisse- est en même-tems végétale ment. La nourriture & les & animale, & ne se tire ce- différentes proportions des pendant d'aucun de ces trois ingrédiens qui entrent dans regnes en particulier, parce le mixte en constituent la di- qu'elle les renferme tous, en versité. Becher explique fort étant le principe & la base. au long la nature des miné- MINERVE. Les Egyp- raux dans sa Physica subter- tiens avoient mis une Mi- ranea, & personne avant lui nerve au nombre de leurs ne l'avoit fait d'une maniere grands Dieux, & elle étoit plus vraisemblable. révérée particulierement à Les Philosophes disent que Saïs. Ils disoient qu'elle étoit leur matiere est minérale: elle femme de Vulcain, le plus l'est en effet; mais il ne faut ancien & le premier de tous pas s'imaginer qu'ils tirent leurs Dieux. Les Libyens la leur mercure d'aucun miné- disoient fille de Neptune & ral tel qu'il puisse être, ex- du lac Tritonide, & que Ju- cepté, comme dit Philalethe, piter l'avoit adoptée pour sa du premier principe des sels, fille. Mais les Grecs débi- mais qui n'est cependant toient qu'elle étoit propre- point sel, ni n'a aucune for- ment fille de ce pere des me de sel. En vain les faux Dieux. Jupiter, disoient-ils, Adeptes employent-ils donc après la guerre des Titans, les minéraux, les marcassites se voyant, du consentement & les sels tant des végétaux des autres Dieux, maître du que des minéraux, ni les sels Ciel & de la Terre, épousa borax, les sels gemme, le Métis, qui passoit pour la nitre, l'alun, le vitriol & les plus sage & la plus prudente attramens, ils n'en retireront fille qui fût dans le monde: que de la cendre & la perte mais la voyant prête d'ac- de leurs peines & de leurs coucher, & ayant appris du

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Ciel qu'elle alloit mettre au ma dans une corbeille & le monde une fille d'une sagesse fit nourrir. consommée, & un fils à qui Vulcain, Minerve & Pro- les Destinées réservoient méthée avoient un autel l'Empire du monde, il la dé- commun; & aux solemnités vora. Quelque tems après se des uns & des autres on por- sentant une grande douleur toit des flambeaux & des de tête, il eut recours à Vul- torches allumées, avec des cain, qui d'un coup de hache corbeilles. La chouette, le lui fendit le cerveau, d'où dragon & le coq lui étoient sortit Minerve toute armée, consacrés. sous la forme d'une jeune Minerve est ordinairement fille d'un âge fait, de sorte représentée le casque en tête, qu'elle fut dès-lors en état de une pique d'une main, & un secourir son pere dans la bouclier de l'autre, avec l'é- guerre des Géans où elle se gide sur la poitrine. Cette distingua beaucoup. Sur la fin Déesse fut la protectrice des du combat elle trouva Bac- Héros; Hercule & Ulisse chus très-maltraité, mais l'éprouverent dans toutes les palpitant encore; elle le re- occasions. La raison en est leva, le présenta à Jupiter, que ce sont tous des Héros qui lui redonna ses forces & chymiques, & que cette sa vigueur. Déesse étoit dans la même Minerve eut dispute avec cathégorie; ce qui a fait dire Neptune, à qui auroit la pré- qu'il tomba une pluye d'or férence pour nommer la ville à Rhodes le jour de & nais- d'Athénes, Minerve l'em- sance. Voyez l'explication porta par le jugement des de toutes ces fictions dans douze grands Dieux. Elle les Fables Egypt. & Grecq. priva Tirésias de la vûe, par- dévoilées, liv. 3. chap. 9. & ce qu'il avoit eu la témérité liv. 6. de la regarder nue dans le Par Minerve armée les Chy- bain. Vulcain voulut faire mistes entendent ordinaire- violence à cette Déesse; mais ment leur mercure. Quand elle se défendit si bien, que la Fable dit qu'elle nâquit du sans souffrir aucun affront, cerveau de Jupiter par un Vulcain devint pere d'Eric- coup de hache que lui donna thonius, & la Terre sa mere. Vulcain, c'est le mercure Minerve ayant pris l'enfant, qui se sublime par la coction qui étoit contrefait, l'enfer- que fait le feu, ou Vulcain. V iij

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Les Philosophes s'expriment blanche est leur magistere au dans le même sens de la Fa- blanc, & leur miniere rouge ble, lorsqu'ils disent qu'il faut est leur pierre au rouge dans frapper du glaive, du sabre, le premier oeuvre. du couteau, pour taire sortir MINISTERE. Mercure l'enfant du ventre de sa mere. dissolvant des Sages. Ils l'ont C'est comme s'ils disoient: quelquefois appellé premier cuisez la matiere de l'oeuvre ministere, parce qu'il faut pour la pousser au degré de commencer l'oeuvre par la perfection dont elle est sus- purification des matieres, & ceptible. que c'est dans cette purifica- MINIERE. Les Philoso- tion que se forme le mercure phes donnent le nom de mi- des Philosophes. niere à plusieurs choses. Ils MINIUM. Soufre rouge, appellent de ce nom la ma- ou miniere de feu céleste. tiere d'où ils sçavent extraire MINOS, fils de Jupiter leur mercure, & alors ils la & d'Europe, épousa Pasi- nomment proprement mi- phaé, fille du Soleil. Il étoit niere de leur mercure; mais Roi de Candie, & eut guerre ordinairement lorsqu'ils di- entr'autres contre les Athé- sent simplement notre mi- niens. Après les avoir vain- niere, ou la miniere des mé- cus, il les obligea de lui en- taux, ils entendent alors leur voyer tous les ans pour tri- mercure animé, ou, ce qui but sept jeunes garçons des en la même chose, leur ma- premiers de la République, tiere après la putréfaction pour combattre le Minotaure dans la médecine du premier dont Pasiphaé étoit accou- ordre, parce que c'est dans chée, & qu'il avoit renfermé la putréfaction que se fait la dans le labyrinthe que Dé- réunion du corps & de l'es- dale avoit construit. Thésée prit. Philalethe dit que l'acier à qui le sort étoit échu pour des Sages est la miniere de combattre ce monstre, le leur or, & que leur aiman est vainquit & s'en retourna la miniere de leur acier. triomphant à Athénes. La Plusieurs Adeptes ont ap- Fable nous représente Mi- pellé Miniere leur soufre, nos comme un Juge si inté- parce que ce corps rouge est gre que Pluton le choisit, le principe & le commence- avec Eaque & Rhadamante, ment de leur teinture & de pour juger les morts, & les leurs métaux. Leur miniere envoyer aux champs Elisées,

MI MI 311 ou au Tartare. Voyez les humain, & pour la transmu- Fables Egypt. & Grecques tation des métaux en or. dévoilées, liv. 3. c. 14. §. 5. MISADIR ou MISATIS. MINOTAURE. Monstre Sel armoniac. ayant la forme humaine de- MISAL. Lait aigre. puis la tête jusqu'à la cein- MISATIS. V. Misadir. ture, & le reste du corps MISSADAM. Mercure comme celui d'un taureau. ou argent-vif. Pasiphaé, femme de Minos, MISSERASSI. Talc, le mit au monde, & Minos plâtre. le fit enfermer dans le laby- MISY. Matiere minérale, rinthe, où on le nourrissoit espece de chalcitis qui par- de chair humaine. Thésée, ticipe du vitriol. Sa substance fils du Roi d'Athénes, qui est dure, luisante & brillante avoit été envoyé pour le de couleur d'or. On la trou- combattre, gagna les bon- voit autrefois dans les mines nes graces d'Ariadne, fille de cuivre de Chypre, sui- de Minos, à laquelle Dédale vant Dioscoride; aujourd'hui qui avoit construit le laby- on ignore ce que c'est. Blan- rinthe, avoit découvert le chard dit que c'est une espece moyen d'en sortir. Elle don- de rouille qui naît sur le chal- na à Thésée un peloton de citis, comme le vert-de-gris fil au moyen duquel il trouva sur le cuivre. l'issue, après avoir vaincu le MIXADIR. Sel armo- Minotaure. Voyez ces fic- niac. tions expliquées dans les Fa- MIXTE. Assemblage de bles Egyptiennes & Grecq. plusieurs corps homogênes dévoilées, liv. 3. c. 14. §. 5. ou hétérogênes. On peut ré- & liv. 5. C. 22. duire tous les mixtes à trois MIRABILIS PERU- classes, dans le systême que VIANA. Solanum odorant, tout est composé de terre & ainsi nommé de la variété d'eau. admirable des fleurs de cette La premiere renferme les plante. mixtes faits d'eau & d'eau, MIRACLE DE L'ART. la seconde ceux qui sont C'est la poudre de projec- constitués de terre & de ter- tion au blanc & au rouge, re, & la troisiéme ceux qui ainsi nommée de ce que l'Art ont pour principes la terre ne peut rien faire de plus par- & l'eau. Les deux dernieres fait pour la santé du corps classes contiennent les trois V iv

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regnes de la Nature, l'ani- mixtion une union des mis- mal, le végétal & le mi- cibles altérés, conjoints par néral. tous les côtés de leurs plus Dans ces trois regnes les petites parties. Par miscibles mixtes même de chaque re- ils entendent les élémens. gne sont différens, selon la Pantheus Venetus. différence des proportions MNA. Voyez Mina. du mêlange. MNEMOSYNE, fille du Dans le regne minéral le Ciel & de la Terre, eut de mêlange se fait par la seule Jupiter les neuf Muses. Voy. accrétion, parce que toutes l'article des Muses. ses parties constituantes sont MOIS PHILOSOPHI- presque similaires entr'elles. QUE. Les Chymistes Her- Les végétaux se font par ac- métiques font leurs mois de crétion, altération, digestion quarante jours, qui est le & végétation, à cause de tems de la putréfaction de leurs parties dissimilaires, de la matiere. Mais ils disent même que le regne animal, que le mois est un période qui, outre l'accrétion, &c. qui imite le mouvement de du regne végétal, requiert la Lune; c'est pourquoi quel- encore l'action & l'union de ques-uns le font de trente, ce que nous appellons ame. autres de quarante jours. Le mêlange qui forme le On l'appelle philosophique, corps des animaux consiste parce que les Philosophes dans l'union; celui des végé- Hermétiques le comptent taux, dans la coagulation; ainsi pour le tems de leur celui des minéraux, dans la opération. Il ne faut cepen- fixation. Beccher. dant pas s'imaginer qu'ils en- MIXTION. Tout com- tendent par-là quarante jours posé des différentes parties naturels, il en faut beaucoup de plusieurs choses comme moins; mais ils s'expriment confondues ensemble. Les ainsi énigmatiquement pour Philosophes Spagyriques se le tems, comme pour la ma- servent assez indifféremment tiere & pour le vase. Voyez des termes d'ingression, sub- Tems. mersion, conjonction, con- MOISSON. Les Adeptes nexion, complexion, com- disent: Le tems de la moisson position au lieu de mixtion, est arrivé, pour signifier pour tromper les curieux que l'oeuvre Hermétique est ignorans; & ils définissent la achevé, que la poudre de

MO MO 313 projection est parfaite, & ment: il s'éleve d'entr'elles que par l'usage qu'on peut une tige à la hauteur de trois en faire en transmuant les ou quatre pieds, ronde, nue, métaux imparfaits en or ou verte, creuse, portant en son en argent, on recueille les sommet une ombelle ou bou- fruits des travaux qu'on a quet de petites fleurs à six ou essuyés. sept feuilles pointues, dispo- MOLHORODAM. Sel sées en rond, blanches ou gemme. rougeâtres. Après qu'elles MOLIBDENA. Mine de sont passées il paroît des pe- plomb. tits fruits triangulaires, divi- MOLIPDIDES. Pierre sés intérieurement en trois de Saturne ou de plomb. loges, qui contiennent des MOLLIFICATION. semences presque rondes, Même chose que solution, noires, ressemblantes à cel- trituration, putréfaction. les de l'oignon. Sa racine est MOLLUGO. Espece de bulbeuse, grosse ordinaire- gratteron, dont la graine ne ment comme le poing, noire s'attache pas aux habits. en dehors, blanche en de- MOLY. Homere a parlé dans. du Moly comme d'une plan- MOLYBDAENA. Plante te de grandes vertus, & dit appellée Persicaire. Molyb- que Mercure en fit présent à daena est aussi un nom donné Ulysse quand il fut dans l'isle à la litharge, & à la mine de où Circé faisoit son séjour. plomb. Elle s'étoit formée, dit la MONDE (Petit). Pierre Fable, du sang d'un Géant parfaite des Philosophes, qu'on avoit tué. Nos Bota- ainsi appellée de ce qu'ils nistes ont donné le nom de disent qu'elle renferme tou- Moly à une espece d'ail qui tes les propriétés du grand ne differe gueres de l'ail com- monde, & qu'elle en est mun que parce qu'elle n'a comme l'abrégé. point de mauvaise odeur. MONDIFICATION. Elle pousse de sa racine cinq Préparation des matieres feuilles longues d'un pied ou crues dont les Philosophes d'un pied & demi, larges de extrayent leur mercure. Cet- deux ou trois doigts, épais- te préparation est la premiere ses, pointues, vertes; mais opération de l'oeuvre & pré- couvertes souvent d'une pou- céde celle de la parfaite pré- dre qui s'en sépare facile- paration, Elle consiste dans

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la séparation des parties pu- Artiste, & non le défaut du res d'avec les impures, & feu de charbons ou autres des parties sulfureuses, com- matieres pour la faire agir, bustibles & arsénicales d'a- comme l'a interprêté l'Au- vec les mercurielles propre- teur du Dictionnaire Her- ment dites. Quelques-uns métique. ont appellé cette mondifica- MORT, dans le sens tion, purification, rectifica- chymique, est l'état actuel tion, administration. Le signe de la putréfaction des mix- qui indique cette mondifica- tes; & la régénération est tion parfaite, est une couleur leur résurrection. C'est pour- céleste, blanche, éclatante quoi ils distinguent deux états de la matiere, & ressem- de mort. L'un la mort abso- blante à celle du plus bel lue, qui est une séparation argent. essentielle, & la perte des MONTAGNE. Les racines & de la forme intime Philosophes ont donné ce du mixte, incapable après nom aux métaux par com- cette mort de reprendre sa paraison. Nos corps (dit Ri- premiere forme. L'autre état plée, 2. part.) ont pris leurs est celui de la mort acciden- noms des planettes, ce qui telle, qui n'est qu'une sépa- les a fait nommer à bon droit ration des excrémens, sans montagnes, par comparai- altération des racines pures, son d'où l'Ecriture dit, lors- & de la forme intrinséque que l'eau se tourmentera & se qui contient l'idée du mixte. troublera, les montagnes se Cette mort est celle du grain précipiteront au fond de la dans la terre avant qu'il ger- mer. me; de la semence dans la Quelquefois les Alchy- matrice, & de tout ce qui se mistes ont entendu par le renouvelle par la génération. terme de Montagne, leur MORT DES E'LE'- vase, leur fourneau, & toute MENS. (Sc. Herm.) Chan- matiere métallique. gement de la forme appa- MORA BACCI, MO- rente de la matiere du ma- RA BATI, ou MORA gistere; telle, par exemple, VACINIA & VACCI- qu'est cette matiere en terre NIA. Buisson. après la solution: c'est ce que MORFONDEMENT. les Philosophes appellent Etat de la matiere des Sages conversion des élémens. entre les mains d'un mauvais MORTIER. Mercure on

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dissolvant des Philosophes, succède jamais. Dans la mor- ainsi nommé de ce que par tification l'humide radical son moyen l'or des Sages ou de la terre dans les végé- le corps dissoluble se réduit taux, & celui de la semence en poudre impalpable, & dans les animaux, domine ressemblante, dit Flamel, pour un tems la chaleur in- aux atomes qui voltigent née & vivifiante; mais au aux rayons du soleil. bout d'un tems cet esprit MORTIFICATION, igné aidé de la chaleur ex- en termes de Chymie, est terne, reprend de nouvelles une espece de pulvérisation forces, & dominant à son qui dispose les corps morti- tour l'humide radical, ache- fiés à une nouvelle généra- ve la génération. tion; telle est celle des se- MORTIFIER. Voyez mences des végétaux, que Cuire la Matiere. C'est l'on met dans la terre pour aussi changer la forme exté- les faire germer & pousser rieure d'un mixte, comme de nouveaux jets semblables on fait celle du mercure en à ceux qui les avoient pro- le rendant fixe de volatil duits. C'est à cet égard que qu'il étoit. l'on a fait l'axiome, la cor- MOSARDEGI. Plomb. ruption d'un corps, est le MOSEL. Jupiter, étain. commencement de la généra- Ce terme, dans quelques tion d'un autre; car il est dé- Chymistes, signifie du mer- montré qu'il ne se fait point cure. de génération qui n'ait été MOOT. Même chose précédée de mortification. qu'Eudica. On a donné à cette espece MOULIN DES SA- de corruption le nom de mor- GES. C'est le dissolvant des tification, parce que cette Philosophes. Ils lui ont don- putréfaction se faisant lente- né ce nom par la même rai- ment, les semences semblent son qu'ils l'ont appellé Mar- mourir. Elle differe de la pu- bre, Crible, Mortier, dont tréfaction proprement dite, voyez les articles. en ce que celle-là n'est que MOURIR. Ce terme a pour un tems, & qu'elle n'est deux sens dans les ouvrages pas une vraie corruption ou des Philosophes. Il se prend pourriture, à laquelle la gé- pour faire tomber en putré- nération de la même espece faction & en dissolution, afin de plantes ou d'animaux ne de procurer une nouvelle vie

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à l'enfant philosophique. Il en sa premiere matiere. Pour s'entend aussi de la fixation cet effet les Philosophes du volatil, après la volatili- prennent la matiere cuite & sation. Ce qui a fait dire à préparée par la Nature, & Philalethe: il faut dessécher la réduisent en sa premiere la matiere & la fixer; alors matiere, ou mercure philo- elle sera morte. On la fer- sophique, d'où elle a été mente ensuite, & le ferment tirée. qui est son ame, la révivi- Pour avoir une pleine con- fiera. noissance de cette opération MOYEN pour joindre & il faut observer cinq choses. unir les teintures. C'est le 1 . Que les Adeptes ré- mercure des Philosophes. duisent les années en mois, Moyen DISPOSITIF. les mois en semaines, les se- Magistere au blanc. maines en jours, les jours en MOZ. Myrrhe. heures, &c. MOZHACUMIA. Mer- 2 . Les Philosophes ont cure des Sages. pour axiome que toute chose MU. Meum. séche boit avidement l'hu- MUCAGO. Mucilage. midité de son espece. MUCARUM & MU- 3 . Que le sec agit alors CHARUM. Nom barbare plus promptement sur son donné au syrop de roses, & humide qu'il ne faisoit au- à leur infusion. paravant. MULTIPLICATION. 4 . Que plus il y a de Opération du grand oeuvre terre & moins d'eau, plutôt au moyen de laquelle on la solution se fera. multiplie la poudre de pro- 5 . Que toute solution se jection, soit en qualité, soit fait suivant la convenance, en quantité à l'infini, selon & que tout ce qui dissout la le bon plaisir de l'Artiste. Lune, dissout aussi le Soleil. Elle consiste à recommencer MURPUR. Cuivre, Vé- l'opération déja faite, mais nus. avec des matieres exaltées MUSADIR. Sel armo- & perfectionnées, & non niac. avec des matieres crues com- MUSE'E. Ancien Poëte me auparavant. Tout le se- Grec, l'un des premiers qui cret, dit un Philosophe, est ait porté les Fables Egyp- une dissolution physique en tiennes dans la Gréce. mercure, & une réduction MUSES. Les Muses, au

MU MU MY 317 nombre de neuf, sont com- elles demanderent des aîles munément regardées com- aux Dieux, pour s'échapper me filles de Jupiter & de de ses mains. Elles les obtin- Mnemosyne. Diodore de rent; elles prirent la fuite, & Sicile dit que les Muses ne il perdit la vie en les pour- différoient point des Chan- suivant. teuses qui accompagnerent Les Alchymistes regar- Osiris dans ses conquêtes en dent les Muses comme le Orient. On ne pouvoit mieux symbole des parties volatiles représenter leur origine & de la matiere de l'oeuvre Her- leurs occupations que l'a fait métique. On peut en voir les Hésiode dans sa Theogonie. raisons dans le livre 3. ch. 14. Apollon a toujours été re- §. 3. des Fables Egyptien- gardé comme présidant à nes & Grecques dévoilées. l'assemblée des Muses; & MUZADIR. Sel armo- rien n'est si charmant que ce niac. qu'on dit des concerts du MYACANTHA. Petit Parnasse où ce Dieu prési- arbrisseau appellé Brusc. doit, & où elles chantoient MYOSOTIS. Plante d'une maniere capable de nommée Oreille-de-souris. charmer les hommes & les MYRRHA, fille de Cy- Dieux. Hercule a aussi passé niras, devint amoureuse de pour leur conducteur; & son propre pere, avec lequel c'est de là que lui est venu elle commit un inceste par le nom de Musagete. Les un stratagême de sa nourrice Muses furent aussi regardées qu'elle avoit mise dans sa comme des Déesses guerrie- confidence. Son pere ayant res; & on les a souvent con- découvert le fait, chassa Myr- fondues avec les Bacchan- rha, qui se réfugia dans l'A- tes, parce qu'en effet elles rabie, où elle fut changée en n'en différoient point. Plu- l'arbre qui porte la myrrhe, tarque nous apprend mê- & y mit au monde Adonis me qu'on leur faisoit des sa- le fruit de ses amours. Voyez crifices avant que de donner les Fables Egypt. & Grecq, bataille. dévoilées, liv. 4. ch. 4. Un jour de mauvais tems, MYSTERE. Opération dit la Fable, les Muses se ou confection du grand oeu- mirent à l'abri chez Pyrenée: vre, ainsi appellée de ce que il les trouva de son goût, & tous les Philosophes en font voulut leur faire violence; un mystere qu'ils ne décou-

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vrent qu'à leurs plus intimes tréfaction, ainsi nommée de amis. Quelques-uns ont don- ce que le bitume est d'un né le nom de Mystere à la brun-noir, & que la ma- premiere matiere de l'oeu- tiere des Philosophes en pu- vre, parce que c'est elle qu'ils tréfaction, ressemble à de la ont le plus caché dans tous poix noire. leurs ouvrages. NAPORAN. Coquillage MYSTRUM. Mesure de mer qui donne la couleur des Anciens. La grande con- de pourpre. Les Adeptes tenoit trois onces d'huile; la ont quelquefois donné ce petite six dragmes. nom à leur soufre parfait, parce qu'il a cette couleur.

N. NAR. Feu. NARBASAPHAR. Le- NAIADES. Nymphes ton ou cuivre; mais il faut des Eaux. Ce nom l'entendre de l'airain des Sa- vient d'un mot grec, qui ges. signifie couler. Les Poëtes NARCISSE. Fleur blan- ont pris cette idée des Phi- che, en laquelle la Fable dit losophes Hermétiques, qui qu'un jeune homme d'une les premiers ont personnifié beauté surprenante, fils du les matieres de leur oeuvre, fleuve Céphise, & d'une & les opérations requises, Nymphe, fut changé. Pro- avec les couleurs qui se ma- serpine fut enlevée par Plu- nifestent pendant l'union de ton dans le tems qu'elle cueil- la partie fixe avec la vola- loit des narcisses. Voyez ce tile. Cette derniere étant une que tout cela signifie liv. 4. eau mercurielle coulante, ch. 3. des Fables Egypt. & ils lui ont donné le nom gé- Grecques dévoilées. néral de Naïade. NASSE. Fourneau. NANPHORA. Huile de NATARON. Nitre. pierre. Planiscampi. NATRON. Espece de NAPE'ES, Nymphes des sel alkali fixe, dont les an- Bocages & des Forêts. En ciens Egyptiens se servoient Chymie Hermétique, elles pour faire du verre, ou pour font comme toutes les Nym- blanchir & dégraisser les phes le symbole de l'eau étoffes, & qui en s'unissant mercurielle. à toutes les liqueurs huileu- NAPHTE ou BITUME ses, lymphatiques, & autres Matiere de l'oeuvre en pu- graisses, produit sur les corps

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les mêmes effets qu'opere de se tromper. Cette nature sur le cuir la chaux dont on ou cause seconde est un es- se sert pour les tanner. Les prit universel, vivifiant & Egyptiens s'en servoient fécondant, la lumiere créée aussi pour embaumer les dans le commencement, & corps que nous connoissons communiquée à toutes les aujourd'hui sous le nom de parties du macrocosme. Les Mumies d'Egypte. Après Anciens l'ont appellé un es- les avoir vuidées des intes- prit igné, un feu invisible, tins & de la cervelle, ils & l'ame du monde. mettoient ces corps pendant L'ordre qui regne dans 70 jours dans le Natron; l'Univers n'est qu'une suite & quand ils étoient suffi- développée des loix éter- samment imprégnés de ce nelles. Tous les mouvemens sel, on remplissoit la tête, des différentes parties de la la poitrine & le ventre de masse en dépendent. La Na- matieres résineuses & bitu- ture forme, altére & cor- mineuses. Merc. de France, rompt sans cesse, & son mo- Janvier 1751. dérateur présent par tout ré- NATURE. L'oeil de pare continuellement les al- Dieu, Dieu même toujours térations de son ouvrage. attentif à son ouvrage, est Le terme de Nature s'en- proprement la Nature mê- tend aussi de la partie de me, & les loix qu'il a po- l'Univers que compose le sées pour sa conservation, globe terrestre, & tout ce sont les causes de tout ce qui lui appartient. Dans ce qui s'opere dans l'Univers. dernier sens la Nature, se- A ce premier moteur ou lon tous les Physiciens & principe de génération & les Chymistes, est divisé en d'altération, les anciens Phi- trois parties, qu'ils appellent losophes en joignoient un regnes; sçavoir, le regne second corporifié, auquel animal, le végétal, & le ils donnoient le nom de Na- minéral. Tous les individus ture, mais c'étoit une na- de ce monde sublunaire sont ture secondaire, un servi- compris dans cette division, teur fidéle qui obéit exac- & il n'en est aucun qui n'ap- tement aux ordres de son partienne à un de ces trois maître, ou un instrument regnes. Tous trois partent conduit par la main du sou- du même principe, & néan- verain ouvrier, incapable moins sont composés de trois

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substances différentes, qui mentation des corps. Bec- en sont les semences; sça- cher dit n'avoir pû réussir à voir, le menstrue pour les condenser ce gas, qui s'é- animaux, l'eau de pluie pour vapore du vin lorsqu'il fer- les végétaux, & l'eau mer- mente dans les tonneaux. curielle pour les minéraux. Dans ces trois classes d'in- Chaque regne est encore dividus, la semence est dif- composé d'un assemblage de férente, & selon le même trois substances, analogues Auteur, contraire l'une à en quelque maniere avec l'autre à certains égards; celle des autres regnes; quoiqu'elles ayent beaucoup c'est-à-dire, d'une substance d'affinité entr'elles, comme subtile, ténue, spiritueuse sorties d'un même principe, & mercurielle, d'une subs- l'une ne peut devenir se- tance grossiere, terrestre & mence d'un regne différent crasse, & d'une troisiéme du sien: de maniere que le moyenne, & qui participe Créateur ayant une fois sé- des deux. Il n'est point de paré ces trois substances du corps d'où l'art ne vienne à même principe, elles ne sont bout de séparer ces trois plus transmuables l'une dans especes de principes. l'autre. Ceux qui scrutent la Outre ces trois substances Nature, y trouvent un ca- on en remarque comme une ractere trine, qui semble por- quatriéme, qui peut se rap- ter l'empreinte du sceau de porter à la premiere par sa la Trinité. Les Théologiens ténuité & sa subtilité; mais verront dans ce caractere qui semble en différer, en des mysteres & des choses ce qu'il est comme impossi- si surprenantes, qui se font ble à l'art de la réduire en toutes par trois, qu'elles sont esprit liquoreux; au lieu que bien capables d'affermir no- l'autre se condense en eau, tre foi. Les Physiciens ha- tel que l'esprit de vin & les biles & judicieux voyent que autres liqueurs subtiles, aux- ce nombre trinaire des trois quelles l'on donne le nom regnes est bien digne de tou- d'Esprit. Cette matiere in- te leur attention. L'âge d'un condensable, est celle que homme, quelque prolongé J. B. Van-Helmont appelle qu'il soit, n'est pas suffisant Gas. C'est celle qui se fait pour observer les opérations sentir, & qui s'évapore dès étonnantes & admirables le commencement de la fer- qui se passent dans les labo- ratoires

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ratoires de ces trois regnes. le Roi Prophête, Que vos Y a-t-il rien de plus incom- ouvrages, Seigneur, sont préhensible que ce qui se magnifiques, vous avez fait passe dans le ténébreux sé- tout avec une grande sagesse. jour, où se conçoit & s'en- Ces trois regnes ont en- gendre l'homme; d'une subs- core une différence dans leur tance si vile, si corruptible, maniere d'être, qui les dis- d'une maniere si simple & tingue l'un de l'autre. Les si commune, en peu de animaux ont un corps, dont mois, composé cependant les parties ne semblent for- d'une infinité de veines, de mer qu'un assemblage fait nerfs, de membranes, de par union; les végétaux par valvules, de vases, & d'au- coagulation, & les minéraux tres organes, dont le moin- par fixation. Ces derniers ne dre ne sçauroit être imité par- se trouvent que dans les en- faitement par le plus habile trailles de la terre, & moitié Artiste de l'Univers. Quoi hors de terre; les animaux de plus admirable, que de font tous hors de terre, ou voir dans une nuit, par une en sont totalement séparés. même pluie, dans une mê- L'étude de la Nature porte me terre, tant de différens avec elle tant d'agrémens, végétaux, si divers en cou- tant de plaisir & tant d'uti- leurs, en odeur, en saveur, lité, qu'il est surprenant de en figure, germer & croître, voir si peu de gens s'y ap- & en si grande quantité, pliquer. qu'il n'est homme au monde Quelques Anciens rédui- qui les ait seulement tous soient tout en combinaison, vûs, loin d'en avoir connu & admettoient les nombres les propriétés. Les fossiles comme forme de tout ce qui n'ont rien de moins admi- existe, ou comme la loi, sui- rable, & nous ne sommes vant laquelle tout se forme pas plus en état d'en expli- dans la Nature. Tycho Bra- quer parfaitement la géné- hé a recueilli ses réflexions ration, que celle des deux là-dessus dans une carte ex- autres regnes. Nous en sça- trêmement rare aujourd'hui, vons beaucoup, nous en à laquelle il a donné pour ti- ignorons encore peut-être tre: Calendarium naturale davantage; mais ce qui nous magicum perpetuum profun- est connu suffit certainement dissimam rerum secretissima- pour nous faire écrier avec rum contemplationem, to- X

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tiusque Philosophiae cogni- tes les autres parties du corps, tionem complectens. Il y parle L'unité est donc la source de presque de toute la Na- de l'amitié, de la concorde ture qu'il range sous les nom- & de l'union des choses, bres depuis l'unité jusqu'à comme elle est le principe douze. Comme la plupart de leur extension; parce des Lecteurs seront bien aise qu'une unité répétée produit d'en avoir quelqu'idée. Voi- deux. Ce nombre deux est ci en substance ce qu'elle le principe de la génération contient. des choses, composées de Tout est combiné & com- deux; sçavoir, de la forme posé dans la Nature selon & de la matiere, du mâle certaines mesures invariables & de la femelle, de l'agent formées, pour ainsi dire, sur & du patient; c'est pourquoi des nombres qui semblent ce nombre est celui du ma- naître les uns des autres. Il riage & du microcosme, & y a plusieurs choses uniques signifie la matiere procréée. dans le monde qui nous re- La forme, le mâle & l'a- présentent l'unité. Un Dieu gent sont la même chose. principe & fin de toutes cho- Le soleil, la terre, le coeur ses, & qui n'a point de com- la forme, & ce que les As- mencement, de même que trologues appellent tête du dans les nombres rien ne Dragon, sont regardés com- précéde l'unité. Il n'aura me mâle. La lune, l'eau, le aussi point de fin, comme cerveau, la matiere & la l'unité peut s'ajouter à l'u- queue du dragon sont la fe- nité par une progression in- melle, les premiers repré- finie. sentés par Adam, les seconds Il n'y a qu'un Soleil, d'où par Eve. Aussi Dieu n'a-t-il semble procéder la lumiere, créé qu'un mâle & une fe- qu'il communique à tout l'U- melle, & rien dans l'Uni- nivers, après l'avoir reçue. vers ne s'engendre sans le Il n'y a qu'un macrocosme concours de l'un avec l'au- & une ame de l'Univers. tre. Ce qui nous est repré- Dans le monde intelligible senté par les deux Chéru- & matériel une seule pierre bins qui couvroient l'arche des Sages, & dans le mi- de leurs aîles, & par les deux crocosme un coeur, source tables de la loi données à de la vie, d'où la lumiere Moyse, qui y étoient ren- vitale se communique à tou- fermées.

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L'unité ajoutée au nom- la loi de la Nature; le tems bre deux fait trois nombres de la loi, ou la loi de Moy- sacré, très-puissant & par- se, & le tems de la grace ou fait; & la seconde division la loi de grace. de la Nature & de son prin- Trois vertus Théologa- cipe Dieu en trois personnes les, la foi, l'espérance & la Pere, Fils, & Saint-Esprit. charité. Le fils est engendré du Pere, Trois puissances intellec- & le Saint-Esprit procéde tives dans le microcosme; des deux. Aussi le Créateur la mémoire, l'esprit & la semble avoir voulu se ma- volonté. nifester à nous dans tout le Trois regnes dans la Na- le livre de la Nature, com- ture; le minéral, le végetal me il en étoit le commen- & l'animal, dans lequel cement, il semble avoir for- l'homme ne doit point être mé l'homme de toute la compris en particulier, par- quintessence des choses, ce qu'il est composé de la pour être le spectateur de quintessence des trois. l'Univers, & y reconnoître Trois sortes d'élémens; son Auteur. Tout aussi dans les purs, les composés & la Nature est composé de les décomposés. trois, & divisé par trois: Trois principes matériels trois personnes en Dieu, de tous les mixtes; soufre, trois hyérarchies des Anges, sel & mercure. la suprême, la moyenne & Trois qualités de ces prin- la basse, qui multipliée par cipes; le volatil, le fixe, & elle-même forme neuf, dont un troisiéme qui participe nous parlerons ci-après. Il des deux. y a trois sortes d'ames dans Trois divisions de la jour- l'Univers, l'intelligente, la née selon la création; le sensitive & la végétative. jour, la nuit & le crépus- Ces trois ames se trouvent cule. dans l'homme, la sensitive Trois mesures des choses; & la végétative dans les ani- le commencement, le mi- maux, & la végétative seule lieu & la fin. dans les plantes. Trois mesures du tems; Il y a eu trois sortes de le passé, le présent & le fu- tems écoulés ou qui s'écou- tur. lent depuis la création, le Trois dimensions dans les tems de la Nature, appellé corps; la longueur, la lar- X ij

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geur & la Hauteur. sieurs autres, le fondement Trois principes de l'hom- de tous les nombres, la fon- me; l'ame, l'esprit & le taine de nature, comme corps. renfermant le nombre par- Trois parties dans le corps fait dont tout a été créé. du microcosme correspon- C'est pourquoi l'on partage dantes à autant de parties l'Univers en quatre élémens, du macrocosme; la tête, la le feu, l'air, l'eau & la ter- poitrine & le ventre. La tête re; aux trois premiers des- au ciel, la poitrine au fir- quels répondent deux plane- mament ou à l'air, le ventre tes à chacun; sçavoir, le à la terre. Soleil & Mars au feu, Ju- Trois élémens principaux; piter & Vénus à l'air, Sa- le feu, l'air & l'eau. turne & Mercure à l'eau; Un esprit un peu éclairé la Terre a en partage le & instruit de la Nature, Soleil, la Lune & les Etoi- verra sans peine que toutes les fixes. ces choses divisées en trois On compte aussi quatre ne sont cependant qu'une points cardinaux dans le & même chose; comme les monde, l'Orient, l'Occi- trois personnes ne font qu'un dent, le Midi & le Septen- Dieu. Le tems passé, le pré- trion. sent & le futur ne font qu'un Quatre vents Eurus, Zé- & même tems; la hauteur, phirus, Aquilo & Auster. la largeur & la longueur d'un Quatre qualités des élé- corps, ne font qu'un corps. mens; la lumiere du feu, L'ame, l'esprit & le corps le diaphane de l'air, la mo- ne composent qu'un hom- bilité de l'eau, & la solidité me; toutes ces choses sont de la terre. néanmoins très-distinctes Quatre principes de l'hom- entr'elles, & nous en con- me correspondans aux qua- cevons la différence, aussi tre élémens; l'ame au feu, bien que la réunion pour l'esprit à l'air, l'ame animale en faire l'unité; pourquoi à l'eau, & le corps à la douteroit-on donc de l'exis- terre. tence d'un Dieu en trois Quatre humeurs princi- personnes? pales dans le corps du petit Une unité ajoutée à trois monde; la bile, le sang, la produit quatre, qui devient, pituite & la mélancholie. selon Thico Brahé & plu- Quatre facultés de son

NA NA 325 ame; l'intellect, la raison, Quatre Evangélistes; S. l'imagination & le senti- Marc, S. Jean, S. Mathieu ment. & S. Luc. Quatre dégrés progres- Quatre animaux sacrés; sifs; être, vivre, apprendre le lion, l'aigle, l'homme & & comprendre. le boeuf. Quatre mouvemens dans Quatre sortes de mixtes; la Nature; l'ascendant, ou les animaux, les plantes, les du centre à la circonféren- métaux & les pierres. ce; le descendant, ou de la Quatre sortes d'animaux; circonférence au centre; le ceux qui marchent, ceux progressif ou horizontal, & qui volent, ceux qui nagent le circulaire. & ceux qui rampent. Quatre termes de la Na- Quatre qualités physiques ture; la substance, la qua- des corps chaud, humide, lité, la quantité & le mou- froid & sec. vement. Correspondance des mé- Quatre termes mathéma- taux aux élémens; l'or & le tiques; le point, la ligne, fer au feu; le cuivre & l'é- la superficie, & la profon- tain à l'air; l'argent-vif à deur ou la masse. l'eau; le plomb & l'argent Quatre termes physiques; à la terre. la vertu seminative ou se- Quatre sortes de pierres mence des corps, leur gé- qui leur répondent; les pier- nération, leur accroissement res précieuses & éclatantes, & leur perfection. comme le diamant & le ru- Quatre termes métaphy- bis, &c. les pierres legéres siques; l'être ou l'existence, & transparentes, comme le l'essence, la vertu ou le pou- talc; les pierres dures & voir d'agir, & l'action. claires, comme le caillou; Quatre vertus morales; les pierres opaques & pé- la prudence, la justice, la santes, comme le marbre, tempérance & la force. &c. Quatre complexions ou Des douze signes trois ré- tempéramens; la vivacité, pondent à chaque élément; la gayeté, la nonchalence le Bélier, le Lion & le Sa- & la lenteur. gittaire au feu; les Gémeaux, Quatre saisons; l'hyver, la Balance & le Verseau à le printems, l'été & l'au- l'air; le Cancer, le Scor- tomne. pion & les Poissons à l'eau; X iij

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le Taureau, la Vierge & le a été achevé le sixiéme jour Capricorne à la terre. de la création, & ce jour-là Le nombre cinq est con- Dieu regarda tout ce qu'il sacré à Mercure, dit Thico avoit fait, & tout étoit par- Brahé, & n'est pas moins faitement bon. mysterieux que ceux qui le Il y a six cercles imagi- précédent. On y voit l'eau, nés dans le ciel; l'arctique, l'air, le feu & la terre dont l'antarctique, les deux tro- est composé tout mixte qui piques, l'équinoctial & l'é- fait un cinquiéme tout abré- cliptique. gé des quatre. Six planetes errantes; Sa- Cinq sens; la vue, l'ouie, turne, Jupiter, Mars, Vé- l'odorat, le goût & le tou- nus, Mercure & la Lune. cher. Il y a six manieres d'êtres Cinq genres de mixtes; ou modes des corps; la gran- les pierres, les métaux, les deur, la couleur, la figure, plantes, les zoophites & les la position relative, le repos animaux. & le mouvement. Cinq sortes d'animaux; Le cube a six faces. les hommes, les quadrupé- Six degrés de l'homme; des, les reptiles, les pois- l'entendement, la mémoire, sons & les oiseaux. le sentiment, le mouvement, Cinq extrémités commu- la vie & l'animalité. nes aux animaux mâles & Six parties principales ex- femelles; la tête, les deux térieures dans la tête de bras & les deux pieds. l'homme & des autres ani- Cinq doigts à chaque pied maux; deux yeux, deux & à chaque main de l'hom- oreilles, le nez & la bou- me. che. Cinq parties principales Mais la Nature semble se dans l'intérieur du corps; le plaire au nombre sept plus coeur, le cerveau, le poul- qu'en tout autre, & les Py- mon, le foie & la rate. thagoriciens qui le regar- Cinq parties dans les plan- doient comme le nombre le tes, la racine, la tige, les plus mysterieux, l'appel- feuilles, la fleur & la se- loient en conséquence la voi- mence. ture de la vie humaine. La La Nature a comme reçu vertu de ce nombre, di- sa derniere perfection par le soient-ils, se manifeste dans nombre six; car le monde toutes les générations de la

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Nature, & sert particuliere- il commence à décliner, & ment pour la génération de la septiéme dixaine est ordi- la Nature humaine. Elle sert nairement à peu près le ter- à le composer, à le faire con- me de sa vie, comme le dit cevoir, à le former, à l'en- le Roi David. fanter, à le nourrir & à le La plus haute taille de faire vivre. Aristote dit qu'il l'homme est communément y a sept cellules dans la ma- de sept pieds. trice, si la semence y de- Dans le grand monde il meure sept heures la con- y a sept planetes, sept pleya- ception se fait, les premiers des, sept jours de la se- sept jours, elle devient pro- maine. A chaque sept jours pre à recevoir la figure hu- la Lune change de quar- maine; l'enfant est parfait, tiers. naît & vit quand il vient au Le flux & reflux de la mer monde à sept mois; après est plus sensible le septiéme sept jours il jette le superflu jour de la Lune, & à chaque de son nombril; après deux septenaire. On ne finiroit fois sept jours ses yeux se pas si l'on vouloit rapporter tournent du côté de la lu- ici tout ce qui se fait par sept miere; c'est pourquoi les dans la Nature. On peut nourrices doivent avoir voir dans l'Ecriture Sainte grand soin de placer tou- combien ce nombre de sept jours l'enfant de maniere étoit mysterieux. Tout sem- qu'il puisse voir la lumiere bloit y aller par sept; les directement, ce défaut d'at- prieres, les fêtes, les puri- tention fait beaucoup d'en- fications, &c. sept vaches fans louches; après sept mois maigres & sept grasses, sept les dents commencent à lui épis de bled, sept plaies de pousser; après le troisiéme l'Egypte, sept ans de fami- septenaire il commence à ne, Naaman lavé sept fois parler; à sept ans les dents dans le Jourdain; David lui tombent; au second sep- loue sept fois Dieu dans la tenaire d'années il commen- journée; sept dons au S. ce à avoir la faculté géné- Esprit, &c. Le reste de la rative; au troisiéme septe- Carte de Ticho Brahé re- naire il se fortifie, & prend garde plus particulierement à peu près tout son accrois- les planetes & les signes du sement; au quatriéme il est Zodiaque, avec leurs vertus homme parfait; au septiéme & propriétés cabalistiques; X iv

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c'est pourquoi je le passe sous l'homme ou des animaux, silence. le nitre, le vitriol, les attra- NATURE FUYANTE. mens, le sel commun ou Matieres volatiles, qui n'est tout autre sel; antimoine, point permanente au feu, bismuth, zinc, orpiment, tel qu'est le mercure com- arsenic, soufre, & quelqu'- mun. Il faut se donner de espece que ce puisse être des garde de toutes ces matieres minéraux, excepté un seul, métalliques de nature fuyan- dit Philaléthe, qui est leur tes, parce qu'elles ne sont premier être. point propres au magistere. Il ne faut donc point pren- Les Philosophes recom- dre à cet effet le mercure mandent par-tout de ne faire vulgaire, ni les mercures entrer dans la composition extraits des métaux, ni les de la pierre que des choses métaux seuls, quoiqu'ils de même nature; parce que soient tous de même natu- nature s'éjouit en sa propre re. Les souffleurs doivent nature, nature amende na- faire attention que Morien ture, nature perfectionne les avertit, que tout ce qui nature, nature contient na- s'achette cher est inutile, & ture, & nature est contenue ne vaut rien pour l'oeuvre; par nature, comme le dit que si l'on ne trouve pas la Parmenides dans le Code de matiere du magistere vile, Vérité. La raison de cela est méprisée, jettée, même quel- que les principes de la ma- quefois sur les fumiers, & tiere du magistere font les foulée aux pieds dans les mêmes que ceux des mé- endroits où elle est, en vain taux, & que n'étant pas en- mettra-t-on la main à la core animés de l'ame pro- bourse pour l'acquérir, puis- prement métallique, ils ont qu'on peut l'amasser soi- cependant la faculté de se même sur les montagnes, réunir ensemble dans le mê- dans les plaines, & dans lange qu'on en fait. Qu'on tous les pays; qu'elle ne ne s'imagine donc pas réussir coûte rien, que la peine de à faire l'oeuvre, en prenant, la chercher, & de la ramas- pour matiere du magistere, ser; que la benigne Nature des plantes, ou des sels des la forme toute disposée, à végétaux, des cheveux, du l'oeuvre, & que l'ingénieux sang humain, de l'urine, ou Artiste n'a qu'à aider la Na- toute autre chose prises de ture, pour qu'elle lui donne

NA NA 329 cette eau céleste & divine; natures; ce n'est pas de faire ce Mercure des Sages si re- passer les mixtes d'un regne cherché de tant de gens, & dans la nature d'un autre trouvé de si peu de person- regne, comme seroit un vé- nes. Que le studieux ama- gétal dans la nature métal- teur de la Science Hermé- lique; mais de spiritualiser tique, se grave bien profon- les corps, & corporifier les dement dans l'esprit qu'il esprits, c'est-à-dire, fixer doit imiter la Nature; se ser- le volatil, & volatiliser le vir des mêmes principes & fixe: ce qu'ils appellent aussi des mêmes voies, pour par- mettre le dessous dessus, & venir au même but, qu'elle le dessus dessous. Réduire la n'emploie pas des animaux terre en eau, & l'eau en pour faire une plante, mais terre. la semence de cette même Nature se joint par na- plante, ou une plante pour ture; nature contient nature; faire un métal, ni du métal nature s'éjouit en nature; pour faire un animal; mais nature amende nature; na- les semences de chaque cho- ture aime nature; nature se pour faire chaque chose. surmonte nature; nature re- Qu'il apprenne à connoître tient nature: sont des façons la Nature, & ne se trompe de parler des Philosophes, pas en prenant pour végétal pour signifier que le dissol- ce qui est minéral, ou pour vant philosophique doit être mineral ce qui est animal. de même nature que le corps Pour avoir cette connoissan- qui doit être dissout; que ce, c'est à Dieu ou à un Phi- l'un perfectionne l'autre dans losophe qu'il faut recourir. le cours des operations, & Il faut prier avec instance & l'union des deux se tait d'a- droiture de coeur, avec hu- bord par la putréfaction, & milité & persévérance; & ensuite par la fixation. Le Dieu si bon, si misericor- mercure dissout le fixe qui dieux refusera-t-il à l'hom- est de même nature, puis- me, qui est son image, ce qu'il en a été fait; le soufre, principe de santé & de ri- ou le fixe fixe ensuite le chesses, lui qui accorde la mercure, & en fait la pou- nourriture aux petits des cor- dre de projection. beaux, qui l'invoquent? C'est pourquoi les Chy- Lorsque les Philosophes mistes Hermétiques disent disent qu'il faut changer les que les natures diverses ne

330 NA NE NE s'amendent point; c'est-à- Terme que Paracelse a in- dire, ne sont pas capables venté pour signifier l'ame de se perfectionner, parce animale de l'homme. Il dit qu'elles ne peuvent s'unir qu'elle habite dans l'eau qui parfaitement. Ainsi les sucs est autour du coeur, & qu'elle de la plante appellée lu- n'est pas plus grosse que le naire, ni quelqu'autre suc petit doigt de la main d'un de plante que ce puisse être, homme. Il ajoute qu'il y a ne vaut rien pour l'oeuvre trois vies ou trois essences métallique. Le mercure pré- dans l'homme, qui toutes tendu fixé par leur moyen, trois peuvent être appellées est une supercherie toute Esprit; sçavoir, l'esprit du pure. ciel, ou l'air; l'esprit du mi- NAUFRAGE (Sc. crocosme, qui est proprement Herm.). Les Philosophes l'ame animale; & l'esprit de Hermétiques appellent ainsi tous les muscles. C'est ce qui les erreurs des Chymistes l'a engagé à comprendre tou- dans la recherche de la pierre tes ces vies ou esprits sous le des Sages, parce qu'ils ap- nom de Nécrocomicum. pellent leur mercure mer; NE'CROLE. Necroleus. & que ce mercure & ses Celui qui des premiers a écrit proprietés sont absolument sçavamment d'une chose. Pa- inconnus aux Chymystes racelse dit que Moyse a été souffleurs. un des Nécroles de la Philo- NAVIRE ARGO (la). sophie des Adeptes. Nostra Vaisseau que monterent les in Adepta Philosophia Ne- Argonautes pour la conquê- croleus, & Antesignanus te de la Toison d'or. Voyez Moyses factus est. Paracelse le liv. 2. ch. 1. des Fables de Azoth. Egypt. & Grecques. NECROLIUM. Remede NAXOS. Isle dans la- souverain pour conserver la quelle Bacchus trouva Ariad- santé. Raymond Lulle l'ap- ne, après que Thésée l'y eut pelloit son nigrum, &c. Pla- abandonnée. Voyez les Fa- niscampi. bles Egypt. & Grecques dé- NECTAR. Boisson des voilées, liv. 5. ch. 22. Dieux. C'est la médecine des NEBULGEA. Espece de Philosophes. Le nectar a pris sel qu'on trouve coagulé sur son nom de n oj, juvenis, & les cailloux & les pierres. kt§omai, possideo; comme si NE'CROCOMICUM. l'on disoit, boisson qui con-

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serve la jeunesse. Les Philo- de Némée il y avoit un lion sophes Hermétiques attri- furieux, qui ravageoit tout, buent la même propriété à Hercule le tua. V. Forêt. leur médecine. Dans le cours NE'ME'ENS (Jeux). des opérations de l'oeuvre, Voyez Jeu. ils donnent le nom de Nectar NE'OGALA. Lait nou- à leur mercure, ou azoth, veau. parce qu'il abreuve la ma- NEOPTOLEME. Sur- tiere qui reste dans le fond nom donné à Pyrrhus, fils du vase, qu'ils ont appellée d'Achille. V. Pyrrhus. Saturne, Jupiter, Vénus, NEPENTHES. Remede &c. dont Homere dit qu'Helene NEIGE. Les Alchy- faisoit usage, & dont on lui mistes expliquent de l'huile avoit fait présent en Egypte. d'or, ou soufre de la pier- Ce remede guérissoit toutes re, cette neige dont parle sortes de maladies, & con- Pindare, quand il dit, que le servoit toujours la joye & la Roi des Dieux répandit dans satisfaction dans le coeur de la ville de Rhodes une gran- ceux qui en faisoient usage. de quantité de neige dorée, Il faut l'interprêter de la pa- faite par l'art de Vulcain. nacée universelle des Philo- Ol. Borrichius. sophes Hermétiques. Elle est Neige. (Sc. Herm.) Ma- le seul remede qui puisse pro- gistere au blanc, parce qu'il duire cet effet, parce qu'il se precipite alors une poudre donne la santé & les riches- blanche comme la neige. Et ses, & procure une longue lorsqu'ils disent qu'il faut cui- vie pour en jouir. Théodore re la neige, c'est-à-dire, qu'il Swinger a donné le nom de faut continuer la digestion & Népenthes à une opiate dont la circulation du compost. la base est le laudanum; cette NEITH. Nom de la opiate, dit Blanchard, a des Minerve Egyptienne. effets admirables, quand on NELE'E, fils de Neptune la donne contre les vapeurs & de Tyro fille de Salmo- & la mélancolie. Elle délivre née, eut de Chloris, fille de toute langueur & tristesse, d'Amphion, douze fils, & donne de la joye & de la qu'Hercule tua, excepté gayeté. Nestor. Voyez les Fables NEPHELAE. Ce nom Egypt. & Grecq. dévoilées. se donne aux petites taches NE'ME'E. Dans la forêt blanches & légeres qui sur-

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viennent sur l'oeil & sur les Neptune les Eaux, & Plu- ongles. On appelle aussi Ne- ton la Terre ou les Enfers. phelae ces petites nuées qui Neptune épousa Amphitri- nagent dans l'urine. te, & eut beaucoup d'en- NEPHELE', femme fans de plusieurs Nymphes d'Athamas, lui donna deux qu'il séduisit en se transfor- enfans, Phrixus & Hellé. mant de toutes sortes de Athamas la répudia, pour manieres. épouser Ino, fille de Cad- Jupiter le chassa du Ciel mus, de laquelle il eut Léar- avec Apollon, parce qu'ils que & Mélicerte. Ino indis- avoient conspiré contre lui. posa l'esprit de son époux Ils se retirerent auprès de contre sa rivale & ses en- Laomedon, & bâtirent la fans. Phrixus & Hellé se ville de Troye. Laomedon sauverent pour se soustraire n'ayant pas donné à Nep- aux emportemens d'Atha- tune le salaire dont ils étoient mas. Ils monterent sur un convenus, ce Dieu s'en ven- bélier à toison d'or, & vou- gea en inondant tout le pays. lurent ainsi traverser la mer On consulta l'Oracle pour pour se retirer à Colchos. apprendre les moyens de Hellé tomba dans la mer & faire cesser ce fléau; il ré- y périt, Phrixus arriva à bon pondit que Neptune ne se- port. Néphele fut ensuite mé- roit point appaisé qu'on n'eût tamorphosée en nuée, c'est exposé la fille de Laomedon ce que signifie son nom. pour être dévorée par un Voyez l'explication de ces monstre marin; ce qui fut fables, dans le chap. 9. du fait. Hésione fut exposée, liv. 4. des Fables Egypt. & Hercule tua le monstre & la Grecques dévoilées. délivra. NEPHTE'. L'une des Neptune eut un différend femmes de Typhon. Voyez avec Minerve à qui donne- Typhon. roit le nom à la ville d'Athè- NEPSU. Etain. nes. On convint que celui NEPTUNE, fils de Sa- des deux qui procureroit aux turne & d'Ops, frere de Ju- hommes la chose la plus utile piter & de Pluton. Ces trois auroit la préférence. Nep- freres après avoir chassé leur tune frappa la terre, il en pere du Ciel, partagerent sortit un cheval; Minerve la entr'eux l'Empire de l'Uni- frappa aussi, on vit pousser vers. Jupiter eut le Ciel, un olivier avec ses fleurs &

NE NE 333 ses fruits; l'Aréopage la dé- quelle il n'est pas possible de clara victorieuse. réussir. C'est dans le même Les Tritons & les au- sens, selon les vrais Chy- tres Dieux marins accom- mistes, qu'il faut interprêter pagnoient toujours Neptu- les prédictions des calamités ne, qui étoit porté sur un de Troye, que le même Né- char fait d'une conque ma- rée fit à Pâris. Orphée dit rine, & attelé de chevaux que Nérée étoit le plus an- noirs. Neptune fut regardé cien des Dieux, parce que par les Anciens comme l'au- la matiere de la pierre est la teur de tous les tremblemens substance dont tout est com- de terre. Voyez le reste des posé sur la terre. Voyez les Fables qu'on a inventées à Fables Egypt. & Grecques son sujet & leur explication, dévoilées, liv. 2. ch. 2. & dans les Fables Egypt. & part. 1. p. 108. 523. Grecques dévoilées, liv. 3. NE'REIDES. Nymphes chap. 7. de la mer. Voyez Nérée. NERE'E, fils de l'Océan NERION. En grec Rho- & de Thétis, selon quelques- dodaphné, en françois Lau- uns; selon d'autres, fils de rier-rose. la Terre & de la Mer: il NESSUS, Centaure, fils épousa sa soeur Doris dont il d'Ixion & d'une nuée, vou- eut un grand nombre de fil- lut faire violence à Déjanire, les, appellées de son nom qu'Hercule lui avoit confiée Néréides. Elles passoient tout pour lui faire traverser le leur tems à danser & à folâ- fleuve Evene. Hercule s'en trer autour du char de Tri- apperçut de l'autre bord, lui ton. Les Nymphes de Jupi- décocha une fléche dont Nes- ter & de Thémis envoyerent sus mourut. Se sentant blessé Hercule à Nérée pour être à mort, il donna à Déjanire instruit de ce qu'il auroit à sa tunique teinte de son sang, faire pour enlever sûrement en lui faisant entendre que les pommes d'or du jardin cette tunique auroit la vertu des Hespérides. Ce n'est pas d'empêcher Hercule d'en ai- sans raison qu'Hercule va mer d'autres qu'elle, s'il la consulter Nérée, puisque ce- vêtissoit seulement une fois, lui-ci étant fils de la Terre & & qu'elle augmenteroit mê- de l'Eau, est le symbole de me les feux dont il brûloit la matiere du grand oeuvre, pour elle. Déjanire la prit, sans la connoissance de la- engagea Hercule à la vêtir,

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& ce Héros se sentit saisir contient la matiere, ou le d'un feu qui le dévoroit. vaisseau triple que Flamel ap- Voyez Dejanire, & les pelle l'Habitacle du poulet. Fables Egypt. & Grecques NIL. Le fleuve du Nil dévoilées, liv. 5. ch. 19. fut mis au rang des grands NESTOR, fils de Nélée Dieux de l'Egypte, sans & de Chloris, fut un des doute, disent quelques My- Héros grecs qui firent le thologues, à cause des grands siége de Troye. Il s'étoit avantages qu'il procuroit à trouvé, avant cette guerre, ce pays par des déborde- aux nôces de Pyrithoüs, où mens. On lui donne aussi le il combattit courageusement nom Océan. Le but des cé- contre les Centaures. Aga- rémonies religieuses & du memnon ne demandoit que culte que les Egyptiens ren- dix Nestors pour venir à bout doient à ce fleuve, étoit d'ap- du siege de Troye. Nestor prendre au peuple que l'eau vécut jusqu'à un âge si avan- est le principe de toutes cho- cé, que quand on souhaite ses, & qu'avec le feu qui lui une longue vie à quelqu'un, donne sa fluidité, & qui l'en- on lui desire les années de tretient, elle avoit donné la Nestor. Voyez les Fables vie & le mouvement à tout Egypt. & Grecq. dévoilées, ce qui existe. L'eau du Nil liv. 6. fécondoit non-seulement les NESTUDAR. Sel ar- champs, qui sans lui seroient moniac. devenus stériles & deserts; NETTOYER. Voyez mais il procuroit encore cette Laver, Blanchir. fécondité aux femmes & aux Nettoyer L'E'TABLE animaux. Il n'est pas rare de D'AUGIAS. C'est purifier la voir dans ce pays-là des bre- matiere de ses impuretés ter- bis qui ont porté des deux ou restres & aqueuses. Voyez trois agneaux à la fois, des Augias. chévres qui allaitent trois ou NEVEU. Grande cuve quatre cabris, ainsi des au- de cuivre. tres. NEUSI. Magistere au Les fêtes qu'on célebroit rouge. en l'honneur du Nil étoient NEUTHA. Amnios. des plus célebres. Les an- NID DU POULET. ciens Rois d'Egypte y assis- Mercure des Sages. C'est toient accompagnés de leurs aussi quelquefois le vase qui Ministres, de tous les Grands

NI NI 335 du Royaume & d'une foule le fleuve Achéloüs. Mais si innombrable de peuple. Maxime de Tyr avoit pû pé- Les Indiens rendoient de nétrer dans les idées des pre- grands respects au Gange, miers Philosophes, il auroit dont les eaux, auxquelles ils deviné l'objet de ces fables. attribuoient de grandes ver- Il auroit vû que ces Maîtres tus, passoient parmi eux pour de la Philosophie pensoient saintes & sacrées. que l'eau avoit été la pre- Le culte rendu à l'eau en miere matiere de tout, & Egypte & dans la Perse se qu'animée du feu de la lu- répandit dans tout l'Orient, miere, elle répand cet esprit & même dans les pays du dans tous les êtres. Voilà la Nord. raison physique qui a fait in- Vossius assure la même venter les fables. Venant en- chose des anciens Germains suite au particulier de la Phi- & de quelques autres peu- losophie Hermétique, l'eau ples, comme on peut le voir est la base de l'oeuvre, le dans son sçavant Traité de principe & l'agent. Par son l'origine & du progrès de feu & son action sur le corps l'Idolâtrie. parfait, qu'elle réduit à son On sçait que les Grecs ne premier principe, elle a four- furent pas moins attentifs à ni la matiere à ce grand nom- révérer l'Océan, les fleuves bre de fables qu'on trouve & les eaux. Ils n'entrepre- expliquées dans le Traité des noient aucun voyage par Fables Egypt. & Grecques eau qu'ils ne fissent aupara- dévoilées. vant quelques libations & NIOBE', fille de Tan- des sacrifices aux Divinités tale & d'Euryanasse, fut ma- marines. riée à Amphion, qui bâtit Maxime de Tyr rapporte une Ville au son de sa lyre. quelques raisons qui purent Niobé en eut six garçons & engager différens peuples à six filles. Fiere de sa fécon- honorer les fleuves qui arro- dité, elle insulta Latone, qui soient leur pays: les uns pour se venger, engagea pour leur utilité, les autres Apollon & Diane à faire pé- pour leur beauté, ceux-ci rir les enfans de cette té- pour leur vaste étendue, meraire. Ce Dieu & cette ceux-là par quelque tradi- Déesse les tuerent à coups tion fabuleuse, telle que celle de fléches. Le chagrin qu'en du combat d'Hercule avec eut Niobé toucha les Dieux,

336 NI NI qui la changerent en rocher. porée, coagulée, ensuite Voyez les Fables Egypt. & dissoute à l'air, évaporée, Grecques dévoilées, liv. 3. coagulée & dissoute de nou- chap. 12. veau bien des fois, devenoit NISA. Ville bâtie par l'aiman du Cosmopolite, Bacchus dans son expédition d'où l'on devoit extraire le des Indes, en mémoire de mercure Hermétique dissol- l'isle du même nom, où il fut vant de l'or. Mais ils auroient nourri & élevé par les Nym- dû faire attention que cet phes. La description des Auteur en parlant du nitre, beautés de cette isle est très- ne parle pas du commun, conforme à celle que le Cos- mais du philosophique. C'est mopolite fait de l'isle qu'il pourquoi il dit toujours notre feint avoir vû en songe. Voy. nitre. L'eau-mere du nitre est les Fables Egypt. & Grecq. la matiere dont on fait la fa- dévoilées, liv. 3. chap. 14. meuse poudre de Santinelli. §. 2. Voyez Nysa. On fait évaporer toute l'hu- NITRE. Il y en a de plu- midité de cette eau après sieurs sortes; le naturel & l'avoir mise dans une chau- l'artificiel. Le premier se diere de fer, sur un feu clair. trouve attaché sur la surface Quand la matiere est deve- des murailles, ou sur les ro- nue comme une pierre gri- chers. Le second se tire par sâtre sans être brûlée, on la lixiviation des terres & des laisse refroidir, on la met en décombres des murailles. morceaux dans de grandes Celui d'Alexandrie est un terrines de grais, avec beau- peu coloré de rouge foible. coup d'eau, où elle se dissout; L'ancien nitre des Egyptiens on retire cette premiere eau nous est comme inconnu. sans troubler les féces, on Plusieurs Chymistes ont pré- remet une seconde eau, & tendu que l'eau-mere du ni- ainsi de suite plusieurs fois tre, ou cette eau rougeâtre jusqu'à ce que l'eau n'ait plus qui reste après la cristallisa- la saveur de sel marin ni ni- tion du nitre, étoit la pre- treux. On décante l'eau, & miere eau Stygienne des Phi- on fait sécher les féces qui losophes. Ils ont en consé- semblent de l'amidon. On quence appellé le nitre Cer- met ces féces en poudre pour bere, Sel infernal, Mercure; l'usage. Cette poudre a des ils ont même prétendu que vertus admirables pour dé- cette eau-mere filtrée, éva- sobstruer & pour purifier le sang

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sang. Quelques-uns ont ap- que de la seconde opéra- pellé les cendres gravellées tion, où le fixe est dissout nitre d'Alexandrie. Rullan- par l'action du volatil. Dans dus. Blanchard dit qu'on a les Fables le noir indique donné au nitre les noms Bau- toujours cette putréfaction, rach, Algali, sel Anderonae, de même que le deuil, la Anatron, Cabalatar, &c que tristesse, souvent la mort. Basile Valentin l'indiquoit Thétis allant implorer la par celui de Serpent de ter- protection de Jupiter pour re, Serpens terrenus. Achille, se présenta à ce NITRIALES. Toutes Dieu en habit d'un noir plus pierres calcaires. noir que le noir même, dit NITRON. Ecume de Homere. Lorsqu'Iris fut la verre. Rullandus. trouver de la part de Jupi- NOAS. Terme Arabe que ter, pour qu'elle déterminât quelques-uns ont employé son fils Achille à rendre à pour celui de cuivre. Rul- Priam le corps d'Hector, Iris land. la trouva habillée de noir NOCES. Réunion du dans le fond de sa caverne fixe & du volatil dans l'oeu- marine. Cette putréfaction vre du magistere & de l'é- est toujours indiquée par lixir. Ces nôces se font plus quelque chose de noir dans d'une fois avant de parvenir les ouvrages des Philoso- au point parfait de la poudre phes. C'est tantôt la tête de de projection. corbeau, la veste ténébreu- Les Philosophes les ont se, le merle de Jean, les désignées sous les fables des ténébres; tantôt la nuit, l'é- nôces de Pélée & de Thé- clipse du Soleil & de la Lu- this, sous celles de Pyri- ne, l'horreur du tombeau, thoüs, &c. Voyez leurs ar- l'enfer & la mort. Ils nom- ticles. ment encore la couleur noire NOCHAT. Cuivre. qui survient à la matiere, NOERA. Chapiteau d'un leur plomb, leur Saturne, alembic. Rulland. leur airain qu'il faut blanchir, NOIR PLUS NOIR la tête de More. Ils s'accor- QUE LE NOIR ME^ME. dent tous à dire que la noir- C'est la matiere de l'oeuvre ceur se manifeste vers le qua- en putréfaction; parce qu'a- rantiéme jour de la cuisson. lors elle ressemble à la poix Ils l'appellent aussi la clef de fondue. Il ne se dit guéres l'oeuvre, & le premier signe Y

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démonstratif, parce que, dit parvenue au blanc, ils l'ont Flamel, si tu ne noircis pas, nommé eau purifiée, neige, tu ne blanchiras pas: si tu cygne, &c. Après le blanc ne vois pas en premier lieu vient la couleur citrine, alors cette noirceur avant toute les Philosophes disent notre autre couleur déterminée huile, notre air, & de tous sçache que tu a faillis en les noms des choses spiri- l'oeuvre, & qu'il te faut re- tueuses, volatiles, comme commencer. ils l'avoient appellée eau de NOIRCEUR DE LA sel, alun, &c. lorsqu'elle NUIT. V. Noir, Nuit. étoit au blanc. Quand elle NOIRCIR. Cuire la ma- est parvenue au rouge, ils tiere, pour la faire dissoudre la nomment ciel, soufre rou- & putréfier. Voy. le Traité ge, or, escarboucle, rubis, Hermétique dans la premie- & enfin du nom de toutes re partie des Fables Egypt. les choses rouges, tant des & Grecques dévoilées. pierres que des plantes, & NOM (Sc. Herm.). Rien des animaux. Quant aux dit Morien, n'a tant induit noms des opérations, on les en erreur, ceux qui étudient trouve expliquées dans les les livres des Philosophes articles qui les concernent. Chymiques, que la multi- Qu'on sçache seulement que tude des noms qu'ils ont don- la sublimation philosophique nés à leur matiere, & à l'u- n'est qu'une purification de nique opération que l'on doit la matiere par elle-même, faire pour parvenir au ma- ou une dissolution des corps gistere. Mais que l'on sçache en mercure. que la matiere étant unique NOMBRIL DE LA n'a qu'un seul nom propre TERRE. Les anciens Grecs dans chaque langue. Les dif- donnerent ce nom à l'Isle de férentes couleurs qui sur- Délos; parce qu'ils disoient viennent à cette matiere, lui qu'elle étoit le milieu de la ont fait donner tous les noms Terre. Ils le prouvoient par des matieres qui sont aussi la Fable, qui dit que Jupiter colorées. Par exemple lors- fit partir deux aigles, l'une qu'elle est au noir, les Phi- à l'Orient, l'autre à l'Occi- losophes l'ont appellée en- dent, & qu'elles se rencon- cre, boue, tête de corbeau, trerent dans l'isle de Délos, & de tous les noms des cho- après avoir volé sans relâche ses noires. Quand elle est toujours directement, &

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avec la même vitesse. Voy. soufflent très-fort: comme les Fables Egypt. & Grec- le vent Notus ou de Midi ques dévoilées, liv. 3. ch. 4. est humide & pluvieux, on & 12. a feint qu'il s'élevoit dans le NOMIUS. Surnom de vase dans le tems de la vo- Mercure. latilisation de la matiere qui NONIUS. Nom d'un s'éleve en vapeurs, & re- des chevaux qui traînoit le tombe en espece de pluie, char de Pluton. V. Abas- qui fertilise la terre philoso- ter. phique; & comme ce vent NORA. Chaux, nitre & des Philosophes est formé tout sel. Rulland. par cette matiere, qui est le NOSTOCH. Espece principe des Dieux de la Fa- d'éponge terrestre, couverte ble, il se trouve par-là en- d'une pellicule assez forte; fant des Dieux, mais des elle vient de la grosseur des Dieux Hermétiques. éponges femelles, quelque- NOURRICE. Les Phi- fois grosse comme la tête losophes appellent ainsi la d'un homme. On la trouve miniere, ou matiere de la- dans les prairies aux mois quelle ils tirent leur mercure de Juin, Juillet & Août. & leur soufre; ce qui doit Elle est legere, rousse, s'entendre avant la premiere trouée en dedans comme préparation, & pendant la l'éponge. Lorsqu'elle est sur seconde. Michel Majer a pied & encore fraîche, elle représenté l'enfant philoso- fait un trémoussement quand phique par un emblême, où on la remue, à peu près l'on voit une femme ayant comme du flan ou de la ge- un globe terrestre au milieu lée de viande. Quelques- de la poitrine; de ce globe uns l'ont appellé jet d'étoi- sortent deux mammelles, les. Rulland. C'est une es- auxquelles sont attachées les pece de vesse-de-loup. lévres d'un enfant qui les NOTUS. Le vent Notus succe, soutenu par les bras étoit fils des Dieux, comme de la femme; au dessous Borée & le Zéphyre; les sont écrits ces mots, tirés autres étoient enfans de Ty- de la Table d'Emeraude phon, suivant Hésiode. Ba- d'Hermès: Nutrix ejus est sile Valentin dit que le vent terra; la Terre est sa nour- Notus & un autre se font rice. Mais quand il s'agit des sentir dans l'oeuvre, & qu'ils nourrices des Dieux, ordi- Y ij

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nairement elles sont dési- sa miniere en en séparant les gnées par les parties vola- parties terrestres, aqueuses tiles, ou l'eau mercurielle & hétérogênes, dans les- des Philosophes, comme on quelles il est enseveli comme peut le voir dans mon traité le noyau est enveloppé de des Fables Egyptiennes & son écorce. Laissez l'écorce Grecques dévoilées. & prenez le noyau, dit Phi- NOURRIR. V. Cuire. laléthe; c'est-à-dire, pre- C'est à cette opération qu'il nez l'amande, & laissez le faut rapporter ce que dit la bois qui la couvre. Fable, lorsqu'elle nous ap- NUBA. Cuivre. On a prend que Thétis nourrissoit donné le nom nuba à la man- Achille d'ambrosie pendant ne qu'on amasse en Irlande, le jour, & qu'elle le cachoit parce qu'elle en a une cou- sous la cendre pendant la leur rougeâtre, comme celle nuit, pour l'accoutumer au du cuivre. Planiscampi dit feu, qui devoit être son élé- qu'elle est couleur de rose, ment. & qu'elle est la seconde es- NOURRITURE DE pece de Téréniabin. L'ENFANT. Ce terme NUCHAT. Airain. s'entend du feu & du mer- NUE'E qui éclipse le So- cure philosophique; car il leil. Expressions qui signi- est dit dans la Fable que fient la noirceur, & la pu- Thétis, mere d'Achille, tréfaction de la matiere. Les le nourrissoit de nectar & nuées des Philosophes sont d'ambrosie pendant le jour, les vapeurs qui s'élevent de & le cachoit sous la cendre la matiere au haut du vase, pendant la nuit. Achille est où elles circulent, se con- le symbole du feu du mer- densent, & retombent en cure, d'où doit naître l'en- pluie ou rosée, que les Adep- fant, qui est même souvent tes appellent rosée de Mai. signifié par Achille, mais La pluye d'or qui tomba encore mieux par Pyrrhus dans l'isle de Rhodes au son fils. La nourriture est moment de la naissance de le mercure, & l'enfant est Minerve, étoit produite par le magistere qui doit en sor- ces nuées. Elles forment aussi tir. celles dont Jupiter environ- NOYAU. Mercure des noit Io pour la soustraire aux Philosophes, ainsi nommé yeux de la jalouse Junon. de ce qu'il faut le tirer de Ce sont encore ces nuées

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dans lesquelles Junon & tiope, conçut une grande Jupiter se cachoient sur le aversion pour elle, ce qui Mont-Ida. Cette nuée est l'obligea à se retirer chez aussi celle qu'embrassa Ixion, Epopée, Roi de Sycione, & celle dans laquelle Né- qui l'épousa. Elle en eut Zé- phélé fut métamorphosée; thus & Amphion, qu'on dit enfin celles sur lesquelles Iris fils de Jupiter. Voyez An- étoit portée, quand elle fai- tiope. soit ses messages. Car Iris NYCTE'E étoit aussi le ou les couleurs de la queue nom d'un des chevaux at- du paon ne se manifestent telés au char de Pluton. que dans le tems que la ma- NYCTIMENE, fille de tiere se volatilise. Nyctéus, fut éprise d'amour NUHAR. Airain. Vénus. pour son pere même, & NUIT (la), fille de la trouva le moyen de s'unir Terre & du Cahos. Orphée avec lui sans qu'il la recon- dit qu'elle étoit la mere des nût. Ayant découvert la Dieux. Elle s'allia avec l'E- chose, il voulut la tuer; mais rebe, dont elle eut beau- les Dieux la changerent en coup d'enfans. chat-huant. Cette fable s'ex- Les Philosophes prennent plique de la même maniere aussi la Nuit pour symbole que celle de Myrrha, dont de leur matiere parvenue au voyez l'article. noir, ou en putréfaction. Elle NYMPHES, filles de est alors en effet la mere des l'Océan & de Thétis; Hé- Dieux chymiques, parce siode les fait naître de l'écu- qu'ils ne donnent le nom de me de la mer, ainsi que Vé- Saturne à leur matiere, que nus. On leur donnoit des lorsqu'elle est au noir plus noms analogues aux lieux noir que le noir même; & qu'on supposoit qu'elles ha- Saturne est le premier de ces bitoient. Limniades, celles Dieux. qui fréquentoient les étangs; NUMMUS. Matiere de Napées, celles qui prési- l'oeuvre au noir. doient aux Bocages: celles NUSIADAL. \ qui se plaisoient dans les Bois NUSIADAT. > Sel ar- Dryades; & Hama-Drya- NUSSIADAI. / moniac. des, celles qui s'attachoient NUX UNGUENTA- à quelqu'arbre particulier; RIA. Ben. celles des montagnes Oréa- NYCTE'E, pere d'An- des: celles enfin qui habi- Y iij

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toient la Mer, Néréïdes. la Nature, qui étoit la base Porphyre (de Antr. Nymp. de la génération de tous les p. 25.), pensoit que l'idée mixtes. des Nymphes étoit venue de NYSA. Ville située sur l'opinion que les Anciens les confins de l'Arabie & de avoient, que les ames des l'Egypte, dans laquelle Bac- morts erroient autour des chus naquit. Il fut nourri par tombeaux où leurs corps les Nymphes dans une isle étoient enterrés, ou dans les du même nom, formée par lieux qu'elles avoient habi- les eaux du fleuve Triton. tés pendant leur vie. Mais C'étoit le pays le plus agréa- Homere donne le nom de ble du monde; des eaux lym- Nymphes à des Bergeres, & pides y arrosoient des prai- à des Dames illustres. Hé- ries verdoyantes & émaillées siode en faisoit monter le de fleurs; il abondoit en tou- nombre à trois mille, & les tes sortes de fruits, & la vi- fait vivre plusieurs milliers gne y croissoit d'elle-même. d'années. C'est aux Nym- La température de l'air y phes que Jupiter, Bacchus, étoit si salutaire, que tous les & la plupart des Dieux & habitans y vivoient sans in- des Déesses doivent leur commodités jusqu'à une ex- nourriture & leur éducation. trême vieillesse. Voyez les Homere fait une description Fables Egypt, & Grecques admirable de l'antre des dévoil. liv. 3, ch. 14. §, 2. Nymphes. Elles gardoient NYSADIR. Sel armo- les troupeaux du Soleil, & niac. suivant ce qu'en dit le même NYSOE. Sel armoniac. Auteur, elles tenoient plus Rullandus. de la beauté & de la nature

des Déesses, que de celles O. des femmes. En général les Nymphes O pris simplement est un sont prises par les Alchy- caractere chymique qui mistes pour les parties vola- signifie l'alun; lorsqu'il est tiles de la matiere du grand coupé horisontalement par oeuvre. C'est pourquoi les le milieu ou par son diame- Anciens avec Orphée pen- tre, il indique le sel com- soient que les Nymphes mun: s'il est coupé perpen- étoient proprement l'humeur diculairement, c'est le nitre. aqueuse animé par le feu de Un O coupé horisontalement

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avec un point au dessus & Cuivre calciné. au dessous de la ligne, dé- Digérer. note aussi le sel commun, Esprit. Un O avec une fléche qui lui Feu de roue. touche par le côté opposé Huile. au fer, signifie le fer, l'a- Huile. cier, Mars. Deux O réunis Jour. par un chevron en forme de Mercure. paires de lunettes, veut dire Mercure précipité. aiman. Un O surmonté d'u- Mercure précipité. ne croix, c'est l'antimoine; Mercure sublimé. si la croix est au dessous, Mercure sublimé. c'est Vénus ou le cuivre. Nitre. Deux O réunis par une ligne Nuit. perpendiculaire ou horison- Or ou Soleil. tale, marque l'arsenic. Trois Orpiment. O placés en triangles signi- Poudre. fient huile. Deux O auprès Purifier. l'un de l'autre avec un trait Réalgar. montant à chacun, dit jour. Réalgar. Un O surmonté d'une de- Mars. mie lune & une croix au Saffran de Mars. dessous veut dire mercure, Sel alkali. argent-vif. Un O avec un Sel gemme. point au milieu, signifie l'or. Voici tous ces caracteres Soufre noir. avec ceux où l'O entre com- Sublimer. me partie principale. Sel armoniac. Acier, Fer ou Mars. Verre.

Alun. Verdet, ou Vert-de-

Antimoine. gris,

Argent-vif ou Merc. ou Vitriol.

Arsenic. OABELCORA. Cucur- Arsenic. bite. Planiscampi.

Cire. OBAC. Sel armoniac.

Cinabre. OBELCHERA ou

Cuivre, Vénus. OBELKERA. Cucurbite.

Cuivre calciné, ou Aes OBRIZUM. Or calciné ustum. en couleur brune. Cuivre calciné. OCAB. Sel armoniac. Y iv

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OCE'AN, fils de Coelus le Soleil céleste nous prive & de Vesta, fut regardé de sa lumiere lorsqu'il se comme un Dieu & le pere couche. Quand la couleur des Dieux. Il épousa Té- blanche se manifeste après thys, & en eut beaucoup la noirceur de la matiere d'enfans, les fleuves, les putréfiée, on l'a appellée ruisseaux, Protée, Ethra, Orient, parce qu'il semble femme d'Atlas, Persé, mere que le Soleil Hermétique de Circe, une infinité de sort alors des ténébres de la Nymphes. Quelques An- nuit. ciens disoient Océan, fils OCCULTE. Soleil des du Ciel & de la Terre. Ho- Philosophes caché dans le mere parle beaucoup des ventre de la magnésie. C'est fréquens voyages des Dieux ce Soleil, dit Philaléthe, chez Océan. Les Philoso- que nous honorons; parce phes ont donné le nom d'O- que sans lui notre arcane ne céan & de Mer à leur eau pourroit être dépouillé de mercurielle, principe des ses imperfections. Mais ce Dieux Chymiques & Her- Soleil n'est pas l'or vulgaire, métiques. Avec la partie fixe les Sages seuls le voyent, le de l'oeuvre, elle enfante en sentent, l'apperçoivent & le se volatilisant toutes ces connoissent. Et ce Soleil, Nymphes qu'on dit être fil- ajoute-t-il, ne sçauroit per- les d'Océan. C'est avec el- fectionner notre teinture par les que Saturne, Jupiter & lui seul; il a besoin du se- les autres Dieux ont com- cours de la Lune, qui le merce, & desquelles nais- subtilise & le rende volati- sent les Héros de la Fable, le, en le purifiant de ses im- comme on peut le voir dans puretés. Cette Lune est la mon Traité des Fables mere & le champ dans le- Egypt. & Grecques dévoi- quel on doit semer notre So- lées. leil. Rendre l'occulte mani- OCCIDENT. Nom feste, c'est extraire le mer- que quelques Chymistes ont cure de sa miniere; c'est donné à la matiere de l'oeu- aussi cuire la matiere en pu- vre en putréfaction. C'est la tréfaction jusqu'à ce que la dissolution du Soleil Her- blancheur, & les autres cou- métique; on l'appelle Oc- leurs succédentes se mani- cident, parce que ce Soleil festent. Faire le manifeste perd alors son éclat, comme occulte & l'occulte manifeste;

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ces expressions ne signifient que qu'ils parlent alors du autre chose que dissoudre le tems où cette matiere est fixe dans l'eau mercurielle en putréfaction. Car le mê- volatile, pour le volatiliser me Auteur dit que l'Artiste ensuite. la juge telle, parce qu'elle OCCUPATION. Mê- est dans un état de mort, lange du corps parfait avec comme un cadavre dans son la matiere dont il a été com- tombeau. C'est pourquoi posé, par poids & mesure Morien dit qu'elle a l'odeur dans un vase convenable, des cadavres. Raymond & à un feu philosophique. Lulle qui s'exprime aussi OCHEMA. Toute li- dans ce sens-là, nous aver- queur ou véhicule, avec le- tit qu'il succéde une odeur quel on mêle les médica- si suave à cette mauvaise, mens. qu'elle attire tous les oiseaux OCHRUS, OCHRUM, des environs sur le haut de OCHRA. Pois de la petite la maison: c'est-à-dire, que espece: espece de légume. la matiere se volatilise après OCOB, OCOP, OTOP. la putréfaction, & monte Sel armoniac. au haut du vase, pour se OCYPETE', une des précipiter ensuite dans la mer Harpyes. Voy. Harpyes. des Philosophes. OCYROE'. Nymphe, OEDIPE, fils de Laïus & fille du Centaure Chyron. de Jocaste. Son pere ayant Voyez Chyron, & les Fa- appris de l'oracle qu'il mour- bles dévoilées, liv. 3. ch. 7. roit de la main de son fils, ODEUR. Les Philoso- le fit exposer afin qu'il périt. phes disent que l'on distin- Un Berger l'ayant trouvé gue la matiere de leur Art à suspendu par un pied à un son odeur; qu'elle a celle arbre, le délia, & le porta d'assa-fétida, celle des tom- au Roi de Corinthe. La beaux & des sépulchres. Mais Reine, qui n'avoit point il ne faut pas l'entendre de d'enfans, l'adopta & le nour- la matiere crue, & considé- rit. Quand il fut grand, il rée avant sa premiere pré- apprit de l'Oracle qu'il au- paration. Nicolas Flamel roit des nouvelles de ses pa- nous apprend que l'Artiste rens s'il alloit dans la Pho- ne sent pas cette mauvaise cide. Il se mit en chemin, odeur, à moins qu'il ne brise & ayant rencontré son pere, ses vaisseaux; ce qui indi- il le tua sans le connoître.

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Arrivé à Thébes, il devina poursuivoit la lance à la main & donna la solution de l'é- pour le tuer, s'il ne rempor- nigme que Sphinx avoit pro- toit pas la victoire suivant posée; Jocaste qui devoit les conventions. Oenomaus être la récompense de celui en avoit déjà fait périr plu- qui résoudroit cette énigme, sieurs, lorsque Pélops, qui fut adjugée & mise entre les n'en fut point intimidé, se mains d'Oedipe qui l'épousa, présenta pour entrer en lice. & en eut deux fils, Ethéo- Mais il usa de supercherie; cle & Polynice, avec deux il gagna Myrtile, cocher filles, Antigone & Ismene. d'Oenomaus, & l'engagea à Oedipe reconnu ensuite ses faire briser le char de ce crimes, & se creva les yeux. Prince, qui périt dans la Voyez les Fables Egypt. & chûte; & Pélops obtint Hip- Grecques dévoilées, liv. 3. podamie. Voyez les Fables OENE'E, pere de Déja- dévoilées, liv. 6. Fatalité 4. nire, fut tué par Hercule, OENOMEL. Vin miélé. qui épousa sa fille. V. Dé- OENONE. Nymphe qui janire. faisoit son séjour sur le Mont- OENO, l'une des filles Ida. Elle se prit d'amour pour d'Anius, obtint de Bacchus Pâris dans le tems qu'il le pouvoir de changer tout n'étoit encore que Ber- ce qu'elle voudroit en bled, ger, avant qu'il eût adjugé huile & vin. Voyez les Fa- la pomme d'or à Vénus. bles Egypt & Grecq. dé- Cette Nymphe lui prédit voilées, liv. 3. chap. 14. qu'il seroit la cause de la §. 2. ruine de son pays. Quand OENOLOEUM. Mélange Pâris fut blessé au siége de d'huile & de vin. Troye, il se fit transporter OENOMAUS, pere sur le Mont-Ida auprès d'Oe- d'Hippodamie, ayant ap- none, & expira entre ses pris de l'oracle que son gen- bras. Elle en eut tant de dre le feroit périr. Pour évi- chagrin, qu'elle mourut de ter ce danger & se défaire douleur. Voyez le livre 6. de tous ceux qui courtisoient des Fables Egypt. & Grec- sa fille, il leur déclara qu'il ques dévoilées. ne la donneroit qu'à celui OENOPION, fils d'A- qui le vaincroit à la course riadne & de Thésée. Voyez du char. L'amant devoit pas- Ariadne. ser devant, & Oenomaus le OENOTHERA. Plante

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appellée Lysimachia. munément la matiere mê- OETA. Montagne deve- me du magistere qui con- nue célébre par la mort tient le mercure, le soufre d'Hercule, & sa sépulture. & le sel, comme l'oeuf est Voyez les Fables Egypt. & composé du blanc, du jaune Grecques dévoilées, liv. 5. & de la pellicule ou la co- chap. 1. que qui renferme le tout. OEUF DES PHILOSO- Cette matiere est appellée PHES (Sc. Herm.) Un grand oeuf, parce que rien ne res- nombre de Chymistes s'est semble mieux à la concep- imaginé que les Sages ap- tion & à l'enfantement de pelloient oeuf des Philoso- l'enfant dans le ventre de sa phes, le vase dans lequel ils mere, & à la génération renferment leur matiere pour des poulets, que les opéra- la cuire; & ils lui ont donné tions du magistere, & de la en conséquence la figure pierre philosophale; ce qui d'un oeuf; Quoique cette for- devroit servir de guide aux me soit à la verité la plus Artistes, & non les régles propre pour la circulation; inventées de la Chymie vul- ce n'est point là l'idée ni le gaire, qui détruit tout, au sens des Sages; ils ont en- lieu d'édifier. tendu par les termes d'oeufs Raymond Lulle dit que des Philosophes, non le con- la matiere de l'oeuvre s'ac- tenant, mais le contenu, qui cumule en forme d'oeuf, est proprement le vase de la lorsqu'elle se fixe: c'est pour- Nature, & cela même pen- quoi on lui a donné le nom dant la putréfaction; parce oeuf, lorsqu'elle est parvenue que le poulet philosophique à la blancheur; quelques- y est renfermé, & que le uns pendant qu'elle est en feu interne de la matiere ex- putréfaction. cité par le feu extérieur, OEUVRE. Les Philoso- comme le feu interne de phes comptent plusieurs oeu- l'oeuf excité par la chaleur vres, quoiqu'il n'y en ait pro- de la poule, se ranime peu prement qu'une, mais divi- à peu, & donne la vie à la sée en trois parties. La pre- matiere dont il est l'ame, miere qu'ils appellent oeuvre d'où naît enfin l'enfant phi- simple, est la médecine du losophique, qui doit enrichir premier ordre, ou la pré- & perfectionner ses freres. paration de la matiere qui Oeuf signifie plus com- précéde la parfaite prépa-

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ration, c'est l'oeuvre de la renfermé dans ces quatre Nature. nombres 448. 344. 256. La seconde partie appel- 224. qu'il est même impos- lée oeuvre moyenne, est la sible de réussir sans la con- préparation parfaite, la mé- noissance de ces nombres. decine du second ordre, l'é- Je les ai mis ici pour la sa- lixir & l'oeuvre de l'Art. tisfaction de ceux qui vou- La troisiéme est la mul- dront se donner la peine d'en tiplication, & l'oeuvre de chercher l'explication. l'Art & de la Nature. Toutes ces opérations La premiere préparation composent proprement ce purge, mondifie les corps qu'on appelle le grand oeu- & les teint en apparence; vre, l'oeuvre des Sages. Ainsi mais sa teinture n'est pas per- nommé de son excellence manente à la coupelle. par dessus toutes les autres La seconde opération, ou productions de l'Art. Mo- médecine du second ordre, rien dit que c'est le secret des mondifie & teint les corps secrets que Dieu a révélé d'une teinture permanente, aux saints Prophêtes, dont mais sans beaucoup de pro- il a mis les ames dans son fit. saint Paradis. La médecine du troisiéme Le grand oeuvre tient donc ordre est proprement le le premier rang entre les bel- grand oeuvre. Il demande les choses; la nature sans l'art plus de sagacité & d'indus- ne peut le faire, & l'art sans trie, & teint parfaitement la nature l'entreprendroit en les corps avec beaucoup de vain. C'est le chef-d'oeuvre profit, parce qu'un grain qui borne la puissance des seul convertit en or ou ar- deux; ses effets sont si mira- gent des millions de grains culeux que la santé qu'il pro- des métaux imparfaits. Phi- cure & conserve, la perfec- laléthe assure qu'il a expli- tion qu'il donne à tous les qué fort clairement tout l'oeu- composés de la nature, & vre & son régime dans son les grandes richesses qu'il ouvrage, qui a pour titre: produit, ne sont pas ses plus Enarratio methodica Trium hautes merveilles. S'il puri- Gebri medicinarum seu de fie les corps, il éclaire les vera confectione lapidis Phi- esprits; s'il porte les mixtes losophici; & ajoute à la fin au plus haut point de leur de cet ouvrage que tout est perfection, il éleve l'enten-

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dement aux plus hautes con- couleur blanche succéde à la noissances. Plusieurs Philo- noire, il sort des ténébres du sophes y ont reconnu un tombeau, & ressuscite glo- symbole parfait des myste- rieux; il monte au ciel, tout res de la Religion Chré- quintessencié; de là, dit Rai- tienne; ils l'ont appellé le mond Lulle, il vient juger Sauveur de l'humanité & de les vivans & les morts, & tous les êtres du grand mon- récompenser chacun selon de, par la raison que la mé- ses oeuvres; c'est-à-dire, que decine universelle, qui en les bons Artistes, les Philo- est le résultat, guérit tou- sophes, connoissent par les tes les maladies des trois effets, qu'ils ont bien opéré, régnes de la nature; qu'il & cueillent les fruits de leurs purge tous les mixtes de leurs travaux, pendant que les taches originelles, & répare souffleurs ne trouvent que par sa vertu le desordre de cendres & poussieres, & sont leur tempérament. Com- condamnés au feu perpétuel posé de trois principes purs de leurs fourneaux, sans pou- & homogenes, pour ne cons- voir jamais réussir. Raimond tituer qu'une substance très- Lulle ajoute que l'élixir a la supérieure à tous les corps, puissance de chasser les dé- il devient le symbole de la mons, parce qu'ils sont en- Trinité; & les adeptes disent nemis de l'ordre, du concert que c'est de là qu'Hermès en & de l'harmonie, & qu'il a parlé dans son Pymandre, remet les principes des cho- comme l'auroit fait un Chré- ses dans un accord parfait; tien. Leur élixir est originai- c'est en rétablissant cet ac- rement une partie de l'esprit cord, qu'il remet l'équilibre universel du monde, corpo- dans les humeurs du corps rifié dans une terre vierge, humain, & qu'il en guérit d'où il doit être extrait pour les maladies. passer par toutes les opéra- Toutes ces merveilles qui tions requises avant d'arriver ont charmé le coeur des Phi- à son terme de gloire & de losophes, en éclairant leur perfection immuable. Dans esprit sur les plus obscurs & la premiere préparation il les plus mystérieux secrets est tourmenté, comme le dit de la nature, ont irrité l'es- Basile Valentin, jusqu'à ver- prit des ignorans, qui ne ju- ser son sang; dans la putré- gent de tout que par les sens. faction il meurt; quand la Ils ont en conséquence ab-

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boyé contre ce trésor, dont à le cacher, & qu'ils l'ont ils ne pouvoient avoir la appellé en même tems un possession, & ont fait passer amusement de femmes, & le grand oeuvre pour une un jeu d'enfans. Lorsqu'ils sçavante chimere, une rê- ont dit que c'étoit un ou- verie, une illusion. Ils ne vrage de femmes, souvent peuvent comprendre qu'une ils ont fait allusion à la con- substance élémentaire puisse ception de l'homme dans le guérir toutes sortes de maux, ventre de sa mere; parce que quelque incurables que les suivant Morien, l'ouvrage Médecins ordinaires les de la pierre est semblable à ayent déclarés; ils ne sçau- la création de l'homme: pre- roient se persuader qu'elle mierement, il faut la con- puisse agir sur tous les corps jonction du mâle & de la d'une maniere si étonnante, femelle; en second lieu, la que du crystal elle fasse des conception, puis la naissan- diamans, du plomb elle fasse ce, enfin la nourriture & l'é- de l'or; & accusent les Phi- ducation. losophes d'impostures, lors- Le grand oeuvre est aussi qu'ils assurent qu'ils l'ont fait, appellé mer orageuse, sur la- & qu'ils en ont fait les expé- quelle ceux qui s'embar- riences. Heureusement pour quent sont exposés perpé- les Philosophes, des gens tuellement à faire naufrage, sçavans, bien reconnus pour & cela à cause des grandes tels, comme sont Beccher, difficultés qui se rencontrent Stahl, Kunkel, Borrichius, pour réussir parfaitement. & tant d'autres, ont pris la On peut voir ces difficultés défense du grand oeuvre, & dans le Traité de Theobal- en ont soutenu la réalité & dus de Hocelande, & dans l'existence. Il n'est pas né- le Traité de l'or de Pic de cessaire, après ce qu'ils en la Mirandole. ont dit, d'en faire l'apologie. OISEAU. Les Philo- On peut voir le Discours sophes ont pris assez ordi- préliminaire qui se trouve à nairement les oiseaux pour la tête des Fables Egyptien- symbole des parties volatiles nes & Grecques dévoilées. de la matiere du grand oeu- Il faut que le grand oeu- vre, & ont donné divers vre soit une chose bien aisée noms d'oiseaux à leur mer- à faire, puisque les Philoso- cure: tantôt c'est un aigle, phes se sont tant appliqués tantôt un oison, un corbeau,

OI OI 351 un cygne, un paon, un phé- paon, à cause des mêmes nix, un pélican; & tous ces couleurs qui se font admirer noms conviennent à la ma- sur la queue de cet animal. tiere de l'Art, suivant les Vient ensuite la blancheur, différences de couleur ou qui ne pouvoit être mieux d'état qu'elle éprouve dans exprimée que par le cygne. le cours des opérations. Les La rougeur de pavot qui suc- Philosophes ont de même eu céde, a donné lieu d'imagi- égard dans ces dénomina- ner le phénix, qu'on dit être tions, aux caracteres des oi- rouge, parce que son nom seaux dont ils ont emprunté même exprime cette cou- les noms, pour en faire l'ap- leur. Ainsi chaque Philoso- plication métaphorique à leur phe a emprunté des oiseaux matiere. Quand ils ont vou- qu'il connoissoit, les noms lu désigner la volatilité & qu'il a cru convenir à ce qu'il l'action du mercure dissol- vouloit exprimer. C'est pour- vant sur la partie fixe, ils quoi les Egyptiens avoient l'ont appellé aigle, vautour, introduit dans leurs hiérogly- parce que ce sont des oiseaux phes les deux sortes d'Ibis, forts & carnaciers. Tel est noire & blanche, qui dévo- celui que la Fable dit avoir roient les serpens, & en pur- rongé le foie de l'infortuné geoient le pays. On voit une Prométhée. C'est l'aigle qui quantité d'exemples de ces doit combattre le lion, sui- allégories dans les Fables vant Basile Valentin & les Egyptiennes & Grecques autres Adeptes. La putré- dévoilées. faction est exprimée par ce OISEAU D'HERME'S. combat, auquel succéde la Mercure des Philosophes. mort des deux adversaires. OISEAU sans ailes. Sou- La noirceur étant une suite fre des Sages. Senior a pris de la putréfaction, ils ont pour symbole des matieres dit que des corps des deux volatile & fixe de l'Art, deux combattans il naissoit un cor- oiseaux qui se battent, l'un beau; tant parce que cet oi- ayant des ailes, placé dessus seau est noir, que parce qu'il un qui n'en a pas; l'un & se repaît de corps morts. A l'autre se tiennent par la la noirceur succédent les cou- queue, & celui qui a des ai- leurs variées de l'arc-en-ciel. les développées, semble On a dit en conséquence que vouloir enlever l'autre, qui le corbeau étoit changé en semble faire tous ses efforts

352 OL OL pour ne pas perdre terre. geâtre. Oiseau DES SAGES. OLIVE. Magistere au Mercure philosophique. rouge. Quelques-uns l'ont Oiseau DORE'. Ma- nommé Olive perpétuelle. gistere avant sa fixation; ainsi OLIVIER. Arbre con- nommé, de ce qu'il contient sacré à Pallas, parce qu'on les principes de l'or, & qu'il dit qu'elle le fit sortir de terre est volatil. en la frappant, & qu'à cause Oiseau VERD. Matiere de l'utilité de son fruit, l'A- de l'oeuvre avant sa prépa- réopage décida en faveur de ration. Minerve qu'elle auroit la OISON D'HERMO- préférence sur Neptune, pour GENE. Dissolvant des Phi- nommer la ville d'Athènes. losophes, que le Trévisan a Voyez Minerve. nommé le Portier du Palais OLLUS. Matiere au du Roi. noir. L'Oison étoit consacré à OLUS ATRUM. Plante Junon, par la raison qu'elle appellée grande hache. est le symbole de l'humidité OLYMPE. Montagne mercurielle, de laquelle est de Thessalie, dont le sommet formé ce dissolvant. se perd dans les nues. Les OLEANDER. Rosace, Poëtes l'ont prise pour le laurier-rose. Ciel, & ont dit que les Dieux OLEUM ARDENS. y faisoient leur séjour. Voyez Huile de tartre rectifié. les Fables dévoilées. Oleum COLCHO- OLYMPIQUES (Jeux.) THARINUM. Huile rouge Voyez Jeux. de vitriol. OMBRE. Les Philoso- Oleum PALESTRINUM. phes ont appellé Ombre du Vinaigre. Soleil les parties hétérogé- Oleum VITRIOLI nes & impures avec lesquel- AURIFICATUM. Huile les le grain fixe de l'or chy- de vitriol édulcoré avec l'or. mique est mêlé, & desquel- C'est proprement l'huile in- les il faut le séparer. Ils ont combustible des Philoso- donné le même nom à leur phes. saturnie végétable, à leur Oleum TERRAE. Es- lune, leur électre. péce d'huile Pétrole, mais Ombres CIMME- d'une odeur plus gracieuse, RIENNES. Couleur noire & d'une couleur un peu rou- de la matiere dans le tems de sa

OM ON 353 sa putréfaction. C'est la mê- mercure, quoiqu'animé de me chose que la voile noire la valeur & de la force d'Her- du vaisseau de Thésée à son cule, n'en étoit pas moins retour de Crete. La Fable eau mercurielle. donne aussi le même nom ONAGRA. Plante con- d'Ombre aux parties volatiles nue sous le nom de Lysi- qui circulent dans le vase, & machia. Les Anciens lui don- les a exprimées par les Om- nerent les noms Onagra, & bres qui errent le long du Onothera, de ce qu'ils fleuve Cocyte. Voyez En- croyoient qu'elle avoit la fer, Champs Elisées. vertu d'amollir la force des OMPHALE, selon la ânes, quand on les frappoit Fable, étoit Reine des Ly- avec cette plante. diens. Hercule devint amou- ONITIS. Espéce d'o- reux d'elle, jusqu'à faire la rigan, qui a sans doute pris folie de se vêtir de ses habits, le nom Onitis, de ce que les de prendre sa quenouille & ânes en mangent volontiers, de filer, sans néanmoins que & préférablement à beau- cet amour rabattît rien de coup d'autres plantes. son courage, dont il donna ONOBRYCHIS. Sain- des preuves dans le combat foin. où il vainquit Cercopas. Les ONOLOSAT. Poids Alchymistes disent qu'Om- d'une obole, ou demi-scru- phale est leur terre, dont pule. Hercule, ou leur mercure, OPAS. Surnom de Vul- est amoureux, jusqu'à deve- cain. nir, dans l'opération, une OPHIRISI. Mercure même chose avec elle, & animé des Philosophes. que Cercopas signifie les par- OPOBALSAMUM. ties hétérogênes qu'il sépare, Baume liquide, ou Huile de & purifie par sa puissance & noix muscade. son activité. Les Philosophes OPOCHRISMA. On- ayant coutume de prendre guent, ou Baume sympathi- des femmes pour symbole que, qui guérit les plaies en de leur eau mercurielle, il en frottant seulement l'arme falloit necessairement dans qui l'a faite. On l'appelle cette circonstance, feindre aussi Unguentum armarium. qu'Hercule avoit pris les ha- OPRIMETHIOLIM. bits d'Omphale, & avoit fait Esprit minéral qui concourt son ouvrage; parce que ce à la formation des métaux &

354 OP OR des minéraux. plus proprement le nom Or OPS, fille du Ciel & de vif, lorsqu'elle est devenue Vesta, soeur & femme de soufre des Philosophes, ou Saturne, fut adorée sous le magistere au rouge, ou mi- nom de Cybele, & étoit re- niere de feu. gardée comme la Déesse des Or E'THE'ES. Or philo- richesses; parce qu'étant la sophique. terre philosophique, elle est Or ALTERE'. C'est l'or en effet la base de l'oeuvre vif des Sages. hermétique, source des ri- Or BLANC. Magistere chesses comme de la santé. des Philosophes parvenu à En qualité de femme, on la blancheur. Ils lui ont don- la prend pour l'argent-vif. né ce nom, à cause de sa OR, le plus pur & le blancheur, & que de lui naît plus parfait de tous les mé- l'or jaune & rouge, c'est-à- taux, a été appellé par les dire la pierre au rouge par- Adeptes, Soleil, Apollon, fait, qui est leur véritable or, Poehbus, & de divers autres leur soleil, leur ferment, leur noms, particulierement lors- fumée rouge. qu'ils ont considéré ce métal Or EN ESPRIT. C'est comme philosophique. L'or l'or des Sages réduit à sa pre- qui sert à faire les monnoies, miere matiere, qu'ils appel- les vases & les autres choses lent réincrudé, & volatilisé en usage dans la société ci- par leur mercure. vile, est appellé Or mort, Or DES PHILOSOPHES. pris respectivement à celui Lorsqu'ils disent prenez l'or, qui est la base de l'oeuvre; ils n'entendent pas l'or vul- parce que les Philosophes gaire; mais la matiere fixe disent que tous les métaux de l'oeuvre dans laquelle leur qui ont souffert la fusion ont or vif est caché & comme perdu la vie par la tyrannie en prison. Ainsi leur or à du feu. Leur or vif est ce 24 carats est leur or pur & grain fixe, principe de fixité, sans mêlange de parties hé- qui anime le mercure des térogênes. Sages & la matiere de la Or VOLATIL. Or ful- pierre, c'est-à-dire l'humide minant. Crollius. radical des métaux, la por- Or DU CORAIL. Ma- tion la plus digérée de la va- tiere fixe au rouge. peur onctueuse & minérale Or DE GOMME. Ma- qui les forme. Mais elle prend tiere fixe des Philosophes.

OR OR 355

Or EXALTE', \ Poudre moyen fixer ensuite le vo- Or MULTIPLIE', > de pro- latil. L'or se détruit par une Or SUBLIME', / jection. eau qui est de sa nature, & Or VIVIFIE'. C'est l'or non par aucun autre dissol- réincrudé, & volatilisé. vant, parce que toutes cho- Or DE L'ALCHYMIE. ses se réduisent à leurs pre- Soufre des Philosophes. miers principes par leurs Or FEUILLE'. Soufre principes mêmes. Toute au- des Sages en dissolution. tre dissolution est violente & Or BLANCHI. Voyez contre nature; c'est plutôt Fumée Blanche. une séparation, une division Or & argent à l'égard de des parties du corps, qu'une la pierre. Ce sont les deux véritable dissolution. Il faut ferments pour le blanc & que cette dissolution soit vraie pour le rouge. Ces deux & radicale, pour qu'elle métaux ne sont qu'un argent puisse être un acheminement vif congelé, digéré & cuit à une nouvelle génération. par le feu de leur propre sou- Ceux qui veulent réussir dans fre. L'or vulgaire, le plus l'Art Hermétique, doivent parfait de tous les métaux, donc bien prendre garde à ne peut comme tel être por- ne pas prendre un dissolvant té par l'Art à un dégré plus d'une nature qui ne soit pas haut; mais lorsqu'il est réduit de nature métallique; car en sa premiere matiere par s'ils ne se fixent pas à la se- une voie secrette & philoso- mence même des métaux, phique, l'Art, dit Philale- extraite de sa miniere, ils the, peut alors l'élever à une ne réussiront jamais. perfection beaucoup plus ORE'ADES. Nymphes étendue que celle qu'il avoit des montagnes. reçu de la nature. De mort OREPIS. Vapeur brû- qu'il étoit avant sa réincru- lante du tartre. Planiscampi. dation, il devient vivant au ORESTE, fils d'A- moyen du mercure des Sa- gamemnon & de Clytem- ges, qui étant vivant, le nestre, quitta la maison pa- ressuscite. C'est pourquoi les ternelle dès le bas âge, pour Philosophes disent qu'il faut se soustraire aux embûches ressusciter le mort, & faire qu'Egyste, amant de Cly- mourir le vivant; c'est-à- temnestre, lui tendoit, après dire, dissoudre, putréfier & avoir fait périr son pere Aga- volatiliser le fixe, & par son memnon. Quand Oreste fut Z ij

356 OR OR

parvenu à un certain age, il Oreste soutenoit qu'il étoit fut secrettement retrouver sa lui-même Oreste. Enfin soeur Electre, & concerte- Thoas Roi du Pays, fit livrer rent entr'eux les moyens de Oreste entre les mains d'I- se venger du meurtrier de phigénie, qui le reconnut leur pere. Ils prirent si bien pour son frere. Ayant appris leurs mesures, qu'ils firent le sujet du voyage d'Oreste, périr Egyste & Clytemnes- elle enleva elle-même la tre dans le Temple, où ils statue de Diane, dont elle sacrifioient. Oreste tua en- étoit Prêtresse, & ils s'en- suite Pyrrhus, fils d'Achille, fuirent avec, après avoir tué qui lui avoit enlevé Her- Thoas. De retour à Athè- mione. Il se sentit après cela nes, Oreste y fit les expia- saisi d'une fureur ou d'une tions requises pour ses meur- manie, qui ne lui donnoit tres, & revint dans son bon presque aucun moment de sens. Il mourut ensuite de la relâche; de maniere qu'il morsure d'un serpent. Voyez couroit les pays errant çà & l'explication de cette fiction là comme un vagabond. dans les Fables Egyptiennes L'Oracle consulté là-dessus, & Grecques dévoilées, Liv. répondit que pour être déli- 3. ch. 14. §. 4. vré de cette fureur, il falloit ORGIES. Fêtes célé- qu'il se transportât dans la bres anciennement en l'hon- Tauride, & y enlevât la neur de Bacchus. Voyez les statue de Diane du Temple Fables Egyptiennes & Grec- où elle y étoit révérée. Il ques dévoilées, Livre 4. prit avec lui Pylade son in- chap. 1. time ami, qui l'y accompa- ORIENT. Mercure gna. A peine y furent-ils des Philosophes. Quelques arrivés, qu'ils furent arrêtés Chymistes ont donné le nom & mis en prison, pour être Orient à l'urine. Mais sou- sacrifiés à Diane, que l'on vent les Adeptes entendent croyoit se rendre propice par par ce terme la couleur blan- l'effusion du sang des étran- che qui succéde à la noire, gers. Comme un des deux par allusion à l'orient, où se devoit être conservé, & que léve le Soleil quand il sort le sort de mort étoit tombé des ténebres de la nuit. sur Oreste, quand on de- ORION eut pour peres mandoit celui-ci pour le sa- Jupiter, Neptune & Mer- crifier, Pylade se présentoit, cure. Ces trois Dieux voya-

OR OR 357 geant sur la terre, logerent vés chez Phinée, ils le dé- chez Hyréius, qui leur fit la barrasserent des Harpyes, meilleure chere qu'il put. Ils qui le tourmentoient perpé- lui demanderent ce qu'il vou- tuellement, & infectoient droit pour récompense, & toutes les viandes qu'on lui lui promirent de le lui ac- servoit. Voyez Calaïs. corder. Il leur répondit qu'il ORIZEUM. Or. ne souhaitoit rien tant au ORIZEUM FOLIA- monde que d'avoir un fils. TUM. Or en feuilles; c'est Peu de tems après ils lui l'or philosophique en disso- procurerent un fils de la ma- lution. niere dont le racontent les ORIZEUM PRAECIPI- Fables. Ce fils, nommé TATUM. Or en safran. Orion, s'adonna beaucoup ORIZONTIS. Teinture à la chasse, & mourut en- d'or. fin d'une fléche que lui dé- ORNUS. Frêne sauva- cocha Diane, suivant le té- ge. moignage d'Homere. Orion OROBO. Verre des mé- est le symbole de l'enfant taux. philosophique, né de Jupi- OROGAMO. Or, se- ter, ou de la matiere par- lon Rulland. venue à la couleur grise; de ORPHE'E, fils d'Apol- Neptune, ou de la mer des lon & de la Nymphe Cal- Philosophes, & du Mercure liope; selon quelques-uns, des Sages. La chasse à la- fils d'Oeagre & de Polymi- quelle il s'adonne, est la vo- ne, pere de Musée, & dis- latilisation de la matiere; & ciple de Linus. Mercure fit la mort que Diane lui donne, présent à Orphée de la lyre, est la fixation d'Orion, ou dont il jouoit avec tant de de la matiere volatilisée, & perfection, que les fleuves qui se fait quand la couleur s'arrêtoient dans leur course blanche, appellée Diane, pour l'entendre; les rochers paroît. s'animoient, & le suivoient; ORITHYE, fille d'E- les tigres & les autres ani- recthée, fut enlevée par Bo- maux féroces s'apprivoi- rée, & de leur commerce soient, toute la Nature de- nâquirent Calaïs & Zéthus, venoit sensible au son de la qui accompagnerent Jason à lyre d'Orphée. la conquête de la Toison Il se perfectionna dans les d'or. Quand ils furent arri- sciences par la fréquentation Z iij

358 OR OR des Prêtres d'Egypte, qui les autres femmes; & les lui dévoilerent tous les mys- Bacchantes pour s'en ven- teres d'Isis & d'Osiris qui ger, le mirent en pieces. leur étoient confiés, & il en Voyez les Fables Egypt. & rapporta les fables & les so- Grecq. dévoilées, liv. 3. lemnités qui furent adoptées ORPHNE'. Nom d'un dans la Gréce. Mais Orphée des chevaux qui traînoient en communiquant à son pays le char de Pluton. Voyez les connoissances qu'il avoit Abaster. acquises en Egypte, il s'ac- ORPIMENT. Soufre des commoda aux notions de ses Philosophes caché dans leur compatriotes, & s'y rendit mercure, pris pour la se- respectable en leur persua- mence masculine & agente. dant qu'il avoit découvert Ils entendent souvent sous les secrets des Dieux & de le nom d'orpiment le soufre la Nature, avec l'art de gue- philosophique parfait, c'est- rir les malades. à-dire, la pierre au blanc Il épousa Eurydice, & ou au rouge; quelquefois la l'aima si passionnément, que matiere même du magistere la mort la lui ayant enlevée, avant sa préparation, com- il fut la chercher dans les me on peut le voir dans l'ar- Enfers. Pluton & Proserpine ticle arsenic. se laisserent toucher aux ten- ORUS, fils d'Isis & d'O- dres sons de la lyre d'Or- siris, selon les Egyptiens, phée, & lui permirent d'em- Diodore dit qu'Orus ayant mener avec lui sa chere Eu- été tué par les Titans, Iris rydice dans le séjour des vi- l'avoit ressuscité & rendu im- vans; mais à condition qu'el- mortel. Orus, selon les An- le le suivroit, & qu'il ne ciens, n'étoit autre qu'A- tourneroit pas la tête jusqu'à pollon: sa mere Isis lui avoit ce qu'elle fût arrivée sur la appris l'art de deviner & de terre. Orphée n'eut pas assez guerir toutes les maladies. de patience, & son amour Cet Orus, selon les Philo- ne lui permit pas d'être privé sophes Hermétiques, comme si long-tems de la vûe de le dit Michel Majer dans son son épouse; il regarda der- Arcana arcanissima, est cet riere lui; Eurydice lui fut enfant philosophique né de enlevée de nouveau, & il Gabritius son pere & de Beia la perdit pour toujours. Or- sa mere, ou si l'on veut d'I- phée méprisa ensuite toutes sis & d'Osiris, de Jupiter

OS OS 359

& de Latone, le trésor des le même que Bacchus chez Egyptiens, pour l'amour du- les Grecs, & qu'Adonis chez quel ses ayeux entreprirent les Phéniciens. tant de voyages & de tra- Les Philosophes Hermé- vaux, & par le moyen du- tiques disent qu'il faut en- quel les hommes font de si tendre toutes les fables des grands prodiges. C'est en Egyptiens dans un sens bien deux mots l'or philosophi- différent de celui qu'elles que, & la médecine univer- présentent d'abord à l'esprit. selle. V. les Fables Egypt. Ils n'avoient inventé tous ces & Grecq. dévoilées, liv. 1. noms & ces fables, que pour chap. 5. cacher au vulgaire le secret OSATIS. Guede, Pas- de la véritable maniere de tel. faire de l'or & la médecine OSCIEUM. Plante ap- universelle. Isis & Osiris pellée Ache. sont donc la vraie matiere OSIRIS. Dieu des Egyp- de cet Art mystérieux; cette tiens, fils de Saturne, épou- matiere est androgyne; ils sa sa soeur Isis, & se rendit l'appellent aussi la lune & recommandable aux peuples le Soleil, le soufre & le mer- sur lesquels il regnoit, par cure, le frere & la soeur, &c. des bienfaits sans nombre. Il En comparant l'oeuvre à la fit un voyage dans les In- conception des animaux, des, pour apprendre aux qui ne peut se faire sans la habitans de ces contrées l'art jonction du mâle & de la de cultiver la terre. A son femelle; il se trouve dans retour Typhon son frere le leur matiere rebis, l'agent & fit périr, & coupa son corps le patient, d'où naît enfin un en morceaux. Isis ramassa fils plus beau, plus puissant les membres dispersés, les que ses parens; c'est-à-dire enferma séparément dans l'élixir, & l'or qui a la pro- différens cercueils, & les priété de transmuer les au- donna en garde aux Prêtres tres métaux en or, ce que du pays, instruits par Mer- n'auroit pu faire la matiere cure, & leur défendit sous avant sa préparation. Mich. peine de la vie de divulguer Majer. le lieu de la sépulture d'O- On lui avoit donné ce siris. nom d'Osiris, parce qu'il Osiris étoit chez les Egyp- signifie feu caché, principe tiens le symbole du Soleil, actif & vivifiant de la Na- Z iv

360 OS OT OU

ture. C'est pourquoi on le OTAP. Sel armoniac disoit être le même que le rougi par l'eau de Colcho- Soleil, à cause du principe tar. de chaleur & de vie que cet OTER. Lorsque les Phi- astre répand dans tous les losophes disent qu'il faut ôter êtres de l'Univers. La vie ou mettre, ils n'entendent fabuleuse d'Osiris est une pas qu'il faille diminuer ou allégorie des opérations re- ajouter quelque chose dans quises de la Philosophie Her- le vase; mais seulement qu'il métique, & une exposition faut continuer à cuire la ma- de tout ce qui se passe dans tiere, parce qu'elle se dis- le cours de ces opérations. sout, elle se purifie, se pu- Voyez les Fictions Egypt. tréfie, se congéle, se coa- & Grecques dévoilées, li- gule, se noircit, se blanchit vre 1 chap. 2. & 3. & fait toutes ses opérations OSEMUTUM. Fil de d'elle-même, sans que l'Ar- fer. tiste y mette la main. OSMUNDA. Espece de OTHAN. Mercure des fougere appellée Fougere Philosophes. royale. OTHUS & EPHIAL- OSOROR. Opium. TE, Géans, fils de Nep- OSSA. Montagne de tune & d'Iphidamie, femme Thessalie, que la Fable dit d'Aloeus. Les Poëtes ont avoir autrefois fait partie du feint qu'en neuf ans ces deux Mont-Olympe, & qu'Her- Géans avoient cru de la gran- cule l'en sépara pour donner deur & de la largeur de neuf passage au fleuve Pénée. Le journaux de terrein. Ils fu- Mont-Ossa étoit le lieu où rent assez téméraires pour les Centaures & les Géans combattre les Dieux, Apol- faisoient leur séjour. Voyez lon les fit périr à coups de les Fables Egypt. & Grec- fléches. Homere, liv. II. ques dévoilées. de son Odyssée. Voyez les OSSAPARALELLI. Fables Egypt. & Grecques Spécifique pour la goutte. dévoilées, liv. 3. chap. 7. Planiscampi. & 13. OSTRUTIUM, ou AS- OUBELCORE. Cucur- TRANTEA, ou MAGIS- bite. TRANTIA. Impératoire. OUVRAGE DE PA- OSYRIS. Plante connue TIENCE. C'est le grand sous le nom de Linaire. oeuvre, ainsi nommé, parce

OU OU OX 361 qu'il est extrêmement long ner en suivant les procédés à faire. C'est pourquoi les simples de la Nature. Faut- Philosophes recommandent il tant de fourneaux, tant tous d'avoir de la patience, de vaisseaux, tant d'opéra- & de ne point se rebuter tions, pour réduire une ma- par la longueur du tems; tiere solide en eau sans ad- que toute précipitation vient dition, & la remettre en- du démon; que la Nature suite en terre sans y rien a ses poids, ses mesures & ajouter; la réduire de nou- son tems déterminé pour par- veau en eau avec addition, venir à ses fins. la remettre encore en terre OUVRAGE DE FEMME. sans addition; enfin résou- Les Philosophes disent pres- dre & coaguler? Voilà tout que tous, que le grand oeu- l'oeuvre, à laquelle il n'est vre est un ouvrage de femme pas possible de parvenir par & un jeu d'enfans, pour signi- les calcinations, les réver- fier la facilité de parfaire la bérations, les solutions, les pierre à ceux qui sont ins- distillations, les sublima- truits des opérations. Et la tions, les cohobations, & les chose est vraie sans doute; autres opérations sans nom- car si elle eut été bien diffi- bre de la Chymie vulgaire. cile, ils ne se seroient pas OUVRIR. Dissoudre la tant appliqués à les cacher. matiere, faire les corps mols Plusieurs disent même que & fluides. Les Philosophes s'ils les disoient ouverte- envieux, dit Flamel, n'ont ment & clairement, on se jamais parlé de la multipli- mocqueroit d'eux; & que cation que sous ces com- si l'on venoit à les en croire muns termes de l'Art, ou- sur leurs paroles, les plus vre, ferme, lie, délie. Ils stupides mêmes laisseroient ont appellé ouvrir & délier leurs métiers & leur pro- faire le corps mol & fluide fession pour entreprendre comme de l'eau, & fermer de faire la pierre philoso- ou lier, le coaguler par une phale. En effet, il suffit pour décoction plus forte. réussir de prendre une ma- OXATIS. Oseille. tiere que la Nature a laissée OXELEUM. Vinaigre imparfaite, une matiere vile battu avec de l'huile. & méprisée de tout le mon- OXOS. Vinaigre. de, que les insensés foulent OXYACANTHA. Ber- aux pieds; & la perfection- beris.

362 OX OY PA

C'est aussi le nom de l'ar- PACHUNTICA. Ingré- brisseau appellé Aubépine. diens qui épaississent, qui OXYCROCEUM. Mé- donnent de la consistence à dicament composé de vinai- un médicament. Quelques gre, de safran & de quel- Philosophes ont donné le ques autres drogues. nom de Pachunticum au OXYDERCICA. Col- soufre des Sages, parce qu'il lyres ou remedes propres à coagule, & fixe leur mer- aiguiser la vue. cure. OXYGALA. Lait aigri. PACTOLE. Fleuve de OXYLAPATHUM. Pa- Lydie, qui prend sa source relle. au Mont-Tmolus. Les An- OXYRHODINUM. ciens disoient que les eaux Vinaigre rosat. de ce fleuve rouloient des OXUS. Plante appellée paillettes d'or, & qu'il avoit Tresse, Alleluya, Pain de reçu cette propriété de Mi- cocu. das qui s'y lava, pour se dé- OXYTRIPHYLLUM. barrasser du don funeste que Treffle acide: ainsi appellé Bacchus lui avoit fait de de ce qu'il a un petit goût changer en or tout ce qu'il aigrelet, & qu'il est à trois toucheroit. Voyez les Fables feuilles comme le treffle Egypt. & Grecques dévoi- commun. lées, liv. 2. chap. 5. OYE D'HERME'S. POEON. Médecin qui Mercure des Philosophes. guerit Pluton de la blessure OYE D'HERMOGE^- que lui fit Hercule, lorsque NE. Matiere de la pierre ce Dieu des Enfers l'attaqua volatilisée aprés la noirceur. dans le tems qu'il nettoyoit OYSEAU. Voyez Oi- l'étable d'Augias. C'est de seau. ce Poeon que la plante con- OZO. Arsenic. nue sous le nom de pivoine en françois, a été appellée

P. poeonia en latin. PAILLE DU POULET. P. Veut dire en Chymie Flamel dit lui-même qu'il a & en langage de Mé- donné ce nom à la cendre decins, une poignée. de l'écuelle sur laquelle est P. AE. \ posée le vase des Philoso- PAR. > Parties éga- phes. PART. AEQ. / les. PAJON. Bézoar.

PA PA 363

PALAMEDE, fils de réussir en mêlant dans le Nauplius, Roi de l'isle d'Eu- vase deux matieres de dif- boée, encouru la haine & férentes natures, contre le l'aversion d'Ulysse, au point sentiment de tous les Philo- que celui-ci le fit lapider par sophes. Palaméde ou l'Art, les Grecs. Ulysse feignit d'ê- du grec Palame, lui mit de- tre insensé pour ne pas aller vant les yeux son fils encore à la guerre de Troye, & jeune, qui par son nom lui attela pour cet effet deux fit entendre qu'il étoit bien animaux de différentes es- éloigné de réussir à ce qu'il peces, avec lesquels il la- se proposoit. Ulysse aussi- bouroit les bords de la mer, tôt s'apperçut de son erreur, & y semoit du sel au lieu de quitta sa charrue mal atte- grains. Palaméde mit devant lée, suivit les Grecs, ou la la charrue Télémaque en- véritable voie qui conduit à core dans le bas âge. Ulysse la perfection de l'oeuvre, arrêta sa charrue pour ne pas & y réussit par la prise de blesser son fils, & fit con- Troye; entreprise dont il noître par cette attention ne seroit jamais venu à bout qu'il n'étoit pas aussi insensé s'il n'eût fait lapider Pala- qu'il vouloit le faire croire. méde, c'est-à-dire, s'il n'eût Ulysse partit donc avec les enterré l'or philosophique autres Princes Grecs, & se dans le vase représenté par vengea de Palaméde, en la tente, pour fixer le mer- supposant que celui-ci étoit cure signifié par les Grecs. d'intelligence avec Priam. Il PALE'MON, fils d'A- fit enterrer pour cet effet une thamas & d'Ino, s'appelloit somme d'argent dans la tente premierement Mélicerte; de Palaméde, & fit inter- mais il prit le nom de Pa- cepter une lettre supposée lémon, après qu'il eût été de Priam. Les Grecs don- mis au nombre des Dieux nerent dans le piége, & la- marins. Voy. Mélicerte. piderent Palaméde. PALET. Espece de car- Toute cette fiction n'a reau ordinairement de pier- d'autre but que de nous ap- re, quelquefois de bois, ou prendre qu'Ulysse au lieu de de fer, avec lequel on jouoit travailler sur la véritable ma- anciennement. Les palets tiere de l'oeuvre atteloit deux étoient fort grands & fort animaux de différentes es- pesans, & il en arrivoit quel- peces, c'est-à-dire, croyoit quefois des accidens funes-

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tes. Ce fut d'un coup de ces se saisit de ce Géant & l'é- palets qu'Apollon tua le jeu- corcha. ne Hyacinthe, & Persée son PAN, fils de Mercure & grand-pere Acrise. Voyez de la Nymphe Dryops, se- Acrise & Hyacin- lon Homere, de Mercure the. & de Pénélope, suivant Hé- PALLADIUM. Petite fi- rodote, du Ciel & de la gure de Pallas, de trois cou- Terre, suivant d'autres, étoit dées de haut, tenant une un des plus grands Dieux lance de la main droite, & des Egyptiens, qui le re- de la gauche une quenouille gardoient comme le pere de & un fuseau. Les Poëtes ont la Nature. Ils le représen- feint qu'elle étoit tombée du toient sous la figure d'un ciel dans la ville de Troye, bouc. Voyez le premier li- & que cette ville ne seroit vre des Fables Egypt. & jamais prise par les Grecs, Grecques dévoilées. s'ils ne s'emparoient d'abord PANACE'E, étoit une de cette figure. Les Alchy- des Divinités de la Méde- mistes disent qu'elle est le cine: elle a donné son nom symbole des qualités que aux remedes spécifiques pour doit avoir l'Artiste qui en- un grand nombre de mala- treprend le grand oeuvre; la dies. La panacée universelle prudence, la subtilité d'es- est un des résultats de l'oeu- prit, la connoissance de la vre Hermétique, & celui-là Nature & la science de cet seul que les anciens Philo- art. Voy. les Fables Egypt. sophes se sont d'abord pro- & Grecq. dévoilées, liv. 6. posé. Il est vraisemblable Fatalité 3. que la transmutation des PALLAS, Déesse des métaux n'étoit pas leur pre- Arts & des Sciences, née mier objet, & que la ré- du cerveau de Jupiter, par flexion seule sur la force & le coup de hache que lui les propriétés de leur méde- donna Vulcain. C'est elle cine, la leur fit envisager qui favorisa toujours Her- comme propre à produire cule & Ulysse dans tous cet effet qui réussit selon leurs exploits. Voyez Mi- leurs espérances. Voyez le nerve. Discours préliminaire à la Pallas est aussi le nom tête du Traité des Fables d'un des Géans qui firent la Egyptiennes & Grecques guerre à Jupiter. Minerve dévoilées.

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PANCHYMAGO- fit présent à Pandore d'une GUM. Sublimé doux. boëte fermée, pleine de tou- PANCRACE. Un des tes sortes de maux, & l'en- exercices des Jeux des an- voya à Epiméthée, frere ciens Grecs. On l'appelloit de Prométhée, qui eut l'im- aussi la lutte. Hercule de- prudence de l'ouvrir. Tous meura vainqueur à tous les ces maux prirent l'essor, & Jeux, comme on peut le voir il n'eut que l'adresse d'y re- dans le livre 4. des Fables tenir l'espérance. Prométhée Egyptiennes & Grecques à qui Jupiter avoit d'abord dévoilées. envoyé Pandore, se défia PANDATOEA. Elec- du piége qu'on lui tendoit, tuaire solide. & ne voulut pas la recevoir PANDALITIUM. Pa- pour sa compagne. C'est naris. pourquoi Jupiter envoya PANDEMIQUE (Ma- Mercure pour attacher Pro- ladie), est celle qui attaque méthée sur le mont Cau- indifféremment tout le mon- case, où un vautour devoit de: c'est à peu près la mê- lui ronger le foye perpétuel- me chose qu'épidémique. lement. V. Prométhée. PANDORE. Hésiode a PANNUS. Tache na- feint qu'elle étoit la plus turelle de la peau, appor- belle & la premiere femme tée en naissant, ou survenue du monde. Vulcain, dit-il, par l'effet de quelque ma- la fabriqua, & après qu'il ladie. l'eut animée, il la présenta PANTORE'E ou PAN- aux Dieux, qui en furent si TAURE. Nom que les émerveillez, qu'ils s'empres- Brachmanes donnoient à la serent tous de la décorer de matiere du grand oeuvre. ce qu'ils avoient de plus Comme si l'on disoit toute excellent. Vénus lui fit part or. Apollonius de Thyame de sa beauté, Pallas de sa rapporte beaucoup de cho- sagesse, Mercure de son élo- ses que les Brachmanes lui quence, Apollon de la mu- avoient appris de cette pré- sique, Junon de ses riches- tendue pierre, qu'ils disoient ses, & ainsi des autres. Ju- avoir la vertu de l'aiman. piter irrité contre Prométhée Voyez Michel Majer, au de ce qu'il avoit enlevé le premier & au sixiéme livre feu du ciel, fit servir cette de sa Table dorée. Il n'est pas femme à sa vengeance, il nécessaire, dit-il, d'aller

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chercher cette pierre aux In- de la Médecine, & en publia des, depuis que les volatiles pour cet effet des principes nous l'apportent. V. Vo- très-simples, dont il paroît latiles. qu'il avoit une très-grande PAON. Oiseau consacré connoissance. Il fit toujours à Junon. La Fable dit que des cures admirables des cette Déesse jalouse deman- maladies-mêmes les plus dé- da à Jupiter la Nymphe Io sespérées. Cette nouveauté, changée en vache, & après sa science & ses succès lui l'avoir obtenue, elle la donna firent beaucoup de jaloux, en garde à Argus qui avoit par conséquent un grand cent yeux. Jupiter chargea nombre d'ennemis. Ses ou- Mercure de le défaire de ce vrages écrits en style méta- gardien importun. Mercure phorique, sont aujourd'hui le fit en effet périr, & Junon devenus presque inintelligi- transporta ses cent yeux sur bles, malgré les clefs qu'on la queue du paon. Voyez a eu soin de mettre à la fin. Argus. Les Philosophes On a cependant deviné un Hermétiques disent que cette grand nombre de ses reme- fable est une allégorie de l'é- des, qui sont encore aujour- tat de la matiere de l'oeuvre d'hui en usage. Il a souvent au moment où les couleurs changé les noms des ingré- de la queue de paon se ma- diens, & en a substitué de nifestent sur sa superficie. barbares & inconnus à ceux PAPHUS, fils de Pyg- sous lesquels on les connois- malion & de la Statue que soit ordinairement. Comme ce célébre Statuaire avoit cet Auteur est souvent entre faite. V. Pygmalion. les mains de ceux qui s'ap- PARACELSE. Célébre pliquent à l'étude de la Phi- Médecin Allemand qui vi- losophie Hermétique, j'ai cru voit vers la fin du XVIe sié- devoir leur rendre le service cle. On a de lui un grand d'expliquer dans ce Diction- nombre d'ouvrages sur des naire la plupart de ces noms matieres Philosophiques, barbares, d'après Beccher, Métallurgiques & Médeci- Johnson, Rullandus & quel- nales. On le croit disciple ques autres Auteurs. La Mé- de Basile Valentin, Reli- decine Paracelsique est la gieux Bénédictin d'Allema- même que la Médecine Her- gne. Paracelse voulut réfor- métique, si nous en croyons mer la théorie & la pratique Blanchard.

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PARADISI GRANA. voient parmi les Bergers & Cardamome. les habitans du mont Ida. La PARALYSIS HERBA Discorde qui ne fut point ou PARALYTICA. Pri- appellée avec les autres mevere. Dieux & Déesses aux no- PARDALIANCHES. ces de Pélée & de Thétis, Aconit. jetta au milieu du repas une PAREGORIQUE (Mé- pomme d'or, sur laquelle dicament), est celui qui a étoit écrit: pour la plus belle. une propriété anodine & Junon, Pallas & Vénus pré- adoucissante, qui appaise les tendirent chacune en parti- douleurs, tel est le baume culier que cette pomme leur tranquille. appartenoit. Les Dieux ne PARIS, fils de Priam voulant pas se porter pour Roi de Troye. Sa mere Hé- Juges dans cette dispute, Ju- cube étant enceinte de lui, piter ordonna que le juge- songea qu'elle avoit conçu ment en seroit déféré à Pâris. une torche allumée qui de- Mercure fut député pour l'en voit embraser toute l'Asie. avertir, & les trois Déesses L'Oracle consulté, répondit se présenterent devant notre qu'elle mettroit au monde Berger. Chacune chercha à un fils qui seroit la cause de le gagner par les promesses la ruine totale de son pays. les plus flatteuses. Junon lui Priam pour éviter ce désas- offrit des richesses immen- tre, fit exposer le nouveau ses, Pallas lui promit la sa- né, pour qu'il fût dévoré par gesse, & Vénus le tenta en les bêtes, mais Hécube le fit lui promettant de le mettre enlever, & le confia aux en possession de la plus belle Bergers du mont Ida pour femme du monde. Pâris, être élevé parmi eux. On le après avoir bien examiné les nomma Alexandre. Devenu Déesses, adjugea la pomme grand il fut épris des appas à Vénus, qui lui tint parole. de la Nymphe Oenone, de Pâris se fit ensuite reconnoî- laquelle il eut deux enfans. tre à Troye pour fils de Pâris (c'est ainsi qu'on l'ap- Priam, & fit après cela un pella dans la suite) se fit une voyage à la Cour de Méné- réputation de droiture & de las Roi de Sparte, & y étant probité dans ses jugemens, devenu amoureux d'Hélene, qui le faisoit choisir pour ar- qui en étoit Reine, Vénus bitre des différends qui s'éle- lui procura les moyens de

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l'enlever; ce qu'il fit, & les raisons dans le 3e livre, l'emmena à Troye. Méné- chap. 14. §. 3. des Fables las intéressa tous les Princes Egypt. & Grecq. dévoilées. Grecs pour venger l'affront PARONYCHIA. Petite qu'il avoit reçu de Pâris, & plante, qui peut-être a été se mit avec son frere Aga- nommée ainsi des mots grecs memnon à la tête d'une ar- para & onux, près de l'on- mée formidable, pour re- gle, comme si l'on disoit: demander Hélene. Priam Herbe propre à guérir les l'ayant refusée, les Grecs maux qui viennent auprès firent le siége de Troye, qui des ongles. dura dix ans. Pâris se trouva Paronychia est aussi le aux mains avec Ménélas nom qu'on a donné au mal pendant le siége, & Venus qui vient au bout des doigts, voyant son protégé plus foi- appellé autrement Panaris. ble, l'enleva du milieu du PARQUES, Déesses au combat. Hector son frere nombre de trois, préposées ayant été tué par Achille, pour exécuter les destinées & celui-ci étant entré dans des hommes, & disposer de le temple d'Apollon pour se la vie des humains à leur gré. marier avec Polyxene, Pâris Hésiode les dit filles de Ju- lui décocha une fléche, qui piter & de Thémis, d'autres atteignit ce Héros au talon, de l'Erebe & de la Nuit. Se- seul endroit où il n'étoit pas lon Orphée, elles font leur invulnérable. Achille mou- séjour dans une caverne obs- rut de la blessure; & Pyrrhus cure, & vivent de très-bon son fils blessa à son tour Pâ- accord. Elles sont nommées ris, qui fut rendre les derniers Clotho, Lachésis, Atropos. soupirs entre les bras d'Oe- Lachésis, la plus jeune, tient none. Quelques-uns disent une quenouille qui repré- qu'il mourut d'une fléche sente la destinée des hom- empoisonnée d'Hercule que mes; Clotho file, & Atropos Philoctete lui tira. Voyez le coupe le fil, quand le mo- 6e livre des Fables Egypt. ment de la mort est venu. & Grecq. dévoilées, ch. 3. La premiere préside à la nais- & suiv. sance, la seconde à la vie, & PARNASSE. Montagne l'autre donne la mort en cou- sur laquelle la Fable dit que pant le fil. Elles suivent les les Muses & Apollon fai- ordres du Destin; & on les soient leur séjour. Voyez-en nommoit aussi Gardiennes des

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des Archives des Dieux. que le mercure est la femelle Voyez les Fables Egypt. & & la mere des métaux, & Grecques, liv. 3. chap, 6. que le soufre en est le pere, & liv. 4. chap. 3. à cause de sa qualité chaude PARTHENIA ou PAR- & coagulante. THENOS. Surnom de Mi- PATIENCE. L'ouvrage nerve. de la pierre est, disent les PARTIE AVEC PAR- Sages, un ouvrage de pa- TIE. Mêlange d'or & d'ar- tience, à cause de la longueur gent. Paracelse. du tems & du travail qu'il PARTIE UNE. Ma- faut pour le conduire à sa gistere au rouge. perfection. C'est pourquoi PASIPHAE'. Fille du Géber dit que nombre d'Ar- Soleil & de Perséis, & fem- tistes l'ont abandonné par me de Minos Roi de Créte. ennui; d'autres par la même Elle devint amoureuse d'un raison ont voulu le précipi- taureau, & Dédale lui pro- ter, & n'ont pas réussi. cura les moyens de satisfaire PATIENT. Substance sa passion. Elle en conçut un sur laquelle agit une autre monstre qui fut nommé Mi- substance, pour parvenir à la notaure; Minos le renferma génération de quelque mix- dans le labyrinthe que Dé- te. Le mercure est le patient dale avoit construit, & Thé- dans l'oeuvre de la pierre, & sée tua ce monstre. Voyez le soufre avec le feu sont les Minos, Thésée, Mino- agens. taure. PATROCLE, fils de PASSERINA. Plante Ménétius & de Sténélé; connue sous les noms Alcine, étant encore enfant il tua le Morgeline. fils d'Amphidamas, & se PASSIF. Qui semble ne sauva dans la Phthie, où Pé- pas agir, qui reçoit l'action lée le reçut & le mit avec de l'agent. Les Philosophes son fils Achille sous la disci- se servent quelquefois de ce pline du Centaure Chiron. terme au lieu de celui de C'est de là que se noua cette patient, qui veut dire la mé- liaison intime entre Achille me chose. V. Patient. & Patrocle, qui dura jusqu'à PATER METALLO- la mort de celui-ci. Hector RUM. C'est le soufre, ainsi l'ayant tué au siége de Troye, nommé de ce que les Phi- Achille qui avoit résolu de losophes Hermétiques disent ne point combattre pour les A a

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Grecs, ne put résister au de- Mont Hélicon, y frappa du sir de venger la mort de son pied un rocher, d'où il sor- ami. Il fit tréve alors avec tit aussi-tôt une fontaine qui la colere qu'il avoit conçue fut nommée Hippocrene. contre Agamemnon, de ce Pallas donna Pégase à Bel- qu'il lui avoit enlevé sa chere lerophon, pour aller com- Briséis. Thétis lui donna de battre la Chymere, & par nouvelles armes à la place son moyen il la vainquit. de celles qu'il avoit prêtées Voyez Méduse, Belle- à Patrocle, & qu'Hector lui rophon. avoit enlevées. Il fit d'abord PEGERNUS. Mer- les funérailles de son ami, & cure des Sages. ne cessa pas de combattre PELE'E, fils d'Eaque qu'il n'eût tué Hector. Voy. & de la Nymphe Egine, les Fables Egypt. & Grec- épousa Thétis, & la rendit ques dévoilées, Liv. 6. mere d'Achille. Voyez les PAULADADA ou Fables Egypt. & Grecques PAULADADUM. Es- dévoilées, Liv. 6. ch. 2. péce de terre sigillée, qui PE'LE DE FER. Ma- se trouve en Italie. tiere de l'oeuvre en putré- PAVOT des Philoso- faction. phes. Pierre parfaite au rou- PELIAS, fils de Nep- ge, ainsi nommée de ce qu'el- tune & de Tyro, frere d'E- le a la couleur des pavots son, Roi de Thessalie, con- des champs. çut une grande aversion con- PEDASE, l'un des che- tre Jason son neveu, & l'en- vaux d'Achille, né de Zé- voya à la conquête de la phir & de la cavale Podan- Toison d'or, pour l'exposer ge; c'est pourquoi Homere à périr, & se défaire de lui. dit que sa course égaloit celle Pélias fit mourir Eson. Mé- du vent. duse pour venger Jason con- PEGANUM. Plante tre Pélias, engagea les filles appellée Rhue. de ce dernier à le couper en PEGASE. Cheval aîlé, morceaux, & à les faire cui- né, selon les uns, de Nep- re dans un chaudron, leur tune & de Méduse, &, sui- ayant persuadé qu'il ressus- vant les autres, du sang seul citeroit plus jeune & dans de Méduse, sorti par la bles- toute sa vigueur. Elles le sure que lui fit Persée. Pé- firent, mais il ne ressuscita gase s'étant envolé sur le pas, Voy. les Fables Egypt.

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& Grecques, Liv. 2. ch. 1. PENE'E, fils de l'Océan PELION. Montagne & de Thétis, étoit un fleuve de Thessalie, appellée aussi de Thessalie; il épousa Créu- Ossa, dont voyez l'article. se, dont il eut Iphéus & PELLICULE. Ma- Stilbia. Apollon eut de cette tiere de l'oeuvre pendant Nymphe Centaurus & La- qu'elle est en putréfaction, pithus. Voyez Centaures. ainsi nommée de ce qu'il se PENELOPE, fille forme une pellicule sur sa d'Icare & de Péribée, eut superficie, noire & luisante Pan de son commerce avec comme de la poix fondue. Mercure. Elle épousa Ulysse, PELOPS, fils de Tan- & devint le modele de la tale & de Taygette, fut ser- chasteté conjugale. Harce- vi cuit dans le repas que son lée sans relâche par nombre pere fit aux Dieux. Cérès d'Amans, qui lui faisoient la fut la seule qui ne s'en ap- cour pendant qu'Ulysse étoit perçut pas; elle en détacha au siége de Troye, & son une épaule qu'elle mangea. absence assez longue, qui en Les Dieux, par pitié pour fut une suite, elle leur pro- Pélops, le ressusciterent, & mit de consentir à leurs dé- lui donnerent une épaule sirs aussi-tôt qu'elle auroit d'yvoire à la place de celle fini une toile qu'elle avoit que Cérès avoit mangée. commencée; mais la nuit Pélops devenu grand, fut elle défaisoit ce qu'elle avoit à la Cour d'Oenomaüs, & tressé pendant le jour. Elle combattit contre lui à la continua ce manége jusqu'au course du chariot, pour avoir retour d'Ulysse, qui les fit sa fille Hippodamie en ma- tous périr. Avant le siége riage. Cet Amant avoit ga- de Troye, Pénelope avoit gné Myrtile, cocher d'Oe- eu d'Ulysse un fils nommé nomaüs, qui ajusta son char Télémaque. de maniere qu'il se brisa dans L'histoire de Pénelope est la course, & Oenomaüs se le portrait des opérations tua. Pélops épousa Hippo- des mauvais Artistes, qui damie, & en eut Atrée & ne suivent pas la véritable Thyeste. Voyez les Fables voie qui conduit à la perfec- Egyptiennes & Grecques tion de l'oeuvre, & qui dé- dévoilées, Liv. 4. ch. 6. & truisent le soir les opérations Liv. 6. Fatalité 4. du matin. Ulysse est le mo- PELUDO. Miel cuit. déle des bons Artistes, qui A a ij

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détruisent à leur arrivée les Onguent ou baume propre opérations & les procédés à guérir les meurtrissures & mal concertés des mauvais les excoriations de la peau. Artistes. L'Odyssée d'Ho- PE'PANSIS. Cuisson mere est l'exposé des erreurs propre à donner de la per- où ils tombent à chaque pas fection à une chose, ou à en qu'ils font; & I'Iliade, ou corriger une qui est gâtée. l'histoire de la guerre de PEPANTIQUE. Pre- Troye, est la description de miere chaleur requise pour la conduite qu'il faut tenir digérer la matiere de l'oeu- comme Ulysse, pour parve- vre, & la disposer à la pu- nir au but que se propose un tréfaction pour une nouvelle véritable Philosophe. Voy. génération. les Fables Egyptiennes & PEPASTIQUE (on- Grecques dévoilées, L. 6. guent) est celui qu'on ap- PENTACULES. Ce pelle aussi maturatif, qui sont des espéces de sceaux, dispose & amene une tumeur sur lesquels sont gravés des à la supuration, en adoucis- lignes, des traits, des carac- sant & en appaisant la dou- téres inconnus, qu'on dit leur, comme si l'on disoit, avoir une propriété admira- un onguent qui mûrit par la ble pour guérir les maladies cuisson. pour lesquelles on les fait. \ espéce d'é- Ils sont composés des mé- PEPLION, \ sule, appel- taux qui ont un rapport aux PEPLIS, > lée réveille- signes & aux Planétes, sous PEPLUS, / matin des la domination desquels on / vignes. les grave. Voyez les Archi- Peplus, est aussi le doxes de Paracelse. nom qu'on donnoit autrefois PENTADACTYLON. à une robe blanche sans Palma Christi. manches, brochée d'or, sur PENTAMYRON. On- laquelle étoient représentés guent composé de cinq in- les actions & les combats de grédiens, sçavoir, de styrax Minerve, de Jupiter & des calamite, de mastich, d'o- Héros. On la portoit en pro- pobalsamum, de cire & d'on- cession comme une banniere, guent nardique. dans les fêtes des Panathé- PENTAPLEURUM. nées, ou instituées en l'hon- Grand plantin. neur de Minerve. PENTATHETON, PEPSIS. Voyez Fer-

PE PE 373 mentation. pendant seulement au col. PERCER avec la lance PERIAPTUM. Voy. ou avec la fléche, le javelot, Periamma. &c. C'est cuire la matiere de PERICLYMENUM. l'oeuvre avec le feu philoso- Chevrefeuille. phique, appellé lance, ja- PERICLYMENE, fils velot, &c. de Nélée, & frere de Nes- PERCIPIOLUM. Re- tor. Neptune lui donna le méde spécifique pour quel- pouvoir de prendre toutes que maladie. Blanchard. sortes de formes, pour se Planiscampi. soustraire aux poursuites de PERCOLATION. ses ennemis. Hercule ne s'y Vieux mot qui signifie filtra- laissa pas surprendre; & dans tion, pour clarifier une li- le tems que Periclymene, queur trouble & limoneuse, après avoir blessé Hercule, en la faisant passer tout dou- s'envoloit sous la forme d'ai- cement à travers un papier gle, Alcide lui décocha une de trace, ou une étoffe ser- fléche, qui le perça, & le rée. fit périr. PERDICIUM. Plante PERIMEDE, fille appellée Pariétaire. d'Eole, épousa le Fleuve PERDONIUM. Vin Achéloüs, & en eut Hippo- d'herbe. Planiscampi. damus & Orestée. PERE. Pierre des Phi- PERIMINEL. Opé- losophes, parvenue au rou- ration par laquelle on réduit ge; ou leur soufre, appellé une matiere en cendres. Pere, tant à cause qu'il fait L'autre s'appelle Adulplur, l'office de mâle dans la gé- quand on la réduit en sable nération de l'enfant hermé- fin. Ces deux opérations réu- tique, que parce qu'il est le nies, se nomment Agazoph. principe & comme le pere PERIPLOCA. Espé- de la teinture des Sages. Ils ce de convolvulus. disent aussi que le Soleil est PERIPHETE'S. Bri- le pere, & la Lune la mere gand d'Epidaure, qui avoit de la matiere de leur pierre. une massue pour armes. Thé- Hermès, Table d'émeraude. sée en passant par ce pays, PERIAMMA. Amu- fut attaqué par ce brigand. lete, ou médicament qu'on Thésée le combattit, & le dit guérir, ou du moins adou- tua. Ravi d'avoir gagné cette cir les maladies, en le sus- massue, il la porta toujours, A a iij

374 PE PE comme Hercule porta la peau d'Acrise. Celui-ci ayant été du lion de Némée. Voyez averti par l'Oracle que son Thésée. petit-fils lui ôteroit la vie, il PERISTERON. Ver- fit enfermer Danaé sa fille veine, plante que les An- dans une tour d'airain, afin ciens appelloient sacrée. de la mettre à l'abri des pour- PERLE des Chymistes. suites des hommes. Jupiter Rosée du printems, ainsi ayant été épris des charmes nommée de ce qu'elle se réu- de Danaé, se glissa dans la nit en gouttes qui ressem- tour sous la forme d'une pluie blent à des perles. Quel- d'or. Danaé se laissa gagner, ques Chymistes l'ont regar- & devint enceinte. Acrise dée comme la véritable ma- s'étant apperçu de la grosses- tiere de l'oeuvre hermétique; se de sa fille, la fit enfermer, & comme les Philosophes avec le fils qu'elle avoit mis disent qu'il faut deux matie- au monde, dans un coffre de res, l'une mâle, l'autre fe- bois, qu'il fit ensuite jetter à melle, ils ont donné le nom la mer. Les vagues jetterent de mâle à la rosée d'automne ce coffre sur les bords de l'Isle ou du mois de Septembre, de Sériphe, où régnoit Po- & celui de femelle à celle du lydecte; Dictys son frere mois de Mai; parce, disent- pêchoit alors, & retira le ils, que celle du printems coffre dans son filet. Il l'ou- participe plus du froid de vrit, y trouva Danaé & son l'hiver qui l'a précédée, & fils encore vivans; & ayant l'autre de la chaleur & du appris leur histoire, il les chaud de l'été. mena au Palais, où Poly- PERO, fille de Nélée decte les traita avec toutes & de Chloris, fut courtisée sortes d'humanité. Ce Roi ne de beaucoup d'Amans. Né- tarda pas à sentir les impres- lée déclara qu'il ne la don- sions des appas de Danaé, neroit en mariage qu'à celui & la sollicita avec toutes les qui enleveroit les boeufs instances possibles à satisfaire d'Hercule, & les lui amene- ses desirs amoureux. Danaé roit, Bias fils d'Amythaon, fut toujours rebelle; & Po- l'entreprit, & y réussit, aidé lydecte n'osant employer la de son frere Mélampe. Bias force à cause de Persée, qui épousa Péro. étoit toujours avec sa mere, PERSE'E, fils de Ju- il envoya ce jeune homme piter & de Danaé, petit-fils pour combattre Méduse, &

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lui en apporter la tête. Per- lydecte la vertu de la tête sée se mit en devoir d'exé- de Méduse, & le convertit cuter cette entreprise péril- en rocher. Persée fut ensuite leuse, & obtint pour cet ef- à Larisse, où il trouva Acrise fet le bouclier de Minerve, son ayeul; & y ayant insti- avec un miroir, les talon- tué des jeux & des réjouis- nieres aîlées de Mercure, & sances publiques pour mar- un cimeterre dont ce Dieu quer la joie qu'il avoit de lui fit aussi présent; Pluton revoir ce pays, il jetta mal- lui donna un casque & un heureusement son palet sur sac. Avec tout cet attirail, Acrise, qui périt de la bles- Persée alloit, dit Hésiode, sure. Persée mourut enfin, aussi vite que le vent, & vo- & fut placé dans la constel- loit aussi légerement que la lation qui porte son nom. pensée. Il parvint aux Gor- Voyez l'explication des cir- gones, & d'un coup de ci- constances de la vie de ce meterre il coupa la tête à Héros dans les Fables Egyp- Méduse, & la présenta à tiennes & Grecques dévoi- Minerve, qui lui avoit guidé lées, Liv. 3. ch. 14. §. 3. le bras. Du sang sorti de la PERSEPHONE. Voyez plaie nâquit Pégase, sur le- Proserpine. quel Persée monta; & vo- PETIGO. Plante ap- lant à travers la vaste éten- pellée Hépatique des bois. due des airs, il eut occasion PEUCE'. Arbre nommé. d'éprouver la vertu de la tête Pin. de Méduse avant son retour PEUPLIER. Arbre vers Polydecte. Andromede consacré à Hercule, parce avoit été exposée, attachée qu'il en cueillit quelques à un rocher sur le bord de branches, en allant aux En- la mer, pour être dévorée fers pour délivrer Thésée. par un monstre marin. Per- Voyez les Fables Egypt. & sée qui l'apperçut, présenta Grecques dévoilées, Liv. 5. la tête de Méduse au mons- ch. 22. tre, le tua, délivra Andro- PHACE'. Lentille, es- mede, & l'épousa. Ce Hé- péce de légume. ros passa de là en Maurita- PHAEDRE. Voyez nie, où il changea Atlas en Phedre. cette montagne qui porte PHAE'TON, fils du encore son nom. Arrivé à Soleil & de la Nymphe Cly- Sériphe, il fit éprouver à Po- mene, s'étant offensé de ce A a iv

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qu'Epaphe fils de Jupiter lui PHAE'TUSE, l'une reprochoit qu'il n'étoit pas des filles d'Apollon & de fils du Soleil, Clymene lui Clymene, soeur de Phaëton. conseilla, pour le prouver, Lampétie son autre soeur, d'aller trouver le Soleil, & avec Phaëtide, pleurerent si de lui demander la permis- amérement le malheureux sion de conduire son char sort de leur frere, que les un jour seulement. Il fut donc Dieux touchés de compas- trouver le Soleil, & lui fit sion, les convertirent en peu- tant d'instances pour l'en- pliers. gager à lui promettre de lui PHAGEDENA. Ulcere accorder une grace qu'il vou- rongeant; ce qui a fait ap- loit lui demander, que le peller Phagedenica les on- Soleil lui jura par le Styx de guens propres à ronger les ne pas la lui refuser. Phaë- chairs superflues. ton s'expliqua, & le Soleil PHALLUS. Représen- lui accorda la conduite de tations des parties du corps son char, après avoir fait son d'Osiris, qu'Isis ne put trou- possible pour le détourner ver. Voyez Osiris. On de cette folle entreprise, & portoit cette représentation lui avoir donné toutes les dans les solemnités instituées instructions nécessaires pour en leur honneur, & parmi éviter le péril qui le mena- les Grecs dans celles de Bac- çoit. A peine Phaëton eût- chus. Voyez Orgies, & il pris les rênes, que les che- les Fables Egyptiennes & vaux du Soleil sentant une Grecques dévoilées, Liv. 1. main moins propre à les & 4. ch. 1. conduire, coururent à leur PHANLEC. Fer ap- fantaisie, & ne prenant pas pellé Mars. le chemin ordinaire, ils s'ap- PHASIS. Fleuve de la procherent trop de la terre. Colchide, dans lequel pas- Cérès craignant un embra- serent les Argonautes. Voy. sement total, porta ses plain- le chap. 1. du Liv. 2. des tes à Jupiter, qui foudroya Fables Egyptiennes & Grec- aussi-tôt Phaëton, & le pré- ques. cipita dans le fleuve Eridan. PHE'BUS. Voy. Apol- Voyez l'explication de cette lon. Fable dans les Fables Egyp- PHEDRE. Fille de Mi- tiennes & Grecques dévoi- nos, & femme de Thésée, lées, Liv. 3. devint éperdument amou-

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reuse de son fils Hippolyte. Phenix, fils d'Amin- Ne pouvant le faire consen- tor, fut maudit par son pere tir à la passion, elle l'accusa pour avoir eu commerce avec auprès de Thésée d'avoir une de ses concubines, à la voulu attenter à son hon- persuasion de sa mere. Phé- neur. Thésée ayant ajouté nix se retira chez Pelée pere foi trop imprudemment, d'Achille, & devint le Men- chassa Hippolyte de sa mai- tor de ce dernier. Il l'accom- son, & pria Neptune son pagna à la guerre de Troye, pere de le venger de l'affront & y commandoit les Dolo- que ce fils avoit voulu lui pes. Il devint enfin aveugle, faire. Hippolyte se retiroit comme le dit Homere au sur son char, lorsqu'un mons- prem. livre de l'Iliade. Voy. tre marin fit peur à ses che- les Fables Egypt. & Grec- vaux, qui prirent le mors aux ques, liv. 6. dents, briserent le char à tra- PHEREPHATA. Nom vers les rochers, & firent de Proserpine. Voyez ce périr Hippolyte. Phédre re- qu'il signifie, liv. 4. chap. 3. connut sa faute, & se pendit des Fables Egypt. & Grec- de desespoir. Voyez les Fa- ques dévoilées. bles Egypt. & Grecques PHERES, fils de Jason Liv. 5. ch. 22. & de Médée, fut égorgé par PHELLODRIS & sa mere, pour se venger de PHELLOS. Liége. ce que Jason l'avoit aban- PHENIX. Oiseau fa- donnée pour en épouser une buleux consacré au Soleil. autre. Les Egyptiens feignoient que PHILADELPHUS. cet oiseau étoit rouge, qu'il Apparine, glouteron. étoit unique dans le monde, PHILANTHROPOS. & que tous les cent ans il Voyez Philadelphus. venoit dans la ville du So- PHILETO. Une des leil, où il se fabriquoit un Hyades. Voyez Hyades. tombeau d'aromates, y met- PHILOCTETE. Fils toit le feu, & renaissoit de de Poean, étoit si intime ami ses cendres. Le phénix n'est d'Hercule, que ce héros en autre que le soufre rouge des mourant sur le Mont Oeta, Philosophes. Voyez les Fa- lui fit présent de son arc & bles Egypt. & Grecques dé- de ses fléches, teintes du sang voilées, Liv. 6. ch. 5. fata- de l'hydre de Lerne, après lité premiere. l'avoir obligé par serment de

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ne revéler à personne le lieu la prise de cette ville, Ma- de sa sépulture, ni l'endroit chaon, fils d'Esculape, & où il auroit déposé ses flé- Médecin célébre, guérit Phi- ches. L'Oracle consulté sur loctete avec la rouille de la l'événement de l'entreprise lance d'Achille. Voyez l'ex- du siége de Troye, ayant plication de toutes ces cir- déclaré que cette ville ne constances dans les Fables pouvoit être prise sans qu'on Egypt. & Grecques dévoi- fit usage des fléches d'Her- lées, liv. 6. fatal. 2. cule, les Grecs découvri- PHILOSOPHE. Ama- rent que Philoctete en étoit teur de la sagesse, qui est ins- le dépositaire. Il étoit ami truit des secrettes opérations des Troyens; par consé- de la Nature, & qui imite quent difficile de le détermi- ses procédés pour parvenir à ner à fournir quelque chose produire des choses plus par- à leur desavantage. Ulysse faites que celles de la Na- fut choisi pour l'y engager, ture même. Le nom de Phi- & il y réussit. Philoctete ne losophe a été donné de tout voulant pas violer son ser- tems à ceux qui sont véri- ment, montra seulement du tablement instruits des pro- pied le lieu où étoient ces cédés du grand oeuvre, qu'on fléches. Ulysse l'engagea appelle aussi Science, & Phi- même à se joindre aux Grecs; losophie hermétique, parce mais en chemin faisant Phi- qu'on regarde Hermès Tris- loctete laissa malheureuse- mégiste comme le premier ment tomber une de ces flé- qui s'y soit rendu célébre. ches sur son pied, & la bles- Ils prétendent qu'eux seuls sure forma un ulcere si puant, méritent à juste titre ce nom que les Grecs, par le conseil respectable, parce qu'ils se d'Ulysse, abandonnerent Phi- vantent d'être les seuls qui loctete dans l'Isle de Lem- connoissent à fond la nature, nos. Les Grecs voyant qu'ils & que par cette connoissan- ne pouvoient réussir à pren- ce ils parviennent à celle du dre Troye sans les fléches Créateur, auquel ils rendent dont Philoctete étoit dépo- leurs devoirs & leurs hom- sitaire, députerent de nou- mages avec beaucoup d'at- veau Ulysse, qui l'amena au tention, d'amour & de res- siége de la ville. Dès que pect. Ils disent que cet amour Philoctete fut arrivé, il com- est le premier pas qui conduit battit Pâris, & le tua. Après à la sagesse, & le recom-

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mandent sans cesse à leurs mercure philosophique, par- disciples, qu'ils nomment ce que c'est par son moyen enfans de la Science. Voyez qu'on sépare le pur de l'im- le Discours préliminaire, & pur. Le Philtre est aussi l'A- le Traité hermétique à la tête zot des Sages, qui blanchit du premier volume des Fa- le laton ou le corps immon- bles Egypt. & Grecques dé- de, & le dépouille de ses voilées. impuretés. Cette Philosophie Egyp- PHILTRER. Voyez tienne est la source des Fa- Philtre. bles, & l'origine des Dieux PHINE'E, fils de Phé- physiques & astronomiques nix, Roi de Salmidesse, fut qui sont expliqués dans le puni d'aveuglement par les Traité que je viens de citer. Dieux, pour avoir fait cre- PHILOSOPHIE. Voyez ver les yeux à ses enfans. Philosophe. Ils le firent aussi tourmenter PHILTRATION. Ac- par les Harpyes, qui enle- tion par laquelle on purifie, voient ou gâtoient les vian- on clarifie une liqueur, en des qu'on lui servoit, Calaïs en séparant le subtil de l'é- & Zethus le délivrerent de pais, le terrestre & le gros- ces monstres, lorsqu'ils pas- sier du liquide, les féces de serent chez lui en allant à la la liqueur. Elle se fait en fai- conquête de la Toison d'or. sant passer une liqueur à tra- Phinée, par reconnoissance, vers un linge, un morceau enseigna aux Argonautes la d'étoffe, ou du papier sans route qu'ils devoient tenir, colle. pour arriver heureusement PHILTRE. En Chymie dans la Colchide, & pour vulgaire, c'est un morceau s'en retourner dans leur pa- d'étoffe ou de feutre, coupé trie. Voyez tout cela expli- & cousu en forme de cône qué chymiquement dans les creux & renversé, dans le- Fables Egyptiennes & Grec- quel on met une liqueur, ques dévoilées, liv. 2. ch. 1. pour la faire passer à travers, PHIOLE PHILO- afin de la clarifier. On le SOPHALE. C'est quel- fait aussi avec du papier gris, quefois le fourneau des Sa- ou du papier sans colle adap- ges, plus communément le té dans un entonnoir. Mais vase de terre, ou l'oeuf phi- en termes de Chymie her- losophal. métique, Philtre signifie PHIONITIE. Inimi-

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tié naturelle, ou antipathie avoir toujours un rocher sus- d'un animal ou d'un mixte pendu sur sa tête. Virgile contre un autre, telle que nous le donne pour le Pré- celle des chats contre les dicateur des Enfers. souris, des araignées contre .... Plegyas miserrimus les crapauds, des cicognes omnes contre les grenouilles, d'un Admonet, & magnâ testatur chien enragé contre l'eau, voce per umbras, d'un pôle de l'aiman contre Discite justitiam moniti & l'autre. Les Philosophes di- non temnere Divos. sent que leur Dragon a de la Aeneid. lib. VI. phionitie contre l'eau, & qu'il faut le forcer à en boire Inutile sermon, fait à des & à s'y laver, pour le dé- gens qui ne peuvent plus en pouiller de son écaille vieille profiter. & impure. Philal. Rull. L'histoire de Phlegyas n'est PHISON. Soufre des qu'une allégorie que l'on Philosophes ou magistere au trouve expliquée dans les rouge. Fables Egypt. & Grecques PHLE'GE'TON. L'un dévoilées, liv. 3. ch. 12. & des fleuves de l'Empire té- liv. 5. ch. 22. nébreux de Pluton. Voyez PHLOGIUM. Espece de Enfer. violettes, ainsi nommées de PHLEGME. Eau ou va- ce qu'on voit sur leurs fleurs peur qui s'éleve de la ma- quelques traits de couleur de tiere de l'oeuvre, & qui en feu. se cohobant d'elle-même, PHLOGISTIQUE. la blanchit. C'est pourquoi (Chymie.) Feu fixé & de- quelques Philosophes ont venu principe des corps. donné le nom de phlegme C'est la matiere inflamma- au mercure, & à la pierre ble, ou soufre principe. Le parvenue à la blancheur. phlogistique dans les métaux PHLEGYAS, fils de fait l'union de leurs parties, Mars, & pere d'Ixion & de puisqu'ils se convertissent en la Nymphe Coronis, ayant chaux dès qu'ils en sont pri- appris que sa fille avoit eu vés, & qu'on les réduit en- commerce avec Apollon, il suite à leur premier état en insulta ce Dieu qui le fit périr y ajoutant de nouveau phlo- à coups de fléches. Il fut con- gistique. De cette quantité de damné dans le Tartare à phlogistique plus ou moins

PH PH 381 grande ou du degré de co- bueroit une plus grande va- hésion des principes des mé- leur au fer qu'à l'argent, ou taux, l'on peut réduire leur au cuivre, puisqu'il résiste valeur rélative indépendante bien plus à la fusion que ces de celle que l'opinion leur deux métaux. L'excès de attribue; car plus ces subs- phlogistique produit dans les tances résistent au feu, plus métaux le même effet que elles ont de solidité, plus son défaut. Ils rendent l'un leur poli est éclatant. C'est & l'autre les matieres miné- donc de cette résistance que rales dures & intraitables au dépend le prix des métaux, feu. & non de leur rareté ou de Le phlogistique se trouve leur abondance. Aussi l'or dans tous les individus de la que le feu ne peut dompter, Nature. Dans l'animal ce & qui paroît avoir le moins phlogistique abonde dans les de phlogistique qu'il est pos- parties graineuses ou huileu- sible pour l'union de ses par- ses & qui sont les plus suscep- ties, est-il regardé comme le tibles d'inflammation. M. premier des métaux. L'ar- Wipacher (Dissertation im- gent que le feu ne pénétre primée parmi les Elémens qu'avec la plus grande diffi- de Chymie de Boerhave) re- culté, à moins qu'on n'y garde les esprits animaux ajoute du plomb, du borax, comme une matiere ignée, ou quelque sel alkali, suc- à laquelle il donne le nom céde immédiatement à l'or. de Phlogistique automate. Viennent ensuite le cuivre, Ce feu a été connu des an- le fer, l'étain, le plomb, le ciens comme des modernes, bismuth & le zinc. Au reste particulierement des Philo- par cette résistance, il ne faut sophes Hermétiques, qui en pas entendre celle que ces ont presque toujours parlé métaux opposent à leur fu- par allégories & par méta- sion, mais la constance avec phores, & lui ont presque laquelle ils persistent dans toujours donné les noms des leur état de fusion, avec le divers feux employés dans plus ou moins d'évaporation les opérations de la Chymie & de déchet; ou, si l'on vulgaire. Voyez à cet égard veut, la difficulté plus ou le traité de Physique géné- moins grande qu'ils ont à se rale, à la tête des Fables convertir en chaux ou en Egypt. & Grecques dévoi- scories: sans cela on attri- lées.

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PHOEBUS. Surnom d'A- Phryxus aborda heureuse- pollon. Voyez son article. ment en Colchide, où il PHOENIX. Voyez Phé- consacra son mouton à Ju- nix. piter, d'autres disent à Mer- Phoenix est aussi un des cure, d'autres à Mars. C'est noms du palmier qui porte la toison de ce mouton qu'on des dattes. appella dans la suite la Toi- PHORBAS, Chef des son d'or, pour la conquête Phlégiens, tuoit & massa- de laquelle Jason & les au- croit tous ceux qui lui tom- tres Argonautes s'exposerent boient sous la main. Apollon à tant de dangers. Voyez les le vainquit & le fit mourir. Fables Egypt. & Grecques PHORCYS, fils de dévoilées, liv. 2. chap. 1. & Neptune & de la Terre, de- liv. 4. chap. 9. vint pere des Gorgones, PHTA. Dieu des Egyp- Stheno, Euryale & Méduse. tiens, le même que Vulcain. V. Gorgones. PHTARTICUM. Mé- PHORGIS. V. Phor- dicament propre à corrom- cys. pre les chairs & à les faire PHOSPHORE ou Porte- venir à suppuration. lumiere, est un des noms que PHTEIROCTONON. les Philosophes ont donné Staphys agria ou Herbe aux au petit cercle blanc qui se poux. forme sur la matiere de l'oeu- PHTHORA. Le même vre quand elle commence à que Staphys agria. blanchir. Ils l'ont ainsi ap- PHTHIRION. Herbe pellé, parce qu'il annonce la aux poux. blancheur qu'ils ont nommée PHU ou PHY. Valé- lumiere. riane. PHRYXUS, fils d'Atha- PHYLLIRE. Nymphe mas & de Néphélé, voulant aimée de Saturne, de la- se soustraire avec Hellé sa quelle il eut le Centaure soeur, aux embuches que Chiron. Voyez Chiron. leur tendoit Ino leur belle- PHILLYTIS. Espece de mere, prirent le parti de se scolopendre. sauver en Colchide, & mon- PHYLLUM. Mercuriale. tés l'un & l'autre sur un mou- Blanchard. ton, ils s'exposerent aux va- PHYSALIS. Fleurs de gues de la mer. Hellé épou- lupin. vantée, tomba & se noya. PHYSALOS. Crapau.

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PHYTEUMA est une Saturne fut obligé de la vo- espece de plante de la classe mir. des linaires. Blanchard. Cette pierre devint très- PIED. Couper les pieds célébre dans l'Antiquité: les à Mercure; expressions qui Latins, suivant Priscien le veulent dire, fixer sa volati- Grammairien, la nommoient lité. Les Philosophes ont sou- Abadir; & les Grecs, si nous vent employé ces expres- en croyons Hésychius, Bae- sions, & Abraham Juif a tylos. On les croyait ani- représenté hiéroglyphique- mées, & on les consultoit ment dans sa premiere figure comme les Théraphims. Ces un Vieillard aîlé, la bouche pierres étoient rondes & béante, & une faulx à la d'une médiocre grandeur. main, qui paroît en action Isidore, ainsi qu'on le voit pour couper les jambes à un dans sa Vie écrite par Da- jeune homme sous la figure mascius, disoit qu'il y avoit de Mercure. des Baetyles de différentes PIERIE. Contrée de la sortes, que les uns étoient Macédoine, où les Muses consacrés à Saturne, d'autres habitoient; ce qui leur fit à Jupiter ou au Soleil, &c. donner le nom de Pierides. Voyez Saturne. PIERRE se dit, en ter- Pierre PHILOSO- mes de Science Hermétique, PHALE. Résultat de l'oeu- de tout ce qui est fixe, & ne vre Hermétique, que les s'évapore point au feu. Philosophes appellent aussi Pierre que Saturne Poudre de projection. On avala, & rendit ensuite, ne regarde la pierre philoso- signifie autre chose que la phale comme une chimere matiere fixe de l'oeuvre qui pure, & les gens qui la cher- se trouve dissoute & con- chent sont regardés comme fondue avec la volatile pen- des fous. Ce mépris, disent dant la putréfaction appellée les Philosophes Herméti- Saturne. Il la vomit, dit la ques, est un effet du juste Fable, & elle fut déposée jugement de Dieu, qui ne sur le mont Hélicon; parce permet pas qu'un secret si qu'après la putréfaction & la précieux soit connu des mé- dissolution, cette matiere vo- chans & des ignorans. Les latilisée se fixe de nouveau, plus célébres & les plus sça- & redevient pierre; c'est vans Chymistes modernes pourquoi la Fable dit que non seulement ne regardent

384 PI PI pas la pierre philosophale res. La pierre du premier comme une chimere, mais ordre est la matiere des Phi- comme une chose réelle. losophes parfaitement puri- Beccher, Stalh & nombre fiée & réduite en pure subs- d'autres l'ont défendue & tance mercurielle. La pierre soutenue contre les assauts du second ordre est la même répétés de l'ignorance, & matiere cuite, digérée & des gens qui pour l'ordinaire fixée en soufre incombusti- s'élevent contr'elle sans en ble. La pierre enfin du troi- connoître autre chose que le siéme ordre, est cette même nom. Voyez le Discours matiere fermentée, multi- préliminaire du Traité des pliée & poussée à la derniere Fables Egypt. & Grecques perfection de teinture fixe, dévoilées. V. Alchymie. permanente, & tingente. Pierre ADIZ. Sel ar- Triomphe Hermétique. moniac des Sages. Pierre ATTICOS. Pierre ANIMALE. V. Pierre Borique. Sang humain. On a aussi Pierre BE'NITE. Voyez donné ce nom aux différen- Pierre Parfaite. tes especes de Bézoards. Pierre BORIQUE. La- Pierre ARABIQUE. pis Borricus. Nom que les Rulland prétend que c'est le Sages ont donné à leur ma- Talc, qu'on appelle aussi tiere au blanc. D'autres l'ont Pierre spéculaire, Pierre à appellée Pierre Atticos. Pan- la Lune, Glace de Marie. dulphe, Discours 21. dans Voyez Pline, liv. 36. c. 22. la Tourbe; & Lucas, Disc. Pierre. Les Sages ont 22. l'ont nommée Aiar. donné ce nom à leur matiere Pierre D'ARGENT. dans bien des circonstances Mercure des Philosophes où elle se trouve, selon son après qu'il a été animé; c'est- plus ou moins de cuisson & à-dire, qu'il a reçu son ame de perfection. Philalethe dit & son esprit; ce qui se fait dans son Traité de verâ Con- quand la matiere parvient à fectione lapidis Philosophi- la blancheur. ci, que les termes de pierre, Pierre DE BACCHUS pierre unique, ne signifient ou DE DENYS, est une que la matiere des Sages pierre dure, noire & mar- poussée au blanc par la cuis- quée assez souvent de taches son philosophique. rouges. Pline, Solinus & Il y a trois sortes de pier- Albert disent qu'étant broyée &

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& infusée dans l'eau, elle lui l'oeuvre parvenue à la cou- donne l'odeur & le goût du leur safrannée. vin, & qu'elle empêche Pierre FAMEUSE, en l'ivresse ou la guérit. C'est termes de Chymie, n'est de là qu'elle a pris son nom. autre que le sel d'urine. Pierre DE CHE'RUBIM. Pierre DE CHAUX se Soufre des Sages. dit aussi, en termes de Chy- Pierre D'HIRONDEL- mie, des scories du cuivre. LE. Lapis Chelidonis. Petites Rullandus. pierres de la grosseur & de Pierre (la grande). C'est la forme d'une graine de la pierre philosophale. lin. Dioscoride dit qu'on les Pierre DORE'E se dit trouve dans le ventricule des de l'urine même, en termes petites hirondelles, quand la de Chymie. Rull. Lune est au croissant. On en Pierre DE MONTAGNE. trouve ordinairement deux C'est la Tortue, & le Rebis différentes en couleurs. Pline des Alchymistes. dit qu'elles sont rouges & Pierre ET NON PIER- mêlées de taches noires d'un RE. Les Philosophes Her- côté, & de l'autre toutes métiques ont donné ce nom noires. Les Anciens leur at- à leur magistere parfait, & tribuoient de grandes pro- non à la matiere dont ils le priétés, mais qui ressentent font, comme quelques Chy- un peu la fable. mistes le pensent mal à pro- Pierre DE LA LUNE. pos. Ils ne l'ont point appellé C'est le Talc, si nous en pierre, de ce qu'il ait aucune croyons Avicenne qui en ressemblance aux pierres, traite fort au long. Mais la mais parce qu'il résiste aux pierre de la Lune des phi- atteintes du feu le plus vio- losophes est la matiere de lent, comme les pierres. l'oeuvre parvenue au blanc. C'est une poudre impalpa- Pierre D'HE'PHES- ble très-fixe, pesante & de TION. Pyrrites. bonne odeur, ce qui l'a fait Pierre DE MEDE'E. nommer poudre de projec- C'est l'Hématite noire de tion, & non pierre de pro- Pline, qui en parle dans le jection. 10e chapitre de son 37e li- Pierre DE TOUTES vre. COULEURS. Quelques Pierre ETHESIENNE. Chymistes ont donné ce Topase, ou la matiere de nom au verre. Manget. B b

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Pierre E'TOILE'E. de se servir du sang humain Soufre des Philosophes. ni d'aucun animal, pour faire Pierre INDIENNE. Ma- l'oeuvre; & il assure claire- gistere au rouge. ment qu'il ne parle dans cette Pierre INDRADEME, circonstance que par allégo- PIERRE LAZUL. Voyez rie. La pierre est vile, & doit Pierre Indienne. être faite avec la semence des Pierre LUNAIRE. Ma- métaux; mais elle est pré- gistere au blanc. cieuse par ses effets admira- Pierre MINE'RALE. bles sur les infirmités des trois Mercure des Sages après la regnes de la Nature. conjonction de l'esprit & du Pierre SOLAIRE. Sou- corps, c'est-à-dire, lorsque fre rouge, ou magistere au la matiere commence à se rouge. Ces soufres sont une fixer. production de l'Art, & non Pierre PRE'DITE. Ma- de la Nature; en vain les gistere au blanc. Chymistes les cherchent-ils Pierre PARFAITE. sur ou dans la terre, comme Elixir au rouge. une chose qu'elle produit. Pierre RONDE. Ma- Elle donne seulement la ma- tiere parvenue à la blan- tiere dont on les faits, com- cheur. me elle donne le grain dont Pierre ROUGE. Soufre on fait le pain. des Philosophes. Pierre VERTE. Matiere Pierre SANGUINAIRE. des Philosophes en putré- Eau séche des Philosophes, faction. Elle est appellée qui change les corps en es- verte, parce qu'elle est en- prits. Elle est la vertu du core crue, & n'a pas acquis sang spirituel, sans lequel on par la digestion le degré de ne peut rien faire. Artéphius. sécheresse & de perfection Flamel en parle aussi à l'oc- qu'il lui faut. casion de sa figure hiérogly- Pierre UNIQUE. C'est phique, où il représente des l'élixir parfait, qui est uni- enfans que des soldats égor- que, parce qu'il n'y a point gent, & desquels ils mettent de mixte dans le monde qui le sang dans un bacquet où lui soit comparable pour ses le Soleil & la Lune viennent propriétés. se baigner. Il dit à ce sujet, Pierre qui naît sagement que ce seroit une chose impie en l'air. C'est la matiere de & tout-à-fait déraisonnable l'oeuvre, dont Hermès a dit,

PI PI 387 le vent, ou l'air, l'a portée fre des Sages, leur miniere dans son ventre. Elle naît de feu céleste. dans la sublimation; car s'il Pierre DE PARADIS. n'y avoit pas d'air dans le Poudre de projection, le mi- vase, la volatilisation ne racle de l'Art & de la Natu- pourroit se faire, & le vais- re. Quelques-uns ont donné seau risqueroit de se briser. ce nom au mercure des Phi- Elle y renaît même plusieurs losophes. fois, parce que le fixe doit Pierre ANIMALE, VE'- être volatilisé à chaque opé- GETALE ET MINERALE. ration, que Morien appelle C'est l'élixir parfait, com- disposition. L'humide radi- posé de la quintessence des cal est la base des mixtes des trois regnes. Non qu'il faille trois regnes, & le principe pour la composer, prendre de leur vie, parce qu'il a une chose de chaque regne; toujours en lui le feu qui ani- mais parce qu'elle en est le me tout. La pierre est com- principe, & qu'elle est mé- posée de l'humide radical des decine propre à guérir leurs métaux, comme le plus fixe; infirmités, & à les pousser c'est pourquoi elle opére tant au degré de perfection dont de merveilles, en fortifiant ils sont capables. Il ne faut la nature, & en réparant ses pas confondre les termes de pertes, ce que les alimens pierre des Philosophes avec ne peuvent faire que très- ceux de pierre Philosophale. imparfaitement. La premiere doit s'entendre Quand on dit que la pierre de la matiere de l'oeuvre, & contient toutes choses, & la seconde de l'oeuvre dans que toutes choses sont d'elle sa perfection. & par elle, c'est parce qu'é- Pierre DE TOUCHE, tant l'humide radical de tout, Battus fut changé en pierre elle en est le principe. de touche par Mercure, Pierre CITRINE. Ou- pour avoir eu l'indiscrétion vrage de la pierre poussé à de dire où Mercure avoit mis la couleur de topase. les boeufs d'Admete, qu'il Pierre PREMIERE. avoit volé pendant qu'Apol- Magistere au blanc avant la lon les gardoit. V. Battus. multiplication, c'est-à-dire, PILE'R. Voyez Cuire. le premier soufre de l'oeuvre, PILI ZENII. Poils blancs la Lune des Philosophes. de la queue du liévre, Pla- Pierre SECONDE. Sou- niscampi. B b ij

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PILOS. Argille. me chrysittes de l'or, argy- PINANG. Areca. rittes de l'argent, fiderittes PINDE. Montagne de la du fer, chalcites du cuivre, Thessalie, consacrée à Apol- molybdittes du plomb. lon & aux Muses. Voyez PISO. Mortier. Muses. PISSASPHALTOS. As- PIRITHOUS, fils phalte, bitume des Indes. d'Ixion, lia une étroite ami- PISSASPHALTUS. As- tié avec Thésée. Il lui aida à phalte. enlever Hélene, à condition PISSELEON. Poix. que Thésée lui prêteroit son PITYS. Arbre appellé bras pour se procurer aussi Pin. une femme. Les nôces de PITYUSA. Esule. Pirithoüs, qui vouloit épou- PLANETES. Les Egyp- ser Hippodamie, furent trou- tiens commencerent les pre- blées par les Centaures; miers à diviniser les plané- Thésée vengea son ami. Ils tes, suivant le sentiment des concerterent ensuite d'aller Mythologues. Mais les Phi- aux Enfers enlever Proser- losophes Hermétiques pré- pine femme de Pluton. Ce tendent que les Prêtres d'E- Dieu se saisit d'eux, & les gypte ne parloient que par fit lier dans l'endroit même allégories, quand ils don- où il les avoit fait arrêter. noient les planétes pour des Hercule ayant été envoyé Divinités, sous les noms d'I- par Eurysthée pour enlever sis pour la Lune, d'Osiris le chien Cerbere, rencontra pour le Soleil, de Jupiter son ami Thésée, & le délivra pour l'astre qui porte ce de sa captivité; il y laissa Pi- nom, & ainsi des autres, rithoüs, parce qu'il ne put comme on peut le voir dans obtenir sa liberté de Pluton. les Fables Egyptiennes & Voyez les Fables Egypt. & Grecques dévoilées. L'objet Grecques dévoilées, liv. 5. d'Hermès Trismégiste étoit ch. 22. On écrit aussi Py- de voiler sous une allégorie, rithoüs. l'oeuvre qu'on appelle Her- PIRRITTES ou PYRI- métique, sa matiere & ses TES. On donne ce nom à procédés. Il imagina un rap- toutes sortes de marcassites, port des métaux avec les sept qu'on distingue en particu- planétes, & leur donna les lier par le nom du mêtal mêmes noms qui leur sont qu'elles contiennent: com- demeurés jusqu'à nos jours.

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C'est pourquoi les planétes corder les Philosophes dans des Chymistes sont les mé- les contradictions apparentes taux vulgaires, & les plané- qu'on trouve dans leurs ou- tes des Philosophes sont les vrages, quand ils parlent du métaux philosophiques. La tems requis pour la perfec- matiere parvenue à la cou- tion de l'oeuvre. V. Tems. leur noire par la putréfac- PLATYOPHTAL- tion est leur Saturne ou leur MON. Antimoine. plomb, la couleur grise qui PLECMUM. Plomb. succéde à la noire est leur PLEIADES, filles d'At- Jupiter ou leur étain, la cou- las & de la Nymphe Pleione, leur blanche est leur Lune au nombre de sept. Orion ou argent, la couleur safra- les poursuivit pendant cinq née est leur Vénus ou leur ans sans pouvoir se concilier cuivre, de même que la cou- leurs bonnes graces, ni ob- leur verte; la couleur de tenir d'elles aucune faveur. rouille de fer est leur Mars Elles prierent les Dieux de ou leur fer, & la couleur les garantir de ses poursuites, rouge-pourprée est leur So- & elles furent transportées leil ou leur or. Cette succes- au Ciel. Quelques-uns di- sion de couleurs forme leur sent qu'elles furent nourrices Zodiaque, & leurs saisons. de Bacchus, & qu'elles se Comme ces couleurs doi- nommoient Electre, Alcyo- vent paroître successivement ne, Céléno, Maïa, Astéro- & toujours dans le même pe, Taygete & Mérope. ordre pour chaque opéra- Cette derniere seule de la tion, qui se répétent trois constellation qu'elles for- fois pour la perfection de ment, ne paroît plus. Les l'oeuvre, sans y comprendre Poëtes feignent que honteuse la multiplication, sçavoir la d'avoir épousé un mortel, fabrique du soufre, celle de elle disparut. D'autres disent la pierre & celle de l'élixir, que c'est Electre, qui se ca- les Philosophes disent com- cha le visage avec les mains munément qu'il faut trois ans pour ne pas voir la ruine de pour achever l'oeuvre. Ceux Troye, & du Royaume qui y comprennent la mul- qu'elle avoit fondé avec tiplication, comptent les an- Dardanus son époux. Ces nées par le nombre de fois sept étoiles paroissent à la qu'ils réitérent chaque opé- tête du Taureau, deux aux ration. Voilà le moyen d'ac- cornes, deux aux yeux, deux B b iij

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aux narines, & la septiéme, turne, ils abandonneroient beaucoup plus obscure, au toute autre matiere pour ne milieu du front. Elles com- travailler que sur celle-là. mencent à se manifester vers Riplée dit au contraire que le milieu du mois de Mai. de quelle maniere qu'on tra- Voyez les Fables Egypt. & vaille le plomb, il demeu- Grecques dévoilées, liv. 2. rera toujours plomb; & qu'il ch. 2. & liv. 3. ch 14. §. 3. ne faut pas prendre le fils PLEIONE, fille de l'O- dont la mere est sujette à tant céan & de Thétis, épousa d'impuretés. Le plomb des Atlas, dont elle eut les Pleïa- Philosophes, ou leur Satur- des. ne, est la matiere de l'oeuvre PLERES ARCHONTI- parvenue au noir pendant la CUM. Poudre céphalique. putréfaction. Ils l'ont aussi PLEROTIQUE (On- appellée en cet état Plomb guent) est celui qui rétablit noir. les chairs, & remplit les Plomb FONDU. Même vuides que les ulceres ou chose que plomb noir. blessures ont coutume de Plomb BLANC. Matiere laisser. parvenue au blanc. Quel- PLISTHENE, fils de ques-uns donnent ce nom au Pélops & d'Hippodamie, mercure Hermétique. laissa en mourant ses deux Plomb DES PHILOSO- enfans Agamemnon & Mé- PHES. Planiscampi dit que nélas sous la tutelle de son c'est l'antimoine, dont Pa- frere Atrée, qui les éleva racelse distingue deux espe- comme les siens propres. ces, l'une qu'il appelle an- PLOMA. Bouillon blanc, timoine noir ou saturnien, plante appellée en latin Ver- l'autre antimoine blanc ou bascum. jovial. Artéphius dit qu'il PLOMB. Eau de tous les faut prendre l'antimoine des métaux, selon Paracelse. Le parties de Saturne; mais il plomb passe pour le plus mol explique ensuite son idée, & le plus vil des métaux. Les lorsqu'il dit qu'il appelle an- Chymistes l'appellent Sa- timoine la matiere de l'Art, turne, & les Philosophes parce qu'elle en a les pro- Hermétiques le Pere des priétés. Il pourroit donc bien Dieux. Paracelse dit que si se faire que Paracelse & les les Alchymistes connois- autres qui nomment l'anti- soient ce que contient Sa- moine comme la matiere du

PL PL PO 391 grand oeuvre, l'entendissent Voyez les Fables Egypt. & dans le même sens qu'Arté- Grecques dévoilées, liv. 4. phius. Il ne faut donc pas se ch. 3. La porte des Enfers laisser abuser par les noms. étoit gardée par un chien à Morien avertit lui même que trois têtes qui vomissoit du rien n'a tant induit en erreur feu, & empêchoit les om- que les différens noms don- bres de sortir du Tartare nés à la matiere & aux opé- quand elles y étoient entrées. rations. Hercule enleva ce Cerbere PLUIES D'OR. La Fa- pour obéir à Eurysthée, & ble fait mention de plusieurs Pluton pour s'en venger, fut pluies d'or. Jupiter se chan- combattre Hercule pendant gea en pluie d'or pour jouir qu'il nettoyoit les étables de Danaé renfermée dans d'Augias. Hercule blessa Plu- une tour. Il tomba une pluie ton, qui se retira dans son d'or dans l'isle de Rhodes Empire ténébreux. Ibid. liv. quand Minerve nâquit du 5. ch. 8. Pluton fut regardé cerveau de Jupiter. Les An- comme le Dieu des richesses, ciens ont caché sous le voile & tous les animaux qu'on lui de ces fables la volatilisation sacrifioit étoient noirs. Ibid. de l'or philosophique, qui liv. 3. ch. 6. retombe en forme de pluie PLUTUS, fils de Jason sur la matiere qui reste au & de Cérès, selon Hésiode, fond du vase. Voyez les Fa- fut aussi honoré comme Dieu bles Egypt. & Grecq. dé- des richesses. L'ancien Scho- voilées, liv. 2. ch. 7. liaste d'Hésiode regarde cet- PLUTON, fils de Sa- te généalogie comme une turne & d'Ops, ayant par- pure allégorie, & avec rai- tagé l'Empire du monde son, puisque Cérès & Jasion avec Jupiter & Neptune ses sont deux personnages fabu- freres, les Enfers lui échu- leux, comme on peut le voir rent. Rebuté & rejetté de dans les Fables Egyptiennes toutes les Déesses à cause de & Grecq dévoilées, liv. 4. sa laideur & du lieu téné- ch. 2. & 3. breux de son séjour, il fut PODALYRE ou PO- obligé, pour avoir une épou- DALIRE, fils d'Esculape & se, d'enlever Proserpine, fille de Machaon, excella dans la de Cérès, & l'emmena dans Médecine, & accompagna les Enfers sur son char traîné les Grecs au siége de Troye. par quatre chevaux noirs. PODARCE, premier B b iv

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nom de Priam Roi de Troye, chaque chapitre, prouvent reçut la couronne des mains bien que ce systême ne peut d'Hercule, après que ce Hé- se soutenir, & que les Poëtes ros eut délivré Hésione ex- n'ont pû avoir l'histoire pour posée à un monstre marin, objet. La conformité des fa- & tué Laomedon, pere de bles Grecques avec celles Podarce. Voyez Priam, & des Egyptiens, dont elles ne les Fables Egypt. & Grecq. sont qu'une imitation, suffi- dévoilées, liv. 5. ch. 14. roit pour faire abandonner POETES. Les Poëtes ce systême. Les Philosophes ont inventé des personnages Hermétiques mieux instruits & leur ont supposé des ac- ce semble du véritable objet tions, non pas pour imagi- des fables Egyptiennes, ont ner des fables pures & sans expliqué les Poëtes Grecs objet, comme pourroient par la Philosophie Herméti- l'être des contes de Fées; que, c'est-à-dire Homere & mais pour instruire, soit de Hésiode; car Homere avoit la Morale, soit de la Physi- puisé ses fables en Egypte, que. Beaucoup de Mytholo- & les autres Poëtes ont puisé gues prétendent voir dans les leurs dans ce Prince de la Homere & les autres An- Poësie. Hermès étoit l'Au- ciens l'histoire des siécles, teur de ces fables; il étoit qu'ils appellent cependant donc naturel de les expliquer fabuleux; mais s'ils étoient par Hermès-même, ou par de bonne foi, ils avoueroient ceux qu'il avoit initiés dans qu'il n'est pas possible de les mysteres de son art. C'est combiner les événemens que pourquoi on trouve les fa- les Poëtes rapportent, de bles si souvent rappellées maniere à en faire une his- dans les ouvrages Herméti- toire suivie. M. l'Abbé Ba- ques. Je les ai expliquées nier après avoir recueilli tout conformément à leurs idées ce qu'ont dit les Auteurs à dans mon Traité des Fables cet égard, a essayé de rap- Egyptiennes & Grecques porter toutes les fables à dévoilées: ce qui fait que je l'histoire, & a fait trois gros renvoye le Lecteur à ces ex- volumes pour les expliquer plications, parce que ce Dic- conformément à ce systême; tionnaire n'en est, à propre- mais les contradictions per- ment parler, qu'une Table pétuelles, & les anachronys- raisonnée. mes qu'on trouve presqu'à POIDS. Tout l'art con-

PO PO 393 siste, selon les Philosophes, soudre & à coaguler, à vo- dans les poids & proportions latiliser & à fixer. des matieres. Qu'on ne s'a- Les Philosophes ont aussi lembique pas l'esprit pour appellé Poids, le procédé trouver ces poids. Je leur ré- requis dans les opérations. pond, dit Trévisan, qu'aux Voyez Disposition. lieux de la miniere, il n'y a POIL HUMAIN. Quel- nul poids; car poids est quand ques Philosophes ont donné il y a deux choses. Mais ce nom à leur mercure dis- quand il n'y a qu'une subs- solvant, ce qui a fait penser tance, il n'y a point de re- à quelques Artistes que les gard au poids; mais le poids cheveux & le poil humain est au regard du soufre qui étoient la matiere de l'oeu- est au mercure: car l'élément vre. Ils n'avoient pas lû sans du feu qui ne domine point doute le Traité de la Philo- au mercure crud, est celui sophie des Métaux de Tré- qui digére la matiere. Et pour visan, qui nomme les che- ce, qui est bon Philosophe, veux & le poil au nombre sait combien l'élément du des choses qui sont exclues feu est plus subtil que les de l'oeuvre, de même que autres, & combien il peut tout ce qui peut être pris & vaincre en chacune compo- sort des animaux. sition tous les autres élémens. POINT. Les Philosophes Et ainsi le poids est en la appellent point, punctum, composition premiere élé- leur magistere au blanc, mentale du mercure, & rien parce que tout l'oeuvre dé- autre chose. Phil. des Mét. pend de là. Ils ont dit en Il ne s'agit donc pas de conséquence: blanchissez le peser les matieres pour faire laton, & déchirez vos livres. le mercure des Philosophes, Car lorsqu'on y est parvenu, puisque la Nature y met elle- on est assuré de réussir en même les proportions requi- continuant seulement le ré- ses. C'est dans le second & gime du feu. le troisiéme oeuvre où les POISSON. Lorsque la poids sont à observer, afin matiere est parvenue à un que le volatil puisse au com- certain degré de cuisson, il mencement surmonter le fixe se forme sur sa superficie de & le volatiliser, & que le fixe petites bulles qui ressemblent puisse dominer à son tour. aux yeux des poissons. Voyez Car tout l'art consiste à dis- Yeux.

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POLEMONIUM. Plante chercher la tête de Méduse. connue sous le nom de Béen Persée obéit malheureuse- blanc. ment pour Polydecte, qui POLIR. C'est cuire, di- sans doute en ignoroit les gérer la matiere de l'oeuvre propriétés. Persée la lui pré- pour la mener à sa perfec- senta à son retour, & Poly- tion. decte à cette vûe fut converti POLISO. Une des Hya- en rocher. V. Persée. des. Voyez Hyades. POLYGOPHORA. POLLUX, fils de Jupiter Vins fumeux, ou toutes au- & de Léda, frere de Castor, tres liqueurs qui enivrent. d'Hélene & de Clytemnes- POLYNEURON. Plan- tre. Pollux étoit frere jumeau tain. de Clytemnestre. Les deux POLYPHARMACON. freres se rendirent très-célé- Remede bon à plusieurs ma- bres par de grandes actions, ladies. & accompagnerent Jason à POLYPHE^ME. L'un la conquête de la toison d'or. des Cyclopes, fils de Nep- Pollux pendant ce voyage tune & de la Nymphe Thoo- tua Amycus qui défioit les se, selon Homere, étoit d'une étrangers au combat du ces- taille monstrueuse & gigan- te. Castor ayant été tué par tesque: il n'avoit qu'un oeil Lyncée, Pollux obtint de au milieu du front, & étoit Jupiter qu'il pourroit com- d'un caractere brutal, & fort muniquer son immortalité à adonné aux femmes. Il fai- Castor, & qu'ils vivroient & soit sa demeure dans une mourroient alternativement. grotte des montagnes de Si- Voyez Castor. cile, où il nourrissoit beau- POLYDECTE, Roi de coup de bestiaux. Il aimoit l'isle de Sériphe, reçut dans éperdument la Nymphe Ga- son palais Danaé & Persée lathée, & tua Acis son rival. son fils, qu'Acrise avoit ex- Ulysse ayant été jetté par la posés aux vagues de la mer tempête sur les côtes de Si- pour les y faire périr. Poly- cile, Polyphême dévora decte fut épris des charmes quatre de ses compagnons. de Danaé; mais il ne put Ulysse ayant trouvé moyen obtenir ses faveurs. Persée de l'enivrer, lui crêva l'oeil lui parut un Argus incom- avec un tison ardent, & s'en- mode & redoutable; pour fuit avec les autres compa- s'en débarrasser il l'envoya gnons de ses voyages.

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POLYPODES. Petits voulurent pas se porter pour insectes appellés Cloportes, Juges de ce différend, & en- Porcelets. voyerent Junon Pallas & POLYXENE, fille de Vénus qui se la disputoient, Priam & d'Hécube, fut ac- à Pâris pour en décider. Il cordée à Achille par Priam. l'adjugea à Vénus, ce qui fut Ils s'assemblerent dans le la premiere cause de la guer- temple d'Apollon pour faire re de Troye. Voyez le liv. 6. le mariage; & Pâris, frere des Fables Egypt. & Grecq. de Polyxene, s'étant caché dévoilées, ch. 2. & suiv. derriere la statue d'Apollon, Hippoméne sur le conseil décocha une fléche à Achille de Vénus, prit trois pommes & l'atteignit au talon seul d'or, & les jetta à Athalante endroit où il pouvoit être pour l'arrêter dans sa course, blessé. Achille mourut de la & il y réussit. V. Athalan- blessure, & Pyrrhus son fils te. Ces pommes avoient été vengea la mort de son pere cueillies dans le jardin des par celle de Polyxene, qu'il Hespérides, où elles crois- sacrifia sur son tombeau. soient en abondance. Her- Voyez Achille. cule les enleva toutes pour POMAMBRA. Pastille, obéir à Eurysthée. Les feuil- ou composition de plusieurs les mêmes de l'arbre qui les choses odoriferantes, parmi produisoit étoient d'or. Ces lesquelles l'ambre se fait sen- pommes sont les mêmes que tir particulierement. C'est celles dont parle le Cosmo- comme si l'on disoit Pomme polite dans sa Parabole aux d'ambre. Enfans de la Science, c'est- POMME D'OR. Les à-dire l'or philosophique. fables font mention de plu- Cueillir les pommes du jar- sieurs pommes d'or: la Dis- din des Hespérides, c'est, corde en jetta une sur la ta- dans le style Hermétique, ble pendant le repas des faire le soufre des Philoso- nôces de Pélée & de The- phes. Les jetter à Athalante, tis; elle y avoit mis une ins- c'est fixer le volatil; & l'ad- cription: pour la plus belle. juger à Vénus, c'est finir le Les Déesses qui se trouvoient premier oeuvre par la fixa- à ces nôces prétendirent cha- tion de la partie volatile, cune en particulier que cette pour travailler ensuite à la pomme leur appartenoit. Les composition de la pierre, & Dieux, Jupiter-même, ne de l'élixir représentée par le

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siége & la prise de la ville POSEIDON. Surnom de de Troye. Neptune. Pomme ODORIFE- POSEIDONIES. Fêtes RANTE. V. Pomanbra. en l'honneur de Neptune. POPULAGO. Plante POSSET. Petit lait, que connue sous le nom de Pas- l'on compose en faisant bouil- d'âne, Tussilage. Elle a été lir du lait: lorsqu'il bout, on nommée Populago de ce que y jette de la bierre qui le fait ses feuilles sont blanches tourner. On le coule à tra- d'un côté comme celles du vers un linge quand il est Peuplier. tourné: ce qui est coagulé PORCELLO. Petits in- demeure dans le linge, & sectes appellés Cloportes. le petit lait passe dans un PORFILIGON. Ecaille vaisseau mis dessous pour le de fer. recevoir. On donne ce petit PORPHYRION. Un des lait dans les fiévres ardentes. Géans qui firent la guerre Dans les fluxions de poi- aux Dieux, voulut faire vio- trine, on fait un petit lait lence à Junon en présence semblable avec du vin d'Es- de Jupiter-même. Ce Dieu pagne au lieu de bierre; & & Hercule le poursuivirent l'on en fait boire chaud une & le firent périr. cuillerée de quart-d'heure en PORRO NITRI. Sel quart-d'heure jusqu'à la con- fusible. currence d'une chopine au PORROSA. Milleper- moins. tuis, ou Hypéricon. POT E'TROIT DES PORTE signifie la même PHILOSOPHES. Vaisseau chose que clef, entrée, ou qui contient la matiere de moyens d'opérer dans tout l'oeuvre. le cours de l'oeuvre. Riplée POUDRE DE PRO- en a fait un Traité qu'il a in- JECTION. Résultat de titulé les douze Portes, com- l'oeuvre Hermétique, ou me Basile Valentin a intitulé poudre qui étant projettée le sien les douze Clefs, c'est- sur les métaux imparfaits en à-dire les douze operations fusion, les transmue en or qu'il faut faire pour parvenir ou en argent, suivant que à la perfection de la pierre l'oeuvre a été poussée au philosophale, ou poudre de blanc ou au rouge. Voyez projection. Pierre Philosophale. POSCA. Oxicrat. Blan- Poudre NOIRE, Ma- chard.

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tiere des Sages en putréfac- les demande pour ses géné- tion. rations. La poule est la fe- Poudre BLANCHE. melle, ou l'eau mercurielle; Matiere de l'oeuvre fixée au le coq est le soufre des Phi- blanc. losophes. Cette poule des Poudre DISCONTI- Sages a une chaleur natu- NUE'E. Matiere des Sages relle comme les poules vul- lorsqu'elle est sortie de la pu- gaires; mais cette chaleur tréfaction, & qu'elle s'éleve ne suffit pas pour la géné- avec la couleur blanche. ration du poulet, elle n'est Mettre en poudre, c'est propre qu'à le couver; & dissoudre l'or des Philoso- pour la génération & la fé- phes. Flamel dit que cette condité, il faut y ajouter la dissolution réduit cet or, ou semence ignée & chaude du soufre, en poudre menue coq. Les deux semences réu- comme les atomes qui vol- nies forment le germe qui se tigent aux rayons du soleil. développe & se perfectionne POULE. Les Philoso- lorsqu'il est couvé par la phes recommandent de don- poule. Le feu extérieur n'est, ner au vase Hermétique une dit Trévisan, que le garde- chaleur semblable à celle froidure; de même que les d'une poule qui couve. Bien poules vulgaires ne pondent des gens se sont imaginés gueres, & ne couvent pas qu'il falloit mesurer le degré pendant les frimats, mais du feu extérieur & de char- seulement lorsque le prin- bons, ou de lampe, ou tel tems amene une tempéra- autre semblable feu élémen- ture d'air plus douce. taire & artificiel, avec celui POULET DES SA- d'une poule qui couve, & GES. Soufre des Philoso- ont mis un thermometre dans phes. L'Auteur du Diction- le fourneau pour fixer la cha- naire Hermétique dit mal-à- leur au même degré; mais ils propos que le poulet des sont dans l'erreur. Les Phi- Sages est le mercure. Le losophes parlent dans cette poulet est ce qui est engen- circonstance du feu intérieur dré, & non pas ce qui en- & de la nature, comparé gendre. avec raison à celui de la poule Poulet ayant la tête qui couve, parce que l'une rouge, les plumes blanches, & l'autre chaleurs sont natu- & les pieds noirs; c'est la relles, & telles que la nature matiere de l'oeuvre qui com-

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mence à devenir noire par la PRASIS. Vert-de-gris. putréfaction, puis blanche à PRATUM VIRIDE. mesure que la rosée philo- Fleurs d'airain. Planiscampi. sophique ou l'azoth la puri- PRE'CIPITATION. fie, enfin rouge quand elle Défaut que les Philosophes est parfaitement fixée. Fla- reprochent à ceux qui s'en- mel appelle en conséquence nuyent de la longueur de le vase des Philosophes l'Ha- l'oeuvre. Gardez-vous bien bitacle du poulet. de la précipitation, car vous Poulet D'HERMO- gâteriez tout, dit Morien. GENE. Matiere parvenue à Toute précipitation vient du la blancheur. diable, ajoute-t-il, & sou- POURPRE. Les fables venez-vous qu'il faut beau- disent qu'Apollon s'habilla coup de patience; qu'on ne de couleur de pourpre lors- doit point cueillir un fruit qu'il chanta sur sa lyre la avant sa maturité, & que le victoire que Jupiter & les tems de cette maturité est Dieux remporterent sur les déterminé par la Nature. Géans. Que les Troyens Orphée ne put ramener des couvrirent le tombeau d'He- Enfers Eurydice son épouse, ctor d'un tapis de couleur de pour n'avoir pas eu la pa- pourpre, que Priam porta tience d'attendre qu'elle en des étoffes de couleur de fût sortie avant que de tour- pourpre en présent à Achil- ner la tête pour la voir. le; & tout cela ne signifie PREGNATION. Tems que la couleur rouge pour- où la matiere est en putré- prée qui survient à la matiere faction. Il est ainsi nommé lorsqu'elle est parfaitement de ce que la corruption est fixée. Les Philosophes l'ont un acheminement à la géné- aussi appellée Pourpre, Ru- ration, & qu'il n'y a point de bis, Phénix lorsqu'elle est conception quand la putré- dans cet état. faction n'a pas précédé. POUST. Opium. PRENDRE. Lorsque les PRAECIPITATUS PHI- Philosophes disent: prenez LOSOPHICUS. Mercure ceci, prenez cela, ils n'enten- précipité par le feu interne dent pas qu'il faille rien pren- de l'or, ou l'or essencifié. dre avec les mains, soit pour Planiscampi. ajouter quelque chose à la PRAET. NAT. ou P. N. matiere une fois mise dans le Outre nature. vase, ou pour en ôter quel-

PR PR 399 ques parties; mais seulement rieure empêche seulement le qu'il faut continuer le régime froid. & les opérations jusqu'à la PREPARATION. perfection du soufre dans la Action par laquelle on ôte médecine du premier ordre, les choses superflues de la de la pierre dans la médecine matiere, & on lui ajoute cel- du second, & de l'élixir dans les qui lui manquent. Il y a la médecine du troisiéme. trois sortes de préparations Le terme prendre s'entend dans l'oeuvre, ou la confec- cependant quelquefois dans tion du magistere; la pre- le sens naturel; lorsque, par miere est manuelle, & non exemple, il faut mettre le philosophique; c'est pour- fixe & le volatil dans le vase, quoi les Philosophes l'ont ou le soufre & le mercure, omise dans leurs écrits, quoi- pour animer ce mercure, & que la réussite de l'oeuvre en en faire le Rebis. Après cette dépende. La seconde est la conjonction le mercure a, préparation philosophique disent les Philosophes, tout des agens, que les Philoso- ce qu'il faut pour la perfec- phes appellent la premiere; tion de l'oeuvre, & tout ce & Philalethe, la préparation que cherchent les Philoso- imparfaite. La troisiéme est phes. Voyez le Traité de la confection de l'élixir, ou Philalethe, qui a pour titre: la préparation complette & Enarratio methodica trium parfaite. Mais les prépara- Gebri Medicinarum, seu de tions philosophiques succes- vera confectione lapidis Phi- sives ne sont qu'une même losophorum. Le même Au- opération repérée, suivant teur dit dans son Traité de Morien, qui les appelle dis- l'Entrée ouverte du Palais positions. fermé du Roi: Il y a un oeu- PRESMUCHIM, vre très-secret & purement PRESMUCHUM, & naturel, & celui-là se fait PRESMUCKIS, ne sont dans notre mercure avec qu'une même chose, appel- notre or. C'est à cet oeuvre lée Céruse. qu'il faut attribuer tous les PRESURE (Sc. herm.) signes dont parlent les Phi- Corps fixe du composé de losophes: il ne se fait ni avec l'oeuvre, ainsi nommé, parce le feu, ni avec les mains, qu'il coagule, congele, & mais par la chaleur interieure fixe l'eau mercurielle vola- toute seule; la chaleur exté- tile, que plusieurs Philoso-

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phes ont appellé Lait, parce, le voile des Fables Egyp- dit Zachaire, qu'ainsi que le tiennes, qu'ils habillerent à caillé ne differe du lait que la Grecque. Ce sont ces Fa- par un peu de solidité acqui- bles que j'ai expliquées dans se par la coction, de même mon Traité des Fables Egy- notre présure caillé, ou coa- ptiennes & Grecques dévoi- gule, ne differe de notre mer- lées. cure que par la coction qu'il PRIAM, fils de Laomé- a acquise. don Roi de Troye, étoit PRE^TRES. Les Prê- frere d'Hésione. Après que tres Egyptiens étoient des Hercule eut délivré cette Philosophes choisis, & ins- Princesse du monstre marin truits par Hermès Trisme- auquel elle avoit été exposée giste, dans la science de la pour être dévorée, il tua Nature & de la Religion. Il Laomédon, parce qu'il ne leur communiqua la pre- tint pas la promesse qu'il lui miere, sous promesse de la avoit faite. A la priere d'Hé- garder pour eux avec un se- sione il mit Priam sur le trô- cret inviolable, & ne les ne, & lui ôta le nom de Po- initioit dans ces mysteres darce qu'il portoit aupara- qu'après une longue épreuve vant. Ce Roi eut entr'autres de leur discrétion. Il leur en- enfans d'Hécube son épouse, seignoit cette science, sous Pâris qui par le rapt d'Hé- l'ombre des hiéroglyphes lene, fut cause de la guerre qu'il avoit inventés, & qu'il de Troye, de la ruine de sa leur expliquoit. Les Prêtres patrie; Hector qui tua Pa- en faisoient de même à l'é- trocle & succomba sous les gard de ceux qu'ils jugeoient coups d'Achille. Après la dignes d'être initiés, & amu- mort de celui-ci, & la ville soient le peuple par des Fa- de Troye ayant été prise, bles, dit Origene, pendant Pyrrhus, fils d'Achille, tua qu'ils philosophoient sous le Priam dans le temple de Ju- voile des noms des Dieux piter, où il s'étoit réfugié. du pays, qu'ils avoient ima- Voyez l'explication de cette ginés. Musée, Lin, Mélam- allégorie, dans les Fables pe, Orphée, Homere, & Egypt. & Grecq. dévoilées, quelques autres Philosophes liv. 5. ch. 14. & liv. 6. Poëtes Grecs, apprirent ces PRIAPE, fils de Bacchus secrets des Egyptiens, & les & de Vénus. Junon jalouse porterent dans leur pays sous de cette Déesse, fit tant par ses

PR PR 401 ses enchantemens qu'elle nous paroissent les plus sim- rendit monstrueux & tout ples, sont même composées. contrefait le fils que Vénus Et si nous faisons bien atten- portoit dans son sein. Vénus tion au terme de principe, l'ayant mis au monde, l'éloi- nous verrons bientôt qu'il gna de sa présence à cause peut s'appliquer différem- de sa laideur, & le fit nourrir ment; car 1 . on peut dire à Lampsaque. Devenu dans que Dieu est le principe de la suite la terreur des maris, tout; 2 . la Nature; 3 . le il fut chassé de cette Ville; feu, comme l'auteur du mê- mais les habitans ayant été lange des parties, & comme affligés d'une maladie se- les entretenant par sa cha- crette, le rappellerent, & il leur. 4 . On appelle aussi fut depuis l'objet de la véné- principe des choses, ce qui ration publique. On plaçoit en constitue les parties mis- sa statue dans tous les jar- cibles, qu'on peut regarder dins. Il paroît que les Grecs d'abord en général relati- imaginerent le culte de Pria- vement à l'Univers, & en pe à l'imitation de l'infâme particulier comme consti- usage du Phallus chez les tuant tel ou tel individu. Ce Egyptiens & les Phéniciens. qui forme deux sortes de Voyez les Fables Egypt. & principes, les uns éloignés, Grecques dévoilées, liv. 4. & les autres prochains. Ainsi ch. 1. & 4. le principe le plus éloigné PRINCIPE. Ce de quoi du corps humain est la ter- une chose tire son commen- re, d'où se forment les ali- cement, ou ce qui constitue mens, qui en sont les prin- l'essence d'un individu. Cette cipes prochains; de ces ali- définition ne s'entend que mens se forme la semence, des choses physiques. Les ou principe le plus prochain principes d'une chose doi- des animaux. On peut aussi vent être simples, purs, & conclure de ce que nous ve- non mêlangés; parce qu'ils nons de dire, qu'on distin- doivent former un mixte ho- gue encore deux sortes de mogêne. Ceci ne doit pas principes; les uns actifs, s'entendre dans l'ordre & res- comme Dieu, la Nature, pectivement au mêlange gé- &c. & les autres passifs, tels néral fait pour la création du que les parties matérielles & monde; parce que dans ce constituantes des êtres phy- cas les parties des corps qui siques. Quelques-uns nom- C c

402 PR PR ment ces principes, les pre- principe nommé racine, & miers formels, & les seconds par Riplée base de l'oeuvre, matériels; par les formels on est le pere du troisiéme mens- entend l'agent; & par les true de Raymond Lulle; ces matériels le patient. Les pre- deux Auteurs le regardent miers principes sont la terre comme le premier & le plus & l'eau; les prochains sont essentiel, parce qu'il déter- les premiers mixtes qui en mine & glorifie les deux au- ont été faits. Le principe spé- tres substances mercurielles cial ou plus prochain est la crues, pures & tirées simple- semence spéciale de chaque ment de leurs mines. Ce pre- individu. C'est encore ce qui mier principe n'augmente a fait donner aux principes pas le poids de la matiere; éloignés ou premiers prin- les deux autres l'augmen- cipes, le nom de principes tent, & sont cause de la mort principians, & aux autres du composé. Ils allument le celui de principes principiés. feu contre nature; & par la Principes. (Sc. Herm.) conjonction de celui-ci avec Les Philosophes appellent le feu de nature renfermé souvent principes les ingré- dans le troisiéme sujet dont diens qui composent le ma- nous avons parlé, il se forme gistere, & non les principes un feu innaturel ou moyen, ou régles de la science Her- d'où naît la putréfaction, & métique. Il entre trois prin- ensuite le complément de cipes dans l'oeuvre, dont l'oeuvre. chacun est respectivement Tous ces principes peu- nommé principe essentiel, & vent être regardés comme les deux autres superficiels; essentiels sous divers points quoique tous les trois soient de vûe, & par comparaison absolument nécessaires. No- des uns aux autres & rela- tre oeuvre, dit le Trévisan, tivement à l'oeuvre. Nous est composé d'une racine & avons déja dit comment un de deux substances mercu- des principes devoit être re- rielles, qui étant cependant gardé comme premier & de même nature, se rédui- principal. Le principe qui sent à un seul principe. Ce renferme le feu contre natu- qui a fait dire à plusieurs re, appellé par Riplée Lion Philosophes: Nous n'avons vert, par Flamel Dragon Ba- qu'une matiere, un régime bylonien, & par le Trévisan & un fourneau. Le premier Portier du palais, est nommé

PR PR 403 par tous les Philosophes la me; & ces trois principes Clef de l'oeuvre, parce que réunis par la solution, se pu- c'est lui qui fait presque tout, tréfient, pour acquerir une que sans lui on travailleroit nouvelle vie plus glorieuse en vain, & que dans lui est que celle qu'ils avoient au- caché tout le secret de la Phi- paravant. losophie Hermétique. Il est PRINCIPE DES ME'- le jardin des Sages où ils se- TAUX. Magistere au blanc. ment leur or, où cet or croît Les philosophes distinguent & se multiplie. L'Auteur du encore trois principes dans Grand Rosaire l'appelle Ra- les métaux, qu'ils appellent cine de l'Art & le Savon des principes naturels ou de la Sages. Quelquefois les Phi- nature; sçavoir, le sel, le losophes le nomment leur soufre & le mercure. Ce sont Lune, leur Soufre, leur Mer- leurs principes principiés, cure, leur Terre, & c'est en- engendrés des quatre élé- fin presque la seule chose mens premiers principes de qu'ils ont cachée dans leurs tous les mixtes. Ils regardent écrits; étant donc regardé le soufre comme le mâle ou comme la base de l'oeuvre, l'agent, le mercure comme on peut le nommer principe femelle ou patient, & le sel essentiel. comme le lien des deux. On doit regarder à son Ainsi quand les Philosophes tour la seconde substance disent qu'il faut réduire les mercurielle comme principe métaux à leurs premiers prin- essentiel, puisqu'elle est l'eau cipes, ou à leur premiere minérale qui extrait les tein- matiere, ils n'entendent pas tures, les cache dans elle, & qu'il faut les faire rétrograder ranime le feu caché dans l'au- jusqu'aux élemens, mais seu- tre, en le délivrant de la pri- lement jusqu'à ce qu'ils soient son où il étoit renfermé. devenus mercure, non mer- L'effet que chaque prin- cure vulgaire, mais mercure cipe opere dans l'oeuvre est des Philosophes. Voyez à ce tel. Le corps est le principe sujet la Philosophie des Mé- de la fixité, & ôte aux deux taux du Trévisan, les douze autres leur volatilité; l'es- Traités du Cosmopolite, & prit donne l'ingrès en ou- le Traité de Physique au com- vrant le corps; & l'eau par mencement des Fab. Egypt. le moyen de l'esprit, tire le & Grecques dévoilées. feu de sa prison, elle est l'a- PRINTEMS. Tems ou C c ij

404 PR PR le mercure prend le tempé- ne les en délivra qu'après rament & la complexion qu'ils lui eurent rendu son chaude & humide de l'air. fils Gabertin. Trévisan parle Ce qui se fait par un feu du aussi de prison dans le même second degré. Cette chaleur sens. Troisiémement, pour doit être médiocre & tem- le mercure, qui en dissolvant pérée, mais plus forte que le fixe le tient comme en celle de l'hiver. Le soufre prison pendant tout le tems pendant ce régime desséche de la noirceur, qu'ils ont aussi le mercure. Il produit les appellée Sepulchre, Tom- herbes & les fleurs philoso- beau. Quatriémement, pour phiques, c'est-à-dire les cou- la fixation même du mer- leurs qui précédent le blanc, cure. C'est dans ces trois & la blancheur elle-même. derniers sens qu'on doit en- La matiere alors ne peut plus tendre la prison de laquelle être détruite. Les Philoso- parle Basile Valentin dans la phes, pour déterminer ce Préface de ses Douze Clefs, passage du noir au blanc, en ces termes: Je (Saturne) l'ont nommé printems, de ne rejette la faute de ma ca- même que la matiere elle- lamité sur aucun autre que même. Mercure, qui par sa négli- PRISON. Les Philoso- gence & son peu de soin m'a phes prennent ce terme en causé tous ces malheurs: plusieurs sens différens. Pre- c'est pourquoi je vous con- mierement, pour les parties jure tous de prendre sur lui terrestres, grossieres & hé- vengeance de ma misere; & térogênes, dans lesquelles puisqu'il est en prison, que leur mercure & leur or sont vous le mettiez à mort, & enfermés comme dans une le laissiez tellement corrom- prison, de laquelle il faut les pre, qu'il ne lui reste aucune délivrer. Secondement, pour goutte de sang. le vase dans lequel on met Mercure devint si orgueil- la matiere de l'oeuvre, pour leux de se voir huile incom- travailler au magistere. C'est bustible, qu'il ne se reconnut dans ce sens qu'il faut enten- plus pour lui-même. Ayant dre Arislée quand il dit que jetté ses ailes d'aigle, il dé- le Roi des côtes de la Mer le vora sa queue glissante de fit enfermer dans une étroite dragon, déclara la guerre à prison, où il les retint qua- Mars, qui ayant assemblé rante jours & plus, & qu'il sa compagnie de Chevaux-

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légers, fit prendre Mercure, pour signifier les couleurs le mit prisonnier entre les qui se succèdent. C'est l'ex- mains de Vulcain, qu'il cons- plication qu'il y donne lui- titua Géollier de la prison, même en ces termes: Donc jusqu'à ce qu'il fût de nou- avec le consentement de veau délivré par le sexe fé- Perenelle, portant sur moi minin. l'extrait de ces figures (d'A- La Lune se présenta com- braham Juif), ayant pris me une femme vêtue d'une l'habit & le bourdon de Pé- robe blanche; elle se jetta lerin, en la même façon aux pieds des assistans, & qu'on me peut voir au de- après plusieurs soupirs ac- hors de cette même arche, compagnés de larmes, elle en laquelle je mets ces figu- les pria de délivrer le Soleil res hiéroglyphiques par de- son mari, qui étoit empri- dans le cimetiere (des saints sonné par la tromperie de Innocens à Paris) où j'ai aussi Mercure, déja condamné à mis contre la muraille, mort par le jugement des au- d'un & d'autre côté, une tres Planétes. procession où sont représen- PRIVINUM. Premier tées par ordre toutes les cou- tartre. Planiscampi. leurs de la pierre, ainsi qu'el- PROCE'DE'. Opération. les viennent & finissent, avec Maniere d'agir. Les procé- cette écriture françoise: dés de l'art Hermétique dans Moult plaît à Dieu proces- la composition de la pierre sion des Sages, sont une imitation S'elle est faite en dévotion. de ceux que la Nature em- ploye dans la composition C'est dans cette même des mixtes. vûe que les anciens Philo- PROCESSION. Nico- sophes Egyptiens, Grecs, las Flamel a employé dans avoient institués des proces- ses figures hiéroglyphiques, sions pour les solemnités des l'emblême d'une procession fêtes d'Osiris, de Bacchus, à laquelle beaucoup de mon- de Cérès, d'Adonis, &c. de assistent vêtus de diffé- dans lesquelles on portoit rentes couleurs, tant pour divers symboles des cou- indiquer les ascensions & leurs dans l'ordre qu'elles se descensions successives de la manifestent, comme on peut matiere, qui se font par sa le voir dans le 4e livre des circulation dans le vase, que Fables Egypt. & Grecques. C c iij

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PROFONDEUR. Di- tal en fusion: on couvre le mension philosophique de la creuset, & on laisse agir cette pierre. La hauteur & la pro- poudre pendant un quart- fondeur sont les deux extrê- d'heure ou environ, & après mes, & la largeur en est le avoir laissé refroidir la ma- milieu qui les unit. Le noir tiere, on la retire. Si elle est la hauteur, le blanc la étoit cassante, il faudroit la largeur, & le rouge la pro- projetter sur une petite quan- fondeur. Philalethe. tité du même métal en fu- PROJECTION. Les sion; parce que ce seroit une Sectateurs de la Philosophie preuve qu'on y auroit mis Hermétique appellent pou- trop de poudre. dre de projection, une pou- PROMETHE'E, fils dre, résultat de leur Art, de Japet & de Clymene, qu'ils projettent en très- forma l'homme du limon, petite quantité sur les mé- dit la Fable, & le fit avec taux imparfaits en fusion, au tant d'industrie, que Minerve moyen de laquelle ils les même en fut saisie d'éton- transmuent en or ou en ar- nement. Elle voulut contri- gent, suivant le degré de sa buer à la perfection de cet perfection. ouvrage: elle transporta Pro- Il est à remarquer que dans méthée au ciel, pour qu'il y la projection tout le métal fit choix de ce qu'il y juge- sur lequel on projette la pou- roit convenable. Y ayant vû dre, ne se transmue pas en plusieurs corps animés du or ou en argent, si on ne l'a feu céleste, il en admira la bien purifié avant que de le beauté; & pour en doter sa mettre en fusion. Il n'y a que figure, il toucha de sa ba- le mercure, à cause qu'il a guette le chariot du Soleil, moins de parties impures & en enleva une étincelle, la hétérogênes, & qu'il a beau- porta en terre, & en anima coup plus d'analogie avec sa figure. Jupiter indigné de l'or. ce larcin, résolut de punir Pour faire la projection sur tout le genre humain pour le mercure, il suffit de le faire le vol de Prométhée. Il or- un peu chauffer; on projette donna donc à Vulcain de la poudre avant qu'il fume. forger une femme de figure On enveloppe cette poudre parfaite, à laquelle il donna dans un peu de cire, & on une boîte remplie de maux. jette cette pelote sur le mé- Prométhée, à qui elle se pré-

PR PR 407 senta, ne voulut pas s'y fier; qu'ils en impregnent la terre Epiméthée son frere s'y lais- qui est au fond du vase, en sa surprendre, reçut la boëte, se cohobant avec elle. En se l'ouvrit, & tous les maux fixant avec elle, Prométhée qui affligent l'humanité, en se trouve attaché par Mer- sortirent. Jupiter ne se con- cure sur le rocher, & les tenta pas de cette vengean- parties volatiles qui agissent ce; il punit aussi l'auteur du sans cesse sur cette terre, vol, & ordonna à Mercure sont le vautour, ou l'aigle, de se saisir de Prométhée, qui lui déchirent le foie. Her- de l'attacher à un rocher du cule, ou l'Artiste, le délivre Mont Caucase, & envoya de ce tourment en tuant l'ai- un vautour pour lui dévorer gle, c'est-à-dire, en fixant le foie. Il rendit le supplice ces parties volatiles. Voyez plus long, en donnant à ce les Fables Egypt. & Grec- foie la propriété de se regé- ques dévoilées, Liv. 2. ch. nerer à mesure que le vau- 2. & liv. 5. ch. 17. tour le dévoroit. Hercule PROPOLIS, ou PRO- qui avoit été très-intimement POLIX, est une espéce lié avec Prométhée, résolut de ciment ou cire grossiere, de le délivrer de ce tour- d'un goût un peu amer, & ment; il décocha une fléche d'une couleur noirâtre, de contre le vautour, le tua, & laquelle les abeilles endui- délia son ami. sent les fentes de leurs ru- Les Philosophes herméti- ches, & même l'entrée, ques trouvent dans cette fa- quand les approches de l'hi- ble un symbole de leur oeu- ver les obligent de s'y ren- vre, & disent que Promé- fermer. Planis-campi l'ap- thée représente leur soufre pelle Cire vierge, d'autres animé du feu céleste, puis- Cire sacrée. Quand on en qu'il est lui-même une minie- met sur des charbons ardens, re de ce feu, selon le témoi- elle exhale une odeur à peu gnage de d'Espagnet. Le So- près semblable à celle de l'a- leil est son pere, & la Lune loës. Lémeri dit que cette sa mere: c'est dans sa vola- matiere est une espéce de tilisation avec le mercure mastic rougeâtre ou jaune. qu'il s'envole au ciel des Phi- PROPOMA. Boisson losophes, où ils s'unissent composée de vin & de miel, ensemble, & remportent ce ou de sucre. feu en terre; c'est-à-dire PROPORTION. Com- C c iv

408 PR PR binaison des poids, des prin- PROSTITUE'E. La cipes matériels du composé femme prostituée des Philo- de l'oeuvre hermétique. Voy. sophes est leur Lune, leur Disposition, Poids. Saturnie végétable, leur Dra- PROSERPINE. Fille gon Babylonien; l'art la pu- de Jupiter & de Cérès, fut rifie de toutes ses souillures, enlevée par Pluton dans le & lui rend sa virginité. Lors- tems qu'elle cueilloit des nar- qu'elle est dans cet état, les cisses dans la prairie. Pluton Philosoph. la nomment vier- en fit son épouse, & la dé- ge. Prenez, dit d'Espagnet, clara Reine des Enfers. Cé- une vierge aîlée, encein- rès la chercha par mer & par te de la semence spirituelle terre; & ayant appris qu'elle du premier mâle, & donnez- étoit avec Pluton, Cérès la en mariage à un second, s'adressa à Jupiter pour la sans crainte d'adultere. r'avoir. Jupiter promit qu'il PROTHE'E. Fils de la lui feroit rendre, pourvu l'Océan & de Thétis, fut un que Proserpine n'eût rien Dieu marin, qui prenoit tou- mangé pendant le séjour tes sortes de figures quand il qu'elle avoit fait dans cet lui plaisoit. Il gardoit les Empire ténébreux. Mais As- troupeaux de Neptune. On calaphe, qui seul lui avoit vû s'adressoit à lui pour sçavoir cueillir une grenade, dont l'avenir, & trompoit les cu- elle avoit mangé trois grains, rieux, par les différentes for- n'eut pas la discrétion de le mes qu'il prenoit. Pour en taire. Jupiter ordonna donc avoir raison, il falloit le lier; que Proserpine demeureroit alors il reprenoit sa forme six mois avec Pluton, & six naturelle, & annonçoit les mois avec Cérès. Voyez choses futures à ceux qui l'a- l'explication de cette fable voient mis dans cet etat. Or- dans le Liv. 4. chap. 3. des phée appelle Prothée le prin- Fables Egypt. & Grecques cipe de tous les mixtes & de dévoilées. toutes choses, & le plus an- PROSERPINACA. cien de tous les Dieux. Il Plante appellée Centinode, dit qu'il tient les clefs de la Corregiole, Renouée. nature, & préside à toutes PROSPHEROMENA. ses productions, comme étant Médicamens pris par la bou- le commencement de la na- che, tels que les purgatifs, ture universelle. Les Latins les cordiaux, &c. lui donnerent le nom de Ver-

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rumne, à cause de la variété appris sa mort, fit faire une des figures & des formes qu'il statue qui ressembloit à son prenoit. mari défunt, & la tenoit Prothée n'est autre que toujours auprès d'elle. Enfin l'esprit universel de la na- le chagrin de la perte de cet ture, esprit igné répandu dans époux qu'elle aimoit éperdu- l'air; l'eau le reçoit de l'air, ment, la porta à se donner & le communique à la terre. la mort, pour aller le rejoin- Il se spécifie dans chaque re- dre. Le mariage de Protési- gne de la nature, & s'y cor- las & de Laodamie est celui porifie en prenant diverses du fixe & du volatil de la formes, suivant les matrices matiere de l'oeuvre hermé- où il est déposé. Quand on tique; l'embarquement des sçait le lier & le garrotter, Grecs est la dissolution & la disent les Philosophes, c'est- volatilisation de cette ma- à-dire, le corporifier & le tiere; le débarquement est fixer, on en fait ce qu'on veut; le commencement de la fi- il annonce alors l'avenir, puis- xation nouvelle de la matiere qu'il se prête aux opérations, volatilisée; & comme les au moyen desquelles vous Philosophes appellent mort produisez ce que vous avez cette fixation, l'Oracle avoit en vûe. Les Chymistes her- dit avec raison que le pre- métiques en font la pierre & mier qui mettroit pied à ter- l'élixir, tant pour la transmu- re, c'est-à-dire qui d'eau vo- tation des métaux, que pour latile se changeroit en terre, conserver la santé à ceux qui seroit tué par les Troyens, se portent bien, & la rendre qui dans toute l'Iliade sont à ceux qui sont malades. pris pour le symbole de la PROTE'SILAS, fils terre fixe des Philosophes. d'Iphiclus, épousa Laoda- Voyez les Fables Egypt. & mie. Peu de tems après son Grecques dévoilées, Liv. 6. mariage, il partit pour le sié- PSALACHANTE. ge de Troye. L'Oracle avoit Nymphe qui aimoit éperdu- dit que celui qui le premier ment Bacchus, duquel se mettroit pied à terre, seroit voyant méprisée, elle se don- tué. Protésilas voyant qu'au- na la mort, & fut changée cun des Grecs n'osoit le fai- en la plante qui porte son re, descendit avec fermeté, nom. & fut tué en effet par un PSAMMETICUS, Troyen. Laodamie ayant Roi d'Egypte, fut le premier

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qui permit aux Etrangers PSORICA. Médica- le commerce de ses Etats. ment composé pour guérir la Les Grecs commencerent galle, la rogne. à les fréquenter, & s'ins- PSORICUM. Com- truisirent chez les Prêtres posé de deux parties de cal- Egyptiens de la Philoso- citis, & d'une de cadmie, phie qu'Hermès leur insti- ou d'écume d'argent, pulvé- tuteur leur avoit enseignée. risées, & mêlées ensemble Cette Philosophie étant don- avec du vinaigre blanc. On née sous le voile des fictions, met le tout dans un vase, les Grecs rapporterent dans qu'on scelle bien, & on le leur pays les fables qu'ils place dans le fumier de che- avoient apprises, & les di- val chaud pendant quarante vulguerent, habillées à la jours. On fait après cela sé- Grecque. Ce sont ces fic- cher cette matiere sur des tions que j'ai expliquées dans charbons ardents, jusqu'à ce mon Traité des Fables Egyp- qu'elle soit devenue rouge. tiennes & Grecq. dévoilées. Planis-campi. PSAMMISMUS. Bain PSYCHE'. Quoique la de sable chaud, dans lequel fable de Psyché ne soit pas on enterre les pieds des hy- du nombre des fictions Egy- dropiques, pour dessécher ptiennes, elle n'en renferme les humeurs qui se portent pas moins les mêmes prin- aux jambes, & les font en- cipes, & celui qui l'a imagi- fler. née a eu le même objet en PSAMMODEA. Sé- vûe: elle est trop belle pour diment sabloneux de l'urine. la passer sous silence; c'est PSAMMOS, ou SA- d'après Apulée que nous la MOS. Sable. rapporterons. PSILOTHRON. Cou- De trois filles qu'avoient levrée, bryone. un Roi & une Reine, la plus Psilothron est aussi le jeune étoit la plus belle, & nom que l'on donne aux on- la nature, en la formant, y guents topiques qu'on appli- avoit donné tellement ses que pour faire tomber le poil soins, qu'elle paroissoit s'être & les cheveux. En François surpassée. On venoit de tous on l'appelle depilatoire. côtés à la Cour de ce Roi PSINCUS & PSINC- pour voir cette beauté singu- KIS. Céruse. liere, & de l'admiration on PSORA. Galle. passoit à l'amour le plus pas-

PS PS 411 sionné. Vénus jalouse de rien. A des repas également voir Gnide, Paphos, Cy- abondans & délicats succé- there abandonnés & déserts doient des concerts admira- par le concours prodigieux bles, & les plaisirs se sui- qu'attiroit Psyché, ordonna voient les uns & les autres, à Cupidon de la blesser d'une sans que Psyché apperçût de ses fléches, & de la ren- même qui les lui procuroit. dre amoureuse d'un objet in- La nuit arrivée, l'époux qui digne de ses charmes. Cupi- lui étoit destiné s'approchoit don voulut exécuter les or- d'elle & la quittoit avant le dres de sa mere, mais Psyché jour, ce qui dura plusieurs fit sur lui la même impression nuits de suite. qu'elle faisoit sur les autres, L'Amour informé des re- & il en devint éperdument cherches que les soeurs de amoureux. Les soeurs de Psy- Psyché faisoient d'elle, lui ché furent mariées à des Sou- défendit d'abord de les voir; verains; mais personne n'osa mais l'ayant trouvée triste & aspirer à sa possession. L'ora- rêveuse, il lui permit de leur cle d'Apollon consulté sur la parler, à condition qu'elle destinée de cette jeune Beau- ne suivroit pas leurs conseils. té, répondit qu'elle n'auroit Le même Zéphir qui l'avoit pas un mortel pour époux, conduite dans ce lieu en- mais un Dieu redoutable aux chanté, y transporta ses Dieux & à l'Enfer même: il soeurs. Psyché, après leur ajouta qu'il falloit exposer avoir fait part de son bon- Psyché sur une haute mon- heur, les renvoya chargées tagne au bord d'un préci- de présens. Ces deux Prin- pice, parée d'ossemens qui cesses jalouses résolurent de annonçassent le deuil & la la perdre; & comme Psyché tristesse. On obéit à l'Ora- leur avoit dit que son mari cle, & à peine fut-elle au ne s'étoit pas encore montré lieu indiqué, qu'un doux Zé- à elle, quoiqu'il l'aimât éper- phir la porta au milieu d'un dument, elles en prirent oc- bois, dans un palais superbe casion, dans une autre en- brillant d'or & d'argent, & trevue, de lui rappeller l'o- dont chaque pavé étoit une racle d'Apollon, qui lui avoit pierre précieuse. Ce palais parlé confusément de je ne lui parut inhabité, mais des sçai quel monstre, & lui di- voix l'inviterent à y faire son rent que son époux étoit un séjour. Elle n'y manquoit de serpent, qui la feroit périr.

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Psyché effrayée de ce dis- en éprouvant la pointe d'une cours, commença à soup- de ses fléches. La blessure çonner quelque chose sur ce trop légere pour l'occuper que son mari ne vouloit pas préférablement aux charmes se manifester à elle, & leur de l'Amour, ne l'empêcha dit qu'elle suivroit leur con- pas de voir Cupidon qui s'en- seil, si elles lui indiquoient voloit; Psyché veut l'arrêter les moyens de se débarrasser par le pied, Cupidon l'en- de cette inquiétude. Elles lui leve; l'emporte, & la laisse conseillerent de cacher une enfin tomber. Il s'arrêta sur lampe allumée avec un ra- un cyprès, lui reprocha ame- soir; & que quand le monstre rement le peu de confiance seroit endormi, elle se servit qu'elle avoit eu à ses con- de la lampe pour le voir, & seils, & disparut. Psyché au du rasoir pour l'égorger. Psy- désespoir, se précipita dans ché suivit ce conseil, elle un fleuve; mais les Nym- sortit du lit, prit la lampe & phes, les Nayades qui res- le rasoir; mais au lieu d'un pectent l'épouse de l'Amour, monstre elle apperçut l'A- la porterent sur les bords. mour endormi; son teint Elle y rencontra le Dieu vermeil, sa jeunesse, ses aîles Pan, qui lui conseilla d'ap- développées, sa chevelure paiser l'Amour. Elle erroit blonde & flottante le lui par le monde en cherchant firent reconnoître. les moyens de parvenir à son Saisie d'étonnement, & but, lorsqu'elle rencontra au désespoir d'avoir fait un une de ses soeurs; elle lui fit tel affront à un si aimable part de son aventure, & lui époux en doutant de son dit que l'Amour pour mieux bonheur, elle étoit sur le se venger, avoit résolu d'é- point d'employer contre elle- pouser une de ses soeurs. En- même le fer dont elle avoit flée de cette espérance, cette voulu égorger son mari, lors- soeur s'échappe du palais, se qu'une goutte d'huile tomba rend où le Zéphir l'avoit en- de sa lampe sur l'épaule de levée la premiere fois, & l'Amour, & le réveilla. Ses s'imaginant qu'il la transpor- charmes la rappellerent à teroit encore, elle s'élança, elle; elle appaisa son cour- se laissa tomber & périt mi- roux. En examinant l'arc de sérablement. Psyché tendit Cupidon & son carquois, elle le même piége à son autre s'étoit un peu blessée au doigt soeur, qui eut la témérité de

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s'y laisser prendre, & y périt immobile, mais des fourmis aussi. officieuses se chargerent de Cependant Vénus infor- ce travail, & lui en éviterent mée des douleurs que Cupi- la peine. Vénus lui com- don souffroit, chercha Psy- manda ensuite d'aller de l'au- ché pour la punir. Cette tre côté d'une riviere très- épouse affligée cherchoit tou- profonde & très rapide ton- jours son mari, & étant ar- dre des moutons à toison rivée prés d'un temple, elle dorée, & lui en apporter la offrit à Cérès une gerbe d'é- laine. Prête à se précipiter pis qu'elle avoit ramassés, la dans cette riviere, une voix priant de la prendre sous sa sortie d'un roseau lui apprit protection; mais la Déesse un moyen facile de se pro- lui fit sçavoir qu'elle ne pou- curer cette laine, qu'elle voit faire autre chose que de porta à la Déesse. la garantir de son ennemie. Une femme irritée ne s'ap- Junon qu'elle rencontra, lui paise pas aisément, aussi Vé- fit à peu près la même ré- nus ne se calma-t-elle pas par ponse. Psyché prit donc le une obéissance si prompte; parti d'aller chercher l'A- elle lui ordonna encore de mour auprès de Vénus sa lui aller chercher une urne mere. Mais cette Déesse ja- pleine d'une eau noire qui louse, sans faire attention à couloit d'une fontaine gar- Psyché, monta dans l'O- dée par des dragons. Une lympe, & pria Jupiter d'or- aigle se présenta, prit l'urne, donner à Mercure de cher- la remplit de cette eau, la lui cher cette infortunée, & de remit entre les mains pour la la lui amener. Une des Sui- rendre à Vénus. Cette Déesse vantes de Vénus la lui mena, presqu'à bout, imagine un & cette Déesse irritée lui ar- travail encore plus difficile. racha les cheveux, déchira sa Vénus se plaint qu'elle a robe, la maltraita de coups, perdu une partie de ses at- lui ordonna ensuite de sépa- traits en pansant la playe de rer dans la journée tous les son fils, & ordonne à Psyché grains différens de pois, de de descendre au Royaume froment, d'orge, de millet, de Pluton, & d'y demander de pavots, de lentilles & de à Proserpine une boëte où féves qu'elle avoit fait ra- fussent quelques-uns de ses masser exprès en un tas. Psy- charmes. Alors Psyché ne ché demeuroit interdite & croyant pas qu'il fût possible

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de descendre dans le séjour qu'une vapeur infernale & des morts, sans mourir, étoit somnifere, qui la saisit à l'ins- sur le point de se précipiter tant, & la fit tomber endor- du haut d'une tour lorsqu'une mie à terre. Cupidon guéri voix lui apprit le chemin des de sa playe, toujours pas- Enfers, & lui dit d'aller au sionné pour sa chere Psyché, Ténare, qu'elle y trouveroit se sauva par une des fenêtres le chemin qui conduit au sé- du palais de Vénus, & trou- jour de Proserpine; mais vant sa chere épouse endor- qu'elle ne s'y engageât pas mie, l'éveilla de la pointe sans s'être munie d'un gâteau d'une fléche, remit la vapeur à chaque main, & de deux dans la boëte, & lui dit de pieces de monnoye, qu'elle la porter à sa mere. tiendroit à la bouche, où Cupidon fut alors trouver Charon en prendroit lui- Jupiter, qui fit assembler les même une après l'avoir pas- Dieux, & déclara que le sée dans sa barque; & que Dieu d'Amour garderoit sa quand elle rencontreroit le Psyché, sans que Vénus pût chien Cerbere, qui garde s'opposer à leur union. Il l'entrée du palais de Proser- ordonna en même-tems à pine, elle lui jetteroit un de Mercure d'enlever Psyché ses gâteaux. Qu'enfin Pro- dans le Ciel, où elle but de serpine lui feroit un accueil l'ambrosie dans la compa- favorable; qu'elle l'inviteroit gnie des Dieux, & devint à s'asseoir dans un grand fes- immortelle. On prépara le tin; mais qu'elle devoit re- festin des nôces, qui furent fuser ses offres, s'asseoir à célébrées; les Dieux y joue- terre, & ne manger que du rent chacun leur rolle, & pain bis; qu'alors Proserpine Vénus-même y dansa. lui donneroit la boëte, & Tous les Mythologues ont qu'elle se donnât bien de regardé cette fable comme garde de l'ouvrir. une allégorie, qui marque, Psyché profita de tous ces disent-ils, les maux que la conseils & reçut la boëte tant volupté, signifiée par l'A- désirée; mais à peine fut elle mour, cause à l'ame, sous le sortie des Enfers, qu'elle ou- symbole de Psyché. Mais on vrit la boëte dans le dessein peut l'expliquer Herméti- de prendre pour elle quel- quement comme les autres ques-uns des attraits qu'elle fables. Psyché est, selon les renfermoit. Elle n'y trouva Adeptes, l'eau mercurielle;

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& Cupidon avec son flam- qui s'y trouve, la putréfie & beau, son arc & ses fléches y fait survenir la couleur représente la terre fixe, chau- noire, symbole de la nuit. de & ignée, miniere du feu C'est alors, disent les Philo- céleste, suivant d'Espagnet. sophes, que se fait l'union Il est en consequence dit fils des deux, signifiée par les de Vénus & de Vulcain, & approches de Cupidon. Psy- Psyché fille d'un Roi & ché n'avoit garde de recon- d'une Reine, c'est-à-dire du noître alors son amant, il Soleil & de la Lune, disent étoit véritablement ce dra- les Philosophes. Ses charmes gon si prôné par les Philoso- firent impression sur Cupi- phes, ce serpent Python, ce don même, aussi ne pouvoit- monstre informe dont il est elle épouser qu'un Dieu, se- tant parlé dans tous leurs lon l'oracle d'Apollon; car ouvrages. Mais Cupidon n'a l'eau mercurielle ne peut que le nom de serpent, & s'allier & s'unir intimement n'en a pas la forme; il n'a qu'avec un Dieu Herméti- pas pour cela perdu sa beau- que, c'est-à-dire un métal té, elle n'est que cachée par philosophique, redoutable à l'obscurité de la nuit; sitôt l'Enfer-même, puisqu'il res- que Psyché s'aidera de la lu- suscite glorieux de la putré- miere d'une lampe pour le faction, appellée Enfer, dont voir, c'est-à-dire, dès que la voyez l'article. couleur blanche succédera à Psyché exposée sur une la noire, elle reconnoîtra le montagne d'où Zéphir la plus beau des Dieux, & le transporte dans un palais plus redoutable. Il avoit les brillant d'or, d'argent & de aîles étendues & dévelop- pierreries, & où l'Amour pées prêt à s'envoler, ce qu'il vient la visiter pendant la fit en effet sitôt qu'il fut éveil- nuit, représente cette vapeur lé par une goutte de l'huile qui s'éleve au haut du vase incombustible de la lampe hermétique, dans lequel Ba- dont parle Artéphius, qui sile Valentin dit que souffle tomba sur l'épaule de l'A- le Zéphir. Flamel la compare mour. Il prit son vol, & en- à une fleur admirable, bril- leva Psyché qui vouloit le lante d'or & d'argent, agitée retenir. C'est la volatilisation par le vent. Cette vapeur dé- de la matiere qui s'éleve au posée & descendue au fond haut du vase, où le volatil & du vase, dissout la matiere le fixe montent ensemble.

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Cupidon laisse tomber Psy- putréfaction, dont l'eau noire ché qui se précipite dans qu'une aigle puise dans une l'eau mercurielle; mais elle fontaine, pour rendre service ne s'y noyera pas; les Naya- à Psyché, est un symbole des respectent l'épouse de encore plus significatif. La l'Amour, elles la porteront toison dorée que Vénus de- sur les bords; elle errera en- mande, est le soufre des Sa- suite dans le monde en cher- ges, & la même que celle chant l'Amour, puisque la que Jason enleva. Mais pour matiere en circulant pendant parvenir à cette couleur par- la volatilisation erre dans le faitement noire, appellée vase jusqu'à ce qu'elle ait Enfer par les Philosophes, il rencontré la terre philoso- faut que Psyché descende au phique représentée par Cé- Royaume de Pluton, pour y rès, qui cependant ne peut demander à Proserpine une encore la mettre à l'abri de boëte remplie de ses char- l'indignation de Vénus, par- mes. Elle n'y réussira même ce qu'elle n'est pas elle- pas, si elle ne se munit de même encore fixe. Junon, deux gâteaux & de deux ou l'humidité de l'air, ne lui piéces de monnoye. Psyché en promet pas davantage. y va; elle rencontre Cha- Psyché prend donc le parti ron, ce vieillard sale, puant, d'aller chercher l'Amour couvert de haillons, & ayant chez Vénus sa mere, c'est- une barbe grise; elle y doit à-dire dans la couleur citrine aussi trouver Cerbere, à qui appellée Vénus qui succéde elle donnera un de ses gâ- à la blanche. Cette Déesse teaux, & parviendra enfin à pria Jupiter d'envoyer Mer- Proserpine, ou la couleur cure pour chercher Psyché. blanche, qui lui fera présent Voilà le mercure Philoso- de la boëte que Psyché cher- phique en action. Psyché est che. L'Auteur de cette fable présentée à Vénus, qui la n'a pas cru sans doute né- maltraite, & l'oblige à diffé- cessaire d'entrer dans un dé- rens travaux, qui indiquent tail plus long, parce que tout ce qui se passe dans les la seconde opération n'est opérations de l'oeuvre sui- qu'une répetition de la pre- vante. Les différens grains miere. Il s'est contenté de amassés en un tas sont sépa- dire que cette boëte renfer- rés par des fourmis; c'est la moit une vapeur somnifere, dissolution de la pierre & la qui saisit Psyché dès qu'elle l'ouvrit,

PS PU PU 417 l'ouvrit, afin d'indiquer par dice du Mort, & que la cou- cette vapeur la volatilisa- leur blanche étant par elle- tion, & par son effet la fixa- même le symbole de la pu- tion, ou le repos qui lui suc- reté, succéde à la noire, céde. C'est dans cet état que Quand elle est dans ce der- Cupidon la trouve, la con- nier état, ils disent qu'il faut duit au Ciel, & s'unit avec laver & purifier le laton; elle pour toujours. ainsi quand il est lavé, il est PSYTICUM. Médica- pur. ment rafraîchissant. PURGER. Voyez Net- PSYLOTRHUM. Voy. toyer. Psilothron. PURIFICATION. Sé- PTERIS. Fougere. paration des parties impures PTERNA. Chaux. d'avec celles qui sont pures, PUCELLE RHEA. Eau ou des parties hétérogênes mercurielle avant qu'elle soit des homogênes, ou des par- unie à son soufre. Prenez, ties corrompues d'avec celles dit d'Espagnet, une vierge, qui ne le sont pas. qui quoiqu'impregnée de la Il y a diverses sortes de vertu & semence du pre- purifications. L'une se fait mier mâle, n'a cependant par le feu, l'autre par l'eau; point souffert d'atteinte à sa la premiére se nomme cal- virginité parce qu'un amour cination, coupelle, rectifica- spirituel n'est pas capable de tion, &c. la seconde s'ap- la souiller: mariez-la à un pelle ablution, mondifica- second mâle. tion, séparation, &c. La PUCHO. Tenesme. purification de la matiere est PUGILAT. Un des exer- absolument requise pour la cices pratiqués dans les jeux préparer à la seconde opé- des Grecs & des Romains. ration du grand oeuvre, ap- Voyez Jeux. pellée par le Philalethe la PUISER. C'est la même parfaite préparation, qui se chose que cuire. fait par la réduction de l'hu- PURETE' DU MORT. mide avec le sec, immédia- Matiere des Philosophes par- tement après la purification. venue à la couleur blanche. Cette premiere préparation On l'a ainsi nommée de ce ou purification se fait par les que la couleur noire occa- calcinations, distillations, sionnée par la putréfaction, solutions & congélations; est appellée Mort, Immon- c'est-à-dire par la séparation D d

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du superflu, & par l'addition tion se fait aussi par l'action de ce qui manque à la ma- d'un feu étranger sur la ma- tiere. Trois régimes sont re- tiere. C'est dans ce sens que quis pour cela; le premier les Philosophes Spagyriques est de réduire la matiere à la disent que leur matiere de la nature du feu par la calcina- pierre est en putréfaction, tion; le second, de la résou- lorsque la chaleur du feu ex- dre en eau par la solution; trinseque mettant en action le troisiéme, de la réduire en le feu interne de cette ma- air par la distillation; & le tiere, ils agissent de con- quatriéme, de la réduire en cert sur elle, échauffent le terre par la congélation. mêlange, en séparent l'hu- Tous ces régimes doivent midité qui lioit les parties, & s'entendre de l'oeuvre phi- après plusieurs circulations losophique. Mais il y a une dans le vaisseau aludel scellé purification de la matiere de hermétiquement, réduisent laquelle il faut extraire le la matiere en forme de pous- mercure. Les Philosophes siere; ce qui leur a donné n'ont presque point parlé lieu d'appeller cendre la ma- de cette purification, quoi- tiere putréfiée, & de trom- qu'elle soit absolument re- per les ignorans en appel- quise; ils l'ont passée sous lant calcination cette action silence, tant parce que c'est par laquelle la matiere sem- la clef de l'oeuvre, que parce ble réduite en une espece qu'elle se fait manuellement de chaux. C'est pourquoi & qu'elle n'est pas philoso- Hermès dit que le noir blan- phique. Elle consiste à sépa- chit la cendre; & Parme- rer toutes les parties terres- nide, dans la Tourbe: La pu- tres & hétérogênes de la tréfaction détruit notre ma- matiere, premierement par tiere, lui donne une autre un bain humide, dit d'Espa- maniere d'être, comme la gnet, puis par un bain sec, calcination fait aux pierres. échauffé par le feu doux & Voyez Calcination, benin de la Nature. Corruption. PUSCA ou POSCA. Riplée définit la putréfac- Oxycrat. tion, la mort des corps, & PUTRE'FACTION. la division des matieres de Corruption de la substance notre composé, qui les con- humide des corps, par dé- duit à la corruption, & les faut de chaleur; la putréfac- dispose à la génération. La

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putréfaction est l'effet de la corps putréfié; elle le trans- chaleur des corps entretenue mue dans une nouvelle ma- continuellement, & non niere d'être, pour lui faire d'une chaleur appliquée ma- produire un fruit tout nou- nuellement. Il faut donc se veau. Tout ce qui a vie y donner garde de pousser la meurt; tout ce qui est mort chaleur excitante & exté- s'y putréfie, & y trouve une rieure au-delà d'un degré nouvelle vie. La putréfaction tempéré: la matiere se ré- ôte toute âcreté des esprits duiroit en cendre séche & corrosifs du sel, & les rend rouge, au lieu du noir, & doux; elle change les cou- tout périroit. leurs; elle éleve le pur au- La putréfaction succéde dessus & précipite l'impur, ordinairement à la solution en les séparant l'un de l'autre. & souvent on la confond Lorsque les Physiciens di- avec la digestion & la circu- sent qu'il ne se fait point de lation. On regarde la putré- génération sans que la pu- faction comme le quatriéme trefaction ait précédé, on degré des opérations chy- ne doit pas l'entendre d'une miques: elle en est le princi- corruption ou putréfaction pal & devroit être regardée intime des principes du mixte comme le premier; mais & de la substance propre du l'ordre & le mystere deman- composé, mais de celle qui dent qu'on lui donne cette produit simplement la solu- place, dit Paracelse; elle est tion du sperme extérieur, & connue de très-peu de gens; qui dégage les principes des & ces degrés, ajoute-t-il, liens qui les embarassoient (Liv. VII. de la Nature des & les empêchoient d'agir. Choses) doivent se succéder Lorsque la putréfaction passe comme les anneaux d'une ce degré, les diverses espe- chaîne ou les échellons d'une ces de mixtes n'engendrent échelle; desquelles si l'on en pas leurs semblables, & dé- ôte un, il y auroit une inter- génerent en d'autres mixtes, ruption, le prisonnier se sau- comme le froment dégénere veroit, l'on ne pourroit par- en yvraie. Ainsi la putréfac- venir au but que l'on se pro- tion entiere, ou substantielle, pose, & tout l'oeuvre périroit. éteint la forme du mixte. La putréfaction a tant d'ef- La putréfaction physique ficace, qu'elle détruit la na- est la purgation de l'humide ture ancienne & la forme du radical, par la fermentation D d ij

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naturelle & spontanée des PYLADE, fils de Stro- principes purs & homogênes phius, se lia avec Oreste avec les impurs & hétéro- d'une amitié si intime, qu'il gênes. s'offrit à la mort pour lui, Les Philosophes ont quel- lorsqu'il l'accompagna dans quefois donné le nom de la Tauride pour enlever la putréfaction à leur matiere statue de Diane, dont Iphi- parvenue au noir, parce que génie étoit Prêtresse. Voyez la noirceur en est l'effet & le Oreste. véritable signe. PYNANG. Aréca. PYLUS. Isle où les Poë- PYR DU SOLEIL. tes ont feint que regnoit Soufre philosophique. Nélée; Hercule vint dans PYRAMIDE. Masse cette isle, tua Nélée & toute d'une ou plusieurs pierres sa famille, excepté Nestor, assemblées en pointe fort & blessa Junon d'un dard à élevée. Les pyramides sont trois pointes, dans le tems quarrées. Les plus renom- qu'elle vouloit secourir Né- mées sont celles d'Egypte. lée. Pylus, selon les Philo- Pline dit qu'il y en avoit trois sophes Spagyriques, est le principales, mises au nom- symbole de la matiere phi- bre des merveilles du mon- losophique dans laquelle do- de. La plus grosse & la plus mine Nélée ou le soufre mi- haute contenoit huit arpens, néral, qu'Hercule ou le mer- ayant dans chacun des côtés cure tue en le purifiant par de sa base 883 pieds, & dans la putréfaction, qui est une le haut 25. La moyenne espece de mort. Sa famille avoit 737 pieds en tout sens, sont les esprits métalliques & la troisiéme 363. Les frais que le mercure fixe après la pour les construire furent putréfaction, & Nestor qui immenses, & prouvent bien reste seul, signifie le sel qui que l'or étoit extrêmement reste intact. Junon est la commun chez les Egyptiens. matiere aurifique, céleste Voyez les Fables Egyptien- & incorruptible qui semble nes & Grecques dévoilées, vouloir se joindre à Nélée livre premier. contre Hercule, qui la blesse PYRAENUS. Esprit de d'un dard à trois pointes, vin, comme si l'on disoit Feu parce que sa nature & sa du vin. substance sont mercurielles, PYRETICUM. Médica- sulfureuses & salines. ment fébrifuge.

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PYRITHOUS. Voyez tour; & comme Polyxene Pirithoüs. avoit été la cause de la mort PIROIS ou PYROUS. d'Achille, il l'immola sur son Nom d'un des chevaux du tombeau. De retour de cette Soleil. Columelle dit (liv. expédition, il épousa Her- 10.) que quelques-uns ont mione fille de Ménélas & aussi donné ce nom à la pla- d'Hélene, quoique déja fian- néte de Mars, à cause de sa cée à Oreste, ce qui lui coûta couleur rougeâtre. la vie; car Oreste le tua de- PYRONOMIE. Art de vant l'autel d'Apollon. Voy. régler & conduire les de- les Fables Egypt. & Grecq. grés de chaleur pour les opé- dévoilées, liv. 6. rations chymiques. Les Phi- PYTHIENS. Jeux Py- losophes Hermétiques disent thiens ou Pythiques. Ils fu- unanimement, que tout leur rent institués en l'honneur secret consiste dans le régime d'Apollon, après qu'il eut du feu, quand on a la ma- tué le serpent Python. Voyez tiere de la pierre. V. Feu, Jeux. Chaleur. PYTHIUS. Surnom d'A- PYROS. Froment. Blan- pollon. chard. PYTHON. Serpent hor- PYROTECHNIE. Voy. rible & monstrueux, né de Pyronomie. la fange & de la boue laissée PYROTICUM. Caute- par le déluge de Deucalion. re, vessicatoires. Apollon épuisa presque tou- PYROUS. V. Pyroïs. tes les fléches de son carquois PYRRHUS, fils d'A- contre ce monstre, qu'il tua chille & de Déidamie, fut enfin. C'est en mémoire de aussi appellé Néoptoleme. cette victoire qu'on institua Après la mort de son pere les jeux Pythiques. Voyez tué par Pâris, il se rendit au les Fables Egypt. & Grecq. siége de Troye, parce qu'une dévoilées, liv. 4. ch. 7. des destinées de cette ville

portoit qu'elle ne pourroit Q. être prise si un des descen- Q. Pl. signifie autant que dans d'Eaque n'y assistoit. l'on veut. Pyrrhus y tua Priam au mi- Q. V. A volonté. lieu de ses Dieux, & préci- Q. S. Suffisamment. pita le jeune Astianax, fils QUADRANS. Quatre d'Hector, du haut d'une onces. D d iij

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QUADRATUS. Sur- DRAGON. C'est le ma- nom de Mercure. gistere au rouge, ou le soufre QUANDROS. Pierre rouge des Philosophes. blanche, que les Anciens di- Queue DE PAON. Ce soient se trouver dans la cer- sont les couleurs de l'arc-en- velle des vautours. Ils pen- ciel, qui se manifestent sur soient qu'elle avoit la pro- la matiere dans les opéra- priété de faire venir le lait tions de la pierre. Pour indi- aux femmes. quer les couleurs qui sur- QUANLI. Plomb. viennent à cette matiere, QUARIS. Fiel de pierre. Basile Valentin & plusieurs QUARTARIUM. Le autres Philosophes ont em- même que quadrans. Il si- ployé pour symboles suc- gnifie aussi une mesure con- cessifs, le corbeau pour la tenant cinq onces de vin, couleur noire, le paon pour ou quatre onces & demie les couleurs variées de l'arc- d'huile. en-ciel, le cygne pour la QUEBOLIA. Mirabo- blanche, & le phénix pour lans. la rouge. QUEBRIC. Arsenic des Queue DE RENARD Philosophes. ROUGE. Minium. QUEBRIT. Soufre des QUIAMOS. Vena terrae. Sages. Couperose. QUEBULI. Mirabolans. QUIBRIT. Soufre des QUEMLI. Plomb. Philosophes. Morien. QUERCULA. Plante QUINTESSENCE. La appellée chamaedrys, petit quintessence, le magnétisme chêne. spécifique, le lien, la se- QUEUE DE DRA- mence des élémens, la com- GON. C'est, selon Hermès, position des élémens purs le mercure des Philosophes sont, dit le Breton (Philo- en putréfaction. sophie Spagyrique), des ex- Queue BLANCHE DU pressions synonimes d'une DRAGON. Huile du mer- même chose, d'une même cure, ou la pierre au blanc, matiere ou sujet, dans lequel ainsi nommée de ce que la réside la forme. C'est une couleur noire est appellée essence materielle dans la- Dragon, & que la blanche quelle l'esprit céleste est en- lui succéde. fermé, & opere. On pour- Queue ROUGE DU roit définir la quintessence

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un cinquiéme principe des pierre la propriété de faire mixtes, composé de ce qu'il découvrir les secrets, & d'ex- y a de plus pur dans les qua- citer des songes extraordi- tre élémens. naires à ceux qui la portoient Quintessence DES sur eux pendant le sommeil. E'LE'MENS. C'est le mercure des Philosophes. Raymond R. Lulle & Jean de Roquetail- lade, connu sous le nom de R. ou R/ signifie prenez, Jean de Rupe Scissa, ont mettez. fait chacun un Traité qui a RAAN.Sel armoniac. pour titre: de Quinta Essen- RAARI.Sel armoniac. tia, dont l'objet est la com- RABEBOYA.Racine position du mercure Hermé- du grand Flamula ou grand tique. L'un & l'autre don- Flambe. Quelques-uns ont nent le change aux ignorans, donné le nom de Rabeboya en parlant de cette quintes- à la Lune, ou femelle des sence, comme si elle se faisoit Sages. avec l'esprit de vin vulgaire, RABIEL.Sang de dra- au lieu qu'il faut l'entendre gon. du vin philosophique. Jean RABIRA.Etain, Jupiter. Séger Weidenfeld en a traité RABRIC.Soufre des Phi- fort au long dans son ouvrage losophes. qui a pour titre: de Secretis RACARI.Sel armoniac. Adeptorum, sive de usu Spi- RACHI. \ Mercure des ritus vini Lulliani. Cet es- RACHO. / Sages. prit de vin est absolument RACINE. Quelques minéral, & non végétal, Physiciens Chymistes ont mais acué & rendu plus puis- donné le nom de racines à sant avec les végétaux, sui- ce que d'autres appellent vant l'usage qu'on veut en principes, & les ont nom- faire, dit le même Raymond més différemment, quoi- Lulle. qu'ils ne soient que les mê- QUINTE NATURE. mes choses. Ils appellent ra- Mercure dissolvant des Phi- cines les principes des mix- losophes. tes, le fixe pur & le volatil QUIRIS. Pierre que l'on pur; tout ce qui entre d'ail- trouve dans le nid des hup- leurs dans la composition du pes. Quelques anciens Na- mixte est censé hétérogêne, turalistes attribuoient à cette & non racine, parce qu'il est D d iv

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un obstacle à l'union parfaite Racine DE L'ART. des racines, d'où dépend la Pierre au blanc. Il ne faut durée; & qu'il en occasionne pas confondre la racine de la séparation, d'où s'ensuit la l'art avec la racine de l'oeu- mort. C'est par cette raison vre, parce que le commen- que l'union des principes, cement de l'oeuvre est la faite par l'Alchymie, est per- préparation manuelle, que manente & incorruptible. tout le monde peut faire, de Racine. (Sc. Herm.) la matiere crue, au lieu que Mercure des Sages pendant l'art philosophique ne com- la putréfaction. Ils ont dit mence qu'après cette pré- que leur matiere ou plutôt paration, de laquelle pres- leur mercure étoit composé qu'aucun Philosophe n'a par- de deux choses sorties d'une lé. Ainsi la racine de l'oeuvre même racine; parce qu'en prise dans son principe, est effet d'une & unique ma- la matiere crue, & la racine tiere, molle, & qui se trouve de l'art est le mercure pré- par-tout, comme dit le Cos- paré & la matiere au blanc. mopolite, on tire deux cho- Racine DES ME'TAUX. ses, une eau & une terre, Quelques-uns ont donné ce qui réunies ne font plus qu'u- nom à l'antimoine, d'autres ne seule chose & ne se sepa- au mercure vulgaire. Les rent jamais. Cette réunion uns & les autres se sont n'en fait plus qu'une seule trompés. Par Antimoine & racine, qui est la semence & Mercure on doit entendre la vraie racine des métaux ceux des Philosophes Her- philosophiques. métiques, qui sont la même La racine de l'oeuvre est, chose, & qui est elle-même selon Trévisan, le principal la racine de l'antimoine & ingrédient du composé phi- du mercure vulgaires; c'est- losophique; c'est pourquoi à-dire, ce en quoi tout se Riplée le nomme la base. résout. C'est le soufre mûr du So- Racine se dit aussi des leil des Sages, par la vertu principales parties du corps duquel les deux autres subs- humain, d'où les autres sem- tances mercurielles se mû- blent dépendre ou tirer leur rissent & acquierent le degré origine. Le cerveau est la de perfection de l'or. Les racine de tous les ligamens, Philosophes l'ont aussi nom- le coeur est la racine de tous mé le Feu de Nature. les membres, & le foye est

RA RA 425 celle du sang. Ces racines Royaume de Pluton, & dont ne souffrent souvent que par il falloit nécessairement être accident. En les conservant muni pour aborder Proser- en santé, on conserve tout pine, est le symbole de la le corps; mais il faut aussi matiere des Sages, suivant guérir les accidens, pour que l'explique d'Espagnet. Il conserver le principal. Pa- est pris d'un arbre sembla- racelse. ble à celui qui produisoit les Racine DES TEINTU- pommes des Hespérides, & RES DU SOLEIL ET DE LA à celui où étoit suspendue la LUNE. C'est le mercure des toison d'or. Mais la difficulté Sages uni à son soufre. est de reconnoître cette bran- RACRI. Sel armoniac. che & ce rameau; car les RADIRA. Etain, Jupi- Philosophes, dit le même ter. Auteur, se sont étudiés plus RADIX CAVA. Espece particulierement à le cacher d'aristoloche, dont la racine que toute autre chose. Celui- est creuse. là seul peut l'arracher: qui RAIB. Pierres de toutes Maternas agnoscit aves. especes. .... & geminae cui fortè RAISIN DE CHE^NE. columbae, Assemblage de petits glo- Ipsa sub ora viri coelo venere bules rouges en dehors, volantes. blancs & presque laiteux en dedans, d'un goût très-stip- Voyez une explication plus tique, que l'on trouve au étendue à la fin du sixiéme printems sur les racines du livre des Fables Egypt. & chêne; c'est dans ce tems-là Grecques dévoilées. qu'il faut les cueillir, parce RAMED. Rhubarbe. qu'en été ils deviennent li- RAMICH. Noix de gneux. On les fait sécher à galle. l'ombre, & on les pulvérise RAMIGI, RAMIGIRI. ensuite. C'est un spécifique Colofone. pour la dissenterie, les flux RANAC. Sel armoniac. de sang, & les hémorragies. RANDERIC. Matiere Rulland. de l'oeuvre, ou Rebis, avant RAMAG. Cendre. qu'elle soit parvenue à la RAMEAU D'OR. Ce- blancheur. lui qu'Enée porta avec lui, RASAHETI. Aes ustum, pour avoir entrée dans le cuivre brûlé.

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RASAR. Etain. faut pas l'entendre à la lettre. RASAS. Plomb blanc. Voyez Vin. RASEOS. \ Cuivre, RAYONS DU SOLEIL RASOES. / Vénus. ET DE LA LUNE. Les RASTIS. Jupiter chy- Philosophes disent, d'après mique. Hermès, que leur eau mer- RASTOL. Cuivre, ai- curielle s'extrait des rayons rain. du Soleil & de la Lune au RASTUL. Sel. moyen de leur aiman; quel- RAVED. Rhubarbe. ques Chymistes se donnent RAVED-SENI. Rhu- en conséquence la torture barbe d'orient. pour trouver un aiman ou RAXAD. Sel armoniac. un attrament qui puisse pro- RAYB. Voyez Raib. duire ou attirer cette matie- RAYMOND LULLE. re: Borrichius les désabuse Philosophe Hermétique, l'un avec tous les véritables Phi- des plus sçavans, des plus losophes, lorsqu'ils disent subtils, & dont la lecture est que la matiere de laquelle il des plus recommandée, faut extraire ce mercure se comme ayant écrit le plus trouve sur terre, & que c'est clairement sur les principes une terre vierge: qu'il ne des choses, & comme ayant faut point en conséquence le plus pénétré dans les se- chercher à la pêcher dans crets de la Nature. D'Espa- l'air. Raymond Lulle dit po- gnet loue particulierement sitivement qu'elle se tire de son Testament ancien, son la terre, & Hermès dit que Codicille, sa Théorie & sa la terre est sa nourrice. Pratique. Zachaire y ajoute RE'LGAL ou RE'AL- la Lettre de cet Auteur au GAR. Magistere au rouge. Roi d'Angleterre Robert, & REBIS. (Sc. Herm.) dit que sa lecture lui a fait Matiere des Sages dans la connoître son erreur. Ray- premiere opération de l'oeu- mond Lulle parle peu de vre. L'esprit minéral crud l'eau tant désirée des Philo- comme de l'eau, dit le bon sophes, mais ce qu'il en dit Trévisan, se mêle avec son est très-significatif. Quant au corps dans la premiere dé- régime, personne n'en a écrit coction en le dissolvant. C'est plus clairement que lui. Il pourquoi on l'appelle Rebis, parle sans cesse de vin blanc parce qu'il est fait de deux & de vin rouge; mais il ne choses, sçavoir du mâle &

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& de la femelle, c'est-à-dire faire. S'ils avoient étudié les du dissolvant & du corps principes de la Nature & du dissoluble, quoique dans le grand oeuvre dans les ou- fond ce ne soit qu'une même vrages des vrais Philosophes, chose & une même matiere. ils ne se laisseroient pas sur- Les Philosophes ont aussi prendre. Ils y verroient que donné le nom de Rebis à la la matiere est une, vile, matiere de l'oeuvre parve- commune, & que celui qui nue au blanc, parce qu'elle a une quantité suffisante de est alors un mercure animé cette matiere, a plus besoin de son soufre, & que ces de patience & de travail, que deux choses sorties d'une de dépenses à faire; que l'oeu- même racine ne font qu'un vre ne gît pas dans la multi- tout homogêne. V. Andro- tude des choses, & qu'il ne gine, Hermaphrodite. faut qu'une nature, un vase Rebis se prend aussi pour & un fourneau. Qu'ils lisent les excrémens humains, & Trévisan, Zachaire, ils se- pour la fiente de pigeons. ront bientôt désabusés de ces REBOLEA. Excrémens receptes trompeuses. Si les brûlés. Philosophes donnent quel- REBOLI. Liqueur de quefois des receptes, ils ont mumie. soin d'avertir qu'on ne doit REBONA. Fiente cal- pas les entendre à la lettre, cinée au feu. & que quand ils disent pre- REBOSOLA ou REBI- nez ceci, mettez cela, ils ne SOLA. Spécifique tiré de prétendent pas qu'il faille l'urine, contre l'ictéricie. ajouter ou mettre quelque RECEPTE. Procédé ou chose étrangere à ce qui est mémoire instructif pour faire déja dans le vase; mais seu- le grand oeuvre. On les ap- lement qu'il faut continuer pelle ainsi, parce qu'ils com- le régime pour procurer à la mencent comme les ordon- matiere un changement de nances des Médecins, par le couleur, & la pousser d'un mot latin Recipe, qui veut état moins parfait à un plus dire prenez. grand degré de perfection. Il Les ignorans se laissent ne faut donc les entendre à prendre pour dupes par des la lettre quand ils disent pre- fripons qui leur présentent nez, que lorsqu'il faut pre- des receptes fausses, & leur mierement mettre la matiere demandent de l'or pour en dans le vase, pour en faire

428 RE RE le mercure, ensuite le sou- a représenté ce volatil & ce fre; quand de ce soufre & du fixe sous diverses figures em- mercure il faut faire le Rébis blématiques, d'animaux & pour parvenir à faire la pier- d'oiseaux; Flammel, sous re, & enfin pour de cette celle de deux dragons, l'un pierre avec le mercure, en aîlé, l'autre sans aîles. Mais faire l'élixir. Voilà toute qui prendra-t-on pour arbitre l'oeuvre. de leur différend? & qui sera RECFAGE. Dissolution le médiateur de cette paix? du corps par un esprit hu- Il en faut deux, selon tous mide & igné. les Philosophes, Vulcain & RECHAM. Marbre. Mercure; c'est pour cela RECIPIENT, en ter- qu'on représente ce dernier mes de Chymie, est un ma- avec un caducée, autour du- tras ou ballon adapté au bec quel sont entortillés deux ser- du chapiteau d'un alambic pens, mâle & femelle, & ou d'une cornue, pour rece- de propriétés opposées. Les voir la liqueur qui en distille. Poëtes disent aussi que Mer- En termes de Philosophie cure accordoit les ennemis, hermétique, le récipient est & rappelloit les ames dans la terre qui demeure au fond les corps. La Fable donne du vase, & qui boit & reçoit un exemple du pouvoir qu'a les vapeurs qui se condensent Vulcain de réunir les choses au haut du vase, & retom- différentes, lorsqu'elle dit bent en pluie. Le récipient que Vulcain surprit Mars & est le corps, & les vapeurs Vénus en adultere, & les sont l'esprit, qui se corporifie lia ensemble jusqu'à ce que en s'unissant avec la terre, Mercure vînt les délier. qui le fixe. RECONCILIER LES RECONCILIATION ENNEMIS (Sc. hermét.). (Sc. herm.). Les Philoso- Expressions philosophiques, phes hermétiques recom- qui signifient la réunion du mandent de réconcilier les fixe avec le volatil, au moyen ennemis, & de faire la paix du mercure & de Vulcain. entr'eux, de maniere qu'ils Voyez Réconciliation. soient unis inséparablement; RECTIFICATION. c'est-à-dire qu'il faut réunir Nouvelle dépuration d'un le volatil avec le fixe, en- corps ou d'un esprit chymi- sorte que le volatil devienne que, par la distillation réité- fixe à jamais. Lambspringius rée, ou par quelqu'autre opé-

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ration en usage pour cet ef- duise dans les quatre élé- fet. En termes de Chymie mens, parce qu'ils ne sont hermétique, c'est la même que la premiere matiere éloi- chose que sublimation, ou gnée; mais en mercure her- exaltation de la matiere de métique, qui est la premiere l'oeuvre à un degré plus par- matiere prochaine des mé- fait. Voyez Sublimation. taux philosophiques. RECTIFIER. Don- Réduction se dit aussi ner un plus grand degré de de la réunion d'une chose perfection. Voyez Subli- avec une autre. C'est ce que mer. d'Espagnet appelle la réin- REDUC. Poudre mé- sération de l'ame dans la tallique faite par la calcina- pierre, lorqu'elle l'a perdue; tion. On la réduit en liqueur, ce qui se fait, dit-il, en l'al- & enfin en régule. Planis- laitant & en la nourrissant campi. d'un lait spirituel & rorifique, REDUCTION. Ré- jusqu'à ce qu'elle ait acquis trogradation d'une chose par- une force capable de résister venue à un certain degré de aux atteintes du feu. Cette perfection, à un degré qui réduction est donc une opé- l'est moins, comme si avec ration par laquelle on incere, du pain on faisoit du grain de on engraisse, on nourrit, on froment. Ainsi la réduction engrosse, on subtilise, & l'on des metaux en leur premiere réunit les élémens, ou prin- matiere, si recommandée par cipes, ensorte que le feu les Philosophes, est la rétro- agisse sur l'air, l'air sur l'eau, gradation des métaux philo- l'eau sur la terre, &c. sophiques, & non vulgaires, REDUIRE, s'entend en leur propre semence, aussi dans deux sens diffé- c'est-à-dire en mercure her- rens, comme le terme Ré- métique. Cette réduction duction, dont voyez l'ar- s'appelle aussi réincrudation, ticle. & se fait par la dissolution RE'EZON. Soufre des du fixe par le volatil de sa Philosophes parfait au rouge. propre nature, & duquel il REFECTIVUM. Mé- a été fait. dicament qui rétablit les for- Ainsi la réduction des mé- ces perdues. taux en leur premiere ma- REFRACTION. Même tiere, n'est pas une opéra- chose que conversion des tion par laquelle on les ré- élémens.

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REGIME (Sc. herm.). feu doit être modéré jusqu'au Les Philosophes disent que noir & au commencement tout consiste dans le régime du blanc; on augmente alors du feu. Il ne faut pas se lais- ce feu par degrés, jusqu'à ser prendre au sens littéral parfaite exsication ou incé- de ces paroles. Toute la ration de la pierre. réussite de l'oeuvre dépend On fortifie encore ce feu en effet du régime du feu; jusqu'au rouge. Dastin dit: mais ils entendent par ces le feu sera leger dans la solu- paroles, non seulement la tion, médiocre dans la subli- conduite du feu extérieur, mation, temperé dans la coa- excitant, & conservant la gulation, continu dans la matiere des impressions de déalbation, & fort dans la l'air froid; il faut aussi les rubification. Le trop grand entendre du régime du feu feu gâte & brûle les fleurs du philosophique, c'est-à-dire, magistere; un feu trop petit du feu de nature, & du feu n'excite pas assez, & rien ne contre nature, afin que de se fait. Qu'on fasse donc bien ces deux bien combinés, attention qu'il y a deux cha- naisse un troisiéme, que les leurs dans notre oeuvre, sça- Philosophes appellent feu voir, celle du soufre, & celle innaturel. Ces trois feux, du feu extérieur; celui-ci ne avec le feu extérieur, sont se prend pas de la substance les quatre feux qu'Artéphius de la matiere de l'oeuvre, dit être nécessaires dans l'oeu- parce qu'il n'est point perma- vre. Il n'en nomme cepen- nent avec la quantité & le dant que trois, parce qu'il poids du mercure. Celui du ne parle que des feux philo- soufre au contraire fait corps sophiques, & ce sont ces feux avec le mercure, & l'anime; qu'il faut proportionner géo- il fait partie du magistere, & métriquement; c'est en cela en est une intégrale & essen- que consiste tout le secret du tielle. C'est pourquoi Aros régime. dit: le mercure & le feu te On doit cependant faire doivent suffire; ce qu'il faut attention, dit Philalethe, que entendre après la premiere quoique l'action de notre conjonction. Quelques Phi- pierre soit unique, c'est-à- losoph. donnent pour exem- dire la cuisson avec le feu ple du régime que l'on doit naturel, l'état de cette cha- tenir dans les opérations de leur varie de trois façons. Le l'oeuvre, le cours du Soleil

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dans les quatre saisons de fet que les quatre couleurs l'année, & disent qu'il faut principales qui surviennent commencer en hiver. Mais à la matiere philosophique on ne doit pas les entendre pendant les opérations de de l'hiver vulgaire, c'est de l'oeuvre, comme on peut l'hiver philosophique, c'est- le voir dans tous les Li- à-dire du tems où la matiere vres des Adeptes, qui trai- se dispose à la génération par tent des opérations de la la dissolution & la putréfac- pierre. La premiére couleur tion de la partie fixe par l'ac- est le noir, qu'ils attribuent à tion du volatil & du feu in- Saturne; la seconde, le blanc, terne. Cet hiver peut se trou- qu'ils donnent à Jupiter; la ver pendant l'été vulgaire, troisiéme, le citrin, qui ca- parce qu'on peut commen- ractérise Vénus; & la qua- cer l'oeuvre en tout tems. triéme, le rouge, ou la cou- Zachaire & Flammel le fi- leur de pourpre, qui convient rent au printems. V. Tems, à Mars. Saison. Régne se dit aussi des REGIR. Gouverner, divisions ou classes sous les- conduire une opération. V. quelles on range tous les Régime. êtres sublunaires. On en REGNE. (Sc. herm.) compte trois, auxquelles on La Fable feint quatre régnes a donné les noms de régne principaux des Dieux, que minéral, régne végetal, & les poëtes ont aussi appellé régne animal. Sous le pre- âges. Le premier fut celui mier on comprend les mé- de Saturne, appellé l'âge taux, les minéraux, les pier- d'or; le second, celui de Ju- res précieuses & brutes, les piter, ou l'âge d'argent; le cailloux, les terres calcaires troisiéme, l'âge de cuivre, & gypseuses, les bols, les ou celui de Vénus; & le qua- bitumes & les sels. Le se- triéme enfin, l'âge de fer, cond renferme les arbres, les ou celui de Mars. Les My- plantes, & tous les végétaux. thologues ont expliqué ces Le troisiéme enfin est formé quatre régnes ou âges dans des animaux de toutes espé- un sens moral, & les Adep- ces, quadrupédes, volatils, tes avec plus de raison, l'ex- reptiles, poissons, & crusta- pliquent dans le sens philo- cées. sophico-chymique; car ces Les individus de chaque quatre régnes ne sont en ef- régne se multiplient par une

432 RE RE semence analogue & spéci- ” ches que si notre lunaire fiée pour ce régne; de ma- ” étoit de même nature que niere qu'un chien engendre ” les autres plantes, elle ser- un chien, un arbre produit ” viroit comme elle de ma- un arbre, & les métaux ont ” tiere propre au feu pour une semence générale pro- ” brûler, & ne remporteroit pre à tous les individus mé- ” de lui qu'un sel mort, ou, talliques. Il ne faut pas em- ” comme l'on dit, la tête ployer la semence propre à ” morte. Quoique nos pré- un régne, pour produire un ” décesseurs ayent écrit am- individu d'un autre régne. ” plement de la pierre végé- Ceux-là se trompent donc, ” tale, si tu n'es aussi clair- qui croyent extraire le mer- ” voyant que Lyncée, leurs cure philosophique, semence ” écrits surpasseront ta por- des métaux, des sels alkalis ” tée; car ils l'ont seulement des plantes, ou des parties ” appellée végétale, à cause prises des animaux. ” Sois ” qu'elle croit, & se multi- ” diligent à la recherche des ” plie comme une chose vé- ” choses qui s'accordent avec ” gétale. ” la raison, & avec les livres ” Bref, sçache qu'aucun ” des Anciens, dit Basile Va- ” animal ne peut étendre ” lentin (Avant-propos) ” son espéce, s'il ne le fait ” sçache que notre pierre ne ” par le moyen de choses ” prend point naissance des ” semblables & d'une mê- ” choses combustibles, parce ” me nature. Voilà pour- ” qu'elle combat contre le ” quoi je ne veux point que ” feu, & soutient tous ses ef- ” tu cherches notre pierre ” forts, sans en être aucune- ” autre part ni d'autre côté ” ment altérée. Ne la tire ” que dans la semence de sa ” donc point de ces matieres, ” propre nature, de laquelle ” dans lesquelles la nature, ” nature l'a produite. Tires ” toute puissante qu'elle est ” de là aussi une conséquen- ” ne peut la mettre. Par ” ce certaine, qu'il ne te faut ” exemple, si quelqu'un di- ” aucunement choisir à cet ” soit que notre pierre est de ” effet une nature animale. ” nature végétale, ce qui ” Or, mon ami, afin que ” néanmoins n'est pas possi- ” je t'enseigne d'où cette se- ” ble, quoiqu'il paroisse en ” mence & cette matiere est ” elle je ne sçai quoi de vé- ” puisée, songe en toi-même ” gétal, il faut que tu sça- ” quelle fin & à quel usage tu

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” tu veux faire la pierre; gule comme étant la matiere ” alors tu sçauras qu'elle ne du grand oeuvre, & l'ont ” s'extrait que de racine mé- nommé le Loup. Philalethe ” tallique, ordonnée par le n'a pas peu contribué à les ” créateur à la génération induire en erreur, parce qu'il ” seulement des metaux. Re- dit dans son Introitus aper- ” marques premierement, tus, dans lequel il paroît le ” dit le même Auteur (Lu- désigner assez clairement. miere des Sages), que nul Mais Artéphius qui parle de ” argent-vif commun ne sert l'antimoine, & le nomme ” à notre oeuvre; car notre même par son propre nom, ” argent-vif se tire du meil- dit aussi que cet antimoine ” leur métal, par art spagy- est l'antimoine des parties ” rique, & qu'il est pur, sub- de Saturne, & l'appelle an- ” til, reluisant, clair comme timoine Saturnial, & dit, ” eau de roche, diaphane notre vinaigre antimonial ” comme crystal, & sans Saturnien. Il s'explique en- ” ordures. suite, en disant qu'il appelle Dans le régne minéral, leur matiere antimoine, non l'or est le plus excellent avec pas parce qu'elle l'est en ef- le diamant; dans le végétal, fet, mais parce qu'elle en a c'est le Vin; & dans l'animal, les propriétés; ce qui suffit l'homme. pour jetter un jour sur l'en- REGULE est un terme droit de Philalethe, & em- générique, très en usage par- pêcher les ignorans de dé- mi les Chymistes, pour ex- penser leur argent à travailler primer la masse qui reste au sur l'antimoine vulgaire, ni fond du creuset, quand on y sur son régule. a fondu quelque: morceau de REGULIFIER. Ré- mine minérale ou métalli- duire un métal en régule. que. On donne plus ordi- REILLI. Sel acide, ou nairement ce nom de régule de vinaigre. au culot d'antimoine; & REINCRUDATION. quand il est mêlé avec d'au- Rétrogradation. Voyez Ré- tres métaux, on y ajoute le duction. nom du métal. Ainsi on ap- REINCRUDER. Ré- pelle régule martial, celui duire un corps à ses premiers où il entre du fer, ou Mars principes. Artéphius dit que &c. Nombre de Chymistes réincruder signifie décuire, ont regardé ce dernier ré- ramollir les corps jusqu'à ce E e

434 RE RE qu'ils soient dépouillés de lusion à la propriété préten- leur consistence dure & sé- due de ce poisson, parce que che. On ne peut réussir dans cette partie fixe arrête la par- l'oeuvre, si on ne réincrude tie volatile en la fixant. le corps parfait, & si on ne RENDRE l'ame à la le réduit à sa premiere ma- pierre après la lui avoir en- tiere. Voyez Réduire. levée. Expressions qui signi- REINE. Eau mercu- fient les imbibitions de la ma- rielle des Philosophes, qu'ils tiere volatile sur la fixe. ont ainsi nommée, parce REPAS délicieux des qu'ils ont appellé Roi leur Philosophes. C'est lorsque soufre, qui doit être marié leur science leur fait décou- avec cette eau, son épouse vrir quelque secret de la na- naturelle, & sa mere. Basile ture qu'ils ignoroient. Valentin & Trévisan sont les RESERVOIR des eaux deux qui ont employé plus supérieures & inférieures. particulierement ce terme de Mercure des Sages. Ils l'ont Reine. ainsi appellé de ce qu'il est RE'ITERATION de l'abrégé du petit monde, & destruction. C'est lorsqu'on qu'il est comme la quintes- fait la seconde disposition, sence des élémens. pour parvenir à la pierre RESIDENCE. Ma- après avoir fait le soufre. gistere au rouge, nommé Morien dit que cette dispo- résidence, parce qu'en lui sition ou seconde opération, réside tout ce qu'il faut pour est une répétition ou réitéra- animer le mercure, dont il tion de la premiere. est lui-même comme le ré- REMORA ARATRI. sidu & le résultat, & que Plante connue sous le nom quand ils ont été réunis & d'Arrête-boeuf. travaillés, ils composent un REMORE. Nom d'un tout capable de demeurer petit poisson que les Anciens éternellement dans le feu, disoient avoir la propriété & de résister à ses plus for- d'arrêter un vaisseau dans sa tes atteintes. course, quoique voguant à RESINE CARDIA- pleines voiles. Les Philoso- QUE. Gomme, ou extrait phes hermétiques ont donné de la racine d'angélique. le nom de Remore & d'E- Résine DE LA TERRE. chénéis à la partie fixe de la C'est le soufre. matiere de l'oeuvre, par al- Résine POTABLE DE

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LA TERRE. Soufre sublimé duire le corps dissoluble en réduit en liqueur appellée eau, par le moyen du mer- huile ou baume de soufre. cure; c'est le réincruder, Résine MINERALE. pour le faire tomber en pu- Soufre. tréfaction, & le disposer à Résine D'OR. Teinture la génération du fils du so- extraite de ce métal. leil. Quand on emploie ce RESOLUTION, en terme pour l'opération de la termes de Physique & de Médecine du troisiéme or- Chymie, signifie desunion dre, il signifie non seulement des parties d'un corps mixte. réduire la matiere au blanc On trouve, par la résolution, ou au rouge, & l'élixir en cinq choses dans tous les mercure philosophique, mais corps, mais quelques-unes le préparer, le sublimer, le plus abondantes dans les calciner, le purifier, le con- uns que dans les autres. 1 . joindre, le séparer, le laver, Un corps étheré, ou subs- le distiller, le fondre, l'en- tance spiritueuse, appellée durcir, le triturer, l'incérer, esprit ou mercure. 2 . Une &c. parce qu'une même opé- substance sulphureuse & vo- ration fait tout cela dans un latile. Ces deux le sont telle- même vase, avec trois ma- ment, qu'elles s'évaporent tieres de même nature. fort aisément dans l'air, si RESSUSCITER. Voyez l'on n'apporte bien des pré- Résurrection. cautions pour les conserver; RE'SURRECTION. elles participent beaucoup Les Philosophes Herméti- du Gas de Vanhelmont, 3 . ques appellent ainsi le pas- Un sel. 4 . Du phlegme, sage du noir au blanc dans ou partie aqueuse. Enfin une l'opération du grand oeuvre; terre, appellée Tête morte. parce que le nom marque la Ces deux dernieres substan- putréfaction, qui est un signe ces sont comme le réceptacle de mort. Ils donnent aussi des trois autres. ce nom à la transmutation Résolution signifie des métaux imparfaits en or; aussi Dissolution, Réduction, car, selon eux, le plomb, le dont voyez les articles. fer, &c. sont des métaux RESOUDRE. C'est morts, qui ne peuvent être desunir les parties d'un corps ressuscités & glorifiés qu'en solide. En termes de Chy- devenant or, comme le plus mie Hermétique; c'est ré- haut degré de leur perfection. E e ij

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RE^TS. Filet à pêcher. Action par laquelle on re- Les Chymistes Hermétiques met un mixte dans le premier ont donné ce nom à leur ai- état qu'il avoit avant d'être mant, parce qu'il attire & corrompu par des mélanges. prend leur acier, comme un REVIVIFIER. Rendre filet prend le poisson. Voyez à un mixte déguisé son pre- Aimant. Ce rêts doit s'en- mier état qu'il avoit reçu de tendre de la fixation, qui ar- la nature. On revivifie le rête & fixe les parties na- mercure du cinabre & des geantes & voltigeantes dans autres préparations qu'on lui l'eau mercurielle, que les Phi- donne, en le faisant redeve- losophes appellent leur mer. nir un mercure coulant. On Cette mer nourrit le poisson revivifie les métaux, après Remore ou Echénéis, dont les avoir réduits en chaux par parlent le Cosmopolite & la calcination, ou par les eaux d'Espagnet, c'est-à-dire le fortes. En termes de Science grain fixe de l'or des Sages. Hermétique, revivifier c'est RETORTE. Vase de redonner la vie, c'est-à-dire verre, de pierre, de terre, rendre l'ame à son corps. ou de fer, en forme de bou- Voyez Rendre. teille, dont le col est courbé RHA. Rhapontic. sur le côté. Il sert à distiller RHADAMANTE, sans chapiteau. On l'appelle fils de Jupiter & d'Europe, aussi Cornue. fut choisi avec Eaque & REVERBERE, ou Feu Minos, pour être Juge de DE REVERBERE. C'est un l'Empire ténébreux de Plu- feu de flamme qui circule & ton. Voyez les Fables Egyp- revient sur la matiere qui la tiennes & Grecques dévoi- produit, comme fait la flam- lées, Liv. 3. ch. 14 §. 5. me dans un four à cuire le RHAMNUSIE. Surnom pain. Le feu de reverbere des de la Déesse Némésis. Philosophes est le feu inté- RHEA ou RHE'E. Une rieur de la matiere qui cir- des grandes Divinités des cule dans le vase fermé, & Egyptiens, fille du Ciel & scellé hermétiquement. de la Terre, eut aussi les REVERBERER. C'est noms d'Ops, Cybelle & cuire ou faire circuler la ma- Vesta. Elle épousa son frere tiere dans le vase philoso- Saturne, & en eut Jupiter, phique. Neptune & Pluton, Junon, REVIVIFICATION. Cérès & Vesta. Mais Sa-

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turne ayant appris qu'un de Livre VI. Fatalité VI. ses enfans le déthrôneroit, & RHIZOTOMUM. ayant usurpé l'Empire sur Médicament spécifique pour Titan son frere, ils firent un guérir radicalement une ma- traité, par lequel Saturne s'o- ladie. bligeoit à faire périr tous les RHODELAEUM. Huile enfans mâles qui naîtroient rosat. de lui. Saturne, pour tenir RHODES, Isle de la sa parole, les dévoroit à me- Mer Méditerranée, dans la- sure que Rhea les mettoit au quelle la Fable dit que Cad- monde; ce qui la jettoit dans mus aborda de l'Egypte, une extrême affliction. Lors- qu'il y édifia un temple à qu'elle fut prête d'accoucher Neptune, dont il donna la de Jupiter, elle concerta les garde à quelques Phéniciens, moyens de le dérober à la & fit des présens à Minerve, cruauté de son pere; en con- entre lesquels se trouvoit un séquence, après être accou- vase de cuivre très-beau, chée, elle donna le petit très-remarquable, & fait à Jupiter aux Corybantes pour l'antique; que ce Pays étoit l'élever, & présenta un cail- ravagé par des serpens. Cette lou enveloppé de langes à Fable, selon l'explication Saturne, qui le dévora. Voy. des vrais Chymistes, ren- les Fables Egyptiennes & ferme en abrégé tout le grand Grecques dévoilées, Liv. 3. oeuvre; car, dit Michel ch. 3. & 4. Maier, pourquoi ce présent RHESUS, Roi de d'un vase de cuivre fait à Thrace, vint au secours des l'antique, si ce n'est pour Troyens avec une puissante nous donner à entendre qu'il cavalerie. Dolon le trahit faut faire plus d'attention à auprès d'Ulysse & de Dio- la matiere qu'à la forme? Et mede, qui pénétrerent la quant à la terre de Rhodes, nuit dans le camp où étoit c'est la vraie terre philoso- Rhésus, le tuerent, & enle- phique, & non aucune au- verent ses chevaux avant tre, qui toutes seroient inu- qu'ils eussent pû boire dans tiles à cet oeuvre. Les ser- le fleuve Xanthe, condition pens dont il est parlé, ne sont- absolument requise pour ce pas ceux dont presque prendre la ville de Troye. tous les livres des Chymistes Voyez les Fables Egyptien- parlent? Toute l'histoire de nes & Grecques dévoilées, Cadmus, qu'on peut voir E e iij

438 RI RI dans son article, éclairera vie des métaux. encore mieux cette explica- On concluroit donc mal tion. à propos des expressions ci- Il tomba une pluie d'or dessus, que les hommes pau- dans l'isle de Rhodes au mo- vres possédent la matiere de ment de la naissance de Mi- l'oeuvre également comme nerve. Voyez Minerve, les riches, & qu'ils sont en Pluie D'Or. état d'en faire les frais & les RHODODAPNE', ou opérations. Il faut une gran- RHODODENDRUM. de connoissance de la natu- Laurier-rose. re; ce qu'on ne peut acque- RHODOMEL. Miel rir sans étude. Il faut se four- rosat. nir la matiere & les vases, RHODOSTAGMA. & n'avoir pas l'esprit occupé Eau rose. à se procurer les moyens de RHOE. Sumach. subsistance journaliere, ce RHOEAS. Coquelicot, qui ne convient aucunement pavot rouge sauvage. aux gens pauvres. Lorsque RHUS. Voyez Rhoe. les Philosophes disent que RHYPTICUM. Mé- la matiere est vile, ils la con- dicament détersif. siderent dans son état de pu- RIASTEL. Sel. tréfaction & de dissolution RICHE. Autant en ont en eau, qui est commune à les pauvres comme les riches, tout le monde. C'est aussi disent les Philosophes. Ce dans ce sens-là qu'ils disent qui ne doit pas s'entendre qu'elle ne coûte rien, ou très- des hommes, mais des mé- peu de chose, de même que taux; c'est-à-dire, que les leur feu, qui est commun, bas métaux ou les métaux c'est-à-dire, commun à tous imparfaits ont également, les êtres physiques, puisqu'il comme l'or & l'argent, ce leur donne la maniere d'être, grain fixe & ce mercure que & les y conserve. les Philosophes cherchent. RIEN. Les Philosophes Ils sont plus près dans l'or, ont disputé long-tems, & l'argent & le mercure, parce disputeront encore pour dé- que l'or & l'argent sont en terminer ce que l'on doit effet plus fixes, & que le entendre par Rien. Dieu a mercure est lui-même un tout créé de rien; c'est le mercure, ayant aussi ce grain texte sacré qui nous le dit. fixe, ou ce feu qui fait la Le sentiment le plus proba-

RI RI 439 ble & le plus commun, est cru que ces Philosophes con- tiré de l'étymologie même fondoient leur cahos avec le du terme; rien est ce qui n'a rien, ou la chose dont Dieu point d'existence. Quelques- a tout créé. uns ont prétendu que ce rien Un grand nombre pen- ou non-être est quelque cho- sent qu'avant la création, se relativement à lui-même, Dieu seul avoit existence; & n'est rien quant aux cho- qu'il n'y avoit ni lieu, ni ses créées; à peu près comme vuide, & que Dieu remplis- le commun du peuple ap- soit tout par son immensité. pelle vuide tout ce qui n'est C'est la façon de penser des pas occupé par un corps pal- gens sensés; car, ou il ne pable & sensible. D'autres faut point admettre de Dieu, disent que ce rien doit s'en- ce qui répugne au sens com- tendre de la premiere ma- mun, ou il ne faut rien sup- tiere de toutes choses, in- poser qui ait existé éternelle- forme & comme dans le ca- ment avec Dieu; pas même hos, avant la détermination le vuide, puisque ce seroit que Dieu lui a donnée pour un lieu, quoique impropre- devenir telle ou telle chose ment dit, supposé hors de existante comme elle est, & l'immensité de Dieu; ce qui que c'est dans cette même ne peut exister avec l'idée matiere que tous les corps que nous avons de ses per- peuvent être réduits. fections infinies. Ce n'est pas La plupart des Naturalis- en conséquence de cela que tes semblent le penser, Para- quelques Physiciens moder- celse entr'autres: mais il ne nes admettent le vuide dans faut pas l'entendre à la let- la nature. tre; car il ne s'exprime gue- Lorsque les Chymistes res ainsi que quand il parle disent réduire les corps à rien, de la fonction des corps & on doit l'entendre de l'alté- de leur putréfaction; & com- ration & du changement me les Philosophes Hermé- qu'ils font dans la configu- tiques donnent le nom de ration actuelle des corps, cahos à la matiere du grand soit par la solution ou la cal- oeuvre, & qu'ils disent que cination. cette matiere est celle dont Il ne faut pas se laisser in- tout est composé; il n'est duire en erreurs par la ma- pas surprenant que ceux qui niere de s'exprimer des Phi- ne les entendent pas, ayent losophes Hermétiques, lors- E e iv

440 RI RO qu'ils disent que leur matiere que les Philosophes ont don- ne coûte rien; ils font alors né aux couleurs qui survien- allusion à l'état de cette ma- nent à la matiere pendant les tiere réduite en eau par la opérations. Ils ont dit en dissolution. On sçait que l'eau conséquence que leur Roi, ne coûte rien. Ils en disent leur Reine changent de robes autant du feu, parce qu'ils suivant les saisons. Ainsi entendent alors parler du feu Robe BLANCHE, est la de la matiere, le même qui couleur blanche, qui succéde est commun à tous les indi- à la noire, appellée vidus de la nature. Robe TENEBREUSE; RILLUS. Lingotiere. celle qui paroît, ou du moins RISIGALLUM, ou doit paroître dans le cours ROSAGALLUM. Espéce des opérations philosophi- d'orpiment d'une couleur ques; car dans la premiere rouge blafarde. préparation de la matiere RIVIERE. Les Philo- crue, on ne doit pas cher- sophes ont souvent person- cher ces couleurs. nifié des rivieres, pour en Robe DE POURPRE, est former les symboles de l'eau la couleur rouge du soufre mercurielle des Sages, & parfaitement fixé. C'est pour- ont dit, comme les Poëtes, quoi la Fable dit qu'Apollon qu'elles étoient filles de l'O- vêtit une robe de couleur céan. Voyez Acheloüs, de pourpre, pour chanter Persée. sur sa lyre la victoire que Ju- Riviére ALKALISE'E. piter avoit remportée sur les Les Chymistes ont donné Géans. ce nom aux fontaines dont Les Philosophes appellent l'eau est chargée d'un sel al- aussi du nom de Robe les kali, & disent que cette eau parties terrestres & grossie- s'impregne de ces sels en res dans lesquelles sont ren- passant par des pierres cal- fermés l'or vif des Sages & cinées naturellement dans leur mercure; ils disent en la terre. Le systême de Bé- conséquence qu'il faut dé- cher sur l'origine des fon- pouiller les vêtemens & les taines minérales, paroît plus robes de leur Roi & de leur vraisemblable; on peut le Reine, & les bien purifier voir dans sa Physica sub- avant de les mettre dans le terranea. lit nuptial, parce qu'ils doi- ROBE, est un des noms vent y entrer purs, nuds, &

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tels qu'ils sont venus au mon- son premier feu, ce grain de. Bas. Valentin. fixe qui doit surmonter la ROBES. Vinaigre. froideur & la volatilité de ROBUB. Conserve de ce mercure. Basile Valentin fleurs ou de fruits. semble l'entendre dans ces ROCHER. Les Philoso- deux sens au commence- phes ont souvent fait allusion ment de ses douze Clefs. à la dureté des rochers pour Dans la suite il donne le signifier la fixité de leur ma- nom de Roi au soufre par- tiere, & les anciens Sages en fait, & même à la poudre ont formé leurs fables, & de projection. On ne sçau- leurs métamorphoses de plu- roit, dit-il, remporter la vic- sieurs personnes en rochers: toire, si le Roi n'a empreint tels qu'Atlas, Polydecte, Se- sa force & sa vertu à son ryphe & divers autres, par eau, & s'il ne lui a donné l'aspect de la tête de Mé- une clef de sa livrée ou cou- duse; c'est-à-dire, par la pro- leur royale, pour être dis- priété fixative du grain fixe sout par elle, & rendu invi- ou soufre des Sages. sible. Leur Roi est aussi le Ils ont aussi donné le nom même que leur Lion. Quand de Rocher à leur vase, par ils en parlent comme pou- similitude; parce que leurs dre de projection, ils disent métaux s'y forment, com- que c'est un Roi qui aime me les métaux vulgaires, & tellement ses freres, qu'il l'or particulierement, dans leur donne sa propre chair à le roc. manger, & les rend ainsi ROHEL. Sang de dra- tous Rois comme lui, c'est- gon. à-dire Or. ROI. Ce nom a deux ROMPRE. Dissou- sens différens chez les Phi- dre, réduire en poudre ou losophes. Il s'entend plus en eau. ordinairement du soufre des RORELLA. Plante con- Sages, ou l'or philosophi- nue sous le nom de Ros que, par allusion à l'or vul- solis. gaire, appellé Roi des mé- ROSAGALLUM. Voy. taux. Mais quelquefois ils Risigallum. entendent par le nom de ROSCOD. Vinaigre. Roi la matiere qui doit en- ROSE. Les Fables disent trer d'abord dans la confec- que la fleur appellée rose fut tion du mercure, & qui est consacrée à Vénus, parce

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qu'une épine de rosier blessa traite par l'esprit de sel, le cette Déesse dans le tems tout mêlé enduite avec le sel qu'elle accouroit au secours de perles. d'Adonis qui se mouroit, & ROSE'E. Plusieurs Chy- que son sang teignit en rouge mistes ont regardé la rosée cette fleur qui jusques-là des mois de Mai & de Sep- avoit été blanche. Cette fa- tembre comme la matiere de ble se trouve expliquée dans l'oeuvre Hermétique, fondés le liv. 3. ch. 8. & le liv. 4. sans doute sur ce que plu- ch. 4. des Fables dévoilées. sieurs Auteurs ont avancé Elle ne signifie autre chose que la rosée étoit le réservoir que le changement de la de l'esprit universel de la couleur blanche de la ma- Nature. François du Soucy tiere philosophique en cou- Sieur de Gerzan, en fait un leur rouge, par la jaune in- si grand éloge dans son Trai- termédiaire appellée Vénus. té qui a pour titre: le Projet On trouve même souvent de la Creation du Monde, dans les livres des Philoso- qu'il semble vouloir insinuer phes, la rose comme sym- qu'en vain voudroit-on pren- bole des couleurs rouge & dre une autre matiere pour blanche. faire l'oeuvre Hermétique. Abraham Juif dans Fla- Beaucoup d'autres paroissent mel, feint un rosier garni de dans le même sentiment; roses blanches & rouges, mais quand on médite sérieu- planté sur le sommet d'une sement sur les textes des vrais montagne, où les vents souf- Philosophes, dans lesquels flent avec violence. Ainsi ils parlent de rosée, on est leur rose blanche est leur ma- bientôt convaincu qu'ils n'en tiere parvenue à la couleur parlent que par similitude, blanche, & leur rose rouge & que la leur est une ro- est leur soufre aurifique. sée proprement métallique, Rose MINE'RALE est c'est-à-dire, leur eau mer- l'or philosophique. curielle sublimée en vapeurs Rose se prend quelque- dans le vase, & qui retombe fois pour le tartre, selon au fond en forme de rosée Rulland. ou de petite pluye. Ainsi Rose DE VIE. C'est, sui- quand ils parlent de rosée vant Manget, une liqueur du mois de Mai, c'est celle faite avec l'eau-de-vie & la du mois de Mai de leur prin- teinture de l'or très-pur, ex- tems Philosophique, sur le-

RO RU 443 quel domine le signe des Ge- Rouge SANGUIN. Ma- meaux de leur Zodiaque, gistere parvenu par la cuisson différent du Zodiaque com- à la couleur de pourpre me on peut le voir dans l'ar- ROUGEUR. Même ticle Zodiaque. Philalethe a chose que rouge. même dit positivement que ROUGIR. C'est cuire & leur rosée est leur eau mer- digérer la matiere de l'oeu- curielle au sortir de la pu- vre jusqu à ce qu'elle ait at- tréfaction. teint la couleur de pavot des Rosée ou Rosée CE'- champs. LESTE. Mercure des Philo- ROUILLE. Couleur de sophes. rouille de fer que prend la Rosée SOLAIRE. Voyez matiere avant que de par- Pluye D'Or. venir à la couleur pouprée. ROTA. Colofone. C'est pourquoi les Philoso- ROTATION. V. Cir- phes ont donné le nom de culation. Mars à cette couleur, dont ROTINGENIUS. Co- la durée est, selon eux, le lofone. tems du regne de ce Dieu. ROTIR. V. Cuire. C'est pour cela que Basile ROUE. Suite des opéra- Valentin dit que Vénus don- tions de l'oeuvre Herméti- ne à Mars la couronne roya- que. Tourner la roue, c'est le, pour que le Soleil la observer le régime du feu. prenne de ses mains. Faire la circulation de la RUBELLA. Liqueur roue, c'est recommencer les spiritueuse & dissolvante, opérations, soit pour faire la propre à tirer la teinture des pierre, soit pour la multi- corps. Telles sont l'esprit de plier en qualité. La roue élé- Vénus, & l'alkaest de Pa- mentaire des Sages est la racelse & de Van-Helmont, conversion des élemens phi- plus particulierement que losophiques, c'est-à-dire, le tous les autres menstrues changement de terre en eau, dissolvans. puis d'eau en terre; l'eau RUBIFICATION. Con- renferme l'air, & la terre tinuation du régime Hermé- contient le feu. V. Con- tique au moyen duquel on version. parvient à faire passer la ma- ROUGE. Terme de tiere de la couleur blanche l'Art Hermétique, qui signi- à la rouge. fie le soufre des Philosophes. RUBIFIER. Rendre

444 RU RU rouge. V. Rubification. cependant si nécessaire, que RUBINUS SULPHU- sans elle on ne peut réussir. RIS. Baume de soufre. Ils donnent cent noms diffé- RUBIS. Magistere au rens à la même chose, & rouge parfait. rien, dit Morien, n'a tant Rubis PRE'CIEUX. induit en erreur les curieux Poudre de projection. de cette Science. V. Ma- RUMEX. Espece de pa- tiere. Souvent ils inférent tience dont le suc est rafraî- à dessein des especes de con- chissant, & dont on donne tradictions, qui n'en sont pas la racine à succer à ceux qui pour ceux qui sont au fait, ont soif. Blanchard. mais qui degoûtent beau- RUPTORIUM. Causti- coup ceux qui veulent étu- que, pierre infernale. dier leurs ouvrages. L'un dit RUSANGI. \ Cuivre qu'il ne faut prendre qu'une RUSATAGI. / brûlé. chose, l'autre dit qu'il en faut RUSCIAS. Mercure. nécessairement deux, l'autre RUSE. Les Philosophes trois; & ils ont raison, quoi- employent la ruse pour ca- qu'ils paroissent contraires, cher le secret de leur Art, & parce que le premier entend faire prendre le change aux cette unique chose de leur ignorans. Ils ont affecté pour mercure; le second, de leur cet effet de ne s'expliquer mercure animé ou Rebis; & que par des termes méta- le troisiéme, de leurs trois phoriques, par des équivo- principes renfermés dans ce ques, des énigmes, des allé- mercure, sçavoir le sel, le gories & des fables. Ils con- soufre & le mercure, ou l'es- fondent dans leurs écrits le prit, l'ame & le corps. Leur commencement & la fin, & chose unique est le premier communément ils parlent de principe des métaux, ou leur la premiere préparation phi- semence; les deux choses losophique comme si c'étoit sont, dit Trévisan, deux en effet celle par laquelle on substances mercurielles ex- doit d'abord commencer, traites de la même racine; quoiqu'il y ait une prépara- & les trois choses sont les tion manuelle de la matiere deux extrêmes & le milieu crue, dont ils ne parlent qui sert à les réunir, qu'ils point, ou n'en font mention ont appellé medium conjun- que sous le terme de subli- gendi tincturas, poculum mation du mercure. Elle est amoris, &c.

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SAISONS. Les Philoso-

S. phes ont leurs quatre sai- sons, comme les quatre de S N. signifie selon la na- l'année vulgaire; mais elles ture. sont bien différentes. Ils en- S. seule veut dire dire la tendent par saisons les di- moitié du poids des ingré- vers états successifs où se diens indiqué auparavant. trouve la matiere de l'Art SABENA ou SABON. pendant le cours des opéra- Lessive de laquelle on fait le tions, & ces saisons se re- savon. nouvellent chaque année SABLE. Feu de sable. philosophique, c'est-à-dire Voyez Feu. chaque fois que l'on réitere SABRE. Feu des Phi- l'opération pour parvenir à losophes. la perfection de l'oeuvre. SACTIN. Vitriol. Leur hiver est le tems de la SACUL. Succin. dissolution, & de la putré- SADIR. Scories des mé- faction: le printems succéde taux. & dure depuis que la cou- SAFRAN, simplement leur noire commence à s'é- dit, & Safran de Mars des vanouir, jusqu'à ce que la Sages. C'est la matiere de couleur blanche soit parfai- l'Art parvenue par la cuisson te: cette blancheur & la sa- à la couleur safranée. franée qui suit, forment leur SAGANI SPIRITUS. été; la couleur rouge qui Ce sont les élémens. vient après, est leur autom- SAGDA ou SAGDO. ne. C'est pourquoi ils disent Espece de limon pierreux que l'hiver est la premiere qui s'attache aux navires. saison de l'année, & qu'il Pline, Solinus & Albert le faut commencer l'oeuvre en Grand disent qu'il a une ver- hiver. Ceux qui recomman- tu attractive pour le bois, dent de commencer au prin- comme celle de l'aiman pour tems, n'ont en vûe que la le fer. matiere avec laquelle il faut SAGES. V. Philoso- faire l'oeuvre, & non le com- phes. mencement du travail de SAGITH & SEGITH. l'Artiste, puisqu'il peut le Vitriol. faire dans tout le cours des SAHAB. Mercure. saisons vulgaires. SAIC. Argent-vif. SAL AMARUM. Argent

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vulgaire, que quelques-uns Sal PRACTICUM. Mê- appellent aussi Sel nitre. lange de nitre & de sel ar- Sal ANATHRUM. Voyez moniac, par parties égales, Anathron. mis à la cave dans une ter- Sal CRISTALLINUS. Sel rine neuve & sans vernis, cuit d'urine d'homme. suspendue ou élevée au- Sal ENIXUM. Sel dissout dessus de terre. Ce mêlange en huile. se résout en liqueur, & s'at- Sal FUSILE. Sel décré- tache en forme de sel sur la pité. Quelques-uns le pren- surface extérieure du vase. nent pour le sel gemme. Sal TABARI. Sel alem- Planiscampi. brot. Sal GEMMAE. Sel gem- Sal TABERZET. Tartre me ou sel de terre, parce blanc. qu'il se tire des mines où il SALAMANDRE. Es- se forme naturellement dans pece de lézard que les An- la terre. On lui a donné le ciens croyoient pouvoir vi- nom de sel gemme, ou de vre dans le feu, sans en être pierres précieuses, de ce qu'il consumée. Les Philosophes est clair & transparent com- Hermétiques ont pris cet me le cristal. animal pour symbole de leur Sal PEREGRINORUM. pierre fixée au rouge, c'est Composition de sel nitre, de pourquoi ils l'ont appellée la sel fusible, de sel gemme, Salamandre qui est conçue de galanga, macis, cubebes, & qui vit dans le feu. Quel- alkali tiré du vin, de la li- quefois ils ont donné ce nom queur des bayes de genie- à leur mercure; mais plus vre. Elle fortifie l'estomach, ordinairement à leur soufre aide à la digestion, préserve incombustible. La Salaman- de putréfaction, & empêche dre qui se nourrit du feu, & de vomir ceux qui vont sur le Phénix qui renaît de ses mer. Planiscampi. cendres, sont les deux sym- Sal PHILOSOPHORUM. boles les plus communs de Composition de sel d'or, ce soufre. d'antimoine, de vitriol, de SALEFUR. Safran. reglisse, de germandrée, de SALIS ASTRUM. chicorée, de valériane, d'ab- Huile de sel. sinthe & de sel commun, ad- SALIVE DE LA LUNE. mirable pour guérir les can- Mercure des Philosophes, cers & le noli-me-tangere. ou la matiere de laquelle on Planiscampi.

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extrait ce mercure. Les an- tune Nélée & Pélias. Voyez ciens Sages l'ont représenté ces deux articles. sous la fable du Lion de Né- SALTABARI. Sel alem- mée descendu de l'orbe de brot. la Lune. Hercule le tua, & SAMBAC. Jasmin. en porta la peau le reste de SAMECH. Sel de tartre. sa vie, pour preuve de sa SANDARACHA victoire. Voyez Lion. GRAECORUM. Arsenic Salive INCOMBUSTI- brûlé, ou orpin rouge réduit BLE. Mercure des Sages. en poudre. SALIUNCA. Lavande, SANDERICH. Pierre au Nard celtique. blanc. SALLENA. Espece de SANG (Sc. Herm.) salpêtre. Planiscampi. Beaucoup de Chymistes ont SALMACIS. Nym- travaillé sur le sang des ani- phe qui devint éperdument maux, le prenant pour la amoureuse d'Hermaphrodi- matiere dont les Philosophes te. Elle s'approcha de lui font leur magistere. Quel- dans une fontaine, qui de- ques-uns de ces derniers l'ont puis prit le nom de la Nym- en effet nommée Sang, & phe; elle le pressa, & lui fit Sang humain; mais Phila- beaucoup d'instances pour lethe dit qu'on doit appliquer l'engager à satisfaire ses de- le sens de ces expressions à sirs passionnés; ne pouvant leur matiere au noir. En l'y déterminer, elle courut nommant Sang leur matiere, à lui pour l'embrasser, & ou plutôt leur mercure, ils pria les Dieux de lui accor- ont fait allusion au sang des der que leurs deux corps animaux qui porte la nourri- n'en fissent plus qu'un; elle ture dans toutes les parties fut exaucée. Hermaphrodite du corps, & qui est le prin- obtint aussi que tous ceux cipe de leur constitution cor- & celles qui se baigneroient porelle; il en est de même dans cette fontaine, partici- de leur mercure, qui est la peroient aux deux sexes. base & le principe des mé- V. Hermaphrodite. taux. Ainsi le sang des petits SALMICH. Mercure enfans qu'Hérode fait égor- des Sages, ou la matiere de ger dans les Hiéroglyphes laquelle on la tire. d'Abraham Juif, est une allé- SALMONE'E, pere de gorie de l'humide radical des Tyro, laquelle eut de Nep- métaux extrait de la miniere

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des Philosophes, donnée chymistes. Teinture d'anti- sous le symbole des enfans; moine. parce que cette matiere est Sang DE MERCURE. encore crue, & laissée par la Teinture de mercure. En Nature dans la voye de la termes de Science Hermé- perfection. Le Soleil & la tique, c'est le mercure des Lune viennent se baigner Sages animé & digéré. dans ce sang, puisqu'il est Sang DE L'HYDRE DE la fontaine des Philosophes LERNE. Dissolvant des Phi- dans laquelle se baignent losophes. leur Roi & leur Reine. Fla- Sang DE LA TERRE mel qui prévoyoit bien que ou AIGREUR MINE'RALE. quelques-uns prendroient C'est l'huile de vitriol. cette allégorie à la lettre, & Sang SPIRITUEL. Mer- eu soin de prévenir le Lec- cure des Philosophes. teur, en disant qu'on doit Sang DU LION VERT. bien se donner de garde de Mercure des Sages. prendre le sang humain pour SANGLIER D'ERY- matiere de l'oeuvre, que ce MANTHE. Mercure des seroit une folie & une chose Sages. V. Eurysthée. abominable. SANGUINALIS. Plan- Sang DE BREBIS. Mer te connue sous le nom de cure des Sages. corne-de-cerf. Sang DE L'ANIMAL. SANGUINARIA. Voy. Eau mercurielle, ainsi ap- Sanguinalis. pellée de ce que les Philo- SANGUIS DRA- sophes donnent le nom de CONIS. C'est la patience Lion à leur matiere, & qu'il rouge. faut, disent-ils, tourmenter SAPHIR. Pierre Pré- le Lion jusqu'à ce qu'il donne cieuse de couleur bleue. Les son sang. Bas. Valentin. Philosophes ont donné le Sang DE LATONE. Eau nom de Saphir à leur eau séche extraite de la terre mercurielle. Voyez-en la vierge des Sages. raison dans l'article Eau cé- Sang DE LA SALA- leste. MANDRE. Rougeur qui SAPHIRICUM- paroît dans le récipient lors- ANTHOS, ou Fleur de qu'on distille le nitre & le Saphir. C'est le saphir ré- vitriol. duit en eau mercurielle, & Sang DU DRAGON des la lune aussi réduite en mer- cure,

SA SA 449 cure, mêlés ensemble; ce des interprétations morales, qui fait, dit Planiscampi, un quelquefois physiques. Ces médicament admirable con- fêtes étoient instituées en tre les maladies du cerveau. l'honneur de Saturne, d'où SAPO SAPIENTIAE. les Philosophes extrayent Sel commun réduit en huile. leur mercure, qui prend la Les Philosophes appellent domination sur l'or son su- leur azoth sapo sapientiae, périeur en tout, pendant le ou savon de la sagesse, parce tems du regne de Saturne, qu'il lave, déterge & purifie c'est-à-dire pendant le tems le laton de toutes ses impu- de la couleur noire ou de la retés, c'est-à-dire de la noir- putréfaction. Alors le do- ceur. mestique domine sur son SARCA. Fer, Mars. maître, qui reprend ensuite SARCION. Pierre rousse. sa domination. Manget. SATURNE, un des SARCOTICUM. On- grands Dieux des Egyptiens. guent propre à faire renaître étoit fils du Ciel & de la les chairs. Terre, selon quelques-uns SAS DE LA NATURE. du Ciel & de Vesta; & sui- C'est l'air. vant Platon, en son Timée, Sas HERME'TIQUE. Eau Saturne étoit fils de l'Océan mercurielle. & de Thétis. Il épousa Ops SATIR. Eau salée des ou Rhéa sa soeur, & s'em- Philosophes. para du Royaume de son SATURNALES. Pen- pere, après l'avoir mutilé. dant les Saturnales chez les Titan, frere de Saturne, à Romains, les Mercuriales ou qui, comme aîné, apparte- Herméales chez les Grecs, noit le Royaume, fit la les domestiques prenoient la guerre à celui-ci pour s'en place des maîtres, & ceux- emparer. Il le céda cepen- ci servoient leurs domesti- dant à Saturne, à condition ques. Bien des gens n'ont qu'il ne conserveroit aucun jamais pû trouver la raison des enfans mâles qui lui naî- d'un tel procédé, & il ne faut troient, afin que la couronne pas en être surpris. Les My- retombât dans sa famille. thologues ne sont pas com- Saturne consentit avec plai- munément Philosophes Her- sir à cette condition, parce métiques, & ne cherchent qu'il avoit appris qu'un de gueres qu'à donner à la fable ses fils le détrôneroit. Sa- F f

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turne pour tenir sa parole, tes de biens. Voyez l'expli- dévoroit lui-même tous les cation chymique de cette enfans mâles qui lui nais- fable, dans le liv. 3. ch. 3. soient. Ops qui en étoit très- des Fables Egypt. & Grecq. mortifiée, usa d'un strata- dévoilées. gême pour les conserver. Se Saturne, chez les sentant enceinte & prête Chymistes vulgaires, est le d'accoucher, elle se munit plomb. Les Philosophes Her- d'un caillou, & après avoir métiques donnent le nom de mis Jupiter au monde, elle Saturne à plusieurs choses. le donna à nourrir aux Co- La premiere est la couleur rybantes, & lui substitua son noire, ou la matiere parve- caillou, qu'elle enveloppa nue à cette couleur par la de langes, & le présenta à dissolution & la putréfaction. Saturne, qui le dévora, sans La seconde est le plomb y faire attention. Metis fit commun, le plus imparfait prendre dans la suite à Sa- des métaux, & par cette rai- turne un breuvage qui lui fit son le plus éloigné de la ma- rendre le caillou & les en- tiere du grand oeuvre. Gar- fans qu'il avoit engloutis. dez-vous bien, dit Riplée, Titan s'étant apperçu de la de travailler sur le Saturne supercherie de Rhéa, fit la vulgaire, parce qu'il est dit, guerre à son frere, s'empara ne mangez point du fils dont de Saturne & de son épouse, la mere est corrompue; & & les mit en prison, où ils croyez-moi, bien des gens resterent jusqu'à ce que Ju- tombent dans l'erreur en tra- piter, devenu grand, les en vaillant sur Saturne. Saturne délivra. Saturne craignit alors sera toujours Saturne, dit pour lui les effets de la pré- Avicenne. Ryplée, Philor- diction qu'on lui avoit faite, cii, cap. 2. & tendit des embûches à Ju- La troisiéme est l'Adrop piter. Celui-ci les ayant dé- des Sages, ou Vitriol azo- couvertes, fit la guerre à son quée de Raymond Lulle. pere, le détrôna & le mutila. La quatriéme est le cuivre Saturne se retira en Italie commun, le premier des mé- dans le pays Latium, où re- taux, comme l'assure Arnaud gnoit Janus, qui le reçut très- de Villeneuve dans son Mi- humainement. Ils regnerent roir le l'Alchymie, disp. 8. conjointement, & procure- vol. 4 du Théatre Chymique. rent à leurs Sujets toutes sor- Plusieurs Philosophes, dit-

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il, ont exercé leur science parce que quelques-uns d'en- sur les planétes; & notre tr'eux le nomment ou sem- premiere planéte s'appelle blent l'indiquer pour la ma- Vénus, la seconde Saturne, tiere de laquelle il faut ex- la troisiéme Mercure, la qua- traire le mercure des Philo- triéme Mars, la cinquiéme sophes. Artéphius appelle Jupiter, la sixiéme la Lune cette matiere Antimoine des & la septiéme le Soleil. Ba- parties de Saturne, & leur sile Valentin dit que la géné- mercure Vinaigre antimo- ration du cuivre suit immé- nial saturnien. Mais il s'ex- diatement ou tient le pre- plique ensuite en disant qu'il mier lieu après Mercure. appelle cette matiere Anti- Bas. de rebus Nat. & super moine, parce qu'elle en a les Nat. c. 4. Rien, dit Para- propriétés. Le plus grand celse (Lib. 4. Philos. de Ele- nombre la nomment Race mento Aquae), n'a plus d'affi- de Saturne, & Saturnie vé- nité avec les minéraux que gétale. Mais en vain cherche- le vitriol. Le vitriol est le roit-on à substituer le mer- dernier dans la séparation cure extrait du plomb au des minéraux, & la généra- mercure vulgaire, il ne seroit tion des métaux suit immé- que moins pur que lui, & diatement la sienne, entre par-là même seroit encore lesquels le cuivre tient la plus éloigné de l'oeuvre. Il premiere place. faut trouver une matiere qui Le cinquiéme n'est autre ait la propriété de purifier & que la preparation philoso- de fixer le mercure. Les Sa- phique du cuivre philosophi- ges, dit Philalethe, l'ont que, au moyen du menstrue cherchée dans la race de végétable; ce qui lui a fait Saturne, & l'y ont trouvée, donner le nom de Plante en y ajoutant un soufre mé- Saturnienne végétable, afin tallique qui lui manquoit. de le distinguer du cuivre Saturne CORNU. Nom avant sa préparation. Mais que les Chymistes ont donné ce menstrue végétable est le à du plomb dissout dans de menstrue philosophique. l'eau-forte, & précipité avec Plusieurs ont pris l'anti- l'esprit de sel. moine pour le plomb des SATURNIE VE'GE'TALE Sages, tant à cause des élo- ou VE'GE'TABLE. Matiere, ges que plusieurs Auteurs & un des principaux ingré- donnent à ce minéral, que diens du magistere des Phi- F f ij

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losophes. Elle est, disent les & mercuriels font sur les or- Sages, de race de Saturne. ganes du goût. Les sels n'ont C'est pourquoi quelques-uns par eux-mêmes aucun goût, l'ont nommée Vénus, Ecu- & l'on ne doit attribuer leur me de la mer rouge, leur mordacité qu'à l'ignéité que Lune & leur Femelle. On leur communique un soufre la qualifie végétable, parce mercuriel & volatil, qui y qu'elle végéte pendant les est toujours mêlé, & qu'il est opérations, & qu'elle ren- très-difficile d'en séparer. ferme le fruit de l'or qu'elle Les saveurs différentes, ame- produit dans son tems, lors- res, douces, acides, ne vien- qu'elle est semée dans une nent que de la différence du terre convenable, & qu'on mêlange du soufre avec le y applique le régime requis sel; & plus ces saveurs sont du feu, qui doit être gou- pénétrantes, plus il y a de verné à l'imitation de celui soufre mercuriel. de la Nature. V. Saturne. SAVON DES SAGES. SATURNIEN (Vinai- Azoth des Philosophes, avec gre). Mercure des Philos. lequel ils purifient, lavent & SATYRES. La Fable blanchissent leur laton. Voy. dit que c'étoit une espece Azoth & Mercure. d'hommes ayant deux peti- SAURE. Cresson de fon- tes cornes à la tête, & la taine. forme de boucs depuis la SAXIFRAGE. Cristal ceinture jusqu'aux pieds; pâle-citrin. Planiscampi. qu'ils accompagnoient Bac- SAXIFRAGE est aussi le chus avec les Corybantes & nom que l'on donne en gé- les Bacchantes. Les Satyres néral à tout médicament ayant appris la mort d'Osiris propre à dissoudre la pierre que Typhon avoit massacré & la gravelle dans les reins inhumainement firent reten- & dans la vessie. tir les rivages du Nil de leurs SAYRSA. Mars ou fer. hurlemens & de leurs plain- SBESTEN. Chaux vive. tes. Aussi est-ce le Dieu Pan Rullandus. Egyptien qui a donné lieu SCAMANDRE. Fleuve aux Satyres des Grecs. Voy. de Phrygie qui prend sa sour- ce que signifient ces Mons- ce au mont Ida. Homere dit tres dans l'article Osiris. que les Dieux l'appellent SAVEUR. Sensation que Xanthe, & les hommes Sca- les esprits sulfureux, salins mandre. La ville de Troye

SC SC 433 n'auroit jamais été prise, si même que Sceau Herméti- les Grecs n'avoient empêché que. les chevaux de Rhésus de Les Sept Sceaux d'Her- boire dans ce fleuve. Voyez mès sont les opérations se- Rhésus. cretes de l'oeuvre philoso- SCAOPTEZE. C'est-à- phique. dire Flamme. Dict. Herm. SCEB ou SEB. Alun. SCARELLUM. Alun de SCEDENIGI. Pierre plume. Hématite. SCARTEA. Orvale, SCELLER. Voyez Séel- Toutebonne. ler. SCEAU ou SCE'EL. SCHONAM. Sel des Matiere des Philosophes au Philosophes. noir. Il faut entendre la mê- SCIDEN. Céruse. me chose par Sceau Hermé- SCIENCE HERME'TI- tique, & non la maniere de QUE. Les Adeptes ou Phi- sceller les vases avec la ma- losophes disent que cette tiere même dont ils sont science est la clef de toutes composés. les autres, parce qu'elle don- Le Sceau Hermétique vul- ne la connoissance de toute gaire est de trois sortes, & la Nature. Elle consiste à ap- se fait en fondant à la flamme prendre la maniere de faire de la lampe le cou du vase un remede propre à guérir philosophique ou autre, & tous les maux qui affligent en en rapprochant les bords l'humanité, à conserver les de maniere qu'ils se soudent hommes en vigueur & dans ensemble, & empêchent l'air une santé parfaite aussi long- d'y entrer ou d'en sortir. La tems que la constitution du seconde maniere consiste à corps humain peut le per- boucher le vase avec un bou- mettre; à faire une poudre chon de verre, qui prenne appellée Poudre de projec- bien juste dans toute sa cir- tion, qui jettée en quantité conférence; on le lute en- proportionnée sur les mé- suite avec un bon mastic. La taux en fusion, les transmue troisiéme façon est d'adapter en or ou en argent, suivant au col du vase un autre vase le degré de perfection qu'on semblable, mais plus petit, lui a donné. Voyez Pana- & renversé. On les lute aussi cée, Pierre Philoso- avec du mastic. phale, Poudre de Pro- Sceau DES SCEAUX. Le jection & Alchymie. F f iij

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SCIRON. Fameux bri- C'est la troisiéme partie d'une gand qui attaquoit les pas- dragme. sans, & leur faisoit souffrir SCRUPULE. Le tiers tous les maux imaginables. pesant d'un gros. Thésée le fit périr & jetta SCYLLA & CARYB- son corps dans la mer, où DE. Monstres fabuleux, ses os se changerent en ro- ou rochers de la mer Médi- cher. Cette fable ne signifie terranée, contre lesquels les que la dissolution & la pu- vaisseaux se brisent souvent. tréfaction désignées par les Les Argonautes ne les évi- brigandages, & la mort de terent qu'en envoyant une Sciron est la fixation en colombe, qui leur servit de pierre de la matiere des Phi- guide. Voyez Argonau- losophes, dont la métamor- tes, & les Fables Egypt. phose des os de Sciron est le & Grecq. dévoilées, liv. 2. symbole. Voyez l'Histoire chap. 1. de Thésée. SCYTICA RADIX. SCIRONA. Rosée d'au- Reglisse. tomne, suivant Rullandus. SEB signifie ordinaire- SCIRPUS. Jonc com- ment de l'alun, mais quel- mun. quefois l'or. Rulland. En SCOLYMUS. Arti- termes de Chymie Hermé- chaut. tique, c'est la matiere par- SCORAX. Gomme d'o- venue à la couleur blanche, livier. Rullandus. appellée Alun & Or blanc. SCORIES. Impuretés SEBLEINDE. Matiere qui se séparent des mineraux de l'oeuvre. & des métaux pendant la SECACUL. Plante ap- fusion. pellée Sceau de Salomon. SCORITH. Soufre. SECRET DES SE- SCORODON. Ail. CRETS. Art de faire la SCORODO PRA- pierre des Sages, ainsi nom- SUM. Ail porreau, rocam- mé tant à cause du secret que bole. les Philosophes gardent à cet SCORPION. Quelques égard, à l'imitation des Prê- Chymistes ont donné ce tres d'Egypte, qu'à cause de nom au soufre des Philoso- son excellence. Une des rai- phes. Manget. sons qu'apportent les Philo- SCRIPTULUS. Scrupu- sophes pour s'excuser de ce le, poids usité en Médecine. qu'ils ne divulguent pas un

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secret si utile à ceux qui le TERRE. Plomb, selon sçavent, c'est que tout le Manget. monde voudroit y travailler, SEIGNEUR DES ME- & abandonneroit les autres TAUX. Saturne; mais le arts & métiers si nécessaires Roi des métaux est l'or. à la vie. Toute la société en Seigneur DES PIER- seroit troublée & boulever- RES. Sel alkali. sée. Seigneur DES MAI- SECRET DE L'ECOLE. SONS CELESTES. C'est le C'est particulierement la signe qui y domine. Voyez connoissance de la vérita- Zodiaque. ble & prochaine matiere de SEL. Substance compo- l'oeuvre, & de sa premiere sée de peu de terre sulfureuse préparation. & de beaucoup d'eau mer- SEDEN. Vase philoso- curielle. Les Chymistes en- phique. tendent par sel la matiere SEDEN & SEDINA. substancielle des corps, dont Sang de dragon. le soufre est la forme. SE'ELLER. Fermer le On compte en général vase, le clorre hermétique- trois sortes de sels princi- ment. Voyez Sceau. paux, le nitreux, le marin Seeller la Mere dans & le vitriolique; quelques- ou sur le ventre de son En- uns y ajoutent le tartareux. fant, c'est fixer le mercure Le marin passe pour être le au moyen du soufre philo- principe des autres. De ce sophique, qui en a été formé. sel volatilisé se forme le ni- Cette opération doit s'enten- tre, du nitre le tartre, & du dre de l'oeuvre de la pierre, tartre cuit & digéré le vitriol. & de celui de l'élixir. Le Ils partagent encore les sels sceau qui sert à cela est un en trois classes, qu'ils appel- petit cercle blanc qui se ma- lent sel volatil, sel moyen nifeste sur les bords de la & sel fixe. Le premier ou le matiere quand elle com- volatil mêlé avec le soufre mence à quitter la noirceur volatil, est proprement le & à se fixer. mercure, ou le principe des SEGAX, Sang de dra- odeurs, des couleurs & des gon. saveurs: le sel moyen qui en SEGITH. Vitriol philo- est la base, avec le sel fixe, sophique. qu'ils appellent proprement SEIGNEUR DE LA corps: de maniere que le F f iv

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soufre & le sel fixe sont de métal rougie au feu. comme dans un tableau, la Sel DES ME'TAUX. Plu- toile toute imprimée, & prê- sieurs Chymistes prenant ces te à recevoir l'ébauche; le termes à la lettre, se sont sel & le soufre moyen sont imaginés que la matiere des l'ébauche même; & le sel Philosophes étoit les métaux avec le soufre mercuriels ou réduits en sels ou vitriol, volatils, sont les couleurs parce que les Sages donnent fines ménagées, & le vrai le nom de Sel des métaux à coloris, ou la derniere main cette matiere; mais il faut d'un tableau. expliquer ces termes de leur Sel. Terre feuillée des magistere au blanc, parce Sages, ou pierre au blanc, que de même que le sel est qui est en effet un sel, mais le principe des métaux vul- le premier être de tous les gaires, le sel des Sages est sels, sans être tiré d'aucun la racine & la premiere ma- sel particulier, comme ni- tiere des métaux philosophi- tre, alun, vitriol, &c. ques. Sel ALCHALI. Le ma- Sel DES INDES. Sel gistere des Sages est un Sel gemme. alchali, parce qu'il est la Sel ROUGE. Soufre rou- base de tous les corps; mais ge des Philosophes. en vain pour le faire se ser- Sel ANDERON. C'est le viroit-on du sel de soude, nitre. ou de quelque autre sel al- Sel ALLOCAPH. Sel ar- chali de quelque plante; car, moniac. comme dit Basile Valentin, Sel DE HONGRIE. Sel le sel des plantes est un sel gemme. mort, qui n'entre point dans Sel AMER. Alkali. le magistere. Sel DE GRECE. Alun. Sel ELEBROT. C'est la Sel INDIEN. Mercure même chose que Sel alchali, des Sages. ou le magistere au blanc. Sel DE NOM. Sel gemme. Sel FUSIBLE. Matiere Sel DE PAIN. Sel marin des Sages cuite & parfaite ou commun. au blanc; elle est appellée Sel FOU. Salpêtre. Sel fusible, parce qu'elle est Sel ALOCOPH. Sel ar- en effet un sel, & que ce sel moniac. fond comme la cire, quand Sel ROUGE DES INDES. on le met sur une lamine Anathron.

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Sel DES SAGES. Sel ar- tion, & dans le tems qu'elle moniac naturel. Mais le sel volatilise le fixe ou le soufre, des Sages, ou Philosophes ou l'or des Sages. hermétiques, est leur matie- Sel HARMONIAC. Ma- re parvenue à la blancheur. tiere parvenue à la couleur Sel INFERNAL. Nitre. blanche; ainsi appellée de ce que l'harmonie commen- Sel TABERZET, \ ce à s établir entre les prin- Sel CRYSTALLIN, \ Sel cipes de l'oeuvre, qui pen- Sel DE CAPPA- > gem- dant la putréfaction étoit un DOCE, / me. cahos plein de confusion. Sel LUCIDE, / Sel ACIDE. Mercure Sel ADRAM, / philosophique. Sel SOLAIRE. Sel ar- Sel FIXE. Soufre des moniac des Philosophes. Sages. Sel HONORE'. Matiere Sel VOLATIL. Mercure de laquelle se fait le mercure hermétique. hermétique. Sel VEGETAL. Sel de Sel FLEURI. C'est le tartre. mercure même, ou eau sé- Sel DE SATURNE. Plomb che des Sages. C'est pour- réduit en sel. quoi Marie (dans son Epître Sel UNIVERSEL. Mer- à Aros) dit, prenez les fleurs cure des Sages. qui croissent sur les petites SEMELE', fille de Cad- montagnes. mus, devint mere de Bac- Sel BRULE'. Matiere de chus, pour avoir accordé ses l'oeuvre au noir. faveurs à Jupiter. Junon dé- Sel SPIRITUALISE', ou guisée en vieille, & sous la Esprit de sel des Philosophes. figure de sa nourrice, lui C'est leur mercure préparé conseilla de demander en par la sublimation herméti- grace à Jupiter qu'il vînt que. la voir avec toute sa ma- SELPE'TRE DES SAGES. jesté, & de la même ma- Nitre Philosophique. niere qu'il se présentoit à Sel DE TERRE, \ Mercure Junon son épouse. Jupiter y Sel DE VERRE, > des Sa- ayant consenti, vint lui ren- Sel DE LA MER, / ges. dre visite avec ses foudres & Sel ARMONIAC DES ses tonnerres. Le palais de PHILOSOPHES. Matiere de Sémélé, & Sémélé elle- l'oeuvre pendant sa sublima- même en furent réduits en

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cendres. Jupiter ordonna en- SEMER. C'est cuire, suite à Mercure de tirer l'en- continuer le régime du feu. fant de ses cendres. Voyez Semez votre or dans une Bacchus. terre blanche feuillée, & SEMENCE, dit sim- bien préparée; c'est-à-dire, plement, signifie, en termes faites passer votre matiere d'Alchymie, le soufre des de la couleur blanche à la Philosophes. Mais lorsqu'ils couleur rouge. Les Philoso- disent Semence des métaux, phes ont pris très-souvent ils entendent leur mercure, l'agriculture pour symbole & quelquefois leur magistere des opérations de l'art her- parvenu à la couleur blan- métique; ce qui a fait ima- che. giner la fable de Triptole- Quand les Adeptes par- me instruit de l'agriculture lent en général de la semence par Céres, & les circons- des métaux vulgaires, & tances de la vie d'Osiris & qu'ils instruisent de la ma- de celles de Bacchus, ou la niere dont ils se forment dans Fable, disent qu'ils appri- les entrailles de la terre, la rent aux hommes l'art de semence de laquelle ils par- semer & de planter. Voyez lent, est une vapeur formée leurs articles. par l'union des élémens, SEMINALIS, Corri- portée dans la terre avec l'air giole, renouée. & l'eau, sublimée ensuite par SEMIS, qui s'écrit par le feu central jusqu'à la su- S, veut dire une demi-once, perficie. Cette vapeur se une demi-livre, &c. corporifie, & devient onc- SEMISSIS, le même tueuse ou visqueuse, s'ac- que Semis. croche en se sublimant, au SEMUNCIA. Demi- soufre qu'elle entraîne avec once. elle, & forme les métaux SEMPERVIVUM MA- plus ou moins parfaits, sui- RINUM. Aloës. vant le plus ou moins de pu- SENCO. Plomb. reté du soufre & de la ma- SENDANGI. Pierre trice. Voyez les douze Trai- hématite. tés du Cosmopolite, & la SEPARATION. Effet Physique générale qui est au de la dissolution du corps commencement du Traité par son dissolvant. Cette des Fables Egypt, & Grec- séparation arrive dans le ques dévoilées, tems que la matiere devient

SE SE 459 noire; alors commence la une énigme sur le grand art, séparation des élémens. Ce dans ces termes: noir se change en vapeur; c'est la terre qui devient eau. Septem sunt urbes, septem pro Cette eau se condense, re- more metalla, tombe sur la terre, & la Suntque dies septem, septi- blanchit; cette blancheur est mus est numerus; l'air. A cette blancheur suc- Septem litterulae, septem sunt céde la rougeur, & c'est l'air ordine verba. qui devient feu. Tempora sunt septem, sunt Cette séparation ne diffe- totidemque loca: re point de la solution du Herbae septem, artes septem, corps & de la congélation septemque lapilli. de l'esprit, parce que ces Septemcumque tribus divide; trois opérations n'en font cautus eris qu'une, puisqu'il ne se fait Dimidium nemo tunc praeci- point dans l'oeuvre de solu- pitare petescet: tion du corps sans congela- Summa: hoc in numero cuncta tion de l'esprit. quiete valent. SEPARER l'ame du corps. C'est volatiliser la ma- Mais tous ces sept cercles, tiere, la faire sublimer. régnes, opérations, ne sont SEPT (Sc. herm.). Ce qu'une même opération con- nombre mystérieux dans l'E- tinuée; c'est-à-dire, cuire la criture Sainte, l'est aussi dans matiere dans le vase par un le grand oeuvre. Les Philo- régime de feu, conduit selon sophes en parlent souvent; les régles de l'art. Dans cette ils ont sept planétes, sept ré- même opération se font la gnes, sept opérations, sept putréfaction, la solution, la cercles, sept métaux; ils di- distillation, la sublimation, sent que leur oeuvre ressem- la calcination, la circulation, ble à la création du monde, & l'incération ou imbibition, qui a été faite en sept jours. qui sont au nombre de sept. S. Thomas d'Aquin dit dans Quelques-uns y ajoutent la son Epître à Frere Raynaug coagulation & la fixation; son ami, que l'oeuvre se fait mais ils omettent la distilla- en trois fois sept jours & un. tion & la circulation, quoi- Jacques Bohom, dans son que cette derniere soit la seu- Traité qui a pour titre, Aqua- le opération de tout l'oeuvre. rium Sapientum, propose Flamel, dans son Traité,

460 SE SE explique les sept paroles des fleurs représentent quelque Philosophes dans sept cha- insecte lascif & très-fécond. pitres. Paracelse disoit qu'il Blanchard. y avoit sept planétes dans le SERAPINUS. Gomme feu, sept métaux dans l'eau, arabique. sept herbes en terre, sept SERAPIS. Un des Tereniabin dans l'air, & sept grands Dieux de l'Egypte, membres principaux dans le même qu'Osiris & Apis. le corps de l'homme. Par Voyez ces deux articles. Tereniabin, il entend la man- SERAPIUM. Syrop. ne, que les Anciens appel- SEREX. Lait aigri. loient Threr. SERF, ou SERVI- SEPTENTRION. TEUR. Mercure des Phi- Quelques Chymistes ont losophes, qu'ils ont aussi donné ce nom à l'eau forte, appellé Serf fugitif, à cause d'autres au mercure des Phi- de sa volatilité. losophes parce qu'ils disent SERICIACUM. Ar- qu'il est le principe de l'or, senic. & que l'or vient du septen- SERICON. Minium. trion. Quelques-uns ont appellé SEPULCHRE. Quel- Sericon la matiere de l'oeu- ques Adeptes ont ainsi ap- vre parvenu à la couleur pellé le vase de verre qui rouge. contient le compôt ou la SERINECH. Magistere matiere de l'oeuvre. Mais au blanc. d'autres ont donné le nom SERIOLA ou SERIS. de sépulchre à une des ma- Endive. tieres qui renferme l'autre, SERIPHE. Isle où ré- comme ensevelie dans son gnoit Polydecte, lorsque sein; & plus souvent à la Danaé & Persée y aborde- couleur noire qui survient rent; elle est pleine de pier- pendant la putréfaction, par- res & de rochers. Voyez ce que la corruption est un Polydecte. On dit que signe de mort, & la couleur cette quantité de pierres vient noire une marque de deuil. de ce que Persée en changea Quelquefois le terme de sé- tous les habitans en pierre, pulchre a été usité pour signi- en leur montrant la tête de fier le dissolvant des Sages. Méduse. SERAPIAS ORCHIS. SERIS. Voyez Serio- Espéce de satyrion dont les la.

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SERNEC. Vitriol. & qui sont ensuite mis d'ac- SERPENT. Rien n'est cord par la fixation. plus commun que les ser- Serpent VOLANT. pens & les dragons dans les Mercure des Philosophes, énigmes, les tables & les ainsi nommé à cause de sa figures symboliques de la volatilité. Science hermétique. Les Serpent qui dévora les deux que Junon envoya con- compagnons de Cadmus, & tre Hercule, dans le tems que Cadmus tua en le per- qu'il étoit encore au ber- çant de sa lance contre un ceau, doivent s'entendre des chêne creux. C'est toujours sels métalliques, que l'on ap- le même mercure que l'Ar- pelle Soleil & Lune, le frere tiste fixe au moyen du feu & la soeur. On les appelle des Sages, appellé lance. serpens, parce qu'ils naissent Serpent DE MARS. dans la terre, qu'ils y vivent, Matiere de l'oeuvre en pu- & qu'ils y sont cachés sous tréfaction. ” Les anciens Ca- des formes variées, qui les ” balistes, dit Flamel, l'ont couvrent comme des habits. ” décrite dans les Métamor- Ces serpens furent tués par ” phoses sous différentes his- Hercule, qui signifie le mer- ” toires, entr'autres sous celle cure philosophique, & qui ” du Serpent de Mars, qui les réduit à la putréfaction ” avoit dévoré les compa- dans le vase, ce qui est une ” gnons de Cadmus, lequel espéce de mort. Le nom de ” le tua en le perçant contre serpent a été aussi donné au ” un chêne creux. Remar- mercure, parce qu'il est cou- ” que ce chêne “. lant comme l'eau, & qu'il Serpent né du limon de serpente comme elle. la terre. Mercure des Philo- Serpent VERT. Mer- sophes. Voyez Python. cure des Sages. Serpent qui dévore sa Serpent des Philoso- queue, étoit celui que l'on phes. C'est aussi le même mettoit à la main de Saturne, mercure, qui en circulant comme symbole de l'oeuvre, dans le vase, forme des pe- dont la fin, disent les Philo- tits ruisseaux, qui serpentent sophes, rend témoignage au comme l'esprit de vin. commencement. C'est le Serpens du Caducée de mercure des Sages, suivant Mercure, sont le fixe & le Philalethe. Planis-campi l'in- volatil, qui se combattent, terpréte de l'esprit de vitriol

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cohobé plusieurs fois sur sa ” afferment autre teinture tête morte. Voyez Sa- ” que la nôtre, non vraie, ne turne. ” portant quelque profit. Et SERPENTINE. La Tour- ” se taisent ceux qui vont di- be parle de la couleur ser- ” sant & sermonant autre pentine, ou couleur verte, ” souphre que le nôtre, qui & dit qu'elle est un signe de ” est caché dedans la ma- végétation. Philalethe l'ap- ” gnesie, & qui veulent ti- pelle la verdeur desirée; & ” rer autre argent-vif que Raymond Lulle dit que la ” du serviteur rouge, & au- matiere de l'oeuvre est de ” tre eau que la nôtre, qui couleur de lézard verd. C'est ” est permanente, qui nulle- sans doute la raison pour la- ” ment ne se conjoint qu'à quelle la plupart des Philo- ” sa nature, & ne mouille sophes l'ont appellée Satur- ” autre chose, sinon chose nie végétable. ” qui soit la propre unité de SERPHETA. Dissolvant ” sa nature “. Bern. Tré- de la pierre. Planis-campi. visan, Philosophie des mé- SERPIGO. Mousse. taux. SERRIOLA. Endive. SESCUNCIA. Une SERTULA CAMPA- once & demie, ou douze NA. Mélilot. dragmes. SERVITEUR. Les Phi- SESQUI, signifie la losophes ont donné ce nom quantité d'un poids ou d'une à leurs matieres, parce qu'el- mesure & demie. Sesquili- les travaillent suivant leurs bra, une livre & demie; désirs, & qu'elles obéissent sesquiuncia, une once & à leur volonté. Mais ils y demie; sesquimensis, un mois ont communément ajouté & demi, &c. des épithetes qui les dési- SEULO. Plomb, Sa- gnent. Ainsi Serviteur fugi- turne. tif veut dire le mercure vo- SEUTLOMALACHE. latil. Philalethe semble l'en- Quelques-uns l'interprêtent tendre de la matiere, ou de de la bette, d'autres des épi- ce même mercure parvenu nars, d'autres enfin de la à la blancheur. mauve. Blanchard. Serviteur ROUGE. SEXCUNX. Voyez Matiere de laquelle les Phi- Sescuncia. losophes extrayent leur mer- SEXTARIO. Poids de cure. ” Se taisent ceux qui deux onces.

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SEXTULA. Quatre Anciens ont représenté com- scrupules. me un vieillard de petite SEXTULO. Une drag- stature, gros & ventru, chau- me. ve, ayant les oreilles droi- SEXUNX. Six onces, tes & pointues, se soutenant ou demi-livre, suivant l'an- à peine, parce qu'il étoit cienne maniere de compter presque toujours yvre, le la livre de médecine, qui plus souvent monté sur un n'étoit composée que de dou- âne, accompagné de satyres ze onces. & de Bacchantes. Midas le SEZUR. Or. surprit un jour endormi au- SFACTE. Huile de près d'une fontaine de vin, myrrhe. le lia d'une guirlande de SIBAR. Argent-vif. fleurs, & le mena à Bac- SIBEDATA. Herbe chus, qui en étoit fort en à l'hirondelle. Planis-campi. peine. Bacchus récompensa SICILICUS ou SI- Midas de ce bienfait, en lui CILIUM. Nom d'un donnant la propriété de chan- poids pesant une demi-once. ger en or tout ce qu'il tou- Quelques-uns le prennent cheroit. Voyez Bacchus, seulement pour le quart. Midas. Blanchard. SILIPIT. Cuivre, ai- SICYOS & SICYS. rain. Concombre. SILO. Terre. SIDA. Nom donné à SILPHYUM. Laserpi- la guimauve par quelques- tium. uns, d'autres le donnent à SIMMITIUM. Cé- l'orange. Blanchard. ruse. SIEF ALBUM. Collyre SIMPLES. Zachaire a sec. substitué ce terme à celui SIELO CINETICUM. d'ingrédiens, ou matieres de Reméde propre à exciter la l'oeuvre. salivation. SIMUS. Gilsa de Para- SIGALION, Dieu du celse. silence. Voyez Harpo- SINAPISIS. Bol Ar- crate. mene. SIGIA ou SIGRA. SINON. Amomum. Storax. SINONIA ou SINO- SILENE. Pere nour- VIA, est le gluten, ou sub- ricier de Bacchus, que les stance mucilagineuse & tar-

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tareuse qui se pétrifie dans vail. Cet infortuné est le les jointures des membres, portrait des mauvais Artistes, & forme cette chaux qu'on qui travaillent toute leur vie voit sortir des nodus de la sans pouvoir venir à bout de goutte. porter la pierre au haut de SION & SIUM. Bé- la montagne hermétique, où cabumga, selon quelques- les travaux des Philosophes uns; cresson de fontaine, finissent. selon d'autres. Blanchard. SITANIUM. Espéce SIPAR. Argent-vif. de froment plus petit que le SIRA. Orpiment. blé ordinaire. SIRENES. Monstres SIUM. Voyez Sion. marins, que la Fable dit SMALTERNIUM. avoir la forme d'une jeune Succin. fille jusqu'à la ceinture, & SMYRNA. Myrrhe. la partie inférieure sembla- SOEUR. Magistere au ble à celle des poissons; blanc, ainsi nommé, parce ayant au surplus une voix qu'ils l'appellent aussi leur charmante, chantant si mé- Lune, ou Diane, & que la lodieusement, & jouant si Lune est soeur du Soleil, admirablement des instru- comme Beja l'étoit de Ga- mens de musique, qu'elles bricius, ou Gabertin. Don- attiroient à elles tous ceux nez-nous, dit Arislée dans qui les entendoient, les as- la Tourbe, donnez-nous soupissoient, & les faisoient Beja & son frere Gabertin, ensuite périr. Homere en nous les unirons ensemble parle fort au long dans son d'un lien indissoluble, afin Odyssée. qu'ils puissent engendrer un SISON. Amomum. fils bien plus parfait que leurs SISYPHE, fils d'Eole, parens. La Fable dit aussi ayant décelé les amours de que Diane étoit soeur de Jupiter avec Egine, fille du Phébus, & qu'elle servit de fleuve Asope, fut condamné Sage-femme à sa mere pour dans le Tartare à rouler sans mettre son frere au monde, cesse un rocher du bas d'une parce que le blanc doit tou- montagne jusqu'au sommet; jours précéder le rouge, qui lorsqu'il y étoit arrivé, le est le soleil des Philosophes, rocher rouloit au bas, & & qu'ils naissent tous deux Sisyphe étoit obligé de re- d'une même mere Latone, commencer le même tra- ou, ce qui est la même chose,

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chose de la matiere des Phi- gons de Flamel. Ils appel- losophes. lent encore Soleil le feu inné SOEUR. Mercure des dans la matiere. Comme le Sages. Voyez Beïa. volatil & le fixe sont tirés SOIR (le). Les Philo- de la même source mercu- sophes ont ainsi appellé leur rielle, les Philosophes disent mercure & leur magistere au que le Soleil est le pere, & blanc, parce que les vapeurs la Lune la mere de la pierre s'élevent le soir, & retom- des Sages. Quelquefois ils bent sur la terre. De même l'entendent à la lettre quand leur mercure arrose sa terre, ils parlent de la matiere éloi- qui devient leur terre fruc- gnée de l'oeuvre, parce qu'il tueuse & fertile, leur terre s'agit alors de cette vapeur feuillée, dans laquelle ils se- que le Soleil & la Lune cé- ment le grain fermentatif de leste semblent former dans leur or. l'air, d'où elle est portée SOL, dit simplement, dans les entrailles de la terre signifie le soufre des Philo- pour y former la semence sophes. En termes de Chy- des métaux, qui est la propre mie vulgaire, c'est l'or. matiere du grand oeuvre. SOLATER. Argent-vif. Les Adeptes ont donné SOLEIL, la grande par similitude & par allégo- Divinité des Egyptiens, des rie les noms d'arbre solaire Phéniciens, des Atlantides, & d'arbre lunaire au soufre &c. fut honoré sous divers rouge, & au soufre blanc noms chez les différentes qu'ils font pour parvenir à la Nations. On le confondit perfection de leur poudre de presque par-tout avec Apol- projection. Voyez Arbre. lon, & on lui donnoit la SOLELASAR. Alkali. même généalogie. Voyez SOLIDITE'. La solidité Apollon. est opposée à la liquidité, & Chez les Chymistes le So- il y en a de trois sortes. La leil est l'or vulgaire. Les Phi- premiere est la consistence, losophes appellent soleil leur qui arrive lorsque les parties soufre, leur or. des corps sont rapprochées Le Soleil des Sages de & adhérentes les unes aux source mercurielle, est la par- autres en forme de gelée, ou tie fixe de la matiere du grand qu'ils ne fluent pas; mais de oeuvre, & la Lune est le maniere que la solution en volatil; ce sont les deux dra- soit très-aisée par les deux G g

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agens ordinaires, l'eau & le seulement; comme lorsque feu. La seconde espéce de d'un marc d'argent on en sé- solidité est celle des corps, pare la moitié, ou que d'une qu'on appelle coagulés. La once de plomb on en sépare troisiéme est la fixation qui quelques parties, qui pri- arrive lorsque les parties en ses séparément, peuvent sont très-étroitement liées être regardées comme des ensemble, & d'une maniere touts. compacte, comme les mé- Lorsque j'ai dit que la pu- taux & les pierres. La pre- tréfaction est la vraie solu- miere espéce est celle des tion du régne animal, je n'en parties molles des animaux; exclus pas le régne végétal; la seconde est celle des vé- mais parce que la putrefac- gétaux; & la troisiéme, des tion est le commencement minéraux. Beccher. du régne animal, & qu'elle SOLSEQUIUM. Soufre est beaucoup plus violente des Philosophes. que celle des végétaux, qui SOLUTION. Desunion n'est proprement qu'une cor- naturelle ou artificielle des ruption analogue à la pu- corps. La naturelle est de tréfaction. trois sortes, selon les trois La solution artificielle est régnes de la nature. La pu- une division des parties d'un tréfaction est la solution du corps, faite par l'art, comme régne animal, la fermenta- les solutions des métaux par tion celle du végétal, & la les eaux fortes, la calcina- liquefaction celle du miné- tion par le feu élémentaire, ral. Les causes de la solution &c. sont les mêmes que celles Beaucoup de gens com- du mêlange, mais dont les prennent la dissolution & la effets sont contraires, parce résolution, sous le terme de que leurs proportions sont solution. On dit communé- différentes, & que la raré- ment succéder celle-ci à la faction fait dans l'un ce que sublimation & à la distilla- la condensation fait dans tion, pour faire dissoudre la l'autre. La solution se divise matiere restée au fond du encore en solution du tout, vase. & en solution dans le con- Il y a deux sortes de solu- tinu; la premiere se fait dans tions, l'une se fait au froid, la quantité & la qualité, & l'autre à la chaleur; la pre- la seconde dans la quantité miere s'emploie pour les sels,

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les corrosifs, les corps cal- selon les opérations. Dans cinés, en un mot, tout ce la premiere préparation de qui participe du sel & du la matiere, de laquelle pres- corrosif s'y réduit en huile, que aucun Philosophe n'a en eau ou en liqueur. Elle parlé, parce qu'ils ne la re- se fait à l'air, ou dans un lieu gardent pas comme philoso- humide, à couvert de la pluie phique, il se fait une solu- & de la poussiere. Tout ce tion du corps dur, & une li- que le froid dissout se con- quefaction qui réunit les deux gele au chaud en poudre ou corps dans un seul, en sépa- en pierre. rant les scories de l'un & de La solution qui se fait par l'autre. Le corps de l'un le moyen du feu, regarde prend seulement l'esprit de les corps gras & sulphureux. l'autre, sans augmentation Tout ce que la chaleur dis- sensible de poids, & les es- sout, le froid le coagule. Il prits ne pénétrent & ne s'u- est bon de remarquer que nissent aux corps que dans tout ce qui se dissout au froid la solution. Les corps se sub- humide cache dans son inté- tilisent, leurs parties s'atté- rieur un feu corrosif; au con- nuent, & approchent plus traire tout ce qui se résout de la nature de l'esprit. La par la chaleur, a hors du feu premiere solution philoso- une froideur adoucissante. phique sépare l'esprit du La solution philosophique corps, & le lui rend; d'où il est la conversion de l'humi- arrive qu'il n'y a point de de radical fixe en un corps vraie solution des corps sans aqueux. La cause qui pro- coagulation de l'esprit. Ainsi duit cette solution, est l'es- quoique les Philosophes par- prit volatil caché dans la pre- lent de la solution comme miere eau. Quand cette eau d'une opération séparée & a fait la solution parfaite du différente de la coagulation, fixe, elle est appellée fon- ce n'est cependant que la taine de vie, nature, Diane même. nue & libre. La solution, dissolution Les Philosophes ne com- & résolution, sont propre- ptent qu'une solution plu- ment la même chose que la sieurs fois répétée dans l'oeu- subtilisation. Le moyen de vre; tout consiste à dissoudre la faire selon l'art, est un & à coaguler. Ces solutions mystere que les Philosophes sont néanmoins différentes ne révelent qu'à ceux qu'ils G g ij

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jugent capables d'être ini- mation de sa terre superflue, tiés. Elle ne se fait, disent- & c'est alors de la fleur de ils, que dans son propre sang, soufre. Mém. de l'Acad. de c'est-à-dire dans la propre 1703. p. 32. eau dont le corps même a Les Chymistes admettent été composé. trois sortes de soufre, qui ne SONIR. Or, soleil. sont que le même, modifié SOUFLET. Recevoir différemment; le soufre vo- un souflet. C'est briser ses latil ou mercuriel, le soufre vases. moyen, & le soufre fixe. SOUFRE. Nom que Voyez Matiere, Sel. l'on donne en général à tou- Soufre (Sc. hermét.). tes les matieres inflamma- Lorsque les Philosophes par- bles dont on se sert dans la lent de leur soufre, il ne faut Chymie, telles que sont le pas s'imaginer qu'ils parlent soufre commun, les bitumes, du soufre commun dont on les huiles, &c. Quelquefois fait la poudre à canon & les les Chymistes donnent ce allumettes, ni aucun autre même nom à des matieres soufre séparé & distinct de nullement inflammables, leur mercure. Quoiqu'ils di- mais seulement colorées sans sent qu'il faut prendre un aucune autre raison, parti- soufre, un sel & un mercure, culierement dans les matie- ces trois choses se trouvent res minérales, ensorte que à la vérité dans leur matiere, l'on voit le mot de soufre mais elles n'y sont pas sen- attribué à bien des matieres siblement distinctes. Leur même très-opposées entre soufre est artificiel, leur mer- elles. On donne le soufre en cure l'est aussi, & l'art ma- particulier au soufre commun, nifeste leur sel. Mais tout qui paroît composé de qua- cela ne fait qu'une chose qui tre différentes matieres; sça- les renferme toutes trois. voir, de terre, de sel, d'une Philalethe. matiere purement grasse ou Lorsqu'ils disent en géné- inflammable, & d'un peu de ral notre soufre, on doit les métal. Les trois premieres entendre de leur pierre au matieres y sont à peu près blanc ou au rouge; dans ce en portions égales, & sont cas ils les distinguent par la presque tout le corps du sou- couleur. Leur rouge est leur fre commun, quand on le miniere du feu céleste, dit suppose épuré par la subli- d'Espagnet, leur ferment,

SO SO 469 le principe actif de l'oeuvre, sophique; car Raymond dont le mercure est le prin- Lulle entr'autres nous assure cipe passif. Ce n'est pas que que le soufre des Sages n'est le mercure n'agisse aussi, point distingué sensiblement puisqu'il a un feu interne, & de leur mercure, & leur que par tout où il y a feu, mercure ne se fait point avec il y a action; mais on le le soufre commun, naturel compare à la femelle, qui ou factice. dans la génération est censée Soufre VIF (Sc. herm.). passive. C'est le même que soufre Les Philosophes ont don- rouge. Rullandus donne le né à ce soufre une infinité de nom de soufre rouge à l'ar- noms qui conviennent tous senic. à ce qui est mâle, ou fait Soufre DE VITRIOL. l'office de mâle dans la gé- C'est l'ame de ce minéral. neration naturelle. C'est leur Soufre NOIR. Anti- or, qui n'est point actuelle- moine. Planis-campi. ment or, mais qui l'est en Soufre ONCTUEUX. puissance. Soufre des Philosophes. Soufre BLANC, Corps Soufre NARCOTIQUE composé de la pure essence du vitriol. Extrait du vitriol de métaux, que quelques- dont on trouve le procédé uns appellent un argent-vif dans la Chymie de Béguin. conduit de puissance en acte, Paracelse regardoit ce soufre & extrait, par les opérations comme un excellent anodin, du magistere, de tous les & le préféroit à tous les au- principes de la Médecine du tres. premier ordre. Philalethe. Soufre AMBROSIEN, Soufre ROUGE. Plu- est un soufre naturel rouge, sieurs Chymistes ont tra- beaucoup transparent, & vaillé sur le soufre naturel, ressemblant au grenat, mais & de mine, appellé sulphur formé en gros morceaux. nativum par les Latins, Soufre VERD. Huile comme étant la vraie matie- de cinabre. Dict. Herm. re des Philosophes; mais Soufre INCOMBUSTI- quand ceux-ci lui ont donné BLE. C'est celui des Sages. ce nom, c'est dans le tems Soufre VRAI DES PHI- qu'elle est parfaite au rouge LOSOPHES. C'est le grain ou au blanc. Elle est alors fixe de la matiere le véri- proprement le soufre philo- table agent interne qui agit, G g iij

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digere, cuit sa propre ma- la solution qu'on y parvient, tiere mercurielle, dans le- & l'on ne sçauroit y réussir, quelle il se trouve renfermé. si l'on ignore leur construc- Soufre ZARNET. Sou- tion & leurs principes, par- fre philosophique. ce qu'ils servent à cette dis- Soufre OCCULTE, Le solution. On sépare les par- même que celui de l'article ties hétérogênes & acciden- précédent. telles, pour avoir la facilité Soufre DE NATURE. de réunir & de rejoindre in- C'est encore le même. Quel- timement les homogênes. ques-uns cependant donnent La Philosophie Spagyrique ce nom à la matiere parve- proprement dite, est la mê- nue à la couleur blanche. me que la Philosophie Her- L'Auteur du Dictionnaire métique. Hermétique pourroit s'être SPARA. Semence des trompé, lorsqu'il dit que le métaux. soufre de nature est le mens- SPARGANIUM. Glaïeul true essentiel fait avec le mer- aquatique. Blanchard. cure & l'esprit de vin sept SPARTIUM & SPAR- fois rectifié, qui dissout la TIUN. Espéce de genest chaux du soleil & de la lune, propre à faire des liens. ou du moins qui en tire la SPATHA. Ecorce, pe- teinture, laquelle par des lure du fruit de palmier. opérations faciles & occul- SPATULA FOETIDA. tes, on redonne à l'or. Le Iris puant. soufre universel est, selon le SPATULE DE FER même Auteur, la lumiere ou DE PIERRE. Matiere de laquelle procédent tous de l'oeuvre en putréfaction, les soufres particuliers. & parvenue à la couleur SPAGYRIQUE (Phi- noire. losophie). Science qui ap- SPECIFIQUE UNI- prend à diviser les corps, à VERSEL. Voyez Pana- les résoudre, & à en séparer cée. les principes, par des voies, SPERAGUS. Asperge. soit naturelles, soit violentes. SPERME. Semence des Son objet est donc l'altéra- individus dans les trois ré- tion, la purification, & mê- gnes, animal, végétal & mi- me la perfection des corps, néral. Dans le premier, c'est c'est-à-dire leur génération une substance blanche, hu- & leur médecine. C'est par mide, onctueuse, composée

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des parties les plus pures du Sperme FE'MININ. sang. Dans les végétaux, Argent-vif des Philosophes. c'est la semence même, com- Sperme MASCULIN. posée de parties huileuses & Soufre des Sages, ou le grain onctueuses. Ce qui leur a fait fixe, qui se développe dans donner le nom de soufre par le sperme féminin, & agit les Chymistes. Le sperme sur lui, pour produire l'en- des métaux est ce qu'ils ap- fant philosophique, plus vi- pellent proprement soufre. goureux & plus excellent Aristote dit que c'est une que ses parens. vapeur, ce qu'il faut enten- SPERNIOLUM. Frais dre d'une vapeur onctueu- de grenouilles. se, sulfureuse & mercurielle. SPHERE. Ce terme se Les Philosophes ont nommé prend, dans les ouvrages cette vapeur une liqueur des Philosophes, en diffé- aetherée. Cette vapeur est un rens sens; quelquefois pour soufre minéral, qui pénétre les spheres des planétes, les pierres métalliques & s'y quelquefois pour le fourneau fixe. Le principe éloigné de secret. Flamel l'a prit dans cette vapeur est le soufre ce dernier sens. commun. Le soufre minéral Sphere DU SOLEIL. est une humeur onctueuse, Quintessence des Sages, ou incombustible, & que les leur mercure, qu'il faut ex- Philosophes Hermétiques traire des rayons du Soleil appellent leur Soleil & leur & de la Lune avec l'acier Semence masculine. Bécher. ou aiman philosophique. On Il ne faut pas confondre le appelle communément sphe- sperme avec la semence, l'un re l'étendue dans laquelle est le véhicule de l'autre. Le une chose est renfermée. Il sperme est le grain génératif est donc bon d'observer que & le principe des choses, les spheres du Soleil & de la c'est pourquoi les Philoso- Lune s'étendent à tout ce qui phes ont donné le nom de peut contenir de l'or & de sperme des métaux au sou- l'argent, en acte ou en puis- fre, & celui de semence au sance. mercure. Le germe dans les SPHINX. Monstre fabu- semences des végétaux est leux né de Typhon & d'E- le sperme. chidna. Il avoit la tête & la Sperme DU MERCURE. poitrine semblables à celles C'est le mercure même des d'une jeune fille, le corps Sages. G g iv

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d'un chien, les griffes d'un STAPHYLINOS. Pa- lion, la queue d'un dragon, nais. & la voix humaine. Ce STARMAR. Vapeur de monstre se tenoit caché dans la terre qui forme la semence une caverne près de la ville des métaux. C'est le mercure de Thebes, & arrêtoit les des Philosophes. passans pour leur proposer STATUES. Matieres des énigmes à résoudre. Il qui entrent dans la compo- dévoroit ceux qui n'y réus- sition du magistere des Sa- sissoient pas. Oedippe se pré- ges. Raymond Lulle a em- senta & résolut celle qui lui ployé ce terme dans ce sens- fut proposée. Il épousa en là, sans doute d'après Her- conséquence celle qui avoit mès, qui leur donne aussi le été promise pour récom- nom de Statues, & les ap- pense. Voyez Oedippe. pelle des Dieux fabriqués de SPIRITUS. Argent-vif. mains d'hommes. Il prenoit Planiscampi. alors les statues des Idoles, SPIS-GLAS. Antimoi- qui en étoient les symboles, ne. Bas. Valentin. pour la chose même. Sénior SPLENDEUR. Ma- dans son allégorie de la gistere au blanc. chasse du Lion, dit: ” Je ra- SPODIUM. Cendre ” masse les mains & les pieds, d'or. Quelques-uns donnent ” & je les échauffe dans l'eau ce nom au pompholix ou ” extraite des corps des sta- tuthie grise. ” tues, des pierres blanches SPUTUM LUNAE. ” & jaunes, qui tombe dans Mercure Hermétique. Voy. ” les tems de pluye, & que Crachat de la Lune. ” nous avons soin de ramas- STAGEN. Voy. Arles ” ser pour faire cuire la tête Crudum. ” & les pieds de ce Lion. “ STALAGMI. Voyez Raymond Lulle que je viens Stagen. de citer, s'exprime à peu près STALTICUM. Voyez dans les mêmes termes, dans Sarcoticum. le chap. 4. de son Codicile. STAPHYLE, fils de ” C'est pourquoi, dit-il, vous Bacchus, eut une fille nom- ” tirez ce Dieu des coeurs des mée Rhéo, qui d'Apollon ” statues par un bain humide eut Anye. Voyez les Fables ” de l'eau, & par un bain sec Egypt. & Grecq. dévoilées, ” du feu. “ On peut voir com- liv. 3. chap. 14. §. 2. ment les statues étoient des

ST ST 473 hiéroglyphes du grand oeu- STROPHIUS. Pere de vre, dans le Traité des Fa- Pylade. V. Pilade. bles Egyptiennes & Grecq. STUPIO. Etain, Jupiter. dévoilées, liv. 1. & liv. 3. STYMPHALIDES. STELLA TERRAE. Oiseaux d'une grandeur & Talc. d'une grosseur si prodigieuse STENO. Nom d'une des qu'ils éclipsoient la lumiere Gorgones. du soleil avec leurs ailes. STE'RILITE' DU MER- Hercule instruit par Miner- CURE. Elle ressemble à ve, les chassa des bords du celle des femelles, qui ne fleuve Stymphalide, d'où ils peuvent enfanter & conce- se retirerent dans l'isle d'Aré- voir sans l'approche du mâle. tie. Les Philosophes Spagy- C'est pourquoi les Philoso- riques expliquent cette fable phes lui ont donné le nom de ce qui se passe dans les de femelle, & au soufre celui opérations du grand oeuvre. de mâle. Ces oiseaux, disent-ils, re- STE'ROPE'S. Forgeron présentent les esprits du de Vulcain. V. Vulcain. mercure philosophique, qui STIBIUM. Nom chal- montent & descendent dans déen de l'antimoine, selon l'oeuf philosophique. L'Ar- Basile Valentin. cadie signifie la terre qui se STILBUS. Antimoine. forme dans le vase, & l'eau STIMMI. Antimoine. qui surnage est le lac Stym- STOEBE. Scabieuse. phalide d'où ces oiseaux ou Blanchard. esprits s'élevent & qui sem- STOMOMA. Ecaille de blent éclipser le soleil, parce fer. que la matiere devient noi- STRAAX. Voy. Arles re pendant la putréfaction; Crudum. Hercule symbole de la puis- STRATIFICATION. sance fixante & coagulante Action par laquelle on met de l'or physique renfermé des choses différentes couche dans le vase, ou pris pour sur couche, ou lit sur lit, dans l'Artiste, les tue à coups de un creuset. Cette opération flèches, & les chasse par le se fait dans la Chymie, lors- bruit des tymbales d'airain, qu'on veut calciner ou cé- qui ne sont autres que les menter un minéral ou un vapeurs métalliques de Vé- métal, avec du sel ou autre nus, comme on peut le voir matiere pour le purifier. dans l'article Eurysthée, jus-

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qu'à ce qu'ils se retirent dans priété de dissoudre toutes l'Isle d'Arétie, c'est-à-dire, sortes de matieres, & qu'au- que l'eau mercurielle soit cun vase de quelque matiere desséchée, car Arétie a une métallique qu'il soit, ne sçau- grande analogie avec le mot roit résister à son action. Les latin aresco, qui signifie en Auteurs disent qu'elle ne françois sécher. peut être contenue que dans Quelquefois ils expliquent la corne du pied d'un mulet ces oiseaux Stymphalides de ou d'un âne. Les Poëtes ont la teinture d'antimoine; car feint que c'étoit un des fleu- les Alchymistes appellent ves de l'Enfer, quelques-uns assez souvent oiseaux les es- faisoient ce fleuve fils de l'O- prits mercuriels & arseni- céan & de Thétis, & d'au- caux de l'antimoine, à cause tres de l'Achéron. Les Dieux de leur volatilité; & oiseaux avoient tant de respect pour Stymphalides, à cause que ce fleuve, que les sermens les vapeurs de ces esprits & les promesses qu'ils fai- sont dangereuses & mortel- soient par lui étoient irrévo- les. Le feu, comme un autre cables. Si quelqu'un venoit Hercule, les tue de ses flé- à l'enfreindre, il étoit privé ches, en corrigeant ce qu'ils pendant cent ans de la table ont de mauvais. Mais cette des Dieux. Voyez les Fables explication n'est pas confor- Egypt. & Grecq. dévoilées, me à ce que disent les Au- liv. 3. ch. 6. teurs dans leurs Traités Phi- SUBLIMATION. (Sc. losophiques, d'autant qu'ils Herm.) Purification de la donnent le nom d'antimoine matiere par le moyen de la à leur matiere, par la seule dissolution & de la réduction raison qu'elle en a les pro- en ses principes. Elle ne con- priétés, comme dit Arté- siste pas à faire monter la phius, & non parce qu'elle matiere au haut du vase, & est un véritable antimoine. l'y faire attacher, séparée du Voyez les Fables Egypt. & caput mortuum & des féces; Grecques, liv. 5. ch. 9. mais à purifier, subtiliser & STYX. Fontaine d'Ar- épurer la matiere de toutes cadie, qui tombe d'un ro- parties terrestres & hétéro- cher fort élevé, & dont l'eau gênes, lui donner un degré est un poison mortel pour de perfection dont elle étoit tous les animaux qui en boi- privée, ou plutôt la délivrer vent. On lui attribue la pro- des liens qui la tenoient com-

SU SU 475 me en prison, & l'empê- rables des minéraux par le choient d'agir. moyen de la sublimation. La sublimation est la pre- On en fixe beaucoup, & on miere préparation nécessaire les rend propres à résister à la matiere, tant pour de- aux atteintes les plus vives venir mercure, que pour for- du feu. Pour y réussir on mer le soufre & la pierre. rebroye le sublimé avec ses D'Espagnet dit que c'est la féces, on répete la sublima- préparation dont les Philo- tion, & cela jusqu'à ce que sophes n'ont pas parlé, parce rien ne se sublime plus. Lors- que c'est un ouvrage manuel que tout est fixe, on le retire que tout le monde peut faire, du vase, & on l'expose à même sans être instruit des l'air ou à la cave, pour en opérations de la Chymie faire une huile, qu'on digere vulgaire. Elle est sans doute ensuite à un feu lent pour le cette préparation des agens réduire en pierre. Ces pier- difficile par dessus toute au- res ont des propriétés surna- tre chose du monde, comme turelles, selon le minéral le dit Flamel, mais très-aisée dont elles sont tirées. à ceux qui la sçavent. La sublimation adoucit C'est le second degré, & beaucoup de corrosifs par la très nécessaire, par où il faut conjonction de deux matie- passer pour parvenir à la res, & rend corrosives beau- transmutation des corps. On coup de choses douces. La entend souvent sous le terme plûpart de celles-ci devien- de sublimation, la fixation, nent styptiques, austeres, l'exaltation & l'élévation. ameres. Paracelse dit que les Elle approche même beau- métaux sublimés avec le sel coup de la distillation; car armoniac se résolvent en de même que dans celle-ci huile quand on les expose à l'eau monte & se sépare de l'air, & se durcissent en pier- toutes les parties phlegmati- res quand on digere cette ques & purement aqueuses, huile au feu. Cette sublima- & laisse le corps au fond du tion est purement une opé- vase, de même dans la su- ration de la Chymie vul- blimation le spirituel se sé- gaire, il ne faut pas la con- pare du corporel, le volatil fondre avec la sublimation du fixe dans les corps secs Philosophique de laquelle tels que sont les minéraux. nous avons parlé au com- On extrait des choses admi- mencement de cet article.

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SUBLIMATOIRE enleve un crapaud, par un (Vaisseau). C'est l'oeuf qui serpent aîlé qui en emporte renferme la matiere de l'oeu- un autre sans ailes, par un vre. Voyez Oeuf. dragon qui quitte son écaille, SUBLIME'. Plusieurs ont par le vautour qui dévore le été trompés par ce terme foye de Prométhée, & par qu'ils ont pris pour le nom une infinité de fables & d'al- de la matiere dont les Philo- légories dont on peut voir sophes font leur magistere; l'explication dans les fables mais il faut l'entendre de la Egypt. & Grecq. dévoilées. matiere parvenue à la cou- Sublimé MERCURIEL. leur blanche que les Adeptes Argent-vif des Sages par- appellent Mercure sublimé, venu à la couleur blanche c'est-à-dire, purifié, exalté. après la putréfaction. Quelquefois ce terme s'ap- SUBLIMER. Purifier, plique à la matiere au noir, cuire, exalter, perfectionner mais très rarement. Quand la matiere de l'oeuvre, l'éle- on lui donne ce nom dans ver à un degré de perfection ce sens-là, on a égard à la qui lui manque pour devenir purification, & à la sépara- plus excellente que l'or mê- tion qui se fait alors des par- me, & avoir la propriété de ties grossieres & terrestres changer les métaux impar- du laton des Philosophes, faits en or. Voyez Subli- que l'azoth blanchit en le mation. lavant de ses impuretés, ap- SUBMERSION. C'est la pellées par quelques Philo- dissolution de la matiere par sophes les Immondices du la putréfaction; parce qu'elle mort. est noire & aqueuse, & que Dans cette sublimation les matieres se confondent sont comprises toutes les au- & se submergent l'une dans tres opérations: sçavoir, la l'autre. Les Philosophes ont distillation, assation, cuis- donné à ce mêlange plusieurs son, coagulation, putréfac- noms qui ne signifient que tion, calcination, séparation la même chose, ingression, & conversion des élémens. conjonction, union, com- Sans elle l'extraction des plexion, composition, mix- principes est impossible. tion, humation, &c. Les Philosophes ont repré- SUBTILIATION. Ré- senté symboliquement cette duction de la matiere de opération par un aigle qui l'oeuvre à ses principes; ce

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qui se fait par la dissolution Matiere de l'oeuvre parve- & la putréfaction. Elle se ré- nue à la couleur blanche. duit en eau mercurielle, & Suc DE LUNAIRE. Mer- puis en poudre subtile com- cure hermétique extrait de la me les atomes qui voltigent pierre connue dans les cha- aux rayons du soleil, dit pitres des livres, disent les Flamel. Philosophes, & non de la SUBTILIER. Voyez plante appellée Lunaire, ou l'article précédent. de quelqu'autre que ce puisse SUC. Ce terme signifie être, puisqu'ils recomman- communément une liqueur dent expressément de ne extraite de quelque végétal prendre aucun végétal pour ou animal; & comme le faire l'oeuvre, n'ayant au- mercure des Philosophes est cune analogie avec le mé- d'abord une espece de li- tal. Ils ont donné aussi à cette queur, ils lui ont donné le Lunaire les noms de Vénus nom de Suc de leur plante & de Saturnie végétale; c'est Saturnienne végétable, ou pourquoi on appelle aussi ce Suc de Lunaire, mais en vain Suc de Lunaire: cherche-t-on dans la Botani- Suc DE LA SATURNIE, que cette plante Saturnienne qui est la même chose. & cette Lunaire, parce que Suc DE LA LIQUEUR ce ne sont point des plantes, VE'GE'TABLE. Quelques-uns & que les Philosophes n'en disent que c'est le vin & d'au- parlent ainsi que par allégo- tres le vinaigre, d'autres le rie. C'est proprement leur marc de raisin. Un Auteur a matiere, qui, quoique prin- représenté Basile Valentin cipe de végétation, n'est faisant une sauce à une tor- point plante. Ils l'ont nom- tue avec du raisin. mée Saturnienne, parce que Suc BLANC. Argent-vif ce Mercure est dit petit-fils des Philosophes. de Saturne; & Lunaire, SUDUR. Sucre. parce que le Soleil est le SUEUR ou SUEUR pere de leur matiere & la DU SOLEIL. Mercure des Lune en est la mere. Sou- Sages; ils ont quelquefois vent par le terme de suc ils donné ce nom à leur matiere entendent leur magistere au en putréfaction. blanc, & quelquefois leur SUFFO. Pain de pour- matiere au noir. ceaux, cyclamen. Suc DES LYS BLANCS. SUPERFICIE. On

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trouve ce nom dans Rul- SUPPRESSION (Feu de) landus interprêté par blanc est celui qu'on fait dessus le d'oeufs. vase, ou même dedans, sui- SUPERFLU. (Science vant Riplée & Géber. Herm.) Géber & les autres SUTTER. Sucre. Philosophes qui l'ont suivi, SUYE DES ME'TAUX. ont dit qu'il y avoit dans leur Arsenic. matiere une partie superflue SYCAMINOS. Meurier. qu'il falloit en ôter. On prend SYCE. Figue. communément ces termes à SYLVAE MATER. la lettre, & l'on s'imagine Chevrefeuille. qu'il faut en effet séparer SYMAR. Vert-de-gris. quelque chose de la matiere SYMPLEGADES, ou dans la médecine du second CYANE'ES, sont deux ordre; d'autres qu'il ne faut écueils situés près du Pont- rien ôter absolument; & les Euxin, & si peu éloignés uns & les autres ont raison: l'un de l'autre qu'ils semblent car ces superfluités doivent se toucher, ce qui a fait dire être séparées dans leur tems; aux Poëtes qu'ils se heur- mais les vrais Sages sçavent toient. Il en est parlé dans que cette séparation se fait la fable de la conquête de la d'elle-même dans la méde- toison d'or. Voyez Jason, cine dont nous parlons, & Toison D'Or. que cette espece de superflu SYNACTICUM. Médi- est très-utile à l'oeuvre; ce cament astringent. qui a engagé le Philalethe SYNCRITICUM. An- à le nommer superflu très- tispasmodique. utile. SYRINX. Nymphe qui Ce superflu est une huile résista toujours aux poursui- ou une espece de limon du tes du Dieu Pan, & se sauva corps qui nage sur le mens- auprès du fleuve Ladon en- true après que le corps est tre les bras des Naïades, où dissout. Ce limon est abso- elle fut changée en roseau. lument nécessaire pour la SYROP DE GRENA- conversion du corps en hui- DES. Pierre au rouge. le; & cette conversion est SYRTES. Bancs de sable si nécessaire, qu'on ne pour- ou écueils des côtes de la roit réussir dans l'oeuvre sans mer de Libye, du côté de cela; parce qu'on ne pour- l'Egypte. Les Argonautes roit avoir les principes de manquerent d'y périr, & fu- l'Art.

SY TA TA 479 rent obligés de porter leur reçut les Dieux à sa table, navire sur les épaules pen- & leur servit entr'autres mêts dant douze jours. Voyez son fils Pélops. Cérès fut la Argonautes. seule qui ne le reconnut pas. Elle en détacha une épaule,

T. qu'elle mangea. Les Dieux T AAUT ou THAUT. le ressusciterent, & rempla- Voyez Thot. cerent cette épaule par une TABLEAUX DES d'ivoire. Jupiter punit Tan- PHILOSOPHES. Ce sont tale en le condamnant dans leurs livres, leurs allégories, les Enfers à souffrir une faim leurs hiéroglyphes, &c. & une soif perpétuelle, quoi- TAGETES. Tanaisie. qu'au milieu de l'eau & que TAL. Alkali. les fruits lui descendent jus- TALC des Philosophes. qu'à la bouche; quand il veut Pierre des Sages fixée au les prendre, ils s'enfuient de blanc. C'est en vain que l'on ses mains. Voyez les fables cherche à faire l'huile de talc Egypt. & Grecq. dévoilées, avec le talc vulgaire. Les liv. 6. chap. 4. Philosophes ne parlent que TARAGUAS. Bézoar. du leur, & c'est à ce dernier TARAXICUM. Pissen- qu'il faut attribuer toutes les lit. qualités desquelles les livres TARGAR. Huile de ge- font tant d'éloges. nievre. TAMIS DES SAGES. TARITH. Mercure. Mercure Hermétique. TARTAR. Tartre. Tamis DE LA NATURE. TARTARE, fils du C'est l'air à travers lequel Cahos, lieu ténébreux où passent les influences des les méchans étoient envoyés astres pour venir jusqu'à pour subir les tourmens aux- nous. quels ils étoient condamnés. TAMUE. Matiere de Voyez Enfer. Le Tartare l'oeuvre préparée & cuite au des Philosophes est la ma- rouge-de-pavot. tiere de l'oeuvre en putré- TAMUS ou TANUS. faction. Quelquefois ils en- Coulevrée, bryoine. tendent par Tartare le tra- TANECH. Pierre- vail inutile & fatiguant des ponce. mauvais Artistes, & disent TANTALE, fils de Ju- qu'ils sont condamnés au piter & de la Nymphe Plote, Tartare.

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TARTRE. (Sc. Herm.) grands Dieux. Les Philoso- Basile Valentin & quelques phes Grecs instruits par ces autres Philosophes ont dit Prêtres de ce qu'ils enten- que le tartre dissout les mé- doient par le taureau, inven- taux; ce qui a fait naître terent beaucoup de fables, l'idée à plusieurs Chymistes dans lesquelles ils introduisi- de le regarder comme la rent cet animal, & indique- matiere dont les Philosophes rent la qualité chaude & so- font leur magistere. Philale- laire de la matiere, en disant the cependant dit qu'il faut que ces taureaux jettoient du expliquer le terme de tartre feu & de la flamme par la de la même maniere que la bouche & les narines. Tels tête du corbeau; & ceux qui sont ceux que Jason surmonta sont les moins versés dans & mit sous le joug pour leur cette science, sçavent que faire labourer le champ de ces expressions signifient la Mars, afin de s'emparer par matiere des Philosophes au ce moyen de la toison d'or noir. suspendue dans la forêt de Le tartre blanc, ou le sel ce Dieu. Tel étoit celui dont de tartre des Sages, est leur Hercule débarrassa l'isle de magistere parvenu à la cou- Créte. Les pieds des uns & leur blanche. des autres étoient d'airain. Tartre DE MARBRE. Europe fut enlevée par un Ce sont les pierres qui se taureau, Pasiphaé devint forment dans le corps hu- amoureuse d'un taureau; main. On les nomme ainsi Cadmus suivit un boeuf, & de la matiere terrestre & tar- bâtit une ville dans l'endroit tareuse dont elles se forment. où il s'arrêta. Le fleuve Aché- TAUREAU. Animal loüs se changea en taureau quadrupede d'un grand usa- pour combattre Hercule; ge pour l'agriculture. Les Prothée prenoit la forme de Philosophes l'ont donné très- taureau, &c. souvent pour hiéroglyphe de Les Prêtres d'Egypte nour- la matiere du grand oeuvre. rissoient avec beaucoup de Les Egyptiens avoient en soins un taureau noir ayant conséquence beaucoup de seulement une tache blan- vénération pour cet animal, che, & le logeoient dans le que les Prêtres présentoient temple de Vulcain le plus au peuple comme le sym- grand de leurs Dieux. Osi- bole d'Osiris, un de leurs ris, dont ce taureau étoit le symbole,

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symbole, signifioit feu ca- toutes les saisons. Ceux qui ché, & avoit pour soeur & sont au fait de l'Astrologie pour épouse Isis, ou une va- en devineront aisément les che, qui avoit Mercure pour raisons, pourvû qu'ils ayent Conseiller & Administrateur aussi lu attentivement les li- de tout l'Empire pendant les vres des Philosophes. Voyez voyages d'Osiris son mari, Zodiaque. & après sa mort. Osiris étoit Il paroît que l'Auteur du lui-même le symbole du So- Dictionn. Hermétique n'a- leil & Isis l'étoit de la Lune; voit pas médité long-tems mais du Soleil & de la Lune & sérieusement les ouvrages des Philosophes, & non des des Philosophes, & combiné astres qui nous éclairent, ou leurs raisonnemens sur les des astres terrestres, l'or & fables, lorsqu'il interpréte l'argent, que les Chymistes les taureaux qui gardoient la vulgaires appellent Soleil & toison d'or, par le feu vul- Lune. gaire entretenu dans des Les Egyptiens parfaite- fourneaux chymiques, dont ment instruits des secrets les les registres représentent les plus cachés de la Nature, narines de ces animaux. Le imaginerent en conséquence taureau furieux qui ravageoit les signes du Zodiaque, tou- l'isle de Créte, & qui avoit jours par allusion à leur Art des pieds d'airain comme Hermétique, que les Philo- ceux que Jason mis sous le sophes assurent être la clef joug, font voir clairement de toutes les sciences. Ils assi- que ces allégories ou fables gnerent pour cet effet les ne peuvent s'entendre des trois signes du Bélier, du fourneaux chymiques, mais Taureau & de Gemini pour du fourneau secret des Phi- ceux qui président au com- losophes. mencement de l'année ou du Hercule après avoir pris printems, parce qu'ils sont le le taureau de l'isle de Créte, commencement de l'oeuvre. le conduisit à Eurysthée, Les Philosophes en suivant c'est-à-dire, à la plus grande le systême des anciens Dis- fixité, comme on peut le ciples d'Hermès, ont dit voir dans le livre 5. ch. 1. pour cette raison, qu'il fal- 7. & 10. des Fables Egypt. loit commencer l'oeuvre au & Grecq. dévoilées. Tant printems, quoiqu'on puisse que l'eau mercurielle des le commencer en effet dans Philosophes demeure sur la H h

482 TE TE terre des Sages, signifiée par servent à en extraire d'au- l'isle de Créte, cette terre tres, telle est celle du ma- est ravagée par la dissolu- gistere des Sages, ou leur tion, & incapable de rien mercure. On les divise en- produire; mais sitôt qu'Her- core en teintures naturel- cule arrête le taureau, ou les & teintures artificielles. fixe cette eau, pour le me- Dans celles-ci les unes sont ner à Eurysthée, elle devient dites animales, quand elles propre à la végétation; on sont extraites des animaux; peut la cultiver pour y se- métalliques, quand on les mer l'or philosophique. tire des métaux, &c. On les TEFRA. Cendre. nomme quelquefois huiles, TEINDRE, en termes esprits, quintessences, selon de Science Hermétique, si- qu'elles participent plus ou gnifie conduire le régime du moins des qualités des cho- Feu, l'administrer à la matiere ses qui ont ces dénomina- pour la digérer & la cuire de tions. Manget, Beguin. maniere qu'elle prenne suc- La teinture est le dernier cessivement les différentes degré de la transmutation couleurs desquelles les Phi- des corps naturels. Elle con- losophes font mention, & duit à la perfection toutes les qu'ils appellent signes dé- choses imparfaites. Paracelse monstratifs. C'est de là qu'on définit la teinture une ma- les a nommés Teinturiers. tiere très-noble, qui teint les TEINTURE, en termes corps métalliques, & hu- de Chymie, ne signifie pas mains, & les change en une l'extraction de la simple cou- essence bien plus excellente leur des mixtes, mais les & une maniere d'être infini- couleurs essentielles aux- ment plus parfaite que celles quelles sont adherentes les dont ils jouissoient aupara- vertus & les propriétés des vant. Elle pénétre les corps corps dont ces teintures sont & les fait fermenter comme extraites. L'art Spagyrique le levain. distingue plusieurs especes La teinture qui transmue de teintures; les unes sont les métaux doit être fixe, dites passives, parce qu'elles fusible comme la cire, & in- sont simplement extraites, combustible de maniere que comme la teinture de roses; mise sur une lame rougie les autres se nomment acti- au feu, elle y fonde sans fu- ves, & ce sont celles qui mée, & y pénétre comme

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l'huile pénétre le papier. qu'elle a, & ne pourroit tein- La vraie teinture des mé- dre qu'un poids d'argent égal taux est le soufre métallique à celui de l'or duquel elle a exalté. Le mercure est ap- été extraite; au lieu qu'un pellé le milieu ou moyen grain seul de teinture philo- propre à joindre & à réunir sophique poussée au point les teintures. La pierre au de perfection dont elle est rouge & la pierre au blanc susceptible, teindra un mil- réduites en élixir ou en pou- lion de grains de métal de dre de projection, sont les quelqu'espece qu'il soit. deux seuls & vrais principes Teinture ROUGE ou des teintures des métaux; TEINTURE DE POURPRE toute autre teinture n'est que est la même que Teinture tromperie, supercherie & illuminante. sophistication. TE'LAMON, fils d'Ea- Teinture VIVE. Pierre que & frere de Pélée, fut au rouge. pere d'Ajax, qui de lui fut Teinture ILLUMI- appellé Télamonien. Téla- NANTE DES CORPS. Mê- mon étoit un des Argonau- me chose que poudre de tes, & accompagna Hercule projection. Quelques-uns lorsqu'il délivra Hésione de ont cependant pris ces ex- la dent meurtriere du mons- pressions comme signifiant tre marin auquel elle étoit la pierre au rouge, ou le sou- exposée. Hercule la céda à fre aurifique des Philosophes, ce compagnon fidel. Voyez parce qu'ils le nomment So- Hésione. leil, & que le soleil est com- TE'LE'MAQUE, fils me le principe, ou le distri- d'Ulysse & de Pénélope, buteur de la lumiere. En vain étoit encore jeune quand son les Chymistes cherchent-ils pere partit pour la guerre de à tirer la teinture de l'or vul- Troye. Pendant cette ab- gaire pour en habiller d'au- sence les Amans de Péné- tres métaux; la véritable lope maltraiterent Téléma- teinture de l'or consiste dans que, qui quitta la maison pa- son soufre radical, qui est ternelle pour chercher Ulys- inséparable du corps même se. A son retour il chassa, de l'or, suivant d'Espagnet. avec l'aide de son pere, tous D'ailleurs quand la chose se- ces Amans importuns. Voy. roit possible, cette teinture Ulysse. ne pourroit donner que ce TE'LEPHE, fils d'Her- H h ij

484 TE TE cule & de la Nymphe Au- Rois voulurent embellir & gé, fut exposé dans les bois, eurent bien de la peine à où une biche l'allaita. Ceux achever: c'étoit une grande qui le trouverent, le présen- gloire si dans un long regne terent au Roi de Mysie, qui un Prince avoit pû achever l'adopta & le désigna son un portique. Les plus célé- successeur. Ayant refusé le bres furent celui de Jupiter passage aux Grecs qui al- Olympien, celui d'Apollon loient au siége de Troye, il à Delphes, devenu si célébre fut blessé d'une fléche d'A- par les oracles qui s'y ren- chille. La playe devint ex- doient; celui de la Diane trêmement douloureuse, & d'Ephese, chef-d'oeuvre de n'y trouvant pas de remede, l'Art; le Panthéon, ouvrage il consulta l'Oracle, qui lui de la magnificence d'Agrip- apprit que celui qui avoit fait pa, gendre d'Auguste; enfin le mal le guériroit. S'étant celui de Bélus, composé seu- réconcilié avec Achille, ce- lement d'une grande & ma- lui-ci lui donna de la rouille gnifique tour à sept étages, du fer de sa lance; Télephe dont le plus élevé renfermoit l'appliqua & fut guéri. la statue de ce Dieu, avec TELESME. Fin, per- les autres choses dont parle fection, complément. Hérodote. TEMERUS. Brigand Les statues des Dieux que Thésée mit à mort. Voy. qu'on y plaçoit étoient d'or, Thésée. d'ivoire ou d'ébene, quel- TEMEYNCHUM. Or quefois composées de ces des Philosophes, ou leur ma- trois matieres, ce qui est à gistere au rouge. remarquer par les raisons TEMPLES. C'est dans que nous avons déduites l'Egypte qu'il faut chercher dans le Traité des Fables l'origine des temples. Héro- Egypt. & Grecq. dévoilées. dote le dit formellement. Quand il s'agissoit de bâ- Cette coutume de bâtir des tir un temple, on environ- temples passa d'Egypte chez noit le lieu avec des rubans les autres Nations, par les & des couronnes, & les Colonies qui y furent trans- Vestales le purifioient en le portées. On peut voir dans lavant avec de l'eau pure l'Auteur ci-dessus, la ma- & nette. Le Pontife après gnificence du temple de Vul- avoir fait un sacrifice solem- cain en Egypte, que tant de nel à la Divinité à laquelle

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il devoit être dédié, touchoit qu'objet en vûe dans la for- la pierre qui devoit servir la me de leurs temples? Si leurs premiere à former le fonde- prétendus Dieux & les ac- ment, & le peuple l'y jet- tions qu'on leur attribue ne toit avec quelques pieces de sont que des allégories de monnoye ou quelques mor- l'oeuvre Hermétique, n'aura- ceaux de métal qui n'avoit t-on pas raison de penser que pas encore passé par le creu- cette forme ronde du tem- set. Les temples de Vulcain ple, ou du lieu où étoient de Vénus son épouse, & de placés les Dieux, étoit un Mars se plaçoient aux portes symbole du vase qui con- des villes. Ceux de Mercure, tient les Divinités Herméti- d'Apollon, de Minerve & ques? Les Philosophes sça- des autres Dieux étoient au vent bien pourquoi les tem- dedans des murs. Vitruve ples de Vulcain, de Venus (Liv. 2. ch. 2.) apporte des & de Mars étoient à la porte raisons de ces différences, des villes. Il suffit même qui ont un air de vraisem- d'avoir lu assez superficiel- blance, mais qui montrent lement leurs livres, pour y qu'il n'étoit pas au fait de remarquer qu'ils ont donné celles qui avoient déterminé les noms de ces trois Dieux ceux qui l'avoient précédé à aux matieres du magistere en agir ainsi. desquelles doivent se com- La plupart des temples poser leur Mercure, leur Ju- étoient de figure ronde com- piter, leur Diane & leur me le Panthéon, & ne rece- Apollon, dont les temples, voient de jour que par un pour cette raison, étoient trou ou lanterne pratiquée renfermés dans l'enceinte au milieu de la voute. On des villes. remarque cette forme dans Dans la suite les temples les temples de l'antiquité la prirent une autre forme par plus reculée. la fantaisie des Architectes, Toutes ces choses ne se qui trouverent le quarré- faisaient pas sans dessein; & long plus susceptible des or- si les Egyptiens, suivant saint nemens qu'ils imaginerent; Chrysostome, étoient mysté- mais ils conserverent presque rieux jusques dans leurs ma- toujours rond ou en forme nieres d'agir & dans leurs de rotonde le lieu principal façons de s'habiller, peut-on de l'intérieur des temples; douter qu'ils n'ayent eu quel- les autres parties ne furent H h iij

486 TE TE censées que comme des ac- l'occident, les Philosophes compagnemens, ou comme ont donné le nom de jour au nécessaires pour loger le peu- tems que dure notre coction. ple; tels sont les nefs & les Ceux qui ont dit qu'il ne fal- collateraux. loit qu'un mois, ont eu égard TEMS. Les Philosophes au cours du soleil dans cha- semblent n'être pas d'accord que signe céleste; & ceux entr'eux sur la durée des opé- qui parlent d'un an ont en rations requises pour parve- tête les quatre couleurs prin- nir à la fin de l'oeuvre Her- cipales qui surviennent à la métique. Les uns disent qu'il matiere; car ces couleurs faut trois ans, d'autres sept, sont leurs quatre saisons. d'autres jusqu'à douze; mais Voyez Saisons. il s'en trouve qui réduisent Les Philosophes disent cette durée à dix-huit mois, communément que le grand Raymond Lulle à quinze, oeuvre est un ouvrage de pa- Trévisan à peu près au même tience; que l'ennui occasion- tems, & Zachaire dit qu'il né par la longueur du travail, commença l'oeuvre le Lundi a rebuté beaucoup d'Artistes, des fêtes de Pâques, & fit & qu'il faut plus de tems que la projection vers le même de dépenses pour parvenir à tems l'année suivante. Mais son but. Ils ajoutent que la dans toutes ces manieres de couleur noire se manifeste s'exprimer qui paroissent se & doit se manifester vers le contredire, les Philosophes quarantiéme jour, si l'on a n'entendent que la même bien opéré; que cette cou- durée du tems suivant leur leur dure jusqu'au quatre- façon de le compter; parce vingt-dixiéme jour; alors la que leurs mois & leurs sai- couleur blanche succéde, & sons ne sont pas ceux du vul- puis la rouge. Mais tout cela gaire. Il nous faut un an, dit doit s'entendre de l'ouvrage Riplée, pour jouir des fruits de la pierre, sans y com- que nous attendons de nos prendre la préparation ma- travaux. Un Anonyme ex- nuelle des agens ou princi- plique tous ces différens ter- pes matériels de l'oeuvre. mes de la maniere suivante. Ainsi ceux qui parlent d'un Comme nous appellons un an l'entendent d'une seule jour l'intervalle de tems qu'il préparation philosophique, faut au soleil pour parcourir telle que pourroit être celle le ciel depuis l'orient jusqu'à du soufre; parce dans chaque

TE TE 487 opération les couleurs, qu'ils que le noir-même. appellent saisons, doivent TERENGIBIL. Manne. passer successivement. Ceux TERENIABIN. Manne. qui font mention de trois TERME, Dieu des ans, y comprennent les opé- champs & des bornes. Il rations du soufre, de la pier- étoit représenté sous la for- re, & celle de l'élixir. Quand me d'une colonne, d'un tronc ils disent sept, neuf ou douze d'arbre, &c. Il étoit censé ans, ils y renferment toutes borner tout, sans être borné les opérations répétées pour lui-même. la multiplication, & donnent TERPSICHORE. Nom le nom d'année à chaque d'une des Muses, dont voyez opération. Voyez Année, l'article. Mois, Régne. TERRE. Matiere pe- TE'NARE. Promontoire sante & poreuse, qui com- de la côte méridionale du pose avec l'eau le globe que Péloponnese; tout auprès nous habitons. sont des goufres dans la mer, Le vulgaire prend com- que les Poëtes ont feint être munément pour la vraie ter- les portes de l'Enfer. C'est re, ce qui paroît à nos yeux, par-là qu'Hercule y descen- c'est-à-dire, l'excrément de dit pour enlever le chien la terre & des autres élémens Cerbere, & en ramena son qui entre dans la composi- ami Thésée. V. Enfer. tion de tous les mixtes sujets TENEBRES. Les Phi- à la mort ou à la corruption. losophes comparent presque Mais dans ces excrémens il toujours leur matiere en pu- y a un noyau, une vraie tréfaction aux tenebres de la terre principe, qui ne se dé- nuit, à celles de l'Egypte, & truit point, qui fait la base à celles qui enveloppoient la des corps, & qui les con- masse confuse du cahos avant serve dans leur maniere d'ê- la manifestation de la lumie- tre jusqu'à ce que quelqu'ac- re. C'est pourquoi ils ont cident dissipe le lien qui unit quelquefois donné le nom cette vraie terre avec ses ex- de Tenebres à leur matiere crémens. Cette terre se trou- au noir. ve dans tous les mixtes, plus Tenebres CYMME'- abondamment dans les uns RIENNES Matiere de l'oeu- que dans les autres; c'est ce vre en putréfaction, appel- principe que tant de Sophis- lée aussi le Noir plus noir tes cherchent en vain, & H h iv

488 TE TE qu'ils trouveroient sans peine de laquelle il faut extraire le s'ils connoissoient la Nature. mercure Hermétique. Cette terre est la terre vierge Terre DES PHILOSO- des Philosophes, & ce que PHES. C'est leur soufre. l'on doit entendre par l'élé- Terre DES FEUILLES. ment de la Terre. Hermès a donné ce nom à Les Philosophes Hermé- la matiere de l'oeuvre en pu- tiques donnent le nom de tréfaction; mais son nom terre à la miniere qui renfer- propre, dit Flamel, est le me la matiere d'où ils ex- Laton ou Laton qu'on doit trayent leur mercure; & en- blanchir. suite, dans les opérations, à Terre FETIDE. Soufre la matiere-même d'où ce sublimé. En termes de Scien- mercure a été extrait. Ils ce Hermétique, c'est le sou- donnent encore ce même fre des Sages en putréfac- nom de terre à leur mercure tion. fixé; & c'est dans ce dernier Terre FEUILLE'E sim- sens qu'il faut entendre Her- plement dite, signifie la ma- mès lorsqu'il dit, dans sa tiere au noir. Table d'Emeraude: Il aura Terre FIDELE. Lune la force des forces lorsqu'il des Philosophes. sera réduit en terre. Ils le Terre FRUCTUEUSE. nomment alors Eau qui ne Magistere au blanc. mouille point les mains; par- Terre FE'CONDE ou ce que cette terre étoit pre- Terre FERTILE. Pierre mierement eau, & rede- parvenue au blanc. viendra liquide toutes les Terre D'OR. Litharge fois qu'on la mêlera avec d'or. l'eau de laquelle elle étoit Terre FIDELE. Argent composée. philosophique. Terre BLANCHE Terre GLAISE. Gom- FEUILLE'E. Matiere de me des Sages. l'oeuvre parvenue à la blan- Terre NOIRE. Voyez cheur. Poudre Noire. Terre CE'LESTE. Lune Terre GRASSE. Voyez des Sages. Matiere. Terre D'ESPAGNE. Terre POTENTIELLE. Vitriol. Magistere au blanc. Terre ADAMIQUE ou Terre PUANTE. Voyez ADAMITE. C'est la matiere Terre Fetide.

TE TE 489

Terre RESTANTE. Ma- vierge, de laquelle nous fai- tiere de l'oeuvre fixée à la sons notre mercure. Raym. couleur blanche. Lulle. Terre ROUGE. Soufre Terre DAMNE'E. Terre rouge des Sages. Ce nom a inutile, féces d'une matiere été donné au bol armene, qu'on a purifiée. On donne & à l'orpiment. aussi le nom de Terre dam- Terre SAINTE. Anti- née à ce qui reste au fond du moine vitrifié. vase après qu'on en a tiré le Terre SARRAZINE. plus subtil par la distillation Email. Planiscampi. ou la sublimation. Terre SOLAIRE. Ma- Terre SAMIENNE. tiere de l'oeuvre fixée au Argent-vif sublimé avec le rouge, appellée aussi Soleil talc. des Sages, ou mine de l'or. TERSA. Moutarde. Quelques-uns ont appellé TE^TE DU CORBEAU. Terre solaire le lapis lazuli. Matiere de l'oeuvre en pu- Terre SULFUREUSE. tréfaction. Matiere des Sages en putré- Tête DU DRAGON. faction. C'est l'esprit mercuriel de la Terre MERCURIELLE. matiere, ou la partie vola- Matiere de laquelle les Phi- tile qui dissout la fixe; c'est losophes extrayent leur mer- pourquoi les Philosophes ont cure. Cette terre n'est pas le dit que le Dragon dévore sa cinnabre naturel ou artifi- queue. ciel; mais cependant une Tête MORTE. Ce sont terre minérale & métalli- les féces qui demeurent au que. fond de la cucurbite, ou de Terre VIERGE. Ce la retorte, après la distilla- terme se dit du mercure des tion ou la sublimation des Sages fixé en terre par la esprits. cuisson philosophique, & de Tête ROUGE. Les Phi- la matiere de laquelle doit losophes ont dit: que ce qui s'extraire ce mercure lui- a les pieds noirs, le corps même, appellé pour cela blanc, & la tête rouge, est Eau séche, qui ne mouille le magistere. C'est-à-dire que pas les mains, & qui ne s'at- l'oeuvre commence par la tache qu'à ce qui est de sa couleur noire, passe ensuite propre nature. Il y a dans le à la blanche, & finit par la centre de la terre une terre rouge. Dans chaque opéra-

490 TE TE TH tion le rouge qui marque la Ciel & de la Terre & femme perfection du soufre, de la de l'Océan. Jupiter ayant été pierre & de l'élixir, a engagé lié & garotté par les autres les Philosophes à dire d'A- Dieux, Téthys avec l'aide pollon & des autres person- d'Egeon, le remit en liberté. nages feints des fables, qui Téthys est l'eau mercurielle sont les symboles de ce sou- des Philosophes, qui délie fre, de cette pierre ou de cet en dissolvant, & met en li- élixir, qu'ils avoient les che- berté en volatilisant le Jupi- veux roux ou blonds dorés, ter des Sages, dont voyez tels que Pyrrhus fils d'A- l'article. chille, &c. ou qu'ils étoient TETRAPHARMA- habillés de couleur de pour- CUM. Médicament com- pre, comme Apollon quand posé de quatre ingrédiens, il chanta la victoire de Jupi- comme l'onguent Basilicum. ter sur les Géans. Avicenne TETROBOLON. a tourné cette énigme de la Poids de quatre dragmes. tête rouge, d'une autre ma- TEUCRIUM. Plante niere. La chose, dit-il, qui a connue sous le nom de Cha- la tête rouge, les yeux noirs moedris ou Petit-chêne. & les pieds blancs est le ma- TEVOS. Matiere de gistere. Quelques Philoso- l'oeuvre poussée au blanc. phes paroissent avoir voulu THABRITIS. Jupiter expliquer cette tête rouge des Philosophes. de la matiere même de la- THALIE. Ce nom a été quelle on fait le magistere, donné à l'une des Graces, à sur ce que d'autres ont dit la Nymphe mere des Dieux qu'il faut extraire le mercure Palices, & à une des neuf du serviteur rouge, & que Muses. l'usage est d'appeller tête le THAMAR. Fruit du pal- commencement d'une cho- mier. Blanchard. se; alors il faudroit dire qu'A- THAUMAS. Pere d'Iris, vicenne n'auroit eu en vûe messagere de Junon. que l'oeuvre au blanc. THAUT. V. Thot. TETHYS, fille du Ciel THE'JA ou THE'A, & de Vesta soeur de Saturne, mere du Soleil & de la Lu- femme de Neptune, mere ne, ne signifie que la matiere de toutes les Nymphes & de laquelle on fait le soufre des fleuves, suivant Hésio- blanc ou le soufre rouge des de. D'autres la disent fille du Philosophes. V. Latone.

TH TH 491

THELESPHORE. Un THERION MINERAL. des Dieux de la Médecine, THERMANTICUM. fils d'Esculape, & frere de Médicament qui échauffe. Panacée, de Jaso & d'Hi- THERME. Bain. Les gyea. V. Esculape. Philosophes ont donné le THELIMA. Pierre au nom de Therme à leur eau rouge parfait. mercurielle, parce qu'ils di- THELYPTERIS. Fou- sent qu'elle est le bain où se gere. baignent leur Roi & leur THEMIANTHUS. Or. Reine. THEODAMAS, pere THERMOMETRE d'Hylas, fut vaincu par Her- PHILOSOPHIQUE. Cha- cule, qui emmena son fils. leur naturelle des mixtes. V. Hylas. THE'SE'E, fils d'Egée & THERENIABIN. Voy. d'Ethra, eut le bonheur de Tereniabin. se preserver du poison que THE'RIAQUE. (Science Médée sa belle-mere voulut Herm.) Quelques Philoso- lui faire prendre. Les Athé- phes ont donné ce nom au niens obligés par traité fait corps fixe du magistere, par avec Minos, Roi de Créte, opposition au nom de Venin de lui envoyer tous les ans que d'autres ont donné à ce sept jeunes Athéniens pour même corps; parce que s'il combattre le Minotaure en- n'est pas uni au mercure vo- fermé dans le labyrinthe, latil à l'heure propre de la décidoient par le sort quels naissance de l'eau mercuriel- seroient les sept qu'on en- le, ce corps gâte tout l'oeu- voyeroit. Le sort tomba sur vre, & que s'il y est joint à Thésée. Avant que de partir propos, il le parfait. Mais le Egée lui recommanda de sens le plus usité dans lequel mettre des voiles blanches il faut prendre le terme de à son retour, en cas qu'il Thériaque, est que les Phi- revint victorieux, au lieu des losophes ont ainsi nommé voiles noires que l'on mettoit leur magistere parfait, parce en partant. Thésée le pro- qu'il est le remede le plus mit, s'embarqua, & aborda excellent de la Nature & de dans l'isle de Créte. Il y ga- l'Art, pour guérir tant les gna les bonnes graces d'A- venins que les autres mala- riadne, fille de Minos. Elle dies du corps humain & des demanda à Dédale le moyen métaux. de sortir du labyrinthe, & il

492 TH TH lui donna un peloton de fil, Reine Hippolite, qu'il épou- qu'elle remit à Thésée. Muni sa & en eut un fils du même de ce peloton, Thésée entra nom; prit le parti des Lapi- dans le labyrinthe, combat- thes contre les Centaures, tit le Minotaure & le tua. Il & descendit enfin aux En- avoit défilé son peloton dès fers avec Pyrithoüs pour en- l'entrée, & n'eut que la peine lever Proserpine. Hercule, de suivre son fil & de refaire son ami, y étant aussi allé son peloton pour en sortir. pour prendre Cerbere, y Ariadne charmée de le re- trouva Thésée & le ramena voir, consentit à partir avec dans le séjour des vivans. lui, & Thésée l'emmena. Il Quelques-uns mettent Thé- l'abandonna ensuite dans l'is- sée au nombre des Argo- le de Naxo. V. Ariadne. nautes. Les uns disent qu'il Egée voyant approcher le fut tué par Lycomede, d'au- tems du retour du vaisseau tres qu'il mourut d'une chûte. qui avoit transporté les sept Thésée représente le mer- Athéniens à Crête, avoit été cure des Philosophes, ap- l'attendre sur le bord de la pellé pour cette raison le bon mer. Thésée avoit oublié de ami d'Hercule, symbole de changer ses voiles, suivant la l'Artiste. Toutes les expédi- promesse qu'il en avoit faite tions qu'on lui attribue sont à son pere. Egée les voyant les effets du mercure pen- noires, crut son fils péri, & dant le cours des opérations de désespoir se jetta dans la requises pour la perfection mer. de l'oeuvre. Il falloit par con- Thésée se proposa Her- séquent le mettre au nombre cule pour modéle, & lia une des Argonautes, & même étroite amitié avec ce Héros. des principaux. Il mourut en Il brava, comme lui, toutes effet par les mains de Lyco- sortes de dangers, & eut part mede, & perdit aussi la vie à beaucoup de ses exploits. par une chûte, mais dans Il tua d'abord le taureau de deux circonstances différen- Gete dans la plaine de Ma- tes de l'oeuvre. La premiere rathon, défit un sanglier fu- est celle de la dissolution, rieux qui ravageoit les cam- appellée Mort, Tombeau, pagnes, purgea le pays d'u- Sépulchre. La seconde est ne infinité de voleurs & de celle de la fixation; parce brigands, fit la guerre aux que la volatilisation étant Amazones, emmena leur nommée Vie, la fixation qui

TH TH 493 marque le repos, est aussi approcha pas, parce qu'il appellée Mort. Voyez les avoit appris que si elle voyoit Fables Egypt. & Grecques un Dieu, le fils qui en naî- dévoilées, liv. 3. chap. 14. troit seroit plus vaillant & §. 5. & le liv. 5. ch. 22. plus puissant que son pere. THESMOPHORE. Sur- Jupiter la maria en consé- nom de Cérès. quence à Pélée, & invita THESPIADES. Surnom toute la Cour céleste aux des Muses. nôces qui s'en firent. La Dis- THESPIUS, fils corde seule n'y fut point ap- d'Erichteus Roi d'Athènes, pellée, & la ruine de l'Em- avoit cinquante filles, dont pire Troyen fut une suite de Hercule encore enfant jouit sa vengeance, comme on en une seule nuit, & en eut peut le voir dans les articles cinquante fils. Les Alchy- de Pâris & d'Achille, & mistes entendent par Thes- plus au long dans le 6e livre pius la matiere crue & indi- des Fables Egypt. & Grecq. geste des Philosophes, dont dévoilées. cinquante parties, regardées THIMI VENETIANI. comme ses filles, mêlées Absynthe. dans le vase avec une seule THION. Soufre des Phi- partie de mercure philoso- losophes au rouge. phique préparé, produisent THISMA. Filon de chacune un mâle, c'est-à- mine. dire, acquierent par l'opéra- THITA. Magistere des tion du mercure sur elles, Sages dans sa fixation en une vertu multiplicative ca- couleur de pourpre. pable de perfectionner cha- THOARCH. Voyez cune un égal poids d'autre Thion. matiere. Ceci regarde la THOAS, fils d'Ariadne multiplication de la pierre & de Bacchus, devint Roi philosophale. de l'isle de Lemnos, & eut THESPROTIE. Con- pour fille Hypsiphile. Les trée de l'Epire, que les My- femmes de cette isle ayant thologues ont quelquefois conspiré ensemble pour en prise pour les Enfers. faire périr tous les hommes, THETIS ou THETYS, parce qu'elles s'en voyoient fille de Nérée Dieu marin, méprisées, Hysiphile fut la & de Doris. Jupiter l'aima seule qui n'exécuta pas cet passionnément; mais il n'en affreux projet: elle sauva son

494 TH TI pere. Voyez Hypsiphile, tiquement la matiere de l'oeu- & le second liv. chap. 1. des vre. Fables Egyptiennes & Grec- TIERCELET. Com- ques dévoilées. position chymique des Char- THON. Médecin Egyp- latans qui se disent sçavans tien, dont l'épouse nommée dans l'Art hermétique, avec Polydamna, fit présent à laquelle ils dupent ceux qui Hélene d'un reméde en- sont assez crédules pour leur tr'autres qui avoit la propriété confier leur bourse. de faire oublier toute espéce TIFACUM ou TIFA- de chagrin. Homere, Odys- COUM. Mercure des Phi- sée, liv. 4. losophes. THOT ou THAUT TIFARUM, \ Soufre Dieu des Egyptiens, n'est TIFASUM, > herméti- autre que Mercure, ou Her- TIFATUM, / que. mès, c'est-à-dire le mercure TIFFAROM. Argent- des Philosophes Herméti- vif. ques. Un Philosophe du mê- TIFFATAM, ou TIM- me nom prit le surnom de PABAR. Soufre vif. Trismegiste, & inventa tou- TIN. Soufre. tes les Fables Egyptiennes, TINCAR ou TINC- desquelles furent imitées KAR. Mercure des Sages toutes les anciennes fictions cuit & digéré au blanc; des Grecs. Voyez Hermès, Tinckar signifie aussi du bo- Mercure. rax & du vert-de-gris. THYESTE, fils de Pé- TINGENT. Propriété lops & d'Hippodamie, pere requise à la pierre des Phi- d'Egiste, & frere d'Atrée. losophes, ou à leur poudre Voyez Atrée, Oreste, de projection. Elle doit être Egiste. tingente, c'est-à-dire propre THYONE'. Nom de à donner aux métaux im- Sémelé, lorsqu'elle fut mise parfaits la couleur & la tein- au nombre des Déesses. ture fixe & permanente de THYRSE. Espéce d'ar- l'or ou de l'argent, suivant mure que portoient Bacchus le degré de perfection au- & les Bacchantes. quel on l'a poussée. TICALIBAR. Ecume TIRESIAS, Devin de mer. C'est l'écume de la célébre, fils d'Evore & de mer rouge, dont parle Fla- Cariclo. Hésiode raconte mel, pour indiquer énigma- que Tirésias avoit changé de

TI TI 495 sexe pour avoir tué un ser- survient pour avoir vû Diane pent femelle qui venoit de nue dans le bain, est la cou- s'accoupler sur le Mont Cyl- leur noire qui survient à la lene, ou le Mont de Mer- matiere en putréfaction dans cure, parce que ce Dieu y le second oeuvre; car c'est étoit venu au monde. Le le même aveuglement que même Auteur ajoûte qu'il celui de Phinée, dont voyez redevint homme au bout de l'article. L'un & l'autre pré- sept ans, après avoir frappé disoient l'avenir, parce que de sa baguette un serpent la couleur noire est la pre- mâle qui sortoit aussi de l'ac- miere couleur & le premier couplement. Tirésias devint signe démonstratif de l'oeu- ensuite aveugle, pour avoir vre, qui annonce qu'on a regardé Diane nue dans le bien opéré, qu'on est dans bain, d'autres disent parce la véritable voie qui conduit qu'il avoit décidé pour le à la perfection de l'oeuvre, sentiment de Jupiter contre & en prédit l'heureux suc- Junon, qui étoient en diffé- cès. Il n'étoit pas possible rend pour sçavoir qui de que Tirésias ne vît Diane l'homme ou de la femme nue dans le bain, puisqu'il trouvoit plus de plaisir dans est lui-même ce bain. Heu- le mariage. Jupiter, pour reux & mille fois heureux, le dédommager de la perte dit un Philosophe, celui qui de ses yeux corporels, lui a vû Diane nue dans le bain; donna la connoissance du c'est-à-dire, qui est parvenu présent & de l'avenir. à donner par la cuisson, la Tirésias ne signifie autre couleur blanche à la matiere chose que la matiere de l'oeu- renfermée dans le vase. Voy. vre changée en eau mercu- Diane. Lorsque Homere rielle, que les Philosophes dit qu'Ulysse invoqua l'om- appellent leur femelle; ce bre de Tirésias, c'est que qui se fait après l'union de l'Odyssée n'est qu'une des- deux serpens, tels que ceux cription des erreurs des mau- du caducée de Mercure. Il vais Artistes, qui prennent faut sept opérations de l'oeu- l'ombre pour la réalité, mal- vre, pour de cette eau mer- gré les bonnes instructions curielle faire le soufre ap- que leur donnent les Philo- pellé mâle; c'est Tirésias sophes dans leurs livres, tel- qui reprend sa premiere for- les que celles de Circé à me. L'aveuglement qui lui Ulysse, aussi lui disoit-elle

496 TI TI de sacrifier un bélier noir à TITAN, fils du Ciel Tirésias en particulier, & & de la Terre, ou de Vesta, une bonne vache à tous les & frere aîné de Saturne, autres en général. La vache céda à celui-ci son droit sur ou le taureau, & le bélier, l'Empire, à condition qu'il sont précisément les deux ani- n'éleveroit aucun des enfans maux hiéroglyphiques des mâles que lui donneroit Ops ingrédiens qui doivent com- ou Rhée sa soeur & son épou- poser l'oeuvre, & le bélier se, afin que la Couronne est en particulier le symbole revînt à ses enfans. Titan du mercure, comme le tau- ayant appris que Rhée avoit reau l'étoit d'Osiris, sous les soustrait Jupiter à la dent noms d'Apis & de Sérapis. meurtriere de Saturne, il lui Il seroit trop long de déduire déclara la guerre, & le garda ici toutes ces instructions; il en prison jusqu'à ce que Ju- suffira de dire que Circé re- piter devenu grand, l'en re- commanda particulierement tira, & défit entierement à Ulysse de ne point abor- Titan & ses fils. Voyez Ju- der dans l'Isle du Soleil avant piter, Saturne, & les que d'avoir descendu aux Fables Egyptiennes & Grec- Enfers, le ténébreux séjour ques dévoilées, Liv. 3. ch. de Pluton; ce qui revient 3. & 4. parfaitement à ce que disent TITANOS. Plâtre les Philosophes, que celui brûlé. qui ne voit pas la couleur TITAR. Borax. noire survenir la premiere à TITE'E, femme d'U- la matiere dans le vase, doit ranus ou du Ciel, devint croire qu'il est dans l'erreur, mere des Titans. C'est pro- qu'il a trop poussé le feu, & prement la terre philosophi- brûlé les fleurs du compôt; que, réduite en boue par la ce qui est indiqué plus spé- dissolution. Voyez Terre. cialement par la couleur rou- TITHON, fils de Lao- ge, livrée du soleil philoso- médon Roi de Troye, étoit phique. d'une beauté si parfaite, TIRFIAT ou TIRSIAT. qu'Aurore en devint amou- Sel armoniac. reuse, l'enleva, & en eut TISIPHONE. Une des un fils nommé Memnon, trois Furies infernales. Voy. qui amena des troupes au Furies. secours de Priam, pendant TITAIA. Voy. Titée. que les Grecs faisoient le sié- ge

TI TM 497 ge de la ville de Troye, ca- Théogene, étoit passionné pitale de son Royaume. V. pour la chasse. Pendant qu'il Memnon. étoit dans cet exercice, il TITHYE, fils de Ju- apperçut une des compagnes piter & de la Nymphe Ela- de Diane, qui se nommoit re, devint un Géant d'une Arriphé. La grande beauté prodigieuse grandeur. Jupi- de cette Nymphe fit impres- ter pour soustraire sa mere sion sur le coeur de Tmole; enceinte de lui, aux pour- il en devint amoureux, & suites de la jalouse Junon, ne tarda pas à lui faire con- la cacha dans la terre, dans noître sa passion. Arriphé les entrailles de laquelle elle pour ne pas tomber entre les mit au monde Tithye. Elle mains de Tmole, prit le parti périt dans l'enfantement, & de se sauver dans le Temple la Terre prit soin du nouveau de Diane, où Tmole la sui- né. Devenu grand, il eut la vit, & lui fit violence. Arri- témérité d'attenter à l'hon- phé ne pouvant survivre à neur de Latone. Apollon & cet affront, se donna la Diane ses enfans vengerent mort. l'affront qu'il avoit voulu Apollon ayant accepté le faire à leur mere, & le fi- défi de Pan, qui croyoit rent mourir à coups de flé- mieux jouer de la flûte qu'A- ches, & précipiter aux En- pollon de sa lyre, Tmole & fers, où il fut condamné à Midas furent choisis pour ju- être sans cesse dévoré par un ges: Tmole décida pour vautour. La masse de son Apollon, & Midas adjugea corps étoit si énorme, qu'é- la victoire à Pan. Les Dieux tant couché il couvroit en- vengerent ensuite sur Tmole viron neuf arpens de terre. l'insulte faite à Arriphé; ils TLEPOLEME, fils susciterent un taureau, qui d'Hercule & d'Astioché, se enleva Tmole, le jetta sur joignit aux Grecs contre les des pieux, dont les pointes Troyens. Il mena neuf vais- le firent expirer dans les dou- seaux avec lui, & périt de leurs les plus cuisantes. Il la main de Sarpédon pen- fut enterré sur la montagne dant le siége d'Ilium. qui depuis porta son nom. TMETICUM. Médica- De cette montagne sortoit ment atténuant. le fleuve Pactole, dont les TMOLE, fils du Dieu eaux rouloient des paillettes Mars & de la Nymphe d'or, depuis que Midas, en I i

498 TO TO s'y baignant, y laissa la fu- verselle, de laquelle Médée neste propriété qu'il avoit fit usage pour rajeunir Eson, reçu de Bacchus, de chan- pere de Jason son amant. ger en or tout ce qu'il tou- TOMBEAU. Les Phi- cheroit. Voyez les Fables losophes ont souvent em- Egyptiennes & Grecques ployé les tombeaux pour dévoilées, Liv. 2. ch. 5. & former des allégories sur la Liv. 3. ch. 12. putréfaction de la matiere TOISON D'OR. La de l'oeuvre. Ils ont dit en Fable raconte que Jason avec conséquence, qu'il falloit les Argonautes s'exposerent prendre la terre des tom- à une infinité de dangers, beaux, qu'il faut mettre le pour se mettre en possession Roi au tombeau, pour le ré- d'une Toison d'or que Phri- duire en cendres, & le faire xus consacra à Mercure, & ressusciter. Flamel & Basile qu'il suspendit dans la forêt Valentin y ont fait allusion de Mars, près de la ville de plus d'une fois. Ils ont aussi Colchos, où Aetes fils du pris le tombeau pour le vase. Soleil, régnoit. Médé, fille Voyez Sépulchre. de ce Roi, favorisa Jason TOPASE. Pierre pré- dans son entreprise, & lui cieuse de couleur jaune do- enseigna les moyens de sur- ré; ce qui a fait donner le monter tous les obstacles qui nom de topase à la matiere s'opposoient à l'exécution de de l'oeuvre hermétique par- son dessein. Comme toute venue à la couleur safranée cette Fable est expliquée très TOPHUS. Matiere au long dans le chapitre pre- gypseuse & blanche, ressem- mier du second Livre des blante à la chaux éteinte, & Fables Egypt. & Grecques qui se forme particuliere- dévoilées, j'y renvoie le ment dans les jointures des Lecteur. Je dirai seulement os du corps de ceux qui sont que cette toison est le sym- sujets à de violentes attaques bole de la matiere du grand de goutte. oeuvre; les travaux de Jason TOPIQUE. Médica- sont une allégorie des opé- ment appliqué sur la peau, rations & des signes requis tel que les emplâtres. pour arriver à sa perfection, TORDYLIUM. Seseli & que la Toison d'or con- de Crete. quise est la poudre de pro- TORI. Loupe, excrois- jection, & la médecine uni- sance contre nature, qui

TO TO 499 survient aux plantes & aux me garderai bien de mépri- arbres. ser un signe, un symbole si TORREFACTION. utile pour moi. Je te salue, Voyez Digestion. aimable nature, tu es pour TORTUE. Les Philo- moi d'un si heureux présage. sophes Hermétiques ont em- Comment, étant de la race ployé la tortue pour sym- des coquillages, vis-tu sur bole de la matiere de l'Art, ces montagnes? Je te por- parce qu'elle est cachée sous terai chez moi, & tu m'y une écaille fort dure, dont seras très-nécessaire. Il vaut il faut la tirer pour en faire mieux que je fasse quelque usage. Un d'entr'eux a fait chose de bon de toi, que si représenter Basile Valentin tu restois dehors pour nuire faisant une sauce avec du jus à quelqu'un, car tu es par de raisin sur une tortue, pour toi-même un poison très- signifier la maniere d'extraire dangereux pendant que tu le mercure des Sages de sa vis, & tu deviendras quel- mine, & leur grain aurifique que chose de bon après ta qui doit animer ce mercure. mort. C'est pour cela que la Fable Mercure emporta donc la attribue à ce Dieu aîlé l'in- tortue chez lui; & après l'a- vention de l'instrument de voir fait périr par le fer, il Musique appellé Tortue. La chercha dans son esprit com- maniere dont Mercure s'y ment il la mettroit en usage, prit, l'endroit où il trouva puisqu'avec elle il devoit cet animal, & les choses qu'il avoir des richesses infinies. y employa, sont très remar- Il couvrit l'écaille avec du quables. Mercure, dit Ho- cuir de boeuf, après avoir mere (Hymne en l'honneur étendu & attaché la peau de de ce Dieu) Mercure cher- la tortue avec des roseaux; choit les boeufs d'Apollon; il y ajusta sept cordes faites en passant sur le bord es- de boyaux de brébis. Il trou- carpé d'un antre, il y trouva va ensuite le moyen de vo- une tortue, qui lui procura ler les boeufs des Dieux, & des richesses infinies. Elle les emmena en les faisant mangeoit de l'herbe, & mar- marcher à reculons, afin choit très-lentement. Mer- qu'on ne pût sçavoir le che- cure, ce fils très-utile de Ju- min qu'il avoit pris. piter, ne put contenir sa Le mal que Mercure dit joie en la voyant, & dit: je de la tortue avant qu'elle soit I i ij

500 TO TO

morte & préparée, & l'uti- TOUR. Quelques Phi- lité dont elle doit être après losophes ont donné le nom sa préparation, s'accordent de Tour à leur fourneau. La très-bien avec ce que disent Fable dit que Danaé fut en- les Philosophes de leur ma- fermée par son pere Acrise tiere. Elle est un des grands dans une tour d'airain, pour poisons avant sa préparation, la soustraire aux poursuites & le plus excellent reméde de ceux qui la recherche- après qu'elle est préparée, roient en mariage, parce dit Morien. Avec elle Mer- qu'il avoit appris de l'Oracle cure se procura des richesses que l'enfant qui naîtroit de infinies, telles que sont celles sa fille, le feroit périr. Jupi- que donne la pierre philoso- ter se changea en pluie d'or, phale. Le cuir de boeuf & & s'étant glissé par le toit les intestins de brébis ne sont- dans la tour, obtint les fa- ils pas les matieres desquelles veurs de Danaé, qui en con- se tire le mercure des Philo- çut Persée. Voyez Danaé. sophes, puisque le Cosmo- Tour DIAPHANE. Vase polite dit qu'il se tire des de verre dans lequel on ren- rayons du Soleil & de la ferme la matiere, pour faire Lune, au moyen de l'aimant l'oeuvre. des Sages, qui se trouve dans TOURNER en rond. le ventre d'Aries. Avec ce C'est faire circuler la matiere mercure il est aisé de voler dans le vase. les boeufs du Soleil. Plusieurs TOUTES CHOSES. Philosophes Orientaux di- Nom que Basile Valentin a soient que la tortue portoit donné à l'oeuvre de la pierre le signe caractéristique de Sa- des Sages. Elle apporte, dit- turne; & si peu qu'on ait lu il, aux hommes divins toute les livres des Chymistes her- sagesse & tout bonheur, & métiques, il n'est point de de son propre nom on l'ap- Lecteur qui n'en conclue pelle Toutes choses. Or ce- qu'il faut prendre une ma- lui qui sera curieux de sça- tiere de race de Saturne, voir ce que c'est que toutes pour premiere matiere de choses dans toutes choses, l'oeuvre. qu'il fasse à la terre de gran- TORUSCULA. Ré- des aîles, & la presse telle- sine. ment qu'elle monte en haut, TOSARTHRUS. Voy. & vole par dessus toutes les Esculape. montagnes, jusqu'au firma-

TR TR 501 ment, & alors qu'il lui cou- d'être tant intérieure qu'ex- pe les aîles à force de feu, térieure: une autre couleur, afin qu'elle tombe dans la une autre vertu, une autre mer rouge, & s'y noye. En- proprieté, comme lorsque le suite qu'il fasse calciner la métal est devenu verre par mer, & desséche ses eaux la force du feu, le bois char- par feu & par air, afin que bon, l'argile brique, la peau la terre renaisse; alors en vé- colle, le linge papier, &c. rité il aura toutes choses dans Toute transmutation se fait toutes choses. par dégrés; on en compte TOXICUM. Poison, communément sept, & les venin. C'est un des noms autres que les Chymistes y donnés à la matiere du grand ont ajoutées, se réduisent à oeuvre, parce qu'en effet elle ces sept, qui sont la calcina- est un poison très-dangereux tion, sublimation, solution, avant sa préparation, & de- putréfaction, distillation, vient un reméde à tous les coagulation & teinture. Pa- maux après qu'elle est pré- racelse. Ceux qui nient la parée. Ils ont aussi appellé transmutation métallique, & toxicum leur eau mercurielle, qui la regardent même com- parce qu'elle dissout les mé- me impossible, sont ou de taux philosophiques, & les mauvais Physiciens, ou ne réduit à leur premiere ma- font gueres attention à ce tiere, ce qu'ils appellent tuer, que la nature opere à chaque mettre au tombeau. instant sous leurs yeux, & TRACHILIUM. Gan- dans eux-mêmes. La nature telée. trouvera-t-elle donc plus TRACHSAR. Métal d'impossibilité à faire de l'ar- encore dans sa mine. gent ou de l'or avec une ma- TRAGIUM. Fraxi- tiere qui étoit auparavant nelle. plomb ou mercure, qu'elle TRAGOCEROS. en trouvera à former le fro- Aloès. ment, une rose, un fruit, TRANSMUTATION. avec une matiere qui aupa- (Phys.) Changement ou ravant étoit foin, herbe, ou altération de la forme des simplement eau de pluie? corps, de maniere qu'elle ne ou à former des os, des mus- ressemble plus à celle qu'il cles, des nerfs dans un ani- avoit auparavant, & qu'il ait mal, avec une matiere qui acquis une autre maniere avant d'être telle, avoit été Ii iij

502 TR TR froment, raisin, herbe, ou vent de la matiere au haut autre aliment. du vase, & retombent en La transmutation métalli- gouttes sur la terre qui est au que souffre bien moins de fond. Voyez Rosée. difficultés. Les parties des TRANSVERSE. Qui métaux, quels qu'ils soient, ne va pas droit. Quelques sont bien plus homogênes Chymistes Hermétiques ont entr'elles, que ne le sont employé ce terme dans ce celles des animaux avec cel- sens-là, lorsqu'ils ont dit que les des végétaux. Les prin- les mauvais Artistes, qu'ils cipes constituans des métaux appellent trompeurs, sophis- étant les mêmes dans tous, tiqueurs, ne sont pas dans la il ne s'agit pour faire de l'or vraie voie des Sages; que les avec du plomb, que de lier leurs sont transverses, c'est- les parties principes du à-dire erronées, & ils expri- plomb avec le même lien ment ainsi pour marquer la qui unit celles de l'or, en différence de celle qu'ils sui- séparant les impures. Ce lien vent dans les opérations de existe; la nature aidée de l'oeuvre, & qu'ils appellent l'art, le manifeste, & l'on pour cela linéaire, droite. ne doit pas juger que la TRAUMATICA. Vul- transmutation des métaux néraires. imparfaits en or est impossi- TREIZIE'ME. Soufre ble ou ignorée, parce que des Sages, au rouge. des faux Chymistes ne font TRE'PIED. Cercle que des transmutations so- posé sur trois pieds pour sou- phistiques. La Métempsy- tenir quelque vase. Les Phi- cose des anciens Philosophes losophes Hermétiques disent n'étoit autre que les transmu- qu'il faut poser sur un trépied tations de la nature, prises le vase qui contient la ma- dans leur vrai sens physique. tiere de l'oeuvre, afin qu'il TRANSUDATION. soit à une distance de la cha- Terme de Chymie, qui se leur & de la flamme, suffi- dit des eaux ou esprits, quand sante pour la ressentir sans dans la distillation ils tom- en être frappé. On prend bent gouttes à gouttes dans communément ces expres- le récipient. Les Philosophes sions dans le sens littéral; y ont fait allusion, en em- mais a-t-on raison? ne seroit- ployant ce terme pour ex- ce pas une allégorie prise primer les vapeurs qui s'éle- des trois principes qui com-

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posent la matiere de l'oeuvre, fices. Ils se sont contentés comme de trois pieds, sur de dire qu'ils servoient sans lesquels ces trois principes doute quelquefois à soutenir réduits en un seul tout, for- des vases sacrés. Il y avoit ment le cercle qui y est ap- même des trépieds votifs, puyé? On a droit de le con- que des Princes ou des par- clure, de ce que plusieurs ticuliers consacroient dans Philosophes appellent ce tré- les temples d'Apollon. Hé- pied, notre trépied, trépied rodote parle dans son livre mystérieux. Un d'entr'eux 9. d'un trépied d'or, que les semble même vouloir l'ex- Grecs victorieux des Per- pliquer, lorsqu'il dit: nos ses envoyerent à Delphes: trois principes, soufre, sel ” Avant que de faire le par- & mercure, sont la base de ” tage des dépouilles des en- notre oeuvre, sur laquelle elle ” nemis, dit cet Auteur, les est appuyée comme sur un ” Grecs séquestrerent l'ar- trépied. ” gent & l'or, en prirent un Jason avant de partir pour ” dixiéme pour le Dieu qu'on la conquête de la toison d'or, ” révéroit à Delphes, & ils se munit d'un trépied, dont ” en firent un trépied d'or, il fit présent à un Triton qui ” qu'ils lui consacrerent, & s'apparut à lui lorsqu'il se ” qu'on voit encore sur un trouva engagé dans le Lac ” serpent d'airain à trois tê- Tritonide. Ce Triton dé- ” tes. Il paroît par ces der- posa le trépied dans un tem- nieres paroles, que ce tré- ple. J'ai expliqué ce que pied d'or étoit soutenu sur pouvoit être ce trépied dans un autre espéce de trépied, le chap. premier du second formé par ces trois têtes de livre des Fables Egypt. & serpent. Pausanias dit aussi Grecques dévoilées. (in Phoc.) que ce même Il est à propos de remar- trépied étoit soutenu par un quer ici que l'on voyoit peu dragon d'airain. Pouvoit-on de temples où il n'y eût un mieux indiquer les trois prin- trépied, sur tout dans ceux cipes qui sont la base de l'or, d'Apollon. Les Mytholo- ou de l'Apollon philosophi- gues n'en voyant pas préci- que, à qui on les consa- sément l'usage, ont eu rai- croit? son de ne pas les mettre au On trouve une quantité nombre des instrumens dont de ces trépieds antiques dans on se servoit dans les sacri- les cabinets des Curieux; on Ii iv

504 TR TR en voit de toutes sortes de quiétudes & des chagrins. figures, & même d'assez sin- D'Espagnet dit que celui qui guliers, la plupart sont d'ai- a trouvé le soufre rouge, leur rain ou de bronze. L'affec- miniere de feu céleste, a en tation de donner aux pieds sa possession un trésor inesti- la forme de serpens, semble mable, qu'il doit conserver faire une allusion plus par- bien précieusement. ticulierement indicative des TRIANGLE Philo- principes de l'oeuvre, aux- sophique. C'est la matiere quels les Philosophes don- de l'oeuvre pendant le cours nent pour l'ordinaire les des opérations de l'élixir. noms de serpens & de dra- Elle est nommée Triangle, gons. Comme les Dieux parce qu'elle est composée d'Homere étoient des Dieux de trois principes, sel, sou- Hermétiques, il n'est pas sur- fre, & mercure, qui ne sont prenant qu'il parle de tré- qu'une seule matiere & un pieds, qui alloient tous seuls seul corps homogêne, com- à l'assemblée des Dieux; aus- me les trois angles d'un trian- si étoient-ils l'ouvrage de gle ne font qu'une figure. Vulcain. Les Sages disent que ce trian- TRE'SOR INCOMPA- gle est triple. Le premier est RABLE. C'est la poudre celui qui est composé des de projection, source de tous trois principes susdits; le se- biens, puisqu'elle procure cond l'est d'une ame, qui est des richesses infinies, & une le soufre d'un esprit, ou le vie longue, sans infirmités, mercure, & d'un corps, qui pour en jouir. Quelques Phi- est le sel. Le troisiéme est losophes ont appellé le ma- fait du soleil, de la lune & gistere au blanc trésor incom- du mercure des Sages. Ce parable, de même que le triangle travaillé & préparé soufre parfait au rouge. Le philosophiquement, forme premier, parce que l'Artiste le cercle ou l'or des Sages, qui a pû parvenir à pousser dont le caractere est le cer- l'oeuvre au blanc, ne peut cle. C'est pourquoi les chy- plus se tromper, & qu'il est mistes Hermétiques disent assuré de réussir. Blanchissez que le grand oeuvre est la le laton, & déchirez vos li- quadrature du cercle. vres, disent les Adeptes, TRICALILIBAR. Ecu- afin que vos coeurs ne soient me de la mer, ou matiere de plus tyrannisés par des in- la pierre des Philosophes.

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TRICEPS. Surnom sophes Hermétiques disent de Mercure. Les Poëtes l'ont que ce trident est le symbole nommé Mercure à trois tê- des trois principes de l'oeu- tes, parce qu'ils parloient vre, qui se trouvent réunis d'après les Philosophes Her- dans le mercure des Sages métiques, qui disent que dès sa naissance même. C'est Mercure est composé de trois pour la même raison que la principes, soufre, sel, & Fable dit aussi que ce petit mercure; ce qui forme le Dieu aîlé & voleur déroba mercure des Sages. les outils de Vulcain, les TRICEUM. Miel sau- fléches d'Apollon, & la cein- vage ou d'automne. ture de Vénus. Voyez les TRICOR. Or. Fables Egyptiennes & Grec- TRIDENT. Les My- ques dévoilées, liv. 3. ch. 7. thologues ont été fort em- & ch. 14. §.1. barrassés pour trouver la rai- TRIENS. Poids de qua- son qui a fait donner le tri- tre onces. dent à Neptune. Les uns ont TRIETERIDES. Fêtes dit que comme il étoit le en l'honneur de Bacchus. Dieu des eaux, c'étoit pour Voyez les Fables Egyptien- distinguer celles de la mer, nes & Grecques, Liv. 4. l'eau douce, & celle des ch. 1. étangs, qui participe des TRIGIAS. Tartre, deux autres. M. l'Abbé féces du vin. Banier, pour trancher court, TRIOBOLAM. Poids a mieux aimé dire simple- d'une demi-dragme. ment que le trident étoit le TRIPATER. Matiere sceptre de la plupart des des Sages, composée de trois Rois. S'ils avoient fait atten- principes. tion que la Fable dit que TRIPOLIUM. Espar- Mercure encore enfant vola goute de mer. le trident de Neptune, les TRIPTOLEME, fils premiers auroient très-mal d'Eléusis, naquit précisé- rencontré dans leur explica- ment dans le tems que son tion, & le second n'auroit pere reçut chez lui Cérès qui pas osé avancer la sienne, cherchoit sa fille Proserpine puisque Mercure ne naquit enlevée par Pluton. Elle ni ne fut élevé dans les Etats s'offrit pour être sa nourrice; que M. l'Abbé Banier assi- Eleusis l'accepta. Cérès le gne à Neptune. Les Philo- nourrissoit d'ambrosie pen-

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dant le jour, & le cachoit accompagnoit toujours Nep- sous le feu pendant la nuit, tune, avec une espéce de sans que le pere en eût con- trompette formée d'une con- noissance. Eléusis voyant que marine. Il étoit aussi de que son fils faisoit des pro- la suite de Vénus quand elle grès surprenans, voulut en naquit de l'écume de la mer, découvrir la cause; il épia & qu'elle fut portée dans Cérès, & la prie sur le fait. l'Isle où elle fut dans la suite Cette Déesse irritée, fit mou- si révérée. C'est à Triton rir le pere; & après avoir que Jason fit présent d'un instruit Triptoleme de tout trépied d'airain, pour que ce qui concerne l'art de l'A- ce Dieu marin lui indiquât griculture, elle le fit monter les moyens de se débarrasser sur un char attelé de deux du Lac Tritonide, dans le- dragons, & l'envoya par quel il s'étoit engagé. Voyez toute la terre apprendre l'art les Fables Egyptiennes & de la cultiver à ses habitans. Grecques dévoilées, Liv. 2. Voyez les Fables Egypt. ch. 1. & Grecques dévoilées, Liv. TRITURATION. 4. ch. 2. Action par laquelle on réduit TRISMEGISTE. Sur- un corps en poudre. nom de Mercure ou d'Her- TRITURATION (Science mès, qui signifie trois fois herm.) Lorsque les Philoso- grand; parce qu'il fut grand phes disent qu'il faut triturer Philosophe, grand Prêtre, les corps, ils n'entendent pas & grand Roi, disent les d'une trituration faite dans Historiens & les Mytholo- un mortier ou sur le marbre, gues; mais bien plutôt, com- mais d'une dissolution des me il le dit lui-même dans parties de la matiere du ma- sa Table d'émeraude, parce gistere, qui se fait d'elle- qu'il avoit les trois parties même dans le vase, avec de la sagesse ou Philosophie l'aide du feu, & par la pu- du monde universel. Voyez tréfaction. Voyez-en la rai- Hermès. son dans l'article composé. TRITON, Dieu ma- TRITURER. Voyez rin, fils de Neptune & d'Am- Broyer. phitrite, ou de la Nymphe TROILE, fils de Priam. Salacie, ou enfin, selon d'au- Une des fatalités de Troye tres, d'Océan & de Téthis. étoit que cette ville ne seroit Les Poëtes ont feint qu'il point prise tant que Troïle

TR TR 507 seroit en vie. Il eut la témé- du tems de Laomédon. Priam rité de se mesurer avec Achil- qui succéda à Laomédon, eut le, qui le mit à mort. Voy. un fils nommé Pâris, qui les Fables Egypt. & Grec- ayant été établi par les Dieux ques dévoilées, Liv. 6. ch. arbitre du différend survenu 5. Fatal. 6. entre Junon, Minerve & TROISIE'ME. Soufre Vénus, à l'occasion de la des Philosophes digéré & pomme d'or jettée par la cuit jusqu'à la couleur rouge. Discorde sur la table du fes- On la nomme troisiéme, tin des nôces de Pelée & de parce que le rouge est la Thétys, adjugea cette pom- troisiéme des couleurs prin- me à Vénus, & encourut par cipales que prend la matiere là la disgrace des deux au- de l'oeuvre pendant le cours tres Déesses. Vénus pour des opérations. récompense, lui procura la TRONUS & TRO- belle Hélene, femme de NOSIA. Noms que quel- Ménelas, que Pâris enleva. ques Naturalistes ont donné Ce rapt fut la cause de la à une espéce de manne qui guerre que les Grecs firent à se trouve au printems & en Priam, & du siége célébre que été sur les feuilles des arbres. la ville de Troye soutint pen- Elle est blanche, douce, dant près de dix ans avant gluante, & de bonne odeur; que de le rendre. Ce siége les feuilles du rosier blanc en est une allégorie toute pure, sont quelque-fois toutes cou- des opérations de l'oeuvre vertes. hermétique, comme on peut TROS, Roi de Troye, le voir par les explications fils d'Erichtonius, eut pour que nous en avons données fils Ilus, Ganimede & Assa- dans le livre sixiéme des Fa- racus. Tros donna son nom bles Egyptiennes & Grec- à la ville de Troye, qui s'ap- ques dévoilées. Basile Va- pelloit auparavant Dardanie, lentin s'est servi de la même du nom de son fondateur allégorie dans son Traité du Dardanus. Voyez le livre 6. vitriol; il y parle d'Hector, des Fables Egypt. & Grec- d'Achille, &c. ques dévoilées. TRUNGIBIN. Manne. TROYE. Ville célébre TUBEROSA. Hyacin- de la Phrygie, fondée par the orientale. Dardanus, & bâtie par Apol- TUER, a deux signifi- lon, Vulcain & Neptune, cations chez les Philosophes

508 TU TY hermétiques; il se prend TYPHON ou TY- pour dissoudre, & faire tom- PHOEE, étoit fils du Tar- ber en putréfaction. C'est tare & de la Terre, selon ainsi qu'Hercule & Thésée Hésiode, & de Junon seule, tuoient les prétendus mons- suivant Homere. Cette Dées- tres, & les brigands de la se, dit ce dernier, indignée Fable. On l'entend aussi de de ce que Jupiter avoit en- la fixation du volatil, parce fanté Minerve sans connoî- que tuer, lier & fixer, sont tre de femme, assembla les une même chose. Flamel a Dieux, & leur en témoigna employé le terme tuer dans son chagrin. Elle frappa en- ces deux sens, lorsqu'il a suite la terre de sa main; & supposé deux dragons, l'un ayant ramassé les vapeurs aîlé, c'est-à-dire la partie vo- dangereuses & nuisibles qui latile, & l'autre sans aîle, ou s'en éleverent, elle en don- le fixe, qui se tuent mutuel- na l'existence à Typhon. Sa lement. Le volatil commen- taille étoit si démesurée, que ce par dissoudre le fixe, & d'une main il touchoit l'O- le fixe à son tour tue le vo- rient, & de l'autre l'Occi- latil, en le fixant avec lui. dent; ses pieds étant ap- TUMBABA. Soufre puyés sur la terre, sa tête vif. touchoit aux étoiles, ses yeux TUMBIL. Terre. étoient des charbons ardens, TURBITH MINERAL, & il vomissoit des flammes est une précipitation jaune par la bouche & les narri- de Mercure. nes; son corps étoit couvert TURRIONES. Pousse de plumes entremêlées de nouvelle des arbres. serpens, & ses pieds avoient TURRITA, TURRI- la forme de la queue d'un TIS. Espéce de cresson. dragon. Il se joignit aux au- Blanchard. tres Géants, pour combattre TURSIES Sel armo- & détroner les Dieux, & niac. leur imprima une telle ter- TUSIASI. Soufre vif. reur, qu'ils prirent le parti TYDE'E, pere de Dio- de s'enfuir en Egypte, où, mede, & fils d'Oenée, mou- pour éviter de tomber entre rut à Thebes. Voyez Dio- ses mains, ils lui donnerent mede. le change, en prenant cha- TYPHA. Roseau, masse cun la forme d'un animal. de jonc. Mais enfin Apollon lui dé-

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cocha un si grand nombre

de fléches, qu'après avoir V. presque épuisé toutes celles de son carquois, il vint à VACCARIA. Plante bout de lui ôter la vie. Ce appellée Perce-feuille, Typhon est le même que nommée aussi Vaccaria, de Python. ce que les vaches l'aiment En Egypte on disoit que beaucoup. Typhon étoit frere d'Osiris, VAISSEAU. Les Phi- qu'au retour du voyage que losophes ont souvent donné celui-ci fit dans les Indes, le nom de vaisseau à leur Typhon lui tendit des em- dissolvant, & l'ont aussi ap- bûches, & le massacra; qu'I- pellé vase des Sages. sis ramassa les membres épars Vaisseau DE LA NA- de son époux, & qu'avec TURE. On l'entend premie- l'aide d'Horus leur fils, elle rement de l'air, qui reçoit le vengea sa mort par celle de feu, & le transmet à l'eau; Typhon, & régna en paix. secondement, l'eau qui est Voyez les Fables Egypt. le receptacle des semences, & Grecques dévoilées, Liv. & les porte dans la terre; 1. ch. 3. & 6. & Liv. 3. ch. troisiémement, la terre, qui 12. est la matrice dans laquelle TYRIAQUE. Voyez se corporifient & se déve- Thériaque. loppent les semences. Quand TYRIENNE (couleur). il s'agit de la formation pro- C'est la couleur de pourpre, pre des métaux, le vaisseau ainsi appellée de ce que le ou la matrice est le rocher. coquillage avec lequel on la Mais quand il est question faisoit autrefois, se pêchoit de l'oeuvre, le vaisseau près de Tyr, ville très-an- s'entend quelquefois de la cienne de la Phénicie. Les matiere qui contient le mer- Adeptes appellent le magis- cure, quelquefois du mer- tere au rouge, Couleur Ty- cure même. rienne. Vaisseau D'HERME'S. TYRO, fille de Salmo- C'est la terre des Philoso- née, eut deux enfans de Nep- phes, qui renferme & cache tune, l'un nommé Pélias, leur feu. Marie la Prophé- l'autre Nélée, dont voyez tesse dit dans son Dialogue les articles. avec Aros, que le vaisseau d'Hermès n'est autre que la

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mesure du feu philosophi- qu'il ne faut qu'une matiere, que. un vaisseau, & un régime de Vaisseau. Navire. feu. Celui des Argonautes fut VAPEUR. Les Philo- composé des chênes parlans sophes disent que la pre- de la forêt de Dodone. On miere matiere des métaux disoit celui de Thésée immor- est une vapeur, qui se cor- tel, ou incorruptible. Ho- porifie & se spécifie en mé- mere donne l'épithéte de tal, par l'action du soufre noir presqu'à tous les vais- auquel elle s'unit dans les seaux des Grecs, & distin- entrailles de la terre. Et gue celui d'Ulysse de tous comme ils ont appellé le les autres. Voyez l'explica- magistere au blanc premiere tion de ce qui regarde ces matiere de leurs métaux, ils vaisseaux dans le Liv. 2. ch. lui ont aussi donné le nom 1. Liv. 5. ch. 22. & le Liv. de vapeur. Par ce même 6. des Fables Egypt. & terme ils entendent quelque- Grecques dévoilées. fois leur mercure dans le Vaisseau DOUBLE. tems de la volatilisation, C'est celui de l'art, & celui parce qu'il se sublime alors de la nature. Voyez Vase. en vapeurs, pour retomber Vaisseau (triple.) C'est en forme de rosée ou de pluie le fourneau secret des Philo- sur la terre qui est au fond sophes. Quelques-uns l'ont du vase, tant pour la blan- interprété du fourneau qui chir que pour la féconder. contient le vase, qu'ils disent VAS DIPLOMA. être triple en prenant Fla- Vaisseau de verre double, mel à la lettre, de même que ou bien épais. le Trévisan. Ce dernier en Vas FICTILE. Vaisseau parlant de la fontaine où le de terre, sans vernis. Roi vient se baigner, attiré VASE. Vaisseau dans par l'eau, dit qu'elle est close lequel on met la matiere de & enfermée de trois encein- l'oeuvre, pour qu'elle s'y tes, afin que les animaux ne cuise, s'y digere, & s'y per- puissent pas en approcher. fectionne. Ce vase doit être Mais tout cela est allegori- de verre, comme la matiere que, & le triple vaisseau ne la plus propre à retenir les doit pas s'expliquer du four- esprits subtils, volatils & mé- neau garde-froidure du Tré- talliques du compôt philoso- visan, puisqu'ils disent tous phique. Ce n'est pas de ce

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vase-là dont les Chymistes après le mariage. Tous les Hermétiques ont fait un mys- Philosophes ont bien recom- tere, & qu'ils ont enveloppé mandé à leurs éleves, ou sous le voile des allégories, enfans de la science, comme des fables & des énigmes. ils les appellent, d'étudier Le vase secret des Philoso- & de connoître la nature de phes est leur eau, ou mer- ce vase, parce qu'il est la cure, & non le vase de verre racine & le principe de tout qui contient la matiere. C'est le magistere. Il faut donc le pourquoi ils disent que si les distinguer du fourneau & du Philosophes avoient ignoré vase contenant, parce que la qualité & la quantité du Albert le Grand dit que le vase, ils ne seroient jamais contenant engendre le con- venus à bout de l'oeuvre. tenu. Hali dit en parlant de Notre eau, dit Philalethe, ce vase contenu: prenez no- est notre feu; dans elle con- tre oeuf, frappez-le avec siste tout le secret de notre une épée de feu, recevez vase, & la structure de no- son ame, c'est là son lut. tre fourneau secret est fon- Et Avicenne dit: notre pier- dée sur la composition de re, ou mercure, doit être cette eau. Dans sa connois- mise dans deux vases con- sance sont cachés nos feux, nus. nos poids & nos régimes. Les Brachmanes des In- Vase. Philalethe & plu- des firent voir à Apollonius sieurs autres en distinguent de Thyanne un vase rempli deux; l'un contenant, & l'au- d'une flamme couleur de tre contenu, & celui-ci est plomb, & cette flamme ne aussi contenant. Ce dernier passoit point les bords du est proprement le vase phi- vase. Voyez le Traité Her- losophique; ils l'appellent métique à la tête des Fables aludel non verni, mais de Egyptiennes & Grecques terre. Ce vase est le récep- dévoilées. tacle de toutes les teintures, VASTIER. Safran. &, eu égard à la pierre, il VAU. Soufre rouge des doit contenir vingt-quatre Sages. pleins verres de Florence, VAUTOUR. Oiseau ni plus ni moins. Philalethe de proie très-vorace, tenant ajoute que ce nombre de de la nature de l'aigle. Les vingt-quatre doit être divisé Anciens avoient consacré le en deux, c'est-à-dire douze Vautour à Mars & à Junon.

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Apollon fut appellé Vultu- quelque plante ou autre ma- rius, ou Apollon aux vau- tiere végétale; & il ne faut tours. La Fable nous repré- pas confondre une matiere sente Prométhée attaché à végétale ou qui végéte, avec un rocher du Mont Caucase, une matiere végétable, ou & déchiré par un vautour, qui a une vertu végétative. pour avoir volé le feu du C'est pourquoi ils ne disent ciel. Ces allégories font allu- pas que leur saturnie est vé- sion à l'eau mercurielle ig- gétale , mais végétable, & née, chaude & volatile, qui ils l'appellent ainsi, suivant en dissolvant le fixe, appellé l'explication de plusieurs mine de feu céleste par quel- d'entr'eux, parce qu'elle a ques Philosophes, semble le une ame végétative, qui la dévorer. Voyez Prome- cuit, la digere, & la con- thée. Hermès a fait la duit à la perfection desirée. même allusion, lorsqu'il a Ils recommandent même dit: Je suis le vautour per- tous de ne rien prendre de ché au haut de la montagne, végétal pour faire l'oeuvre. qui crie sans cesse, aide moi, Ainsi les plantes appellées je t'aiderai. Le même Au- lunaires ne sont pas celles teur ajoute: Je suis le blanc dont il est fait mention dans du noir, le citrin du blanc, les Livres Hermétiques. Il & le rouge du citrin, pour semble qu'ils ont seulement indiquer les couleurs succes- fait allusion aux végétaux, sives de l'oeuvre. à cause de la verdeur ou Vautour volant sans couleur verte qui survient en aîles. Mercure des Philoso- certain tems à la matiere de phes. l'oeuvre; ce qui l'a aussi fait Le vautour qui vole dans nommer Lion vert, c'est les airs, & le crapaud qui l'explication de Riplée. marche sur la terre, sont le Raymond Lulle dit ce- volatil & le fixe, desquels pendant qu'il faut acuer, ou on fait la pierre des Sages. rendre plus actif, plus péné- UBIDRUGAL. Matiere trant, leur mercure avec les dans une putréfaction par- végétaux; il en nomme faite. même plusieurs, tels que la VE'GE'TABLE. Lors- chelidoine, &c. Mais il faut que les Philosophes se ser- se donner de garde de l'en- vent de ce terme, ils n'ont tendre à la lettre, puisqu'il pas intention de parler de dit dans la Théorie de son Testa-

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Testament ancien: lorsque qu'il dissout tous les corps vous aurez extrait votre ma- avec lesquels on le met en tiere de la terre, n'y mêlez digestion. Ils disent aussi qu'il aucune poudre, aucune eau, est un poison mortel avant ni aucune chose étrangere, & sa préparation, & qu'il de- qui ne seroit pas de sa nature. vient thériaque ou contre- Or tout le monde sçait que poison à tous les maux après les végétaux ne sont pas de qu'il est préparé. nature minérale & métalli- Venin est aussi le nom que. Les Philosophes ont ce- donné au corps de la ma- pendant quelquefois donné tiere des Philosophes, qu'il au vin le nom de grand vé- faut joindre avec l'eau mer- gétable; mais le vin blanc & curielle à la propre heure de le vin rouge de Raymond sa naissance. Voy. Levain. Lulle sont le menstrue des Ce nom de venin lui a été Sages, & non les vins blancs donné, premierement, par- & rouges vulgaires. ce que si, comme dit Za- VEINE. Pierre au rouge chaire, nous ne le joignons ou soufre des Sages. pas à son eau mercurielle au Veine DE VE'NUS. Ver- moment de sa naissance, il veine. fera dans le magistere ce que VENER. Mercure. le venin fait dans nos corps, VENIN. Les Philoso- & rendra toute l'opération phes Hermétiques disent que inutile. Secondement, parce leur pierre est un venin mor- qu'il ôte à l'eau mercurielle tel & un poison. Ce qu'il ne la vie, c'est-à-dire, sa vola- faut pas entendre de la pierre tilité, & que le mercure ne parfaite, puisqu'ils préten- se fixe que par son moyen. dent au contraire que c'est la Ce qui explique ces termes médecine universelle; mais de Flamel: Quand notre ma- ils parlent ainsi de la matiere tiere est parvenue à son ter- qui sert à faire la pierre, & me, elle est jointe avec son lorsqu'elle est parvenue au venin mortifere. Rosinus dit noir, parce qu'alors elle est que ce venin est de grand putréfiée, & que toute cor- prix. Haly, Morien & les ruption de matiere est un autres en parlent dans le poison mortel. même sens. Plusieurs Philosophes ont Venin DES VIVANS. aussi donné le nom de Ve- Mercure des Sages, ainsi nin à leur mercure, parce nommé de ce qu'il tue & K k

514 VE VE réduit en putréfaction les Vent d'orient, qu'il nomme métaux des Philosophes, aussi du Midi. Après qu'ils appellés vivans pour les dis- auront soufflé, l'air se con- tinguer des métaux vulgai- vertira en eau. Tout cela res. indique la volatilisation de Venin DES TEINTU- la matiere qui monte en va- RIERS. Poudre de projec- peurs au haut du vase, où tion, ainsi appellée de ce elles se condensent, & re- qu'elle fixe & teint en or les tombent en pluie. Ce qui l'a métaux volatils. fait appeller Vent du midi, Venin IGNE. Mercure c'est parce que le vent qui en putréfaction. souffle de ce côté-là nous VENT. Air agité. Her- donne presque toujours la mès a dit que le vent l'a porté pluie. dans son ventre; Raymond Vent DU NORD (le) Lulle l'a expliqué du soufre est contraire à l'extraction du contenu dans l'argent-vif; Il menstrue universel. Ces ex- a par conséquent pris le vent pressions font allusion à la pour le mercure des Sages. rosée de Mai & de Septem- Vent BLANC. Argent- bre, qui ne tombe pas lors- vif & animé des Philoso- que le vent du nord souffle. phes. Les Philosophes entendent Vent DU VENTRE. par ces expressions, que le Quelques Chymistes l'ont froid seroit contraire aux expliqué de la matiere en opérations, ce qui a engagé putréfaction; d'autres du le Trévisan à donner au four- soufre, par la raison appor- neau le nom de Garde-froi- tée dans l'article Vent. dure. Flamel nous a conser- Vent CITRIN. Soufre. vé les figures emblémati- Vent D'ORIENT. Pierre ques d'Abraham Juif, parmi au rouge. lesquelles on voit un rosier Vent ROUGE. Orpi- planté au pied d'un chêne, ment. & violamment agité par l'a- Vent DOUBLE. Basile quilon. On sçait en général Valentin (sixiéme Clef) l'ap- que la fermentation excite pelle Vulturnus, ou du Sud- une dilatation de l'air ren- sud-est, & dit qu'on a d'a- fermé dans le vase, & cette bord besoin de ce double dilatation occasionne un vent vent, & puis d'un vent sim- violent, qui fait souvent cas- ple qui se nomme Eurus ou ser les vaisseaux & les bou-

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teilles. La bierre & le vin se de sa volatilité. de Champagne en sont des Ventre D'ARIES. Les exemples bien sensibles. Le uns l'interpretent du fer, & mêlange de certains miné- pensent en conséquence que raux ou métaux produit le le fer ou l'acier est la matiere même effet. du grand oeuvre; les autres VENTRE. Les Alchy- s'imaginent que le ventre mistes disent qu'il faut nour- d'Aries est le commence- rir l'enfant Philosophique ment du mois d'Avril, & dans le ventre de sa mere. qu'il faut prendre pour ma- Par le ventre ils entendent tiere de l'oeuvre la rosée ra- tantôt le vase ou oeuf philo- massée dans ce ventre d'A- sophique, & tantôt le mer- ries. Mais le Cosmopolite cure qui a absorbé le soufre, qui en a parlé presque le pre- ou le soufre qui a absorbé le mier, dit que leur matiere est mercure; car l'un étant sup- un aimant qui se trouve dans posé le mâle & l'autre la fe- le ventre d'Aries, au moyen melle, quand ils ont été con- duquel aimant on extrait joints dans l'oeuf, il se fait l'eau pontique des rayons une corruption, d'où naît du soleil & de la lune. Il une génération métaphori- dit, dans un autre endroit, que d'un enfant, qu'il faut que le nom de cet aimant nourrir; non pas en y ajou- est acier, que ces deux noms tant de la matiere, ce qui ne signifient qu'une même perdroit l'oeuvre; mais en chose; mais il y a un autre donnant au feu le régime acier, ajoute-t-il, qui ressem- requis. ble au premier, que la nature Les Philosophes disent elle-même a créé. Celui qui aussi qu'il faut remettre ou sçaura le tirer des rayons du faire rentrer l'enfant dans le soleil par un artifice admi- ventre de sa mere, c'est-à- rable, aura le premier prin- dire, faire dissoudre le fixe cipe & le commencement dans le volatil, duquel il a de notre oeuvre, que tant pris naissance. de gens cherchent. Le vent l'a porté dans son Ventre DU CHEVAL. ventre, est une expression Les Chymistes vulgaires en- qui signifie que le grain fixe, tendent ces termes du fu- le soufre, étoit d'abord con- mier chaud de cheval, qui tenu dans le volatil ou le donne une chaleur douce & mercure, appellé vent à cau- propre aux digestions & aux K k ij

516 VE VE putréfactions; mais les Chy- on y étoit pris; il l'étendit mistes Hermétiques le di- sur le lit de Vénus, & quand sent de la matiere même de Mars voulut en approcher, leur Art pendant qu'elle est ils s'y trouverent saisis. Vul- au noir ou en putréfaction. cain qui se tenoit caché aux Comme cette couleur noire aguets, les ayant découverts, est la premiere de l'oeuvre, cria si fort qu'il fit assembler ils ont dit que la chaleur du tous les Dieux à ses cris dans ventre du cheval est le pre- sa maison d'airain, & exposa mier feu, ou le premier de- les deux captifs à leur risée. gré de feu requis pour l'oeu- Je les retiendrai ainsi liés vre. disoit Vulcain, jusqu'à ce que VE'NUS, Déesse des le pere me rende tout ce que plaisirs & mere de l'Amour, je lui ai donné pour avoir son étoit fille, selon Homere, effrontée de fille. Neptune de Jupiter & de Dioné; & qui excite les tremblemens suivant l'opinion la plus com- de terre, y vint; Mercure, mune, elle naquit des parties ce Dieu si utile, s'y trouva; mutilées de Coelus, mêlées de même qu'Apollon, ce avec l'écume de la mer. Une Roi qui darde si bien une flé- conque marine lui servit de che. La pudeur empêcha les berceau, & les Zéphirs la Déesses de s'y rendre; mais transporterent dans l'isle de tous les Dieux qui donnent Chypre, où elle fut élevée les richesses aux hommes, se par les Nymphes. Quoique tenoient à l'entrée, & admi- la plus belle des Déesses & roient l'ouvrage de Vulcain. toujours accompagnée par Un d'entr'eux dit alors: Tôt les Graces, elle fut mariée ou tard on est pris quand on à Vulcain, le plus laid des fait mal; qui auroit cru que Dieux; mais aussi s'en plai- Vulcain, ce boîteux qui mar- gnoit-elle amerement, & lui che si lentement, eût atteint fit beaucoup d'infidélités. & pris Mars, le plus habile Mars la courtisa, & Vul- de l'Olympe. Apollon de cain informé par le Soleil, son côté disoit à Mercure: de la bonne intelligence qui Mercure, fils de Jupiter, regnoit entre son épouse & le Messager des Dieux, source Dieu de la guerre, fabriqua des richesses, vous ne seriez une chaîne imperceptible de pas fâché de vous voir ainsi fer, dont il n'étoit pas possi- pris auprès de Vénus la do- ble de se débarrasser quand rée. Non vraiment, répon-

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dit Mercure, quand même Vénus prit parti pour les tous les Dieux & les Déesses Troyens, & fut blessée par devroient m'y voir & en ri- Diomede, dans le même re. C'est ainsi que railloient combat où il blessa aussi tous les Dieux immortels, Mars. Les Egyptiens comp- & Neptune-même; mais il toient Vénus au nombre de sollicitoit cependant auprès leurs grands Dieux. Parmi de Vulcain la délivrance de les fleurs la rose étoit consa- Mars, & promit de payer crée particulierement à Vé- pour lui, en cas qu'il prît la nus, parce que cette fleur fuite sans le faire. Vulcain se avoit été teinte du sang de rendit donc à sa priere, & cette Déesse, qu'une de ses ayant rompu le filet enchan- épines avoit blessée, lors- té, Mars se sauva dans la qu'elle accouroit au secours Thrace, & Vénus à Paphos d'Adonis. Le mirthe lui étoit dans l'isle de Chypre. Ho- aussi dédié, parce que cet mere, Odys. liv. 8. arbrisseau se plaît sur le bord De ce commerce nâquit des eaux. Les colombes lui Antéros ou le Contr'amour, étoient particulierement con- quelques-uns disent Cupi- sacrées, & on les appelle don. communément les oiseaux Vénus eut aussi affaire à de Vénus; elles étoient at- Mercure, il en vint Herma- tachées à son char. phrodite. Elle aima aussi pas- Le pere Hardouin a don- sionnément Adonis & An- né de l'adultere de Vénus chyse. De ce dernier elle eut & de Mars une explication Enée. Dans le différend sur- aussi spirituelle que singulie- venu entre Junon, Pallas & re, (Apol. d'Hom. p. 200.) Vénus, au sujet de la pomme M. l'Abbé Banier s'en mo- d'or jettée par la Discorde au que, comme de celle de Pa- milieu du festin des noces de léphate. Pour le faire avec Pélée & de Thétis, Pâris raison, il auroit dû en don- choisi pour arbitre, adjugea ner une meilleure; mais dans la pomme à Vénus, qui lui son systême il n'étoit pas fournit les moyens d'enlever possible. Lui, ni les autres Hélene, femme de Ménélas, Mythologues ne sçauroient reconnue pour la plus belle réussir tant qu'ils n'auront de son sexe. Cet enleve- pas recours à la source des ment occasionna la guerre fables, c'est-à-dire à la Phi- de Troye, dans laquelle losophie Hermétique. Les K k iij

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Chymistes-mêmes vulgaires ©rhj; il appelle Vénus do- savent que Vénus est unie rée, crusÅ §frodith Mercure avec un feu qui se trouve source des richesses, d−tor aussi dans Mars, & qu'ils ¡§wn; Neptune qui excite les ont tant d'analogie de na- tremblemens de terre, po- ture, que du Mars on peut se daon gai¿oke ou ‹nosicdan. faire Vénus; il n'est donc pas Le tremblement de terre surprenant qu'il y ait entre qu'il excite n'est autre que la eux un amour mutuel; c'est fermentation. Homere fait même ce feu ou Vulcain qui plus; il désigne la cause de les unit & qui forme le lien l'alliance de Vulcain avec ou la chaîne dans laquelle il Vénus, en disant que sa mai- les embarrassa. Le Soleil ou son, celle même où les Dieux l'or découvrit leur commer- s'assemblerent, celle où Vé- ce; parce que ce feu, ce nus fit affront à son époux, grain fixe qui se trouve dans étoit une maison d'airain, Mars & Vénus, est de la calkobat¡j dñ. On trouve nature-même du Soleil. Et l'explication des autres traits si Mercure ambitionne le de la fable de Vénus dans le sort de Mars, c'est qu'il lui liv. 3. chap. 8. des Fables manque ce dont abonde ce Egypt. & Grecq. dévoilées. Dieu guerrier; voilà la vraie VERA LILIUM. Mé- raison qui a engagé Homere lange de mercure sublimé à introduire Apollon ou l'or avec le régule. des Philosophes, comme fai- VERGILIES. Nom des sant ce reproche à Mercure. Pléïades. On donne aussi ce Mars & Vénus ne sçauroient nom aux plantes nouvelles être déliés qu'à la priere de du printems. Neptune, ou de l'eau, parce VE'RITE'. Les Anciens que cette séparation ne peut regardoient la Vérité comme se faire que par la dissolu- une Déesse, fille de Satur- tion en eau, par le moyen ne. Philostrate dans l'image du même feu interne ap- d'Amphiaraüs, représente la pellé Vulcain. Les épithe- Vérité comme une jeune tes qu'Homere donne aux Vierge, couverte d'un habit Dieux acteurs & spectateurs dont la blancheur est celle sont suffisantes pour prouver de la neige. Démocrite di- la vérité de mon explication. soit que la Vérité étoit ca- Il dit de Mars qu'il se servoit chée dans le fond d'un puits. d'un frein d'or, crus¿nioj Les Philosophes Herméti-

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ques expliquent ce puits des de Philalethe dans son trai- allégories, des fables & des té qui a pour titre: Enarra- enigmes dans lesquelles la tio methodica trium Medici- vérité de la science Hermé- narum Gebri, pag. 39. tique & ses opérations sont Verre DE PHARAON, ensevelies comme dans l'obs- ou VERRE MALLE'ABLE. curité d'un puits très-pro- Les Sages ont souvent dit fond, duquel il est très-diffi- qu'ils avoient le secret de cile de pouvoir la tirer. rendre le verre malléable, au VERRE. Matiere dure, moyen de leur élixir. L'his- séche, cassante, transparen- toire nous apprend qu'un te, formée de l'humide radi- homme fut puni de mort cal incorruptible des mixtes, pour en avoir présenté un par la violence du feu, qui vase à un Empereur Ro- en sépare les parties hétéro- main. Les Philosophes ne gênes & combustibles. s'exposeront pas à un dan- Plusieurs se sont imaginés ger semblable. D'ailleurs il que le verre ou la matiere faut les expliquer de leur dont on le fait, étoit celle pierre au blanc. Quelques- que les Philosophes em- uns l'entendent de la pou- ployent pour faire leur pier- dre même de projection, re; parce que le verre est une parce qu'elle est incorrupti- matiere très-fixe, & que tout ble, & qu'elle résiste com- se réduit en verre par une me le verre à l'action du feu longue & violente action du le plus vif, sans en être al- feu. Ce n'est cependant pas térée, ni volatilisée. l'idée qu'il faut appliquer au Verre DES PHILOSO- terme de verre, lorsqu'on le PHES s'entend quelquefois trouve dans les ouvrages des du vase dans lequel se fait Philosophes; quoique Ray- l'oeuvre. mond Lulle interrogé, qu'est- Verre PHILOSOPHI- ce que c'étoit qu'un Philo- QUE qui a pouvoir sur tou- sophe, répondit: c'est celui tes choses. C'est la poudre qui sçait faire le verre. Ce de projection, qui change sçavant homme entendoit, tous les métaux en sa nature, comme les autres Adeptes, & fait des impressions sur leur magistere au blanc, qui tous les individus des trois est une matiere claire, lui- régnes, en les guérissant de sante, & ayant l'éclat du leurs infirmités. Elle s'allie verre. C'est l'interprétation avec tout, se dissout dans K k ij

520 VE VE toutes sortes de liqueurs, & est la base & le principe. pénétre les corps les plus VESICA AENEA. Cu- durs & les plus compactes. curbite de cuivre. Comme petit-monde, elle VESSICARIA DIS- agit sur les astres-mêmes; & TILLATORIA. Voy. l'ar- comme aimant universel, ticle précédent. elle en pompe les influences VESTA étoit fille de Sa- les plus pures, pour les com- turne, selon Homere, qui muniquer aux corps avec les- par des raisons connues aux quels on la mêle. Elle agit Philosophes, l'a réunie avec jusques sur les esprits, dont Mercure dans une Hymne elle développe les facultés, commune. Cette Déesse & les rend capables de pé- étoit, comme Vulcain, le nétrer dans les secrets les symbole personnifié du feu. plus cachés du sanctuaire de Pour indiquer que le feu la Nature. Raym. Lulle. qu'elle représentoit, étoit VERSEAU. Signe du perpétuel & inextinguible, Zodiaque. Les Chymistes on établit des Vestales char- Hermétiques le prennent gées d'entretenir un feu pur pour symbole de la disso- dans le temple de la Déesse. lution & de la distillation. Ces Vestales devoient, pour Voyez Zodiaque. cette raison, être vierges, & VERTO. Poids pesant les Romains faisoient enter- un quarteron, ou la quatrié- rer toutes vives celles qui me partie d'une livre. par négligence avoient laissé VERTU DU CIEL. éteindre le feu sacré confié Feu implanté & inséparable à leurs soins, ou qui avoient de la matiere de l'oeuvre, laissé donner atteinte à leur qui mis en action par un au- virginité. Voyez les Fables tre feu, produit le soufre des Egypt. & Grecq. dévoilées, Philosophes, appellé Mi- liv. 3. ch. 4. & liv. 4. ch. 5. niere de feu céleste. VESTALES. Jeunes fil- VERTU PREMIERE. les vierges, établies à Ro- Les Chymistes Hermétiques me, & consacrées au ser- ont donné ce nom à leur vice du temple de la Déesse mercure, & non au mercure Vesta. Voyez Vesta. vulgaire; parce que le leur VESTE TE'NE'BREU- renferme les vertus & pro- SE. Matiere de l'oeuvre au priétés des choses supérieu- noir. res & inférieures, & qu'il en VESUVE. Montagne du

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Royaume de Naples. Elle leur sert de nourriture. Il est vomit du feu de tems en particulierement celle des tems, & il en sort perpétuel- métaux Hermétiques, parce lement de la fumée. Les Phi- qu'il les nourrit dans le vase, losophes ont donné les noms les fortifie, & les conduit à de Vesuve & d'Etna, autre la perfection. volcan, à la matiere de leur Viande DES MORTS oeuvre, parce qu'elle con- qui les fait ressusciter. C'est tient un feu naturel, qui se le mercure des Sages, qui manifeste quand on sçait le tue les vivans, & donne la développer & le mettre en vie aux morts; c'est-à-dire état d'agir. qui dissout & fait tomber en VE^TIR le pourpoint de putréfaction les métaux phi- pourpre, le manteau royal, losophiques, appellés vivans la chemise blanche, la veste pour les distinguer de ceux ténébreuse, sont des expres- du vulgaire, & rend ceux du sions qui ne signifient que vulgaire métaux des Philo- cuire, digérer la matiere de sophes, par conséquent mé- l'oeuvre jusqu'à ce qu'elle taux vivans. prenne les couleurs dont VICTOIRE (Rempor- parlent les Philosophes. La ter la). C'est cuire la ma- veste ténébreuse est la cou- tiere de l'oeuvre jusqu'à ce leur noire, la chemise blan- qu'elle ait acquis la couleur che est la couleur blanche, blanche. Telle est la victoire le manteau royal & le pour- que Jupiter remporta sur les point de pourpre sont la cou- Géans. Mais chanter la vic- leur rouge. Ce dernier est toire, c'est pousser la cuisson celui que prit Apollon pour jusqu'à la couleur de pour- chanter la victoire rempor- pre. Voyez Pourpre. tée par les Dieux sur les VICUNIRAS. Bézoard. Géans. Voyez la neuviéme VIE. Les Philosophes di- Clef de Basile Valentin. sent que leurs métaux ont UFFITUFFE. Odeur vie, & que ceux du vulgaire du mercure des Sages, aussi sont morts. Ils appellent aussi forte & aussi désagréable que Vie & Résurrection, la cou- celle des sépulchres & des leur blanche qui survient à la tombeaux. matiere après la couleur noi- VIANDE DU COEUR. re. Ils donnent aussi la vie à Mercure des Philosophes, leur mercure, & disent qu'il principe des métaux & qui faut unir la vie avec la mort,

522 VI VI pour que le mort tue le vi- lorsqu'il y est question de ce vant, & qu'ils ressuscitent que fit Médée pour redon- ensemble. Les Philosophes ner à Eson toute la vigueur ajoutent aussi qu'il faut join- d'un jeune homme. dre la vie à la vie, c'est-à- VIERGE. Lune ou eau dire, des deux substances mercurielle des Philosophes mercurielles du Trévisan, après qu'elle a été purifiée n'en faire qu'une pour com- des soufres impurs & arsé- poser le mercure double. nicaux auxquels elle avoit Rappeller les morts à la été mariée dans sa mine. vie, c'est volatiliser le fixe; Avant cette purification, elle & ôter la vie aux vivans, est nommée la Femme prosti- c'est fixer le volatil. La Fa- tuée. Les Adeptes ont donné ble donnoit ces propriétés à à cette Vierge le nom de Mercure. Ainsi la vie est le Beia; & l'Auteur de l'Oeu- mercure, & la mort est le vre secret de la Philosophie soufre des Sages. Voyez Hermétique, dit: que sans Avicennae declarario lapidis donner atteinte à sa virgini- Physici, filio suo Aboali. té, elle a pû contracter un VIEILLARD DES PHI- amour spirituel avant que de LOSOPHES. Ces termes s'unir par un mariage avec ont deux sens. On prend son frere Gabritius, parce que ce Vieillard communément cet amour spirituel ne l'a pour le soufre des Sages; rendue que plus blanche, mais quand on considere le plus pure, plus vive & plus mercure comme le principe propre à l'objet du mariage. des métaux, ou le nomme Prenez donc, ajoute-t-il le Vieillard. (Can. 58.), une vierge aî- Le Vieillard rajeuni est lée, très-pure & très-nette, le soufre ou l'or des Philo- pénétrée & animée de la se- sophes réincrudé & réduit à mence spirituelle du premier sa premiere matiere, ou en mâle, & néanmoins vierge mercure duquel il a été fait. quoiqu'elle ait conçu; vous V. Ressusciter, Escu- la connoîtrez à ses joues ver- lape. C'est dans ce sens-là meilles: joignez-la à un se- qu'il faut entendre les Phi- cond mâle, sans crainte d'a- losophes, quand ils parlent dultere; elle concevra de du rajeunissement que pro- nouveau par la semence cor- duisoit l'eau de la fontaine porelle du second, & mettra de Jouvence, & les fables enfin au monde un enfant

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Hermaphrodite, qui sera la son grand ou petit circulé. source d'une race de Rois Le vin des Sages est leur très-puissans. menstrue ou dissolvant uni- Ils ont encore appellé Ai- versel, & la vigne de laquelle gle cette vierge ailée, & le il se tire, est une vigne qui second mâle Lion. Voyez n'a qu'une racine, mais plu- ces deux articles. sieurs rejettons qui en sor- Vierge est aussi le nom tent; & de même qu'un sep d'un des signes du Zodiaque. a plusieurs branches qui pro- Voyez Zodiaque. duisent des raisins, mais dont VIGNE DES SA- les uns par accident n'ac- GES. Matiere de laquelle quierent pas une maturité les Chymistes Hermétiques aussi parfaite que les autres, extrayent leur mercure. le sep qui produit les raisins VIN. Raymond Lulle, philosophiques est sujet à des Jean de Roquetaillade, con- accidens qui empêchent la nu sous le nom de De Rupe- maturité de quelques uns & scissa, ont beaucoup parlé les laissent en verjus. Ils ont du vin rouge & du vin blanc tous la même racine pour comme principe & matiere nourrice, mais la séve n'a de la quintessence philoso- pû se digérer également. Et phique. Il ne faut cependant de même qu'avec un mé- pas les prendre à la lettre; lange de bon vin fermenté car quoiqu'on puisse tirer & du verjus on feroit une une très-bonne quintessence espece de vinaigre dissolvant du vin ou du tartre, inutile- de beaucoup de mixtes de ment les travailleroit-on la nature, de même avec le pour en extraire le dissol- verjus & le bon vin des Phi- vant des Philosophes. Ils losophes on fait leur vinai- n'en ont ainsi parlé que par gre dissolvant, ou vinaigre similitude; & Paracelse dit très-aigre. que ceux qui ne peuvent VINAIGRE. Eau mer- trouver l'alkaest des Philo- curielle des Sages, ou leur sophes ou leur mercure, dissolvant universel, leur lait n'ont qu'à travailler à vola- de vierge, leur eau ponti- tiliser le tartre, & qu'ils trou- que; c'est le vinaigre de la veront au moins quelque nature, mais composé de dif- chose d'utile. Plusieurs ex- férentes choses sorties d'une pliquent ce que je viens de même racine. rapporter de Paracelse, de Vinaigre ANTIMO-

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NIAL SATURNIEN. Matiere Philosophes; c'est-à-dire leur du magistere préparée pour mercure. être mise dans le vase, & VINGT-UN. Il faut être digérée suivant le régime Adepte pour sçavoir la rai- philosophique. Prends, dit son que les Philosophes ont Artéphius, de l'or crud, eu de donner le nom de battu en feuilles, ou en la- vingt-un à leur magistere au mes, ou qu'il soit calciné par blanc, & l'expliquer ici, ce le mercure, & le met en no- seroit violer une partie du tre vinaigre antimonial, sa- secret qui leur est si fort re- turnien, & du sel armoniac, commandé; aussi n'en disent- & met le tout dans un vase ils rien dans leurs ouvrages, de verre. & Philalethe s'est contenté Vinaigre DES MON- de nous dire, comme par TAGNES. Le même que vi- grace, que les Philosophes naigre simplement dit, mais entendent par vingt-un la appellé vinaigre des mon- même chose que soufre, & tagnes, parce que les Chy- une racine de l'art, ou le sel mistes Hermétiques donnent des métaux; ce qui revient le nom de montagne aux mé- à leur matiere cuite & digé- taux. Voyez Montagne. rée au blanc parfait. Vinaigre TRE'S-AIGRE VINUM CON- \ ou VINAIGRE RECTIFIE', TRACTUM. \ est, selon les Chymistes, du VINUM COR- \ vinaigre distillé plusieurs fois, RECTUM. \ Esprit & cohobé à chaque fois sur VINUM ES- > de vin ses féces. Il devient si violent SENSIFICA- / recti- & d'une nature si ignée, que TUM. / fié. quelques-uns ont prétendu VINUM AL- / qu'il dissolvoit les pierres & COOLISATUM. / les métaux; mais ce n'est pas VINUM CAPRINUM. une dissolution radicale com- Urine de chevre. me celle du mercure des Phi- VINUM ESSATUM. losophes; elle est de la nature Vin dans lequel on a fait di- de celle des eaux-fortes, qui gérer, infuser & macérer des ne produisent qu'une divi- plantes, tels que le vin d'ab- sion des parties, & qui ne synthe, &c. réduisent pas les métaux à VINUM COS. C'est leur premier principe, ce que du vin excellent, & qui a fait le vinaigre très-aigre des toutes les qualités suivantes

VI VI 525 qu'exige l'Ecole de Salerne. nent ce nom à l'huile de sel; Vina probantur odore, sapo- & les Philosophes à la ma- re, nitore, colore. tiere de laquelle ils extrayent leur eau céleste. VINUM HIPPOCRA- VISITE des choses ca- TICUM. Vin dans lequel chées. Dissolvant des Sages, on a mêlé du sucre & des aro- qui pénétre les corps les plus mates. durs, & en extrait la tein- VINUM MEDICA- ture qu'ils cachent & ren- TUM. Vin dans lequel on ferment. a fait infuser des drogues VISQUALENS. Guy, médicinales, tel que le vin espece d'arbuste qui croit sur de quinquina. les arbres. VIPERE. Matiere des VITRIFICATION. Philosophes en putréfaction, Cuisson de la pierre au rouge. ainsi nommée parce qu'elle VITRIOL. Il est peu de est alors un des plus violens matiere qui ait tant exercé & des plus actifs poisons qu'il les Chymistes que le vitriol y ait; c'est pour cela que les commun. Ils l'ont pris pour Philosophes disent que leur la matiere du magistere des matiere est un grand poi- Philosophes; & il faut avouer son avant sa préparation, & que rien n'étoit plus propre un souverain remede après à tromper ceux qui prennent qu'elle est préparée, de mê- les paroles des Sages à la let- me que la vipere. Philalethe tre. Ils se sont d'ailleurs tant recommande aussi très-ex- répandus en éloges sur ce sel pressément de se tenir sur ses minéral, qu'il est bien diffi- gardes, quand on travaille cile de ne pas donner dans cette matiere, & d'en pré- le piége qu'ils tendent aux server ses yeux, son nez & ignorans, au moins en appa- ses oreilles. rence, puisqu'ils avertissent Vipere DE REXA. Ma- tous qu'il ne faut pas s'arrê- tiere de l'oeuvre parvenue à ter aux mots, mais au sens la couleur noire. Prends la qu'ils cachent. Ils ont en con- Vipere de Rexa; coupe-lui séquence proposé l'énigme la tête: c'est-à-dire, ajoute suivante, dont les lettres ini- Flamel, ôte-lui sa noirceur. tiales de chaque mot réunies VIRAGO. V. Eve. font Vitriolum. Visitabis in- VIRIDITAS SOLIS. teriora Terrae, rectificando in- Les Chimistes vulgaires don- venies occultum lapidem, ve-

526 VI VI ram medicinam. Quelques- cond au blanc. Si à ces deux uns au lieu d'occultum lapi- vitriols joints ensemble par dem ont mis oleum limpidum. dûe proportion, on ajoute le Tout l'oeuvre & sa matiere mercure de l'or, & le tout sont, disent-ils, contenus passé par le feu des vrais dans ces paroles. Mais com- Chymistes, on le rendra, me ce terme de vitriol est dit-il, semblable en vertu, équivoque, & qu'il peut s'en- en puissance & richesse à ce tendre de tous les vitriols magnifique Prince que plu- tant naturels qu'artificiels, sieurs cherchent & que peu extraits des pyrites, des mi- trouvent. néraux, des eaux vitrioliques En parlant des cristaux ou des métaux, les Chy- d'étain ou vitriol de Jupiter, mistes ont eu tort de l'appli- Planis-campi observe qu'é- quer en particulier au vitriol tant mêlés avec celui du Romain, ou à celui de Hon- mercure & réduits en huile, grie, dont le premier parti- cette huile rend le soufre so- cipe de Mars, & le second laire végétal. Roger Baccon de Vénus. Il est vrai que qui avoit observé la même Rupe Scissa dit qu'il faut chose, en fut si étonné, qu'il prendre le Romain; mais s'il commença son Traité qui a avoit fallu en faire usage pour titre, Miroir des sept comme étant la matiere de chapitres, par le nom de Ju- la pierre, l'auroit-il nommé piter, & chaque chapitre a par son nom propre? Quand pour commencement une on sçait qu'ils cachent le nom des lettres de ce nom mis en propre de la matiere presque logogriphe comme celui de avec plus de soin que tout le Vitriolum. Les voici: In reste, on se tient sur ses gar- Verbis Praesentibus Invenies des contre l'ingénuité appa- Terminum Exquisitum Rei. rente de ces Auteurs. On n'en auroit pas moins Planis-campi a expliqué de tort de regarder cette pré- cette espece de logogriphe paration comme un achemi- Visitabis, &c. du vitriol de nement à l'oeuvre des Philo- l'or fait avec l'huile de Sa- sophes; quoique les dernie- turne; d'autres l'ont entendu res lettres de chaque mot qui du vitriol de l'argent fait par finit chaque chapitre, étant le même moyen. Le pre- réunies, composent le mot mier, dit cet Auteur, sert à Stannum: sçavoir, projectio- travailler au rouge, & le se- niS, debeT, totA, tameN,

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bitumeN, nutU, aeternuM. premiere semence éloignée Baccon avoit en vûe tout au- qui se trouve dans les élé- tre Jupiter que l'étain com- mens, les plantes & les ani- mun. maux qui servent à sa nour- Il ne faut donc pas s'a- riture, mais la semence pro- muser à tous ces piéges que pre de l'homme travaillée les Philosophes tendent aux dans lui-même par la Natu- ignorans, & à ceux que l'a- re. On réussiroit aussi mal, mour des richesses tyrannise si pour faire du pain on pre- assez pour leur faire risquer noit du grain de froment tel les biens réels dont ils sont qu'il est, ou du pain déja cuit en possession, pour courir & parfait. Ce n'est ni l'un ni après des monts d'or qu'on l'autre, mais la farine, qui leur promet. Ceux qui vou- est faite du grain, & travail- dront pénétrer dans le sens lée pour cet effet. caché de ces paroles: Visi- Les Philosophes assurent tabis, &c. doivent étudier qu'on ne peut parler plus la Nature & ses procédés, clairement de la matiere & les combiner avec ce que des opérations de l'oeuvre disent les Auteurs Herméti- que l'a fait Hermès dans sa ques, & voir ensuite si ce Table d'Emeraude, en ces qu'ils disent de la matiere termes: de l'oeuvre peut convenir à ” Ceci est vrai, & sans ce que la Nature employe ” mensonge, ce qui est des- pour semence des métaux, ” sous est semblable à ce qui non pas précisement com- ” est dessus. Par ceci on a & me semence éloignée, mais ” on fait les merveilles de prochaine, & de quelle ma- ” l'oeuvre d'une seule chose. tiere on doit l'extraire. Etre ” Et comme tout se fait d'un ensuite bien convaincu, tant ” par la médiation d'un, ainsi par l'expérience journaliere ” toutes choses se font par la que par ce que disent les Phi- ” conjonction. Le Soleil en losophes, qu'on ne doit pas ” est le pere, & la Lune la prendre les deux extrêmes, ” mere. Le vent l'a porté mais le milieu qui participe ” dans son ventre. La Terre des deux. Comme pour faire ” est sa nourrice, la mere de un homme, on ne réussiroit ” toute perfection. Sa puis- pas en prenant une tête, un ” sance est parfaite, s'il est bras & les autres membres ” changé en terre. Séparez d'un homme parfait, ni la ” la terre du feu, & le subtil

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” de l'épais avec prudence turne. De l'autre côté est la ” & sagesse. Il monte de la Lune, au-dessous Vénus & ” terre au ciel, & redescend puis Jupiter. Au milieu est ” du ciel en terre. Il reçoit une coupe dans laquelle tom- ” par-là la vertu & l'effica- bent un rayon du Soleil & ” cité des choses supérieu- un rayon de la Lune; & ” res & inférieures. Par ce sous le pied de cette coupe ” moyen vous aurez la gloire est placé, comme pour sou- ” de tout. Vous chasserez les tient, le caractere astrono- ” ténébres, toute obscurité mique de Mercure. Au-des- ” & tout aveuglément; car sous de tous ces caracteres ” c'est la force des forces qui sont d'un côté un Lion & ” surmonte toutes forces, & de l'autre une Aigle à dou- ” qui pénétre les corps les ble tête, comme celle des ” plus durs & les plus solides. armes de l'Empire. L'un ” En cette façon le monde a marque le fixe & l'autre le ” été fait, & les conjonctions volatil. Les amateurs de cet- ” surprenantes & les effets te Science pourront faire ” admirables qu'il produit. leurs réflexions là-dessus. ” Voilà le chemin & la voye On peut dire en général ” pour faire toutes ces mer- que le Vitriol vert des Phi- ” veilles. C'est ce qui m'a losophes est leur matiere ” fait donner le nom d'Her- crue, leur Vitriol blanc est ” mès Trismégiste, ou trois leur magistere au blanc, & ” fois grand, ayant les trois leur Vitriol rouge, ou leur ” parties de la sagesse ou phi- Colcotar, est leur soufre par- ” losophie du monde univer- fait au rouge. ” sel. Voilà tout ce que j'ai VITRIOLA METAL- ” à dire de l'oeuvre solaire. LICA. Sels des métaux. Pour accompagner cette VITRIOLUM NO- Table d'Emeraude, on y a VUM. Vitriol blanc. joint un emblême chymique VITRIOLUM LIQUE- enfermé dans un double cer- FACTUM. Vitriol liquide, cle. Entre les deux circonfé- ou eau vitriolique des mines rences sont écrites les paro- qui ne peut se crystalliser. les que j'ai rapportées, Vi- Planis-campi. sitabis, &c. D'un côté on VITRUM HYACIN- voit le Soleil, au-dessous le THINUM. Verre d'anti- caractere de Mars, & au- moine. dessous de Mars celui de Sa- VITRUM PHILOSO- PHORUM

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PHORUM. Alembic, ou sé sous l'habit de femme, & le vase de verre qui contient caché à la Cour de Lyco- la matiere de l'oeuvre. mede, il l'emmena avec lui. VITTELLUM POLI. Voyez Achille. Il engagea Alun. Philoctete à venir au siége VIVIFICATION. Vo- & à y apporter les fléches latilisation de la matiere fixe, d'Hercule, desquelles on ne à l'aide du mercure. pouvoit le passer. Il tua Rhé- VIVIFIER. Donner la sus & prit les chevaux, il en- vie. Voyez Vie. leva le Palladium avec Dio- ULISSIPONA. Plante mede, & les cendres de connue sous le nom de Ser- Laomedon, & fit plusieurs pentaire. autres actions remarquables ULRACH. Sang de dra- dont on voit le détail dans la gon. harangue qu'il prononça de- ULVA. Feuille de mer. vant tous les Chefs de l'ar- ULYSSE, Roi des isles mée des Grecs, pour que les d'Ithaque & de Dulichie, armes d'Achille lui fussent fils de Laerte & d'Anticlie, adjugées préférablement à étoit un Prince éloquent, Ajax. fin, rusé, artificieux, pru- Après la prise de Troye, dent & plein de science. Il Ulysse tua Orsiloque fils d'I- contribua plus que tout autre domenée, & fit immoler Po- à la prise de Troye. Il épousa lixene aux mânes d'Achille, Pénélope, & en eut un fils & il fut cause qu'on précipita nommé Télémaque. Ulysse Astianax du haut d'une tour. aimoit si passionnément Pé- Ulysse se sépara ensuite nélope, qu'il contrefit l'in- des autres Princes Grecs & sensé pour ne pas se séparer se mit en mer pour retourner d'elle, quand il fut invité par à Ithaque; une tempête le les Grecs à les accompagner jetta vers les côtes de Sicile, au siége de Troye. Palamede où Polypheme lui dévora six découvrit sa feinte, & l'obli- de ses Soldats. Ulysse trou- gea de partir avec les autres. va le moyen de l'approcher Ulysse se vengea de Pala- pendant son sommeil, & lui mede, en lui supposant des creva l'oeil avec un tison ar- intrigues avec les Troyens, dent. De-là après avoir usé & le fit lapider. Voyez Pa- de toute son adresse pour lamede. Ulysse commença sortir de la caverne de ce fa- par découvrir Achille dégui- meux Cyclope, il fut voir L l

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Eole, Roi des vents, qui lui thys. Calypso regnoit dans fit présent d'un oûtre où tous l'isle d'Ogygie, & reçut par- les vents étoient renfermés, faitement bien ce Héros: elle excepté le Zéphire. Ulysse le retint pendant sept ans & n'en fut donc point battu, en eut plusieurs enfans. Mer- jusqu'à ce que ses compa- cure s'étoit mêlé de cette af- gnons eurent l'imprudence faire, comme il faisoit ordi- d'ouvrir l'oûtre; les vents en nairement de tous les amours liberté, soufflerent si rude- des Dieux. La description ment qu'ils repousserent son qu'Homere fait de Mercure vaisseau jusqu'à l'isle d'Eole, à cette occasion mérite d'ê- qui refusa de réitérer la mê- tre rapportée. me faveur. En poursuivant Jupiter, dit cet Auteur, sa route, il aborda au port parla à Mercure & l'envoya des Listrigons, peuples in- à Calypso, à la sollicitation humains qui dévorerent plu- de Minerve, pour engager sieurs de ses compagnons. cette Nymphe Déesse à faire Ulysse en partit bien vite & un bon accueil à Ulysse, & dirigea sa route vers l'isle où qu'il put retourner sain & Circé faisoit son séjour. Cette sauf dans son pays. Mercure Enchanteresse transforma en fit ce message avec plaisir. Il cochons plusieurs de ceux attacha à ses souliers ses ta- qui accompagnoient notre lonnieres d'or, au moyen Héros. Ulysse eut recours à desquelles il voloit sur terre Mercure, qui lui donna un & sur mer avec le vent. Il remede pour obliger Circé à prit aussi son caducée avec rendre la forme humaine à lequel il tourne l'esprit des ceux qu'elle avoit métamor- hommes comme il veut, & phosés. les endort ou les réveille à Circé accorda ses faveurs & fantaisie. Du ciel il des- à Ulysse, qui en eut deux cendit sur la mer en tenant enfans. Là il consulta Tiré- sa baguette à la main, & y sias, & pour cela descendit étoit porté sur les vagues très aux Enfers en prenant les à son aise. Mercure aborda conseils & les moyens que enfin dans l'isle de Calypso, lui indiqua Circé. Voyez & se rendit à la caverne que Circé. cette Nymphe habitoit. Il Ulysse, selon Homere, l'y trouva, & un grand feu aborda aussi chez Calypso, allumé dans son foyer. Elle fille de l'Océan & de Te- y travailloit à la toile, en

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chantant mélodieusement, Scylla & de Carybde. Il & entremêloit de l'or dans la en partit sur un vaisseau toile qu'elle tressoit. Les envi- que lui fournit Alcinoüs, & rons de cette caverne étoient arriva enfin à Ithaque, où charmans par l'abondance s'étant caché chez Eumée, des arbres toujours verds, un de ses domestiques, il des fleurs dont les prairies prit des mesures pour se dé- étoient émaillées, & des vi- faire de ceux qui courtisoient gnes chargées de raisins. avec importunité Pénélope La description de ce sé- sa fidéle épouse, & qui dissi- jour enchanté est compara- poient tout son bien malgré ble à celui de Nysa, dont elle. Il se défit de tous, & voyez l'article. Les discours regnoit paisiblement, lorsque & la conversation que Mer- Télegone son fils, qu'il avoit cure & Calypso tinrent en- eu de Circé, arriva à Itha- semble seroient trop longs, que. Ignorant qui il étoit, on peut les voir dans le liv. 5. Ulysse s'opposa à sa descen- de l'Odyssée. te, & Télegone en se défen- Au sortir de l'isle de Ca- dant, lui donna un coup de lypso, Ulysse arriva au pays lance, dont il mourut suivant des Phéaciens qui habitoient la prédiction de Tirésias. l'isle de Corcyre, & ren- J'ai passé beaucoup de contra Nausicaa, fille d'Al- traits de l'histoire de ce Hé- cinoüs Roi de cette isle; elle ros: on peut les voir dans étoit venue voir laver la les- l'Odyssée d'Homere. J'en ai sive; elle accueillit très-bien expliqué les principales cir- Ulysse & l'introduisit chez constances dans le liv. 6. des son pere. Ses Sujets vivoient Fables ch. 5. fat. 1. on peut dans le luxe & l'abondance; y avoir recours. Je dirai seu- la danse, la musique, & la lement qu'Ulysse est le sym- joie accompagnoient tous les bole de l'Artiste Philosophe festins. Les jardins d'Alci- dans la description de la noüs étoient superbes, & guerre de Troye, & le sym- tout dans le palais étoit d'une bole de ceux qui cherchent magnificence sans égale. Ce la pierre sans être Adeptes, lieu de délices lui étoit ce dans l'Odyssée. semble réservé pour lui faire UMBILICUS MARINI. oublier tous les dangers qu'il Féve de mer. avoit courus par la rencontre UMBILICUS TERRAE. des Syrênes & des écueils de Cyclamen. L l ij

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UMO. Etain. que cet Art n'a point l'ava- UNEDO. Néflier. rice pour objet, qu'il est pos- UNICORNI MINERA- sible, vrai, nécessaire; mais LIS. Terre sigillée rouge. qu'il ne doit être communi- UNION. Volatilisation qué qu'aux enfans des Sages. du corps & coagulation de Il en donne trois définitions. l'esprit; ce qui se fait par la Nous avons rapporté la pre- même opération. Les Philo- miere, voici les autres. Cet sophes l'ont appellée Union Art est comme un régime se- de la terre & de l'eau. Cette cret qui démontre & fait voir opération se fait par la pu- clairement la disposition, l'il- tréfaction. Alors les élémens lumination, la conversion, sont confondus, l'eau con- la constriction, la rétention, tient l'air, & la terre con- la métallification, la purifi- tient le feu, les deux ne font cation, la multiplication, & qu'un tout appellé Hylé ou la proportion des corps na- Cahos. Cette union de la turels, & de cette espece terre & de l'eau se fait aussi d'onctuosité inconnue au vul- dans la fixation du volatil. gaire, qui cause l'adhésion Union DES ESPRITS. des différentes parties de ces C'est l'eau séche. corps entr'elles: qui explique Union DES ENNEMIS. les liens invisibles de l'ame & C'est la fixation de l'eau mer- du corps, le caché & la chose curielle volatile avec le sou- cachante, le dense & le rare, fre fixe des Philosophes. le divin & l'humain, la for- UNIQUE. Mercure des me & la matiere, le fixe & Sages. le volatil, les métaux & les UNIR LES E'LE'MENS. pierres, le dur & le mol, le C'est cuire la matiere. pur & l'impur, le simple & UNQUASI. Argent-vif. le mixte; le tout par un arti- VOARCHADUMIE. fice institué par le Dieu tout- Art libéral doué de la vertu puissant, au moyen du feu, de la Science occulte. C'est de l'air, de l'eau & de la terre, ce qu'on appelle autrement ou sous le grand Arcane des la Science cabalistique des quatre lettres hébraïques la- métaux. Jean-Augustin Pan- med, kuph, cadic & samech, theus, Prêtre Vénitien, en a qui signifient dans la Vaor- fait un Traité, que l'on trouve chadumie la même chose que dans le second volume du zain, nun, mem & iod. Théatre Chymique. Il dit La troisiéme définition est

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telle. La Voarchadumie est matiere au noir; parce qu'il un Art de veine d'or, qui n'est pas plus possible de fournit une substance pleine réussir dans le magistere, si d'une vertu métallique ex- l'on ne fait d'abord passer la tractive. Cet Art explique matiere par la noirceur, ou aussi quelle est la forme fixe si, comme dit Raymond intrinseque, & la couleur Lulle, on ne la renvoye jaune naturelle de l'or, ses dans son pays natal, qui est parties hétérogênes, com- l'Egypte, qu'il seroit possi- bustibles, volatiles, que l'Art ble de traverser les mers avec peut conduire à la perfection. un vaisseau qui n'auroit point Il définit ensuite la matiere de voiles. de cet oeuvre, une substance VOLANS. Argent-vif. pesante, corporelle, fixe, VOLATIL. Qui vole, fusible, ductible, teinte, ra- qui s'éleve en haut, qui se réfiée & cachée de l'argent- sublime au haut du vase dans vif ou mercure & d'un soufre la distillation, ou qui s'éva- incombustible métallique, pore par l'action du feu com- réduite & transmuée en vrai mun, ou du feu inné dans la or au moyen de la cémenta- matiere, cause de la fermen- tion. tation. On dit volatil par Notre Auteur dérive le comparaison avec les oi- terme Voarchadumia des seaux. langues chaldéenne & hé- Les Philosophes appellent braïque, & le compose de en général volatil leur mer- Voarch, mot chaldéen qui cure ou eau mercurielle au en françois signifie Or, & commencement de l'oeuvre, de Mea à adumot, mots hé- par comparaison à la vola- braïques qui veulent dire de tilité du mercure vulgaire. deux choses rouges; c'est-à- Cette volatilité leur a donné dire, de deux cémentations lieu de nommer ce mercure parfaites. de tous les noms des choses VOILES, ou Voiles du volatiles, tels que ceux d'Ai- vaisseau de Jason. La Fable gle, de Vautour, de Dragon dit que ces voiles étoient noi- volant, d'Air, d'Eau, & res; & comme on explique d'une infinité d'autres noms communément cette fable qu'on trouve répandus dans des opérations du grand oeu- ce Dictionnaire, particulie- vre, les Philosophes ont don- rement dans l'article Ma- né le nom de Voile à leur tiere. L l iij

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VOLATILES. Les vola- parce qu'alors elle est en pu- tiles nous apportent la ma- tréfaction, que la putréfac- tiere de la pierre. Ces ex- tion développe & sépare le pressions des Philosophes ont bon du mauvais, qu'elle ma- trompé bien des Chymistes, nifeste ce qui étoit caché, & qui prenant les termes à la enfin parce que la Fable dit lettre, ont cru que volatile que Saturne vomit la pierre signifioit oiseau; mais les qu'il avoit dévorée au lieu Adeptes ne parlent que par de Jupiter, & que dans l'o- similitudes, & donnent le pération du magistere le noir nom de volatiles aux navires est le plomb, ou le Saturne qui nous apportent l'or des des Philosophes, auquel suc- Indes. Michel Majer l'expli- céde le gris blanchâtre qu'ils que dans ce sens-là au liv. 6. appellent Jupiter. des Symboles de sa Table VOYAGEUR. Mercure d'Or, page 270. La vraie des Philosophes, ainsi nom- Pantaure, dit-il, contient la mé de ce que la Fable dit vertu séminale de l'or, qui que Mercure étoit le Messa- est le pere de l'oeuvre, & le ger des Dieux. vrai or philosophique. Celui Les Voyages d'Osiris, de qui cherche cette pierre n'a Bacchus, de Néoptoleme que faire d'aller dans les In- sont des symboles de l'oeu- des pour la chercher dans les vre Hermétique. Voyez les creux des montagnes, les vo- articles de ces Divinités, & latiles nous l'apportent de les Fables Egypt. & Grecq, ce pays-là, non les petits oi- dévoilées. seaux, mais les plus grands, URANUS. V. Célus, & même les vaisseaux à qui Ciel. les voiles servent d'ailes. URINA TAXI. Eau de VOLATILISATION. tartre, ou tartre dissout. V. Sublimation. URINA VINI. Vinai- VOLATILISER. Ren- gre. dre une chose volatile de fixe URINAL. (Sc. Herm.) qu'elle étoit. Tout l'Art con- Fourneau secret des Philo- siste à volatiliser le fixe, & à sophes, que Flamel dit qu'il fixer le volatil. n'auroit jamais pû trouver si VOLONTE'. Soufre des Abraham Juif ne l'eût peint Sages, ou leur or vif. avec son feu proportionné, VOMISSEMENT. Ma- dans lequel consiste une tiere des Philosophes au noir, grande partie du secret.

UR UR VU 535

URINALIS HERBA. Urine est aussi une me- Linaire. sure des Anciens. Elle con- URINE DU PE'RI- tenoit quarante livres de vin, CARDE. Eau renfermée ou trente-cinq livres d'huile. dans le péricarde. URITUR. Cinnabre. Urine DES JEUNES Rullandus. COLE'RIQUES. Mercure USFIDA. Scories d'or. des Philosophes, selon Ar- USIFER. \ téphius. USIFUR. / Soufre. Urine ou Urine D'EN-+ USRUB. Plomb, Sa- FANS. Un grand nombre de turne. Chymistes pensant que l'u- WAMAS. Vinaigre des rine humaine étoit la vraie Philosophes. matiere dont les Adeptes VULCAIN, fils de Ju- font leur mercure, ont tra- piter & de Junon, eut à vaillé chymiquement l'urine, peine vû le jour que son pere & l'ont fait passer par toutes le jetta du ciel en terre, par- les opérations de l'Art. C'est ce qu'il le trouva trop laid de-là que nous sont venus & trop difforme. Il tomba l'invention du sel armoniac dans la mer, ou Thetis aux artificiel, l'esprit volatil d'u- pieds d'argent, fille du vieil- rine, & le phosphore uri- lard Nérée, le reçut, & con- neux. Raymond Lulle n'a fia son éducation à ses soeurs. pas peu contribué à cette (Homere.) Vulcain devenu erreur, par la recepte d'une grand, fit son séjour dans opération sur l'urine inférée l'isle de Lemnos. Il épousa dans ses receptes secrettes, Vénus, ou une des Graces. de même que Géber & plu- Ciceron compte plusieurs sieurs autres Philosophes qui Vulcains. Le premier étoit, ont souvent parlé d'urine & dit-il, fils du Ciel: le se- d'urine d'enfans, quand ils cond du Nil; les Egyptiens ont traité de leur matiere. qui le regardoient comme Mais Philalethe a fixé l'idée un de leurs grands Dieux, qu'on devoit appliquer à ces le premier d'entr'eux, & expressions, lorsqu'il dit leur Dieu tutelaire, le nom- qu'elles ne signifient autre moient Opas: le troisiéme chose que leur magistere par- étoit fils de Jupiter & de Ju- fait au blanc, comme on non, ou de Junon seule, se- peut le voir dans son Traité lon Hésiode: le quatriéme de Vera confectione Lapidis étoit fils de Ménalius. Philosophici. L l iv

536 VU UV ZU

Les Grecs regardoient temple superbe, & une statue Vulcain comme le Dieu des colossale haute de soixante- Forgerons, & Forgeron lui- quinze pieds. Les Rois d'E- même. C'est l'idée qu'en gypte furent pris pendant donne Diodore de Sicile, long-tems du nombre des lorsqu'il dit que ce Dieu est Prêtres qui desservoient ce le premier Auteur des ou- temple. Le boeuf Apis y vrages de fer, d'airain & étoit nourri avec beaucoup d'or, en un mot, de toutes de soins. Voy. Apis. Le lion les matieres fusibles. lui étoit consacré. Tous les ouvrages de ce Il n'est pas surprenant Dieu étoient des chefs-d'oeu- qu'on ait regardé Vulcain vre, tels que le palais du So- comme le Dieu de ceux qui leil, la chaise d'or à ressort travaillent aux métaux, puis- qu'il envoya à Junon pour se qu'il est le feu même qui les venger d'elle, & dans la- forme dans les entrailles de quelle cette Déesse se trouva la terre. Les chefs-d'oeuvre prise comme dans un trébu- qu'on lui attribue sont des chet, la ceinture de Vénus, ouvrages purement fabuleux la chaîne imperceptible dans qui indiquent les qualités de laquelle il arrêta cette Déesse ce Dieu, & la façon même dans le tems qu'elle étoit de le représenter avec un avec Mars, le collier d'Her- bonnet bleu est assez remar- mione, les armes d'Achille quable. Ne seroit-ce pas pour & celles d'Enée, la couronne la même raison qu'on don- d'Ariadne, le fameux chien noit à Neptune une espece d'airain que Jupiter donna à de manteau bleu. Vulcain Europe; Pandore, cette fem- est le feu des Philosophes me qui a tant causé de maux Hermétiques, c'est pourquoi à la terre; les cymbales d'ai- Hermès & les Egyptiens l'a- rain dont il fit présent à Mi- voient en si grande vénéra- nerve, qui les donna à Her- tion. Voyez l'explication des cule pour chasser les oiseaux fables inventées à son sujet, du lac Stymphale; enfin sa dans les Fables Egypt. & propre maison d'airain. Gr. dévoilées, liv. 1. sect. 3. Les Egyptiens sont ceux ch. 1. & liv. 3. ch. 11. qui ont honoré ce Dieu avec UVULCARIA. Laurier plus de sentimens de gran- d'Alexandrie. deur & de magnificence. Ils UZIFUR. Cinnabre; lui éleverent à Memphis un Pierre rouge des Sages.

UZ XA XY YA 537

UZURUP. Saturne, Bois de l'arbre qui porte le plomb. baume. XYLOCASSIA. Bois de

X. canelle. X On trouve l'X dans

quelques Auteurs pour Y. désigner une once. Y ALOS. Verre. XANTHE, fleuve de la YARIA ou JARIA. Troade, autrement appellé Vert-de-gris. Scamandre. Les Anciens di- YARIM. Vert-de-gris. soient que l'eau de ce fleuve YCAR. Médecine philo- avoit la propriété de donner sophique. la couleur d'or à la toison des YDENS. Mercure. brebis qui en buvoient. YDRICIUM. Argent- XENECHDON. Para- vif. celse a donné ce nom à un YDROCEUM. Mercure préservatif contre la peste, des Sages. qu'il composoit d'arsenic, de YELDIE. Matiere de dictam, de crapauds & de l'oeuvre Hermétique. Ce ter- plusieurs simples. On le por- me signifie aussi quelquefois te en amulette. Rullandus. le mercure. XENEXTON. Voyez YELION. Verre. Xenechdon. YERCIA. Poix noire, XEROMIRUM. On- ou la matiere de l'oeuvre en guent dessicatif. putréfaction. XIPHIDIUM. Glayeul. YESIR. Terre des Sages. XIPHIUM. Glayeul. Prenez garde de mettre trop XIR. Matiere de l'oeu- de mercure sur la terre, lors- vre au noir, ou en putré- que vous l'imbiberez: faites faction. ensorte qu'elle en soit seule- XISSIUM. Vinaigre. ment couverte, & ne faites XISTAN. Vert-de-gris pas surnager le mercure de en poudre. deux ou trois doigts, comme XOLOCH COPALLI. disent quelques-uns, parce Gomme copal. que la terre seroit inondée & XYLAGIUM. Bois submergée; mais lorsqu'Ye- saint. sir sera simplement imbibé, XYLOALOES. Bois mettez-le dans votre vase, d'aloës. que vous scellerez herméti- XYLOBALSAMUM. quement. Cl. Buccinae.

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YEUX. La Fable dit leur blanche, que les Philo- qu'Argus avoit cent yeux sophes appellent leur argent. & que Junon les transporta YLE'. Voyez Hylé. sur la queue du paon, après YLIASTRIQUE. Voy. que Mercure eut tué Argus Cagastrum. par ordre de Jupiter, qui YLIASTRUM. Pre- vouloit se défaire de ce gar- miere matiere de laquelle le dien importun, que Junon soufre, le sel & le mercure avoit donné à Io. Ces yeux des Sages ont été faits. de la queue de paon sont les YN, \ couleurs de l'Iris qui se ma- YOMO, > Vert-de-gris. nifestent sur la matiere de YOS. / l'oeuvre pendant le cours des YRIDIS. Orpiment. opérations. V. Argus. YRIS. Fer, Mars. YEUX DE POISSON. Les YSIR. Pierre des Sages, Philosophes comparent aux & le mercure duquel on la yeux de poisson certaines es- fait. peces de bulles sulfureuses Z. qui s'élevent au-dessus de la matiere de l'oeuvre; ce qui Z signifioit autrefois une les a engagés à dire qu'il fal- demi-once; mais quel- lait tendre des filets, & pê- ques-uns l'employoient aussi cher le poisson Echéneis qui pour un gros. nage dans la mer philoso- ZAAPH. Pierre des Phi- phique. Quelques Adeptes losophes, ou leur soufre par- ont dit que la matiere res- venu au rouge. Il est ainsi sembloit alors à du bouillon nommé à cause de sa qualité gras, sur lequel surnagent des chaude & séche. étoiles de graisse: ils ont en ZADDAH. Antimoine. conséquence nommé la ma- ZAFARAM. Limaille de tiere en cet état Brodium sa- fer brûlée dans un vase de ginatum. cuivre. YFIR. Mercure des Phi- ZAFFRAM. Ocre, losophes réduit en poudre terre minérale qui participe impalpable, comme les ato- du fer. mes qui voltigent aux rayons ZAHAU. Magistere au du soleil. rouge. YGROPISSOS. Bitume. ZAIBAC. Mercure. YHARIT. Matiere de ZAIBAR. Argent-vif. l'oeuvre parvenue à la cou- Paracelse.

ZA ZE ZE 539

ZAIDIR. Vénus, & son ZEGI. Vitriol. vert-de-gris. ZEHERECH ALC- ZAMBAC. Jasmin. KAS. Vert-de-gris. ZANCRES. Orpiment. ZEIDA. Mercure. ZANDARITH. Moyen- ZELOTUM. Pierre mer- ne substance qui participe du curielle. corps & de l'esprit, c'est-à- ZELUS, fils de Pallas & dire, du volatil & du fixe, de Styx, fut retenu par Ju- Artéphius l'explique du ma- piter, en récompense de ce gistere au blanc, & dit que que sa mere avoit secouru c'est la même chose que Cor- Jupiter contre les Géans. Ce sufle & Cambar. Dieu rendit aussi de grands ZARAS. Or. honneurs à cette Déesse, la ZARCA. Jupiter, étain. combla de présens, & vou- ZARFA. Etain. lut que son nom fût employé ZARFRAHOR. Mercu- dans le serment inviolable re des Philosophes. des Dieux. ZARNE. Orpiment des ZEMASARUM. Cinna- Sages. bre. ZARNEC ou ZAR- ZEMECH. Pierre Lazul. NECK. Soufre des Philo- ZEN GIFUER. Cin- sophes. nabre. ZARNIC. Orpiment. ZENIC. Mercure des ZARSRABAR. Argent- Philosophes. vif. ZE'PHIRE. Vent enfant ZATANEA. Fleurs des Dieux. C'est la pierre d'Agnus-castus. au blanc. ZAUCRE. Orpiment. ZERACHAR. Mercure. ZAUHIRON. Safran ZERCI. Vitriol. oriental. ZERICUM. Arsenic. ZAZAR. Sucre. ZERIFARI. Petit-lait. ZEBD. Beurre. ZERNA. Mousse. ZEBED. Excrement hu- ZERNIC. Orpiment des main. Philosophes. ZEBLICIUM. Pierre ZEROBILEM. Zo- Serpentine. diaque. ZEC. Gomme Adra- ZERUMBETH. Behen. gant. ZETE'S, fils d Antiope ZECO. Tragacanthe. & de Jupiter, & frere d'Am- ZEFR. Poix. phion. Voyez Amphion.

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ZETHES ou ZETHUS, se sont imaginés qu'il falloit fils de Borée & frere de Ca- réduire le zink en fleurs, puis laïs, fut un des Argonautes, en sel & en eau ardente, & & travailla avec son frere à le fixer avec le nitre. La Chy- délivrer Phinée des Harpyes mie a fait de très belles cho- qui le tourmentoient sans re- ses avec le zink. lâche. Voyez les Fables dé- ZIPAR. Rhubarbe. voilées, liv. 2. ch. 1. ZIT. Soufre rouge des ZIBACH. Magistere au Philosophes. blanc. ZITUM. Bierre. ZIBUTUM. Mercure. ZIVA. Pierre des Sages ZIMAR. Vert-de-gris. au blanc. ZIMAX. Vitriol verd ZIZIPHA ou ZIZY- d'Arabie duquel on fait l'ai- PHA. Jujube. rain. Planiscampi. ZIZIPHUS ou ZIZY- ZIMEN. Vitriol. PHUS. Jujube. ZINCH. Voyez Zink. ZODIAQUE. Cercle ZINGAR. Vert-de-gris. imaginé dans le Ciel, & ZINGIFUR. Cinnabre. qu'on suppose posé de biais ZINIAR. Vert-de-gris. entre les deux parties du ZINIAT. Levain, fer- monde. Il est coupé à angles ment. obliques de vingt-trois de- ZINK. Minéral métalli- grés & demi par l'Equateur que, ou mêlange de plusieurs au commencement des si- métaux non mûrs, au nom- gnes du Bélier & de la Ba- bre de quatre, mais qui ont lance. Le Zodiaque partage l'apparence de cuivre. Pla- le Monde obliquement à l'é- niscampi. Le zink vulgaire gard de l'Equateur, en deux est une espece d'antimoine parties égales, dont l'une est blanc, qui blanchit l'étain & appellée septentrionale, dans jaunit le cuivre rouge. C'est laquelle sont les signes sep- avec lui qu'on fait le similor. tentrionaux; on nomme l'au- Quelques-uns le font avec la tre partie méridionale, & tuthie. Plusieurs Chymistes elle contient les signes mé- ont travaillé sur le zink, par- ridionaux. ce qu'ils ont cru qu'il étoit la L'obliquité du Zodiaque matiere du grand oeuvre. La & le cours biaisant du Soleil Chymie dévoilée de Delo- contribuent à produire la di- que & les ouvrages de Res- verse température des sai- pour en sont une preuve. Ils sons. Ils servent à la généra-

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tion des choses vivantes en tentrionaux, & les six der- montant vers notre Zénith, niers méridionaux. On ap- & à la corruption en descen- pelle encore les six premiers dant vers le Nadir. ascendans, parce que le So- On divise ordinairement leil depuis le premier degré le Zodiaque en douze parties du Capricorne jusqu'à la fin égales qu'on appelle Signes, des Gemeaux, monte & dont la suite se compte d'oc- s'approche de notre Zénith, cident en orient, en com- ou point central; & les six mençant par le point où le autres descendans, parce que Soleil avançant de son mou- le Soleil en y passant, s'éloi- vement propre, passe de la gne de notre Zénith. partie méridionale du globe Les Astrologues disent que à la partie septentrionale. lorsqu'une planéte se trouve C'est le premier degré du dans certains de ces signes, premier signe du printems elle a plus de vertu, que ses appellé Aries ou le Bélier. influences sont plus effica- Ces douze signes occupent ces, & ce signe est appellé les douze mois de l'année, exaltation; le signe opposé & le Soleil entre tous les se nomme déjection ou chute, mois dans un de ces signes, comme si la planéte y per- dont les noms sont le Bélier doit quelque chose de sa ver- ou Aries, le Taureau ou tu. Ainsi lorsque le Soleil se Taurus, les Gemeaux ou trouve dans le Bélier, il est Gemini, l'Ecrevisse ou Can- dans son exaltation, & la cer, le Lion ou Leo, la Vier- Balance est sa déjection. Le ge ou Virgo, la Balance ou Taureau est l'exaltation de Bilance, le Scorpion ou Scor- la Lune, & le Scorpion sa pius, le Sagittaire ou Sagit- chute. Le Lion est l'exalta- tarius, le Capricorne ou Ca- tion de Mercure, & le Ver- pricornus, le Verseau ou seau sa déjection: la Vierge Aquarius. est aussi l'exaltation de Mer- Les trois premiers occu- cure & les Poissons sa chute; pent les trois mois du prin- parce qu'excepté le Soleil & tems, les trois suivans ceux la Lune, chaque planéte a de l'été, la Balance, le Scor- deux signes d'exaltation & pion & le Sagittaire se trou- deux de déjection, comme vent dans l'automne, & les elles ont aussi deux maisons. trois derniers dans l'hiver. La maison propre du So- Les six premiers sont sep- leil est le Lion, celle de la

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Lune est l'Ecrevisse. Celles pricorne & les Poissons. de Mercure sont les Ge- Les Egyptiens qui avoient meaux & la Vierge: le Ca- observé les Astres & mesuré pricorne & le Verseau sont leur cours, partagerent l'an- celles de Saturne, dont la née en mois & en saisons, la Balance & le Scorpion sont réglant sur le cours du So- l'exaltation, & le Bélier & leil, & les mois sur celui de le Taureau la chute. Jupiter la Lune, & diviserent le Ciel a pour maisons les Poissons en douze parties, à chacune & le Sagittaire, pour exal- desquelles ils donnerent le tation l'Ecrevisse, & pour nom d'un animal. Lucien déjection le Capricorne. Les (Traité le l'Astrologie judi- maisons de Mars sont le Scor- ciaire) ajoute que les Egyp- pion & le Bélier, son exal- tiens révéroient le boeuf Apis tation est le Capricorne, & en mémoire du Taureau cé- sa chute l'Ecrevisse. Vénus leste, & que dans l'Oracle a pour maison le Taureau & qui lui étoit consacré, on ti- la Balance, pour exaltation roit les prédictions de la na- le Verseau & les Poissons, ture de ce signe, comme les & pour déjection le Lion & Africains de celle du Bélier, la Vierge. en mémoire de Jupiter Am- Ces signes ont aussi des mon qu'ils adoroient sous qualités relatives à celles des cette figure. élémens. Trois sont ignés ou Les Egyptiens crurent donc chauds, sçavoir le Bélier, le reconnoître quelques quali- Lion & le Sagittaire; trois tés semblables, quelqu'ana- aériens, les Gemeaux, la logie dans ces signes & les Balance & le Verseau; trois animaux qui les représen- aqueux, le Cancer, le Scor- toient; c'étoit sans doute ce pion & les Poissons; trois qui leur avoit aussi donné terrestres, le Taureau, la lieu d'inventer la fable de la Vierge & le Capricorne. métamorphose des Dieux en On en compte aussi six animaux, pour éviter de masculins & diurnes, qui tomber entre les mains de sont le Bélier, les Gemeaux, Typhon. le Lion, la Balance, le Sa- gittaire & le Verseau; & six .. Duxque gregis fit Jupiter, féminins nocturnes, sçavoir unde, recurvis le Taureau, l'Ecrevisse, la Nunc quoque formatur Libys Vierge, le Scorpion, le Ca- & cum Cornibus Ammon.

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Diane avoit pris la figure tes ces observations, & s'y d'une chatte, Fele soror Phoe- sont conformés dans leurs bi; Bacchus celle d'un bouc, raisonnemens sur les sept pla- Proles Semeleia capro; Ju- nétes terrestres, ou les sept non celle d'une vache blan- métaux. Ils les ont comparés che, Niveâ Saturnia vaccâ; aux planétes célestes, & leur Mercure se cacha sous celle ont supposé un cours qui for- de l'ibis, Cyllenius ibidis me l'année philosophique. alis; Vénus sous celle d'un Paracelse dit qu'il faut faire poisson, Pisce Venus latuit; parcourir à Saturne toutes les ou, comme dit Manilius, spheres des autres. Basile Va- (Astr. l. 4.) Inseruitque suos lentin dit dans la 6e Clef: squammosis piscibus ignes. ” Remarques qu'il faut que Ces qualités chaudes, froi- ” tu souleve la Balance cé- des, aqueuses ou séches fu- ” leste, & que tu mette dans rent donc les raisons qui en- ” le côté gauche le Bélier, le gagerent les Egyptiens à ” Taureau, l'Ecrevisse, le donner aux planétes & aux ” Scorpion & le Capricorne, signes du Zodiaque des noms ” & dans le côté droit les d'animaux, & appellerent ” Gemeaux, le Sagittaire, le ces constellations maisons ou ” Verseau, les Poissons & la lieux dans lesquels les plané- ” Vierge; fais que le Lion tes faisoient leur séjour passa- ” porte-or se jette dans le ger pendant leur cours. ” sein de la Vierge, & que Quand Hermès ou ses Dis- ” ce côté-là de la Balance ciples eurent observé la mê- ” pese plus que l'autre. En- me analogie entre les plané- ” fin que les douze signes du tes & les signes, ou du moins ” Lion Zodiaque faisant leurs qu'ils eurent imaginé les mê- ” constellations avec les sept mes qualités dans Vénus & ” Gouverneurs de l'Univers, le Taureau, par exemple, ” se regardent tous de bon ils assignerent le Taureau ” oeil, & qu'après que toutes pour maison à Vénus, Aries ” les couleurs seront passées, pour celle de Mars, Gemini ” la vraie conjonction se fasse, pour celle de Mercure, le ” & le mariage, afin que le Lion pour celle du Soleil, le ” plus haut soit rendu le plus Cancer pour celle de la Lu- ” bas, & le plus bas le plus ne, & ainsi des autres. ” haut. ” Les Philosophes Disciples Plusieurs Chymistes Her- d'Hermès ont eu égard à tou- métiques ont dit qu'il falloit

544 ZO ZO commencer l'oeuvre au prin- plus haut, ensuite Jupiter en tems, par le cours du Soleil descendant, puis Mars, le dans les signes du Bélier, du Soleil, Mercure, Vénus & Taureau & de Gemini; d'au- la Lune. ” Afin que vous tres en hiver, par le Capri- ” puissiez mieux concevoir corne, le Verseau & les Pois- ” comment les métaux s'al- sons. C'est que les uns en ” lient & donnent leur se- s'exprimant ainsi, ont eu ” mence, observez le Ciel égard à la matiere qu'il faut ” & les spheres des plané- prendre pour faire l'oeuvre, ” tes, dit le Cosmopolite, & les autres aux premieres ” (Tract. 9. ). Voyez que opérations. Le Cosmopolite ” Saturne est le plus élevé, dit que leur mercure se tire ” Jupiter lui succéde, puis du ventre d'Aries, au moyen ” Mars, ensuite le Soleil, de leur acier, que dans un ” Venus, Mercure & la Lu- autre endroit il appelle ai- ” ne. Considerez que les ver- mant; & ajoute qu'il y a un ” tus des planétes ne mon- second acier semblable au ” tent pas, mais descendent; premier, créé par la Nature ” & l'expérience nous ap- même: celui qui sçaura l'ex- ” prend que de Vénus on ne traire des rayons du Soleil ” fait pas Mars, mais bien de & de la Lune, trouvera ce ” Mars Vénus, parce que que tant de gens cherchent. ” celle-ci a sa sphere plus Un de leurs hiéroglyphes ” basse. De même on change représente Atlas portant sur ” aisément Jupiter en Mer- ses épaules la sphere du Mon- ” cure, parce que Jupiter est de, sur laquelle est marquée ” le second en descendant une partie du Zodiaque, qui ” du Ciel, & Mercure le se- renferme les six signes dont ” cond en montant de la j'ai parlé plus haut, & la fi- ” Terre; Saturne est le plus gure du Soleil entre les signes ” haut, & la Lune la plus des Poissons & du Bélier, & ” basse. Le Soleil se trouvant la Lune s'y trouve placée ” au milieu, se mêle avec entre le Verseau & les Pois- ” toutes les autres planétes, sons. Le Cosmopolite de ” mais il ne sçauroit jamais concert avec les autres Phi- ” être perfectionné par les losophes & les Astrologues ” intérieures. Sçachez donc placent les planétes diffé- ” qu'il y a une grande cor- remment des Astronomes. ” respondance entre Saturne Ceux-ci mettent Saturne le ” & la Lune, au milieu des- ” quels

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” quels le Soleil se trouve tiere pendant le cours des ” placé; qu'il y a aussi beau- opérations. L'aërienne mar- ” coup d'analogie entre Ju- que la volatilisation, l'hu- ” piter & Mercure, de même mide ou aqueuse la dissolu- ” qu'entre Mars & Vénus, tion, la terrestre & l'ignée la ” parce que le Soleil se trouve fixation. La dissolution & la ” aussi entre ces planétes. ” putréfaction de leur or est L'Anonyme qui a joint leur hiver; pendant ce tems une figure hiéroglyphique à là leur Soleil cueilli au prin- la Table d'Emeraude d'Her- tems, parcourt les signes du mès, a placé les planétes un Capricorne, du Verseau & peu différemment; il n'a pas des Poissons. De-là il passe eu en vûe de présenter leur dans les autres signes en ré- cours, mais seulement leur trogradant toujours, dans position rélative. Il a mis au chaque saison, de maniere haut & sur la même ligne le qu'a la fin il se trouve dans Soleil & la Lune; au-dessous le lieu de son exaltation d'où du Soleil, Mars & Saturne; il étoit parti, & puis dans sa de l'autre côté sous la Lune, propre maison, qui est le Vénus & puis Jupiter, & Lion porte-or, comme l'a Mercure au milieu de toutes. dit Basile Valentin. C'est la On voit par ce que nous raison pour laquelle cet Au- avons dit jusqu'ici que le Zo- teur a dit qu'il falloit le met- diaque des Philosophes n'est tre dans la Balance, & le pas le même que le Zodia- jetter dans le sein de la Vier- que céleste, quoique le pre- ge, faisant ensorte que ce mier ait un grand rapport côté de la Balance pese plus par ses qualités avec le se- que l'autre, c'est-à-dire, que cond. Les signes des Philo- le fixe l'emporte sur le vo- sophes sont les opérations de latil. Tous les signes aëriens l'oeuvre qu'il faut parcourir & aqueux sont volatils, & pour parvenir à leur autom- les chauds de même que les ne, derniere saison de leur terrestres sont fixes. L'air des année, parce qu'elle est celle Philosophes est caché dans où ils recueillent les fruits de leur eau, & leur feu dans leurs travaux. Voyez Sai- leur terre. Celui qui veut sons. Ces qualités aërien- étudier la Philosophie Her- nes, aqueuses, chaudes & métique, doit donc faire l'ob- terrestres sont les états diffé- jet de ses méditations du Zo- rens où se trouve leur ma- diaque des Philosophes, ob- M m

546 ZO ZO ZU server bien sérieusement les ZORABA. Vitriol. qualités rélatives de leurs ZORUMBETH ou ZE- planétes & de leurs signes; RUBETH, est une espece voir en quoi ils différent, & de Zédoaire qui a la racine en quoi ils se ressemblent, ronde. pourquoi l'une trouve son ZOTICON. Magistere exaltation dans un signe qui des Philosophes poussé au sert de maison à l'autre, & blanc parfait. d'où cela peut provenir; ZUB ou ZUBD. Beurre. pourquoi on a placé une pla- ZUCCAIAR ou ZUC- néte dans un signe plutôt CAR. Fleurs d'Agnus- que dans un autre, & enfin castus. quel rapport ont ces signes ZUMEC. Soufre des avec les saisons philosophi- Philosophes au rouge. ques, & la correspondance ZUMELAZULI. Magis- des planétes rélativement à tere parvenu à la rougeur leur position, tant dans les de pavôt. signes du Zodiaque, que dans ZUNZIFAR. Cinnabre. le Ciel dont parle le Cosmo- ZUNITER ou ZITTER polite. & ZUVITER. Marcassite. ZOPISSA. Poix, ZYMAR, Vert-de-gris.

FIN.

------P R I V I L E G E D U R O I.

OUIS, par la grace de Dieu, Roi de France, & L de Navarre: A nos amés, & féaux Conseillers les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Re- quêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Conseil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenants Civils, & autres nos Justiciers qu'il appartiendra; SALUT. Notre amé le Sieur Jean-Baptiste-Claude BAUCHE, Libraire à Paris, nous a fait exposer qu'il desireroit faire imprimer, & donner au Public des Ouvrages qui ont pour titre: Caroli altionis enumeratio Methodica stirpium Littoris & agri Niceaensis; Fables Egyptiennes & Grecques, & le DIC- TIONNAIRE MYTHO-HERME'TIQUE, par Dom PER- NETY; la Topographie de l'Univers ,par l'Abbé Expilly; s'il nous plaisoit lui accorder nos Lettres de privilége pour ce nécessaires: A CES CAUSES, voulant favorablement traiter l'Exposant, Nous lui avons permis & permet- tons par ces Présentes de faire imprimer lesdits Ouvrages autant de fois que bon lui semblera, & de les vendre & faire vendre & débiter par tout notre Royaume pen- dant le tems de six années consécutives, à compter du jour de la date des Présentes. Faisons défense à tous imprimeurs, Libraires, & autres personnes de quelque qualité & condition qu'elles soient, d'en introduire d'im- pression étrangére dans aucun lieu de notre obéissance; comme aussi d'imprimer ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire lesdits Ouvrages, ni d'en faire aucun extrait sous quelque prétexte que ce soit, d'aug- mentation, correction, changement, ou autres, sans la permission expresse & par écrit dudit Exposant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confiscation des Exemplaires contrefaits, de 3000 liv. d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris, & l'autre tiers audit Exposant, ou à celui qui aura droit de lui, & de tous dépens, dom- mages & interêts; à la charge que ces Présentes seront enrégistrées tout au long sur le Régistre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris dans trois mois de la

date d'icelles, que l'impression desdits Ouvrages sera faite dans notre Royaume, & non ailleurs, en bon papier, & beaux caractéres, conformément à la feuille imprimée, attachée pour modéle sous le Contre-scel des Présentes, que l'Impétrant se conformera en tout aux Réglemens de la Librairie, & notamment à celui du 10 Avril 1725. qu'a- vant de les exposer en vente les Manuscrits qui auront servi de Copie à l'impression desdits Ouvrages, seront remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, Chancelier de Fran- ce le Sieur de Lamoignon, & qu'il en sera ensuite remis deux Exemplaires de chacun dans notre Bibliothéque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle de notre très-cher & féal Chevalier, Chan- celier de France le Sr de Lamoignon; le tout à peine de nullité des Présentes; du contenu desquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Exposant, & ses ayans causes, pleinement & paisiblement, sans souffrir qu'il leur soit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la Copie des Présentes qui fera imprimée tout au long au commencement, ou à la fin dudit Ouvrage, soit tenue pour dûement signifiée, & qu'aux Copies collationnées par l'un de nos amés & feaux Conseillers-Secrétaires, foi soit ajoutée comme à l'Original; commandons au pre- mier notre Huissier ou Sergent sur ce requis, de faire pour l'exécution d'icelles tous actes requis & nécessaires, sans demander autre permission, & nonobstant clameur de Haro, charte Normande, & Lettres à ce contraires. CAR tel est notre plaisir. DONNE' à Versailles le 24 jour du mois d'Octobre, l'an de grace 1757. & de notre Régne le quarante-troisiéme. Par le Roi en son Conseil. LE BEGUE.

Registré sur le Registre 14e. de la Chambre Royale des libraires & Imprimeurs de Paris, No. 244. fol. 218. conformement aux anciens Réglemens confirmés par celui du 28 Février 1723. A Paris le 27 Octobre 1757. P. G. LE MERCIER, Syndic.