Jacques Augendre

CALMANN-LÉVY 6 Table

Avant-propos 9 Mort d'un géant 16 L'effet Coppi 38 Le grand initié 52 Le passeur 76 L'homme aux deux visages 98 Une rivalité exemplaire ...... 120 Le dernier acte ...... 140

Avant-propos

austo Coppi fut-il le plus grand champion cycliste de tous les temps? La question, souvent posée, reste sans F réponse. Uabsence de dénominateur commun interdit, en effet, de le comparer selon des critères objectifs à ou à , qu'on lui oppose généralement. On peut affirmer, en revanche, qu'il fut le grand initié, puis l'initiateur moderne d'un sport aux multiples facettes, à la fois noble et populaire, rigoureux et impitoyable : l'illustration même de la vie. Or, l'existence de Coppi constitue un drame, dans lequel la gloire se confond avec le malheur. Le héros de cette épopée tragique était sans doute un être prédestiné. À vingt-cinq ans, il aurait dû périr dans un accident et fut sauvé par miracle. À quarante ans, il aurait dû survivre à sa carrière sportive et mourut, victime d'une terrifiante fatalité. Il n'aura vécu, en somme, que le temps d'accomplir son œuvre et il a payé cash sa condition de super-champion. Le Campionissimo, dont l'influence déborda largement le cadre du cyclisme, incarne une certaine forme de renais- sance italienne. Son pays, traumatisé par une guerre perdue, lui doit les premières joies, les premiers enthousiasmes de la paix et des victoires retrouvées. Cette idole des foules, qui sut rendre la foi à ses compatriotes, était aussi un humaniste. Près de quarante ans après sa disparition, son image demeure. Elle n'a souffert ni de l'érosion de la mémoire ni de l'évolution des performances, encore moins d'un quelconque révisionnisme. C'est à cette image vraie que nous nous attachons en évoquant le phénomène Coppi.

Jacques Anquetil (vingt ans) à la hauteur de Coppi (champion du monde) dans -Nice 1954 : tout un symbole. vainqueur de Milan-San Remo, Fausto Coppi est fêté en héros national.

La solitude très entourée du grimpeur de fond. Giro 1952.

Le Campionissimo renseigné par Alfredo Binda au cours d'une longue échappée, pendant le Tour 1952. MORT D'UN GÉANT

a mort l'a voulu intact. » vaient imaginer les conséquences de cet Sous ce titre, , intermède nocturne. L directeur de L'Équipe, signe, le De retour en Italie, à Novi-Ligure, Coppi 3 janvier 1960, un éditorial d'anthologie qui s'alita. Il téléphona à Geminiani pour se termine par cette sentence d'un cruel réa- prendre de ses nouvelles. lisme : « Fausto Coppi ne courra plus. » « Ça ne va pas fort, dit Gem. Je dois avoir Fausto Coppi, le Campionissimo, s'est la grippe. éteint, la veille, à Tortona. Il a succombé sur - Je suis grippé, moi aussi », répondit un lit d'hôpital, terrassé par la malaria, trahi Fausto. par un mauvais diagnostic et vaincu par la Les deux amis se souhaitèrent néanmoins malédiction. un joyeux Noël. Ils ne devaient plus se Trois semaines plus tôt, il traquait le gros revoir. gibier dans la brousse africaine, en compa- Vers la fin du mois de décembre, l'état de gnie de Raphaël Geminiani, Roger Rivière, Fausto Coppi s'aggrava. Appelé à son chevet, Roger Hassenforder, Henry Anglade et le docteur Allegri diagnostiqua une forte , qui venait de remporter le grippe. Pronostic confirmé, deux jours plus Critérium de Ouagadougou. Armé... d'une tard, par le professeur Astaldi. Le traitement, caméra, Anglade, qui filma les séquences les prescrit à la hâte, se révéla inefficace. Le plus pittoresques de ce safari peu ordinaire, 1" janvier, le malade fut transporté à l'hôpital possède les dernières images du champion de Tortona. Nouveau diagnostic erroné, italien vivant. Coppi et Geminiani, les invi- d'une dramatique inconscience : broncho- tés d'honneur de la mémorable tournée pneumonie compliquée d'une intoxication. cycliste organisée en Haute-Volta, furent Pendant ce temps, à Clermont-Ferrand, logés, par faveur spéciale, dans la réserve de Geminiani, en proie aux mêmes symptômes, Borgo. Un malencontreux privilège. Ils pas- sèrent une nuit à se battre contre les mous- tiques, infiniment plus redoutables, en « Aujourd'hui s'achève l'occurrence, que les fauves de la savane. la vie humaine de Fausto Mais, sur l'instant, ils ne soupçonnaient pas Coppi et commence les dangers qui les menaçaient et ne pou- le culte de son nom... » Cette photo semble traduire la détresse d'un homme; Coppi, qui sera « remercié » par la Bianchi, est accueilli par le journaliste parisien René de Latour.

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PRESSE SPORTS Agence d,..ge, groupe l'Équipe saufpp 12-13, 53, 54, 55, 150-151, 152 haut droit : @ Olympia/Presse Sports Conception et réalisation graphiques : Paul Raymond Cohen Photogravure : Nord Compo Impression/reliure : Istituto grafico Bertello @ Calmann-Lévy, 1997 ISBN: 2-7021-2797-5 N° éditeur : 12472/01 Dépôt légal : octobre 1997

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