Promenade historique à

A partir de la nouvelle Mairie inaugurée le 22 mai 1916, nous nous dirigeons vers le château dont l'histoire est liée à celle de la commune. Voici les principales dates concernant ce manoir qui date du 18e siècle et qui a remplacé l'ancien château entouré de fossés alimentés par la Thur.

Premier propriétaire connu : THIEBAUT, Comte de .

1310 - offert par THIEBAUT en fief à Léopold d'Autriche, Landgrave de l'Alsace supérieure.

1321 - ULRIC II fils de Léopold offre le château avec le village, en sous-fief, à Jean de Masevaux. Les nobles de Masevaux furent seigneurs de Staffelfelden jusqu'en 1539.

1478 - Les Reinach obtiennent des droits sur le château.

1486 - Les droits sont rendus à la Maison d'Autriche

1539 - Christophe de Masevaux vend la seigneurie à Jean Rodolphe Bapet. Par mariage Staffelfelden parvint à Rochus Mertz von Staffelfelden zum Schramberg qui tenait déjà des fiefs à , et .

1563 - A la mort de Mertz, le château passe aux héritiers de Bapet, les Reding de Biberegg. Henri Reding issu d'une famille du canton de Schwytz (Suisse) devint Châtelain à Staffelfelden. Il entra au service du roi de et trouva la mort devant Arras en 1640.

La seigneurie ainsi vacante fut donnée par Louis XIV à la famille Baradin De Peschery, immigrée de la Picardie, famille de nouvelle noblesse tels les Rosen, les Gobn, les Anthès, etc… venu après 1648.

Les De Peschery possédèrent Staffelfelden jusqu'à la Révolution qui supprima les seigneuries et les droits féodaux. (Voir blason sur entrée château et abri scellé derrière l'autel de l'église St-Gall. Ce dernier blason a été endommagé pendant la Révolution pour faire disparaître les vestiges de la noblesse).

C'est aux Peschery qu'on doit la construction du manoir actuel, qui fut doté d'une chapelle dédiée à Notre-Dame.

Pendant la Révolution le manoir servit de prison pour les suspects. Cette prison comportait un cachot qui existe encore et qui était relié au "Tumulus" existant aux abords de l'ancien fossé entourant le château. L'origine de ce "Tumulus" reste mystérieuse, mais la galerie le reliant au château fut utilisée par les observateurs allemands pendant la guerre de 1914-18.

1809 - Le dernier De Peschery mourut en Espagne.

1820 - Achat de la propriété par les Schlumberger de . 1937 - Achat de la propriété et création du "Domaine de Staffelfelden" par la famille Jules Spengler de .

1976 - Le Domaine de Staffelfelden, englobant les vestiges du château, les annexes, la ferme, les champs et forêts (276 hectares) est régi par M. Henri Blanck.

Signalons en passant la disparition de l'ancien canal du moulin (Muhlbach) dont l'écluse de départ était située légèrement en aval du pont de la Thur, qui alimentait le moulin à grains en service jusqu'en 1945 ainsi qu'un atelier de tissage exploité par les Risler de Cernay et ensuite par les Preiss. Cette usine a fermé ses portes en 1939.

Nous prenons la rue du château et nous rentrons dans le massif forestier du Nonnenbruch. Un chemin carrossable bordé de merisiers, de coudriers, (noisetiers sauvages), merisiers à grappe, nous conduit vers la voie ferrée à hauteur d'un ancien passage à niveau gardé, dont il reste quelques vestiges.

Admirons en passant les cornouillers à rameaux rouge Bordeaux, le groseillier sauvage et respirons le délicat parfum de l'aubépine et du chèvrefeuille sauvage. Notre forêt possède une plante particulière au climat jurassien : l'Arum ou gouet maculé rappelant par sa forme l'épinard, mais qui laisse au goût une sensation de brûlure.

Le fusain ou bois carré abonde dans notre forêt et forme avec le camérisier (chèvrefeuille balai) le vicorne aux feuilles duvetées, la garniture des arbres à haute tige formés essentiellement de charmes, (Rage ou Wisbueche) d'ormes, malheureusement en voie de disparition, de saules, de chênes pédonculés et chênes rouves ainsi que de bouleaux et de rares buis et autres espèces.

La flore printanière garnissant le sous-bois est composée de primevères et violettes, anémones blanches et mauves. La cardamine aux délicates fleurs mauves se plaît à côté des ficaires jaunes et des renoncules. Cà et là, au bord des mares, nous rencontrons le caltha avec ses grosses fleurs jaunes, appelé aussi populage des marais,

Traversant la voie, nous quittons le chemin avant le petit pont sur le "Krelsbach", dont la source est située au Furstenwald près de la Bussière et nous longeons ce ruisseau sur 300 m., pour arriver à la limite communale entre les bans de Feldkirch et . Nous suivons cette limite et retrouvons un chemin forestier derrière les terrils de la Mine Marie-Louise Rodolphe. C'est un des seuls endroits sur tout le parcours où nous longeons exactement la limite communale jusqu'aux environs de la passerelle traversant la Thur, au nord de la cité Rossalmend. Nous aurons vu en passant la petite chapelle dédiée à la Vierge, construite par un habitant de la cité, les puits d'eau industriels, une gravière, ainsi que les installations de la mine Marie-Louise.

C'est dans cette partie du parcours que notre attention sera attirée sur les effets de la pollution, tant industrielle (forêt brûlée, vision lunaire des terrils) que particulière (Thur morte, déchets divers déversés dans la nature par des inconscients). Mais ces découvertes ne doivent pas nous faire oublier que le développement de notre commune est dû essentiellement à la découverte en 1904 de la potasse, le puits Marie-Louise de Staffelfelden ayant été mis en exploitation en 1912. L'histoire de cette mine est trop importante pour être décrite ici, signalons quelques faits marquants.

26 avril 1957 : catastrophe au fond, "un coup de mur" a coûté la vie à 7 ouvriers.

30 novembre 1959 : visite du Général de Gaulle, Président de la République, accueilli par le Maire M. Brand.

Les installations de surface ont suivi l'évolution technologique et ont été constamment modernisées depuis le début de l'exploitation. Actuellement, la fabrique traite 767 000 tonnes de K2O. L'énergie nécessaire est produite en grande partie par le gaz de Hollande, dont nous voyons le feeder enjamber la Thur avec le pipe-line qui transporte les eaux résiduaires de la fabrique vers le Rhin.

Nous entrons à présent dans le Niederwald, propriété de la famille Schlumberger, qui possède le plus gros chêne du Nonnenbruch, (4,65m. de circonférence), un magnifique charme (3,00) ainsi que des espèces rares comme le noyer Hickori et un seul spécimen de Ginko ou arbre aux mille écus d'origine chinoise.

Nous quittons la forêt pour traverser la cité Rossalmend (vaine pâture c'est à dire à tout le monde) créée et entretenue, jusqu'à ce jour, par les Mines de Potasse pour leur personnel. Les premières maisons ont été construites en 1926 et les dernières en 1969. On compte 712 logements avec la cité et le village soit environ 2.000 habitants pour Staffelfelden. Signalons que depuis quelques temps le nombre des retraités a dépassé celui des actifs, phénomène dû à la récession de l'activité minière et à l'exode des jeunes qui ne trouvent plus d'emploi à la mine. Bien que propriété privée des mines, la Cité Rossalmend comprend quelques propriétés communales, notamment les écoles maternelle et élémentaire cédées par les M.D.P.A. en 1962, une place du marché et le bureau de poste construit en 1964.

La cité abrite forme la paroisse St-Pierre et St-Paul administrée actuellement par M. le curé ZARZYCKI. L'église a été construite en 1957.

Après avoir traversé le passage à niveau à , nous longeons les 9 puits d'eau potable étalés sur les Thurmatten. Ces puits alimentent Staffelfelden et la mine Marie-Louise en eau potable. Ils produisent environ 7.500m3 par jour, dont la plus grande partie est utilisée par la fabrique Marie- Louise. Les puits ont été forés et sont exploités par les M.D.P.A.

Nous rejoignons la départementale 19 à la hauteur du pont de la Thur qui a été saboté par les Allemands et reconstruit en 1956.

Parlons un peu de cette Thur qui a fait la joie des habitants de Staffelfelden avant d'être polluée, rivière où se multipliaient gardons, truites et brochets jusque vers 1950, et dont les berges sablonneuses ou verdoyantes attiraient la foule de baigneurs en été, cours d'eau capricieux, difficile à mater et dont les crues de décembre 1947 et janvier 1955 ont provoqué des inondations désastreuses. Régularisée depuis la construction du barrage de , la Thur fait l'objet, depuis quelques années, de travaux de régulation de son lit entre Cernay et , notamment de travaux de rectification du lit, la construction de seuils régularisant le courant d'eau et l'aménagement des berges, travaux nécessités en partie pour lutter contre les effets des affaissements miniers.

Nous entrons par la route départementale à Staffelfelden Village (altitude 255 m.). L'origine du village est mal connue et deux hypothèses sont avancées :

Eckart, dans son traité sur l'Appolon Grassus trouvé à Hambourg situe une colonie romaine "STABULA" à l'emplacement du village. La proximité de l' où un camp romain s'établit, permet d'admettre que les légions romaines campaient le long de la Thur. D'après les étymologistes, "Stabula" ad campos" ou "Stabula campi" signifie : écurie du camp. Toujours est-il que le ban de Staffelfelden fut effleuré par la voie romaine passant par Seppois-le-Haut, Pont d'Aspach, Wittelsheim et aboutissant à Brisach.

Une autre version nous est donnée par la "Thanner Chronik" qui explique la présence de clôture à bestiaux (STAVALE) préservant le sol cultivable, au nord de la Thur, de 1'envahissement par des troupeaux nombreux stationnant sur l'Ochsenfeld à une époque lointaine. En 1245, on cite "Staffelvelt" et en 1441 "Staffelvelden". D'une superficie de 742 hectares, le village ne comptait que 300 âmes au début du siècle, alors qu'au recensement de 1975 nous comptions 3.513 habitants. Staffelfelden est à présent la 3 Commune du canton de Cernay. Le blason de Staffelfelden représente une fleur de lys renversée, pour les uns, la crosse d'évêque pour les autres. L'armorial consulté ne donne pas plus de précisions.

Nous continuons notre promenade en longeant le plus long chemin communal viabilisé : la route de Cernay qui nous mène au Furstenwald où la Commune possède un peu de forêt.

Nous abordons les villas-Roux construites avant la guerre par les M.D.P.A. pour y abriter, en cas de nécessité, les archives de cette entreprise. Les chambres fortes existent toujours, mais les 2 immeubles sont occupés actuellement par des familles de mineurs. A proximité des villas-roux se trouve l'écluse du canal d'irrigation, à l'endroit où le ruisseau de rejoint le canal du moulin de Wittelsheim.

Actuellement, les terrains entre villas-roux et la ferme "la Bussière" sont soumis aux affaissements miniers, ce qui entraîne des inondations dues à l'affleurement de la nappe phréatique d'une part et d'autre part la contre-pente dans les canaux d'évacuation naturelle des eaux de surface, telle Krelsbach. Les mines construisent en ce moment un canal d'évacuation pour assécher les terres cultivables autour de la ferme La Bussière, que nous rejoignons en passant par les pinèdes plantées par les M.D.P.A.

La Bussière tire son nom de "Buis" (LA BUISSIERE). Cette ferme a souvent changé de propriétaires, qui ont effectué d'importants travaux de restauration. Nous quittons la ferme et nous prenons à droite le chemin départemental C.D.51 qui relie Staffelfelden à la R.N.83. Cette route, peu importante jusqu'en 1965 a été élargie et rectifiée conjointement par les mines et la commune pour permettre une meilleure circulation vers le puits de mis en service en 1966. Nous longeons le massif boisé de la Scholau, dont le suffixe "Au" désigne un bas-fond humide périodiquement inondé. Continuant notre route, le long du Kutzenwald, nous approchons du nouveau cimetière inauguré le 27 juin 1948 après avoir été situé jusqu'à cette date à côté de l'église St-Gall, La proximité du cimetière nous évoque l'éphémère, mais combien passionnante époque du pétrole de Staffelfelden. Le 9 novembre 1951 le pétrole jaillissait du 1er puits et on appelait Staffelfelden "le Bakou alsacien". Découvert par les M.D.P.A. et exploité par la PREPA, le gisement pétrolifère n'a hélas pas confirmé l'immense espoir qui naissait après la mise en exploitation du gisement. Le 2 février 1954 un incendie a éclaté au puits VI et en 1960 l'exploitation fut arrêtée.

Nous passons maintenant à côté du plateau sportif, construit par la Commune en 1976 et longeons les buissons d'aubépines et de prunelles. Nous nous engageons sur le Spockmattenweg, chemin constitué en son temps de rondins de bois enfoncés dans le terrain marécageux de cet endroit.

Nous traversons un vaste champ cultivé appelé "Galgenfeld". C'est ici, qu'était située au Moyen Age, la potence communale. Puis, nous entrons de nouveau dans cette forêt au lieu-dit Laterne, propriété du Domaine de Staffelfelden. Ce bois est situé sur le ban de , que nous quittons en empruntant un layon nous ramenant vers le C.D.19, puis dans les "Waldungen" du Nonnenbruch au nord du nouveau puits de Staffelfelden, mis en service en 1972. La construction de ce puits, le plus haut d'Europe avec 72 mètres, a été marquée par la chute d'une bigue en cours de montage, en septembre 1971, accident qui n'a heureusement fait qu'un blessé, mais d'importants dégâts matériels. La mise en exploitation de ce puits a d'ailleurs provoqué un remous parmi la population, car ses nuisances ont été préjudiciables à ses biens mobiliers et immobiliers, entraînant la création de l'association S.O.S. Staffelfelden, sous l'impulsion de M. l'Adjoint DEBENATH, à l'époque.

Nous traversons le "Kulsbach" et retrouvons le chemin carrossable emprunté le matin et nous bouclons le circuit en revenant vers la Mairie, située au cœur du lotissement du Moulin, créé en 1967.